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CONGRÈS
SCIENTIFIQUE
DE FRANCE
VINGT-SIXIÈME SESSION
S.g02.
LIMOGES. — IMPRIMERIE DE CHAPOULAUD FRÈRES
CONGRÈS
: SCIENTIFIQUE
DE FRANCE
VINGT-SIXIÈME SESSION
TENUE , A LIMOGES, EN SEPTEMBRE 1859
TOME PREMIER
PARIS Ë LIMOGES
DERACHE, LIBRAIRE
Rue ou Bouloi, 7
| : CHAPOULAUD FRÈRES
Place des Bancs , 24
LISTE GÉNÉRALE
DES
MEMBRES DU CONGRÈS SCIENTIFIQUE.
(XXVI- SESSION.)
MM.
ABRIA (J.-J.), banquier, membre de la Société d'Agriculture,
à Limoges.
ALLARD (PHILIBERT), banquier, trésorier de la Société Dun-
kerquoise, à Dunkerque.
ALLUAUD aîné (FRANÇOIS), secrétaire général du Congrès,
ancien maire de Limoges et membre du Conseil général de
la Haute-Vienne, membre de l’Institut des Provinces et de
plusieurs autres sociétés savantes, président de la Société
Archéologique et Historique du Limousin et de la Société
d'Agriculture de la Haute-Vienne, à Limoges.
ALLUAUD (AMÉDÉE), fabricant de porcelaine, à Limoges.
ALLUAUD (Vicror), fabricant de porcelaine, à Limoges.
ANCELON (E.-A.), docteur en médecine, à Dieuze (Meurthe).
II LISTE GÉNÉRALE
ANDRIEUX (ÉpouARD), à Limoges.
ARBELLOT (CHARLES), négociant, à Limoges.
ARBELLOT (l'abbé), archiprêtre de Rochechouart , secrétaire
général adjoint du Congrès, correspondant des comités
historiques, membre de la Société Archéologique et Histo-
rique du Limousin. )
ARDANT (MAURICE), archiviste de la Haute-Vienne, corres-
pondant des comités historiques et de la Société impériale
des Antiquaires de France, vice-président de la Société
Archéologique et Historique du Limousin.
ARDANT (EUGÈNE), négociant, membre de la Société d’Agri-
culture et de la Société Archéologique, à Limoges.
ARDANT (HENR1), fabricant de porcelaine, à Limoges.
ARDANT (Louis), président de la Chambre de commerce,
membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéo-
logique, à Limoges.
ASTAIX (JEAN-BAPTISTE), professeur à l'École de Médecine,
membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéo-
logique, à Limoges.
AVENTURIER (BAPTISTE), propriétaire, membre de la Société
d'Agriculture.
BAILLY DE MERLIEUX, secrétaire général honoraire de la
Société impériale et centrale d'Horticulture, à Paris.
BARBAUD (ERNEST), chef d'institution, à Limoges.
BARBOU (Henri), imprimeur-libraire, membre de la Société
d'Agriculture, à Limoges.
BARDINET, directeur de l’École de Médecine, président de la
Société médicale et membre de la Société Archéologique.
BARDINET fils, étudiant , à Limoges.
BARDY (GUSTAVE), conseiller à la cour de Poitiers.
BARETAUD , avoué, membre de la Société d'Agriculture, à
Limoges.
BARNY (ALEXIS), pharmacien, professeur à l'École de Méde-
cine, membre de la Société Archéologique.
BARUFFI, professeur à l’université de Turin.
DES MEMBRES DU CONGRÈS. III
BASSET, notaire, à Limoges.
BATCAVE, négociant dépositaire, membre de la Société
d'Agriculture, à Limoges.
BAUDRIMONT (A.), professeur à la Faculté des Sciences de
Bordeaux.
BEAULIEU (DE), banquier, trésorier général du Congrès , vice-
président de la Société d'Agriculture, à Limoges.
BELLOC (J.), médecin-oculiste , à Paris.
BENOIST (ALBERT), propriétaire, à Beauvais.
BERGES (J.), à Bordeaux.
BLANCHARD, docteur en médecine, membre de la Société
Archéologique , à Limoges.
BLANCHETIÈRE , conducteur des ponts-et-chaussées , inspec-
teur de la Société française d'Archéologie, au Blanc (Indre).
BLATAIROU (l'abbé JosepH), professeur à la Faculté de
Théologie de Bordeaux.
BLEYNIE (PIERRE), docteur en médecine, professeur à l'École
de Médecine, vice-président de la Société médicale, à
Limoges. 4
BONNIN, inspecteur d'académie, vice-président de la Société
Archéologique, membre de la Société d'Agriculture.
BOSVIEUX (AUGUSTE), archiviste de la Creuse, à Guéret.
BOUDET (GABRIEL), docteur en médecine, à Limoges.
BOUDET (ÉpouaRp), propriétaire, à Limoges.
BOUDET (FÉLIX), directeur de la caisse de boulangerie, à
Limoges.
BOUDY (CAMILLE), membre de l’Académie nationale et de la
Société Météorologique de France, au château de Planchaix.
BOUET, délégué par la Société Française, à Caen.
BOUILLET (J.-B.), membre de l'Institut des Provinces,
inspecteur divisionnaire des monuments historiques, à
Clermont.
BOUILLON (Épouarp), maître de forges, à Larivière (Haute-
Vienne).
BOULLAND , docteur en médecine, à Limoges.
BOURBON (THÉOPHILE), directeur particulier de la Garantie
agricole, à Saligny près Sens (Yonne).
IV LISTE GÉNÉRALE
BOURGOIN (MÉLICE), propriétaire , à St-Junien (Hte-Vienne).
BOUTEILLOUX , docteur en médecine, à Limoges.
BOYER (DÉSIRÉ), fabricant de flanelles, à Limoges.
BRAVARD (l'abbé).
BRISSAUD, maître de pension, à Limoges.
BRIVE (ALBERT DE), membre du Conseil général de la Haute-
Loire, au Puy.
BROUSSEAU (ADRIEN), adjoint du maire, à Limoges.
BRUCHARD (A. DE), directeur de la ferme-école de Cha-
vaignac (Haute-Vienne). :
RRUNET (Josepx ), vice-président du tribunal civil de
+ Limoges, membre de la Société Archéologique.
BUISSON DE MASVERGNIER , avocat, directeur du musée,
à Limoges.
BUISSON DE MASVERGNIER, médecin homæopathe, à
Limoges.
BUON (ERNEST), organisateur des mines de houille de la
Corrèze.
BUYER (JULES DE), à Besançon.
BUZONNIÈRE (L. DE), président de la Société Archéologique
de l’Orléanais, membre de la Société d'Agriculture d'Or-
léans, etc., correspondant des comités historiques, à
Orléans.
BUZONNIÈRE (OCTAVE DE) , à Orléans.
CAFFIN, sous-préfet de Rochechouart (Haute-Vienne).
CARLIER (JEAN-JOSEPH), ancien agent de change, à Paris.
CARLIER fils (LOUIS), à Paris.
CASTELNAU D'ESSENAULT (le baron DE), à Bordeaux.
CATINAUD, médecin du bureau de bienfaisance, à Limoges.
CAUMONT (DE), directeur de l'Institut des Provinces, membre
du Conseil général de l'Agriculture , à Caen.
CHALLE, membre du Conseil général de l'Yonne, à Auxerre.
CHANTEAUD (l'abbé), à Limoges.
CHAPELLE, curé-doyen d’Aixe (Haute-Vienne).
CHAPOULAUD (ROMÉO), membre de la Société d'Agriculture
et de la Société Archéologique , à Limoges.
DES MEMBRES DU CONGRÈS. Y
CHAPOULAUD fils (ALFRED), imprimeur, à Limoges.
CHARREIRE (PAUL), organiste de la cathédrale de Limoges ,
membre de la Société Archéologique.
CHASTEIGNER (le vicomte ALExIS DE), à Bordeaux.
CHATRAS, directeur-gérant du journal Ze 20 Décembre, à
Limoges.
CIROT DE LA VILLE (l'abbé), professeur à la Faculté de
Théologie de Bordeaux.
CLAUDE (JULES) , conseiller de préfecture, à Limoges.
COETLOGON (comte DE), préfet de la Haute-Vienne.
COMBET (J.), avocat, membre correspondant de la Société
Archéologique du Limousin.
COMPAIN (HENRI), négociant, à Limoges.
CONSTANT (ISIDORE), propriétaire , à Gris (Haute-Vienne).
CORDIER , ancien représentant, à Lisieux. }
CORNUDET comte), ancien pair de France, à Crocq (Creuse).
CORNUDET (vicomte), à Paris.
COTTEAU , juge au tribunal de Coulommiers (Seine-et-Marne).
COUDER (AUGUSTE), secrétaire général de la mairie de
Limoges. PA
COURCONNAIS , professeur de logique au lycée de Limoges.
COUSIN (Louis), avocat, vice-président de la Société Dunker-
quoise, à Dunkerque. :
COUSTIN DU MASNADAUD (marquis H. DE), au château de
Sazeirat (Creuse).
CREUZÉ DES ROCHES (RENÉ), propriétaire, au château de
Grandmaison (Indre).
CUMONT (CHARLES DE), à Crissé près Sillé-le-Guillaume
(Sarthe).
CUSSY (vicomte DE), à Paris.
DAUDY aîné (ALEXANDRE ),chirurgien-dentiste, à Limoges.
DEFAYE fils, pharmacien, à Saint-Junien (Haute-Vienne).
DELOCHE (MAXxIMIN), chef de bureau au ministère des tra-
vaux publics, à Paris.
DELON (FERDINAND}), propriétaire, au Puy-de-Lagerac
(Haute-Vienne).
VI LISTE GÉNÉRALE
DELOR,, curé-doyen de Saint-Pierre, à Limoges.
DEMARTIAL (CHARLES), étudiant en droit, à Limoges.
DENOIX DES VERGNES (Mme FANNY), à Beauvais (Oise).
DÉPÉRET-MURET , docteur en médecine, professeur à l'École
_ préparatoire de Médecine et secrétaire de la Société médicale
de Limoges.
DESAL, supérieur de l'institution de Felletin.
DESAL (Louis), avocat, à Limoges.
DEVAUX (Mme LÉOPOLDINE), rentière, à Paris.
D'HÉRALDE (LÉON), négociant , à Limoges.
DISSANDES DE BOSGENET, vicaire général du diocèse de
Limoges.
DORAT (l'abbé), professeur au séminaire du Dorat (Hte-Vienne).
DROUYN (LÉO), membre de l'Institut des Provinces, de la
Société française d'Archéologie et de l’Académie de Bordeaux.
DROUYN ils, à Bordeaux,
DUBOIS (ARMAND), docteur en médecine , à Limoges.
DUBOUCHÉ père , négociant , à Limoges.
DUBOUCHÉ (ADRIEN), à Bordeaux.
DUBOUCHÉ (CHARLES), négociant , à Limoges.
DU BOYS (J.-B.), pharmacien , à Limoges.
DUBREUIL, propriétaire, membre de la Société d'Agriculture
de Limoges , à Aigueperse (Haute-Vienne).
DUCHATEAU (ALPHONSE), docteur - médecin, à Bessines
(Haute-Vienne).
DUCOURTIEUX (HENRI), imprimeur-libraire, à Limoges.
DULÉRY (l'abbé), curé de Biennat (Haute-Vienne).
DUMAS fils (JULIEN), pharmacien , à Limoges.
DUPONT (l'abbé), professeur de morale au séminaire de
Limoges.
DUPONT, docteur-médecin, à Limoges.
DUPUYTREM, notaire, à Limoges.
DUPUYTREN, pharmacien , à Limoges.
DUTREIX (FRÉDÉRIC), élève à l’école de St-Cyr.
DUVERT DE LA GABIE (MARCELLN), propriétaire, membre de
la Société d'Agriculture et de la Société Archéologique, à
Limoges.
DES MEMBRES DU CONGRÈS. VII
FARGEAUD (A.), ancien professeur de physique à la Faculté
des Sciences de Strasbourg, à Saint-Léonard (Hte-Vienne).
FAURE-MAISONROUGE (l'abbé), vicairé à Saint-Michel de
Limoges.
FAYETTE (EUGÈNE), architecte, à Limoges.
FERMIN (l'abbé) , supérieur du séminaire dé Limoges.
FIZOT-LAVERGNE, avoué à la cour impériale de Limoges,
membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéo-
logique.
FONT-RÉAUX (THÉOPHILE), à Saint-Junien (Haute-Vienne).
FORGERONT (ANDRÉ), membre de l'Académie agricole,
manufacturière et commerciale, à Chalus (Haute-Vienne).
FOUCART , doyen de la Faculté de Droit de Poitiers.
FOUGERAS-LAVERGNOLLE, notaire, membre de la Société
Archéologique, à Limoges.
FOUGÈRES , docteur en médecine, membre de la Société
Archéologique, à Limoges. |
FOURNIER, conseiller à la cour impériale de Limoges, mem-
bre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéolo-
gique. ÿ
FOURTON , curé-archiprêtre , à Bellac.
FRAISSEIX DE VEYVIALLE , notaire, à Limoges.
FRUGIER (CYPRIEN), notaire, à Meilhac (Haute-Vienne).
FUSADE, adjoint au maire de Saint-Brice (Haute-Vienne).
GADON (ALFRED), avoué à la cour impériale de Limoges.
GANGOIN , trésorier de la Société Française , à Caen.
GASSIES , trésorier de la Société Linnéenne , à Bordeaux.
GAY DE VERNON ({lebaron), membre de la Société Archéolo-
gique, à St-Léonard (Haute-Vienne).
GENOUILLAC (le vicomte PAUL DE), à St-Servan (Ille-et-
Vilaine).
GÉRARDIN (HENRI), avocat , secrétaire général de la Société
d'Agriculture de la Haute-Vienne , à Limoges.
GIVELET , à Reims. .
GOUMY (J.), propriétaire, à La Texonnière (Creuse).
VIII LISTE GÉNÉRALE
GOURGUES (le vicomte ALEXIS DE), inspecteur de la Société
française d'Archéologie, à Bordeaux.
GOUTENÈGRE (JEAN-EUGÈNE), professeur à l’école commu
nale mutuelle de Limoges.
GRELLET, ingénieur en chef de la Haute-Vienne, membre de
la Société d'Agriculture. |
GUINEAU (JEAN-CYPRIEN), président du Cercle littéraire, à
Limoges.
HAVILAND père, négociant, à Limoges.
HAVILAND (CHARLES-ÉDOUARD), négociant, à Limoges.
HAVILAND (CHARLES), négociant, à Limoges.
HENRY (Charles), rentier, à Limoges.
HERPIN, docteur en médecine, à Metz.
HERVY, vicaire général , archidiacre, à Limoges.
HOUBIGANT, propriétaire, à Paris.
JABOUIN, marbrier-sculpteur, à Bordeaux.
LABORDERIE, docteur en médecine, à Pompadour.
LABORDERIE , docteur en médecine, à Limoges.
LABOULINIERE , avocat au Conseil d'État, à La Gardelle.
LACURIE (l'abbé), de l'Institut des Provinces, à Saintes.
LAMONTAIGNE (OCTAVE DE), correspondant de la com-
mission des monuments historiques de la Gironde, à Castel-
moron-d’Albret (Gironde).
LAMY (ÉDOUARD), banquier, membre de la Société d'Agri-
culture et de la Société Archéologique, à Limoges.
LAMY DE LA CHAPELLE (THÉOPHILE), propriétaire, à
Limoges.
LANGLOIS D'ESTAINTOT (comte), membre de plusieurs
sociétés savantes.
LANSADE, agent-voyer, membre de la Société d'Agriculture,
à Limoges.
LAPORTE (ALFRED), négociant , membre de la Société d'A—
griculture , à Limoges.
DES MEMBRES DU CONGRÈS. IX
LARAZIDE (Simon), ancien élève de Roville, à Rochechouart.
LARIVIÈRE (OCTAVE DE), propriétaire , à Limoges.
LARUE-DUBARRY, pharmacien, secrétaire du Conseil
d'hygiène , à Limoges.
LA SICOTIÈRE (bE), inspecteur de l'Association Normande,
à Alençon.
LAURIÈRE (JULES DE), membre de la Société française d'Ar —
chéologie, à Angoulême.
LAVIE aîné, rentier, à Limoges.
LECLERC , docteur-médecin, à Caen.
LECOINTRE DU PONT, membre de la Société des Antiquaires
de l'Ouest, à Poitiers.
LECOINTRE (EUGÈNE) , à Alençon.
LECOQ (HENRi1), correspondant de l’Institut, à Clermont.
LEMAISTRE, docteur en médecine, membre de la Société
Archéologique , à Limoges.
LEROYER (GERMAIN-AUGUSTE), Chef d'institution, à Vin-
cennes (Seine).
LE SAGE (CHARLES), ingénieur civil, secrétaire de la Société
d'Agriculture, à Limoges.
LESME aîné (J.), négociant, membre de la Société Archéo-
logique , à Limoges.
LESTERPT (be), propriétaire, à La Chabroulie, près Limoges.
LE TOUZÉ DE LONGUEMAR,, vice-président de la Société des
Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers.
LEYMARIE (ACHILLE), homme de lettres, ancien secrétaire
général de la Société Archéologique du Limousin, à Paris.
LIESVILLE (DE), membre de plusieurs sociétés savantes, à
Asnières (Seine). È
LOT (HENRI), propriétaire, à Limoges.
LOYONNET,, greffier de la justice de paix, à Limoges.
MAHIAS (ERNEST-AUGUSTE), avocat à la cour impériale de
Rennes. i
MALEPLANE (pe, payeur du département de la Haute-
Vienne, membre de la Société d'Agriculture.
< LISTE GÉNÉRALE
MALINVAUD (ERNEST), botaniste, à Limoges.
MALLET (Louis), fabricant , à Limoges.
MALLEVERGNE, président de chambre à la cour impériale ,
membre de la Société d'Agriculture et de la Société Archéo-
logique, à Limoges.
MANDON , docteur en médecine, à Limoges.
MARATUECH (JEAN-PIERRE), économe du lycée impérial, à
Limoges.
MARÉVÉRY (l'abbé), secrétaire de l'évêché de Limoges.
MARGERIE (DE), professeur de philosophie à la Faculté des
Lettres, à Nancy (Meurthe).
MARTIN (JULES), ingénieur du chemin de fer d'Orléans, à
Périgueux.
MASSOULARD (FRANÇOIS-ÉMILE), docteur en médecine et
agriculteur, à Saint-Léonard (Haute-Vienne).
MATHAN (le baron DE), botaniste, à Saint-Lô (Manche).
MAUBLANC (HENRI DE), à Saint-Junien (Haute-Vienne).
MAUSSET (LÉONARD), pharmacien, à Limoges.
MAZARD (É.), docteur en médecine, médecin de la maison
centrale de Limoges.
MÉNARDIÈRE (DE La), professeur à la Faculté de Droit de
Rennes.
METZ (FRÉDÉRIC-AUGUSTE DE), Conseiller honoraire à la cour
impériale de Paris.
MIGNOT (JEAN-BAPTISTE) , propriétaire, à Limoges.
MONEYRAC (FERDINAND), propriétaire, à Limoges.
MONSTIERS-MÉRINVILLE (le marquis DES), membre du conseil
général de la Haute-Vienne.
MONTAUDON , curé de Naiïllat (Creuse).
MONTÉGUT,, substitut, à Lesparre (Gironde).
MONTHAUD (le marquis EUGÈNE DE), secrétaire du Conseil
général de l'Allier.
MONTRÉAL (SIMoN-FRANÇOIS ALLOUVEAU DE), sénateu..
général de division, à Lavialle.
MORIÈRE, secrétaire général de l'Association Normande , &
Caen. 1
MOSSELMANN , à Paris.
DES MEMBRES DU CONGRÈS. x1
MOULINS (CHARLES DES), sous-directeur de l'Institut des
Provinces pour le sud-ouest, président de la Société Lin-
néenne, à Bordeaux.
MURET DE BORT (JuLESs), substitut du procureur impérial ,
à Limoges.
MURET (EUGÈNE), propriétaire, à Limoges, membre de la
Société d'Agriculture.
NASSANS , notaire, à Limoges.
NENERT fils (ALEXANDRE), négociant, à Limoges.
NIVET-FONTAUBERT , négotiant, membre de la Société Ar-
chéologique, à Limoges.
NOEL , ancien maire de Cherbourg, ancien député, directeur
de la Société impériale Académique.
NOUALHIER (ARMAND), député, maire de Limoges, membre
de la Société d'Agriculture et de la Société Archéologique.
NOUALHIER (ADOLPHE), propriétaire, membre de la Société
d'Agriculture, à Limoges. ,
ORLIAGUET , chef d'institution , à Limoges.
PAILLOUX (ALEXANDRE), docteur-médecin, à Saint-Ambreuil
(Saône-et-Loire ).
PARANT (ARTHUR), membre de la Société Archéologique du
Limousin, propriétaire, à Limoges.
PARDIAC (l'abbé DE).
PAUL, premier avocat général à la cour impériale de Limoges.
PAUMUILE (AURÉLIEN DE), membre du conseil général de
l'Indre, à Argenton.
PASSEDOIT , constructeur de machines, à Saumur.
PATURET père, propriétaire , à Limoges.
PECONNET (OTHOoN), avocat, membre de la Société Archéo-
logique , à Limoges.
PÉNICAUT (LÉONCE), négociant, à Limoges.
PÉRATHON (CYPRIEN), négociant, à Aubusson (Creuse).
PERRIER , docteur en médecine , à Caen,
XIV LISTE GÉNÉRALE
TAINTURIER, ingénieur des ponts-et-chaussées, à Limoges,
TALANDIER (ÉDOUARD), procureur impérial, à Guéret.
TARNEAUD (ADRIEN), banquier, à Limoges.
TARNEAUD (FIRMIN), banquier, membre de la Société Archéo-
logique , à Limoges.
TARNEAUD (FRÉDÉRIC), ancien banquier, membre de la Société
Archéologique, à Limoges.
TEISSERENC DE BORT (EDMOND), à Bort (Haute-Vienne).
THÉVENOT , membre de l'Institut des Provinces , à Clermont.
THIBAUT (EUGÈNE), membre du tribunal de commerce, à
Limoges.
THIOLLET , au musée d’Artillerie, à Paris.
THOMAS (GABRIEL), fabricant de porcelaine, à Limoges.
THOUVENET (Axpré), docteur en médecine, à Limoges.
TIXIER-LACHASSAGNE, premier président de la cour impé-
riale, membre de la Société d'Agriculture et de la Société
Archéologique, à Limoges.
TIXIER, architecte, à Limoges.
TOILLIEZ (ArBERT), ingénieur des mines, président du Cercle
Archéologique de Mons.
TOURNIOL (ALEXANDRE), architecte, à Limoges.
TRITSCHLER , mécanicien, à Limoges.
TUDOT (EpMonp), conservateur du musée d’Antiquités,
membre de la Société française d'Archéologie, à Moulins.
VACHERIE (BERNARD), notaire hônoraire, à Saint -Bonnet
(Haute-Vienne).
VANDERMARCQ, membre du conseil municipal, à Limoges.
VAVASSEUR (PAUL), membre de la Société française d’Ar-
chéologie, à Rouen.
VÉNASSIER, curé-doyen de Saint-Michel de Limoges.
VERNEILH (FÉLIXx DE), inspecteur des monuments historiques,
à Nontron (Dordogne).
VERNEILH (JULES DE), inspecteur des monuments de la
Haute-Vienne.
VIGIER (MARC-ANTOINE), notaire, à Vallieres (Creuse).
DES MEMBRES DU CONGRÈS. XV
VILLEMAINE (FAUSTIN), négociant, à Limoges.
VILLEMSENS , artiste, à Paris.
VILLIET, peintre-verrier , à Bordeaux.
WEST, intendant militaire, à Limoges.
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CONGRÈS
SCIENTIFIQUE
DE FRANCE.
VINGT-SIXIÈME SESSION.
Le 12 septembre 1858, M. le directeur de
l'Institut des Provinces a pris, de l'assentiment
unanime du Conseil administratif de cette com-
pagnie, un arrêté dont nous donnons un extrait :
EXTRAIT DE L'ARRÊTÉ
Concernant la tenue de la xxvr' session
du Congrès scientifique de France.
ARTICLE PREMIER. — La xxvi* session.du Congrès
scientifique de France s'ouvrira à Limoges , chef-lieu
du département de la Haute-Vienne, du 4°" au 42 sep-
tembre 1859.
ART. 2. — M. Alluaud aîné (O0 *), membre de
l’Institut des Provinces et de plusieurs sociétés sa-
vantes, et président de la Société Archéologique et
4
CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
1°
Historique du Limousin, membre du Conseil générai
de la Haute-Vienne, etc., est nommé secrétaire
général de la xxvr° session.
Il devra se conformer aux arrêtés pris par le
Congrès dans ses différentes sessions et au règlement
approuvé en 4837 par le ministre de l’intérieur.
Arrêté à Grenoble, le 42 septembre 1858.
Le Directeur de l'Institut des Provinces s
À. DE CAUMONT.
En conséquence de cet arrêté, la Commission
d'organisation , formée à Limoges par les soins de
M. le secrétaire général, a pris les résolutions
suivantes :
ARRÊTÉ
Relatif à l'ouverture de la xxvx° session du Congrès.
La Commission d'organisation, vu l'arrêté pris par
le directeur général de l'Institut des Provinces
le 12 septembre 1858,
ARRÊTE :
La xxvi° session du Congrès s'ouvrira à Limoges ,
le lundi 12 septembre 1859, à une heure après midi,
dans le local qui sera ultérieurement désigné.
VINGT-SIXIÈME SESSION. ; 3
EXTRAIT
Des règlements généraux du Congrès scientifique de France.
ARTICLE PREMIER. — Ja xXxvI: session du Congrès
scientifique de. France s'ouvrira à Limoges le lundi
12 septembre 1859.
-ART. 2. — Toutes les personnes qui s'intéressent
aux progrès des sciences, des lettres et des arts sont
invitées à s'associer aux travaux de la xxvr° session.
ART. 3. — Les académies et sociétés savantes de
France sont priées de s'y faire représenter par un ou
plusieurs de leurs membres.
ART. 4. — La durée de Ja session sera de dix
jours. |
ART. 5. — Les travaux du Congrès sont répartis
en cinq sections : 4° sciences physiques et naturelles :
2 agriculture, industrie et commerce; 3° sciences
médicales ; 4° histoire et archéologie; 5° littérature et
beaux-arts. «
ART. 6. — À l'ouverture de la première séance, on
nommera le président et les quatre vice-présidents du
Congrès, qui, avec les secrétaires généraux et le
trésorier, formeront le bureau central.
Les secrétaires de sections inscriront dans leurs
sections respectives tous ceux qui désireront en
faire partie. On pourra se faire inscrire dans plusieurs
sections à la fois.
ART. 7. — Chaque section, le lendemain de
l'ouverture du Congrès, nommera son président et
ses vice-présidents. |
4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Arr. 8. — Les sections s'assembleront chaque jour,
L'ordre et l'heure d'ouverture de leurs séances seront
proposés par la Commission d'organisation, et arrêtés
dans la séance générale d'ouverture; les sections en
fixeront elles-mêmes la durée à leur première réu-
nion ; elles pourront, dans l'intérêt de leurs travaux,
se diviser en sous-sections.
Arr. 9. — Des promenades archéologiques, des
visites dans les établissements publics et aux diverses
expositions organisées à l’occasion du Congrès, auront
lieu tous les jours de une heure à deux heures et
demie. |
Arr. 40. — Chaque jour, à trois heures après midi,
il y aura assemblée générale de toutes les sections.
Un des secrétaires lira le procès-verbal de la séance
de la veille. La séance sera ensuite consacrée à des
lectures de mémoires et à des communications ver-
bales.
ART. 41. — Nul ne pourra prendre la parole à une
séance sans l’autorisation du président.
ART. 42. — Aucune délibération ne sera prise, soit
dans les sections, soit dans les séances générales , si le
quart des membres inscrits n’est pas présent.
ART. 13. — Toute discussion sur la religion et
la politique est formellement interdite.
» .
ART. 14. — Aucun travail ne sera lu en séânce
générale qu'après avoir été approuvé par la section à
laquelle il appartiendra.
ART. 45. — Les membres ont, outre le droit de
communiquer des travaux, celui de présenter des
questions autres que celles du programme. Cest ques-
tions devront être préalablement déposées sur le
VINGT-SIXIÈME SESSION. 5
bureau en séance générale. Elles seront examinées le
soir même par la Commission permanente, qui jugera
si elles peuvent être admises. Le résultat de la déli-
bération sera communiqué le lendemain aux sections
qu'elles concernent.
ART. 16. — La Commission permanente est com-
posée des membres du bureau central et des présidents
des sections.
ART. 17. — Des excursions scientifiques pourront
avoir lieu pendant et après la durée du Congrès.
ART. 18. — Seront membres du Congrès les per-
sonnes qui, ayant accepté. l'invitation qui leur aura
été faite, auront versé entre les mains du trésorier la
somme de dix francs pour servir à acquitter les frais
de la tenue du Congrès, et à imprimer le Compte-
Rendu des travaux de la session.
ART. 49. — Chaque membre du Congrès aura droit
à un exemplaire du Compte-Rendu, qui sera publié
par les soins des secrétaires généraux.
ART. 20. — Les personnes empêchées de se rendre
au Congrès pourront, de même que celles qui y
assisteront, présenter des mémoires sur les diverses
questions contenues dans le programme, ou sur tout
autre sujet relatif aux travaux des sections, sauf,
dans ce dernier"cas , à se conformer à l’art. 13.
ART. 21. — Avant de se séparer, le Congrès fixera
la date et le lieu de la xxvri° session.
ART. 22. — Toute difficulté non prévue par les
présentes dispositions sera soumise à la Commission
permanente.
6 CONGRÉS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ADMINISTRATION ET ORGANISATION.
Secrétaire général.
M. ALLUAUD aîné (0. #), ancien maire de Limoges
et membre du Conseil général de la Haute-Vienne,
membre de l’Institut des Provinces et de plusieurs
autres sociétés savantes, président de la Société
Archéologique et Historique du Limousin et de la
Société d'Agriculture de la Haute-Vienne.
Secrétaires généraux adjoints.
M. ARBELLOT, curé-archiprêtre de Rochechouart,
correspondant des comités historiques, membre de la
Société Archéologique et Historique du Limousin.
M. GRELLET (*#), ingénieur en chef des ponts et
chaussées de la Haute-Vienne, membre de la Société
d'Agriculture du même département.
M. l’abbé TEXIER, membre de l'Institut des Pro-
vinces, correspondant des comités historiques, membre
de la Société Archéologique et Historique du Limousin
et de plusieurs autres sociétés savantes, auteur de
nombreux ouvrages sur les arts du moyen âge.
M. RUBEN (Émixe), conservateur de la bibliothèque
communale de Limoges, secrétaire adjoint de la Société
Archéologique et Historique du Limousin.
Trésorier général.
M: TRUOL DE BEAULIEU (%) banquier, vice-
président de la Société. d'Agriculture de la Haute-
Vienne.
VINGT-SIXIÈME SESSION. |
Secrétaires des Sections.
Ire SECTION.
SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES.
M. ASTAIX, professeur de chimie à l'École prépa-
ratoire de Médecine de Limoges, correspondant des
comités historiques, membre de la Société Archéo-
logique et de la Société d'Agriculture de la Haute-
Vienne. ’
M. BARNY (Arexis), professeur d'histoire naturelle
et de matière médicale à l'École préparatoire de
Médecine de Limoges, membre de la Société Archéo-
logique et Historique du Limousin.
M. PETIT, professeur de physique au lycée de
Limoges.
Ile SECTION.
| AGRICULTURE, INDUSTRIE ET COMMERCE.
M. ABRIA, banquier, secrétaire de la Chambre
consultative d'agriculture de l'arrondissement de
Limoges, membre et ancien secrétaire de la Société
d'Agriculture de la Haute-Vienne, membre du conseil
municipal de Limoges.
M. THIBAUT (EuGène), membre du tribunal de
commerce de Limoges.
M. GÉRARDIN (Henri), avocat, secrétaire général
de la Société d'Agriculture de la Haute-Vienne.
IIIe SECTION. ?
SCIENCES MÉDICALES.
M. BARDINET, directeur de l'École préparatoire de
Médecine, président de la Société médicale et membre
de la Société Archéologique et Historique du Limousin.
8 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE:
M. BLEYNIE, professeur à l'École préparatoire de
Médecine de Limoges, vice-président de la Société
médicale de Limoges. |
M DÉPÉRET-MURET, professeur à l'École prépara-
toire de Médecine et secrétaire de la Société médicale
de Limoges.
IVe SECTION.
ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE.
. Histoire.
M. le baron GAY DE VERNON (#), membre de
la Société Archéologique et de la Société d'Agriculture
de la Haute-Vienne.
Archéologie.
M. ARDANT (Maurice), archiviste de la Haute-
Vienne, correspondant des comités historiques et de la
Société impériale des Antiquaires de France, vice-
président de la Société Archéologique et Historique du
Limousin.
M. l'abbé ROY-PIERREFITTE, secrétaire adjoint de
la Société Archéologique et Historique du Limousin.
Ve SECTION.
LITTÉRATURE, BEAUX-ARTS, PHILOSOPHIE,
ÉCONOMIE POLITIQUE. .
Littérature.
M. BERTHET (Éure), homme de lettres.
Beaux-Arts,
M. REGNAULT {AnoLrHE), architecte de la ville de
Limoges, membre de la Société Archéologique et
© VINGT-SIXIÈME SESSION. g
Historique du Limousin et de la Société centrale des
Architectes de Paris.
| Philosophie.
M. COURÇONNAIS, professeur de logique au lycée
de Limoges.
À la suite de ces dispositions préliminaires, le
secrélaire général a, avec le concours de la Com
mission d'organisation, dressé un projet des
questions qui devaient être soumises à la dis-
cussion dans les diverses sections du Congrès.
Il l'a adressé à M. le directeur de l'Institut des
Provinces et aux présidents de toutes les sociétés
académiques et agricoles de France , en sollicitant
les observations de ces compagnies sur cette
première rédaction. Après avoir recueilli les ré-
sultats de cet examen préalable, il a arrêté le
programme définitif ainsi qu'il suit :
QUESTIONS
SOUMISES A L'EXAMEN DES DIVERSES SECTIONS.
1e SECTION.
SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES.
Minéralogie et Géologie.
1. — Quelles sont les espèces minérales que con-
tiennent les différentes roches cristallines du Limousin ?
10 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
2. — A-t-on déterminé l’ordre probable dans lequel
ces roches plutoniques se sont fait jour à travers les
formations préexistantes ?
3. — Les espèces minérales disséminées ou peloton-
nées dans certaines roches appartiennent-elles à la
même période géologique que les mêmes espèces que
contiennent des filons encaissés dans des roches de
différentes natures ?
k. — Dans l’affirmative, jusqu’à quel point ces
minéraux peuvent-ils caractériser l’âge relatif des
terrains cristallins plutoniques, de même que les
fossiles caractérisent l’âge relatif des terrains sédi-
mentaires ?
5. — À quel étage géologique doit-on rapporter les
terrains sédimentaires de la Haute-Vienne?
6. — Indiquer et décrire les gisements de calcaire
observés dans la Haute-Vienne. — Ces gisements sont-
ils exploités ou peuvent-ils l'être dans l'intérêt de
l’industrie ou de l’agriculture?
7. — Ces gisements appartiennent-ils à un seul
bassin? — Le bassin est-il isolé, ou se rattache-t-il à
d’autres bassins du même âge géologique ?
8. — Des cavernes renfermant des brèches ossifères
ont-elles été constatées dans la Haute-Vienne, la
Dordogne , la Charente, la Vienne et l'Indre ? — Dans
quels terrains se trouvent-elles? — A quels animaux
appartiennent les ossements qu'on y rencontre ?
9. — Quelles sont les différences et les analogies que
présentent les gisements de kaolin‘qu'on exploite dans
les différentes contrées de l’Europe? — Quelles sont
les principales espèces et les qualités respectives des
kaolins qui proviennent de ces exploitations?
VINGT-SIXIÈME SESSION. {1
Botanique.
1. — A-t-on remarqué des différences essentielles
dans la flore des terrains granitique, gneissique,
amphibolique, porphyritique et sédimentaire de la
Haute-Vienne? — Quelles sont les plates rares ou
nouvelles qu'on y a trouvées ? x
2. — Existe-t-il quelques espèces de végétaux
phanérogames propres au sol du Limousin?
3. — Les espèces de la famille des mousses et de la
famille des lichens ont-elles, dans le Limousin, des
stations dépendantes de l’origine géologique et de la
nature chimique des roches ?
&. — Quels sont les rapports et les différences de la
flore des terrains primitifs du Limousin avec celle des
terrains volcaniques de l'Auvergne ?
3.i— Dresser une liste des plantes cryptogames
observées dans la Haute-Vienne. — Signaler et décrire
les espèces rares ou particulières qu'on y a décou—
vertes.
6. — Quelles sont les essences des fossiles xyloïdes
qu'on trouve dans les terrains sédimentaires de
Fagna, commune de Verneuil (Haute-Vienne ) ?
Zoologie.
1. — Chercher dans les faits de zoologie descriptive
constatés sur les divers points de la France des rensei-
un - sur la théorie dela variabilité des espèces.
9. — Étudier l'habitat des poissons fluviatiles de
France pour les espèces voyageuses. — Indiquer les
cours d’eau qu’elles fréquentent, et observer si,
arrivées à un confluent , elles se répandent indifférem-
ment dans les rivières qui le forment.
12 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
3. — S'efforcer d'expliquer les faits constatés par la
composition chimique et les propriétés physiques des
eaux (température , limpidité, rapidité de leur cours
suivant la nature et la pente des terrains). — Appli-
quer ces études à la pisciculture.
&. — Quelles sont les espèces de poissons qu’on
trouve dans les eaux de la Haute-Vienne? — Quelles
sont les nouvelles espèces qu'il serait avantageux d’y
introduire ?
5. — Étudier la reproduction de l’anguille dans
ceux des étangs qui n’ont pas de communication avec
la mer.
6. — Quels ont été les essais de pisciculture tentés
dans la Haute-Vienne? — Décrire ces essais, en indi-
quer les résultats.
7. — Décrire l’hirudoculture de la Haute-Vienne;
la comparer avec ce qui existe dans les environs de
Bordeaux et autres localités de la France ; l’étudier au
point de vue de l’agriculture et de l'hygiène.
8. — Présenter le catalogue des coquilles vivantes
et fossiles du Limousin; en signaler les espèces rares
ou présentant des particularités.
9. — Donner une anatomie complète du pétro-myson
lamproyon.
10. — Étudier et classer les variétés constantes des
reptiles suivants : lacerta viridis, lacerta agilis , rana
viridis, et des différentes espèces de crapauds, de
tritons et des deux genres de vipères.
Chimie.
1, — Expériences et analyses chimiques sur les
venins cutanés des amphibiens de France.
VINGT-SIXIÈME SESSION. 13
2. — Quelle est, en moyenne, la composition chi-
mique du purin?— Cette composition étant connue ,
les émanations qui en proviennent sont-elles de nature
à réagir sur la santé des hommes et des animaux ?
; Météorologie.
À. — A-t-on remarqué dans le Limousin les espèces
d'oiseaux qui émigrent, l'époque de leur départ , de
leur passage ou de leur retour? — Y a-t-il quelques
rapports entre le moment de ces migrations et l’époque
des vents dominants du nord ou du sud?
2. — A-t-on recueilli des observations en Limou-
sin sur l’époque florale des plantes , et sur le rapport
de ces époques avec l’altitude des sols, leur exposition
et la climatologie du pays (température, pluie, sèche-
resse, vents dominants, etc. )?
3. — Peut-on expliquer l'élévation exceptionnelle
de la température qu’on a observée à Limoges
pendant l’année 1857 ?
Ile SECTION.
AGRICULTURE, INDUSTRIE ET COMMERCE.
Agriculture.
À. — Quels progrès a-t-on faits depuis dix ansdans le
traitement du sol arable, dans l'amendement des terres
les unes par les autres, dans l’ameublissement du sol
par les moyens mécaniques, dans le dessèchement au
moyen du drainage ?
2. — Par quels moyens mécaniques pourrait-on
rendre productives les terres rocheuses où peu pro-
fondes?
3. — Indiquer les instruments nouveaux que l’agri-
\% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DÉ FRANCE.
culture du Limousin a plus où moins employés , leurs
avantages et leurs inconvénients.
4. — Effets de l’écobuage dans la Haute-Vienne. —
Expliquer son action fertilisante.
5.— A-t-on planté en Limousin tous les terrains qui
pourraient être plantés dvec avantage ? — Quelles sont
les essences qui ont été choisies pour les plantations ?
6. — Dans les contrées susceptibles d’être irriguées,
les prairies naturelles permanentes sont-elles préfé-
rables aux prairies artificielles ?
1. — Silest utile de propager ces prairies, dans
quelle proportion avec la surface des terres en culture
convient-il de les établir ?
8. — Quelle est l'importance de la nature variée des
aliments au point de vue de l'engraissement des
animaux ?
9. — Y aurait-il avantage à engraisser dans la
Haute-Vienne de jeunes animaux, au lieu de ne
soumettre à l’engraissement que de vieilles vaches et
de vieux bœufs épuisés par le travail ?
10. — Quelle est la viande de boucherie que l’agri-
culture peut produire avec le plus d'économie et
le plus abondamment, tant dans son intérêt que dans
celui du consommateur?
14. — Indiquer ce qui serait le mieux, pour la
Haute-Vienne , du travail agricole par les vaches, les
bœufs ou les chevaux.
12. — Quels sont les moyens de rendre et de con-
server au cheval limousin les qualités primitives qui
le distinguent, et d'empêcher cette race de dispa-
raître? — Quels résultats ont produits les croisements
opérés depuis vingt-cinq années?
VINGT-SIXIÈME SESSION. 15
13.— Quels sont les essais tentés dans la Hte-Vienne
pour améliorer les races bovines, ovines et porcines
par leurs croisements avec les reprodutteurs de races
pures anglaises? — Ces croisements peuvent-ils être
recommandés pour l'avenir? — La propagation des
races anglaises pures serait-elle préférable à l'amélio-
ration des races du pays par leurs croisements avec les
races anglaises? S
14. — Quels résultats doit amener dans la circons-
cription l'association de l’industrie à l’agriculture? —
Quelle modification peut-elle apporter dans les habi- .
tudes et le bien-être des cultivateurs?
15. — Quelles sont les industries dont l'alliance à
l’agriculture du Limousin serait le plus profitable? —
La fabrication de l'alcool ou du vinaigre au moyen du
topinambour, de la betterave, du sorgho, serait-elle
économique et favorable à l’agriculture? .
Industrie et C'ommerce.
4. — Origine, développement et progrès de l'in
dustrie céramique dans la Haute-Vienne et les dépar-
tements du centre de la France. — Quel doit être
l'avenir de cette industrie? — Les fabriques de porce-
laine qui s'élèveraient dans le voisinage des houillères
pourraient-elles donner lieu à une concurrence dange-
reuse pour les fabriques du Limousin? — Dans le cas
où cette concurrence serait à craindre, quels seraient
les moyens d'y remédier?
2. — Quel est l'état de la’ peinture sur porcelaine à
Limoges? — Quels progrès at-elle faits depuis plu-
sieurs années ?
3. — Cet art est-il tout ce qu'il pourrait être
16 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
au point de vue de la forme, du goût et de la couleur?
— Pourrait-on tenter quelques nouvelles combi-
naisons ?
Dans le cas où, au point de vue artistique, la fabri-
cation de Limoges laisserait encore des perfection-
nements à désirer, quels seraient les moyens de les
obtenir? h
5. — L'art décoratif peut-f donner lieu à un ensei-
gnement artistique régulier? En d’autres termes,
peut-on définir et réduire à des principes généraux un
_art dont la mode et la fantaisie sont les principaux
Re <
— Quelle direction Srstique Fe fabrication des
—. d'Aubusson et de Felletin a-t-elle suivie depuis
vingt années? — Faire l ‘histoire des produits de ces
fabriques depuis leur origine jusqu’? à nos jours.
7. — Quels progrès se sont accomplis, depuis 1830,
dass la fabrication des droguéts et flanelles de la
Haute-Vienne ? à
8. — Préciser les causes qui ont fait abandonner,
pen dant un certain temps, la fabrication du papier
dans la Haute-Vienne. — ue: ce qui peut rendre
aujourd'hui prospère la même industrie,
9. — Influence des chemins de fer sur 1 indnsbies
et le commerce du Limousin et.de la ville de Limoges
en particulier. |
“II SECTION.
SCLENCES MÉDICALES.
4. — Donner un apercu de la statistique et de
la topographie médicales de la Haute-Vienne. —
Faire connaître les maladies, les infirmités, les affec-
VINGT-SIXIÈME SESSION. 17
tions qu'on y observe le plus fréquemment, les
moyens de les combattre.
2. — Hygiène et maladies spéciales des porce-
lainiers et des tisserands.
3. — Étude médicale sur le mal des ardents.
&. — De la fièvre puerpérale en province, et parti-
culièrement dans les campagnes.
5. — Des nouveaux moyens proposés pour combattre
les fièvres intermittentes.
6. — Quels sont les meilleurs procédés opératoires
pour guérir les fistules vésico-vaginales ?
1. — De la nouvelle opération proposée par
M. Sédillot sous le nom d’évidement des os.
8. — Indiquer quelle peut être la mesure de
l'influence tellurique sur les faits qui se rapportent à
l'hygiène de la Haute-Vienne.
9. — Quels changements se sont opérés depuis
cinquante ans dans la population du Limousin au
point de vue de sa constitution physique?
10. — L'étendue de la vie moyenne a-t-elle aug-
menté ou diminué en Limousin depuis un siècle ?
11. — Observe-t-on chez les habitants de certaines
parties du Limousin une conformation particulière de
la tête ?
12. — Quand la ville de Limoges était ceinte de
murs , les constructions en bois se recommandaient-
elles, au point de vue de l'hygiène, par quelques
avantages ?
43. — De l'assistance médicale dans les campagnes.
44. — De la variété de fièvre typhoïde commu-
nément désignée, à Limoges, sous le nom de fièvre
muqueuse. j
p]
18 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
IV: SECTION.
ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE.
1. — A-t-on dressé une carte géographique du
Limousin pour Ja période wallo-romaine ? — Quelle
était la circonscription de la province? — Quelles
étaient les villes principales et leur importance
relative? — A-t-on la, liste des, villas dont on à
retrouvé des débris? — A-t-onle tracé exact des voies
romaines qui traversaient, le Limousin? — Quels
sont les monuments , les sculptures remarquables, les
tombeaux, les inscriptions qui nous restent de cette
époque? —. Peut-on tirer des inscriptions et. des
monnaies quelques renseignements historiques ?
2.— Les faits et les personnages mentionnés dans
les chroniques limousines pour la période. gallo-
romaine ont-ils une valeur historique? — A quelle
époque remonte la rédaction première des faits relatifs
à cette période?
3. — A quelle époque le, christianisme a-t-il ;été
prêché en Limousin ? — Est-ce au 1‘ siècle, comme
le dit la tradition, ou bien est-ce au 1° siècle,
comme on l’infère d’un passage de Grégoire de Tours ?
4. — Peut-on citer, à Limoges ou dans d’autres
villes de France, une ou plusieurs inscriptions
chrétiennes latines ou grecques qui soient authenti-
quement antérieures au 11° siècle ?
5, — Quelle est la valeur historique des documents
traditionnels écrits au, v° siècle et au :vi® sur! les
origines chrétiennes de la Gaule?
6. — Quelle était, durant les trois premiers siècles
de l’ère chrétienne , la topographie de la ville romaine
VINGT-SIXIÈME SESSION. 19
de Limoges? — En présenter le plan approximatif. —
Indiquer, comme on l’a fait pour certaines villes, la
position relative des principaux édifices publics (am-
phithéâtre, bains, etc. ).
1. — Quelle fut, au rv° siècle, quand on entoura
la villg de murailles, et après la condensation de la
cité dans une enceinte murée, l'étendue de cette ville ?
— Quelle fut la distribution des édifices publics et
privés à l’intérieur de la place? — Quelles églises
furent établies? Quelle était la place qu’elles occu-
paient ? Sous quel vocable étaient-elles au v° siècle ?
8. — Quelle était l'importance du suburbium de
Limoges? — Quelles églises y voyait-on au v: siècle ?
9. — À quelle époque la plus grande partie des
paroissés ont-elles été établies dans le diocèse de
Limoges? — Dans quelle proportion les abbayes ont-
elles contribué à cette création? — Carte des origines
des paroisses. |
10. — À quelle époque remonte l'atelier monétaire
de Limoges ? — Quels'en ont été les produits à diverses
époques ? rs
A1: — Connaît-on plusieurs monétaires de Limoges
ou du Limousin?
19: — Existe-t-il un travail sur la numismatique
du Limousin ?
113: — Les émaux cloisonnés sont-ils antérieurs ou
postérieurs aux émaux Champlevés ou incrustés?
14. Quelles sont les églises les plus remarquables
du Limousm appartenant soit à la période romane,
soit à l’époque ogivale? — Connaît-on la date précise
de quelques-uns de ces édifices ?
15. — Les cathédrales de Cologne et de Clermont,
20 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qui offrent la même nuance de style que celle de
Limoges, ont-elles été réellement commencées vingt-
cinq ans avant ee dernier édifice ?
16. = A quelle époque:le'style ogival a-t-il com-
mencé en ‘Limousin? == Est-il en retard sur le nord
deda:Frânce® temmeon ç 228 90 LL
17. Quels sont les caractères Kpéciaux dé gris
tecture limousine/at môyen âge?
18: — Quelssont les toHbeRux Tes plus remarquables
de cette époque?100 210 HTD 2980 79
19. — A-t-on des notices ae ay et historiques
sur dés châteaux fortifiés du‘Limousin ?
20u12e1A4#-0n étudié suffisament les monuments
civilsi; des ponts f ‘les fontaines! e , appartenant à
cettesépoque 1510910 61 9h eÿrie
(ie Lao STI du 59101 À:
D ect VSEGION
pas PHILOSOPHIE
ÉCONOMIE, POLITIQUE.
si Juve swpidqoeol:
— ! Quelles, sont, Jesicauses, ordinaires-de progrès
et. F4 décadence, dans les. arts ;et; Liens <
dans la, poésie re font 118 mofoie
2. — Les grands; siècles Jiftéraires pr Périclès,
Auguste, Léon,xX, Louis XIV ; sont-ils autre te
qu'une -agelomération fortuite Ha grands génies à une
même époque et.dans.un:même pays ? — S'il n’en est
pas ainsi, quel, concours de circonstances et quelles
causes analogues entre;elles contribuent à rendre ces
grandes : époques, si, féçondes? — Quelle.est enfin
l'influence, de la civilisation sur.le développement de
la poésie et des beaux-arts ?
RS
VINGT-SIXIÈME SESSION. 91
3. — Influence des romans sur la littérature et les
mœurs. SR iadnseel ie
&. — Origine et formation.du. patois limousin. —
Indiquer ses rapports.-avec les autres dialectes: de la
langue d’oc. — Pourquoi..la langue romane du midi
de la France. est-elle, appelée Limousine rpar ‘quèlques
écrivains du moyen âge , notamment par: Raymond
Vidal, Gaspard Escolano, etc? —;Études sur les
poètes qui ont écrit en-langue limousine,
5. — Indiquer les, limites, géographiques-de la
langue d’oc ) et les causes qui ont borné cette langue à
ces limites. a yiqironet aonitorr 298 6
6. — Connaît-on sridans -quelqhes:; bibliothèques
publiques de. l'Europe,..un [manuséritodu :poëmé ‘où
Grégoire Béchade,, chevalier: du-châtean deLa stours,
a chanté les évènements de la première’ croisade?
T. — Quelle a été l'influence des orfèvres, émailleurs
et autres artistes limousin sur les beaux-arts? —
Quelles sont les institutions propres à. Continuer cette
influence ? AÜQITLIOS HIMOHOIY
8. — Aperçu philosophique sur la musique. —
Comment se-produit. dafs Phétié 14 fhculté musi-
cale ? Quel est lé foÿer des iSpirétions *22 Opérations
métaphysiques du musicien au moment ‘dé”t4 compo
Sition.— Esthétique de Ifusiqueste el — ©
“Rapports de la musiqueafécles aûtré£ branchés des
beaux-arts. 22" Dés formes dé Ja usique à-difféféntes
époques péut-on déduire l'état Hiôral dune Société à
ces mêmes époques? — “Quéllé st l'influencé de la
musique sur les peuples civilisés 91 29 720 mu di
9. — Ne ‘peut-on pas trouvér un principe identique
de formation entre les idiomes’ des peuples et des races
fI0—T— À z
22 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et leurs systèmes musicaux; suivre, par exemple ,
dans les transformations des idiomes et des échelles
musicales toutes les branches de la grande race indo-
européenne et de la race sémitique? — Exposer les
causes qui ‘ont contribué à former l'échelle musicale
des Européens telle qu’elle est aujourd’hui.
10. — Le tonalité grégorienne et la tonalité moderne
sont-elles identiques? = Résnltent-elles des mêmes
besoins de manifestation dans les sentiments, des
mêmes causes d'émotion? — Le chant ecclésiastique
comporte-t-il la mesure et l'harmonie? — Y a-t-il un
système spécial d'harmonie qui soit une conséquence
nécessaire de cette tonalité et de la tonalité moderne ?
44. — Le Limousin a produit des artistes orfèvres,
émailleurs, peintres et des poètes troubadours : il
a dû produire aussi dés musiciens. — Quels monu-
ments nous ont-ils laissés? = Esquisser la biographie
des principaux. — Démontrer par quel cathet original
se distinguent les mélodies populaires du Limousin, —
Ne peut-on pas y découvrir une communauté d'ins-
piration avec ses poésiés patoises ?
12. — Danger de Séparer la morale du SéBUMENt
religieux.
13. — L'école épicurienne peut-elle ‘être iébétaée
comme une des causes principales dé la ges de
l'empire romain ? UT UE
|
1
Ce programme et les arrêtés concernant l'orga-
nisation du Congrès ont été dès le mois de janvier
1859, adressés à toutes les sociétés académiques
et agricoles de l'Empire, à fous les membres de
VINGT-SIXIÈME SESSION. 923
l'institut des Provinces de France et à un grand
nombre de savants tant français qu'étrangers, avec
la circulaire suivante :
CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
XX VI: SESSION
Qui s'ouvrira à Limoges le lundi 12 septembre 1859.
EE ot
Limoges, le 3 janvier 1859.
MONSIEUR,
Le Congrèsscientifique de France ouvrira à Limoges
sa Xxvi° session le 12 septembre prochain.
Que pourrions-nous ajouter à ce qui a été dit sur
l’utilité de cette excellente institution, qu’anime
l’Institut, des Provinces sous l’habile direction de son
savant fondateur M. de Caumont ? s
La science et l’art ont sans doute en France un foyer
commun où toute production nouvelle reçoit sa consé-
cration, et d’où relève, pour être autorisée, toute
conquête dans le champ du labeur humain. Mais, si
la renommée et la gloire y sont plus généreuses, c’est
dans le recueillement et la solitude que les travaux
de l'intelligence se font leurs titres les plus durables.
Quelque vive que soit la lumière qui rayonne de
Paris, son éclat ne pénètre pas partout avec la même
puissance. Combien de faits n’ont de valeur que par
leur généralisation ! -Qui -sait le nombre des'‘intelli-
sences endormies loin de cettelexcitation salutaire ,
21 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qui leur révèlerait leur puissance en leur inspirant
l'activité ?
Plus que d'autres peut-être ; la ville de Limoges
pourra profiter de ces échanges. Par un privilége
heureux, son industrie, qui s'accroît chaque jour, .
relève à la fois de la scienceet de l’art-c'est la science
qui nous enseignera la mise en œuvre pluséconomique
des matériaux admirables que la Providence a miscà
notre disposition ;. c’estol'artoquiycen résistant aux
caprices de la mode; donnera; aux: produits:denotre
industrie une forme-inspirée-par les conditions vérita-
bles du:beau:et deilutile:son: 29/1 ,atiroè asrvil e85
Nous espérons que lesspèlenins: Fra science; trouve-
ront en notre provinceum champ d'étustes: digne de
leurs explorations'et:dedeur intérêt::50
La constitution-géologique-du cat ras pas
été ‘bouleverséé: par-lés-granmds: phénomènes ;quisont
soulevé les:Alpeset les Pyrénées, ses rochesæristallines
occupant encoré leur positiorb-primitives les:minéraux
de différentes nâtures qu'elles reCelent, et qui semblent
les caractériser; Sont amtantsde-ocirconstances (qui
permettent au: géologue rdeudéterminer ici mieux
qu'ailleurs:;:l'orère «et :1llâge, géologique de less do
mation successivéz2us. 9b159 928 movou
L'exploitation étrdarmisé ex œnyre de és
minérales -offrironit «d'intéressants sujets d'étudessaux
naturalistes quiivieñdront en-visiter des gisements:
La terre, dont le-géolague-explore les profondeurs,
la terre, étudiée danssa nature et dans-ses productions,
n'est, après tout.;que le piédesta] de l'homme:-C'est à
cette destination divine qu’elle emprunte sa grandeur!
Mais, ne loublions: pas: simple usufruitier.du' vaste
VINGI-SINIÈME SESSION. 25
domaine que Dieu a confié à ses soins , l’homme a recu
la mission de le féconder et de l’embellir par d'inces-
sants travaux. Que les hommes de-cœur se réunissent ,
s'entendent : ee LE ne AN de sainte
missiontpsdo 101908'e LICE
“Nous “sommes aul ii sde vélläite Pupliile
ire qui) dès lespremiers-temps historiques, se
révèle avec-unesôtte de puissance. Ces Lémovices que
César mômme deux: fois s .et2qui, dans ‘la Coalition
opposée) Rome |; fournirent:un contingent si considé-
rabléy formaient-ils [deux peuples-distinets ? A défaut
des livres écrits, les monuments! druidiques, si
nombreux! enc notre-province) ‘ne ‘gardent-ils pas
quelques secrets et quelques révélations ?'
Comment le peuple-roi ,déht laïpioche des terrassiers
ébranle/:chaqueojour les fondations colossales, fit-il
place aux conquérants/lqui ledéshéritèrent? À quelle
époqué-remonte ladestruction de tesvilles-romaines
deTintigrrac et du: Puysde-Jüuer dont es vastes ruines
sont lasseule histoire 24 2tLon:dit-le idernier-mot sur
l'époque:dedæ propagation du christianisme dans les
Gaules? A-ton bien mesuré l'étendue ‘des ‘horizons
qu'ouvrirait y solmtion définitive ‘de cette: question ?
L'art du moyen âge garde aussbquelques récom-
penses pour eeux!qui se dévoûront àson étude. Un
procédé qui donne äle-peinture l'éclat ‘etla durée
immortelle-des-pierréries) l'art des émailleurs, nous
le croyons ;Cest néisur notresol" Byzance le reçut-elle
comme un hôte-qu'on Fétérow-comme un fils qu’on
protée7Estcé aux migrations desémailleurs sollicitées
par lenégoceque se rattache la fondation: d’une école
d'architecture qui!a fleuri avec. éelat dans notre voi-
26 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sinage ? Quelle est l'origine de cette architecture
grandiose, mais exceptionnelle ; dont on peut étudier
même ici l'étrange majesté ?
Toutes les sciences, toutes les études, sont solidaires.
Non contente de soulager les maux présents, la méde-
cine en cherche la. génération dans les: maladies des
âges écoulés. Elle peut prêter un concours puissant à
l'archéologie. La conformation particulière du crâne
des habitants de cette province révèle-t-elle ume-race
distincte qui se serait perpétuée en résistant aux in-
fluences qui altèrent et transforment :les-indtions
tout entières ? Quels sont les caractères des grandes
épidémies qui-firent tänt de victimes: dans: Îles ‘temps
anciens ? Sous des noms nouveaux ; les derhiers'sièeles
ont-ils revu les maux des anciens! âges ? +: 4lecl ont
Les questions’ d’origine gardent aussi des secrets
multiples dont la: révélation-saurait «le plus haut
intérêt. Dans le midi de la Franceret le nord de
l'Espagne a fleuri une langue particulière, qui fut
en même temps populaire-par sadiffusion et littéraire
par sa poésie. Le Limousin formé; au-nord, la limite
extrême de son territoire. D'où vient que, précisé-
ment à cette limite, cette langue, dont notre patois
conserve encore Ja tradition, ait trouvé dans les
troubadours. du Limousin ses interprètes les plus
nombreux, les plus! éloquents et les plus célèbres ?
Maïs nous ne voulons pas épuiser, en les répétant
sous une forme nouvelle, lés questions du programme
que l’Institut des Provinces fournit au Congrès. Tous
les ordres d’études y ont leur part, et les solutions
provoquées accroîtraient utilement les connaissances
positives. Donc, au mois de septembre prochain! Des
NINGT-SIXIÈME SESSION. 97
mesures seront prises pourique les‘ intervalles des
séances du Congrès soient remplis par des courses
scientifiques et par des délasséments agréables. La
ville'dé Limoges fera à ses visiteurs un accueil digne
desrreprésentants dela science. Le ‘programme: des
fêtes quisauront lieu à cette occasion Sera ultérieu—
“rement arrêté. I d1
Situé! dans une: SabEd lines) qui ne deraiit
‘aucune comparaison depuis Ja constatation régulière
de la:température des principales villes de l'Europe,
le chef-lieu de la Haute-Vienne:serà ‘heureux de voir
admirer par: des hôtes-illustres la! fraîcheur: et la
variété des paysages qui encadrent sès monuments :
une grande ruine : militaire ; ‘une ‘église byzantine,
une belle cathédrale ; des fragments de tous les âges,
réservent quelques surprises! à ceux-qui- aiment les
œuvres de l’artiet lesbeautésdes: cet art dns qui on
pepe la! nature:s14 sl:9b. :bin 91 eus
ft 1 oral ou. rot $ scosqeï!
ane Min d'expression; de nos! sentiments
les plus dbmiberse mil 91 .aie8oi |
o'Œ .97%1 tivroÿ f104 9D 90
, Les éecrélaur es, te Qu: du Congrès,
1
F; ALBUAUD: AMINÉ9VT198110
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porcs ! HORELLEEIG sl , xmordcro!
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PROCÈS =VERBAUX:
SÉANCE D'OUVERTURE,
TENUE LE 12 SEPTEMBRE 1859.
Le 42 septembre 1859, à trois heures après midi,
les mémbres composant le Congrès scientifique de
France pour la xxvi° session se sont:réunis dans la
salle du palais de justice, assignée pour leurs séances.
M. Alluaud aîné, secrétaire général , OCCupe pro-
visoirement le faiteñie
Ii appelle au bureau M.‘le maire de CEE et les
secrétaires généraux adjoints:
M. le maire de Limogesprend la parole, et s'exprime
en ces termes :
Oro:œ 9ù!
Permettez-moi, Messieurs, au début de vos séances, de
vous exprimer, au nom de mes concitoyens, combien nous
sommes reconnaissants de votre présence ici.
Les assemblées comméla vôtre, Composées d'hommes voués
à l'étude des’sciencés, qui, élevant l'esprit humaïn, ont
pour but final son améloration intellectuelle et morale,
ne sauraient être trop Jouées elles sont pour le pays même où
elles ont lieu un évènement grand et heureux.
Car, outre que, à châcurni dé vos congrès, les faits histo—
riques qui intéressent le-plus le pays sont mis en lumière,
commentés ét éclaircis, le problèmes que se pose là science
sont discutés êt résolus, vous apportez de plus avec vous les
PROCÈS—-VERBAUX. - 29
qualités qui vous distinguent : l'habitude des études sérieuses,
l'amour de la science, la recherche de la vérité. Ces précieuses
qualités, Messieurs, restent après vous Comme une tradition
conservée religieusement par ceux qui, après avoir été un
instant vos collègues , désirent devenir vos émules , et restent
vos amis. Elles sont enfin un exemple profitable à toute une
génération.
Vous êtes dans une ville où les vieux souvenirs sont restés
vivants au cœur du peuple, où de nombreux monuments
attestent une ancienne-prospérité, et où de nos jours l’esprit
moderne d'entreprise a créé de nombreuses et florissantes
industries.
C'est vous dire qu’à Limoges les travaux auxquels vous
vous livréz intéressent au plus haut point toutes les classes
de la population : aussi-je ne fais que fraduire lé sentiment de
tous:en vous rémerciant de l'honneur de vous nous faites en
devenant momentanément nos hôtes. : a:
à nr Ze Hate
GATE TS 109%
Les applaudissements qui se font Séndre éémoi
gnent à M. le maire qu'il a parfaitement exprimé les
sentiments de cordiale confraternité dont les membres
habitant le pays sont animés-à l’ Lu de leurs col-
lècues étrangers.
M. alusad a ensuite prononcé le ae suivant :
} d5s (EM mA 8 en
CASSER IONOO sem 99, OU US ÈS ss
tot 29698 à1q e'LOV 99 OS 2ei8I11029
I] y à peu, de temps engore, nous n'étions pàs rassurés-sur
le Succès de cette, session.du Congrès scientifique de France :
les vives préoccupations de Ja guerre, le-bruit des armes,
l'éclat des victoires de ,nos.vaillantes armées ;: détournaient
tellement les esprits de nos pacifiques travaux que chacun se
demandait Si, cette session ne serait “pas forcément ajournée.
Et même, depuis. la. «paix. glorieuse, de-Vïllafranca, qui
témoigne si hautement, de,la sagesse et de la modération du
gouvernement de l'Empereur, les graves -questions de poli-
tique européenne soulevées par l’affranchissement d’un noble
30 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
peuple , ont fait naître tant de difficultés et rendu l'avenir si
obseur que: mous sommes moins surpris de l'absence de
quelques savants habitués à fréquenter les Congrès que du
nombre ‘imposant des personnes dont cette assemblée se
compose:
Celui des savants étrangers qui se sont rendus à notre appel
est, énvteffet, considérable: Nos concitoyens sont heureux,
commemous! de leur bienvenue et non:moins impatients de
recueillir les fruits de leurs études et'de leur expérience.
La ville de Limoges, soyez-en bien sûrs, conservera un long
et reconnaissant souvenir de Vos travaux; n0s jeunes géné-
rations y puiseront tout à la fois le goût des sciences, dont
l'agriculture et l'industrie font chaque jour de si utiles
applications ; le goût des beaux-arts, dont les progrès se lient
si intimement à: ceux de la civilisation; celui des études
sérieuses * de l'histoire et dé la philosophie morale, qui
développent l'intelligence et Jesrfacultés de l'âme, et qui,
en élevant les pensées de l'homme vers le Créateur, le pré—
parent aux mâles et austères vertus qui caractérisent le bon
chrétien, le bon père de famille et les citoyens les plus utiles
et. ies plus dévoués à leur pays.
L'une des difficultés de notre tâche consistait à trouver un
lieu de réunion digne et convenablé..... M. le premier président
de la Cour impériale de Limoges l’a rendue facile en mettant à
la disposition du Congrès , avec lé plus gracieux empressement,
ce palais, élevé près des ruines de l'amphithéâtre de notre
antique cité gallo-romaine.
Nous devons également des remercîments à M. le préfet de
la Haute-Vienne ét au Conseil général pour les crédits qu'ils
ont affectés aux frais d'impression des Comptes-Rendus de vos
séances ;
A M: le maire de Limoges et au conseil municipal, pour
d'autres crédits destinés à concourir aux dépenses générales
du Congrès;
Aux administrations des chemins de fer du Nord, du Midi,
de l'Ouest et d'Orléans pour les concessions qu'elles ont
accordées aux membres du Congrès sur les prix ordinaires
«les tarifs des voyageurs.
PROCÈS=VERBAUX. 31
Et, sinous ne craignions de blesser la modestie de notre
savant fondateur M. de Caumont, nous le prierions, au nom
de nos concitoyens, !d'agréer l'expression particulière de la
reconnaissance qu’il s’est acquise-en désignant cette ville à
l'approbation de l’Institut deS Provinces pour le siége de
la xxvie session du Congrès:
Afin de procurer,/dans d'intervalle: des -séances, quelques
distractions aux savants étrangers , le cercle de l'Union et le
cercle Littéraire-leur-ouvrent. leurs salons, où ils sont assurés
de recevoir l'accueil le: plus gracieux et le plus cordial.
Nous avons préparé; dans olasmême,vue, l'itinéraire de
quelques-proômenaides ‘agricoles, industrielles ; géologiques et
seARépIGgiques Tr qi nous ont paru mériter votre attention et
votre intérêt, { Frob:. Ê
Nous avons A nc duel jé limite trop Éctre ae de nos
ressources cherché lestmoyens derendre votre séjour en cette
ville aussi instructif qu'agréable.: 5905
91 9Ù ,TH9T697T l'esoy smoi"]
SI MESSIEURS, ! NII Y 2919120
“Depuis la publication He notre programme, nous avons eu
la douleur de. perdre l'un de nos. plus savants collaborateurs.
Nous; considèrerions comme, un. de nos premiers devoirs de
payer à sa mémoire le tribut des ] légitimes regrets qui lui Sont
dus si nous ne savions, qu'une : Noix plus virile que. la nôtre
doit. vous retracer, da, vie et les travaux de l'infatigable et
modeste archéologue M. l'abbé Texier. she
Nous nous arrêtons, «Messieurs », pOur : ne pas retarder plus
long-temps. L'organisation des, bureaux, à laquelle vous allez
procéder, ao
Au moment, où-l'erateur prononce ces. dernières
paroles; sonrémotionsse communique à toute l'assem-—
blée, qui, par les vives marques de sympathie qu’elle
abiies à ta mémoire dé M. l'abbé Texier, prouve
combien a été sentie la perte de ce savant laborieux
-et à jamais regrettable.
32 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
La parole est ensuite donnée à M. le baron Gay de
Vernon pour la lecture de sa biographie de Gay-
Lussac (4), ce savant illustre que le Limousin est fier
d'avoir donné à l'Europe. .
Le travail de M. de Vernon, qui est à la fois un
pieux tribut payé à une mémoire vénérée et une œuvre
de patriotisme, excite l'intérêt soutenu de l’assemblée,
et provoque d'unanimes applaudissements.
M. Alluaud annonce que M. Eugène Thibaut, secré-
taire désigné pour la 2° section , est dans l’impossi-
bilité d'assister à la session, et qu'il devra être
remplacé.
Il en est de même de M. Barny, secrétaire de la
4r section ; mais M. Éd. Lamy a bien voulu accepter
cette fonction. 4. à
Plusieurs lettres sont communiquées à l’assemblée.
Celles contenant des questions étrangères au pro-
gramme seront l’objet de l'examen de la Commission
permanente pour être statué ce que de droit.
Il est fait hommage au Congrès de divers ouvrages
ou brochures (2).
M. le président, après avoir remercié les donateurs,
et particulièrement M. de Caumont, à qui l’on est
redevable du plus grand nombre de ces ouvrages,
annonce qu'ils seront déposés dans un salon attenant
à la salle des réunions, et qu'ils seront à la disposition
des membres du Congrès, ainsi que les journaux :
auxquels la Cour impériale de Limoges est abonnée.
(4) Cette biographie est imprimée dans la seconde partie du
Compte-Rendu.
(2) La liste de ces ouvrages sera publiée à la fin du deuxième
volume.
t PROCÈS+-VERBAUX 2 .
Le Congrès remercie:M. le premier président de la
cour impériale-du gracieux empressement avec lequel
il a permis que le- palais-de: justice fût consacré à ses
réunions, et qu'on pût y trouver toutes les facilités
D. à la-tenue des séances. 1 :
Lez nfRerege scientifiques “dans $a\xxv° session,
la session à. 1860. qui.s sera; a>xx vire.
- Cet honorable-membre: rend compte des démarches
qui iL.a-faites à: cet-égard: sur lés dieux mêmes.
es autorités. locales ont-promis le plus-large con-
cours pour les subventions financières , et toutes les
facilités désirables, pour les études au:dehors seront
données aux, membres, assistants 1: ün-bâtiment. à
vapeur, offert par l'amirauté, permettrasles prome-
nades en mer-et, s 8 travaux de
Cherbourg: réansrtè enoitesup esp +nsasrcroc
Par, ‘UBE, Fit
mande a hais: ValognesrviMlersituées à: quelques
minutes de.Cherbourgrpamie cheminrde feride l'Ouest,
pour célébrer l’année prochaine sa fête agricole; qui
ajouteracà Léclat-du:Congrès2érqe .tuobicère €
-La;désienation des secrétaires a pour la
XXI, Session n'a offert d'ailleurssaucune difficulté,
parce;qu'ils'est: trouvé 2 Cbérbourg: trôis Écne
instruits, | dansune: se: éminente: yquicont Frans
cette:misSien. so jzcis eS180), mh,.e2ardmeux
xnocGersonmbeonix sb olsirègui 00 el 2
MM. Noël, ancien maire de PSE je ancien
député ! SE DEGRIBAMENNT dés SEdUE ON 90e
Besnou, pharmacien - -major.. de. 1. «marine je
chimiste Door
3
À CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Le vicomte Dumoncel, connu par ses travanx sur
la physique.
Il est, en conséquence , décidé que la Xxvnr session
se tiendra à Cherbourg.
L'assemblée remercie M. de Caumont des peines
qu'il a bien voulu prendre pour assurer le succès du
Congrès en 1860.
Conformément aux règles établies, M. Challe,
secrétaire général pour la xxv' session, à transmis à
M. de Caumont, afin qu'il soit soumis au Congrès
actuel, le compte des recettes et des dépenses que
cette session a nécessitées.
Les recettes se sont élevées à 6,147 fr.
Les dépenses ont été un peu plus fortes, mais tout
l'excédant a été couvert par une allocation du conseil
général de l'Yonne.
Les comptes présentés par M. Challe sont très-
détaillés et très-clairement établis, et il est donné acte
à M. de Caumont de cette communication.
Les soins multipliés que M. Challe a pris des affaires
du Congrès de 1858, et l’activité qu'il a mise à faire
imprimer dans un délai très-court les deux volumes
qui constituent les travaux élaborés à Auxerre, sont
l'objet des éloges de M. de Caumont et d'un vote de
remercîments de la part de l’assemblée.
Sur l'invitation de M. le président provisoire, il est
procédé à la constitution du bureau définitif.
Le dépouillement du scrutin constate que 90 votants
y ont pris part en déposant leurs bulletins. 75 bul-
letins sont unanimes pour décerner la présidence
à M. Alluaud , et la vice-présidence à MM. de Caumont,
Charles des Moulins, Barufi (de Turin), de Buzonnière.
PROCÈS-VERBAUX. 35
Ces messieurs prennent, en conséquence, place au
bureau. M. Alluaud remercie l’assemblée de l'honneur
qu'elle à bien voulu lui faire : il compte sur sa
bienveïllance pour l’accomplissernent de sa tâche.
Les applaudissements qui retentissent prouvent à
M. Alluaud que ses efforts pour amener à bien l’orga-
nisation de la xxvi* session ont été dignement
appréciés.
M. Baruffi adresse au Congrès quelques paroles
Chaleureuses de reconnaissance sur la distinction dont
il est l’objet, et l'honorable membre, qui parle avec
éloquence le langage du cœur, conquiert les sym—
pathies de tous.
Ainsi que l’annonce M. le président, une messe du
Saint- Esprit sera célébrée demain mardi, à neuf
heures précises, dans l'église Saint-Michel, par
M. de Bosgenet, vicaire général du diocèse, en
l'absence de Mx l’évêque, qui n’a pu remplir la
promesse bienveillante qu’il avait faite à cet égard,
en raison de l’absence que lui a imposée sa récente
promotion à l’archevêché de Toulouse. Le Congrès se
réunira, à huit heures et demié précises , au palais de
justice , pour se rendre en corps à l'église.
Après avoir annoncé que, à l'issue de la séance, les
sections devaient se constituer, et après avoir fixé les
heures de leurs réunions quotidiennes, M. le président
déclare la séance terminée. :
L'un des secrétaires généraux adjoints,
GRELLET.
: SÉANCES DES SECTIONS.
a —
PREMIÈRE SECTION.
SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES.
SÉANCE DU 19 SEPTEMBRE 1859.
A la fin de la séance générale d'ouverture, M. le
président général du Congrès invite les membres de
la 4re section à voter sur la formation de leur bureau.
21 bulletins portant les noms d’un président et de
deux vice-présidents sont déposés au scrutin.
49 voix sont données à M. Bouillet pour la prési-
dence ;
47, pour la vice-présidence, à M. Paqueret ;
44, pour la vice-présidence, à M. Leroyer.
Les autres suffrages sont répartis entre divers
membres de la section.
En conséquence , sont proclamés :
Président de la 4" section : M. Bouillet;
Vice-présidents : MM. Paqueret et Leroyer.
M. Bouillet prend place au fauteuil de la présidence,
et remercie les membres de la {°° section de l’honneur
qu'ils viennent de lui faire.
PROCÈS-VERBAUX. 37
M. le président invite ceux des membres présents
qui ont l'intention de traiter quelques questions à
vouloir bien les faire connaître.
M. Alluaud annonce qu’il traitera les questions 1 et
2 du programme de minéralogie et géologie ; savoir :
« Quelles sont les espèces minérales que contiennent
les différentes roches cristallines du Limousin? » —
« A-t-on déterminé l’ordre probable dans lequel ces
roches plutoniques se sont fait jour à travers les
formations préexistantes? »
M. de Caumont traitera les questions 6 et 7 du
même programme; savoir : « Indiquer et décrire les
gisements de calcaire observés dans la Haute-Vienne.
— Ces gisements sont-ils exploités ou peuvent-ils
l’être dans l'intérêt de l’industrie ou de l’agricul-
ture? » — « Ces gisements appartiennent-ils à un
seul bassin? — Le bassin est-il isolé, ou se rattache-
t-il à d’autres bassins du même âge géologique ? »
M. Alluaud traitera la 9° question du même pro-
gramme : « Quelles sont les différences et les analogies
que présentent les gisements de kaolin qu’on exploite
dans les différentes contrées de l'Europe? — Quelles
sont les principales espèces et les qualités respectives
des kaolins qui proviennent de ces exploitations? »
Les questions 4, 2, 3 du programme de botanique
seront traitées par MM. Lamy et Malinvaud : « A-t-on
remarqué des différences essentielles dans la flore des
terrains granitique, gneissique, amphibolique, por-
phyritique et sédimentaire de la Haute-Vienne? —
Quelles sont les plantes rares ou nouvelles qu’on y à
trouvées? » — « Existe-t-il quelques espèces de
végétaux phanérogames propres au sol du Li-
38 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
mousin ? » — « Les espèces de la famille des mousses
et de la famille des lichens ont-elles, dans le Limousin,
des stations dépendantes de l'origine géologique et
de la nature chimique des roches? »
M. Lamy traitera la 5° question du même pro—
gramme : « Dresser une liste des plantes cryptogames
observées dans la Haute-Vienne. — Signaler et décrire
les espèces rares ou particulières qu'on y a décou—
vertes. »
En zoologie, M. Samy parlera sur l’entomologie.
M. Lamy traitera la 2° question du programme
de météorologie : « A-t-on recueilli des observations
en Limousin sur l'époque florale des plantes, et sur
le rapport de ces époques avec l'altitude des sols, leur
exposition et la climatologie du pays? »
La séance est levée.
MarTiAL PETIT, secrétaire.
SEANCE DU 13 SEPTEMBRE 1859,
PRÉSIDENCE DE:M; BOUILLET.
La séance est ouverte à sept heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu
et adopté.
Lecture est donnée ensuite des questions minéralo—
giques et géologiques insérées au programme. Les
cinq premières ayant été étudiées plus spécialement
par M. Alluaud,, la section décide qu’elle attendra ,
pour s'en occuper, que l'honorable président du
Congrès soit présent. Elle décide, en outre, qu'il y a
lieu de passer immédiatement aux 6° et 7° questions.
PROCÈS—VERBAUX. 39
sur lesquelles M. de Caumont demande la parole. Ces
questions sont ainsi conçues :
6° question : « Indiquer et décrire les gisements de
calcaire observés dans la Haute-Vienne. — Ces gise-
ments sont-ils exploités, ou peuvent-ils l'être dans
l'intérêt de l’industrie ou de l’agriculture? »
1e question : « Ces gisements appartiennent-ils à un
seul bassin ? — Le bassin est-il isolé, ou se rattache-
* t-il à d’autres bassins du même âge géologique? »
M. de Caumont explique d’abord pourquoi ces ques-
tions ont été posées. Le plateau central de la France
forme, dit-il, un bassin granitique entouré presque
de toutes parts par un littoral jurassique. Quoique les
calcaires y soient généralement rares, on en rencontre
pourtant, et, dans la Haute-Vienne en particulier,
MM. Élie de Beaumont et Dufrénoy (voir leur carte
géologique de la France) en notent à Bellac, à
Saint-Junien, en un mot sur sept ou huit points diffé-
rents. « Quand on songe aux progrès agricoles amenés
dans certains départements par l'emploi de la marne,
on ne peut s'empêcher de reconnaître, ajoute M. de
Caumont, combien il serait heureux pour la Haute-
Vienne qu’on y connût et qu’on y exploitât pour
l’agriculture a semblables dépôts : voilà les motifs
qui ont dictélés 6° et 7° questions. » — Malheureuse-
ment personne dans le Limousin n’a fait une étude
suffisamment approfondie pour être à même de ré-
pondre à ces questions. —M. de Caumont, sachant cela,
a voulu visiter lui-même quelques-uns des gisements
marqués sur la carte : il n’a pu trouver celui qui est
indiqué près du Dorat , et M. Decoux, propriétaire
intelligent, qui connaît bien la localité, lui a assuré
10 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
que des recherches nombreuses ‘avaient été faites,
mais sans succès. M. de Caumont s’est alors rapproché
de Poitiers; il a vu les marnières de Lathus et autres,
entre Le Dorat et Montmorillon : ce sont les observa-
tions faites par lui dans cette course géologico-agri-
cole qu'il a consignées dans un travail qu'il a lu à la
section (4).
À la suite de cette lecture, qui a été écoutée avecun
grand intérêt, quelques membres de la section pren—
nent la parole. — M. Lamy dit que récemment on lui a
donné comme certain que, vers les confins de la Haute-
Vienne, en se rapprochant de la Charente, il y avait
de la marne; mais M. Lamy n'a pu encore vérifier
cette assertion.
M. Astaix fait observer que M. de Caumont ne
signale dans la Haute-Vienne, ainsi que l’a déjà fait
l’Aperçu géologique et minéralogique de M. Alluaud,
que la marne de la commune de Saint-Barbant; mais
qu'il existe dans l’arrondissement de Rochechouart
un dépôt sur lequel, depuis 4821, M. Alluaud lui-
même avait fixé l'attention. M. Astaix dit avoir
examiné cette dernière marne au point de vue chi-
mique et agricole, mais non pas au point de vue
géologique; il ajoute qu’il a lu une nofice sur ce sujet
à la Société d'Agriculture de Limoges. æ Invité par
la section à faire connaître son essai, M. Astaix en
donne lecture (2).
(1) Ce travail est imprimé dans la deuxième partie du
Compte-Rendu.
(2) Cette notice est publiée dans la deuxième partie du
Compte-Rendu.
PROCÈS-VERBAUX. I
Ces deux lectures faites, la section en vote l’impres-
sion dans le Compte-Rendu général du Congrès.
M. de Caumont, après avoir insisté encore verbale-
ment sur des détails, et sur l'importance des calcaires
et de la marne pour l'amélioration des terres dans la
Creuse et la Haute-Vienne, revient sur un vœu for-
mulé déjà dans son travail, et en demande l’'appro-
bation.
La section émet, en conséquence, le vœu « que
MM. les professeurs de géologie et de chimie à la
faculté de Poitiers veuillent bien faire l'analyse des
principalés marnes calcaires exploitées pour l’amen-
dement desterres, ou qui pourraient y être employées
en Poitou et en Limousin. — Elle invite M. Astaix,
professeur de chimie à Limoges, à s'occuper, de son
côté, de ces analyses, notamment à continuer celles
qu'il a commencées des marnes des environs de
Rochechouart. »
Sur la proposition de M. de Caumont, la section
émet, en outre, le vœu « que les conseils généraux
de la Vienne et de la Haute-Vienne votent des allo-
cations pour faire pratiquer des sondages dans le but
de reconnaître sur quels points et à quelles profon-
deurs on trouverait des marnes calcaires, ou des bancs
solides susceptibles d’être convertis én chaux dans
les localités où des alluvions peuvent recouvrir ces
dépôts sédimentaires, surtout dans les contrées de ces
deux départements où l'agriculture pourrait tirer
parti des amendements calcaires (1) ».
(1) Ces sondages pourraient être confiés faux conducteurs
des ponts et chaussées ou aux agents-voyers, après une
”
12 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. de Caumont communique enfin à la section un
échantillon d’une sanguine qu’on trouve près d’Ar-
genton. — Il indique au tableau la position géologique
de cette sanguine, qui lui semble analogue à la san-
guine de l'Yonne. — 11 pense qu'il serait convenable
de faire des essais sur cette matière, et de voir à quels
usages elle pourrait être avantageusement employée.
La séance est levée à huit heures et demie, le Congrès
devant se rendre immédiatement à la messe du Saint
Esprit qui va être célébrée dans l’église de Saint-
Michel].
ASTAIX , secrétaiite. .
o
SÉANCE DU 14 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET.
La séance est ouverte à sept heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et
adopté.
M. le président fait observer que le bureau de la
4 section n’est pas complet. Lors de l'ouverture du
Congrès, l’on s’est borné à nommer deux vice-
présidents au lieu de quatre, parce que les membres de
la A section n'étaient pas en assez grand nombre :
en sorte que, pour compléter le bureau, on doit
procéder à la nomination de deux vice-présidents.
On passe au scrutin.
Le dépouillement du scrutin fournit 19 bulletins,
reconnaissance préalable faite par les géologues ou par
MM. les ingénieurs des mines ou des ponts et chauss'es.
PROCÈS-VERBAUX. 13
et donne 18 suffrages à M. Vandermarcq, et 18 à
M. Thiollet.
MM. Vandermarcq et Thiollet sont proclamés vice-
présidents, et prennent place au bureau.
M. de Caumont a la parole. I1 demande si l’on a
trouvé des brèches osseuses dans les terrains grani-
tiques du Limousin. M. Vandermarcq répond qu'il n’a
jamais observé des accidents de cette nature dans les
fissures de nos granites. M. Fournier appuie l'obser-
vation de M. Vandermarcq. M. de Caumont dit qu'on
a trouvé une mâchoire de rhinocéros auprès de Cou-
tances, dans des terrains anciens, et que, par Con-
séquent, on ne peut pas dire a priori qu’il n'y a pas de
débris d’ossements dans ces sortes de terrains.
La parole est donnée à M. Alluaud pour traiter la
première question de minéralogie et géologie :
« Quelles sont les espèces minérales que contiennent
les différentes roches cristallines du Limousin? »
M. Alluaud présente au Congrès un Aperçu géo-
logique et minéralogique sur le département de la Haute-
Vienne, imprimé en 1856, et destiné à faire partie
du Guide de l'étranger à Limoges. M. Alluaud s’est
attaché à faire connaître les différents terrains
de la Haute-Vienne dans leur ordre probable de
formation , et les substances minérales qui y sont
disséminées.
Le savant géologue fait ensuite une explication
précise et méthodique de son ouvrage. ?
La roche la plus ancienne est un gneiss métamor-
phique. Cette roche constitue la plus grande partie du
sol de la Haute-Vienne. Elle renferme surtout du
titane rutile sublimé, dont la formation est postérieure
41 CONGRÈS SCIBNTIFIQUE DE FRANCE.
au gneiss, du grenat pyrope, des fragments de
nigrine ou fer titané.
Les filons les plus anciens du Limousin sont ceux de
stibine (antimoine sulfuré). Ils se trouvent à Saint-
Yrieix, sur les confins de la Charente, et même à
Limoges, dans le tunnel que l’on construit en ce
moment pour le chemin de fer de Périgueux. Ces
filons sont encaissés dans le gneiss. Toutes les autres
roches ignées qui se sont fait jour sont dépourvues de
stibine.
Le plateau granitique renferme de grands filons de
quartz, et, en particulier, des filons d’argilophyre,
qui traversent les terrains de gneiss et de granite.
Le granite à gros grains, composé de quartz, de
feldspath orthose et de mica, constitue, après le
gneiss, la formation de terrains la plus considérable
de la Haute-Vienne. — Le granite de Chanteloube,
désigné sous le nom de granite à grandes parties ,.diffère
du granite commun par l’état d'agrégation de ses
principes constituants. Le quartz, le feldspath et le
mica, au lieu de s'être mélangés confusément comme
dans le granite commun, forment dans le granite de
Chanteloube des masses séparées dont les dimensions
s'élèvent jusqu'à 10 mètres cubes.
Chanteloube présente un des gisements les plus
curieux. M. Alluaud y a découvert le béril émeraude.
On y trouve aussi un grenat contenant du silicate de
manganèse, du malakon (hydro-silicate de zircone) :
du cuivre pyriteux irisé ; du mispikel blanc : Au mispikel
noir ; du wolfram, quelquefois tantalifère; de la colum-
bite: de l’étain oxydé tantalifère, recueilli pour la
première fois dans le voisinage des Hureaux : de la
PROCÈS-VERBAUX. 45
bayérine, espèce très-rare qui n'avait encore été
trouvée qu'en Amérique et en Bavière , et qui ren-
ferme les deux nouveaux métaux, le niobium et le
pelopium ; de l'apatite ou chaux phosphatée, et enfin
de l’uranite (phosphate d’urane).
Les espèces non connues observées pour la
première fois dans les carrières de Chanteloube sont :
la triplite, double phosphate de fer et de manganèse ;
l’hétérosite, autre double phosphate de fer et de man-
ganèse, différant du premier par les proportions; la
triphyline, triple phosphate de fer, de manganèse et
de lithine ; l’hureaulite, hydrophosphate de fer et de
manganèse; la dufrénite, hydrophosphate de fer:
enfin l’alluaudite, triple phosphate de fer, de manga-
nèse et de soude, d’après l'analyse de M. Damour,
qui à dédié cette espèce à M. Alluaud ‘en lui donnant
son nom.
Le greisen, roche granitoïde, essentiellement
composée de quartz et de mica, s’est fait jour auprès
des montagnes de Blond, entre le granite et une bande
de gneiss et de granite à petits grains, à laquelle suc-
cède une espèce de protogyne granitoïde. Cette roche
est traversée par une multitude de filons de quartz
contenant des cristaux d'étain oxydé. Ces terrains
stannifères ont été découverts par M. Alluaud. Ils
occupent une très-grande superficie; et , Ce qui ajoute
à l'intérêt de cette découverte , C’est que ni la tradition
du pays, ni aucun ‘ouvrage historique, ne font
mention de l’époque , fort ancienne sans doute , Où ces
. mines ont été exploitées par des tranchées à ciel ouvert
Sur une étendue considérable de terrain.
Viennent ensuite la diorite et l’'amphibolite , qui sont
L
46 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
enclavées dans le gneiss. C’est avec l’amphibolite à
grains fins que M. Alluaud a préparé les émaux au
grand feu, bistre, écaille et d’un noir brillant, dont
il a émaillé un grand nombre de vases et de services
de porcelaine.
La pegmatite est une roche essentiellement composée
de feldspath et de quartz. Dans la transformation ou
kaolinisation du feldspath, celui-ci perd son silicate
alcalin, en même temps que le silicate d’alumine
passe à l'état d'hydrosilicate. Les carrières les plus
pures et les plus abondantes en Kkaolin sont celles de
l'arrondissement de Saint-Yrieix. #
M. Alluaud fait la remarque très-judicieuse que le
titane, qui s’est formé par sublimation, a pénétré
dans les diorites, et jamais dans les pewmatites ,
quoique celles-ci se trouvent enclavées dansles diorites
en forme de filons-couches , suivant son expression :
d’où il conclut que la pegmatite a été formée après la
diorite et l’amphibolite. à
Les formations les plus importantes sont maintenant
les porphyres. Il ÿ en a beaucoup près de Saint-Lazare.
Le porphyre de cette localité est susceptible d’un beau
poli : on pourrait l'employer dans la construction des
monuments, dans la confection des tables, des che-
minées et des vases de prix.
Une roche peu connue jusqu'ici, et qui tient de la
nature du porphyre , est la ligourite, vers Saint-Priest
et Saint-Jean-Ligoure. Elle se compose de feldspath
rose, d’actinote d'un vert tendre, et de gros noyaux
d’épidote massive. Quelquefois l'amphibole remplace
l’actinote. M. Alluaud a trouvé près des tours de Cha-
lusset des cristaux d’épidote aussi beaux que ceux de
PROCÈS-VERBAUX. 7
Ja Norwége : il invite les naturalistes à étudier ce
terrain.
On trouve à Rochechouart une brèche porphyritique
renfermant tantôt du gneiss, tantôt du granite. Cette
roche a été exploitée par les Romains. M. Alluaud en
a trouvé de gros blocs dans les fondations des anciennes
arènes de Limoges. Cette brèche porphyritique est
très-poreuse : aussi l’a-t-on employée abondamment
au moyen âge pour des sarcophages, dans lesquels
les corps se conservaient très-bien, grâce à la pro-
priété que ces sarcophages avaient d’absorber les gaz
et les liquides provenant de la décomposition de la
matière organique. .
Vient ensuite l’euphotide, roche diallagique. En
ouvrant la nouvelle route d’Aïxe , il y à dix ans, on
a traversé un filon considérable de cette roche. Cette
roche est pénétrée de carbonate de chaux magnésien.
A côté de cette formation, se trouve un quartz
talqueux, puis la serpentine : le plateau de La Roche-
l’Abeille est la seule localité d'où l’on ait extrait d'assez
belles masses de serpentine.
Terrains de sédiment. — Ces terrains se trouvent
dans quelques communes près de Limoges. On les
exploite surtout à Pagnac, commune de Verneuil. On
ne sait pas encore d’une manière précise à quelle
formation il faut les rapporter.
Les couches dont ils se composent sont, en allant
de haut en bas : 1° de la terre végétale noire de
bruyère , très-sableuse ; 2 du sable grossier de quartz
fragmentaire; 3° du sable de même nature, à grains
plus fins, très-réfractaire, recherché par les fa-
bricants de porcelaine, qui l’emploient dans la con-
48 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
fection des rondeaux ; 4° du sable brun jaunâtre enduit
de fer hydraté; 5° de l'argile plastique; 6° une dernière
couche de sable blanc très-fin. à
Ces dépôts ne contiennent ni coquilles ni végétaux
fossiles : on a seulement recueilli à Pagnac quelques
échantillons de bois silicifiés dans la couche du sable
brun jaunâtre.
Cette explication de notre savant compatriote,
dont nous ne dounons qu'une analyse succincte, a
été écoutée avec le plus vif intérêt, et a été couverte
des applaudissements unanimes et redoublés de l'as-
semblée. |
M. le président de la 1° section 2 bien compris le
désir de tous en annonçant que le travail cons-
ciencieux et nourri de M. Alluaud serait imprimé dans
le Compte-Rendu général des travaux du Congrès (4).
La séance est levée à neuf heures.
MarTiar PETIT , secrétaire.
SEANCE DU 15 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET.
A sept heures et demie, la séance est ouverte.
Le procès-verbal de la séance du 44 est lu et adopté.
M. le président rappelle qu'il a signalé dans cette
séance aux naturalistes du Limousin un stéaschiste
qu'il n'a vu qu’en chemin de fer, mais qui lui a paru
M) Ce mémoire est imprimé dans la seconde partie du
Compte-Rendu.
PROCÈS—VERBAUX. 49
semblable à Ja roche de laquelle on extrait la galène
argentifère exploitée à Pontgibaud. — Il résulte de
quelques explications que ce stéaschiste n’est pas dans
le département de la Haute-Vienne, dont s’occupait
seul la première question; mais la section pense qu’il
n'en sera pas moins fort intéressant de vérifier si
l’analogie de la roche indiquée par M. le président est
réelle et complète.
M. de Longuemar, qui n'avait pu assister à la séance
de la veille, séance dans laquelle il avait été répondu
négativement pour la Haute-Vienne à la 8° question
du programme; M. de Longuemar, reprenant la
question en ce qui concerne la Vienne, lit une note
relative aux cavernes et brèches à ossements de ce
département (1).
À la suite de cette note, M. de Longuemar fait
remarquer que les travertins de la Vienne ont été
employés dans le Poitou par les Romains, qui en ont
construit les voûtes des arènes; et il attribue cet
emploi des travertins non-seulement à ce que, vu
leur légèreté, ils chargeaient peu les voûtes, mais
encore à ce que les Romains avaient dû observer que,
en vertu de leur porosité, ces travertins laissaient
s'échapper facilement l'humidité des ciments dont ils
se servaient.
M. de Caumont, à l’occasion des sources incrustantes
actuelles de la Vienne, demande à M. de Longuemar
s’il à observé, ainsi que cela est évident ailleurs, que
les anciennes formations de travertins fussent beau-
coup plus considérables qu'aujourd'hui, et, dans
(1) Voir la deuxième partie du Compte-Rendu.
50 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l’affirmative, s'il pourrait donner l'explication du
changement survenu. — M. de Longuemar répond
qu'il a fait dans la Vienne la même observation qui a
été faite dans d'autres localités, mais qu’il ne saurait
donner une explication certaine de ce fait. — M. de
Longuemar demande à son tour à M. de Caumont
dans quelles circonstances géologiques sourdent les
sources incrustantes de la Normandie. Il résulte, pour
M. de Longuemar, de la réponse de M. de Caumont,
que, partout où des eaux incrustantes sortent du
calcaire, c’est que sous ce calcaire il y a un terrain ou
une formation imperméable.
M. de Longuemar lit ensuite, sous le nom d'Esquisse
géologique du département de la Vienne, un travail
important, fruit de longues et savantes recherches,
qu’il me serait impossible d'analyser convenablement
après une simple lecture. La section demande l’impres-
sion de ce travail dans le Compte-Rendu général. —
M. de Longuemar désirerait garder son manuscrit
quelque temps encore : « Le département de la Vienne
a voté, dit-il, des fonds pour faciliter l'exécution de
mes recherches : la primeur de ce travail lui appar-
tient; d'autre part, mon entreprise n’est pas achevée :
j'aurai à revenir sur certains points : peut-être faudra-
t-il modifier profondément certaines inductions ». —
La section, tout en approuvant la délicatesse et la
modestie qui inspirent M. de Longuemar, insiste pour
que le savant géologue fournisse au moins une note,
qu'il rédigera comme il le croira convenable, et
M. de Longuemar promet de donner ladite note (4).
(1) Voir la deuxième partie du Compte-Rendu.
PROCÈS-VERBAUX 51
En même temps que M. de Longuemar lisait le
grand travail dont il vient d’être question, il faisait
passer sous les yeux de la section des spécimens
de calcaires sculptés, des géodes de calcédoine, de
chaux carbonatée, etc., formées par des têtes d’en-
crines, des bois pyriteux, du succin, du manganèse
en masses, des fossiles, etc., trouvés dans les forma-
tions décrites.
M. Alluaud obtient ensuite la parole sur la 9° ques-
tion : « Quelles sont les différences et les analogies
que présentent les gisements de kaolin qu’on exploite
dans les différentes contrées de l’Europe? — Quelles
sont les principales espèces et les qualités respectives
des kaolins qui proviennent de ces exploitations? »
M. Alluaud rappelle que les kaolins résultent soit
de pegmatites dont le feldspath a été altéré, soit de
roches granitiques dont le feldspath a été aussi altéré.
—. Les kaolins du Limousin proviennent de la peg-
matite.
Ceux qui résultent des granites altérés contiennent
beaucoup de mica, dont il faut se débarrasser autant
que possible, tandis que, dans nos kaolins de pegma-
tites, le mica est rare, n’est qu'accidentel. Au reste,
la composition du kaolin lui-même est variable non-
seulement dans des gisements différents, mais encore
dans un même gisement. — La terre extraite une
année diffère quelquefois assez de celle de l’année
précélente pour que le fabricant de pâte ne puisse
impunément négliger cette circonstance.
M. Alluaud dit quelques mots des kaolins des
Pyrénées, qui sont si abondants, mais beaucoup
moins purs que ceux du Limousin. — Il indique
52 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
le procédé ingénieux à l’aide duquel on débarrasse ce
kaolin de la pyrite de fer qui l'accompagne souvent.
— ]] rappelle que, dans le commerce, on connaît
du kaolin argileux : c'est le plus rare; c’est celui qui
ne contient presque que de l’argile infusible; — du
kaolin caillouteux fondant : c'est celui dans lequel
se trouve du feldspath non kaolinisé ; — du kaolin
caïllouteux réfractaire : c'est celui dans lequel manque
le feldspath, et qui est mêlé du quartz faisant partie
des pegmatites.
M. Alluaud rappelle aussi que nous avons à Chante-
loube du feldspath non kaolinisé, mais simplement
désagrégé, et qu’on fait entrer dans la pâte à porce-
laine comme fondant : c’est ce même feldspath qui sert
à la fabrication des boutons dits de porcelaine. —
M. Alluaud termine en passant en revue les diverses
théories émises sur la formation du Kkaolin.
La séance est levée à neuf heures.
ASTAIX , secrétaire.
SÉANCE DU 16 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET.
La séance est ouverte à sept heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est'lu et
adopté.
La parole est donnée à M. Édouard Lamy pour
traiter la question suivante :
« A-t-on remarqué des différences essentielles dans
PROCÈS-VERBAUX. 53
la flore des terrains granitique, gneissique, amphi-
bolique, porphyritique et sédimentaire de la Haute-
Vienne ? »
M. Lamy commence par exprimer le regret que les
occupations de M. Lecoq, savant botaniste de Cler-
mont, ne lui aient pas permis d’assister au Congrès.
Quoique étranger au département de la Haute-
Vienne, il n'aurait pas manqué de concourir à la
solution de la question posée par ses observations
verbales sur les terrains analogues qu’il a explorés
dans d’autres localités.
M. Lamy n’hésite pas à reconnaître l'influence de la
composition chimique du sol sur les végétaux qui
couvrent sa surface. Lorsque, au sortir d’un plateau
granitique, on entre dans un terrain calcairé , la
différence notable dans la nature du terrain donne
lieu à une différence prononcée dans la végétation.
Mais dans la Haute-Vienne les différences de terrains
sont peu marquées : les roches de granite, de gneiss,
ont à peu près la même composition, et cette analogie
dans les substances minérales amène une analog'ie
dans la végétation. Néanmoins les explorations mul-
tipliées de M. Lamy lui ont fait saisir des nuances de
végétation dans ces terrains, et il est parvenu à
déterminer avec une rare sagacité les lieux respectifs
qu'un grand nombre de nos plantes choisissent de pré-
férence , quoique la plupart d’entre elles se retrouvent
ailleurs.
D'abord le châtaignier ne croît pas partout avec la
même vigueur : il vient mal sur les coteaux élevés de
Saint-Sylvestre, de Népoulas, de Grandmont, etc. :
son habilat de prédilection paraît être le gneiss grani-
54 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
toïde désagrégé, qui occupe la base de nos montagnes
purement granitiques.
Le dianthus Seguieri se trouve surtout près d'Ey-
moutiers ;
Le genista pilosa, à Népoulas, à Grandmont.
Le chrysosplenium alternifolium est rare à Eÿmou-
tiers, plus commun à Treignac, dans la.Corrèze.
L'arnica montana, belle plante de nos prairies mon—
tagneuses, se trouve à Grandmont, à Ambazac.
Le doronicum austriacum et la renoncule à feuilles
d’aconit sont d’une excessive abondance à St-Sylvestre,
à Grandmont, à Saint-Léger, etc.
Le crepis paludosa, très- belle plante, est assez
commun près de La Jonchère et à Blond.
Le’ vaccinium myrtillus est extrêmement commun.
La gentiana lulea, rare dans ce département, se
trouve à Peyrat et près d’'Eymoutiers.
Le juniperus communis et le pyrus cordata sont com
muns sur les coteaux stériles.
Le paris quadrifolia a été trouvé par M. Lamy près
d'Eybouleuf; on lui a aussi signalé cette plante à
Grandmont.
Le maïanthenum bifolium se trouve dans la forêt de
Saint-Léger-la-Montagne ;
Le narthecium ossifragum, dans les marais de ses
Léger et de Grandmont.
L'aira fleœuosa abonde dans les bois et les lieux
incultes.
Le polypodium phagopteris se trouve dans les bois
d'Eymoutiers ;
Le polypodium dryopteris, à Saint-Laurent-les-Églises,
à Sauviat, à Bourganeuf;
PROCÈS-VERBAUX - 55
Le lycopodium clavatum, à La Jonchère, à Saint-
Léonard , à Eybouleuf, à Eymoutiers;
Le Lycopodium inundatum , dans les marais de Saint
Léger et de Saint-Pierre-la-Montagne.
Voilà les plantes les plus remarquables distinguées
par M. Lamy dans les granites. M. Lamy se borne à
ces citations , qu’il lui serait facile d'augmenter.
Quant au gneiss, qui constitue la plus grande
partie du sol de la Haute-Vienne, il serait trop long
d'en indiquer les plantes. Du reste, celles-ci sont
comprises dans un catalogue déjà ne 2 par M. Lamy
en 1856.
_ Les roches amphiboliques: pourraient peut-être
provoquer l'évolution de quelques plantes spéciales
si, ces roches étant désagrégées, leurélément cal-
caire était mis à nu; mais, comme cetélément est
inhérent à la pierre dont il fait partie, son influence
possible sur la végétation ne se manifeste pas.
Les terrains porphyritiques des environs de Limoges
n’ont pas présenté à M. Lamy des plantes différentes
de celles des terrains gneissiques. I1 a plusieurs fois
exploré un terrain sablonneux et léger, qui paraît
composé de porphyre granitoïde, auquel notre savant
géologue M. Alluaud a donné le nom de ligourite.
M. Lamy, malgré ses recherches, n’a pas réussi à y :
constater la présence de végétaux particuliers. Une
seule plante arborescente a fixé son attention : c’est le
populus nigra, qui croît spontanément, avec une
vigueur extraordinaire, sur les bords frais et pitto-
resques de la Ligoure.
M. Lamy rappelle que M. Alluaud a indiqué dans
l'arrondissement de Saint-Yrieix la liaison du gneiss
56 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
au schiste argileux. M. Lamy semble reconnaître que
ce schiste argileux exerce une influence sur la végé-
tation, et que c’est peut-être à lui qu'est due la
présence à Saint-Yrieix même de quelques plantes
dignes d'intérêt, telles que, par exemple, l’hera-
cleum lecokii, le sedum dasyphyllum , la scilla umbellata.
Cette jolie liliacée se trouve, il est vrai, sur quelques
autres points de la Haute-Vienne; mais elle y vient
par groupes ; elle semble choisir son terrain, et elle
ne croît pas bien hors du cercle restreint où elle se
trouve avec ir, tandis que dans l'arrondissement
de Saint-Yrieix c’est toute autre chose, et M. Lamy a
été frappé, au mois de mai dernier, de voir toutes les
prairies deSaint-Yrieix couvertes de cette belle liliacée.
M. Lamy fait remarquer encore que les châtaigniers
cultivés dans les environs de cette ville n’ont pas la
même vigueur qu'auprès de Limoges et de Saint-
Léonard. Cette faiblesse de végétation est peut-être
due à la présence du schiste argileux.
M. Lamy indique que le tussilago farfara croît
spontanément dans les carrières dé kaolin aban-
données, comme sur les terres de rebut des carrières
encore exploitées. Un fait semblable, ajoute-t-il,
s’est produit dans les talus des remblais considérables
nécessités pour la pose des rails du chemin de fer près
du Palais : d'où il conclut que cette plante recherche
le gneiss désagrégé, dans la composition duquel le
feldspath domine.
M. Lamy a étudié avec un soin tout particulier, au
point de vue botanique, le filon puissant de serpentine
qui, de la Corrèze, pénètre dans la Haute-Vienne par
Surdoux. Ce filon déploie ses roches les plus ardues et
PROCÈS-VERBAUX.. 57
les plus élevées presque au pied du bourg de La
Porcherie. De là, laissant de loin en loin des roches
saillantes qui indiquent sa direction, il arrive à
Pierre-Brune près de Magnac-Bourg , puis à la plaine
de Saint-Laurent près de La Roche-l’Abeille. Partout
il est entouré d’une couche mince de terre végétale,
de couleur noirâtre comme la roche dont elle dérive.
Cette terre, imprégnée de silicate de magnésie et de
parcelles calcaires, donne lieu à deux phénomènes
très-intéressants : d’un côté, elle produit des plantes
d’un rachitisme remarquable :.le serpolet, la renon-
cule bulbeuse, le trèfle tombant, présentent des propor-
tions très-exiguës dans toutes leurs parties : petitesse
des feuilles, petitesse des fleurs : par conséquent le
silicate de magnésie qui se trouve dans la serpentine
ne paraît pas favorable à la végétation. D'un autre
côté, plusieurs des plantes qui couvrent la surface du
sol sont complètement étrangères au reste du dépar-
tement. Parmi les plantes qui croissent sur cette
roche, M. Lamy cite :
Le nasturtium pyrenaicum, très-rare sur d’autres
points;
L’astrocarpus purpurascens , à La Roche-l’Abeille;
La polygala comosa, même localité ;
La silene rupicola, sur toute l'étendue du filon;
+L'arenaria tenuifolia, à Pierre-Brune;
Le cerastium glutinosum , sur toute l'étendue du filon ;
La spiræa filipendula, rare et rachitique, à Pierre
Brune, à La Roche-l'Abeille ;
La sanguisorba officinalis , à La Roche-l'Abeille ;
Le scleranthus perennis et le sedum albescens, très-
communs sur toute l'étendue du filon ;
58 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
La campanula glomerata, espèce indiquée à M. Lamy
à La Roche-l'Abeille, mais qu’il n’a pas rencontrée ;
L'armeria sabulosa et le careæ binervis, à La Roche-
l’Abeille;
L'agrostis rupestris, très-abondante sur toute
l'étendue du filon ;
La chamagrostis minima , à La Roche-l’Abeille ;
Le polygonum rurivagum , id.;
Le polygonum microspermum , id.;
Le polystichum thelypteris, id..;
L'asplenium lanceolatum, sur tout le parcours du
filon;
La chara longibracteata, dans un petit ruisseau qui
coule près du filon, à La Roche-l’Abeille ;
L'endocarpon miniatum , à La Roche-l’Abeille ;
Enfin la sagina Lamyi, espèce nouvelle découverte
par M. Lamy, à qui M. Schultz l’a dédiée en lui don-
nant son nom; et, comme l’a dit avec beaucoup d’à
propos M. Charles des Moulins (1): « Vous méritez bien,
monsieur Lamy, que cette plante vous soit dédiée ».
Après cette exposition de la végétation des phanéro-
games sur les différents terrains de la Haute-Vienne,
fruit des longues observations de M. Lamy, notre
savant botaniste ajoute quelques mots sur les crypto-
games du filon serpentineux : « Ces roches, dit-il, sont
très-pauvres au point de vue de la cryptogamie : on
n’y trouve que peu de mousses et de lichens ». M. Lamy
croit devoir attribuer ce résultat à la facile désagré-
gation des roches, qui dérange le Mers dm à de ces
petits végétaux.
(1) Président de la Société Linnéenne de Bordeaux, vice-
président général du Congrès actuel,
PROCÈS-VERBAUX. 59
M. de Caumont rend hommage à l'exposition claire
et précise de M. Lamy. Il est heureux, dit-il, de voir
que l’on étudie si la nature des roches à quelque
influence sur la nature de la végétation.
M. de Caumont cite plusieurs plantes qui vivent sur
les calcaires purs, et qui vivent aussi sur les granites.
Il fait observer que le châtaignier vient très-bien dans
les terrains granitiques désagrégés; qu’il vient bien
dans les terrains siliceux, mais mal dans les terrains
calcaires. Suivant lui, l’état mécanique des roches
influe beaucoup sur la végétation.
M. Charles des Moulins demande à ajouter quelques
mots à l’importante communication que vient de faire
son ancien et excellent collègue et ami relativement à
la végétation du filon serpentineux. Il reprend la
liste des plantes que M. Lamy vient de mentionner,
soit pour appuyer par des exemples analogues, soit
pour généraliser, à l’aide de considérations empruntées
à des publications récentes, les observations pleines
d'intérêt que ce naturaliste a présentées au Congrès
avec tant de méthode et de lucidité. )
Partisan zélé de la doctrine de l'influence chimique
du sol sur la végétation, M. des Moulins fait re-
marquer qu'elle compte chaque jour de nouveaux
défenseurs, malgré le juste respect que commandent
les grands noms qui ont soutenu la prédominance de
l'influence physique : il espère que ce nombre ne
cessera pas d'augmenter.
« M. Durocher a publié, dit-il, depuit peu d’années,
dans le Bulletin de la Société Rohouuc de France, des
travaux d’une haute importance sur les roches de
formation plutonienne, et il a montré que, bien que
60 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l'élément calcaire semble, en général, leur être
étranger, on l'y retrouve souvent à l'analyse chi-
mique, et cela à une dose suffisante pour permettre le
développement de certaines plantes calcicoles. 11 suffit
pour cela que l'élément calcaire soit mis à leur
portée, même en quantité peu considérable, mais
dans un état qui leur permette de retirer de la
présence de la chaux le secours qui leur est nécessaire.
On ne s'attend généralement pas à rencontrer beau-
coup de chaux dans les roches volcaniques, et on
a voulu rejeter parmi les wubiquisies des plantes
jusque là réputées calcicoles par cela seul qu’on .les
avait rencontrées sur les dolérites du Kaiïserstulh;
mais des travaux récents de M. L. Parisot ont fait
connaître que ces dolérites sont riches en carbonate
de chaux, et il a ainsi donné un puissant encourage-
ment aux partisans de l'influence chimique. »
Passant ensuite à la remarque faite par M. Lamy
sur l’exiguïté habituelle des plantes qui croissent sur
le filon limousin de serpentine, M. des Moulins
rappelle que les roches talqueuses, serpentineuses
et magnésiennes possèdent, en général, une puissance
marquée d’appauvrissement sur la végétation. Il a
recueilli, par exemple, sur les talus de talc pur qui
bordent un chemin, à Pouzac près Bagnères-de-
Bigorre, une forme naine, à pédoncules filiformes , à
capitules globuleux, et de la grosseur d’un pois,
du plantago lanceolata, plante vigoureuse et souvent
haute de 30 à 40 cent. dans les bonnes prairies.
M. des Moulins signale aussi quelques-unes des
formes, très-variées et très-distinctes au premier coup
d'œil, que présente, dans ses diverses stations,
PROCÈS—-VERBAUX. 61
une des plantes les plus vulgaires de la France,
l’'arenaria tlénuifolia, dont les feuilles deviennent
parfois presque charnues.
Enfin il termine par quelques détails sur le careæ
binervis, que MM. Boreau et de Brébisson ont, presque
seuls en France, évité jusqu'ici de confondre avec le
careæ distans, et sur les caractères spécifiques que
présentent les akènes du carex.
Ces communications importantes de M. des Moulins
ont été accueillies avec une vive satisfaction.
M. Bouillet, président, prend la parole, et proclame
que « la première section vote des remercîments à
M. Lamy pour les observations pleines d'intérêt qu'il
vient de présenter ».
M. Bouillet ajoute que la question qui vient d’être
traitée est importante pour les autres localités. « La
végétation, dit ce savant naturaliste, est très-déve-
loppée en Auvergne sur les terrains volcaniques :
témoin la végétation de la Limagne d'Auvergne.
Les cryptogames couvrent aussi ces terrains : ainsi
la parelle se développe extrêmement bien sur les
basaltes ; les mousses viennent aussi très-bien sur les
terrains volcaniques décomposés. »
M. Bouillet indique encore que les châtaigniers sont
très-communs en Auvergne, dans la Haute-Loire.
Le châtaignier se trouve toujours à la base ou à
mi-côte des montagnes décomposées. C’est dans les
argiles sableuses qu’on voit les plus beaux châtai-
gniers, comme à Yssengeaux , dont les châtaignes sont
vendues à Paris sous le nom de marrons de Lyon.
Enfin il terminé en disant que les terrains grani-
tiques décomposés sont très-bons pour la végétation,
692 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
mais qu'il n’en est pas de même des terrains porphy-
ritiques.
Ces observations de M. Bouillet ont été écoutées avec
un plaisir marqué.
La séance est levée à neuf heures.
MarTiaAL PETIT, secrétaire.
SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET.
La séance est ouverte à sept heures et demie, et,
après la lecture et l'adoption du procès-verbal du
46, la parole est donnée à M. Ernest Malinvaud.
M. Malinvaud a dressé un catalogue des plantes
rares, nouvelles ou critiques qu'il à observées dans
les environs de Limoges, et il offre dans ce travail
certains éléments d’une réponse à la 2° question
de botanique : « Existe-t-il quelques espèces de végé-
taux phanérogames propres au sol du Limousin? »
Dans le catalogue ci-dessus ; qu’il tient à la dispo-
sition de la section, M. Malinvaud a pu signaler plus
de quatre cent cinquante espèces intéressantes, dont
près de cent, récemment formées par de savants ana—
lystes, sont des espèces nouvelles pour un grand
nombre de botanistes. — Ne pouvant passer en revue
toutes ces espèces , il se contentera, dit-il, de s’arrêter
un instant sur quelques-unes d’entre elles.
Énumérant d’abord les plus remarquables des
centaurées de la section jacea, qu'il a rencontrées
dans ses excursions, il cite : 4° le centaurea Duboisir
PROCÈS-VERBAUX. 63
Bor., intermédiaire, dit-il, entre les C. amara et jacea
Lin., et dont il donne les principaux caractères; il
a récolté cette espèce assez abondamment dans les
lieux secs, et aux bords des chemins, à Limoges,
Isle, Aixe, etc.
% Le centaurea microptilon Godr., dont il indique
les caractères essentiels : on devrait, selon lui, dans le
signalement de cette excellente espèce, tenir compte
du rudiment d'aigrette qui manque très-rarement
dans les échantillons qu'il a récoltés dans la Haute-
Vienne : il voit là quelque chose de plus qu’une simple
pubescence;
3° Le centaurea serotina Bor., qui s'observe assez
fréquemment dans les lieux secs aux environs de
Limoges.
Arrivant à une espèce douteuse de centaurea qu'on
trouve communément aux environs de Limoges, il dit
qu’elle semble se rapporter au C. obscura Jord., maïs
que la description donnée par Boreau de cette BUT
espèce ne convient pas de tous points à la plante dont
il est question. « Voici, ajoute-t-il, une circonstance
de nature à faire supposer que, si la bifurcation opérée
par M. Jordan du C.nigra Lin. en C. obscura Jord. et
C. nemoralis Jord. , doit être maintenue , elle laisse,
en dehors des définitions adoptées pour ces sas
espèces, d’autres formes non encore décrites : M. l’abbé
de Cessac, savant botaniste de la Creuse, avait
envoyé en même temps à M. Boreau et à M. Jordan
des échantillons de C. nigra récoltés aux environs
de Guéret, et parfaitement semblables à la forme
douteuse des environs de Limoges. M. Boreau jugea
bien qu'il devait rapporter cette plante au C. obscura
64 CONGRÈS SCIENMIFIQUE PE FRANCE.
de M. Jordan; «mais, ce..dernier;.n°yltar pas reconnu
la, plante qu'il avait. aipsi nommées n fi, saylsne"li
2 Nousavonsaussi, dit, Mabanssd He Gchénenals
Jord. quoique, lenemoralis, soit-un pen:moins.commun
que L'espèce précédente: Mb coteinetod x 51bmoqèt
. M. Maliny aud, eatretient.ensuite Vassemblée. d'aie
orobanche non déçrite.dans les opvragess il éfablitiles
différences spécifiques qui la séparent-de: l'O: 14me-
thystea, , à. laquelle ; M: Boreau, d'avait, rapportée.
« M. l'abbé de Cessac,, dit-il, atracé.d'une, main sùre
et exercée la. description de cette espèce éntièrement
nouvelle ,. et,luira.donné le nom: d'0. Lamyanai, ‘a
dédiant à notre, savant collègnefMx Jar l'avait
découverte. d Anorre ie 24990 cr 908 ta rorftrrioadt
Passant de là à; ee espèces cie récoltées
par lui dans, ses explorations, M,.Malinvaud'annonce
qu'il a distingué près de. Limoges-legaleopsis bifidar de
Bonninghausen , mais. .qu'il considère :-cette "plante
plutôt. comme .une variété très-remarquable, du 6.
tetrahit. que comme “une espèce-distincte. 2641 1 on
Parlant ensuite du genre mentha, ilditque!læ flore
de la Hante-Vienne. possède. un; grand :nombrexde
menthes, et qu'il en à analysé plus-de vingtrespèces;
croissant communément dans,les:lieux frais-et| au
bord des, ruisseaux, IL fait. observer, ét soumet cette
remarque à. titre d’appréciationauxbotanistesprésenits,
que, ;parmi,les, nouvelles.-espèces «du «genreo-mentha
qu'il a étudiées; les subdivisions-des menñtha arvensis et
sativa Lin, sont reliées entre elles par|de nombreuses
formes intermédiaires, quirendent leur: étudetrès-
difficile; que; souvent, même les: deux:.espèces lin
néennes sont très-malaisées à bien: distinguer: =1De
PROCÈS-VERBAUX. j 65
ce que les menthes de cettesection sont les plus rebelles
à l'analyse, il n'ose inférer, du reste, qu’on ait établi
un trop grand nombre d'espèces : il constate seulement
le fait. — Enfin il termine en disant qu'il est prêt à
répondre aux botanistes du Congrès qui pourraient
désirer de plus amples renseignements, et qu'il met
son herbier à la disposition de ceux qui auraient le.
désir de le consulter.
Après quelques mots de MM. des Moulins et Lamy,
qui viennent corroborer en général la manière de voir
de M. Malinvaud, M. le président remercie, au nom
de la section , le jeune botaniste de Limoges, et l’en-
gage à persévérer dans une voie où il est entré si
résolument et avec un succès si marqué.
M. Édouard Lamy obtient ensuite la parole sur la
5° question de botanique : « Dresser une liste des
plantes cryptogames observées dans la Haute-Vienne.
— Signaler et décrire les espèces rares ou particulières
qu’on y à découvertes ». M. Lamy rappelle d’abord
que, en 1856, il a donné une semblable liste dans un
opuscule qui doit faire partie*du Guide de l'étranger en
Limousin , et, avant d'aborder son sujet, il réclame
pour l’opuscule et pour ce qu'il va dire l’indulgence
de la section. Voilà dix-huit ans que des motifs graves
l'ont obligé d'abandonner ses études favorites; ses
collections ont été distribuées à divers botanistes
étrangers à la Haute-Vienne; et, quoiqu'il ait con-
sacré autrefois beaucoup de temps à la cryptogamie,
bien des détails lui ont maïntenant échappé, et sa
mémoire, même sur les faits principaux, ne sera
peut-être pas, dit-il, toujours aussi fidèle qu’on
pourrait le désirer.
b)
66 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Entrant ensuite en matière (M: "Lamy reconnaît
querla! flore: phañérogamique: du Timousin pewt bien
être regardée comme assez) pauvre relativemiént à
beaucoup d'autres provineesy mais qu'il n'en est'pas
ainsi desa florecryptogamique, qui est, au contraïré,
très-riche: —:Par'ses: bois, ses châtaigneraies , par
ses vallées humides , ses:müntagnes, par ses rochesisi
abondantes, parses étangs, ses cours d’eau:si multi-
pliés,;le Limousin-est merveilleusement constitué pour
la:cryptogamie, qui a offert à M: Lamy plus de douze
cents espèces: 221M. Lamy)donne ensuite 1e “chiffre
des espèces présentées par chaque famille. Il parcourt
ces mêmes familles ;1et en signale les espèces/rares,
recherchées ‘des :botanistes ; ainsi que celles dorit là
connaissance intéresse l'agriculture | l’éconidmie dé-
mestique, l'horticulture ; etc. — Se souvénant éncore
de: l'espèce de dédain ,; ou même de pitié, dont on
accueillait jadis généralement à Limoges ses récherl
ches'en cryptogamie ; M: Lamy finit par des considé-
rations générales qui sont bien propres à relever aux
yeux de toutle monde une pareille étude.
M: des Moulins fait quelques questions à M. Lamy.
demande; entre autres choses, :si M. Lamy! 4 eu
occasion d'observer les tubercules de l'equisetum arvense,
tubercules qui ont échappé à la plupart des 'bota-
nistes, mais qui ont été décrits par de Candollé'et plu-
sieurs autres. — M. le président, qui, dans le temps,
a fait marcher de front avec ses études géologiques et
archéologiques l'étude des cryptogames de l'Auvergne,
et qui n’a laissé la cryptogamie que contraint, pour
ainsi dire, par sa famille, et parce que les observations
microscopiques menaçaient de lui faire perdre la vue,
PROCÈS VERBAUX. : 1510 67:
M... le,président prie/M. Lamy :devouloir:bien donner
une! note, qui, sera | insérée: dans le Comptè-Réndu
général. (l) ;-ille prie de publier de nouveau:un cata-
logue-cryptogamique:qui:seraoutile non-seulement
aux botanistes du Limousin, mais encore à tous ceux
qui, s’occupent ‘aïlleurs-de a D lle
remercie au-nom dela sections 2:11 GE
M: Alluaud lest ensuite prié de SRrare sh rensei-
gnements:en ce quisconcérnela 6:section ::« Quelles:
sont, [les, essences: des |fossilest xyloïdes: iqu'on: trouve!
dans.les terrains: -sédimentaires de Pagnac commune
de Verneuil (Haute-Vienne) 4 244200 0
-M:-Aluaud répond;:que-personne dänisria localité ne
peut. donner une solution -certaine à cette question,
qui a, été introduite dansle programme précisément
dans l'espoir que.quelque savant. étranger du Congrès
serait plus à même de;la résoudre: Des échantillons
de. ces, bois fossiles seront, duireste, :missous lés yeux
dela section à:la prochaine réuniom: acte do oct
21M:5Lamy dit ensuite qu'il-a vu-cûun échantillon
desdits bois, et que; cetéchantillon lui a[paru réssem-
bler à duchâtaignier. Enfin M. le président/prononée ,
à, cette occasion ; quelques mots sur les fossiles végé-
taux-et..autres qu'on trouve: à ins ét surtout
dans le:bassin, de, Menat en, Auvergne. :55 iront
La séance est Ris à sé heures: HS is
As 91 ac éD Asp
OT, 26210
'ASTAIX | Secrelaire.
lréwpieolods zobrtèase sovk tro < NT MST
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68 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. "+
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] LO22i1U1 9) AUD 139 9h 981569 6 a[de13b1e209
1 JS9A0 LU A Ÿ ‘ È 14 !
PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET. .9P19
| Läiséance lestouvérte sept héuiés et défie. ds
Le procbsaverbaloidé la (séaticdi précédente "et
et'adopté, lil # 1) HET ON PACS LS 115 Le to)
-M.olerprésidentsfait la Tecturédés “aéstions du
programe dezoolegié relatives à! a pisdcuttüre/11"
M: Fournier donne quelques/rénééisnerténts Sûtr 4
pisciculture dans la Hante:Vicanie) dit! qe ME/ d'A?
gueperse la faitides essais ÿ'inais qié-cés essais mont
pas encore :rénssi: URL SHSISCUTP 9LT19) { 61:5h 911184
MiBouillet fait ebnnaître qi’ Clérrtomt lai piséi#
culture Lestl poussée avec lvisiréurz et qué! Yoh ‘Voit
dinsdes baësins descdrpes; desitiuités, dés sation |!
ete. 2 Iliy à aussi-h Grenoble wie fort belle étolé de
pisciculture 4h xu69 201 91 p 915q 59f baos9% 119
M: Lamy fait observer /queles étaniés contient!
beamcoup à aliménter nos rivières: 71-00 1 PIE TVEU NES
M. Namdermareq ajouté quéles‘poissôns né monténtl
pas facilement: dans lés rivières ‘4 cause dés barrages!
Cependant on prend dans la Vieñine ét Je) Taurion'dés
saumons de huit à dix kilogrammes. 177 #30 911698
M. Bouillet demande si nos rivières rénfermentdës
espèces remarquables: M: Lamy répond que Tés espèées
de nos lrivières konti généralement 14 carpe }'18 bar
beau, le goujon ; mais, dans les montagnes, il ÿ a un
grand nombre de’ truites et de saumons, ‘quañd
toutefois les barrages neles arrêtent pas. nn à à
M. Fournier appuie l'observation de M. Lamy’en
lisant que le ruisseau de Lapousé près de Saint-Lég'ér-
., PROCÈS-VERBAUX. 69
la-Montagne renferme des truites en quantité et fort
. belles. Les truites de) Lapouse acquièrent un volume
considérable à cause des étangs que ce ruisseau tra-
verse. ; AITIUOG .M HA TOHAG 2
M. Samy demande; à communiquer:-les résultats
d’observationss.qu'il.n'a-pas faites-dui-mémes mis
dont un pêcheur expérimenté lui a fait part.hiCés
ohseryations sont relatives à[laïttuitebbartruite, en
remonfant.la Vienne ;.seijette dans tous sesiaffinents,
à l'exception. dela Valouèners ceugherMr:Fournier
explique en, faisant remarquer que:ilaValouètie n’est
qu'un petit ruisseau, La truite:tra verse ripidementla
partie de la Vienne qui baigne Limogés;rmaissoarrivée
à Saint-Priest-Tauxion, auconfluentidi Tawfionl/ et
de;la Vienne, elle se répand plutôt-dansicette dernière
qué,,dans, son affluent. d'abord.-à-cause-de l'obstacle
mécanique; que.lui.opposele-barrage-du Tauion., et,
en second lieu, parce que les eaux du Taurion'ontune
température plus élevée quedeseauxide Ja: Vienne.
Le pêcheur a observé;,;en outre; quedartruite se tenait
plus sur la,rive,située.du côté. du levant:que sur-là tive
opposée. Une, dernière indication! est que la:truité qui
habite la, petiteirivière, de,.l’Aurance, a; la, chaïrorou-
geâtre : c’est cette variété que l’on appelle à Limoges
toyile: saumondes omsirir 200 2 sbanermob dolliof M
2M,Foumier ditquil,;ya1dems/lai Vienne: duv-côté,
d'Hymoutiers,, une espèce de:truite désignéerdansrnos
RAYSSQUE le-nomide dacon.cl ais : dofuog 9f 69
DM Lamy;signale dans,la.-Vienne,|,outrédatruite:et
le saumon, l'ombne,;supérieure-àolarctruité 2pärt lat
délicatesse de saichairs;set leibékas is onto M
“Mile yprésident passe à, dar questionidu programme
70 CONGRÈS SCTENTIFIQUEÉ DE FRANCE.
relative à la reproduction de l’anguille. N 'démanidé si
l'on élévé dés anguilles dans'les étangs du Limousii.
M. Fournier répond qu'il y à des anguillés dans nos
étangs, mais! non pas exClusivément à d’autres
pbs sil 7. entré autres ÉGÉTR FPE Ja pereRe
et le brochet. #17 pure: 4: “nf ::
* M.'Bouillét a qué Von st béaucoup occupé de
l'angüille dan les! Congrès, et il transmet Pobser-
vation que l’anguillé naît dans les eaux 'sauthâtrés à
l'embouchure dés fleuves! pour s'élancér ensuite dans
nos rivières! Aussi ce n’est qu'x l'embouchure des
fleuves qu'on trouve de petites anguilles ? céllés! qiite
l’on prend dams'les rivières ont toujouré des dimén-
sions plus’où ’rhoins considérables es aoidéti1ôv) 95h
M: le président passe à la question du programme
ainsi concue' =: « Présenter le catalogue! des’ coquilles
vivantés et fossiles du Limotisin » 241 # 210 M
On répond d’abord qu'on n’a pas voie ‘dé Sr
fossiles dans le Limousin. IS SVION
Quant aux coquilles vivantes, il ne se trouve per-
sonne qui s’en soit occupé. M. Bouillet en est’étonné!:
aussi engage-t-il de toutes ses forces les jeunes natu-
ralistes à diriger leurs études vers la conchyliologie:!
M. Vandermartq fait connaître qu’il y à dans nos
“eaux uné grande moule à coquille fort mince! Mi Samy
ajoute qu'il l’a prise près du ruisseau du FE où
elle est très-commune. | sd
M. Bouillet indique que les coquilles fossiles sont
très-Communés en Auvergne. LFOR
M. Charles des Moulins est prié de donner des rénséi-
gnements sur la théorie de la variabilité des espèces.
M. des Moulins, dont l'autorité est d’un grand poids
. PROGÈS-VERBAUX. 71
dans cette question, n'hésite pas à;déclarer qu'il;n'est
pas du tout partisan de la théorie de.la. variabilité des
espèces: «Il, y, a.vingt-cinq. ans que M. de Blainyille
-se,demandait, $il,;y avait une ou, six cents espèces
dunio. Pour moi, dit M..des Moulins, je pense qu'il y
en à plus d’une; mais je pense aussi qu'il y-en à bien
moins.de six,.çents. » Par, cette, réponse pleine ;d'à-
propos, comme.toutes. celles que, fait M,.des Moulins,
le savant, naturaliste fait comprendre,que le, nombre
des espèces dans chaque, genre, est probablement plus
limité, que,.ne.le pensent.certains auteurs modernes,
et il.ajoute qu'il faudrait tâcher de reconnaître quelle
est, la limite des,variations que. peuvent, présenter
. de véritables espèces; ; mais. il fait observer que ceci
rentrerait dans la question de la. définition de l'espèce,
question immense, qui n’est pas portée au programme.
M. Bouillet a publié un, mémoire fort remarquable
-sur, les, coquilles, et, depuis cette publication, on a
trouvé un bien plus grand nombre,de testacella aloi-
tidæa. Noici le moyen ingénieux que donne M; Bouillet
pour prendre la testacelle. Il faut.le soir avoir de gros
vers, de.terre, les couper en morceaux de 15 millim.
de long: ;et.les fixer en terre avec un morceau de bois.
Le lendemain matin, quand on suit.ces fiches, le,ver
-adisparu; mais on trouve la testacelle entrée à moitié
en terre: nuit ETIEUTS Feet
M. Bouillet demande à M. des Moulins si, depuis la
publication de cet ouvrage , ses amis, de la Gironde se
sont occupés davantage de la testacelle., M. des
Moulins répond affirmativement;,, Il, ajoute : « La
testacelle ne sort qu'avant le lever du jour. Elle
dévore Jes lombrics, les poursuit par des chemins
72. CONGRÈS SCIBNTIEIQUE- PE FRANCE.
souterrains, semblables à ceux queila taupe se; creusesr0-
On a, découvert, à. Bordeaux Lai testacellal Monginiss EHeï:}
avait été décrite, par Kérussac comme ltrès-petites
Depuis,on,en a, tronxésde bienoplitsr longues.) Ont
écrit.ce; fait, à.Paxiss mais à Parison nas pas) voukun10
y croire, etl'onsgien apasiparlésmatt 1h oxiolg 9h
M; des) Moulins-désire:que Lon-étndieola; physioher
logie et. les.mœurs desianimaux fluniatiles, etscpoutr
arriver à16e-pu, “bçonseille, der les-placer :densideso:-
vases de verre,remplis dean-etcontenant des lentilles"
d'eau, pourlenr nougriture, Hlfantavoir plusieurside se
ces aguariun et çne-pas mettre, dans le; mêmeidens
espèces dontJ'une déyoxaikantre. 59 5h rebivô mord
M. des Moulins-passes pnsuite à.-désiconsidérationsoti
relatives, àn l'âge et. Lyaux dimensions que hpewvetifoiv
prendre.certains arbres. Parmisles--arbiés;hibigrensa .
qui,se font remarquer parleurs |dimensions |ouw2leumtis"
vieillesse. M. des Moulins recommande deféirésunen:
sorte] deycatalogue.de ces-arbress2€t dajouter ces
renseignements, :aux, travaux ‘de MM sLamypruiétol/
Malinyaud dont il, a -étéquestion--dans-les/séamces 1,
précédentes. ordrs b 2596q29 2o210vib 1e artnoitV=-st5sH
A ge prepos-il.aite,les, deux fameux:drmeauxäle) la.
place publique]ide, Pellerésisrcentre Montignanrsetr1.
Sarlat rodeux merveilles végétales, sons:lernapport.]
historique ,,commesous.) le -rappôrt . de: l’histoireur!
naturelle. Les branchessupérieures deces deux arbres:
s'élèvent verticalement: à, plus:de trente-trois:mètessi: :
Leurs, branches ; inférieures, plus! grosses-quec; des:
barriques;; s'étendent horizontalement à plus de vingt
mètres, du tronc, et, l'une, d'elles, est soutenue par dé:
vigoureux, étançons, qui J'empêchent..de se: rompre:
LD AA PROCÈSLYERBAUX. O0 19
sous2s0n propre poils! Uri énornielHéurreléT de cica
tricés! entourel la \basé dés Armes 0Uett S'EETE" not"
blementran-dessusidu Rôl1 LES ffénciHèbut dé”5
treizenà) quatorze! mètres dé éibconférence. Ces deux!
ormeaux doiventiêtre-cotdptiés ant mémbré desi titres
de gloire du Périgordhset25@f féffétiouné : SFAVe
traditionrapporté qi, en allant sénerelésalhe saine
à abbaye .deiCadoüinysavañt-dentréprendré 84°
seconidercroisadel1saîht Louis #afréta. duchâtéat” dé 1"
Pellevéki | etidénna)soùs véé inêmés OFMES),) Hüdiente
auvidépatésrän rnonabttel le Sarlat) Et a
veutieroiremila tradition nilé grand être ‘ Vider si Fe
bien évident, de ces ‘nagrifiques! ELÉÈGES, SOQE
trouvera dhirsuertibaé, onde #aissatité( TR dé
vieillese;dans unacté ‘46: 1363:5que pBébdé éncoré/""
M. dercomtéde-Montmégei/ propriétaire duiéhiteaule
Pellevésisolisisont qualifiés aïnni dansreetadtet sau ii
ulmiswelrribusb. .-baseoiosss aciluoM 29h .M .o2aollior"
Aa suiteides ôbservätions-préséntéés.0pars M2 d8810
Moulinssur.la longévité propre là céftains! végétanse 07
M. Eumyexpose-cellesqu'itia faites Aui-riême défis a" 1
Haute-Vienne sur diverses espèces d'arbres. #119h999%
Lei chêne; lechâtaignier; el hêtré, Te! ue Pif /
arrivent: mieu fe une remarqtiallé vibirresil duq 998 1
Lorsqu'un tronc d'arbre a ‘été coupé an :
lement &salbase, ilésti facile détonnaftré Son Age en |
comptant le:-mombré dés couches concéftriques Iqui
s'étendént:du cœur à là surfacé extérieure dé Paubier
Par-cé procédé; M2 Lamy a-pu/ constatér que divers
chênes dataienti de quatre à cind'cents ans} puisque ,
après avoiricompté à partir de Vaubier trois Cents
couches: ligneuses : concentriques, ! correspondant
—1
l CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
- chacune àranelannéé devégétation ce qui/donifait
déjà:troisosiècles jil :y avait: encore ; danse voisi-
nage du cœur, plusieurs centimètres de: bois! à tissu
tellermnent-serré-queb la: distinction des couches an-
nuelles n’était plus possibleouti.i 5) 91 pH q upon
coexiste à La Chapelle prèsde Saint-Léonard’ un
charme encore vigoureux et tellement âgé 1qu/un
vieillard presque céntenaite Jmort depuistuneltren-
täine d'années',l'avait toujours vu dans le:même état
devégétationsioriqoig &l 9h 2risiuomibos enter
Le châtaignier vit aussi vsiol temps, et
M: Lamy en æcité plusieurs preuves dans un/'ÆEssai
monographique publié autrefois dans le: Buüllétin de la
Société d'Agriculture de Limoges: e0n pourraitimême
dire, ajoute-t-il, que certains individus déteette.res-
sence ne meurentipas,: puisque | après la complète/dis-
parition : des vieux ‘troncs: pourris) leurs: souches
presque à fleur de terré produisent des jets vigoureux),
dont la disposition circulaire indique larplace ver-
moulue qu'occupait jadis l'arbre ‘qui à disparu !:1ces
nouvelles pousses: en prenant del! un PR ‘d'ex-
cellents fruits: 01 1: il distant
M: le: baron Gay de Vernon'a mésuré miléliâtenet
un châtaignier dont le tronc avait douze mètres de
circonférence. I] cite aussi un magnifique chêne: au
domaine de Lajeau à Aixe, chéz M; Nanot fils. Ce
chêne abrite -sous-son ombrage-le ‘comice agricole.
Il couvre la superficie énorme de! se ares ; © ARE
de sept cents mètres carrés.
M. Bouillet dit qu'à Royat près de Cent il n'est
pas rare de voir -des châtaigniers dé douze à ‘treize
mètres de circonférence.
PROCÈE-VERBAUX. 10/0 15
«M:ode; Caumont, à&-propos déscette:question: fort
intéressante), attire, l'attention [surouxi-ouvrage de
M. Dubreuil relatif à l'accroissement et àrla vieillesse
de: certains arbres,.et, qui serai déposé) dans: la biblio-
thèque publique de Limogésu2204 2514 +istô" a 29!
«u Mdeprésident prie-les membres dé Ja s4st1seétion
d'examiner rave soini-diversrréchantillons) der:hbois
fossiles présentés par M.:Allnauds 515paorq Drsthor
:Ces:: beaux échantillons: ;ont : été LR sf iles
terrains sédimentaires de la propriétérdé:)Pagnat,
commune deVerneuïil. jus div Toivreistéslo
:-MM: des Moulins et Lamy:,;/quiiles ant examinés
Avéciattention ; -ont paru:ieroiré.| que des unsorepré-
sentaient des! Le NB Le re
fragments derhétreui 2igiios oup l--6tmofs 9
LAscétte-occasion, M, ous QUES ques iby ædéjà
185 années, on, l'avait: prié: de détérminer:un
échantillon -qui.. venait probablement: du) même-dieu
que les précédents; IL lui reconnut: la plus: grande
similitude avec le bois -du thâtaignier, dont tout;le
monde connaît la disposition à se rouler. La roùlure se
manifestait très-bien sur l’échantillon-en-question,
c'est-à-dire que les couches concentriques du ‘bois S'y
montraient. détachées et. très-distinctement.: red
les unes des autres. . OT TON'E
. Après ces explications, M: D osileb ait pie à, l? 2 de
Clermont, ily a des palmiers fossiles-silicifiés tout. à
fait passés à l'état d'agate. On trouve, aussi. de beaux
échantillons de fougères en arbre: passées) à HER
fossile... Hioliuoæ NW
La séance est levée à nenf heuks.
Marriac PETIT, secrétaire.
76 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
1 HV 41e
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Le ps anal u 19 septembre,est/lu;, et,adopté
après Aie fégèr M on indiquée, par, Ms, de
Cauthônt, “À À Houge 1e la réponse, comphètément
négative fité 90 a a de en
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die, P rite Ja de, faint-Barbant,;,
céhiut ta es $ ua ir fs limite. du, dépar- -
tétnent 4 Ta Co d ne, à a fo jurni deb belles. ammor
nittes" et'autres. coc pui Le fossiles A RT &
“Aprés l'aop on du a ‘M. de.Q AE
inite éncore Que a 8 5° question, C'est-à-dire sur la,
réprodcton de l'angiu ile dans ceux se, ms étangs
dns M dé “mation Aa 12, meE Les
0 SITE ions | JE membres s, présents ne permettent pas,
de avoir s Si au tique, l'anguille redescende, ou, 6
HP D
rédéstendé pas 3! da mer HR se Tepro tire. | FLE
M Pournier , à ut, ur, la. f question, avait.
promis d'int iTog jer de Hu très-habile, “aypte
14e ête e“prätique “fl'uhe note Sur des. espèces
at )O'T 9949000) 58 ie
ssons LE et. voyageuses 0 seryées Par: 4
« SL
EN LEE aute- Vienne f). og ee YUOI 901
A Ja suite Ag, £ cette Jecture ;. M ME [Sarl ny y, dit AYOÏF,
dé Son côté. enco la roie aux mois
QUO ADR À uré] à que 1
HO CE OU Aprance al A, propri 46, de,
ge Bar QU ont ia tmovros 2oimbiaà 29b sauomA
. Samy, émet € ensuite un à YOU : a En temps de.
Si , 909 5Q
fl Jp ont
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) V off Re aitieme partie au Compteenqu. , 2
[Ro (eo TAB TEIGIT (t Ÿ (AT
LAN WG AUOQILITHAIDE 19/20
PROCÈS-VERBAUX. 71
neige, dit-il, la chasse est prohibée : OT, pour
empêcher jusquà unCértain Point 144épépulation de
nos rivières en poissons , ne serait-il pas convenable
que l'administration prohibât J4*f@thé en temps de
basses eaux ? »
P'Helat au sais pu pe oniae al
Pire
Jui mr 1 ne ou Ha
HabieletiAgioos MP AOHEUD 0 la
dd'A#! ait finonce ques ge cris ee ue io
EEE dé riotes que te rai M Fos Fee de
sotériiné Qui it? HéStient de pl se va aiteg,
à l'établissement, M. AL A 1 de ae a Peu qe
que des hotes : 1 af an vr a fr vail donne
lécttiré da Section, M fab ue A nt a.
Cres ea. ni HER ne 5 PL 5 HO DPETAT
“p'apirés cé tra TO cr nil é M. Hour,
HR EE ts S'maras n “Beaul ne
côfhniiine d'ÉYjeaUx , 6] vas D Li LE 50, ares. ù
Son étendue Sup fe! est aujourd'hui de le LL.
tAL6S en Hathig let de 40 1 he. “taies 30 pa airies.
00 Sul Ÿ Ou tete jétées 98 t, depuis ‘d eux
an, “on aürait pu ni rer au CO tete les Ft ro eu
ae SV d HO DEz oo
si! ES époque , on ne Le aif se er r à peupler
a nouvelle portion de! ARE US AD PA h "1
Dépüis lé mois d'aNril dernjé 1 oi 100 0 sanganes ont ont
été Hvrbes à! 1 consgrumati ul LS 'aut pos té été
péthéës "8 Attefdent leur Mid à à K
Aucune Lie épidémies souvent si meurtrières di 2)
leurs na pau, et I Sangsue grisé de là renne , la
même que contenaient autrefois naturellement nos
marais et nos étangs maintenant épuisés. la sangsue
78 CONGRÈS SCIENMIFIQUÉ DE FRANCE.
criseesticellétiqui alé plus prospéré : cétté excellente
sangste né forfait d'abord qu'un sixième de la popu-
lation des/marais; elle TEprEsente he Jes
trois quarts des sujets. :
Terrain arétlotourbeux ; talus sablonneux : eaux
constatées; rhème dans lès plus grandes Wie dé
vété et éhux très-purék: plantes’ aquatiques conve-
nables ;soitpapes propres à laisser passer l'édu , tout
ehtSoépposant à la sortie même des jeunes sa Bgh es!
didrués én terre facilitant la Circulation des ‘hommes
et des chevatix ;'ét rendant la Isurveillance plus facile ;
ilôts où leg sangeues petivént sé’ réfugier, et déposer
leurs Cocons ; ; palissades , fossés? soins constants pour
éviter lës énnémis dés sangsues , où pour s'en débar-
rasser : rien né! HAREQUE à la prosperre de l'étalis-
sement.
Ailléurs la nature de l'eau s'oppose souvent à un
dégorgement facile de sangsnes : on n’à pas de local
convenable pour cela. — Ici eaux vives, bassin
corroyé, recouvért d'un châssis vitré, réchauffé au
besoin par un calorifèré, et dégorgement bien plus
prompt.
Les sangties de Béauloup se gorgent, il est vrai,
comme celles de Bordeaux, de sang chaud, pris par
élies sur des chevaux vivants. Le Conseil d'hygiène
le Bordeaux et béaucoup d'hommes honorables se
sont émus dé èe procédé : ils ont invoqué contre lui la
loi Grammont. — M. Barbou a vainement tenté
d eémploy er d’autres moyens pour nourrir ses sangsués.
Iréclaine ati moins les circonstances atténuantes :
laissons-le parler :
«Nous ferons observer qué, lorsqu'il (le cheval!
LI UPROCES-VERBAUX: 21111020 79
nous est confié, ilétait d'avance voué au couteau de
l'équarrisseur,. ou devait. bientôt, testainb son, exis-
tence, sous. le, fouet du charretier, Destiné, à-une mort
didine: nous prolongeons encore son.existençe ; qui
s'éteint lentement. ef, sans souffrance par, l'affaiblis-
sement général de.tous,ses organes. Envisagé:sous
un autre. point. de VU 88 saçrifice, qu ’on, lui: impose
ho faveur. de hanté ne estril..pas,de complément
de, tonte. -Cette,. vie. de. se services, et | de :Mévoñment ?
Compagnon: de, homme; il it. pour, ares: nos
En. résumé à. M. “Barbpu me, S'attribue : aucune ins
vention, proprement. dite; mais. iL;a.su , -après..des
caen, nombreux à: fonce. ; de, Patience: et
d'efforts, , réunir. à..Beauloup,,ce. qu'il faut aller
chercher ailleurs dans plusieurs établissements, Il n'a
pas Ja prétention.de comparer .ses;modestes marais
avec les. vastes établissements; du:.Bordelais;. mais
il:est: cfier, d'avoir prouvé que, vu l'abondance de, nos
‘ eaux:(e : source etleur qualité, yu;la nature de,notre
greile. et le, bas, prix, des terrains marécageux, on
pourrait facilement, en Limousin, rendre Service
à humanité; tout en faisant pour son. RFOPRS PP
une très-bonne, opération. SH OI ob: to LES
A. point, de .xue, hygiénique, Mit -Baxbou. Fe
que, les sources étant abondantes. en Limousin, ilhsera
ue de, en établir, comme à à Beauloup, que des marais
SU continues, : Phygiène; ne peut .doncqu'y
gagner, puisque nos. MATÉCAGES ». Presque toujours
saturés, d'eaux croupissantes, 1et.de.matières. orga+
niques en décomposition, dégageant, des miasmes
dangereux pour les habitations voisines, seront ainsi
80 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
transformés en bassins, où les eaux, renouvelées sans
cesse , feront disparaître ou tout au moins atténueront
les dangers des marais à eaux croupissantes.
La lecture du travail de M. Barbou, travail dont
l'analyse ci-dessus ne peut donner qu’une idée
incomplète, a été écoutée avec le plus vif intérêt.
M. Samy obtient ensuite la parole sur une question
non portée au programme, mais qui n'est pas Sans
importance au point de vue de la faune du Limousin.
M. Samy a surtout étudié les insectes coléoptères et
lépidoptères du département. Il fait, en prenant ses
termes de comparaison dans la Creuse, remarquer
combien la Haute-Vienne est riche en ce genre.
Il communique plusieurs observations qu’il à faites
eur les mœurs, les habitudes de certains insectes;
il fait un appel aux personnes qui voudraient, comme
lui, s’occuper de l’entomologie de la Haute-Vienne :
« Faites-moi part de vos observations, dit-il : je vous
communiquerai les miennes; réunissons en un seul
faisceau les résultats de nos recherches; jetons les
fondements d’une faune entomologique locale, qui
serait, pour l'œuvre encore à faire d’une faune
entomologique française, ce que la pierre est à l'é-
difice. »
M. Samy a terminé en proposant à la section
d'émettre le vœu que la Société d'Agriculture et le
conseil général votent des fonds destinés à faire un
ouvrage sur les insectes nuisibles ou utiles de la
Haute-Vienne, dans le but de les faire connaître, et
pour donner les moyens d’atténuer les dégâts des
premiers , et d'augmenter les produits des derniers.
La section a écouté M Samy avec beaucoup d’at-
DAANTT ABROOËS4VBRBAE 24) 0 0 U81
atentonselleràa approwoé de venémisrpañduit:elle a
redminétles-efforts d'un jeunéthommiier qui} simple
garcon pewruquiersainsi qnhlsestquahiféluismême
:dansisonradhésiont aùt Conprèssri sahs swuitdé sans
s&rpents' presquersansilivres;ca pædHéctionnés déjà
et déterminer près dleseptcéntoespèces, défbaléoptères
nstrderképidopières.lorsq sl stivens trsitdo aise .M
exsMede présidentlui adresse ses félicitationstDengage
Riepersévérerpretclui! dénnerquelques conseils) 'iquime
1Saontpasperdhæeni 29[ dibut tvotrve 8 verse .M
202 La:25-questionide diiniedwiproshanmerstrehsnite
rappeléerrc Quelléest| enmioyemiedacompésition"chi-
mique du purinhis- iCetterconipesitioll éténtreutinue ,
-desémanations-quienprhviemént sontrellesdematitre
réagir -surraosaité-des hémmeslet desaninadux® »
omMeoLeRoyer;vicé-présidentate tasséotion srquii ai été
obligé de partir, se proposait dé! prendre) part, la
-discussiqn.1l actaissé à Ma deprésidemtrunertettiedans
Haguelle;sumdessonvenirsqibtonebe xladitequestion.
eMais personné messe présentehsuradéaijetsoet laoques-
ibion reste lentièrepounam-prochatnGong rèssro 019 D ro
auud£. Buoñhdéposé suroteoburea des! échantillüns:de
bouille exträits:[ dans da propriété depGroschap ,
commune de Beynat près de Brive : « Desfonilles,
nditsit, ant: étér faites depuis cinq six anssBur lu
Sieurs points on/4trorivédelh hopilleyUné compagnie
18e forme éetiveidemandèr ate toncesSemsà2 [isaron
cl Blusietns membréside læiseetion éxaminent cette
bowlle;rqui leur semhierétrelebdnne:qualitéy mais
ÆPexpériéiceserwrplussonelmante qu'umrendmencde
viswraäbfanit la faireessayer-à Limoges, ibfautsurtout
Savoir; Sh5 indépendamment de saqualitéycelle pourra
; 6
82 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vu la distance et peut-être les frais d’extraction,
soutenir la concurrence avec les divers produits simi-
laires que le commerce fournit à Limoges.
Enfin M. Guiot de La Rochère soumet à la section,
par l'intermédiaire de M. de Caumont, qui vient de
les recevoir à l'instant même, des échantillons de
drains de sa fabrique, située à L’Isle-Jourdain
(Vienne), ainsi que des fragments d'un minerai
qu'on trouve à trois kilomètres de Lathus, sur la
route de cette dernière localité à Saint-Rémy. — Les
drains envoyés paraissent être d’une bonne fabrica-
tion, et la section regrette avec M. de Caumont que
M. Guiot de La Rochère n’ait pas adressé en même
temps une notice qu'il avait promise à ce sujet.
La séance est levée à neuf heures.
ASTAIX , secrétaire.
SEANCE DU 21 SEPTEMBRE 1899.
PRÉSIDENCE DE M. BOUILLET.
La séance est ouverte à sept heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu
et adopté.
M. Bouillet, revenant sur une question traitée dans
une des séances précédentes, voit avec peine que l’on
ne s'est pas occupé à Limoges de conchyliologie ; et,
pour exciter le goût et faciliter l'étude de cette science,
il offre d'envoyer au musée de Limoges une collection
PROCÈS-VERBAUX. 83
très-variée de coquilles vivantes et une assez grande
quantité de coquilles fossiles. Les membres de la
première section accueillent cette offre avec la plus
vive satisfaction, et en témoignent leurs remercîments
au savant naturaliste.
La parole est donnée à M. Lamy pour traiter la
question de météorologie ainsi conçue : « A-t-on
recueilli des observations en Limousin sur l'époque
florale des plantes, et sur le rapport de ces époques
avec l’altitude des sols, leur exposition et la clima-
tologie du pays? »
M. Lamy lit un mémoire relatif à cette question. Il
reconnaît d’abord que l'élément calcaire excite la
végétation, et que les terrains où la chaux domine
sont, à degré de latitude égal, plus précoces que les
terrains gneissiques et granitiques. Il cite des faits
à l'appui de cette assertion, et il conclut que la
composition chimique du sol du Limousin, jointe
à l’ensemble des circonstances climatériques qui
résultent de nos collines, de nos étroites vallées et
de nos nombreux cours d’eau, n’est favorable ni
à la précocité de la floraison des plantes ni à celle de
leurs fruits.
M. Lamy fait ensuite ressortir l'influence de l’expo-
sition du sol sur la précocité des plantes utiles ou
de simple agrément. Il fait remarquer que les jardi-
niers et les fleuristes cherchent à aider la nature sous
ce rapport par l'emploi de procédés artificiels, et
aussi à utiliser dans ce but les pentes de terrains,
les murs et les abris. Dans nos domaines, les culti-
vateurs les moins habiles savent confier les plantes les
plus délicates et les plus exigeantes pour la culture à
84 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ceux de leurs champs qui sont les plus favorisés sous
le rapport de l'exposition. d
Autrefois, à une époque , déjà reculée , où les com-
munications , les échanges , les transactions commer-
ciales de province à province étaient fort difficiles ,
pour ne pas dire impossibles, chaque localité était
tenue de se suffire à elle-même. Aussi , quoique le sol
granitique de nos contrées soit loin d'être favorable à
la vigne , on l’y cultivait jadis sur une grande échelle ,
et il n'y avait pas de petite exploitation rurale qui
n'eût une terre où elle fût plantée. Cette terre, appelée
la vigne, était toujours la mieux exposée du domaine.
M. Lamy , après avoir parlé des avantages d’une
bonne exposition, signale quelques localités de la
Haute-Vienne plus particulièrement favorisées sous
ce rapport, telles que les communes de Limoges
d'Isle , d’Aixe , de Verneuil , de Saint-Victurnien et dé
Saint-Junien , surtout celles des parties de ces com
munes qui sont exposées en pente au midi sur toute
l'étendue de la rive droite de la Vienne. Les cotaux
de Verneuil spécialement jouissent à juste titre d’une
grande réputation pour la précocité , l'abondance et la
bonté de leurs fruits.
Passant ensuite à l'altitude des terrains, M. Lamy
pense qu’elle influe sur la végétation d'une manière
plus considérable, du moins dans les terrains grani-
tiques, que la composition chimique du sol. Lorsqu'on
parcourt les Alpes , les Pyrénées, le Cantal, on recon-
nait que telle espèce d'arbres qui croît au pied des
pics élevés disparaît à une certaine hauteur pour
faire place à une autre espèce, qui elle-même disparaît
plus haut. Les plantes herbacées offrent le même
à.
PROCÈS-VERBAUX. 85
phénomène. Dans les montagnes du Limousin, on sait
que le châtaignier ne vient bien qu'à la base de
nos coteaux, et que le chêne ne présente que des
troncs rabougris sur les hauteurs. Non-seulement
l'altitude du sol agit sur la distribution des diverses
espèces de plantes dans les pays de montagnes, mais
elle influe aussi puissamment sur l’époque de leur
floraison, et il est certain que dans nos contrées
montagneuses l’éclosion des fleurs a lieu plus tard que
dans nos plaines. Quelques gorges éparpillées dans les
flancs de nos collines abritent une végétation plus
active et plus précoce; mais ce ne sont là que des
exceptions qui contribuent à mieux faire ressortir
la faiblesse et le retard de la végétation dans les lieux
qui les avoisinent.
Ce mémoire , dont nous ne donnons qu'une analyse
rapide, a été écouté avec un vif plaisir. M. le pré-
sident en a félicité son savant auteur, et l'assemblée
en a voté l'impression dans la seconde partie du
Compte-Rendu des travaux du Congrès (1).
M. de Caumont fait connaître que M. Fargeaud , le
compatriote et le parent de Gay-Lussac, a annoncé
un mémoire sur la météorologie. Il regrette beaucoup
l'absence de ce savant physicien, et fait espérer qu'il
voudra bien envoyer son mémoire à la commissiont
permanente du Congrès.
M. Bouillet, président, prend la parole, ets’exprime
ainsi :
MESSIEURS,
La Jre section termine en ce moment sa dernière séance.
(1) Voir la deuxieme partie du Compte-Rendu.
de | Pr ns + '
RNA; . 1 -1
de
| D Rx 4 : Log
\:
CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
€ > section a bien travaillé, Pour mon compte, votre indul-
ce m'a rendu ma tâche facile, et il faut mnnintenanr dire
tous : Au revoir au prochain Congrès.
vit
l
À
de l'assemblée. | FAR
La séance est levée à huit heures et demie.
MARTIAL PETIT, secrétaire,
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en paroles sont accueillies par les Dr
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DEUXIÈME SECTION.
AGRICULTURE , INDUSTRIE ET COMMERCE.
SEANCE DU. 13 SEPTEMBRE 1859.
La séance est ouverte à midi et demi, sous la pré-
. sidence de M. Alluaud.
On procède immédiatement à la formation du
bureau.
Seize personnes prennent part à l'élection. Le dé-
pouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Pour la présidence, M. le vicomte de Genouillac
obtient 15 voix.
Pour la vice-présidence : M. Allard obtient 16 Voix;
M. Perot, d'Orléans, 15;
M. Adolphe Noualhier, 15;
M. le comte d’Estaintot, 14.
Sont, en conséquence, proclamés :
M. le vicomte de Genouillac, président,
Vice-présidents : MM. Allard , Perot, Noualhier et
M. le comte d’Estaintot.
M. Abria et M. Gérardin restent secrétaires de la
section. |
M. de Genouillac prend immédiatement place au
88 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
fauteuil de la présidence, et, dans quelques mots
noblement sentis, remercie l'assemblée de la distinc-
tion dont il vient d’être l’objet.
M. de Caumont, ayant demandé la parole, expose
que, dans les Congrès précédents, on a manifesté le
vœu que les instituteurs primaires donnassent à leurs
élèves une éducation agricole ;
Que, malgré ces vœux répétés, le ministère. de-
l'instruction publique n'a, à cet égard, encore pris
aucune détermination ;
Que , en présence de cette abstention administrative,
il serait peut-être bon que les sociétés agricoles de
France prissent elles-mêmes l'initiative, et imitassent
la Société d'Agriculture de Bretagne, qui accorde des
médailles et des récompenses aux instituteurs qui
donnent à leurs élèves des notions d'agriculture,
Et il explique que le jury chargé de distribuer
ces récompenses à soin, pour se rendre mieux compte
du résultat obtenu, d'interroger non pas les insti-
tuteurs, mais les élèves, et signale à la bienveillance
de la Société non pas les instituteurs qui ont des
‘connaissances approfondies en agriculture, mais ceux
qui ont le mieux su faire partager à leurs élèves le
fruit de leur savoir.
M. de Caumont ajoute qu'il a eu lui-même l'honneur
d'entretenir plusieurs fois MM. les ministres à ce
sujet, et que ce qui semble les effrayer, c’est l'idée,
bien arrêtée chez eux tous, qu'un champ d’expériences
deviendrait le complément nécessaire de toute maison
d'école.
Pour lui, il a la conviction qu'un champ d’expé-
riences serait plutôt nuisible qu'utile à la saine édu-—
PROCÈS-VERBAUX. 89
cation des enfants, qui, quoi qu’on fasse, ne verraient
et ne pourraient voir dans ce champ qu’une agri-
culture de jardin.
M. de Caumont termine en disant qu’il désire que
le Congrès émette le vœu que les instituteurs com-
munaux donnent à leurs élèves une éducation agri-
cole; mais que ce vœu, au lieu d’être transmis à
M. le ministre de l'instruction publique , soit transmis
à toutes les sociétés d'agriculture de France, qui
seraient engagées en même temps à prendre les me-
sures qui leur sembleraient les plus efficaces pour
arriver à ce résultat.
M. le vicomte de Genouillac raconte que, à Rennes,
l'école normale étant près de l'école d'agriculture , on
a manifesté le désir que le directeur de cette dernière,
M. Bodin, fit participer à ses lecons les élèves de
celle-là; que, ce désir ayant été réalisé, on en a
obtenu les meilleurs résultats; qu'aujourd'hui bon
nombre d’instituteurs, en Bretagne, enseignent
l'agriculture à leurs élèves, et que la Société de
Rennes à cru devoir instituer des récompenses pour
les maintenir dans cette bonne voie.
M. Alluaud désire voir les ouvrages purement litté-
raires , tels que Télémaque, remplacés entre les mains
des élèves des écoles primaires par des ouvrages
d'agriculture. Dans les ouvrages littéraires, en effet,
nos enfants de la campagne apprennent des mots et
des choses qui leur seront inutilés pour le genre de
vie qu'ils sont appelés à mener; dans des ouvrages
d'agriculture , ils se familiariseront avec des mots et
des principes qui pourraient leur être un jour d’une
grande utilité. :
90 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Un membre de l'assemblée fait observer que le
conseil général de la Corrèze a décerné depuis peu un
prix de 500 fr. à un ouvrage d'agriculture élémen-
taire dont l’auteur est M. Camille Planchard, et que
ce petit livre est aujourd'hui dans toutes les écoles
primaires du département.
La proposition de M. de Caumont est mise aux
voix , et adoptée à l'unanimité.
M. le présidentengage MM. les membres du Congrès
qui seraient prêts à traiter les diverses questions du
programme à vouloir bien donner leurs noms.
Dans la section d'agriculture, M. de Caumont
demande l'inscription de son nom sur la 4" et la
5° question ;
M. Alluaud, sur les 4°, 6°, 7°, 8°;
M. Abria, sur la Aret la 44°:
M. Avanturier, sur la 15°.
Dans la section de l’industrie et du commerce,
M. de Caumont se fait inscrire pour les n° 2, 3, 4,5;
M. Alluaud, pour le n° 1;
MM. Roy-Pierrefitte et Pérathon , pour le n° 6.
La discussion est ouverte sur la première question
d'agriculture :
« Quels progrès a-t-on faits depuis dix ans dans
l'amendement des terres les unes par les autres, dans
l’'ameublissement du sol par les moyens mécaniques,
dans le dessèchement au moyen du drainage? »
M. de Caumont insiste pour que les sociétés d'agri-
culture encouragent par tous les moyens possibles les
amendements des terres les unes par les autres, amen-
dements dont on obtient toujours d'excellents résultats,
surtout des calcaires.
PROCÈS-VERBAUX. 94
M. Abria est entièrement de l'avis de M. de Cau-
mont; il conseille d’amender les terres légères du
Limousin avec les argiles que l’on rencontre dans
toutes les vallées; il dit l'avoir fait, et s'en être
bien trouvé.
Il pense cependant que l'amendement des terres
ne suffit pas : il veut qu'il soit précédé ou suivi d'un
défoncement énergique.
« Mais, dit-il, en Limousin, les propriétaires seuls
peuvent faire un pareil travail : l’exiger des colons
serait folie. D'ailleurs, cette double opération de
défoncer et d’amender donne au sol lui-même une
plus-value certaine, dont le propriétaire seul béné-
ficie, et il ne serait pas juste que le colon contribuât à
une dépense dont il ne profite à peu près pas. »
M. de*Buzonnière croit que c’est commettre une
erreur que de vouloir faire exécuter par le proprié-
taire seul les amendements et. les chaulages : les
colons doivent y contribuer, et y contribuent dans
l’Orléanais, son pays.
» D'ailleurs, l’agriculture faite en réserve par de
riches propriétaires est rarement pour les campagnes
un objet d'imitation et de progrès. — Les amélio-
rations, au contraire, obtenues par un colon ou un
fermier trouvent toujours de nombreux imitateurs.
Sur la deuxième partie de la question, celle plus
spécialement relative au drainage, M. Alluaud
explique que, en Limousin, on ne peut guère opérer
que des drainages partiels : la pente naturelle de nos
terrains, la perméabilité du sous-sol, rendent un
drainage général presque partout inutile. — Il
explique aussi que le drainage, ne s'opérant le plus
92 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
souvent que dans des vallées humides, les tranchées
doivent avoir des profondeurs souvent variables, et
en rapport avec les profondeurs des sources naturelles
quiexistent dans le sol.
M. Fournier, conseiller à la cour impériale de
Limoges, raconte qu'il a procédé comme l'indique
M. Alluaud ;
Qu'il a drainé complètement une prairie de 5 hec-
tares 30 ares par 640 mètres de tranchées de 1 mètre
20 cent. à 2 mètres 80 cent. de profondeur, avec des
aquéducs de Milan, au prix moyen de 1 fr. 25 cent.
le mètre courant; total, 700 fr.; soit, par hectare,
132 fr.
Il à obtenu par ce travail quatre sources perma-
nentes, qui, jaugées à la fin de l’été 1857, donnaient,
l’une, 50 litres par minute; deux autres, 30 litres ;
la quatrième, 416 litres.
Il a drainé une terre d'environ 4 hectares : moitié,
avec 500 mètres environ de drains ordinaires au prix
moyen de 70 cent. le mètre, pour 371 fr., soit, par
hectare, 185 fr. 50 cent.; moitié, en recherchant une
source souterraine qui imbibait le sol, et en prati-
quant pour cela 80 mètres d'aquéducs de 33 cent.
sur 22 ceut. d'ouverture dans des tranchées d’une
profondeur moyenne de 60 cent., et du prix moyen de
2 fr. 50 cent. le mètre ; total, 200 fr.; et en pratiquant
aussi des galeries souterraines, qui ont coûté 5 fr. par
mètre, prix moyen, puits compris, soit 480 fr.;
total, 680 fr. ; soit enfin, par hectare, 340 fr., et qu'il
a obtenu par ce travail une source permanente de
20 litres à la minute.
M. Fournier raconte encore qu'il a drainé chez sa
PROCÈS-VERBAUX. 93
sœur , à Marmont, commune de Nieul, une terre de
k hectares 20 ares avec 160 mètres de galerie, à 4 fr.
le mètre, puits compris , pour 640 fr. ; soit, par hec-
tare , 152 fr. ;
Qu’il a obtenu , par ce travail, 120 litres d’eau à la
minute , jaugés à la fin de juillet dernier.
Enfin il résulte pour M. Fournier de ces divers
travaux :
4° Que, pour drainer complètement les terrains,
en général perméables, il faut couper les veines
d’eau souterraines le plus bas possible :
2° Que, pour y parvenir sûrement, il faut faire des
tranchées transversales à la pente générale du sol,
assez profondes pour traverser tout le sol perméable,
et ne s'arrêter qu’à celui qui ne l’est pas;
3° Que, la tranchée arrivée à ce point, la pente n’a
plus besoin d’une rapidité supérieure ou au moins
égale à celle du sol ; .
& Que l’aquéduc est préférable au drain, parce
qu’il découvre une plus grande surface du sol traversé
par les veines d’eau , et les coupe plus sûrement ;
5° Qu'un drainage régulier n'atteindrait pas le
même but, et ne donnerait pas les mêmes résultats,
parce que, en profondeur, il n’arriverait pas partout
aux couches d’eau , et, en superficie, multiplierait
inutilement ses tranchées sur les points où il ne se
trouverait pas d’eau.
La séance est levée à trois heures et demie.
H. GÉRARDIN, secrétaire.
9% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
SEANCE DU 14 SEPTEMBRE 1860.
PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC.
La discussion est ouverte sur la deuxième question :
« Par quels moyens mécaniques pourrait-on rendre
productives les terres rocheuses et peu profondes? »
M. Chamiot-Avanturier pense qu'il n’en existe pas.
M. Abria partage cette opinion, mais croit cepen-
dant que, lorsque la roche n’est pas trop dure et trop
serrée, la pioche, mais la pioche seule, peut rendre
des services quelquefois rémunérateurs, mais toujours
et dans tous les cas fort dispendieux.
M. Mahias, de Rennes, dit que, dans son voyage
pour venir à Limoges, il a été frappé du peu d'é-
paisseur, en général, du sol arable du Limousin,
et il pense qu’un instrument fort en usage tout à
l'heure en Bretagne, la fouilleuse, pourrait rendre de
grands services. Dans tous les cas, il croit que, dans
les terres rocheuses, les plantations seraient de
erande utilité : les feuilles des arbres devant néces-
sairement augmenter à la longue la couche d’humus,
et, par suite, l'épaisseur de la terre arable, il con-
seille, avant la plantation, l'emploi de la fouilleuse,
qui, en ameublissant le sol, favorisera la végétation
des arbres.
M. Abria dit que, sur les terres purement ro-
cheuses , les plantations sont difficiles ; il nie dans ces
terres le travail possible de la fouilleuse , et rappelle
qu’on sort de la question, en ce sens qu'on ne peut pas
considérer la plantation comme un moyen mécanique.
” _:
| | CHR
PROCÈS-VERBAUX : 95
M. le vicomte de Genouillac croit, comme
M. Abria, que le travail de la fouilleuse est impos—
sible sur les roches; il dit qu’en Bretagne la fouil-
leuse est très-utilement employée dans les terres
profondes qui n’ont recu jusqu'ici, par suite d’une
déplorable coutume agricole , que des labours super-
ficiels, mais seulement dans ces terres, et pense
qu'il n'existe pas de moyen mécanique pour rendre
productives des terres purement rocheuses.
M. Baruffi pense que , dans les terres rocheuses , les
plantations devraient être d’une grande utilité. Les
résultats seraient longs à attendre sans doute ; mais
nous devons songer à nos neveux yet "SsiVnos
pères n'avaient pas semé, nous ne récolterions pas
aujourd'hui. Il cite l'exemple des travaux opérés par
les Napolitains sur les laves du Vésuve , qui se trouve
maintenant couvert de riches vignobles.
C’est avec bonheur qu'il a vu la section des
sciences physiques émettre le vœu que l’administra-
tion fasse, dans le département de la Haute-Vienne,
opérer des sondages réguliers. — Ces sondages ,
il n'en doute pas, feront jaillir du sol maintes
Sources d’eau vive, qui changeront en luxuriantes
prairies nos sombres montagnes granitiques, et y
créeront des oasis de verdure semblables à celles que
les puits artésiens de nos ingénieurs créent dans les
plaines de l'Algérie et de l'Égypte, et qui attirent
Sur la nation française les bénédictions de l'Orient.
M. Avanturier croit que l’on doit diviser en deux
catégories les terres rocheuses : celles à roche dure,
et celles à roche tendre, ou tuf. Dans les premières,
pas de défoncement mécanique possible; dans les
96 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
secondes, au contraire, on peut, en enfonçant tous les
jours un peu plus la charrue, et enfin la fouilleuse,
augmenter à la longue l'épaisseur du sol arable; mais
on doit procéder lentement, sous peine de frapper sa
terre de stérilité.
Il a, par ce procédé, augmenté de 10 à 12 centi-
mètres en dix ans, aveé la charrue seule, la pro-
fondeur de plusieurs de ses terres.
I] termine en émettant le désir que l’administration
fasse opérer une analyse chimique de tous les sols du
Limousin ; analyse qui, mise à la portée de tous les
agriculteurs, pourrait, à l’occasion, leur rendre
d'importants services.
M. Alluaud, sur cette observation, donne quelques
moyens simples et à la portée de tout le monde
d'opérer cette analyse, qui, pour être bien faite
cependant, exige des connaissances spéciales, loin
d’être, il le reconnaît, familières à tous nos agri-
culteurs.
. M. de Caumont appuie le vœu de M. Avanturier, et
dit que ce vœu a déjà été émis par le Congrès de
Lyon, sous une autre forme, en demandant la
création d’une carte agronomique; mais il ajoute que,
l'administration ne pouvant pas s'occuper de tout,
ce travail pourrait être fait, en dehors d'elle, par les
sociétés savantes, qui doivent, en définitive, s'ha-
bituer à prendre souvent l'initiative des progrès et des
améliorations utiles.
Il désire que le Congrès formule son vœu de la
manière suivante : « Le Congrès, persistant dans la
demande qu'il a plusieurs fois émise, désire que
les cartes agronomiques soient continuées, et qu’on
PROCÈS-VERBAUX. 97
s'occupe plus activement de ce travail qu'on ne l’a
fait depuis quelques années. Il demande, en outre,
que l'analyse des principales terres arables du
Limousin et du Poitou soit faite par M. Astaix à
Limoges , et, à Poitiers, par MM. les professeurs de
géologie et de chimie de la faculté des sciences. »
La proposition, mise aux voix, est adoptée à
l'unanimité.
La discussion est ouverte sur la troisième question :
« Indiquer les instruments nouveaux que l’agriculture
Hmousine a plus ou moins employés , leurs avantages
et leurs inconvénients. »
M. Avanturier fait le plus grand éloge du rouleau,
qui donne aux terres trop légères la fermeté et la
solidité nécessaires à la production des froments , des
trèfles et de toutes les plantes fourragères, qui
réussissent mieux dans les terrains argileux que dans
les sols friables. I1 ne parle pas de la charrue de fer,
dont les services sont au-dessus de tout éloge, et qui
aujourd'hui se généralise de plus en plus.
M. Tristchler, mécanicien, raconte que, depuis
quelques années, la fabrication des instruments
agricoles à pris dans le Limousin une très-crande
extension : il vend maintenant de six à sept cents
charrues par an, et presque toutes du modèle de
la charrue Dombasle sans avant-train. Un autre
fabricant en vend une presque aussi grande quantité
que lui.
M. Alluaud est heureux de dire aux agriculteurs
étrangers que M. Tristchler est un mécanicien agricole
très-distingué, qui a obtenu nombre de médailles
d'argent et d’or dans maints concours.
=?
98 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE : FRANCE.
M. Allard , de Dunkerque, émet le vœu suivant :
« Engager les (propriétaires aisés à faire défoncer
chaque année une petite-portionc des: superficies °qûi
leur-appartiennent ,‘de telle: sorte qu’on puisse dès
lors user avec avantage de l'instrument ardtôire
nommé la fouilieuse. {lest certain ‘que le défoncément
dontil s'agit sérait, dans tous les:cas | très-prôfitable
aux propriétaires quiferaient: RAS quelques
sacrifices à cet égard. egoitetnslqeskmoc
Ce vœu estadoptésiq 9h ollioaroo duos) 9h, .M
M. Mahiasyode-Rennes,1demande M5 Triétchler
combien il venddefouilleusespatsant2tl22vlle amiq 0
M. Tristchlerréponds? «Une soixantaine; dans:les
prix de40 à 1001: »9b. sristrdre .se159meti SELLES
&e question : « Effets de l’écobuage dans la Hautez
Vienne. Expliquersonmäetionfertihisantéez50 Il
M. Alluaud'explique Feffet chimique dell'écobuagé,
et démontre que!, dans les tetrésétobuééss les pailles
sont très-siliceuses, et'me versent jamais) L'incon-
vénient del! écobnage est de nee Eu à
ou deuxiapluse191 i5D10409 1 LL .Yijstourt à
M: Avanturier dit quéFécobuageé "est asjoumlni
avantivousement remplacé par l'emploi du noir anis
mal. I raconté que; sur un'Sinple défrichément à
la charrue fait en hiver, en semant à la’hérse! sans
autre about, à l'automne suivante ‘on: peut obtetir,
avec: # hectolitres de noir-àl’hectarel des récoltes
luxuriantes: surtout en <éivia-et en avoine ; que! la
culture: au! nôir a gur l'écobuigell'avantage/d'être,
d'une part ; plus économique: et} de l'autre pl de
éonserver au S6l un humus végétal précieux ‘paur/les
récoltes à venir. ke A LE 1154
A AIT PROCÈSEVERBAUX: 411 99
M:.de-Buzonnière appuie: l'explication donnée par
M:-Avanturier, et ditqu'on procède ainsi aujourd'hui
dens-le. centre: dela:Françce; surtout en Sologne,
et que-cette méthode æ canal de nombreux: pipe
pr fomnentl . 8b 0e ol
: question x 4 Apt tt Pia ‘en Mischa tous
je fenrains qui pourraient: être!) plantés ‘avec avan
tagesrr Quelles sont lesiessences: ne ont'été sr
pour les plantations? » « Drsed +99. 'e59itis
M. de Caumont conseille de ar ‘en tarbres/verts
les pentes abruptes du-Limousin, ‘surtout: en laricios
et pins silvestres; arbres)d’ume belle venue ; ‘et! qui
pourraient rendre: un :jour, delgrandsservices à/la
marine française, tributaire de. l'étranger (pour ses
MNMPES&! 2r16D Sosudos8 ft 9h atoftr (tO1d291rp ?i
M. Fournier: combat icetteoidée,hiet, conseille: la
plantation des houleaux ;des chênes et des châtai-
guiérs, - dont de obois-pent:servir à&:la fabrication
dela;porcelaine:; dontles feuilles sont-une précieuse
ressource pour leslitières,et.qui-donne ainsi um produit
plus lucratif. Il a vu cependant réussir maintes |fois
dansee pays Fépicéa jo-dont le bois: dit-on, arun
grandiprix |, et paraît avoir-une valeur, presque égale
à celle du-chêne ; fi penserque lonpourrait multiplier
Cesar bre Avec SuRCÈBrO do ravi no diet orrrelo nl
«M, de Buzonnière dit-que: 4 aiguille dn pin: surtout
du pin. des Landes, -esttrès-propre à.la confection. des
litières.. JL: conseille. Spécialement; des semis de. pins
sivestrescowpins d'Écosse. dont.on. peut, faire. à un.
certain âge!, brouter par les-brebis les jeunes pousses b
sans porter, préjndice.aux, semis.;, cette, nourriture
étant très-benne pour les bêtes à laine, qu'elle peut
100 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE.
guérix de la.cachexie aqueusé..«,1Lf bojs.Qe, ce PA
dit}, ayant peu.de résine, pourrait servir même à
1 VAL RDA de 48 Rose De ‘a ICUPIOUP FTSVISG
M Auaud,prend aussitôt la: parole pour affirmer
que, dans aucune hypothèse , les bois résineux, np
peuvent être employés à un pareil usage.
MALUS 95199 JAOMSTANNS 9CSITS TOITS
pi, Gérardin , sur spile queshon,, PXDOSC. Que
A" ,.M
plavart, des, moagne) qu, LAON. les. COMMETES
réussissent avec peine, ou moins bien, en énéral ,
que les arbres à feuilles ca in
XI [Z 19, A9IC [eELS
s. Il cite l'exemple de
MOD 9115 T9 (OTLS2RODOT Frab 9949191914 $l TILL
divers semis de laricios et de pins silvestres q
; qui, ayant
prospéré jusqu'à l’âge de dix-huit ou vingt ans e ont
péri AI Suite des séchéréssés (fe T'ännée dérilière,
pes’ 'esténiées! à Hénie Caduqueés reussi sent” au
ééntraire) nérveitiétemént “partout : lé ‘chêne L'ïe
éhâtaïgnier, le Hêtre, dans 1és Vallées riches en terre
éréfalé 11e Pbouléat ét’ îe hêtre Ê abs Les -péntes fes
plus maigres éb 168 bras abrapt 42? et.08 16” esta
nier ét 16 bôuléau tie végètent plus à wine! Certäine
“Élévätion auLdessus du° hiveru! dé lames, 16 Hêtre
réussit encore (et donné dés-produits® satisfaisants
a1sept cents Imôtrés”au-desus dé éé même nivétu,
élévation de la” plus’ haute montaghé ducpays qui
du reste enæestbhouertez 5399 sesiisq buswilA M
5 hEemélèze:s l'épicéai;de-sapin:argentédes Pyrénées,
lescèdre-du-Liban;, Hle:taxodinmr., le-pin du:Lord: des
pinsdaricio et silvestre, lepin des Landes, prospèrent,,
ilest vrai, dans quelques allées, -mais-làr oh
-CoupoSûx,..1e,chène-et les essences. à feuilles çadugues
-Prospèreraient bien mieux.encore., et.donneraient.de
meilleurs rs tas rene zwordriron sal orno ge sf
M. Gérardin résume son opinion.en,, disants que;les
l'OÂAMI HA AUOIMITAMIIZ 21190 {
© PROCÈS-VERBAUX. 101
409 9h,2iod 9.1 » .s2rormpe dixzadono gl 29: 1irà-0
arbres vêrts ne doivent, dans lé Po être considérés
$ ag TOR HABTTIOT .91rieûr 5h Yoa ave [+0
quE Enthié arbres ‘de pa sage e d'agrément, et
. . .K .ALSISNION 81 9h fIOR21119 £1l
peuvent, quoiqu'il n’y ait as dé règle Sans exception,
Te fo dore q S 61 Jeans biora bent AT VW
diffdilement'entrerldéne une bonnne (administration
réa aiod el. ; 926dToq tLonuous atsb ,9rp
.90R1 ] $ 297 ps NA AU FH VTIAU
; M: Ayanturier partage entièrement cette manière
AU, AUD SEOQXKS . HO[FEOUD 91199 T2, MUDTIGTÈN) I 1
É or. M. le vicomte Le Genouillac est d'avis que, du
BOTOMON 891, M2UONINT JD rOTOp 89D
Ë + ( r DIT 9 VS, LIRE LSELIÔT
aus n gt mieux que les arbres à feuilles persis-
QDSIGMSXS L'AJI9 11 .eUPyDS) 29l[Lrot € ES T6 €91 9150
tantes , la préférence it n cessairement tre donnée
TES, LD 29LTO VILA ALTIE 9D 19 2OIDITEL SD arts et rit
aux prenliers. : het 4g
ROM eS JOULY 110 divd-xib ob opû'L 4 PAT 918207
€
ML, fhévenot. avant d'en finir, sux la, plantation,
roudrait.que, l'on se. préoccnpât.de, la, manière, dont
ont, tentés en Limpnsin les arbres, de bordure. L'on
ROBFTAIL, DAT AR SOINS > CONSCrTEr 68s ARLES; qui
Jraient, excellent bois d'ouvrages, surtout si l'on
-Shoisissait poux, cela les, arbres JMD oroicnr 2011q
euiMrMahias ; de, Rennes:.répond, 78e servant.d'une
expression imagée;quessid'onry-laissaitles arbres de
hordure: avec; vésétationcà, stous..crins que;slon
demande ;yleLimoysin;avecses-nombreuses clôtures
isgrait bientot converti en forêt vierges ob noiipvèl
M. Aluaud partage cette mamièredexoir 9297 1h
Me éomte d'Estaintotexplique qu'en Nérmendie
“oh consérvéles arbresénimpossnit aux férmiers l'otli-
Sation;- de; n’ébranchér Liqué . jusqu'ä: unéicertaine
hauteuflethides époques déterminéessh : ierr 20 li
“OM Bison 8 Masveérénier dénaniatque 1e Contrés
“Éméttécomithe le coSetlrénéral dé 14 Hautes vienne
le vœu que les nombreux communaux dédépartément
“boïent litités où partagés 10 DOUUSOL DT) M
Tel:
1
102 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE TRANCE.
Cette proposition est renvoyée ad comité.
La séance est levée une Heure ét dérnié.
10109 14. A RERO ai
f
bb rs 291 do 29119#7 9)290 19TIS SIFEUP
Cf Ÿ9 oc 29H Plon om df 29tôd elociv -91N 8685 p
rONT EI fi ” l'E 7 ue 90h
SÉANCE DU 45 En LA 6 OS MEN OÙ
(192 9: (L{I£ 2 onrolo238"
PRÉSENCE DE M re ViCOMER Di GENOULLA EP IIS TE
at lteisor.: 1008 wolf # oran otaise
Lecture du: pGCA pa “derla A NT séance.
Ce procès-vérbali'ést-adopté@si 154 9villus 9lderg oz
‘La discussionrest ouverte sur°là sixièmeé)question|:
« Dans Jes contrées susceptibles! d'être-imiguées, lés
prairies naturelles: DD NES sont-elles, préférables
auxpprairiesl artificielles 25119 9b 20m 04 do reup
M: Alluaud à la parole:o( Rs ÿ ne 819491 [u98
l'est convaincu que les-praïries natrirelles: éonsti-
tuent la richesse: du: ‘Limousin:;' et : qu'on doit, des
augmenter par tous les moyens possibles; surtout
dans Îles terrains susceptibles: d'être irrigués! «Les
prairies artificielles; :dit+ib;rsont :incontestablément
très-utiles } et doivent être encüüragées; mais elles.ne
remplaceront jamais les autres.on }110) 2259 29i11e1c
HN explique en quelques mots'!la composition. d'un
domaine en: ER et-l'assolément suivi jusqu'à
cerjours=201 1: 19V a9[lipast 19[[8 "#5"
Prenant pour été une étendue de! 40; à 45rhectares,
quirest l'étendue: moyenne illà: détompose ainsi :
déux dixièmes en :bruyères ‘ou [terrains :derwaine
pâture; près de trois dixièmes em châtañemeraiesi;-qui
44 PROGÈS-VERBAUX. 103
donnent nourriture, bois_et litière; deux dixièmés en
prairies naturelles et. Pâturages; trois dixièmes en
terres arables.
Un semblable-doriäaitié ;régi par colonage , nourrit
quatre attelages de vaches et les produits, soixante ou
quatre-vingts bêtes à laine, quelques pores, et peut
donner au propriétaire, en revenu moyen net, libre
d'impôts , douze cents francs. '
L’assolement est biennal, en ce sens que lesterres
arables sont divisées en deux. paris, quiproduisent le
seigle chacune à leur tour ; mais il n'y a jamais, en
réalité ,.qu'ün-huitième au ils déd'étendue-totale du
sol arable cultivé par jachère::Enséffet ; la terre
qui: a produit cet: été le seigle: terre-qui représente
Hi moitié du:sohârablel duydomaine,;rsera labourée au
printemps ,--et-ensemencée rmoitiésetsarrasin et un
quart en pommes de terres ou raves;rlantre: quart
seul restera en jachère pou pou vdir: être ensemencé
érseigle! à l'automue assez debonneiheure pour que
“lé läboureur ait le tempsode terminer-sés semailles en
ISO cofvémæble.zrroyont 29[ avot eq roiromar
9IM. Mahiasi delRennesiémet des: vœux pour. ‘que
Hés'irrigations soient encôrei mienK-oisnées-qu'elles
mél sont aujourdhui sPéur- Amp tirrigätions: et
prairies c’est tout un :0rprairiésnbétail, engrais et
‘richesse -enragricultürer, sonp&ynonymesile ||
5 nppiéindigne 1devboirmésirivièresret Inos ruisseaux
s’en aller tranquilles vers la mer, caressantodans
“ucdurse’ indolenté leursdeux rives émaillées de
fleurs.‘ Hvyoudraitléut voirrprendrerune part -active
at 'travail'agricole de 1eur/patrie; H)voudrait que ,
‘dérivés jusqu'à leurs sources :/ tous les cours d'eau. dle
104 CONGRÈS SCHÉNMRIQUEÉ DEL FRANCE.
la France convertissérit len prairiés naturélles Ja plus
grande partie de nos/4érrés incultes éhide nos terres
avabléss, létémétléléæll qitunie législation spéciale
Pérmette dé Semblabtéslopérationse PUHONET Juve 9!
ML Buissoti ét! heureux de dire à Mi Mahias/ qu'il
vientde mettre u four une idée! qui n’est pa neuve
en Dimousiné que tout-récéminent M: Genet,
ingénieur lenschef: de llxHahtélVienne y seéréthire
général dé ce Congrès !vierit2de faire des études trés
sérieuses) poux opérer:ltn) pareil travail) euro dés
‘affluents de da Niennéy l'Armée ét HAïixetté/1eflstir
un ruisseau dont lenén li échappé; mais Comrifune
‘nént désigné! sous! celui de ruisseau dé Pont duPalhis ,
et'que,. dans umélde és dérnitrés 146libératiofisL0)e
conseil municipal déplé vid de Piô ges a flis À la
dispositions de . M :Grèllet-uiié 1 sotnime lonsidérable
pour términerles études nécessaires cé projet
10M: Gérardin! demande la-paroke pourcompléter les
“explications dénhées pur Ml Atltaud sur’ Passolement
du Limousinipet dire quelques imotsisur Ja question.
oTL'assolemént-etpliquépar M. Miluaudléstlaséole-
ment) ancien! dut JLimousht)lâssolément autrefois le
cplus-rationtiél106scal poshiblesl Mais qui, ériceà
“l'introduetion/de la chaux parsiés voies ferrées |/tend
“tousylesijours à /disparaîtré pour faire ‘placé! A} um
‘assolementquadriennal à péu/ près. ainsi Composé :
2e 4e anméé plantes; Sarélées)) pommes 7e (5térre ,
raves , Carottéd Détteritess été. Lisuivant la “féfti-
Mitéldés terrains 9 finnééls dvoineiot séiglé’avec
diète 2188 mince {rèfle, jarousses, miais enDveth,
ete ; it amnéé : froméht, 10/2) Ji Pre i£
Oil né donné ci que eg notions générateg/) lassoté-
mdr :
mana RROCÉSHMERDAUX. 24100 165
ment; _ . modifier àl'infini.dans;les, Aa
etresterle.même.dans l’ensemble 55 sircq +
s1bassolement indiqué par MoAlluaud:était pere
le seul rationnel, e;seukopossiblesÆEn, effet;les
terrains du/Limonsin se,refasant.à peu près:partont,
sans le secours de, Leau ou, de;da chaux, à produire
aucure espèce. de-plantesifourragères, oniétait réduit
Ainecultiver.que/les terres:qui pouvaient être. ferti-
Jisées,au;;moyen.de l'engrais provenant de là consom-
anation des:fourrages naturels:,etde mode deculture
rdiqué avait pour résultat rertainide faire æendre à
lrterre son: meximum.de; produite! ob ooseiun dr
Dans Lancien état.de choses, la prairiesétait, ion de
somprepd;4laperle;:fine du domaine:;;set,, comme
d'étendue. des terres smHtivées rétaitien:rapport: direct
avec bétendue, des prairies naturelles, ausmenter ces
dernières c'était-forcément-augmenter da fertilité des
-premières. : d'oùrlaocenséquencerqu'ikifallait)à [tout
Iprixconserver. les-prairies naturelles anciennes, et
Jainetous seseffortsponr-en.créer: dernouvelles:i,! 151
olAajourd'huistout est xehangéiyLes;:bonnes.terres
ovalentrles prairies. Quelques agriculteurs es dux:Li-
émonsin , rp sit fait bien lesreconnaître; ;des-plus
bmteligentsiet,les plus: sérieusement-livnés;auétudes
ndifliciles;de la sciencecagricole, vent même. jusqu'à
prétendre qu'il ÿ-aintérêt à convertir enterres arables
Jasmajenre.partie, de-nos-prairies;naturelles, surtout
-celles quisopt sur un solprofondiet fentile., 55
- sovGette ;assertionayant,,dans l'auditoire; soulevé
auelques,:mouvements,de:surprise,et. d'incrédulité,
M. Gérardin croit devoir, par,un exemple pris dans
lessquitures. d'un, des,agriculteurs dont.il a, parlé,
106 CONGRÈS SOVENMIFIQUEODE M'RANCE.
démontrer: la: frusseté defl'ancienrcaxième limousin,
IL:süupposesunm hectarerdeh prairiesniaturelle: Cette
prairie donne pàr annéestsielle éstienhonne quahté:
4,000 kilogr:de foin. Ensajontant!le régaim, cet: emole
supposant égalà dla moitié dufoin , onlx2,000 kikogr.s
soit, en totalité;,16,000:;kilog'r ‘deofoin para y -+21en
ajoutantice chiffre-quatre (foisràhai-même,on/trqnve
quele produit:total du:foin de larptairie, poux-quatre
ansrést-dé24;000:külogmer Ii , io-iulos 164 ebtto e9fq
1 Prenant ensuitede même! hectare soumis : Hasselt
merit quadriéhnalsdmroQ 5 .M 9b sioosron vosrbssloo
‘lle! montrél-produisant ,-lapprémière, annéeï/rmne
luxuriante-récolte derbétteravem;1ot 255 tnoievront 92
Laseconde , 50 à 60‘hectolitresrd'avoimerm 25111614
Ha ttroisième: 50-—arés ehretrèflercse coupañntrtrois
fois, et 50 ares enljarousseransprintemps!, létrnaris
vertien été fosouedr , o8[liuocsn 95 steooiv af M
‘La: quatrièmk enfiny produisant 85 ou Afktiectolitres
defroment;1o'up .#1uoiesont 899 ormoo .dio19 Î
“Etiil2démontre que: mon-séû lement Jde produit met
de l'hettarel ainsi-cultivé lést plns-élevér le; beaucoup
queleproduitrnet durmêméchectareren prairie; natu-
relley mais qu'encore ce même hectare-produit- d'après
la seconde méthode, et dans le même-espace de quatre
ans {une quantité de -fourragesrà consommer,ren y
‘comprenant {1bien lentendu,rllés Aégumesssbeéatcoup
plus considérable que la prairie, et pouvamtmoummr
unégplus grande quantité-desbétail ooraron m0
» Cependantiopour-réfnmerison opinion, M4 Gérardin
peñse que, s'il peut être avantageux deconvertiten
terres arables des prairies glaiseuses, au sol prefond ,
quidonnent comme prairiesunimince revenu; itæm'en
14
Pr
DOLAÏN I PROCÈSEVERBAUX 24151000 407
fautipas moins-continuer à:Soigner-et à:agrandir les
prairies natufellesirqui donnent excellentrfour-
rage:u très -favorablel surtout l'élevage; —1et ,
‘pour son compte sillaméliorede tout Son pouvoir ses
prairies naturelles , eténiicrée de nouvelles toutes les
fois qu'il peut disposer d'eauzquille lui‘permette: ,
9YM:i de Caumont partage l'avisideM:iGérardin., et;
‘Pour Ivenir: corroborer par:son:témoignagédes exem-
ples cités par celui-ci, il raconte; avéc cette: finesse
déspritiqui luiest naturelley l'histoire qui termine le
Calendrier agricole de M. de Dombasleyd'histoire de) ce
fermier:qui ,‘ayantaçquis une-propriété dans: laquélle
se trouvaient des terreset:quelques prairies, vendit:les
prairies pouriacheter-des vache$9 etine tardaszpas à
stenrichiryen mourrissants celles-Gi avecs lé produit
‘exclusif decsesfourragescartificièlss 2016 08 do . 4101
M. le vicomte de Genouillac, résumant question,
partage l'aviside M Gératdin; et des ModeiGaumont.
Il croit, comme ces messieurs, qu’on:ñnersairait
idonher trop de soins 4 l'amélioration set nlagiandis-
‘sement des/prairiéssmatutelless thaisiquhlone; faut pas
êtres exclusif retrique plusieurs bprairiesyomême en
“Dimousin,pourraientétrervantageusenentieonverties
Jéptarrés arablesonônr 9! en8b to ,5borftèor 5brosoë el
Ÿ (On examiné dla ‘question cde Savoirs le væm.de
MuBaisson-relatif à d’iliénationrdesscommunaux-doit
1étréadopté. 07 do oirisrq 61 oup ofderébiaos auto
On nomme unestoimniissiôn,: composées de-MM.: de
HBusonnièté , 1Bardy, ncomterdEstaintotirBuissen, et
HGérardinoqui serachargée de faire lun rapportau
Conbrès. loz 16 ,eoanoziste e9iti81q 29P e9[dr:re 291107
19 18° question: 0 Quelle: estiFimportance de:la-mature
103 CONGRES SCTENTAMIQUE/ DE FRANCE.
variée -desalinientso aurpoint above de’ léngiais
sement des animaux ? » “188300
nestineniméent Hoi a AUS Camont,
MioAvantorier LMD PMHiS que cela! dé peut "plus
faire-questiont Li variété dés Aimenté excit r'appétit,
etfnitäbsorber à l'animal dépiis Copiéux Fepas, qui,
par Jeurvariété tiémiesl ont plis favérables "4 son
développement à cause de la diversité des substances
qu'il peut naines Hamlers ti 5 90700 PRES
9° question: «/Yaurait-il àvantage à engraisser
dans la Haute-Vienne de jeunes animaux , au lieu de
ne soumettre à l’engraissement que de vieilles vaches
et de vieux bœufs épuisés par le travail?»
M. de Beaulieu, trésorier du Congrès , s'était fait
inscrire pour traiter-eette question. :Par1une: lettre
dresse AT dE Ban et Gr RE AC
que, étant indisposé , il ne ourra, Se rendre, à Ja
séHnce La question est rl RE
trinsny L6 dtqobedes 1149950888
10 guestion: & Quelle. cé ln viande de, boucherie
que l'agriculture pe oquix l éço-
STI ia Bt IHOC PEUÉ DE duire.ayeg, le p us, dé6o »
np ci 1e plus, RO ARE Dr Parc
intérêt que dans celui du consommateur? ».... adaiéohiro
SH TRAET dit.que;le poxcest:la.viande qui peut
être, prodyite à meilleur marché, jet; quispeut ainsi
eg le Pl, avantageusement, consommée parles
ClasfeS OUVTIÈTES rot trovse , zusvodo 29l onp æwsim
dE Mahias;s ide; Rennes; 1répoñd! quel, isansiêtre
l'ennemi intime dui porc jil n'estrpas son ami particuliers
qu'il;sexplique-très-bien laloi de:Afoïse etsque sn
pointe vue d’une bonné,aliinentation ;1#Viañde/de
bœuflui,paraît, bien: préférable; quey à son‘avissé"est
FRE
LOAAH PROGÈS-NMERBAUX. pH AO 109
la production de, çette dernières quedion'doitisurtout
Li en0ettl cÉxtrenmims129) JAMIE
peu Durs dé, Genouillar oder pi ne à
en disant que lesgrand avantage del'éleavage dur port
cfa. possibilité, de le produire à bon marché viennent
surtout de fe quedans les exploitations(-ond lui fait
consommer 64 échets de. la-nourriture «des autres
anima Le LaDrEbvI 61 5h sénéolé: iromsqaoven
La-séance est levée à une. -heureet demie. isa Lib!
jierons & oontredt. GÉRARDIN» serdrarel
6D poil us |: xpBmins 89m 6b Soi V = StseH'sl 4x8
2oogv eolliotv 9P Sup FrofmoetsTans tPéortto tro 9
tj h É
[E co BRE | ee 4 city 9
SEANCE 90 16 SEE dd
dist fieig'e , a97ron0) mp TOITOBDIT A 4 95.M
9rof DE DE) M2 VIOONTE TPE te En
2 Kéänéle ef Ou érté à Onze Beures ét dem
MLéetue et faite du procès-verbal di ‘de la précédente
séance. Il est adopté à l'unanimité.
Dal discussion ét düvêrte Sur” 1a Aie question
cIndiquér (ce qui Sérait 10 Mièu üux | pour la Haute
Viënné." lu’ Hävail agnieote par ue vaénes , lès bœuf
ou les chevéux is AIUTOR0 NT ENENTIU Sup J0Tà di
dE dep Câdtiontidait que €esP sure 1qitéstion (pure-
ent locile Qu'il parasty AO Avänfite pou Te
Eimoisin à18e servir) de hatfs et dé Es © qui,
mieux que les chevaux , savent tourner 168’ obstacTés,
et:mettent dans lbénhènra sensé patience quil np
partient pasn ces derniers Il 10admiré à plustétirs
reprises |laidocilitéetila sôbriétéides vaches liiousineé
EM rde;Chasteignér) de Bordeaux! explique/que/tout
à-l'heurersenŒranoe il s'opère aneiréaction en faveur
110 CONGRÈS SCTENTTRMIQUE TE FRANCE.
du travail des bœufs et desrvaches; que } danse
nord; on commehcerà renoncer aux: chevaux pout
labouret avéc des bœufsyret mêmeavec des vachesl ti:
. Dans: lec Bordelais ‘tcddanso l'Aprènais ;'onllaboüre
avec des: vaches conduites) à: l’âïemillon owrparswüné
corde ‘attachée à Voréilléb Des gens ‘de la Picardie
prennent dépuis peu l'habitude dy'venir-acheter dés
vaches , qu'ils attellent à leursichhrrues, cet dont) ils
obtiennentruntrès-bor travailreniles conduïisant'aÿec
le fouetetraveéidesanneaux passés dans 18 nezs159104
M.'Avanturier ditrque/cdans lé Limousimy)on doit
préférer le labouràagedes/vaches à celui des chevaux,
mais-que bientôtyler:poidsodes charrues forcera: à
renoncer aux, vaches pour messe servir que derbœufs!
M.-de Chasteigner-engageles! :gens-dui limousin: à
faire leur travailsavee-des wachés;-qui léur donnent
des produits): &:LanFrancerentière | dit-ik,serà bientôt
tributaire! de leur-payss:$’ils continuent là: élever des
taureaux qui puissent fajre de5bon:bétail£derrhar:
paishborog 6195 oup tissivhorq or, elsvor'ertort
so eve" ft Ro GÉRARDIN secrétaire. orboro
29"), ailosx of 9711907 q 92 ob ansyom 291 284 tusb
:M:derprésident met-à l'ordre du, jouxiles questions
indiquées / dans sle-paragraphe, relatif sa commence
et à Findustiierierron 2180 : oûOsINS A no vers É
Lai première-questionsest, ainsi conçue: «Origine,
développement .et-progrèsode l'industrie céramique
dans li Haute-Vienne et-les départements «du, centre
dela France: Quelidoit être l'avenir de: cette in+
dustrie? » vdifins
M. sAlluaudir-entre : dans ;quelques détails, et,
expliquant quikiafa pu préparer.un,-traxail spécial
O4 AI RROGÈSÆ-VERBAUX. 211511) 00 ait
sur,les, questions Soumisés au:Congrèsbtouchant la
fabrications des: porcelaines ‘em°Timousin: il best
obligéd'avoir recours: om mémoire-qu'il rédigea (en
4831deetrqui 2seutrouveerpublié am: leëtenso: dans les
Éphémérides du ressort deslaæ:cour royale de: Limoges: de
cettesamnéel, 5$e æéservañt d'ailleurs decompléter: ses
ebbersationsrhas vdesireñseigmements Du DE LU
qü'ilsetpioposemerddnnemsl $ aofloits eliop . aadosx
soEptramt:dans Historique derdà-fabricationr de. la
porcelaine dansié départementr:dedaHaute-Vienne:,
ilofaitoconnaître.à d'asseniblées:quel ‘aprèscun/demi-
siècle de ttonneméntadet de (persévérance, ‘cet art;
Sélèverau premier rahgedeol' industrie du pays-par:
l'imménse quantité dematièresquilemploie 19parrile
ñombrerdel brasquiloccupegetoparolarvaleur.ldes
produits qu'il épard dans delcommettersii 119! o11n]
loCe futivers 1161, seulement ques fut -découvert-le
setretodel lai fabrication déj az porcelaineldure ;1€ar
jusquellà lSèvresimiême pq était: déjàarune manu
facture royale, ne produisait que de la porcelaine
tendre. .Quoiqu'on passédät le secret, on n'avait cepen-
dant pas les moyens de se procurer le kaolin, c’est-
acdire li matière, prinéipale avec laquelle onqpouvait
fabrique Une séuler cimibre detcette argile existait
à Passau en Allemagne ; mais , commél'éxportation
n’én2 était pas permise ls on°auraitiété vbligé de ‘se
testréiidre All fabrication delalporcelaine tendre si
léhäsardin'avait pas ait découvririés-richés kaolins
dé! Bimbusin Mais enfin, 'énh116%), cettedécouvérte
eut lieu. « Serra
Ce fut: dans tétté Année que ‘atfemme: d'un chi
düréien ,[MéDainetsdontile nomdoit être transmis à
112 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
la postérité 7 fit apercevoir, sans s'en douter, la
richesse de la matière, qui était ax portes de
Saint-Yrieix , c’est-à-dire à dix lieues de Limoges.
M. Darnet croyait pouvoir utiliser l’argile pour le
blanchissage du linge. Après quelques épreuves, il
avait pensé que la matière contenait de l'essence de
savon naturelle , et avait cru devoir consulter sur ce
point un pharmacien de Bordeaux et sur les moyens
de l’extraire.
Après des essais, des expérimentations nombreuses,
des indiscrétions même, on parvint à avoir la
conviction que les terres blanches de Saint-Yrieix et
de ses environs étaient propres à la fabrication de la
porcelaine dure.
L'appât attaché à la découverte d'une carrière était
fort attrayant. La bonne argile, qui vaut maintenant
6 fr. le quintal, valait alors 100 fr., et c’est sans
doute à cette valeur exorbitante que nous devons
aujourd'hui la possession des nombreuses carrières
qui alimentent les fabriques de porcelaine qui se sont
successivement élevées en France, et plus tard en
Europe.
La découverte d’un bon kaolin ne suffisait cependant
pas pour obtenir une bonne fabrication : il fallait
apprendre à le mettre en œuvre. Cinq ou six ans
furent employés à des essais qui ruinèrent toutes les
entreprises particulières , et ce ne fut qu’en 4774que
la Manufacture royale de Sèvres mit en pleine activité
la nouvelle fabrication de la porcelaine dure.
Une fabrique fut créée à Limoges par les soins de
Furgot , alors intendant de la province , et par les .
travaux de MM. Gabriel Grellet frères. Des tâton-
I) ATTPROCÉÈSHVERBAUXE PAIN 143
nements:ptidessexpériencesamineuses engagèrent ces :
derniersacroffrin lneoéssion deslétis manufacture au
roi, qwiceni levintracqnérenrt en 47184. Cette! mani
faéture fut'alors'annekée à cellecde D M! el
Grelleten-futnommé direéteur..920111! 11 9% |
obasfabrieation nerprospéraitpas, ét cé! mibeutaiti sé!
démitderses; fonctionsoentr#788: M. AIRiIatd | 5 ing éLs
nieur-géographe du roisfut appelé à lerremplacer 1100
Les vices de l’ancienne manutention furent cotrigés®?!
dèss4dorsi ta manufacture des Eimoges”-reprit”"ame
noûveller activité; 7etse distingmanpar da PO LE
sé proditsuise sb 29domsld aorrot 28[ 9r5p moitoivm
da Heiutinits del 479M41qvintirentparalyser :
travaux. La fabrique était réduite aux produits ee
quelques: ventes ren lassienats2 Me! Aldaudedonna: sa
démission; les) ouvriers ‘ira payés sel dispersèrent 0:
etre 48 vendémiaire! am!iV }d&: HE germe fut
venduelaux sieurs Joubertet Cacattelsy 91199 6
PDanslemême temps, a AS ce
à Wimogesip dans: Se des?
Augustins par les soinsdé M: Mommeries15119 712
En 1798, M. Alluaud entreprit la cons es
d'une autre fatéfiyrres qu'une mort: ne ne ui
péraiitipas d'acheverdst ocmod ou timsido “11 254
"Ms de-LaSeimié), qui em avaitétabli né ga Bit 5
Yriéix:) fut remplacé :par:M Baignol,olFum des
anciens | tourneurs'ider da manafacturesroyalec-der,
Sévrestos ocislq ao dior 291vV42 9b slsvot stutostuneM 61
Nous constatonsricei-queg à! l’époque del'ivènement :!
dufconsulat-etde Fempire!, ces ‘cinq! fabriques étaient
les: seules qui ‘existassent dans "le département deckat
HamétViefinezstért dolor [order MM YA
8
114 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Mais la manufacture de Saint-Yrieix seule pros-
pérait ; les travaux de celles de Limoges étaient
presque abandonnés. A son retour de l’armée,
M. Alluaud fils achevait les travaux que son père
avait commencés : il rappela autour de lui les
anciens ouvriers de la manufacture royale, associa
ses frères à son entreprise, créa de nombreux ou-
vriers, et réunit successivement à l'exploitation de
sa fabrique celle de MM. Joubert et Monnerie.
M. Baignol, de son côté, vint se fixer à Limoges.
Sous l'empire, le Berri, le Nivernais, la Nor-
mandie et la Champagne virent élever des établis-
sements considérables, où la plupart de ceux qui les
avaient établis devaient marquer leur passage par de
nombreuses faillites.
Survint la restauration. Les bienfaits de la paix
fécondent l’industrie de la porcelaine : de nombreuses
manufactures s'élèvent non-seulement à Limoges,
mais dans les centres de population du département.
Saint-Léonard, Magnac-Bourg, Coussac-Bonneval,
Brigueil, Bourganeuf même dans la Creuse, tout près
de la limite de la Haute-Vienne, établissent des
fabriques.
À la révolution de 14830, quelques-uns de ces
établissements chancellent, d’autres succombent; mais
ils sont remplacés par de nouveaux entrepreneurs.
De nouvelles manufactures même s’'établissent à
Limoges, à Sauviat, à Solignac.
M. Alluaud, faisant ensuite apercevoir les progrès
de la fabrication dans notre département, donne les
explications suivantes :
Avant 1789, deux manufactures existaient.
PROCÈS-VERBAUX. 115
Sous la république, ce nombre était porté à quatre,
et, sous l’empire, il était de cinq.
En 1836, malgré les sinistres de quelques manu-
factures, la masse de la fabrication produite par
vingt-quatre fabriques, y compris celles des dorures
et des peintures, et représentée par quarante fours,
pouvait s'élever à la somme de quatre millions.
Il évalue à la moitié de cette somme l’émolumen-
tation des fabriques et ateliers de peinture à Limoges.
Il ajoute qu'aujourd'hui le nombre des fours à
porcelaine a tellement augmenté que l'on compte
dans la Haute-Vienne soixante-cinq fours en pleine
activité, et que l’on ne peut pas évaluer à moins de
six millions les produits de nos manufactures dans la
Haute-Vienne.
Il fait ressortir de ces faits que la Haute-Vienne
sera toujours le pays prédestiné pour la fabrication
de la porcelaine; que l'abondance et la modicité
relative du prix des matières sera toujours une
garantie du succès.
« En effet, dit-il, les matières les plus essentielles à
la fabrication de la porcelaine sont le kaolin, la
terre à gazette et le bois.
» Le kaolin est abondant, surtout dans les environs
de Saint-Yrieix : pendant plus de deux siècles encore,
nous trouverons là les matières qui nous seront
nécessaires.
» La terre à gazette, qui se trouve aux environs de
La Malaise, à quatre lieues de Limoges, pourrait, à
la longue, s'épuiser plus tôt que les carrières à pâte;
mais tous les jours il se découvrira de nouvelles
carrières de terre réfractaire.
146 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« Le bois ne manquera pas, et l'application de la
houille à la cuisson de la porcelaine viendra en
diminuer la consommation. Les nombreuses plan-
tations qui ont été faites depuis cinquante ans nous
garantissent une abondance suffisante de ce combus-
tible. »
Passant ensuite à l'examen des questions posées
aux paragraphes 3 et 4 de l’article 4‘, ainsi conçus :
« Les fabriques de porcelaine qui s'élèveraient dans
le voisinage des houillères pourraient-elles donner
lieu à une concurrence dangereuse pour les fabriques
du Limousin? — dans le cas où cette concurrence
serait à craindre, quels seraient les moyens dy
remédier? », M. Alluaud explique que, de 1783 à
1788, quelques fabricants, en France et en Angle-
terre, essayèrent de substituer la houille au bois
pour la cuisson de cette poterie. Mais ces essais furent
infructueux, et on fut obligé d'y renoncer : le prin-
cipal objet que voulaient atteindre les fabricants
consistait dans la beauté et la réussite constante des
produits, et le bois seul pouvait conduire à ce résultat.
Cependant , depuis que la porcelaine s’est introduite
dans tous les ménages, depuis que cette fabrication
ne s’en est pas tenue aux vases de haut prix, elle est
devenue l’objet d'un commerce de plus en plus consi-
dérable : il a donc été nécessaire de rechercher les
moyens les plus économiques.
Le bois empilé sous la halle des fours revient, à
Limoges, à 13 fr. le stère. À ce prix, il entre pour plus
d’un tiers dans le revient total de la fabrication.
Le département du Cher a voulu l’un des premiers
introduire l'emploi de la houille : la réduction du
PROCÈS-VERBAUX. 117
prix de revient, par l'usage de ce combustible, est
d'environ 16 °/..
M. Vital-Roux , de Noirlac, fit de nombreux ‘essais,
qui tous ne furent pas lucratifs; mais on eut la
preuve que la cuisson à la houille était possible. La
question se réduisait à ceci : bon choix du combus-
tible, bonne direction des feux, emploi des moyens
convenables pour éviter les inconvénients qui s'étaient
manifestés dans les premières fournées.
M. Vital-Roux, secondé par le directeur de la manu-
facture de Sèvres, M. Ebelmen, modifia et compléta
les premiers moyens. Les nouveaux produits vinrent
justifier les espérances qu’on avait conçues.
M. Ebelmen fit à ce sujet un rapport à M. le mi-
nistre de l’agriculture et du commerce. Il émit
l'opinion que les fours au bois ne pourraient soutenir
la concurrence des fours à la houille, et que la fabri-
cation de la porcelaine serait forcément obligée de se
déplacer, et de s'établir dans le voisinage des
houillères.
M. Alluaud appelle ensuite l'attention du Congrès
sur la position des fabriques de Limoges, qui toutes
n'ont pu et n’ont dû, peut-être sagement, transfor-
mer leurs fours au bois en fours à la houille. Il
explique les motifs des lenteurs, des tâtonnements
qui en ont été la suite. Dans le Limousin, nous comp-
tons soixante-cinq fours, dont cinquante et un au bois
et quatorze à la houille.
* La comparaison des frais de fabrication à Sèvres
donnée par M. Ebelmen avec les frais de fabrication
à Limoges ne peut se soutenir : la consommation
de 8 kilogr. de houille à Sèvres n’est chez nous que
de 4 kilogr. 570 gr.
118 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Il compare ensuite les prix de revient pour les
fabriques voisines de Commentry avec les prix de
revient pour les fabriques du Limousin.
Il fait ressortir les avantages de la position acquise
aux fabricants de Limoges : trente-quatre manufac—
tures de porcelaine en plein exercice ; la beauté et
l'abondance des matières premières ; la netteté, la
transparence , la blancheur des produits; dix-sept
ateliers de peinture ; trente maisons de commission ;
des fonds de roulement considérables; l'ancienneté
des relations ; la loyauté des transactions : tous ces
éléments de prospérité ne se déplacent pas facilement.
I en conclut que l’industrie des porcelaines en
Limousin n’est pas près de s'expatrier et de se trans-
porter ailleurs. ,
Cet exposé a captivé l'attention de ee ons
qui, par l'organe de son président, en a ns
toute sa satisfaction à M. Alluaud.
À une heure et demie , la séance est levée.
J.-J. ABRIA, secrétaire.
SEANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC.
La séance est ouverte à onze heures et demie.
Lecture et adoption du procès-verbal de la précé-
dente séance.
M. le comte d'Estaintot lit. au mom de M. Avan-
PROCÈS—VERBAUX. 119
turier, un remarquable et consciencieux travail sur
les assolements rationnels du Limousin, et surtout sur
un assolement de dix-huit ans établi dans sa pro-
priété de Lage.
Cette lecture terminée , M. le président dit que ce
travail sera soumis au comité des secrétaires gé-
néraux.
M. Bardy a la parole sur la question de savoir si le
Congrès de Limoges doit émettre le vœu que les com-
munaux soient partagés.
Dans une improvisation brillante , M. Bardy, après
avoir fait l'historique des communaux en France,
démontre, par une série de calculs, qu'il y a intérêt
pour l’ordre social à ce que les communaux soient
partagés en Limousin.
On fera ainsi disparaître des terres incultes ; qui
déshonorent nos contrées, et on créera, par là,
nombre de propriétaires, qui deviendront intéressés à
la conservation de l’ordre social.
Il croit donc devoir, au nom de la commission,
émettre le vœu que voici :
« Le Congrès, considérant que l’intérêt des familles
qui se vouent à l’exploitation du sol, les progrès de
l’agriculture , l'accroissement de la richesse nationale
et des ressources du trésor public, commandent à la
fois de placer sous le régime de la propriété privée
librement transmissible les biens communaux, qui,
dans l’état actuel de la législation et des usages,
demeurent les seuls fonds ruraux qu'il soit à peu
près impossible de rendre plus productifs , et, par
conséquent, plus utiles,
» Déclare adhérer aux vœux émis sur la matière
120 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
par le conseil général de la Haute-Vienne dans les
sessions de 1857, 4858 et 1859.
» Il déclare, en outre, émettre le vœu que ceux de
ces communaux dont, pour une Cause quelconque,
le partage ou la licitation ne seraient pas reconnus
praticables, soient amodiés à long terme. »
M. de Buzonnière, répondant à M. le rapporteur de
la commission , pense que nous n’avons pas le droit
de partager ce qui ne nous appartient pas. Les com—
munaux nappartiennent pas plus aux générations
présentes qu'ils n'étaient la propriété des générations
passées.
A une époque où l’on est trop enclin à grever
l'avenir pour satisfaire des jouissances présentes, on
devrait conserver cette dernière planche de salut.
Convertir les communaux en rentes serait une
faute. Les immeubles prennent tous les jours de la
valeur, lorsque les monnaies en perdent.
Une amodiation à long terme lui paraît préférable
à la licitation et au partage.
M. Gérardin se range à l'opinion de M. de Buzon-
nière : « Il n’y a pas urgence , dit-il , à partager les
communaux, lorsqu'il y a encore en Limousin
tant de terres incultes , et lorsque ce n’est pas la terre
qui manque aux cultivateurs, mais les bras qui
manquent à la terre. »
Le communal est le patrimoine du pauvre : l’en
dépouiller serait commettre une spoliation au profit
du riche.
D'ailleurs , le partage , ne pouvant s’opérer que par,
feu, n'augmentera pas d’un seul le nombre des
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PROCÈS-VERBAUX. 191
propriétaires, et la prospérité de l'État est peu
intéressée à ce que chaque propriétaire du Limousin
ajoute quelques ares de landes: aux bruyères qu'il a
déjà.
Ce n'est du reste pas au moment où, grâce à la
chaux, les terres de la Haute-Vienne prennent tous
les jours de la valeur qu’on doit liquider à vil prix
cette fortune amassée depuis des siècles.
Il croitqu’une pareille mesure, qui ruinerait tous les
prolétaires des campagnes, serait surtout malheureuse
à un moment où tant de séductions les appellent dans
les villes , et où ils se font de jour en jour plus rares
aux champs.
Il demande que le Congrès passe à l’ordre du jour.
M. Mahias , de Rennes, dit qu’il est incontestable
pour tout le monde que la propriété particulière est
mieux cultivée que la propriété commune; que l'in
térêt véritable de la France est que toutes les terres
soient cultivées.
L’amodiation à long terme lui paraît une folie :
quel est le particulier qui consentirait à affermer
pour cent ans ses héritagees sans que le prix de ferme
fût variable, avec les degrés d'amélioration et de plus-
value que ceux-ci pourraient atteindre ?
D'ailleurs il craindrait des luttes fâcheuses entre les
fermiers et les anciens communistes.
Après un remarquable résumé de M. le président,
la question est mise aux voix.
Le vœu émis par M. Bardy au nom de la commission
est admis à la majorité de seize voix contre huit.
L'amendement proposé par M. de Buzonnière, relati{
122 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
aux amodiations , a été retiré , et n’a pas été mis aux
VOIX. À
La séaace est levée à une heure et demie.
H. GÉRARDIN, secrétaire.
SEANCE DU 19 SEPTEMBRE 1850.
PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC.
Lecture est donnée des procès-verbaux des séances
des 16 et 17 septembre. Ils sont adoptés.
M. le président appelle la discussion sur les articles
2,3,4et5 de la section de l’industrie, ainsi conçus :
« Quel est l’état de la peinture sur porcelaine à
Limoges? — Quels progrès a-t-elle faits depuis plu-
sieurs années? » — «-Cet art est-il tout ce qu'il
pourrait être au point de vue de la forme, du goût et
de la couleur? — Pourrait-on tenter quelques nou-
velles combinaisons ? — Dans le cas où, au point de
vue artistique, la fabrication de Limoges laisserait
encore des perfectionnements à désirer, quels seraient
les moyens de les obtenir ? » — « L'art décoratif peut-
il donner lieu à un enseignement artistique régulier ?
En d’autres termes, peut-on définir et réduire à des
principes généraux un art dont la mode et la fantaisie
sont les principaux régulateurs? »
M. de Caumont prend la parole.
Il appelle l'attention de l’assemblée sur l’absence,
en France, de l'éducation professionnelle. Dans beau-
coup de nos villes industrielles, on effleure les
ENLT MENT 4
PROCÈS-VERBAUX. 193
questions; on ne pratique pas assez au point de
vue de l’art et du goût; on ne copie pas assez la
nature. Ses observations peuvent s'appliquer à la
ville de Limoges, qui, selon lui, ne s'attache pas
toujours aux formes gracieuses pour l'exécution de
certains vases de porcelaine, qui laissent à désirer
sous le rapport du goût. ,
Il profite de cette ciconstance pour démontrer la
nécessité de la création à Limoges d'un musée
céramique et industriel, dans l'intérêt de nos fa-
briques de porcelaine et de nos manufactures de
tissus.
Il commente les idées remarquables de M. Natalis
Rondot, émises par ce savant dans un rapport par
lui fait à la chambre de commerce de Lyon en
septembre 1858. Il les recommande à l'attention des
industries et des manufactures de nôtre ville.
À « Un musée céramique et industriel tel que nous
le comprenons, dit-il, doit avoir un caractère bien
tranché, un* cachet tout à fait local. Il éveillera et
développera le sentiment du beau; il formera le
goût; mais surtout il sera pour la fabrique un fonds
commun où l’on sera assuré de trouver tout ce qui
peut servir l'inspiration, élargir et élever les idées,
résoudre les difficultés, et réaliser de nouveaux
progrès. On y viendra étudier les ressources décora-
tives imaginées et développées dans les grands
siècles, chercher le secret de la simplicité, de la
grâce des Grecs et des orientaux. »
Ce musée comprendrait donc plusieurs divisions
principales : l’art, l’industrie et l'histoire.
Le plan que propose M. de Caumont est développé
124 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
par lui avec beaucoup de détails; il fait ressortir
tous les avantages qui en découleraient pour le
pays, et propose à l'assemblée l'adoption de la
proposition suivante :
« Le Congrès scientifique de France, convaincu
que les musées d'art et d'industrie sont d’une
incontestable utilité, émet le vœu qu'on établisse
des musées de ce genre dans toutes les villes
importantes, et à Limoges en particulier.
» Il demande
» 4 Qu'un musée industriel soit établi, à Li-
moges, dans un vaste local, autant que possible
voisin des autres musées, qui ne peuvent rester plus
long-temps dans le lieu où ils se trouvent aujourd’hui;
» 2 Que ce musée renferme avant tout les principaux
produits de la fabrique de Limoges depuis son
origine jusqu'au temps présent ;
» 3° Qu'il renferme, en outre, des dessins ou des
spécimens en nature reproduisant les formes les
plus gracieuses de la céramique chez les différents
peuples;
» 4 Les matières premières à différents états,
depuis leur extraction jusqu'à leur mise en œuvre ».
M. Abria reconnaît la nécessité de la création du
musée dont il s'agit, qui serait une exposition perma-
nente, et dit que la ville de Limoges s’est déjà occupée
de la question, mais que le défaut de fonds pour la
construction d’un bâtiment et de salles spacieuses ,
que, en définitive, il faudra bien édifier un jour, a
seul empêché ou retardé cet établissement.
M. le comte de Chasteigner se joint à M. de Caumont.
Il recommande de nouveau la lecture du rapport de
PROCÈS-VERBAUX. ” 195
M. Natalis Rondot , et en fait ressortir les propositions
qui peuvent s'appliquer à la ville de Limoges :
« On à trop l'habitude, dit-il, de s'adresser aux
administrations, à l’État, quand il s'agit d'œuvres
d’un intérêt général ou départemental : il faut que les
industriels , les chambres de commerce, agissent dans
l'intérêt du pays. Rouen, Bordeaux, Lyon, ont
dépensé des sommes énormes dans ce sens. »
La proposition de M. de Caumont est mise aux voix,
et adoptée à l’unanimité.
M. de Caumont rappelle ensuite un mémoire adressé
à la Société d'Agriculture de Limoges sur la multi-
plication du pommier à cidre. I1 appuie la proposition
que fait l’auteur, et demande qu’elle soit consignée au
procès-verbal.
Elle est ainsi conçue :
« L'étude des diverses espèces de pommes à cidre a
été commencée en Normandie il y a trente ans; elle
a été reprise et presque terminée par MM. Girardin et
du Breuil , de Rouen. On s’en occupe aussi en Picardie
et dans les contrées de la France où l’on fait du cidre.
» On aura donc bientôt un travail capital et complet
sur la pomme douce propre à faire le cidre : or il
importe que l'on fasse aussi le catalogue des pommes
cultivées en Limousin , et je propose au Congrès
d'émettre un vœu dans ce sens, afin que les sociétés
d'agriculture du pays s'occupent immédiatement de
la rédaction de ce catalogue et de l'étude comparative
des espèces de pommes que possède le Limousin.
» Si la section d'agriculture adopte cette idée, le
vœu pourrait être formulé dans les termes suivants :
« Le Congrès scientifique de France recommande à
426 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
» la Société d'Agriculture de Limoges de dresser le
» catalogue des pommiers cultivés en Limousin, de
» mettre le sujet au concours , et de récompenser par
» un prix ou une médaille l’auteur du meilleur mé-
» moire qui lui sera présenté sur ce sujet ».
La proposition est adoptée.
M. le comte d’Estaintot raconte ensuite que, dans
une excursion faite dimanche dernier , et par les soins
de MM. Avanturier et Nivet-Fontaubert, plusieurs
membres du Congrès ont visité les environs de
Solignac , du Vigen , et les tours de Chalusset. Ils ont
admiré les beaux sites, la belle culture et les riches
prairies de ces contrées; ils désirent que ces messieurs
recoivenit ici les remercîments du Congrès.
Le même membre rend compte en ces termes d’une
visite faite par plusieurs membres de la section dans
les ateliers de M. Tristchler :
MESSIEURS,
Une commission composée des membres faisant partie de la
section d'agriculture, d'industrie et de commerce, s’est rendue
dans les ateliers de M. Tristchler, constructeur mécanicien.
Cet honorable industriel a fait passer sous ses yeux les
nombreux instruments agricoles qu'il confectionne : M. le
président m'a prié de vous en donner un rapide exposé.
Sans autre préambule, nous citerons tout d'abord le con-
casseur, le coupe-racines, le régulateur, le rayonneur, le
buttoir, une machine à égrainer le maïs, la herse jumelle,
la houe à cheval, la charrue tourne-oreille, la fouilleuse
avec son soc de rechange , les tarares de différents modèles,
et les charrues calquées sur la charrue Dombasle. — Comme
l'application de ce dernier instrument au sol de la Haute-
Vienne nécessitait quelques modifications, celles qu'elle a
PROCÈS-VERBAUX. 127
subies dénotent de la part du constructeur une grande
intelligence d'observation.
Nous ne devons pas passer sous silence une charrue
Dombasle à déversoir à gauche. — L'’explication qu'on nous a
donnée de cette innovation mérite d'être consignée :
L'habitude du métayer du pays limousin est de se servir de
l'ancienne charrue romaine, dont le déversoir est à gauche.
Comme le progrès est généralement recu avec une excessive
défiance, M. Tristchler, pour en faciliter le développement,
a usé de cette petite supercherie, dont nous le félicitons bien
cordialement, puisqu'elle rend plus facile la transition de la
charrue ancienne à la Charrue nouvelle. ;
Nous aurions voulu vous entrétenir avec quelques détails
d'un appareil économique destiné à la cuisine du bétail. Tout
en pensant qu'il pourra être d’un bon usage dans la pratique,
d'après la description que l'habile inventeur nous en a donnée,
il serait peut-être téméraire de se prononcer dès maintenant
sur son mérite.
L'exposition de Bordeaux nous à privés de voir dans son
ensemble le manége de M. Tristchler : d'après les combi-
naisons mécaniques, il aurait l'avantage d'utiliser beaucoup
de forces perdues, et de diminuer, par l’engrenage qui lui à
été adapté, la force qu’il fallait généralement employer pour
mettre en mouvement les machines à battre.
Donner plus de solidité au manége, rendre son entretien
plus facile et moins coûteux, voici le but qu'on s’est proposé
d'atteindre.
Nous n'avons qu'a louer M. Tristchler des incessants
perfectionnements qu'il fait subir aux instruments appelés à.
développer notre richesse agricole. Le succès a couronné ses
constants efforts, puisque, depuis huit ans qu’il est établi à
Limoges, plus de deux mille sept cents instruments aratoires
sont sortis de ses ateliers pour être employés dans le dépar-
tement de la Haute-Vienne. Les médailles de première classe ‘
et les mentions honorables que M. Tristchler a obtenues aux
différents concours où il s'est présenté sont le témoignage de
son incontestable habileté et de la bonne confection de ses
produits.
128 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Notre voix n'est done que le faible écho des éloges que cet
honorable industriel a su mériter pour les services réels qu'il
a rendus à l’industrie agricole de son pays.
M. Bailly dé Merlieux rend compte dé la visite
faite par une commission du Congrès dans le bel
établissement agricole de M. Henry Michel,
Vigen. Tous ont admiré ses cultures , ses bestiaux si
la bonne administration qui préside à l'exploitation.
Son rapport est ainsi COnNCu :
MESSIEURS,
Notre honorable vice-président a, bien voulu me confier la
mission de recueillir, pour vous les transmettre, quelques
uates relatives à l'exploitation agricole véritablement modèle
fondée et dirigée par M. Michel à douze kilomètres de
Limoges. L
Cette exploitation est située au hameau du Vigen, à un
kilomètre de Solignac, sur la route de Saint-Yrieix, où
M. Michel à construit, sur le penchant du coteau, une
charmante villa, et dessiné un jardin paysager auquel
viennent se marier gracieusement les prairies et les terres de
la propriété. C'est donc une création nouvelle comme. cons-
tructions et disposition du terrain.
L'exploitation se compose de 60 hectares, dont 9 ou 10 en
belles prairies naturelles, qui occupent le fond du vallon de la
Briance : le lit de cette riviere, fort encaissé dans cette partie
de son cours, borne l'un des côtés de la prairie dans toute
sa longueur, Les autres 50 hectares sont en terres arables ,
maintenant toutes en culture.
M. Michel avait d'abord adopté l’assolement anadt eme :
mais actuellement il l'a porté à cinq années; savoir : deux
années successives de plantes sarclées, principalement des
racines, telles que betteraves, carottes, pommes de terre,
topinambours, dont vous avez vu les magnifiques produits
| PROCÈS-VERBAUX. 129
Sur le sol; — 3e année : avoine avec trèfle; — 4e : prairiearti-
ficielle; — 5e : froment.
M. Michel a fait récemment de très-heureux essais d'intro-
duction de la luzerne, et vous.avez admiré un champ où une
quatrième coupe présentait une admirable et épaisse végé-
tation. Pour cette culture, M. Michel fait amender la terre
avec 60 hectolitres de chaux par hectare, dépense qu’il évalue
à 90 ou 100 fr.
Pour citer quelques chiffres qui vous feront apprécier les
rendements et les résultats de sa culture, tels qu’ils nous ont
été transmis par M. Michel, nous vous dirons qu'il obtient,
en moyenne, 30 hectolitres de blé à l’hectare, 45,000 kilogr. de
betteraves, et des autres cultures dans la même proportion.
L'état parfait de propreté et d’ameublissement du sol, l’aspect
général des terres et le grand nombre de bestiaux qu’il entre-
tient, justifient pleinement ces produits. Ajoutons que, en
outre, pour augmenter la litière, qui lui fait défaut, il achète
de la paille de seigle, qu’on trouve communément dans le
pays.
Quant aux animaux, leur nombre se répartit ainsi :
Cinquante-cinq bêtes à cornes, dont huit de la race du pays
pour les travaux de la culture, et le surplus en Durham purs
ou croisés, destinés à l'engraissement et à la boucherie.
M. Michel a reconnu combien leur croissance et leur engrais-—
sement sont précoces, et, à trois ans, les Durham pèsent de
3 à 400 kilogr., et valent sur le marché de Poissy 5 à 600 fr.
_ Les bêtes de travail sont aussi mises à l’engrais à six ou
huit ans, et remplacées par d’autres. Tout le lait des vaches
est employé à la nourriture des élèves.
Les moutons sont au nombre de cent vingt, appartenant
aux races anglaises Costwood et Southdown. Les plus forts,
engraissés strès-rapidement, se vendent jusqu'à 50 fr. au
marché de Poissy.
La race porcine comprend habituellement quatre-vingts
animaux : M. Michel fixe son choix sur la grande et la petite
race blanche de New-Leicester : la petite s’engraisse plus
vite ; la grande donne des pores qui peuvent peser 250 kilogr.
9
430 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
à dix-huit mois, et elle est tellement féconde qu'une mère à
donné trois portées et trente jeunes en quatorze mois.
Enfin il y a huit chevaux logés et employés en dehors
de l'exploitation.
Les autres animaux occupent deux corps de bâtiments
distincts : l'un, dans la basse-cour, près de l'habitation,
se compose d'une enceinte demi-circulaire par laquelle la
nourriture est servie dans des bacs à tous les animaux,
au nombre de treize. Dans les angles de l'étable sont installés
les jeunes élèves. L'autre bâtiment, construit à la partie
culminante du territoire, est entièrement neuf : l’étable,se
compose d’un couloir longitudinal central par lequel on sert
les aliments des deux côtés à chaque travée, Où les bêtes
bovines passent leurs têtes entre les montants en bois pour
venir chercher la nourriture.
C'est dans ce vaste et beau local que les animaux sont
engraissés. I1ssont d’ailleurs soumis à une stabulation presque
permanente, et ce n’est qu'une partie des animaux, princi-
palement les vaches et leur suite, qui sont mis au pacage
dans la grande prairie naturelle après une coupe, qui est
très-abondante. Cette prairie est améliorée tous les quatre ou
six ans par l’engrais des béstiaux.
Dans une autre partie du bâtiment se trouvent les loges à
pores : elles Sont en bois, très-propres et analogues à celles
qu'on dispose pour ces animaux dans les expositions; la
litière y est abondante. Enfin un troisième local sert de
cuisine pour les bestiaux, il renferme hache-paille, coupe-
racines et appareils pour cuire les légumes à la vapeur, non—
seulement les cochons, mais les autres animaux, étant
en grande partie nourris avec des aliments cuits. Notons
cependant que les topinambours sont donnés crus, et très-
goûtés par tous les bestiaux. Le maïs en vert est aussi
un aliment important : les bêtes le préfèrent au sorgho,
dont M. Michel n'a fait, du reste, que de petits essais. Vous
avez pu voir sur pied une récolte très-belle de ce maïs,
et, d'après son épaisseur, le rendement doit être très-consi-
dérable.
Ainsi vous voyez que, en multipliant les prairies artifi-
PROCÈS-VERBAUX. 131
eielles et les racines, Ce qui est facile en se consacrant
spécialement à l'élève et à l’engraissement des bestiaux, on
peut les accroître au point d'arriver à une tête et demie de
bête bovine par hectare, résultat auquel est déjà parvenu
M. Michel, et qu'il espère bien dépasser au moyen de la luzerne.
Il n’est donc pas extraordinaire que, dans certains Cas, il y
ait avantage à mettre en culture les prairies naturelles.
Lorsque, en outre, on se livre à la multiplication.des races
dont la croissance et l'engraissement sont très-rapides, on
obtient un produit net en argent très-considérable.
Sous ce rapport, les prix de la main-d'œuvre, dans la Haute-
Vienne, sont très-favorables ; car il paraît que les valets de
ferme ne sont payés que 450 fr. par an, plus la nourriture,
pour laquelle on traite avec un maître-valet, en lui livrant
des denrées dont la valeur est de 70 fr. environ.
Notons que M. Michel obtient ses produits de la race
bovine, et les améliore par un superbe taureau Durham
écossais, couronné à l'exposition universelle de 1855, et qu'il
a payé 3,500 fr. Il nons a assuré que la fécondation des saillies
de cet animal était toujours très-assurée. Du reste, ses pro-
duits ont déjà valu à M. Michel un der prix des Durham et
vingt-quatre médailles d’or.
En résumé, lorsqu'on voit là Haute-Vienne posséder des
agriculteurs praticiens tels que M. Lasserre, qui a trouvé
avantageux de livrer à la culture les prairies naturelles,
considérées jusqu'alors comme les sols les plus productifs ;
M. Avanturier, qui obtient vingt-deux récoltes en dix-huit
ans, et nourrit une tête de gros bétail par hectare, tout en ven-
dant où consommant en dehors de l'exploitation les produits
des céréales; enfin M. Michel, dont nous venons de vous décrire
l'exploitation en quelques mots, on peut dire que ce départe-
ment n’a rien à envier aux contrées les plus favorisées, et qu’il
possède dans son sein des exploitations modèles, qu'il ne
S'agit que d'imiter avec discernement pour réaliser les progrès
de l'agriculture actuelle.
Passant ensuite à la 42° question de l’agriculture ,
4132 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
concernant la race chevaline , M. Alluaud dit que la
race limousine pure a presque disparu ; que l'anéan-
tissement de ce type est la conséquence fâcheuse des
croisements añglais : d'où la dégénérescence dont on
se plaint à si juste titre.
M. Avanturier est du même avis : « Les courses,
dit-il, ont fait apparaître la vigueur du cheval] pour
un moment donné, mais voilà tout. Si nous ne
cherchons pas à augmenter ,; à améliorer l’alimen-
tation de no$ animaux ; si nous ne profitons pas des
amendements çalcairespour obtenir une nourriture
plus saine, plus abondante, nous viendrons avant
peu à voir anéantir notre belle race limousine , dont
les qualités étaient si fort appréciées il y a quelque
quarante ans. »
M. le comte de Chasteigner se plaint de l’absence
au Congrès des principaux éleveurs de la Haute-
Vienne; il entre dans de longs détails sur l'éducation
des chevaux, sur l'utilité de conserver notre belle
race, réputée à si juste titre.
« Les ‘propriétaires , ‘dit-il ,' ont perdu dé vue
l'intérêt général: le jeu, C'est-à-dire les courses et
les produits de ces spéculations aléatoires, les à
entraînés. D Me) Mine
»/Les Chevaux anglais n’ont été” admis comme
étalons’ en France que parté qu’ils développent une
vigueur appréciable, quoiqu'elleé ne ‘soit que de
quelques ‘heurëés. Les chevaux arabes} qui auraient
dû être préférés au point dé vué des services à rendre
au pays, ont été repoussés à fort, et il est à regretter
que le sang anglais aït été uni au sang limousin; car
les produits qui en sont résultés n'ont plus de type. »
PROCÈS-VERBAUX. 133
M. Barufäi dit quelques mots pour appuyer les obser-
vations de M. de Chasteignier sur le cheval arabe. Il
insiste sur la nécessité de modifier l alimentation des
chevaux en France. Il faut retremper notre race dans
le sang arabe : en Orient les chevaux sont sobres.
M. l'abbé Pardiac est complètement de l'avis des
préopinants : il a étudié Ja race chevaline dans l'Asie,
le Liban, les lieux saints.
La séance est levée à une heure et demie.
J.-J 'ABRIA! Secrétaire,
r
SEANCE DU-90 SEPTEMBRE 1850911
PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC. r
. La séance est ouverte à onze heures et demie, ;
Lecture est: faite du. procès-verbal..(e..la séance,
précédente, -qui est adopté. : 0 |
M. Thévenot demande Ta role sur h Feet
chevaline, traitée dans la séance d'hier. Retenu. chez
lui pour cause de maladie, il regrette. de n'avoir pu
prendre part à la discussion.
fait ressortir la nécessité, Putilité Le le Gouver-
nement de protéger l'élève du cheval, .au.point de yug
surtout de l’arme de la Pa eleTe ur SM #00 ve
On à eu tort de s'attacher presque éxclusisetERE au
mélange du. sang anglais ,.qui.ne vaut pas le sang
arabe : « Dans la guerre de Crimée, dit-il, on a vu
134 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
les chevaux anglais défaillir devant les intempéries
du climat et la nourriture restreinte : les chevaux
des chasseurs d'Afrique, de sang arabe, ont parfai-
tement résisté à tous les incidents de la campagne. »
Le cheval limousin est. un cheval par excellence :
il provient de la race arabe. Il a fait ses preuves dans
les guerres des xvr et xvin: siècles. Son caractère,
sa bonne constitution, ont été reconnus de tout
temps. Sa rusticité, son agilité, sont des garanties à
tous les points de vue.
Les réquisitions et les guerres de l'empire l'ont
épuisé, ont amené la décadence de sa race.
Ces chevaux étaient recherchés autrefois par les
officiers supérieurs, par les hommes de la cour : donc
leurs qualités étaient parfaitement reconnues. Aujour-
d’hui on ne monte plus à cheval : on cherche des
attelages; mais ce n’est pas là un motif pour laisser
disparaître, pour ne pas encourager notre belle race
limousine.
Le cheval arabe est rustique de sa nature : il ne
succombe pas aux privations; il ne connaît pas
l'écurie; il ne connaît le mors que lorsqu'on lui
demande des services.
La cavalerie légère sera parfaitement montée lors-
qu'elle‘usera des chevaux arabes : vingt mille chevaux
arabes pourront battre cinquante mille chevaux
anglais.
M. Thévenot appuie ses dires d’un mémoire parfai-
tement développé. M. Mahias se joint à lui, en faisant
quelques observations sur les courses de chevaux,
qui, selon lui, n’atteignent pas le but que le Gouver-
nement se proposait dans l'origine.
PE
PROCÈS—VERBAUX. 435
M. le président donne lecture de l’art. 13 du pro-
gramme de l’agriculture, ainsi conçu :
« Quels sont les essais tentés dans la Haute-Vienne
pour améliorer les races bovines, ovines et porcines
par leurs croisements avec les reproducteurs de races
pures anglaises? — Ces croisements peuvent-ils être
recommandés pour l'avenir? — La propagation des
races anglaises pures serait-elle préférable à l’amélio-—
ration des races du pays par leurs croisements avec les
races anglaises? »
M. Avanturier lit un mémoire développé dans
lequel il préconise la race limousine bovine. — Il
réserve l'avenir. Il ne croit pas utile d'introduire la
race pure anglaise pour remplacer la race pure limou-
sine.
M. le président, rappelant les progrès faits par
M. Henry Michel dans son domaine agricultural, dit
que l'on ne peut pas donner M. Michel comme exemple
à tous; mais il juge qu'il y aurait utilité à faire
l'épreuve des essais de croisement de la race anglaise
avec la race limousine.
Quant à la race porcine, il reconnaît que le croi-
sement de la race anglaise avec la race limousine peut
être fort utile pour arriver à engraisser vite et faci-
lement.
M. le président donne lecture de l'art. 6 du pro-
gramme d'industrie, ainsi Conçu :
« Quelle direction artistique la fabrication des
tapis d'Aubusson et de Felletin a-t-elle suivie depuis
vingt années? — Faire l’histoire des produits de ces
fabriques depuis leur origine jusqu’à nos jours. »
M l'abbé Roy-Pierrefitte espérait que MM. Bos-
(36 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vieux, archiviste de la Creuse, et Cyprien Pérathon,
membre de la Société Française d'Archéologie, em
pêchés tous deux de se rendre au Congrès, auraient
fait l’histoire complète des manufactures de tapisseries
d’Aubusson et de Felletin. M. Bosvieux, dont le travail
paraîtra prochainement en un volume in-12,1 écrit
que, pour le terminer, il attend encore quelques notes.
M. Pérathon, dont M. Roy lit-Je: mémoire, parle
seulement de l'origine probable de la manufacture
d’Aubusson, et s'arrête à Colbert: Sur la proposition
de M. de Caumont, M. le président demande: le:com-
plément de cette étude, afin que le Compte-Rendu
du Congrès donne une réponsésatisfaisante à 1a:ques-
tion du programme sur les tapisseries.
Comme M. Pérathon s'était borné à parler d'Au-—
busson, M. 'Roÿ-Pierrefitté fait l'analyse d’une notice
historique sur ‘là manufacture ‘de tapisseries! de
Felietin lue par lui, dans une Séancé'de la Société
Archéologique et Historique du! Limousin, le 21
décembre 1854, et insérée’ dans ‘le tome: V''du
Bulletin de cette Société. Le but de cétravail, inspiré
par un patriotisme ardent, est dé prouver qu'aujour-
d'hui les teinturiers, les filateurs et les! ouvriers
tisserands de Fellétin et d’Aubüusson travaillent indif-
féremment pour lès marchands tapissiers de l’unetet
de l'autre ville; que, MM. Sällandrouze ayant des
ateliers dans les deux localités) Aubusson et Fellétin
sont sœurs en industrie, et devraient avoir uné gloire
égale. Des actes du xrv' siècle constatent que dès lors
Fellétin avait une manufacture! de draps; que plus
tard, en 1621, une ordonnance de Louis XTIT taxait
PROCÈS-VERBAUX 137
comme les petits draps pour doublures d’Aumale,
Beauvais, Abbeville, Amiens, ete.
Dès le x1v° siècle, FKelletin possédait aussi, sans
doute, une manufacture de tapis; et, puisque, le
20 avril 1512, une erdonnance de François I: réglait
le prix'de ses produits, il fallait que cette industrie
eût alors acquis à Felletin une certaine ‘importance.
Enftaxant ces tapisseries après celles de Flandre et de
quelques antres provinces ; lé roi s'exprimait ainsi :
« Tapisserie ou tapis de Kelletin, d'Auvergne ou de
Lorraine, et autres semblables, le cent pésant es-
timé:à 50 livres tournois ».
Du reste, au moïs-de juin 1567, 1en accordant à la
ville de Felletin l'établissement d’une bourse consu-
laire, qui malheureusement ne se maintint pas long-
temps, Charles IX motivait ainsi son édit : « Attendu
que. ladicte ville est des plus marchandes de tout
nostre dictipays de la Marche, et où s’y assemblent
plusieurs marchands de tout nostre royaume et autres
étrangers, dont le commerce et. traffic de marchan-
dises y est gardé ;, autant ou plus grand qu'en plu-
sieurs autres villes auxquelles, nous avons accoïdé
ladicte permission ».,, Et la vérité de cette affirmation,
si honorable pour Felletin, se prouve par l'acte Iui-
même, puisque le-juge.et.les deux consuls devaient
“être. élus en l'assemblée de trente des plus notables mar-
chands habitans, ou ;échevins en ladicle. ville. Ce nombre
:.de trente marchands. tapissiers en suppose un plus
considérable, et, déjà il est extraordinaire dans une
ville dont la population actuelle n’est que de. trois
mille cinq cents âmes,
Sous le règne de Henri IV (1601), la piété de ces
138 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
tapissiers produisit un chef-d'œuvre digne des meilleures
manufactures de Flandre, et dont on para l’église
de Beaumont pour défier plus tard Aubusson, la
superbe rivale, de surpasser cette perfection. (Mémoire
de 1770.) Mais il y avait alors à Felletin plus de huit
cents ouvriers qui vivaient de cette industrie.
Aussi le bon roi, en autorisant les fabricants de
Flandre Comans et de La Planche à s'établir à Paris
(4607), daigna déclarer par ses lettres-patentes que
cette manufacture, qui fut depuis la manufacture royale
des Gobelins (1667), ne préjudicierait point à celles
des tapisseries de haute-lice de Felleiin, Beauvais et
autres du royaume.
Au moment où la révolution du dernier siècle
commença, la manufacture de tapisseries de Felletin
occupait plus de huit cents ouvriers. Il y a cent vingt-
six ans, l’avidité de quelques marchands de Felletin
faillit ruiner la manufacture de cette ville, parce qu'ils
voulurent à la fois confectionner et teindre, quoiqu'ils
n'entendissent rien à l’art de teindre, puis parce que
à ce tort ils ajoutèrent celui d'emprunter pour leurs
tapisseries le nom d’Aubusson, alors plus honora-
blement connu que celui de son émule. Felletin a
payé trop cher ces manœuvres indignes, et depuis
long-temps son honneur est vengé : M. le baron
Sallandrouze de Lamornaix, dont les belles tapisseries
ont fait tant d'honneur à Aubusson, qu’il habite,
et qui possède, comme à Aubusson, une manufacture
à Felletin, où son père est né, M. le baron Sallan-
drouze , fondant, en mai 1856, une association anglo-
française de tapisseries qui se fabriquent dans les
deux villes, a-t-il fait acte d'un intelligent patrio-
PROCÈS—VERBAUX. 139
tisme en les appelant tapisseries d'Aubusson et de
Felletin.
En terminant, M. Roy-Pierrefitte demande la per-
mission de signaler à l'attention du Congrès un orphe-
linat agricole, nommé Providence, fondé par les sœurs
du Saint-Cœur de Marie de Treignac sous le puissant
patronage de Mgr Berteaud, évêque de Tulle, et sous
l'habile direction de M. l’abbé Lansade, ancien vicaire
général à Tulle, dans l’ancienne abbaye d'Obasine
(Corrèze). On y recoit de petites paysannes, qui seront
« élevées dans toute la simplicité de leur condition,
et formées pour la vie laborieuse des champs ».
En même temps M: Roy dépose une brochure de
trente-quatre pages intitulée Les Religieuses du Saint-
Cœur de Marie à Obasine, brochure dans laquelle il dit
ce que fut le monastère d'Obasine, et la transformation
qui vient de le relever de ses ruines.
La séance est levée à une heure et demie.
J.-J. ABRIA, secrétaire.
SBANCE DU 24 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. LE VICOMTE DE GENOUILLAC.
La séance est ouverte à onze heures et demie.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu, et
adopté.
La parole est à M. de La Ménardière pour un
rapport sur la colonie pénitentiaire de Mettray.
140 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
e rapport, remarquable à tous égards, est terminé
par l'émission d’un vœu ainsi Conçu :
« Le Congrès scientifique de France, séant à Li-
mog'es, dans lessections d'agriculture et du commerce,
constate avec satisfaction les résultats que continue à
obtenir la colonie pénitentiaire de Mettray, et s'associe
aux espérances que donne la nouvelle maison de cor-
rection paternelle ».
Le vœu de M. de La Ménardière esf mis aux voix,
et adopté.
Sur la 5° question industrielle , relative à l’ehsei-
gnement artistique, M. de Caumont demande que la
question soit, en l'absence de'’M. Drouin et de
M. Tudot, qui s'étaient eng'agés à la traiter, renvoyée
au prochain Congrès.
La discussion est ouverte sur'la'7* question : « Quels
progrès se sont accomplis, depuis 1830, dans la
fabrication des droguets et flanelles pa la Haute-
Vienne ? »
M. Abria regrette que lés hommes spéciaux ne
soient pas présents pour (traiter ne question aussi
importante; il constate que , tepüis 48304 il y a eu des
progrès sérieux réalisés dans cetté industrie.
M: Alluaud explique qu'autrefois on faisait des
étoffes dont la trame était tout en fil : aujourd'hui la
trame est en coton et en laine ; 1e fil est peu employé.
Sur la 8° question : «Préciser les Causes qui ont fait
abandonner pendant ‘un certain temps la fabrication
du papier dans la Haute-Vienne ‘indiquer ce qui peut
rendre aujourd’hui prospère la même industrie »,
M. Alluaud dit que, il y a une quarantaine d’annéés,
la fabrication du papier était prospère dans la Haute-
PROCÈS-VERBAUX.. A&
Vienne. — Elle a été momentanément presque ren-
versée par la concurrence d'Angoulême,
Aujourd'hui il s'est établi à Limoges trois vastes
usiness qui devront donner des résultats; car les eaux
de ce pays sont plus favorables à cette fabrication
que les eaux calcaires,
M. de Caumont dit.que le papier fabriqué d’après
l’ancien système est meilleur et plus durable que
le papier à la mécanique. Il croit que quelques pape-
teries à bras pourraient encore prospérer en France ;
car aujourd'hui on va acheter en Hollande tout le
papier à la main nécessaire à la consommation, qui
est encore considérable.
9 question. :. « Influence.des chemins de fer sur les
industries et le commerce du Limousin et de la ville
de Limoges en particulier. »
M. Alluaud présente, une série d'observations qui
tendent à prouver .qu'il y à avantage pour tout le
monde, et pour le pays surtout, à ce que le réseau de
chemins de fer projeté, soit terminé. au plus tôt.
M. Mallevergne explique que les chemins de fer ont
été, en, Limousin, -très avantageux: à l’agriculture
surtout : ils permettent. l'introduction: de la chaux à
A fr. les 50 kilogr., cer qui coûtait auparavant
3 fr.environ. n 204
Avant que les membres de la section d'agriculture se
séparent, un membre.de Passemblée croit devoir préco-
niser la culture des choux à vache, et en conseille
l'introduction en Limousin.
Il dit que ce choux se planteen juin, à la charrue,
après avoir, au-préalable, trempé le plan dans de
l’eau imprégnée de fiente de vache : on peut planter
142 : CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
par hectare jusqu'à 16,000 choux, qui, à 5 kilogr.
l’un, donnent 80,000 kilogr. de fourrages.
M. le vicomte de Genouillac, au moment où vont se
terminer les séances de la section d’agricalture,
remercie de nouveau MM. les membres du Congrès de
la distinction dont on a bien voulu l’honorer; il
remercie en même temps les habitants de Limoges de
l'accueil cordial qu'ils lui ont fait.
La séance est levée à une heure et demie.
H. GÉRARDIN , secrétaire.
TROISIÈME SECTION.
SCIENCES MÉDICALES.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1859.
M. le docteur Bouteilloux, doyen d'âge des médecins
de Limoges, préside la séance.
M. Dépéret-Muret remplit les fonctions de secré-
taire.
MM. les docteurs Ancelon, de Dieuze (Meurthe), et
Timotéo Riboli, chirurgien de l'hôpital des Chevaliers
de Turin, assistent à la séance.
M. le président annonce l'ouverture des travaux de
la 3° section du Congrès. Il invite les membres
présents à procéder, par la voie du scrutin, à la
Constitution du bureau définitif par la nomination
d’un président et de deux vice-présidents.
Après le dépouillement du scrutin, sont proclamés :
Président, M. Bouteilloux ; vice-présidents, M. Bar-
dinet, directeur de l'école de médecine de Limoges,
et M. Ancelon.
144 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. le docteur Fougères est élu secrétaire en rem-—
placement de M. Bardinet, nommé vice-président.
M. Bouteilloux exprime à ses confrères toute sa
gratitude, et leur promet un concours affectueux
dans la mesure de ses forces, qui ne trahiront pas,
il l'espère, sa bonne volonté.
La section procède au règlement de l’ordre de ses
travaux.
M. le président donne lecture des questions officiel-
lement proposées aux discussions du Congrès. « La
section, dit-il, accueillera avec plaisir les communi-
cations qui seraient faites en dehors du programme. »
Il invite ceux de ses confrères qui auraient quelque
travail spécial à présenter à vouloir bien s'inscrire, et
prendre rang à l'ordre du jour des séances.
MM. Lemaistre, Brun-Séchaud, Ancelon, Labor-
derie, promettent deslectures surlesquestions disposées
sous les n° 4, 5,7 et 10 du programme.
Plusieurs membres se réservent de prendre la parole,
et de participer aux discussions que ne manqueront
pas de soulever l'examen des questions soumises au
Congrès et les travaux particuliers des membres
adhérents.
En dehors du programme officiel, des travaux
spéciaux sont promis :
Par M. Lemaistre, sur la phthisie pulmonaire;
Par M. Thouvenet, sur l'emploi de l’iodure de potas-
sium contre les affections diphtéritiques.
M. Boulland présentera une série de pièces d’ana-
tomie microscopique et de préparations sur l'oreille.
Vu l'absence de plusieurs membres adhérents, et
aucun des membres présents ne se trouvant en mesure
PROCÈS—VERBAUX. 145
de prendre la parole, la section décide que ces derniers
travaux pourront être entendus et discutés avant
Ceux du programme officiel.
Les séances auront lieu, tous les jours, à deux
heures précises, et se termineront à quatre heures,
moment fixé pour les séances générales du Congrès.
MM. les élèves internes de l'hôpital et MM. les étu-
diants sont autorisés à assister aux réunions, et à
participer aux travaux de la section.
M. Laborderie commence la lecture d’un mémoire
Sur la fièvre puerpérale. Sur l'observation de plusieurs
membres, et conformément aux usages de toutes les
réunions Scientifiques , le mémoire de M. Laborderie
ayant été imprimé, publié et mis en vente, la section
arrête qu’il ne sera pas lu en séance : sous toutes
réserves, en faveur de M. Laborderie, de son droit
d'assister aux séances, et d’y prendre la parole ;
en faveur du Congrès ; de ne prêter l'oreille qu’à des
arguments sérieux, dépouillés de tout caractère de .
manifestation au profit d’une doctrine, aujourd'hui
jugée, et dont le moindre inconvénient serait une
perte de temps regrettable (1).
A. DÉPÉRET-MURET, secrétaire.
(4) Dans la séance Suivante, M. Laborderie a protesté contre
cette décision. La section, par les motifs indiqués, a cru
devoir persister dans sa détermination.
10
146 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE,
SÉANCE DU 44 SEPTEMBRE 1859,
PRÉSIDENCE DE M. BOUTEILLOUX.
Le procès-verbal de la séance précédente est In et
adopté.
M. Boulland présente :
4e Une gravure sur nacre, remontant à la fin du
xvu' siècle, et reproduisant divers sujets relatifs aux
sciences médicales et chirurgicales ;
% Un pied de femme chinoise modelé en plâtre. Les
quatre derniers orteils sont luxés et renversés sur la
plante du pied, infiéchis vers le gros orteil , qui lui-
même est incliné vers le bord externe du membre. Il
résulte de cette disposition que le pied est considéra-
blement amoindri dans ses diamètres antéro-pos-
térieur et transversal ; qu’il présente la forme d’un
moignon arrondi; que les conditions de mouvement
et des fonctions du pied sont profondément modifiées :
d’où la difficulté de la station et de la marche.
Ce procédé est-il le seul employé par les Chinois
pour réduire le diamètre et le volume du pied,
réduction à laquelle, on le sait, ils attachent une
haute valeur ? Quelques voyageurs modernes pensent
que les femmes destinées à subir cet amoindrissement
sont soumises à l’extirpation des trois derniers orteils,
de manière à ne conserver que le deuxième et le pouce.
On dit à l'appui de cette assertion quela luxation des
orteils est difficile à opérer et à maintenir; mais
elle est confirmée par le témoignage d’un missionnaire
qui a long-temps habité la Chine.
7
PROCÈS=VERBAUX. \£
Disposition semblable s'observe souvent, à un
moindre degré, il est vrai, pour quelques orteils
sous l'influence de compressions ou inflexions pro-
longées, volontaires, ou par l'usage de chaussures
mal appropriées au volume et à la forme du pied.
« Enfin la compression nécessaire pour l'obtenir, dit
M. Brun-Séchaud, aide elle-même à l’atrophie du
membre, et répond mieux au préjugé des ha-
bitants de la Chine, qui ont horreur des opérations
sanglantes (1) . »
Récemment, à l'hôpital de Limoges, dans le service
de M. Mazard, nous observions un enfant nouveau-né
(1) Les femmes de Lima sont renommées pour la gentillesse
de leurs petits pieds. Dès leur naissance, elles subissent
l'extirpation des petits orteils. Beaucoup d'adultes mêmes se
soumettent à cette opération pour se débarrasser de leurs cors.
On prétend que de l'union de deux personnes amputées pendant
trois générations résulte un défaut congénial qui se transmet
à tous les enfants. À Paris, dans les premières années de ce
siècle, un chirurgien s'était fait une certaine réputation,
parmi les belles dames qui désiraient se distinguer par
l'exiguité de leurs pieds, par sa complaisance, que Marjolin
qualifait sévèrement, à pratiquer l’ablation d’un des orteils
de chaque pied. Marjolin ajoutait que deux fois il avait été
supplié d'opérer, et qu’il avait nettement refusé.
On compromet , en effet, l’art et sa dignité en le faisant
servir à des mutilations dangereuses, et pour contenter des
intérêts si peu respectables.
L'absence du petit orteil permet ainsi au pied de se
conformer à l’étroite élégance de petits souliers à la mode qui
paraissent imaginés dans la prévision de cette amputation.
Elle n'empêche pas la danse ni la marche, exercices desquels
les femmes chinoises sont obligées de s'abstenir.
(Extrait de l’Union médicale, 1859 , 11, 249.)
148 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
atteint d'un curieux vice de conformation des pieds el des
mains. |
M. Verdeau, interne du service, a bien voulu nous
fournir une note résumant ces anomalies :
Muin droite. — Les phalanges des cinquième et qua-
trième doigts sont réunies, et donnent naissance à un doigt
auriculaire muni de deux ongles. Les métacarpiens des trois
autres doigts sont à l’état rudimentaire, et font saillie sous
la peau. 11 n’y a pas trace de phalanges.
Main gauche. — Même difformité. Seulement le métacarpien
du pouce est assez volumineux, et se termine par un petit
doigt rudimentaire, privé dongle. — Les deux doigts auricu-
laires sont assez mobiles et assez forts.
Pieds. — Difformités identiques. Les deux derniers méta-—
tarsiens sont, Comme à la main, réunis, mais plus inti-
mement, et sont terminés par un petit orteil bien conformé.
Les pouces sont également bien conformés, disposés en
crochet, remplissant le vide laissé par l'absence des deuxième
et troisième métatarsiens et des orteils qui doivent les ter-
miner. Les pieds ont l'aspect d’une fourchette à deux dents.
L'enfant est fort, ne présente aucune autre difformité.
La peau qui termine les extrémités est lisse, sans traces de
cicatrice ou d’induration, conforme en tout à celle qui
recouvre le reste du membre.
M. Boulland expose une série de préparations sur
l'oreille moyenne et interne du veau, reproduisant,
sous une forme amplifiée, en quelque sorte, les
détails de configuration, de relief et de rapports des
diverses parties constituantes de l’appareil auditif.
La section remercie M. Boulland, et le félicite de
l’habileté remarquable dont témoignent ses intéres-
santes préparations.
M. Lemaistre lit un travail sur l’Anfluence de l’exer-
PROCES-VERBAUX. 149
cice à pied et au grand air dans quelques cas de phthisie
pulmonaire en Limousin.
_ Le défaut d'exercice, le séjour habituel dans un air
non renouvelé, paraissent à M. Lemaistre une des
causes les plus actives de la phthisie pulmonaire.
Il fonde cette opinion sur la rareté relative de la
tuberculisation parmi les personnes qui travaillent
et vivent en plein air, exposées même à toutes les
vicissitudes atmosphériques, mais exerçant le système
musculaire ; celles dont les conditions professionnelles
exigent un grand déploiement d'activité musculaire,
des changements de résidence fréquents, dans des
conditions de température et d'influence climatérique
variables; — sa fréquence chez ceux qui s'imposent
ou subissent une vie sédentaire, dans les prisons, les
ateliers, par exemple, exercent peu le système
musculaire, respirent un air non suffisamment renou-
velé. Il cite quelques observations de malades phthi-
siques à divers degrés. Les accidents ont été enrayés
par le changement dans le régime, une activité
favorable succédant à une vie sédentaire plus ou
moins absolue.
La navigation, les voyages, l'équitation, la fré-
quentation des bains de mer et des eaux minérales,
le changement de climat, ont été conseillés aux phthi-
siques dès l'antiquité la plus reculée, et la science
contemporaine conserve les sages traditions et les
utiles préceptes de nos devanciers. M. Lemaistre
attribuerait volontiers à la nécessité de l'exercice,
dans ces conditions nouvelles d'existence, dans des
milieux atmosphériques renouvelés et purs, le bénéfice
que les malades retirent de l’observation de ces pres-
150 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
criptions, dont l'utilité ne saurait être contestée,
consacrées par l'expérience de tous les temps, plus
sagement appréciées par les recherches modernes, et
donnant une raison plausible de quelques guérisons
spontanées ou attribuées aux seules forces naturelles,
qui étonnent le médecin, font époque dans sa pra-
tique, et, dans tous les cas, doivent le conduire à ne
pas trop se laisser aller au découragement et à l’abs-
tention en face d’une affection dont la gravité extrême
ne semble pas se jouer toujours des efforts et des
prescriptions de la science.
M. Bleynie, à l'appui de l’opinion de M. Lemaistre,
rapporte plusieurs faits considérables, et surtout
l’histoire de deux jeunes malades, prédisposées héré-
ditairement, présentant déjà tous les signes rationnels
et physiques de la phthisie. M. Bleynie conseilla l’exer-
cice prolongé et au grand air, sur des ânesses
d'abord, puis à pied, dans la mesure des forces ;
il y joignit du lait d’ânesse, puis une alimentation
substantielle, riche en chlorure de sodium. Douze
à quatorze ans se sont écoulés, et les malades
jouissent d’une santé parfaite.
Il possède d’autres faits moins probants, mais très-
encourageants en faveur de cette méthode; de sorte
qu'il trouverait que M. Lemaistre serait trop réservé
plutôt qu'exagéré dans ses conclusions, « surtout,
répète-t-il, si à l'exercice conseillé on peut joindre
une alimentation substantielle ».
« Les observations de M. Lemaistre, dit M. Dépéret-
Muret, méritent très-sérieuse considération. Nous
sommes, il faut bien le reconnaître, désarmés en face
de la phthisie pulmonaire. C’est ici surtout que le luxe
PROCÈS-VERBAUX. 151
des moyens thérapeutiques ne fait que mieux dévoiler
l’indigence réelle de l’art, l'absence de médicaments
sérieusement et réellement efficaces. Si les influences
hygiéniques ont une incontestable puissance pour
déterminer la production des tubercules, ou tout au
moins la faciliter chez les sujets prédisposés, c'est aux
ressources de l'hygiène qu’il faut demander les moyens
les plus rationnels et les plus efficaces pour prévenir,
enrayer et même guérir la phthisie.
» Les travaux modernes ont singulièrement éclairé
la notion des conditions organiques qui accompagnent
la tuberculisation. Les individus chez lesquels les
poumons commencent à se tuberculiser présentent
dans leur sang cette modification particulière de
composition qui appartient aux constitutions dé-
biles : les globules diminuent dès le début , et cette
diminution augmente avec les progrès du mal, et
sous l'influence des complications hémorrhagiques et
diarrhéïques qui surviennent. Il existe chez la plupart
des phthisiques , lorsque la maladie est parvenue à
un certain degré, une véritable anhémie : d’où l’étio-
lement, la décoloration, l’affaiblissement, appréciables
dès les premiers temps de la maladie. L'albumine
diminue aussi, même à une époque peu avancée. Le
sang tend donc rapidement à s'appauvrir, soit sponta-
nément , soit sous l'influence des pertes subies par l'or-
ganisme. — La condition du sang qui vraisembla-
blement précède la phthisie est celle que l’on retrouve
dans tous les cas où, par une cause quelconque,
les forces vitales ont perdu de leur énergie, où
la constitution présente un notable affaiblisse-
ment. » (V. ANDRAL, Hématologie pathologique, p. A4 ;
159 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
— BECQUEREL et RopbiEr, Chimie pathologique ,
p. 208.)
Contre cet état constitutionnel qui précède et favo—
rise l'apparition des tubercules, leur développement
et leur envahissement successifs, les moyens conseillés
par MM. Lemaistre et Bleynie ne semblent-ils pas
tout à fait convenables pour lutter contre ses causes les
plus actives : l'alimentation insuffisante et peu répa-
ratrice, l'air vicié et impropre à une bonne sangui-
fication, enfin la vie sédentaire et l'absence de cette
excitation éminemment tonique résultant de l'exercice
musculaire, surtout dans un air libre et renouvelé ?
La voie tentée par M. Lemaistre semble donc émi-
nemment rationnelle, et, pour sa part, M. Dépéret-
Muret pourrait fournir à l’appui un certain nombre
de faits assez probants. Il a vu aussi, sous l'influence
d’une alimentation convenablement substantielle,
proportionnée à l’état des voies digestives, et la vie
active en plein air jointe à des occupations propor-
tionnées aux forces du malade, mais toujours exi-
geant une notable action musculaire , l’état du phthi-
sique s'améliorer, la maladie marcher au moins
d’une manière plus lente et moins pénible.
« Mais, ajoute M. Dépéret-Muret, l’étiologie est
presque toujours chose très-complexe. Les influences
qui préparent et provoquent le développement de la
phthisie sont le plus souvent multiples, bien qu’a-
gissant toutes vers un but commun : la débilitation
de l’économie , l’altération de la nutrition, la dimi-
nution de l'énergie vitale. Il faut tenir compte des
prédispositions héréditaires ou acquises; car elles
peuvent fournir des indications prophylactiques de
PROCÈS—VERBAUX. 153
grande valeur. Le plus souvent, au défaut d'exercice
s'ajouteunealimentation insuffisante, disproportionnée
avec les forces ou l’état des organes, les déperditions
occasionées par le travail professionnel. Sans doute,
l'air, ce pabulum vitæ, dans ses conditions de pureté,
de renouvellement facile, est une des principales
conditions de la bonne santé, et M. Baudelocque
a savamment démontré toute l'influence de ses alté-
rations pour la production des scrofules ; mais il faut
s'enquérir encore de ses conditions hygrométriques
(l'humidité habituelle, suivant M. Fourcault, est une
cause puissante de la production des scrofules et des tu-
bercules) ; de l'absence de lumière, cause d’étiolement
pour les êtres organisés ; de sa température ; de ses
adultérations par des mélanges infectieux, pulvérulents
ou autres. — Que dire encore de la malpropreté habi-
tuelle, de l’incurie des soins de la peau, des vêtements
peu appropriés aux vicissitudes des saisons, etc. ?
» Dans notre maison centrale, si riche en tuber-
culeux, plusieurs de ces conditions se trouvent
réunies : défaut d’insolation et d'exercice; humidité ;
alimentation insuffisante, surtout en qualité, peu
réparatrice; et joignez à cela le silence, la transition
subite d’une vie active, trop souvent tourmentée par
les excès, les passions et les vices, à une existence
règlementée, en quelque sorte, dans toutes ses con-
ditions, les préoccupations, les chagrins. Dans nos
ateliers , il faut faire la part des conditions du travail,
de l'encombrement, des excès de travail à un âge
trop tendre, et surtout des poussières diverses, cause
incessante de bronchites, de laryngites, de troubles des
fonctions pulmonaires.
154 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
» Les rouliers, les hommes d’affaires, les commis
voyageurs, cités par M. Lemaistre, ont, en quelque
sorte, des professions de choix, peu accessibles à des
organisations débiles et délicates. D'ailleurs, les
conditions d'existence sont, en général, heureuses, et
permettent les moyens propres à satisfaire aux besoins
de l’économie, à conserver l’équilibre des fonctions et
l'intégrité des organes.
» Dans le monde, ajoute M. Dépéret-Muret, on est
très-disposé à négliger nos conseils en dehors des
prescriptions pharmaceutiques. Chacun se croit autorisé
à se diriger à sa guise en tout ce qui concerne
la diététique, l'alimentation, l'exercice et le repos.
L'intervention du médecin est indispensable ici pour
la mise en œuvre, le choix et l’utile emploi des
éléments actifs et assez compliqués qui composent la
médication conseillée par nos confrères; pour déter-
miner l'opportunité de l’alimentation et de l'exercice,
le choix, la nature, le degré d'activité des moyens,
qu'il faut savoir varier, règlementer, doser en quelque
sorte, suivant les circonstances et les périodes de
la maladie, les complications, etc. On comprend
encore que cette médication trouvera de nouvelles
chances de succès dans le contraste plus marqué qu’elle
rencontrera ou qu'elle établira avec les habitudes
et les conditions antérieures d'existence.
» N'oublions pas enfin que la marche et la durée de
la phthisie sont très-variables. S'il est des malades
chez lesquels en quelques mois la tuberculisation
accomplit toutes ses périodes, il en est d’autres qui
résistent long-temps, parcourent lentement toutes les
phases de la consomption, meurent debout en quelque
PROCÈS-VERBAUX. 155
sorte, et alors même que les poumons présentent
d’incroyables désordres. Enfin la phthisie peut rester
stationnaire : tout peut se borner à quelques tuber-
cules, qui pourront s’enkyster, passer à l’état crétacé ;
à quelques cavernes, qui pourront se cicatriser, rester
à l’état de cavités closes. Et, ici encore, nous croirions
volontiers à l'utilité de la médication proposée par
M. Lemiaistre, qui permet d’ailleurs, autorise même
l'emploi simultané des iodures, des ferrugineux, des
huiles animales, etc., dont l'utilité, bien que ren-
fermée dans des limites assez étroites, n’en est pas
moins démontrée par l'expérience de tous les jours. »
M. Bouteilloux trouve dans les souvenirs de sa
longue et belle pratique des faits à l'appui de l'opinion
de MM. Lemaistre et Bleynie. « Cependant, ajoute-t-il,
on ne peut établir à ce sujet aucune règle générale et
absolue : l'exercice est très-utile si la circulation est
calme, s’il n’y a pas de fièvre, en un mot, en l'absence
de tout état aigu, de toute pyrexie ou inflammation
coïncidente. Le diagnostic de la phthisie, surtout à sa
première période , dit encore M. Bouteilloux, est loin
d'être facile et infaillible : des congestions pulmo- .
naires, des catarrhes, peuvent simuler la tubercu-
lisation, dans les cas surtout où se rencontrent des
prédispositions héréditaires ou autres , et le traitement
conseillé peut encore être très-utile en modifiant la
constitution, en imprimant une autre direction aux
actes vitaux, aux tendances pâthologiques. »
M. Bouteilloux croit à la guérison de la phthisie ;
il rappelle, entre autres, le fait d’une dame de
Limoges observé, à l’époque, par bon nombre de ses
confrères : elle présentait de vastes cavernes dans les
156 CONGRÈS SCIÉNTIKIQUE DE FRANCE.
poumons et tous les signes de la phthisie à la période
dernière. Cette dame a guéri : l'oreille ne trouve plus
de caverne ; les forces et l’embonpoint sont parfaits. Il
reste une grande disposition aux bronchites; quelques
hémoptysies paraissent encore de temps en temps.
Elle était d'une famille de phthisiques. Sa guérison
remonte à dix-huit ans,
Sans parler des nombreuses guérisons de ‘phthisie
que l’autopsie fait découvrir sur les vieillards morts
dans nos hôpitaux, M. Boulland peut en citer un
exemple , qu'il a rencontré récemment à Vichy, sur
un médecin, ancien chef de clinique du professeur
Rostan , autrefois déclaré phthisique, aujourd’hui
plein de force et de santé. Ce médecin, assurément
très-compétent dans la question , attribuait sa gué-
rison à l’exercice actif pris en plein air, joint à la
douce distraction de la pèche à la ligne.
En résumé , M. Bouteilloux approuve l'exercice dans
les conditions indiquées par M. Lemaistre, en l'absence
de tout état fébrile, de tout état aigu , en qualité de
moyen prophylactique puissant. Souvent même il sera
utile de joindre à cet exercice personnel les secousses
du mouvement communiqué par le cheval, l’ânesse,
la voiture ; mais, dans tous les cas , il faudra le sur-
veiller , le diriger, le régler, et ne jamais le porter
jusqu’à la faiblesse et l'engourdissement.
M. Bouteilloux remercie M. Lemaistre de sa remar-
quable communication, qui sera insérée dans le
Recueil des actes du Congrès.
A. DÉPÉRET-MURET , secrétaire.
PROCÈS-VERPBAUX. 157
SEANCE DU 15 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. ANCELON.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu par
M. Dépéret-Muret, et est adopté.
M. Ancelon prend la parole sur la 10° question du
programme : « L’étendue de la vie moyenne a-t-elle
augmenté ou diminué en Limousin? »
« Cette question, dit M. Ancelon, ne présente pas
à l'esprit un sens assez clair. Qu’entend-on par wie
moyenne? À-t-on voulu savoir l'âge moyen des morts,
ou l’âge moyen des vivants de tout âge? Il était essentiel
d'établir cette distinction, et c’est pour avoir négligé
de le faire que les grands travaux de Duvillards et
ceux de Deparcieux sont si dissemblables. Pour Du-
villards, en effet, la vie moyenne de la France au
XvuI° siècle est de 28 ans 3/4, tandis que Deparcieux
en étend la limite jusqu’à 36 ans 11 mois; et cette
erreur provient de ce que Duvillards à indiqué l'âge
moyen des morts, pendant que Deparcieux comptait
l’âge moyen des vivants. Ces faits établissant d’une
manière positive que la vie moyenne a diminué à
la majorité, pendant qu'elle augmentait à la naïis-
sance, il en résulte que la question posée dans le
ProgTamme est complexe, et non simple comme on
semble l’admettre, et partant insoluble. »
M. Ancelon pose ensuite les données d’un principe
de philosophie auquel on ne peut espérer de toucher
utilement que par les chiffres positifs de la statistique :
« Quelle est la vie moyenne qu'il est avantageux
158 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
d'accroître? » — Il n’est pas difficile de comprendre
tout ce que ce problème présente d'élévation, et on
voit déjà où sa solution doit conduire. Aussi M. An-
celon ne l’a-t-il abordé qu'avec la plus grande réserve ;
mais les chiffres portent avec eux des arguments
tyranniques, et force a été à M. Ancelon de conclure
quela viemoyennequ'ilestle plus important d'accroître
est celle qui est la plus menacée. Ce qui s’est passé
à Paris depuis le xvrrr° siècle, ce qui s’est passé en
France, l’établissent d’une manière péremptoire. Que
signifie, en effet, ce nombre toujours égal de conscrits
depuis environ 30 années, pendant que la population
électorale diminue, ainsi que le Corps législatif l’a
reconnu en 4857? Et, si la population totale n’a pas
cessé d'augmenter dans cet intervalle, ne faut-il pasen
conclure que l'augmentation a été en entier afférenteà
la population mineure. De plus les naissances dimi-
nuent depuis environ trente ans, et la mortalité étant
plus considérable, n'est-il pas évident que l’augmen-
tation des décès a frappé sur la population majeure?
« C’est en vain, dit M. Ancelon, que quelques statis-
ticiens modernes ont conclu que la vie moyenne avait
augmenté à tout âge : l'erreur est manifeste, et elle
provient de ce que les enfants, les jeunes gens, les
vieillards, ont été groupés ensemble, comme des
unités de même ordre et de même valeur. » M. Ancelon
appuie son opinion sur des chiffres et sur l'opinion si
compétente de M. Carnot (1).
M. Dépéret-Muret répond à M. Ancelon que la
(4) La note de M. Ancelon sera reproduite dans la % partie
du Compte-Rendu.
PROCÈS-VERBAUX. 159
question à été posée par la commission générale, qui
est bien excusable d’avoir ignoré notre pauvreté
en documents statistiques. Pour lui, comme pour
M. Thouvenet, qui lui aussi avait songé à s'occuper
de cette partie du programme, cette question ne
pouvait aboutir. Les matériaux pour la traiter man-
quent presque complètement. Depuis quelques années
seulement , des commissions de statistique sont orga-
nisées dans la Haute-Vienne. La constatation officielle
des décès par des médecins est de création récente , et
n'existe qu'à Limoges même. Il faut donc savoir
attendre, et tout fait espérer que, l'attention étant
dirigées vers cet ordre de recherches, des travaux
sérieux seront entrepris ou continués dans cette
direction. Nous pouvons citer une étude assez complète
sur la statistique de la ville de Pierre-Buffière près
Limoges, de 1842 à 1853, que nous devons à un
honorable médecin de cette localité, M. le docteur
Dépéret, qui a dépouillé et analysé les registres de
l'état civil pendant cette période, et formulé les ré-
sultats obtenus par des chiffres, qui donnent la
moyenne des naissances, des décès, et de la durée de la
vie. La commune étudiée ainsi réprésente sensiblement
les conditions diverses des populations de notre dépar-
tement, et les résultats obtenus peuvent s'appliquer à
celui-ci assez approximativement. M. Dépéret-Muret
promet pour une prochaine séance une note à ce sujet.
M. le docteur Timoteo Riboli, chirurgien à l'hôpital
des Chevaliers à Turin, donne lecture de quelques
observations qui viennent répondre à la 6° question
du programme : « Quels sont les meilleurs procédés
opératoires pour guérir les fistules vésico-vaginales ? »
160 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« J'avais l'intention, dit M. Riboli, de traiter la
6° question dans un travail qui eût eu toute l'étendue
que comporte un sujet aussi important. Diverses
circonstances, et surtout les affaires d'Italie, m'o-
bligent, bien à regret, de ne vous communiquer
aujourd’hui que le sommaire de trois observations de
fistules, dont deux opérées à l’aide de mon ins-
trument : M
La Are observation concerne une jeune femme âgée de
35 ans, opérée quarante jours après son accouchement. —
La fistule était petite, longitudinale; les tissus, relâchés.
Aussi m'a-t-il été bien facile de baisser la paroi vésico-
vaginale au moyen de mon instrument, méthodiquement
introduit, et convenablement placé dans la vessie, et de faire
une suture, suivie de guérison parfaite.
Pour la 2e opération, pratiquée à la clinique de M. le pro-
fesseur Borelli dans l'hôpital des Chevaliers de Turin, les
choses se sont passées différemment : la fistule était trans-
versale , et tellement grande que mon instrument, complè-
tement ouvert, avait peine à maintenir les bords de la solution
de continuité. C'est M. Borelli lui-même qui s'était chargé de
la manœuvre chirurgicale, et qui, d'après mes conseils,
pratiqua deux incisions latérales, suivant la méthode de
MM. Simpson et Jobert de Lamballe, dans le but d'arriver à
un abaissement plus facile. — La guérison se fit un peu
attendre, parce que le retard apporté à l'enlèvement des fils
donna lieu à l'existence de pertuis , qu'il nous fallut cicatriser
par la cautérisation.
Le 3e fistule, observée dans le même hôpital et à la même
clinique, était immense, et ne put être maintenue par mon
instrument ; l'abaissement ne put être produit, même en
employant les érignes de Museux. L'occlusion totale de la
vulve fut opérée sans succès.
« Je me propose, dit M. Riboli, de vous offrir, l’an
PROCÈS-VERBAUX. 164
prochain, au Congrès de Cherbourg , un‘ travail
complet sur cette intéressante matière.
» Vous le savez, ajoute M. Riboli : cette terrible
infirmité était restée comme un défi jeté à la science
chirurgicale , non pas , il est vrai, que l'opération ne
pût pas être tentée, mais parce qu'elle l'était d’ordi-
naire dans des conditions telles que l’insuccès était
presque assuré d'avance. M. Jobert de Lamballe lui-
même, cette grande illustration chirurgicale , n'avait
pas été plus heureux par sa méthode par glissement.
J’ai cherché à tourner la difficulté, et mon instrument
ne simplifie pas seulement le procédé opératoire ;
mais il en diminue considérablement les lenteurs, si
désespérantes pour l'opérée, et fait, d’une opération
dont le succès était tout au moins douteux, une
opération sûre et facile.
» L’instrument est des plus simples : c’est un cathéter
de grosseur ordinaire, fenestré sur les deux côtés,
à son extrémité, dans une étendue de 7 centimètres;
Nil est Parcouru par un mandrin, qui se termine, à son
extrémité, par deux lames brisées, lesquelles ont elles-
mêmes un autre point d'attache au bout du cathéter.
Le mandrin, par un mouvement de va-et-vient, fait
sortir ou rentrer les lames brisées à travers les espaces
fenestrés du cathéter. Dans le mouvement, elles s’é-
Cartent en formant un losange. Une rondelle et une
vis servent à régler à volonté la marche de l’écar-
tement, et à le fixer dans le degré voulu.
» Quant à l’application, elle se fait par l’urètre etsur
le trigone de la vessie (en écartant le losange). On a
au milieu de la fistule un point d'appui, soit pour le
ravivement et le rapprochement des bords , soit pour
11
162 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
la suture transversale ou longitudivale qu'on se propo-
sera de pratiquer.
» Cet instrument permet donc d’abaisser et de saisir
convenablement les bords de la fistule, et fait dispa-
raître ainsi une des difficultés les plus sérieuses [de
l'opération. »
La section remercie.M.:Riboli de son intéressante
communication. Son affectueuse sympathie: était. ac-
quise à M. Riboli, dont elle connaissait l'honorable
caractère et les beaux services pendant nos dernières
guerres. Elle recoit avec gratitude la promesse d'un
travail complet sur cette importante question pour le
Congrès de Cherbourg.
M. le docteur Brun-Séchaud ; de Chalus, confirme
tout ce qui à été dit par M. Riboli. Comme lui, il a vu
de nombreux insuccès, et il‘a cherché et peut-être
trouvé un instrument qui facilite l'emploi de la suture
enchevillée , la plus avantag'euse des Sutures. « Si cette
suture, dit-il, a été si négligée, cela tient aux diffi=
cultés que l’on rencontre dans la pratique, et, dans
l'espèce, dans son application au traitement des fis-
tules vésico-vaginales. »
Pour surmonter cet obstacle, M. Brun-Séthaud se
sert d’une aiguille recourbée à manche, longue de
45 à 18 centimètres, ayant un chas près de sa pointe,
et une rainure sur la face convexe de la courbure. Un
fil double est passé en dessus la convexité, et, lorsque
les tissus ont été traversés de dedans en dehors, l'anse
de ce fil est saisie en dessous de la courbure avec
une pince, qui la dégage. Après cette manœuvre,
l'aiguille est retirée , transperce de nouveau de dedans
PROCÈS-VERBAUX. 163
en dehors les tissus du côté opposé, puis les fils sont
dégagés, et les cylindres placés.
Cette aiguille, d’une simplicité remarquable, offre
un moyen commode de pratiquer la suture enche-
villée dans certaines cavités, et complète parfaitement
l'instrument de M. Riboli.
À propos de quelques esquilles très-fortes enlevées à
l’avant-bras d’un soldat autrichien blessé à Solferino,
M. Riboli fait connaître le traitement qu’il emploie
dans les cas de fractures comminutives compliquées
de plaie. Suivant en cela toutes les indications fournies
par M. Baudens, ex-chirurgien en chef du Val-de-
Grâce, M. Riboli se sert exclusivement des irrigations
eau froide, et, grâce à ce puissant moyen ,.il pré-
yient ou arrête les graves accidents qui se développent
à. la suite d’une inflammation trop violente. Les
esquilles montrées par notre confrère sont sorties de la
plaie sans opération sanglante; elles ont été bientôt
remplacées par une matière dure, osseuse, qui sou-
tiendra admirablement les tissus.
M. Fougères, après avoir remercié M. Riboli de son
intéressante communication, s'attache à démontrer
tout ce que l’observation peut avoir de contradictoire
pour l’opinion et les théories de M. Sédillot.
Selon M. Fougères, les idées émises par M. Sédillot
à propos de l’évidement des os seraient par trop
absolues. Combinant ensemble les diverses théories sur
la nature et la formation du cal, il pense que non-
seulement la formation de l’os a lieu par le périoste,
mais encore dépend : 4° de la concrétion du sang fourni
par les vaisseaux déchirés; 2% d’un suc ou lymphe
plastique provenant des tissus voisins plus ou moins
164 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
intéressés ; 3° de l’épaississement graduel de ce sang et
de cette lymphe et de leur organisation. — Cette
théorie mixte, qu'il accepte, est fondée sur les belles
expériences de Duhamel, de Breschet, de Villerine,
de Dupuytren.
La nature, la forme du fragment d'os présenté par
M. Riboli, la formation de ce nouveau tissu reconnu
par lui, en seraient la preuve la plus irréfragable.
M. Thouvenet pense, contrairement à M. Fougères,
que, dans le cas cité par M. Riboli, le périoste n’a pas
été détruit, et qu'il doit être considéré comme l’agent
principal, sinon exclusif, de la reproduction du nouvel
os. Si M. Riboli a trouvé un tissu osseux prêt à se
former, c'est que le périoste de cette partie de l'os
nécrosé avait été séparé, et que déjà un travail
de sécrétion osseuse avait eu lieu.
M. Fougères objecte que, l'os ayant été, en quelque
sorte, ruginé par la suppuration, il n’est guère
probable que le périoste, membrane si ténue et si
intimement unie à l’os, n’ait pas subi le sort de celui-
ci. De plus l'os était fracturé : dès lors n'est-il pas
plausible de croire que la membrane a été également
déchirée, et que sa vitalité a été diminuée?
M. Brun-Séchaud possède des faits à l'appui de
l'opinion de M. Fougères. Il les fera connaître quand
il traitera la 7° question du programme, ainsi conçue :
« De l'opération proposée par M. Sédillot sous le nom
d'évidement des os ».
L. FOUGÈRES , secrétaire.
PROCÈS-VERBAUX. 165
SÉANCE DU 46 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. ANCELON.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et
adopté.
Conformément au désir manifesté par M. Riboli,
M. le président forme deux commissions : l’une,
composée de MM. Boudet, Boulland et Mandon, qui
devra s'occuper de la 14° question du programme, et
rechercher si l’on observe chez les habitants du Li-
mousin une conformation particulière de la tête;
et l’autre, pour lâquelle sont désignés MM. Riboli,
Bleynie et Dépéret-Muret, qui est chargée de faire
visiter l'hôpital et les établissements de charité aux
membres de la section des sciences médicales.
M. le docteur Thouvenet donne lecture d’un mé-
moire sur le traitement de la diphthérite.
Après avoir indiqué que la diphthérite est, depuis
quelques années, devenue endémique à Limoges, et
cela avec des caractères d’une gravité telle que
les traitements préconisés jusqu'ici (1) ont été le
plus souvent impuissants à la combattre, M. Thouvenet
a cru devoir chercher un moyen plus efficace de
traitement. Pour se créer une base rationnelle d’inves-
tigation, il a expérimenté comparativement l’action
de diverses substances sur le produit diphthéritique,
(1) Calomel, chlorate de potasse, insufflation d'alun, tartre
stibié, cautérisation,
166 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
la fausse-membrane, et il a obtenu les résultats
suivants :
4° Dans une solution d’azotate d'argent, la fausse-
membrane blanchit d'abord, se raccornit après deux
heures, un peu plus les jours suivants, mais sans
perdre de sa ténacité.
Une variante de cette première expérience a montré
que le sel d'argent traversait la fausse-membrane au
bout d’une heure et demie seulement.
2 La fausse-membräne plongée dans une solution
concentrée de chlorate de potasse ne subit aucun
changement après trois jours.
3° La solution de tannin raccornit, rend friable et
cassante la fausse-membrane.
# Celle-ci, plongée dans une/Solution d'iodure de
potassium, se ramollit, s’hydrate au bout de onze
heures. À la trente-cinquième heure, elle a l'apparence
d’un mucus; la dissolution se complète les jours
suivants.
5° La solution de perchlorure de fer durcit la fausse-
membrane au bout d'un mois. Il n'y a pas d'autre
effet produit.
C’est en présence de ce résultat que M. Thouvenet
s’est cru en droit de fonder quelques espérances sur
l'emploi de l’iodure de potassium dans le traitement des
maladies couenneuses. Il n'a pas espéré d'atteindre les
fausses-membranes déjà formées. « Poursuivre un
pareil but, dit-il, serait chimérique; mais est-ce
forcer le raisonnement par analogie que de dire
L'iodure de potassium porté dans la circulation,
mêlé au sang, éliminé par les follicules muqueux,
et, par conséquent, mélangé aux éléments de la
PROCÈS-VERBAUX. 167
sécrétion de ceux-ci, ne pourra-t-il pas atteindre,
au moment même de sa genèse, le produit diphthéri-
tique, «et agissant sur:les. éléments non encore com-
binés de: celni-ci,-empêcher,. a, fortiori cette combi-
»maisen qu'ika le pouvoir de détruire.une fois qu’elle
est opérée, ou qu'elle existe dans, toute sa. force?
:11Dès lors-on n'aurait plus qu'à débarrasser les
‘organes des-:membranes .déjà formées, et, pour cela,
les procédés ne manquent pas.
Dans trois cas, rapportés par M. Thouvenet, l’iodure
ide potassium a eu sur la marche de la maladie
une influence évidente et heureuse; et, si les mem-
-branes existantes ne sont pas tombées, au moins la
maladie a-t-elle été enrayée.
M. Thouvenet a plusieurs fois administré l’iodure de
potassium dans des cas de:croup; mais la maladie
svétait si avancée, le traitement a été de si courte durée,
“qu'il n’a-pu rien en-conclure, sinon que, une fois de
plus, il lui était prouvé que l’on ne pouvait compter
-sur les bons effets du médicament qu'autant que
" Jamaladie était attaquée, dès le début, qu'autant enfin
que le médicament était éliminé par les follicules de la
| muqueuse: i
Ce qui vient corroborer encore l'opinion de M. Thou-
+ venet sur l'influence heureuse de l’iodure de potas-
sitüum, c’est qu'il l'a fait prendre, à titre de préservatif,
à quelques énfants qui vivaient dans un milieu diph-
théritique , et il n’a pas vu-la maladie se déclarer sur
eux.
‘0 Passant ensuitelà exposé. des phénomènes qui ont
-1suivi l’administration du médicament, M. Thouvenet
dit que, dans tous lescas,où: l'iodure de potassium
168 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
avait une action salutaire sur la maladie, il avait
déterminé la congestion des muqueuses nasale et
oculaire, et que, dans ces cas, l’inflammation s'était
étendue au larynx et aux bronches.
Il termine en invitant ses confrères à expérimenter
ce moyen ;: s'il est bon, il sera le bien venu; s’il est
mauvais, qu'on lui fasse son procès.
L'assemblée félicite M. Thouvenet de son remar-
quable travail, résultant de longues et sérieuses
recherches. 1
M. Lemaistre reconnaît la valeur des observations
de M. Thouvenet; mais il est loin de proscrire la
cautérisation dans le traitement de la diphthérite. Il
est persuadé qu'elle a rendu et qu'elle rend tous les
jours les plus grands services. Si quelquefois elle
échoue, c’est qu'on l’emploie là où elle ne peut être
utile. Il existe bien évidemment deux formes de
diphthérite : l’une aiguë, franchement inflammatoire,
débutant d'emblée chez des enfants forts et vigou-
reux : c'est le vrai croup, et, dans ces cas, les caus-
tiques n'ont que peu ou pas de prise; l’autre,
chronique, n’arrivant jamais que chez des individus
déjà débilités par d’autres maladies, sans réaction
inflammatoire en quelque sorte : c’est la diphthérite
avec atonie, et, dans ce cas, les caustiques, les exci-
tants, les fortifiants, donneront de bons résultats.
« Ce phénomène, ajoute M. Lemaistre, n’a rien
d'étonnant : il est la conséquence du traitement par
substitution , et il est probable que l’iodure de potas-
sium à été administré dans des cas semblables. »
M. Thouvenet ne: saurait être de l’avis de M. Le-
maistre quant à la division du croup en aigu et en
PROCES-VERBAUX. 169
chronique. Ce que beaucoup de praticiens considèrent
comme croup aigu n’est autre chose qu’une stomatite
ulcéro-membraneuse, qu’une angine herpétique. On
voit dans la bouche ou dans le pharynx quelques
plaques grisâtres ou blanches, on croit à la diphthé-
rite : c’est cette erreur qui fait croire à l'efficacité des
émissions sanguines, et qui donne ces succès si mer-
veilleux annoncés par quelques médecins.
Le croup véritable est le résultat d’une infection
générale : ce n’est pas une maladie locale, accessible à
un traitement local. Les émissions sanguines sont
blâmées par. les praticiens les plus autorisés. La
cautérisation n’est pas seulement inutile : elle est dan-
gereuse, ainsi que M. Thouvenet l’a établi dans un mé-
moire lu à la Société de Médecine. Reste le traitement
général, celui qui a pour butde combattre l'infection
de neutraliser la disposition des sécrétions muqueuses
à devenir pseudo-membraneuses : c’est à ce titre qu'il
propose avec confiance l’iodure de potassium.
M. Mandon reproche au travail de M. Thouvenet
d’être l’analogue de celui de M. Ozanam. — Il se
demande ensuite comment M. Thouvenet n'a pas
distingué entre les expériences qui mettaient en
contact des liquides avec des tissus détachés et celles,
au contraire, où ils se trouvent en rapport avec les
tissus vivants. Dans les expériences rapportées par
M. Thouvenet, la réaction des tissus, la réaction
organique est complètement sacrifiée, et on ne saurait
se baser sur les résultats obtenus sur des fausses
membranes détachées, n'étant plus vivantes, pour
espérer les retrouver sur les malades eux-mêmes.
Ce n’est pas sur un produit inerte que le médecin doit
170 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
agir , mais sur l’économie. Il est prudent de se garder
de cet'engoûment que, pendant quelque temps , on à
pu avoir pour certains HCRCATHENS donnés en vue de
théories chimiques.
M. Mandon demande encore pourquoi, en présence
des résultats obtenus, résultats coïncidant avec l’irri-
tation des voies supérieures,-et l'utilité de la saturation
étant admise, les doses d'iodure de potassium n'ont
pas été poussées beaucoup plus loin. M: Puche, dans
“es. cas d'accidents syphilitiques tertiaires, a pu admi-
nistrer l'iodure jusqu’à la dose de 30 grammes, et il
lui est même arrivé de ne pas reculer’! er, SATAERS
iodique. GAP CM
Enfin M! Mändon craint que és Cas ‘obsérvés par
M. Thouvenet ne soient pas des observations de véri-
table croup, où n'aient été de ces'cas su qui
guérissent spontanément.
Le chlorate de potagse ne lui ‘ävait=il pas donné à
lui-même; lors de ses preiniers essais , des résultats
aussi satisfaisants que ceux obtenus par M. Thouvenet
au moyen de l’iodure de potassium ? Aussi’) tout en
félicitant M. Thouvenet surses réchérches , il croit
devoir rester fidèle à la médication par le chlorate , la
seule encore LES Jui PRES De 5e be
fiañce:” (91
M. Thouvenet répond qu'on ne saurait établir dana-
logie entré Son travail et celui de M. Ozamam: il
a étudié l’iodure de potassium, ‘et son ae lé
bromure de potassium.
La seconde 6bjéction de M.'Mandon n'aurait de
valeur que si on assimilait les fausses membranes aux
tissus vivants ; ce qui n'est pas ) puisqu'elles ne sont
PROCÈS-VERBAUX. 171
qu'un produit de sécrétion. On.est donc fondé à con-
elure des observations faites sur ce produit détaché de
la surface sur laquelle il est déposé à ce qui se passera
lorsqu'il est encore adhérent. D'ailleurs M. Thouvenet
a eu-soin d’énoncer l'intention d'agir sur. les pseudo-
membranes déjà formées. Les travaux et les ten—
dances de M. Mandon donnent droit à M. Thouvenet
de s'étonner de ce qu'il blâme les applications des
théories chimiques.
On demande pourquoi on n'a pas donné de plus
fortes doses d’iodure : c'est parce que celles administrées
ont paru suffisantes en raison des phénomènes de phlo-
grose des membranes muqueuses.
Puisque les malades de M. Thouyenet ont guéri , on
peut mettre en doute qu'ils fussent. morts traités par
une autre méthode; mais, autant qu'un fait de ce
genre peut être prouvé, on peut croire qu'il s’a-
gissait de. cas graves, parce que, dans le voisinage,
d’autres enfants atteints du même mal dans le:même
temps avaient succombé, et parceïque l'épidémie était
très-meurtrière: - 2 4440 tro
M. Dépéret-Muret, suivant en,cela la voie tracée
par notre respectable doyen M. Bouteilloux , combat
cette tendance, trop, générale aujourd’hui, de ne
s'occuper que de la spécificité des maladies, et dela
recherche des moyens curateurs spécifiques, né-
gligeant les éléments communs qui se présentent dans
toutes les maladies, même celles qui semblent le
mieux frappées du caractère de spécificité, et les
indications qui en découlent. H ya danger pour
l'avenir à rechercher continuellement des spécifiques,
ét à diriger ces spécifiques contre des maladies qui
172 . CONGRÈS SCIENTIFIQUE DÆ FRANCE.
ne présentent pas toujours les mèmes caractères, soit
qu'on les examine au point de vue anatomique,
soit qu’on les observe au point de vue dynamique.
La saine thérapeutique s’y oppose. Certainement le
chlorate de potasse, comme l'iodure de potassium,
comme la cautérisation, sont utiles suivant les cir-
constances ; et ce serait une faute grave de généra-
liser leur emploi, d'y recourir comme méthode pres-
que exclusive, toujours et dans tous les cas.
M. Dépéret-Muret estime qu'il y a beaucoup à faire
encore pour l'étude des affections diphthéritiques. Les
lésions locales, quelle que soit leur importance, ne
sont qu'un des éléments de la maladie, et ne suffisent
pas à la caractériser. Les fausses membranes de l’ar-
rière-gorge s'observent dans des états morbides qui
n'ont rien de commun avec la diphthérite, et leurs
caractères objectifs ne suffisent pas pour différencier
ces diverses espèces morbides, distinction cependant
de haute importance La grande valeur des lésions
locales dans les affections diphthéritiques justifie
certes les recherches et les travaux institués pour les
modifier, les détruire, empêcher leur envahis-
sement vers le larynx. Mais ces fausses membranes
ne sont qu'un effet, une détermination locale de
l'affection , et les moyens qu'on dirige contre elles ne
s'attaquent qu'à un des éléments de la maladie,
élément de grande importance sans doute, mais qui
n'est pas toute la maladie pour M. Dépéret-Muret. Il
existe peu de croups aigus inflammatoires primitifs,
pour se servir du langage de M. Lemaistre : il y a
maladie générale, affection entachée d’un caractère
septique, infectieux , frappant l'organisme entier, do-
PROCÈS—VERBAUX. 173
minant les manifestations pharyngées et laryngées,
inflammatoires et exsudatoires, manifestations secon-
daires, graves par leur siége, mais ne conduisant pas
aux indications thérapeutiques essentielles. Des
enfants succombent sans accidents de suffocation et
même guéris des lésions pharyngées et laryngées : la
dernière épidémie en a fourni des exemples. Le trai-
tement du croup, comme celui de la variole et de la
fièvre typhoïde, ne saurait donc se borner à un seul
ordre de moyens, à une seule médication : on doit
tenir compte de tous les éléments de l’état morbide, de
la prédominance des accidents locaux ou généraux,
des caractères de l’épidémie régnante, deses tendances,
des conditions de prédisposition, de tempérament des
malades, etc. De là le danger d’une médication
exclusive, et l'utilité des divers agents médicamenteux
ou chirurgicaux, locaux ou généraux, qui peuvent
trouver leur moment d'opportunité et la raison de
leur administration.
L. FOUGÈRES, sercétaire.
SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. ANCELON.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et
adopté.
L'ordre du jour appelle l'examen et la discussion des
questions relatives à la statistique et à la topographie
médicales, à l'hygiène publique et privée du dépar-
174 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
tement de la Haute-Vienne et de la ville de Limoges.
M. Dépéret-Muret demande la parole. « Lorsque le
programme des questions soumises au Congrès nous
fut communiqué, dit-il, notre première impréssion
fut un sentiment de profhée gratitude pour la bonne
part que la commission organisatrice faisait aux
recherches intéressant la science et la pratique médi-
cale, l'hygiène publique et privée de notre province.
» Nous comprenions la haute Importance attachée à
la solution de ces divers problèmes, promettant des
documents sérieux et utiles à l'administration comme
à la pratique médicale. Ef d’ailleurs, si, dans notre
province ; à Limoges surtout , nous avons a depuis
quelques années , des PISE Sérieux dans la voie de
l'hygiène DAUE et privée, combien ne nous reste-
t-il pas encore à faire pour connaître et améliorer les
conditions ‘au milieu desquelles vivent nos popu-
lations, les influences qui, parmi nous, créent et
propagent certaines affections endémiques, impriment
leur cachet spécial sur la constitution physique des
habitants, leurs maladies, leuts infirmités, aug-
mentent ou diminuent les chances ie longévité
durée moyenne de la vie, étc., etc,
» Aussi plusieurs d’ satre nous se ot mis Coura-
geusement à l'œuvre, ont-ils cherché à réunir les
documents acquis, les résultats des observations de
leurs devanciers, de leurs contemporains et de leur
expérience personnelle : l'intérêt du sujet, l'impor-
tance des solutions à présenter et à formuler, étaient
une Stimulation suffisante de leur bonne volonté et
de leur zèle.
» Vous le comprendrez facilement, Messieurs, ces
| PROCÈS = VERBAUX , 175
efforts individuels ne pouvaient aboutir à rien de
satisfaisant rien qui fût digne de vous être présenté.
De semblables trayaux ne peuvent être abordés et
traités. sous l'impression, de,; souvenirs. vagues et
fugitifs d’une pratique plus ou moins étendue, intel-
ligente ou ancienne. La, science moderne a d’autres
besoins et d’ autres exigences : nous. ne trouvons dans
nos archives qu’ un très-petit, nombre, de, documents
sur le passé, ou le présent de notre provinçeau point de
vue qui nous occupe, pouyant. faciliter ou guider nos
recherches, et, encore. .çes documents n'abordent-ils
que quelques points infiniment, restreints, de cette:
vaste et belle question. Réfléchissez à la. complexité de.
semblables £tudes : combien. sont nombreuses . et,
variées les connaissances qu ‘elles supposent et. qu elles.
exigent ; combien elles sont peu accessibles à. un, seul
homme , quelque. bien, muni qu’on; le suppose. sous le
rapport d’acquisitions scientifiques antérieures et suf-
fisantes | Ce n’est pas trop exiger que des efforts. d'une,
société Savante entière, avec, la variété des.aptitudes
et des cobnaissances, ke ses, divers..membres . pour
aborder et mener à bonne, Gas semblable.entreprise;
et, avec cet heureux CONCOUrS, dpi et d'intel+
ligence x. il faut du, temps,..beaucoup de temps pour
recueillir les matérianx les comparer; les contrôler,
les. classer, leur attacher une signification, €; une
valeur. éprouvées et par le nombre-et par la répétition
des épreuves. LR 4 aoirèa
..» La méthode. statistique, ajoute. M Fiat
trouve i ici une belle et féconde application. Instrument
précieux de vérification et de contrôle, je l'accorde
même, de découvertes, la statistique facilite le travail,
176 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
formule en caractères simples et inflexibles les s0-
lutions obtenues. Mais, dit-il, quelle que soit sa
valeur, ne lui demandons que ce qu’elle peut donner.
On ne peut avoir en elle une confiance aveugle : elle
dit rarement la vérité et toute la vérité : tout dépend
de la manière dont on procède : il faut s'enquérir avec
soin des faits qu'elle étudie et qu'elle a mission
d'apprécier, de la compétence des hommes qui
manient cette arme utile mais dangereuse. La so—
lution, formulée en chiffres, ne fut-elle pas souvent
prématurée, trop absolue, non suffisamment justifiée
par le nombre des faits, la sévérité de leur analyse,
le contrôle de circonstances qui peuvent faire varier
leur signification suivant les époques, les lieux, les
influences diverses qui ont présidé à leur mani-'
festation ? Les faits eux-mêmes que l'on rapproche
sont-ils de même nature? sont-ils des unités de
même ordre? Les chiffres, comme les mots, n’ont de
valeur que celle des idées qu'ils représentent. Les
faits doivent être comptés, mais aussi sévèrement
analysés, appréciés dans toutes les circonstances que
leur donnent leur caractéristique, leur valeur. La
statistique peut faire découvrir la loi des phénomènes,
la vérité, mais aussi accréditer des erreurs, accumuler
des ruines, semer le doute et la méfiance, encourager
les dissentiments, desservir la science dont elle avait
mission de constituer et d'assurer le progrès.
» Depuis quelques années seulement, fonctionnent
parmi nous les institutions appelées à combler cette
grande lacune dans nos connaissances sur la statis-
tique et la topographie médicale de notre pays. Nos
conseils d'hygiène ont à peine dix années d'existence ;
PROCÈS-VERBAUX. 177
la vérification officielle des décès et de leurs causes,
n'existe qu'à Limoges, et encore est-elle une création
récente. Notre Société médicale consacre chaque
mois une partie de ses séances à l'étude des maladies
régnantes et leur rapport avec les conditions atmos-
phériques; des constitutions médicales ; des épidémies,
leur caractère, leur gravité; des maladies endémiques,
leurs causes locales, les moyens de les prévenir et de
les combattre. |
Elle ‘saisit toutes les occasions de stimuler le zèle de
ses correspondants et des médecins du département ;
d'appeler leur attention vers cet'ordre de recherches
destinées plus tard à dresser, en quelque sorte, la
carte médicale de notre pays. Déjà nous possédons
quelques travaux estimables : nous citerons surtout
une bonne étude statistique de la ville de Pierre-
Buffière, chef-lieu de canton près Limoges, entre-
prise par un de nos membres correspondants les plus
distingués, M. le docteur Dépéret. Ses documents
émanent des registres de l'état civil , soigneusement
dépouillés , et de ses observations particulières pendant
une longue et honorable pratique. Ce travail embrasse
la période de 1842 à 1853 ; il relève le mouvement des
naissances, des mariages, des exemptions du service
militaire, des décès aux divers âges; il s'occupe des
maladies résnantes, des prédispositions morbides des
habitants, des chances de longévité. Entrepris pour
une commune et une population assez restreintes,
il peut s'appliquer sensiblement à notre département,
dont la commune de Pierre-Buffière représente assez
approximativement les conditions diverses topogra-
phiques et industrielles.
12
178 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. Dépéret-Muret indique ici quelques-uns des
résultats obtenus par nos sociétés, et les améliorations
introduites dans l'hygiène publique et privée, trop
souvent menacée par des industries incommodes ou
dangereuses, par la mauvaise qualité et la sophistica-
tion des substances alimentaires, par les causes locales
d’insalubrité dans les maisons particulières, les vil-
lages, les villes plus considérables, entretenant les af
fections endémiques, les fièvres intermittentes, ete. (4).
« Vous le voyez, Messieurs, quelque faibles que soient
les résultats obtenus, ils témoignent an moins que
nous ne sommes pas Complètement étrangers à cet
otdre de recherches. Leur utilité, si nous pouvions la
méconnaître, nous serait rappelée par le haut intérêt
que vous y attachez. Vos encouragements stimuleront
notre zèle : heureux si, marchant sur les traces de nos
devanciers, utilisant et complétant leurs travaux,
nous pouvons arriver à voir notre beau Limousin ne, le
céder en rien aux provinces les plus favorisées sous le
rapport de la connaissance des eaux, de l'air. et.des
lieux, cette trilogie consacrée de toute science hygié-
nique et médicale d'une localité, indispensable, au
médecin, non moins utile à l'administration appelée
à formuler en prescriptions règlementaires les conseils
de la science, les améliorations réalisables dans les
conditions au milieu desquelles vivent nos popu-
lations !
» L'assistance médicale officielle, dans notre dépar-
(1) Voyez le Compte-Rendu du Conseil d'hygiène de l'arron-
dissement de Limoges et le Bulletin de la Société de Médecine
et de Pharmacie de la Haute-Vienne.
PROCES2VERBAUX:. | 179 !
tement, est dispensée par dés hôpitaux et hospites et
des” bureaux de bienfaisance. Ces institutions sont
largement instituées à Limoges: ellss existent encore
dans les villes chefs-lieux d'arrondissement et ‘de
canton. Mais partout elléS fonctionnent par leurg
propres ressources, toujours insuffisantes :! élles ont
leur administration particulière : aucune règle url
forme ne leur imprime une communauté ét une
similitude de marche et d'action. Dé nombreuses
associations particulières, des subventions ‘annuelles,
accordées par les communes, le département et l'État
les secondent et les soutiennent. Quelques communes"
rurales, depuis quelques années, entrent dans cette”
voie, et cherchent, ‘au moyen de Cotisations indi-
viduelles, à assurer les secours médicaux! à ‘ceux’ des
habitants qui, par leur position de fortune, ‘né!
peuvent facilement y prétendre. Maïs, rci encore, ‘Tes
besoins sont grandement disproportionnés avéc les’
ressources. L'administration , nous: lé ‘croyons | lé”
préoccupe beaucoup de cet état de choses, et” des
moyens d'organiser dans les communes raies ue!
assistance régulière, officielle et efficace; de natu=
raliser parmi nous une de ces grandes mesures
d'utilité publique qui fonctionnent ailleurs si avan
tageusement pour les populations pauvres. Les dif!
ficultés sont grandes ; le temps n'est pas encore venu
de mettre à exécution, d'assurer la réalisation ‘dé
projets que réclament si impérieusement le# besoins
et les tendances de notre époque.
» Nous devons ajouter que, ‘dans notre dépar-
tement, par le nombre des médecins , leurs sentiments
bien connus, leur dissémination sur le territoire,
71
180 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
aucune misère ne peut rester sans secours : l'assistance
médicale est accessible et, acquise à tous nos, conci-
toyens, quelle que soit leur position de fortune, (4).
» Notre conseil d'hygiène, activement secondé par
une administration bienveillante, ne cesse de se
préoccuper des besoins de nos populations rurales.
Sans parler de la propagation de la vaccine, cet
immense bienfait de notre siècle, quoi qu’on ait voulu
en dire, il suit avec sollicitude l'apparition et la
marche des épidémies, indique les moyens les plus
pratiques de lesprévenir, d’en arrêter les progrès, d'en
atténuer les ravages {choléra de 1854). Sous ses
auspices et son généreux patronage, une quantité
considérable de sulfate de quinine et d'espèces amères
sont mises tous les ans à la disposition de nos popu-
lations rurales les plus exposées aux atteintes du
fléau miasmatique. Une certaine quantité des médi-
caments les plus usuels se trouvent également dé-
posés dans les communes les plus nécessiteuses. Ces
mesures, qui sufliraient à honorer une adminis-
tration, sagement règlementées , ont déjà donné des
résultats très-satisfaisants. »
(A) Séatistique du corps médical de la Haute-Vienne.
Docteurs Habitants
Population. et pour
Officiers de santé. un médecin.
LIMOGES, ville et canton 58,546 37 1,582
Arrondis. extra-urbain.. 83,723 47 1,784
Arrondissement intégral 142,269 s4 1,693
BELLAC, arrondissement 83,078 42 1,978
ROCHECHOUART, id...... 50,483 31 1,628
ST-YRIEIX , dat se 43,957 19 2,313
ORALE EUIER 319,787 476 4,817
PROCÈS-VERBAUX. 181
À la fin de Ia séance, M. Boulland reproduit une
des expériences qui ont fait le sujet de sa thèse
inaugurale, expériences à l’aide desquelles il arrive à
faire voir la circulation du sang dans des organes où
ce phénomène n'avait jamais pu être aperçu avant lui.
En effet, jusqu'en 1849, la circulation du sang
avait été étudiée dans l’œuf incubé, dans le mésentère
des petits animaux, dans les ailes de la chauve-souris ;
mais, à l’aide de certains procédés qui sont parti-
culiers à M. Boulland, il nous a été donné de voir
très-clairement la circulation du sang dans l’estomac
d'un batracien ainsi que ses glandules stomacales :
ces derniers organes ont une ouverture contractile et
dilatable, phénomène qui jusqu'à présent n'avait été
noté par aucun auteur.
Dans cette expérience, la circulation du sang se fait
avec une rapidité si grande qu'une goutte d'eau
tenant en dissolution le principe actif de la noix
vomique (sulfate de strychnine) à pu agir en moins
de deux minutes , et ce poison violent, absorbé par les
vaisseaux capillaires de l'estomac , a donné lieu à des
convulsions tétaniques portées au plus haut degré.
A. DÉPÉRET-MURET, secrétaire.
182 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
© SEANCE DU 18 SEPTEMBRE 1890.
“
PRÉSIDENCE DE M. ANCELON.
“Le procès-verbal dé la dernière séance ‘est lu et
- Adopté.
UM. Brun-Séchaud lit un travail sur la nouvelle
Erner proposée par M. Sédillot sous le nom
—d'ébidement des os (71° question du programme). 11
‘présente un malade auquel il a enlevé une étendue du
tibia égale à 18 centimètres. L'os s'est reproduit com-
‘plétement , et le membre à répris ses fonctions d’une
manière très-satisfaisante. M. Séchaud examine et
‘discute énsuite le$ opinions de MM. Flourens ét Sé-
‘dinôt Sur le rôle du périoste dans la formation et
la régénération des os, et les procédés opératoires
"connus Sous le nom d’évidement, conçus et exécutés
par application des théories physiologiques. Il arrive
‘aux conclusions suivantes :
7 AU'Les os sont soumis aux mêmes lois de réparation
“Qué les autres parties de l'organisme : un exsudat
plastique est nécessaire pour reconstituer un os ou une
portion d'os , de la même manière que pour former un
us tissu CA
E | 20 La puissance ostéogène varie suivant le degré de
vitalité : elle sera d'autant plus grande que les sujets
Cr moins avancés en âge ;
“ge Dans les fractures, comme dans les pertes de
di si es produites par une opération, dans le but
de remédier à un vice de l'organisation, à une alté—
“ration pathologique , une inflammation ès extrémités
1
|
_"["
29
PROCÈS—VERBAUX. 183
osseuses se manifeste ‘avec ramollissement, tumé-
faction des os divisés, qui n’offrent plus alors de
crépitation sèche lorsque la nature a établi son travail
réparateur ;
& Pour établir ce travail réparateur, on doit ad-
mettre que les vaisseaux qui alimentent les tissus
osseux , et qui lui apportent les phosphates nécessaires
à sa solidification , proviennent autant des extrémités
osseuses et de leur bourgeonnement que du périoste,
qui, dans tous les cas, ne peut fournir que les mêmes
éléments, puisque les vaisseaux qui vont à l’intérieur
de l’os sont les mêmes que ceux du périoste, et que,
avant de traverser la substance compacte et spon-
gieuse, ils doivent laisser au périoste les éléments du
plasma externe, comme ils laissent à la membrane
médullaire ou périoste interne ceux du plasma in-
terne ;
5 Le périoste, ayant un rôle important dans la
régénération des os, ne peut néanmoins avoir toute
l'importance qu’on lui attribue de nos jours, puisqu'on
ne, le conserve pas toujours dans son intégrité, ou
bien encore parce qu'il se trouve détruit par la ma-
ladie de l'os.
Ce travail est renvoyé au comité de publication.
M: Séchaud communique ensuite deux observations
de hernies étranglées. guéries sans opérations : l’une,
Sous l'influence d’un lavement de tabac, ayant déter-
miné des accidents de narcotisme, pendant lesquels les
manœuvres du taxis purent opérer la réduction,
jusque là impossible; — dans le deuxième cas, les
tentatives de réduction amenèrent un phlesmon et
des abcès dans Je trajet inguinal ; l'intestin fut réduit,
18% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et la rétraction des tissus enflammés oblitéra lé canal
inguinal , et amena la cure radicale (4).
L'ordre du jour appelle la discussion de la 3" ques-
tion: « Étude médicale sur le mal des ardents ».
M. Dépéret-Muret fait observer que, dans notre
siècle, les épidémies sont devenues très-rares en
Limousin. Nous avons échappé complètement à la
suette , qui sévissait en 1844 dans la Dordogne, notre
voisine. Le choléra de 1832, 1837 et 1849 resta com-
plètement inconnu à nos populations. En 1854 seu-
lemént, alors qu'une grave recrudescence de l’épi-
démie sévissait dans les départements méridionaux ,
et notamment à Toulouse, à Bordeaux et à Marseille,
li maladie 4 eu quelque retentissement parmi nous ;
mais heureusement elle demeura concentrée dans le
foyer où elle avait pris naissance, et ne dépassa pas les
bords de la Vienne et les quartiers adjacents. A peine
deux ou trois cas furent-ils observés hors de Limoges.
Encore faut-il remarquer que le choléra nous arrivait
à1la suite d’une épidémie de dysenterie très-meur—
trière ; remarquable par la tendance au refroidis-
sement, les accidents adynamiques, et qui aboutit
insensiblèement à des cas de choléra authentique (2).
Ainsi, depuis longues années, dans notre dépar-
tément, mobservons-nous sous formes épidémiques
quedes recrudescences et des généralisations , avec
{19270
(41) Ces observations, avec les réflexions qui les accompagnent,
seront reproduites dans la deuxième partie du Compte-Rendu.
(2) Voir une rémarquablé relation du choléra de 4854, par
M. Bardinet, dans lé Bulletin de la Société de Médecine de la
Haute-Vienne, année 1855,
4
PROCÈS-VERBAUX. 185
une physionomie, des allures et des tendances plus ou
moins spéciales et graves, de nos maladies endémiques
häbituelles, et notamment de nos fièvresintermittentes,
éruptives et typhoïdes, de nos affections diphthéri-
tiques et dysentériques.
A une autre époque de notre histoire, et surtout
pendant le moyen âge, nous aussi avons payé un
tribut plus ou moins fréquent et sérieux aux grands
fléaux épidémiques, pestes, typhus, ete., si fréquents
à cette, époque, et suffisamment expliqués, dans leur
gravité et leur extension, par les déplorables con-
ditions hygiéniques dans lesquelles se trouvaient nos
citéset vivaient nos populations.
Une des plus célèbres dans notre histoire, celle qui
eut parmi nous le plus long: retentissement, et dont la
tradition se conserve encore dans nos cérémonies reli-
gieuses, en mémoire de l’utile et puissante inter-
vention du glorieux apôtre patron de l’Aquitaine et
de. notre Limousin, est celle qui fut désignée sous le
nom, de mal des ardents, exprimant un des accidents
qui frappèrent le plus l'attention des contemporains,
etiqui régna en Limousin à la fin du x° siècle.
M: Dépéret-Muret indique succinctement les épi-
démies de ce nom, plus tard remplacé par celui de
feu de Saint-Antoine, qui sévirent en Limousin en 994
et pendant le xr° siècle... Il indique les ravages
qu’elles déterminèrent, les accidents présentés par les
malades, les causes présumées du fléau, les moyens
employés pour les combattre; puis, cherchant à
s'élever, au moyen des quelques documents conservés
dans nos anciennes chroniques et nos livres d'église,
à la notion de leur nature et de leurs symptômes, il
L) FENTE) ar
186 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
‘iscute quelques-unes des opinions émises à ce sujet,
etarrive à penser qu'il s'agissait de l’erg'otisme sous
sa, forme çonvulsive et gangreneuse, et que, sous
l'influence des malheurs de l'époque, des intempéries
«les saisons, des conditions déplorables au milieu
desquelles se trouvaient les: villes et les populations,
l’ergotisme a-pu devenir épidémique, emprunter un
caractère de haute gravité et de large dissémination ,
et présenter cette physionomie et cettè gravité dont le
souvenir s'est perpétué parmi nous comme celui d’un
des plus graves fléaux qui aient désolé notre province (4).
On passe à la discussion de la 4° question : « Dela
fièvre puerpéralé en province».
Dans les derniers mois de 4858 et en janvier et
Hévrier 4859, les accidents puerpéraux ont été assez
. réquents et graves dans notre ville et dans ‘certains
cantons du département, Le canton de Saint-Germain
«arrondissement de Saint-Yrieix) est notamment cité
par, des décès assez nombreux observés à la suite de
couches. Des faits analogues furent observés dans
«Quelques autres communes. Notre ville elle-même a
été sérieusement éprouvée, moins toutefois qu'on ne
s'est plu àle dire; mais enfin il y a eu des’victimes
regrettables, frappées sur divers points de notretcité,
dans. des quartiers différents, et dans les rangs
sociaux les plus éloignés.
: 1 Ilirésulte de cette dissémination desmalades, atteints
«dans, toutes les positions sociales, en ville et dans la
Campagne, dans notre hôpital comme dans les habi-
4), Le rtravail de,M. Dépéret-Muret sera reproduit dans la
deuxième partie duCompte-Rendu.
Mitns du 2e
2” RP
NI
|
PROCÈS-VERBAUX. 187
tations les plus favorisées, qu'on n'a pu mettre sérieu-
sement en question: ni la contagion ni l'influence de
l'encombrement; ajoutons encore ni celle des accidents
de la grossesse ou de l'accouchement.
Notre Société médicale, dans la séance des 14 mars
et, 4 avril 1859 , s’est occupée de cette épidémie , et des
observations faites par les divers membres, repro-
duites devant le Congrès, il résulte que :
MM: Bleynie, en janvier, à pu observer sur ses
accouchées, à l'hôpital, bon nombre d'accidents plus
ou moins sérieux, mais peu d’affections graves. Les
Suites de couches n'avaient pas, en général, leur
caractère de bénignité et de régularité habituelles.
Les lochies s'établissaient mal; vers l'époque de la
fièvrerde laitsurvenaient des frissons irréguliers, une
douleur vers la fosse iliaque. La montée du lait
s'opérait au milieu de ces accidents, qui présentaient
des exacerbations , une ou deux fois par jour, pendant
trois à six jours. M. Bleynie a donné surtout du
sulfate. de quinine à la dose de 50 à 75 centigrammes,
et fait appliquer quelques sangsues. Cette médication
suffisait pour calmer les accidents, qui récidivaient
“bientôt sous la même forme rémittente. Une seule
femme.est morte : c'était une idiote, admise depuis
longtemps à l'hôpital. Après la rupture de la poche
des eaux, les douleurs se suspendirent pendant dix-
huit heures; la tête était au fond de l’excavation. Une
“facile application de forceps termina l’accouchement.
Puis survinrent des vomissements avec fièvre, peu de
douleurs abdominales, etdes phénomènes franchement
typhoïdes. — En ville, M: Bleynie a vu quelque
chose d’analogue : les mêmes accidents revenant sous
188 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
forme rémittente, moins intenses, mais ayant éga-
lement nécessité l'emploi de la quinine, lequel à pu
lesenrayer.
M. Bardinet a vu quelques cas de fièvre puerpérale
assez rapidement mortels, surtout pendant le mois de
janvier. Il accouchait, dans ces circonstances, pour la
troisième fois, une dame qui avait été prise à chaque
accouchement d’hémorrhagie après la délivrance.
Il donna du seigle ergoté, et vit, avec l'absence
d'hémorrhagie, un rétablissement prompt et complet.
Ce fait lui rappela les idées émises par M. J. Guérin
sur l’absence de rétraction de l'utérus après l’accou—
chement, indiquant l’imminence d’une fièvre puerpé-
‘ale, et son influence sur le développement de celle-ci.
Il a vu, en effet, les accidentssurvenir après un travail
long et pénible, et lorsque l'utérus ne revenait pas
rapidement sur lui-même. Il a donc administré le
seigle ergoté. Il ne veut pas donner à ces tentatives
plus de valeur qu’elles ne méritent : c'est pour lui
seulement un fait à considérer, des expériences: à
continuer. Le sulfate de quinine, du reste; lui a.fait
défaut, même à dose élevée, dans une circonstance
récente.
M. Bleynie a vu une nourrice desix mois: prise,
une nuit, subitement de frayeur, de fièvre; elle ra
peur de mourir. Calme le lendemain ; mêmes ac-
cidents, mais moindres, la nuit suivante. Admi-
uistration de la quinine : guérison. Parmi lés accidents
puerpéraux. dont il a parlé, il n’a observé le plus
souvent que des points douloureux aux fosses iliaques,
sans péritonite caractérisée. Sur une femme: cepen-
dant accouchée depuis huit jours, la fièvre de lait fut
La
Re
PROGÈS-VERBAUX . 189
irrégulière, incomplète; puis le ventre devint ballonné
et douloureux, avec oppression, accidents de suffo-
cation, vomissements bilieux contenant des vers,
lombrics ; yeux injectés; météorisme; pouls à 150,
faible, peu développé. — Un gramme d’ipécacuanha
fit cesser les vomissements. Alors se déclara un hoquet
incessant , qui fut combattu par la limonade gazeuze.
Deux larges vésicatoires sont appliqués sur les côtés
de lPabdomen. Il y avait, dans cette observation,
péritonite franche; l'utérus restait presque exempt
d'accidents. Il n’y eut ni rémittence, ni indication
positive pour la quinine. La femme guérit, conservant
quelques douleurs dans l'abdomen pendant les mou-
vements un peu étendus.
Une malade morte dans le service de M. Mazard à
présenté également une péritonite avec sérosité puru-—
lente, fausses-membranes agglutinant les anses intes-
tinales: L'utérus était revenu sur lui-même et sans
traces de lésion morbide.
Une ‘autre femme, accouchée heureusement, fut
prise ; après vingt-quatre heures, de frissons intenses ,
suivis de fièvre, sueurs, douleurs abdominales
(sangsues). Le lendemain, calme. Nouveau frisson ‘la
nuit$suivante, avec face grippée (quinine sans résultat).
Le quatrième jour, nouveau frisson, douleur et tumé-
faction au genou droit pendant trois jours. Alors
le:mollet devient douloureux, rouge, empâté. Une
collection purulente est ouverte. La fièvre continue ;
la langue se sèche; il y à du délire pendant la nuit,
et: même. du subdeliriun pendant le jour. A l’au-
topsie, toutes les veines utérines sont gorg'ées de pus
crémeux vers l'insertion placentaire, et surtout vers
190 CONGRÈS SCIENTIFIQUE) DE FRANCE.
une des commissures du col, là où'émergent les veines
hypogastriques. Le pus sortait par la pression des
tissus et des sinus utérins. C'est la fièvre puerpéralé à
forme typhoïde, avec abcès métastatiques et accidents
d'infection purulente.
Pendant ce règne des fièvres puerpérales,
M. Bleynie n’a pas observé des avortements plus
nombreux que de coutume; mais la mortalité chez les
nouveaux nés a été considérable.
M. Thouvenet a quelquefois observé des accidents
intermittents ou rémittents pouvant se rattacher à la
présence dans l'utérus des débris de placenta ‘ou . de
caillots sanguins qu'il a dû extraire.
M. Lemaistre, dans un cas, constata l'inértie ‘de
l'utérus, et se trouva aussi dans la nécessité d'extraire
avec la main des caillots sanguins. La fièvre de ‘ait
s’accompagna de frissons irréguliers, avec diarrhée,
vomissements; puis survint une éruption de pustules
ecchymateuses sur les fesses.
Bleynie insiste sur la forme rémittenté “des
accidents observés plusieurs fois après l'accouchement
même accompli heureusement, survenant après la
fièvre de lait, caractérisés par des frissons suivis de
sueur, lochies fétides, avec ou sans douleurs aux
fosses iliaques, cédant à la quinine , secondée FU* Ex
sangsues et quelquefois de l’opium.
M. Dépéret-Muret dit que , au moment où M! Bleynie
observait à la Maternité la forme #rémittente des
accidents puerpéraux, il trouvait, de son côté, dans
les salles des blessés civils et militaires , de fréquents
accidents rémittents et intermittents. nécessitant
l'emploi de la quinine.
er
La
PROCÈS-VERBAUX : 191
M. Lemaistre signale ce fait particulier de conci-
dence entre Jes fièvres éruptives, scarlatines | érysi-
pèles, affections catarrhaleset la fièvre puerpérale: «Ne
pourrait-on pas admettre, dit-il, un certain rapport
de cause pour ces épidémies? J'ai été surtout frappé,
ajoute-t-il, de voir toute plaie dégénérer en érysipèle,
pendant que tout accouchement présentait quelques
accidents du côté de la matrice quand il ne s'enstivait
pas de fièvre puerpérale,
Or la matrice, après l'accouchement , ‘offre une
plaie, et je suis porté à croire que le génie épidémique
qui, dans un cas (plaie externe), a produit l’érvait
pèle, est le même qui, dans l'autre (plaie interne) | à
déterminé l’inflammation particulière qui s'est déve-
loppée du côté de la matrice. La fièvre puerpérale
serait-elle une espèce d’érysipèle interne?
M. Mandon combat cette opinion de M. Lémaistre.
M. Boudet rappelle l'opinion de M. Trousseau eur la
fréquence des érysipèles, surtout à l’ombilic, éhéz 168
enfants nouveau-nés, pendant lé règne des fièvres
puerpérales.
M. Ancelon croit savoir que la fièvre puerpérale' à
existé à Paris depuis longtemps. Il n'admet pas que
la concentration des femmes en couches soit 'une catuéé
démontrée de la fréquence et de la gravité des fièvres
puerpérales. A la Maternité, à Paris, du 1*7-vendés
miaire an x au A germinal an x1, ily'à (et un! léées
SUP quarante-trois accouchées, et, u'4er janviér au
31 décembre 1850, un décès sur dix-sépt entrées où
sur dix-sept accouchées. Donc la fièvre puerpérale est
due au génie épidémique, et non *1lencombre-
ment.
192 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. Brun-Séchaud croit le contraire.
La séance est levée à quatre heures.
A. DÉPÉRET-MURET, secrétaire.
SEANCE DU 19 SEPTEMBRE 1859,
PRÉSIDENCE DE M. ANCELON.
Le procès-verbal de la dernière séance est Iu et
adopté.
M..Boulland donne lecture d’une note sur le trai-
tement de la fistule lacrymale par le clou de Scarpa
modifié. Cette note sera insérée parmi les travaux de
la section.
M. Riboli lit une observation de plaie par arme à
feu au milieu du front, avec ouverture du sinus
frontal.
Un grenadier piémontais est blessé à la tête,
le 24 juin, à Solferino. La balle atteint le milieu du
front, précisément à la racine des cheveux: Elle
enlève complètement , comme par un coup de sabre,
une partie de l'os contenant le sinus longitudinal. Il
y eut hémorrhagie très-abondante. Transporté à l'hô—
pital de Brescia , le malade, après quelques jours, fut
évacué sur l'hôpital de Saint-Isidore de Turin, et
reçut les soins de M. Riboli jusqu'au 418 août. L'ou-
verture de la plaie mesurait 4 centimètres en lon-
gueur, 3 en largeur, 5 en profondeur. Les méning'es
étaient intactes. Il n’y avait ni céphalalgie ni lésion
des facultés cérébrales ou des fonctions musculaires.
PROCÈS-VERBAUX. 193
Une médication simple fut instituée. Il y eut abon-
dante suppuration pendant cinquante jours, puis
œuérison complète, sans reproduction de l'os.
Ce même soldat avait antérieurement reçu une balle
à chaque cuisse. À gauche, la balle atteignit d'avant
en arrière le tiers supérieur, ettraversa les masses mus-
culaires. Il y eut suppuration abondante. On employa
les injections avec teinture d’iode et la compression ,
une nourriture saine et modérée, une décoction de
quinquina. Au bout de quarante jours, la guérison
était complète. Ce malade était d’une faible consti-
tution. La plaie de la cuisse droite fut très-légère, et
ne présenta rien de remarquable.
M. Riboli joint à son observation quelques réflexions
sur le sinus longitudinal, sa forme, ses dimensions,
ses rapports avec les autres sinus; les veines exté—
rieures ou intérieures du crâne qui communiquent
avec lui, et le cours du sang dans sacavité.— Remer-
ciments à M. Riboli.
M. Mandon communique des recherches sur le
rythme et le mouvement respiratoire. Dans ce travail,
qui n’est pas susceptible d'analyse, et qui a mérité à
son auteur les félicitations du Congrès, M. Mandon
énumère minutieusement tous les actes d'ordre phy-
sique, chimique et vital dont l’ensemble constitue la
fonction respiratoire ; les causes qui provoquent l’exé-
cution de ces actes; la part qu'y prend le système
nerveux par action réflexe consécutive à la per-
ception du besoin respiratoire; le siége de ce
besoin, et la partie des centres nerveux plus spé-
cialement préposée à la coordination des divers phéno-
mènes que l'observation apprend à reconnaître et
13
194 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
à distinguer dans l’accomplissement de cette importante
fonction ; l'influence sur elle des troubles de la cireu-
lation , et, arrive à formuler une théorie, à la fois
Er et vitale, qui.rend compte, de la première
inspiration du, nouveau né; nous explique pourquoi
la respiration artificielle et la stimulation directe on
indirecte, des, organes respiratoires sont le meilleur
traitement.des asphyxiés, et. pourquoi l’asphy xie est
irrémédiable quand, le cœur a cessé de battre, c'est-à-
dire de lancer du sang anx poumons; et de ] AR VAE
dans. tous Jes organes (4). ire avu'h voilier 1.
Le même membre lit une, observation de fracture, du
col, du; fémur traitée. sans pareil : une vieille femme
fait une: chute.dans un, escalier, et présente une frac
ture bien.caractérisée. du. col. du, fémur, avec. deux
centimètres de raccourcissement, Un, appareil avec
plan:incliné futmal supporté. M. Mandon m'avait pas
à sa, disposition . les, apparqils [de 1Boyer et. Bonnet;
L'extension;et lacontre-extension ne pouvaient. s'o-
pérer. dune manière. exaçte. ptiutile.à. cause, des
douleurs provoquées àJa.hanche et. aux, pieds, et des
escares.qne la.compression gt limmobilité menaçaient
de déterminer. M. Mandon, eut recours au; proçédé
suivant-: Ja meldie fut couchée. droit, sur. un plan
très-résistant au niveau du siéger Je: membre. fut
redressé ,;mis en, bonne direction, Juxta- pesé ;6 et fixé
au Site sain; -qni, servait d'attelle de de. contre
poids; cay;qpar, sa tendançerà se renverser.en dehors,
il entraînait en dedans le:membre, malade, Au bout
de quelques jonrs,;on dut redresser le siége,.et rétablir
(4) Voir la deuxième partie du Compte-Rendu.
PROCÈS VERBAUX. 1700 4195
le parallélisme’des membres, pour combattre la ten-
dence au raccourcissement par Je fait de l'affais-
sement du: bassin. On soulévait celui-ci } et on tirait
deux fois par jour sur les'deux membres, 6pérant ainsi
une ‘extension et un redressément intermittents. La
tendance au raccourcissement cessà dès Te trentième
jour. Vers Te ”“quarantieme!, “ékaisC d'exercice. A
soixanté jours, nul räcéourcissement : on essaie quel-
ques mouvéments actifs ? on marché en/étant soutenu
sous lé$ bras! à soixänte-quinZé, ‘on fait quelques
pas au milieu d’une galerie de Chaïsés disposées sur
deux rangs, en s'appuyant Sur les (düssiers.
“1 Dans'les fractures intra-capsulatres }"dit M! An-
célon , il y 4 douleur trévivé Au eentré' dé l’aîne, et
déphacetenti moins considérable dité COS les fricturés
éxtfa-capstiléirés. DITS IITI OI
"SM Mäddon croit avoir eut traïtér! une rt
ittr42Capsulaire. ILa doulèurl41'aîne était accusée: 1
l'attribue ‘X°1a° saillie au fragment! nféenr dE
Qu'on’ imprimé quelque” motveriéntau membré, lés
tiSsus sont froissés ? aus pese: til que cétté douleur
doit Se! retrouver surtout ans !lés fractures éxtra-
capéulaires dans'lesquélles Fe déplacément' est plus
considérable ,: ét! les GATE HER ‘au’ Pet in-
fériéur plus Étlndte? Fe MROICONNALE: Me IT RIAIreS
des "M ie pénis is le prottné s suivi par‘ M: Mandon
femrnés à sÿétèmé musculaire pét dE App |
POL'observätiôn et les réflexions dé M. Mañdon sont
lrénvoyées à Comité de publication {4}!
ubr195 ro") ub aitrsq ani vol
4) Voir la deuxième partie du Compte-Rendu.
196 CONGRÈS SCIENTIF IQU E DE FRANCE.
Le Congrès passe à l'examen de Ja, As question :
« Observ e-t-on chez les habitants de certaines parties
du Limousin une conformation particulière, de, la
tête? »
«Cette question, dit M. lanohonde offre un double
intérêt : c'est une question scientifique et: une question
de localité. Le faconnement de la tête des nouveaux
nés était une pratique familière dans notre, Limousin,
il y a déjà plusieurs siècles , dans le.but, de disposer la
cavité crânienne à permettre le développement favo-
rable de l’encéphale dans.ses, parties présumées être
le, siége, de l'intelligence.et de la mémoire. Car ces
idées de localisation des facultés intellectuellestavaient
précédé chez nous de] long-temps l’époque des, Gall et
des Spurzheim. Nous; trouvons, des documents très-
curieux à cet ésard dans un poème, en; vingt-deux
chants , écrit en vers latins, œuvre. du P..Josset, de la:
compagnie, de. Jésus, . tre GO RE à cette. époque.
Dans ce poème, intitulé: Rhetorice imprimé,en 1650
le P,.Josset indique, à la mère, pendant, sa grossesse ,
les précautions morales, alimentaires et autres aux-
quelles elle doit se conformer. pour préparer ‘son
enfant à être orateur, et à la nourrice les;soins par
lesquels elle doit façonner la tête dans le même but.
€ I faut, y est-il dit, faconner la tête comme une
» cire molle, corriger, ses formes naturelles si elles
» laissent à désirer pour la régularité et la beauté,
» pétrir cette tête, qui plus tard doit contenir tant de
», Choses et tant de richesses ; en sorte qu’elle ne soit
» pas entièrement sphérique; qu'elle ne se développe:
» pas en un cercle parfait : qu'elle soit un pen
» oblongue, s'étendant légèrement en pointe par der-
PROCÈS-VE RBAUX. 197
rière, coinme le bout.d'une courge. Il y aura alors
un'vaste champ, un lieu spacieux, qui pourra
loger la mémoire. Que lé front ; démeure certaine
de linitelligente, parvenu à sa’ maturité, né
prenne pas la forme d’un cercle étroit, ce qui est
indice d'un'esprit léger; mais qu'il aille se déve-
loppäntcomnië ‘une Surface “plane, Tégèrement
renflée du”e0té où'S'implantent 1és cheveux. »
M. Blanchard inSiste Sur cés idées, intéressantes at
point de- Vue de la beauté Diÿ Sidi! aimise ét re
_cherchée! à'Cétté époque , ‘et ‘des opinions sur la loca-
lisätior des fieultés 'intellectuelles ay ant cours alors
parmifes -savants!du Limousin. Bien avant le R. P.
Jossét dès! lé siècié !'1ès! étudés! pirénologiques
étaient familières X'plasietis ABbés dé Hôtre Limousii,
entrés aütres à) Bernard Itiet, 'abb@ de Saïnt-Martial
vers 42701! et fenommé par sés corHtsesemites appro—
fondies.én-erânibstopie 0 AH ere
LeiP:1Jossét na traft dont faitque Ecaai dans un
barmonieus laméhie es idée hit la beauté ét” là
configuration de 14 tôté dés’ danses monastères ,
patronéesipar l'infliencé toute-puissante des ‘moinés en
matière de science à cette époque , passées de la théorie
dans latipratique ; ét accéptées par nos populations.
Les ‘procédés” employés! consistäient en pressions
manuelles ét réitérées pratiquées, (def la naissance ,
sur: ces têtes IMollés'et faéilès Ypétrir! Un pétit bonhet
des banidelettés artistément: disposées ‘ét maintènues ,
donnäient la tété ühe forme! éblongue. réuli-
réthent déroissinté, analogue à celle dé'la courge ou
d’un pain de Sucre, céinme lon 16 dif encore’ dé nos
Per ner, dioz, SÛe'vp à Hstesq 491
UTC
»
24 A LA > ÿ Ÿ
>
]
198 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« Ce faconnement de la tête, ajoute M. Blanchard,
était bien ‘une habitude, du pays; car, à Limoges
seulement,'et dans lé rayon ;de-cette ville, on. la
retrouve; au delà la voix «du maître ne parvenait
pas, n'était pas «entendue; et la, tête: n'était «plus
assujettie anx mêmes manœuvres ;les mêmes opinions
sur la beauté phySIQRE n'avaient pas l4 sanction
populaire, 515 doeuo Hô sf ‘1:
» C’est encore dit: M. Histachatd y “un.de ces tsages,
upe de ces Énibbmse locales, échappant à toute appré-
ciation, à-toute critique ; mon: RARE du goût
ouwde l'utilité. trouva o1pe
À d’autres! époques et (fans d Hi pays, la tête
Ne nouveauxiinés aété soumise à des/manœuvrés
destinées lui donner certaines formes particulières.
Hippocrate :mentionhe ‘les :macrocéphales des Palus-
Méotides; "ainsi quel l’attestent: encore les crânes
allongés trouvés récemrnent danses mêmes contrées
par le docteur :Bathke. Quelques peuplades, sauvage
de V Amérique donnerit aussi à da tête, lau moyen de
pressionsmécaniques, certaines formes en rapportayec
les idées; de’ beauté radmises dans : 1° a
extrême du:front. f fre Yo 1
» L'hérédité, ajoute; M: ne pas probar
blement LES d’une -manière:,. constante 11ces
formes, accidentelles d’abord.;.etles transmettre défi—
nitivement dans les familles. Ne,savons-nous pas que
certaines particularités de formes:.ont.6t6 ainsi. trans-
mises par bérédité;-et que certaines familles, se font
Les tot par la. fonme du nez le, nombre des
doigts ?
» Cette’transmission sera d'autant DE facile que
PROCÈS-VERBAUX. 1! 199
les ‘deux: conjoints offriront ‘eux-mêmes la même
anomalie ‘et. les mêmes particularités physiologiques.
» Ne, parvient-on! pas ’ég'alément ài°faconner, en
quelquéisorte, les'races animales, à faire disparaître
ou prédominer chez éllesscertaines ‘particularités de
formes ; certaines prépondérances RARE :maté—
rielles et fonctionnelles ? 5 5]
» Et, pour la tête, est-il étonnant que, en remar-
quant l association de certaines prédominances intel-
lectuelles ‘én' rapport avec:certains détails-de confi-
guration, on laiticherché ‘à: obtenir ceux-ci! pour
arriver à celles-là, lorsque surtout ‘és relations
étaient autorisées: ét affirmées par les maîtres: de
l’époque, dont les opinions em matière:‘de/'science
faisaient loi comme) cellestém matière de religion ?-
» Certes on: ‘peut contester 1aocorrélationside la
configuration” du crâne avec! les développement du
cerveau ét'des facultés intellectuelles ; ‘la: cavité du
‘crâne perdant dans nn sens! cequ'elle gragneLdans un
autre , et là différénte absolue du/volhme :dw cerveau
étant par le fait nulle ou peu considérable: et on peut
contester qué le développement exagéré d’une partie
du crâne traduise toujours un développément corré-
latif de li masse/cérébrale subjacente. »
M. Blanchard ñe petise pas que'cette configuration
de la tête puisse être rapportée au'rétrécissement de
quelque diamètre du bassin, et, par conséquent, soit
le fait de l'accouchement. Il admet. que, pendant
accouchement, la tête peut subir'certaines défor-
imations; mais il fait remarquer combien est rapide la
réparation des désordres, vu la flexibilité et l'élasticité
des os du crâne, et les mouvements du cerveau, qui
200 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ont bientôt corrigé les déformations passagères dues à
des compressions passagères elles-mêmes, et qui ne
pourraient d'ailleurs changer une conformation primi-
tivement acquise.
Au reste, cetté forme de la tête se conserve, en
Limousin, dans les campagnes plus quedans les villes.
Les campagnes en effet, conservent mieux les usages
et les traditions ; les races s’y croisent moins, ét leurs
caractères se conservent plus purs et plus intacts.
_ La section remercie M. Blanchard de son travail
remarquable, qui sera inséré dans la deuxième partie
du Compte-Rendu. ‘ |
L'opinion de la déformation permanente des os du
crâne par l’action d'agents mécaniques persistants est
partagée par le-docteur Mandon. Nous tenons de ce
médecin l'observation d’un enfant nourri d’un seul
sein, du sein gauche, par sa mère, et dont le pariétal
droit prit une forme concave pendant les premiers mois
de l'allaitement. La tête du nourrisson reposait-elle
sur le bras gauclie de sa mère, le bord supérieur du
pariétal droit faisait aussitôt saillie, et dépassait très-
notablement Te côté du ‘pariétal correspondant. —
Quand l'enfant avait quitté le sein, les deux pariétaux
semblaient bién reprendre leurs rapports normaux ;
mais l’action, fréquemment renouvelée du poids de la
tête supporté par un seul os avait produit un large et
profond sillon sur le côté droit de la tête, déformation
qui a persisté avec ce caractère jusqu'à l’âge de dix
mois environ. Vers cette époque, la concavité s’est en
partie redressée, tout en laissant à ce côté de la tête
une surface planoïde ou plane différente de la forme
convexe du côté opposé. A l’âge actuel de seize mois,
1
FE:
PROCÈS-VERBAUX. 20 À
da tête de cet enfant est non symétrique par les
raisons énoncées. Ajoutons que les facultés intellec—
tuelles n'ont pas été retardées dansiéur développement :
le nourrisson serait plutôt précoce sous ce rapport.
Aucune influence héréditaire D a pu expliquer cette
déformation à M. Mandon, qui ne l'aurait pas re-
poussée sans examen; Car il,ne doute pas qu’ une
irrégularité acquise tr 0S du crâne, et perpétuée par
la persistance de la causé mécanique qui l’a produite,
ne puisse se transmettre héréditairement, tout en
pbéissant aux Jois du croisement des races, Aussi notre
collègue ne voit-il dans la forme particulière aux
têtes ] limousines qu’un effet du béguin, secondé et
“transmis par l'hérédité. are
9. A. DÉPÉRET-MURET ; secrétaire.
1 ae [ j1 11] i 11n9it61l;
base SÉANCE DU A SEPTEMBRE 1880.
OT i4
fogbrrec PRÉSIDENCE DE/M. ANCELON. nor <
Dot procès-verhal.de la séance! précédente. est lu. et
jadopté.
ts > M. Lemaistre, lit un travail sur les fièvres inter—
es "en Limousin.
1, &, Les fièvres : intermittentes, en Limousin, dit
+ NES se rencontrent avec des caractères sem-
blables à ceux qu'elles présentent dans les autres
contrées marécageuses : mêmes types, mêmes formes
-Simples,, pernicieuses; rémittentes, pseudo-continues
202 CONGRES SCIENTIFIQUE DR FRANCE.
ou continues larvées. Des hypertrophies quelquefois
énormes de la rate s’observent chez les enfants et
dans des cas de fièvres/récidivées. Ces hypertrophies
paraissent l'effet et non la cause de la fièvre. Très-
souvent les accidents fébriles intermittents se mêlent
à ceux des diverses maladies, à leurs diverses pé-
riodes, avec des caractères plus où moins nettemént
accusés, insidieux ou graves. Aussi faut-il, en
Limousin, se tenir toujours en garde contre - cette
complication, et existe-t-il peu de maladies péndant
lesquelles le sulfate de quinine ne'puisse trouver
l'opportunité de son administration. 1 Fréquemment
encore, certaines formes anormales simulént d’autres
maladies, notamment les fièvres typhoïdes et érup-
tives, et le diagnostic est assez difficile au début. !!
» On ne peut, en Limousin, rapporter au miasme
marécageux l'influence unique ou prédomirrantel qui
produit la fièvre intermittente. Les véritables marais
sont rares dans notre pays de montagnés etde vallées ,
avec nos eaux clairés ‘et limpides ; convenablement
encaissées, et dont le: cours ou-‘lécoulement! est
toujours assez facile et rapide. Il faut tenir un compte
sérieux des variations de: température: si fréquentes
chez nous , et réellement Sen pour la production
et les réc res de nos fièvres:
M Lemaistre ne saurait LR rates
signalé par M. Boudin entre les maladies ibtermit-
tentes, typhoïdes et tuberculeuses. Si M: Boudin a
voulu dire seulement que ces affections ne règnent
pas simultanément avec une fréquence et une inten-
sité semblables; qu'elles se succèdent, se remplacent,
occupent tour à tour et d'une manière prédominante
PROCÈS-VERBAUX 203
la scène morbide; que les unes sont rares quand les
autres sont fréquentes, il exprimerait un fait vérifié
par l'observation , mais qui, du reste, ne saurait être
seulement applicable aux maladies dont nous parlons.
Si les véritables marais naturels sont rares en
Limousin , il n’en est plus de même.des marais arti-
ficiels créés et entretenus par une industrie mal
inspirée par les lois de l'hygiène, conservés opiniâ-
trément sous prétexte d'utilité dans les airages de nos
campagnes, où s'accumulent des masses de matières
animales-et végétales destinées à subir la fermentation
putrite, à former des engrais : véritables cloaques,
éminemment dangereux par:lesoémanations :qu'ils
exhalent, surtout à la fin de Fété,«et:au milieu
desquels vivent. obstinément nos populations rurales.
M. Lemaistre insiste sur cette cause des-fièvres inter-
mittentes qui seule peut expliquer l'apparition de ces
maladies dans des localités d'ailleurs très-saines, et
régulièrement:-tous.les ans à la fin de l'été, et forme
des vœux pour qu’elle disparaisse, soit par une saine
appréciation de ses dangers, soit "pes l'intervention de
l’administration.
Les défrichements, les grands nivo de ter-
rain opérés DEndte travaux des chemins de fer ont
rendu les fièvres plus fréquentes dans certaines loca-
lités de notre département. [sn
Abordant la question du traitement, M. rénisteu
sans contester l'utilité de quelques moyens proposés à
titres divers, pense qu'aucun ne peut supporter la
comparaison avec le sulfate de quinine, auquel il faut
revenir en dernier ressort pour suppléer des moyens
impuissants ou incomplètement efficaces, et qui
204 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
seul d'ailleurs offre quelque sécurité dans les formes
graves.
M. Lemaistre a fait quelque essais d’ hydrothérapie
à l'hôpital de Limoges, mais sans succès, Il termine
par l’appréciation des effets généraux de cette médi-
cation, de son utilité, des circonstances qui favorisent
ou baton son efficacité dans les | établissements
spéciaux (4). ï R
M. Laborderie donne lecture d’un mémoire ‘sur le
traitement des fièvres intermittentes. 11 avance cette
proposition que les remèdes ne doivent guérir que les
maladies du pays où on 1és récolte, À ce compte,
la quinine ne devrait être utile que contre les fièvres
du Pérou. der -
M. Buisson-Masvergnier vante. dans le >trailement,
l'arnica, la cévadille ; la’ fève de Saint-lgnace, la
bryone, l’aconit, Be belladone , et même Je quin-
quina. LG 3)
M. Riboli à vu de’bons résultats ‘de l'em] Loi de
douches froides" appliquées’ au! début de la période de
froid. Il'pense, du reste, aussi qu'il y a dés fièvres
intermittentes qui niénests par le seul bénéfice de
la nature, et que jamais l'hÿ drottiérapié ne pourra
er ARE et faire oubliet le sulfate de quinine, + |
M. Blanchard trouve ‘extraordinaires les résultats
annoncés par M. Fleury :’« Il faut, dit-il qu'il ÿ Je ait
des différences profondes ou dans 1 mtädies a Al a
observées, ou dans les! procédés d'application u'il : a
institués. M. Fleury, on le sait, donne iné douche en
pluie, en même Se ie 412 st sur Ja légion Splé-,
(4) Le travail de, M, -Lemaistre serai: reproduit duhsla
deuxième. partie du Compte-Rendu. [12299
) HS PROCÈS-VERPAUX. 205
nique, une heure environ avant le début de l'accès.
” » Souvent, dit-il, on donne la quinine dans des cas
de fièvre inflammatoire avec raptus sanguins vers les
organés. On compromet ainsi l’action et l'efficacité du
remède bien que M. Gabler ait soutenu que la quinine
aitla ce de détruire les congestions qui s’opèrent
dans les organes. »
ee Les fièvres intermittentes , dit M. Ancelon, doivent
différer dans leurs conditions étiologiques Sietat les
climats et les, variétés du sol des pays où elles se
manifestent. La Lorraine et le Limousin, par exemple,
ne sauraient être assimilés au point de vue de la
constitution du sol et du sous-sol. En Lorraine, le sol
est très-cra ras, composé de terre végétale Sbanidéités
amplement aa de débris organiques animaux
et vérétaux. Sous lui se rencontrent le plus souvent
des marnes irrisées, rarement oolithiques. Le miasme
y est beaucoup plus actif que dans,.les localités où le
sur-s0l est très-maigre , Je terrain granitique. Les
fièvres. intermittentes Ferre en,.Lorraine au prin-
temps et en automne. À la fin de l'été, alors que la
chaleur a,.été très-intense, : que | le sol oe desséché et
Crevassé, le miasme s Ab oie ba ad , et l’on voit
apparaître le typhus paludéen et.des fièvres rémit-
tentes de mauvaise, nature. Si un été très-sec et
très-chaud. succède à des années ou à des saisons
très-hüimides et pluvieuses, on trouve, comme ex-
pression d’une activité plus grande encore du miasme.
des affections charbonneuses sévissant sur les ru-
minants et les hommes: mais les animaux ne sont pas
accessibles à la fièvre intermittente et au typhus
paludéen.
206 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DK FRANCE.
» La forme charbonneuse de l'infection miasmatique
exige, pour se produire, une longüe série de mois
pluvieux,” d'inondations suivies d’une année très-
chaude, et alors se déclarent des endémies charbon-
neuses , chez lés animaux et chez l'homme, Corréla-
tivement àu typhus paludéen, qui ne sévit que sur
l’espèce humaine.
» On‘voit donc se succéder des fièvres intermittentes,
le typhus paludéen ét'1es ‘affections charbonneuses
comme expression d'activité croissante du miasme
marécageux: Il existe dans un canton de la Lorraine
bon nombre d’étangs, un surtout mesurant 674 hec-
tares de superficie, et contenant plusieurs millions
de mètres cubes d’eau. On observe par périodes trien-
nales les phénomènes suivants : la première année,
l'étang étant plein d’eau , le miasme est peu actif,
et détermine des fièvres intermittentes ; ‘18 deuxième
année, ‘l'étang étant mis en pêche, les eaux se
retirent süccessivement , ét'abandonnént À l’action du
soleil üné quantité croissante de marais : ‘alors naît le
typhus paludéen:; — pendant la’ troisième année,
l'étang est livré à la culture, et, si l’année est chaude,
des affections éhäbont£uEes se déclarent chez l'homme,
avec où Sans épizootie.
» La distinction entre le typhüs paludéen et la
fièvre typhoïde À leur début n’est pas chose facile.
Les pétéchies sont plus spéciales au typhus : les taches
lenticulaires | à Ta fièvre typhoïde. Les sudamina,
les plaques couenneuses rès-hdhéréntés aux gencives,
s'observent aussi plus OR PARRES dans cétté der-
nière affection.
» Le sulfate de quinine mérite seul confiance dans
PROCÈS—VERBAUX.. 207
le traitement ; le quinquina est très-utile contre le
typhus intermittent. Dans les formes charbonneuses ,
qu'elles se montrent sous l'aspect de fièvre charbon
neuse ayec éruption pustuleuse vers le troisième ou le
cinquième. jour, ou, de tumeur extérieure, il faut
cautériser, et administrer l'ammoniaque à l’intérieur.
La Cautérisation, utile contre la fièvre Charbonneuse,
se pratique, avec Je; fer rouge sur les membres, le
rachis, les tumeurs Sangréneuses, quise limitentsous
son. dnfluence, Mais, en général ; dès que les pustules
apparaissent , le traitement échoue : on arrive trop
fard. PIA da N'Ue Gi ,Syucie'E 5
_(Ehez nous » dit M. Lemaistre, les charbons et les
Pusinles débutent comme maladie locale accessible à
la, cautérisation, ét indépendante de toute influence
a A Paris, dit M; Boudet, les fièvres intermittentes
ne présentent pas les mêmes Caractères que celles des
contrées «Mmaréçageuses z c'est une objection aux succès
annoncés par. M. Fleury. Ces fièvres, en général
contractées hors de Paris, tendent spontanément à la
guérison. D’autres fois, elles s’accompagnent de ca-
chexie , ‘et peut-être alors les douches et les-ablutions
froides agissent — elles autrement et par un autre
méçanisme que dans les cas de fièvres récentes.»
WTA 4 Paris, € it M. Dupont, pendant les travaux des
fortifications x le Sol fut, Profondément fouillé, et il y
eut; alors de. nombreuses fièvres intermittentes. Les
SE SreonSances ont. amené, partout Jes mêmes
effets, et notamment dans Certains cantons de notre
département, pendant les travaux qu chemin . de
fer. » è 4
208 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE:
M. Brun-Séchaud a étudié avec soin les cas soumis à
son observation pendant neuf années. Il a pu recueillir
ainsi 720 observations, qui ont servi de base à un
mémoire présenté à l'Académie de Médecine en 1840,
et dont il rappelle les principales conclusions. Sur ces
720 malades, il se trouve 426 femmes : 228 adultes,
92 au-dessous de quatorze ans, 106 ayant dépass
l’âge critique; — 294 hommes, dont 108 enfants ou
adolescents, 95 adultes, 91 au-dessus de 60 ans. —
Les femmes sont donc plus soûvent frappées , et les
enfants figurent pour un chiffre assez élevé dans le
nombre des malades. I1 a observé 41 cas de fièvre per-
nicieuse, dont 5 mortels. Dans un de ceux-ci, il
trouva , à l’autopsie, des cong'estions énormes du foie
et de la rate; les poumons étaient gorgés de sang : le
cerveau et ses membranes étaient fortement injectés.
Les engorgeements de la rate sont consécutifs aux accès
plus ou moins répétés, et sont plus fréquents chez les
enfants. Il a pu observer ces engorgements 250 fois dès
le début des accès : 150 fois, ils persistaient huit jours
après la cessation de la fièvre ; 80 fois, ils demeurèrent
permanents, et ne cédèrent qu’à un traitement éner—
gique ; — 68 engorgements du foie; — 34 anasarques ,
suite d'accès prolongés, souvent récidivés chez des
malades placés dans des conditions hygiéniques très-
défavorables.
L'action du froid humide et les changements de
température, joints aux émanations miasmatiques
végétales, paraissent à M. Séchaud les causes les plus
communes de Ces maladies, et suffisent pour les
produire.
Le sulfate de quinine est le remède par excellence :
hu
PROCÈS-VERBAUX. A 209
il est presque infaillible contre les fièvres simples.
Très-souvent un éméto-purgatif donné avant l'accès,
sil y avait complication d'embarras gastro-intestinal ,
a facilité l’action de la quinine :;et quelquefois, suffi
seul à la g'uérison. roy |
Dans un cas de fièvre pernicieuse ;apoplectique
M: Séchaud a donné jusqu'à 8, grammes de quinine,
en quatre doses, pour vingt-quatre heures. Sur lui-
même, le sel quinique, pris à la dose de L,gram-
mes, n’a déterminé qu'un léger effet purgatif.
L'écorce de jeune bouleau , la salicine, lui parais-
sent mériter quelque confiänce.
7 13 f Fun h Ja!
A. DÉPÉRET-MURET, secrétaire.
AxoSÉANCE:DU.29, SEPTEMBRE L85O
PRÉSIDENCE DE M. BOUTEILLOUX: : l À
L'ordre du jour appelle la discussion de la 2 ques-
tion du programme : « Hygiène et maladies spéciales
des porcelainiers et des tisserands » .
-<:Nous, ne voulons, dit M. Dépéret-Muret ; parler
ici que des conditions hygiéniques et pathogéniques
au milieu desquelles vivent nos ouvriers par suite des
exigences de, leurs travaux professionnels. 11 ne nous
appartient pas de les suivre hors de la fabrique ou de
l'atelier : nous AVONs à examiner, une question d’hy-
giène, et nous voulons rester dans les termes du
Programme ; qui, du reste,.offre à notre observation
14
210 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
carrière suflisante, et sérieux motifs à nos conseils,
trop souvent éludés par l'insouciance traditionnelle
de nos ouvriers, trop oublieux des inconvénients
d’une profession qui, assujettie à la loi commune de
toutes les industries, offre, elle aussi, ses causes
d'insalubrité et ses dangers.
» Ces réflexionss’adressent surtout à nos porcelai-
niers, en général plus intelligents, vivant dans une
plus grande aisance, trouvant dans un travail moins
pénible, moins soutenu, une rémunération conve-
nable; et, à domicile, des conditions favorables d’habi-
tation, d'alimentation, de confortable même.
» Pour nos tisserands, travail plus soutenu, moins
lucratif, suffisant à peine aux besoins de la famille ;
exercice insuffisant; habitations, en général, hu-
mides, mal aérées, peu spacieuses, trop, souvent
encombrées par les ustensiles du travail, et les
meubles affectés aux usages domestiques. Les tis-
serands, il est vrai, vivent au sein de la famille,
dont tous les membres trouvent leur utilité et leur
participation au fonctionnement du métier; hors de
l'atelier, si fécond en excitations aux désordres de tous
genres, aux entraînements, dont chacun connaît les
conséquences pour la santé de l’ouvrier et le bien-être
de sa famille.
» La pathologie spéciale de nos porcelainiers se ré-
sume dans la fréquence et la gravité des affections de
l'appareil respiratoire, dont le dernier terme est la
bronchite chronique et la phthisie tuberculeuse.
Notons comme circonstances étiologiques principales
le travail dans des ateliers mal aérés, peu ou mal
ventilés, humides et peu spacieux; les brusques
PROCÈS-VERBAUX. 211
et fréquentes transitions de température (enfourneurs,
englobeurs, chauffeurs) ; l'accès des ateliers toléré
pour des âges incapables de supporter les fatigues d’un
travail mal proportionné avec les forces et le déve-
loppement physique, et toujours trop assujettissant ;
l'humidité inhérente à certains travaux {mouleurs,
émailleurs, marcheurs de pâte); mais insistons spé-
cialement sur la désastreuse influence des poussières
minérales pénétrant dans les voies respiratoires avec
l’air atmosphérique ( retoucheuses, mouleurs, tour-
neurs, useurs de grains, épousseteurs ).
» Entrez dans un atelier, et considérez cette pous-
sière fine, onctueuse, qui recouvre les ‘murs, les
cloisons, les planches, les appareils et les instruments
de travail d’une couche épaisse que la moindre im-
pulsion dissémine dans l'atmosphère, pénétrant
1° dans les voies aériennes. se déposant sur les mu
queuses nasale, pharyngienne, laryngée et bron-
chique; se mêlant aux liquides sécrétés, et diffici-
lement expulsée sous forme d’un magma demi-solide ;
— 2° imprégnant les vêtements, se déposant sur la
péau à l’état de couche peu adhérente, ou s’'in-
crustant sur certaines parties comme par une espèce
de tatouage : d’où la sècheresse, le racornissement
de la peau; sur les parties du corps plus spécialement
en contact avec la terre sèche ou réduite en pâte molle
et adhérente; d’où certainement une notable pertur-
bation dans les fonctions perspiratoires et élimina-
toires de cet organe, et un trouble consécutif de la
calorification et de l’hématose ; — 3° enfin, pénétrant
même dans le tube digestif avec les aliments, trop
souvent ingérés dans les ateliers, et sans des pré-
212 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
cautions de propreté antérieures : de là des coliques,
des dyspepsies, des diarrhées, nouvelle cause d’im-
perfection de la nutrition et d’appauvrissement de
l'économie.
» Ces données étiologiques varient suivant les caté—
gories d'ouvriers, la nature spéciale de leur travail;
et alors on voit varier aussi corrélativement les mani-
festations morbides dans leur fréquence et leur
gravité. Les femmes ressentent plus gravement cette
influence des poussières, soit en raison de la spécialité
de leur travail (mouleuses, garnisseuses, retou-
cheuses), soit parce qu'elles supportent plus diffi-
cilement le travail et la vie d'atelier. Elles comptent
pour un chiffre plus élevé que les hommes dans le
nombre des malades et des victimes. |
» Cette étiologie, admise par ceux de nos confrères
qui fréquentent plus habituellement les porcelainiers,
par les ouvriers eux-mêmes, nous paraît pouvoir seule
expliquer et la permanence dans nos ateliers de la
toux, de la dyspnée, et les fréquentes récidives des
bronchites, des laryngites, des pneumonies, qui abou-
tissent, par une pente plus ou moins rapide, mais
presque fatale, à la phthisie tuberculeuse.
» Nous n'ignorons pas que cette influence des
poussières minérales est encore contestée de nos
jours; mais, si Parent-Duchâtelet subordonne à une
prédisposition leur action malfaisante sur les or-
ganes respiratoires, les statistiques desLombard,
Benoiïston de Châteauneuf, les observations de Calverte-
Holland de Sheffield, de Desayvres de Chatellerault,
et de bien d’autres encore, témoignent en faveur de
cetteétiologie spéciale des affections pulmonaires chro-
PROCÈS-VERBAUX. 213
niques. Pour nous, nous faisons certes une large part
aux influences extrasiliceuses | pour ainsi dire, qui
agissent sur nos porcelaïniers ; mais nous ne pouvons
pas ne pas admettre que, en l'absence même de toute
prédisposition héréditaire ou autre, par le fait seul de
la pénétration des poussières minérales dans les voies
respiratoires, s’opèrent des troubles graves dans les
fonctions pulmonaires et la tuberculisation, qui suivra
ses périodes avec plus ou moins de rapidité, suivant
les conditions hygiéniques elles-mêmes auxquelles sont
assujettis, au milieu desquelles se laissent vivre nos
ouvriers, conditions hygiéniques dont nous ne voulons
certes pas dissimuler la haute valeur pour faciliter,
activer ou retarder l’évolution de la maladie.
» Pouvons-nous d’ailleurs oublier les expériences de
notre savant et bien-aimé maître, le professeur Cru-
veilhier, qui montrait la matière tuberculeuse se
déposant autour des COrps étrangers arrivés par
diverses voies dans les vésicules pulmonaires ou les
ultimes ramifications des vaisseaux de l'organe.
M. Desayvres n'a-t-i] pas démontré, pièces en mains,
cette pénétration des particules siliceuses dans les
Poumons des ouvriers aiguiseurs ?
» Nous estimons donc qu'on ne peut se refuser à
admettre dans l’étiologie de la phthisie pulmonaire
l'influence des poussières minérales inspirées, surtout
Si, par les exigences professionnelles, cette inspiration
est habituelle, Continuelle, persistante, et la persis-
tance de la cause entretenant celle des effets et leur
agoravation. Nulle part nous ne trouvons aussi fré-
quentes les larynoites, avec leurs efforts de toux
opiniâtre et divers degrés d’aphonie: les bronchites,
214 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sèches ou humides, tenaces, avec dyspnée souvent
portée jusqu'à la suffocation, préludant plus ou moins
long-temps aux manifestations physiques des tuber-
cules, et long-temps sans rapports de gravité et
de ténacité avec l'étendue et les phases d'évolutions
de ces produits morbides.
» Comme M. Desayvres, j'ai souvent été frappé de
la rareté des hémoptysies chez les porcelainiers. Cet
accident serait plus fréquent chez les femmes, suivant
M. Thouvenet, qui partage, du reste, et appuie de
son expérience notre opinion sur l’action et l'influence
des poussières. Je trouve encore à mentionner la
longue durée de la maladie si on fixe le début aux
premières manifestations des accidents pulmonaires,
la fréquence des crachats à odeur fétide gangréneuse ;
mais j'insiste spécialement sur la longue et tenace
période de toux quinteuse, incessante, avec pico-
tement au larynx, enrouement, voix cassée, bien
avant l'apparition de signes physiques percevables
au sommet des poumons.
» Dirai-je que l'iodure de potassium m'a donné
quelques résultats satisfaisants dans cette classe de
malades seulement? Bien souvent alors j'ai pu me
demander si la syphilis ne prenait pas quelque part
étiologique aux accidents soumis à mon observation.
» J’ajouterai, avec mes confrères orthodoxes, que
nous ne pouvons attribuer aux poussières inspirées
qu'une action mécanique : l'analyse de nos terres à
porcelaine ne nous révèle dans leur composition
aucune substance nuisible. Pourrions-nous attribuer
à l’innocente silice une action dynamique assez puis-
saute pour produire la tuberculisation ? Cette même
LM
PROCÈS-VERBAUX. 245
silice, il est vrai, comme l’arme antique, aurait la
propriété de guérir les blessures qu’elle à occa-
sionées.
» La prophylaxie découle naturellement des notions
étiologiques exposées. Établir nos ateliers dans des
conditions meilleures; donner de l’espace et de l'air ;
organiser un bon système de ventilation; inspirer à
nos ouvriers un peu plus de souci pour les mesures de
propreté, les soins des fonctions de la peau ; l’usage
des bains simples, savonneux, sulfureux, une ali-
mentation suffisamment réparatrice, et encore, les
jours de repos, dans nos campagnes, de salutaires
excursions, qui permettront d’utiles distractions, et
l’accès d'un air vif et pur sur des organes impres-
sionnés fâcheusement par l'atmosphère pulvérulente
de l'atelier. »
M. Mandon ne saurait contester l'influence des
poussières; mais il ne voit rien de spécial dans les
caractères et la marche de la phthisie des porce-
lainiers.
M. Bouteilloux, en présence d’une affection tou-
jours longue, produite par des influences toujours
complexes et multiples : hérédité, refroidissements ,
bronchites fréquentes , ete., etc., ne saurait admettre
toute la puissance accordée aux poussières sans pré-
dispositions particulières des individus exposés à leur
action.
Nos ouvriers tisserands subissent également les
inconvénients et les dangers inhérents aux conditions
hygiéniques au milieu desquelles s'exécutent leurs
travaux professionnels. Pour eux le labeur est opi-
niâtre , l'exercice insuffisant. L'habitation est humide,
216 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
mal aérée, mal ventilée, toujours trop peu spacieuse ;
le corps est penché des journées entières sur le métier ;
les membres , assujettis à des manœuvres pénibles.
Des poussières de nature végétale et animale se ren—
contrent chez eux, mais dans des conditions moins
propres que chez les porcelainiers à impressionner les
organes respiratoires. 11 faut enfin ne pas oublier le
contact des matériaux pouvant conserver des g'ermes
de. maladies contagieuses, et imprégnés de matières
colorantes acres et irritantes.
Parmi eux nous observons des bronchites chroniques,
franchement catarrhales, plutôt que des phthisies
tuberculeuses; nous signalerons plus spécialement
des déformations du tronc et de la poitrine, l’œdème
et les varices des membres inférieurs, l'asthme sec ou
humide, les maladies du cœur, avec leur cortége de
congestions sanguines et d’hydropysies, et surtout les
rhumatismes chroniques et les scrofules ; nombre
d’affections cutanées, parasitaires, eczémateuses, pru-
rigineuses , affections très-rares chez nos porcelainiers.
L'habitude extérieure est pâle, bouffie. Les tisserands
vieillissent vite, ou du moins prennent de bonne heure
le cachet extérieur de la détérioration organique.
M. Alexandre Daudy aîné, médecin dentiste à
Limoges, présente son davier contre-coudé, spécial
pour l'extraction des dents de sagesse de la mâchoire
supérieure. « Tous les praticiens, dit M. Daudy,
connaissent la difficulté, dans bien des cas, de l’ex-
traction de ces ostéides. L'éloignement et le déjet-
tement anormal de cette dent, dont les racines sont
souvent adhérentes à l’alvéole: la contraction des
museles masseters ; le peu de prise que présente cette
PROCÈS—-VERBAUX. 217
molaire danslescas de cariedesa couronne ; la difficulté
de l'application de la clefde Garengeot, etla facilité avec
laquelle glisse son panneton , constituent des obstacles
à une bonne opération, qui ne peuvent être vaincus
avec les instruments ordinaires. Et, si quelquefois on
arrive avec la clef de Garengeot ou tout autre ins-
trument, ce n’est jamais qu’au prix de vives souf-
frances. »
L'instrument de M. Daudy rend l'opération ac-
cessible et facile aux dentistes et aux médecins les
moins exercés à ce genre d'opération. Il donne la
certitude de respecter la dent saine qui est avant
(pénultième); ce qui n'arrive pas toujours avec la
clefdeGarengeotla mieux perfectionnée. Aussile davier
contre-coudé a-t-il reçu la sanction de l'expérience
des confrères les plus distingués de Paris et de la
province.
‘Son mode d'application est des plus simples. 1l
est saisi à pleine main. Les deux branches les plus
courtes sont tournées en haut, et portées sur la dent,
qu'elles embrassent par deux.points opposés, et le
plus près possible de la racine. Deux forts mou-
vements de latéralité ébranlent et luxent la dent, et,
par une traction en bas et en dehors, dans le sens
dé son axe, elle est enlevée complètement.
Remercîments à M. Daudy. +
Dans une des séances précédentes, M. Riboli avai
exposé ses idées sur la crânioscopie appliquée à la
recherche et à la détermination des instincts et des
sentiments , des facultés réflectives, perceptives et
instinctives. Il avait développé sa manière de com-
prendre et d'’instituer les études phrénologiques, et
218 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
les applications de ces connaissances à l'étude des
tempéraments, leurs modifications suivant les âges,
les maladies, les conditions sociales, l’exercice, etc. ;
à l'éducation intellectuelle et morale; à la notion des
droits et des devoirs, des passions, des tendances
honorables ou vicieuses, du caractère moral de
l’homme. M. Riboli avait proposé des applications
-sur des crânes pris au hasard : il en déterminerait
les caractères phrénologiques , dont l'exactitude pour-
rait être contrôlée par les notions préalablement
acquises sur les sujets ; et, plus spécialement, une tête
limousine étant donnée, il rechercherait les détails
de conformation corrélative aux facultés et aux ap-
titudes.
Deux longues séances ont été consacrées à ces
études et à ces expériences, et M. Boudet, au nom de
la commission, assistée de bon nombre de confrères,
vient exposer les résultats obtenus. Dans un rapport
remarquable, qui sera reproduit dans la deuxième
partie, il indique les précautions prises par la com-
mission, les investigations et les explications doc-
trinales et expérimentales de M. Riboli. « La com-
mission, dit-il en terminant, n'oserait pas prononcer
que la phrénologie peut donner une solution complè-
tement satisfaisante des problèmes soulevés par
MM. Riboli; mais elle croit pouvoir dire que cet hono-
able confrère a bien mérité du Congrès, et de la
section de médecine en particulier, en nous offrant
une occasion d'assister à ses curieuses investigations.
Tous les membres du Congrès qui ont été témoins de
ces expériences ont admiré la sagacité et la variété
de connaissances dont a fait preuve notre savant
PROCÈS-VERBAUX. 219
-confrère de Turin, et nous croyons être l'interprète
d'un sentiment général en demandant qu'il lui soit
voté des remercîiments pour l'intérêt que ses diverses
communications ont donné aux séances de la section
de médecine. »
La section adopte par acclamation la proposition de
M. Boudet.
M. Bouteilloux ne saurait accepter cet isolement
des organes, cette localisation des facultés, ima-
ginés par les phrénologistes. « Tout est solidaire
dans l’économie vivante, dit-il, aussi bien au point
de vue de l’état matériel des organes que de leurs
fonctions. Cette solidarité qui existe dans l’ensemble
des organes et des fonctions est également incon-
testable pour les organes destinés à réaliser des
fonctions spéciales, et pour les actes dont le concours
harmonique est nécessaire à l'accomplissement de
chaque fonction. Chaque partie réagit sur le tout,
et l’ensemble des actes exécutés par l'organisme,
la vie et ses manifestations diverses, ne peuvent
s'accomplir que par le concours, dans une mesure con-
venable, des divers organes et de leurs actes. L'intelli-
gence, en vertu de sa supériorité même, demande
encore davantage ce consensus soit des organes divers
qui paraissent concourir à sa manifestation, soit de
l’ensemble de l'organisme lui-même, considéré dans
ses instruments divers et dans son ensemble. Tout est
solidaire dans les masses nerveuses; et, pour le
moindre de leurs actes, cette solidarité est la con-
dition nécessaire de l’accomplissement de ces derniers.
Gall à abusé de ses études sur l’organisation cérébrale.
Absorbé dans la contemplation des parties qui
220 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
constituent les centres nerveux, il a oublié le lien.
mystérieux mais nécessaire, qui relie toutes ces parties
dans une unité matérielle et fonctionnelle, et réalise
l'individualité humaine avec sa spontanéité, et par-
tant sa responsabilité morale. »
— « La phrénologie, répond M. Riboli, offre bien à
nos études quelques pointstrès-positifs. Très-souvent,
examinant un individu pour la première fois, j'ai pu
déterminer son degré d'intelligence, ses facultés
dominantes. Vimont étudie Gall pour le combattre,
et, après sérieuses études, n'a-t-il pas été obligé
d'accepter ses doctrines? Certes il existe des organes
à la base du cerveau; mais c’est surtout la partie
antérieure qu’il importe d'étudier, avec ses circonvo-
lutions plus saillantes, plus prolongées en avant,
pouvant faire connaître les facultés affectives, les
diverses mémoires, etc. »
M. Bouteilloux revient sur ses précédentes objec-
tions, sur ces circonvolutions de la base admises par
M. Riboli, inaccessibles à l'observation, et que les
phrénologistes n’ont pas encore songé à utiliser.
Certes les facultés intellectuelles sont multiples : une
analyse attentive peut, parabstraction, en déterminer
les attributs, les caractères et les conditions de
manifestation; mais tout cet ensemble de facultés n’a
qu'un principe, une cause. La nature, avare de
causes et prodigue d'effets, habile à multiplier les
fonctions en réduisant le nombre des organes, aurait-
elle fait exception pour le cerveau? Pour l'intelli-
gence, comme pour la respiration et la digestion,
l'exécution de la fonction exige la solidarité, le
consensus des diverses parties de l'appareil , des actes
PROCÈS—-VERBAUX. 291
plus ou moins multiples exécutés par chacune de ces
parties. On ne peut dont concevoir ni le morcellement
des organes, ni celui des facultés cantonnées arbi-
trairement dans chaque département de la substance
cérébrale, qu'on s'est évertué à créer plus ou moins
arbitrairement.
M. le docteur Belloc donne lecture des trois obser-
vations suivantes, recueillies dans sa pratique ocu-
listique : FA
4° De l’absorption des corps étrangers introduits
dans la chambre antérieure de l’humeur aqueuse ;
9 Opération heureuse de cataracte congéniale sur
un malade âgé de vingt-neuf ans;
3° Opération heureuse de cataracte capsulo-lenticu-
laire, dure, siliceuse, persistant depuis cinq ans à
l'œil gauche, avec amaurose complète de l'œil droit
depuis quatorze ans.
Ces observations sont renvoyées au comité de publi-
cation.
L'ordre du jour est épuisé.
MM. Ancelon et Riboli remercient leurs confrères de
Limoges de leur bienveillant accueil. M. le pré-
sident, au nom des membres du Congrès, répond
qu'il s'estime heureux que des médecins étrangers
aient bien voulu apporter le tribut de leurs con-
naissances à la modeste médecine limousine. Le
Congrès doit beaucoup à leur concours : il est juste
de leur rapporter une bonne part de la valeur et
de l'utilité de nos discussions”
Des remercîments sont votés par acciamation aux
président et vice-présidents, dont l’exquise bienveil-
1 jointe ‘ r autorité du LE VE et de sean
ue ont assuré la régularité et l'intérêt de nos travaux. Frus “
PCR. séance est levée à une heure et demie.
ui, “la |
L u YTL8* k | |
A. DÉPÉRET-MURET, nu L
ê s, |
QUATRIÈME SECTION.
ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD AÎNÉ,
PRÉSIDENT GÉNÉRAL DU CONGRES.
Aujourd’hui 413 septembre, à neuf heures du
matin, et à l'issue de la messe célébrée par M. l’abhé
de Bogenet, vicaire général du diocèse de Limoges,
la 4° section s’est réunie sous la présidence de M. Al-
luaud , président général du Congrès scientifique.
M. le président a invité MM. les membres de la
section à nommer le président et les quatre vice-pré-
sidents devant former le bureau de la 4° section.
Le nombre des votants était de 38.
M. Félix de Verneilh, membre de l'Institut des
Provinces, a réuni pour la présidence 37 suffrages.
224 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Pour remplir les fonctions de vice-président :
M. Carlier, délégué du Comité flamand de France,
a obtenu 38 voix;
M. Louis Cousin, membre de la Société francaise
d'Archéologie, 37 voix ;
M. Léo Drouyn , membre de l’Institut des Provinces,
36 voix ;
M. Tudot, conservateur du musée de Moulins,
33 Voix.
En conséquence, M. Félix de Verneilh a été pro-
clamé président de la 4° section, et MM. Carlier, de
Paris, Louis Cousin, de Dunkerque, Léo Drouyn, de
Bordeaux, et Tudot, de Moulins, vice-présidents.
Le bureau définitif a pour secrétaires : M. Maurice
Ardant, archiviste du département de la Haute-
Vienne ;
M. l'abbé Roy-Pierrefitte, secrétaire-adjoint de la
Société Archéologique et Historique du Limousin,
Et le baron Gay de Vernon, membre de la Société
Archéologique et Historique du Limousin.
M. le président invite M. Félix de Verneilh à venir
occuper le fauteuil. M. de Verneiïlh, en quelques
paroles bien senties et chaleureuses, remercie MM. les
membres de la section de lui avoir décerné la presque
unanimité de leurs suffrages.
M. Maurice Ardant s'excuse de ne pouvoir pas
remplir les fonctions de secrétaire à cause d’une
affection ophthalmique dont il vient d’être atteint.
L'ordre du jour de la séance est relatif à l’ins-
cription de MM. les membres de la section qui se
proposent de lire des mémoires sur les questions
composant le programme d'archéologie et d'histoire.
[2]
PROCÈS-VERBAUX. 295
« 4° A-t-on dressé une carte géographique du
Limousin pour la période gallo-romaine? — Quelle
était la circonscription de la province? — Quelles
étaient les villes principales et leur importance
relative? — A-t-on la liste des wllas dont on a
retrouvé les débris? — A-t-on le tracé exact des
voies romaines qui traversaient le Limousin? —
Quels sont les monuments, les sculptures remar-
quables, les tombeaux, les inscriptions qui nous
restent de cette époque? — Peut-on tirer des ins-
criptions et des monnaies quelques renseignements
historiques? »
Se sont fait inscrire M. Combet, d'Uzerche, M. Mau-
rice Ardant et M. l’abbé Arbellot.
2% « Les faits et les personnages mentionnés dans
les chroniques limousines pour la période gallo-
romaine ont-ils une valeur historique ? — A quelle
époque remonte la rédaction première des faits relatifs
à cette période? »
M. Gustave Bardy, conseiller à la cour impériale
de Poitiers, annonce que M. de Longuemar, vice-
président de la Société des Antiquaires de l'Ouest,
encore absent de Limoges, présentera au Congrès
trois mémoires concernant les deux paragraphes que
cette question renferme.
3° « A quelle époque le christianisme a-t-il été
prêché en Limousin ? — Est-ce au 1‘" siècle, comme le
dit la tradition, ou bien est-ce au ir‘ siècle, comme
on l’infère d’un passage de Grégoire de Tours? » .
M. l'abbé Arbellot s'est fait inscrire. — M. de Cau-
mont donnera sur le même sujet communication des
15
226 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
observations de M. d’Ozouville, membre ‘de l’Ins-
titut des Provinces, dont les sciences archéologique et
historique déplorent la perte récente et prématurée.
Personne ne demande à traiter la 4° question.
5° « Quelle est la valeur historique des documents
traditionnels écrits au v° siècle et au vi‘ sur les
origines chrétiennes de la Gaule? »
Lecture de M. l'abbé Arbellot.
6° « Quelle était, durant les trois premiers siècles
de l'ère chrétienne, la topographie de la ville romaine
de Limoges? — En présenter le plan approximatif.
— Indiquer, comme on l’a fait pour certaines villes,
la position relative des principaux édifices publics,
amphithéâtres, bains, etc. »
Lecture des mémoires de M. Maurice Ardant et de
M. l'abbé Arbellot.
7 « Quelle fut, au rv‘siècle, quand on entoura la
ville de murailles, et, après la condensätion de la
cité dans une enceinte murée, l'étendue de cette ville?
— Quelle fut la distribution des édifices publics et
privés à l’intérieur de la place? — Quelles églises
furent établies? Quelle était la place qu'elles oc-
cupaient? Sous quel vocable étaient-elles au v'siècle?»
Lecture d'un mémoire de M. l'abbé Arbellot. —
Considérations que présentera M. de Caumont.
8 « Quelle était l'importance du suburbium de
Limoges? — Quelles églises y voyait-on au v° siècle? »
Lecture d'un mémoire de M. l’abbé Arbellot.
9 « À quelle époque la plus grande partie des
paroisses ont-elles été établies dans le diocèse de
ét
PROCÈS-VERBAUX. .297
Limoges? — Dans quelle proportion les abbayes: ont-
elles contribué à cette création ? — Carte des origines
des paroisses. »
Lecture d’un mémoire de M. l'abbé Roy-Pierrefitte.
10° « À quelle époque remonte l'atelier monétaire
de Limoges? — Quels en ont été les produits à
diverses époques? »
Me « Connaît-on plusieurs monétaires de Limoges
ou du Limousin? »
12° « Existe-t-il un travail sur la numismatique
du Limousin? »
Lecture d’un mémoire de M. Deloche, chef de
bureau au ministère de l’agriculture, du commerce et
des travaux publics. — Exposition des recherches et
des découvertes de M. Maurice Ardant.
13° « Les émaux cloisonnés sont-ils antérieurs ou
postérieurs aux émaux champ-levés ou incrustés? »
M. Félix de Verneilh se propose de traiter cette
question d’après les émaux qu'il a examinés ou
recueillis pendant son dernier voyage en Allemagne.
14° « Quelles sont les églises les plus remarquables
du Limousin appartenant soit à la période romane,
soit à l'époque ogivale? — Connaît-on la date
précise de quelques-uns de ces édifices? »
15° « Les cathédrales de Cologne et de Clermont, qui
offrent la même nuance de style que celle de Limoges,
ont-elles été réellement commencées vingt-cinq ans
avant ce dernier édifice? »
MM. de Caumont, Félix de Verneilh, Léo Drouyn
228 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et l'abbé Arbellot demandent à traiter ces deux ques-
tions.
46 « À quelle époque le style ogival a-t-il com-
mencé en Limousin ? — Est-il en retard sur le nord de
la France? »
Lecture de M. l'abbé Arbellot.
1% « Quels sont les caractères spéciaux de l’archi-
tecture limousine au moyen âge? »
Lecture de M. Félix de Verneilh.
18° « Quels sont les tombeaux les plus remarquables
de cette époque? »
Lecture d’un mémoire de M. l'abbé Arbellot.
49 « A-t-on des notices descriptives et historiques
sur les châteaux fortifiés du Limousin? »
Les considérations sur cette question seront traitées
par MM. Félix de Verneïlh, Léo Drouyn et l'abbé
Arbellot.
20° « A-t-on étudié suffisamment les monuments
civils, les ponts, les fontaines, etc., appartenant à
cette époque ? »
M. Charles des Moulins, sous-directeur de l’Institut
des Provinces, annonce qu'il lira, comme un appendice
à cette question, des considérations relatives à
plusieurs monuments situés dans le Bordelais, et qui
lui paraissent avoir un rapport direct avec cette
- partie du programme.
M. Combet, d'Uzerche, a la parole , et ditque l'étude
attentive du vin‘ chapitre des Commentaires de César
lui à démontré que la célèbre ville gauloise oppidum
tré
PROCÈS—VERBAUX. 229
Uxellodunum , sur l'emplacement de laquelle il existe
encore aujourd'hui beaucoup d'incertitude, devait
être Uzerche dans le département de la Corrèze. Il
a comparé le texte latin à la topographie des environs
de Sa; ville natale, et a retrouvé exactement les
détails circonstanciés de la description que donne
Hirtius Pansa : Flumen infimam vallem dividebat, que
pene iotum montem cingebat, dit l’auteur latin. Or la
Vézère, répond M. Combet, coule, au nord d’Uzerche,
dans une vallée profonde, et environne presque de
tous côtés là montagne où la ville d’Uzerche est bâtie ;
elle est très-forte par son assiette naturelle (natura
loci egregie munitum); elle est située sur un rocher
très-escarpé de toutes parts (omnes oppidi parles
prœruptissimis saxis esse munitas); enfin les Com-
mentaires rapportent que le lieutenant de César
Caius Caninius divisa ses :cohortes en trois camps,
placés. sur les montagnes voisines d’Uxellodunum
(tripartilo cohortibus divisis, trina excelsissimo loco castra
fecit). Or M. Combet a fait fouiller le terrain près
d'Uzerche, et a trouvé les vestiges de trois camps
romains : il en a dressé le plan.
Un grand nombre de faits admis en histoire ne lui
paraissent pas reposer sur des bases plus solides et sur
des observations plus concluantes.
M. Maurice Ardant, archiviste du département de
la Haute-Vienne, fait'observer que, sous la période
mérovingienne , beaucoup de médailles et de monnaies
portaient le nom d’Uzerca ( Uzerche ). Puisque, sous les
Mérovingiens, Uzerche s'appelait Uzerca, c'est que
cette ville n'avait pas eu de raison pour reprendre son
nom d’Uxellodunum , si national et si glorieux à porter,
230 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
comme le firent la plupart des anciennes villes
gauloises à la fin du 11° et au commencement du
rv* siècle. M. Maurice Ardant estime que cette circons-
tance doit détruire en partie l’opinion que vient
d'émettre M. Combet.
M. l'abbé Arbellot ajoute que, au v° siècle, sous la
domination des Wisigoths, il est question d’Uzerca
dans les lettres de Rorice l'Ancien, évêque de Limoges.
M. Combet n’en persiste pas moins dans son premier
sentiment, et en développe les motifs en expliquant
avec les plus grands détails le texte de l’auteur latin.
Le baron Gay de Vernon dit que cette question
mérite l'attention sérieuse de la section à raison du
travail persévérant auquel s’est livré M. Combet :
cependant on doit la traiter non au point de vue
topographique, ce qui serait certainement une cause
d'erreurs, mais au point de vue historique.
La section en renvoie l’examen à la séance du
lendemain, lorsque M. Combet aura fourni les plans
topographiques des lieux où, selon lui, auraient été
placés les camps et les lignes de circonvallation des
Romains devant Uzerche.
La séance est levée à dix heures et demie.
BARON GAY DE VERNON, secrélare.
SEANCE DU 14 SEPTEMBRE 1859,
PRÉSIDENCE DE M. F. DE VERNEILH.
A l'ouverture de la séance, en attendant M. le
baron Gay de Vernon, qui doit lire le procès-verbal de
PROCÈS-VERBAUX. 931
la séance précédente, M. de Caumont annonce que le
Congrès archéologique tenu, le mois précédent, à
Strasbourg par la Société française d'Archéologie,
dont la mission est de décrire et de conserver les
monuments historiques nationaux, a réservé pour les
départements du centre 600 fr., dont la distribution
doit se faire à Limoges. En conséquence, les membres
de la section d'archéologie sont invités à une séance
qui aura lieu, le soir même, dans la salle de nos
réunions, à sept heures et demie, afin que, les diverses
réclamations entendues, la répartition des fonds se
fasse de la manière la plus utile. — En même temps
M. le directeur de la Société française d'Archéologie
engage les personnes qui désireraient être reçues
dans cette Société, dont les services sont notoires,
à donner leurs noms à M. de Verneilh. On distribue
des programmes du Congrès de Strasbourg, où se
trouvent trois gravures relatives à l'Alsace.
Après l'adoption du procès-verbal de la dernière
séance, M. le président lit une lettre par laquelle
M. Gide offre au Congrès un exemplaire des premières
livraisons de l'ouvrage de M. Adolphe Berthy : La
Renaissance monumentale en France. Cet ouvrage s’a-
dresse autant aux archéologues qu'aux architectes : on
trouve dans le texte des documents curieux, presque
toujours inédits, fruit de recherches patientes et ingé-
nieuses, et, dans les gravures qui l’accompagnent, la
reproduction consciencieuse et fidèle de monuments
qui se recommandent tant par leur beauté que par les
souvenirs historiques que leur nom seul réveille.
M. Gide sollicite pour cet ouvrage le suffrage et
l'appui du Congrès.
232 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. le président annonce qu'il vient de recevoir de
M. le baron de Quast, inspecteur général des mo-
numents historiques de Prusse, une importante com
munication relative aux émaux d'Allemagne, dont 1l
fera part ultérieurement au Congrès.
L'ordre du jour ramène la question d’Urellodunum.
M. Combet dépose! sur le bureau, pour qu'on en
prenne connaissance, la copie du plan cadastral de la
commune d'Uzerche, sur lequel il indique les diversés
positions du camp romain.
M. Gay de Vernon demande la parole; et répond à
M. Combet que, dans des pays de montagnes comme
le Limousin, comme le Quercy, la description topo-
graphique d’Uxellodunum donnée par Hirtius Pansa
convient à beaucoup de villes situées au sommet d’un
escarpement, au:milieu de rochers, et derrière une
rivière coulant au fond d'une vallée étroite; mais qu’il
v’est pas croyable que l’auteur latin ait attribué le
nom de, flumen à un cours d'eau tel que la Vézère.
Uxellodunum, cette vaillante cité gauloise qui ne céda
qu'à César venant l’assiéger en personne, ne peut pas
être Uzerche, ville trop petite pour contenir, outre ses
habitants armés et prêts à la défendre, une garnison
de deux mille Cadurkes. Après la catastrophe d’Ale-
sia, la cause de l'indépendance nationale s’organisa
et se localisa dans quelques provinces de la Gaule
seulement; les Lémovikes, soumis aux Romains,
leur demeurèrent fidèles, tandis que les Cadurkes,
conduits par Lucter, l'ami, lecompagnon de Vercingé-
torix , combattirent héroïquement et jusqu'à la der-
nière extrémité. Ils résistèrent sur leur propre terri-
toire, et ne sont certainement pas allés sur celui des
PROCÈS—-VERBAUX. 233
Lémovikes, qui leur auraient été hostiles, puisqu'ils
avaient fait alliance avec les Romains. C’est donc dans
le Quercy, et sur la rive gauche du Lot, qu’il faut
chercher l'emplacement de la glorieuse cité d’Uæxello-
dunum. Est-ce Cahors, comme l'ont prétendu d’A-
blancourt et de Wailly, traducteurs des Commentaires
de César ? M. Gay de Vernon ne le pense pas : il est de
Popinion des historiens qui mettent Uxellodunum au
Puy-d'Yssolu. Le sentiment de M. Combet n’est sans
doute pas soutenable historiquement; mais, si notre
collègue, a été trompé par des ressemblances topo-
graphiques, on doit du moins lui reconnaître le mérite
d'avoir consciencieusement cherché ce qu'il a cru être
la vérité.
M. le comte de Chasteignier ajoute que chaque pro-
vince réclame comme lui appartenant les villes citées
par: César, ainsi que tout monétaire mérovingien à
attribution incertaine.
«M: Combet réplique : 4° Les limites des diverses
provinces gauloises ne sontt pas parfaitement établies;
2%en Limousin même tous les habitants ne devaient
pas embrasser alors la cause de Rome; 3° les uns
plaçant Uxellodunum à Cahors, d’autres à Capdenac,
d'autres au Puy-d'Yssolu, d’autres à La Pistule-de-
Luzech, localités distantes entre elles de vingt,
trente, quarante et même soixante kilomètres, lui-
même croyait pouvoir opposer à tous ces noms celui
d'Uzerche. Le seul moyen de reconnaître la véritable
position.d’Uxellodunum serait une vérification opérée
sur les lieux. »
Après cette question incidente, on reprend l’en-
semble de la ir question du programme : « A-t-on
234 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dressé une carte géographique du Limousin pour la
période gallo-romaine, etc.? »
M. Arbellot, curé de Rochechouart, lit sur ces
diverses questions un mémoire que nous n’analyserons
pas, parce qu’il sera publié dans la seconde partie du
Compte-Rendu. Après cette lecture, les observations
suivantes ont été faites :
M. Bonnin, inspecteur d'académie à Limoges, fait
remarquer, à l’occasion du premier paragraphe, que
M. l’abbé Texier lui avait promis, pour M. le mi-
nistre de l'instruction publique, tout ce qui est relatif
à la géographie gallo-romaine de la Marche et du
Limousin. Il devrait donc avoir au moins les notes
qui auraient servi à sa rédaction. — On répond que,
vraisemblablement il comptait sur les notes laissées
par Nadaud dans le Pouillé du diocèse de Limoges, sur-
tout dans le second volume, qui n’est pas sorti de la
bibliothèque de notre grand séminaire. M. l'abbé
Texier, rédigeant avec une extrême facilité, comp-
tait là-dessus. Ainsi il avait promis pour un temps
prochain une notice sur Obazine, et sa famille n’a
pas trouvé ses notes. S'il en a laissé sur la g'éogra-
phie romaine du Limousin, on les réclamera.
Pour la circonscription de la province, M. Ardant
cite un mémoire d’après lequel le Poitou aurait été
primitivement confondu avec le Limousin. — M. De-
loche, qui donne à notre province une circons-
cription plus considérable encore, doit lire un
mémoire. — MM. de Caumont et de Chasteignier font
remarquer que les provinces ont dù recevoir leur
démarcation de la diversité de nature des terrains
céologiques : par exemple, du côté du Poitou, le
4 y
bre
ee
Que:
PROCÈS-VERBAUX. 235
Limousin finit là où finit la région granitique.
M. Maurice Ardant ajoute que le patois limousin finit
aux confins de la province actuelle, en sorte que les
divers dialectes sont encore un signe de distinction
entre les provinces.
M. le président répond que, pour la partie méridio-
nale du Limousin, la province ne finit pas précisément
là où s'arrête la région granitique, mais à quelques
lieues en decà ou au delà, en embrassant tout le bassin
du Haut-Bandiat. Quant au patois Limousin, il
s'entend sans difficulté jusqu'à Périgueux, et n'offre
que des changements peu sensibles jusqu'au faîte
qui sépare le bassin de l'Ile de celui de la Dordogne.
MM. de Caumont et de Chasteignier insistent en
faisant remarquer qu'ils n'ont point posé un principe
absolu ; mais, en général, les divisions géologiques et
celles des patois concordent avec les divisions terri-
toriales.
Le mot fines provoque une discussion à laquelle
prennent part MM. Ardant, Bardy, Buisson, Combet
et Gay de Vernon. Quoique M. des Jardins ne regarde
pas comme un indice certain de limite territoriale ce
mot fines quand il est seul, cependant, pour ce qui
concerne le Limousin, il a bien le sens qu’on lui donne
ordinairement.
À l’occasion de Bré, situé près de La Souterraine,
et que M. Arbellot classait parmi les simples villas,
MM. Bonnin et Ardant, qui l’ont visité, attestent qu’il
faut le classer parmi les villes à cause de la vaste
étendue qu'occupent ses vestiges. « On y a trouvé,
, dit M. Ardant, une statue d'Hercule en granit et un
Amour en bronze. »
236 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. de Caumont demande qu'on fasse graver une
carte de la province sur laquelle seront signalées
toutes les découvertes archéologiques faites jusqu'à
ce jour. M. de Verneilh demande qu’alors on indi-
que par des signes différents l'importance de
chaque localité. Chassenon et Tintignac, assez
considérables pour avoir des spectacles publics,
comme le constatent leurs amphithéâtres, devraient
être qualifiés de villes de deuxième classe, — M. des
Moulins rappelle fort à propos, pour encourager
dans ce projet d’avoir une carte, que M. l'abbé
Michon avait depuis long-temps écrit une notice et
fait graver deux planches sur Chassenon, quand un
savant de Paris, qui avait par hasard vu ces ruines, fit
imprimer, dans les Mémoires de la Société des Anti-
quaires de, France, qu'il venait de découvrir cette
ville.
Les publications faites par les sociétés de province
n'empêchent pas toujours les découvertes faites par
leurs membres de rester dans l'oubli, mais elles
servent au moins pour attester leur antériorité,
M. Bonnin signale enfin à l'attention de l'assemblée
deux mémoires publiés par le Bulletin de la Société des
Sciences naturelles et d'Archéologie de la Creuse : le
premier, sur Acitodunum, est de M. Grellet-Dumazeau ;
l’autre, de M. Maurice Ardant, est intitulé : Étude sur
les voies qallo-romaines du Limousin et de la Marche. A
cette occasion, M. Roy-Pierrefitte fait remarquer que
M. Grellet-Dumazeau, esprit fort distingué,et fort
judicieux, s'est égaré par patriotisme dans ce travail
en voulant fixer Acitodunum à Aubusson au détriment
de Felletin et d’Ahun. D'abord il prend la tour
PROCÈS-VERBAUX. 2317
carrée d'Aubusson pour une tour romaine, tandis
que, au dire des connaisseurs, elle doit être seulement
du x° siècle; puis, lui qui, le compas à la maïn, sur
la carte de Peutinger, ne trouve jamais pour Ahun
ni Felletin les distances voulues, est obligé, se voyant
dansle même embarras pour sa ville natale, de donner
une raison qui s'appliquait aussi bien aux autres
villes, savoir que les différences s'expliquent par des
circuits qu'occasionait la déclivité des terrains.
Relativement aux monnaies limousines, M. Maurice
Ardant en cite une qui donne le nom du décurion
Petinus.
M. des Moulins propose ensuite un vœu qu'il
formulera plus tard, et inspiré par la brochure de
M. le docteur Wahu intitulée : Une ville déshéritée.
Cette ville est l’ancienne Julia Cæsurea, aujourd’hui
Cherchell. Il demande que le Congrès émette auprès
de M. le ministre de l'Algérie un vœu solennel et motivé
äfin qu'on fasse des fouilles à Cherchell, et qu’on y
forme un musée d’où il ne soit plus permis d'enlever
les richesses qu'on y aura déposées. L'assemblée
approuve à l'unanimité ce projet (1).
Enfin M. des Moulins ajoute un mot sur la des-
truction des murs romains de Dax (2). Cette protes-
tation, écrite dans un langage énergique et plein
d’une fine ironie, trouve un juste motif dans l'incurie
de l'administration de Dax et dans la prétention des
Anglais, qui ont frappé une médaille en l'honneur
de M. Roach-Smith pour avoir SAUVÉ les murs romains
(4 et 2) Voir les rapports de M. des Moulins dans la seconde
partie du Compte-Rendu.
238 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de Dax en l'absence de toute démarche de la part des
sociétés françaises. Or il est constant que, pendant
deux années, M. le directeur de la Société francaise
d'Archéologie a fait d’incessantes démarches pour
empêcher cette destruction. Mais on ne tient pas
compte de ce que peuvent dire ou faire des compa-
triotes : il faut les reproches des étrangers pour forcer
à comprendre les choses les plus claires. Malheureu-
sement le vandalisme des Dacquois se pique de
persévérance, et, malgré les oppositions, poursuit
jusqu'au bout son œuvre.
La 2° question du programme est remise à la séance
suivante.
J.-B. L: ROY-PIERREFITTE, secrétaire.
SÉANCE DU 15 SEPTEMBRE 18509.
PRÉSIDENCE DE M. LOUIS COUSIN.
La séance est ouverte à neuf heures sous la prési.
dence de M. Louis Cousin, de Dunkerque, qui occupe
le fauteuil en l'absence de M. Félix de Verneilh,
retenu chez lui par une indisposition annoncée, la
veille, à la réunion de la commission permanente du
Congrès.
M. l'abbé Roy-Pierrefitte, un des secrétaires de la
section, lit le procès-verbal de la séance du 14 sep-
tembre : cette lecture ne provoque aucune observation
ni réclamation. Le procès-verbal est adopté.
M. de Caumont communique à la section les deux
PROCÈS-VERBAUX. 239
premières livraisons du grand ouvrage en langue
allemande publié à Carlsruhe par M. le docteur
Hubsch, directeur des bâtiments publics du grand-
duché de Bade, et membre étranger de la Société
française d'Archéologie. Cet ouvrage, intitulé : Les
monuments de l’archilecture chrétienne primitive, et son
influence sur l'architecture chrétienne des époques posté-
rieures , sera traduit en français, et se composera d’un
atlas grand in-fol. de soixante planches lithochromiées
pour la plupart, et d’un volume de texte formatin-fol.,
où seront insérés un grand nombre de dessins destinés
à compléter les détails des planches de l’atlas. M. de
Caumont ajoute que M. Deloche s’est excusé, par une
lettre écrite à M. le président général du Congrès, de
ne pouvoir venir à Limoges que pour la séance de lundi
prochain 19 septembre, et demande si, ce jour-là, la
& section du Congrès sera disposée à entendre la
lecture de son travail sur les 10°, 44° et 42° questions
du programme, relatives aux travaux des ateliers
monétaires de Limoges et à la numismatique du
Limousin. M. le président répond, au nom de la
section, que M. le président général du Congrès sera
invité à écrire à M. Deloche que la 4° section sera
toujours prête à l'entendre, quel que soit le jour de son
arrivée à Limoges.
M. de Longuemar, vice-président de la Société des
Antiquaires de l'Ouest, demande la parole, et présente
. des observations sur la nécessité de rédiger des statis-
tiques archéologiques locales dans chaque province, et
Sur la forme à leur donner.
1 fait l'éloge des travaux si noblement entrepris, si
Savamment dirigés par M. de Caumont depuis un
240 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
—
quart de siècle, et si heureusement soutenus par ses
élèves et ses émules. « L'ensemble des anciens mo-
numents, dit M. de Longuemar, possède une physio-
nomie qui lui est propre, et parle une langue que
l'archéologie doit se charger de traduire aux habi-
tants, afin qu'ils comprennent toute l'importance
historique de ces vieux témoins du passé, et qu'ils ne
s'acharnent plus systématiquement à les faire dispa-
raître chaque jour les uns après les autres, afin que,
de l’autre côté du détroit, on n’ait plus l’occasion de
‘frapper des médaiïlles en l’honneur d’archéologues
anglais réclamant le bénéfice d’avoir sauvé de la
destruction un monument historique de notre sol,
lorsque déjà la voix du fondateur de nos Congrès
s'était élevée plusieurs fois en sa faveur. »
Cette vive réclamation contre la prétention par trop
britannique de M. Roach-$Smith, qui veut à toute
force avoir sauvé de la destruction les murs romains
de la ville de Dax, est couverte d’applaudissements,
et rappelle à tous les esprits la piquante dissertation
sur le même sujet de notre savant et spirituel col-
lègue M. Charles des Moulins, lue dans la séance
cénérale du 13 septembre,
« Il faut tout conserver des monuments et des
débris qui rappellent les souvenirs de gloire d’un
pays, dit M. de Longuemar. Dans le riche musée
de Poitiers, on garde religieusement un bloc de pierre
à peine dégrossi par le ciseau ; et, quand un visiteur
étranger demande ce que c’est que cette pierre :
« C’est le montoir de Jeanne d’Are, lui est-il répondu,
» lorsqu'elle partit de Poitiers pour aller délivrer
» Orléans, chasser les Anglais du royaume, et faire
PROCÈS-VERBAUX. 241
»sacrer à Reims son gentil roi »., — Ces mots, prononcés
avec l'accent du cœur, ont provoqué une nouvelle
salve d’applaudissements, parce que, en France,
dès qu'on parle d'honneur, de gloire et d’indépen-
dance nationale, les poitrines et les mains battent en
même temps.
M. le comte Alexis de Chasteigner fait observer que
M. de Caumont, dans sa Statistique monumentale du
département du Calvados, a donné le modèle à suivre
pour le genre de travail qui fait l'objet des vœux
de M. de Longuemar.
Celui-ci, reprenant! la parole, lit une note pleine
d’apercus ingénieux sur les pierres gauloises, et
fournit, à l'appui de ses observations, un croquis
relativement à une série de dolmens et de menhirs
qui existent, dans le département de la Vienne, entre
Civray et le bourg de Cenon, situé au confluent du
Claïn et de la Vienne. Ils sont au nombre de cinquante,
et occupent, le long de la rive droite du Clain, une
étendue de quatre-vingts kilomètres dans la direction
générale du N.-N.-E. au S.-S.-0. La plupart de ces
pierres gauloises ont servi de tombeaux, et M. de
Longuemar pense qu'elles marquaient la frontière
entre deux tribus importantes de la Gaule. Aussi
lui semble-t-il d’un puissant intérêt pour la confection
des cartes archéologiques de l’époque gallo-romaine
de rechercher avec soin les traces de ces lignes
de monuments celtiques, et d'en décrire les directions
au moyen des débris qui sont encore épars sur notre
sol.
M. Alexis de Chasteioner est de l’opiniôn de M. de
Longuemar : il croit que ces lignes de pierres gau-
16
242 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
loises, menhirs et dolmens, ont été, en général, des
délimitations de provinces gauloises , de tribus ou, de
sections de tribus. Son sentiment à cet égard s’est
fortifié par l'examen qu'il a fait de ces lignes ,en
Angoumois, et principalement partout. où il y à eu
des Marches de province : « Et, ajoute-t-il, si lon
m'oppose que les menhirs se trouvaient le plus
ordinairement placés sur les anciennes routes, je
répondrai que cette disposition vient de ce que, les
anciennes routes servaient communément de limites
entre les peuplades gauloises. M. de Chasteigner, a
reconnu, dans-un parcours de Blois à Romorantin,
qu'une série de dolmens ne pouvait être qu’une vieille
ligne de démarcation territoriale. »
M. de Buzonnière n’est pas complètement de cet
avis. Dans l’'Orléanais et sur la rive gauche de la
Loire, les pierres gauloises sont dispersées et sans
liaison apparente entre elles :,il y.a en Sologne. de
nombreuses tombelles qui ne forment pas. d’ali-
gnements. |
M. Bouillet a visité souvent et avec soin les tom-
belles dans l’ancienne Auvergne : elles sont en très-
grand nombre dans la plaine d’Albot, arrondissement
de Mauriac { Cantal), et dispersées cà et là comme au
hasard, M. Bouillet en a fait ouvrir et fouiller.
quelques-unes, et n’a trouvé à l’intérieur, que, des
ustensiles de ménage et des fragments de poterie
grossière. Dans ses fréquentes explorations archéo-
logiques des départements du Puy-de-Dôme, du
Cantal, de l'Allier et de la Loire, il n’a pas reconnu
que les menhirs, quand il en a rencontré, fussent
rangés en ligne.
F ‘ \
PROCÈS-VERBAUX. 243
M. Cousin rapporte, à ce sujet, qu’on trouve aussi
de hautes mottes, formées de main d'homme, dans le
Boulonnais, enclavé maintenant dans le département
du Pas-de-Calais : les unes sont des tombelles où tumuli :.
mais la plupart passent pour avoir été élevées soit pour
l'établissement dé châteaux-forts, soit pour allumer
des feux servant de signaux et annonçant l'approche
dé l'ennemi. C'était le moyen de correspondance
télécraphique des temps de barbarie: et, de nos
jours , il ést encore employé à la guerre.
Le barôn Gay de Vernon dit que M. l’abbé Arbellot,
dans $a Revue archéologique de la Haute-Vienne, publiée
en 1852, à signalé l'existence d'un menhir, de seize
dolmens et de dix-sept tombelles. Le dolmen près de
Cognac (arrondissement de Rochechouart) sert encore
de limite entre la commune de Cognac et celle de
Saint-Auvent. M. Gay de Vernon connaît plusieurs
pierres gauloises dans la partie orientale de l’ancienne
province du Limousin :
1° Une grotte factice ou allée couverte, à Felletin
(Creuse), près du cimetière communal : elle est
ouverte à l’orient;
2 La pierre de La Gardelle, à trois kilomètres
du château de La Baconaille (Creuse), près du chemin
de grande vicinalité de Sauviat à Saint-Moreil (Haute-
Vienne) : c’est un tétraèdre taillé dans un rocher dont
on a Coupé le sommet : la table et les faces latérales
dé la pierre présentent de grossiers dessins :
3° Deux dolmens sont situés, l’un à quelque dis-
tance du hameau de Marlhiac (Creuse), l’autre au
Pouyol, à quatre kilomètres de la ville de Saint-
Léonard, près de la route départementale qui mène
2h4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
du pont de Noblac-sur-Vienne , à Saint+(Germain-
les-Belles. La table du premier est uné-émorme pierre
ronde de 3 m.,20 cent. de diamètré et de 66 cent.
. d'épaisseur; d’un côté, vérs le levant, ëlle repose
à terre; de l’autre, le est soutenue par deux pierres
verticales Nr La table du second, dolmen est
élevée d'un mètre. ef; demi au-dessus du sol:xelle,a Ja
forme d'un. ovale mal dessiné dont. la-partie: la plus
allongée est, tournée à lorient. Ce; dolmen,:quiest
planté;sur un plateau découvert, se voit de fort:loin.
«M..de Longuemar invite les -archéolegues:.du, Li+
mousin à, examiner soigneusement l'orientation -des
monuments druidiques,.car il est: persuadé; que :de
cette: détermination, exactement; faite - sortiront, de
grandes lumières et peut-être la.solution, du problème
celtique, encore euveloppé de beaucoup, d'obscurité,
«M. Maurice Ardant, demande. à M: l'abbé. Arbellot
siln'a.pas reconnu.une,série de pierrés g'auloises, sur
les confins du Périgord et de l'Angoumois, etisitélle
ne lui à pas semblé ;:commerà du; former une ligne
de démarcation. M:!Fabbé'Arbellot fait une réponse
afirmative, et partage, à ce Sujet, l'opinion de
M. ps Crest et de M, Maurice Ardant.
0e Longuemar distribue aux membres de la
À. des exemplaires de:son rapport relativement à
une inscription \celtiquertracéerà la pointé sur! une
lame d'argent, roulée:: dans um étui demétal. et
découverte, l’année dernière, à Poitiers parmi les
ossements d’un cimetière abandonné. Après un pé-
nible travail, M. de Longuemar et M. Cardin, docte
linguiste de Poitiers, parvinrent à la déchiffrer, et à
la traduire en caractères ordinaires :
I")
: PROCÈS-VERBAUX. 245
DIR NTI pisiGéntaurion analabis bis Gontaurioso
rte Sn1Ceamalabis bis Gontorios càtalases
, Uim.canima uim spaterna masta
. |Mastars setutate Justina quem,
Peperit Sarra.
9TI91( Z'\F:
16199
20(19°
EOCTT
Ce premier résitat obtenu, il fallait trouver 1e séns
de ee/bizarre assemblage de'mots’ et de syllabes, qui
semblaient :m'appartenir à aucune lang'ué confié !
bientique les! quatre ‘derniers mots fussent Tatins
Écldirés) par leurs études paléographiques , MM: ‘dé
Longuemar et Cardin eurent proriptément reconnu
que ‘cette inscription était une formule’ médicale de
Marcellus Empyricus | médecin’de Théodosé! ét com
poséelde mots empruntés au: grec. a AR et à 1des
dialectes encore inexpliqués. /190] 19 10H #0 Dee
Cêtte ‘inscription fut soumise à l'examen du savant
Mi-Pictet,| de (Genève, qui là débrouilléé | et coupée
er cinq vers de huit syllabes! ‘avec °urie ‘césure!au
mblieuts , onrroiA | 5] D'OBTIOE 1 m0 281
aorf St RUN 2 2804 8 rl ont
nous ous Bis Gontaurion |Icanalabis (14) b
co"! Bis Gontaurios | catalases! ; RAT
Uim canima! | Uim Spaterna ! F dev
‘Masta mastars 2 setutate! k
gl 9h A nt XHS 95 ouai 9) ,.W
6 IMrPictetioles ca: Ann) at manière suivante
“en: introduisant ; (comme:on:le voit, dans'let texte
primitif deux NAN sans! norte D sors!
eo ES 19 RS rer D [Li | t'a Y 10)!
jonjure le fascinateur, par, des, souffes ! VARIE
C jure le fascinateur par des chants!
xs Conjuré lé$ incantati jons du fascimateur À
De AT II LI Bf 6 THOTALTIST , PTIT c
OÙ (ir 25°
3t901 (tri
(1) Au lieu de : « Bis Gontorioso eeaialabis 2634 6 0) pet pe
246 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Loin de moi la plainte! loin de moi la stupeur !
Que la rétention de l'urine cesse !
Les quatre mots latins Justina quem peperit Sarra
indiquent, selon le traducteur, que le possesseur de ce
talisman était le fils de Justina Sarra. :
Pour employer utilement ces formules populaires,
fort en usage vers la fin du 1v° siècle ,'il était recom-
mandé de les tracer sur des feuilles de métal, de les
envelopper avec soin dans un étui également de
métal, et de les suspendre au corps du malade avec
une lanière de cuir.
« L'inscription de Poitiers, dit M. Pictet dans sa
réponse à M. de Longuemar, constitue le document le
plus important retrouvé jusqu’à présent; et qui sait si
le sol de votre ville ne vous livrera pas encore quel-
qu'un de ces talismans dont l’usage doit avoir été
assez répandu? Ce serait là l'évènement le plus heu-
reux pour nos études gauloises. »
M. le président propose de demander, au nom de la
section, que M. de Longuemar soit autorisé à rendre
compte en séance générale des curieux, travaux dont
il vient d'entretenir l'assemblée.
La parole est donnée à M. l’abbé Arbellot sur la
3° question du programme d'archéologie tt d'his—
toire :
« À quelle époque le christianisme a-t-il été prêché.
en Limousin? — Est-ce au r°' siècle, comme le dit
la tradition, ou bien est-ce au 1° siècle, comme on
l’infère d’un passage de Grégoire de Tours? »
La lecture de cet exposé historique est interrompue
par l'heure avancée : M. l'abbé Arbellot la reprendra
PROCÈS-VERBAUX 247
à l'ouverture de la séance du lendemain; et, comme
il serait difficile et fâcheux de’scinder ce travail plein
de savoir et de recherches historiques , on a cru préfé-
rable de rendre compte de son ensemble dans le
prochain procès-verbal.
La séance est levée à dix heures et demie.
}
BARON-GAY DE VERNON, secrétaire
SEANCE DU, 16 SEPTEMBRE 1859
PRÉSIDENCE DE M. LOUIS COUSIN.
Le procès-verbal de la séance précédente est Iu et
adopté
M. l'abbé Arbellot est invité à continuer sa lecture
sur la question relative à l'introduction du christia-
hisme dans les Gaules et à la MISSION apostolique de
saint Martial. À
La veille, M. Arbellot, rappelant de vive voix les
arguments développés dans sa Dissertation sur ce
Sujét , a établi que le texte sur lequel se sont appuyés
les critiques du xvrre siècle pour répudier les traditions
du moyen âge n’a aucune autorité; car. : d° ce pas-
Sage s'appuie sur üpe citation ineéxacte en faisant
dire à la lécende de saint Saturnin ce qu’elle ne dit
pas. — 2" Ce passage est en contradiction avec des
écrivains antérieurs, dont le témoignage a plus d’au-
torité que celui de Grégoire de Tours; à savoir
Saint Irénée, Tertullien, Lactance, saint Jérôme,
248 CONGRÈS SCIENPIRIQUE /DÉ FRANCE.
affirmant que / dès le n'siècle , il y avait des chrétieris
chégl' les diverses natidhs des Gatilés. 2/3 Ce’ texte
renferme ‘des faits particuliers dont” 6h démontre là
fausseté par exémplé, Grégoire de Toürs dit ®’«Saïnt
Trophimé d'Arles, envoyé en 250, et'1és évêques de
la province d’ Ko écrivant au pape saint. Léon
en 440 !'proclamient qu'il a 6té envoyé, dès l'origine
du” ent nee par &aint' Piérré” lui L'mêmé; let
d'aflléurs , en 250 1e Siébe d'Arles était occupé par un
hévétiqué RSR Martien, comité noûs l épprenA üûne
léttrél'de saint Cyprien ab Caéthage 72 UT fans
cé” passagsél Grégoire de Tours est éh contradiction
avetluilméme, puisqu'il dit aflleurs de Saint Ursin ét
de tKaint Saturn qu'ils ont été envoyés par lès dis-
ciplé£ des ‘apôtres et attribué au pape: sait
Clément Ta mission de saint Eutropé de Saintes. EL
30 Lés' partisans dé” Grégoire de Tours reconnaissent
eux-mêmes que ce passage est très-défectueux. —
6ù Enfin il °est/ toût À fait imvriaisembläble QU Je le
chiStianisine , préché dan les Indes ét dans l'Espagne
dés'lenir &iècle, et Adrihrit X' Lyon ét'en Afrique dès
18 ne) "n'ait été antioncé dans la majeure partie /dés
Gaules que pendant la seconde moitié du 11° siècle. ”
” Citant ensuite les documents traditionnels depuis le
xrsièclé jusqu'au vit depuis les concilés de Bourges ét
de Limoges jusqu'aux vérs de Fortunat découverts à
Florence à 14 fin du ‘siècle dernier, M: Arbellot a
montré, par ces témoignages des divers sièéles !'Ique,
‘d'après la tradition ‘inmémoriale du Limousin ét de
V'Aquitaine saint Martial à étéénvoyé parsaint Pierre
Tüi-même ; qué l'église de Collé en Toscane et l’église
dé Sainte-Marie 1n Via Lata à Rome ont consiené dans
12211 PROCÈS-VERBAUX, 1: 249,
de vieux manuscrits,et d'anciens monuments la “même.
tradition ; puis il en;a conclu que:des témoins éloignés,
nayant pu s'entendre, devaient.être; véridiques. et
qu'on doit adopter. et. réintégrer dans, l'histoire. cette
tradition immémoriale. sur 3 Some de, la; mission de
saint Martial... F2"
M ;Arbellot à ajouté que, dé la TE je
son liyre sur, ce sujet,qun certain nombre d'historiens
et de savants ont développé. la. même thèse , ef, abouti
aux pmémes. conçlusions., Enfin. il, a parlé des
documents inédits découverts pax. Jui à la bibliothèque
impériale, et qui. «lonnent .un. nouvel. appuià,, ses
preuves ;,par exemple, l’ ançienne Vie de saint Mar
tial , que, l'on. ;SToyait perdue; et, qui date-an, moins
du,.vi° Siècle; une, curieuse séquence du 1x° siècle,
mélangée. de mots grecs ne séquence inédite d'Abbon
de,Fleuxy.... un. des personnages, Consiién bles: du
x siècle. etes. ete 29 9'Opeesq 9!
,1 Dans laséance,d' Ps Un M: Ah je à, éni un
sommentaire des vers, dle.Pierre le; Scolastique, relatifs
à) ançienne,. Vie de saint Martiai, et il a montré,
par divers. arguments, sr et la sincérité de
Cetle Pièce; 51 Aitiorr of 65)
5 Mr ;Abellot allait, nd Fr Se Hot oi
Hrogranmeponr.çompléter,sarthèse lorsque M..Tudot
«demande. à faire la communication. d’une découverte
intéressante de figurines gallo-romaines. , »rHotol
31Après| la;conquête, l'usage. D ni par dé
Pie ee divinités.se répandit, rapidement, dans
toute la, Gaule, et, des céramistes, partis de. quelque
«grand centre,oivles antsétaient en. honneur ,, y propa-
-sûrent, cette industrie.Ces artistes étaient,tr ès-habiles
250 CONGRÈS SCIENTIFIQUE" DÉ FRANCE.
combiner les différentes qualités d'argiles, et il est
à croire qu'ilsont pressenti là où se trouvaient des
terres kaoliniques , plastiqueset ocreuses. Le Limousin
dut done avoir! dès lor$: des ‘établissements de ééra-
mique.
Les principaux ‘caractères que représentent les
figurines trouvées dans l'Allier aideront à reconnaître
lesidébris que l'on'trouverait chez nous, ‘aussi bien
que les modifications que ces’ statuettes auraient
éprouvées, et la part qui revient! aux artistes étran-
gers. St M. Tudot qualifie de gauloisés des statuettes
répandues en Gaule Seulemént après la conquête!
c'estique les types ‘originaux paraissent remonter à
des temps plus anciens , peut-être même à l’époque
où l’art étrusque dominait à Rome, et pouvait
s'étendre sur la civilisation naissante des Gaulois: —
Pour les monnaies, on avait commencé à imiter des
pièces étrangères, et cet art es ensuite chez nous un
caractère local. D 9
: Limportation et la propagation des:istätuéttes /en
argile ardû suivre ‘une voie: parallèle. Appéler
gauloises nos statuettes imitées de types étrangers,
c'est surtout préciser le pays où on les fabriqua ,'et le
mot céramique gauloise a sa Signification légitime. Il ne
faut pas confondre les statuettes en terre blanche avec
celles en terre rouge, qui décèlent une origine
romaine. La proportion de ces dernières est élégante,
etles formes sont belles. Les statuettes entièrement
blanches sont de la Gaule celtique et d’un moulage
lourd Les plus répandues en Gaule sont d’abord
Vénus; les images des déesses protectrices de la
maternité, dites Rumina, qui allaitent des enfants,
2 oh
PROCÈS-VERBAUX. 2351
sont aussi plus répandues. Quoique plus rares, celles
de Mercure, d’Apollon-Bellenus, de: Minerver: et
d'Hercule se trouvent aussi fréquemment.
Dans les centres de fabrication, on trouve surtout
des moules qui, d'ordinaire, donnent le nom\du
céramiste, M. Tudot vient d'acquérir la certitude que
les'artistes qui. fabriquaient les statuettes em terre
blanche faisaient aussi des poteries lornées, comm
le.prouvent quantité de pièces sorties! des: fours de
l'Allier, et signées, Ils faisaient également des vases
décorés d’ornements, d'animauxet de figures: leurs
poinçons n'étaient pas en cuivre, mais en terre: 11
est. constant qu'il y, eut une industrie, de:.céramique
essentiellement gauloise, car la poteriel rouge: ornée
est extrêmement rare dans l’ancienne:Italie.
Ainsi que le désire le savant. auteur du-mémoire,
on, recherchera donc avec soin ces statuettes gauloises,
qui sont les œuvres primitives de notre-art plastique:
Elles ouvrent une voie nouvelle aux études archéologiques.
., Ce remarquable rapport de M. Tudot sera publié! 11
a,excité de vifs applaudissements;, et l'assemblée vu
avec le plus grand intérêt les moules des statuettes
et, soixante-quinze, planches qui représentent les
pièces trouvées dans l'Allier.
M. Aluaud fait. remarquer. qu NM hui iles
“baies sont en plâtre, non en terre cuite ,1 et il ajoute
que, sur des poteries trouvées à Tintignac, on voyait
un,émail plombifère ; émail qu'on: n'employait: pour-
tant pas avant le xxre siècle.
M..de Caumont croit avoir reconnu ce vernis sur des
poteries des premiers siècles; mais M. Tudot explique
ce fait par un autre bien constaté, savoir que les vases
9252 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de formes antiques ont été, dans quelques localités,
reproduits au xt siècle, ‘ét peutiêtre même avec
des moules dont les céramistes des premiers siècles
aväient fait usage. if 4 re
Murde-Chasteigner dit-Que, dans le’ Bordelais } on
vend encore aux foires dés jouets d enfant en terre
cuite/qui représentent les cogs Je l'on à vie sur 1és
dessinsde M:Tudot.10011 011100 AT
Cette:rquestion épuisée ;:M: ‘Maurice Ardant fait
passer sousiles yeux- du Congrès l'exemplaire original
de.la bulle-de Clémenit VI qu’il a découverte dans les
archives de-la préfecture / bulle” par” laquelle le ‘pape
ordonne aux égliseside Aquitaine de célébrer la fête
de saint Martial comme dun apôtre, “et sous de rit
double.-55siq s1dc sTg, (LU ST PTEMT 5,
L'ordre. du jour ioéfoté) le Congrès à’ traiter la
5° question du programmé! ainsi conçue: « Quelle est
la valeur historique des dééuménts traditionnels écrits
au vésiècleet au vresur es driginés chrétiennes de là
Gâmeñ ».1 solo je 21 M 2
«M. Fabbé Arbellotlit sur care un Jhénfiré dans
lequelil établit que: les tégeñdés des Shints les’ plus
ancienssont, dans (nos diverses provinces, le$ plus
vieux monuments de notre histoire nationale ; 2° que
les légendes de nos prémiérs évêques s'accordent à
faire remontet!leut! mission/à saint Pierre ou à saint
]
Clément. 911901 rano0 of op 91001 9busmsb A
Quant à la valeur historique de ces légendes, $i l'on
cherchecla vraie tradition , ‘c'est dans'cès inoHinênts
indigènes qu'ont doit la” krôtit Ci Août, on n'a
rien de plus certain “Hilléurs /”6t/! ju&qu'à preuve
dû contraire: ai présothiption est en favéur de ces
{
F1
30
L
"
l)Z2HNI AG AUQIHITAHID2 21AN/O SE
| PROCÈS-VERBAUX... days 253
légendes, On ne peut rejeter la date qu'elles idémnent
sur la mission de n9S-premiers évêques pour adopter,
avec l’école de Launoy, une date purement :conjec:
turale. 55: Mais, -n:Supposant que; tout examiné .
le..doute ;existât entre ces deux époques: ‘pourqioi
rejeter une date qui a été. consacrée par la croyanée
des siècles, et qui a le mérite incontesté de là possession,
pour adopter une date Conjecturale, qui-estiauioins
aussi incertaine, et, qui, n'æ pas’ le ;mérite -d'avoir
été transmise et consa crée par la croyance imméimoriale
de5,peuples? On: applandit: à cettesconçlrision 20 vite:
A... de Chasteigner, présente àhl'assemblée: ümipetit
gg-volo, en cire qu'on emploie; encore à Limoges, ‘ét
dont il a remarqué un grand nombre placés devant
un Christ dans Léglise. de, St-Michel-desiLiontst C'est
HD perSonnage à genoux, devant:un prie-Dieu:°8t én
costume du, temps des Valois: ce Qui prouve que 6e
type 1'a,pas cessé. d'être employé: depuisde milieu du
XVI° Siècle. Le moule en bois est chez M. Herv# )
chier, M. de \Chasteienier demande Sibdÿs4 ne
légende QU: UNE. froyance spéciale | à ét: ex-volo.1 On
xépoud, négativement, ‘et:lonoajouté, quele-‘même
:volo se trouve appendu dans, beaucoup d'églises du
A 1110)
diocèse il désirerait que quelques ‘exemplaires en
HIDE: conservés; an.musée.de, la villes om ons!
Il demande encore que le Congrès émette les deux
noie SUVAMS 20) ob oupitoteil tolé v &l YiL11Q)
-1147. Que le tombeau de Jean; de:Langeac soit mis à
l'abri des dégradations par, des; moyens qui ne gêne-
raient pas la, vue,des visiteurs: :.…. bi
1% % Qu'on transporte en, un. lieu plus convenable,
surtout au musée, une cuve baptismale octog'one qui
254 CONGRÈS SCHENTIFIQUE DE FRANCE.
est renversée devant la-porte occidentale: de l'église
de Saint-Michel.
L'assemblée applaudit à ce double vœu:
J.-B. L. ROY-PIERREFITTE, secrétaire.
ft
SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. LOUIS COUSIN.
Après. la lecture et l'adoption du procès-verbal,
M..de, Longuemar demande, à dire un mot sur les
monuments celtiques.
Comme beaucoup de ces monuments ont été dé-
truits,,il désirerait qu'on recueillît les traditions qui
s'y rapportent. Les noms de Püierrefite, Pierrefiche,
Peyrelevade, Tombe du Général, semblent, en effet,
rappeler ces souvenirs. M.,de Longuemar présente le
croquis d'un, menhir, dessiné par M. l'abbé André
Leclerc..et situé, au: fond d’une vallée, près du
village de Bordes, paroisse de St-Quentin, canton |de
Felletin (Creuse). On trouve sur ce monument des
caractères hébreux qui demandent un dessin plus net,
et dont on cherchera l'explication. Quand ont-ils été
appliqués à ce menhir? Au château de Montreuil-
Bonnat | Vienne), on voit une inscription hébraïque
qu'un juif prisonnier y mit au xx siècle.
M..de Longuemar communique aux membres ‘du
Jongrès un album, de peintures manuscrites inédites ,
oùse trouve la série des peintures murales des églises
du Poitou.
4 l'occasion de ces peintures, relevées avec tant de
PROCÈS=-VERBAUX. 955
soin et dertalent, M. de Verneilh', qui vient d’éntrér
dans la salle, rappelle que M. de Longuemar a
signalé, parmi les fresques du baptistère Saint-Jean
à Poitiers, une figure équestre, accompagnée de cette
inscription en majuscules romanes : «.….TANTINV... ».
Il lui demandera s'il ne trouverait pas un nouveau
motif de penser que toutes les représentations du même
genre se rapportent réellement à Constantin. Dans
une vieille légende limousine d’après laquelle cet
empereur aurait vaincu en bataille rangée et terrassé
lui-même un certain proçonsul; nommé Gallus Añi-
balianus, qui dépouillait les églises d'Aquitaine ;: il l'est
dificile, et M. Maurice Ardant l'a parfaitement établi,
de découvrir un fondement historique à cette légende.
Maïs peu importe : il suffit, au point de vuéldé
M.:de Verneilh, qu'elle ait eu: cours en Aquitaine
pendant le moyen âge.
Eneffet,. les statues équestres accompagnées d’üne
autre /faœure touchée, assez semblable au mendiant
de; saint Martin, se rencontrent presque toutes dans
les provinces du sud-ouest; ce qui S'expliquérait si On
avait; dans l'histoire vraie où légendaire du Pays,
une/raison particulière d'adopter pareïl Sujet.
À Limoges même , il existait autrefois, dans 14 rué
des Combes, une fontaine du ‘fre siècle surmontée
d'une :petite. statue équestre, ‘accompagnée: ausst |
d'un homme couché ‘presque entre: les jambes: au
Cheval, On, Pappelait vulgairement la. fontine ‘du
Chevalet où du: Petit-Cheval. Quant aux savants 51 ]ui
donnaient le nom de fontaine- de Constantin. Lorsque
Henri IV fit son entrée solennelle dans à villé,,
en,,1605,, les consuls lefirent arrêter devant cette:
256 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
fontaine de Constantin, et lui montrèrent une ins-
cription, ajoutée évidemment à la renaissance, mais
d'après des traditions bien enracinées, et qui était
ainsi Conçue :
« Constantino magno imperatori. Ob fusum, victum, pros-
tratum, ac tandem imperatoris equi calce occisum Gallum
Annovallianum, Aquitaniæ præfectum, qui Consortem
imperi Licinium adversus illum ære et milite juverat, ob
idque lemovicensem. ecclesiam spoliaverat, Pop. Lemovic. in
fonte perenni perennem, dicavit memoriam. Anno Christi
CCCVI. »
Comme la statue équéstre de la facade de Notre-
Dame-la-Grande, à Poitiers, offrait également une
inscription de la renaissance au nom de Constantin,
il n'en fallait pas davantage à M. de Verneilh pour
supposer que tous les cavaliers des églises du
Sud-Ouest pouvaient représenter le grand empereur,
non parte qu'il avait fait triompher la religion
chrétienne dans le monde politique; non parce qu’il
passait pour un saint en Orient et dans quelques
églises d'Occident, mais simplement à titre de ven-
œeur des églises d'Aquitaine.
Naturellement le fait bien plus ancien, bien plus
significatif, découvert par M. de Longuemar à Saint-
Jean, à confirmé M. de Verneiïlh dans cette pensée,
qui lui paraît assez d'accord avec les habitudes icono-
graphiques du moyen âge et les doctrines de Ja saine
archéologie.
M. de Chasteigner estime que le document si neuf
apporté par M. de Verneilh devra être pris en sérieuse
considération quand il s’agira de résoudre définitive
ment la question des cavaliers d'Aquitaine, si souvent
107 LT PROCÈRS-VERBAUX . 114170 257
etrsivainement agitée dans les congrès. Ces images
d'Amibalianus 'terrassé par Constantin ;!'habituelle-
méênt exécutées dans'les plus grandes diménsiôns:, et
placées bien en vue dans la facade principale/auraient .
été un exemple saisissant du respect qu'on devait aux
églises ef. qu châtiment TÉServé. à leurs Spoliateurs.
Même au xu° siècle et.au XUIS, iLne manquait «pas
1d'arpropos ; après les-pertes querle. domaine ecclésias-
tique avait st souvent Isubies-peñdant Ja période cars
lovingiënne, ét'qu'il Subissait parfois Eticoré dé la part
des seigneurs féodaux. Les représentations dont ‘il
Sagit ayaient donc un sens parfaitement clair, et
“rappelleraient , si magnis licet componere parva , le Chien
depierre enchaîné, à la. porte. des, maisons, FRFRBÈRES
‘AVEC ces mots :,;ç« Gave canem »., 1 -. :: A MR
«1 M.deLonguemar donne pins d’ extension à ce sym-
holisme, : lui attribue Ja.sens plus large et plus
général. ‘pense, que ; dans. .çes ! représentations,
FRS figure. le; christianisme triomphant.. 6t-le
personnage. renversé. Le, paganisme détruit. Du res 1,
La soigneusement. développé. gette interprétation dans
le Bulletin monumental de 1854. el 1858 : il,se dispensera
de, reproduire, ici des arguments qu’ il ne. pourrait
qu'affaiblir, Ilse permettra, néanmoins. de répondre à
la-question qui. luira.été, adressée; qu'il ne. trouve pas
dans .ce,qui.a été. dit, par, MM. de Verneilh et. de
“Chasteiemer, des raisons. suffisantes, pour. modifier » sa
première opinion. AO RE
modl;-de Verneilh ajoute que:la nopvelle interprétation
“qu'il, a proposée: : n'est, pas;.même à ses: Yeux, fans
difficultés... -Son- principal . mérite, serait d'expliquer
pourquoi il n’y;a de ces mystérieux cavaliers. que sur
17
258 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
les églises d'Aquitaine; mais, autant qu'on en peut
juger sur des sculptures mutilées et très-frustes, le
cavalier n'est pas toujours revêtu d’une armure
il a souvent de riches habits civils, et porte même un
faucon sur le poing. Or, si cette tenue de chasse et de
promenade convient mal au Christ triomphant, elle
convient moins bien encore à Constantin vainqueur.
Dans les deux hypothèses, il faut admettre que l'idée
première a été parfois altérée et dénaturée. Il faut
surtout , comme M. de Longuemar le demandait dans
son mémoire, faire sur ces monuments de nouvelles et
minutieuses études.
M. de Caumont met fin à cet incident, qui se
rattache, du reste, à la deuxième question du pro-
gramme, en rappelant que déjà on. trouve des repré-
sentations analogues aux cavaliers d'Aquitaine sur des
médailles de Néron et d'Antonin, qui n’ont pas qualité
pour figurer le triomphe du christianisme. On en voit
aussi, par exemple, au musée de Mayence, sur des
stèles où tombeaux de chevaliers romains, qui sont
représentés foulant un barbare aux pieds de leur
cheval.
Dans un mémoire qui sera publié, M. Maurice
Ardant traite à la fois les 6°, 7° et 8° questions.
M. Maurice Ardant a, depuis cinquante ans, suivi
tous les travaux qui ont fait disparaître les anciens
monuments de Limoges. « Il a fait, dit-il, ou vu faire
des fouilles sur toute l'enceinte de la vieille cité
de Limoges, civitas Lemovicum, depuis le pont de la
Roche-au-Got jusqu'au Naveix, et du Clos-des-Pa-
lisses à la place des Jacobins, limites qu'il croit devoir
fixer à la Cité. Il a remarqué surtout dans cette
PROCÈS—VERBAUX. 259
enceinte les noms suivants : Portes-Ferrées, Mas-
Rome, Romanet, le Clos-Villehereiïn {villa Herennii ).
On y a découvert des marbres divers, des statuettes
de bronze, des fibules, des styles, des poignards, un
pied romain (mesure). Il a fait une immense moisson
de lampes et de vases de terre cuite ornés de reliefs
élégants et variés, qui figurent des dieux, des
animaux, des plantes et des fleurs. » — Ces décou-
vertes permettent de dresser une liste de potiers
gallo — romains. On possède un cachet d’un de ces
céramistes, des têtes, des vases en terre blanche,
d’autres vases de couleurs grise, noire, orange.
Un plan du célèbre .émailleur J. Court dit Vigier
fait connaître Limoges au moyen âge. Divers titres
des archives permettent à M. Ardant de donner, pour
la première fois, les noms des huit portes de la dernière
enceinte et ceux des faubourgs qui, venant y dé-
boucher, formaient le suburbium. — Sur l'invitation
de M. l’archiviste, M. Lansade, agent-voyer, dresse
un plan de la Cité dans lequel on trouvera la liste
des églises avec leur date de fondation.
M. de Caumont, après avoir rappelé comment les
villes gallo-romaines furent forcées, au 1v° siècle,
de se fortifier, de se condenser sur des points qui
pouvaient être facilement entourés de murailles,
murailles pour la construction desquelles on sacrifia
beaucoup de monuments païens afin de se procurer
immédiatement de solides matériaux, pense que
l'étude de ces cités du rv° siècle est une des plus
fécondes et des plus neuves.
Il convient de rechercher, au moyen des plans com-
parés des cités, comment les monuments antiques se
260 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
trouvèrent les uns placés dans l’intérieur de l'enceinte,
les autres à l'extérieur; puis comment les édifices du
culte catholique se substituèrent peu à peu aux édifices
païens; comment enfin les autres édifices publics
furent disposés dans ces villes fermées, et. bâties toutes
sur un plan uniforme. C’est à cette étude que M. de
Caumont s’est livré depuis trente ans; il a déjà fait
graver trente plans d'enceintes gallo-romaines, dont il
publiera l'examen comparé dans son Abécédaire d’Ar-
chéologie. |
La comparaison de ces villes, étudiées depuis quel
ques années, a fait découvrir, des ressemblances qui
avaient échappé totalement aux antiquaires qui nous
avaient précédés.
Quand le christianisme fut apporté par les premiers
évêques venus de Rome, les villes se transformèrent.
La cathédrale prit la place du temple ou de la basi-
lique; les évêques se logèrent dans les habitations
voisines. L'Église hérita ainsi des dépouilles du paga-
nisme à Évreux, à Paris, à Bayeux, à Tours, à
Beauvais, à Bourges’, à Meaux, à Rouen, à Auxerre,
etc., etc. Le château du comte fut placé: au bout de la
cité opposé à celui occupé par la cathédrale.
M. de Caumont croit, avec M.R. Bordeoux , membre
de la Société française d'Archéologie, qu'un certain
système général présida à la répartition des églises
aux premiers siècles du christianisme.
« Les cathédrales furent, dit-il, dédiées à la sainte
Vierge lorsqu'elles occupèrent le temple d’une déesse;
à saint Pierre ou à un autre saint, lorsque le temple
païen était dédié à Jupiter ou à Apollon. Les baptis-
tères s'appelèrent Saint-Jean, comme à Paris, à
438
‘ ‘
Ë
PROCÈS—-VERBAUX. 961
Poitiers et ailleurs; ou Notre-Dame-de-la-Ronde,
comme à Évreux, à Rouen, à Cologne, à Trèves, à
Bourges, à Metz, et peut-être à Limoges. Plus tard,
on bâtit des paroisses en dehors des cités : elles furent
placées sous l'invocation des apôtres ou sous celle des
prémiers évêques du lieu. Le tombeau des saints les
plus fameux devint souvent le siége d’une abbaye :
Saint-Ouen à Rouen, Saint-Taurin à Évreux, Saint-
Martin à Tours, etc. — Aux abords des villes, deux
saints furent ordinairement honorés : saint Martin et
saint Germain. C’est ainsi que l’on trouve un Saint-
Martin-de-la-Lieue auprès de Lisieux, et un Saint-
Martin-de-la-Lieue ou des Entrées auprès de Bayeux.
I y avait également un Saint-Martin près d'Évreux ,
près de Paris, près de Rouen, ete. Saint-Martin-sur-
Renelle, à Rouen, fut bâti dans le faubourg où
Mérovée et Brunehaut se retirèrent en 580. Il y a en
France douze ou quinze Saint-Martin-des-Champs. —
Saint-Germain était souvent dans la vallée, près du
cours d’eau : par exemple, Saint-Germain-des-Prés à
Paris, Saint-Germain-des-Prés à Évreux, Saint-
Gérmain-des-Prés à Excideuil, Saint-Germain-des-
Prés à Montargis, Saint-Germain à Lisieux, etc. —
Saint-Paul était en dehors de la ville : Saint-Paul à
Rouen, Saint-Paul-hors-des-Murs à Rome. — Saint
André était honoré près des portes : par exemple,
à Rouen, les deux églises de Saint-André-de-la-Porte-
Cauchoise et Saint-André-de-la-Porte-aux-Febvres ;
Saint-André-de-Haut et Saint-André-de-Bas, aux
deux portes de Vienne; Saint-André, près l’une des
portes monumentales d’Autun; Saint-André près la
porte Panet à Limoges, etc., etc. À Bayeux, Saint-
‘
262 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
André était aussi auprès d'une des portes; à Saint
Quentin, il y avait également une église Saint-André
près de l’une des portes. — Saint-Michel était toujours
honoré sur une colline ou une butte, ou dans une
tour élevée. — Saint-Denis était souvent près de la
weole, de la prison : par exemple, Saint-Denis-de-la-
Chartre dans plusieurs villes. — Au xr1' siècle, ce sys-
tèmeréguliers'observait encore, et, à Rouen, à Évreux,
à Bayeux, l’église la plus voisine de la cathédrale fut
dédiée sous l’invocation de saint Nicolas.
» Il est probable que cet ordre, cette distribution des
églises était une imitation de ce qui existait à Rome. »
M. de Longuemar ajoute judicieusement que le
patronage actuel d’une église ne prouve rien contre le
principe émis par M. le directeur de l’Institut des
Provinces : ainsi Notre-Dame de Paris, bâtie sur
l'emplacement d’un temple dédié à Jupiter, et aujour-
d'hui dédiée à la sainte Vierge, était sous le patro—
nage de saint Étienne avant le xiri' siècle.
M. de Verneilh fait observer à ce sujetque, la plupart
des cathédrales d'Aquitaine se trouvant sous le patro-
nage de Saint-Étienne, cela pourrait indiquer que,
dans les premiers siècles, on mit à la disposition de
| nos évêques beaucoup de reliques de ce saint martyr.
« Il y avait autrefois à Boulogne-sur-Mer ( Pas-de-
Calais), dit M. Cousin, uvre église de Saint-Martin,
qui, d’après la tradition, se trouvait sur l’empla-
cement d’un ancien temple païen consacré à Mars.
On à trouvé dans le voisinage nombre de tombeaux
et d'objets de l’époque gallo-romaine. »
Ces nombreux temples païens convertis en églises
chrétiennes paraissent à M. de Chasteisner une ob-
CE
PROCÈS—VERBAUX.. 263
jection contre la conversion de la Gaule faite au
1 siècle; car comment aurait-on eu le temps de
bâtir autant de temples? — M. Roy répond que l’ob-
jection s'appliquerait également à la province de Lyon,
où cependant le christianisme florissait dès le 11° siècle
avec saint Pothin et saint Irénée.
M. Drouyn a vu presque toujours auprès des églises
fondées sous le vocable ou le patronage de saint Martin
des fontaines visitées par les malades. Il en est de
même en Auvergne et en Limousin.
M. l'abbé Pardiac demande si, en Limousin, les
églises dédiées àsaint Georges ne seraient pas, comme
il l’a remarqué dans le diocèse de Bordeaux, placées
dans des fonds. — M. l'abbé Roy-Pierrefitte répond que,
des trois paroisses du diocèse placées sous le vocable
de ce saint, l’une est sur le sommet d’une montagne :
St-Georges-Nigremont ; la deuxième, sur un coteau :
Saint-Georges-la-Pouge, et la troisième, dans une
plaine : Saint-Georges-les-Landes. Les autres édifices
religieux du Limousin dédiés à saint Georges prouvent
également qu'on n’a pas eu pour les construire une
intention symbolique; Car, si les chapelles de Vicq
(Haute-Vienne), de Saint-Georges paroisse de Berneuil
(Haute-Vienne), et de Saint-Georges paroisse de
Salon (Corrèze) sont au fond d’une vallée, la chapelle
du château du Dorat (Haute-Vienne) et celle de
Ventadour (Corrèze) étaient sur des sommets, et
celle de Pierre-Buffière (Haute-Vienne), sur un
coteau.
La 9° question du programme : « À quelle époque la
plus grande partie des paroisses ont-elles été établies
dans le diocèse de Limoges, etc. ? » n’a donné lieu
264 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qu'à l'observation suivante : M. Roy-Pierrefitte dit
que le Pouillé de Nadaud, édité par la Société Archéo-
logique du Limousin, donnera prochainement une
réponse; mais que cette réponse ne sera pas très-
concluante, parce que, pour la plupart des paroisses,
on n’a pas la date de fondation.
Presque toutes les dates rapportées daus le Pouillé
sont de beaucoup postérieures à celle de la cons-
truction des églises. — Cette statistique, faite précé-
demment pour les églises et chapelles dédiées à la
sainte Vierge, n’a donné que douze’ noms jusqu’à la
fin du xr° siècle. — Les monastères, très-nombreux
en Limousin, et dont plus de vingt-cinq sont anté—
rieurs au x1° siècle, ont dû prendre une grande part,
par leurs prieurés, à l’organisation des paroisses
rurales, qu'on regarde comme définitive en France
au xI° siècle.
J.-B. L. ROY-PIERREFITTE, secrétaire.
SEANCE DU 19 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. F. DE VERNEILH.
La séance est ouverte à neuf heures.
M. l'abbé Roy-Pierrefitte donne lecture du procès-
verbal de la séance du 17 septembre, qui est adopté.
M. de Longuemar demande la parole , et exprime
le regret de ce que les procès-verbaux des séances des
sections sont lus, chaque jour, à la séance générale
PROCÈS-VERBAUX. 265
qui suit, à quelques heures de,distance seulement de
la séance tenue le matin dans chaque section; il
désirerait que ces procès-verbaux fussent soumis
d'abord aux observations et à l'approbation des
seétions auxquelles ils se rapportent : MM. les secré-
taires auraient ainsi plus de temps et moins de fatigue
pour les rédiger. Dans l’état actuel des choses, le
temps leur manque, et, s'ils ne se plaignent pas, on
doit les en remercier.
M. de Caumont répond que l'usage dont se plaint
M. de Longuemar, et qu'il voudrait voir: réformer,
subsiste depuis que les congrès scientifiques sont
établis. Le changement qu'on propose, et qu'on a
souvent, proposé, présenterait sans doute quelques
avantages; cependant, toutes lesfois qu'on a demandé
à l'introduire, il a été repoussé, et l’ancien usage.
l’usage actuel a prévalu.
M. de Caumont émet le vœu suivant :
« Le Congrès scientifique, s’unissant au vœu
formulé, le 15 septembre 1859, par l'Institut des
Provinces, et par la Société française d'Archéologie
dans sa dernière session, exprime le vœu qu’un
vaste bâtiment, destiné à renfermer les collections
d'antiquités, de peinture et d'histoire naturelle, soit
construit à Limoges dans le plus bref délai possible:
que ces galeries distinctes aient chacune un espace
assez considérable pour suffire aux besoins de l'avenir,
et qu'elles soient élevées dans un-quartier central et
d'un accès facile. »
Ce vœu est unanimement appuyé.
M. le comte de Chasteigner fait observer, à propos
des explications qui ont été données dans la séance
266 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
du 47 septembre sur les statues et les peintures
représentant un guerrier à cheval, l'épée nue à la
main, et prêt à frapper un ennemi abattu, et qu'on
dit généralement figurer l’empereur Constantin
vainqueur du paganisme, que M. de Longuemar a
eu l'autorisation de lire un mémoire qui ne se rap-
portait nullement aux questions indiquées dans le
programme, et qu'il en est résulté une discussion
qui, bien que fort lumineuse, devenait improvisée,
et, par conséquent, difficile à soutenir pour ses contra
dicteurs. Ils se trouvaient sans préparation suffisante
sur cette question, qui, au point de vue archéolo-
gique, offre le plus haut intérêt en Aquitaine. Par
cette observation , M. de Chasteigner entend exprimer
un regret, etreconnaît le grand mérite des recherches
de M. de Longuemar.
M. Maurice Ardant dit qu'il y avait autrefois à
Limoges une fontaine monumentale qui était sur-
montée de la statue équestre d’un guerrier en habit
et en attitude de combat : elle se nommait originai-
rement la fontaine de Constantin, et portait même
une inscription en l'honneur de ce prince; mais
l'inscription était postérieure de plusieurs siècles à
lérection de la fontaine. On la nomma plus tard
du Chevalier, et, par corruption, du Chevalet.
M. Bouillet rend compte de ses impressions comme
archéologue et agronome dans l'exploration que
MM. les membres du Congrès ont faite, la veille, de
l'église byzantine de Solignac, des ruines du château
de Chalusset et du curieux établissement agricole de
M. Henry Michel au Puy-Jalard. Il adresse des remer-
ciments à notre collègue M. Nivet-Fontaubert, ordon-
PROCÈS-VERBAUX. 267
nateur de cette instructive visite, et qui s'en est
acquitté avec le soin et le zèle qu'il met à toutes
choses. — La 4° section se réunit au sentiment si net-
tement exprimé par M. Bouillet, et ne doute pas que
le Congrès, en séance générale, ne manifeste à
M. Nivet-Fontaubert sa reconnaissance. — « La
magnifique église de Solignac, construite à l’imi-
tation des monuments byzantins du Périgord, ajoute
M. Bouillet, est la seule de ce style qui existe en
Limousin, et il serait à désirer qu’on s’occupât sans
retard de la réparer. Quant aux ruines du château de
Chalusset , elles lui ont paru si curieuses à visiter, et
si précieuses à conserver, qu'il déplore amèrement les
dégradations et les enlèvements de matériaux dont
elles sont évidemment l’objet chaque jour. »
M. Lansade, agent-voyer à Limoges, demande la
parole. Il a été chargé récemment par le maire et le
conseil municipal de la commune de Solignac d’é-
tablir le devis des dépenses que nécessiterait la répa-
ration de l’église, et il les a évaluées à la somme de
70,000 fr. ,
La section émet le vœu que l'administration supé-
rieure du département de la Haute-Vienne et l’admi-
nistration communale de Solignac soient invitées, au
nom du Congrès scientifique, à allouer le plus tôt
possible les fonds nécessaires à la complète restau-
ration de l’église de Solignac. .
Dans la seconde partie du Compte-Rendu on trou-
vera une Notice historique sur le monastère de Soli-
gnac, écrite par M. Roy-Pierrefitte, et qui tiendra lieu
de compte-rendu pour la promenade archéologique.
M. Léo Drouÿyn pense que les ruines du château de
268 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Chalusset sont sans contredit les plus belles de France,
et il désirerait qu'on prit de promptes et efficaces
mesures dans le but de leur conservation.
Le baron Gay de Vernon croit pouvoir rassurer, à
cet égard, MM. Bouillet et Léo Drouyn. En effet,
le conseil général de la Haute-Vienne est soigneux
des souvenirs historiques en Limousin, et, dans sa
séance du 25 août dernier, il à invité M. le.préfet du
département à entrer en marché avec le propriétaire
des ruines de Chalusset pour les acheter. La négo-
ciation est entamée, et il y a lieu de croire qu’elles
deviendront prochainement une propriété départe-
mentale.
M. Alluaud, qui présidait cette séance du conseil
général, ajoute que, si cette désirable acquisition n’a
pas été faite plus tôt, il faut en attribuer le retard au
manque de fonds disponibles; mais le conseil général
s'est engagé à voter, en 1860, ceux nécessaires à
cette acquisition.
Le Congrès, plein de confiance dans la sollicitude
éclairée de M. le préfet de la Haute-Vienne pour la
conservation des monuments historiques , ne doute pas
du succès de cette affaire et de sa prompte réalisation.
M. de Caumont demande la parole sur la 3° question
du programme d'histoire : « À quelle époque le
christianisme at-il été prêché en Limousin? Est-ce
au 1°" siècle, comme le dit la tradition, ou bien au
i° siècle, comme on l’infère d’un passage de Grégoire
de Tours? »
M. de Caumont rappelle que cette question avait été
proposée au Congrès par l’honorable M. d'Ozouville,
de Laval, que la mort a frappé il y a quelques mois,
PROCÈS-VERBAUX. 269
A raison de ce malheur, que peu de personnés ont
connu, la discussion n’a pas eu lieu, puisque aucun
des membres du Congrès ne s'était préparé à la traiter.
On savait que M. d’Ozouville l'avait étudiée et fait
étudier profondément, et dans un sens diamétralement
opposé à celui qu'a soutenu notre collècue M. l'abbé
Arbellot. Son travail a été écouté avec l'attention
réfléchie qu'il méritait; et ceux qui étaient le moins
convaincus de la vraisemblance de son système histo-
rique manquaient des documents pour le combattre :
iln'a donc pas eu de contradicteurs.
M. d'Ozouville a publié sur le livre de M. l'abbé
Faïllon, directeur au séminaire de Saint-Sulpice,
les Monuments de l’apostolat de sainte Madeleine, un
recueil de lettres adressées au R. P. Piolin, bénédictin
_ de l’abbaye de Solesmes (1). Suivant M. d'Ozouville,
tout l'ensemble du volume des Monuments de Provence
ne contient qu'une immense illusion; et l’on peut
s'étonner que les, quinze principaux monuments
servant de.base à cet échafaudage soient restés
inconnus jusqu’en 1846. Ce qui explique l’engoû-
ment nouveau pour les productions plus chrétiennes
qu'historiques, c'est qu'il y a des temps où le vent se
met tout d’un coup à souffler et à balayer les feuilles
du même côté. Aujourd'hui ce ne sont plus seulement
lès feuilles qui ont été entraînées, mais aussi les
arbres les plus forts et les plus verts; et voilà comment
on est arrivé à substituer, dans beaucoup de cas,
Pautorité d'un texte apocryphe à la grande autorité
(} Origines chrétiennes de lu Guule. — Lettres au R. P.
Piolin, vol. in-$.
270 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de Gxégoire de Tours, le plus vrai de nos vieux
historiens et de nos hagiographes.
Le premier qui l’a contredit est Hilduin, abbé de
Saint-Denis au commencement du 1x° siècle... M. d’0-
zouville disait qu'il serait très-fâcheux historiquement
et moralement de céder à l’entraînement dont nous
sommes témoins, et il pensait qu'il est très-important
que les sociétés savantes résistent à un revirement si
subit: …. Il ajoutait, relativement aux légendes du
bréviaire romain, introduit dans la Gaule sous Charle-
magne, que jamais Rome n'avait entendu prononcer
eæ cathedra sur ce sujet; qu’elle ne donne à ces lé-
sendes qu'une autorité liturgique, et non historique.
Pour rédiger le martyrologe, Rome a consulté les
traditions des églises : c’est ce qui est arrivé derniè-
rement à Limoges lorsqu'on a revisé la liturgie, ainsi
qu'on peut le voir dans le mémoire de M. l'abbé
Arbellot sur l’apostolat de saint Martial. En laissant
dans le bréviaire que saint Martial fut envoyé par les
apôtres, Rome n'a pas dit que cela fût démontré
historiquement, encore bien moins que l’on fût obligé
d'y croire, mais seulement que telle est la tradition de
l'église de Limoges. Rome a trouvé cette église en
possession des honneurs apostoliques, et elle ne veut
pas les lui ôter. Mais, d’après le pape saint Sozime,
saint Trophime d'Arles est le premier évêque arrivé
en Gaule, et ce fut de la ville d'Arles que les sources
du christianisme se répandirent ensuite sur toutes les
Gaules. C’est un enseignement historique que tous les
documents des neuf premiers siècles viennent corro-
borer (1).
A4) Annuaire de l'Institut des Provinces, T. X, p. 189-193.
PROCÈS-VERBAUX. 271
M. d'Ozouville, homme de bien et de savoir s’il
en fut, et que S. S. le pape Pie IX avait décoré de la
croix de commandeur de Saint-Grégoire-le-Grand,
recherchait avant tout la vérité, et professait la
maxime mil pium nisi verum. M. de Caumont n'avait
pas l'intention de prendre la parole à ce sujet; mais
il à cru, par ces observations au Congrès, remplir un
devoir, celui de donner un souvenir à l'homme savant
qui avait posé dans le programme l'importante
question de l'introduction du christianisme dans
les Gaules, et qui comptait la traiter. Il ajoute que
l’Académie des Inscriptions, dans une séance solen-
nelle, à protesté, par l'organe de son rapporteur,
M. Paulin Paris, contre:les idées des néo-bénédictins
en faveur de l'école des illustres Bollandistes et des bé-
nédictins du siècle dernier, et repoussé les doctrines de
l’école nouvelle, qui, selon l’érudit abbé Pascal , cha-
noine de Paris, n’est tout simplement que le progrès en
arrière (1). L'opinion de M. d’Ozouville, dit en
terminant M. de Caumont, est donc conforme à celle
du premier corps savant de l’État.
Sur l'invitation de M. le président, M. Émile Ruben,
l'un des secrétaires généraux adjoints, donne lecture
d’une lettre de M. Deloche, qui s'excuse de ne pas
venir assister aux séances du Congrès, et y traiter,
comme il avait cru pouvoir le faire, les 10°, 41° et
49° questions du programme, relatives aux ateliers
monétaires de Limoges et à la numismatique du.
Limousin. M. Deloche est retenu à Paris par les exi-
sences de son service au ministère de l’agriculture,
(4) Annuaire de l'Institut des Provinces, T, XI, p. 195 (1859).
AS CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
t£
du commerce et des travaux publics; mais il annonce
l'envoi du mémoire qu'il se proposait de lire à Ja
° section.
La discussion est ouverte sur les 40°, 14° et 12°
questions, qui se touchent par trop de points pour
qu'on doive les séparer :
10° « À quelle époque remonte l'atelier monétaire
de Limoges? — Quels en ont été les produits à diverses
époques? »
Aie « Connaît-on plusieurs monétaires de Limoges
ou du Limousin? »
49 « Existe-t-il un travail sur la numismatique du
Limousin? »
M. Maurice Ardant demande la parole. — I] ne croit
pas, malgré l’assertion des chroniques limousines,
qu'un atelier monétaire ait existé à Limoges au com-—
mencement de l'empire romain : cependant on a
trouvé quelques médailles et monnaies de diverses
grandeurs en bronze à l'effigie de Jules César, des
empereurs Claude, Trajan, Hadrien; elles portent le
sigle DD, c'est-à-dire Decurionibus où Decreto decurionum
et le monogramme $S.P.Q.L, LEM. ou LEMOV., senatus
populusque Lemovicum ou Lemovicenses. Beaumesnil
affirme en avoir vu un grand nombre : il en a donné
les dessins; mais, de nos jours, son autorité en
numismatique a beaucoup baissé : aussi M. Maurice
Ardant n'ose pas faire mention de la fameuse médaille
sauloise de Sedulix, chef des Lémovikes au temps de
la conquête de César, médaille que peut-être personne
n'a vue, et que’sans doute Beaumesnil a cru voir.
M. Lecointre-Dupont dit qu'il faut se défier des
PROCÈS-VERBAUX. 973
assertions de cet antiquaire : elles sont presque tou-
jours hasardées et dangereuses.
M. de Chasteigner fait observer que les monnaies
romaines sont très-rares, et qu'on n’a pas encore pu en
donner une description exacte ; il ne croit pas qu'il y
eût un atelier monétaire à Limoges sous la domi-
nation romaine : cet atelier n’a existé que pendant la
période mérovingienne.
M. Maurice Ardant répond que la méfiance envers
Beaumesnil est légitime : cependant on ne devrait pas
la pousser à l'extrême. Certes il n’était pas numismate
comme on l'entend aujourd'hui, puisqu'il lui est
arrivé de prendre une médaille bretonne moderne
pour une médaille phénicienne; mais ne pourrait-on
pas conclure de son peu de lumières qu'il était inca-
pable d'inventer les légendes des médailles qu'il a
décrites et les inscriptions tumulaires qu'il a rap-
portées?
M. de Chasteigner regrette doublement l'absence de
M. Deloche, parce que, étant lui aussi auteur d’une
Numismatique du Limousin, il l'aurait présentée au
Congrès s’il n'avait pas su que M. Deloche s'était
réservé de traiter cette importante partie du pro-
gramme. La marque de la monnaie de Limoges était
les lettres LE et LEM. Il possède deux triéns méro-
vingiens, et en fait passer un sous les yeux des
membres ds la section : ils portent Abrianaco et Lemo.
M. de Chasteigner a le dessein de publier une
description de ces deux pièces : elles proviennent
sans aucun doute de l’atelier monétaire de Limoges,
qui était incontestablement un des plus anciens de la
Gaule. Cependant, de ce que d'anciennes monnaies et
18
274 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
médailles portent les noms d'un monétaire et du lieu
où elles ont été frappées, il ne faudrait pas conclure
que là existait un atelier monétaire permanent. En
effet, on sait que, sous les Mérovingiens, les ateliers
monétaires étaient volants, et suivaient le souverain
soit à la guerre, soit dans les différentes résidences
qu'il allait occuper. Le monnayeur alors placait à
côté de son nom le nom du lieu où il se trouvait : à
cette époque, chacun avait le droit de lui porter des
matières d’or et d'argent pour les convertir en mon-
naies : la seule garantie était la signature de l’ouvrier.
M. Maurice Ardant, reprenant la parole, expose
que, depuis sa sortie du collége, en 1809, il s’est livré
avec ardeur à l'étude de la numismatique limous'ne,
et qu'il n'a manqué aucune occasion d'assister aux
fouilles qui pouvaient amener la découverte de mé-
daiïlles ou de monnaies anciennes. La récolte en a été
abondante; et, pour ne citer qu'un fait, il a obtenu
trois cents monnaies des rois, vicomtes ‘de Limoges et
abbés de Saint-Martial trouvées dans les ruines de la
collégiale de Saint-Martial lorsqu'on a construit le
théâtre de Limoges sur cet emplacement.
Les recherches de M. Ardant, conduites avec suite et
bonheur, l'ont mis à même de rédiger nne mono-
graphie des médailles et monnaies frappées en Li-
mousin ou en Marche depuis l'époque gauloise jusqu’à
nos jours. Il sera privé, dit-il, de publier cet ouvrage
à cause des grandes dépenses qu'entraînerait la gra-
vure des planches qu'il faudrait joindre au texte; mais
il en a donné de nombreux extraits aux revues archéo-
logiques, numismatiques et sphragistiques et aux
bulletins des sociétés savantes.
PROCÈS-VERBAUX. 275
Abordant la question monétaire, et suivant l'ordre
chronologique, M. Maurice Ardant développe la série
des observations qu’un des maîtres de la science, M. de
La Saussaye, l'avait invité à faire sur les médailles
gauloisés : on lui en a présenté un bien grand
nombre et il ne s’est attaché qu'à étudier celles
trouvées en Limousin. Il a pu comparer quarante-
quatre médailles d'argent découvertes dans la fontaine
de Bénévent (Creuse) (l’ancien Secundeletas des Gaulois)
avec un plus grand nombre d'autres médailles
trouvées, en 1811, au village de La Jante près de
Compreignac { Haute-Vienne), et, plus récemment,
avec une pièce d’or au titre gaulois [electrum) trouvée
à Bussière-Boffy [arrondissement de Bellac). Toutes
présentent, au revers, le cheval libre, sur la*croupe
duquel est placée une téte: ce qui lui à fait adopter
Vôpinion que ce type était celui des Lémovikes.
M. de Chasteioner accepte cette attribution avec
autant plus de confiance qu'il lui semble probable que
les Lémovikes , ayant élevé de tous temps des chevaux
dans leurs prairies, ont dû choisir cet emblême de leur
industrie particulière, de même que d'autres pro-
vinces, et notamment celle des Pétrocores, avaient pris
pour type monétaire le verrat, sus gallicus, parce qu'ils
hourrissaient une énorme quantité de pourceaux des
œlands de leurs vastes forêts de chênes : c'était leur
principale branche de commerce.
M. Maurice Ardant reconnaît que le Limousin n’a
fourni que peu de médailles et de monnaies romaines ;
celles du temps des Mérovingiens sont communes, et
ne présentent guère d'incertitude quant à l’époque de
leur fabrication. M. Maurice Ardant pense que les
276 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
triens où tiers de sou d’or qui portent le nom d’Amba-
ciaco et de Raciate ont été frappés à Ambazae ét à
Razès, bourgs à six lieues de Limoges, où l’on voit
des vestiges d’antiquités et des restes de monuments
romains
MM. de Chasteignér et Lecointre-Dupont repoussént
cette opinion, et traduisent Ambaciaco par Amboise,
Raciate par Retz ou Raïz en Poitou.
M. Maurice Ardant ajoute que, sous la dynastie
carlovingienne, on à seulement frappé quelques
monnaies à Limoges lorsque les rois d'Aquitaine sont
venus se faire sacrer dans la cathédrale de Saïint-
Étienne : on a des monnaies de Charlemagne, de
Carloman, de Louis le Pieux , de son fils Pépin, de
Charles le Chauve, d’'Eudes. Il fait, en outre, con-
naître les noms des lieux en Limousin où l'on a battu
monnaie depuis l’époque mérovingienne : Ahun (Ade-
duno vico); — Auriac (Oriaco); — Beaumont, fau-
bourg de Felletin {Bello monte); — Bellac | Villo-
cavico); — Béynac'{Benenato pago): —' Bénévent
(Benevetus, Benebentum ); —' Brive | Briva vico); —
Chaptelat, patrie de saint Éloi {Cato loco): — Cha-
brignac (Cabrionuo); — Chambon {* Cambonno ) ; —
Limoges (Lemovicas, Limovicas, * Lmx); — Neuvic
{Neodi vico); — Saint-Priest-le-Bétoux !|Blatomago,
Blatomo-sci-mar.); — Saïint-Yrieix | Aredino, Areduno
vico , sco-Aredio) ; —Toulx-Sainteé-Croix ( Tullo civitas ) ;
— Ussel (Castrum Ussalia) ; — Uzerche | Uzerca) (1).
Sous les premiers Capétiens, on ne connaît que des
(1) Les noms précédés d’un astérisque sont tirés des mon-
naies carlovingiennes.
1:58
DT:
PROCÈS—-VERBAUX, 271
deniers des abbés de Saint-Martial, des vicomtes de
Limoges, des comtes de la Marche et des vicomtes de
Turenne.
Depuis François [°', l'atelier monétaire de Limoges
avait pour marque la lettre I.
Ces explications données, M, Ardant remet à M. le
président :
1° Une notice descriptive des méreaux de la cathé-
drale de Limoges trouvés à l’ancien doyenné ;
2e Une liste des monétaires limousins sous les rois
mérovingiens, des monnayeurs de Limoges jusqu'en
1789 et dès orfèvres-émailleurs ;
3° Une liste chronologique et numismatique des
vicomtes.de Limoges d’après leurs monnaies et les
documents que renferment les archives départemen-
tales de la Haute-Vienne. | Voir les mémoires. )
En déposant sur le bureau la liste la plus com-
plète des orfèvres-émailleurs, M. , Ardant ajoute
quelques détails relatifs à leur industrie, et même à
la biographie de plusieurs d’entre enx.
Pendant les x1r° et x1v° siècles, dit-il, les émail-
leurs limousins furent appelés en Angleterre, en
Sicile, et même en Italie, pour décorer divers monu-
ments de leurs brillantes peintures.
Le célèbre Léonard Limosin, mandé à la cour de
François l°", puisa dans l'étude des œuvres des grands
artistes que ce prince protégeait un goût plus
épuré, qui perfectionna son talent. Il reçut le titre
de valet de chambre peintre du roi, et fut comblé
des bienfaits de la cour. Son titre passa, après lui,
à plusieurs de ses continuateurs; et les modèles et
les cartons des bons maîtres envoyés ou rapportés de
2178 CONGRÈS £ECIENTIFIQUE DE FRANCE.
Paris contribuèrent à donner à la peinture de nos
émaux plus de correction de dessin et d'élégance de
composition. Les commandes en France-et à l'étranger
devinrent si considérables que, pendant le xvr' siècle,
on compta à Limoges jusqu'à trente-quatre ateliers
de maîtres émailleurs. Notre ville les récompensa de
l'illustration et de la prospérité qu'ils lui donnaient,
et les mit au nombre de ses consuls. Ils étaient choisis
de préférence toutes les fois qu'il s'agissait de lever
des plans dans les questions contentieuses , de mesurer
les terrains dans les contestations judiciaires, et d’orner
les monuments publics dans les jours de fête ou de
cérémonie. On conserve aux archives départementales
les actes et les quittances qui se rapportent à ces
différents services.
Dominique Mouret dit Domangé, qui a laissé de
curieuses recettes sur l'art de l'émaillerie, océupait
un poste municipal important, et, dans une infor
mation de l’intendant déposée aux archives impériales,
on voit que, le 15 octobre 1598, Dominique Mouret et
son voisin Guillaume Verthamont furent les premiers
à se rendre, armés de leurs hallebardes, à la maison
commune pour déjouer un complot contre l’autorité
royale d'Henri IV.
Jehan Raymond, qui vivait en 1577, s'engagea
à payer une rente pour la fondation du collége de
Limoges.
Plusieurs émailleurs, entre autres les Noylier
‘ (Noualhier) avaient établi, à l’hospice, des repas où
l'on admettait de nombreux pauvres, voulant, dit
l'acte d'institution, sanctifier par des charités pu-
bliques les jours de fêtes de famille.
50
5
De
É:
PROCÈS-WVERBAUX. 279
Les succès de nos éminents artistes firent naître la
concurrence des mauvais ouvriers, et il en résulta ce
que déplorait amèrement Bernard Palissy, la déca-
dence de l’émaillerie limousine. On voulut faire plus
vite et à meilleur marché : on eut recours aux pro-
cédés économiques; on employa des matières de
qualité inférieure; les artistes ne furent bientôt plus
que: des ouvriers , les ouvriers que des manœuvres, et
de là vint la ruine de l’art et des artistes émailleurs.
Par une heureuse coïncidence, la céramique porce-
lainière commenca lorsque l’émaillerie périssait ; et ses
produits, supérieurs à ceux de: l'industrie qui fit
Vorgueil de nos devanciers , font maintenant la pros-
périté de Limoges (1). |
M. le président annonce que la discussion est ouverte
sur la 43° question :
« Les émaux eloisonnés sont-ils antérieurs ou pos-
térieurs aux émaux champ-levés ou incrustés ? »
Sur la proposition de M.-de Caumont, cette question
‘sera traitée en séance générale. j
M. le président invite : MM: les membres de la
section à ne pas se séparer à l'issue de la séance, afin
d'aller visiter le pont Saint-Martial, et reconnaître si
les arches centrales sont de construction romaine,
comme tout semble le prouver.
La séance est levée à dix heures et demie.
BaroN GAY DE VERNON, secréluire.
(1) Voir, aux mémoires, les listes des monétaires et des
émailleurs de Limoges.
280 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE:
SÉANCE DU20 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. F. DE VERNEILH.
Après la lecture du procès-verbal de la séance précé-
dente, M. l'abbé Arbellot fait une observation. Il était,
absent quand on a lu, à la séance de la veille,
la note de M. d'Ozouville sur les origines chrétiennes
de la Gaule, « Ces objections, at-il dit, ne m'’at-
teignent pas, puisqu'elles sont relatives à une Vie de
sainte Madeleine publiée par M.'Faillon, et attribuée
par lui à Raban-Maur, légende dont je n'ai pas besoin
pour défendre la cause de saint Martial.
» Quant à la décision de la Congrégation des Rites
et au décret du pape qui reconnaissent à saint
Martial le culte d’apôtre, je n'ai pas prétendu donner
à cette décision une valeur dogmatique, maïs seu-
lement une autorité scientifique. ‘Le tribunal de. la
Congrégation des Rites y composé de seize cardinaux,
à sérieusement examiné la question : le promoteur de
la foi prétendait que saint Martial ne devait pas jouir
du culte d’apôtre, attendu que, d’après Grégoire
de Tours, il n'avait reçu sa mission qu’au mr° siècle.
L'avocat de la cause de saint Martial à réfuté ces
objections, et la Congrégation a rendu , én faveur du
culte d’apôtre qu'on peut rendre à saint Martial, une
décision que Pie IX a confirmée:
» Assurément, voilà une autorité considérable : ilest
vrai que l data des Inscriptions, à propos d’un
livre de M. Ravenez sur les origines de l'église
de Reims, a prononcé sur cette question un jugement
-
a
PROCÈS-VERBAUX. 281
contraire ; mais j'ai publié, dans l'Univers, en réponse
à M. Paulin Paris, une réfutation qui me paraît pé-
remptoire. » — {V. la seconde partie du Compte-
Rendu.)
M. Arbellot termine en lisant une lettre de M. Au-
gustin Thierry publiée aussi dans l'Univers. Le savant
académicien se prononce en sa faveur dans cette
question de la date de l’apostolat de saint Martial.
Demandant, ensuite à revenir sur la 7° et la 8°
question du programme traitées pendant son absence,
M. Arbellot donne le circuit des murs de la Cité,
indiquant la place qu'occupaient les portes Aleresia ,
Saint-André, Saint-Maurice.et Scudarie. Illsignale la
position des églises Saint-Étienne (cathédrale) }
Notre-Dame-de-la-Règle, Saint-André, Saint-Maurice
Saint-Jean , Sainte-Afre, Saint-Genez ét Saint-Dom-
nolet. F
Le suburbium de Limoges comprenait deux lignes
ou deux artères principales : la première ; le subur-
bium romain, avait sx baseau-pont Saint-Martial | et
Siétendait jusqu'à Saint-Cessadre; la seconde artère ,
le suburbium chrétien; avait sa base au monastère de
Saint-Angustin {aujourd’hui la maison centrale), et
Sétendait jusqu'à l’église Saint-Michel.
Dansle suburbium romain , M. Arbellot signale l'em-
placement des églises de la: Sainte-Trinité, Saint
Michel-de-Pistorie et Saint-Cessadre: dans le subur-
bium chrétien, les églises Saint-Augustin, Saint-
Julien, Saint-Paul, Saint-Martin, Saint-Pierre-du-
Queyroix, Saint-Pierre-du-Sépulcre (plus tard Saint-
Martial) et Saint-Michel ; il dit l’époque ‘de la fon-
dation de la plupart de ces églises.
282 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
in réponse aux 44°, 16%.et 17° questions du pro-
gramme, M. de Verneilh donne des renseignements
sur les principales églises du Limousin. Les plus an-
ciennes, comme la cathédrale romane de Limoges,
offrent généralement une seule nef, bordée, an dieu
de bas-côtés ordinaires, d'une série de chapelles
ménagées dans l'épaisseur des murs. Les voûtes: se
composent d'un berceau, central contre-buté par
d’autres berceaux moins élevés, et perpendiculaires à
l'axe de la nef. Telles sont les plus anciennes parties
des églises de Saint-Léonard (1061),de Saint-Junien
(fin du xr siècle), de Lesterpt et des Salles-Lavau-
guyon. Sans parler de beaucoup de paroisses rurales
hors du Limousin, ce type se retrouve, mais avec
moins de rudesse et de simplicité, dans l'église prirhij-
tive de Saint-Front, antérieure à dla construction
à coupoles, et dans l’abbaye de Ronceray à Angers:
Les églises romanes de: la seconde période repro-
duisent avec peu de modifications le type si connu
du Poitou et de l'Auvergne: Elles ont des bas-côtés
voûtés en berceaux continus et plus généralement en
arêtes, un rond-point marqué par un,demi-cerele de
colonnes très-minces, et des chapelles rayonnantes.
Télles sont les belles églises du Dorat, de Chambon et
de Bénévent en entier, celles de Saint-Junien-et de
Saint-Léonard en partie:
Ce dernier monument estdes plus remarquables, et
mérite un examen attentif. I1 se compose dans son
ensemble de quatre ou cinq constructions, successives,
toutes de style roman, mais offrant des nuances ‘très-
distinctes. La plus ancienne de ces, constructions
remonte à 4064. Comme on l’a déjà. vu, vient ensuite
PROCÈS-VERBAUX. 283
un édicule circulaire, qui se compose d'une voûte
ronde, portée par huit colonnes inégalement espacées,
d'un bas-côté très-étroit, et de quatre chapelles semi-
circulaires aux quatre points cardinaux. À ce dernier
caractère, qui établit une ressemblance très-particulière
avec le Saint-Sépulcre de Jérusalem; avec le secours
d'un texte du Pouillé de Nadaud, qui parle à Saint-
Léonard d'une vieille chapellenie dite du Sépulcre ;
enfin, et surtout, à l’aide d'une épitaphe publiée par
M.l'abbé Texier, qui se trouvait, d'après les infor-
mations prises par M. de Verneilh, immédiatement
au devant de la porte, et qui est ainsi conçue :
Hic jacet Conceradus , qui edificavit hoc sepulcrum : d’après
tous ces'indices, M. de Verneilh propose d'admettre
que la rotonde de Saint-Léonard est une imitation et
un pieux souvenir de celle qui contenait le tombeau
de Notre-Seigneur à Jérusalem.
Après le Saint-Sépulere de Saint-Léonard, on aurait
entrepris les dernières travées de la nef et le transept,
couvert d'une série detrois coupoles , qui l’englobent
complètement; puis on aurait commencé le clocher,
si disproportionné avec l’église: enfin on se serait mis
à reconstruire le chœur. — Quelle: est la daterde cette
portion de l'édifice? — Malgré son style tout roman
encore, M. de Verneilh n'est pas éloigné de croire
qu'elle ne serait pas antérieure à 1197.
A cette époque, les chroniques limousines affirment
que le roi Richard d'Angleterre rebâtit les remparts
et l’église de Saint-Léonard, et il était, en effet,
naturel que, à l'exemple de Bohémond d’Antioche , il
vint aussi, à sa sortie de captivité, s'acquitter
d'un vœu fait au patron des prisonniers. Alors,
281 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
au lieu d'un architecte du Nord, il aurait employé un
artiste du pays, qui, sans se préoccuper du style
ogival, nouvellement inventé, restait fidèle au
style roman, et se contentait de le perfectionner à sa
manière, en le rendant plus riche, plus élégant,
plus hardi, trop hardi même; car les colonnes du
rond-point de Saint-Léonard, qui n'ont que cinquante
centimètres d'épaisseur avec un espacement ét une
élévation considérables, ont fléchi sous la’ charge dès
le xv* siècle.
Ainsi le style ogival se trouverait en retard d’un
demi-siècle au moins dans le Limousin, et la cha-
pelle épiscopale de Saint-Junien, ainsi que l’abbaye
d'Hautevaux, construites l’une et l’autre à la fin du
xur: siècle, confirment , en effet, cette hypothèse.
M. de Verneilh. ajoute : « Quant au. style ogival
primitif, qui n'a rien de commun avec la cathédrale,
œuvre d'un architecte tout à fait parisien, il se dis-
tingue, en Limousin, par des nefs qui se contre-
butent mutuellement, comme à Saint-Pierre et à Saint-
Michel de Limoges, à Aixe et à la chapelle du Pont de
Saint-Junien : ces églises semblent relever de la cathé-
drale de Poitiers ; mais ce qui est tout à fait original
dans notre architecture provinciale, c'est le type de nos
clochers, où l’octog'one des étages supérieurs se pré-
sente par l'angle, tandis que, s’il offrait. en facade
un de ses côtés, comme cela se, pratique ordinai-
rement, les tourelles masqueraient une moitié des
fenêtres. Les trois clochers de Limoges et celui de
Tulle montrent tous cette disposition, vraiment
digne d'être adoptée quelquefois par les habiles ar-
chitectes qui renouvellent de nos jours l’art ogival. »
pr
PROCÈÉS-VERBAUX.. 285
‘M. Gay de Vernon demande la parole. La descrip-
tion détaillée que M. Félix de Verneilh a faite de
l’ancienne collégiale de la ville de Saint-Léonard
donnera sans doute quelque intérêt à une légende qui
s'y rapporte.
Depuis le xvi' siècle, dit-on, il existait, au chevet
de l'église, une inscription, gravée sur cuivre,
rappelant la particularité de. la vie de saint
Léonard qui valut à la ville où 1l est enterré le nom
de Nobiliacum (le Noblet, le Noblac),. et les exemp-
tions d'impôts qui n'ont cessé qu'à la révolution
de 1789 :
« Parturiens regina, graves perpessa dolores ,
Cogitur æterna condere nocte dies.
Tum Leonardus adest, précibusque Sidéra flectens ,
Et matrem. et natum reddidit incolumes.
Unde Clodoveus , facti memor istius'ergo,
Perpetua hoc solum nobilitate donat. »
La tradition rte à Clovi is tous les faits que. ces
distiques consacrent. La reine en couches et heureu-
sément délivrée, grâce aux prières de Léonard, c’est
Clotilde femme äs Clovis; les vestiges des vieux chà-
feaux situés sur les rochers à la rive gauche de la
Vienne sé nomment encore les haut et bas châteaux de
Clovis; enfin les priviléges accordés à la ville et à sa
banlieué vénaient de Clovis, dont saint Léonard était
le parent. Le territoire affranchi d'impôts s'étendait
sur la rive droite dé la Vienne, et comprenait l’en-
ceinte que l'âne du saint a pu parcourir du lever du
soleil à son coucher. Les pas de l'âne ne sont pas
effacés , et servent d'indication dans le pays : ce sont
286 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE:
de profondes empreintes creusées' dans le rocher :
un homme chaussé d’un sabot y mettrait aisément
le pied.
M. l'abbé Arbellot fait observer à M. Gay de
Vernon que la reine dont il s'agit dans cette inscrip-
tion m'est pas Clotilde, qui n’est jamais*venue en
Limousin, mais la reine femme de Thierry I, fils
aîné de Clovis.
M. Gay de Vernon ne croit pas que la reine Clotilde,
pas plus que la reine femme de Thierry, soit venue à
Saint-Léonard ; d’ailleurs la légende populaire se rap-
porte uniquement à Cloviset à la reine Clotilde. Et, du
reste, quand on rapporte les légendes, il faut le
faire sans altérer leur simplicité originelle” Assuré-
ment c'est à sa réputation comme patron. des prison-
niers que saint Léonard doit non-seulement d'avoir
été représenté en, mosaïque à Saint-Marc de ‘Venise
avec tous les détails de la légende, mais encore,
comme. l'a constaté M. de Verneilh}; d’être honoré
au troisième rang dans cette église; où son autel
est placé dans le transept. Saint Léonard'avait'encore,
dans la même ville, une église spéciale etune
scala {A); il est, en outre, établi de Dieu seconde pro-
vidence des mariages stériles et protecteur'des femmes
en couches : pour ces causes ; l’église où reposent ses
reliques est toujours le but de nombreux pèlerinages.
Quelle qu'ait été l'origine des privilég'es de la ville
de Saint-Léonard-de-Noblac ; ils furent confirmés ; en
4242, par Philippe-Auguste ; un édit de Charles VIT,
(1) Scala, espèce d'hôpital qui n'a pas conservé sa desti-
nation , et qui sert de musée.
: PROCÈS-VERBAUX. 987
daté de Bourges en janvier 1422. exemptait à perpé-
tuité ses habitants de tous aides, tailles, fouages.
impôts, gabelles et subsides, quêts et charges, et
cette, exemption fut sanctionnée par les lettres-pa-
tentes, de Louis XIV du mois de décembre 1643 ,; du
15 octobre 1644 et du 31 mai 1656.
En rapportant cette légende, M. ay de Vernon
avait pensé qu'on trouverait peut-être une relation
entre les pas de l’âne de saint Léonardt et le dolmen
isolé du Pouyol. Éclairé par les discussions qui ont
eu-lieu sur la destination des pierres gauloises ; il Ini
a semblé que les pas de l'âne au nord'et le dolmen au
midi formaient les limites du territoire occupé par la
populationqui vint se grouper autour du saint person-
nage: lorsque, aidé de:ses disciples, ik eut défriché
Ma forêt de Pavum. Dans les plus vieilles peintures,
Saint Léonard. :est, représenté ‘travaillant la terre Ja
pioche à la main. |
‘Sur la proposition de M. Gay deVernon, on met aux
Voix: le vœu. suivant, qui est adopté:: «Le Congrès
émet-de; vœu que: le Gouvernement (de l'Empereur
alloue le plus tôt possible:les fonds nécessaires à la
réparation et. à! l'achèvement de l'église de 'Saint-
Léonard, récemment classée parmi les monuments
historiques, :et «dont les réparations sont estimées
à la somme de 464,000 fr.
"M. de Longuemar pense que la simplicité des chapi-
teaux du xre siècle n’est pas dûe à ce que le granit a
opposé au ciseau du sculpteur des difficultés insur-
montables, puisque les matériaux des églises contem-
poraines du Poitou ne sont pas travaillés avec plus
d'élégance. Le granit d'ailleurs. comme on peut en
“
288 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
juger par le portail latéral de la cathédrale de Li-
moges et celui de Saint-Michel, semble pouvoir se
prêter à toutes les ornementations. P
M. de Verneilh répond que la simplicité des seulp-
tures du Poitou serait une richesse en Limousin, où le
granit est difficile à travailler : aussi, dans cette
dernière province, au xI' siècle, les églises n’ont pas
de sculpture du tout. De ce qu’on a fait à la cathédrale
il ne faut pas conclure qu'on devait faire aussi bien
pour les autres monuments.
La cathédrale de Limoges est l’œuvre d’un archi-
tecte étranger qui a voulu réaliser dans notre pays
ce qu’on faisait ailleurs avec le calcaire : aussi est-il
parvenu à trouver un granit d'un grain très-fin ;
mais la taille des pierres a dû être fort dispendieuse.
M. des Moulins à remarqué dans l’église Saint—
Pierre de Limoges des chapiteaux très-bas avec une
simple petite frise. Ils sont du commencement du
x siècle, et paraissent avoir un Caractère spécial.
Hs lui rappellent ceux qu'il a vus à Toury, dans la
Beauce. On les retrouve aussi dans l'église d’Aixe
près Limoges.
Entre les églises de Cologne, de Clermont et de
Limoges , il ya un rapport de style et de dates,
comme le disent MM. Bouillet et de Verneilh. La
cathédrale de Clermont devait être commencée en
1248 ; mais l’évêque était parti alors pour la croisade,
d'où il ne revint qu'en 1253. La consécration du
chœur de la cathédrale ne se fit qu'en 1294 ou 99.
Quant aux autres travaux, ils ne furent terminés
qu'en 1515. A Limoges, la cathédrale, moins déve-
loppée, moins élevée que celle de Clermont, mais
| it
Ji
PROCÈS-VERBAUX. 289
plus riche d’ornementations, et, comme elle, ayant
des voûtes recouvertes de dalles au lieu de toit sur
les bas-côtés, fut commencée, en 1273, dans l’année
qui suivit la mort d'Émeric de: La! Serre, lequel
laissait des sommes considérables pour la construction
de cet édifice, à la condition qu’on la commencerait
dans l’année qui suivrait sa mort. Il serait intéressant
d'établir que Jean des Champs (Joannes de Campis)
fut réellement, en 1258, l'architecte de la cathé-
drale de Clermont, car celle de Limoges devrait être
certainement attribuée au même artiste.
Le testament de Jean de Langeac, évêque de
Limoges, publié par M. Ardant, laisse, pour l’achè-
vement de notre cathédrale, certaine somme à son
principal ouvrier, Antoine Lavoix; mais cela n'a
pas abouti: on a simplement posé les bases de
quelques piliers.
M. Regnault fait remarquer que, dans un ouvrage
italien intitulé Vie des architectes , saint Ferréol , évêque
de Limoges, mort vers 597, figure au nombre des
architectes qui ont vécu depuis la décadence de l’ar-
chitecture jusqu’à son rétablissement. — Saint Ferréol
répara, dit-on, grand nombre d’églises de son dio-
cèse.
À la fin de la séance, M. Thiollet signale quatre
vases gallo-romains, remplis de terre noire et d'os-
sements, qu'on vient de découvrir près des anciennes
arènes, à 65 centimètres du sol. Deux de ces vases,
en terre rouge, mesurent 57 centimètres; les deux
autres, en terre noire, n'ont que 21 centimètres.
J.-B. L. ROY-PIERREFITTE, secrétaire.
19
290 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
SÉANCE DU 21 SEPTEMBRE 1859,
PRÉSIDENCE DE M, F. DE VERNEILH.
Le procès-verbal de la séance précédente est
adopté.
M. Charles des Moulins lit une spirituelle et savante
étude sur le monument dit le Bon Mariage, qui se
trouve dans l'ancien monastère des feuillants à
Limoges. (V. la 2* partie du Compte-Rendu.) Cette
lecture inaugurait très-bien la 18° question du
programme :«Quels sont les tombeaux les plus remar-
quables du moyen âge en Limousin? » — M. Arbellot,
suivant l’ordre chronologique, indique le tombeau de
Saint-Junien, qui est du commencement du xn°
siècle, et auquel se rattachent par le style, dit M. de
Caumont, les deux tombeaux qu'on voit dans l'Allier :
le premier, à Souvigny, et l’autre, à Sainte-Mene-
hould : le tombeau de Souvigny a été brisé; mais
les débris ont été appliqués sur la muraille de l’église.
M. Tudot à recu de la Société Française d’Archéo-
logie une allocation pour qu'ils soient moulés tous
les deux.
En Limousin, nous avons encore le tombeau de
saint Étienne d'Obasine, monument du xnr:° siècle,
décrit par M. Texier dans les Annales archéologiques , et
gravé par M. Gaucherel. Le Bon Mariage, dont on
vient de parler, a été attribué au xur° siècle par le
plus grand nombre des membres du Comité des Arts.
quoique M. Texier le dise du xrv' siècle
M. Arbellot a décrit les trois tombeaux que l’on
PROCÈS=-VERBEUX. 294
voit à la cathédrale de Limoges : ceux de Regnauld
de La Porte et de Bernard Brun, tous deux du x1v°
siècle, et celui de Jean de Langeac. Ce mémoire sera
imprimé dans le volume du Compte-Rendu du
Congrès. On a moulé le tombeau de Jean de Langeac
aux frais de la Société francaise d'Archéologie, qui
a déjà fondé en France cinq musées plastiques.
M. le président fait remarquer que, si la Société
Archéologique du Limousin faisait mouler aussi les
autres monuments de notre sculpture, on fournirait
d’abord ainsi de beaux modèles à nos artistes, et on
ferait mieux connaître Ces œuvres remarquables;
puis, si sur un premier moulage on faisait de bons
creux, on aurait ainsi l'avantage d'obtenir des
échanges précieux pour notre pays. En Allemagne
et surtout à Berlin, en Angleterre, et enfin dans cer-
taines villes de France, on trouve quantité de
monuments ainsi moulés.
Pour l’avant-dernière question du programme : 4-
t-on des notices descriptives et historiques sur les châteaux
fortifiés du Limousin ? on répond que M. le marquis de
Lubersac et M. Roy-Pierrefitte ont recueilli diverses
notes historiques; M. Arbellot a publié une brochure
sur Chalusset, mais on n’a pas de travail complet,
et encore moins un travail d'ensemble. M. de Verneïlh,
cite pour mention Montbrun, nommé Trasdos , au
témoignage de Geoffroy de Vigeois, avant 1179, épo-
que où Aymeric de Brun, qui lui donna son nom,
reconstruisit le château avec un donjon à contre-forts
plats. Il est situé au fond d’une vallée et au milieu
d’un étang , mais sur une motte naturelle: d’où est
venu Montbrun. À la fin du xv' siècle, on substitua au
292 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
château roman un château dans le style de l’époque
en conservant seulement le donjon carré englobé dans
une énorme tour ronde. Le Pouillé de Nadaud atteste
que la chapelle construite par Jean de Montbrun,
damoiseau , baron et seigneur du château de ce nom,
était terminée en 1509.
Le château de Lavauguyon est de la fin du
xv* siècle. Le château de Chéronnac, qui appartenait ,
au xv° siècle, à Foucaud de Rousiers, passa par
alliance dans la famille de Sauvebœuf, et, à la fin
du xvine siècle, il était passé dans la famille de
Mirabeau, dit M. Arbellot. — Il ne reste qu'un
donjon du château de Chervix. Celui des Cars est
du xv° siècle : ce ne fut qu'un château d'habitation,
et partant il offre moins d'intérêt qu'un château
fortifié.
Malgré la notice lue au Congrès archéologique de
Limoges, et publiée dans le Bulletin monumental
de 1848, M. de Verneilh ne pense plus à présent
qu'il reste rien, ni à Chalus ni à Piégut, des châteaux
qui appartenaient au vicomte de Limoges Aymar V,
et qui furent pris par Richard Cœur-de-Lion. Ceux
qui existent aujourd'hui sur le même emplacement
doivent être postérieurs à cette époque mémorable,
excepté peut-être la chapelle de Chalus.
À Nontron, qui dépendait aussi du Limousin, on
distingue encore les traces du château qui fut assiégé
par le roi Richard et, à la fois, des fortifications qui
furent ajoutées après le siége. Elles se composent
principalement d'un donjon cylindrique placé près
de la coupure ou fossé, comme pour fermer une brèche
et protéger un point faible. Or ce donjon se trouve
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PROCÈS—-VERBAUX. 293
justement tout pareil à ceux de Chalus et de Piégut.
La disposition intérieure de ces donjons cylindriques
est à noter, et M. de Caumont croit qu’elle est parti-
Culière au Limousin. Après avoir pénétré au premier
étage de ces tours par une porte très-élevée au-dessus
du sol, on se trouve dans une salle voûtée en coupole,
et on ne voit pas d'escalier pour arriver à l'étage
supérieur. Il faut appliquer une échelle contre une
sorte de fenêtre, et alors seulement commence un
escalier ménagé dans l'épaisseur des murs. Du
deuxième au troisième étage les communications sont
interrompues de la même manière : il en résulte qu’il
fallait faire trois siéges pour la même tour.
Dans la Creuse : à Aubusson , à Bridiers, à Crozant,
à Crocq, au Monteil-au-Vicomte, à Sermur, on ne voit
plus que des masures, et il serait malheureusement
difficile de rétablir le plan de ces édifices, qui ser-
virait pour l’histoire de l'architecture militaire,
encore mal connue. M. de Caumont émet donc le vœu
que la Société Archéologique du Limousin s'occupe le
plus tôt possible de la Statistique monumentale pour
les châteaux de la province. A cet effet, on devrait
nommer une Commission.
M. Bouillet pense que, aux archives de la Biblio-
thèque impériale, où un travail de 1450 par Guillaume
Revel lui a donné les dessins des châteaux de l’Au-
vergne, on trouverait peut-être pour le Limousin des
renseignements précieux.
Les observations faites sur les châteaux s'appliquent
également aux monuments civils dont parle la der-
nière question du programme de la 1v° section.
Surtout pour les ponts, il est important de bien
204 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
constater la forme des arcs et des avant-becs; car
elle permet de reconnaître que beaucoup de nos ponts
sont du xrrr° siècle. M. de Caumont émet alorsle vœu,
accueilli par les membres de la section, savoir : que
le pont Saint-Martial soit conservé avec soin dans sa
forme actuelle. Sur la demande de M. de Verneilh,
une commission, composée de MM. de Caumont,
Thiollet, de Chasteigner, Drouyn et Regnault, avait
été déléguée pour vérifier si quelques piles de ce pont
n'étaient pas de construction romaine dans leur partie
inférieure. Grâce aux mesures prises par M. l’ar-
chitecte de la ville, on a pu constater en bateau :
d’abord, que le pont Saint-Martial avait succédé à un
autre pont antique dont les pierres ont été employées
de nouveau, peut-être à deux reprises différentes, et
ensuite que plusieurs assises romaines de grand
appareil, imparfaitement recouvertes par les piles du
moyen âge, étaient encore en place, et montraient
les rainures des crampons de métal qui les reliaient
dans tous les sens. Le pont Saint-Martial est donc
à la fois un monument romain, le seul que garde
Limoges, et un curieux édifice civil du xxi° siècle. A
ce double titre, il mérite que la restauration, qui est
malheureusement devenue nécessaire, soit du moins
des plus scrupuleuses.
La liste chronologique et numismatique des vicomtes
de Limoges, rédigée par M. M. Ardant d’après les
monnaies et sur les documents conservés aux archives
de la Haute-Vienne, sera imprimée dans la seconde
partie du Compte-Rendu du Congrès.
M. Édouard Boudet fait sur l’ancienne faïence
de Limoges une communication fort importante : on
PROCÈS-VERBAUX. 295
est d'avis qu'elle soit lue en séance générale. ( Voyez
Ja seconde partie.)
On termine la séance en votant par acclamation
des remercîments à M. K. de Verneilh pour le zèle
qu'il a développé comme président et pour les
nombreuses communications qu'il à faites.
J.-B. L. ROY-PIERREFITTE, secrétaire.
CINQUIÈME SECTION.
LITTÉRATURE, BEAUX-ARTS, PHILOSOPHIE ,
ÉCONOMIE POLITIQUE.
SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1860.
À deux heures et demie, la séance est ouverte par
M. de Caumont, qui invite MM. les membres de la
5° section à constituer leur bureau.
Les suffrages se répartissent ainsi : président,
M. de Margerie; vice-présidents, MM. Bardy, Delor,
Fournier, Mahias.
M. de Margerie, après avoir remercié l'assemblée
de l'honneur qu’elle lui fait en l'appelant à la prési-
dence, prie MM. les membres de la 5° section qui ont
l'intention de présenter des mémoires au Congrès de
vouloir bien le déclarer. M. Charreire se fait inscrire
pour les n° 8, 9, 40, du programme ; M. Courconnais,
pour le n° 42, et M. Buisson de Mavergnier, pour le
n° 43.
PROCÈS-VERBAUX. 997
M. de Caumont, frappé de l'absence de questions
intéressant l’art du dessin, propose d'ajouter la ques-
tion suivante : « Quel devrait être l’enseignement du
dessin dans les villes secondaires de province? »
M. le président demande que l'on mette à l’ordre du
jour de vendredi une question qu'il promet de traiter
lui-même si ses occupations le lui permettent : « In-
fluence morale et sociale des études psychologiques ».
Enfin M. Charreire propose une question nouvelle :
« Quelle à été la participation de l’idiome celtique
dans la formation de la langue française? »
Aucun mémoire n'étant présenté sur le n° 4 du
programme, M. de Buzonnière prend la parole, et,
dans une improvisation nette et rapide, il soutient que
l'histoire de la poésie n'est que l’histoire des individus
et des sociétés. La vie de l'individu se partage, pour
ainsi dire, en deux âges : l’âge de la sensibilité, des
émotions qui se traduisent en images fraîches et
vives, et l’âge de la froide raison. La vie des nations
subit les mêmes vicissitudes, avec cette différence
que, dans l'existence de l'individu, la période de la
jeunesse embrasse, non pas des années, mais des
siècles, avant de faire place à la période de la maturité.
Or, comme la poésie relève tout entière de l’imagi-
nation, et que la raison est sa plus grande ennemie,
c'est chez les peuples jeunes qu’il faut chercher des
poètes : quand les sociétés commencent à vieillir,
la poésie fait place auxsciences et aux études spécu-
latives.
M. Charreire, ému jusqu'à l’éloquence par une
forte conviction, répond que l'âme est plus riche de
facultés’ que ne semblerait le faire croire la thèse
298 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
soutenue par M. de Buzonnière. L'âme, sans doute,
possède la sensibilité, pour ainsi dire physique, des-
tinée à lui transmettre, avec les impressions du
dehors, les images qui viennent s’y peindre comme
en un vivant miroir; mais elle possède aussi et le
sentiment, source des affections les plus nobles et des
passions les plus généreuses, et la raison, qui les
gouverne, les guide, et les empêche de s'égarer.
Sous le règne de la sensibilité, point de poésie
véritable; mais, que le sentiment naisse et se déve-
loppe, la voilà qui, comme une étincelle, jaillit des
profondeurs de l’âme, où elle était endormie. Seule-
ment cette poésie, fille du sentiment, en conserve les
allures vives, séduisantes, pathétiques, mais brusques
et heurtées. Il faut que la raison vienne contenir ces
excès et régler ces écarts; il faut que le sentiment
échauffe l'intelligence, et que l'intelligence lui rende
en lumière ce qu'elle à recu en chaleur, et cet
heureux tempérament de nos facultés esthétiques est
le triomphe de Ia poésie et de l’art : témoin le siècle de
Périclès, où l'enthousiasme le plus exalté est toujours
corrigé par le goût le plus pur; témoin le siècle
d'Auguste, où la raison la plus saine est toujours au
service de la sensibilité la plus délicate; témoin enfin
notre grand siècle, où les Corneille et les Racine ne le
cèdent point à leurs modèles d'Athènes et de Rome:
M. le président, acceptant la thèse soutenuecpar
M. Charreire, fait remarque à son tour, que.l'art
naît du concours de l'imagination, de l'émotion et de
la raison; qu'à ses yeux la poésie la: plus vraie, se
trouve dans les Védas de l'Inde et dans les Psaumes
de David, mais qu'il préfère ces derniers, parce que
ST
PROCÈS-VERBAUX. 299
la poésie des Védas est produite uniquement par
l'imagination, et ne vise qu'à l'émotion, tandis que
les chants du roi-prophète, inspirés par une imagi-
nation non moins vive, dépassent cependant la sphère
des choses sensibles, et nous entraînent, non moins
émus, vers les hautes et sereines régions de l'idéal.
Après ces trois brillantes et solides improvisations,
M. le président, appelé par des occupations qui ne lui
permettront pas d'assister à toutes les séances, prie
MM. les membres de la 5° section de nommer un
autre président, et d'accepter sa démission. La démis-
sion n’est pas acceptéeget M. de Margerie, quoique
absent, reste président de la 5° section.
La séance est levée à trois heures et demie.
CH. COURÇONNAIS, secrétaire.
SEANCE. DU-d4 SEPTEMBRE 1859
PRÉSIDENCE:DE M. DE MARGERIE.
Le procès-verbal est lu: et adopté.
L'ordre du jour appelle la discussion sur la a ques-
tion poséeau programme. Pérsonne ne demandant la
parole, M: de Margerié lit un:mémoire sur l'influence
morale et sociale des études psychologiques. Ce travail,
qui, plus ‘d’une fois, a été interrompu par de vifs
applaudissements,; sera lu, d'après le vœu de la section,
“en séance générale , vendrédi prochain.
M. le président met en discussion la 3° question :
300 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« Influence des romans sur la littérature et les
mœurs ». |
M. de Caumont dit que, depuis vingt-cinq ans, il
s’est fait dans les provinces un grand changement. Il
a remarqué avec peine que les libraires, surtout dans
les sous-préfectures, n'ont plus de livres sérieux
ils ne vendent que des romans à bon marché, de la
littérature au rabais.
M. le président dit que ces sortes de romans sont
une pâture frivole qui est pleine de dangers pour
les mœurs. Le Congrès pourrait peut-être émettre
un vœu : il semble qu'il y#aurait deux moyens à
employer pour diminuer le mal que l’on signale
il y aurait la voie prohibitive : peut-être serait-il bon
d'être plus sévère pour les romans dont le colportage
inonde nos campagnes. Un second moyen consisterait
à favoriser la composition de bons romans, et à fournir,
par ce moyen, un antidote contre le poison. La presse
a agité la question de savoir s’il peut exister de bons
romans. Les uns l'ont nié d’une manière absolue;
d'autres, moins exclusifs, ont reconnu qu'il existait
de bons romans, et que cette forme littéraire, qui est
d’une lecture plus attrayante, ne devait pas être
condamnée sans choix et sans restrictions. On pourrait
donc émettre nn vœu tendant à diminuer les dangers
du colportage des mauvais romans dans les campagnes
par un choix plus sévère de l'administration.
M. Charreire propose d'ajouter à ce vœu la propo-
sition suivante : « Que les sociétés savantes encou-
rageront la diffusion des romans moraux ».
M. le président propose de renvoyer la discussion à
demain.
PROCÈS—VERBAUX. 301
M. Baruñfñ dit qu'il craint bien que ce renvoi ne soit
sans résultat. La question est insoluble. L'Espagne,
dans un temps, fut infectée de romans. L'immortel
Cervantès, dans son beau livre de Don Quichotte de la
Manche, donna l’antidote. En France, Fénelon à fait
Télémaque , où l'intérêt du roman n’est pas détruit par
la haute morale et les sentiments élevés qui se
développent à chaque page de ce livre. Les romans
sont donc un mal du moment qui s’atténuera , il faut
l’espérer, peu à peu. Le Congrès a devant lui un temps
très-limité : il ne faudrait pas qu’une seule question
occupât trop long-temps ses précieux instants.
M. le comte de Chasteigner dit que la diffusion des
romans tient à une demi-éducation. Le niveau de
l'instruction, en se généralisant, s’est abaissé. Les
romans s'adressent à une classe de personnes chez
lesquelles les émotions vives produisent plus d'effet
que les bergeries de Florian et le tableau du bonheur
champêtre. Dans les villages, il existe des hommes
dangereux qui se croient des hommes importants parce
qu’ils ont un peu plus d'instruction que leurs voisins.
Ce sont les avocats de village. C’est à cette partie des
populations que s'adressent lesmauvais romans. Quand
le niveau de l'éducation s'élèvera comme en Suisse, le
danger deviendra moindre.
M. le président dit que la question sera traitée de
nouveau à la prochaine réunion.
La séance est levée à trois heures et demie.
E. BUISSON DE MAVERGNIER, secrétaire.
302 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
: de if tirs auf À
SEANCE DU 15" SEPTEMBRE 1691
PRÉSIDENCE DE M. DE MARGERIE.
M. de Margerie, président de la section , occupe le
fauteuil; MM. les vice-présidents Mahias, Delor,
Bardy, siégent au bureau.
A l'ouverture de la séance, M.de Caumont donne
lecture d’une lettre: adressée à M. le président du
Congrès scientifique de Limoges :par M. Demetz,
directeur de la colonie agricole'et pénitentiaire de
Mettray.
L'ordre du jour appelle la’ continuation de la
discussion sur le n°3 du programme : « Influence des
romans sur la littérature et les mœurs ». M. l'abbé
Pardiac, inscrit dès la veille, lit un mémoire : son
amour pour le bien, son expérience, les lumières et la
mission de l'assemblée devant laquelle il parle, l’eng'a-
gent à signaler un grave péril qui menace la société.
Ce péril vient de la diffusion des romans, ces livres
affreux, descendants directs de l’Art d'aimer d'Ovide,
dignes des plus mauvais jours de Rome, enfantés par
le désir de plaire, et par une passion plus funeste
encore, la passion du mal, la haïne de la famille et
de la propriété. Fictifs ou historiques, ïls doivent être
bannis, car il ne faut pas! composer avec un ennemi
d'autant plus redoutable qu'aujourd'hui tout le
monde sait lire. Que la guerre soit donc incessante ;
que les romans restent ensevelis dans la poussière des
magasins, et que les hommes de cœur, émus du
danger qui menace de tout emporter, prennent la
PROCÈS—-VERBAUX. 303
plume pour opposer à ces œuvres corruptrices des
ouvrages où les âmes chrétiennes {trouveront une
saine nourriture. M. l'abbé Pardiac exprime alors le
vœu suivant : « 1° Qu'une copie de la délibération soit
envoyée à M. le ministre de l'instruction publique;
2e que le journal le 20 Décembre publie une copie de
la même délibération ».
M. Mahias, vice-président, prend la parole à son
tour. Il n’est pas, dit-il, littérateur; il vient seu-
lement payer une dette de reconnaissance à Robinson
Crusoé ; et défendre le faible, puisque, dans cette
enceinte, il ne s’est pas élevé une seule voix en faveur
du roman. Que parle-t-on de guerre, de proscription,
d’auto-da-fé? La France serait-elle disposée à renier
une partie de sa gloire? Si toutes les classes de la
société ne peuvent pas lire les chefs-d'œuvre, eh bien!
que-l’on élève le:niveau. de l'instruction, et bientôt
les méchantes productions seront délaissées ; on lira
les beaux et bons romans. Car pourquoi voudrait-on
proscrire Je roman de;la littérature?:Parce qu'il peint
l’homme avec sa-grandeur et ses misères? Hélas! la
vie humaine n’est pas une perpétuelle idylle : la
tristesse s’y, mêle à la joie; la passion y livre de con-
tinuels assauts à la vertu. Serait-il donc immoral de
tracer l’histoire de la vie? Non : il suffit que le vice
soit: flétri, le.crime châtié , la passion domptée; il
suffit que la vertu triomphe pour que le roman
satisfasse à deux intérêts sacrés : l'intérêt de la mo-
rale et l'intérêt de l'art.
& L'art,:répond M. Charreire à ces généreuses
paroles, : après-avoir -rectifié l’étymologie du mot
roman; et salué en passant les troubadours et les
304 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
trouvères , l’art vit de fiction : si vous supprimez la
fiction, vous tuez la poésie, car la poésie n’est pas la
peinture de la réalité, c’est une fiction que l'esprit
crée les yeux fixés sur ce type idéal de beauté qui luit
dans l'intelligence de chaque homme. Que ce type soit
notre étoile : il n’y a de beau que ce qui est bon.
Écrivons des romans : le roman est une forme où
peuvent fort bien s'encadrer des pensées pures et reli-
gieuses. Surtout n'envions pas l'instruction et les
lumières à ces classes déshéritées pour lesquelles la
vie de l'esprit ne compte que quelques minutes ;
laissons, l'Évangile l'ordonne, laissons toutes les
âmes participer au don céleste de la lumière, et, par
l'intelligence, reconquérir le ciel, que nous avons
perdu. »
— « Sans doute, reprend M. l'abbé Pardiac, l’ins-
truction, la science véritable trouvera toujours en lui
un zélé défenseur ; mais ce qu’il ne veut pas, c’est
une demi-science, plus funeste que l'ignorance la
plus absolue. » E. .
M. le vice-président Bardy prend ensuite la parole:
il avoue que le roman est une de nos gloires litté-
raires, gloire que l’antiquité n'a pas connue, puisqu'il
ne reste de cette époque qu’un monument’, Daphnis
et Chloé, comparable au roman de Bernardin de
Saint-Pierre; mais, si M. Bardy est, autant que
M. Mahias, jaloux de tout ce qui intéresse la gloire
de la France ; si, pour lui, autant que pour M. Char-
reire, la fiction a d'’irrésistibles charmes , il sait aussi
que la littérature présente deux tendances con-
traires : il se glorifie de suivre l'une; mais,
l’autre, il l’évite et la flétrit. La littérature ressemble
PROCÈS-VERBAUX. 305
à un large fleuve qui se divise en deux courants :
l’un se complaît à refléter dans ses eaux tous les
accidents de la rive : il voudrait retourner en arrière,
et il semble quitter à regret ces bords enchanteurs
entre lesquels ses ondes se jouent ; l’autre épanche
fièrement ses flots, ef se hâte d'apporter à la cam-—
pagne les trésors qu’il renferme dans son sein. L’his-
toire se charge de prouver la thèse de M. Bardy, et
alors Marguerite de Valois, Cervantes, Bussy-Ra-
butin , M': Scudéri, Fénelon, Le Sage, Bernardin de
St-Pierre, Walter Scott, Châteaubriand, hommes et
siècles, évoqués par la parole magique de l’orateur ,
se lèvent vivants devant l'auditoire, éclairé comme par
des traits de lumière qui jaillissent sans relâche de
cette éloquerite improvisation.
Que faire donc dans la situation intellectuelle et
morale où se trouve aujourd’hui la France? Les lois
répressives, la presse, sont des remèdes impuissants.
Faisons l’aumône à l'esprit comme nous la faisons au
corps : la charité, voilà le drapeau sous lequel au-
jourd'hui nous devons tous nous rallier.
M. Bardy propose alors à l'assemblée le vœu
suivant : « Le Congrès émet le vœu que le dommage
public €réé par la circulation et la lecture des livres
dangereux pour les intelligences et les cœurs soit
promptement amoindri et constamment réparé
1° par le Gouvernement impérial, à l’aide de la com-
mission de colportage et de souscriptions prises aux
ouvrages recommandés par les compagnies savantes
et les associations de bienfaisance ; 2° par les com-
pagnies savantes, à l’aide de récompenses annuelles
affectées aux auteurs de productions Httéraires écrites
20
306 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dans le but de procurer une instruction solide et un
plaisir pur aux personnes illettrées ou d’humble con-
dition; 3° par les associations de bienfaisance, au
moyen de la multiplication des bibliothèques de bons
livres, dont elles aideront de tout leur pouvoir la
diffusion dans les familles ; les ateliers, les-hôpitaux
et les prisons. » e
M. le président résume la discussion, et met aux
voix le vœu exprimé par M. Bardy.
M. de La Ménardière, considérant 4°, que la com-
mission de colportage apporte un très-grand zèle dans
l’accomplissement de sa tâche; 2° que le Gouver-
nement ne souscrira pas; 3° que les sociétés de bienfai-
sance n’ont pas besoin d’excitation ;_ pour ces trois
motifs, propose de passer à l’ordre du jour.
L'ordre du jour est mis aux voix ; et rejeté.
Le vœu émis par M. Bardy est mis aux voix, et
adopté dans chacun de ses paragraphes.
La séance est levée à trois heures-et demie.
CH. COURÇONNAIS , secrétaire.
SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE 1859,
PRÉSIDENCE DE M. BARDY.
Le procès-verbal est lu et adopté.
L'ordre du jour appelle la discussion sur la 4° ques-
tion : « Origine et formation du patois limousin. —
Indiquer ses rapports avec les autres dialectes de. la
PROCÈS-VERBAUX. 307
langue d’oc. — Pourquoi la langue romane du midi
de la France est-elle appelée limousine par quelques
écrivains du moyen âge, notamment par Raymond
Vidal, Gaspard Escolano, ete.? — Études sur les
poètes qui ont écrit en langue limousine. »
M. le président fait observer que la 5° question fait
suite à la 4°. Elle est aïnsi conçue : « Indiquer les
limites géographiques de la langue d’oc, et les causes
aui ont borné cette langue à ces limites ».
- Ces deux questions seront traitées simultanément.
M. Charreire a la parole.
Les orig'ines de l’histoire, dit l’auteur, présentent
de grandes obscurités : il faut marcher à tâtons. Aussi
ne se propose-t-il pasde présenter des ‘affirmations,
des résultats certains. 1 ne peut offrir à l'assemblée
que des conjectures tirées des migrations des peuples.
Ilremonte à l’époque où les Gaëls quittent le plateau
central de l’Asie, et ‘émigrent vers l'Occident. Une
de leurs peuplades ;°les Kimrys, s’établissent sur les
bords du Pont-Euxin. Les Gaëls continuent leur
marche: ils franchissent le Danube et le Rhin, et se
répandent dans la Gaule. Arrivés sur les montagnes
qui s'étendent dans la Gaule centrale, ils rencontrent
une autre race, qui s'était établie déjà dans le pays.
Is se trouvent en face des Ibères ou Euscariens.
Une parenté éloignée existait entre ces deux races.
Les Gaëls étaient blonds, avaient la poitrine large,
l'humeur gaie et facile : ils chassaient dans les plaines.
— Les Ibères étaient bruns, d’une taille moins élevée,
d'un caractère moins communicatif : ils Chassaient
dans les montagnes. Les Gaëls restaient dans les
plaines : les Ibères, dans les montagnes. Possidonius
308 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et Diodore deSicile assignent conime lignes séparatives
les chaînes de montagnes des Cévennes, de l’Auvergne
et du Limousin. Les Kimrys, à leur tour, quittent les
bords du Pont-Euxin, viennent s'établir dans la
Gaule septentrionale, et pénètrent jusque dans la
Gaule centrale.
Les Belges appartiennent à la race des Kimrys. Ils
rencontrent les Gaëls, qui les cantonnent’dans les
montagnes. Les Kimrys sedistinguaientdesautres po-
pulations gauloises par une grande supériorité morale.
Ils remettent en honneur le druidisme, et le rajeunis-
sent. En Provence, un autre peuple va exercer son
influence sur la langue : c'est le peuple grec et la:colo-
nie phocéenne qui fonda Marseille.
Le Limousin euttrois peuplesen: contact : les Gaëls,
les Kusques et les Kimrys. La langue dut participer
de ces trois idiomes.
Nous arrivons à la conquête des Romains. Le latin
est-il devenu la langue dominante ? M: :Charreire ne
le croit pas : le latin est la langue littéraire, la lan-
gue de la civilisation. Le celtique à dû toujours se
montrer profondément empreintdans la langueusuelle,
dans la langue populaire. Ily,avait même en Italie la
langue rustique dont, parle Varron, qu'il opposait à la
langue littéraire. Le Glossaire,de du Cange est plein de
termes qu'on. ne trouve pas-dans les auteurs. Il con-
tient un grand nombre. de vocables grecs. Cette basse
latinité est devenue la langue de l'Église; elle a des
affinités très-remarquables avecile celtique. C’est dans
cette langue que les. peuples gaulois ont été évangé-
lisés. :
Comment donc se sont formées les langues dans les
él
PROCÈS-VERBAUX : 309
différentes parties de la France ? Elles se sont combi-
nées suivant les différentes races qui les habitaient.
«Dans le Nord, le kimrys ou bolgue et le gaël ont
formé la langue pue
Le gaël s’est maintenu dans le centre de la Gaule,
combiné avec la basse latinité.
«Dans le Limousin, la langue s’est fondée par la
combinaison, du: breton. ou kimrys , de l'élément
celtique et la basse latinité:\
Pourquoi maintenant la langue romane prend-elle
dès le xr° siècle le nom de langue limousine ?
Charlemagne, en fondant un royaume en Aqui-
taine, a établi une nationalité distincte : c’est la
cour d'Aquitaine qui cultiva la première la langue
vulgaire:
Au x° siècle, l'abbaye de Saint-Martial réienté un
D uridéxéloppemént intellectuel. C’est de son
cloître que sortent de brillantes productions de toute
nature : la musique, la poésie , la peinture , toutes les
branches de l'intelligence y sont cultivées avec succès.
Nousavons des compositions musicales de cette époque
qui: déjà se montrent äveé un cachet particulier de
giandeur, et ‘prouvent / uné' culture ’approfondie
dé) la science des sons.‘ Lés missels sont énluminés de
belles et précieuses images: les majuscules, gra-
cieusément ) enroulées | éffrent une ornementation qui
nepeut sortir que d’uñpinceau exercé. Nos biblio-
thèques: publiques ont de nombreux exemplaires de
ces remarquables productions!: elles portent la preuve
irrécusable de leur origine.
» C'est de Limoges qu'est Sorti le mouvement littéraire
et artistique qui s'est produit au x: siècle; le reste
310 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de l’Aquitaine se taisait. Le goût de cette langue,
que notre ville a la gloire d’avoir formée, se propage
dans l'Espagne et surtout dans les royaumes d'Aragon
et de Catalogne.
La poésie est cultivée ‘avec succès par: les, trou-
badours limousins : elle se recommande par la justesse
de l'expression et une concision qui n'exclut pas le
sentiment. Elle est moins pompeuse et moins semée
de comparaisons et d'imag'és que la poésie provencale.
Telle est l’analyse rapide du discours de M. Char-
reire : nous n'avons pu reproduire complètement sa
belle improvisation : nous le regrettons, et l’assemblée
le regrettera avec nous. De vifs applaudissements ont
remercié l’auteur de ses intéressantes communi-
cations.
M. Mignot à demandé à présenter quelques obser-
vations sur le patois limousin. Il dit qu’il existe plu-
sieurs dialectes dans le! Limousin , ét il‘ cife un grand
nombre de mots qui ne se ressemblént pas, quoi-
qu'ils expriment lémêmel objet, et. qui varient
suivant les localités. Du reste, le patois à une grande
affinité avec le latin et le grec:
La 6° question est mise en discussion : « Connaît-on
dans quelques bibliothèques publiques de l'Europe un
manuscrit du poème ‘où Grégoire Béchade, chévälier
du château de Lastours;!a chanté les évènements de
la première croisade? »
Sur cette question, M: Charreire dit qu'il a été
trouvé dans une démolition la musiqué et les paroles
d’une strophe du poème de Grégoire Béchade. Il ne
sait pas autre chose.
* Personne ne demandant la parole ,: M: le président
PROCÈS-VERBAUX. 341
passe à la 7° question, qu’il croit devoir, renvoyer à
la séance de lundi à cause de l’absence de M. de
Verneilh.
Sur la 8° question : « Aperçu philosophique sur la
musique », M. Charreire ayant composé un mémoire,
la section décide qu’il sera lu en séance générale.
La séance est levée à trois heures.
E. BUISSON DE MAVERGNIER, secrétaire.
SEANCE DU 19 SEPTEMBRE 1859.
Tic PRÉSIDENCE DE M. BARDY.
É aM. Je président (lonne lecture d’une lettre de
M. Kuntz de Rouvaire, homme de lettres, rue de
Buffault, 18, à Paris, quioffreau Congrès son concours
. pour accroître les éléments de publicité dont l’Institut
des Provinces dispose. Éditeur du journal littéraire
les Départements et de la Bibiothèque des Provinces ,
«Collection arrivée à son,11° volume, il tiendra à hon-
eur, de faire connaître dans la mesure du nombre de
_ses lecteurs les travaux si utiles du Congrès, qui lui
semblent ne pas avoir obtenu encore le retentissement
dont ils sont dignes ; 3° d’une lettre de M. Dufriche,
qui envoie au Congrès un mémoire sur la langue
- romane.
Mr: Denoiïix des Vergnes lit une charmante pièce de
Vers qui à pour titre le Facteur.
342 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. Noël, secrétaire général du Congrès de 1860, est
invité par M. le président à venir prendre place au
bureau.
L'ordre du jour appelle la discussion sur le n° 7 du
programme.
M. Félix de Verneilh lit une lettre de M. de Quast.
Le savant allemand luï rappelle par ordre chronolo-
gique les émaux qu'ils ont vus ensemble et ceux qu'il
a vus lui-même depuis :
4° La Pala de Venise ;
2 Reliquaire byzantin {x° siècle) conservé à Lim-
bourg;
3° Reliquaire du bâton de saint Pierre {980 );
4° Évangéliaire splendide; appartenant au duc de
Gotha (x° siècle);
5° Quatre grandes croix d'or {x‘siècle);
6° Couronne faite par l’empereur Conrad I (4022);
7° A4 autels portatifs { 1200 ).
Après cette lecture, M. de Verneïlh, qui publiera
d’ailleurs un travail sur ce sujet, soutient que les
émaux limousins et les émaux allemands ont une
origine commune, Byzance. Il croit que les deux
écoles ont existé en même temps, indépendantes l’une
de l’autre. Les émaux les plus anciens que l’on
conserve de l’école limousine datent du milieu du
x11° siècle; en Allemagne, on en conserve des xt et x°.
M. Ardant dépose sur le bureau le tableau des
argentiers-orfèvres |auri: fabri) du moyen âge et de
la renaissance, et des émailleurs de Limoges, d’après
les terriers, registres et actes des archives de cette
ville.
M. de Chasteigner croit que les émaux Champ-levés
PROCÈS-YERBAUX. 313
sont antérieurs aux émaux cloisonnés. Il reste des
émaux champ-levés de l'époque carlovingienne, de
l'époque mérovingienne, et même de l’époque g'allo-
romaine.
M. de Verneilh admet ces preuves de M. de Chastei-
gner ; mais les émaux dont il est question sont des
émaux barbares. Ce sont les émailleurs de Byzance
qui en ont fait un art, et il pense que le n°7 du pro-
gramme à rapport uniquement à la peinture, à l’art
véritable des émailleurs. Or il croit que de toutes les
preuves qu'il à données et qu'il. donnera il résulte que
la peinture en émail est née à Byzance.
M. Arbellot, à l'appui de l’opinion émise par M. de
Verneilh, rappelle que les historiens du, x° et du
x1' siècle appelaient les émaux du nom grec #0» : duæ
icones aureæ, y est-il dit en parlant, de deux émaux
limousins.
La séance est levée à trois heures et demie.
CH. COURÇONNAIS , secrétaire.
SEANCE DUI20S EPTEMBRE. 4859:
PRÉSIDENCE DE M. DE MARGERIE.
M. Courconnais, secrétaire de la section, dit que le
procès-verbal de la &ernière séance n’est pas terminé
faute de renseignements assez complets.
M. le président annonce que M. Dantreygas a fait
hommage au Congrès de quelques poésies patoises.
314 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. Bardy à la parole. L'orateur, dans une brillante
improvisation, parle des œuvres de saint Éloi, le
célèbre artiste limousin, le monétaire de Clotaire IT,
le trésorier de Dagobert, l’illustre évêque de Noyon.
Personne n’a décrit ses œuvres, et il le regrette; car
saint Éloi a eu une grande part dans l'épanouissement
de l’art français au moyen âge. D’après M. Barthélemy,
il existe encore de lui des monnaïes fort belles d'une
remarquable exécution. Ce sont des tiersde sou d’or. On
conserve au musée impérial des souverains le fauteuil
en bronze du roi Dag'obert. Onze châssés ont été faites
par lui. Enfin Éloi avañt fait trois tombeaux, où la
richesse de la matière‘ rehaussait encore l’œuvre de
l'artiste. Il employait des lames d’or enrichies de
pierres précieuses. Ces trois tombeaux sont célèbres
dans l’histoire : c’est le tombeau de saint Martin: de
Tours, celui de saint Brice et de saint Denis. Il enrichit
la belle basilique de’ Saint - Denis d’un pupitre,
d'un autel, de portes, ete. Enfin l’artlui doit encore
un grand nombre de vases magnifiques. Sa gloire se
rattache au Limousin : voilà pourquoi il était bon d’en
parler. fi. &e
L’orateur passe ensüite à la langue limousine. Telle
est la langue, dit-il, télle ‘est la nation: Nous devons
à notre langue une partie de notre gloire; nous
avons eu des trouvères et des troubadours. Le patois
limousin n’a pas conservé le charme de l’ancienne
langue romane : elle est plus rustique, moins har-
monieuse; mais elle à sa force et son énergie.: Elle
s’est substituée à l’ancienne langue romane. Nous
avons des poètes charmants qui ont écrit dans cette
langue. I] faut citer en première ligne l'abbé Foucaud.
PROCËS-VERBAUX. 345
De nos jours encore, nous pouvons citer MM. T'ar-
neaud, de Savergnac et Dantreygas.
Pour faire apprécier le mérite de l'abbé Foucaud et
la naïveté du patois limousin, M. Bardy lit deux
fables imitées de La Fontaine, le Renard et les Raisins,
et le Lion malade et le Renard.
M. Bardy ajoute : «Cette langue tend à disparaître,
-et ne sera bientôt plus qu’un souvenir archéologique.
Ne serait-il pas désirable de la sauver de l’oubli? Un
‘bénédictin, dom Duclou, à fait, au xvin° siècle, un
dictionnaire très-complet et très-utile pour l'étude
comparée des différents idiomes patois du Limousin.
Ce-dictionnaire, manuscrit,se trouve entre les mains
de M. R. Chapoulaud,, imprimeur à Limoges.
:Dom Duclou a mis en regard les mots du patois
limousin avec les mots correspondants des langues
grecque, latine; anglaise, ‘flamande, espagnole,
itahienne, l’idiome breton et la basse latinité.
rm B'orateur croit donc devoir soumettre au Congrès le
vœu que cet ouvrage soit imprimé le plus:tôt possible.
1: Ce vœu. est adopté:
M. Courconnais a traité la 12° question, ainsi conçue :
«Danger de séparer da morale du sentiment religieux ».
-La conscience et le sentiment sont d'accord pour
-mous révéler une loi antérieure. à, toutes les conven-—
- tions humaines. Quekest/le sens de cette loi ? Se con-—
former aux inspirations de là raison ,qui est une com-
munication perpétuelle entre l’homme et Dieu, ainsi
-que l’ont montré Platon, Bossuet, Leibnitz, Fénelon,
-etc. Mais l’accomplissement de cette loi exige des ef-
forts, des luttes, des sacrifices de tous les instants :
l'espérance des récompenses et la crainte des chàti-
316 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ments sont seules capables de soutenir le courage de
l'homme dans cette pénible tâche. Enfin il y a une
disproportion étrange entre les aspirations et les
mérites de l’homme et sa destinée sur cette terre : la
vie n’a pas de sens, et la morale manque de sanction,
si l'âme n'est pas immortelle, et si Dieu n'existe pas.
Donc la religion est la base, le soutien et le cou-
ronnement dela morale ; et, si l’on sépare ces deux
éléments, qui constituent la souveraineté de la loi, on
sépare l’âme du corps; on enlève à la morale ce qui
l'anime et la vivifie.
Cette analyse, comme toutes les analyses, est bien
au-dessous de l’œuvre de M. Courconnais. Elle ne
peut refléter les éclairs brillants de ce savant écrit,
encore moins l'harmonie du style et le charme de la
lecture.
L'auditoire, attentif à cette lecture comme à tout
ce qui émane de ce professeur distingué , a éprouvé et
manifesté la plus agréable sensation. L
M. Buisson, prenant ensuite la parole, lit un mé-
moire remarquable sur la 43° question :
« L'école épicurienne peut-elle être regardée comme
une des principales causes de Ja décadence de l'empire
romain ? » "+
L'auteur explique avec talent la théorie épicurienne.
Épicure, philosophe grec, ne’ proposait d'autre but
à l’homme que le bonheur et les plaisirs; mais il les
faisait consister dans la culture de l'esprit et la prati-
que de la vertu. Ses sec{ateurs, qui, au début, de-
vaient être d'aimables épicuriens, finirent par déna-
turer sa philosophie en substituant aux plaisirs purs,
intellectuels, les voluptés sensuelles.
PROCÈES-VERBAUX. 317
L'épicuréisme n’admettait que des dieux indiffé-
rents, et expliquait l'univers par le concours des
atômes. Le corps, composé de divers éléments corrup-
tibles, se dissout chimiquement après sa séparation
d'avec l’âme , et l'âme, dégagée de son enveloppe, se
perd dans les régions infinies.
L'épicuréisme, même dans sa pureté primitive, effa-
çait l’idée du devoir : aussi dégénéra-t-il bientôt, et
produisit-il la manière de voirsensuelle et Ron
morale.
Le peuple romain, malgré sa robuste constitution ,
n’a pu résister à ces théories dissolvantes, et sa déca-
dence a commenté.
L'auteur comparé ensuite l’école stoïcienne à la
secte d'Épicure.
Le stoïcisme, fondé par Zénon , combine le matéria-
lisme et le fanatisme avec une morale très-sévère fon-
dée sur la notion du juste, du saint et du devoir. Le
stoïcisme implique contradiction. Cette école philoso-
phique enseignait à être insensible à tous les maux
physiques et moraux. Elle disait que le sage doit être
grand sans pa ssiobs , parce qu il est impeccable; qu'il
est divin, Car ily a comme un Dieu en Jui ; qu'il est
saint, car il évite toute faute contre la nee qu'il
doit être inaccessible à la pitié et inflexible envers
tous. AN À puni
” L'auteur, élevant alors ses regards vers le christia-
nisme, s’écrie : € Combien est grande et sublime la
charité chrétienne ! »
I trace ensuite l’état des Romains en présence de la
secte épicurienne, fait voir l'influence morbide de
cette doctrine sur un peuple doué jadis des plus mâles
318 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vertus, et finit par le triste récit des débordements,
des vices et des crimes qui ont consommé la déca-
dence romaine.
Le christianisme est alors apparu, qui a régénéré
l’homme, et sauvé le monde.
L'œuvre de M. Buisson, remarquable par des recher-
ches heureuses, des appréciations historiques fort
justes, et par un style facile et entraînant, se recom-
mande encore, et par dessus tout, par le senti-
ment religieux.
M. Villemsens donne lecture d’une pièce de vers
intitulée le Congrès en campagne.
Nous laissons au rédacteur du procès-verbal de la
séance générale le plaisir de dire l'effet agréable et
imprévu causé par la lecture de la poésie gracieuse
de M. Villemsens. |
A. REGNAULT, secrétaire.
|
H SÉANCES GÉNÉRALES.
FES SÉANCE DU 13 SEPTEMBRE 1859.
PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD.
” La séance est ouverte à trois heures et demie.
Siégent au bureau : M. Alluaud, président du
Congrès.;,MM.: de Caumont, Charles des Moulins,
Barufñ, de Turin, et de Buzonnière, vice-présidents.
M. l'abbé Arbellot remplit les fonctions de secré-
taire.
M. Alluaud, nommé président général du Congrès,
annonce que le bureau de l’Institut des Provinces
a désigné M.-l’abbé Arbellot pour le remplacer dans
les fonctions de secrétaire général.
M. Grellet, secrétaire général adjoint, donne lecture
du procès-verbal de la séance générale d'ouverture
tenue la veille. (Voir page 28.) Le procès-verbal est
adopté après une observation de M. le comte d’Es-
tintot.
MM. Petit et Astaix, secrétaires de la première
section | Sciences physiques et naturelles), lisent succes-
320 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sivement, le procès-verbal des séances tenues la veille
et le matin, A +. fi
M. Gérardin, “secrétaire de. Ja deuxième, secti jon,
(Agriculture el commerce), et M. Je. baron, de. Vermon,.
secrétaire de la quatrième Section (Histoire etarchéo=
logie), donnent lecture des procès-verbaux les sfances
tenues le soir et le, matin. de. ce, jour. (HAT
M. de Caumont exprime deux vœux. qu il désire
faire adopter par l' assemblée : Men sb D Nes
«1° Que les conseils généraux de la Haute- Vienne 5h
de la Vienne yotentdes allocations pour faire pratiquer
des sondages dans le but de reconnaître, sur: he
points.et. à quelle profondeur ON. trouverait -des marr.
nes Calçaires ou des, bancs. solides, susceptibles d'être
convertis en, chaux, surtout dans les contrées de-ces,
deux départements où l'agriculture. pourrait, tirer
parti des amendements calcaires ; NORME
» 2° Que MM. les pr ofesseurs de géologie et, de Chimie
à la Faculté de Poitiers fassent. immédiatement V'ana-
lyse des principales. marnes, calcaires exploitées pour
l'amendement des terres, ou qui pourraient y. être
employées en. Poitou, et. en, Limousin, Il, invite
M. Astaix , professeur de chimie à Limoges à So S9ECUT
per , de, son côté, de ces analyses . notamment à,çon=
tinuer celles qu die a, commençées . des. marnes des
environs de Rochechouart. » ne SES
A l'égard du premier FŒU > M. de, Caumont, fait
remarquer. que, en,Bretagne,. où. le. terrain jpffre de
grandes analogies avec le sol limousin, ON. à L'expé-
rience des, heureux effets. .que.de. pareils. sondages
ont produits: Des terrains dont le. sondage exige ( des
efforts considérables recouvrent, fréquemment, des
PROCÈS-VERPAUX. 394
dépôts tertiaires dont l’exploitation est d'une grande
utilité pour l’agriculture. Un ingénieur des mines,
M. Brochet, professeur à Rennes, a pu trouver ainsi,
sous des couchessableuses, de nombreux dépôts cal-
caires. On à continué ces recherches, et on a décou-
vert quarante gisements nouveaux. La Bretagne a
donc à s’applaudir d’un pareil résultat. En Limousin,
il y a quelque chose à faire. M. Astaix parlait ce ma-
tin d'un dépôt de marne trouvé aux environs de
Rochechouart : de nouvelles découvertes sont possi-
bles. MM. les ingénieurs des ponts-et-chaussées pour-
raient faire exécuter ces sondages par les conducteurs
placés sous leurs ordres. Une allocation de 1,000 francs
dans Chacun des deux départements serait suffisante.
M. Grellet serait chargé de End Ta demande des fonds
at conseil général.
M. le président met aux voix ces propositions : les
deux vœux sont adoptés à l'ufianinité.
. Fônruier, conseiller à la cour, indique le gise-
ment de calcaire primitif de Sainte-Anne, près de
Sussac et de Châteauneuf. ‘
sage Alluaud indiqué un gisement de calcaire cristal-
lin près de Saïnt-Yrieix, à une profondeur de 45 à 20
mètres : : ce calcaire , ‘à causé de la quantité de magné-
sie qu'il renférme, né serait pas propre x l'amende-
ment des terres.
MM. de Liesville, le docteur Laborderie ; Bouillet,
éh. des Moulins, fônt ‘hommage au Congrès d'un grand
nombre d' ouvrages, ‘dont la liste, beaucoup trop
longue pour être insérée dans un Méca erphne sera
intercalée dans le catalogue! général que nous
fonnerons à la fin du second volume.
322 CONGRÈS SCIENTIRIQUEUDE FRANCE.
M. le président remercie les divers donateurs pour
les nombreux ouvrages dont ils viennent d'enrichir la
bibliothèque de la Société Archéologique.
M. Félix de Verneilh est prié de lire la biographie
de M. l’abbé Texier, |
C’est avec l'intérêt le plus vif que le Congrès a
écouté les détails biographiques dans lesquels est
entré M: de Verneïilh sur le prêtre “savant dont la
science archéologique déplore là perte prématurée. “En
suivant pas à pas notre régrettablecolle sie dans he
diverses ‘fonctions dé Sa Vie Racerdotale | Ma
Veérneilh a donné des apereus rapides de es nan
ouvrages, et a fait connaître l'influence qu'ils ont
exercée. Le biographe-orâtetr | pléin d'une émotion
profonde , qu'il à fait partagée à 1 assemblée, à payé
un digne tribut A l'amitié Et à 14 séiénee. !
Des lapplaudiséements ünanimes et rédoublés' ont
accueilli cette lecture, et, fidèle “interprète! ‘des
sentiments du Congrès, DTA président, ‘émiti Comme
tout l'auditoire , à tebdre: que sa parole né pour rait
rién ajouter à hé pareils applauttisséents." Ms
Mw Fanny Denoix des Vergnes le Béart ais,
auteur d'un volume dé poésies ayant lus tire Cor F
Patrie , a donné lecture d’une pièce ihititulée :! Lu Paid,
Hoésts pléine de éœur, et animée de sentiments patrio-
tiques. Ft
Le séance à été levée à (LL Heures et demie. ue Û
Ï1 Q: SAINT
ta) g sac élire général du, Congres si |
no y Labbé) ARBEELOP-y|
PROCÈS EVTÉRBAUX 323
SÉANCE DU LASEPTEM BR EH 859
PRÉSIDENCE DE M. DE BUZONNIÈRE.
| 1
7 trois heures et demie, la séance est ouverte,
Sur invitation de M. Alnaud, qui, vuson état de
fatigue, craint de ne pouvoir diriger les.travaux de
1 ‘assemblée, M. de Buzonnière occupe | le fauteuil de, la
présidence. Le bureau, du reste, _est tue comme
qi €. e procès-verbal de la, séance générale du , 13 sep
tembre est, lu, et adopté après, une réclamation de
M. Ruben : tee au. dépôt, à la | ‘bibliothèque ;com—
re et non à celle de Ja Société Archéologique; des
DR 0 offerts au Congrès , conformément : à l'usage
suivi dans, les sessions précédentes,
IL est fait droit à cette réclamation.
MM. Petit, Dépéret- -Muret, L'abbé Roy-Pierrefitte,
seprétaires rapporteurs des, le, Be ef 4° sections, ren—
dent compte des, séances APbie et d'aujourd’ Que
M. Gérardin,, rapporteur, de, la, 2° section, dont la
séance xient ( d’ être close il PE très-peu de temps, ne
pourra lire que demain le procès-verbal de cette
séance, — M. Courconnais, rapporteur de la 5° section
(Littérature, beaux-arts , er). fait un tableau
pittoresque dela séänte d'hièr, et une remarquable
analysé (dés'discours qui y ont été prononcés. De
nombreuses marques d'approbation accueillent cette
lecture.
X UAIAD /—-FUUO0A4
JE \. CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE. so[[iaix
Indépendamment:des-ouvrag eslqfeuts-an Canaris V3
et dont la diste serareproduite à da: fm du second
volume, M! de Caumont'présente, au nom, de M. De+
metz,;-qui, par lettreyoregrottesde :ne: pouvoirsié$e
rendre-au {6ngrès ,oun certaininombre dexemrplairés
d'une brochure sûr laisituation dé la Maison paternelle,
connue sous/le nomdeColomie agricole de Mettrayi Cés
exemplaires:csont :immédiatement distribués, saumx
membhres..présents) àskäbséancéñs'n 5up , 18959100 99
Après avoir, au nom:dii Congnès, remercié les-domi-
teurs. M. le président donne lecture d’une lettre dans
laquelle M. de/Castelnau d'Essenault:! deoBordeaux ,
fait desvœnx pourile succès dü Gongrès,;-auquellil siex-
cuse de né-poiivoirassistér. ==1Mi:le comteCornudet,
ancien paar-de France:;et son fs, écrivent également
pour exprimer, lecregret|quis éprouvent, de neopot-
voir assister aux séances du Congrès. — Lecturesést
aussi, donnée, d'une .lettre.avant,le même objet de
M. Narpt, d' Aubusson.
M. de C ACER annonce que la commission perma-
nente se réunira à la fin de la séance pour examiner les
vœux formulés par la section d'agriculture, et que la
Société française d'Archéologie tiendra ce soir, à sept
heures, une séance, à laquelle tous les membres du
Congrès sont invités à assister.
M. Ch. des Moulins a la parole.
Dans une courte dissertation sur la véritable pronon-
ciation du grec ancien, le spirituel philologue s’ef-
force de prouver, contrairement aux règles posées par
Érasme, et adoptées par la presque totalité des pro-
fesseurs, que la Grèce moderne, pays d’immobilité
par excellence, a dû conserver religieusement les
PROCÈS-VERBAUX. 325
vieilles traditions de son’ langage, ét que ce sont, au
contraire), les-ipeñples:du Nord-qui 6nt accommodé la
belet harmonieuse lanbuelgreéque à-là prononcia-
tidh tûdesquen Bien divant Érasme ; l'Église romaine
thantait 0 Kymie éleisôn,;:etinon-pàas ! Kurie, eleeson; —
Agios ischyros, eleisontimus j1et non. pas; Agios ischuros ,
eléeson;\"comme\ on | dévrait cle) diré d’après l'helléniste
dé) Rotterdam. -= I fimelbonhomie, la-verve rail-
leuse ,-lérudition :consommée:qui règnent dans tout
ce morceau, que n'eûtpas-désavouéP.-L. Courier,
tiennent constamment: éveilléerlattention ‘de l'audi-
aome.919! sxu'b srut991 saob tusbizôte
._XPourrcéloré dignement!la séance; Mv° Fanny De-
noix |des/Vergnes; 1148 Beauvais »récite une pièce de
veisyiégère : etogracieuse, .‘dans-tiquelleielle célèbre
leswertus domestiques! et 18caractèré aristocratique
degon/compagnon'de travail} ee son! ämi ,:— de son
jehab:uiool — egteno) ub 299698 rs TS)2t28;
ob {do SM Gun dbs Secrbthires gétéraut ET
082! 2 CT 1 |
BATISU (IOLA2L CIE to gl SUP 9 )O(TLTB RÜBEN.
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326 CONGRÈS SCIENTIFIQUE D! FRANCE.
SBANGE DU 15 SEPTEMBRE 4850, 23h don
salttitrt PRÉSIDENGE.DE M, ALEYAUDA 60 6! nl
Ve W
A trois heurés trois quarts, M. Je président décl lare
la séance ouverte.
Le Drocès verbal dela séance générale du 14 sep
tembre est lu et adopté. ni caRgliu :
Les procès Verbaux des travaux ‘des divérsés sections
Sont lus Sue éksivément 0 ) ON MONA 1 9h sr
Pour la” qre Section, ‘ “pat LS Xstaix 0 séance “du
15 septembre ; | | ss à isa rs Ra
Pour la 9 Section, ? s par M Cérardin à “Séante” dû
13 spé bre pie Le y ge
“Pour la 3E Cou : par M. le docteur’ Dés Muret :
séance du 14 septembre: ARTS
"Pour la 4° LeCton par 1 M. JE baron de lan È
séance du 13 SNARAE | De DRRSTRE CEE
Pour la 5° section, par M. Buiss JE dé MANGER
séance du 14 septembre.
La remarque est ! faitè pi M “Te Prési! que
MM. les secrétaires ont ‘apporté. jusqu'alors beaucoup
de soin à la rédaction des divers | procès - verbaux des
travaux du Congrès, “Et, il 1es. engage à péréévérer
dans cette voie. PRE SRE Le | ere
M. le président annonce que | la Société dé Médecine
et de Pharmacie de Limoges fait hommage au Congres
des deux derniers A RON ‘au Compte id de
ses travaux. L
Il est de don étraleme nt :
Par M. dé Caumont, de $6n Essai! sur 168! poteries
: : [' HE
romaines Fu au Mans en N809:
EH
TRE IST 290 9910 4
2(10' C Oo YŸ M1
PROCES-VERBAUX: | 327
Par M. de Longuemar, de ses Études sur la circu-
lation des ‘eaux superficielles et souterraines dans le.
département de la Vienne ;
Par le même autentr, d'une‘brothure intitulée : Le
Monde antédiluvien au, portes de Poitiers :
Par M. Mahias, du Compte-Rendu des travaux de la
Sociélé, centrale d’Horticulture du département Prpepée
Vilaine pendant l’année 1858 ; * |
bar, le même, d’un exemplaire de l Aimanach popu-
laire de la Pre pour l’année 1857, ouvrage d'un
très-petit format, et du prix minime de 45 cen—
% contenant des récits moraux et intéressants,
des notions claires et précises sur des objets rer
et des préceptes relatifs à l’économie domestique.
“besremerciments sont adressés aux donateurs de ces
ouvrages.
MdeCaumont annonce que l Institut des Provinces
a tenu, à Limoges, depuis l'ouverture du Congrès,
upeséancegénérale. + 4.
Après avoir entendu un TAPPOrÉ. de M. ” Charles
des Moulins, l’Institut à décidé. que. la 28° session du
Congrès scientifique : de France, se tiendra à Bordeaux
en 1861 d DEA
HS Chartes des, Moulins. a été as ‘de remplir les
fonctions de secrétaire général, ef de prendre les
Mmesyremécessaires pour que la 2 session du Congrès
LÉ tous les résultats qu’ on peut en attendre.
1 Linstitut, des Provinces a, élu plusieurs nouveaux
membres, qui sont :
MM. Rob conservateur de la bibliothèque de
Strasbourg, chanoine de la métropole protestante de
Saint-Thomas;, > (CAT
3928 CONGRES SCTENTHMQUE DE FRANCE.
Silbemmhnns imprimeur Strasbourg, seérétairé
général adjointde la 10iiséssién du Conéres Reréntil
fiqué dé Praneë 5° gl 5b 2tiet 29b Sets z amer
DLe baromide Custebriau membre ‘de pragiéiréé her
déniter,. denieuratt à Bôrdeause ) 9! 174 olHrbon 819
21Des “Hotours! dé °Chôulièus” Taintièn” S608-préfet |
membré Lesplisieurs aeadéimieg, à Vire ! 110) 2706
Le Grain $ peintres à Virénrit 192 95 wislq s'asersssi
“De Lustrac ancien officier d'aitillérie, 4 Rénés 1"
il est donné acte à M. de Caumofiti}dél éds Commis
Hieations. 1 “émowonodt 5h .M àib #7 bus)
-Matharles (Les, Monilinss, communique au Congrès une
lettre, de-la,Société Pres la: Gironde;;
relative à sons exposition-d’automne; dont: louver-
tusgoests fixée au 19 deirce Roi eff qui «lurera-jus-
qu'au? 2enesdlrO xo1rviàb 1UOq 9991618 129 2 Ip HOT
Les membres du;Congrès cientifiquessoné: invités à
concourir, ar. suGcès|, de: cette exposition ,; pendant
laquelle d$ 3 Congrès Pomologique, spconpers.. d'une
TO:
manière partieulière : de Ja Liste des LUS oh cotqu
Seal
de Gaumont it, à,ee propos, AN ON s'opeue de
dresser un catalowue de toutes les éspèces de re
cultivées ên France, ‘et'propose de denatitér" à" la
Société" d’ PTT TN lé ta! Hattte" eme ‘ un travail
relatif aux div réttes dspècés! dé pommes qui, dans de
Ïf }'!
où? ke dent 401
HAE drPaGOEeS
Linlotisin sont ( de ployées # JA confection du cidre,
Jr 29/110Qt.250 ag$b 3540 &
M. de Longuemar et invité lire son travail sur
l'utilité d'une. tatistique ° archédlügique loeule.! Le
procès Halde Séance de a” 1sétiont par Mie”
padôn dé Vernon: avait déja fault presentiri tout Prat
«
19 [LS 1 }
+hblès. LS Cétte déthande : sera
D tri ) SIIS 2UGD 391 aratii9 SEA! fit
107 ANT BROCÉSOMBRAAUX. 21410720 329
térêt.,de..ce travail, éloqnentsneten anaitrprésenté
up,çompte-rendu préciset-fidèlez; mais;ipôour (donner
ici un exact résumé des faits de la séançergénérale;sil
est indispensable d'ajouter qu'uneimpression profonde
a été produite sur le Congrès par cettelecture, surtout
quand, pour appuyer sathèse,que les débris.des vieux
âges, dont l'étude le passionne, parlent à |l’âmerun
langage plein de sentiments, d'orateur, a néité) cette
pierre druste et.noinéie par. leitemps: ais se: PEACE
apmausée de PoitisrSoe) 5h M 6 ot9s bmmob +29 |
« Quand, à dit M. de Longuemar, le voÿageur
Sétonnequ'à ni objet d'aussi peu dinportance appa-
réltéofiaure dins'uné/collettion dérichéssés artiée
tiques ® bn! lui réponde «C’est déice sinrplé bloc corn
» sous enôtn de Montoir de Jeanne Are, juélavierse
» héroïque s’est élancée pour délivrer Orléans; ‘et toits
Éd Chhiles VIT dans a basilique dé Reis! peñ-
dantque lés Anglais PA F#ieRt devant séspas” OP O
pe PraG RIT AE NT. dE: GnguEmar convert à plusieur S
reprises des 4ppla ro dé Pagenbtée 1°ROEA
ineré aie 14 Cémpté REA dés trav ue Fée.
D 2 9b ns 25 29[29tuy0ot 4h91 rot )LGTS »\f 6 ‘19 29)
0$ 16 à CO amU l au 0° es.
e $ RUE BESE 5D Saut JŒÔTC iQ] 5 JA 2 SEAT
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GDS curieux der, trade qu à faites, conjoin
apent MT M, FE sur d de SUX “inseriptiqns celtiques.
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OUFDICS, 1h hne par, la | pierre du vieux, Poitiers, ,
99 Y( {119
et l'autr © nt _
nb ïtre pa 7, une, lame. d [are en roulée. sur, elle
même, renfermée dans un étui de. bronze, et que | l'on.
& {TO vée dans des, Î puilles r récentes. Hu
[SV SA sOaaHoU 91), .à
: L cure de. MnceUns QD; a pui dér |
chiffier dune manière, certaine.cette. dernière ins
cription,.et-le nom,de M,:de;Longuemar se-trouve ainsi
530 CONGRÈS SCIENIHIFIQUE DE IFRANCE.
alorieusement'assoeiéà la RL “ un véritable
4e atohéologique.ssp totnlq 2011691690 #8 26 |
- Jrserait difficile d'exprimer:/tout V'itrtéréts que: cé
savant &'su' répandre sur! cette) communication ;ren
mêlant avec une verve spirituelle dans son travail
lelplaisant awisévère.s 101107 5) Serres sql sp
Plusieurs échantillons desfcarrières de:calcaire-de la
Vienne, des calcaires de Chaüvigny entre autres, Sont
mis sous les yeux du Congrès-par M: de: Longuèmar!]
Le calcaire de Chauvigny est connu-à Limoges
depuis l'exposition du entre dela France:em 1858 ,
et -l'administration municipale s'est: lempressée de
l'utiliser pour la balustrade du garde-corps-derda
promenadel située à l'extrémité du Champ-de-Juillet.
‘1Aéchantillon-présenité auCongrès prouver: que cétte
pierre est susceptible de recevoir des mouluvesrassez
mouvémentées: Un'autre échantillon; (d'un calcairerà
pâte plus fine encore /'peutise travailler ravec:toute) la
délicatesse possible. 1Le-département de la Vienne
possède les tuffeaux appartenant àcette grande! for-
mation Awbassm de Loire! formation à laquelle :on
sait que les villes du littoral'de:ce flenve-doiventrleurs
constructions aux ‘facades éléæantes et ornemeéntées.
Enfin ‘on-trouve aussi dans 14 Vienne: quelquesrae-
éidénts de calcaire liasique, susceptible d’être policet
dé! former ‘un beau marbrel: malheuréusément les
blocs ’ñ'ont pas de‘dimensions suffisantess1097 976
Appréciant la beauté de la pierre de Chamvigny,,
M. de Caumont fait observer que le marbre n’est pas
une pierre monumentale ; que ses arêtes sont sèches ,
et susceptibles , ainsi que sa surface, de s'écailler an
moindre choc: que, en conséquence, il “récémimatirett
!
/ AN'IPROCES=VERBAUX: 2: ne 331
auxs artistes, d'employer: à la construction des autels
les beaux calcaires plutôt que les märbres. M. ,de
Bonguemar répond que:le vœu de M.'de Caumont se
trouve être: réalisé, dans le:diocèse de Poitiers; car,
Ms l’évêque ayant installé dans cette ville un atelier
de sculpture chargé de fournir aux églises pauvres les
objets” mécessaires aucultel, l'artiste qui dirige cet
ateher fait confectionner les autelsavecile calcaire des
Bourdines , èt Fon/obtient ainsi dés monuments très-
convenables. sil Ê
‘MF erprésident annonce: que:/ le vendredi 46,4: à
uhe heure et demie, oùvisitera gi fabniaues de
porcelaine. b serai
Eniée-qui; conterne ASE D archéolngi giques
àfnire par le Congrès, deux feuilles sont déposées sur
le-burean afin de: nr ES respectivement la-liste.des
membres qui désirent visiter les -ruines,.de., Crozant-
Mortbrun, en-passant par Éguzon, ou, bien, l'église
byzamting de Solignac,leso ruines du, château: de
Châlussetret les exploitations, agricoles de, M. Henry
Michel; [aû Vigen.-Auvu,de ces listes.-ilsera pris.les
mesures nétessairés -par/M.le: président, 41 156 ir
oMidevicaire général:de Bosgenet, qui est Ra
Offre au Congrès: dé OMS RON ;"àolissue de la
séance 1 la-cathédralé de: Saint-Étienne , et de lui
“eh fairerles honneurs. Le Congrès accepte cette offre
avec D ebi-darséance est, levée à
Cingiheurés.°: 19iq 61 9 âtws9d '8l
ES des oYdret
L'un des Secrefaires | yénér. a doi es 21 M
. 291962 (TO? 29t8%%re /5a2'atrrh F7 l ’
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332 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Y'JAGSIA [105]
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1bietq ,9ht9vu0Œ4 9h sqqotO'b +rodfA MM
A fois heures et démie la Séance ét ouverte Haut |
Le büuréau est constitué tome I veilléh 1191901
Le procès Xbrball de la! Kéäncé générale dû 281 epL
tembre, dont M. Grellet donne Me est “adopté
avec ue! vives marqies d'apprébation. - guH'b .M
‘On étoute Egalement avec poele
les lectures intéressantes ‘faites par MM! P&titioGéL
rardin, Fougères, l'abbé Roy:Pierrefitte }déséomiptes-
rendus dés” "kénnées des quatré0iprenitres l'séctidns.
Méntionnons tout partièulièrement lé rapport taire
plein de convenance lu pr le düeteur Fougères, Kéeré-
taire de la séction ‘des stiericés inédiéaleg.—Relâti-
vérnent ‘À! ui passage ul Iproétèstverbal dela
k'éection, M. Fournier explique que! cerrestquetrès-
provisoirement, ré peditatit-les: importantes Trépar
rations faites à l'égide de Saint-Michel-dé Lions, que
là cuvée bptisial hiéntibitite’u procbsdlverbal été
déposée e x la porte dl Téslisé Cette lenve reprendra
biéntôt, quil dédie une! miel aphirôpriée)" hs desti}
nion. mocnil (19 JOOTT 5h aoitsrteiaiorbsetf er$biz
pe temps réserve ATIA déandedlde 14 cinquième
section à blé Consiére 4 Visitér 14 manufacturétode
M M. Alluaud où membres du-Coigrès ontrété
CERTA Ta l'enipréément et Aa °hbienvellanée
labitdellé ‘des propriétaires /etlrétemus pars les Anté-
ressants détails quon s'est plu à JonR Anse a la
JAN AQ HIJOQGIAITAHID? 24H90 YAT
PROCÈS—VERBAUX. 333
lecture du procès-verbal de cette section est-elle
renvoyée ‘à la séance! générale de demain.
Les vœux formulés par la section d'agriculture
dans sa séance.du 15 sont mis aux voix, et adoptés.
MM. Albert d'Oteppe de Bouvette, président de
l'Institut, Archéologique liégeois, .et.d,.Bodin, di-
recteur dekÉcole., d'Agriculture de Rennes, font
hommage an..Congrès, d'un. | certain, nombre. d ou
qrages (4). ; 1991 sanob J9l[s19 M h
M. : Rte professeur agrée 6, Au. 1 cée impérial
debimoges,; membre de. Ia Soiété Archéologique du
Limousinq fait don de.son:Essai sur. l'administration. de
-Turgoïcdans la généralité de, Eimogess x ibrs
enBe mérite. exceptionnel, de. et. ouvrage. et l'intérêt
HOUÉEPÉAI EN il présente! PAT de; pays nous gr
risent à.en.dire quelques-mofs.;, :
-iiNetre _modeste| position. de pipi RÉEL mous. à
perniis desuivre, M, d'Hugnes, dans son, travail, Nous
-aŸons Été: sémoin fes, dpteqis gentes, et; gopsciencieuses
regherches du jeune historien, dont nous ayjons déjà
pp apprécier, lesaroir: et Je pureté de style dans
‘aértains articles de; la. Revue; européenne. Aussi notre
aftente.w'a-trelle pas été;trompée lorsque, nous av o7s
parcouru.cette étude, dans laquelle M; d’ Hugues Con
sidère l’administration de Turgot en Limousin comme
Jerowieiat de sa belle.et conrte carrière ministérielle.
Trials mont: Hi no les us au
DLIGA
His épée Re le Gi au sons on pour
Se £ oo 10 T6 vla ?2:
(1) Voir la te de ces ouvrages à Te fn = SERRS volume.
334 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
fairé connaître dans quel esprit lé livre esticoneu, nous
nous’ bornerons à citer la phrase’ quil lel/ternriner:
« Les abus ét les privilég'es,: ditiM. d'Hugues! voilà
ce qui devait disparaître, et ce que Turgot combattu
avec Succès } Pinétitution monartchique, -voilàtéetqu'il
a défendu, et ce qui ne/devait pas périr. Qui-donc
pourrait lui donner tort aujourd’hui? qui pourrait dire
qu'il n'y apas de transaction possible entre le prin-
cipe de l'autorité et, le progrès nécessaire des sociétés
humaines”? »
M. de Caumont annonce que les membres de la
Société française pour la conservation des monuments
historiques se réuniront ce soir, à sept heures.
M. de Margerie lit la troisième partie de ses Études
psychologiques. Le ‘but, de V’auteur.-est de démontrer
que, quelque grandes que soient les difficultés que
l’âme. éprouve -pour: se |/replier sur -elle- même, et
sétudier sans passion, ces difficultésrne sont pas
insurmontables. ]l:mous:serait impossible-1le tracer
autre chose qu'une maigre:et pâle. esquisse. de cette
noble :et belle, protestation contrerles: $ystèmes|]de
philosophie: :sensualiste.et --rationalistel : Renonçons
amssi à reproduire fidèlement ! la! physionomie]1de
l’auditoire, obligé à chaque instant de comprimer! son
enthousiasme pour necrien laisser échapper. dusaisis-
sant langage du professeur et des mâles accents
du chrétien. Au- milieu de l'émotion générale;!déses-
pérant, comme nous, de remercier convenablement
M: de Margerie, :M:lle président a .dû.1se; borner
à donner le signal d’une nouvelle salre,d'applans
dissements. 6 | ) M
Avant de lever la séance, M. le président invite,les
Lit PROCÈSTMERBAUX. 2451070 339
membres du: Congrès quiyvoudraient, visiter, les ber-
_ geries-de M. Henry.Michel; l'église de Soligmac et, les
_ fours de Chalusset à s'inscrire surdalJiste déposée; à
cet effet, sur le bureau. Le; départ aura hieu.dimanche
prochain, ‘à,sept heures. Des voitures, seront-mises. à
” ladisposition du Congrès. Plusieurs,membres,.#'ins-
4 Gnenbri Log ip S ul bruoise drotsonabb igltiemwoc -
SU où 01100 o[Lime das isecnétuères yénéreuxiadjoints 1 1 0
ADI91902 29) sis 29981 2001 91e RUBEN: I 5h agi
| € 29wrsar
D Doh/2rdunr e5Lo1p 2010006 duos): 5h M
MASON 49) HON6VI92009 81 1004 22189 08Tt 381906
nu! «2SHANCE"DE 1708 SEPTEMBRE BEDopiroefrl
SPA. 292. 91) 9Nisqonréeront sf tt orage M ab. M
Wnnomsb 5h pRésDENCEHE mb AipuAUDI 20ppalois20
OUpeTlHoiD 291 tusioz sup 28baero ouplaup ,95p
. Attidisheures et demie” Mslerprésident déclare: là
© séance ouvertes: 209 | MOr2880 aft82 19h82
—… Eéiprotès-térbaltde lrséanco générale durotéiseps
È _témbreest-lu|et approuvéot2ieur SON Up 9204909310
… vbilest rendu comptesuccessivement destravaux des
| sections Par les-sécrétaires ti-après;dénomméseozoliil4
iMbuPetiti#(de la! Irtisectioni: sémmeerqdu 46 sep
tembresrouio ob Hs apede.é geudo:,ortotibts sl
| “AMi-Gérardiny de la-2rIsectiont: séancerduiA58ép>
| _témbre ; -/60r 29h 194188291074 hs sas. tasse
“Mile idécteur Fougères serai arr sectiomitiséance
dA6 Séptémbre 21001701 9h vor soror hors rècy
_ Msl'abbé Roy-Pierrefitte »Ide Ma 49isection : séance
dü‘iTiseptembre ; {vo sn b dssora 91 19mnoh
D LM. Courconnais, de la 5° section : séance dn15:sep-
4 temibré. obieèrq af, M,90r882) 80 vol abet tent
Ru
+
336 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. le président met aux voix le vœu proposé par
cette dernière section, et qu'il faut reproduire ici :
«Que le dommage public créé par la circulation et la
lecture des livres dangereux pour les intellisences ét
les cœurs soit promptement amoïindri et constamment
réparé :
» fe Par le Gouvernement impérial, à l’aide de la
commission du colportage et de souscriptions prises
aux ouvrages recommandés par les compagnies sa-
vantes et les associations de bienfaisance :
» 2* Par les compagnies savantes, à l’aide de récom-
penses annuelles offertes aux auteurs de productions
littéraires écrites dans le but de procurer une ins-
truction solide et un plaisir sûr aux personnes il-
lettrées ou d'humble condition :
» 3° Par les associations de bienfaisance, au moyen
de la multiplication des bibliothèques de bons livres,
dont elles aideront de tout leur pouvoir la diffusion
dans les familles, les ateliers, les hôpitaux et les
pensions. »
Ce vœu est adopté par l'assemblée.
M. de Longuemar offre au Congrès :
4° Son Essai historique sur l’église royale et br pates
de Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers :
2° Son Discours sur les soulerrains-refuges -découverts
dans l’ancien Poitou, discours prononcé dans la séance
de la Société des Antiquaires de l'Ouest du 30 dé-
cembre 185%.
M. le docteur Bleynie, professeur d'accouchement
à l'École de Médecine de Limoges, adresse une note
qu'il à composée sur la nature et le traitement de
mort apparente du nouveau né.
"
PROCÈS—-VERBAUX. 337
M. Maurice Ardant dépose un article de la Revue
numismatique de 1851 sur les méreaux des églises de
Limoges, avec une planche sur laquelle ces méreaux
sont parfaitement reproduits.
Enfin M. Carlier, délégué au Congrès par le Comité
flamand de France, séant à Dunkerque, fait don
d'une notice historique qu’il a composée sur le scel
communal, les armoiries et les cachets municipaux
de ladite ville de Dunkerque.
Le scel affecté aux causes de l’ancienne commune
flamande porte l'effigie de saint Éloi ; et, à ce propos,
il est essentiel de mentionner au procès-verbal une
partie de la gracieuse lettre de M. Carlier, qui accom-
pagne le don de sa notice :
« J'aime, dit-il, à rencontrer dans ce faible: écrit
l’occasion d’un lien entre ma ville natale et celle où je
suis aujourd'hui si affectueusement accueilli.
» On rapporte à saint Éloi, né sur le territoire de
Limoges, la fondation des premiers édifices chrétiens
de notre pays de Dunkerque : une rue de notre ville
porte son nom, et l'église paroissiale, qui date du
xv° siècle, lui est consacrée.
» Le grand saint Éloi, fondateur de la célèbre
abbaye de Solignac, argentier fameux des rois
Dagobert et Clotaire, est une des belles gloires du
pays limousin, et je suis heureux de lui rendre ici,
au nom de mes compatriotes flamands, un hommage
profondément senti. »
Les applaudissements du Congrès témoignent qu'il
s'associe à ces nobles sentiments, et M. le président
remercie les donateurs des ouvrages énumérés précé-
emment.
22
338 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« La Société d'Agriculture de Limoges, a dit M. le
président, a étéprivée jusqu'ici de se faire représenter
aux séances de l’Institut des Provinces qui se tiennent
à Paris. Aujourd’hui qu'elle vient d'accomplir son
anniversaire centenaire, elle désire faire connaître au
Congrès ses principaux travaux depuis sa création. »
M. Gérardin, secrétaire général de la Société, prend
alors la parole :
Il raconte qu’elle fut fondée, en 1759, par M. Pajot
de Marcheval, intendant de la province, et qu’elle
tint sa première séance le 43 décembre de cette même
année, sous la présidence de M. l’intendant, qui
témoignait ainsi de son intérêt pour la Société. Peu
nombreuse, car elle ne comptait que quinze associés,
elle prit une importance très-grande dès que Turgot
eut succédé à M. Pajot de Marcheval. Sous impulsion
de cet esprit actif et ami du progrès, on vit la Société
favoriser la culture de la pomme de terre et celle de
la garance, créer une école vétérinaire. En 1768,
par un heureux concours de circonstances, le kaolin
était reconnu dans un gisement près de Saint-Yrieix ;
les houilles de Laplaud dans la Corrèze, celles de
Bosmoreau dans la Creuse, étaient explorées. On
donnait des récompenses pour la construction de
machines à battre, pour l’acclimatation de nouveaux
végétaux. Les villes de Tulle et d'Angoulême tenaient
à honneur de placer leurs sociétés d'agriculture sous
le patronage de celle dé Limoges.
L'action de la Société fut interrompue pendant les
orages révolutionnaires; mais, en 4804, à l'époque
glorieuse du consulat, elle se fit sentir de nouveau,
,
mt
ÿ
k
PROCÈS-VERBAUX. 339
ef la Société fut reconstituée avec le titre de Société
d'Agriculture, des Sciences et des Arts.
Sans doute, pendant quelques années, on négligea
peut-être un peu l’agriculture pour s'occuper trop
exclusivement des sciences et des arts; mais, après
tout, les services de la Société furent réels dans cette
voie, et il suffit, pour le prouver, de mentionner la
fondation des deux écoles de dessin , de celles de mode-
lage et de géométrie, établies sous son patronage.
Lorsque la paix, cette mère féconde des progrès
agricoles, en eut donné le signal, la Société se
trouva toute préparée à discuter les questions les plus
importantes pour la prospérité du pays, et aujour-
d'hui, après cent ans d'existence, ce n’est que justice
de dire qu’elle déploie plus d’ardeur que jamais.
Le nombre de ses membres est de quatre-vingt-
cinq. À côté des comices, elle à institué un concours
départemental d'animaux reproducteurs dont l’impor-
tance peut se justifier par ce seul-fait que, lors de
l'exposition de la France centrale, en 1858, l’exhibition
des taureaux et des vaches fournis par le dépar-
tement de la Haute-Vienne seul a frappé d’étonnement
Son Exc. le ministre de l’agriculture par la beauté
des animaux exposés et leur nombre considérable.
La Société, appréciant l'utilité de publications
fréquentes tendant à répandre la lumière parmi nos
Cultivateurs, a converti son Bulletin trimestriel en
Bulletin mensuel , et ses préceptes pour l'emploi de la
Chaux, du drainage, des irrigations et de tous les
procédés utiles d'amélioration vont ainsi chercher plus
fréquemment ie propriétaire au fond de sa campagne,
et stimuler son zèle.
“D à
340 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Tels sont les principaux travaux accomplis par la
Société : ils sont le gage des efforts qu’elle fera dans
l'avenir.
« Une heureuse fortune de la Société, ajoute M. le
rapporteur, est celle d’avoir à sa tête celui que le
Congrès a voulu élever à sa présidence. Homme de
science, de tradition et d'expérience, M. Alluaud est
le trait d'union entre l’ancienne et la nouvelle Société
d'Agriculture; il est surtout l'honneur de celle-ci. »
De chaleureux applaudissements saluent ces paroles,
et M. le président, profondément ému par ces preuves
de la sympathie du Congrès, ne peut que dire
combien il en est touché. — Il ajoute, au bout de
quelques instants, que l’ancienne Société d’Agri-
culture a donné des récompenses aux découvertes
industrielles et aux ouvrages sur l’économie politique
qui ont signalé la fin du xvu1: siècle ou le commen-
cement du xix'; il désire que M. le secrétaire de la
Société mentionne dans son travail les noms de ces
glorieux lauréats. — Ce désir sera rempli.
La parole est donnée à M. Charreire pour commencer
la lecture de son travail intitulé : Aperçu philosophique
sur la musique. — Cette lecture, qui se continuera,
sera d’ailleurs intégralement reproduite.
Le Congrès est, sans doute, encore tout entier
à l'enthousiasme que cette lecture de M. Charreire a
excitée, et je ne veux pas affaiblir cette impression
par une froide analyse. — Philosophe profond, écri-
vain brillant et plein d'originalité, artiste à l’âme
ardente, M. Charreire nous a tous retenus sous le
charme de sa parole. Quand il nous énumérait les
beautés suprêmes de l’art, quand il chantait un
PROCÈS-VERBAUX. 341
hymne magnifique en l'honneur de cette Trinité sainte
à l’image de laquelle notre âme a été faite, qu'il
dépeignait les élans du génie pour s'élever jusqu’à son
idéal , les douloureux découragements qui le saisissent
souvent, ainsi que les luttes dont il sort vainqueur;
quand il abordait les sphères lumineuses pour en
décrire les magnificences, je cherchais à quoi com-
parer cette éloquence et cette situation si intéressante.
Je me souvenais alors des vers empreints à la fois
d’une mélancolie et d'une confiance si sublimes par
lesquels Milton ouvre le1r° chant de son Paradis perdu.
Je me disais que M..Charreire, lui aussi, avait
été visité par ce souffle inspirateur et cette lumière
incréée, soleil des intelligences, que le poète anglais
invoque dans ses vers immortels, et l’ovation que le
Congrès décernait à l’orateur justifiait mon appré-
ciation.
L'un des secrélaires généraux adjoints,
GRELLET.
SÉEANCETDU A9:SEPTEMBRE: 1859,
PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD.
. Siégent au bureau : MM. Alluaud, de Caumont de
Buzonnière ; Noël, ancien maire de Cherbourg, secré-
taire général du prochain Congrès.
M. Grellet, un des secrétaires généraux, lit le
procès-verbal de la séance générale du 47 septembre.
342 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
L'assemblée applaudit à la parfaite rédaction du
procès-verbal.
M. Astaix, secrétaire de la 1'« section, et M. Abria,
secrétaire de la section de l’agriculture et de l'indus-
trie, lisent successivement les procès-verbaux des
séances tenues le 17 et le 16 septembre.
M. le secrétaire de la section de médecine étant
absent, M. le baron de Vernon, secrétaire de la
section d'histoire et d'archéologie, lit le procès-verbal
de la séance tenue le matin même; enfin M. Buisson
de Mavergnier lit celui de la section de littérature
{séance du 417 septembre).
M. Alluaud , président du Congrès, remercie MM. les
secrétaires du soin qu'ils apportent et du talent qu'ils
déploient dans la prompte rédaction des procès-
verbaux.
M. Mahias, de Rennes, fait hommage au Congrès ,
au nom de M. Malaguti, professeur à la Faculté des
Sciences de Rennes, de is volumes intitulés : Cours
de chimie agricole ee en 1857, 1858 et 1859, à la
Faculté des Sciences de cette ville. — M. Alluaud exprime
les remercîments du Congrès.
M. Charreire a la parole pour continuer la lecture
de ses Aperçus philosophiques sur la musique. I déve-
loppe en style pittoresque et imagé la métaphy-
sique de cet art. Un seul son musical est susceptible
de sept modifications, qui constituent l'élément le
plus simple du discours musical. La première de
ces modifications est l'intonation, qui, basée sur le
nombre des vibrations dans un temps déterminé,
produit l'échelle des sons ou la gamme. La tonalité est
le principe rationnellement libre en vertu duquel des
PROCÈS-VERBAUX. 343
rapports s'établissent entre les sons dé la gamme.
Plusieurs tonalités sont possibles : les facultés intel-
lectuelles et les aptitudes morales des peuples déter-
minent la formation des tonalités. La tonalité grégo-
tienne et la tonalité moderne entrent dans nos habi-
tudes d’audition. La première est l'expression complète
du sentiment religieux, et l’on peut dire que toutes
les vérités catholiques y trouvent leurs symboles.
Le développement de cette pensée, fait avec une
manière poétique des plus heureuses, que le plain-
chant renferme des symboles de tous les dogmes de la
foi, de l’unité de Dieu, de la Trinité, de la com-
munion des saints, ce développement , entrecoupé de
cris d'enthousiasme : « O sublime plain-chant, écho
du Ciel ! » a excité dans l’auditoire ravi d’unanimes
applaudissements.
* La tonalité moderne est la musique de l'humanité :
elle a des accents pour toutes les’ passions. La loi de
tonalité, en fixant les rapports des sons, détermine
leurs fonctions dansle discours musical , qui se com-
pose ainsi de substantifs, d’adjectifs, de verbes, etc.
Dès lors la proposition peut se formuler, et, par l'en-
chaînement logique des propositions, le discours
acquiert son complet développement dans la mélodie
et l'harmonie.
Par l'élément du rhythme, le discours musical
» devient prose si le rhythme est irrégulier; versifi-
cation, si la mesure ou pied poétique fournit un
moule rhythmique régulier aux vers et aux strophes.
Par l’instrumentation, la musique se crée tout un
monde de voix et de timbres pour dérouler ses drames
ou ses tableaux.
344 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
M. Charreire, pour donner à sa pensée une forme
sensible, a raconté le touchant épisode de la Fiancée,
et, en montrant comment les divers instruments dont
la musique se sert traduisent les sentiments ou les
idées, il a fait passer successivement ses auditeurs
par toutes les émotions d’un roman musical.
Nous devons constater ici l'impression faite sur l'au—
ditoire par la lecture du beau passage où M. Char-
reire, parlant des diverses harmonies qui se font
entendre dans la nature, le cri du grillon, le son
religieux de la cloche, le tintement de la clochette,
la voix de la trompe, le mugissement de la cascade,
a terminé ce développement poétique en disant que
partout, dans la nature, la vie s'affirme par le bruit
ou le chant.
La musique est la vie du cœur des sociétés : toutes
les fois que la trinité de l’âme humaine s’exerçait en
parfait équilibre, elle a produit de grandes œuvres
architecturales ou de grands poèmes. Le même cachet
de grandeur et d'originalité se retrouve dans la
musique. La poésie et la musique se tiennent de si
près que, entre elles, le parallèle est facile. Quant à
l'architecture, elle est la musique du silence , comme
la musique est l’architecture du bruit.
L'heure avancée n’a pas permis à M. Charreire d'a
chever la lecture de son beau travail, marqué d’un
admirable cachet d'originalité et de poésie. L'audi-
toire, charmé, lui a témoigné sa reconnaissance par
une dernière explosion d'appiaudissements.
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le secrétaire général du C'ongres,
L'abbé ARBELLOT .
PROCÈS-VERBAUX. 345
SÉANCE DU 20 SEPTEMBRE 4850.
PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD.
Siégent au bureau : MM. Alluaud, de Caumont,
comte de Coétlogon, préfet de la Haute-Vienne, et
Noël, ancien maire de Cherbourg.
Le procès-verbal de la séance de la veille est lu et
adopté. |
M. Petit, secrétaire de la 4r° section, lit le procès-
verbal de la séance du 19 septembre.
M. Abria, secrétaire de la 2° section, donne lecture
du procès-verbal des séances du 17 et du 19 sep-
tembre.
MM. les secrétaires de la 4: et de la 5° section n'ont
pas eu le temps nécessaire pour rédiger le procès-
verbal de leur dernière séance.
M. le président propose à l'adoption du Congrès un
vœu déjà émis dans la 2 section relativement à
la vente des biens communaux, vœu conforme à celui
du conseil général de la Haute-Vienne. — L'assemblée
adopte.
M. de Caumont propose au Congrès un second
vœu, ainsi formulé :
« Le Congrès scientifique de France, convaincu
que les musées d'art et d'industrie sont d’une incon-
testable utilité, émet le vœu qu’on établisse des
musées de ce genre dans toutes les villes importantes ;
et à Limoges en particulier.
» Il demande :
» 4° Qu'un musée industriel soit établi à Limoges
3406 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dans un vaste local, autant que possible voisin des
autres musées, qui ne peuvent rester plus long-temps
dans le lieu où ils se trouvent aujourd'hui;
» 2e Que ce musée renferme, avant tout, les prin-
cipaux produits de la fabrique de Limoges, depuis
son origine jusqu’au temps présent ;
» 3° Qu'il renferme, en outre, des dessins ou des
spécimens en nature reproduisant les formes les plus
gracieuses de la céramique chez les différents peuples ;
» 4» Des matières premières à différents états,
depuis leur extraction jusqu’à leur mise en œuvre. »
M. de Caumont, développant sa pensée, dit que
M. Natalis Hondot, homme très-compétent, envoyé
par le Gouvernement en Angleterre, comme, ins
pecteur, est convaincu qu'il est urgent que les villes
de France perfectionnent l’enseignement de l’art
industriel, et qu'elles fassent deS collections où l’on
puisse He des modèles. La ville de Lyon a voté
500,000 fr. pour un musée industriel : cette ville
craint d’être dépassée par l'Angleterre, qui à un
département de l’art : c’est un devoir urgent de suivre
le mouvement que les étrangers impriment à leur
industrie; et la ville de Limoges a tout intérêt à
posséder un musée céramique.
M. le préfet prend la parole, et dit que ces vœux
rentrent dans les intentions du Gouvernement. En
effet, dans des instructions récentes, le Gouvernement
réclame et demande la création d’un musée, qu'il
regarde comme nécessaire et indispensable. L’ini-
tiative a Cté prise; la chambre de commerce et la
mairie s’en sont occupées; tout le monde en comprend
la nécessité à Limoges : avant peu nous aurons un
“
PROCÈS-VERBAUX. 347
musée tel que le demandent la ville et le Gouver-
nement.
M. de Caumont insiste pour que le Congrès adopte
le vœu tel qu’il est formulé. Il voudrait qu’un musée
céramique spécial renfermât les produits du Limousin,
et pas autre chose. Au lieu de mêler les porcelaines de
Sèvres à celles du pays, comme on l’a fait dans
le musée actuel, il] faudrait les placer dans des salles
différentes.
M. Alluaud met aux voix le vœu de M. de Caumont,
en disant qu'il faut stimuler le zèle de ses compatriotes
pour qu'ils offrent au musée céramique limousin des
produits en nature.
Le vœu de M. de Caumont est adopté.
M. Dépéret, secrétaire de la 3° section, fait un
rapport sur une question étudiée dans une séance
précédente : « Étude médicale sur les épidémies du
Limousin, et, en particulier, sur le mal des ardents ».
Le Congrès écoute avec un intérêt prononcé la lecture
de ce savant rapport, et M. Alluaud, au nom du
Congrès, remercie M. Dépéret pour cette intéressante
communication. |
Plusieurs ouvrages sont offerts au Congrès :
Par M. de Caumont : la 4" série des Mémoires
de l’Institut des Provinces ;
Par M. Grignard : le Plan topographique de la ville de
Limoges ;
Par M. Daudy, l'ouvrage intitulé : Hygiène de la
bouche.
M. Jacob Petit, décorateur de porcelaine à Fontai-
nebleau, donne communication d’un album qui
348 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
renferme un grand nombre de dessins exécutés avec
beaucoup de délicatesse.
M. de Caumont donne lecture d'une lettre de
M. Demetz, directeur de la colonie agricole de
Mettray, qui adresse à tous les membres du Congrès
une circulaire relative à sa colonie.
La séance est terminée par la lecture d’une pièce de
vers de M. Villemsens, intitulée : Le Congrès en cam-
pagne. Cette improvisation élégante et facile, qui
rend compte de la course archéologique et agricole
faite l’'avant-veille par les membres du Congrès à
l’église de Solignac et aux ruines de Chalusset, est lue
par M. Courconnais, et saluée par les applaudis-
sements de l’auditoire. La voici :
LE CONGRÈS EN CAMPAGNE.
Après une grave semaine ,
De scientifiques travaux,
Limoges, pour reprendre haleine,
Montre-nous tes charmants coteaux:
O nature, ta douce image
Donne à l'âme un nouvel essor :
A ton sublime aspect, le sage
Se retrouve plus sage encor.
De Solignac prenons la route.::.
Un temple, œuvre de saint Éloi ,
Reste, ét, dans notre âge de doute,
Rappelle des âges de foi.
PROCÈS-VERBAUX.
De huit siècles témoins durables,
Avec leur pure austérité,
Ces murs sont deux fois vénérables :
Pour l'art et pour la piété.
Admirons ces stalles antiques
Où de pauvres bénédictins
Venaient, en chantant les cantiques,
Oublier leurs maigres festins.
Ils vivaient dans la pénitence.….
Mais bientôt notre estomac creux
Nous dit que le vœu d’abstinence
Ne nous engage pas comme eux.
Déjeunons donc : notre voyage
Dans ces sites délicieux,
Comme un second pèlerinage,
Ne s’en achèvera que mieux.
Visitons de ces métairies -
Les troupeaux si bienélevés, :
Ces fraiches et vertes prairies,
Ces champs savamment cultivés.
Mais, près du travail. qui prépare
Les richesses de l'avenir,
Des fiefs dont le temps nous sépare
Voyez-vous ce vieux:souyenir®?
Voyez-vous cette tour altière,
Ces créneaux encor menaçants ?:.…
Nos pieds, vont fouler la poussière
De ces murs jadis si- puissants!
349
390
CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANGE.
Cette noble porte ogivale
A vu, sur le roc de son seuil,
La marche sombre ou triomphale,
Des heures de gloire et de deuil.
Bravant les hasards de la guerre,
Après de trop sanglants combats,
Combien de preux dont la bannière
En sortit, et n’y rentra pas!
De ce donjon la châtelaine,
Le cœur plein d'espoir et d'amour ,
Les yeux attachés sur la plaine,
Du page attendait le retour.
Si parfois ces tristes murailles
Furent le rempart des jaloux,
Les jours pompeux des fiançailles
Leur donnaient un aspect plus doux.
Ces salles à la vaste enceinte,
Qu'encadrent encor leurs arceaux ,
Aux soupirs d'amour et de crainte
Ont tour à tour servi d’échos.
O ruine majestueuse,
D'un vain orgueil débris confus ,
Dans tes décombres si je creuse,
J'aime à trouver quelques vertus...
Quels pensers se pressent en foule
Dans nos esprits à ton aspect !,…
Oui, le monument qui s'écroule,
Plus qu'un autre, a droit au respect.
PROCÈS—VERBAUX . 351
Mais, hélas! l'implacable horloge,
Comme partout, à Chalusset
Sonne, et nous dit que pour Limoge
Il faut partir à grand regret. |
D'ailleurs des excellents confrères
Dont l'accueil nous fut si courtois
Jusqu'à leurs limites dernières
Nous voulons entendre la voix,
Et le Congrès qui va se clore,
Long-temps au delà de sa fin,
Nous rendra bien plus cher encore 4
Le souvenir du Limousin.
Après cette lecture, on annonce la réunion immé-
diate des membres du bureau permanent.
La séance est levée à cinq heures.
Le secrétaire général du Congrès,
L'abbé ARBELLOT.
SÉANCE DU 921 SEPTEMBRE 4850.
PRÉSIDENCE DE M. ALLUAUD.
À trois heures et demie, M. le président déclare la
séance ouverte.
M. l'abbé Arbellot, secrétaire général, donne
lecture du procès-verbal de la séance générale du
20 septembre. Ce procès-verbal est approuvé.
Lestravaux dessectionssont communiquésau Congrès
352 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
par la lecture des procès-verbaux énumérés ci-après :
Are section : séance du 49 septembre, M. Astaix
rédacteur ;
Are gection : séance du 21 septembre, M. Petit
rédacteur ;
9° section : séance du 20 septembre, M. Abria
rédacteur ;
9e section : séance du 21 septembre, M. Gérardin
rédacteur;
3e section : M. Dépéret, secrétaire, annonce que la
section des sciences médicales s'est occupée avec
beaucoup de zèle et de soin de l'étude des questions
qui lui étaient soumisespar son programme : elle les à
presque toutes traitées; mais, le procès-verbal des
dernières séances n'étant pas encore préparé, il ne
peut en donner lecture ;
4° section : séance du 20 septembre, M. l'abbé
Roy-Pierrefitte rédacteur;
4e section : séance du 21 septembre, M. l'abbé Roy-
Pierrefitte rédacteur ;
5e section : séance du 49 septembre, M. Courconnais
rédacteur ;
5° section : séance du 20 septembre , M. Regnault
rédacteur.
Ces procès-verbaux sont approuvés après avoir été
l'objet de marques de satisfaction de la part de
l'assemblée pour les soins apportés à leur rédaction.
M de Caumont annonce que la commission perma-
nente s’est réunie , la veille 20 septembre , à l'issue de
la séance générale, et qu'elle a arrêté les dispositions
suivantes:
ABTICLE PREMIER. — M. le président du Congrès et
PROCÈS-VERBAUX. 353
MM. les secrétaires généraux, MM. les présidents ou
vice-présidents des sections et MM. les secrétaires
résidant à Limoges s’occuperont immédiatement de
la publication du Compte-Rendu. Ce Compte-Rendu
sera tiré à sept cents exemplaires, qui recevront la
même destination que les années précédentes, et
seront distribués par les soins du secrétariat gé-
néral.
ART. 2. — La commission de publication, ainsi
constituée, surveillera l'impression des procès-
verbaux, qui devront être reproduits in extenso. Quant
aux mémoires lus aux séances, et recommandés par
les sections, la Commission devra les examiner de
Nouveau, et décidera s'ils peuvent être imprimés.
ART. 3. — La 97° session du Congrès s'ouvrira à
Cherbourg , département de la Manche, le 3 sep-
tembre 1860.
MM. Noël, ancien maire et ancien député; Besnou ,
pharmacien en chef dela marine; vicomte du Moncel,
président de la Société des Sciences naturelles , sont
nommés secrétaires généraux de la session par l’Ins-
titut des Provinces. Ils adresseront les invitations, et
publieront le programme en janvier 1860.
Ce programme devra préalablement être approuvé
par l’Institut des Provinces.
. M. Noël, secrétaire général du Congrès de 1860.
présent à la séance , demande la parole.
Dans une allocution que l’assemblée a écoutée avec
le plus grand intérêt, M. Noël énumère les motifs
Principaux qui ont pesé sur les déterminations de
l’Institut des Provinces pour faire fixer à Cherbourg
le siége de la xxvrre session.
23
354 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Il existe dans cette ville deux sociétés académiques
qui s'occupent, l’une, des sciences historiques et ar-
chéologiques; l’autre, des sciences naturelles.
Les membres de ces sociétés seront heureux de se
mettre en relation avec MM. du Congrès.
Un musée de tableaux, un cabinet d'histoire natu—
relle et d’antiquités, permettront de faire quelques
études intéressantes; enfin l’agriculture dela contrée,
dont les produits sont très-variés, pourra fournir à des
observations utiles. Si on ajoute à tout cela l'attrait
qu'offrent les grands travaux militaires du port de
Cherbourg et sa digue monumentale, on voit que le
Congrès de 1860 doit attirer bon nombre d'adhérents.
M. Noël estime qu’il sera opportun de mettre au
nombre des questions du programme de la session
prochaine celles qui sont relatives au mouvement
de la population , à l'extinction de la mendicité et aux
enfants trouvés. Toutes ces questions sont complexes,
difficiles, et leur solution rationnelle importe à la
grandeur, à la prospérité et à la sécurité du pays et
de la société : elles sont donc tout à fait dignes
d'occuper les méditations du Congrès scientifique.
« Cherbourg, dit M. Noël, est une ville qui
donnera à la xxvri‘ session un caractère spécial.
En organisant cette réunion de savants en face des
rivages de l'Angleterre, en conviant à se mêler à nos
études les hommes de bonne volonté qui, dans cette
île comme dans toute l’Europe, s'intéressent aux
progrès de la civilisation, nous nous montrerons
animés d’un esprit deluttes pacifiques qui feront peut-
être oublier à nos voisins celles d’une autre nature
qu'ils affectent de redouter, et auxquelles, en France,
Ji
PROCÈS—VERBAUX. 355
les! amis des sciences et du progrès sont loin de
penser.
» En conséquence, Messieurs, dit en terminant
M. Noël, permettez-moi, tout en vous remerciant de
votre accueil beaucoup trop flatteur, de vous dire :
« Au revoir! à Cherbourg en 1860! »
M. le président remercie M. Noël des détails dans
lesquels il vient d'entrer; il félicite l’Institut des
Provinces d’avoir su choisir pour le Congrès de 1860
un secrétaire général si distingué, et les applau-
dissements de l'assemblée confirment cette juste
appréciation.
M. le président met aux voix successivement les
vœux formulés par les sections. Ces vœux sont ap-
prouvés par le Congrès, et rédigés comme il suit :
« Il y a lieu de défendre la pêche de toute espèce
de poissons en juillet et août , mois pendant lesquels
les eaux sont, en général, basses et chaudes. »
— « Le conseil général de la Haute-Vienne et la
Société d'Agriculture de Limoges doivent être solli- .
cités de voter les encouragements nécessaires à la
rédaction d’un ouvrage faisant connaître quels sont,
parmi les insectes du pays, ceux qui sont utiles à
Pagriculture et ceux qui lui nuisent. »
— « Le gouvernement de l’Empereur doit être prié
d’allouer le plus tôt possible les fonds nécessaires à la
réparation et à l’achèvement de l’église de Saint-Léo-
nard, classée parmi les monuments historiques, et
dont les réparations sont estimées 164,000 fr. »
— « Après une visite à l’église de Solignac, monu-
ment unique en Limousin de l'architecture byzantine,
le Congrès demande à M. le préfet de la Hte-Vienne,
356 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de vouloir bien veiller par tous les moyens conve-
nables à la conservation de cette église, définitivement
classée parmi les monuments historiques, et qui a
besoin de réparations. »
— «Le Congrès émet le vœu que le monument du
Bon Mariage soitsoustraità toutes les chances de dégra-
dation qui pourraient le menacer à l’avenir, et qu'il
soit placé dans une des chapelles de la cathédrale de
Limoges, avec une inscription qui relate la légende
en vers conservée par l'abbé Legros.
» Le Congrès décide, en outre, que la description
etla figure de cemonument, publiées par feu M. l'abbé
Texier, et devenues maintenant très-rares par l’épui-
sement des exemplaires, seront reproduites dans le
Compte-Rendu de la session. »
— «Le Congrès, prenant en haute considération la
nature et la portée du travail dans lequel le béné-
dictin Léonard Duclou a mis en regard les mots du
patois rustique, sorti du roman des troubadours et
trouvères, et les mots correspondants des langues
grecque et latine , anglaise et flamande, espagnole et
italienne , de la basse latinité et de l’idiome breton,
émet le vœu que le seul exemplaire existant de ce
manuscrit précieux, constatant la transformation
subie par la langue limousine depuis le xrv° siècle
jusqu’au xvin®, soit imprimé le plus tôt possible, et
au besoin avec le concours d’une souscription publique
à ouvrir. »
— « Le Congrès émet le vœu :
» Que, s'il existe encore des sujets de l’ancienne
race chevaline connue sous le nom de race limousine,
il en soit fait un état officiel;
PROCÈS-VERBAUX. 357
» Que le Gouvernement distribue dans les haras du
Limousin un grand nombre d’étalons arabes; que le
prix des chevaux de cavalerie légère soit plus élevé;
» Que l’on favorise l'achat en Limousin des chevaux
arabes réformés des nouveaux régiments de cavalerie
légère , alors que les motifs pour lesquels la réforme a
été prononcée ne peuvent pas influer sur la repro-
duction ; À
» Que la sortie de France des chevaux arabes soit
prohibée, et que la vente, avec marque distinctive,
n'ait lieu qu’à des propriétaires français ;
» Que les courses soient ramnenées à un but vérita-
blement utile. »
— «Le Congrès émet le vœu que l’opération si im-
portante du nivellement général de la France , au sujet
de laquelle les conseils généraux des départements ont
été saisis de propositions par les circulaires de Son
Exec. le ministre des travaux publics en date des
15 juillet 1857 et A6 août 1858 , soit entreprise le plus
tôtpossible, et terminée avec toute l’activité désirable.
Le Congrès ajoute qu'il demande que, après l’achè-
vement de ce travail, les hauteurs au-dessus du
niveau de la mer soient indiquées par le plus grand
nombre d'inscriptions possible le long des voies
publiques. »
Ainsi qu'il a été dit précédemment, tous ces vœux
sont votés par le Congrès.
M. le président annonce que l'éditeur de la Librairie
provinciale, dont l'établissement existe à Paris, rue
Jacob, n° 5, demande que l’on appelle l'attention du
Congrès sur l'utilité de son entreprise pour la diffusion
des travaux qui s'élaborent par les savants résidant
358 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
en province; que la Société Archéologique de Nu-
remberg tiendra prochainement une session à laquelle
sont conviés les archéologues français que ses travaux
peuvent intéresser;
Que la Société instituée pour l'application dans les
deux mondes du système décimal aux calculs numé-
riques et aux poids et mesures se réunira prochai-
nement à Londres ;
Les membres des congrès scientifiques seraient
assurés d'y recevoir bon accueil.
M. de Chasteigner demande qu’on appelle l'attention
de l’autorité diocésaine sur une pierre tombale remar-
quable qui existe dans la cour précédant la cathédrale
de Limoges, et que cette pierre soit placée dans un
endroit convenable.
M. de Longuemar voudrait que les programmes
distribués pour les congrès scientifiques, préala-
blement à leurs réunions, fussent précédés par une
table sommaire indicative des travaux élaborés anté-
rieurement, c'est-à-dire par une table qui contint
l'indication des matières traitées dans les précédents
congrès , avec renvoi aux volumes des comptes-rendus.
M. de Caumont dit que l’Institut des Provinces
s’occupera de la question.
M. de Longuemar obtient la parole pour adresser
quelques remercîments à la ville de Limoges et à
l’honorable président du Congrès ainsi qu’à sa famille
sihospitalière. « Ils ont, dit l’orateur, traitéles membres
étrangers du Congrès avec la plus aimable courtoisie,
et leur ont fourni, par la visite de leurs établis-
sements industriels, tous les moyens de s'initier avec
0
fruit aux détails de la fabrication très-importante de
la porcelaine.
» Honneur au fondateur des congrès scientifiques !
ajoute le même M. de Longuemar : ces congrès sont la
source de progrès de toute espèce. Longue vie à M. de
Caumont, et puisse son œuvre se perpétuer grâce
à cet esprit de persévérance dont il est si éminemment
doué! »
M. Alluaud, président, fait l'éloge des travaux
du Congrès, du zèle que tous y ont apporté, de
l’excellent esprit avec lequel toutes les discussions, ont
été conduites.
« Messieurs, dit-il, ce Congrès aura été pour
plusieurs d’entre vous une occasion qui leur aura
révélé des facultés pour les travaux de l'esprit dont
ils n'avaient peut-être pas toute la conscience : je vous
en prends à témoin vous, M. Charreire, qui à plusieurs
reprises avez séduit et entraîné cette assemblée
ce n’est point à la philosophie sensualiste ou ratio—
naliste que vous répudiez que sont dues vos nobles
inspirations! Vous les avez bien plutôt demandées à
ces méditations psychologiques dont une plume savante
et élégante tout à la fois nous a si parfaitement tracé
les règles; et, grâce à elles, vous pouvez vous replier
sur vous-même, et y trouver des lumières intérieures
étendues qui vous dédommagent de la privation de la
lumière physique. Gloire donc soit rendue à Dieu,
qui, dans les trésors de sa bonté infinie, tient en
réserve de telles compensations pour l’infortune !
» Messieurs, a dit M. le président en terminant,
je vous souhaite, pour vos réunions ultérieures, de
riches moissons dans les champs de l'intelligence.
PROCÈS-VERBAUX. 359
360 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Laissez-vous guider par l’éminent organisateur de
cette belle institution : vous trouverez toujours son
drapeau dans la voie de la science noble et utile.
» M. Noël vous a tout à l'heure convoqués pour 1860,
en vous disant : « Au revoir! » Les années accumulées
sur ma tête m'interdisent un adieu semblable; mais
elles n’ôtent rien à la chaleur de mes sentiments à
votre égard, à la vivacité des vœux que je forme pour
vous, et à la profonde gratitude que m'inspire la bien-
veillance dont vous m'avez honoré! »
Des applaudissements unanimes et réitérés témoi-
gnent de l'émotion de l’assemblée, et la proposition
faite par M. de Caumont que le Congrès tout entier
reconduise M. le président jusqu’à sa demeure est
adoptée par acclamations.
La séance est levée à cinq heures, et la session
de 1859 déclarée close.
L'un des secrétaires généraux adjoints ,
GRELLET.
GAY-LUSSAC
NOTICE BIOGRAPHIQUE
LUE À LA SÉANCE GÉNÉRALE D'OUVERTURE DU CONGRÈS.
MESSIEURS ,
Nous vous demandons deux choses dont nous avons
un égal besoin : votre bienveillance et votre attention :
nous espérons nous les concilier, parce que vous recon-
naîtrez tout de suite que, en vous présentant un
rapide exposé des travaux et des principales décou-
vertes de Gay-Lussac, nous avons pris pour guides
Arago, M. Biot, deux fois académicien, et notre
savant compatriote le professeur Fargeaud.
Joseph-Louis Gay-Lussac était né, le 6 dé-
362 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
cembre 1778, à Saint-Léonard, petite ville située
à cinq lieues de Limoges (1). Son père, ancien procu-
reur du roi, l’envoya, en 179%, étudier dans un
pensionnat de Paris. C'était là seulement que, à cette
époque désastreuse pour l’enseignement, un jeune
homme studieux pouvait encore s’instruire ; Car, sous
l’ancien régime, l'instruction publique dans nos
provinces étant exclusivement réservée aux Corpo-
rations religieuses et aux ecclésiastiques, les colléges
étaient fermés , et les professeurs manquaient; les uns
ayant émigré, d’autres étant exilés, beaucoup enfin se
cachant de manière à se soustraire aux rigueurs qui
pesaient sur leur ordre. |
A seize ans, Gay-Lussac quittait sa ville natale,
où ses maîtres lui avaient appris du français, quelque
(1) Plusieurs biographes, entre autres l'illustre Arago,
placent à tort la naissance de Gay-Lussac à la date du 6 sep—
tembre 1778. Voici le commencement de l'extrait de son acte
de naissance, tel qu’il se trouve sur les registres déposés à la
mairie de Saint-Léonard :
« Le 6 décembre 1778, est né, près l’église Saint-Étienne, et
a été baptisé par moi soussigné, Dalesme de Plantadis, vicaire,
Joseph-Louis Gay, fils légitime à monsieur Anthoine Gai,
avocat du roy et procureur du roy en cette ville, et juge du
Pont-de-Noblac, et à dame...»
Gay-Lussac fut recu à l’école Polytechnique et à l’école des
Ponts-et-Chaussées sous le nom de Gay. Mais son père, qui
était propriétaire d’une bonne partie du petit village de Lussac
près de Saint-Léonard, ajoutait ordinairement le nom de ce
village à son nom de famille, suivant un usage que la révo-
lution interrompit en 1790. Vers l’année 1803, le père et le fils
reprirent définitivement le nom de Gay-Lussac pour ne plus
le quitter.
GAY-LUSSAC: 363
peu. de latin et les quatre premières règles d'arithmé-
tique; il fut d’abord placé chez M. Savouré, puis chez
M. Sencier, qui tenait une pension au village de
Nanterre, près de Paris. Là, dès qu'il commença à
bien savoir la géométrie et l’algèbre, il sentit s’é-
veiller en lui son génie naturel, et sa véritable
vocation : il employait une partie de ses nuits à
étudier; et la fenêtre de sa petite chambre, selon
qu’elle était éclairée ou obscure, servait d’indicateur
à ses camarades attardés, les jours de congé, en
revenant de Paris. Leur demandait-on à quelle heure
de la nuit ils étaient rentrés : Tard, répondaient-ils,
car la chandelle de Gay-Lussac était éteinte.
Ce fut le 27 décembre 1797 qu'il gagna, dans un
brillant examen, le titre, alors si envié, d'élève de
l’école Polytechnique.
Le régime de cette école, déjà célèbre, différait
essentiellement du régime actuel, adopté, en 1804,
lorsque le Gouvernement se décida à en caserner les
élèves. D’après la première organisation, ils étaient
libres, logeaient et vivaient hors de l’école, et s'y
réunissaient, chaque matin, pour assister aux études
et aux cours. Ils avaient le grade de sergent d’artil-
lerie, et en recevaient la solde, 98 centimes par jour.
La surveillance dans les salles de travail était confiée
à des chefs de brigade choisis parmi les élèves ayant
les premiers numéros de mérite dans la plus ancienne
division. Malus et Biot avaient été chefs de brigade
en 1795; Gay-Lussac le fut en 1799 ; Poisson, en 1801;
Arago, en 1804. Les chefs de brigade recevaient un
supplément de solde d'environ 30 francs par mois; et
c'est grâce à ce traitement, et au produit de quelques
364 CONGRES SCIENTIMIQUE DE FRANCE.
lecons particulières de mathématiques données le soir
après sa sortie de l’école, que Gay-Lussac à pu
terminer ses cours sans imposer à sa famille de trop
pénibles sacrifices pécuniaires.
Circonstance singulière ! il avait d'abord compris
peu de chôse à la géométrie descriptive, science
presque nouvelle, et dont Gaspard Monge avait
découvert les plus ingénieuses méthodes à l’école du
génie de Mézières; et Gay-Lussac racontait que, à
l'issue d’une lecon écoutée attentivement et sans fruit,
il s'était décidé à demander un moment d'entretien à
Monge, et à lui confesser son embarras. Cet admi-
rable professeur, dont le langage scientifique avait
une clarté que nul n'a surpassée, dissipa en quelques
explications les ténèbres qui pesaient sur l'esprit de
son élève : la lumière se fit comme par enchantement :
aussi Gay-Lussac disait avec le ton de la recon-
naissance que cette conversation de Monge lui avait
réellement appris la géométrie descriptive.
Il était né physicien et chimiste , et il se révéla de
bonne heure par son exactitude à visiter les ateliers
des arts mécaniques et chimiques. Le caractère parti-
culier de l’enseignement à l’ancienne école Polytech-
nique était le passage continuel des principes pu-
rement théoriques à l'examen de leurs applications
industrielles; et, pendant les cours de la dernière
année, on faisait visiter aux élèves les plus curieuses
usines de Paris et de ses environs. Jamais Gay-Lussac
n'y manqua; et ses observations ont servi plus d'une
fois à modifier les appareils ou les manipulations qu'il
venait d'examiner.
L'école Polytechnique fut donc le berceau et comme
GAY-LUSSAC. 365
la patrie de son génie scientifique : aussi l’a-t-il aimée
jusqu’à la fin de sa vie d’un sentiment presque filial.
Elle lui semblait une des meilleures institutions des
temps modernes; seulement il aurait voulu qu’on en
ouvrit les portes à tous les esprits jaloux de s’instruire,
et il resrettait que des cours de mathématiques si
complets et si fortement ordonnés dans toutes leurs
parties ne fussent réservés qu'à un nombre très-limité
d'élèves se destinant aux services publics.
Gay-Lussac sortit de l’école Polytechnique le 22 dé-
cembre 1800 en qualité d'élève-ingénieur des ponts-
et-chaussées.
C'était une brillante époque pour le développement
de l'esprit scientifique en France. Un mouvement
admirable lui avait été donné par l'élite de nos
savants, qui venaient de servir la cause de la révo-
lution avec une infatigable activité et un bonheur
sans égal. On leur devait ces instructions lumineuses,
ces inventions soudaines, ces procédés ingénieux et
prompts, qui avaient élevé tout à coup le nombre et
la qualité des produits industriels au niveau, des
immenses besoins de nos quatorze armées. Mais,
quand le premier consul eut rendu à la société et à
l'État des formes plus régulières et plus stables,
Berthollet, Monge, Laplace, Lagrange, Fourcroy,
Chaptal, Guyton de Morveau, Delambre, tout en
occupant d'éminentes fonctions publiques, reprirent
leur vie plus particulièrement dévouée à la science :
et, grâce à eux, leurs continuateurs, Gay-Lussac,
Thénard, Poisson, Arago, Ampère, Dulong, Fresnel,
purent s'emparer à leur tour de la direction du
monde intellectuel, et lui imprimer un second mou-
366 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vement ascendant, qui rendra à jamais mémorable
la première moitié du xx‘ siècle.
Nous avons assisté à la rénovation de la chimie,
et nous allons essayer de vous montrer quelle place
a tenue notre illustre compatriote dans cette vaste
carrière où l'esprit humain a fait de si glorieuses
conquêtes.
Berthollet, à son retour d'Égypte, avait repris à
l’école Polytechnique son cours &e chimie pratique et
appliquée aux arts. Il remarqua Gay-Lussac, pres-
sentit peut-être son avenir , le décida à s'établir près
de lui pour l'aider dans ses travaux du laboratoire ,
et le fit renoncer plus tard au service des ponts-et-
chaussées. Des expériences heureuses signalèrent les
débuts de Gay-Lussac, et Berthollet lui écrivit ces
mots devenus prophétiques : Jeune homme, votre destinée
est de faire de la science et des découvertes.
Sa première découverte date de l’année 4802.
« Ayant mis de la vapeur d'éther sulfurique en com—
paraïson avec de l’air dans deux tubes placés au milieu
d'une étuve échauffée à 60°, Gay-Lussac éleva la
température de 60° à 100°, et eut la satisfaction de voir
et de faire voir à Berthollet (nous rapportons ses
propres paroles) que, soit en montant, soit en des-
cendant, la vapeur d’éther sulfurique et l’air atmos-
phérique correspondaient constamment aux mêmes
divisions. C'est seulement à quelques degrés au-
dessus du point d'ébullition de l’éther que les conden-
sations de sa vapeur se montrèrent plus rapides que
celles de l'air. De ces résultats, joints à d’autres
résultats analogues fournis par les gaz proprement
dits, Gay-Lussac crut pouvoir conclure que, de
GAY-LUSSAC. 367
0° à 100°, tous les gaz simples ou composés soumis
à la même pression se dilatent de la même quantité
pour des augmentations égales de température, et
que 100 volumes de ces gaz à 0° deviennent 137 vo-
lymes à 100° de chaleur {4). »
Ce fait, confirmé par plusieurs épreuves successives,
était contraire aux prévisions de Berthollet, et lui
causa, dit-on, un mouvement de surprise bien na-
turel en sentant ce démenti que la science donnait à
sa vieille expérience, et une échappée d'humeur contre
son élève, qui, à vingt-quatre ans, venait de renverser
une de ses idées favorites.
Quoique nous sachions, Messieurs, qu’en public on
doit être court et sobre de paroles, nous vous avons
retenus à dessein sur les commencements de Gay-
_Lussac, parce que son nom justifie ces détails très-
caractéristiques , et aussi parce qu’il est bon de faire
connaître l’homme de génie à ses débuts : il est moins
grand sans doute; mais on le voit, on le juge de
plus près, et il se montre ordinairement alors tel qu'il
doit toujours rester.
Infatisable ouvrier de la science, Gay-Lussac
n'admettait pas qu’on dût la cultiver en se donnant
des moments de loisir. 11 faut toujours y penser, disait-
il, Là, en effet, est le secret des travaux et des grandes
découvertes, puisque le génie d'invention est cons-
tamment en raison directe du degré d'attention dont
un homme est capable : aussi les intelligences supé-
ieures semblent voler, tandis que nous rampons.
(1) Notice biographique sur Gay-Lussac, par le professeur
Fargeaud,
368 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Le célèbre naturaliste Bénédict de Saussure, dans
son voyage au col du Géant en 1788, avait cru recon-
naître que la force magnétique, dirigeant l'aiguille
aimantée à la surface de la terre, s’affaiblissait sensi-
blement à mesure qu'on s'élevait dans l’atmosphère,
et il estimait que, à la hauteur de 3,435 mètres au
dessus du niveau moyen de la mer, cette diminution
était d'environ un cinquième. Cette détermination
semblait être confirmée par les résultats obtenus
pendant deux ascensions aérostatiques dirigées par
le physicien Robertson , l’une à Hambourg le 48 juil-
let 1803, l’autre à Saint-Pétersbourg le 30 juin 1804.
Un fait d'une telle importance scientifique ne pouvait
pas être admis sans vérification, et avant que l’Ins-
titut de France ne l’eût constaté par une expérience
décisive et en quelque sorte solennelle. Il fallait en
confier le soin à des savants jeunes et hardis, et
l'Institut s’adressa à MM. Biot et Gay-Lussac. Le
ballon mis à leur disposition était le même qui
avait servi pendant la bataille de Fleurus et pendant
l'expédition d'Égypte.
Le 23 août 1804, MM. Biot et Gay-Lussac par-
tirent du Conservatoire des Arts et Métiers de Paris.
Arrivés à 4,000 mètres de hauteur , ils reconnurent
que leur ballon était d’une trop petite dimension pour
les porter tous les deux ensemble à une plus grande
élévation, et ils constatèrent que, à cette distance de
la masse terrestre, la force magnétique n'éprouvait
pas un affaiblissement sensible.
Cette première expérience ne parut pas assez COn—
cluante, et l’on décida, du consentement de M. Biot,
que Gay-Lussac ferait seul une nouvelle ascension.
GAY-LUSSAC. 369
Elle eut lieu le 46 septembre suivant, et commenca à
9 heures 40 minutes du matin. Gay-Lussac monta
jusqu'à la plus grande hauteur qu'on eût encore
atteinte, 7,016 mètres au-dessus du niveau de la mer,
et confirma l'observation , faite précédemment, que la
force magnétique persiste , sans variation bien appré-
ciablé,’ depuis la surface de la terre jusqu'aux
régions atmosphériques accessibles à l’homme. Dans
sa traversée de l'espace, Gay-Lussac recueillit une
série d'observations sur le décroissement des tem-—
pératures et de l'humidité de l'atmosphère. Il avait
emporté deux ballons de verre tenant le vide : il les
remplit d'air à la hauteur de 6,636 mètres. Lorsqu'on
soumit cet air comparativement à l'analyse eudiomé-
trique de MM. Thénard et Gresset, on trouva qu'il
étaitiéomposé , ‘en oxygène et en azote, comme celui
pris au milieu dela cour de l’école Polytechnique. L'air
des hautes régions ne contenait pas un atôme d’hydro-
gène, ce qui contredisait l'opinion d’un grand nombre
de savants, lesquels prétendaient expliquer les phéno-
mènes de l'orage par la combinaison de l'oxygène
et de l'hydrogène dans les couches supérieures de
l'atmosphère.
La descente de Gay-Lussac s’opéra avec une ex-
trême lenteur et sans la plus légère secousse. En deux
voyages, il était devenu un aéronaute consommé.
. A3 heures 45 minutes, il prenait terre à quarante
lieues de Paris, auprès du hameau de Saint-Gourgon,
entre Rouen et Dieppe.
Son thermomètre, qui, au moment du départ,
marquait 27°,75 de chaleur, avait marqué 9,5 de
froid au point extrême de l'ascension. Ainsi, dans
24
370 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
un-intervalle de, six, heures, Gay-Lussac avait sup-
porté; une, différence. de température de 36,80; et
voici, en quels termes:il rendait compte, à, l'Institut de
Ja.-sensation, physique... qu'il, en avait. éprouvée
«Quoique bien yêtu.,.je commençais à sentir le froid,
surtout aux mains, que jétais obligé, de tenir ex-
posées à l'air. Ma. respiration : était sensiblement
gênée; mais j'étais bien, loin d'épronver, un malaise
assez désagréable pour m'engager à descendre. Mon
-pouls et.ma respiration, étaient très-accélérés : ainsi,
respirant très-fréquemment dans. un, air |très-sec,, je
ne dois pas, être surpris d'avoir eule gosier si.sec qu'il
m'était pénible, d'ayaler du pain. ».. TI
A ce,sujet, M,,de Humboldt,, qui, pendant son
voyage aux. régions. équinoxiales du nouveau, con-
tinent ; s'était vainement, efforcé d'atteindre le sommet
du,Chimborazo, et avait été arrêté à 49,500. pieds
au-dessus du niveau, de la mer autant par. des
souffrances physiques que par les obstacles naturels
du, terrain, a fait la, remarque que, si Gay-Lussac,
observateur .sûr.et extrêmement exact, ne rendit pas
de sang à la hauteur de,21,600 pieds, il fallait
l’attribuer, à l'absence de tout. mouvement muscu-
laire. . |
L'étroite et profonde amitié qui, à, cette époque,
unit. Gay-Lussac, et. M. de Humboldt ne tarda pas à
produire ;d'heureux fruits, comme toute association
dont l'avancement de la science est.le point de départ,
la ligne, d'opérations et le but. Le 4° janvier 1805, ils
présentèrent en|commun, à l'Institut un mémoire sur
l'analyse, de. l'air, où, se trouve cette observation
devenue si, féconde,en déductions dans les mains de
L AU GAMATHESACE 2410) 371
Gay-Lüssac "A savoir que l'oxygène et l'hydrogène,
‘considérés en volumes! s'unissent pour former de l’eau
‘dans la proportion simple et déterminée de 100 parties
d'oxygètie et de 200 d'hydrogèrie. « Le fait de la satu-
‘ration complète de l'oxygène par l'hydrogène, écrivait
M. de Humboldt, est dû. à la sag'acité seule dé Gay-
Lussac/ moi !fj'ai coopéré à cétte partie des expé-
‘riencés {mais Auilseul! a! éntrevu! l'importance! du
résultat pour lathéorie 5 11 1100 |
“Gay-Lussac à eu beaucoup de collaborateurs :'tous
n'ont peut-être! pas! été aussi vrais et’ aussi désin-
téressés “que M.” dé Humboldt; et C'est là un des
inconvénients de cél/génre de'société: car le’ génie
scientifique estcomme laîgle : il doit voler seul, et la
gloire dés découvertes ne se partagé pas Sans danger
“pour l'un’ou l’autre des associés, puisqu'il est impos-
“'8ible que deux hommes} si intimement unis et pareils
“d'intélligencé qu'on les suppose ; Conçoivent en même
“'témips la même pensée, observent le même fait, ét en
rendent. cempte de 14 même manière. Cette concor-
“Edanééliest pos dans la naturé, et le public, ‘mal
informé où prévenu ne säit éomment attribuer! la
pait de mérite qui revient à chacun d'eux.
Au mois de mars 4805, Gay-Lussac partit, eñ éom-
pagnie de M: de Humboldt , pour un voyage d'explo-
? rations Scientifiques} pendant lequel ils furént rejoints
“pa 1écélèbre géblogue prüssién Léopold dé Birch.
l'Rpallant visitér les Alpes, 1h Suisgél} TIfaliel et VAI
|Jemägne, ils se proposaient de faire une série d'expé-
riénceég ur l'inélinaison de l'aiguille aïimantéé et (sur
l'intensité de la force! qui à dirigé à diverses Jati-
'indég! mais Gay-Lussaé ne fen/tint pas là: éema
372 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
partout des lumières sur son passage. À Rome, ayant à
sa disposition le laboratoire du chimiste Morichini, il
constata que l'acide fluorique coexistait avec l'acide
phosphorique dans les arêtes des poissons, et déter-
mina la composition de la pierre d’alun de La Tolfa. A
Naples, où ils arrivèrent le 46 juillet, il eut le
bonheur {l'expression n’est pas de nous) d’assister au
spectacle du Vésuve en feu. « Le volcan, dit Arago,
se livra brusquement à ses magnifiques et terribles
évolutions, comme s’il eût voulu célébrer la bien-
venue des trois savants observateurs : éruptions de
poussière, torrents de lave, phénomènes électriques,
rien n’y manqua; le tout accompagné d’un des plus
effrayants tremblements de terre que Naples ait jamais
ressentis (1) ».
Gay-Lussac fit coup sur coup six ascensions au
cratère de la montagne, et crut inutile de recourir
à l'hypothèse de la chaleur centrale de la terre pour
expliquer les phénomènes volcaniques : il les attribua
uniquement à l’action de l’eau de la mer sur des
matières combustibles. On sait que le monte Nuovo a
suroi, en 1538, dans l’espace d’une nuit et d’un
jour. Gay-Lussac alla le visiter ainsi que l’Epomeo,
et adopta, pour ne plus l’abandonner , le système de
Léopold de Buch sur la formation soudaine des mon—
tagnes par voie de soulèvement. Dix-huit années
après, il publiait, dans les Annales de Chimie et de
Physique des Réflexions sur les Voleans. Son mémoire,
qui abonde en aperçus ingénieux, commence par
ces mots: « Je n'ai pas en géologie l'étendue des
(1) Arago, Notice biographique sur Gay-Lussac, p. 22.
GAY—LUSSAC. 373
connaissances qu'il faudrait pour traiter un tel sujet :
je ne ferai que l'effleurer ». — Sitous les savants, dans
les questions dont la nature garde encore le secret,
avaient montré la même modestie ou la même
loyauté d'esprit, ne se seraient-ils pas épargné
beaucoup d'erreurs, et souvent de fâcheuses méprises ?
Dans le voyage de retour, Gay-Lussac reconnut
que l’air qu’on retire des eaux thermales de Nocera
contenait 30 p.°4 d'oxygène, comme ordinairement
toutes les eaux de source. Il avait fait à Naples la
même observation sur l'air que contient l’eau de la
mer. Il s'arrêta à Pietra-Mala pour étudier la nature
des flammes qui y brûlent de temps immémorial ; il
visita à Bologne le comte Zambucari, déjà victime
d’une expérience aérostatique, et qui devait en être
le martyr; il vit à Milan Volta, l'orgueil et l'honneur
des sciences en Lombardie ; et, quand notre savant
voyageur alla demander où logeait cet homme d’une
réputation européenne, la police, qui n'aurait certes
ignoré ni la demeure d’un sous-lieutenant ni celle
d’un commis aux vivres, répondit qu'elle ne le savait
pas. À Gœættingue et à Berlin , le célèbre naturaliste
Blumenbach, le chimiste Klaproth et le physicien
Ermann firent à Gay-Lussac les honneurs de leurs
universités avec l’empressement et la déférence qui
distinguent la studieuse Allemagne. De retour à:
Paris après une année d’absence, il fut nommé
membre de l’Institut le 8 décembre 1806, et suc-
céda, dans la section de physique, au vieil acadé-
micien Brisson.
L'année suivante, Berthollet fonda la Société
d’Arcueil, et lui donna ce nom à cause du village de
374 CONGRÈS SCIBNFFRIQUE DE FRANCE.
la banlieue: dé Paris oùril avait salmaison: de cam
page! Les premiers rheémbres furent Laplace: Biot,,
Gaÿ-Lussac, Humboldt, Thénard, de Candolle, Collet-
Descotils et'Berthollet le fils, auxquels $erréumnirent
plus tard Malus, Arago, Chaptal, Bérard, Dulong et
Poisson. En quelquesrannées, cette Société a -publié
trois volumes de précieux mémoires, let’ a: exéreé dès
son origine, une influence presqueégale àcelle- de. ta
première classe dé l'Institut, dont -ellé semblait, être
un 'démembrement. Organisée sous lechaut patronage
dé Berthollet et [de Laplace, elléza peut-être. eu
l'inconvénient / dé'aisser.odominer «trop; long-temps
leurs idées, d’y retenir trop fortemént:les. esprits jeunes
et visoureux , ét/d'entraver leur,essor vers, de. loin-
taines ét'plus éclatäntes lumières: 61 + VER ET
Ainsi dans lès travaux! exécutés, en4808,. an
moyen 'de'lù pilé voltaique, Gay-Lussac.et.Thénard
tentèrent l’analysé dé l'acide muriatique,, oxygéné.
IIS avaient probablement entrevu la;vérité; et recueilli
suffisamment de faits pour:démontrer que-ce g'az.était
un corps simple: «Les phénomènes, qu'il présente,
disaiént-=ils à l’Institut, s'expliquent assez bien. dans
cette hypothèse ‘nous ne cherchons point, cependant
à la défendre, parce qu'il nous semble qu'ils, s'ex+
pliquent encore mieuxren régardant l'acide, muria-
tique oxyg'éné comme-ün: Corps COMPOSÉ. à» 1) otre
‘Par cette déclaration ,;(les -deux jeunes chimistes
cédaient peut-être moins àleur, propre conviction
qu'à V’empire: des opinions de la -Société, d'Arcueil
et aux! conseils de Laplace etide Berthollet ;,et nous
avons lieu de croire que Gay-Lussac s’est reproché
cette condescendance, surtout ‘lorsque: Humphry
MAR HOAYHUUSSAO I) 24140) 315
Davy, ‘que one: retenait:auctine considération: de per—
sonnies et d'esprit decorps; eut démontré sans réplique
qué/ l'acide muriatiqueroxyg'éné létaitrum! corps simple
auquel Ampère proposa dé! donnétlérnom:de chlore;
ce qui fut universéllement adopté: M bts
‘Dans ‘lé '-tonre 11° des»®Mémoiresiode da Société
d’Arcueil} Gay-Lussacratconsigné lesciésuttats, de ses
ôbservations ‘magnétiques pendant: son voyage, en
Italie et en Allémagne avéci-M.!@& Humboldt,La
sciénce du magnétisme terrestre tv fait (de: grands
progrès depuis 4805l mais; à:l'époque oùcertravail
fat publié} il était un modèle; dit . ie Si
compétent et si sévère (1). bi atrré|
‘Ce second ‘volume! contient ‘2 ébre. mémoire, res
Gay-Lussac sur la combinaison! des:| substances. ga-
zeuses entre elles! C'est là qu'il'a établi, que les: ro-
lumes des gaz qui $e combinent sont toujours dans un
räpport simple, tel que Da, Là 2,2 à 3; et que; si
le ! composé ‘éprouve: une contraction; ,levolume
contracté ‘est! lui-même en: rapport simple. avec: le
volume de l’un des! deux gaz composants: Ces lois ont
recu son nom, ét la chimie lui devait-cet honneur...
‘Lachimie'est l'anatomie delanature;etnos besoins,
ainsi que notre instinetive curiosité, nous excitent sans
césse à expliquer ‘les phénomènes qui. frappent nos
organes , et à analyser les objets etrles êtres qui-nous
entourent. L'analyserdes stibstantes animales et végé-
tales' 4 donc pris de continuels: dévéloppements,| et
nous /a! conduits ‘à des- résultats où l'agriculture
raisonnée a puisé de nouvelles rressources.-Ces, progrès
BASIT, 1 51) {IN 91 sy sh 9j| 2rrt
{1} Moticé biographique ; ps 354 néhrro
376 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sont principalement dus à la méthode que Gay-Lussac
a imaginée pour effectuer les analyses organiques : il
a signalé en même temps de quelle importance était le
rôle de l'azote dans tous les actes de la végétation, et
désormais il n’y à pas d’agriculteur sérieux qui puisse
ignorer cette vérité.
Nous nous hâtons d’arriver aux deux plus beaux
titres de gloire de Gay-Lussac : ce sont ses travaux
sur l’iode et sa découverte du cyanogène.
Il est dans le caractère des Anglais de mettre leur
patriotisme à s’attribuer la priorité des grandes
découvertes, et leurs journaux annoncèrent que, en
1813, l’iode était découvert depuis deux ans, mais que
lelle était la situation déplorable des savants en France
qu'on n’en avuit rien publié jusqu’à l’arrivée de leur grand
philosophe sir Humphry Davy {1). Effectivement l’illustre
chimiste anglais, qui avait obtenu en 1813 l’gutori-
sation de traverser la France pour se rendre en Italie,
avait séjourné quelque temps à Paris, et y avait recu
des échantillons d’iode, que personne ne connaissait
encore; mais l’assertion des chimistes anglais était
inexacte, puisqu'ils semblaient attribuer à sir Hum-
phry Davy un mérite qu’il n'avait pas eu, et dont sa
renommée, déjà immense, pouvait bien se passer.
Gay-Lussac leur répondit par l'exposé des faits, et
revendiqua pour lui la priorité des recherches expéri-
mentales sur l’iode; car il était à la fois modeste, fier
et jaloux de sa réputation : il la voulait pure et
incontestée, comme faisant partie de la gloire scien-
tifique de la:France.
(1) Journal de Nicholson et Tilloch, ne 189, p. 69,
GAY—LUSSAC. 371
Avant de vous rapporter la réclamation de Gay-
Lussac telle qu'il l'a publiée dans les Annales de Chimie
et de Physique (1), nous vous rappellerons quelques
particularités relatives à la découverte fortuite de
l'iode. Vers le milieu de l'année 1811, un habile
salpétrier de Paris, M. Courtois, remarqua dans les
cendres des plantes marines une matière solide et
noirâtre qui corrodait ses chaudières : c'était l'iode,
qui a recu ce nom à cause de la belle couleur violette
de sa vapeur.
« M. Courtois, écrivait Gay-Lussac, avait observé
plusieurs des propriétés de l’iode , et particulièrement
celle qu’il a de former une poudre très-fulminante
lorsqu'on la traite par l’ammoniaque. Il s'était
proposé d’en faire connaître tous les caractères;
mais, détourné des travaux de laboratoire par les
soins -qu'exigeait une fabrication très-active de
salpêtre et d’autres produits, il engagea M. Clément
à continuer ses recherches... Celui-ci en était encore
occupé lorsque M. Davy vint à Paris, et il ne crut
pouvoir mieux accueillir un savant aussi distingué
qu’en lui montrant cette nouvelle substance, qu'il
n'avait encore montrée qu'à MM. Chaptal et Ampère.
Peu de temps après, M. Clément annonça à l'Institut
que j'allais continuer ses recherches. En effet, le 6
décembre 1813, je lus à l’Institut une note qui fut
imprimée le 12 décembre dans le Moniteur, et j'y ai
établi que liode était un corps simple analogue au
chlore. Personne n’a contesté jusqu’à présent que j'aie
fait connaître le premier la nature de l’iode; et il est
(1) Annales, T. XCI, p. 5.
378 CONGRÈS SCIENTIFIQUE/DE FRANCE.
certainque M21Davyin'a publié ses résultats qué plus
dehuit jours après avoir eonntr les miens.» 1971100
Chaque jour, les applications: de l'iode!-dans"Jés
arts et la médecine: deviennent! plus nombreusess "et
Gay-Lussacren'a fixé toutestles propriétés spéciales si
exactement: que-lonla pu setlerhent dépuis- étendre
les résultats qu'il avait: Gbtenus, “où perfectionner Iés
procédés qu'il'avait employés! sans rien trouvêr À rél
prendre: à :ses-déterminations 1112-06 jug'émént |
Messieurs , émaneide M/0Biôti1et c'ést dans sà/Notice
sur. Gay<Lussac ; lues 1e 80 Imovémbhre 1850 1% Ja
Société royale de Londres: l'quéltious l’aons copié!
Le:cyanogène jqu'on-extrait! da/bleui/ de Prussé)ést
un composé rd’azoteret | de carbone! ‘alliance | que Tes
anciens chimistesréputaient et déelaraient impossible.
Bien que formé de‘Ideux élémetits ; ‘il! Se place” tôt
des corps simples çret)peutien remplir 1e‘vôlé. Enfse!
combinantavecle chlore! fl fourmit l'acide éhorocyat
niquessen ‘se; combinant avec l'hydrogène! laéidé
prussiqueéoou rhydrocyanique )T1subtil !poisoti® Aussi
prompt que: foudre, et'qui, détourné de Sésltérri—
bles effets directs ;‘al procuré "la! tnédecine délpuise
sants remèdes-contre les maladiés del poitrine. 01h
L'apparition deliodé!ét du 'cyanogène däns Pordre
chimique a produit lune révolution. Le #rand Gebrges
Cuvier disaiti-que H'théorie de) Lavoisier Sur VOxy-
gène considéré” comimié ‘lé seul prinéipe hcidifianit
était devenué presque ouné! religion!" pour 168 viéux
maîtres dela science! Berthôllet Fourcroy ,
Chaptal (Que sfallaitil faire pour ‘détruire me
A) G. Cuvier’, Æoÿe d'Humphry Davy": Mémoires dé TIns-
titut ,'T. XII, p. 24.
Aa AGAMABUSSAËNIN2 2AHO/00 349€
superstition . que: soutenaient. de / telles autorités?
Démontrer la nature-de l'iode ;:iet découvrir le, so
gène:0/est-ce qu'a! fait Gay-Lussae: | ps
Ses travaux ont rempli le: mondeisavant dass
la. moitié de ceisiècle:: le: nombre:dés «mémoires. qu’il
a publiéss'élève à1444 (1); etquelqnés-uns renferment:
des théories complètes. Sarépttation était universelle:
on. le .«consultait; de, tous-:les/cûtéstraveé confiance’,
parce,qu'il conseillait avearempréssement r et bien
veillance.:-chacun, désirait: dont ebtenir la , garantie
de son mom et: de son ‘inattaquable sintégrité; de’
sorte:que ; dansiles ändustries-grandeshouspetites,"1l
existe..une foule| de: procédés-qu'on sluioattribue,
quoiqu'il n'ysait.pris réellement aucune part:04 1109
La: physique-etJarchimie me seraïent-que dé mag'ñi-
fiques: et. puissantes -curiosités: detl’eéprit humain si
l’on.se bornait à rechercheriles connaissances spécu la
tives, En effet; le monde et l’ordre social pourraient”
aller.commeils vont sans: qu'onSût; par exemple
que, l’air.-qu'on ; respire «se: composer en : volume de
2,081 parties d'oxygène: pour 7,917 d'azote, etrque
l’eau,qu'on., boit renferme 85. parties d'oxygène pour
15 d'hydrogène. L'industrie; cette puissance-toujours
en |, mouvement, .et qui, fournit. aux) innombrables
besoins.de l'humanité, demeurerait $titionnaire)sans
l'appui des arts chimiques.et leurs constants! efforts:
Le chimiste .le:plus complet jaura:donc:été celui qui:;:
en alimentant sans relâche; son:esprit der: calculs iet:
d'observations ;.1et :en:conservant soigneusement!1le
souffle .inspirateur. qui d'animeiläura passé le:'plus
(1) Voir la.liste de ces-travaux à lafin dela Notice.
380 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
fréquemment des hautes spéculations des théories aux
applications utiles à l’homme. Nous n’entreprendrons
pas d’énumérer devant vous, Messieurs, tous les
procédés industriels que Gay-Lussac a inventés, amé-
liorés et surtout simplifiés; car il regardait la simpli-
cité des moyens comme la condition essentielle de leur
bonté, de leur sûreté et même de leur durée. Ce
travail dépasserait de beaucoup les limites du cadre
restreint que les convenances envers vous nous impo-
sent.
Son baromètre portatif à siphon est une création
ingénieuse rendue excellente par la simple modifi-
cation de l’habile artiste Bunten; l’alcalimétrie et la
chlorométrie lui sont généralement attribuées, non
qu'il en soit l'inventeur, mais parce qu’il en à singu-
lièrement perfectionné les opérations; son procédé
pour fabriquer plus vite et avec plus d'économie
l'acide sulfurique, indispensable à tant de grandes
industries, a réduit d'une manière considérable le
temps et les dépenses de la main-d'œuvre, et
diminué les dangers des ouvriers employés à ce
travail. C’est en examinant de trop près une expé-—
rience de ce nouveau procédé pendant sa dernière
visite à la manufacture de Chauny en 1849 que, se
trouvant en contact avec des gaz nitreux, il éprouva
une suffocation violente : on l’emporta hors du
laboratoire à demi foudroyé; et cet accident a hâté le
rapide développement de la cruelle maladie qui l’a
enlevé l’année suivante.
Sous l'empire, Gay-Lussac avait été un des membres
les plus actifs du Bureau consultatif des Arts et Ma-
nufactures; à partir de 4848, il éclaira de ses conseils
Por
GAY-LUSSAC. 381
scientifiques les administrations des poudres et sal-
pêtres, des tabacs et des contributions indirectes. Son
aréomètre centésimal et les tables comparatives, qui
lui coûtèrent un pénible travail de six mois, ont
rendu plus prompte, plus facile et plus juste la
perception de l'impôt sur les liquides, et ont donné
aux employés de la régie les moyens d'apprécier avec
exactitude la richesse des boissons en alcool. En 41829,
Gay-Lussac accepta la direction du bureau de
garantie établi à l'hôtel des monnaies de Paris. Il
importe au Gouvernement, aussi bien qu’au com-
merce, que les épreuves chimiques opérées sur les
métaux précieux aient une exactitude en quelque
sorte mathématique. Or, de temps immémorial, on
essayait les matières d'argent au moyen de la coupel-
lation, procédé reconnu défectueux depuis 1763, et
dont les directeurs des monnaies, tout comme les
orfèvres, dénonçaient l'insuffisance et les graves
inconvénients pour l’acheteur.
Gay-Lussac proposa au Gouvernement et lui fit
adopter le mode d'essai de l'argent par la voie
humide : il est basé sur la propriété qu'a le chlorure
de sodium de précipiter l'argent en le séparant de la
dissolution azotique sans agir sur les métaux avec
lesquels il peut se trouver allié, en exceptant toutefois
le mercure. Ce procédé, d’une manipulation facile,
est aujourd'hui en usage dans tous les pays où
existent des établissements monétaires et des bureaux
de garantie.
En 1848, Gay-Lussac se démit de ces fonctions
en faveur de son fils aîné : il s’y résolut, parce qu’il
était certain de laisser en bonnes mains un dépôt si
382 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
important ét’ si délicat: et son jugement à été sanc-
tionné par la Confiance ‘que M. Jules Gay-Lussac
inspire, depuis onze! dr à 43 qe nr je industries
parisiennes. 10
Notre illustre compatriote était donc un des maîtres
tde-la législation scientifique lorsque l'arrondissement
de Limoges lé-choisit; en 4831, pour un de ses
députés) Huit: atis après! !'lé roi Louis-Philippe le
nomma pair dé Franee. C’est une erreur trop ré-
panduéetadoptée sans éxaméñ!,! que là culturé des
sciences ét lélmaniment des/affäires publiques’ sont
incompatibles° En effét,lles affaires politiques, sa-
sement! entendues! ét conduites! se ‘réduisent, en
ménéral là desicaléuls ét 4 des Combinaisons que les
“esprits accouturiés aux plus hautes spéculations dé la
| pénséeSisissént aisément et sûirément; ét puisn’existe-
‘HAT pas, dans les nombreux rouages des Gouver-
nemérits) uné foule dé questions administratives sur
lesquelles il faut à chaque instant Consulter les sa-
vants? Or toute opinion venue du dehors dés assemblées
Jépislatives pour:y'être 'réproduite et débattue ne
peut avoir toute sa valeur qu'én étant développée tet
soutétitie part sôn auteur; et, pour ne Citer qu'un
exemple , Croit-on que! le projet de loi sur la falsi-
fication des vins n'aurait pas été adopté, en 1844, par
Jl& chambre des "pairs si Gay-Lussac, resté seul de
son avis at seindé là cominission dont il faisait partie,
n'avait pas! démontré én ‘assemblée générale que le
projét-s'appuyait sur de fausses bases; que le but
qu'on- se! proposaitine serait jamais ‘atteint, ‘et que
ladministration se !créérait d’insurmontables ‘diffi-
“eultés® Veut-on savoir Comment il s'exprimait dans
| GAYTLUSFACS 0 : 383
cette circonstance, où, il, faisait j11ne. énergique: 0p-
position à ce projet du.Gouvernement ;1« Ce n'est: pas
Moi, qui, suis,nommé, rapporteur,de, la,commission ,
nous écrivait-il : c'est M. Gautier, de Bordeaux:-mais
-XQuS çoncexez.que je.n'ai;pas renoncé. à. la partie, et
A seul je. u’en serai.que, plas: libre des Hexpression
de mes pensées. (Paris, 24,mai 1844. )p >ooocmit sh
" Ghyrhssac ER siégé.dix-huit ans à nos chambres
Jégislatives, Qù.,battait le cæur,constitutionnel, de la
.France, x 84 OÙ 50 manifestaient. trois forces, également
:Patriotiqn es; l amon r.des libertés mationales, le,respect
du Principe. d'antorité.monarchique -et] l'esprit de
\Bouxernement. Certes;il;n/ayait pas brigué la:pairie :
ais, on n,,ne, saurait. douter, qu'il ne: l'eût! désirée.
. Cependant, il n'aimait de la, politique que.les-parties
DL nil, pouvait se.rendre, VEre et, quoique. prêt: à
se dévouer au seryice du,.pays, il.n’aurait pas, voulu
que les affaires publiquesle détournassent despaisibles
travaux de la science.
? ' j
arun cle trret | :9[[9rr029
BASS SPSID &'FUST 1189190 pe
(Grand. penseur.et, constamment à, la,recherche: du
,Possible;et, du vrai, plus. philosophe;;en actions-qu'en
PIRE il ne. fit, pas abus.de,la. tribune: paxlemen-
aie “til cpréférait y, exposer et y.discuter;,des
principes et des idées pratiques plutôt que d'y soutenir
des opinions de partis. Théoricien, profond, et, jamais
.sYstématique, il a.enrichi le langage-philosophique.de
.£e mot, si simple.et si juste: Rien n'est iplus entété qu’un
9 À ait, ;fonçevait.sans lenteur comme::sans.impatiénce
ni Jetigue ;. -et,; dès.qu'il avait ‘pris 6asrésolution,
1 marchait, droit.au:but.en homme sûr, de: son fait.
isi,G'est.dans l’espace, d'une-nuit qu'ilkaimaginéiet
orne Son ingénieux; procédé +de; fabriquer
381 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l'acide sulfurique. Dans la polémique scientifique, il a
eu de rudes antagonistes : Dalton, Humphry Davy et
Berzelius, et, dans la politique, il n’a pas craint
d'attaquer de front l'opinion du Gouvernement ou celle
des masses quand il les croyait égarées, ‘et de ‘com-
promettre son crédit ou sa popularité. Observateur
attentif et exact des phénomènes de la nature , il était
servi à souhait dans ses expériences de précision par
les meilleurs organes et par cette ingénieuse adresse
manuelle dont avaient été doués également Leibnitz
et Newton. Grand professeur, il a illustré les chaires
de l’école Polytechnique, de la Faculté des Sciences de
Paris et du musée d'Histoire naturelle ; car il excellait
dans l’art de faire aimer la science à ses auditeurs, de
leur en expliquer les procédés, et de leur en in-
culquer les formules ; il intéressait les esprits autant
qu'il les éclairait, et il a rempli la France et une
partie de l'Europe d'hommes fiers d’avoir été ses
élèves, et qui gardent de ses lecons, où ils ont puisé
tant de lumières, un ineffaçable souvenir. « Il n’y a
pas un homme auquel je doive plus pour la rectitude
de mes études, de mon intelligence, de mon caractère
moral, écrivait M. Alexandre de Humboldt (1).
(1) M. Alexandre Humboldt, à madame Gay-Lussac.
Berlin, 13 mai 1850.
L'amitié dont m'a honoré ce grand et beau caractère a
rempli une belle portion de ma vie. Personne n’a réagi plus
fortement, je ne dis pas seulement sur mes études, qui avaient
besoin d'être fortifiées , mais sur l'amélioration de mon sen—
GAY—LUSSAC. 385
Gay-Lussac, aussi courageux que sage, ne redoutait
aucun péril dans les champs de la science : physicien
entreprenant, il s’est exposé aux hasards des ascensions
aérostatiques dans un temps où, Sans exagération, il
y avait de l’audace à le faire comme il l’a fait;
chimiste intrépide, il affrontait froidement les dangers
des expériences nouvelles, et, au feu de son labora-
toire, il a recu plus de blessures que beaucoup de nos
vaillants généraux n’en ont reçu aux combats.
La révolution de 1848 l’enleva aux fonctions
politiques. Il se détacha de l’enseignement; car il
touchait de près à la vieillesse, si l’on peut appeler
vieillesse cette ferme et complète maturité qui s’est
perfectionnée incessamment sans s’altérer ni saf-
faisser d'aucun côté. Retiré dans sa campagne de
Lussac près de Saint-Léonard, il y fit construire à
grands frais un laboratoire modèle, et s’occupa, entre
autres Choses, d'une série d'expériences sur les subs-
tances végétales servant à l'alimentation ordinaire de
timent, de mon intérieur. Quel souvenir que ma première
rencontre chez M. Berthollet à Arcueil , mOn travail journa-
lier à l’ancienneécole Polytechnique , mon admiration toujours
croissante, mes prédictions sur sa future illustration, dont
mes ouvrages d'alors portent l'empreinte: mon espoir que
long-temps mon nom resterait attaché au sien, que de sa
gloire quelque chose réjaillirait sur moi! Toutes ces phases
de la vie se représentent à ma mémoire avec un charme indi-
cible ! Je n'ai besoin de raisonner ni mon admiration ni mon
éternelle reconnaissance. 77 n'y à pas un homme à qui je doive
Plus pour la rectitude de mes études , de mon intelligence, de
MON Caractère moral, qu'à celui dont vous avez fait le bonheur
Par vos nobles qualités du cœur et de l'esprit.
25
386 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
nos cultivateurs, afin de leur apprendre à mieux’ se
nourrir sans augmenter leur dépense. Vous prendriez
plaisir, Messieurs, à suivre le grand chimiste dans
les détails de sa vie rurale, interrogeant les paysans
et les ouvriers, écoutant avec attention leurs réponses
ou leurs observations, s’efforcant de modifier leurs
routinières métbodes de travail, et tout cela dans
notre patois, qu'il parlait fort bien, et qu'il aimait à
parler comme on aime tout ce qui nous rappelle notre
enfance ; et c’est alors qu'il nous a dit ce mot souvent
cité depuis : l est singulier combien j'ai appris de choses
dans mes causeries avec nos paysans. Il avait pour son
pays natal ce vif et profond attachement qu'on sent
plutôt qu’on ne l'explique, et il écrivait, en 1849, à
son parent M. Fargeaud, physicien éminent et ancien
professeur à la Faculté des Sciences de Strasbourg,
qui, né aussi à Saint-Léonard, songeait à s'y retirer :
« Je suis content que tu viennes passer tes vieux jours
aux mêmes lieux oùs’est écoulée ta première jeunesse.
Tu éprouves sans doute le même sentiment que moi :
tout le temps que j'ai passé loin du pays où je suis
né s'est écoulé comme un songe. Le temps de mon
enfance me paraît se perdre dans le passé le plus
Jointain ; et c’est par ces souvenirs confus que je crois
avoir long-temps vécu. Dans un âge avancé ces sou—
venirs sont pleins de charmes. »
C'est à Lussac qu’il composa les premiers chapitres
de sa Philosophie chimique, ouvrage qui aurait été le
résumé de sa vie scientifique : il les a fait brûler
lorsque, sentant les cruelles étreintes de sa dernière
maladie, et cédant aux pressantes sollicitations de sa
famille, il se décida à quitter Lussac, qu'il ne devait
GAY-—LUSSAC. 387
plus revoir : il mourut à Paris, d’une hypertrophie du
cœur, le 9 mai 1850.
Gay-Lussac était d'une hante taille, d’une com-
plexion robuste et d'un maintien habituellement
grave. Au premier abord, il semblait froid, même
sévère; mais la bonté de son caractère reprenait
bientôt le dessus, et rassurait ceux que sa constante
réserve aurait pu embarrasser. Il portait sur son
visage l'empreinte d’une heureuse sérénité . et, sur
son vaste front, celle d'une méditation incessante; ses
traits avaient une noblesse calme; ses yeux, restés
faibles par suite d’une explosion de potassium qui
avait failli le rendre aveugle, laissaient échapper des
regards pénétrants, plutôt voilés que cachés par des
lunettes, et sa bouche, sérieuse et souriante à la fois,
n’exprimait que la bienveillance : de là le charme
égal et le constant accord de sa parole et de sa
physionomie. Bien qu’absorbé, depuis la force de
l'âge, par ses profondes études mathématiques, il
avait soigneusement gardé le goût de la belle latinité,
et le livre qu'il lisait le plus était Virgile. Il avait
besoin d'aimer et d'être aimé; et, trois jours avant
de mourir, il disait à sa digne compagne, qui,
pendant quarante-deux années d’une inaltérable
union , lui avait prodigué tous les soins et toutes les
joies qui s’épanchent des délicatesses de l'esprit et des
plus tendres sympathies du cœur : « Aimons-nous,
aimons-nous jusqu'au dernier moment : la sincérité
des. affections est le seul bonheur ».
Le temps passe, Messieurs, et nous passons avec
lui : iln’a pour nous qu’un rivage. la mort. Heureux
ceux qui vont y aborder après avoir vécu long-temps,
388 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
purement; glorieusemént , ét qui, entourés dé l’admi-
ration générale comme Gay-Lussac, n'ont fait verser
d’autres larmes que celles causées par la douleur de
les avoir perdus!
Gay-Lussac a été membre de l’Institut, membre de
l’Académie royale de Prusse, de la Société royale.de
Londres, de l'Académie impériale de, Russie; des
Sociétés d'Édimbourg, de Turin, de Stockholm ;mpro-
fesseur de chimie à l’école Polytechnique,.de physique
à la Faculté des Sciences de, Paris, de chimie.générale
au Musée d'Histoire naturelle; membre, du Bureau
consultatif des arts et manufactures et du comité, des
poudres et salpêtres; chef du,bureau de garantie à
l'hôtel des monnaies; , député de. .la Haute-Vienne,
pair de France, grand-officier de la Légion-d'Honneur,
commandeur du mérite de Prusse et chevalier de
l'Étoile polaire de Suède. Sa statue doit être érigée sur
une des places publiques de Paris, en face du collége
de France : ce qui prouve, Messieurs, que, de notre
temps, les sciences, loin de former une famille à part,
constituent plutôt une famille universelle; que les
sociétés et, les, académies qui; dans’ tous les pays
veillent à la garde des trésors scientifiques, Sont
animées d’un esprit libéral de confraternité, et que les
populations, aussi bien que les souverains, sentent
que la gloire de l'esprit est la plus précieuse de toutes
et la plus digne d’être élevée.
BARON GAY DE VERNON.
LISTE, DES TRAVAUX, DE GAY-LUSSAC
LE
PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE.
2
‘Nous croyons utile de publier la liste complète des
travaux de Gay-Lussac, parce qu'ils n’ont pas été
réunis en corps d'ouvrage, et que souvent on est
embarrassé pour savoir où les trouver.
Les mémoires précédés ‘d’un astérisque ont été lus à
l'Institut; ceux précédés de deux astérisques ont été
Fas à la Société d’Arcueil.
Les abréviations 4 de C., À. de C. et P., signifient
qu'ils lont été imprimés dans les Annales de Chimie,
danslés Annales de! Chimie et de Physique.’
1e * Recherches sur la dilatation des gaz et des vapeurs
{81 janvier 1802) : À. de C., T. XLIIL.
20! Note'sur les EL mutuelles des Nés métal-
oliques (1803):4: del C., T.'XLIX.
30 * Relation d’ün voyage aérostatique fait par Gay-Lussac et
ER (1er octobre 1804).
Relation d’un voyage aérostatique fait. par. Gay-Lussac
le octobre 1804).
5 “Expériences sur les moyens eudiométriques et sur la
“proportion des principes constituants de l'atmosphère, avec
M. A. de Humboldt (21 janvier 1805) : Journal de Physique,
LMLX,
60 * Observations sur l'intensité et l'inclinaison des forces
magnétiques faites en France, en Suisse, en Italie et en
Allemagne avec M. Alexandre de Humboldt (8 sep-
tembre 1806) : Mémoires de la Société d’ Arcueil , T. Ier.
Te * Essai pour déterminer les variations de température
qu'éprouvent les gaz en changeant de densité, et Consi-
390 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dérations sur leur capacité pour le calorique (15 sep-
tembre 1806) : Mémoires de la Société d'Areubil, T. Ier.
80 ** Sur la vaporisation des corps (26 février 1807) : Mémoires
de la Société d'Arcueil, T. Ier.
96 Mesure des phénomènes capillaires (1807) : Jowrnal de
Physique , T. LXV.
10 ** Mémoire sur la décomposition des sulfures par la
chaleur (11 avril 1807) : Mémoires de la Société d'Arcueil,
T. Jer.
11e ** Note sur la capacité des corps pour la saturation
(12 juin 1807) : Mémoires de la Société d'Arcueil, T. Ier.
(Ses travaux en société de Thénard comprennent quinze
mémoires.)
120 * Nouveau procédé pour obtenir le sodium et le potas-
sium purs (7 mars 1808).
130 * Sur les précautions à prendre pour réussir dans la
préparation des métaux alcalins (2 mai 1808).
14e * Phénomènes que présente le gaz ammoniac avec le métal
de la potasse (16 mai 1808).
15° * Décomposition de l'acide boracique par le potassium;
séparation du bore (20 juin 1808).
16° * Recomposition de l'acide boracique,; histoire du bore
(14 novembre 1808).
170 * Sur le rapport qui existe entre l'oxydation des métaux
et leur capacité de saturation pour lés acides (5 décembre
1808) : Mémoires de la Société d' Arcueil, T. II.
180 * Sur la combinaison des substances gazeuzes les unes
avec les autres (1808) : Mémoires de la Société d'Areueil, T. II.
19° * Recherches sur l'acide fluorique : tentatives pour en
extraire le radical (9 janvier 1809).
200 * Action du potassium sur les sels terreux et alcalins et
sur les sels et oxydes métalliques (23 janvier 1809).
21e * Propriétés comparatives du gaz acide muriatique
oxygéné et de l'acide muriatique (27 fevrier 1809).
290 * Sur la vapeur nitreuse et sur le gaz nitreux considére
comme moyen eudiométrique (1809) : Mémoires de la Sociéle
d'Arcueil, T. II.
PTIT
PETER GAY-LUSSAC. 391
230 * Recherches sur la production d’un amalgame par l'am-
moniaque et les sels ammoniacaux au moyen de la pile vol-
taïque (18 septembre 1809) : À de C., T. LXIII.
240 * Mémoire en réponse aux recherches analytiques de
M. Davy sur la nature du soufre et du phosphore {18 sep-
tembre 1809).
950 * Méthode pour déterminer les proportions des principes
qui constituent les substances végétales et animales, et
application de cette méthode à un grand nombre de ces
substances (15 janvier 1810).
(Ces quatorze mémoires , du no 12 au ne 25, ont été
publiés par leurs auteurs sous le titre de Recherches
physico-chimiques, 2 vol. in-8, Paris, chez Déterville,
(1811.)
26° GAY-LUSsAC et THÉNARD : Observations sur trois mé-
moires de M. Davy (1810) : 4. de C!., T. LXXV.
97% Observations sur l’acétate d'alumine (1810) : À, de C.,
IT, LXXIV.
280 * Mémoire sur la fermentation (3 décembre 1810) : 4. de
CT. LX XVI.
29 Sur l’action mutuelle des oxydes métalliques et des hydro-
Sulfures alcalins (1811) : À. de C.,T. LXX VIII.
30° Note sur la précipitation de l'argent par le cuivre (1811) :
Aude C., T. LXX VIII.
310. ** Mémoires sur les oxydes de fer (3 novembre 1811) :
NA: de CET. LXXX-
32 ** Sur la précipitation des métaux par l'hydrogène sulfuré
: (8 voyembre 1811) : 4. de C., T. LXXX.
330 * Note sur la densité des vapeurs de l’eau, de l'alcool, de
l’éther sulfurique, et sur un appareil fort simple employé
pour déterminer cette densité (25 novembre 1811) : À. de C.,
TLXXX.
340 * Mémoire sur la capacité des gaz pour le calorique
(20 janvier 1812) : 4. de C!., T. LXXXI.
35° Mémoire sur la déliquescence des corps (1812) : À. de C.,
T.-LXXXII.
392 CONGRÈS SCIENTIFIQUE: DE FRANCE,
36° Note sur la-capacité/des fluides élastiques pour lé! nue
(1819) : 4. de C!., T. LXXXINU.
3% Mémoire sur les changements -de couleur que produit 14
chaleur dans les corps colorés (1812) : À. de C., T. LXXXIH.
380 Note,sur,les sulfures sulfurés, les muriates dé mercure
et. les phosphoresalcalins (1818): À. de C, T. LXXXV!
390 * Mémoire sur l’existencerdé l'alcool dans le vin (Her thiars
1813) : 4. de, CT. EXXXNVI, et: Mémoires: d'Areueil,T. III.
400 ** De l'influence de la pression de l'air sur la cristallisation
des sels (octobre 1813) : Mémoires d'Aroueil; T. IH; et'À. dd
(CPR 1 ©0041 ER |
41 * Surunmouvel.acide formé avec la substance découverte
Ge M. Courtois (6 décembre 1813) : 4. de C.,'T! LXXX VII.
420," .Note-sur la combinaison de l'iode avec me LL 1( 20 _
cembre 1813) : À. de C..T. LXXXVIILHIW 41
qui sinMAragiee sus dede Kiet août 1814 }s-Au de Ci) D 'XCI.
* Recherches sur, l'acide prussique: (18 biterané 119):
Fee A De Lai XCV. à AU JU — ,H4471 g, )AP2UI-YAU" CS
45 Lettre, de Gay-Lussac à (M£! Clément: sur l'analyse‘ de
l'alcool et de l’éther sulfurique et sur les pig de Ta
fermentation (1815) : À. de C., T. XCVI.
460 Observations suril'acide urique: (1815). : 14,188 CH'TEKCVÉ
4To Réclamation de Gay-Lussac sur la découverte de acide
chlorique (1815) : À. de C., T. XCW ele
480,0bservations.sur Loxydation de: js og métaux CS )
Aude C. et Pyy Tr levres ob sbuoe e
490 Description. d’un nouveau baromètre portatiE dBe à VA de
Get P., Æ. ler, su ke 2 (0681) sbiwwb suproies sfr
50e, Observations sur les raiebinpiaonst formées par FREE 1e
chlore (1816) : À. de C. et P., T. Ier. Lil
5le Sur,les combinaisons de: He avec Lompeu sx
A.de, Cet P., T. ler; Hd "5
Fe Note sur Hi dilatation des uides (1816) : À. de.lC\ let -R.,
TH, nil 29b wottetousv3i 16q tiwborg bio Lie TOM 207
53e Description d'un pub A propre à indiquer des
marina et, des: winima de- température! (1816): 4alidet C1
(PT JIL t 0
‘24e
GAY-LUSSACL in / 393
540, Description, d'un, eudiomêtré! de Volta! (1816) :- 4: de ©.
etrP.,T. IV.
. 59e Notice sur H, V:Collet-Descotils {1816} : 4/- de ©: et P.,
DAV,
560,.Perfectionnement de la sdtipé à gaz- inflammable ét
appareil pour se procurer instantanément du gaz hydrogène
dans.un laboratoire (1816): 144 1de Cet P:) TV.
fe, * Mémoire Sur/les combinaisons du soufre avec les alcalis
rfS.décembre:1817) ::4. dé Cioet-PI;T: VI.
58 Note sur la salure de l'Océan Atlantique (1817) : 4. de C.
GP. IE: WT.
5%,Supplément.à-la notesur larsalure dela mér asie): “A, de
Ori Pa Ti VI.
604 Note sur la: fixité du degré d'ébullition des liquides (1818) : ke
ATeCuet PE \T:ANIT:
6le Lettre de Gay-Lussac à M. A:de Humboldt sur la! forma-
tion.des muages orageux (1818) + A: dé C: et PT. VIII.
62 GAY-LussAC et WELTER. — Sur un acide nouveau formé
par, le soufre et l'oxygène (1819) : Aide 0: et 'P}, T! X!
63° Analyse, de l'eau de la mer Morte (1819) :: ‘A. dé C''et P.,
OX T.
6doyEssaide l'eau du oétinin : (1849) : À: de'C. et P.; T.'XI.
65;Premier mémoire sur la-dissolubilité / des Dee das l'eau
US19):24. de Pet. Ci, T. XE
660,Gan-LussAG; et NWELTER. — Observations Sur l'essai dés
soudes et des sels de soude du commerce! Kara A. de P. et
0. LT. XIII.
6% Sur le calorique du vide (1820) : A. 4 Cet P., T. XIII.
68° Analyse du, sulfate de NH (1820) #4. de Ci ét P.,
T. XIII.
69:Note sur:les- propriétés qu'ont les matières salines de
rendre les tissus incombustibles ete # de Le FIBRE
TE XVI: [29 49
10° Mémoire sur le froid ot) par re des liquides
(82) sde GC et PT. KXI
la Réflexions sur les volcans (1823) : 4. de P. et C., T. XXII.
120 * GAy-LussAC et LIÉBIG. — Analyse du fulminate d'argent
(1824) : À. de C. et P., T. XXV.
394 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
730, Instruction sur l'essai du chlorure de chaux (1824); 4.,de
CHEB TX X VI.
740 Instruction sur les paratonnerres (1824) :,4, de Gel P.,
T. XXVI.
75° Observations sur quelques sulfures (1825) : À, de Cet P.,
T. XXX.
76° Lettre de Gay-Lussac à M. Longchamp sur la théorie de
la nitrification (1827) : 4. de Cet P., T. XX XIV.
To Sur le carbonate noir de cuivre (1828) : À. de 1C, el P.,
T. XXXWVII. {]
780 Sur le pyrophore (1828): 4. deiC'. et P., T. XXXIX.
79° Essai, des potasses de commerce (1828): 4. de Cet P.,
T. XXXIX.
800 Sur la liqueur fumante de Bogle : (1829) : 4. de Ca el P..
T: XL.
8le Sur l'analyse du borax (1829) : À. de: C'.et P., T. XL,
82e Sur la prise du plâtre (1825) : 4. de C. et P.,T. XL.
83° Sur l'acide phosphorique (1829) : A. de C. et P., T: XL.
8do Sur le-kermès (1829): A.de C. et P., T. XIII.
85 Sur l'absorption de l'oxygènelpar l'argent à une tempé-
rature élevée (1830)-::4: deiC et Pi, T..XLV.
S60o Faits pour servir à lhistoire du bleu de Prusse (1831) :
A. de C. ebtP., THXIENI
870 * Sur l'acide oxalique (1831): 4. de Cet P,,'T; XLNI.
88e Précipitation! des composés dans un dissolyant où ils sont
également solubles (1832) : Aide ©’. et P., T. XLIX.
890 Sur l'ébullition de deux liquides mélangés sans aucune
action l’un sur l’autre (1832) : 4: de C'ebiP., TD: XLIX:
900 Sur le précipité pourpre de Cassius (1832) : 4. de C: et P.,
T. XEIXL
9lo Description d'un thermomètre à air (1833) : À. de C: et P.,
T.LIV.
920 Description d'un appareil pour le mélange des gaz avec les
vapeurs (1833) : 4. de C. et PLIT. LIV.
93% Description d'une lampe à souffler le verre (1833) : 4. de C'.
el P.,Ts DIV.
94e Observations sur l'essai des matières d'argent par la voie
humide (1835) : À. de C. et P,,T. LVIIL
GAY—LUSSAC. 395
95° Nouvelle instruction sur le chloromètre (1835) : 4. de C!.
CPR ENLX.
960 Sur la décomposition du carbonate de chaux au moyen de
la chaleur (1836) : 4. de C. et P., T. LXIII.
97e Séparation du gaz acide carbonique d'avec l’acide sul-
fureux et l'hydrogène sulfuré (1836) : À. de C'. et P., T. LXIII.
980 Nouvelle observation sur l'essai des matières d'argent par
la voie humide (1836) : 4. de C'. et P., T. LXIII.
990 Sur l'origine de la glace qu’on trouve au fond des rivières
(1836) : 4. de C. el P., T. LXIII.
100° Observations sur la décomposition des sulfates métal-
liques par le carbone (1836) : À. de C'. et P., T. LXIII.
1010 Nouvelle simplification de l’eudiomètre de Volta (1837) :
A. de C. et P.,T. LXVI.
102 Moyen simple de faire servir un fourneau ordinaire de
fourneau à moufle (1837) : 4. de C. et P.,T. LXNI.
1030 Observations sur un nouveau procédé de chauffage
importé d'Angleterre (1838) : À. de C. et P., T. LXVII.
104 Considérations sur les forces chimiques (1er mémoire),
(1839) :14. de Cet P., T.ILXX,
105° Discussion de quelques observations de M. Pelouze sur les
mêmes corps considérés à l'état amorphe et à l'état cris-
tallin (1843) : À. de C'. el P., 3e série, T. VII.
106° Observations relatives aux recherches de M. Millon sur
l’action réciproque de l'acide nitrique et des métaux (1843) :
A. de C. el P., 3e série, T. VII.
107% Observations critiques sur la théorie des phénomènes
chimiques de Ja respiration (1844) : À. de OC. et P., 3% gérie,
T. XI.
1080 Sur la solubilité des fluides élastiques (1845) : 4. de C!. et P.,
3e série, T. XIII.
109% Remarques sur la théorie de M. Leplay touchant la
réduction des oxydes métalliques par le charbon (1846) :
Ave C. et P., 3e série, T. XVII.
1100 Essai de l'argent contenant du mercure (1846) : À. de C'.
et P., 3e série, T. XVII. .
111o Mémoire sur l'eau régale (1848; : 4. de ©, el P., 3e strié,
Le: XXII.
91105
ABBÉ TEXIER
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f eq) MO s “otd tulmov li
La Ort de M. l abhé Texier | a foiter ur grand es
dans cette réunion; ;qu'ilavait préparée ,etouildevait-
remplir, les; fonctions. de secrétaire: général opourila
section d’ archéologie. On a:voulu:que som souvenir du'|
moins. fût présent au.Congrès | ainsi.que ses idéesslet’
je me suis, associé ayec empressement: à: cette bonmé )
pensée, .en .acceptant-lespieux devoir de-rètracer-
devant, vous la,vielet sé aga del'é sue collègue
que nous avons.perdus |, srctqlioe 6 IV DAl91
Plusieurs, d’entre vous; Mestiènbes conrrsissstehei
mieux, que, moi Fabbé Texier. J'ai eu trop rarement
l’occasion de le rencontrer soit à Limoges, soit à Paris,
L'ABBÉ TEXIER. 397
et c’est à peine si je pourrais me dire son ami sans
la vive et constante sympathie qui nous unissait,
malgré les distances et la diversité de nos vies; mais
les parents et les amis de jeunesse de M. Texier ont
bien voulu me mettre àmême, par les renseignements
qu'ils m'ont fournis, de m'acquitter moins incomplète-
ment de la tâche que vous m'avez confiée.
Jacques-Rémyÿ-Antoine [Fexiér taquit à Limoges
le 17 janvier 1813. TI commença ses classes au petit
séminaire, et les acheva au lycée comme externe. Ses
parents, sans être riches, purent ainsi suffire seuls aux
frais de son éducation et de celle de ses frères, dont
l’un entra dans le commetee 1 autre dans és) où
il est officier supérieur. Pour, li, sa gravité précoce
au milieu de la dissipation si naturelle aux écoliers,
son air de modestie et sa fervente piété le vouaient
d'avance à l’état ecclésiastique. A la fin de 4831,
Antoine Texier quitta le collége pour le séminaire,
où il fit avec distinction ses études théologiques. Il en
sortit en 1834, et, en attendant l’âge du sacerdoce ,
il voulut bien consacrer son temps à une ne
privée. Clest ainsiiqu'il fat ametñié chez M le Comté de
Sainte-Fortunade; mon loin’ dé: Tulle! LA il habitait ,
nous dit:on., un château #othique dont la bibliothèque
poudreuserc: remfermaitu les eux’: éhroniqueurs É
Villehardouin cet Joinville} Froissard et Philippe de
Comines;) avait -dans son voisiage Obasiné, dec!
ses-Cloîtres.en ruine, son imposante église Kama et’
ce; Spléndide : tarhibebur ‘def Saint Étiénné/Oun des
chefs-d’œuvre de la sculpture du méyen Age: Sous cés
influences se produisit iâturellèment le) peñehänt de
l'abbéTexier:pour L'ärchéolodie:léar, Si 1és /éiréons:
4%
398 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
tances de temps et de lieu ne créent point les aptitudes
ni les mystérieuses inelinations de l'esprit et du cœur,
elles les révèlent, et leur ouvrent la voie.
Bientôt l'abbé Texier, rappelé à Limoges par son
évêque, abordait, à la faveur d'une dispense d'âge,
les saintes fatisues du ministère, et devenait vicaire
du Vigen. Ici encore les circonstances servirent
merveilleusement ses goûts d'étude, et déterminèrent
sa vocation aux travaux archéologiques. I1 se trouva
ainsi attaché au service de l’église autrefois fameuse
de Solignac, tombée au rang de succursale. Sauver,
s’il était possible, de l’abandon et de la ruine l'antique
abbaye de saint Éloi, telle fut la mission qui s'offrit
et s'imposa en quelque sorte à l'abbé Texier. M. le
comte de Montalembert fut son premier confident, et
il encouragea chaudement le jeune vicaire à persé-
vérer dans son généreux dessein. Loin d'estimer que
le goût de l'archéologie fût un défaut ou un danger
chez un prêtre, l'illustre défenseur de l'Église se
disait, à cette occasion, « heureux de voir le clergé
entrer peu à peu dans l'intelligence et l'amour de l’art
aue ses prédécesseurs ont fondé ».
M. de Montalembert savait, en effet, par expé-
rience, que, sans rien négliger des sérieux devoirs de
la vie, les hommes les plus occupés dans la politique,
comme il l'était lui-même, ou dans toute autre Car—
rière libérale, peuvent encore consacrer une part de
leur temps aux travaux historiques, en y trouvant un
vrai délassement, mais grâce auquel l'esprit s'élève
et le talent se mûrit. — Il savait que ces recherches
scientifiques , quand elles se portent sur l’archéolog'ie
chrétienne, sont particulièrement saines et édifiantes
L'ABBÉ TEXIER. 399
pour les prêtres, dont elles raffermissent la vocation
etretrempent le courage, en leur mettant sans cesse 1
sous les yeux l’âge héroïque du christianisme.
Peu de temps après, sur la proposition de MM. de
Montalembert et Didron, ‘accueillie à l'unanimité,
l'abbé Texier fut nommé!correspondant du Comité des
arts et monuments. Les bulletins publiés par l’ordre
de M. le ministre de l'instruction publique prouvent,
dès les premières pages, qu'il prit une part active et
distinguée aux enquêtesouvertes par ce Comité sur nos
monuments de toutes sortes. Il lui soumit notamment
un important mémoire sur lé Bon-Mariage. Peu d’entre
vous, Messieurs, ignorent aujourd'hui ce que c’est
que ce touchant et curiéux monument. Alors, en
1839, tout le monde le croyait détruit, êt plusieurs
savants en avaient publiquement déploré la perte.
L'abbé Texier retrouva, dans les vastes bâtiments de
l’ancienne! abbaye de Saint-Martin, convertie en un
pensionnat de demoiselles, “deux statues du plns
beau travail, couchées'sur la même dalle. Au geste
des figures, dont l’une, qui est incontestablément
une femme, se présente de profil par extraordinaire,
etsemble vraiment se reculér sur sa couche mor-
tuaire ‘pour faire place à l’autre, à la nature du
monument, car l'honneur des statues tamulaires
était rarement accordé à de simples particuliers, et
celles de l’abbaye Saint-Martin n’offrent aucun in-
sione de dignités séculières ni ecclésiastiques : à
ces indices, M. l'abbé Texier reconnut et fit reconnaître
à tous le Bon-Mariage.
‘Effectivement, d’après la légende, deux jeunes
époux se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle.
400 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
La femme tomba malade à Limoges, et y mourut.
Privé de sa compagne, le mari n’en. continua ‘pas
moins sa Course solitaire , et, après l’accomplissement
de son vœu, il revint moarir de douleur au Heu où
il l'avait perdue. Lorsqu'on voulut l’inhumer, dans la
tombe de celle qui lui avait été unie.dans la vie,;,elle
se retourna comme pour lui faire place,
Le fait, dont la date précise, n'est pas bien connue,
fut consacré par un monument. vers la fin du
xire siècle , ‘et, comme on l'honora par la suite d’une
sorte dé ete populaire, dans la reconstruction, de
l'abbaye, qui eut lieu en 1650, les moines prirent
soin de transporter les osSemnents et. le tombeau des
déux époux sous une arcade creusée à l'entrée de la
nouvélle église, et on grava uue longue inscription
en ji copiée, en 1771 , par] l’abbé Nadaud,
astaqie, néfaste où l'abbaye de Saint-Martin.
devint une propriété nationale, la pierre du, Bon-Ma-
riage, renversée et retournée, servit à couvrir le regard
d’un aquéduc. Dégagée par hasard, elle était vouée à
l'obscurité ét à une prompte destruction : la science
sagace de labbé Texier rendit au monument..une
partie de son ancienne célébrité. La, communication!
adressée au comité des arts obtint un grand succès,
puisqu ‘on Y vit, disait M. de. Montalembert ;..une
véritable résurrection. Elle devint. ensuite. l'objet:
d’une brochure tirée à peu d’exemplaires,, et fut enfin
reproduite presque intégralement , avec le dessin qui:
l’accompagnait, par un recueil Diane le Magasin
- pittoresque |
Je mé suis étendu plus qu'il ne fallait neutsétsé sur
cette première production de l'abbé Texier... moins
L'ABBÉ TEXIER. 401
considérable , mais non moins intéressante que celles
quill’ont suivie. C’est qu'elle me fournit pu oCcasion de
rappeler à la Société Archéologique du Limousin
qü’un des projets favoris de notre savant. collègue
attend encore sa réalisation. — L'abbé, Texier -de-
mandait que 18 Bon- Mariage fût “transporté, dans la
cathédrale de Limoges , où il est digne à tant de titres
d'obtenir un asile. — Faisons en sorte | Messieurs,
que ce souhait $ 'accomplisse prochainement, et. nous
réndrons ainsi un pieux “hommage. au ‘confrère dont
nous réprettons la mort prématurée, ë
MNAñS il ne faut pas, ‘malgré l'auditoire .qui Eau
coûte, qil'en M. Texier îe savant me fasse , oublier, lei,
prêtre. Notié collègue avait été PORTE fe. larçure.
d'AACE patrie pris ri e qu'il, h 1bita, cinq
ans, etot il afTaissé 1 ies Meilleurs s souvenirs. On. rap
peste nié pou” se’ mettre à la portée, des, bons
paysans qi assistaient régulièrement à. ses sermons
sans les totnpréndre ‘ilne dédaigna } pas, | de précher
en patois, Tangue informe et RoaRaE mais la seule
quiféüif connue des déticuttenrs du Limousin, L'abbé
Téxier n’est pas le seul ecclésiastique qui ait, essa YÉ.,
dévebtte innovation ; | Mas, ‘de la part d’un! homme,
déjatrès-lettré, que éharmiaient toutes des délicatesses
dustyle, elle tétnoïäme d un grand à amour du bien. et.
d'une réelle ‘abnégation. EX | EX SN NT
1D8S ‘les premiers! +erips de son HS “Aurine,
l'abbé Texier avait fait parattr ître, Loge le Sixième
vôltime! du Bulletin mohumental, Hs par M. de
Caumont, une courte notice sur les émaux. Ce travail,
séteRHretHetit dcetu , ‘rate germe. de l'Essai sur. les
émüilleurs ‘et ‘les able de Limoges. Mis d'abord en
26
{101
402 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
lecture à la Société des Antiquaires de l'Ouest, il
parut, en 4843, concurremment avec l'intéressant
mémoire de M. Maurice, Ardant sur les émailleurs.
Les deux ouvrages, tout à fait indépendants Pun
de l'autre, s'accordaient. à réclamer, la: ,prompte
création d’un musée destiné à conserver au Limousin
quelques échantillons de.ces, œuvres de Limoges que
toutes les collections d'objets d’art:,. publiques set
privées, se disputent, avec furie,, Heureusement,
Messieurs, ce double vœu fut ,acçueill. —;{Mais
revenons à l'ouvrage de. M.Texier. C'est le.premier
livre, digne de ce nom. par son étendue, qui ait.êté
consacré à une branche importante de l'art français.
Les émaux limousins y étaient. pour, la première. fois
étudiés méthodiquement,.et classés par .genres.et par
époques. Les trois âges de, la peinture. en émail, celui
des simples inscrustations plus ou moins byzantines:;
jusqu’à la fin du x sièeleret un peu au-delà,, ceux
de la peinture d’apprêt en, émail , x1v‘,et,xv: siècles,
et de la peinture en émail sur émail eru., depuis.la
fin du xv° siècle jusqu'au ,xviut, furent, désormais
distingués nettementpar tous les antiquaires. Le livre
de M. Texier fit autorité sur (la matière. on peut;le
dire. Il fut cité partout avec. éloges, et.servit de. point
de départ à la plupart desouvrages pee os sur
le même sujet,
Entre la peinture en émail et e Ja ee sur verre
il existe de frappantes. analogies..et, une: similitude
presque, continuelle de. méthode ,et : de, procédés.
Pendant la première période, des deux côtés, ce sont
des mosaïques en matières vitreuses,: fixées entre des
filets de métal, mais à froid pour les verrières, et par
L'ABBÉ TEXIER:. 403
la fusion pour les émaux: — Plus tard, au x1v° siècle,
c'est au moment où l'émail était étendu par le pinceau
sur toute la surface du cuivre que les vitraux
présentent aussi de véritables tableaux peints superfi-
ciellément sur le verre.’ Indiqué déjà dans la notice
du Bulletin monumental, ce curieux parallélisme fut
développé soisneusement dans le livre de M. Texier.
Mais, dans l'intervalle, M. du Sommerard , adoptant
les! remarques dé M. Texier, avait proposé d'en
cofiélure qué la 'peititure sur ‘vérre ‘était née en
Limousin de la peinture en émail. L'abbé Texier
abonda dans ce système, let dans la suite il lui
consacra tout un autre ouvrage, publié en 1847.
Mais ici nofre ami, güide si sûr d'ordinaire, nous
égarerait par excès de patriotisme. Nous n'avons
pas mandat de le louer quand même et toujours.
Pérmettez-moi donc, Messieurs, de rejetér en votre
nom uné prétention si flatteuse pour tiotre amour-
propré provincial, Mais qui paraît vraiment! trop
mal! fondée’ dans l'état” actuel ‘dés! Connaissances
maux ‘d'ornement, plus anciens” que les autrés,
Sontiantérieurs au tir! sivèlé | nous savons!'erl! même
temps qu’ils Sont d'orisinié barbare | ét nôn romaine où
gauloise. Rien n'indique qu'ils aient été particulière-
ment cultivés ‘à Limoges! De mêmé! les ‘premières
Verrières à personnages dônt on parle sé trouvent
én Bourgogne ou en Chärnpagne vers lé commence-
ment du x* siècle , et, à cette date, il n’est nullement
certain qu’on fit à Limoges des émaux historiés, et
surtout qu'on n’en fit pas ailleurs.
au à,
404 CONGRÈS SOTENTIFIQUE DE FRANCE.
Le: principal mérite de l'Histoire de la peinture sur
verre en Limousin sera d’avoir donné une excellente et
complète statistique des vitraux de trois départements.
Lesverrières incolores queM:Téxier à découvertes dans
les abbayes cistérciennes de Bonlieu et d'Obasine sont
des ‘plus anciennes ‘que loi éonnaisse, et, grâce aux
dessins qu’il en à publiés, nos Le ni contémporink
les imitent déjà: ES bu
‘Pendant/les annnées 1843 et 1844, M' l'abbé Texier,
transféré à Saint-Bonnet=1a-Maïché près de Bellac,
continua à montrer quechez le savant y avait
toutes les'qualités qui font le ‘bon curé de câmpagne.
Un ‘incident de! sa vie privée à cétte époqué mérite
d'être signalé. Parmi les paroissiens de Sainit-Botinet
se trouvait M. le eomtelde Montbron.. “Entré le
châtelain ‘et le ‘euré il établit promptement des
relations intimes, qui s’étendirent bientôt à touté la
famille de Montbron , ét'qui n’ont jamais été altérées
ni refroidies. Les causéries furent! d’abord scienti-
fiques. M: de Montbron vous le savez, Messieurs,
était un homme très-distingué à beaucoup déititres,
très-versé dans les arts ‘mais admirafeut | exclusif dé
l'antiquité païenne , et ses croyances religieuses s’en
ressentaient. M} Texiér soutenait contrée ui, dans
d’incessantes Conversations; la causé della civilisation
chrétienne même: au pointidellvue dé l'art 'ét/des
lettres: En: vous! racontant ‘depuis avec tant/!dé
charme: et! del talent} dans ‘une des Fséanees dé à
Société Archéologique de Limoges, la vie.si agitéeet
si studieuse deM: dé Montbrôn ;il:ne-vous à ‘point
dit, —:sa modestie le lui défendait , = quel succès
il obtint dans ces controverses, que l'esprit doux: et
: L'ABBÉ , TEXIER- 405
fin du jeune curé rendait agréables au: solitaire de
Montagrier. Les amis de M. Texier peuvent affirmer
aujourd’hui qu'il parvenait peu.à peu. à faire partager
à,son. noble interlocuteur/ses, préférences, déclarées
pour tout.ce, qui tenait an moyen. âge, :-
- IL n'est pas sans danger pour la -foi,de reconnaître
qu’en toutes choses la. décadence. a coïncidé avec
l'avènement du christianisme, et qu'il my a de
renaissance; c'est le mot.consacré, qu'au xwi° siècle,
après un retour complet aux.types grecs et romains:
Aussi, Messieurs, serions-nous de,ceux qui-pensent
queJ’archéologie de l'abbé Texier, <ontribua-à rendre
si édifiants les derniers. moments de M: de Montbron.
L'infiluence.des' doctrines artistiques sur les-doctrines
religieuses, influence bien,naturelle après-tout, est
rarement, aussi, AETePRRNE Cette; fois elle! fut, sit bn;
éyidente. Strroïc ibnstô'e 00 .egcritnt et
ÆnA84é, Me, Rare devint évêques de: snéses
SANS, S'OCCHPEE. lui-même d'avchéologie] il aimait qu’on
s'en,occupât..Il,crut pouvoir utiliser les connaissances
artistiques de l'abbé Texier, ;et l’appela:dans la ville
épiscopale pour organiser Ja maîtrise, mommée plus
tard école de Saint-Martial..C’est notre confrère qui.a
assumé;la charge de.ses laborieux débuts. -Avec des
ressources. tout à fait insuffisantes, et -qui.eussent
découragé un autre homme;moins ami de cette œuvre,
il lui, a fallu. créer. le matériel. de. l'établissement,
LT le noyau. des élèves. sans-aucuné bourse: à sa
disposition, .et retrouver. la vraie tradition:du chant
ecclésiastique. IL a su vaincre toutes ces difficultés le et
la maîtrise, tout en conservant.son caractère primitif,
a pu prendre des développements inattendus.
406 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
En 1847, M. Texier, revêtu depuis deux ans du titre
de chanoine honoraire, fut désigné par son évêque
pour remplir les fonctions de directeur du petit
séminaire du Dorat. 11 les accepta à contre-cœur,
après toutes les résistances possibles, et sur l'ordre
impérieux de M4 Buissas, Il y a trois petits séminaires
dans le diocèse de Limoges : celui du Dorat, tout au
moins, était dans une situation peu prospère. Aux
embarras nombreux, aux constantes préoccupations
qui assiég'ent tout directeur d’un établissement d’ins-
truction publique, devaient $'ajouter infailliblement
des difficultés financières, car la! maison du Dorat
était dès lors grevée d’une dette de 60,000 :fr.'Dans
cette situation ; c'était au supérieur à mettre /'son
budget en équilibre, et à se procurer de l'argent
comme il pourrait par son crédit personnel, sauf à
solliciter ensuite les secours incertains de l'évêché.
La place était donc peu enviable, et d’autres auraient
hésité, comme M. Texier, à la prendre. Néanmoins,
malgré la révolution redoutable de 1848: et! les
mauvaises années qui la suivirent , il s'attacha déplus
en plus à la maison du Dorat par le bien qu'il y faisait
et par celui qu’il espérait y faire. 1]
Il n’est pas de notre compétence . d'examiner en
détail comment l'abbé Texiér gouverna le séminaire
du Dorat, et quéllé part il prit à l'enseignement par
ses conférences religieuses. Attachons-nous seulement
dans son administration ä°ce qui intéresse l'archéo-
log'ie.
Quelques prélats, parmi lesquels il faut citer en
première ligne S. Em. le cardinal archevêque ‘de
Bordeaux , n'avaient pas dédaigné d'écrire eux-mêmes
L'ABBÉ) TEXIER. : 407
sur. les antiquités chrétiennes. D'autres, :en plus
grand nombre, avaient organisé-dans leurstgrands
séminaires unenseignement régulier de l’archéologie.
Les prêtres en effet, .sont| les gardiens naturels de
leurs églises., Quand-elles sont abandonnées à des
actes de: vandalisme, c’est presque toujours que les
curés, les,.ont Commis, -ou qu'ils les, ont, laissé
commettre, pouvant, les empêcher. Il1est donc utile
que:tous les membres duclergé apprennent de bonne
heure à distinguer le bien du mal en matière d’art.
M. Texier fit: un pas: de:plus dans la même voie. A
l'exemple de,M:; l'abbé: Canéto,,; supérieur du petit
séminaire d'Auch, il: crut: pouvoir donner les pre-
mières notions .de sa chère-archéolog'ie, à,.des jeunes
gens: parmi lesquels. devait se recruterle clergé, et
qui tous avaient. intérêt à.s’instruire le plus possible,
n'importe par quels procédés. Ces lecons supplémen-
taires ne pouvaient avoir, d’inconvénients aux. yeux
de M: Texier, puisqu'il les, faisait’ aux heures de
récréation, ! et seulement! pour les élèves des classes
supérieures. qui | l'avaient. demandé. Dès lors elles
avaieut pour luild’avantage de faire aimer la religion
et la France par leurs œuvres artistiques, en donnant,
pour ainsi dire, un corps à l'histoire:
‘On à conservé les programmes de ces leçons fami-
lières d'archéologie. Par l’ordre, par la méthode, par
d'intérêt des sujets et l'enchaînement des idées, ils
seraient dignes d'être adoptés pour des chaires plus
autorisées et plus retentissantes.
Imdépendamment, des dessins et:des gravures dont
l’abbé, Texier se servait.pour rendre son enseignement
archéologique plus clair.et plus amusant, les élèves
408 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
du Dorat avaient constamment sous les yeux un des
types les plus parfaits, le plus parfait peut-être, de.
l'architecture romane du Limotsin, l’ancienne collé-
giale de Saint-Israël. A l'imitation des albums de
Juilly, dé-La Sauve et de Sorèze, on en fit le sujet
d'une charmante ‘publication, gravée par M. Gau-
cherel, et destinéeà conserver dans dé jeunes intel-
ligences, des:souvenirs/trop#0t et trop vite effacés:
Les, Annales archéologiques ont reproduit, tome XII,
deux de ces-gravuresavec! quelques pages intéres-
- santes où M Texier décrit l'église-du Dorat, et expose
le plan d’uneihistoire: je ie dé son série, qu'il
projetait alorgo 29207 49419191 rot, &9k:8
En 4850, les: Série pes Ja plotiiée de Bourges
rer convoqués enéoncilé à Clérmont par teur
métropolitaine Llâbbé »Mexier! eut l'honneur d’ y
accompagner Mar: Buissas en qualité "de théologien.
Son, instruction! solide, 11fäcilité bién connue avec
laquelle il écrivaitiet'parlait, 16 désiénaient d'avance
pour cette mission. Nommé-secrétaire de la déuxième
congrégation, chargée ‘de préparer les décrets Sur le
dogme et.sur les étudés ecclésiastiques ; il dut rédiger
et lire en séance générale-un rapport étendu sur les
erreurs de notre:temps.:«Ce fat un jour de triomphe
pour:lui et deigloire pourle diocèse » } a dit un dé ses
collègues au concile.
Les hommes les. plus -versés/dans la Tang'ue de
l'Église admirèrent: labpiécision ét 1à ‘purété ‘dé son
style. Tous.les évêques lu témbignèrent en particulier
leur satisfaction ,-et, 16 Hidertpirés une légère in-
disposition l'ayant réténu dans sa cellule, le véné-
rablé cardinal de Bourges voulut venir y visiter.
.. L'ABBÉ TEXIER.- 109
C'est, en 1851. que, M; Texier-publia: son : Manuel
d'épigr aphie, suivi..du Recueil des\énscriptions : du
Limousin. I1 parut d’abord.icommerler Traité sur les
émailleurs ; dans les mémoires de la: Société des Anti-
queires. del Ouest, et futensuiteitiré à part sous la forme
d'un grand in-8 .de 400 pages-et: de«28 planches: litho-
graphiées ou gravées, Cen'était passeulement, “comiie
son titre pourrait le faire supposer, unimanuel destiné
à vulgariser des règles déjacétablies et'acceptées: Les
bénédictins,,.. en créant [las-sciencer paléographique,
avaient .dù adopter des classifications: divérses comme
lorig gine géographique.deileurs-manuserits | variées
comme les formes capricieuses mises enlusagé par
les scribes de tons les âges etbide tous lés “paÿs.
M. Texier considère que ;-pourdesänscriptions motu-
mentales, ] la dureté, de laspietre oùidui marbré;° ainsi"
que, la nature de Finstrument-qui trace lés léttres;
commandaient, dans leur forme: une simplicité seat:
Il propose, €n conséquence; de ramener! à (quatre
divisions principales :tous des, genres d'écriture Tapi=
daire qui ont.eu, cours,en, France depuis lesicontçuêtes ”
de J ules-César j jusqu'à nosijours:-lé romain, jusqu'a
vir° siècle et depuis la renaissanter: teroman jusqu'à
la fin de-xrr siècle; desg'othique-arrondi, de! 1200 à)
1360. , et le, gothique, carré, de cette dernière! date” à
1540. 1] L J391
Comme Recueil, des, inscriplions -duLimousin;, le livre
de M Texier a,le mérite d'avoir devancé les ouvrages
analogues que, Je. Gouvernement a:résolw depuis de’
consacrer. à toutes. les. inscriptions romaines, et
à toutes les inscriptions, gothiques qui: existent en
France. H est permis de, douter que: ces grandes
#10 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
publications ;: produit d’un-'travail. collectif, inégal
comme le zèle-des diverscorrespondants du ministère;
soient aussi complètes, aussirexactes et aussi riches
en notes explicatives que Celle de Pabbé Texier : elles
ne sauraient, l'être davantage. L'auteur: n'oublie:et-ne
néglige rien: Il donné àla, foisles inscriptions exis-
tantes; et souvent en fac-simile pour les plus: impor
tantes; celles: que des ouvrages imprimés ont répro-
duites; enfin celles dontuides manuscrits séüls/1ont
conservé.le souvenir, Ikaïrrive ainsi à un total de-près
de trois: cents: inscriptions pour une seule province;
composée, il est vrai, dertrois départements: Nous
avons parlé: de la richesse desrnotes. Disons, pour: en
donner idée, que, à propos d’une châsse -émaillée
de Grandmont;; faite par le: frère Réginald ,-et:conte-
nantdesreliques données par un archevêque de Cologne
et'un abbé de-Siburg, M. Texier publie pour: da-pre-
mière fois lecurieux voyage:en Allemagne:de quelques
moines limousins en 4184: On à remarqué , au-de]à.du
Rhin, cerécit naïf et touchant, où respire la foi la plus
vive au culte! des reliques et aux échanges de prières
entre les monastères. On!iserait-:même, tenté! den
tirer de graves conséquences sur: l'origine: des
émaux/de Limoges; mais évitons lés digressions :nous
avons assez à faire dé résumer les travaux de l'abbé
Texier sans nous occuper deteux de ses éme! 111
L'art des émailleurs touche par plusieurs côtés: à
celui des orfèvres, et: né“saurait étrerétudié isolé+
ment. Aussi M: Texier, dans son Essai sur les-émaur
limousins, avait-il déjà faitlune part, aux simples
argentiers. Cette part, successivement grossie avec le
temps, est devenue ‘un: Dictionnaire, complet de
L’ABBÉ TEXIER: ati
l'orfèvrerie religieuse. Dans ce vaste cadre, l'auteur a
réuni aux plus savantes considérations sur le passé
et l'avenir de l’orfèvrerie la description particulière
d'une foule d'objets d'art.°Tantôt il expose la théorie
des anciens :argentiers, et analyse, entre autres
documents ; l’étonnante encyclopédie artistique de
Théophile, dont il fixe la-date et°la provenance;
tantôt: il raconte, :sur-la-foi des) chroniqueurs, les
merveilles réalisées par saint Éloi -par Tutilo, par ces
artistes |des ‘premiers ‘siècles! dont la: ‘renommée
surpasse encore-toutes les autres}; quoique leurs chefs-
d'œuvre soient sperdus sans exception. Puis; pour
joindre l'exemple au précepte:, il fait connaître, par
sonitexte et-par ses dessins,:non pastout ce qui reste
d'anciens. vases :sdcrés ou‘de reliquaires)— l’inven-
taire! n’en est pas fini; surtout en) Allemagne ;1 =
mais tout cequ'il connaît lui-même. Aussi, Messieurs,
le: Limousin tient-il dans:le, Dictionnuire d’orfèvrerie
une prande place, qu'il mérite! à beaucoupid'égards:
Le diocèse de Limoges n’a plus de trésors'comparablés
&'ceux dont s'énorgueillissent, dans la Germanie ;
Aix-la-Chapelle, Essen ,-Hildesheïm et Hanovre ; mais
leltrésor de Grandmont n’est pas détruit,:il est seule-
ment dispersé: L'abbé Texier l'a reconstitué àvec une
persévérance admirable; en-recherchant dans les plus
humbles paroisses tous les/reliquaires: citésiet décrits
dans là répartition ‘officielle’ des dépouilles! de l’äb-
baye, ‘qui suivit, en:47891 et, 1790,;;:sa ‘honteuse
suppression; opérée, vous lei’savez, en pleine
monarchie ,: pour enrichir encore le riche évêéché:de
Limoges. A ce: premier fonds, : déjà considérable,
M. Texier a ajouté les œuvres d’anciènne orfèvrerie
ME CONGRÈS SCIENMIFIQUE / DE FRANCE.
que d’autres églises limousines possédaient en certain
nombre, et surtout celles qui se révèlent dans:les
Ostensions. pour. les, pèlerins: qui; à: l'exemple de
M. Texier, prennent, note du eu HDIÈR avoir
vénéré la relique. :csdmot wb : tdeticrl
En appelant, ainsi l attention sur 16 unie des
vieux orfèvres Jimousins,! l'abbé : Texier avaitiile
double , but...de. glorifier le! passé tetd'influencer
l'avenir. Aucun..des habitants. de Limoges m'ighore;
Messieurs, comment, il. s'efforçait en toute occasion ide:
faire servir. l'exemple «des, émailleur$s à/ développer
chez les peintres. sur porcelaine, qui léuront succédé,
la pureté, du goût. et.l'esprit lartistiques-Il espérait
de, même.-que par, la-@onnaissanceé-approfondie de
l'orfèvrerie ancienne; /lorfèvreniesreligieuse conter
poraine se, régénèrerait, [sinon dans les) provinces y-du
moins à Paris,;-où elle-paraît 1définitivément concen=
trée. Tout porte à croire quel cettérespéranée me ‘sera
pas, trompée; -et. déjà: on, pourrait! citer telles pièces
d'orfèvrerie,, à.jamais enfonies/dans 1es sacristiest des
Billanges \etide Saint-Sulpice-les-Feuilles)cddnt®les
artistes parisiens s'inspirentiouvertement. "1 1
Cette, tendance..de l'abbé, Texier ani ‘prosélytisme:
artistique. est surtout visible dans les mémoires qu'il
publiait dans les Annales anchéologiques ; dirigées par
M. Didron : de A846:à:4857, il n’arpas donné) à te
recueil, plus connu! jercrôis , dans Certaines villes
d'Allemagne ou d'Angleterrerqu'il ne l’est'à Limoges,
moins de dix-sept articles, aussi remarquables par la
forme que-par, le-fond. Tout-ce: qui, dans les monu-
ments de sa province natale, intéresse lerplus Fhistoire
générale de l'art, M.-Texier lechoïisit avec unerrare
L'ABBÉ TEXIER. | 413
sagacité,: et le passe en revue dans “1és/ Annales
archéologiques. C’est ainsi que, pour réhabiliter la
sculpture du xrrr' :sièclé entreprise ‘difficile certes,
mais: quiyne sera pas ‘abandonnée! "il publia les
admirables bas-reliefs du tombeau, ôu;'pour mieux
direzscde::tla:, ehâsse ‘énlfpierre “‘d’Obasine, aussi
parfaits. peut-être pour! les drapéries qué les frises
grecqués le sont pour! lé nuls aüs$t lärbemént, aussi
simplement-compokés, avéé sh He genré/de béanté,
plusigrêle ymais plus chastélet-pluë intelligente.
104ülleurs)M. Texier aidé de ‘sn! häbile!et! dévoué
coNaborateur: M! :Gauchésél}1metules”léavaliérs de
l'Apocalyjse,tels-qu'ils sont &ctflptés au tombeau de
Jéan dev Lamgheaczieñtcresard du même Sujet
interprété par :les "gravures! d'Albert Durer,' par les
fresques de Çornélius, et: il. fait ressértir toute la
supériorité du basrelief limousin ; si chrétien’ eñcore
par-l’esprit, malgré sa date dé! W5At. "T0. 91
Mais cé serait abuserde! vos moments que de'vous
énumérer tous-Tes services réndus par l'abbé Texier
àld'archéologie, tant dans les “Antidles archéologiques où
dans les Bulletins idu Comité ‘des arts ‘ét dë 14 Société
pour d'étude:et lurconservation des monuments, que’ dans
d'autres publicationsqui vous sont mieux tontiies, ét
notamment dans iles Mémoires dela Société Archéo=
logiquer1de 2limoges. , Méhtionnoïis eepéñidant la
réédition dui-Draité Lde -iJear( Bandel, thänoine/ dé
Limoges] sue-là dévotion tassaint Martial M; Texier
a doublé Ma longueur-descet6püuseule; très-intéres-
santopar-lui-même y ja vec ides nôtes excellentes, où se
faitrremarquer une: restitution complète ide Fabbaye
de Saint-Martial:- sil malheureusement détruite dans
VA CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
la révolution: C’est lé dernier ouvrage qu'ait publié
M. Texier: Le temps lui à manqué pour ceux qu'il
projetait encore, tels qu'une Histoire généralé du
diocèse de ‘Limoges ;' et un grand Traité sur le
symbolisme dans l'art chrétien, auquel il travaitiait
dès lle témps de sa jeunesse.
Achevons 4 biographie de l'abbé Texier. — En
1857, M: Desprez, aujourd’hui ‘archévêque de
Toulouse ; fut transféré de l'évêché de La Réunion à
celui dé Limoges. L'anhée suivante ;‘après là brillante
exposition où M. Téxier avait été appelé à remplir,
conjointement aveé M. l'abbé Arbellot et M. Maurice
Ardant, le rôle de commissaire et dé juge pour les
beaux-arts qui lui! convenait si bien, le’ nouveau
prélat juge} dans sa sollicitude épiscopalé, qu'un
autre ‘supérieur, moins préoccupé dé science spécu-
lative, pourrait rendre plus de sérvices au Dofat. Au
moment de la rentrée des classes, l'abbé Texier fut
donc relevé de'ses fonctions, au grand régrét dé la
ville éntièré ;'et pourvu d'une pension de 4,200 fr, en
attendant qu’une ‘position convenable sé présentât
pour lui. 1 était alors tout à fait sans fortune, car
son modique patrimoine ävait été employé acheter
et à publier desilivrés, sans parler des actes de libé-
ralité qu'il ne s’est jamais interdits, mème lorsque
son traitement de curé d’ Auriac Ii avt à peine de
quoi vivre.
L'abbé Texier n’était pas de ces hommes qui se
laissent abattre par la discrâce. Malgré l’amertume de
sa situation nouvélle, malgré l’état de sa santé depuis
longtemps altérée, il n'était ni las ni découragé.
Dominé par ‘une passion généreuse, fortifié par la
: L'ABBÉ TEXI{ER,- 445
conviction qu’il servait utilement une grande et bonne
çause il n'avait jamais travaillé en vue des récom-
penses; — et d’ailleurs la,plus précieuse de toutes pour
un esprit élevé comme le sien lui avait.été largement
accordée ,puisque ses écrits étaient lusiet appréciés
partout où l’art chrétien etlés sciences. historiques
comptent des représentants. — «EL: serremit à l'œuvre
ayec une ardeur admirable. |
+ Un,curé de Teyjac,, paroisse. ignorée, de. Pancien
dite de,; Limoges, qui appartient. maintenant au
département de la Dordogne, l'abbé Nadaud, ‘avait
laissé un Pouillé ou statistique religieuse, du.diocèse,
énorme.manuscrit in-f, mal digéré et d'un mauvais
style; mais vraiment précieux, pour ; notre, histoire
ecclésiastique. C'est le fruitd'un trayail de. ‘bénédictin,
c'estrà-dire, prodigieusement désintéressé. et patient,
c'est, le produit.d'immenses, recherches faites. dans des
archives.que,la révolution devait bientôt disperser. ou
détruire... M. Texier entreprit: de‘publier, cet.ouvrage
en complétant, toutes.ses lacunes historiques, et.archéo-
logiques, et en,lui. donnant la, forme ‘d’un diction-
paire alphabétique. employée: souvent denos jours, ce
qui,en facilitait la lecture, et permettait d'yintercaler
des résumés partiels d’un grand-secours!,
mAussitôt.que ce plan: vous a été exposé TP
vous, l'avez; adopté avec.enthousiasme , et, -Sans avoir
de fonds disponibles, la Société Archéologique : du
Limousin, a, voté l'impression immédiate du Pouillé de
* Nadaud. Déjà les-premières feuilles.ont. été: tirées siet
l'article Agriculture; .qui inaugure/la collaboration de
M: Texier, montre combien son; œuvre sera difficile à
continuer.;Ces quelques.pages,.les dernières, hélas!
416 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qui soient sorties de sa plume, disent éloquemment
quel rôle capital les ordres religieux peuvent revendi-
quer dans le renouvellement de l’agriculture au moyen
âge. M. Texier seul pouvait animer et rehausser
ainsi le Pouillé de Nadaud; lui seul aussi peut-être
pouvait s'y reconnaître, et décider ce qu'il fallait
‘ajouter d’une. part et élaguer de l’autre. Espérons
néanmoins, Messieurs, qu'il se trouvera parmi vous
quelque érudit assez dévoué pour accepter sa suc—
cession.
Nous sommes arrivés, Messieurs, au terme de cette
vie si pure et si bien remplie. L’abbé Texier ne s'était
pas contenté de travailler de tout son pouvoir à
l'étude ‘et à la conservation des monuments. Pour
“contribuer plus directement à faire revivre l’art du
moyen âge, il s'était souvenu que, à cette époque
mémorable, le clergé trouvait dans son sein des
‘architectes pour bâtir ses églises, des peintres, des
sculpteurs et des orfèvres pour les décorer. Seul il
avait appris à dessiner, seul il s'était rendu capable
de devenir l'architecte officieux de plusieurs monu-
ments sacrés. Déjà il avait élevé à Villefavard une
église noble et simple dans le style du xrrre siècle, et à
Chauffailles une charmante chapelle. L'abbé Cousse-
dière, un de ses vieux amis et de ses admirateurs,
l'invita à venir présider sur les lieux, à Bourganeuf,
à la reconstruction d’une chapelle de pèlerinage,
célèbre sous le vocable de Notre-Dame-du-Puy. I
accourut plein de zèle ; mais à peine avait-il pris la
direction de ces importants travaux qu'une fièvre
cérébrale , éclatant tout à coup, vint s'ajouter à ses
autres maux, et fit de rapides progrès. Quand un
L'ABBÉ TEXIER. IT
arrêt de mort fut prononcé sur lui, il le reçut avec
une entière résignation,, et. ne témoigna même aucun
regret, de laisser inachevés tant, d'ouvrages qu'il
aimait. Il édifia les assistants par son courage, par
ses pieuses exhortations,. par les ‘souvenirs -qu’il
léguait tour à four à ses parents et.à ses amis. Sa
foi, comme Sa raison, .ne,;Chancela jamais jusqu’à
sa mort.
Ainsi mourut, le 29 mai, à l'âge Fe gnarante-six
ans, ce simple DÉS qui faisait honneur au clergé de
France: ainsi nous fut.enlevé, Messieurs, ce confrère
modeste et bon, qui, daps, ke monde: irritable des
antiquaires, n’a jamais perdu. un ami. Il n’a qu’une
Croix de bois pour monument, funéraire ; mais, quand
la chapelle qu'il construisait. à Bourganeuf sera ter-
-minée , son Corps, doit y,.être., transporté. Comme
-ces artistes du moyen. âge dont. il recherchaït avec
-amour. les humbles épitaphes ,. il reposera.au milieu
q
du monument qu'il a créé!
ef
1 é | CRU DE VERNENLH.
Jak3J
MÉMOIRES.
MÉMOIRES DE LA PREMIÈRE SECTION.
NOTE
SUR
LES MARNIÈRES DE LATHUS,
PAR M. DE CAUMONT.
“tt
Les rivages jurassiques ont toujours pour le géo-
logue un intérêt particulier, et j'ai, plus d’une fois,
exploré avec plaisir et empressement les contrées où
les formations littorales se développent et se suivent,
soit qu’elles reposent sur les granites et les phillades,
soit que d'importants dépôts de grès bigarré et de
MÉMOIRES. i19
marnes irisées les séparent des roches primitives ou
intermédiaires.
Quelques jours avant mon arrivée à Limoges,
j'explorais l’est de la France, etje:voyais la succession
des couches depuis les dias de la Meurthe , les marnes
irisées etle moschelkolk , jusqu'aux grès rouges et aux
œneiss du massif central des Vosges ; quelques mois
auparavant, j'avais observé le massif granitique de
la Forêt-Noire. J'étais descendu sur les terrains pos-
térieurs en traversant .les grès bigarrés ,.les roches
de moschelkolk, jusqu'aux lias ou aux terrains
oolitiques inférieurs de Stuttgard : je désirais donc
profiter de quelques jours de liberté avant le Congrès
pour visiter les bords de la mer jurassique entre Le
Dorat et Montmorillon ,.et, si le temps le permettait,
quelques autres points de cet ancien rivage. Un in-
térêt agricole se joignait à l'intérêt géologique pour
me déterminer à faire cette rapide excursion : je
savais que, depuis quelques années l’agriculture a
enfin utilisé , dans une certaine mesure, ces précieux
dépôts be pour le chaulage des terres, des terres
à base granitique surtout ! ‘et je ne doutais pas qu’elle
n’en eût obtenu des dE ultents considérables, que j'étais
désireux de constater sur place.
Je suis donc parti de Limoges pour Bellac et Le
_Dorat;: j'ai vu, dans ce trajet, la formation granitique
et les FE variétés qu'elle présente ; puis je me
suis rendu à la limite des terrains secondaires , qui, en
prolongeant la ligne que j'avais parcourue depuis
Limoges, se trouve à Lathus , dans le département de
la Vienne, à peu près à moitié chemin du Dorat à
Montmorillon. Là les assises jurassiques se présentent
420 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sous forme de marnes ou de calcaires incohérents, qui
offrent à l’agriculture un précieux moyen d’amender
les terres, et qui, chose surprenante , ne sont guère
employées, m'a-t-on dit, que depuis quinze années,
mais avec un tel succès que l'usage en deviendra
bientôt général, et que le transport de ces marnes à
l'intérieur des terres s’étendra de plus en plus.
Les marnes que j'ai visitées à la partie basse du
coteau sont bleues, très-friables et faciles à diviser :
je pense qu’elles représentent le lias, bien que je
n'aie recueilli, dans le peu de temps que j'ai pu con-
sacrer à cette exploration, assez de coquilles entières
pour en déterminer paléontologiquement le niveau
absolu.
Quand on arrive à une certaine profondeur, l’eau
empêche de travailler, et l’on s'arrête habituellement à
ce niveau, bien que la marne existe à des profondeurs
probablement beaucoup plus considérables.
Il serait important d'explorer rigoureusement les
limites littorales du dépôt jurassique, et peut-être
trouverait-on des marnes ou des calcaires dans
quelques points où ils pourraient rendre de grands
services à l’agriculture.
C’est ainsi que, il y a quelques années, M. Lavinière,
avocat, a trouvé une très-bonne marnière dans la
commune de $Saint-Barbant { Haute-Vienne), sur sa
propriété nommée le domaine de Fougères. Ce gisement
se trouve sur les limites extrêmes de la Haute-Vienne,
beaucoup plus près de Bellac que les gisements de
Lathus , et il peut offrir de grands avantages pour la
contrée. C’est, dit-on, le seul du département de la
Haute-Vienne dans cette direction. M. Lavinière a
| MÉMOIRES. 421
trouvé dans ses marnières une belle ammonite, qui
me paraît appartenir au lias ou à l'oolite inférieure,
et que M. Ducoux, membre du conseil général, a
offerte au savant président du Congrès, dans la col-
lection duquel je l’ai vue.
Pour revenir aux carrières de Lathus, on peut voir,
en montant le coteau vers Montmorillon, queles bancs
calcaires sont recouverts d'un dépôt diluvien consi-
dérable, composé de sables granitiques, de galets
rouléS, etc. : c’est ce diluvium qui rend souvent très-
‘indécises et difficiles à fixer les limites du rivage
jurassique, et le géolosue qui dressera la carte
géologique de cette contrée trouvera, j'en suis
convaincu, quelques gisements inconnus qui
pourront être d'une grande utilité.
De Lathus à Montmorillon, le calcaire doit exister
sur divers points, soit à l’état de marne, soit à l’état
de calcaire solide, au-dessous du diluvium dont je
viens de parler; peut-être y a-t-il des interruptions
dans le dépôt, cela est même très-probable : en tous
cas, des recherches seraient utiles , et je suis étonné
. que, au lieu defaire plusieurs lieues pour aller chercher
la marne à Lathus ou ailleurs, on n'ait pas établi des
puits d'extraction sur les plateaux : on trouverait
probablement , au moyen de sondages, des gisements
qui vaudraient bien la peine d’être exploités, et les
propriétaires des champs voisins pourraient employer
à peu de frais un amendement qui a déjà doublé
la capacité productive du sol, bien qu'il n'ait été
employé qu'à très-faible dose. Les agriculteurs qui
manquent de moyens de transport, ou qui reculent
quand il faut faire de longs trajets, seraient par là
122 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
mis en demeure d'employer la marne, et je crois
la chose assez importante pour devenir l’objet d'un
vœu. ‘
Je crois que les calcaires incohérents, quoiqu'ils
puissent parfois ne pas valoir la chaux, doivent être
recherchés ét utilisés partout, par Ja raison qu'ils
coûtent beaucoup moins, et peut-être aussi parce
qu’ils contiennent une certaine quantité d'argile qui
peut être bonné pour les sables granitiques : il est
possible aussi que le phosphate de chaux exi$te en
quantité notable dans quelques-unes des marnes qui
dépendent de là formation du lias.
Les marnes coûtent, à Lathus, seulement 45 centimes
le mètre cube ‘ou le tomberea ! 1! Jamais on n'aura la
chaux qu’à des prix dix fois plus élevés, et la quantité
compenserait là qualité si la marne était même de
beaucoup inférieure à la chaux.
D'ailleurs, les fours à chaux seront toujours
répartis sur des points plus ou moins éloignés, au
lieu que les marnières pourront être établies là où on
voudra faire les frais d'extraction.
J'arrive, Messieurs, à l'étude des marnes et des
calcaires qui garnissent à Montmorillon les deux
rives de la Gartempe. La formation jurassique y est
très-développée, et nous montre des dépôts tantôt
assez durs, et formant des roches apparentes, tantôt
tendres, et tantôt consistant dans des marnes, comme
à Lathus. Quand la roche se désagrége, on la brise
en petits morceaux sous le marteau : elle peut être
répandue utilement sur les ‘terres; l'humidité et la
gelée font le reste.
Il existe beaucoup de calcaire incohérent semblable
MÉMOIRES. 193
sure bord de la Gartempe. C'est un, des états des
- bancs qui forment la base des coteaux; mais on n’a
pas encore beaucoup employé cette marne : on croyait
qu'elle ne contenait pas assez de principes calcaires,
et-on préférait aller en chercher.au loin. Un proprié-
taire mieux. inspiré, M: Morillon, a pensé qu'il y
avait avantage certain à utiliser ce qu'on à à sa
porte : il l’a employée avec un tel succès dans de
nouveaux, défrichements qu'il a pu obtenir, sans
fumier, jusqu'à 60 hectolitres de blé à l’hectare. De
pareils rendements, en supposant. même qu'il y ait
un peu d’exagération dans la déclaration qui m'a été
faite, parlent assez haut pour que tout. agriculteur
doué-d'un peu d'intelligence ait recours à cette marne
jusqu'ici dédaignée. ; ent"
“D'après. .les renseignements -que.j'ai pu recueillir
de la bouche des praticiens, les marnes n’ont pas
toutes les mêmes propriétés, quoique, provenant de
localités peu éloignées les unes des autres : celles de
certaines carrières donnent. plus de paille que de
grains proportionnellement | tandis que d’autres
donnent plus de grains que de paille, Il faut savoir
si cette variété dans les résultats ne vient pas, en
partie au moins, de da variété des terrains sur
lesquels on opère: La marne , en effet, ne doit pas
produire dans un sol:purement pierreux les mêmes
effets que dans un terrain argilo-sableux : toutefois
je suis: très-porté à croire que ces différences tiennent
beaucoup à la marne, comme le pensent les agri-
culteurs que j'ai visités, et il serait utile d'en
rechercher les causes au moyen d'analyses. IL est
possible que certaines. .marnes contiennent des phos-
424 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
phates de chaux, tandis que d’autres en contiennent
peu ou pas du tout, ce qui suffirait peut-être pour
expliquer les différences qui m'ont été signalées dans
les résultats obtenus.
Ces analyses pourraient être faites par les pro-
fesseurs de la Faculté des Sciences de Poitiers et par
M. Astaix à Limoges. Déjà elles auraient dû être
faites; car les facultés des sciences devraient avoir
l'œil attentif, et s'occuper particulièrement de
satisfaire aux besoins scientifiques de la circons-
cription.
Je soumets donc au Congrès le vœu que MM. les
professeurs de géologie et de chimie de la Faculté de
Poitiers et M. Astaix, professeur à Limoges, fassent immé-
diatement l'analyse des principales marnes calcuires explot-
tées dans l’arrondissement de Montmorillon pour l’umende-
ment des terres, et qu'ils fassent connaître la composition de
ces marnes par tous les moyens de publicité dont ils disposent.
Plusieurs agriculteurs ont marné leurs terres à la
dose de 5,000 kilos à l’hectare : il est probable que la
dose pourrait être donblée et triplée avec profit.
J'ai pris quelques coupes que je vais mettre sous
les yeux du Congrès (voir la planche I, fig. 4,2, à la
fin du volume), et qui montreront la disposition des
sédiments jurassiques sur la rive gauche de la
Gartempe, à Lathus et à Montmorillon.
Vous verrez par ces coupes :
Que les roches solides succèdent en général aux
couches incohérentes ou marneuses, et qu'elles
occupent ainsi l'extrême rivage de la formation
jurassique.
Je vais maintenant dire un mot des formations
MÉMOIRES. 125
jurassiques littorales, examinées, sur. la ligne du che-
min de fer, entre la station d'Éguzon et la petite ville
d'Argenton-Château.
Cet intervalle, qui représente, à peu près, Île
littoral que nous venons d'examiner, et qui est
compris entre Lathus et Montmorillon, offre quelques
différences. Ilm'a paru que les assises inférieures des
sédiments jurassiques se présentent moins à l’état de
marne qu’en couches bleuâtres avec alternances
d’argiles de même couleur, comme le lias ordinaire :
les couches calcaires doivent être le plus souvent
converties en chaux pour être employées à l’amende-
ment des terres : toutefois on peut aussi y trouver des
couches incohérentes.
Quoi qu’il en soit, le calcaire jaune où d’un blanc
grisâtre succède aux couches bleuâtres, et forme
bientôt d'énormes masses d’une épaisseur considérable.
C'est au milieu de ces roches que coule la Creuse à
Argenton, et j'ai pris, sur la rive gauche de cette
rivière, une coupe très-intéressante [voir la planche
1, fig. 3, à la fin du volume), et qui figure le
coteau, élevé peut-être de 50 à 66 mètres sur le
point des bords de la rivière.
Entre Éguzon et les premières assises secondaires,
on remarque à peine quelques traces de marnes
irisées : ces marnes se développent en avançant à
l’est vers Saint-Amand, et déjà, près de La Châtre,
elles occupent une certaine étendue.
NOTE
SUR LA MARNE DE SAINT-BASILE
( HAUTE-VIENNE }
PAB Ms ASTAIX,
Pharmacien ; Professeur à l'École préparatoire de Médecine et de Pharmacie
de Limoges.
La Slatistique de la Haute-Vienne reconnaissait qu'il
n'avait pas encore été trouvé de marne dans notre
département; mais elle admettait la possibilité qu’il
en existât dans la partie la plus occidentale, la seule
qui se rapproche de terrains éminemment calcaires.
(Statist., p.23.)
Ce qui n'était, en 1808, époque où parut la. Stalis-
tique, qu'une simple possibilité devint, treize années
plus tard, un fait acquis. Se rappelant, en effet,
quelques essais faits par son père pour employer
comme castine une terre qu'on extrayait d'une lande
située dans laïcommune de $t-Basile (arrondissement
de Rochechouart) ; mu surtout par l’idée que cette
matière pourrait devenir importante pour l’agricul-
ture de.ses voisins, M. Judde de La Judie, proprié-
taire des forges de Larivière, en adressa , vers n0-
MÉMOIRES. 427
vembre 1820, des échantillons à M. Alluaud,. qui
était alors un des deux secrétaires de la Société d'A-
ericulture de Limoges.
M. Alluaud s'empressa de faire part, dès le mois
de janvier 1821, de ses essais chimiques, de ses
appréciations et des renseignements que lui avait
fournis M. de La Judie. {Voy. page 43 du 1° volume
du Bulletin de la Société d'Agriculture.)
Une commission, composée de, MM. Allou, in-
sénieur des mines, Foulques, Commissaire du roi
près la monnaie de Limoges , et Dachez, inspecteur
de l'enregistrement , se rendit sur leslieux pour voir
la marnière, et encourager les propriétaires à faire
des essais sur une substance que, d'après la notice lue
à la Société d'Agriculture, on pouvait regarder comme
une richesse locale.
Il faut croire que les avis et les indications de ces
messieurs furent peu entendus; car, à l'exception
d'une lettre dans laquelle M. Judde expose ce qu'il a
fait aussitôt après l'inspection de MM. les commissaires
(page 129 du 1° vol. du Bulletin), on ne voit rien,
dans les numéros suivants, qui ait trait à cette marne.
De plus on lit, à la page 91 du Manuel de l’Agri-
culteur limousin, publié, en 1830, par le même
M. Judde de La Judie, que les propriétaires des champs
joignant à la carrière se sont refusés à faire usage de celte
marne. |
Y aurait-il eu, depuis 1830, des essais, et aurait
on cependant négligé d’en faire part au public et à
la Société d'Agriculture ? Cela ne serait pas impossible.
Quoi qu'il en soit, consultant, au commencement
de 18#2, la notice de 1821, je vis que M. Alluaud
428 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
n'était pas allé à la carrière; qu'il n'avait pas lui-
même recueilli les échantillons sur lesquels il avait
opéré ; qu'il les avait recus de M. de La Judie,
et qu’il pouvait, par conséquent, n'avoir pas été
suffisamment renseigné sur ce qui constituait la
moyenne de cette marne. En outre, M. Alluaud
déclarait qu’il avait jugé inutile d'entreprendre une
analyse rigoureuse de cette substance. — Je pensai dès
lors qu’il pouvait y avoir lieu de recommencer l’a-
nalyse.
Je fis un voyage dans la commune de St-Basile , et
j'expérimentai ensuite avec soin sur la marne en
question.
Je ne m'étais plus occupé de ce sujet, lorsque, au
mois de juillet 1856, une partie des échantillons que
j'avais réunis en 1852 me tombèrent sous la main. Je
me souvins que j'avais Consigné sur un cahier ad hoc
mes essais précédents : je refis mes calculs, plusieurs
de mes expériences, et je soumis mon travail à la
Société d'Agriculture de Limoges.
Quels sont les motifs qui m'ont engagé à écrire ce
complément à la notice de 1821, tandis que j'aurais
dû peut-être me contenter de le faire connaître ver-
balement ? Voici les principaux :
A Ainsi que je l’ai dit , il me paraît que les conseils
donnés en 1821 n'ont pas été entendus des agriculteurs
de la localité : or, si cette marne était pour eux une
bonne chose, il ne serait pas déraisonnable, je pense,
d'insister de nouveau, et d’insister par une note
écrite qui serait de nature à être oubliée moins vite
que la parole. — Quand je songe, il est vrai, que
M. Alluaud , avec toute l'autorité de sa science et de
MÉMOIRES. 129
sa position , n’a pas réussi néanmoins à persuader, je
suis tenté de croire qu’une nouvelle insistance de ma
part échouera plus complètement encore; mais peut-
être aussi le moment est-il moins A qu’en
1821! Peut-être les esprits sont-ils mieux préparés |
Des chemins d’ailleurs ont été créés, dont l’un touche
à la lande, et le transport, si coûteux autrefois,
même pour de très-petites distances, a dù devenir
plus facile.
2" Dans l'excellent Aperçu géologique et minéralogique
sur la Haute-Vienne qui fait partie du Guide de l'étranger
à Limoges qu'éditent MM. Ardant frères, M. Alluaud
cite la marne de Fougères, commune de St-Barbant,
canton de Mézières, laquelle serait d’une grande
fertililé ; celle de St-Basile est passée sous silence. —
La première, que je ne connais pas du tout, a sans
doute plus d'importance que la seconde; mais nous
sommes si pauvres en ce genre que, la marne de
Saint-Basile ne fût-elle que médiocre, fût-elle même
mauvaise pour l'agriculture, je voudrais encore
réclamer en sa faveur ! Ne serait-il pas convenable que
ces dépôts ne fussent point omis dans la prochaine
édition de la Slatistique de la Haute-Vienne, si quelque
jour il en paraît une, comme M. Migneret, l’un de
nos préfets, l’avait promis en plusieurs occasions ?
Ma note pourra contribuer à prévenir cette
omission.
Encore quelques mots avant d'arriver au fond. La
composition de la marne de Saint-Basile pouvait
différer beaucoup, comme on le verra, selon que
j'aurais examiné un échantillon moyen, ou selon
que mes dosages auraient porté sur certains fragments
430 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
plus durs, plus cohérents, mais qui ne se trouvent
au milieu du reste qu'en très-minime proportion.
Comme le dit la première notice, il serait possible
aussi que des couches plus profondes présentassent le
calcaire dans un plus grand état de pureté. Il est
donc nécessaire qu'on sache sur quoi j'ai opéré moi-
même. Or voici ce que j'ai fait: j'avais été conduit
près d’une large excavation , convertie alors partielle-
ment en une mare, et dans laquelle tous les ans
quelques foulonneurs des environs prennent tout à Ja
fois la couche marneuse et un peu de la couche
argileuse pour le foulonnage de tissus grossiers
qu'on fabrique dans le pays. — Sur un des côtés de
l’excavation se montrait à nu une Coupe perpendi-
culaire de la marne : j'en détachai toute une tranche
jusqu’à la profondeur d’un mètre dans l'épaisseur et
la largeur de quinze centimètres; je mêlai le tout, et
j'emportai deux kilogrammes de ce mélange.
De la portion que je laissais je retirai quelques
fragments plus cohérents, et je recueillis une poignée
de ces mêmes rognons, qui se trouvaient épars aux
alentours de la mare.
Voïlà donc deux échantillons : le premier, A, repré-
sentant la marne en masse, que je voulais étudier
chimiquement ; le second, B, représentantune matière
qui n’était là que comme accessoire.
La marne A ressemblait assez à du mortier sec; vue
de près, elle offrait des veinules, des veines, et, sur
quelques points, des rognons d'argile. — On y
apercevait aussi de petits fragments de quartz
blanc.
Cette marne pulvérisée, et desséchée ensuite dans
MÉMOIRES. 431
l'étuve à eau bouillante de Gay-Lussac, me donna :
A. — Carbonate de chaux. :.,..:,..... 28,2011
Carbonate de magnésie...,......,.,.. 19,8267
Sable blanc quartzeux...:.........,... 11,2243
Argile. — Un peu d'oxyde de fer... 38,9477
Pertes USA URSS TEE Nbee TTCE LOUE 1e 1,8002
100,0000
Quant aux noyaux B, ils avaient une composition
chimique analogue, mais qui différait par la
proportion des matières constituantes. Desséchés
également dans l'étuve de Gay-Lussac, ils me
donnèrent :
B. — Carbonate de chaux ...:...:..... 78,9372
Carbonate de magnésie...,.........,. 6,0052
Sable blanc quartzeux...,........ 13,0233
Argile. — Un peu d'oxyde de fer...
PET LA Te 61 ee 12 à spa lviasrge sofa soie 2,0343
100,0000
La perte indiquée, qui s'élève à près de 2 °/, pour
la marne À, et à 2 °/ pour les rognons B, est due
sans doute, en partie, à une perte réelle résultant
de manipulations nombreuses, résultant aussi de ce
que je n'ai pas dosé les alcalis que renferment
toujours les marnes; mais elle provient surtout de ce’
que la. température de l’eau bouillante n'avait pas
.chassé toute l’eau de la marne { comme je m'en suis
assuré en chauffant à 250°), et à ce que cette eau non
chassée à été comptée comme marne dans les quantités
sur lesquelles j'opérais.
Si, l'on compare l’analyse de 1821 avec celle que
132 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
j'ai inscrite ci-dessus en À, on verra que la nouvelle
diffère en plusieurs points de la première :
4° J'indique du carbonate de magnésie | près de 20 °/,)
dont la notice de 1821 ne fait pas mention. C’est que
M. Alluaud, comme on le sait, n'avait pas visité le
gisement, et que, les marnes n'étant pas en général
magnésiennes, ou l’étant dans des proportions si
faibles qu'on peut négliger ce carbonate terreux, il
n'avait pas cherché ce dernier. Quant à moi, je suis
allé sur les lieux; j'ai observé ainsi que l’eau qui
touchait à cette marne était blanchâtre, comme
laiteuse : c’est là un indice de magnésie : j'ai donc
dû rechercher la magnésie par les réactifs ; j'en ai
constaté la présence, et j’en ai fait le dosage.
2 Le premier travail annonçait dans la marne de 82
à 84 °, de calcaire : le mien n’annonce que 98. Il y a
deux causes de notre divergence : l’une, c’est
que M. Alluaud, négligeant la magnésie pour les
raisons données plus haut, à conclu que tout l'acide
carbonique dégagé par l’action de la chaleur dans
son essai était de l'acide carbonique combiné à la
chaux, tandis qu'une portion de cet acide appartenait
à de la magnésie. La proportion de carbonate de chaux
a donc été ainsi exagérée.
L'autre cause (qui me paraît la principale), c’est
que nous n’aurons pas agi sur des matières iden-
tiques. — Plusieurs des observations faites par
M. Alluaud, et, entre autres, les effets de l’eau sur
cette marne, se rapportent parfaitement à la masse;
mais je suis convaincu que, en ce qui concerne les
essais chimiques, M. Alluaud les aura faits sur les
jragments cohérents, sur ces espèces de noyaux que
MÉMOIRES. 433
j'ai intitulés B, et qui ne sont qu'une exception dans
la marne de $Saint-Basile, où ils n’entrent, je l’ai
vérifié, tout au plus quedans la proportion de 2 4/2 cz.
C’est sur des morceaux semblables qu'a été faite l’a-
nalyse B, dans laquelle j'ai trouvé presque 79 °/, de cal-
caire et 6 °/, de magnésie carbonatée ; soit, en réunis-
sant les deux nombres, presque 85 */, de carbonate,
c'est-à-dire un chiffre qui se rapproche de celui de
ML. Alluaud autant que cela est possible dans des essais
faits sur des substances constituées par des mélanges
dont la proportion doit nécessairement varier un peu.
3° D'après l'analyse de 1821, l'argile et le sable
réunis sont en quantités relativement faibles. La
marne de Saint-Basile devrait être rangée parmi les
marnes calcaires. — Dans la mienne, l'argile et le
sable, l'argile surtout, sont considérables : cette
marne ferait plutôt partie des marnes argileuses.
Même explication de notre divergence que celle qui
vient d’être donnée plus haut.
Après avoir ainsi consigné mes résultats, et avoir
fait remarquer les différences qui existent entre la
première notice et les essais que je rappelle en ce
moment; après avoir expliqué les causes qui ont
amené ces différences, je vais hasarder quelques con-
sidérations agricoles.
Et d’abord les noyaux B, quoique très-riches en
calcaire, ont-ils une valeur égale à celle que semble-
rait indiquer leur composition ? Serait-il à souhaiter
qu'ils formassent la plus grande partie de la marne
de Saint-Basile? Je suis persuadé du contraire. Il ne
suffit pas, en effet (et M. de Gasparin a mis cela hors
de doute); il ne suffit pas qu'une marne contienne
28
434 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
beaucoup de carbonate de chaux, il faut encore qu’elle
se réduise en poussière au contact de l'humidité,
et les calcaires qui résistent énergiquement à la
désagrégation ont peu d'influence sur le marnage.
Or les noyaux que j'ai étudiés ne se délitent pas
par l’eau dans une expérience de laboratoire qui a
duré plus d’un an : ils paraissent donc être dans le
cas cité par M. de Gasparin. Heureusement qu'ils
ne se trouvent guère, comme il aété dit, que dans fà
proportion de 2 4/2 °/.
Maintenant, si l’on en croit beaucoup d’agricul-
teurs, la magnésie serait très-nuisible aux terres,
surtout quand la proportion en devient un peu consi-
dérable. Ces agriculteurs auraient donc peu de
tendance à se servir de la marne de Saint-Basile :
ils s’en défieraient, au contraire, considérablement.
Mais, il faut le dire, la magnésie, tant redoutée
par les uns, n’est pas considérée par les autres
comme une matière qui soit à rejeter dans tous les cas.
Il est bien vrai que des observations fâcheuses ont
été faites depuis long-temps par les fermiers de Don—
caster en Angleterre, par exemple. Mais ces obser-
vationsse rapportent à la magnésiecaustiqueseulement,
à celle qui accompagne la chaux sortant des fours,
et non pas au carbonate de magnésie qui peut accom-
pagner le carbonate de chaux; d’ailleurs il est constaté
que, s’il y a des circonstances où la chaux magnésienne
est nuisible, il y en a aussi où elle peut être utile.
(Voy. pages 64 et suivantes du 2° volume des
Éléments de chimie agricole de Davy.)
Les plaintes primitives, les appréhensions parfois
fondées, regardent donc la magnésie caustique.
ur
MÉMOIRES. 435
Mais certains agriculteurs ont aussi accusé la ma-
gnésie carbonalée. — On cite de très-mauvais sols qui
renferment ce carbonate. « La plaine calcaire des
Barres près Nogent, dit Puvis {Essai sur la chaux,
page 268 du Traité des amendements, librairie agricole
de Dusacq) , est presque stérile, et on ne saurait at-
tribuer cette stérilité qu'à la magnésie carbonatée
qu'elle contient. »
D'un autre côté, les terres de la vallée du Nil,
bien connue par sa fertilité, renferment une forte
proportion de ce même carbonate. « L'une des contrées
les plus fertiles du Cornwall, le Lizard, dit Davy,
abonde en magnésie carbonatée, et produit une herbe
courte, verte, dont on nourrit des moutons qui
donnent une chair excellente; la partie cultivée passe
pour une des meilleures terres à blé du comté. »
Différents sols du Languedoc , réputés très-bons ,
donnent à l'analyse de 7 à 12 °/, de magnésie carbonatée.
Thaër a remarqué les qualités améliorantes d’une
marne qui en donnait 20 ‘% (Voy. Leçons de chimie
agricole, par Malaguti, page 86.)
Enfin, pour ne pas multiplier les citations, je me
contenterai de rappeler que, à Genouillé, arrondis-
sement de Civray (Vienne), on retire une espèce de
marne qui est plus calcaire, mais qui est aussi relati-
vement plus magnésienne que celle de Saint-Basile (1).
(1) Voici la composition de la marne de Genouillé :
Carbonate de chaux............ 48,90
Carbonate de magnésie.......... 46,40
Argile. — Oxyde de fer.......... 4,50
Hat) CLIDER TEA NRA LEA TETE TIAUEs 0,20
100,00
436 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Cependant la marne de Genouillé produit, à ce qu'il
paraît, de bons résultats. (Voy. Agriculture de l'Ouest ,
par M. Rieffel.)
Si done (et cela n’est pas douteux) il y a des
terrains magnésiens stériles, ou cette stérilité pro-
viendrait uniquement d’une très-forte proportion de
magnésie, ou même {expériences de Giobert et d’An-
gelo Abbene) il n’y aurait dans ces faits qu’une
simple concomitance : ce ne serait pas à la magnésie
carbonatée qu’il faudrait attribuer la stérilité, mais
bien à l’état de cohésion des parties de ces terrains
magnésifères ; au manque d'engrais, d'argile, ou des
autres composants ; à la grande quantité d'oxyde de
fer, etc. (Voy. Cours élément. d'agriculture, par
MM. Girardin et du Breuil, T. I, page 46.)
Par conséquent, les 20 ‘/, de carbonate de magnésie
qui existent dans la marne de Saint-Basile ne décident
pas qu'il faille a priori rejeter cette marne. Telle
qu'elle est, il est très-possible qu’elle soit bonne : il
appartient surtout à l'expérience de prononcer.
Comme je le disais en commençant, un seul expé-
rimentateur, M. de La Judie, a publié ses essais. Il
déclare en avoir obtenu de bons effets : il n’a pu
pourtant convaincre ses voisins; et, pour mon compte,
je soupconnerais fort que les résultats n'ont pas dû
être bien convaincants en réalité. — M. de La Judie,
en employant cette marne, ne fumait pas la terre : il
avait l'opinion que la marne remplace entièrement
l’engrais des étables. Est-ce avec de semblables idées
qu'il eût fallu commencer et poursuivre des expé-
riences sérieuses ?
En l’absence de données pratiques nombreuses, ou
MÉMOIRES. 437
même de données en petit nombre, mais suffisamment
concluantes, parce que les essais auraient été bien
faits, que peut-on penser relativement à la Haute-
Vienne de la marne de Saint-Basile ?
D'après l'exposé qui précède, on conçoit combien,
en se basant uniquement sur la théorie, il serait témé-
raire d'adopter comme évidente en tout point une
manière de voir. — Aussi n'est-ce que sous toutes
réserves que je vais développer quelque peu ma
pensée :
Nos sols ont besoin de calcaire. — Il est donc certain
que, à ce point de vue, la marne de Saint-Basile ne
pourrait leur être qu'utile. Seulement dans cette
maïne la proportion de carbonate de chaux est mé-
diocre : cette marne devra donc être employée, pour
produire de grands effets, à doses assez considérables.
Mais, en marnant fortement, n’aurait-on pas à
craindre d'introduire dans le sol une trop grande
quantité de magnésie? Non, si le sol lui-même était
peu ou point magnésien, ce que l’analyse chimique
seule pourrait prouver. — Non encore, selon ceux qui
croient à l’innocuité de la magnésie à forte dose. — Je
rappelle pourtant qu'il y a là une question qui
demande des éclaircissements.
La marne de Saint-Basile contient près de 39 °
d'argile. — A ce titre, elle conviendrait surtout , il
me semble, aux terres qui sont sablonneuses : l'argile
de cette marne, quoique maigre, leur donnerait un
peu de liant , leur ferait retenir davantage l'humidité;
et le carbonate de magnésie, qui est aussi très-
hygroscopique, remplirait un rôle semblable quant
à l'humidité, indépendamment de ses effets chimiques.
138 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Je ne pourrais assez le répéter du reste : ces vues
théoriques auraient besoin d'être confirmées par
l’agriculteur praticien. Il serait bon que des essais
faits avec prudence fussent entrepris. N'y aurait-il
pas lieu, de la part de la Société d'Agriculture de
Limoges, non-seulement de recommander ces essais ,
mais encore de rédiger un programme, et de proposer
quelques primes honorifiques et pécuniaires qu'elle
décernerait plus tard à celui ou à ceux qui auraient
fait en ce genre les expériences les plus intelligentes ?
Ne pourrait-on pas engager partiellement dans la
dépense à faire le comice agricole de Rochechouart ?
S'il était prouvé par ces expériences que la marne
de Saint-Basile est bonne dans telles et telles circons-
tances ; s’il était prouvé que son prix de revient ne
sera pas relativement trop élevé, alors il serait à dé-
sirer qu'on s’occupât aussi de nouveau des gisements
eux-mêmes. — M. de La Judie disait que la couche
de marne reconnue par lui couvrait une partie du
territoire de la commune de Saint-Basile, entre
Saint-Mathieu, Oradour et Rochechouart : c'est un
fait qu'il serait important de vérifier : dans les
recherches nécessitées pour cela, on trouverait peut-
être des dépôts plus calcaires; et cette marne, au lieu
d'être employée seulement par les voisins de la
carrière actuelle, pourrait l'être alors par un plus
grand nombre de propriétaires.
Dans la plupart des localités, il existe des commis-
sions de statistique. — I1 ne serait pas difficile, je
présume, de déterminer quelque membre de la
commission qui serait la plus proche de Saint-Basile à
présider à des sondages ; le département ne se refu—
MÉMOIRES. 439
serait pas lui-même sans doute à prêter sa sonde, et
les opérations ne seraient pas, il me semble, trop.
coûteuses.
S'il était, au contraire, avéré que la marne de
Saint-Basile ne saurait rémunérer convenablement
l'agriculteur, n'est-ce pas là encore un fait qu’il
serait bon de connaître? Je désire qu’il en soit
autrement. Mais, dans ce cas même, si je n’ai pu
être directement utile à quelques-uns de mes conci-
toyens, j'aurai au moins rappelé leur attention sur
une matière qui doit faire partie de l'inventaire de nos
substances minérales; j'aurai, jusqu'à un certain
point, satisfait ma curiosité, celle des personnes
qui s'intéressent à l'histoire naturelle de la Haute-
Vienne, et il ne me viendra pas même à la pensée
de regretter les moments que j'ai consacrés à ces
recherches.
NOTE
SUR LES
CAVERNES ET BRÈCHES À OSSEMENTS
DE LA VIENNE,
PAR M. LE TOUZÉ DE LONGUEMAR,
Ancien capitaine d'état-major, memb redela Légion-d’'Aonneur , président de la Société des
Antiquaires de l'Ouest,
En 1834, époque où le Congrès scientifique fut tenu
à Poitiers, les grottes à ossements fossiles des cal
caires pulvérulents de Lhommaizé près Lussac
furent signalées et décrites.
M. Mauduyt, conservateur du musée de Poitiers,
fit insérer à ce sujet, dans le Bulletin de la Société
d’Agriculiure de la Vienne, une notice dont voici la
substance :
Les dépôts ossifères qui tapissent le fond de ces
grottes comprennent trois couches distinctes. Elles
offrent de bas en haut :
4° Une couche de sable calcaire pénétré de ciment
MÉMOIRES. 44
stalagmitique, dans lequel les ossements sont forte-
ment cimentés ;
9° Une couche d’argile rouge brun avec rognons de
silex et de dolomie appartenant à la roche qui forme la
paroi des cavités, et contenant des ossements presque
toujours brisés,
3° Enfin une couche mince, superficielle, sorte
d'humus, qui contient des ossements non fossiles de
petits rongeurs dont les espèces habitent encore
actuellement ces grottes.
Les ossements fossiles contenus dans les deux
couches inférieures appartiennent aux genres cheval,
bœuf, cerf, hyène, loup, sanglier ou cochon, etc.
Note en à été donnée par M. Mauduyt aux
assises scientifiques de Poitiers, en 1857.
Depuis 41834, M. Brouillet, aujourd’hui notaire
honoraire à Charroux , signala à son tour des grottes
ossifères sur les bords de la Charente, dans les mêmes
conditions que celles de Lhommaizé, avec cette cir-
constance particulièrement remarquable que la
couche adhérente aux stalagmites contenait, outre les
ossements d'animaux, des silex taillés de main
d'homme, et destinés à l’armature des flèches, et
même des ossements grossièrement sculptés. Ce sont
là, sans aucun doute, les vestiges les plus anciens de
l’industrie primitive des troglodytes de la Gaule.
Quelques années plus tard, des ossements de grands
pachydermes et de fauves furent découverts dans les
alluvions du Clain et de la Vienne, non loin de
Poitiers et de Vivonne. En 1854, j'en fis l’objet d’une
notice que je place sous les yeux du Congrès. Ces
ossements appartiennent aux genres hippopotame,
442 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
éléphant, daim et cerf : ils sont déposés, ainsi que
ceux de Lhommaizé, au musée d'histoire naturelle
de Poitiers.
Outre les stalactites et les stalagmites de nos grottes,
qui continuent encore chaque jour à se déposer, il
existe encore dans les vallées du département de la
Vienne un grand nombre de sources incrustantes qui
empâtent les branches, les feuilles, les racines, même
les hélices, les cyclostômes et les objets qui se trouvent
dans leur voisinage ; ce qui leur donne une sorte de
parenté avec celles de Saint-Allyre de Clermont, bien
qu'elles ne sourdent pas de terrains équivalents. Ces
eaux sortent au contact de l’oolithe inférieure et des
argiles du lias. J’en soumets quelques échantillons au
Congrès.
ESQUISSE GÉOLOGIQUE
DES
TERRAINS DE LA VIENNE,
M. LE TOUZÉ DE LONGUEMAR,
Ancien capitaine d'état-major, membre de la Légion-d'Honneur, président de La Société «les
Antiquaires de l'Ouest.
Placé entre les massifs granitiques du Limousin et
de la Vendée, le département de la Vienne occupe sur
la carte géologique de France une position tout à fait
exceptionnelle, en ce qu'il constituait une sorte de
détroit, unissant jadis les deux grandes mers juras-
siques du nord-est et du sud-ouest de notre contrée à
l'époque du dépôt des étages inférieurs de cette for-
mation ; détroit qui, à une époque plus avancée de
ces dépôts, fut converti en isthme par son émerge-
ment, et servit plus tard de barrière entre les mers
crétacées des mêmes bassins. Toutefois les dépôts
444 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
crétacés qui occupent le nord du département de la
Vienne n'existent pas sur sa limite méridionale, et il
faut se transporter dans la Charente, jusqu'aux envi-
rons d'Angoulême, pour en trouver les premières
traces vers le sud, de telle sorte que les terrains
jurassiques occupent la majeure partie de la Vienne.
Enfin des dépôts discontinus d'argiles, de sables,
de marnes d’eau douce, appartenant aux terrains
tertiaires moyens, et des dépôts de l'époque alluviale
recouvrent indifféremment, et à divers niveaux, tous
les massifs qui viennent d'être indiqués.
Envisagé dans son ensemble, au point de vue de
son relief général, le sol du département, et notam-
ment dans la partie formée par les étages jurassiques ,
ne forme, pour ainsi dire, qu'un vaste plateau
entrecoupé de vallées encaissées, dont les eaux (à
l'exception de celles de la Charente) se dirigent géné-
ralement du sud au nords La partie crayeuse, au
contraire, est plus accidentée en raison de la moindre
résistance qu'elle a offerte aux courants qui ont
façonné en dernier lieu le sol, pour lui donner l’as-
pect qu’il nous présente aujourd’hui.
Si nous en appelons aux cotes de niveau pour
apprécier plus exactement son relief général ; nous le
trouvons affecté, en moyenne, d’une élévation qui
varie entre 140 et 150 mètres au-dessus du niveau
moyen de la mer, jusqu'à une assez petite distance
du contact des masses calcaires jurassiques avec les
massifs granitiques ; mais là il se relève brusquement,
et atteint promptement, à l’ouest comme au sud-est,
une élévation de 190 et 200 mètres.
Les terrains crayeux prennent, de leur côté, quoi-
MÉMOIRES. 445
que d’une manière discontinue, des reliefs presque
égaux à ceux des terrains jurassiques, et, sur quelques
points, recouverts par le terrain tertiaire moyen, ils
sont affectés de la cote 170 mètres.
De leur côté, les masses granitiques qui encadrent
la Vienne atteignent, à l’ouest, leur maximum d’élé-
vation au terrier du Fouilloux, placé sur les confins .
des Deux-Sèvres, par la cote 272 mètres, et, au sud-est,
dans la Haute-Vienne, par la cote 300 mètres environ,
placée à quelque distance des limites de notre dépar-
tement.
Les pentes des cours d’eau principaux qui sillonnent
les vallées suivent nécessairement la loi qui régit le
relief général du sol. Tant que les vallées ne tra-
versent les masses calcaires que loin encore de leur
contact avec les granites, la différence de niveau pour
la Vienne, la Gartempe et le Clain, par exemple,
n'est que de 40 à 45 mètres sur un parcours d'au moins
sept myriamètres, soit environ 1/1,650 en moyenne;
tandis qu'au delà on trouve une différence de 25 à
30 mètres sur un développement de 2 myriamètres à
peine, c'est-à-dire 1/750 environ.
Nous avons dit que le granite apparaissait en masses
importantes aux extrémités ouest et sud-est de la
Vienne ; il présente, en outre, deux gisements de
peu d’étendue, sortes de jalons placés entre les masses
principales, vers le centre du département, comme
pour indiquer leur continuité sous les calcaires, à une
certaine profondeur. L’un de ces gisements, de nature
fréquemment porphyroïde, ‘existe au hameau de
Port-Séguin près Ligugé, en amont de Poitiers, sur
les deux rives du Clain, à la cote 420 mètres environ;
446 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et l’autre, plus décidément porphyritique, sous le
bourg même de Champagne-Saint-Hilaire, à la cote
de 180 mètres au-dessus de la mer.
Il est à remarquer que les masses granitiques sont
tapissées, à leur contac@avec les calcaires et les
argiles marneuses du lias, de couches intermédiaires
d’arènes ou sables granitiques passant même à l’ar-
kose, tandis que, sur les deux points intermédiaires
signalés, la roche ignée ne paraît avoir subi aucune
décomposition à son contact avec les roches super-
posées.
Cette circonstance tient, nous le pensons, à ce que
les premiers ont servi de rivage aux mers anciennes,
et ont subi les décompositions résultant du va et vient
continuel des vagues; tandis que les seconds, placés
d’abord à un niveau plus profond, ont été protégés
par les premiers dépôts calcaires, et ne sont arrivés à
leur niveau actuel que par des soulèvements posté-
rieurs.
Le lias, base de la formation jurassique, apparaît
généralement au fond des vallées et sur quelques
pentes élevées dans la moitié sud du département.
Dans la généralité de ses gisements, il ne présente
bien développé que son étage supérieur, l'étage thoar-
cien de d’Orbigny, formé de marnes gris bleuâtre
entremêlées de lits de moellons argilo-calcaires,
passant fréquemment à la lumachelle, tant ils sont
pétris de bivalves appartenant surtout au genre pecten
pumilus.
Les marnes putrides sont un amendement précieux
pour l’agriculture, et ses calcaires argileux fournissent
d'excellente chaux hydraulique. En général, cet étage
MÉMOIRES. 447
est disloqué, et masqué par les calcaires poreux de
l'oolithe inférieure (étage bajocien de d'Orbigny), et se
montre rarement à découvert sur une surface étendue.
On y rencontre abondamment le belemnites tripartitus et
brevis, l'ostrea Knoorii, la lima gigantea, les ammonites
aalensis, thoarcensis, serpentinus, etc., des lignites, des
rognons de fer sulfuré et des cristaux de gypse.
C’est à Champagne-Saint-Hilaire, et sur les confins
du département, au contact des granites, que cet
étage atteint son maximum d'élévation, qui flotte
entre 180 et 200 mètres au-dessus de la mer.
Sur plusieurs points, et notamment à Ligugé, à
Pressac, à Champagné, etc., etc., on remarque, en
outre, les amorces de l’étage moyen ou étage liasique
proprement dit, au contact même du granite ou du
porphyre, bien caractérisé par le pleurolomaria gigas,
le pecten æquivalvis et disciformis, et l'ammonites marga-
ritatus.
Enfin tout nous porte à penser qu’on peut classer
dans le lias inférieur les assises de calcaire jaune
passant au brun, sans fossiles, qui sont interposées à
Champagné, à Sauzay, à Pressac, etc., entre la
couche à pecten æquivalvis du lias moyen et le granite.
Des recherches ultérieures fixeront ce dernier point.
Mais, en somme, ces trois étages ne constituent
presque partout, dans la Vienne, que des terrains
accessoires , fortuitement à découvert, et difficilement
accessibles; ce qu'on ne saurait assez regretter en
raison de leur utile application à la culture et aux
constructions, et il n’en devient que plus nécessaire
d’en indiquer les gisements avec précision.
L'oolithe inférieure, comprenant les deux étages
148 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DB FRANCE.
bajocien et bathonien de d’Orbigny, se présente immé-
diatement, comme nous l’avons dit, au-dessus de
l'étage thoarcien du lias, et forme un massif apparent
assez considérable dans tout le sud du département,
où il participe à la fois de la cote moyenne générale
de 145 à 150 mètres et des cotes élevées qui avoisinent
les bords granitiques du bassin.
Ces étages constituaient précisément la masse de
l’ados interposé entre les deux grands bassins marins
du sud-ouest et du nord-est, non-seulement au
moment du dépôt du terrain crétacé, mais même à
l’époque où les calcaires de l’oolithe moyenne com-—
mencèrent à tapisser les étages inférieurs de cette
même formation.
C’est le gisement des dolomies de la Vienne, au
sein desquelles s'ouvrent fréquemment des grottes
à brèches ossifères, et qui présentent de nombreuses
gœéodes de calcédoine mamelonnée de diverses couleurs,
ou des cristaux brillants de chaux carbonatée. Leurs
assises, d'une texture généralement grossière, sont
sillonnées soit de bancs siliceux continus, soit de
rognons isolés de silex disposés par lits.
Elles fournissent des pierres d'appareil de grandes
dimensions, mais difficiles à travailler, et quelques
couches pulvérulentes exploitées comme amendement
pour les terres argileuses; les fossiles y sont assez peu
abondants, si ce n’est à certains niveaux.
L'étage bajocien y est plus particulièrement carac-
térisé par les ammonites Murchisonæ et Humphriesianus.
Ses silex passent du noir foncé au gris cendré, et de
la texture vitreuse et résistante à la texture poreuse
et friable.
MÉMOIRES. 449
L'étage bathonien, le moins riche de tous en fossiles,
offre en petite quantité les ammonites Parkinsoni et lin-
guiferus , des pinnigines, le clypeus patella, beaucoup de
panopées et de moules de la lima proboscidea. Mais cette
dernière traverse trop d’étages pour être considérée
comme bien caractéristique.
Ce sont les matériaux fournis par ce débute étage
qui constituent la masse des anciens édifices religieux
de Poitiers, et leur donne cette teinte chaude propre
aux monuments du midi de la France.
A partir de l'étage bathonien, les étages qui com-
posent l’ensemble de l’oclithe moyenne, c'est-à-dire
le callovien, l’oxfordien et le corallien, se développent
symétriquement sur les deux rivages opposés que
séparait l’isthme de l’oolithe inférieure. Toutefois ce
n’est que dans le nord du département que nous ren-
controns ces trois termes plus ou moins développés :
dans le sud, l'étage callovien et un peu de l’oxfordien
se montrent seuls : ce dernier et le corallien se déve-
loppent plus complètement dans la Charente. Le
rivage callovien du nord s’étendait en demi-cercle des
environs de Challendray au nord de Vouillé, et de
Poitiers à Lussac et Béthines; le rivage da sud
formait un autre demi-cercle, qui embrassait l’extré—
mité sud de l'arrondissement de Poitiers (autour de
Saint-Sauvent) et le sud-ouest de l'arrondissement de
Civray.
Considérées dans leur ensemble, les assises de
l'étage callovien sont essentiellement calcaires; celles
de l'étage oxfordien proprement dit, argilo-calcaires,
et celles de l'étage corallien , tantôt purement calcaires
29
150 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et tantôt argilo-calcaires. C’est l’étage le plus inférieur,
c’est-à-dire le callovien, qui offre les gisements les
plus riches à exploiter comme pierres d'appareil et
d'ornementation : leur grain ferme et serré se prête à
tous les besoins de la construction. Dans quelques
localités, notamment autour de Jardres près Chau—
vigny, on exploite comme marne un calcaire friable
et fétide pétri de trigonies et de térébratules, et que
les habitants appellent du tuf, nom qu'on donne
également aux calcaires arénacés des deux étages
inférieurs appliqués aux mêmes usages.
L'étage callovien est surtout caractérisé, dans la
Vienne, par les ammonites Backeriæ, anceps, hecticus ,
et les pectens fibrosus et demissus.
L'étage oxfordien proprement dit est peuplé sur ses
limites d'ammonites biplex , perarmatus et canaliculatus
et de belemnites hastatus. L'étage coralien offre l’ammo-
nîtes Achilles, le diceras arietina, des nérinées et
beaucoup de coraux. Dans le bassin du nord, la cote
moyenne de cet ensemble est de 130 mètres environ
au-dessus de la mer; mais, aux approches du dépar-
tement des Deux-Sèvres, elle se relève à 160 mètres.
Dans le bassin du midi, sa moyenne est de 140 mètres,
et elle éprouve un relèvement de 20 mètres sur ses
bords.
La formation crétacée n'existe, comme nous l'avons
dit, que dans la partie du département située au nord
de Poitiers, et encore y laisse-t-elle apercevbir çà et
là de larges traces de l’oolithe moyenne, soit par suite
des failles qui ont dérangé l'assiette primitive des
étages, soit parce que les eaux ont détruit les couches
de grès vert qui les revêtaient.
MÉMOIRES. 451
Elle comprend, dans la Vienne, les deux étages
cénomanien et turonien de d’Orbigny.
L'étage cénomanien se compose, à la base, d'une
série de sables verts entremêlés d’argiles jaunes,
grises et noires, et de quelques bancs de grès de
même couleur, et, à la partie supérieure, de craies
micacées et friables. Les uns et les autres offrent assez
abondamment l'ostrea columba, flabella et biauriculata ,
et l’inoceramus mytiloïdes.
L’étage turonien, formé d'une masse de craie jau-
nâtre souvent pénétrée de silice, surtout à la partie
supérieure, et d’une texture poreuse, se caractérise
par les ammonites Deverianus, Requienianus et peramplus,
l'arca et la cyprina Noueliana, le cardium alternatum
et de nombreux spongiaires. La limite sud de cet
ensemble est nettement indiquée, sur la rive gauche
du Claïin, par le cours du Pallu et le ruisseau de
Sauves vers le nord-ouest ; sur la rive droite, il vient
occuper l'extrémité de la langue de terre qui s’allonge
au confluent de la Vienne et du Clain, à la hauteur de
Dissais et de Bonneuil-Matours; puis il va rejoindre la
Gartempe et la Creuse entre Vicq et La Roche-Posay.
Nous avons dit que la formation crayeuse avait un
aspect plus accidenté que la formation sous-jacente,
et qu’elle en avait atteint les niveaux sur quelques
points : il'est vrai que, sur ces points, elle est recou-
verte par les argiles et les sables d’origine tertiaire.
Les matériaux utiles de ce terrain sont des grès
grossiers, qui fournissent de bons pavés, des sables
marneux propres à féconder le sol, et des tuffeaux si
précieux pour les constructions élégantes de la contrée.
Les sables et grès verts de la base offrent une assez
452 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
grande quantité de boispyriteux, parfois mêlé d'ambre
jaune, et n’apparaissent guère que sur la lisière sud
de la formation, où ils constituent soit des pentes
allongées sur les derniers étages de l’oolithe, soit des
dépôts isolés, soit de petits contre-forts à mi-côte des
mamelons Crayeux.
Les terrains tertiaires moyens recouvrent par nappes
interrompues à peu près toutes les formations qui
précèdent, et comprennent du sable de diverses
couleurs, des argiles tout aussi variées, des marnes
d’eau douce, des meulières et des grès lustrés ; les uns
et les autres remaniés à diverses époques, et si fort
enchevêtrés entre eux qu'il est souvent bien difficile
de leur assigner leur véritable classification. C’est le
milieu par excellence des argiles à tuiles et à poteries,
des meulières propres à fabriquer des meules de
moulin, des minerais de fer et de manganèse et des
marnes blanches.
Les terrains d’alluvion, formés à diverses époques
aux dépens des terrains qui précèdent, occupent à
la fois les niveaux les plus élevés des plateaux, les
pentes et le fond même des vallées. Sur nos plateaux,
on peut les reconnaître à leurs galets de quartz et de
silex, arrachés soit aux massifs granitiques , soit aux
étages de l’oolithe inférieure; à leurs poudingues
ferrugineux et calcaires, à leurs minerais de fer
d’alluvion, aux sables rouges et grossiers qui ont
comblé les cavités du sol ancien, profondément atta—
qué par les courants.
L'action de ces courants est surtout dénoncée, dans
la Vienne, par le creusement des innombrables puits
naturels ou syphons qui perforent d'outre en outre
MÉMOIRES. 453
nos étages jurassiques, et donnent naissance aux
sources de nos vallées; par les sillons qui entament si
profondément les roches formant les berges de ces
vallées ; enfin, par les masses de grès dénudées des
sables au milieu desquels elles s'étaient formées, et
reposant immédiatement aujourd’hui sur des roches
purement calcaires.
Elle n’est pas moins indiquée par les formes tour-
mentées du sol dans toute la partie du département
occupée par la craie.
La période qui a suivi les dernières allavions a, en
outre, laissé des traces bien reconnaissables sur notre
sol. Ces traces consistent dans les travertins qui se
forment encore de nos jours, les stalactites et stalag—
mites de nos grottes naturelles, et les tourbières de la
plupart de nos vallées.
Les travertins résultant de la dissolution et de l’en-
traînement de parcelles calcaires par les eaux in-
filtrées dans leur épaisseur, et de leur dépôt sur les
corps épars autour des sources, ont fourni, dans ce
département, quelques gisements assez considé-
rables pour qu'ils aient été exploités à diverses
époques.
La démolition récente des arènes de Poitiers à
prouvé que les Romains avaient utilisé les matériaux
de ces gisements, notamment pour fermer leurs clefs
de voûtes. Ces travertins sont littéralement pétris de
branches, de feuilles, et même de petites hélices, ce
qui les rend extrêmement poreux : nous ne citerons
que le gisement de La Verrée non loin d’Andillé.
Mais, en général, presque toutes les sources qui
sourdent au contact de l'étage bajocien avec les
154 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
marnes argileuses sous-jacentes du thoarcien, sont
incrustantes.
Lorsque les travertins ne sont pas solides, et se
mélangent à l’alluvion des vallées, ils peuvent fournir
un amendement favorable à la culture.
Nous ne dirons rien des stalactites : elles ressem-—
blent à toutes celles qui pendent aux voûtes natu-
relles des cavernes; mais nos stalagmites offrent
parfois un grand intérêt, en ce qu’elles empâtent des
ossements de carnassiers et de rongeurs, et même des
débris de la première et grossière industrie humaine.
Les bords de la Charente dans l'arrondissement de
Civray et les environs de Lhommaizé près de Lussac
en ont offert de nombreux spécimens, réunis aujour—
d’hui dans le musée de Poitiers.
Enfin les alluvions de nos vallées, et notamment
celles de la Vienne et du Clain, aux environs de
Vivonne et de Poitiers, renferment des ossements de
grands pachydermes et de ruminants que nous avions
signalés déjà en 4854 (1).
Après avoir jeté ce rapide coup d'œil sur la classi-
fication et les accidents principaux des terrains de la
Vienne, il nous reste encore à dire quelques mots sur
deux fonctions importantes du sol : la circulation des
eaux qui l’arrosent et le pénètrent, et les traits géné-
raux de sa végétation.
Au premier de ces points de vue, il suffit de l’envi-
sager sous deux aspects : sa perméabilité et son
(1) Le Monde antédiluvien aux portes de Poitiers.
MÉMOIRES. 455
imperméabilité. La première est l’apanage des sols
calcaires et des sables ; la seconde est celui des argiles,
de certaines marnes et des roches granitiques mas-
sives. Mais, comme, dans la succession des étag'es que
nous avons énumérés, il entre alternativement des
assises arg'ileuses, calcaires, sablonneuses, poreuses ou
massives, il en résulte qu'il y aura ‘autant de plans
d'écoulement que ces alternatives seront répétées de
fois : c'est pourquoi il importe d'entrer dans quelques
détails à cet égard.
Les roches granitiques massives, essentiellement
imperméables de leur nature quand les dislocations
postérieures ne sont pas venues les séparer par des
fissures profondes, donnent généralement lieu à
l'écoulement extérieur des eaux infiltrées dans les
couches qui les tapissent immédiatement. C’est le
premier niveau d'écoulement dans la Vienne. ]
Le lias en offre toujours un second au contact de
ses argiles marneuses noires ou gris jaunâtre avec les
calcaires poreux de l’oolithe inférieure : c’est l’origine
des sources les plus abondantes et les plus constantes
de ce département, attendu qu’elles sont alimentées
par les assises puissantes et développées des calcaires
jurassiques, qui en forment la masse principale,
surtout en amont de Poitiers.
La nature argilo-calcaire de l’étage oxfordien supé-
rieur, et dans certaines parties du corallien, notam-—
ment à leur contact avec les grès verts, forme un
troisième niveau d'écoulement régulier. Les points de
contact des massifs crayeux proprement dits et des
sables argilo-calcaires placés à la base de l'étage
cénomanien en fournissent un quatrième, et le cin-
456 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
quième se rencontre, quoique plus rarement, at
contact des sables caillouteux de la grande alluvion
avec les marnes et les argiles tertiaires, et cela
presque toujours sur les points les plus élevés de nos
plateaux. Mais les eaux qui s’en échappent ont rare-
ment un cours développé; car elles ne tardent pas
à rencontrer les roches poreuses de l’oolithe sous-
jacente, ou quelqu'un de ces mille syphons déjà
signalés, qui les absorbent immédiatement, et vont
les conduire, à travers leurs canaux sinueux , jusqu'au
fond des vallées voisines.
C’est, disons - le en passant, l'existence de ces
syphons multipliés du sous-sol calcaire qui débarrasse
nos plateaux argileux des eaux pluviales, qui, sans
cela, les transformeraient en marécages.
En dehors de ces conditions régulières de circula-
tion des eaux dans l'épaisseur du sol, les syphons en
question, les dislocations locales et les grandes failles
jouent encore un rôle important, et donnent lieu à
une foule d’écoulements accidentels étrangers aux
plans généraux que nous venons de décrire. Ces dislo-
cations ne sont pas la partie la moins intéressante de
l'étude des terrains de la Vienne : elles en constituent
en même temps une des plus grandes difficultés (1).
La variété de la composition minéralogique des
diverses assises du sol superposées dans un ordre
régulier dans l’origine, mais singulièrement modi-
fiées par les phénomènes qui ont le plus contribué à
(1) Ces considérations générales ont été développées déjà par
nous, en 1856, dans un écrit intitulé : ÉVudes sur la circulation
naturelle des eaux dans le département de la Vienne.
MÉMOIRES. 457
donner à la surface du pays son aspect actuel, a
nécessairement une influence toute-puissante sur la
végétation qui la recouvre.
Les nappes tertiaires et alluviales, généralement
sablonneuses, ‘sont le domaine naturel des bois, des
brandes, des prés hauts : quand le sable et les silex y
dominent, et qu'ils ont une certaine profondeur, c'est
le sol de prédilection du châtaignier.
Les sols crayeux qui blanchissent sur les flancs des
mamelons de la partie nord du département sont par-
ticulièrement propres aux céréales, aux sainfoins,
aux luzernes, à la vigne et aux noyers. Les grès
verts et les marnes coquillières subordonnés aux
craies forment le sol des vallées ou les pentes douces
qui y aboutissent ; ils sont consacrés, depuis un temps
immémorial, aux cultures maraîchères et à celle du
chanvre, qui sont une des sources les plus fécondes de
revenus pour cette contrée.
Avec la zône à découvert du terrain oxfordien,
reviennent la vigne, le noyer, la luzerne, les céréales,
qui persistent, en grande partie, sur les sols rouges
argilo-calcaires des deux étages de l’oolithe in-
férieure.
Quant aux alluvions des vallées, leur valeur pro-
ductive dépend en grande partie de leur niveau rela-
tivement au cours d'eau principal de la vallée et
aux sources qui viennent l’alimenter.
Assez élevés pour n'être pas incommodés de l’abon—
dance des eaux , ce sont des sols d'élite ; car ils réu-
nissent généralement le mélange d'éléments le plus
favorable à la végétation et l'humidité nécessaire pour
l'activer. Trop abondamment abreuvés, ils ne pro-
158 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
duisent que des tourbières, dont il n’est pas encore en
usage dans la Vienne de tirer parti pour le chauffage.
Tel est le tableau général fort abrégé des diverses
parties du département, dont l'étude de détail, à
peine commencée, demandera plusieurs années pour
être conduite à bonne fin.
Peut-être donnera-t-il déjà une idée suffisante de
l'intérêt qui s’y rattache, et des difficultés qui restent
à vaincre pour rendre cette étude de quelque utilité
pour le pays.
SIMPLE APERÇU
SUR LES
PLANTES CRYPTOGAMES ET AGAMES
DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE-VIENNE ,
PAR M. Ép. LAMY.
Depuis bientôt dix-huit ans, des occupations sé-
rieuses m'ont presque complètement séparé de toutes
études scientifiques : aussi n'est-ce qu'avec hésitation
et timidité que j'apporte un grain de sable pour di-
minuer la lacune qui, sans mon faible concours,
pourrait exister dans l’une des parties essentielles du
programme du Congrès.
Privé , depuis long-temps, de mes collections et de
mes livres, que j'ai distribués à divers botanistes
éloignés; en arrière des progrès qui chaque jour
s’accomplissent et se continuent, je ne puis offrir rien
de complet, rien d’actuel; et, pour ne pas rester
muet aujourd’hui, je suis tenu de remonter à un
passé déjà loin de nous, m'exposant à l'écueil de
consulter sans succès des souvenirs affaiblis ou presque
effacés.
460 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
La Haute-Vienne est l’un des départements de
France qui conviennent le mieux au parfait dévelop-
pement des végétaux si variés qu’on appelle agames
et cryplogames (1). Sa surface accidentée, ses collines,
ses vallées, sés forêts, ses innombrables sources, ses
étangs, ses cours d'eaux, sont autant de circonstances
qui créent de sûrs abris, suscitent d’épais ombrages,
et maintiennent sur des espaces étendus cette frai-
cheur si nécessaire à la prompte évolution d'êtres
qui, pour la plupart, semblent vivre exclusivement
d'humidité et de rosée.
J'en ai recueilli, dans les limites restreintes de ce
département, un peu plus de treize cents espèces,
dont environ douze cent soixante ont été exactement
déterminées.
Je les répartis ainsi qu'il suit :
3 characées.
3 équisétacées.
26 fougères.
1 marsiléacée.
1 isoétée.
2 lycopodiées.
150 mousses. ”
52 hépatiques.
160 lichens.
67 agaricinées.
31 polyporées.
11 hydnées.
À reporter 513
(1) Dans cette notice je les comprendrai tous sous ce dernier
nom.
MÉMOIRES. 461
Report... 513
24 auriculariées.
21 clavariées.
71 trémellinées.
4 elvellacées.
95 capulatées.
2 phalloïdées.
13 sclérotiacées.
54 lycoperdacées.
260 hypoxilées.
745 urédinées.
81 mucédinées.
37 algues.
ToraLz 14,256
Je parcourrai rapidemént ces diverses catégories,
indiquant en même temps des plantes communes et
des plantes rares (1).
Les premières mettront en relief les aptitudes du
sol pour certaines espèces; les autres aideront à fixer
la géographie botanique du plateau granitique du
centre de la France : elles seront, en quelque sorte,
des anneaux servant à relier notre végétation crypto-
gamique à celle de contrées éloignées, notamment à
celle des hautes montagnes dont nos collines ne sont
qu’une continuation et un simple amoindrissement.
CHARACÉES. — Ces plantes habitent nos pêcheries,
nos étangs, et parfois nos ruisseaux. Les chara gra-
(1) J'ai déjà indiqué ces plantes avec plus de détails dans: le
Guide de l'étranger, publié, en 1856, par MM. Martial Ardant
frères.
462 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
cilis, SW., et translucens, Pers., sont abondants. Le
chara fragilis, Delv., var. longitracteata, Braun., vit
dans un petit ruisseau qui passe au pied des roches
de serpentine de La Roche-l’Abeille : je ne l’ai vu que
là. M. l'abbé Chaboisseau, infatigable explorateur des
plantes de l'arrondissement de Montmorillon, à
découvert le chara Braunti, Gmel., dans l'étang de
Riz-Chauvron près d’Azat-le-Riz.
ÉQUISÉTACÉES. — Elles fréquentent les bords des
rivières, des étangs et les marais. Nous possédons les
equisetum arvense, palustre, limosum, Linn.; l’equisetum
hyemale, Linn., est abondant à Bort (Corrèze), sur les
rives de la Dordogne : je l’ai inutilement cherché dans
la Haute-Vienne.
FouGërEs. — Elles recherchent les lieux frais et
ombragés : nous en possédons de rares et de fort
belles. La fougère commune (pleris aquilina, Linn.),
occupe les terrains non cultivés, souvent en compa-
gnie de l’ajonc nain et du genêt à balais; elle est
employée par nos colons à la litière des bestiaux; ses
tiges, dans leur jeunesse, sont très-sensibles au froid :
aussi sont-elles fréquemment atteintes et desséchées
par les gelées du printemps.
Le polypodium vulgare, Linn., se rencontre à chaque
pas sur les rochers, les murs, même sur les parties
vermoulues des troncs d’arbres. Les polystichum filix
mas, Roth., spinulosum, Dc., dilatatum, Sw.; les
aspidium aculeatum, Sw., et angulare, Kit.; l’athyrium
filix fœmina, Roth., habitent dans les bois, près des
haies et le long des ruisseaux.
MÉMOIRES. 463
Le blechnum spicant, Smith., abonde dans les bois,
au pied des montagnes.
Le ceterack officinarum, De., les asplenium ruta-mu-
raria, Linn., adianthum nigrum, Linn., septentrionale,
Hoff., tapissent les parois des murs et les rochers. F
L'osmunda regalis , Linn., développe parfois ses élé-
gantes tiges sur les bords de la Vienne et de quelques
ruisseaux privilégiés.
Le botrychium lunaria se rencontre, mais rarement,
dans les environs de Saint-Léonard, sur les hauteurs
des prés secs.
Le grammitis leptophylla, Sw., s'abrite sous un rocher,
‘au haut d'un pré placé au-dessous du chemin qui
lonwe les côtes d’Aixe : c’est la plus petite, la plus
délicate et la plus rare de nos fougères.
Les polypodium phægopteris et dryopteris, Linn., se
rencontrent, la première, parmi les rochers, à Eymou-
tiers; la seconde, sur les lisières des bois qui avoi-
sinent le Taurion, à Orgnac et Saint-Laurent-les-
Églises; je l'ai aussi récoltée à Bourganeuf (Creuse).
Le polystichum oreopteris, Dc., se trouve aussi sur
les bords du Taurion et dans les bois des environs
d'Eymoutiers.
Le polysticum thelipteris, Roth., orne un pacage
marécageux voisin des roches de serpentine de La
Roche-l’Abeille ; il est au pied de quelques aulnes.
Le polystichum cristatum , Roth., extrêmement rare
en France, croît abondamment à l'extrémité maré-
cageuse de l’un des étangs du Monteil près de Saint-
Léonard.
Le cystopteris fragilis, Bernh., croît près des murs
46% CONGRÈS SCIENTIKIQUE DE FRANCE
enmines à Aixe, Chalusset, La Chapelle près Saint-
HÉRANE AusLuodyE ,brerrodl-titié 9184
= L'asplenium Halleri , De. fo NS OS AE
fentes de, rochers; sur les. -bords; de la Vienne, à
Eÿmoutiers, et sur ceux de la Briance, près,du
moulin de Saint-Paul.
a11L'asplenium\lanceolatum Smith, fréquente, les bancs
de, roches de serpentine depuis -Surdoux;;et La,Por-
-Cherie jusqu'à; La Roche-l’Abeille ;.ilest.le FRNRPAEREn
Ne deices roches ;-et.ne-les quitte pas: 20 un
> Enfin le scolopendrium-officinale, Smith. ; se rencontre
ren sur les murs Bride à l'orifice.des puits,
: 4036 dE sit6q on b edron 89! i9i0V
.d ste :,wD9 , sausses soso
PR — Nine en ue ddbe au "une seule
Re c'est le pilularia globulifera;,, Linn.,.1qui:fré-
quente le voisinage des rétangs: à, Lio dc pr
preignac, RÉPRU 9 Eybouleuf...
Î
set) ] 96 ,SDhsp \ tof o\siz Tor:
lOISOÉTÉES. 1 L'isoetes| tentissima x Bor:; suffit ol à
illustrer cétte famille. parmi-nous: On;en doit.la, pré-
cieusé découverte à1M. l'abbé \Chaboïsseau:; qui. l'a
recueillie dans l'étang de RizChauvron ; dont: elle
recouvre le“8o} Su bmergésiiass +9 neoluosite psdast
Depuis que j'ai vu cette plante;uje suis «persuadé
q’elle esticommune:dans nos étangsiole l'avais autre-
fois tconsidéréé comme: une Isimple forme du littorella
dacustris ; lLinn.9 espèce très-répandue ;dans nos
contrées.
p .eseuoidmon egd9insv 25h 9309291 2eNJONt 51189 (I
ea re 2Nôus n’en “possédés -que’deux
“spèces. Le sr Clavatum ; Linn., confond ses
t 1
MÉMOIRES. 465
tiges avec celles des mousses dans nos châtaigneraies
à La Jonchère, Saint-Léonard, Eybouleuf, Eymoutiers;
le lycopodium inundatum , Linn., habite les marais des
montagnes à Saint-Sylvestre, Saint-Léger et Saint-
Pierre.
Mousses. — Elles parent agréablement nos sites
frais et pittoresques : leurs tiges revêtent avec élé-
sance les écorces ridées des arbres et les roches sail-
lantes des bancs de granite; elles forment des g'azons
aux nuances variées dans les bois, les châtaigneraies,
sur les croupes et pentes des collines.
Voici les noms d'une partie des espèces communes :
Polytrichum juniperinum , Hedw.; piliferum, Schreb.;
commune, Linn.; aloides, Hedw.; subrotundum, Huds.
Atrichum undulatum, P. Beauv.
Bartramia pomiformns , Turn.
Funaria hygrometrica , Hedw.
Bryum stellare, Roth.; ligulatum, Schreb.; hornum ,
Schreb.; cuspidatum, Schreb.; punclatum, Schreb.;
pyriforme, Sw.; argenteum, Linn.; capillare, Linn.;
.cϾspititium, Linn.; alpinum , Linn.; nutans, Schreb.
Daltonia pennata, Arn.
Neckera viticulosa et curtipendula, Hedw.
Fontinalis antipyretica, Linn.
Hypnum molle, Dicks.; purum, Linn.; murale,
Hedw.; splendens, Hedw.; myosuroides , prælongum ,
rutabulum, Linn.; rusciforme, Weiss. (4)5 striatum ,
Li
(1) Cette mousse présente des variétés nombreuses, qui
souvent semblent former des espèces tout à fait distinctes :
l'opereule présente seul des caractères invariables, qui per—
mettent toujours de les ramener au type.
30
466 CONGRÈS SCIENTIPIQUE DE FRANCE.
Schreb., ,cuspidatum, .Linn,: scondifolium,, Hedw::
loreum , Linn.; A Schreb.;triquetrum;, aduncam,
cupressiforme y Linn, (espèce tri Fear nude te rt
Leucodon sciuroides., & Schy, n'it tr db noir
Plerigynandrum. RE Hedw.. | laror 291 pp état
Tortula, rigida, : p Turn,; +r£ convolula , Kr mur alis;
Hedw.; ruralis, Sw.; subul ae unguiculata,. Hedw,r
Didymodon purpureum Hooch. rai
fl
. Dicranum viridulum,, SW: s nes Sw,; dlavcun,
20
}
scopariumn ; varium,, Æ ed. res even bas
Weissia lanceolata , Brid. ne Fe Hedyw: Lo
. Cinclidotus fontinaloides., at Beapiyer) > TA SEA
© Trichostomum .Çanescenss. Hedw.; Aales Éises OÙ 20
“ Grimnia, leucophæa a; Grev.; apocarpa, Hedw..i nt
Orihotrichum, cupulatum , Hoffm,; anomalum , His
affine Schrad, ; diaphanum ,. Schrad.;.leiocarpun,,
Branch et Sch.; L yes Hoock ;:crispum, Hedw, 11
Tetraphis pellucida r eds. SONO) SAME e
Diphyscium foliosum x) Mobr. 800 rroitodte te dti Pl
: Aniclangium, ciliatunr, .Hedw. “er
AA TR ANS LAN
. Gymnoslormum intermedium a Unie :, truncalum
D'rérr0 }
Hedw;; fasciculare, Hedy. 102 CNT D Ori TB 971]
Sphagnum, .oblusifolium RAM reti PA :
Ehrb. pds ados.
Phascum serratum , schrebé coddiisté Linn.: CUSpi-
datum , Schreb.; curvicollum , Hedw.: +. à HAN
Parmi les mousses|rares je, citérai ; PNR 7
: Bartramia ityphilla,. Brid.… : dans les landes dévou-
vertes près Iimoges, Le Vigen, etc.
Bryum ventricosum’, Dicks. : sur la rss humide
recouvrant tes rocher 'S, à Saint- Léondr a. Mhbaie
Daltonia heteromalla 3 Hook et Tayl. : sur des troncs
AO AAA AA OR PE PER 467
dé buis, àParpañtat, prèg'de l'ÜBInE dé M. Pouÿat:
Défi Mônt' :tétteS TOURÉe : djutique, ‘d'une ‘exces-
sive rareté, loft T£ur 1es°#00fèrs dans la Vienne,
Moi HE écluse de MM! Xrdänt frères DT S Me.
Depuis que les remblais) Hécestés par éholide
14 not Velle fôéute D'ASRE Ont res Hebre Lure ce point je lit
de la FiVière VAE te ä&e retrouver 'cètte
belle espèce. Les quinze à Vinet échantillons ‘que
j'en possédafs RE tro ent “au hui dans les
herbiers de divers savants, n6tämment dans celui du
pasteur Dub} dé Gt Hat) Dre Don DH
Neckera crispa, HE 1 Te pieux tronce ‘dans
les forètg dé Véyrat et de Réclh ÉCROUATT. oi
Hypaum! réparé Lan 7 bur I0S" HorN" de la
Briañéé, près’ ‘At moulin de Sat paul psud do plu-
mOSUM re DKOftéum 'LiRAA LE ana éf là % js
les lieux” Abe Ab" ne! Free sûr 1x teure)
dans une châtaigneraie, près PAL ES SD AitanS “LR. :
dans une pêcherie, à a’ 'onäpétte, \ DA
Léonard : medium, Dicks” Péur des #rohc8 4e Vin ie, à
BAR AE LT Er igosu , HÉAUW "LUE la
terre, au sommet d’un coté “qui dominb là route’!
DA EAU En dE AE Eat Méthuseut, HU.
dans un bois près de Solignac. cerf
“pidymodon) férié 2 DÉS E JR" Et" 48 Cha-
lusset, près du chatédt ln AMnesiU 20978 irinh
Hibantim virens |: SUEAES"
près Seteseirailon Hidhtantin, "Hed "eu Fe
.978 419 ai Ma sescon:0 0 age are 7
sbugond sxtet el vue : 2219 cwontrison: so EE
(1) Cette mousse à . été décrite par le docteur Montasne dans
les Annales des SOienceg, navales" seçonde cine Ai de
paëe 329 DL. 18° fig. 135 oo! Le DE LÉ
I ’ ACER 7 xs
168: CONGRÈS! SCIENTIFIQUE De RANCE
vieilles souches, dans les bois de Sante Niedlas, ‘au
Surzol , des Alois près Saint Léo onaril; Aagellère,
Hédw. : sur un rocher, “- vis À ken TONI de Saint
Paul près s Solignac. ha
| io stusdostio MAO | SSD SOS 0 Ho
Tremalo don ambiquum Schwy, : sur Un fossé , dans
JET LDOT DIS 29° à fosss 02%
une prairie, montagneuse des environs de} NP
| Weissia fugax , Hedw. ; dans les cavités (le gs roc hers,
JRÉs Je pont de Saint-Léonar GC stp. sos
Campylopus pilifer; Brid.,:.surla.fterre,, dans,.les
landes, de Boispeuil , de Veyrac de. Bel Lae ,. ete. J'19)
Encalypla vulgaris, Hem çèet LxoSuB. les murs,
à..Limoges, Saint-Léonard: MA souris pis ,; ssstsp
seTrichostomumoaciculare ss PorBeau vais lesrochers
etiles murs humides, à IsleyAïxe;:Saint:Juniem; reté,
Un savant botaniste, M. l’abbé.de Gessacsäutrouvé le
trichostomum: polyphèllum: ;-Schwr::sur divers points de
Ja, Creuse 1 jemel'ai-pointirencontré dans: là: Hautes
Vienne; 0 sons 9,1 .ZH9 2809180 ediorbas #5D. 39
Grimnia alpestris, Schleich. : sur(les:rochiérs--des
coteaux quibordent‘là route entreila]Varrache ‘ef le
pont.de Saint-Léonards ovata;Web:.etMohr ::sur des
tablettes: de ‘granite dansu les jardins: de: l'évêché de
Limoges/201{4S1 94 HO KP tuscoupôrt aulq ixsius D
EL Orthotrichum °rüpéstre 1° Schiète! 01) Sur /llés °roéliérs
“dfbrages "A? La'CHäpele hi Bordes) x'Rigouène
près lisant Léonaid 2 Hédéhinsia; EASIBOt., 42523 |
sur ün récher auisominét pagabiVraËx : igis,
Brid. : sur des troncs d’aulnes qui bordent le Fhirion
à Saint-Laurent-les-Églises.
Buxbauniä aphyllà} Linn’’: dans une cHtareneraie
près de Rigoulène.
MÉMOIRES. 469
Splachnum ampullaceum, Linn,:;daps.un pré maré-
caseux, , à Rigoulène. };
pag conlortur ; Séhultz : ‘dans ss rigole d'un
pré. “de : de Léobard ayd Y, à mircôte. du. mont _Puy-de-
Viens. 2 Cette mousse, l ae rugosum, ‘le irema-
_todon ambiguum , les ortotrichum Huichinsiæ et ‘Luthoig ü
Sont des S'éspêtes rires et précietisex } FAR le pays : elles
OTIVIIS JOT.
reliée Hotte” AGLS Se à celle des: plus
hautes montagnes AE] ER cd DE SSI 2
Phascum aæillare, Disc. SEE és dun de trèfle
étisur El vase! des étangs degéédhéss VE 20
Certaïnés Espètes ne Hructifient pas ag fa Haute!
Vienne? cé sont! :lbartramtie typhèlles "Erÿtm andro-
ginum; Neckera crispa; hyphuñi@llicans, cordifohium',
stellaten:; aduncumn y srtigoshmSstumolluscum:;odidymodon
flévicauler: \dicnarnunex Wirens) imontanum! =campylopus
pihifersisphagnumscontoridms l M ,ot211630d tirevéa ol
9 Quelques autresmousse#sontifiéquéemmentistériles :
d’érdinaire-ce: Sont des Aypnesidesiliduxitont àfait'secs
et des endroits marécageux. Le dicranum glaucumest
ausskdelcemomibres : .doioldoe | 2vtesulu virent
ol Le <hryumsdlpènum: fructifie érès-rairemient) danses
environs décllimogés ysesorganes fructifèress à partir
de Saint-Léonandihet; d'Eymettiers ;;:18e smamifestent
d'autant plus fréquemment qu'on se rapproche-davän-
tage,de laçhaute Corrèzes- J'ai -itqune remarque ana-
dogue;penr: le.sedum anglicue; Henne. J cemmun, dans
lcHaute-Vienney maispresque Ltoujours stériles, il
ne; fleurit régulièrement, qu'à.partir de Bugeat.et de
Meymacs isbrod iup entws'b'etor 25h ve : hi
e5atloff-29 [norte ltrise
HÉRATIQUES, 7 fi -motre,sol rconyient, à: la propaga-
191110"
470 CONGRÈS SCIENMIMHIQUE DE FRANCE.
tion et au développement des imousses, idoit être un:
éden pour leurs sœursiles hépatiques; dont la plupart des!
espèces recherchent Fhumiditéset: les ombrages épais-
Nousipossédons ioiromnt : cé ( pionélqoics 20e]
sGrimaldia hemispheæericas\ Lindenb:# fimbriaria fra-
grans, Nees ab Esenb. : ces deux espèces sont)raress 0
Marchantia polymorpha:;: Linn:-: dansiles eours hüu-
mides|,]iau :piedides mutsi{là l’orificg descpuitssodans
lesvoisinage des fontaiesosrunss : 221910 ésousnno
Targionia -hypophyllasxtinnirs1jé merkRaitrouvéel
qu'une seule fois à Limoges;.prèsrdùMas-Rome ; ‘elle!
est plus abondante sur lesiioôtes d'&ixes danses
petites cavités. des, vieux mugait 01 Srtrroocrer je‘ ol
-Anthoceros levis et punetatus, Lin, ::Sû licterre km:
mide ;; la, première :espère\\est moitisirareque Ja
seconde! 9h 2640 sonéro Al 2h 9ttot 92 [TD Hp922tti
o Riccia cavernosa;:} Hoffm.;:glauca ; Linnt : :rciltatu}
Hoffm..; je,n'aisrendontré, roetterrdernière) ‘espèce:
qu'entre L’Aumônerie et Verneuil, sur la tefrequil
recouvrait uBsrocher. veizathsniot Bidon One Ji
- Ricciella fluitans; | Braun; assez commun surr les!
bords des‘étangs; parfois nage dansl'eausic orrôs!
o\Gymnomitrion multi fidum;;: pinnatifidum;o\pinguis
epiphyllon | Hübner.: cette.dernière espèçenest'pas rare
dänsileschoishumides,h 2ie7ef of : aout 292 9f Storm
J Æchinomitrion } furcatum -Hübaertr: ‘Hrabonde| suroles!
vieilles sonéhes-dansdesforétss ion 202 26h ordi H
J'ai récolté trentescinqespèces decgungermannia ,
dont voiciiles plus répanduess! ‘orrsy 2iolontrre dpnel
:-dungermanniaitrichomanis ;;Scopoli: polyanthos,; Lian:;:
scalaris , Schrad.; -crenulata ; Sms; -asplenioides ;Linu::,
emarginata, Ehrh.; minuta, Dicks.: Funckii Webbsceti
po 4
à
CAL BA MÉMONMMEST OR AS OT) #71
Mohr;ibissateu, Roth.;:bédéentata, Linn.; bicuspidata ;
Brin); sbicrenatu,0 Schmidelbburbata y Schreb.; incisa |
Schrad Strilobata -Linnoinemorosa), Lin: undulata ,
Linn.; rites, Linn : tamarisci ; Linn.-'délatata,
Linm. ; dress Schradi batyphiil Linn.5 As
loidemssSchiwe 299802 ous ba59 :rdmror se û
Moïcides noms: ci espèces rare minou on
2Juhgermanniel Sphagni | “Dieks#y cordifolia ;15 Hook ji
connivens, Dicks.; ventricosa ;°Diék&0! : phnquadénend)
Huds:;'attenuatæ} Lindenbiitreptanss Line; résapinata ,
Lin .; calbicans W Limn:S'tomentellar Elirho! ss ner
Diéksiséminutisdima 0Smiteel 0e simécbaode artiq is
Je n’ai rencontré le junge#nanitia péiagétenne duel
dans un bois taiHis de Céndadiléqui1énte Ti Viérine.
Le jungermannia tomentello habite 1e H6rds d'un petit
ruisseau qui se jette dans l'Aurance près de lahrouté
deñSàint-Junidn ; 9jé0Pai (aussi trouvétsur larive
gauche delaViènneau-défvduivieuxs pont de Saïnt-
Déonadet 60 ue dinars Vis 5iienmôeu ANT or !0 p
Le jungermannia minutissima , Tnonveau pour}
Frânte, tapissait lésavitésdæell'écorce \d'ant vieux
chêne, prèside Pusheo dePaspainat :céchêne) a été
arrachéilors dé la construction \ da nouvelle route
dAixer Cétterespèce esti remarquable paril'excessive
ténuité de ses tiges : je l'avais détérmtinéeaveescerti
tudeten lalcomparant'avée tes échantillons publiés par
Hübner dans ses Fascicules dés hépatiques-d'Alléemagne :v
Jevciteraivenfin -Véndræa Rottaty Wékloet Mohr,
classé autrefois parmi lesmousses ÿ ét! aujourd’hui ;
avéé plus deraison o'parmi les hépatiques Fest
pas ale Str° léstrochersà ‘bimoges , NEO Saint
Léonard //eté.' nant odssrisso nel ei ets 4
ve
172 CONGRES SCIENTIFIQUE) DE FRANCE.
-LICHENS. "Ils sont, dans les lieux ineultes et san!
vages, les insépäräbles compagnons des foussés, dont:
ils n'ont jamais l'aspect herbacé:, “ls roffrent de
grandes variations ? désconsistanee , sde formes jp de
couleurs; leurs thalles: sont. tantôt ‘dressés tantôt
pendants, féduemment aukkei /éténdus en-rosetté sur
lessurfaces oùrils végètenbiiqonoin ; 1224. ,neosiparsn)
Certaines petites) espèces attaquent ‘les pierres les
plus'dures, les rongent -encquelque: sorte $l ét: sy. init)
crustentiz : 29171. 09purtst lo ,nssnso : 194. coin
L'usnea barbata, Fries, avec ses nombreusés1vae
riétés se rénconitre fréquéniment; La: variété fonda
se couvre d’apothécies sur les branchesduichâtaigmier: |
Lavariété hirtd est\presqueltonjours stériles J'enrdirai
autant des variétés plieuta et'dasypoga, dont: les tiges
allong'éessont suspendues ax \branches! des .chêness
dansiles lieux ‘élevés na Népoulas! . Blondy :SaïtÆ
Sylvestre,;1Saint-Léger-laMôntagnez 9576, ir iqun
Pour abréger,sjé0vitetainræpidemént quelques-uns
des lichéns.les plus connus : .219T Last 2mpmond
SEvernia prundstni | Ackiil tronésd'arbiese 21841006
- Ramalina! calicaris,! Wiestrines Farglawe, 142 sun
les 'arbrés ‘avec! toutes ess variétés) dont[lé ramaline
farinacea, Ach., fait partie. 291915 39 xw9[iars émise)
Cetrariaaculeata;, :Fries : sut) 1a 2temæaridés qui
recouvre les-cotéauxipapothéciestrèsæuies ; roHnae
glaucai, Hoffm: : tronesd'axbres:et! rochersinos : 1191
Peltigera: resupinalaÿoA cho;1canine;\Sohed.;[|kôrison:
talis, Hoffm. : sur la terrélætl less rochers païñmitles
mouéses.2smsossoiaus :.2194 pro .pfroc nds 1050!
Sticta silvatica, Ach. : dans les bois, à Ja/baseles
vieux tronts/et surles-rother/pulmonacce, Achs:sur
AOAAAA a MÉMOIRES: 102 AN 4O! 4713
les:troncs.de;châtaigniers dans les-montagnes; fruc-
tifie: très - rarement; serobiculata,|Ach;éni troncs: et
rothers-pärmiles mou$ses. ioqas'l 2isaef rc
)Parmaelia:perlata, Hliaceai: samatilis , sinuosa:; Dinde 2
Ach:551 acelabulum 16]; olivaces:sli caperuta 1 Ah;
ciiaris; Eriessstellaris;)WN els obscura;Bhèht ; ulothtix,:
lanuginosa, Ach.; microphylasi-Stenham:s murorun;
Acb.ssarec var.icininaiset-méimatussKries 2°subfusca ,
Dit. , avec la phapant des pariétésimdiquéés pariFriesio
atra, Ach.; cerina, Ach.; ferruginea, Fries; scruposa
Soimeréuordaon 294 das: 29114 t0dtod.-pofanll
siStereoéaulen ; paschale;Laurer: 4risub les s£oteatix:
panimioleshiupbresionestid e0l «ya 8918djoqe'hb9rymo0 92
:1Olédonia, aléicornis,:Schetlo y graeilis, Kries ; connut,
Sched.35 furealu ,Sommerf: squamosai Hoffms cornu-:
copioidés, -Sched:;1défonmis. 0 Hoffms; tonangiferind|,
Hoffnr; uncralis, Eniessypapillaris, Hoffms Le -cladenid
rangiferina , avec sanvariété/ sylualica]-icouvre:parfois
desrespaces considénables;sur-kes icotéaum:crde 1504
Bœomyces roseus, Pers. : eexjoli 2Hitheni,-1dont! Les
apothécies sontdonleur;de chañrzet pédieellés ; repose
surune croûte pulvérulente Œuw blancwerdâtre: Cette
D Et anensine sa -les
terrains argileux et aigres. .aïtisq tint ,/d04 : exc f\
11Biatora byssoides ,;Schær. : suirles inde des vasel
vibecideu, -albocærtulescens;icontèquas-Eries:: | atroalba,
Acbh.; confluens)oSchærsz1geographiou;, : Schœr; para:
ser; Dill. ;henterolencas:Kries;/sabuletorum;: Kriesil:;
=Umbilicaria pustulatai, Hoffmrst 61 ane: Bon ent
Opegrapha varia, atra, Pers.; Dunier re aol Anh
seniptes eh. s J210d291 26h 408% novuhe wie
‘Caliciumm lentioulares\ ch: se na À hab
AT CONGRÈS SCIENTIRIQUE/DE FRANCE.
Endocarpon : fluviatile, ‘De: sum les rochers sub
mergés dans, /la, Vienne, : le-Taurion ‘et: divers:
ruisseauxlisqedt sl ob #45q: éowpitirergt rit
- Pertusaria communiset Wulfenii; Desrer 2071 0e 7e
Vernucaria nigrescens, Pers. ; sepidermidis, ÆKriës::
punctiformis, Pers59 ‘Svuoï Et lo Srasvolpien
Pyrenolthèa-deucocephala, Æties:: sur:18s écorces ‘des:
arbre® 55 toc: zn9ir vb #lsb-rre. to hrrotanmirok
Je passe aux espècesrares zrr69t09 290 tu2 ; bisroë,l
-Ævernia jubata, Eridsrisur les’branches d'arbres-et
lesrochers à Népoulas /SaintsSylvestre , Saint+Léger
toujours stérile; furfuracea, Mann., Lichi;:8Boh;
p.405-5 rochers -etutroncs d'arbrésilà Népoulas;osat-
vagnac, Grandmont;!efics fructifie darementi2 2519811
t'Cétraria-sæpincolæ) Ach., var. wlôpliyllas Desmazt :
sur les vieux troncs dechâtaigniers, à Népoulas alla
Chapelle: près Saint-Léonardiotoujoursistérilelsr100 1
Peltigera malacea, Düb., et venosa, Ach. :5Surylesl
mursret les-fossés, parmi les:monsses ,ànCondai ,
Solignac;! Saïit-Léénardoetetr61) 51 9b Drod 87889:
i Sticta-fuliginosa; Achsprèside Magnat-BourgY à
Pierrebrune, sur umssovigux) peuplier !oqui 191depuis
quelques années ‘a -été-arrachés stérile fsglomulifera,
Del: au pied dés'vieuxoarbres} x ha Chapellesdau
Surzol ;àEyboulenf:ss :14llisqted 9h #4 arr si
Parmelia chrysophthalmayvA chi à lsle,tAixep Ver
neuib, ietc.,.surderprunelier «et les arbres fruitiers]
conspensa;!; Ach.:t sur Jes-rochers;ret de-préférence:
sur les rochers quaytzeux s\rubiginosa ,-Atch:, : var: B
conoplea : sur les-tronés d'arbres etolésrochers parmi
les mousses, à Verneuil:;xAmbazag:,i Les Palais; ete:
triptaphylla::Fries 2 sur! lesctronésset, sur-dacterre
LOU A LL MCNMMONRESET Ne Emi te 1) ATS
qui recouvre les rochers: brunea, : ACh.': sur la
terreiparmi des mousses ; .lentégera, Ach. : sur des
pierres granitiques près de La Chapelle: Cette
espèce, très-rare)(éhez nous! ‘estieommunessur les
rochers calcairesiade ; nos. départements : ovoisins ;
hœmatomma, Ach. : j'ai trouvé cette belle: éspèce:
avéc-desrapotliécies sumdés rochersodansiles bois de
Bonnefond, et au-delà du vienx pont de Saints:
Léonard, sur des coteaux boisés99029 71
none 1tomentosum BH ibn Ugo po
satum, [Laurér : sont ARRIÈRE as montagnes ,: mais!
rar#ipartonti unis" ,ossomslut .:olirèta, 5197 où
Bidioratestuceu, af jé lu trou avé des apo+|
thécies surounirocher prèsidu Palaïsonrbitsro ,9-rosv
Lecidea! pantostict; Achr. :.Suk desc DINAN font
saillie, au milieu des ilratétthes 3b près'ide d'usine! de:
M. Corret: Lis A Ar SEL -iprès deif'usine de
ParpañHat:.1f5A 020886 Jo du ,é66pinm Lin
ne hinsuia ,-°Kriese2! sur: uni
rocher au bord de la Gartempé;près Hé d'embouchure:
du Vincoül : lasouë-variété muritia habitaitile sommet
durrocher lesplasiélevé, dértivcarrière d'Ile mais la
mine meparaît avoir enlevé'ceëôcher29%fas 2519. 5
HOpegraphaiélequrs; EnglliBots#71852 :isur un tronc
de chêne, près de Parpaillat; herbarmes Mont. !::sur”
lesitiges sèthés lu perds aquiline)\dans le voisinage
destcoteahxdupont de Snint-Léonardiseje lai aussi
trouvée ste, dang'ilel dlos:de M2 de. Beaulieu, sur
lés tiges sèches daslonigänumivulgare 212150
HLecanactis ilecebitosa 2S1005 V2) pagé 288 : Sur un:
vieux tronc dehètress a Proximart près Limoges. 31
v'Ooniocar por cinnabar num, Der sursfa partie infé-
176 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rieure des troncs de divers,:arbres, notamment du
buis à Rapallat Enrands Panier
Calicium, subtiles, Sehed..s à Jsle, sur, l'écorce. des
jeunes peupliers ;:.saxalile, Schær,:.:.sur, an rocher
rapproché du. petit ruisseau, qui traverse le chemin de
Condadille à Condatsturbinatum, Pers: sur les vieilles
souches,et,les,croûtes pnivétulentes formées par. les
espèces de L'ançien,genre pariolarie. 8h on [i 201 pin
- Sphæroyihoroh) coralloides; Pers. : sur! lestrochèrs'des
montagnes dés Népoilàsy SaintiPierre!s: Saint-Léger;
M à fo of oréirrob b9slq sTISTOMNT 5qqi
?Entlocarpon ebiarieut, De: j'ai découvert Cette jélie
et trè£rare éspèce lénfre 16"éhâtéäh dé Ligoure et 1d
pont du Vigen, sur une terre en friche, très-fridblé)
composée ; en! grätidé partiel! de‘br6s Bras ul es
félispathiqués; Sesthiaties présque artofidis dé RER
lignes ’dé diamètre, ° d'u: NET divbires oirs! érl
dessous L 2 Crusta dés lrlitaéinens “püräiänt sa ieur
surface nn À {rai Héceptatles phér didés;" serriémént
visibles avec une ‘loupé #ènlempté "te! “ec taie,
rapprochés!) mais! parfaitement Aistinèts lès ‘uns des
autres, formait une espèce de croûté!Sür 18 0! qi
en était couvert. fax :O T6, DIDIOO DIMNINT
il ne s faut pas confpnare ce ces Halles avec les parcelles
de quelques S parmèlies mal dévelop pes, qui se ren-
contrent sur Je mortier. de chaüx des murs ex pôsés a au
midi, fe qui aps dire à Fri . de l'en 5 carp por
éburneum dans son ichenographià ‘europe : | « Amibigit
inter parmaliam Schæreri, el lecideam mamillarem ». Le
savant suédois n'a pro ablement jamais vu J'espèce
dont je parle. L'illustre docteur Montagne, auquel je
jf) àt{19 f (h 1
HOHAHA A4 AUQIHITAEIIE 4419409
Hub iaocieion :, 2010 4anmés 9h 2020 291 61 #17
J'ai Or Tone D) Hs dis a a récon-
naître potr.lé Yéritätsle Éndochefor ess HHOSN
LBhdocéhrpore miniatun AROED A “etl IN ur les
rochers; à Ré Cofdat y AMPaZAE TT piend Ban En
Sion d'une Htierne Diseases rh es sur fesiréchers
éalchires des env ons de CdH6rs$ûr nos" roches", gta
nitiques il ne dépassé PTE HA AE adcétte éténdie” La
variété scomplicatum se troûive-shnlesroches deserpen-
tinesdé nos contrées: arvariété [leptpphyllumchabitecle:
cippe funéraire placé derrière le chevet|déita-cathé
drale. de Limoges: à cause de son, exiguité.. il fantide
l'attention. et de ;hons,weux. pour réussir. à, lys
TRUE art afoïtt vo orrot ons 102 ,u90iV ob troq
- Endocarpon. Guepinii.,; Moug:. cette.espèce ,parfais
tement; distincte, .$e..trouve abondamment sup nu
rocher, placé à, peu der distance dla Vienne, au
Assous.de Jerprppriété deiM rAlluand, à Paenac: je
Vai aussi.obseryée.sur les rochers pyrigènes situés ar
dessous du, château; le Roghechouart. Jovs eoldieiv
-Segedia viridule.;[Fries: près. Asie, auhas. dy
FOGhEr QUATIENE, oro 9h o08qe9 ann demo ,207ttrs
errucaria conoidea , var. C; dns rubella, :Fries.:,
bas d’un rocher, près de N époulas: aclinostoma ,
29 94191 18 PRE pars éherà d 29 ral IAE LON 2 Feu ou B
ie
À : à 0 :
Se LD 200 of É Sr € is a d'ubres, à
ps éxpat 1 nu D 9 ie OX 91 ‘LEA LEO TOC
de: arbres. à
109 9 1: SD. b 181 ou D
be, Ixe ; nié Q, ur 1es ar ; à Eniaud,
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ad « ANS sronpdoe tpilaseing mais
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pe ol ea vermice difere, AUZ. ;: sur | ‘des troncs
d'arér OLGLSEC JTE profs AA g'a 210bôrre fee
das res, à Énraud et arpai
CLIS }
MOTTE go AT )0 LIN L ,oftsc or oh
AGARICINÉES. — La difficulté de dessécher et de
478 CONGRÈS SCIENTIRIQUE DE FRANCE.
conserver les substances charnuesfaitun peuinégliget
l'étude de cecrichètet brillant-grotper dé végétanx.
Nos châtaigneraiesrcet , nos ‘bois titapissés de. motissés
sont leur résidence habituèllezNoué: possédons plus de
cent cinquante espècés de -lancientigenrerétab par
Linné sous:le nomz d'dgariest je n'enc aï‘détérminé:
qu'un très-petit nombre, paréeliquér d'impériéukes
circonstances m'obligèrentà cesser brhsqnement(mes
recherches lorsque: j'avaiseä2peine comméncéVétade
de ce genré difficiletnioq we fondu ob 11580 ess
. L'agaricus. Vcesareus,:1Scopu, lappelé vuléairement
oronge:,, croît-àBoisseuil}ulsle ; Verneuil," Saint-Vici
turnien , Saint-Léonard , ete1 c'eétiée .champighon!
que Néron appelaitieibus deorum, 4 2h05, amor
L'agaricus procerus, Pers., connu dans nos cam
pagnes sousles noms:de:filleule ;\grisette recherché les
terrains sablonneuxg on|lemange dans tous’ les pays!
mais chez nous on Huit préférer à justetitre d'autres
champignons plusidélicats\ etlltrèszabondants; Dans
tous les cas, on doit délaisser sa diet ‘qui est-d'ine
texture coriace. 29 IT ANIOSS SE TON EANNI
L'agarieus' campestris, Linni (gros'et petit Ra
est commun dansinos prés; on: le’cultive sur couche
dans toute l'Europe, mais les individus produits par
la culturétont la chair moins fmetet moins parfumée
que ceux qui-eroissent naturellement dans les (id
turagesii 1910: 2499 : 2OTT , (GONE. 22 pti
Le russula: vesca ;: Fries ;° bonde (dans °lesrchâtai-
omneraies ; quelques personnes le-mabgent:soûs lemom
de bise rouge : sa chair manqüede-délicatesse 1151171
Le russula- virescens;:Fries; vappelé bise verte, "est
considéré par les mycophiles comme un: :exeellent
HOTANT HT MÉMOIRES 0 2 419
champignon. 1$ai:dares appâriion:; sui nos : marchés
indique.qu'il, n'estopasientoré suffisamment connu et
apprécié ; il est-commun à Isle, Condat , Aixel £éte.0
sLercantharellus cibanius ;|Eries! {g'iraudelle}, se ren-
CORTE abondamment:daïis nos-bois: sa chair, :un peu
coriace; l'éloigné dela tablexdés gourmets’, NT il
soit; parfaitement salubrez :o1dmoc dit5-2 )
Après avoir:dit! um mot.des-espèces PAM 27 les
plus répandues;.j'enisignalérai quelques autres qui
peuvent offrir de l'intérêt au point de vue botanique :
+ Agaricus muscarius,; Linm{fansse-oronge);wernus,
Bull; ; citrinus ,. Chev .; sphalloides:;0Fries s'osulfureus ;
Bulls odorus, Bull; -laccatus , IScopà. Wlmartus., ‘Bull. ;
ostreatus, re petaloidesss, Te amarus p
Bulls: tt. [TS FLE CO LL 2T A CN DRE ETC DE Te WE
ARE aies et Mau nu ‘communs : le
premier! sur. les: stroncs;::.de: peupher;idel nu au
pieddes souches d'arbres-pourries. «o 2400 vil il
21Coprinuspicaceus Bull; hsninéie , Bin; micaceus ;)
dakiguestensisBuboit cz msbinfèp tichimo 2559 2
Cortinarius violaceus, Fries. 981109 à
‘Hygrophoruseburneus, Bull:: coccineus;;: Prise \
eLactarius: zonûrius ;! plumbeuss, -piperatus ;: ducs,
fubigencush aies: bivibai el 2igon ,Sqoivt 05 rot
oCantharellusoraurantideusi;oÆriest> cinereus, aient j
leucophœus;:Nouel; cornucopioidestet-érispus,|Fries., : |
Marasmius Hudsoni, Fries : cette charmante-espèce:
est-commune suriles feuilles mortes du houx:22:
sPanus shpiicus }Kries:| sandesrvieilles PARA ;:n0-
tamment sux-celle$-de-l'aulne;rc sie di té
Schizophyllum ‘communes; Fries:::sur: les: vieux bois
emposésl'ain. Smic) affiGOoOEir! 89! to
480 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Lenzites betulina , variegata, Fries : les espèces de ces
deux derniers genres sont coriaces.
PoLyroRÉEs. — Quelques espèces fournissent aussi
d’utiles ressources à l’art culinaire. Les boletus edulis et
æreus, Bull., appelés bolets , ceps , potirons, sont abon-
dants dans notre pays, surtout en septembre et au
commencement d'octobre; ils offrent un mets déli-
cieux ; la pulpe, d’une grande blancheur, en est fine,
délicate, d’un agréable parfum. |
Les bolelus scaber et aurantiacus, Bull., sont très-
communs dans les bois, surtout au pied des bouleaux.
On les reconnaît à leurs pédicules hérissés d’aspérités
noirâtres dans le premier, et de petites écailles rousses
dans le second. L'un et l’autre peuvent se manger
sans crainte, mais ils sont privés de la saveur par-
fumée qui distingue les deux espèces précédentes.
Parmi les bolets vénéneux je citerai le boletus chry-
santeron , Bull., qui est rare; le boletus piperatus, Bull.,
moins rare que le précédent; les boletus lucidus,
Schæff., et erythropus, Pers., tous les deux appelés
bolets indigotiers, possèdent au suprême chef des qua-
lités délétères; leur chair prend une teinte bleuâtre
aussitôt qu’on la froisse ; leur odeur, forte et nauséa-
bonde, indique tout de suite leur nature vénéneuse.
Dans le genre polyporus je citérai :
Polyporus perennis , Sterb.; squamosus, Sterb.; varius ,
lucidus, Fries; pes-capræ, Pers.; sulphureus, Fries;
albus, Huds.; ribis, radiatus, zonatus, vulgaris, Kries.
Toutes ces espèces sont rares, sauf le polyporus
perennis, qui se rencontre fréquemment, avec sa variété
fimbriata,dans les lieux où l’on a fabriqué du charbon.
MÉMOIRES. 481
Polyporus imbricatus , Fries : sur les vieux troncs de
cerisier, hispidus, Fries : sur les troncs de noyer, de
pommier et de frêne; fomentarius et igniarius, Fries :
sur le chêne, le noyer, le pommier, le prunier, le
pêcher, etc.; on les nomme vulgairement agarics à
amadou; versicolor, Fries : c’est l'espèce la plus com-
mune.
Le dœdalea quercina, Pers., abonde sur les vieilles
souches
Le merulius tremellosus, Schrad., adhère aux vieux
troncs pourris, notamment à ceux du noyer. J'ai
trouvé le merulius corium, Fries, sur des branches
mortes près de Saint-Léonard.
Le merulius lacrymans , De., active la décomposition
des bois placés à l’entrée des caves humides.
Le fistulina hepatica, Fries, s'attache aux vieux
troncs de chêne et de châtaignier : on le nomme vul-
gairement foie de bœuf. Les mycophiles le classent
parmi les champignons alimentaires.
Hypnkes. — Je n’en ai recueilli qu'un petit nombre
d'espèces.
L'hydnum repandum, Linn., n'est pas rare dans nos
boïs ; les individus se rencontrent ordinairement isolés,
et non pas groupés. Son chapeau, couleur de chamoïs,
est garni en dessous d’aiguillons élégants et fragiles.
Quoique sa chair crue soit poivrée, on ne conteste pas
£es qualités alimentaires : cette acidité disparaît par la
cuisson. |
L'hydnum auriscalpium, Linn., végète sur les cônes
du pin, à Limoges, Saint-Léonard, etc.
Je citerai encore les Lydnum pudorinum , Fries, et
31
4182 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
membranaceum , Bull., tous les deux assez répandus,
surtout le dernier, sur les branches mortes du chêne.
L'irpex paradoæus, Fries, a été trouvé à Saint-
Léonard.
Les radulum orbiculare et quercinum, Fries, sont
communs sur les bois pourris.
AURICULARIÉES. — Voici une partie des espèces re-
-cueillies dans nos limites :
Thelephora caryophyllæa , Hall.; — stereum purpureum,
Fries; hirsutum, Wild.; tabacinum, Fries; disciforme ,
De.; acerinum, Pers.; rubiginosum , Schrad.; — auricu-
laria mesentericu, Bull.; — corticium cœæruleum, Schrad.;
quercinum, cinereum, polygonium, comedens, sambuct ,
Fries.
CLAVARIÉES. — Nous possédons :
« Clavaria flava, Fries; amethystina, Bull.; fastigiata,
cinerea , rugosa, Bull.; formosa, Pers.; crispula, Fries;
inϾqualis, Fries; aurantiaca, Bull.; helvola, Fries;
fragilis, Kries ; contortu , Holmsk ; juncea, Fries.
Toutes les espèces de ce genre sont alimentaires,
sauf celles qui sont d’une nature coriace ou d’une
grande exiguité. Le clavaria formosa, qui croît sur la
terre, parmi les feuilles pourries, dans les châtai-
gneraies , se mange sous le nom de barbe de capucin.
Le clavaria contorta est nouveau pour la France. Je
l'ai trouvé à La Chapelle, sur les branches mortes
des haies, après de grandes pluies en automne.
Calocera cornea, Kries : sur les planches exposées à
l'air.
Geoglossum hirsutum, Pers. : parmi des mousses du
MÉMOIRES. 483
genre sphagnum dans un pré du Vignaud, près de
La Jonchère.
Mitrula paludosa, Fries : charmante mycophilée, qui
croît dans les lieux humides, parmi les mousses et les
feuilles pourries, à Saint-Léonard, Royères, Nieul,
Saint-Jouvent, etc.
Les typhula erythropus et muscicola, Fries, envahis-
sent, l’une, les tiges sèches des plantes herbacées;
l’autre, les tiges des mousses.
Le typhula filiformis, Kries, recherche les feuilles
entassées et pourries dans les forêts. c
J'ai mis la main sur le pistillaria micans, Fries, à
Aixe et dans le clos de M. de Beaulieu , à Isle, sur des
tiges sèches d’origanum vulgare.
Le pistillaria culmigena, Mont., est commun, en
automne, sur les chaumes du seigle et du froment.
TRÉMELLINÉES. — Je citerai les tremella foliacea,
Pers.; lutescens, sarcoides, Fries; — exidia glandulosa ,
Dec. : ces diverses espèces envahissent les bois exposés
à l’action du grand air.
Dacrymyces urticæ, Fries : sur les tiges sèches de
l’ortie dioïque.
Agyrium rufum, Kries : sur les bois pourris.
ELVELLACÉES. — L'un de nos champignons les plus
intéressants est le morchella crassipes, Pers., qui croît,
vers l’époque de Pâques, dans la prairie de M. Octave
de Larivière, à Naugeat : je ne l’ai jamais rencontré
que sur ce point. Sa chair flatte agréablement le goût
et l’odorat.
Un jardinier de Limoges, pendant quelques années,
184 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
a cultivé sur couches le morchella esculenta, Pers.,
assez commun aux environs de Paris; je ne l'ai point
encore rencontré dans nos bois.
Nous possédons les helvella crispa et lacunosa, Fries.
Le second est assez commun, avec var. major et
minor.
Le leotia lubrica, Pers., n’est pas rare dans les lieux
humides, à côté des rigoles qui arrosent les prés.
CUPULATÉES. — Parmi ces plantes, le genre peziza
occupe la plus grande place. Grâce au bienveillant
concours de MM. Montagne et Desmazières, j'en ai
déterminé soixante-treize espèces : avec quelques re-
cherches plus minutieuses, leur nombre, je crois,
pourrait être porté à quatre-vingt-dix ou cent.
Très-peu de flores départementales pourraient offrir
de pareilles richesses.
Parmi les grandes espèces, je citerai peziza sulcata,
Pers.; badia, Pers.; cerea, Pers.; coccinea , Jacq.
Lorsque , dans leur vieillesse, et sur place, on les
touche avec le doigt, leurs sporidies s’'échappent avec
élasticité de l’hymenium sous forme d'un nuage de
poussière très-visible à l’œil nu.
La première est d'une grande rareté; la dernière,
d’une remarquable beauté, repose sur du bois pourri
enfoncé dans la terre.
Parmi les espèces de moyenne et petite dimension, je
citerai les suivantes :
Peziza amentacea , Barb. : sur les chatons de l'aulne,
au bord de la Vienne, dans le pré de Mme Parant;
melæna , Fries; leucoloma , Rebent.; furfuracea, Fries ;
hemisphærica, Wigo.; diversicolor, Fries: bicolor, Bull.;
MÉMOIRES. 485
plagopus, Wormsk.; corticalis, Pers.; triformis, FI.
Dan.; tam, Lamy; anomala, Pers.; ciborioides, Fries ;
echinophila , Bull. : sur les pelons pourris de la châtai-
gne ; coronata, Bull.; caculiæ, Pers.; campanula, Nées;
citrina, BatsCh.; nigrescens, Fries ; carneola, Desmaz.;
epiblastematica, Wallr.; cerastiorum, Wallr. : sur les
feuilles vivantes du cerastium triviale, au Trou-du-
Loup, près Limoges; insidiosa, Desmaz. ; argyrioides,
Desmaz.
La plupart de ces espèces sont d’une grande rareté;
quelques-unes seulement nouvelles pour la France,
quelques autres tout à fait nouvelles, ont été publiées,
dans les Annales des sciences naturelles, par MM. Mon-
tagne et Desmazières,
J'ai recueilli les ascobolus furfuraceus, Pers.; porphy-
rosporus, Fries; glaber, Pers.; trifolit, Bernh.
La seconde espèce est une rareté : je l’ai trouvée sur
des tas de fumier dans la cour du quartier de cava-
lerie de Limoges, et dans un pré de M. Maillard, à
La Couture.
L’ascobolus trifolii brunit le parenchyme des feuilles
sur lesquelles il végète : ces petites taches noircissent
souvent nos champs de trèfle, et leur donnent un
triste aspect.
Les bulgaria inquinans et sarcoides, Fries, sont
communs sur les bois exposés à l'air.
Je ne signalerai que quatre espèces du genre
cenangium :
Cenangium pulveraceum, Fries : il faut le chercher
dans nos forêts, sur les vieilles écorces, au bas des
troncs de bouleau et de chêne; caliciforme , Fries : sur
des troncs de chêne; rare : ericæ, Fries : sur les tiges
486 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
mortes de l’erica scoparia, dans une lande entre Mon-
tagrier et Le Dorat ; M. Montagne l’a indiqué, dans
les Annales, comme espèce nouvelle pour la France;
quercinum, Fries : cette espèce se rencontre parfois sur
les rameaux du chêne.
Les stictis ocellata, pupula, Kries; lichenicola, Mont.
etFries, méritent d'être cités : cette dernière espèce
se développe sur les thalles des peltigères et des par-
mélies.
PHALLOIDÉES. — Le phallus impudicus, Linn., se
trouve dans les villages, le long des haies, surtout
dans les localités montagneuses, à Saint-Léonard ,
Grandmont, etc. Son odeur est tellement fétide qu'il
n’est pas nécessaire de le voir pour constater sa pré-
sence dans un endroit. Il est un objet de convoitise
pour les mouches, qui souvent entament et dévorent
son chapeau.
Le chlathrus cancellatus , Linn., remarquable, comme
le phallus, par sa beauté, se rencontre à Aixe et Isle,
sur la terre près des murs, dans le voisinage des
habitations ; il est rare.
SCLÉROTIACÉES. — L’acrospermum compressum , Tode,
croît sur les tiges sèches des plantes herbacées.
J'ai distingué les sclerotium semen, muscorum , macu-
lare, Fries; varium, Pers.; pyrinum, Fries; durum ,
Pers.; nervale, Fries; pustula, De.; populinum, Pers.;
salicinum , Dc.; herbarum, Fries.
Le spermoedia clavus, Fries, envahit les épis des cé-
réales, et donne lieu à la maladie connue sous le nom
MÉMOIRES. 4187
d’ergot. Elle diminue l'abondance du grain, et nuit à
sa qualité.
LyYCoPERDACÉES. — Le polysaccum crassipes, Dc.,
prend de grandes dimensions; il se rencontre fré-
quemment sur les bords des fossés, le long des
chemins.
Le sclerodium verrucosum, Pers., végète sur la terre
dans les chemins ombragés. |
Le geastrum hygrometricum , Pers., est très-abondant
dans les terrains sablonneux. Il se développe sous
terre, et on ne l’apercoit que lorsqu'il en est sorti par
l'ouverture de Son peridium externe, dont les lanières
sont comme découpées en étoiles.
Le bovista gigantea, Pers., d'un beau blanc dans sa
jeunesse, se voit épars dans les prairies.
Les lycoperdon hyemale, Bull.; mammæforme ,, Pers. ;
pyriforme, Bull.; echinatum, Pers., se rencontrent assez
fréquemment.
Le tulostoma brumale, Pers., croît au sommet des
murs, sur la terre qui les recouvre. Son pédoncule
allongé le fait distinguer facilement.
Je citerai comme espèces rares :
Arcyria coccinea, Dub.
Stemonitis typhina, Pers., et leucopodia , Dc.
Craterium minutum , Fries.
Trichia ovata et olivacea, Pers.
Physarum hyülinum et bivalve, Pers.
Licea cylindriea, Dub. : sur de vieilles souches, à
Limoges et Isle.
Le Lycogala miniata, Pers., est assez commun sur les
488 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vieilles souches d’aulne, au bord de la Vienne, à
Limoges, Isle, Aixe, etc. “
Fuligo flava, Pers. : sur les feuilles entassées dans
les bois.
Spumaria alba, De. : suspendu aux rameaux de
divers arbustes, notamment à ceux du genêt.
Les espèces et variétés d’erysiphe sont nombreuses :
il est peu de plantes phanérogames qui n’en subissent
les fâcheuses atteintes. Les filaments qui rayonnent à
la base de chaque péridion donnent aux tissus atta-
qués une teinte blanchâtre. Parfois ces parasites
couvrent complètement les feuilles de l’aulne, du
peuplier, du saule, du prunier, du noisetier, du
charme, du hêtre, de l’orme et du frêne. Il ne me pa-
raît pas utile d'indiquer ici les noms de chaque espèce.
HyPoxILÉES. — La plupart des espèces de cette
famille végètent sur les bois morts, sur les feuilles et
tiges desséchées, quelquefois aussi sur les feuilles
vivantes.
Dans le seul genre sphæria, sans sortir de notre
rayon départemental, j'ai réussi à recueillir et à dé-
terminer deux cent douze espèces.
Ces espèces, en général d’une couleur brune ou
noirâtre, peu séduisantes au premier aspect, mé-
ritent cependant d'être vues de près. Leurs ostioles,
leurs loges, leurs thèques, leurs sporidies, présentent
de bons caractères, qui permettent de bien les dis-
tinguer les unes de autres.
L'une des plus remarquables est sn le
sphæria parmelioides, Mont.; son thalle rayonnant lui
donne le port d'uneparmélie; elle dépasse parfois la
.{UR
MÉMOIRES. 189
dimension d’une pièce de cinq francs. M. Montagne l’a
parfaitement décrite dans les Annales des sciences na-
turelles (1). Je l'ai découverte sur des troncs de saule
dans ma propriété de La Chapelle et dans celle de
M. Noualhier à Laborie; je l’ai aussi trouvée à
Rigoulène, près de Saint-Léonard, sur des branches
mortes de noisetier, dans une haie.
Voici les noms de quelques sphéries rares :
Sphæria militaris, Ehrh. : sur la terre (2), à Juriol,
près du Palais ; polymorpha , Pers. : sur des.troncs de
pin maritime, à Limoges ; punclata, Pow. : sur le crottin
de cheval, à Gain, près Isle; concentrica, Bolt. : sur
un tronc pourri, dans la forêt de Veyrac; fragiformis ,
Pers. : sur les bûches du Naveix, à Limoges, et sur
des branches de noisetier, dans les haies, à Limoges,
Saint-Léonard, etc.; multiformis, Fries : à La
Chapelle, près de Saint-Léonard; rufa, Pers. : sur
une branche de chêne, dans les bois qui longent la
Vienne, à Saint-Léonard, au-dessous de la Var-
rache; gelatinosa, Tode : sur une branche de ronce,
au Cluzeau, près Isle ; typhina, Pers. : sur les chaumes
vivants des graminées, notamment sur ceux de la
flouve odorante et de la houque laineuse. Cette espèce est
très-commune, mais je la cite à cause de la singula-
rité de sa forme’; rubiginosa, Pers. : sur des branches
mortes près Limoges; serpens, Pers. : sur du bois
mort, à Isle; undulata, Pers. : sur des rameaux de
noisetier ; favacea, Fries : sur le bouleau, près d’Isle;
radicalis , Schw. : j'ai récolté cette belle et rare espèce,
L)
(1) T. VI, seconde série, page 335.
(@) Cette curieuse espèce vit parasite sur la larve d'un
inseçte.
Ai
dre
“%:
190 CONGRES SCIENTIRIQUE DE FRANCE.
au sommet d’une montagne de Blond, sur une souche
de hêtre peu saillante hors de terre ; les ostioles étaient
parfaitement développés; spiculosa, Pers.; milliaria,
slellulala, syngenesia, Fries; juglandicola, Schumz.;
cihata, Pers.; lortuosa, decorticans, Fries; Lamyi,
Desmaz. : sur des rameaux de vinetier, près d’Isle et
de Naugeat : j'ai le premier découvert cette charmante
espèce, qui est voisine du sphæria aquifolii; elle vit
parfois parasite sur les vieux perithecium du sphæria
berberidis ; cucurbitula, Tode : à Isle ; fusisporia, Dub. :
espèce nouvelle publiée par Duby : je l'ai découverte
à Verneuil sur des rameaux secs de clématite;
dothidea , Moug.; polygramma, Fries ; eœuberans, Fries;
fimbriata, Pers.; thelema, Fries; aquila, Fries;
Desmazieri , Berk. : je l’avais communiqué à M. Des-
mazières sous le nom de sphæria aquila, auquel elle
ressemble beaucoup; ovina, Pers.; ligniaria, Grew.;
peziza , Tode; mammæformis, Pers; stercoraria, SOow.;
bombarda, Bull.; moriformis, Tode : sur des tiges de
ronce; myriocarpa, Fries; diminuens, Pers.; lagenaria ,
Pers.; rostellata, dilopa, mammillana , juglandis, coni-
formis, Fries:; solani, Pers.; buæicola, Fries; ægopodii,
Pers. ”
Je ne ferai qu'une rapide revue des genres
suivants : |
Lamya ilicis, Duby in Rab. Herb. mytol., n° 1832 :
j'ai découvert cette rare espèce dans la forêt de Veyrac,
sur les rameaux secs du houx. Ses perithecium noirs,
peu proéminents, dispersés sur le bois, ressemblent
à ceûx de quelques espèces du genre phoma.
M. Duby a bien voulu créer pour elle un genre
nouveau.
MÉMOIRES. 491
Eustegia ilicis, Nribs . sur les feuilles mortes du
houx.
Lophium mytilinum, Fries : sur les bois à demi
pourris.
Sphæronema cladoniscum , Fries : sur les bois pourris.
Phlyctena vagabunda, Desmaz. : commun sur les
tiges desséchées du tamus communis.
Dothidea moriformis , Fries : sur des tiges de ronce,
au Cluzeau près Isle; sambuci, genistalis, Fries;
myriococea , Mont. : j'ai trouvé la dernière espèce sur
des branches de vigne dans les jardins du grand
séminaire, à Limoges.
Phacidium pithyum , seriatum et plinthis, Fries: rares.
Ceuthospora phacidioides, Grev. : cette espèce est
commune sur les feuilles mortes du houx. ;
Hysterium elevatum, Pers. : cette belle espèce croît
près de l’usine de Parpaillat, sur les rameaux du buis;
vaccinii, Desm. : sur les feuilles de l’airelle myrtille,
au sommet du Puy-de-Vieux.
Aylogruphum pinorum , Desm. : commun sur les
feuilles mortes du pin.
Nous possédons plusieurs espèces du genre leplos-
troma : je ne citerai que le L. litigiosum, Desmaz.,
bien différent du L. filicinum, Fries : il occupe la
partie inférieure des tiges sèches des grandes fougères
sous la forme de points rapprochés, qui forment une
croûte serrée et brunâtre; à l’œil nu il a peu les ap-
parerices d’un être organisé.
URÉDINÉES. — Si la famille précédente jouit du
privilége d'entretenir une végétation presque continue
sur les vieux bois en état de décomposition, celle des
192 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
urédinées semble avoir surtout pour mission d'envahir
les feuilles vivantes et les parties tendres des grands
végétaux ; on peut dire qu’elle domine en souveraine
dans ces milieux. Ses individus, parfois nombreux
comme la poussière des chemins, envahissent les
tissus herbacés, les déchirent, les pénètrent, les
colorent de brun, de jaune, de blanc ou de noir, les
désorganisent complètement, et deviennent un fléau
pour les récoltes.
Les sporidies blanchätres de l’uredo candida, Pers.,
infestent, dans nos jardins, les scorzonères et les sal-
sifis; l’uredo rosæ, Pers., fait le désespoir des fleuristes :
la nuance verte des feuilles disparaît parfois sous
l’abondante poussière de l’uredo fabæ, Pers.; j'en dirai
autant de la rouille, uredo rubigo-vera, Dc., qui attaque
souvent d’une façon si désastreuse les seigles et les
blés; l’uredo carbo, Dc., appelé vulgairement charbon,
s’installe dans les épis de l'orge, de l’avoine et des
autres céréales : ses globules noirs les couvrent com-—
plètement d'une poussière charbonneuse ; l’uredo
maydis produit des tumeurs monstrueuses sur le
maïs ; l’uredo caries, De. (carie), noircit les grains des
céréales, et les prive de toute substance nutritive;
dans les prés humides, l’uredo receptaculorum , De.,
remplace les anthodes du scorzonera plantaginea, et,
le plus souvent , l'invasion de cette parasite prend de
telles proportions que, sous la pression du pied, des
nuages de poussière d’un brun noirâtre semblent
s'élever du sol. |
Les puccinées, presque aussi nombreuses que les
espèces du genre précédent, concourent avec elles à
ravag'er les plantes les plus utiles.
MÉMOIRES. 493
Les æcidium participent: aussi à ces œuvres de des-
truction. Je n’en citerai qu'un seul, æcidium cancella-
tum., Pers., qui nuit souvent aux poiriers en espalier.
Il attaque la surface inférieure des feuilles dont le
point correspondant sur l’autre face prend une teinte
d'un jaune orangé allant an rouge. Les feuilles
atteintes tombent prématurément, et leur chute
empêche le parfait développement des fruits.
Je n’indiquerai en dehors des genres dont je viens
de dire un mot qu'un très-petit nombre d'espèces des
autres genres :
Periconia lichenoides, Tode : sur les tiges mortes des
plantes.
Isaria crassa, Pers. : sur les larves des insectes morts.
Ceratium hydnoides, AI. et Schw. : sur les troncs
pourris du hêtre.
Tubercularia ciliata, Dittm.; granulata, Pers.; ni-
gricans, Gmel. : sur les bois morts.
Fusariüm lateritium , Nées : sur les bois morts.
Podisoma clavariæforme, Dub. : sur les troncs vivants
du gènevrier, dans les contrées montagneuses.
Coryneum pulvinatum, Kunze et Schm. : sur les
rameaux tombés à terre. -
Exosporium trichellum, Lk. : sur les feuilles mortes
des arbres. L
Siilbospora botryospora, Mont. : j'ai trouvé cette
espèce nouvelle sur les rameaux du hêtre près
Limoges. 1e
Cryplosporium caricis, Fries : sur les feuilles des
carex. .
Didymosporium betulinum, Grev. : sur l’écorce morte
du bouleau.
49% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Melanconium conglomeratum, Lk. : sur les branches
mortes.
Nemaspora aurea, Fries : commun sur l'écorce du
bouleau.
Phragmidium ulmi, Dub. : sur les feuilles de l'orme.
Triphragmium ulmariæ , Linck. : sur les feuilles de
la spirée ulmaire.
MUCÉDINÉES. — Ces plantes délicates, parfois
presque imperceptibles, ne sont pas néanmoins sans
quelque importance dans l’ensemble de la végétation ;
elles ont aussi une mission à remplir. Il ne faut pas
croire qu'elles naissent et se développent au hasard
dans le premier endroit venu : elles ont, comme les
plus grands végétaux, des habitudes, des besoins,
des répulsions, des préférences. I leur faut un habilat ,
une température, une exposition appropriés à leurs
exigences naturelles : plusieurs, par exemple, fuient
le grand jour, et lui préfèrent l'obscurité des caves,
des troncs crevassés, des amas de feuilles dans les
bois épais. Les substances en fermentation, les excré-
ments des animaux, toutes les pourritures, offrent à
certaines espèces des stations conformes à leurs
goûts et des éléments de belle venue. Elles enlacent
tous ces rebuts de la nature, et les dérobent aux
regards tantôt sous leurs filaments entrecroisés, tantôt
sous leurs tiges ténues et fugaces. Les unes, fléau des
magnaneries, détruisent les vers à soie; quelques
autres désolent les champs et les vergers : l’agri-
culteur, surtout dans les pays vignobles, en subit
depuis déjà trop long-temps la triste expérience.
MÉMOIRES. 495
La difficulté qu'offre l'étude de ces petites plantes
ne m'a pas permis d'en déterminer un grand
nombre : même parmi celles-ci, je serai sobre de
citations :
Erineum rubi, Pers.; tiliaceum , Pers.; juglandis, De.;
acerinum, Pers.; vilis, Dc.; alneum, Pers.; fagineum,
Pers. : ces espèces, ainsi que plusieurs autres que je
n'indique pas, sont communes.
Stilbum mycophilum, Pers.; mucor fimentarius, Linck.;
flavidus, Pers.; mucedo, Bolt.
Aspergillus candidus , Linck.
Coremium candidum , Nées.
Penicillum racemosum, Pers.
Botrytis racemosa , LK.; polyactis, Lk.; simplexæ, Pers.
Sporotrichum polysporum, nitens, fungorum, Lk.;
bryophilum , Pers.; lateritium , Ehrenb.
Tricothecium roseum, LK.
Sepedonium mycophilum, Lk. : cette espèce croît dans
les bois sur les champignons pourris.
Sporendonema casei, Desm. : sur les fromages con-
servés dans les caves. à
Fusisporium roseum, Linck. : sur les chaumes des
graminées.
Psilonia buæi , Fries : sur les feuilles mortes du buis,
à Parpaïillat et Condat.
Arthrinium puccinioides, Kunze et Schm. : sur les
feuilles sèches des carex.
Polythryncium trifolii, Kunze et Schm. : cette espèce
se manifeste sur les feuilles vivantes du trèfle des
prés en petites taches noirâtres ; elle occupe leur sur-
face inférieure.
496 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Conoplea olivacea, Pers. : sur les branches mortes de
divers arbres.
Mycotrichum chartarum, Kunze : sur les vieux
papiers qui se moisissent.
Racodium cellare, Pers. : sur les vieilles barriques
dans les caves.
Helmisporium pyrorum , Libert. : cette espèce forme
les taches noires qui s’apercoivent si fréquemment sur
les feuilles du poirier et même sur ses fruits; ses
filaments, d’une excessive ténuité, d’un brun olive;
très-fugaces, commencent à se développer dès le.
printemps. La place qu'ils occupent est d’abord peu
apparente, mais peu à peu la tache formée par eux
s'élargit, brunit; et, lorsque, dans leur vieillesse, ils
ont complètement disparu, cette tache devient tout
à fait noire. Le parenchyme des feuilles a comme été
brûlé par la présence de cette parasite.
Oidium Tackeri, Berck. : c'est la mucédinée qui
attaque le raisin, et qui est généralement connue sous
le nom d’oidium de la vigne.
Athelia citrina , Pers. : sur lasterre et les mousses au
pied des arbres. .
Dematium giganteum, Chev. : dans les fissures in-
ternes des vieux troncs. t
Ozonium auricomum , Linck. : sous l'écorce des troncs
qui se pourrissent.
ALGUES. — Ces plantes habitent les eaux. Celles de
la mer adhèrent fortement aux rochers, et leurs tiges,
flexueuses, cèdent à la forte pression des vagues pour
se prêter sans danger à tous leurs caprices. Celles de
nos rivières, de nos ruisseaux torrentiels, sont peu
MÉMOIRES. 497
prés; tantôt nageantes sans point d'attache, tantôt
accrochées aux plantes aquatiques, elles ont une
constitution beaucoup moins robuste que celle des
algues marines, constitution qui s’harmonise avec
leur vie peu agitée et la constante placidité de leur
existence.
Je n’en signalerai que peu d’espèces :
Ulva minima, Vauch. : dans une pêcherie, à Gain
près d'Isle, et dans un fossé plein d’eau, à La Croix-
de-la-Lieue près Panazol.
Nostoc commune, Vauch. : après la pluie, les allées
des jardins sont parfois presque couvertes par cette
espèce, qui se présente sous la forme d’une pellicule
plissée et un peu gélatineuse.
Rivularia natans, Roth. : le plus souvent il adhère
aux mousses sur les parois des fontaines.
Chætophora endiviæfolia, Ag. : parmi les mousses,
dans une fontaine, à La Chapelle; cette espèce est
rare.
Cluzella fætida, Borg. : il adhère fortement aux
rochers submergés dans la Vienne, le Taurion et
divers ruisseaux.
Trentepohlia pulchella, Chauv. : il adhère aux
mousses aquatiques dans le ruisseau d’Auzette : cette
jolie espèce est très-rare.
Vaucheria sessilis et terrestris, Dc. : le premier,
dans l’eau des fossés ; le second, sur la terre hu-
mide.
Hydrogastrum granulatum, Desv. : cette espèce se
rencontre assez fréquemment dans les terrains incultes,
argileux et humides.
Zygnema genuflexum, Ag. : habite les étangs.
32
498 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Batrachospermum moniliforme, Roth. : ses tiges,
articulées et gélatineuses, adhèrent aux pierres dans
les petits ruisseaux et les rigoles des prés.
Draparnaldia tenuis, Ag. : on le rencontre dans les
étangs et les rigoles des prés.
Conferva elongata, Ag. : mêlé, dans la Vienne, aux
longues tiges de la renoncule aquatique.
Scytonema Friesii, Mont. : sur la terre argileuse et
humide, près de Limoges.
Mycoderma vini, Vallot : sur la superficie du vin
et dans les fentes des barriques.
Fragillaria pectinalis, Lyngl. : parmi les plantes
aquatiques, dans les eaux paisibles.
Microcoleus terrestris, Desm. : sur la terre humide.
Oscillaria rupestris, Ag. : sur les rochers humides.
Ce simple exposé peut donner une idée assez exacte
de la végétation cryptogamique de ce département.
Je serais heureux que quelques jeunes botanistes du
pays continuassent mes incomplètes recherches. Cette
étude exige assurément du travail et de la persévé-
rance; mais on en reçoit bien vite une large rému-
nération.
La curiosité est à chaque instant vivement excitée :
on marche de surprises en surprises, d'émotions en
émotions ; et, plus on avance, plus on voit s'ouvrir
devant soi de vastes horizons, en présence desquels
les idées grandissent , l'âme s'élève et s’ennoblit.
Le seul examen des précautions qu'a prises la
nature pour assurer la conservation des espèces
sufirait pour justifier notre admiration.
Les fougères, les mousses, les lichens, présentent
à nl
MÉMOIRES. 499
des organes fructifères disposés de telle façon qu’ils
sont à l’abri de tout accident.
Il en est de même dans les autres familles, et,
parmi les champignons, cet intéressant phénomène se
produit sous des formes encore plus variées; on peut
presque dire que chaque genre possède un hymenium
différemment disposé pour recevoir les sporules des
espèces qui en dépendent.
Elles s’abritent dans les lames ou feuillets de
l’agaric, dans les tubes du bolet, dans les pointes
rapprochées dont le chapeau de l’hydne est hérissé ,
dans les plis des cantharelles, dans les rides des
mérules, dans les alvéoles des morilles, dans les
coupes des pézizes.
Ainsi tous ces petits êtres que nous foulons aux
pieds sans attention, et parfois avec mépris, sont les
enfants d’une Providence qui veille sur eux, et les
protége.
Cette simple observation ne dit-elle pas qu’ils
méritent de fixer nos regards, qu'ils sont dignes
d’études sérieuses?
Puisqu’ils ont valu la peine d'être créés, ils valent
bien de notre part une inclinaison de tête pour être
vus de près, et, lorsque nous les connaîtrons bien,
notre admiration pour eux sera sans bornes, comme
l'infini, dont ils offrent l’image dans leur petitesse.
Leur simple organisation n’est pas moins admirable
que celle de tant d’autres êtres d’un ordre plus élevé
dans la création.
CATALOGUE
DES ESPÈCES RARES OÙ CRITIQUES
QUI CROISSENT DANS LES ENVIKONS DE LIMOGES,
AVEC LA DESCRIPTION D'UNE ESPÈCE NOUVELLE D'OROBANCHE,
DÉCOUVERTE A LIMOGES,
ET NON ENCORE DÉCRITE PAR LES AUTEURS (1),
PAR M. E. MALINVAUD.
Ranunculus hederaccus, ©.; Lenormandi, Schultz, R.;
aconitifolius, ©c.; boræanus, Jord., RR.; nemorosus,
DC: 8.
Helleborus viridis, RR.
Nymphæa alba, var. minor, C.
Papaver argemone , R.; Lecoquii, Lam., C.; Lamolter,
BOT":
Corydalis solida , Sm., c.; claviculata, Dc., cc.
(1) Les plantes communes sont accompagnées d’un, deux ou
trois c, suivant que l’auteur de ce catalogue les a trouvées
plus ou moins abondantes, et les plantes rares, selon leur
degré de rareté, sont désignées par R ou RR. — Les plantes
naturalisées sont indiquées par RRR.
Les espèces non suivies de nom d'auteur sont linnéennes.
MÉMOIRES. 501
Fumaria boræi, Jord., c.; Bastardi, Bor., &.
Naslurlium pyrenaicum , Br., cc.
Barbarea præcox, Br., cc.
Cardamine hayneana, Welw., c.; dentata, Schultz.,
R.; irsulu, CCC.; sylvatica, Linn., CC.; impatiens , R.
Brassica cheiranthus, Vill., cec.
Sinapis alba , R.
Lepidium campestre, Brown., c.; Smithii, Hook, cc.
Erophila brachycarpa, Jord., c.; glabrescens, Jord.,
CC.; stenocarpa, Jord., CC.; majuscula, Jord., c.
Helianthemum quittatum , Mill, cc.
Viola palustris, R.; agrestis, Jord., RR.; peregrina,
Jord., CCC.; rovostit, Bor., CC.
Polygala oxyptera , Reich., c.; comosa, Schkur., RR.:
depressa, Wend., cc.
Dianthus congestus, Bor.. R.; Seguieri, Vill., cc.
Silene vesicaria, Schrad., cc.; brachiata, Jord., c.;
oleracea, Bor., R.; nutans, CC.
Spergula subulata, Swartz, R.; Morisonii, Bor., c.
Arenaria leploclados, Guss., R.; serpyllifolia, ccc.;
trinervia , C.
Moœnchia erecta, For. der West., cc.
Cerastium brachypelalum , Desportes, RR.; obscurum,
Chaub., r.
Malva fastigiata, Cav., RR.; moschaba, CC.; laci-
niala, C.
Tilia parvifolia, Ehrh., c..
Hypericum tetrupterum , Fries, CC.; quadrangulum , R.;
lineolatum, Jord., cC.; microphyllum, Jord., c.; humi-
fusum, Co.; pulchrum , cc.
Geranium sylvalicum, R.; pyrenuicum , R.
Erodium commixtum, Jord., RR.; triviale, Jord., cec.
502 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Oxalis acelosella, c.; Navieri, Jord., ccc.
Impatiens noli-tangere, r.
Genista anglica, R.; purgans, R.; tincloria, C.;
sagillalis , C.; pilosa, cc.
Trifolium striatum , R.; ochroleucum , c.; sublerraneum ,
CC.; campestre, Schreb., ccc.; procumbens, CC.; pseudo—
procumbens, Gmel., R.; filiforme, C.; patens, Schreb., cc.
Lotus tenuifolius , Reich.; angustissimus , RR.; diffusus,
Soland., CC.
Vicia tetrasperma , Manch., C.; cracca, CC.; tenuifolia,
Roth., R.; varia, Host., R.; nemoralis, Pers., c.;
Bobartii, Forst., CC.; peregrina, R.; lutea, CC.; sϾpium,
Gcc:
Lalhyrus aphaca, coc.; nissolia, R.; angulatus, R.;
hirsulus, CCC.
Orobus tuberosus, CCC.
Rubus cϾsius, C.; serpens, Godr., R.; glandulosus,
Bell., R.; westitus, Weiïl.; frulicosus, Sm., C.; tomen-
tosus, var. glabratus, Godr., R.
Comarum palustre, c.
Potentilla Vaillantit, Nestt., r.; argentata, Jord., CC.;
decumbens, Jord.
Agrimonia odorata, Mill., R.
Rosa systyla, Bast., C.; obtusifolia, Desv.; Dumalis ,
Bech.; andegavensis, Bast.; dumetorum, Thuil.; Kluckii,
Bess.; agrestis, Sevi; rubiginosa, CC.
Pyrus achras, Gæœrt., CC.
Cratæqus oxœyacantha | flore roseo, C.).
Epilobium hirsutum, C.; parviflorum, Schreb., C.;
montanum, C.; collinum , Gmel., R.; lanceolatum, Seb.
et Maur., cec.; palustre, ©.; Lamyi, Schultz., CcC.:
letragonum , CC.; roseum , Schreb., R.
MÉMOIRES. 503
Ænothera biennis, c.
Isnardia palustris, c.
Circæa luteliana , cc.
Trapa natans , RR.
Portulaca oleracea, cc.
Llecebrum verticillatum, c.
Sedum confertum, Boreau, C.; purpurascens, Koch.
oC.; cepæa, CC.; micranthum, Bast, cc.; villosum, c.;
hirsutum, AIÏl., RR.; dasyphyllum , R.; elegans, Lej., c.;
albescens , Harn., C.; reflexum, coc.
Umbilicus pendulinus, De., coc.
Chrysosplenium oppositifolium , coc.
Hydrocotyle vulgaris, cc.
Helosciadium inundatum, Koch., c.
Ægopodium podagraria, R.
Carum verticillalum , Koch., ccc.
Conopodium denudatum , Koch., cec.
OEnanthe fistulosa, cc.; peucedanifolia, Polich., R.;
pimpinelloides, c.
Fœniculum officinale, All., c.
Angelica sylvestris, ©.; montana , Schleich., c.
Pastinaca opaca , Bernh., c.
Heracleum pratense, Jord., ccc.; æstivum, Jord., cc.
Anthriseus sylvestris, Hoffm., cc.
Adoxæa moschatellina , cc.
Sambucus racemosa, R.
Galium verum, cc.; sylvestre, Poll., cc.; lœve,
Thuill., cc.; Timeroyi, Jord., R.; saæalile, cC.; dume-
torum, Jord., cc.; album, Lamk., ccc.;, erectum,
Huds.; elongatum , Presl., CC.; palustre, cC.; uliginosum ,
CCC.; Spurium , C.
Asperula odorata, R.
504 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Knaulia arvensis, Coult., c.; sylvatica, Duby, r#.
Scabiosa patens , Jord., cc.
Matricaria chamomilla, r.; inodora, cec.
Pyrethrum parthenium, Sm., cc.
Filago spathulata, Presl., R.; canescens, Jord., R.;
arvensis, CC.; montana, CCC.; gallica, c.
Arnica montana, C.
Doronicum austriacum , Jacq., cc.
Senecio viscosus, COC.; sylvalicus, R.; arlæmisiæfolius ,
Pers: ACC:
Centaurea jace&, CCc.; Duboisii, Bor., CC.; serotina,
Bor., CC.; microptilon, Godron, c.; pratensis, Thuil.;
obscura, Jord.? cC.; nemoralis, Jord.? R.; scabiosa, RR.
Taraxæacum rubrinerve, Jord., R.; erythrospermum ,
Andrz., c.; udum, Jord., c.; palustre, De., c.
Crepis fœlida, C.; nicæensis, Balb.; biennis, C.;
paludosa , Mœnch., R.
Sonchus arvensis, var. lævipes, c. (le type RR.).
Hieracium obliquum, Jord.; fruticetorum, Jord.;
curvidens, Jord.; wumbelliforme, Jord.; umbellatun: ,
festinum, Jord.; bastardianum, Bor.; approximatum ,
Jord.; bounophilum, Jord.; prasinifolium ;, Jord.
Andryala integrifoha, coc.
Lobelia urens, CC.
Jasione montana | var. major et nana de Boreau), €c.:
perennis, Lam., R.
Phyteuma spicatum | var. cærulæa, CC.).
Wahlenbergia hederacea , Reich., cc.
Campanula trachelium, co. (avec la var. wrticifohia) ;
palula, ccc.; rotundifolia, CCC.
Vaccinium myrtillus , CC.
Erica tetralix , CC.; scoparia, RR.
MÉMOIRES. 505
Hypopithys multiflora, Scop., r.
Utricularia neglecta, Lehm., R.; minor, R.
Primula elatior, Jacq., c.
Syringa vulgaris, abondamment naturalisé aux
environs de Limoges.
Cicendia pusilla, Griseb., R.
Microcala filiformis , Link., c.
Menyanthes trifoliata , c.
Cuscuta major, Dc., ©.; minor, Dc., cc.
Symphytum officinale, c.; tuberosum , c.
Pulmonaria affinis , Jord., rR.; tuberosa, Schrank., cc.
Myosotis repens, Reich., R.; cœspilosa, Schultz., R.;
sylvatica, Hoffm., ©C.; versicoler, Pen. {c., à fleurs
tout à fait jaunes).
Solanum melaunocerasum, Wild., c.
Datura siramonium , r.
Hyoscyamus niger, RR.
Verbascum phlomoides, R.; collinum, Schrad., RR.:
pulvinatum, Thuil., C.; flloccosum, Waldst., cc.;
schiedeanum, Koch., RR.; nigrum, CCC.; mixtum,
Ram., RR.; blaitaria, C.; virgatum, With., c.
Linaria cymbalaria, Mill., RR.; elatine, Mill., ccc.;
striala, Dc., ccc.
Scrophularia nodosa, cC.; Balbisi, Horn., 8.
Gratiola officinalis, RR.
Veronica polita, Fries, CCC.; acinifolia, R.; scutellata ,
CC. 7
Odontites verna, Reïich., cC.; serotina, Reich., cc.;
divergens , Jord., c.
Euphrasia campestris, Jord., cc.; rigidula, Jord.;
maialis, Jord.; ericetorum, Jord.
Rhinanthus hirsula. Lam., C.; minor, R.
506 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Orobanche ulicis, Desm., c.; minor, Sutton, R.; la-
myana, de Cessac (1).
Clandestina rectiflora , Lam.
Mentha nemorosa, Wild., R.; viridis, RRR.; piperita,
RRR.; subspicata, Weich., cc.; plicata, Opig., R.; aqua-
lica, cec. (avec la var. hirsuta); peduncularis, Bor.;
salebrosa, Bor. c.; elata , Host., R.; sativa, c.; paludosa,
(1) Cette orobanche, non encore décrite dans les auteurs,
est adhérente au lierre dans les jardins du grand séminaire
de Limoges, où l’a découverte M. Lamy. M. Boreau l'a rap-
portée avec doute, dans sa Ælore centrale, à VO. amethystea.
Voici la description de cette nouvelle espèce, tracée d’un main
sûre et exercée par M. de Cessac, savant botaniste d’Aubusson ,
qui l'a étudiée sur le vif :
« Orobanche lamyana, Télém. de Cessac, Mss :
» Tiges sociétaires, renflées et courbées à la base, violacées,
couvertes de poils blancs à glandes jaunes ; — écailles lâches,
écartées ; — bractées lancéolées, subulées, dépassant la corolle
avant l’anthèse ; — calice violacé, partagé presque jusqu'à la
base en deux divisions : Chacune à un, deux lobes subulés,
de longueur variable; — corolle tubuleuse, triangulaire,
arquée, bossue à la base, d’un blanc sale, violacée en dessus,
à nervures violettes ; lèvre supérieure dirigée en avant, 0bscu-
rément crénelée; l'inférieure, à trois lobes bien marqués,
égaux, formés chacun par une nervure très-saillante sur le
tube de la corolle, et se divisant au sommet pour former le lobe
terminé par trois dents plus obtuses dans le lobe du milieu ;
— ovaire jaunâtre, violacé au sommet, comprimé latérale-
ment, marqué en avant et en arrière d'un sillon violacé, et sur
chaque face de deux autres sillons moins prononcés ; — style
glabre ; stigmate bilobé, jaune avant et pendant l'anthèse ; —
filets des étamines insérés vers le bas de la corolle, poilus
dans leur moitié inférieure.
» Voisine d’O, amethystea, d'apres M. Boreau, elle en diffère
par la couleur du stigmate, le style glabre, la forme très-
régulière de la corolle, etc. » à
MÉMOIRES. 507
Schreb., cc.; sylvaltica, Host.; arvensis, ccc.; pro-
cumbens, Thuil., ccc.; Allionit, Bor., R.; parietariæfolia,
Beck., RR.; pulegium , cec.
Thymus chamedrys, Fries, cc.
Calamintha ascendens , Jord., c.; sylvalica , Broomf., R.
Melittis grandiflora, Sm., cc. (je n’ai jamais rencontré
le M. melissophyllum).
Melissa officinalis, c.
Salvia dumetorum, Andry, RR.
Nepeta cataria, R.
Lamium incisum, Wild., cec.; purpureum, variété
decipiens, Sond., R.
Galeopsis canescens , Schultz, R.; ochrolenca, Lam., c.;
tetrahit , cc. præcoxæ, Jord., R.; bifida, Bonn., c.;
pubescens , Besser., c.
Belonica officinalis {avec les var. hirta, Reich., sero-
tina, Host.; stricta, Ait.)
Leonurus cardiaca , R.
Scutellaria minor, cc.
Brunella vulgaris (var. parviflora, Poir., C., et
pinnatifida, Pers., R.)
Plantago timbali, Jord., R.
Littorella lacustris , cc.
Chenopodium polyspermum, cc.; acutifolium, W. Sm.,
c.; vulvaria, Ccc.; paganum, Reich., c.; intermedium,
Mert. et K., c.; bonus-Henricus, c.
Polygonum bistorla , cc.; minori-persicarin, Braun., c.;
minus, Huds., c.; mite, Schrank., R.; monspeliense,
Pers., ec.; arenastrum, Bor., R.; microspermum , Jord.,
cc.; rurivagum, Jord., C.; Bellurdi, AÏl., R.
Euphorbiastricla, c.; hyberna, cc.; pilosu, c.; exiguu,
R.; péplus, R.
508 CONGRÈS SCIENTIRIQUE DE FRANCE.
Saliæ fragilis, R.; viminalis, RR.
Populus nigra , c. (bords de la Ligoure).
Alisma plantago, c.; lanceolatum, Willd., R.; repens,
Cav., c.
Luzula Forsteri, Dc., R.; pilosa, Wild., cc.; maxima,
De., ce.; multiflora Lej., ec.
Convallaria mulliflora, ccc.; maialis, cc.
Ruseus aculeatus , ©.
Lilium marlagon , rR.
Erythronium dens-canis , R.
Asphodelus sphærocarpus, Gren. et Gond., ccc.
Narthecium ossifragum, Huds., R.
Muscari botryoides, De. ( Le Dorat), RR.
Endymion nutans , Dum., cec.
Scilla autumnalis, R.; bifolia, cec.; verna , Huds., ce.;
lilio-hyacinthus R.
Ornithogalum umbellatum, c.; divergens, Bor., RR.;
pyrenaicum, C.
Hemerocallis flava, rRR.; fulva, rrR. — (Ces deux
espèces sont abondamment naturalisées, l’une à Aïxe,
sur les bords de la Vienne, et la seconde sur les bords
de la Briance, au Pont-Rompu.)
Narcissus pseudo-narcissus, ©. (var. major, Lois., R.);
poelicus, RR.
Orchis coriophora, c.; ustulata , cce.; laæiflora , Lamk.,
cc.; montana, Schmid., R.
Epipactis latifolia , Allion.. c.
Neottia ovata, Rich., cc.
Spiranthes œstivalis, Rich., R.; autumnalis, Rich., c.
Cyperus flavescens , CC.; longus , cc.
Rhynchospora fusca, Rœm., RR.; alba, Vah]., c.
Careæ pulicaris , R.; divulsa, Good.,c.; paniculata, R.;
MÉMOIRES. 509
remola , C.; elongata, R.; canescens, ©.; stricla, Goodn.,
R.; vulgaris, Fries, © ; pilulifera, c.; hirta, c.; lævigata,
Sm., CC.; pallescens, c.; paludosa, Goodn., R.; riparia ,
Curtis, R.
Cynodon dactylon, Pers., c.
Digitaria sanguinulis, Scop., cc.; filiformis, Kæl., c.
Leertia oryzoides, Swartz., c.
Gastridium lendigerum, Gond., R.
Setaria verticillata, P. B., cc.; glauca, P. B., ce.
Phalaris arundinacea, cc.
Phleum pratense, cc.; intermedium, Jord., c.; sero-
tinum, Jord.; R.; præcox, Jord., R.
Alopecurus pratensis, cc.; geniculatus, c.; fuluus,
SI, C:
Anthoæanthum puelii, Lec., cc.
Melica uniflora , Retz., c.
Aira caryophyllea, cc.; aggregata, Timeroy, R.; mulli-
culmis, Brum., CC.; præcox , c.
Avena lenuis, Mœnch., R.; flavescens , cc.; fatua, cc.
Bromus secalinus, R.; commutatus, Schrad., R.;
racemosus, R.; asper, RR.; giganteus, C.; ereclus,
Huds., R.; Gussont, Parlat., RR.
Festuca poa, Kunth., cc.; ovina, C.; heterophylla,
Lamk., R.; arundinacea , Schred., c.; pratensis, Huds.,
cec.; cœrulæa, De., c. ss
Phragmites communis, Trin., R.
Glyceria plicata , Fries, c.; airoides , Reich., cc.
Pou compressa, L.; sudetica, Wild., R.; anceps,
Gaud., RR.
Nardus stricta , cec.
Agropyrum caninum, R. et SF cc.
Lolium tenue, cc.; rigidum, Gaud., c.; multiflorum,
510 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Lamk., cc.; temulentum , cc.; arvense, With. c.
Typha latifolia, cc. ; elata, Bor., R.
FOUGÈRES. — Osmunda regalis, cc.
Ceterach officinarum , De., cc.
Polypodium phagopteris, R.; dryopteris, R.
Aspidium aculealum , Sw., cc.; angulare, Kit., cc.
Polystichum oreopteris, De., RR.; filiæ-mas, Roth., ce.;
spinulosum, Dc., cc.; dilatalum , Sw., cc.
Cystopteris fragilis, Bernh., r.
Athyrium filix-fœmina , Roth., cc.
Asplenium Halleri, De., R.; adianthum nigrum , cec.;
rula muraria, CC.; trichomanes, cc.; septentrionale,
Hoffm., cc. .
Scolopendrium officinale, Sm., RR.
Blechnum spicant, Smith., cc.
Lycopodium inundatum , R.
Equiselum arvense, cc.; palustre, c.; limosum, cc.
POISSONS
DES RIVIÈRES DE LA HAUTE-VIENNE,
PAR M. FOURNIER,
Sur renseignements Journis par M. GARASSUS,
commis des contributions indirectes.
ESPÈCES RÉSIDANTES.
4 Le barbeau.
2° Le chabot ou poisson blanc.
3 La courcie, autre poisson blanc, qui diffère du
précédent par la forme de son museau, très-étroit
et très-petit, par celle de son Corps, qui est arqué
comme celui de la carpe, et par un filet noir, qui
s'étend de l'oreille à la queue. — Ce poisson se tient
toujours dans les eaux vives, et voyage par bandes,
Il a les mêmes habitudes que la truite, et se pêche
de la même manière.
4° La carpe, plus rousse que dans les étangs.
5° La perche.
6° La tanche jaune d'or.
Te La tanche couleur olive, seulement dans les
étangs.
8° Le brochet.
512 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
9e La truite ordinaire. — Trois espèces :
Mouchetée de rouge sur deux rangs;
Mouchetée de rouge sur trois ;
Mouchetée de rouge sur quatre.
La truite saumonée l’est sur cinq. — Cette dernière
est de plus mouchetée sur tout le corps, et présente
à ses nageoires de devant une ligne blanche transver-
sale. Elle a la tête plus allongée et les joues triangu-
laires. C’est la seule qui soit saumonée : elle l’est dès
sa naissance.
10° L’anguille roux marron, ventre jaunâtre.
Elle est sédentaire : on en prend en toutes saisons.
A1 L’ombre-chevalier : maximum de longueur,
0,40 cent. environ: se trouve seulement dans la Vienne
et ses affluents au-dessus de Limoges.
12° Le tacon : maximum, 0,22 cent.
13° Le goujon.
Ak La sardèche.
15° La loche.
16° La raie, ou tétard : tête large et plate; se
tenant au fond de l’eau; maximum, 5 cent.
47° Le rouget : corps plat comme l’ablette, yeux
rouges comme le lapin; nageoires rouges. — N’existe
que dans la Brame, rivière qui passe à Magnac-
Laval et dans la Caïille, un de ses affluents qui vient
de Dompierre. ;
19 L'ablette. — Trois espèces :
L'ablette ordinaire ;
L'ablette cep : raie noire de l'oreille à la queue,
forme arrondie et courte comme une petite perche;
L'able : deux ou trois fois long comme l’ablette,
le dessus des reins très-noir, les écailles plus allongées
2
1
MÉMOIRES. 513
et plus saïillantes; moins rond que le goujon et plus
ovale.
ESPÈCES VOYAGEUSES.
1° Le saumon. 1
2° Le béca, moins grand que le saumon , 0,66 cent.
au plus; nez relevé.
3° L'anguille noire à ventre blanc : se pelotonne en
septembre, et se laisse entraîner, On en prend de
grandes quantités dans cet état aux divers barrages.
— Ne se retrouve qu'en mai lorsqu'elle remonte.
%° Une espèce de truite qui remonte en mars. — Elle
est très-noire, irrégulièrement mouchetée. Sa tête,
très-forte, déborde sensiblement le corps; sa bouche
est très-orande. On a vu des sujets de 0,50 cent. de
longueur.
5° La lamproie. — Se trouve en très-crande quantité
dans la Basine à son confluent dans le Vincou, au
trou de La Négrière , depuis la grosseur d’une ficelle
jusqu'à celle du doigt, et en boules de la gTosseur
d'un chapeau jusqu'à celle d’une demi-barrique.
On les a vues séparées, s’attachant aux rochers ou aux
pierres au plus fort du courant, et s'y tenant très-
rapprochées. — On les trouve tous les ans aux mêmes
endroits en avril et mai.
ÉCREVISSES.
Dans tous les cours d’eau. — I] y en a de très-belles
dans la Vienne, l'Aixette, la Briance et l’Aurance.
On y en a trouvé de la grosseur d’un œuf ordinaire,
Surtout dans la Vienne, en 4857, aux basses eaux,
33
514 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
au-dessous du moulin à pâtes en aval du pont Saint
Martial.
Elles sont très-petites dans la plupart des ruisseaux,
surtout près de la ville. La pêche y détruit tout :
on prend jusqu'aux écrevisses de l’année.
Il serait désirable que l’art. 26 de la loi sur la pêche
fluviale, relatif à la dimension au-dessous de laquelle
les poissons ne peuvent être pêchés et doivent être
rejetés en rivière, recût son application dans notre
pays aux écrevisses : ce serait le seul moyen d'en
assurer la reproduction”
APERÇU
SUR
LES COLÉOPTÈRES
ET
«LES LÉPIDOPTÈRES
DU DÉPARTEMENT DE LA HAUTE -VIENNE,
PAR M. J.-L. SAMY.
Voulant donner aux quelques heures de loisirs que
me laisse mon humble profession un but sérieux et
utile, je m'occupe, depuis deux ou trois années,
d’entomologie.
Dans ce court espace de temps, quoique j'aie pu
constater combien notre pays est riche en insectes de
tous les ordres, mes études ont particulièrement
porté sur les coléoptères et les lépidoptères, et il m’a été
donné d'en recueillir, dans mes rares excursions,
516 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
près de douze cents espèces diverses, sur lesquelles
sept ou huit cents sont définitivement classées.
Ces résultats, connus de personnes honorables, et
qui me portent quelque intérêt, les ont engagées à me
proposer d'envoyer au Congrès scientifique le fruit de
mes travaux entomologiques. Je me suis rendu à leur
désir, et le Congrès a été assez indulgent pour en-
courager mes débuts en votant l'impression de mon
mémoire. Je réclame d'avance pour ma rédaction
toute l’indulgence qui est due à un jeune homme qui
n’a pas eu le bonheur de faire d’études littéraires.
Dans ce travail, que j'aurais facilement pu doubler
en citant toutes les espèces que je possède, leur
habitat en particulier, etc., j'ai adopté pour guide
l'excellent Catalogue des coléoptères d'Europe de M. de
Marseul. À la tête de chaque famille, j'ai le soin
d’énumérer le nombre des espèces qui la composent,
et d’en faire connaître l'habitat et les mœurs.
Je serais heureux si mon exemple engageait des
jeunes gens à s’adonner aux études entomologiques.
En explorant le pays en tous sens, nous ne tarderions
pas à rassembler les éléments d’une faune entomo-
iogique limousine, œuvre où chacun porterait sa
pierre, et qui servirait de base à une faune entomo-
logique francaise.
C’est avec la plus entière confiance que je livre mon
manuscrit à la publicité ; car M. le colonel Pradier,
entomologiste des plus distingués, a bien voulu se
charger de vérifier mes déterminations, et me fournir
le nom de quelques espèces prises par lui dans nos
localités : qu'il me permette de lui offrir ici l’expres-
sion de ma respectueuse gratitude ! Je dois aussi à
MÉMOIRES. 517
quelques jeunes gens, mes compagnons d’excursion,
je pourrais dire mes élèves, la découverte de plusieurs
espèces que je n’ai pas encore rencontrées : je ne puis
que les engager à persévérer dans l’étude de l’ento-
molog'ie.
+
COLÉOPTÈRES.
CiciNDÉLIDES. — Cette famille et les trois suivantes
sont composées d'insectes carnassiers qui font une
chasse continuelle aux animaux herbivores de petite
taille, tels que les lombrics, les chenilles, etc.
L'unique espèce de ce groupe que j'ai rencontrée est
le cicindela campestris, Linn. : on le prend en abon-—
dance sur les terrains sablonneux, à la plus forte
ardeur du soleil. Mes explorations, restreintes aux
environs de Limoges, ne m'en ont pas fait découvrir
davantage : assurément nous devons en posséder
d’autres , surtout aux environs de Bellac et du Dorat,
à proximité des terrains calcaires, et sur les bords du
Vincou et de la Gartempe.
CARABIDES. — C'est l’une des plus intéressantes
familles de l’ordre des coléoptères, autant par le
nombre prodigieux de ses espèces que par Celui de
ses individus. On les rencontre un peu partout, mais
principalement dans les lieux humides, sous les
pierres, les mousses, dans les bois au pied des arbres,
quelquefois sous les écorces, et plus rarement sur
les plantes {zabrus) ou sur les arbres (calosoma).
Parmi les cent trente espèces que ‘j'ai observées, je
citerai comme les moins rares : les Nofiophilus semi-
518 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DÉ FRANCE.
punctatus, Fabr.; Elaphrus riparius, Linn.; Nebria
brevicollis, Fabr.; Leistus spinibarbis, Fabr.; Procustes
coriaceus, Linn.; Carabus calenulatus, purpurascens,
Fabr., cancellatus, nemoralis, auratus, Linn. C’est ce
dernier qui est connu dans nos pays sous les noms
vulgaires de cing-sous et de jardinière. La crainte qu'ont
les enfants de faire pleuvoir en le tuant le leur fait
respecter : on doit propager parmi eux cette petite
superstition, à cause de l'appétit carnassier de ce
carabide , qui dévore une foule d’insectes nuisibles à
l’agriculture.
Drypta emarginata , Fabr.; Brachinus crepitans, Linn.,
explodens, Dufts., sclopeta, Fabr. Les espèces de ce
genre sont remarquables par la vapeur acide qu'elles
lancent avec détonation lorsqu'on les inquiète ; ce qui
leur à valu le nom de canonniers.
Dromius linearis, Oliv., melanocephalus, Dej.,
hnotatus, Panz., ämaculatus, Linn., glabratus, Dufts.;
Dyschirius globosus, Herbst.; Clivina fossor, Linn.;
Chlænius vestitus, Fabr., tibialis, Dej.; Oodes helopioides ,
Fabr.; Badisler bipustulatus, Fabr.; Diachromus ger-
manus, Linn.; Anisodactylus binotatus, Fabr.; Harpalus
maculicornis, calceatus, hottentota, Dufts., œneus,
ruficornis, Fabr.; semiviolaceus, Dej., etc.; Acupalpus
meridianus, Linn.; Stenolophus vaporarium , Fabr.
Les féronies sont nombreuses dans nos environs :
peut-être faut-il en attribuer la cause à nos mon-
tagnes boisées et entrecoupées de ruisseaux, lieux des
plus favorables à la propagation de ces gracieux
insectes. Les plus connues sont les Feronia cuprea,
Linn., dimidiala, Oliv., vernalis, Fabr., erythropa,
MÉMOIRES. 519
Marsh., melanaria, anthracina, Ilig., nigrita, striolu,
Fabr.; Zabrus gibbus, Fabr.
Les amares fréquententdes lieux secs et arides. Les
plus communes sont les Amara trivialis, Gy1l., fami-
liaris , Dufts., etc.
Dans les caves, on trouve communément le Sphodrus
leucophthalmus, Linn.. et le Pristonychus terricola,
Herbst., où ils vivent de limaces et de cloportes.
Anchomenus junceus, Scop., prasinus, pallipes, Fabr.,
modestus, Strum., etc. : ils fréquentent les mêmes lieux
que les féronies. Olisthopus rotundatus, Payk.; Trecus
minutus, Fabr.; Bembidium lampros, Herbst., articu-
latum, Panz., Aguitatum, biguttatum, Fabr., callosum,
Küster, nitidulum, Marsh., ustulatum , Linn.
Je vais citer maintenant les espèces rares , en ayant
soin de les faire suivre du nom des personnes qui les
ont rencontrées lorsque je n’ai pas eu moi-même ce
bonheur : Elaphrus cupreus , Dufts., trouvé à Château-
neuf (Pradier); Leistes ferrugineus, Linn., assez rare
dans nos environs; il en est de même des Carabus
-granulatus, intricatus, Linn.,,et conveæus, Fabr.; les
Calosoma sycophanta et inquisitor, Linn., sont assez
communs dans les bois de La Bastide, du Puy-Mou-
linier, de Condat, etc., où leurs reflets métalliques
attirent les regards de l'observateur le moins exercé;
Cychrus attenuatus, Fabr. : j'ai pris cette belle et rare
espèce, sous des pierres, au bord des ruisseaux qui se
jettent dans la Vienne en face Le Palais; Brachinus
psophia, Dej.; Cymindis homagrica, Dufts., dans les
châtaigneraies des environs de Limoges (Goulard),
humeralis, Fabr., à Châteauneuf (Pradier); Dromius
Asignatus et bifasciatus, Dej.; Lebia turcica, Fabr. : ces
520 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
espèces, qui sont généralement regardées comme
méridionales, se trouvent assez communément à
Limoges; les Broscus cephalotes, Linn., et Anisodactylus
nemorivagus, Dufts., ont été pris une seule fois à
Limoges ( Pradier).
Les Panagœus crux-major, Linn., Callistus lunatus ,
Fabr., Chlænius velutinus, Dufts., marginatus, Linn.,
holocericeus, Fabr., se font remarquer par leur agilité
et leurs couleurs variées.
Les Feronia aterrima, nigra, Fabr., et femorata, Dei.,
qui sont rares dans une grande partie de la France,
se rencontrent assez souvent dans nos bois humides.
Nos amares les plus remarquables sont les sui-
vantes : Amara strialopunctata, tricuspidata, Dej.,
plebeja, Gy1l., obsoleta, Dufts., et spreta, Zimmer. : la
première habite les graminées, où on la prend en
grande quantité.
Calathus gallicus, Kaïrm. et Lab., piceus, Marsh.;
Taphria vivalis, Illig. : ces trois dernières espèces,
rares dans le reste de la France, abondent sous la
inousse de nos bois; Blemus areolatus, Creutz., pro-
venant des bords de la Briance {Pradier); Bembidium
flavipes, Linn., pris dans un jardin (Goulard), elon-
gatum , Dej. : j'ai pris cette magnifique espèce sur les
bords de la Vienne; B. monticulum , Sturm : rare en
France, pris quelquefois dans la Haute-Vienne
(Pradier); B. rufescens, Guér. : sous les écorces de
chêne et d’orme en décomposition.
HYDROCANTHARES. — Les hydrocanthares habitent
les étangs, les pêcheries, les mares, les flaques d’eau ,
et plus rarement les eaux courantes. Ils nagent avec
MÉMOIRES. 521
agilité, et poursuivent sans cesse, pour les dévorer,
les insectes aquatiques , les mollusques fluviatiles, ou
même de jeunes poissons, à qui ils savent donner la
mort en leur crevant l'abdomen au moyen de leurs
puissantes mandibules. Pendant le jour, ils restent
dans l’eau; mais ils sont obligés de remonter à la
surface pour respirer l'air nécessaire à leur existence.
Lorsque vient le crépuscule, ils changent de demeure,
et s'élancent dans les airs : ce sont donc de véritables
amphibies.
Voici, parmi les espèces que je possède, quelles
sont les principales : Cybister Ræselii, Fabr. : dans les
marais où M. Barbou des Courrières élève des
sangsues; Dyliscus marginalis, Linn. : c'est à cet
insecte que quelques auteurs ont attribué à tort la
faculté de marquer les variations atmosphériques par
la hauteur qu’il occupe dans le vase où on l'a
enfermé. Cette espèce est très-commune dans tous les
amas d’eau. La variété D. conformis, Kunze, est éga-
lement abondante. Dytiscus punctulatus, Fabr.; Acilius
sulcatus, Linn.; Hydatichus cinereus, Linn.; Colymbetes
fuscus , Linn., collaris, Payk.; Agabus maculatus, Linn. :
ces trois dernières espèces, ainsi que le Pelobius Her-
manni, Fabr., sont assez rares. La plupart des
suivantes, au contraire, se trouvent en quantité :
Ilybius fuliginosus, Linn.; Agabus uliginosus , bipustu-
latus, Linn., didymus, Oliv., brunneus, Fabr.: Hyphy-
drus ovatus . Linn.; Hydroporus inæqualis, A2pustulutus ,
confluens, Fabr., semistriatus, Schrank, erythrocephalus ,
palustris, Linn., flavipes, lepidus, Oliv., etc.: Haliplus :
fulous, Fabr., lineatocollis, Marsh.; Gyrinus natator,
Linn.
(3,2
522 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
PALPICORNES. — Une grande partie des espèces de
cette famille est aquatique comme la précédente,
mais non carnassière comme elle. Les principales
sont : Hydrophilus piceus, Linn.; Hydrous caraboides ,
Linn.;, Hydrobius fuscipes, Linn.; Philhydrus lividus,
Forst.; Lacobius minutus, Linn.; Berosus luridus, Linn.;
Limnebius truncatellus, Thumb.; Helophorus grandis,
Ilig.; Hydrochus elongatus, Schal.; Hydræna riparia,
Kugel., qui se trouvent ordinairement dans l’eau et
sur les bords des ruisseaux et des rivières. Les
suivantes se trouvent dans les bouses et autres excré-
ments : Sphæridium scarabeoides, Linn., bipustulatum ,
Fabr.; Cercyon hæmorrhoum, Gy1l., quisquilium, uni-
punclatum , Linn., etc., etc.
BRACHÉLYTRES. — Les brachélytres pullulent
partout : les fumiers, les cadavres, les champignons
plus ou moins décomposés, les détritus de tout genre,
en sont infestés; il y en a qui vivent aussi en Com—
pagnie de fourmis. Ils sont carnassiers, et partant
rendent à l’agriculture les mêmes bienfaits que les
trois premières familles.
Parmi les nombreux sujets de ma collection je citerai
seulement les suivants : Myrmedonia canaliculala,
Fabr.; Falugria sulcatula, obscura, Gravh.; Oxypoda
alternans, Gravh.; Aleochara fuscipes, Fabr., trislis,
Gravh., rufipennis, Lac., etc.; Lomechusa strumosa ,
Fabr. : cette belle espèce à été prise avec la Formica
flava par Goulard; Conurus littoreus, Linn., lividus ,
Er.; Tachyporus abdominalis, Gy1., hypnorum, Fabr..
chrysomellinus, Linn.; Tachinus humeralis, Gravh.,
subterraneus, Linn.; Bolelobius analis, Payk., alrica-
El
MÉMOIRES. 523
pillus , Fabr. : ces deux dernières espèces se trouvent
assez rarement dans les mousses; B. trinotatus, Er. :
commun dans les champignons; Xantholinus fulgidus ,
tricolor, punctulatus, Kabr., linearis , Oliv.
Les sluphylins les plus rares sont : Siaphylinus
hirtus, Linn., chrysocephalus, Fourc., pubescens,
de Géer, fulvipes, Scop. Les plus communs sont :
S. maæxillosus, murinus, Linn., nebulosus, Fabr.;
Ocypus pedator, morio, Gravh., compressus, Marsh.,
olens , Müll. L’O. olens est la plus grande espèce de la
famille; on le trouve communément et presque
toujours sous les pierres ou dans les champs.
Lorsqu'on l'inquiète, il s'arrête, prend une attitude
guerrière, relève son abdomen, et s'apprête à engager
la lutte. Si c’est une chenille ou un autre petit animal
qui ait osé braver sa colère, il l’a bientôt mis en
pièces avec ses longues et puissantes mandibules.
Les Philonthus laminatus, Creutz., bimaculatus, san-
guinolentus, Gravh.; Acylophorus glabricollis; Quedius
lateralis, fuliginosus, molochinus, Gravh., fulgidus,
Fabr., impressus, Panz., picipes, Manne., atlenualus,
GyIl., se trouvent plus ou moins abondamment dans
les bouses et les champignons pourris. L'Oxyporus
rufus, Linn., se trouve communément dans les
agarics.
Cryplobium fracticorne, Payk.; Lathrobium elongatum ,
Linn., multipunctatum, Gravh., pallidum, Nordm. :
sous les détritus du ruisseau d’Auzette (Goulard) :
Lithocharis melanocephala, Fabr.; Sülicus fragilis,
Gravh., similis, affinis, Er., orbiculatus, Payk.; Sunius
anguslatus, Payk., uniformis, J. Duval; Pœderus lon-
gipennis, Er., riparius, Linn., ruficollis, Fabr. Un
524 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
grand nombre des espèces qui précèdent se trouvent
au bord des eaux, qu’elles embellissent par leurs
couleurs fraîches et variées, par leurs formes
sveltes, par leur agilité, et surtout par leur abon-
dance.
Le genre suivant a ses espèces également très-
nombreuses; mais elles ne sont pas revêtues de cou-
leurs variées : à part ceci, elles ont les mêmes
habitudes que les précédentes. En voici quelques-unes :
Stenus bipunctatus, Er., guitula, Müll., bimaculatus,
Gy1l., juno, Fabr., speculator, Lac., providus, plantaris,
Er., oculatus, cicindeloides, Gravh., etc. Le Platystethus
cornutus, Gravh., habite les excréments, ainsi que
les Oxytelus piceus, Linn., et depressus, Gravh.
Anthophagus præstus, Müll., pris, en septembre, par
M. René de Mathan, sur les bords de la Vienne;
Latrimœum melanocephalum, Tlig. : j'ai trouvé cette
‘are espèce sous les feuilles en novembre ; Omalium
rivulare, Payk. : c’est par milliers que cette espèce
habite les champignons, les excréments , etc.; Wicro-
peplus porcutus, Fabr. : sous des détritus dans un
jardin (Goulard ).
PSÉLAPHIDES. — Cette famille est composée d’in-
sectes excessivement petits. On les rencontre sous les
pierres, les mousses, au pied des grandes herbes,
dans les lieux humides, quelquefois avec les fourmis.
Les espèces que je possède sont les Pselaphus Heisei
Herbst.; Bryaæis fossulata, Reichn., impressa, Panz.
L'exiguïité de ces petits animaux est cause que j'ai
un peu négligé jusqu'à ce jour sinon leur recherche,
MÉMOIRES. 525
au moins leur étude. Il en est de même des scydmé-
nides et de quelques groupes de la famille suivante.
CLAVICORNES. — Ce groupe est tellement hétérogène
qu'il est impossible de rien dire de général à son
égard. La tribu des silphides est remarquable par les
mœurs des nécrophores. Lorsqu'un individu de ce
genre a découvert le cadavre d'une taupe, d’un rat,
d'une grenouille ou de tout autre animal de même
dimension, il va chercher quatre ou cinq aides, et
là, tous en commun, ils se glissent, après avoir
examiné si le terrain est convenable, sous l’animal
pour l'enterrer. Pendant que les uns le soulèvent, les
autres creusent la terre avec leurs pattes robustes,
et parviennent à l'inhumer, en vingt-quatre heures
environ, à une profondeur qui varie de vingt à
trente-cinq centimètres. Une fois ce travail achevé,
les mâles sortent; mais les femelles restent pour
déposer leurs œufs, après quoi elles meurent, et
deviennent, ainsi que l'animal enfoui, la pâture de
leurs larves. Quand l'animal est d’un plus fort
volume, comme un chat, un chien, etc., on voit
souvent ces insectes se réunir autour de lui au
nombre de huit, dix, quinze, vingt, et quelquefois
plus.
C'est dans de semblables conditions que j'ai pris le
Necrophorus mortuorum sous le cadavre d’un chat, dans
les bois de La Bastide, auprès des Phallus impudicus,
Linn. Pendant les cinq ou six jours que dura la
putréfaction, jy pris toujours l’insecte en question
sans jamais le voir dans le champignon, où quelques
auteurs voudraient le faire vivre exclusivement; ce:
526 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qui me fait supposer qu'il ne vit dans les matières
fongueuses que dans le cas où les matières animales
lui font défaut.
Necrophorus humator, (rϾze, vespillo, Linn., westi-
gator, Herch., mortuorum, Fabr. Nos boucliers les plus
communs sont les Silpha sinuata, Fabr., tristis, Ilig.,
thoracica, rugosa, atratu, obscura , Linn. Les S. reticulata,
Fabr., et 4punctata, Schreb., sont plus rares, de même
que le Choleva picipes, Fabr. : je ne l’ai trouvé qu’une
fois, dans des agarics décomposés. Les C. angustata,
Fabr., agilis, Ilig., ‘trislis, Panz., sont assez
communs dans les lieux humides.
La petite tribu des scaphidides est représentée chez
nous par les Scaphidium kmaculatum, Oliv., et Scaphi-
soma agaricina, Linn., qu'on trouve communément
dans les vieux bois couverts de champignons.
Celle des histérides est assez richement représentée
dans nos localités. Les uns habitent sous les écorces,
comme les Platysoma depressum, Fabr.; Paromalus
parallelipipedus, Herbst., etc.; les autres, dans les
fumiers, les bouses, les cadavres, etc. : ce sont les
Hister kmaculatus, Linn., cadaverinus, Ent.-Efte,
carbonarius, Illig., qui sont communs. Les suivants
sont plus rares : A. sinuatus, Illig., purpurascens,
Herbst., corvinus, Germ., etc. Les Saprinus œneus,
Fabr., speculifer, Latr., nitidulus, Payk., sont abon-
dants ; le S. wirescens est plus rare.
Le petit groupe des phalacrides ne nous fournit que
trois ou quatre espèces, dont les principales sont :
Olibrus corticalis, Panz., bicolor, Fabr., très-communs
en été sur les fleurs, et en hiver sous la mousse et les
écorces.
MÉMOIRES. 527
La tribu des nitidulides est composée d'insectes or-
dinairement petits, vivant sous les écorces, sur les
fleurs, dans les champignons, etc. En voici quelques-
unes : Mitidula bipustulata, Linn., fleæuosa, Fabr.;
Soronia grisea, Linn.; Ampholis marginala, Fabr.;
Omosita colon, Linn. : on les trouve dans les matières
animales décomposées. Les Pria dulcamaræ, Illig., et
Meligethes rufipes, Gyll., fréquentent les fleurs. Le
Pocadius ferrugineus, Fabr., est commun dans les
lycoperdons. Cychramus luteus, Fabr. Le Peltis ferru-
ginea, Linn., a été pris sous l'écorce d’un vieux
châtaignier à La Bastide {Pradier).
La tribu des colydides est représentée par les Bitoma
crenata, Fabr.; Aulonium sulcatum, Oliv.; Bothrideres
contractus, Fabr., et Cerylon histeroides, Fabr., qui
vivent sous les écorces et dans le bois, où ils causent
de grands ravages. J'en dirai un mot lorsque je
parlerai des xylophages, famille à laquelle cette
tribu et la suivante appartenaient dans les anciens
auteurs.
Celle des cucujides ne nous fournit que deux espèces,
dont l’une est très-rare non-seulement en France,
mais même en Europe. Chenu (Encyclopédie d'histoire
naturelle : Coléoptères, T. I, p. 274) dit qu’elle est
propre à l'Allemagne, et Lacordaire écrivait, en
4856, dans son Genera des coléopières, T. II, p. 399 :
« On ne connaît qu’une espèce de ce genre, originaire
des parties orientales de l'Allemagne et pays voisins,
mais qui paraît rare partout ». Dans une de nos
dernières promenades, M. Alfred Goulard et moi
avons eu le rare bonheur d'en rencontrer trois indi-
vidus dans un vieux châtaignier. Cette espèce porte le
528 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
nom de Prostomis mandibularis, Fabr. L'autre est très-
commune sous l'écorce des chênes : c’est le Brontes
planatus, Linn.
Dans la tribu des cryplophagides , je ne possède que
les Cryplophagus lycoperdi, Fabr., et cellaris, Scop. Le
premier abonde dans le lycoperdon, et le second sur
le vieux bois, dans les caves.
Nos contrées possèdent seulement quatre mycélo-
Phagides , qui sont les Mycetophagus kpustulatus, Linn.,
multipunctatus, Helw., fulvicolis, Fabr., et Litargus
bifaciatus, Fabr. : on les trouve communément sur le
vieux bois et dans les champignons qui y croissent.
Les dermestides sont de petits insectes qui font
beaucoup de dégâts dans les laines, les pelleteries,
les collections d'histoire naturelle. [ls s'y introduisent
pour y déposer leurs œufs, d'où sortiront des larves
qui, pour se construire des fourreaux, couperont
et mettront-en pièces ces matières. La petitesse de ces
larves fait qu’elles échappent à nos regards. Les
Dermestes vulpinus, tesselatus, Fabr., murinus, Linn.,
etc., se trouvent dans les cadavres. Le D. lardarius se
rencontre dans nos maisons, et particulièrement dans
les charcuteries, Les Atlegenus pellio, Linn., et An-
threnus musæorum, de Géer, et pimpinellæ, Fabr.,
habitent les pelleteries et les collections. Le vieux bois
est la demeure du Megaloma undata, Linn.
Parmi les byrrhides je citerai : le Nosodendron fasci-
iculare, Oliv., qui se trouve dans les plaies des chênes,
des aulnes, ete.; les Byrrhus pilula, Linn., et fasciatus,
Fabr., et le Cytillus varius, Fabr., que l’on voit sous
les mousses, les pierres ou sur les chemins.
La tribu des parnides ne nous fournit que le Parnus
MÉMOIRES. 5929
prolifericornis, Fabr., qui est très-abondant dans les
lieux humides et sur les plantes submergées, de même
que l’Heterocerus marginatus, Fabr., est le seul indi-
vidu que nous ayons de la tribu des hétérocérides.
PECTINICORNES. — Petit groupe retranché depuis
peu, par Lacordaire et de Marseul, de la famille
suivante. Les insectes qui le composent sont remar-
quables par la grandeur de leur taille. Leurs larves
font des dégâts effrayants dans les arbres où elles se
développent : ce sont les chênes et les frênes qui de-
viennent ordinairement leurs victimes, comme il est
facile de s'en assurer par l'inspection de nos bois.
Le fait suivant, que j'ai été à même d'observer,
mérite l'attention des arboriculteurs. A la fin de
l'hiver dernier, nous trouvâmes, mes amis et moi,
dans un taillis qui longe la rive droite de la Vienne,
à deux kilomètres en amont de Limoges, un frêne
qui, n'ayant pu résister aux grands vents qui
soufflaient depuis long-temps, avait été abattu. Nous
le visitûmes immédiatement pour voir s’il ne con-
tenait pas quelque espèce nouvelle, c'est-à-dire un
trésor à ajouter à notre collection; mais, après les
plus minutieuses recherches, nous ne prîmes qu’une
vingtaine de dorques, tous logés dans le cœur du
ligneux, et ayant creusé un commencement de
galerie qui allait du centre à la circonférence. Cet
arbre paraissait d’une belle venue, et aucune crevasse
n'existait sur l'écorce; ce qui nous fit supposer que la
femelle, pour y déposer ses œufs, avait dû y pénétrer
en passant au-dessous du collet, en ayant soin de
laisser intacte la partie exposée aux regards En
34
530 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
effet, depuis le dessous du collet jusqu'à une hau-
teur de cinquante à soixante centimètres, grâce à
la voracité des larves, il n'existait, pour ainsi dire,
plus de duramen. L’aubier et l'écorce n'avaient reçu
aucune atteinte; mais ils furent néanmoins impuis-
sants à lutter contre le vent, qui, aux yeux des
profanes, eût certainement été regardé comme
l'unique cause de la chute de cet arbre.
Les espèces que je possède sont le Lucanus cervus,
Linn., appelé communément cerf-volant, et connu à
Limoges sous le nom trivial de cornard ; le Dorcus pa-
rallelipipedus, Linn. : ces deux espèces sont très-
communes, trop communes même, dans nos bois,
qu'elles dévastent. Le Platycerus caraboides est plus
rare.
LAMELLICORNES. — Cette famille est une des mieux
représentées dans la Haute-Vienne. Ses espèces ont des
mœurs différentes selon les tribus auxquelles elles
appartiennent : ainsi dans les bouses et autres
excréments se trouvent les coprides , les aphodides , les
géotrupides; sous les cadavres et à la racine des
végétaux, l’on prend les frogides; les mélolonthides
habitent sur les feuilles, et les cétonides étalent leurs
couleurs brillantes sur les fleurs.
La plupart de ces insectes sont crépusculaires, et
ont un vol lourd et peu élevé qui permet de les
abattre facilement. Les larves des deux dernières
tribus font éprouver de grands ravages à l’agricul-
ture : celles des mélolonthides pénètrent dans la terre,
où elles vivent au détriment des racines, tandis que
celles des cétonides vivent dans l'intérieur du bois.
MÉMOIRES. 531
Mes principales espèces sont les Copris lunaris, Linn.;
Oniticellus flavipes, Fabr.; Onthophagus taurus , vacca,
ovatus, Linn., cœnobita, Herbst., etc.; Aphodius erraticus,
fossor, fimetarius, grannarius, hkmaculatus, Linn.,
scybalarius, nitidulus, inquinatus, bimaculatus, porcus,
porcatus , Fabr. : ces deux dernières sont assez rares,
ainsi que le À. tesselatus , Payk., que j'ai pris en hiver.
Le À. prodromus, Braham., est tellement commun de
l’automne à la fin du printemps que tous les excré-
ments en sont littéralement remplis. Les Geotrupes
typhœus, stercorarius, pilularius, Linn., et sylvaticus,
Panz., sont très-communs à Limoges, où on les
connaît sous les noms triviaux de fouille-merde , pousse-
merde et de barbottes. Le G. vernalis, Linn., m'a été
envoyé du Dorat. Les Throx scaber et sabulosus, Linn.,
sont rares.
Le Hoplia philunthus, Sulz., habite nos bruyères
humides. Le A. cœrulea, Drury, est un des plus beaux
insectes de notre faune. Le dessus de son corps est
d'un bleu aussi pur que l’azur du ciel, tandis que le
dessous et les pattes sont couverts d’écailles argentées
et à légers reflets irrisés. Il est très-commun sur les
bords de la plupart de nos cours d’eau. Pendant les
mois de mai, de juin et de juillet, les rives de la
Vienne et de la plupart de ses affluents n'ont peut-
être pas une fleur où ne repose une hoplie, dont les
charmantes couleurs forment le contraste le plus
gracieux avec le jaune bouton-d'or et la blanche et
suave reine-des-prés.
Les autres espèces que je possède sont les Ryzotrogus
æstivus, Oliv., ochraceus, Knock., qui sont communes.
Le R. ruficornis, KFabr., dont je n'ai trouvé qu’un indi-
532 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vidu mort, est beaucoup plus rare. Les Melolontha
vulgaris et hippocastani, Fabr., se ressemblent énor-
mément, et sont généralement confondus sous le nom
de hannetons. L'apparition de ce: insectes a lieu au
printemps, c’est-à-dire en même temps que celle des
feuilles destinées à les nourrir : aussi, dans les années
où ils sont abondants, font-ils un tort considérable
aux arbres; et, comme, à cette époque de l’année, la
respiration des végétaux s'opère en grande partie
par les feuilles, le sujet auquel ils s’attaquent ne
tarde pas à en souffrir dans tout son organisme.
Les Anisoplia fruticola, Kabr.; Phyllopertha horticola ,
Linn., sont communs aux bords des eaux, sur les
saules, où l’Anomala Frischii, Fabr., se trouve aussi,
mais beaucoup plus rare : je l’ai pris à Saint-Martin-
Terressus, et on me l’a apporté de Saint-Junien.
Quelques personnes disent avoir pris à Limoges
l'Oryctes nasicorms, Linn.; mais je ne l'ai jamais ren-
contré; je ne l’ai non plus vu dans aucune collection
provenant de nos localités.
Les Cetonia hirtella , stictica, aurata, Linn., metallica,
Payk., se font remarquer par la richesse de leur robe
métallique, dont l'éclat augmente encore suivant la
couleur des fleurs sur lesquelles ils viennent se
reposer. Le C. morio a été pris sur les fleurs du sureau
et du mille-feuilles (Goulard). L'Osmoderma eremita,
Linn., m'a été envoyé du Dorat, où il n’est pas très-
rare. Le Gnorimus variabilis, Linn., se rencontre dans
les vieux châtaigniers pourris. Le G. nobilis, Linn.,
est très-abondant sur les fleurs, de même que les
Trichius fasciatus, Linn., et Valqus hemiplerus, Linn.
MÉMOIRES. 533
SrERNOXES. — Cette famille est composée d'insectes
essentiellement phytophages : on les trouve dans les .
bois. La tribu des buprestides se fait surtout remarquer
par la beauté de ses couleurs. La plupart de ces espèces
sont méridionales : aussi sont-elles rares dans nos
contrées, et n’ai-je pu trouver qu’un Bupestris Squttata,
Linn. : je l’ai pris à Condadille, sur la rive gauche de
la Vienne. Le Chrysobothris chrysostigma, Fabr., est
également fort rare : je l’ai trouvé au Palais, et on
me l’a envoyé du Dorat. Les Coræbus undatus, Fabr.;
Antaxia manca, Linn., cichorii, Oliv.; Agrilus sexgut-
tatus, Herbst., cinctus, Oliv., derosofasciatus, Lac.;
Trachys minuta, Linn., sont plus abondants.
La tribu des eucnémides est représentée par le Throscus
dermestoides, Linn., qu’on prend assez communément
en fauchant dans les prairies.
Celle des élatérides est remarquable par la faculté
qu'ont ses espèces de pouvoir, lorsqu'elles sont sur
leur dos, se remettre sur leurs pattes: pour cela,
l’animal courbe la tête et le prothorax vers l’abdo-
men, et se détend brusquement en frappant l’endroit
sur lequel il est placé, ce qui le fait sauter; il renou-
velle ce manége jusqu’à ce qu’il ait réussi. On appelle
vulgairement ces insectes {aupins ou toque-maillet. Je
possède un assez bon nombre d'espèces appartenant
à cette tribu; mais, faute d'ouvrages traitant cette
partie de l’entomologie, je n'en ai pu déterminer
qu’une vingtaine, parmi lesquelles je citerai : les
Athous rufus, Fabr., hirtus, Herbst.; Limonius cylin-
dricus, Payk., bipustulatus, Linn.; Cardiophorus
thoracicus, Fabr.; Elater sanguineus, Linn., ephippium ,
Fabr.; Corymbites hæmatodes , Fabr., tesselatus, Linn.;
534 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Agriotes lineatus, Linn.; Diacanthus œneus, ‘Linn.,
holosericeus, Fabr., qui, pour la plupart, se trouvent
communément dans nos bois, sauf la première et Ja
dernière.
MALACODERMES. — Ainsi que leur nom l'indique,
les espèces qui composent cette famille sont très-
molles. On les rencontre, en général, sur les fleurs
durant la belle saison, ou sur les plantes, près des
lieux humides, comme les Elodes livida et maryinatus,
Fabr., ou au pied des arbres, sous les pierres, comme
les Lampyriæ noctiluca, Linn.; Phosphænus hemipterus ,
Fabr.; Drilus flavescens, Fabr. : je ne connais pas la
femelle de cette petite et rare espèce. Le Lygistopterus
sanguineus, Fabr., se rencontre communément sur les
fleurs. Les Telephorus fuscus, lividus, obscurus, Linn.,
thoracicus, Oliv., melanurus, pallidus, Fabr., etc.:
Malthinus flaveolus, Payk.; Malachius œneus , bipustulatus ,
Linn., elegans, Oliv.; Anthocomus fasciatus, Linn.:
Ebœus thoracicus, Fabr.; Dasytes cœruleus, Fabr., et
subæneus, Schoen., se trouvent en très-crande abon-
dance sur les fleurs, et principalement dans les
prairies.
TÉRÉDILES. — Tous les insectes de cette famille
sont nuisibles à l’agriculture, et partant devraient
être sérieusement extirpés, à cause des dégâts que
font leurs larves, soit en se développant dans le bois,
ce qui est propre au plus grand nombre, soit dans
les ruches, comme les trichodes, qui vivent des larves
et du miel des abeilles. Mes principales espèces sont :
les Tillus unifasciatus, Fabr.; Thanasimus mutillarius ,
Fabr., formicarius, Linn.; Opilus mollis, Linn.:
D
pe)
MÉMOIRES. 535
Trichodes apiarius, Linn., alvearius, Fabr., qu'on
prend communément sur les fleurs, assez souvent
sur les murs, et plus rarement, en hiver, sous les
écorces et les mousses. Les Coryneles cœæruleus, de Géer,
et rufipes, Fabr., habitent les matières animales. Sur
le bois mort et les vieux arbres se trouvent plus ou
moins communément l’Apate capucina, Linn., et le
Lyctus canaliculatus.
Le Cis boleti, Scop., se nourrit dans les champignons
qui croissent sur les arbres.
Les vrillettes habitent dans nos maisons, où elles
vivent aux dépens du vieux bois, auquel elles font
des trous ronds comme celui qu’on ferait avec une
vrille : d’où leur est venu le nom qu'elles portent. On
les appelle aussi horloges de la mort à cause du bruit
que font les femelles pour appeler leurs mâles. Pour
cela elles se fixent solidement, au moyen de leurs
pattes, sur un point d'appui, qui est ordinairement
le bois dans lequel elles ont pris naissance, et là,
avec leur tête et leur prothorax , elles frappent leur
support si précipitamment qu’on a comparé le bruit
qui en résulte à celui que produit l’échappement
d'une montre. Voici les plus remarquables espèces
que j'ai rencontrées : Anobium tesselatum, Fabr.,
pertinax , Linn., striatum , Oliv., paniceum , Linn., etc.
Le Ptilinus pectinicornis, Linn., et l’Hedobia 1mpe-
rialis, Linn., se trouvent, mais rarement, dans nos
bois; les Ptinus fur, Linn., latro, Kabr., etc.; Gibbium
scotias , Fabr., fréquentent nos maisons.
COLLAPTÉRIDES. — Deux espèces représentent cette
famille dans nos environs : ce sont le Blaps mortisaga,
536 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Linn., très-commun dans les caves, les celliers , etc.,
où son odeur infecte le rend insupportable, et
l’Opatrum sabulosum , Linn., qui est très-abondant sur
le sable des rivages.
CoRISOPTÉRIDES. — Les insectes appartenant à ce
groupe ont des mœurs trop différentes pour que je
puisse en parler d’une manière générale. Les fcaphi-
dema œnea , Payk., Diaperis boleti, Linn., et Platydema
violacea, Fabr., se rencontrent, mais rarement, dans
les vieux arbres pourris et couverts de champignons.
Les Tenebrio molitor, Linn., et obscurus, Fabr., fré-
quentent les lieux sombres des habitations, principa-
lement les boulangeries. L’Helops striatus, Fourc., est
très-abondant au pied des chênes, des peupliers,
etc. Le Cistela atra, Fabr., habite les plaies d'arbres,
tandis que les fleurs sont la demeure des C. murina et
sulphurea, Linn.
CLINOCÉPHALIDES. — Cette petite famille est com
posée d’insectes extrêmement agiles : on les prend sur
les fleurs. Je n'en possède que deux espèces, qui sont
les Mordella fasciata, Fabr., et aculeata, Linn., que
nous trouvons communément pendant la belle saison.
TRACHÉLIDES. — Dans cette famille se trouve un
des plus précieux coléoptères de notre faune. Ce n’est
ni la richesse de sa couleur, ni la beauté de ses
formes qui font rechercher cet insecte, mais bien la
matière qui entre pour une grande partie dans la
composition de ses téguments, et dont on se sert pour
faire un des plus puissants remèdes qui soient dans le
MÉMOIRES. 531
domaine de la thérapeutique. Mes espèces sont les
Meloe autumnalis, Oliv., proscarabœus, Linn., que nous
prenons sur le gazon, sous les haies, dans les
prairies, mais en petite quantité, Ils sont vésicants,
et peuvent jusqu'à un certain point remplacer la
cantharide. Cette dernière est très-commune sur nos
frênes, qu'elle dépouille quelquefois entièrement de
leurs feuilles. La forte odeur que développe le Can-
tharis vesicatoria, Linn., sert à le faire découvrir à
nos paysans, qui en font commerce. Pour cela, ils se
munissent d’un flacon à large goulot, rempli de
vinaigre, destiné à recevoir la cantharide. C'est
avant le soleil levé qu’ils font cette chasse. Ils montent
dans le frêne où sont les insectes, et qu'ils appellent
cantharidier ; ils le secouent fortement, et font tomber
les cantharides sur un linge qu'ils ont eu le soin
d'étendre sous l'arbre. Les Notoxus monoceros, Linn.;
Anthicus floralis et antherinus , Linn., se trouvent com-—
munément sur les plantes et sous les pierres. Les
Pyrochroa coccinea , Linn., et rubens, Fabr., m'ont été
envoyés du Dorat.
LEPTODÉRIDES. — Ce petit groupe, dont les espèces
fréquentent les bois et surtout les fleurs, a peu de
représentants dans nos contrées. Les pricipaux sont
les Lagria pubescens, Linn.; OEdemera podagrariæ,
cϾrulea, Linn., etc.
RYNCHOPHORES. — Les rynchophores où curculionides
sont des insectes de petite ou de moyenne taille. Ils
sont ordinairement frugivores; mais il y en a
quelques-uns de xylophages. C’est à cette famille
538 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qu'appartient le plus redoutable ennemi des céréales.
Parmi les cent vingt ou cent trente espèces que j'ai
trouvées dans la Haute-Vienne, je citerai seulement
les Bruchus pisi, Linn., nubilus, Bohem., etc., qui
habitent les fleurs au printemps, et sous les mousses
en hiver. Le Tropideres niveirostris, Fabr., se trouve ,
en hiver, sous les mousses, au pied des pommiers,
des peupliers, etc. Le Platyrhinus latirostris, Fabr., est
la plus grande et la plus belle espèce de la famille : je
l'ai prise dans le tronc d’un vieux saule pourri près
Limoges. L'Apoderus coryli, Linn., se trouve sur le
coudrier. L'Attelubus curculionides, Linn., a été pris sur
de jeunes châtaigniers, Les Rynchites bacchus, cupreus ,
populi, Linn., betuleti, Fabr., et nanus, Payk., se trouvent
sous les mousses en hiver, ou sur les plantes au prin-
temps. Les Apion onopordi, Kirl., flavipes, Fabr., etc.,
sont on ne peut plus abondants sur les plantes. Le
A. hœmatodes, Kirb., est plus rare, et se trouve en
fauchant dans les prairies au printemps. Sitones
crinitus, Oliv., etc.; Polydrosus planifrons, Gyll., fla-
vipes, de Géer; Cleonus marmoratus, morbillosus ,
Fabr., grammicus, Panz., etc.; Pachycerus albarius ,
Gy1l. : je n'ai qu'un seul individu de cette rare espèce :
je l’ai pris à Solignac. Les Alophus triguttatus, Fabr.,
Minyops carinatus, Linn., variolosus, Fabr., se ren-
contrent sur les plantes, sur la terre des chemins,
sous les pierres, etc. L'Hylobius abielis se trouve en
grand nombre au pied des sapins. Les Molytes ger-
manus, Linn , Phylonomus pastinacæ , Ross., murinus,
Fabr., polygoni, Linn., sont communs sous les pierres,
près des murs et des haies. L'Otiorynchus fulvipes ,
Gyll., n'est pas rare à Kolignac et au Dorat; l'O.
MÉMOIRES. 539
fuscipes, Oliv., est commun au pied des sapins; l'O.
sulcatus, Fabr., est assez commun sous les pierres.
Les Lixus crebricollis, Bohem., bicolor, Oliv., se
trouvent dans les prairies. Le Larinus carlinæ, Oliv.,
est commun près des lieux humides. Le Pissodes
notatus, Fabr., a été trouvé sur un mur (P. Serre).
Les Erirhinus acridulus, Linn., voraæ , Fabr., pectoralis ,
Oliv.; Anthonomus pomorum, druparum, Linn., se
trouvent sous les mousses et les écorces en hiver. Le
Balaninus elephas, Gyll., a été pris à Limoges
(Goulard); le B. glandium, Marsh., se trouve rare-
ment dans nos environs, ainsi que le B. nucum, Linn.;
le B. willosus est plus commun. Le Tychius 5punctatus,
Linn., se trouve en fauchant sur la lisière des bois.
Les Orchestes quercus, salicis, decoratus, Germar.;
Cryptorhynchus lapathi, Linn.; Cæliodes quercus, qultula ,
Fabr., didymus , Linn., etc.; Mononychus pseudacort ,
Fabr.; Cionus scrophulariæ, Linn., verbasci, blaitari ,
Fabr.; Nanophies bythri, Fabr.,se trouvent, en général,
sur les plantes dont ils portent le nom. Le Sphenophorus
mutilâtus , Laich., est assez commun sous les pierres et
sur les chemins. Le Calandra granaria, Linn., plus
connu sous le nom de charançon, habite nos greniers
à céréales mal tenus : c’est l’insecte le plus dangereux
que nous ayons : un seul couple peut, en peu de
temps, détruire un tas de blé souvent considérable,
tellement sa propagation est effrayante. La femelle
dépose sur un grain un œuf, qui ne tarde pas à
donner naissance à une larve : cette larve vit de la
farine sans toucher à l'enveloppe, comme pour mieux
cacher ses dégâts, que l'œil est impuissant à aper-
cevoir : ce n’est qu’au poids qu'on le connaît.
540 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
XYLOPHAGES. — Cette famille, autrefois très-
étendue, ne renferme plus que quelques genres,
composés de petites espèces, vivant dans l’intérieur
des arbres, aux dépens du bois, comme leur nom
l'indique. Celles que je possède sont les Hylastes ater,
Herbst., et Platypus cylindricus, Fabr. Les autres
appartiennent aux genres Hylesinus, Fabr., Eccopto-
gaster, Herbst. (Scolytus, Geof.), Bostrichus, Fabr.,
etc. Je n'ai pu arriver à la détermination de ces
espèces faute d'ouvrage spécial sur cette partie de la
science.
Les insectes qui se nourrissent de bois ne sont pas
seulement les œylophages tels qu'Erichson les a limités :
ce n'en est là qu'une bien faible partie, comme il est
facile de s'en assurer en vérifiant les familles dont j'ai
déjà parlé, famiiles auxquelles il faut ajouter les
longicornes, une partie des élatérides , des bupreslides,
etc., etc. Je n'ai pas besoin de dire que ce sont les
larves, et non les insectes parfaits, qui font des
dégâts aux végétaux dans lesquels elles se développent.
Les autres ordres fournissent aussi une certaine quan-
tité d'espèces lignivores; les principaux de ces
ordres sont les dipières, les hyménoptères , et surtout
les lépidoptères, qui ont quelques-unes de leurs larves
ou chenilles d’une grande taille, et souvent très-
nombreuses.
Les larves de ces insectes, provenant des œufs
déposés par leurs mères sur le végétal qui doit les
nourrir, vivent entre l'écorce et le ligneux , où elles
se construisent des galeries plus ou moins tortueuses,
qui, en empêchant la circulation du cambium, c’est
à-dire de la sève descendante, sont un obstacle à sa
MÉMOIRES. 541
transformation en aubier et en liber : d'où résulte un
épuisement général de l'arbre, qui quelquefois même
en meurt victime : aussi ces petits animaux sont-ils
regardés par les savants comme les plus grands
ennemis de l’arboriculture. Le mal existe, je le cons-
tate; mais à ce mal y a-t-il un remède? La
science en décidera. Cette branche de l’histoire na-
turelle se rattache par tant de points à des intérêts si
précieux que les hommes instruits de notre départe-
ment n’hésiteront pas, j'en ai l'espoir, à apporter le
tribut de leurs lumières pour la solution de cette
question d’une haute importance.
LONGICORNES. — La forme svelte des espèces qui
composent cette famille en fait une des plus élégantes
de l’ordre. Les pays montagneux et boisés sont les
lieux de prédilection pour ces insectes : aussi sont-ils
communs dans notre département, où ils fréquentent
les fleurs, principalement dans les bois. Les enfants
leur donnent le nom de chèvres, et les recherchent
beaucoup à cause du petit bruit qu'ils font entendre
lorsqu'on les saisit. Leur taille, qui est ordinairement
moyenne, devient quelquefois très-élevée, chez les
Cerambyx, ou petite, chez les Gracilia, etc. Leur
livrée, qui est, en général, sombre dans les grandes
espèces , se transforme chez les autres en couleurs des
plus admirables. Parmi les espèces que j'ai observées
dans la Haute-Vienne, je citerai comme les plus inté-
ressantes les Prionus coriarius, Linn.; Cerambyx cerdo,
Linn., heros, Fabr., qui habitent les vieux chênes et
quelques autres arbres de nos forêts. Je n'ai pas
encore rencontré le type du Purpuricenus Kæleri, Linn.;
542 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
mais la variété P. Servillei est assez commune; Ja
variété bilineatus est beaucoup plus rare. L’Aromia
moschata , Linn., est commun sur les saules, et princi-
palement sur l’osier, où l'odeur musquée qu'il exhale
le fait découvrir. Le Callidium femoratum, Linn., a été
trouvé dans les bois de La Bastide (Goulard); les
autres, C. clavipes, Fabr., sanguineum, alni , variabile ,
Lion., sont communs. L'Hylotrupes bajulus, Linn., a
été pris dans un chantier en assez bon nombre
(L. Jalousie). L'Asemum istriatum, Linn., est très-rare :
on le prend à proximité des pins. Le Clitus detritus,
Linn., n’a été pris qu'une seule fois sur des fleurs de
cactus, dans une maison { Debernard). La plupart des
autres sont communs : ce sont les C. liciatus, arcuatus ,
arietis, mysticus, Linn., ornatus, hpunctatus, plebejus,
Fabr., etc. J'ai pris deux individus du Gracillia
pygmea, Fabr., sur des fûts qu’on amenait de Cahors.
Le Stenopterus rufus, Linn., est commun sur les fleurs,
dans les bois. Le Morimus lugubris, Fabr., n'est pas
rare dans nos bois, de même que le Lamia textor,
Linn., sur les saules. L’Acanthoderes varius, Fabr., se
trouve, mais rarement, dans les chantiers, où l'on
trouve aussi le Lezopus nebulosus , Linn., assez commu-
nément. L'Exocentrus balteatus, Fabr., a été pris üne
seule fois, sur les bords de l’Aurance (Goulard). Les
Pogonocherus hispidus, Linn., et pilosus, Fabr., ne sont
pas rares en hiver sous les écorces. Les Mesosa nubila,
Olv., Saperda tremulæ, Fabr., scalaris, Linn., sont
rares, tandis que les S. carcharias et populnea, Linn.,
sont communs sur nos peupliers, principalement sur
le populus alba.
Les Tetrops prœusta, Linn., et Oberea hinearis, Linn.,
MÉMOIRES. 543
se trouvent communément sur le coudrier. Les Phytæcia
lineola, virescens, Kabr., et cylindrica, Linn., sont
assez rares. Le Rhagium bifasciatum, Fabr., est très-
commun dans les vieux châtaigniers pourris, en
hiver et au printemps, sur les fleurs de houx, etc. Je
n'ai pris qu'un seul individu de la belle variété
Ecoffeti, Muls. Le R. inquisitor, Linn., est très-rare
dans nos localités. Les Pachyta 8maculata, Fabr.;
Strangalia aurulenta, Fabr., 4fasciuta, reveslita, atte-
nuata, Linn., armala, Herbst., bifasciata, Müll., etc.;
Leptura tomentosa, livida, Fabr.; Grammoplera lœvis
et ruficornis, Fabr., se trouvent très-communément
sur les fleurs, dans les haies, les jardins, les bois, ete.
PayroPHAGEs. — Les insectes qui composent cettè
belle famille sont de petite taille, parés de couleurs
brillantes, et se nourrissent de végétaux, comme leur
nom l'indique. Leurs espèces sont quelquefois réunies
en grand nombre sur les arbres, et leur font un tort
considérable en les dépouillant de leurs feuilles :
parmi celles.que j'ai observées, je citerai les Donacia
crassipes , dentipes , sagiltariæ, nigra, Fabr., qui fré-
quentent les plantes des lieux humides. Les Lema
cyanella, melanopa, Linn., Erichsonii, Suffr.; Crioceris
merdigera, 2punctata, asparagi, Linn., se trouvent sur
les plantes, dans les jardins ou les champs. Les Clytra
tridentata, longimana, hpunctata, scopolina, Linn.,
concolor, Fabr.; Cryptocephalus violaceus, vitialus,
gracilis, Fabr., sericeus, nitens, Moræi, bipunctatus,
Linn., fulcratus, Germ., geminus, Gyll., etc., se ren-
contrent plus ou moins abondamment sur les fleurs des
prairies, des lisières des bois, etc. Le Siylosomus mi-
544 CONSKÉS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
nutissimus, Germ., a été pris à Châteauneuf en
battant les bouleaux (Pradier). Les Timarcha tene-
bricosa et coriaria, Fabr., sont très-communs sur
le gazon. Les Chrysomela staphylæa, gættingensis , Linn.,
sont assez rares : je les ai pris dans les bois sur les
bords de la Vienne; les C. sanguinolenta, fastuosa,
cerealis , viminalis, polita, populi, Linn., limbata , litura ,
aucta, Fabr., etc., etc., ne sont que trop communs
pour l'agriculture. Le C. venusla, Suffr., est égale-
ment très-commun dans nos environs, quoiqu'il
soit rare en France. Les Adimonia tanaceti, capreæ,
Linn.; Galleruca calmariensis, Linn.; Agelastica alni,
halensis, Linn.; Luperus flavipes, Linn., se trouvent
ordinairement sur les plantes dans les lieux humides.
* Les Haltica oleracea, nitidula, nemorum, Linn.,
ferruginea, Schrank, cærulea, Payk., fuscipes , Fabr.,
ete.; Longitarsus hpustulatus, tabidus, Fabr., etc.,
Sphæroderma testacea, Panz., abondent sur la plupart
des plantes. L'Hispa atra, Linn., que quelques per-
sonnes appellent le hérisson en miniature, à cause des
épines qui le couvrent, est très-commun sur le
gazon. Les Cassida vibex, nobilis, nebulosa, Linn.,
margarilacea , ferruginea , equestris, Fabr., etc., abon-
dent sur les carduacées et dans les prairies.
ÉroTyLes. — Cette petite famille n'a que deux
représentants dans nos localités, qui sont le Triplax
russica, Linn., et le Tritoma bipustulala, Oliv. Le
premier est commun dans les boletus qui croissent sur
les pommiers et les peupliers, et le dernier dans les
polyporus où dædalea des chênes.
MÉMOIRES. 545
SÉCURIPALPES. — Les insectes composant cette
famille sont d’une gentillesse dont rien n’approche
par leurs couleurs si agréablement variées et leurs
formes hémisphériques ; ils se trouvent sur les végé-
taux , et se nourrissent aux dépens des pucerons : aussi
doit-on les laisser vivre. Il y en a quelques-uns d’her-
bivores; mais ils sont très-peu nombreux. La plupart
de leurs espèces sont très-communes, et se rencontrent
un peu partout. On les connaît à Limoges sous les
noms vulgaires de pipe-volle et bétes du bon Dieu. Voici
les principales espèces que j'ai rencontrées : Hippodamia
A3punctala, Linn., sur les plantes près des lieux
humides. Les Adonia mutabilis, Schreb.; Adalia bipunc-
tata, Linn., avec la plupart de ses variétés, 1{nolaia,
Schnei., sontabondants sur les plantes, sauf le dernier,
qui est très-rare. L'Harmonia impustulata, Linn., se
rencontre, en hiver, sous les écorces. Les Coccinella
Aipustulata, 5punctata, Tpunctata, Linn., variabilis ,
Ilig., avec le plus grand nombre de ses variétés;
Calvia Aäguttata, Linn.; Halyzia A6guttata, Linn.;
Vibidia A2punctate, Pod.; Thea ?2punctata, Linn.;
Propylea À kpunctata , Linn.; Micraspis 12punctata, Linn.;
Chilocorus bipustulatus, Linn.; ÆExochomus auritus,
Schreb., Apustulatus, Linn.; Hyperaspis reppensis,
Herbst, sont pour la plupart très-communs sur les
plantes. L’Epilacha argus, Geof., est assez rare : on le
rencontre sur la bryone, dont il mange les feuilles.
Les Lasia globosa, Schnei., et Platynaspis villosa,
Fourc., se tiennent ordinairement sous la mousse,
au pied des arbres, en hiver, et sur les plantes dans
la belle saison.
Les Scymnus pygmæus, Fourc., marginalis, Rossi;
35
546 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Rhizobius litura, Fabr.; Coccidula rufa, Herbst., sont
très-communs sur les plantes des haies, des prairies,
etc.
SULCICOLLES. — Le Lycoperdina bovistæ, Fabr., qui
habite les lycoperdons, est le seul insecte que nous
ayons de cette famille : je l’ai rencontré dans un petit
bois près Boisseuil.
LÉPIDOPTÈRES OU PAPILLONS (1).
PAPILLONIENS. — (Cette petite famille se compose
d'espèces habitant les prairies ou les champs de
luzerne en fleurs ; elles se font remarquer par leur
forme svelte et leurs couleurs, dont l'effet est des plus
agréables à l’œil. Je vais citer les principales espèces
parmi celles que j’ai déterminées : le Papilio podalirius,
Linn., est commun au Dorat, à Bellac et à Saint-
Bonnet; il est rare dans le reste de notre dépar-
tement. Le P. machaon, Linn., est, au contraire,
très-commun sur les trèfles et luzernes de nos
environs. D'après notre célèbre compatriote M. E.
Berthet, homme de lettres, le Parnassius Apollo,
Linn., aurait été pris sur nos montagnes élevées.
Le Leucophasia sinapis, Linn., et sa variété Erysimi;
les Leuconeu cralægi, Linn.; Pierris napi, rapæ , brassicæ,
Linn., sont tellement communs que la plupart de nos
(1) Pour la classification de cette intéressante partie de
l'entomologie, je suivrai celle donnée dans l'Encyclopédie
d'histoire naturelle par le docteur Chenu, n'ayant pas d'ou-
vrages spéciaux à ma disposition.
MÉMOIRES. 547
prairies et jardins en sont infestés. Leurs chenilles
vivent, en général, sur les plantes dont ils portent le
nom, et leur font un tort considérable en les dépouil-
lant de leurs feuilles. Le P. daphidice, Fabr., est assez
rare dans nos environs. L’Anthocharis cardamines,
Linn., qu'on appelle aussi aurore à cause des deux
belles taches orangées qui ornent le sommet des ailes
supérieures du mâle, est un de nos plus beaux pa-
pillons : on le prend très-communément en avril et
mai dans nos prairies, près des eaux courantes. Les
mêmes lieux sont habités par les Gonepteryx rhamni,
Linn.; Colias edusa, Linn., variété helice, Hübner,
hyale, Linn., qui se rencontrent aussi dans les champs
de trèfle, de sarrasin, etc.
NYMPHALIENS. — Les espèces appartenant à cette
famille fréquentent les bois, les prairies, les murs,
et souvent les lieux secs et arides. Leur couleur est
ordinairement le fauve relevé par des taches noires ou
argentées. Parmi les nombreuses espèces que je
possède, je citerai seulement : les Argynis lathonia,
paphia, niobe, dia, Linn., adippe, euphrosyne, Fabr.,
ete., qui se font remarquer par la couleur nacrée qui
orne la face inférieure de leurs ailes; on les trouve
communément sur les fleurs de ronces, dans les
prairies, les champs de fougères, au bord des
chemins, etc. Les Melithæa urtemis, phœbe, didyma,
Fabr., dictyma, Esper, athalia, Bork., etc., abondent
dans les prairies. Les Grapta C. album, Linn.; Vanessa
polychloros, urticæ, io, antiopa, Linn.; Pyrameis
cardui, atalanta, Linn., sont très-communs sur les
erties, les saules, etc.
548 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Les Limenitis sibylla, Linn., et camilla, Fabr., qu’on
appelle aussi la veuve à cause de ses belles couleurs
de deuil, fréquentent les bois humides, où on les
prend communément sur les saules, les fleurs de
l'yèble, ete. Les mêmes lieux sont habités par
l’Apatura ilia, Fabr., et la variété clytia, Hübner, un
des plus beaux papillons d'Europe : ses ailes sont de
couleurs assez sombres, relevées par des taches
blanches ou noires. Ces couleurs, comme chez les
autres lépidoptères, sont formées d’écailles, et ici
celles qui recouvrent les ailes du mâle ont la singulière
faculté de pouvoir changer de nuance selon le point
où on se place pour l’examiner; ce qui lui a valu le
nom vulgaire de Wars changeant.
L’Arge galatea, Linn., est très-commun dans les
prairies en juin et juillet. Le Satyrus phædra, Linn., a
été pris parmi des bruyères à Saint-Bonnet (A. Leclerc).
Le S. circe, Linn., aurait été rencontré par quelques
personnes; mais je ne l’ai jamais vu. Les autres
espèces sont les Saiyrus semele, tithonus, mæra, ægeria ,
hyperanthus, pamphilus, Linn., janira, Ochs., qu'on
trouve très-communément dans les bois, les prairies,
les chemins, sur les murs, etc.
ErYcoyniens. — Cette famille est composée d'espèces
de petite taille, qui hantent les bois et les pelouses.
La couleur azurée dont la plupart de leurs espèces
sont revêtues fait qu'on les distingue facilement d'avec
les plantes sur lesquelles elles aiment à se reposer. De
ce nombre sont les LycϾna bϾlica, argiolus, argus,
Linn., amynlas, cyllarius, Fabr., erebus, Esper, ægon,
agestis, Hübner. Les Thecla bætulæ, quercus, rubi,
MÉMOIRES. 549
Linn., lynceus, Fabr., W. album, Illig., se trouvent.
dans les forêts, où ils sont communs sur les arbres
dont ils portent le nom. Les Polyomatus phlæas, Linn.,
et æante, Fabr., sont très-abondants sur les pelouses,
dans les prairies, etc.
HESPÉRIENS. — Ce groupe, dont les espèces, peu
nombreuses et de petite taille, habitent les mêmes
lieux que celles de la famille précédente, est repré-
sentée chez nous par les Sleropes linea, Fabr., comma,
Linn.; Syricchtus fritillium, Fabr.; Spilothyrus malvæ,
Fabr., et Thanaos lages, Linn., qui abondent pendant
une grande partie de l’année.
SÉSIENS. — Cette famille est composée d'espèces qui
ont une grande ressemblance avec certains hymé-
noptères, principalement avec ceux du genre abeille
{(apis). Leurs larves sont lignivores, et les insectes
parfaits voltigent près des plantes qui les ont nourris:
ce sont ordinairement les bois tendres, tels que ceux
du peuplier, du bourdaine (rhamnus frangula), etc.,
auxquels ils s'attachent. Les Sesia apiformis, tipuli-
formis, Linn., et culiciformis, Laspey., sont communs
dans nos localités.
ZIiGÉNIENS. — Les espèces qui composent ce petit
groupe se rencontrent dans les prairies et les champs
de bruyères. Quoiqu'’elles soient crépusculaires, il
n'est pas rare de les voir voltiger au soleil, surtout
les Procris globulariæ, Esper, et statices, Linn., qui
sont communs sur les collines aux environs de
550 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Limoges, d’Aixe et de Sauvagnat. Le Zigena trifolir,
Esper, est très-commun dans les prairies humides.
SPHINGIENS. — Les sphingiens sont d’une taille
élevée; ils sont crépusculaires, sauf les espèces du
premier genre, qui voltigent pendant le jour. Ils ont
une longue trompe, avec laquelle ils pompent lesuc des
fleurs, sur lesquelles on les prend le soir. Les Macro-
glossa stellatarum, bombyliformis et fuciformis, Linn.,
se rencontrent sur les fleurs, où ils voltigent conti-
nuellement. Les deux derniers sont fort rares dans nos
environs. Le Deilephila elpenor, Linn., est commun
dans les jardins, où sa chenille attaque la vigne. Les
Sphinx pinastri, ligustri, convolvuli, Linn., se trouvent,
mais peu communément, surtout le premier. L'Ache-
rontia atropos, Linn., qu'on appelle vulgairement téte
de mort à cause des taches dont son thorax est garni,
est commun dans nos environs; sa chenille mange les
feuilles de pommes de terre et de douce-amère. C'est
le seul lépidoptère qui jouisse de la faculté de produire
un son ou cri lorsqu'on l’inquiète. Les Smerinthus
lillæ , ocellatus, populi, Linn., sont assez communs sur
les tilleuls, les saules, les peupliers, etc. Plusieurs
fois j'ai pris la chrysalide du premier dans le tronc des
châtaigniers.
BoMByCIENs. — Les papillons qui composent cette
famille sont de grande ou de moyenne taille. Ils ne
sortent de leur retraite que la nuit, comme toutes les
familles qui suivent. Pendant le jour, on les trouve
endormis sur les arbres, les murs, sous les feuilles,
MLMOIRES. 551
etc. La plupart de leurs espèces se trouvent commu-
nément dans nos environs. L'Aglaia tau, Linn., a été
trouvé à Saint-Yrieix (C. Boileau). L’Atfacus pavonia
major, Linn., habite sur les ormes, les poiriers, les
frênes, etc. ({); l’4. pavonia minor, Linn., sur les
ronces, où l'on prend aussi le Lassiocampa quercifolia ,
Linn., mais assez rarement; le L. potatoria, Linn., se
rencontre sur les diverses espèces de brômes qui
croissent sous les haies. Les Bomby neustria, quercus,
rubi, Linn., fréquentent les haies de prupeliers, de
ronces , @tc. Les Orgya pudibunda, antiqua, Linn.,
habitent sur les ormes, les chênes, ete. Le mâle de la
dernière espèce voltige pendant le jour. Les Liparis
chrysorrhϾa, dispar, salicis, Linn., sont les plus
communs de nos papillons; leurs chenilles attaquent
les poiriers, les pommiers, les ormes et la plupart des
arbres de nos forêts et de nos jardins, qu’elles font
quelquefois périr en les dépouillant de leurs feuilles
au printemps, surtout lorsque les circonstances atmos-
phériques favorisent leur multiplication. C’est la
première espèce du genre, le cul brun (chrysorrhæa) ,
qui a fait rendre l'édit sur l’échenillage; sa chenille
passe l’hiver sous une toile commune, appelée bourse,
que les propriétaires sont tenus de détruire.
Les écailles ‘ou chélonies , ainsi que les deux genres
suivants , se font remarquer par leurs couleurs , qui ont
l'aspect le plus ravissant, et qui sont ordinairement
roses, purpurines, jaunes ou blanches, et relevées
(1) Ce ne sont pas ordinairement les insectes parfaits que
l’on trouve sur les plantes que je cite, mais plutôt leurs che-
nilles, qui s'en nourrissent.
552 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
par des taches noires. Elles se rencontrent fréquem—
ment, de même que leurs chenilles, sur les plantes
basses , sous les haies. Les espèces que j'ai prises dans
nos environs sont les Chelonia caja , hebe , mendica , fuli-
ginosa, russula, Linn., menthastri, Ochs.; Callimorpha
hera, Linn.; Euchelia jacobæa, Linn. La Lithosia gram-
mica, Linn., qu’on prend en battant les haies, est rare,
de même que l’Hepialus lupulinus, Fabr. Les deux espèces
qui fournissent les chenilles qui occasionent le plus
de dégâts dans les arbres où elles se développent
sont les Zeuzera œsculi, Linn., et Cossus ligniperda,
Fabr., qui vivent dans un grand nombre d’arbres;
ce sont souvent les ormes, les marronniers d'Inde,
etc., de nos promenades, qu'elles choisissent de
préférence. La Dicranura vinula, Linn., vit sur les
peupliers. Sous les haies, on trouve les Nofodenta capu-
cina et Pygæra bucephala, Linn. : la chenille de ce
dernier vit sur l’orme, le saule, le tilleul, etc.
NOCTUÉLIENS. — Cette famille se compose d'espèces
qui ont les mêmes habitudes que celles de la précé-
dente, sauf leur agilité, qui est beaucoup plus déve-
loppée : elles sont nombreuses dans nos environs:
mais encore cette fois j'en ai peu déterminé, faute
d'ouvrages spéciaux. Il en a été de même pour les
familles suivantes. Sur les murs, les arbres, etc.,
couverts de lichens, on trouve les Bryophila glandifera ,
Hübner, et perla, Fabr. Dans les bois, et souvent le
soir dans les maisons, on rencontre les Amphipyra
maura, Linn.; Triphæna fimbria, pronuba, Linn., et
orbona , Fabr. Au milieu des plantes fleuries des prés,
on trouve le Caradrina trilinea, Hübner : sur les ormes
MÉMOIRES. | 553
de nos promenades, j'ai rencontré, mais très-rare-
ment, le Cosmia diffinis, Linn. Les haies à proximité
des peupliers sont habitées par le Gonopiera libatriæ,
Linn. Dans les prairies émaillées de fleurs on trouve
fréquemment les Plusia gama, Linn.; Heliothis dip-
sasea, Linn.; Euclidia mi, Linn., et Brephos parthenias,
Linn. Le Catephia alchimisia, Fabr., y est très-rare.
Les espèces qui composent le genre lichenée ou catocala
sont de moyenne taille, habitant les bois, sur les
chênes ou les peupliers et les saules, à proximité des
lieux humides. Leurs ailes inférieures sont noires, et
traversées par des bandes bleues, rouges ou jaunes,
dont l'effet est des plus gracieux. Ces aïles inférieures
sont repliées sous les supérieures, qui, de même que le
corps, sont couvertes d’écailles grises, Ce qui fait qu'il
est difficile de les distinguer d’avec les lichens qui
croissent sur les arbres où elles se reposent. Les plus
rares sont : Calocala fraxini, sponsa, paranympha, Linn.;
celles qu'on trouve souvent sont : C. nupta, Linn.,
elocata, Esper, electa, Borkh. L’Ophiusa lunaris, Fabr.,
est également assez commun dans les mêmes lieux.
PHALÉNIENS. — Les phaléniens sont des lépidoptères
de petite ou de moyenne taille, d’une consistance
frêle, habitant les bois et les buissons, où on les
trouve endormis pendant le jour; à son déclin, on les
voit voler près de ces lieux. Je citerai, parmi les
espèces qui forment ma collection, les Urapteryx sam-
bucaria, Linn.; Ennomos illustris, Fabr., angularia,
W. V., prunaria, Linn.; Timandra amataria, Linn.;
Himera pennaria, Linn.; Crocalis elinguaria, Linn.;
Rumia cratægulata, Linn.: Hemitheu buplevaria, W. V.;
4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Geomelra papilionariu, Linn.; AHibernia defoliaria,
Linp. : ces deux dernières sont rares dans la Haute-
Vienne; Phalæna betularia, Linn. : sa chenille vit sur
les ormes de nos promenades; Venilia maculala, Linn.
(la Panthère de Geoffroy) ; Lerene grossulariata, Linn.,
et Strenia clathraria , Linn., qui se trouvent très-com-
munément dans nos environs.
PyYRALIENS. — Les insectes composant cette famille
sont de petite taille, souvent ornés de couleurs vives;
ils habitent les buissons, les lieux humides, et
souvent dans nos maisons. Je nommerai les Pyrausta
purpuralis, Linn.; Hydrocampa nymphæalis, Linn.;
Botis urticalis, Linn., verticalis, Albin, Aglossa pingui-
nalis, Linn.; Hypena proboscidalis, Linn.; Halias quer-
cana, Linn.; Tortrix viridana, Fabr.; Myelophila
cribrella, Fabr.; Yponomeuta evonimella , padella, Linn.;
Adela swammerdammella, Linn.; Tinea lapesella, Linn.,
flavifrontella, granella, Fabr. La première espèce de
ce genre est celle qui voltige le soir dans nos appar-
tements autour de la lumière; elle est connue à
Limoges sous le nom de bonne-âme. C’est sa chenille
qu'on nomme feigne, et qui fait tant de mal à nos
tissus, dans lesquels elle vit. Le Pterophorus pentadac-
tylus, Linn., se trouve abondamment aux environs
de Limoges.
Me voici arrivé à la fin de cet apercu, beaucoup
trop succinct, sur les coléoptères et les lépidoptères de
notre département. Peut-être me reprochera-t-on
d’avoir trop restreint mon travail; mais je savais que
mrorr
MÉMOIRES. 595
d'autres mémoires bien plus importants que le mien
devaient figurer dans le Compte-Rendu du Congrès
scientifique, et je n'ai pas voulu usurper une place
qui leur était légitimement due : aussi ai-je négligé
tous les autres ordres, et, dans les deux que j'ai cités,
ai-je indiqué seulement les espèces qui offraient le
plus d'intérêt.
Bien peu de personnes s'occupent d'entomologie :
c'est pour cela que j'ai cru devoir ôter à mon travail
l'aridité d'un catalogue en y intercallant quelques
mots sur les mœurs et les habitudes des insectes les
plus remarquables, et surtout en signalant, comme
chose de la plus haute importance, les désâts que
chaque espèce cause à l’agriculture.
Si certaines parties de cet opuscule sont moins
développées que les autres, il ne faut pas l’attribuer
à ce que mes recherches ont été infructueuses, mais
à ce que mes déterminations ont été arrêtées à chaque
instant par le manque d'ouvrages spéciaux. Les
quelques relations que j'ai eues avec M. le colonel
Pradier, dont j'ai parlé en commençant, ef qui ont
forcément été interrompues par son départ de Li-
moges, n'ont pas été d’une durée assez longue pour
me permettre de nommer tous les insectes de ma
collection.
Mes recherches, je le répète, n'ont pas été infruc—
tueuses : une contrée, en effet, qui, en deux ou trois
années, et dans un rayon presque uniquement
restreint aux environs de Limoges, a pu fournir à un
jeune homme de vingt-deux ans, simple garçon
perruquier, dépourvu de tout moyen d'instruction, et.
ne pouvant tout au plus consacrer à son étude favorite
556 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qu'un jour par semaine, deux ou trois mille insectes,
est évidemment une contrée richement peuplée. Et,
aujourd’hui que j'ai acquis un peu plus d'expérience
qu’à mes débuts, il est bien rare si, lorsque je me
mets en Campagne, je ne rapporte pas, pour peu que
le temps soit favorable, une douzaine d'insectes
_ nouveaux à ajouter à ma collection.
En terminant, je dois dire que toujours je me ferai
un plaisir de donner de plus amples renseignements
sur notre faune entomologique aux personnes qui
voudront bien me faire l'honneur de m'en demander.
QUELQUES OBSERVATIONS
SUR
LA VÉGÉTATION DE LA HAUTE-VIENNE
NOTAMMENT SUR L'ÉPOQUE FLORALE DES PLANTES,
ET SUR LE RAPPORT DE CES ÉPOQUES AVEC
L'ALTITUDE DES SOLS, LEUR EXPOSITION
ET LA CLIMATOLOGIE DU PAYS (1),
PAR M. Ép. LAMY.
II n’a été encore publié dans la Haute-Vienne rien,
que je sache, sur l’époque de la floraison des plantes.
Jadis j'ai recueilli assez soigneusement les plantes
de ce département ; j'ai fait dans ce but des excursions
nombreuses, qui m'ont permis de prendre peu à peu
des notions assez exactes sur l’ensemble de sa végé-
tation; mais la longue interruption de mes études,
alors surtout que je n’ai conservé aucune note sur mes
anciens travaux, ne me permet guère de traiter un
pareil sujet. Je puis simplement fournir quelques indi-
(1) Le rapport de}M. Petit ne mentionne pas la première
partie de ce travail, que l’auteur n’avait pas encore complétée
lors de la session du Congrès.
558 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
cations, susceptibles d'un plus grand développement,
et auxquelles on ne doit pas attacher une sérieuse
importance scientifique.
Personne n'’ignore les nombreuses et subites varia—
tions de la température dans nos contrées. Qui n’a
souvent pensé ou dit que chez nous les saisons sont
bouleversées? que surtout l'hiver et le printemps se
confondent à tel point qu'il devient parfois difficile de
saisir la fin de l’un et le commencement de l’autre?
N’a-t-on pas vu, même vers la fin de mai, des gelées
tardives enlever les plus belles espérances de récolte?
L'hiver empiète aussi sur l’automne, et j'ai vu Ja
terre couverte de neige du 20 au 25 octobre.
De pareilles déviations dans l’ordre successif et
naturel des saisons exercent nécessairement une
fâcheuse influence sur nos végétaux, et rendent assez
mobile chaque année l’époque de leur floraison.
Je dirai néanmoins que, en général, dès les derniers
jours de février, il est facile de constater des commen-
cements de végétation : peu à peu la nature se ré-
veille, se débarrasse de son manteau de brume, de
glace ou de neige; quelques vifs rayons de soleil
s’entremêlent aux giboulées de mars, et, sous l'empire
de leur action vivifiante , diverses plantes, messagères
du printemps, développent leurs feuilles, leurs tiges
bientôt couvertes de fleurs.
Le mois d'avril ne tarde pas à porter son riche con-
tingent, et à grossir la légion des fleurs printa-
nières.
Mai se montre encore plus prodigue sous ce rapport
que son frère aîné dans la série des mois de l’année;
puis apparaissent les fleurs estivales; ‘plus tard celles
MÉMOIRES. 559
d'automne, qui persistent parfois jusque vers la
mi-décembre.
Les gelées blanches d'octobre commencent à décimer
les plus délicates; novembre, moins clément, devient
plus meurtrier pour celles qui ont survécu, et la faulx
impitoyable de décembre fait litière des dernières
tiges fleuries, qui jusque là avaient survécu aux
atteintes du froid.
Ainsi l’on peut dire que, le plus souvent, l’inter-
ruption complète de toute vie végétative dans les
environs de Limoges ne s'étend guère que du 10 dé-
cembre au 20 février (1).
Néanmoins le houx, le buis, le fragon piquant, le
gui et quelques autres arbustes conservent pendant
l'hiver leurs feuilles vertes et persistantes à côté d’une
foule d'arbres dépouillés, formant de la sorte un
heureux contraste, et perpétuant au milieu des frimas
un pâle souvenir des trois agréables saisons qui ont
précédé.
Parmi les plantes des prairies, les unes ne fieu-
rissent qu'une seule fois dans l’année : ce sont les
orchis, les scilles et toutes les plantes bulbeuses; ce
sont aussi les plantes annuelles, qui dessèchent sur
pied après avoir parcouru toutes les périodes de leur
plus ou moins courte existence. De ce nombre est la
crête de coq{rhinantus major, Ehrh.), parfois si abon-
dante, et toujours si justement redoutée pour le préju-
(1) Cette règle ne subit que de très-rares exceptions, et le
plus souvent pour quelques plantes abritées, telles que la
rose de Noël (Aelleborus niger, Linn.), la violette odorante,
l'héliotrope d'hiver (#ardosmia fragrans , Reich.), etc.
560 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dice qu'elle apporte aux graminées utiles qui l'avoi-
sinent. |
La pelouse de nos prés se compose plus particuliè-
rement de plantes vivaces (1), qui, pour la plupart,
fleurissent en mai et juin.
Après avoir produit le foin nécessaire à la nourriture
des bestiaux , elles émettent de secondes tiges, moins
robustes, moins allongées que celles de la première
pousse : cette deuxième récolte prend le nom de regain.
Les prairies d'excellente qualité donnent un arrière-
regain, qui lui-même est bientôt remplacé par un
tendre et épais gazon destiné, dans chaque réserve ou
domaine, à la pâture des bestiaux pendant toute
la durée des semailles. Ainsi nos légumineuses et
graminées à racines vivaces peuvent, dans de
favorables conditions, fournir annuellement trois à
quatre précieuses récoltes dans le court intervalle de
mai à novembre; et les tiges des deux premières évo-
lutions, qui forment le foin et le regain, ont presque
toujours le temps de développer leurs fieurs : même le
trèfle des prés et quelques autres espèces, par le fait
du fauchage, produisent dans l’année trois éclosions
successives de fleurs (2).
La nature, avec une sollicitude toute maternelle,
(1) Paturin commun, paturin des prés, brize moyenne, cy-
nosure crételle, ivraie vivace, dactyle aggloméré, fétuque
des prés, fétuque rouge, houque laïneuse, houque molle,
flouve odorante, vulpin des prés, fléole des prés, agrostis
commune, gesse des prés, lotier corniculé, lotier des fanges,
trèfle rampant, trèfle des prés, trèfle jaunâtre, etc.
(2) Le fraisier des Alpes, cultivé dans nos jardins, fleurit
‘toute l'année, sauf pendant l'hiver.
MÉMOIRES. : 561
veille à la conservation des diverses espèces de plantes,
de celles surtout qui, en apparence inutiles, ou en
réalité nuisibles, sont plus particulièrement exposées
à l’implacable haïne des cultivateurs : aussi n’est-ce
pas sans motif, et sans une sorte de préméditation,
qu’elle peuple les champs cultivés de plantes bisan-
nuelles et annuelles (1), dont les goûts, les habitudes,
s'accommodent des soins donnés aux plantes utiles.
Ces plantes spontanées naissent le plus souvent avec
le blé, s’allongent avec lui, s'abritent sous ses
chaumes, parfois s'y accrochent pour s'en faire un
appui, mêlent à ses riches épis leurs fleurs aux nuances
variées, disparaissent sous les coups de la faucille,
pour entrer bientôt dans la botte de paille; et, après
le battage, leurs graines, malgré tous les procédés
mis en œuvre pour les retenir avec d’autres rebuts sur
le sol de la grange, s'introduisent jusque dans le
grenier, toujours en compagnie et sous la protection
du grain destiné à nous nourrir.
Dans les jardins, où la terreest si fréquemment remuée
par la bêche, on ne rencontre guère que des plantes
annuelles (2), auxquelles il ne faut que peu de temps
pour naître, croître et fructifier. Leurs fleurs, le plus
(1) La centaurée bleuet, la lychnide nielle, la renoncule des
mares, l’ers hérissé, la gesse hérissée, la vesce cultivée, la
vesce des moissons, le trèfle des champs, le trèfle champêtre,
l'épiaire des champs, le pavot coquelicot, la patience petite-
oseille, l'agrostis jouet des vents, l’ivraie des champs, etc.
@) L’euphorbe réveille-matin , l'amarante sauvage, l'ama-
rante blite, l'ansérine polysperme, la mercuriale annuelle,
le sènecon commun, le lamier pourpre, le mouron des
36
562 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
souvent ternes et verdâtres, sont dépourvues de tous
charmes ; leurs graines arrivent promptement à matu-
rité ; tout dans elles semble organisé pour faciliter une
rapide croissance : aussi pullulent-elles en quelque
sorte sous les pas du jardinier, malgré ses efforts
incessants pour lesextirper et leschasser deson terrain.
Ce sont elles qu'on a en vue lorsqu'on dit vulgai-
rement d’un enfant très-grand pour son âge : « 1
grandit comme la mauvaise herbe ».
Il serait long de passer en revue la nombreuse légion
de nos plantes indigènes pour les classer par séries
suivant les époques si diverses de leur floraison, et
constituer ainsi ce que Linné appelait le Calendrier
de Flore.
Avant de m'occuper de cette distribution, je don-
nerai quelques indications générales.
Notre flore départementale comprend au moins
neuf cent cinquante espèces phanérogames bien carac-
térisées (1), dont environ huit cent soixante-dix
épanouissent leurs corolles du 4° avrii à fin août :
En avril-mai...... ss ce, AJU ESDÈCES,
En mai-juin:........... 280
En juin-juillet... ...... 340
En juillet-août... ...... 150
TOTAL ÉGAL: ..... 870
champs, la stellaire moyenne, le céraiste commun, la scor-
pione changeante, la véronique à feuilles de lierre, la
renouée des oiseaux, le pâturin annuel, etc.
(1) Je tiens compte, dans cette évaluation, de plusieurs
espèces découvertes, depuis la publication de mon catalogue,
MÉMOIRES. 563
Je n’entends poser ici que des chiffres approxi-
matifs, et non d'une rigoureuse exactitude.
Les autres espèces non comprises dans ces quatre
catégories fleurissent en février, mars, septembre,
octobre, novembre.
La très-modeste parure des trois derniers mois résulte
moins de richesses florales qui leur soient propres
que d'emprunts faits à la saison d'été, dont un
assez grand nombre de plantes prolongent leur
fleuraison jusqu’à l’automne, ou la renouvellent à
cette époque.
Alors aussi on voit reparaître les fleurs de plusieurs
plantes annuelles du printemps, qui se sont en
quelque sorte ressemées d’elles-mêmes.
En mars et avril-mai, les crucifères, les cupulifères,
les genres prunier, poirier, renoncule , véronique, scille,
présentent plusieurs espèces en état de fieuraison.
En mai-juin, les espèces en fleur qui dominent
appartiennent aux orchidées, cariophyllées, géraniées,
légumineuses, rosacées, euphorbiacées, cypéracées, gra-
minées.
En juin-juillet, brillent les nymphéacées , onagraires,
rubiacées , joncées, et les charmantes espèces du genre
utriculaire.
En juillet-août , s'ouvre la période de floraison pour
par divers botanistes, notamment par M. Ernest Malinvaud,
jeune homme plein de zèle pour les études sérieuses, qui,
depuis quelques années, explore très-intelligemment les
environs de Limoges.
564 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
beaucoup d’ombellifères, de labiées, d'amarantacées, de
salsolacées, de renouées, de polamées.
Je passe à la disposition de nos plantes par séries
mensuelles, suivant leur ordre naturel pour l’époque
de la floraison.
Ce travail ne sera à peu près complet que pour nos
arbres, arbrisseaux et arbustes, en regard desquels je
placerai des espèces herbacées d'une époque florale
correspondante. Ainsi je ne citerai parmi ces dernières
que celles qui pourront s’encadrer dans l’espace
restreint que les végétaux ligneux occuperont; lors-
que le petit nombre de ceux-ci dans quelques séries
rendra trop étroite la place réservée aux plantes her-
bacées, j'y suppléerai, pour elles, par de simples
notes au bas de chaque série.
ESPÈCES LIGNEUSES. ESPÈCES HERPACÉES.
FÉVRIER.
Coudrier noisetier. Sènecon commun (1).
Aulne glutineux. Stellaire moyenne.
MARS.
Amandier. Véronique à feuilles de lierre.
Abricotier (2). Violette odorante.
Saule cendré. Tussilage pas-d’âne.
(4) Cette espèce, les deux plantes qui la suivent, et plusieurs autres que je pourrais
citer, sourient aux moindies rayons de soleil par l’éclosion de leurs fleurs ; leurs géné-
rations se succèdent toute l’année à peu près sans interruption.
(2) Dans les années précuces , l'abricotier et l’amandier commeneent à fleurir dès Ja
fin de février.
Saule marceau.
Saule des vanniers.
Fragon piquant.
Peuplier de Hollande.
Peuplier blanchâtre.
Peuplier tremble.
Peuplier pyramidal.
Peuplier noir.
Peuplier de Virginie.
Gui blanc.
If à baies.
Buis toujours vert.
Orme à larges feuilles.
Orme champêtre.
Orme nain.
Pêcher commun.
MÉMOIRES. 565
Drave printanière.
Arabette de Thalius.
Paquerette vivace.
Pissenlit.
Anémone sylvie.
Pulmonaire à feuilles étroites.
Ficaire renoncule.
Pervenche.
Narcisse faux-narcisse.
Primevère.
Violette de Rivin.
Corydale bulbeuse.
Carex précoce.
Scille à deux feuilles.
Saxifrage trilobée.
Prèle des champs.
AVRIL (entier). — MAI (1).
Prunelier.
Saule pleureur.
Saule blanc.
Saule amandier.
Saule fragile.
Groseiller épineux.
Groseiller des Alpes.
Groseiller noir (cacis).
Bouleau verruqueux.
Frêne élevé.
Luzule champêtre.
Luzule poilue.
Potentille fraisier.
Potentille printanière.
Populage des marais.
Cardamine des prés.
Giroflée.
Adoxe moscatelline.
Oxalide oseille.
Barbarée précoce.
(4) Les quinze à vingt premières plantes de chacune des colonnes de cette série
fleurissent parfois à la fin de mars ; mais le plus souvent leur parfait état de fleuraison
n’a lieu qu'au commencement d'avril.
En ce qui touche nos principaux arbres fruitiers, voici leur era de fleuraison le
plus habituel : l'abricouier, dans les premiers jours de mars; le pêcher, dans Ja
seconde quinzaine du même mois; les prunier, cerisier, poirier cullivés , du 1°° au
15 ail. Les poiriers commencent à passer fleur au début de la fleuraison des pommiers.
566 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Prunier sauvage.
Pruniers cultivés.
Cerisiers cultivés.
Merisier.
Poiriers cultivés.
Poirier poirasse.
Poirier à feuille de sauge.
Poirier cordiforme.
Poirier sauvage.
Hêtre des forêts.
Platane d'Orient.
Genévrier.
Charme commun.
Airelle myrtille.
Sureau à grappes.
Ajonc d'Europe (1).
Chêne pédonculé.
Chêne à fruits sessiles.
Lilas.
Coignassier.
Pommiers.
Érable à feuilles de frêne.
Marronnier d'Inde.
Genêt d'Angleterre.
Sorbier des oiseleurs.
Érable plane.
Érable champêtre.
Érable sycomore.
Pin sauvage.
Pin maritime.
Sapin élevé.
Sapin pectiné.
Genêt à balais.
Saule pentandrique.
Noyer commun.
(4) Cette espèce refleurit en automne
Cardamine velue.
Endymion penché.
Mercuriale vivace.
Érythrone dent de chien.
Callitriche printanière.
Érodion trivial.
Scorpione changeante.
Céraiste obscur.
Céraiste congloméré.
Scille en ombelle.
Gaillet croisette.
Colza.
Stellaire holostée.
Montie des fontaines.
Carex commun.
Canche précoce.
Pédiculaire des bois.
Muguet de mai.
Valérianelle cultivée.
Plantain lancéolé.
Euphorbe d'Irlande.
Violette des marais.
Scorpione des bois.
Téesdalie ibéride.
Barbarée commune.
Renoncule à feuilles de lierre,
Renoncule de Lenormand.
Orchis bouffon.
Véronique petit chêne.
Véronique à feuilles d’acinos.
Orchis mâle.
Polygonier multiflore.
Conopode sans involucre.
Lychnide fleur de coucou.
Parisette à 4 feuilles.
MÉMOIRES. 567
Mélèze d'Europe. Clandestine à fleurs droites.
Épine-vinette. Cresson des Pyrénées.
Aubépine. Renoncule aquatique.
Müûrier blanc. Divers boutons d’or.
Mûrier noir. Sisymbre alliaire.
Spirée obovale. Consoude tubéreuse.
Adénocarpe à petites feuilles, Orchis brülé.
MAI. — JUIN (1;.
Viorne obier. Patience petite-oseille.
Fusain d'Europe. Épervière auricule.
Nerprun bourdaine. Épervière piloselle.
Cornouiller sanguin. Orchis à fleurs lâches.
Néflier d'Allemagne. Scorpione des marais.
Houx commun. Véronique beccabunga.
Genêt à tiges aïlées. Asphodèle à fruit rond.
Genêt velu. Flouve odorante.
Ronce framboisier. Maiïanthème à 2 feuilles.
Robinier faux-acacia. Vipérine commune.
Genêt des teinturiers. Géranium des Pyrénées:
Bruyère à balais. Orobanche à petites fleurs.
Sureau noir. Pédiculaire des marais.
(4) Les plantes herbacées , pendant cette période , offrent au botaniste d’abondantes
récoltes : plusieurs renoncules , parmi lesquelles brille la renoncule à feuilles d'aconit ;
la cardamine impatiente ; la corydale à vrilles ; tous nos polygala ; diverses lychnides,
sagines et autres carxoPuiLLées ; le millepertuis couché ; des luzernes , trèfles , lotiers ,
vesces et gesses ; le comaret des marais; la potentille ansérine; l’alchimille vulgaire;
les herniaires; l'orpin d’Angleterre ; l'ombilicaire penchée; [a saxifrage granulée ; la
berce des prés; trois gaillets ; quelques centaurées, salsifis , crépides ; la lysimaque
des bois ; le dompte-venin officinal ; nos nombreuses scorpiones ; quatre orobanches ;
plusieurs euphorbes ; l'iris faux-acore ; la plupart de nos géranium; l’oxalide de Navier ;
presque tous nos orchis et carex, les linaigrettes ; beaucoup de GramiéEs.
568 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
JUIN. — JUILLET (1).
Châtaignier.
Vigne (2).
Églantiers.
Troène commun.
Tilleul à grandes feuilles.
Tilleul à petites feuilles.
Bruyère quaternée.
Chèvre-feuille des bois (3).
Ronces.
Lyciet commun.
Ajonc nain.
Sucepin multiflore.
Lin de France.
Trèfle jaunâtre.
Lychnide nielle.
Œnanthe boucage.
Cirse d'Angleterre.
Gnavelle vivace.
Circée parisienne.
Onagre bisannuelle.
Vergerette âcre.
Orpin hérissé.
Clématite des haies. Potentille argentée.
(4) On peut dire que, durant cette période , la corbeille de Flore est surabondammenr
garnie : en sus d'une partie des plantes de la précédente série encore en fleurs , on ren-
contre , à cette époque , en état de fleuraison : les nénuphars ; l’hélianthème taché ; la
gypsophile des murs; l'œillet des chartreux ; le siléné de France ; l’élodie des marais ;
l'isnarde ; la macre flottante; le myriophylle à fleurs alternes ; la péplide pourpier ; la
plupart de nos orpins ; l'hydrocotyle ; la carotte ; le sureau yèble; la plupart .de nos
gaillets ; la valériane officinale ; la knautie des champs; la matricaire inodore; nos
camomilles ; l’arnique de montagne ; le doronic d'Autriche ; plusieurs cirses; quelques
chardons ; la laïtue des murailles ; la chondrille effilée; la lobélie ; les jasiones ; le
mouron délicat; la charmante walhenberge lierrée ; nos diverses utriculaires ; la lysi-
maque commune; cinq à six labiées ; la litorelle des lacs; quelques patiences,
renouées et euphorbes ; l'ornithogale des Pyrénées ; la plupart de nos jones , ete.
(2) Les bourgeons de la vigne commencent à se développer lorsque le poirier est
en fleurs,
(5) Les feuilles de cet arbrisseau sont très-précoces : elles apparaissent presque
aussitôt que les chatons de l’aulne, Sons le rapport de la précocité des feuilles , le sureau
noir tient le second rang parmi nos végétaux lignenx.
MÉMOIRES. 569
JUILLET. -—- AOÛT ({]).
Figuier commun (2). Illécèbre verticillé.
Callune commune (3). Orpin purpurin.
Bruyère cendrée. Narthécie des marais.
AOÛT. — SEPTEMBRE. — OCTOBRE (4).
Lierre grimpant. Scabieuse succise.
- I résulte de ce tableau comparatif et des notes qui
l’accompagnent que la plupart de nos végétaux
ligneux fleurissent du 15 mars au 45 mai, tandis que
(4) Dans cette période , le nombre des plantes en fleurs commence à décroitre , mais
pas encore d’une manière très-sensible. On rencontre dans les lieux frais et humides la
balsamine sauvage et nos scrofulaires ; les rossolis et la parnassie ornent les prés
tourbeux ; la joubarbe domine les toits et les murs des villages. C'est la saison de la
saponaire , de la sanginsorbe tardive , des galéopes , de l’hyssope , de l'origan , et d’un
grand nombre de labiées. On peut aussi recueillir à cette époque le boucage saxifrage ,
l’angélique sauvage , le panais opaque , l’eupatoire, nos inules , les bidents , l'armoise,
Ja tanaisie , le gnaphale des bois , plusieurs cotonnières, le sènecon à feuilles d’ar-
moise, la bardane, quelques cirses , et plusieurs autres espèces de la famille des
composées. Enfin je citerai encore la digitale, les scutellaires , le datura , nos nombreux
potamots, les molènes, les amarantes, les renouées, les arroches et quelques
cnaminéEs : la digitaire sanguine , le panic pied-de-coq, l'agrostis des rochers , etc.
(2) Les fruits de cet arbre ne mürissent chez nous que dans les lieux parfaitement
abrités.
(3) La plupart de nos bruyères commencent à fleurir en juin, et leur flewaison se
prolonge jusqu'à l: fin de septembre,
(4) Beaucoup de plantes herbacées de Ja série précédente continuent leur fleuraison
durant cette peu riche période , mais plus particulièrement durant août , mois pendant
lequel la végétation de nos campagnes conserve encore une certaine vigueur.
On rencontre alors beaucoup de menthes , dont plusieurs ont commencé à fleurir dès
juillet; les renouées et les ansérines sont encore nombreuses ; on peut aussi récolter à
cette époque les centaurées tardive et à petits cils, les spirante et scille d'automne,
enfin deux graminées retardataires : la léersie à fleur de riz et le roseau commun.
570 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
le plus grand nombre des plantes herbacées déploient
leurs corolles du 45 mai au 45 juillet. Ceci est telle-
ment vrai que, parmi ces dernières, j'ai eu de la
peine à trouver suffisamment d'espèces vernales pour
les mettre en regard des premiers.
Ainsi la fleuraison des uns est complètement ter-
minée ou tend tout à fait à décliner lorsque celle des
autres commence à prendre un plus grand dévelop-
pement.
Beaucoup de plantes bulbeuses et à racines tuber-
culeuses sont printanières. Je pourrais citer la
plupart des liliacées, des amaryllidées, nos deux iris,
le safran des jardins, un grand nombre d'orchidées , la
consoude tubéreuse, la corydale bulbeuse, enfin le
conopode sans involucre, qui est la plus précoce de nos
ombellifères.
Les plantes vivaces fleurissent aussi généralement
plutôt que les plantes annuelles.
Voici l’un des motifs qui me semblent un peu
expliquer ces différences d'époques de fleuraison : ne
faut-il pas moins de temps et d'efforts à la nature
pour développer soit la fleur d’un arbre, soit la tige
d'une plante bulbeuse ou vivace, qu’il ne lui en
faut pour produire intégralement chacune des parties
de la plante annuelle, racines, feuilles, tige,
fleurs ?
Du reste je ne donne là que des indications géné-
rales, puisqu'il existe de nombreuses exceptions aux
faits que j'ai signalés.
Plusieurs autres indications de quelque intérêt ne
MÉMOIRES. 511
dérivent-elles pas des simples séries de noms que j'ai
dressées (1) ? à
Le coudrier noisetier y occupant le premier rang,
j'en conclus que ses chatons mâles, qui apparaissent
parfois dès le commencement de février, signalent en
quelque sorte les premiers battements de cœur de la
nature en réveil après un repos de plus de deux
mois.
L'aulne, qui tient la seconde place, fournit la même
démonstration.
Puisque le lierre clôt toutes les séries, ses fleurs
jaunâtres en sertules globuleux, au mois d'octobre,
peuvent être considérées comme un dernier sourire de
Flore au moment où son règne va finir.
Avril et mai sont les mois qui présentent le plus
grand nombre d’arbres et d’arbrisseaux en fleurs.
Ce nombre diminue soit qu'on se rapproche de
février, soit qu'on se rapproche de novembre, mois
qui, en sens inverse, avoisinent l'hiver, l’un à sa fin,
l’autre à son commencement.
Les arbres à bois tendre semblent avoir une dispo-
sition naturelle à fleurir de bonne heure : tels sont le
coudrier, l'aulne, la plupart des saules, et les diverses
espèces de peupliers.
Des tendances analogues appartiennent à plusieurs
arbres de la brillante famille des ROSACÉES, tels que
l'abricotier, le pécher, le poirier, le prunier, le cerisier, ,
le pommier, etc.
(1) Pour éviter d'être trop long, je me bornerai à puiser ces
nouvelles indications dans l'unique catégorie des végétaux
ligneux.
.
512 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
La Providence a voulu que ces arbres, si éminem-
ment utiles, fleurissent assez tôt pour que leurs fruits
arrivassent à parfaite maturité aux époques de l’année
où la haute température nous les rend agréables, et
même nécessaires.
Une chose digne de remarque, c’est que presque
nul arbre de nos contrées essentiellement utile par
son fruit ne fleurit de mi-juin à octobre. Ce sont
généralement des arbrisseaux et arbustes, de simple
agrément pour la vue, placés dans nos haies et dans
nos landes incultes, qui, dans cette période d'environ
cinq mois, sont destinés à émettre leurs fleurs.
Les arbres fruitiers de chaque espèce se subdivisent
en un grand nombre de variétés , dont les fleurs, et
surtout les fruits, n'ont pas la même précocité.
La cerise d'Angleterre mûrit trois semaines avant la
petite-tavenne, et plus d’un mois avant la fapissonne
tardive (1).
Les pêches Madeleine et mignonne mûrissent avant
l’alberge; celle-ci devance par sa maturité la téton-de-
Vénus, la pavie et plusieurs pêches vineuses.
Le pruneau d’Isle mûrit un mois avant la petite-
mirabelle, et deux à trois mois avant la prune Saint-
Michel.
La poire Madeleine se mange avant la mouille-bouche,
et celle-ci avant la Saint-Germain. On divise vulgai-
rement les nombreuses variétés de poires en poires
d'été, d'automne et d’hiver.
Les pommes Saint-Jean, court-pendu , rambour, sont
(1) Je désigne les fruits d’après les noms vulgaires dans ce
pays.
MÉMOIRES. 573
plus précoces que la reinelte grise, la bure, l’anis, la
Peyramont , etc.
Le pommier fleurit un peu plus tard que le poirier :
d’où il résulte que les gelées du printemps sont plus
dangereuses pour celui-ci; mais, si le pommier
échappe souvent à cet écueil , il est très-exposé à un
autre danger : lorsque des pluies prolongées, surtout
des pluies froides , le surprennent en pleine fleuraison,
les ovaires (1) des fleurs se dessèchent, et, avec eux,
disparaît tout espoir de récolte.
Le châtaignier cultivé dans la Haute-Vienne com-
prend aussi un assez grand nombre de variétés, qu'il
convient d’entremêler dans les châtaigneraies à
l’époque de la greffe. La corrive, très-précoce, est
exposée aux gelées du printemps; la werte, plus
tardive, les redoute moins ; mais ses cupules épineuses
(pelons) , encore tendres au moment de la récolte de
plusieurs autres variétés, sont parfois atteintes par
les premières gelées d'automne. Nos paysans, instruits
par une longue expérience, savent parfaitement
distinguer les avantages et les inconvénients de
chaque variété. Ils agissent en conséquence, et
règlent l'emménagement des bois châtaigniers d’après
les données que je viens d'établir.
La plupart des végétaux ligneux dont la floraison
est très-précoce fleurissent, comme la fussilage (2),
avant l’évolution des feuilles (3).
(1) En les ouvrant on y aperçoit souvent un petit ver.
(2) Cette plante herbacée est aussi très-printanière.
(3) Le coudrier, Vaulne, Yorme, le platane, un grand nombré
de saules et d'arbres fruitiers sont dans Ce Cas.
574 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Quelques arbres et arbrisseaux d’une floraison
tardive produisent, au contraire, les feuilles de
bonne heure: tels sont les tilleuls , les ronces, le fram-
boisier, le chèvre-feuille, le sureau, les rosiers, le
fusain.
D'autres espèces ligneuses se montrent chaque
année plus ou moins en retard, tant pour le dévelop-
pement des feuilles que pour l’éclosion des fleurs : le
noyer, le châtaignier, l'acacia, la vigne, le figuier, sont
de ce nombre.
Parfois des arbres de même espèce, voisins les uns
des autres, dans des expositions et des terrains en
apparence tout à fait analogues, émettent néanmoins
leurs feuilles et leurs fleurs à des époques différentes.
Qui n’a entendu parler d’un marronnier du jardin des
Tuileries dont chaque année la végétation, aux
premiers jours du printemps, devance celle d’indi-
vidus de même essence croissant à côté de lui? C’est
surtout dans les genres filleul, fréne, hêtre, érable et
chéne que j'ai fréquemment observé en Limousin ce
curieux phénomène, dû sans doute à des causes
dont la nature possède seule le secret (1).
Il n’est pas très-rare que certains arbres fruitiers
de ce pays produisent quelques nouvelles fleurs en
automne, lorsque les derniers mois de cette saison
sont exceptionnellement doués d’une douceur de tem-
pérature un peu prolongée.
(4) Chaque année, au mois d'avril, on peut constater des
différences marquées dans l'époque de végétation de la plupart
des marronniers d'Inde qui forment l'avenue du Champ-de-
Juillet.
MÉMOIRES. 515
Cette double fleuraison annuelle se manifeste le
plus souvent dans le cerisier, le prunier, le pommier, le
poirier, et plus particulièrement dans les arbres en
espalier, mieux abrités que ceux en plein vent : dans
ce cas, on aperçoit de blanches fleurs à côté de fruits
dorés, c'est-à-dire Flore et Pomone se donnant la
main sur.les. mêmes rameaux jusqu'à la prochaine
arrivée du souffle glacé de l'hiver.
Les plantes, comme les animaux, ont leur temps
de puberté. Sa durée est peu perceptible dans une
foule de moisissures et de champignons qui arrivent
à l’état de fructification , les uns en quelques heures,
d'autres dans quelques jours; elle est moins courte
dans les plantes annuelles, qui ne fleurissent qu'après
avoir vécu plusieurs mois; elle est assez prolongée
chez les plantes bisannuelles et vivaces, surtout chez
les végétaux ligneux qui ne produisent fleurs et
fruits qu'après plusieurs années d'existence.
Si la plupart des plantes fleurissent indifféremment
aux diverses heures de la journée, il en est cependant
un certain nombre dont les fleurs s’'épanouissent et se
ferment à des heures déterminées, et constituent ce que
les botanistes appellent l'horloge de Flore. — Celle dont
Linné est l'inventeur se compose de quarante-sept
espèces, parmi lesquelles douze environ se ren-
contrent, soit spontanées, soit cultivées dans la
Haute-Vienne (1). Il serait utile d’en créer une
(1) Voici ces espèces sous leur nom linnéen : {agopogon pra-
tensis, sonchus levis, hemerocallis fulva, picris hieracioides,
leontodon taraxacum , hypochæris radicata, lactuca sativa, nym-
phea alba, hieracium püiosella, dianthus prolifer, calendulæ
arvensis, arenaria rubra.
TL.
016 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
pareille dans chaque localité, afin d'obtenir de la
sorte des indications plus en rapport avec les influences
climatériques du lieu, et dès lors plus précises.
Les fleurs dont l'épanouissement et l’occlusion dé-
pendent plus ou moins de l’état de l'atmosphère
méritent à juste titre d'être appelées méléoriques. Ces
deux phases de leur vie, dans un assez grand nombre
d'espèces, se renouvellent plusieurs fois durant le
court intervalle qui sépare le jour de leur éclosion de
celui de leur complet dépérissement ; elles se succèdent
l’une à l’autre, et se traduisent d'ordinaire par les
mots réveil et sommeil. La double faculté de s'ouvrir
et de se fermer leur donne une analogie de plus avec
les animaux, qui, soumis aux exigences de la
nature, veillent et dorment successivement. Leurs
élégantes corolles, après s'être largement épanouies,
se dérobent trop vite aux agitations ou plutôt aux
amoureuses careses des zéphirs; peu à peu elles se
resserrent, se ferment, presque à l’imitation d’une
paupière, pour, en quelque sorte, prendre du repos
et dormir.
Ces curieuses tendances des fleurs se manifestent
avec plus ou moins d'intensité dans diverses fa-
milles (4), notamment dans la famille des composées.
La simple courbure des demi-fleurons du pissenlit en
dedans ou en dehors produit, dans le premier cas,
l'occlusion; dans le second, l'épanouissement de
l'anthode. Est-il surprenant que des organes aussi
(1) Je signalerai plus particulièrement ces tendances dans
les genres croccus , ornithogalum , nenuphar, cerastium , taraæa-
cum , sonclhus, crepis , hieraciwm , etc.
MÉMOIRES. 571
délicats subissent promptement les impressions variées
de la lumière et de l'obscurité, de la chaleur et de
l'humidité?
J’ajouterai que les plantes agames sont généralement
très-sensibles à ces influences : elles recherchent
l’ombre et la fraîcheur; les pluies chaudes et la nuit
semblent favoriser leur développement (1).
Beaucoup d’entre elles, dans quelques-unes de
leurs parties, se montrent dociles aux lois de l’hygro-
métrie. Suivant l’état sec ou humide de la tempé-
rature, les thalles de certains lichens et les feuilles de
la plupart des hépatiques se contractent ou se dilatent,
les folioles et pédicelles de plusieurs mousses se
tortillent en divers sens ou se redressent ; l’hyménium
de quelques pézizes se dérobe sous les bords repliés de
la cupule, ou devient très-ouvert et très-apparent (2).
(1) Les chercheurs de champignons comestibles n'ignorent
pas que c’est surtout le matin de bonne heure qu'on a
l’heureuse chance deles récolter : une seule nuit suffit souvent
à leur croissance.
(2) Voici les noms de quelques plantes agames dont la forme
extérieure se modifie plus ou moins suivant l’état de la tem-
pérature : funaria lygrometrica, Pers., neckera crispa, Hedw.,
tortula convoluta, Sw., orthotrichum crispum, Hedw., Éargionia
Lypophylla, Linn., ricciella fluitans, Braunn., echinomitrion
Jurcatum, Hübner, evernia furfuracea, Del., cetraria ulophylla,
Desmaz., peltigera polydactyla, Hoffm., sticta silvatica, Ach.,
parmelia perlata, Ach., colema flaccidum, ACh., cladonia alci-
<ornis, Sched., cantharellus muscigenus, Fries, craterellus
”crispus, Fries, merulius tremellosus , Schrad., tremella Tutescens,
Fries, peziza nivea, Kries, pezisa hispidula, Schrad., periza
sulfurea, Pers., perisa villosa, Pers., cenangium pulveraceum ,
Fries, nostoc comiume, Vauch. — Je pourrais citer beaucoup
d’autres espèces.
37
578 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Dans le geastrum hygrometricum , Pers., l'enveloppe
extérieure se recoquille en dessous par un temps sec ;
s’il pleut, ses segments étoilés se redressent, et
recouvrent le peridium interne.
Après ce coup d’œil sur l’ensemble de la fleuraison
des plantes dans la Haute-Vienne, je passe à la
seconde partie du sujet dont je m'occupe.
La NATURE DU SOL, SON EXPOSITION, SON ALTITUDE,
semblent agir sur l'époque plus ou moins avancée de
la floraison des plantes.
L'élément calcaire réchauffe le sol, excite la végé-
tation, favorise l’évolution rapide de certaines
espèces, notamment des légumineuses, et l'on peut
avancer avec certitude que les terrains où la chaux
domine sont, à degré de latitude égal, plus aptes à
la précocité des récoltes que ceux à sous-sol gneissique
et granitique.
Cette simple assertion ne fait même pas suffisam-
ment ressortir leur prédominance à cet égard,
puisqu'il est constant que, grâce à leur action sti-
mulante, les végétaux qu'ils produisent sont géné-
ralement plus précoces que ceux de contrées grani-
tiques plus méridionales. Nous en trouvons la preuve
près de nous dans les départements de l’Indre et de la
Vienne, dont les marchés présentent l’asperge, l’ar-
tichaut, l’abricot, la fraise, alors que celui de
Limoges reste en arrière pour l’époque d’apparition
de pareils produits. ;
Ainsi je constate d’une manière générale que la
composition chimique de notre sol, jointe à l’ensemble
des circonstances climatériques qui résultent de la
MÉMOIRES. 579
conformation du terrain , sillonné de collines, d’étroites
vallées, de nombreux cours d’eau, n’est favorable ni
à la précocité de la floraison des plantes ni à celle de
leurs fruits.
C’est, du reste, pour combattre avec succès ces
dispositions fâcheuses que tout propriétaire intelligent
recommande à ses colons l’emploi de la chaux dans
les terres, celui des cendres et du plâtre dans les
prairies. Le sol, judicieusement amendé, fumé,
rigolé, répond par des largesses aux soins qu'il a
reçus; les plantes utiles qui couvrent sa surface,
vivement stimulées, reverdissent vite, et prennent
un aspect appétissant pour tout être destiné à
pacager. La précocité des tiges donne lieu à celle des
fleurs : c’est l’heureux phénomène qui se produit
chaque année dans quelques prés de réserves et dans
la plupart de ceux placés aux abords de nos villes
importantes.
Après l’examen des effets de la nature du sol, il con-
vient d'apprécier ceux que peut produire l’'EXPOSITION.
Tout le monde connaît son influence réelle sur la
plus ou moins grande précocité soit des plantes les
plus utiles, soit de celles de simple agrément. Aussi
voit-on les jardiniers et les fleuristes s’ingénier à
aider la nature sous ce rapport par l'emploi jour-
nalier de divers procédés artificiels ; ils savent aussi,
dans ce but, utiliser les pentes de terrains, les murs,
les moindres abris.
Dans nos domaines, les cultivateurs, même les
moins habiles, distinguent très-bien ceux de leurs
champs qui sont les plus favorisés sous le rapport de
580 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l'exposition, et c’est à ces champs privilégiés qu'ils
confient les plantes les plus délicates, les plus exi-
geantes pour la culture.
Autrefois, à une époque déjà reculée, où les com-
munications étaient difficiles, où nos aïeux jugeaient
prudent de tester, de régler leurs affaires de cons-
cience et de famille avant d'entreprendre un voyage
pour Paris et Bordeaux; à cette époque, dis-je,
chaque localité était tenue de se suffire à elle-même
par suite de l'impossibilité presque absolue des
transports, des échanges, des transactions commer-
ciales de province à province.
Aussi, quoique la vigne prospère très-médiocre-
ment sur notre plateau granitique, on l'y cultivait
jadis sur une grande échelle, et cette culture (1),
alors très-répandue, explique l'existence des im-
menses Caves qu’on admire dans cette ville. Chaque
petite exploitation rurale avait une terre plantée en
vigne, comme elle possède aujourd'hui une chènevière :
(1) En outre des obstacles naturels à la libre circulation des
vins, nos bons aïeux s'étaient armés des obstacles bien autre-
ment insurmontables du régime règlementaire et prohibitif.
Ainsi les habitants du Limousin étaient tenus de boire presque
exclusivement les vins du cr. Les producteurs les estimaient
naïvement sinon tout à fait comme les premiers vins du
monde, du moins à peu près comme tels.
Cet usage, du reste, était général dans tout le Midi : Ber-
gerac, Belvès et plusieurs autres villes de la Dordogne,
sous prétexte de droits de banvin, s'attribuaient le droit
exclusif d’abreuver les habitants de leur territoire.
Ces détails sont extraits du célèbre édit d'avril 1776 sur la
libre circulation des vins.
MÉMOIRES. 581
inutile de dire que cette terre, appelée la vigne, était
la plus féconde et la mieux exposée du domaine.
Les avantages d’une bonne exposition sont si bien
constatés et si généralement reconnus qu'il est inutile
- d’insister sur ce point. Je me bornerai à signaler
quelques localités plus particulièrement bien douées
sous ce rapport : ce Sont les communes d'’Isle, d’Aixe,
de Verneuil, de Saint-Victurnien, de Saint-Brice et
de Saint-Junien , surtout dans celles de leurs parties
en pente exposées au midi sur toute l'étendue de la
rive droite de la Vienne. On y cultive avec succès le
froment, le maïs, le lin, le colza, les pois, le melon,
la tomate, le fraisier. Les plantes spontanées y fleu-
rissent aussi plus tôt qu'ailleurs, ce qui rapproche, dans
ces localités, l’époque de la fauchaison des prairies.
Les coteaux de Verneuil notamment jouissent à juste
titre d’une grande réputation de précocité : ils pro-
duisent très-abondamment de bons fruits, qui
paraissent sur nos marchés, à la suite de ceux du
Bas-Limousin , au moins quinze jours avant que les
fruits de même espèce soient arrivés à maturité dans
les environs de Limoges.
Je passe à l’ALTITUDE des terrains.
L'altitude d'une contrée influe considérablement
sur la végétation ; et je crois que, du moins dans les
terrains granitiques, elle agit plus à cet égard que la
composition chimique du sol.
Quiconque a parcouru les Alpes, les Pyrénées, le
Cantal, doit partager cette conviction : on y voit
différentes essences d'arbres s’étayer sur les flancs des
montagnes. Telle espèce qui croît au pied des pics
582 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
altiers disparaît à une certaine élévation pour faire
place à une autre espèce, qui elle-même disparaît
plus haut.
Nos montagnes de troisième ordre se prêtent peu à
une pareille démonstration. Néanmoins tout le monde
sait que le châtaignier ne réussit bien qu’à la base et
sur les pentes inférieures de nos éoteaux granitiques.
Le bouleau, le pin, le chêne, prospèrent à de plus
grandes hauteurs; le hêtre, notamment près de
Blond, prend un beau développement là où le
chêne (1) commence à languir. Celui-ci présente des
troncs rabougris dans la forêt de Saint-Léger, au
sommet du pic de Sauvagnac (704 mètres), alors que
quelques hêtres (2) disséminés à peu de distance du
même lieu acquièrent d'assez grandes dimensions. Le
(1) Je dois à l’obligeance de M. Gérardin, secrétaire général
de notre Société d'Agriculture, la communication d’un fait
intéressant. Ila distingué, dans les parties montagneuses de
la commune de La Jonchère, une variété du chène ordinaire
(quercus robur, Dub.), qui paraît se plaire dans les lieux
élevés, et qu'il serait utile de propager. Elle a l'écorce rou-
geâtre, le fruit court et arrondi, les feuilles larges et persis-
tantes pendant l'hiver, le bois tendre et cassant. Un arbre de
cette variété, placé près de la célèbre chapelle de Sauvagnac
(600 mètres), et arraché depuis peu de temps, avait atteint
une grande hauteur : le diamètre de son tronc, parfaitement
sain, à 5 ou 6 mètres au-dessus du sol, n'avait pas moins
de 1 mètre.
(2) De divers points opposés à la chaîne d’Ambazac à Saint—
Léger, et très-distants de cette chaîne, on aperçoit, au sommet
d'une colline (620 mètres) placée en avant de Grandmont, un
hêtre isolé, de très-belle venue, connu sous le nom de Aétre
des frères Paul. D'après la chronique du pays, cet arbre fut
MÉMOIRES. 583
sorbier des oiseleurs , le poirier cordiforme (1), le houx,
prospèrent admirablement dans les parties les plus
élevées de cette forêt.
Les plantes herbacées obéissent à la même loi, c’est-
à-dire aux mêmes nécessités que celles que je viens
d'indiquer pour les végétaux ligneux. Plusieurs de
celles qui fréquentent les plaines ne se rencontrent pas
sur les montagnes; on peut en dire autant en sens
inverse de nos plantes montagnardes , parmi lesquelles
j'indiquerai la crépide des marais, l’arnique de mon-
tagne , le sureau à grappes, la narthécie des marais, le
maïanthème à deux feuilles, le scirpe gazonnant.: il me
serait facile d'augmenter ces citations (2).
Les simples cryptogames aussi se répartissent sur
le sol suivant le tempérament et les besoins de
chacune d'elles : on chercherait vainement ailleurs
que dans les lieux élevés le lycopode inondé , la grimnie
des Alpes, le dicrane des montagnes , l'hypne rugueux, le
sphaigne contourné, l’usnée entrelacée, le sphérophore
coralloïde , ainsi qu’un grand nombre d’autres espèces,
de noms souvent peu euphoniques, qui, signalées,
jadis planté par deux frères, moines de l'antique abbaye de
ces lieux, en souvenir de.leur séparation au moment de leur
départ pour un lointain voyage.
(1) Ce poirier sauvage croissant avec vigueur sur les coteaux
des environs de La Jonchère, M. Charles de Léobardy sait luti-
liser en greffant sur lui le poirier sauge, espèce tres-rustique,
dont le fruit mêlé à la pomme produit d’excellent cidre.
(2) J'indiquerai toutefois la digitale pourprée, qui, sans être
spéciale aux terrains montagneux , croît très-abondamment
dans les champs en friche de nos plateaux les plus élevés.
584 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
pourraient devenir un piége pour la patience du
lecteur.
Si l'altitude agit puissamment sur la distribution
des diverses espèces de plantes dans notre pays mon-
tagneux , elle n'agit pas moins sur l’époque de leur
floraison : il n’est pas douteux qu’elle en contrarie la
précocité. Nos chaînes de montagnes, le plus souvent
tout à fait arides, parfois cultivées jusqu'à leur
sommet, présentent une végétation attardée relati-
vement à celle des plaines et des lieux faiblement
accidentés (1). On y pratique les semences du seigle
depuis les premiers jours de septembre, afin de
donner aux jeunes plantes le temps de grandir et de
se fortifier avant l’arrivée de l'hiver; le froid y est
rigoureux ; la neige, d’épais brouillards, s'y installent
et s'y succèdent quelquefois jusqu'au-delà d'avril.
On comprend que de pareilles circonstances climaté-
riques rendent peu hâtive l'éclosion des fleurs : aussi
dirai-je que, si, le même jour, dans le courant de
mai, on se rend de Limoges sur les coteaux de
Peyrat, de Sainte-Anne, d’Eybouleuf, des Allois,
d'Ambazac ou de Blond (2), on sera vivement frappé
(1) Sur nos collines, qui toutes ont peu d'élévation, les effets
de l'altitude sont souvent neutralisés par Ceux d’une favorable
exposition : aussi l’un des versants du Puy-de-Sauvagnac,
exposé au midi, présente, même dans ses parties les plus
élevées, diverses plantes presque aussi précoces que dans la
plaine de La Jonchère.
(2) Je devrais également citer les coteaux de La Porcherie,
de Magnac-Bourg et de La Roche-l’Abeille, au sommet
desquels de nombreuses roches de serpentine font saillie : la
végétation en est rachitique et très-retardée; mais j'en
MÉMOIRES. 585
de dissemblances marquées dans l’état de la végé-
tation du lieu de départ comparé à l’état de celle du
lieu d’arrivée. Les fleurs vernales sont déjà fanées sur
un point alors que sur l’autre elles commencent à
peine à s'épanouir; les arbustes des haïes, les arbres
forestiers et fruitiers, présentent cà et là les mêmes
contrastes.
Dans nos contrées montagneuses, les douces chaleurs
de mai suffisent à peine à stimuler les plantes et à
faire reverdir les pelouses desséchées; la végétation
n’y recoit une véritable activité qu’en juin : les her-
bages des prés n’y prennent qu'alors de l’allonge-
ment, de l’épaisseur, et les tendres épis des graminées
s'y balancent encore au gré des vents, pendant que
ceux des graminées de la plaine gisent à terre sous
les coups de la faulx qui les a frappés. Le fauchage s’y
opère au moins un mois plus tard que dans les
localités plus favorablement exposées et plus chaudes ;
parfois même certains prés n’y sont fauchés qu'après
la récolte des céréales. s
Quelques gorges éparpillées dans les flancs de nos
collines abritent une végétation plus active et plus
précoce (1); mais ces charmants petits oasis, cà et là
échelonnés, sont une exception, et contribuent à
mieux faire ressortir la triste et attardée végétation
des lieux qui les avoisinent.
attribue la cause moins encore aux circonstances climaté-
riques déjà signalées qu'à la présence de la magnésie dans la
mince couche de terre noirâtre qui avoisine ces roches.
(1) Je citerai notamment les goulets de Sauvagnac, où le
framboisier croît spontanément mêlé au sureau à grappes et
à divers arbres d’une remarquable vigueur.
586 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Telles sont les observations qui me sont inspirées
par l'étude rapide d’une question peut-être au-dessus
de mes forces. Je regrette que les circonstances ne
m'aient pas permis d'y donner plus de temps et de
soins : ma réponse eût été plus digne de l’œuvre
importante du Congrès.
APERÇU
GÉOLOGIQUE ET MINÉRALOGIQUE
SUR LE DÉPARTEMENT
DE LA HAUTE-VIENNE.
La Haute-Vienne est située à l'extrémité occiden-
tale du vaste plateau de terrain ancien qui occupe le
centre de la France, et dont le relief domine les
terrains secondaires qui lui servent de ceinture.
Des roches cristallines, granitoïdes et gneissiques
constituent la plus grande partie du sol de ce dépar-
tement. Les nombreuses ondulations de terrain qui
résultent du soulèvement de ces roches présentent des
altitudes variables.
Les plateaux de granite à gros grains s'élèvent au-
dessus des autres formations. Leur base est à une
élévation moyenne de 350 mètres, et leurs sommets
culminants atteignent celle de 731 mètres au mont
Jargeau, et 701 mètres au Puy-de-Sauvagnac près
588 CONGRÈS SCIENTIMIQUE DE FRANCE.
Grandmont (1). Les autres terrains s’abaissent de la
base des formations granitiques jusqu'au fond des
vallons. L’élévation moyenne de ces terrains est de
300 mètres environ, et la vallée de la Vienne, qui les
traverse tous de l’est à l’ouest, a, d'Eymoutiers à
Saint-Junien, une pente de 216 mètres. La pente
totale de cette rivière à travers le département est de
360 mètres ; elle y pénètre à une altitude de 500 m.
sur la limite du département de la Corrèze, et en sort
à celle de 440 mètres entre Saint-Junien et Chabanais.
Le relief de ces terrains est dessiné par les nom-
breux cours d’eau qui les sillonnent. Le talweg
général du territoire les rend tributaires du bassin de
la Loire par la Vienne; du bassin de la Charente, par
cette rivière et par la Graine, dans l'arrondissement
de Rochechouart, et du bassin de la Dordogne, par
l'Ile, dans l'arrondissement de Saint-Yrieix.
La formation des terrains anciens de la Haute-
Vienne remonte à des époques géologiques diffé-
rentes : au métamorphisme probable de plusieurs
espèces de roches primaires ; à l’apparition des roches
pyrogènes cristallines et massives; au dépôt sédimen-
taire de quelques schistes anciens, et enfin à celui
des sables, des grès ferrugineux et des argiles du lias
suivant quelques géologues, et à des lambeaux de
terrains tertiaires selon d’autres observateurs.
Roches considérées comme métamorphiques. — Gneiss. —
Cette roche constitue la plus grande partie du sol de
(1) Ces cotes sont celles de la carte de l’État-Major.
MÉMOIRES. 589
la Haute-Vienne, et notamment de la vallée de la
Vienne.
Dans l'arrondissement de Saint-Yrieix-la-Perche,
le gneiss semble se lier au schiste argileux ancien,
sans empreintes de fossiles, qu'on trouve sur les
confins du département de la Corrèze, et notamment
aux environs de Ségur.
Le gneiss, composé de mica, de feldspath et de
quartz, présente de nombreuses variétés qui résultent
d'un changement de proportion entre ses principes
constituants et de l’état d’agrégation de ces prin-
cipes.
Dans les environs de Limoges, le gneiss devient
granitoide, et, par des transitions, passe au granite
à petits grains sans stratification sensible. Ce granite,
lorsqu'il est désagrégé, est connu à Limoges sous le
nom de tuf. Dans quelques localités, le mica est rem-
placé par du talc lamellaire d’un vert sombre. Cette
roche contient alors quelques rares noyaux amygda-
laires de talc compacte. Près de l'embouchure du
Taurion dans la Vienne, le gneiss est porphyroïde, et
renferme des cristaux maclés de feldspath orthose :
ces cristaux, très-plats, de 2 ou 3 centimètres de
longueur, ne traversent point les lames du mica : ils
sont couchés dans le sens de leur clivage.
A l'exception des roches subordonnées au gneiss,
celui-ci se trouve à la base des autres formations.
Ses couches, redressées et souvent disloquées par le
soulèvement des roches plutoniques, prennent la di-
rection de ces soulèvements. Au contact de ces roches
avec le gneiss, leurs principes constituants se
590 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
pénètrent, et se confondent dans une sorte de chaos
indébrouillable.
Le gneiss granitoïde fournit de bons moellons pour
les constructions ; le gneiss stratifié, des lebenches,
employées à la construction des voûtes et au dallage
du rez-de-chaussée des habitations. A Saint-Yrieix-
la-Perche, ces dalles sont encore employées à couvrir
les bâtiments rustiques.
Les tufs gneissiques et granitoïdes servent à sabler
les allées de jardin, et remplacent souvent le sable de
rivière dans la confection des mortiers de chaux.
Quelques gneiss quartzeux ont offert assez de tenacité
pour être employés à l'entretien des routes macada-
misées.
Le gneiss de la Haute-Vienne ne contient qu’un
petit nombre d’espèces minérales disséminées. La
tourmaline y est très-rare. Au Vigen, et surtout aux
environs de Saint-Yrieix-la-Perche, au Clos-de-Barre,
le grenat pyrope dodécaèdre y est disséminé en assez
grande quantité. Dans le voisinage des diorites et des
pegmatites de Saint-Yrieix, on a trouvé quelques
fragments de disthène, d’amphibole grammatite, et
d’une substance qui n’a pas encore été bien déter-
minée, et qui paraît se rapporter à l’une des espèces
du genre pyroxène.
De toutes les substances disséminées dans le gneiss,
la plus intéressante et la plus abondante en même
temps est le titane rutile, qu’on trouve répandu sur
la surface des terres labourées en fragments peu
roulés et conservant les arêtes de leurs prismes. C’est
surtout après les orages, et lorsque la terre a été
comme lavée par la pluie, qu'on recueille presque
MÉMOIRES. 591
sans frais cette substance. Après avoir été long-temps
un simple objet de curiosité pour les collecteurs,
depuis que le titane a fourni un nouveau principe
colorant dans l’art du teinturier et une couleur vitri-
fiable pour la porcelaine, le titane est devenu un
objet de recherches et de commerce à Saint-Yrieix-la-
Perche.
Bien que le rutile n’ait pas encore été trouvé en
place, sa position à la surface des champs, dans les
terres labourées formées des détritus du gneiss, ne
laisse aucun doute sur son véritable gisement dans
cette roche. :
Avec le rutile, on rencontre quelques rares frag-
ments de nigrine ou fer titané. La surface de quelques
prismes de rutile a été changée en nigrine par une
sorte de cémentation par le fer sublimé.
Le gneiss granitoïde ou granite à petits grains
situé au pied de la chaîne de granite à gros grains de
la commune de Beaune est pénétré de nombreux
cristaux de pyrite, dont la décomposition a fourni
probablement les paillettes d’or que charrie la petite
rivière d'Aurance. Sur la fin du siècle dernier, les
sables de cette rivière étaient assez riches pour couvrir
la dépense des orpailleurs occupés à les laver.
Le gneiss granitoïde renferme enfin , dans beaucoup
de localités, du mispikel (sulfo-arseniure de fer).
Aux environs du Chalard, dans l’arrondissement
de Saint-Yrieix, du granite à petits grains contient
un sulfure argentifère disséminé, et dont la nature
n’a pas été déterminée.
Les couches du gneiss sont traversées par un
nombre infini de filons de quartz, ordinairement
592 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
blanc et grisâtre, dont l'épaisseur a quelquefois moins
d'un centimètre, et atteint d’autres fois plusieurs
mètres.
Les plus remarquables par leur étendue sont celui
qu'on exploite dans la commune du Palais; celui
de Bagoulas, dans la commune de Verneuil; le
dyk de quartz concrétionné de Saint-Quintain , dans la
commune de Veyrac, et celui de Peyras-Blanchas,
près Magnac-Laval.
Ces masses quartzeuses ne sont pas uniquement
exploitées pour l'entretien des routes à la macadam.
On en extrait des blocs dans lesquels on taille d’excel-
lentes meules pour broyer la pâte et l'émail de por-
celaine. Les variétés de quartz concrétionné à fibres
conjointes ou radiées entrent dans la composition de
l'émail et de la pâte destinée à la fabrication du
biscuit ou porcelaine cuite sans émail.
Parmi les filons de quartz que renfermentces roches,
nous devons signaler celui de La Roche-l’Abeille, qui
a donné son nom à ce bourg. Ce filon, situé au-dessous
du village, non loin du plateau de serpentine que
nous décrivons plus loin, se compose d’un quartz
blanc grisâtre cellulaire géodique, dont les surfaces
sont tapissées de très-petits cristaux de, quartz
recouverts d'un enduit d’hydrate de manganèse et
quelquefois de fer.
Ce filon, très-puissant, s'élevait naguère encore
au-dessus du terrain naturel à une certaine hauteur.
Les blocs qui le composaient se sont éboulés en grande
partie, et se sont répandus sur les terrains envi-
xonnants
Les géodes quartzeuzes semblaient offrir une
MÉMOIRES. 1 593
retraite aux guêpes et à l’abeille, circonstance qui a
fait donner au chef-lieu de la commune le nom de
La Roche-l’Abeille. :
Dans la commune de Limoges, au moulin de La
Garde; dans celle de Condat, sur le chemin du Pont-
Rompu ; à Mazérolas, et enfin auprès de la poste du
Mazet, sur la route de Limoges à Saint-Léonard, des
filons de barytine (sulfate de baryte) sont encaissés
dans le gneïss passant au granite à petits grains.
Non loin du viaduc du Palais, les déblais qu’on a
pratiqués dans le granite à petits grains pour donner
passage au chemin de fer y ont fait découvrir de la
fluorine (fluorure de calcium) lamellaire verdâtre,
grisâtre et violette, qui s’est infiltrée dans la roche
granitoïde après en avoir tapissé les joints.
Les gneiss contiennent des filons métallifères de
nature et d'âge différents. Dans l'arrondissement de
Saint-Yrieix, commune de Glandon et de Coussac-
Bonneval, il existe de nombreux filons de stibine
(antimoine sulfuré), dont les exploitations, long-
temps lucratives, sont abandonnées depuis quarante-
cinq ans environ. Outre le sulfure d’antimoine, on y a
trouvé de rares échantillons de stibiconise (oxyde
d’antimoine blanc terreux), d'oxyde jaune pulvé-
rulent, et de kermès {antimoine oxydé sulfuré rouge)
pelliculaire, espèces qui semblent provenir de ja
décomposition de la stibine.
Un autre filon de stibine, se dirigeant S.-E. N.-O.,
a été découvert dans la tranchée du tunnel du chemin
de fer de Limoges à Périgueux, sous la place Manigne,
à Limoges.
La constatation d'un dernier filon du même sulfure
38
59% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sur la route de Saint-Jean-Ligoure à Coussac-Bon-
neval, en face du bourg de Saint-Priest-Ligoure, a
cela de remarquable qu’il ne dépasse pas la limite du
gneiss encaissant, et ne laisse aucune trace dans le
terrain adjacent d’une autre nature.
Dans les communes de Vicq et de Glanges, de riches
filons de galène argentifère ont été exploités avec
succès jusqu'au moment où la révolution de 1789 en a
fait abandonner les travaux. Cette exploitation à
fourni quelques échantillons de plomb blanc (plomb
carbonaté) et de pyromorphite (plomb phosphaté
vert).
Le quartz, la barytine, le calcaire rhomboédrique,
sont la gangue ordinaire des filons de Glanges.
Entre Saint-Yrieix et Coussac-Bonneval, près le
village de La Mérine, se trouve un puissant filon de
quartz gras, blanc grisâtre, contenant des masses de
fer arsenical auquel l’argent, probablement à l’état de
sulfure, se trouve uni en assez grande proportion
pour qu'on eût intérêt à en opérer le départ.
M. Darcet père en a extrait À once 5 gros et
54 grains d'argent fin par cent. Cet argent contient
une très-petite quantité d’or.
Le gneiss granitoïde encaisse un puissant filon de
quartz au Puy-les-Mines, près Saint-Léonard. Ce filon
contient une grande quantité de wolfram, quelques
rares échantillons de schéelite octaèdre (tungstate de
chaux), du fer sulfuré (pyrite cubique) quelquefois
décomposé, et dans lequel M. Darcet père a constaté
la présence d’une proportion impondérable de poudre
d’or, du mispikel associé à quelques parcelles d’étain
oxydé, et enfin la pharmacosidérite et la scorodite
MÉMOIRES. 595
cristallisées, dont la formation provient de la décom-
position du mispikel.
La réunion, au Puy-les-Mines, des diverses subs-
tances qui accompagnent ordinairement l’étain, avait
déterminé le Gouvernement à faire faire , au commen-
céement de ce siècle, des recherches qui n’eurent pas
de succès, et qui furent abandonnées dès qu'on eut
découvert le greisen stanifère de Vaulry, dans l’ar-
rondissement de Bellac.
Ces recherches ont été reprises, il y a environ
quatre ans, par M. Jacob, propriétaire des mines de
Zindwald, situées en Bohème et en Saxe, sous la
direction de M. Keller, habile chimiste d'Autriche.
Quoiqu'on n'ait pas encore découvert au Puy-les-
Mines de minerai d'étain exploitable, mais qu’on
espère le rencontrer à une plus grande profondeur,
l'abondance du wolfram, et la nouvelle et heureuse
application qu’on a faite en Prusse, et depuis peu en
France, de l'emploi du tungstène que renferme le
wolfram dans la fabrication de l’acier fondu, donne
un grand intérêt aux travaux entrepris au gisement
du Puy-les-Mines.
Non loin de Limoges, au lieu de Mandelesse, com-
mune de Panazol, on découvrit un autre filon de
quartz beaucoup moins puissant que celui du Puy-les-
Mines, et qui, outre le wolfram et le mispikel,
contenait encore quelques indices de molybdénite
(sulfure de molybdène) et de schéelite.
Calcaire cristallin. — Parmi les roches subordonnées
{ , . . . . ,
à la formation du gneiss sont le calcaire cristallin
596 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
saccharoïde de Sussac et celui du Clos-de-Barre, près
Saint-Yrieix.
A Sussac, les couches de calcaire alternent avec
celles du gneiss sur une superficie de plusieurs kilo—
mètres. Le gneiss est tellement pénétré de cette subs-
tance qu’elle semble être un de ses principes cons-
tituants. Les couches de gneiss, presque verticales,
se dirigent $S.-S.-0. N.-N.-E. La couleur de
ce calcaire est grise, sa cassure lamellaire, et,
malgré son agrégation cristalline, il est rare d'y
rencontrer quelques cristaux réguliers. Ce calcaire est
mélangé, dans quelques parties, de sidérose (carbonate
de fer), malheureusement trop peu abondant pour
être l’objet d’une exploitation productive.
La chaux de Sussac, dont la découverte remonte à
environ cent cinquante ans, a servi à la construction
du pont de Saint-Léonard.
Le gisement du calcaire du Clos-de-Barre est moins
connu que celui de Sussac. Au lieu de couches
régulières concordant avec celles du gneiss, il
semble y former un amas indépendant. Ce calcaire
magnésien contient des cristaux de grammatite d’un
blanc soyeux. Si l’on parvient à en découvrir des bancs
considérables, l’art du statuaire y trouvera un marbre
blanc d'une grande beauté.
Ce calcaire, comme le gneiss qui le renferme, serait-
il le résultat de l'influence métamorphique que ces
deux roches paraissent avoir subies?
Roches pyrogènes. — Les roches plutoniques qui, en
soulevant le gneiss, en ont brisé les strates et s'y sont
MÉMOIRES. 597
ouvert un passage, ont formé des amas d’une étendue
considérable, des filons d’une puissance variable et des
injections qui se sont intercalées entre les couches et
les lambeaux fragmentaires du gneiss.
Ne pouvant discuter l’ordre chronologique probable
de ces formations, nous allons les décrire selon l'ordre
de leur importance.
Granite commun. — Le granite à gros grains,
quartz, orthose et mica, constitue, après le gneiss, la
formation de terrains la plus considérable de la Haute-
Vienne. Les changements de proportions entre les
substances qui le composent, les variétés de couleurs
que présentent ces substances, les divers états d’agré-
gation sous lesquels elles se sont réunies, et l’alté-
ration du feldspath, donnent lieu à de nombreuses
variétés de granites dignes d’orner les collections des
géologues.
Les granites les plus remarquables sous ce rapport
sont les granites porphyriques contenant de beaux
cristaux de feldspath. Dans quelques localités, comme
aux environs de Cieux, les cristaux sont maclés. Les
granites du pied des montagnes de Blond présentent
des exemples de la variété bibinaire.
Les plateaux granitiques les plus étendus se trou—
vent dans les communes de Grandmont, Com-
preignac, Bessines, Morterolles, Laurière, Peyrat-
le-Château, Eymoutiers, Blond, Nieul, Veyrac,
Cognac, etc.
La forme arrondie des collines granitiques et le
peu de profondeur de leurs vallons étroits décèlent la
nature de cette roche.
598 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
A l'exception de quelques rares aiguilles de tourma-
liné, de quelques cristaux miliaires de grenats
pyropes transparents, aucune autre substance acci-
dentelle n’en trouble la composition.
Les formations granitiques de la Haute-Vienne
n’appartiennent pas à la même époque géologique.
Le banc puissant de granite non altéré tenace, qui,
de Saint-Lazare, commune de Limoges, se dirige
S.—E. N.-0., et traverse la Vienne sur la rive
droite, au-dessous du moulin de Romanet, dans la
commune d'Isle, paraît d'une formation plus récente
que celui des grands plateaux qui occupent le territoire
des localités que nous venons d'indiquer. Le feldspath
de ce granite n’a subi aucune altération ; mais ce qui
le distingue plus particulièrement des granites com—
muns, c’est que les joints naturels de cette roche sont
ordinairement tapissés d’une couche mince de calcaire
cristallin.
C’est de ce banc de granite qu'on extrait les pavés
d’échantillon de la ville de Limoges. La cohésion et la
dureté remarquable des principes constituants de cette
roche les rendent d’une durée indéfinie.
Les granites les plus recherchés comme pierre de
taille pour les constructions proviennent des carrières
de Fanet, de Silor et de la Gartempe.
Cette roche n’encaisse point de filons métallifères.
On n’y a constaté jusqu'à ce jour qu'un filon de quartz
cristallisé, contenant du wolfram et du fer sulfuré,
dans les environs de Népoulas.
Les filons de quartz y sont beaucoup plus rares que
dans le gneiss. Dans la commune de Saint-Yrieix-
sous-Aixe, on rencontre des filons d’une espèce de
MÉMOIRES. 599
jaspe rubigineux et d’un brun jaunâtre dont la nature
se rapproche de l’eisen-kizel des Allemands.
Aux environs de Chanteloube, une seule variété de
roche en filon est encaissée dans le granite à gros
grains : C’est l’argilophyre de Brongniart, ou por-
phyre argiloïde de Cordier.
Les filons de cette substance ont une épaisseur d’un
à deux mètres. Les couleurs de l’argilophyre sont le
brun rougeâtre, le brun grisâtre et quelquefois ver-
dâtre. L'’odeur argileuse qu'on en dégage par l’insuf-
flation décèle la nature de la pâte plus compacte que
grente. En l’examinant à la loupe, on y reconnaît de
petits cristaux de feldspath et quelques cristaux de
pinite encore plus petits. Cette roche se divise en
petites masses amorphes, à surface plane et à arêtes
droites à la manière des basaltes. Ces masses at-
teignent rarement un volume de plus de dix déci-
mètres cubes. Dans quelques parties des filons, la
roche est désagrégée, mais non décomposée. La roche
désagrégée se réduit en poudre qui ne s’aglutine
point dans l’eau à l’état pâteux. La roche non altérée
est susceptible de recevoir un assez beau poli. On
pourrait en façonner des serre-papiers et autres menus
ouvrages d’un effet agréable. A défaut de meilleurs
matériaux, l’argilophyre a été employé pendant plu-
sieurs années à l'entretien de la route de Paris à
Baréges, entre Bessines et Razès.
Mercure natif. — Ce métal a été trouvé, en 1835,
dans un granite à grains moyens, par lesieur Ranque,
entrepreneur, en creusant les fondations d’une maison
au chef-lieu de la commune de Peyrat-le-Château.
600 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Les globules du mercure sont disséminés dans
l'argile kaolinique qui provient de la décomposition
du feldspath. Comme ce granite n’est altéré que sur
quelques mètres d'épaisseur, il est probable que le
mercure, sublimé par la chaleur centrale, se sera
élevé à l’état de vapeur, et condensé dans le terrain
supérieur en s’y infiltrant par les scissures de la roche
dont le feldspath a été kaolinisé. Ce qui rend vraisem-
blable cette explication de la présence du mercure
dans le granite, c’est qu'on a remarqué des indices de
chlorure de ce métal sur quelques lames de feldspath.
Granile à grandes parties. — On a désigné sous ces
noms une formation qui, entre Bessines, Chanteloube,
Razès, Népoulas et Les Hureaux, occupe une superficie
de plusieurs kilomètres carrés.
Ce granite, enchâssé dans le granite commun des
mêmes contrées, en diffère autant par la composition
que par l’état d’agrégation des substances qui s’y
trouvent réunies.
L'albite grenue et l’orthose sont associées au quartz
et à du mica de plusieurs espèces. Les deux premières
substances sont les plus abondantes. L’albite, d’un
blanc grisâtre maculé de taches noires, quelquefois
granuliforme et baccillaire, est rarement cristallisée.
L'orthose laminaire rose s’y trouve plus souvent cris-
tallisée sous différentes formes, et ses cristaux attei-
gnent parfois le volume extraordinaire de près d’un
décimètre cube. Le quartz hyalin, rarement limpide,
le plus ordinairement d'un blanc laiteux, d’un gris
enfumé, translucide, et parfois d’un beau noir, à
MÉMOIRES. 604
offert les variétés de forme prismée, bipyramidée et
sphalloïde. Des masses de ces quartz présentent un
clivage fort curieux : elles se divisent parallèlement
aux faces du rhomboèdre primitif, et d’autres fois en
couches parallèles tabulaires qui donnent aux masses
qui jouissent de cette propriété une structure lami—
naire. Dans quelques parties de ces masses, le quartz
gris et le quartz brun enfumé dégagent un gaz très-
fétide, non par un simple frottement, mais par per-
cussion sous le choc du marteau.
Outre le mica blanc argentin , ces granites renfer-
ment du mica noir ferrifère en grandes lames
contournées qui enveloppent le quartz; le même mica
rhomboédrique , dont il suffit de chauffer les lames
pour les rendre attirables, et leur communiquer le
magnétisme polaire; du mica violâtre manganésifère,
du mica brunâtre testacé, du mica verdâtre talqueux,
et enfin du mica lithique ou lépidolite parfois violet
et plus souvent gris. Un mica blanc, d’un vif éclat
argentin, fibreux et palmé, qu'on trouve près du
village de Malabar, nous paraît se rapporter au mica
lithique.
L'état d'agrégation dans lequel ces substances se
sont unies pour constituer le granite à grandes
parties a cela de particulier que, au lieu de s'être
mélangées confusément, comme dans le granite
commun, chacune de ces substances forme des masses
séparées dont les dimensions s'élèvent jusqu’à environ
10 mètres cubes.
Dans d’autres parties, ces substances, sous un
moindre volume, présentent une agrégation globaire
dont voici un exemple : un noyau d’orthose est
602 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
entouré de couches concentriques d’albite grenue,
micacées et comme entrelardées de quartz amorphe ou
de formes irrégulières, d'un volume variable, ayant
rarement plus de deux ou trois centimètres de côté.
Depuis que nous avons fait connaître ces intéres-
sants gisements, ils sont devenus l’objet de plusieurs
exploitations importantes. L'orthose et l’albite sont
recueillies pour la fabrication de la pâte et de l'émail
de porcelaine. L’albite la plus fusible est plus parti-
culièrement réservée pour la fabrication des boutons,
qui en consomme une très-grande quantité.
Ces exploitations ont enrichi la minéralogie d’un
grand nombre d'espèces rares et d'espèces entièrement
nouvelles. Ces découvertes ont donné une sorte de
célébrité aux carrières de Chanteloube.
L'espace réservé à cet article nous oblige de nous
borner à en donner la nomenclature, et à renvoyer le
lecteur aux traités classiques de minéralogie et aux
recueils scientifiques où elles ont été décrites.
Ces espèces, qui sont tantôt disséminées, et tantôt
pelotonnées dans les masses du granite à grandes
parties, sont :
1° Le béril émeraude, qui s'est trouvé en amas si
volumineux au commencement de ce siècle que la
route de Limoges à Paris en a été littéralement maca-
damisée dans la traverse du vallon de Barot jusqu'à
Chanteloube.
L'émeraude est en masses tantôt blanches opaques,
tantôt verdâtres et translucides, clivables parallèle-
ment aux faces des prismes, qui forment ainsi une
sorte d'agglomération de cristaux.
Les cristaux les plus purs, les mieux conformés ,
MÉMOIRES. 603
sont enchâssés dans le quartz, où ils ont laissé leur
empreinte. nas LE assez limpides pour être
comparés à l’aigue-marine de Sibérie, ont offert les
formes primitive, annulaire et pyramidée.
Une masse d'émeraude enveloppée par l’albite s’est
transformée en kaolin par la perte du silicate de glu-
cine et par l’hydratation du silicate d’alumine.
L'existence de ce nouveau kaolin a été constatée par
les analyses de M. Damour. {Voir le Bulletin de la So-
ciéié Géologique de France, 2° série, T. VII, p. 224.)
2° Grenat spessartine : cristaux d’un brun rougeâtre
mélangés avec l’apatite compacte terreuse et avec du
wolfram, formant des masses indépendantes agglo-
mérées dans l’albite.
3° Malakon (hydro-silicate de zircone) : substance de
couleur brun cannelle, très-rarement cristallisée, se
trouvant en plaques minces engagées entre les lames
cristallines de la baïerine.
La composition de cette substance a été décrite par
M. A. Damour, et sa forme cristalline, par M. Des-
cloizeaux, dans les Annales de chimie et de physique ,
3° série, T. XXIV.
ke Phillipsite : cuivre pyriteux panaché, amorphe,
disséminé dans le quartz en petites masses de moins
d’un décimètre cube. Très-rare.
5° Mispikel blanc, en petits nids irréguliers dans le
quartz.
6" Mispikel gris noirätre : fer arsenical axotome de
Dufrénoy. Cette espèce, mélangée d’une faible pro-
portion de soufre, se trouve dans le granite en masses
de plusieurs décimètres cubes.
T Wolfram cristallisé tantalifère : noirâtre, en lames
604 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
peu éclatantes, disséminé dans l’albite. Les formes
cristallines de ce wolfram ont été déterminées et dé-
crites par M. Descloizeaux dans les Annales de chimie et
de physique, 3° série, T. XX VIIT.
8° Colombite : en fragments ordinairement irré-
gœuliers, ayant rarement un centimètre cube, offrant
quelques lames cristallines; inégalement disséminé à
d'assez grands intervalles dans l’albite.
9 Étain oxydé tantalifère. Cette substance a été
recueillie , pour la première fois, par M. Descloizeaux,
dans les déblais de l’une des carrières des Hureaux.
Les analyses de M. Damour y ont constaté la pré-
sence du tantale.
10° Baïerine. Cette substance , qui n’avait encore été
trouvée qu'en Amériqueet à Bodenmaïs en Bavière, se
trouve ici disséminée dansle voisinage de la colombite
en cristaux aplatis, pyramidés, à bases rectangu-
laires. Le malakon intercalé entre les lames de cette
substance ajoute à l'intérêt de cette découverte, et
les échantillons qu'on y a recueillis permettront
d'étudier les propriétés des deux nouveaux métaux,
le niobium et le pelopium, que M. Rose, de Berlin,
a découverts dans la baïerine de Bavière, et dont
M. Damour a reconnu la présence dans celle de
Chanteloube.
fo L’apaiile, chaux phosphatée, compacte, que
nous avons vue envelopper le grenat spessartine et
le wolfram, a encore été trouvée en cristaux ver-
dâtres, translucides, enchâssés dans le quartz.
12° L'uranile, phosphate d’urane , a été observé en
lames minces tapissant le quartz. On l’a recueilli ég'a-
lement dans les joints du granite à gros grains de
MÉMOIRES. 605
Chanteloube, et non loin du granite à grandes parties
de la même localité.
Les six phosphates que nous allons décrire, et dont
quelques-uns ont été retrouvés depuis à Bodenmaïs,
sont, autant d'espèces nouvelles qu’on à observées
pour la première fois dans les carrières de Chan-
teloube.
13° Triplite : substance d’un brun clair et quel-
quefois très-foncé, presque noir ou rougeâtre,
formant dans l’albite et l’orthose des masses donnant
des indices de clivage parallèlement aux pans d’un
prisme rectangulaire. Cette substance, d'un éclat
assez brillant, se compose d'un double phosphate de
fer et de manganèse, dont la surface des morceaux,
en s’altérant à l’air 5 à l'humidité, perd son éclat, mn
passe à l’état terreux.
14° Hétérosite : substance gris bleuâtre et d’un beau
violet, d'un éclat gras, et devenant terne dans les
parties altérées; clivage en prisme rhomboïdal
oblique. Cette espèce forme encore un double phos-
phate de fer et de manganèse dont les proportions
diffèrent de celles de la triplite, avec laquelle on la
rencontre assez ordinairement dans les mêmes amas.
15° Tryphiline : substance d’un gris bleuâtre et
blanchâtre, quelquefois cristallisée et d’un éclat
gras, se clivant comme l’hétérosite, et formant un
triple phosphate de fer, de manganèse et de lithyne.
16° Alluuudite : substance tantôt noirâtre, tantôt
verdâtre, à cassure lamellaire, peu éclatante, se
compose, d’après une analyse de M. Damour, qui à
dédié cette espèce à M. Alluaud, en lui donnant son
nom, d'un triple phosphate à base de fer, de man-
606 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vanèse et de soude. { V. les Annales des mines, 3° série.)
ATe Hureaulite : substance d’un brun jaunâtre et
rougeâtre, à cassure vitreuse, et cristallisant en
prismes obliques rhomboïdaux, surmontés par des
sommets dièdres. Cette substance est un hydrophos-
phate de fer et de manganèse qui se trouve ordinai-
rement associé à l’hétérosite et à la tryphiline.
18° Dufrénite : substance brune ou verdâtre, fi-
breuse, souvent radiée, d’un éclat satiné. C’est un
hydrophosphate de fer, qui se trouve souvent uni aux
autres espèces. s
19° Nous signalerons enfin l'hydrophosphate de fer
bleu (vivianite), qu'on trouve dans les cavités des
espèces précédentes, et qui semble résulter de leur
décomposition.
Il est enfin une substance encore peu connue, peu
étendue, et dont les caractères minéralogiques n'ont
pas encore été décrits, sur laquelle nous croyons
utile d'appeler l’attention des naturalistes. D'après
quelques essais qualificatifs de M. Damour, cette subs-
tance serait un acide hydrotitanique pur. Elle se trouve
disséminée dans le granite des environs de Chante-
loube sous la forme de petites écailles testacées,
globaires, d’un brun violâtre, dont les caractères
extérieurs l’avaient fait prendre pour une variété de
mica manganésifère.
La richesse des gisements de Chanteloube y attire
chaque année des minéralogistes et des géologues.
Heureux ceux qui peuvent y recueillir quelques
échantillons des rares substances que nous venons
d'indiquer !
MÉMOIRES. 607
Hyalomicte (greisen). — Cette roche, essentiellement
composée de quartz et de mica, est intercalée ou
comme enclavée au pied du revers oriental des mon-
tagnes de Blond, entre le granite de ces montagnes
et une bande de g'aeiss et de granite à petits grains,
à laquelle succède une espèce de protogine granitoïde
renfermant des nodules de tale compacte.
Ces formations sont traversées par une multitude
de filons de quartz contenant des cristaux d’étain
oxydé, qui s’est également infiltré dans les roches
encaissantes.
Ces terrains stanifères, découverts par M. Alluaud
en 1813, occupent une superficie de plusieurs kilo-
mètres carrés, de Vaulry au Croiset.
Ce qui ajoute à l'intérêt de cette détouverte, c'est
que ni la tradition du pays ni aucun ouvrage histo-
rique ne font mention de l’époque, fort ancienne
sans doute, où ces mines ont été exploitées par des
tranchées à ciel ouvert sur une étendue considérable
de terrain.
De 1814 à 1830, le Gouvernement a fait faire des
travaux de recherches sous la direction successive de
MM. Allou et Manès, ingénieurs des mines. Ces
travaux ont eu pour objet de mettre à jour tous les
filons qui traversent les tranchées des anciens travaux,
et ensuite de creuser un puits à la fosse profonde d’une
dizaine de mètres, d'où on est entré en galerie en
traversant tous les filons superficiels. Les travaux de
ces recherches n’ont appris que ce que l'étude des
anciennes exploitations avait déjà fait connaître.
I est regrettable que les fouilles ordonnées par le
Gouvernement n'aient pas été dirigées à une plus
608 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
grande profondeur : la France serait peut-être af-
franchie aujourd’hui du tribut qu'elle paie à lé
tranger pour se procurer l’étain nécessaire à sa con—
sommation. Depuis long-temps, nous exprimions le
vœu que de nouvelles recherches, après vingt-cinq
ans d'abandon, fussent reprises, soit au compte du
Gouvernement, soit à celui d’une compagnie conces-
sionnaire. Ces vœux se sont réalisés : une compagnie
fondée par les soins de M. le docteur Raoul Destrem
a entrepris des travaux d'exploitation fort importants
non-seulement sur le gisement de Vaulry, mais encore
sur le prolongement des filons de cette localité dans
les environs du chef-lieu de la commune de Cieux. Les
tra vaux dirigés par MM. Destrem et Godefroy ont fait
reconnaître, dans une roche à base de feldspath
grenu qui nous paraît se rapporter à l’albite, quatre
filons de quartz parallèles, dont un de 0 m. 50 cent.
à 0 m. 80 cent. de puissance. Tous ces filons sont
métallifères : ici, comme à Vaulry, on a trouvé la plu-
part des minéraux qui accompagnent l'étain dans les
mines de Cornouailles en Angleterre et dans celles de
la Bohème et de la Saxe : le wolfram, le mispikel, la
pharmacosidérite, la scorodite, le molybdène sul-
furé engagés dans la lépidolite qui, dans quelques
parties du greisen, remplace le mica, la fluorine
verte et violette , cristallisée en cube et en dodécaèdre,
le cuivre pyriteux dansles filons de Cieux, et du cuivre
natif disséminé dans le quartz en lames très-minces.
Ce qui ajoute à l'intérêt de ces associations et aux
espérances qu'il est permis de concevoir sur le succès
de l'exploitation de ces mines, c'est que les sables
déposés au fond des vallons de la Glayeuse, de Cieux,
MÉMOIRES. 609
sont aurifères et stanifères. Ces alluvions paraissent
offrir un champ considérable aux travaux de lavage.
Le quartz des filons de Vaulry et de Cieux, d’où elles
tirent leur origine, à rendu, après avoir été trié,
bocardé et lavé, par 4,000 kilog. de minerai préparé,
de 100 à 420 grammes d’or et 640 kilog. d'oxyde
d’étain.
Diorite et amphibolite. — On réunit ici ces roches à
base d’amphibole, parce qu’elles se trouvent dans les
mêmes gisements, et passent de l’une à l’autre par des
transitions insensibles. La diorite est schisteuse,
en Couches concordantes avec celles du gneiss; le
feldspath y est reconnaissable. L’amphibolite a une
structure grenue, à grains très-fins, très-rarement
lamellaires. Les grains d’albite sont indiscernables.
Les principes accidentels à cette roche sont : le mica,
rarement le quartz, le grenat pyrope, quelques nids
de pyrite et de sphène (titane silicéo-calcaire ).
Ces roches se sont injectées dans le gneiss : l’amphi-
bolite s'y trouve ordinairement en amas; la diorite,
en Couches subordonnées et en filons.
Ces roches accompagnent, dans la plus grande
partie de leur étendue, la formation des pegmatites
de Saint-Yrieix et du Vigen. Comme le feldspath,
l’amphibole s’est décomposée et kaolinisée. Le kaolin
amphibolique est verdâtre, et tellement souillé de fer,
qu’on suppose à l'état de protoxyde hydraté, que la
céramique n’en a fait encore aucun emploi.
Outre les gisements de Saint-Yrieix et du Vigen,
l’amphibolite sé trouve dans la vallée de la Briance ;
entre La Plaine et Betour, sur la route de Saint-Yrieix ;
39
610 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
au-dessous de Saint-Junien, sur la route de Cha-
banais, et dans beaucoup d’autres localités.
C’est avec l’amphibolite à grains fins que M. Alluaud
a préparé les émaux au grand feu, bistre, écaille et
d’un noir brillant, dont il a émaillé un grand nombre
de vases et de services de porcelaine il y a une tren-
taine d'années.
L'’amphibolite grenue a une grande tenacité:
quoique moins dure que le quartz, elle a une telle
force de cohésion qu’elle résiste mieux que lui à la
charge des voitures de roulage : aussi est-elle em-—
ployée avec succès à l'entretien des routes macada-
misées. Nous pouvons en citer pour exemple la tra-
verse du Vigen et celle de Betour, sur la route de
Saint-Yrieix.
Pegmatite. — Cette roche, essentiellement composée
de feldspath et de quartz, mais en proportions
variables, se présente sous deux états d’agrégation :
dans l’un, la structure de la pegmatite est granitoïde,
à grains moyens, dans l’autre, le feldspath orthose
est laminaire, et le quartz à demi cristallin y est
disséminé en lignes parallèles sous des formes ana-
logues à celles des lettres hébraïques : disposition
particulière qui a fait donner le nom de granite
graphique à cette variété de pegmatite.
La pegmatite granitoïde contient plusieurs espèces
de feldspath : l’albite est souvent associée à l’orthose,
et peut-être, mais plus rarement, à l’oligoclase et au
labrador.
Le seul principe accidentel qu’on trouve dans cette
roche est le mica.
MÉMOIRES. 611
Dans la Haute-Vienne, la pegmatite forme deux
bancs puissants enclavés dans le gneiss et la diorite
schistoïde.
Le plus considérable, situé dans l’arrondissement de
Saint-Yrieix, s'étend depuis la limite du département
de la Corrèze, vers la ville de Saint-Yrieix et Le
Chalard, en passant par les carrières de Coussac-
Bonneval, du Bois-Vicomte, de Marcognac, de La
Seinie, du Clos-de-Barre, etc.
Le second, moins considérable, est situé sur la rive
gauche de la Briance, et traverse les communes du
Vigen, de Solignac, se prolonge encore au delà des
dépendances du village du Pont-Rompu, traverse la
Vienne au-dessous du confluent de la Briance, et, se
divisant en petites veines de moins en moins pures, va
se perdre sous les massifs de granite à gros grains des
communes de Verneuil et de Veyrac.
Par suite de l’altération et de la décomposition du
feldspath, la pegmatite est exploitée dans deux états
de composition dont les propriétés sont fort différentes.
La pegmatite non altérée est connue dans le com-
merce de la porcelaine sous le nom chinois de péthun-
t-zé ou caillou à émail. |
La pegmatite dont le feldspath est altéré et décom-
posé prend le nom de kaolin ou terre à porcelaine.
Si le kaolin est mêlé de grains quartzeux, on l'appelle
terre caïllouteuse dure; si, au lieu de quartz, il
contient des fragments de feldspath encore fusible, il
est connu dans le commerce sous le nom de terre
caillouteuse fondante, et sous celui de terre arg'ileuse
lorsqu'il ne contient ni quartz ni feldspath. De là les
nombreuses variétés de pegmatite et de kaolin ré-
612 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
pandues dans le commerce, et résultant de la pro-
portion du quartz qui se trouve associé au feldspath,
et de l’état de décomposition plus ou moins complet
de cette substance.
Dans la transformation ou kaolinisation du felds-
path, celui-ci perd le silicate alcalin qui constitue son
principe vitrifiable, en même temps que le silicate
d’alumine passe à l’état d’hydrosilicate en absorbant
jusqu’à 16 pour cent d’eau combinée.
Les carrières les plus pures et les plus abondantes en
kaolin sont celles de l'arrondissement de Saint-Yrieix.
Les pegmatites de la Briance ne fournissent point
dekaolin ; celles qui ont subi un commencement d’alté-
ration entrent comme fondant dans la composition de
la pâte de porcelaine ; la pegmatite non altérée, dans
celle de l’émail ou couverte. Si le feldspath est trop
pur, s’il ne contient pas une proportion convenable de
quartz, l'émail est trop fusible, sujet à gercer ou
à tressailler, et à faire la coque d'œuf.
Si l'émail est fait avec une pegmatite qui contienne
une proportion trop grande de quartz, cet émail a peu
d’adhérence avec la pâte qu’il recouvre; il se gerce,
se grippe, et, en se retirant sur lui-même, laisse à nu
le biscuit de la pâte.
D’après ce qui précède, on conçoit que l’art du
fabricant d’émail et de pâte de porcelaine consiste à
assortir les diverses qualités de kaolin et de pethun-
t-zé qu'il retire de l’exploitation de ses carrières, dans
des proportions telles que leur mélange produise une
pâte homogène, ayant toujours une égale plasticité,
la même fusibilité, le même retrait à la cuisson, et
donnant au feu une porcelaine blanche, translucide,
MÉMOIRES. 613
brillante, sans taches, résistant au choc et au chan-
gement subit de température, et réunissant enfin
toutes les qualités qui caractérisent et distinguent
cette belle poterie.
Au commencement de ce siècle, ve manufactures
de porcelaine de la France una ché à peine trois
ou quatre mille quintaux métriques de pâte et d’émail.
Malgré les découvertes de carrières de kaolin succes-
sivement faites aux Pieux près Cherbourg, dans le
Bourbonnais et dans les Pyrénées, le produit de l’ex-
ploitation des carrières du Limousin s'élève aujour-
d’hui à environ cent mille quintaux métriques. Aucune
industrie n’a pris un développement aussi grand que
celle de la porcelaine dans l’espace d’un demi-siècle.
Porphyre. — Cette belle roche, à base de pétro-silex
ou d’eurite, sensiblement grenue, est d’une couleur
ordinairement brun rougeâtre, et quelquefois gris
noirâtre.
Examinée à la loupe, on y reconnaît du quartz à
noyaux arrondis, rarement cristallisés et peu volu-
mineux; quelques lames de mica et d’une substance
talqueuse qui n’est pas sans analogie avec la pinite.
De nombreux cristaux d’orthose laminaire, d’une
nuance moins foncée que celle de la pâte porphy-
rique, et dont la longueur est de 3 à 4 centimètres,
rendent cette roche fort remarquable. Suivant M. Du-
fresnois, qui a eu l’occasion de l’observer, ce porphyre
aurait la plus grande ressemblance avec l’elvan des
Anglais.
Cette roche forme un banc puissant encaissé dans le
gneiss et le granite à petits grains des environs de Li-
644 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
moges. Il s'étend, sur environ un kilomètre d'épaisseur,
de la rive gauche dela Vienne, au-dessous de la poste
du Mazet, entre Saint-Léonard et Limoges, jusqu'au-
près de la rive droite de la Briance, en traversant la
route impériale du Bourbonnais, la route départe-
mentale d’Eymoutiers , et la route impériale de Paris
à Toulouse et Barréges.
Ce porphyre, très-dur, très-tenace, difficile à casser,
n'offre pas une agrégation homogène. Au-dessus de
Saint-Lazare , près la route de Toulouse, il ne présente
aucune trace d’altération, tandis qu’il se trouve pro-
fondément altéré à de faibles distances; par suite de
cette altération, il se décompose en boule à la manière
de certains basaltes , se délite en couches concentriques,
laissant de gros blocs arrondis épars sur le sol, où ils
semblent avoir été transportés par des courants dilu-
viens, alors qu'ils reposent en place sur la roche dé-
sagrégée d’où les eaux pluviales les ont détachés.
Ce magnifique banc de porphyre n’a été exploité,
jusqu’à ce jour, que pour en extraire des blocs qu’on a
refendus en pavés d’échantillon. La place de la Préfec-
ture et une partie des trottoirs de la ville de Limoges
en ont été pavés. Quelque utile que soit cet emploi
économique , l'éclat du poli que cette roche est suscep-
tible de recevoir, la variété de ses couleurs, la beauté
des cristaux de feldspath qui y sont enchâssés, lui
méritent un plusnobleemploi, soit dans la construction
des grands monuments, soit dans la confection des
tables, des cheminées et des vases de prix.
Ligourite. — Sous ce nom nouveau, on désigne
provisoirement ici un terrain, peu connu encore, que
MÉMOIRES. 645
la petite rivière Ligoure traverse dans sa largeur vers
Saint-Priest et Saint-Jean-Ligoure. Il occupe une
étendue d’environ 8 kilomètres de longueur , du nord-
est au sud-ouest de la commune de $Saint-Hilaire-
Bonneval, jusqu’au vallon de la Briance au-dessous
de Saint-Priest, et de 3 à 4 kilomètres de largeur.
Ce terrain tient tout à la fois de la nature du por-
phyre syénitique et du porphyre dioritique de M.
Cordier, au pont de Masléon (route de Limoges à
Eymoutiers). La structure de la roche est granitoïde.
Elle se compose de feldspath rose, d’actinote d’un vert
tendre et de gros noyaux d'épidote massive. Au-dessous
de Pierre-Buffière, l'amphibole (hornblende) remplace
l’actinote. Dans le vallon de la Briance, l’épidote se
trouve en beaux cristaux qui, par leur volumeet leur
netteté, rappellent ceux d’Arendal, et sont, comme
eux, enveloppés de fer oligiste micacé.
La plus grande partie de ce terrain est complètement
désagrégée. Le tuf qui en provient est d’une couleur
de brique brun rougeâtre, mélangé de taches vertes
dues à l’actinote et à l’épidote. Il résulte de la décom-
position d'un porphyre granitoïde dont l’épidote et
lamphibole auraient été au nombre de ses principes
constituants les plus essentiels.
Le sol de la Ligoure, sans cohésion, sans consistance,
est dans une sorte de mouvement perpétuel : les orages
le ravinent profondément, et les eaux pluviales en
charrient les débris jusqu’au fond des vallons, où ils
forment de puissants attérissements.
Brèche porphyroïde. — Le château gothique de la
ville de Rochechouart, situé sur la rive droite de la
646 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Graine, s'élève au-dessus d’une sorte de chaos d'énor-
mes rochers éboulés auxquels la ville de Rochechouart
(Roche-choir) doit son nom. Ces rochers pyrogènes, qui
ont été décrits dans la Statistique de la Haute-Vienne sous
la dénomination de brèche primitive, se sont fait jour
à travers le gneiss et une syénite granitoïde. Leur for-
mation, dont l'étude est encore incomplète, s'étend
de Rochechouart à Chassenon, sur les confins du
département de la Charente.
La pâte de cette brèche est une substance argiloïde
d'une dureté variable, et qui tient tout à la fois de la
nature des eurites et des grauwacks. En traversant
les roches encaissantes, la matière porphyrique en a
fracturé les me : elle les a brisées, et en a enve-
loppé et cimenté de nombreux fragments irréguliers.
Dans l’éboulis de Rochechouart, la brèche se compose
de gros fragments de gneiss, dont le mica semble
avoir été rougi par une sorte de calcination. En
descendant la vallée de la Graine, le volume des frag-
ments diminue, la pâte qui les unit est moins abon-
dante, et, à Chassenon , la pâte porphyrique se confond
avec les substances qu'elle enveloppe, leur nature est
de plus en plus difficile à déterminer, et l’ensemble
de la roche , se colorant sous diverses nuances , violette,
verdâtre, grisâtre, a une si grande analogie avec
certaines variétés de pépérines que quelques observa-
teurs l’ont confondue avec ce produit volcanique.
La brèche porphyroïde de Chassenon a de la con-
sistance et assez de cohésion pour se laisser travailler
avec facilité. Au moyen âge, on en taillait des
cercueils, des sarcophages, que le peu de pesanteur
de la roche permettait d'envoyer à de grandes dis-
MÉMOIRES. 617
tances. La porosité à laquelle elle devait la propriété
d’absorber les gaz et les liquides qui provenaient de
la décomposition des cadavres en assurait une conser-
vation séculaire , tandis que les corps placés dans Jes
sarcophages en granite de la même époque étaient
complètement réduits en poussière. Cette curieuse
observation a été constatée par la comparaison des
tombes de ces deux espèces que lestravaux publics ont
fait découvrir dans l’enceinte des anciens cimetières
de la ville de Limoges.
Euphotide. — L'ouverture de la nouvelle route impé-
riale de Limoges à Aixe, sur la rive droite de la
Vienne, a fait découvrir un banc considérable de
cette magnifique roche en face du confluent de la
Briance. Les cristaux de diallage d’un vert sombre,
empâtés dans une matière serpentineuse pénétrée de
calcaire, sont associés au feldspath oligoclase, égale-
ment pénétré du même carbonate. En le dépouillant
de ce sel par l'acide acétique, M. Damour a reconnu
sur les lames d’oligoclase les stries particulières qui
caractérisent cette substance. Aux abords du pont
suspendu du Vigen, rive droite de la Briance, la
route traverse en déblai la même formation; mais ici
le diallage et l’oligoclase sont tellement pénétrés de
talc ou de serpentine que ces substances ne sont plus
reconnaissables. Le même banc montre encore quel-
ques affleurements , dans la direction du sud au nord,
sur les accotements de la vieille route de Limoges à
Aixe.
L’euphotide est susceptible de prendre un beau poli.
En Piémont, on en fait des vases, des pendules : si
618 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
cette industrie s'établit à Limoges, elle trouvera dans
l’euphotide de la Vienne un aiiment inépuisable.
Quartz talqueux. — Entre l’euphotide et le granite
du moulin de Romanet, d’où l'on extrait les pavés
d’échantillon, il existe, parallèlement à leur direc-
tion, un banc puissant de quartz gris, pénétré de
tale ou d’une matière serpentineuse verdâtre qui
traverse le quartz en tous sens : si le quartz et le tale
étaient plus intimement mélangés, la roche serait
une phtanite massive; elle contient une multitude
de petites pyrites cubiques de sulfure de fer.
Ce banc de quartz talqueux est exploité pour l’en-
tretien de la route de Limoges à Aïixe : malgré la
dureté du quartz, son mélange avec le talc lui
enlève sa cohésion, et le rend si fragile qu'il résiste
moins bien que le granite du moulin de Romanet-
sous-Isle à l’action écrasante du roulage.
Serpentine. — Cette belle roche plutonique, que
quelques minéralogistes considèrent comme une
espèce composée en proportion constante de deux
atomes de silicate.de magnésie et d’un atome d’hydrate
du même oxyde, forme un amas transversal qui s’est
fait jour dans le gneiss, et, dans quelques parties,
entre la jonction du gneiss avec le granite. Cet amas
s'étend de Saint-Germain-les-Belles jusqu'aux environs
de Thiviers; il passe à Peyras-Brunas, sur la route de
Toulouse, entre Magnac-Bourg et Le Martoulet: tra-
verse les forêts de Fayas, et forme, à La Roche-l’Abeille,
un vaste plateau célèbre par la bataille qu'y soutint
l'amiral Coligny, et dans laquelle le prince de Béarn,
MÉMOIRES. 619
âgé de douze ans, recut à côté delui le baptème du
feu des guerres civiles qu’il éteignit plus tard.
Les espèces minérales qu’on a trouvées dans ces
amas sont le diallage, l’asbeste, quelques grains de
fer oxydulé et de fer chromaté.
La serpentine de La Roghe-l’Abeille est compacte,
d’un vert foncé maculé de quelques taches d’un brun
rougeâtre et de taches d’un blanc verdâtre dues au
calcaire compacte dont elle est pénétrée.
Le plateau de La Roche-l’Abeille est la seule localité
d’où l’on ait extrait d’assez belles masses de serpentine.
Dès le moyen âge, on y a exploité des pierres tumu-—
laires. Vers le commencement de ce siècle, on à
débité cette roche en tables pour dessus de chemi-
nées, de commodes et de secrétaires. Comme la
serpentine supporte une température élevée sans se
rompre, un menuisier de Limoges, M. Sagstett, eut
l'heureuse idée d’en faire des poêles ronds dont les
cylindres étaient débités avec un scie à trépan de son
invention. La serpentine de La Roche-l’Abeille est
malheureusement traversée en tous sens par des filons
très-minces d’asbeste, qui, en causant des solutions
de continuité, déterminèrent la rupture des cylindres.
Si l’on parvient à découvrir des masses plus homogènes
sans filets d’asbeste, leur exploitation et leur emploi
dans l'architecture, dans la construction des chemi-
nées, dans la fabrication de dessus de meubles, devien-
draient bientôt l'élément d’une industrie prospère.
Terrains de sédiment. — Ces terrains n'ayant pas été
l’objet d’études spéciales suffisantes pour en faire déter-
620 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
miner la position, nous nous bornerons à les signaler
à l'attention des géologues.
I — Sur la limite septentrionale de la Haute-
Vienne, au bas de la côte du Fay (route de Paris à
Barréges), est un banc puissant de schiste noir ar-
gileux, en recouvrement sur le granite, et plongeant
sous les assises du calcaire jurassique du département
de l'Indre.
Nous manquons de notions sur sa direction et son
inclinaison; nous savons seulement qu’on n’y a dé-
couvert encore aucune espèce de fossiles.
I. — Dans l’arrondissement de Bellac, au lieu de
Fougères, commune de Saint-Barbant, canton de
Mézières, on exploite un dépôt de marnes d’une
grande fertilité : on le dit très-riche en fossiles.
D'après un fragment d’ammonite gigantesque dont
j'ai recu un échantillon, ce dépôt paraît appartenir au
lias du terrain jürassique.
Les marnes de Champagnac-Larivière, dont
M. Astaix a fait connaître les analyses au Congrès, se
rapportent probablement à la même formation.
II. — M. Manès, ingénieur en chef des mines, et
les savants auteurs de la carte géologique de la
France, MM. Élie de Beaumont et Dufresnoy, y ont
indiqué des lambeaux de terrain jurassique sur le
territoire des communes de Saint-Victurnien , d’Ora-
dour-sur-Glane et de Veyrac. Nous avons constaté la
présence de dépôts semblables dans les communes de
Beaune, Limoges, Isle, Aixe, Verneuil, Saint-
Priest, Saint-Yrieix-sous-Aixe, et, en descendant la
vallée de la Vienne, jusque sur le territoire de la
commune de Chabanais (département de la Charente ).
MÉMOIRES. 621
La multitude et la dispersion de ces dépôts est une
preuve que la mer, ou plutôt le lac d’eau douce dans
lequel ils se sont formés a recouvert la plus grande
partie des arrondissements de Limoges et de Roche-
chouart. Les plateaux et les sommets granitiques qui
s’élevaient au-dessus de cette espèce de mer en
faisaient un archipel bien moins important par l'é-
tendue que par le grand nombre des îlots dont elle
baignaït les bords.
Ce n’est point à l'étage du lias des terrains juras-
siques que ces dépôts nous semblent appartenir, mais
bien au terrain tertiaire. M. de Longuemar, qui les à
observés à Pagnac, commune de Verneuil, pense qu'ils
font partie des argiles et des sables bigarrés de l'étage
des aluns de Dorbigny.
Quel que soit l'horizon géologique de ces dépôts,
nous croyons utile de décrire les couches dont ils se
composent en allant du haut en bas :”
4 Terre végétale noire de bruyère, très-sableuse ,
mélangée de cailloux de quartz arrondis, d’une
grosseur variable, de celle d’une noisette à celle
d'une pomme. Ces cailloux, dont les angles semblent
avoir été usés sur place, ne sont pas aplatis comme les
galets des rivières. L'épaisseur de cette couche varie
de 20 à 40 centimètres.
9e Sable grossier de quartz fragmentaire, de 1 à 2
millimètres cubes, enduit d’une ocre rougeâtre super-
ficielle formant une couche de 70 centimètres à 4 mètre
d'épaisseur, maculée ‘à distances inégales de taches
blanches allongées, comme si l’enduit rougâtre qui
recouvre le sable avait été enlevé par une sorte de
lévigation causée par l’infiltration des eaux pluviales.
622 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
3° Sable de même nature, grains plus fins, plus
égaux, formant une couche de l'épaisseur de 45 à 75
centimètres.
Ce sable , très-réfractaire , est recherché par les fabri-
cants de porcelaine : ils l’'emploient dans la confection
des rondeaux et des colombins qui servent à relier et
luter les colonnes des gazettes.
k Sable brun jaunâtre enduit de fer hydraté,
recouvrant et enveloppant une mince couche de limo-
nite ayant rarement 4 centimètres d'épaisseur, et se
réduisant à celle d’une feuille de carton.
La limonite est rarement pure; le plus ordinairement
elle empâte du sable, des graviers siliceux, et cons-
titue alors un grès ferrugineux qui, au lieu de s'être
déposé en couches constammentrégulières, forme aussi
des géodes tantôt vides, tantôt remplies de sable.
L'ensemble de ces formations a une épaisseur
moyenne de 50centimètres.
5° Immédiatement au-dessous du dépôt de limonite,
se trouve une couche d'argile plastique dont l'épaisseur
varie de 30 centimètres à 4 mètre.
Cette argile est rarement homogène; elle est souvent
mélangée de sable en proportion variable. Celle qui
semble la plus pure est de deux qualités très-différen-
tes : l’une est réfractaire, et employée à la fabrication
des gazettes dans les manufactures de porcelaine ;
l'autre, sensiblement ferrugineuse et fusible, n'est
propre qu'à la fabrication des poteries communes.
On peut expliquer les qualités opposées de l'argile
d’une même couche par la position que chaque espèce
y occupe; les soulèvements qui en ont émergé le sol
y ont produit des ondulations qui en ont modifié le
MÉMOTRES. 623
niveau général ; l’eau s’est écoulée d’abord des parties
du sol les plus élevées, et à ainsi entraîné les sels
qu’elle tenait en dissolution. Dans les bas-fonds privés
d'écoulement, l'eau s’est évaporée avec le temps, et
les sels qu’elle tenait en solution se sont précipités
sur les argiles, qu’ils ont rendus fusibles.
6° Au-dessous de l’argile plastique est une dernière
couche de sable blanc très-fin, ordinairement d’une
grande pureté, et, dans quelques parties, mélangé de
cailloux siliceux comme ceux delacouchesuperficielle,
et reposant directement en couches horizontales sur les
roches cristallines sous-jacentes, au nombre desquelles
nous avons reconnu le granite massif dont le feldspath
est décomposé sur une profondeur de plusieurs mètres,
et du gneiss de diverses variétés dont les strates
relevées sont'en discordance avec les dépôts sédimen-
taires qui les recouvrent.
La série des couches de-ces formations n’est pas tou-
jours complète. Quelquefois ce sont les dépôts de
limonite et d'argile plastique qui manquent; le plus
ordinairement ce sont les dépôts des couches supé-
rieures.
Ces dépôts ne sont pas au même niveau : ceux de la
rive gauche de la Vienne sont, en général, à un
niveau plus bas que ceux de la rive droite. Les sou-
lèvements qui les ont émergés ont causé de nombreuses
failles, qui ont interrompu la continuité des couches
dont ils se composent.
Ces dépôts ne contiennent ni coquilles ni végétaux
fossiles : on a seulement recueilli, dans les dépendances
du village de Pagnac, quelques échantillons de bois
silicifié dans la couche de sable qui couvre la limonite.
624 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
L'essence ou les espèces d’où proviennent ces bois
fossiles n’ont pas encore été déterminées.
Parmi les cailloux quartzeux que ces dépôts con-
tiennent, on n'a trouvé qu'un seul bloc rouléde calcaire
lamellaire d'environ 2 décimètres de diamètre.
L'absence presque complète du mica et du feldspath
ne permet pas d'attribuer l'origine de ces dépôts aux
débris des roches cristallines sous-jacentes.
Les filons, les amas de quartz concrétionné, et jus-
qu'aux veines d'argile qu’on retrouve encore dans les
gneiss et le granite sous-jacents, semblent indiquer
l'origine des matières qui constituent ces dépôts, et
expliquent en même temps pourquoi les eaux dans
lesquelles ils se sont déposés, étant impropres au
développement de la vie organique, n'y en ont laissé
aucune trace. à
Au-dessus de ces terrainsstratifiés, on rencontre des
lambeaux de couche puissants de sable d’arène à
grains arrondis, et de natures différentes, qui indi-
quent la position d'anciens rivages où ces sables ont
été entraînés par les eaux pluviales. Les environs du
village de La Parre de Veyrac nous en ont offert un
exemple caractéristique.
Diluvium ou anciennes alluvions. — Outre lesfragments
de roches cristallines qui se sont détachés du flanc
escarpé des collines du Limousin, et que les courants,
d'eaux pluviales et torrentielles ont entraînés au fond
des vallons, on observe encore, à mi-côte des terrains
en pente, des amas de pierres roulées et transportées
par la débâcle et l'écoulement des eaux qui recou-
vraient les terrains de sédiment que nous venons de
MÉMOIRES. 625
décrire. Ces lambeaux du diluvium peuvent être
observés sur les routes en déblais des environs de
Limoges, et notamment près du Breuil, sur la route
de Saint-Junien, et aux abords de la rivière d’Au-
rance , sur la route de Limoges à Aïxe.
Nous devons à nos recherches lithologiques sur ces
terrains des cailloux de quartzites contenant de la
blende (sulfure de zinc).
Nous sommes redevables à M. Alfred Laporte d’un
échantillon de silex pyromaque roulé, de la grosseur
d’un boulet de 4.
Ce silex, portant des empreintes de coquilles indé—
terminées, a été trouvé, en creusant une fontaine, au
Rouveix, commune d'Aureil.
Dans la commune de Saint-Yrieix-sous-Aixe, nous
avons recueilli, au fond d’un vallon, sur le territoire
du Masmarvent , des cailloux ovoïdes de basalte de la
grosseur du poing, et contenant de l’olivine et du
pyroxène.
Ces cailloux roulés sont tous étrangers au sol grani-
tique de la Haute-Vienne : les diverses localités d’où
ils proviennent pourraient être déterminées... ; mais
par quels soulèvements, par quelles révolutions, par
quels changements survenus dans la constitution
orographique du Limousin en expliquerait-on le
transport à travers les vallées et les montagnes qu’il
leur faudrait franchir aujourd’hui?
ORDRE PROBABLE DANS LEQUEL LES ROCHES PLUTO—
NIQUES DE LA HAUTE-VIENNE SE SONT INJECTÉES A
TRAVERS LES FORMATIONS PRÉEXISTANTES. — Après
10
626 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
avoir décrit les terrains cristallins de ce dépar-
tement, et fait connaître les nombreuses espèces
minérales qu’ils contiennent, j'ai, pour répondre à la
deuxième question de son programme, entretenu
oralement le Congrès de l’ordre dans lequel ces
terrains ont été formés. Recueillant mes souvenirs,
je vais, sous toute réserve, résumer mes idées sur ce
grave sujet.
Le gneiss est le terrain le plus ancien de la Haute-
Vienne. Ici, comme en Bretagne et aux Pyrénées, il
n'est pas rare d'en trouver des fragments dans le
granite, tandis que des fragments de granite ne se
rencontrent jamais dans les strates du gneiss.
Les filons antimonifères qu’il encaisse ne pénètrent
ni dans le granite ni dans les roches plutoniques plus
récentes. Ainsi, en face de Saint-Priest-Ligoure, sur
la route de Saint-Jean à Coussac-Bonneval, le filon
d’antimoine sulfuré qui traverse la route s’arrête juste
au contact du terrain que nous avons décrit sous le
nom de ligourite.
Les filons d’antimoine occupent, en général, une
grande étendue. Il n’en est pas de même des filons de
baritine, dont on ne rencontre parfois que des lam-
beaux de quelques mètres de longueur, comme au
moulin de La Garde, commune de Limoges. Ces
filons, qu’on ne retrouve pas dans les autres terrains
pyrogènes de la Haute-Vienne, ont subi l'effet de
dislocations que ces terrains ont fait éprouver au
gneiss.
Les roches granitoïdes qui se sont infiltrées à travers
les fentes produites par ces dislocations ont donné
naissance à des formations intercalaires de natures
MÉMOIRES. 627
différentes, qui se sont tellement mêlées et enche-
vêtrées que l’ordre de leur apparition semblerait
impossible à débrouiller si les minéraux qu’elles
renferment n’indiquaient pas les époques géologiques
qui les caractérisent.
Le granite à gros grains constitue les terrains de la
Haute-Vienne les plus étendus. Sa formation a succédé
immédiatement au métamorphisme du gneiss. Sa
plasticité a été si grande que cette roche en recèle des
filons de moins d'un mètre d'épaisseur {chemin vicinal
de Limoges au Pont-Rompu ).
La formation du granite porphyroïde, si remar-
quable dans quelques localités par la régularité de ses
cristaux de feldspath, a suivi de près celle du granite
à 2TOS Trains.
Ces deux espèces de granite sont traversées par des
filons de quartz hyalin moins nombreux et moins
puissants que ceux du gneiss. Le granite à gros grains
contient seul les filons d’argilophyre.
Le greisen est venu au jour après la formation du
granite. Les filons stanifères pénètrent profondément
le granite à gros grains des montagnes de Blond.
Comme les substances qui y accompagnent l'étain
oxydé se retrouvent dans les filons de wolfram qui
traversent le gneiss au Puy-les-Vignes près Saint-
Léonard et à Mandelesse près Limoges, toutes ces
formations nous semblent appartenir à la période
géologique du greisen.
C'est à la méme époque, ou à une époque qui doit
en être très-rapprochée, que les dykcs de granite
à grandes parties ont traversé le granite à gros grains
du plateau de Chanteloube.
628 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Outre les substances qui accompagnent l’étain dans
ces gisements, nous y retrouvons de nouveaux prin-—
cipes qui s'associent ou se combinent soit avec ces
substances, soit même avec l’oxyde d'étain. Il suffit de
citer l’étain tantalifère des Hureaux, la colombite
stanifère et le wolfram tantalifère de La Villatte pour
justifier cette hypothèse.
Si la formation du granite à grandes parties est
indépendante de la formation du granite à gros
grains dans lequel il s’est infiltré, on doit retrouver
dans celui-ci quelques-unes des substances qui
existent dans l’autre. Or voilà précisément ce qui
arrive : les minéraux tantalifères, à raison de leur
rareté, ne s’y trouvent qu'accidentellement, en lames
microscopiques; mais l’albite grenue, la chaux phos-
phatée, le béryl, qui forment des masses relati-
vement considérables dans le granite à grandes
parties, se retrouvent disséminés en petits cristaux
dans le granite commun environnant.
Une nouvelle série de formations granitoïdes appelle
maintenant notre attention : ce sont les formations
d’amphibolite, de diorite et de pegmatite.
L'’amphibolite à grains fins forme des enclaves, des
amas irréguliers dans le gneiss.
La diorite, plus feldspathique que l’amphibolite,
semble avoir subi une sorte de fusion plus complète,
qui lui à permis de pénétrer les strates du gneiss.
Ces roches, qui ne diffèrent entre elles que par leur
état d'agrégation, dont l’un est sensiblement grenu,
et l’autre schistoïde, font partie de la même période
géologique. Leur formation nous paraît avoir suivi de
près celle du greisen; cette opinion est fondée sur ce
MÉMOIRES. 629
qu'on n’y retrouve aucun des filons qui caractérisent
les époques géologiques précédentes.
La pegmatite a traversé avec le gneiss les roches
amphiboliques qui lui sont subordonnées. Au premier
aperçu, ces roches sembleraient appartenir à la même
époque géologique : les caractères que nous avons
déjà tirés des minéraux qui se sont sublimés dans les
terrains de différents âges vont démontrer que la
pegmatite est d’une formation plus récente.
Le gneiss estle gisement le plus riche en rutile.
Lorsque les vapeurs titaniques se sont sublimées , elles
ont pénétré tout à la fois dans le gneiss et dans les
roches amphiboliques. Dans le gneiss, ces vapeurs
condensées y ont déposé le rutile; dans l’amphibole,
les réactions de l'acide titanique sur la chaux que
cette substance contient à l’état de combinaison ont
donné naissance au sphène ou titane silicéo-calcaire.
Les roches qui enveloppent la pegmatite ont donc été
pénétrées par les vapeurs du titane sublimé : or, si ces
vapeurs n’ont pas atteint la pegmatite, si l’on n’en
trouve aucune trace dans les joints et dans les fissures
de cette roche, c’est que sa formation est évidemment
postérieure à celle de l’amphibolite et de la diorite.
Le banc de porphyre que nous avons signalé au
sud de la ville de Limoges forme, parallèlement à la
direction de la Vienne, une enclave puissante dans le
gneiss et dans le granite à petits grains. La salbande
sud de ce banc se ramifie dans quelques parties avec
le granite commun à gros grains (route d’Ey-
moutiers, entre Feytiat et Montignac), dont le por-
phyre altère la couleur, et modifie la contexture et
la composition. Il serait difficile de préciser d’une
630 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
manière rigoureuse l’époque de l'apparition de cette
belle roche pyrogène. Sa composition essentiellement
feldspathique est la seule raison qui nous porte à
penser que sa formation a suivi de près celle de la
pegmatite.
La brèche porphyrique de Rochechouart se compose
de fragments de gneiss, de schiste, de granite, de
quartz et de toutes les roches qu'elle a disloquées et
fracturées en les traversant. Sa formation leur est donc
postérieure; mais, comme la pâte qui unit et cimente
les principes de cet agrégat est essentiellement por-
phyrique, l’analogie nous porte à en rattacher la
formation à celle du porphyre.
La place qu'il convient d’assigner à la ligourite
dans la série des terrains granitoïdes de la Haute-
Vienne est fort incertaine encore. D'une composition
plus compliquée que celle des autres terrains, nous
y retrouvons, avec les principes constituants du
granite et du porphyre, l'actinote, l’amphibole et
l’épidote.
Comme la ligourite se rattache par cette association
à la formation des terrains amphiboliques, granitiques
et porphyroïdes, ne pourrait-elle pas être considérée
comme le dernier produit des formations granitoïdes
pyrogènes de la Haute-Vienne ?
La longue enclave transversale de serpentine qui
s'étend O.-E. de Saint-Germain-les-Belles jusqu'à
la limite du département de la Dordogne, le grand
banc d’euphotide qui traverse la Vienne au confluent
‘de la Briance, et celui du quartz talqueux qui le
suit parallèlement, sont autant de formations indé-
pendantes de la période géologique des terrains
MÉMOIRES. 631
magnésiens, postérieure à celle des roches grani-
toïdes.
Les calcaires cristallins de Sussac et de Saint-Yrieix-
la-Perche font partie des terrains stratifiés du sol
primordial de la Haute-Vienne. Celui de Sussac, en
s'infiltrant dans le gnéiss, l’a pénétré profondément,
sans en modifier la stratification. Le calcaire magné-
sien de Saint-Yrieix nous semble d’une formation plus
récente : il se rattache, par les cristaux de grammatite
fibreuse, à la formation des roches amphiboliques
injectées dans le gneiss avant l'apparition de la
pegmatite. S'il s'élevait quelques doutes à cet égard,
ils seraient dissipés par l'examen des bancs de calcaires
cristallisés qui, dans les environs de Tulle (Corrèze),
sont enclavés au milieu des terrains amphiboliques de
cette contrée.
En attribuant à ces calcaires une origine commune
avec le carbonate de chaux qui s’est infiltré dans la
serpentine, dans l’euphotide et dans le granite des
environs de Limoges, dont il tapisse seulement les
joints naturels, ne serions-nous pas fondé à les consi-
dérer comme le dernier produit des diverses formations
dont se compose le terrain primitif de la Haute-
Vienne?
Les études géologiques dont je viens de soumettre
les résultats au Congrès ont occupé mes loisirs depuis
la fin du siècle dernier. Malgré la longue carrière que
Dieu m'a permis de parcourir, la tâche que je m'étais
imposée est restée incomplète. Mes successeurs, j'en ai
la confiance, ne la laisseront pas inachevée. Aujour-
d’hui les recherches géologiques sont rendues faciles
632 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
par les tranchées, les terrassements, les grands
travaux publics qui, de tous côtés, sillonnent notre
pays. Les jeunes générations de géologues qui gran-
dissent dans l’amour de la science y porteront leurs
investigations, et les erreurs que des souvenirs af-
faiblis par mon âge m’'auraient laissé commettre seront
réparées par leurs soins. Les terrains du Limousin,
mieux explorés, seront mieux connus, et la décou-
verte des richesses minérales qu'ils recèlent éclaircira
les mystères dont leur formation sera long-temps
encore enveloppée.
F, ALLUAUD aîné.
MÉMOIRES DE LA 1° SECTION.
ESSAI HISTORIQUE
SUR LES TRAVAUX
DE LA SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, DES SCIENCES ET DES ARTS
DE LA HAUTE-VIENNE,
PAR M. H. GÉRARDIN,
Secrétaire général de celte Société.
MESSIEURS ,
Récemment investi des modestes fonctions de secré-
taire de la Société d'Agriculture de la Haute-Vienne,
je me suis vu, bien tard peut-être, chargé de
présenter devant vous l'historique des travaux de cette
Société.
C'était une lourde tâche, qui mieux qu'à moi
convenait à celui qui s’en était occupé dès l’origine ,
M. Sénémaud , que la mort est venu trop tôt ravir à
634 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l'affection de sa famille et à l'estime de ses nombreux
amis.
Mais, si le temps m'a manqué pour préparer cette
œuvre de patience, si le talent et le savoir me font
défaut pour la mener à bonne fin, je prends courage
en songeant que vous saurez me tenir compte de mon
bon vouloir et de mes efforts.
Je prends courage aussi, Messieurs, en songeant
que je vais vous parler de cette agriculture que
j'aime par entraînement et par conviction, de cette
agriculture qui fera à tout jamais le bonheur des
peuples qui sauront et l’honorer et la chérir ;
En songeant enfin que j'ai à vous entretenir des
travaux d’une Société qui, depuis un siècle, a inscrit
sur ses Catalogues tout ce qu'il y a eu de noms hono-
rables dans notre cité, et qui a su toujours prendre une
si large part d'initiative dans tout ce qui s’est fait de
grand et d’utile dans les départements du centre.
La Société d'Agriculture de Limoges fut fondée
en 1759, et tint sa première séance le 13 décembre
sous la présidence de M. Pajot de Marcheval, alors
intendant de la généralité.
Elle ne fut autorisée par ordonnance royale que le
12 mai 1761, lorsque déjà, le 24 février et le 1°" mars
de la même année 4761, les Sociétés de Tours et de
Paris avaient recu une semblable autorisation.
Mais, si ces deux Sociétés de Paris et de Tours
paraissent les aînées de la nôtre de quelques mois à
n’examiner que la date d'autorisation royale, il n’en
est pas moins certain que celle-ci existait en fait avant
elles.
Et, pour s’en convaincre, il suffit de lire la lettre de
| MÉMOIRES. 635
remerciments qui fut alors écrite à M. le contrôleur
général en réponse à l'envoi de l’arrêté de fondation,
lettre dont il est resté copie sur nos registres, et dont
voici un extrait :
MONSEIGNEUR,
La Société d'Agriculture de Limoges, fondée, depuis
l'année 1759, par les soins et sous les auspices de M. Pajot de
Marcheval, se croyait suffisamment autorisée dans ses as-
semblées et dans ses recherches par l'approbation tacite de
S. M. consignée dans vos lettres des 22 août et 17 décembre
1760. Quand elle vous a supplié de lui faire accorder l'arrêt
du 12 mai dernier, qu’elle vient de recevoir, elle se flattait d'y
voir rappeler la date de son institution, et de faire connaître
au public qu’il n’y avait que la Bretagne qui l'ait dévancée
dans l'étude pratique de l’agriculture. Sa joie eût été pure et
sans mélange si l'arrêt dont elle vous fait, Monseigneur, ses
très-humbles remerciments eût plutôt confirmé que fondé un
établissement déjà approuvé.
Si nous insistons sur ces faits et sur ces dates, C’est
que, comme nos devanciers, nous sommes fier que
le public sache que c’est notre Limousin, si pauvre,
si méprisé, qui, conjointement avec la Bretagne, à
su, vers la fin du siècle dernier, donner l'impulsion
au mouvement agricole, et que ce sont ces deux
provinces qui ont eu l'initiative de la création des
sociétés d'agriculture en France. ,
Notre Société fut donc en réalité fondée le 13 dé-
cembre 4759, jour où fut tenue sa première séance.
Elle ne fut composée d’abord que de quinze
membres, qui, toutes les semaines, se réunissaient
636 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE:
dans un des salons de l’intendance, et avisaient
ensemble au moyen de vulgariser les meilleures
méthodes.
Pour arriver à ce but, un des premiers actes fut la
création de ce que l’on appelait une ferme d'expériences.
— On afferma, pour cela, moyennant 4,500 livres par
an, la propriété de Cordelas, appartenant à M. de
Rochebrune.
Sur les bénéfices certains que devait produire la
location, il fut convenu que l’on distribuerait des
primes en graines et en instruments perfectionnés.
L'exploitation était administrée par un régisseur
salarié, sous la surveillance de la Société même.
Sur cette ferme d'expérience, on établit des pépi-
nières, on essaya du labourage à la charrue en fer ;
on sema du trèfle, de la luzerne, du sainfoin; on
planta des mûriers ; on éleva des vers à soie.
Mais cet état de choses ne put durer que deux ans
environ. A la fin de 1761, M. Turgot, ayant remplacé
M. Pajot de Marcheval, voulut jeter les yeux sur les
comptes de recettes et de dépenses, et il fut bien vite
convaincu qu'il fallait en finir avec une institution
plus onéreuse que profitable.
Cordelas fut rendu à M. de Rochebrune, et la ferme
d'expériences remplacée par des concours annuels, où
l’on distribuait des primes aux auteurs des meilleurs
traités d'agriculture.
Je viens de prononcer le nom de M. Turgot, ce#nom
si populaire dans notre province, et auquel se rat-
tachent pour nous de si doux souvenirs.
A la Société d'Agriculture, comme dans toutes les
branches de son administration, cet homme éminent
MÉMOIRES. 637
sut imprimer, dès l’abord, le sceau de sa supériorité
intellectuelle. — Tout change, tout s'améliore au
souffle de son génie; l’agriculture reçoit une im-
pulsion plus large; les discussions roulent dans un
ordre d’idées plus élevé, et chaque année on enre-
gistre quelque découverte féconde pour le pays en
résultats heureux.
Et, pour ne poser ici que des jalons,
En 1762, on introduit en Limousin la pomme de
terre; M. Dépéret, alors membre de la Société, se
livre le premier à cette culture, et ce sont des pommes
de terre de sa récolte qui les premières sont entrées à
Tulle et à Angoulême, en 1763.
En 1765, on essaie, sur les conseils de l’intendant,
la culture de la garance.
I n’y avait pas alors de vétérinaire à Limoges : en
janvier 1766, on en appelle un dans la localité, et l’on
crée avec son Concours une école vétérinaire.
En 1766, et à la séance du 5 avril, M. Turgot
reconnaît le ka-ou-lin, argile avec laquelle les Chinois
fabriquent, dit-il, leur belle porcelaine, dans une
terre blanche envoyée de Saint-Yrieix par M. de
Nouït, et que ce dernier prenait pour de la marne.
Dans la même année 1766, à la suite de nombreuses
recherches, préoccupé que l’on était de la disette des
bois de chauffage, on découvre les mines de houille
de Lapleau, et l’on met en exploitation celle de Bos-
moreau près Bourganeuf.
En 1769, on ouvre des concours pour des machines
à battre; on écrit jusqu’en Suède pour en obtenir de
bonnes; et on décerne un prix de 300 fr. à un sieur
Meunier, d'Angoulême, qui en présente une paraissant
638 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
réunir toutes les conditions voulues pour füre un
excellent travail; enfin de tous les pays du monde on
fait venir des semences de végétaux, dont on essaie en
Limousin la culture et l’acclimatation, et l'impulsion
donnée au progrès agricole est si énergique que les
Sociétés de Tulle et d'Angoulême viennent se placer
sous le patronage de celle de Limoges, et se trouvent
fières d’en accepter les conseils et les lecons.
Mais M. Turgot quitta Limoges, et, avec lui, pour
quelque temps du moins, l’activité, l'énergie, l’esprit
d'initiative, semblèrent avoir disparu. Les séances,
qui n'étaient plus présidées par cette intelligence
d'élite, perdirent leur intérêt. Vainement son suc-
cesseur, M. d’Aisne, essaya-t-il de les ranimer : tout
fut inutile. Leur nombre alla en diminuant d'année en
année, jusqu'à ce que l'esprit révolutionnaire vint
faire table rase de cette institution comme de toutes
celles de la France.
Turgot, avec son intelligence élevée, son amour
sincère pour le bien-être réel du peuple, avait compris
que l’agriculture était la sauvegarde d’une nation, €t
que tout peuple agricole est un peuple nécessairement
heureux.
Il avait compris aussi qe, si le travail de la terre
est de tous les travaux le plus pénible et le plus dur;
s’il courbe le front de l'homme, et l’humilie dans sa
fierté, la loi divine a voulu que ce travail, nécessaire,
en définitive , à la conservation de l'espèce, fût, en
réalité , le plus séduisant , et de tous celui qui, par
son exécution, donne à l'humanité la plus large
satisfaction dans ses intérêts. ”
Quel que soit, en effet, le genre de travail auquel
MÉMOIRES. 639
l’homme se livre autre que celui-là, en même temps
que l’œuvre d’édification, l'œuvre de destruction ne
vient-elle pas s’opérer? Dans tous les cas, l’ouvrier
n'est-il pas livré à ses propres forces, n'attendant et ne
pouvant attendre de secours que de lui-même?
Bâtit-il une maison, il n'y aura de réunies que
les pierres qu'il réunira; il n’y aura de préparés que
les bois qu'il préparera.
Artiste, essaie-t-il de solidifier sur la toile les plus
suaves rêves de son imagination, il n'y aura de fait
que ce qu'il fera, et, si, découragé, il abandonne son
œuvre, elle restera inachevée. à
Mais toujours, avec sa faulx destructive, le temps
vient se placer à côté de l’ouvrier ou de l'artiste, et
leur dit : « Vous travaillez à édifier, et moi, de mon
côté, je travaille à détruire : je renverserai une à une
les pierres de la maison ; les bois tomberont vermoulus
et pièce à pièce; je ternirai du tableau les plus vives
couleurs; je le réduirai même à l’état de poussière;
et, si mon œuvre est plus lente que la vôtre, le résultat
en est bien plus certain! »
Dans l’agriculture, au contraire, ne semble-t-il pas
que la Providence vienne se mettre à côté du la-
boureur, et lui dire : « Courage ! travaillons ensemble :
remue la terre; sème ton grain :tu ne l’auras pas
déposé sur le sol que je m'en emparerai, et le ferai et
germer et fructifier;, aide-toi; mais moi aussi je
t’aiderai, et, là où tu auras jeté quelques épis de blé,
tu récolteras de riches moissons. — Viens! attelle tes
bœufs à la charrue; suis-moi, et je te ferai mouiller
les lèvres à la coupe des joies infinies de la création ! »
Le laboureur écoute-t-il cette voix caressante, son
640 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
travail fructifie et se décuple: il a semé hier, et déjà la
terre se couvre d’une luxuriante verdure ; au lieu de
l’œuvre de destruction et de désespoir comme celle de
l'ouvrier et de l'artiste, il a trouvé à ses côtés l’œuvre
de création et d'espérance.
Serre-t-il, engrange-t-il ses récoltes, son imagi-
nation lui représente vaches et brebis grandissant et
s'engraissant de la nourriture qu'il leur pourra donner
à profusion.
L'homme des champs sent toujours à côté de lui
l’action salutaire de la Providence : il est impossible
qu'il ne s'améliore pas à ce contact.
Une population agricole sera toujours plus morale
qu’une population industrielle, et, chez elle, l'abon-
dance forcée des récoltes fera régner une aisance , un
bien-être qui la mettra à jamais à l'abri des révolutions
et des convulsions intérieures.
La France agricole a traversé quatorze siècles de
stabilité politique : devenue industrielle, nous avons
vu dans un demi-siècle 1793 , 1830 et 1848.
Et n'est-ce pas pour nous un triste et utile ensei-
gnement de savoir que 4789 , 1829 et 1847 furent trois
années de disette?
La Société d'Agriculture, nous l'avons dit, fut,
comme tant d’autres institutions utiles, momenta-
nément renversée en 93.
Mais, lorsque les orages politiques furent calmés,
lorsque la paix intérieure et extérieure permit aux
esprits de songer à quelque chose de durable et d’utile,
elle s'empressa de se reconstituer.
Nous étions en 4804, à ce moment où la France
A
MÉMOIRES. 641
semblait renaître du chaos, à ce moment où s’accom-
plissaient ces grandes choses qui immortaliseront à
jamais notre patrie. Les forces de la nation étaient
centuplées; les esprits étaient comme enivrés de
grandeur.
Le cadre modeste de l’ancienne Société d'Agriculture
parut trop restreint pour enceindre à lui seul les
travaux et les aspiratious d’une réunion quelconque
d'individus : il fallait un horizon plus vaste.
Etait-il possible d’ailleurs de courber son intelli-
gence au travail patient de la charrue, lorsque
quelques mois à peine suffisaient au souverain et à ses
armées victorieuses pour changer la face de l’Europe,
pour créer un code à jamais immortel, et doter la
France d’une administration qui sera long-temps
encore un objet d'admiration et d'envie pour toutes
les nations civilisées ? : |
La Société d'Agriculture devint Société d'Agriculture,
des Sciences et des Arts.
Mais, il faut le dire, à partir de ce moment, cette
agriculture qui jusque là avait régné en maîtresse fut
presque entièrement mise de côté pour céder sa place
aux arts, à la littérature et aux sciences.
On avait jusqu'alors organisé des concours où l’on
traitait en public des questions agricoles intéressantes
pour le pays : on créa des prix d’éloquence et de
poésie; et, si l’on n’abandonna pas complètement les
concours agricoles, du moins les laissa-t-on tomber
presque en désuétude, faute de concurrents.
Loin de moi l’idée de blâmer cette tendance vers
les arts! Les arts, la poésie, élèvent l’âme, et la
HA
642 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rendent capable de grandes choses. — Une nation
sérieusement artiste sera toujours une grande nation.
«O fortunatos nimium sua si bona norint
Agricolas !..….. »
a dit le poète : heureux, trois fois heureux le labou-
reur qui sait apprécier sa position ! Trois fois heureux
le laboureur qui a su ouvrir à la poésie les portes de
son âme! car celui-là saura combien renferme de
douces joies la vie champêtre; car celui-là saura
apprécier la véritable grandeur de Dieu, et savourer
les charmes de la nature.
Tout grandira, tout s'ennoblira autour de lui; sous
ses mains, la ferme perdra son aspect repoussant et
triste; les champs s’embelliront; les cultures de-
viendront plus riches, plus variées, plus chatoyantes
au coup d'œil, et la propreté et l’aisance ne tarderont
pas à remplacer la malpropreté et le dégoût.
L'âme elle-même, au contact continuel des belles
choses qu’elle sera appelée à apprécier et à sentir,
deviendra forcément meilleure ; car elle sera largement
satisfaite dans une de ses plus nobles aspirations.
Et l’homme qui saura aimer et rechercher les véri-
tables beautés de la nature sera nécessairement un
homme vertueux; car le beau, le vrai, le juste, sont
des émanations de la divinité si étroitement liées l’une
à l’autre, si intimement unies qu'il est impossible
d'apprécier et d'aimer les charmes de l’une sans que
l'âme se trouve violemment attirée vers les autres.
Loin de moi donc, encore une fois, l’idée de blâmer
l'introduction nouvelle des sciences et des arts dans
notre Société à côté de l’agriculture! Ce que je
MÉMOIRES. 643
déplore, c’est l'exclusion momentanée et presque
complète de celle qui devait être. la reine du logis.
L'agriculture, les sciences, la poésie, doivent vivre
en bonnes sœurs : leur réunion ne peut qu'être féconde
en fruit délicats et savoureux ; leur séparation doit être
funeste.
Mais, nous le répétons, après sa réorganisation ,
notre Société fut tout entière, pour me servir du
langage d'alors, livrée aux muses, qui mirent de côté
et la verte Pomone et la blonde Cérès, et l'on ne vit
bientôt que prix d'éloquence et de poésie.
Empressons-nous cependant de le dire, cet élan
littéraire et artistique ne fut pas perdu : nous con-
servons dans nos annales maints discours et maintes
pièces de vers qui honorent tout à la fois et ceux qui
les écrivirent et ceux qui en furent les inspirateurs.
C’est de cette époque que date la création de nos
écoles gratuites de dessin, de modelage, de stéréo-
tomie et de géométrie, écoles qui ont rendu et rendent
tous les jours de si grands services à la jeunesse
studieuse de notre ville, et créent pour l’industrie
locale des artistes là où l’on n’eût trouvé que des
ouvriers.
Ces concours, ces luttes littéraires, eurent pour
résultat d'élever le niveau intellectuel du pays, et les
générations actuelles ressentent encore l'effet de
l’impulsion puissante qui fut donnée à cette époque.
Maïs, en France plus que partout ailleurs, la
fortune est inconstante et volage, et, si les concours
agricoles avaient momentanément été abandonnés
faute de concurrents, ce fut le tour des poètes et des
orateurs à se faire rares. Peu à peu cette pauvre
-
644 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
agriculture si délaissée, et qui s'était vengée en
nourrissant ceux qui la laissaient languir dans
l'oubli, reprit le dessus : les concours agricoles furent
reconstitués, et, depuis lors, ils devinrent de jour
en jour plus florissants.
L'agriculture, pour prospérer, a besoin de paix et
de repos. 1848, avec ses perturbations, porta, comme
1793, un rude coup à notre Société. Pendant quelques
années, la publication du Bulletin fut même inter-
rompue ; les réunions devinrent rares, et le nombre
des sociétaires diminua de jour en jour malgré les
énergiques efforts du plus grand nombre d’entre
nous.
J'ai dit que la Société d'Agriculture de Limoges
avait été fondée en 1759 : en 1859, elle a donc accompli
sa centième année d'existence.
Malgré ce grand âge, et pour prouver à tous que les
bonnes institutions sont toujours jeunes, et ne peuvent
ni débiliter ni périr, dans cette année même qui eût
dû être pour elle une année de sénilité et de déca-
dence, elle semble avoir pris, au contraire, une
vigueur nouvelle et une force toute juvénile : jamais
le nombre de ses membres n'avait été si grand ;
jamais ils n'avaient été animés d’un meilleur zèle pour
la propagation des saines doctrines agricoles.
Estimons-nous heureux d’avoir, en prêtant notre
concours à cette œuvre de régénération, aidé à
célébrer, en quelque sorte, le jubilé centenaire d’une
association qui sut rendre à son pays de si éminents
services, et accomplir, dans ce laps de temps, de si
utiles travaux.
MÉMOIRES. .645
Estimons-nous surtout heureux de posséder encore
parmi nous et d’avoir à notre tête un homme qui,
membre de la Société depuis sa réorganisation en
1801 , lui a toujours payé un si large tribut d’'intel-
ligence et de travail; un homme qui, ayant siégé à
côté de quelques-uns des fondateurs de 1759, sert de
trait d'union entre nous et nos prédécesseurs de l’autre
siècle, et peut verbalement encore nous répéter les
traditions d’un autre âge.
Cet homme, vous l’avez tous nommé : c'est M. Al-
luaud, notre bien respectable vice-président, le pré-
sident de ce Congrès. — Unissons tous nos voix pour
le remercier au nom de son pays d’un si utile con-
cours, et faisons des vœux pour que long-temps
encore il nous soit donné de nous instruire à ses leçons,
et de nous former à ses salutaires enseignements.
Lorsque 1859 a sonné, cette année où notre Société
allait devenir centenaire , nous nous sommes comptés :
nous n’étions plus que quarante. Nous nous trouvions
en présence du large mouvement agricole qui s’accom-
plit tout à l'heure en France: nous avons eu foi dans
notre œuvre; nous avons fait aux agriculteurs de ce
pays un appel auquel ils ont largement répondu :
nous sommes maintenant qualre-vingt-cinq, plus nom-
breux que jamais, et quelques mois à peinéont suffi
pour réunir ce faisceau de forces éparses.
Nous avons à juste titre été fiers de cet accrois-
sement de nombre, et, désireux d'utiliser au plus vite
cet excédant de forces, nous nous sommes empressés
d'adopter deux mesures qui produiront avant peu des
résultats heureux pour le pays :
Nous avons rendu mensuel notre Bulletin, qui
646 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
n'était que trimestriel, et créé, à côté des con-
cours des comices, un concours de bétail départe-
mental.
Nous avons pensé qu'un organe de publicité pério-
dique tout à la fois agricole, artistique et industriel
était le complément nécessaire d’une société d’agri-
culture, des sciences et des arts.
Nous avons voulu faire un livre qui fût l'ouvrage de
tout le monde, et qui fit participer chacun aux expé-
riences de tous.
Nous avons voulu, surtout pour l’agriculture,
créer un livre d’enseignement mutuel, où chacun
viendrait consigner ses observations, et prendre des
renseignements utiles sur les cultures de ses voisins :
livre d'autant plus instructif que, les cultures variant
avec le sol et les climats, il ne peut être suppléé par
aucun autre écrit pour des terrains et des climats qui
ne sont pas identiques; livre d'autant plus utile que
le propriétaire, à sa lecture, se laissera bien plus faci-
lement entraîner par le récit d’une amélioration
obtenue chez un voisin que par le récit de merveilles
appartenant à des sols et des climats qu'il ne connaît
pas, mais qu'il sait de source certaine ne pas res-
sembler aux siens; — publication qui saura prendre
spécialement, et énergiquement au besoin, la défense
des intérêts agricoles, et qui sera d'autant mieux
écoutée qu'elle résumera l'opinion d'un plus grand
nombre de souscripteurs.
Ce Bulletin, nous n’en doutons pas, rendra de grands
services. Nous sommes dans un moment de transition :
jusqu'ici notre horizon agricole avait été des plus
bornés : l'introduction de l'élément calcaire dans nos
MÉMOIRES. 647
sols granitiques nous permet de rêver les plus bril-
lantes destinées.
La chaux enfantera des prodiges entre les mains des
hommes intelligents qui sauront l’utiliser : elle pourra
devenir entre les mains d'imprudents un instrument
de ruine et de désespoir.
A nous done d'apprendre à tout le monde les
bienfaits possibles de la chaux ! à nous d’en vulgariser
l'usage! à nous d’avertir les téméraires, et de les
prémunir contre le danger qui les menace : l’épui-
sement précoce de leurs terres s’ils se livrent à la
culture, en apparence trop lucrative, des céréales !
Le sol granitique du Limousin se refuse presque
partout, sans le secours de l’eau ou de l’élément
calcaire, à la production des plantes fourragères.
Depuis des siècles, on ne cultive chez nous d’autres
terres que celles qui peuvent être fertilisées par
l’engrais produit du foin de nos prairies naturelles.
Jusqu'ici les soins plus ou moins grands des culti-
vateurs pouvaient, il est vrai. augmenter la quantité
des fourrages naturels, et, par suite, la fertilité des
terres, mais cela, sauf de rares exceptions, dans une
proportion très-restreinte, et qui était loin de rému-
nérer le travail et l'intelligence de celui qui s’en
occupait assez pour obtenir un résultat appréciable.
La chaux, en dehors de la fertilité qu'elle donne à
nos terres, les rend toutes et dès l’abord propres à la
production du froment et des plantes fourragères, et,
en particulier, du trèfle, des jarosses, des vesces, des
maïs, des betteraves, etc.
Le cultivateur qui sait chauler peut augmenter
indéfiniment ses fourrages, et, avec eux, ses engrais.
648 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Chaque terre, en effet, pouvant devenir plus produc-
tive en fourrages que la meilleure prairie naturelle,
devra fournir elle seule et au-delà, par l’alternation
de ces fourrages et des céréales, l'élément nécessaire à
sa fertilité. On pourra bientôt, avec la chaux, dé-
fricher et livrer à la culture des terrains jusqu'ici
improductifs depuis la création. Nos bruyères pourront
disparaître, et, engraissées qu’elles seront tous les ans
de plus en plus, devenir plus fertiles que les plaines de
la Beauce ou du nord de la France ; car celles-ci n’ont
pour entretenir leur fertilité que les fourrages arti-
ficiels qu’elles produisent : le Limousin gardera
toujours comme fonds de réserve le foin de ses prairies
naturelles.
J'ai foi dans l'avenir agricole du Limousin, j'ai foi
dans sa prospérité, et je ne désespère pas de voir un
jour de vastes champs de froment et de trèfle là où
nous ne voyons aujourd’hui qu'ajoncs et fougères.
Je ne désespère pas de voir notre sol tripler et qua-
drupler de valeur; car les produits auront suivi la
même progression ascendante.
Unissons nos efforts, et, en léguant à nos enfants les
héritages que nous aurons reçus de nos pères, nous
leur laisserons les éléments d’une prospérité et d'un
bien-être qui sera notre ouvrage si nous savons en
temps utile tirer parti de cette fortune que Dieu nous
place sous la main.
Notre seconde création de 4859 a été, comme je le
disais, l’organisation des concours départementaux
d'animaux reproducteurs, inaugurés à Limoges le
25 avril de cette année.
Encourager l'élevage du bétail, travailler à l’amé-
MÉMOIRES. 649
lioration des races, c'est travailler au véritable
progrès de l’agriculture : le laboureur qui aimera et
soignera les bêtes de son étable sera forcément dé-
sireux de posséder des fourrages qui les feront pros-
pérer; et des fourrages on arrivera aux engrais,
pierre angulaire de l'édifice agricole.
Ai-je besoin de rappeler ici ce que fut notre premier
concours, de dire que les agriculteurs de la Haute-
Vienne répondirent dignement à notre appel, malgré
le court espace de temps qui leur fut donné pour se
préparer ?
Ai-je besoin de reporter l'imagination sur les quatre-
vingt-dix taureaux qui furent conduits sur la place
d'Orsay le 93 avril, et qui, par cette belle journée de
printemps, furent pour nous objet d’admiration et
d'orgueil.
Mais, ce qu’il est peut être nécessaire de dire parce
qu'on ne peut se lasser de le répéter à satiété, c'est que
chacun doit se faire un devoir de venir à cette fête
champêtre, et d'y mener le plus de bétail possible.
En créant les concours départementaux, nous avons
voulu encourager et améliorer l'élevage du bétail par
des primes à décerner aux meilleurs animaux repro-
ducteurs; mais nous avons aussi voulu créer une
solennité agricole qui, réunissant tous les ans, à un
jour donné, l'élite de notre race bovine, devienne
tout à la fois un moyen d’émulation pour les éleveurs,
et un marché où l'acquéreur sera certain d'avance de
trouver des animaux reproducteurs remarquables ,:et
le propriétaire des acquéreurs pour ce bétail, devant
l'élevage duquel on recule souvent faute de moyens
de s’en défaire à des prix rémunérateurs.
650 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Agriculteurs du Limousin, venez tous à notre
concours, et tous vous y gagnerez : vous qui n’y
conduirez pas de bétail, la vue des types remarquables
produits par vos voisins vous donnera le désir et l’envie
de les imiter; vous qui, trompés dans vos espérances,
n’y aurez pas obtenu la prime que vous désiriez, vous
y trouverez pour votre bête des acquéreurs à des prix
plus élevés que sur les marchés ordinaires;
Et vous tous enfin, vous y gagnerez si vous pouvez,
par l'éclat de votre fête, attirer de tous les coins de la
France des gens qui, lorsqu'ils connaîtront mieux le
mérite de nos élèves, deviendront forcément nos
tributaires pour leurs vaches, leurs étalons et leurs
bœufs, et en élèveront d'autant plus le prix que la
concurrence sera plus grande.
Nous sommes arrivé à la fin de notre tâche; et,
en terminant ce bien imparfait historique, qu’il me soit
permis de dire que nous sommes fier des travaux
accomplis dans cette centième année d'existence de
notre Société, année qui comptera parmi les meilleures
qui se sont enregistrées dans nos annales.
Mais, si nous avons accompli quelques travaux,
n'oublions pas qu'il nous reste beaucoup à faire. Réu-
nissons nos efforts ; ayons foi dans l'avenir, foi dans la
prospérité agricole du Limousin; travaillons à le
rendre de plus en plus fertile. Si l’on a dit que la
Touraine était le jardin de la France, qu’on puisse
dire un jour que le Limousin en est le jardin paysager,
avec ses frais ombrages, ses nombreux cours d'eaux et
ses vertes prairies !
DE L'INFLUENCE
DE
LA CUISSON A LA HOUILLE
SUR L'AVENIR
2x FABRIQUES BE PORCELAINE EN LIMOUSIN,
PAR M. F. ALLUAUD AINÉ.
QUESTION PROPOSÉE : Les fabriques de porcelaine qui s'élève-
raient dans le voisinage des houillères pourraient-elles donner lieu
à une concurrence dangereuse pour les fabriques du Limousin?
Dans le cas où cette concurrence serait à craindre, quels seraient
les moyens d'y remédier ?
Avant d'examiner cette question, il n'est pas
inutile de rappeler sommairement l'histoire de l'em-
ploi de la houille à la cuisson de la porcelaine.
De 1783 à 1788, des fabricants établis à Vincennes,
à Lille, à Bordeaux, et M. Poters en Angleterre,
essayèrent de substituer la houille au bois pour la
652 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
cuisson de cette poterie. — Le peu de succès de ces
tentatives les fit abandonner ; et, malgré l'élévation
progressive du prix des bois, la fabrication de la
_ porcelaine fit de rapides progrès, et prit une exten-
sion considérable dans les contrées de la France les
mieux boisées.
Tant que la porcelaine fut considérée comme un
objet de luxe, l’économie des procédés de cuisson
n'avait qu’un intérêt secondaire. — Le but essentiel
qu'il fallait atteindre consistait dans la beauté et la
réussite constante des produits. *
La concurrence qui s’éleva dans la suite entre des
fabriques dont le nombre et l'importance augmen-
taient chaque année fit abaisser dans d'énormes pro-
portions les prix de la porcelaine. — Ceux des vases
usuels de toutes sortes diminuèrent depuis le com-
mencement du siècle de plus de 60 p. °/. Mise ainsi
à la portée de toutes les classes de consommateurs, la
porcelaine s’introduisit dans tous les ménages, et
devint l’objet d’une fabrication et d’un commerce
de plus en plus considérables.
Dans cette nouvelle condition, l’économie des frais
de cuisson de la porcelaine ne fut plus à dédaigner.
Les effets de la concurrence avaient atteint leur
dernière limite, Les matières premières : pâte,
couverte, terre à gazettes, facons des pièces, tout,
excepté le bois et le travail des manœuvres, avait
diminué de prix; et, comme cette diminution n'était
pas en rapport avec celle des produits fabriqués, les
bénéfices incertains de la fabrication se résumaient
dans l’amélioration douteuse des procédés usités.
Au prix de 143 fr. le stère, chiffre auquel s’est élevé
MÉMOIRES. 653
le bois empilé sous la halle des fours, la cuisson de la
porcelaine, à Limoges, avec ce combustible, entre
pour plus d’un tiers dans le prix de revient total de
la fabrication.
Suivant M. Salvétat, chef des travaux chimiques
de la manufacture impériale de Sèvres (18° lecon,
p. 250), la réduction du prix de revient que l'emploi
de la houille doit procurer dans le Cher est d’environ
16 D. °/.
L’énorme différence qui existe entre les valeurs
calorifiques et les prix du bois et de la houille devait
déterminer les fabriques les plus rapprochées des
houiïllères à remplacer le bois par le combustible
minéral.
M. Vital-Roux, associé-gérant de la manufacture
de Noirlac dans le Cher, en fit les premiers essais
avec la houille de Commentry. Le résultat écono-
mique ne fut pas d’abord aussi satisfaisant qu’on
l’avait espéré ; mais enfin, si chaque fournée donnait
un certain nombre de pièces défectueuses, il s’en
trouvait de très-belles. On pouvait donc cuire la
porcelaine à la houille, et la question se réduisait au
choix du combustible, à la direction des feux, à
l'emploi des moyens susceptibles d'éviter les incon-
vénients qui s'étaient manifestés dans les premières
fournées.
Convaincu que , avec de la persévérance, la cuisson
de la porcelaine avec la houille aurait un succès
complet, M. Vital-Roux, secondé par M. Ebelmen,
le savant successeur d'A. Brongniard dans l’adminis-
tration de la manufacture impériale de Sèvres, y
introduisit le nouveau procédé de cuisson, et la
654 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
beauté des produits qu'il en retira vint justifier ses
espérances.
Dans le rapport que M. Ebelmen fit, à ce sujet, à
S. Exc. le ministre de l'agriculture et du commerce,
il exprime l'opinion que les fours au bois ne
pourraient soutenir la concurrence des fours à la
houille, et que la fabrication de la porcelaine serait
forcément obligée de se déplacer, et de s'établir dans
le voisinage des houillères.
« Il faut, disait M. Ebelmen, sept à huit parties de
houille pour cuire une partie de porcelaine : on
conçoit, d’après cela, qu'il sera beaucoup plus écono-
mique de transporter les pâtes toutes préparées vers
les mines de houille que de faire arriver la houille
près des carrières de kaolin. — Les manufactures de
porcelaine viendront se grouper autour des mines
de houille, à côté de tant d’autres ateliers industriels
dont les conditions d’existence ont été radicalement
changées quand on à pu remplacer le bois par le
combustible minéral. La cuisson de la porcelaine avec
la houïille, le déplacement progressif des manufac-
tures et la concentration inévitable de la fabrication
dans de grands établissements, amèneront, sans
doute, une réduction notable dans les prix, déjà
modiques , de la porcelaine; mais il est à désirer que
les fabricants français se préoccupent, dès à présent,
de la lutte que leurs produits auront peut-être à
soutenir plus tard sur les marchés étrangers. N'ou-
blions pas que d’autres pays que le nôtre possèdent à
la fois de grandes richesses en houille et tous les
matériaux nécessaires à la fabrication de la porce-
laine dure. »
MÉMOIRES. 655
Si le succès de la cuisson de la porcelaine avec la
houille proclamé par un homme aussi haut placé
dans la.science que M. Ebelmen devait inspirer une
grande confiance, d’un autre côté, les craintes,
peut-être plus spécieuses que fondées, qu'il avait
exprimées sur le déplacement forcé de l’industrie
porcelainière se joignaient à plusieurs considérations
économiques qui semblaient s'opposer à l’adoption
générale du nouveau procédé de cuisson. Celui de
M. Vital-Roux était breveté. L'acquisition du brevet
et les dépenses qu'exigeait la transformation des fours
au bois en fours à la houille nécessitaient une avance
de capitaux qu’un grand nombre de fabricants
n'étaient pas en position de faire. A tort ou à raison,
des fabricants craignaient aussi que l'économie qu'on
obtiendrait dans les frais de cuisson, en augmentant
la production et la concurrence, ne rendît la vente
moins favorable à leurs intérêts qu'à ceux des con-
sommateurs. Les succès obtenus à Sèvres dans des
fours de petite dimension, et placés sous l’habile
direction des chefs de cette manufacture, n’offraient
pas de sérieuses garanties pour la réussite des mêmes
procédés appliqués à des fours d’une dimension plus
grande, et dirigés par des chefs et des ouvriers moins
expérimentés. Les rapports qu'il fallait observer entre
la section des grilles, la capacité de chaque four et la
section des cheminées, n'avaient pas été déterminés ;
et, dans cette situation, la cuisson de la porcelaine à
la houille ne pouvait se propager qu'avec lenteur.
Elle fut d’abord introduite dans les fabriques les plus
rapprochées des houillères de Commentry : celles de
Noirlac, Foëcy, Mehun, Vierzon, Nevers, en trans-
656 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
formant une partie de leurs fours en fours à la houille,
obtinrent une diminution dans le prix du bois par
l'effet de la concurrence du nouveau combustible
minéral ; et ce fut là peut-être leur premier et leur
plus important bénéfice. La fabrique de Bordeaux, à
raison de ses relations avec l'Angleterre, et les fa-
briques de Belgique, placées dans le voisinage des
houilles les plus flambantes du continent, suivirent
de près l'exemple des fabriques du Berry.
Le groupe des fours à porcelaine le plus nombreux,
celui du Limousin, éloigné de nos bassins houillers ,
et privé des moyens de transport économiques que
la navigation fluviale, les canaux et les chemins de
fer procuraient à d’autres contrées, fut forcé de se
laisser devancer dans ce nouveau progrès, et vit son
existence compromise par la hausse excessive du prix
des bois.
La construction du chemin de fer d'Orléans jusqu'à
Limoges améliora la position économique de ses ma-
nufactures de porcelaine. L'alimentation des fours
avec la houille était assurée désormais par cette voie
nouvelle de transport, et alors chacun se mit à
l'œuvre avec l'appareil de combustion auquel il donna
la préférence.
Lors de l’exposition du centre de la France, en 1858,
le groupe des manufactures du Limousin comptait
52 fours au bois et 10 fours à la houille. Aujourd’hui
le nombre de ces fours est de 65, dont 54 au bois et
1% à la houille. Ce nombre serait plus grand si des
circonstances indépendantes de la volonté de quelques
fabricants ne les eussent empêchés d'adopter le
nouveau procédé de cuisson. Ceux qui ne possédaient
MÉMOIRES. 657
qu'un seul four ne pouvaient le transformer à la
houille sans s'exposer à compromettre leurs intérêts
par une interruption de travail et une suspension
d'affaires de plusieurs mois. D’autres fabricants ne
sont pas propriétaires des manufactures qu’ils ex-
ploitent; et, comme ils sont obligés de les rendre à
fin de bail dans l’état où ils les ont prises, ils ne
pouvaient changer la destination de leurs fours sans
l'autorisation des propriétaires , qui ne consentaient à
l’accorder qu’à des conditions onéreuses pour leurs
fermiers.
Les fabricants du Limousin, on le voit, n’ont été
arrêtés ni par la crainte d'un déplacement forcé, ni
par celle de la concurrence qui pourrait s'élever plus
tard sur les bassins houillers. Ces craintes, dont
l’Institut des Provinces s’est ému, font l’objet de la
question qu’il a soumise à l'examen du Congrès dans
l'intérêt de l’industrie porcelainière du Limousin. La
solution de cette question nous apprendra si nos
manufacturiers ont été bien ou mal inspirés en trans-
formant une partie de leurs fours au bois en fours à
la houille.
Remarquons d’abord que, après avoir soutenu sans
trop de désavantage la concurrence des manufac-
tures qui se procuraient leur approvisionnement de
bois à 6 ou 7 fr. le stère lorsqu'il en valait de 410 à 12
à Limoges, ses fabricants, sans trop se préoccuper de
l'avenir, ont pensé qu’il leur était avantageux de
réaliser les sommes énormes qu'ils avaient comme
immobilisées dans leurs approvisionnements de bois,
et de profiter de l'économie que la cuisson de la por-
celaine avec la houille leur permettait de faire, afin
42
658 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de se mettre en mesure de mieux soutenir la lutte
industrielle qui pourrait un jour leur être suscitée.
Comme M. Ebelmen, M. Salvétat (p. 253, 18° lecon)
trouve.que la cuisson de 4 kil. de porcelaine exige
8 kil. de houille. Ces calculs, fondés sur les expé-
riences faites à Sèvres, sont incontestables ; mais les
produits de la manufacture impériale se distinguent
par leur légèreté; les vases usuels en porcelaine si
abondamment répandus dans le commerce sont près
de deux fois plus pesants, et leur fabrication ne peut
être assimilée à celle de Sèvres : celle-ci s'applique à
des objets d'art, de goût et de luxe; l’autre, à des
objets d’un prix modique et d'une grande consom-—
mation. Si les produits de Sèvres descendaient un
jour, ce qui n’est pas possible, aux prix des porce-
laines usuelles, les fabriques similaires qui s'éta-
bliraient dans le voisinage des houillères leur feraient
une Concurrence dangereuse. Quant à la fabrication
des porcelaines du Limousin, des calculs fondés sur
l'expérience prouveront que cette concurrence ne doit
pas inspirer de craintes sérieuses.
Dans un four d’une capacité de 42 mètres cubes,
cuisant dans de bonnes conditions, à une température
à peu près ég'ale à celle des fours de Sèvres, on a
brûlé dans deux fournées 212 hectolitres de charbon
de Commentry, soit, par fournée, 406 hectolitres,
pesant 8,480 kil.,' soit 8 tonnes et demie.
On a retiré de la première fournée.. 1,878 kil.
On a retiré de la deuxième........ 1,730
PASEMIDIES". . 2.0. .. 3,608 kil. de
porcelaine translucide, très-blanche et bien glacée.
La moyenne du poids d’une fournée est de 1,804 kil.
MÉMOIRES. 659
Un kilogramme de cette porcelaine a exigé pour sa
cuisson #5 — 4 kil. 700 grammes de houille.
Dans un autre four de 52 mm. cubes, on a con-
sommé 250 hectol. de houille en deux fournées; soit,
par fournée, 125 hectol., pesant 10,000 kil., soit
10 tonnes. Le poids de la porcelaine s’est trouvé :
Dans la première fournée, de. ........ 2,325 kil.
Dansdardeuxièmer denis te "BE 2,178
Ensemble’... 144221 4,503
dont la moyenne est de 2,251 kilog.
Un kilogramme de cette porcelaine a brûlé 2°
— 4 kil. 441 grammes.
La moyenne de ces deux expériences est de 4 kil.
570 gr. de houille pour la cuisson d’un kilogramme de
porcelaine; soit 4 1/2 tonnes de houille au lieu de
8 tonnes qu’on brûle à Sèvres pour cuire une tonne de
porcelaine.
Ce n’est pas tout : pour obtenir, après cuisson,
100 kil. de porcelaine, il faut plus de 100 kil.
de pâte; l'argile qui entre dans sa composition
est hydratée, et contient jusqu'à 16 p. ° d’eau
combinée, qui ne se dégage qu’au rouge cerise, à une
température de 8 ou 900. Si à la perte de l’eau on
ajoute les déchets que la pâte éprouve dans les mani-
pulations diverses dont elle est l’objet et le poids des
emballages nécessaires à son transport, on ne peut
évaluer à moins de 10 /, en sus d’un poids de porce-
laine donné la quantité de pâte nécessaire pour la
produire... D’après la moyenne des deux expériences
précitées, il fant 4 tonnes 1/2 de houille pour cuire
une tonne de porcelaine dont la fabrication a exigé
l'emploi de 1,100 kil. de pâte : donc, pour fabriquer
660 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
une tonne de porcelaine dans le voisinage de Com-
mentry par exemple, on paiera, pour le transport
de la pâte partant de Limoges, 8 centimes par tonne
et par kilomètre, plus 1 fr. 50 c. pour frais de manu-
tention. La distance à parcourir de Limoges à Vierzon
est de 200 kilomètres : la dépense sera, par kilomètre
de 0 fr. 088, et, pour la distance totale, de #. e.
Fa ee PA SE ARE - 19 25
Transport par le canal du Cher jusqu'à
Montlucon, à 3 fr. la fonne..:............. 3 30
ENSEMBLE Le ofe re des retorale 22 55
total du prix de transport de 1,100 kil. de pâte de
Limoges à Commentry ou Montlucon.
La fabrique de Limoges, pour cuire une tonne de
porcelaine, paie aujourd’hui le transport de 4 tonnes
1/2 de houïille , à raison de 13 fr. la tonne, montant à
58 fr. 50 c.
La différence entre les deux fabriques est de 35 fr. 95 c.
en faveur de celle de Montluçon. Or une tonne de por-
celaine en vases usuels vaut, en moyenne, la somme
de 900 fr. La fabrique de Limoges, supportant un
excédant de frais de 35 fr. 95 c., éprouve un préjudice
de 4 p.‘/sur la fabrication d’une tonne de marchandise.
Quelque sensible que soit cette perte, elle ne suffit pas
pour motiver la suspension du travail dans les manu-—
factures du Limousin, et encore moins leur déplace-
ment ou leur abandon.
Il est toutefois une hypothèse moins rassurante
pour ces fabriques : celle où l’on découvrirait dans
le voisinage des houillères de Commentry tous les
matériaux nécessaires à la fabrication de la porcelaine:
les manufactures du Limousin résisteraient plus
MÉMOIRES. 661
difficilement à leur concurrence. Pour la cuisson
d’une fournée d'une valeur moyennne de 1,800 fr.,
elles auraient à supporter la surcharge du transport
de 8 tonnes 1/2 de houille, qui, à 43 fr., leur impose-
rait par fournée un sacrifice net de 440 fr. 50 br
environ 6 p."/ sur le prix de la vente. Ce serait assuré
ment une perte énorme pour les fabriques du Limousin,
une perte qui leur enlèverait le plus net de leurs béné-
fices , mais dont l’importance pourrait être diminuée
sensiblement par la construction d’un chemin de fer
direct de Limoges à Montluçon.
Les carrières de kaolin et de feldspath ne se trou-
vent pas dans le voisinage des bassins houillers de la
France, et, pour y attirer la fabrication de la porce-
laine, il faudrait encore y découvrir les argiles et les
sables réfractaires pour les briques, les gazettes, les
rondeaux , les colombins qu’exige cette fabrication et
que les manufactures du Limousin trouvent, en
quantité suffisante, dans un rayon assez rapproché
pour tous leurs besoins.
Ces manufactures, quoique moins bien placées que
celles du Berry, du Bourbonnais et du Nivernais pour
se procurer le combustible minéral, ont soutenu leur
concurrence sans trop de désavantage.
La Belgique possède les houillères les plus riches et
les plus abondantes du continent européen. Il s'y est
établi, dans d'excellentes conditions, un groupe de
fours à porcelaine cuisant à la houille; mais la
Belgique n’a point de kaolin : c’est de Limoges qu’elle
tire la pâte et la couverte nécessaires à ses manufac-
tures; et, comme la distance de Limoges au centre de
la Belgique est trois fois plus grande que celle de
662 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Limoges aux mines de Commentry, il s'ensuit que
les fabriques belges perdent sur le transport des pâtes
une partie de ce qu'elles gagnent à la proximité de
leurs bassins houillers, de même que Limoges
retrouve dans la possession locale de toutes les
matières premières nécessairés à ses manufactures des
avantages assez grands pour supporter l'accroissement
des frais de transport que son éloignement deshouillères
lui impose.
Le Limousin possède 34 manufactures de porcelaine.
Le nombre de leurs fours est de 65. Chaque four fait
ou peut faire 50 fournées par an. L'ensemble de sa
fabrication de porcelaine blanclie peut s'élever à 3,250
fournées, représentant une valeur de 6,500,000 fr. Le
Limousin a mis soixante ans pour former le personnel
de ses artistes et de ses ouvriers porcelainiers. Un
personnel aussi considérable ne peut être improvisé
dans les centres de fabrication qu'on essaiera de créer
sur les mines de houille. Voudra-t-on l'enlever aux
anciens établissements ? On n’y réussira qu’au prix
d'énormes sacrifices, qui élèveront de 25 à 30 p. °/ le
tarif des pièces fabriquées à facon. Tentera-t-on de le
former avec les populations locales? Mais alors il Y
faudra mettre le temps, et, avant d’y réussir, que
d'écoles , de ruines, dont le Limousin à fait largement
les frais avant que ses fabriques se soient élevées à Ja
situation prospère où elles sont aujourd'hui !
Cette situation est le fruit du temps, des capitaux
considérables qu’on a immobilisés dans ses manu-
factures de porcelaine , des fonds de roulement, non
moins considérables, qui en vivifient les travaux:
c'est le fruit du concours de dix-sept ateliers de
MÉMOIRES. 663
peinture qui se sout établis dans leur voisinage, de
celui de trente maisons de commission et de commerce
qu'on a fondées à Limoges pour la vente des produits
de ses manufactures dans toutes les parties du monde,
et notamment en Amérique.
Ces avantages, l'esprit d'association peut sans doute
les réunir dans le voisinage des houillères; mais,
lorsque l'industrie d’une ville joint à ces avantages de
bonnes traditions de famille, des habitudes d'ordre et
d'économie ; lorsqu'elle a acquis la connaissance des
usages et des besoins de l'étranger; lorsque, par
l'ancienneté de ses relations, par la loyauté de ses
transactions, elle a capté sa confiance, cette industrie,
quelles que soient les luttes et la concurrence qu'elle
ait à soutenir , doit finir par en triompher.
Les fabriques du Limousin ont acquis par une
longue expérience tous ces éléments de prospérité.
Quoi qu'on fasse ou qu'il arrive, leur industrie
erandira encore ; et se maintiendra par la même
raison que l’industrie des tapis -se maintient à Au-—
busson, à Felletin, à Beauvais; que l'industrie des
draps se maintient à Elbeuf, à Louviers ; que les
industries diverses de Bolbée, de Rouen, de Lille,
de Roubaix , Tarare, Mulhouse, Lyon, St-Étienne ,
prospèrent et grandissent malgré la concurrence que,
à différentes époques, on a essayé de leur susciter
dans d’autres localités.
Mais, alors que les fabricants du Limousin se
feraient illusion à ce sujet, ils ont un motif de con-
fiance et de sécurité qui les doit rassurer complètement
pour leur avenir : c’est qu'ils possèdent les carrières
de kaolin et de feldspath les plus pures et les plus
664 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
abondantes que l’on connaisse dans le monde. On a
fait et l’on fera long-temps encore de la porcelaine
avec les kaolins des Hautes-Pyrénées, avec ceux du
Bourbonnais, de la Basse-Normandie, de la pointe de
Cornwailles en Angleterre, comme on en fait en
Allemagne avec les kaolins de Passau, d’Aue; mais
cette porcelaine ne possède pas l'ensemble des qualités
qui caractérisent la porcelaine du Limousin: la solidité,
la transparence, la blancheur de la pâte ; l'éclat, le
glacé, le brillant de l'émail qui la recouvre. Tant
que les porcelaines de Limoges conserveront ces
qualités supérieures, elles obtiendront la préférence
des consommateurs et du commerce, et n’auront rien
à craindre de la rivalité des fabriques nouvelles qui
pourront s'établir sur les houillères de la France.
Est-ce à dire que les fabricants du Limousin,
sans nul souci de l'avenir, doivent s'endormir dans
l’heureuse position où ils se trouvent, et que le pays
n'a à faire aucun effort pour la conserver ? Ce serait
une faute énorme. À une époque de progrès comme
celle où nous vivons, c’est pour tous une nécessité de
le suivre, sous peine de se laisser dépasser, et de rester
en arrière. Limoges a créé des écoles de dessin, de
peinture et de modelage. Quelques-unes sont encore
récentes , il est vrai; mais il est utile de les améliorer
pour qu’elles satisfassent au besoin d’un bon ensei-
gnement.
Le musée de la ville est loin de réunir les divers
genres de sculpture et de peinture qu'il est indispen-
sable d’y rassembler pour former le goût des artistes,
et leur inspirer, par la vue et l'étude de quelques bons
modèles, les idées de ce qui caractérise le beau dans
MÉMOIRES. 665
les arts. L'administration municipale de la ville n’hé-
sitera pas, dès que sa position financière le permettra,
à faire construire des galeries mieux appropriées à
l'étude des collections qui y seront déposées.
D’autres sacrifices seront aussi demandés au pays
dans l'intérêt de l’industrie du Limousin , comme dans
celui du commerce général de la France. Limoges,
placée au centre de la France, n’a qu’un seul débouché
vers le nord par le chemin de fer d'Orléans. La ligne
du sud par Périgueux et Agen esten cours d'exécution.
Sur les directions de l’est et de l’ouest, aucun projet
n’est arrêté.
Les houilles de Commentry , au lieu d'arriver direc-
tement à Limoges, n'y parviennent que par Vierzon
après avoir payé des frais considérables de navigation
et de transbordement sur le canal du Cher. Vienne
donc le jour où les voies de transport qui manquent en
Limousin seront ouvertes au commerce général de la
France, etses manufactures , recevant leurs approvi-
sionnements et écoulant leurs produits dans toutes les
directions et dans des conditions plus économiques et
plus faciles, trouveront dans cette position nouvelle
tout ce qui est nécessaire à leurs progrès, à leur pros-
périté, et à la part de plus en plus importante qu’elles
prendront à l'accroissement de la richesse publique.
ORIGINES
DE LA
MANUFACTURE DE TAPISSERIES
D'AUBUSSON,
PAR M. CYPRIEN PÉRATHON.
En recherchant les éléments d'une histoire de la
fabrication des tapisseries d'Aubusson et de Felletin
duthuis leur origine jusqu'à nos jours, ce qui est
l’objet d'une des questions soumises à l'examen du
Congrès scientifique de France (26° session, Limoges,
septembre 1859), nous avons été conduit à distinguer
trois périodes principales (4).
Depuis l’antiquité jusqu'au milieu du xvr° siècle,
des textes nombreux ouvrent un large champ aux
conjectures. Il est difficile de les compléter par l'étude
des monuments eux-mêmes; et spécialement, en ce
(1) Nous sommes heureux de remercier ici M. P. Poyet,
ingénieur des mines à Aubusson, de l'obligeance avec laquelle
il a mis à notre disposition le produit de ses laborieuses et
intelligentes recherches sur cette question.
CR
MÉMOIRES. 667
qui concerne les tapisseries d’Aubusson et de ses
environs , on est réduit aux hypothèses.
Depuis Francois I jusqu’à Colbert, divers édits
établissent l'importance antérieure et contemporaine
de ces fabriques. On comprend que, à la fin de cette
période, cette importance avait décru, mais qu’elle
était encore considérable.
A dater de 1665 jusqu'à la révolution, on tend, à
travers des périodes de progrès et de décadence, à
appliquer les règlements de Colbert. Les rapports des
intendants, divers mémoires particuliers, les produits
matériels qui subsistent encore, fournissent une
ample matière aux recherches des érudits.
Ces trois époques forment la division naturelle de
cette étude.
I. — Les tapisseries jusqu’à l’édit de Tonnerre de
1549. — Origines. — Tapis sarrasinois et de haute-
lice.
II. — 1542-1665. — Tapisseries de Marche. —
Tapisseries de basse-lice.
III. —1665-1789.— Colbert. — Manufacture royale
de tapisseries.
PREMIÈRE PARTIE.
Origines proprement dites.
Lorsque, en 4664, sur l’ordre de Louis XIV, les
habitants d’Aubusson se réunirent en assemblée
générale, le 28 septembre, pour rendre compte à
Colbert de la situation de leur manufacture de tapis-
series, ils exposèrent « que l'établissement en est de
668 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCH.
temps immémorial, sans que l’on en sache la pre-
mière institution. » Cette délibération est le plus
ancien document sur cette matière que possèdent nos
archives municipales. Elle a été certainement rédigée
par un homme de savoir : elle témoigne à la fois de
l'opinion qui existait, dès le milieu du xvr' siècle,
sur l’antiquité de la fabrique d’Aubusson, et de l’ab-
sence de toute théorie sur son origine.
Divers mémoires déposés aux archives impériales, à
Paris, contenant l'historique des manufactures d’Au-
busson et de Felletin, et les rapports si remarquables
des intendants de la généralité de Moulins (1665-1698),
parlent aussi, mais en termes très-vagues, de l’an-
cienneté de ces établissements.
C’est en 1783 seulement, dans un mémoire de
M. de Châteaufavier, inspecteur des manufactures
d’Aubusson et de Felletin, qui a été inséré dans
l'Encyclopédie méthodique, tome CVIII, que nous
lisons {1}: « L'origine des manufactures d’Aubusson
et de Felletin est si reculée qu’elle se perd dans
la nuit des temps. Il est vraisemblable que leur
ancienneté est à peu près la même; mais on ne
peut, à défaut de titres justificatifs, entrer dans
des détails historiques à cet égard. On se per-
mettra cependant de dire, d'après un ancien
mémoire (2), et suivant l'opinion commune, que
ces manufactures doivent leur naissance aux Sar-
rasins, qui, répandus, vers l’an 730, dans la
(1) Manufactures et Arts, T.II, Paris, 1784.
(2) 11 est regrettable que M. de Châteaufavier n'ait pas
établi la valeur historique de cette pièce.
MÉMOIRES. 669
Marche, donnèrent à ses habitants naturels Îles
premiers éléments de l’art de fabriquer les tapisse-
ries, et que, après l'expulsion des Sarrasins des
Gaules, un vicomte de la Marche, jaloux, sans
doute, d'illustrer le chef-lieu de sa seigneurie, fit
venir à ses frais des meilleurs tapissiers de Flan-
dre, les établit à Aubusson pour cultiver et per-
fectionner la fabrication des tapisseries, qui était
pour lors à son berceau. Voilà tout ce qui est
écrit et transmis par la tradition sur cet objet.
On croit de la prudence de n’en point garantir
l’authenticité. »
On voit avec quelle timidité a été produite
l'opinion qui rapporte aux Sarrasins l’origine indus-
trielle d’Aubusson : néanmoins elle a fait son
chemin. Trente ans plus tard, un historien de la
Marche l’adoptait, sans nouvelles preuves à l’ap-
pui, comme pleine de vraisemblance (1), et depuis
elle à été mentionnée par tous les écrivains qui
ont traité d'Aubusson et de sa principale indus-
trie.
Du reste, le système présenté par M. de Château-
favier n'avait pas le mérite d’être nouveau : il ne
faisait qu’appliquer à son pays natal une ancienne
et vague conjecture. En 14632, Pierre du Pont,
un des premiers tapissiers de La Savonnerie, écri-
vait (2) : « Il est à présumer que, apres l’entiere
(1) JouLLIETTON, Histoire de la Marchenel du pays de Com-
braîlles, T. 1, p. 84, 2 vol. in-8; Guéret, 1814-1815, Chez
Betoulle.
(2) Stromatourgie, ou de l'Excellence de la manufacture des
Tapis dits de Turquie, nouvellement establie en France sous la
670 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ruine des Sarrazins par Charles Martel, en l'an
726, quelques uns d’iceux, qui scavoient faire
* de ces tapis, fugitifs et vagabons, ou possible
rechappés de la défaite, s’habituerent en France
pour gaigner leur vie, et commencerent à faire
et establir cette manufacture de tapis sarrazinois.
De scavoir de quelle fabrique ni de quelle méthode
ou estoffe estoient faits les dits tapis, on n’en
peut juger si non que l’on voit par la sentence
de 1302 que ces tapissiers sarrazinois sont institués
beaucoup devant les tapissiers la haute-lice, et
estoient en possession dés ,long-temps, mais sur
leur déclin, et que lesdits tapissiers de haute-lice
commencoient à naistre pour ensevelir et mettre
hors lesdits Sarrazinois comme ils ont fait. »
Ce qui est incontestable, c'est que, depuis la
chute de l'empire d'Occident, Byzance conservait
seule le secret de l’antique civilisation. Les Carlo-
vingiens avaient adopté ses arts -et jusqu'à ses
costumes; les flottes de Venise s'approvisionnaient
en Orient. Ce fut surtout à l’époque des croisades
que les récits des voyageurs, les émigrations
d'artistes, les importations de meubles et d’étoffes,
portèrent au plus haut point la vogue des produits
orientaux. Des textes nombreux témoignent de
l'admiration avec laquelle on accueillait en France
les riches tissus des Grecs et des musulmans, et
des heureuses tentatives qui furent faites pour les
imiter. Le modèle venait d'outre-mer, et les imi-
conduite de noble Lomme Pierre du Pont : à Paris, en la galerie
du Louvre, 1632, in-4.
MÉMOIRES. 671
tations produites à Venise ou à Arras étaient répu-
tées faites de main sarrazinoise. On appellait sarrazinois
les tapis dans le genre oriental et les ouvriers qui les
exécutaient; et c’est dans cette expression, devenue
vulgaire, mais dont le vrai sens avait fini parse perdre,
qu'il faut, suivant toute probabilité, chercher l’expli-
cation de ve légende qui fait remonter au viri® sièele
le début de nos manufactures (1).
La fabrication des tapis sarrasinois était importante
au xi° siècle, et les ouvriers de cette industrie
formaient, dès le règne de Philippe- Auguste, une
corporation à laquelle le pouvoir royal accorda
plusieurs priviléges. Tapis sarrasinois désignait donc
(1) Voici néanmoins quelques faits qui ont été présentés à
l'appui de l’assertion de M. Châteaufavier. Les armoiries de
la ville d’Aubusson (V. le Wobiliaire de Nadaud, édité par
M. l'abbé Roy-Pierrefitte, in-8, Limoges, Chapoulaud frères.
T.1.p. 59 et 126) sont d'argent à un buisson de sinople, avec
un chef d'azur chargé d’un croissant d'argent accosté de deux
étoiles de même. Ce croissant ferait-il allusion à l’origine
sarrasinoise de la cité? Le blason de l'antique famille
Aubusson-Lafeuillade est surmonté d’une tête de more.
Serait-ce quelque chose de plus qu’un souvenir des croisades ?
Du reste, ces divers attributs ne se retrouvent pas sur un
sceau de Ranulphe d'Aubusson de la seconde moitié du
xiue siècle, qui est assez peu Connu pour que nous croyions
utile de le décrire d'après le Trésor de Numismatique et de
Glyptique. 11 représente un donjon (c'est l'aspect du donjon
dont on voit encore les belles ruines à Aubusson ), et dans le
champ : ALBVSIO, avec la légende: + SIGILLVM. RAMNVLFI.
ALBVCONIS. Au Contre-sceau est un lion marchant à droite.
On à remarqué aussi que les personnages de nos anciennes
tapisseries se détachent pièce à pièce, et semblent rapportés:
ce qui est, en effet, dans la manière des orientaux et des
672 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
un produit indigène. Ainsi on lit dans le Livre des
Mestiers d'Estienne Boileau de 1260 : « Quiconques
veut estre tapicier de tapis sarrazinois à Paris estre le
puet franchement ». Les tapis exécutés dans le Levant
étaient expressément désignés comme tels, car nous
lisons dans l’Inventaire des ducs de Bourgogne (1398) :
« Pour douze tappis veluz du païs de Turquie, dont
il yen a dix petits et deux moyens ». Les tapisseries
destinées à couvrir les murailles étaient relativement
communes : les tapis velus ou de Turquie devant
être étendus sur le parquet étaient des objets de luxe
réservés aux habitations opulentes et aux sanctuaires
les plus vénérés.
Ne perdons pas de vue toutefois que le mouvement
industriel du xxr° siècle ne fut qu'une renaissance, et
que les ouvrages en tapisserie ne firent alors que
reparaître. Long-temps avant les Sarrasins, aux jours
glorieux de la Gaule indépendante, l’art des tissus
existait chez les Atrébates, habitants de l’Artois et de
la Flandre. Ces contrées étaient renommées dans tout
le monde romain par leurs fabriques de saies rouges,
et on doit remarquer en passant à quelle date loin-
taine remonte leur réputation industrielle. C’est là
Sarrasins. D’après Joullietton, une urne cinéraire avec ins-
cription en caractères arabes, et, tout récemment, une
monnaie arabe de forme ancienne et alheureusement fondue
avant d’avoir pu être étudiée, ont été trouvées sur le so] de la
Marche. Quant à la prétendue voie sarrasine, appelée aussi
romaine, qui aboutissait à Aubusson, quoiqu'elle soit ainsi
désignée sur le tableau d'assemblage du cadastre, elle porte
le nom de chemin des Beaulz dans le terrier de la seigneurie de
Saint-Marc-à-Frongier de 1565.
MÉMOIRES. 673
que nous verrons, au xrI° siècle, les débuts de la
fabrication des tapisseries de basse-lice. Au temps
de Pline, et suivant son témoignage {{), les ouvriers
gaulois rivalisaient avec ceux de Babylone et
d'Alexandrie dans le travail des tissus que l’on est
convenu de désigner sous le nom de tapis. Toutefois
l'importation des tapis de l'Orient fut toujours considé-
rable, et, aux derniers jours de la civilisation romaine,
elle était sans rivale. C’est ce qui ressort d’une lettre de
Sidoïine Apollinaire où est décrite une tapisserie de
Perse à sujets (2). On paraît alors avoir spécialement
affectionné la représentation des scènes de chasse : les
objets figurés étaient probablement de petite di-
mension et à teintes plates.
L'art du tapissier ne périt pas tout à fait dans les
Gaules avec la civilisation antique, et ce fut grâce au
catholicisme. « A l’origine du régime féodal, a
remarqué M. Buchez (3), la puissance du clergé
devint une des circonstances les plus heureuses au
milieu des désordres inséparables du nouveau système
social. Les populations laborieuses se groupèrent
autour des abbayes à l’abri des franchises des églises
et des cloîtres. La paix y régnait, le travail y
florissait, les richesses s’y accumulaient. Ce furent
comme des îles réservées à la pratique des arts
libéraux et des arts utiles au milieu de la tourmente
qui grondait autour d'elles. » On avait commencé par
couvrir le sol des basiliques d’herbes, de feuilles et
(1) ist. nat., lib. VIIT, cap. XLVII.
(2) €. S. À. Sid. Epist., lib. IX, ep. XIII, carm. 2.
(3) Formation de lu nationalité française : Paris, Dubuisson
et Cie, 1859, T. II, p. 138.
43
674 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de fleurs. Mais les évêques firent-ils venir des
ouvriers de Constantinople ou de l'Italie? employè-
rent-ils des musulmans oubliés dans l’Aquitaine après
la bataille de Poitiers, ou, ce qui est plus probable,
trouvèrent-ils des hommes assez industrieux parmi
nos propres ancêtres? Il est constant que, dès le
ix° siècle, on voit les tapis employés à décorer les
églises. Celle d'Auxerre, vers 830, en était ornée par
son évêque saint Angelme. En 985, dans l’abbaye de
Saint-Florent de Saumur, les religieux exécutaient
des tapisseries de toutes sortes. Vers la même époque,
Poitiers possédait une de ces fabriques, et les produits
en étaient recherchés par les évêques de l'Italie elle-
même.
I semble même ressortir d’un manuscrit de la
Bibliothèque impériale qu'on fabriquait des tapis à
Limoges au x1° siècle :
« Puis s'en monta en unes loges,
Et fist un tapi de Limoges
Devant lui à la tere estendre..….
Érec s’asist de l’autre part
Dessus l’ymage d’un lupart
Qui el tapis estoit portraite (1) ».
On ne s’en étonnera guère en songeantaux relations
qui existaient alors entre le centre de la France et
Venise, le grand commissionnaire pour l'Orient. Il
paraît établi que l'émaillure limousine se rattache par
(1) M. Francisque Michel: Recherches sur le commerce, la
fabrication et l'usage des étofes de soie, d'or et d'argent du vie au
xvile siècle, T. II, p. 405 : Paris, 1854. — Ajoutons que
M. Maurice Ardant à relevé, aux archives de Limoges, le
nom d'un {apissier de 1457.
MÉMOIRES. 675
Venise à l’art byzantin, et que certaines églises du
Limousin et des provinces voisines rappellent exacte-—
ment le type oriental. La Marche a toujours fait partie
du diocèse de Limoges : il est donc possible que l’in-
fluence byzantine, au moins pour les tapis, ait
rayonné jusque chez nous.
« 11 y avoit autrefois à Limoges, dit le P. de Saint-
Amable (4), une rue nommée Vénitienne (cette rue
porte encore ce nom), et cette rue Vénitienne et son
faubourg étoient habités par des marchands vénitiens.
Ce qui commenca l'an 979, et ce qui obligea les
Vénitiens de bâtir ce faubourg et de se loger à Limoges
fut à cause du commerce des épiceries et autres étoffes
du Levant, lesquelles ils faisoient venir sur leurs
navires , par la voie d'Égypte, à Marseille, et conduire
par voiture à Limoges, où ils en avoient établi un
grand magasin, d'où une bonne partie du royaume
tiroit ce qui leur faisoit besoin. »
Le monument le plus précieux de cette époque est
l'ouvrage généralement attribué à la comtesse Mathilde
de Flandre, femme de Guillaume le Conquérant,
exécuté vers 1080, et célèbre sous le nom de
tapisserie de Bayeux. On voit encore dans le musée de
cette ville cet intéressant spécimen de l’art du x1I°
siècle. C’est une immense toile de lin de 70 mètres de
longueur sur 50 centimètres de hauteur, sur laquelle
des figures tracées avec de la laine couchée et croisée
représentent l’histoire de la conquête de l'Angleterre
par les Normands. Des légendes latines expliquent
chaque action. Les inventaires de la cour de Bourgo-
gne , en 4420 , font mention d’une tapisserie analogue.
(1) Histoire de saint Martial, T. III, p. 372.
676 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
L'art de fabriquer les tapisseries existait donc en
France avant les croisades (1095 - 1270). C'était une
industrie toute privée, cultivée par les religieux et les
femmes des hauts barons, qui trouvaient là une dis-
traction contre l’ennui des sombres demeures féodales.
On représentait habituellement des scènes de la Bible et
de l’Apocalypse, des portraits de rois et d’empereurs,
quelquefois des sagittaires, des lions et d’autres
animaux imaginaires ou réels. Ces ouvrages étaient
en laine, brodés ou cousus sur un canevas de fil de
lin ou de chanvre, et, d’après le travail de la tapis-
serie de Bayeux, c'étaient primitivement de véritables
broderies. Quelquefois aussi c'était l’œuvre du métier,
un tissage, ou le produit de divers modes de fabri-
cation qu'il est difficile de distinguer à cause de
l'insuffisance des anciens inventaires et de la rareté
des monuments. Nous croyons néanmoins que les
sarrasinois étaient des brodeurs, en cela qu'ils
couvraient des pièces d’étoffes de figures et d’orne-
ments, et ne pratiquaient ni la haute ni la basse-lice.
L'usage de leurs produits pouvait être néanmoins
très-varié, et, quoique leur première et principale
destination fût de décorer les églises, puis de meubler
les châteaux , il est permis de croire qu'ils servirent
dans les représentations des mystères pour les chan-
gements de décorations.
M. Lacordaire, directeur actuel de la manufac-
ture des Gobelins, et auteur d’une savante
monographie de ce magnifique établissement, après
avoir parlé de la fabrique de tapisseries qui
existait à Poitiers en 1025, désigne, entre autres
villes, celles d'Aubusson et de Felletin comme
MÉMOIRES. 671
ayant vu, dès ces temps reculés, Vindustrie des
tapisseries se naturaliser chez elles. Nous adoptons
pleinement cette opinion, que corrobore ce que
nous savons de l'importation de l’art byzantin par
Venise dans le Limousin. D'un autre côté, toutes
les industries prirent alors le plus grand essor à
la suite de l’affranchissement des communes, et ce
fut là une des gloires des bourgeoisies féodales. La
richesse publique s'accrut par le développement
des relations commerciales, et la fabrication et le
commerce des tentures, rivales des tapisseries
d'outre-mer, furent une des sources de cette nou-
velle prospérité. L'impulsion était donnée, et le
morde occidental rentrait enfin dans la voie du
progrès et de la civilisation.
. Des tapissiers flamands, vers la fin du xn°
siècle, se servirent des métiers de basse et de
haute-lice, et ce fut le signal d’une révolution
dans le travail des tapisseries. Malgré lopinion
contraire, acceptée sans contestation jusqu'à ce
jour, il paraît certain qu’ils donnèrent la préférence
au métier de basse-lice, qui s'est toujours prêté
à une fabrication plus rapide et plus économique.
On sait que, dans le métier de haute-lice, qu’on
trouve à l'origine de toutes les civilisations, les
fils de la chaîne sont perpendiculaires, et qu'on
le nomme ainsi par opposition au métier de basse-
lice, inventé, dit-on, par les Égyptiens, et dont
les dimensions, moins grandes, ont permis d’éten-
dre la chaîne horizontalement. Sur ce dernier mé-
tier, l'ouvrier travaille à l'envers, ayant son modèle
devant lui, tandis que, sur le métier de haute-lice,
678 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l’ouvrier travaîlle aussi à l'envers, mais son modèle
placé derrière lui. Aux Gobelins, on fabrique habituel-
lement les tapisseries et les tapis de haute-lice : là
basse-lice est restée la spécialité de Beauvais, d'Au-
busson et de Felletin, comme procédé plus industriel.
Puisque nous entrons dans quelques détails techni-
ques, il sera peut-être utile de dire qu'on appelle
généralement aujourd'hui :
Tapis, les tapis veloutés, primitivement tapis
velus, qui nous viennent de la Perse par la Tur-
quie, c’est-à-dire par Constantinople ;
Tapisseries, les tapis de murailles, véritables
tableaux reproduisant toutes les variétés de la
peinture ;
Tapis ras, les tapis de pied unis, par opposition
aux tapis veloutés. Le tapis ras est le tapis nos-
trez ou nôtrés dont il est question dans ce curieux
passage des Us des mestiers recueillis par Et. Boi-
leau : « Des tapisiers de tapiz nostrez. Nuz tapissier
de tapis nostrez ne puet ne ne doit ouvrer de nul file
fors que de file de laine bon et loial, fors es chies
(lisières) que il puet ouvrer de toute maniere de file.
Chascune maniere de tapiz nostrez doit estre tout d’un lé ».
Alors que la Flandre et l’Artois exploitaient
avec succès la fabrication des tapisseries de basse-
lice, les substituaient aux tapis sarrasinois, et que,
grâce à leurs excellents procédés de teinture, et à
leur facilité de s’approvisionner de laines à bon
marché, ils se mettaient à la tête de cette indus-
trie, on se servait à Paris du métier de haute-
lice, ainsi que dans notre province de la Marche,
suivant toute probabilité. IL est impossible, en
MÉMOIRES. 679
effet, de rien affirmer en l'absence de documents
précis pouvant éclairer cette période reculée de
notre histoire locale.
Un acte de donation de Raynaud VI, vicomte
d'Aubusson, père de Ranulphe dont nous avons
décrit le sceau, concède divers droits à l’église de
Notre-Dame d’Aubusson en 1247, d’après Joullietton,
et prouve seulement qu’on y fabriquait des draps
à cette époque. Il est vrai que le tissage des draps
paraît avoir été, dans la Haute-Marche, une indus-
trie contemporaine de celle des tapis. En 1262,
Hugues XII de Lusignan, comte de la Marche, qui
venait d'acheter de Raynaud VII la vicomté d’Au-
busson, accorde divers priviléges aux personnes
qui viendraient habiter la ville d'Aubusson. Il ne
paraît pas qu'il soit fait mention dans cette charte
de fabriques de tapisseries. La confirmation de ces
priviléges par Charles de France, comte de la
Marche et de Bigorre en 1321, consignée dans
un document de 4549 (1), ne renferme rien qui
puisse éclairer cette question, sur laquelle il n’y
a qu'obscurité jusqu’au règne de François Ie.
Aussi M. Félix Lecler, auteur d’un remarquable
travail sur la ville d’Aubusson (2), s'est-il cru
fondé à écrire : « C’est vers les dernières années du
xv‘ siècle qu'il faut probablement placer l’établisse-
ment des métiers à tapisseries, qui ont fait depuis
la prospérité de la ville. Éléonore de Bourbon,
épouse de Bernard d’Armagnac, comte de la Mar-
(1) Archives dela ville d’Aubusson.
(2) Album historique et pittoresque de la Creuse, in-4 avec
fig., p. 149; P. Langlade édit. : Aubusson, 1847, impr. Bouyet.
680 CONGRÉS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
che, possédait des terres en Hainaut et en Flandre.
On peut penser, avec raison, qu'elle fit venir dans
le comté de la Marche des ouvriers flamands ».
Il considère comme moins vraisemblable la tradi-
tion qui attribue le commencement de ces fabriques
à des Sarrasins détachés de l’armée d’Abdérame.
On ne peut nier, en effet, que, depuis le xu°
siècle, les Flandres furent le centre principal de
la fabrication des tapisseries: que, au xiv° et au
xv° siècle, cette industrie prit son plus grand essor
pour les tentures des châteaux; mais l'absence,
jusqu’à ce jour, de textes positifs, ne peut être un
motif suffisant pour rejeter l'opinion de M. Lacor-
daire , qui reporte à une époque beaucoup plus
ancienne l’origine de nos manufactures, et permet
de croire que, dans une sphère plus modeste, elles
se sont développées parallèlement aux fabriques
de Flandre. Ainsi il paraît certain à M. Henri
Aucapitaine (1) que les belles tapisseries qui décorent
actuellement le château de Boussac, après avoir orné
la tour de Bourganeuf, ont été exécutées en haute-lice
dans les fabriques d’Aubusson sous la direction du
malheureux prince oriental Zizim (1481). Ceux qui,
comme nous, ont pu examiner de près ces tapisseries
dans un atelier d’Aubusson, où elles ont été très-
habilement restaurées, ont partagé cette opinion. Une
industrie qui produisait au xv° siècle un ouvrage
aussi achevé n'était certainement pas à son début.
Nous allons voir que , dans la première moitié du
xvi® siècle, les tapisseries de haute-lice d’Aubusson
étaient très-connues; qu'on les désignait sous le
(1) Notes historiques sur Boussac : Paris, Dumoulin, 1858.
MÉMOIRES. 68
nom de tapisseries de Marche, comme on disait
tapisseries de Flandre : preuve évidente que ce
n’était pas un produit nouveau de la contrée.
SECONDE PARTIE.
Fapiseries de’ Harche.
On lit dans un édit donné par François I à
Tonnerre, le 20 avril 1542, sur l'appréciation des
marchandises pour l'assiette de l'imposition foraine,
droit de resve (douane) ou domaine forain et hault
passaige (A) :
« Tapisserie de Marche ou haute-lice, estoffée d’or
et de soye, ne sera cy appréciée et estimée pour ce
que c’est ouvrage de prince, et s’en tire peu ou point
hors du royaume: toutefois, cy advenant qu'il en
fust tiré quelque quantité, elle sera prisée et estimée
aux extrémitez de ce royaume par gens à Ce Cog-
noissans, appelez nos procureurs et commis, en
recouvrement dudit droit d'imposition foraine.
» Tapisserie fine de Marche ou haute-lice sans or,
de valeur de cent sols tournois l’aune de Paris et
au-dessus, le cent pesant poids de marc, en ce
comprises serpillières, cordes et tout autre emballage,
six vingts livres T., etc., etc., (2). »
(1) Paris, chez Haultin, 1550, in-8, cité par M. Leber dans
son Essai sur la fortune privée au moyen âge. Les évaluations
de l’'édit étaient faites au plus bas prix du commerce, et,
suivant M. Leber, la somme de cent sous tournois l’aune de
tapisserie de Marche, dont il va être question plus bas,
équivalait, au pouvoir actuel de l'argent, à 73 fr. 33 c.
(2) Les grandes ordonnances, etc, par Fontanon, T. II,
p. 1174.
682 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Le même édit, modifié plus tard par ceux de
Henri II à Blois en mai 4581; de Henri IV, à Paris, en
septembre 159%, et par celui de Louis XIII donné à
Cognac le 30 juin 1621 (1), mentionne aussi les tapis-
series ou tapis de Felletin, d'Auvergne et autres sem-
blables. La réputation de Felletin pour les draps et les
tapis est hors de cause et solidement établie (2). Parler
des fabriques d'Aubusson, c’est parler de celles de
Felletin, car leur destinée a presque toujours été
commune. Les tapis d'Auvergne désignent, suivant
toute probabilité, ceux qu'on fabriquait à Bellegarde
d’après des documents authentiques qui remontent
jusqu’à la fin du xvr' siècle. Cette petite ville, capitale
du pays appelé le Franc-Aleu, confinant à la Marche
et à l'Auvergne, a dépendu, en effet, du présidial de
Riom en Auvergne jusqu’en 1636, où elle fut mise dans
le ressort du nouveau présidial de Guéret (3). Il est
bien évident que par tapisseries de Marche on ne
peut entendre autre chose que les tapisseries de haute-
lice d’Aubusson.
Peu d’années après l’édit de François Ier, vers 1560,
un chroniqueur anonyme d’Ahun parle ainsi d’Au-
busson : « Le Busson, ou Le Bussou selon le vulgaire
de maintenant, est une ville de grand bruit pour la
fréquentation des marchands du lieu, qui y trafi-
(1) La grande conférence des ordonnances et édils royauz, par
Pierre Guénois, 3 vol. in-fo : Paris, 1678, T. II, p. 1015, 1027,
1067.
(2) M. l'abbé Roy-Pierrefitte : Notice sur la manufacture de
Felletin, in-8 : Limoges, Chapoulaud frères, 1855.
(3) M. P. Poyet, qui possède d'intéressants documents sur les
tapisseries de Bellegarde, prépare un mémoire sur cette
question, qui n’a pas encore été traitée.
MÉMOIRES. 683
quent souvent, menant et conduisant marchandises
en d’autres et divers lieux et pays, et de ce que les
habitans sont adonnés à de grands labeurs. La ville est
grandement populeuse selon son circuit, abondant
en diversitées de marchandises, et y a des gens
opulents et riches, grand nombre d'artisans et
négociateurs qui font grand trafic principalement en
l’art lanifique et en pilistromate (draps et tapis), et
dont ils tirent grand profit. Au flanc de laquelle ville
coule lentement le dict fleuve de la Grand-Creuse,
descendant des montagnes filitinnées, distantes de
deux mille pas, lequel fleuve est bien commode
et propre en la dicte ville pour raison des moulins qui
sont assis dessus tant pour l’usage des draps et laines
que pour moudre les grains... (4). »
Tout en tenant compte de l’exagération naturelle
aux écrivains du temps, il paraît constant que l'ère
de la renaissance fut une époque brillante pour les
tapisseries d'Aubusson. Tous les documents du siècle
suivant mentionnent cette période d'éclat : les
inventaires de quelques châteaux attestent la popu-
larité de ces produits, et confirment l'opinion que la
mention des tapisseries de Marche dans l’édit de 4542
nous à donnée de leur importance. Les guerres civiles
et religieuses leur portèrent un coup terrible, car
notre province prit une part active, quoique secon-
daire, aux tragiques évènements de la fin du
xvi* siècle. Vers 1563, un parti de huguenots
pénétra de nuit, par surprise, dans la ville d’Au-
busson. L'église fut pillée, les chartes de la commune
(1) Clermont-Ferrand : impr. F., Thibaut, in-12, 1857.
684 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE WRANCE.
incendiées, et, par cette violence, la ville privée à
jamais de ses titres les plus anciens et les plus
précieux.
Sauval déclare que, à l'avènement de Henri IV,
les manufactures de tapisseries se trouvaient abolies
par le désordre des règnes précédents (1). Henri IV
voulut les restaurer, et il y parvint, malgré l’oppo-
sition de Sully, qui voulait particulièrement rétablir
l’ordre dans les finances, et qui disait souvent que
la France était avant tout un pays d'agriculture (2).
Louis XIII continua les traditions de son glorieux
père, et fut le fondateur de la maison de La Savon-
nerie, près Chaillot. La royauté, tout en protégeant
d’une manière spéciale les établissements particuliers,
n'oubliait pas l’industrie privée et les petits centres
de fabrication qui remontaient aux communes féo-
dales. Par arrêt du conseil du 1° février 1620 , lisons-
nous dans un rapport de M. d’Argouges (3), les
tapissiers d’Aubusson et lieux circonvoisins furent
maintenus dans l’exemption des droits de douane
pour les tapisseries qu’ils feraient transporter à Paris,
provenant de leurs manufactures, comme ïls en
avaient joui par le passé. Aussi les fabriques
d’Aubusson prirent un nouveau développement, et,
de tous les points de la France, on leur adressa des
(A) Histoire et recherches des antiquilés de la ville de Paris,
livre IX.
(2) Économies royales , 1603, T. V, 2e série : Petitot.
(3) Voir, aux archives du département de l'Allier, une note
en marge du Procès-verbal de la généralité de Moulins fait par
M. d'Argouges , intendant de ladite généralité, en 1686, mais
d'une autre écriture; in-fo, feuille 9 , verso.
) LISE
MÉMOIRES. 685
commandes. Le nombre des maîtres ouvriers et
apprentis occupés à la fabrication des différents
ouvrages de tapisserie à Aubusson paraît avoir été, en
1637, de deux mille.
Nous trouvons dans un ouvrage de M. Louis Pâris (4)
le fait suivant, qui donne la mesure de l'impor-
tance et de la réputation des fabriques d’Aubusson
au commencement du xvir* siècle : « Des dons faits à
cette époque augmentèrent la précieuse collection de
l'église métropolitaine de Reïms : le chapitre lui-même
pourvoyait à ses besoins en ce genre. Nous voyons
notamment un traité, fait par-devant notaire à la
date du 17 janvier 1625, par lequel un sieur
Lombard, marchand tapissier en la ville d'Aubusson,
diocèse de Limoges, s’oblige à faire et fournir au
chapitre, dans le délai de six mois, quatre pieces de
tapisseries de Paris semées de fleurs de lys jaunes : la
premiere à la figure de l’Assomption de Notre-Dame; la
deuxieme , à la figure de la Vierge, qui tiendra Notre-Sei-
gneur sur son bras; la troisieme, à la figure de saint
Nicaise, et la quatrieme, plus grande, à la figure de
Monsieur saint Remy ».
Ce dernier passage nous donne l’explication de ce
- qu’on entendait par tapis de Paris. M. de Laborde,
après avoir cité le texte suivant de 1416 (inventaire
du duc de Berry) : « Deux tappis vers de l’ouvrage de
Paris à un arbre d’orangier ou milieu et y pend un escu,
valent Xvr13 Liv. T. » , dit ignorer quel était ce genre
(1) Toiles peintes et tapisseries de la ville de Reims, ou la Mise
en scène du théâtre des confrères de la Passion, etc. : Paris, 1843,
2 vol. in-4, avec atlas in-fo.
686 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de travail. Nous croyons que c’étaient des tapis de
haute-lice. Pendant qu’en Flandre on employait
spécialement le métier de basse-lice, à Paris, et
dans la Marche suivant divers témoignages, on
donnait la préférence à celui de haute-lice. Cet état
de choses dura jusqu'en 14607, époque où les
Flamands, malgré l'opposition de haute-liciers pa-
risiens , importèrent en France leur spécialité indus-
trielle. Dès lors la basse-lice devint le procédé usuel,
se substitua peu à peu , pour la fabrication commune,
au métier de haute-lice, qui resta à peu près exclusi-
vement aux Gobelins. On comprendra que, au com-
mencement du xvr siècle, époque de transition, le
chapitre de la cathédrale de Reims put encore faire
exécuter à Aubusson des tapisseries de Paris, c'est-à-
dire de haute-lice.
M. Maurice Ardant , archiviste du département de
la Haute-Vienne, a fait connaître un contrat notarié,
que nous transcrivons à cause de l'intérêt qu'il
présente à plusieurs titres (1) :
« Le vingtieme jour d'octobre 1646, à Limoges,
maison et par-devant le notaire royal soussigné , avant
midi , fut présent Gilbert Roquet, marchand tapissier
de la ville du Busson, demeurant en cette ville,
lequel, de son bon gré et volonté, a promis et promet
par ces présentes : le révérend Pere Étienne Saige,
recteur du collége des révérends Peres de la com-
pagnie de Jésus établis au dit Limoges, présent et
acceptant , lui faire une piece de tapisserie pour
(1) Communiqué par M. Boulgon au Mémorial de la Creuse ,
ne du ler octobre 1854 : Aubusson , A. Bouyet, impr.-édit.
MÉMOIRES. 687
l’ornement de leur église, représentant la dispute de
l'Enfant-Jésus entre les docteurs, toute pareille de
bonté, qualité et facon à une autre piece que le dit
Roquet leur à faite, représentant l’Adoration des trois
rois, et leur rendra la dite piece bien et dûment faite
‘ et parfaite dans le jour et fête de saint Ignace, au
mois de juillet prochain, et fournir , à cet effet, tout
ce qui sera requis et nécessaire, sans que le dit Pere
recteur soit tenu d’aucune chose quelle qu'elle soit,
que seulement fournir un dessin de la dite piece. La dite
convention faite et acceptée moyennant le prix et
somme de vingt-quatre livres l’aune en quarré, sur
lequel prix total le dit révérend Pere recteur a payé
et avancé comptant et réellement au dit Roquet la
somme de cent livres en bonne monnoie bien nombrée,
par lui prise et recue, qui s’en est contenté; le
surplus , payable aune par aune, à proportion que le
dit Roquet travaillera. À quoi faire et entretenir, les
dites parties respectivement obligées, savoir : le dit
Roquet, en sa personne et biens, et le dit révérend
Pere recteur, les biens et revenus temporels dudit
collége. Dont acte, etc.
» Ledit Roquet a déclaré ne savoir signer, »
Suivent les signatures de deux témoins, celles du
révérend Père et du notaire.
Quelques-unes des clauses de ce contrat jettent
un certain jour sur la situation industrielle d'Aubusson
à cette époque, et indiquent que cette fabrique était
alors en voie de décadence. Ses conditions d'existence
avaient dû être moins précaires, et leur importance
plus considérable. Un siècle avant l’édit de François Ier
de 1542, l’un des châteaux de la famille d'Orléans,
688 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
probablement celui d'Angoulême, renfermait de
nombreuses tapisseries.
On lit dans le catalogue de ces tentures (4) : « Sept
pieces de tappicerie de verdure appelée la bergerie.
— Îlem, neuf pieces d'autre tappicerie de verdure
appelée La chasse. » L'expression de verdure étant fré-
quemment appliquée aux tapisseries de la Marche et
d'Auvergne, qui représentaient des paysages ou
bocages, nous croyons pouvoir attribuer ces tapisseries
d’un château du xv‘siècle aux fabriques d'Aubusson
ou bien de ses environs.
Un autre inventaire plus précis, mais beaucoup
plus récent, celui du château de Saint-Priest (Loire),
daté du 21 décembre 1654, renferme les articles
suivants (2) :
Page 10 : « Chambre de Iarez ou du marquis de
Saint-Priest : item, neuf pautres ou pieces de vieille
tapisserie Aubusson »;
Page 11: « Grande salle du château, ou salle de
réception : item, sept pieces de tapisserie Aubusson en
bergerie (scènes pastorales ou verdures) » ;
Page 12 : « Chambre de la châtelaine : tem, cinq
pieces de tapisserie Aubusson en bergerie, pareïlle à
icelle de la grande salle » ;
« Autre chambre au-dessus de l’église : item , deux
pieces de tapisserie de felotin en bergerie ( nous n’hési-
tons pas à voir ici des tapisseries de Felletin) » ;
(1) Francisque Michel, T. II, p. 482, Loc. cit.
(2) Étude archéologique sur le château de Saint-Priest, près
Saint-Etienne, par M. A. Barban, archiviste de la Loire :
Saint-Étienne, 1858, in-8.
fee
A,
MÉMOIRES. 689
Page 14 : « Chambre du Grand-Trémouchon : et
plus, huit pieces de tapisseries Aubusson fort vieilles ».
Sans compter six grands tapis, savoir : trois de
Turquie, un de mouqueite, un de cuir rouge, et
l’autre de layne, faict à l’éguille, avecq des franges de
soye verle. Ce dernier tapis était de façon sarrasinoise.
Une seule habitation seigneuriale du Forez renfer-
mait donc, au milieu du xvrr° siècle, une trentaine de
tapisseries de la Marche, la plupart, et surtout celles
d’Aubusson, qualifiées fort vieilles. On peut assigner à
la fabrication de ces dernières une dâte reculée, et la
reporter à cette période de prospérité que nous avons
vue précéder les guerres de rellgion. Depuis cette
déplorable époque, en effet, malgré les .faveurs
royales, la fabrication des tapisseries succombait à
Aubusson sous les nombreuses causes de décadence
qui atteignirent en France la plupart des industries -
jusqu’au règne de Louis XIV.
L'église paroissiale d'Aubusson, celle de St-Nicolas,
la maison des Frères de la Doctrine-Chrétienne, qui
a été, pendant le dernier siècle, l'habitation des
inspecteurs de la manufacture, et plusieurs maisons
particulières possèdent quelques tentures qui doivent,
en partie, remonter à la période que nous venons de
parcourir. On empruntait des sujets aux romans de
l’époque , tels que l’Astrée d'Honoré d’Urfé, qui fut le
livre à la mode sous Henri IV et Louis XII; à
l’histoire du temps, qu’on travestissait à l'antique ; à
l’ancien et au nouveau Testament. Une verdure
assez. bien conservée figure la nicotiane. La représen-
tation de l’herbe du grand-prieur est ici une date
précieuse. Le dessin de ces tapisseries est généra-
44
690 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
lement assez médiocre ; mais l'exécution est bonne,
et les couleurs n’ont pas trop souffert. Un beau et
utile travail serait de les décrire : le plus urgent est
de les préserver d’une ruine imminente. Ces produits,
curieux à tant de titres, recherchés partout, qui,
de temps immémorial, font la réputation de notre
ville en France et à l'étranger, sont traités ici d’une
facon qui nous indignerait justement partout ailleurs.
Nous n’osons pas espérer qu'Aubusson ait.bientôt un
musée : souhaitons du moins que nos édifices religieux
ou civils deviennent l'asile public de ces vieilles
tapisseries qui font la gloire de la Haute-Marche et
dont , il y a plus de trois siècles, elles popularisaient
le nom.
TROISIÈME PARTIE.
Règlements de Colbert.
Colbert entra aux affaires en 4664, et, avec lui,
un système d'administration qui stimula et développa
la production fndustrielle du pays Dès l’année
suivante, la manufacture royale des meubles de la
couronne fut installée dans l'hôtel des Gobelins. De
larges encouragements furent accordés aux principaux
centres de fabrication , et la ville d’Aubusson ne fut
pas oubliée. Au contraire de Sully, Colbert parut
plutôt préoccupé des intérêts du commerce que de
ceux de l’agriculture , et, en cela, il servit mieux,
sans s’en douter, les destinées futures de la France.
L'agriculture alors, c'était l'intérêt de l'aristocratie ;
l’industrie et le commerce étaient entre les mains de
la classe moyenne, qui commençait à s'élever. Colbert
MÉMOIRES. 694
prépara la voie de la société moderne. Une réaction
s’est opérée depuis contre ce qu’on a appelé lé colber-
tisme. Nous reconnaissons que les nombreux règlements
produits de ce système furent trop souvent vexatoires
et tyranniques; mais nous n’en devons pas moins
payer notre dette de reconnaissance au grand homme
d'État qui fut le restaurateur de nos manufactures.
Une lettre royale du 30 août 1664 invita, comme
nous l’avons déjà dit, les habitants d'Aubusson à
s'adresser à Colbert pour tout ce qui concernait les
intérêts de leur manufacture. Le sieur Jacques
Bertrand, marchand tapissier de cette ville, et
l’un des tapissiers de la garde-robe du roi, fut
délégué à cet effet le 47 octobre suivant. Il eut de
fréquents entretiens avec l’illustre ministre, et, à son
retour à Aubusson, dans une assemblée générale du
18 mai 1665, un règlement fut arrêté, et des vœux
furent émis pour être présentés à Louis XIV. L'homo-
logation de cette délibération ne se fit pas attendre,
grâce à l'activité de Jacques Bertrand, qui avait été
chargé de continuer ses démarches auprès de Colbert.
Des lettres-patentes, données à Saint-Germain-en-
Laye au mois de juillet 4665, approuvèrent les Re-
glemens el statuts des marchands, maistres et ouvriers
tapissiers de la ville d’Aubusson , fauxbourgs et hameaux
d’icelle.et bourg de La Cour, en la province de la Marche,
accordez en l'assemblée généralle des habitans d’icelle , le
18° jour de may 1665, pour le rétablissement de la manu-
facture des tapisseries (1).
(1) Les archives de la ville en possèdent un exemplaire,
imprimé sur parchemin , donné par M. Rigaudie, greffier du
tribunal d'Aubusson.
692 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Cette ordonnance fut, jusqu’en 1789, la grande
charte de la fabrique d’Aubusson. Elle portait, entre
autre choses : que le roi y entretiendrait à ses frais un
peintre et un maître teinturier ; que les différends qui
pourraient survenir entre les maîtres et les ouvriers
et toute personne employée dans la manufacture,
attendu qu'il n'y a point de juges consuls establis en la dicte
ville d'Aubusson, seraient portés devant le juge de la
ville, pour être terminés dans la même forme que
dans les juridictions consulaires ; qu’enfin la fabrique
aurait le titre de Manufacture royale de tapisseries. On
estimait alors que le nombre des ouvriers en tapisserie
était de quinze à seize cents, et qu'on était bien loin
de la prospérité d'autrefois. Il n’est guère probable que
les tapissiers des hameaux d’Aubusson, dont il est fait
mention dans le règlement de 1665, fussent compris
dans cette évaluation. Le nombre de ces bourgades où
s’exerçait l'industrie foraine était assez considérable :
elles s'étendaient dans un rayon de plusieurs lieues
autour de leur métropole. Quant au bourg de La
Cour , l'ordonnance le distingue des faubourgs d’Au-
busson. Au siècle dernier, on l’appelait encore
Saint-Jean-de-La-Cour-d’Aubusson. Son château
appartenait alors à M. le marquis de Gimel, qui le
remplaça ; vers 1770 , par une habitation moderne :
quelques parties de son église permettent de reculer
la date de sa construction jusqu'à la période romano-
byzantine. D’autres causes, que ce n’est pas ici le lieu
de développer, font penser que ce bourg a eu autrefois
une importance réelle et bien distincte de celle d'Au-
busson.
Toute cette agglomération ouvrière, y compris celle
MÉMOIRES. 693
de Felletin, était sous le patronage de sainte Barbe.
On connaît le rôle de ces confréries dans les temps
féodaux; ce qui reste à établir c'est le rapport qui
peut exister entre les confréries et leurs patrons
respectifs. La même communauté, du reste, n'honorait
pas toujours et partout le même patron.
«La manufacture d’Aubusson, écrivait l’annotateur
de M. d’Argouges , se soutint long-temps apres ce
rétablissement; mais l’inobservation de cesreglements,
les abus qui s’y glisserent, le défaut de peintre et de
teinturier, qui n’y furent point envoyés, comme on
l’avoit projeté, et enfin la misere de la plus grande
partie des tapissiers, la replongerent dans un état
plus triste qu’elle n’étoit auparavant. Sa réputation
diminua insensiblement par la défectuosité des
dessins et des teintures et par la mauvaise qualité
des laines. Les pays étrangers, qui tiroient beaucoup
de ces tapisseries, en furent rebutés; les ouvriers
tomberent dans la misere, et ne subsisterent,
pendant plusieurs années , que par les charités que le
roy eut la bonté de leur faire-de temps en temps pour
les empêcher de périr ou de passer à l'étranger.
L'inexécution des lettres-patentes de 1665 étoit donc
la principale cause de la décadence de la manufac-
ture, puisque les ouvrages n'avoient perdu leur
réputation que par le défaut de bon dessin et par le
mauvais teint des laines. On y a pourvu dans la suite :
cette manufacture a pris une forme nouvelle, et
s’est parfaitement rétablie. Ses ouvriers sont tres-bons,
fort appliqués à leur ouvrage, et n’ont de goût que
pour la tapisserie. Ce qu'ils font est admiré pour tout
ce qui regarde la fabrique : la tissure en est merveil-
694 CONGRÈS SCIENTIF QUE DE FRANCE.
leuse, les dessins beaux , et le teint des laines ex-
cellent ; et, lorsque la manufacture des Gobelin s a
besoin de sujets , elle les fait venir de celle de Beauvais
ou de celle d’Aubusson indifféremment. Il n'y a
même que de ces endroits qu'elle puisse en tirer, et
le nombre en est bien plus grand à Aubusson qu’à
Beauvais, parce que la ville d'Aubusson n’est peuplée
que de tapissiers, qui sont souvent appelés à la
manufacture de Beauvais aussi bien qu’à celle des
Gobelins ; en sorte que c’est comme une pépiniere qui,
par ses éleves , soutient les deux autres manufactures.
La province de la Marche n’a que cet établissement,
qui y fait vivre plus de quinze cents personnes. »
Ce rapport, quoique daté de 1686 , fait, sans doute,
le tableau de la fabrique d’Aubusson et de sa situa-
tion à la veille de la révocation de l’édit de Nantes,
qui remontait à l’année précédente (1685). Les jours
prospères étaient revenus, et rien n’annonçait une
crise aussi imminente. On lit dans le même document
que la ville renferme plus de huit mille habitants.
Ce chiffre paraît trop élevé en comparaison de celui de
la population ouvrière à la même époque, que nous
venons de voir évaluer à quinze cents personnes
seulement.
Les conséquences de la révocation de l’édit de Nantes
furent certainement fâcheuses pour l’industrie d’Au-
busson ; mais il est reconnu aujourd’hui que cette
influence a été exagérée par quelques écrivains.
D’après une lettre de François de La Fayette , évêque
de Limoges, du 10 mars 1672, le quart des habitants
d’Aubusson seulement professait alors la religion pro-
testante, et un rapport au roi de M. Levayer, inten-
Li
MÉMOIRES. 695
dant de Moulins, daté de 1696, porte à deux cents le
nombre de ceux qui s’expatrièrent. C'était déjà trop.
Une nouvelle période de décadence commença pour
Aubusson ; mais reconnaissons, pour être juste,
qu’elle fut surtout occasionée par l'état général des
affaires, qui fut déplorable vers la fin du règne de
Louis XIV. La misère était au comble, les tailles
accablantes , et, d’après M. Levayer, la population
descendit à Aubusson, dans les dernières années du
xvi1e siècle, à deux mille cent habitants. Cette fâcheuse
situation persista pendant les premières années du
siècle suivant. Des lettres du temps mentionnent que,
à partir de 4720, Ja situation de la manufacture fut
encore aggravée par la substitution des billets de la
banque de Law à l'argent dans le paiement de ses
produits qui étaient vendus à l’intérieur.
Cependant les plus mauvais: jours étaient passés.
Un arrêt du conseil d’État du 12 décembre 1730
assujettit la fabrique d’Aubusson à un règlement qui
confirma les statuts de 1665, et établit plusieurs
nouvelles dispositions.
Des lettres-patentes furent expédiées de Compiègne
sur cet arrêt le 28 mai 1732 (4). M. Gabriel Laboreys
de La Pigue était à cette époque juge châtelain
d’Aubusson. Il fut nommé inspecteur de la manufac-
ture par des arrêts du conseil de 1733 et de 1735, avec
la mission spéciale de faire exécuter le nouveau rè—
glement. En 4745; son fils, M. Laboreys de Châ-
teaufavier, fut nommé inspecteur des manufactures
(1) M. Poyet en à déposé une copie manuscrite aux archives
de la ville d'Aubusson.
696 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
d’Aubusson et de Felletin , et cette charge resta dans
cette famille, l’une des illustrations de notre cité,
jusqu’à la révolution
Le 12 février 1731, le sieur Fizameu, teinturier à
Paris près les Gobelins, est envoyé à Aubusson pour
former des élèves. Le 20 mars suivant, c’est Jean-
Joseph Dumont, né à Tulle, qui vient avec le titre de
peintre et dessinateur pour le roi des manufactures de
tapisseries établies en la ville et faubourg d’Aubusson.
Quelques années après, il devint membre de l’Aca-
démie royale de peinture comme peintre d'histoire. 1]
est probable que quelques-unes de ses œuvres existent
ignorées parmi nous; car il avait un talent d'une rare
fécondité. Le fil des bonnes traditions était renoué, et
on en doit l’honneur à M. Fagon, intendant des fi-
nances, qui fut, après Colbert, le restaurateur de notre
manufacture, comme il le fut à la même époque de
celle de Beauvais (1734).
Il va se former dès lors dans notre pays une véritable
école de dessinateurs et de teinturiers qui, le progrès
général aidant, ne permettra plus à l’industrie
d'’Aubusson de déchoir, et la préparera au rôle
brillant qu’elle doit remplir dans les grands concours
industriels du x1x° siècle.
Nous devons, en passant, rappeler le peintre Finet,
dont il reste encore quelques bons tableaux, entre
autres un Christ en croix, daté de 4680, qu'on voit
dans l'église de saint Nicolas d'Aubusson. Il fut la
souche d’une famille de peintres qui, suivant l'usage
du temps, fournissaient des dessins pour les tapis
series. Tout le monde connaît Jacques Barrabaud, né
à Aubusson en 4772, et mort, en 1809, professeur de
MÉMOIRES. 697
peinture à l’École des arts et dessin de Lyon. Il était
fils d’un dessinateur de notre manufacture, et son talent
lui a conquis une juste célébrité. Ses œuvres sont
recherchées : il peignit surtout lesoiseaux et les fleurs.
Sur l'initiative de M. de La Porte, intendant de
Moulins, deux écoles de dessin , de douze élèves
chacune, furent établies à Aubusson en 1742. Comme
complément de ces utiles créations, un arrêt du
conseil de 1748 nomma le sieur Jean Noïüet assor-
tisseur des laines. Les affaires litigieuses étaient
soumises depuis Colbert au juge châtelain, lieutenant
général de police et juge des manufactures royales
de tapisseries, au défaut de juges consuls. Charles IX
avait créé la juridiction consulaire en 1563. Tous les
différends concernant le commerce étaient de son
ressort; le parlement jugeait en appel. Le premier
des cinq marchands élus pour l’année prenait le titre
de juge; les autres, celui de consul. M. l’abbé Roy-
” Pierrefitte a signalé un acte de Charles IX, de 4367, qui
autorise les négociants de Felletin à se nommer des
Juges et consuls des marchands , comme, en 1563, il en
avait donné l’autorisation aux marchands de Paris.
C'est la juridiction qui, agrandie dans la suite, est
exercée actuellement par les tribunaux de commerce.
L'organisation de la manufacture était donc com-
plète et satisfaisante pour l’époque. Aux personnes
qui désirent se faire une idée juste de sa situation
dans l’ancienne monarchie et sous l'empire de la
législation antérieure à 1789, nous recommandons
le mémoire de M. de Châteaufavier dont nous avons
parlé au commencement de cette étude.
Il existe de nombreux documents sur les fabriques
698 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
d’Aubusson et de Felletin pendant le cours du
xvir" siècle. On y trouve beaucoup de détails, un peu
trop personnels le plus souvent, sur des familles
éteintes ou encore existantes et sur la rivalité
d'Aubusson et de Felletin. Cette lutte, qui se termina
par le triomphe définitif d'Aubusson, doit paraître
inopportune à raconter aujourd'hui qu'un apaise-
ment complet s'est produit, et que les deux villes
jadis rivales se donnent fraternellement la main.
Ajoutons que ce travail a été fait avec talent et le
plus vif patriotisme par M. l'abbé Roy-Pierrefitte, de
Felletin.
Durant les terribles agitations de la fin du siècle
dernier, il s'agissait bien d'autre chose que de
fabriquer des objets de luxe ou d’en acheter, et
toutes les industries, celle des tapisseries et tapis
en particulier, éprouvèrent un temps d'arrêt complet.
Les hommes politiques de cette époque le regrettèrent
sans pouvoir y porter remède. Une lettre du ministre :
Paré, successeur de Roland (janvier 1794), au
représentant Gillet, montre les efforts du comité des
finances de la Convention pour rétablir « la tradition
ou la succession des talents rares et précieux mis en
œuvre dans les manufactures de tapisseries de
l'État », et le rôle plus modeste qu'il attribuait aux
fabriques d’Aubusson, comme, du reste, on l'avait
fait toujours, de produire des tapisseries plus com-
munes pour les fortunes ordinaires (4).
Il ne nous appartient pas de parler de la trans-
formation nouvelle et des progrès des manufactures
() Notice historique sur la manufaclure des Gobelins, par
M. A.-L. Lacordaire, in-8, Paris, 1835, p. 127.
MÉMOIRES. 699
d’Aubusson et de Felletin pendant les soixante
dernières années. Ce serait là le sujet d’une de ces
belles monographies industrielles si communes en
Angleterre, et si rares parmi nous. Ce travail est
au-dessus de notre compétence et de nos forces : il
nous suffit, en répondant à l'appel du Congrès scien-
tifique, d’avoir soulevé la question de nos origines,
et d’être entré dans la voie que d’autres parcourront
avec plus de bonheur. Quoique l’origine sarrasinoise
de la ville d’Aubusson doive être définitivement
abandonnée, il est constant que les fabriques de
tapisseries de la Marche ont une antiquité fort
respectable, et il ne faut pas désespérer de rencontrer
quelque document positif antérieur à François I‘.
Tout le monde sait que les expositions universelles
de Londres et de Paris ont mis le sceau à la réputation
séculaire de notre cité. Dans certains genres de
fabrication, on paraît avoir atteint le plus haut
point de perfection auquel une industrie privée puisse
prétendre : bornons-nous à souhaiter qu'Aubusson
et Felletin, son ancienne rivale, aujourd’hui sa sœur,
se maintiennent au rang distingué qu’elles ont si
honorablement conquis.
Il faut bien le dire, l'esquisse que nous venons
de faire présente de graves enseignements : ces
périodes de décadence qui suivent de si près les jours
de prospérité sont tristes à raconter; mais, si elles
enseignent qu'il ne faut pas se bercer dans une
trompeuse sécurité, elles apprennent aussi, quelles
que soient les apparences des évènements, à ne jamais
désespérer. Il existe dans notre ville une véritable
tradition de travail artistique que les siècles et les
700 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCT.
révolutions religieuses et politiques n’ont pu détruire.
Nous avons la conviction qu'Aubusson maintiendra
toujours sa vieille et poétique devise : « INTER SPINAS
FLORET ».
TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE PREMIER VOLUME.
Page
Liste générale des membres du Congrès scientifique... 1
Extrait de l'arrêté concernant la tenue de la xxvIe session
du Congrès scientifique....................,...... he ju
Arrêté relatif à l'ouverture de la xxvie session........ éd. 2
Extrait des règlements généraux du Congrès scientifique
Gr ASE Er be poor bee 0 MO CEE 3
Administration et organisation. ......4......,.... sa 6
Questions soumises à l'examen des diverses sections... 9
Circulaire annonçant que la xxvie session du Congrès
s'ouvrira, à Limoges, le 12 septembre 1859...... RER 23
PROCES-VERBAUX.
Séance d'ouverture. ..............,.. RU EN VE ie es a 28
SÉANCES DES SECTIONS.
PREMIÈRE SECTION.
Sciences physiques et naturelles.
ETS SD IDEE 22 care ep led ere eo ogece ie 36
Siésn Ge (tri lé Hate EN mt gi pc OA 38
Sans lien ie en A an rt nt noie 42
RIVE OUT et diet te heiepeiete mit alu à 0 Lois LLNe lobe ee Ce a 48
Side dede een rentes ep dote debian ae En 02
702 TABLE DES MATIÈRES.
l'age
Séance du 17........4. tire ne sa as ed a 0 le NS CON 62
SÉANCE AU 101 eebe rene Era ses dans TT 68
DOANCE OU Diane ones » » 0 2010 » ùe a ave à ee se à 0 Ve 0 76
SERIE AL PTE ee den es era uen Dee so te 010 00 TS TS 82
DEUXIÈME SECTION.
Agricultare, Industrie et Commerce.
Séance,du,13»septembre..sur sacs ci8) ojojsiee sur aile PR |
SERA CELLES SRE LR D ns 22e sie Melle MEME OR 94
SéATCE IA 15... ss RE 102
SÉANCES QUAI se ce mice ee met piels sis some ss co. 00e SL 109
SEADCE OU LES ee Non ie ee nn eee et ea dense ne + 118
Séance du 19... RE tr Es cn RE er aa
Séance dui20 Si osareae SAS à A EE NE ne 138
Séanceiqut 21cm end agrée Ps 139
TROISIÈME SECTION.
Sciences médicales.
Séance du .13.septembre...... 00204 LA TE ANNEES 1143
Séance du14....,:2.7993 LATE AN ER DRASS LEUT 2 ANGLET 146
Séance du 15...2, 404.92, 2 FRA REINE RPG OR US 157
Séance du 16........... ticeaipias Gal mani LE ere 165
SÉANCES ete ea craie etitalele see NOT 173
Séance du 18... ....:.2 3 AM A PARU EN Lans ss cie 182
SÉANCPAAUR ID EE se Gene made ee diet eisie des à NAT EE SR 192
SÉADCE AUD IEEE EMA TMS AA pbs dE rire 201
SEANCEP AUDE RS CR RTS s 5 SROS IN ES 209
QUATRIÈME SECTION.
Archéologie et Histoire.
Séance du 13 septembre........ RE PAR. 0 20e 223
SEanCe du AE Ent Qu ES PTS hs curotd al 230
Séance du 15........ A LEARN IAN CARE ES UT DIE TPE 238
Séance du 16....... Rinoistate sis1e sta ae dr noise JR Son 247
Séance ul RS EL a sa aise Cr ee 2 RS 254
SÉATCE AUTO DRAM SU RUES Re a SUDPA
TABLE DES MATIÈRES. 7103
l'age
Séance du 20..............s..sessssssesess jandoia. ner 280
Séance du 21........... PEAR au ua sl ATOUT ATLAS 290
CINQUIÈME SECTION.
Littérature, Beaux-Arts, Philosophie, Économie politique.
Séance du 13 septembre...........sssseess LEE à
Séance du 14... semmssssssnensesssesseesesese 299
Séance du 15..........sssssesssssssse RL ve ORNE 302
Séance du 17..:.::...:..,.. Re MO CO RAS RC CRUE 306
Séance du 19....:.. LS ET AS Lead se NÉ ALLER HAETRI
Séance du 20.....: SDS, LE S à AIN Ambre Ju ar LR et RES AU ES Ÿ bo
SÉANCES GÉNÉRALES.
Séance du 13 septembre.............. DRE Made 319
Séance du 14........ LER MR ANENE isole sidfele À PR OM 323
CANCe AU TE 50 cos cos ameleneeiiese)sele se sis e esse eees 326
Séance du 16.....sessssesersssssssresesssessensesee 0 032
Séance du 17.:........... Mure FESEMME peste 5 0 990
Séance du 19........... SLR ETINAD, 20 IR 2ALINIAIL 341
Séance du 20................ LATE 2 X ANOTNIEEE 1... 11845
Séance du 21................ nénuei more tete AL RATA TES 351
MÉMOIRES.
Gay-Lussac, notice biographique, par M. le baron
GAY DE VERNON. ...ssoessse RSA Lee CAM) IE RG
L'abbé Texier, notice biographique, par M. F. DE
VERNRILEHS. 00e cote se ot RE TE Eee 1e à dtére eafafe 396
MÉMOIRES DE LA PREMIÈRE SECTION.
Note sur les marnières de Lathus, par M. DE CAUMONT... 418
Note sur la marne de Saint-Basile (Haute-Vienne), par
DIM ASTATS. 40 es saone Re lee color sf te claim ele ere 426
Note sur les cavernes et brèches à ossements de la Vienne,
par M. LE TOUZÉ DE LONGUEMAR........-.....-.... ..… 440
704 ‘ TABLE DES MATIÈRES.
Page
Esquisse géologique des terrains de la Vienne, par M. LE
ŒOUZÉ DE,LONGUEMAR., dus sosanseatecesn uso DS . 443
Simple aperçu sur les plantes cryptogames et agames du
département de la Haute-Vienne, par M. ÉD. LAMY... 459
Catalogue des espèces rares ou critiques qui croissent
dans les environs de Limoges , par M. E. MALINVAUD.. 500
Poissons des rivières de la Haute-Vienne, par M. FOUR-
NTER AMOR US A a APN Bb RE ÉCERE EEE EE 511
Apereu sur les coléoptères et les lépidoptères du dépar-'
tement de la Haute-Vienne, par M. J.2L. SAMY..... . | 519
Quelques observations sur la végétation de la Hauté-
Vienne, notamment sur l'époque florale des plantes, et
sur le rapport de ces époques avec l'altitude des sols,
leur exposition et la elimatologie du pays, par M. ÉD.
LAMY ee semences euese scene creme sers Ne 007
Aperçu géologique et minéralogique sur Je département
de la Haute-Vienne, par M. F. ALLUAUD aîné..,...... 587
MÉMOIRES DE LA DEUXIÈME SECTION.
Essai historique sur les travaux de la Société d'Agricul-
ture, des Sciences et des Arts de la Haute-Vienne, par
DCE GER ARIDUN cheb bus sure oese uv ER 633
De l'influence de la cuisson à la houille sur l'avenir des
fabriques de porcelaine en Limousin , par M. F. AL-
URL ITÉ eee eee Re e0 Un RS mes à cote ce 651
Origines de la manufacture de tapisseries d'Aubusson. ,
par M.-Cyprièn PÉRATHON:: + 0e 22e sms 666
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LIMOGES. — IMPRIMERIE DE CHAPOULAUD FRÈRES
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MÉMOIRES DE LA III: SECTION.
NOTE
SUR LA CONFORMATION PARTICULIÈRE
DE LA TETE
OBSERVÉE DANS LE LIMOUSIN,
PAR M. BLANCHARD
MESSIEURS ,
De toutes les questions inscrites à notre programme,
la 41°, De la forme particulière de la tête observée dans le
Limousin, est, ce me semble, une de celles qui doivent
offrir le plus d'intérêt. Sans cesser, en effet, d’être
une question scientifique, elle est, de plus que les
autres, une question de localité. A ce double titre,
mais au second surtout, le fruit de quelques recherches
* bibliographiques que j'avais entreprises m'a paru
devoir être intéressant, et les considérations qui s'y
rattachent, dignes de vous être présentées : nous ne
devons pas oublier, au sein du Congrès scienti-
fique de France, que nous sommes, avant tout,
enfants du Limousin.
Quelle que soit la valeur scientifique de ces re-
Il, 4
2 CONGRÈS SCIENTIMIQUE DE FRANCE.
cherches et de ces considérations, cette note aura du
moins le mérite d’avoir pour appui et de mettre en :
relief un document très-curieux, d’une authenticité
incontestable. Veuillez, Messieurs, rappeler vos sou—
venirs classiques : ce sont des vers latins que je vous
demande la permission de vous lire.
Le collége des jésuites, dont le lycée impérial de
nos jours occupe les bâtiments, était très-florissant,
à Limoges, vers la fin du règne de Louis XIII. C’est
vers cette époque que fut composé par le R. P. Pierre
Josset, de la compagnie de Jésus, professeur de
rhétorique en notre ville, un long et très-beau
poème, en vingt-deux chants, intitulé Rhetorice. C'est
un traité complet de rhétorique. Pour ne parler que
de ce qui a trait à la question ci-dessus énoncée, je vous
dirai seulement, Messieurs, que, dans la première
partie de son ouvrage, l’auteur s'occupe beaucoup de
l'éducation physique de l’enfant dont il doit faire plus
tard un orateur. 11 le devance même au seuil de cette
vie, et sa sollicitude va s'intéresser à lui jusque dans
le sein de sa mère, à laquelle il donne des conseils
pour tout le cours de sa grossesse (1).
(1) En sa qualité de compatriote, notre poète a droit, il me
semble, à de longues citations : voici le morceau dans son
entier :
« Atfœcunda parens , ubi prole tumescere ventrem
Sentiet , et fœtus utero lalitare viriles,
Sæpius orabit, crebrasque ad sidera voces
Effundet : « Da, magne Pater, da surgere prolem
» Facundam , et cœlo rores insperge disertos.
» Tu potes argutas infantum eflingere voces ,
» Jgnitasque poli de vertice mittere linguas.
» Stilla tuæ vel sola fluat virtutis in illon ,
» Etsaterit, Tum, quippe endit velut bumor in herbas ,
MÉMOIRES. 3
Mais je passe, et j'arrive à ce qui, dans ce premier
livre, De prima futuri oratoris œtatula, intéresse plus
spécialement le sujet qui nous occupe :
« Le terme est venu : l'enfant va naître. Prépare-
» Ut matutini veniunt in gramina rores ,
» Prolis erunt ita verba meæ cum pectora tangent-
» Ergo ades, et cœlo divinum infunde favorem. »
» Sæpe etiam altarum goudebit imagine rerum,
Magnaque secreto sub pectore sensa revolvet ;
Audiet orantes quos ingeniosa diserto
Lingus polit sermone ; etenim cum sæpe parenti
Eloquii species Suadæque recurret imago ,
Inelusam in prolem , maternoque aggere septam,
Visaliqua et scintilla fluet ; quis enim ausit inanes
Pugnax phantasiæ maternæ dicere vires ?
» Huic ergo invigilet studio, sed et eligat escas
Infanti ; neque enim probet infans omnia rhetor
Pabula. Nolo parens pingui se prona sagina
Obruat , aut duras legat in sua fercula carnes ,
Aut languens sibi sumat olus , stagnive colonos.
Has igitur prægnans epulas tibi mater adopta :
Aut turdum facilem , aut teneræ perdicis alumnum,
Aut pullos teretes , liquidi vel turturis alas ,
Aut quas Phasis alit volueres , mollesve columbos ,
Aut vitulum frontem cui nondum cornua Junant.
» Temperet unda sitim modico diluta lyæo ,
Ne noceat , tenerosve premat frigentior arlus.
Qninetiam exterior species , et stantia circum
Prosint objecta , et facilis præsentia rerum ;
Unde lyras et plectra velim, cantusque , modosque
Audiat , et pictos vernanti gramine campos
Intret, et ambrosios florsr furetur odores.
Laurea serta gerat venturæ præscia prolis ,
Etsibi de viridi cœstum componat oliva. »
« Dès que la mère féconde sentira ses entrailles tressaillir,
et un enfant mâle se cacher dans son sein, qu'elle prie
souvent; qu'elle envoie au Ciel ses fréquents SOUPITS
« Donne-moi, à Père plein de puissance, donne-moi de mettre
» au jour un enfant éloquent; envoie du haut du Ciel
» ces rosées qui rendent les hommes diserts. Tu peux donner
A CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
toi, nourrice fidèle, dit l’auteur, à faconner le corps
de ton enfant : comme de la cire molle, il se laissera
plier entre tes doigts. »
Les vers suivants, Messieurs, sont, vous en jugerez
vous-mêmes, d’une très-belle facture. Ils ont été
imprimés à Limoges, le 8 mai 1650, par Antoine
» des voix éloquentes aux enfants, et faire tomber sur
» eux des langues de feu : qu'une seule goutte de ta puissance
» coulesurlui, et c'estassez. Alors, comme la pluie tombe sur
» l'herbe, comme la rosée matinale touche le gazon, ainsi
» seront les paroles de mon enfant lorsqu'il voudra toucher les
» cœurs ; donc, Dieu puissant, viens, et envoie du Ciel une
» grâce divine. »
» Souvent aussi la mère se plaira à imaginer de grandes
choses, et elle roulera seulement dans son cœur de hautes
pensées ; elle écoutera les orateurs à la langue diserte et aux
ingénieux discours. Après que la mère aura entendu des
discours éloquents, et aura vu passer sous ses yeux l'image
de la Persuasion, il en découlera sur l’enfant comme des
gouttes et des étincelles ; car qui oserait dire que ce qu’une
mère imagine est sans effet sur l'enfant qu’elle porte dans
son sein ?
» Qu'elle s'applique done à ces soins; qu’elle fasse plus :
qu’elle choisisse, à cause de son enfant, sa nourriture;
car notre jeune orateur, encore au sein de sa mère, ne s’accom-
moderait pas de tous les mets. Je ne veux pas que celle qui le
porte, et qui est déjà appesantie sous son fardeau, s’alourdisse
encore par des aliments trop gras; je ne veux pas qu'elle
se nourrisse de viandes coriaces ou de légumes sans sucs
nourriciers , ou de poissons. Mère prudente, voici les mets que
je te conseille : la grive tendre, ou le jeune perdreau, ou les
poulets, ou les aïles fondantes de la tourterelle, ou ces
oiseaux que nourrit le Phase, ou des Colombes, ou le jeune
veau dont le front n’est pas encore armé de cornes.
» Qu'elle calme sa soif avec de l'eau trempée légèrement
MÉMOIRES. 5
Barbou, typographe du roi, de la ville et du collége
de Limoges (1) :
« At partus jam tempus adest, jam nascitur infans.
Illum fida juva obstetrix ; huie mollia membra,
Huic faciles artus, atque ossa sequacia forma.
Nam quamvis habitum vultus, capitisque figuram ,
Membrorum situm placidæ vis alma parentis
Finxerit, inque utero cunctos extruxerit artus,
His majus tamen adde decus, melioraque forma ,
Ornamenta adhibe; et, si forte inhonesta figuru est,
Corrige; nam te, cere inslar, quocumque sequentur.
de vin, de peur que l’eau seule ne glace les membres délicats
de son enfant. Que toutes les formes extérieures, que tout ce
qu'elle verra ou touchera soit beau et agréable. Qu'elle
entende des lyres et autres instruments mélodieux, des
chants et des harmonies. Qu'elle foule des champs couverts
de gazons, et respire l'odeur ambroisienne des fleurs. Qu'elle
se couronne de guirlandes de lauriers, emblème de sa fécondité,
et qu'elle se compose une ceinture avec les rameaux ver-
doyants de l'olivier. » F
(1} Après l’approbation du R. P. Jean Pitard, provincial d’A-
quitaine, suit le Permis d'imprimer délivré par le P. Josset.
En voici le texte :
« Tu velim, ANTONI BARBOU, typographe regie, urbis et,
collegii nostri lemovicensis, secundum facultatem à R. P.
Provinciali mihi concessam, imprimas ÆAhetoricam meam,
poeticis numeris alligatam, ad decennium a die quo ultimum
excusa fuerit, ceteris typographis ab ejus impressione absti-
nere jussis.
» Lemovicæ, VIII Mmaii ANN. M. DC. L.
» PETRUS JOSSET,
» e Socielate Jesu. »
6 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
» ERGO CAPUT MANIBUS SOLERS COMPONE, futuram
Tot rerum tot opumque domum, ne spherica prorsus
Tili adsil forma , in justum neve exeat orbem.
Ila quidem multo stat congrua forma cerebro ;
Sed non ampla sinu memore est: SIT LONGIOR ERGO ;
INQUE CUCURBITULÆ SESE PRODUCAT ACUMEN
POSTICA DE PARTE, equidem tune magna patescit
Aula locusque capax, ubi vis memor ampla quiescit.
At frons, maturæ statio certissima mentis,
Angustos nimium ne Ccastigetur in orbes,
Indicium lenitatis ; at extendatur in æquor,
Sed tumidum, qua parte comis et crinibus hæret. »
« Mais voici que le temps de l’enfantement est venu :
l'enfant naît. Accoucheuse fidèle, aide-le ; faconn e-
lui des membres élégants, des articulations souples et
flexibles. Quoique la nature bienfaisante lui ait donné,
dans le sein de sa mère, et le port et la physionomie;
quoiqu'elle ait déjà déterminé la forme de la tête et la
configuration des membres, toi cependant, de tes
mains habiles, ne laisse pas d'ajouter une grâce plus
parfaite; apporte des embellissements nouveaux à la forme
naturelle; et, si celle forme n’élait pas belle, corrige-la :
elle se laissera plier entre tes doigts comme de la cire molle.
» DONC, NOURRICE FIDÈLE, FAÇONNE LA TÊTE DE
TES MAINS HABILES, Cette tête qui contiendra plus
tard tant de choses et tant de richesses : qu’elle n’ait
pas une forme entièrement sphérique; qu’elle ne se déve-
loppe pus en un cercle parfait : à la vérité, cette forme
va bien à la masse cérébrale; mais elle n'offre pas une
place assez vaste pour la mémoire (faculté si nécessaire
à l’orateur).
» QUE LA TÈTE DE NOTRE ENFANT SOIT DONC UN
PEU LONGUE; QUE, PAR DERRIÈRE, ELLE AILLE “S'ÉTEN-
MÉMOIRES. 7
DANT LÉGÈREMENT EN POINTE, ET COMME LE BOUT
D'UNE COURGE : il y aura alors un vaste champ, un
lieu spacieux pour loger la mémoire.
» Que le front, demeure certaine de l’intellisence
parvenue à sa maturité, ne prenne pas la forme d’un
cercle étroit, ce qui est l'indice d’un esprit léger;
mais qu'il aille se développant comme une surface
plane, mais légèrement renflée du côté où s'im-
plantent les cheveux. »
Voilà donc, Messieurs, les idées qui avaient cours
dans notre Limousin, il y a deux cents ans, sur le
faconnement des têtes. Au point de vue auquel j'envi-
sage la question, les erreurs phrénologiques contenues
dans le passage que vous venez d'entendre sont pour
moi de peu d'importance. Gall est devancé : un
système de localisation des facultés intellectuelles existe
déjà. Le P. Josset place le siége de la mémoire,
qualité si indispensable à l’orateur, vers la partie
postérieure de la tête : le fondateur de la crénioscopie ,
au contraire, localise cette faculté dans la partie
antérieure, au-dessus de l’arcade sourcilière. Qui a
tort? qui a raison? Je l’ignore; mais peu m'importe!
Qui pourrait, du reste, se prononcer sérieusement en
pareille matière, et donner gain de cause à celui-ci
ou à celui-là? L'observation doit offrir des faits dans un
sens comme dans l’autre : dans les sciences qui ne sont
pas exactes, tous les systèmes ne sont-ils pas appelés
à fleurir tour à tour ?
Il n’y a dans tout ceci, pour moi, de véritablement
intéressant que la constatation d’un fait, et le voici :
pour augmenter la mémoire de l’emfant, ou pour
8 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
tout autre motif, on conseillait, à cette époque,
de donner une forme pointue, en arrière, à la tête du
nouveau né. À tort ou à raison (des goûts, vous le
savez, on ne dispute pas), cette forme était considérée
comme l'idéal du beau par le P. Josset, et il la
voulait, comme type parfait d’une belle tête, pour son
futur vir bonus, dicendi peritus, dont il énumère avec
détails toutes les qualités.
Le P. Josset exprimait-il dans ces vers une opinion
personnelle au sujet de la forme de la tête de l'enfant?
Ces idées de localisation de la mémoire vers la partie
postérieure, et l'appréciation de la beauté de la tête
ainsi conformée, existaient-elles, au contraire, avant
lui dans les écoles du Limousin et chez les rhéteurs ou
hommes instruits de cette époque? — Je pense qu'il
faut admettre cette seconde manière de voir. Les
écrivains, en effet, ne font que refléter, en général,
les idées de leur siècle : les goûts, quels qu'ils soient,
demandent du temps pour s'implanter dans une pro-
vince; les habitudes, bonnes ou mauvaises, ne sont
pas l’œuvre d’un jour.
Il est donc probable que le P. Josset n’a fait, dans
sa Rhélorique, que reproduire éloquemment ce qui
était enseigné avant lui, que donner une forme
brillante aux idées de ses devanciers. Les études
phrénologiques, du reste, étaient déjà familières,
au moyen âge, à plusieurs abbés de notre Limousin.
Un de nos plus illustres compatriotes, Mgr Berteaud,
évêque de Tulle, dont tout le monde connaît la vaste
érudition, assurait dernièrement que, vers 1270, un
abbé de Saint-Martial, à Limoges, Bernard Itier,
était fort connu et renommé, dans nos pays, pour ses
MÉMOIRES. 9
connaissances approfondies en crdnioscopie. Un savant
historien d'Auxerre du siècle dernier, le modeste abbé
Lebœuf, en fait, à ce qu'il paraît, souvent mention
dans ses Chroniques. Malheureusement je n'ai pu avoir
aucun détail sur les œuvres de ce devancier de Gall
et de Spurzheim. Ses ouvrages, pas plus que les
Chroniques de l'abbé Lebœuf, ne se trouvent dans la
bibliothèque de notre ville. Je n’ai pu constater qu’une
chose, grâce aux Chroniques servant à l’histoire des Gaules :
c’est que Bernard Itier, abbé de Saint-Martial , vivait
à Limoges en 1270, ainsi que je l’ai noté plus haut.
Si maintenant, Messieurs, vous voulez bien vous
rappeler avec moi l'immense influence qu’exerçaient
sur leurs alentours, à cette époque, les écoles, les
abbayes, les monastères, ne peut-on pas admettre
que c’est de là qu'est partie l’idée première de Ia
beauté et des avantages que présente la conformation
de la tête pointue vers les régions occipitales? Un
professeur de rhétorique qui pouvait faire ainsi un fort
beau poème en vingt-deux chants était, sans
contredit, un homme instruit, intelligent, qui était
et devait être considéré dans son pays, dans ces
temps surtout où les lettres et les sciences étaient
l'apanage de quelques-uns. Ses manières de voir
devaient être appréciées, et ses conseils, brillamment
lancés du haut de sa chaire, devaient avoir dans la
province du retentissement. Les élèves acceptaient
sans conteste les idées du maître : Mayister dixit, vous
le savez, était la formule. Les conseils prenaient vite
force de loi; les enfants du jour devenaient le lende-
main des pères de famille : l’idée était transmise, faisait
son chemin, et la coutume s’établissait.
10 CONGRES SCIENTIFIQUE DE SMRANCE.
Le but avait été marqué : on devait faire en sorte
d'obtenir le résultat. Quels étaient les moyens pour y
parvenir? Là encore la voie était tracée, et les conseils
du maître formulés avec précision : « Fida obstetriæ,
corrige, compone manibus caput; nam te, ceræ inslar,
quocumque sequetur : sit longior ergo , inque cucurbitulæ
sese producat acumen. »
Il sait bien que ce crâne dont les parties ne sont
pas encore soudées entre elles; que cette tête dont les
os peuvent momentanément chevaucher les uns sur
les autres ; qui à pu s’allonger, en se rétrécissant,
pour se prêter aux divers phénomènes de la partu-
rition ; il sait, dis-je, que cette tête pourra recevoir
et conserver, par la soudure des os, le faconnement
qu'il aura indiqué. De là, les pressions manuelles et
réitérées qu'il conseille à l’accoucheuse et à la nour-
rice de l’enfant. Des pressions manuelles au petit
bonnet fortement serré et aux bandelettes prenant leur
point d'appui sur le front et la partie postérieure de la
tête , il n’y a qu'un pas. Par ces moyens divers, que
la mode avec le temps, jusqu’au commencement de ce
siècle, avait plus ou moins modifiés , le front était
déprimé, devenait même un peu fuyant (bien que ce
ne fût pas le but que l’on voulût atteindre) ; la région
occipitale s’aplatissait aussi dans le bas, tandis que la
partie supérieure devenait proéminente et plus ou
moins pointue. Cette forme allongée, régulièrement
décroissante en arrière et en haut, qui fait que la
tête ressemble à la pointe d’une courge (acumen
cucurbitulæ) , à un pain de sucre, comme on le dit
vulgairement de nos jours, était spécialement due à
l’action lente mais continue des bandelettes, qui,
MÉMOIRES. {1
méthodiquément appliquées autour de la tête du
nouveau né, atteisgnaient presque, en s’imbriquant
de moins en moins, l'extrémité occipitale, pour, de
là, revenir prendre leur dernier point d'appui sur le
Funt. où elles étaient fixées. Il eût été difficile, on le
end d'obtenir, paf les seules pressions ma-—
nuelles, une forme régulièremeut pointue. ;
Cette habitude, bonne ou mauvaise, de serrer ainsi
la tête des enfants était une habitude du pays,
cela ne fait pas de douté. Que ce soit à l'influence des
maîtres des écoles de Limoges, dont je viens de parler,
qu'il faille en attribuer la cause, je le crois aussi, et
j'en trouve une nouvelle preuve dans le cercle parfai-
tement limité autour du chef-lieu de la province, qui
fait que l’on n’observecette forme particulièrede la tête
que dans une certaine circonscription, ne dépassant
pas Bellac vers le nord, s'étendant au midi jusqu’au
‘Bas-Limousin. Les conseils, partis du point central,
avaient rayonné à l’entour dans les campagnes,
mais, en s'étendant, s'étaient affaiblis peu à peu. Au
delà d'une certaine limite, la voix ne s'était pas fait
entendre, et, là où la parole du maître n’était pas
parvenue, la coutume ne s'était point établie. Quant à
l'appréciation de la beauté de cette forme pointue,
certainement très-contestable, aujourd’hui surtout,
ne peut-on pas dire que chaque pays a sa manière de
voir, son goût plus ou moins perverti. Ne serait-il pas
étonnant que les vrais amis de l'esthétique pure
ne trouvassent rien à reprendre dans les us et coutumes
de notre Limousin? Pourquoi nos pères auraient-ils
fait exception à la règle commune? De quel droit, en
fait de bon goût, serions-nous privilégiés et mieux
12 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
doués que nos voisins de la Creuse par exemple? Tout
près de nous, en effet, les femmes, dans les cam-
pagnes de la Marche, ne se fisurent-elles pas ajouter
un charme de plus à leur personne en serrant sous le
cou , jusqu'à s’étrangler, les liens de leur bonnet, de
manière à allonger la figuré"en déprimant les tissus ,
et former un sillon d’une profondeur extraordinaire ,
bordé de deux énormes bourrelets, derrière lesquels
disparaît le lien qui les meurtrit ?
Ce n’est pas seulement en Limousin, Messieurs,
qu’on à cherché à faconner mécaniquement la tête
des nouveaux nés. Ces coutumes se retrouvent dans
des contrées bien différentes, de nos jours comme
autrefois. C’est ainsi qu'Hippocrate constate cette
habitude chez un peuple de son temps qui n'existe
plus aujourd’hui, les Macrocéphales où Tétes longues. Le
père de la médecine détermine la position géographique
de cette peuplade par ces mots : située à la droite du
levant d'été, s'étendant jusqu'aux Palus-Méotides , aujour-
d'hui la mer d’Azof. Hippocrate nous avait renseignés
avec précision : ces contrées sont bien, en effet, celles
qu'habitaient les Macrocéphales. M. le docteur Bathke
vient de mettre ce fait au-dessus de toute contestation
dans un curieux Mémoire sur les crânes trouvés tout
récemment en Crimée, et qui présentaient une forme
extrêmement allongée. — De nos jours, comme l’ont
observé tous les géographes et les voyageurs, ces
coutumes sont encore très-répandues en Amérique,
chez les nations sauvages où à demi policées. Ces
peuples affectionnent et finissent par adopter définiti-
vement telle ou telle forme pour la tête de leurs
enfants. Aux Antilles, par exemple, les Caraïbes
MÉMOIRES. 13
préfèrent à l'angle droit facial le front plat et
fuyant.
C'était, sans doute, à cette peuplade que Marjolin
faisait allusion lorsqu'il écrivait, à l’article Téte du
Dictionnaire en trente volumes , les lignes suivantes :
« Ces différentes formes naturelles de la tête sont,
d’ailleurs, modifiées diversement, chez quelques
peuples, par des pressions mécaniques qu'ils exercent
sur cette partie, dans un sens ou dans un autre, dès
le moment de la naissance. C’est ainsi que plusieurs
peuplades de l'Amérique, attachant une idée de
beauté à l’aplatissement extrême du front , appliquent
sur la tête des enfants nouveau-nés une planchette
garnie de coton, qu'ils fixent en arrière avec des liens,
et produisent cette déformation en exerçant une
pression continue sur la partie antérieure de la tête. »
(Vol. XXIX, p. 557.)
Un pareil peuple devrait peu goûter la beauté
classique des statues anciennes, dans lesquelles les
artistes ne craignaient pas de pousser jusqu'à l'exa-
gération la grandeur de l'angle facial, de le dépasser
même comme dans la statue du J upiter Tonnant!
La cause première de la forme particulière de
la tête que l’on observe en nos pays devant être
rapportée à des procédés manuels, à une influence
purement mécanique, comment se fait-il que le
vieil adage sublata causa, tollitur effectus, ne trouve
Pas Son application, et ne produise pas son effet?
Comment se fait-il que, malgré ces coutumes aban—
données, ces formes longues et pointues se retrouvent
encore très-souvent chezles nouveaux nés, etpersistent
chez l'adulte? C’est ici, Messieurs, qu'il faut faire
14 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
appel à l'influence héréditaire. L'hérédité nous donne
facilement l'explication de ce phénomène : c’est un
fait d'observation constante, parfaitement établi,
admis par tous les auteurs. En peu de mots, voici ce
que l’on observe : une influence extérieure, méca-
nique ou autre, agissant avec persistance sur un
individu, lui imprime un cachet, une forme particu-
lière. Bientôt l'hérédité s'empare de cette configuration
due à des agents externes, l’introduit peu à peu, et
finit par la transmettre définitivement dans les familles.
Si, des père et mère, un seul présente la confor-
mation contre nature, accidentelle ou volontaire,
l'influence héréditaire sera douteuse, mais elle pourra
cependant exister, ainsi que la science et l’histoire en
offrent quelques exemples. En voici un entre autres :
« La famille des Shandy était renommée, sous
Henri VIII, par ses beaux nez; mais, le bisaïeul
de Tristram l'ayant aplati, tous ses descendants eurent
des nez camus (4) ».
Si lés deux conjoints offrent la même anomalie, la
même particularité physiologique, presque à coup sûr
l'enfant présentera le signe caractéristique Observé
chez ses parents. Les Nasones, les Strabones, les
Frontones, etc., étaient des familles romaines dans
lesquelles certains caractères distinctifs, rappelés par
ces noms, se transmettaient par l'hérédité (2).
(1) De la Mégalanthropogénésie, ou l'Art d’engendrer des
enfants d'esprit qui deviennent de grands hommes, par
le docteur Robert, ouvrage dédié aux membres de l'Institut
national de France. — Paris, 1803.
(2) Docteur Robert , ouvrage cité.
MÉMOIRES. | 15
Voici les lois posées par Maupertuis au sujet de
l’hérédité du sexdigitisme :
« On voit que le sexdigitisme se transmet également
par le père et la mère; on voit qu’il s’altère par
l'alliance des quintidigitaires, et qu’il doit finir par
s'étendre par des alliances répétées, tandis que cette
anomalie se perpétuerait par des alliances où elle
serait Commune aux deux sexes. » {Vénus physique et
Lettres physiologiques.)
N’admet-on pas aussi que les femmes chinoises
transmettent jusqu'à un certain point à leurs enfants
l’étroitesse difforme de leur pied, quel que soit du
reste le procédé par lequel ce résultat ait été primiti-
vement obtenu ?
Les femmes de Lima, renommées aussi pour la
gentillesse de leurs petits pieds, subissent presque
toutes, à ce qu’il paraît, dans leur enfance, l’am-
putation du petit orteil. D'un autre côté, à ce que
l’on dit encore, beaucoup d'hommes adultes, pour se
débarrasser de leurs cors, se soumettent à cette
désarticulation, fort peu douloureuse depuis l’in-
vention du chloroforme. On prétend même, et cela
ne me paraît pas du tout invraisemblable, que de
l'union, pendant trois générations, de deux per-
sonnes amputées résulte un défaut congénial qui se
transmet à tous leurs enfants (1).
Les divers exemples que je viens de citer, bien que
pris en dehors du sujet qui nous occupe, pourraient,
sans doute, suffire à prouver l'influence héréditaire
que j'ai admise comme cause de la transmission dans
() Union médicale Au 7 mai 1859.
Â6 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE:
les familles de la forme de tête qui caractérise bon
nombre d'habitants du Limousin. — Quand on étudie
à fond un sujet, en compulsant les auteurs et moisson-
nant çà et là, il est bien rare qu’on ne finisse pas par
faire quelque heureuse trouvaille : presque toujours,
en effet, en d’autres temps ou en d'autres lieux,
nos pères ont observé ce que nous observons nous-
mêmes, ont, comme nous, institué des théories et
tiré des déductions. Que de gens de bonne foi peuvent
se croire et se croient des 2nventeurs qui n’ont fait
que trouver dans leur esprit une idée toute simple,
venue à bien d’autres avant eux, ou une explication
toute facile et déjà plusieurs fois donnée! Tant il est
vrai que l’homme, depuis des siècles, tourne presque
toujours dans le même cercle, que son observation et
son intelligence s’exercent à peu près dans le même
espace, dont Dieu a fixé les étroites limites ! tant il est
vrai enfin qu'il n’y a guère rien de nouveau sous le
soleil !
En cherchant donc, dans les auteurs anciens et
modernes , ce qui a été écrit sur le faconnement des
têtes; en remontant les âges, et dans l'espérance de
trouver la source première (comme en tant d’autres
choses!), je suis arrivé à Hippocrate, le maître
des maîtres en fait d'observation. N'était-il pas
naturel de prendre l'avis du plus illustre des médecins,
de celui dont on a pu dire qu'il était le miracle de la
nature, l’astre duquel émanait toute lumière ? Le très-divin
vieillard n’a pas failli à sa réputation : il a écrit sur
cette matière, noté ce qu’il a observé, et formulé ses
appréciations avec la même clarté, la même préci-
sion, la même rectitude d'esprit que dans ses passages
MÉMOIRES. 17
les plus fameux. Vous en jugerez vous-mêmes : je
transcris textuellement le paragraphe 14%, Des airs,
des eaux et des lieux (1), heureux que je suis de me
trouver en communauté d'idées avec le grand maître,
et d'étayer mon opinion de celle d’un homme qui ne
peut se tromper ! ont dit ses commentateurs. Cette
citation ne devait-elle pas être le plus solide de mes
arguments ? C
« Je passerai sous silence tous les peuples qui ne
diffèrent pas sensiblement des autres, et je vais parler
de ceux qui présentent de notables dissemblances,
qu'elles tiennent à la nature ou à la coutume. Je
commence par les Macrocéphales. Il n’est point de
peuple qui ait la tête semblable à la leur. Dans le
principe, l'allongement de la tête était l'effet d’une
coutume ; maintenant la nature prête secours à cette
coutume, fondée sur la croyance que les plus nobles élaient
ceux qui avaient la téte la plus longue. Voici quelle est
cette coutume : aussitôt qu'un enfant est mis au
monde, pendant que son corps est souple, et que sa
tête conserve encore la mollesse , on la façonne avec
les mains, on la force à s'allonger en se servant de
bandages et d'appareils convenables, qui lui font
perdre sa forme sphérique, et la font croître en
longueur. Aïnsi, dans le principe, grâce à cette
coutume, le changemént de forme était dû à ces
violentes manœuvres ; mais, avec le temps, cette forme
s'identifia si bien avec la nature que celle-ci n’eut
plus besoin d'être contrainte par la coutume , etque la
puissance de l'art devint inutile. En effet, la liqueur
(1) Traduction Daremberg.
II. 2
18 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
séminale, émanant de toutes les parties du corps, est
saine quand les parties sont saines, altérée quand
elles sont malsaïines : or, si, le plus ordinairement, on
naît chauve de parents chauves,, avec des yeux bleus
de parents qui ont les yeux bleus, louche de parents
louches, et aïnsi du reste, rien n'empêche qu'on naisse
avec une longue tête de parents qui ont une longue
tête. Aujourd’hui cette forme n'existe plus chez ce
peuple comme autrefois, parce que la coutume est
tombée en désuétude par la fréquentation des autres
nations. Voilà, ce me semble, ce qui concerne les
Macrocéphales. »
Dans le curieux passage que vous venez d'entendre,
je vous prie, Messieurs, de vouloir bien remarquer
surtout ce membre de phrase : coutume fondée sur la
croyance que les plus nobles étaient ceux qui avaient la téte
la plus longue. On avait donc constaté, à cette époque,
un certain rapport de cause à effet, ou, si l’on veut,
une simple coïncidence entre cette conformation parti-
culière de la tête et le développement des facultés intel-
lectuelles. Il y avait donc avantage à faconner de la
sorte la tête des enfants, puisque la {éle longue était le
signe distinctif d’une noble origine. Eh bien ! ne seraït-
il pas possible que ces idées anciennes, fortifiées de l’ap-
préciation d’un génie tel que celui d'Hippocrate, fussent
arrivées, traversant les âges, jusque dans nos écoles
du Limousin? Je dois le dire : cela me paraît pro-
bable. — Au xvr siècle et au xvi1°, sans remonter
plus haut, l'instruction était peu répandue; mais
ceux qui savaient savaient bien et savaient beaucoup.
A cette époque, un homme véritablement instruit
avait toujours étudié, plus ou moins, les sciences
MÉMOIRES. A9
médicales. L'intérêt qu’elles offrent, leur utilité de
chaque jour, leur ont, de tout temps, assuré des
adeptes dans les corporations religieuses. Les citations
latines que je vous ai faites ne sont-elles pas une
preuve de ce que j'ayance? Le P. Josset était tout au
moins un bon hygiéniste. Ses idées sur l'alimentation
des femme enceintes, ses conseils pour le choix d’une
nourrice {passage curieux que j'aurais pu également
citer si je n'avais craint les longueurs), le prouvent
suffisamment. Mais, vous le savez, Messieurs, les
traités de médecine n’abondaient pas à cette époque :
les œuvres d'Hippocrate, de Gallien , étaient à peu près
les seules mais excellentes sources où l’on allât puiser.
Tenez donc pour certain que nos jésuites de Limoges
avaient lu Hippocrate; admettez aussi que probable-
ment l’appréciation de l’illustre médecin de Cos sur la
forme allongée de la tête existait dans les souvenirs du
P. Josset lorsqu'il conseillait aux mères de famille,
dans sa Rhétorique, de donner cette conformation à la
tête, flexible de leurs nouveaux nés. Il y a une trop
grande similitude entre ces deux passages pour qu’il
ne soit pas permis d’en indiquer le rapprochement. Si
l'on m’objectait que la langue grecque, dans ce temps-
là, n’était familière qu'à quelques-uns; qu'il n’est pas
probable que les œuvres manuscrites d'Hippocrate
pussent être très-répandues alors , je répondrais que,
dès 1525, une traduction latine en était faite par
M.-F.Calvus sur les manuscrits du Vatican, et que ses
œuvres complètes, ainsi traduites, furent éditées à
Rome et à Bâle l’année suivante (1526, ed. princeps
in-fol.). Qui pouvait, à cette époque, plus facilement
que les membres de la compagnie de Jésus, commu-
20 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
niquer avec Rome et le Vatican? La ville éternelle
n'était-elle pas la résidence du général de la très-
puissante congrégation ?
La compression des os du crâne et, par conséquent,
du cerveau, qui à dû être primitivement exercée,
ainsi que je l’ai admis plus haut, a-t-elle pu avoir
une influence fâcheuse sur le développement de l’in-
telligence ? Je né le pense pas. J'admets volontiers,
avec M. Cruveilhier, que les variétés que présente la
forme du crâne chez les différents individus paraissent
dépendre de l’excès de tel ou tel diamètre; mais il
faut remarquer qué, l'augmentation d’un des dia-
mètres coïncidant presque toujours avec une dimi-
nution proportionnelle dans les autres diamètres,
il en résulte que la différence absolue du volume du
cerveau est peu considérable.
Si quelques ‘auteurs ont admis qu'il existe un
rapport réel entre le volume du cerveau et l'intel-
ligence de l'individu ; si cette règle est souvent juste
en anatomie comparée, il n’en est pas moins vrai
qu’elle souffre de très-nombreuses exceptions. Malgré
son grand cerveau, l'intelligence du serin, très-
médiocre quoi qu'on en puisse dire, ne donne-t-elle
pas à ces déductions un éclatant démenti ? N’est-il
pas également établi que, comparé aux autres parties
du corps, le cerveau est plus considérable chez la
femme que chez l’homme”? Doit-on en conclure que
la femme est plus intelligente que l’homme? « Mais
la galanterie ne nous oblige pas, dit Marjolin, à
avancer une pareille erreur, quoi qu’en dise le beau
sexe. » En matière cérébrale surtout, Messieurs, la
qualité l'emporte sur la quantité !
MÉMOIRES. 21
Comme M. Cruveilhier aussi, je n'aurais pas grande
confiance dans la mesure occipitale par l'angle de
Daubenton. Sans développer les raisons sur lesquelles
il s'appuie pour rejeter cette méthode, j'adopterai sa
conclusion : « Toutes les mesures linéaires , dit-il,
appliquées à la détermination de la capacité du crâne
sont nécessairement inexactes ». — En résumé, la
tête limousine a produit des hommes de peu de valeur,
comme aussi des hommes très-éminents; il semble
même qu'il y ait prédominance de .ces derniers :
presque tous nos hommes. illustres, comme s'ils
tenaient à honneur d'indiquer hautement leur ori-
gine , présentent, en effet,, cette conformation.
J’ai entendu , depuis peu, donner de la forme de la
tête limousine l'explication suivante::.dans nos pays,
assurerait-on , les femmes seraient généralement plus
grandes qu'ailleurs. Or ,,en admettant ce: principe
que qui gagne en longueur perd en largeur proportionnel
lement, il en résulterait que , chez: elles, les axes du -
bassin seraient sensiblement plus petits. — IL faudrait
d’abord démontrer la vérité de ces deux propositions,
et je ne sache pas que rien de semblable, ait été établi
par l'observation. —, Les plus petites dimensions des
détroits du bassin étant constatées, s'ensuiyrait-il
qu’on dût croire que cette étroitesse est la cause de la
forme allongée de la tête de certains enfants? Ce n’est
pas mon avis. Cette influence, toute momentanée,
n’est pas admise dans les traités d'accouchements. Les
auteurs font , au contraire, remarquer que, aussitôt
que la compression n’existe plus, la tête revient peu
à peu à sa forme primitive. Si cette influence existait
en effet, on devrait observer des têtes de forme extra-
22 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ordinaire chez les enfants des femmes rathitiques,
qui peuvent offrir les déviations du bassin les plus
diverses. Rien de semblable n'a lieu cependant. — Je
pourrais, à l'appui de ce que j'avance, présenter un
grand nombre d'arguments; mais ce serait entrer
dans des détails qui conviendraient plutôt à un traité
d’accouchements qu'au sujet qui nous occupe. Per-
mettez-moi néanmoins de prendre pour dernière
preuve les considérations anatomiques contenues
dans le passage suivant, que j'emprunte à Gall :
« Mais, à la naissance, la forme de la tête ne peut-
elle pas être changée par suite d'un accouchement
laborieux ou des manœuvres inconsidérées des sages
femmes?
» Quoique la tête du fœtus, comprimée par un
accouchement laborieux, cède un peu, la nature a
cependant pris des précautions admirables pour as-—
surer la conservation du cerveau. La dure-mère , qui
enveloppe cet organe , est fortement attachée au
crâne, et empêche les os de chevaucher beaucoup.
Les prolong'ements de la dure-mère connus sous le nom
de falx et de tentorium contribuent également à
garantir les parties cérébrales. Le crâne présente
une voûte, forme qui oppose la plus grande résistance.
Les os du crâne sont flexibles ou élastiques. Enfin
le cerveau lui-même est un corps vivant, et son
élasticité naturelle est agitée par le mouvement con-
tinue] d’élévation et d’abaissement que la circulation
du sang lui communique. Par conséquent, une com—
pression passagère, qui n’agit pas trop violemment,
ne change pas la forme que l'organisation primitive à
décidée. »
MÉMOIRES. 93
_ M. Malgaigne a, de, nos jours, repris la même
démonstration anatomique. — «, Si on examine les
choses de près, dit aussi M. Cazeaux , on s'assure faci-
lement que la membrane intermédiaire aux pariétaux
est trop, solide pour se laisser allonger, et trop étroite
pour permettre un chevauchement notable. Bien plus,
le plus ordinairement, elle tient ces deux os tellement
serrés que le bord supérieur de l’un déborde l’autre,
et qu'il y a sur.les têtes sèches un véritable chevau-
chement normal (1). »
Je dois, en terminant, constater le fait suivant :
c'est que la forme de la tête limousine se retrouve
aujourd'hui bien plus dans les campagnes qu'à la
ville. Les chapeliers, juges compétents en pareille
matière, s'accordent sur ce point. Ils ont également
remarqué que les coiffures qu'ils livrent aux gens de
la campagne sont sensiblement plus petites. Ces faits
s’expliquent naturellement : c’est, en effet, dans les
campagnes que se conservent le plus long-temps les
coutumes et les traditions; elles sont ensuite bien
moins soumises que les villes à l'influence du croise-
ment des races : nos paysans, vous le savez, se
marient entre eux, tandis que l'industrie , le com-
merce et mille autres raisons attirent dans les grands
centres populeux, où ils finissent par s'établir, des
individus de pays très-différents. Quant à la petitesse
des coiffures fournies par nos chapeliers de la place
des Bancs, par exemple, qui ont à peu près seuls le
privilége de coiffer nos campagnards, ne peut-on
(1) Cazeaux, Trailé d'accouchements, 5e édition, p. 214.
2h CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
trouver l'explication de cette différence dans l'habitude
qu'ont nos paysans de porter leur chapeau tout à fait
sur le derrière de la tête? Le diamètre occipito—
bregmatique est, en effet, beaucoup plus court que le
diamètre fronto-occipital, et c’est ce dernier qui
mesure la longueur de l’ovale du chapeau des ci-
tadins, qui se coiffent toujours , comme vous le savez,
Messieurs, plus ou moins en avant sur la région
frontale.
DE L'INFLUENCE
DE
L'EXÉRCICE À PIED ET AU GRAND AIR
DANS QUELQUES CAS
DE PHTHISIE PULMONAIRE
EN LIMOUSIN,
PAR M. LEMAISTRE,
Chef des travaux anatomiques à l’École de Médecine de Limoges.
Je me propose, dans ce travail, de prouver : 4° que
le défaut d'exercice au grand air est une des princi-
pales causes de la phthisie ; 2° que le meilleur moyen
de prévenir cette terrible maladie, d'en arrêter mo-
mentanément la marche, et peut-être de la guérir,
consiste à obvier à cette cause dans tous les pays en
général, et dans le nôtre en particulier. Je citerai
quelques faits à l'appui de la thèse que je soutiens.
k
Il est bien évident que la phthisie pulmonaire telle
qu'on la comprend aujourd’hui est caractérisée par le
26 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
développement d’un produit nouveau, le tubercule,
sans analogue dans nos tissus. Il est bien évident
encore que l'évolution de cette production nouvelle
n'apparaît dans l’économie que lorsque notre organi-—
sation à éprouvé une modification profonde, dont
l'essence nous échappe, mais dont les causes, suivant
les auteurs, sont rapportées à la plupart des agents
qui agissent sur nous par débilitation (1).
Ces causes sont nombreuses : elles peuvent être
physiques ou morales ; mais, en définitif, elles doivent
toutes être résumées en celles qui nuisent à la nutri-
tion générale en portant obstacle soit à l'hématose
pulmonaire, soit à la digestion ou à l'assimilation de
ses produits (la diabète sucrée par exemple).
Donc deux ordres de causes :
Au nombre des premières, je place en première
ligne un air altéré dans la proportion des principes
qui le composent, un air qui n’est pas assez renou—
velé, le défaut d’air en un mot.
Parmi les secondes, nous trouvons au premier rang
le repos.
Ceci est admis partout aujourd’hui. Il est constant,
en effet, que, pour que le sang soit convenablement
renouvelé dans le poumon, il lui faut une suffisante
quantité d’air respirable.
Il est coustant encore que le repos est contraire à la
digestion. Il est bien certain que les chagrins et
une nourriture insuffisante où de mauvaise qualité
ont une très-cgrande influence sur la nutrition.
(1) Nous ne parlons que de la phthisie acquise, ét non de la
phthisie héréditaire.
MÉMOIRES. 27
Aussi, sans vouloir nous en occuper aujourd'hui ,
nous devrons cependant en tenir compte.
Ainsi, pour nous, deux causes principales de la
phthisie pulmonaire : le repos, et le défaut d'air
renouvelé, d’air jouissant de toutes ses qualités, en
pleine lumière solaire. É
Ces causes peuvent agir ou ensemble ou isolément.
On comprend que, dans le premier cas, leur action
doit être puissante.
Mais citons des faits et Chez les hommes et chez les
animaux. Pénétrons, si vous le voulez bien, dans une
maison centrale quelconque, dans celle de Limoges
par exemple; remarquons un cértain nombre de
détenus qui arrivent.
Ils ont jusqu'ici travaillé au grand air; ils sont
forts, vigoureux, bien portants. Revenons les voir
quelques années après : ils n'ont plus le même teint,
le même aspect : ils sont déjà, en grande partie, tuber-
culeux, et plusieurs sont morts de la phthisie pulmo-
naire. | ponte |
J'y ai vu entrer un malheureux maçon de nos pays.
Il était dans la force de l'âge, et jouissait d’une santé
parfaite. Deux ansplus tard, il était mort tuberculeux.
Voulez-vous des chiffres?
L'honorable médecin qui les soigne vous en don-
nera.
Il vous dira que, sur cent décès, il a cinquante
phthisies pulmonaires : un sur deux.
Est-ce la nourriture qui leur a manqué? Je ne le
pense pas; Car nos paysans ne sont pas, pour la
plupart, mieux nourris, et, si quelques-uns meurent
28 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
phthisiques, ce n’est pas le plus grand nombre: loin
de là!
Est-ce le repos qui leur a été fatal? — C'est possible :
cependant il y a des professions qui exigent du mou-
vement à la maison centrale.
C’est donc le défaut d'air renouvelé, ou, si vous
aimez mieux, le défaut d'exercice au grand air qui
est la principale cause de la phthisie dans les maisons
de détention. Le chagrin peut bien avoir son in-
fluence;, mais, dans les bagnes, les peines morales
existent aussi : l'influence n’est pas la même.
Je suis loin cependant de nier l’action de plusieurs
causes secondaires : je dis seulement que le défaut
d'exercice au grand air est la cause capitale.
Mais sortons des établissements de reclusion., et
voyons les professions libres.
Plus la profession est sédentaire, plus elle a lieu
dans un air peu renouvelé, plus elle expose l'individu
à la phthisie.
Les cordonniers, les tisserands et les ouvriers qui
travaillent dans des ateliers sont très-certainement
attaqués par les tubercules d’une manière particulière.
Pour preuve à l’appui de ce que j'avance ,j'invoquerai
la Statistique générale de M. Lombard, qui constate
« que la vie sédentaire détermine un beaucoup plus
grand nombre de phthisies que la vie active; que la
phthisie est deux fois plus fréquente chez les ouvriers
enfermés dans les ateliers que parmi ceux qui tra-
vaillent en plein air ».
Mais examinons ce qui se passe chez les animaux
(sur lesquels les causes morales n'ont pas d'action,
quand on les condamne au repos. Il est constant que
MÉMOIRES. 29
tous les animaux vivant à l'état sauvage qu’on
transporte des pays chauds dans nos pays pour les
mettre dans des cages meurent phthisiques pour la
plupart.
La privation de l'exercice au grand air en est
pour moi la cause principale. On peut cependant
attribuer le développement de la maladie au passage
d’un climat chaud à un climat froid.
Citons ailleurs, dans nos pays, un autre fait.
Les vaches laitières, à Paris, n’ont pas changé de
climat; elles sont très-bien nourries, très-sainement
logées, et elles meurent toutes phthisiques, évidem-
ment par défaut d'exercice, par défaut d’air renou-
velé. Je sais bien qu’on a fait intervenir la lactation
prolongée comme cause principale.
Je pourrais bien citer nombre de femmes qui, dans
nos pays, ont nourri sans interruption deux ou trois.
enfants pour ne pas dire davantage, et cela à plusieurs
reprises, sans être pour cela devenues tuberculeuses ;
mais je me contenterai de prendre mon exemple chez
des animaux en dehors de la lactation.
J'ai fait quelques visites à l’abattoir de Limoges;
j'en’ai fait au printemps, j'en ai fait en automne.
J'ai été frappé, une première fois, de trouver à peu
près tous les moutons tuberculeux, tandis que, une
seconde fois, il n’en fut plus de même.
J'en fis la remarque au surveillant. 11 me fit observer
que mes deux visites avaient été faites, l’une à la fin
de l'hiver, et l’autre au commencement; et que,
à ces deux époques, il y avait toujours une grande
différence dans le degré de tuberculisation des ani-
30 CONGRÈS SCIENTIFIQUE. DE FRANCE.
maux de la race ovine. — Seulement il en attribuait
la cause à la nourriture.
Je ne me permettrai pas de nier d’une manière
absolue une telle influence. Seulement je crois qu'on
peut en faire intervenir une autre bien plus essentielle,
le défaut d'exercice au grand air.
En effet, dans nos pays, la nourriture des brebis
est très-précaire en toute saison ; mais elles peuvent
respirer un air pur et salutaire plus long-temps
pendant l'été que pendant l'hiver, où elles sortent
très-peu, voire même pas du tout quelquefois, par
les temps de neige par exemple. Et, quand elles ne
sortent pas, elles sont tenues à l’étable, Or, dans cette
étable, elles sont le plus souvent tellement à l'étroit
que les dernières qui entrent sont obligées, pour
pénétrer, d'exercer une certaine pression sur les
autres, quand le berger lui-même ne s'occupe pas de
ce soin. Elles y sont encaissées, empilées : c’est le
mot. Quand vous y entrez, vous êtes suffoqué.
Voilà pourquoi, selon moi, les brebis sont plus tu
berculeuses à la fin de l'hiver qu’à la fin de l'été.
Il'est donc évident pour nous que le défaut d’exer-
cice au grand air est une cause puissante de phthisie.
Pour le prouver encore mieux, nous allons exa-
miner les professions qui exigent de l'exercice au
grand air, et nous allons constater que la phthisie à
peu ou pas de prise sur elles.
Je me contenterai de vous en signaler seulement
trois : celles de commis-voyageur, de roulier sur les
grand'routes, et d'homme d’affaires dans nos cam-
pagnes, de régisseur de propriété en un mot. Comme
vous le voyez, j'ai choisi des professions qui exigeaint
MÉMOIRES. 31
de l'exercice avec changement de lieu, parce que je
les crois bien préférables à celles qui n’exigent que de
l'exercice au grand air et sur place, comme celles de
macon, de charpentier, etc.; professions très-certai-
nement bien salutaires à la santé, maïs bien moins
que celles dont je parle. Regardez, en effet, tous les
individus qui ont pour profession de es le
roulier par exemple.
Ils sont forts, vigoureux, à constitution athlétique
pour la plupart; leur teint est fortement coloré; la
circulation est ample, et leur sang riche en globules.
Ils sont l'opposé des individus à constitution tuber-
culeuse, et cependant ils sont exposés chaque jour,
depuis lematin jusqu’au soir, à toutes les intempéries
des saisons, qu'ils bravent impunément, parce que
l'exercice au grand air est là pour éloigner d’eux la
tendance à la phthisie.
Pourquoi ne pas citer le paysan de nos campagnes ?
— Si je ne l'ai pas fait, c'est parce que j'ai trouvé que
la phthisie, bien moins fréquente que dans nos villes,
n’est pas très-rare chez eux.
Ilya plusieurs causes qui leur sont très-contraires :
4 le défaut de nourriture, c’est-à-dire une alimenta-
tion insuffisante vis-à-vis d’un travail en excès:
90 le défaut de soins dans les maladies, et 3° une
mauvaise habitation le plus souvent.
Je suis convaincu que, s'ils étaient bien logés,
bien nourris , et s'ils étaient un peu plus soucieux de
leur santé, la phthisie ne les attaquerait pour aïnsi
dire jamais; comme il arrive: du reste pour ceux qui,
autour des villes, se trouvent plus en état de se
donner un certain confortable.
32 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
D'après les faits que je viens de citer , il est évident
que le repos et un air non renouvelé sont une des
principales causes de la phthisie, tandis que l'exer-
cice au grand air l'empêche de se développer.
Ceci est admis aujourd’hui par tous les auteurs:
aussi recommande-t-on l'exercice sous toutes les
formes, et l’habitation dans une bonne exposition ,
comme les conditions premières de la prophylaxie
des tubercules pulmonaires.
Il.
Envisageons maintenant la question à un autre
point de vue : à savoir si l'exercice au grand air peut
arrêter la marche de la phthisie pulmonaire, et la
œuérir.
La phthisie peut guérir : c’est un fait avéré aujour-
d'hui dans la science. J'ai vu des vieillards mourir
dans un âge très-avancé, et, à l’autopsie, j'ai trouvé
chez eux des cicatrices de cavernes, des tubercules à
l’état crétacé.
Comment ont-ils pu guérir ?
Probablement en usant des moyens que je préco-
nise ; mais il m'est impossible de l’affirmer : aussi ne
m'occuperai-je point de la guérison de cette affection.
Je me contenterai de prouver que la locomotion dans
un air renouvelé est un des bons moyens pour
arrêter la maladie quand elle est confirmée, c’est-à-
dire pour en arrêter momentanément les progrès.
Voici un fait à l’appui de ce que j'avance :
En 14848, étant alors interne, à Paris, à l'hôpital
MÉMOIRES. 33
Beaujon, je reçus un roulier atteint d’une phthisie
&galopante, qui l'emporta dans l’espace de huit jours.
Cet homme, à constitution vigoureuse, aux larges
épaules, m’apprit que, étant jeune encore, il toussait
toujours; qu'il était faible et d’une santé délicate ;
que, en grandissant, il s'était fait conducteur de
Chevaux sur les routes, et que dès lors il s'était for-
tifié, avait pris de l’embonpoint, et; sauf un peu de
toux, s'était bien porté; que, depuis quelques jours
seulement, il s'était refroidi, et avait été pris de fièvre
et d’oppression.
À l’autopsie, nous trouvâmes les deux poumons
farcis de tubercules miliaires, et une large caverne
au, sommet du poumon droit. Cette caverne, ‘du
volume d’un œuf, avait ses parois parfaitement orga-
nisées, et remontait très-probablement à son enfance.
Cet homme avait été momentanément guéri par sa
profession de roulier, par ses voyages continuels.
Mais une cause fortuite, peut-être le repos, étant
venue l’assaillir, l'ancienne prédisposition avait pris le
dessus, et le germe tuberculeux s'était de nouveau
montré.
Cet homme, âgé d'environ quarante ans, avait
donc pu jouir de tous les avantages d’une bonne
santé, sauf la toux, pendant plus de la moitié de son
existence, et il devait très-certainement cela au re
nouvellement d'air, à un exercice continu, à une
nourriture variée.
De tels exemples ne sont pas rares, j en suis con-
vaincu; seulement on en attribue la cause à l’in—
fluence du climat, ou à des agents médicamenteux.
Expliquons-nous. — Aujourd’hui l’usage parmi les
Il. 3
34 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
praticiens est d'envoyer les phthisiques dans des
climats meilleurs; d'autres les envoient à des eaux
thermales sulfureuses; Laennec leur disait d'aller
respirer l’air des bords de la mer, ou de voyager sur
des vaisseaux dans des climats très-doux, et tous les
malades, à moins de maladie trop avancée, en
quelque endroit qu'ils soient allés, reviennent avec
de l'amélioration.
Dans tout ceci je ne vois qu'une seule chose : de
l'exercice au grand air.
En effet, où envoie-t-on les malades? — En Italie,
à Naples de préférence, on à Nice, ou à Gênes; en
France, à Hyères, à Pau, etc. Eh bien! il est prouvé
que la plupart de ces pays offrent autant de phthi-
siques que le nôtre. Bordeaux, Marseille, Gênes,
Naples, qu'on regarde comme des climats tempérés,
offrent, comme Paris et Londres, un cinquième de
tuberculeux dans la mortalité générale. L'île de
Madère, tant vantée aujourd'hui par les Anglais,
serait-elle plus fortunée ?
Les eaux Bonnes, qui sont si puissantes, doivent
être prises à la source même, suivant l'opinion des
médecins d'eaux thermales; et je suis bien de leur
avis, Car si nous les ordonnons au malade pour qu'il
les prenne chez lui, dans son pays, leur efficacité de-
vient au moins douteuse.
Quant aux émanations salines qu'on va respirer sur
les bords de la mer, il faut bien qu’elles ne soient
point préservatives de la phthisie, puisqu'elles laissent
mourir sur les bords de la mer Méditerranée et de
l'Océan ceux qui les ont habités de tout temps: pour
MÉMOIRES. 35
laisser mourir à Marseille et à Naples un malade sur
cinq.
Il me semble, d’après cela, bien évident que, si le
malade se trouve bien à son retour, ce n’est point le
climat, ce n'est point le soufre, ce n’est point le sel,
qui ont produit l’amélioration, mais bien le voyage
lui-même, c'est-à-dire l'exercice au grand air; et
l'exercice du roulier que j'ai cité plus haut en est la
preuve.
Que fait, en effet, l'individu que le médecin éloigne
de son pays? Il laisse chez lui toutes ses occupations,
puis il se met à voyager en voiture : c’est un premier
exercice, un exercice au grand air. Arrivé au lieu de
sa destination, il s’enquiert des curiosités de la
contrée, et il va les voir : second exercice au grand
air, et le plus souvent à pied; car, pour visiter un
vieux château, une ruine, un site pittoresque, il
faut forcément marcher; et alors la chaleur revient
aux pieds; la circulation n’a plus la même tendance
‘à porter le sang à la poitrine, les digestions
deviennent meilleures, et l'assimilation se fait mieux ;
le malade reprend ses forces, et Nice, Naples, Pau,
Hyères, ou Cauterets , ou le séjour de la mer, ont fait
du bien. Puis on rentre au foyer domestique; on
reprend ses habitudes, $es occupations , son et
lé mal revient, et vous emporte. |
On va penser peut-être, d’après cela, que j'attaque
les voyages. Je ne les attaque nullement, ni eux ni
les médecins qui les ordonnent; car je les ordonne
moi-même, et les ordonnerai toujours. Il n’est pas
souvent facile, en effet, de faire prendre de l'exercice
à ses malades sur place, aux dames surtout. Je
30 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
recherche seulement la cause de l'amélioration
qu'éprouve le malade en se déplaçant, et je le fais
résider dans l'exercice au grand air qu'il se donne.
h IL. ,
Arrivons maintenant à la dernière partie de mon
travail, et citons quelques cas de phthisie arrêtée dans
ses progrès par l'exercice à pied et au grand air dans
la Haute-Vienne.
ler fait. — Un tisserand des environs de Limoges vint me
consulter pour des hémoptysies fréquentes qui le tourmen-—
taient beaucoup. Je lui fis cesser immédiatement sa pro-
fession, et l'engageai à cultiver son champ; ce qu'il fit.
Depuis lors, les hémoptysies cessèrent; et cet homme, qui
portait des craquements $ous une des clavicules, recouvra
toutes ses forces, à tel point qu'il $e croyait guéri.
Depuis 1852 jusqu’en 1859, cet homme à pu jouir d’une
santé parfaite, et cela grâce à l'exercice au grand air qu'il
prenait chaque jour. J'ai appris cependant que depuis peu il
était ou mort ou sur le point de mourir. Ce n’est plus moi qui
le voyais. L
2e fait. — Un jeune homme, marchand de bois, se livrant
à tous les excès , quoique d'une constitution frêle et délicate,
vint me consulter en 1850. Je constatai chez lui une caverne
au sommet du poumon gauche. Je le mis à l'huile de foie de
morue, à la tisane de lichen; je l’engageai à se soigner, et à
cesser le genre de vie qu'il menait. C’est ce qu’il fit. Il laissa
la chasse et la pêche; il cessa ses excès dans le boire et le
manger, diminua ses veilles, etc., et se mit à faire de Ja
tisane au coin de son feu.
Il revint me voir après quelques mois de ce régime, et
m'avoua qu'il allait de mal en pis; qu'il était beaucoup plus
MÉMOIRES. 31
étouffé que d'habitude, et que les sueurs et le dévoiement
commencaient à paraître.
Je l’engageai à reprendre immédiatement son premier genre
de vie, à fuir le repos, et à reprendre de l’exereice au grand
air, à chasser, etc. C’est ce qu'il fit, et il s’en trouva bien. Il
est loin d’être guéri, mais enfin il vit, et peut se livrer à
ses occupations.
3e fait.— Un jeune homme de dix-huit ans tousse depuis long-
temps; il a l'habitude de l'exercice au grand air, et on le force
à garder la chambre. — I1 m'appelle pour avoir mon avis : je
trouve des craquements sous les deux clavicules ; il a eu des
hémoptysies; sa constitution est celle des phthisiques.
J'ordonne une bonne nourriture, de chauds vêtements et
l'exercice au grand air, la chasse surtout, et, depuis quatre
ans, il jouit de presque tous les avantages d'une bonne santé,
sauf la toux, qui ne cesse pas.
4e et dernier fait. — T1 s'agit d'un commis de bureau , homme
de trente-six ans. — Il est dans toutés les meilleures conditions
d'hygiène possibles lorsqu'il me prie de le traiter il ya trois
ans environ, c’est-à-dire qu'il a une nourriture saine et abon-
dante ; il est bien chauffé, bien vêtu, etc. ; seulement il est,
par sa profession, obligé de rester enfermé toute la journée,
ou, du moins, la majeure partie de la journée. Il n'offre qu'un
léger râle muqueux, sous une des clavicules, à mon premier
examen; mais il à des hémoptysies assez fréquentes. Je le
traite avec l'huile de foie de morue, le soufre, etc. Rien n'y
fait : une caverne se produit. La maigreur devient extrême;
les sueurs apparaissent au moindre mouvement, et cependant
il a peu ou pas de fièvre. Je le force à quitter la ville,, à aller
prendre l'air dans ses montagnes, et à s'y livrer à l'exercice
de la marche au grand air le plus possible. Au bout d’un an
seulement , il se trouve mieux , tellement qu'il vient reprendre
ses anciennes occupations à Limoges. Il n'y est pas depuis
un mois que, se trouvant plus oppressé, il reprend le chemin
de sa montagne, où, depuis lors, il va si bien qu'on le croit
guéri.
»
38 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCF.
Ce dernier cas parle haut en favéur de l'exercice à pied et
au grand air.
Je n'ai que ces quelques faits à vous offrir.
Tranchent-ils la question ? Évidemment non : ils ne
font que la soulever.
Je pourrais m'arrêter là ; mais, avant de finir, je veux
encore attirer un moment votre attention sur le genre
d'exercice à donner aux malades. Vous avez pu
remarquer que, dansles observations que je viens de
citer, c’est toujours l'exercice à pied qui a été ordonné.
Je crois, en.effet, que, dans notre pays à air vif, et
renouvelé par conséquent, un peu froid et un peu
humide, l’exercice à pied de beaucoup plus conve-
nable que les autres:
Grâce à lui, en effet, le sang a plus de tendance
à se porter aux partiestinférieures que dans l'exercice
à cheval ou en voiture : par conséquent, la poitrine
devient plus libre.
Je défends formellement l'exercice en voiture
découverte, excepté pendant l'été, parce que, outre
que les pieds ne se réchauffent pas, l'air se trouve
trop renouvelé ; et cause des bronchites aux malades :
c'est pour les mêmes raisons que je me méfie de
l'exercice du cheval, parce que ou vous allez trop
lentement ; et alors les pieds se refroidissent si vous
êtes en hiver, ou vous allez trop vite, et vous prenez,
ilest vrai, un exercice forcé, qui active rapidement
la dtéviatibRe et vous réchauffe; mais l'air est alors
trop vif,et enflamme les bronches.
A l’aide doné de l'exercice à pied et au grand «ir,
on peut, dans nos pays, arrêter momentanément les
MÉMOIRES 39
progrès de la phthisie dans certains cas, alors surtout
qu’il existe peu ou pas de fièvre.
LV:
En présence des faits que je viens de citer, il était
naturel de se demander si l'air du Limousin n’est pas
favorable à la phthisie. Cette question, que je vous
soumets aujourd’hui, et dont je vous laisse la solution,
je l'avais abordée, je l’avoue.
Mes cas de phthisie arrêtée momentanément dans ses
progrès m'avaient poussé à la faire, quoique, après
tout, ils ne prouvent pas autre chose sinon que, dans
certains cas de tuberculisation pulmonaire, quelques
individus peuvent vivre un certain temps dans nos
pays avec de l'exercice à pied et au grand air, peut-
être malgré cet air.
J'avais ensuite trouvé un élément de statistique qui
pouvait bien avoir une certaine valeur. Ainsi j'avais
découvert à la préfecture un relevé de la mortalité
générale de la commune de Limoges. — Dans cette
statistique sont compris la ville, l'hôpital civil et mili-
taire, la maison centrale, les prisons, la maison des
aliénés.
Elle établit que, en 1856, il est mort, dans la ville et
la banlieue de Limoges, 1,575 individus, dont 825
hommes et 740 femmes. Parmi ces décès figurent
82 phthisiques : 40 hommes et 42 femmes; — ce qui
fait à peu près 1 sur 49.
Ce n’est point une statistique que j’ai faite : c’est la
seule que j'ai trouvée. Je n’ai pas eu à choisir.
40 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
Je sais très-bien qu'on peut la critiquer, qu'on
peut admettre que la constatation des décès a été mal
faite; mais où est-elle bien faite?
J'avais étudié les qualités de l’air du Limousin. —
Ainsi j'avais trouvé qu'il est humide, vif ou renou-—
velé, mais non froid. Il n’est point froid; car, la tem—
pérature moyenne de Paris étant de 40° 8, nous
trouvons, pour celle du Limousin, 10° 3 ou 40° 2,
suivant qu'elle a été prise à Saint-Léonard par
M. Massoulard, ou à Cognac par M. Henri Bourdeau.
J'avais trouvé dans la Statistique de M. Lombard
que l'air chargé de vapeurs aqueuses semble pré-
server de la phthisie 53 sur 1,000, et qu’une atmos-
phère chaude et sèche favorise le développement des
tubercules pulmonaires, 127 sur 4,000.
J'avais bien trouvé que les pays à air très-vif,
comme les montagnes de l'Auvergne, fournissent une
mortalité de phthisiques effrayante; mais on ne peut
pas comparer l'air du Puy-de-Dôme et du Mont-d’Or,
qui est très-froid etsec, à celui du Limousin, qui n’est
que renouvelé et humide.
Il m'était bien permis, d’après ces documents,
d’avoir une tendance à croire l'air de notre pays
capable d’avoir peut-être une influence heureuse sur
la phthisie. — Mais le praticien qui voit tous les jours
les tubercules pulmonaires faire des ravages terribles
dans tous les rangs de la société de son pays n’a pas
pu se rendre à toutes ces preuves.
Il est demeuré convaincu :
4e Que l’air du Limousin, très-humide, à variations
brusques et répétées, est une des principales causes
de la phthisie dans nos contrées ;
MÉMOIRES. 41
2 Qu'une nourriture forte et l'exercice à pied et au
grand air sont les meilleurs moyens de combattre cette
influence fâcheuse.
Et cependant il reste persuadé, sans en pouvoir
donner de preuve-évidente, que Son pays fournit
moins de tuberculeux que les montagnes élevées de
l'Auvergne et les pays mous de Marseille ou de
Naples.
RECHERCHEN
SUR LE RHYTHME
ET
.e
LES MOUVEMENTS RESPIRATOIRES,
PAR M. MANDON.
Ce sujet est plein d'intérêt, comme tous ceux qui
touchent de plus on moins près aux mystères de Ja
vie, mais plein de découragement : à preuve, les
vains efforts tentés, jusqu’à ce jour, pour trouver une
solution à ce problème. Toutefois les difficultés de la
question , loin de refroidir le zèle des physiologistes ,
l’ont vivement excité : les théories se sont multipliées ,
mais exclusives et insuffisantes : aussi ont-elles toutes
éprouvé le même sort. — L'erreur générale, à notre
avis, à consisté à vouloir expliquer un acte complexe
par une cause unique, à interpréter les faits d’après
une idée préconçcue. — Nous avons essayé, dans ce
travail, d'éviter l’un et l’autre écueil : nous avons
cherché une théorie qui fût l'expression simple et
LS)
MÉMOIRES.
fidèle des phénomènes qui président aux mouve-
ments de la respiration.
Le rhythme respiratoire doit être étudié sur l’obser-
vateur lui-même, personne ne se prêtant aussi bien
que lui à cette analyse.
Il se tiendra dans le calme le plus parfait, éloi-
gnera toute cause de trouble ou de gêne, et aban-
donnera l’acte respiratoire aux lois organiques qui
l’entretiennent pendant le sommeil. La pensée seule
restera active; l'esprit et le corps devront être, pour
ainsi dire, indépendants ; le corps, soumis à l’obser-
vation de l’esprit. — En un mot, surprendre la res-
piration s’accomplissant dans toute sa simplicité ;
recueillir exactement les sensations qui en provoquent
et règlent les mouvements normaux, et se tenir en
garde contre les perturbations causées par une atten-
tion trop tendue : tel est le but qu'il faut se proposer.
Placé dans ces conditions préalables, on est bientôt
convaincu que l'inspiration nécessite un effort mus-
culaire, et que l'expiration est un mouvement passif;
que le premier temps succède à une impression pul-
monaire particulière, le besoin de respirer, et que le
deuxième temps commence quand ce besoin est
- satisfait ; que, à la fin de l'inspiration, se développe
un sentiment de résistance croissante, siégeant à la
fois dans le poumon et dans les parois thoraciques;
enfin qu'une révolution respiratoire se compose de
deux mouvements opposés, à peu près de même
étendue , et se succédant en nombre presque toujours
égal dans un temps donné.
Ces faits, faciles à vérifier, renferment, si nous
ne nous trompons, la théorie entière du rhythme
44 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
respiratoire, tous les mouvements anormaux étant
aisément ramenés au type que nous étudions.
Nous savons que, pendant l'inspiration, les côtes
sont soulevées et tordues sur leur axe; le thorax est
porté en avant; les viscères du ventre sont refoulés et
comprimés par le diaphragme; le cœur et le péricarde
sont entraînés par ce muscle; les parois abdominales
sont tendues; toutes les parties enfin susceptibles de
céder, par leur élasticité ou leur tonicité, à l’effort
des muscles inspirateurs, se laissent allonger et dis-
tendre. Nous savons encore qu'à cette contraction
succède un relâchement, et que l'expiration calme
s'accomplit par le seul ressort des parties.
Mais quelle est la cause qui excite ces monvements?
Comment sont-ils mesurés?
A la fin d’une expiration tranquille, om observe
un temps de repos de deux à trois secondes, pendant
lequel l'échange gazeux, qui s'opère sans cesse, s'ef-
fectue d’une manière plus parfaite. Au terme de cette
pause, l'air a perdu ses qualités vivifiantes, et doit
être renouvelé pour entretenir l’hématose; sinon, le
besoin de respirer, d’abord facile à combattre, devient
plus impérieux, et nous contraint à faire une nouvelle
inspiration. Le plus petit retard porté à cette inha-
lation développe aussitôt une sensation de gêne
pulmonaire, bientôt suivie d’une véritable suffocation:
Le poumon reste-t-il un peu plus long-temps privé
d'air respirable, l’asphyxie est imminente, avec ses
symptômes propres, le vertige, la perte de l’intel-
ligence, la cyanose, etc.
Aussitôt donc que l'air fait défaut au poumon, où
perd sa composition normale, involontairement, et
MÉMOIRES. 45
par une action réflexe, les muscles inspirateurs
dilatent la poitrine, raréfient le gaz qu'elle contient,
et un nouveau volume d’air s’y précipite pour équi-
librer la pression atmosphérique agissant extérieu-—
rement;, en même temps l'endosmose gazeuse devient
plus active, le sang exhale de l’acide carbonique,
recoit de l'oxygène, et un sentiment de bien-être
s'irradie dans le poumon. Mais cette satisfaction
interne n’est pas de longue durée : une impression
pénible, sentie dans toute la cage thoracique, lui
succède bientôt. Les muscles inspirateurs, fatigués,
ne tardent pas à céder devant la résistance pro-
gressive qu'ils rencontrent dans les parois thoraciques
et abdominales : c’est le terme de l'inspiration.
La volonté peut, sans doute, aller au-delà; mais
c'est au prix d’un effort plus grand : encore la
puissance musculaire touche-t-elle bientôt à sa limite.
Le besoin d'air a fait contracter les inspirateurs;
la fatigue les fait relâcher. Aussitôt qu’ils cessent
d'agir sur les parties élastiques et toniques qu'ils
avaient tendues, celles-ci, par une simple réaction,
reviennent à leur point de départ, et s'arrêtent quand
le ressort est satisfait.
Elles ne peuvent décrire un mouvement plus ample
que si les muscles expirateurs entrent en action, ce
qui ne s’observe pas dans la respiration calme.
C'est pendant la pause qui succède à l'expiration
que s’éveille le besoin de respirer, et non, comme on
l'a dit, à la fin du premier temps ; car comment le
poumon manquerait-il d'air quand il est encore tout
insufflé ? et observerait-on un repos après le deuxième
temps si l'air faisait défaut à la fin de l'inspiration ?
6 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
L'échange gazeux commence avec le premier temps,
se continue pendant le second, et n'est complet
qu'après la pause : alors seulement l’insuffisince de
l'air inhalé provoque la dilatation de la poitrine, et
non son resserrement.
- L'action réciproque des forces musculaires sur les
forces toniques et élastiques nous montre quelle
étroite solidarité existe entre les différentes parties de
l'appareil respiratoire. Quels nombreux désordres ne
résulteraient pas du défaut de rapport entre la
puissance et la résistance! I1 fallait qu'un effort
quelconque pût toujours être équilibré; l'appareil
devait se composer de muscles et d'organes passifs,
par économie de force, ne fût-ce pour plus de pré-
Cision.
Mais au dynamisme que nous venons de faire
connaître il faut en ajonter ua autre : nous voulons
parler de l’arbre aérien.
Pendant l'inspiration, les muscles dilatateurs de la
poitrine développent entre les côtes et le poumon un
vide: virtuel, qui attire l'air atmosphérique dans les
tubes bronchiques, et leur fait éprouver une expansion
égale à la dilatation des parois thoraciques. Plus éner-
gique est la contraction des agents inspirateurs, plus
la capacité de la poitrine augmente, plus grand est
le volume d’air qu'elle recoit, plus tendu est l’arbre
aérien tout entier. — Les fibres de Reisseisen,
douées, comme toutes les fibres musculaires, d’une
sensibilité propre , éprouvent, par cette tension passive
et exagérée, un malaise proportionné à l'effort inspi-
ratoire, et ressenti dans tout le poumon.
Après cette expansion forcée, elles réagissent contre
MÉMOIRES. 47
le gaz pulmonaire. C’est à tort, suivant nous, qu’on
a dit que les fibres de Reïsseisen n'étaient actives que
dans les efforts de toux symptomatique d’uneirritation
bronchique. C’est singulièrement restreindre leurs
usages. Ne serait-ce pas une prévision bien extraor-
dinaire de la nature qu’un organe destiné à ne fonc-
tionner qu’en cas de maladie? — TI] faut reconnaître
que l'économie nous offre peu d'exemples de cette
espèce, et qu'elle les multiplie, au contraire, pour
nous éclairer sur les fonctions de ces fibres. En effet,
le poumon n'est-il pas une cavité tout à fait compa-
rable aux organes creux, à’ parois contractiles, si
nombreux dans l'organisme? Quand nous voyons la
vessie, l'intestin, l’utérus, les canaux excréteurs en
général, le cœur lui-même évacuer leur contenu après
s'être laissé distendre, pouvons-nous méconnaître une
loi de physiologie générale à laquelle l'organe respi-
ratoires malgré la spécialité de ses fonctions, ne
saurait échapper ?
Que les fibres de Reisseisen se contractent avec
énergie dans l’expectoration, nous ne le contestons
pas ; mais nous ne comprenons pas pourquoi elles
resteraient passives pendant l'expiration : tout nous
porte à croire, au contraire, qu’elles sont destinées à
seconder l’élasticité pulmonaire. En outre, ne sommes-
nous pas induits à penser que, puisque l’état de pléni-
tude, de tension des organes creux contractiles pro-
voque en eux le besoin d’évacuer, les fibres de
Reiïsseisen éprouvent aussi, dans des conditions
analogues, un malaise tendant au même but, et
servant de plus à mettre un terme à l'effort inspira-
toire ?
18 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Poursuivons : les ingénieuses expériences de Herbst
de Goettingen nous ont appris que le poumon, dans
une aspiration forcée, peut recevoir jusqu'à
250 p. c. d'air, et n'en conserver que 80 dans une
expiration exagérée; tandis que, pendant la respiration
normale, le même poumon ne recoit que 200 p. c.
et en garde 175: d'où il suit que, par un acte de
volonté, nous faisons circuler 175 p. c. dans l’organe
respiratoire au lieu de 25, qui est la quantité habi-
tuellement mise en circulation. Ces différences consi-
dérables nous montrent de quelles variations de
capacité est susceptible l’arbre aérien. N'est-il pas
étonnant qu’un instrument si peu fait en apparence
pour être exact puisse mesurer avec précision l'air
qui nous est nécessaire? Comment s'opère cette
merveilleuse adaptation ? ;
Nous consommons normalement, dans un temps
donné, un volume d'air en rapport avec notreconsti-
tution et notre tempérament, bien plus, notre capa-
cité pulmonaire elle-même est proportionnée à nos
besoins d'hématose; enfin, pendant la respiration
tranquille, nous mettons en circulation toujours à
peu près le même volume gazeux. Toutefois la cause
la plus légère et la plus passagère, un effort, une
préoccupation morale par exemple, suffirait pour
porter le trouble dans les mouvements respiratoires;
le plus petit retard dans l'accès de l'air au poumon
provoque un besoin plus vif de respirer, et ce n’est
qu'après une ou plusieurs inspirations profondes et
compensatrices que se rétablissent le calme et le
rhythme normal.
Nous ne nous demanderons pas pourquoi l'air
MÉMOIRES. 49 -
aspiré doit être renouvelé; nous ne discuterons pas les
opinions de Liebig, Collard de Martigny, Regnault et
Reiset sur les causes qui rendent irrespirable l’air qui
a séjourné dans le poumon; il importe seulement à
notre thèse d'établir que l'air ne saurait rester au-delà
de quelques secondes dans le poumon sans produire
des symptômes de suffocation.
Aussitôt donc que ce gaz devient insuffisant en
quantité ou en qualité, l'appareil respiratoire recoit
une surexCitation fonctionnelle destinée à pourvoir à
ce besoin. Cette excitation émane des centres nerveux,
qui, comme un manomètre d'une sensibilité exquise,
percoivent les plus petites souffrances de tousles points
de l’appareil, et réfiéchissent, par leurs conducteurs,
des ordres en rapport avec ces sensations. Ainsi se
maintient l'équilibre, souvent détruit, et bientôt
rétabli, entre les exigences de l’hématose et les mou-
vements rhythmiques de la respiration. Si, d'un côté,
la cause la plus insignifiante met en désordre ces
mouvements, le calme et la régularité renaissent
bientôt, grâce à la solidarité étroite qui lie les
fonctions nerveuses aux autres fonctions organiques.
Les parois thoraciques et abdominales, par exemple,
sont un véritable régulateur des mouvements respi-
ratoires; car elles nécessitent pour un déplacement
égal une dépense d'influx nerveux toujours sem-
blable, c’est-à-dire un effort musculaire de même
énerg'ie.
D'autre part, le besoin de respirer étant la cause
provocatrice de cet effort, les muscles inspirateurs
cessent de se contracter quand ce besoin est satisfait;
et, comme, au même instant, ces muscles trouvent
TT. 4
° 50 CONGRÈS SCIENTIMIQUE DE FRANCE.
dans le fardeau inspiratoire une résistance de plus en
plus grande, l'inspiration est limitée par ces deux
causes simultanées; enfin l'impression particulière,
éveillée dans les fibres de Reissesen, par la tension
passive qu’elles subissent, concourt au même but.
L'expiration est la conséquence pure et simple du
repos des agents inspirateurs. De plus, le ressort des
parois distendues, les ramenant à leur position
prémière, mesure un volume d'air toujours à peu
près égal, et, par conséquent, un retrait presque
invariable. Que si l'expiration, au lieu d’être calme,
est exagérée, les côtes s’abaissent encore, mais
suivant le taux de l'excitation transmise aux muscles
expirateurs, excitation proportionnée elle-même au
besoin d’hématose. I1 en est de même de l'aspiration
forcée.
En résumé, sensation du besoin de respirer; irra-
diation nerveuse centrifuge vers les muscles inspi-
rateurs; dilatation de la poitrine et distension des
parois abdominales; insufflation pulmonaire; per-
fection de l’hématose; impression pénible des fibres de
Reissesen; fardeau inspiratoire, véritable dynamo-
mètre, limite ordinaire de l'inspiration; puis relâ-
chement des muscles inspirateurs; contraction des
fibres de Reissesen; retour des parties élastiques à
leur point de départ ; limite de l'expiration tranquille ;
pause de 2 à 3 secondes, terme ordinaire de l’endos-
mose gazeuse; dans les mouvements exagérés.
contraction violente des agents inspirateurs et expi-
rateurs ; rapport inverse entre l'énergie de leur con—
traction et la perfection de l’hématose : voilà le
tableau succinct d'une révolution respiratoire complète.
MÉMOIRES. 51
Quant à la distinction des impressions diverses que
nous avons signalées pendant l’accomplissement de
l'acte respiratoire, nous la croyons possible, et même
facile, quand on s’analyse attentivement et sans pré-
vention. Si l’on éprouveit un doute à cet égard, il
serait aisé de le dissiper en faisant quelques aspira-
tions profondes et soutenues, qui, en exagérant les
phénomènes normaux, mettraient en évidence ces
sensations. Nous n’y prenons pas garde ordinaire-
ment, ilest vrai; mais elles ne sont pas moins perçues
par les centres nerveux.
Du reste, nierait-on la possibilité de cette distinc-
tion, notre théorie ne serait pas atteinte; car l’acte
respiratoire, en tant que fonction de la vie organique,
est soumise aux lois des actions réflexes, et, par
conséquent, peut s'exercer à l'insu de notre conscience,
comme en dépit de notre volonté.
Telle est la théorie, à la fois mécanique et vitale,
qu'une observation attentive nous a permis de
concevoir. Elle nous rend compte de la première
inspiration du nouveau né (besoin d'hématose) ; nous
explique pourquoi la respiration artificielle et la
stimulation directe ou indirecte des organes inspira-
teurs sont le meilleur traitement des asphyxiés, et
pourquoi l’asphyxie est irrémédiable quand le cœur a
cessé de battre, c’est-à-dire de lancer du sang au
poumon, et de l'oxygène dans tous les organes.
QUELQUES MOTS
SUR LA DIXIÈME QUESTION
LU
PROGRAMME DE MÉDECINE,
PAR M. C. ANCELON,
MÉDECIN À DIBUSE (MEUUTHE)
L'âge moyen des vivants est égal à l'âge moyen
des morts multiplié par le rapport des naissances
aux décès à la même époque.
H. Cannor.
MESSIEURS,
Votre dixième question : L’étendue de la vie moyenne
a-t-elle augmenté ow diminué en Limousin depuis un
siècle? ne présente pas à l'esprit, permettez-moi
de vous le démontrer, un sens assez clair, ce qui la
rend absolument insoluble.
Qu'entendez- vous, en premier lieu, par we
moyenne? Nommez-vous ainsi l’âge moyen des morts,
ou l’âge moyen des vivants de tout âge? Il y a entre
l’un et l’autre une très-grande différence, dont il faut
tenir compte, bien que les statisticiens superficiels ne
MÉMOIRES. 53
le fassent pas. {Ainsi Duvillard, en donnant 28 ans
3/k pour la vie moyenne de la France au XvHT° siècle,
indique, par le fait, l'âge moyen des morts de tout
âge à cette époque, tandis que Deparcieux indique,
au contraire, l'âge moyen des vivants vers la même
époque, et la trouve de 36 ans 11 mois! (Annuaire
de 1849, page 206.)
Il faut done, comme vous le voyez, bien s'entendre
sur ce premier point; car l’âge moyen des morts est
sensiblement le même à Paris et sur la généralité de
la France, tandis que l’âge moyen des vivants y est,
au contraire, beaucoup moindre; ce qui provient de la
raison donnée dans notre épigraphe (4). Il y a donc
nécessité de bien définir le mot vie moyenne.
Vous bornez-vous, en second lieu, à demander la
vie moyenne à la naissance, et non aux autres âges?
A Paris, par exemple, la vie moyenne, à la nais-
sance, était plus forte d'environ un dixième en 1844
qu’en 4767, ainsi que le prouvent les relevés mor-
tuaires comparés, pris dans l’Annuaire de 1846 et
dans l'Histoire naturelle de Buffon; mais, en re-
vanche, la vie moyenne des têtes de vingt ans avait
(1) Au xvine siècle, l'âge moyen des morts était, à Paris,
de 28 ans 3/10, et, en France, de 28 ans 374. La différence
est, comme on le voit, peu sensible; mais on comptait à
cette époque, morts-nés à part :
A Paris : 96 décès pour 100 naissances ;
En France : 82 décès pour 100 naissances,
ainsi qu'il résulte des travaux du ministre Necker et des
archives de la grande ville. — C'est pour cela que l’âge
moyen des vivants est beaucoup plus élevé en France qu'à
Paris, bien que l'âge moyen des morts diffère peu.
54 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
diminué de près d’un sixième dans cet intervalle. En
effet, vers 1767, l’âge moyen des morts au-dessus
de l’âge de
20ans, était. ..... 25 ans 17/10.
De 1816 à 1823... 33 275 (moyenne des 8 années).
De 1840 à 1847... 29 475 id. id.
Dans l’an 1844... 29 172.
Il n’y à donc pas le moindre doute sur la dimi-
nution de la vie moyenne à la majorité, ni sur son
augmentation à la naissance. — La question est donc
complexe, comme vous le voyez, et non simple, comme
on semble l’admettre.
Maintenant quellé est la vie moyenne qu’il est
‘avantageux d'accroître ? Voici ce que dit, sur ce point,
M. Quételet : « La prospérité d'une nation aug
mente ou diminue avee la vie moyenne de la popu-
lation laborieuse ».
Est-ce clair, et le sens commun ne dit-il pas à tout
le monde qu'il est au moins inutile d'augmenter la
chance de vivre de l'enfant au maillot, tandis qu’il est
de toute nécessité de ne pas diminuer celle du jeune
homme? Voilà pourquoi la guerre est un fléau !.….
Ce qui s’est passé à Paris depuis le xvzrr° siècle est
arrivé aussi en France, puisque, le nombre des
conscrits restant le même depuis environ trente ans,
on voit diminuer la population électorale, ainsi que le
Corps-Législatif l’a reconnu en 4857. Cependant la
population totale n’a pas cessé d'augmenter dans cet
intervalle : donc cette augmentation a été en entier
afférente à la population mineure: et, puisque les
naissances vont en diminuant depuis trente ans,
tandis que les décès augmentent, il est évident que
MÉMOIRES. 55
augmentation des décès à frappé sur la population
majeure ; ce qui revient à dire que la vie moyenne à
vingt ans à diminué. |
M. Carnot explique avec plus de détails encore (1)
l'erreur commise par la plupart des statisticiens
modernes, en persistant à conclure que la vie
moyenne a augmenté à tout âge parce qu'elle a
augmenté à la naissance. Cette erreur grave provient
de ce que ces messieurs, dans leurs calculs, assimilent
les enfants, les jeunes gens et les vieillards. comme
des unités du même ordre et de la même valeur. Or il est
évidemment absurde de regarder, au point de vue
social, la perte d’une fille de vingt ans comme
équivalente à celle d’un enfant au maillot ou d’une
femme que l’âge a rendue stérile.
(1) Analyse de l'influence de la variole, 1851. Préliminaires.
NOTE
SUR LE TRAITEMENT
DE LA FISTULE LACRYMALE
PAR
LE CLOU DE SCARPA MODIFIÉ,
PAR M C. BOULLAND,
Professeur à l'École de Médecine et de Pharmacie de Limoges
————————
L'opération de la fistule lacrymale est entrée dans
une excellente voie depuis que M. Desmarres a vul-
garisé l’oblitération du sac dans le traitement de cette
maladie. Je puis dire, pour ma part, que c'est la
méthode à peu près exclusive que j'emploie main-
tenant, attendu qu'on obtient par elle des résultats
prompts et définitifs.
Avant l'emploi de cette méthode opératoire, j'avais
recours à l'opération de J.-L. Petit, et j'appliquais
ensuite le clou de Scarpa. C'était, il y a quatre ou
cinq ans, le mode de traitement le moins infidèle que
l’on eût, et le plus rationnel en apparence; mais il
n'était cependant pas sans inconvénients; car, après
MÉMOIRES. 51
avoir laissé le clou à demeure pendant plusieurs
mois, il arrivait, lors de sa suppression, que le canal
nasal restait perméable aux larmes; mais aussi,
d'autres fois, ce canal , débarrassé du corps étranger,
finissait par s'oblitérer. Dans ce dernier cas, le mal
n'aurait pas été grand si le sac se fût comporté de la
même manière : ordinairement il n’en est pas ainsi;
car la partie supérieure du sac, ainsi que celle qui
correspond au tendon de l’orbiculaire, reste perméable
aux larmes, qui, ne trouvant pas d’issue inférieu—
rement, donnent alors lieu à la reproduction de la
tumeur ou de la fistule lacrymale.
Afin d'obvier à l'imperfection du clou de Scarpa,
qui n’a, comme on le sait, aucune action directe sur
la partie supérieure du sac Jacrymal, j'ai cru devoir
modifier ce petit instrument, et lui annexer une
plaque mobile qui permet de faire une compression
efficace sur les parties situées au niveau et au-dessus
du tendon de l’orbiculaire des paupières.
Cet instrument ainsi modifié (1) se compose du clou
ordinaire, dont la tête est divisée en deux parties à
peu près égales. L'une, qui est supérieure, s’écarte de
l’autre de dedans en dehors, en produisant une com—
pression très-active.
Le mécanisme de ce petit appareil s'opère au moyen
d'un écrou et d'une vis de pression. De chaque côté
de la plaque se trouvent deux petits cylindres métal-
—liques, qui s'engagent dans deux ouvertures pra
tiquées tout près de l’écrou.
(1) Je dois à l'habileté de M. Ferréol, coutelier, l'exécution
de ce petit instrument.
58 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
J'applique ordinairement un petit disque d’agarie
sur la plaque destinée à produire la compression, afin
d'éviter les inconvénients d’une pression trop long-
temps prolongée. Je dois dire aussi que, afin que le
clou ne sorte pas du canal nasal sous l'influence de
la fonction de ce petit appareil, je fixe cet instrument
avec un fil qui, partant de la plaque inférieure, est
maintenu ensuite sur la joue à l’aide de collodion.
Cet instrument ne doit être employé que d’une
manière exceptionnelle, lorsque, par exemple, les
malades, craignant une trop vive douleur, refusent
de se laisser traiter par la cautérisation, et qu'ils
préfèrent le procédé de J.-L. Petit, ou bien encore
lorsque le chirurgien désire conserver la liberté du
canal nasal , sans vouloir s’exposer à laisser supérieu-
rement une partie de la muqueuse du sac enflammée,
et non modifiée par le clou, avec lequel elle n’a dans
ce point aucun rapport.
RAPPORT
De la Commussion (1) nommée, dans la séance du
16 septembre, par M. le docteur Ancelon, présidant
la section de médecine, pour assister à des expé-
riences de crémioscopie faites par M. le docteur
Riboli (de Turin), dans le but de fournir des élé-
ments à la solution de la onzième queshon du
programme de la section de médecine, question
ainsi conçue : « Observe-t-on chez les habitants de
certaines parties du Limousin une conformation
particuhère de la tête? »
*PAR M. LE D BOUDET,
Prosecteur à l'École de Médecine.
—9—
Dans une première séance, M. Riboli commence par
exposer les principes les plus importants parmi ceux
qui le guident dans ses expériences de crânioscopie.
Il suppose d’abord le crâne humain partagé en
quatre parties par trois plans fictifs. Le premier de
ces plans passe par les centres des deux cavités
orbitaires et par les conduits auditifs : c’est le plan
(4) Cette commission était composée de MM. Thouvenet,
Boulland, et Boudet, rapporteur.
60 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de la base du crâne; il limite inférieurement le
domaine de la phrénologie, qui est limité supérieu-
rement par le vertex ou point culminant de la voûte
du crâne. Un second plan, parallèle au premier, coupe
le frontal au niveau du bord antérieur du cuir
chevelu, et va couper l’occipital à peu près au
niveau de son angle supérieur. Il partage ainsi le
crâne en deux zônes, l’une supérieure, l’autre infé-
rieure. Un troisième plan, vertical et passant par les
deux trous auditifs, partage chacune de ces zônes en
deux parties, de sorte que toute la surface du crâne
se trouve partagée en quatre régions. Dans la région
antérieure et supérieure se trouvent les protubérances
cérébrales, et, par conséquent, les bosses du crâne
qui correspondent aux facultés réflexives, dont le
grand développement constitue l'homme de génie.
Dans la région antérieure et inférieure , les phrénolo-
gistes placent les facultés perceptives, qui sont, pour
ainsi dire, les instruments de l’homme d'étude : leur
développement indique les aptitudes aux sciences
d'observation et aux arts. La région postérieure
supérieure correspond aux sentiments dont l’ensemble
constitue l’homme moral. Enfin la région postérieure
inférieure présente les éminences qui correspondent
aux instincts : elles permettent d'étudier l’homme
physique. Les deux régions antérieures, prises simul-
tanément , correspondent aux facultés intellectuelles,
et les deux postérieures, aux facultés instinctives.
M. Riboli fait remarquer que, dans les études phré-
nologiques, il faut tenir compte d’un grand nombre
d'éléments, de circonstances diverses : l’âge, l’habi-
tation de l'individu, la nature du sol sur lequel il vit,
MÉMOIRES. 61
doivent être pris en considération ; il faut tenir compte
du rapport du volume de la tête à celui du reste du
COTPS.
L'élévation d’une contrée exerce une influence sur
les aptitudes de ses habitants et sur la conformation
de leur crâne. Les habitants des montagnes ont les
bosses plus saillantes; chez eux, le diploé forme une
couche plus épaisse que chez les habitants des plaines.
A propos de cette variabilité dans l'épaisseur du diploé,
on peut placer ici une réponse à une objection faite à
la crânioscopie. On a dit que, à cause de l’inter-
position du diploé, les bosses de la surface externe du
crâne ne reproduisaient pas les dépressions où em-
preintes de la table interne qui correspondent aux
circonvolutions cérébrales. Cela est vrai dans une
certaine limite; mais il est vrai néanmoins que là où
la table interne sera plus déprimée, la table externe
présentera une saillie, une bosse; et cette dépression
du diploé elle-même prouve la corrélation qui existe
entre les saillies du cerveau et celles du crâne. Le
diploé est plus rare partout où il y a des bosses : on
s'en assure en observant que, en ces points, l'os
est plus ou moins translucide, et la réciproque de
cette proposition est également vraie, c'est-à-dire que,
là où la translucidité indique la dépression du diploé,
il y a toujours une bosse. =
Parmi les premières éminences sur lesquelles le
phrénologiste doit porter son attention, il faut compter
celles qui correspondent à des régions du cerveau qui
tiennent sous leur dépendance les principaux viscères,
dont les fonctions constituent 18s grands phénomènes
de la vie organique. La prédominance de l’une ou de
62 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l'autre de ces parties du cerveau indique une plus
grande activité de l’une ou de l’autre de ces fonctions,
et fait connaître, par conséquent, le tempérament
du sujet.
A Au devant du conduit auditif se trouve la bosse
de l'instinct de la nutrition, dont le grand déve-
loppement indique le tempérament bilieux.
20 Derrière l'oreille, et au-dessus d’elle, est la circon-
volution cérébrale, qui correspond à la combativité, à
la férocité : elle tient sous sa dépendance les fonctions
du cœur, et concourt au développement du tempé-
rament sanguin.
3° Entre les deux dernières bosses, on trouve celle
qui correspond au tempérament lymphatique. Le
tempérament nerveux se développe en raison des
facultés intellectuelles et affectives : on ne peut donc
pas signaler une bosse en particulier qui lui cor-
responde.
Ces tempéraments peuvent changer avec l'éducation,
l'exercice, le régime, et sont souvent modifiés par les
maladies.
Ne pouvant donner ici la localisation complète des
organes et des bosses qui leur correspondent, nous nous
bornerons à les énumérer, en les divisant en quatre
classes correspondant aux quatre régions que nous
avons déjà indiquées.
lo Znstincts.
LL
Dans la première case, qui est la postérieure
inférieure , correspondfint d’une manière générale à la
région occipitale, se trouvent les instincts, qui sont :
MÉMOIRES. 63
. Biophilie ou amour de la vie;
. Affectivité ;
. Amativité;
. Philogéniture;
. Habitativité;
. Concentrativité ;
. Affectionativité ou penchant à l'amitié:
. Sécrétivité ;
Destructivité ;
Acquisivité.
SL SOS © & 6 Ce
20 Sentiments.
Les bosses qui correspondent aux sentiments se
trouvent dans la région n° 2, qui est la postérieure
supérieure. Leur ensemble constitue, pour ainsi dire,
l’homme moral. Ce sont :
. Estime de soi;
. Approbativité ;
. La circonspection ;
. La bienveillance:
La conscienciosité ;
. La fermeté :
. La vénération ;
. L’espérance ;
La merveillosité ;
. L'idéalité ;
. La gaîté;
L'imitation.
TO D S & So Se
= ns.
30 Facultés perceptives.
Elles sont placées dans la région antérieure infé-
64 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rieure. Leur prédominance distingue l'homme
d'étude, l'observateur. Ce sont :
a. Individualité ou mémoire des objets ;
b. Configuration ou mémoire des formes ;
c. Localité ou mémoire des lieux ;
d. Étendue ou faculté d'apprécier l'étendue;
e. Résistance ou faculté d'apprécier les forces mé-
caniques, les poids par exemple ;
f. Coloris;
g. Ordre et calcul;
h. Éventualité, mémoire des faits ;
î. Ton ou harmonie;
j. Temps, notion du temps, sentiment de la
mesure en musique.
4o Facultés réflexives.
Placées dans la région supérieure et antérieure, ce
sont les facultés intellectuelles les plus élevées. Leur
grand développement indique l’homme de génie.
Ce sont :
a. Comparaison;
b. Causalité.
Ne pouvant donner ici une exposition de la doctrine
phrénologique de M. Riboli, doctrine qui est, du reste,
à peu près la même que celle de Gall, modifiée par
Broussais et par les auteurs plus modernes qui ont
écrit sur ce sujet, nous nous bornerons à indiquer,
d’après lui, quelles sont les parties sur lesquelles ont
porté plus spécialement ses études, et qui constituent
la partie originale et neuve de ses travaux.
MÉMOIRES. 65
1e Il a appliqué la phrénologie et la crânioscopie à
l'étude des tempéraments pour en déduire les chan-
gements de constitution physique en raison de l’âge,
de l'exercice et des maladies, et la tolérance plus ou
moins forte de ces divers tempéraments pour les divers
moyens de traitement.
2e I] a cherché de même à faire des applications de
cette science à l'éducation intellectuelle et morale.
3011 a exposé comment, suivant lui, la connaissance
des instincts conduit à celle des droits, et celle des
sentiments à la notion des devoirs.
&” Comme conséquence du principe précédent, il
admet que les instincts sont la source des passions, et,
par suite, que leur connaissance conduit à celle des
tendances et des vices, ces derniers résultant d’une
exagération de développement. De même les senti-
ments, conduisant à la notion des devoirs, font
connaître, comme conséquence, les vertus et les
défauts. Devoirs et fautes: voilà des choses tont à fait
particulières -à l’homme, qui, est le seul animal qui
soit responsable.
5» Les sens, en général, nous donnent des notions
exactes et des erreurs : il y a, de même, des facultés
perceptives qui nous donnent des réalités et des illu—
sions, des exactitudes et des exagérations.
6 Il ya une faculté pour la synthèse.
1° 11 y en à une pour l'analyse.
8° Par l'appréciation de la conformation générale du
crâne, et en groupant méthodiquement les notions
fournies sur chaque faculté par l'examen CrâniosCo—
pique, on peut.reconstituer un ensemble harmonique,
qui n'est autre chose que 1e caractère même de
u. 5
66 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l’homme, avec toutes ses nuances de force et de fai-
blesse.
Le reste de cette première séance est consacré
par M. Riboli à l’examen des.têtes de deux jeunes
garcons €t d’un homme, sujets. qui Jui sont présentés
comme offrant des types assez marqués de têtes limou-
sines. Chez ces sujets, le front, quoique assez hien
développé, est un peu fuyant: à la partie supérieure ;
le crâne présente un développement considérable vers
la partie postérieure supérieure, ce-qui donne à Ja
tête une forme allongée. Dans ces trois têtes, M. Riboli
remarque le développement de la-région qui correspond
aux facultés perceptives ; ce qui indique une tendance
à rechercher les connaissances, positives sans que là
recherche du, merveilleux et l'imagination ait une
trop grande activité. Le caractère doit être ferme:
consciencieux , rusé, réservé, circonspect. [Œ
Le développement de la région postérieure supé-
rieure, qui est considérable dans. la tête limousine,
indique un développement correspondant «les, senti
ments en général, Les hommes qui. présentent cette
conformation doivent être affectueux , attachés à leur
famille; ils aiment leur pays; ils sont hardis et très-
actifs. La probité et les sentiments dejustice sont déve-
loppés; il en est de même du sentiment religieux.
L'exagération de cette conformation est ordinaire chez
les gens atteints de monomanie relisieuse.
Dans la seconde séance, la commission présente à
M. Riboli, afin de lui faciliter ses démonstrations, un
crâne pris au musée de l’école de médecine. En voyant
ce crâne, M. Riboli prononce immédiatement qu'il a
x
dû appartenir à un assassin. On ne peut vérifier cette
MÉMOIRES. 67
assertion”: seulement, comme cé crâne a été préparé
à l’école de médecine, il y a bien des chances pour
qu’il provienne d’un détenu de l'mmaison centrale.
M. Riboli fait remarquer d'abord que cette tête est
très-volumineuse à 14 partie ‘postérieure , et que le
cerveau présentait dans tétte région son maximum de
développement: Les) bosses’ qui Correspondent à la
sécrétivité font une (saillie très-rémarquablé; ce qui
donne à cétté ‘tête une forme extraordinaire. Les
bosses de'la destroctivité et de l'acquisivité sont très-
développées ; d’autres Sailliés indiquent la méchanceté
et la persévérance. Malgré ‘lé développément remar-
quablé ‘des’ organes ‘corresfondant aux mauvais
instincts, ‘cet homme” n'était" pas entraîné par eux
tüne manière irrésistible ‘il était responsable; car
ibétait intelligent; ét avait lé sentiment religieux.
M. Riboli n6us' ‘dit avoir eu entre les mains, à
Turin ; un crâne qui ,:cômme celti2ti} Pavait AT
à cause de la perversité et des séritiments vils qui lui
étaient indiqués par sa conformation. Les personnes
à qui il faisait part de ses remarques lui apprirent que
cette’tête étaït cellé d'un éharcutiér noïnmé Orsolono,
qui avait été exécuté comme convaincu d’avoir attiré
chez lui des! jéunes filles, qu'il assassinait après les
avoir violées ; et dont la ele lui servait à fabriquer
les aliments qu’il débitait dâns Son commerce, pour
a il avait Acquis une/grande réputation.
: M:‘Riboli se livré ensuite à T'éxamen de la tête de
Ma pér$onñes qui assistent à là Séance : mal-
heureusement il ne s'en présente pas qui puissent
offrir des types de tête limousine.
Sujet n° 1, — La comparativité est bien développée: l'ama-
68 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
tivité est tres-développée; J'affectionativité où. penchant. à
l'amitié est développée, d'un .côté, seulement; il en: est de
même de la combativité. La fermeté de caractère, la cons-
cienciosité, la bienveillance, sont bien développées. L'ordre, la
mémoire des époques, la mémoire, des faits, présentent un
développement remarquable. L'imagination- n'est développée
que d'un côté. Le sentiment de soi-même est assez développé.
Les instincts animaux sont.assez bi Le sentiment
musical-est peu.développé. z 54e sal
Comme obseryations-partigulières , M, kRiboli dit.que, quand
le sujet s'engage dans une. diseussion, il se trouble d'abord,
et doute de lui-même, parce qu'il sait-que somtamour-propre
est engagé; mais peu à peu il s'habitue à l'argumentation;
il prend courage, et devient maître derses idées. Il a l'esprit
plus capable : dé! procéder par analyser que par synthèse; il
considère plus volontiers les détails qué l'ensemble:‘d’un sujet.
Sujet mo 2. .— Confiance-en, soi-même;.assurance ; esprit
d'imitation extraordinaire; très-bienveillant.: L'esprit .de
contradiction est tres-développé ,-mais d'un côté seulement ;
ce qui indique.qu'il.ne persiste pas dans’ la, contradiction.
11 modère son argumentation -quand elle pourrait-humilier
son adversaire :1a bienveillance corrige chez lui-Jarcontradic-
tivité. L'imagination, est très-vive.- Mémoire. des. faits -et
mémoire -des:lieux!très-bonnes:, Assez accessible. à, la colère;
mais elle. ne tient pas chez lui:.La destructivité est peu déve-—
loppée. L'affectivité est très-développée. La confiance dans les
autres est médiocre : il s'ouvre peu; cependant il est capable
d'amitié: mais il n’a qu'un petit! nombre d’amis. Ce Sujet,
quoique limousin} n'a pas-la tête limousine: L’amativité, les
sentiments de famille, sont trèes-développés, la philogéniture
en particulier. La bienveillance, la, compassion, iraient
jusqu'à le faire se relâcher de la justice. Ce qu'il y à de plus
remarquable en lui, c’est la confiance en soi-même : dans tout
ce qu'il entreprend , il ne doute pas du succès.
Sujet nm 3. — Chez ce sujet, l'intelligence et la réflexion
dominent tous les sentiments et toutes les passions; la
MÉMOIRES. 69
réflexion conduit tout. IL est cependant très-impressionnable, |
très-susceptible, très-prompt à la colère; mais, devant les
personnes pour lesquelles il a de Ia considération, et auprès
desquelles il véüt conéérvér/sa dignité, lil sait se contenir:
avee des inférieurs il ‘pourrait se montrér tel qu'il est.
* Idéalité, espritide création, invention bien développés ? plus
fort dans l'analyse que dans! là synthèse : ‘très-Courageux.
Lesentiment:religiéux; l'éspérance, sont développés: II tient à
ses principes, et poussérait là persévérance jusqu'à l'enté-
tement. 11 aime l'expansion chez les autres! mais s'ouvre peu
lui-même. Les mémoires des objets, des figures! "de l'étendue,
sont’bien développées ;/la mémoire dés époques est médiocre.
I aime les ‘distinctiohs! Enr iusique, il apprécie mieux la
mélodie que l'harmonie. = 111 09
Sujet no 4: — Fermeté:très-développée ; :ami:sincère’et
loyal; sincèreien général, Ilest:désireux de, distinctions et de
gloire. :Chezidui,- la! destructivité est assez, développée. 11
voudrait être circonspect, et ne l'est guère. Il a un désir
insatiable d'acquérir des /connaissancés, un grand besoin de
savoir. Il est très-biénveillant, très-juste dans les jugements
de soi-même et des! autres. ‘Il !est généréux. Un reproche
injuste le fait souffrir. Son'imagination exagère sés plaisirs et
ses peines.'Il procède également biën par! analyse et par
synthèse) Jugement justé. Philogéniture (médiocre. Chez lui,
l'amour pour ses'enfants est moîns instinctif que fortifié par la
bienveillance tét-par la réflexion! Il voit les défauts de ceux
qu'il aim®. Le sentiment du merveilleux est développé.
Tel est.le résumé, aussi. complet qu'il nous à été
possible derlé faire, des curieuses expériences de M. le
docteur Riboli.. Dans un sujet aussi délicat que celui
qui fait l’objet de 11° question, la commission n'osérait
pas prononcer que la phrénologie peut donner une
solution complètement satisfaisante ; mais elle croit
pouvoir dire que M. Riboli a bien mérité du Congrès,
70 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et de la section de médecine en particulier, en nous
offrant une occasion d'assister à ses curieuses investi-
gations. Tous les membres du Congrès qui ont été
témoins de ces expériences ont admiré la sagacité et
la variété de connaissances dont à fait preuve notre.
savant confrère de Turin, et nous croyons être l’in-
terprète d'un sentiment général en demandant qu'il
lui soit voté des remercîments pour l'intérêt que ses
diverses communiçations ont cn aux séances de la
section de médecine. ?
TRAITEMENT
FRACTURE DU COL DU FÉMUR
SANS APPAREIL,
PAR M. more
A la finidu mois de juin 1859, Mme F***, âgée de soixante-
dix ans, fit une chute, au bas d’un escalier, sur la hanche
droite, et se fractura le col du fémur. La fracture était carac-
térisée par l'impossibilité de la station debout, l'incapacité de
soulever le pied droit au-dessus du lit; par un raccourcisse-
ment de deux centimètres environ ; par le renversement de la
pointe du pied droit en dehors; par une douleur vive sentie
près du petit trochanter, douleur exagérée par la rotation du
pied en dehors; enfin par une crépitation perçue par la main
gauche pressant la partie antérieure de l'articulation coxo-fé-
morale pendant qu'un mouvement rotatoire était imprimé au
pied.
Ces caractères, moins saisissables le jour même de l’accident,
surtout la crépitation et le renversement du pied, furent ri-
goureusement constatés les jours suivants.
Nous placâmes la malade sur un double plan incliné ; mais
cette position lui devint intolérable, et la répugnance de
Mue F*‘* pour tout appareil fut telle que nous dûmes nous
72 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ingénier à conserver sans souffrance pour la malade la position
que nous donnâmes à la cuisse fracturée après latréduction.
Nous plaçiämes Mme p°2* ur Un matelas porté par un plan
résistant en bois; én d'autrés! termes, des planthés furent
poussées entre lé matelas et 16 lit. La jambe droite fut rap
prochée de la gauche, qui lui servit d'attelle, ét nous fixâmes
par quelques tours de bandes le pied droit au pied gauche.
La jambe saine servant de terme de Comparaison à la jambe
fracturée, nous ne pouvions désirer, pour espérer la guérison
parfaite, que la persistance. de la-position décrite. 11 en fut à
peu près ainsi. Nous n'observâmes de temps à autre, et
pendant le premier mois seulement, qu'une tendance au
raccourcissement ; Mais NOUS Y portions aussitôt remède par
une traction ou extension faite parallèlement à la jambe
saine, et portée jusqu'a rapprochement parfait des deux
talons au 1 niveau. -L'effort nécessaire ‘pour cette réduc-
tion était. considérable; ret, j'empêchai le retour d'un
raccourcissement sensible en faisant opérer deux et trois
extensions méthodiques dans la journée , tout en surveillant
l'horizontalité du bassin et de la cuisse. Le léger enfoncement
du siége par son propre poids dans le matelas tend à entraîner
la jambe vers la hanche, et produire le chevauchement; il
faut done surveiller attentivement l’état, du lit où repose le
membre fracturé. C'est, en effet, ee plan et la jambe qui,sert
d'appui qui sont tout l'appareil.
Quand la fracture eut atteint le trentièmé jour, nous
n'eûmes presque plus à combattre le raccouréissement et le
renversement de la-pointe du pied éndéhors. La malade
garda cependant la même attitude, avec la. liberté de changer
de place dans son lit,. pour éviter une esearrhe, qui n'aurait
pas tardé à se produire, comme il n'arrive que trop souvent.
Mais le changement de place , un léger pansement au cérat,
et, vers le troisième jour, là per mission de s'asseoir quelques
instants dans son lit, firent aisément disparaître une ‘érosion
développée à la région sacrée: 1 r' 49
Vers le quarantièeme jour, larjambe-était tenue en position ,
sans effort ni ligature, La «malade pouvait se soulever, et
plonger la cuisse sur le bassin. Enfin, le soixaritième, nous
c MÉMOIRES. Da 13
l’'aidâmes à Abo qu et la jambe, non raccourcie, soutint la
malade. Quinze jours plus. tard, Mme He se promenait dans
sa. chambre entre deux rangs de chaises, sur, le dos desquelles
elle appuyait de temps en temps les mains , E faisait, seule
et Sans, appui, plusieurs pas, dans, cette, galerie, de sa façon.
Aujourd’ hui, trois mois environ après, sa chute, nous, consi-
dérons la guérison comme certaine, et ne doutons pas qu ‘elle
ne soit parfaite dans peu de temps. .
IS » 9SÛIEE
[0 “191129 D SOI VHOU 9f
° Voici donc une! fr acture ‘incontestable! du cols du
fémur consolidée sans intervention d'aucun appareil
proprement dit, guérie, sans raCcourcissement, chose
rare, et, ed: RE à l'espèce, très promptement
guéries sn. un:peu;ces résultats. 4 3 0,
Sans doute, il peut se présenter des cas plus graves
que celui que nous avons décrit; mäis nous pensons
qu ‘ils peuvent tous être Ho baneot SOUS à notre
méthode, À notre. avis, ce mode de traiter les fractures
du: col-du:fémur, de toutes, les indications, et,
de plus, il éloigne tousiles: accidents toutes les diffi-
cultés inhérentes à l'emploi des'appareïls usités.
En ‘effet, Quand la fracturé est réduite, et que le
membre est mis dans une, bonne position, al instant
où nous le plaçons, dans, un appareil, contractif, il est
ce que nous voudrions qu'il fût: jusqu ‘à la mr :
nos appareils ne servent qu'à le maintenir: Or, sans
en fairé une révué critique complète, n'est-il pas vrai
je que le double plan incliné ; Qui doit si naturellement
produire l'extension. en fxant le pied. d'un côté, et la
contre-extension par lepropre poids du bassin del sl
ne réalise et ne saurait réaliser ces indications ? que rs
position, difficilement supportée, n’est ‘tolérée: par
certaines personnes que grâce au glissement du siége
74 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sur le plan incliné, et que, au lieu de la contre-
extension, le chevauchement, c'est-à-dire le raccour-
cissement définitif, est produit ?
N'est-il pas vrai 2 que.les lacs destinés à faire
la contre-extension dans l'appareil de Boyer ne sau-
raient l'opérer qu'en développant ‘des douleurs et
souvent des escarrhes aux points comprimés, et que
ces accidents ne sont évités qu'en sacrifiant la contre-
extension elle-même? qu'en un mot cet appareil est
loin de prévenir le raccourcissement de la jambe, et
que trop souvent, en ‘découvrant le:membre, non-
seulement nous le. sus gas par la compression ;
mais raccourci ?| VE O:
N'est-il pas vraïfenfin 3v que l'appareil de Bonnet,
de Lyon, nest presque: jamais à notre disposition ?
surtout en province ? quel’exténsion continue produite
au moyen dun poids tirant sur la jambe: doit être
difficilement supportée: partons les sujets, et que,
s'il réalise mieux qu'un autre la contre-extension,
celle-ci ne peutplus exister si l'extension n’est tolérée
par le malade.” 2! «6 f#0 | 96-65"
Notre mode de:traitement, Per par tous les!
sujets, et exempt dé it Gi ui ‘inhérent,
réalise; à notre ravis, tous les ‘avantages qu’on
cherche à atteindre par les appareïls classiques. Nous
l’avons dit : le: double plan incliné, au lieu de
produire la contre-extension, provoque le chevau-
chement, parce que:les deux fragments sont super-
posés, et ne peuvent être maintenus en coaptation;
tandis que, la réduction ure fois obtenue, le membre
inférieur reposant sur un plan horizontal parallèle à la
jambe ét à la cuisse, les deux pieds étant eux-mêmes
| MÉMOIRES. 75
symétriquement : tenus, la dépressibilité de la
couche, les déplacements opérés par le malade fatigué
de l’immobilité, et l’action musculaire, peuvent seuls
déranger la position acquise. © °° lg
Mais la surveillance active du médecin combat ces
causes d'infraction à lac rectitude de la position, et
conduit le malade Rs au es où le Cal remplace le
chirurgien.
L'extension sites telle ‘qué nous la pra-
tiquonsremplace l'extension continue. Elle ne nécessite
pas d'appareil: contre-extenseur ;'puisquelé poids du
corps, résiste: assez à la traction sur les’ pieds pour
permettre le parallélisme parfait. C’est done un grand
avantage atteint, puisque jusque-là l'extension et la
contre-extension continues! avaient! été ‘considérées
comme:indispensables dans tout appareil ;:et qu'elles
entraînaient des difficultés, ::des impossibilités dans
l'application; sans one, le plus souvent le rac-
conrcissement. fous
- D'un autre côté, la sinise saine permet de main-
tenir très-facilement en coaptation les fragments; car,
le centre de gravité de la cuisse étant placé en dehors
de son axe, et le membre ‘inférieur tendant ainsi à
se. renverser toujours, ‘sain ou malade, un peu en
dehors ,-le-point d’appuirpris sur le pied de la jambe
saine pour tenir redressé le pied! du! DER fracturé ,
se trouve ainsirrexcellent.noi2to
- L'intervention chirurgicale pendant tout le cours
de la consolidation est une garantie de plus, puisque,
tous les: jours, toutes-les ‘heures, le médecin ou les
proches du malade-peuvent: remédier aux légers
déplacements qui peuvent se produire. Dans l'emploi
Ï!
76 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
des autres appareils, cette surveillance est, sinon
impossible, du moins fort difficile le plus souvent ; et,
de peur de déranger le malade et l'appareil, on
laisse s’opérer sous ses yeux de regrettables diffor-
mités.
Ces tractions répétées et ces redressements de
membres fracturés ne nuisent, comme:on pourrait
le croire, ni à la promptitude ni à la régularité de la
consolidation. Les liquides qui s'épanchent entre les
fragments pour former le cal s'organisent parfaite-
ment et sans trouble aucun; mais aussi ne laissons-
nous jamais se produire de déplacements considérables :
nous n’opérons chaque jour que de légers redres-
sements.
En somme, tout en admettant que nous ayons eu
sous les yeux un cas favorable à ce traitement sans
appareil, nous avons pensé qu'il était assez inté-
ressant et concluant pour le public, et conseillé à nos
confrères de comparer ce mode aux procédés clas-
siques, qui malheureusement ne sont, dans l’applica-
tion, que fort insuffisants.
DEUX OBSERVATIONS
DE HERNIES ÉTRANGLÉES
QUÉRIES SANS OPÉRATION,
PAR M. J.-B.-P. BRUN-SÉCHAUD.
—0—
MESSIEURS ,: Lo 7
Le petit travail que je soumets à votre appréciation
a trait à deux cas de hernies étranglées guéries sans
opération sanglante. Les détails qui se rattachent à
ces deux faits me paraissent dignes de votre attention.
Les résultats obtenus pourront servir d'avertissement
à ceux qui se hâtent trop d'opérer dans ces cas
graves.
Dans les hôpitaux de Paris, j'ai vu des hernies
étranglées être réduites par le taxis, la malaxation
de la tumeur, au moment où on se disposait à
pratiquer le débridement. Voici dans quelles circons-
tances :
Lorsque je suivais la clinique de notre illustre com-
patriote Dupuytren , et plus tard celle de l'excellent
78 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Sanson, deux malades guéris Sans opération me
prouvèrent que, dans un grand nombre de cas, on se
hâte trop de soumettre à une opération hasardeuse,
parfois, funeste, les, tumeurs hérniaïires ‘étranglées.
Souvent la réduction désirée péut être obtenue par
des moyens autres que le débridément. Dans ces
dernières années, on en a vu encoré la preuve dans la
clinique de Baudens : ce praticien confirme le juge
ment que je suis en droit de porter.
Les trois hommes éminents qué j'ai cités, et qui ont
le plus illustré la chirurgie française, savaient par
expérience’ que le ‘ problème tel à la hernie,
étranglée était très-difficile à résoudre: ils savaient:
très-bien que, dans notre art, les péripéties sont
nombreuses, et qu'il faut compter aveci.elles et'avec
les insuccès, malgré les règles les mieux établies.
Dans un cas 'trè8alärrhañt de hernie étranglée,
Dupuytren déclare qu'il faut opérer : mais il hésite,
remet l’ opération au lendemain. —. A la visite, pres
un nouvel .essai de réduction, l'intestin sente en
masse. Plus tard; dans ‘un cas à peu près semblable:
chez un sujet quitse trouvait dans les mêmes condi-
tions, Sanson s’efforca' dé faire rentrer la tumeur :
l'obstacle, les souffrances qui existaient depuis trois
jours, indiquaient l'opération : cette opération: fut
remise néanmoins à cinq heures du soir, même jour:
Tout était prêt: les aides n'attendaient plus que la
volonté du maître, et leur opinion, arrêtée d'avance,
était qu'il fallait nécessairement opérer pour sauver
le malade. 11 n’en fut rien : de nouvelles tentatives de
réduction ayant.été faites , la hernie rentra ; le malade
guérit.
: MÉMOIRES: © 79
Voilà donc pour le praticienun enseignement qui
peut, lui être d’un grand secours: il l'a été pour moi:
—.ille sera pour d'autres dans cesmoments suprêmes,
parce que.les faits-qui frappent: vivement empêchent
de commettre des fautes,: dont la conscience: laisse
souvent des regrets:l.51
Maintenant, pour ce:qui-me rés rie voici ce que
j'ai observé Lu ma.pratique: . 260!
La femme Nicolas ; de la commune:de €Champsac, cinquante
ans, portait une hernie crurale du côté gauche : cette hernie,
très-petite, S ’étrangla, avec tout le .cortége des accidents des
hernies étranglées. Les réfr igérants, les bains, les sangsues,
les cataplasmes appliqués au pli de l'aine, l'extrait de bella-
done, tout avait échoué. : ‘© 72/00 "1
‘L'opération fut décidée pour le lendemain (quatrième jour).
Ce jour-là, les instruments, étaient préparés; mais, avant
d'opérer, il fut convenu.qu'on aurait.recours à un, lavement
de tabac. Ce . Moy en énergique et (ÉANECIPUR fut suivi d'un
succès complet. Une iv resse instantanée, produite par ce
närcotique | mhit/la patienté dans un état de prostration ayant
de l'analog'ie avec la Syncopé la plus prononcée ; ; c'est à Ce mo-
ment ; le siége étant tres-élevé, que jelparvins à faire la réduc-
tion de la.hernie. Cette femme:a-porté depuis un bandage, et
aucun nouvel accident n’est survenu...
"La seconde ‘observation fixera ‘davantage votre
attention, attendu ! qu'elle” porte ‘sur un point de
doctrine-relatif-àdla euretradicalede là hernie. Vous
savez tous, Messieurs, que :Gerdy refoulait, par un
procédé qui-luï-appartient sun repli de la peau dans
la direction du canal inguinal. Quel était son but? —
C'était de délerminer des adhérences , un rétrécissement du
canal par suite d’inflammation. Le fait que je vais
80 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rapporter est nettement l'expression, la justification
rationnelle des résultats obtenus par le savant. acadé—
micien. Dans. cette: relation, ce qui vous étonnera.le
plus, c'est levis medicatrixæ pour remédier à des lésions
compromettantes pour l4'vie de l'individu, ét'le
guérir enfin d'une infirmité. Ces efforts de là nature,
qui, je crois, ont été favorisés par l’action mécanique
d'un bandage imparfaitement appliqué, ont eu. les
honneurs de la. guérison:
toits
Lé nommé Jéan Deézon, du canton de Chalus, avait une
petite hernie inguinale , dont la date remontait à cinq ans
environ. Étant allé à une réunion, il se livra à des excès de
tablé et de danse, puis se réposa, ayant tres-chaud, Sur
l'herbe fraîche. Le lendemain, diMiculté d'aller à fa selle ;
douletr et tuméfaction de tout l'abdomen ; “hoquéts fréquents
avec des vomissements de maticres muqueuses ayant une
odeur particulière tres-caractérisée. Une potion calmante avec
l'acétate de morphine fit, pour un temps, cesser ces hoquets
et ces vomissements. Le ventre resta tuméfé et:douloureux
pendant huit. jours, Le malade fut mis à june diète, absolue;
et, bien qu'on, eût employé des lavements purgatifs, des
révulsifs sur l'intestin, des pains, des saionées de tout genre,
les selles ne purent se rétablit. Mon diagnostic fat ! Hérnie
Zégèrement étranglée, avec des ‘accidents PrpMaS ques des in
testins et du périloine.
La réduction fut tentée inutilement pendant les premiers
jours. Ce ne fut qu'au neuvième jour que. je fis de, nou-
velles tentatives dans un bain prolongé, et que je parvins,
après deux heures, à faire rentrer la hernie: mais, n'ayant
aucun bandage à ma portée, les accidents Inhdtitabiétées
persistant, je me bornai à appliquer des compresses plus ou
moins bien maintenues avec une spica et une bande sur l'ou-
verture inférieure du canal inguinal. Nonobstant ces moyens,
la hernie ne tarda pas à reparaître, mais plus volumineuse.
Les selles cependant se rétablirent. Le malade, se sentant un
de bandage..
MÉMOIRES - 81
appétit très-prononcé, mangea beaucoup, eut des douleurs
abdominales : la hernie, étranglée primitivement, s'engorgea
à un tel point qu'elle offrait le volume des deux poings. Elle
était fort douloureuse : il existait de la rougeur au scrotum ;
où elle était descendue par le relâchement de l'anneau. De
nouvelles tentatives. de .réduction furent faites; la hernie,
étant à moitié réduite, un. bandage.? à ressort fut. appliqué ; le
malade le supporta pendant quatre heures, et, après ce laps
de temps; il le retira, ne pouvant résister plus long-temps
à la presfion ‘’incommode qu'il produisait. Le lendemain,
tuméfaction considérable, accomipagnéé de douleurs! vives ;
rougeur prononcée du scrotum et jde la région inguinale où
avait porté le bandage. Un,confrère fut, appelé, et, contrai-
rement à à MON Opinion, son jugement fut qu'un anus accidentel
ou contre nature s’établirait dans la région inguinale. Il n'en
fut rien : deux abcès successifs. se formèrent par l'inflam-
mation de Ja peau | et le tissu € cellulaire sous-jacent. Après une
suppuration de trois semaines, le malade se trouva guéri. Sa
. Santé est très-bonne, etil n'a pas besoin présentement de porter
- € [TJ LU ( Ï {
Les: conclusions de cette: observation sont celles-ci :
‘4e Pintestin ést rentré dé'lui-mèême pouvant être
‘comprimé par la tumiéfaction | des abcès qui se for-
maient ;.—,2° une inflammation cicatricielle a obstrué
le canal inguinal en. forçant. les tissus. à se rap-
procher ; — 3° l'application momentanée du bandage
à puissamment contribué à développer les accidents
inflammatoires qui se sont terminés par des abcès au
profit du malade; — 4° la rétraction des tissus, en
oblitérant le ui inguinal, a produit la cure radi-
cale de la hernie.
UN MOT
SUK
LES FIÈV RES: INTHRMITTENTES
a EN LIMOUSIN;
J9199" 18: T9
PAR M: LEM AISTRE,
Chef da travaux au à l'École de Ne de qe
[Ir Pasup ,ersn FT BEN
J'entends par - fièvre ‘intermittente., toute : maladie
causée par les:miasmes paludéens: |
Les fièvres intermittentes! offrent-elles:un caractère
particulier.en, Limousin? Je:ne:le pense pas..On
les observe, ;chez.-nous: telles. qu'elles ;sont.dans-les
pays marécageux! lunve on Ed et
C’est ainsi-qu'on les HR, Fab nos centrée à
l’état de fièvres-simples, avec des types Je: plus fré-
quemment quotidien, |tieree on quarte; à! état de
fièvres pernicieuses,. avec. les. formes. céphalique,
pectorale, abdominale ;:.à, l'état de, fièvres rémit-
tentes pseudo-continues, ou continues.et larvées.
244
MÉMOIRES. 83
Nous observons bien encore des rates énormes
remplissant une grande partie de la cavité abdomi-
nale; mais, nous devons le dire, les cas sont rares,
et se remarquent peu dans les environs de Limoges;
et encore est-ce chez, les enfants qu'on les constate
surtout. Les parents les néglisent souvent, ou se per-
suadent que la fièvre est une maladie salutaire qu'il
faut laisser marcher.
Nous n’attribuons pas certainement cette améliora-
tion dans le volume de cet organe à la diminution du
miasme paludéen, mais bien à l’heureuse influence du
sulfate de quinine, qu’on emploie davantage dans
les classes pauvres /depuis'qu'uné administration plus
éclairée à fait distribuer gratis ce précieux remède
dans nos campagnes, Nos fièvres.intermittentes sont
très-sujettes aux récidives, et ces récidives s’obser-
vent en toutes Saisons. OUR
Quand les accès sont bien tranchés, il est facile de
les reconnaître; mais, quand il vient s’y ajouter
quelque complication, il n’en est plus de même.
- Aussi tout praticien; dans nos contrées, doit-il
s'attacher d’une manière particulière à’bien distinguer
ë
: une fièvre à quinquinà detoutelaffection qui revêt la
forme intermittente | sans'étré (causée par le miasme
-paludéen'; Car,°comme Pa/dit;:dansle Congrès, un de
nos honorables membres, avant de/traiter une affec-
tion, il faut en bien Conhäfître la nature.
* La fièvre continue paludéenne peut être facilement
confondüe avec le fièvre typhoïde) dans nos pays. La
plupart des fièvres typhoïdes que nous observons
n'offrent souvent aucun des principaux caractères qui
les distinguent, tels que pétéchies, taches lenticulaires,
84 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rosées, etc. Elles ont beaucoup de ressemblance avec
le typhus. fever, des Anglais, sauf l’éruption. Les
urines, crues! dans la fièvre typhoïde, -et sédimen-.
teuses, presque: toujours, dans les fièvres intermit-
tentes, ne pourraient-elles pas être prises comme
élément de diagnostic ?
On peut dire, en général, que les fièvres-intermit-
tentes ne sont pas très-graves dans le Limousin.-Les
cas mortels par,suite d'accès pernicieux, sans être
rares, se présentent, je crois ; moins souvent que
dans les pays vraimentmarécageux; jeme vois point,
eneffet, dans nos contrées; d'épidémies ;-de: fièvres
peruicieuses , comme ‘on en trouve/dans les plaines de
l'Afrique ou de la Sologne.
Le Limousin est-il contraire,à la loï d° antagéséis
posée par. M. Boudinentre les fièvres intermittentes,
la pathisie et la fièvre typhoïde?-Malheureusement
ces trois affections y sonttrès-fréquentes. Cependant,
il faut en convenir,,.ce n’est, pas alors, que'le génie:
intermittent agit avec force: sur les habitants .querla
fièvre typhoïde. y, fait, le plus de ravages. : Ainsi
actuellement, et depuis quelques mois; les! fièvres
intermittentes sont la maladie dominante, tandis que
la fièvre typhoïde n'existe pour ainsi dire,pas. Si
M. Boudin entend ainsi la question, nous pourrions
être jusqu'à un certain point.de son avis:
Mais d’autres auteurs avant lui avaient, en quelque
sorte, émis une telle opinion. C'est ainsi que, Ræderer
et Wagler, sans faire. intervenir d’antagonisme.,
avaient admis qu'il. y'avait toujours une, succession,
en quelque sorte; entre la fièvre intermittente, : la
dysenterie et les fièvres typhoïdes : la fièvre inter-
:1#à
MÉMOIRES. 85
mittente commencerait: arriverait ensuite la dysen-
térie , et/la fièvre typhoïdé ‘après. — Cet été, nous
avons éû des fièvres intermitténtes en grande quantité ;
noôus'sommes actuéllemént'à la période des dysen-
teries 1savôir si la”fièvre typHoïde ‘se montrera
ensuite! 7 sq 129 H8-JH8161
Les causes dans nosipays sont:les mêmes qu'ail-
leuts.: trèszprobablement ; Tes émanations terrestres ;
les'miasmes’paludéens ; sé sont'celles eva leur
donne! Je n’irai pas les riier.
Ontme permettra cependant: de: constater que le
Limousin est bien loin de la-topographie de la Sologne
ou des plaines de l'Afrique. Notre pays est 'très-acci-
denté. 11 est essentiellement Constitué par des mon-
tagnesret des vallées. Auwlieu de vastes marais à eaux
bourbeuses et stagnantes, ontrouve'chez nous des
rivières et'des ruisseaux multipliés, à l’eau claire! et
limpide et'au cours rapide: Nous possédons des étangs
très-nombreuxtil est! vrai; mais rarement à sec,
alimentés ‘qu'ils:!sont : pardes sources abondantes:
Et'puis Pair ÿ'est vif, très-humide sans doute, mais
renouvelé; car Îles plaines ysont rares, et nous
sommes très-élevés par ee. au niveau de la mer :
565 mètresau-<dessus! 04 912179 1 9010
Nos ruisseaux , ‘nos rivières; ‘nos étangs même,
pour la plupart, nefseraient pas ;1je crois’, susceptibles
de donner‘ lieuà!la grande quantité de fièvres inter-
mittentes que nous 6bsérvons dans! nos contrées. —
Nous devons donc chercher d’autres causes ailleurs.
S'il-n'y1a pas de marais en Limousin, il s’y trouve
cependant des masses de matières cbtpisséntes —
86 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Si vous observez des fièvres intermittentes en ville,
vous én constaterez bién davantage à la campagne:
ceux qui l'habitent se ‘frouvent vie à portée de
respirer les miasmes. {770 11
Toute maison de colon est, ën effet ! constämment
entourée d’un Clapier dé/Imatières en putréfaction.
Ce qu'on entend par airage chez nous n'est autre Chose
qu'un amas de détritus, ‘dé Végétaux, qui pourrissent
constamment à déuUK as dl Habitation du ‘éblon ; où,
pour mieux dire! tout dttourde cette Haibibstion.
Ce sont des toutes AT BHES OU des fougères ; dé Ja
paille | de sarradin "où dés “ajoncs, sigles s'a—
joutent, les. détritas ds matières Végétales ou animales
n'ayant pu SéVir à" \'aléntatioif {qui macèrent
dans un liquide constitué! par les” baux pluviales s et
les eaux provenant dé os es où fumier des
étaiblesz he NE Pr RE SAUT 98V8. Ÿ49
ya des villages out es Ab és 'ruës sont
couvertes de foyers d'infection! dé la 86rte) et quiisont
littéralement. inabOT DIE : “aux tres par les
temps humides, 90H nos rires p
Le conseil d’ DEPRE devrait sérieusement séquer
de faire disparaître une pareille! sourté dé mäladies.
Mais la chose n'est pas facile! car, dan nos paÿs? le
paysan songe peu 4 sa Santé ‘il est malhéüféux ; iP ne
voit qu’une chose : vivre : or}! pour vivré il rai faut
du fumier capable de faire germer son grain: et C’est
pour avoir ce fumier qu'il met des plantes fermenter
partout où il peut, partout où elles peuvent'entrer en
fermentation.
Mais, me direz-vous peut-être, les habitants des
campagnes sont toute la journée aux champs, loin de
16 .
MÉMOIRES... 87
ces foyers, qui ne doivent. alors avoir que peu d’in-
fluence sur .eux. S'ils n'en sont ,pas très-près
pendant le:jour, il n' en,,est-pas, de, même pendant
la nuit. Toute la famille Couchos .en.général, dans la
cuisine; -et.la cuisine est, au. mez-de-chaussée, avec
porte-sur Lairage, porte qui, est Presque, toujours mal
BOSe tre 200 error Bd 8
Vous comprenez combien; doit leur, être facile l’aspi-
. des miasmes dont, nous parlons. Joignez à cela
cette.condition -où. ils: se trouvent, que 4; moment des
«chaleurs où.-se.développe;le plus le miasme, c'est-à-
dire:le mois. d'août, est. précisément. le moment où ils
se rapprochent de ARSMAEE APE pour battre leur
ingrâin: Le moment;ob,lenx constitution a été fortement
“affaiblie par suite.des, travaux. : rudes de Vété, cons—
-otamment exécutés, à.l’ardeur, du. soleil, et le plus
souvent avec une nourriture insuffisante,
-Le miasme, en effet, se, développe. principalement
au; mois d'août dans, nos pays. comme du reste dans
-sbeauçoup.d’autres ;,ou, duymoins, c ‘est à cette époque
qu'il fait ressentir son influence d’ une manière plus
198D88iAle}rrSaronoirde ttervob FER
>bESt-ce, ie qu est, plus, HU qu’ aux autres
| époques: de. l’année, par. fuite, du desschement des
3" eaux stagnantes ?. ou parce que, la température étant
ss sert basse. Ja ni que le jour, Sa tension devient
‘ou bien. Res que cetle différence se grande de la
: chaleur; du jour. à celle de, la nuit agit sur les consti-
tutions d’une manière toute spéciale?
C'estce que je.ne chercherai pas à vérifier : j'en
laisse. la solution à d’ autres plus habiles que moi.
88 CONGRES SCIENTIFIQUE, DE FRANCE.
Je dirai seulement que les récidives très-fréquentes
doivent être attribuées en grande partie auxvariations
brusques ef rapides de-la température: tord
Je ne me permettrai pas de:vous parler longuement
des remèdes, singuliers etsibizarres: qui! sonttous
les, jours employés par Je vulgaire pour! couper
les fièvres : je vous, dirai. seulement qu'ils sont, nom
breux. 5 tnonrodisit 8 ‘190biiq srrét
Les uns, sont.ridieules,let absurdes ; les autres ne:
laissent pas que. d'avoirune certaine valeur, -et sont.
pour la plupart, tombés, dés-mains de a, médecine!
dans le domaine commun;stels-que» 0h til bre
4° L'usage, de la frayeur.produite par l'emploi-d'um:
animal ; rapiette, grenouille; râlé, Crapaud; ‘mis dans
un sachet sur la poitrine du patient ; 9 b ænisd
2 L'administration des amers : infusion’ de/cafë
mélangée avec, du jus de citrons décoction | soit de
buis, soit.de-feuilles d'artichant dans, du-vin blanc:
remèdes qui peuvent bien couper quelques fièvres peu
tenaces, mais! qui) dans là:mäjorité desrcas , ‘sont:
sans efficacité, maloré l'opinion publique -‘quisleur
attribue une.influence supérieure: LosviTq El ris
‘ Le quinquina:-et tous ses produits; quinine: brute ;1
sulfate de quinine ,-etc., est; dans nos) pays comme
partout, le remède par excellence; le remèdehéroïque:
des. fièvres, intermittentes:: Quelques: praticiens-16mt
bien fait. des expériences sur: d’autres :agents- fhéra#0
peutiques; mais je.crois qu'ils.m'en ont; pas été très-
satisfaits, et, .malæré- quelques suceès.6btenns dans;
certains cas -particuliers,-ils sont revenus -à -la
quinine.
J'ai voulu moiaussi tenter les moyens nouveaux:
17 1! MÉMOIRES. 2 89
j'ai fai fait un peu d'hydrothérapie. Permettez-moi de
vous en parler. a 94
L'hydrothérapie, comme vous le savez; n'est point
d'origine récente.-Peu ou pas connue des Grecs, elle
eutcheziles Romains'son temps de vogue et son temps
d'oubli: Iiétait réservé de nos jours à un simple
paysan , Prietsnitz, d'ériger Pemploi de Veau froide en
système, de l’appliquer au traitement de toutes les
maladies, et d’étonner! l'Allemagne par des succès
inattendus, Depuis lui}! sa méthodé n'a cessé d’avoir
de:chauds partisans. Aussi de tous'côtés voyons-nous
aujourd'hui des établissements s'élever pour traiter
par: l'eau froide éntr@ et extra: On en trouvé actuel-
lement à Paris, à Bellévue, à Lyon, à Genève | aux
bains de mer (Le | Croisic}, °’aux/'eaux! thermales
(Vichy), ete: ete. fi jai È
Partout il y a dés malades :il faut bien étoire qu'il
y a quelques succès; et j'y crois. Je suis persuadé que,
si vous prenez un certain nombre d'individus jeunes
encore , d'individus débilités parle travail ‘intellectuel,
les chagrins , les excès {le défaut Lexércice au grand
air, la privation même de nourriture ,/mais n'ayant
encore aucune altération organique ; si vous pouvez
les dépayser, les faire rompre avec leur manière de
vivre ordinaire; ‘pour’les transporter dans un bel
établissement ‘agréablement situé} et qui réunira
toutes les conditions d’un bon confortable, avec de
l’exercicé et des distractions, je suis persuadé que
vous les! fortifierez, vous les ferez mieux digérer,
vous les aœuérirez de leurs gastralgies , etc.
Je suis convaincu que vous pourrez les doucher à
plaisir! lès faire suer à outrance, ou leur faire faire des
90 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
immersions instantanées dans l’eau froide, :et cela
avec le plus grand avantage pour leur santé, à la
condition de bien entretenir:la réaction par des courses
rapides et au grand air. ses dans tout cela, qu'est-
ce qui aura agi? I
Douchez des individus sur place, des malades qui
n'auront pas rompu-avet lewrs habitüdes, qui n’au-
ront pas changé d'air, ‘de ‘nourriture; et qu’on ne
pourra pas! faire promener au grand air à son gré;
douchez, ‘en un! mot, dans:les maisons centrales ou
les Hipitans.; Let je: doute que: vous ayez beaucoup de
succès. SL 8 tof 119
Je ne -mets: Certainement pas én:doute certaines
cures merveilleuses produites par l’action de l'eau
froide sur:le corps::je suisiseulement convaincu que
l’hydrothiérapie ne tiehtspasoce-qu'elle promet, et
qu'un grand nombre des:sucéès qu’elle met encavant
sont dus à plusieurs:autresicauses.:— J'ai fait: l'essai
de cette médicationtsurquelques maladies chroniques :
je n'ai pas eu beaucoup-à m'en louer:
J'y ai soumis des fièvres intermittentes:1jervais vous
en dire quelques mots #11 90, €
Les expériences-ont eu dieu dans mon service, à
l'hôpital (sur trois hommes-seulement), au printemps
de 1858. Voici-comment j'a procédé :j'ai Haissé tous
les malades entrant atteints de fièvres intermittentes
quelques jours sans leur rien faire, et j'ai constaté :
1° Que quelques fièvres disparaissaient sans traite-
ment ;
20 Que d’autres présentaient des complications telles
qu'il eût été dangereux de les soumettre à l’hydro-
thérapie ;
À
MANN HI MÉMOIRES 102 EÉAOM 94
“13 Que trois malades avaient. une bonne constitu-
tion, ét pouvaiéntsupporter. untraitement énergique.
Chez deux ,:ih existait: des raceès intermittents bien
tranchés; de troisième avait une fhypertrophie de la
rate consécutive à des fièvres réglées :
uJedes aidon® soumis à:la douché::Voici mon modus
faciendi:» dans latsallerdes bains, après: un exercice
modéré;[etiune ou deuxoheures avant Laccès présumé,
lermalade ses mettait toutrmuroet; debout dans une
baignoïresA lors-ikrecevaitrume douche:en pluie sur la
tête et tout lecorpsy pendant :quede lui administrais
moi-même une douche en jet sur la rate. Tout ceci
durait-de-une là D NE GS Onallait Raerls trois
Pos sf 164 2stiboiq eserrei
La: sensation D domi einationt était des plus
pénibheso l’impression-:de d'eawrfroide le faisait
trembler, igrelotter, suffoguwer-presquec
iseJeln'ai put expérimenter; comme je l'ai déjà dit,
que psurrtrois Leds 31 maissjlairemployé un certain
nombre de douchesoClestrainsi querjentai administré
quinze àoun- des: malades :satirmoins sautant à un
autre, mais beaucoup moins -aurntroisième, atteint
‘'hypertrophie desla rate ,1à camse-ded’arrivée d'une
-ophthalmierset de-quelqes-douleurs rhumatismales.
-1Mesrésultats nlont pasiétéhmillants:; Après quinze
“douches, la fièvre iquarte: de «mom premier malade
n'avait éprouyéaucunendiminution:-dans ses accès.
Unsgramme! de sulfate; de :quinine; en deux doses,
coupa la fièvre.
-911Be secondimalade;!après-avoireulda fièvre momen-
tanémént: coupée, fut-pris: d’une récidive de fièvre
quarte complètement réfractaire à l’action de l'eau
92 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
froide , et ne voulut plus de douches. Un gramme de
sulfate de quinine fit cesser immédiatement les accès.
Mon dernier malade n'obtint aucune diminution
dans le volume de sa rate : son hypertrophie était-elle
simple ?
Voici donc deux fièvres sur lesquelles des douches
répétées n’ont aucune prise, tandis qu’un gramme de
sulfate de quinine en trioniphé du premier/ coup: /
La quinine a done été supérieure , dans ces deux
cas, à l’hydrothérapie. Mes-expériences, comme on le
voit, n’ont pas été nombreuses : elles parlent haut
cependant. Je ne puis-toutefois avoir une opinion
vraie sur l'efficacité du remède.
Je n’en ai pas moîns la! conviction que l’hydrothé-
rapie ne remplacera jamais la quinine dans le trai-
tement des fièvres'intérmittentes, parce qu'elle sera
toujours plus difficile à administrer ; parce que la
sensation pénible produite par l'impression de l’eau
froide sur le corps en, éloignera les malades, à moins
de cas réfractaires à tous les remèdes.
Malgré cette conviction, je n'en continuerai pas
moins mes investigations hydrothérapiques dans les
fièvres intermittentes aussitôt que je le pourrai, afin
de constater d'une manière plus certaine jusqu’à quel
point les fièvres de la Haute-Vienne sont réfractaires
à l’action de l’eau froide du Limousin.
ÉTUDE
| «Shi LES
TRAITEMENT u HA CAPE
INFLUENCE: p*
DE L'IODUREUDE POTASSIUN
SUR CETTE) RARES,
IDE $5,:
PAR D 18
-aicuD
ORNE DES ME TTÉCUN ENET,
£
Dépuis quelques années, Îa diphthérie est devenue
endémique à Limoges : aussi ayOns-nous chaque jour
l'occasion d'étudier cette redoutable affection. De cette
étude est résultée pour nous la triste conviction que
les moyens de la combattre proposés jusqu'ici sont à
peu près complètement inefficaces, et, dans les dis-
cussions nombreuses auxquelles donne lieu actuelle-
ment le traitement des maladies couenneuses, je
trouve la preuve que cette opinion est partagée par le
plus grand nombre des praticiens. Faut-il, malgré
94 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
cette expériencé; continuer à#marcher dans l’orñière,
et employer, pour! Fatquit dé ‘sa (consciénce, 61
presque sans compter sur'eux) des médictments d'une
efficacité plus que douteuse? D’autres disent les avoir
vus réussir ; mais c'était sans doute dansdes conditions
si différentes decelles où nousnoûs trouvons qu'on he
peut croire qu'il s'asñsséde-Ta même maladie!Jé ne
saurais vous dire, Messieurs, quelle stupéfaction
j'éprouve en lisant tes) résultats Sphhes 74 par certains
praticiens ! Qi TICVS TYOQ 19 f#| 919)
L'un, sur quatre-vingt-quatorzelleas d'anginés,
laryngites et Bronchites péeudümembraneusés traitées
par le calomel et la cautérisation, les guérit’tous,
moins neuf; et encore’ ä-#lil'soin de dire qué céux-ci
ne sont morts que paréé que le traitemient n’apulêtre
convenablement! “employé! ‘{ Dusesr" M 7
sciences, 13 sept. 1859.) &9IL9T" 39
Un ‘autre; !sur EN TR Ro ES dont
une moitié au moins arrivée là la séconde période,
quelques-uns à là troisième {en guérit quarante-six
en employant le tartré stibié à haute” dose” sr
TANTIN! Bulletin dethgrah.}Ue esauorpunr as96bry2 28h
J'en appellé à votre expérience orne opens
avez tous employé ces moyens. Avéz-vous)obtenuices
merveilleux résultats? Pour ma part/j’aïvu échouer,
dans les cas graves, et le calomel, et-lerchloratede
potasse, et le tartre’ stibié à haute dose, ‘et’ les 'injec-
tions et insufflations dans la trachée. Tous ‘ces moyens
m'ont paru sans action évidente; je n’excepteique les
vomitifs, qui produisent presque toujours un soula-
sement momentané , mais ne sauraient être Consi-
dérés comme curatifs de la diphthérie.
SU
MÉMOIRES: : 95
Quant à la cautérisation ,;en observant ses effets
avec beaucoup de soin; j'en suis arrivé à la consi-
dérer non-seulement comme. inutile, car elle ne
provoque pas la: chute’des, fausses membranes, mais
encore Comme nuisible, puisque j'ai vu plusieurs fois
les points du pharynx: touchés accidentellement se
recouvrir, en quelques. 'heures, :de' pseudo-mem-
branes._
Voulant. expérimenter d anti M ÉuCs de trai-
tement, j'ai cherché, pour avoir un point de départ
rationnel, quelle était l’action. de. diverses substances
sur le produit de, la fausse mem-
brane. : > [
J'ai étudié à ce dé ere vue FR situate d'argent,
le chlorate de potasse, e-tannin, le perchlorure de fer,
l’iodure de potassium, Voiei-sommairement le résultat
de ces expériences : ( 04 ce
Nitrate d'argent. — Un lambeau: de, fausse membrane
mis dans-une forte solution.de-nitrate d'argent fondu
ne -présente ; sur le. moment, aucune modification
qu'un changement de couleur.Il blanchit à la manière
des surfaces muqueuses sur desquelles on promène le
crayon. Deux heures. après, il se racornit un peu,
-diminueode-wolume, -conserve.de l'élasticité, de la
ténacité La-Contraetion augmente: insensiblement les
jours suivants. rmofss al
Déuxième expérience: — Un ont de crayon de
-nitrate d'argent est mis dans un tube pseudo-mem-
braneux. Je-veux m'assurer. sile caustique peut
traverser la fausse membrane pour aller agir comme
modificateur sur‘la surface vivante d'implantation.
Au bout d’une heure et, demie seulement, la surface
re
96 CONGRÈS SGKANIWMIQUE DE FRANCE.
extéricure, de tube;hlanchit:i même danstuté étéfidue
assez grande aa-delèidie point dercodtietat frig-
tnent deçaustiquer Letuba sestéontraété: éünsétve
. feda. ténacité. I &estopnaniterdesséèhé sans présetiter
de pouvelle modifications b. moicddos #1. smômx 2auiq
Chlorale de, polasses: 1h Après Hrois jotrré d'ifimérkion
. dans .une,solution satunéexde[chlorate)qél péfasse,
da fause-memlennene subibpas plus dé ‘chafiettént
TU Le eleneFadaitdansdieau-pures, 55 50560 oo
Tannin..—Aprèsiètre restée douze héirésidafié line
+ forte solytionde tanninsysatie fauséélmemiptäte lest
. devenue. d'une nnmancesplüuérmäte ;-AétonRERsE sa
surface; elle s'est racornie, est devenue friable,
. Cassante, aps d'étastieité ersroieoM .fegtA
Ji)
Todure de . «Dolassiun. rne faussemémbhræaievést
‘ise dans. une, solition.de:150,centigeeid'iodurértie
potas ssium | dans A6 grammes: l'eau distillée JAprès y
être restée 19246 heures, sasurfaceratises bordsi sûnt
by dr atés, , pulpeux, ramolliss Après vingt+une-heurés,
[e ramollissement. est .plusoavancé; (lessparties: de
pseudo-membrane, guiine: sont pasisdoublées ,
re sont transparentes, -Réduites) [à sumlqminee
feuillet muqueunx par agitation. du liquidel/soû en
détache quelques lambeaux criwborq 291 stbuoezil
‘À la trente- <cinquiè me heure, le lambeaw,: vuvdans
l’eau, offre encore. TPRParENse em braneuséi; mais ,
ä ron essaie de, Je sonleyerhors duiliquide , bise
rompt, | et. des, parties qu On, L rEetines avieex larpinée
semblent être, UE, myeus homogène ;; blanchâtre,
analogue. ‘au TAUCÇUS nasal. _ yon sh noitèrèa 61.9b
BA la quaranter sepiomehenres Romenoitplusslans
de vase qu'un, peloton, fioconneux ramassé ant fond.
1 IMÉMOÏRESS 0 97
. Par l'agitation on le dissout; mais il n’a plus l’appa-
-rence membraneuse;il s'étive, s’allonge, se déroule
en tous sens,:suivant- les mouvements du liquide.
Sion.weut.l’entraîner-horside l’eau, on voit qu'il n’a
plus même la cohésion d’ummucus épais, et on ne
-peutlesoulever au-dessus du niveau du liquide.
Au. bout. d'une quinzaine de jours, la dissolution
est.complète.:-lediquidelest trouble L comme vaseux.
Perchlorure de fer::+1Quamtauperchlorure, j'ai
. laissé. pendant un! mois; dans une solution de
A gramme, dans 16 -d'eauiiuné fausse membrane,
sans que celle-ci ait subi des modifications sensibles.
740 j:
e TL 10)) 1 J
TEL [I
1J 149
Ainsi, Messieurs, voici ün prémier fait hors de
-toute-contestation : Tiodure de potassium a la pro-
:(priété de dissoudre lés fausses membranes.
Me basant-sur ce résultat; jé me suis cru en droit
de fonder quelques espérances Sur l'émploi de ce sel
dans lestraitement des maladies couenneuses, au titre
d'agent capable dé modifiér Fétat général dont la
manifestation est la sécrétion ÿs nt pseudo-membrane
alaplace du mucus normal. PE fs
N'allez pas croire; én rt que je me propose de
dissoudre les produits morbides déjà formés : pour-
suivre un pareil! but serait chimérique. Mais est-ce
donc forcer le raisonnémént par analogie que de
dire : «'L'ivdure de’ potassium porté dans la circu-
‘lation; mêlé: au ‘Sang, éliminé ‘par ‘les follicules
müqueux, et, par conséquent, mélangé aux éléments
de la sécrétion de ceux-ci, ne pourra-t-il pas ainsi
atteindre, ‘au moment même de sa genèse, le produit
diphthérique, et, agissant sur les éléments de celui-ci
1. 1
98 CONGRÈS SCIENDIRIQUE DE FRANCE.
non Æncore combinés, empêcher a fortiori cette conbi-
naison; qu'iade-pouvoirde détruire ane fois qiPelle
est opérée et qu'elle éxisté dansitoute sa forces tro
tube, dormation delai fausse: membrané-se trouverait
ainsi-empéchéey Quant àlcelles qui sont déjà formées |
ilcrestetait àlen-débarrassemtésiorganes par id'autres
procédés, xu9'b muonue sado rs18l98b 92 srbalerr 61 uv
ovitenrffte qort noterlomos 5h sort 280 etétbrrav
Passons maintenant à l’examen41les-cas:dans lesquels
d'airemployé Piadure-de-potassinimetomme anti dif
thérique doe elr ets : xwodion “194 90909 #rroz
rai plusieurs foisoemcore administrés il'iôdunesde
potassinnr dans des çcas-deeroup , mais àrumepériode
s-avancée[de daïrmadadie:que-1e, traitement cas pu
durer. cassez -de ptemps: pour: sexercer, sonzsimfuencez
Quevoulez-vousquiliasse,en effet ;dorsque;f1ledarynx
et la trachée étant.obstrués par les fanssesimembnames,
la respiration-estcgênée ;.sufisante. à-peine-poundaire
duger, Pasphyxie Jin joursou deux? A-ce;momientide
lasmaladie, ikn;p'anra jamais-deispécidique possiile;
car il faut-avant-toutquedes prodnitsodiphthériques
soient expulsés Nejugeons pasdarvaleus:d'unimoyen
d'après sonsinefficacité dans-des cas semblables;amais
au,contrairesquand.le pharynx;est. seul-malade;,au
premier: signe: desFinfection,.diphthérique; -quandi,
devant; soi;eon aile, temps| nécessaire, pour; saturer
l'économie sralers «comptez sur les--bons, 1 effats mde
Piedure)dejpotassium » sitôt, quil reviendra,s éHminer
par les follicules de la muqueuse respiratoires: la
diphthériesera envayés ;l-ne.se.formera plus que:des
fausses:membranes.-caduquessi : 15-21109 129 dortrotis
J'insiste: sur, da; mécessité de; combattre la, maladie
NOV SUL CU MÉMOIRESNPE PEOMO 99
désrsonotlébutiopour les fineraveesuicdeës: Jeosuis fallé
plasloin;tetymvoyantde eroupsetransméttre presque
constamment saux frères bdes:victimen) aux°'enfants
Juisontdansieurvoisinagesfañfait prendre Souvent
Tiodureïlé pétassiun à titieodé présérvatif tuxienfants
placés dans eessderniètes-conditiohstJé n'aiencote
vu la maladie se déclarer chez aucun d'eux. -Je n'en
voudrais pas tirer de conclusion trop affirmative;
aisée reconimanidetcenféit à votre ratténtion102211l
—EnbrésumépiMesienrs|odes faîts/iqué j'atlobservés
sont encore peu nombreux; mais ils sont éncourai
geantshbeltraitementques propose a'pour lui d'être
plusi-rationnebique . lesoautres5pnisqueés l'isdure de
patassiunnsest ur dissolyanit bénetgiqué des faussés
membranessiet , quantauxdaitsliniques s1s'né sont
pas plus léfaverablés Quéreeur qu'onlpeut invoquer en
favemridetelte“outelté afro méthodest 90101 1 10
TDans AéPIHOISÉ CAT QUE Lai rapportés Lol icdure de
potassium a et Sur/dh nayehé de A matadié une
inflüence évidenteletHlenreusé, Tésfausses membranes
déja existantes nocont pas tomibééstanaîs L'qudhd il
s'envestformélautres se maté (que quelques points
trésupetits étipéw consistants) Dao maladiera- été ne
#yéeh A6 prinéipeñdiphthétiqué détérneutraliséo non
détruit, : capinObST Voyotié)lapièes) notrele troisième
ÉbSératiON QUE Après laISuspension Prématurée du
Témedels 1e lP4usses mémbhtines/se sont: reformiées en
bande quantité ont lenvahtide larynx)oets bceasioné
Mimertdsriqor scuaupuar el 9h eofuatffot eate:n x:
“OURElaËtrE éirédbstancelshr: laquélle j'appelle votre
attention est celle-ci : dañ#tous es@as oi l'iodure de
pOtAESI inf la ent) dé l'action Sutra maladie, il a déter-
101 PAHIOMAM
Mioup SORGRÉS SSFENBIFIQUE DEF RANGÉE ciue 9
miné ‘della neotiaéstion oflea[imnquenses apalaireret
nasale; bDans: lar deuxième, observation, noussVoyons
mênie-ces yphénoinimes: séexagérens jusqu'vodesenir
inflammatoires; bstétendtre au: lanynx-etiauxsbronghes;
ebiest:dansze;oas aûssbque , nous voyons les-fapsses
membrapes-disparaître-serpeformer de, lendemain:
ettombeinspentanément;dansda,; mêmedjournéez hr
constance insolité,)et quistémoigne d'une:modification
profonde deoltimeladias D s[ditqoseue slostade Ievwon
-Æniopposition-aveces faitssjenai remarqué cu
signe dédañtion physiologique de iodure ;6est-àidire
niconpza mi dérmaiement schezles antresomalades
auxquels j'ai fait prendre ce sel, etrqub Aion; pu
guérir, soit que le temps ait manqué, soit qu'ils
aientoété réfractairessLJeoyous -signale..cetteobser-
vationas .2110{ eosploup.s y Li .d'rour des do ogelliv ouemsb
nrésuité de 0 ne dHiprésso DEEE: 8 Paëtiofidi
médicament , v'est-à THE dévéoppement a
0 ou ST SUIZ& OT
énergique de coryza, de, Ja, éonjonctivité et. d ETO CLS
congestion, des mHAueUseSAU,PRATY HSE du larynx,
est) une: conditions favorable. Quoi dé; plusorationnel
d ‘ailleurs? Ces’ syiptômes mesont-ilspasleéiene cela)
prise d de possession’ des drétties malades par/Té #HédiL
cament? n 'indiquent-is | pas. sa présenté Et Sôn: juter-
du mal? 9b'stwbcrl
vention. dans. des santonnements € du mal BOTIE + 9TISUP
J'ai fait prendre l'iodure de potassiumà.da
d’ün "grammes dansrdes: vingt-quutrécheuresà ses
enfants’ de! trois" anis "et au-dessous 21illar quelquefois
occasion des Yomissements ét de” la "diarrhée Re qui
m'a obligé à Jui à associer. Pextrait de. “HAE pour
obtenir la tolérance. Je le. fais prendre dns qu.sirops.
par cuillerée à café, d'heure en heure.
MÉMOIRES. 104
Je suis loin "Mig dé fésardér Ta question
éonfnié (étant résoluer Elle serait bien vite si Vous
accordieziiee quélje viehs dervous dire! assezid’inpor-
téniespour'être| encouragés +‘employèr(vous-mêmes
lrodûre de: pothestagrsdanse1lesdonditions| que: fai
maqubes! Sivest2bon,°qw'omite propose rnbien vite;
S'lne vert pas inieuxdoque ses dèvanciérs;" qu'on tui
faiëke rapidéientéon procës ? pourine pas embarrasser
Ho fhérhpeutique ld'urs noter inéditament inutile
nouvel obstacle susceptible d'éboieierl'heureux {out
OU LbN PAM iinspéctfiquesassez sûr idea diph-
tébié-pour. faire évahonir cet hotrible: fantome du
épOGp Hodjours présent) à larperisée dé ceux qui ont
dé jéumes éfifants. [92 99 otbrotq, 6k 18:f.elopxus
eli'yp.dioe.,.,.Supasos. dis equal of..81p.$i08 Loue
= Prulicre oser efiieiz AGaicon Lde2trois 2 ans; démettant
dans un village où est mort, il y a quelques jours , un enfant
apteint ide <cromps; Au moment prie dé vois les ;anyedales
Le sang lons ep
vertes de fauss he
AN Re PR
maxillaires sont és. ais pren I
ël ER O de A talus | «BST TON 9h arrpratanà
Cd 1éhadaui terra Détératenientl sbéndamt parlé
Hess eonjonetivitérnét .shrentre:t que plus tarder} Une
fausse membrane est [éxpulséepar le nez: La,respiration; est
un PB Brand diFE rtP AT nant par
st, , SQUY, urelle, de même durée. Je fais continuer
UE pe TR Et déée dl gramn LE lès Kihet-
quatre heures. due ettofbuss fitense Eébotiièment
oh, boñagyirasiog 9b-eurboif arboerg dist is'T
eu urtièmedouts les amiyedalessonttemjours recouvertés
dédiseudormenbranes RarJé fyottement: arRçr HT Her ER
epléve quelques damheaus spuis ie canténse Lamyedale fu
Anna 1e on de mine dareenes
L'état du malade s'est agoraye à la suites la Fespiration est
aévéne hénibiel) VER nasst Ah tou) birauèe. ch y aleu
oruosi mo ovuod'f" .dt69 € oô1affrrro eq
102 CONGRÈS SCHENANHIQUE DE FRANCE
de la fièvre.-Éfitémnitmt Si ego Éurvénu= as, PhénomEnmes
congestifs vers le IEy ux. Le surlendemain de la cautéri#atioif:
l'amiygdale gauche let PecouvVerte d'une coute” pus éténle
de péetsoimembranegs UHoitrateaivée certe dt e0té aroit
qui s'ésthifi pt nettépéen Le Ad APE jour; she r H piéct es
atlas SUD qu Mec: MONS SPAS Eu,
“Je nié revois d'énfant que 1e distiitième jour: Tioduirt/n'a
pas été discontinué. Le,coryza dure toujours Plus de fausses
mémbraries’ Sur “1e! aiyédaies Lil NE! au’ ebté Satéte"dst
encore un ‘eh Véluniineuse tt éf on dort af dep des
plaques grises dues à des surfaces ulcérées en voie de cica-
tisation! .2iont diva obielif 20e nothntns200 a$ 52608 0
LEO EURE eLGOL eu plaspe y EE i10nLdes pneu any 096)
a9niGLU9e SION 81% M, 9o9auo7.sl, 19 8, SU ;qw019 ab géaits
Meg observation 4e Put fille de Ps au
Rougeole ïlhyla deux mois a1souvent toussé depuiéi z£rt-2002
rAnginediphthériques symptômes léryngés:-aetionrdé hios
dure rapide, intense etétendueñtoute Inanugneuse des “oies
respiratoires ; mais aussidispañition-tires-rapidérides fausses
membranes. Permet-déidiré quellactioncurativeest:en raison
deda:sensibilité à laction de Fiédureldei potassium) — 6e
:Depuisstrois. jéurs/o2a : dar fiewie setirde Penrouements|[Aû
moment où je la vois, il existe un sifflement laryÿngé ira-
chial dans:les deux temps pet intenses maissec prolongé ;
les mouvements du larynx: üntibeaucoup, d’étendué Ce qui
indique une assez-grandemgénedenda respiration ta toux1est
rauque sonore, précédée parfois d’une inspiration Isflante ;
voiwranque on 922861 64 19196 2nre2.9islqueL sb tise9q
'Rougeur! du, pharymxsetuméfaétion des amygdalesszs sur
celles: du: côté gauche pseudo-mémbrané s)ganmglions:sous2
maxibHaïredengorgésilqgé.—. 92191000 bysaqitosoion
. Je oprescris :Fiodure:p {ons gramme poum'les. viñgte-quatre
heures. lis -aoideTiqéot sfr osporl Auris
- 28: Fausse membraneren partie détachéey mur-dessous
pointillé grisâtre ; coryza; larmoiement. ,1io2 ol disreqaih all.
29. — La respirationsa étéstues-gènée perñdant; la-nnit,
Sifflante. Auréveil;lenfanta été plus-calime:Rougeur vive du
pharynx ; plus de faussesanembraness tuméfaction plus con-
HMOZÆAAMX A MÉMOLRES; 2 AA MAO 103
sidérable. des nur deux,
SANSSUES 169 816) oiscroboofuve a oxrnuisl of 2107 atites ao
4e troisième jour, il s'est reformé.des fausses. membranes
sur les amyedales;. mais.elles tombent spontanément ans la,
journée. Accès de suffocations. toux 873686. expeçtaration. :;;
Le sixième jour, il. n6,s'est,pas,Feproduit d'accès, de suffor,
cation; sécrétion, nasale ;apondante.; expegtaration, respira-
tion facile; voix en fansSPtup gvyros sl nmiimobeih à eq
-Le,septième;jour;, bronçhite. intense ; râles.vibrants,48ecs
Bétablissement à;peu,près complet, le- dixième SONT: 51000
28919 9Prafror 419 208199 2996tiu2 29D #1 280) 29eiTe 2611 PRIS
Troisième observation. — Denis, fille de huit mois, habiïte-en
face d’une maison où est mort, il y a quelques jours, un enfant
atteint de croup. Elle a eu la rougeole il y a trois semaines.
Depuis trois jours toux, etirouéél, surtout la nuit ; ganglions
sous-maxillaires engorgés;vpharynxrorouge:) plagires pseudos
metbraneusesur levoilé dupalais,près dérlai liettes Derrière
Foreillebeczéma, dont dau surfacelestireconverte enhentier:de
fausses mémbranes-épaisses) Jepréscrisihiodure de potassium
àd'imterieumetenslotions dertière Foreiblejonried 2508140807
22. — Coryza-Depuisblarvéillé au soir)d4 fausse menrbrane
dela igorgersestisén ‘partie détachée; «celle:dé laropéaui paraît
plus mipliessl daomofiti mu oteixo Li .eïov &l oi Mo Yascon
: 2e NouveHes pseudezmembranes|sur! les deuslamy£dales.
Jerlesenlèvesaisément ayesiunringe set; Gé cautérise:avecz1e
itrate d'argent larpseudo#membianeheutanéezzs 901 90017
: Ras -Laocautérisation [a déterminé :Pinflammation de ; la
peau et de la plaie sans détacher la fausse membrane.:Celle-
ci-estolsoulerée par uniliduidet séreuxs et, raprèss d'avoir
enlevéerjelLconstaterausdessouis: ay formation: d’une! autre
couche pseudo-membraneuse. — Applicationsriodurées der-
rièreVereille. =Coryza intenses conjonctivité ; toux'un peu
moins fréquente; respiration facile. 29141
125225 Éruptionisui toutsle corps identique la’ rougéole.
Elle disparait le soir. .nonotoncisl"; 85%109!; 91j6arra 9/1
.1261-5La surface FC ATEN nettoyéeides PEER mem-
braness lesamygdalés en: sont toujours recouvertes.
-129, 2HlLesfanssesmembranesisesont-reformées sur la peau,
104 CONGRES SCIENMINIQUE DE FRANCE.
mais moins épaisses cbpartibllessæt Dimiauer 1: doseod'ierest
dure,: deux cuillerées à sf PAF pou enlq diet où oibglsoi
Res. sNenIEs sont nettoyépe. E Fe PSE D Débubq
santé générale s'ame iore : a ‘aiarrhé
membranes ne se reproduflèdt MURS ES nl
de l'oreille tomabentien suppérationqas | 91p Svrroado i6'T
Le kfsonsuspend'toût àfait l'indure de potassihim 53e7 71e)
revois pas L'enfant jusqu'aurckeré, dartoux)sevient raudns:|
Ja GHeSPIEE) qu fiflapte OMR BE PE TSÉOUS AfPANe ju
diph théri fai re le [ TOP À ioduré ; ren
0 eloupeal K9119 €
M tou te ft ATEN eV mé
Le frère de cébte Enrantl, 44 é alu us 0
aété pass peñaaht fatanrée. ao param ossi dura
de gorge: Quiiqiibifexiste phsdefilusses membranes; rjelfais!
prendre faible: doseolar solution jadurée, D: n'a mlusoprésenté
ann C » n’a pas continué .au- elà uelque
jours. PER CR É tt Feb nr à Soc GPA sl mi “
Dos j'appris qu'il sen cntiRRos TR ENT noel
Dépéret qui fütappelé il @éfinet tés bots, é6/qi ieho fait
ces antécédents$ nôusssignaldit quelque temps après 1x fornmd
toute-spéciale, para lentenr-de:sa mmañhe;, que cette affection
Ré pet Een (rentes axe usé septique
— Deptis À époque 4e 1 rétactidndeses
RÉ e J'ai tait par DOUÉ A6 potasste Eh
douzaine de cas de diphthérite, ta At aide
Observations Out piéineient" DHEA nS 16 ed Fu ltats
qué j' ai SN RAAUE cn 1e réothe en quétqhes HOT. 21
4° Däns tous 1és! ASTON IE traitement” à été ébrnl
menté alors due és faèses” Ménibranés “féccnipaidnt
que le phars L'été PAIE opérée Au das !
c *est-à-diré lé 14° RE A toré
sans bruit, qui nf avait QUE de Penfotiément? que
la toux pr à peu près rétirélhe; mais prédibeurans
inspiration étridente et! ratqui2) Ur Ices hs di je !
les malades ont guéri. Les fausses merihétègs ne
Laure
TONI A0 MÉMOIRES 2119400 105
SL at upvive AIuOl RAT — .29970H9 ATOS. 8 em LR co
pond AHeIQUES Joue DU AS PURES Helen,
190$ &
coryzagilorsque scesuSignessidé ilactiom-spéciale de
l'ivduré dé potasstufh Apparaisentirapidement ; '08t"
déqatétent une certaine inténstté.”étRit Qu plus favo=
a eilsot : ST of, qo‘tie FE orbgo god Aus dE: Au TRÈS 1
ra | AUGUTE. Et que, Ses MARS 119 AA: DO, OV ed 19D1998
observe, guérissent.pluspite que lesautres, 65 152 3.
trEnrfait dignerde remarque ,se'est.la tolérance pour:
Piodure-de:potassienr dés medades affectés de diphthé<
Est énfañts dé détix ns a soin t s Sofammesi
d'iodure i e DoSGuU par jou r° étpendant | tusreurs"
6{1990 & € of4orrt JUSIO 15608 Si
jans,rsansen. être incommodés.:. up eirqqs't tisqsh
25 Lorsque les fansses membranes existent, dans.le
larynx! etrda trachéesquand'il-y-æ.déjàsdessaccès de)
suffocation® et mulheureusement! nous .ne sommes
souvent appelés qu'a’ él hiément) ;'ators livdure de
potassium moffre aucune chance de suceës: il ne reste
à.pmployer.que les moyens mécaniques; les vomitits
chi frashéotomies otitôdédqih sb ess sb sr ne
A rpesuietr (ie lerépète.pour.être bien compris), je
ne propose, J'iodure. de potassium. que.contre, la diph—
thérite,s c'estrardire.que comme un; modificateur de
çet;état..morbide. génér al..qui se puits Pangie
formation de fausses memhranes sur, les muqueuses et
on Afro FOR animent. qu'il
sxercera son açtion. dissolvante. sur les fausses mem
branes déjà existantes. Ce n'est qu'en l'employant con—
formément.à.cette indication qu'on obtiendra.de bons
xÉSUAtS faut 2o2rnt 29 MERE
il 1953
ms
ul 2UWIOMAI
ON 0 400891 91184 20L: tas ét dre
2 doit ci ,esvibsfear uo aotusionfur es2riio tests
HAOUE us sL8491 bo: 59 :9b ajoi 25h Sordiowr
JOuIO LU9I 39 ,eruioisv sado xus qustenti D pisado «5
up) x HorHbdey Lx ao ol LPÉmorsiras 1ova1uoa9b Ouf,
ob stop, ebr#gst po &. 9102419%894o1èàb; 29
2 AN DEMENIE DES 08 ou
aU0u Sub iadis , 8101 251: tmoP “Hu piuoloiztiiq” eo
6) <SnoL 916-tu9q. torts otib af :9h emo
19VITES 1410, dns bis ag re0rq. 91, 218 M 29
AO HE Mi 49 D BRUNLSÉCHAUDÉ. Miounoisi
J'oitil do 210891 p esaiétta>-1wot
9991 8 ensh prés b-erocogorig awon eo
aol 61, duomrobivèl 451qe ,xu$220 wecit nb Hoié"
: Lé sijetue nous ATonS abordés a tél traitéupas
des hommes d'un! $avoir fitontestaHé Cepef dant
offre toujours A no eux Hifi vaste éhiinip otiVertia
l'hypothèsé ét'aux intérprététions AiVEHLSITIES nyeu
tères dé T'orbañismélsont si difficilement AcéSLSMES à
notre faible ritélliééheé !!'La Hiaturé hé mévèle es
secret#” qu'a! pris de si ”lomgmés et pérsévétantés
récherthHégro 210q s2u9siesliies brodée: boréiisne sa
Lés faits ad mes dvondiétudiés dähs 15 fesure
de nos forées” nous prouvétit que la sciénée dé /nos
jours, nila pas dit sôh derniér net 'strle mode’ de
reproduction des‘ tissus enlevés ‘par uñe ‘opération
C'est donc le mécanisme vital, dynamique si je puis
m'exprimer ainsi, de cette reproduction qui nous
intéresse tous, et qui doit devenir l’objet d'une
rigoureuse dpprétiationio "5 Hou QU 19: 70 gl
© Nous savons tous que la! nature, où; sion aïme
mieux, l’orgañisme possède cette mervéilleuse. pro
MÉMOIRES. 107
priété de réparer les parties lésées ou détruites par
des causes vulnérantes ou maladives. Eh bien! la
recherche des lois de ce procédé réparateur incombe
à chaque instant aux observateurs, et leur permet,
sinon de soulever entièremënt le voile mystérieux qui
les, dérobe encore à nos regards, du moins de se
rendre cof{pte pd le rhisonhdrhent et lès: faits, des
actions physiologiques dont les lois, ainsi que nous
venons de le dire, resteront peut-être long-temps
inconnues.Mais , le progrès aidant, on arrivera cer-
tainement àçpoulever-ua foin de çe voile, au moins
pour certaines questions en: litige.
Nous nous proposons d'établir que, dans la régéné-
ration du tissu osseux , après l’évidement, le périoste
n'aypas:exclusivementJe rôle principal ,ainsi.qu'on à
cherché àledémontrer «ans ces derniers, temps; que,
samsonier sarpasticipation à, Leysudat plastique, il ne
peut. constamment -(ayantrété en. partie. détruit)
reproduire. à lui-seul ane portion, d'os:détruite par
une infammation,;4ne,carie,, ane néerose. Dans. ces
cassle-perte, de substançe;se-trouve-remplacée par
une matière d’abord cartilagineuse, puis osseuse, très-
compagte.ret.très-résistante.s. à, Eendroit où, Pos a été
évidé,;presequé,, enleyé,;par.suite de lésions trauma-
tiquesoou «pathologiques, périeste.ne peut que
conconniroà da réparation, de,cette. perte, de,substance.
2DYQi9- 12 svpionrscyh: 1stivisorennsrdoncamo
2000 {up mbiowbhorqer sis ah; sin Hope
sb sidofEqrinovsh, Hobiutirpi x imiscer
En,janvier 4840, nous avons, opéré qn garcon âgé
dendix-sept ans, qui,était.atteint, depuis vingt-deux
mois ,«djabord: d'une ostéite ; puis d’une carie, et, en
108 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dernier lieu, d’une néeroke"dd tibia gauche vers sa
partie moyenné:0Däns Jjdeuxièmepartie derce nréb
moire/mousrelatérons cetteobserVation , “ainsicdüe lé
procédérjopéritoirehtquiohôths-appartient-si mous né
nous trompobsLiintéréseaint malade-quirfait le-sujet
dercetterobservation s'est: tomjours ‘bien porté-depuis
l'épodüehdesäsguérisons et sa jambe ‘opérée n'offée là
trace d'aueurierdiffonmité |1si lee nest unerlégèrendés
pression ,/d'uñe étendue de’ trois) centimètres environy
à laspartiemoyenne de laicrêteodutibias"à : Vendroit
même où [existait unesfenêtreæoiv perforation profonde
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soutenir que le périoste est étranger à ce travail : nous:
110 CONGRÈS SCIENAIIMION DE FRANCE.
venons iatiéontratre) du fairéume très lardé partie
reconnaissant qu'il doit, avec éléénéours 4e parties
molles ambiantes, déposer des phosphates de la même
manière que les vaisseaux $ânguins qui se distribuent
au périoste interne fournissent les matériaux de
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vont du'périoste auctabmédu]hire | séntles mêmes |
c'esteradire qu'ils nitent des ramifitations atériéllas
des parties lnolesfqui envéloppents l'os avamtid'ant:
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lun comme dansl'aütiecàs fla natures par une loi pré:
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à mes yeux conforme xlaivérité que l'os dé nouvelle
formation se fait par les extrémités oséusésévidées:
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Sboswenètenr 2017 Fooéefarmot out OO (F6
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deslévidement: des os £rét de see:qué peuit:se passer
après-cette opération: Ai ee point de-Nue, nousisom”-
mes hheureux-qu'unséminent confrère, «M2:Sédillot|
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recoursrvdesihoyensthihmigicaux ipropresà conserver
laoforme etoiles fonctiohis des oss-Orjrdans, des cas:
donnés, on peut éviter l’amputation en se bornant à
l'enlèvement d'une portion d'osimalade; quiypent Ise
reproduire après june, opération: oo ra conservé ou
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but d'éviterocesinconvénients-et) ces dangers;! nous
avons depuis long-témps un autre; protédér, qui réalise;
Œünermanière simpleset fabike-l'indiçation}si nette
ment posée pat MrAlouréns de reprodüirerl'os-parile
pétioste. conservéis Al suffitid’évidervles los,siet d'en:
laisser infactélla/coutherextérieure où cofticaler Cétte!
couche estabsorbéerplus tard; et) remplacée par un
nouvel084 qui acquiert chaque, jour plus, de volume
etplustde force ,-et représente les formes régulières de
l’andien ps 4 [puisque Jé-périoste n?a,pas été atteintni
112 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
modifié; les accidents sont nuls ou très-légers, et les
fonctions du membre ne sont même pas compromises. »
On voit par ce passage que M. Sédillot se conforme
à la manière un peu trop exclusive, selon nous, de
M. Flourens, et qu’une idée préconçue , sans démons-
tration péremptoire, ne peut servir de règle. Mais
nous respectons toutes les opinions : à chacun selon
ses œuvres. — Cependant, pour ne pas entrer dans
les détails d’une discussion, nous dirons en peu de
mots que M. Sédillot s’est un peu trop laissé entraîner
par la théorie émise par un savant des plus hono-
rables; car la couche osseuse qui reste n’est pas
toujours absorbée. Or, si cette portion d'os reste, elle
ne peut nuire à la reconstitution intégrale de l'os
primitif, si toutefois la portion d’os restante possède
assez de vitalité ; ce qui, dans l’observation que nous
allons faire connaître , n’est pas arrivé.
Le nommé Pragou (Guillaume), de la commune de Dour-
nazac (Haute-Vienne), âgé de dix-sept ans, d’une constitu-
tion lymphatique, paraissant sous l'influence diathésique
scrofuleuse, ayant pour occupations le travail des champs,
supportait depuis vingt-deux mois, sans cause connue, une
maladie du tibia gauche, laquelle se déclara au début par un
gonflement douloureux de la partie moyenne de cet os. Huit
ou dix mois apres, il survint des ulcérations qui fournirent
une grande quantité de pus, puis une perte de substance
considérable de l'os, qui nécessita, un an plus tard, l'opéra-
tion dont nous parlerons bientôt.
Ce malade étant venu nous consulter ( janvier 1840), après
avoir inutilement employé des topiques et une médication
interne pendant six mois, se trouvait dans l'état suivant :
la crête du tibia était détruite, ainsi que la peau, dans une
étendue de dix centimètres dans le sens longitudinal, et de
six centimètres dans le sens transversal. On voyait une ouver-
MÉMOIRES. 113
ture ‘oblongue, irrégulière, profonde, qui ne laissait aucun
doute sur la destruction de la partie moyenne antérieure du
tibia.
Le malade, voyant que les diverses médications avaient
échoué, se décida à se laisser opérer le 10 janvier 1840. Voici
le procédé opératoire qui fut employé : une incision de vingt-
deux centimètres fut pratiquée dans toute la longueur de la
crête du tibia; deux incisions transversales à chaque extré-
mité rencontrerent la première en formant un angle droit :
ces incisions transversales s’étendaient jusqu’au tiers de la
circonférence du membre; la peau, ainsi que le périoste,
fut séparée de l'os; deux traits de scie en haut et en bas
pénétrèrent dans la moitié de l’os à peu près, et, avec une
forte pince à mors larges, nous parvinmes à casser plusieurs
portions d’os que nous renversâmes de dedans en dehors.
L'opération terminée , il ne resta plus qu’un plancher, c'est-à-
dire la partie postérieure et externe du tibia.
Cette opération, qui est une des plus longues et des
plus laborieuses que nous ayons faites, fut terminée
d’une manière satisfaisante : le sang , qui coulait en
abondance et en nappe du canal médullaire, s'arrêta
lorsque l'opération fut terminée; cette hémor-
rhagie de l'intérieur de l'os fixa notre attention,
et nous donna la preuve que ce sang qui coulaït en
grande quantité devait donner à l’os, dans l’état
ordinaire, ses éléments de nutrition, et partantservir,
dans d’autres circonstances, à former, par le prolon-
gement de ses vaisseaux, une substance nouvelle
devant remplacer les portions d'os que nous avions
enlevées.
Dans cette opération, au lieu de nous servir de la
gouge et du maillet, ainsi que le conseille M. Sédillot,
nous nous servimes d’une forte pince , qui, en faisant
8
41% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l'office de levier, renversait chaque fois en dehors un
fragment d’os dans cet évidement, qui dura à peine
quelques minutes, et sans que l’ébranlement du tibia
eût lieu d’une manière sensible. Le malade fut pansé,
et il ne survint aucun accident sérieux à la suite de
cette opération.
Trois mois après un voyage que nous avions fait à
Paris, le malade se présenta à nous avec une plaie
centrale fournissant du pus d'assez bonne nature. En
explorant l’intérieur de cette plaie, nous eûmes la
sensation d’un corps mobile; nous en fîmes l’extrac-
tion : c'était la portion d'os restant après l’'évidement,
portion d’os qui avait fini par se séparer des parties
vivantes.
Cette pièce appartient à la face postérieure et laté-
rale du tibia gauche : elle mesure vingt centimètres
environ. Elle a été déposée au musée du Val-de-Grâce
par mon ancien camarade d’études M. H. Larrey.
IT.
Le question que nous traitons présentement pour
remplir les conditions du programme consiste à savoir
quels sont les moyens que la nature emploie pour
remédier à des lésions ou à des infirmités : c'est là,
vous n’en doutez pas, le plus intéressant de la chose.
Nous vous avons déjà dit que M. Flourens, devant
lequel nous devons nous incliner , a attribué toute la
force régénératrice de l’os au périoste.
Plus tard, ce savant a été obligé de reconnaître que
la membrane médullaire n’est pas étrangère à la re-
MÉMOIRES. 4115
production de l'os : c’est un pas de plus en faveur de
la vérité. Le savant anatomiste et célèbre médecin
Cruveilhier, ainsi que le dit très-équitablement
M. Flourens, l’établit, dans la notice sur ses propres
travaux produite à l’Académie des Sciences en
1855, d’une manière très-précise et très-explicite :
« J’admets, dit-il, avec M. Flourens, qui a réhabilité,
par ses expériences, la doctrine de Duhamel dans
toute sa pureté, que le cal se forme dans le périoste ;
mais je ne saurais admetttre avec lui que le cal se
forme exclusivement dans le périoste ». — Vous devez
vous apercevoir, Messieurs, que la formation du
cal se lie à la régénération des os; seulement il est
bon d'observer que, dans d’autres circonstances, le
rétablissement de l'os se fait dans une plus grande
étendue, et que, en pareille matière, la nature n'a pas
deux manières de procéder.
Plus tard encore, M. Flourens reconnaît (1) que la
dure-mère concourt puissamment à fournir les ma-
tériaux nécessaires à la réparation d'une perte de
substance de la boîte osseuse du crâne; ce que nous
admettons sans conteste.
Dans ces nouveaux apercus de M. Flourens, nous
commencons à voir clair; car nous disons ceci :
« Puisque la dure-mère fournit des éléments à la
réparation de los, pourquoi, dans les os longs, la
membrane médullaire ne remplirait-elle pas les
mêmes fonctions ? » ;
Winslow nous dit positivement « que la moelle ou
membrane médullaire fournit à l’os des éléments de
(1) Académie des Sciences : mai et août 1859.
116 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
nutrition ». C’est donc, d’après l'auteur que nous
venons de citer, un mouvement d'exosmose au profit
de l’os; et, si le périoste, comme nous n’en doutons
pas, participe à cette reproduction, ses fonctions
doivent être un mouvement d'endosmose par la même
raison. Eh bien! Messieurs, ce mouvement perpétuel
que la nature, dans sa sagesse, produit est la cause
de ces dépôts phosphatiques qui donnent de la
consistance à la charpente osseuse à la suite des
lésions que nous venons d'indiquer; dans tous les cas,
c'est toujours un dépôt de matières réparatrices.
Winslow nous apprend encore ceci : « Le tissu osseux
naît en partie des parois des lames internes de l'os,
en partie de leurs extrémités, en partie du tissu
cellulaire ou spongieux (1) ». On lit encore à la page 12
du même ouvrage : « On voit de petits conduits en
contact avec la membrane médullaire qui se distri
buent dans la substance de l'os ».
Vous jugerez, Messieurs, d’après ces citations,
l’erreur dans laquelle sont tombés MM. Flourens et
Sédillot. Si nous nous permettons de combattre des
hommes si haut placés dans la science, c’est parceque,
de nos jours où le progrès marche à pas de géant, on
ne dit plus comme autrefois en parlant d’Aristote :
Magister dicit. La raison en est que ces progrès réels,
basés sur la saine observation, etnonessentiellement sur
les inductions physiologiques, ne le comportent plus.
Pour terminer cette critique, nous dirons, en der-
nière analyse, que M. Flourens reconnaît deux forces
dans l'organisme : la force morpho-plastique , une force
(1) Exposition anatomique, p. 10-100.
MÉMOIRES. 147
individuelle et propre, qui reproduit la forme par couches
superposées émanées du périoste, et une force méta-
plastique, qui régit la matière. — Cette distinction,
selon nous, ne peut être admise dans la science, par
la raison que la nature n'a pas deux manières de pro-
céder, et que, quand elle rétablit un os dans sa forme
et ses fonctions, le vis medicatrixæ est le mêmé; car,
s’il en était autrement, la nature se tromperait : or,
tout le monde sait que la nature se trompe rare-
ment. Il est donc très-rationnel, très-logique de
rejeter, selon nous, cette distinction.
Voici maintenant nos conclusions :
1° Les os sont soumis aux mêmes lois de réparation
que les autres parties de l'organisme. Un exsudat plas-
tique est nécessaire pour reconstituer un os ou une
portion d'os, de la même manière que pour former un
tissu cicatriciel.
2° La puissance ostéogène varie suivant le degré de
vitalité, c'est-à-dire qu’elle sera d'autant plus grande
que les sujets seront moins avancés en âge.
3° Une portion d'os qui est détruite par la maladie,
et qui, par une opération, reprend à peu près sa
forme primitive, est tout ce que la chirurgie répara-
trice naissante peut désirer de mieux.
4 Dans les fractures comme dans les pertes de
substance produites par une opération dans le but de
remédier à un vice de l’organisation, ou bien encore
à une disposition particulière que nous ne connaissons
pas, une inflammation des extrémités osseuses se
manifeste ; un ramollissement a lieu; puis un gonfle-
ment des os divisés, qui n'offrent plus alors de crépita-
118 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
tion sèche. Lorsque la nature a rétabli son travail
réparateur, tout en tenant compte de l’exsudat plas-
tique formé par le périoste, la membrane médul-
laire et les vaisseaux sanguins se répandent dans
l’intérieur du canal osseux.
5° Pour établir ce travail réparateur, on doit
admettre que les vaisseaux qui alimentent le tissu
osseux, et qui lui apportent les phosphates nécessaires
à sa solidification, proviennent autant des extré-
mités osseuses et de leur bourgeonnement, par un
dépôt de couches superposées (théorie Duhamel), et que
Winslow nomme des lames provenant de la genèse des
vaisseaux médullaires, que du périoste, qui, dans
tous les cas, ne peut fournir que les mêmes éléments,
puisque les vaisseaux qui vont à l’intérieur de l’os
sont les mêmes que ceux du périoste, et que, avant
de traverser la substance compacte. et spongieuse, ils
doivent laisser au périoste les éléments du plasma
d’'exosmose, et à la membrane médullaire ou périoste
interne, le plasma d’endosmose.
6° Le périoste, ayant un rôle important dans la
régénération des os, ne peut néanmoins avoir tout le
prestige qu'on lui attribue généralement, puisqu'on
ne le conserve pas toujours dans son intégrité, ou
bien encore parce qu'il se trouvera détruit par la
maladie de los.
STATISTIQUE
DE
LA COMMUNE DE PIERRE-BUFFIÈRE
(HAUTE-VIENNE).
MESSIEURS ,
Dans la séance du 17 septembre dernier, je déplo-
rais avec vous notre pauvreté en documents statisti-
ques sur les faits intéressant l'hygiène publique de
notre province, et, sans rappeler ici les causes
diverses qui, jusqu'à ce jour, avaient mis obstacle
aux recherches dans cette direction, je vous indiquais.
les circonstances plus favorables qui permettaient,
sous les auspices et les encouragements de l’admi-
nistration, l’espoir pour l'avenir de travaux utiles et
sérieux, destinés à combler cette lacune dans nos
connaissances. |
« Notre Société médicale, vous disais-je, a depuis
long-temps compris toute l’importance de semblables
travaux. Sans parler de ses discussions mensuelles sur
les maladies régnantes, leurs rapports avec les con-
ditions atmosphériques, les causes locales qui prépa-
. 420 CONGRÈS SCIENTIVIQUE DE FRANCE.
rent et facilitent leur développement, leur caractère
et leur gravité, elle saisit toutes les occasions de
stimuler le zèle de ses membres correspondants et des
médecins du département, et d'appeler leur attention
vers cet ordre de recherches destinées plus tard à
dresser en quelque sorte la carte médicale de notre
pays. »
Je vous citais un remarquable travail sur la ville
de Pierre-Buffière, chef-lieu de canton près Limoges ,
entrepris par un de nos membres correspondants les
plus distingués , M. le docteur Dépéret. Les documents
mis en œuvre embrassent la période de 1842 à 4853.
Ils émanent desregistres de l’état civil, soigneusement
dépouillés, et des observations particulières de
M. Dépéret pendant une longue et honorable pra-
tique. Les résultats, cherchés pour une commune et
une population assez restreintes, peuvent s'appliquer
sensiblement à notre département, dont la commune
de Pierre — Buffière représente assez approximative-
ment les conditions diverses, topographique , indus-
trielle et sociale. Ils présentent, en outre, ce précieux
avantage, assez rare en matière de statistique, que
tous les éléments, toutes les unités en quelque sorte
des tableaux, ont pu être appréciés et contrôlés par
leur auteur, soit par ses souvenirs et ses impressions
personnelles, soit par ses renseignements, recueillis au
milieu d'une population peu nombreuse, peu dis-
séminée, chez laquelle les moindres évènements ne
peuvent s'accomplir sans avoir un certain reten-
tissement.
Vous avez désiré connaître les résultats obtenus par
M. Dépéret. Je vous les présente tels qu'ils furent
MÉMOIRES. 121
consignés , il y a quelque années, dans le rapport
que je fus chargé de présenter à l'appréciation des
membres de notre Société.
Ce travail se compose d’une série de tableaux
indiquant : d° le chiffre des naissances, des mariages
et des décès pour chaque année, et classant les années
suivant l’ordre 'd’élévation et de décroissance de ces
chiffres ; 2° les rapports des mariages et des naissances
entre eux et avec les décès; 3° la distribution de
ceux-ci suivant les mois de l’année, les sexes,
certains périodes de la vie ou âges, de manière à
obtenir la fréquence comparative des décès aux
diverses époques de l’année , de la vie, et Ja durée
moyenne de celle-ci pour les habitants de la localité.
De tous ces résultats partiels on a déduit des
moyennes qui permettent d’embrasser d'un coup
d'œil et de bien comprendre le mouvement de la
population pendant l'espace de temps que nous avons
déterminé.
Tous ces tableaux sont formés et disposés avec soin.
Les calculs opérés pour arriver aux moyennes nous
ont paru exacts, et permettent facilement de saisir
les résultats cherchés ét annoncés par l’auteur.
Avant de pénétrer dans les détails, permettez-moi
de vous donner quelques chiffres, qui nous serviront
de termes de comparaison, et rendront plus compré-
hensibles les résultats consignés dans le travail que
j'examine. J'emprunte ces chiffres à l'Annuaire du
Bureau des long'itudes pour 1853 :
En France , pendant une période de 34 ans, de 1817
à 4850, on a compté en moyenne :
| naïssance sur 34 habitants;
122 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
1 décès sur 40,59 ;
1 mariage sur 128.
Il y a eu :
100 naissances pour 84 décès ;
100 décès pour 116 naissances.
100 mariages ont donné 347 enfants légitimes.
I y à 67,46 habitants par kilomètre carré, ou
0,67 par hectare.
Il naît 17 garcons pour 46 filles.
Il meurt 70 hommes pour 69 femmes.
La durée moyenne de la vie est actuellement de
36 ans 4 mois, elle était de 28 ans 3/4 avant 1789,
suivant Duvillards.
À 5 ans, il est mort plus du quart des enfant nés à
la même époque, et, à 41 ans, il n’en reste que la
moitié, suivant Quételet.
Enfin, dans notre département, pendant l’année
1850, il y a eu :
À naissance sur 33,78 habitants ;
1 décès sur 40,48 ;
1 mariage sur 113.
Nous comptons 57,89 habitants par kilomètre carré,
ou 0,57 par hectare.
La population de Pierre-Buffière a varié, pendant
le temps indiqué (1842 à 4853), de 1042 à 146% habi-
tants. La moyenne est donc de 1083,66 répartis sur
515 hectares de superficie ; ce qui donne 188 habitants
par kilomètre carré, ou 1,88 par hectare.
Nous ferons observer que la population de la com-—
mune est agglomérée ; que celle-ci s'étend peu dans
la campagne : aussi le chiffre de sa population spéci-
MÉMOIRES. 193
fique est-il notablement élevé relativement à celui
d'autres communes de notre département possédant
une population agglomérée et une population rurale
plus ou moins disséminée.
Sans parler de la commune de Limoges, qui donne
8,81 habitants par hectare, Bellac en compte 1,55;
Saint-Léonard, 4,09; Eymoutiers, 0,54 ; Ambazac,
0,52; la Haute-Vienne entière, 0,57; la France
entière, 0,67.
I. — NalssANCES, 357 : — 99,75 par année; —
2,14 pour 400 habitants ; — 4 pour 36,40 habitants;
— 100 pour 86 décès, chiffre inférieur à la moyenne
de toute la France, 1 sur 34, et de la Haute-Vienne,
1 sur 33,18.
Les 12 années de la série se classent ainsi qu'il suit,
suivant les proportions offertes des naissances sur
100 habitants :
1842-00... 4,05 ÉHPACERENE 2,13
1844....... 3,65 JÉSE Le est 2,66
1843......: 3,16. SH ESRe 2,18
1846....... 3,06. NÉE one 2,07
1853....... 2,80. 1850428. * 2,06
1847....... 2,74. 1848....... 1,97
L'année minimum coïncide avec 1848 (23), qui ne
produisit que 4,97 naissances pour 100 habitants,
au lieu de 2,74. Cette année succéda à une époque de
disette, et fut, de même que 1850 (24 naissances),
qui vient avec elle, vivement agitée par les troubles
politiques.
M. Dépéret n'indique pas le rapport des sexes des
enfants riaturels ou légitimes et des morts-nés. Il dit,
124 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dans sa Notice, que Pierre-Buffière est remarquable
par la régularité de ses mœurs : 3 enfants naturels
seulement auraient été constatés dans cette période,
qui n’aurait également présenté qu'un suicide et un
infanticide, et encore la coupable était-elle étrangère
à Ja commune.
I. — MARIAGES, 401 : — 8,41 par année; —
4 sur 128,75 habitants ; — 353 enfants pour 400 ma-
riages, chiffre presque conforme aux moyennes, 1
sur 428 habitants pour toute la France, avec 347
enfants pour 100 mariages; — inférieur à celui de la
Haute-Vienne, 1 sur 113 habitants.
Le plus grand nombre des mariages a coïncidé avec
les années 1851, 1848, 1852, 1849 (15, 42, 44, 10), —
Il est impossible de ne pas constater ici l'influence des
idées politiques de l'époque, les craintes de guerre,
CIC etc.
II. — RECRUTEMENT. — Inscrits, 119; — appelés
par le sort, 61; — réformés par causes diverses, 21, ou
2:90 ps:
Il eût été désirable de connaître les causes de
réformes, celles par défaut de taille, infirmités cons-
tatées, difformités , etc.
Ce chiffre 419, représentant la population masculine
âgée de 20 à 21 ans, répond à celui de 238 pour la
population totale de cet âge, soit 18,31 pour
1000 habitants au lieu de 47,52 (table IIT : Annuaire
des longitudes, p. 230), moyenne normale pour 1000
habitants.
D'un autre côté, nous savons qu'il naît à Pierre-
MÉMOIRES. 195
Buffière 27,40 enfants par an pour 1000 habitants.
Il en reste 18,31 à l’âge de 20 ans. La perte ne serait
que de 9,09, ou du tiers, pendant les 49 premières
années. Ce chiffre me paraît trop favorable. Nous
verrons dans un instant que, à Pierre-Buffière, les
7/20 ou 35,37 p. ‘/, des enfants nés à la même
époque ont succombé à l’âge de 5 ans; qu'il n’en reste
que les 9/20 ou 45,65 p. ° à l’âge de 15 ans. Il faut
donc admettre l'introduction d'éléments étrangers à la
population stationnaire, que nous trouvons surtout
dans l’immixtion de nouveaux colons ou d'ouvriers de
fabrique, qui viennent apporter leur contingent à la
population de cet âge, sans avoir participé aux
chances de mortalité qui ont pesé sur les âges an-
térieurs.
IV. — MoRTALITÉ. — Nombre des décès, 311 ou
25,92 par an; —2,39 pour 100 habitants, — 4 sur
41,81.
Rapport des décès aux naissances, 86 : 100, résultat
supérieur à la moyenne générale, 4 sur 40,59, ou
84 p. °/, et à celui de la Haute-Vienne, À sur 40,48.
Excédant des naissancessur les décès, 46. Cependant
le dernier recensement donne une population infé-
rieure de 68 sur le chiffre précédent : d’où il faut
conclure qu’il y a eu à Pierre-Buffière une population
flottante que les années 4847 à 4850 en ont expulsée.
Et, en effet, la fabrique de porcelaine a présenté très-
peu d’activité pendant cette époque.
Les mois de l'hiver se classent dans l’ordre suivant
relativement au chiffre des décès :
126 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Maximum : mars, avril, décembre, janvier, juin,
septembre, août, juillet. — Novembre, mars, fé-
vrier, octobre, minimum.
Les 12 années de la série se classent ainsi qu'il suit,
suivant la proportion des décès pour 100 habitants :
Bo reere 3,83. 1851577 2,18.
NEA TES 0 3,26 ISA este 1,97
1844....... 3,16. load 1,89
NSASAECS. 2,04. 19507 1,89
1843202. 1e 2,37. IRPRAAME 1,80
1853225. 2,28. JS ernite 1,71
Les décès se distribuent ainsi :
Hommes , 79, ou 25,40 p. ‘/. ;
Femmes, 90, ou 28,93 p. °/.…:
Garçons au-dessous de 15 ans, 80, ou 25,72 p. ;
Filles au-dessous de 15 ans, 62, ou 19,36 p. ;
Ou 51,12 sexe masculin ;
Ou 48,89 sexe féminin.
Il meurt donc plus d'hommes que de femmes si on
considère les décès, abstraction faite de l’âge; mais,
au-dessus de 15 ans, il meurt plus de femmes que
d'hommes dans la proportion de 28,93 à 25,40.
C’est l’âge de la puberté, de la puerpéralité, puis de
la ménopause. « Trop souvent, dit notre auteur, les
unions sont trop précoces; les femmes, trop jeunes,
ne peuvent supporter la période de fécondité : d’où une
cause d’épuisement, de mort prématurée. Après
60 ans, la femme vit, en général, plus long-temps
que les hommes, épuisés alors par les travaux, les
infirmités précoces. C’est parmi les femmes que l’on
trouve les exemples de longévité, surtout parmi celles
qui ont vécu dans le célibat, ou qui n'ont pas eu
d'enfants.
MÉMOIRES. 197
Age moyen des morts : Hommes.......... 03,79.
— Péthmessie 44e : 43,54.
— Garcons: Lam eNTe 3,20.
— Rleste l'an do 2 3,16.
Sexe masculin de tout âge. ....,..,.,.. 111198,33:
Sexehfémininde toutlâge.:2 16" 146410 32,99.
Mosennefsénéralecelf el sl Mira soda 30,59,
chiffre bien inférieur au chiffre normal de.. 36,40:
Si nous descendons dans les détails, nous trouvons
es chiffres de mortalité suivants :
De 0 à 5 ans.... 110 : garcons, 64; filles, 46.
De 5 à 15 ans.... 32 : garcons, 16; filles, 16.
De 15 à 30 ans.... 35 : hommes, 13; femm., 22.
De 30 à 45 ans.... 26 : hommes, 14; femm., 12.
De 45 à 60 ans.... 41 : hommes, 23; femm., 18.
De 60 à 90 ans.... 67 : hommes, 29; femm., 38.
Il résulte de ce tableau que, sur 4100 enfants
naissants, seront morts les
7/20 ou 35,31 p. % à. 5 ans.
9/20 ou 45,65 p. °% à 15 ans.
11/20 ou 56,85 p. °. à 30 ans.
13/20 ou 65,20 p. ‘/ à 45 ans.
16/20 ou 77,15 p. °/, à 60 ans.
Ces chiffres se rapprochent beaucoup plus de ceux
fournis par Duvillards que de ceux de Deparcieux,
ainsi que le montre le tableau suivant :
Sur 100 enfants naissants, auront succombé :
Déparcieux. Duvillards.
De Où 5 ans........ 27,66 41,69
De 5 à 15 ans........ 34,06 47,11
De 15 à 30 ans........ 42,93 56,19
De 30 à 45 ans........ 51,79 : 66,60
De 45 à 60 ans........ 74,00 78,65
128 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Je fais observer que le chiffre de mortalité pour la
période de 5 à 45 ans et de 45 à 30 ne présente que
peu de différence; qu'il s’abaisse très-sensiblement
de 30 à 45 ans; qu'il n'y a donc pas, au moins dans
la commune de Pierre-Buffière, une augmentation de
décès incombant à l'âge adulte. — Le deuxième
tableau , proportionnel de la distribution des décès, le
démontre également; et cependant la vaccine est
propagée dans cette localité aussi activement que
partout ailleurs.
« A Pierre-Buffière, ajoute notre auteur, les
épidémies sont rares; il y a peu de maladies véné-
riennes. Les phlesæmasies de poitrine sont les ma-
ladies prédominantes. Les femmes sont réglées de 12
à 15 ans, généralement fécondes (3,53 enfants par
mariage); les accouchements sont, en général,
naturels ; les avortements et les affections puerpérales,
assez rares. » |
Tels sont, Messieurs, les résultats obtenus par
M. Dépéret. A son travail statistique était jointe une
intéressante Notice sur la ville de Pierre-Buffière, sa
topographie, les conditions de salubrité et d'insalu—
brité qu’elle présente; — sur les habitants, leur
caractère, leurs aptitudes; — l’industrie locale; —
la population stationnaire et flottante ; — le sol, ses
produits; — la qualité des aliments ; — les eaux , leur
nature et qualité; — le caractère des saisons et des
maladies régnantes; — les causes morbides agissant
plus spécialementsur les habitants ; — enfin uneétude
très-remarquable sur la variole et la vaccine pendant
«ne période de plusieurs années, avec des conclusions
MÉMOIRES. 129
confirmatives des opinions très-généralement adoptées
sur cette grave question de pratique médicale et
d'hygiène publique.
Je regrette de ne pouvoir vous présenter cette
étude : vos moments sont précieux : je ne les ai que
trop long-temps occupés par des détails qui se recom-
mandent à votre bienveillance par la valeur person-
nelle du confrère qui nous les a présentés. Cest
d’ailleurs le premier produit indigène des travaux
tentés parmi nous dans cette direction. L'importance
de semblables recherches, si nous pouvions la mécon-
naître, nous serait rappelée par le haut intérêt que
vous y attachez. Vos encouragements stimuleront
notre zèle : heureux si, utilisant et complétant les
travaux de nos devanciers, nous pouvons arriver à
voir notre beau Limousin ne le céder en rien aux pro-
vinces les plus favorisées sous le rapport de la connais-
sance des influences qui créent et propagent certaines
affections endémiques ; impriment leur cachet spécial
sur la constitution physique des habitants, leurs mala-
dies, leurs infirmités; augmentent ou diminuent les
chances de longévité, la durée moyenne de la vie,
etc. : notions indispensables au médecin, non moins
utiles à l'administrateur appelé à formuler en pres-
criptions règlementaires les conseils de la science, les
améliorations réalisables dans les conditions au milieu
desquelles vivent nos populations !
A. DÉPÉRET-MURET,
Secrétaire général de la Société de Médecine et de Pharmacie de Limoges.
MÉMOIRES DE LA IV: SECTION.
RÉPONSE
À LA L'QUENTION DU PROGRAMME,
PAR M. L'ABBÉ ARBELLOT.
QUESTION. — À-{-on dressé une carte géographique du Limousin
pour la période gallo-romaine ? — Quelle était la circonscriplion
de la province? — Quelles étaient les villes principales et leur
importance relative ? — A-t-on la liste des villas dont on a retrouré
les débris? — A-t-on le tracé exact des voies romaines qui traver-
saient le Limousin? — Quels sont les monuments, les sculplures
remarquables , les inscriptions qui nous restent de celle époque? —
Peut-on tirer des inscriplions.et des monnaies quelques renseigne-
ments historiques ? :
I. A-t-on dressé une carte géographique du Limousin
pour la période gallo-romaine ?
Il y a eu plusieurs essais : il n’y a rien de complet
ni de satisfaisant jusqu'ici. Un ingénieur-géographe
du dernier siècle, M. Cornuau, avait indiqué, sur sa
MÉMOIRES. 431
Carte itinéraire et minéralogique du Limousin, les voies
romaines qui sillonnaïent la province; mais les villes
romaines, les villas , les inscriptions, les antiquités de
tout genre, tout cela était oublié. De nos jours,
M. Grignard, dans sa carte de la Haute-Vienne, a
indiqué les antiquités romaines, les restes de voies
déjà signalées, les inscriptions, etc. : ébauche encore
très-imparfaite. M. Auguste Du Boys, de regrettable
mémoire, avait essayé de compléter ce travail : sa
carte, qui n’a pas été publiée, ne comprend que le
département de la Haute-Vienne, c’est-à-dire environ
le tiers de l’ancienne province du Limousin. Tout
incomplet qu'il est, ce travail est encore ce que l’on a
de mieux jusqu'ici.
IT. Quelle était la circonscription de la province ?
« Presque tous les auteurs, dit le rédacteur de l’Indi-
cateur limousin, conviennent que les confins des peuples
étaient , sous l'empire romain, les mêmes que sont
aujourd’hui les limites des anciens diocèses (1) ».
Ainsi l’ancien diocèse de Limoges , y compris celui de
Tulle, création du pape Jean XXII, nous donne la
circonscription de l’ancienne province du Limousin.
Elle comprenait les départements actuels de la Haute-
Vienne, de la Creuse, de la Corrèze , moins quelques
paroisses limitrophes de l'Auvergne et du Berry, et,
de plus, une partie considérable de l’arrondissement
de Confolens (Charente) et de l'arrondissement de
Nontron (Dordogne).
(1) Zndicateur du diocèse de Limoges , année 1788, p. di.
139 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
II. Quelles étaient les villes principales et leur importance
relative ?
Les villes principales étaient :
1° Limoges, chef-lieu de la province, qui se nommait
Augustoritum (1) sous les Romains ; qui avait un amphi-
théâtre, un temple, un théâtre, un palais procon-
sulaire, ete.; qui avait un municipe, une curie et un
sénat, comme le prouvent des inscriptions authen-
tiques et des médailles décrites par l'abbé Legros,
Nadaud et Beaumesnil (2).
2 Chassenon, désigné dans la Table de Peutinger
sous le nom de Cassinomagus, était une ville de
second ordre, située sur les limites du Limousin et de
l’'Angoumois. On y trouvait un palais ou grande
résidence romaine, dont les vestiges subsistent encore,
un temple déblayé et savamment décrit par M. l'abbé
Michon (3), un théâtre, etc.
3° Tintignac, près de Tulle (Corrèze), devait être
aussi une ville de second ordre si l’on en juge par les
vestiges des arènes qui subsistent encore.
4 Prætorium, ainsi désigné dans la Table Théodo-
sienne, sur la voie de Limoges à Clermont, est entiè-
rement ruiné : on croit en trouver les vestiges sur le
(1) Elle est ainsi nommée dans l'Z/inéraire d'Antonin et la
Table Théodosienne ; Ptolémée la désigne sous le nom d'Urs
Augustoritum, et le grammairien Magnon, contemporain de
Charlemagne, l'appelle Lemofex Augustoretum. (Voir l'Zndicatewr
du diocèse de Limoges , année 1788, p. 157, 159.)
(@) Voir AzLoU, Monuments de la Haute-Vienne, p. 99 et 100;
LEYMARIE, Histoire de la Bourgeoisie, T. 1, p. 35 et 36.
(3) Statistique monwmentale de la Charente, p. 179-186.
MÉMOIRES. 133
Puy-de-Jouer, près le hours de Saint-Goussaud
(Creuse).
5° Ahun (Creuse), nommé Acitodunum dans la carte
de Peutinger, sur la voie romaine de Limoges à
Clermont, et Agedunum dans la légende de saint
Martial par le faux Aurélien, monument du vr' siècle.
On y a découvert plusieurs inscriptions romaines.
6 Évaux (Creuse), Evahonum, où l'on trouve des
vestiges le bains de construction romaine. Si nous en
croyons l’assertion un peu conjecturale des chroniques
limousines, le proconsul Duratius en serait le fon-
dateur : Grégoire de Tours l'appelle Vicus Evaunensis.
1° Uzerche (Corrèze), Userca, où l’on voit des restes
d’antiquités romaines. Environnée de la Vézère, elle
offre une certaine analogie topographique avec l’Uxel-
lodunum des Commentaires de César. Elle est men-
tionnée dans ies lettres de Rorice l'Ancien, évêque de
Limoges (v° siècle), et se trouve sur quelques mon-
naies mérovingiennes.
8 Brive (Corrèze), Briva Curretia, dont le nom
celtique lui vient d’un pont qu'elle avait sur la Corrèze.
Elle est mentionnée dans les lettres de saint Rorice et
dans Grégoire de Tours.
9° Ussel (Corrèze) : on y voit une aigle en granite et
d’autres antiquités romaines (1).
40° Courbefy, près de Chalus (Haute-Vienne), où
l'on voyait, au vi° siècle, des ruines fort considé-
rables d’une ville ou d'une cité (2).
(1) « On trouve quantité d’urnes à Ussel. » — NADAUD,
Essai histor., p. 61.
(2) Imcertum an civitas an castrum situm fuit, cujus enor-
mitatem et munitissimam magnificentiam ruinarum indicia
134 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
feRancon, près de Château-Ponsat (Haute-Vienne),
que l’on suppose avoir porté le nom d’Andecamulum, à
cause de l'inscription d’un temple de Pluton élevé par
les Andecamulenses. On y lit encore une autre inscrip-
tion au dieu Hercule (1).
19° Breth, près de La Souterraine (Creuse), appelé
par la tradition la ville de Breth. Ruïines considérables
d'une ville ou d’une villa.
13° Toulx-Sainte-Croix (Creuse), Tullum, où la lé-
gende de saint Martial par le faux Aurélien (vi‘ siècle)
fait prêcher l'Évangile par l’apôtre de l'Aquitaine.
IV. A-t-on la liste des villas dont on a retrouvé des
vestiges ?
Cette liste n’a pas été faite encore. On peut citer
dans le département de la Haute-Vienne :
Condat, près de Limoges, au confluent de la Vienne
et de la Briance, comme l'indique son nom, où l’on
découvrit, au siècle dernier, une fort belle mosaïque,
dont on voit un fragment au musée.
Le palais de Jocondiac, au lieu du Palais, près de
Limoges, célèbre résidence royale sous Louis-le-Débon-
naire : nous avons vu dans ce lieu des substructions
romaines.
Crouchat, près de Limoges, où les chroniques
limousines placent un palais dont elles font remonter
la fondation à Duratius.
et moles satis demonstrant. (Légende de saint Vaast : Actu S5.,
T. 1, februar., p. 794.)
(1) Revue archéologique de la Haute-Vienne, p. 246.
MÉMOIRES. 135
La ville d'Antone (villa Antonti) , près de Pierre-Buf-
fière, située sur une monticule couvert de ruines.
Le village de Giaud , commune de La Roche-l’Abeille,
où l’on a trouvé, dans le champ de l’Impéradou, une
statue antique en granite représentant Jupiter, ou
Dioclétien sous les traits de ce dieu. Cette statue est
un des plus curieux ornements du musée de Limoges.
La villa de La Briderie, commune de Saint-Paul,
où l’on à exhumé grand nombre de fragments de
marbre déposés au musée de Limoges.
Texon, où l’on voit un autel païen.
Château-Ponsat, Magnac-Laval, Le Buis, Solignac,
où l’on a trouvé des inscriptions romaines.
Dans le département de la Creuse, nous signalerons :
dans la commune de Saint-Georges-Nisgremont, près de
Felletin, la villa de Champ-Cé, où nous avons dé-
couvert plusieurs fragments de bronze qu'on peut
voir au musée de Limoges; — Felletin, où nous
avons trouvé des urnes antiques; — La Souterraine,
dont la crypte conserve des inscriptions romaines ; —
Le Grand-Bourg de Salagnac, La Chapelle-Saint-Mar-
tial, Bonnat , où l’on a trouvé d’autres inscriptions; —
La Villate, près de Chambon ; Le Mont-Frialoux, près
d'Évaux ; La Roche-de-Baume, près de Toulx-Sainte-
Croix ; La Courrière, près de Bourg'aneuf, etc.
Dans le département de la Corrèze, on nous a signalé
des villas romaines à Saint-Sernin-de-Larche, près de
Brive; au Bijardel, commune de Perpezat-le-Noir;
à Turenne, etc.
(Les autres questions ont été traitées oralement d’après
Nadaud (l’Zndicateur, p. 138), Allou , l'abbé Texier, ete.)
DOCUMENTS INÉDITS
sh
L'APOSTOLAT DE SAINT MARTIAL
ET SUR L'ANTIQUITÉ
DES EGLISES DE FRANCE,
PAR M. L'ABBÉ ARBELLOT.
INTRODUCTION.
La grande question historique de l'origine des
Églises de France, qui fut, au xvu: siècle et au
commencement du siècle dernier, le sujet d’une con-
troverse si savante et de débats si passionnés, a repris
de nos jours sinon les mêmes proportions, au moins la
même importance. La critique rigoriste du xvrr° siècle,
qui avait cru porter la jumière dans l’histoire en
faisant table rase des légendes, et en répudiant comme
des croyances puériles les traditions des âges pré-
cédents, a perdu le prestige dont elle était environnée,
et il est évident qu'une forte réaction s'opère de nos
MÉMOIRES.
jours, dons le monde savant, en faveur des traditions
et des légendes, relativement à la question des
origines chrétiennes de la Gaule. Au moyen âge, et,
— de l'aveu de tous, — du 1x° au xvi° siècle, — on
avait Cru que nos principales Églises avaient été
fondées du temps des apôtres; au xvir° siècle, l'esprit
de réforme s'étant introduit dans la science historique,
on s'étaya d'un texte de Grégoire de Tours et de deux
lignes de Sulpice-Sévère pour reculer de deux siècles
l'établissement du christianisme dans la majeure
partie des Gaules. Mais on était loin d’avoir porté sur
ce sujet une lumière définitive, et la science contem-—
poraine devait s'élever contre cette décision.
Déjà plusieurs protestations isolées s'étaient for-
mulées d’une manière plus ou moins hardie lorsque,
en 4848, M. l'abbé Faillon, dans ses Monuments inédits
sur l’apostolat de sainte Madeleine en Provence, donna le
premier signal d’une réaction sérieuse. L'analyse,
pleine de critique et de sagacité, que ce savant fit du
texte de Grégoire de Tours porta au système historique
qui s'appuie sur cet écrivain le coup le plus fort qu'il
eût jamais reçu. D’autres érudits le suivirent dans la
voie nouvelle qu’il avait frayée. En 1851, un béné-
dictin de Solesmes, D. Piolin, dans son Zntroduction à
l'histoire de l'Église du Mans, protesta de nouveau
contre la critique réformiste du xvrr° siècle, et ajouta
des documents nouveaux aux documents inédits déjà
publiés par M. l’abbé Faillon. Depuis la publication
de notre Disseriation sur l’apostolat de saint Martial, et
la décision de la congrégation des Rites en faveur de
cet apostolat (1854), le mouvement réactionnaire, loin
de se ralentir, n’a fait que s'accroître. La question des
138 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
origines chrétiennes de la Gaule à pris de l’impor-
tance : M. de Caumont l'a mise à l’ordre du jour dans
le Congrès archéologique tenu, en 4855, à Châlons (1);
l’année suivante, cette même question a été discutée
dans le Congrès de Nantes (2); le Congrès scientifique
de La Rochelle (1856) et le Congrès archéologique de
Mende (1856) l'ont insérée dans leur programme :
il était naturel qu'elle figurât dans le programme du
Congrès scientifique de Limoges, à cause du premier
évêque de cette ville, saint Martial, un des hommes
apostoliques les plus célèbres de la Gaule.
Ce n’est pas, nous l’avouons, sans un vif sentiment
de satisfaction personnelle que nous avons vu un
certain nombre de savants et d'écrivains, convaincus
par nos preuves, revenir à l'antique tradition de
l’origine apostolique des principales églises de France.
Plusieurs traités spéciaux ont été composés depuis, et
la même thèse s'y trouve développée avec autant de
critique que d'érudition. M. Ravenez, dans ses Re-
cherches sur les origines des Églises de Reims, de Soissons
et de Châlons ; M. l’abbé Robitaille, chanoine d'Arras,
dans la dissertation qu’il à ajoutée à la Vie de saint
Paul de Narbonne; M. l'abbé de Lutho, vicaire général
de Bourges, dans son introduction à la Wie de saint
Ursin, apôtre du Berry; M. l’abbé Dion, professeur au
séminaire de Périgueux, dans son Apostolat de saint
Front au 1°" siècle: M. l'abbé Charbonnel, dans son
(1) Congrès archéologique de France, xxue session, lenue à
Chälons en 1855, p. 41-51.
(2) Congrès archéologique de France, xx session, lenue à
Nantes en 1856, p. 42-50.
MÉMOIRES. 139
ouvrage intitulé : Origine de l’église de Mende; le P.
Gaydou, de la compagnie de Jésus, dans ses Études
critiques sur l’origine de l'Église de Mende et ses premiers
évêques (1); M. l'abbé Brugière, dans une série d’ar-
ticles sur Saint-Front de Périgueux, publiés dans le
Chroniqueur du Périgord, ont soutenu avec autant de
science que de talent l’origine apostolique de leurs
Églises respectives.
D’autres écrivains, d’un savoir incontestable, ont
adopté nos conclusions, et donné une entière appro-
bation à notre ouvrage. Ainsi un historien dont M. le
chanoine Bourassé avait pu revendiquer en sa faveur
le témoignage dans l’article qu’il a fait contre notre
Dissertation, M. le baron Henrion, dans sa nouvelle
édition de l'Histoire générale de l’Église, nous à fait
l’honneur de nous emprunter le tiers de notre volume,
et de s'appuyer sur nos preuves et sur nos docu-
ments (2); M. de Chergé, ancien président de la
Société des Antiquaires de l'Ouest, dans sa Vie de saint
Martial, qui sert d'entrée en matière aux Wes des
Saints du Poitou, a pris notre Dissertation pour base de
son travail (3); M. l'abbé Barrère, dans son Histoire
(1) « La décision que l'Église de Limoges vient de provoquer
sur ce point (l’apostolat de saint Martial), et que les patientes
recherches de M. Arbellot ont environnée de tant de lumières,
semble n'avoir rien laissé à dire sur cette grande cause : là,
du moins, l'autorité et la science semblent avoir dit leur
dernier mot : il ne paraît plus permis de douter que la mission
du saint apôtre de l'Aquitaine ne remonte aux temps aposto-
liques » (p. 2).
(2) Histoire générale de L'Église, T. IX, p. 530-534, 548, 549,
1354, 1356, etc., T. X, passim.
(3) Vies des Saints du Poilou , p. 2.
140 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
religieuse el monumentale du diocèse d'Agen, fixe come
nous la mission‘ de saint Martiäl au 1° siècle (4);
M. l'abbé Le Guennec, supérieur du séminaire de
Cahors, dans une Wotice sur le pèlerinage de Notre-Dame
de Roc-Amadour (2); M. l'abbé Auber, dans ses Vies des
Saints de l’Église de Poitiers, ont embrassé la même
opinion sur saint Martial; M. Coudert de La Villate,
dans son ouvrage intitulé : Toull et Ahun : le christia-
nisme dans l’Aquitaine, s'appuie entièrement sur notre
Dissertation : un certain nombre de revues et de
journaux : les Annales archéologiques de M. Didron :
l'Univers (3); M. Bonnetty, dans l’Université catho-
lique (4); M. Maximin Deloche, dans l’Union corré-
sienne (5), etc., ont patroné notre ouvrage, et donné
une adhésion pleine et entière à nos conclusions.
Ce n’est pas tout. Quelques savants dont le nom et
les écrits font autorité ont bien voulu nous écrire pour
nous faire connaître leurs sympathies en faveur de
la grande cause historique dont nous étions l'hum-—
ble champion. C’est ainsi que M. Augustin Thierry,
dont le monde savant pleure la perte, nous écrivait ,
dans une lettre que nous conservons précieusement
« J'ai lu avec un vif intérêt votre Mémoire sur
la date de l’apostolat de saint Martial. Je crois
que vous avez pleinement raison, et qu'en ce
(1) Histoire religieuse el monumentale du diocèse d'Agen, T. I,
p. 27.
2) Notice sur le pèlerinage de Notre-Dame de Roc-Amadour, p. 9.
(3) Numéro du 12 août 1855.
(4) Juillet 1855, p. 94-100.
(5) 23 août 1855, reproduit dans le Zullelin archéologique du
Limousin !T. VI, ne ler,
MÉMOIRES. {pl
point la tradition locale prévaut réellement contre
Phistoire. La méthode que vous appliquez à cette
démonstration me semble irréprochable... Je ne doute
pas qu'elle ne soit appréciée par tous les vrais éru-
dits (A). » — « Le temps n’est plus, nous écrit D. Gué-
ranger, où l’on pouvait penser et écrire que le moyen
âge ne vivait que de fables, et que les traditions dont
il n'était que l'intermédiaire ne remontaient pas au-
delà du xn'ou du xr° siècle. Les monuments anté-
rieurs serévèlent, et, pour votre part, monsieurl'abbé,
permettez-moi de vous faire compliment de votre
précieux texte de Fortunat (2) ». Plusieurs prélats
d'une haute érudition : Mgr Cousseau, évêque d’An-
goulème (3), Mgr Berteaud, évêque de Tulle, etc.,
nous ont écrit que nos preuves les avaient satisfaits :
d’autres dignitaires de l'épiscopat francais, le car-
dinal-archevêque de Bordeaux (4), Mgr Sibour, arche-
vêque de Paris (5), enfin le souverain pontife lui-
(1) Lettre du 17 mai 1855.
(2) Lettre du 22 septembre 1855.
(3) « Votre cause, ou plutôt la cause de nos Églises, me
parait gagnée. Saint Martial a été envoyé par saint Pierre;
il à prêché la foi dans notre Aquitaine dès le rer siècle...
Comme évêque d'Angoulême, je vous remercie d’avoir assuré
à mon Église cette vénérable antiquité, puisqu'on n'a jamais
douté que saint Ausone ne fût disciple de saint Martial.
Comme Poitevin, je suis aussi bien heureux du parti que vous
avez su tirer de notre Fortunat pour établir votre thèse. Votre
note sur l’authenticité de ces vers est une analyse démons-
trative. 11 y a surtout un c/uens (mot bizarre) qui est con—
cluant. » (Lettre du 21 février 1855. )
(4) Lettre du 29 juin 1855.
(5) Lettre Au 23 avril 1855.
142 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
même (1), ont daigné bénir et encourager nos efforts.
Toutefois nous ne devons pas dissimuler que, si
notre Dissertation à trouvé des approbateurs et de
chauds partisans dans les rangs les plus élevés de la
science , elle a trouvé aussi des contradicteurs dont le
mérite etle talent ne peuvent être mis en question.
Ainsi M. Bourassé, chanoine de Tours, a voulu venger
l’'évêque-historien qui fait la gloire de son Église des
attaques que nous avons dirigées contre lui, et il a
publié, dans la Bibliographie catholique, une critique
habile de notre ouvrage. M. d'Ozouville, ancien sous-
préfet de Château-Gonthier, dans son livre intitulé
Origines chrétiennes de la Gaule, a combattu l'abbé
Faillon et D. Piolin, et a consacré sôn dernier chapitre
(1) « Litteris tuis obsequentissimis munus offerre maximo
pontifici voluisti ejus Dissertationis, quam ad elogium et
cultum ut apostoli, primi Lemovicensium episcopi, Martialis,
novissime ab sede apostolica recognitum et probatum, magis
ac magis vindicandum et propugnandum, edidisti in lucem.
Et, licet maximus idem pontifex nihil quidquam de ea, tantis
ut est cCuris et occupationibus distentus, adhue potuerit
degustare, adhibitam tamen a te sedulitatem ac studium in
eodem pertractando argumento laudavit non parum, ac tibi
meis verbis pro oblato libri munere meritas, illustrissime ac
reverende Domine, persolvit gratias. Adjunxit etiam certis-
simum paternæ caritatis pignus apostolicam benedictionem,
qua ipsum te donavit ex corde.
» Superest ut sensus ego tibi profitear obsequii mei, illmeac
rnde Dne, cui fausta ac salutaria omnia enixe precor à
Domino , etc.
Dat. Romæ, die 10 maï 1856.
» DOMINICUS FIORAMONTTIT,
» Ssini. D. N. ab Epistolis latinis. »
MÉMOIRES. 143
à° réfuter nos conclusions sur la mission apostolique
de saint Martial (1). M. l'abbé Salvan, dans une
dissertation qui précède l'Histoire générale de l'Église de
Toulouse, s’est donné la peine d'analyser nos docu-
ments, mais ne les a réfutés qu'avec destraits d'esprit
qu’aurait dédaignés Clémence Isaure (2). M. l'abbé
Pascal, chanoine honoraire de Mende, dans sa Discus-
sion historique et impartiale sur l’époque de l'établissement
de la foi chrétienne dans les Gaules, à reproduit, pour
nous réfuter, les vieux arguments de l’école de
Launoy, en ajoutant aux erreurs de ses devanciers de
nouvelles inexactitudes (3). Un adversaire plus sérieux,
M. Quicherat, professeur à l'École des Chartes, tout en
reconnaissant que nous avons « cent fois raison quand
nous réduisons l’assertion de Grégoire de Tours à la
valeur d'une pure hypothèse », avoue que notre
Dissertation ne l'a pas convaincu (4).
MM. Bourassé, d'Ozouville et Quicherat s'accordent
sur les deux points suivants : — les vers de Fortunat
(1) M. d'Ozouville est mort au commencement de l’année
dernière (1859).
(2) Par exemple, dans la série des témoignages traditionnels
favorables à l’apostolat de saint Martial, nous citons le P.
Saturnin-de-tous-les-Saints (1650), que M. Salvan résume
ainsi : « Saint Pierre consacra évêque saint Martial dans la
maison de saint Pudens, » — et il ajoute : « Quelle émpudence
(sic!) d'avancer sérieusement de pareilles choses! » (T. I,
p: 113.) Nous ferons remarquer à M. Salvan que cette chose a
été avancée par Msr Gerbet dans son Æsquisse de Rome chré-
lienne, T. 1, p. 452. Que M. Salvan se défie de sa facilité pour
le calembour !
(3) M. l'abbé Pascal est mort depuis cette publication.
4) Lettre du 26 mars 1855.
du CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sur Ja vie de saint Martial ne sont pas authentiques:
— la légende du faux Aurélien ne mérite aucun crédit,
et les traditions qu'elle renferme ne remontent pas au
vit siècle. — « Rien ne prouve, dit M. Bourassé, que
ces vers de .Fortunat soient de l’évêque de Poi-
tiers {1) ».... « Quant aux Actes du faux Aurélien,
ajoute-t-il, les Bollandistes ont été fort sévères, et
avec raison, pour ces Actes, qu'ils disent avoir été
maladroitement fabriqués, et dans lesquels on décou-
vre une foule d'anachronismes (2). »
Si nous en croyons M. d'Ozouville, « saint Fortunat
de Poitiers n'eut jamais rien à démêler avec ces vers.
Puisque l'esprit de parti, l’esprit de clocher local s’est
oublié au point de leur donner naissance, c'est à
quelqu'un semblable au moine Adémar, et à la partie
la plus nébuleuse du x1° siècle, qu'il faut les laisser.
La légende de saint Martial paraît être l’une de celles
dont la fausseté et l’incohérence éclatent le plus : on
l'attribue au x‘ siècle (3) ».
M. Quicherat nous écrit : « Vous montrez trop bien
quelle a été, depuis l’an mil, la vivacité du débat
pour qu’on ne suspecte pas l'authenticité de cette
pièce, qui manque dans les œuvres de Fortunat,
(1) Rien ne le prouve? Le titre que portent ces vers sur un
manuscrit du xx siècle ne prouve rien? La conformité du
style de ce poème avec le style de Fortunat ne prouve rien ?
L'autorité des savants de Rome, qui ont trouvé cette pièce sur
un manuscrit du 1xe siècle, et qui, sans hésiter, l'ont admise
parmi les œuvres de Fortunat, ne prouve rien?
(2) Bibliograghie catholique , août 1855, p. 70.
(3) Origines chrétiennes de la Gaule : Lettres au R. P. Piolin,
p. 227, 228.
MÉMOIRES. 145
œuvres recueillies avec beaucoup de soin par lui-
même, et où il a mis toutes ses préfaces, tous ses envois,
même les inscriptions composées par lui pour des
tombeaux ou pour des tableaux (1). D'ailleurs la
légende que précèdent ces vers de Fortunat s'éloigne
tellement par son caractère des légendes antiques,
même de celles que Fortunat et Grégoire de Tours
nous ont laissées, que ce qu'on peut faire de plus
favorable à son antiquité est d’en placer la composition
au 1x° siècle (2) ».
»A propos de ces vers de Fortunat, M. l'abbé Pascal
se contente de dire « qu’ils ne sont pas universellement
admis comme émanés de sa plume »; que « de très-
savants philologues les ont éliminés des œuvres attri-
buées à Fortunat (3) »; que, «si l’on tient à ce témoi-
gnage, il demande qu'il lui soit permis d'y trouver
de l’exagération (4) ». Quant à M. Salvan, il reconnaît
l’authenticité de ces vers de Fortunat; maisil prétend,
chose étonnante! que ces vers ne prouvent rien, et,
chose plus étonnante encore ! que ces vers n’ont pas
été composés sur la légende d’Aurélien dont ils
(1) Mais alors comment se fait-il que les diverses éditions
de Fortunat se soient successivement accrues de nombreuses
pièces, éparses cà et là, et dont l’aut enticité n’a jamais été
mise en doute ? Comment se fait-il que l'édition la plus récente
et la plus complète, celle du cardinal Luchi, ne renferme pas
tout, puisque le savant Guérard à publié des vers inédits de
Fortunat d'après des manuscrits de la Bibliothèque royale,
puisque le cardinal Maï en a inséré dans le Spicilége romain ?
(2) Lettre du 26 mars 1855.
(3) Comment les auraient-ils éliminés avant de les connaître ?
(4) Discussion historique et impartiale sur l'établissement de La
foi chrétienne dans les Gaules, etc., p. 30.
be 40
146 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
donnent le résumé, et qu’ils précèdent ou accompa-
gnent dans tous les manuscrits où on les trouve (4).
Rendons justice à nos principaux contradicteurs.
Is ont parfaitement compris quel était le document
qui faisait la principale force de notre Dissertation.
À l’aide des vers de Fortunat que le cardinal Luchi
a publiés d’après un ancien manuscrit de Flo-
rence, et que nous avons collationnés sur deux autres
manuscrits des bibliothèques de Rome, nous avions
établi que la légende de saint Martial, quoique
faussement attribuée à son successeur Aurélien, était
néanmoins antérieure à Grégoire de Tours, et, à l’aide
de ces vers et de cette légende, nous établissions
péremptoirement que, au commencement du vr‘ siècle,
avant Grégoire de Tours, la tradition du Limousin
faisait remonter à saint Pierre la mission de saint
Martial. Mais M. Bourassé n'avait pas manqué de
nous faire cette objection sérieuse : « Pourquoi, si
cette légende est apocryphe, si elle renferme beaucoup
de circonstances inventées par l'imagination des
peuples ou la naïveté de l'écrivain, pourquoi la
mission apostolique de saint Martial ne serait-elle pas
fabuleuse comme le reste? » Pour prévenir cette
(1) Ce passageest curieux : citons textuellement : «Lorsqu'on
vient nous dire que dans ce vers du poète :
« Martialis resonant hé sanetissima gesta »
ou, si l'on veut, veracissima , l'adverbe Zic doit s'entendre de
la légende, et non du poème que Fortunat compose, c'est vou-
loir se moquer de ses lecteurs ». (Histoire générale de l'Église
de Toulouse, p. 102.) — M. Salvan est mainteneur des Jeux-
Floraux.
MÉMOIRES. 141
objection, nous avions montré que, relativement à la
mission de saint Martial au temps de saint Pierre, ce
fait principal de la légende ne pouvait être contraire
à la croyance publique et aux traditions populaires
du Limousin; que d’ailleurs l'accord unanime des
anciens documents et des traditions immémoriales de
Rome, de l'Italie, de l'Orient, de l’Aquitaine, met-
tait ce fait principal hors de cause; et nous avions
pu tirer cette conclusion rigoureuse que la mission
apostolique de saint Martial n’est ni une circonstance
apocryphe ni un détail fabuleux, mais un fait
historique transmis par les souvenirs traditionnels.
Toutefois, nous devons l'avouer, notre conscience
d’archéologue éprouvait quelque peine de trouver, ,
à la limite la plus reculée de la tradition, une
légende apocryphe aussi décriée que la légende du
faux Aurélien.
La Providence est venue à notre aide. Nous avions
écrit, dans notre Dissertation, cette phrase, dont
M. Bourassé a cité malicieusement les deux premières
lignes : « Nous n'avons pas la prétention d’avoir
arraché à la science son dernier mot sur cette question
de l’apostolat de saint Martial : nous sommes persuadé
que des recherches plus étendues et plus approfondies
feront faire un nouveau progrès à cette discussion, et
jetteront sur ce fait traditionnel une pleine lumière
historique; nous sommes persuadé que des recherches
ultérieures faites, soit en France, dans les manuscrits
de la Bibliothèque impériale, soit dans les biblio-
thèques les plus célèbres de l'Italie et de l’Angieterre,
feront découvrir de nouveaux documents relatifs à
cette question capitale des origines du christianisme
148 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dans les Gaules (1) ». En effet, en fouillant dans les
manuscrits de la Bibliothèque impériale, nous avons
découvert la pièce qui nous manquait, le document
que nous cherchions, c’est-à-dire les anciens Actes, la
Vie authentique de saint Martial : nous allons la
publier ici, avec d’autres pièces inédites des siècles
postérieurs, pour servir de supplément à notre Disser-
tation sur l’apostolat.
ARTICLE PREMIER.
ANCIENNE VIE DE SAINT MARTIAL.
La découverte des anciens Actes de saint Martial est
venue démontrer la légitimité des conjectures que
nous avions émises relativement aux principaux faits
que rapporte la légende d’Aurélien. Nous avions con-
jecturé que cette légende, tout apocryphe qu’elle est,
ne pouvait être, dans son ensemble, une invention
contraire à la croyance publique et populaire du
Limousin au vr: siècle, et que, par conséquent, quant
au fait de la mission de saint Martial au temps de saint
Pierre, il devait être en harmonie avec les traditions
antérieures du pays. Nous avions deviné juste, et la
découverte des anciens Actes nous donne pleinement
raison.
Nous sommes persuadé que, si les critiques du
xvrre siècle eussent connu cette ancienne Vie, ils
n’eussent pas rejeté, comme ils l'ont fait, la mission
apostolique du premier évêque de Limoges. Ils ne
(1) Dissertation, ete., p. 114.
MÉMOIRES. 149
connaissaient que la légende du faux Aurélien et les
deux épîtres attribuées à saint Martial : or les détails
apocryphes qui déparent ces deux pièces avaient fait
rejeter avec dédain non-seulement cette légende et
ces deux épîtres, mais encore toutes les traditions
relatives à l’apôtre de l’Aquitaine; en sorte que le
savant écrivain des Histoires de l’Église gallicane avait
osé dire de cette légende : « À part le nom de Mar-
tial, tout le reste est un tissu de fables (1) ».
Forcé de nous appuyer sur une caution si équivo-
que, nous n’étions pasexempt d’une certaine crainte :
mais aujourd’hui nous pouvons présenter nos tradi-
tions avec plus d'assurance; car nous avons, à la
limite la plus reculée des monuments traditionnels,
non plus une légende maladroitement fabriquée par”
un écrivain pseudonyme, mais des Actes sincères, un
document grave, authentique, et vraiment digne de
l’histoire.
L'existence de cette ancienne Vie nous était révélée
par des monuments d’une haute antiquité. Ainsi le
moine Adémar, dans l’épître où il rend rend compte
de la discussion qu’il eut, l’an 1028, avec Benoît de
Cluse sur la question de l’apostolat, rapporte ces
paroles de son antagoniste : « Quelques-uns ont cou-
tume de dire que son ancienne Vie {de saint Martial)
périt dans un incendie quand ce monastère fut con-
sumé par les flammes (2), et que dans cette Vie il n’y
(1) « Atque, si unum Martialis nomen exemeris, reliqua
omnia ficta videbuntur. » (BOSQUET, Histor. eccl. gallic., c. 2,
part. 1, p. 44.)
(2) Le monastère de Saint-Martial fut incendié en 952. (V.
ADÉMAR, Patrolog., T. CXLI, col. 82.)
150 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
avait pas autre chose sinon que, après l'ascension du
Seigneur, saint Martial avait été converti, avec
beaucoup d’autres païens, par la prédication de
saint Pierre, puis avait été instruit par lui, et, long-
temps après, ordonné évêque, et envoyé à la seule
ville de Limoges, comme Apollinaire à Ravenne, et
Marc à Alexandrie (1) ».
Un écrivain antérieur à Benoît de Cluse, ou du
moins son contemporain, a décrit les caractères de
cette Vie d’une manière si précise, si détaillée, si
catégorique, qu’il est impossible de s’y méprendre :
c’est Pierre le Scolastique , qui a fait sur saint Martial
un poème en neuf livres, dont nous avons recueilli et
publié les fragments. Dans l’article qui précède les
fragments de ce poème, nous avons établi que cet
écrivain florissait non pas à la fin du xr* siècle, comme
l'a conjecturé D. Rivet dans l'Histoire litléraire de la
France (2), mais à la fin du x: siècle et au commen-
cement du siècle suivant. Voici en quels termes Pierre
le Scolastique parle del’ancienne Vie de saint Martial :
« Est minus et majus de Marciale volumen :
Qui minus egit opus plane non est michi notus;
Sed scio quod sancto fuerit nequissimus hostis :
Propter namque fidem, bene quæ dixisse videtur
(1)« Solent dicere nonnulli vitam ejus veteranam, quando hic
locus arsit, perisse incendio, in qua nihil horum legebatur,
nisi duntaxat quod post ascensionem Domini ad Petri prædi-
cationem sit conversus , sicut alii multi ex paganis, et ab eo
eruditus, et post longum tempus ordinatus episcopus, et ad
solam urbem Lemovicum missus, sicut Apollinaris ad Raven-
nam et Marcus in Alexandriam. » (Pa/rolog., T. CXLI, col. 95.)
@) T. VIN, p. 504.
MÉMOIRES. 151
Præsulis excerpsit scrmonibus Aureliani;
Frivola vero suo deprompsit pectore tetro,
Ut jubar inficerent, quod nubila cuncta repellit.
Ergo refutetur condempneturque malignus.
At plures alios qui composuere libellos
Sint licet ignoti, nam nusquam nomina ponunt,
Quæ bene dixerunt vigili sunt mente notanda :
Is male quæ finxit penitus debent reprobari,
Neve rudes hominum sensus malus imbuat error,
Sunt etiam doctis raro, numquamve legenda.
Sed quæ proposuit miracula sunt retinenda :
Testis enim verax ipsi narraverat illa.
Nec tamen antiquo curavit credere libro,
Vulgari famæ tribuens ea quæ referebat ;
Magnaque vix tangens, contendit condere lumen,
Et curtus verbis animum celare nequivit,
Ut quicumque sapit satis hunc reprehendere possit.
Ergo nichil timeat, sed posse probet reprehendi,
Muitiplicique virum ratione refellat iniquum.
Namque suis armis hostem superare valebit,
Et damnabit opus quod quilibet offeret ipsi (1). »
Ces vers ont besoin d’un commentaire : nous allons
essayer d'en éclaircir le sens :
« Est minus et majus de Marciïale volumen ».
« Il y a un petit livre et un grand livre de la Vie de
saint Martial. » — Le grand livre de la Vie de saint
Martial, c'est la légende apocryphe, si longue et
si diffuse, que Pierre le Scolastique regardait comme
l’œuvre d’Aurélien, second évêque de Limoges; — le
petit livre de la Vie de saint Martial, c'est la légende
courte et succincte; ce sont les anciens Actes, qui
(1) Paenae 1e Scozasrique , livre VI, poème VH , p. 55, 54.
452 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
n'avaient pas été publiés jusqu’à ce jour, et que nous
avons eu la chance inespérée de découvrir. Cette seule
indication de « petit livre » avait fait soupçonner
à Nadaud l'importance de cette ancienne Vie : « Les
critiques, avait-il dit, qui préfèrent les actes les plus
courts et les plus simples à ceux qui sont plus étendus
et plus chargés regretteront, sans doute, la perte de
cette pièce (1) ».
« Qui minus egit opus plane non est michi notus. »
« Celui qui a écrit le petit livre m'est tout à fait
inconnu. » — Pierre le Scolastique, qui ne doutait
pas de l’authenticité de la légende d’Aurélien, s'ima-—
ginait connaître l'écrivain du « grand livre de la
Vie de saint Martial ». Quant à l’auteur du « petit
livre », Pierre le Scolastique ne le connaissait pas,
attendu qu'il n'a pas songé à se faire connaître.
C'était un usage presque général, à l’époque reculée
où ces Actes ont été écrits, que les auteurs des légendes
des saints ne mettaient pas leur nom en tête de leurs
ouvrages. Ainsi, que l’on parcoure, dans la table du
re volume de l'Histoire littéraire de la France, la liste
des écrivains anonymes qui ont composé des Vies de
saints au vi et au vrr° siècle, on en comptera plus de
cent indiqués dans ce seul volume. Et, pour citer des
exemples, connaît-on l’auteur de la légende de sainte
reneviève, écrite vers l'an 530? Les Actes de saint
Saturnin de Toulouse, cités par Grégoire de Tours;
ceux de saint Privat de Mende et de saint Ursin
de Bourges, où le même historien a certainement
(1) NapaUD, Dissert. mss sur saint Martial, ch. II.
MÉMOIRES. 153
puisé ce qu'il raconte de ces deux saints, voilà des
documents d’une haute antiquité : en connaît-on les
auteurs? Comme ces anonymes écrivaient, non dans
l'espoir d’une renommée frivole, mais uniquement
pour l'édification des fidèles, et pour rendre témoi-
gnage à la vérité, ils oubliaient naturellement de
mettre leur nom en tête de leur ouvrage, et cette
marque de modestie est une preuve, sinon de leur
science, au moins de leur sincérité.
« Sed scio quod sancto fuerit nequissimus hostis :
Propter namque fidem, bene quæ dixisse videtur,
Præsulis excerpsit sermonibus Aureliani ;
Frivola vero suo deprompsit pectore tetro,
Ut jubar inficerent, quod nubila cuncta repellit.
Ergo refutetur condempneturque malignus. »
« Mais je sais que c'était un ennemi déclaré du saint :
car ce qu'il a dit de louable et de digne de foi, il l’a
extrait des écrits de l’évêque Aurélien : mais il a
tiré de son fonds mauvais des choses frivoles pour
obscurcir ce soleil, qui défie tous les nuages. Donc il
faut réfuter et condamner ce méchant. »
Les invectives que Pierre le Scolastique lance contre
l’auteur anonyme de l’ancienne Vie sont parfaitement
excusables, et cet écrivain, qui ne doutait pas que la
légende du faux Aurélien ne fût réellement l’œuvre
du successeur de saint Martial, ne pouvait tenir un
langage différent. En effet, la légende d’Aurélien
entre dans des détails qui sont tout à fait à la gloire
de l'apôtre de l’Aquitaine : elle lui donne le titre
d'apôtre et de disciple du Seigneur; elle le fait assister
aux principaux évènements de la vie publique de
Jésus-Christ, à la résurrection de Lazare , à la cène
154 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et au lavement des pieds; elle en fait un témoin de la
résurrection et de l'ascension du Sauveur ; elle lui fait
recevoir l’Esprit-Saint au jour de la Pentecôte ; elle
entre dans de grands détails sur les prodiges que
Saint Martial avait opérés à Toul, à Ahun, à Limoges,
à Bordeaux, à Mortagne, etc. Au contraire, l'ancienne
Vie, plus sobre de détails, se contente de dire que
saint Martial fut envoyé par saint Pierre dans les
Gaules; qu'il ressuscita un de ses compagnons,
comme l’alteste la tradition populaire; qu'il convertit et
baptisa une jeune fille, nommée Valérie, laquelle,
ayant refusé un mariage qui lui était offert, fut,
dit-on, mise à mort par son fiancé, encore païen. On ne
trouve dans l’ancienne Vie ni le nom du duc Étienne;
ni celui de Susanne, mère de sainte Valérie; ni ceux
d’Aurélien et d'André, prêtres des idoles ; ni ceux de
l'écuyer Hortarius et d’'Hildebert, fils d’Arcadius,
comte de Poitiers, etc.; on n’y trouve aucun de ces
détails chronologiques dont la légende d’Aurélien est
si prodigue : par exemple, que saint Martial était entré
à Rome la seconde année de l'empire de Claude; qu’il
mourut après vingt-huit ans d’épiscopat, la troisième
année de l’empire de Vespasien, la troisième année de
la deux cent douzième olympiade: rien de tout cela,
mais seulement ces quelques paroles, qui offrent peu
de prise à la critique : Zmminente jam tempore , eximius
vir migravit ad Dominum. Pierre le Scolastique ne
devait-il pas penser que cet écrivain anonyme du
« petit livre » était un ennemi du saint, qui voulait
obscurcir l'éclat de cet astre, puisqu'il passait sous
silence les choses glorieuses et magnifiques qu'Aurélien
avait dites en l'honneur de son héros ?
MÉMOIRES. 155
Ces invectives que le poète lance à l'écrivain ano-
nyme avaient fait comprendre à Nadaud l'importance
de cepetitlivre : « ILétoit l'ennemi du saint, remarquait-
il, parce que, sans doute, il n'étoit pas partisan de
toutes les puérilités de la Vie d’Aurélien. Il reste à
savoir dans quel siècle cet anonyme plaçoit saint
Martial. On ne nous dit point non plus le siècle de cet
écrivain. Peut-être cette Vie et ces miracles appro-—
choient-ils de près la sincérité et l'authenticité qu'on
demande dans de telles pièces : du moins la brièveté
_ de l'ouvrage et la simplicité du style le donnent à
penser : dans ce cas, nous ne saurions assez déplorer
la perte de cette pièce (1) ».
« Propter namque fidem, bene quæ dixisse videtur
Præsulis excerpsit sermonibus Aureliani. »
« Ce qu'il a dit de bon et de digne de foi, il l’a tiré
des écrits de l'évêque Aurélien. » — Nadaud, avec
son instinct profond d’antiquaire, avait fort ingénieu-
sement deviné, d’après ces paroles, que « la Vie de
saint Martial, dont on fait auteur son successeur,
avoit quelque chose de fondé dans l'antiquité (2) »,
puisqu'elle renfermait des traits semblables à ceux
de l’ancienne Vie; et c’est, en effet, à l’aide de la
légende d’Aurélien que nous avons pu combler une
lacune qu'offre le manuscrit incomplet des anciens
Actes. Le « petit livre » de l'écrivain anonyme a servi
comme de fonds et de canevas sur lequel le faux
(1) NapauD, Mérm. mss., T. IV.
(2) Id. , ibid.
156 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Aurélien a brodé sa poétique légende et son roman
historique.
« At plures alios qui composuere libellos
Sint licet ignoti, nam nusquam nomina ponunt,
Quæ bene dixerunt vigili sunt mente notanda :
Is male quæ finxit penitus debent reprobari,
Neve rudes hominum sensus malus imbuat error,
Sunt etiam doctis rare numquamve legenda. »
«Plusieurs écrivains ont composé d’autres opuscules ;
et, quoiqu'ils soient inconnus, — car ils ne mettent
leur nom nulle part, — on doit noter avec soin ce
qu'ils ont dit de bien; mais on doit réprouver tout à
fait les fictions de cet anonyme, de peur que ses
erreurs ne séduisent les esprits grossiers ; et les doctes
mêmes doivent ne les lire jamais ou que très rare-
ment. » — Les opuscules anonymes dont parle ici
Pierre le Scolastique nous paraissent les divers livres
des miracles de saint Martial : par exemple, celui que
les Bollandistes ont publié comme étant du 1x° siècle,
et que nous avons trouvé manuscrit, avec quelques
variantes, à la Bibliothèque impériale (1). On doit
étudier ces opuscules, quoiqu’ils soient écrits par des
auteurs inconnus : la réprobation ne les atteint pas :
elle ne doit frapper que l'écrivain anonyme du « petit
livre ».
« Sed quæ proposuit miracula sunt retinenda :
Testis enim verax ipsi narraverat illa. »
«Cependant il faut conserver lesouvenir des miracles
qu'il rapporte : car des témoins dignes de foi les lui
(1) Hss lat., ancien fonds, ne 2768 (4), fol. 81-90.
MÉMOIRES. 457
avaient racontés. » — Pour bien comprendre le sens de
ces paroles, il faut savoir que l’ancienne légende de
saint Martial se compose de deux parties : la première,
qui renferme un récit court et substantiel de la Vie du
saint; la seconde, où sont rapportés les plus anciens
miracles opérés à son tombeau. « Proscrivez cette Wie
conservez ces miracles! » avait dit Pierre le Scolas-
tique : cette recommandation a été si bien suivie
qu’on ne trouve plus d'exemplaires de la première
partie du « petit livre », tandis que la seconde se
trouve fréquemment, et a été publiée par les Bollan-
distes sous ce titre : Antiquiora aliquot_ {miracula)
Palrata ad sepulcrum (1). Avant eux, le P. Bonaventure
avait trouvé et mis à profit un manuscrit de ces
anciens miracles, et son Contemporain le chanoine
Collin disait : « La Providence divine m'a fait ren-
contrer quantité d'anciens lambeaux d'un vieux ma-
nuscrit in-folio, parmi lesquels j'ai trouvé {a fin de la
Vie de saint Martial, dont le temps a consommé le
commencement, et un cayer de ces miracles que je
désirois de voir avec tant de passion. Ces lambeaux
paroïssent avoir été écrits il y a plus de huit cents
ans (2) ». Était-ce le temps qui avait déchiré la Vie
de saint Martial qui précédait ces miracles ? N'étaiert-
ce pas plutôt les disciples de Pierre le Scolastique ?
Les Bollandistes qui ont publié la seconde partie de ce
livre n'avaient pas trouvé non plus la première partie :
On voit que C'était un parti pris de déchirer cette
ancienne Vie, si injurieuse à saint Martial.
(1) Acta S5., T. V junii, PS5.
(2) Vie des Suints du Limousin, p. 252.
158 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« Nec tamen antiquo curavit credere libro,
Vulgari famæ tribuens ca quæ referebat. »
Ce qui étonnait Pierre le Scolastique, c'est que cet
écrivain anonyme, au lieu de s'appuyer sur le témoi-
gnage d'Aurélien, ne citait le témoignage d'aucun
ancien livre, mais attribuait à la tradition populaire
ce qu'il rapportait.
C'est là, en effet, ce qui caractérise les anciens
Actes de saint Martial, et ce qui prouve leur antiquité.
L'écrivain anonyme dont ils sont l'ouvrage n'avait
garde de citer le faux Aurélien, qui n’est venu
qu'après lui. Comme il n’y avait alors rien d’écrit sur
saint Martial, excepté peut-être les diptyques de
l'Église de Limoges où figurait le nom des évêques les
plus célèbres, cet écrivain avait consulté la tradition,
et avait composé son récit d'après les souvenirs tradi-
tionnels. Voilà pourquoi, en parlant de la résurrection
d’un compagnon de saint Martial, il s'exprime ainsi :
«Cequi arriva, comme l’atteste la renommée populaire (1) »;
de même, en parlant du martyre de sainte Valérie, il
s'exprime en ces termes : « Et elle fut mise à mort,
dit-on, par son fiancé, encore païen (2) ».
« Magnaque vix tangens, contendit condere lumen. »
«Il effleure à peine les traits principaux de la Viede
saint Martial, et il s'efforce d’enfouir cette lumière. »
— C'est là le reproche capital que Pierre le Scolastique
adresse à l'écrivain anonyme. On voit que tous les
{1) « Quod factum est, ut vulgi fuma testatur. »
(2) «Et postea, ut Jertur, a spon$0 suo, adhuc gentili, inte-
rempta fuit. »
MÉMOIRES. 159
griefs dont il se plaint sont autant de traits distinctifs
qui caractérisent l’œuvre, et ne laissent aucun doute
sur l'identité et l'antiquité de cette pièce importante,
que nous avons eu l’heureuse chance de retrouver
après huit siècles d’oubli.
Toutefois nous n'avons pas l'espoir de publier ces
anciens Actes dans leur intégrité primitive’, car le
seul et unique manuscrit que nous ayons pu trouver
offre de nombreuses et regrettables lacunes. En annon-
cant, dans le journal l’Univers, la découverte de cette
ancienne Vie de saint Martial, nous ajoutions :
« Malheureusement le copiste du x‘ siècle, qui ne
savait pas le latin, a fait d'énormes fautes d'orthographe,
qui rendent certaines phrases inintelligibles; de pius,
il a fait un mélange de divers feuillets qui augmente
encore la confusion du texte. Qu'on s'imagine une
inscription antique que l’on trouve en fragments : il
s'agit de rapprocher ces débris épars, de les rajuster,
et de combler les lacunes : c’est un travail de ce genre
qu'il nous faudra entreprendre pour restituer ce texte
ancien dans sa primitive intégrité. Et, malgré nos
recherches, nous n'avons pu trouver que ce seul
exemplaire de l’ancienne Vie de saint Martial, quoique
la Bibliothèque impériale possède plus de vingt exem-
plaires de la lécende d’Aurélien (1) ».
Il nous a été facile de combler les lacunes de la
seconde partie de cette légende (relative aux anciens
miracles operés au tombeau de saint Martial) à l’aide de
l’Opuscule des anciens miracles publié par les Bollandistes
au tome cinquième de juin, opuscule, qui n'est autre
(1) Univers , 14 septembre 1855.
160 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
chose que la seconde partie des anciens Actes; quant
à la première partie, nous avons comblé une lacune
importante à l'aide de la légende du faux Aurélien,
qui paraît avoir copié ce passage du « petit livre ».
Plusieurs phrases, dans cette partie, restent mutilées :
quelques autres sont à peu près inintelligibles. Nous
avons indiqué par des points ces mutilations et ces
lacunes, laissant au lecteur intelligent le soin d'y
suppléer.
Mais le point capital, nous dira-t-on, c’est d’as-
signer la date de cette ancienne Vie de saint Martial;
c'est d'en établir l’antiquité, et surtout l’antériorité à
Grégoire de Tours. — C'est là justement ce que nous
allons faire.
4e Ce qui montre tout d'abord l'antiquité de la
légende anonyme de saint Martial, c’est qu’elle est
antérieure à la légende apocryphe du faux Aurélien.
Dès le commencement du xr° siècle, c'était là un fait
reconnu par quelques érudits, et Benoît de Cluse
soutenait avec raison contre le fougueux Adémar que
l’ancienne Vie de saint Martial, que l’on croyait per-
due, était antérieure à la légende d'Aurélien, chau-
dement patronée par son antagoniste. Il suffit, en
effet, de parcourir cette ancienne Vie pour se Con-
vaincre, au premier coup d'œil, qu’elle a été composée
d’après la tradition, alors qu'il n’y avait rien d'écrit
sur saint Martial, comme on le voit par ces paroles
du texte, à propos de la mort d'Austriclinien : « Ce qui
arriva, comme l’atteste la renommée populaire : —
quod factum est, ul vulgi fama testatur ». — « Et ensuite,
comme on le rapporte, Valérie fut mise à mort par son
fiancé, encore païen : — el posteu, ut fertur, (Valeria)
MÉMOIRES. 161
a sponso suo , adhuc gentili , interempta fuit. » C’est pour-
quoi Pierre le Scolastique avait remarqué avec un
certain étonnement que l’auteur anonyme de la petite
légende ne s'appuyait sur l'autorité d'aucun auteur
ancien, mais attribuait à la tradition populaire les faits
-qu'il racontait :
« Nec tamen antiquo curavit credere libro,
Vulgari famæ tribuens ea quæ referebat ».
Cela ne nous montre-t-il pas que les Actes de saint
Martial n'étaient pas encore écrits alors que cet auteur
anonyme entreprit de les rédiger? — Du reste, il est
incontestable que ces anciens Actes ont servi de fond et
de canevas, pour ainsi dire, aux broderies légendaires du
faux Aurélien. Pour peu qu’on prenne la peine de
comparer les deux pièces, on verra que ce n’est pas
cet auteur anonyme qui a puisé ce qu'il a dit d’exact
dans les écrits de l’évêque Aurélien, comme Pierre le
Scolastique l'en accuse, mais que c’est, au contraire,
le faux Aurélien qui à puisé dans l’auteur anonyme
le fond de son thème , qu'il a embelli en y ajoutant
d’autres traditions populaires et des détails d'imagi-
nation. D'ailleurs, en thèse générale, les Actes courts
sont toujours lés plus anciens, et c’est une remarque
judicieuse de Tillemont « que ces sortes d'ouvrages
vont plutôt en augmentant qu’en diminuant, comme
on le voit par expérience (1) ».
Or la légende d’Aurélien a été écrite au plus tard
dans la seconde moitié du vi‘ siècle, comme le prouvent
les vers que Fortunat a composés sur cette légende,
(1) TILLEMONT, Mémoires, T. II, p. 551.
I. 41
162 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vers dont nous avons établi et dont nous maintenons
l'authenticité, malgré les dires de MM. Bourassé,
Quicherat et d'Ozouville; et, comme la légende ano-
nyme de saint Martial est antérieure à la légende
d’Aurélien, il suit clairement qu’elle date ou de la
première moitié du vi‘ siècle, ou même de la seconde
moitié du v° siècle.
20 Mais ce n’est pas le seul argument que nous ayons
à présenter pour établir l'antiquité de la légende
anonyme de saint Martial : nous pouvons donner à
cette légende une date antérieure au vur° siècle en
nous appuyant de l'autorité des Bollandistes, qui,
sans s’en douter, nous ont donné sur ce point leur
opinion motivée.
Les Bollandistes ont publié, au tome V de juin, trois
opuscules des miracles de saint Martial, réunis dans
le même manuscrit, mais rédigés à trois époques
différentes. Or le premier de ces opuscules auquel
ils ont donné ce titre : $ 1. Quelques miracles plus
anciens opérés au sépulcre (1), n’est autre chose que la
seconde moitié de la légende anonyme desaint Martial,
où sont relatés les plus anciens miracles qui se firent
à son tombeau. C'est à l’aide de ce premier opuscule,
publié par les Bollandistes, que nous avons pu réparer
les lacunes et les défectuosités de la seconde partie de
notre manuscrit. Les deux opuscules suivants, aux-
quels les Bollandistes ont donné ce titre : Miracles écrits
aux vri®, vire et 1x° siècles (2), renferment le récit de
(1) « Antiquiora aliquot (miracula) patrata ad sepulerum. »
(Acta Ss., T. V junii, p. 558.)
(2) « Miracula sæculo vit, vin, 1x scripla ». (Ibid., p. 554.)
: MÉMOIRES. 163
miracles opérés depuis le commencement du vri° siècle
jusqu’en 855, et le premier miracle qu'on y raconte se
rattache à l'élection desaint Loup, évêque de Limoges,
qui eut lieu sous Clotaire, en 614. Le P. Papebroch,
dans son manuscrit, avait trouvé ces trois opuscules
réunis sous le même titre; mais, ayant remarqué la
conclusion qui termine le premier opuscule et le pré-
ambule qui commence le second, il avait conjecturé
que ces deux parties de son manuscrit n'étaient pas
du même auteur, et que la première avait été écrite
avant la seconde : il avait deviné juste. En effet, en
faisant des recherches à la Bibliothèque impériale, nous
avons trouvé, dans le manuscrit2768 À, fol. 81, ce se-
cond opuscule, détaché du premier, et transcrit séparé-
ment. Donc ce premier opuscule, qui n’est autre chose
que la seconde moitié de la légende anonyme de saint
Martial, est antérieur, par la date et par la rédaction,
aux deux opuscules suivants, écrits, d’après les
Bollandistes , de 61% à 855; et c'est pourquoi, avant de
savoir que cetopuscule n’est qu'une moitié de l’ancienne
légende, nous avions dit qu'il « nous paraissait avoir
été écrit au vi* siècle (1) ». Donc la légende anonyme
de saint Martial , dont ce premier opuscule n’est qu’un
extrait, est antérieure à l’an 614, etle vi: siècle est la
date la plus récente qu’on puisse lui assigner.
3° Du reste, en étudiant les caractères intrinsèques
de cette légende, on ne peut s'empêcher de reconnaître
qu’elle ressemble parfaitement aux légendes de cette
époque, et notamment à celles que Fortunat et Gré-
goire de Tours nous ont laissées. Le prologue, dont le
(1) Dissertation sur l'apostolat de saint Martial, p. 57, note.
464 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
style accuse l’âge de transition de la période romaine
à celle du moyén âge, est dans le genre des prologues
de ce temps-là ; la conclusion est dans les mêmes
termes que plusieurs légendes de Fortunat et de
Grégoire de Tours (4); puis, dans le récit des miracles
opérés au tombeau de saint Martial, les formules qui
servent de transition d'un miracle à l’autre ressemblent
exactement à celles qu'emploient ces deux écrivains,
comme on peut s'en convaincre en vérifiant les cita-
tions que nous faisons à la fin de chacune de ces for-
mules : — Nec eliam quod operæ pretium occurrit
omittendum est (2); — Adjiciendum est etiam et illud quod
per eumdem Dominus operalus est (3); — Jungatur operti
quod præsens testatur auctoritas (h); — Addatur et illud
quod potest adjungi mysteriis (5). — De plus, on y
trouvedes expressions particulières à l’époque romaine:
par exemple, pour désigner les reliques de saint Mar-
tial, l’auteur anonyme se sert de ces termes : Beati viri
memoria : — c'est l'expression employée fréquemment
par saint Augustin pour désigner les reliques de saint
Étienne (6).
(1) FORTUNAT, Légendes de saint Hilaire de Poitiers et de saint
Albin. (Patrolog., T.LXXX VII, Col. 448, 486.) — GRÉGOIRE DE
Tours, Historia septem Dormientium , édit. Ruinart, p. 1282.
(2) FORTUNAT, Patrolog., T. LXXX VIII, col. 461, 462, 469,
483, 484, 538, 546, 558. — GRÉG. DE TOURS, éd. Ruinart, 1289,
1299.
(3) FORTUNAT, id, CO]. 557. — GRÉG. DE Tours, 24id, 1297.
(4) FORTUNAT,, #id., col. 509, 553, 557, 558.
(5) « Adjiciatur operi res adjecta mysteriis. » (GRÉG. DE
TOURS, ibid. , 1290.) — FORTUNAT, #id., Col. 558.
(6) De Civilate Dei, lib. XXII, cap. VIN, $ 10, 11, 12, 15,
17,19,etc.
MÉMOIRES. 165
4° Cette légende anonyme est donc du vi‘ siècle : elle
est même antérieure à Grégoire de Tours ; car elle est
la source où cet historien a puisé le récit de trois
miracles qu’il raconte dans son Livre des Confesseurs
après les quelques mots qu'il a consacrés à saint
Martial.
Et qu'on ne dise pas que le récit de cestrois miracles
a été pris par l’auteur anonyme dans Grégoire de
Tours; car il est bien plus,naturel de penser que les
vies des saints et leurs miracles ont été écrits dans les
lieux mêmes où ils avaient vécu, et où ces miracles
s'étaient opérés. Grégoire de Tours, qui n’avait pas la
science infuse, s’aidait, pour composer ses traités et ses
divers recueils, des légendes des saints rédigées sur
les lieux mêmes où ils s'étaient sanctifiés : c’est ainsi
qu'il a abrégé les Actes de saint Saturnin de Toulouse,
de saint Ursin de Bourges, de saint Privat de Mende,
composés d’après la tradition orale dans les diocèses
respectifs de ces saints évêques. Et Grégoire de Tours
n’a pu parler de saint Martial que d’après les Actes
rédigés en Limousin, c'est-à-dire d’après cette légende
anonyme où sont rapportés les plus anciens miracles
de saint Martial.
— Mais, s’il a connu cette légende anonyme, com-
ment n’a-t-il pas dit ce qu’on trouve dans cette légende
sur la mission que saint Martial tenait de saint Pierre ?
— Nous avons constaté, sur ce point, les contradic-
tions et l'incertitude de Grégoire de Tours. Induit en
erreur par la lecture comparée de deux légendes qui
ne s'accordent pas, celles de saint Saturnin de Toulouse
et de saint Ursin de Bourges, il dit, d’une part, que
les sept évêques ont été envoyés sous l’empire de Dèce ;
166 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et, d'autre part, il fait envoyer par les disciples des
apôtres saint Saturnin, un de ces sept évêques, saint
Ursin, un de leurs disciples, et il attribue à saint Clé-
ment, disciple des apôtres , la mission de saint Eutrope
de Saintes. Quant à saint Martial, après avoir dit, dans
son Histoire des Francs, qu'il avait été envoyé sous
l’empire de Dèce, il dit simplememt, dansson Livre des
Confesseurs, qu'il fut envoyé par les évêques de Rome.
Quels évêques? il n’en sait rien. Et pourtant, la pre-
mière année de l'empire de Dèce, l’évêque de Rome
était saint Fabien. Pourquoi ne pas le dire s'il était
sûr de son fait? Sans doute pour n'être pas trop en
contradiction avec iui-même: il aime mieux laisser la
question dans le vague. Mais n’était-ce pas faire l'aveu
de sa méprise ou de son ignorance? — Il ajoute d’ail-
leurs que saint Martial était venu d'Orient avec ses
deux compagnons : cette donnée, conforme à la tradi-
tion consignée dans la légende du faux Aurélien, ne
convient-elle pas mieux au re" siècle qu’au 111° ? Est-ce
au r* ou au zu Siècle que l'Orient envoyait des disci-
ples de Jésus-Christ dans l'univers?
La légende anonyme de saint Martial est donc
l'expression la plus ancienne, la plus authentique, de
la tradition locale sur l’époque de la mission de l’apôtre
de l’Aquitaine. Or cette légende dit que saint Martial
a été envoyé, non pas par le siége de Rome, mais
personnellement par saint Pierre, dont elle cite les
actions et les paroles à cette occasion. Donc ou l'his-
toire ne doit rien dire sur la date de l’apostolat de
saint Martial, ou elle doit dire que, selon la tradition
locale, antérieure à tout autre récit, saint Martial à
été envoyé par saint Pierre lui-même.
MÉMOIRES. 167
Nous allons publier cette lésende anonyme, malgré
les défectuosités et les lacunes de notre manuscrit :
nous indiquerons par un simple crochet, dans la
première partie, les mots que nous avons corrigés
nous-même, et, dans la seconde partie, ceux que les
Bollandistes ont suppléés. Puis nous signalerons par
un double crochet, dans la première partie, les lacunes
que nous avons comblées à l’aide de la légende d'Auré-
lien , et, dans la seconde partie, celles que nous avons
comblées à l’aide du manuscrit des Bollandistes. |
[VITA SANCGTI MARTIALIS,
EPISCOPI LEMOVICENSIS (1). ]
[PROLOGUS. |
Quicunque sanctorum beatissimas actiones Cupit propriis
sermonibus explere consideret vires, ne, tanto pressus
pondere (2) quod suscepit, fatiscat ingenio : ille tamen his
rebus debet astare, quem et facundiæ (3) vigor attollit, et
fâcultatis sermo non deficit : ergo, quia hujus confessoris (4)
cujus nomen tituli (5) denuntiavit principium actionum
seriem nitor exerere, vereor ne magis floccipendend{[us] magis
14) I y a dans le manuserit pour tie : « Incipiunt miracula sti Martialis ».
{Biautor. mmeéauace, n° 3851- A , fol. 30-55 , caractères du x° siècle.)
(#) Mss : « Tantum pressus in pondere ».
15) Mss : « Fecundiæ ».
(4) Le mot » été mal elfacé , et au-dessus on a écrit : «€ Apostolis ».
(>) Mss : « Momentieuli »..
168 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sit ser[mo|, potius quam paginali conloquio admittend{us] ; et,
licet nonnulli doctissimorum, virifbujs et afcie] ferventes
ingeni[i], quibus et doctrinæ norma favet, quibus suppctit et
philosop{hia], adpetit ordo, recurrit rhetoric{a], [tam solerter
scribant] ut actiones (1) pene æquiparent dictiones; cum
cϾperi[m] ad tale venire propositum , exempl{i] eorum tepescit
AUCHOPITA[S NS) een. cLue lusloreiete Lie sr be secte AD ARE
phaleratis non valeo verbis expl[ere] quod cupio, saltem ut qui
voluerit hujus textufs] repetere dicciones inchoatas (3) rei
ma[læ] peritissimum deducat stylum.
[VITA iNCxpIT. |
1. Igitur, dum adhuc, apud provincias Galliarum, plurimæ
civitates diversorum rituum cCultibus præpollerent, inter
quas erat tunc temporis Lemovica civitas, diversorum numi-—
nibus referta cultuum atque errorum cerimoniis , in tantum
ut nullus eorum nomen Domini noverit invocare, nec beatis—
simi salutaris gratia consecratus, divinis vacaret mysteriis ;
eodem tempore quo beatissimo Pe[tro] romana Ecclesia
gubernandi pontificio fuerat commendata, cui et populo sito
in u{ni}versis urbibus sublimis cathedræ ac fidei pendebat auta
devotio interesse... (?) pro Christi nomine laborabat ut pro-
vinciæ universæ catholicæ Ecclesiæ disciplinis ac dogmatibus
regerentur. Cognito itaque tanto sacrilegio Gallias subja/{cere],
diversis urbibus (4) misit episcopos quorum doctrinis ad reli-
gionem fidei populus [in] Christi nomline] adquireret{[ur]. Et,
quia in jam dicta civitate maxim{a], ut antiquitas propri[is]
in ædibus auctoritatem adfirmat, nullus rei indicio factus ,
superbia, dominum fate[retur].…. Quæ res , pastorali sollicitu-
dine inquisita, pervenit ad beatissimum Petrum apos-
(4) Mss : « Matrones eciam paene equiperan diceiones. »
(2) Il y a dans le manuscrit ces mots , que nous n'avons pu restituer : « Has ergo quem
tenui vix implem{us] assusurro ».
(3) Mss : « Diccionis incoatam ».
(4) Au-dessus de la ligne : « Consecravit Marcialem ».
ARS
MÉMOIRES. 169
tolum (1), romanæ sublimi fastigio cathedræ sublimatum :
quam rem molestissime ferens, eo quod tanto error/i] deditus
populus subjaceret..….
II. Tunc (2) beatus Petrus Marcialem episcopum dignu[m}
Dofmino] et verum , qui ad hoc adscitatus fuerat ut ad prædi-
candum gentibus mitteretur, ad se vocavit, cui ait : « Frater
sanctissime, magister noster et dominus Jesus Christus,
post sacram ac venerabilem resurrectionem , cum nobis non
per enigmata, sed in eo habitu ac forma qu{am] de matre
adsumpsit, apparuit; hoc noblis] præcipiens, dixit : « Data est
» michi omnis potestas [in cœlo] et in terra : ite, docete
» omnes gentes , baptizantes eos in nomine Patris, et Filii, et
» Spi[ritus sancti], docentes eos servare omnia quæcumque
» mandavi vob[is] ». Quod, beatissime frater, utrlisque] nobis
expedit conservare, ut precepti dominici non simus imme-
mores. Quare age, præstantissime, et meis adquiesce consiliis,
quod fiat ut nostro particeps effic[iaris consortio] : accinge
lumbos tuos, et, absque retractione aliqua, quantocius festi-
nare. [| Ne differas, ut populum qui demoniis noscitur deser—
vire ad veram et integram divini cultus religionem facias
pervenire, ut, amoto erroregentilium |] (3), Christum valeant
confiteri.
» Est namque civitas in provinciis Galliarum [| profano
vacans errori, nomine Lemovix. Hanc cum adjacentibus tibi
Christus Ccommendat, ut tua prædicatione ab ipso subli-
metur |]. Et, quia longa tibi restat via, ne cuncteris meis
parere sermonibus, quibus coronæ tuæ tibi magnum adsumas
bravium. [[Sume tecum duos discipulos, qui et comitatui tuo
intersint, et tibi obsequium præbeant, et coronæ præmium.
non amittant (4). »
(4) A la suite : « Discipulum ».
(2) Ce paragraphe a pour titre : « ALIA MIRACULA ».
(3) Légende d’Aurélien. — Après ces paroles : « Quantocius festinare », on lt dans le
manuscrit : « Req{uijre retro quæ dicas Cbristo valeant confiteri. Et quia Tonga tibi
yestat via ac deic req{ui]re usque hue venias ». Puis vient le 6 4, relatif à sainte
Valérie, le $ 5 , et le récit des deux premiers miracles .
(4) Ce qui est entre deux crochets à été extrait de la légende d'Aurélien, (Bibliuh.
impér., n° 5296, A.)
170 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
[[Nec mora, [beatus] vir Marcialis, adjectis secum duobus
discipulis Austricliano atque Alpiniano, iter quod ei fuerat [a
beato Petro]injunctum arripuit. Et, cum cæpti itineris matu-
ritate viam conficerent, contigit ut beatus Austriclianus,
unus e comitibus, migraret a sæculo in loco qui Else vocatur.
Quo viso, beatissimus Marcialis Romam repedavit, nuncians
beato Petro omnia quæ sibi in via acciderant. Quem ille
percunctatus dixit ad eum : « Quantocius propera, sumpto
bacterio meo in manu tua. Cumque ad locum perveneris quo
fratrem exanimem reliquisti, tange ex ipso defuncti cadaver,
et ego tecum Domino fundam orationem, statimque velut a
somno expergiscetur, et continuo |] comitatui [tuo] inhæ-
rebit. » Quod ita factum est, ut vulgi fama testat[ur]. Quæ
res secundum Evangelii sententiam intelligenda mihi videtur,
dicente Domino discipulis suis : « Si habueritis fidem sicut
granum sinapis, dicetis huic monti : « Transi hinc», et tran-—
sibit. » Quo tacto, membra, quæ calore sanguinis fuerant
viduata, extemplo rediviva redduntur, et lucem, quam ami-
serat moriendo, propriis cœpit luminibus intuer(i]. Ideo
factum quis ambigat, nisi ut beati Petri fides claresceret
imperantis (1), et beatissimus Marcialis his incitaret[ur]
exempl{is], quibus coronaret[ur] et meritis.
IH. Igitur (2) cum, in destinatis diebus, venisset ad urbem
ubi fuerat destinatus, invenit omnem multitudinem populi,
diversorum idolorum cultui (3) [vacantem] : qui instant{er]
verbum Domini cϾpit fidelibus auribus indicare; qui[que] ita
suis pfopulum] convertit alloquiis, ut intra paucorum dierum
spatia nullus fuerit qui non sibi sal[utare] lavacr[um] vel
crucis impression[em] front[i] poposceret; ubi, cum in D{ei]
nomine laboris sui fructum maximæ messis in [nomine)}
Domini Jesu Christi, ex animabus populi, in horrea Congre-
garet; et (4) omnis multitudo gentilis, superstitution[ibus|]
defdita], suis cœpisset obtemperare sermonibus , frequenti
admonitione produx{it] gratiam.
(4) Mss : « Clarescerit imperandum ».
(2) IL y a pour titre : ic Alia XXX ».
(3)$Mss : « Culturiis ».
(4) Mss : « Vel ».
MÉMOIRES. 171
IV. Puella quædam , nomine Valeria (1), nobilior fide qu'am]
non origine natalium, Dofmino] placuit, sed [magis] fide meri-
torum. Quæ cuidam viro sponsali titulo erat consociatura
conjugio : in tantum perhibetur se D{eo] vero assidua frequen-
tatio[ne] ..…. proponefre?] …… ut ad baptismi gratiam, eo
suadente, pervenisset. Et postea, ut fertur (2), pro eo quod
christiana effecta fuisset, et noluisset se disposito conjugio
sociare, à Sponso suo, adhuc gentili, interempta fui[t]. Quæ,
pro amoris gratia dicitur, eo quod vir Dei sanctus Marcialis ,
tam itinere fessus quam labore senioque confectus ,.…. præfata
puella sepulturam quæ suis cineribus fuerat præparata, ut
cum in Dei nomine beatus Marcialis de hac luce migraret
ad Dorminum, concessisse ut ibi beati viri membra tumu-—
larentur..….
V. Quid multa? Imminente jam tempore, eximius vir
migravit ad Dominum. Presbyteri qui cum eo aderant
superstites remanser{[unt] : ac, ubi completi sunt dies, ut et
ipsi migrarent a sæculo, in eodem loco quo beatus [Marcialis]
tumulariam meruit sepulturam et ipsi sepulti sunt.…. (3).
.…… et ita factum ut redeuntibus populis consuetæ orationi
vacare, inventæ sunt separari ab invicem sepulturæ : atque
discrete, ut patefñeret populis, quo tumulo pontifex claude-
ret[ur].
[MIRACULA SANCTI MARCIALIS. |
Igitur beatissimus Marcialis, quibus se virtutibus publica-
verit, ut michi relatio contulit manifesta, huic paginæ
inserendum esse videtur ; quo fiat ut populus miretur atto-
nitus.
(4) Après ec mot vient le récit du sixième miracle (seconde partie; .
(2) Mss : « Et, ut postea fertur ».
(3) il y a là une lacune : Grégoire de Tours, qui rapporte ce miracle , ajoute ces
détails :
« Et unus quidem parieti proximus , alter vero huie contiguns erat. Super Lerranr
tamen utrique stabant : sed non poterat alteri propter illum qui primus erat honor im-
pendi , hoe est non ibi palla expandi poterat , non lumen accendi. Quod cum inevlæ loci
moleste ferrent, quodam mane accedentes ad cryptam , invenerunt sepulera diversis
parielibus esse locata ».( De GLonua coxresson., cap. XXVIL : Ruixanr , col, 917.)
172 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
I. Puella quædam, cum manus officio caruisset, in tantum
ut ungularum transfoderetur palma acumine, sancti Marcialis
sepulcrum expetiit, et, ut sui misereretur, oravit. Quæ, fusis
oracionum precibus, solotenus inhærens pavimentum, res-
pectu divino, pristina manus arida meruit recipere sani-
tatem. Quod miraculum, adstantibus populis qui ad ejus
festivitatem adfluxerant, operatum est.
II. In eadem namque nocte quid ibi miraculi apparuerit
nequaquam silendum putavi. Mutus a nativitate sua, qui
etiam etsi usu linguæ caruerat, tamen corde meditatus est
beati viri memoriam expetere; ubi illico ingressis liminibus,
fusa Domino intra se oratione, rigens lingua dissolvitur ; qui
et colloquium statim meruit et auditum.
III. Nec etiam quod operæ precium occurrit omittendum
est. Solet enim pertinax cervicositas populorum ut aliqua sibi
objecta crimina sacramentis expiare contendat. Nam accidit
ut quidam, cum ecclesiæ fores fuisset ingressus, ut obpo-
situm sibi crimen misera libertate defensare deberet, quo
manifestissimus habebatur, mox rigente lingua, ita os ejus
reseratum est ut nequaquam mendacii sui potuisset exercere
actionem : sed quasi balantem ovium vocem simularet. Adve-
niens autem ad hujus Confessoris tumulum, prostravit se ad
orationem. Ubi, cum diutius jacuisset, tanquam si guttur
ejus aliquis tangeret ei visum est. Qui innuens presbytero
cui ibidem officium agendi fuerat cura commissa, manu
ostendit, ut gutturi ejus signum crucis infigeret. Quo facto,
iterum prostravit se homo ille, vacans orationi. Qui, cum
elevatus fuisset a pavimento, reddito vocis officio, omnia
quæ sibi acciderant proprio populis patefecit eloquio.
IV. Mulier quædam, dum, turpe miseriæ suæ ludibrium,
carnale vicium exerceret, perinventa Cum quo flagitii hujus
causa commixta fuerat, præ facinoris sui verecundia, basi-
licam sancti Marcialis uterque expetiere, ne publice a judi-
cibus disciplinis subderentur addicti; et cum, a custodibus
fugitivo gradu evasissent, et ad sepulcrum beati antistitis
pervenissent, nescientes viam, intra chori claustra reserantur.
Quos non dubium est miseriam suam ibidem pertinaciter
exercere [voluisse]. [Qui] non reserato ostio, non pariete
MÉMOIRES. 173
transfosso, non fenestræ disrupto [[speculo, sed nutu divino
expulsi, in quodam aquæ illuvie, quæ vicina eminus basilicæ
apparebat, redeunte luce frequentantibus populis utrique
reperiuntur stantes , ita ut detecta eorum miseria appareret,
et beatissimi viri virtus ostenderetur in factis.
V. Adjiciendum etiam est et illud quod per eumdem
Dominus operatus est. Mulier quædam, sitis ardore perculsa
nocte, ut sitis incendium temperaret, sine lumine vasculum
in quo aquam hauserat arripuit; et, dum avidissime biberet,
cum haustu aquæ bibit et serpentem : quem diuturno tem-
pore gestans interius, cœpit ægrotare gravissime. Quæ bea-
tissimi viri, ut remedium sibi acquireret, basilicam adiit :
ubi cum se orationi dedisset, commotis visceribus, serpentem
vivum evomuit; quo exempto, sanitatis commoda secum
domum reportavit. d
VI. Jungatur operi quod præsens testatur auctoritas.
Quidam de assistentibus officio (1) ]] basilicæ sancti confes-
soris, nomine Marculfus, instinctu diabolicæ persuasionis
armatus, Cellulam in qua beati viri clauditur [sepul]tura
ingressus, Crucem quæ super sepulcrum, ornamenti causa,
pendebat, extensa [manu], clam furto substraxit. Quæ res,
ut claro miraculo appareret, compita diver[sarum] provin-
ciarum perlustrans, crucem nundinariis protulit, datis
pecuniis venumdandam : sed nullatenus quispiam [eam] ausus
est emere. Qui, dum diuturno tempore vagafretur], huc
atque illuc, nec quidquam sibi prolatæ speciei proficeret
precium, in se reversus, atque conscio pudore perculsus,
crucem insuper et semetipsumæ loco de quo item male blan-
dientis inimici insidia furti conditione substraxerat, post
annum aut eo amplius præsentavit : qui et professione sua
causam sui operis publicavit [et publice satisfaciens, pœni-
tudinem admissi facinoris gessit ].
VII. Adhuc recens virtutum clarescit insigne miraculum.
Contigit ut quidam publicæ manciparetur custodiæ, et
adstrictus catenarum nexibus teneretur. Oppressis somno
custodibus , nocte evasit custodia, et basilicam Sancti Mar-
(4) Extrait du manuscrit des Bollandistes. { Acra Ss., T. V juni.)
174 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
cialis adhuc vinculatus expetiit ; ubi tactis liminibus, sed
tamen reseratis januis, ita vincula sunt comminuta ut
statim absolveretur adstrictus; quæ etiam catena, teste
populo, appensa cernitur pariter et confracta. Simili causa
alter, dum ei ligno colla fuissent constricta, et ad custodiam
carceris duceretur, invocans sanctum Dei servum, illico
lignum. de cervicibus manibusque ejus evulsum est, ut liber
videretur à vinculo qui fuerat fortasse deputatus mortis
eventui.
VII. Dum reliquarum virtutum facerem mentionem, oblata
sunt michi quæ paginis Conscribantur. Cum sæpe se vir Dei
manifestis demonstrarit miraculis, hoc tamen recens testatur
[auctoritas]. Venientes duo, unus à Turonorum civitate,
alter hujus incola regionis, pari vocabulo utrique, nomine
Domoleni, una debilitate membrorum percussi, beatissimi
viri memoriam , adstrictis membris [ita] ut manibus magis
. quam pedibus ambularent, pro restituendis corporis viribus,
expetierunt. [Qui] cœperunt se assidua frequentatione sanctis
inferre liminibus, ‘precantes ut nervorum vénarumque
connexio solveretur. Quorum pro qualitate suæ fidei mem-
brorum debilitas reparatur ; et qui fuerant alienis manibus
vectitati gressu proprio revertuntur à tumulo.
IX. Addatur et illud quod potest ad[[jungi mysteriis.
Cæcus e regione Bituricorum civitatis, pro restituendis sibi
luminibus, duce prævio viæ proficiscens , ad locum usque
delatus est ubi sancti antistitis assidue clarescunt miracula.
Qui, cum sancti confessoris limina fuisset ingressus, bajulans
pro luce tenebras, poposeit se exponi ad viri beatissimi tu-
mulum. Qui, diutissime inhærens pavimento, lucem quam
amiserat sibi reddi precibus postulavit. Cumque fletibus
vacaret et gemitibus, ac sanguineis lacrymis genæ essent
infusæ, cessantibus guttis, omne quidquid noxium fuerat
mundatur ab oculis, et lux cæco redditur cui fuerant dies
longo tempore pro noctibus æstimati; et qui alieno ducatu ad
sepulerum beati viri fuerat introductus gressu proprio est
reversus ad patriam.
Quantum de virtutibus beatissimi confessoris a fidelibus Dei
famulis, fama promulgante, meis probavi auribus, ac si non
MÉMOIRES. 175
perito sermone huic paginæ adscribendum putavi, ceterum
aliæ, etsi-occultæ sunt populis, Deo clarescunt; [aliæ]
assiduæ sunt manifeste in purgatione et in reparatione de-
bilium, in sublevatione languentium, ïin diversis donis
omnium sanitatum. Sit ergo communis oratio, ut cum in
futuro examine, agni ab hædis, justi [ab injustis] suprema
sorte distabunt, ipse perpurgand{is] criminum maculis as-
sistat, ut, ipso patrocinante, de sinistra trausire valeamus ad
dexteram, præstante D. N. Jesu Christo, qui vivit et regnat
per omnia sæcula sæculorum. Amen ]] (1).
(Nous donnons , à la fin de ce volume, un fac-simile du
manuscrit de l’ancienne vie de saint Martial.)
” ARTICLE SECOND.
HYMNE DE SAINT DENIS,
PAR EUGÈNE DE TOLÈDE (650).
Nous avons découvert, à la Bibliothèque impériale,
dans un manuscrit du 1x° siècle, une hymne en
l'honneur de saint Denis composée par Eugène, évé-
que de Tolède, qui florissait au milieu du vrr:' siècle,
et à qui saint Hildefonse attribue un livre de poésies.
Non-seulement cette pièce fait remonter au pape saint
Clément la mission de saint Denis de Paris, mais
encore elle le confond avec l’Aréopagite. Si cette pièce
est authentique , c’est le plus ancien monument connu
(1) Lacune comblée à l’aide du mss des Bollandistes (Acra Ss., T. V junii , p. 533.)
4176 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dans lequel se trouve cette tradition de l’aréopagi-
tisme si communément reçue du 1x° au xvi' siècle.
Cette hymne a été oubliée dans les éditions les plus
complètes et les plus récentes du poète espagnol, où
elle devrait figurer toutefois, ne füt-ce qu'à titre de
renseignement. Ainsi l'éditeur anonyme qui a publié
les œuvres d’Eugène de Tolède dans la Patrologie de
l'abbé Migne (T. LXXXVII, p. 347) n’a fait que citer
dix vers de cette hymne, qu’il a tirés d’une disserta-
tion de Noël Alexandre, et il dit dans une note (#bid.,
col. 402) qu'il a fait d’inutiles efforts pour trouver
un ouvrage de Hugues Ménard où il suppose que
cette pièce a été publiée.
Hugues Ménard, dans sa Diatribe, qui parut en 4643,
ne cite que les dix vers rapportés par Noël Alexandre ;
mais, dix ans auparavant, Pierre Halloix, dans sa
Vie de saint Denis (1), avait publié cette hymne; en
4642, Gerson, dans sa Sainte Apologie (2), en citait les
six premières strophes, et, l’année suivante (1643),
Doublet, dans son Histoire chronologique de saint Denis
lV’'Aréopagite (3), en citait une strophe de plus. Ces
ouvrages étant de la plus grande rareté, nous croyons
devoir publier cette hymne d’après le manuscrit de la
Bibliothèque impériale, peint au 1x° siècle, où elle
porte le nom du poète espagnol.
Cette hymne est-elle authentique? Est-elle d'Eugène
de Tolède?
(1) VitaS. Dionysii, C. XXI, not. H. (Opera S. Dionysii, edit.
BALTHASAR CORDIER, 1734, T. Il, p. 353.)
(2) Sainte Apologie pour saint Denis Arcopagite, ete., p. 61.
(3) Histoire chronologique, ete., p. 20, 21.
MÉMOIRES. 177
4° Hilduin, abbé de Saint-Denis, dans ses Aréopagi-
tiques, qu’il écrivit l’an 835, appuie son opinion sur
cette hymne de saint Denis, qu'il dit être de saint
Eugène de Tolède (1).
2° Le manuscrit 2832 de la Bibliothèque impériale
{ancien fonds latin), peint au 1x° siècle, renferme cette
hymne avec cette épigraphe : Ymnus Eugenit episcopi de
sancto Dionisio.
3° Deux manuscrits très-anciens de Saint-Germain-
des-Prés et de Saint-Père de Chartres avaient cette
épigraphe en tête de cette pièce : Hymnus Eugenii
Toletani episcopi de sancto Dionysio compositus rhythmice (2).
&° Cette hymne se trouvait encore sous le nom d’Eu-
gène de Tolède dans le manuscrit du monastère de
Saint-Denis, d’où l’a tirée Pierre Halloix (3). Doublet
ajoute que ce manuscrit, peint en lettres d’or, était
un présent de Louis le Débonnaire (4).
. (1) « Nec mirari quis poterit cum hymnum S. Eugenii Tole-
tani de B. Dionysio habeamus, etc. » (Patrolog., T. CVII,
p. 17.)
(2) « Confirmatur ex duobus antiquissimis codicibus mss.
monasterii S. Germani a Pratis et S. Petri in Valle apud Car-
nutes in quibus (ut missum faciam codicem ms. monasterii
S. Dionysii) post Hilduini Areopagitica hic hbymnus habetur
sub hac epigraphe : Aymnus Eugenii Toletani episcopi de S. Dio-
nysio compositus rhythmice.» — (HUGUES MÉNARD, Diatriba, etc.
p. 190.)
(3) «Istum hymnum depromptum e sacro Dionysianii cœæno-
bi armario hic proferimus. » (Opera S. Dionysii, edit. 1734,
T. II, p. 353.)
(4) Histoire chronologique, ete, p. 20. — « In tam insignis
operæ prisco admodum codice ms. conservatur sub ejus ins-
criptione gloriosa. » (7bid., p. 21.)
II. 12
24
178 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
5° Une Vie de saint Eugène, évêque de Tolède
et martyr, moins connu par l’histoire que par Îles
légendes, d’après lesquelles il aurait été disciple de
saint Denis l’Aréopagite; — cette Vie, qu'on trouvait
dans un manuscrit de Reims, attribuait à ce saint
l'hymne de saint Denis, dont elle cite les deux premiers
VETS :
« Celi cives, applaudite
Mundi jocundo lumini; »
. . -
et de plus la pièce qui commence par ces deux vers :
« Rex Deus, immensi quo constat machina mundi,
Quod miser Eugenius posco, tu perfice clemens, etc. (1).»
L'auteur de cette légende a maladroitement con-
fondu saint Eugène martyr avec l’évêque du même
nom et du même siége qui florissait au vu‘ siècle, et
qui à fait diverses poésies. Malgré cette confusion, le
P. Sirmond a inséré cette dernière pièce parmi les
œuvres d’'Eugène de Tolède. Le savant jésuite, ennemi
déclaré de l’aréopagitisme, n'avait garde d'y insérer
l'hymne sur saint Denis, qui condamnait son système :
cependant elle aurait dû y figurer à plus de titres que
l’autre.
En effet, il nous semble que, sur l’autorité de l’abbé
Hilduin et de tous ces manuscrits, il n'y a pas lieu
de la rejeter comme apocryphe. D'ailleurs on peut ne
pas admettre l’aréopagitisme, et reconnaître toutefois
que c'était l’opinion d'Eugène de Tolède. Voici cette
pièce, qui devra figurer dans la prochaine édition du
poète espagnol. Nous la donnons d’après le manuscrit
(1) HUGUES MÉNARD, Diatriba, ete, p. 189, 190.
MÉMOIRES. 179
2832 de la Bibliothèque impériale, où elle se trouve
après le Martyrologe de Wandalbert :
YMNUS EUGENII EPISCOPI
DE SANCTO DIONISIO.
Celi cives, applaudite
Mundi jocundo lumini,
Quo inlustratur celitus
Hujus diei gracia.
Precelsa fides martyris
Sacrique vita antistitis
Dionisii nobilis
Hodie palmam suscepit.
Areopago Athene (1)
Regis sumpsit diadema
Celestis, gemmam fulgidam,
Dionisium sophistam.
Paulo docente, speculum
Habet fides fidelium,
Et spiculum gentilitas
Quem, ante, murum noverat.
Miro clarescens dogmate
Inluminavit Greciam,
Et inclitus hinec pontifex
Urbem Romanam adiit.
(4) Halloix et Gerson ont lu: « Areopago Ecclesia » ; Doublet et Hugues Ménard
disent , comme notre manuscrit: « Areopago Athene ».
180
Clemente Rome presule
Jubente, venit Galliam,
Cui jubar solis splendidi
Inluxit signis, famine (1).
Tandem, repulso demone,
Constructo sacro opere,
Penis affectus maximis,
Cesa cervice celum petit (2).
Ave, pater, Scandens polum,
Ave, pie, visens solum,
Annua festi munera
Tua sacrans presencia.
Offer, sacerdos optime,
Gemitus nostros et preces ;
Firma fidem, martyr Dei,
Moresque nostros corrige.
Ope guberna fragiles
In mundi hujus pelago,
Atque exutos corpore
Pie, benignus, suscipe.
Quo sine fine gloriam
Deo Patri cum Filio,
Una cum sancto Spiritu,
Tecum canamus perpetim.
(4) Halloix , Doublet et Gerson ont lu : « Iluxit signis, famine »
CONGRÈS SCIENTIKIQUE DE FRANCE.
. Le manuscrit de
la Bibliothèque impériale dit : « Inluxit signis, Lumine ». Nous avons préféré la lecon
précédente.
(2) Halloix a lu : « Cesa cervice cœlum adit », La lecon de Doublet est conforme à la
nôtre,
MÉMOIRES. 181
ARTICLE TROISIÈME.
VIE DE SAINT AUSTREMOINE,
PAR SAINT PRIEST , ÉVÊQUE DE CLERMONT (670).
Saint Priest, évêque de Clermont, mort en 674,
écrivit la légende de plusieurs saints d'Auvergne, et
notamment celle de saint Austremoine, premier évê-
que de cette province. C’est ce que déclare expressément
l’ancien auteur de sa Vie, publiée par Surius (1).
D’après cette donnée, nous avions conjecturé (2) que
la lécende de saint Austremoine, publiée par le P.
Labbe (3) d'après un manuscrit du monastère de Lérins,
devait être l'ouvrage de saint Priest : nous ne nous
trompions point. Nous avons trouvé cette légende à
la Bibliothèque impériale, dans le manuscrit 5365, fol.
MT, avec ce titre : Incipit prologus sancti Prejecti in
passione sancti Austremonii. Seulement la légende publiée
par le P. Labbe n’a pas de titre, et elle renferme, par
intervalles, une espèce de traduction en vers : on ne
voit pas dans notre manuscrit ces vers intercalés, qui
ont dû être ajoutés à une époque postérieure.
Cette légende de saint Austremoine, composée au
vu: siècle par saint Priest, fait remonter à saint Pierre
la mission de saint Gatien de Tours, de saint Tro-
(1) Vita S. Prejecti, apud Surium, 25 januar., edit. 1617,
T.I, p.418. — Dissertation sur l'apostolat , etc., p. 67, note 2.
(2) Dissertation, etc., p. 68.
(3) Nova Bibl. mss. libr., T. 11, p. 482.
182 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
phime d'Arles, de saint Paul de Narbonne, de saint
Saturnin de Toulouse, de saint Martial de Limoges et
de saint Austremoine d'Auvergne, à qui elle donne
le titre de disciple de saint Pierre et de martyr.
Et ce qui confirme que cette légende à été composée
au vir' siècle, c’est que, dans les siècles suivants, au
vue et au x*, on trouve ces titres de « disciple de saint
Pierre » et de « martyr » donnés à saint Austremoine.
Ainsi Lamfred, contemporain de Pépin, dans son
Histoire manuscrite de l’abbaye de Mauzac (1); ainsi la
légende de saint Genou, écrite, d’après Lelong, vers
le milieu du x siècle, donnent à saint Austremoine les
titres de martyr et de disciple de saint Pierre (2) . or
ces titres n’ont dû être puisés que dans la légende du
premier évêque d'Auvergne, écrite au vi‘ siècle par
saint Priest. Nous ne citerons que le commencement de
cette légende, laissant aux savants de Clermont le soin
de la publier tout entière.
INCIPIT PROLOGUS SANCTI PREJECTI IN PASSIONE
SANCTI AUSTREMONII.
Post gloriosam igitur Domini nostri ascensionem, postque
sancti Spiritus adventum, beatissimus princeps apostolorum
Petrus, qui vicem Christi inter eos felicissime gerere videbatur,
advocans ipsos sanctissimos discipulos, humili preceptione et
dulci jussione ut, preceptorum Domini memores, non fierent
segnes obauditores, imperavit, et binos ad prædicandum ,
prout Dominus eis jusserat, destinavit, et sua omniumque
apostolorum benedictione roboravit, et pontificali honore
sublimavit : quorum videlicet virorum illustrium, qui sin-—
(1) Apud Bonaventure de Saint-Amable, T. I, p.446.
(2) ActaSs.,T. II januar., p. 94. — Dissertation, p. 69.
MÉMOIRES. 183
gulis urbibus fuerant delegandi, hæc fuere nomina : —
Turonis dirigitur Gratianus, Arelato Trophimus, Narbone
Paulus, Tolose Saturninus, Lemovicas Marcialis : Arvernicam
inter eos monarchiam Austremonius inclitus vir post Domi-
num suscepit regendam (1).
ARTICLE QUATRIÈME.
SÉQUENCE DE SAINT MARTIAL (832).
Dans sa Leltre sur l’apostolat de saint Martial,
Adémar rapporte que, pendant sa discussion sur ce
sujet avec Benoît de Cluse, le moine Aïmeric survint,
portant un vieux bréviaire de l’église de Saint-Pierre-
du-Sépulcre, et alors le fougueux défenseur de
Vapostolat montra à son adversaire une vieille sé-
quence, écrite en caractères anciens, dont il lui
signala ce verset: « Cives cœlicolæ ut collegam ; omnis
suum uli apostolum Aquitania. — Les citoyens du ciel
honorent (saint Martial) comme leur collègue; toute
l’Aquitaine le vénère comme son apôtre (2) ».
Cette vieille séquence n’a jamais été publiée. Nous
(1) Bibliothèque impériale, ancien fonds latin, ne 5365,
fol. 117.
(2) « Aimiricus item ad nos iterum intrat eum breviario ve—
tusto Sepulcri..……. Item ostendimus ei annosum rhythmum
sequentialem in eodem volumine veteribus litteris factum :
C'ives celicole ut collegam ; omnis suum uli apostolum Aquitania. »
(Patrolog., T. CXLI, col. 96, 97.)
184 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l’avons découverte dans trois manuscrits de la Biblio-
thèque impériale, dont l’un date du x‘ siècle, et les
deux autres ont été peints au x1° (1). Cette séquence,
qui se trouvait, l’an 1028, dans un vieux bréviaire,
écrile en caractères anciens, nous avait paru, de prime
abord, avoir plus d’un siècle d’antiquité; et, en
effet, nous croyons pouvoir en fixer la date à l’an 832,
époque de la dédicace de la basilique de Saint-Martial,
à laquelle fait allusion le vi verset de cette sé—
quence : « Sic una coeunciu dicuverunt elegans Deo dôue :
— ainsi, dans une assemblée solennelle, on a dédié
ce beau temple au Seigneur ». On remarquera dans
cette séquence un certain mélange de mots grecs :
c'est là le caractère qu'offrent un grand nombre de
pièces du siècle de Charlemagne, et qu'on trouve
notamment dans les poésies de Scot Érigène, qui
écrivait sous Charles le Chauve. C’est un spécimen
assez curieux de la littérature limousine au 1x° siècle.
On remarquera que le titre d'apôtre y est donné à
saint Martial, et on en déduira l'existence, à cette
époque, de la légende du faux Aurélien:
I. Concelebremus sacram hujus diei ewprepiam (2),
II. In qua sunt resoluta pulchri corporis fausta (3) 541
purtu. (4).
III. In (5) pretiosa probi Martialis meta,
(1) Bibliothèque impériale, ancien fonds latin : n° 1240 . fol. 59 (x® siècle); n° 887,
lol. 128-199 ; n° 1119, fol. 194 ( xa° siècle).
(2) Du grec ampérett, beauté.
15) Ms. 1240 : « Fausto ».
(4) Du grec cxÀfpue , dessèchement des os, os desséchés, — Il y a dans les trois
manuscrits le mot « elimata ».
(5) Mss, 887 et 4419 : « Hince ».
MÉMOIRES. 185
IV. Spiritus astra, membra complectuntur arva.
V. Poli vindicarunt sua similia : namque sibi arida.
VI. Simpla wsia (1) bis caesa, stelligera sede ac florigera.
VII. Hinc claret celo animam esse petitam, terris et
tunicam.
VIII. Sic una coeuncia (2) dicaverunt elegans Deo du (3).
IX. Ergo hujus clara sancti solempnia fit ut utra (4)
agmina,
X. Quippe terrestria atque nichilominus colant celestia.
XI. Illa merita decenter alma , haec ob dogmata inelita et
sancta miracula.
XII. Cives celicole ut collegam, omnis suum uti apostolum
Aquitania (5).
XIII. Eia igitur! egregia regio, tollens in excelsa (6),
almas dic odas.
XIV. Quo exstat basileo (1) ecce tibi primas (8)
XV. Cosmum (9) salvans, omnique pressura liberans,
XVI. Ut nobilis pars apostolica (10).
XVII. Unde rogamus te nostrum (11) patriarcham
XVIII. Adeptam quo nobis deferas veniam
XIX. Fungi eterna tecum doëx (12).
Nous essayons de traduire cette séquence :
I. Célébrons<e concert la sainte beauté de ce jour.
(4) Du grec oÙoé , essence , nature.
(2) Mot barbare qui ne se trouve dans aucun lexique : du latin « coeo ».
(3) A@jœ , motgrec , temple. — Ms. 1240 : « Dona » ; ms. 887 : « Docma ».
(4) Ms. 887 : « Ultra agmina ».
{5) Ms. 1240 : « Omnes uti aplm Aquitaniam ».
6) Mss, 887 et 1119 : « Attollens in excelso ».
{
(7) Du grec Bacuelov, maison royale , basilique.
(8) Ms. 4240 : « Hic ce uibi primas »; — Ms. 887 : « Tibi voce primas ».
(9
40)Ms. 1240 : « Ut nobil pras apostolicam ».
11) Ms. 4149£: nostri.
)
)
)
) Du grec XOÜGLOGe
0
1
12) AGË&, motgrec, gloire; ms., doxa.
{
(
{(
186 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
II. Où ont été déliés (1) les ossements sacrés de ce corps
vénérable.
III. Dans cet heureux trépas de saint Martial,
IV. Son âme monte vers les astres, et son corps est confié à
la terre.
V. Le ciel réclame ce qui lui appartient; la terre recoit ce
qui lui ressemble.
VI. L'unité de son être est brisée en deux parts : l’une s'élève
au ciel sur un trône d'étoiles; l’autre reste ici-bas sur un
trône de fleurs.
VII. De là il est manifeste que son âme est aux cieux, et
que la terre ne conserve que sa tunique corporelle.
VII. Ainsi, dans une assemblée solennelle, on a dédié ce
beau temple au Seigneur.
IX. Donc, dans la fête brillante de ce saint, un double
honneur lui est décerné,
X. Et par les habitants du Gel, et par les habitants de la
terre.
XI. Les uns honorent ses mérites; les autres le vénèrent à
cause de ses prédications illustres et de ses miracles sacrés.
XII. Les citoyens du ciel l’honorent comme leur collègue ;
toute l’Aquitaine le vénère comme son apôtre.
XIII. Allons! noble pays, élève bien haut ta voix; chante
des hymnes sacrées.
XIV. Vois dans cette basilique ce pontife, tom primat,
XV. Qui sauve le monde et le délivre de ses angoisses.
XVI. Et toi, noble portion du collége apostolique,
XVII. O notre patriarche, nous te supplions
XVIII. De nous obtenir le pardon de nos fautes,
XIX. Et de nous faire jouir avec toi de la gloire éternelle !
(4) Ce mot « resoluta » indique-t-il la translation des reliques de saint Martial ou le
jour de sa mort?
MÉMOIRES. 187
ARTICLE CINQUIÈME.
SÉQUENCE D'ABBON DE FLEURY SUR SAINT MARTIAL
(x° srÈCLE).
—
Abbon de Fleury, un des savants les plus renom-
més du x° siècle, a composé sur saint Martial une
séquence, c’est-à-dire un petit poème en prose découpé
en versets, dans laquelle il rappelle les plus glo-
rieuses prérogatives de l’apôtre de l'Aquitaine
d’après la légende du faux Aurélien. Mabillon a publié
un fragment de cette séquence, rapporté par Adémar
dans un discours où ce moine de Saint-Martial pro-
digue les plus grands éloges au saint abbé du monas-
tère de Fleury (1). Mais Mabillon n'avait pas remarqué
que ce fragment était une séquence, comme nous
avons eu occasion de le dire en citant ce fragment
dans notre Dissertation (p. 53). Nous avons trouvé
cette prose d’Abbon dans deux manuscrits de la Biblio-
thèque impériale, et nous la publions ici dans la
forme qui lui est propre, c’est-à-dire en la divisant
par versets :
I. Alme Deus, nunc parce tuis, per secula euncta,
II. Qui, celebrantes summi patris annua nunc devote
solempnia ,
(1) MABILLON, Acta Ss. ord. S, Bened., T. VIII, p. 34, n°3. —
Patrolog., T. CXLI, p. 111. — «Ce témoignage d’Abbon en
faveur de saint Martial fut encore cité au second concile de
Limoges. » { Patrolog:, T, CXLIT, col. 1356.)
188 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
HI. Exsolvimus cantica supplices Aypodorica.
IV. Ergo, pariphonista, plectro’ jam jubila, et jubilando
intona ,
V. In hac sacratissima die quam Martialis multa perornat
gloria.
VI. Qui, in cena omnino sat mystica, Christo fuit conviva,
celestis panis sumens reliquias ;
VII. Et cum discipulorum vestigia, surgens, tersit postea ,
prebuit letus hic linteamina ;
VIII, Nec unquam refugit sacra contubernia, absque Thoma,
piorum upus ex caterva timida ;
IX. Quin immo, cum Christus peteret celestia, benedici
meruit inter astantium agmina ;
X. Nec choros laudantium sprevit; sed, cum eisdem,
Sancti Spiritus tunc suscepit charismata
XI. Et linguas multifidas : quibus tandem subnixus, Petro
comite, pervenit Antiochiam,
XII. Ac dehinc urbem permaximam Romuleaïn ;
XIII. Qua derelicta , pertransivit ad Galliam ,
XIV. Cujus clara et nobilis provincia Aquitania , et magna,
XV. In qua vernat Lemovica, urbs inclita, rerum copia
fecunda.
XVI. Ad hancigitur perveniens, verendus pontifex suscepit
tuendam,
XVII. Et provincie fit totius tandem apostolus per cuncta
secula.
XVIII. Quapropter cuneti nune petimus ut sua gracia
XIX. Compotes reddat, jam et benignus sua dextera
XX. Nos benedicat (1).
Ce genre des séquences du moyen âge pouvant
redevenir un genre littéraire, on nous saura gré de
donner une traduction quelconque de cette pièce :
(4) Bibliothéque impériale , ancien fonds latin, n° 887 {xi° siécle), folio 127; —
ne 4419 (x siècle’, folio 192,
MÉMOIRES. 189
I. Pardonnez, Ô Dieu bon, maintenant et dans tous les
siècles , à vos serviteurs,
II. Qui, célébrant avec piété la fête annuelle de leur véné-
rable père,
III. Vous offrent, suppliants, le tribut de leurs cantiques
harmonieux.
IV. Donc, Ô maître du chant, frappe de ton archet ton
instrument joyeux, et donne le signal du concert,
V. Dans ce jour sacré que Martial embellit d’une gloire
immense.
VI. C’est lui qui, dans la cène mystique, fut le convive du
Christ, et prit Ce qui resta du pain céleste ;
VII. Et, joyeux, il présenta les linges quand le Sauveur se
leva pour essuyer les pieds à ses disciples ;
VIII. Et, loin de s’enfuir de leur réunion sacrée, il fut un
membre pieux de cette troupe timide dans laquelle Thomas ne
se trouva point ;
IX. Bien plus, quand le Christ remonta vers le ciel, il mé-
rita d’être béni avec la foule des assistants,
X. Etil.ne méprisa point le chœur des apôtres qui louaient
Dieu ; maïs il recut avec eux les grâces du Saint-Esprit
XI. Et le don des langues; et, ainsi fortifié, il parvint à
Antioche dans la compagnie de Pierre.
XII. De là il se rendit dans la très-grande ville de Romulus ;
XIII. Puis, quittant cette cité, il passa dans la Gaule,
XIV. Dont l’Aquitaine est une noble et illustre province ;
vaste contrée
XV. Où fleurit Limoges, ville célèbre, riche et féconde.
XVI. En y arrivant, le vénérable pontife le prit sous sa
tutelle,
XVII. Et de toute cette province il devint l'apôtre à jamais.
XVII. C'est pourquoi, tous ensemble, nous demandons que
de sa grâce
XIX. Il nous rende participants, et que, plein de bonté,
étendant sa droite, L
XX. Il nous bénisse tous!
190 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ARTICLE SIXIÈME.
AUTRES DOCUMENTS ANTÉRIEURS AU XIe SIÈCLE.
$ 1er. — Lilanies de l'Église d'Angleterre.
Depuis notre publication sur saint Martial, M. Léo-
pold Delisle, membre de l’Institut, a fait une décou-
verte qui vient à l’appui d’une assertion importante
qu'on trouve dans le second concile de Limoges, tenu
l’an 1031. Voici ce que disait Odolric, abbé de Saint-
Martial :
« Vénérables évêques, vous avez devant vous
deux prêtres de nos frères, que j'envoyai, il y a
quelques années, en Angleterre, pour étudier avec
soin les traditions que saint Grégoire a données aux
Anglais. Arrivés parmi eux, ils trouvèrent, tant dans
leurs martyrologes que dans leurs litanies, saint
Martial, regardé de toute antiquité comme apôtre.
Étant venus à un grand monastère où repose le corps
d’Augustin, leur premier évêque, ils ne trouvèrent
pas là de Vie de saint Martial, mais ils lurent dans
les litanies et les martyrologes le nom de saint
Martial avec le titre d’apôtre. Et, comme ils deman-
daient à l'abbé du monastère : « Pourquoi donnez-
» vous à saint Martial le titre d’apôtre , puisque vous
» n’avez pas sa Vie parmi vous? », il répondit :
« Depuis que le nom du Christ a été prononcé dans nos
» contrées, cela a été observé par nos pères, et nous
» ne voulons pas changer la tradition. Nous savons
MÉMOIRES. 191
» que nos premiers docteurs ont été instruits par
» saint Grégoire. Cependant nous nous demandions
» souvent entre nous : « Quel est donc cet apôtre dont
» nous ne trouvons pas le nom dans les Évangiles et
» dans les Actes des apôtres? » et, comme nous
» n'avions pas sa Vie, nous hésitions si nous ne
» devions pas le rayer de la liste apostolique; mais,
» quand nous venions à réfléchir que ce n’était pas
» sans raison que nos pères l'avaient honoré de ce
titre, jamais nous n'avons osé l’effacer de la liste
des apôtres (1). »
M. Léopold Delisle a découvert, à la Bibliothèque
impériale (2), dans un manuscrit sur parchemin, en
écriture anglo-saxonne du xr° siècle, qui appartenait
autrefois à la sainte Chapelle de Bourges, des litanies
de l’Église d'Angleterre dans lesquelles saint Martial
est mis au rang des apôtres et des évangélistes à la
suite de saint Marc, saint Luc et saint Barnabé. Mais
laissons parler M. Delisle :
« Les litanies des saints copiées dans le manuscrit
n° 333 du supplément latin méritent d'être comparées
avec les litanies anglicanes que Mabillon a pu-
bliées (3) d’après un manuscrit de Reims. Je crois ces
dernières plus anciennes que les nôtres, bien que
l'éditeur en ait probablement exagéré l'antiquité.
L'absence du nom de plusieurs saints anglo-saxons
l’a porté à croire qu’elles remontaient au vrr° siècle;
>
>
(1) Patrolog., T. CXLII, col. 1368. — Dissertation, etc., p. 47.
(2) Supplément latin, no 333, un volume in-fol., de 1%
feuillets , sur parchemin ; écriture anglo-saxonne du xIe siècle.
(3) Andlectu, éd. in-fol. , p. 168 et 169.
192 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
mais il m'a semblé que ces litanies doivent appartenir
à la liturgie galloise, et, dès lors, l'absence de
certains noms anglo-saxons ne peut servir à fixer la
date du monument.
» J'ai pensé qu'il n’était pas inutile de donner le
texte des litanies du psautier de la sainte Chapelle.
Entre autres particularités remarquables, j'appelle
l'attention du lecteur sur la place que saint Martial
occupe dans ces litanies : il y figure sur la même ligne
que les apôtres et les évangélistes. Ce témoignage n'est
pas sans importance pour l’histoire du culte rendu à
l’apôtre du Limousin (4). »
Nous ne donnerons pas le texte entier de ces
litanies, qui renferment plus de vingt noms de saints
appartenant à l’église d'Angleterre et d'Irlande. Après
les trois personnes de la sainte Trinité, la sainte Vierge
et les neuf chœurs des anges, viennent les apôtres
dans l’ordre accoutumé :
Sancte Petre, or.
Sancte Paule, or.
Sancte Andrea, or., etc.
Sancte Marce, or.
Sancte Luca, or.
Sancte Barnaba, or.
Sancte Marcialis, or.
Omnes sancti apostoli et euvangeliste, or.
Omnes sancti discipuli Domini, or.
Omnes sancti Innocentes, or.
Sancte Stephane, or., etc.
(\ Woles sur la bibliothèque de la sainte Chapelle de Bowrges.
— libliothèque de l'École des Chartes, 5e série, T. 11."
dd
MÉMOIRES. 193
Ces litanies nous paraissent remonter à la fin du
Ix* siècle ou au commencement du x°. Le saint le plus
récent est saint Edmond, martyrisé en 870.
Ce n’est pas seulement l’église d'Angleterre qui
donnait à saint Martial, dans les litanies, une place
au rang des apôtres avant le xr° siècle : quelques
Églises de France lui donnaient ce titre, et nous
avons encore sur ce point la déposition de l’abbé
Odolric : « Autrefois, quand j'étudiais les arts libéraux
au monastère de Saint-Benoît en France, je trouvai
une très-ancienne règle du monastère, dans laquelle
Martial se trouvait placé dans les litanies avec les
autres apôtres (1) ». M. Léopold Delisle a eu l’obli-
seance de nous signaler un manuscrit qui viendrait
à l'appui de cette assertion. Ce savant nous écrit :
« Nous avons aussi, à la Bibliothèque impériale,
fonds Saint-Germain latin, n° 30, un manuscrit qui
me semble dater du xxr° siècle, et avoir été fait dans
le nord ou le nord-est de la France; nous avons,
dis-je, dans ce manuscrit, de curieuses litanies, que je
publierai peut-être un jour, et dont vous aurez peut
être quelque plaisir à lire le paragraphe suivant :
« S. Petre, Ora pro nobis.
S. Paule.
S. Andrea.
S. Mathia.
S. Barnaba.
S. Luca.
S. Marce.
S. Marcialis.
() Patrolog., T. CXLII, col. 1356.
II. 43
194 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
S. Timothee.
S. Syla.
S. Cleopa.
Omnes sancti et evangelistae.
Omnes sancti discipuli Domini.
Omnes sancti Innocentes.
S. Stephane, etc.
» Au reste, vous savez mieux que personne combien
sont nombreux les textes où saint Martial est nommé
à côté des apôtres. Je ne pense donc pas que le ren—
seignement suivant vous offre grand intérêt. La
semaine dernière, j'ai eu entre les mains, pendant
quelques minutes, un manuscrit de l’abbaye de
Luxeuil, paraissant remonter au xI° siècle, et dans
lequel, immédiatement après les passions des apôtres
et des évangélistes, vient la Vie de saint Martial,
commencant par les mots : PrϾdicante Domino. Elle est
précédée du prologue en vers :
« Christus principium, finis, lux est, via Christus ».
» Ce manuscrit a passé dans une vente publique, et
a été, je crois, acquis pour l'Angleterre (4). »
Ce prologue est la pièce de Fortunat que nous
avons publiée dans notre Dissertation. Nous avons
trouvé à la Bibliothèque impériale, n° 3804, fol. 32,
une autre pièce du même poète sur la Vie de saint
Grégoire de Langres, qu'on a insérée sans difficulté
parmi les œuvres de Fortunat, et où se trouve ce vers:
«Hoc veneranda sacri testatur vita Gregori (2) ».
(1) Lettre du 3 mars 1857.
(2) Patrolog., T. LXXX VIII. col. 153.
MÉMOIRES. 495
Ÿ 2. — Néquence Valde lumen.
La séquence en l’honneur de saint Martial qui
commence par ces mots : Valde lumen (1), nous paraît
dater du x‘ siècle. Nous l'avons vue indiquée, avec les
proses publiées plus haut Concelebremus et Alme Deus,
dans un manuscrit peint par Adémar dès les premières
années du xI° siècle (2). Nous l’avons trouvée dans
deux manuscrits de ce temps-là. Nous la publions ici,
non-seulement comme un monument de la tradition
limousine sur saint Martial, qu’elle proclame collègue
des apôtres, né dans la tribu de Benjamin, etc., mais
encore comme un Curieux échantillon de la litté-
rature barbare et de la poésie prosaïque de cette
époque. On remarquera que, dans cette séquence,
les mots et les finales en a dominent, comme dans la
rose /nviolata, qu'on chante encore aujourd’hui.
I. Valde lumen quod mirantur sol [et] luna (3),
II. Nunc Marcialis pia merita concrepent agmina, dando
devotissima tibi cantica.
III. Hunc nam apostolica sodalem captant collegia preclarum
consocia per sedilia.
IV. Rite sacra vestigia nam tua secutus est : præpropera (4)
caelitus ipsa gracia
(4) Bibliothèque impériale , ancien fonds latin : no 4136, fol. 30-54 (x° ou
x siècle) ; n° 4149 , fol. 189-190 (x1° siècle).
(2) Biblioth. impériale, fonds latin , n° 4121. — Ce manuscrit a été peint par Adémar,
comme on le voit aux feuilles 58 , 60 et 70.
(3) « Cujus pulchritudinem soL ET LUNA MIRANTUR , ipsi soli servo fidem, » (Office de
sainte Agnès , 24 janvier : paroles tirées de sa légende.)
(4) Ms. 1436 : « Pppera »; ms. 1419 : « Prepopera ».
196 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
V.Respuit ac consortia paterna : unde claram promeruit
caelo terraque gloriam.
VI. Benjaminea satus est tribu nam inclita. mane predam-—
que vespera comedat ac dividat suam.
VII. Vaticinia prompserunt israelitica, quæ cecinit haec
caterva, promens grata vocum syrmata.
VIII. Suscipias jam devota precum libamina , Marcialisque
turma, harmonicam resultando liram , ad alta, Christel "tua,
haec precatà promit sidera ;
IX. Aquitana haec precata, Lemovicum pia laudantia pa-
tronum, festalia per celeberrima, quem, mente jam devota,
venerantur ac humillima.
X. Monastica plaude caterva, Marcialem sonans, Marcialem
rogans, debita persolvendo hyperlidica.
XI. Lemovica sic plebs resulta Marciali nova, Marciali tuo
carmina concrepando hypodorica.
XI. Da festiva voce carmina, rite patronum, Aquitania,
proprium, jam devota, ferens laudibus super aethera,
XIII. Namque signa apostolatus sacri sic exta[n]t ejus alma,
domita Christo colla subdens credula, verba per sacra.
XIV. Altisona ergo cantica, talia rithmica, nunc nunc
camenas addasque concentus , liricam resonent rite musicam.
XV. Hidraulica mela (1) reboans presuli (2) concrepa jam
Marciali, necne Aquitanica (3) venerando fave plaudens (4)
caterva.
XVI. Ergo precata presul (5) nostra perfer in astra Caelica
Christo perpia, que sibi placeant, dans scelerum improborum
veniam tui gracia (6);
XVII. Hanc impetratam nobis feras, qui celebrantes gaudia
festi rutili, optata potiri ac solempni mereamur perfrui regni
gloria;
(1) Orgue hydraulique.
(2) Ms. 1156 : le mot « presuli » a été mal eflacé.
(3) Les deux manuscrits : « Aquitaniam ».
(4) Ms. 1156 : « Plaude ».
(5) Ms. 4456 : le mot « presuli », mal effacé; ms. 1149 : « Pastor ».
(6) Ms. 1119 : « Gruciam ».
MÉMOIRES. 197
X VIII. Ubi concinit angelica cohors conjubilans alalagma (1)
dindima (2), precelsa resonans in aet[he]ra melodimata ;
XIX. Lætaris ubi in gloria, presul (3) cum cherubim ac
seraphim, beata agmina, ter sancta dulciter carmina Xpisto
dancia ;
XX. Quo nobis sedes beatas precibus sacris impetras ac
pium alleluia.
On frouve encore dans le manuscrit 1449 (fol. 495,
196) une autre prose en l'honneur de saint Martial
qui commence par ce verset : ALLE sublime tibi
turma nostra resultat LuIA. Comme elle ne renferme
rien de remarquable, nous nous bornerons à l’in-
diquer.
$ 5. — Légende de sainte Valérie.
Le manuscrit 2768-14 de la Bibliothèque impériale,
que le Catalogue dit avoir été peint au x° ou
xI° Siècle, renferme une Vie de sainte Valérie, suivie
du récit de quelques miracles (fol. 74-79). L'auteur
de cette légende parle comme d’un évènement con-
temporain d'une inondation qui eut lieu en 885 : elle
doit dater, par conséquent, de la fin du 1x° ou du
commencement du x° siècle. Cette Vie, qui rapporte
toutes les traditions relatives à l’apostolat de saint
Martial, mériterait les honneurs de la publication :
nous en Citerons les passages suivants :
INCIPIT VITA S. VALERIE, VIRGINIS ET MARTYRIS.
Beatissima igitur Valeria lemovicensis pagi oriunda fuit,
parentibus secundum seculi dignitatem precelsis, opibus
(4) «Alalagmus », cri de joie, de victoire.
(2) Sie dans les deux mss.
(3) Ms. 1156, clfacé ; ms, 1119 : « Pastor ».
198 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
locupletifbu}]s, sed paganis ritibus implicatis. Nondum enim
partes illius regionis apostolica predicatione cultus demonum
pulsus fuerat, nondum debitus honor ab hominibus regionis
illius auctori Deo exhibebatur : quamvis Christi passione genus
humanum fuisset redemptum, et claustra inferni visitatione
illius destructa , et romphea quæ paradisi aditum claudebat
ejus miseratione for{i]s remota.
Sacratissima tamen virgo Valeria, tam corporis quam
mentis honestate vernabat : erat nempe facie pulcra, moribus
compta, pudicitie titulis decorata ; erat dulcis eloquio, acuta
ingenio, parca in cibo ac potu; et, quamvis nondum renata
fuisset unda baptismatis, nec initiata misteriis christiane
religionis, digna tamen videbatur que in celesti senatu
civibus superne patrie jungeretur : haec a quodam juvene
genere nobili, dignitate preclaro, fastu mundialis glorie
sublimato, Stephano nomine, fuerat desponsata.
Eodem tempore, discipuli Domini nostri Jesu Christi,
beatus videlicet Petrus, princeps apostolorum, et beatus
Marcialis, condiscipulus ejus atque propinquus, multis jam
turbis Judeorum ad fidem conversis, et Ecclesiæ antiochenæ
evangelico Xpi predicato, Romæ, que tunc caput tocius
mundi haberi videbatur, Christum predicabant. Ubi idem
beatus Petrus pontificali cathedra presidebat, et una cum
beatissimo viro Marciale magnam multitudinem diversarum
gentium que illuc confluebant, cunctigenis virtutibus, fidem
predicationi eorum prebentibus, ab idolorum cultura, ad
cognitionem veri Dei revocabant. Et quia , ex omnibus mundi
partibus, expertes cognitionis vere religionis illuc quotidie
confiuebant, quibus viam Domini ipsi predicatores aperirent,
intermittebant , ad alias partes occidentis oportebat per eos
Evangelium Xpi choruscare. Et quoniam in provinciis Gal-
liarum gentilitas admodum populosa et erronea e[ssle fere-
batur, illuc sanctum Marcialem, virum tocius prudencie et
sanCtitatis, Spiritus Sanctus ad predicandum delegaverat.
Erat enim beatissimus Marcialis, ut jam prefatum est,
electus discipulus Domini (1), apud quem tantam graciam
(1) I y a, au-dessus de Ja ligne, ces mois d'une écriture différente : « Uaus
ex zxx duobus ».
MÉMOIRES. 199
promeruit ut ab ipso Domino magistro suo Jesu Christo, die
ascensionis sue, pontificatus gradu cum aliis apostolis con-
secraretur et sublimaretur, etc. Quem beatus Petrus, a
Domino Jesu Christo admonitus, ad predictam regionem
abire suasit, ut populum ïibi habitantem a superstitionibus
idolorum Evangelii predicatione revocaret, etc. ( fol. 76).
Voici le passage qui nous fournit la date de cette
légende :
Nec silencio debemus subprimere miraculum quod gestum
est hic quando nobis visum est ejus sacrum removere corpus-
culum, diligentioreque removere cura. Arno siquidem ab
incarnatione Dni nostri Ihu Xpi octingesimo octuagesimo quinto,
estivum tempus, nostris exigentibus peccatis, in hiemalibus
versum est pluviis, tantaque fuit inundatio aquarum ut
supersata longe à fluviorum alveis remota, nisi navigio aut
natatu, nullus incedere posset. Molendina destructa, et ubi
prius bestïe currebant, piscium multitudo ibi natabat. Depre-
cati sumus Dei misericordiam ut, per interventum beate
Valerie virginis et martyris, inundantiam pluviarum compes-
ceret, etc., ac per totum mensem dignatus est nobis concedere
optatam serenitatem , et, qquamvis sequentibus annis inusitata
pluviarum abundantia, in nonnullis locis, villas et monas-
teria cum hominibus et animalibus evertissent, nobis lamen,
intercedentibus meritis beate Valerie, nullam , sue effusionis
abundantia, lesionem fecere (fol. 77).
$ 4. — Epitres de saint Martial (1).
Nous avons découvert à la Bibliothèque impériale,
dans un manuscrit du x° siècle, l’Épître de saint
(1) Les Épiîtres de saint Martial, l’une aux habitants de
Toulouse, l’autre à ceux de Bordeaux, ont été publiées dans
la Bibliothèque des Pères.
200 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Martial aux Bordelais. On la trouve dans le manuscrit
5296-14, fol. 35, à la suite d’une fort belle copie de
la légende d’Aurélien. Voilà qui démontre l'erreur
dans laquelle sont tombés quelques savants (1) qui
ont cru que les Lettres de saint Martial n'étaient pas
connues avant le commencement du xu° siècle. Il est
vrai que, comme le rapporte Geoffroy du Vigeois
dans sa Chronique, ces lettres furent découvertes vers
la fin du règne de Philippe I", c'est-à-dire vers
l'an 4106, dans la crypte de Saint-Pierre-du -Sé-
pulcre, dans le tombeau d’un personnage inconnu,
et dans le lieu où se trouvait autrefois la sépulture
des évêques (2); mais peut-on conclure de là, comme
l'ont fait quelques critiques, que ces lettres n'avaient
été fabriquées que quelques années auparavant, pour
le besoin de la cause ? Non sans doute : car Geoffroy du
Vigeois ajoute que ces lettres, à demi consumées de
vieillesse, étaient écrites en caractères anciens et presque
illisibles. Donc leur transcription était bien antérieure
au xrr° siècle. D'ailleurs Pierre le Scolastique, qui vi-
vait à la fin du x* siècle, comme nous l’avons montré
dans la brochure où nous avons publié les fragments de
son Poème, Pierre le Scolastique, témoin oculaire du
miracle des Ardents en 994%, fait une allusion
évidente aux Épîtres de saint Martial. En effet, dans
l'Épître aux habitants de Toulouse, saint Martial
prend le nom de Martial-Céphas (3) : or Pierre le
(1) LONGUEVAL, Histoire de l'Église gallicane : Dissertat.
prelim.
(2) LABBE, Bibl. no. mss. libr., T. II, p.288, 298.
(3) Clément d'Alexandrie dit qu'un des soixante-douze
disciples portait ce nom. Son texte est rapporté par Eusèbe
MÉMOIRES. 204
Scolastique dit ces paroles : « Martial s'appelle aussi
Céphas, comme je me souviens de l'avoir vu dans de
vieux titres, et la ville savante de Bordeaux lit ses
lettres sacrées :
CON AE Cephas quoque dicitur idem
Quod memini titulis antiquis me didicisse :
Quos apices ejus legit Burdegala doctus (1) ».
Donc, au x: siècle, les Épîtres de saint Martial
avaient déjà une certaine antiquité. Nous pouvons
affirmer avec assurance qu'elles existaient au
Ixe siècle ; et, s’il est permis de penser qu’elles sont
du même auteur que la légende du faux Aurélien,
elles remonteraient au vi‘ siècle.
$ 5. — Manuscrit de la bibliothèque Casanata.
Le savant Mamachi, dans son livre des Origines et
antiquités chrétiennes, dit qu'il est question de saint
Martial dans un vieux manuscrit de la bibliothèque
Casanata , au couvent de la Minerve, à Rome. « C’est,
dit-il, un Traité de la divinité du Verbe, qu’un auteur
dans son Histoire ecclésiastique : « Sic enim refert Clemens in
libro quinto Hypotyposeon. In quo etiam Cepham illum cui
Antiochiam ingresso Paulus se palam restitisse dicit, quoniam
reprehensione dignus erat, unum ait fuisse ex septuaginta
discipulis Petro apostolo cognominem ». (EuseB., Hist. eecl.,
1.I,c. XII, édit. Henri de Valois, T. I., p. 23.) — Sixte de
Sienne, dans sa Bibliothèque sainte, n'a pas manqué de dire
que ce Céphas mentionné par Clément d'Alexandrie était
saint Martial, évêque de Limoges.
(1) Lib. VI, poem. X, p. 36.
202 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qui m'est inconnu a écrit avant le virr siècle (4). »
Nous n'avons pu vérifier l'exactitude de cette assertion
de Mamachi. Toutefois nous connaissons de ce Traité
un passage qu'a cité Maceda dans son livre sur la
Rapide propagation de l’Évangile, et qu'a reproduit D.
Piolin dans son Introduction à l'Histoire de l’Église du
Mans. Ce passage regarde comme disciples des apôtres
saint Trophime, fondateur de l’église d’Arles, saint
Paul de Narbonne et saint Saturnin de Toulouse (2).
ARTICLE SEPTIÈME.
DOCUMENTS POSTÉRIEURS AU Xe SIÈCLE.
Ÿ 17. — Kermons d'Adémar (xi° siècle).
Le manuscrit 3785 de la Bibliothèque impériale
{(x1° siècle) renferme sept sermons d’Adémar sur saint
(1) « S. Martialis fieri mentionem vidimus in codice Casana—
tensi pCCC annorum, Tract. de divinitate Verbi, quem nestio
quis ante vur seculum seripsit. » (Originum el antiquit.
christ., 1. II, ©. XXII, $ ler, T. II, p. 274, note.)
(2) «In Galliis etiam civitas Arelatensis discipulum aposto-
lorum $S. Trophimum habuit fundatorem ; Narbonensis, S.
Paulum ; Tolosana , S. Saturninum; Vassensis, S. Daphnum;
per istos enim quatuor apostoloram discipulos in universa
Gallia ita sunt ecclesiæ constitutæ ut eas per tot annorum
spatia numquam permiserit Christus ab adversariis occupari. »
(D. PIOLIN, p. 57.)
MÉMOIRES. 203
Martial (fol. 182-192). Ils portent ce titre : Dicla vene-
rabilis Ademari monachi in natali S. Martialis, discipuli
Christi. Nous nous bornerons à les indiquer comme un
monument inédit de la tradition du x1° siècle. Nous
souhaitons que quelque érudit entreprenne la publi-
cation des œuvres complètes d’Adémar.
4 2. — Marlyrologe de saint Martial ( xie siècle ).
Un martyrologe manuscrit de la Bibliothèque
impériale, peint au xr° siècle, et portant le n° 5251,
provient de l’ancienne abbaye de Saint-Martial de
Limoges. Voici l’article relatif à l’apôtre de l’Aqui-
taine :
11 kal. jul., apud Aquitaniam, provinciam Gallie, civitate
Lemovicas, natalis sancti Marcialis apostoli, qui unus ex
septuaginta duobus discipulis electus, magnum meritum et
apostolatus officium Rome complevit, et ab eo missus, jubente
Domino, Aquitaniam convertit, ubi per annos viginti octo, in
Evangelio ita strenue laboravit ut merito non solum in
Aquitania, verum etiam ab universo orbe terrarum, christiant
nominis dicatur apostolus, etc. (p. 19) (1).
8 5. — Gérard de Frachet {xuue siècle).
Gérard de Frachet, savant dominicain, mort
en 4271, a écrit une chronique qui va jusqu'à
l'an 1266, et qui n’a pas encore été publiée, dun
moins intégralement. Un exemplaire de cette chro-
(1) Autres documents du xu® siècle : ms. 5347 (peint au xue siècle), fol. 178 : Huit
lecons sur la fête de saint Austrielinien , envoyé par le prince des apôtres ; — fol. 182 :
Légende de sainte Valérie; — fol. 185 : Lecon sur l'Évangile « simile est » appliqué à sainte
Valérie; — fol. 487: Sermon sur la fête de saint Martial: « Legimus Salomonem in
edificatione templi Yerosolimitani , etc.
204 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
nique se trouve à la Bibliothèque impériale, où elle
porte le numéro 5005. Voici l’article relatif à saint
Martial :
Imperatore Claudio, dum Rome evangelice predicationi
deservit Petrus, plures ex discipulis suis fide episcopos predi-
candi gratia ad diversas dirigit civitates. Inter quos sanctus
Marcialis (qui fertur fuisse puer ille quem Dominus Jesus in
medio discipulorum statuit , et illi in cena specialiter minis-
travit) ad urbem Lemovicam mittitur (fol. 12).
Gérard de Frachet dit, dans le même ouvrage, que
saint Pierre envoya dans les Gaules saint Savinien ,
saint Potentien et saint Altin (fol. 42).
$4& — Bulle de Clément VI sur l’apostolat de saint Martial
(xive siècle).
Le pape Clément VI, par une bulle donnée à Ville-
neuve-d’Avignon le 7 juillet 4343, ordonna que la fête
de saint Martial fût célébrée dans toute l’Aquitaine sous
le rite double et comme d'un apôtre.
Dans le procès soutenu à Rome, en 1854, pour la
cause de l’apostolat de saint Martial, M. Frattini,
promoteur de la foi, éleva des doutes sur l’authen—
ticité de cette bulle, si décisive en faveur de la
question. M. Mercurelli, avocat de la cause, en
démontra péremptoirement l'authenticité. En effet,
elle est citée par Rainaldi, continuateur des Annales
de Baronius, mort à Rome en 1670; elle est citée par
le P. Bonaventure dans le premier volume de l’His-
toire de saint Martial, imprimé en 14676, et cet
historien ajoute : « J’ai copié toute cette bulle de son
original scellé en plomb, qui se garde dans les
MÉMOIRES. 205
archives de l’église abbatiale et collégiale de Saint-
Martial de Limoges ». Or ces deux historiens n’ont pas
puisé cette bulle à la même source : l’un l’a trouvée à
Rome; l’autre, à Limoges. Cette bulle est reconnue
authentique par le P. Berthier, un des continuateurs
de l'Histoire de l’Église gallicane (an 1343). M: Mercu-
relli ignorait, en outre, qu’elle est citée par le chanoine
Collin dans sa Table chronologique, imprimée à Limoges
en 1666, dix ans avant la publication de l'Histoire de
saint Martial (1), et que, en 1638, Jean Bandel, dans
son Traité de la dévotion des anciens chrétiens à saint
Martial (2), parle plusieurs fois de cette bulle de
Clément VI.
Depuis ce procès, M. Maurice Ardant, archiviste de
la Haute-Vienne, a découvert l'original de cette bulle
dans les archives de la préfecture. Nous l’avons fait
passer sous les yeux des membres du Congrès scienti-—
fique de Limoges. Cette bulle n'ayant jamais été
publiée intégralement, nous allons la donner ici tout
entière :
Clemens episcopus, servus servorum Dei, ad perpetuam rei
memoriam. Piam sanctorum memoriam recolendam, qui,
Christi sequendo vestigia, eterne beatitudinis premium conse-
cuti (3), divine fruuntur dulcedine visionis, cuncti fideles eo
debent devotius venerari quo, per eorum merita gloriosa,
uberior justis tribuitur gratia, et peccatoribus delictorum
guorum venia ipsorum intercessionibus facilius indulgetur.
Propter que fideles ipsos ad festivitates eorum precipua reve-
rentia et celebri veneratione colendas tanto attentius invi-
tamus quanto id ad eorum salutem novimus efficatius
(1) Zable chronolog., x1ve siècle, 2e col.
(2) Édition 1638, p. 34, 107, 118.
(3) Ms : Consequi.
206 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
pertinere : ad hoc etiam cuncti viri ecclesiastici prompta
debent exurgere voluntate, sed illi potius debent existere
promptiores in quorum partibus sanctorum ipsorum Corpora
venerabiliter requiescunt, et quos Altissimus , in sanctis ejus
suam omnipotentiam manifestans, jugiter facit manifestis
miraculis coruscare : ita quod ipsi sanctos eosdem condignis
honoribus venerando, Deo quem in eis honorant gratius
obsequantur, ipsosque apud Deum mereantur in suis petitio—
nibus propicios invenire. Hinc est quod nos attendentes
preclara merita sanctitatis quibus beatus Marcialis, Aquita-
norum apostolus specialis, in Ecclesia Dei verbo resplenduit et
exemplo, necnon et insignia miracula quibus ipse, dum adhuc
in carne viveret et etiam post carnis molem depositam claruit
et jugiter clarere dignoscitur, et cupientes eum, quem Do-
minus glorificavit in celis, in militanti ecclesia, presertim
partibus Aquitaniæ, cujus incolarum patronus et patrocinator
apud Deum specialis existit : tum ob hoc, tum quia ad ipsum
sanctum almificum specialem devotionem semper habuimus
et habemus devotissime honorari, auctoritate apostolica
presentium tenore statuimus, ipsius beati Marcialis festum
amodo fore duplex, et-tanquam apostoli de cetero in tota
Aquitania celebrandum : venerabilibus fratribus nostris uni-
versis.. archiepiscopis. et episcopis.. et dilectis filiis… abba-
tibus... prioribus.. prepositis… decanis... archidiaconis.… et
aliis ecclesiarum prelatis et rectoribus ac personis ecclesiasticis,
quibuscumque secularibus et regularibus, exemptis et non
exemptis, per ipsam Aquitaniam constitutis, in virtute
sancte obedientie, tenore presentium districtius injungentes,
ut festum ejusdem beati Marcialis de cetero singulis annis
duplex , et tanquam apostoli debeant solemnitér honorificentia
debita celebrare, ut Altissimus ipsis, ex* hujusmodi honore,
dicto beatissimo sancto, in presenti seculo exhibendo, ipsius pia
intercessione ac meritis eterna premia et sempiterna gaudia
largiatur. Nulli ergo omnino hominum liceat hanc paginam
nostre constitutionis et injunctionis infringere, vel ei ausu
temerario contraire. Si quis autem hoc attemptare presump-
serit, indignationem omnipotentis Dei et beatorum Petri et
Pauli apostolorum ejus se noverit incursurum. Datum apud
MÉMOIRES. 207
Villamnovam Avenionensis diœcesis non. julii, pontificatus
nostri anno secundo.
Nous terminons par cette pièce importante nos docu-
ments inédits.
ARTICLE HUITIÈME.
QUELLE EST LA VALEUR HISTORIQUE DES DOCUMENTS
TRADITIONNELS ÉCRITS AU VIe SIÈCLE SUR LES
ORIGINES CHRÉTIENNES DE LA GAULE ?
EF
Les plus vieux monuments de notre littérature
nationale, ce sont les légendes de nos saints les plus
anciens, c’est-à-dire celles des évêques envoyés de
Rome qui ont fondé nos principales Églises, et des
martyrs qui ont cimenté de leur sang les premières
assises de l'établissement catholique.
Ces légendes ont-elles une valeur historique? Nous
l’avouons tout d’abord : ce qui en déprécie la valeur,
c'est que, au lieu d’avoir été écrites par des auteurs
contemporains, elles ont été, pour la plupart,
rédigées par des écrivains bien postérieurs aux évè-
nements. Quand la paix fut donnée aux Églises,
quand le déluge des hommes du nord eut cessé, de
pieux écrivains recueillirent de la tradition orale,
c'est-à-dire de la bouche des vieillards et des fidèles
les plus instruits, les faits et les noms relatifs aux
origines chrétiennes ; ils s'aidèrent peut-être, dans ce
. 208 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
travail, de quelques monuments écrits, tels que les
diptyques épiscopaux, et ils rédigèrent de la sorte,
plusieurs siècles après les évènements, l'histoire des
saints dont la tradition vivante avait conservé la
mémoire. Dès le vi* siècle, un grand nombre de ces
légendes étaient composées, et, au jour de la fête des
saints, on les récitait publiquement dans les offices
ecclésiastiques.
Ce qui prouve que la plupart de ces légendes ont
été rédigées de la sorte, ce sont les locutions qu’on
y trouve. En effet, on y rencontre fréquemment de
semblables manières de parler : Quod factum est, ut
vulgi fama testatur, — ut ferlur (ancienne Vie de saint
Martial); — Sicut fideli recordatione retinetur | légende de
saint Saturnin) ; — Queæ longo fuerant obumbrata silentio,
— plus fidelium sunt relatione comperta quam probentur
ad nos lectione transmissa ; — Ut ferunt, etc. (légende de
saint Denis de Paris).
Parmi les légendes les plus anciennes, ainsi ré-
digées d’après les données de la tradition orale, il
faut compter la légende de saint Denis de Paris,
publiée par Bosquet dans ses Histoires de l'Église galli-
cane, légende que de Marca attribuait à Fortunat, et
aue nous croyons au moins du vi‘ siècle : la légende
de saint Ursin de Bourges, publiée de nos jours par
M. Faillon, légende que ce savant a prouvée anté—
rieure à Grégoire de Tours; l’ancienne légende de
saint Martial, que nous publions dans ce volume, et
dont nous assignons la date au vi‘ siècle; la légende
de saint Austremoine, composée au vi siècle par
saint Priest, évêque de Clermont; la légende de saint
Memmie de Châlons, que le savant Mabillon date avec
MÉMOIRES. 209
raison du vrr siècle; la légende de saint Georges du
Velay et de saint Front de Périgueux, qui est anté-
rieure au 1x° siècle, puisqu'elle est résumée par saint
Adon de Vienne, Usuard et Notker le Bègue: la
légende de saint Saintin de Meaux, citée par Hincmar
d'après un vieux manuscrit; les lésendes de saint
Julien du Mans, de saint Taurin d'Évreux, qui
remontent aussi à une haute antiquité, etc.
Or, à part la légende de saint Saturnin de Toulouse ,
qui, d’après une ancienne lecon citée par Grégoire de
Tours, fixe la mission de cet évêque martyr à l’em-
pire de Dèce, toutes les autres légendes, reproduisant
la tradition orale des Églises respectives où elles ont
été composées, s'accordent à dire que les premiers
évêques des Gaules ont été envoyés par les apôtres ou
les successeurs des apôtres, par saint Pierre ou par
saint Clément.
Aussi, dès le commencement du rx° siècle, Hilduin,
abbé de Saint-Denis, réfutant Grégoire de Tours sur
l’époque assignée par cet historien à la mission du
premier évêque de Paris, a soin de dire que les
légendes des saints dont Grégoire de Tours retarde la
mission à l’empire de Dèce ne s'accordent pas du tout
avec Ce que cet écrivain rapporte par conjecture dans
son Histoire des Francs.
Avant d'aller plus loin, établissons ces deux faits
comme incontestables : 4e les légendes des saints
sont, dans nos diverses provinces, les plus anciens
monuments de notre histoire nationale; 2 les légendes
de nos premiers évêques s'accordent à faire remonter
leur mission à saint Pierre ou à saint Clément.
Il. 1%
240 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
544;
[TI E | | nr
a cu pros est, Le Lars A de,ces
légendes relativement; aux, traditions qu'on y.trouve
sur Ja- mission apostolique.de,.nos premiers évêques? |
+ Sans aucun. doute; ces, traditions ont de, mérite,.de
l'ancienneté, puisque les légendes, qui les rapportent
remontent aux premiers siècles denotre, histoire.:Après
tout;,on.n'a rien de. plis certain ailleurs et, si l’on
cherche quelque part:layraie.tradition,. c'est dans,ces
monuments, indigènes, qu'on.doit la trouver, Jusqu'à
preuve.du contraire. la, présomption.est.en faveur.de
cesdégendes,. et, l’on peut, supposer, à, bon; droit que
çes traditions, avant d'être écrites,,,se trouvaient,dens
la,croyançe populaire, et.que.les vieillards, .quien
avaient recueilli.le pieux, souvenir.de Ja bouçhe; de
leurs ançêtres, l'avaient transmis à, leurs descendants.
Quoi. !; {ous ces écrivains, la plupart, religieux, se
seraient, faits faussaires,çetauraient menti cienment
à, leurs, contemporains?..Nous ne. saurions,.le croire
Nous: xépétons volontiers, : à: L'adresse. de. toutes. ces
légendes: çe que nous, avons dit ailleurs à, propos
d’une des Jégençles, les, plus, rltérées celle, de. saint
Martial: composée par le faux Aurélien &:( «Quelles que
soient. des inexactitndes. de, défait. qu le -renferme ;
lassque l'auteur accommo(le Les choses AUX MANIÈTES. OU
aux Jocutions de son temps; quelle; que,soit la bros
derie légendaire dont l'imagination des peuples ou. la
naïveté de l'écrivainysait environné;:iles. faits. print
cipaux, elle n’en doit pas être moins vraie dans le
fond des- choses -11car la biographie d’un saint que
a MÉMOIRES: 12 2014020 1241
tout un pays connaît est nécessairement conforme à ce
que la tradition locale dit de ce saint (4) »
Rejettera-t-on la date de la mission de ces saints
évêques, date qu'on trouve dâns leurs légendes pour
adépters ‘avée lé icritiqués de Vécolé dé Latinoy,
l'opinion qui fixé cette mission an rti ouirve siècle?
Mais dé'quél droit rejeter une date traditionnelle et
postivél pour adopter une) date! conjécturalé ‘et
définée’ de fondémént? Nous-disons que 14 conjécttiré
de Léunoy 6st dénnée de fondement : car aujourd'Hüi,
après Ta réfutation di texte/de’Grégoiréide Tours'qui
à Kérvildé base là éet échafaudage de conjectures! 11
aprés les découvertes dé Pérudition contemporaine ét
les discussions d’uné‘éritique plus impartialé ét plus
éclairée 5200 N'est plus ‘permis! (de: rettrder à “la
bdtidebitéUE HeWRclé 1 prédication évange
tique dans le midirét lé cénitré dés GHuTéS! LL'Mais
SUPposons que tout “examiné 1e doute existät entre
cés dénir époque Spourqtioi réjétérune date qui 47616
dônSaerEe par 14! érovatiée des” siècles! “et quid'é
mérite incotitésté"de Ta posessiôn’ ‘pour ‘ad6ptér né
date”conjectiralé qui est an Moins aussi incertaine
éttin'a pas 1e mérité d'avoir été trinémise" et con
saéfée ‘par la éroyarice immémorihlé dés peuplés2:10 D
21Cést lénirain ‘u'on! Abe que l'opinion des léril
tiques dit xvne Siècle Féposé sin 1e fémioienage d'un
historieniantéiéun al mas des écrivains dd moyen!
ave! & lakertion (Hé Grégoire (dé Tours avait “ét
duelué Vraisemblanées sélél étfpris &x source dans
VE ARR HET Had Felléfatirait été Res
of ets: 5i617 ‘etiont 915 ‘264 to wat 8H
(1) DésserEatücn Ben de Shint: Martial, D) 84:
218 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
duite-au moyen âge. par les agiographes, de cette
époquer-bien loin delà, elle est contredite partout, us
Au, viisièele, la, Vie, sde saint, Martial, écrite à
Limoges, Ja légende de: saint, Denis, rédigée dans le
diocèse.de Paris, les, Actes de saint Ursin, composés
dans celui de. Bourges; PEROU À Grégoire de, ts
une; dénégation. formelles eliipzror :2ti8t 2:
Au vur siècle, dans la rt même, ps pue) de
Tours;çosaint Priest, ; évêque, de Clermont,; proteste
contra:cette assertion en assignant aux femps ApOStOT
liques-la mission :desssaint Austremoing de, saint
Martial;r-de) saint. /Erophime,, eg Ja Siècle,
Hiülduin’)abbé-de, Saint-Denis, proteste.en.oppasant à
la:conjecture; de, Grégoire de, Tours, des témois gnages
anciens qui. la contredisent; au, x',siècle,.Pigxre.
Scolastique, en Limousin, proteste en adressant,
l’évêque de Tours une virulente apostrophe. —
Pourquoi donc lescritiques, modernes ont-ils, voulu
remettre en lumière une conjecture erronée dont
tout le moyen âge a fait justice? Si la tradition existe
quelque part, ne se trouve-t-elle pas dans les
légendes de nos premiers évêques?
IT.
On ne peut nier que cette tradition n'ait un degré
quelconque de certitude. Écoutons sur ce point le
jugement d’un savant académicien du dernier siècle,
Fréret, secrétaire perpétuel de l’Académie des Ins-
criptions : « Les anciennes histoires, celles mêmes qui
n'étaient fondées que sur la simple tradition, ont, à
ce que je crois, wn certain degré de certitude, moins
OA ROSE EUTOMON 213
fort, à la vérité; que célui des ‘histoires Icontempo=
_ rainés, mais tel cependant que, malsré l'éloignement
des temps et dés lieux , ‘qui noûs caché-une paftie
des éfréonstanées ;'et'qui altère souvent là vérité dé
plasiéurs autres les esprits /vraiment justes nevse
crbièht” point en'drdit dé lesl‘rejéter entivrenient pour
le gros des faits, lorsqu'ils -n’6nt'poitit de preuves
positives de 1ébr fageténisg el auch ,ofoéia ir 114
PSPAS trhditions hiétoriques j'enténds ‘és -opinions
populaires l°èn' éonéqience 'acsquelles Aôutes 1 ume
nation est persuadée de 14! fvérité d'un fait Sans: eri
avoir d’aûtré preuve quésa/lperguasion: elle-mêmerèt
cellé des! générations Iprétédéntes; “ét” sans que cette
persuasion soit fondée Sur atewn témoignage contem-
pordin lsubéistänt séparément” dela ‘traditionrelle:
méme (1) 9 ,9Ï29)014. .tiegomil co. owpiteslon#
—. .S1qorieoqs. staaluniy .smurervoT 9h 'owpéva"l
UE Grérni À. BALSDAET ÉNPÜASSOL ouob jou prrrso
dnob 9ôaotts orudosfuoo onu otéioul moe sTitonmonr
ojeixa noitibstè 81 14 Testeur diéts 926 aovoor al tot
e9l ensb asq alls-i-syuott 92 son cdteg auplesp
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Anèien Capitaine d'état-major; 1nembré de‘ là ILégion-d’Honngur, Présidént delta Société de L>
ob 5x 9] J'rAntiquaitess de Ouest 51 , HO supers
L'AUOTY sosst shot 9fqurte ou , four ms ne :91ô 26q
is b orrorb des tp 99 Jaslsmor il vo .Steïrrrot
TETE 61 des € 9) .991}m09 sai enx8b moftaoitg 110:
“Mi de Caumont; vous 1e savez! Mason en pros!
vodüant sur toute dé surface! Héal (France la formation:
de sociétés archéologiques locales, °enistimulant-te1
zèle de leurs membres ;'é les appelant chique année
à dés'éongrès généraux, aétélle véritable fondateut(
des études archéologiques sérieuses en/provinces Pour
atteindre plus sûrementile but qu’il poursuivait $ ill ail
du reste employé le meilleur de tous lesmoyens :ila
prêché d'exemple, et ses travaux ont à: peu près sérvih:
de modèle à tous les travailleurs: 456141 111618q#1h
Lorsque M. de Caumont, à force de recherches, futp
arrivé à réunir'un nombre suffisant d'observations ri
MÉMOIRES. 245
les groupa selon leur nature, les classa chronologi-
quement, et en forma son Cours d’antiquités monu-
mentales, et cet Abécédaire d'archéologie qui en est
en quelque sorte l’abrégé.
Vous connaissez tous la valeur de ces importantes
publications. 2W01 LA VAdedo
Ce que M. de Caumont à fait pour l'archéologie
générale du pays ,'jè voudrais lé voir faire pour
chacune de nos anciennes grandes provinces ou
Ca ra AE Le a qu QE
nique et de décoration qui leür est propre.
C’est sur ce point, capital à mon sens, que je désire
appeler en ce moment l'attention du Congrès.
A mon avis, une statistique monumentale locale
ne doit pas êtfé borhéel ah description püre! éf'simple
desi monuments que: contient.;.chaque,: commune;
chaque canton, chaque-dépaxtement; — elle ne doit
pas être, en un mot, un simple vade mecum pour le
touriste, en lui signalant ce qui est digne d'attirer
son attention dans une contrée. Ce n’est là, suivant
nous; que le complément; l'accessoire du:travail, pins
important; et le:seul;réellement. sérieux, -qui doive,
ressortit.de l'étude des:monuments d'un pays: Do8 9h
“Lensembleide cesmonuments possède; en effet,pune,
physionomie qui 1ui est propre;et parle-une, langue:
que’l’archéologue; doit 5e charger. de traduire aux
habitants, afin qu'ils comprennent: bien toute! lime
portance historique de ceswieux témoins du ‘passé; et,
qu’ils ne s'acharnent plus systématiquement à lesfaire,
disparaître chaque jour. les;uns après les autres; afin,
que, de l'autre-côté du: détroit, on n'ait plus locca-
sion de frapper: des: médailles en l'honneur d'archéo-.
246 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE.
lognes, à nglais réclamant l8.bénéficerd'ayoin sauré-de:
la destruction. un, monument) historique «desmotre!
sol (1), lorsque déjà la voix du fondateur.de;nes-
congrès s'était plusieurs, fois élexée en;sa faveurs |
L’' ’histoire civile, Militaire, xeligieuse ;: -artistique:
d'un Pays est contenue, tout entière, dans,;ses gieux
monuments. si, mutilés si, méconnaissables, qu'ils:
soient devenus par l’action. du temps,et la maïin-plus:
destrüctive encore, QUE hommes, depuis;les-mystés
rieux dob ens jusqu'apx derniers édifices religieux:
du. moyen âge, qui traduisent. sur leurs murs,et-leurs
verrières les symboles.de notre: foi; depuis: l'eppidums,
a HUE lons-iemns L'indépendance de Ja; Gaule ,
de, castrum. romain, posé uso}: comme ; ne;
en Ja conquête; jusqu'à la; forteresse: féodale.
ef,la, moindre. demeure crénelée; qui rappellent: nos:
luttes, -ROÿ dissensions,. giviles ts religieuses s-depuis
les bumbles enceintes, où.,se tenaient le: malus ;1les
p laids LU de, nos ancêtres, jusqu'aux.splendides édifoes
où; bn ice..se rend, de, nos, jours, Æoutsjenfins:
AS au moindre débris s,anquel.se rattache suRrsOt
Ir historique, doit tre ShfsÉ PORT ROMSbont 290
en LYpU Pre musée Japir-
daire de, Poitiers,, nous. vénérons., à Légal dame
relique un bloc de nt peine.déarossi déformé,
et noirci par letemps; et, quand: l'étrangers étonne
à cette vue, et.demande.la rajson:de sa présence au
nilien des débris Éégaptr demo seulphares antiques;
nous sommes fiers de Jui répondre,s «Cefut le/mons
orbasrqontns 6 8budè'l ,anor ns rie ,JIT98 9H9T
) Mb Schmith , 2qui&2présenvé , prétend-on1 166 rie
romai ; de Dax, de la destrugtiqni 6 2juocotieqh 201 5h
192 ANT AG MÉMOIRES: : JA AAA AN 917
toir de ‘Jéanne d'Arc partant de ‘Poitiers ] pour ‘aler
fairellever 1e siégé d' Orléans , SE CO ro RIee, à Reims
SON gentil r6ÿ f y 01 D 710 sl
Les :iotés ‘prises "par l'archéclogue sûr tous. ‘les
monuments. dune Province. Lien" classées ‘dans
l'ordre Ætivi par M. de Caumont dans’ < ses publica-
tiônsp Cet diré en ménument religieux nn fi
tañtés etréivié l'éctidérhiers Em brabsanE RAF fous
le ohjôts” at, “ét partiétifétefent reste qui : ñ ont le
fruit dé l'industrié foie, AU°lieu dé re € AE
en méme temps! que Teb7 RCE d’un carac cière,
différent rétififfdansehhiqué 10calité. " (” au A
Aüsmilieal dé 464888 Matériaux, gti n ah up
pasila mére imfportänce” plusieurs ne séraient que Xe a
répétition où là! copie affaibtie.d' ün type plus complet: 1
mention! wen'Serdit fatte'qué dans le catalogue final.
Quant uk imohuménts Prinéipaux | il faudrait
extraire de leur étude attentive le type Propre à
chaque” âge réf Tes! Scindér. en Groupes” “différ ents
toütes’les RES séülément! qu wun “Changement notable
deviendiaitisénrhlé"entié gi x/1000 SIDE ON UE MPEUL
Ces modifications tiñd{ueratent nécéstäirément da
satisfaction nde "besoifis nouveaux, d'un ‘dlangement
équivalentdansles häbitides! QUE mœurs, les godts,
etipresque toujeurs l'irnitation de mHodÈES étrangers
au pays! eUEs féraient ! pour ainsi dire, d'historique,
dés rélations ext ARCS des Anciennes populations,
et-déviendräient lun jälon: précieux pour la chrono
logierdes annales dé Ta provinee.”? 77
Telle serait, suivant nous, l'étude à entreprendre
dans; chaque-contrée , et: és séciétés archéologiques
de nos départements sont assé riches en travailleurs
218 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sérieux et jouissant de l’important privilége de pou
voir étudier à loisir les monuments qui les entourent ,
pour que, dans un temps assez rapproché, la France
puisse connaître par le MERU ; selon l'expression d’un
vieil auteur, toutes les richesses historiques qui sont
éparses sur son s0l. aue
AVAUMTOC AC ALANE AN
BSIHAAM HG TA
SAACOIAHIA
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SUR 108 {10e ‘'Irre G9818 49
UNE SÉRIE DE DOLMENS
ET DE MENHIRS
ÉCHELONNÉS
Sur la rive droite du Clain et sur les bords de la Charente,
dans l'ancien pays des Pictons,
PAR M. LE TOUZÉ DE LONGUEMAR
Ancien Capitaine d'état-major, membre de la Léoion-d'Honneur, président de la Société des
Antiquaires de l'Ouest,
° Il existe une série de dolmens et de menhirs, au
nombre de cinquante environ, inégalement distribués
sur la rive droite du Clain, mais affectant la direction
générale du N.-N.-E. au S.-S.-0., sur une étendue
de plus de quatre-vingts kilomètres, entre Châtelle-
rault et Civray.
2 Ces monuments sont formés de matériaux bruts
de grande dimension , appartenant soit à la couche
superficielle encore existante , soit au sous-sol mis à
nu par les eaux, soit à une couche meuble qui à
Î G AY Le 1?
220 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
disparu par 1 érosion des eaux, et a parfois] laissé sur
un sol calcaire un grès sliceux -et ferruginenx
comme à Aillé, au Vieux-Poitiers ete. Ya ie
30 Cette dernière observation exclut, ‘toute idée de
transport lointain. de. ces. masses énormes, | Somme
l'avaient supposé Les anciens archéologues. gs ER
%° lle est, en outre, corroborée par cette observation
que, les plus, grands. intervalles observés entre les
groupes de dolmens | et ‘de. menbirs. correspondent
précisément aux argiles ou aux calcaires friables d'un
sol gui se refusait EN fournir. les matériaux nécessaires
dirigée du, $.-$,-0. au N.- K. -E. du, pt axe | ‘des
dolmens ou des faces des menbirs, pOur. qu'elle soit
purement l'effet. du hasard, dans. leur élévation sur
leurs piliers pour, les-premiers, pu leur enf ouissement
ee pour. les seconds. eshpteAl|
. Cette, disposition, en série orientée de la, sorte, et.
s sr de chose près, parallèle. à la plus, grande partie
du COUTS du Clin, peut; faire penser, qu’ elle indiquait
une, frontière sacrée dela, Gaule, primitive ; posée
entre deux tribus importantes, et la restitution de ces
chaînes de pierres. druidiques, sur nos.cartes, | locales
pourrait ». dans. cette hypothèse, . -IReRÇT, la recons —
truction de la plus ancienne carte nationale dé
France.
T/Enrçe;qui concerne le.ças particulier qui, nous
oceupe, nous ajouterons. que, du..dolmen, d'Andillé
notamment aux champs-de Thorus; quiréunissentun
si grand nombre de dolmens brisés, il existe une sorte
MÉMOIRES. 291
HOHAAA YU AUQIAITAHII2 24490) 06
de lisière OR non cultivée, assez large, et CRE
en ligne droite e, le dons de agueie S ‘vent ue
menhirs, Lo re dé FpoQE d'union entre lès oca ïtés. À
“moitié chemin ‘on trouve, en outre, “àn lieu nommé
: egrig mo, qui pourrait bien, indiquer un gite .de
passage de v AO EEE d'étrangers, encore, existant
sous la domination el Echo lointain des pèler-
[LOITE )'T6G 59 104010 D...9TJ1J0 1 )
nages “celtiques.
8e Tous les done ’explorés pâ ar r‘des membres dela
et RL TANT OTa
sus des Xntiquaires del où (UE à diverses époques
recouvrent des ossements Humains appartenant à des
individus de” fou ï âgé é JL mêlé! à . pointes de
ia des couté et” iches en S ex a en gate
AGE . NES C'étaient
2 TIVL di 1e
n TA êt des vases én ter e ngÎre gross)
oeil Gb go NES 26 9teleno9 292860
e9h 976 NuéerTa mb YLu 2.8. 15b 992 rip
9° à élques-uns de” ces ‘délmens étau nt ‘éncore
Ï102 9 SUR Bo xl dé 1,20) 2996 « JO âne CON
entourés de relé e ins où dé pierres Parfois
que aodevolà ausl exeb . Dre 3" [. IM9N91
assez 1év $ ’et Contigus qu'il faut franchir pour +
91
pénètre on hé d'Anditié a FE ee DC TU
ment), et les fouilles des turn? de fa lphtres ayant
tr fuñls Retéant dar cére À Mispostr de
pieités Ve t' paré I ff # et HE oroite que “péfitr ve
ane pue leg ldctens Téaibntl m HE bai” des
toHben S''détruites Et erracées D
2 GA HAE du phaéuradidivique se'brouvant
ren Kéuremient dans 1 s01 des aftées où
ga éries nier | Vrais Thienré sos les simplés
D alsnoite 169 ounsions enlq sl 9h aoitorwit
JOUET y p1
sont DE né | Pre taande, ‘Nitias
MNT lac B6iSBranA , MARAQEO(S 2NON 94H
HE) Buñletinsiet Mémoires ie In) Sogiétésipassim.tscrorsion
ioe gui steixs [Er 2er 2xoorlop 9b srdorort bi sg jé
.U fï
329 CONGRÈS SCIENTTMIQUÉ DE FRANCE.
déliens HP HET AE” ‘pénsér!, lenloutre//que
Cétaient es tombeaux dés failles SP DT des
tribus / peut-être des draidés. 6 FAST
41 L'agolomération considérable de ces sépulttirés
st les trois plateaux (le Baptéresse dé Thôrus et
d'Axléto autoué de ChâteanLarcher, semble autorisér
à foire que cétté réunion est un véritablél carnéfl:
loux; nom! qué les Bas Brététis (1) appliqiient, ‘des
Tocanités toutes! pareilles) ét'qui, dans leur idiôme ,
signifie un 'lieuoùsont Amôncelés des! ésséients
décharnés, un ossuaire, un cimetière ehun mot.
‘gLeTieuétait datant mieux Choisi pour En Hbro
ün' Véritable champ dés rorts/qué les couches /supér:
fitiellés déces-plateahx sontIdés RER ‘divisés
entâbles ininées et cites h0 épée». 01 20 TER
Plus tard, les chrétiens;"suivant 1e BELcé etre
méfits ref éiét! day vrogdéle IGufs Champs
acné dan. 160 168429 EN AE dUH be Tate
étaïetit accessibles et fherleg a itrévalé au tiséatolet
Nôtré! cutiéux! éimétione : galléhomatfiénrétien de
Civetaxsén est anllékemiple 4vée 69 réré puatré
colithies dé toribés su fer posees. D°07! aioy 901y'b 991brri'f
cd dédui donné utictéhet paitienlrer d'importance
aux létineillotx de THorus/06 est. qué les deux contre
forts escarpés qui fernient et éominandéit le AéBoéRE
de la vallée de la Clouèré dinfcéne du Clin 86nt
oCepÉS par des ophiai BAUTOIS AREAS dé tr6i8 côtés
par! dés léséarpétients Apit el TErREs? à Ta SUrge /
dans] la partie ctranérce "de hp As tile QAATIS
of ti SUN) NT )28 6 4 ÿ'1q Y*uoi , 2991/1109 29TITIS ‘b exsb
lisor 9h ue 9ùTUqus 16192 LH D MOSIO TE
ac Notamment dans le voisinäge de Vannes ( DA LA Jos:
AIIIOIT 45 Hp
MARQUÉ).
10m ANT 10 MÉMOIBEBr102 2010 223
occupent, par,un,retranchement;en terre; et en:pierres
sèches; véritable..agger-élevé de, main d'homme sans
traces de fossé. Cet agger .:conserye.encore aujourd'hui,
dans éertaines parties, jusqu'à 4, mètres d'élévation.
r Telles: étaient Jes places: fortes, des Gaulois assiégées
par César, auxquelles shcçédèrent les camps d’observar
tion,et plus. tard les camps de,refuge-que les Gallo
Romains opposèrent aux;ingursions,des barbares. 0
, °ke plus considérable, des deyx-camps, dela. Clonère
embrasse, une surface de 8 Mr et l’autre: de;2
hectares seulement ;iois mu .etieu22o cr. 2àmredo b
on 4° Si nous ne commettons, is Se diérrenT Jes..cammeil-
Ioux, de Château- sLarcher, si voisins, des .deux.oppida
celtiques.que. nous.venons, d'indiquer, sont, dans, ces
âges reculés, les équivalents Dr D
situés à.la portée desyilles.… notjôrdo 29] DIST eiq
2445 D'après tonte. qui précède, rien,.ne nous-semMr
ble contredire,.cette supposition: que la dongueligne
jalonnée le long de da.rive.droite;du. Clain,.à travers
les vieilles forêts dela] (Gaule,;;me;soit,tont.à la: fois
une. frontière, sacrée entre deux fribus importantes, yet
l'indice d’une voie fréquentée aboutissant à un-cenfre
de refuges; aux demeures habituelles des chefs de la
nation, et..du. culte, autour desquels ,se tenaient ;les
grandes assemblées et.#accomplissaient les, rites relis+
gieux.des)grandes solennités,,019 &[ 9b sëlley &l 9b
2216 Nous ne formulons:toutefais:ces conclusions pro:
visoires que:sous la:réserve.de la, sanction.que viens
draient.leur.apporter.des observations analogues faites
dans d’autres contrées, tout prêt à accepter une inter-
prétation ui serait t appuyée sur de meilleures raison S
a Re } CoiTts izioy 91 2180 Jnsmeto"
que es nôtres. En Le
224 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Il nous reste à nous-même trop de monuments cel-
tiques à étudier encore dans la Vienne pour arrêter
définitivement nos déductions. 8i nous avons soumis
cespremiers résultats de nos investigations au Congrès,
c’est dans l'espoir que les archéologues d’une contrée
aussi riche en monuments celtiques que le Limousin
viendraient à 'hotre ‘4idé pour ‘arralheér à ces pierres
muettes le secret qu'elles gardent avec tant d’obstina-
tion depuis plus de vingt siècles.
JAOIIO6 A4 AHYA4AAU
ATITANIAAIA-YOAH HATASNI AG
F'ÉEV ie (OlLIAs 2891 16 1 pites (ete) 9IJ13VON » Lt
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2914 +eniv 9b aulq eiwaqsb ao
L'ABBAYE DE SOLIGNAC,
PAR L'ABBÉ ROY-PIERREFITTE.
En novembre 631 d’après Mabillon, suivant
d’autres en 637, saint Éloi, né à Chaptelat (1) près
Limoges en 588, obtint du généreux Dagobert le
village de Solignac (2), afin, disait-il pieusement,
(1) Paroisse dans le. canton de Nieul (Haute-Vienne) : c'était
la maison de campagne du père de saint Éloi. Le monastère de’
Saint-Martin-lez-Limoges a été bâti sur l'emplacement de la
maison paternelle du même saint.
(2) Aujourd’hui chef-lieu d’une paroisse de 2e classe dans la
commune du Vigen, à 10 kilomètres sud de Limoges. Ce lieu,
qui était une villa royale sous Dagobert, garde encore,
comme caractère de son origine romaine, d’abord l'ins-
cription suivante, écrite en lettres régulières, qui avaient
six pouces de haut :
TVRAE. NA
RINI. FILI. NA;
II. 45
-226 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
d'en faire.une échellg qui les, conduisit équaiJes feux
Bu, Giel-,Cétait l'époque de L'année où des scies du
Foi perçevaient l'impôt, 6t.deià les, enpayeurs tra
puis deux tombes en serpentine à la couverture imbriquée,
2etlenfinis qu piéa dé'restalier qui conduit du "pOéhe dans
d'église! détix"tiibours 46 colonne picés de châque dète [q
siVéiét qutlquéstuns deg passages dé là VIE! de sdint Ét0,
réerite par St Oûên j'atfffé dans UE Notiée 1777
2sgopemique, fntér Castétal? x perfvit db do Vilar quamdam in
rurèr Lemovidino ébéhominatän) SOL ÉEMENTA UM, ‘dicens :
comic ihi y Dütfiine fi ir, séténitas EUR CONCEAAE, ho
'pessimb}, l'etmihi ét tibr, SATA COnMRUErE Per quam
5 mérédiiuf/ ad cœlestial Yéena Wtérqné donstétidtere 5." Quam
“jus pétition ibentes Fe sieut Rolébat Anfiuit, (6t° quod
| pépobceratisine l mors !"4%o Piicept6! Æ6n CRE" EFAE enim
tops -u0/Ensts ablit ls e Éoden Gage épi thésauro
‘exigebatur inféfendus/ (sed!) tnt) omis Cénsus in unuy
colléctus régi pararétur ferendus 0 ‘Yéilét “domésticus
siimloet monétarius hdi Ue Murun su” ras lCoCtidte
ipurgaré it justatritun puriimum 46 Huit aulié Légts
préséntäretur métal {hégéièbat Ein ‘prédiun esse
Hligioconcéssum), tôt Mid atque ébrate pr Ha Vel
quatriduum 1abofi insisténtes ° huïla Potérdnt Dé prie pe
tentè, arté profièere; squétto 45 Etict0 préVenieng duneits
opus Cæptun imtéreipérét DR Mox
ergo üthocmüticiatuht estl) Cunetis Toci US hdebiS éKrtan-
Hibusy etopté pérrectunn Est et eat ditio ft ComniSun! Gto
if\Joco primum ac potisSimunt viroturn Def’ eOngruKit 0
nästesianhy übi etian abat tonbiitéto, multos. 6x Quis
vernis anerpartél Plurés quodué ek'AVersts froyinens
usquertd centénäriuifi)quém diquagéaNUs supérgreartur
numents; rünachôs Congrégatit! RédditUS etiam terræ, qui
15 angl SSH
affuenter” suicére possént “delegnVit 1pée "Yero tanta Ke
devotioneltantoque aide codém loto’ diffudit cut | quidquid
habere! pôtuisset ; ‘quidqiid” reg auferre, quidquid digne
alièuÿ comparäre, düuidquid etiam gratuito ei à potentibus
h f LA -
104 RR
AOMANA AG AOL AENIE 2H49/H09 297
/Näilätent l'or qu'il avait ne pour’ Iu j'dGune 1er
Hormé Héecehiie à eu” pére » APS al des: ne
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Set es SONDE sl £ Snidnogis2 ns eedmrot zxuob airq
_derpitu Jun an eSSBt MAS Prediio, dogs idestinaretsiWideres
plausira HR DE PRE, ARC ysibus-neces-
Series dreafiau} çf lignga. Vestimenta etiam, Let; lectnaria,
ac Jinteaming,, mensalia,, ReCnQN ét .Yolumina -sacrarum
D RCHTATER QuArDInr ina. Seal et.qmnis.quæ erantrmonas-
: ER 1 usibus pecessaria, jp tantum ut pravi quique ingenti ex
he Suecenderentur dnvidia, Cogitahat.enimr et ipse lemum
apfen m,Se TANGIPATS monasterio;; nisi eumyalio jindoeo Dei
de ssét,.dispensatio, Qu, in,-l9co-ipse.quoque sagcessisr et
reel FafPre em Obserrantiam. yidi;mt-pene singularis
Do Vitre isdem,monaghis pre deteris Galliæ-monasteriis.
or ME SP gregatio.etiap, nung:macna. diversis egratia-
nr. Di F9 Du: bis, O7n aa, 5, habentur,. ibi 2trrartifices:plurimi
Æyersaram arfjnm periti, qui, Christitimore perfecti, semiper
a PRES ER sunf.parati. Nuluribi.gnidquem. proprium
12 Éu) ic, Sert in Atibus. plus apostolonuness “Sun
TB nino pra emmibus ommunia, Qui locus; tam fertilis
Re mque duçunqus exetitit, ut, fuR quis, ibidem, diverteritr,
inter pOMornn, nemora et, hortgrum;amænitate virentiasin
D ] libeat protinus. PEOTUMPETE, Verbes Quam Bone .dovus
Page Tab, el qua mel énberaaente tu ASneAl (Nues KHAN,
FU PAR AE etutanquam cedni juxta
aaue Rap saual paradisus super fumens.de alibus nempe
Ph ai 178 JO Em HEÏGUE ri Rae ous tom hanedicentur
HE 25 MT 82) —Est:autem idem. cœnobinmihaud: proeul a
MOREL HS Am, px Grciter milibhs ad plagam, distans
jun STE trie AR EM AR NIET PO» D aude api
F9 pet 61 OT SRE: npitum, decen -farer stadiorum
5 SE jp jp Greuitu, EX Un9.guidemIntereumunitur
Dit min rene rquod, HaQn$ exçelsus , Silva opertusyat
ot _ Lie eminet, HP DÉSS Omne, autem spatium monnst
np Hiversi, feneris, pomifers, pçcupant-sieque ilie
segnis animus recreatur, ac si partem amænitatis paradisi se
QQ
die CUHIOMHAM
CL d15192 99 9HpÜrodtus des 90642) 5 ‘12/0495 99
ZT HOTEGN ETES M de id bDéséaste 19 10119"
de Split se réjoniqéi, difoi) Hate dévénir
aps vaux à un coripat hôte “lab vètte Hétoite.
Mais cornme ie di dit tutiéme/! (pot! détifandér
Ho Me di rot gs di paix”. “ee fe “peuple,
ob entr Un aint | repos aux : Lertitetn ‘de: Diéu’ bét
aussi oe da Son mie fe Diéts” ant de DÉEdbat
'céda immédis ab it non détere quil tÜhd#50. à
Soli jenaf, Men Me bits” q Qu'térrait dé 14 muni-
ficenc alé Sur +QUt 1e” tte ISURUTEl ét sur
.ses ha bi ta ns 0de tu dééiqu &Éénditiôn qu'hs° füskent,
RO AO DE HUE mL tr ne QUHSY fükként nes oélqu'ils
Sy fus ELA LOT NOM bhifinantis in
quité is servis to de RS EE Chart P AIRE :
As Op heureuse DOUTE Ans échanger désiièns
nets dés Dien$ méiliéurs) dés bidns de Da
Dé ceux Au ciël! dés ten der Loabes contre
Jes bi ens dns Péut denèues S'épposéraiti à" cétte
“donation, il démahdäit Tacdomiplisemefit dés mialé-
"dictions. at Ed ALLO iilpiés par T4 sañtite Héritite.
“Le don teur vouiai it die T'ABHE Retacie ter 869 frères
“ | snivissont à Sotignac fa roblé QE sdint Benoit et celle
‘dé saint Bof LUE TRE océvait aussi
‘le droit de réprimändé dan$le é4$ GW Pabbé Btiles
“moines où”"lèuis Sltcbkleurs se” rélféherhietit de leur
ferveur primitive. Du reste, ni le roi ni l’évêque
“ NE SRTAICRE; droit : sur ‘les. personnes 1 ni surtes choses de
‘cebmonastère,, Or. comme le. fait FRERE, Nadaud ,
es1dMonx 251: jaebr 9499 : daocroffotrrot s1àte. ARE
“locéüpasse gratuleture:-1 (MIGNE à Dies nu "LXXAN,
pr 49-4940 Sancti Eligi Vibea; sancto, Avdoeno seriplæ, Le 1,
c. XV et XVI)»
(1) Voyez la charte dans le Gallia christiana nova, T. II : ad
instrumenta, p. 186.
MÉMOIRES. 229
si ce dernier passage est authentique, ce serait faire
remonter bienhautl'exemption dela juridiction des
évêques, La, charte, de, saint ét sie A Eee
etidatre: qu 10:45 « É) D Ed Ÿ Han
»embre), LB DAS Dax . Son vs Si Spee
deqphpsieurs évêques, Alont, les plus, connys OM
1Adéoda, de Mâcon: Ro Be de ee nee
deslaon: Manrice, de Beauvais; Salapius, de Nantes:
Loup,.de Lime . gr a s, Deoremus êt
d'autres gran seigneurs signirent pu gsrre 08
eLes premiers religieux de Solienne furent done tirés
eLyxenil, où était abbé saint CRD NT Fu
mriplnd se b3sn les. Aanes tique 16: ON ot
8. fixèrent.et lesangines qui, sy rendir ph de diYRes
previnces qu y éoupta, bientôt jnsau à cent, RUE ante
hommes, Duurestés, Je magnifique fondateur les avait
«dotés, ile manière, à; les metre BB US ua {besoin
s'Éout cejamiohtenait Au roi;et,des seigt RE Es
ofours: ikkenyoyait A SON AD 1, Br
-que-cela ec FPE fr. e lieu de OÙ
<prédilection.daps lequel il vorlait.se ne Fo DD
-ned'eût appelé au minister eolAPQrieR Ôv RER) Hop paf,
oexritaitdésdors à nprhant degré l'attention, jalouse des
: méchants(t);: Entrer antres bipniail M AL bp
estard cedmonastère les RARE D HOTD ef
rseignent ide Sandy es quil dpnnfpus, ses, biens
jee, va im ior fit Été vŒ .svitioire a 1
ore à Solignac un reliquairé eémai in, en
Pé bu naUR, PE ee CRERE Me ARTAOM féxier,
EN PRE CRETE SLA METO nt lnrts HR EE Aron
sans la combattre formellement : cependant les membres du
:* Conérès lés plis kom bétents Hssurentiquesderceliqueire)ap-
1 partie An auto siecle bien tedimnnencement dus xx.
«(.IVX ds VX .9
VO : IT .T ,nvon nuniiadio nillnà oJ eme 9J'1849 61 seyoV ([) :
JGL ,Œ ,Ninamprizos
230 - CONGRÈS SCIENTIFIQUEVDE FRANCE.
situés à Solignacy puis Étienng-de Tranchelion ;quicfitr.
de;même.en 12501 estg 298204-29b-176M ais 9D° 6dds:
Saint: .Qnenisavaitiwisité lermonastèrez: il Ino1690
apprend qu'il était entouréd'unélhaiervivedet dur)
fossé de forme ciroulaire y mesurant A0 stades, e’est-hs:.
dires 4,250 pas. : En: coulent: der est à Louest, na
Briance le protégeait au midi. L'espace dibre entree.
mur de,clôture était planté (d'arbres fruitienssl et;i de
l’autre côté della petite rivière, la montagne abrupte;:]
était «couverte: comme. elle. l’est aujourd'hui, dam,
bois- touffu ;; au, milien duquel Pcil aperçoit d'énor-()
mes roches,qui semblent: près de roule: Dès 1e temps -
de saint Éloi, laivalléesétaitsi æiche-et siagrénble j 11
avec, sa Briance chordéeleripeuphezs quissiélangaient ||
superbes ;comme:des cèdres() qu'an-étranger nouxri. |
desisaintes Écritures s'éeriait volontiers ave6; le, pieux; )
bistorien!;: «0,Jacob, jque vosomaisons;, sonticheu-v')
reuses! 10 Israël, que:vosr tentes ;sont ; belles! |, Diew;1,
bénit: la: demeure, des justes Lo Comme lui,-lon,.
trouvait |làquelque, éhose;iides| charmes du «paradis. |,
terresérbor 92 11504 dsôvà oz 9h timôb 92 ( ,gus"|
LO ,400 erov, sidi £ 51 tumor [1 fo ,Ofsvst#
TOO 9HPpa91g 2qro9 noë 800 no 291108 D féviuz
Ce-témoignage: de:saint Ouen, juge.éclairé et.in-;
partial, est assurément le plus bel éloge. qu'on. pût
faire de Solignag : il. dit; gne,çe,monastèrerétait Je
plus régulier. de:cenx: qu'il commaiésait 2, Quoin loco.
tpse.quogye aocessi,. et fandum | sagree regulæ obseruadian.
vidi sul, peng Singularis sil. vilaseisdem :mongchis pr:
cæleris; Gallige monaslerifs.. Qn doit ajouter, que. cptte..
retraite bénie a, endesplusila gloire d'apriter l'éçla.
tante vertu de sainf.Bemacle.et. de saint Tillon:. qui,
1]
LOAANT AUMÉMOTREWLLO2 21H00 oŸS
ontiopéré plusiéuisntirdeless dé Saint: Bolvi | prénier i
abbé de Saint-Maur-des-Fossés près Pañ | ‘mél érp D
6609et de saint-Hadelin| quisuivit” saint Remacle,
devint abbé deiCelles! près Ditiants laul! diocèsé) déls
Liépe9 et mouratile B: février vers 696719 ou1107 9 Ae2oï
Un .motosur saint Rénacleliet saint Thead,° très)
connus en Fibésgag:s dd .ibior us dissgètorq ol ossi
Saint ReraclélouRimaïl; né de parents nobles) egior
Bertÿy dit-on èt, suivant d'autrésy à Limoges °Tfat |
d'abofd .référendaire dé laschanéellerie 4/14 cour del”
Clotaïte.L ILis'était retiré dans larcommunauté dei Sto0
Sulpice: dé Bourges ,0d'où ilyint à Sohgnac, dont A
fut ekoisr pour freniér #bbéiparéhint Éloiqui-métite D
11 éouvétrait dépuis quinze ans lorsque Sisébért
l'appéli en Auktrasié:) Ordéhné “prêtre Dpar 4)?
Goeryil évêque de Mets} éh51645 ; Al dévint abbé: del
Cotton ivquerSisébert venait, de’“orider dansoleiri
didéègé d'Utréchtipuaisévéqueote Maëstricht, en 650197
aptés sait Mmidnd) Enfin, ayant fondé les monastères
destävélo ébdeMahnedrs situés à demi-lieuéll'unvdert
l’autre, il se démit de son évêché pour se retirën "à!
Stavelo, où il mourut, le 3 séptembre , vers 664, ou,
suivant d’autres, en 668. Son corps presque entier
fut Porté À Sôlreniel Let l'O y 'EStébrait éette transta-
til le Élbrentbtè. Îad eulq al imomôiuees des | [srsq
Shint Pheat "filon où Thiblindn , né/'enSaxe, dé!)
parélts nôbles mais idlég Pétdtt a pleine Korti del
l'HeS quand tes bris TENTE rene et 18 En
dirènt ARR PAYEBAS int ÉlOR EtEE paï son!
air distingué LA DAY 80 rabbin ét avait traité”
conne ln affa qui ût lent) eté cher! en sorte”
qu'il avait edf koi édutation rélipieuse ét artistique
939 CONGRÈS SCTÉNITFIQUE DE FRANCE.
à saint Remacle abbé dérfolignat; qui lé rendit'apte à
secondér son! protéctétit das 868 travauk orfétiette.
La vértu!,! Fhabilété let Passé lu tva ce
jeune homme” méritèrent Phtréétion dé V'ilästre
artiste, ‘Auquel \ il lsucéédi Comme niatié 4e) la
monbaié de “Patis{ asie l'A éonstité Leblanc.
Pendant l'épiscopat dé saint BIG) TP6btint de 88/faire
moiné à Sofgnal} ir il édifia 4008 sés freres l'E Pien
que , sur leur témoigiige) Pévèque-dé Nôÿoi! ÿant
forcé son humilité à s'honorer du sacerdoce, l'employa
à convertir les Ménapiens!}k’est-à-dire les habitants des
environs de Tournay. Quoi qu’en aient dit quelques
biographeso il ne futmiatsbédeSolignaé miévêque.
Après la mort de saint loiiil quittarSoligmad où il
étaitsrentté ,zety5pendaht}plusiéurs ramnées(il vécut
dans une austérité digne desisohtireddeda Thébaide
les” plus Prigidesy darlib vivait: des pain ætid'eauh et
encore neltnangeaitsiD quan deu ifois la lse-
maine. D’abord'ils'étaitfiré à NeditepresEymontiers ,
où l’on voyaityrau dernier sèche: °près d'une fontaine ,
une ‘chapelle bâtie ten so honmneuvs Syivant dertains
auteurs) il s'étaitretiréh Asmedde én Bas Limousin. Il
s'établit ensuite à Brajat près Mate enoAwvergme.
Là il fonda dit-on un monastère dont4b entrquèlque
temps ladireétion, quoiqu'il melprit peutetrenpas le
titre d'abbé: Enfin, véréllan 6951 afin. de selsonistraire
à la réputation de hintetéquessrmiracles ltlavaient
faite A Brajaë, où 86 faisditommer-Pauly etopour
se rendre à lui-même, il/révigtiénDimousimo"et se
construisiti une) célliie toute près dé Sohbnaé, non
loin) dit-on , du‘liel oem bat l'éslise ‘du Vigen.
C’est enl'cé lieu que saint Borinetin évêque de Cler-
ar a MEMOIRE 21000 233
: mont; vint le consulter ayant «de; se .démettre de son
évêché:,0e qu'il fit par le conseil de saint Theau, qui
-mourutdans: cette dernière retraite vers l’an.-700 , âgé
1Senviron, quatre-vinatrquatorze ans. On célébrait,
-udernier.siècle, à Solignac,une frairieen l'honneur
fer saint Theau le: dimanche après.da -fête; de saint
Léonard (6,novembre }:;0n. faisait quatre stations en
sriant pouriles-morts , ;etc; lles-baïles; dela confrérie
tudonnaient dix:setiers,de bon pin-blanc: «561 «2
syolqmis'T ,990brs0$e mh+oromod'e $ àdifier srl no *
29b etrretidsil sol stib-6tes A [BssioqonsM 291 riirovrro
2awpiap db fnoïs ao'up touQ'.vsrrmoT 9h enori
.supävvebr larrgloires incomparable: d'avoir formé des
1: saints, 1Solignac a aussiicélle d'avoir étémuné école où
iu8e7 sont-produits desrartistesrorfèyres. etiémailleurs.
sb$Saint Ouen! trclairement::eiOn)ÿitrouverbeaucoup
:s d'ouvriers habilesidans les arts divers-etqui/remplis
s4dedh-crainte-de Dieuw,;:sont d'uneobéissance parfaite :
_enHubentury dbi'elhantifices plurimi diversarum artiunr periti ,
_oqui;1Christs [timome parfécli semer sad) iobedientiam sunt
-sriparali »:cDéj& nousravonsrfaitoremarquer;ed'après le
(I! mêmeagiogtaphe/ que-saint Fheausfit-à/ Sokignac son
suéducation-religieuse-ét artistique: Sürdasdemande de
sudérêque der Limogés,.quir présida-à;la sépultare du
o1 mêmersaint; iduquel lilravaib obtenurune guérison
orrmiraculeusé,-0n: fitcà Solignac urercrypte. ou châsse
iroenrichie -d'or;id'argentseti-de:pierreries,;-châsse que
Von plaçgasurdetombeat du saint pour constater la
Je teconnaissantenduiptélatii omôme-iut & »°!
aon Étendant pent-être-mm peu/ltrop le texte de saint
“Ouen, conrme le fait observer Nadaud , les auteurs de
19 PHistoine léttéraiverdela France disent que, dès Pétablis-
(
QUE C CONGRÈS SCIENTIFIQUE! DE FRANCE.
sement de; Solignac ,11on1#y1 ehselgna’ les etireks avec!
beañcoujisde:succès-T'otdre de Saint-Benoît faste
combié én:$ait, une, Bonnelparteal l'étude :-cet 616881:
distingueraitSolignacis Les trois Wiographiés de saintro
Theau ,»{publiées deux dans les : Ac sanctorai de
Mabillon (sæculum TL, pr 1994}; let: ha troisième pér. Boll29)
landus (Acta sunctordmr; l'T3 Pan 'pl-376y; sont dués" |
à troisimoinesde’Solighäae {qui “vécuréitlén divéis 0
temps op) 2102 H9iQ no iv'i98 Y Up aomiomt ZXU8. +9 914)
Labbé-GéraldAn;lquijoén° 1034) dû condilé dé ta-°9
moges, argumenta enffavétir 46 Papostolait dé kaat!
Martial} étaitréputétrès-shvant, Philippe prieur dé
Sohigmaé! devint. Abbé de Péssarisda diécése date!
(1357-4563); ! puis abbé Jde Sufèzéloa D didétée 940
Lavaur/ di askistath des chapitres “éhéraux de 607
ordréenl'qualité! deprésident ét de définitéur. HUF"
prééüreut'eénéral dés prôvinées P'Alich, A9 ToWoUse" )
et deNarborneiEnifih ,viédirte véiéral de larchéréqiést
d'Auch, it reprédental cel prétat Au tonte Lavaue?s
(27-mai 1368) {et en cette) qnatitét Nipréceda Hôu802
lefévèquéols tisodr inp .usmolis) jo elit no. aiyoiï
é aguôlivirq e9b jeeus sbios95 VI sestesnA 9qs8q
IX, .25trailo
Jusi [i stéiesnon wb erusiogiorq xwuoirola 299. A
Le monastère deSolipmachaioeu des phases diveréesio|
de &fandeur' et de ruinep1/afnst, len 793.2 1esSarsasinss D
le saccagént ,maîs Iüuis léDébonriairelé relèvei;1en 2°
8604118) Normands | quil pouwrttnt melretiversent passa
l'église;pilentset brütelé-tout, méme llesschârtes ;5707
mais, Sur d'exposé que l'abbé-Bernard: dé fait-deises £ !
malheurs aulconcile de Soissons. ller18, août 866p le”!
roi Chartesle Ohanve etes Pères: du contile cobfirment » !
OU ATI AMÉMOIRETHAT IDE 2ANNDAON 935:£
la. donation. de, Dagoberto parrain onouïieh adtei,rcobe-
figurent;, entre]-autres:Bigmatures ; ‘avec: belles des!
archeyêques. de:BordéanxcetodeolLyon:, ; celle 14’ Aldosc
évêque de Limoges D'après eetlacte,'lébroism’auront; D
surpSolignangne.ler seul droit dardéfenséletde, pros!"
tection..Aucun:clerc 1épuliet où séculienhe:pourrdiée!"
l'attribuer,c'estra-dire posséder l'abbageen conimende; |
mais,elle appartiendra à,pn abbéirégulier-düomonase
tère et aux moines qui y serviront Dieu, sous la règles
de saint, Benaîts et. quiodewsont, choisir! seùx-miétnes
leurs,abbés; dans lasmême maisons sions a92omn
Le seulmonument qui nous reste dupape Marin ou: 1/
Martin 1 estJjane charte-datée du4& juin.de laspreo
mire année, de,son.pantificat (883), par laquele,ien ! )
considération..dela -sainteté -de Daniels abbé:de: !
Solignac,r1et; des, nobles «quisvivent: en: neligiemx:0
(nobiliter) sous sa, directions: lerpape prend:seus1$0n,
patronage Splignag,set.confinme desibiens «qu'ils
acquis, ou quelui ont, donmÿs,le, roi Chaxles et Louis‘[
son. fils leurs enfants et petifsrenfants;, Charlemagne €)
Louis son fils et Carloman, qui régnait alors; xvbeol
pape Anastase IV accorda aussi des priviléges à
Solignac. NI
A ces glorieux protecteurs du monastère il faut
joindre encore:Repim où: d'Aquitaine; panuneicharte
datée Figeac, canedomBouquet, plaicesàrDan:839, 00
ce uquio doitr étrerianecerQus| Huisquésce, prince)me 0!
paraît enoAguiteinequ'en8/#t} lexoi Budeyqui dennao
un: diplôme:tlatéode Saint-Mesmin presOriénnssikes"
13 ejainh889$ Charles dleSimiplé, gnb énosiena run , der
18ajuület 1928 ,81à0[Limoger, du sconsentement:s de:
l’évêque: Turplon:ps pour donner: seize |églises: satx 0°
236 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
moines de Solignac, dont le monastère avait 6t6 ruiné
et brûlé de fond en comblé/Pat les Normands.
En 4157, empereur: Frédéric) écrivit d'Aix lat
Chapelle aw roi d'Angleterre Heñripour récommander
à sa protection notre monastère. 221 Édoart “prince
de: Galles ‘ét fils 'dwtroid'Angletérre{xrvr sièéle),
leur'fit quelque bien: 221En 13885 les Aniglais mirent
lefeurà Téglise, et'pillèrént le monastère de Soiériaé.
— En 22 au moisde mars |sume rotiperq'Angläis
setrouvaitl 4 Sélignat Let T'Hbbé "ft ordéntierl aux
habitantsdu Vigen'deise. tenir prêts 16 défeñdré#iun
besoins Le décumeit particulier qui rapportesce fait
ajoute-qu'à/ l'ordre 9 fallut joindre lé prières pour
‘obtéhir queces vassaux prisseéntlés armes. DH
« En 1568, dit le P!'Bonäventirre dé SaintsAmabie,
les hérétiques pillerént la: villet ét lé moénastéré de
Solignac, /volerent ‘le: trésor, 'brtflerérit les--reliqués
qu'ils purent rencontrér/(et)continirent toute !/sorte
d'impiétés, épargnant seulément Pévlisé 2eontredeur
ordinaire!s En ‘la suivante ‘années tait Tes soldats
huguenots qué catholiques qi passérentpar Soligmac
en emporterent cel ques les) aûtres-avoient/Iaissés»
Pauvre monastère l'Depuis l’année 11303 ,°i étaitoen
commende, et Brantômel mouS'apprend' que, en 4574,
André , vicomte de Botidéilles, Sénéth4l-4w Périgord ,
qui, s'étant emparé dŒTabbaye deSélignacrawec le
seigneur‘ dé Pibrre-Buüffièré;1Vavait obteuaë entidén
du roi :Frantois T1} demande ét obtint, cette mème
année ; Jaléontinhation) é:1æ même rfivetrg-afin "de
subvenir itisilaûk dépérisés ‘que lui! coùtaientrdes
fréquentes ‘assemblées del 1h 40blésséyret. derrvdé-
éhiatger SAT fhovinest qui n'étaits paszen étatoile
ÿ {LD 11921019) 90 Y6uHoi2f au Z
{lo uatro 081 vo'vozut Ateredre
AOMAAX A AUQIITAMIOS ex
Soin dj disvs 91$tesacer of tuob , ;6/r91.06 22
ebasmro Lo MEMOIRE 05 us Dr ot 9) ôif 237
fournir les impositions oxdimaires:J4 m'est pas étonnant
que; sousJane administration aussi 'désordonnée, les
moines, de: Solignac. fussentorelächés ebicomme sans
*ègle: Heureusement, Jéano:Jorbert: de 2Barraud,
évêque-de-Bazas;1 abbéi cemmendataire, de:Solignac',
peintroduisit;avecole «concours de doñieMaur: Fon-
taines, prieupehaustyal de FabbayedeSaintAuguüstin-
dJez-Limoges,s pareontrat du 27raoût 1618 eonfirmé
pasdettres-patentesçdluixoi, etcarrêt.dn parlement de
Bordeaux, dur28; décembre; de même ‘années la
réformesde, la| conerépation: de Saint-Vanne-et de
Saint-Hidulphe.de-Verdun;:réforme.qui-forma celle-de
SantMaur;prisesenmAfiioparles six religieux que
sPabbécommendataire ayait introduits à: Solignac en
eux -assignant-709,divress-payables-à Noël: et à la
Paint-Jean-Baptistescetispourdeurs offices, provisoi-
mementdégliser.de NotreDemesypuisque celle du
2mphastère était occupée parles svingt-quatre:anciens
omoities opposants2sA las morbide iceux-ci;oqui lais-
«seraientidesoplaces -vaeantes aux moines téformés ; la
spension de 100 livres-dévait, diminuer: proportionnel
Jement jusqu'à cerqu'eleditt-éteintesst 15 ao
brides doctes Pères de la congrégation, de, Saint-Maur
svivaient: datisane grande régularité quand la révo-
ütion dedaïfin du dernier.sièele les dispersa:
our Æm A840 , isou le nomsde: Mn: -Sainton, ,Marie-
sThérèsede Bôuïllon de;:La Tour:-t'Auvergne; ancienne
-prieure) de plusieurs maisons de l'ordre de. Fon-
tevrault , fondaitjavecde haut-patronage de l’évêque
ide Limoges,:;dans:le monastère. dela petite ville de
Solignac, un pensionnat de demoiselles, qui à
subsisté jusqu’en 4816, quoiqu’elle soit morte en 1843.
v938 CONGRÈS SCHÉNITMIQUE DE FRANCE.
ble: même. lôcal festrieonverti lénsninefibrique 4e ôt-
<elaine ;:occupéél aujourdhui par) MM Güérry frères.
>9b stiotisioi ol ansh. eotuot :9842124 9 zuobrsq
egtôiatsb tort 291 .9[{uT 9D +9 2900cmiT 9h 2528901b
19Ïu19b vb a #8 é'upesiVossroiloz ob tuo1ibusqôp
.9{9612
nobes :0fices elaustraux:du-shonastèneñdeSokghac
étaient ;;Mune-prérôté;rdont il est faitmention dans
1des;actes. des AAM63443180et 0459751212 um éphieuré
Gaustral 1348;rauquelétaitunileprietré)de Notrez-
Dame-dans-le-Cloîtreren: 1565-66 4586522230 -uné-charte-
brevie,;:1370.;:Saint-kanrentidé Lab Chapellés Ammadit
en.dépendait en:1426;2maisdabbé y-nomaña ren 1816
1581etA604 +14 une iveHèreniecer 4/1 61c-efil 4818
eleétait; unies à: laChamiiteries:11é wñe: “acristier,
0, MST — 6% mmeraumôneries dit 6 9 M5 TR yÈT
TAne: pitancerie ou-prévôté delasalé, 48659-14932
mr une ortolarie ol -hostolarie(fonotionsderlhbs
telien) : en 4870 138% Miles Iprébéndes nbria2
Sales sr pr yepté lnrprévôtéh tous-ces-bvffices Étriént
unis à la manse communéren#t620o115-1104 ,9016207)
1 Déjà .RouS) axons ditrrquey-enri922; [okerr@i :-Charléé
donnar. seize ; églises à] SblienawoWoicirleurst-noms
après:Estienuot.eti Baluzez/SaintMantinide] nets où
Nedde;;: Saint +Hilaire; de?Corbasr: où °Lesi-Cotbesz
Saint-Martin de Préignae;h SaintsGali oi Saintafal
SAR MPIRERÉ près, Donzenar; ;Saint-Germain:-les-
sun ji de Conourss; deSeptempiris où
aint-Martin-Sepper; Saint-Saturnin de,
RER Ann HE un
anh Ho AO LG LIT :9p yo 25448 29D 2 nu
a Chañteu : saute Juli ien, qui 1 lus tard
li pinf ral
Pierre Let SEP ht de La D Re A MAO
apvasu ga aMÉMOTRESoz 24497100 2239
-Bopnet-lar Forêts Saint-Faturnini2quisfut oplûst tatd
Saint-Pantaléom1/1de:yPerpézae-lesBlanceycet : Saint
Pardoux de Sussac; toutes .-dans le territoire des
diocèses de Limoges et de Tulle. Les trois dernières
dépendirent de Solignae ‘jusqu'à la fin du dernier
siècle.
)sTesobénéficesidontiles moms suivent étaient éfcore
sons lopatrontige ia mémelmônastère : Artôu :'Aÿen’,
ipréxôté ret Cire-créééién 11076 £ Brivebhe’? prévôté”et
cure Lai Celle près Eymoutièrs; Chadiéras!, CHatfour
Choneïller;SaintéCÿprien te Lasraye! saints hagirel
Bonne al!ihimirds] Sdiite Marie dé Pirée Butte:
Sañihie son Morgne y dddureiderSoliènace Saint ThBañtr:
Saift-Theau dé Séour DE NVisen ,"bt-Ea Ville-Neuve,
auitquellewie cartulairérd'Uzerthel afotitiaiti LSapate
Pierre élde 0 NitedisonOhamboulives ;- ESpartignac ;
Saiht-Piate dAurile) Afio)rSaintiPriestl Libre ;
Colsérmiour Couzours Saint Bonnéto pres “Cémborn e
Saint AmandderMarval Moniéféé en) Mhréle; Mont-
gibend Saint-Jacques déBoiseuil ; Saint Jacques! de
Crosatge, peut-être) butzaises sé Puf dArñaes
NônaïS; Pendol,:{ Saint-Martin! de VéyracCHaptetht ;
Saint-Jouvént-io Bonnatgilollés 2° Sat Michel dé
Vécams/ peut-être dérVaysse y lSdistéoMarit Geriéstel
Saiit-Yrieix de Cousseræ)SaintAmänd- du hâte de
Corpsonisêt Saint-Bonriet-dessA strass où RU
Nioiéi ie nehé ee du MORASAE dé/Sd1i RE Hot
ont pate és plus Intéreate) 0 1102100 FHo219 7
: WARD oh sas isa re 19{4{9%- is —Jnise
an Le au HOT ni es, ‘à Ja. pl uparf des
Atinivérsdires des S aDP Ji fe es pi eniaitèms,. -0n,Gistrir
buait aux” pauyres du pai di. et de fe argent, D et, parfois
+18 : MONIOT)-21102
HHIOMAM
Ag
240 CONGRÈS SCIE TIFIQUÉ DE FRANCE.
89D ÉHoNuoN Ip 291%109$ X19h 9D nuoedo eôteieas
oqn.donnait aux. moines, le soir, pour la çolntion,,.Ja
charité ; c'est-àdire.une distribution d'argent (1) 5.
s0Fabbé-Archambaud I;dit Je Jeune, élu en 4263,
ordonna. que; les Pères: auraient. toujours, Qu; yin, à
souper depuis, Noël jusqu'à l'octaye,de la Purification;
lesdimançhe dela; Septuagésime, à, souper, de, la
farine, cuite avec de;lagraisse le, dimançhe;.de la
SAGEM PE REO TER SOHPE IFR EN FOÏ APRES
qu denoix,, ou de.fromage;,pifance s'entend. aussi
danguilles..et le châtaignes. ; Notez. que.nce. temps
gorrespond à;ce, qu'on nomme carnaval :c'était donc
pour. ces religieux nn femps.de.relâche dans :leuxs
austérités, Si le jour, de 1asCène tombait, en. mars, le
prévêt d'Arton.devait:cent, petits pains;aux PAUVIES.
Peux gâteaux faisaient un;pain, Arehambaud IV; qui
siégea.de.1320 à, 1334, et,qui fit, pour la nouxtiture
de ses-religieux,,,des.ordonnançes qui témoignent
assezde larfrugalité, que l'onsgardait alors à Solienac,
ditile Pr Bonaventure; .Archamband IV. maintint, en
d'honneur, de la: sainte, Vierge,;le xin:à souper depuis
Noëljusqu'à la;Purification. On, Hit dans. ane. chror
pique dusmonastère, de Saint-Mertial, qui s'arrête à
iBan: 4404, -.que;.à.Solignac., le, samedi des, quatre
temps avant, Noël, japrès matines, Amel
-placés aux quatre coinsdu cloître ,.parés.de l'étole, et
disvob [tr dia .ofsosaon obasdèrq aux 190w0b iv
(1) dLe.passage suixant, de;du;Cange nous,donne, cette, signi-
fication au mot Selegeret (Traditiones Fuldenses , lib. IT, p. 36);
il dit: «In urbe ergo fratribus majoris ecclesiæ in jus cari-
tatis animarum quod vulgo selegeret dicitur, duo talenta
ordinamus... In jus præfatæ caritatis animarum ad anniver—
sarium meum et uxoris meæ annatim celebrandum deter-
:
minamus ».
MÉDIANE 241
HUOIAITHAH197
assistés chacun ‘de ‘deux acolytes qui ‘tiennent des
ciergés, Jisént'en'éntier 16s “Auatre Évañgiles, et cela
afin que 18 foudre né Hombe pas chez’ eux À cette
même époque, Paques !etlà Par Pentecôte; l'éffice
n'avait que #r0is lecons à Séligriac, PRE CRT à
ce Qu'on pratiquait dans lesautrés monastères. !
fl Chaque ! abbé à°&on entrée, dévait au! tonastère
üne! chapélté HP faire é service divin }'é8 qui si-
guifiait sinplément üfle éhäSuwble,! car on ‘Exigen de
Prdñcois Bélut üne' “chapelle de veloux où autre! drap de
s0y avec offres décens ét honorables! Chaque moine’ dévait
réeévoif. ” en parenté” OCCASION L'une robbe ‘ef “habit: Il
dévait! 14b plus © payer “léurs prebés el ’ét “portions
ordéales? et Faire l'anmône généralé journiéllément.
Antoine Éoudon ‘nommé én°1517, permit dux moines
4 at AC SE maté ALIEN parents
pauvres L'abbé ait jusficé haüte! moyérné!et basse
XKolignac, ‘et pouvait énioisir quatre Consul qui
pourvoi RE h +5 fortifications de Ta ville. Mais’les
‘Habitahté4vaïént dibit A® moudié' et cure où bon leur
Rémblaït. L'Abbé ! était! ten ù pour inoitié à toutes les
séparations dé 1! ville : ape l'entretien ‘des "ponts et
‘dés pavés. Dand'les témps'de floublé:"ldévait encore
faire darder ‘là Ve! e 1) BARS ÉntO dés hommés’ et
dél'ingeit par néofhiés on devait aussi, pour linstruc-
ion! de la junte, entretenu régènt | où/du moins
lui donner une prébende monacale. Enfin il devait
von un préscheur pour l'avent etrpour le carême.
(06 .q. LIL. dif , 2320Dn 4 29H05 hnnT) isrspsls a doc 116 mor,
T8) BYE ai giesloos erroLsor eudiriseri 0218 od'ig nl » JD
sinolst Owb,71udiorh \sspslse oclsy Dogp CUTSATUTE 5
-IOVIQLE D$ 'orgistins etstiis srstærq eut ul ..2100eatbrc
1909, rbasrdolas criicame ont erroxm 9 MN Mure:
1. Mt 16.
242 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
EC I 0 dr 194gi # aofersq ‘LC OUI OV
ter à TO LTITOTI FO" h 91199
EPA consécration de la première église a monastère
de Solignac fut faite le,9cmai,, d'année: même de:rsa
fondation, et, 1 s’y trouvait vingt-deux: Rene roi
ete D rien.de cet édifice. | b 9959ibôfr sn
L'église jactuelle, est; du, xx:siècles Dans son! vël
MES ST. , d'architecture. byzantine en -France:,
M. Félix de Verneiïlh, à qui nous allons eniprotééaut
description.de d'église de Solignaci, dit que larcohsé-
ration. en. fut faite jen 1448, d'après [une note’ que
M. Nivet-Fontaubert,. deiLimoges, lui 4 communiquée,
et que M. Lingaud, secrétaire général de la mairie:dé
la même ville, avait prisesur,un ancien manuscrit ,
aujourd'hui-perdu.. Cette première consécration paraît
assez vraisemblable; : cependant Nadaud , qui savait
si-bien toutesles traditions du'pays,set qui connaissait
tous:les manuscrits de son] temps; n’en parle pas;
mais il-rapporte au 9; mai 11195: la .seconde; consécra-
tion, de, l'église, : faite : par. l'évêque: de. :Limôges
quamd -lincendie,de: 4470: où 1M78:-eut: détruityda
toiture et l’ameublement de; cet. édifice} :comme nous
la fait remarquer! M.rde: Verneïlh 4 Lasconstruction
était donc plus ancienne, puisque l’incendie de 4170
n'avait détruit. que.la. toiture et l'ameublement, de
l'édifice, Elle ne, saurait: d'un autre côté être
antérieure. au ‘commencement -du:!xrr ‘siècle. Là
däte de 1143, bien qü *elle n'ait pas été connue de
l'abbé Nadaud est encore a meilleure, car abbé
qui gouvernait alors l'abbaye de nent Gérald
TOMANT. AT HEMOERELLI2 2100 943
de Terrasson, porte un nom périgourdin, et devait
avoir une propension à imgi er les monuments à cou
poles de sa province natale. Bientôt après, on le voit
occupé de travaux qui couronneraient naturellement
uérestaurétion" sénéraerdul Monastère {éonätite
dune foitainerdans Jeséloftre). Lil seule partie dés
donstrnétions debSôighaëiaui0phissé Etré rapportée à
une dédicace de l'épédue dé transitionf! Cest? Le
lécher, oi l'onlfémärque dès vottésq'arétes bur
nervurés. dl nl emma le à au Teste’ 'dè
Éégbeurque euolle von tup,é .dliogroV sb xilé, .M
Model Veimeïlh fseclal 7 Apr Rat 4900ét
le:Bevolumerdu Gallia chhistidha ‘nova 14! rapporté au
DomañrAataio Écoutonscmiintenant de dote archéoz
ldgueiso 8l.9b [srdgèe oistèro9e , busonid..M owp da
-tu@nmreconmättra siséientiSaint-Fronft!Vaûgst bién
due Souillacsdanstetté vaeintérièuré déSotignae(f)s
Meisqu'on, hhylchéréhélpas l'abbaye de saint IG
Malgréison antiqueetillustré origine; denest dttne
église icoupoles comimé léartres! Quelques briques
épaisses ebployées là èt Mäsdars Ha constriction ét
pasfois. servant de) clalveaux ; “quëlques fmorcéaux!de
sérpentihe utilisé8; eh pétitéltroneons!pourlés colon
nettes sdumportaïlitivoilp toht cetqui rappelle qu’il à
existé autrefois] à (Sohgmacshn. édifice rbatiidèams un
OTA A 9h sibaooni'l suwpeiuq .suusious enlq omob disio
oo] ain de Mihititeshes pranires Qui/repré
senfent, Abrider tes] église, Laivae fntérieurel/'dessinéei lpar
M.Uules-de Vermeilh; figuneodass lenvotume de Z'Ançhiteëtume
EC TS Félix der. SEA P bien pou ze
si des wre ne He ne T6 at Ur jf VOS d
ss êr at vue ex érieure, essinee par be
x. 2 RL 5b.ovsddgl 27016 .: 116 eo De [ep 10
G£ CTAIOMHAM
244) , 99 CONGRÈS SCIENTIFIQUE: DEF, FRANCE TW9ÏTÈ l20q
temps où l'usage des terres’! cuites était, [ençore
bénéral let où l'architecturerecherchait les matériaux
précieux. D'ailleurs Mégliserest::de) style : purement
Téthaän par-sonl ornementation et toute, son, architec-
tüié ektérionrer Mais, à limitation-de Souillac.ou.des
anéiüments/byzantinsdulPérigordirellerest voûtée, en
Coupolés/pétdest la salé! dé toute Limousin, Sur.]n
eff s4 Hroiscoupoles }rrilrm/yien ras point -suxr:de
Arañsept méridional, equélcest voûté-enrberceaz;; on
fétréuveanéquatrièmesur le transept dumord; qui,
“déstiné à servir (le paroisses ravait-reon.un-dévelop-
“pemént'ancrmal /céts'ouvraità d'ouest par uneporte
particulière YTorhéer des figures; odu Christ: cet )18S
‘apôtres: 201 9b ‘roger { 5h ZXUS9TIq6A) 299 for
“1, fPabsidé) arrondie àlintérieur, est, polygonale
eéxtérieurément :: ilemlest demême dela; principale
chapelle du! rondcpointavec-laquelle le-eloître. était
‘diréctémént ën‘éonmünication au| moyen d’un, cor-
HAOPWÉUÉ On jen da 0 dirtämiys onde on
POSTES quatre autres hapellesrayonnantes sont semi-
létrcülaires au dehorsiaussi bien qu'au,dedans,, Les
lébupoles sont ‘très-basses; et'ont toujours été.cachées
Jar lé toit. Un. clocher:énorme slélevaitrprimitinement
fbdeRus de! celle eduitransept septentrional,; mais,
LaU We basé ainét évidéer sansolidité devait laisser
bedtiédp à désirer, ’et)rcommerdes. grands ARCS EUT
“Aeslreins “esquels reposaient-ses murs écrasaient, et
découronnaient les piliers, on se vit obligé,, à june
époduel très-réculédsans doute,yde le, démolir presque
9 ‘én'éntier: | 2h Unrautre clocher, dont ilne subsiste que
1és ‘deux'ipremiers étages surmontés d'ux, fronton
moderne, termine la nef à l'occident; mais il paraît
MÉMOIRES. 245
postérieur d'un demi-siècle Au Æorps de Pédifice , dont
il(n'4& poitit consérvé l'axesoi 29h seseril ro ao
*USILes éolonhesl'et)lestarcatunieso qui : revêtent-tout
Vextéiiéur di moriument forment nn] ensemble. assez
élégant: surtout à l’abside,squisrexhaussée;sur. ane
“ypte à cause -detlaidéclivité dusterrain.;-a;de bien
fnéilléures proportions quélla/nef. Les-arcades.feintes
‘detéetté durnièré partiel dé l'église: ont-quelquefois,.des
‘tréfles pouf amortissement ;:dequi.sevoit rarement. A
intérieur, (elles sént appliquées, le lons.des murs de
“hänière a former: une! galerie: ide: service; ebrFont
Soutétnes pardesicolonnes-ow pardes pilastres carrés
“ältérnanit tonjours avetsdes consoles: On, remaxqne
‘le Particularité) curieuse skd'onobserverattentive
ment ces chapiteaux de l’intérieur de l'église, ;;bien
Qué trésvariés ettrésoapricieuxrdans leur forme, ils
°Se ressemblent tous; deux à-deux;; ainsi que,les; con.
ligotes intermédiaires let :sec corréspoñdent, exactement
“Aèpuis le portails jusqu'an fond: de d'abside,, Cest
une étrange symétrie; c’est aussi une :prexve, que
“fédifice entier iestsd'unosend jet: Les sculptures,
“lntôt'enbranite, taritôt-enspierrésicaicaires;-offrent
nabireement ne exécutiom-fort-inégale, Aienrest
que Beatimesnil tenait ponngauloises et qui ne sont
PQue prossiérés Jquelque:soitile anotifoquiles ra fait
Tdettre dans hlomonument religieux;:on,ne peut
empêché dédestrouverimconvenantes. 4. Enfin,,en
1919 SPAbDET dé’ Bonyi1remouvela/-les-stalles etes
MYitraux 211010 JIV 92 110 etoiliq el tasietaotwosàb
"UPS Ont dti quel ‘avait dh mévolätion,-le-cloître.;sle
RAC tt rond) Lepiain anormal; de cette partie
ME TADEAYE, Ho eonstruction-elle-mêmessdatait ,
IST Li else :tnobisso'f £ ton gl aviorrot .owrsbont
246: CONGRÈS SCIENMIFIQUEDE FRANCE.
sans doute; de:Sait Éloil Arant deiconmaître cette: |:
tradition recueillie: par Mrlabbé Texier{onons motts 1:
demandions si:ceque:les premières deseriptiohs 2deil
l’abbaye disent,dél sa: formerronde ne$appliquaitpas
simplement à-$on/-emplacemient, à: soi'énceintegqui l
estaujourd'hui celle du bourgror el 'rpent rues 19
[2 iRépétons x Len! [finissant ,5 que bo sentoTithousin £°
Solignac æst-la seularégliseh Série de coupolés-Nôus ‘
ED AaNONS\ pourigarant-Mol’abhéo Texier, qui comatf *
parfaitement: 1eette province.s[Nousravons remarqué !
nousmême à;quel pointiles-edépolés s$irmples miss :
à pendentifs byzantins, y sont rares) Hliebl ny1s0ht10
pas;tout à; fait inconnues;iéar on en fronverdeuxrkouë
les ;elochers:de la belle église odu Doratiÿ maisimos !
souyenirs,nous permettraient difficilement dé eiteiun£ |
autre exemple.(4}: Dansouneportionndh Périgordiet:|
de, l'arrondissementode Nontrony qui «été démembréé!>
du.vaste diocèse de Limoges ;connerencontre assuréL ::
ment aucune coupolede.cettersortezcét coestid’antants
plus frappant:que,,; dans;le veste: di mémésarrondisse ri
sement, il ya;au. moins cinqéglises-àisérierde cour
poles 1sans parler d'une foule de: paroisses-ahcouppleo!
byzantine ‘unique. ». b +rroe ei pp oviotg fp 99 (#ff5n
Un plan de, M; Lansadei; agent-voyer-àoLimog'es |
onp s'i oifov sl : to "êl esrténr CP 8 moffieror:
GM: de Verneilh.a dif, an.Congrès, archéologiques qu'il);
avait trouvé en Limousin une-autre église à série decoupoles,. b
Saint-Léonard, dont lé transept se couvre de trois. voût
sphétiques. « Cette “partfè du monumiett Serait aussi du
xresiècley mais postéfeutélà Solignae! Dés éohpolés sitples 1
existent ensoûtre à /Saint{Junieb , à1Bénévetit,t à (Chambon:
etenfin.au Vigen,, toutià côté, de Solignac;|etrcertainentent: |
à limitation de cetiédifice. 9h aue29h-1re vesdT-inise 9h
HOHANA LOMÉMOIRES 1192 2000 at
dressé, l'ai dernier, sur là dertande du consëil murs"
nicipal deSolignaë, nous pertetrd'ajouter'kes propor-i
tions -dei l'église. Commerdl'as fait remarquer! M: de
Verneilh; Jécçloéher: nestpasrdäns-l’'axerde l’églisel# |
il forme remeffet;2avecelle) uncangle de ATG deSrésL >
et mesure, jusqu'à la rencontre de cetraxe! 15: mètres°
23 cent, Delcetrangle avec lachapèlle: ‘absidalé J' qui ‘a
5 mèttes38cent de profoideuts-on comptel58 Miëtres”
88 centc) cerquifait pour da longueur totale 71"riètres
1Bcentola largeur-de/la.-nef yen! y'éomprénant ls
arcatures; lestide A4comètres 65) cent. |: SE ere Out
onrtreuve: 5 ibtres 40 cent. % amies td eétituobnsq 6
Letranseptmord a° Hp mètres 15 cent. (de longogtr 1
1@omètresr 60 cceft.1de ‘large let I trañgepto sud°!
12:mètres 45 centursur: 7 mètres: 85 cent. ‘dé Targé? 0e”
transeptesud} dontolarvoterest en Dércexit#à pas” "
étécreprissiquoique um plani de ecran miDnaEEa AE? ”
a Hiem-vouluornousrcommuiquer ‘ét °nôû8) Hñsser ?
calquers donne llesomêmes: préportion® au 1 Aux
transeptsycetrque l’auteur ‘du Voyage itérétré Cons LT
tatequ'ilyavaitisix-coupoles Hefearactètes drehitèc. 7
toniques:dés-deux :tranisepts) s’harmonisent parfaite” 21
ment, ce qui prouve qu'ils sont d’un même/jét! 15
miaoies ont/-18>:mètres-25) cènt} céllé da
croisillon à 19 mètres 15 cent. ; la voûte n’a que
10! ent: d'épaisseur T4) cIET. ts éampäñile à déve
de #'Thètres AU deSUS ‘du faitage ER SORA EUR
Shéqué 1 En du dernier ailes. dubai, à a
trée,.de. laquelle ler maître-autel..était placé: comme: :
aujourd’hui ; restaitlibré, . de tellersorté qu/on1ÿ avait”:
dressérseptiautelss1dans H éhapélé du: Fond, Fautél
de Saint-Theau au-dessus de sa eypte” où eue a!"
948 CONGRES SCIENHIMIQUÉ DE FRANCE.
chapelle dû nord, l'autelldeSaint-Niéolas avedicélui dé
Saint-Éloÿ”-ow dés Ars! dt puratoire droite) plats
pres” atltranéept et celui de Saiht-Cloudià gauche,
Hoûs1es deux. dans leés'Arcades placées de cérdôtérentre
ré ransept et lehäpellé 4e SdintzDhesus Ldans A4
‘chépélle “méridionale, l'autel L'del Saint-Jacques,
faccosté/; droite, déilattel de Saint-Benoît, ætçlà
gauèHE véré léltraméept Jde ncebui derSaintPiérre,
tous Te denx Aussi) daneles lespaces laissés entreln
Chapelle de SaintiThearetle transept: Une moitié-dés
stalles ivarcait danslaimefy de faéon pourtantäper-
fnettre To circülationl extéricuremént ; «l’aütre moitié
‘était sous ledroisillon-L'autel dé lài paroisse nlétait pas,
fcommele dit Mde Vermeilhi {1}, dansdetranbseptinord.
Une eloison) qui s'élevait jusqu'à da géleriesen laissant
“un passage lau sud pour l'entrée des moïres, ussigwreit
“aux paroïssiens ; à Péntiée de l'éclise/ an peu plasideta
moitié ‘derla nef, -eét/contre eettelcléison se dresse t
al'up daseih 1u9[ ao xuseasv ersol ob xusisffo ser
etoitoe 9ffinr xusb. esl iaocielsiot s1b19q àmoiorètèrq
1610) Cette distribution de F'église , <quisopons faire) plage» pu
>ROBbrS grojésant.fes hapifants Iyjques de Soignag, sacrifiait
TES dodo Re ne POULE DENIS EG ROAUe Où
l'abbé de Bonÿ At refaïré les stalles, is éllé était plus ancien de,
“Gn'ne-s'expliquerait potfié pourquoi 1e transept du Abd! Be
“plus développé que celui asus letoponruhot til ste pere à
l'ouest d'urié; portersi grande ef sirounéè. L'ancienne chaire ,
«Aéposée, maintenant: dans une; des chapelles absidales ;;p#f lu
xve siècle, et. de; Labbé, de Pony: AUS MeR ARE EE AURAS »
comme les membres du, Congrès l'ont reconnu. lgré
TES tténe Limipricité AE s form ge RON EN , elle
étre de l'intérêt ® cause délsa datel5 -Z {Note tomihtfhidiée
5 par M:0F.-ideVerheili})à1lobligeance duquel nous Tdévéns
- Quelques autres-rectificationss) 14904 59 246b 19b1lo2mos
domaat aq MÉMORERD2 2419400 249
Vautélode SainteMartialsà droite, raves d'antaltsde la
Sainte: Viérge y quiétaitcelui-derla paroisses [ir rie
.sOn:dit dans lai Feuille hebdomadaire de Limoges:;du
Ariawrib 4783 he Samedi-29.0mars| 1483 ,/environ-sept
heureset-demie.du matin, le côté nord-ouest du.clogher
deljabbayerde bénédictins de Solignae:sest, écroulé
“ans l'étenduend'environ]20:pieds de: large: sux:35, à
Jrid'élévation[Cettémasse aentraîné dans sa;chate
désvastesgieniers del’abbayen quise trouvoient an-
edéssotisset;raprèsaweir pénétrédans le cellier; qu'elle
-aéciasé avecdestonnéaux propres à recevoir, la ven—
“ dange selle la : enfoncéyuneivoûte:;-et)a-comblé;jame
eayeimide quiétoit an+dessous.rdei-teste dr oelocher
- .menacetellement.de ruinéiquon afa lpui:permettrecà
iaueünl ouvrier d'y monter pour enconstater d'état. (et
accident acattiré tousles- habitants de Solignagset des
“environs yet tous-Slempréssnt.de donnez-du secours
sauxreligieux-iMaisiles bénédictins ont arrêté de cou-
rage officieux de leurs vassaux en leur disant qu'ils
préféroient perdre totalement les deux mille setiers
APE duécéttéchute. + méléslaux décomibres plutôt
AURE UE 18 biridre ia ai'a “ pérsbhne. JACHVItE
‘dés Habitants, 89 dé Soi EU G et, ; l'attention, des DÉné-
;.distins “ROUX. veiller AUX; besoins; deces vigilants
< ouvriers font l'élogeides vassaux-commie; de ces ons
.signeursi) On évalue à deux: centrmille livreso'la
ulpètte “ets es raig que earséront li démonon ét a
réconsftuttion” des SHétiéits qu Ctopnér non amer ere
ÿTal ui eSTC SR 9] anxmc)
afls ü odeste fronton, levé, ah Sn
setipercéde;deux arcades.pour.recevoir.les cloches ,
-n@/an point remplacéde-elocher:détrnitss mais tout est à
consolider dans ce beau mommeént"et;T nous l'éspé—
250: CONGRÈS SCIENMIMIQUE/DE FRANCE.
rons-bien ; larchitecté-qui s’en: cr pq héureux ‘dé
stérifier un /intéret MaAtéMer où! l'amour-propre, |
s RAR uniquement à conserver l'édifice ro
d nature. de Caractère, ( q est, du, reste, l'avis. unanime; ;,
des membres, du Congrès scientifique de: France;;qui::
l'ontririsitér le: 48 «septembre 41859: Heureuse d'âpe
prendre que les vastes ruines du château de Chaissétt
vont devenir f Re dr ne râte duel
de Se td ogon, préfet de Haute-Vien ne.
4 O[8 RD a Hp
section d'afoHéoIREté a fait ac . le, Congrès
scientifique,:1-dans -«sadernière séaneevrgénéralé
(21 septembre}yle vœowaéivant: om #01 9199 ,TIE
Je Apres avoir vikité l'Eglise de Etats 4e Congres”
scientifique, réuni à Limoges, émet. le vœu que M CR
préfet de la Haute-Vienne. ER par tous, les moyens, ,
convenables, à.la conservation: de, cet édifice;-depuisi:
longtemps classé: parmides imonunrents ‘historiqaesse L
et unique dans son geñréen Limousifi »9 ITA) ebpadis
esgruo04 9b oupôvodons'L,.I[88 114 .888 ,OI VII. 10 eUIVIIS SI
noitibnos $ eorioi eomistigs éxuob Lul sanotuT sb sdqiubof
.Mieuonril-884 us € Are ès J19te8non of 11360 dis19t [wp
299104 9b 94 HUH) .6!
Voici fa, Nadand. et À Legios, la Lo RH»
de Soligaec : prenne Jeuireunerl ,noboD : s16)28n0ût m
REP Sas à ne bee En RE 1
quinzéprenièrés Années doi. .credeidA. do eudrodoU.egdrod
9D DAGOREEL d'après lé manuscrit 5159 Vanéien no) deta
Bibliothèque impériale : Saint Ouen raconté “que Hstint! Étoi :°
visitant iles frères dé Solibnae eur! dérinal url second ltbbé
vers 6462 hais Hifi de nômimelpas. 0 19 9700 91 SH) D
SD cHtbonatl, ul Crtibrines! était abbé lorsque sait”?
Theau vint de Brajac à Solignac vers 695. je est qualifié de”
vénéable à Sokgnae) punsiesofo in 91 91p 71] gA HAa4 .Gl
4Ë AGREE ? “bibi où PAcoÏERE" Sr nié 91
aoreve 2bnentto" 291 UD , S18Ÿ2610m 1108 ‘10 tot LD Siido
HOÔAAAT TAMÉMONREMUINZ 2HADMON NEA
Saint ir sun ancien brévinire MepSolignaë, pétmiteacsainr
Theau de, se. bâtir, en l'honnenr:de saint: Alatringrpellee mere
“ - ne tère.
19 QG © DTTUEN LOVIIL09 $ JUIN: 22 EI SOU ie g'e
ALMO Où SILVIO, qu'on met He Pre
A 6 OA Pro Mob PA ot DA EEE HUE
pat Quemaés Are paraitivoier ter ana ot abbé asser D
6: FoTaARIUS j/Cnnû, *éonrmé Paholin PT I
PauRUEElO ob vestédo vb eonirirt étesv es[ sup o1bmorq
LE ,OH-ÉPULUS 4 cs eu Hi #iov
ÉRALD Jer, CON)
aa bu #1 6b 40 Dig "20 te NN ele
9J'MEX EL TE re dist .& srgoloèdozs'h coitosz
0e AGrgrusse sérouvaiti rate boncile d'AÏR-la-Chhpéle en
817. Cette même année, ra Ar r aHbé/od'Aniane vs
FRERES dre vaillerayecdni À; réforme des:monastères ge
Fan a (e SR Ale que RRQUT $ vase qu SUD phitasipe
quéélatté /deptié éVéduede Pari dédie s AE Er
sutilrépitremux)Gaateel Mabilloniqu? l'évait crul dés 7 1680
d’autres pensent pourtant qu'ils'agit plutôt de Dructerami,)|
abbé de Carmeri ou SaintrChaffre en: Velaÿ:02 28h or pres do
12. SiLvius ou SILvio, 838. En 841, l'archevêque de Bourges
Rodulphe de Turenne lui Ep rtaines terres à condition
qu'il ferait bâtir le monastere de Vegennes en Bas-Limousin.
13. CHUNEBERT, auquel, en su lar hevê [ue de Bourges
aoftt é VAGUE AU me abri HO AIS Bot de
son monastère : Godon, Frannarius, Bernard, J64itf@s 9 D
Flotgisus, Rigaldus,, Rainulfus,, Silvius,, Bainerius ;;.Gâr+
bertus, Umbertus et Abraham, tout.ce.qu'il:possédaità
Beaulien ;. à Ron paca TE 3 bâtiraient. un, monastèrerde
lordréde faintrBenoioer aouO aise * oleitoqui Sppéutoiidisl
Hi SILVIUS, obtint, RbrER abbé. .de Solignac,., un privilége.. Y
de Charles le Chauve en 852.. -Peut-être. Chunebert,s'était-il..,
démis,, «et, Silvius: du; sa 12, ARMOR la. RRÉEREO dit
Nadghdireup das {1 00 atov oerrailce £ scie niv 1891T
Teil AU
15. BERNARD Ier que le Gallia christiana nobg, cxeggsle comme,
le xmebbé, se trouvant, en 866, au.-concile de Soissons à
obtint du roi, pour son monastère, que les Normands avaient
252 CONGRES SCIENTINI UE DE FRANCE.
GC HATO1
ravagé, Un Priv jlég: qui se trouve dans le T. III des Conciles
def Fe ü ire aussi, en 876 au ‘concié de Poñt-Yon.
ea que, ‘es moines de Solignaë d'étaient retirés à Nédde
ü à Asneddé pour échapper À 14 furéur dés! Nortafias,
sons due de Gascogne, fils d'Imon, comte de-Périgotd/}'et
dont ont un Feveu, | nommé IGothfreaus ; dit inôiné * Solighhe,
ne à dette abbaye les! reliques de” Saiité rausté, idie"et
martyre, trouvées à à Ferénsae. * IL 88 SrsEr6qob dde av
16. D DANIEL qui obtint uh privilége du’ pape Martin Jen
883, et pendant l'administration duquét Saint Gérald a’AuriMac
erton) OO Pha dE INT no do ,000[ 0 dfgreqotr Ii /: 000L no
17. THIERRY Ou THÉODORIC , 889. ÆOLL ms
ex Gi RALD 1, 92." Du’ ‘consentement de” Füléherius,
‘ic omte dé SéBur, 'aonna # abbé [de Tulle Adaëïus°ifnie
“terre one aû Lonzae, et k égüée par Créspiiian ‘ mônastère
ge Solieit HET U-TIISS JD JAI D 5fironr 8[ y997 Ir ,e0aodlo
19! BERNARD ÎI DÉ PA TNE ÉIÉVE avec so ROLE rmünastère
4e Feury, abbé de Sofitnae avant 1988! ”c0 shécésavement
|eo-abbé ‘ét'abbé de Be aulieu, puis de Tan, ‘ét'mbrt évéqééde
“Cahors. 10 91 (nobA 9 0r09[v. LD enreitisq -29L-18q
US. “AMBLARD, intime) ani d'Hervé! trésorier dé 1Saiñt-
“Martin dé Tours, VIE Soüvént, dans là maison de éeltiléiille roi
Robert, 1 pour 1équél il recopià, eRpresS nus dt pots 14 Wie
48 saint Éloi, dont Îe$ 'empiaires paraissent AVE Et Fort
ares dans ‘les dérnières' années du” el Kedle. 1Pénnor2fat
accompagné d'une lettre à Hervé, qu'on trouve dans fé" T/w1,
RATE dé l'Histoire Titléraire de la Praite, N\°rié parait{pas
aù il ait été, lÉommme ‘on V4 Hit, successivement ‘hbbé! de
re :Charroux , de Tue’ d'UZéréhe | dé Saint-Atgastint et delSaint-
Martial de Finibges ‘ 41 mtarait le supposér alors ‘le. thème
can Abblard et Adaokia: 93104461 due Eup..busdrrsdorz
ns GÉRALD ÏIr, qui défi au Conéite dé Litogüs | én 1081,
nie Da de d'apostolat de LaintlVaräall 206b Sroqaex Fr!
“ADALFREDUS OU 'ALFREDUS D nôtimié, én°1055, dans les
De par lesquelles Gé Géraia de ‘Honnéval dé à Solighaërle
p: RE la bofderie du x Monter 2 LLLe nécrologe dé Soligniacontet
oùt rannivérsaite d'un YF, AbDE dû monastère :
des DEA T9 LT ET TOO Z AISYN9 6s9Oporo'2 9er ,
Re EBntu LEE Hémns JV, 9553092, 98208 19h
QUE on 30 19 i6q 9b 29bnadô1g 28bnsre 29 on , eme d'Ofriv
e .: » d Len À
AOL AA )AUQIALTAMINE 2UHNAON PTE
MÉMOIRES. 253
e9l9n09 29h I .T of 2reb ovrrord 92 iup scô[Evirq cu
88 MAO pu Qu sonne PRÈS de Pi rresBui ère
Alonpa à: Solignac le monastère de Sainte e-Crpix, de Los
Buffière,en 1061 : il figure encore dans des actes do 1071, 1073
4090,et:1094. *9B 5ÿnTo9 ,monrl'h e[f ,ogr SODERD) 9p 95. brrer
0840 GÉRALD, ;8bbé; dUzerche. rà qui, on. d pra ler qe re
AeSolignag,. lesonyerna, pendant quelques années, el a
un abbé dépendant de lui, dit Baluze. SE TUS naine £ aT Pts .
1928. GAUABERT, OÙ, ROBERT GAT OP ÈT 2 nr De . te nom
- fansanançien.çatalogug d'abbés.de St se “ éspait
en 1090; il reparaît en 1096, et on lui ë donations
en 1108. 088 , DIHOGOAET 10 vas ss VI
21269 HAUPON,ALDON.QUELPOIN, ancien te ue opps-
otèresren-étaitabbé en,1105; il siégeait enco TR 119. ‘Aaëm HA
icomte.de Fimoges, duifit plusiqurs donations; entre autres
choses , il recut la moitié de l’église de Saint-Bonnef,..: Hfo2 af
1816 MAURICE; que -Geoffroi, de. Vigeois nom me, dans à
passegesuivant::« Pierre de Pierre-Bufière reyint 1e el jnçhe
deNoëldu-pèlerinage de. Charronx...et fut.eru 1ellement.bi DDR
par les partisans du vicomte Adémar. Comme on tui faisait
-passer tout.nuLnp rivières fi ‘al dut pris, et amené, per
à Solignac,. où, dans. une HARMAN À rendit [ti ‘ème,
oep présence. de l'abbé Maurice, 1 EE PL) Hi Me PERS sat
+des donations au. monastère de, Ve ntadour,. FtreD Véte Up
association de,prières, is 48, St velo, En vtt
POLE G ep ovuort so’ up. vis £ grtisl sc b ST asg TON E
20428: GérAuD IV,DE, FERRAZO se: trouvait, en LIST, À là sépul-
otured'Eustorge,; évêque pe reçut à Solignge, 1e
svillet 1540.08 du.bras de saint Éjoi, Rep TA io à
oitere.seette même année, à Noyon, d'où P..de Saint-Martin e
Archambaud, qui suit, rapportèrent, la rel lique. ls re ie
Itaient leur-monastèrer à,çette. solennité. pare ete hs vil
1157, rapporté dans le.nécrologedeL'Arti ige, À 4 mur er fe
2d'Aixé, moineet prévôt, d'Arton, donna à cet. an de
+ «Venir, HAGRREUR DANS 2 le cloître d di a,
nel fr er ete RSR 8 AE AD 6 cotés le monpstère
de Solignac s'engagea envers Ajmerie À. donner, _penda ant
vingt ans, une des grandes prébendes de pain ‘et une mesure
254 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dé-xhr ditrréféètoirep'avectous Îles nets 1(pilmentis)l dés la
cuisine, afin que ces aliments servissent à deux prêtres du
dehors, rquinsersucéèdéraient éiiqme: semaine! -ét'dirañent la
messestous'les jours pour lerrépos de :son âmeét celles denses
paremiwebiamisr2iio ob eorionx 891 los pob auré'l coq, ONE
29. ARCHAMBAUD Ler, frère de l'archidiacre:Alboim) et dela
famille ‘del: Maumont;-alors mouvéllèemént! anobliesr'fils£de
Bertrandder Saint-Amant,, ‘chevalier, diet «A8 Pétronille sde
Säint-Amant /! Siégéaitiiqen 91H01 D'aprèsuirles Véartulaires
d'Obasineret de Dalonioil rmiraitrdtifiérien HOT -don:fait
par le prévôt de Brivezac aux moines d’Obasine.ÿsimais il
ævaitedû sedémiettre 9 Cal 19 ovuoti no'l oup AA .0€
80: ADÉMAR Ier siéseait en 1176: Em 1178;;ce-ménieabbé donna
aux moines-deGrandmont Jetieu de Condiers ahé:làa. paroisse
d'AinbazaG, etyocetteomême :annéésl som lsnecesseur confirmaæ
kicdonation:sLes10 décembreo117839 Sébrand Chabot, qu'on
avaitfait-évêque de Limoges malgré) deirôi d'Angleterregiqui
häïssaïit sa:maisom, voulant: cicher $oméleetion à°ce prince
futrsinstallé: à :Solignac:ipar ‘quelques. Mar ve
retirèrent ensunitb auiplusoviteoiiqiuoanif 5h «û, si auoc.ebogit
31. GAUBERT , père de noble Josselin de :Bouillags 1189. ee
1193, il donna à Arbert, abbé de Dalon , et à ses moines , la
dîme du Mas-Ubért, e giga it utres pen Gaucelin de Pierre-
Bufère, à la HAT qué “celui-ci et ses successeurs en
feraient PR NÉE Toma nn
32. HUGUES DE MAUMONT. Siégea dé 1195 à : 1998. En 1208, le
. .e Y AT; LREL
6 octobre, il assista à la consécration de L église du prieuré de
Tayaux dans la-paroisse de Dournazac près Chalus. a re
88 ADÉMARALDE LASTOURS,, fils ; NON pas , comme.on le dit,
dans: le Gallia christiang,; AArchambaud et de Jordaine de Bré,
de: Comhorn ; mais, d'un;:antre, Adémax d'après, Geoffroi,de.
Vigeois, siégeait.en,1228.et en1287: ILacquit.des dimes(sursla.
paroisse, du, Vigen ,çetles, assigna. au réfectorierdle son 107:
nastère pour l'huile nécessaire ap frères pendant. l'ayent,set-
lesçarême et.il,céda quelques: domaines à Grandmont,, 90
nNadaud.ne; parle,pas ce l'abbé Maurice Il..qui fit, en 12%;
unejassociation de,prièresavec-les, moines (le, $tayelo., ainsi
quele, prouvent les lettres :données-pour, Gela, et publiées par.
(HIZASA 4! MÉMOIRES:92 24H9H409 255
Mabillon: Ge Maurice H «st marqué comme 81e"abbé dans ‘le
Gulliachristiandnévanseeivise evnooils 299 9up aûs ,orietns
#14: HUGUES JL siégeait end1237 éten1289.:Comme:on . Pa fait
remarquer, ildoitiétrecetabbédHugues ; /rès-bor àbbé; mort en
1240, pour l'âme duquel les moines de Solignac:intéressèrent
presque toutes leséglises-du royaume: ,] GJT44i4AHOHA .0S
b351iPrERRE Er, 12480 N'étant pasaissezisavant}/ilée démit;;
rpais!/icomnie illavait augmenté JlessrexenuS dusmonastère;
InriocentaV commitau mois de septembre 1249 ; l'évêqueride
Himogés pour recevoir:sadémission jet duisfaite une pensioi
éuffisante.omieedO'h eomion xzuse ossovird 9b dôvôriq 91 164
36. PIERRE, que l’on trouve en 1250$ne paraît: donc pasiétre
lemêmeque le:précédent | quoique afirmele allia,christiawa.
En1253, d'abbéPierre parait encore dams:ünetraisactionfaite
avecHaele Durandi-las-Molisiras porriles revenus d'Asnedde }:
etyien 1262silatrétadivers procèsqu'on aÿaitavec:le comte
de:lasMarche: /On iluisattribuer cettesépitaphe: pieuse;«où ne:
figurait aucémuainsignerabbatial: Nadäud, qui-l’arcopiée-ui=
mêmepajoutéqu'on voyaitsur lacpierre certains alignements!
tracés BODA, la fin de l’inscription;smaisrien deiplus 4191511191
mA .C8IL .95[Uu0@. 9 ailoeeol sIdox ob DST . TEHGYAD .18
PETRA “TEIT LES UM) FHAISTÉ 5dde DET UE nr ob Ji : ceI [I
61 , COUIONT
No FUGE :COELIS E Jocu ET, naBenE
orroid Spa F6) $, aft9 14 BOTU T8 D Jo .J'IS0U-e8M, 1h 9atib
Dr hotel ME. CERNERE QUAESO ;, | FLITIS.
no a1mB2SDoUs due 0. 19 LDI0) bp. HONDA LS . 16H él
QUOD VOS SENTITIS, NOS SENSTMUS ; MEN ITIS.
JBITCILOS $ 9CSALOIOL THSis'E9)
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RO_ME ABSO 4, PIAM NUNC EXOMATÉ | MARI L
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D € 1210 1 eleas.[i, 9140190 à
9 Sr5911Q HD 88129 L 95 1 OÏJ 8198
97. ARCHÉMBAUD dit 78 émnes en 196%! Cette ‘méme
année Lte°13 Juin, on récut à Soligniac =? ah ionastère dé Sta-
vélo ne partie de la eroske L'HE falchägübIe ét des sandales
aNecdétqétlés int Rérakle avaïtétélentérré, Le diménche
aNahit1'Agéensiün dé l'Année 12687 En rédut un bras du même
safnt. Cét Abbé féure dans un aëte" paèsé le vendredi après Ta:
Sait-Teñn-Haptiste; Yan 1971 otie2e998c oliud'l 1104 9143287
38. Gé ADI! confirmié ét béni) par LAimeric }° évéque! de
Lithogés, ak Pocth aa: "paques 1272 : mourut RER En
déSdinté=Agatnel( 6 évier) 1275 a Bourg, En révénant dé
lâféour dk 6i de France où pialuait Contré lé roi d'Anglé
256 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
terre et la vicomtesse de Limoges. Le mercredi suivant,
septième jour de sa mort, il fut enterré à Limoges : cependant
Nadaud a trouvé dans les manuscrits de l'évêché de Limoges
39. ARCHAMBAUD III, abbé de Solignac en 1275. Mais alors ,
dans le Haut-Limousin comme à Paris, l’année commençait
le samedi-saint, après la bénédiction du cierge pascal ; en
sorte qu'il faudrait rapporter l'élection à 1276 si elle eut lieu
avant Pâques.
40. ADÉMAR, peut-être BERTRAND ADÉMAR, qu'un manuscrit
met en 1270 au lieu de 1280.
41. HUGUES II, 1283. ns
42. ARCHAMBAUD IV, nommé aussi Pierre Bernard , recut,
en mars 1286 (1287), d'Artus, fils du duc de Bretagne, vicomte
de Limoges, et de Marie, sa femme, hommage pour la moitié
du château et châtellenie d'Aixe près Limoges. En 1314, il
fonda une vicairie en l'honneur de saint Martial. On croit qu'il
siégea jusqu’en 1318.
43. BERTRAND Ier, que dom Michel Germain appelle Pierre
Bernard.
44. ARCHAMBAUD V DE SAINT-AMANT Ou CHAMANS, dit Ze
Jeune, Siégeait au moins dès 1320. En 1325, il ordonna qu'on
célébrât plus solennellement la fête de la Nativité de la sainte
Vierge. Il siégeait encore en 1334. En 1327, le chapitre pro-
vincial des frères prêcheurs tenu à Limoges ordonna qu’on
dirait une messe pour l’abbé de Solignac.
45. PIERRE II ÉLIE DE PompapoUR, 1334. On dit qu'il
mourut en 1348.
46. BERTRAND II D'ADÉMAR était Chambrier du monastère
lorsqu'il fut élu d’une voix unanime abbé. Clément VI, qui
l'avait déposé, le rétablit le 15 octobre 1348, et fixa de
nouveau le nombre des moines à trente. Guy de Barreire,
Jean de La Motte et plusieurs autres gentilshommes lui firent
hommage le 14 avril 1349, et non, comme onécrivaitalors, 1348;
car, depuis l’an 1301 jusqu’en 1567, en Haut-Limousin, l’année
commençait le 25 mars. Cet abbé mourut le 29 mai 1370. Le
Gallia christiana nova, confondant les temps et les noms, dit à
tort que, sous son administration, Urbain V vint à Solignac.
47. BERTRAND III DE SAINT-CHAMANS, prévôt de Brivezac ,
MÉMOIRES. 257
fut élu le 10 juin 1370. On croit qu’il y eut quelque différend
entre lui et son successeur. Il est question de lui dans la vente
de la haute justice de Saint-Hilaire-Bonneval le 2 juillet 1377.
48. W1po ou GUY Ier recut, en 1372, l'hommage de Jean
David, et mourut en 1375.
49. BERTRAND IV, surnommé DE SAINT-CHAMANS et DE
MOLÆO, était prieur de Bergerac, en 1375, lorsqu'on l’élut
abbé de Solignac. En 1388, le roi Charles VI lui donna une
sauvegarde.
50. HUGUES DE Boy, de la maison de La Vergne, frère de
noble Foucher Bony, damoiseau, siégeait en 1391 ; 1392, 1417,
1423. Le 6 mars 1424 (1425), l'abbaye était vacante par sa
mort.
51. JEAN, sieur DE RAYMOND, moine, fils de Jean, da-
moiseau, était prieur d’'Ywelio au diocèse de Limoges quand
il fut élu, le 23 juillet 1425. En 1452, il reçut l'hommage du
vicomte de Limoges pour les châtellenies d’Aixe et de L’Arche.
11 mourut le dimanche 20 février 1456 (1457).
52. MARTIAL DE BONY DE LA VERGNE, prieur d'Asnedde, fut
élu , par voie d'inspiration , le 2 mars 1456 (1457), et présenté à
la cathédrale de Limoges pour être confirmé, le siége épiscopal
vacant. Il fit faire les vitraux et les stalles du chœur, où on
voit les armes de sa famille, Il siégeait en 1484 , et mourut, le
25 août de la même année, laissant 40 sous de rente au
monastère.
53. F. HERCULE DE GAING, prieur de Sussac, fut élu abbé
de Solignac en 1484. Peu avant le 11 novembre 1486, par arrêt
du parlement de Bordeaux, l’abbaye de Solignac fut sé-
questrée avec ses fruits. Hercule de Gaïng est dit, en 1487,
dernièrement abbé et vicaire général de Pierre de Gaing.
54. ARCHAMBAUD VI, qui, en 1485, acquit des Hugons la
dîme de Bouzonie.
95. PIERRE III DE GAING, bachelier en décrets, frère du
seigneur d’Oradour-sur-Glane, abbé commendataire de So-
lignac en 1488 et 1490, puis abbé de Beuil en Limousin ; Curé
de Tarnac au diocèse de Saintes.et prieur de Saint-Sacerdos
au diocèse de Montauban.
II. 17
258 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Beer avril, 1490, l'abbaye était vacante, et Je vicaire général .
der évêque de Limoges, y:ngmma,un viçaire général. : nofirfi
HR6p Eu B99N B07Z0 ou B00Z.DE JQUSSINEAU (Zoussinelli)) fut
pourvu de l’abbaye le 30 décembre 1493, 1l'siégeait,, dit-on,
en 1490; époque où illégua 30 sous.de,rente. D'après, un,acte
de.J..de Malavernhia,,; le der août.1498;.i] avait poux vicaire
général in spiritualibus el Lemporalibus Jean JoussineHi,Jicencié
ès-lois et curé de Jourgnac. Il mourut, le 17 SÉPHRRE 1508, à
Saint-Martin-des-Champs, à Paris.
. Après sa, mort, ;une partie; des. moines élut François de
Beausoleil, aeveu, de Simon, abbé de Montolion aw’diocèse, de
Carcassonne, qui.-prit possession les ;autres : nommèrent
Aimeric..de La Vergne,.moine et .sacristain du monastère.
Jean Barton ; évêque de Limoges ; cassa.ces élections... 01
solenirenens hf As éommendtuires brest JE (G18)
Quoique Foucaud de Bonnex al eût 'éptenu des bulles - le
19 décémbre 1503, jl ne prit pas possession.
"57. GUILLAUME BARTON DE MONTBAS, prêtre, licencié ês-lois,
doyen de Ia cathédrale de Limoges , et frère de l'évêque
Jean IL Barton de Montbas, fut abbé commendataire, grâce | à
une transaction par laquelle il cédait à Beausoleil une pension
de 200 livres jusqu’à ce qu’il lui procurât un bénéfice séculiér
ou régulier de pareille valeur dans les diocèses de Limogés ,
de Poitiers on de Clermont. Beausoleil préféra ? à la pension, la
cure de. Nieul près Limoges le 13 août 1913, et: François
Parton, licencié en décrets , protonotaire du saint-siége, qui
en était curé, céda cè bénéfice pour être agréable à son oncle
Guillaume. Nadaud , qui a vu cet acte, pense donc qu Ti faut
effacer de la liste des abbés de Solignac Pierre Barton,
38e abbé de Saint-Augustin-lez-Limoges , que le Cali chris-
liand nova place avant Guillaume, et fait siéger depuis octobre
1503 jusqu'en 1303, époque de sa mort. Guüilltume est dit abbé
et administrateur perpétuel de Solignac dans un acte de 1514,
année pendant laquelle on croit qu’il se démit. Il fut depuis
évêque de Lectoure. On lisait dans le nécrologe dé Sôlignae :
TOMANT HG MÉMOIRESTI0E eu: 959
KLé22 janvier,’ anniversaire d'heureuse mémoire | Guillaume
Barton, “abbé cominendatairé tet''doyen ‘de Limoges, qu'on
célèbre aujourd'hui le T° mai et Je ler PR Toute
l'Église fait Son éloge (1) »
2! On'voyait les armes de là famile/dé Montbas sur la Clef du
cintré dé la porte Collatéralé dui conduisait du cloître dans
Féfgtise. Cette: pierre se trouve aujourd'hui posée sur un ur
dans le jardin ‘entre l'église ét le monastère.
58. ROLAND BARTON, neveu du précédent, prit, à l’âge de
huit où de quatorze ans! l'habit de Saint-Bénoit X Saint-
Augustin-lez-Limogés ; où Son onéle Pierre Barton était abbé,
Me dimanche 12 janvier 1499 (1500): le 15 décembre de 14 même
année ‘il fut tonsuré à Isle près Limoges, où était la maison
de campagne de l'évêque: 11 fit profession le’ 15 juillet 1504.
Dix ans plus tard, il fut abbé de Solignac, et, l’année suivante
(1515), il présida le chapitre. général de Saint-Augustin-lez-
Limoges au nom de son frère Francois, nouvellement élu abbé
de cer monastère. I1 était prévôt de Verneuil près Limoges en
1524; dl le fut aussi de Mouton en Angoumois. Dès 1537, il était
prévôt de Rilhac près Limoges et de La Souterraine. Dans un
acte de 1555 il se dit administrateur de cette dernière prévôté,
dont il avait la sacristie. En 1557, Roland Bertholaud lui dédia
ses Règles de droit civil et canon, l'appelant docte. En 1537,
“Roland Barton s'était démis de l abbaye de Solignac en fayeur
du suivant, son neveu aussi. Jusqu'au 22 décembre 1557, il se
qualifiait : Frère Roland, abbé antique À maintenant adminis-
érateur. Derpétuel de l'abbaye de Saint-Pierre de Solignac. Ce-
‘pendant il ale titre d’abbé dans a relation de l’ostension des
réliques ‘de saint Martial à Limoges, où il se trouva le
2. octobre 1542.
Fo. GUILLAUME II BARTON était doyen de la ‘cathédrale de
Limoges lorsque son oncle lui résigna (1537). L'année suivante,
il nomma un moine de .Solignac à la prévôté de Brivezac.
Nadaud fait remarquer que le P. Bonaventure l'accuse à à tort
= 1; (4) {Pour cet abbé et, les. deux dr Nobiliaire du «diocèse et de, la
généralité. de Limoges, p:145-147 de mon édition, — Pour les »’Aupussex , voyez
bide , p. 74 et 76.
260 CONGRÈS SCIÉNAIFIQUÉ DE FRANCE.
H1iGI
d'avoir fait d'aboen ation de ta “désotdtion dans 1" #nctliré de
Solignac, étant com Ldentiaire Ce re roëlie tétabé Sétitemertt stir
les. cénfidentiaires ecmiis par" S'caidi istég qui était
emparés | du monastère ( 56). Dü resté, on à eu FAO AA iVanCer
que Guillaume Li était encore abbé dé étihag 11871; hais
il eut simultanément 0 ou — (plusieurs béri Hbc:
cures a: Prieurés, | prévôtés nota mment déne
d'Otasmie. 1] mourut éd Re Re 16 1e at VD Pet
non 1573. nl fut entérré à Obasine ID voue rene ji
40. PIERRE IV, ‘dont le \aatri A jan le parlè bo int ent
abbé en 1834, ainsi qué Te constate un aéte qu ué Nadau@ à vi.
61 AMtonn Hoybou, et non Bondon , prêtré au diocèse de
Périgueux, Lobtint ses puits 1e 56 oétobre 1576. Un moing de
Solignac, chargé de préctiratiôn par acte passé à Bourdéiliés
près Périgueux ue en Son nom ri possesRoN Je: 19 ai 597,
et Boydou se démit, à à Bourdëtiles » Te 2 mar$ 1582, léh favéur
qui suivant, autre SON Li ses Ît ob auidonh
62. FRANÇOIS, 6€ non Piërre, BELUT, ‘elèté du diocèse dé Ti
moges, ordonné acolyte et 'bous-dinére en 1535, “pis prétré!,
obtint des buliés le 13 avi 1882, Et prit possession: petéontiel-
‘lement le 17 7 juin güivait/"D" “aprés es rebistrek” au présiafa
de Limoges, « Francois Bolut, adiiestique de là dame dé Pierré-
Buffière , tenoit pour elle Tabbdye dé Solignae ‘lorsque? le
Re février 1588, jé Téutenant! Harticuliér” au °présréial de
‘Limoges, pour obéir aux déclarations du ‘roi! données éoñtre
_ceux de la nouvelle Opinion , fit mettre des Commiséhires sûr lés
fruits de cette Abbaye » ». ‘Francois Bélut ne môtrut pas en 1587,
mais le driver égale 199. 0G0I af ao) ion di do eobaurg
63. Pierre V DE BELAC, où mieux BÉLUT, able Tconfiäén-
tiaire en 1590. é00L 180 81 9[ duiuoun Li de ,eil 000
ne L'abbaye vaquait le 20 juin 1597: mais, comme ait 1 Gallia
:christiana ; ellé ne manquait pas aë TROT ES Le éignéur'de
Saint-Mathiéu , ou mieux Samathie, dit Nadaud, tenait ss
“a maison dé l'abbé, on ne ait dé quel'ardit , un‘éconoii
algre 1e Seigneur dé Hierréfiière DE No
percevoir és revenus." ! 16 61799 6981 Lt
UEA JEAN 1 JAUHERT, TT dbHE noter Lead
BARS ct'seléheur de Barthut” paroisse de SéintiMidher fe
HOMANT AA MEME rr02 ATHAOŸ g64
Gare, diocèse de “Me NS. ER FO ee nant pe ou
Mothen.tonsuré en LP, ligengié en droit canon. en 1598,
obtint, ses, pulles: PO : l'abbaye. de.s Nolignac. le ss janvier de
Seite, dernière à année, _ étant, AS de dix huit A Dpt ne
session, par procureur, k2x 1 1601. 1}; € 6] tudiait. à] La KF lèche
LEE 106 9 f 910)
en, 1609, 8t. À fat fait, évêque, d de | Bazas en 1612, En 1626. il
était aumônier, ordinaire du roi, et mourut $ Paris. arche-
vêque -d Arle les. » 1e > #0 juillet 1648. on l ‘enterra, chez, le les bre A
de ‘Bordeaux. Dean dit que, tout.i jeune € pere, A ut
modèle de 8, toufes sorte d'honnéieté el de pr robité. a por tait, à où à
la Frp 1 sable, chargée de cinq coquilles à d’e ‘argent. dd
3168 De, : GEORGES D'AUBUSSON, DE La, FRUILLADE , ‘docteur. de
Sorbonne ,. prévot de CZ La, Sputerraine, en. 1647, Y prieur de La
MikerDieu, en. 1649, par Tésignation .de, Louis. d’ Aubus Son de
Le-Feniade son oncle F , Puis AbbÉ, de Solignac NCAUES à. 16 648,
Éponme el Riu Fun Er fut,T ane ME 'arehevéché
aspisté A:Tassemblée. comme député : pe ordre de la
province;dle Sens, IL mourut en 1697... re
166, ARTS. DE LIONNE,, du Dauphiné, d abord ‘conseiller. au
ç parlement. de Grenoble. puis évêque, de Gap : ayant été nommé
à L'archevêché PHroprun. fi il refusa, obtint de, Ge gorges
'Aubusson , nommé à ce der nier siège ,, l'abbaye d de Solignag,
pour Jaquelle ilrecut ( des. bulles RE 12 avril 1649 Gb dont il prit
«possession, par procureur, le. 4: janvier s suivant, En 1654 , ll
affermal’'abbaye,7,000 livres quittes de, toutes chârges, entre
autres, de. la. pension. de..vingt-quatre MAIRE». dont | seize
grandes et huit petites. En 1656, cet abbé,se, démit.de l'abbaye
endnyeur dusuivantson neyeu, moyennant une, pension de
3,000 livres, et il mourut le 18 mai 1663. 008 9 UE
6 JuLRS PAUL, DE; Lion, fils de Hugues, marquis d
sBerny,-ambassadenr en Jtadie, Pts dc Paule Payen , étant dat
urdiocèse de, Paris, et capable, de séciter Je bréviaire, obtint
ses balles, âgé;der meuf où dix,ans. le 21 Rays 1657, et prit
1Rasession, Dar. progureur, le 7 ao suivant, L'année suivante,
il changea cette abbaye avec le suivant -fontre le prieuré de
,Saint-Martin-des-Ghatns à Paris. Depuis il ut JS rabpayes
deGhaalis au diocèse. de, Senlis,.-eCercamp,au, diocèse
OO
262 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
d'Amiens et de Marmoutier près Tours. 11 mourut!le! 5sÿuim
1721 avait permis d'étendre pbs du! PHARE
murside la ville, b'ojeil 0109 6 910 ao L'ETÉ 66e
68. PIERRE DE GODEFROY DE /BBAUVILLIEKS, Où, ceriuet
d'autres, DE BOISsEMONT, du diocèse de Paris, prieur! de
Notre-Dame! de Dieu-Lidon et deMontignyisur iles diocèses! de
La Rochelle:et ‘de Meaux ;:m'obtint ses bulles pour:Solignac
que le 183septembre 1665 ,:et pritipossession, par procureur, le
16 octobre suivant. Il était aumôniériordinaire du roi en 1680!,
et il mourut en février 1689.
69. Louis DU BAN, du diocèse de Langres, et non du Belloy
de La Feuillée, nommé, par ‘brevet du roi, en avril 1689,
n’obtint ses bulles que le 8 août 1693, en même temps qu'il
en obtint pour l'abbayeide, Notre-Dame-du-Mont, de, l'ordre de
Citeaux ! au diocèse de Pen ER; il prit, possessions, + Par pro-
cuTeur, à Solignac, le 25 janvier 1695, et, en 1697, il peruta
pour l'abbayé de Pontières avec le suivant.
70. GUILLAUME I BrrAutr, prêtre du diocèse (de vif,
docteur'én théologie ; fut nommé! le! 15 août 1697, obtint ses
bulles le 20 novémbre Suivant, étant âgé de quarante-anñs ,tet
prit, possession. par -progureur,.le.?7. janvier, 1698; Dansle *
Gallia christian nova, qui À termine ici s sa liste, il est dit xcel-
lent abbé : optimus abbas , .f cujus laudibus abstinemus inviti.
mdurut 1e 28 octobre 17245 170 EI TUE TR9Y 00e
[TL PrERRLADRIEN DE MOËCHY, du diocësé de Paris élercde
la chapelle du: roi »fut nommé er décembre 1724, étant âgéide
einquante-trois ans et, prêtre. depuis l'âge de, yingt-huit, (Il
n'obtint;ses bulles que:le 30/juillet 1727, prit, ppssessiqu,, par
Procureur, le 21 septembre suivant, : et, mourut, à, Paris , _Je
18 Fe 1750;
IQ ‘bu BourG, vicairé général de l'évêque: de EMÊL,
D nommé à l'abbaye de Solignael au mois ‘août 1750 j: Et à
cellé d'Orbais au diocèse de-Soissons ‘én:mai:1751; époque où
ilse démit de celle de Solignac, puisque le syrent £ prit, pos-
session la même année. ja. Dia
73. BENOIT-VICTOR GIRARD, diacre , né d'une bonne famille
au diocèsé de Lyon, fut Hole abbé de Solignac en iiat 1751,
âgé de 4ingttrois ant, et obtint! geN bulles! hé 19 juillet
MÉMOIRES: 0) HOMO 263
suivants Iliétaitaussi prieur deRandonsaur diocèse de:Lyon,
et: prit: posséssion,1par -procureur,rle 20-août; de: la même
‘année 1751. Legros ajoute à cette liste de Nadaud, le! nomridu
suivant, en faisant remarquer que:tabbéaGirardi mourut
en big .eireq ob 96600ïb Eh ,THoMa22104 DorTrre
dés toe PONT DE RENNEPONTI# vicaire) général host,
nomméen:1785;:Mourut-en 187, âgé-detrente-un:ansi0 €,
ol TüsoaicDE Foucauep-nommé den 187 figure dans Je-ca-
Jlexdrier de: LimogespourM9Dove Jieto: [l.taeviue, s1doto 01
.O80T “roirvôi 0 d'uryonx Si de
vols sb on às Mn 901 vb , A4 ua eIU00{ .R6
(0801 LTvs A5 107 je drartoit .991li094 81 9b
Ifupegoroi sm me : enRe hui 8 sl aup esflud 29e datido'n
9h BôHbide. ave Iso: EeUt te diné ville *
Hjotird’hu A1 "8 ést'ah hifi Ponte Outre 14 ”èrte
8 q Lj 9 .GpOI .… 8i gate Ù
église Ise des moines, À. avait Æ G ae ain is,
bâtie an xr.siècle, ef.la chape Le dede! l'Abbé,
252 Ave@lessecours religieuxrles habitants PPMTETTENS
let. «des environs” avaient aussideuxmhôpitux "pour
récueinir leurs" fnfirmes 16ù Rés IVieiHaras” privés
de assiste tance que ‘offre ni faturéile nent | nf:
[LASNONS 2H 20 AN 4 ae SENS IQ
souvent aussi ils éprouvaient la joie. EE par
les-bons:-moines, pour l'état ecclésiastique, Ja vie
srelbgieuse, :où :mêmel là viercivile ;j quelqu'un: de
euts enfants que sotiintelisence ets piété avaient
st UE" ntis les Classes” dé catéthisme. Ce bühhetr
eÎT6 cISINOQT dnexine s1daotqgoz IS af
pouvait: suffire à des familles modestes » qui L estimarent
âme plus.que le corps..et qui,ne résadaient pas le
éplaisircomae le butedekaivie.ob svedde'l & Scrrorron to
50 Dans notre/siècle-de-probrrès, pourisreitipläcer
“Phôpital “1e ouvriers bércéltiniers vont ‘Créé ‘üne
19001 8£ L012s
Association de Secours mutuels : AUS ‘bien fm S’les
HET snnoû asus D 9x es
Aaeiennes Sorporations “offraien \ 1e même, avantage,
et,1de plus, Solignac ;ayait deux. hôpitaux b
264 CONGRÈS SCIUNMRIQUE DE FRANCE.
: 0Puormeinsilargéent :#Hônd80à (SoHonacsediration?
gate Ah -Pbriqué dé0portélaife app Fétrérais Cet
aviaot, Name te ae None hraPieZ pes :
SK OS ESS se 219
crées besiius oïvequy. En rénéral,. ces Romane
A EN ECO Eee e MÊME sans .
voir lesjours deehômageet lesprivations d'anemécoce
vieillesse. Si l’écoismerindividtelr'entrouvelbiett 16s
familles h'én‘Profiteñt Te AE üse, 2 En ASIE
Î Î1$ € ' 2
Re Fonte sr 16 tes. LAISSES en
pHnGpor FelieuX quPpOrIeUt üsément, les yents
d'OTAGE A esteibaslloë es — .600 do LOF .q .isrrsosns sgolot
-nwRunemrel circenses:! .cecfutide 0criqprécirseunude she
chute: de.Rorhe:: C'est: (éncéré! añjouYd'hui) Je‘cri de. Hi
foule : prenons Earde!: andmalusr : GI 44 LT ip VO
1 bmatén S'Rsé si Rest dans lé S'euu SM — 16 ÿ
se ES PERRET Se PARNP RES
répuidaient aveé d'abondanies ne le. salutaire:
exemple,du travail,cils faisaient, mieux .wenmoras
hsant 1ils élévaient£vers lé Ciel l'esprit: etleeæur:dé
ces phuvres paysans," fércémient _précécupés ‘de ‘a
terre par ES nécessi ie a ivre. La moralité, Cest
salt el Hi gloire des peiples : julilia dlevaf gen
aN ous qui, savons xemonter,de. l'effet. àla cause)me,
disons done plus: que des::moinès: étaient: des agiens
inutiles ::Sirles: fleuves ‘portent a fécondité ais! 1e
plainé, c'éstqu'ily à TAts ddiit Tés eaux drmént!
O\0- Re [II .q .ièvontl vh 21H6na 29° 2950
sur À és 5 Sommes à is a à onspilon sh S2808T "2 2801
CORNE 5 swnhomondt SIUSTL — 088 gene 5
SOURCES : Saint Ouen Hit auncti Hhigii. Louis:de Mon
tigny;,Hisioirende >sainé | Élois Paris AGR6s1in-2ccre Claude
Robert, Gallia christian: 4e Galliantaistiann vetuss En
p.70 T:ÆNO p.888, 2ddilions ça 30. sfradlia christian Os
TA d60h2109 5945 En COL. 24832882 41 997, 066070601285
Ti I vadditions, pourHugues, de Maumont, et Bertrand. de.
OMAN JA MÉMOIRESII02 2HD/OO 265
Saint-Chamans:.col. 989,948; 1098; pe s1col:(80 ;
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rologe universel, p.761 et 992. — LS Era Acto SEE
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ri, PPoST 2007408 «UD Do 90 apriiss TA, de XXV et
617; mit , T.1, p. 275; seplembris ,\T,r ED Fr 894: TE}
692. — Mabillon, Acta Spncioran :arAnis Sa mer Rent in
DE Eds: strain - SÆCUL. L, J, pre rafatio nos 67, Les
ES, Socin, Di 153.0 904, 097 AO A
sécubitertinn, parsil} pRispars 2! 1p. (698 ShdrsDalllEREAe $
Bhxmssecuinm quartui, pars D] 9733151668, 461 ;sœcu
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“ 1 4642L0Botn et Aie lui AUDE OX Parti, Lt An.
2aBonavénthrei db) Saintesmabié, 920 124 lp. 282 PAIE
m1198,52295328210 258,6 ScorroBréviaires) limousins del 15003
or nes CP dar egiun Jemogicenssss Bari4ba
Vies des Saints du Limousin, D. 1-1], 1, 667-616. — +5 dbellot,
Notes sur l'église de Solignac ; PR) des hommes illustres
du Limousin, p. 226. — Feuille hebdomadaire de Limoges,
2-4VM11783/nd 56. — Mañuserits dela Bibliothèque impériale ,
nb 968) 5452 Lu iMatfuserit au frèré dé batGarde)relidieut dé
Gradäniünt. LNPE og Solehhiadensen 2 Chr rl ère Soin
APE ENLTN EC FO Toy Tunr -Artdpire, 20 \ Cintre. 10bas ik 0 VA
Chronique timousdie: mhuscrte. 109 Rejistrès °les Gisiniations
cétlésinstiques di diveëse del Dinoges 2LERégis tres hi présidial dE
266 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Limoges. — Acles capitulaires de l'église de Saint-Martial de
Limoges, folio 58 recto. — Manuscrits des frères prêcheurs de
Limoges, — Manuscrits de l'évêché de Limoges. — Nadaud,
Mémoires manuscrils, T. 1, p. 138; T. 11, p. 52, 326, 386;
T. l, p:9,4101,153;11561162,41683 "D; IV/1p: 127128 207 Vi
p.71; Pouillé, p. 168, 213; Nobiliaire manuscrit, p. 2365, art.
Josselin de Souillac; Æistoire du Limousin, p. 67. — Legros,
Mélanges manuscrits, T. 1, p. 655, 65% Abrégé des Annales du
Limousin ; Mémoires pour les abbayes du diocèse de Limoges,
p. 177-203.
ÉGLISE DE SOLIGNAC. — Vue extérieure de l’abside.
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eglosos"
25109]
it “fini à
LISTE
DE
Monétaires limousins sous les rois francs mérovingiens ,
et de Monnayeurs de Limoges sous l'ancien régime ,
PAR M. MAURICE ARDANT.
Abbon ou Ebbon, directeur de Daulfus.
l'atelier de Limoges. Dommolenus.
Acolenus. Druetoaldus.
Ansoinaus. Ebregisirus.
Ardimus. Eiarianus.
Ascaricus ou Searicus. Eligius (saint Éloi).
Aselianus. Ernoaldus
Audieranus. Eperinus.
Audoaldus. Frando.
Audomundus. Fredemundus.
Autharius. Frepwindus.
Baudigisilus. Fulco.
Bobbolus. Gaudolesius.
Censulfus. Gondolenus Spaniaco, Lemo.
Chadoaldus. Gundoaldus: ,
Charimundus. Ingo.
Ciranius. Leodonidus.
Cosiananus. Leodulfus.
Daocolus. Leodus.
268 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Marinianus (sou d'or de saint Tenomoserus.
Étienne). Teoaldus.
Mariucfos. Teodulfus.
Maurus. Theodiricus.
Passencius. Theodolenus.
Preserius. Thibaius.
Saturnus. (| TR (saint Theau).
Savelonis. eligius.
Seconis. se
Léa ca ve sh" (ic M et mue: : 2
Ses
à NOEL sh exusllinsns 295 RO hesnsee nf 5h
2spdonn 23h 2910n ds 2omaporen0srish 20l 2biqn'h
Mis oh sb
Audoyn (Martial), 1353. …
Bayard ee ACER RDA, M SAT
Boyol (Pierre), garde, 1494; autre 17
Couture (Jacques), maître, 1589.
Duboys (Jean et Martial), maîtres, 1615.
Fournier, 1775.
aGuybert (Aymeric), LSSAYFU Ed 0707717 My roddA) rodd
Femme Guibert, tailleresse, et Jacques, 1757. HN Tee
Lavallée, graveur ABns ofogia euv . (2ni2ilÆ) iol taie
Martin (Jehau), garde, 1590. v #9 sv. or) set dnis2
Nicolas jeune, essayeur ; Spÿfr Les, J TT Krangois ei
cide l'aîné, 1H9t A8]; j5 syrx VON . L brewrsd) zilstiv
Régnier (Martial) et autre, essayeur, Aro) enoiroy À
Rousset, prévôt, 1775. FRET NBI , (I mes) ailetiY
Ruaud , plusieurs, ajust@ufs, GGsT (rorolodired) aile
De Sandellis (Jehan), garde, 1518. oger (meôt) 191x9T
J. David, directeur, 1731-1753. DCEL . (ewrt94) itr9919M
L. Naurissart, idem, 1775. FSBL (mess) loyoff 8112
Pouyat, procureur du roi,4275ou57 .(L breuio4) eiletiv
Montégut l'aëné, juge-garde, HP. 6 | (exrrtod) 2tfetiv
pétiniaud père et fils, controlears , A115 ;, t169L) T91919M
Boulaud , greffier, 1775. GET , 1494 9Ti229M
GERL ,bwnbsT , (ovste) [sbiV
£EbT , (el) vordieM
.JOHAAI AA )AUQIHITUAIIE 2HHDMHOO 80€
.eu1920{N0n9T nise 9b 10'D vez) euceiniieM
.esrb[809T (saeità
-eutimbosT 201958
«8H9i11b09aT eUTHEM
e15n1910P09AT .2Hi919228
euisdiniTt «esi198914
(u891T àmise) HISTE La ET tie
ion
ei eitols ve
.OierU 210998
Des argentiers-orfévrestaurifabri) du moyebdÿe et
de la renaissanté"% des émailleurs de Limoges,
d'après les terriers, registres et actes des archives
de cette ville
+ GEL (ist 18M) nyoby A
PAR M. MAURICE ARDANT 0 Pier
OOVL 8008 : FOPL ,9breg ,(o1oid) loyo&
.C8CL ,s1ifsor . (89m pas) s1ud109
GIOL . 80mdfénr (IsHt16M do aesl) ayodu
GIVL ,T9iIHOX
Abbon (Abbo), vre' Sedre honnager ; (AE UR) riditré de
LR COS NGTL ,eoupost do ,s2291ol{ist d'isdin) scrmrot
Saint Éloi (Eligius), vire siècle, mônnayeut/ 572 991165
de NN Ne one Ur
agistés ATpaEL tél) Rd : LU VSee9 One asLoDiVI
Vitalis (Bernard Ler) Vidal, xure et xhVelsféches.l «Soi 919
Aymericus (Pierré sp vsées 9108 do (LsidisM) 1oïaed#
Vitalis (Jean ler), Vidal, 1347. GTI ,dôvog .doeeroft
Vitalis (Barthélemy), Vida®, FJ49) 1 5 .a1W9ieulg ,. Dusus
Texier (Jehan), 1389. -BICI ,SDira , (nsilol) eillobuse 90
Mercerii (Petrus), 1396. CGVI-IETI ,ruodtootib ,biveQ
Sire Boyol (Jehan), 1427. -GVVL ioht ,dTgeeizus M I
Vitalis (Bernard 11), VidalS 1480: 101 HD 19119014 de quoi
Vitalis (Petrus), Vidal : ASE, Diso-saut is urgèt ok
Mercier (Jean et pére) ! q4glCu0s ,e1A do o16q businiid
Messire Peyr, 1435. -CTTL, 198978 , brreluof
Vidal (Estève), Vedaud, 1435.
Mathieu (Jean), 1453.
270 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Guérin (Jehan), 1457. 9190 0: SHJASEUON
Jabessier (Jacques), Marotaud, 1468.
De Bosto (Johannes), Petrus son fils, 1472.
Jouberty (Étienne), aurifäber, 1472.
Guimbert (Pierré et Aymeric), frères, 1481.
Meyze (Martial), 1482:
Ardent (Gav.)}1488:
Chabessier (Nicolas) ; 1486.
Bonnelli (Johannes) , avant 1490:
Brunet (Pierre), 149.1)!
NL. — LP. Pénicaud (Léonard), Wardon, 1495!
Vidal (Jean II), Vidaud, avant 1496.
Granier (Jean) et Guillaume son fils, 1497.
G.VA. ? Varacheau (Guillaume) et Jean son me, 1500."
Hardy (Petrus), 1500.
Vidal (Martial), 1508,1:%1 d
P.-C. Courteys (Pierre), Cortoyos, 1503.
Benedicti (Jacques), Benoist, 1504.
L.$L. Sire Limosin (Léonard'Jer), 1530, peintre du roi.
I.C. Courteys (Jean), C'ourtoyos, AB: PARREE vérrier.
Tharaud (Pierre), 1532. :
P.V. Vigier (Pierre), Culet, 1535. |
I.P. Pénicaud (Jean Ier), 1537. TIRE) OS
Lamontrot (Pierre), 1537. RACE
F.P. Poillevé (Francois Ier), 1537: Var
I1.P. (L.P.) Pénicaud (Jean I) junior, 1539.
Limosin (Martin), 1541.
Roger (Aymeric), argentier, 1544.
M.D.P.P. Deux (Martialy), Pape, 1550 peintre”
P.R. Reymond (Pierre ler), Peyr, 1550 ; peintre! ‘!
Raymond (Gabriel), 1551. F
H.P. Poncet (Helie) , 1552.
I. L. Limosin (Jehan Ier), 1554, peintre du roi:
P.P. Pénicaud (Pierre), 1555, peintre verrier: dan
I.C.D.V Court (Jehan), Vigier, 1555 , peintre. $
Syre Veyrier (Pierre) l'aîné, 1558.
IP. (L.P.) Pénicaud (Jean IH), 1561.
L&L. Sire Limosin (Jean II), 1562, peintre du roi,
vw <
oui a MÉMOIRES tion YA
Mouret (Dominique), Tu. père et-fils, EHBUF EN: frère,
1563. IN Monte L/2915n9 2290
L.F. Fleurel (Jehan), 1570. 6
ID. C. De Court (Jean}s- 1572, ES ET roi:
MR. Sire Reymond (Martial); 4571; peintre. oi robin
M.C. Courteys (Martial), Courtois , 15#9: : L'Aetre
L.L. Sire Limosin (Léonard 11), 1579, peintre. - ;
F. L. Limosin (François), 1579 ». peintre: fe
F. C. Bonin (François), Bounya 585. (20m il
N. L. Laudin (Noël Ier), 1586, peintres: {) CS
I. R. Reymond{(Jean).. 1698; 552mo8.1) Bueoinot 11 — IA
S. C. Court (Susanne), :1600:.
Limosin (Joseph), 1610: sé!
Limosin, (Bernhart}, émail au musée de Dresde,
Court (Petit-Jean), Vigier, 1614, peintre.
I. L. Laudin (Jean) l'aîné, 1616, peintre: :
Reymond (Pierre I1};,.4618,
V. L. Laudin (Valérie), 1622. 6 ©
I. R.Reymond, fils de Martial (Joseph), 1625, peintre;
Poilleyé (François IF) après, 1625.,.,:
I. L. Laudin (Jacques), 1627. sa |
N. L. Laudin (Nicolas Ier), 1628, peintre.
Vergnaud (Barthélemy), 1630exr {at opat) T'IQI
Chousit (Thoumieu), 1633. YESL | forroid) tortnr 1
I. N. Noalher (Jacques), 1635; |
Terrasson (Antoine), Tarason, : 1635, :
M. N. Noylier (Martin), Chabrou , 1640:
in a)
Guibert (Jean), 1648. hygr v9irrox |
P. P. Poncet,(Philippe};r PERD 2653, Ppiéser
F. G. Guybert (François) , 1655. rroid
P. N. Noalher (Pierre), 1657. pres ai:
N. L. Laudin (Noël Il), 1657. gar . (oilon) à
Menot (Martial) 1666; ioq . AGGL . (21 rredlol)
I. L. Laudin (Jacquesil),.1668. 221
Millet (Melchior),,;Bavarois, 16767 /; \
M. Poillevé (Jean-Baptiste); 1694. € a AT
N. L. Laudin (Noël Le A6 pese 8) 0 (ÉD)
Gérôme (1711):
272 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
N.M? Noualher (Martial), 1720.
I.N. Noualher (Joseph-Jean), 1720.
I.L. Laudin (Joseph), 1729.
N.B? Noualher (Bernard) aîné, 1732.
N.L. Laudin (Nicolas II), 1747, peintre.
I.N. Noualher (Jean), Chabrou, 1748.
Noualher (J.-B.) 1732 à 1804, peintre.
Dans un titre en patois limousin de l'an 1425, il est D Le gr
de La Vincenda, argentina ou argenteira.
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Les villes, comme les peuples et les individus, sont
sujettes à de grandes vicissitudes, habent sua fata. La
Cité de Limoges (Civitas Lemovicum) en a fait la
triste expérience : elle fut pompeusement décorée, au
temps desa splendeur, du nom glorieux de seconde Rome
à cause des sept buttes ou petites collines que, avec
un peu de bonne volonté, on pouvait trouver dans sa
vaste et antique enceinte ; et, après ses malheurs,
lorsque le Castrum, la ville du Château, la grande
ville actuelle, fut devenue sa rivale heureuse, et
lui eut enlevé tous ses priviléges, la vieille Cité ne
trouva plus que des indifférents ou des détracteurs ;
on oublia même les noms de ses portes et de la
plupart de ses rues. Peu de villes en France ont souf-
fert autant de destructions et de ravages, soit par
l'ennemi, soit par les incendies. Sans remonter à la
période romaine, nous la voyons prise d’assaut par
Alaric, roi des Visigoths, l’an 488; par Théodebert,
fils de Chilpéric, l’an 577; par Pepin le Bref, roi de
France, l’an 763; deux fois par les Normands, en 848
et 912; elle fut démolie, l’an 41490, par Heuri le
Vieux, roi d'Angleterre ; ruinée et saccagée, l’an
II. 18
274 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
1310, par Édouard, prince de Galles, dit le prince
Noir. | |
Nous avons retrouvé dans des titres de nos archives
des dénominations de rues et de portes de la Cité qui
nous permettront de rétablir celles qui n'existent plus,
et de rappeler celles. qui précédèrent les nouvelles.
Essayons d’abord d'esquisser à grands traits l'en-
ceinte de la Cité gallo-romaine autant que les rares et
faibles jalons qui nous restent peuvent aider à cette
opération.
La ville des Lémoviques s'étendait sur les deux
rives de la Vienne, qui la partageait en deux fractions
inégales; celle de la rive droite était la plus populeuse.
Une tradition orale, encore vivace, confirme le fait,
et prétend qu'il à Dre des rues dans les prairies
dites Vicomtales de la propriété appelée La Couture.
Nos chroniques manuscrites en ont dit quelques mots ;
mais certains auteurs, pleins de dédain pour leurs
devanciers, leur A leur trop grande cré-
dulité et Es défaut de critique, tout en y prenant
sans facon ce qui convient à leurs propres systèmes.
Beaumesnil, dont l'autorité est aujourd'hui très-
affaiblie, a donné les dessins de monuments trouvés
sur la rive gauche : sans vouloir me déclarer ici le
champion de ce laborieux amateur d'archéologie, je
ne puis croire qu'il ait eu le talent d'inventer les
types et les légendes des médailles , les inscriptions
et les sculptures des monuments qu'il à dessinés,
lorsqu'il montre son ignorance en numismatique
jusqu'à prendre une monnaie récente de Bretagne
pour une médaille phénicienne.
Les noms significatifs de Mas-Rome, Romanet,
MÉMOIRES. 275
Portes-Ferrées, nous semblent indiquer la limite nord-
est des constructions de la rive gauche, comme celui
de Navigium , le Naveix actuel, port au bois à brûler,
la limite du même côté des habitations de la rive
droite. Ces deux parties de la vieille ville étaient
reliées l’ une à l’autre par le pont de La Roche, au gué
du Goth, leur limite commune du côté du steps
Ce pont devait être une des principales entrées de la
ville, et dut contribuer à sa défense; il fut détruit
par Richard Cœur-de-Lion à l’époque des guerres que
se firent à Limoges les princes de la maison Planta-
genet , vers la fin du xx: siècle : on en voit les restes
dans la Vienne. J'ai vu, lors de l'ouverture de la
nouvelle route de bites d'importantes traces de
fortifications au Clos-des- Palisses : une tour et de
fortes murailles antiques à à l'entrée de la place des
Jacobins, lorsque le sol fut abaissé; ce qui me porte
à croire que la Cité romaine occupait toute la partie
appelée depuis Villa pontis sancti Martialis, jusqu’à
l'endroit où l'on a bâti depuis peu l'abattoir. Les
ruines romaines du château dit de sainte Valérie, fille
du proconsul Leocadius, qui sont encore visibles ; les
mosaïques qu’on trouve partout depuis les Palisses
jusqu'aux ka ars-de-la-Rivière (in Pistoria) ; les nom-—
breux débris d’antiquités que j'ai recueillis pendant
cinquante ans sur tout le coteau méridional qui
descend en pente à La Roche-au-Goth , confirment à
mes yeux le dire de nos annales, que beaucoup de
Romains puissants élevèrent dans ces emplacements
de splendides habitations. Les mosaïques qu’on y
découvre ne sont pas toutes d’un travail précieux :
il yen a de grossièrement faites avec des briques
276 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
placées sur leur tranche ; il y en a qui sont formées de
petits cubes de terre cuite noire et de pierre blanche,
dont les dessins sont presque toujours des losanges
blancs et noirs. Les plus curieuses pour moi sont
celles dont les cubes sont de verre émaillé noir,
bleu foncé et bleu clair : cela prouverait, au besoin,
l’ancienneté de l’art de l’émaillerie chez les Lémo-
viques.
Près du Clos-des-Palisses, un clos a conservé le
nom de Ville-Hérein : on y a découvert un denier
d'argent consulaire de la famille Herennia. Ne peut-
on pas en conclure que Ville-Hérein était la villa
d’un Herennius, romain : d’où le terme latin Villa
Herennii ? Près de arènes est un lieu nommé Antony,
(famille Antonia).
Avant de parler des édifices civils dont j'ai pu
constater l’emplacement, je devrais dire quelques
mots des édifices religieux, du temple de Jupiter
par exemple, sur les fondations duquel saint Martial
aurait, dit-on, bâti l’église cathédrale sous l’invo-
cation de saint Étienne. Mais ce serait toucher à la
polémique religieuse, que l’Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres a déclaré devoir rester en dehors du
domaine de l’archéologie. Je me bornerai à exprimer
des doutes au sujet de quelques assertions des légen—
daires, en demandant : 4° si les Romains, devenus
maîtres des Gaules, n'ont pas respecté, comme
c'était leur usage constant, le culte des vaincus,
qu'ils adoptaient souvent en partie. La province
lémovique , à peine soumise au premier siècle de notre
ère, a-t-elle pu devenir assez tôt romaine, et sa
capitale a-t-elle pu construire dans son enceinte des
MÉMOIRES. 277
temples aux dieux de Rome ? 2 La porte Calcinée,
aujourd'hui porte St-Esprit, qui n’a pu être bâtie qu’au
moyen âge, lors de la construction des murs du
Castrum ou Château, est-elle bien celle par laquelle
saint Martial entra à Limoges? 3° L’amphithéâtre de
nos arènes, commencé sous Hadrien, et achevé sous
Antonin, de 417 à 461, a-t-il pu être le témoin
des prédications du premier évêque de Limoges , et
le lieu où il convertit et baptisa un grand nombre de
Lémoviques ? |
Les travaux publics qui ont été les plus profitables
à l’archéologie sont ceux du quartier de cavalerie.
M. Allou a cité, page 70 de son ouvrage : la petite
lampe de térre rouge du potier gallo-romain Fortis;
la main gauche, de bronze oxydé, d’une statue
colossale ; les deux statuettes, aussi de bronze, d’Apol-
lon et de Minerve, ainsi que les chapiteaux et les
fragments de marbres variés, qu’on trouva dans les
fondations faites pour les premiers bâtiments. Il en a
relevé les dessins dans des feuilles qui devaient former
un atlas à joindre à sa Description des monuments de la
Haute-Vienne. Ces dessins, cartes, plans, etc., furent
achetés de la veuve de M. Allou par le conseil général
et la Société d'Agriculture, et sont déposés aux archi-
ves de la Société Archéologique et Historique du
Limousin. Je crois devoir renouveler ici un vœu
exprimé par cet auteur : c’est quecette dernière Société
fasse entreprendre des fouilles près des lieux où la
moisson d'objets antiques a été si abondante : peut-être
_ y retrouverait-on la statue dont on possède la main.
Les travaux faits pour édifier les premières casernes
et ceux qu’on a exécutés depuis ont mis au jour les
978 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vestiges d’une immense construction, qui, d'après les
dimensions et la richesse des débris antiques qu'on y
découvrit, ne peut être que le palais proconsulaire,
que tous les historiens et chroniqueurs du pays placent
dans cet endroit. ”
J'ai suivi avec une assiduité persévérante, les
ouvriers qui creusèrent le terrain et le nivelèrent pour
asseoir les fondements du manége couvert, de l'infir-
merie vétérinaire et de la seconde ligne de bâtiments
du quartier de cavalerie, du côté de l’est, La récolte
fut d'autant plus abondante que le local se rapprochait
de celui appelé de tout temps Jardin de Duratius. 1]
restait encore sur le sol :des murailles circulaires
bâties en pierres cubiques, de maçonnage romain ; que
nos architectes attribuèrent au rez-de-chaussée d’un
théâtre, d'une grande tour ou d'un bâtiment rond.
Ces vestiges disparurent promptement, tant le nombre
de travailleurs était grand, et l'ouvrage pressé!
Tout au milieu de la cour des anciens frères domi
nicains ou jacobins, emplacement, actuel du manége
couvert, on démolit aussi rapidement une petite
chambre qui devait être splendidement décorée , à en
juger par la quantité et la variété des marbres que j'y
ai recueillis, qui remplissaient cinq énormes paniers :
je les ai conservés en grande partie:
Je me hâte de constater qu'auprès d’elle on à
reconnu un fourneau étroit d'environ 75, centi-
mètres de largeur. Son âtre était. formé d'une
seule brique fort épaisse, et surmonté d’un tuyau de
brique, carré long ou parallélogramme , pareil à ceux
qu'on employait dans les hypocaustes. La fumée en
avait noirci les parois. Autour de ce fourneau ou
T5 HUMAN FIU MÉMOTRES: af 279
de ! cette: Cheminée, le parqueti'se composait ‘d’un
double lit-de briques épaisses-entre deux couches de
ciment.-La) couche supérieure ‘était! soigneusement
aplanie: à sa surface, et peinte en-lbellé couleur
rouge. Le sol ou pavé était divisé en ‘compartiments
par des'baguettes de marbre arrondies :en dehors.
On ramassa dans le foyer une‘matière ressemblant à
de la suieet quelques débris de charbon. JUL
-Mout fait supposer que cette chambre était une petite
sallede bain: Parmi les-marbres qui“en proviennent,
illen est deux ou trois échancrés, et présentant des
orifices ide 5 à 6 centimètres pour le passage des
robinets des ES 5 “ces mar He sont blanc ‘veiné
der pris!s 0 a 00 9D #85 SLTOLG A9 €
1Parmi--les En dé pistes da soirs très-
minces i{f{rmillimètres d'épaisseur); on distingue une
variété de lconieurs qui semble annoncer que ces maté-
riaux ontété apportés dé loint:0n y'voit, mais:en petit
nombre, des morceaux de vert! antique veiné Let de
porphyre: J'ai réunirenviron"10 mètres de: corniches
démarbreiblanclaiteux comme celui de Carrare, ou
blanc légèrement gris; quelques-ûnes dé ces corniches
né:sont pas complètement terminées. Qaatre élégantes
bases de pilastres présentent: les mêmes nüances de
blanc; les couleurs dominantes sont : ler jaune, le
rouge tendre ,-lewert et legris bleuâtre..Le marbre
d'Aquitaine (s'y rencontrer plus-eommunément: Des
panñeauxdeicouleur rougeitet d’un tiers de mètre de
dimension | étaient encadrés de-pièces terminées par
des *angles-qui:s'emboîtaient- exactement, et d’une
couleur (différente. De même, les grandes pièces de
marbre jaune: ‘et blanc: étaient ‘encadrées par des
280 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
baguettes rouges, vertes ou bleuâtres; il y a des
fragments taillés en losanges, en carrés et en triangles
qui servaient à varier l’'ornementation.
Un fragment plus considérable de marbre bleu et
blanc, sculpté sur trois de ses côtés, et poli sur ses
deux surfaces, long d’un demi-mètre, m'a paru avoir
servi, Comme une espèce de console engagée dans le
mur, à supporter une statuette. Ce qui donne un peu
de poids à mon hypothèse, c'est qu'on trouva tout
auprès une figurine de bronze d’Apollon : c’est le
même type que celle déposée au musée; mais celle-ci
est d'une grandeur double. C'est la même pose, la
même coiffure. Cette jolie statuette était entourée de
chaux , et cachée entre deux débris de tuile rouge. La
patine a été boursoufflée par le contact de la chaux , ce
qui rend la figurine très-rugueuse au toucher.
Les fouilles de cet emplacement ont été productives.
Pour ne mentionner que ce que j'ai pu recueillir, je
mets en première ligne un pied romain (mesure) divisé
en pouces et en doigts : il est d’une bonne conser-
vation; la charnière seule est brisée, mais ses deux
branches se raccordent. Styles et fibules de bronze.
Poignée d’un petit couteau, terminée par une tête de
lévrier du même métal, oxydée. Petit cachet hori-
zontal, contenant trois ou quatre lettres, qui paraît
être celui d'un potier de terre, même métal. Bulle de
plomb dorée suspendue à un collier de fil de cuivre,
comme celles que portaient au cou les enfants romains.
Joujoux de corne de cerf. Petit cadenas de cuivre,
revêtu d’une belle patine, d’un travail très-délicat :
ce cadenas est fermé; la clef devait être très-petite, à
en juger par l'ouverture où elle s’introduisait. Frag—
MÉMOIRES. 281
ment de vases de matière vitreuse violette, pourpre
veiné de blanc, jaune et brun rougeâtre, vert foncé
veiné de vert clair, avec quelques lignes jaunes; sorte
de composition en verre émaillé, brillante aux extré-
mités. Olive renflée à son centre, de matière analo-
œue, gris verdâtre, ornée de croissants émaillés en
rouge : cette olive est percée de part en part. Deux
gros grains à côtes de melon d’émail mat, l’un bleu
turquoise, l’autre bleu pâle : ils sont percés, et ont dû
faire partie d'un collier. Petit losange de bronze,
creusé au burin, avec réserve d’une étoile, dont les
vides ont dû être incrustés d'émail. Boule de verre
bleu d'azur, bouton et anneau de verre blanc. — Je
décrirai un peu plus loin les vases et fragments de
vases de terre rouge ornés de reliefs, avec ceux trouvés
sur la place des Jacobins; les médailles occuperaient
‘aussi une longue place : je me bornerai à mentionner
le denier d'argent gaulois sur lequel on lit DVRAT
et IVLIOS.
Depuis ma sortie du collége (1809), j'ai assisté, en
amateur zélé de la numismatique, à toutes les décou-
vertes de médailles ou monnaies faites à Limoges, et
j'ai pris connaissance de celles trouvées en Limousin ;
j'ai pu rédiger une monographie assez complète des
produits monétaires de cette province et de la Marche.
Cet ouvrage est resté et restera probablement inédit.
J'en ai donné des extraits à la Société des Antiquaires
de France, aux revues de la numismatique et de
l'archéologie, aux Bulletins des Sociétés de Limoges,
et à des numismatistes avec qui je suis en correspon—
dance.
Je communiquai à M. Allou les médailles recueillies
282 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
lors des premiers travaux des casernes. Les méreaux
du chapitre de la cathédrale de Limoges, que j'achetai
des ouvriers pendant la bâtisse de la maison des
pères oblats, sur l'emplacement du Doyenné, ont été
gravés et publiés. C'est aussi dans la Cité, près la
porte Saint-Jean de l’église Saint-Étienne, qu’on trouva
un certain nombre de monnaies du prince Noir,
Édouard de Galles.
La place des Jacobins n’est séparée du manége cou-
vert que par l’étroite église de Sainte-Marie et ce qui
reste du couvent des Dominicains, frères précheurs.
Aussi les vestiges de monuments antiques qu’on y à
mis au jour paraissaient-ils faire suite aux mêmes
constructions. Ce qui frappa le plus les curieux lors
de l’abaissement du sol de cette place, ce fut un
immense parquet enduit d’une éclatante et solide-cou-
leur rouge : il était aussi large que la moitié de la
place, et une partie demeura couverte par le jardin
des religieuses filles de Notre-Dame. On peut encore
voir en passant la tranche de cette forte couche de
chaux et de sable. On remarqua également une suite
de petites pièces séparées par des corridors : on les prit
pour des chambres de bains publics : quant à moi, vu
la proximité des tours et fortifications, j'ai dû les
regarder comme les logements des soldats ou des gar-
des du proconsul , dont le palais était contigu. L’im-
mense pièce au parquet rouge serait leur salle d'armes.
C'est sur la place des Jacobins que j'ai vu la mosaïque
enrichie de cubes de verre émaillé mêlés de cubes de
pierre blanche.
On ramassa sur ce terrain des fragments de marbre
schisteux vert et blanc, d’autres marbres communs
MÉMOIRES. 983
grisâtres ; des pointes d'amphores, des tuiles plates à
rebord , deux antéfixes ornés, l’un d’une tête de vieil-
lard , l’autre d’un grand fleuron imitant la fieur du
chèvre-feuille ; j'y recueillis un buste en demi-bosse
de terre cuite blanche : c’est une belle tête de femme
à la chevelure très-élégante, comme on en voit dans
les gravures des œuvres du comte de Caylus; une
tête entière d'enfant souriant, même matière; autre
tête plus grande, de terre blanche et vernie, aux
muscles contractés en signe de tristesse : le cou est
orné d’un collier; elle est creuse et vernie intérieure-
ment : c'est un vase dont le pied est placé sous le
collier. La première de ces têtes a 41 millimètres de
hauteur ; la seconde, 27; la troisième, 54. Une petite
tête de verre transparent incolore entourée de bande-
lettes : peut-être est-ce ianse d’un vase; haute de
25 millimètres; une petite bague de cuivre ornée d’une
turquoise d’émail; une pierre gravée d'un travail
grossier : tout cela n’est qu’une partie des trouvailles.
. Les habitants voisins amateurs de curiosités dûrent en
acheter beaucoup.
Ce qui annoncerait la richesse des propriétaires de
ces monuments ruinés, c'est l'extrême abondance et
la variété des produits de l’art céramique antique. J’en
ai recueilli une assez grande quantité entiers, en gros
et petits fragments, pour former une longue liste de
noms de potiers gallo-romains, que la Société des
Antiquaires de France a publiée dans son Annuaire.
J'ai divisé ces vases de terre rouge vernie en catégo-
ries, indiquées par la nature de leurs ornements : les
divinités, les animaux, les fleurs et feuillages.
Saturne est représenté sur un seul vase.
284 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Jupiter Olympien, assis entre deux candélabres. —
Un seul vase.
Ganymède vidant une amphore, debout entre deux
colonnettes. — Un seul vase.
Iris tenant un vase sur sa tête entre deux candé-
labres fumants semblables à ceux empreints sur le
vase de Jupiter. — Un seul vase.
Apollon Pythien, debout et nu, armé d’un arc; au-
dessus de sa tête, le Soleil. — Le même dieu com-—
battant le serpent Python, qui se dresse devant lui. —
Le même dieu tenant sa lyre. — Trois vases : ‘un
grand et deux petits.
Diane vêtue, tenant un arc d'une main et de l’autre
un cerf; près d'elle, un grand lis ouvert au milieu
d’autres fleurs. — La même déesse, armée de l'arc,
devant une colonne terminée par un globe. —
Énorme sanglier poursuivi par un personnage armé
d’un pieu, tenant un voile sur le bras. — Trois
vases de grande dimension.
Vénus pudique, devant un beau vase forme Médicis ;
à ses pieds, un dauphin. — La même déesse sous un
portique à colonnes torses; couronne de fleurs et de
feuillage. — Deux vases : un grand, l’autre moyen.
Moitié d’un vase cylindrique orné d’Amours ailés ;
dans le fond on lit : AT. FI. Alius, figulus. — Autre
Amour décochant une fièche: devant lui, grande
plante. — Le même dieu ailé, assis entre un trépied et
un candélabre et tendant la main droite. — Autre
petit Amour présentant une corbeille de fleurs. —
Amour enfant, près d’un oiseau en cage; colonnette,
ornements divers. — Cinq vases.
Bacchus jeune , entouré de ceps de vigne, et tenant
1
MÉMOIRES. 285
une grosse grappe de raisin. — Bacchus enfant tenant
un raisin près de Diane armée de son arc et tenant un
lièvre. — Le même dieu portant une énorme grappe de
raisin sur son épaule ; grande fleur sur une colonne.
—Autre Bacchus avec deux grappes de raisin ; thyrse.
— Le même dieu sous un portique; grappe de raisin.
— Sylène au ventre protubérant ; branches de vigne.
— Sept vases moyens.
Mercure tenant une bourse ; rosaces. — Deux vases.
Mars, le casque en tête, cuirassé, bouclier au bras:
lion attaché à deux colonnettes ; croissant. — Le même
dieu cuirassé; colonnettes. — Autre Mars, sans les
colonnettes ; casque à aigrette flottante sur l’arc d’un
portique. — Murs, le bras avancé en signe de com-
mandement; statue placée sur un socle entre un
candélabre et des branches de laurier. — Cinq vases.
Hercule assis , revêtu d’une peau de lion — Autre
Hercule, plus grand , élevant la main droite, appuyant
la gauche sur sa hanche. — Deux vases.
Pan aux pieds de chèvre debout sur un autel. —
Un vase.
Éole nu tenant un voile flottant d'une main et une
outre sous le bras ; arbre et oiseau. — Un vase.
Zéphyre, avec des ailes de papillon. — Un vase.
Muse Terpsichore, les deux bras au-dessus de sa tête :
elle est sur un socle, un lion captif à ses pieds. — La
même muse entre deux colonnes torses; auprès, un
candélabre à deux branches ; sous ses pieds, une rose
ouverte. — Deux vases.
Grand satyre tournant le dos à un lapin; feuillages.
— Satyre debout ; masque ; deux lapins. — Satyre vu
de face; petite figure d'homme; lièvre ou lapin
286 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
accroupi sur ses hanches, élevant ses pattes de devant.
— Trois vases.
Grand triton brandissant de ses deux mains une
rame ; Sa Croupe se termine en double queue de pois-
son ; à droite, une néréïde jouant avec un voile enflé
par le vent. — Autre triton barbu. — Dieu marin
assis, faisant danser au son de sa conque un âne debout.
— Autre dieu marin assis entre deux dauphins; co-
lonnes. — Quatre vases. ÿ
Priape debout; petite statue ; colonnette. — Le même
dieu; près de lui, un vaisseau sur lequel est une
lance. Guirlandes de feuillage. — Dieu Terme; etc. —
Deux vases.
Vaisseau entouré de plantes aquatiques. — Proue de
navire : on voit sur l’un et l’autre les jambes d’un
homme: un grand nombre d'animaux figurent sur
ces vases dans des attitudes variées. La scène la plus
bizarre est celle qui représente un singe à longue
queue secouant une grenouille qu'il tient par la partie
inférieure devant un grand cerf couché sur le ventre.
Aigle aux ailes éployées ; foudre. — Un seul vase.
Tête de bœuf entre les énormes griffes d’un animal
dont on ne voit pas le reste du corps. — Un vase.
Chevaux attelés à un bige. — Un vase.
Chien courant au milieu de touffes d'herbes sur
la bordure d’un vase. — Lévrier entouré de branches.
— Deux vases.
Deux lapins, l’un devant l’autre, élevant chacun
une patte; masque scénique et fleur. — Lièvre ou
lapin au milieu d’une guirlande qui sert de cadre
au sujet empreint sur ce vase: au-dessous, un
serpent et un tigre de chaque côté; ceps de vigne
MÉMOIRES. 287
avec des grappes de raisinque becquettent des oiseaux.
— Lièvre ou lapin dans un double croissant ; au-des-
sous , cerf ou renne courant. — Trois vases.
Lion poursuivant un tigre sur une sorte de jatte
de forme cratéroïde, ornée de ceps de vigne, d'olives
et de feuilles d’olivier : deux fragments semblables.
— Trois muffles de lion dont la gueule est ouverte
et percée jusqu'au fond des vases auxquels ils servaient
d’anses en mascarons. — Lion tenant élevée une de ses
pattes de devant. — Lion courant à droite et à gauche
entre des colonnes. — Six vases.
Loup et louve courant ; grand cercle. — Un vase.
Oiseaux voltigeant sur des lis et des lauriers,
perchés sur des branches à larges feuilles. — Oiseaux
suspendus , la tête en bas, auprès de colonnes ; dans
_le bas, jambes d'hommes, têtes de dauphins. — Trois
vases.
Renne courant; autre tournant la tête. — Deux vases.
Sanglier attaché par les pieds à deux poteaux. —
Guirlande de fleurs. — Hure de sanglier. — Moitié
du même animal. — Quatre vases.
Serpent entourant de ses replis un grand trépied orné
de fleurs; poissons de diverses sortes, etc., etc. —
Un vase.
Les différents feuillages qui décorent les vases dont
il me reste à parier étaient , sans doute, les attributs
des dieux à qui ils étaient consacrés , comme le chêne
à Jupiter, le laurier à Apollon et à Mars, l'olivier à
Minerve, le lierre et la vigne à Bacchus, le myrte à
Vénus , le peuplier à Hercule : aussi me bornerai-je à
dire que les feuillages de ces arbres, auxquels il faut
joindre le saule, serpentent en guirlandes ou en
288 CONGRÈS SCIBNTIFIQUE DE FRANCE.
bouquets sur des coupes de toutes grandeurs. On y
voit mêlées des fleurs connues ou fantastiques : l’a-
canthe, l’aconit, les astères, le chèvre-feuille, le cy-
clamen, le glaïeul, l'iris, le liseron , la marguerite,
le lis, la rose, la tulipe, avec des feuilles d’une variété
infinie, larges, longues, découpées, dentelées , lan-
céolées , et très-souvent accompagnées de papillons :
un goût sévère, mais gracieux, à généralement
présidé à ces décorations.
Citoyen d’une ville dont la principale industrie est
une des branches de la céramique moderne, j'ai cru
devoir, à limitation des archéologues d’autres
provinces, colliger le plus possible de ces poteries en
terre rouge vernie, ne fût-ce que pour les comparer à
celles découvertes ailleurs. J’ai pu retrouver ainsi
certains types empreints sur nos vases dans la col-
lection de ceux de Rheinzabern en Bavière.
Les vases ou fragments de vases recueillis dans les
ruines des monuments de l’antique Cité de Limoges
ne sont pas tous revêtus de cette éclatante couleur
rouge : il y en a de blancs, de gris, de jaune pâle ou
roux, de noirs, d’orangés, de rosés, sur lesquels on
trouve, mais rarement, des ornements en relief; le
sujet d'Énée portant son père Anchise sur ses épaules,
vase blanc à fond noir; les têtes de Pan, de Pluton;
des masques; un taureau frappant de ses cornes un
athlète renversé, vase noir; des fruits, amandes et
olives, quelques fleurs et guirlandes de feuillage,
laurier, etc.
On lit sur le pied pointu d’une amphore : Q.VA.
Est-ce le nom d’un consul Quintus Valerius ou celui du
potier ?
MÉMOIRES. 289
Le mot LEMOFEC, empreint sur un vase de terre
rouge , veut-il dire Lemovicinus ou Lemovix fecit, ou
c’est-il le nom de Limoges, qui s’appela plus tard
Lemofex ? .
Je dois citer aussi, en finissant, une inscription
gravée à rebours et en creux sur un fragment de
schiste ou d’ardoise noire et très-dure : IVNI.F.
Junius fecit ou Junii filius. C'était une sorte de cachet
qu’on imprimait sur des remèdes de pharmacien,
comme on en voit d’analogues dans les collections.
Les autres monuments de la Cité de Limoges ont
été décrits par M. Allou; j'ai moi-même développé
les résultats de fouilles entre le pont de La Roche-au-
Goth et le Clos-Marcoussis dans un mémoire cou-
ronné. en 4830, par l'Institut de France. Tripon,
dans son Historique monumental, et la Société Archéo-
logique du Limousin ont publié aussi mes descriptions.
Je ne reviendrai que sur la pierre tumulaire de la rue
des Alloïis: M. de Longpérier, à son passage à Li-
moges , a éclairci l'inscription tronquée de JAESV.
par la fin de memoriæ et le commencement de Sulpicii :
à la mémoire de Sulpicius Origanus. Nous avions
d’autres épitaphes de la famille Sulpicia, où sont
inscrits des surnoms d’Angilo, Fidus et Reginus. Je
n'étais pas avec M. de Longpérier lors de cette étude :
M. Dumonteil m'en fit part quelques moments après.
J'ignore s’il expliqua le mot mutilé ONIS, comme je
serais tenté de le faire, par Decurionis , par analogie
avec l’inscription d'une tombe d’un membre de la
famille Aelia, Poetus Poetinus , décurion, trouvé sous le
clocher de Saint-Martial, avec plusieurs autres, ce
qui fit supposer qu'il y avait eu là un cimetière
Il. 19
290 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE.
romain qui commençait, à l'emplacement, de l’église
de Saint-Michel. Ce cimetière, comme l’amphithéâtre
des Arènes, était. en dehors des, fortifications de la
ville romaine. , À
En résumant le peu de données certaines qui. nous
restent, celles un peu. vagues de. la tradition. orale,
nous Res ainsi les limites de Ja vieille, Cité : à
l’est, le Naveix , Navigium , et la tour Aleresia, dont
le nom paraît es (1);,au sud- ouest le -pont de la
Roche-au-Goth, les Palisses, en. englobant. Je, terri-
toire A où l'on. a constaté. l'existence de
nombreuses constructions romaines : je ne dois ;pas
oublier qu’une ancienne planche, gravée donne le
dessin de deux tours | situées au- -dessns de l'empla-
cement de Sainte-Félicité, à l'entrée du vieux chemin
du pont, Saint-Martial ‘al La tour, encore entière,
enfouie près de la place des J acobins. serait: Ja limite,
septentrionale. pe |
Je passe sous. silence les. noms latins de différents
lieux qui rappellent des familles romaines; il. en est,
un cependant que j excepté, celui de Cella, driperalerés
cité dans plusieurs titres de nos archives, que je n’ose
traduire par le nom nouveau de. Muison Cellier,
localité d’un faubourg de Limoges, puisqu ‘elle est
vaguement assignée au quartier Mens.
(1) C'est à l'assaut de cette tour que fut blessé mortellement
Henri le Jeune Plantagenet dit au Court = Mantel en 1183;
c'est aussi pres dé cette tour qu ‘Édouard de Galles ordonna de
creuser Jamine dont l'explosion fit: croulér uné' partie ‘ des
murs de la Cité. |
(2) On a reconnu depuis dou: que ce pont avait des fondations
romaines.
“MÉMOIRES. 294
Après avoir de mon mieux déterminé l'étendue de
‘la Cité romaïne, il me réste une tâche plus facile ,
mais plus enr , celle de la circonscrire dans ses
murailles du moyen âge. J’ai emprunté la plume de
M. Lansade, mon double confrère à la préfecture et à
la Société Archéologique afin de VOUS présenter à la
fois un plan fait en 1557 par notre célèbre émailleur
Jehan Court dit Vigier, et celui de la carte dite des
Trésoriers de France, dont j'ai vu un exemplaire ,
daté de 4597 (1). En shivañt les contours des murailles
qui y sont figurées je donnerai les noms, tombés dans
l'oubli, de leurs portes.
Je commence par {a plus proche du Nayeix, dési-
gnée sur un plan de 1760 fait par le géomètre
Poulard, sous le nom de Portail-Fermé : elle devait
être sous la terrasse des dames religieuses de la Visi-
tation , qui occupent aujourd? hui le prieuré de Saint-
André-des-Carmes-Déchaussés : ces dames ontouvertun
portail qui 4 peut-être succédé à l’ancienne porte. La
rue, aujourd’hui boulevard : en prit le nom de Portail-
Fermé. En longeant les murs de ce couvent, on arrive
à la porte Panet, la seule dont le nom soit resté. La
troisième porte se nommait Las Vigeiras : elle était au-
dessous de l’église Saïnte-Affre, devant la tour (2). La
quatrième, de Saint-Maurice, PES de l'église paroissiale,
sous l’invocation de ce saint martyr. La cinquième,
que je CrOIS € avoir été la principale, s'appelait Escuda-
ria, Excudarie (titres de,1429 et de 1476). C’est devant
cette porte, que se faisaient les actes de sommation
pour la reddition ou soumission de la Cité aux
(1) Voir ces plans à la fin du volume.
(2) Titre de 1348.
Lips d'a
2UHTO
292 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
w1d51 15 PNA l PUTÉ RIPATE
NOUVEAUX princes. Las sixième, Trasborcau 0 où Trasboréu,
JAULG
étaitiplacée devant un | fau boute ‘du même nom près
du ruisseau des. Charsei (titre es de 1266 et DER La
septième, Escurone, Esvuya ce où Éseupanée , Id 1e
D {10 2911
couven, des Jacobins ( titres de. 1 47 et de 503). “La
nuitiemeétait la porte Las Case Corcnssas, Macheval 6 où
Marcheval , [près le Poyenné : elle est citée dans ‘des
actes de 1300 et de 1340. La dernière btaftta! porté, ‘au
Chêne ou Rouveix .(roboris), et. même de, la Cha:
-eMe;était proche de Fabbaye, de N. D. dela Règle
et fut fermée sur ln. demande de J'abbesse de ce mo-
nastère. ve ie
On paraît © généralement d'accord pour fixer 1 l’ ‘époque
de la, construgtion des murailles. de la Cité au 60m
mencement du, vi siècle, lorsque la victoire de. Clovis
sur Alaric, ent rendu Ja paix à. l'Aquitaine. On ne
comprit pas dans Ja nouyélle enceinte la région du
pont, Saint-Martial, afin ,d’ en restreindre la. ‘trop
grande étendue, TAPIE
Les rues prirent les noms, de ces portes, ÿ “et l'on
retrouve dans les titres la rue Escudaria , Trasboreu,
de lInfirmaria. Sancti Mauritit (de l'hôpital Saint-
Maurice); une rue dé la Fourig , | Comme plus tard
dans, la, yille du Château ou Castrun, 11 est {r88-
difficile de donner la Situation de quelques-unes,
telles que celles de Salis (puleus de Salis) : il ail Avait
un puits de Cassis, etc.
En entrant dans la Cité par la porte Panet, ‘ôn
trouvait. deux rues bifurquant devant S Sait=Anûré :
à droite, celle de Canal ; à gauche la rue Soubrana
contraction, évidente du mot suburbana : C’est dns
cette rue que naquit le maréchal Jourdan, et où
MÉMOIRES. 293
TOXANT A4 HUOIMITAHAINE
était .la maison des cparents”e de Ventenat , célèbre
botaniste : en descendant vers Je hot Kiiut-étienne
elle éait coupée à gauche par. la? rue de la Mine,
qui rappelait le Siége de la’ Cité. par lé’ pritiée Noir, et
la ruetté Faudry : “elles ont. disparu toutes les deux! La
rue de Canali est la même que -cétte appelée” en patois
Fount-de-lo-Cavo, et pe hui Fontaine-dé-la-Cae,
USD [9 ÉL
Je
AL avait aussi , DRLE ES ‘inè rue de Platea, de
la £ Place. DRE STILL 9h $) OÂEI 3h49. 00ER 9!
a 91 Smôr
lue suburbuh se ‘composait. des faübourgs qu'on
}! 009$
nommail alors bourgs , dont quelques: ns hvaidit les
mêmes ARENA que "les portes! : Àë faubourg
.Trasboreau .se diri geait, vers la rue des ? Petites
“Maisbns , bâties pour les pAUVrES" par” : jeés évêques :
Ja carreria des Charseix coMiménee ait” ‘dëvi int porte
Escudarie Je quartier Pistoria"< ou des Boüläneers ,
Sanclus Michaël à in Pislorta, | venait. desc ent ré à la porte
ÆEscurone ; la rue et le quartier du Maüpas! Malpas,
‘cimetière, débouchait à” Ja! Dérte'k Shint-Mäürice. Je
pourrais ajouter le bourg Saint — Christophe” et les
‘Cassauds (Casales) , et la ville du pont Safnt=Mf Martial.
Ÿ Pour indiquer sur 1e plan là pésitiônt ass édlisés de
la Cité, j'aurai r'ECOUTS , vu Sa, petite éthelle, aux
lettres rs l'alphabet : note AUT SU (ON
A. La cathédrale | commencée, l'an MER ; pit l’é-
vêque Hilduin. | oNsuie sl Hondop 96 sliffl
B. Saint-Jean - en-Naint- Étichhé “tontitie: ‘avant
le xné siècle, à LU EU
Ce Saint-Maurice, ‘fondée avant jé x Siétle.
“D: Saint- Grégoire , plus tard Saint-Dotmnolet, _vêrs
11e VE siècle. EN U
E. Saint- André-des-Petits-Cnrinés vers le vr'siècle.
294
F.
G.
H.
Li
CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Saint-Michel-de-Pistorie,; vers le vr! siècle.»
Saint-Gérald , prieuré ; vers 4087: : 146
Saint-Julien et Sainte-Affre ; vers le wie siècle.
Sainte-Félicité et Saint-Lazare, vers le rm°siècle
(Legros). ols1bôdiso 8e eme sono
J.
K.
x siècle. :1:p;
;0Les Cordeliers , en. 1924
. Les Jacobins; en 4249.61: ,2:, m ID afrion
-. Saint-Augustin, au vifsiègle. ;; «iove cmt
« L'abbaye dela Règle , avant.le Mar siëclesrio
. Les Recollets-de-Sainte-Valérie, vif siècle, 14,
. Saint-Genest, les Allois, avant le virr° siècle. ,4
. La Mission, 1657.
. La Providence, près Saint-Maurice, 1246.
. Les Sæœurs-de-la-Croix , place de la Cité, 1687.
. Les Carmélites, près la place des Jacobins , 4618.
. Tour de Maulmont, 1256.
. Évêché, de 905 à 956.
. Le grand séminaire des Ordinands, 1666.
. Saint-Martin-des-Feuillants, l’an 640.
Né de nmEemOzZzEH
Saint-Paul-Saint-Laurent, vers le vr° siècle.
Saint - Christophe: et. FPE Jacques,ravant le
} J 91q 11 LH 1 11511561
Je n'ai voulu traiter dans ce Mémoire que la partie
archéologique des monuments de la Cité : son histoire
formerait un volume.
Je dois rappeler brièvement que le roi de France et
l’évêque en étaient coseigneurs; que la justice y
était rendue, avant 1307, au pariage de la Cité, au
nom du roi et du prélat.
Monseigneur François de Carbonel de Canisy, évêque
de Limoges, obtint, le 4“ février 1704, un arrêt du
aHA AC MÉMOIRES |: Je 244909 9295
conseil:-d'État quimaintenaît tous: les : ‘priviléges
épiscopaux dans’ l’étenduérde:sa juridiction ;:lu . Cité
eutissés-consuls etases «miaires. cAux;-tempsplus anciens,
Jesiirois. et les dues:d’Aquitaine venaient recevoir la
couronne dans sa cathédrale. (eoras.l ;
slogia sv slerov .iasralnaise-usd-driss
L1 praSsJen'ai pas cru devoir parler en coriméncant
du souterrain et du temple sphérique gaulois, dont
l'existence est très-contestée.1J e“ dois consiéder ici
néanmoins que M. Gérald ;'sétrétairé de l'hospice , n’a
affirmé avoir vu lun‘et autre tie! éuvertäre du
souteriäin” était ‘bre du Pidulaud ; M5 Constantin
croit énavoir/ rétiouvé une autre à son en La
Pistotigie “11v ol dnsvs çalo[lA est çieont USA
va HOferLiu
BAC soitweMnisé eé1q , 399b1Ivo cd]
(EN, SK ) 81 9b 328[q xior)-gl-3b-er19%
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LISTE
CHRONOLOGIQUE ET NUMISMATIQUE
DES VICOMTES DE LIMOGES.
PAR
M. MAURICE ARDANT.
Ce fut le roi Eudes, dont nous avons des monnaies
frappées à Limoges, qui établit dans cette ville des
vicomtes , à qui il délégua une partie de son autorité.
— GRATIA D-I RE ODO. Rr. LIMOVICAS CIVI.
Maison de Ségur.
4. Le premier fut FuLcHERIUS, seigneur (dominus )
de Ségur, nommé, suivant le-président Hénault, de
887 à 888.
2. Son successeur fut ADALBERT, ÉDELBERT où Hiz-
DEBERT, vers 904. Il était l'époux d’Adeltrude.
3. HILDEGAIRE où ELDEGAIRE, son fils, fut vicomte
de 91% à 934, et la vicomté devint héréditaire dans la
MÉMOIRES. 297
famille des seigneurs de Ségur jusqu’à Adémar IN,
quatrième petit-fils de Fulcherius.
4. RENAUD, 959.
5. GÉRAL ou GERALDUS, mort vers l’an 1000, époux
de Rothilde de Brosse, père d'Aymery Ostofrancus Ier,
vicomte de Rochechouart. — Donation de 987.
6. Guy I”, fils de Girard, époux d'Emma, mort
en 4095.
1. ADÉMAR 1°" dit le Bègue, époux de Sénégunde,
donne eri 1028, les moulins de la Cité au chapitre
cathédral.
8. Guy Il, époux de Blanche {Edwidge), 1052.
9. ADÉMAR Il, son frère, époux d'Humberge Tail-
lefer, d'Angoulême, 1090.
40. ADÉMAR III, dit le Barbu, qui se fit moine, mort
en 1139, donna à l’évêque Eustorge, en 1411, le
terrain pour bâtir le château de Chalusset.
M. Guy II; vicomte avec son père, et mortçavant
lui, — Donation:de 1441. ,
Maison de Comborn.
12,13. ADÉéMaR IV et Guy IV, fils d’Archambaud
le Barbu, vicomte de Comborn, et de Brunissende,
fille d'Adémar 111, morts la même année 4148. La
femme du premier était Marguerite de Turenne; celle
du second ,' Marquise dela Marche. — Guy IV fut
appelé la Graoule ou le Corbeau à cause de la noirceur
de son teint.
1%. ADÉMAR V, appelé Boson, épousa Sara , fille de
298 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Renaud, comte de Cornouailles, et nièce du roi d’An-
gleterre Henri le Vieux. Ce mariage fut la cause de
la première guerre Vicomtine. Adémar mourut en
1199. Il avait donné, en 1198, la propriété de Forges
au monastère de Solignac. — Titre des archives.
15. + SIGILLum GUIDonis , vice-comitis Lemovicensis.
— Guy V, époux d'Hermengarde, mort de 1229 à 1230.
16. HERMENGARDE , vicomtesse douairière. — — Acte de
1238. mr |
47. + SIGILLUM, MARGUARITE FIL. DUCIS. BUR-
GUD. VICECOMITISSE, LEMOVIC,:—, Guy VL dit; le
Preux ou le Probe, époux de Marguerite de Bour-
gogne, mort ,)en 1263 ,-à :Brantôme.Sa; veuve; la
vicomtesse douairière,- fit.-une; guerre: longue. et
acharnée aux habitants de Limoges : ce fut la, seconde
guerre Vicomtine:, 01, * 1404 trie
48. + S.M:! LEMOVICENSIS: à. VICECOMES!H —
Mist, la fille unique de Guy ‘VI .et-l'héritière dela
vicomté, sélmariä, lan 4275; avéc (Artur de Bre-
tagne. Frappa-t-on pendant sa 1ninbrité cetté monnaie
muette où le mot de vicecomes paraît pour la première
fois sur les deniers limousins? On expliquerait: alors
les initiales S.M. par sigillumiMariæ) : il resterait
encore la difficulté du mot vicecomes :du.-revers,
employé pour une femme; il estvraï qu'il l’atété de
même: plus tard sur une médaille: .derrJeanne
d'AMbret ; mais la légende Gü/scéau dé Marguerite de
Bourgogne prouve que le’termeo dé: vicecomilissa
était! usité. Les mots signum:Murgaritæ: rentreraient
däns la même explication. Onpeut, à la rigueur, voir
sur Cette pièce un monnayage mixte ou de'transition,
. MÉMOIRES. 299
et tout à la fois un acte de dévotion par lequel on
prenait le patron de Limoges pour son vicomte : on
lirait, dans ce cas : Sancitus Martialis.
Maison de Bretagne.
49. + ARTVRI. VICEC. r. LEMOVICENSIS. 2 types
différents : maille et obole. — ARTuUR, comte de
Richemont, puis duc dé Bretagne après la mort de
son père Jean If, devint vicomte, l’an 1275, en
épousant Marie de Limoges. Il céda la vicomté à son
fils Jean I du nom dés vicomtes de Limoges vers
1300 où 1304: 1"
20. + JHES. VICECOMES. #. LEMOVICENSIS. —
Titre de 1340. — 4% types. — JEAN I de Bretagne,
dit le‘ Bon, comte de-Richemont, époux d'Isabelle de
Castille, pourvu par son père de la vicomté de
Limoges vers 1301, devenant duc/de Bretagne, cède
cette vicomte à son frère. Guy, l’an 4315: (DurILLET.)
- 21.:+ GVIDO. VICECOMES: #. + LEMOVICENSIS.
— Gux: VIL,, comte de Richemont:et de Penthièvre,
‘après avoir possédé deux ans la; vicomté de Limoges,
l’échangea: pour le comté: de :Penthièvre ,' 4317. 11
était l'époux de Jeanne d'Avaugour.
99: ISABELLE DE:‘CASTILLE , Veuve de Jean I‘, re-
devint vicomtesse, de Limoges en son propre nom l'an
1317; mourut!en 1328. — Titre-de 1301. — Denier.
23. +, 1: DUX. BRITANNIE: R-+ .VICECO. LEMO-
VIC: JEAN IT De Montrorr, fils d’Artur et de sa
seconde femme Yolande de: Dreux, comtesse de Mont-
fort-l'Amaury, veuve du roi d'Écosse Alexandre II];
il rendit la vicomté de Limoges à Jeanne de Pen-
300 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
thièvre après le traité de Guérande. Je crois devoir
attribuer à ce Jean IL, qui fut aussi due de Bretagne,
un piéfort inédit, ou pièce d'essai en cuivre, à cause
du chaslel du revers, qui devint moins commun sur les
monnaies après cette époque : + I. DVX BRITONVM.
#. TVRONVS LEMOVIX ou Lemovic. Le mot plus
ancien de Brilonum devait peut-être faire attribuer
cette pièce à Jean Ir. Le mot Lemovix était aussi peu
usité sur les monnaies de ce temps. Si l'I était un K,
ce serait Karolus, Charles de Blois.
Maison de Blois.
24. + IhA BRITANIE. n#. VICECO. LEMOVIC:
2 types. — Sceau de 4371. — JEANNE I" DE PEN-
THIÈVRE, dite la Boîteuse, fille unique de Guy VII,
épouse de Charles de Blois, de la maison de Chatillon,
disputa l'héritage de son oncle Jean I à Jean de
Montfort, et lui fit la guerre, ainsi que son mari,
pendant vingt ans. Le traité de Guérandè, de 1365,
la maïintint dans la vicomté de Limoges. Elle mourut
l’an 1384. — Titre de 1365.
25. + KO. DEI GRACIA. r. VICEC. LEMOVICEN. —
CHARLES DE BLois, neveu du roi de France Philippe
de Valois, époux de Jeanne de Penthièvre, devintduc
de Bretagne par arrêt du parlement en 1341, et
vicomte de Limoges lors de son mariage. Il fut tué à
la bataille d'Auray l'an 1364. — Titre de 1353.
26. + IhA.,BRIT. LEMOVICEN. — JEANNE. JI4DE
SAVOIE, troisième femme du vicomte Jean I‘, passe
pour avoir été vicomtesse à cause des armes de Savoie
MÉMOIRES. : - 301
inscrites sur un denier. Il faudrait la placer après
Isabelle de Castille , n° 24, années 1328 à 1338.
- 27. JEAN III DE BLois, comte de Penthièvre et
vicomte de 1384: à 1404, époux de Marguerite de
Clisson, fille du connétable Olivier.
© 28. "OLIVIER DE BLois, mort sans enfants en 1433,
époux d'Isabelle de Bourgogne et de Jeanne Delalain
de Kievrain.
29. Jean IV pe BLois, sieur de Laigle, frère et
héritier d'Olivier, fit la guerre aux habitants de
Limoges au sujet de la vicomté. Ce fut la troisième
œuerre Vicomtine. Mort en 1454. Il avait épousé Mar-
guerite de Chauvigny. — Titres Fa 1439 et 1422.
30.+.G, MVS. VICECOMES. R. LEMOVICENSIS. —
GUILLAUME DE BLois, fils de Jean de Blois et frère des
précédents, époux d'Isabelle, fille du comte d’Au-
vergne, mort en 1455, ne fat. vicomte que pendant
une année.
31. FRANÇOISE DE BLOIS, fille de Guillanme, vicom-
tesse de 1455 à 1481 environ, épousa, l’an 1469 ou
1410, Alain qui suit. — Acte de cette année et 1463,
signé d'elle. — Titre de 1503. |
D'AMGNAIR À 1\}
7. Maison d'Albret.
88 ALAIN , ire! D ’ALBRET, dit le Grand, devint
‘vicomte de LHOSE par son mariage avec Francoise
“dite dé Bretag ne, et mourut en 1522. — Acte de 1469
signé d Alain et de Françoise, 1464. — Autres a < 1464
et Ue 1472:
‘83. RENÉ DE Bétitnt comte de Penthièvre et de
Périgord , prend les titres de vicomte de Limoges et de
302 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Bridiers, seigneur de Boussaé et vicomte de Brosse
sur un acte du 25 décembre 1518 des archives de la
Haute-Vienne : c’est un hommage à lui rendu par
M. de Saint-Vaurv.
34. JEAN V D'ALBRET, fils d'Alain le Grand et roi de
Navarre, époux de Catherine de Foix, mort en 1546,
est qualifié vicomte de Limoges. — Art de vérifier les
dates.
35. HeNR1 I‘ D'ALBRET, fils du vicomte Jean V, qui
mourut avant son père, succéda à son aïeul Alain le
Grand en 4522. Il épousa Marguerite de Valois, sœur
de François I‘, et mourut l’an 1555, laissant à sa fille
Jeanne la Navarre et tous les domaines de sa maison.
— Titre de 1530.
36, + IDANNA DEI GRATIA REGINA NAVARRAE
DOMINA SUPRema BEARNIAE DVX VINDOCIN.
ET nr. BELLIMONTIS COMES ARMENIACI ET
PETRAGORICEN. VICECOMES LEMOVICVM. 1556.
— JEANNE III D'ALBRET, épouse en premières noces
de Guillaume de Clèves, se maria, le 20 octobre 1548,
à Moulins, avec Antoine de Bourbon. Jeanne
hérita, en 1555, des titres et des biens de son père.
Comme vicomtesse de Limoges, elle y fit, un an après
(4556), son entrée triomphale avec son mari. Les
consuls leur offrirent à chacun une grande médaille
sur laquelle étaient gravées leurs armes et leurs
seigneuries.. On remarque sur celle de Jeanne
l’écusson de Comborn avec deux lions à la place de
celui des vicomtes, qui en avait trois, par suite de la
précipitation que dut porter l’habile graveur à la
fabrication de ces médailles. I1 y à aussi une contra-
MÉMOIRES. 303
diction bizarre : ce sont les mots dux, comes et vice-
comes à la suite de regina et de domina. Nos consuls de
Limoges ont-ils voulu honorer leur vicomtesse Jeanne
à la manière des Hongrois, qui saluaient Marie-
Thérèse du nom de rex noster ? Le roi et la reine de
Navarre passèrent huit jours à Limoges. Jeanne y
revint dépuis pour ÿ prêcher la religion protestante.
Veuve dès 4562, elle mourut l’an 1572. — Titre de
1558. — Acte de prise de possession de 1567, signé
d'elle. :
37:: ANTHONIVS. D.G. REX DOMINVS SVPRE-
MVS, etc, 1556. — ‘ANTOINE DE BourBon, duc de
Vendôme, roi de Navarre, comte de Périgord, etc.,
fut vicomte de Limoges du chef de son épouse de 1555
à 1562, année de sa mort. — Acte de 1550.
Maison de Bourbon.
38. Henri Il. (Henri IV, roi de France et de Na-
varre) vint, en qualité de vicomte, visiter la ville de
Limoges, y fit son entrée triomphale le 44 octobre
1605, et y séjourna quinze jours. — Titres de 1568,
1572, 1515, 1585 et 1600.
39. CATHERINE DE BOURBON, sœur unique du roi
Henri IV, princesse de Navarre et de Béarn, est
qualifiée vicomtesse de Limoges et dame de Chalusset
dans un arrêt contre: les sieurs Béchade et l’'économe
de Solignac; Henri IV, avant de réunir cette vicomté
à la conronne, l’avait donnée en apanage à sa sœur,
— Arrêt de 1602.
40 et 41. Louis XIII et Louis XIV, rois et vicomtes,
1654 à 1663.
30% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
42. CHARLES-PHILIPPE DE FRANCE, depuis le roi
Charles X, recut de son aïeul Louis XV, comme
apanage , la vicomté de Limoges. Ce prince en prenait
le titre dans l’énumération de tous les autres. Il fut
le quarante-deuxième et dernier vicomte de Limoges.
P. S. — Je trouve dans des notes d’un de mes pré-
décesseurs qu'il existerait au trésor royal du château
de Pau des actes concernant la vicomté de Limoges
des années 1654 et 1655. Peut-être faut-il conclure de
l'acte au nom de Louis XIV comme roi et vicomte
que le roi Louis XV aurait possédé aussi la vicomté de
Limoges, puisqu'il en apanagea son petit-fils Charles
d'Artois, lequel aurait été, d’après ce caleul, le
quarante-troisième et dernier vicomte de Limoges.
N. B. Tous les titres indiqués dans cette liste sont conservés
aux archives de la Haute-Vienne.
NUMISMATIQUE MÉROVINGIENNE,
PAR M. MAXIMIN DELOCHE,
Membre de la Société impériale des Antiquaires de France, de la Société
impériale de Géographie , ete.
10e QUESTION DU PROGRAMME. — À quelle époque remonte
l'atelier monétaire de Limoges ?
Le produit le plus ancien qui en soit connu est
le sou d’or de l’Église de Limoges frappé par
Marinianus.
Dans la province, les produits les plus anciens sont
ceux de Briva , Brive {monétaire Ursio), où figure
une imitation de la Victoire passant; de Vallaria,
Vallières, où le costume est reproduit des pièces de
l'empire. Compriniacum est d’un beau style; mais il
descend au premier tiers du vr° siècle, tandis que
les trois monnaies précitées sont de la fin du vi‘ (du
dernier quart) ou du commencement du vu‘. La fabri-
cation fut très-active au vu: siècle, et nous avons un
certain nombre de ériens du vin.
Nous ne possédons aucun denier d'argent de la
période mérovingienne que nous sachions avoir été
frappé en Limousin.
Le nombre des pièces publiées par moi, et dont
attribution au Limousin me paraît bien démontrée,
s'élève à cent dix. Il en est une dizaine qui peuvent
II. 20
306 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
appartenir au Limousin, mais dont l'attribution est
incertaine. Le total en est de cent vingt. (Cf. Revue
numismatique, nouvelle série, années 1851, 1858, 1859
et 1860.)
11e QUESTION. — C'onnail-on plusieurs monétaires de Li imoges Oo
du Limousin ?
1,
Presque toutes les monnaies mérovingiennes du
Limousin portent l’ inscription d'un nom de monétaire.
Des deux pièces royales qué nous avons dans la nu—
mismatique limousine, l’une, frappée à Limoges sous
Clovis IT, porte dans le ie les initiales de saint
Éloi , Elici; l'autre ne contient que le nom du souverain
d’un côté , et le.nom de l atelier de l'autre (Le nom de
cet atelier est Torinna) : celle-ci n'a done pas de m0
nétaire.
Certaines pièces sont signées a" un même nom |
ainsi il existe deux, Saturaus, pour Limoges, Ars
Satornus pour Compreigna, et Montrol-Senard ( Senna-
maurum); il. existe plusieurs Dacoaldus à Locus
Sanctus, plusieurs Moderatus à Baracillum plusieurs
Glavius à Vallaria, plusieurs Aulharius à Cabrianecum
et à Apriancum, plusieurs Leodulfus , plusieurs
Teodolenus., etc. Lo LU
Il est quelquefois évident, à raison des nee
de dessin et de style, que je deu x individus, quoique
du même nom et inscrits sur les produits, du même
lieu, n'ont pu vivre dans le même temps. JL est donc
ain ou que des générations de monétaires se sont
succédé dans les mêmes ateliers, où que, les noms, se
sont immobilisés sur les pièces de certaines localités
ROPRANE AT MEMOTRÉSLIIE ATOM 307
et de cértaitis cantons C'est" pour éetté dernière
opinion jue jen péncheraft DOM ATRETSIS ET
“ENL. : Fillon: à A qu'il + ‘avait des” “monnaÿèrs
attitrés de l'Église et des monnayers des villes ,
comme des Bio des monnairies fiscales. N'a
hotäliment basé Son opinion sur ce que Marinianus,
däns le sou d’or de Limoges, prend le titre de
monetarèus. iiore C’est une erreur : la pièce doit se
lire © Lemovix. — Ratio. Écclesiæ. - — Mariniano moneta.
REP “Conformément au “SYStème de M. Fillon, ‘on
räppréchait Mariniano monela du mot Ecclesiæ, il fau-
drait laisser avec son sens particulier Ja légende ‘du
dE (Lemobiee Ratio), qui? né Siehifié rén, qui “est
fee aera gs Selle d'a pas de ane muni
cipaie! él qui &étle” avait une Sig rhification muni-
cipale, Séraït! ên° Cofitradtétion Harpe: avet le
revers , lèquel marque de cite SE une émission
ccilésiasHque. Lt |
LÉO sen d'Édclesie | Ratio, que j'ai attribué aux
réttres IE RH inscrits a de champ ‘me semble
ébrtain Ÿ j'en ai trouvé d'Ailléurs la confirmation dans
Ce fait | he: ‘tes pièces d'argent épiscopales portent 2é-
héralement cés Sigles. Je cohnaïis ,len outre, uné pièce
qui pôrté au BEN : ARS Else" ét FT le champ
E: R. qui sont les sigles de la même formule répétés.
epny eng deb. Ge Cri Gloriosa) est heureusement
déterminé par je! édite, inscrit au révers,
d’une de nos pièces ‘ad Novo vico, et formé soit par la
hate ef les branches d'une Croix, Fa par des lettres
qui y sont appéndues. Mau
“Lé <éns le plus vraisemblable des sigles C. A.
accostant la croix du révers est, suivant nous, Crux
Amabilis.
essnro le Î 2 } [Q
308 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
J'appelle l'attention du Congrès sur les fypes secon-
daires. Lelewel, Duchalais et M. Adrien de Long-
périer ont parfaitement démontré l'existence de types
diocésains et de styles diocésains; mais, au-dessous
du type général du diocèse, des formes habituelles
et consacrées, j'ai remarqué dans les différents
groupes qui subdivisent ce vaste territoire une sorte
de parti pris ou fype secondaire , qui est à mes yeux de
la plus haute utilité pour fixer les attributions.
Exemple : il y a sur la surface de l’ancien diocèse de
Limoges au moins quinze localités appelées Pierrefitte ,
Pierrefiche, Peyrafiche, ou d’un nom analogue évidem-
ment traduit du latin Petraficta. À laquelle faudra-t-il
attribuer notre triens limousin de Petraficta ?— Le choix
est impossible à faire si l’on ne recourt pas à l'étude
de ce type secondaire que je signale à l'attention des
numismatistes : il devient possible, au contraire, par
cette étude, et je n’hésite pas à choisir le lieu qui est
le plus voisin du groupe dont notre pièce reproduit le
genre de fabrication et même quelques détails carac-
téristiques.
Il en est de même du triens limousin de Maugonacum,
au sujet duquel on devrait hésiter entre les trois ou
quatre Magnac situés dans notre province, et que,
d’après son type particulier, nous faisons sortir de
Magnac-Bourg.
Je prie le Congrès de vouloir bien donner son haut
patronage à ce système de classement, qui peut con-
duire à une conséquence des plus désirables : à
une certitude d'attribution géographique qu'on ne
connaissait pas.
h
LES ÉMAUX D’ALLEMAGNE
ET
LES ÉMAUX LIMOUSINS,
PAR MF. DE VERNEILH.
MESSIEURS,
La lettre qui convoquait à cette réunion les savants
de tous les pays contient ces paroles significatives :
« L'art des émailleurs, nous le croyons, est né sur
notre sol ». Puis on ajoute : « Byzance le recut-elle
comme un hôte qu'on fête, ou comme un fils qu'on
protége? »… Je trouve, pour ma part, qu’une pareille
prétention _ te fondée , et je viens vous pro-
poser d'y renoncer désormais. — Long-temps , je
m'empresse de le dire, elle a paru autorisée dans
l'état incomplet de la statistique archéologique. Elle
a alors été encouragée plus ou moins directement par
les hommes les plus versés dans l'étude des émaux et
les plus étrangers aux préjugés provinciaux du
Limousin, par MM. du Sommerard et Didier-Petit,
310 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rarM:lecomte-de La Borde L'errenr étaïiten quelque
sorte inévitable, et parrsuite eHesne:saurait nuire à
lu juste renommée de l'ami regretté quijavaït fait:des
émaux francais ‘une étude sb spéciale et st approfondie’.
Tousytant que noûus: sommes ;-noub) marchons|péni-
blement, et nous avançcons par degrés vers la vérité ,
et encore une! vérité relative ; carla vérité complète
absolue m'est guère à: la! ‘portée l(des historiens de
l’art.: Nous ‘raisonnons “de notre mieux sur lès faits
connus, et, à mesure qu'ibs'emproduit de nouveaux,
nous devons changer oùmodifier no$ systèmes. -
Or c'est précisément ,; Messigurssicé qui arriveren ce
moment. Des faits tout nouveaux retotrès-imprévus,
mais graves et concordants, se révèlenitem:quantité
chez’ nos voisins d'Allemagne. Les ‘savants: de : cette
grande nation, si avancés dans les autres branches
de l'archéologie, avaient mis, il faut en convenir, une
véritable négligence à rechercher et à produire leurs
titres en, fait d'émaux. Depuis quelques années, leur
attention s’est, portée de ce.côté, et. ils: ont largement
réparé le temps perdu ; car ce qui est:si, difficile chez
nous ést'aisé chez eux’, où les tréSors des cathédrales
et des abbayes ont été CONSÈrVÉS" au complet” dans
toute leur authenticité. EME; 54 a
Dans un récent voyage en Allemagne, [entrepris
dans le but général de constater les'influences, byzan-
tines | j'ai été initié par M.'de: baron de Quast,
inspecteur général dés monuments”historiqués de la
Prusse, à quelques-unes ‘de ces découvertes’ dé la
science allemande, Sans cet aimable et savant com—
pagnon de route, j'aurais passé, comme beaucoup
d’autres ; à Essen ou à Brunswick, même à Cologne ,
OMAN n1 MÉMOIRES: - 311
sans me douter de tant de richesses, sans en ‘obtenir
l’exhibitionpouosanssenicomprendre tout le prix.
Grâce à lui,-jeçrois-avoir bienvu , bien:compris une
bonne) cpartie-des émaix d'Allemagne; etil a mis le
combler &:son:obligeance en menvoyant;: pour le
Congrès: ide-Limioges, où -la question des <émaux se
posait: «si naturellement, sun résumé substantiel:, plus
exact, plus complet 'etcplus autorisé que. je n'aurais
pü:le-fairermoi-même:, des faits nouveaux dont vous
aurez, Messieurs, à tenir: compte.
Je vais-vous lire le travailosi-important. de M, de
Quast: Je:vous demandérai ensuite la permission de
vous)dire mon:opinion:- personnelle & et d'essayer, sinon
de résoudrellæ question dessémaux, duzmoins dela
poser comme: elle me paraîtidévôir lé être, à l'avenir.
29119 Bi e9TImSs pal 2x8 289%6VE Le
FE TUNIS VLOD 3 JTE ÎT [ET JT:
à f MONSIEUR, Ce À
T9! SUSDOIT, ( 919191911991
“Vous allèz fhe dire qu'il égt Bien tard pour vous envoyer lés
notes que vous désiriez sur le‘ anciens émaux d'Allemagne.
Maïs “lorsque vôtré lettre est arrivée à Radensleben, je faisais
un, voyage dans la Thuringe €t les montagnes de Harz, et
depuis: j'ai été si occupé, de travaux officiels que je n’ai pu
finir plus tôt ce mémoire. ÿ espère. cependant qu'il vous par—
viendra avant la clôture du Congres de Limoges.
‘ijiai eu le plaisir qe vous montrer moi-même une partie de
nos émaur Allemands”! j'avais vules autres en diverses OCCa-
sions. (Quelques-uns n’ont pis ençore: été cités dans:.la question
des Émaux ; d'autres ontété faussement classifiés. Je nommerai
donc tons,ceux que je connais par. moi-même dans un ordre
chronologique. La question de l'antériorité des émaux d'Alle-
magne où dé Limoges iétanlt pas dé mon ADS présent, je ny
‘ferai pas'altusiont ) 280 ET
Nous sômimes d'accord sur ce-point que les émaux cloisonnés
349 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de Byzance ont servi de base et de modèle aux émaux chrétiens
du moyen âge. La Pala d'oro est le monument le plus splen-—
dide entre tous ceux de cette espèce. Ses émaux éblouissent
par la richesse des couleurs et des compositions, par la, beauté
de l'exécution, par la finessse et l'éclat de ces minces filets
d’or qui cernent et dessinent les figures. Pour les dates, il est
bien certain que le fondateur de la basilique de St-Marc, le
doge Pierre Orseolo, avait ordonné déjà en 976, à Constan-—
timople, la confection de cette table d'autel; mais il n’est pas
moins certain qu'en 1105, comme c'est prouvé par une
inscription et par la figure du doge d'alors, Ordelafo Falieri,
la Pala fut renouvelée, et qu'une restauration de 1209 pourrait
aussi avoir changé ou ajouté quelques émaux. Quant à la res-
tauration de 1345, elle donna seulement un encadrement
nouveau à l’ensemble. Il est donc difficile de dire quelles parties
de l'œuvre sont de l’une ou de l’autre époque : il faudrait pour
celaun examen spécial , toujours fait en comparaison des autres
émaux que possède le trésor de Saint-Marc depuis la conquête
de Constantinople, en 1204.
La couronne dite de saint Étienne, qui, d'après une inserip-
tion, a été envoyée par l'empereur grec Michel Ducas (1071-
1078) au roi alors régnant de Hongrie, est décorée d’'émaux
superbes de la même fabrication.
Une œuvre des plus excellentes est le reliquaire byzantin
qui se conserve maintenant à Limbourg sur la Lhan. Les Ay-
nales archéologiques (1857-1858) en donnent une description
et des dessins. Mais, si bien faits qu'ils soient, il était impos-
sible de reproduire par la gravure la splendeur des couleurs
vives et le fini de ces figures tracées avec des fils d’or. L’exé-
cution de toutes les parties du reliquaire de Limbourg est aussi
parfaite que possible, et tout à fait digne des meilleurs morceaux
de la Pala d’oro. Des inscriptions parfaitement intactes et irré-
prochables disent que le reliquaire fut fait par l’ordre des
empereurs Constantin et Romanos, etqu'il fut complété par les
soins du proedros Basile. Le commentaire de M. Krebs cité
dans le mémoire de M. Ibach aux Awnales archéologiques
montre avec la dernière évidence que ce Constantin ne peut
être autre que le Porphyrogénète qui régna de 913 jusqu'à
ne”,
| « MÉMOIRES. 313
. 959: Quant à l'autre donateur, ce serait ou Romanos
Lacapenos (920-945); ou, plus vraisemblablement, le fils de
Constantin, qui régna'avec {ui depuis 945; de sorte que le reli-
quaire aura probablement été commandé en 959, et complété
par Basile, qui fut nommé proedros sous l'empereur Phocas
(963-969;. M: Didrôn, dans’ uné note (An. arch., 1859, page
344) ,'élève des soupéons sur l'authenticité de l'inscription, et
même de’tout lé réliquaire, qu’il croit fabriqué après la con-
quête de Constantinople, en 1204, pour un guerrier franc qui
aurait payé bien cher cette falsification. Mais il est trop dificile
de croire qu'il yavait déjà, én ce temps-là, des amateurs à la
moderne, ét, s’il’'y en avait, qu'ils préférassent acheter ce
qu'ils pouvaient prendre par force, comme le faisaient les Vé-
nitiens. Jusqu'à la publication des preuves qui pourraient
appuyer cette conjecture extraordinaire, il doit nous être
permis de tenir pour authentique ee magnifique reliquaire de
Limbourg, vraiment digne d'être fait aux dépens des em-
pereurs, et non pas d'un simple chevalier, qui s’est contenté
de le rapporter dans sa patrie, et &’en faire don à un petit
monastère situé dans une île de la Moselle, d'où on l'a
transporté, à l'approche des armées françaises, sur l’autre
rive du Rhin.
Dans la même armoire de la sacristie de Limbourg, se con-
serve maintenant un autre reliquaire qui y est venu de la
même manière du ci-devant trésor de la cathédrale de Trèves.
C'est un grand étui formé d’uné lame d’or pur, enrichi des
images ou médaillons des archevêques de Trèves, et terminé
par une pomme que l’on peut ouvrir pour extraire de Fin-
térieur un bâton‘“de bois simple. Aux deux côtés du couvercle,
‘il ya uneinscription en lettres d'argent, enchâssées dans
une bordure d’or qui se déroule entre des rinceaux de même
métal. Cette inscription, en beaux caractères du xe siècle,
est ainsi conçue : «Baculum beati Petri, quondam pro resusci-
tatione Materni ab ipso transmissum, et a sancto Euchario
huc delatum, diu hæc ecclesia tenuit. Postea Hunorum, ut
fertur, temporibus, Mettis cum reliquis ecclesiæ thesauris
deportatus ibi usque ad tempora Ottonis, piissimi impera-
toris senioris, permansit. Inde a fratre ejus Brunone archie-
314 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
piscopo expetitus, Coloniæ est translatus. Junioris autem
Ottonis imperatoris tempore, petente Egberto, Trevirorum
archiepiscopo, etannuente venerabili Werino, Coloniæ archie-
piscopo, ne et hæc ecclesia tanto thesauro fraudaretur, in duas
partes est transsectus : una superiori-videlicet huic ecclesiæ
reddita, et a domno episcopo in hac teca reconditas reliqua
cum apice eburneo ibidem retenta. Anno dominicæ Incarna-
tionis. DCCCOLXXX, Indi., » Il manque à peu‘près quatré
lettres ,.qui indiquaient le nombre de l'indiction. Les deux
bandes qui entourent le couyerele montrent cette autre
inscription. : « Quisquis ab ecclesia baculum hunc-detraxerit
ista, aut si præstiterit, sit perpetuo anathema ». La grande
pomme est décorée d’émauxcloisonnés représentant les signes
des quatre évangélistes et des images d'évangélistes ou
d’apôtres. 11s sont entremêlés de petits champs triangulaires
décorés de perles, de cabochons et:de filigranes. Les émaux
sont exécutés tout à fait à la manière byzantine, maïs les cou-
leurs sont moins vives, moins harmonieuses etles dessins
très-inférieurs. En les comparant à ceux du reliquaire voisin,
qui vient de Constantinople,:et n'a qu’une vingtaine d'années
de plus, on ne peut pas douter que l'étui du bâton de saint
Pierre a été fabriqué en Allemagne,:et que.ses émaux , bien
qu'imitant ceux de Byzance, ont aussi été faits dans ler pays.
Voilà une première preuve d'une imitation del'art-et, des
émaux byzantins au temps et probablement sous'les auspices
de l'impératrice Théophanie, qui n'est pas nommée:dans
l'inscription, il est vrai, mais qui était la femme de cet
Othon II qui ordonna le partage du bâton de saint Pierres et
la fille et la petite-fille des donateurs. de l'autre reliquaire
purement byzantin, quele hasard a aussi amené dans le ;
trésor de Limbourg.
Une meilleure preuve se tire de l'examen-d'un autre chef-
d'œuvre : c’est un évangéliaire du plus grand format {onze à
douze pouces) , écrit et enluminé dela facon la plus splendide,
digne, en un mot, de succéder-anux manuserits'carlovingiens.
Il appartenait autrefois à l’abbaye .d'Echternach dans le
Luxembourg , ét fut vendu par le dernier abbé, qui s'était enfui
au-delà du Rhin avec ses richesses.
ts
| MÉMOIRES. 315
Acquis par le duc de Gotha, il est maintenant, avec d’autres
livres de la mêmeprovenance, le plus grand trésor de la biblio-
thèque. ducale. C’est satouverture qui nous occupe ici. Au mi-
lieu est un Crucifiement: avec deux soldats à la lance, du
style le, plus rude possible, digne des naturalistes des xve et
xvæ siècles;smais sûrement d'une haute: antiquité. fout
autour est une bande ornée alternativement de cabochons au
fond de-filigranes et de-petites plaques en émail cloisonné.
Une:frise'semblable $e trouve aux quatre faces extérieures de
la couverture ; d'autres, plus petites, rattachent les bordures
extérieuresoàrla bordure ‘intérieure, toutes décorées, de la
même: manière: Les quatre champs angulaires entre ces
encadrements sont revêtus de plaques d’or rehaussées de
figurines en relief. On-y voit, en haut et en bas , les symboles
des quatre: évangélistes et ‘les quatre ‘fleuves du Paradis
terrestre, tous avec léur nom en latin. Aux partics latérales,
on voit huit petites figures en relief, quatre pour chaque
côté, toujours avec des noms. IL y a : sainte Marie, saint
Pierre, saint Wilibrod (titulaire de l’abbaye d’Echternach),
saint Boniface , saint Benoîtet saint Ludger (évêque de Muns-
ter).-Les deux figures du bas manquent du nimbe, et offrent,
à droite , ‘un jeune homme, en habits courts très-riches,
tenant'un:séeptre, et portant sur la tête une couronne; à
gauche, une femme voilée ayant aussi une riche couronne.
Les inscriptions sont: Offo rex et Theophaniu imperalrix.
Comme Othon IL, pendant tout le temps de son mariage ec
de son règne, a :porté le titre d’empereur, on doit reconnaître
dans le jéune roi son fils Othon II, âgé seulement de trois
ans À son avèenement au trône en 983, et qui n’en avait pas
plus de onze lorsque sa mère , jusque-là régente de l'empire,
mourut en 991.
Voilà donc positivement une œuvre de Théophanie. Les
émaux ,/faits d'ailleurs! à la manière byzantine, ne com-
portent, il estrvrai, que de l’ornementation sans figures;
mais, puisqu'ilsisont faits pour la place même qu'ils occupent,
puisque l'œuvre dañs son ensemble est purement allemande,
il est nécessaire que! les émaux aussi aient été exécutés en
Allemagne, soit par des artistes grecs établis dans le pays,
316 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
soit par des élèves nationaux qui ont très-exactement imité
les ouvrages de leurs maîtres.
Après ces monuments, je vous conduis de nouveau,
Monsieur, au trésor d'Essen , que j'ai pu admirer une fois de
plus en votre compagnie. Vous vous souvenez des quatre
ua M croix ornées de cabochons, de perles et surtout
d'émaux. Trois d’entre elles ont le même caractère technique;
la quatrième semble être un peu plus récente. Deux des pre-
mières offrent gravé le nom de l'abbesse MaMhild; la
quatrième, celui de l’abbesse Zheophanu. Le premier nom,
écrit des mêmes caractères (le premier H et le T liés ensemble :
HT), se trouve aussi sur le célèbre chandelier à sept branches
du chœur de l'église. Nos deux croix doivent donc avoir la
même origine, et la troisième ne me paraît pas d'une pro-
venance différente. Dans la liste des abbesses d'Essen on ne
trouve pas d'autre Mathilde à qui l’on puisse attribuer ces
objets précieux que celle qui vivait à la fin du xe siècle, et
que l’on prend généralement pour une fille d'Othon II, morte
en 997. Sur l’une des croix, on voit, en effet, un émail
cloisonné représentant un jeune homme à la tunique bleue,
avec un manteau violet semé de fleurons jaunes, qui donne
une croix d'or (celle où se trouve cet émail), emmanchée,
d’une hampe de bois, à une femme dont les habits sont de
même couleur, sauf le voile, qui est vert : elle est accom-
pagnée de l'inscription Mañthild abbatissa ; le donateur, de celle
d'Otto dux. Les trois Othon n'ont jamais pris d’autre titre que
ceux de roi et d’empereur. Les seules personnes à qui l'on
puisse appliquer ces noms sont l’abbesse Mathilde (974-1013 ),
fille de Ludolf, fils aîné d'Othon Ier, que l’on a confondue avec
une prétendue fille d'Othon II, et son frère Othon, duc de
Souabe (973-982). Ce dernier régnait presque dans le même
temps que son oncle Othon II, qui n’était pas plus âgé que
lui, et dont il était l'ami intime.
Ces chefs -d'œuvre sont donc contemporains des autres
émaux que nous avons décrits plus haut. La première croix,
celle qui est ornée des figures d'Othon et de Mathilde, est
posée sur un cristal de roche sculpté de fleurons en style
byzantin-arabe tout à fait à la manière de trois reliquaires de
MÉMOIRES. 347
l'abbaye othonienne de Quedlimburg, dont l’un porte une
inscription authentique qui nomme comme son auteur
l'empereur Othon III (983-1002). La seconde croix, marquée
aussi du nom de Mathilde, présente un émail où l’on voit la
sainte Vierge, en manteau rouge, portant l'Enfant-Jésus, en
habit bleu, qui recoit de l’abbesse agenouillée une croix.
L'inscription est tracée autour du groupe. La troisième croix,
sans nom de donataire , mais tout à fait dans le même style,
porte aussi plusieurs émaux appliqués, dont quelques-uns
offrent des figures de bêtes.
Sur les trois croix les émaux sont toujours cloisonnés, et
faits comme ceux du reliquaire de Trèves, c’est-à-dire en
imitation des byzantins , mais en restant loin de la délicatesse
de dessin et de la vivacité des couleurs qui distinguent ces
derniers. Seulement, parmi les petits émaux appliqués, qui,
pour la plupart, ne montrent que des ornements, il en est qui
sont plus byzantins que les autres, et analogues à ceux de
l'évangéliaire donné par l’impératrice Théophanie à l’abbaye
d’Echternach.
La quatrième croix d’'Essen est l'œuvre de l’abbesse Théo-
phanie, fille d’une fille de l'impératrice, qui gouvernait
l’abbaye de 1041 à 1054. Une inscription incrustée en lettres
d'argent sur les côtés l’atteste. Au centre, au lieu d’un
Christ en or ou en argent doré, comme pour les autres, il y
a un émail avec le Christ crucifié, accompagné de sa mère et
de saint Jean. Outre cela, les branches de la croix sont
décorées des symboles des quatre évangélistes en émail, et
enfin d’autres petits émaux appliqués sont dispersés entre
les filigranes , cabochons, camées et perles. Tous ces émaux
ont déjà un caractère allemand plus développé, tant dans le
dessin que dans les couleurs, où le vert, comme dans les
miniatures allemandes, est usité de préférence. Ils sont en
général cloisonnés, mais quelques parties montrent le com-
mencement du travail champleve.
M. Didron, qui parle de cette croix (Annales arch. , 1858,
P. 332), suppose que les archéologues allemands ont confondu
l’abbesse Théophanie dont il s'agit avec l’impératrice; de sorte
que l'influence de cette dernière sur l’art de l'Allemagne serait
318 CONGRÉS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
purement imaginaire. Nous avons vi ce qu'il en est en réalité.
La couronne impériale, qui se trouve maïnténant au trésor
de Vienne, est ornée d'émaux tout à fait analogues À ceux
du temps d'Othon IT. I1 n’y a pas d'indication positive de la
provenance de cefte couronne, la plus haute et la plus magni-
fique qui ait jamais existé. Seulémént nous Savons , par l'ins-
cription tracée sur üne bande qui fermé par en haut la Cou-
ronne , et a été postériéurément ajoutée , que cette partie ê à été
faite sous: l'empereur Conrad. C’est Conrad IT! car les autres
princes du’ même nom n'ont jamais porté le titre empéreur,
mais bien Celui de roi: 11 est donc très-vraisemblable que cette
couronne, antérieure à Conrad I, date du tèmps des deux
derniers Othon, qui aimaient à introduire ên : Affémagne le
luxe, les cérémonies byzantinés , ‘et aussi , ‘'commie nous
l'avons vu ; l'art ef'les émaux byZantins. Quoi qu'il en soit,
les émaux de là couronné impériale ‘qui représentent lé
Christ sur $6n'trône ; les rois David et Salomon , ainsi que Ja
guérison du‘roi Hiskias, ‘sont ‘exactement ‘dans 1e même
caracteré:que les autres émaux allemands du xe siecle.
Je‘me tais Suilés émaux ornant les reltures de deux manus-
crits dont l'ün fut donné ‘par l'empereur Henri II à <on cher
évêché de Bamberg {entre 1010/et 10941, ‘et l'autre, par une
abbesse du xt sièéle à l'abbaye prinicière de Niedermunstér,
à Ratisbonne}, parce qu'ils ont été déjà mentionnés dans le
livre excellent de M. Labarte. fs montrent, se pré] dgeant
dans différentes parties de l'Allemagne, au xre siècle, ‘art des
émaux , d'abord! concentré au nord-otest du pays. 1"
Nous'avons vu ensemble d'aütres émaux au trésor de gäint-
Blaïse de Brunswick; maintenant le trésor dé! Hanovré. Il ya
là encore “déux -eroix ‘ornées ’d'émaux' cloisonnés ‘dont le
champ *d'orest inérusté d’autres émaux champlevés. Le
mélangé ‘dés deux manières d'émaillèr est plus prononcé
qu'à la croix de Théophanie , à Essen. Celles de Brunswick ont
eu pour donateurs : lune, le #wrekio Egberlus ; l'autre, la
comitissa Gertrud, comme Je disent'äes inscriptions. C’étaient
le margrave Eibertus de Misnie, mort en 1068, et sa fille
Gertrudis, la belle-mère de l'émpereur Lothairé III, morte
en 1117. Cetté comtesse Gertrude avait aussi donné, d’après
: MÉMOIRES. 319
une inscription, un reliquaire, en forme de bras, d’une des
églises de Brunswick, qui, est à présent déposé au musée de
cette ville.
Vous avez admiré avec moi les autres richesses, provenant
généralement des églises de Brunswick, qui ont été recueillies
par le trésor de Hanovre, notamment ces quatorze autels por-
tatifs du xre siècle, en grande. partie: ornés; comme la plupart
des reliquaires de ce trésor; d'émaux champlevés. Entre .ces
derniers, brille la. châsse, en forme, d'église grecque, sur
montée d'une coupole, toute revêtue de figurines, d'ivoire et
de quantité d’émaux. les plus éclatants: C’est, comme! vous
l'aviez reconnu déjà, tout à fait le duplicata du reliquaire.qui
se conserve aujourd'hui dans le cabinet du prince Soltikoff à
Paris ; et qui appartenait autrefois à l'église collégiale de Rees
aux bords du Rhin : d'où l’on peut conclure que le reliquaire
de Hanoy re aussi vient de. cette contrée-là. Mais il y:a dans le
trésor. de, Hanoyre une autre preuve.plus directe du même
fait , et dont cyous, avez. Teconnu avec moi l'importance. C’est
un reliquaire en forme -de,-petit autel portatif, «et quipeut-
être serv ait réellement d'autel. La face supérieure montre-au
milieu le Christ, sur Son. trône, entouré, des signes/des quatre
évangélistes; Je.tout peint sur, parchemin en miniature, et
couvert d'une, grande plaque de cristal de roche. Alentour on
voit les douze apôtres assis, et avec des banderoles portant-des
parties du. Credo. Aux. deux extrémités latérales, sont quatre:
sujets de la. vie de Notre-Seignenr depuis sa naissance, et
quatre depuis sa mort jusqu’à l’Ascension. Toutes ces figures
et histoires sont faites. €n Cuivre doré. Leurs fonds de coûleur
. bleue, le champ des_inscriptions.et.des nimbes.et quelques
autres parties, sont. en, émail, champlevé: Les fasces latérales
ont, les grandes six, les petites trois compartiments, entre
des. pilastres,, Les chapiteaux, comme les frises enfeuillage ,
sont .ciselés,,. pendant. que,-.les;plates-bandes'ont des-émaux
champlevés. Les\dix-huit. compartiments du pourtour offrent
un fond doré,avee, des: figures de prophètes émaillées de, vives
couleurs entre fils d'or.-H.-me semble qu’il y à là un mélange
évident du champlevé et du-cloisonné. ‘
Mais, Ce qu'il y-a.de.plus curieux , c'est.le dessous, très
320 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
simple d'ailleurs, du coffret, où se lit cette inscription,
parfaitement, contemporaine :. «, Eilbertus eoloniensis . me
fecit ». Puisqu'il n'y a aucun doute sur la;proyenançe.de ce
dernier émail ,on doit supposer que la plupart .des.autres qui
se trouvent. là,,.et qui montrent les mêmes caractères,
viennent aussi de la même source, Cela est d'autant plus pro-
bable que les bords du Rhin et de la Moselle abondent en çhefs-
d'œuvre de ce genre, surtout Cologne, où nous avons vu,
dans l'église de Notre-Dame-de-la-Schmurgassé, les Superbes
reliquaires en forme de tombeaux provenant de l'ancien trésor
de Saint-Pantaléon, cette même! église où l'impératrice
Théophanie avait choisi sa sépulture, et à laquelle elle fit don
du corps du titulaire de l'abbaye, apporté par ses soins de
Constantinople. Ce n'est donc pas ‘sans ‘fondement que l'on
rapproché toutes ces” ciréonistancés pour en éonélure qué
désoartistés grecs; venus! de (Constantinople! aül(commans
dementide da princesse-byzantine;1ot-.donné maissance) à
cette suite d'émaux que nous avons. passés en, reyue,et à
d'autres œuvres d'art qui sont aussi une yraie, imitation des
arts grecs, | ; a,
Uné autre preuve qué Cologne! était une grande ‘fdbrique
d'émaux ; cest ce! reliquaire,| malheuréusement ‘perdu, de
l'abbaye | de Grandmont , fait par Réginald Grandmont et
signé des noms de l'archevêque de Gologne-Philipp (1169-1191)
et de l'abbé de Sigburg Gerhard, Heureusement le trésor de
l'abbaye de Sigburg est CONSErvÉ, et c'est, je crois ». 1e. plus
riche en fait d'émaux champlevés qui existe maintenant. Il
possède Cinq! Châsses dé Grande dimension! | ét'déuŸ”alitèls
portatifs ressemblant, parfaitement x Vaüutel ‘'Eilbértus de
Cologne. 110982, fqouiineteno) 9P arvsrsquis
Vous connaissez d'autres chefs-d'œwvre.de notrejart rhénans
les châsses superbes d'Aix-la-Chapelle,et celle des Trois Mages
de Cologne, la plus brillante qui existe. Mais ce que vous
n'avez pas vu c'est la chässé dé saint Héribert, à Deutz (vis-
à-vis de Cologne!, d'un Style plus ancién et 'très-séveré, qui
convient très-bienà la date de l'élévation dusaint corps en
1147; L'excellent rétable de Klosterneuburg près/Vienné-fait,
d'après une inscription, en 1181, par maître Nicolas de
MÉMOIRES. 3214
Verdun, est bien connu par une excellente publication de
M. Camesina.
Je souhaite, Monsieur , que ces notes vous donnent quelques
souvenirs agréables des jours où j'ai pu vous montrer tant
de richesses artistiques, et vous inspirent, ou à quelques-uns
de mes amis français, le désir d’en woir d’autres avec moi. Il
vous manque toujours le trésor de Halberstadt et celui de
Quedlimburg. ,
Agréez, etc.
: F. DE QUAST.
Radensleben , le 8 septembre 1859.
Vous le voyez, Messieurs, décidément il y a des
émaux allemands, et il y en a beaucoup. J’ajouterai
qu'ils sont plus anciens que les premiers spécimens
connus de l’émaillerie* limousine, et inéompara-
blement mieux datés. M. de Quast n’a pas voulu faire
ressortir cette antériorité des émaux d'Allemagne. Je
n'hésite pas à déclarer qu’elle est incontestable pour
tous ceux qui tiennent à faire de l'archéologie avec
les monuments existants, non avec des textes, et
surtout avec des opinions plus où moins anciennes,
plus ou moins accréditées.
Dans la seconde moitié du x: siècle, au moment où
l’art se réveille en Occident avec la civilisation tout
entière, une princesse byzantine, fille et nièce des
empereurs de Constantinople, vient s'asseoir sur le
trône d'Allemagne (973). Elle y porte les habitudes de
luxe et les goûts artistiques de sa patrie. À défaut
d'ouvriers grecs, elle introduit tout au moins en
Allemagne quelques œuvres d'art, quelques reli-
quaires , quelques bijoux propres à servir de medèles.
Aussitôt après on voit les émaux apparaître et se
Il. 21
329 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE.
propager, toujours sous l'influence directe de, L'im-
pératrice Théophanie et de ses parents.les plus proches,
En 980, Othon IL ordonne de, partager, entre des
deux cathédrales de Cologne et,de Trèves le bâton.de
saint Pierre, et le reliquaire qui est-exécutér à,.cette
occasion se trouve décoré d'émaux.,De.983, à 994,
Théophanie, régente de, l'empire, fait, faire, «pour
l’abbaye d'Echternach, un évangéliaire ,où elle est
représentée avec le titre de, Theophaniu. imperalrix ;
son jeune fils ayec celui, d’Olto rex. Des émaux d’or
nement, mais des émaux cloisonnés à la, manière by
zantine, encadrent les figurines en. or ,,.et.décorent
partout la. couverture de ce.livre magnifique:,{444 1 1
Vers le même temps (973-982), deux neveux; de
l’impératrice Théophanie, enfants de, ,son-beau-frère; .
Ludolf, le duc de Souabe, Othon et. l'abbesse.d’'Essen
Mathilde se réunissent pour faire don à cette abbaye
d’une, croix d'or où ils sont représentés, en, émail
cloisonné avec leurs noms et leurs titres. Mathilde;
déjà qualifiée d’abbesse, est encore. .en habits, civils ;
elle tient, .un des bras x la croix, comme son. -frère
tient l’autre, et nous a semblé la He au dieu. de la
recevoir. le vs
L’abbesse Mathilde seule. donne: au tréson de, son
église, qui la conserve encore précieusement.;; une;
seconde et probablement une troisième croix émaillée.;
quoique cette dernière, tout. à, fait. du même travail,
que les autres, n'ait pas de figures de donataires et
d'inscriptions. Enfin, de 1041 à 1054, une; seconde.
Théophanie, littéralement, :Theophanu,, … que.l'on
prononçait Théophanou, la propre petite-fille. de
l'impératrice, byzantine, donne à cette riche église
TOMATE TOME TO 2UTIMON 394
d'Essén’ltont elle "866 4H bekse nie ‘uätrième évoix
éMainiéé, Sent tu allémande !! plus romane!
qué LES "trés "pH 1E ’aékin/Cémrile par le prouedé
Péxééution! quiet quelques parties étinpte ee"
PA Mabad RTE. iup sTisnpilor of, 49 sms dise
“LAtedhrbinéfinnétite de Viènie Deanée QUE &
dééofiée Aésiniddes dé aride Soon” « HA RÔt À
dég rois Sanaifiac 15 EX Boo! Avec Mnbine dau
thaïtieen atout HO ls A8 Chartés Age
coHifiegtE Ta El, Mais) Oh OtHOh. Däts’ aucun, a
elié/né! Su tte pOHÉrIEUrS Jan 1039! hi Bi eh
étudier Tes: détéins” COTON TES is ICS AL des
M. l'abbé Bock dé CHéÈne, ‘à qui TS pubiéra pro
chainement a les autres! Esmahe péri ? lets
jé rébohnis ainsi que’ dé Quast, held" au aautl
tait dhAëme Istylé que les aux Aflérñands | dl
Rasddre où09 é mob 9181 INOG HEARIMUÔE 88 9oblis!
lixéhriént ensuite dés mc ée de vue FAP
béta (616-7058) él Niédéfmunster N° RattEbonHd?
ibifectéil métis dep pat Ar) "Lahaie ‘le
Ru Ar du TE dre tale
16$ oi ei os hr le dre ve de an
avant 1068, et par sa fille Gertrude avant MAT. Le
HE MAUR FAR d'ÉALIET PAF nerastaltto
18 Clois bn ne ét” 16 ERan pete, ‘ est ds s'brônéncé à pe pe
déni era de TAPIE An ERA P HUE
fine river 16) ténif9/ou° AR ABrA ES AURAI
proééde) atdqnel “Hppértienniént “définitivement °é
Eee par lEilbertus Cbloniensts , 48" grandes
chädses”4é saint" Paataléon d'ét#tänt à autiég “œuvres
pérennité demandes SL «momduodt. 11726 110
jen'ailpas Désoin” dédire que M: dé Quast pu
39% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
définé nf Tiste complète dé’tousiles émaux qui sotit
Aamitiquetent gériiäniques 2 PS8 AHaChE À
cé /qui Sônt' datés. Parmi Tes plüs/Hniportants ét/"les
plud'edrieux!sots d'altres rapports! lje eitérai déus
du grand candélabre à sept branches dé14/ égal
dé Brunswick. Il'ést énorme, ‘ét h# pas! méitél/de
tjinize ou Seizé”/pieds dé hauteur: Ses! dtinéamx | Sont
donc Hé grands aussi etides médhillohs éailiés les
décorent. ‘La'plupart Bb éncoré en pléte: ‘quélqiress
ühé se Sont détachés et 1Hissent voir défis le creux
di métal /ldés lettres gravées qui Sérvent dé points de
repèré rer cam poür/ garder l'ordre icone
gräphique ‘adopté par l'ävtéur des ématik/ On ‘peut
éohjeéturer ‘que ce’ derniér/n'häbitait pas Brunswick!
mais qu'il 4 était Venu!) de bte que! Isdiététrte
Apparenée," bit A en D'OEHE V2 AUON | aulq
‘OUdi qu'il en”s0it Let potr Péteni AT dquéétiot
d'antériorité , voilà déjà; “hvant/1é comménecnienitié
nièce ani lernHa Ni Ehihds bärfaitéhent datés
Et, où l'avoura patfäitetient Authéttiqties: IRIS
Aaèt Pass bar! és” nains HE bréeanteurkl pour
arriver ‘à de/cüllections! DpHbirqués 'bprivéeslie les
ateusérais volontiers dé Faut On a phyéist éHer/1es
émaux' vrais dans/Ces Aériiitrés Années, En a dffért à
H'contéfaCon ne prie d'éévée vont priténu
secrètement à imiter à peu près exactement toutesiles
époques ét tous les styIesL Ce port admis, quand on
fait! un émail faut lot Le-fiit naturellement: aussi
dridux) que pistes ét'onfn'f éparéhd pas lesmoms
propres nilés dates. Mais! ce-ti'est cértes point Je/cas,
ët la provénañte dé tous'les objétd énumérés par M:de
Quaët' n’a rien! de douteux!{ls ont bris placel depuis
HOMANE AG MÉMOIRES: J2 HAN M0T 325
ur st. aussi, publiquement que. possible ; dans
destrésors d'églises ou,dans une, collection royalequi
westelle-même, qu'un asile ouvert, lors, de la réfor
mation, aux reliquaires, des églises.de.Brunswick, 84
déLuneboure oral dqoe & Ms Sbrreo borsr ra rrb
s1Même; dans un-trésor d'église ;siln'y.avait qu'un
émail aunom: trop siguificntif de. Théophauie , ainsi
que-dia fait M rbidran., peut-être mme. défierais-je
aussipde moi-même, et,des autres; peut-être, cher
cheräis-je-partout.des raispnside .douters Mais le A
nJeshRRyisnles dede répète, il:y .ena.dix qui parlent
dansslesmême sens. stsefortifient mutnelement. co
ter gontraire:; à Limoges ,. 8OSRtoB} ANARS PAS,
jusqu'au ar sièçles: je flevrais dire, jusqu DR
senhémail.qui soit daté.d'ung manière prégise, Bien
plus, nous ne pouvons pas établir positivement, mème
enirecourant aux-texies | QAUCURE Œuvre Aire de ce
genre ait, été faite eu Limousin. apant M5 a
-Mnsi, dans-toutes, les, chroniques: Jimeusines janté-
rieures à à hégtter date, 8t1dontr. quelques-unes, Par
exemple,.la,chroniqne,.de, Saint-Martial (fin .qu
x siècleset commencement. du, xr°), décrivent, PARFF
tant.ayec-assez de défails d'importants travaux d'or
fevrorie: on ne, remarque. pas une. sçule. fois, cette
épithète de smallita qui ailleurs; désigne sûrement. des
ÉTNANKo} Tu 879 2ST 9 f rodtemi 6 Frormotétos
no QR:FiEFt, pla faire de, saint Éloi un émailleur, Mpis
“mien: n'estplus incertain. Parmi Jes:nombreux, reli-
quaires! que bon: 18étribuait, autrefois. an saint, évêque
deNoyonis quelques-uns, il;est vrai, -offraient, des
partiessémaillées::Malheurensement, tous sont perdus
aujourd’hui;8et l’on-ne peut. plus, vérifier d’ abord. si
:326 CONGRÈS SCIENTIMAIQUE DE FRANCE.
diattribution avait. J quelque 1fondement y cat qircen
général, elle était faussesretiteposait sur: deshtradi-
‘tions relativement: récentes, et entité sül-nyiavait
päseu-des restaurations ondes radjonctions! à: Fonte
Iprimitivé. Jemetfompe, ilosubsiste un de cesoreli-
quairessémaillés attribués à) saint: Éloi, et-justement
scest:labbaÿérde Soligmatiqui-le possède: Mais beau-
coup d’entre vous, Messieurs, ont pu s’en convaincre,
-ibest/toutsimplemént dusxnrsièchenslloèr jui 1
siEn'ouvränt;)il:y, ape d'années, :l4 tombeaurde
Mévêqué Gérard de Limoges ,:qui, mourut: àCharroux
-en14028 ;1où a trouvé un anneau, d'or onéde, quelques
ofilets d'émail bleu (4); Mais, #i est-inçontestable;que
ocerbijousa appartient àä miévéquerlimousin.; comment
prouver qu'ilavait été faitetracheté à Limoges? Com
bment pvoirsurtout unpémaisdigre:deice; nom; un
émail artistique ?Car dum-procédé ;conuu depuis
ilong-temps:et/partout quirs'essaie unafois deplus,
‘sans nouveauxiprogrès; un art bien, assis etrdéfini-
tivement constitué, ibyrdoin) 9h loue baere 9!
‘5 Nous savions qu'an-moieide; lt, Ghaise-Dieusrater
Guinamundus, sculpta d’une manièreradmirable le
»Sépulcré de saint|Front,en 40MT,-é6t quece monument ,
lorsqu'il fut détruit par lesycalvinistes] offraitysentre
autres ornements, des plaques:.de'Icuivrerémailé.
Maïs comment, établir rigoureusement. ,que :ce-moine
: der lAuvergne /appartenait à Jécole!, de: Limoges ?
Comimentigarantir aussi .que.les émaux/de| ce tombeau
sde :saint.Front, véritable édifice en, pierre sculptée et
peinté, n'étaient pas uu embellissement, ajouté. après
(1) Dictionnaire d'orfévrerie , D. 819.1, Lau
TOVMAAE HU MÉMOIRES: 211070 3927
coup #%:On seraithbsotti ‘des‘probabilités :si: on avait
-possédé ainsi Qu'on lai erw-an instant ; un fragment
émailéisionéidesFr} Guinamundus ; mais:M: Pabbé
Texier & loyalementreeonmu : dans sa dernière publi-
-cations(H} 1quelFauthenticité,: non:pas de :Témail
iproprement dit/:mais-dé l'inscription qui-en faisait
-tout! lesmérite; up! semblait aujourd'hui: plus-que
douteuses fe 4 do , 1918291 yo JA "D quo
Il faut réellementiarriver à 1450 pour signaler des
‘émaux'de Eimoges{ ‘et encore, si: Geoffroi: Planta-
:senetilest: mortoà cette date,:ill est Iprobable et non
“certainque sa tombe émaillée a été faite peu d'années
Japrès/à- Limoges; par exemple en11153:; ‘lorsque
Henri Plantagenet#vint:sy faire couronner Ççomme
-due dAquitaine/ De:même, si le musée du Som-
Imerard à recueilh' des ‘plaques émaillées d’un grand
stÿle portant des inscriptions en languë ‘romane
limousine, et représentant desisujets de la vie de:saint
Étienne de Muret que l'on: sait avoir été figurés sur
le grand autel de Grandmont consacré ten 4465,
Pidentité est sans doute FU TRRE mais elle
n’est pas démontrée 011 6
tagestiu partir de. 4460 ,::dans {la seconde moitié
r'duvrèginelde Louis VIL;'que les documents historiques
mentionnent: d'une -inamière--positive des: émaux: Hi-
Jnoüsins ?Tbestivrai-qu'àcel moment, | à Sainte-Marie
aeovédslia? dahsle royaume :de: Naples; comme! à
uPabbaye de Witéam-enAngleterre, comme à Paris,
bles désigne courtmment| sous le. nom d'œuvre de
Loges ; Lee) qui anhohce une -industrié déjà':très-
(1) Dictionnaire d'orfévrerie p. 916:
328 CONGRÈS CHEN ATIQUE DE FRANCE.
connûe êt nétSiirémentt cntivée dépiis Téréstempez
Car, äu Moy vel age néon Lane épartati on ro brite-
biemient, dns dû Éttépétine née nashracanéis eh
pet d'antiébs. ÉHE ne s'explique hé par des lék port
fations Succéssives et tres Hiitipliées s phr dé hab
tudes cOmraérétalés! qui sel Contréetént éntérént:
en un mot, par une longue pratique qui laissait bien
Toin, a rULs IE 'préiiiers essais dé étalérie
limousine. ou 169 ; 94) as'vpaut sind A doper
2 Depuis, Et dtrant tout 1er Sebre désméntions
d'œtvré dé Limoges: doftinént ! etsemialtiphentoavéc
d'étranpes atiations td" crthéripne (pi ie Laéchent
‘jamais 1é" Rens Ré AT OR" n° a2 d8jh- bull? ane
quaräntäinelq di Vientienf généralénentd'Añgietente ,
‘SañS doute à éause dés étréftes relations de cedpays
aveë l'Agtitaine! dautres24etlItaMé£ le reste du
nord'dé 1h°Ffance. J'afiais /Célqa? d'a ‘pasiencore été
remarqué; Celles” nv ei dé FAÎlemagne ; mais
aussi jamais émail allemand n'est désisné1sougtile
nom d'œuvre de Cologne.” dasnQ sb .M ,ersinst
“iliné Sagit pis unifüément, ‘RS! césbmentions
d'émaux usine dé! candélibrest tél bassins cà
laver, ! de OT E" de - “Hors 01 d'Üfneentsy sde
cheval, de “déffrets dé" Euééoilés Tetrmitrés menus
ouvi ages “qui” détiennent Irâéiléent LTes objets: de
- commerce ; I LAEE énébre A 4 bes mégnifiques ,
que l'on RER E tantôt ‘pour 46 prélats ets des
seigneurs anglais, tantôt pour une duchesse de
* Bretagne /{Hiveténfin pour des.-comtes.de Champagne,
g16 sie 10808 T À D'od9nslé +04 otus'T ds voor 1woq arr"
©) En 1306. Voir aussi; en 142h, 16 LEE Cité par aurCangéret
par M. le comte de La Borde : « Je lais huit cént livresipour
nana sit MÉMOIRES, 329
cesrr voisins immédiats, de la Géranie. L'un des
sépuleres, émaillés que l’on. admirait à Troyes, etc où
da riehesse. des, anétaux; le, disputait à la beauté du
travail ;-h’a pas, de provenance. connue ; mais on sait
que Jean+ Chatelas,;; boue ois de, Limoges, avait
exécuté l'autre:par l'entremise du prieur. de. Grande
dmpnt:s [sl fr SHDPIFSTIG 92 n0I
oirhes-émaux! ere pénètr de alors jusqu! en Sicile,
jusqu’en Arménie, jusqu’en Chine; car un vieil éeri-
-vainehinois diet par M; Stanislas Julien (Histoire de
la; porceluine | chinoise; Paris, 1856 ,,p.,85, à.,38) parle
ide vases.en cuivre inçrusté d'émaux qui arrivaient. du
spaysiide,Fo-Lang, ou, royaume, des, Démons, Coneur-
.remment ave, des produits analogues de fabrication
zarabe; et que:l’on, a.imités en, Chine. Or,.le mot, de
:Fo-bang signifieFramce,,.et, celui, de, royaume. des
àDémensren.est, à ce qu il paraît, un synonyme, con
2sacré. mail. frencais est aussi, synonyme. d FRS
dTimotsinoi-dh don Dbiremolle lier &
Jamais, M. de gens en, conviendra, cr école
AMALRATHAES l'école de, Cologne si l'on veuf, | n'a
en n’a jou, .même dans son
pays, rde-cette notoriété. Évidemment elle a donné
2moins d'extension à lemploi des émaux, et ne les, :
oguère; appliqués, d'une:part, aux sages. civils :
_Pautresoà das décoration. des, tombeaux. Fontebls
zeHeïcn'ests inférieure, ni sous “ rapport de «art à ni
SP setup sr 1004 dôfnt .CIElQUS eTro T0 158
faire deux tombés Hattés”et evées dé l'œuvre! de Limoges :
l’une pour moy, et l'autre pour Blanche d'Avaugor, ma chere
iCempaigne. AR de RUeRe de Haric. {Dict. d'orfé-
LE ({
rrorerie:; pi 1400, }:, { 2ï8f al ; N: 1 8] Démon el Un,
330 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
-pour les 1procédés-teéhniquess} Comme des émailleurs
-deLimogés ; ceuxode Cologneçsavent 'au x siècle ,
préférer à lorretià l'argent un! métal plus-mibi Le
travaikechamplevé;:qui: consisté àsréserverodims /le
‘cuivre! les traits destinés à enchâsser-Lémaik, «au
lieu de les rapporter en minces lanières on cloisons
à la fâcom:dés) byzantins;: est: habituel powr:eux,
Sans devenir cependant aussi exclusif qu'en France.
. Be ‘mérite: de: l'économie m'est! donc:pas réservévatx
Limousitis) conrmé-on l'a -ditsLeurs lémulés-d'Alle-
‘magne savent'ausi faire duuxé/à honiarehé):vils
“peuvent livrer les émauxoau-même- prix $ et les livrer
poule moinsaussi beaux. sb sxoiouont qort.ds/oè!!
<y'aurait de l'injustice je ne l'oubliespas, juger
iles œuvres de Limoges surides débris | ramassésordi-
nairement dans des boutiques de:chaudronmiers ,
‘tandis que l’émaillerié allemande: noûs a0baissé ses
“chefs-d'œuvre: Cependant: la éhâsse:d'Ambaza@/ [qui
‘’occüpaitune place d'honneur à côté du maître-amtel
‘de Grandmont ,:cétte reine) dés abbayes Aimousines ,
devait êtreien Limousin an-ouvrage de prémierswordre.
-Or;'malgré:sa beauté incontestéé ,:ee-m'estpaségale,
où ; à coup sûr, elle n’est:pas supérieure aux-coupoles
émaillées ‘de’ la collection: Soltikoff étiodustrésorcde
Brunswick, niaux deux châsses | à peu près-contem-
poraines, de Saint-Pantaléon de Cologne.
La. seule.explication que je.puisse,, trouver à la
sdortune;-si -différente .des-émaux limousins set:dles
émaux: allémands:, c’est quecesdérniers seront restés
! datis és tHonastères où ils avaient pris ndissahée) 4u
lieu dé $e répandre dans les äléliers d’ drfévrénié ordi
naire , Où ils auraient constitué une industrie comme
JOUA JA MBMOIRESLOZ 21040) 0831
les'autres ; vivaceret; féconde:ràcce-titres Emd’autres
-térmes }1 Al 1 y iauvazpasceiw'à5Cologne d'émailleurs
dJaiquesss on fbièmiliy ensaura éuiunpetit moinbre.
sAussibom yiasfait désiémaux) excèlentsis1mdis dans
wles.abbayésiet-pour lés 2abbayés ;20n1èn2al pew fait
etpouvrile rcomrercel 2004i00 no 1otiouqer 251 95 mai
.ZlAusurplusyles émaux aHemandss Hs. dé Danse
‘Hheuré! devant lesprogrès: de: l'erfèvrerievsculpiée ,
-devant:les: figures et | lés-ornements.dè métal en relief.
-AlJa bsplèndide-châsse des: rois-Roiscà celles d’Aïx-
“a-Chapelle:cde Marburg etide ;Tournay’ (ar ils:ise
réduisent: à :de|simplesybordures destinées là: varier
l’éclat trop monotone de Voret durvermeik Dès lors
ils deviennent diacéessoire au dieu d'être le: principal.
-Cecn'est plus deal Jjeimture:en-émail. L'orfèvre ait
encore des éhauæh: d:w’estplus-émailléuricormemrise
204 Sidiétole allemaude: d'émaillerié;asfini plus tôt:que
nelle deLiméogesséét al'a:pas-eules: mêmes-succès
léommertiaux bp eleé»nenmeste|pas-moins:la; première
emidateuiAinsieque Mb de: Quastid'a, prouvé:paroles
monuments elleexisteoauthentiquéement:déux,;cents
“dns‘avant-ques$on, heureuse,;:rivale, apparaisse. brus-
-uement danstoutson éelat.-Or 1en deux siècles , une
sfndustrierpeut ässurénientonaîtreset:faite de: grands
-progrèssd'et jrs) ellesasété importée: ellé-marche
ocrso1o oQ, 2 nodistasd-uiise 9), ,oaisrog
sl (D) Ée ‘qui lést/Aibana dans soit Et ES entéde | de
2moutnay ice sont) les éisux-seulement, [Les Stataéttes ne
-Semblent nelever,de l'école française, et ressemblent même, en
D pe portail.de,Reïms.-Mais il
est ordinaire de voir à Tournay les infnen nes allemandes [et
francaises Se rencontrer et se combatire. :
NO SIA DEL: Sr SUJMeO) FAOLS TE. AUD EFQ | 98 Lit
882 CONGRÈS SCLIENTIBIQUE DE FRANCE.
d'autant plus vite. : Comment ohesr-dans eetrétat:de
chosés; continuer à prétendre que-bartdes émailleurs
est. né sur le!sobfrançaisq surslersolhimousin sr 21102
-cVNoudrait-on; dânsce but, /s'autoriser, poumdermière
réssourée ;;du passage Ide‘Philostratesuniles émaux’
qué: Fon-ca siosouventecité étotominenrté, dans cés
dernières années? 15oit:p exmiiinons/lal valéümderce
uouveau-documentoqnoiquedioprétentionexistâtrdéjà
avant. que le-texte fit miscen hmière (4): Hrestoninsi
éonçtièu inoers'T 9b dell to souszsqqe"l siviro
4 On dit que-les, barbares: voisins dé1/Oeéanr (tous &
Oxéav® 6aphgpgus) étendent désréoudeurs sure Laivain
ardent; [qu'elles [ÿ: devienpenh attssi, dures: querda
pierres2@t sque:sle rdessinh qu'elles-sreprésentent:r8€
conserve (eon.sksdsee, RIVE. brerdqirèq serrsirutri
-1Ces-barbares ;de l'Océan) onsvoisins déd’Océan,;on
habitant: d'Océan;sainsb ghebtraduisait: Vigenbret,
étaient-ilsz«rdes Gaulois probablement! comme;le
eut M.:le:comte de-La;:Borde/rousrnienx-entoresides
Limousins», comme, M :Paæhhé;Fexieri;cplus hardiy,
nous lassufe(2}?9Mais: Philestrate 5 qui rvivait-ès da
cour de)Septime-Sévère; melsaantait désigner ainsiodes
Gaulois :de ac région la [plàs!'centrale des-Ganles,
devenus alors tout à fait Romains avec .tousodenrs
<ompatriotes-1—cQuand uhryéerivain 2des Panis,s au
siècle:de Louis: XIV; rmomme,, sans autresexphitatiofi},
1e barbares :de:la Méditerranée: Afiienres tt em
po dalstinos aoid ie , HigAtOT 99NOM LL SPA
el ne 19 Dissertation! ad'ar! AREAS Hd eut APM,
etustoqres 29b miser sl egrrf eibri me dH94 10
8) Deserl'des émaux/du Louvre Hpar!Mi 1éecomt degaborde.
(Diet. Wd'orfévrerie, pan M; Texier, peo5petisuivantessr, 20!
HOUAAA MU MÉMOIRESID2 2110U0 838
dra jamais dessgens de Marseïlle ou de: Cétte plutôtique
desAllgérienset:des Marocains %14-Donnoûs ausshieur
sens nafureletilittéeablaux paroles déPhilostrate.!11
comaissait eertainenientle nom°de là cité-des!Lémo-
viques, «lui delarprovince d'Aquitaine: où elle: était
situéeysét 'xoplus foite raison;/le nom desiGaules,
Comine Pline le[Naturalistes quiécrivait Auné époque
beanéotp- plus rapprachée:de dapconquête p let qui;0ù
propoÿdu pfocédérau moyen iduqueb'on donné au
cuivre l'apparence et l'éclat de l'argent, nous) dit
simplément(qu'il aiété trouvé pare les Gaüloiss s'il
avait A reconriaître lesdroits de nos pères à une décous
verte/analogue ,'eelle des émaux, il lésAppellerait par
leur mom/aurHeu-de les désigier par une dbscuféet
injurieuse périphrasel .:vLes barbares-j\au tempsdée
SeptimeSévère siclétaient ceux'qui vivaient en déhors
dela dominationvet dela civilisatiom-romainés {ce
n'étaient nullèment/desoGaulois,"et2ausst li bien ils
étaientalorsussiiavancés dans. les lartsy 4ussi-raffinés
quélés Afhénienseux-hêmes l'coniié le montrent la
mañsobcarréede Nînies|mise-enlreéarddutémpie de
Jupiters Olymipiéni; clessthéâtres d'Arles ièt d'Orange,
conparésoà celui qu’ Fate art bâtit’au piedde
dtnaoropodé. sovs eniemod tist £ duo a10fs araoyel
LsRemarquons Dur Ar. amateur‘tel que
Philostrateaurait connu.sautrement due par oûi-diré,
des prüduits: aitistiques originaires d'une partie-quél-
conque du monde romain, si bien centralisé par le
RARE Eh aqpinistration, axi.étaitotont entier,
on Lib le dire , ‘dans la maïn des empereurs de-Rome.
Hsiagit biasphtitiinenc mesemble.,:dans Philostrate,
ge vrais'bärbarés des tcôtesdé Belgique! de Hollande
334 CONGRÈS SCIENTIFIQUE IDE FRANCE.
et! d'Allemagne lou désdeux -Bretasnesl-1) éux2enl
n'étaient pas à troîs cents kilomiètrés dé l'Océan corne |
les Lémoviqués} ils vivaient rééllément aA868 bord”
dans ses lagunes) et's'abritaiént dérrièré ea ddaslo
cages: Toujours em vuerré aveé ls Rois! 18 l8f7
étaient mal connus. Dépotrvasidé métaux précieux. |
et trop ighorantsid'ailleurs des ärts dd dessin potir én
réhansser le prix par Jés fines ciéélures dél'offévrerie
grecqueet romaitie, ilétaitinatüirél qu'ils s'éfforens
sent ‘de swppléer® ie cette) pénurie pa Péctat! lét là”
vivacité des coulentss Ipañéesémanx inérustés faits
pouriplaire àdes seux barbaregocnil 5h 156761 1016 der
Quelleétait larvaleutr dé ver iémaus Contemporains
de Tempire romain ?-Men/réste “de HonbreusoispéiL
mens qui2sontetous misérablés. ‘On sait | comment:
dessinent les barbares. Leurslcompositions tadmeéttént
guèreque dés ronds ; les zitzags, desirayrutes multi
pliées: Les imitétions délafisurehumaitie et dé celles!
des animaux sonttoujours Assi räreslqué Sr6881 rest |
Aussi neéroirai-je point quelésémaux dont Philéstrate
parle. sans_les avoir: vus) et; T4@ étrplusi2l8ané Tes
louer; leussent unervraie valeur artistique. JPadinets!
qu'ilséffraient un déssin plis dif mdins Complique |”
mais barbare, 6t'qu'ils avaignt por Tes D RO APMS! uñ
seul mérite, ce de la nouveauté.
: De SénfimesSévèré à Clovis “on a-eltôntle temps
dimitse 168 émaux baibarés Œaris! és provinces” oéci=
dentales del empire ; ‘mais ON n à pas tiré erand parti
de l invention, .Çar, nos collections ne, possèdent : pas;un.
seul. “émail. romain | d un, bon,;styl8 set. de;-quelque
richesse, Gelle, du: Louvre n'&que:tdlesiagrafes oufilbus:
les grossièrement:émaillées, et'cernest pas'sans peine
nas MÉMOIRES 4102 24900 335:
‘que l'on distingue:dans le:nombre celles:qui:sont posi-
tivement. romaines -des-ohbjets analogues que-les inva“
sions barbares. ont apportés sur de, sol français. Tant
collection.de Ia-Bibliothèque-impériale: est um pew plus
variée, mais.ellermne. lestipas beaucoup ; et epis Heu
d’ailleurs aux. mêmes, observations. 2Dtito Léor Frrefeio
M. le-comte de La Borde-se-croit en rer aie
que -les;premiers essais, d'émaillerie; appartiennent à
la Françe.;-àa Belgique à l'Angleterre; àl'exclusion
de, l'Allemagne et surtout: -deltalie:{4):;Mais je me
défiesde: çette, statistique, jqui;-du-reste ;.ne-prouverait,
rien en faveur de Limoges:$i des-émaux! que l’on peut:
appeler primitifs et mieux-encore émauc barbares; par
opposition, Aux,émaux artistiques; sont relatipement
rares. dans les musées allemands, iln'estplus exactrde:
dire qu'ils, sont introuvables en! Italielteu 251 trrorieesl
_Depuis.-le dernier voyagé.de M, de Ta-Bordepenscez
pays(1844), on ya fait aurmoïins uné-découvertetrès<
importante, à çet-6gard En -effet ; j'airpu voir, iliy 4
trois ans! ‘dans, la bibliothèque publique: de Ravenne
divers, objets, | provenant:d’une fouille récente ,° qui,
m'ontparu émaillés: Hyylamotamment deux plaques
d’or, émaillées en rouge grenat;-plus considérables par
la dimension que tout.ceque-l'on cite chez mous, Elles
Stresvuon sl 95btulso. atirôn [us
Ares.sLes fouilles faites en dtalié depuis” des sièclés "n'ont
riep,prodnit de: ce genre, gt.au-delà du. Bhin,, dans-tout le
ngrd., Où d des. +ombeaux de toutes dispositions. ont rempli les
musées de bijoux en or et duensies en. bronze, des objets
Mainñég ÿ! son *“ihéonnus, ! où au roins “tellément rares ét
do ofipine si nédithinet qi on! 'peut Avée Héturañté établir
quel'émaillerie ny fut pas pratiquée, :eb.queles/bijous’émaîl-
lés:y sont: d'importation.» Descripi:des\émaus du-Louvress |
336 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sont grandes comme la main, et d’une forme bizarre F
assez analogue à celle d'une harpe. J'ignore quel
était leur usage dans la toilette du personnage, con—
temporain de Théodoric, qui les garde jusque dans la
tombe. Le dessin des cloisons n’a rien de romain, et
reproduit, en revanche, un motif des plus singuliers
du sépulcre de Théodoric, des sortes de triangles, très-
aigus, surmontés d’une boule. Le reste est tout en
rayures, droites ou inclinées , et opposées en feuille de
fougère. — Maintenant les incrustations ont-elles été
faites par la fusion, ce qui est essentiel, et non pas à
froid? Il est peut-être assez difficile d’en juger avec
certitude. Néanmoins elles adhèrent si exactement aux
cloisons, qui ne sont jamais ni tordues ni faussées
malgré leur finesse; elles sont si dépourvues de cassu-
res et de bavures sur les bords qu'elles m'ont semblé
bien positivement « coulées ». Du reste, de l’incrusta-
tion à froid, quand elle se généralise de cette facon, à
l’incrustation à chaud et à l'émail, il n’y a qu’un pas,
et on devrait le franchir promptement. C’est une sim—
plification en même temps qu'un perfectionnement.
Quant aux procédés d'exécution, les émaux barbares
sont ordinairement champlevés, d’abord parce qu'ils
sont très-grossiers, ensuite parce qu'ils sont sur cuivre.
La question de savoir si, comme le demande le pro-
gramme du Congrès, les émaux cloisonnés sont anté-
rieurs ou postérieurs aux émaux Champlevés serait
donc aisément résolue dans le cas où l’on consentirait
à mettre sûr la même ligne les informes essais de
l'émaillerie antique et les vrais émaux, les émaux
chrétiens, les émaux artistiques; en un mot, les
émaux du moyen âge, sans lesquels on ne s’occuperait
DAANA 1 MÉMOIRESNID2 241920 33T.
te Hs:formentume-école:sinon tout:à fait
indépendante! dumoinstrès-distincte ; ‘et; quandrelle:
apparaîfversleax"onolesxs siècle: ellene: nous offre
d'abord ,:soitremOrient;| soit en’Allemägnes que:des
émaux.sur of ebisur rargentcdoré } Édité suites mi
émaux cloisoñmés:b tion üL , 9doasvst 9, OT
-Gettesinfluencendeil’exeipient dec pétail nr le pro
cédé d'exécution avait.étéoparfaitément indiquée par
M: Texiet dansison grand:Dictionnaire d’orfévrerie. Du
restez ilen y capas: zron1e conçoit; de régle absoluëé.
Jeciteraisà Harovrezn émail sur cuiv£e trés-grossier,
quiest-néanmoins!élôisénné:1 y'aaussidäris la même
collectionun ouvrage grecs réprésentant sdint Démé-
trius-àtchevaly foùi lar feuille d'or ét travaitlée ‘an
repoussé pourvobtenir les creux! @e Pémail 119! 279 0
_ àlTerminorissur Ce poinbendisint quéée qi dinfluen:
céM.derümte, dearBordet:M: Texier dans l’inter-
prétation du-texte-dé Phiostratellc’estsqu'ilsiéroyaient
àztortiique,saicmiomients ét Cornmiénicé Thistoire des
émaux du moyen âge; Limoges se môntrait en “posses:
sion Œ'uneprôductionra lp fois trèsänétenné et rèse
abondante Letrpresqueitdt'anmono pote 51? "2 1007
2lAmssibien léminént éutéafde la Notice des Emaux
duEouvrerevunmmatt ide potine grâce que «dans ce
passagé derPhflôstiatér pris iSolément , il à dé quoi
satisfaireoles prétentionss dé toutes 168$ nations éuro=
péennes»21Qui sanscdôute ;° illpeut s'appliquer à
plusièmrsmations de l'Eopes)exéépté cépeéndant à la
Gaule:romaineremgéméral et au°Limousitr en parti
culierpet-ce qui prouve qu'ifaut bien Cherehéi à Tärt
des émailleurs une originé moins nationalé, c’'éstique ;
avant, dese montrer àLimoges il sé trouvé déjà ên
Le 22
338 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Allemagne, où il vit d'une vie indépendante , et où il
atteint la même perfection.
Revenons à la lettre de M. de Quast. — Sans nous
dire quelles conséquences il voudrait tirer, relative-
ment aux émaux de Limoges, de l'antériorité des
émaux d'Allemagne, il nous l’indique assez claire-
ment, puisqu'il range, sans hésitation, parmi les
provenances de l’école de Cologne, cette châsse de
Grandmont qui portait les images d’un archevêque
et d’un abbé allemands. Ce précieux reliquaire n’est
pas détruit; mais, ce qui revient malheureusement au
même, il est enterré, depuis la révolution, dans le
cimetière de Saint-Priest-Palus, où M. Texier l’a vaine-
ment fait chercher. A défaut du monument lui-même,
peut-on, par les renseignements écrits qui s'y rap-
portent, établir son origine limousine? Je le crois.
Il n’est pas rare que des images de donateurs soient
accompagnées de leurs noms; mais il est sans exemple
que ces donateurs se désignent eux-mêmes en ces
termes : « Hi duo viri dederunt has duas virgines ».
C’est bien plutôt le souvenir reconnaissant des moines
de Grandmont qui se manifeste ainsi. Puis il n’est pas
exact que l'archevêque de Cologne et l'abbé de Sieg-
burg n’aient donné que deux corps saints. Ce dernier
en à fourni deux à lui seul, et les pèlerins de Grand-
mont en ont rapporté sept en tout de leur voyage
d'Allemagne. A leur arrivée, toutes ces reliques ont
été partagées entre les diverses maisons de l’ordre, et
c'est alors que les reliquaires auront été exécutés. —
D'ailleurs, et M. Texier l'avait déjà remarqué en
publiant l'Itinéraire des Frères de Grandmont, ils ne
sont restés à Cologne que dix jours, temps insuffisant
MÉMOIRES. 339
pour entreprendre et achever une châsse émaillée; et
ils disent eux-mêmes qu’ils ont rapporté dans des vases
(in lagenis), non dans des châsses ou reliquaires, les
reliques qui leur avaient été données.
M. de Quast nous dit, à ce sujet, que l’abbaye de
Siegburg possède cinq grandes châsses émaillées et
deux autels portatifs analogues, pour le travail, au
coffret signé d'Eilbertus Coloniensis. Tant mieux, et
nous devons féliciter nos voisins d'Allemagne d’avoir
conservé ces richesses dont les savants français ne con-
naïssaient pas l’existence. Mais l’abbaye de Grand-
mont, l'inventaire de 1788 en fait foi, était bien plus
fiche encore en reliquaires émaillés que celle de
Siegburg , et renfermait en outre un crucifix haut de
dix pieds, et un grand autel avec sa clôture en arca-
des; le tout revêtu d'émaux magnifiques.
.J'ai déjà communiqué à M. de Quast une partie de
ces objections, et je ne saurais me flatter de l'avoir
persuadé. S'il persistait, comme j'ai lieu de le croire,
à vouloir rattacher l’origine des émaux francais aux
émaux allemands de Cologne, je lui indiquerais moi-
même un autre fait, plus propre que celui dont ii
s’agit à établir un rapport et un lien de dépendance
de l’école française à l’école allemande.
Le grand abbé de Saint-Denis, dans le compte-rendu
de son administration, raconte qu’il consacra quatre-.
vingts marcs d’or et beaucoup de pierreries à un cru-
cifix, auprès duquel tout ce qui nous reste de plus
beau en ce genre paraîtrait pauvre et vil. Au pied,
étaient les quatre évangélistes, autour d’une colonne
qui portait la sainte image, et le fût de cette colonne,
340 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
où se déroulait, comme à la croix de Hildesheim,
toute l’histoire du Sauveur, avec les allégories de l'An-
cien Testament qui s’y rapportent, était émaillé. Or
les orfèvres, d’abord au nombre de cinq , puis de sept,
que Suger employa pendant deux années consécutives
à ce travail gigantesque, étaient tous des Lorrains (1).
Plus loin l’illustre abbé parle encore de sept candéla-
bres émaillés et dorés (2), mais sans dire à quel pays
il avait emprunté ses artistes.
Qu'était-ce que la Lorraine pour l’abbé Suger? —
Sans doute tout l’ancien domaine de Lothaire, de l’Es-
caut et de la Saône au Rhin, dans lequel la ville de
Cologne se trouvait comprise. Mais, quand même
l'expression devrait se restreindre à la Lorraine ac-
tuelle, il aurait encore demandé ses émailleurs à un
pays où l’art allemand régnait alors sans partage, et
où nous savons, du reste, qu'il existait, vers cette
époque, des ateliers d'émaillerie, puisque maître Nico-
las de Verdun fut appelé en 1181 à Klosterneuburg ,
non loin de Vienne, pour exécuter le rétable émaillé
de cette église. Déjà des émaux figuraient parmi les
ouvrages du bienheureux Richard de Saint -Vannes,
cettegrande abbaye de Verdunqui possédait, notons-le
(1) «Pedem vero quatuor evangelistis comptum , et columnam
cui sancta sedet imago, ubtilissimo opere smaltitlam et Salva-
toris historiam cum antiquæ legis testimoniis designatis, et
capitello superiore mortem Domini cum suis imaginibus admi-
rante per plures auwrifabros Lotharingos quandoque quinque,
quando septem, vix duobus annis perfectam habere potui-
mus. » (SUGER, De Administratione sua.)
(2) « Septem quoque candelabra.…. opere smallilo et optime
deaurato componi fecimus. » (SUGER, loc. cit.)
MÉMOIRES. , 341
en passant, sa bonne part des reliques byzantines de
Saint-Pantaléon (1).
Aucun homme n’a mieux connu que l'abbé Suger
les ressources artistiques de son temps et de son pays,
aucun n’a exercé sur la marche et les progrès de l’art
une influence aussi décisive. C’est sous l'impulsion
puissante de ce moine, vraiment grand en toutes
choses, que l’architecture ogivale a pris naissance ;
car l’église de Saint-Denis, dont il subsiste le chœur et
le portail, c’est-à-dire le plan tout entier, est le premier
en date des monuments décidément gothiques, et les
cathédrales de Senlis, de Noyon, qui viennent immé-
diatement après, et ont été bâties par les amis person-
nels de Suger, ceux-qui l’assistèrent à son lit de mort,
imitent visiblement letype de Saint-Denis. Or, de 1137 à
1144, lorsque Suger rebâtissait avec une rapidité sans
égale et décorait son abbaye, il gouvernait Limoges
et l’Aquitaine avec les autres possessions de Louis VII.
Comment, puisqu'il employait des émailleurs, ne s’est-
il pas adressé de préférence à ceux de la France”?
Ne peut-on pas soutenir avet quelque vraisem-
blance que l’école de Limoges n'existait pas alors,
ou n'avait aucune réputation , et qu’elle a dû précisé-
ment ses progrès aux magnifiques ouvrages que Saint-
Denis offrait pour modèles à la France, grâce au
concours des artistes lorrains? Ce système n’est nulle-
ment le mien, je me hâte de le dire, et j'essaierai d’en
faire prévaloir un autre. Mais il me semble qu'il a
un côté spécieux, et qu'il serait préférable, à tout
prendre, à celui de M. le baron de Quast tel qu’il
m'avait été exposé verbalement.
(1) Dict. d'orfévrerie, p. 1328-1329.
349 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Il est vrai que, autant la France dépassait alors
l'Allemagne pour l'architecture et la sculpture monu-
mentales, autant elle était en arrière pour l’orfèvre-
rie (1) et les arts qui en dépendent. Des bronzes
d'Hildesheim à l’admirable châsse des Trois-Rois de .
Cologne, cette supériorité des orfèvres et des fondeurs
allemands se manifeste clairement durant deux siècles.
Dès lors, si les émaux étaient l'accessoire pour le cru-
cifix de Saint-Denis, et l’orfèvrerie le principal, on
conçoit que , tout en connaissant les ateliers de Limo-
ges, Suger ait cependant confié à des artistes lorrains
et allemands l’entière exécution du travail.
La seule conséquence que je sois disposé, pour mon
compte, à tirer d’un texte auquel on a donné jusqu'à
ce jour trop peu d'attention, c’est qu'on a fait sur une
grande échelle des émaux allemands à Paris vingt ou
trente ans avant que l'atelier de Limoges se montre
célèbre, avant même qu'il se recommande par quelque
œuvre un peu notable, existante ou non, mais positi-
vement connue. D'ailleurs, et malgré les relations,
parfois surprenantés au premier abord, que l’on
découvre à chaque instant entre l'Allemagne et l’Aqui-
(1) Je trouve à ce sujet dans le Dictionnaire d'orfévrerie de
M. l'abbé Texier, mine inépuisable de faits et d'idées, un texte
qui mérite l'attention (p. 912); il est tiré d'un inventaire du
trésor de Notre-Dame de Paris au commencement du xmme
siècle... « Pondus calicis quem emimus ab ecclesia Coloniensi
est circiter decem et novem marchas ; pondus Jlaminarum
emptarum cum e0 fuit cireiter duas marchas, numerus lamina-
rum, viginti quatuor: totum insimul ponderavit xxXI marChas,
et unum stellingum precisum fuit 1e et Lx lib. parisien-
sium ».
MÉMOIRES. 343
taine (1), je suis persuadé que l’école de Limoges et
celle de Cologne sont indépendantes l’une de l’autre,
et constituent deux rameaux bien distincts et à peu
près contemporains du même tronc.
Si les chroniques restent muettes sur les premiers
émaux qu'on a faits en Limousin, elles ne parlent pas
non plus, en Allemagne, d’une seule des œuvres
énumérées dans la lettre de M. de Quast; et, si ces
émaux allemands n'avaient pas été miraculeusement
conservés jusqu'à nos jours, l’histoire n’en ferait pas
soupconner l'existence. Il est donc permis de rappeler
que la grande abbaye de Saint-Martial et beaucoup
d’autres moins importantes ont été dépouillées de leurs
trésors dès le temps des Plantagenets. Henri le Jeune,
avant de s’en emparer pour les besoins de sa malheu-
reuse révolte, en avait fait constater la valeur en
marcs d’or et d'argent; et, par son testament, il
suppliait son père de réparer le sacrilége qu'il avait
commis. Mais on ne restitua, si on a eu égard à ses
dernières recommandations, qu’une quantité détermi-
née de métaux précieux. Les œuvres d'art étaient
irrévocablement perdues avec les émaux qu'elles pou-
vaient offrir, et qui auraient été probablement des
émaux cloisonnés, comme le sont en Allemagne les
émaux sur or et sur vermeil, plus anciens que les
autres. ;
(1) C’est ainsi que Frédéric Barberousse écrit au roi d’Angle-
terre pour lui recommander chäudement les moines de
Solignac , et que, parmi les dépendances de cette abbaye, on
cite une église de Saint-Pantaléon (V. la Notice de M. l'abbé
Roy-Pierrefitte sur Solignac}). Les faits de ce genre ne prouvent
réellement qu’une chose, c'est qu'il existait plus d'unité vraie
dans l’Europe chrétienne au xure siècle qu'au XIXe.
.
344 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Donc nous sommes autorisé à rechercher d’abord si
les émaux byzantins n'étaient pas éminemment pro-
pres à servir à la fois de modèles à ceux de France et
d'Allemagne, et ensuite s’il n'existait pas entre Limo-
ges et l'Orient des relations particulières analogues à
celles qui sont constatées pour les pays rhénans.
Les premiers émaux à sujets ou à personnages, .les
premiers tableaux en émail, sont certainement ceux
que nous offre Byzance. Par Ravenne et par tant
d’autres voies, les émaux des barbares parvenaient
facilement jusqu’à cette capitale. Les orfèvres byzan-
tins s'emparèrent de l'idée des émaux, et lui firent
bientôt produire toutes ses conséquences. L'invention
arrivait à propos, puisqu'ils renoncaient alors à mode-
ler des figurines. Avec moins d’art, ilsallaientobtenir,
grâce à l'émail, autant de richesse et plus d’éclat que
leurs devanciers. Le germe se développa donc rapide-
ment, et l’émaillerie fit fortune à Byzance par les
mêmes raisons qui faisaient étendre à toutes les parties
des murs et des voûtes les mosaïques, réservées
d’abord aux pavés seuls. |
Il est question d’émaux, dès le temps de Justinien,
à propos de cette merveilleuse table d’autel de Sainte-
Sophie où figuraient, dit-on, des pierres précieuses
réduites en fusion. À travers les expressions emphati-
ques des chroniqueurs byzantins, ne faut-il pas voir
là de vrais émaux? — Dans tous les cas , à partir du
milieu du x: siècle, ona une suite d'émaux byzantins
qui sont les chefs-d’œuvre du genre, et accusent par
conséquent un art cultivé déjà depuis long-temps.
Aussi n'est-il pas interdit de voir, sinon une pro-
duction, du moins un reflet de l’art nouveau qui
MÉMOIRES. 345
florissait à Byzance, et dans la table d’autel qu’Anas-
tase le Bibliothécaire, au 1x° siècle, caractérise par
l’épithète de smallita , et jusque dans le fameux Palioilo
de Saint-Ambroise de Milan, dont les bordures seu-
lement sont émaillées. Cette autre table d’autel est
signée par un certain Wolvinius faber, dont M. Didier-
Petit a voulu faire un Limousin, et qui passera plutôt
pour un Lombard. Mais Wolvinius a-t-il tout fait
lui-même comme il a tout signé? Ne s'est-il pas fait
aider par un ouvrier émailleur? N’a-t-il pas au moins
connu les émaux de Byzance ? Rien de cela n’est impos-
sible; et il est d’ailleurs certain que l'Italie alors
empruntait fréquemment des modèles et des artistes à
Constantinople. A Saint-Ambroise de Milan justement
j'ai trouvé des mosaïques d'ouvrage grec dans la tri-
bune ou abside, plus ancienne quelles nefs, et dont
la date ne s'éloigne pas beaucoup de l’époque où vivait
Wolvinius.
Quant aux anneaux émaillés d’'Ethelwulf et d’Alhs-
tan, prélat anglais du 1x° siècle, je n’y verrais encore
qu'une continuation des émaux barbares, tant le tra-
vail en est simple et grossier, et il doit en être de
même des émaux français ou allemands réellement
contemporains de Charlemagne.
Il n'y a plus, il ne peut plus y avoir d'émaux à
Constantinople. Mais, à la conquête de 1204, les splen-
dides trésors de Sainte-Sophie et des autres églises de
la capitale, au lieu d’être entièrement détruits, furent,
“en partie, dispersés dans toute la chrétienté occiden-
tale. Le doge de Venise se qualifiait de seigneur du
quart et demi de l'empire grec : on dirait que le trésor
de Sainte-Sophie s’est conservé à Saint-Marc dans cette
346 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
proportion. Par malheur, aucun des émaux grecs que
la basilique de Venise à recueillis en si grand nombre
n’est nettement daté : tous doivent être antérieurs à
1204, et quelques-uns sont nécessairement beaucoup
plus anciens ; car un trésor d'église est l’œuvre des
siècles, et se forme pièce à pièce. — Il y a surtout de
ces Éalices énormes propres à la communion sous les
deux espèces, et dont on ne peut contester la haute
antiquité sans reconnaître au moins l’origine grecque,
en admettant que l'Église d'Orient en ait conservé
l'usage jusqu’au xrrr° siècle. Mais, à défaut d'inscrip-
tions historiques, il serait téméraire de vouloir classer
chronologiquement des objets qui sont uniformément
du travail le plus beau, le plus parfait, et entre les-
quels il n'existe que de vagues nuances, résultant
peut-être de la diversité des artistes, non de celle des
époques. .:
Pour obtenir un point de départ assuré et une date
positive , il faut recourir à d’autres émaux qui pro-
viennent aussi du pillage de Constantinople, ceux du
reliquaire, déjà célèbre, de Limburg. C'est un coffret
émaillé, long de soixante centimètres et large de
quarante-cinq , qui contient un fragment considérable
de la vraie croix. On sait qu’il fut donné primitive-
ment à l’abbaye des dames nobles de Stuben sur la
Moselle par le chevalier Henri d'Ulmen , à son retour
de la croisade. Il résulte des inscriptions gravées et
sur l'encadrement intérieur de la croix , et tout autour
du couvercle extérieur, que les empereurs Constantin-
Porphyrogénète et Romanos ont fait faire le reliquaire
de 913 à 959, et que le couvercle ou volet à été ajouté
peu d'années après, de 963 à 969, par un autre Roma-
MÉMOIRES. 347
nos 6 Iposdpos. — Ces inscriptions sont en apparence
| irrésistibles. Néanmoins M. Didron suppose, à la
ressemblance des émaux de Limburg avec certains
manuscrits byzantins de date postérieure, qu’ils pour-
raient bien ne remonter qu'aux premières années du
xi® siècle. — Au lieu de se procurer le reliquaire
avec la relique, au lieu de s'en emparer purement et
simplement pour sa part de butin, avec d’autres objets
analogues qu’il distribua à Saint-Sévère de Munster-
Maifeld et à l’abbaye de Laacherzée (Note de M. de
Roisin), le donateur Henri d'Ulmen aurait pris la peine
de le commander aux orfèvres contemporains de la
ville de Byzance.
- L'art byzantin est encore si peu connu, il suit une
marche si opposée à celle de notre art occidental, et se
montre si semblable à lui-même dans les différentes
phases de son existence, qu’on n’est pas encore parvenu
à distinguer sûrement une église byzantine du x1r° Siè-
cle, par exemple, des monuments du temps de J usti-
nien. — Comment donc affirmerait-on que tel émail
byzantin ne peut pas être du x: siècle, parce qu'il
ressemble, plus ou moins étroitement, à des manus-
crits plus modernes? Il n'y a point là d'évidence ar-
chéologique qui fassetomber toutes les vraisemblances, .
toutes les preuves historiques. Dès lors, nous dirons,
avec M. de Quast, qu'un simple gentilhomme alle-
mand aurait été bien bon de faire fabriquer à grands
frais des reliquaires par les émailleurs de Constanti-
nople lorsqu'il en trouvait de tout faits à sa disposition,
qui jonchaient la terre en quelque sorte, et que ses
compagnons d'armes mettaient trop souvent au creu—
set. 11 se serait, en outre, montré bien riche et bien
348 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
patient; car un reliquaire comme celui de Limburg,
couvert de petites figurines très-finies, en émail
cloisonné sur fond de vermeil, demande beaucoup de
temps et d'argent. Enfin il est impossible de concevoir
pourquoi il aurait fait composer et graver deux
fausses inscriptions, au lieu de celle qui eût consacré
le souvenir de sa générosité.
Henri d'Ulmen a aussi donné à l’église Saint-
Eucher de Trèves un morceau de bois de la vraie
croix, maintenant en la possession de l'église Saint
Mathias de la même ville. Mais, comme il s'agissait
d’un simple démembrement de la relique de Limburg,
le reliquaire a été fait sur les lieux et en style
allemand (1)..Cette fois, on s’est bien gardé de parler
de Romanos 6 Ipoëdpos, et on a dit, en revanche,
qu'Henri d’Ulmen avait donné, non pas le reliquaire,
qui, selon toute apparence, ne fut pas fait à ses
dépens, mais une portion du bois de la vraie croix,
apportée par lui de Constantinople : « + Anno ab
Incarnatione Domini mccvir, Henricus de Ulmen
attulit lignum sanctæ crucis de civitate Constan-
tinopolitana, et hanc portionem istius saëri ligni
ecclesiæ Sancti Eucharii contulit ».
En définitive, malgré l'autorité qui s'attache à
toutes les opinions du savant directeur des Annales
archéologiques , je tiens le reliquaire de Limburg pour
aussi authentique que Sainte-Sophie elle-même; et,
(1) Voyez, dans les Annales archéologiques de 1858 et 1859,
d'excellentes gravures et une description détaillée des deux
reliquaires de Limburg et de Trèves, qui sont, chacun dans
leur genre, d'admirables chefs-d'œuvre. Le reliquaire latin et
allemand à aussi des émaux, mais seulement en bordure.
MÉMOIRES. 349
quand il n’existerait pas d'autre preuve de la per-
fection à laquelle les émailleurs byzantins étaient
arrivés au x° siècle, elle me semblerait suffisante.
Mais plusieurs autres monuments datés confirment
cette indication , notamment la splendide couronne de
saint Étienne de Hongrie (4071-1078), et ensuite la
fameuse Pala d'oro de Venise.
Comme M. le baron de Quast voudrait le faire, j'ai
pu, il y à trois ans, examiner soigneusement la
Pala d’oro. Grâce aux fêtes de Noël, j'ai joui de
admirable effet qu’elle produit lorsque, dégagée des
volets qui la cachent habituellement , éclairée par les
cierges du grand-autel, au-dessus et en arrière
duquel elle est placée, elle reflète leurs feux dans
toute la basilique ducale, en éclipsant l'éclat des
resplendissantes mosaïques. Il m'a été permis aussi,
dans l'intervalle des offices, de l’étudier de près à
l’aide d’une échelle, et d'y rechercher des différences
de style et de date. J'ai cru y reconnaître deux
parties principales, formant chacune un ensemble
iconographique, et encadrées par une bordure
distincte. — Dans la partie inférieure, qui correspond
aux deux tiers environ de la surface totale, un grand
Christ bénissant (à la manière latine) et au centre;
aux dewfx côtés, les douze apôtres, longues et minces
figures parfaitement exécutées, mais de l'aspect le
plus étrange ; au-dessus, des anges ; au-dessous, les
prophètes faisant cortége à la sainte Vierge; à droite
età gauche de la divine Mère, deux donateurs debout :
le doge Ordelafo Falieri et l'impératrice Irène : cu-
rieuse association et bien caractéristique. Le doge est
à la place d'honneur; car Venise n'est point un
350 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
vassal de Byzance : aussi s’intitule-t-il duc par la
grâce de Dieu. On voit cependant à quel point les
deux pays sont étroitement unis : non-seulement les
artistes de Constantinople travaillaient pour Venise,
mais les souverains grecs patronaient les œuvres
d'art qui leur étaient destinées, et y prenaient le même
intérêt qu'à des entreprises purement byzantines.
Rien de singulier comme cette image d’Ordelafo.
Sa tête et ses pieds sont prodigieusement petits pour
son corps. Ainsi que pour les autres figures, les cloisons
sont très-nombreuses, comme les plis et les broderies,
et très-minces.
Bien que le travail soit purement grec, ies inscrip—
tions sont généralement en latin. Celle de l’impératrice
Irène est grecque cependant (Eipéw Aïyouorn), et il en
est de même pour deux des prophètes seulement,
David et Salomon. L'artiste a oublié qu'il parlait à des
Occidentaux.
Telle était, avec une bordure à petits personnages ,
la première Pala d’oro. Les sujets, s’ils ont perdu leur
encadrement métallique, refait au x1v° siècle sous
Andrea Dandolo, gardent néanmoins leur ordre
primitif. D'ailleurs tout est parfaitement homogène,
y compris les figures des donateurs. Il faut donc
reconnaître que rien ne subsiste plus de la Pala d’oro
d'Orseolo, sauf peut-être l’or et l’argent dont elle était
composée. Si cette table d’autel, commandée certai-
‘nement à Constantinople en 976 : «In Sancti Marci
altare tabulam miro opere ex argento et auro Constan-
tinopolim peragere jussit » (Chronique contemporaine
de Sagornino : Venise, 1765, p. 74}, a été exécutée,
comme c’est probable, malgré le prompt départ
MÉMOIRES. ; 351
d’Orseolo pour la France, ou elle n'avait pas d'émaux
ainsi que le rétable contemporain de Torcello, ou ces
émaux ont été mis au rebut.
Ceux que je viens de décrire remontent seulement
au règne d'Ordelafo et à l’année 1105, où, selon
l'inscription composée par Andrea Dandolo, le doge
historien , la Pala d’oro de saint Marc fut faite à neuf.
Mais alors, comme sous Orseolo ,'on s’adressa aux
orfèvres de Constantinople : le monument le dit à
défaut des textes; et c’est encore ce qui eut lieu une
troisième fois lorsque la Pala d’oro fut agrandie dans
le sens de la hauteur.
Les émaux de cette partie supérieure de LS Pala
doro ne feraient pas à eux seuls un sujet convenable
pour un rétable. Ils ne font que développer quelques
-épisodes de la vie de Notre-Seisneur dans de grandes
scènes à nombreux personnages , telles que l'entrée à
Jérusalem, la crucifixion et la résurrection. La
grande figure placée au centre, pour la symétrie, et
comme un pendant au Christ d’en bas, est simplement
un ange. Sa tête est ornée du diadème aux bandelettes
flottantes, selon la mode byzantine. De la main
gauche, il élève une hampe, sur laquelle on lit les
mots * Agios , Agios. De la droite, qui, chose bizarre,
est d’or mat et en relief pendant que tout le reste est
émaillé à plat, il présente une énorme perle en forme
de cœur. Le visage n'est pas nuancé, mais d’une
seule teinte couleur de chair, et il en est de même, à
plus forte raison, pour les petits personnages. —
L'encadrement particulier de la figure dont il s'agit est
un carré prolongé par quatre demi-cercles où quatre
352 CONGRÈS. SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
compas, comme dirait Villars de Honnecour (1) :
combinaison familière aux artistes gothiques , mais
qui ne paraît pas devoir être attribuée à la restau-
ration d’Andrea Dandolo.
Dans cette partie supérieure de la Pala d’oro,
toutes les inscriptions sont en grec; par exemple,
pour la résurrection : Anastasis. Les émaux sont
d’une composition plus avancée, et il y a plus de
variété dans les poses, plus de mouvement dans les
attitudes. Enfin, ce qui est important, les cloisons
métalliques qui cernent et séparent les couleurs sont
d’une épaisseur trois fois plus forte qu'ailleurs. J1 y à
non-s@mlement une autre main, un autre travail,
mais , selon toute apparence, une autre époque, qui
doit être celle de la restaufation de 1209.
Même dans la restauration d'Andrea Dandolo, qui
consista à refaire les montures, en style un peu
flamboyant comme celui du palais ducal, et à les:
enrichir de pierreries, il y-a encore des émaux mais
tout à fait italiens, tout à fait gothiques. ‘ce sn des
rinceaux dans les dE des arcades et surtout
quelques médaillons incrustés dans la bordure. La
plupart sont anciens et grecs : par exemple, celui
qui porte le nom de Constantin avec cette inscription :
ÿ A. Koyoruvrvoc, Ceux dont il est question représentent
des cavaliers portant un faucon sur le poing, et
autres sujets de pure décoration. — Malgré l’exiguïté
de ces émaux gothiques , il n’en est pas moins curieux
de voir en Italie, au milieu du xrv° siècle, deux
(1) Voyez le précieux 4/bum de cet architecte du xrme siècle
publié par MM. Lassus et Darcel, p. 81-82.
MÉMOIRES. 353
ateliers d’émaillerie d’importance très-différente ,
mais indépendants l’un de l’autre : l’un à Sienne, et
bien connu par des œuvres excellentes; le second à
Venise, et qui n’a pas laissé d'autres productions. —
Répétons-le avec M. le comte de La Borde : l’art des
émailleurs était un peu partout au moyen âge; et,
là où on ne faisait pas habituellement d'émaux , on
savait cependant en faire quand il le fallait.
La Pala d’orowest assurément la pièce émaillée la
plus considérable et la plus riche qui soit au monde,
puisqu'elle vaut, dit-on, quatre millions. Avec ses
innombrables figures, dessinées en traits de feu et
teintées d’éclatantes couleurs, elle donne l’exemple le
plus saisissant du rôle que peuvent remplir les émaux
dans la décoration des monuments religieux. Mais
il y à à Venise de plus belles choses en fait d’émaux .
grecs : tels sont, dans le trésor de Saint-Marc, quatre
tableaux que l'on place sur l’autel aux grandes fêtes
en guise de cartons, et qui proviennent sans doute de
Sainte-Sophie. Il faut citer, en première ligne, celui
qui représente saint Michel. L’archange , tenant l'épée
et le globe surmonté d’une croix , se détache en relief
d’or sur un fond de rinceaux émaillés. Les ailes et
les ornements de la cuirasse sont aussi en émail. Rien
de plus noble et de plus magnifique que cette image.
Remarquons encore les huit chevaliers de l'église
grecque : saint Georges et saint Procope, saint Mer-
cure et saint Eustache , saint Démétrius et saint Nestor,
saint Théodore et un autre dont le nom m'’échappe,
réunis deux à deux dans des médaillons ovales : tous
sont cuirassés comme des Romains; tous portent le
bouclier rond et la lance.
AE 23
354 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Mes notes me permettraient d'énumérer et de décrire
bien d’autres émaux grecs. On en trouve à Namur (1),
de ceux que les croisades répandirent dans toute
l'Europe. J'en ai vu dans le trésor de Hanovre qui
sont réunis, depuis six ou sept siècles, aux émaux
allemands dont nous nous sommes occupé. Mais voilà
certes assez de preuves de l'abondance et de la beauté
des émaux byzantins. Il en est peu qui ne soient su-
périeurs de beaucoup aux meilleures productions des
écoles allemande et limousine. Ils ne laissent rien à
désirer pour la précision du trait et la souplesse du
métal, pour l'harmonie et l'éclat des couleurs ; et,
s’il y a toujours quelque chose de conventionnel,
pour ne pas dire d'incorrect, dans le dessin, il n’en
est pas moins vraiment magistral.
Les émaux grecs étaient donc parfaitement dignes
de servir de modèles en Occident. Voyons s'ils nous
ont réellement fourni un point de départ, de préfé-
rence à ces essais nationaux, mais antiques et bar-
bares, qui étaient restés si long-temps inféconds.
Pour l’Allemagne ce n’est guère douteux, surtout
s’il n’y à pas là, comme on le prétend, d’émaillerie
antique. Grâce à ces inscriptions, au nom de Théo-
phanie ou de ses proches parents, que portent les
plus anciens émaux , on suit la trace, en quelque
sorte, de l'importation byzantine. On sait à quelle
époque , dans quelles circonstances et par quelle voie
elle s’est opérée. Puis le procédé technique est le
même, et le travail cloisonné, qui jusque-là se
montrait propre aux Byzantins, est adopté sans
(1) Ann. arch. de 1846.
MÉMOIRES. 355
modifications. — Seulement il me paraît impossible
qu'aucun émailleur grec soit venu en Allemagne
travailler pour Théophanie. L'infériorité est trop
grande, et l’iconographie trop purement germanique.
Il a suffi aux orfèvres allemands d’avoir des émaux
_byzantins sous les yeux pour les imiter de cette
facon. — Maintenant, que le nouvel art se soit d’abord
acclimaté dans cette abbaye de Cologne qui est
consacrée à un saint grec dont Théophanie avait
apporté les reliques . cela est possible, probable même
si l’on veut; mais tout ce qui est certain et prouvé,
c’est que, vers la seconde moitié du xrr° siècle, les
émaux étaient en grand honneur à Cologne en général,
et en particulier à Saint-Pantaléon, comme l’attestent
les deux belles châsses de cette abbaye et le coffret
d’Eïlbertus Coloniensis.
Pour le Limousin, il ne subsiste pas d’émaux
cloisonnés ; il n’y a pas de princesse byzantine mariée
dans le pays; mais au fond les circonstances sont
analogues. Il existe aussi des relations exceptionnelles
avec l'Orient, ou, ce qui revient au même, avec
Venise, puisque cette ville, au point de vue de l’art,
est réellement une colonie byzantine ; puisque non-
seulement les émaux, mais tous les monuments
d'architecture et de sculpture, y sont purements grecs,
d'origine ou de style.
Il y a bien long-temps que j'ai pour la première fois
appelé l'attention sur cette colonie vénitienne de
Limoges : j'indiquai le fait à M. du Sommerard afin
qu'ilen-tirât parti, si bon lui semblait, pour ses
études particulières. Je ne songeais, moi, à m'en
servir que pour expliquer la ressemblance extraor-
356 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dinaire de Saint-Front de Périgueux avec Saint-Marc.
Je croyais alors que les émaux français étaient
d'invention française. Maïs depuis les travaux de
M. du Sommerard et de M. Texier et les récentes
découvertes des savants d'Allemagne m'ont appris à
envisager la question d'une manière plus large: Il y à
là tout un groupe de faits similaires qui sé complètent
et se confirment mutuellement.
On pouvait croire que la colonie vénitienne de
Limoges n'était ni plus ancienne ni plus importante
que les autres établissements du même genre fondés
dans toutes les grandes places de commerce. Mais,
seule entre les villes de l'Occident, Limoges a réagi
sur Venise, et y à exercé une influence encore appré-
ciable aujourd'hui; infiuence religieuse il est vrai, et
non pas artistique. Dans la Venise du moyen re
tous les saints du Limousin, non-seulément saint
Léonard, le Agen des prisonniers , mais saint Martial,
saint Austriclinien , sainte Valérie, étaient honorés à
l’égal des saints dé Byzance. Mais ce n'est pas ici le
moment de faire connaître dans ses ‘détails cé fait
décisif : il suffira de l’afirmer, et de demander
ensuite si, pour adopter par éxception les dévotions ,
généralement peu répandues, même en France, d’une
province française, il ne fallait pas que Venise en-
tretint avec elle des relations vraïment ‘excep-
tionnelles,. | j
Je crois que les Vénitiens, qui remplissaient un des
faubourgs de Limoges, y auront introduit, non pas
précisément des émailleurs de:Byzance ; mon pas le
style byzantin et l'iconographie byzantine ; qui n’ont
laissé guère plus dé traces dans l’émaillerie limousine
MÉMOIRES. 357
que ns Ja sculpture ou la peinture de toute autre
province | de la France, mais simplement des émaux
grecs.»propres à servir. de modèles aux émaux fran—
çais (1). Comme l' impératrice Théophanie , ils auront
seulement servi d’ intermédiaires entre l’art de l'Orient
et l’art, occidental. — On ne nous démentira pas : un
seul de ces religuaires émaillés, tels que les orfèvres de
Constantinople en fabriquaient au x* siècle, était
mieux. fait pour servir de germe à Pan e alle-
mande ou limousine que les informes essais tentés chez
nous dans, les âges antérieu rs , Et qui semblent devenir
plus.rares et moins importants à mesure qu’on se rap—
proche de l'an 1000.
Les mêmes germes ont été portés dans bien d’autres
endroits, surtout à l'époque des croisatles. Mais
chaque. arbre produit en quantité innombrable les
graines qui. sont destinées à le perpétuer. Quelques-
unes seulement trouveront un terrain favorable. Or
ce terrain. favorable n'existait guère nulle part, aux
croisades, . pour, les germes _byzantins. Partout la
place était prise; tandis que, à la fin du x° siècle,
lorsque : les, traditions, artistiques manquaient , mais
non l'envie, et. les moyens de cultiver. les arts, les
circonstances étaient éminemment propices.
Au surplus, sil art des émaux naît en France et en
. (1) On connaissait déjà dans les Gaules l’art de colorier et de
nuancer, à l'usage des fenêtres, le verre, qui forme aussi la
matiere premiere des émaux. Avec la moindre indication ver—
bale on écrite telle due le moine allemand Théophile en a
donné plus tard dans son Manuel. de tous: les arts, un modèle
pouvait très-bien tenir lieu de maître à. des orfèvres d’ailleurs
habiles. | ÿ
358 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Allemagne dans des conditions analogues, s’il se dé-
veloppe presque parallèlement dans les deux pays, la
question d’antériorité n’en doit pas moins être toujours
tranchée en faveur de l'Allemagne; car c’est en 1042
que l’on voit les Vénitiens offrir à l’abbaye de Saint-
Martin-lez-Limoges, auprès de laquelle ils avaient
bâti leur entrepôt d'épiceries, un reliquaire contenant
le doigt de saint Thomas; c’est en 988 que nos chroni-
queurs placent leur première arrivée en Limousin,
et, à cette date, nous avons vu que l'Allemagne avait
déjà des émaux depuis dix ans.
A côté de Limoges, et pour confirmer ce que nous
venons de dire de l'influence artistique de sa colonie
vénitienne, s'élève une copie, une exacte reproduc-
tion de la basilique de Saint-Marc. Eh bien ! à côté de
Cologne, où l’émaillerie allemande avait trouvé son
centre et son foyer principal, j'ai rencontré à Pader-
born un monument couvert de voûtes sphériques, et
qui se rattache à l'architecture byzantine par d’autres
traits non moins caractéristiques.
Ici encore je dois ajourner les détails et les preuves
jusqu'au jour, peu éloigné, où paraîtra l’ouvrage que
je prépare sur les influences byzantines. J'expliquerai
alors par quelles raisons il m'a été réservé de faire
cette facile découverte. Alors je donnerai intégrale-
ment ce texte, qui manque pour Saint-Front, et
duquel il résulte que l’évêque de Paderborn, saint
Meinwerck, contemporain de Théophanie, a fait bâtir
la petite église de Saint-Barthélemy per operarios
græcos. Contentons-nous de savoir sommairement qu’il
existe aussi en Allemagne un édifice vraiment by-
zantin qui, malgré ses dimensions plus restreintes, a
MÉMOIRES. 359
exercé, comme celui de Périgueux, une grande et
durable influence, qui enfin a modifié dans le même
sens le style roman et surtout le style ogival de son
voisinage.
Résumons-nous : des savants français avaient
supposé, et les savants allemands les ont long-temps
laissés dire, que, dans notre Europe occidentale, tous
les émaux étaient des émaux de Limoges (1) : il n’en
est rien : il y a aussi des émaux allemands qui dé-
rivent directement de la grande souche byzantine, et
même ils s’en détachent plus tôt. Ils sont extrêmement
nombreux et plus authentiques en même temps que
plus anciens. On avait dit, et cette fois c’est M. de La
Borde lui-même, que les plus beaux émaux incrustés
se trouvent en France (2). Encore une allégation dé-
mentie par les faits. Les pièces émaillées les plus con-
(1) Voir Dict. d'orf., p. 1172. — « Au moyen âge, y a-t-il eu
en Europe des ateliers d’'émailleurs ailleurs qu'à Limoges ?
M. de La Borde pose la question sans la résoudre entièrement.
Mais, quoiqu'il incline pour l’affirmative, en vingt endroits il
justifie l'appellation universelle, qui voit constamment dans
les émaux des œuvres de Limoges. » Ailleurs M. l'abbé Texier,
toujours sollicité en deux sens opposés par des théories pré-
conçues et par les faits qui commencent à se révéler, se montre
mieux inspiré : « La grosse émaillerie sur cuivre, dit-il p. 707,
a été exécutée un peu partout. Les deux grandes fabriques se
sont développées dans le Limousin et sur les bords du Rhin.
Ceci accordé, j’ajouterai que, en général, quand on rencontre
dans les textes la description d’un objet quelconque fait en
cuivre émaillé, sans désignation d’origine, il y a tout lieu de
croire qu'il vient. de la grande fabrique de Limoges. »
(2) « C’est là que se retrouvent les plus nombreuses et les plus
belles productions de cet art. » ( Notice des émauxz du Louvre.)
360 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sidérables comme les plus belles sont incontestablément
à Venise, à Limburg et même à Cologne ou à Hanovre,
plutôt qu'à Limoges ou à Paris.
On à proposé (c’est'encoré M. de La Borde} (4) d'at-
tribuer indistinctement « à l’école de Limogés tous lés
émaux sur Cuivre que rie réclament pas les autres
pays; qu'ils ne réclament pas avec les raisons solides
et incontestables fixées par la critique moderne »:
Sur ce point, je conviens que lés œuvres de Limoges,
plus multipliées, et répandues partont par le Com-
merce, se trouvent mêlées aux produits nationaux,
même dans les collections anciennes dé l'Allemagne,
celles qui se sont formées sans l'intervention des bro-
canteurs, au trésor de Hanovre par exemple (2). Mais
c’est là une exception fort rare. D'ailleurs, jé crois
que les émaux allemands et les émaux français
peuvent partout être distingués d’après leur style et,
pour ainsi dire, au premier aspect. Sans parler de ces
(1) M. Texier va plus loin, car il dit : «Il n'y à d'émaux en
taille d'épargne sur cuivre qu'en France; au moins ce n’est
que là qu'on les rencontre én quantités innombrables. Les
collections étrangères ,lét quelques églises hors de nos fron-
tières qui en possèdent, les ont'achetés en’ France à une
époque assez moderne, »,( Dict. d'orf., p.670.)
(2) Deux bassins. à laver, aux armes des Plantagencts,
comme on en voit en beaucoup d'endroits jusqu'à. Naples
(musée Bourbon). Dans les musées de Cologne et de Berlin et
dans la collection de M. Coulmann, à Hanoy re, j'ai remarqué
trois exemplaires de cette pétite châsse, représentant le
martyre de saint Phomas de Cantorbéry, qui a été possédée et
publiée par M, l'abbé: Texier. (Essai Sur les. émailleurs: de
Limoges ).
“a MÉMOIRES. + d 12Y 361
nuances de dessinret: -déséomposition :qui se sentent
mieux; qu'elles ne-s'expriment ; disonsrseulement que
le ton général, que-lagammesdes: couleurs sont
différents selon. la .provenance;des émaux..Lescuns ,
-comme Jes,émaux français du, même temps, prennent
-toujours [le rouge et le..bleu foncé pour couleurs do-
-minantes ;;les-autres. accusent, une, prédilection bien
MarHHÉS PONT. le vert. M:.de.Quast nous.adit que
c'était, à à. d'imitation, des. miniatures , allemandes ;
j'ajouterai, que. cest ençore Ér 1 exemple, des vitraux
d'Allemagne ;: par, cette raison Quin'est.pasla seule,
leur ton général est beaucoup. plus clair, beaucoup
moins monté. en couleur. — Mais, quand. les indices
-de,ce genre. sont insuffisants, et quand les documents
historiques manquent, AZ maintiens,, contre L'avis de
M. de, La Borde, que les émaux doivent, dans le doute,
être réputés pour: allemands; par,-cela, seul qu 'ils se
trouvent,en Allemagne. ,
Ainsi, Messieurs, Limoges, en fait d'émaux ne
peat rien revendiquer qui ressemble à un ne
Mais il Ye à; selon moi, quelque chose ‘de plus g glorieux
‘que, le. DaE d’ une, invention. que Ja jalouse, pos-
session d'unerrecette secrète, qu'un: monopole:enfin. :
ouc’est -d'avoirvainewsuride #térrain/deol'art industriel
une cité aussi’riche. ét ausst éclaifée que-Cologne ;
Ç est d’avoir conquis’ contre: dé’ FETES FU une ré-
“'putation “réellement tnivérsellé, dui, | après. s'être
. maintenue pendant, un siècle. et | derni à Fi puis eclipsée,
s'est; encore, renouvelée ayec le même, éclat pendant Ja
pee HE et: à à laquelle les musées: d' scunene
retiré aujourd'hui-si complète justice.
Tels sont les vrais titres d'honneur de votre ville
362 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dans l’histoire archéologique, et ïls restent assez
grands, ce me semble, pour contenter l’amour-propre
provincial le plus exigeant.
À DÉCOUVERTE
DE
FAÏENCES FABRIQUÉES À LIMOGES
DANS LA re MOITIÉ DU XVIII: SIÈCLE ,
PAR M. E. BOUDET.
Rapport lu à la séance du 47 septembre 1859.
—
MESSIEURS,
Jusqu'à ce jour, la ville de Limoges était connue ,
dans le monde artistique, par ses émaux, et, dans le
monde industriel et commercial, par la fabrication de
ses porcelaines blanches et décorées, qui rivalisent
avec ce qui se fait de mieux partout ailleurs, et
qu’elle expédie aujourd’hui dans le monde entier.
Le hasard, comme cela arrive si souvent, m'a fait
faire une découverte qui me semble des plus intéres-
santes pour ma ville natale, et qui fournit de
364 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
nouveaux matériaux à son histoire artistique et in-
dustrielle. Cette découverte pourra même, selon toute
apparence, lui faire attribuer une foule de magni-
fiques faïences dont l’origine était inconnue, ou qui
avaient été, jusqu’à ce jour, attribuées, peut-être un
peu légèrement, aux potiers de Rouen et de Nevers.
Hier, Messieurs (la date est bien récente), j'ai
trouvé un plat en faïence, de forme ronde et de 0 m.
59 cent. de diamètre, An le, fond, blanc est. décoré
en bleu, et représente une allégorie. Au centre du
plat est te Justice, assise sur un trône, dans le style
de la renaissance. Elle tient d'une main le glaive, de
l’autre la balance, et foule aux pieds l'Envie; : Sa
droite se tient debout la Religion; au-dessous de Ja
Religion, une femme assise (la Gloire peut-être); elle
a la tête ceinte d’une couronne de laurier et d’une au-
réole, À gauche de la J ustice se trouve la Vérité ,-son
miroir à la main; au- -dessous de la Vérité, l'Étude ou
la Science, avec un.livre sur ses genoux ; Run de
la Justice, et sumontant le trône, on voit un écusson
avec une couronne de marquis. Cet écusson est de
forme ovale ; il porte au centre un aigle éployé, et, à
gauche, ue le chef, une étoile. Il ne m'est pas
possible de dire quels sont les métaux et les émaux
de ces armes, l'artiste ou le potier n'ayant pas eu le
soin de les indiquer, comme on le fait habituellement
quand on les reproduit par le dessin, la gravure ou
une seule couleur. L'ensemble de cette composition est
très-harmonieux, les personnages bien groupés, les
draperies bien entendues; enfin c'est un morceau
capital, et que je n'hésite pas à attribuer. à un bon
émailleur bien plus qu'à un potier, quelque habiles
MÉMOIRES. 365
que pussent être les potiers de Limoges à cette
époque. :
Le dessous du plat porte cette inscription :
À LIMOGES
LE 18me MAY 1741.
-Ignorant, comme vous probablement, Messieurs,
l'existence à Limoges de fabriques de faïence
au xvin* siècle, j'allai trouver notre savant et
cher président, M. Alluaud aîné; je lui fis part de
ma découverte, et lui demandai s’il avait connais-
sance dé fabriques de poterie ou de faïence établies
à Limoges antérieurement à la fabrication de la por-
celaine: M. Alluaud, qui seul peut-être pouvait
résoudre cette quéstion, me dit que, lorsque le
kaolin de Saint-Yrieix fut découvert, en 4765, par le
chirurgien Darnét, il y avait à Limoges une fabrique
dé faïence qui avait pour directeur M. Massier. Quand
on voulut monter une fabrique de porcelaine, on
acheta l'établissement de M. Massier, qui ne le vendit
qu'à la condition qu’il resterait directeur de la nou-
vellé manufacture. La fabrique de faïence fut donc
brusquement fermée; dépuis près de cent ans, ses
produits ont cessé d’être répandus dans la consomma-—
tion : ceux qui ont ‘échappé à la destruction doivent
être aujourd’hui fort rares, et voilà ce qui explique
pourquoi M. Al. Broniae lui-même n’en fait pas
mention dans son Traité, si complet cependant, sur
les arts céramiques. T1 sa probable que le savant et
trop regrettable directéur de la manufacture de Sèvres.
ignorait, tout comme nous, Messieurs, que Limoges
eût jamais fabriqué de la faïence.
366 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Cette découverte m'ayant rappelé que j'avais vu, il
y à quelques années, d’autres plats de très-grande
dimension qui pouvaient bien avoir la même origine,
je me suis mis immédiatement à leur recherche, et
j'ai été assez heureux pour en acquérir deux, dont un
est aussi daté de Limoges en 1741. Ils m'ont été cédés
par un restaurateur, M. Périer, fils et petit-fils lui-
même de restaurateurs, et je tiens de lui que ces plats
monstres servaient habituellement pour les repas de
noces des bouchers de Limoges, et que l’on servait
dans chacun d'eux une pyramide de vingt poulets rôtis.
De tout ce qui précède quelle conséquence peut-on
tirer, Messieurs, si ce n’est celle que je vous ai fait
pressentir au commencement de cette note, c'est-à-dire
que, une fabrique ignorée de très-belle faïence ayant
existé à Limoges dans le courant du xvu° siècle et
peut-être antérieurement, les produits de cette fa-
brique ont été confondus avec des produits analogues
des fabriques de Rouen et de Nevers, et sont aujour—
d'hui classés dans les collections et les musées comme
des productions de ces deux centres de fabrication ?
Pour qui sait ce qu’étaient le Limousin et sa voirie
en 4744, on comprendra facilement que, ayant chez
eux une fabrique de faïence capable d'exécuter des po-
teries comme celles que nous avons sous les yeux , les
marchands et bourgeois de Limoges ne faisaient point
venir, à grands frais et de fort loin, des services de
table qu'ils trouvaient à bien meilleur compte proba-
blement dans leur ville natale. Au surplus, l’eussent-
ils voulu, ils ne l’auraient pas pu, car le Limousin
n’a commencé à avoir de routes que lorsque Turgot
fut nommé intendant de cette province en 1764.
MÉMOIRES. 367
Pour vous donner, Messieurs, une idée de ce qu'était
notre pauvre pays à cette époque, je vous dirai ce
que j'ai entendu raconter bien des fois à M. de
Verneilh-Puyraseau, grand-père du président de
notre section d'archéologie. Lorsqu'il allait suivre les
cours de droit de la faculté de Toulouse avec mon
grand-père maternel, tous les jeunes gens du pays
qui suivaient les mêmes cours dans la ville des
capitouls se donnaient rendez-vous à jour fixe, et
partaient tous en troupe les pistolets dans les
fontes et le couteau de chasse à la ceinture; des
mulets portaient les bagages, et des valets de ferme,
métamorphosés en gardes du corps pour la cir-
constance, escortaient la petite caravane avec le fusil
en bandoulière. Quand nous voyons les chemins de
fer, les routes et les canaux qui sillonnent en tous
sens le sol de la France, et qu'on se reporte par la
pensée à l’époque dont je vous parle, ne semble-t-il
pas que plusieurs siècles se soient écoulés depuis le
temps où les étudiants allaient à cheval de Limoges à
Toulouse pour y suivre des cours de droit, de médecine
ou de théologie? Eh bien! non, Messieurs, il n’y a ni
plusieurs siècles ni même un seul que ces choses se
passaient; car mon aïeul et M. de Verneïlh faisaient
leur droit à Toulouse en 17179.
N'’existait-il pas, Messieurs, dans l’industrie limou-
sine, une lacune à combler entre les émailleurs du
moyen âge et de la renaissance et les émailleurs de nos
jours, qui sont les fabricants de porcelaine? Cette
lacune se trouve-t-elle aujourd'hui remplie par les
faïenciers dont j'ai fait passer quelques œuvres sous
vos yeux ? J'ai voulu vous soumettre la question.
368 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Comme il est de toute justice de rendre à Limoges ce
qui lui revient, je me propose de faire des recherches
sur l’origine et les progrès de la manufacture de
faïence de M. Massier, et j'espère revendiquer pour
mon pays natal l'honneur d’avoir fabriqué toutes
les belles faïences antérieures à 1765 qui ont des
similitudes de pâte, de fabrication et d’ornementation
avec celles que je méts sous vos'yeux, let qui ne
sont pas très-authentiquement de Rouen et de
Nevers. Je crois que d'ores et déjà on peut consi-
dérer comme de fabrication limousine toutes les
faïences qui réunissent les conditions ci-dessus, et que
l’on pourra découvrir tant dans la Haute-Vienne que
dans les départements limitrophes.
Pour terminer cette notice déjà bien longue, je
demande, Messieurs, qu'elle soit communiquée à
M. le conservateur du musée de Sèvres, et que M, de
Caumont veuille bien le prier -de faire des recherches
pour arriver à la découverte de faïences de Limoges
qui auraient été mal.classées, et leur rendre le rang
et la considération qui leur sont dus. . ak
ai OMBÉAU.
j L [EL
DE BERNARD. DE
2 | ENÈQUE DE NOYON ET. D'AU RE
PAR M. L'ABBÉ ARBELLOT.
29 YEstE PATES T TPE 1 D
FOL : Gr JE
+! ne
are à | } ii J i 14
Bernard Brur, né à Limogés vers l'an 1260, était
néveu de Raÿnaud° dé La Porte, cet évêque 4 Li-
mog'es qui joua un rôle impot dans le procès des
templiers ; et qui, transféré à l’archevêché de Bourges
en 4316, fut, abat ans plus tard, révêtu par le
pape Jean XXII de la pourpre romaine. Bernard Brun
fut d’abord chanoine de Saint-Étienne de Limoges et
doyen du chapitre de la cathédrale; mais, l’an 1307,
son mérite personnel, aidé sans doute de la haute
influence de son oncle, lui valut les honneurs de l’é-
piscopat. Il fut élevé sur le siége pontifical du Puy, où
il occupe le soixante et unième rang dans le catalogue
des évêques. Peu de temps après, il fut transféré au
siége plus important de Noyon, dont il fut le soixante
et onzième évêque, et il a conservé le nom de cet
évêché, quoiqu'il n'ait pas occupé ce siége jusqu’à sa
II. 24
370 CONGRÈS SCIENPIFIQUE DE FRANCE.
mort. En effet,sen MA347, ilremplaça sur, de, siége
d'Auxerre.Pierre de, Villaines, que: le-pape. Clément, VI
avait nommé.à, J'évêché de, Bayeux: Un,-historien
auxerrois, qui Payait.connu:,.dit qu'il était:Je; plus
âgé. et:le-plusavant.des prélats,de, son-temps. Les
qualités, de Lesprit correspondaient, [en Mi aux-belles
formes extérienres;oil. était aussi très-avantagé), des
biens de: la fortune; et, il,s’en servit utilement.pour
défendre avec.énergie É droits deson. Église. SA TA
nière dervivre était.singulibre : il dinait au lever du
soleil, et.soupaitayant Fheure de mone ;;vers les deux
ou. trois heures après midi..11 prétendait, imiter[en
cela.son, oncle le cardinal, qui ;.s'en.étant.très-hien
trouvé; lui] avait ,çonseillé le,même, régime, (4):,4l
suivit le,goût de quelques-uns de:ses | prédécesseurs,
qui avaient! préféré, pour. leur. séjour le. [château
d'Hodan près.de Mary. Non content, d'entonxer,.la
maison de barrières ou palissades, il y fit constnuire
trois tours, et il songeait à en bâtir une quatrième,
qui aurait donné à ce Château 1à forme et l'aspect
d'une forteresse car rée. Mal gré son inclination pour ce
lieu , il ne put passer aux abitanits 1e traité qu avait
fait avec eux son prédécesseur, “Pierre de Villainés,
qui les avait affranchis moyennant une Fidvliée
annuelle de blé et quelques autres droits payantes par
chaque faille. il éntreprit de faire casser ce traité,
«JBSI9TE F
LA | ALCLEELTOLE FL : 1994260 108
1} « Huie erat mogus vivendi talis quod in ortu solis pran-
debat, et, ante horam non cœnabat, : quem modum a nutri-
mento juventutis teneræ dicebatur, accepisse a quodam
avunçulo suo cardinali, qui sie vivebat. » ( Apud BALUZE,,, Vite
Papar., Avenion.,, TC. Le P., 745.)
(D ,2971ait 29:
HOMANU HG MÉMOIRREVE AHAOAO0N 871
éby ne pouvant voir cetté affdite Hérminée ‘il laissa,
par testaments (mille florins d'or pour la! poursuivre.
TÉppôsaitUqué trés droits dél'éoit évéchétavaient été
notablement liésés d'hartéffratiohissement” qu'avait
#ecordéisôn! prédécesseur. Almétrét at château ‘de
WilrecHatl pes dé Coréen 1329 aprés deuklans et
quatre hors d'épihcopat sur 1e stége d'Anterre “dont il
fütlesoikanté-tretièmé évêque (PLTE/ADbE! Lébeuf le
fait Moutir vérS0n)Tousshint) His an nécrolose ‘de
réavisel dé Limoges, pré pére P 2 Tab ( Nov.
Bibb,e a AP; p.276), place Rébiänivérsaire Le 9 des
féaléadés! dés janvier, !1c'ébta-dfrérsle 2H décembre.
vai isés Mérmières ôlontés D'éôh Cofpst fut fräns
Dortk) éme pres Aoatix d'os L'avaiént vi
raftre=AhnETlESTiSe cathédrale de Limoges, où il
Ava léhanté ons Lerhpel l'es diVitis ‘et! où
freposditi, depuis” 398 Kofi onélé le édrditial Räÿnaud
ML Port) y li eobsraileq Ho 9411184 9 ropi,;
-Omértieup sas Ti8d ao 6 dissemoz Li 4e ,eïrrot mic
toages'[ do ourro)DRFeRReR du tab, 000 ŸLSTUE Éf
99, TH10Q aosnarlosi ro À dus .oÔT189 922079i10) 01)
a Le NE de Be rnard B Brun se voit encore dans la
XU£ T6 T
cathé dral Se MINES re 2 tre, deux “piliers du. chœur,
fous ane arcade du,.côté, de bÉraugite., C'est avec
AiSOR au RP sité corame ie excellent types de l’ ar
chiteçture et.de la Fou du, XIE siècle. La | statue
du prélat, dont Ta tête est de m marbre, repose sur un
soubassement orné de huit figurines (2) qu'encadrent
-ns1e efloe uijro af boup eiled thaoviv er 4 M 5819 SH
IT s QE )0 or. f :) ah FIN, D. . 688. — Lébeur, ist.
du. nd Dee, al 1
\
L ‘y W. FMiou à! a remarqué alé aé que « es pieds" ‘de
ces figures, qui sont d’une longtüèur ‘démesurée , et terminés
312 CONGRÈS SCIENTIRIQUE DE FRANCE.
des ogives trilobées, ausdessusidesquelles se déroulent,
des AREAS: sofhiausr, Il est reyêtu.des ornements
pontificanx,,6t l'on remarque d'ampleur.de sa «cha
suble, dont, er plis se.déroulent avec,grâces|Satête
couverte, d'une, mitre de forme.ancienne;; repose: sur
un, oreiller. Ses; pieds ;sont appuyés-sum un! Jiomi)
symbole de force çt de, courage. Ses rmains ;1;eroisées:
sur, Sa poitrine, .squtiennent,;.;du,, côté: ganchesrolai
hampe, d'une, crosse, dont la courbure: supérieureà-
été brisée. Cette figure, épiscopale [austère et:doûce
à la fois, respire, le, calme, de, la, piété! et. [le-répos
placide des saints. Æa niche qui contient Ja-statue est,
renfermée dans un, cadre, architectural qui s'élève
plein d'élégance et de. légèreté, Deux arcades en Style]
ogival, accolées. avec grâce; -sont; terminées: pardes:
pignons, élançés et découpés.à jour; dans les |tymipans
desquels, s'épanouissent des quatre-feuilles,;:etrdont]
les rampants sont semés_sans, interruption dei larges)
crosses végétales. L'œil distingue encore les traces des!
peintures d’or, de rouge vif. et de, bleu :célestel qui
rehaussaient autrefois.de leurs couleurs éclatantesiles
ornements délicats de ce, riche encadrement. Aufondr
de la niche .où est couchée. la statue, épiscopale , on!
voit quatre reliefs d'un travail précieux, qui méritent!
une description détalléessiit in Los oz tairdo
le, Le: premier de, ces reliefs, (se supétieur. à:
gauche) représente le Christ, courosnant.la Vierge.
La tête F4 Christ porte la, couronne et. le nimbe cru
CLIS {L) 1 (191) 9
en pointe, ? rappellent, les, chaussures, du .xrve, siècle connues:
sous le nom de souliers à la poulaine », (Monuments de lx Hauer:
Viehne. D. " ) +
POI | | : (OST HI
=
OM ACIMEMOIRENIOE SAHO 373
cifèréo'Hbest “barbu ete 16n8é chevens fuissellent -
sui 9808 Épaales Sa ina gatéhei qui repose Sur un
globe ; figuré Pémpire souvériin qh'il éxerce ”/&ur le
môtides-D6° 14 2droité HG GE ane Couronne sur le
frontde Marie [LA Vieréel décoré du dimpbe mys-
tiqué!, 168 mainsfoimtés art sa pitfife ; fait éclater
sessontimentéid'Htmitité ème du “Aile de $on
triontphié!5J 680 ef Marie Ron laésis "8 un ‘ñême
siége sorte) de canapé ont Véfond est ce de bro-
deriesen style othiqué raÿônnatif, et to ht1h partie
oùsiége lle Christiest tn pét'plus été que! ie côté
où estlaissise IMarié Sur étés © +668 deux anges
mimibés, aux läilés” déplopessDébuttentibiht un. iéier
väviHott, sorte de/bullaquinqAtcouvre 1e Christ ét sa
mère sAuxodeus anelés inférieurs’ de eehaut relief,
onreqoit/ lente Échssonel Serbes | “réprésentant ün
lion &rimpañt an milieu tt ét serie 'detrèfies.
Cessonts à sosans'dôute Test #fioiries dE Bérard
Brest 291 91091419 au" of1ifeiD [0 T .29[8t609v 29
i2p Lé-sétondbréliel (relief stpériéut/à drdité) vépré-
senitesle Christ assis sûr tin trot élévé ét ténhnt Sous
sésipieds, énoguiserd'éséabéan) un châtéau gothique
dont, rpotélogivule, Manquéé "dé tours crénielées,
läisse apercevoir ue) Hbée Süspéndiré” Les thains ‘du
Christ sont aujourd’hui brisées‘ sais vraikerhblabie-
ment'ellestétaiént ouvertes ‘montrant! les ! cicatrices
dersesi pliies douloiréuses." Drès dé 'Sontrône, à sa
droite etrà sa'bauché deux" anges} hilés et Reg"
se tiennent debout, portant l’un une lance, Haute
une (croix!) come bb montrer au Sauvéur Îes ins-
tiüinents dé Sa! passion, et réveiller sa miséricorde. en
lui rappelant qu'il a enduré la mort pour les pécheurs.
374 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Aux pieds-dubChmristor sd droite;et àrsa; ganchezrlæ
Vierge êt l'apôtre saint Jean setiennent à genoux srles
mains jointes et-dañsiunel:posturersuppliante ,.etrils
semblent rappeler-att Sauveunle sacrifice de dargroixs
dont ils furent les témoimsi(t):Cemotifest très-commumn
dans “les sculptures durxrmmsièclé, où le:Christ/1est
représenté comme jüigé suprême du’dernier jour:a1on
le voit dans: le tympan du'portail de; Notre-Damer de
Paris, de Saint-Seurin de Bôrdeaux; dei La Couture du
Mans. ‘Lé portail dé Bourges offre «le imêméssujet ;: et
voicivéomhent l'abbé Crésnier, quil’a décrit; termine
sa description tuie Aux pieds duSauréur sont-à genoux
la sainte Vierge et: deodisciplez bien-aimé,: Marie ;
toujours bonne, toijouits compatissante ,svient-adoucir
la'colèré du!souveraimduge ;'Saint Jean; fils adoptif
de Marie, semblewouloir mappelertau: Sauveur 14
Cène et le Calvaire, dépositäines-de :s0n immense
charité-». {Congrès de Bourges, p,198)50n:voitençore
ce sujet sur'le tympan:du portail de] l’église de; Silé
(Sarthe}.ét damssnne miniature..du:| Psantier,;de
‘saint Louis. En:un-mot;: pour nous-servir.des.expres-
sions de M. de Caumont ,« Jorsque.le:Christ-préside, au
jugement: dernier) ônle voit;:presque]sur:tons.jles
portails du xnréisiècle, les deux:mains,éleyées | ayant
à ses côtés-des ‘anges , puis-la| sainte: Viergejet.saint
Jean; l’uniet l'autre à genoux , et paraissant.invoquer
sa clémence. Les anges tiennent ordinairement la
Croix, les clous et la jance, instruments de la passion,
90 O0II9M ,M (I
j 2 Oùp 9D1SQ errq 28 Hev£ "1 29 Il e9)10pits
! (DM! RÉMENEE : déxaminé: bien D a ce rehef,; puis
qu'il a pris la sainte Vierge et Saint Jean pour saint Martial et
sainte Valérie. ONE 9 612
AOVANA A0 MÉMOIRESHI02 PAANOON 315
sans doute: pour rappeleb le La ne »
Dre Cavnront, Archéologie dumoyen-âgei; ps 343.101
218 Le troisiome-relief (relief inférieur à-gaudhe:): .
péttrêtre 18 plüsoremarquable" d'exécution, retléles
d'ailleurs le! seul: dont:!le (sujeticsoit “eiipennté-à :nos
htiveirlévendés duoLimousinuiksreprésente Sainte
Valérie lapremièré martyre: de l'Aquitaine ; offrant
ab tetenlstite Martidt {th Conmedabhé/Texieriest le
preñier qui aitfait-conbaître lan moñdermitistique ce
hautaishiefgqu'ibasfait gravertet lithographier pont
RiMagasin l'Pitlorésques etle-Bülletitr de notre Soviété
Archédlogique ;ib est juste-que nous luirempruntions
lé désriptionsdescé sujetrzinous ne saurions d'ailleurs
Ro: fahrel avec. utantsd'exactituren etbrd'éléganée::
kMisea ahort par l'ordre duproconsukduliis Silamus |
Hi safité;" soutemdelpar ruirangé/sse dirigés en
portant: :ka tête ‘nsanglâintée) vers l'autel surslequel
sant Martial célèbré les saints ystères: Une.sérénité
ont) anime les Vishges densainté Valériésetz de
Pängeit qui la bsoutient. 1Lændraperie élégante «dé
sait Martial väune)touraureovraimeht antiques!»
(Bulletin Archéologique y 104 p.189451160 : 3b .M ob erroie
2pepnfielérquatrième rélief (relieflinférieur à
drôite). représenté let Christ tueifié ayant àrisa
dibitelet va éaiche lalsainte Vierge etosaint Jeans
qui se” Geo: ds auopiedé dela broix:: Slabant
sl tosmoriemibro duoncaoit eos 291 .so0omèls se
«toieasq 81 5h + TauTieni gl ts 2H919 291%
(1) M. Mérimée, peu versé Lire na connaissance de nos
antiquités limousines, n'ayant pas pris garde que sainte
valérie aivait ‘la tête tranchée, ‘a exprimé. en,ces termes le
Sujétide telbas-relief 165Saimt Martial donnantda.communion: à
sainte Valérie ». LV où n
376 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
juxæla crucem ejus. Le Christ porte le nimbe , mais non
plus le nimbe crucifère, attribut dé la divinité, pour
marquer, sans doute , que là divinité était cachée
sur la croix : Zn cruce latebat sola deitas. '(SaiNr
THomas.) Ses bras ne sont pas raides, et sur un
plan horizontal comme dans les croix byzantines;
mais ils se courbent en are, entraînés par le poids du
corps suspendu. Ses pieds, eloués l’un sur l’autre,
favorisent la tradition des trois clous sacrés. Marie,
enveloppée d’un manteau qui couvre sa tête, joint les
mains en regardant son fils dans une prière pleine
d’amertume; saint Jean se tient, les bras croisés ,
dans l'attitude d’une douleur irremédiable. Les trois
figures de ce relief sont admirablement expressives,
et le corps du Christ est fort remarquable comme
sculpture anatomique : exemple rare au moyen âge,
à cette époque où l’art, tout spiritualiste, s’inquiétait
beaucoup plus de la pensée que de la forme, et
sacrifiait souvent la perfection anatomique à la beauté
idéale (1).
Le tombeau de Bernard Brun peut donc figurer
avec honneur parmi les monuments de ce genre que
le Limousin montre avec orgueil; tombeaux admi-
rables , qui sont encore plus des monuments artistiques
que des monuments funèbres. Le tombeau de saint
Junien, des premières années du xn° siècle ; celui de
saint Étienne d'Obasine, en style ogival du xm';
au xiv° siècle, le tombeau de Barthélemy de La
() Voir dans l'Architecture du ve au xvVie siècle, par Jules
Gaïlhabaud , une belle gravure du tombeau de Bernard Brun
(18e livraison ).
MÉMOIRES. 371
Place, dont J’abbé Texier a donné une belle gravure
en tête de son Manuel d'Épigraphie; les tombeaux de
Raynaud de La Porte et de,Bernard Brun, dans la
cathédrale,.de Limoges; enfin, dans cette même
église, le.tombeau, en. style venaissance ; de Jean de
Langeac.: tous, ces monuments si: remarquables
semblent prouver .que.le Limousin.a été, au moyen
âge, .une,terre privilégiée de l’art chrétien.
| 2AMIOMEAN
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syfraditionset Histoire. eu Snomunonr 99
Hoi as ein eus xyeb ,eud'roy 9b en …— x 180
gogiré moe dirReiet 49 28 SION. 81 QUS
Deux époux dé la paroisse de Saint-Martin-soûis-
Loutizie, ancien diocèse de 4 Ébrr
quelque-tempssaprès leurmariage:;.-le: pèlerinage de
ononoz 6b 9581 ns ,9douen 6 .olsr1hôdiso siens mofd eism
+ Pour nous conférer au vœu 6 fs" is à 1008 9h E rs Scene
tifique dans. sa pie génér ale du LEA emnb NE ESS (Le re
356), 1 nous jisérons ici d'art le au pe bre nel hbbE
Texier, qui a avait été p publié D par jui en 1846 pren ous
supprimons le $ V, relati fa M restauration” 4t tHonuiment.
L'auteur désirait que le Bon Mariage tèt transporté rio HA ui
MÉMOIRES. 379
Saint-Jacques de Compostelle. Quelles grâces allaient-ils
demander à l’apôtre vénéré? Peut-être les biens du
corps avec ceux de l'âme, Car la jeune femme mourut
en passant à Limoges. Privé de sa compagne, l'époux
n'en continua pas moins sa course solitaire, et, après
l’accomplissement de son vœu, il revint mourir de
douleur au lieu où il l'avait perdue. Lorsqu'on voulut
l’inhumer dans la tombe de celle qui lui avait été unie
dans la vie, elle se retira comme pour lui faire place.
Telle était la tradition au Siècle où régnait la sévère
école bénédictine. En 1650, dom Gabriel de Saint-
Joseph, septième! abé fujllant de Saint-Martin-lez-
Limoges, fit transporter avec honneur les ossements
et le Frein des deux époux sous un arceau creusé à
l'entrée de {4 nduvélleléglisé qu'il faisait construire.
À la même époque, un religieux de la même abbaye .
composa, pour y être inscrite, une épitaphe où ces faits
étaient rappelés. Nous la trauscrivons ici d’après une
copie prise en 1770 par l’abbé Nadaud :
« Passant! arreste-toy pour regarder ce lieu.
Ce monument usé est diét Po% Mériage.
Deux corps pleins de vertus, deux cœurs unis en Dieu,
DS LES
—21107-
FHSLUTI (99. , 2191104 9b P490Ib «9i9n
Dpt ue ékistait pas d'ailleur$à Liogesà cette époque),
mais bien dans la cathédrale, à gauche, en face du second
tombeau, de droite, qui n n a pas de pendant, ce qui fait un vide
dans d'prnémentation de la ‘clôture du chœur. « Que Ja niche
ogiyale | où, sera. placé. le monument, ‘disait M. Texier, soit
en harmonie : avec. le reste de l'édifice. On aura ainsi satisfait
aux exigences. de l'art et, du goût, et écrit un enseignement de
plus, sur des, murs de not cathédrale, à
380 CONGRÈS SCIENTIFIQUE. DE FRANCE.
Se reposent icy : le Poictou les produiet,
Galice les appellé, et Lymogé y préténd. arret:
Le ciel les met d'accord : pas üh/n'est estonduiet 547 REP
La femme meurt icysans aller plus avant !: ) 019 SISFN
On lui fait un tombeau de grandeur dicton A C1 0 À
Pour y serrer son Corps : : cependant, Son Mary, 1r0{t6 TE QN
Tout baigné dans les pleurs, ne va poinct en arriere, 90
Mais accomplit son vœu : et, retournant guary.
De ses douleurs de corps ; lé souvenir poignant
De sa perte revient, et/lui causé la mort.
Ce fut alors que Dieu se.fit voir tont-puissant., FBLPrHO
On ouvre le sépulchre ; ; 66,ç Sans auçum efforts sr 'larfer 09
l” espouse se retire assez pour it ’il ait plage, ici «of
Pour apprendre aux conjoints à $ entr aimer toujours, is
Afin qu’ayänt Veseu én la divine grâce, | So el
Ils puissent voir le ciel à!la fin! dé leurs jours. I ; Fe Na dr
[GX 9 201916 51
Honoré | par une -sorte:0de > éulte / popukité 6e
monument conserva s4 place jusqu'en 1790:7"A ré6étté
époque, l’abbaye de Saint-Martin “fut! déclarée pré!
priété nationale; et, commeitelles vendue! pour” Ta)
somme de,60,000 livres; à M. Barbouidés Cotirièrés
imprimeur du roi. Nous voudrions pouvoir affirinér |
que le nouveau propriétaire fut:étranter à Tüsage”
qu'on:fit. de ce-monument:: mais-les. renseis#iéments ”
nous manquent: pour duirrendre)lajusticequi luitest
due. Ce tombeau était formé d'un seul bloc de calcaire :
de grande dimension, (4); on le retourna sens dessus
dessous, et: ons'en servit pour elore le TÉREE d’un:
rs dent. gs eauxcoulaient à deux!pas du ou)
beau ca: Cl re ) ) ul TN9IBAHTIIOR Liu
Plongé dans patte ni etrreconuvert de térre ! il po
fon J°IRE
Atéf
)1 LU
Ji rioi
gyall 19 tn
"1 ati
(1) Ce “Re a un peu plus de deux mètres de longuërur
les figures ont 1 mètre 60 centimètres. F4 28
MÉMOIRES. 384
complètement pérdu de vue, et cette position nouvelle
a fait croire à MM. Allou et Labiche-de Reignefort qu'il
avait été détruit pendant la révolution"
Il y à plusieurs années des ouvriers employés à la
réparation dé laqüédue vinrent ‘avertir Me la cha-
noïnessé” de Brettes, dernier acquéreur. de l'abbaye,
qu'ils avaient frouvé des bons saints. Me de Brettes
fit enlever avec précaution cette pierre , et; en la
retournant, on vit que detx Statués' s'en détachaient
en relief; mais lé fil dés traditions avait été rompn :
le Bon Mariage ét ses poétiques souvenirs étaient à peu
près oubliés : qu’il nous soit permis d'espérer.que cette
notice lui rendra, une petite partie de la célébrité qu'il
eut autrefois en partage.
Les deux époux Sont endormis-sur un lit dé repos ,
eb;smaleré le ifruste et l'usure des ans, la’ douceur et
la placidité de, la paix chrétienne réspirént dans leurs
traits, La femme s’est tournée'sur le flanc droit pour
faire, place à son époux. Encore un petit recul ,-ét la
place allait manquer sousrelle ;: sa main droité repose
SUT $0n Cœur, reconnaissant de cette inviolablé fidélité :
elle semble dire ,-par ce muet langage, que là est
inscrit le; souvenir de cetter:union jusqu'à la tombe.
L'époux.a, pris «C0MmMme th bien légitimement acquis ,
la place quilui-était.cédée:: sa tâche-est remplie, son
VŒu'accomplir: lé repos. arrivé lil peut croiser leë bras
et dormir, Derrière leur-tête :’trois petits anges ag'e—
nouillés soutenaient leur chevet, et veillaient sur leur
sommeil ; l'un deuxtient un encensoir pour éloigner de
leur couche l'influence Mauvaise, ou pour achever de
purifier léurs âmes par le parfum dés mérites divins.
Les pieds de Ia femme et de l’homme reposent sur deux
382 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.’
animaux symboles de fidélité et de foree : 1e'lézard,
ami de l’homme;tet le lion; coûrabreux ét‘intrépide (4)
De quelle époquerest ce monument? Quiélle est s4
valeur esthétique et historique ?Telles)s6nt"lesinité
ressantes | questions quénous tenterotis NA'Éclairétr
dans les Lich suivantes. sudeiz sl ervollie ( .sumitoed
perovib eaurail2basv xt LS SIBTHO : Jade
er IS 98 Ras 2 dl .oonetA el est
, al tasrezsiogh 2roftiutovès 29! 251{9, 2xw6 e98bï
Ja Otis MAN, monaments Jet cort dut. fito
ii syvisenos aoiïd Fr aoovsisuoM svi'slaisse
Essaÿons de déterminer E l'âge de çette sculpture.
Les fémoignagés, écrits rai parlen Lan Aer Mariage
ne sont pas antéri( FHISLaU SOU venir rfle a. translation
en 1650, 88, Je,monnment.étant, usé (2). dès) fette
époque 3 corame, On AP; le, RPATRE t nous SOMMES
obligé de dui chercher FRS: origine antérieure, d'après
ses seuls re extérieurs. Les indications. Au ils
peuvent nous fournir pour. arriver. à _Hng, «fplution
satisfaisante sont de denx sortes : le unes RES
au faire | du cisean , à la sepcement, des, flyaperies:,: à
la forme matérielle, en un -mot , etes. BU Au.CoS-
tume. GOT o .(i) sfo$ie 111X beat soéixusi
Il est vivement à Re qu'on n'ait pas fait
pour la Seulpiure du moyen âge un. travail ; semblable
à celui qui a été. réalisé avec tant, a 1r
M. de Caumont pour. l'architecture, Une. classification
archéologique est:d'autant plus mécessaire: qu'on m'a
pas ‘dans cette étadé) confmedans eellé ldes”-mo-
numents pus importants, Té" écouté "As “textes
foq )D G'TOIMOT f 9e)
9912 SIIIX A «
(1) Voyez la planche à Ta fin ‘de l'article. nas de
(2) « Ce monument wsé est dict Bon Mariage. »
HOMAGY AG MÉMOIRES 2200 : … 383
historiques. Peut-être-sommés-nous:condamnés à ne
voir jamais-ceitravaïlsaccompli. Indépendante let. libre
au jgré-des artistes; sculpture, dans la'représen-
tation.«les êtres. lanïmés,hneïfut pas:assujettie. à, un
développement-aussi réguliersquerccelui de-l'archi-
tecture. D'ailleurs la statuaire;: plus: que :lesautres
arts, offrait prise aux vandalismes divers qui ont
ravagé la France. Là surtout se personnifiaient les
idées auxquelles les révolutions déclaraient la guerre,
et il fut trop facile aux passions haineuses de se
satisfaire. RS a bien conservé l’image d’un
nombre ébhkidérable de Statues! lai où en qué les
pianéllès tés “HR ve ‘at EU bERBGEER ne ‘celles
dû 1S6rtERuifié et HEURES | Satiquel” iles “oh” em-
préntée, Jéntd nt he AËtHH de déséspérante ? ainsi
Tes" OS EEE Pont jugé 4° probé s'd'émbellir les
states HU Ires “6h ra eprésentant ébout et: dans
divisés: LAUTES de Teuf Façon? 2216096160 AL 4 2
TONER TROUS est Permis" à l'aide d'ouvrages
sue UE que coux “d'A Lenoir et de
Mi: Ahettté un jUgémientt, Sou'eroyons ] pouvoir
ble Quélées deux SHtues HS rfi? lenipréinte du
deuxième tiers du x1rre siècle (1), du règne Re saint
dist esq dis‘ moup vodisrgot $ duomoviv des Îl
OS NL CR. de Moutins à He, dns/ là Sante du 21 sep
Eire Une Savahte étude * 12860 pe :inots à été
ifpossible 46 rétrohver léé rival 2 Voici 14, nbte dé! fenfplace-
mentique l'auterma)bien voulu noùs communiquer. 08: 2
-oLæsfoluptyeuse, renaissance, qui n'afmait-pas-du, tout 7&
mort à 1 "en, pffrai Lt, jamais, que des Images, hidenses €, dégoû-
tantes, à grand renfort de pourriture et de vers.
» Le xrrre siècle, qu gontraire,. si profondément, si ascéti-
quement et en même temps. si aoucénient Chrétièn, avait soin
384 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Louis. Comme dans les sculptures de cette époque ,
la draperie est bien jetée, les plis sont simples, bien
motivés, et n’ont ni la maigre raideur des âges pré-
cédents , ni la manière tourmentée de l’époque pos-
térieure. L'usage de placer des anges au chevet et des
animaux aux pieds n’est pas limité, nous le savons
bien , au xtn° siècle : on en trouve de nombreux
exemples dans les xrv*, xv° et même xvi* siècles;
mais c’est surtout au xtrr° siècle qu'il fut en faveur.
Enfin ce ciseau a un caractère de candeur et de naï-
de ne pas rendre l’idée de la mort répugnante pour ceux qui
devaient un jour en passer par là.
» Or il avait l'habitude d'exprimer d’une manière complète , à
l’aide des détails, des nuances de l'exécution , la pensée qui
lui fournissait le sujet de ses monuments, et le sculpteur du
Bon Mariage a eu Yéminent et difficile mérite d’obéir à la fois
à ees deux prescriptions, qui faisaient loi pour son époque.
» I fallait exprimer que la déposition de la femme dans le
tombéau avait devancé de plusieurs mois celle de son mari, et
il l’a fait, ce me semble, avec la plus charmante délicatesse,
sans avoir recours à la décomposition dé l'effigie dela défunte,
mais en la montrant un peu amoindrie, un peu-déprimée un
peu dépourvue des sucs vitaux dont la présence.a donné le
relief au corps, et le lui conserve tant que la vie n’est pas
encore loin. L'effigie de l’homme, au contraire, montre, par
des caractères opposés, qu'il n’a perdu là vie que depuis ‘peu
d'heures.
» Il ne faut pas confondre la muance que j'ai tenté d’ex-
primer avec la différence de stature, de proportions et dé
force qu'offrent les deux statues : le sculpteur, dont l’admi-
rable talent s’est élevé jusqu'à rendre sensible une distinction
si délicate, n'avait eu garde assurément de négliger la dis-
tinction tout élémentaire des proportions normales des deux
sexes. »
MÉMOIRES. 38:
veté parfaitement en harmonie avec les productions
de l’art.du, règne du pieux roi.
Ces observations pourront suffire aux personnes qui
se-sont, occupées de l‘étude des monuments chrétiens.
Ne négliseons tepeusans aucun-moyen,de compléter
nos, preuves, Fram
La fée a his Saint-Martin à quelques
pas des-murs dela: ville de Limoges..en- faisait natu-
rellement:la citadelle des partis divers: qui-se sont
disputé notre province. Anssi-elle eut beaucoup à
souffrir à toutes les époques, et elle fut dix-sept fois
détruite et rasée au niveau du sol. Les seules parties
anciennes qui aient survécu. aux. dévastations sont le
monument. dont. nous nous OCCUPODS , -et la chapelle
Saint-J ean,; Construite par Vabhbé Pierre des Mazières ,
autrement-La Maezaren41240:(4):
La’conformité des destinées ne serait-elle pas due à
une conformité de dates sé
‘Ce n est là qu une conjecture ; mais l étude du
costume: vient, lui donner toutes les apparences, tous
les caractères dela certitude. .
Nous:donnons à nos lecteurs'le ‘résultat d’observa-
tions faïtes’Sur place, et d’une étude attentive de près
de douze cents dessins représentant les monuments
funéraires du moyen, âge : à dates certaines.
Les statues dont nous nous occupons n’ont pas :
- Les ‘«crevéts, les MORTE bouffantes «et enrubanées
dû KVPIBISCIAS IT 90 ,91038
"Les fre les’ surcots, les escoffions, les hennins,
les souliers ? à la eh du xv°;
(A) os Petri Coral, apud Estiennot. — Gallia christ. nova.
IL. 25
386 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Lesr0bes blagénniées ef tailhidées , Tél é4saqtiég les
manché£ ouvertes et Rottaitès dd ga 1x ES TON
Comme a méorteldes der cara éerié/(de
Saint Loti) etfed sbnt vétués d'une tunique sérrée À
la taille par une ceinture ét !&ar' 18 tout! d'un 4miplé
et large manteau ouvert par devant. Plusidirs statues
du saint roi sont ainsi drapées, celle, par exemple,
qui était, avant la révolution, aux Chartreux de Paris.
En un mot, s’il était nécessaire de réduire la variété
a co el A din aieche a HS type primitif, 6m le
retrouverait dans 1e Bôn Murtage: 11191 91 ob olisuri
Nous AVôñs émpranté# Min ét fait reproduire par
là hthoraphie ne Hat d'AHe dé
Corbeïl! : ele réprésente" Alisé © mére” dé” Régnatits,
év èque-dé Paris! déCEdEE en A4 (f): On den uérd ià
resséniblancé cils “éditée ét-meme ‘de’ I coiffure.
Nos Hurions fi éftef encore Te tonibeñtt des s'énerve
de Jumiéges? rétroivé! par M°'de Éhanote Rire
taire actu sel de LE lou -ormrofeq à
CEE, dans Mill, la” tombé de Ré! de bis
(1233)! $ iuot silledmo eu Iq $ldo osier exlq sl .acie
2 LA state" de ta Ahaïhihénte épouse” dé” piihippée
Atgusté Mebburge (4336): 8 s1iqor;S101607
“Céfle dé se te haÿ, 25 Poe ea
La teséémbtantél di ‘éosturie des (leu époux ste
encore confirmer notre sentiment. La robe , danglcette
forme, fa giére Eté 1e” costume des’ AE que
pente 14! préfère Hoitié du tite ea tea
daair vor) alt ttcorsiô alrrrp amor aj02 ,etois
Ex Voyez planche 2; n° Lscdntigu'aût.sart. PAS AN fig/'1.
H2), Essai sur, Les, éner Os, de Jwniéges. par-Langlois, pl: 1.
(3), Ant. at . XXXII, Rio 4, üg: 2. — Ibid, : BL 5 gi —
Ibid, XLH, pl. 3; fig.
HOMAST HI NÉMOIRPST 12 2H49/02 : : 387
2a1Non$ espérons quion trouvera satisfaisantes, ces
preuves, empruntées à.des éléments, si divers, Qu'il
aous.soit donc. .permis,.de considérer, notre opinion
gomme, complètementijustifiée ; et. d'en, faire usage à
Lappuides réflexions suivantes, a sg site 2
egiise exustenlT Frsv9b r6q Novo 19867 ao16l ds
colqmoxs 164 91089 25247 remis dre or tnfez &f
aire T sb zustiredo AAéur EE Que" sPcsvs vie op
ddSrrev sl 9tiubèr 5h ortec2soder diet lie Sont «tr
10 Héiditrbien:sonventssist. "il pent n'être, pas
inutile de le répéter : chaque siècle doit, être. jugé de
son poinf..de. vue particulier; Vouloir .apprécier/les
faits,et.les sentiments dune époque avec les idées d'un
anfre âge est, une erreur;combattue aujourd'hui par
des meilleurs esprits, On. se romperait donc erande-
ments op: voulait-iuser ses statues d'après. lesidées
aguglles,; cax, da théorie du, beau en honneur,main-
tenant dans les arts; nerdiffère pas de celle.de L'anti—
quité païenne. Quel est l'idéal, guec. et.classique?, La
seprésçptation. des formes physiques dans leur.expres-
sion la plus vraie et la plus embellie tout à la, fais,
SHARE sente, J6,qu à, travers. les draperies: que le
marbre respire avec les traits, d'un.beau. mortel que
les muscles of les, vaines conrenf sous la hair, palpi-
tante ;Jes classiques n'ont rien de plus à demander;au
SRUIDIRUE- auot se A Lénénitros brton romrfron tons
supeuss.étaient, pas, les idées des humbles tailleurs
d'images confemporains de saint Louis. Îs:croyaient
alors, sots et chrétiens qu'ils étaient! ils croyaient que
PHüimmeérn'était pas figuré tout entierpar des ‘bras,
des JAMBE des têtes" bt dés Hotseg et qué Sous cette
“enveléppé était un principe immortel ; et ls S'effor-
388 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
caient, de faire vivre,ces statues et, d'animer leurs
regards. Js croyaient que, le,coxps étant le serviteur
de l'intelligence... elle jayait, bien. ses.droits dans, la
représentation. de .J'êtrer, humain , et, 1], faisaient. sa
part proportionnée.} à l'importance qu'ilslui donnaient.
Ils croyaient,.que la.sculpture comme les autres arts,
avait un but moral, et ils ne mettaient; pas à,nu cette
chair, honteuse depuis le péché du premier homme :
ils la voilaient au contraire. Leurs personnages
pèchent quelquefois par les proportions, il est vrai :
les épaules sont étroites le:corps est allongé, les
draperies sont maigres; mais on goûte un charme
infini en contemplant,ces figures, sur, lesquelles.respi-
rent la douceur tendre, la piété; angélique, et 1 plus
purs sentiments, inspirés, parle.christianisme.. !
C’est de ce point:de,,.vue.qu'il .fant juger. le Bon
Mariage. erraont 1 onrot 8149 . Oéot as mitrÊêM
Onremarquera. tout, de .suite,et;on trouvera peut-
être démesurée la longueur du,corps de l'époux, placé
au premier. plan; mais on voudra, bien ,obseryer.que
c’est encore la, réalisation d’une idée du,moyen, âge
un moyen.de symboliser.la grandeur morale. A. cé
près, les,classiques eux-mêmes doivent être satisfaits, :
les dimensions anatomiques ont, été observées.
Les personnes qui comprennent, le: moyen, âge ne
le seront: pas) moins.Des tombeaux.de cette. époque
figurent ordinairement un lit sur lequel gît.le.défunt
en grand..costume et.les, mains jointes, :comme si. la
mort eut interrompu sa.prière. Des petits anges sou
tiennent et entourent le chevet, et des animaux
symboliques réchauffent les pieds. Sans, négliger
cette idée touchante, le sculpteur inconnu auquel on
TOME Er ÉNrOIRES 389
doit le Bon Mariage à su’ rendre la tradition avec tout
le sentiment que M Et le sujet’qu'il avait à
traiter, et nous répétons que ‘lé recul de Fépouse, sa
pantoiimé) si lexpressi ivé Hal double position des deux
époux ;'ébntraire! à l'usage," font! dé"te tombeau une
œuvré hnique! par sa ‘fortnie) étés souvenirs dont elle
à Sauveré dépot” io or où alt dé, [moin dci on
toit 19121977 wb doèq sl rivqsb se
29" G#{TU02T9 pe S1Vicos we droieiio
isyy. de9. [i «2D0ffT0q )'I 2911164 210tou plauk
al épaoils tes edaeunhistoriquentà ro
1 OU STO02 NO AILNt s2SToi8 fo?
a montent at-il une dues RES
“iLe lecteur peut-décidéna 51,910 0
La traditiôri rétine let sitriést ‘éomme on l’a
vu plus haüt ÿar les religieux fétillants de Saint-
Martin en 1650 , et la forme du monument, dont nous
croyons avoir fe là date reculée”la RE parfai-
tement.” D'un! autré côtéL on°he peut “pas dire qu'il
s'agissait d'une fable utile ets Saint-Martin,
puisque aucune ‘fondation ,! l'auéun’lucré direct ou
indirect" ne ‘sé rattichäit” at Bon! Mariage. ‘Disons
encoré 'à l'appui dé” Vaffirmativé.- -que lé prieuré de
Saint-Martin 20 Moutiéiée appäitenait à la congré-
gation” des{féuillants et était appelé là" causé des
deux époux’ dont henri as ta da " “prieuré du
Bon Mariaÿe- lorper + L'ar durerre is ai Pr
Restérait ? à fe lé'miraclé.” Pour toutes- les
personnes qui: ‘pénsént, ‘avetlassez ‘dé bon-sens, que
l’auteur’ dés loi$ de la datüre pett. en Shspbite le
cours‘ son ré , Ce f’est pas 1à une diffctiltéo Nous
laisLerOnS LEONE a UtEEE le° triste ét Hôñiteux plaisir
390 CONGRÈS SCIENTHÉTOUÉ DE FRANCE.
dé préuver que €ë faff ekt' faux patte qu’ il ét impog
sible! Sur fà couché que Vous bénit ia refigion dérHieZ
dont: en. pañïx Ipieux époux! l'Nousme-viendros.. pas
mêler:des, accents dune, critique-intolérante.et:hai-
neuseauconcert de bénédictionsides sièdles catho hqnes:
Ce n'est pas par'tious qué Notre histoire séra reléÉ tel
au Tan “des” HS po nier ef Sr
JI6V 019 D ff “api d SEdaon
lusions, d'un. autre ce âge; Âge heureux l< 4P TES f: tout
que celui où l'imagination était au service de fois
où l'illusion même était Pois de l’ humanité, et
\ of SU 5 9,1,»
revêtait des charmes de là plus Youchante poesie les
[ Jirtà os ] 0 92H{914 9
ehscignénients dela morale > ch rétienne 1? 27170 9
)ONT «64 :J29 1 9 [OC Bot mail oynoid emoïi
29f 19vuort n9 1w0œ ojodeirA $ Totmorror , 81019 9€ .dietbusi
ons noid iseus 3woi Tov % diprinoq nO .209811 2914191
of des soreilodmyz 91 ,269 stus'l vo au'l enxsb : or1brscmrslse
1814 9b saôldeel ie NOESIS 81 vup dise aO mé
rofsaitiate 9[[95p 99v8 9 ,51 109
Nousaurions voulu pouvoir donner à nos lecteurs des détails
plus complets sur ke PonMwriae] et nous anons | tar ée but,
longuement ,compulsé, l'immense, Gallia christiana; de Æ;ome
Saint-Amable, Guidonis,, Bouchet, Baluse : GoHin,reté-cEous,
ces,auteurs) m'en disent rien, et:1esseuls renseigaements,
historiques que nous-ayons;rençontiéss Sont CEUX: AQUS
avons donnés à nos lecteurs. On en doit la conseryation:à]}abbé,
Legros (msss de:1@ bibliothèque du-séminaire-de Limoges;(s
avaient'été-infidèlement/publiés par:M.dJ:abiche de-Reigmefort,
dans ses Vies des Saints duLimousin: retient duocrollondided
Dérouté de ce côté, nous avons fait desrecherches tout aussi
infructueuses dans les grandes collections légendaires du
moyen âgé, dans l'espoir d'y rencôntrètr” an fit analogue ;
ainsi nous'avonssinutilenrent, et trop-rapidementopent-être
paréourû Voragineret quélques volumes des) Bollandistes. 122 91
Enfin nous! espérions qué -àrcause: du] miracle sles) critiques
amers et outrés de l'école de Baïllet auraientreu la prétention
de faire justice d'un fait: semblable :: motre:lespérance arrête:
AAA aa MÉMOIRES 4192 2410209 394
teen Laungy, et leu fcgls net F5 TAPRPUS
RER grait donc, ju Fquà fe 49 De JB gpar. ses t Tr [re iques
244..-Phrois petitssanges Soûtenaigñt ne hsee »P> BL0S
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premier que: læ place qufil-occdpaitcb'attitidedu second fait
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en âge, 1e 1e" rép produire Partout-en st heu dé 1x Salut
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DIRE Eur [6 314 53H jisio omôm aoieulifi yo
© Le lézard ai de l'homme... p.58 2 DE
29[ 91204 6; FA O0 eUIG 51 8b asmrisdo 29b tistôvor
Le préjugé ou l'opinion Ah attribue 4% kézard des SR )OSi=
tions bienveillantes pour l’homme n'est pas moderne. ei
faudrait, je crois, remonter à Aristote pour en trouver les
premières traces. On pourrait y voir tout aussi bien une
salamandre : dans l’un ou l’autre cas, le symbolisme est le
même. On sait que la salaimandre/était l'emblème de Fran-
cois Ier, et avec quelle signification.
elt639b 20h aruyodsoi zou é 191100b riovuoq n'Lov euof1u8 04
s40Lesstatues dont nous nous-occupons; ete: 2p;18899%2: 14
3Noûs ñe prétérions pas que l'usiée de cbsidivèrées parties |
düocostüme de nos pères à. été restreintaux siècles que-nous
désignons avéc lune) précision -Hrônôlésique parfaite! hot |
votWlôéns/seulerient dire-qu'il en fa trim des-traits prineipétx et)
cHetésistiques2009 si Jiob ns nO .eruetsof on 6 edmaob exove
“lbnéit'que Les escofions étaientides coiffures enforrre de
cœur ;les Henninsétaientaussidéscoifuresdé diverses formes
habituellement imitant un-pain/deiSuëre |Ain tüne#rorqué où
lé-chäpeau de Nos! Hénitentss enovs euC 3309 99,9D at rr01à
nb eorisbaseôf enoitos[los, zsbnerg 251 ensb esemenioritit
:Sr-0Haitombe des énervés,de.J URICEOS. 5 P> 386. DSË neo
s0eé-tombean:selon les plus savantsantiquaires,,estdu règne:
de saint Loüis: Voicila description:qu’en donne Mo. Deville;
recteur dw musée der Rouenydans Youvrage de. Langlois #5}
neLesideunxlénervés sont représentésiconéhés côte 0 côter,<lesr
mains jointes; la tête appuyéersuriwh carreau jou! coussin!
392 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
soutenu par des anges, et les pieds posés sur des lions. Ils
sont revêtus d’une tunique..., qui est serrée autour du corps
par une ceinture; à ce vêtement est superposé le manteau
ouvert par devant.
‘ » Le costume de ces figures, les accessoires, le style du
dessin et de la sculpture, tour dénote un monument de l'époque
de saint Louis. » .
J'ajouterai, pour compléter la liste des ressemblances que
j'ai signalées, que la dispositionde la chevelure des énervés
est exactement semblable à celle de l'époux dans le Bon
Mariage.
«.… La double position des deux époux , contraire à l'usage.….,
p. 389. »
à
Au moyen âge, les monuments des époux qui avaient une
sépulture commune les représentaient couchés sur le dos et
dans l'attitude que nous avons décrite. Nous ne connaissons
aucun tombeau antérieur au xvie siècle dont les statues
couchées expriment et rendent une action autre que la prière
ou le sommeil.
— Peut-être pensera-t-on que la restauration de ce monu-
ment dans la cathédrale de Limogesserait l'approbation de faits
dont l'authenticité est loin d'être incontestable. — C’est aux
feuillants que s'adresse cette objection, puisqu'ils lui avaient
creusé une place dans le mur de leur église. — Sommes-nous
plus éclairés que le clergé du grand siècle, possesseur de
toutes les sources historiques détruites par la révolution ?
P.8. Un dessin représentant le Bon Mariage à été soumis au
Comité des Arts par M.le comte de Montalembert. Malgré
quelques dissidences , les conclusions que nous avions présen-
tées ont été adoptées à une grande majorité. M. Vitet, qui est
assurément un des juges les plus compétents en cette matière ,
a examiné avec le plus grand soin ce dessin : il a déclaré que,
selon lui, ces figures étaient, au plus tard, de la fin du xive
siècle, et érès-probablement plus unciennes encore, c'est-à-dire
de la première moitié de ce siècle.
MÉMOIRES. 393
Nous sommes heureux de voir une autorité si éminente
confirmer uospropres conjectures; nous disons confirmer, Car
l'opinion: de: M. Vitet ne diffère de la nôtre que d'un liers de
siècle : or, malgré notre ignorance, nous avons sur M. Vitet
l'avantage d’avoir pu examiner le #onuwment lui-même sous
tous lés aspects. Le dessin, habilement exécuté par M. Saquet,
était très-fidèle ; mais on sait qu’il est des nuances impercep-
tibles suffisantes pour déterminer un âge, un siècle et une
époque ,-eb ledessin!le plus exact ne saurait les rendre.
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
Depuis la publication des pages précédentes , nous avons eu
le bonheur de recueillir quelques, renseignements qui fortifient
nos inductions. Le fragment n° lest extrait d'une histoire
manuscrite. de l’abbaye de, Saint-Martin-lez-Limoges écrite
par un anonyme, religieux de ladite abbaye, vers 1656,
copiée, par l'abbé .Nadaud en,,1770, et conservée par l'abbé
Legros dans, son Recueil, d’ Antiquités (ms. de la bibliothèque
du séminaire de Limoges). Ce religieux , chargé de la trans-
lation du, tombeau du Bon Mariage, trouva les corps des deux
époux dans la-posilion indiquée par la sculpture qui recouvrait le
cercueil : le mari au milieu. ella femme à côté, E MEDIO DIS-
TRACTUM. Nous accompagnons le texte latin de ce document
d’une traduction où nous avons dû sacrifier l'élégance et la
correction à une minutieuse fidélité. Les renseignements
inscrits Sous le no IT, et qué nous devons à l’obligeance de
M. de Chergé, sétrétaire de la Société des Antiquaires de
l'Ouest, ajoutent une preuve de plus à celles qui établissent
l’âge du monument. ,
Les documents historiques qui ont conservé le souvenir du
Bon Mariage nous apprennent que les deux époux étaient.
originaires de Saint-Martin-sur-l'Autize ou sous-Lautizie
(SUPRA LAUTIZIAM), dans le diocèse de Poitiers : or ce prieuré
cessa de faire partie du diocèse de Poitiers, et fut réuni au
39% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
diocèse ode:Mailezais urdater) de 1817: lexisténee : dés deux
époux estidonciéontémyporainende laréuition dé edprienréqne
dioeèse de Poitiers est-à-dire antérieure aol pus grande
partieidu xrvrrgièclel 6 sùupienc goitaodai sav owdirite no‘
ire Jaseoqst Soit si 9h sutsie sl: e1voirôque orreiq. sl
fl 8b39 9[[9., 9r6icorq 8! pour .0u0 95pibni Jiorh pas
-2H0it10401q e8bns12: 9h eq109 zu9T°.tau19b i1807 go 6 soslq
IHAISVHOQ ON , 291d101500 291 JORTU2INT. 9 yaros 16 990 nTr09
Extrait, d'un, Catalogue, raisonné des. abbé . l'abbaye, de
ï Fe RO re :4Mss:cde-d& bib} iothèque dis
ciséminairel de Limoges. Simédits} 9b ollo9 eisor ,ueïlior
> 10GS aoe # dnsgzeiel < soifie D sôngiols . oi vb se29ttoxta'l
r \fe autem (abbas G. de S- l cer h) “transition Sepi fer
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Boni Hatrèn mont coi mit à in g duo FRET in uno, ul
tuO T0 pos ita reperi. Q! AU bn eu
S . Quod au n supe
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citur, non ab sc ue jusa notabili mer 0 fact me
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191
statuam ut fo min, su atere dex TO. Tec
920410"). ! JET 36 dut a PERS
indicare qu ; Prima mor Ua , jocum m rienti arito
)uo e1 ee JN'TUONL V-.Hoil 99 15 9PELE a fLO CORRE
Duo enim agi Ur prout in membroru m dimensione,
O1 F9: ANG) ) JU9T 4 L'ISÛL (O2 OU};
cognov}, unum pou 3 al iu in aärca «commun apidéa à re OI
non pôtérant. fave eni ligitur uo capita,, 1 um a. fatere qextro.
f 6=
RUE vero în ‘medio Dositum bar us nempe UNE e
medio, quan turn Ad rue , distractur Su D!
cientem marito relinquentem locum , eur tribu paeP
lapidibus duris coopertum. Horum nomina non 2
nec à traditione aliud didici, præterquam eorum dominium,
nempe oppidum de Crozon, prope Sanctum Martinum supra
Lautiziam, prorains Boni Matrimonii titulo in horum me-
moriam nüncupatüm. \Petébantt Enim | ut unit! )HiSpaniam ,
peregrinationis Sancti Jacobi causa. Mulier, hic ægrotans,
mortua et-sepulta marito.su0 ,redeunti e;Galicia:; ægrotanti
et-MorbuO,; loeunx in, çsepulchro; suo; prestitit, rut.quorum/,
corpora. fuerant;in..vivis.Sacro, matrimoni ;vineule, votoquer
conjuncta, : in mortuisn00, essent| nequein: Saba nequeÏE-
” teLrAuSENMN le. 29 9jeo 1 2922101
4
GRtTe EG (
] 299 910MON LES MOX 59
TOAAUT AA MÉMOIRES 2419/09 395
ZloD'#bbc GrdéSaint-JoSéphmerzonimit àdatranslation dela
sépulture du Bon: Mariagé, dans'sdaquelle'j'aistriouvé deux
corpsiplacés; dans lamême tombe,sCem'est-pas Sans raison
qu’on attribue une intention marquée à la réprésentation de
la pierre supérieure : la statue de la femme reposant sur le
flanc droit indique que, morte la première, elle céda la
place à son mari défunt. Deux corps de grandes proportions,
comme je l'ai conau en mesurant les membres, ne pouvaient
RpoëEnThl 3Ùr At ana te née bAEERS aËiphente” Pa
Sn tétésilplaceés l'tneau-Lôté droit) l'autre au
milieu, mais celle de laifemme, autant, Hué) le permettait
l’étroitesse du lieu, éloignée du milieu, laissant à son époux
une pe ce suffisante; ef, frais pierres -dures, couvraient le
céreueil. Leurs noms nage A pas rappôrtés, € ce, “traditio ion ne
I ME Le f1, 8104109 OÙ OHD ) [II ,. GILET 108 $5 RO ME AC S
ina fait 6 e que 1 (.
onnaitre. eur seigneurie 1e bour fe Crozon,
€ H AU! TU }
=j{207T MOI TOQEHE MA MIJHS DO :
ET Eine Martin=sur-| AE ; écoré, en | leur mémoire,
os 92 CRDE 294 0} FO SJoN Ses SUP£UR HO 1 no
m de prieuré d on Mariage. DS à Jaient, dit-on,
mr OS D 01z9D 9191 RITES! IQ ATON TRUE De
Espagne, n pèlerinage ES Saint-Ja a ues de Cor postel e, La -
ut quite qe [OT CN i SUJTONT SEMI ON STSOEPT
fémme, ombee m e en ce lieu, YA mourut , St y fut ense-,
JL Dienoriié NT TOC SONT CS TI dd 199100 g po DMLTS OL
velie ; e orsqué Son mari, l'EV ni alice, ; eut, tré
no ST Feat IQUALONO9 | SITE DEL TOUE, UITL 1209
onna place da ans son RAC 5 que
HE OS 8 QT H JIGS9 O1 dE Bi [C9 [ri .T£ Rou
ne iens et le vœu sacré du marie ge avaient réuni.
; ES Ii or: £{ eLLusi D92 ,; ririle OUT LI À
E SOrDS ende an f, a vie desens unis ns la mort comme
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Se ciel et sur la terre, »
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SIQUe LIJANISM MIITEe 9GOI PAS Sd orbiqjac 96 2x
or grises ax ofuiti iaomtidsM 404 esjstoito , msi up
are Renseiqnements, transmis. par M. de CheAé ca oe
aneicros did TU .senus9 idosst ftoase 2eidoitsai1g9req
MiUniprieuté dé SainitMartinSirr-J Nétizé en l'érdhipréteer
d'Ardnest/mentionnéldafis 18 pouillé-du dibcese! de Poitiers !°
dontoon est) rédevabler à'léveèqué Gatthierldé Bruges !0qui
siégeaidé1278 à 1306}; 6m l'yltrou ve äu”hoïnbre dés prièurés
et non au nombre des paroisses. Du reste, ce -fotillé np!
Voyez du Cange et Carpentier , au mot Dorninium.
396 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
prend point de qui il relevait, et se contente de le nommer
dans la liste des prieurés exempts du droit de procuration.
20 Ce prieuré était situé pres de Saint-Hilaire-sur-l’Autize
(aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement, et à
trois lieues de Fontenay-le-Comte, département de la
Vendée). Il en est fait mention, en 1483, 149 et 1533, dans
des titres originaux du chapitre de Saint-Hilaire, qui était
seigneur de Saint-Hilaire-sur-l'Autize. Depuis le démem-
brement de l'évêché de Poiliers en 1317, ü fit partie du diocése de
Maillezais ; mais on le cherche en vain dans le pouillé du
diocèse de La Rochelle de la fin du dernier sivcle. On ne
trouve point à quelle époque il a cessé de porter le titre de
prieuré et à quelle époque il a été uni à la congrégation des
feuillants.
3° Suivant les renseignements donnés par un habitant de
Saint-Hilaire-sur-l’Autize, il ne reste point de vestiges de
l'église de ce prieuré, et l’on ne conserve aucun souvenir du
Bon Mariage.
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DE L'EXISTENCE EN GAULE,
AU TEMPS DE LA CONQUÊTE,
DE DEUX PEUPLES LÉMOVIQUES.
PAR M. MAXIMIN DELOCHE ,
Membre de la Société impériale des Antiquaires de France, de la Société impériale
de Géographie, etc.
Y avait-W en Gaule, au temps de la conquête, deux peuples
lémoviques? — Dans le cas de l'afirmative, quelle était la
position du second, la place du premier étant en Limousin ?
Ces questions n'ont pas été posées dans le pro-
gramme proprement dit des matières à traiter dans le
Congrès, mais dans la remarquable circulaire qui le
précède.
Nous avons examiné ces questions avec détail dans
un mémoire publié par la Société des Antiquaires de
France (T. XXIII de sa collection), et dont nous avons
l’honneur d'adresser un exemplaire au Congrès. Nous
croyons devoir en même temps lui soumettre un
résumé de cette discussion, et y joindre quelques
398 CONGRÈS SCIENMIFIQUE DE FRANCE.
observations ouseles “qui confirment nos con
clusionss 515 22 deb sosnieiov osfensb ,tmowp
(18188 ) 19) d9 , 390900 TIONS 1 EMOVSE
art a positiv ement nommé, dans le Lxxw£ cha
pitre du Commentaire de la septième campagne, deux
peuples du mom;deé;iLemovices: l'ami qui était Je plus
considérahlez et qui «4vait/à fournir run;contingentide
dix mille guerriens::c'est le-Limousin-mioderne: dont
Ja vaste étendue, justifie: très+bien l'importance de: son
contingent ; l’autre} beaucoup. moins, considérable set
rangé, parmi lés nembreuses cités dé Inreonfédération
armonicaingmoie"t cagouoas aoniur 29l top ,sursiens
C'est: Pexistence et laplace de Icedernièr-qui font
l'objet:de:notre désartations. à, Jeuowsk 9h oo 9!
| Ag: Somèmislencas ) feb9O'T paul 8v do ,9691r#09
Elle est, suivant nous incontestable em-présénce de
l'unanimité dessmanuscrits des-Commentaires;-depuis
lesoplus purs, tels, que les:mss. de, Bongars, :der:la
Bibliothèque, impériale à Paris,'et de Vossius, jus
qu'aux plus incorrects , comme ceux «de: Cujas;rode
Leyde etc: [n'est donc permis sous aueun prétexte,
de supprimeromi de transposer, comme l'ont «proposé
quelquestauteurs ; lune on l'autre des deux mentions,
On, ne: peut yrvoir d'ailleurs, ainsi ques paraissent
l'avoir pensé certains-érudits,, la shention mépétéer du
méme peuple. Les Limousins de l’intérieur étaient trop
éloignés dela mer!et de la confédération‘armérieaine
‘(Haquelle étaitspresquerteut: entière entre: larLoirezet
la Seine) pour) ne telle: sr ae soit un moment
admi$siblettog 29819Dtarto 3200]
: Al y âvait done deux » Ho disiinéts, quoigtüe
portant le mémenonx fl: un:dans le:Limousin, autre
TONANN/AÛ MÉMOIRESE 102 2441940) 399
dans lwrconfédération armoricdinesoet, 2par'tconsés
quent, dans le voisinage immédiat des cités quenous
savons l'avoir composée, et qui étaient entre la Loire
ets Seine: ol exe acroron nemavRisoq & 18880
r1@bS@posétion:s orméitqse 6[ 95 etistuar mo sh 91 iq
21Je passeMaintenant sansttransitiôn äoun monument
historique) important: la Vie de saint Waast:)léerite
ters lewirhsièclez bay. est ditiqu'il existe, éhtre/lés
déaxbillesdeoLimoseset-delPériwneux ; et; presque à
égraté Tdistancedetil’une et dec l'Autre, une haute
montagne osur haquelle-était'dutrefois uner villes où
castrum , dont les ruines annoncent l'étendue ‘la force
étlà mawmificence Lalmontagné étle castrüm portaïènt
le nom de Leucus, et la pénplade) quivhabite (cette
contrée, et va jusqu'à l'Océan (usqueséns Oceanum),
s'appelle ZLeuci (régionis ollius. Leuci isunt idéctiys ©!
eHOphentrei limoges et Périsuenx, onremarqueut
massif montagneux atisomrmet diquer:est l'ancien
castrurnde-Ohahis : c’est lèlévidemment | et:on lécher
Cherait vainement-ailleurs le, monsiLeucussiq 205'11p
2Decer massif part-iune chaîne deli collines) qui
S’orjente constamment awN::01! et aboutitiaurivage
de DOcéan {usque in Occamm);rvêrs la:pointe- dite de
Saint-Gildas.: C’est bien: là lesterritoire des Leuci ,qui ,
Suivañt; la Wiende #aint Waastsiis'étendait jusqu'au
Httorab meritimentoil 95 amiarromil 291 soso sscdcte
on Or d'après ui principe édéraliqui ne souffre des
exceptions quérlorsqu'eHeñisônt bien motivées et bien
démontrées ; ‘les dépendances dui diocèse primitif de
Limoges sont, a priori, considérées comméidépén-
dancés de-l’aniciennelcivitas des Lémovicesi:/&ès/lors le
‘mont LeucusetisoncastrumiChalus,rquiisont incontes-
400 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
tablemeñt dans l’ancien diocèse de Limoges, faisaient
partie de la cité lémovique.
Et, comme la peuplade des Leuci, qui avait son
chef-lieu au mont et au castrum Leucus, s'étendait le
long de la chaîne de collines dont nous venons de
parler, et atteignait les bords de la mer, il est clair
que c'était une peuplade de race lémovique.
L'existence constatée d’une peuplade de Lémoviques
arrivant ainsi jusqu'à l'embouchure de la Loire, c’est-
à-dire aux confins des Celtes armoricains, et en face
des Vénètes et des Namnètes, dont le fleuve seul la
sépare, concorde trop visiblement et trop parfaitement
avec la mention par César d’une cité armoricaine du
nom de Lemovices, pour qu'on n'ait pas le droit de
conclure que là est la position de cette cité.
Toutes les autres circonstances, telles que les noms
de montagnes ( Puy-Limousin), de moulins (le Moulin-
Limousin), bourgs et villages (Limouzinières et Limosi-
nières) , les analogies de races , la mention si étrange,
dans l’un des manuscrits de Ptolémée , de la ville de Pa-
riastoy Comme capitale des Amwovixot (mention qui à si
long-temps fait placer l’ancien Ratiastum à Limoges
au lieu d’Augustoritum , Auyouaropiray) ; l'accroissement
que le Poitou a évidemment recu depuis la conquête,
etc.; toutes ces circonstances, disons-nous, et toutes
les considérations qui viennent se grouper autour du
fait capital que nous avons mis en lumière rendent,
ce nous semble, notre démonstration décisive.
Nous avions traité dans le même mémoire les
questions relatives aux sites du Ratiastum de Ptolémée,
que nous placons à Rézé ; du Promontorium Piclonum
de Ptolémée, qui est, suivant nous, à la pointe de
£ MÉMOIRES. 404
Saint-Gildas ; du Secor portus de Ptolémée et de Marcien
d'Héraclée, qu’on peut fixer à Paimbeuf ; des Anagnutes
de Pline, qui sont, nous le croyons, les peuples de
l’Aunis; enfin de la ville nommée Luci par le géo-
graphe anonyme de Ravenne, qui, suivant nous,
est à Luc (Grand).
Sur ce dernier point, M. Alfred Jacobs, dans la
thèse qu'il a soutenue pour le doctorat ès-lettres, et
dont la Géographie de l’anonyme de Ravenne a fait
le sujet, hésite entre notre attribution et la ville de
Loches en Touraine. Mais la plus ancienne mention
que nous possédions de cette ville, et qui est fournie
au vr siècle par Grégoire de Tours, nous offre la
lecon £Luccæ. Or Loches, qui, avec sa diphthongue
ch, donne la traduction exacte de Luccæ , ne saurait
être admis comme étant la traduction de Luci de l’ano-
nyme : dans ce dernier cas, en effet, on ne s’expli-
querait pas la présence de la diphthongue du vocable
moderne. Il y a d’autres räisons encore de repousser
l'attribution de Loches ; mais il serait trop long de les
exposer ici.
D'un autre côté, Luc (Grand-) n’est pas seulement
la traduction littérale de ZLuci; ïil est mentionné
sous le nom même de Lucr dans une charte du moyen
âge (la charte de fondation de l’abbaye de Sainte-
Marie de Fontenelle) : Lucr a communiqué son nom
à deux localités importantes, à deux paroisses et à
un prieuré, et la seigneurie de Luc portait, suivant
le témoignage des auteurs du Gallia christiana, le
titre de principauté. Il n’y a donc pas de motif de
douter que Luci ne soit à Grand-Luc.
Les Lemovices de l’'Armorique, dont nous avons
IF 26
102 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
déterminé Ja place, représentaient évidemment, une
branche sortie de la même tige que les Lemovices de.
l'intérieur : l'identité de noms et la juxtaposition des.
deux péuplades prouvent qu elles avaient une origine
commune, et qu “elles avaient forme. à une époque
antérieure à la conquête, un seul et même peuple.
Elles appartenaient ès -vraisemblablement à la.
même famille que. Jes Leinovii qui sont mentionnés,
par Tacite parmi les nations d outre ] Rhin, auprès des
Gothones et ‘dés Rugit, j) “et qui habitaient les bords de, la
Baltique, sur le territoire du Miecklembourg. PAT
Nous avons dit plus D haut que l'époque. de li incor-
poration des Lemovices : armorigains à la cité des Pictonés
rémontait vraisemblablement à l'organisation, de la.
Gaule par l'empereur Auguste. Cette partie. de .n0S
conclugions {nous | prions le Congrès de le remarquer)
présente une importance toute spéciale, en ce que la cité
armoricaine des Lemovices située au sud de la Loire,
peut étre ringée au nombre des quatorze peuples qui, ;
suivant le témoignage, de Stra bon , furent distraits par.
Auguste de la Gaule celtique pour être annexés à
l’Aquitaine. Jusqu'i ici on ne connaissait que, le nom.
de treize de ces peuples 3 le nombre indiqué par.
Sträbon se trouverait complété par té addition des Le-.
movices armoriCains, et le problème serait ainsi résolu. ;
Sur la carte qui accompagne notre. mémoire , DOUS.
avons fait figurer par une, teinte. conventionnelle.
indéperidatnment des indications relatives au . peuple.
qui “nous occupe, l'ancienne limite du | littoral vers, les,
temps ‘dé! l'otttipution romaine ; limite qui, Suiyant.
les érüudits! de là ‘contrée, parait avoir reculé, aban-
dotnant üne zone assez profonde de territoire que
SL PIJOLIITHAE 0 0")
MÉMOIRES. 103
l'industrie de Ahomme à a Sonsabrée en grande partie à
la culture, principalement dans J région plane et
basse de Lugon, qui est ENCOre FE de marais et de
$ Sud
canaux.
roonraldeldraerpt Éd JA 1S!
l'émboychure Us Loire, on qui. “serait
d'autant plus HN S'il “était définitivement
constaté ! qh qu une marche he,e en sens cc contraire paraît s'être
opérée sur les € és. en resqu't île ‘de Bretagne et de
la Normandie. AE CEE “ moi
Sur ces côtes, le “envahisements ( âe ha mer se sont
aécomplis pendant une Période asgez récente et dans un
intervalle : assez Court pour faire penser que; non-seur. ;
lemënt Le’ Mont- aïnt-Michel, mais les îles gauloises
HS OYBCTAT 91 9D 29TASI0
dé Jersey, Guernesey, “etc, ont éd ê ê re, à une époque
qui ne s'éloigne pas “de temps historiques ; en. com .
munication terrestre avec nofre c continent, La forêt de
Scicy, par exemple, , qui, : à, Ja £ n, ‘du siècle dernier,
s'étendait HE ad Le * Mont-Saint-Michel et.Cher-
bourg sur ‘une largeur de 25 kilomètres -enyiron;
est äctuenément use par les e eaux. De Granville
au “Bec- L u=-Stable, con littoral était ‘également, dans .
£$ J9lt
les dernières upnel du x us siècle, formé de [marais
20% [PIS JI 4 J£ d'o >|
quê LL mér COuvrait par intervalles. Dans, une. seule
]
)F9 (I JET d'oasqs 10996
marée , ‘elle & avança ‘dar s les terres , 8 la. Jargeur de F
Surf
l'eau du ie dusstable qui était d'environ
vingt” pas, fut portée ‘à quatre. c ou. .çinq kilomètres.
Ces éxémples sont concluants Pourtant quelques
savants, que nous avons entretenus dé la, question ,
et parmi TeSquels à nous citerôns | M. Alfred Maury. et
le général ‘Creully, | pensent que ce sont des faits isolés,
40% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et qui ont chacun leur cause particulière dans la
configuration de telle ou telle partie du littoral mari-
time, sans qu'on puisse y voir une règle générale.
Quant aux faits qui se rapportent au mouvement
de retrait de l'Océan) ai Sud de, Saint-Nazaire , et qui
établiraient une double modification en sens inverse
sur les deux moitiés de nos rivages océaniques, ils ne
sont pas, je crois, aussi certains, Je serais porté à
considérer ceux qu'én 4 aie remädrqéer à l'émbouchure
des rivières comme étant le résultat des atterrissements
qui se produisent fréquemment aux/points où les terres
et les sables entraînés par.les eaux des fleuves sont
refoulés ou contenus par, les flots de la mer.
Quoi qu'il en soit, il y aurait une grande utilité,
suivant nous, à vérifier l'exactitude et à déterminer
aussi exactement que possible le caractère des circons-
tances énoncées respectivement par les érudits du
Poitou, de Bretagne et de Normandie, et nous pro-
posons au Congrès d'émettre un vœu dans ce sens.
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10 43 3 JLoUBEtIOU 5h
Déimitalion de lancien pays. des Lemoyices.
Avant d'entreprendre la description sommaire de
la cité des Lemovices et de ses divisions territoriales
au moyen âge, nous devons poser deux principes
essentiels en cette matière, savoir :
Le premier, que les diocèses, dans leur forme anté-
rieure à 1789, et, pour quelques-uns (au nombre
desquels se trouve le diocèse de Limoges), la circons-
cription diocésaine d'avant 1317, sont la meilleure et
presque la seule base à adopter pour reproduire dans
leur ensemble les anciennes cités ;
Le deuxième, que la règle ci-dessus, exacte
en tant qu’il s’agit de la configuration du territoire de
406 CONGRÈS SCIENTISIQUE DE FRANCE.
la cité, prise daus.sa généralité ; ne. s'appliquerait
pas avec une égale. justesse an,détail;de..sa, délimi-
tation; -<ar, certaines cités ayantété, ap momentde
organisation | du gouvernement, dela, Gaule: par
Auguste; (27 ans;av;, Jr0),-annexées.et, confondues
avec, d'autres; des, remamiments, :queKhistoirerme
nous, a a fait SARABÎEE 9 [AYANÉS pu. RE OpÉTÉE: sans
de l empire, ét anerles Églises: gauloises à j urent: off
ciellement installées; des iocèses nonyeaux a yant-été
institués depuis; lapérigdermérovingienne ayants à
son tour, amené.des,çréations-d'évêchés;-enfinides
empiètements, s'étant. produits, (nons ;en-avons, an
exemple, en, Limousin} .d'un..diocèse, sur, les diocèse
Voisin; ; es circonscriptions épiscopales ne,S0Rt; admis
sibles comme point de départyde, la[ délimitation: des
pays , qus, sous. Ja réserve, des-modifications jque les
monuments authentiques des.divers âges, mous coms
mandent d'y apporter..En un mot;,le diocèse est,une
base d'étude; mais il permet, de, remonter SUCCeSSIve-
ment .de sièclé en, siècle, de. constater à éhaque
époqueda véritable limite, et des: rendre ainsi la,confi-
guration à..étudier, la’ plus approchante possible de
l'état. de, choses, primitif, | :.je-xeux-dire de :la sfr au
moment. de la,conquêtes ;;4-5uil el ab àtô9 a 06
C’est ainsi que j'ai procédé pour; la déliitation du
Limousin. de lx cité-des; Lemovices.de:Fintérieur. suis
D'après ce système, je,vaisod'abord donner une
idée générale de:l'étendue occupée parle Limousin
suivant les indications.de: l'ancien ;diocèse. 5 Le pape
Jean XXIL ayant:idistrait po @B AT, lévêché) de
Tulle de celui de, Limoges , le, diogèse primitif a été
DATA A0 MOIREEICE TAN MOL 407
représentés de’1317) 2517895 parles diôcèses ‘réunis
dé’ Limoges et de Tulle ?“ét}-ommé nous avons Tes
Pouillés® de J'un°'ét'dé vattte, “ous Sommes parfai-
tétnent'én) mesure de HAT un “compté” ‘exact
dé éarlcontenanees Ms : cebupaiéft16 territoire qui
formé âirjourd’Hüi les 4r6iS départements de à 'HaûtE-
Vienne ide I Correzer et le Ta CPE Et 2h outre,
dans lié département-de x Chatéuté} Confélens” & 1à
parti del son atrémdisenment gituée lausutlest
Vestiét'aut nordost 480 dette vitre tie) ogaalls ie
dépatemenvdeoperaabne INUntroniee 148 Th
partie dé son arondissément ettéba à süd£est à l'ESt,
aû nord-estiet 4inord) de Cette) vie? enfin! qi que
parcelles! de1'arfondisséhent PATATE “es
südiotesto-qu Aépartétient 0 del Pindte elle ”
Bbnfeuil ; s Bd TIHÿ D ab Awiog séumo 2s1di
2oICerdicéese sVunodes-plus vastes Akssttémént : noh
éplus vaste de l'anéiefne Gavié ne! état pas
“héoré rétIEtElri tire dé Heité Vénétie fe 11eba4m
Beer, fe rene Li ais :9buis D sal
su gs Du cote ape. tHéfarténent de la Dot
dogne}| toute Taparté nord! du! chton de THIERS,
de “anton dés phmiinaic18/Gr#hd? Sa frazac. LUE
(parités alt > norder ones du mt drop ee |
9e Du côté de la nn cg fe SEP de
La Roquébrow (Cantal) PRoUMAE Lt son territoire,
ainsi quéides parties di térmitohe de Moûtvyett=0111 F
orge rDurocôté odu DQueréy?l qhéljéés par 68e des
‘cantons ile Séint-Cérévet dé Pa” Frénquière érfonidis-
“sementide Figeac Jdépértement dif Lot). 2! HEVINE
sb Cés dernières parcélles $ont-rattachéés at/Timousin
“parles monuments dutx: sièeléet dx, quilés placent
108 CONGRÈS SCIENTIMIQUE DE FRANCE.
dans les vicairies limousines-de Rouffiac (Rofiacensis)}
et de Le. Vert ( Wertedensis). : -1
Quant aux cantons ‘de,) Jumilhac-le-Grand, de
Thiviers (nord}.etude Lanouaille ; ils appartenaient
à la cité limousine dès l'époque dela rédaction des
Itinéraires romainsi(rrf sièele), d'après la position du
fines marqué entré Limoges ( Augusloritum) et Pé-
rigueux (Vesunna) , et qui, tombant près de Thiviers,
attribue aux. Lemovices toutrice qui est au nord de
cette ancienne limite des dénx-peuples. Vers la fin-du
ve siècle, la: paroisserde Jumäilhae-le-Grand qui est
dans ce quartier; dépendæit dul diocèse de Limoges,
puisque, dans une lettre delévêque Ruricet I à
Cronope, évêque:de Périgueux | le‘ prélat limousin se
plaint des tentatives: d'usurpation commises sur cette
paroisse (diæcesis Gemiliacensis) par: lés' prêtres du
diocèse de:Périgueux: :6es tentatives font préssentir
l'absorption qui devait: se:consommer dans ‘les'siècles
suivants. Pourtant ‘a vrsisiècléiet au comméncément
du vin, ce canton appartenait! encore , ‘du moïns en '
droit, à cette province,0puisque ‘unotiers devsou de
type.et de style: Hmousins! portantien légende cireu-
laire le nôm de:Gemiliacum; trouvé: à Jumilhac' même ,
présente, au revers ,-la croix /‘cantonnée des lettres
LENO pour LEMO{(vwites})/désisnant' de toute évidence
que l'atelier de Jumilhac était en Limousin. Après la
période mérovingienne; nous ne trouvons plus dans
cette région de témoignages certains dé l’origine
limousine;et l'on peut supposer que c’est sous les rois
de la deuxièmetrace qu'éllé passa officiellement dans
les dépendances du Périgord.
Telle est, dans:son ensemble, la configuration du
MÉMOIRES." 2 ! 1 109
pays des Lemovices d'après les donnéés-fournies par les
documents les plus anciens et lesplus authentiques. 11
était borné; au/sud, parle Quercy{(grand pagus Catur-
cinus); à l'ouest, parleiPérigord{pagus Petrocoricus) ;
au nordouest» par|l'Angouïoisiet le Poitou (pagus
Encolismensis et| pagus:Picluvus):: au:nordi, par le Berry
( pagus : Bitunicus)e etià l’est;cmpai PARCS {pagus
Arvermicus): ob 2d1ç éusdmmot ,iup do ln
Mesuré du nordisau sudi:danssa:plus no on-
gueur;; de Lourdoueix-Saint-Pretre- | Oratorium Sancti
Petri) à Liourdres 4 Lusidus) , il offrezame étendue d’en-
viron,468, kilomètres h Dé) Fest à l'omest:, ‘dans le sens
de sa;phas-grandedargeut, deili Hmiteiqui passe” à
l’est de Bort sur la Dordogme:à Fontenilles;"qui est à
l’ouest -de Nontrom ilraivait rum HÉpRsnE d’en-
virgn Atokilomètress (erensoniiisen 2i200mtn) 06
Nous-venons' de voiren quoi lasconfictiration du
pays,s4des. |Lemovicesraux époques: des ‘plus reculées
diférait dur diocèse 1ib|mousr reste, iandiquer qu'il
différait, bieniplussencore: des divisions qui après la
disparitioni, du, comté deLimogesi dont il sera parlé
plus:bas;/s'établirent; dams lacpériode féodale et dans
la. .période\ subséquente:: sousnles-homs de séné-
chaussée ,.de généralité et de-gouvernementr, et que l’on
a.trop, souvent confondues: avec:1iancien pays du
Limousin : oc ce tie sediiorrt
Ap.Lar rdv du -Limousi;crcqui: prit par
intervalles les noms:dessénéchaussée de Limousin et
Périgord. de ;. Quercy et-cEimousin,, me: comprenait
pas la Marche, ;puisque:; céttés portion: de:>l'ancien
Limousin formait une sénéchaüssée distincte : on y
réunit, par. contre, du moins pour un ‘temps,
410 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
quelques cantons des provinees voisines! ! motamment
Martel et son territoire qui dépendaient de l’ancien
Quercy:-De :sonicôté, la sénéchanssée de Périgord et
Quercy prenait surle Limousin cértains cantons ,otels
que: Nontron et) som territoire, Beauliewretsle pays
ciréonvoisimsrsloorom imp 99 28104, #5in9Matfls
2° La généralité der Limoges correspondait! encore
moins à l’ancien payssipuisquey lune ‘part; Nontron
était resté attaché Périgord, que, d'autre party da
Marcher dimousinetavait passé dansila [généralité de
Moulins hétqu'emfinola généralité de Limogess'éten-
dait dans lAngoumois jusqu'à lprendre Angoulême et
l'élection à laquelle fldonmait som mom, et né slar-
rêtait qu'auxdJimités de l'élection dé‘Cownacl, quilétait
de la-généralité dé Las Rôebellé 110 , 91419997 JH99V
3° De mêmé:du ‘gowvernement ‘de . Eimousin quitne
comprenait ni Nontroni/lequel était duiigouvérhément
de Guienne, ni la Marche, qui formait un gouverne-
ment séparé, ni même Bdurganeuf, qui représentait
une enclave du gouvernement du Poitou.
Au-dessous dé ces érändes divisions administratives
se trouvaient des circonscriptions de deuxième et de
tioïisième ordté telles qué gondbrhéments parbicüliers
où Héuténanbesl dos ee fmiciions ; (qéi Hé eut
réspondhient pas lditantaet aus antiéhries SubdiL
Viklons «deg se etre SiècieS, : dot Hong nbtis: 66euL
t Pétong hientôts 11 19 $ loin .cieuonmil da idstà
Ces ob vatidns déiéntent c'hirément qHioni afort
à tort attribué la disparition des Anciénes/circonst#ip-
tions territortäles dé 14 Gate ul Vofganisation dépar-
tementale déctétèe an {reg vs idio erriaromril
Les deux causés qui ont modifié 8 ‘profondément
dé MÉMORRES IT 2AHD/40N ŒAA
l'état primitif du-sol pendant la ‘période: bb Fe
sous l’ancienne ahonarthie sont: 02 16
D'une part, Ja-féodalité-et! l'influence: Gisprnte
qu'elle-exerca sur:le sobrcommeisur Îes:institutions
gouvernementales! la multiplicité des r#eièneuries,
châtellenies, pôtés, etc., qui morcelèrent-en même
temps la souveraineté-etleterritoirésiorsns, ol
“oD'autre part d'action de daroyauté;:qui, Sans:tenir
compte, de Tlancienne configuration: du-pays souvent
exclue-de: tel ouw:tel centre de population quil corn-
mandait)à la province ow à l'urie derses subdivisions!
était conduite à installér ses représentants|etrofficiers
dejustice, gouverneurs ;rsénébhaux et baillis dans des
localités de.nouvelle création où -d'importanee relati-
vement récente, où ellé,espérait, trouvér:ettrouivait
souvent, eneffet, l'appui,lacbase d'actionrpolitique ,
qui ailleurs-lui faisaient-défautsotco to fiécerqmno
Jarevuose on ityorrot tp ,9dor6M $l fr Ssansim 6b
Metmésèrqor iu9 Moneerdbs omônr fr | SIDA duo
HohoT vh Fromromiavuos #h 8781900 801
SON ITSITELTT Le; Gomnté, de Himoges:qu, du, Limousin. )249 DL
ob 35 5môixHeb 9p -efoit QiTOef foi 3h JS 16 HO'TT 9:
Be. comté, de, «Limoges gnpdu Limousin (cenlaiss
Lemovicensis), qui, EE tout 1 le territoire de
l’ancien pays des L APAOUIeES, sousles, deux, premières
races ,-est,le seul qui, à,notre connaissance, se Ait
établi en Limousin. Justel à cru trouyer. dans. une
charte, du. Cartulaire. de. Beaulieu, la: mention. d'un
comté.de Turenne; mais, Gest là une, etreur ; 1, mot
de ycomitaius. se, Tapporte ,; anse -cet acte, «2U pays
limousin, orbi Lemovicino , : -précé. dermment | nommé ,
et non pas au petit canton de Turenne. ,,.
412 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
La création d’une marche de Limousin régie par un
officier particulier portant le titre de comte ou
marquis (comes où marchio) et la division du gouver-
nement de la province entre plusieurs vicomtes ,
édictée, en 887, par le roi Eudes après son couronne-
ment à Limoges, laissèrent subsister en principe le
pouvoir comme le titre de comte ide Limousin; les
officiers de tous rangs et de tous noms institués sur ce
territoire lui restèrent subordonnés. Seulement ce
titre de comte de Limousin, après avoir été long-
temps l’attribut unique d'un: personnage, fut acquis
par le duc d'Aquitaine , qui le réunit aux: autres
dignités dont il était revêtu. Le dernier de ces grands
feudataires: qui lait porté est Guillaume Hl,; comte
de Poitiers, duc d'Aquitaine, morten 1030. C’est alors
que-se développa si activement le principe-féodal , et
que prirent naissance ces agglomérations: si va-
riables de possessions terriennes qui constituaient les
seigneuries, châtellenies, et les comtés ou vicomtés
féodaux, qui n’ont que le nom de commun avec les
anciens offices ou bénéfices des comtes mérovingiens,
et des comtes et vicomtes de la deuxième, dynastie.
f\
IT.
Les pagi du Limousin,
Je n’indiquerai ici que la position de ceux dont la
mention est antérieure à la fin du xr siècle, et de
ceux qui, mentionnés dans des titres plus récents, se
rencontrent sur des points du territoire des Lémovices
MÉMOIRES. 413
qui ne sont occupés par aucun pagus de date plus
reculée.
- J'ai fourni la description détaillée de tous ces pagi
dans la première partie des Études sur la géographie
historique de la Gaule au moyen âge; et en particulier sur
les anciennes divisions territoriales du Limousin , ouvrage
couronné yen 4857, par l'Académie des Inscriptions et
- Belles-Lettrés ; qui l'imprime en-ce moment dans son
Recueil de mémoiresides savants éträngers.
Ilest difficile ‘de’déterminer avec certitude et pré-
cision: lesi liens qui peuvent ‘rattachér cesi pagi aux
anciennes'subdivisions de la-‘cité des Lemovices dans
la période de l'autonomie œauloise (4). Trois d'entre
euxise présentent/avec le caractère ethnique :
Les Andecamulenses, qui habitaient le pays de Rancon,
au , nordi-nord=ouest de: Limoges, iet ‘arrivaient
jusqu'auprès: de cette ville: {ils sont:mentionnés dans
unerinscription du pr sent trouvée à Riou
AO TO sde 10 FENRAN {
fl ) On ne trouve aucun secours pour l'étude des pagi dans
les archidiaconés et archiprètrés de l’ancien diocèse de Li
môges” ‘tels ‘qu'ils existaient même avant l'an 1317, époque du
démembrement”de cé ‘diocèse: Nous faisons voir, dan notre
Introduction au C'artulaire de Beaulieu (ouvrage auquel l’Aca-
démie des Inscriptions a décerné, en 1860, le 2e prix Gobert),
que ces divisions ecclésiastiqués n’ont aucun rapport avec les
pagi, ni avec les vicairies, centaines et aïces. M. Guérard a
d’ailleurs démontré jusqu'à la dernière évidence, d’après les
monuments mérovingiens, que, dans l'origine, et jusqu'au
vire siècle, il n’y avait qu'un seul archidiacre dans chaque
diocèse. De:plus, l'institution des archidiaconés remonte tout
au plus .au ve siècle. Ces, deux circonstances excluent la
pensée que les ar chidiaconés, aient servi de moule aux anciens
pagi. M. Jacobs à, depuis M. Guérard, reconnu ce point
d'histoire ecclésiastique, dans la Revue des Sociétés savantes.
AA 4 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Les Cambiovicenses ,qui'se placént avec assez de
vraisemblance: dans-le territoire “de’:Chambon, ‘au
centre dub pays de sa aile: es Sasrt serie sur la
table dé Peutingerhztii 0 #110 701 61 GO1&19 v DSL
Enfin les Éd le pays;(s nie chez les
Lemovices de l'intérieur, se :prolônge, surla: chaîne
montagneuse des Lemovices de l’Armorique, jusqu'à
l'embouchure de da: Loire: Cette “dernière: tribu ‘ou
peuplade;omommée ausvrisièele dans lac Vie-de saint!
Waast,; quoiquerdée mention postérieure # ‘celle des
deux précédentes sestrpéeut-être d'une RE EE ‘encore
plus incontestablement-gauloise. 010 SUOAEE
Voicioles motifs dé notreopimiom n°5 21 hi
Les Lemovices dé l’intérieur et ceux! de: l’Armoriqué
ne sdûrentb (ainsi; quenous l'avons | diti‘plus Haût)
faire; dans l'origine; ,:qu'um seul peuple: Cette unité”
futbriséesiune époquerrque, nous m'avons aucun !
moyen deofixer| shêémeogpproximativement , ‘mais ,""
dans tous les cas, antérieure à la venue de'César dans!
la Gaule; puisque;1lors de-la septième campagne
du vproconsulh:qui sesterminappar la reddition de
Vercingétorix et d'Alesia (à peu près 53'ans av:17:2C.),"
larmation des Lemovices était divisée‘en deux, 1H 1117
Au momentrdé la-conquête ;1et: jusqu'à! lorg‘ani-
sation de la Gaulepar Auguste {27 ans av. F.-C° , 11
y ‘avait, ainsi que! nous l'avons: démontré: dans’un
travailspécial: "deux: peuples lémoviques distinets :
celui du Limousin et celui de PArmorique; tellement
distincts que le premier était en dehors de la confédé-
ration armoricaine, à laquelle. le second, appartenait.
AÀ-partir. de l’organisation de la: Gaule par Auguste,
la cité des Lemovices ‘armoricains fut rattachée aux
y MÉMOIRES: ;: ÉEV 415
Piclones, . dont le; chef Duratius s'était montré fort
affectionné au joug des Romains (cette-affection de
l'étranger. avait:provoqué;! du temps même de César,
l'animadversion et la révolte d’une partie de là cité
des;Pictons).: Depuis lors; les deux ‘parties du peuple
lémoyvique restèrent por SE séparées: administrati-
vementi ,oupirocmi{' aus 2811/9870 I
Or l'origine: d'uñe psipladé tellé ‘quelles Leuci ,
dont-nousstronvons le chef-lieu: et une: portion du
territoire-assez avant duns (le territoire des Lemovices ’
de. l'intérieur, et traversant :dans:sa longueur celui
des Lemovices armoricains,, c'est-à-dire s'étendant à
la fois sur les deux: fractions de la nation: lémovique ,
cette, origine! ne, peut se rapporter! à une période ‘où
cette nation, était fractionnée. : 1cett@ peuplader repré:
sente. conséquemmment un-élérnent primitif, une tribu
de;la, mation, lémovique ‘an moment où:elle: constituait:
une-unité , c'est-à-dire à une époque)de beaucoup anté-"1l
rieure à-la conquête, no! nosirblnn :289 29 zuot 2089
Quantaux <Andecumulenses, etiiuxGambiovicenses ,
rien ne, s'oppose à ce qu'ils:soient considérés comme:
des "peuplades: sou: des; tribus gaüloïses, :ieticomme
ayant un Caraëtère-purement ethnique; mais il n'est
pas impossible non; plus qu'ilsieus$ent emprunté leur
nom à:)des Jieux:devenus;2souscles Romains, des
centres municipaux importants et: des chefs-lieux de :
pagi denouvelle création ;-quiayaientété. RC EX An-
decamulum. et Curnbiouious (Ah. 11190
-8pätuoc 8l.2h 21018. 13,di8i9 19108TQ
(1) Jedois mes pniquerici sûr an péuple mentionné par Pto= |
lémée-parmi les penples de l'Aquitaine Ssous!le nom dé Arr
(Dati), et queid'Anville dans sa carte ,/dressée.en 1745, pour !
"AUOT.
#16 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Après ces trois cantons, viennent cinq pag men-
tionnés sous les mérovingiens :
4° Le pagus Biaenas, sur un tiers de sou d’or du
var siècle : pays de Beynat (Corrèze) ;
2 Hissando , dans la chronique de Frédegaire ; Exan-
donensis pagus, dans des chartes des 1x° et x° siècles :
pays d'Yssandon (Corrèze);
3 Nigermons, dans l'Histoire ecclésiastique de Gré-
goire de Tours (fin du vi‘ siècle); Nigermontensis pagus,
dans une charte du 1x° siècle : pays de Nigremont
(Saint-Georges-de-) département de la Creuse;
%° Solemniacensis (ager), dans la charte de fondation
du monastère de Solignac par saint Éloi, datée de
631 : pays de Solignac ( Haute-Vienne) ;
5° Vallarensis ou Vallariensis (terminus), dans une
autre charte , datée de 631 : pays de Vallières (Creuse).
l'Histoire romaïne de Crevier, a marqué comme étant situé en
Bas-Limousin. Cette indication avait été mise en avant par le
motif qu'il y avait là un grand espace privé, dit l’illustre
géographe, de toute attribution romaine. Mais ce motif est
tout à fait insuffisant , et d’Anville l’a reconnu lui-même
depuis; car on ne voit plus figurer les Datii sur la carte
dressée, en 1760, pour être jointe à sa Mofice de la Gaule.
M. Walckenaër, qui a recherché la position de cette peuplade,
a cru pouvoir désigner un quartier du Rouergue , situé sur les
bords de la rivière de Daze, et où l’on remarque un lieu
appelé Zestet (Aveyron) (1) ; mais c’est là une pure conjecture,
qui n'a point de fondements sérieux. Je ne m'étendrai pas
davantage sur cette question, que je me propose de traiter
autre part avec le développement qu'elle exige : il me suffit
d'avoir montré que le Limousin est hors de cause.
4) La ville principale des Adr1où ‘St nominée dans Ptolémée Tacre,
Ï Ï
MÉMOIRES. M 7
Les autres pagi (sauf quatre ue one que nous
signalerons plus bas) s s'échelonnent du vr° siècle
au xI°. Me Ann née
En voici la nomenclature : , ;
Pagus Asnacensis, pays de Puy-d’ Arnac (Corrèze):
Paqus Brivensis, de Brive (Corrèze) ;
Pagus Betrivus (?), de Bort (Creuse) : _cette attribu-
tion, proposée par D. Col, est à nos yeux fort dou-
ds nous sommes même porté à penser que la men-
tion de ce pays s 'applique plus exactement au Berry : :
Pagus Cambolivensis, de Chamboulive. (Corrèze) ;
Pagus Juconciacus, pays de Jocundiac ou du Palais
( Haute-Vienne) ; E
Montana , pays de. la Montagne | (ent iemicai
Territorium Rofiacense , pays de Rouffiac (Cantal );
Santria, pays de la Xaintrie, autour de Mercœur et
de Servières (Corrèze) ;
Pagus Tornensis ou MOSS PAYS de Turenne
(Corrèze); ï
Pagus Usercensis, pays d'Uzerche (Corrèze).
Voici nhMatouaut les quatre: pays nommés posté-
rieurement au x1°8ièele ? et: qui ‘oécupent'une place
laissée vacante par” "1es ‘pagi _. 4 mention os plus
ancienne : ONE
Le Guérétois, chef-lieu Guéret (Creuse) ;
Le Dunois, pee Dun-le-Palleteau (Creuse);
Le :Magnazeix ;: RCI Magnac-Laval . { Haute-
Vienne) ; 919
Le Nontronnaïs , “chéf-Hiètt Nôitron per
1q
e
IT.
La)
I
118 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
IV.
Vicairies , centaines et aïtes du Limousin,
1° Les vicairies :
Nous connaissons, en Limousin, quarante-quatre
vicairies, qui se partagent le territoire, et repré-
sentent les circonscriptions dans lesquelles les officiers
nommés vicaires, vicarii, exerçaient leur juridiction
aux 1x°, x° et xI° siècles.
La première de ces vicairies dont il soit fait mention
est nommée dans un acte de 823, et les dernières sont
déignées dans une charte de la fin du xr° siècle (1088
à 1096), ce qui donne une durée de deux cent soixante-
dix ans environ, la plus longue, si je ne me trompe,
que l'on puisse signaler en aucune contrée de la
Gaule. 4
Quelques auteurs (Adrien de Valois et M. Guérard)
ont considéré les vicairies et les centaines qui portent
le même nom comme étant des divisions identiques,
au moins dans les mentions les plus récentes. Nous
avons des preuves décisives du contraire dans des
chartes limousines, et notamment dans celle où la
centaine de Vignols, centena de Vinogilo, est désignée
comme étant située dans la vicairie de Lubersac , in
vicaria Luperciacense; ce qui suppose: nécessairement
qu’elle était différente et même inférieure à la vicairie,
puisqu'elle y était contenue. Des exemples semblables
nous sont fournis par des chartes de l'Auvergne et du
Berry, et, dans ces exemples comme dans celui que
nous offre le Limousin, la centaine est subordonnée à
MÉMOIRES. #19
la vicairie : d'où l’on peut conclure que celle-ci est
généralement plus étendue que l’autre.
Voici maintenant la liste de nos vicairies :
Vicaria Adecia, vicairie d'Esse (Charente);
Vicaria Altiliacensis, d’Altillac (Corrèze) ;
Vicaria Argentadensis , d'Argentat (Corrèze) ;
Vicaria Asnacensis, du Puy-d’Arnac (Corrèze) ;
Vicaria Auriacensis, d'Auriac (Creuse) ;
Vicaria de Axa ou Axia, d’Aixe (Haute-Vienne);
Vicaria Barrensis , de Bar (Corrèze);
Vicaria Beennatensis , de Beynat (Corrèze) ;
Vicaria Brivensis, de Brive (Corrèze);
Vicaria Cabanensis , de Chabanais (Charente) ;
Vicaria Cambolivensis, de Chamboulive (Corrèze) ; *
Vicaria Carvicensis ou de Chervic, de Chervix (Hte-
Vienne) ;
Vicaria Cassanomensis, de Chassenon (Charente) ;
Vicaria Castelli, de Chasteaux (Corrèze) ;
Vicaria de Cosatico , de Cousages (Corrèze) ;.
Vicaria Cursiacensis, de Cursac, commune de Saint-
Vitte (Haute-Vienne) ; +
Vicaria Daraciacensis, de Darazac (Corrèze) :
Vicaria Exandonensis , d'Yssandon (Corrèze) ;
Vicaria de Faisco ou de Faix, de Feix-Fayte (Corrèze);
* Vicaria Faurcensis ou Spaniacensis, de Forgès ou
d’Espagnac (Corrèze) | voir plus bas Spaniacensis) ;
Vicaria Firciacensis , de Fursac (Creuse) ; ”
Vicaria Flaviniacensis , de Flavignac (Haute-Vienne) ;
Vicaria de Juliaco, de Juillac (Corrèze) ;
Vicaria Lemovicensis, de Limoges (Haute-Vienne);
Vicaria Luperciacensis, de Lubersac (Corrèze) :
Vicaria Navensis, de Naves (Corrèze);
420 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Vicaria de Nigromonte, de Nigremont (Saint-Georges)
(Creuse) ;
Vicaria Noviacensis, de Neuvic (Haute-Vienne);
Vicaria de Padriliaco, de Peyrilhac ( Haute-Vienne) ;
Vicaria de Pardaniaco (?) , de Pradeaux (Creuse) (?) : il
nous semble fort douteux que cette vicairie soit en
Limousin ;
Vicaria Pariacensis, de Peyrat (Haute-Vienne) ;
Vicaria Rofiacensis, de Rouffiac (Cantal);
Vicaria Rosariensis ou Rosuriensis, de Rosiers
(Corrèze);
Vicaria Salliacensis , de Seilhac (Corrèze) ;
Vicaria Sancti Juliani, de Saint-Julien -aux-Bois
(Corrèze) ;
Vicaria Sancti Privati, de Saint-Privat (Corrèze) ;
Vicaria de Selabunac, de Grand -Bourg-Salagnac
(Creuse) ;
Vicaria Sariacensis ou Seriacensis, de Sérillac
(Corrèze) ;
Vicaria Spaniacensis ou Faurcensis, d'Espagnac ou de
Forgès (Corrèze) : cette vicairie paraît avoir eu deux
chefs-lieux ; mais Forgès ne porta ce titre que peu de
temps ;
Vicaria Tarnacensis , de Tarnac (Corrèze);
Vicaria Torinensis, Tornensis ou de Torinna, de Tu-
renne (Corrèze);
Vicaria Usercensis, d'Uzerche (Corrèze):
Vicaria Vullarensis, de Vallières (Creuse) :
Vicaria Vertedensis, de Le Vert (Corrèze).
90 L'aïce :
L'aïce (aicis, aizum ou arum) est, dans les chartes
MÉMOIRES. 4921
du Rouergue et de l'Auvergne, synonyme de la
vicaria où minislerium, ce qui, dans ces pays, est
tout un. Nous n'en connaissons qu'un exemple : c'est
l'aicis Vertedensis, dont le chef-lieu est le même que
celui de la vicaria Vertedensis, vicairie de Le Vert.
3° Les centaines :
Les centaines sont les circonscriptions où s’exerçait
la juridiction de l'officier nommé centenier, cente—
narius.
Nous en avons quatre exemples en Limousin,
Savoir :
Centena Nantronensis, de Nontron | Dordogne) ;
Centena Tarnacensis ou Tarnensis, de Tarnac
(Corrèze) ;
Centena Vertedensis, de Le Vert (Corrèze):
Centena de Vinogilo , de Vignols (Corrèze).
V.
Le Marche limousine.
La marche (marca, marka ou marchia) est une cir-
conscription essentiellement militaire , instituée sur la
lisière nord-ouest du Limousin (et, suivant nous , à la
fin du 1x° siècle), dans un but spécial de défense.
À partir du x‘ siècle, la Marche limousine est dé-
signée, dans les documents, sous les noms de Harcha
Pictavis et Lemovicæ, soit par les termes de Marca
Lemovicina.
Les premières mentions du comté de la Marche se
rencontrent en 927 et 944.
199 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Dans le principe, cet arrondissement s'étendait au
nord-ouest et au nord de l'ancien Limousin, des bords
de la Vienne et peut-être de la Charente jusqu'à la
rive gauche de la Creuse, au-delà de laquelle il
prenait, en outre, Ahun et quelques parcelles situées
sur la rive droite. Le château de Bellac en était alors
le centre et le chef-lieu. Plus tard, il se développa vers
le nord-est, et s’adjoignit le Combraille et le pays
d'Aubusson. C’est à la suite de ce développement que
ce territoire se divisa en Haute et Basse-Marche. La
première, ayant pour chef-lieu Aubusson , comprenait
la région montagneuse qui depuis a formé une partie
du département de la Creuse, et confinait à l’Au-
vergne, au Bourbonnais et à un coin du Berry; l’autre
occupait la Marche primitive; dont un archidiaconé à
conservé le nom, et confrontait au Berry, au Poitou
et à l'Angoumois.
Ve:
Le fisc royal de Chameyrac.
Le fisc était une circonscription territoriale établie
spécialement en vue de l'exploitation d’un domaine
royal, et se composait de plusieurs villas. Tel était
le fisc de Cameiracum, Chameyrac (Corrèze), que
Pepin II, roi d'Aquitaine, concéda à l’abbaye de
Beaulieu, et dont les serfs |fiscalini) semblent avoir
eu, au x: siècle, le privilége d'être préposés, comme
intendants et serfs-vicaires, à l'administration des
possessions de cette communauté religieuse.
MÉMOIRES. 493
VIT.
Du Haut et du Bas-Limousin.
Cette distinction n’est indiquée avec un sens géo-
graphique que dans des monuments du x1v* siècle.
Pourtant, comme nous savons que, en 898, le vicomte
Adémar, résidant à Tulle, avait sous sa juridiction
Brive et son territoire, il est permis de penser que,
à dater du partage du gouvernement du Limousin
entre plusieurs vicomtes, lequel eut lieu en 887, le
Bas-Limousin , appelé aussi le bas pays (bassa patria),
forma le district de l’un de ces vicomtes; le Haut-
Limousin ou le haut pays, le district d’un autre
vicomte, et que le pays d’Aubusson fut régi par un
troisième.
Le Haut-Limousin comprenait le territoire situé
entre la Vienne au nord et la Vézère au sud, et de
plus, au nord de la Vienne, un quartier de quelque
étendue où était Limoges.
Le Bas-Limousin occupait le territoire au sud de la
Vézère jusqu'aux limites de l’ancien pays, c'est-à-
dire ce qui formait les deux élections de Tulle et de
Brive, et, à peu de chose près , le département actuel
de la Corrèze. Il est à peine besoin d'ajouter que les
deux Marches et Nontron étaient hors de ces deux
circonscriptions, et n’appartenaient plus depuis long-
temps au Limousin.
Limoges était la capitale du Haut-Limousin. Le
Bas-Pays avait Tulle pour chef-lieu. Les preuves de
424 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ce dernier fait historique se trouvent dans les actes
officiels des xvi', xvi et xvin* siècles; mais elles
résultent plus clairement encore d'actes des xrv° et
xv‘ siècles, où le caractère politique et administratif
de cette prééminence de Tulle sur le reste du Bas-
Limousin est nettement attesté par le double fait de
la convocation des estats du Bas-Limousin dans cette
ville, et de la centralisation qui s’y faisait des
recettes d'impôts et contributions publiques de cette
partie de la province (1). Il faut peut-être faire remonter
l'origine de cette supériorité non-seulement aux temps
du vicomte Adémar, mais même à l’époque où, Tinti-
gnac disparaissant violemment sous la main destruc-
trice des barbares, Tulle recut, avec les débris de sa
population, la suprématie que cette ville romaine
avait dû long-temps garder sur la partie méridionale
du pays limousin.
(1) Lettres royales de 1370; supplique adressée au roi en
1471 , et lettre du sire de Blanchefort, de la même époque,
reproduites par Baluze (Histor. Tutel., append., col. 776
et 783).
UNE VILLE DÉSHÉRITÉE,
PAR M. LE D' WAHU.
RAPPORT PAR M. CHARLES DES MOULINS.
Ce n’est sous aucun des titres dont m'ont honoré
l'Institut des Provinces et la Société Française que je
viens aujourd’hui, Messieurs, solliciter votre bien-
veillance : je ne pourrais le faire ainsi sans empiéter
sur les droits d’une juridiction qui m'est étrangère.
Mais l’Institut des Provinces, la Société Française
et le Congrès scientifique lui-même ne sauraient
refuser audience à tout archéologue qui vient éveiller
leur intérêt en faveur d’un monument, — à tout
Français qui vient leur demander d'intervenir en
faveur d’une ville de l’Afrique française.
Et quelle est-elle cette ville? — Rien de moins,
- Messieurs, qu’une ville antique, une capitale décou-
ronnée, démantelée, ensevelie…. : Jol des Carthaginoïs,
où régna Juba, qu'Auguste avait fait remonter sur le
trône paternel, Julia Cæsarea des Romains, Cherchel
aujourd’hui!
Une voix généreuse a parlé pour elle dans une bro-
426 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
chure de quelques pages, récemment publiée. Cette
voix est celle du docteur Wahu, médecin principal
des hôpitaux militaires. I1 habite Cherchel depuis
sept ans, et, pour attirer tout d’abord l'attention et
l'intérêt sur son illustre cliente, il intitule son travail
Une Ville déshéritée.
J’ai cru devoir me charger, — et cela dans un but
déterminé d'avance, — de vous donner, sans mission
de votre part, Messieurs, une idée de ce travail.
La position de Julia Cæsarea est admirable, sa salu-
brité parfaite, et son port est excellent; mais il est
petit, et approprié seulement au cabotage, car il n’a
coûté que deux millions. En renouvelant cette dépense,
on rétablirait l’ancien port romain, où les vapeurs les
plus forts trouveraient un sûr abri. Cela vaudrait
mieux sans doute que d'employer, comme on parle de
le faire, de douze à quatorze millions à creuser le port
de Ténès, que la configuration du littoral condamnera
à demeurer toujours inhospitalier.
Cela dit, que demande le docteur Wahu ? — Deux
choses, et je commence par mentionner celle dont une
assemblée scientifique n’a pas qualité pour solliciter
l'obtention.
Depuis quelques années seulement, le commerce de
la Petite-Kabylie avec le marché de Cherchel a cessé
presque entièrement, et « Cherchel se meurt d’inani-
tion ». Les Arabes de la montagne y portaient an-
nuellement quinze mille quintaux de céréales, cinq
mille quintaux de légumes secs, mille quintaux
d'huile, — et M. Wahu voudrait que l'administration
communale prît des mesures pour rendre à ce mou-
vement commercial son activité première.
MÉMOIRES. 427
L'autre vœu de l’auteur nous replace sur notre
terrain. Il demande qu'on fasse enfin ce qu’on aurait
dû faire en commençant :
4° Poursuivre des fouilles sérieuses, complètes,
prudemment conduites, dans toute l'étendue de ce sol
romain qui recouvre le sol carthaginois, et qui, re-
couvert lui-même d’un déblai moderne, dû peut-être
à un tremblement de terre fort ancien, recèle d’innom-
brables richesses archéologiques;
20 Former sur place un musée où toutes ces richesses
seraient conservées, et qui attirerait un grand nombre
d'étrangers, et non pas faire de ce musée un entrepôt
momentané, un bureau de transit, chaque jour ap-
pauvri, dépouillé au profit des musées d'Alger et de
Paris, comme on l’a fait encore, en 1856, malgré les
ordres précis d’un des gouverneurs-généraux, qui
pensait avec raison que le musée de Cherchel devait
être un des plus puissants éléments de la prospérité
de la ville moderne.
Veuillez écouter un instant, Messieurs, le docteur
Wahu : *
«Lorsque, il y à trois ans, le gouverneur général de l'Algérie
vint visiter Cherchel, qu’il ne connaissait encore que de nom,
il fut émerveillé de l’heureuse situation de cette ville; il parut
prendre beaucoup d'intérêt à sa prospérité , et il accorda quel-
ques centaines de francs pour opérer des fouilles destinées à
enrichir le musée, son avis étant que ce musée devait contri-
buer pour une grande part à l'accroissement d'importance
que devait prendre Cherchel ; et c’est en se plaçant à ce point
de vue qu'il donna des ordres pour que, sous aucun prétexte,
on ne laissât enlever du musée aucun des objets précieux
qu’il contenait. Ce qui n’empêcha pas que guarante-quatre
pièces d’or du Bas-Empire, trouvées dans des fouilles opérées
128 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sur la place de l'Église, du 19 au 28 janvier 1856, n'aient
été envoyées au préfet d'Alger, sur sa demande, par le com-
missaire civil, en février 1856. Ces sols d’or étaient à l'effigie
des empereurs 7héodose IT, Marcianus, Léon Ier, Zénon
l'Isaurien et Babiliscus. I1 n’en est pas resté wx seul à
Cherchel. Ce qui n'empêcha pas non plus que, quelques mois
plus tard (17 décembre 1856), le conservateur du musée
d'Alger ne vint à Cherchel choisir quelques-uns des objets les
plus rares et les mieux conservés, qu’il fit emballer et trans-
porter à Alger. »
Les très-petites sommes accordées à différentes fois
pour les fouilles, qu'ont-elles fait venir au jour en
fait de grands monuments? C’est là une question
toute naturelle que vous m'’adressez mentalement ,
Messieurs; et M. Wahu me donne les moyens d'y
répondre :
Et d’abord, un certain nombre de superbes co-
lonnes en granite, qu’on a portées à Alger en vue de
l'édification de la future cathédrale : une de ces
colonnes se trouvait trop longue pour la balancelle
qui devait la porter... :«0n l'a raccourcie d’un
mètre, en imitation des amateurs d’armoires qui font
scier leurs livres pour leur donner place sur des
tablettes proprement espacées ;
Des thermes ensuite, sur les restes desquels on à
bâti obliquement le pavillon principal des ateliers de la
manutention ;
Puis un magnifique théâtre, dont, par malheur, la
pierre était fort bonne : on l’a démoli pour en bâtir
une caserne, que M. Wahu, la jugeant au point de
vue hygiénique, déclare fort mauvaise ;
Puis encore de magnifiques citernes romaines,
MÉMOIRES. 429
pouvant contenir dix-huit cent mille litres. On les a
coiffées d’un pavillon destiné au logement des officiers.
Heureusement leur plafonnage était si solide qu'il n’a
pas cédé. Les ponts-et-chaussées ont réparé ces
citernes, et elles fonctionnent à souhait. — Il en était
grandement besoin, car je trouve dans le Dictionnaire
géographique universel (T. II, imprimé cinq ans avant
la conquête de l'Algérie) que « Cherchel, dont les
ruines ne sont pas inférieures en magnificence à celles
de Carthage, est réduite à tirer son eau potable du
Hacham ».
M. Wahu ne donne aucun détail sur les menus
objets, lampes, statuettes, lacrymatoires, jouets
d'enfants en terre cuite, pierres gravées, bagues,
etc., trouvés en grand nombre depuis la conquête , et
desquels, au commencement surtout, chacun emporta
ce qu'il voulut. Voici une courte histoire que notre
auteur tient de M. de Lhotellerie, conservateur actuel
du musée, et qui prouve « qu'il est impossible de
donner, à Cherchel, un coup de pioche sans rencontrer
des objets d’art » :
« Un Maltais nommé Paolo a loué, depuis trois mois, sur la .
place de l'Église, environ 3,500 mètres superficiels de terrain
pour y faire un jardin : ayant rencontré quelques grosses
pierres de taille presque à la surface du sol, il a été conduit à
fouiller progressivement environ 420 mètres, à une profondeur
moyenne de deux mètres, et il a trouvé les objets ci-après,
Savoir : {
» En marbre blanc : une statue de femme; une tête; un
socle de statue; un fragment d'inscription; quatre énormes
bases de colonnes ; douze troncons d'énormes colonnes canne
lées , de 80 centimètres environ de diamètre; trois chapiteaux
desdites colonnes; des morceaux de corniche, d’entablement
430 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et des fragments de dallage ; — en granite, deux colonnes de
5mètres de longueur ; — en lave, deux moulins romains. »
Le docteur Wahu termine en demandant encore que
les autorités françaises visitent par elles-mêmes ce point
si important de notre territoire africain. « Si ces
hauts fonctionnaires, dit-il, daignent visiter Cherchel
sans idées préconçues, nous pouvons, dès à présent,
être rassurés sur le sort futur de cette ville. »
Et moi aussi, Messieurs, en terminant ce rapport,
je formule une demande :
Je demande au Congrès l’émission d’un vœu solen-
nel et motivé, qui serait transmis au Gouvernement,
en faveur de la recherche et de la conservation intel-
ligente et sur place des monuments, grands et petits,
que renferment encore les ruines de l’antique Julia
Cæsarea.
ENCORE UN MOT
SUR
L'ENCEINTE ROMAINE DE DAX!
PAR M. CHARLES DES MOULINS.
MESSIEURS .
En me rendant au Congrès, je me suis muni de
quelques notes et indications relatives à l’antiquité et
au moyen âge. Je ne puis faire autrement, ce me
semble, que vous dire au moins un mot sur le temps
présent, et cela suffit à vous faire juger d'avance que
je vais vous parler VANDALISME.
J'ai l'honneur d'offrir au Congrès un exemplaire de
la protestation que j'ai cru devoir opposer à certains
journaux anglais (ou anglo-français) qui attribuaient
aux seuls efforts de l’illustre archéologue Roach-
Smith, en l’absence de toute démarche de la part des
Sociétés françaises (sic), l'obtention d’un ordre de l’Em-
pereur pour empêcher la démolition des murs romains
432 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de Dax. J'ai prouvé que, en cette affaire, la France
avait sur l'Angleterre une antériorité de deux années.
Un homme d'esprit et de sens, qui occupe à Dax
une position élevée, disait, il y a quelques mois :
« Passe encore si, dans la pétition à l'Empereur, on
nous eût appelés Vandales : nous le méritions bien;
mais nous qualifier d’ASSASSINS !..... oh!!! ». Et il
souriait d’un air bonhomme, ce qui laissait bien voir
que ses mains sont innocentes du sang de ces pauvres
murs ! Or il est bon que vous sachiez, Messieurs, que
ce sang coule encore à l'heure qu’il est, et voici
comment il peut en être ainsi malgré le velo impérial.
Ce veto se bornaït à prescrire la conservation de tout ce
qui est romain dans cette enceinte. Dès lors la tactique
des Dacquois a consisté à dire pour chaque pierre :
« Ceci n’est pas romain »; et, en vertu de ce juge-
ment, on l’a fait sauter.
Nil sub sole novum, disait déjà l’Esprit-Saint du
temps de Salomon ; et les Dacquois ne remontent
même pas si haut : l’Aigle et le Hibou de La Fontaine
leur suffisent en fait de précédents :
« Ces enfants ne sont pas, dit l'aigle, à notre ami :
CToquonEs- les. ne ce» »,
Eh! Messieurs, un peu plus de hardiesse vaudrait
mieux. Les Dacquois n'ont qu’à proclamer une bonne
fois carrément que M. Léo Drouyn, M. Roach-
Smith et M. de Caumont n’entendent rien en archéo-
logie, et ne savent pas distinguer des murailles
gallo-romaines de celles du moyen âge !!!
Je n'ai point vu les murs de Dax : ainsi je n’ai pas
MÉMOIRES. 133
d'intérêt d'amour-propre dans la question. Mais les
trois noms que je viens de citer me font, je pense,
une garantie suffisante pour justifier la qualification
d’assassinat que, chargé de rédiger la pétition, j'y ai
infligée à la condamnation prononcée par le corps de
ville. Ce n'est d’ailleurs qu’une variante de ce que
j'en ai dit en mon propre et privé nom dans l’École du
respect.
Voulez-vous maintenant , Messieurs, un petit post-
sériplum assez amusant? Le voici :
Les Anglais ont fait frapper une médaille en l’hon-
neur de M. Roach-Smith pour AvorrR SAUVÉ les murs
de Dax de la destruction qui les menaçait !!!
Eh bien, quoi qu’on en puisse dire, les Anglais ont
eu là une idée utile. La médaille servira aux « Sau-
maises futurs » à démontrer que Dax À EU une enctinte
complèle ; ce que ne suffira pas à prouver probable-
ment le fragment isolé que la ville voudrait laisser
debout en guise de certificat... Encore un point
éclairei dans l’histoire! #
+
IL. 28
STATUETTES GAULOISES EN ARGILE,
PAR M. E. TUDOT;
Correspondant du Ministère de Pinstruction ‘publique.
Parmi les connaissances qui appartiennent à l'ar-
chéologie, l'étude des figurines en argile fabriquées
dansla Gaule est, surtout par sa nouveauté, une de
celles qui offrent le plus vif intérêt. Dépuis plusieurs
années, nous avons fréquemment appelé l'attention
des antiquaires sur les nombreux avantages qu’on
trouverait à publier les différents types des statuettes
renfermées dans des collections particulières, ou
éparsés dans les musées d’antiquités; nous avons dit
que l'examen de ces œuvres de la céramique des
anciens apporterait de nouvelles données sur le culte
religieux de nos pères, et aiderait à découvrir, au
moins au point de vue de l’art, la source primitive
de ces idoles. |
Tout en admettant que l'usage des divinités figurées
et des images votives à dù $e répandre plus rapide-
ment dans nos contrées après la Conquête que pendant
le temps où les diverses péuplades de la Gaule étaient
libres, il faut cependañt reconnaître, par suite de
MÉMOIRES. 435
l'examen des pièces de monnaie rencontrées avec des
statuettes, que, avant la domination romaine, des
céramistes étrangers, partis de quelque grand centre
. où les arts étaient en honneur, sont venus dans la Gaule
propager une industrie qu’ils exercaient avec talent.
Remarquons encore que ces plasticiens n'étaient pas
seulement des artistes de valeur, mais qu'ils pos-
sédaient aussi la science de discerner les meilleurs
gisements d'argile, et savaient, au besoin, combiner
différentes qualités de terres, de manière à obtenir
constamment d'excellents produits. On ne peut donc
pas douter que, dans les femps anciens, les riches
gisements de la Haute-Vienne n'aient été exploités
par des céramistes d’abord nomades, et que les terres
kaoliniques, plastiques et ocreuses, si abondantes
dans cette région, n'aient fixé ces artistes sur plu-
sieurs points des riants coteaux du Limousin : la
présence de ces habiles plasticiens se révèle par des
débris nombreux de figurines et de vases.
Selon toute probabilité, le sol du Limousin a vu
s'élever, dans les temps antiques, des établissements
de céramie, où se sont multipliés les pénates d'argile
et les figures votives si variés qui répondaient aux
sentiments religieux de nos pères. En suivant les
modifications apportées dans la reproduction des plus
anciens types de ces figurines , un esprit observateur
distinguera bientôt la part qui revient, au point de
vue de l’art, aux artistes étrangers, et celle qui ap-
partient aux céramistes de la Gaule centrale : cette
dernière est d'autant plus importante à déterminer
qu’elle renferme les premières œuvres de l'art gaulois.
Les obligeantes communications de plusieurs archéo-
136 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
logues de Limoges nous ayant mis à même de suivre
nos études sur ce sujet, et certaines pièces méritant
d'être décrites, nous ferons usage à la fois de la
plume et du crayon pour en donner une idée précise.
Les fragments de statuettes rencontrés jusqu'ici
dans la Haute-Vienne ne représentent que trois divi-
nités du paganisme; ce sont : Mercure, l'Amour
gaulois et la Mérée. — Voyez les figures 1, 2, 14 et 45.
ces dessins sont réduits à la moitié de la dimension des
pièces originales; il en est de même pour les vases
fig. 3 et 4.
Fig.A.
Le médaillon fig. 2 n'a été trouvé que par frag-
ments : nous l'avons complété sur la gravure.
MÉMOIRES. » 437
Quelques antiquaires voient dans cette jeune tête un
Bacchus; d’autres pensent que c’est l’image de
l'Amour gaulois : nous avons adopté cette dernière
opinion.
Dans le but d'encourager la restitution patiente de
certains vases, lorsqu'on a recueilli tous les morceaux
qui leur appartiennent, nous avons rétabli les deux
pièces ci-contre, fig. 3 et 4, qui étaient en petits
fragments : leur forme assez originale méritait bien
une semblable réparation.
(MÉMOIRES. 439
Les tessons de vases rouges avec des noms de
potiers estampillés sur la pâte sont assez communs
dans le Limousin; au contraire, la pièce dont nous
donnons ici le dessin fig. 5, et dont la provenance
est ignorée, est du nombre de celle qu'on ne rencontre
que rarement : c’est un poinçon en argile, fine, qui a
servi pour marquer la poterie dans l’officine du
céramiste LIBERTVS.
” Fig. 5.
En appelant l'attention sur ce genre d’instrument,
nous croyons devoir faire remarquer que les dessins
en relief des vases rouges ornésétaient fabriqués dans
des moules dont la décoration s'exécutait à l’aide de
poincons semblables au précédent; avec cette diffé-
rence toutefois que, au lieu d’un nom, c'étaient des
sujets très-variés et des ornements qui étaient estam-
pillés. Pour n’en donner qu’un exemple, nous repro-
duisons, fig. 6, le poincon d’un profil de tête.
La ceinture d’oves qui orne très-souvent la-partie
supérieure des vases-se faisait ordinairement au
440 GONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
moyen d’une roulette : V. fig. 7. Parfois aussi un
poinçon n'ayant qu’une seule ove suffisait.
C'était une obligation , dans les provinces romaines,
pour les fabricants de vases en argile, et généralement
pour les artisans de toute profession, de mettre une
marque sur leurs produits; il est probable que la
même loi atteignait les figuristes : cependant les
statuettes en argile qui portent le nom de leur auteur
sont très-rares , et la majeure partie des figurines que
nous connaissons n’ont pas de marques. Tout le con-
traire a dieu lorsqu'il s'agit des moules employés à la
fabrication de ces statuettes : presque toujours une des
deux pièces, formant ce qu'on nomme un moule en
coquille, porte la signature du céramiste qui a fait
ce creux. Le nom est tracé avec une pointe sur l’argile
encore molle , et nous pensons qu’on verra avec intérêt
plusieurs spécimens de ces autographes, qui datent
MÉMOIRES. LU
de quinze à dix-huit siècles : V. fig. 8, 9 et 10. Les
deux premières sont les signatures d'ABVDINOS et de
VILIS; il faut lire sur la troisième : NATTIFORMA.
412 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Revenons maintenant aux statuettes trouvées dans
la Haute-Vienne. Divers morceaux récemment dé-
couverts ont appartenu à quelque buste de femme
gauloise , semblable à celui dont nous donnons ici un
fragment, fig. 11 et 12.
Fig. 12.
On à également rencontré des images de Vénus
Anadyomène : V. fig. 13.
MÉMOIRES. 443
De toutes les divinités adorées dans la Gaule, Vénus
était une des plus: populaires. Cependant, à côté de
cette image symbolique de la femme belle et pure, on
doit placer une déesse représentée par une femme
assise dans une sorte de fauteuil tressé en jonc, et
allaitant deux enfants qu'elle tient sur ses bras.
Quelquefois cette même divinité n’a qu'un seul enfant
à la merelle, de 15.
Fig. 14.
Parmi les figures qui appartiennent à la mythologie
444 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
gauloise, il en est peu quiaient fixé au même degré
l'attention des antiquaires, et sur lesquelles ils se
soient moins entendus.
‘Montfaucon a reproduit, dans son ouvrage de
l’Antiquilé expliquée, une petite figurine semblable à
celle qui a deux enfants; mais il y joint une singu-
lière explication : Pausanias, en parlant d’une statue
assise qu'il avait vue dans une ville de la Grèce, dit
qu’elle tenait sur ses bras deux enfant#endormis : l'un
était blanc, et l’autre noir; une inscription faisait
connaître qu'on avait représenté « le Sommeil et la
Mort dans les bras de la Nuit ». Lorsqu'on mit sous
“les yeux du savant bénédictin une statuette gauloise -
semblable à celle dont nous donnons un dessin, ilcrut
reconnaître la figure symbolique décrite par Pau-
sanias, et il lui prêta la même signification.
Récemment encore, un archéologue d’Autun a
repris le texte de Montfaucon, qui, sur ce point, est
d'accord avec D. Martin, et il s’est efforcé d'établir
qu'il y avait dans l'interprétation de ces deux savants
une idée juste et profonde, devant faire autorité. Au
lieu de chercher dans la figurine gauloise une person-
nification de la Nuit ou l'emblème-des ténèbres primi-
tives du monde, d’autres ont voulu voir dans cette
statuette le symbole de la Terre, de la puissance
mystérieuse qui crée et nourrit sans € , et que l'on
aurait représentée par une femme allaitant deux
enfants, image de la fécondité. D'un autre côté, on
croit que la mythologie des Germains, en se mêlant à
celle des Gaulois , a pu donner naissance à la figure
que nous examinons, figure qu'il faudrait, dans ce
cas, nommer Hertha. Enfin une statuette peu connue
.
fs de
*
' MÉMOIRES. 445
fournit encore un autre emblème de la Terre: c'est une
feñnme à six mamelles. Ces interprétations ne sont pas.
invraisemblables ; car chez les peuples qui se civilisent
les croyances exprimées par l’allégorie apparaissent
toujours les premières.
Sur des médailles de Tripolis, d’ Éiphèse et de Ma
onésie en Tonie , on retrouve cette femme assise avec
ses deux Satan Les numismates y voient Latone
nourrissant Apollon et Diane ; mais ce rapprochement
ne rend guère probable une similitude de sujets pour la
Gaule. D’autres lont voulu que ce soient Léda et ses
fils Castor et Pollux, ce qui est également douteux.
I ne faut pas perdre de vue que sur l’un de nos
types la déesse n’a qu'un seul enfant : V. fig. 45: ce
Pig. 15. | son de
, \ :
446 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qui a fait croire que cette divinité était l’image de
Junon allaïitant Hercule, idée difficile à admettre,
Car, dans la mythologie, l'attribution spéciale de pro-
téger les enfants à la mamelle n’appartenait pas à
Junon, mais bien à Rumina. Sous le nom de Junon-
Lucine, l'épouse de Jupiter ne présidait qu'aux
accouchements, et il ne paraît pas qu’elle ait jamais été
invoquée comme protectrice des enfants ou des nour-
rices. Plusieurs antiquaires, notamment Grivaud de
La Vincelle, ont cru reconnaître dans ce type de figu-
rine à un enfant Isis tenant son fils Horus sur ses
genoux.
Le nom d’Isis a paru ensuite convenir pour la figu-
rine aux deux enfants: on voyait alors Harpocrate et
Horus sur les genoux de leur mère. I1 faudrait donc
reconnaître dans ces différents types de statuettes
l'Isis des Gaules.
Cependant on ne peut se dissimuler le peu de vrai-
semblance de toutes ces conjectures : la dernière
hypothèse ne paraît pas mieux fondée que les autres.
Nous avons toujours vu dans cette figure et ses va-
riantes une image symbolique de la maternité appar-
tenant en propre à la Gaule (1).
Qu'on nous permette donc d'essayer à notre toùr
une explication sur le culte dont cette idole a été
(1) Plus d’une année s'étant écoulée depuis les réunions du
Congrès pendant lesquelles ce mémoire a été lu, nous avons
cru, au moment de l'impression, devoir ajouter au texte qui
précède les conclusions qui se trouvent dans l'ouvrage publié
à Paris chez C. Rollin, 12, rue Vivienne, sous le titre de :
Collection de figurines en argile, œuvres premières de l'art
gaulois , avec les noms des céramistes qui les ont exécutées.
MÉMOIRES. 447
l’objet, et de restituer à cette figure son véritable
nom. Sans chercher par quelle pente naturelle les
Gaulois sont arrivés à la superstition , voyons, en nous
attachant à quelques-unes de leurs pratiques reli-
gieuses, s’il n’y avait pas une déesse personnifiant
la maternité, et dont jusqu'ici nous n'avons fait
qu’entrevoir l'existence?
Les traditions de la Grèce avaient de bonne heure
pénétré dans la Gaule, et l’on sait que les mytho-
logies primitives n'étaient qu'une traduction poétique
des phénomènes de la nature. Ainsi, lorsque de la
rencontre des nuages avec les hautes montagnes
_naissaient des orages et des torrents rapides, les poètes
voyaient dans ces torrents des centaures, qui de-
vinrentainsi « les fiers enfants des nuages ». Quand les
montagnes volcaniques éclairèrent leurs sommets de
feux étincelants , on crut voir des cyclopes « enfants du
Ciel et de la Terre », monstres n'ayant qu’un œil placé
au milieu du front. Thésée, après avoir desséché des
marais, et cultivé les lieux bas, obtint d’abondantes | R
récoltes ; alors les poètes en firent un demi-dieu
qui, descendant aux enfers , tenta d'enlever Proser-
pine. Toute la mythologie grecque n'est qu'une suite de
fictions de ce genre. Notons ici, au sujet de l’entre-
prise de Thésée, que Proserpine apparaît là comme
symbole de la germination des grains. Il est probable
qu’elle a été considérée sous le même point de vue
dans la Gaule. Ajoutons qu’un certain nombre des
statuettes en argile objet de notre étude ont été
trouvées au fond des sépultures gauloises, et que ces
images placées dans ‘la tombe y étaient, sans nul
doute, déposées comme diwinités funèbres. Les
48 CONGRÈS SCIENTIFIQUE: DE FRANCE.
Gaulois, on le sait, avaient admis des dieux cosmo-
sœones ; et, suivant les saisons, ils les considéraient
comme divinités célestes ou comme dieux inférieurs.
Un même dieu pouvait régner alternativement dans
le ciel ou dans les enfers : ainsi le soleil était invoqué
sous un certain nôm durant les fêtes de l'été, et sous
un autre pendant celles de l'hiver. Il en était de
même pôur "Proserpine : idéhtifiée à la semence,
c'était une déesse infernale pendant le temps qu’elle
restait cachée dans le sein de la terre ; avec le prin-
temps elle redevenait divinité céleste, et portait des
consolations à sa mère. Ces idées n'étaient pas sans.
influence sur le choix des dieux secourables, dont
l’image déposée dans la tombe avait pour but d'ap-
peler la protection sur des êtres chéris.
Avant de déduire les conséquences des observations
qui précèdent, et d’en faire l'application à la figure
que nous examinons, il faut aussi remarquer que le
culte de Pluton était très-répandu dans la Gaule, et
que le sceptre de son empire était partagé : Proserpine
.y recevait également une part des honneurs déférés à
celui qui régnait dans la région ténébreuse de la
Mort. Enfin les Gaulois se disaient issus de Proser-
pine, et ils avaient élevé des temples en l’honneur de
leur mère.
Une divinité qui régnait alternativement dans les
cieux et dans les enfers, une puissante déesse dont on
avait fait la mère de la race gallique, a dû être
figurée d’une manière saisissable pour tous. Comment
représenter la mère d’une nation, et en donner une
idée précise, au sein d’une civilisation naissante? A
notre avis, la figure que nous avons sous les yeux
n
MÉMOIRES. 449
est, avec ses variantes, qu'il faut considérer comme
autant d'images topiques, la seule qui puisse réaliser
la pensée symbolique personnifiant la mère des
Gaulois.
Ainsi, lors même que nos céramistes se seraient
inspirés sur des médailles grecques ou romaines
représentant Latone ou Junon-Lucine, il reste évi-
dent pour nous que la même image reproduite dans
la Gaule avait pour objet de représenter Proserpine.
Ajoutons encore que plus on médite sur le mythe qui
donne cette déesse pour mère à la race gallique, et
mieux on s'explique la suprématie donnée dans la
mythologie gauloise à Pluton et à Proserpine. Effec-
tivement, d’un côté, Pluton régnant aux enfers, et,
de l’autre, Proserpine dispensant les moissons, ces
deux pouvoirs unis tenaient, pour ainsi dire, dans
_ leurs mains la vie des hommes sur la terre et leur
destinée dans un autre monde. Deux divinités si
puissantes étant resardées comme ayant donné nais-
sance à une race d'hommes privilégiée, que fallait-il
de plus pour impressionner vivement les Gaulois, et
flatter la nation? On conçoit donc aisément que les
Gaulois aient transmis à leurs descendants la tradition
d'un mythe dont la croyance datait de leurs plus
lointains souvenirs, et qu'on: retrouve dans toute la
Gaule l’image de la mère de la nation. Elle ne pouvait
être mieux représentée que par une femme qui allaite
deux enfants, et sa place était aussi bien au fond
d’un tombeau que dans un laraire, à côté des autres
divinités.
Plusieurs autres fragments de statuettes en argile
motiveraient également bien des observations; Car
Il. 29
450 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
chaque type différent présente, pour ainsi dire, un
problème à résoudre. Nous pensons cependant qu'il
aura suffi d’être entré dans la dissertation qui précède
pour montrer l'intérêt qui s'attache à l'étude des
figurines gauloises, et provoquer en même temps
leur recherche dans le département dé la Haute-
Vienne.
MÉMOIRES DE LA. V: SECTION. .
MÉMOIRE
SUR
LES ÉTUDES PSYCHOLOGIQUES ,
PAR M. À. DE MARGERIE,
Professeur de philosophie à la Faculté” des lettres de: Nancy.
- [l
»
* MESSIEURS ,
Lesétudes philosophiques ne sont pas en faveur parmi
nous. C’est un peu la faute de notre temps, qui paraît
avoir perdu le goût désintéressé des choses de l’esprit,
et c'est aussi la faute des philosophes, qui ont trop
souvent présenté la science qu'ils cultivent sous un
aspect inquiétant pour tout esprit sage et toute âme
religieuse. Les hommes qui se disent positifs ne veulent
plus de métaphysique, parce qu’elle ne conduit pas
au bien-être et à la richesse; beaucoup de chrétiens
452 CONGRÈS SCIENTIRIQUE DE FRANCE.
la repoussent, parce qu'elle leur semble aboutir au
scepticisme; et, sous l'influence de ces préoccupations
fort diverses, nous voyons la jeunesse de nos écoles
tendre de plus en plus à se dispenser de ce qui jadis
était considéré comme le complément nécessaire de
toute éducation libérale. En même temps, il devient
de bon ton, même parmi les esprits cultivés, même
parmi les penseurs, de traiter assez cavalièrement les
modestes et patientes études qui, sous le nom de
psychologie, se rencontrent au vestibule de la
science philosophique. L'objet spécial de ce Mémoire
est de réduire à sa juste valeur un préjugé qui rend
l’âme humaine étrangère à elle-même, de faire
ressortir l'importance des recherches psychologiques ,
de signaler les obstacles qui s'opposent à leur succès,
et de montrer à quelles conditions on y peut réussir.
PREMIÈRE PARTIE.
Il ya, dit-on, une psychologie qui, en décrivant
les faits intérieurs, en analysant les idées, en
comptant les facultés, ne se propose aucun but plus
élevé, aucun résultat plus fécond que la joie de
compter, d'analyser, de décrire, et qui pense avoir
atteint les sommets de la science lorsqu'elle a
distingué, classé, étiqueté, en aussi grand nombre
que possible, les sensations, les associations d'idées,
les abstractions, les souvenirs. Je ne voudrais pas
troubler ces laborieux ouvriers dans le recueille-
ment de leurs recherches et dans les innocentes
jouissances de leurs découvertes; mais je soup-
Pere MÉMOIRES. 453
conne que, c’est un peu leur faute si ‘la psychologie
a dans le monde un renom de science purement
spéculative, abstraite, étrangère à la vie réelle, faite
pour charmer les esprits curieux, en leur montrant
l’âme humaine comme un ingénieux mécanisme dont
les pièces se montent et se démontent à volonté, nul-
Jement pour apporter quelque lumière aux Roines
incertains d’eux- -mêmes et de leur destinée. Sans
doute , il ne faut pas mépriser la science Curieuse ; Car
la vérité, même sans application apparente, est
toujours Mori à connaître. Si, en Écosse ou ailleurs ;
de patients psychologues set leurs veilles à
l'analyse des infiniment petits du monde moral,
leurs travaux ne sont pas plus à dédaigner que ceux
des physiologistes qui étudient au microscope l’org'a-
nisation des êtres vivants Contenus dans une goutte
d’eau ; et, si leurs recherches aboutissent à retrouver
dans ces bits de petitesse le même ordre , la même
proportion, la même sagesse qui éclate dans les
grandes lois de la nature, leur science, qui se tourne
à défendre et à bénir la Providence, échappe à l’ana-
thème dont Bossuet a frappé ce qu'il appelle la science
stérile. Maïs dans ces résultats, tout estimables qu'ils
sont, je ne puis voir la psychologie tout entière; et
je doute qu'elle eût réussi, sans quelque attrait plus
puissant, à intéresser tous les grands esprits qui,
depuis Socrate jusqu’à nos jours, se sont occupés de
philosophie. Pour tenir légitimement le haut rang où
l’ont placée tant d'illustres sectateurs, pour exercer
sur l’esprit public üne sérieuse influence, il faut
qu’elle ait autre chose à lui offrir que d’ nee
classifications et de subtiles théories , condamnées , par
454 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
leur caractère ‘abstrait, à rester enferméesdans l’en-
ceinte des écoles. Si elle. demeure indifférente aux
intérêts moraux de la société, si elle ne jette aucune
lumière sur les grandes questions qui divisent les
hommes, elle n’est plus qu'une science spéciale; et,
quand les esprits pratiques la dédaigneraient comme
inutile, quand les philosophes eux-mêmes la délais-
seraient pour de plus importants, sujets, il ne semble-
rait pas qu'elle eût aucun droit de s’en plaindre.
J’ose affirmer, Messieurs, que la vraie, la grande
psychologie ne mérite ni ces dédains ni cette indiffé—
rence; et toute mon ambition serait aujourd’hui de
réconcilier avec elle quelques-uns de ceux qui la
jugent d’une manière trop rigoureuse, en leur
montrant que, loin de se perdre en analyses arbi-
traires et en spéculations Ÿaines, elle est, au contraire,
la moins abstraite des sciences, la plus vivante, la
plus pratique, la plus intimement mêlée aux grands
débats qui s'agitent parmi nous; que ni l’homme
d'État, ni le moraliste, ni même l'artiste et le poète,
ne peuvent se dispenser d’avoir une doctrine psycho-
logique, c’est-à-dire un ensemble d'idées arrêtées sur
la nature et la destinée de l’âme; que, si cette doc-
trine est fausse, elle se traduit tôt ou tard par des faits
désastreux qui n’en sont que les détestables mais
rigoureuses conséquences, et qu’ainsi l'importance
des services que la vraie psychologie est appelée à
rendre se mesure à l'étendue des ravages que produit
inévitablement la psychologie des sophistes.
HOW ARTE (UT TMÉMOTRES: 455 .
t
Dé toutes les questions qui peuvent tenir notre
esprit en suspens , la’ plus importante pour nous,
sinon ‘la plus haute, é’est sans doute la'question de la
destinée humaine. areque vit Sans s'inquiéter du
* but dé sà vie efface, par une abdication volontaire,
le trait éssentiel qui le’ distingue des races aveugles
soumises ‘à son ‘empire; et, comme l’à dit Horace, en
un latin que je ne veux pas traduire :
« Vivit tanisimrundus , vel amica luto sus ».
Quiconquese préoccupe de ce problème, et le résout
par uneerreur, est semblable-au voyageur qui s'égare
danses ténèbres et que.des feux trompeurs attirent
vers un abîmelLes-uns-et les autres perdent le prix
deda vie;ccar il n'est donné qu'à ceux qui le con-
naissent , et l'aiméent et font effort pour le saisir. De
là des existences tristement manquées, et d'immenses
activités ‘stérilement dépensées à faire; suivant un
mot célèbre, &de grands pas hors de ‘a route ».
Done: Messieurs , puisque la créature raisonnable ne
ressemble «ni au Hrait-qui:suit-avec une aveugle
fidélité l'impulsion reçue du dehors ; nià Panimal qui
obéit à d'irrésistibles instincts, sans savoir où ils le
conduisent, puisque :c'est un privilége de ne pouvoir
parvenir à-sa fin qu'à condition de la connaître, il
faut savoir où nous allons. Qui nous le dira * Qui com-
mencera de répandre sur le mystère de notre destinée
des clartés que les enseignements de la foi rendront
456 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
plus complètes et plus vives? Le spectacle des évène-
ments extérieurs et de la conduite de nos semblables
n’y suffit pas; loin de là, si aucun principe supérieur
ne vient en expliquer les étranges contradictions, il
n’aboutira qu'à nous plonger en des incertitudes-plus
profondes et plus amères. Nous voyons, il est vrai,
tous les hommes s'accorder à poursuivre le bonheur ;
mais qui regardera comme ils s'y prennent pour
l’atteindre connaîtra bien vite que ce mot de bonheur
n'est qu'un terme équivoque, sous lequel se cachent
les idées les plus opposées. A les voir suivre des routes
si diverses, vivre tantôt pour le plaisir des sens,
tantôt pour le devoir, tantôt pour l’orgueil, les uns
en vue du présent, et les autres en vue de l'avenir,
quelle lumière pour vos doutes, quel apaisement
pour vos angoisses espérez-vous tirer de cette mêlée
ardente et confuse ? Mais, si, croyant à la Providence
et à l’ordre universel des choses, sachant d'avance
que c’est à la nature des êtres qu'il faut demander le
secret de leur destinée, vous vous repliez sur vous-
même pour vous regarder vivre, pour apprendre qui
vous êtes, pour étudier la pente naturelle de vos
aspirations légitimes, pour distinguer d'avec les
jouissances violentes et sujettes au repentir celles qui
donnent la nourriture à votre intelligence et la paix
à votre cœur, C'est-à-dire si vous êtes vraiment
psychologue, vous commencerez à voir clair dans ces
obscurités où tant d'autres se sont perdus. Et, si
vous trouvez en vous des tendances qui ne s'accordent,
pas entre elles, de douloureux combats entre la chair
et l'esprit, des instincts pervers sans cesse appliqués
à fausser la direction vraie de votre activité; si
MÉMOIRES. 457
vous apercevez une disproportion formidable entre la
vérité dont votre esprit a besoin et la force dont il
dispose naturellement pour la conquérir, entre le
degré de vertu auquel vous vous sentez appelé et ce
que vous pouvez faire par vous-même pour y at-
teindre, vous accepterez courageusement ces révéla-
tions de votre conscience, fallût-il en conclure que.
tout n’est pas à sa place dans la nature humaine, et
qu'elle a besoin, pour devenir ce qu'elle doit être,
d’une main divine qui la soutienne, et d’une lumière
supérieure, qui la conduise.
Arrivés à ce point, une autre question se pose,
plus pressante encore et plus rapprochée de nous, la
question du devoir. Car nous n’aurions de notre
destinée qu’une connaissance stérile si nous ne
savions comment l’accomplir, et comment il convient
d'employer nos facultés pour qu'elles nous en rap-
prochent. Il est bien clair, Messieurs, que ce n’est pas
le code civil, ni le code pénal qui noûs ipstruira du
devoir, que les lecons des moralistes sont sans auto-
rité* si elles ne répondent pas à ce que le maître
intérieur enseigne au fond de la conscience, et que
l'Évangile lui-même, «en nous appelant à une per-
fection plus haute, s'appuie sur les notions naturelles
de justice que nous possédons tous, bien que nous ne
sachions pas tous reconnaître avec une égale pré-
cision ce qu’elles nous prescrivent. Or à quoi tient
cette différence dans l'intuition du devoir? Est-ce à
l'inégalité naturelle des esprits? On serait tenté de le
« croire. Et pourtant vous rencontrerez à chaque pas
des intelligences très-pénétrantes qui hésitent ou se
méprennent sur Ce qu'ordonne la conscience, tandis
4158 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
que d’autres, fortinférieures, le distinguent avec une
sagacité presque infaillible. D'où vient-elle donc?
Uniquement de ce que les unes, vivant, pour ainsi
dire, au dehors, cherchant la règle de leurs actes dans
les mobiles intérêts de la vie présente, étourdis par le
bruit des choses qui passent, ne savent plus entendre
la voix calme et grave qui ne parle qu’au dedans; —
tandis que les autres rentrent sans cesse en elles-
mêmes, et conservent, au milieu des préoccupations les
plus violentes, l'attitude recueillie d’un disciple quine
veut rien perdre des lecons du maître, et qui, si la
pensée de celui-ci reste encore obscure, le consulte de
nouveau, et l’interroge avec une respectueuse obsti-
nation jusqu’à l’entier éclaircissement de ses doutes.
La vérité, Messieurs, ne se refuse jamais à-cette per-
sévérance sincère : elle n'échappe qu'à ceux qui la
poursuivent loin de leur conscience, et loin de ce
royaume de Dieu que l'Évangile nous apprend à
chercher au dédans de nous-mêmes.
Enfin, quand la destinée est connue, quand la route
est tracée , il reste une troisième question qui est par
excellence la question pratique de la vie morale : il
reste à comparer notre conduite à nos devoirs, à
constater les pas que nous avons faits en avant ou en
arrière, à voir où nous en sommes de ce progrès
continu qui est la loi des êtres perfectibles. Je
crains de prouver des choses trop claires en m’ar-
rêtant à établir que la connaissance de l’âme par
l'âme est le principal et presque l’unique moyen de
résoudre cette question de fait, qui, sans cesse posée
devant la conscience, ne recoit qu’au dernier jour de
notre vie mortelle sa solution définitive ; ot je n’ai pas
MÉMOIRES. 459
besoin d'appeler par son nom l’utile. exercice qui
consiste à s'enfermer chaque soir avec soi-même pour
arrêter avec une probité sévère les comptes de la
journée qui s'achève. Tous ceux qui prennent la vie
au sérieux le connaissent et le mettent en usage.
Sénèque, qui (à en juger par les résultats) le pra-
tiquait assez mal, le recommande à merveille, et vous
savez que le christianisme en fait un des points fon-
damentaux de sa discipline morale. Ce n’est pas ici le
lieu de vous montrer tout ce qu'une pareille habitude
peut donner d’élévation, et de délicatesse aux esprits
les plus grossiers, en les obligéant à se rendre pério-
diquement compte de leur vie intérieure, à analyser
les motifs de leurs actes, à saisir les nuances fugitives
qui peuvent en modifier la valeur, à tenir sans cesse
le regard de l’âme tourné vers l’idée du bien, comme
un peintre vers le type idéal qu’il voudrait faire
descendre sur la toile. Mais ce qu'il importe de si-
gnaler, c'est que, placés ici au cœur de la vie réelle,
nous sommes en même temps au cœur de la psycho-
logie ; c’est que le philosophe qui cherche à construire
la science de l’âme en déterminant les grandes lois de
sa vie, et l’humble chrétien qui sexamine lui-même
säns songer à la science, suivent exactement la même
méthode,- rencontrent précisément les mêmes obs-
tacles. La psychologie — si le mot grec vous effraie,
je dirai en français l'étude de l’âme — n'est donc,
malgré ses justes prétentions au rang de science
positive, et malgré des difficultés considérables sur
lesquelles je reviendrai plus tard, ni si abstraite ni
si inaccessible qu'on l’imagine quand on ne la connaît
pas : Car les sujets qu’elle traite song ceux qui nous
460 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
touchent de .plus près, les procédés qu'elle recom-
mande sont ceux que nous employons tous les jours
dans là pratique de la vie morale et du devoir.
Peut-être, Messieurs, me trouverez-vous trop
ambitieux pour la science que j'enseigne si j'ajoute
qu’elle est particulièrement digne d’être cultivée par
deux classes d'hommes très-diverses : d’un côté, les
législateurs et les hommes d'État; de l’autre, les
artistes et les poètes. J’essaierai cependant de com-
pléter ce plaidoyer en vous montrant rapidement que
ce sont là deux prétentions légitimes.
Premièrement donc, si les hommes ne nous appa-
raissent nulle part à l’état d'isolement absolu, si la
société est un fait universel, primitif, contemporain
de l'humanité elle-même, c’est sans doute que, dans
le plan de Ja Providence, la vie sociale nous offre,
pour parvenir à notre fin, d’indispensables ressources.
Mais si, les hommes étant rapprochés, aucun lien ne
tient unies leurs volontés naturellement indépen-
dantes les unes des autres, si aucune force ne leur
imprime une direction uniforme vers le but commun,
ce n’est plus la société : c’est la guerre de tous contre
chacun, et de chacun contre tous; et les hommes
trouveront plus à perdre qu'à gagner dans un éfat
qui ne les rapproche que pour les mettre aux prises.
De là résulte la nécessité de la loi. Et la loi elle-même,
puissance toute morale et toute métaphysique, ne
conservera Son empire qu'à condition d'être servie
par une autre force, à la fois matérielle et intelli-
gente, qui garantira sa souveraineté, et conduira les
hommes dans la route qu’elle leur ouvre. De là résulte
la nécessité du, pouvoir politique. Mais, si le légis-
MÉMOIRES. - 464
lateur et l’homme d'État commencent et poursuivent .
leur œuvre sans principe et sans but; s’ils hésitent sur
la: direction dans laquelle ils doivent conduire les
âmes qui sont en leur charge; s’ils ne connaissent pas
la fin que les institutions sociales doivent s’efforcer
d'atteindre, que gagneront les hommes à confier leurs
destinées à ces pilotes sans boussole? Tout au plus
une‘sorte de calme stérile, bien différent de la paix .
véritable, parce que, si la tranquillité s’y trouve,
l’ordre y-fait défaut. Donc, s'il est vrai que la
société, faite pour les hommes, n’a d'autre raison
d’être que d'aider chacun de ses membres à parvenir
à sa fin, l’homme qui fait la loi et l’homme qui re-
présente le pouvoir doivent posséder une doctrine
positive sur la destinée humaine, et l'appliquer de
telle sorte que tout dans la vie sociale, lois, peines,
récompenses, gouvernement, Concoure à rendre plus
facile l’accomplissement. de cette destinée, qui est le
grand intérêt de l'humanité. Dônc enfin tous deux
doivent connaître les hommes, nom pas comme les
politiques de l’école de Machiavel , pour les mener par
leurs faiblesses et leurs vices, et les dominer en les
corrompant, mais, au contraire, pour lutter contre
ces vices, pour fortifier ces faiblesses, pour favoriser
le libre et plein développement de toutes les activités
régulières.
Secondement nul poète, s’il a quelque souci de
la dignité de sa muse, et s’il répugne au vilkmétier
de chanter et d’insulter tour à tour les idoles de
la foule à mesure que celle-ci les encense ou les
brise; nul artiste, s'il voit dans sa noble profession
autre chose qu’une industrie qui peut l’enrichir
162 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
pourvu qu’il la mette au service des goûts abjects ou
élevés du public, ne peut se dispenser d’avoir une
conviction arrêtée sur la mission de l’art en général,
sur l'esprit qui doit inspirer toutes ses œuvres, sur les
conditions de la beauté véritable. Mais, s’il ignore la
place qu'occupe dans l’ensemble des facultés de l'âme
l'imagination, source des arts, comment déterminera-
t-il celle à laquelle les arts eux-mêmes ont droït dans
la vie humaine? S'il n’a jamais réfléchi sur l'idée du
beau, comment en poursuivra-t-il la réalisation sur
la toile ou dans le marbre? Or réfléchir sur l’idée du
beau, qu'est-ce, sinon nous recueillir en présence
des belles choses, analyser les mouvements que leur
aspect fait naître en nos âmes, en un mot étudier en
lui-même et dans ses éléments constitutifs, comme
aussi dans ses manifestations extérieures, le phénomène
psychologique de l'admiration ?Je ne prétends pas sans
doute que tous les grands artistes aient fait de cette
psychologie de l’art l'objet d’une étude spéciale , et se
soient toujours montrés également fermes à en suivre
les enseignements. Trop souvent les peintres ont
prostitué à des sujets corrupteurs un pinceau consacré
par de chastes chefs-d'œuvre; trop souvent aussi les
poètes ont été semblablés à ces oruteurs sans foi qui
vendent successivement à toutes les causes les séduc-
tions de leur éloquence, et les dernières vibrations
d’une hymne religieuse ou d’un chant patriotique
n'étaient pas éteintes sur leur lyre que déjà, sous les
doigts de ces harmonieux menteurs, elle retentissait
des accents de la passion et de la volupté. Mais ce
scepticisme d’une imagination qui, avec une égale
indifférence et un égal succès, se fait tantôt païenne
MÉMOIRES. . 463
et tantôt chrétienne , ce n’est pas le triomphe de l’art :
c’est sa plaie mortelle et’ le signe le plus certain de sa
décadence. Il ne s’en relèvera qu’à condition d’avoir
une doctrine, c'est-à-dire des principes immuables ,
des lois fidèlement-observées, un idéal poursuivi avec
constance ; et il n’aura tout cela qu'à condition d’être
éclairé sur la nature de l'âme, sur sa destinée, sur ce
qu’il peut lui-même pour lattéinse par le beau,
comme la science l’atteint par le vrai, et la vertu par
le bien.
Minas
Vous, venez, , Messieurs, de voir l'étude de l’âme
intervenir, par la force même des choses, dans ce que
la vie humaine a de plus pratique et tont à la fois de
plus élevé. Maintenant, voulez-vous savoir comment
ces questions inévitables, ces questions d’un intérêt si
pressant et si grave sont résolues par une certaine
psychologie, par celle que, avec une sévérité dont je
ne me repens pas, j'ai appelée la psychologie des s0—
phistes ? Une brève déduction va vous l’apprendre.
Tous les âges, de la. philosophie ont vu fleurir ou
renaître un système psychologique qui fait venir des
sens toutes les idées de notre esprit, et ramène à cette
unique, origine -non-seulement ce que nous pouvons
savoir des choses matérielles et contingentes, mais
encore tout ce'que nous affirmons touchant les choses
spirituelles, tout ce que nous-:possédons de vérités
absolues et nécessaires. Idée de l’âme et de Dieu , idée
du devoir et de la vie future, idée du beau, du vrai
et du bien, tout cela , suivant la psychologie sensua—
464 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
liste, a sa source dans la sensation. — Doctrine
d'école! direz-vous; hypothèse abstraite, dont la
vérité ou la fausseté est également étrangère aux
. intérêts de la vie réelle! Qu'importe, en effet, qu’on
retrace bien ou mal la généalogie de nos connais-
sances, pourvu qu'on nous les laisse? Si un sophiste
enseigne l’athéisme, sil nie la distinction du bien et
du mal, la liberté, la responsabilité, il faut, coûte
que coûte, arrêter à l'instant la circulation de ces
dangereux mensonges, qui laisseraient la société sans
base et le désordre moral sans barrière. Mais, si l’on
respecte ces dogmes fondamentaux, il semble assez
indifférent qu’on explique d'une manière ou d’une
autre leur présence dans le monde, et l'autorité avec
laquelle ils s'imposent à toutes les intelligences. Ces
discussions de‘pure métaphysique ne peuvent avoir
aucun retentissement au dehors, et ne méritent point
que les hommes pratiques y daignent intervenir. —
Là-dessus on s'endort paisible. Et cependant, entre
cette psychologie inoffensive et les audacieuses né-
gations dont on aurait horreur, il n’y a pas d'autre
distance qu'entre le principe et sæ conséquence pro-
chaine, entre la racine obscure «et la plante épanouie
au soleil. Laissez ; Messieurs, se développer silencieu-
sement sous terre ce germe presque invisible que vous
pouviez étouffer à sa naissance : dans quelques jours,
sur le sol où vous passiez avec insouciance pendant
qu’on y semait la psychologie sensualiste, vous verrez
avec effroi l’athéisme se dresser devant vous.
Vous entendez bien, Messieurs, que, en articulant
une imputation si grave contre toute une école philo-
sophique, je n’accuse ni tous ses adhérents, ni même
MÉMOIRES. 465
tous ses chefs, d’avoir formellement professé cette
doctrine impie; mais je dis que ses principes y con-
duisent, et que, après des sensualistes honnêtes qui
s’abusaient sur les redoutables conséquences de leur
théorie psychologique viennent tôt ou tard d’inflexi-
bles log'iciens qui les aperçoivent et les acceptent.
En effet, s’il faut chercher dans la sensation la
source unique de toutes nos connaissances, il est bien
clair que nous devons rayer de la liste de nos idées
toutes celles qui, par leur caractère, répugnent à une
telle origine. L'idée d'infini sera sacrifiée la première;
car nous ne percevons par nos sens que des choses
limitées. La vue du fini peut bien être pour nous une
occasion de penser à l'infini, comme la vue ‘de l’im-
parfait et la vue du réel nous sont des occasions de
penser au parfait et à l'idéal. Maïs cette idée, éveillée,
_si l’on veut, par la sensation, ne saurait avoir en elle
son origine et comme sa matière première ; car une
chose ne peut donner que ce qu’elle contient, et c’est
renoncer à toute raison que de prétendre que le fini
contient l'infini. Je vous épargne le récit des efforts
qu’on a parfois tentés pour obtenir, en multipliant le
fini par lui-même, une contrefacon de l’idée d’infini :
on sy est épuisé sans y réussir; et, après ce long
détour , il a fallu revenir à cet aveu, arraché par le
bon sens, que, si toutes nos idées viennent de la
sensation , la notion de l'infini n'est pas dans l'in
telligence humaine.
La sensation n’est pas moins insuffisante à nous
donner l'absolu : tous les faits qu’elle nous montre,
toutes les lois qu’elle nous amène à découvrir, sont
marquées d’un ineffaçable caractère de contingence.
II. , 30
466 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Donc point d'idées nécessaires, point de principes qui
dépassent la sphère des objets corporels que nos sens
ou nos instruments peuvent atteindre. : |
Tout cela retranché, je demande quel moyen il
reste à mon esprit pour s'élever à la notion de Dieu et
à la conviction de son existence. Si je ne puis penser
l'infini, je ne puis penser Dieu ; car Dieu et l'infini
c'est tout un. Si je suis dépouillé de ces principes
supérieurs, à la lumière desquels j'apercevais et Ja
contingence du monde, et son impuissance à exister
sans l'intervention d'une cause placée hors de lui,
d’une cause nécessaire , éternelle , toute-puissante ,
me voilà enfermé dans les créatures, et incapable de
remonter au Créateur. Donc, si l'on me parle de
Dieu , je répondrai, comme Hobbes à Descartes,
qu'aucune idée ne correspond dans mon esprit à ce nom
vénérable. Et, si l’on m'invite à chercher dans un être
nécessaire la cause qui a créé les êtres contingents, je
répondrai que mes sens ne m'ont donné et ne
donnent à personne ni l'idée d’un être nécessaire, ni
l’idée de création , et que , en somme, je ne comprends
pas ce qu’on veut dire.
Je ne sais, Messieurs, si j'ajouterais quelque chose à
la force de cette démonstration en y joignant les
confirmations de l’histoire. Vos souvenirs suppléeront
au silence que le temps m'impose : en repassant les
éclatants exemples qui, depuis Épicure jusqu’au
xvi* siècle, montrent toujours l’athéisme, sinon
au point de départ, du moins au terme de toute
psychologie sensualiste, vous achèverez de vous
convaincre que je ne lui ai point imputé des con-
séquences contre lesquelles elle ait droit de protester.
MÉMOTRES. ù 467
Poursuivons cepéndant jusque dans la vie pratique
le travail d'élimination où cette psychologie nous
engage. L'idée du.devoir disparaît à son tour, par
‘cela seul qu’elle est absolue, nécessaire, inaccessible
aux sens. Elle disparaît encore parce que Dieu, en
se retirant de la conscience, emporte avec lui la loi
morale, qui n’a qu'en lui sa force et sa sanction. Elle
disparaît enfin parce que, dans une doctrine qui
réduit tout à la vie des sens, on ne saurait concevoir
d'autre bien que le plaisir, d’autre mal que la souf-
france , d'autre destinée pour l’homme que d’attein-
dre à tout prix la jouissance physique, d’autre loi
que l’irrésistible entraînement de ses instincts. Liberté,
responsabilité, vertu , ce sont là,comm>? le nom
vénérable de Dieu, des mots qu'aucune signification
n’accompagne.
Vous jugez bien qu'il ne peut être question de la
vie future. Elle est le lieu des peines et des récom-
penses; mais, puisqu'il n’y a pas de Dieu, puisque
toutes les actions sont indifférentes, puisque l’homme
n’est pas libre, tout manque à la fois pour que la
sanction puisse être appliquée : un juge, une loi, un
agent responsable. Elle est encore le terme infini où
tendent nos aspirations, qu'aucun bien créé ne peut
satisfaire : mais ces aspirations sont le rêve d’un
cerveau malade, ægri somnia; et le plus sage est de
s’en désabuser pour revenir aux réalités de la vie, et
pour saisir au passage le plaisir qui s'envole.
La destinée de l’homme s'achevant ici-bas, la
société n’a pour but que de procurer à ses membres la
plus grande somme possible de bien-être : tous y ont
le même droit; et l'égalité de tous devant la jouissance
168 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
devient la formule souveraine du#législateur ami de
l'humanité. De là ces théories riantes et ces org'anisa-
tions merveilleuses qui promettent de supprimer la
souffrance, de doubler la durée moyenne de la vie, et
d’en remplir les instants par une succession de plaisirs
où, comme on sait, les fréquents festins ne sont point
oubliés. Mais cela aussi est un rêve, et chacun s’a-
perçoit bien vite que, dans cette égalité tant désirée,
sa part serait moindre que ses désirs. C’est pourquoi
chacun reprend son droit, le seul qui puisse logique-
ment subsister dans la morale publique du sensua-
lisme, le droit de ne penser qu'à soi, et de se consi-
dérer comme un centre où tout doit aboutir. Vous
savez ce qui en résulte, et ici encore je laisse à vos
souvenirs historiques le soin d'achever par les faits
une démonstration commencée par le raisonnement.
Dans ce naufrage de toutes les saintes choses, l’art
du moins surnagera-t-il ? Ne le croyez pas, Méssieurs :
le beau tient au vrai et au bien par des liens trop
intimes pour survivre long-temps à leur destruction
dans les âmes. De même que la vie, si vous en effacez
le but supérieur qui l'explique et les devoirs qui
doivent la remplir, n’est bonne qu'à procurer au corps
la plus grande somme possible de jouissances, de
même l’art, si vous lui retirez l'idéal, le drame, si vous
lui ôtez ces luttes intérieures qui en font la beauté,
ne sont plus, comme je l'ai dit, que des industries
destinées à rendre à l’homme, sous une autre forme,
les sensations agréables qu'il poursuit dans la vie
réelle. Et là encore nous nè pouvons chercher que le
plaisir physique, prolongé par l'illusion de la scène
ou de la couleur, et rendu plus intense par le
‘#9 Mbps)
MÉMOIRES. 469
pouvoir que l'artiste possède de condenser en un
étroit espace les émotions que la réalité nous offre
plus dispersées et plus rares. Or, si nous examinons à
quelle source les peuples matérialistes vont chercher
le plaisir, nous les verrons faire deux parts de leur
vie : l’une pour la volupté, les orgies, la débauche ;
l’autre pour les sensations violentes} pour la vue du
sang, pour les amusements lâches et féroces où l’on se
fait un jeu de la vie des hommes. La plus délicate
jouissance de ces raffinés du sensualisme, c’est de
passer sans intervalle des scènes de volupté aux scènes
de carnage, ou, s’il est possible, d’unir les unes et les
autres dans un mélange exquis, propre à réveiller
leurs appétits émoussés par la continuité des plaisirs.
Ainsi vécurent les épicuriens de la Rome impériale,
se partageant entre les folles joies de leurs festins et
les joies barbares des combats de gladiateurs. Si telle
est la vie, tenez pour certain que l’art, gagné lui-
même par les doctrines régnantes, se fatiguera
bientôt de chercher ses inspirations ailleurs. Vous
verrez la peinture se rendre populaire par l’audace
d'un réalisme effronté; et, à deux pas des théâtres où
la comédie dévoile aux regards blasés du public les
mœurs hardies d’un monde équivoque, vous verrez le
drame déployer ses fureurs, et mesurer l'étendue de
son succès au nômbre de ses assassinats. — Vous
comprenez, Messieurs, que, à côté de ce triomphe et
de cet épanouissement des passions, il n’y a nulle place
pour un art dont la première loi serait de les contenir,
d’opposer à leur force brutale la, force spirituelle des
idées généreuses et des sentiments désintéressés, et de
faire naître ainsi des luttes morales que le sensua-
470 . CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
lisme rend désormais sans objet. Critiques arriérés que
nous sommes! nous querellions parfois Racine de nous
avoir donné une Phèdre trop déchaînée dans sa
passion, trop audacieuse à étaler devant le fils dé
son époux sa flamme incestueuse, et nous louions le
poète de n'avoir du moins épargné à son crime ni les
déchirantes hésitations qui le précèdent, ni les remords
vengeurs qui le suivent. Corrigeons nos vieux pré-
jugés : Phèdre éperdue, haletante, enivrée comme
une bacchante, voilà un beau spectacle! Mais Phèdre
dévorée de hontè, se prenant elle-même en horreur,
et consacrant son dernier souffle à proclamer tardive—
ment la vertu d’'Hippolyte, qu'avaient ternie ses
calomnies impures, c’est la faiblesse et l'erreur d’un
homme d'esprit qui ne possédait pas assez la théorie
de la passion souveraine. . ,
Voilà donc, pour me résumer en deux mots, où la
psychologie sensualiste vient fatalement aboutir : dans
l’ordre intellectuel, à nier l’idée d’infini et les vérités
éternelles; — dans la vie pratique, à nier l’idée du
bien et la notion du devoir; — dans l’art, à nier
l’idée du beau moral. En d’autres termes, par trois
routes différentes, elle aboutit à l’athéisme.
Messieurs, voilà l'ennemi. Je vous demande si
vous jugez qu'il faille le laisser en paix, et si vous
avez un plus beau poste à assigner" à la philosophie
que cette brèche par où il fait sans cesse effort pour
pénétrer dans les âmes. Ne dites pas que la psycho-
logie sensualiste n’est après tout qu'une hypothèse
spéculative. Si vous m'avez suivi; si, bien mieux
encore, VOUS vous rendez attentifs aux lecons répétées
de l’histoire, vous savez maintenant qu'elle est une
MÉMOIRES. np;
doctrine religieuse, une doctrine morale, une doc-
trine sociale , une doctrine littéraire ; ou plutôtelle est
le renversement de toute religion, de toute morale,
de toute société, de toute littérature. — Ne dites
pa$ qu'elle est définitivement discréditée, et que la
philosophie spiritualiste peut vivre en paix sur les
triomphes qu’elle a remportés depuis un demi-siècle.
Quand la victoire serait aussi complète qu’on s’en
flatte, quand aucun symptôme .n'annoncerait la
résurrection déjà commencée du sensualisme, encore
ne faudrait-il pas perdre tout souci de l’avenir. Le
sensualisme, toujours vaincu, reparaît toujours; car
il a dans l'âme humaine des sources que rien ne peut
tarir, et des complices qu'aucune défaite ne décou-
rage. Certes, si jamais on put le croire abattu ; si
jamais la philosophie, la poésie, l'éloquence,
semblèrent assurer au spiritualisme chrétien la
perpétuelle souveraineté des intelligences, la France
du xvr: siècle a donné ce noble spectacle. Et ce-
pendant, à cinquante ans d'intervalle, l'esprit
français à de nouveau subi le joug honteux des
doctrines matérialistes, et la patrie de Descartes s’est
abaissée jusqu'à suivre les lecons d'Helvétius. — Ne
dites pas enfin que, s’il en est ainsi, mieux vaudrait
renoncer à une lutte sans espoir et sans terme.
C’est la condition de notre vie, c’est l'épreuve de notre
courage et de notre ré nid de rencontrer
perpétuellement quelque ennemi à combattre.
Sachons, Messieurs, accepter cette loi austère; et,
puisque c'est le sort de toute vérité, mais principa-
lement de la vérité morale, d’être toujours contestée
ici-bas, tenons à honneur de la défendre, et d'en
472 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
étendre, chacun pour notre part, les pacifiques
conquêtes. Si la vraie philosophie, la philosophie
chrétienne parvient à troubler dans la tranquille
possession de son erreur quelque esprit séduit jusque
là par la fausse simplicité de la psychologie sensuwa-
liste; si nous sortons de notre commerce avec elle
mieux armés contre les sophismes, plus affermis
dans notre foi à la Providence, plus disposés à nous
recueillir dans ce sanctuaire de l'âme où Dieu parle
par la voix de la conscience, plus résolus à ne
chercher la liberté que dans l’accomplissement du
devoir , et la vérité que dans l'union de notre raison à
la raison divine, elle aura été bonne à quelque chose,
et la moralité d’un tel résultat doit lui donner le
courage de mesurer sans fléchir les difficultés des sa
tâche.
SECONDE PARTIE.
Ces difficultés, Messieurs, sont nombreuses et
graves : il y en a d'intellectuelles, il y en a de
morales; et l'énumération que je vais faire des unes
et des autres pourra sembler décourageante. Je n’hé-
site pas cependant à l’entreprendre; car je me sens,
dès à présent, en mesure d'affirmer qu'aucune d'elles
n’est insurmontable, et que, si l’homme trouve dans
sa propre nature bien des obstacles à la connaissance
de son âme, il a en lui-même et au-dessus de lui plus
de ressources encore.
MÉMOIRES. 413
Je ne parlerai point des difficultés générales qui
rendent toujours laborieux et délicat l'emploi de la
méthode expérimentale, à quelque objet qu’on l’ap-
plique. Avec quelle patience il faut observer, avec
quelle circonspection hasarder les hypothèses, avec
quelle sincérité sévère les vérifier, avec quelle précision
minutieuse conduire les expériences, avec quelle
rapide sagacité en saisir et en noter les résultats, avec
quelle sagesse généraliser, vous le savez; et vous
savez aussi Combien est rare ce juste tempérament de
hardiesse et de prudence. Mais je ne veux m'occuper
que des difficultés spéciales qui résultent ici de 14
nature de l’objet observé, et qui font de la méthode
expérimentale appliquée à l'étude de l’âme comme
une méthode nouvelle.
4° La première et la plus apparente, c’est le devoir
imposé au psychologue de se retirer du monde
extérieur, de s’abstraire des sens, et de renoncer à
tous les secours qu'ils nous offrent ailleurs, faisant
pour cela violence à toutes nos habitudes acquises, je
dirais presque à toutes les exigences de notre consti-
tution intellectuelle. Composés d’un corps et d’une
âme indivisiblement unis, c’est pour nous comme une
loi de chercher, jusque dans le plus haut essor de
notre esprit, quelque chose de sensible à quoi nous
puissions nous prendre; car nous sommes engagés si
avant dans la matière que, pour nous élever au-dessus
d'elle, c’est à elle encore qu'il nous faut demander un
474 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
point d'appui. Ces conditions, les sciences physiques
et naturelles les remplissent # merveille. En pré-
sence de l'objet qu'elles offrent à notre étude,
l’homme tout entier travaille; l'œil voit, la raison
regarde, coordonne et conclut. En géométrie, à
défaut de l’objet (qui est idéal, et, comme tel,
inaccessible aux sens), on a l'image; et cette re-
présentation matérielle, si grossière qu’elle soit, fixe
du moins le sens, et l'empêche de chercher ailleurs
d’autres objets ou d’autres images qui partageraient
l’attention de Pesprit. En psychologie, on n’a ni l’un
ni l’autre. De là l’insistance avec.laquelle les vrais
psychologues recommandent de bannir tout ce qui
pourrait détourner la pensée de la contemplation
d'elle-même, et la reporter sur des choses corporelles.
Fermez vos sens, dit Malebranche; et il ajoute, avec
une sévérité trop peu mesurée peut-être : Faites taire
votre imagination. Nous n’irons pas jusque là, et nous
ne voulons point interdire absolument au psychologue
tout emploi de cette puissante et poétique faculté. De
même que, dans le langage, les métaphores con-
duisent souvent l'esprit, par un chemin brillant et
facile, à la conception des idées les plus métaphysiques ;
de même, en matière philosophique, les comparaisons
que l'imagination emprunte à l’ordre sensible
peuvent, grâce aux nombreuses harmonies du monde
physique et du monde moral, jeter une vive lumière
sur les points correspondants de l’ordre psycholo-
gique. Mais cet emploi même de l'imagination exige
tant de discrétion et de sagesse qu’il devient une difii-
culté de plus : il n’est jamais plus nécessaire de la
tenir en bride que lorsqu'on est autorisé à la mettre
MÉMOIRES. | 475
en usage. C’est un allié turbulent et dangereux qui
tend sans cesse à sortir du poste secondaire que la
raison lui assigne, dès qu'il s’'avance au premier
rang, il devient un ennemi. — Je dirai la même
chose du langage, instrument nécessaire de la pensée,
mais instrument cruellement imparfait. Qui n’a
souvent gémi de l'indigence des mots et de leur
tyrannie, de leur impuissance à rendre les nuances
délicates de la pensée, de la facilité avec laquelle ils
deviennent, entre les mains des sophistes, un moyen
de tout confondre, enfin des trahisons dont, selon le
proverbe italien, ces ttaducteurs infidèles se rendent
à chaque instant coupables? L
2 Une seconde difficulté va naître*d'un second
devoir. Vous savez combien l'analyse est devenue,
entre les mains des chimistes, un prôcédé lumineux
et fécond. Sans doute elle n’est jamais assurée de
parvenir à l’absolument indivisible. Si les soixante ou
soixante-dix corps simples qu’elle isole aujourd'hui
s'en rapprochent davantage que les quatre éléments
des anciens, elle ne prétend nullement avoir poussé
la décomposition jusqu'à ses dernières limites; et la
liste, qu’elle a commencée reste toujours provisoire.
Maïs enfin elle aboutit à des résultats positifs et maté-
riellement saisissables. Elle sépare effectivement des
choses distinctes, et elle confirme la vérité de ses
opérations en reformant, à l’aide des mêmes élé-
ments, l’ensemble qu'elle avait décomposé. — En
psychologie, l’analyse n’est pas moins nécessaire. Si,
dans les composés organiques, les corps simples se
présentent combinés en proportions très-multiples et
très-compliquées , la complexité des actes humains est
476 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
plus grande encore, et la nécessité d’en isoler les
éléments plus impérieuse. Mais combien l’analyse est
ici plus difficile! D'ordinaire, toutes nos facultés
interviennent à la fois en dé au de nos actes; au
fond de cet acte on retrouve mille influences diverses,
fugitives, inSaisissables, variées à l’ infini, conidouränit
à le produire suivant des proportions dont l’évaluation
rigoureusement précise est presque impraticable. Si le
psychologue, effrayé de cette multiplicité inépui-
sable, renonce à l'analyse; s’il désespère de trouver
un mot pour chaque nuance, et d'arriver à saisir,
dans cette complexité, ce quifest vraiment élémen-
taire, il laisse tout dans une confusion qui rend la
science impossible. Si, au contraire, il ‘entreprend de
tout analyser, de tout compter, il se perd dans les
détails; il tueŸla vie de l'âme à force d'y vouloir
isoler ce qui est uni, et séparer ce qui est inséparable:
il se noie dans ere des infiniment petits, et
transforme en une science d’abstractions inanimées la
science même de la vie.
3° Poursuivons ces rapprochements. Dans les
sciences physiques, là où l’observation fait défaut.
l’expérimentation offre ses ressources ; qui n'ont
d’autres limites que la fécondité de notre imagination
pour arranger à l'avance les circonstances dans
lesquelles on produira le phénomène, et la puissance
de nos instruments pour faire naître ces circons-
tances. C’est ainsi (pour n’en citer qu’un exemple)
que , en augmentant les pressions et en abaissant les
températures, on a pu successivement obtenir à l’état
liquide et à l’état solide des corps qui, dans la nature
libre, ne se présentent jamais qu'à l'état de gaz
MÉMOIRES. 477
permanents. Ce procédé, je l'avoue, est praticableen
psychologie, et n’est nulle part d’un emploi aussi
facile. Mais tout ce qui est possible n’est pas légitime,
et l’expérimentation ne peut pas être toujours em-
ployée sans scrupule quand l’âme humaine est le
sujet des expériences. Vous voulez apprécier les
effets physiologiques d’une substance que vous soup-
connez vénéneuse : un animal est là sur la vie
duquel Dieu vous donne comme un droit souverain.
Vous faites en toute sûreté de conscience experi-
mentum in anima vili. Mais, dans l'humanité il n’y a
pas d’anima vilis. Pour savoir ce qui se passe dans
l’âme quand elle est en proie à telle passion violente
et coupable, pour suivre les ravages qu'y exercera
telle influence funeste, vous n'avez le droit de tenter
une expérience ni sur vous-même ni sur les autres.
Vous ne pouvez pas dire comme Rodogune au sujet
de la coupe de Cléopâtre
« Faites faire un essai par quelque domestique »;
et ici c’est la morale qui semble faire obstacle à la
science.
&° Dans les sciences physiques, l'observateur et
l'objet sont deux ; en psycholog'ie, ils sont un. C’est mot
qui observe ; et ce que j'observe, c’est moi encore.
Or voici ce qui en résulte : quand j'étudie les corps,
certains phénomènes m'échappent, parce que,
s’accomplissant hors de moi, ils peuvent aussi s’ac-
complir loin de moi; mais, pour analyser ceux que
j'atteins, je suis ou je puis toujours me placer dans
des conditions favorables d'attention calme et réfléchie.
478 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Au contraire, quand je m’y observe moi-même, à la
vérité je suis toujours averti par la conscience de ce
qui se passe en moi; mais, sans parler de certains phé-
nomènes si rapides et si peu profonds qu’ils ont déjà
disparu sans laisser de traces avant que l'observateur
soit sur ses gardes, il y en a de si violents qu’ils ab-
sorbent l’âme tout entière, et excluent la réflexion ;
ou bien, si celle-ci parvient à prendre le dessus ,
la chose à observer s'évanouit. Tantôt c’est la passion
qui a enchaîné et confisqué l'attention à son profit,
ettantôt c’est l'attention qui a fait évanouir la passion.
Et remarquez qu'il s’agit ici non de quelques faits
isolés et accidentels, mais presque d’une moitié de la
vie humaine, Tous les phénomènes qui appartiennent
franchement à la vie spontanée et instinctive, à la
passion, à l'imagination , à la poésie, rendent im-
praticable ce dédoublement d’une même et indivi-
sible personne en deux moi distincts, l’un calme et
froid comme la science, l’autre aveugle comme Ja
colère , véhément comme l’amour, flottant comme la
rêverie. Et, parce qu’il est bien peu d’actes où cet
élément de la spontanéité n’entre pas pour une part
quelconque, il n’en est guère aussi qui, dans une
mesure correspondante, n'offrent par cet endroit des
difficultés presque insurmontables à qui veut s’en
rendre un compte exact et réfléchi à mesure qu'ils se
produisent.
5° Enfin ‘une cinquième difficulté naît d’une oppo-
sition au moins apparente entre le but de la science
psychologique, qui est de découvrir les lois générales
de la vie de l'âme , et le caractère tout individuel et
tout personnel de la conscience, qui est le grand ins-—
MÉMOIRES. 479
trument de ses recherches. Je ne sais rien (directe-,
ment du moins) touchant l’âme humaine, sinon ce
qui m'en est révélé par ma conscience. Maïs ma cons-
cience ne peut pas me donner la nature humaine tout
entière : elle me la donne seulement telle que je la
trouve en moi-même. Avec de tels matériaux je puis
bien écrire ma biographie, mes mémoires : comment
me suflront-ils à écrire une histoire générale de
l'humanité ? Si l’on répond que je puis sortir de moi-
même pour observer ce qui se passe chez mes sem—
blables, ce remède ne suffit pas. En effet, je ne sais
de l’âme des autres que ce qu’ils veulent bien m'en
découvrir par leurs discours soûvent trompeurs, ou
ce que j'en devine par leurs actes, par leur physio-
nomie, par tous les signes qui trahissent malgré eux
leurs états intérieurs. Mais ces signes, je n’en com-
prends le sens qu’à condition d’avoir expérimenté en
moi-même des phénomènes analogues; sinon, comme
les mots d’une langue étrangère, ils frapperont mes
yeux et mes oreilles, sans instruire mon esprit de ce
qu'ils représentent. De là vient la difficulté qu’é-
. prouvent les âmes généreuses à comprendre certaines
bassesses , et de là vient aussi la stupéfaction naïve
des cœurs égoïstes en présence d'actions qu'un dé-
voûment désintéressé peut seul expliquer. Vous savez,
Messieurs, jusqu'où va leur surprise, et qu'Helvétius,
ne comprenant que les actes inspirés par l'amour de
soi, et ne réussissant point à expliquer par ce mobile
le sacrifice volontaire de Décius, conclut simplement
et härdiment que Décius était fou.
On peut répondre encore que cependant la nature
humaine est toute en tous, et qu’il y a en chacun de
480 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
.nous l’étoffe, sinon d’un scélérat et d'un héros } du
moins d’un méchant et d’un homme de bien; que, par
conséquent, tout observateur sincère peut comprendre
quelque chose à tous les sentiments, à tous les actes,
à toutes les vertus, à tous les vices de ses semblables,
puisque tout cela est en lui aussi, développé ou en
germe. Cela est vrai, Messieurs. Vous savez quel
admirable parti Pascal a su tirer de ce fait étrange
pour établir à la fois la grandeur et la misère de
l'homme, et vous devinez quel puissant témoignage
il y a là en faveur du dogme chrétien de la chute
originelle. Mais la difficulté subsiste. Ce qui est
commun, Ce qui est le même en tous, c'est l’ensemble
des germes :"sur ce fond identique viennent se super-
poser, éomme autant de couches qui cacheront bientôt
le noyau primitif, d’abord les résultats de l'éducation ,
puis ceux des circonstances, puis ceux du travail
personnel de chacun. Tout cela est individuel, tout
cela est mien et non vôtre; et cependant tout cela
pénètre si avant dans mon âme que je ne puis guère
distinguer en moi ce qui vient de la nature humaine
et ce qui vient des influences surajôutées à la nature,
ce qui m'appartient parce que je suis homme ,'et ce
qui m'appartient parce que j'ai subi l’action des
mille causes qui sont venues me modifier du dedans
ou du dehors. Tel côté de la nature humaine prédomine
chez l’un jusqu’à obscurcir tout le reste, et ce même
côté est, au contraire, jeté dans l'ombre, étouffé ,
presque anéanti chez un autre. En sorte que, à
donner une confiance trop absolue et trop exclusive
aux observations que recueille le témoignage de la
conscience, nous courons le risque de ne faire qu’une
77
MÉMOIRES. 481
psychologie toute personnelle. Engagés dans cette
voie, tantôt nous érigerons en loi générale des
accidents individuels, tantôt nous ne reproduirons pas
dans la science des traits importants de la nature
humaine, parce que dans le sujet que nous aurons
observé, c’est-à-dire en nous-mêmes, ces traits étaient
effacés. ï
Or voulez-vous savoir où cela mène en morale,
en logique, en religion, et ailleurs? A créer des
systèmes , au mauvais sens du mot, c’est-à-dire des
théories qui, fondées sur une connaissance incomplète
de ce qu'est la nature humaine, s’écroulent dès qu'on
la restitue dans son intégrité. Supposez, par exemple,
un homme d’un caractère fortement trempé, tel que
nous aimions à nous représenter les vieux Romains,
trop pénétré du sentiment de sa dignité pour céder
aux faiblesses de la chair, et pour paraître sensible
aux Coups de la fortune, trop fier pour avoir de la
vanité, trop orgueilleux pour chercher ailleurs qu’en
lui-même le principe et la récompense de sa vertu :
chargez un tel homme de faire un système de morale,
et vous aurez le stoïcisme, c’est-à-dire une doctrine
impitoyable, une doctrine qui ne comprend ni les
faiblesses ni les besoins de l'humanité ; une doctrine
sans amour et sans espérance; une doctrine fragile,
parce qu'elle repose sur le fondement ruineux de
l’orgueil. À côté de lui, placez une âme sans élan et
sans vigueur, habituée, par une éducation molle, à
ne penser qu'à soi, à juger la vie insupportable si
elle n’est pas enveloppée de jouissances comme d’un
duvet moelleux où viennent s'amortir toutes les
douleurs, à ne plus concevoir enfin qu’on puisse agir
11. 31
482 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dans une autre vue que de se mettre à l'abri de la
souffrance. Qu'un tel homme, pour le malheur du
genre humain, soit tenté d'être un moraliste, il
s'appellera Épicure. — Un esprit douloureusement
préoccupé de sa destinée, long-temps promené de
système en système à Ja recherche du vrai, aigri et
découragé par le spectacle des luttes et des contra
dictions qu'offrent les écoles de philosophie, sentant à
chaque pas sa raison chanceler sur un sol mal af-
fermi, tombera dans le scepticisme , et sa doctrine
psychologique aura pour résumé l'impuissance de la
pensée humaine à connaître la vérité. Au contraire, un
esprit plus dogmatique, plus aisément satisfait de lui-
même, porté à se reposer en ses propres opinions
comme en autant de conquêtes définitives et de vérités
absolues, à ne point écouter le témoignage que la
raison rend de sa faiblesse toutes les fois qu'on la
consulte sans orgueil , aboutira au rationalisme , et
proclamera comme une vérité psychologique l’indé-
pendance absolue de lu raison humaine.
- Je pourrais, Messieurs, multiplier les exemples, Je
pourrais vous signaler bien d’autres causes d'erreurs
si je ne craignais de vous fatiguer en continuant une
énumération qui n'est pas encore complète. Et
pourtant, si je n’accumule pas à plaisir les motifs de
découragement, si je me contente de signaler sincè-
rement ce qui est, cela ne vaut-il pas mieux que de
nous engager témérairement en des routes inconnues,
au risque de nous briser contre des obstacles que
nous aurions pu, avec plus de prévoyance , on éviter
ou surmonter ?
MÉMOIRES. 483
HE
Disons donc aussi quelques mots des obstacles
moraux.
Ici encore je ne parle point de ceux qui se ren-
contrent partout à peu près au même degré : des
préjugés auxquels nous tenons encore par obsti-
nation ou ennui de Changer d'avis après que nous
avons cessé d'y tenir par ignorance ; de l'esprit de
Système et de l'esprit de Contradiction; de Ja préci-
pitation qui jette en des Opinions formées à la légère
des esprits trop paresseux pour approfondir les
choses, et trop curieux, trop avides de solutions
Pour suspendre du moins leur jugement. Je parle
des résistances plus vives encore que la vérité mo-
rale, et particulièrement la vérité psychologique,
trouve dans notre Cœur , et je ramène ces résistances
à deux causes : l'orgueil et la faiblesse.
y ‘4, Messieurs, deux orgueils : l’orgueil
personnel, et celui que, faute d’un nom plus exact,
j'appellerai l'orgueil de race. +
Je n’ai rien à dire du premier : chacun de nous
connaît ce Cher ennemi , €t Sait combien il est malaisé
d’être, non pas indulgent pour les autres, non pas
sévère pour soi-même, mais Simplement juste pour
tous , et de tenir devant soi d'une main courageuse le
miroir fidèle que présente la conscience. Mais il
ÿ à aussi un orgueil collectif, qui nous rend fiers,
non plus de ce que nous sommes par nous-mêmes,
mais de ce que nous valons par la cité, par la
nation, par le Corps auquel nous appartenons. Lég'i-
184 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
time et fécond en actions généreuses quand il en-
gage tout un peuple à se croire obligé par sa
nationalité comme par une noblesse, et à travailler,
chacun pour sa part, à conserver purs de toute tache
le nom et le drapeau de la patrie, ce sentiment
devient ridicule lorsqu'il dégénère en jactance;
insupportable, quand il fait naître un injuste dédain
pour les nations étrangères; funeste, quand, sous
son influence, un peuple s’abuse sur sa faiblesse
jusqu'à tenter des entreprises qui l’écraseront, ou
rejeter des secours qui l’auraient sauvé. « Nous
ferons nos affaires tout seuls », voilà sans doute une
belle et fière parole, pourvu que les actions y ré-
pondent : si elles la démentent, ce n’est plus qu'une
rodomontade.
L'histoire d’un tel peuple est, Messieurs, celle de
bien des âmes. Qu'on ait un profond sentiment de la
haute dignité de la nature humaine, qu’on se tienne
attentif à n’en jamais décheoir, qu’on repousse avec
une généreuse indignation toutes les théories qui la
rabaissent, c’est le droit et le devoir de tous; c’est
particulièrement le devoir du philosophe qui à
pénétré plus avant qu'un autre dans les secrets de
cette noble nature. Mais cette légitime fierté devient
bientôt un orgueil de race, qui met un prisme trom-
peur entre le psychologue et toutes les misères qu’il
devait, en observateur impartial, signaler comme
le reste. « L'âme fera ses affaires toute seule ; l'âme se
suffit pour tout connaître, pour tout exécuter » : c’est
pour lui un indiscutable axiôme. À priori, avant tout
examen , l'idée d'une intervention supérieure , néces-
saire pour éclairer l'esprit et diriger le cœur, l’idée de
MATE
MÉMOIRES. 485
la révélation, l'idée de la grâce, l’idée de la prière,
sont par lui rejetées hors du domaine de la philosophie
comme autant de rêveries mystiques. Le problème de
la destinée le tourmente : ilne l’a pas résolu; peut-être
n'espère-t-il pas le résoudre : n'importe! personne n’a
droit de lui offrir sur ce point des lumières qui ne
soient pas celles de la raison. La présence et la redou-
table énergie des mauvais instincts le déconcertent , et
semblent parfois le mettre sur la voie d’une psycho-
logie moins fière : n'importe encore! il ne veut pas
croire que la nature humaine soit déchue; car, si elle
l'était, peut-être en faudrait-il conclure qu'elle est
incapable de se relever seule.
Je n'insistepas, Messieurs, sur ce qu’un tel parti pris
a de funeste aux âmes, qu'il expose ainsi désarmées
et démantelées aux rudes combats de la vie. Mais
qu’on me permette de dire que ce préjugé, fort diffi-
cile à extirper, est un des plus grands obstacles à la
constitution d’une psychologie sincère et complète.
Car enfin, on aura beau répéter, avec une assurance
dogmatique, que l’âme se suffit à elle-même, cet
axiôme prétendu n’en demeure pas moins une pure
hypothèse, jusqu’à ce qu’il soit ou confirmé ou démenti
par les faits. Si donc vous refusez ce contrôle, outre
que vous paraissez (et avec raison) en redouter les
résultats, vous vous condamnez vous-mêmes à ignorer
toute une partie de la nature humaine, supposé qu'il
y en ait une qui rende témoignage de l'insuffisance de
la raison et de la faiblesse de la volonté. Or ce que
j'indique ici sous forme hypothétique, c'est la réalité
même, non pas cachée dans un coin de la conscience,
visible seulement au microscope, et observable à de
486 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rares intervalles, mais éclatante, mais mêlée à tous
les grands phénomènes psychologiques, mais sans
cesse observable, tantôt à la surface de l'âme, et tantôt
dans ses profondeurs. Les questions que ces faits
soulèvent sont celles qui contribuent le plus à donner à
la psychologie ce caractère de science vivante et pra-
tique qu’elle doit tenir à honneur de conserver : elles
se posent devant toute raison qui pense, dévant toute
âme préoccupée du devoir et de l’avenir. Et ce sont
précisément celles-là que la psychologie écarte quand
elle se fait rationaliste. Je ne m'étonne plus que,
ainsi mutilée, parquée dans un cercle de questions
étroites, exilée de la plus belle portion de son do-
maine, condamnée au silence sur les points où l’hu-
manité aurait intérêt à l'entendre, personne aujour-
d’hui ne paraisse la prendre au sérieux.
2 La vraie psychologie, si elle a des vérités bles-
santes pour l’orgueil, constate aussi des faits qui
semblent fort durs aux âmes faibles, plus disposées à
suivre qu’à remonter la pente des instincts sensuels.
De là, un secret désir que ces faits, décrits par les
philosophes spiritualistes, ou soient chimériques, ou
s'expliquent d'une facon moins inhumaine. Et de là
aussi, en vertu des mystérieuses influences que la
passion exerce sur la pensée, l'habitude de voir les
choses, non comme elles sont, mais comme on les
voudrait : « Si la volonté était libre, si les idées ne
venaient pas des sens, si la notion d’une loi obliga-
toire était inhérente à la raison, si l'âme était distincte
du corps, si elle avait sa vie à part et sa destinée
supérieure , si, parmi les instincts, il y en avait qui ne
fussent en nous que pour être combattus, la vie
MÉMOIRES. 487
humaine, en vérité, deviendrait bien laborieuse! Il
faudrait résister aux influences du dehors; il faudrait
dominer la matière ; il faudrait se vaincre; il faudrait
perdre à cela les belles années de la jeunesse. Ne se
peut-il done pas que ces austères doctrines ne soient
qu’un rêve sombre? » Voilà comme raisonne et mur-
mure l’un des deux hommes qui sont en nous; et c’est
par là que nous laissons entrer dans nos âmes le doute
sur toutes les grandes vérités que le genre humain,
sans se piquer de philosophie , à toujours tenues pour
sacrées.
Mais on ira au delà du doute, et l’âme humaine
elle-même, étudiée avec ces pensées, fournira les
armes qu'on lui demande. On l'étudiera, en effet, non
point telle qu'elle est quand la vertu l’a perfectionnée
et rapprochée de son but idéal, mais telle que l’a faite
une longue habitude de vivre pour soi, de vivre par
les sens et pour les sens. On y trouve alors des
passions impérieuses qui ont comme désarmé la
liberté ; on y trouve une raison presque éteinte, une
conscience presque muette; en un mot, on se voit à
peu près tel qu'on voudrait être, et l’on aboutit fata-
lement au sensualisme. Là, Messieurs, est l’expli-
cation d’un phénomène qui autrement serait incom-
préhensible; à savoir qu'une doctrine si basse, si
frivole, si directement contraire au bon sens, au bon
cœur, à toutes les traditions et à toutes les croyances
de l’humanité, si souvent et si victorieusement
réfutée, ait pu , au lendemain de ses défaites, avoir de
tels retours de fortune.
J'ai signalé ce dernier obstacle, Messieurs, non-
seulement parce qu’il rend compte de bien des
188 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
révolutions dans le monde philosophique, mais aussi
parce que tous nous sommes exposés à le trouver sur
notre chemin. Si spiritualistes que nous soyons,
nous avons des jours de défaillance, des jours où le
flot de la vie sensible, montant autour de nous,
semble prêt à nous submerger, des jours , par consé-
quent, où les sophismes de la psychologie sensualiste
peuvent espérer un plus facile accès dans nos âmes. Il
fallait donc indiquer aussi ce péril, comme il faudra
chercher les moyens de n’y pas succomber.
TROISIÈME PARTIE.
Il nous reste, Messieurs, à examiner quels
procédés intellectuels et quelles ressources morales la
méthode psychologique met à notre disposition pour
nous aider à nous bien connaître.
Vous n’attendez pas sans doute que, après avoir
fait une formidable peinture des difficultés de tout
genre à travers lesquelles la psychologie doit
chercher sa route, j'entreprenne en ce moment de
vous montrer que ces difficultés ne sont rien, et que
nous pouvons nous engager sans inquiétude dans un
chemin sans obstacle. Un tel jeu d’esprit ne serait ni
sincère, ni convenable à la gravité de cette réunion.
Ce que j'ai voulu, c’est donner à vos esprits la calme
conscience d’un péril qu’on n'évitera qu’à condition de
le connaître. Ce que je voudrais, c’est vous montrer
qu'aucune des difficultés qui retardent ici la marche
de l’observateur ne rendent impossible la constitution
de la science psychologique. Elles resteront ce qu’elles
> ir le là CR TRES
Q T
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MÉMOIRES. 189
sont : graves, mais non insurmontables. Tout notre
travail sera de les reprendre une à une, de les
circonscrire, de les ramener à leur juste valeur, et de
placer à côté de chacune d'elles le procédé scien-
tifique, l'effort intellectuel, l'habitude morale, qui
nous aideront à la vaincre.
1° Il est vrai, comme nous l'avons constaté, que
notre esprit ne peut, sans faire violence à ses
habitudes et à son inclination naturelle, se séparer
des choses sensibles, et remplacer le mouvement
direct qui le porte vers les abjets corporels par un
mouvement réfléchi qui le replie sur lui-même pour le
forcer à se rendre compte de ses propres opérations.
Mais cela, c’est la condition de notre vie tout entière.
Oui ! il est difficile à notre intelligence , enveloppée et
comme embourbée dans la matière, de se maintenir
dans le libre domaine de la pensée pure. Mais il est
plus malaisé encore à notre volonté, sollicitée,
déprimée par les instincts du corps, de s'élever
au-dessus d'eux, de Couper les liens qui arrêtent son
vol, et de se fixer dans les sphères sereines de la vie
morale. Et pourtant cet affranchissement de la volonté
est obligatoire pour elle, et la vie d’un seul homme
de bien suffit pour prouver qu'il est possible. La
science n’est donc pas ici de pire condition que la
vertu, et vous ne devez pas désespérer de la première
si vous croyez à la seconde.
Il est vrai encore que nous n'avons pas ici, à
défaut des objets, le secours des images , telles que le
490 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
géomètre en trace sur son tableau. Aucune ligne ,
aucun cercle ne peut représenter les phénomènes
intérieurs qu'étudie la psychologie. Mais, prenez-y
garde, si le géomètre a besoin d'images, c’est parce
que l’objet dont il examine les propriétés n’est pas un
objet réel, mais une conception abstraite et purement
idéale. Pour donner à cette création de sa pensée
quelque consistance et quelque vie, il est obligé de la
représenter par une chose-sensible, qui, à la vérité,
n'en sera qu'une imitation grossière, mais qui du
moins possèdera la réalité saisissable dont est dépourvu
le modèle. Il en est tout autrement de la psychologie :
ce qu'elle étudie, ce ne sont point des idées abstraites
auxquelles ne corresponde aucune chose existante :
ce sont des phénomènes réels, vivants, perceptibles
sinon aux sens extérieurs, du moins à la conscience.
On ne les imagine pas : on les voit par un œil
intérieur; on les sent par un sens intime. Et ces
perceptions, aussi distinctes, aussi certaines que
celles des sens extérieurs, sont de plus absolument
immédiates. Tandis que ces dernières ont besoin de
l'intermédiaire des organes corporels, et sont faussées,
affaiblies ou supprimées, suivant que ces organes
sont malades, ou infirmes, ou paralysés, les phéno-
mènes intérieurs sont directement perçus à mesure
qu'ils se produisent; car la connaissance que nous
avons de chacun de nos actes, de chacune de nos
sensations, de chacune de nos idées, n’est au fond que
l'acte lui-même, la sensation elle-même, l'idée
elle-même, en tant qu'aperçus par la conscience. Et,
si la réflexion intervient là-dessus, ce n’est pas pour
ajouter des éléments nouveaux à ceux qu'a fournis le
+ Le L
L
9
s
MÉMOIRES. 491
sens intime : c'est pour les éclaircir, pour les isoler,
pour en rechercher la cause, et pour en déterminer la
loi.
Il est donc faux que, pour se replier sur soi-même
afin de se regarder vivre, il faille commencer par
violer une des lois constitutives de notre intelligence.
Mais il est vrai qu'il faut remonter une pente,
combattre l'instinct qui nous incline aux choses
sensibles, vaincre en nous-mêmes l'habitude qui
disperse l'esprit au dehors, et former peu à peu
celle qui le recueille au dedans. C’est à ce prix
qu'on est psychologue. Cela ne se fait pas sans
peine; et, dès ce premier pas, les difficultés
intellectuelles se compliquent, d’un obstacle moral.
Si vous mettez votre cœur aux choses sensibles
et aux jouissances matérielles, elles rendront la
réflexion impossible ; et, de fait, la Bourse n’est pas
le séjour de prédilection des muses de la pensée.
Pourtant ce travail intérieur n’a rien d’impraticable,
et tous les jours les esprits les moins cultivés s'y
exercent avec un plein succès dans les conditions les
plus difficiles. Le psychologue peut ici chercher des
lecons de méthode auprès des enfants et des femmes
qui prennent au sérieux les devoirs de la vie
chrétieune. 11 admirera la précision et le courage avec
lequel ces gens-là se rendent compte de leurs actes
moraux ; il se dira, comme saint Augustin : « Quid ?
non poleris quod isti et istæ ? » Puis, à mesure qu’il
élèvera le niveau de sa vie morale, à mesure qu'il y
fera une part plus ample à la pensée et à la vertu,
à mesure qu'il s'accoutumera à voir dans les affaires
elles-mêmes des devoirs plutôt que des intérêts, il
4192 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
éprouvera aussi plus de plaisir à vivre avec lui-même,
et plus de facilité à porter la lumière de la réflexion
dans les phénomènes dont le sens intime lui signale la
présence.
2° Comme la réflexion, l'analyse psychologique,
qui en est la condition et l'instrument principal , offre
des difficultés sérieuses, mais non insurmontables.
Entre la paresse d'esprit, qui laisse les phénomènes
dans la confusion de leur complexité primitive, et le
scrupule exagéré, qui, par une décomposition
indéfinie , les réduit en une insaisissable poussière, il
y à un milieu dans lequel il est possible de se
maintenir.
Imaginons un exemple :
On m'a vu accomplir une action généreuse , tendre
la main à un homme qui m'avait gravement offensé.
Le public bienveillant, qui ne voit de mon acte que
le résultat et la surface, me loue parce que cette
surface est belle. Les esprits chagrins cherchent sous
cette apparence des motifs misérables. Les uns et les
autres ne jugent que par conjecture Mais moi qui
veux me rendre un compte exact de la valeur réelle
de mon action, en analysant après coup les in-
fluences auxquelles j'ai obéi en l’accomplissant, que
d'éléments j'y trouverais peut-être! un peu de cal-
cul , — un peu d'orgueil, — un peu de pitié, — un
peu de vertu; — et, dans cette vertu même, quelque
chose de désintéressé, qui est proprement l'amour du
bien (c’est-à-dire l'amour de Dieu si je suis chrétien,
et si je sais ce que c'est que le bien), et quelque
chose de mercenaire, qui est le désir de la récom-
pense à venir et la crainte des châtiments réservés aux
MELLE 1
4
\
,
MÉMOIRES. 493
cœurs durs. Voilà ce que m'apprendra ce premier
effort d'analyse. Un second me dira l’ordre dans
lequel doivent être classés ces divers motifs, d’après la
part plus ou moins considérable que chacun d’eux à
eue dans ma détermination. Par exemple, je saurai si
le sentiment du devoir y est intervenu dans des pro-
portions qui suffisent à la rendre véritablement ver-
tueuse, et à marquer un progrès dans ma vie morale;
ou bien si l’orgueil, en me faisant chercher une :
stérile récompense dans la contemplation de ma
vertu, lui a fait perdre tout son mérite. L'analyse,
je l’avoue, ne va pas plus loin ; elle ne peut évaluer
en milligrammes le poids de chaque motif. Le pût-
elle, à quoi bon? Ce poids dépend de notre volonté,
toujours mobile parce’ qu’elle est toujours libre; il
change d’un-acte à l’autre, plus encore d’un homme
à un autre homme. La chimie, qui n'opère ni sur des
personnes libres ni sur de véritables individus,
mais seulement sur des portions de substance,
retrouve toujours en chaque combinaison la «com-
position qu’elle y a primitivement constatée. Les
proportions de l’acide carbonique, du sulfate de
chaux, de la stéarine, sont partout les mêmes, et ces
proportions sont des lois de la nature. Il en est tout
autrement des âmes humaines, substances indivi-
duelles et libres : chacune d'elles offre à l’obser-
vateur, à côté des caractères essentiels, qui se
retrouvent partout les mêmes, mille traits parti-
culiers et mille nuances personnelles. Pour nous en
tenir à l’exemple que nous avons choisi, la pro-
portion et l’importance relative des divers motifs qui
influent sur nos résolutions varient à l'infini; et cette
49% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
variabilité même est une des lois que doit constater la
psychologie.
Est-ce à dire que nulle conclusion scientifique ne
pourra sortir de cette délicate analyse? Nullement ;
et déjà je suis en mesure de constater, grâce à elle,
les résultats suivants.
Premièrement, je suis libre : car ma conscience
m'atteste qu'aucun de ces motifs ne m'enchaîne , et
que, s'ils influent sur mes résolutions, c'est qu’ils ont
recu de ma volonté une force qu'ils n’ont point par
eux-mêmes.
Secondement, 4 y a en moi lout un ensemble de
sentiments généreux qui m’appellent sans cesse à tenir
mon cœur en haut; et, à côté d'eux, je trouve en
moi je ne sais quelle nature perverse qui sans cesse me
détourne des actions vertueuses, et qui, si elle
désespère d'y pärvenir directement, s'efforce du
moins de faire perdre aux plus belles résolutions leur
éclat et leur prix en y mêlant des motifs impurs.
Troisièmement, l'approbation de mu conscience est
exactement proportionnée à la pureté des motifs qui m'ont
inspiré.
Quatrièmement , cette approbation elle-même n’est pas
la seule, ni même la principale récompense de la vertu,
puisque , dès que je commence à m'y complaire, je
sens que je cesse de la mériter.
Cinquièmement, le progrès moral consiste non-seu-
lement à faire disparaître de ma vie toutes les actions que
la morale réprouve, mais encore à dégager les résolutions
vertueuses de lous les molifs qui en affaibliraient la
valeur.
Vous le voyez, Messieurs , il s'en faut que l'analyse
14
MÉMOIRES. 495
ainsi entendue soit inféconde. Encore que nous ne
puissions pas évaluer numériquement les éléments
qu’elle isole, nous ne sommes pas obligés d'opter
entre la confusion qui naît de l'insuffisance de
l’analyse , et cette autre confusion qui résulte de son
excès. Sans peser ces éléments dans une balance, sans
les exprimer par des formules arithmétiques, nous
constatons leur présence, nous indiquons leur valeur
relative, nous distinguons ceux qui n'’interviennent
que par accident dans le fait que nous étudions, et
ceux qui en font partie intégrante et essentielle.
. 3° Mais, dans le monde moral comme dans le monde
physique, observer ne suffit pas toujours : il faut
alors expérimenter. Quand la nature, soit en pro-
duisant les phénomènes loin de nos regards, soit en
les enveloppant de circonstances qui en voilent les
caractères essentiels, s'obstine à nous cacher ses
secrets, il faut les lui arracher en faisant naître
artificiellement les faits qu'elle nous dérobe, et en
disposant d'avance les circonstances de leur production
de la manière la plus conforme, à la manifestation de
leurs propriétés. Tout le monde s'accorde à recon-
naître qu'ici la méthode psychologique est d’une
application toujours simple et aisée. Point d'appareils
difficiles à imaginer, coûteux à construire , délicats à
faire fonctionner. Le plus souvent, les forces qu'il
s'agit de mettre en jeu sont en nous-mêmes, et nous
en disposons à notre gré. Pour faire des expériences
sur le raisonnement, sur la mémoire, sur la volonté,
sur la souffrance , sur le plaisir, il suffit de produire
en nous ces phénomènes ; et, d'ordinaire, pour les
produire , il suffit de les vouloir.
496 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Maïs la liberté de l’expérimentation a, je le sais,
ses limites. Pas plus que vous n'êtes autorisé à mettre
le feu à ma maison pour voir si elle est incombustible,
pas plus vous n'avez le droit de faire sur mon âme des
expériences qui la tueront si elles réussissent. Je n’ai
pas à cet égard plus de droit sur moi que vous-
mêmes; car mon âme n’a pas été confiée à ma volonté
comme une chose vile dont elle puisse abuser suivant
ses caprices, mais comme un dépôt qu’elle doit
respecter, et dont elle rendra un compte sévère.
Exposer sa vertu à un péril certain pour satisfaire une
passion ardente, cela est insensé ; mais cela aussi
n’est que trop naturel : la vue du danger est inter-
ceptée par la violence du désir. Mais s’y exposer
froidement, de gaîté de cœur, et par pure curiosité
psychologique, ce serait pousser jusqu'au plus
inexcusable délire le fanatisme de la science.
Quoi donc? faut-il que tout un mauvais côté de la
nature humaine reste dans l’ombre parce que la science
n’a point le droit de le mettre en lumière par des ex-
périmentations directes ? Rassurons-nous, Messieurs.
Si nous le voulons, nous ne connaîtrons que trop bien
ce triste revers de médaille ; et les matériaux de ce
chapitre de psychologie ne manqueront jamais à celui
qui aura le courage de les recueillir. Long-temps
avant l’âge où les cheveux blanchissent, qui donc n’a
fait en lui-même l'épreuve de ce que c’est que le mal ?
Où est parmi.nous l’homme qui ne connaisse que par
ouï-dire la violence des passions, leurs ruses et leurs
sophismes , les faiblesses et les révoltes de la volonté,
l'instabilité des résolutions, les déchirements du
remords? Si cette expérience ne suffit pas, jetez les
MÉMOIRES. 497
yeux autour de vous, et vous y verrez le mal se
développer avec une richesse et une variété à
satisfaire les plus difficiles. Et enfin, s’il est vrai,
comme je le crois, que les nations chrétiennes,
même dans leurs plus mauvais jours, tombent moins
bas et vont moins loin dans le crime que les peuples
sur qui ne brille pas la lumière de l'Évangile , lisez les
livres des historiens; parcourez les rues solitaires de
Pompeï; abordez avec les navigateurs aux îles
peuplées par ces hommes primitifs, ces hommes de la
nature qui furent, il y a un siècle, les favoris de la
philosophie ; et vous aurez amplement de quoi com-
pléter vos observations, et vous consoler de ne
pouvoir reproduire tout cela en vous-mêmes par
des expériences personnelles dont votre conscience
aurait horreur.
4 La quatrième difficulté offre l'apparence mena-
cante d’une impossibilité absolue. Si tous les phéno-
mènes de la vie de l’âme sont apercus par la cons-
cience, ils ne peuvent pas tous être étudiés, pendant
qu’ils s'accomplissent, avec cette réflexion et ce
calme qui sont les conditions de la science. Les phé-
nomènes passionnés Ôôtent entièrement à l’âme le
pouvoir de réfléchir, et voilà toute une moitié de la
vie humaine soustraite aux regards des psychologues.
Je ne conteste pas le.fait qu'on nous oppose, et je
crois qu'on peut l’étendre davantage encore. On
peut ajouter que, dans les actes mêmes de la vie
raisonnables, perception, jugement, raisonnement,
méditation, l'attention de l'esprit s'applique moins à
l'acte lui-même, pour en saisir psychologiquement
les nuances, qu'à l’objet en vue duquel cet acte
I. : 32
0498 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
_sagçomplit., Pendant-que::le géomètre poursuitr:ses
déductions , -que,le physiologiste observe :les-phéno-
Jaènes. organiques; que le. chrétien médite-:surun
point;de religion,ou, de morale; ilest toutentier àärson
-ÆUVres et. ilsemble impossible, .que:le ! moi ‘quicagit
Alors ait derrière lui un, autre moi psychologne:; qui
le, regarde par-dessus son: épaule pour étudierrde
quelle façon.il s'y. prend. ; 'r 99 enor8ot 619118 fs
Mais, le, psychologue aura, son: tour: Pendaïts que
j'accomplis un acte, ce qui.m’occnpe :c'éstisurtoutson
-sbjet,,sa. face objective, comme’on ditren Allemagne.
«Un.peu. plus. tard,..et à -mesure |quérchacunerdes
parties de . l'acte. (est accomplie, elle ‘entrer dans Île
passé; «elle appartient, at: souvenir! Or lersouvenir
porte surtout sur la face interne ‘et subjective: dw phé-
momène: ‘de.conscience;: c'est-à-dire -sur:la ‘manière
dont s’est accompli, «et sur cé qui sé passait dans
J'âme-pendant, qu’elle !s’appliquait-à-son: ‘objet. Parrhi
ces-phénomènes, les uns, appartenant à la vieraison-
mable-etlibre, à l'activité réfléchie, laissent danslamé-
-moireun,souvenirtrès-netet-très-distinet: liesrautres,
-Se rapportant à la vie sensitive, à l’activitérinstinetive
-et.passionnée; y laissent une trace d'autant plus pro-
fonde qu'ils ont été plus violents ;:et qu'ils ont produit
‘en nous-une-émotion plus vive. Mais‘lenr réssouvénir
-n'apoint; la même violence: et: Vesprit; -rentréven
possession de lui-même , peut: les analyser, sinomavec
indifférence, du moins avec une calme impartialité :
:4« Jerenouvelle quand il me plaît la joie-que j'ai-tes-
sentie: elle revient; mais quelquefois ce n'est plus elle-
même : elle paraît sans me réjouir; je me souviens
d’avoir été bien aise , et je ne le suis point actuellement
\ | £ ù >
AE CIC CMÉMOÏRESL0 11010 ‘499
“dansice souvenir: D'un autre côté ; jé Pénouvéllé ak
Gienhes--douleurs; ‘elles’ sont présénites ; Car 0) lès
raperçoisdistinctement telles-qu’ellés ont: &€ er Tètr
rkemps : rienné m'échappe dé leur amertume et 48h
Irivacité deïleurs/sentiments ‘mais ‘éllés n& sont Pre
elles-mêmes elles ne ‘me rétiléht plus: ele is0ft
cémoussées. Je-vois toute léur rigiiéur Sans là résséntir ;
ou , si je la ressens, ce n’est qüé! par représentation,
sefp câtte seprésenthtion d’une péine autréfois énidante
nnest plusqu'un jeu) 1mitp 50 ,9)95 ay alquro098"
sBancitiquièmeldificulté0 naît :de das aponésieh
capparenteientrerle but de Ja psychologiël1 quitest! Ja
“détermination dés lois générales de l'âne Aufiaïtel,
rétesonprocédé fondamental; quiestl'étudé lde :ééèr
-individuel:dout la conscience saisitilés manifestations.
o#$ilbest vrai (et'ce commencement de répÜnseta deà
été indiqué }- que là nature humaine na pasiété
‘distribuée/par fragments aux divers mdividusiqu'elie
embrasser: elle est tout-entière:enrehacun d'euxloavéc
Vensemble de ses caractères essentiels! Mais l'est vrai
“aussi quel céscaractères2communs s6nt Voilés?! Mo
difiési}-développés len mille manières! diverdes past 1és
“influences du: déans 1èt du dehors que subit camite
individurdans le cours de ga vieiq 219 tuo zip sbuot
tinBerpreblèmelà résoudre est donc: cetiuer #0 Étant
sdonnés des procédés d'observation touténdivituels:) repré
oduireidans lu science lainature. humaine hvec sonne
salitéi;"sans:y ajouter aucune nuance particulièrés;1S4ñs én
-retranchen;\sans’ en dffaiblir'iaucun caractère général Si
-Péuqu'on s'écarte de cel programme: on ces$e de fäire
enSIVybe So si HoL ont ause distsq,9lls : smôm
ds De dé Bed ve pattes 0914 019 tov b
500 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de Ja psychologie ;:.on éerit.ses mémoires, ou lien
l'on, dessine, des; saractères, comme -La Bruyère: ef
Thépphra fie. Au «ben;,de;: me mettre -enrprésencer ‘de
l'humanité, on.mer montre: (des individuscet; :1Sans
avpÎT, a prétention :1d'épuiser, toutes r1lesrivariétés
possibles le la nature humaine; om me promène
travers une.galerie. le.portraits dont,chacunoporter lé:
costume de son siècle et..de.son paysi-De tellessfieine
tures,, outre. leur, valeur artistiques! toffrent21de
précieux documents à. l'histoire sr etj;risi wonsille
voulez; dutiles, matériaux 1à 14 :psyohologie ;mais
elles n'ont, évidemment, par.ellesimêmes mulle valeur
scientifique ; dépourvues. qu'elles:sont,dencettesgénés
ralité qui est:le- caractère essentielde lascienc@l ar02
Je reconnais, Messieurs qu'il yradèüuneidificutté
considérable. et.quil est malaisé-dersretrouver,zlés
traits essentiels .de.l'humanité; sous la diversité des:
physionomies individuelles. JLgracpeu devrais psyehos
logues,:tandis.quil;3 ahbeaucoups de:moralistest;
c'est-à-dire diobservateurs délicats, des-mœurs.etades]
passions: d'une; époque; etaussi! beaucoup, d'écrivains:
qui lèguent à la postérité une image fidèle, dacteun
personnalité. autant, plus-fidèle)qu'ilsetmahissent
plus souvent. leurs efforts pour lembellir.1C'estigél
le monde n'est guère composé que de deux sortes
d'esprits également, incapables d'axriverà ilayplèine
vérité psychologique :.ceux qui ne-rentrentjamaisrn
eux-mêmes, etçeux quin’en sortent jamaisseyov 9
. Pariles.premiers je ne désigne point seulemento-ces
esprits, grossiers, qui; ;#épandus et enfermésdans] ke
vie des sens, sont étrangers chez eux et pan, GpRr
séquent étrangers partout;, et qui ne comprenant
Hot
AOAAT AG MAMQORREN 10 UO 501
delà vie hümafiéqueé-ce 'qu'êlle a de plus bas let de
Plusvisible, fsès intérêts et°$es plaisirs, sémbléntne
pbisosouypritre? Gil ÿ'ait Auldélà Une VIE MOTAIÉ
etiän monde/d'idées sntéeibes Je'parte aug ds tés
ebprits britlanté ét fing®-mais légers et" Sipéidén, F
quiqévivement frappés déteé qu'y À d'indivitdel
dâns'lescaractätel et) les ‘aeti és” Ale leurs sembIABIéS,
excellentlà SAisie hé fftances fugitives qui te HE?
tinguentiet les/petits téontriétes d’Où naissent EU
ridieutes. Mais$® ne‘S'étant Jañnais récueñls En°EuxE
hièmies Sitayatt(jäimäis Éhéréhé pat la méditation ARE
rendre compté des ÿhénometies qui!s “üttomptissent on
euxi2etlrétrouver les causes réelles et “constantes
sous lésrcauses ‘#Apparéntés et) passagère ne (HE
säventiihidémêlery à travers cette infinié”Varbté
d'éxpressionsietd'attitudés qui paëse’ Chatqité” stat
sous Jeurs yeux, Panité periianente de la phfsioZ
nothiéhwmäine, niramener à leurs sources profütides, J
etsuivre fusquetidans ‘léurs conséquences" Abintairré
lesbgrands évènements ide 141416 /motale, "ni détér_
rmiheriles Mois générales qui président DL dévelop
pement etléaû jeurdé aios facultés ‘ii tire ae es
découvertes scientifiques "dés conclusions applicabTes#
l'éducation del'hômmectet aû0 Louverdemient dé
stété.xuob ob -6r1p deogqnmion ordre dem obrom sl
onÉtésprit éméditati® et léoncefitré apres. en Mu
même manque aussi /Lebut, fais (He AE Ab ON ?
Ne voyantirienidééequ? 8e fait) h'éntendant riéfr
develquiisé dit iautourdeitur 11 taillé T'hatanitéshr
sa propre“mésuré, lou trop pétité 6” Op gratte?
totijours fatisse. hé dit page Je duig rénale ou
iLd Te suis V'Huntanité 0 16tités "1 idées quete
509° CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
n'di Pas Sont ifäeéessibles à l'esprit humain :Itous/les
señtimeñits quite font pas battre mon Cœur sont
chitériques.-»1L60bliE qu'il West pas seul at mofñdez’
que l4 Inmièré dirécte déla consciencé’a besoin d'etre!
complété) par la Jumiière réfléthiel que Ini ‘renvoie:
l'ébséträtién) appliquée ‘Aux actiôns”dés) aittes
hôtes: qüe céllesciolui eût enseigné à chérchéeen
litiz-mêmé telle "idée | tel sentiment dont il nersoupu:l
cofhiait Ipâs "l'existence ;-1et -quéyoen- dirigeant “Séns
œillintérieur dé ce côté jusqu'alors inexplorélo by
elit péutiétre apéreu bien dés germesrsalutairés fou”
fünestés| qué, pourse: ni ‘chez lui ,natténdent:
que PÉGéaSidi? du la .céltugé! 197 2109! 9h 3 28h emwel
Qué fera donc! TO mp Hpsychologue®?]
Avafitl tout{0il wéflééhira j'it ‘$e (regardera Tsentinro)
et°penger set vouloir il sé! familigriseraiaver sai vie)
ifitérieuvéi” it -#ppliquera l'analyse ‘auxs phénomènes)
complexes qui s'y rencüntrent ; il commencera; 1entam:
mot opär se aire üne psychologie] personnelles ‘hetest-
le‘féndement nécessaire et la ”partie-ld plus considés:
rable lé ”sôni travail! Mais les contiaissäncesqu'ibent
tiréra/éffrent | si l’on véut' s’en servir pour constrüire
là 0kcréice gétiérüle de l'âme haraine ; squelque
chose ‘d’incomplet, let quelque" chôke de: lsuperfhuit cr
d'iniéoriplet ! parce qu'il ’aura pu négligér des phéno=|
mêmes importants qui par suite de icertaines)civéons-c
_tâtées 1Sdront”restés-chez ui! dans :unés ombre; Lo:
léur eRigténice né se laisse point Isoupeunner; dessu:
perflu, parce que, constatant avec un égal serupulercé!
d'il dans'sà vie? appartient lau: moilindividuel it ice
quise rapporte à l’homméten général, n'ayant même
entürenul moyen/de faire la part dé l’un et de lautre,
: MÉMOIRES. : | 1F)= 2Hÿ)/0 503.
ilsort,, de rssdréa dé disposé: à--ériger: en. doi dela;
nature, humaine, ce iqui n'est; ‘peut-être qu'une sis.
gularité, de. son, organisation personnelle. omment.
done éliminer çe,qui-surabonde ,:et suppléer, ce |qni,
manquer? Ce n’est. pas rassez, de-rouler par le:monde,.
comme Ulysse: ouw-comme Descartes, d'assister.en |
observateur, silencieux, au ‘spectacles de, l'activité;
humaine; se développant sur desthéâtresdifférents, de
noter e-que les hommes laissent voir d'eux-mêmes,
etrdé chercher par.des réflexions pénétrantes à.deviner,,
cequ'ils.eachent..Si,on-n'entre;pas dans leur; vie, js.
onmmkedesdinterroge passsion,ne-va pas au-fond.de
leurs idées et de leurs sentiments , si, lon m'apprend,
pas: denxice qu'ils ,savent.de lâme humaine pour(le
comparer à Cequ'on en sait soi-même ;;en;um mot.si
on ne pratique pas; art. socratique, d'aider..les,
esprits àrenfanter Jeursrpensées, c'est-à-dire; des;
produire-audehors, il est-fort, à.-craindre -qu'on.ne,
voie d’eux)quetapparence;et qu’on n° aboutisse soit. à,
uné psychologie. superficielle silonprend.ces appa=
rencés pour des: réalités; soit, à; une he A
systématique:si; quittant lavie extérieure.et sociale,
oùlon;ne yoitque des ombres, -on,se;retourue.tout,
entier vers-la vieintérieure, où ;-du moins, onatteint,
le-fobd:; des choses: Et la-science, ainsi. faite offrira,
à-zcôtéi d'observations ;itrès-profondes. fruit; d'une.
méditation attentive, de:grandes lacunes et Létranges:
erreur$, auxquelles nn Sorties di
l'aurontrinévitablement condamnées ::, 5164 nA19q
oJ'ai prononcéilèe nom de:Socrate ; c'est ques do,
avis,;ccérgrand homme-a donné;tout à la, fois, daprar,
tique’et/lalthéorie dé la wraie-méthode. psychologique...
DT CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Vin rénééiissaito "et ses: diseonrs protivert 48e qu'il
Seat prié. Sériètis l NE LUE En
“Ah témplé dé Détphes” puis, enHiéhi du frifit AP Ses
HA EE HO D Bd Aa NE ET jo, “CHEF Ant
l'partét! EH des entretiens dont Tarn BH ABEUR le
principai (jet 4 "Corpiéter pat” 188 URErFAtioS de
ses interlocuteurs ses observations personnelles. A la
vérité, d'ordinaire il enitirait peu de profit; mais il
_. dissipé bien des Po il avait porté la
SN . ax Fonte l'ardeur des PAR PSY giques:
olog
HO) 90 IP
sur ut avait légué à aux psycholo ues ii tous. jes
à siècl es u un exemple dont i ils ont trop pel pro fité,. Oui,
HE si Ja réflexion silencieuse est le procédé fondamental
Fe de, RES, de Thomme, le dialogue, “en retien
c les esprits, | préocc upés comme nous. de, ces s nobles
oHproo S t] éri fe HOQ je: ET Lnensahle :
udes. en. es e,complémien presque . indispensable
19 STO LT
tro Von pouvait, si Ton ot lait, 220. Ye trant ,
51
ob laisser. Ja porte je partis. pris les SUSCEp! ptibilités
Or
SE d'amour-propre ; d'esprit d de contention et t de “dispute,
Ne Tue au, véritable edprit. de dis seu ssion, 0. en
st sopire rait -afermi dans les c opinions qui auraient résisté
stB à l'épreuve, délivré des “préjugés et ‘des e reurs dont
(3020
0 UD débat contradictoire aurait ? amené a con amna-
‘1 tion. définitive, enrichi surtout d'une «foute d'ape ereus
nouveaux et de perspectives étendues qui 1 ent
où} PLUS te tard aux méditations solitaires un, “utile al aliment
à cet une, d ‘direction féconde. Que s’il est rare, surtont en
hi ces. t6mps de division et de orcellement intellectuel
de trouver trois hommés qui veuillent sé réunir pour
s'entretenir de leur âme avec un égal amour de la
vérité et une égale abnéèation d'etxnêres} nous
Drin ao MÉMOIRES 219100 | 0805
rpoubli icrons pas tAMeSSIeuTE ces VE TRCARERSS que
odemméetsfontreviyae La ecture.de leursKyses sera
5 J
-HPOUT:NOUS( Comme URECONVE ersation, ayec, les plus
ishannêtes gens des siècles. passés; et même une, con
.rversation étudiée en laquelle. ils ne.nous découyrent
quels, meilleures, de leurs, pensées (1) Pas
: SPA esllsnmroersq enotevieado 28e aruoiuoolstmi 292
{r'etsor Stftorq 9 woq fisrièpgo Ît sriémibto'b',8iirèv
&[”"8Toq np à a 29h nsid ôqiæib disvs
TOIE Ce" $ à NS v£ Li :200718 29% Fais ent” peu ETUI
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nous ‘avoir donné les” ie ns de éomire on faut
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ncoreé nous en i ins dés SIT, et ae maitre en
HO) STHOTIS 29h F9 ES fe dr {VI190
ne ce our sine da to Le, sde 18 Vérité
: O9 8 8 FISTUS 9710 iedob
qui LE çonfon avec l'am oùr. rte jen, et qui est
IR) ne ) aff FI
s u ne ap ptit dc"dE Fest rit qu'u ae EE ARE de
ets on o) 29{Df 29 “P 219 PU 8 ff
à egtu une vertu qe Volo nié. q IS9VLC
U [ À à @lOK 8 j
Sel t cette alliance dé ja° morale: ét’ 14 fédique
ex est. nulle pat plus | a U plilo-
PE r parce quel Ja conquête de la vétté philoso-
5 ‘
[rOÙ \ryp 2Émrorod 2107) 19VWOÏ 95
? !
sb rnonre Tes er 09vs"orm8 1091 9h! rototirre'e
(1) DESCARTES, pa de, 7 réthode at 38 SFA
506: CONGRÈS SCIENTIRIQUE DE FRANCE.
phiquesest emtravée par des obstacles moraux qui
dans Jes autres sciencés, ou n'existent paszlouine sel
rencontrent qu'à un degré beaucoup. moins formi#-
dàble::Nous me nous écarterons donc nullement de |
l’objet spécial de ce mémoire en nous appliquant
à-combattréees: causes d'erreurs: Elles sont;, à-môûn
sensysle grand: obstacle aux progrès della! psy-#2
chôlogie et, :$i cette noble science, après deux/milles
ans{de: rechérches/ln'xlpoint ‘réalisé toutes o1esL
espérances: que faisaiént. concevoir1l'éclat del sess
débutsvet le génie de ceux ‘qui l'ont cultivée, t'est 0
surtowt à elles qu'il faut attribuer ce-tristé résaltat!4
d'y adà, Messieurs, un fait! considérable, ‘étoiles
sévère enseignement qu'il nous donnéne-doit/poititil
êtrèpérdu-pôur mobgeron où soaxorod'[ 9h s9met9sz gl
IDèS11é)0 terhps de ‘Socrate l'esprit humainp er
motitre iHééez ‘réfléchis “aiéez 'nûr, °rhaliré ra
jeuiresse? potir se (préndre”Tuimémes cote ‘objet
d'étudé11#/péychologie” ést fondés: 80n lobjets est
cirébna@t à 867 Hit : Clañrérient" apéreus sa réthodes
ef partie éonnitie ét-pratiquéél et cé prernièr) forts
atiquél:sé fdttachent les sratids nos de Socräte, dé
Prétôh Et} (d'Aristoté} met? A5 raison ent [possession
de plusieurs vera pronés liqip1 héndetret plus
périt. I W°1h méme époques la scienée de Ta naturé-ést
fort0 en l'arrière) Tmparfaitément!: définie :dAnsh sûm:
MR rh al sa rméthodé jet a “pratiqués
entoré ! plus mal © Les Sobsurvateurs-lirh paltients!i
s'ébarènt!lént hits. »Iqüil demeurent 1istériles |
pété “on ne iprénil0pas la peine de-les vérifier!
l'étpériméntation: ést nulle ou ‘insuflisante: ur
n'alphs “éhicoré asservi la mature) et me sait Ipas
TOMATE eu MÉMOIRES TO 21: 5OTic
employer: les: Eire uen à sa arr pau
luiz «arrachersdles secrets 1qu'ellernoussdérobel, ent
sortérque;xmalgrécplusi d'un: pressentiment :efoplus"i
d'ain Fahatisnennelin mestrencore scientifiqiemént D
démanitéege -euor- nel. srlomiènre 99 -6b-Lsis8q2 taido'l
Mais à peine Jai Riragéels nature a-t-elle cohquis
sa-yméthode) toutrchanges: chaque siècle; chaque
aptiéery:mârqte; unsprogrès ;isoit:par :la découvertes
d'uñe loïqui sajoute dans/les-archives) dellar science :
auæ lois déjà (reconnues; soit: «pat lPinventionrde:
quelqueshouveau procédé :qui rendra4’observatio
plusiféconde; c'est une;ascension:pérsévérante: quisrè >
chaque , pas;rmet l'humanité -en:; ca d'un
boxizeniplss. étendibh evo {up tes 219) 91 VÈE
La science de res ne nous offre pren
rien quisnessemble àda continuité de,ce.développement
progressif! Elle tourne.dans unj-cercle :spour selles
comme «pourlas dittérature. des; périodes desdéçar:;
denceiet d'obscurcissement succèdent, à,des; périodes |,
deprogrès et-de lumière. Après-Platonrvient Épicure.:.
aprèstDescartes, Condillac; le retour anx-erteursdes.
plus viotoriensement-réfutées, Loublijou;la négation :
des véritésles-mieux-établies, semblent:toujonrs R98+4
sibles, et.c'est un travail-à recommencer-sans esse 01)
1Est-cerà.dire «Messieurs quelapsychologieisoit une,
taite, der Pénélope, et: qu'il y-ait.périodiquementpour:
elle pprès un jour où Pouvrage-avançe, ang[nuit;ghi
ilrecüle? Est-ce à,dire queda vérité philosophique, ax;
lienii-d'être/reomme;, elle ,le :prétend, quelquechose.
d'ab$oly neisoit queliexpression-solennelle des goûts
ebdesipréférences d'une époque; comme da. poésie en |
est:l'expression:; plus légère”? ;Les.sceptiques lens,
508 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
tendent. ainsi..Pour.nous,; qui [venons d’établirrque
les, faits, psychologiques sont aussi constants -eti aussi)
positifs queles «phénomènes :décrits-par-le: physicien
ou,denaturaliste, nous. n'acceptons pas cette explica+
ee rageante.et frivole. Mais nous disons; que:
es0p je avoir dlécouvertles procédés) qui-con-
dE a praur ce n'est-rien:isi :l'on:mao-pas-1lel
RARE feed employer avec-un effort. qui anérite;le,
nom de vertu. Nous disons que, les dificultésintellec-
tuelles étant surmontées; les difficultés moralesrestént
encore }.yainere. Nous disons, qne ; quandune raison
éclairée estau service d’ une volonté droite; la, lumière:
complète,se.fait dans l'âme, jet la-science;marche ten.
avantz mais: que, sileocœur,rau dieu de:sermaidir,
contre l'obstacle moral;.se laisse effrayer:ouséduire
la.nuit, se. fait, efnla science, s'égare -ou-recule. Nous
disons ,. : POUF, venir, ail, détail; qu'on, ne/|;connaîtra:
jamais la,nature humaine tant; qu'on aborderaricette
étude, sous l'empire, de l'orgueil , qui donne naissance,
au. préjugé æationaliste, ;ou-amec :cetter faiblesse: de
cœux, qui produit le, préjngé)-sensualiste,IG'est à les:
signaler et àles guérir Sfr consacrerai lés dernières:
pages de C£éravaiho; sito ob arvoisiooga ael ,2110v
_ edf Rd a Mec ds ieresenpIes b d@ideirtérrible,
puissance :qu 'agqnièrent, lesopréjugés -lorsqué , indé
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1310 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
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d'ailleurs ééux-er n'ont besoin! ‘pour être inst te
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DoIPéut ééT#, PNressieurs ‘ést pro us ment Un Rae
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1 ri MÉMOIRES. {10700 O4
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Bacon, à l'œil humecté. par, les Passions... Leur étude
achèvera. sa Suérison, mais ne 2 commencera-pas;
Car elle la s suppose déjà commencée. 3b' mosiet el 36
de faut donc reprendre les, choses, de, Pluschant pot
de premier pas à faire, c'est de. reconnaître, come
réel le fait même, du préjngé rationaliste. Remarque,
Messieurs, que cela ne vous engage _à,rien..Ceique
j 'appe pelle préjugé, Vous avez le droit de l’appelen incli-
nation ] gitime et Sauvegarde, de Ja, dignité bumaine:
en sorte que vous pouvez, sans céder. encore un; pouce
det lérrai 1, écouter, d un «esprit impartial.et. tranquille,
<e que, répondi a votre COnSçience AR AE HeshÉans
Se ) t-il rai Aue:vous:s auriez; bon: améà
dap hilosophie 4 de Fous -Prouver -que, YotEeaaisons na
_besc D. de. personne ‘pour Bfteindre. la. Jumière ;sans
ombre, x gt] là vérité sans incertitude? roËstil sai
que, : au conträire , toute fnalyse. sy chol ogique: qui
aboutit à des conclusions opposées excité en vous,-2
priori ; et indépendamment du droit, JAUEEYOUS Avez
ul DRE Séyèrement, les résultats 1ARe Gerfgine
À ps Fi ection, 34 ef. Hn secret désir que les;ehoses puissent
UE die 0 911 stop +9 ,oldiomivsi dioz
x le 17 É AB T SRE tive, fee cette, disposition
de se de SŒUXR existe pas FE-YQUS; PASSez outre,
ds eneer ave confignée june étude, où niy hole
Shan re Le. Succès, que. Our june. rais son libreode: pré
ne à oubliez pas. cependant cre,cet .orgueil-philo-
phique dont YOUS VOUS Croyez.exemptse cache-;rne
fe qu'à l'état de germe obscur, dans, les; ons-
5412 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ciences les plus sincères, et faites sentinelle autour de
votre âme de peur que ce subtil ennemi ne s’y glisse
par surprise.
Reconnaissez-vous, Res en vous-même
la présence et l’action de l'influence rationaliste, vous
devez, avant de l’accepter, examiner si elle est un
obstacle ou une garantie, un préjugé ou un pressen-
timent. Cette recherche ne sera pas longue si vous
méditez avec soin les faits suivants, que Bacon eût
appelés faits privilégiés, c'est-à-dire faits tellement
significatifs que, malgré leur petit nombre, ils
avancent plus la découverte de la vérité que ne
pourraient le faire d’autres expériences plus variées et
plus nombreuses.
Premier fait :
Tous ceux qui se sont adonnés dès leur jeunesse aux
études philosophiques se souviennent de la confiante
ardeur qui animait leurs premières recherches. Nous
ne doutions de rien alors. Nous avions pour les plus
hautes questions une réponse et une théorie toutes
prêtes. Nous étions comme ces Grecs foujours jeunes,
et qui ne connaissaient point la sagesse blanchie par les
années ; comme ces écoles de Thalès, de Pythagore et
de Parménide où l’on donnait en trois mots l'explica-
tion de toutes choses. Mais, à mesure que le psycho-
logue acquiert plus d'expérience et réfléchit davan-
tage, l'énigme dont il croyait avoir trouvé le mot
s’obscurcit et se complique. Il voit que les problèmes
qu'il a si lestement résolus devaient satisfaire à des
conditions dont il n’a pas tenu compte. Dans les bril-
lantes théories dont son imagination était charmée
MÉMOIRES. 513
TOMATE HA AUOIAITAAIDE 24TNDH0N A Fe
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544 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
double suicide de notre esprit et de notre cœur;
ils nous invitent, au contraire, à chercher au-dessus
de nous ce que nous ne trouvons point en nous.
L’humanité, Messieurs , l’a toujours entendu ainsi ;
toujours, dans les obscurcissements de la raison et
dans les affaiblissements de la volonté, elle à
demandé à Dieu la lumière et la force. Et ici, comme
nous l'avons déjà dit, le témoignage des religions
fausses vaut celui de la religion véritable; car elles
constatent, quoique sans les satisfaire, le besoin et
l’espérance du genre humain.
Second fait :
L'esprit humain n’a point, grâce à Dieu, cédé à la
tentation du scepticisme, Il-s'est mis courageusement
à la recherche de la vérité; et de là sont nés les
systèmes philosophiques. Or je. vous , demande si,
parmi tous ceux. qui-se sont épanouis en, dehors
de l'influence chrétienne (les. seuls évidemment
dont la raison puisse réclamer tout l'honneur }),
il y en a un, seul qui vous. satisfasse., et vous apporte,
sur les questions qu’il prétend. résoudre, tout ce qu’il
vous faut de lumière et de vérité. Est-ce celui de
Platon avec la préexistence des âmes et l'éternité de
la matière? ou celui d’Aristote, oscillant lui aussi , à
sa manière , entre le dualisme et le panthéisme? ou
celui des stoïciens , fondé sur la divinité de la nature,
et aboutissant à l'apothéose du sage? Est-ce le
hasard d'Épicure? Est-ce l'émanation des Alexandrins?
Est-ce le panthéisme savant de Spinosa? Est-ce le
sensualisme de Condillac? Que si tous ces grands
esprits se sont égarés, non sur des détails, mais sur
MÉMOIRES. À 545
des points très-essentiels et en des matières où l'erreur
est d’une extrême conséquence, s’il n’en est aucun
dont la doctrine, prise dans son ensemble, vous
paraisse acceptable, espérez-vous faire mieux an
sans avoir dés secours qui leur ont manqué,
pouvez-vous, sans une extrême présomption, vous
flatter de réussir là où ils ont échoué ? Là
Troisième fait :
Je vais plus loin, et je prends pour juges de Ia
valeur des systèmes ceux mêmes qui les ont inventés.
Parmi les philosophes antérieurs au christianisme,
ou parmi ceux qui, venus après lui, ont fermé
les yeux à sa lumière, en trouvez-vous beaucoup
qui soient parfaitement tranquilles et satisfaits dans
la possession: de leur doctrine? En présence des
plus hautes questions, les plus grands, Platon à
leur tête, avouent qu'elles resteront toujours enve-
loppées’ d'incertitude si quelque dieu ne la vient
dissiper. Les plus sincères , comme Maïne de Biran ou
le regrettable Jouffroy , tantôt laissent déborder de
leur cœur un découragement amer, tantôt, à mesure
que leur esprit s'élève et que les ombres de leur vie
s’allongent, apercoivent et avouent plus distinctement
l'insuffisance des doctrines purement humaines, et la
nécessité de leur chercher une base et un cn oéient
dans une doctrine religieuse.
Quatrième fait :
On ne connaît pas assez l'immense supériorité de la
philosophie chrétienne sur toutes celles qui l’ont de-
vancée ou s’en sont séparées. Mais quiconque à étudié
546 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
sa naissance, etl’a suivie dans les trois grandes phases
de son glorieux développement, au temps des Pères,
au moyen âge, au xvi]‘ siècle, quiconque, en un
mot, sait ce qu'elle est, sait aussi ce qu’elle vaut. Elle
ne tourne pas dans un cercle; elle va devant elle,
elle monte, elle arrive au but, elle s'épanouit, se
complète et se corrige. Elle ne fait pas la guerre au
sens commun ; elle n’aboutit pas tantôt à un sensua-
lisme dégradant, tantôt à un idéalisme insensé. Elle
est hardie à poser les problèmes, parce qu'elle se sent
sur un terrain solide ; elle est prudente à les résoudre,
parce qu’elle ne veut pas mêler d’hypothèses fragiles
aux vérités qui sont les pierres de son édifice.
Pouvez-vous, Messieurs, en dire autant des philo-
sophies séparées. Et, s’il fallait comparer non pas les
hommes aux hommes, mais les doctrines aux doc-
trines entre Platon, Aristote, Locke, Spinosa, Hégel
d'une part, et saint Augustin, saint Thomas,
Bossuet, Fénelon d’autre part , l’hésitation serait-elle
permise ?
Cinquième fait :
Si des doctrines vous passez aux actes, vous serez
frappés d’un phénomène tout semblable. Si nous
parvenons à corriger cette illusion d'optique qui
place les belles actions de l’antiquité profane dans un
horizon idéal, où leur valeur réelle s'amplifie outre
mesure, la supériorité de la vertu chrétienne,
c'est-à-dire de la sainteté, sur la vertu philosophique
et païenne , est un fait éclatant et décisif. Je veux bien
ici ne point m'occuper des devoirs enseignés, mais
seulement des devoirs pratiqués; et je veux bien
MÉMOIRES. 5417
aussi ne point opposer le petit nombre des héros et des
sages de l'antiquité à la prodigieuse multitude des
héros et des sages du christianisme. De part et
d'autre, prenez les meilleurs : chez les païens,
Socrate, Zénon, Épictète, Marc-Aurèle, tous les
grands hommes de Plutarque; chez nous, tous
les saints. Cherchez de quel côté sont les types, non
les plus éclatants, mais les plus vrais et les plus purs
de la perfection morale; de quel côté est la vertu
complète, égale dans la vie privée à ce qu'elle est
dans la vie publique, aussi sévère pour les désirs du
cœur que pour les actions du dehors: la vertu
constante, qui ne se contente pas de quelques heures
d'héroïsme, mais étend son empire sur tous les
instants et sur tous les actes de la vie humaine;
la vertu progressive, qui, plaçant son terme et
son modèle dans un idéal absolument parfait, ne
s’en croit jamais assez rapprochée pour avoir le droit
de demeurer immobile. Cela fait, et quand cette
comparaison, sincèrement poursuivie, vous aura
conduits à l'inévitable conclusion que j'annonce,
cherchez la raison de ce remarquable phénomène,
véritablement unique dans l’histoire du monde. J’ose
affirmer que votre rationalisme y perdra quelque chose
de sa confiance en lui-même ; et ce sera autant de gagné
pour l’impartialité de vos études psychologiques. Je ne
vous en demande pas encore davantage ; et j'ai voulu
seulement établir qu'il y a contre le préjugé
rationaliste d'assez fortes présomptions pour qu'on se
défie provisoirement des conseils qu'il donne, et pour
qu’on se tienne du moins en suspens et en équilibre ,
prêt à écouter d’une oreille également attentive ce
\
518 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
que la raison et la volonté nous apprendront de leur
pouvoir, et ce que peut-être elles nous révèleront
aussi de leur insuffisance.
1 1 hA
Il faut chercher plus bas la source de l’autre
obstacle , que j'ai appelé le préjugé sensualiste. Entre
les conclusions de la vraie psychologie et toute une
moitié de nos instincts il y a une opposition absolue.
Accepter ces conclusions c’est {si l’on est conséquent )
commencer contre de séduisants ennemis une guerre
qui durera toute la vie. Au contraire, suivre la pente
de ces inclinations naturelles, c’est presque infailli-
blement donner des gages à toute psychologie qui
les légitimera en enseignant que toute la destinée de
l’homme consiste à les satisfaire.
Je serai, Messieurs, plus à l’aise pour combattre
cet obstacle si j'oublie que je parle devant des esprits
auprès desquels j'aurais plutôt à m'instruire qu’à
instruire, et si vous me permettez de reprendre
pour un instant l'ancien et cher métier qui m'a
laissé des souvenirs si pleins de charme et de regret,
le métier de professeur de philosophie dans un de nos
lycées. Je supposerai donc que je ne m'adresse qu'à
desjeunes gens , et que , reconnaissant en quelqu'un
d’eux (ce qui n’est pas difficile) le préjugé sensualiste ,
c'est-à-dire une répugnance instinctive à accepter
comme réels tous ceux des faits de Conéciencé qui
appartiennent à la vie supérieure dé la räison et à
MÉMOIRES. | 549
la vie désintéressée du cœur, j’entreprenne de l’en
guérir, ce qui est beaucoup plus malaisé. Et voici à
peu près de quelle façon je-tenterai l'accès de son
âme :
Vous ne trouvez en vous-même, lui dirai-je, ni
l'idée de Dieu ni l’idée du devoir. Je crois à votre
sincérité ; mais tout d’abord reconnaissez vous-même
ce que cette situation solitaire a d’inquiétant pour
ceux ,qui l’acceptent. Voici deux camps : dans lun, il
n'y a que, vous; dans l'autre; il y à l'humanité tout
entière, ayant à. sa, fête ceux qui lui font le plus
d'honneur, par. las science, et par..la vertu. Ne vous
arrive-t-il Pas de vous. effrayer, de cet isolement, de
soupçonner que. ce Chemin dont, la: foule, des He
de cœur. s'éloigne. avec, dégoût pourrait bien être un
chemin funeste, de yous demander enfin. :
> £ = be Li 19
9faC DAV SIOT 4 194$ Au A] CC
à «Quel pacte, de; ces biens yaus, a-déshérité?.» . :
tisane 69 Sréle LION 9
Car, de dire que humanité se trompe. pi elle a rêvé
Dieu, le, Aésintére essement., la liberté; le-devoir, ce
n’est pas un, raisonnement, c'est, un. délire; vous
pouvez l'affirmer, .des, lèvres , je vous défie 4de le croire
au fond du cœur, Donc, ou bien,vous:confesserez que
vous êtes une intelligence incomplète, , un cœur sans
chaleur etsans vie, auquel, manquent le Sens; du divin
et le sens du bien, comme à un aveugle -le sens des
couleurs; ou vous Phares que.ce vide de votre pensée
tient à des, causes accidentelles dont vous pouvez et
devez. combattre l'influence. Mais vous, n’ayez pas le
droit de calomnier votre intelligence et votre cœur...
Ces richesses morales que l’humanité possède, vous
520 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
les avez possédées vous-même, il doit vous en sou-
venir; et, si vous les avez perdues, je veux vous
donner un infaillible moyen de les reconquérir. Il
porte un nom sévère, dont s’effraiera votre faiblesse ;
et pourtant le retour aux vérités perdues est à ce
prix. En même temps son emploi, quand on y per-
sévère, n’est pas sans douceur. À la différence de la
coupe dont parle le poète :
« AIT egro fanciul porgiamo aspersi
Di soave liquor gli orli del vaso »,
l’amertume est à la surface, et la suavité au fond. —
Ce moyen, c’est la vertu.
Vous n'avez plus l’idée de Dieu, dites-vous? Je ne
m'en étonne pas : vous l’avez bannie de votre vie et de
votre conscience; vous l'avez reléguée, comme un
souvenir d'enfant, parmi les vieilles superstitions et
les contes de nourrice. — Vous n’avez plus l’idée du
devoir? Je le crois bien : le devoir est rayé de la liste
des principes qui inspirent vos actes. — Vous ne
croyez pas au libre arbitre, aux affections et aux.
dévoûments qui s’oublient? Comment n’en serait-il
pas ainsi? L’habitude de ne point lutter, d'agir par
passion et non par raison, a diminué en vous la
liberté, et vous a fait perdre le sentiment ; l'habitude
de n’agir que pour vous, de vous chercher vous-
même jusque dans vos meilleures actions, vous fait
oublier qu'il y a des émotions généreuses et des
sentiments désintéressés. — Eh bien! je vous propose
une expérience : vivez pendant un an comme si ces
chimères {puisque vous les appelez ainsi) étaient des
MÉMOIRES. 521
réalités. Soyez tempérant comme si le corps était
fait pour l'esclavage, et non pour le commandement ;
comme si la vie nous était donnée pour l’épreuve, et
non pour la jouissance. Soyez chaste, comme si la
vue de Dieu était, suivant la parole de l'Évangile, le
privilége des cœurs purs. Soyez généreux et dévoué,
comme si l’oubli de soi-même était la condition du
bonheur, et qu’on ne pût, sans manquer misérable
ment sa destinée, s'engager dans la voie solitaire
de l’égoïsme. Soumettez vos actions à une règle
inflexible, comme si la vie morale, au lieu d’être
abandonnée , ainsi qu’il vous semble, aux caprices de
la passion individuelle, était dominée, ainsi que le
genre humain l’a toujours cru, par une loi absolue
et universelle. Enfin que cette loi étende son empire
sur les mouvements silencieux de votre vie inté-
rieure, aussi bien que sur les actions du dehors,
comme si un juge à qui rien n'échappe en surveillait
la direction. Que risquez-vous de tenter l'expérience ?
Et voici ce que je vous affirme : c’est que peu à
peu le jour se fera dans votre intelligence. La vie
pratique ramènera les idées que la vie pratique avait
bannies. En descendant dans la région des ombres )
vous aviez cessé de voir la lumière : reprenez le
chemin qui gravit la montagne; à mesure que votre
cœur s'élèvera par l’accomplissement du devoir, vos
yeux, retrouvant les clartés perdues, se familiarise-
ront avec leur éclat, et bientôt ils seront capables de
remonter du rayon au foyer, et de contempler, à
travers les nuages qui le voilent aux yeux mortels ,
le soleil du monde intelligible, Dieu, substance des
vérités éternelles, auteur et gardien de la loi morale.
522 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« Mais je ne suis pas capable de cet effort et de cette
persévérance. » — À quoi je réponds : premièrement,
que vous ne l’avez jamais essayé d’une volonté
ferme et d’un cœur sincère; secondement, que
l’homme peut avec Dieu ce qu’il ne peut pas tout
seul. Si donc vous vous sentez inconstant et faible;
si vous jugez que la force vous manque pour
reconquérir la vérité morale par une vie conforme en
tout au devoir, je n'aurai garde de contester la
véracité d’un aveu que nous faisons tous quand
l'orgueil ne vient point l'arrêter sur nos lèvres. Mais
je vous dirai que, du moins, à vous comme à tous
les hommes, le pouvoir de prier, d’implorer la force
et la lumière, a été donné d’en haut, et je vous
atteste que, en prononçant ce mot prière, je ne suis ni
un théologien, ni un mystique : je suis un psycho-
logue, qui, écrivant sous la dictée de la conscience,
signale la faiblesse, de la raison et de la volonté;
un logicien et un moraliste qui, au nom de l’expé-.
rience et du sens commun, indique le seul moyen de
suppléer à leur insuffisance. ,
— « Mais je ne sais pas si Dieu existe: comment
pourrais-je. l’invoquer? » — Messieurs, le mineur
qu’un ,éboulement subit vient d’ensevelir vivant
ne sait pas s’il y a au-dessus de son tombeau des
oreilles qui l’écoutent, ni si sa voix pénètrera
jusqu’à elles: il crie cependant à tout hasard. Pour
vous, je vous donne ma parole que vous serez
entendus; et, si vous en doutez, j'oserai du moins
dire : « Vous’aussi, criez à tout hasard ». La raison ne
demande de vous que cet élan conditionnel ; mais elle
le réclame impérieusement. Au point où vous en
MÉMOIRES: | 523
êtes, elle n’exige pas que vous imploriez le Dieu des
chrétiens, que vous ne connaissez pas encore ; mais
elle veut que vous adressiez au dieu inconnu cette
prière, que Fénelon semble avoir faite pour vous :
« O vérité, vous tommencez à luire à mes yeux :
achevez de percer mes ténèbres ; débrouillez peu à peu
le chaos où je suis enfoncé. Il me semble que mon
cœur est droit devant vous: je ne crains que l'erreur;
je crains autant de résister à l'évidence que de croire
trop légèrement ce qui est incertain. O vérité, venez
à moi, montrez-vous toute pure (1) ».
Voilà, Messieurs, par quels efforts de volonté
et quelles aspirations religieuses on peut combattre
efficacement le préjugé sensualiste. Permettez-moi
d'ajouter, en terminant, que ces procédés , dont vous
pouvezmaintenant apprécier la valeur scientifique,
ne sont pas utiles seulement aux âmes plus profondé-
ment travaillées de cette maladie morale. La vérité à
sa source en Dieu : c’est de là qu’elle descend sur les
cœurs droits et sur les hommes de bonne volonté.
Pour la conquérir, tout le travail de notre esprit,
toutes les résolutions de notre liberté ne suffiront pas
si elle ne se donne elle-même à nous. Donc, Messieurs,
il faut demander la lumière , et la demander à celui
qui est la lumière. Nos enfants, dans nos colléges,
l’invoquent tous les jours en des termes qui sans
doute ne sont pas une vaine formule. Les plus grands
esprits, Ceux qui, dans le champ de la philosophie,
ont laissé la trace la plus durable, et creusé le sillon le
(1) FÉNELON , Evist. de Dieu, 2e part., Chap. Ier.
024 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
plus fécond, ne se sont jamais repentis d’avoir
cherché leurs inspirations au-dessus d'eux-mêmes; et
j'ose croire qu'aujourd'hui encore le psychologue
ne perdra rien à resserrer par la prière et la vertu
les liens qui l’unissent au monde intelligible.
APERÇU
PHILOSOPHIQUE
SUR LA MUSIQUE,
PAR M. PAUL CHARREIRE.
QUESTIONS DU PROGRAMME. — lo Comment se produit dans
l’homme la faculté musicale ? — 20 Quel est le foyer des inspira-
tions ? — 30 Opérations métaphysiques du musicien au moment de
la composition. — 40 Esthétique de la musique. — 5° Rapport de
la musique avec les autres branches des beaux-arts , etc.
Parmi les questions artistiques que, dans son pro-
gramme de 41859, le Congrès scientifique de France .
a proposées aux hommes de méditation, toutes celles
qui se rattachent à la musique sont certainement du
plus haut intérêt ; mais, limité par un cadre prescrit,
je n’essaie pas ici de les traiter toutes : je me borhe à
celles qui composent le sommaire de cet opuscule.
Dans le monde, et surtout dans les journaux, les
526 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
discussions sur la musique sont maintenant à Ela
mode : le moindre aligneur1 de phrases s’attribue
un droit de haute et basse justice sur les productions
de cet art; avec peu ou point de science, on les juge
en dernier ressort : « Tel air est admirable ! Voilà un
duo, un final mal fait de tous points ! Telle cantilène
est une piteuse réminiscence: telle autre étincelle
d'invention et de grâce! » — Écrivains superficiels,
qu’en savez-vous sans étude ? Quel instinct divinateur
vous révèle ici de snprêmes beautés, là des défauts
sans nombre, que votre raison, sans les Inmières de la
science, ne saurait nullement analyser. Si vous disiez :
« Ce morceau m’émeut, me transporte; cetautre m’en-
nuie, me fatigue », je vous le passeraïs. Ce simple
énoncé de vos impressions personnelles n’attaquerait
point la vérité; car ici vous ne jugeriez pas l’œuvre.
Grand nombre d'amateurs chez qui une longue
habitude d’audition a développé un certain goût
croient qu'il ne leur est pas permis d'attendre l'o-
pinion des hommes compétents sur l'opéra du jour ou
sur le virtuose qui fait son avènement : ils se hâtent
de le proclamer un phénomène, ou de le vouer à
l'oubli; et, comme pour forcer l'avenir à sanctionner
leurs arrêts, ils hasardent les plus étranges théories,
dont heureusement les principes erronés sont étouffés
souvent sous des divagations verbeuses. Les vrais
musiciens eux-mêmes ont peine à se défendre de
certains préjugés d'école, de nation, d'époque, dès
qu'ils discutent sur la musique.
D'où viennent tant d’aberrations et d’incertitudes
dans l’appréciation de l’art le plus universel, le
plus populaire? La musique, comme la poésie, la
MÉMOIRES. 597
peinture, n’a-t-elle pas des types éternels de beautés
idéales qui servent de criterium pour reconnaître ces
chefs-d’'œuvre? Ah! vive Dieu! la musique, voix
toute-puissante du ciel, de l'univers et de l'âme
humaine, n’a rien à envier à ses sœurs divines, qui
semblent même tenir d’elle leur souffle vital, c'est-à-
dire leur harmonie. Mais les bases philosophiques de
la*musique ne sont devinées que par un petit nombre
d’esprits supérieurs; et, malgré les travaux des
Fétis, des Danjou, des d'Ortigue, etc., la plupart
des musiciens, comme la masse des amateurs qui
écrivent, ne les soupconnent pas. Or, je le demande,
sans principes philosophiques bien arrêtés, la saine
critique d’un art est-elle possible? Non assurément.
Je m'efforce donc, dans cet Aperçu, d'ouvrir un ter-
rain solide aux discussions sur la musique, et de vul-
gariser, par une forme que j'espère rendre attrayante,
des doctrines esthétiques dont la vérité m'a été révélée
par d’éminents écrits, objet de mes constantes médi-
tations. Les idées fausses sur la musique sont
monnaie courante : je voudrais à tout prix les
détruire.
Principa:es sources d'erreurs et ce préjugés
sur la musique.
Qu'est-ce que la musique? D'où tire-t-elle son
principe? Quelle action exerce-t-elle dans la sphère
morale? Jusqu'où va sa puissance dans le domaine de
l'idéal? Voilà des questions certainement importantes.
1028 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Bien, aPen,.y pourraient répondre; ;nul,,ne,, s'en
$ préocenpe. La, musique ; pour, la. masse; c’est unçart
d d'agrément: 61 est la maçchine qui, fait, danser ;,c'est la
ofheRignnEtte, qui fait pâmer, de rire, .ou,[la, ‘romance
Rise Jamente sur J'orgne de er ns «A quoibon Ja
musique? À distraire, à.occuper. les. loisirs;,+3Les
hommes d'affaires qui.se piquent, d'une certaine
«wPhilosophie, répètent, volontiers, que, l'étude.du;éhant
imoralise le.peuple ;, que l'audition: des chefd'cæuyre
dePalestrina.et.de Mozart peut:avoir assurément-une
.Hnfinence givilisatrice; mais comment. ef, pourquoi ?
is, g'ont,nul.besoin de.le:sayoir.; S'il fant. voterun
budgst, ilsse montrent, assez. complaisants;,çar pro-
téger les.orphéons; c'est, passer. pour hommeyde,goût.
st Hfstétonnanf, que;les penseurs, de; premier ordre
«odlont les, décpnvertes métaphysiques, ont jeté tant de
«Jmmière sur action, des fagultés.de lâmeset,sur;le
sentimentesthétique n ’aient.parlé .qu'en,passant, de
-Lart:des:, sons, comme, conception -idéale., M: Eeusin
Seul, après Leïbnitz.et, Kant, .a compris, le,rôle.de la
.musique,ef en. analysé quelques effets, ,Jene
m'explique l'oubli des autres philosophes,qu/en.lenr
Léttribuant ,;à,.certains égards, des exreurs:.et les
_apréjugés du-vulgaire, D'ailleurs ;,ponx, bien, apprécier
on Arteil faut le.cultiver, le, connaître àfend,, non-
ssenlement.par la, théorie, mais surtout par la pratique.
Malheureusement peu de,philosophes sont musiçiens ;
={bien moins encore,de,musiciens. sont, philosophes.
.1keserreurset,les préjugés Sur la,musique. peuvent
188 rapporter à : cinq, manières,d'envisager , cetisart :
sodmestece que lacmusique?; demanderez:vous Aux
RP des écoles.qu'on;proclame, doctes| entre, tops.
MÉMOIRES. 529
Ils répondront : « C’est la combinaison scientifique de
certaines formules que la méthode empirique a
déclarées belles, qu’un peu d'expression vient colorer,
et qu’une logique rigoureuse peut avouer » (logique
à leur manière). — Ces savants ne comprennent qu'un
art factice et souvent puéril.
Vous, hommes de rêveries, d’enthousiasmes
poétiques, d'émotions extatiques, vous en qui la
contemplation des beautés de la nature suscite
des aspirations infinies, des ravissements ineffables ,
que demandez-vous à la musique? De la rêverie, de
l'enthousiasme, du sentiment, de l’extase, et aussi
la peinture fidèle de cette nature objet de votre
culte? Vous lui demandez trop et pas assez.
Vous, mathématiciens abstraits, pourquoi la
musique vous intéresse-t-elle ? C’est que vous pensez
la soumettre à vos calculs, citer Gluck et Beethoven
au tribunal de l'algèbre et de la géométrie, et
. supputer avec des chiffres leurs mélodies délicieuses,
leurs harmonies sublimes. Toutes les âmes que le beau
captive font avec le simple bon sens justice de telles
prétentions.
Maintenant écoutons la foule au sortir d’un grand
concert où quelque virtuose miraculeux s’est révélé,
où un orchestre d'élite a interprété avec amour un
magnifique chef-d'œuvre : le plus grand nombre
traduit ainsi ses impressions : « L'habileté du virtuose
est prestigieuse; le chanteur m'a ravi! Mais la
symphonie, quel ennui! rien n’y flatte l'oreille :
c'est un chaos de bruits confus qui vous agace tous
les organes. » — N’étiez-vous donc venus là que pour
admirer des tours de prestidigitation, et vous sentir
Il. 34
530 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
les nerfs doucement, chatouillés par, des timbres, plus
ou moins SJpathAquer ?Quoi donc | votreintelligence,
“votre cœur. n'ont rien. cherché dans ertte audition ? Ge
aueropsrauliez,-Gétaient des sensations » des mar
pressions agréables; puisque; vous. ne;demandez, rien
de plus l'art, Ohevet.et Robert-Hondin, doivent, être
pour vons les artistes incomparables:; Hätons-nons, de
onstater que-lagrandissement.le la sphère morale, et
intellectuellesdes masses diminue, de jour em jour, Je
nombre dercessfrivoles matérialistes, ét, que tant, de
dilettanti que. la..musique; passionne, lui, die
autre çhose que. des. motions, physiques }. sans, qu'ils
raisonnent;toutefois le sentiment.de l'art. 7 19-0199
# Vaines recherches. scolastiques ;; émotions, intimes
et. profondes... reproduction pittoresque, des, Phénor
mènes, de, la nature ,,abstractions [mathématiques ,
DES eE sensuels, telles sont, les rdiverses
manières.de comprendre. la musique. Chacune, d'elles
en particulier est incomplète et.étroiter: L'art: véritable
les embrasse toutes ;: car), en :tant, que. manifestation
extérieure î un sentiment idéal, il doit répondreaux
exigences de la. trinité humaine :.intelligence ,, sens
timent,, sensibilité, qui se.mettant en:rapport avec
la. nature, s'élance jusqu’ à. Fey pour trouver.le are
deda,perfection. XSL. SUP 9D[H V6 elIOmMS
C'est une opinion presque unanime que 1e sens
auditif est. le siége des émotions agréables ou pénibles
produites. en nous,par: la musique, ; et, dont, le
système nerveuxtout! entiér s'affecte par: commumi--
cation. Partant de ce principe, des physiologistes-se
Sonit'évertués à découvrir dans la conformation interne
dé l'oreille des nerfs vibrant à l’unisson de! chaque
HOMAAT A0 AÉMORÉEL 02 211000 (EST
“dégré dé notre échéllemusienre 1) De perl ITS ont 4é-
are tout Ron qu? He $E produit PARA APpOrt
‘direct de vibration avécié nerf anditiftorrespondane À
Mérvéïlle l'notrééthetle actuelles cd hpose te détie
re LEutrouve2 dans hôtre LME dosette
Se ah
FEAR IMAñS! l'échetté siéate des peuplé sérni-
AqUELISE Fractionne en ‘dix-huit déprés D EME tes
ATP ae He ?En° Hiigtlaens ee 2oheakeur a hèfe
dotés Mlfividus dur Gréaie tot Bpéciar” bo) Para
MOUSE ed 1 relELO mrétodies téles hatthohies file
Hahpo Ent, ANS den vous 1aissunt rAphssBIes
celui-ci reproduit exactement ave Ta OMS ER O8nS
quel Vous aités Dentenare »ÉRA 4 Peut
paivétir quoique Eh 'aimonce Enez" NiP vice
d'OrRNIS HN ULET ème Kon VRératt-tl qHélda Bois
suscptibie! dé Véhanter : de nature en passanieiphr
Üire) EME lou par TA hicine? NOR? PCR IREEZ
Aféd mt que l'oreille n'est qu'a Hp de pere
ÉÉpHon NE pAbIE ent Soi d'attention) de! diécErdement!
UK SK IRON n'est hi -jéstet HOUR 69 quil et fier
of faut 6" lérapport AE prusiéare Lo HNELRE
où Sinultanés® 6e lräppoit, l'intéliiéence tie
Papprécie "pour Ten former Wi-jugement. Pont pré!
clamons avec certitude que la musiqué: 14 d’éfré
enoé OÙ op ontinésu 9Hpeostq noitiqo anw. 250
“UN UEUE Etang Vino A Ete Age bn avant pére
fent'paP Välsalval! Dumas 64 185froféiééur More?! RAVAIE
mathématiciens qqui)s'èst efforicés d'en faire découterl notre
epséènetaausieally 20 oqionirq 99 9h JasiisT .rons,
APE PRE LP RME; Expériences «aepustique, 2
GAS DUR A DE TA CP PT OR EE LdARE
notre tympan.
Ga ‘ AHIOMAM
HE CONGRÈS SCTENTIFIQUE DE FRANCE.
AS LONS ( 11 DO Ji HO sl
e'Hple Satisfaction dés sens, s'ad resse au e pius
sis facultés de home qu u'elle est pa beaux-arts
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jus us p rofon, le Plus intime, lp plis universel,
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Burke, de: Reid, de Baumgarteni::et,suntout dé:Kant ;‘dont/Ja
méthode sûre et circonspecte a, pour ainsi dire, eréé,/la
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2 sen Cf Ho TO: > FD Ex db] (
0 ain e, é uie ( de um
alor dissante 2P re 8 ‘âme » ébiqui J9 Sd
se redresse : sa puissance lui semble sans’ ‘bornes
pour tout connaître ; sa capacité, sans mesure pour
tout posséder ; son désir; sans entrave pour tout at-
teindre mouvité, sans limite pour tout soumettre.
Un CR sentiment d'amour déborde du cœur,
où sgst.allu mée ne, soif ipextinguible de ur,
his: 19 ACT h A os TER on o
de, Ye et d'action ; ét L'homme, nscient, dé.6g qu'il
peut, retourne à la conquête de Ja création.
t dr roporti n
1 O0 V ent int Fou tant. de proportion dans
Fanité, et la variété de, cet univers qui gravité autour
ne dont.je,sens,mon être. si; distinct? Quelle
donséquenes rigoureuse hdesärcatse rdahsstesséaitst
Quelle convenance Mparfaite des moyen$ pour Hé2bwtt
Vrafméfit ce horde peut tt Ce Monde Et diirale | !
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moi du unité, même variété, même ordres. même
harmonie!! Les:deux:mondesopeuvent:done-se mettre
complètement) énorapportisimonrâme est: hien. Pelé
qui? ob, ienis Hoq ,& od2oqenmooiis do 91fe 9bodtàer
UC Due join! dAHS'1eS deux * , Quelle Ymme inensité |
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536 CONGRÈS SCIENÆIFIQURIDE FRANCE.
dans cet Océawyrquelle: profondeur, quelles colèrertr
Motrntelligence-confondueos à bîme, dans unes ner:
coùtemplations bpoûé scçcomprendreu Ses forcés: 5 s0ût 0
dépabsées ; «sés ressorts:vomti ser brisenhob. INongçomoñr
âme l‘encorbun élanrsuprèmende: désiriet/d'imou,! etv
tuvasséntrevoir | la: tonte-puissameé jbfinies absolue;
qui iteconvainc-dertaf faiblesse set duofinirde fon!
essencehkonmovsr s9u9%illotci door :99i1)sèr s9m6eeiq
“Gloire à: vous, Étreseul incréé, immuablecdnité del,
toutes les) perfectionsiicréateur, permaent, (ont de!
féconditéjamaisrine sépuise;oabîmersdassaience et
d’étemnité; imeffable bonté-que des -hienfaitsjamais [nel
lassent, gloire-àl voustiievoussadore;!ôrahon, Diet} je!
m'aïéantis devant/:votne face: tavrpantout ijermems
presséis;opartontivous nvapparaissezi ha periectionr
finiede moniêtre etimesçaspirations pour-1munirrès
vôlus esrévèlent;que je suis sortie vousjfquez pour
moijsutrouNer)la vérité-absolue,relestocrairerril votre|
justice s'àasvotre:sagesse; posséder Le souverainrbienss:
clestimériter:t votresrameupssentrevoir, daïrsuprèmer
beauté , t’estyconternpler la: sûblimité:de moscœuvreser
Jel n'arrive:là comprendre ana propré existence! qu’en)
m'élevant jusqu'à l'intuitionvdesl ôtre+0Dans et
umivers;t{queoyousoavezyexéé sipanfait,oje mois(pe
réfléchir come däns unomiroivapotre trinité 41iptrly
ligence;ixerbe-ét amour, etijeslæretionver eh min:
mêmerceftteotrinités(rlairesà vous!rmon Diem; gloites
àovouslsb roroqrooci'e dusyov sl co'up, swpieglqsièmx
oMaisvou$2w ez daignévousrévéler à yes eréaiutes ÿr;
vous avézipertis:à votre Verhie-de revêtin une forme.
visible:pourque jevous touche iet-querje vous aimes.
Maintetant moi! poussière, àqui votre souffre a donné;
AILANT HOMÉMOIRESAHLE 2410400 535
uneïvie à votre image)oje sehsaussisen) moi une)
intelligence quil veut fécondercunochaos fun) verbe.
quinveut créer) "un amourscapableudenvivifiens Je:
m'empareräi .donc-desi matériaux de-vatre : eréation
visibles tet, [vous contemplant] commié archétype! du
vrai, du bonietidu bear, vous prenant pourdriterium
deda perfection, ia -trinité àsmoilexercera aussi sa
puissance créatrice; mon intelligence rayonneræ dans:
de Sÿmbolés;:mon , verbe $esfera'lentendre ‘par! Ja
lumière parlesisons , parda:pierre;monadoration ,
ma recoimaissance fdpour- voë$, smessrjeies) hmes
douleurs mésrüésits ?1hes espérances! ;înes affections
lés. plus! profondes, messsentiments lés'plus exquis
vivrontiet lpalpiteront dans mon'œuvreune et'uariée , 1:
incarnation véritables demmonâme.Etimomcsemblable
comprendra ice queijercomprendé,; sehtirace que je:
séns:T sé l'âme ose °60nfomdraz avec: li cmiienne: niVoilà
l'être, huainoparvenant réalisèr virtuellement iet
activément:tousdes effets-dlune-puissante créatrices
voilwMartiste : montiquandreess mains faconnent: la
matière pour satisfaire à ses bésoins corporels , ‘maïs
qüand leSoufle decson; âme communique“læ vie.iet: le!
mouvement à des êtreslinanimésli'! £ peut à18 4918
2Qu'oi me, pardonne ‘Pexpressionopeat-être tropr
poétique °déri mapenséetitjerm'efforcend'être philo
sophél, jé ne’suis que le‘plus humble des artistes et,
comme tél;1je In’arrivecà $aisiv/unéiinotion $mêmen
métaphysique , qu’en la voyant s’incorporer dans une
images én’exprime un'sentiment qu'en exhalant une
prière) Ili’est-pas possible /à um grand'artiste d’être
athées plus son‘orgueib:S'efforcede-nierle1Dieusdont
iléubit l'inspiration, ‘plus la: magnificence «de ‘son
536 CONGRÈS SCIENTIMIQUEUDE FRANCE.
œutré"bofiféssé l'étersiquenent ta) protest Atom Fm |
platablé dé adonètiente, 205b ira" e sôvertns til
Ppor étre touta faiticompris LE HE resté à Cond EnIsEnd
mes Aémohstfitions dans wné définition préciser L'axt,
ds a ‘conception a plus Séhérate) Ta plus EE)”
la PltS Complète Ta Seule raie !V'Art el V'EOrt éoWAl”
dé toutes îes Fiétités que 1e noi pensarit cHfibirle pouf!
anitfier désa vie métaphysique et infime dés SyftiBoles!
extéMEN ES phAlles belles forriies désfhénles itiée vhs”
fée: AUOT ndiiduel et tout té l'uvre)
arbiétiqué est la réalisation dé Cet font Is2DT noi6èr
S°dhns œuvre artistique 167 principe’ intenbettel!
ét moral ‘né ’se “révèle pas d'én seul traits 18 rh
bole Het pas härménieux danstéufes les parties [der
don trfité tique La férme Abuse! date la création A
prétomitance dé tellé ot télé faltilte "si rtf mon
enténaèmént pour ésis ie Lens qui éjfibolé ha pas
bébuin. développement. dé’toutesl sëT FordusoiRes
Pise que” l'œuvre ne proëtire est faibles: Irésiqres
test qu'agréablé. sl : ane esh svieesoxs Siilrdsmmote
PRE totraire le signe visible 2provéqhet-A7 pour
ébiipréndre a” Signification idéile) l'éKéféréestétal
Fleite RE” régutier dé” mes racultés Ppasrnpnélion
Apontanél je” men!" pénètre Ré Hônheure 1eme
rate avec pléniteae setsat qui ésfaluntonte
une âme pour l’enfantér, je lui livre! oute/ non né
poker Ajouir. Ffinoblil rélevé , TTEAHSE, jem'éerie :
né un ChéfLd'œuvre Voix lé béati das toutesa
Spléridéir 15 up monoms.]l -sinèu el :‘18q "28879
OP MAROC 20 quel r'éténdué. de ar eonceptiont-" ta
Vhléhénce du soufflé vivifiant édifiel un ‘ensertible
“dont” mes facultés” dépassées! nè'peuvent “apprécier
(93229 Di
'HSYHAHA 1 MÉMOIRES, 192 24#D/09 547:
l'étonnante unité, déconcertée., inquiète, m#personr,
nalité entravée s’agite dans une.indicible an SOS t
bientôt; cependant, ma volonté toute-puissante s'élanee
à la dutte.contre; Pobstacle, dont, ;;la,- résistance.
centnple l'intensité de mon rayon intellectuel st de.mas,
chaleur morale; ; mon; âme; infiniment. dilatée,:
parvient enfin, au,jeu,libre de.ses ressorts. surmonte,
las force ;quirl'écrasait, :et,.triomphante ;..s6;, repose.
complaisamment dans l'estime. de sa, personnalité et,
dans, Jai conscience de son. mnité, persistante ; çar. la:
création idéale; dont.elle à ;çonquis la; possession,
l'inonde.d'un bien-être suprême, Voilà le sublime:
“Le beau, le; sublime dans des arts, le génie seul les,
réelise;-Seul-il.concentre, dans un foyer unigne le;
rayon;des sentiments. des idées, des images; ;senl il
déconvre.des symboles nouveaux et variés, dontil fait
jaillir la lumière en Jes-harmonisant, par les.Combi
maisons les plus heureuses, les plus inattendues , ou les
opposant pariles constrastes les plus hardis. DO URERÉR
‘sionnabilité excessive des sens ; la variété. l'étendug
desidées et. des images; la, promptitude ; l’énerwie de
imagination; la. richesse de ka. mémoire, le d'OS
intime; profond ;-le: jugement sûr, le goût, exquis; la
puissapced'atstraction,, Vintention chaire. la chaleur
communitative du sentiment, la volonté irrésistible;
tels sontrles attributs du génie 4e 500 ovré ou
‘artiste, médiôcre m'invente, pas de, nouvelles
formes: il.combine parfois avec, bonheur, les Éypes
créés par le génie. L’émotion qu'il fait. éprouver
n'est jamais complète. Les productions, de l'homme de
hétierne sont qu'un agençement insipide de formules
ressassées qui ne flattent que les sens, auxquels elles
s'adressent.
538 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
1011, 108, 210D 9880194, 2017.91 01 20% |
Lattoiao al E.ebuiiits ac: ersb ätmolov sus, 1iaôb 1
Porsienul st. 230 e28q di-dciotts'r, esathorq leu
e[ Des #fonmessde Part. 42 1Distinctionlentre lesibeauxzarts.: 0"
ol daslsvèrz aldieivsi.s bou 51,19, afdieir, 9bq
xUB9901q.298 9b.8TS 18.219108:
Si-Pdft'estiunidans son‘principe étdans Son! but, ‘il
est multiple ditns!sés formes {en raison des m6yens:
qu'ilbéfploie pour se:produire: 1° SGStiOl, ,92;.6900112
Pourtiédrhiuniquer le mouvement ete viesàta"
métièrépil'äine trouve ses agents dénslles brgfänes.°
Deûxi'dét dés "organes, | parc /leurl'sensibilité L phas
exquis paraïssent ipartictlièrement susciter Taction
des: plûsonobles) facultés 12 lavueyqui péréoit lé?
lumières l'oreille, !qui perçoit les sons!°De’ ces per1°
ceptions.ilrésultent deux) principes! dé!méuvement ?
dans «lésuarts | l'espacéi,, quel la (lumière! remiplitio”
le‘tempsslquele-soniparcowrt. 110) 9CT0 NE T1 ocas|
La lumière produit lé mouvemient dafs l'espace-par!”
l'opposition dés ombres et dés rayons, dont-résultent
dés contours desondulations-16dessi ét un-môt) où (|
l'harriénie dei l'ensemble slétablit par Îlx proportion b
des détails) Para lumière les trois-dimeénSions-dé-
l'étenduie-s'animent ? l'architecte) 1combinant Ja ligne!
verticale et li ligne horizontale |)équilibrelses masses:
depierress auxquelles ol dutte 2468: ténèbres! etides D
clarté) cotnuniqueé éi-bienl la viéqu'élles) cessent!
d'êtrés dés brutes) pour” devenir Ja-l-peniséez presque
impérissable dëPhémmes Part lumière, le seubpteur,-
dontidé ciseau à forcé iemarbre-àl reproduire Pimpo=:
santé -mnhjesté dubroide al créations scutptens meto”
dans les yeuxidécetté image un regard; an sourire
AA MÉMOIRES 9e 20700 539"
une parole sur ses lèvres, une pensée dans son front,
un désir, une volonté dans son attitude. Et le peintre !
à quels prodiges n'atteint-il pas par la lumière?
L'universrentier, sembleiappärtenirsà ssaspalette( le
monde visible et le monde invisible révèlent leurs
secrets au gré de ses pinceaux.
IA son! tour-deison,; modifiable à-Binfinisréeliseile
mouvement /danside tempsrrent contrastané| amer le ;
silence, se limitant et seriprécisantrpar Pabstacle; ;
changeant sans-cessede-manière d'êtrepandetimbre,
et-wariant àcplaisis sonintensité duofort au HouxéiDerr
plusç il semblemêmeenvahiz l’espace par ses fhuctuas(]
tions-qapricieuses idurgrave à-Paigus-derd'aigaiaue
graveioQue le;smusiciens quesle;pôètes shmtoutrs'em
empare;dleswerheode.d'hommeprend Lestons l'homme!
ditrsme Quermar lumièrersoitk»1et destintelligentes
sontiéblouiessignQuel jenvivifi pat l’aneurb|»2etl
l'amour transforme tout. essréatares-ternestres fente *
silence; et-se[tiennent-prêtesa-0béitirborq sr$iorul € 1
iBespensewrs duoxiuspsiècleréensont wävement'|
préoccupés:d'uneriexpérience ide! physique sonstatant b
quelesayen solaire, décemposéparle-prismes; disposer
seshsepb Éléments-sur Le réfraçteuxt dns smeprepor
tion-d'espace:exactementäidentique àrsellesessyihras
tiens. squiodistingupschaique; sent dec motres gamme y
diatonique; därSsriente aa, encore [tiré augune lt Ch
tionsde-rce-fait singulier Peut-être cette; coïncidence;
derapportsçache-t-ellerun mystère dont explication f
serarume: decnos-Conquêtes pour Hamenir.sDu-zrpste;: :
Huygens attribuait: lessphénomènesode Indamäière:o1
comme rceux:du son sax vi brations-d'un-fuiderétas :
tiqueïN'yrauräit-ilpas, entze- la lumièreret le[son:b
540 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
hün-seulement une affinité; mais encore une iden-
tite -Wesseneenÿp ol otaitis'l 20 st60G 91 169, : 9i60q
Quoiqu'il ensoit, 16 Sün parvient à féurér là vie
et lemonwvement) tort aussi bien/qué li lumière! Aù
soufteeil’artiste | 1 prend’ dés formes! 11 1éatisé dés
symbiclés. bip Taripensée” ét &uitout 1eséntiment peut
s'invartiers dersoit let Péléménit ledsentiél dé" ani
siquecotimé dé lapoédie) c'est surtout datis1e/8ôn
jjue Fame) trouvésonivérbe par’ ekébllénce "1e plus
prédeo des ples erdiquel Entrélufie amie ét Son
fiseble: qu'iné lconithuniéatiôn merveilleuse #eéta
blissésohs cesse : le cœur ét ne Sädrait #fouvér af
plis magifiquelinterprète. Qué /1& pensée! 8e /nati 2
feste pari l'équerre etlé compas, 14! pasSion’ charité
eticréera-toutlufmondeld'harinôfie far lequel} "à
laswétitéqisaucune formé crier “ra réseau
contour arrêté ; mais tout sera infini commé?l'âmeé
pour ltimer, pour prier pet s'élever jisqi Alex tabe.
Qu'unhémine réunissent pros haut degré toutes Tes
pérfections'de Ja trinité humaine": Isénisibilité ;/sénL
timienti, Tintelligenée ; que oreille soit chesllui Te séns
le pli imipréssionnable ; H/én.doutéz pas, ét Kotinie
sérd sien. Maîs, sil touitii Pa fois /sof GFEMET à
vhébont-douéës d'une sensibiité plasexquise" il Sert
envol eiot sl 6 iuoi 19mins do 19/297 1104 supLaum
() io tax X9 ES ASE FINS SONORE her
PR Men LEE pétceptibns par: route est
à 16,000 vibrations par seconde environ, pense’ que fl finit 14
facalté vibratoïre del’air,-ét Coinmiencé œenéidé T'éthEt que la
vu. jseule: Héuthpercevoir.-Ditntre! part; Troupenazi-donne
copeuEs qu' au-dessous de? vibrations: J'oreïlle jperd, l'aptis
tufe de iuger 6, Ngn pu et, qu ici, ÉRRAEASAEPE la faculté. d’ 25 x
préciation par Je tac “Han
AUD. SUPUALUTS antiet TV A1X9 [I A1 511
HOHAAN JA AUQIAITHAINIS 24H00 CAC
MÉMOIRE ÿ
-gabi ou 970909 een , SL PEL onu nono froe-ftt fl
poète : car le poète est l'artiste le plus complét.11}
élève, des, monuments sublimes; comme, le palais)de
Sacountala;; il cisèle..;des.-chefs-d’ œuvre comme le
bouclier, d'Achille; il ærée des typesiiravissants de
grâce; effrayants de,;perversité comme: Lakimirde
M, de Lamartine; il dessineides tableanx-gigantesqués
comme,le. Pandémonium de Milton; il, msi
uprgomnet..de Pétrarque , commeoune de dHgo 41
fait joner dans un,drame: inouï;toutes les passions, 4
cielyet. de. Ja.terre:, «comme: dans: la Bible »enfin-le
poète, c'est Le-Dante, c'est Goëther,. c’est) Klopstock
c'est Ragçine, Cependant) il-reste: anoope: mr gente
humain. à.produire de.nos jours amprodige, plus
complet,;1 ce sera J'artiste qui: réunira damsisem&tone
nante.personnalité. Meverbeer-et: Shakspeares; Mozart
ShNirSilReros ‘afui sise tuot 2igm : D9TI8 ‘IUONHTO
oAnfincertains arts combinent dans nne merveillense
synthèse tons.les effets.des antres arts: felssont l'art
dramatique;-auquel Paxchitecture; da soulpture;r1de
peinture, [la musique 1lacpoésie ; portent-eur tribnt:;
lamimique et:la danse, qui , 4onteniempruntant &
la sculpture et à la: peinture: les poses, lessadtitudes,
lerjeuide.la;physionomie ;1ne-peuvent se passer ode le
musique pour régler et animer tout à la fois leurs
ENRE harmonieux estes expres
EO1 en pr MOULE À 31 on if (1)
L'art dra HAE a musique. ef; 14, dansé Sont, &
arts compopit od. gorivas sbnosse 16q anoitgrdiv 000.81
el Malgréices: formes multiples, sid'art on bete
IPS, qu pet M NL 6 à
“que Teen Pr PHttRÉ &ônt ro a ae
18 Hoi BOSTU
mais il n'existe d'œuvre vraiment artistique que
‘42 CONGRÈS SCIENTIRIQUÉ DE FRANCE.
icellé où räyonne thé pensée; di palpite url” Sens
timéñt A}? Déionitrons “maïifitenant jué! Ja facubte
mAHÉATE est pédutte datis l'Hémmé dés Son oriéinie,
et-qu® PHorfe: d'Efanté dés he
qu'iplséstYéjout/odes qu'il 4°pHié des Qu'il af ait
6l,6b.oupreslà adons'l 18q ,oupiasymemos, En
“eolgeec eètivso ab. moilivsg.. ol .09v6 : ,otiofa
=YeTi duo , BdONT isomoeuolyhao westrenx LU
1 ueisieq vb dnesitaoior. regoivi of ôimolov f 19q
oiquoe odonif ol Que der HHIGUSs jiropirte D
re so & sioliov da: srhaoïtor eorvél 29h, 9[dizxaR ds
sr nr bénir somrauteur> exhale2uné
universelle harmonie: qui jamaisr:me;s’asseupitl, Let
dontolaïchaînetaserêtres ofornie A'inmimense rélavieit
sanoréDans)ice selavier chaque, the ca: sua}
chaquelcaide;:son frémissement: chaquelsonffle son
sohpirqi dépuis<le friséonsdw:btin) d'herbe: jusqu’'àrla
clameur de l'Océan; depuis le .boirdonnementicde
l’insecte jusqu'en Éracasoides :tonadriesop jnéqu'aux
chœufs:cadencés, dès soleils quirgrâvitento {Eh a
tiuebhasannaimonterdonoers:Dieu (2); Mais;vpou
+9
ÿ
D iul oogoteixe ofsvyozx se. 0h sousïsesroo, sf ue $e
2 HôËnE KWrONBE 16 haha PhoSOBhe Lave HER IANE
clalidétporiteation 4e! Pme Aisihnet des Forbes actiNés:de
1x natuse. vi AinsilacmnsiduezÆst donc:lmecosporiiée dans
RDS le Saline de Mronski, big ait ATP
ot ul SIT DONS d
6 { > ) { [ 7
PU nie. universelle indique ee | LA Pile ob
ait A A PA HE on BE PRE
enséfèhée ; été un ôbjèt de eéHétin tte méditation pour
tois)'1és Ro PR R ee âgeildsry
chérchaient da loi jorganique ;du monde.par des rapports,dg
sombre ets NO piméme ; m9,4pasAédaigné A6 Sen
préoccuper.
DAÂASE HA MÉMOIRES; à NDUC 543
adorer, PT rt vraiment, en Da et en
vérité, ane, âme. ici-bas, ne trouveraatrelle Pas un
chant?, Éçoutons, l'homme, le, plus merveilleux
instrument sonore lui a été, départi ;.letube: de son
larynx, formé.;de cordes tour à tour, extensihles et
rétractiles, communique, par l’anche élastique de la
glotte, avec le pavillon des cavités nasales : sa
langue, marteau onduleusement mobile, peut frap-
per à volonté le tympan retentissant du palais ou le
clavier strident et'fèrnie dés dents. Le limbe souple
et flexible des lèvres retiendra et voilera à son gré
léi:sons en sertrésserrant ; ou! l'épanchera éclatant
au déhorsæn's’épanouissant dans tnsourire.°Que les
lobes ipneamatiques ‘dés poumôns-Hissentsnaintetrant
échapper’ un soafflé toustces instruments/e6mbinant
leurs effets-dermille manières sovontideyehirolarpoix
d'uñe lamineuse intellibences dun cœur où tousrrles
séntimrentsstabitent. 91 2iuqoh. ; 16890 8b ruemsie
x1A ‘peine sorti desmhins'deson' äutetur;;}Phomme-dut
tout d'abord enivrer 1sonlrégardl dusspectaelecode
l'univers; puis, sentant somoconr battre set sdardre
sa pensée, la conscience de sa royale existence lui fit
pousser:un cri de rayissement,sune exclamation,; ane
voyelles: Ah: »rBientôt, par d'actiom:combinée
desicausestextériétires et desphénomèries internes: 66
séntimént primitif, énéral ét vague s& Hôdifid ét
devint, joie, tristesse, amour, | antipathie, ao
abattement b À ergtute pour cause de faiblesse p hsique 1Gn
confiance ;par..conviction 4e force, morale. -Chaque
émotions diverse Htrouväa:psoudainementzoson ‘ÆCcent
propre !4 l'instrument voéabrsenprétant ‘à toutes
Voÿellès &e'multiplièrent ; ét 8e nuäfictrent’ par #HiNE
1944199 O9'T
544 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
inflexions différentes ; le. cri de l’homme devint un
chant; enfin le chant se transforma en paroles, parce
que la pensée réclamait son expression : car les idées
s'étaient ajoutées au sentiment. Il fallait que l’articu-
lation de la consonne précisât le son de la voyelle, et
l’onomatopée produisit ainsi les radicaux des langues.
A mesure que l’homme fait connaissance avec la vie,
les idées s'ajoutent aux idées; la raison percoit entre
elles, des rapports, les associe, les classe pour en
former des jugements. Les simples radicaux de
l’idiome ne suffisent plus : il faut qu'entre eux aussi
s’établissent des rapports et des associations : le mot
verbe unit le sujet à son attribut; la proposition est
formulée ; les particules et les désinences enchaînent
les propositions ; le discours tout entier est constitué ;
et désormais, quoi que l'homme pense, quoi qu’il
éprouve, il l’exprimera par la parole. Sans doute
l'instinct d'imitation, que l’homme partage avec
certaines races d'animaux, n’a pas été étranger à
cette conquête, mais comme auxiliaire seulement, et
non comme cause efficiente. La Genèse a donc raison
de nous dire : « Dieu fit passer sous les yeux d’Adam
tous les êtres qui devaient subir son empire, et
Adam les désigna chacun par son nom ». L'enfant au
berceau ne procède pas autrement à mesure que
la mère provoque le développement de ses facultés.
Toutes les considérations qui précèdent prouvent,
j'espère, jusqu'à l'évidence, la communauté d’origine
du chant et de la parole, puisque la voyelle cons-
titue l'élément essentiel de l’un et de l’autre : si bien
que toute parole est une musique par la nuance
infinie des accents et Ces inflexions, comme aussi
MÉMOIRES. 545
toute musique doit être un langage pour pouvoir
exprimer l’âme (4). Mais l'expression de la musique est
bien autre que celle du langage. Celui-ci suffit à la
pensée, aux émotions réfléchies. Dès que les émotions
sont violentes; dès que le plaisir, la souffrance , la
tendresse, la haïne, la colère, atteionent au pa-
roxysme de la passion, la parole, impuissante, cède
son rôle à la musique, véhémente explosion, inter-
jection immense, profonde, indéfinie, qui mutiplie ses
échos , et qui, parce qu'elle ne détermine point l’idée ,
est l'expression souveraine du sentiment.
Comment la musique est-elle devenue sans rivale la
langue des passions infinies? Dans l’âge primitif de
l'humanité , elle ne se séparait donc pas de la parole,
dont elle n'était que l'expression portée à son
plus haut degré. La précision de la parole ne
Tl’obligeait pas, pour représenter l'idée, à tirer de
ses propres ressources les éléments constitutifs d’un
discours. Des inflexions variées, des accents doux ou
forts, l'émission soutenue de la voyelle, voilà tout ce
que la parole exigeait d'elle. La poésie en tirait son
rhythme ; le vers , sa cadence; la strophe, sa période.
Mais, quand, pour des causes que j'expliquerai
ailleurs, les idiomes se furent hérissés de consonnes
qui heurtaient et entravaient à chaque instant
l'émission chantante de la voyelle, l’alliance de la
parole et de la musique ne fut plus possible. Il fallut
dès lors que celle-ci, pour ne pas faillir à sa mission,
se créât un domaine propre, et trouvât dans ses
ressources les principes de sa grammaire et de sa
(1)J.-J. Rousseau , dansson Zssai sur les langues, a démontré
‘le premier l'identité d’origine entre la parole et la musique.
I. 35
L
546 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
syntaxe : car, commé Jangué, il lui fallait pouvoir
encore exprimer: Îles ( idées PA jügéments tés
pensées; :mon1d’anelmanièré dirécté hais dû fhoins
parrwoix «dlintuition. Or; jé l'ai dit! lé sdif'e en‘taht
que-fait absohwinespeutoAvoi aicune Séniftation |
_expressitezs mais iliest infinineénto"suistéphiblé de
modifications (4) La musiqué, éénibiniant é& modifi?
cations!}5 païviendra 2à-tirer 40 86h! défformes, /dé£
typesanélodiques des: sÿmbolés; inérne Ad8 irfagek 7
et;o-bièn loincd'abdiquér: salpuissance/elté pourra
sedéfinir 4440 masiquelest Partsd'émouvoir, ét dé
peindre en suscitant indirectémentdës ihäges | par'1à
combinaison des ‘diverses inodifitationsl qu Co 0, x
Cértés!/pour-arriver à fa découverte-de PT
L'esprit'humainh'æpaséh récours Eu HET ETAU a
scienceiurlebsenl besoin dé semanifestés l'A conduit!
aix plas merveilleux! résültaté! toutefois? Ces véStita ts
atteints, sla)bscience as pu analysé Team rés"
procédés: LU FE :Hotré0 FENTE R: HEtisE VER
synthèse sbospidordiire nosist 51 nine; ssh à
sMourstes s[[sqqs'e
AG: cr aff enotoi vo 2àra95h #5b sd mc ft Si
IU9SDASES. 61 , CHONSEUOJUL LU
OSULUIGA GER OID 2IOL 8299 FLEX
SŸ ri il 9f [NP
9h 910
L6'son, Cotnme mr naturel , va gl des.
mo ETES oscilldtoires de tout COrps ur qui,
répercutés par les ‘Corps élastiques fangents 3 S'éten— |
dent, se propagent sous Je. nom ‘de vibralions. Lai
est trip î il Vétiiculé du: Son. Les vibrati po irréeu— | 3
)}D)
oe noivelo ol: 1 9Ù
)f
) au easb
(1) Les rapports que l'intelligence établit nt ces modifi-
cations constituent précisément la ca PL à, son.
“of. asztoèna o2vI£mé l É ovIrTs i " Ir
HONANE HG AUOTTITHN à:
Hé | MÉMOIRES... RO ET RANT 547
Tiovyod JS EU li iT( w ; 1
lières des. FOrRS; élastiques, ne; ns qu'un bruit.
> ReuT$ Hib brations, régulières; dans ünrtemps déter-
miné, sont. le; principe! du son musicale degré de
lenteur ou de yitesse, des mouvements oseillatoires du
Cerps sonore. -constitue : une-premièrer modification
du.son, qu’on nomme cntonation plus \leswibrätions
sont lentes, plus l'infonation est:srave;'plus elles sont
rapides: plus J'intonation: est: aiguë -L'oreillela plus
exercée ue.peuf,apprécier.une rintonation:au+dessous:
de. 39, vibrations par, seconde; et: a de16,384
environ dansle mêmestemps::hai trsiioe aq
.On,,gonçoit.que da: différence, met ces es Dh
de > perception puisse se fractionner-en ‘une multitude
d'intonations partielles.-et diverses, fournies 1pär "la!
progression, arithmétique, croissante oudécroissante
dunpmbre,.des yibrations;;.nous; nomitions l'ensemble:
| de,cette, “Progression, échelle générale-ascendante où des:
| cendante;:: ‘nous en nommons æhaque:terme ; degré de
| l’échelle ; enfin la raison arithmétique de la progression
s'appelle intervalle.
Le nombre des degrés ou intonations, la grandeur
de leur intenyalle, _ ne sont point. des lois, le la nature,
qui ne limite si ne précise rien dans le clavier so-
nore de, la création : c'est une conception de notre
esprit, variable selon les lieux, selon les temps. TOUS
RTE ‘que comme ‘ane. ‘intonation très-distincte
de “outes 1 les au res in ‘intonations de l'échelle générale ,
etrésultant du nombre constant de ses nee
pee un temps donné M): si
(Dont 299: 95005 (9j | SD 2*4
ten
}
D Sp tätit2o àtirrst si JRA2IOANC
(1 j Si jamais la science arrive à “A es précise des vibra-
ÊAG 2HAIOMAM
eidue cu noid i910v ei8M .sixomied'l 5b swoitsièvèr
DES TO CONERES CNET IDE IPRANCE:I00!! : dis
a iMonation , prémière médification aol 9 mise
af or )
en Œuvre pi ae l'image iOn “ét As aseipré Eté
139
SEE CAL J'intonation né se” Bréduit or nes
1
SI
comporter Vitlneliément" Six : aWEReS modifiéationg au
ea a résonnance harmonic td, da position
JD 19113$ )
lia vasonale : du a durée; D 16! s PH BE Tacéent:
6 un rôle dans at nalité. rnôe ofledloè"l 198ivib
: CTTO NT €
‘La, réso LR “harmonique de Hhonattént est ah
990TO0t JATMION
de. ces mystères féconds dela” natté” HôntiHiétre
esprit Sempare pour. ses combinaisons °H6at °Ebrbs
sonore, outre une ntonation |'particitière quislui ét
«Propre, fait e encore ‘entendre simuftanément avétefe
{rois aies intonations | plus” Tfibiég, “Has tes
distin inctes comme éoncomitance fe ‘4fHHote! SO 21pr
exemple, dans un temps détéfininé" duélcodque, aire
«vibration pour Pintonation prilcipaie 41 Lon géné
rateur : Ja première concomitance piédiiira Aétx
“vibrations ( dans le même temps: la Second ‘qi :
enfin la troisième, cinq. . Ces concomitances , HART
Système musical actuel, ‘sont nommées rep ctivément
.J'octave, je douzième et fa dix-Septième a sn «aéré
.rateur. Voilà donc l'intonation, âme di 8h portant
dans son unité. trois facultés LonotegUL bent
commelnome Die Au Us 0 BU ÈES métaiphy-
.Siques; correspondance étrange, qui RAM cn
de, plus que la trinité du ‘Créateur "empréint] son
image dans toutes ses œuvres. Cé mystère imexpliqué
de la résonnance deviendra pour note fntéffigenes: ja'
} 1] vit oiv gl
) sÿ ol
tions de la lumière, il est probable qu nelle. trouvera dans la
différence du nombre de ces vibrations en un temps donné
la raison d’être des couleurs.
oz rtf DATE :
ny 1} MIRE ININOR TE WIl6110 A
MÉMOIRES. 549
révélation de l'harmonie. Maïs voici bien un autre
fait : l’octave, qui fournit deux vibrations contre une
Suson, générateur, semble. DEN q noi jui que! une
intopation. parfaitement identique, quoique Pie
aiguë; 8a; de, aa . . fonts. les |octaves de cette
première péfave, Admise rer esprit coin rage
SN ne
toutes. ses joctayes ] ui \ fournit un Fons He
diviser l'échelle générale. Dès dors, depuis. 4 ibra
diens.par seconde jusqu'à 16, 384 dans s le même + temps,
OX \
Lesprit, censidère. d'échelle “générale “cou Ho “formée
Ayune seule série d'in tonations se rép éta d'éctave
de 0 se t 92 ‘II JO da 19'e ire)
12 FEAT St: pare purant à "oÏs régions dia asona ales
Je-LTAYE , le médi VAE aigu , COMP osées chaëune de
trois . ju abidion ft L Véche lle
eli0O JAN [6 CJOT i
tion sont TéT ares € eue le son
a les iptomations pont réparties à AT AD
or
Y e manière
ÉLAIEUE Eh SON, PLAY, à) écrite SUR Pre axsh , 9l ne En 3
cette étendue 1 916 Ris progression Lo Pro ie
Grecs appelerai, désormais 6 ‘dia on ie
diapos en hd une, intonation se Q d’ap n S Sa
Eésonnance al bn grave x au médium où # à 'aigu, dis
i6ette. p: position, d d japasonale ne recont AISSOZ-VOUS | pas
l'âge, la.dignité d'un son, sa jeunesse où Sa vinlité? 9
Par, d'intonation Ja résonnance harmo que Fe ‘Ja
eue Fr ME Ra 90D IOV ..ruatg
+PoSition. hp ie 20 elle du son 5€ divérsii e
: JOB [OT 0 &
en; un: grand, nom mbre d'e autres voyelles. Trouvons 1ès
+) ie {r
éI01T SMISNINNO" 9MÉ 91ON SMAION
-gensonnes. ID ,9onertà ref LAS
oz La durée. est, la façuité ue Pintouation pos de
af PRE RAGE SRE, PÉPUr du tenips ‘into
> du en est l RD RREL,
shaion es L'AT A6 ;6 # fon; | ad teYA ne 99060291 81 99
la vie active, la mise oi Tumière ère
Le timbre est cette qualité particulière du son
sl ensb siovuonrt ollo‘up oldédorg tas li, sxdienl si sb 2rrait
Onrob e2qot mu mo enoitsrdiv 299 sb ordrron vb oonor8ftih
erusluos 29h 9158'D moeiér el
550 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ASAIOME
résultant de l’organe, ou de l': tppareil sonore. dans,
l'instrument qui 1e prôditit. Lès’ timbres fésultant
d'org'amés sont ceux'tles 4Oix Hümaïnes: ils se classent,
en deux grandes familles : les timbres féminins des
enfants et'des fémmés® 168 times males des 0mmes, |
Chacune de ces deux familles se subdivise . en. trois
espèces de timbres MAnUE par eur dègré d'acuité ou
de.gravitéi=quiei 99048. OftsIq |
Voici ces! éspuces eh totienéant ar. la plus
aiguë toloawsft st9f 260 À3 "ri en ts À
Voix deperitils SOpHHNO mé22-H6prano” contralto,
Voix d'hommes : tenor, baryton, basse. HE |
Chaque voix: ana tee ‘espèce présente, ‘en outre à ë
une modification du timbre appelée! Ro ro
résultant ‘de 14 Ra CAS on divérse ‘des parties de
l'appareil phonategn 9h 2eme UNI 8x
Aer registre voix de poitrin:
2° registre : voix mixte;
3e. registre : voix'de tété éd FUSSEt. | PRE ALTS
L'ascension ou l'abaissement du fl al ainsi que.
N'K PA
la tension plus ou moins grande des Apres ou € rdes
vocales de ‘cet orghné, pariisaeht être le il causes c des
différents registres. ne Juoe du &-tudint 918 g ‘54
Ænfin chaqué homnie ‘4 un abs e de” voix e qui lui,
est prôpre. Quelle inéroyäble he) N'est- “elle p AS
un dés plus beaux apaiapes au régne hominat ? Dai,
n’est point d’ instrüment qui Valise avec Ja voix
humaine, et la prééminence d'un QUE RENE dans 12
HeCHIE orchestrale dépend de sa facurté d'en put
plus où moins parfaitement les étés. dunne le NTM
En raison de leur appareil sonüfe , Jes jastruments
se partagent en trois grandes class es de les instrüments
13119004 992
14
'réet
25 CTUOUMIST 2941
r mn (r ra À
+ .crstoist 91 ,olocsri
sors <iov ail
J
tora HT . XI
HOMAA AA HUQIHITHHIIZ 2HANDWOI (rer
MÉMOIRES. ’ ASE
en) 210008 lisaeqé.l eb Jo 9162101 9p inetl8Pd
UE AUTRES cru LD Trois ; modes d l'entrer |
on Pons uen OS Jamilles instruments
2e
oh à Sabre) eordarit &e of eo[[inist & 9busTa XU 9) [19
“vor PRE harpe, ; clavecin: ns ath5
ES ÿ f 2 2olfinrst xuob 259 9b 919819
BOT, (9
90 Corde frolie violon, vielle; ets] ait oh 2994qe9
VQ SUIS D à j
| orde frappée : ee _épinette, tympanon;sete.sh
L'on compte quatre familles dinstruments-à vént :
q [Et AAA
“44 émbouc ure et biseau : flûte, flageolet, etcaigreis
. RE bo, «clarinette è RSS sg
pho Er 52260 v'isd «TO + - 29500008 D THON
30 À embouchure gl boul: trompette s:ç0r; trombone ,
ee STD se ordmi pp n oùpoñtibont sûu
39 {i id
k A ent el à clavier. : Â Orgue, mélodium s feteset{uedr
Les ou ae de percussion sontsqus
Les tambours, les timbales, iles. çymbales; le
triangle, le tamtam, la cloche, ic riov : srietpot €
Les voix humain gs DÉS forment, 18v chœwr,ssmu-
| ue Doturele » la r éunion. | des PStHUmeRÉso Re
ar jue artificielle S(1IONT [JO &! slq OI 191 gl
Re nv EDR 1 Fouad sséation
qui pale tribut à un seul art ; toute,..la création |,
pee D'xi0 D, 1 DU de. son, maître, das de
F6 DT sonf les âmes; dans. l'orchestre ,6;est, le
üre entière. Se Rare qufpstipaheer este SOEDS 1
u. EE usical its omme,. la, durée, Pr vie:
active, SEEN en intonation. -8n. est. l'âme, LS OfTL8 €
La physionomie du, son Gest L'accent 10 sudo 1
L'accent consiste daas le. mode d éragttre, Vi int ne
Par, sa, tonte-puissance,. il.xend. jour à. four le son
éclatant volé, strident, velouté, limpide, sombre
TO LTT
sec, moelleux , pénétrant, profond , perçant , proche ,
‘582 CONGRÈS SCIENAIIQUE DE FRANCE.
lointain) Apr! :‘cAréésant L'Iripérieux 2! diséren,
APTE. MAÉ et An ÿétéee Latest an cie rl
‘défiant dati durée prédit Va widiiée Sridation
“du dou£'au fort au fort au AouxE contraëté Wrüikie
°fle”14 véhétiencd et def Mot LEOTA tiianée c'ébfiPa
Mouièur "dû Son Ka! respiration pouf Ansÿ diféioson
“‘battemerit-d edigr01 1 910 ,xollirg tirs burS go
D Hébee lévident Imadintenatit? ‘Pat UD résonnianice
l'härmonique , a transposition diipasohälé2 4 durée ,
le timbre , l'accent et sa nuance, un seul &on#it,
ll ‘at pétisé: palpite} sourit ot often “#’iFfite ou
°apaigé) lille Gui s'ébéEubeit 2H finit méiié La Te
Sisifencé l'étéint{" le silétice sobb le soi 6 st met ,
“HPHén, pd dgipol 5! srroupeos [f aroLA Men:
LGH dans Aes 16H Sôiré d'hiver lat Bhäh£islôno-
ae du grillon , qui n'a pas uavoëté A8! Ness
“kotivenirs d’ énfanee? Qui a paseatessel a ve &iiônr
… KP iNusions fivorites? La plainté’ discrète"de Mifisdète
“°ôte du foyer hé vous Sémblaït-elle pas a 08 du
“Hénips ; ‘qui, comptant vos ärinées" Dyous mûrfire
“doucement : «Ton trésor dé boñheur” n'ést pas/Bien
‘triche! Quant” à tes illusions! hâte toi 1Iégreje
chante! !"je chante ét'ifie plains toujours 2 mais fé rs
vers l'éternité ! » Mais la cloche, surtout la cloche,
ses tintements lugubres me glacent d’effroi; ses
joyeuses volées m'illuminent d’enthousiasme : la
prière viènt sur'mes lèvres : les’ larmes ; däns/mes
yeux. Je crois voir flotter le voile blanc d’une belle
‘1francée ; je crois’ entendre 1evbon1pasteur:bénir les
-senfantsduhameausÆPuis: ici, lelest um 'petitieereméil :
cest -une- pauvre mèrenfolleide dotileuarb'@scloche ,
‘qui dis tant de chôsess tite, et sonne encore :#a4:voix
AOAAHY 44 MÉMOIRES, 2449/4109 093
.confesse la foi, affermit l'espérance, prescrit la charité.
Ein toi ,neloçhette, agreste:;de Ja; chèvre esrante à
atrexers.Jes sentiers.d'anhépine et.de,serpolet Let toi,
atome retentissante ln pâtre sur la montagne jet toi
senên., casçade grondante dont.la voix semble celle. de
binfini! vous.me jetez. dans un,monde,de rêveries LEt
cependant grillon, cloche, trompe,, casçader. ous
sméêtesoquune seule intonation,,. qu'un seul accent de
. Setten musique,que,iles anges. du. Ciel nous-envient
PURE: on . someun 62 +9 tnos08 { . srdomit so!
uo dat aura;laotoute-puissance d'expression lorsqu'il
scombinera;-les:rapports.d'intonation,ride; durée..-de
.imbre, ;d'acçent ; d'harmonie, dans Lnnité, de;Ja
tonalité. Alors il conquerra la logique, de sa, langue.
-ordais de développement. de, cette logique ne résulte
2pas<cher, tous des peuples d'une même opération méta-
Physique ; les.prémisses en varient selon l'influence, du
siébmat :jet,;darprédominance..de, certaines, facultés
uintellectuelles on. de.diverses aptitudes morales. Çes
1ausess qui déterminent pour.chaque peuple les.ten-
sAances particulières de,ses mœuxs,1les consonnes, ori-
s{8iaales de son idiome;-etrmême les accidents de,sa;yie
-1$0giale,; déterminent aussi la.nature de,sa.tonalité,;.
.9d9019 &8[ tvotrue :sd9ols 81 2i8M « ! ätinrrots'f tov
258 ; I0TH9'D tisse sûr 2srduuerl etaomoinit 25e
51 : omesieuodins'h dmonimulli or 258l0v esexrsyoi
29m Geo sotend partmnalitén. #1 Plusieurs tonalités, possibles.
offesd aou'b oxeld sliov sf rattoft rio 2ïo7 91 .xris
21 ‘Oméntend-par (tonalité lé principe rationnéHement
. Hhibresen vertu duquel s'établissent,entrerles diverses
intonätions::d'un sdiagrimme, des: lois:-d'affinité,
xidattractiontowr:de répulsion,; déterminées par: leur
554 CONGRÈS SCIENŸIFIQUÉ DE RANCE.
subordination ‘plus! ou “inôinis! | dette” éhvèrs 1
tonique, son g'énératéur dés rapports. CSN
‘AinSila tonalité repose ‘sur un principe rétionatel
[02
lement libre’ ét n'est qu'une conséquence de faits
métaphy siqués. CE ne Soft donc pas les phénonx nes |
dé Ja nature’ QUE ous Pimposent, thais, tout au one
traire: l'aétion!/des acents ‘dé la pensée qui la FE F
itdepeidinté dé touté cause extérieure, sauf cepen
dant e: produit dé la! résonnance! du cotés sonore,
dont''les!Concomitances! sont restées des points io
division fixesliqa& l'échelle de tou" les peuples”
connus! ! Plusieurs tonalités Sont donc possibles, Ca
chaqué räâce humaine: peut avoir un Système HnuSREAT
radicälément différent d8-éeux" dégl/Aitregl races.
J'insiste sur cétte vérité pour détruire l'opinion ertonée à
de’ éeux qui! véulent 4 'toutél force que 14 ton te
ETC
actuélle des Européens SOit la seule tationnelle. Et qe à
tonalité est vationnéllé “püiqu’ élle est une loi Pie
XIE ‘b
l'esprit. Leibnitz; qui voulait ‘éréêr ne’ APT
aurait pu tout re bien éréér une tonalité: ro
cellései n'eût pas plus opéré age vpition dals Ta
musique Que sa” langue ‘dans ‘la littérature" Une”
tonalité pas” plus qu'un “idime, ne peut êtfe” he”
œuvré(sciéntifique que. toute une société “dôpte Le,
l'une et l'autre S'élaborent léntément par Je se
timent colléctif des races, ’et deviennent loi pour le es
individus par d'éaufénfi oi dé! l'oreille et les fabitudes ”
d’audition contractées dès l'enfance. 72 7 7?
En expliquant plus haüt d'origine dé la inusique,
j'ai dit que , dans l'âge primitif du genre hurnäin, je 4
chart ne $e‘séparait pas le la parole, à jaquéité. 4
prêtait seulement ‘des inflexions et ad accents plus
nec
D
Rd nds ne ©
atteste “né
HOITAAN 10 MÉMOIRES 4192 244940) 505.
variés et plus émus, Il.suit de là eat temalitée ce-
LR POV ait compor ier, un, rapport numérique.idei
vibrations, presque. ms mal..entre des; decrés de
son diagramme : b SAT 1 e sens. u.mot,précisant suffi |
samment l’idée ou.le.sentiment, l'intonation. n'avait
els tons O1
besoin que d'en être le coloris; sonore. C'est pour gelai,
19 HS ST
que. les, : Coptes. €, ds ‘Arabes, chez, qui, une. tonalité:
JU I
sem at le est ençore ; en, pleine, vigueur, comptent:
dix-huit degrés à à partir de leur tonique “ae son!
ocfave. : C° est encore. ainsi que, d'a
système dé. tonalité, les fadous en, comtes ane
deux. Ajoutons que certaines, ‘expressions de Plutarque:
portent à à conclure que les LGLRCS ,. avant, la.guerre.de:
Troie, | poussaient la. division de. Jeur diagramme:
pe sq à vinot- quatre, intonations diverses: JLi-est1
OTT9 DOI
évider nt. qu ung, musique, .basée.sur,, de; pareilles,
échelles ne, pouvait se. priver .du..conçours -de; la à
parole : ntrement l'esprit sans la, parole. n'ayant: plus:
d’ auxiliaire. qui. J'aidât. à, Saisir, des, rapports :Com-" |
pliqués,. serait. resté impuissant. à: leur: trouver: an
sens musical. Par Contre, dès que, chez des” peuples:
septentri onaux, Ja musique ,, séparée. du,chant;:etir:
réduite ? A,$es; DrOPTES ressources, fut, obligée d'obtenir:
par l'éneraie. de ses, éléments propres, un sens>-précis,
d expréssions, St di Images que.la parole. neslui four,
nissait pins, les. tonalités de ces peuples: se basèrent.:
sur "des apports numériques de, plus,en plus, simples, :
que l'esprit peut apprécier instantanément nets et},
distincts. Les: races japhétiques. : arrivèrent, ainsi à ne
plus compter que. treize, degrés dans leur, gamme (ou. .
alphabet musical ; en. sorte.que,. d’ un degré. au: degré.
conjoint, suivant, , l'intervalle, appelé. demi-ton :est:
Le 4H à
l'A
556 CONGRËS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
représenté aujourd'hui par le rapport numérique de
Vibration :#+ (1). Ce dérnief rapport, le plus com-
pliqué-que-notrééducation(mnsicale nous pérmetterde
discerner! à priori, -est devenh d'unité; tonalesqués tous
les antrésiintervalles-de notre système-contienment am
certaim nombre exact: de fois sqtellement que sirlé
chantéoriow Jinstrumentiste :nüusoen2font) ententkre
d'autres quimercontieinentpasàäipe derchoses:près
æb mombrerexäctde déemistons ;hotrep intelligremce;
subitement trombléedanssessopérations, etopémibles
mentaffectée, réagit'surlorgamsmetoutrentier)zêt
nousufait, crierqavec souffranceur 40/C’estraux fre/est
fataloi ensb tuomslsoibsr 1918H1b tnoeeiq adtilsenot
21140 seltrouve complètement exposées qespètesq ia
seule :vraie-théorie dés la-fansseté w'deslap:jnstesse
«dés sons: espère ausshavont mis! bersydez doûte:dh
possibilité de diversesnténalités basées:sux des:pnin:-
cipes métaphysiques trèsalifférents.iAvamtrde spouf-
suivre; cjerhersaurais trop'répétér: que toits Îles faits
quésjlexäamine oavec-lé flambeau: destazscience not
pas-été révélés-par Cette;sciences maiscquele-diésain
innélichez homme d'exprimer {ses sentiments ætysës
- “passions ‘quand-leur véhémente) dépasse darpuissanee
dela: parole--produit1a5 musique es SE
rique voncoire(2)250118b 291 je o1t8-moid
: Maintenant on'pourra nous ol 'Sausrdoite,
comme conception purement/métaphysique » Hanteot-
yo diuid ol 16q oSup 19m1is'e JuoeIuqg st aiv
) Jpi u0 dast 09 gris tas:
ent Cet inter ÿ alle est celui que les pythagoriefens nommaient
2901OIDI b
Time, et que Tious appe ons | seiki-t0n" où Gent Ifon. e9
{8 Au resté Léibnitz a dit que Y musique Est da? éMidur
spontané que l'ûmelthit d'son'ingusl 914 42UT nosieruo9
29) stsquve sl 180 pro RE fOÏ 29010719 essoi
A[gttatro aofdecrésont sol ti 5 210 [dà [T* nots{wqoc
CL:
HOVMAAT HA AUOIMITAALE 244900 RTE
ob sup J{ TOQAST al T8q au es SNS OT
-mos eufq sf droqq EME D 90 .(1) + mois 457
dination es PSE ete rpossibles reste
mmwfait acquisoi puisque:les idiomes ‘ayant tous pour
fondosonciendes: mêmes svoyeHes:: hey se distmguent
ur: del'autrerqüeipar-icèrtäines: émissions caradtés
ristiques dercesrvoyelles et: parrcertainés articulations
deqcomsonnes) qu'ellesscpossèdent:enscpropre;1inmoüs
comprenons : queoiles-tonalités, ‘établissant entre .les,
iaténations , des: affimitéss- ou des: dissonnancesi : qui
fixentideursensr-expressif ;::commer lest :consÔmnes
fixent -lessens des motss fous conrprenonsiquerdes
tonalités puissent différer radicalement dans le'prim+
<ipe-dés-rapportscentre teurs intonationso Maïs alors
æmusiquiesh'est done plusséet art universel auquel
tous des peupless tous les individus} demandent «dés
émotions semblables 5 Le En-vérité h sur Ja surface
<eoda sterres entière, 11 musique rremplit:ison rôle
païñtent elle: est[lertingage; des passions héroïques:et
ideérrémotionsstendres:° Bien! plûs) écoutezrlastiature
révéler $es:colères parileSsymphonies convulsives de
Fouragamioi du velcan: prêt 4 s'élancér; écoutezde
monderorgamique etle-monde morsanique traduire
pat: d’iménarrables harmonies leurs tressaillements de
bien-être et les délices ‘deyleurrcalme:r Toutesis:les
.Géaturesont leur-musique :silsemble quey-depuis le
-gvains le sableyjusqu'au chérubin; l’existence-owcla
vie ne puissent s'affirmer que par le bruit on le
chant. Mais, en tant LEE D la Se parle
JOS:R III NOT eMIITO SR TY ,
des idiomes ui ÉS variés : jen ‘en veux. OUT )reuve
) HO KOÏ-92 EtOISCCS 2UOU 3HD 99 ,5
que, fait ty Llorsque nos; armées | victorieuses p par-
couraient l'Égypte. la Syrie et plus, tard, l Afrique,
nous crûmes tout d’abord conquérir la sympathie des
populations en éblouissant leur imagination orientale
558 CONGRÈS SCIENTIFIQUÉ DE FRANCE.
parble! prestige de notre musique militaire. D n en
fut rien : dès lé8l'prémiers ‘accorde l'attitude des
indigènes : ‘ekpritita: ‘Yétonnément ; lue Aa° Stupéfac-
tiofis bientot leurs géstes défrhféht des | signes non
équivodties désouffrance ; enfin ils Séloienèrent : avec
indifférence. C'est ne dUiRE idiome Hausigal leur
étaitlétranger. Les ‘missionnaires jésuites” ont cons—
tatél0chez lés Chinois üne pareil étipathie. En
Europé même, !l'Écoske, rlandé let "fa brétagne
entendètit ‘encore des Had qui hroublent”n té
orëille. D'ailleurs, deux längués musicales) fe | plain”!
chant'et l'art Abe RRQ ‘n’entrént-eilés pas dans 1 pos,
études;. comme aussi! Abri! jangéés itféraires ? le
latin.et l'idiome national” D'où vient! cependant qi que.
le chant: ecclésiastique est si ‘peu goûté des diettanti
et-des häbitiés! dé nos théâtres" fr C’ést que,
poutiles ans let Iés ‘autres sa tonalité, res aifréténte ?
de Partimoderné, est une ‘angue/'qu'ils/ ne Com
préniient plus! n’en! est pas de niémé de nds popu=
lations fürales +’1és dialéétes ou patois qu'elles païlent
ont, en général, Conservé la plus étroite parenté
avec de latin liturgique”: aussi le Chant ecclésiastique
fera-t-il: éncore! ! et pou Ing tés ; pus délée—
tation. TARA
LÉ ctinogrie trouvera quelque jour de’ aida" :
chaque race à se créer tel ou tel” Hans L'étude
de ces diagrammes ét de léux transformation progres"
sivéest du plus Haut intérêt ; mais {8 Cadre que je me
suis/tracé pour cet Aperçu philosophique te me permet
pas d'entraiter ici: je résérve ces questions pour un 8
autre travail Cépendäant ; afin d’être Compris dans ce
»
Re
RONA MÉMOIRES 24107 559
qui, vasuivre je me, vois forcé d'entrer dans quelques
considérations sommaires sur.Cesujet: 5; ê
-Chez. les. peuples, ;çomme, chez. les.individus , Ja
trinité.. de. l'âme. humaine, :, sensibilité ;,sentimenf:;
intelligence, n n'agit, Presque. jamais sans la-prédomi-
nance, parfois très-prononcée, de l'une ou-de-l'autre
de. ES facultés, À ne: Co) nsidérer . que les: peuples;
lès ner 208 leur, vie, la sensibilité: ( plutôt la
sensa ion) joue, un; dôle, exclusif, leur caractère est
pres
a farpuche US, mœurs, sont gTrossières,, le caprice,et la
passion | brutale s'imposent, comme loi,,unique..L'in-
dustrie, de. ces peuples .ne.dépasse.pas la. satisfaction
de, leurs. besoins, matériels ; leurs arts, plastiques ;se,
Roue à limitation. imparfaite. de quelques: types:
élém entaires, | fournis “par la, nature, leur. idiome ,
RUE et-guttural, aes ssemble, à. leurichant, composé:
dé, sons, «ou. plutôt. de . coassements ;discordants
de EE aigus fr “Échos, pourtant, intelligents du-rugisse-
ment des bêtes sauvages on. du-grincement strident de:
l'ojsean, de. proie. Quant, à.leurs [concerts ;:.ce est |
qu'un, chariyari, de, ponques,.retentissantes, ou de
cornes.qui, Jour, servent..de, trompes ;;;nn,.cliquetis :
gels A6 cymbales et.de grelots; un, roulement sourde
de tambourins sur lequel brode le sifflet perçant d’une:
flûte de roseau, Tels < sont.les Papouas,.les Hottentots,
les; gites, AS _Ésquimaux.. SÉfiosir el 2
a où: le sentiment, omine ;.le. fanatisme el |
joint. AUX Passions. yoluptuenses amène .dans.la vie:!,
sociale. de. continuelles et. brusques, alternatives. de :
somnolence contemplative où d'énergie furibonde. ‘Less
despo tisme, consacrant, l'esclavage, permet, parfois;
d’ élever. des, monuments gigantesques.et déserdonnés:
560 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dans le plan, comme l'extase ou. la frénésie ; confus et
luxuriants dans les détails, comme. la vision et le rêve.
Le goût d’un, luxe raffiné est le seul mobile de
l'industrie : fi la poésie, atteint parfois la, grandeur
étrange de l'architecture, dJ'opulence des images . ÿ
lutte presque toujours avec la subtilité des pensées.
Dans l’idiome, l'élément vocal surabonde , et les
consonnes sont, molles et, peu articulées ; en, revanche,
les inflexions de l'accent: sont tellement, variées que,
dans la déclamation., elles réclament impérieusement
le concours du chant, Dès lors la tonalité, de. celui-ci
se compose d'intervalles ;si rapprochés, que, pour. les
discerner, l'esprit, en, appelle au.sens du. vocable ;
disons. mieux: la, musique de. ces. peuples n n'est faite
que pour.la;poésie ; et le Vers pour, le chant. Les ins—
truments, Ehoud, Vina, ete, pont. d' qutre rôle, qued de
diriger. Pintonation du chanteur, ou, de, remplir. par
leurs faibles sonorités les, silences qui. marquent la
césure du vers, , ou en complètent da cadence. Tels
sont des DATES de l'Inde et,tous, ceux qui professent
l’islamisme. .
La D ep en de. 12) raison a, de. bien “autres
résultats : elle. détermine, la: gravité monotone des
habitudes, le, rationalisme en religion, l'inflexibilité
dans la loi, la stagnation dans les sciences, et l'indus-
trie, enfin l'esprit d'analyse,en toutes choses. L'utile
tin ees voilà l'idéal des, arts, dont quelques
fantaisies grotesques. sont.les seules hardiesses. La
langue, mouillée de diphthongues, se: hérisse de
consonnes doubles. La philosophie, le droit, l’histoire,
les sciences exactes, en composent toute la littérature.
Quant à la musique, elle ne semble qu'un procédé
MÉMOIRES. 561
yat
F
HOHAAAX 44 AUYIHITAAIIE PAT
jun AO que,paur” 1° ue) none ou un plaisir .
Fu Les intervalles dé sa tonatité sont” Basés su
les ra ports ÉrèS sh pIes ; ni ne <e prêtent uère :
T'ent ousasme. Le “haut est ‘gfavé Det HéBotôrke
comme | es mŒUrE TL ERétation SYmphôniqué! w'exige
‘dé éhaqu €'Hnstriiléntiste que les! sons lsourd8ét pêu
à variés dés piirés Kénôres” dû king! cf ; toñtrastänt avec
es éclat io TON LS tdtitaml on duérotale: "Péls
“Sont ee hinôts es Japonais, les Manitchoux =" tels
SERE nt ut és Péruvièns dés” spagf à ol
U Red Jr SA pétipté Chez qui 1d'trinité (dé l'éné Hu-
maine a8 it PAAAE Un parfhit équilibre! À! lui Seul appar-
“helene. fes Ibieutatts dés liberté, ‘es merveilles dela
“ex HSa Hiôn 1 Le I prodices! dés best arts. Si le Spiritua-
SEL TRES DCR AMEN fortifie &i TAison
pen DAT ; l'expansion dus titieit devient
° chez lu d'chate, OR wine exquisel sensibilité Ebrh-
re "Sa Suit esthétique Tu périiet ‘de!réaliser
e HE Mis Houtes Ses Formes! TES étaient ‘m6inS le
cl RUE, F le$ Grecs de l'intiquité:’tél8 $6ht°les
NO ENS AU SDAI I 8b &Iqua eæ .diroe
Ces considérations sur la vie morale ‘dés 'péuples
Fee peuvent Ébralement ‘appliquer à Dindividu, ‘maïs dans
a Ephéré d'action infiniment plus résireitt Obsér-
tre 10 Htdfois que ?'chèz lartisté Complet? lbieñ que
Antéligencés le séntiment, Ta sensibilité, s'éxercént en
"IBéie équiibe En CARCACTR él‘délicatesse ° plus
°arande Melo toujours ces ‘ deux: “dernières fa
BCultés=" ét produit l'imalination 01072 29m
SD RU hâte «48! reprendre! l'étude! dés ‘progrès 'suc-
PERLES Daï lesquels Hbtre musidué kctuëlle s'est' rise
Le “possession "el! tous ges “étériènts | & die ne
9D990T4 nn ge) o[dos2 911 9i[95 SJ SO Gi STE
562 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
musique, parce que c’est le seul système qui se soit
développé indépendamment des ‘idiomes. Quant aux
autres systèmes, on n’en acquiert des notions justes
qu’en les étudiant concurremment avec la langue:
{
.
HA (Ce
6 ) ft 9}1 119 |
Origine de la tonalité moderne. — Causes, déterminantes,,
de sa nature, |
Les ethnologues et lés lingilistes S ‘accordent géné-
ralement aujourd'hui à placer le “perceau ‘des races
européennes dans l’ ancienne Arie, plateau” central de
l'Asie. Une ‘similitude presque complété. entre 1es
caractères physiologiques de tés races et ceux ‘des
castes dominantes de l’Inde, l'étroite parenté de nos
langues mères avec le dnéelit: ont fait AU
l'opinion que, dès la lispersiôn des péuples ;
descendants de Japhet, trop resserrés au pied ïe
l'Himalaya, se sont partagés en deux grandes émi-
grations pour trouver lés éléments nécessaires ‘à la vie
pastorale. PHARES
C'est alors que les Arias prôprement dits} ‘se diri-
geant vers la’ petite Ourse, se ETAT ARE sur es
rives de l’Indus ét du Gañgé: où 14 "fertilité du sol et
la vie facile amenèrent un rapide développement de
leur civilisation. Bientôt ces peuples, à qui la nature
prodiguait tous seg trésors, n'eurent plus qu'a en.
jouir, et leur’intelligence put” SAbsorber librement.
dans la contemplation et les” spéculations métaphy-
siques, tandis que Lexaltation du sentiment et la
violence des passions sensuellés émployaient toute
leur activité à se satisfaire: Péndant ce temps,
PAR CE Re
LJVANH AC AUO RITHAI192 84490H09
li ons. MA ge 4 563
C 7 (UN Sue
Va autre. - marchait, vers a Ourse :
mais b rencontrant devant <lle' les steppes: glacés de la
Sibérie, et J'Himalaya. au soleil, Jevant,ielle! se vit
forcée de se replier vers le soleil couchant. Là, la mer
Caspienne lui barraïit encore le passage, et une seule
issue lui était ouverte par l’étroite vallée du a
elle” y précipité: fais, pOur Ta AN 8rdér où la Con-
tourner, il lui fallut! Lan fraétionner en plusieurs
groupes, qui ASE Tee en ANTOpP ;S et,dans l'Asie ocei-
dental d es. races Le re AE ujourd ‘hui …txès-distinctes,
| C'est ainsi dl ie ue les PE PEUT, probablement
dés es És riinitifs, -LAsie.Mineure.et bientôt la
Grèce, € et que nue SHoUnSe LA DRE varent les
200 sant de LH La RENE ALL Fe Hs GaËlS en
RE PP due ven baMes fe 188 JÉtrUSqUEs,
2T PA abord ie; MOQUE uxin,, pui yparconant
fl PER É't ue se apcèrent. Jusqu'à. l'Océan ,
abando ant, à ceux x qui, fs suivaientJes passages des
Alpes June, 1 Par. Où :Geux-Ci, purent occuper les
rivages de Ja mer Thyrrénienne juqu'au-delà, ;du,
Tibre. Les Kimri branche, collatérale, des. Gaëls,
S étaient choisi p pour. domaine Jes rives du, Pont Bail
et îles Palus-Méotide By laissant des Slaves sou Sceythes
Ce Aj
promener leurs “hor. gs nomad des; dans, les., plaines
immenses pa ‘arrosent le q'obga, et le-Don,;Les Finois,
RUTR des, Slayes 3'É 'avancèrent, al, septentrion
ju squ'à | Ja mer Baltique: mais; les. Kimri ou Ci-.
mériens is conser FRA EU domaine méhdset plus. de:
mille ans. Era it LOTUS te
Par cet. écoulement. du. flot het À libres
désormais de s'étendre, les. Élamites | «ou Parsis de-,
vinrent limitrophes des Arias de l'Inde: les Mèdes
Ci
564 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
occupèrent les plaines centrales de l'Asie, et les
Teutons, sous le nom de Scythes, de Massagètes , etc.,
parcourant en toute liberté les steppes qui bordent la
mer Caspienne,'et forment le Turkestan septentrional,
les Teutons attendirent qu’une impulsion irrésistible
décidât leur mouvement vers l'occident. Tout porte à
croire que ce furent les Youngnous, repoussés de la
Chine vers le milieu du vri° siècle avant notre ère,
qui précipitèrent les Teutons sur l’Asie occidentale et
centrale, où, après soixante ans de ravages, une
moitié de cette race fut exterminée. L'autre moitié
fondit sur les Kimri de l’Euxin, dont elle poursuivit
battant la masse principale jusqu'au Rhin; là, les
Kimri, de gré ou de force, se mélèrent avec leurs
frères de la Gaule et de la Grande-Bretagne, tandis
que les Teutons ou Germains s’appropriaient l’im-
mense forêt Hersinienne, et projetaient même une
de leurs branches dans la Scandinavie.
L'histoire de ces âges reculés est enveloppée de
ténèbres presque impénétrables : néanmoins de vagues
traditions et des affinités incontestables entre les
. idiomes de ces souches primitives témoignent que
* telles ont dû être leurs marches et leurs luttes pour
conquérir le domaine définitif où elles se perpétuent,
formant le fond de la population malgré le mélange
ou la superposition de races postérieurement conqué-
rantes.
J'avais besoin d'établir ces faits pour en tirer les
lumières par lesquelles je vais maintenant expliquer
non-seulement la formation de notre tonalité actuelle,
mais encore le cachet original qui, malgré la com-
munauté de cette tonalité, persiste à marquer les
MÉMOIRES. 565
productions musicales de ce qu'on appelle les écoles
italiènne, allemande et française.
La constitution physiologique de la race blanche ou
caucasique révèle que, par dessus toutes les autres,
elle est merveilleusement disposée au développement
complet de la trinité humaine; mais ce développe-
ment a dû prendre des caractères divers en raison du
climat, du sol, et des efforts d’activité qu’ils imposent.
C’est ce qui va ressortir d’un parallèle entre l'Orient
et l'Occident.
Dès que les fils de Brahma jouissent en paix de leur
chaude patrie, féconde jusqu’à la profusion, leur
langue, comme je l’ai dit ailleurs, s’amollit de plus
en plus : les voyelles ouvertes a, à, 0, i,s'ÿy mul-
tiplient, et ne souffrent d’autre articulation que les
consonnes douces, liquides et sifflantes; parfois aussi
quelques, consonnes doubles, expression passagère
d’une énergie intermittente. Ainsi, dans l’Inde, il
semble que l'air, raréfié par le soleil des tropiques,
réclame , pour l’aspiration etl’expiration, des poitrines
. et des larynx parfaitement ouverts.
La langue de l’Inde est donc surtout chantante :
aussi la musique, qui en est l'accent indispensable ,
fractionne-t-elle son diagramme en vingt- -deux trulys
(à peu près le quart du ton); rapport d’intonation
que l'intelligence ne peut saisir a priori, mais dont le
. sens de la parole lui donne conscience.
Dans la Perse, tour à tour aride et montagneuse,
la vie exige déjà de l’homme une activité plus conti-
nuelle : l’idiome articule déjà les voyelles par des
consonnes plus fortes : les sons aspirés y révèlent
partout l'effort des organes que le souffle brûlant des
566 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
déserts. met à de rudes épreuves, La poésie chantée
demande’ à la, musique | des accents plus écusés,
que celle- ci réalise par. des rapports Plus, simples
entre les intonations : c'est pourquoi le diagramme
n'est plus divisé qu'en tiers de ton, dix-h! uit legrés
dans l'étendue. de l'octave (1). ANS r Fm. alé
Nous ne savons rien de la “usique, des Nièdes, ‘des
Assyriens, êtc. Il est à présumer qu ’êlle difrérait peu
de celle des Perses et des Arabes,
J’ arrive majntenant à l’ Éurope.
f na k r
IS |
Pour peupler | l'Asie Mineure et, la ÿ Grèce des
Pélasges n'eurent point à lutter contre une “nature.
rebelle ét marâtre ; 1, leurs Ed purent S'enivrer,
LAS alt
encore dun, ciel, fait, our, je PE aisir As veux
pourquoi dès Iors auralentils oublié, le douces
1ODET 88 QE CRE
infiexions vocales de leur Quan d la desven-
dance de Japhet se ;dispersa elle tt à à peine
les plaines de. Sennaar, où es. récits des |patriarches
placaient les délices de 1 l'Éden : : pourquoi, dis-je, es
Pélasges auraient-ils done parlé si sans chanter? Leur
langue était toute musicale, et le” témoignage
d’Aristote est formel, sur, ce point. H raconte qu’ un
musicien phrygien nommé Olympe. avait «composé
deux cents ans ayant la guerre de Troie , des noms
ou airs sacrés, toyjours, restés. populairés depuis.
IL9Ï6CONT 2lisreqae Bei T6
1
(1) Cet agrandissérhen t d'intervalle entre! esedégrés: du
diagramme est sürtouttaractéristiqne pours:la musiqné àrabe.
Par certains passages deShaadi et, d’Aphise ,.on, croit. deviner
que les Persans, composaient plusieurs modes de, leur musique
avec le {ruty des Indous ; comme d’ autres avec Je tiers de ton
JOEn) El 19
des Arabes. sut ”
11) 11e |! |
L
re “MÉMOIRES. | “ 567
Dans ces chants religieux, ‘ajoute le Stagyrite, le
quart ou le tiers de ton entrait comme élément, et les
Grecs appelaient enharmonie cette division de leur
diagramme.
‘Ace nom des Grecs, tout un monde de prodiges
surgit dans Pau on croit entendre la lyre
d'Apollon, d'Amphion ou d’Orphée; on s’unit aux
cent mille spectateurs d'Olympie pour décerner le
laurier du chant et de la poésie aux Archiloque, aux
Terpandre, aux Pindare. Olympe et Marsias sont
dépassés. Les Hellènes, dont le séjour des montagnes
a rudement exercé l'adtivité, ont subjugué les
Pélasges, et, se confondant avec eux, ont rempli de
leurs éHonies tout le littoral de la mer intérieure.
Cette souche féconde a produit quatre rameaux : les
Éoliens, les Doriens , les Ioniens et les Achéens;
mais l’ unité de la race persiste, et, par la Grèce, le
génie sentimental et sensuel de l'Orient re de
toute, la rectitude intellectuelle qui caractérisera
désormais le Nord et l'Occident.
C'est alors que, pour enchanter le monde, retentit
partout cette divine langue d'Athènes dont les
voyelles et les consonnes , les éléments grammaticaux,
sont en proportions tellement harmonieuses que jamais
nulle émission vocale ne sera plus propre au jeu
normal et régulier des appareils phonateurs; jamais
accent plus. musical me, servira d'expression à la
trimité humaine agissant en parfait équilibre !
A mesure que là langue hellénique se forme plus
énergique , plus complète que celle des Pélasges, la
tonalité musicale qui la chante se dépouille de lin-
tervalle infinitésimal tiers ou quart de ton , pour se
568 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
baser sur le demi-ton ‘ou lima, produit par le
rapport de vibration 243 : 256. L'étendue de l'octave
ne renferme plus ainsi que douze demi-tons : c'était ce
que les Grecs appelaient l'échelle chromatique.
Enfin la langue grecque atteint sa perfection,
et déploie toute sa puissance. Le demi-ton devient un
intervalle trop compliqué, trop mou, pour sa mé-
lodie, et le genre diatonique, qui prévaut, forme défi-
nitivement son tétracorde d'une succession de quatre
degrés conjoints présentant deux tons et un defni-
ton diversement disposés, suivant les modes dorien ,
phrygien ou lydien , etc. Après cette dernière trans
formation, le genre enharmonique et le genre chro-
matique disparaissent de la pratique, et u’appar-
tiennent plus qu’à la théorie.
Renfermé d’abord dans un tétracorde unique, le
genre diatonique des Grecs n'eût été qu'un accent
insuffisant de la poésie s’il n’eût tiré tous ses effets
musicaux du rhythme, le plus varié, le plus émouvant
qu'ait jamais créé la faculté esthétique de l’homme:
mais bientôt Terpandre, et surtout Timothée, en
superposant plusieurs tétracordes coordonnés d’après
les principes divers des modes, étendirent l'échelle ,
et enrichirent la déclamation d’une foule.de nouvelles
inflexions mélodiques. Cependant le rhythme , dont les
ressources se développaient à l'infini, resta l’élément
le plus puissant de la musique grecque jusqu'à la
chute de l'empire romain. A cette époque , la Grèce
abandonna à l'Italie ses anciennes traditions musicales,
et adopta pour son Église les mélodies et les rhythmes
de l’Orient.
Quittant les Hellènes, si nous suivons maintenant
MÉMOIRES. 569
les Étrusqués Let les Latins en marche ‘vers l'Italie,
nous les' voyons franchir de grands fleuves, ‘con-
tourner, des montagnes neigeuses, ‘puis défricher
laborieusement. .un--sol s\fééond' à lar-vérité ;) mais
couvert de- bois: et:de marais: Ici les poitrines se
compriment pour n'user qu'avec mesure d’un air déjà
froid et souvent délétère en conséquence, Vidiome ,
tout en conservant de faciles consonnes , et scandant
l’inflexior des voyelles; ferme de plus en plus cet
élément” musical; ‘au pointirque les sons ‘où, e,
deviennent-pour les nominatifs la désinénce la plus
fréquente:;1@ n’est plus généralement affecté qu'au
nom d'idées doutes et gracieuses , rayonnantes‘ pour
l'imagination: a reste la désinence féminine (1).
De ce qui précède il me semble qu’il faut conclure
à une séparation déjà nécessaire entre l’idiome et la
musique cheziles Étrusques ‘tles Latins. L'intervalle
simple du ton devait ‘être la base principale d’un
octacorde:essentiellement diatonique, dans lequel la
mélodie se créait un domaine propre. Si, plus tard,
les Grecs,’ instituteurs des Romains dans les arts,
leur firent adopter leur système, la masse de la
nation italiote: dut conserver fidèlement sa vieille
tonalité, dans laquelle:le pâtre du Latium , l'artisan
(1) J'ai toujours été frappé de voir la plupart des langues
attribuer cette expression à la voyelle a: c'est vraiment un
merveilleux instinct qui porte les peuples à reproduire dans
le nom de là nourrice le premier gazouillement de l'enfant.
Quant au son 0%, désinence principale du nominatif latin,
c'est lemême que nous prononcons à tort ws : on en trouve-
rait mille preuves, x
570 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
étrusque et l’Ombrien belliqueux répétaient léurs
chants de labeurs quotidiens ou leurs hymnes de
guerre. Pour preuve de cette assertion, je ne veux que
ce fait : ' : è
Quand, vers la fin du 1v° siècle de Jésus-Christ,
saint Ambroise voulut régulariser à Milan le chant de
son Église, il prit d’abord pour point de départ le
système grec; mais il s'aperçut bientôt que l’appli-
cation de ce système aux mélodies de l'Occident était
impossible, et qu'il fallait créer un nouveau”"système
basé sur l'octacorde ; car les antiennes et les hymnes
étaient composées d’airs populaires que depuis long-
temps les familles redisaient autour du foyer, et qui
n'étaient nullement conçus ‘dans les limites du tétra-
corde grec. Dès lors, la séparation fut consommée
entre l’art de la Grèce et le chant de l'Église latine ,
quoique plus tard celui-ci empruntât à la Grèce
quelques-unes de ses formes mélodiques, mais non
plus ses rhythmes musicaux. Le chant grégorien fut le
complet développement du chant ambrosien quand
l'élément tonal des barbares du Nord l’eut agrandi et
transformé.
Les barbares du Nord, ces sauvages habitants des
forêts à qui les brumes épaisses du ciel disputaient
sans cesse les sourires d’un soleil gitif, ces Teutons,
ces Celtes, ces Vandales, ne comprenaient l'existence
que comme une lutte sans fin contre la nature ou
contre leurs ennemis. S'ils trouvaient leur subsis-
tance, c'est qu'ils l'arrachaient violemment. Ils ne
quittaient l’assemblée générale du mall que pour
s'élancer à la grande chasse des bêtes fauves puis
ils se ruaient à la bataille au chant du terrible bardi,
MÉMOIRES. : Me
Écoutez cet hymne de mort : les dures consonnes s'y
heurtent comme les épées; les âpres voyelles tantôt
grincent comme le fer sur de .fer, tantôt râlent,
rauques et gutturales, comme le dernier cri des
mourants. Si parfois elles deviennent sourdes et
épaisses, c’est pour imiter le bruit d’une pluie de
sang. Ici-plus de musique inhérente à la parole : le
discours bondit ,Tapide, bref, précis comme.le galop
du coursier ; le vers n’est plus scandé : la consonnance
de la rime en fait.toute l'harmonie, et ses pas, égaux
se comptent par syllabes: è, w, eu, ou, an, in,on,
un, ouin, voilà les émissions vocales qui mettent le
plus à l'aise ces gosiers farouches que les bises aiguës
menacent, et qui ne se dilatent complètement que,
pour répondre aux formidables interjections de
l’aquilon ou de l'armée.assaillante. F
Quelle musique sera maintenant l'expression idéale
de cette. indomptable activité? Un octacorde large
ment diatonique, dont les. rapports d'intervalle
très-simples, une mesure mathématique, une ca-
dence régulière , préciseront le sens mélodique. Enfin,
dans cet octacorde, l'esprit aura la faculté de per-
cevoir des rapports multiples d’intervalles dans une
seule émission sonore, et les rudiments de l'harmonie
moderne seront créés .,,.. - |
Cette harmonie, la science des Grecs l'avait sans
doute. soupconnée au temps de décadence ; mais elle
ne la supposait pas,capable de devenir un élément de
leur musique, ‘parce qu'elle eût contrarié ou même
étouffé l’harmonie incomparable de-leur rhythme
poétique.
. A peine le v*‘ siècle de notre ère sonnait-il sa
572 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
première heure, les guerriers du Nord se précipitaient
sur le cadavre romain , dont ils s'arrachaient les
lambeaux. Les éléments de leur musique se com-
binaient avec l’art de la chrétienté latine, et, dès
la fin du siècle suivant, saint Isidore de Séville
constatait comme une puissance désormais conquise
par la tonalité de l’Église les informes accords de la
diaphonie. Le poète Fortunat, vers l’an 600, en
admirait les effets sur la krolta brithanna ou harpe
cambro-bretonne.
C’est aussi vers le même temps que saint Grégoire
le Grand', dans son Antiphonaire ou Centon , coordonna
tous ces éléments musicaux en quatorze modes, et,
dans une merveilleuse fusion, allia le luxemélodique
de l'Orient à la majésté sévère des chants syllabiques
de l'Occident.
Pendant les deux siècles suivants, le chaos de la
barbarie tint en dissolution tous les germes de la ci-
vilisation européenne; mais, dans ce chaos, le
souffle du Saint-Esprit couvait et fécondait les
éléments d’une nouvelle société, que l’effervescence
des passions humaines ne devait pas tarder à faire
éclore.
Pour cet enfantement social, la trinité humaine
semblatabdiquer le sentiment, et n’agir que par
l'intelligence, force du clergé, et la sensation vio-
lente, mobilef capricieux des barbares. Ces deux
‘puissances luttèrent long-temps. Œnfin la société
latine;, acceptant un rôle dans la féodalité, imposa à
la force brutale des guerriers une sorte de compromis
par lequel les deux facultés se prêtèrent un mutuel
appui. Quart à la masse des esclaves ou serfs, elle ne
MÉMOIRES. 573
fut comptée pour rien : les conséquences morales de la
rédemption n'étaient pas encore entrevues; l’huma-
nité ne se mettait pas en marche d’une manière
consciente vers un avenir de justice et d'amour
universel. Le réveil du sentiment divinisé par la
charité devait seul appeler les déshérités à réclamer
leur lot dans la terre promise.
En attendant, le clergé, dans ses écoles et dans ses.
cloîtres, conservait soigneusement son latin litur-
gique, langue semblable pour le fond à celle de
Virgile, mais dont l'invasion des idiotismes barbares
changeait insensiblement la forme pour l’approprier au
développement des idées chrétiennes. Concurremment
avec le latin , le système grégorien régnait sans par-
tage dans les basiliques et les cathédrales; car la
politique toute-puissante de Charlemagne l'avait
imposé à l'Europe.
Cependant le démembrement de l'empire carlo-
vingien se consomma par l'énergique persistance des
vieilles nationalités à reconquérir leur vie indivi-
duelle. Pour accélérer cette séparation définitive, en
France, en Italie, dans l'Espagne chrétienne, et
même en Angleterre, de nouveaux idiomes appa-
rurent tout formés du celtique, du tudesque et du
latin : c'étaient les langues romanes. L'intelligence
positive et pratique, l’activité turbulente, les avaient
tirées de ces sources communes pour leur usage :
aussi ces idiomes avaient répudié la nature synthé-
tique de leur mère, et étaient devenus essentielle-
ment analytiques, ,soit par la perte des désinences ,
des affixes et des suffixes, soit surtout par la multipli-
cité des particules, articles et prépositions , et l'emploi
574 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
indispensable des auxiliaires pour la conjugaison.
Les seules différences qui distinguaient les langües
romanes consistaient au Nord dans des voyelles plus
sourdes ‘articulées par des consonnes plus fortes,
tandis que le Midi caréssait, pour ainsi dire, l'émis-
sion éclatante du son par des articulations fléxibles
et onctueuses. Les besoins de ces nouvelles sociétés
‘s'étaient donc crééæun langage propre : pouvaient-ils
rester impuissants à se trouver une tonalité? Nulle-
ment.— L'art grégorien était synthétique par ses
quatorze modes ayant chacun son caractère et son
rhythme indéfini : l’art mondain, pour devenir plus
précis, plus analytique, lui emprunta seulement
deux modes, l'un triste et doux, l’autre éclatant et
animé, dont il centupla les ressources par la richesse
de jour en jour croissante de l'harmonié et du
rhythme; soumis à des combinaisons mathématique-
ment raisonnées. C’est ainsi que les premières
chansons en langue vulgaire se mesurèrent tout
d’abord régulièrement à deux ou à trois temps, et
que la lourde diaphonie des quartes, des quintes et
_des octaves s'unit à celle des tierces et des sixtes.
Les instruments à archet Crwt, Goudok, connus de
temps immémorial des bardes welches et'des paysans
slaves, devinrent, ävec Ja cornemuse des Gaëls,
l'élément des concerts profanes. Toutefois les ten-
dances harmoniques de l’art nouveau se manifestèrent
surtouten France et dans le nord de l’Europe; le génie
expansif de l'Italie se complut toujours à reproduire
dans sa mélodie quelque chose du luxe oriental, et .
l'Espagne, si passionnée, déploya sa danse sur def
rhythmes aussi hérissés que ses sierras. ù
MÉMOIRES. 575
D'où viennent ces accents profondément émus?
Quels sont ces accords pleins et suaves qui cherchent
à s’enchaîner par une succession logique? C'est le
x11° siècle qui entonne ses chansons de gestes, ses
tensons et ses sirventes. Ici, les troubadours chantent
leurs amours et. leurs colères ; là , les trouvères, leurs
récits héroïques et leurs aspirations idéales. Les idiomes
se sont colorés, ennoblis pour la poésie, et demandent
à la musique des notes plus expressives : le sentiment
revendique son rôle dans la trinité humaine. Les
croisades ébranlent le monde ; les communes sont
octroyées ; les serfs, affranchis , et le diagramme chro-
matique devient nécessaire à Ja musique pour ré-
pondre à des passions nouvelles. |
En effet Marchetto de Padoue signalé le premier, au
xuIr siècle; l'avènement du genre chromatique sous le
nom de musique feinte; et dès lors, à mesure que
l’action du sentiment s'accroît dans la société , le rôle
de l'accent chromatique grandit; si bien que, à la
fin du xvr° siècle, un effort de génie révèle à Claude
Monteverde que le demi-ton est devenu la seule base
possible de notre tonalité pour réaliser le drame
lyrique. Mozart et Rossini , deux siècles après ,
portent ce drame au plus haut point de perfection.
Ab! maintenant . je partage complètement la
pensée de M. Joseph d'Ortigues, qui, dans un avenir
peu éloigné peut-être, entrevoit une nouveile union
de la parole et de la musique pour décupler leur
puissance (4). C’est donc à tort qu'on s'obstine, dans
(1) Le parallèle entre les idiomes et les systèmes musicaux
indiqués par dom Jumilhac, Brossard et Fabre d'Olivet a
été supérieurement développé Par M. J. d'Ortigues. Je n'ai fait
576 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
l’enseignement -élémentaire de: larmusiquél à"la
considérer encore:|de: nos jours comme fondamen-
talement diatonique : le demi:ton en est l'essence,
et c'est par lui qu’elle fournit un accent à nos plus
véhémentes, passions. La trinité humaine dans toute
«sasplénitude produit l'art, et nous donne des! chefs-
d'œuvre de mélodie, d'harmonie, de rhythme, d'ins-
trumentation et d’'accent, dont l’étonnant édifice
restera l'admiration de tous les siècles. A l'Allemagne
donc l'épopée symphonique, qui, par l'immensité et la
profondeur de ses horizons harmonieux , révèle si bien
que les vieux Teutons se souviennent toujours de la
rêverie contemplative qu'inspirent la’ solitude des
steppes ou l'ombre épaisse des forêts! A l’Italie l’ode
musicale, soleil éblouissant de l'âme , qui s'élance‘vers
le soleil splendide du ciel! :A la: France le ‘drame
lyrique l:La France prête son-bras à Dieu quand il
veut changer la face du monde. Les Jrlandaïs et'les
Highlanders, possesseurs de leur terre depuïs-près de
quatre mille ans, conserveront sans'doute assez long
temps encore leurs tonalités si étranges, sioriginales,
pour que la science achève d'y découvrirnos origines,
en y reconnaissant un écho bien vague-et bien
lointain de la musique::où nos ‘ancêtres laissaient
chanter leur cœur. * 02 +
De même que le latin se perpétue, l'art sde:saint
Grégoire est loin d’avoir dit son-dérnier! mots x il se
Ê
qu'approfondir ici son travail, en y ajoutant mes propres ré—
flexions. Lisez de M. d'Ortigues : Philosophie de la musique ;
Essai sur les tonalités , et d'autres articles dans le Dictionnaire
de musique religieuse. à
MÉMOIRES. 57+
réveille, au contraire, pour prêter sa voix, plus énéer-
gique que jamais, au sentiment chrétien , etégaler, au
moins dans sa sphère, la puissance de l’art moderne,
que les passions inspirent.
Nous pouvons maintenant étudier ces der to- ,
nalités, et expliquer par quelle loi le discours musical
en ue.
Gamme des Européens. — Tonalité grégorienne ou diatonique ;
tonalité monteverdienne ou chromatique.
La tonalité est le principe rationnellement libre en
vertu duquel s’établissent entre les diverses intona-
tions d’un même diagramme des lois d’affinité, d'at-
traction ou de dissonnance, déterminées par leur
subordination plus ou moins directe envers la tonique,
son générateur du diagramme. La nature des rap-
ports entre cette tonique et les intonations qui en
dépendent détermine la fonction attribuée à chacune
de ces intonations dans une certaine division du
diagramme appelée gamme, alphabet musical.
La gamme, ou type tonal , est une échelle progres-
sive de sons dont les degrés, partant d’une tonique
pour arriver à son octave, sont séparés l’un de l’autre
par un intervalle égal au plus petit intervalle du dia-
gramme, ou plus grand que lui un certain nombre
exact de fois. Donc les degrés de la gamme ne se
succèdent pas à intervalles égaux comme les degrés
du diagramme : entre chaque degré de la gamme et
le degré immédiatement conjoint, l'intervalle peut
FOUR 37
578 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
être majeur ou mineur, et le nombre des degrés qui
divisent le diagramme pour former là gamme peut
4) DIAGRAMME DES EUROPÉEN DE
13° degré, ut ou do, ou octave de
12e degré, sk, |
nl ; “
41° degré, lé, || corde mobile dièze,
10° degré, la. (a
ve
9° degré, sè. | corde mobile dièze.
= "
ÉCHELLE ASCENDANTE.
al 1
8e degré, sol. ll
7° degré, fè, orde mobile dièze.
Ge degré , fa. Te
5e degré, my. Un
4° degré, ra, horde mobile dièze.
3e degré, ré. il C
— |
2° degré, de. F corde mobile dièze.
=
1°! degré, ut ou do.
Comme on le voit, notre diagramme, depuis la to-
nique jusqu’à l’octave, son équisonnance, rénferme
#reize intonations ou degrés, séparés l’un de l’autre
par un demi-ton, intervalle dont le rapport numé-
rique des vibrations #7 est le plus compliqué de ceux
que notre tonalité combine, et qui nous sert d'unité
pour évaluer les autres intervalles. Douze demi-tons
(1) Les noms de dé, ra, fè, sè, lè que portent le deuxième,
le quatrième , le septième, le neuvième , le onzième degré de
l'échelle ascendante, représentent les sons qu'on désigne ordi-
‘ nairement sous le nom de wf dièze, ré dière , fa dièze, sol dière,
la dièze. — Reu , meu, seu, leu, zeu, dans l'échelle descendante,
(n"i
HOMASH HA A! TOTHIT AHICe2, 2HAO
MÉMOIRES. 579
[UD 68799 P 29b « st: fOft419!
Parier, suivant les, systèmes. Ne considérons que notre
système ; voici son diagramme :
DAME LOL 27 (
iles = ÉGHELL “CHR
os
109
13e degré, do ou ut.
TN s4, 42° degré.,
la toniqué,;-
extib slidor PA Del
corde mobile bémoF, ||]! zeu, 11° degré.
Mr" éins) 5 j
| la, 10° degré. UTAIGAADRAS ] *
sxhtholidorr phrose 58h 26 ÉCHELLE DESCENDANTE,
: Î eu
(E.
corde mobile bémol 9< degré.
dE alto nn Nso 8° degré.
corde mobile bémol,”|[flseu, 7° degré.
IN ra, 6° degré,
LE >
” | lmi, 5° degré.
corde mobile bémol, ||} meu, 4e degré.
ré, 3° degré,
ol,
corde mobile bém j reu, 2° degré.
do ou ut, 4°r degré.
(]
divisent Le. ainsi RE échelle. Sur nos instruments
. à sons fixes, tels que le piano, l'orgue, la harpe,
cette division est, en effet, exacte par une opération
des accordeurs appelée; tempérament ; mais, bien que
: notre oreille la tolère, elle blesse néanmoins, comme
-. on le verra, les loisles plus impérieuses de la tonalité.
Pour tirer notre gamme de l'échelle chromatique,
représentent 76 bémol, mi bémol, sol bémol, la bémol, si bémol.
— En employant ces désinences particulières. pour les cordes
mobiles, j’imite ; dans mon enseignement élémentairede la
musique , les procédés de Choron, que M. Chevet et d’autres
ont Cru , comme moi, d'un emploi avantageux.
580 1:11 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE. fucopr là)
“dus en-placons lé premier degrésur da tonique ;l'puis;
fiontänt suécessiveméntlau troisième,;rau-cinquième!
du sixième au huitième ya dixième,-aw dotizièmez
auttreizièomiel degré du diagramme, mous ne-dhoisiss
sôns de celui-ci que les huit intonationsilut-rés, mi,
fa, sol, la, si, ut) dont:la:plus aiguë,;-:équisonmance
de latonique |; devient àson tour-toniqué dela même
gamme! trois fois répétée,\ d'octave en ‘octame, «dans
chäque Tégiowdiapasonalezdre wo owpinotsib til
IUt, premier degré: du diagramme et de laigemume;
est séparé de ré! troisième degré du:diagrarame: et
second dela gamme, par un’intervalle-de deux demis
tons formant an ton; = un tonrséparel égalementiré
de mé, fa:de sol; sol deu; la del si; enfin, :entre nt
et fu, comme entrest et‘üt, il n/y1la-quun demi-ton:;
en sorte que la gamme ut, ré, mi, fa, sol, last bis
renferme cinq tons et deux demi-tons , ainsi disposés,
du grave à l’aigu :
L'intervalle de,ton qui domine dans cette gamme
type lui fait donner le nom de gamme, où.,oclacorde
de diatonique. Cet octacorde se partage en deux
ES
AUDE,
MÉMOIRES. 581
tétracordes diatoniques,‘qu'unton séparé entre fa’et
soliChâquertétracorde"renferme .deux..-tons,..et. un
demii:ton}; symétrie sonore dontla- tonalité :tire,.un
mérveilleux parti: Le rapport uumérique de vibrations
eñtre deux sons qu'un ton sépare se représente, par
sicest-à-direohuito vibrations pour le plus Spark
etneufopour son conjoint ascendant.
91Deéux tonalités essentiellementdifférentes sont DES
Sütila gamme ub, ré, mi, fa, sol; la ; si, ut»: la tona-
lité diatonique ou grégorienue,: pourcde chant
eéélésiastiqué, la tonalité chromatique ouùmonteyer-
dienñé} pour la inusique moderne (1): Dans l'uneet
l'äitretonalité; en’intervertissant l’ordre successif-des
ton8l'et des demistons;! on change le mode. de,la
pammé; ais, dans le principelde ce changement de
mode} de ph -chant | diffère radicalement de: la
musique: a 1
'e à20 œ21h F2frI
Formation des inodes du plain-chant.
Le plain-chañt f en variant la répartition des tons
et des demi-tons par le déplacement de la tonique réa-
(1) L4 tonalité du chant ecclésiastique a été définitivement
constituée par le pape saint Grégoire le Grand à la fin du
vie siècle. La tonalité chromatique , que je désigne sous le nom
de monteverdienne, est le résultat d’une transformation com-
plète opérée dans l’art, vers 1595, par l'italien Claude Monte—
verde. Cette révolution, que les historiens de la musique
n'avaient pas comprise jusqu’à nos jours, a été démontrée
par M. Fétis, qui, en cent'endroits , en explique les causes et
les développements progressifs.
582... CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE
G CHHIOM:
lise dans la gamme sept modes principaux on Fe di
19260 107
ques, sept modes dérivés ou pi agaux. Pour PR le
y 9 D OT 91] V'O2IY LD
premier à mode, il choisit Le son ré comme on ns ou.
115
PT xrnR'oorr. 2101-1199) Xr19
finale! elà, passant par les degrés ré, “mè, fa, sol
9D eAOMHAIVUOI HO e8sMMO) Ÿ 0201 do
il s'arrête au son la, et compose ainsi | a partie. infé-
9[r98 ARTS (fs0p 9) 9204009 ,TU9fIM [
rieure du mo e, ré, a fa, sol, la. P AU ensuite
J\— 5 OLIS O 4 Î (01-1019 291 90rnr0 SE
la po ur monter ER, u'au ré octave de Ja toni que il
I D Rayon i ï 0'2 PM D Toteiv1h.91t hs -
parcourt les degrés, z do 5 à ré , dont il forme la
999$ SÉTUON L [J TA [6 9D Sf[idont 3199
artie supérieure mode ; en sorte qu obtie Por
partie supérieure Rip ) ÉTEINT sp eau N: DA Las
échelle ut ale de ce premier, mode : ré, mi, [ay Sol
SiD [#7 TIOY fe 1p46 fo
si, ul, ré, échélle doût les. ‘démi-t tons so Aus
ATEN rdofit 9D)10° p: 9 TC
entre le deuxième et le troisième degré, le sixième et.
epti ) “FO (OL ÔŸIE (108 STNTON
le se ième.
Fr [HQ9 91091 TI} “THAT Mer
En tran) sportant la partie supérieure de ce remier f
ES 2 [10
Rue la, SE ul, ré à quatre degrés, au-d eSSOUS de
E°1 OT D) TION D
finale BE un second | mode es, formé d a du,
premier ayant la même finale, les mêmes ! iVISIQn.
de échelle; seulement là p partie jférigure d u premier.
mode, ré, mi, fa, sol, la, devient partie Supérieure.
du second ; : tandis que celuigei a OUT jartic inférie re
la, re do, ré partie, supérieure, du. TER 60 ar
trangportée s sous sa finale, et Se con RS eç el lle:
.M procédant dela mome thaibrs on prend sueces
siyement ma, [a sol, la, Si, ut x pOur fipale , on | obtient,
six modes authentiques nOUYeAUX , Ayant sh leur,
h) €
) 60119926
dérivé 504 plagal. La répartition, des tons et des demi
tons, varie dans chaque mode : avec la finalé:; 3€ à sorte
que chacun des quatorze modes diffère par, là de tous
les autres. Dans toutes ces transformations, la garime,
du plain-chant reste purement, diatonique some fa
tonalité; pa n° en est. pas. de même dans Ja musique,
na ÉROIETE
LOS of taob . ecxmios couh op toast sw 2li [J}
MÉMOIRES. 583
Cette tonalité chromatique, basée sur le demi-ton,
divise chaque ton de la gamme ut, ré, mi, fa, sol, la,
si, ut, en deux demi-tons inégaux : l'un, majeur,
composé de cinq commas ou neuvièmes de ton;
l'autre, mineur, composé de quatre commas seule-
ment, comme les demi-tons de la gamme mi-fa,
si-ul. Cette division des tons s'opère au moyen d’une
corde mobile, ou degré variable d'un comma, placée
entre chaque ton de la gamme diatonique, comme
où peut 1 le voir aux degrés 2, 4, SRE 1, du dia-
gramme. La corde mobile élève ou abaisse d’un
comma son intonation pour qu'il n'y ait jamais qu’un
demi-ton mineur entre elle et le degré conjoint
ascendant ou. descendant vers léquel les lois tonales
déterminent sa tendance. C’est ainsi que, entre
ul et ré, la corde mobile devient dè si l'attraction de
ré Tinvite à monter, et reu si l'attraction de do
l'invite à descendre ; el mêrne , entre les tons ré-mi,
fa-sol, sol-la , las 1e ïés cordés mobiles déviennent res-
pectivement et tour à. tour : ra pour monter à 7,
mieu | pour descendre à ré, Fè pour monter à sol, seu
pour ” descendre à fa, sè pour monter à la, leu pour
descendre à so, enfin BI pour monter à $, et zeu pour
descendre à la. Les cordes mobiles , quand leur rôle
est” ‘ascendant , prérinent le nom dièzes : tels sont
dè, Ta, fe, sè, le ; elles prennent le nom de bémols
quand. leur rôle Es descendant : tels sont seu, leu, seu,
meu , reu. Sur l'échelle du diagramme, les degrés 2
IT fn, portent à 1 fois Chacun un dièze et un
Role le rs et le bémol sur un même degré sont
dits énionations synonymes où enharmoniques, parce
qu’ils ne diffèrent que d’un comma, dont le rapport
e
84 CONGRÈS SCIENTIFIQUE: DE FRANCE.
numérique des vibrations se représente pari. Quante
aux,demi-tons .do-dè.; ré-reu;oré-na,;:mi-mè ,-et6l yro8
sont, des demi-tons majeurs de:cinq commas, “011 t4l112
La tonalité grégorienne n’a jamais-partagé les tons 11
de.sa, gamme.par, des cordesmobiles, excepté cepen-0:
dant, le ton. la-si ; dans lequel:zeus'interpose-actiden-
tellement pour, descendre à la, ou.éviter «entres ‘et fa:
unerelation, de trois. tons: ow\triton , relationrdestruë+!
tive, du genre purement. diatonique: car cergenre;ru
dans, lequel l’octacorde.de-chaque:moderest: formé: de: 2
deux tétracordes, renfermant chacun déuxstonssetnt
un. demi-ton dans quelque ordre qu'il se présenteyaié
peut admettre le tétracorde, fa-sol-la-si,)composébdesh
trois tons. Ce tétracorde subversif était appelésparoles:
anciens auteurs diabolus in musica. US ‘TO2U
La tonalité monteverdienne est bien moinsrichie que:
sa sœur dans le genre purement diatonique : elle ne
compte que deux modes : le majeur, qui n’est autre
que la gamme-type : {onique , ton, ton, demi-lon, ton,
ton, ton, demi-ton; le mineur, dont la gamme ascen-
dante se formule ainsi : tonique, ton , demi-ton, ton,
ton, ton, ton, demi-ton; et la gamme descendante -
octave de la tonique , ton , ton, demi-ton, lon , “ton demi
ton , ton. La double boite a mode mineur “renférm
ainsi trois démi-tons différents : l'un, du second degré.
au troisième ; l’autre, du septième au huitième degré;
enfin le dernier, du Sixième ei au ‘cinquième. On
31
Up
enrichit le mode mineur d'une très-grande at"
d’accents expressifs
Au prémier aspeët, les deux seuls modes gro
LE Li dé la musique HHCRUE doivent paraître une.
1
MÉMOIRES.‘ ASS 585 :
pauvreté : ilin’en est rien : outre que} pour créer dés‘
attractions. ascendantes ‘ou detente éHéipeut
substituer à chaque degré! des deux modes iles côrdès 0”
mobilessconjointes, ‘elle: peut encore prendre! ‘pour
toniqued’un mode majeur ou mineur chaque degré
de son diagramme chromatique. Ce n’estpas tout 1°!
chaque gamme majeure ainsi transformée! pat le”
déplacement de la tonique renferme implicitement!
une gamme mineure descendante, dé même tHeque
gamme! mineure descendante rire ûne< SR
majeure relative. Gi
Comme dans les modes du plaint-chant, l’octacorde
deshdeux :modes-monteverdiens se partage en deux "|
téträcordes diatoniques: mais ceux-ci, ‘loin ‘de’ ré27
pugner au triton, lui empruntent, au contraire, 14°
vieret'le mouvement de toutes leurs'Combinaisons.
62
}
Fonctions des sons, de la gamme. — Parties,
du. discours musical.
Pour réaliser la variété des modes dans l'unité.
de la gamme, il fallait nécessairement qu'à chaque. |
intonation de celle-ci une fonction, spéciale, fût
attribuée, en raison de l'empire plus ou moins absolu.
qu’ exerce sur elle la tonique; la tonique, à qui le.
phénomène, naturel de la résonnance communique.
tou) QUTS une vertu prolifique, comme son PRE
L'esprit humain ne s'est pas fait. attendre :,.la;
tonique est le son substantif par excellence, dont, tous
les autres ne semblent que des attributs : c'est. hé
tonique qui gouverne en souveraine tous leurs
586 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rapports. Elle na pas besoin de se faire entendre pour
être partout présente; elle agit sans cesse; en un mot,
elle règne, elle est l'âme de la tonalité. L'octacorde.
entier ést une émanation du souffle de la tonique,
qui seule fait naître le sentiment du repos, de la plé-
nitude du sens achevé ; c’est l'alpha, c'est l'oméga..
Le cinquième ARE Le générateur secondaire du
tétracorde supérieur de la gamme, participe en sous-
ordre à toutes les prérogatives de la tonique : il est, .
cohime elle, un Substantif ; comme elle, il fait naître
le uintithent du repos et du sens achevé, mais seule.
ment d'une manière accidentelle. 11 provoque surtout
le mouvement, car il est le centre de la gamme et son,
pivot sonore ; tellement que, si l’on renversé L ün. sur ;
l’autre les dede tétracordes , la tonique se confond.
avec son OCtAVE , SON pronom ; mais le cinquième degré |
reste seul , répié Sur lui- même , et ne rencontrant, que |
soi : à fous cés titrés , ‘il a recu L nom de déminante.
Ye troisième degré Pr A EEOS, de la tonique et de,
la dominante est par excellence le son adjectif, attri- |
butif; il n'implique nul sentiment de repos ou de
sens achevé : il exige, au contraire, des compléments. .
Quoique Ta résonance naturelle île produise Cid
saillant , nul Sén$ ne peut: S "appuyer, sur Jui. Cepen-
dant, LAVE du quatrième degré par un demi-ton, i mal.
lui sas subir sn : attraction : , mais “trbs-souvent au si | à
il subit la sienne. Dans le mode mineur, le troisième
degré peut prendre le rôle de tonique; car de Jui-dé-
coule naturellement.dans ce mode une gamme majeure
relative. Ilest encore un des swbstaritifs dans le: plain-
chant. Le troisième degté s'appelle médiante.
La tonique; 14 médiante, la dominante, sont les
van a MÉMOIRESurine duo 58
cordes substantives, du plain-chant (1) ; jointes aux
re NA qui ‘environnent Ja finale et à ceux que. des
den dirtons s nn elles cémposent toutes les TessOUT-
1109
ceë! éXpressiv es de a mélodie. La : tonalité moderne est
inf niment pus riche. as
sr HO JS : sigboluee k
TE lquatrieme degré, ous “sus-médiante ; 8 septième.
degré, ‘où, sensible, pour, les “deux. modes ; Je sixième,
sus- dominante et le second, Sus-tonique , pour le. mode:
2102 N9 JON Aube 5
mineur seu emen voilà } par. € essence les PODS, soumis à
; Ja c con: la .sus-médiante, cherche.
la sante! lä FAN appelle Ta tonique: supérieure ;
ces deux sons, mis en contact, font sentir ce pénible.
02 +9 or
|
triton qui, “iéublant l'esprit, doit amener comme,
l'atfraction, Ve DE eu Ïs répandent partout. la.
vié, 8'mouve emen
compensation r audition de la “tonique et, de. la mé
l
.baotna: SU}
dian é Pour catisfai aire à la même conséquence. du.
9709 NI Jeu fo 91 218$ |
triton SRE le mode mineur, “Ja sus-tonique cherche...
la médiante ; ele sus-déminante, la dominante. :
à She-médiante, comme génératrice du; second
tétracor €'ééscendant, pi I rend. accidentellement, tous.
les A à ne .. ge HA même la sus-domi-.
1129
ANeNRIC DITES 29) .9T
108
nante d u, M at de qui d découle naturellement.
uné gamme mineure Te lative. Quant: à la sus-tonique,
9e DOTG
949)
si Êre ne, PE l'attraction de Ja, médiante
MNeUTe le reste .une, intonation simplement .
copulative ou conjonctive ; de, même la sus-domi-
}V 102-297
nante quand elle 1 l'est ni tonique. ni verbe.
SMIOIEIONT 91 , TU
bond souvinai abs da dominante ou pivot
méthodiqué Y aüucuñ modé!car, sé trouvant alors éontinuel-
lemeñt|en relation de tritons'avec /z; elle gènerait! les suc-
cessions mélodiques, qui ne peuvent admettre cette relation,
souyerainement antipathique au genre diatonique.
588 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Enfin la médiante et la sus-dominante, seules
cordes qui ‘Varient datis 16s Changements ag mode,
sont par excellence ‘les intonations ! Hverbiates |
puisqu'elles Seules modifiént la manièré où 1 mode
d'existence de la gamme. Au resté, cétte existence est
toujours énergiqueémént affirmée par la sus2médratite
et la sensible, c’est-à-dire lé triton. F9 aslqifrem
‘Ce rôle SAR du triton dan$ la tonalité moderne
la sépare dôné radicalement ‘du plain-chant :le
triton suscite inévitablément les stcééssions ‘chroma
tiques, essence ‘de ‘la HEUPIUE PRtatrRe ‘e PRE
chant lés repousse. a
Substantif, pronom, adjectif, verbe, Pad!
conjonction , interjection surtout) ;/“la! tonalité ‘4
tout tiré dela gamme #ÿpe, qui désormafs peut /$e
formuler ainsi :° tonique; Su$-tonique ;* ‘médiante
sus-médiante, ‘dominante, sus-dominanté "sensible;
tonique. La mélodie peut naître maintenant : mettant
en rapport tous ces éléments, et les combinant par la
logique inflexible des lois tonales , elle formuléra Ta
proposition musicale, et réalisera, de syllogisme en
syllogisme , l’entier développement du discours.
—
.
Mélodie, harmonie‘, grammaire , syntaxe.
Pour mettre en rapport les parties du discours mu-—
sical, la tonalité procède par deux modes de combi-
naisons : 4° la mélodie; 2 l'harmonie.
La mélodie combine les rapports par succession;
l'harmonie, par groupe de sons simultanés ou accords.
À
HOMAAM 4Q AU IHID8 24 HDMOO Ga@
MÉMOIRES. 589
tISErT
tagd'nmob-one gi
bio fo 'est Je ra proprement, ru ë 'est le
discours; J harmonie, west qu'une conséquence, tonale
dela, mélodie. elle la suit. en: esclave pour la fortifier,
soutenir,.s0n .vol, préciser son, .expre$sion. en, CON
densant. dans.une, seule, Émisriqn, sonore. -1es, éléments
multiples de la proposition. : dia ets
, Peas la:mélodie..romme Fair do lanature
des rapports.entre les sons dépend.des, intervalles. qui
les séparent. Chaque intervalle, a.des: fonctions s déter=
minées Mans de.discours,, tout, aussirbien, que chaque
son de la gamme. L'intervalle emprunte, 502 :n0M Au
nombre des degrés qu'il parcourt, dans : loctacorde ;
mais;il,se mesure parles demi-tons qu il renferme.
Quant.à sa mature ou à,son rôle comme, [SUCEESSION
ou,çormme accord. \la.science, a..constaté: arasaaut
rapport, des Eee qui les détermine. |
s08R: xapport simple produit un intervalle na #
c'est-à-dire; agréable. où.;l'esprit .se .complaît:..
rapport plus compliqué susciter dans l'esprit un, es
une exigence de, complément ;: l'intervalle, est alors
consonnant.appellatif;, un rapport, très-compliqué. irrite
l'esprit, le blesse, le force à demander une compen-—
sation ; Prrale est alors dissonnant, et l’on appelle
résolution de la dissonnance la compensation conson-
nante par laquelle l'esprit retrouve son. repos et sa
liberté d'action. Cette théorie des intervalles, que je
crois complètement neuve, révèle tout le secret He
émotions que. la musique Bit éprouver.
“L'octave (huit degrés diatoniques douze’ ‘démi=
tons, . vibrations contre cinquante), Poctavé
consonnaiée parfaite, lest l'intervalle substantif® par
excellence. L'esprit, qu’elle laisse impassible ; l'accepte-
590 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
comme terme final et conclusion; l’octave résume
l'octacorde tout entier. ES
La quinte juste (cinq degrés diatoniques, sept
demi-tons, soïxante-six vibrations contre cent), la
quinte, consonnance parfaite aussi, s'établit entre une
tonique et sa dominante, entre une tonique supé-
rieure et la sus-médiante. La quinte réunit donc les
substantifs de la gamme; elle ést intervalle subs-
tantif. L'esprit, sans s’émouvoir, s'y complaît, et
l'accepte volontiers comme sens achevé. La quinte
révèle l’octacorde tout entier; car, des deux sons qui
la forment, l’un engendre le premier tétracorde de Ja
gamme ; l’autre, le second.
La ttsèté juste (quatre degrés diatoniques, cinq
demi-tons, soixante-quinze vibrations contre cent),
la quarte, malgré la simplicité de son rapport, n’est
pour l'esprit qu’une perception vagüe. Comme elle
ne renferme implicitément qu’un tétracorde, elle
rétrécit pour ainsi dire la perspective sonore ; elle n’a
point de sens précis. Comme accord, elle est un
excellent intervalle conjonctif; et, lorsque deux subs-
tantifs tels que la dominante et Ia tonique snpérieure
la font entendre, elle peut devenir un verbe intran-
sitif; car elle réclame alors un Complément ou cadence
indirecte. La quarte est une consonnance micte. Lesan-
__ciens auteurs l'ont souvent traitée comme dissonnance.
La tierce (tierce majeure : trois dégrés diatoniques,
quatre demi-tons, soixante-dix-neuf vibrations
contre cent; — tierce mineure : trois demi-tons,
quatre-vingt-trois vibrations contre cent), la tierce
force l'esprit à l'attention, l'anime, le provoque ;
l'esprit, à son tour, cherche la tierce, la désire, s’y
MÉMOIRES. -594
délecte. Formée par une tonique et sa médiante, ou
par une médiante ou sa dominante, ou par des
toniques relatives, la tierce ne révèle pas l’octacorde
entier, mais elle s’unit, comme attribut à tous les
substantifs ; elle caractérise le mode; elle modifie le
verbe. Les tierces sont, des Consonnances impar faites ;
entendues simultanément avec la quinte, elles pro-
duisent l'accord Parfait, accord substantif.
La sixte (sixte majeure :. six degrés diatoniques,
neuf demi-tons, ciquante-neuf vibrations contre
cent; — sixte mineure : huit demi-tons, soixante-
trois vibrations contre cent), la sixte joue absolument
le même rôle que la. tierce; elle impressionne l'esprit
de la même manière; elle est aussi consonnance
imparfaite , quoique cependant elle indique vague-
ment l’octacorde tout entier. :
L'octave, la quinte, la tierce et la sixte sont les
Concomitances les plus énergiquement accusées par
la résonnance naturelle; leur force d'adhérence au
son générateur est telle que, si l'émission d’une
tierce ou d’une sixte se prolonge comme accord, un
troisième son ne tarde pas à s'épanouir dans une
région diapasonale plus grave, sans qu'aucune Voix,
aucun instrument ne l’entonne : c’est le son géné-
rateur qui revendique ses droits. Admirable phéno-
mène ! esprit humain plus admirable encore, puisqu'il
a mis en œuvre tous ces trésors d'harmonie bien
avant que la science ne les soupconnât !
Dans la pratique de l’harmonie, le son le plus
gTave sert de critérium pour analyser tout accord :
c’est toujours comme son générateur. L'esprit humain
procède en ceci comme la nature.
599 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Dans le plain-chant, toutes les successions mélo-
diques possibles, toutes les harmonies qui en sont la
conséquence nécessaire, se renferment dans l’emploi
des consonnances parfaites, imparfaites et mixtes. Le
genre diatonique ne peut, par essence, dépasser
cette limite. Son domaine d'expression n’en est pas
moins immense; Car la constitution particulière de
chaque mode oblige chaque son et chaque intervalle
à changer de fonction en passant d’un mode à l’autre.
Dans les successions mélodiques , cette métamorphose
de l’intonation reste vague; mais l'harmonie est là
pour la préciser : l’harmonie est donc un élément
indispensable de l’art grégorien. C’est pour avoir
méconnu cette rigueur logique que tant d'hommes
éminents ont dépensé en pure perte des trésors
d’érudition à discuter si le plain-chant peut admettre
l'harmonie : il ne l’admet pas : il l’a créée , il l'exige,
sous peine d’abdiquer sa puissance comme art.
Toutefois l'harmonie du plain-chant ne peut être que
consonnante par l'émission simultanée des cordes
principales de chaque mode et de leurs cordes
expressives dans quelque ordre que ce soit. Loin du
plain-chant le triton, dont la présence ne doit être
soupçonnée ni dans un accord ni même dans une
succession mélodique |
Chaque mode engendre des accords, des successions,
qui le caractérisent, jaillissant de son unité, et
circulant, comme une sève sonore , de la finale à la
dominante, de la médiante aux deux pénultièmes qui
entourent la finale. Les successions et les accords
découlent de,la dominante, centre du mode.
Le fond de la mélodie et de l'harmonie moderne
Ji
MÉMOIRES. 593
repose sur les mêmes Consonnances, mais l’art de
Monteverde leur réserve seulement les rôles de
substantif, d’adjectif, d’adverbe, de conjonction et
d'interjection;, quantaux verbes, les voici :
Le triton (quarte majeure, troistons, six demi-tons,
cent vibrations environ contre soixante-dix, quatre
degrés de la sus-médiante à la sensible ) ; la quinte
mineure {cinq degrés diatoniques de la sensible à la
sus-médiante, deux tons et deux demi-tons, six
demi-tons, cent vibrations environ contre soixante
et onze), le triton et la quinte mineure, par leurs
rapports compliqués, frappent vivement l'esprit, le
font douter du mode, et même de la tonique.
Identiques comme sonorité, ces deux intervalles peu-
vent se substituer l’un à l’autre. L'attraction de deux
cordes principales leur imprime une tendance invin-
cible, en vertu de laquelle la sus-médiante descend
sur la médiante, et la sensible monte à la tonique.
Maïs, si, mobilisant ses cordes, le triton se transforme
en quinte mineure, dont une autre tonique sollici-
tera l’intonation inférieure en même temps qu’une
autre médiante contraindra le son supérieur à des-
cendre, l'esprit, perplexe à l'audition de cet inter-
valle, réclamera impérieusement un substantif et
“un attribut. La même transformation peut s'opérer
dans la quinte mineure. Le triton et la quinte
mineure sont deux consonnances appellatives ; leur
présence répand la vie partout : ils sont pour la
tonalité le verbe vraiment substantif, l'affirmation
de l'existence.
La seconde majeure (ton, deux degrés, quatre-
vingt-huit vibrations contre cent); la septième mi-
II. 38
594% CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
neure (sept degrés diatoniques, dix demi-tons,
cinquante-six vibrations contre.cent (1)); la seconde
majeure et la septième mineure sont des dissonnances,
renversement l’une de l’autre, qui, lorsqu'elles sont
produites par le contact de la sus-médiante et de la
dominante, prennent le nom de dissonnance naturelle.
Elles sont le:nerf de la tonalité; car la seconde
majeure naturelle est précisément formée par la ren-
contre des deux tétracordes de la gamme; elle résume
donc cette gamme, comme le triton et la quinte
mineure, avec lesquels s’unissant elle produit le
verbe le plus énergique, le plus irrésistible, tout à la
fois consonnant et dissonnant, et qui, Comme accord,
se nomme accord de septième de la dominante. Tout l’art
moderne réside dans cet accord, dont les mille trans-
formations, comme autant de verbes attributifs,
expriment mille modes d'action des substantifs, en
s'appuyant tour à tour sur toutes les toniques que
peut fournir le diagramme. La dissonnance naturelle
et le triton, précédés et suivis de sons substantifs et
(1) Tous les rapports de vibrations qui composent ces der-
niers intervalles ne sont qu'approximatifs. Ils ont donné lieu
à d’interminables discussions entre les mathématiciens et les
musicistes, depuis Pythagore, qui les a déterminés le pre-
mier, jusqu'aux savants de nos jours. M. Fétis veut qu'on ne
tienne aucun compte de ces débats, sur lesquels néanmoins
il a fait rayonner les lumières de sa profonde critique : « Dans
les faits de l'intelligence, dit-il, les phénomènes de la nature
ne peuvent faire loi ». Pour moi, je pense que, si l'intelligence
s'empare des phénomènes de la nature pour se manifester,
c’est qu'elle y devine des lois rationnelles dont la science n’a
pas encore découvert le principe essentiel. :
MÉMOIRES. 595
adjectifs, voilà le verbe, le sujet, l’attribut; voilà la
proposition !
Mais le demi-ton c’est la dissonnance la plus saisis-
sante , la plus déchirante : l’esprit sent que, si la limite
de rapports en est dépassée, le chaos musical com-
mencera pour lui : aussi le demi-ton le trouble,
l’effraie, l’exaspère, le décourage; l'esprit appelle le
repos. Mais, comme les cordes mobiles peuvent
engendrer le demi-ton, le faire surgir partout, le
demi-ton est l’accent expressif Sans rival : c'est une
pointe aiguë, un rayon brûlant; c’est une larme;
c'est un sanglot, un cri de colère, un frisson d'amour;
c'est une lèvre qui cherche le baiser! Le demi-ton
crée l'infini dans l'harmonie : qu’il s’introduise furti-
vement dans l'accord le plus placide, soudain cet
accord, au gré du demi-ton, devient déchirant,
* suave, vaporeux, profond, souriant, éploré , aérien,
magique. Le demi-ton produit toutes les modulations,
c'est-à-dire les transformations de l’ordre tonal par
les changements de tonique.
Lorsque, à la fin du xvi° siècle, Claude Monte-
verde, par une révélation du génie, créa l’accord
dissonnant et la modulation chromatique, il opéra
dans l’art une révolution tellement radicale que
désormais le plain-chant, expression sublime d’une
foi religieuse qui, repoussant toute passion humaine,
s'affirme sans se discuter, le plain-chant dut déposer
le sceptre de l’art mondain; et le drame lyrique,
l'épopée symphonique, firent leur avènement. La
musique aussi avait découvert son nouveau monde,
et Monteverde en était l'infatigable Christophe
Colomb.
596 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Discours musical,
Plus rien ne manque à l’analogie surprenante de la
parole et de la musique : le substantif de là tonique
et de la dominante se fait-il entendre, aussitôt le
verbe du triton et de la dissonnancé naturelle affirme
l'existence de la tonalité ? les attributs sont ‘unis au
substantif, et le complètent ‘voilà la proposition,
le jugement. De nouveaux verbes viennent exprimer
l'action; le jugement s'ajoute au jugement, et la
pensée musicale se développe. Mais d’autres pensées
découlent de cette pensée première : le Sens étend,
fuit, revient, s'obscurcit, reparaît de ‘nouveau
lumineux ; ici, le môt a sa signification propre ; là,
c’est une expression figurée; plus loin, l'équilibre
tonal semble s’ébranler; l'imagination, ‘haletante,
poursuit la pensée, qui s'égare, se disperse, se
ramifie; les épisodes succèdent aux “épisodes; les
surprises, aux surprises; la moduldtion déroule ses
caprices : c'est une continuelle méfamorphose de
tonique en dominante, de dominante en médiante;
l'horizon sonore s’élargit, Se resserre? 14 fonalité se
dissimule encore : enfin tout vient aboutir à l’unité
de la tonique , et l’imag'indtion se réposé:
Que le plain-chant maintenant promène ses graves
périodes à travers les circuits infinis du grave à
l'aigu; qu’il exhale dans toute son amplitude sa
cantilène, solennelle comme une cathédrale, formi-
dable comme les mille voix de l'orgue ou de Ia foule,
MÉMOIRES, 597
élancée comme la prière, ardente comme la foi des
martyrs, enthousiaste comme l'espérance , onctueuse
comme la charité, qu'il adresse an Verbe fait
homme ses soupirs, humbles et tristes comme la
pénitence, réservés comme la crainte de Dieu,
respectueux , comme l’adoration, émus et chastes
comme. l’amour -divin, limmuable unité de son
ordre diatonique exprimera Dieu. Les trois cordes
principales de chacun de ses modes seront ce triangle
éblouissant et mystérieux que. Dante voyait splendir
au sommet du ciel ;,son octacorde, uni au demi-ton
artificiel de sa corde mobile, acclamera : « Saint!
saint! saint! » comme les neuf chœurs d’anges ;
ses sept modes authentiques répandront comme un
flux de grâce les sept dons du Saint-Esprit; ses
sept modes plagaux exalteront les joies des sept
béatitudes; la, mélodie, appelant sans cesse l'har-
monie, proclamera, la communion consolante de
l'Église triomphante et de l’Église militante; l'unité
de la tonalité sera la foi; chaque accord, toujours
consonnant, Symbolisera la charité; enfin le rhythme,
qui marche, qui agit, peindra les vicissitudes du
chrétien, qui, pèlerin sur cette terre, poursuit avec
confiance la. conquête de la terre promise. Deux
modes engendrés par la même finale lui disent que la
loi de crainte et la loi d'amour se sont confondues
dans la personne du Sauveur; il entend dans les
quatre cordes de chaque tétracorde les quatre évan-
gélistes prêchant la bonne nouvelle; il apprend par le
triton. proscrit que toute passion terrestre doit rester
étrangère à son cœur. O sublime plain-chant! art
incomparable ! je sens bien que le souffle du Saint-
598 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Esprit t'a créé : tu me ravis de joie, tu me consoles,
tu me fais planer dans l'infini (1).
Si l'art grégorien est l'écho du Ciel, la musique
moderne est le concert de l'humanité. Toutes les
richesses mélodiques et harmoniques de celle-ci ne se
renferment pas seulement dans des substantifs, des
attributs, des verbes : ce ne sont là que ses éléments
intégrants ; une foule de sons accidentels produits par
les cordes mobiles nuancent, transforment sans cesse
ces éléments. A peine la pensée de l'artiste est-elle
éclose, la passion s'empare de lui; l'inspiration lui
dicte des miracles; la mélodie égraine ses perles
chromatiques; les dissonnances s’entre-choquent; les
successions mélodiques, les accords, se précipitent
comme un torrent, ou distillent une suave rosée ; les
gammes échevelées s’évitent et se cherchent; l’arpége
lance ses flèches acérées, et retombe en grondant dans
les profondeurs des cordes graves; le trille pétille; le
grupetto découpe ses festons mélodieux ; l’apogiature
fait saillir ses facettes scintillantes ; le dièze soupire ;
le bémol pleure; le dessin sonore ondule, se replie ;
mais, dans ce chaos féerique, le verbe du triton
commande à la tonique d'imposer sa loi : tout rem—
plit sa fin, l'ordre règne, et le discours est achevé.
(1) Qu'on ne s’imagine pas que ces rapprochements entre la
musique de l'Église et ses dogmes sont de purs jeux d'imagi-
nation. — Je suis convaincu que, dès qu'un art atteint sa
perfection , il réalise des symboles pour exprimer toutes les
grandes pensées qui l'ont enfanté. De même qu'une cathédrale
reproduit par la pierre toutes les données de l'Évangile, ses
dogmes, sa morale, son histoire, le chant grégorien trouve
aussi des accents où toutes ces choses vivent et palpitent en y
imprimant leur empreinte distincte.
MÉMOIRES. 599
Dans les systèmes de musique#dont la tonalité n’a
d’autredestination que de prêter à la poésie des accents
plus pénétrants, plus solennels, toutes les merveilles
de notre art sont égalées, peut-être même surpassées.
Le ton du coloris sonore y est chaud comme le soleil
torride ; mais les évolutions de la voix, immenses,
infinies comme le désert, en ont presque toujours la
tristesse monotone. Le rapport infinitésimal {des
intervalles empêchant l’intonation de se fixer d’une
manière sensiblement distincte, la voix glisse d’une
région diapasonale à l’autre sans faire sentir indivi-
duellement les degrés de l'échelle : aussi concevoir un
son isolé paraît impossible au chanteur de l'Orient.
Pour lui, l’élément mélodique le plus simple n’est pas
un son : C’est un groupe de sons; chaque partie du
discours est encore un groupe de sons. .L'harmonie,
loin d’être nécessaire, devient impossible. Une telle
musique blesse notre sens esthétique, dépasse nos
facultés , nous est insupportable : qui sait cependant si
les tiers ou les quarts de ton qui ravissent de plaisir
ie‘muezzin sur son minaret, le brahmine dans sa
pagode, n’entreront pas un jour dans notre système
agrandi, transformé? Des expériences sont déjà
tentées (1). Et puis d’ailleurs, dans nos mélodies
populaires des Pyrénées et des bords de l’Aude, dans
(1} Depuis le xvie siècle, soit pour retrouver le genre
enharmonique des Grecs, soit pour expérimenter sur.nos
oreilles les tonalités de l'Orient, on a plusieurs fois essayé
de construire des instruments dont le clavier fournissait la
division de l’octave par tiers et par quarts de ton. Voyez sur
ce sujet les intéressantes recherches de M. Vincent, membre
de l’Institut.
600 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
les fandango et les séguidilles des Espagnes , n’entend-
on pas un écho, très-reconnaissable quoique affaibli,
de ces antiques romances, délices des belles houris
que priaient d’amour les Zégris et les Abencérages.
En attendant, la puissance de notre mélodie et de
notre harmonie telles qu'elles sont semble illimitée ;
mais il faut que je me hâte de les enrichir encore d'une
complète perfection de forme et de dessin par un
nouvel élément, une nouvelle articulation de la
voyelle : je vais parler du rhythme.
Du rhythme. — De la mesure. — Prose musicsle, —
Versification.
Le rhythme résulte des diverses modifications de Ia
durée combinées dans le temps. Tout ce qui s’ac-
complit dans le temps est soumis au rhythme : il y a
rhythme dans les accidents de la vie, rhythme dans
les évolutions des astres, rhythme dans le vol® de
l'oiseau, dans les caprices du ruisseau qui serpente.
La tempête rhythme ses bonds furieux, comme la
brise des nuits ses caresses; la foudre, ses éclats:
l'éclair, ses sillons; l'orateur rhythme son geste; le
danseur, ses pas; le moissonneur, l'impulsion de la
faucille , ou la chute cadencée du fléau. Le rhythme est
la respiration de la parole, dont lesvoyelles longues
ou brèves, les silences intermittents, retiennent ou
précipitent l'émission; mais c’est surtout à la musique
que le rhythme est inhérent : c’est un de ses éléments
les plus féeonds pour émouvoir.
MÉMOIRES. 601
La durée de l’intonation peut se prolonger ou se
restreindre d’une manière infiniment variée; le silence
plus ou moins long peut l'interrompre : voilà dans la
musique la faculté du rhythme. La musique et la
parole possèdent donc en commun cegprécieux élé-
ment: preuve nouvelle de leur commune origine.
En développant ses successions et son harmonie
dans les trois régions diapasonales, la mélodie semble
envahir l’espace; mais, en s'assouplissant au
rhythme, elle règnera sur le temps pour en disposer
à son gré. Par le rhythme, ses proportions se dessi-
neront clairement, et ses contours deviendront précis.
A la symétrie sonore des successions et des accords
s'ajoutera la symétrie des durées et des silences : de
là, des lignes, des angles saillants ou rentrants, des
circonférences de sons, soit que le trait ascendant ou
descendant projette la verticale , soit que l’intonation,
rebondissant sur elle-même, dessine le trait hori-
zontal : delà, des images, des symboles se multipliant
à l'infini. Le rhythme est le geste de la mélodie.
Mais tout compas, pour projeter une ligne, part
d’une unité, le point : pour se dessiner, le rhythme
s'appuie aussi sur une unité, l'instant. Cette unité est
essentiellement variable : la déterminer c’est donner
au rhythme son attribut indispensable, son mode
d'existence; c’est lui. imprimer le mouvement. Le
mouvement est, en effet, le degré de lenteur ou de
vitesse assigné à l'instant pour servir d'unité rhyth-
mique. L'effet du rhythme dépend absolument de cette
première impulsion du mouvement : la même mé-
lodie chantée tour à tour dans un mouvement lent ou
rapide produit deux impressions totalement diffé
602 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
rentes. L'esprit emploie sur le rhythme ses procédés
habituels ; à l’unité qu'il choisit selon qu'il est ému il
rapporte toutes les diverses durées des sons et des
silences : durée de deux, de trois, de quatre instants,
où un plus gæand nombre. Si le rapport des durées
avec l'unité est vague et indéterminé; si nulle
symétrie saillante ne les coordonne, ne les resserre
dans un moule fixe, la mélodie ainsi rhythmée est
de la prose musicale, dont lessilences, irrégulièrement
placés, marquent les phrases, terminent les périodes.
Mais, si l'imagination, s'imposaht pour moule
rhythmique un instant double, ou triple, ou qua-
druple, ou sextuple de l'unité, combine dans ce
moule d’une manière constante les diverses durées de
sons et de silences, le moule rhythmique prend le
nom de mesure où mètre musical, caractérisé par
deux, ou trois, ou quatre, ou six temps, égaux
comme les oscillations du pendule, mais où se dis-
tinguent toujours le frappé et le levé, l’arcis et
l’athésis; les temps forts, sur lesquels s'appuient les
accents les plus saillants, les substantifs, les verbes ;
les temps faibles, qui supportent les attributs et les
conjonctions.
La mélodie ainsi rhythmée cesse d'être une prose
cadencée : c’est une versification scandée.
Le chant grégorien, dont l'idéal est d'exprimer
avant tout l'infini de nos aspirations surnaturelles,
n'est qu'une prose musicale, mais une prose très-
rhythmée, très-cadencée, bien phrasée, dont la coupe
des neumes (petit dessin mélodique) dessine les pro-
portions par des silences irrégulièrement ménagés ;
proportions souvent symétriques dans la durée comme
MÉMOIRES. 603
dans la marche mélodique des intonations, où le
silence se prolonge capricieusement pendant une, ou
deux, ou trois unités d’instant, mais sans rien de
fixe, rien de fatal. Parfois, poür aiguillonner l'ima-
gination , l'unité semble mêmedisparaître, et produire
des dissonnances rhythmiques; mais bientôt elle
reprend son empire, et la période s'achève pleine et
arrondie.
On ne saurait croire combien ce vague du rhythme
imprime de grandeur au plain-chant : on sent
que la raison , s’abaissant devant la foi, laisse à l'âme
toute sa liberté d'enthousiasme; on sent que l’ordre et
la convenance des choses d’ici-bas sont des bornes
trop étroites pour des accents qui cherchent Dieu.
Je ne sais par quelle folie le xvint siècle s’est
efforcé de tuer le plain-chant, qu'il prétendait régé-
nérer par la monochronie assoupissante du chant
battu (1). Le vandalisme janséniste dans le temple
préludait au vandalisme révolutionnaire dans la rue.
Le bon sens de notre époque a fait justice d’une telle
(1) Cette égalité systématique des notes du plain-chant a
commencé bien des siècles avant; mais son adoption n'a
jamais été unanime. Quatre causes principales l'avaient
amenée : lo la complication inextricable de la notation
rhythmique; 2° l’austérité des ordres monastiques, qui, pour
se traduire dans la musique, ne a rien de mieux que
d’en ramener les rhythmes variés à la stricte unité ; 30 la
manie d'improviser des contre-points en imitation sur. la
mélodie grégorienne, qui s’effaçait alors, et dont la lourde
isochronie était absolument nécessaire pour faciliter les
harmoniseurs ; 4° enfin l'ignorance toujours croissante des
choristes laïques, à qui le chant des offices fut confié Nr la
plupart'les églises.
“”
604 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
mutilation : il a cherché à restaurer dans toute leur
splendeur les cantilènes inimitables des saint
Grégoire, des Fortunat, des Notker, des Robert le
Pieux, des Maurice de Sully, Thomas de Cellano,
Jacopone de Todi, Frangipani, etc. Il est incon-
cevable toutefois que, en restituant à ces chefs-
d'œuvre leur rhythme si flexible, si grave, et
pourtant si gracieux, on s’obstine à leur contester
une harmonie aussi abondante, aussi variée que leur
mélodie; et cela, sous prétexte que, dans chaque
mode, chaque intonation implique un repos absolt,
comme tout substantif, toute interjection. Vous
faites donc d’un art divin un idiome de coq-à-l’âne,
un vagissement de sauvages ? À la vérité, dans un
trop grand nombre d'églises, le chant n'est pas autre
chose. Signalez cette profanation, indiquez les
moyens d'y porter remède, mais ne laissez pas
imparfaite une création qui vient de plus haut que
nous ; reconnaissez que le plain-chant, comme notre
mélodie moderne, se compose de sons intégrants, qui
engendrent leur harmonie nécessaire d'accords par-
faits, desixtes, et même de quarte-et-sixtes , et de sons
artificiels, purs ornements qui ne réclament nullement
d'harmonie propre. De grâce, n’alourdissez plus,
n’abêtissez plus ces neumes si délicats; tirez de læ
tonalité grégorienne toutes les richesses dE OA
qu’elle renferme , elle n'aura plus rien à envier à sa
sœur. Mais, au lieu de cela, vous l’affublez de dièzes,
de bémols, de notes sensibles, d'accords dissonnants
qui jurent avec elle. Dans le plain-chant vous vous
plaisez donc à jouer faux : vous en faites un non-
sens. »
MÉMOIRES. 605
- Quant au ryhthme, peut-on concevoir une musique
qui l'exclut? La lumière et l'ombre le donnent à
l'architecture, à le sculpture, à la peinture ; * et
le plain-chant s’en dépouillerait? La complainte
du pâtre, la chanson des lavandières , le cantique du
pêcheur, sont admirables d'originalité rhythmique ; et
le plain-chant répudierait le rhythme? Non! Je
le proclamerai bien haut : le plain-chant est très-riche
de rhythme et d'harmonie: seulement son rhythme
a conservé des analogies frappantes avec les rhythmes
si variés des lyriques grecs, continuelle mutation de
mètres, enjambement sans fin d'un pied poétique sur
l’autre. Souvent je. trouve notre musique bien moins
variée, avec ses Cadences implacables, revenant à
temps égaux, et sa Carrure, qui pourrait lutter
de rectitude avec un triangle ou un carré. Notre
musique actuelle gagnerait peut-être beaucoup à-
empruntér au plain-chant son rhythme insaisissable ;
fugitif, mais toujours émouvant, voire même la
variété mélodique de ses modes.
Dans les systèmes musicaux inhérents à l’idiome,
le rhythme est absorbé par la prosodie du vers :
ainsi, dans l’art d'Orphée, d'Homère, de Pindare et
_de Sophocle, où tout était, chanté, ce n’était pas la
musique qui Soumettait le vers à son mouvement : au
contraire ,. elle obéissait presque en esclave aux
règles. de la .prosodie. La prosodie assionait aux
syllabes de l'idiome une variété prodigieuse de durée :
si la brève valait l’unité de temps, la longue valait
deux fois la brève : c'était là la donnée élémentaire de
la prosodie. Le mètre, ou pied du vers, se formait de
longues ou de brèves, combinées ici par nombre:
: 606 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
binaire de temps; là, par nombre ternaire. Les princi-
paux mètres binaires étaient : le pyrrhique : deux
brèves ; deux temps; le spondée : deux longues,
quatre temps; le dactyle : une longue suivie de deux
brèves, quatre temps; l’anapeste : deux brèves suivies
d’une longue, quatre temps, etc. Les principaux
mètres ternaires étaient : l’iambe : une brève suivie
d’une longue, trois temps; le trochée : une longue
suivie d’une brève, trois temps ; le tribraque : trois
brèves, trois temps; le molosse : trois longues, six
temps (1). En réunissant plusieurs de ces pieds,
composés de syllabes égales ou inég'ales, on formait
le vers. Autant la combinaison des pieds variait,
autant d'espèces de vers. Enfin les Strophes ré bbiBht
de la combinaison des vers.
L'harmonie de ce rhythme poétique était une
séduction si puissante pour l'oreillé des Grecs que la
mélodie même s'effacait devant elle : les fiûtes
dirigeaient toujours l’intonation de Vééteii qui
déclamait; mais les sandales des podopsophes, qui,
marquaient le mouvement et la cadence du vers,
dominaient tout. Le vers était la musique.
Le législateur, pour imprimer ses lois dans la
mémoire des citoyens, les rédigeaiten verset en chant:
voilà pourquoi changer une mélodie à Sparte était
(1; On comptait aussi comme mètre prosodique le bacchien :
une brève suivie de deux longues, cinq temps ; l'antibacchien :
deux longues suivies d’une brève, cinq temps; enfin
l'amphimacre : une brève entre deux longues.
Dans certains vers, les Grecs combinaient les pieds binaires
et les pieds ternaires pour produire ce qu'ils appelaient le
sesquiallère ou le scazon.
MÉMOIRE. 607
attenter à la sûreté de l'Etat. Les éphores coupent trois
cordes à la lyre de Terpandre, et bannissent Timothée,
parce que ces deux artistes voulaient innover dans l’art
qu’on croyait immuable comme l'équilibre du monde !
Platon, Athénée, Plutarque, nous en rendent témoi-
gnage , la musique embrassait toutes les connais
sances humaines , consacrait tous les actes des
magistrats ; au gymnase, à la tribune, il fallait se
conformer à ses préceptes. On sait que Caius Gracchus,
dans toute la fougue de l'éloquence, prêtait l'oreille
à la flûte d'un esclave qui, caché derrière lui, diri-
geait son débit. Qu'on ne s'étonne plus si l'antiquité
tout entière attribuait à la musique seule une origine:
divine: tous les peuples ont été unanimes dans leur
vénération pour l'art qu'ils croyaient régissant l’uni-
vers entier. De nos jours, chez les Chinois, les sen—
tences du pieux Lao-tseu se chantent encore, de
même que les préceptes des Pouranas chez les Indous.
Pour nous, forcés par le divorce de la poésie et de
la müsique de créer à celle-ci un élément irrésistible
d'expression, une source inépuisable’ de variété dans
l’unité, une consonne énergique qui articule la
voyelle; laissant au plain-chant son rhythme indé-
terminé, nous avons fait entrer dans notre mélodie et
dans son harmonie tous les mètres poétiques des
anciens, infiniment plus multipliés, plus riches
peut-être.
Les anciens mètres prosodiques sont devenus dans
notre musique la mesure à deux, à trois , à quatre, à
six et même à cinq temps égaux; moule rhythmique
où les durées des sons et des silences s’enferment pour
acquérir plus de puissance, en rendant l'unité de
[PARTE!
608 CONGRÈS SOIENTIFIQUE DE FRANCE.
rhythime bien plus saillante. Les mesures combinées
ont produit le vers musical, dont la mélodie a formé
la rimé par les cadences ou chutes régulières, souvent
symétriques , des dissonnarnces sur les consonnances.
En combinant les vers mélodiques' de toute forme et de
tout mètre, la.strophe s'est épanouie : strophe de trois,
de quatre, de six, de huit ou un plus grand PONE
de vers de digne grandeurs, croisant leur, rime:
s ‘entrelaçant à plaisir par Fa ant À Je dépla-
cement _des tésures. La symétrie du vers, musical]
S ‘appelle ordinairement carrure: la symétrie des
carrures, nombre: la symétrie du nombre, période.
Faisons HÉÉPRoE ici que l’époque du moyen es où la
mesure devient une nécessité de l'art profane est pré-
cisément celle où la rime constitue notre Vers. “Le
x1° siècle marque cette époque.
Toutes les coupes, toutes les formes, tous les
caprices, toutes les hardiesses, toutes les surprises,
toute la flexibilité de la versification antique et de la
nôtre, la musique moderne se les est appropriés,
depuis, l'hexamètre, le pentamètre, | le. saphique,
jusqu'à l'alexandrin; depuis le bout-rimé;-le rondeau,
le: triolet ; la ballade, jusqu'à l’ode, jusqu'au-dithy-
rambe. Notre récitatif n’a-t-il pas la cadence grave et
solennelle de l'hexamètre ou de J'alexandrin? Que
sont nos-grands: airs comme coupe; sinon: des:-odes
polychrones? La mesureest ainsi devenue unélément
constitutif de nôtre musique, qui sémble “né plus
pouvoir s'en passer. Toutefois la vérité de |’ expression ,
la, chaleur de l'inspiration, contraignent parfois, la
mesure à s'effacer, à,se dissimuler; le mouvement, de
la mélodie s'accélère ou se ralentit; d'autres foisytles
'
MÉMOIRES. 609
mouvements se heurtent, et contrastent énergique-
ment; mais, dès que lénbtion se calme, dès que
l'inspiration retombe , la mesure reprend sa baguette,
que lui avaient arrachiée pour quelque temps le point
d'orgue, le rallentando, l'agitato.
Le domaine du rhythme est illimité dans la
musique, et, malgré tout ce que Sébastien Bach,
Mozart, Haydn, Beethoven, Rossini, Berlioz, ont
créé, le développement futur de l’art s’accomplira
surtout dans le rhythme, jusqu’à ce qu'une révo-
lution dans la tonalité le transforme radicalement.
La mélodie est donc en possession de toutes ses
ressources : l'harmonie, le rhythme, la mesure ,
le vers, rien ne lui manque pour réaliser le beau, le
sublime. Mais quelle voix va la chanter? L’instru-
mentation répondra (1).
De linstrumentation.
Dans la mélodie et l'harmonie, la musique a déve-
loppéson principe sentimental] ; jo le rhythme;, son
principe intelligent. Pour étre. entièrement une âme
(1) Si les dimensions de mon cadre me l'avaient permis,
j'eusse esquissé ici la rhétorique et la poétique musicales. On
aurait touché du doigt que le discours par les sons comporte
des figures et des tropes analogues à ceux dont l’éloquence
oratoire tire ses plus grands effets : la métaphore, l’anto-
nomase , la synecdoche, l'hyperbole, la réticence, l’antithèse,
la gradation, la périphrase, se retrouvent en effet en musique,
comme aussi les parties principales du discours et les qualités
éssentielles du style.
II. 39
610 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
qui se manifeste, il [faut qu'elle trouxe. son, principe e
(1{10a11
sensitif, et com ] te ainsi. sa trini : En, Pb 9f)
il faut que e Je. cœur € et l intélligence spie nf, SEL YIS id
DO LI9
des organes. Voici les voix, voici l'orchestre BRAS
4[5'2
multiples qui, au soul deja mélodie, à l'ixapulsion
du A SON vont s'animer, d'une, seule ie zidle
CHU i oué +out.yn, monde “Oral » REG, SES
io ue EN AUUET 18 amours; ses antipathies, ses
chants de joie, ses soupirs de regrets, ses réperies, 489
recueillements ses prières, ses, .extases ;, foute.une
création sensible, avec ses,splendeurs , ses, ténèbres,
ses Suavités , », 8eS parfums, ses PÉFSDRTES. lointaines,
ses sublimités, j ses grâces. Acte ses)l AATSCRPSS [865$
beautés PT sante Pro TT SOS, indécis Sh ia csiibont
Écoutez ! ! j'ai fait un; FM un, artiste surhumain
KU9IDSTA € D
touche ces deux mondes. : tout, s'enimeetidevant
mon, Ho haletante. ë déroulent le. tableau, et
le drame e plus saisissant. li : stigsi sbutôiupai
D SRE ce. scintillement cristallin. qi
GA S ‘approche s'éloigne? Ce sont. Jes Sons. barmor
niques .d des. Violons, bien loin, bien \loin,.e et sur! lesquels
ie flûtes, ans k. medium, . jettent des, açcords
1 ST UD (0708:
vel loutés. ra les | hârpes en treronpent ASAEPÈGES
Lisa
sigus, éblouisants comme dés, rayons, bien SE)
voil pres secouaht | d’une. main AE rosée 46; $a
ex T0] J{5IQ
chevelure, tandis, que. de l'autre, elle parsème
horizon encore voilé de palettes : us
Soudain les “altos. unissent AUX. violons, de, SRAYE
accent de ieurs ‘chanterelles le cresçeudo
JPIAUTTS F{16C senfle;
l'harmonie se dilate e et S'élargit. | La petites flûte entonne
Où =
le chant de l'alouette matinale une. fraiche, brise;
glissant des violons aux altos, éveille les violoncelles,
AOHANH HA MÉMOIRES. 2440/4100 611
out fristohnants! ; ABitent lui batterie rapide
ad feués" es «peupliers et des saules. Un
Kpiendidé te qu Sépanouit : Li est. Te soleil inondant
T'épaie: de “a “puis une yoix s'élève: au milieu
dudatre | Eest'al usette du berger, dot le hant-
bois Sont use ‘Eos! ti are pensers ‘d'amour,
tandis Que 16 R6h< POCHES des Lors répondent par leurs
roucoulements dé Cole ef € qué les Harpés émiettent
és acdords Sût les feémues braves de “déax fes. unies
4/mbdiüim: dés basONg, frais Mur mure de la source
épaiéiant Son fagrit das 0078 ofdiense an ke
«pétré réte HNGE TI raies, PU spi Une
Pélle” Et? CHAStE viér ee” Appel RÉ fiancé 1e Ga le
medium si carééeatt dé" 1a Clarinette dont ke joyeux
HAE AA AE dans és traits gracieux
des violons: LE (0$ anéfais répond ? cê fancé , fier de
Ko Hoñfeur, Man Re Le orT Jane vague
inquiétude l’agite : il chante, ‘où Brio î ORDRE
Cépentlant' Vorchestre ke! AD p°. une” foule à S'ap-
proche :* 1es portés du tempte:s onto Ta clarinette
Tasse Eve sa Vois'de ot l'orgue séveille; “le
APTE est noué d'harmonies, sur lesquelles Ja chan-
ère né ‘dés ViolHS fait plane SN TE mue d'hyménée. Les
compaghes dé sa ‘fiaricée Su] pleut a ainsi le Dieu des
iniséricordes. de 'pénir son bonheur. Bientôt leurs
ACTE n° Sont” “plis qù an L'DUrINUTE ; l'alto solo,
se Sp éétrant, fait REA AO
Le Phrels. rädiouse de tendresse, et qui, en-
“ant que Ka ‘mélôdie la dlarinette et le cor
Anglais, LÉRDIé presser dans ses bras deux cœurs dont
ARTE Va rivêr la Chaîne fortrnée, Puis des
cotdésloétuéusés ‘du violoncelle S'exhale l'accent
612 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
pieux, d'un père, auquel tous les autres yioloncelles
mêlent bientôt, leur cantique solennel.
19 LIT* 3 à Éd ser frs! If
«Tout, à Coup, les. contre-basses, s'ap roch int rapir
dement, font de gt. rebondir de ser tiolets :
TOC
(6) est le galop ve FH gaeqs. d une, troupe d le. Sp aliers,
us qurent, , ils dé lé ARE l'espace. Les v voici | LA
[109 31119]
fuit, À tout, se disperse, Le cor fait rete ntir LA ?, 5e$
Sutl
sons fatals : un saisissement d efroi glace D rc] hegt: es
Sur )'2OD TT
la trompette ftaiionts, FF an les. ‘trombones élèv vent
204
des ,clameuxs, furieuses;, la, cymbale,. grine Pl
sans doute des, épées Fe. croisent... les. Ris se
heurtent, Oh! Dieu | la Res flûte dance un siff
HI9ATT(
bref. sur. un éclat, de eymbale.: c'est, jun van |
poignard! Qui, donc, est frappé? Entendez-yous
lafigu déchirant du, xiolon pla, et Rai toute
du cor anglais? Le. fiancé « est tom cb bé;;,.son lépo Lu
éperdue,, disparaît au milieu. des, AE SM AE F
trombones et des f fanfares, DR re este til il,
plus une, âme, vivante. pour. témoin, à ce ERA AE
d'horreur?,SL le eov anglais se fait.ençore Giemire,:
le Dien-pimé suryit, mais c'est pour pleuter qu 7
s'est obscurcis avec, l'étoile de son, bo peur, Com mme,
une. FO. consolante de, mère, lo, domi, a
sanglots étouffés du cor anglais; les POURERÉ ue F5,
clarinettes pèsent sur l'harmonie , que es
heurtent, de leur, pizzicato, semblable. : eu rt
suprême, d'un homme qui se AE entre da fatalité,
ei sherche à Jui dempnder, FAAORr 9tyob anse : >rdomit
Jci V Océan s s'étend sans pores avec les sons Rene S
des basses, des bassons et. des, Cor. Mais à QUE Cr,
vous pas, au, loin Ja; fiancée répéter 8eS 20 jeux ? Hs
TTI2 SIT
flots. qui se bercent, qaus les violons et les als l'en eme
EEE ‘MÉMOIRES. nd ni dis 613
portent Ja voilà déj à. bien om ‘sa voix nest” plus
qu’ un son crépusculaire. Dans un ‘sombre rouléme u
del'timba ibales surgit 16 prémiet éclat delta foudié! L
tenue Dot ét monotone des basses £e “phisél te
grupellr d'aitos ? Tes siotons précipitent jes flots Hu?
Hultueux de leurs érémolo ; qui s élèvent et rétombent :
ÉS damimes éhoimatiques des baSohs accroissent. A
S 119
sou € co fère des vagues; 1e Chatumiean dés clarinettés
ee Ïés sons EME dés flûtes font pousser aux | iSetux
de” mér 1éurs cris ‘d'éponVante TA! budte tédéubté
Es éclats!" Les Tarnes des violoncelles ét des" Contre
BASES Le EG ang un coup d'archet s8e et forts j
dable : 18 Vént Se” déthathé "dans 168 Hraitf aigus a
HER a" pétite tt déchire’ d’éclairs 1e forte” del
HAUT ph mérhonné, fa tempête à n'a pus de He :|
PU \6rribie ‘fracas, ‘à’ nafüre 86 4éBat Cou?
vive" Lee D onds frénétiques dés ‘dontré basses
semblent. s étages a Cieli tandis que fe ‘slacatio
précipité dés ‘seconds violons, des altos et des tva
lonéelles A RER ja apépe MAIS ls trornbonts !
au loin, pous sent dés! pbèr de détresse: 14 cos
au tua ni nd ë’ dAWon d'à (Bret puis té
fin cé..." oi Tru son “rie CRUE TA chiiterétié
du» vio ut pet ULeS 108 0h t débrmas" Là ‘ “couche
nuptia A TE Up ‘9 ffrOf noel, Tr 9290 291390 <
" is U est l'Apaisée Mainténat} 16 cor meta
accentué péniblément 18s"/6on$ 168 qu HÈS APUUE
timbre : sans doute 1e fiancé proinène sur 1e rVaet
aLISTO O2 2119 x
son morne désespoir, ‘que Ta voix tendre de l'alto pént-
être a om LA À fa fiancée, cherche à ssSobpir ?
tandis que Sur le feuillage HE des violons 1
frite à eoupe” les “fredons ineffhblés” du” rosstgnol
644 CONGRÈS SCIENTIFIQUE, DE FRANCE.
Cependant les sons voilés.du,cor assombrissent le jou;
les, pissicalo,.des basses. effeuillent, leurs, açcoxds au,
souffle d'un âpre ment d'automne .qu'exhale la qua;
trième ;cçorde ,des xiglons,;, la nuit, s'épaissit, Enfin,
deux bassons comme deux ombres pâles et fugitives,
glissent à trayers la brume de l'harmonie; c'est peut
être la mère. et l'amie de. la douce vierge quiyiennent,
lattendre nue dernière fois.sur le: rivage. Alorssdeux:
sourdes timbales laissent tomber, des accords cinter-
mitients, sur lesanels passent furtivement, commen
rayon de lune deux. flûtes, dans, le grave, 1n çor,à
l'aieu. Silence... Un,dernier.accord de timbales 4;
puis laçmort!!l.....Voilà mon, rêve, enoy:9f15 » roi
Qilà, comment Ja. baguette, magique de, l'artiste,
évoque un monde de fantômes dont, les-passions, vous,
émeuvent.,.,dont les, péripéties; vous, font, :frémir;,
mais, Pour que. cp monde,ne soit pas an.chaos sil
faut.que la loi d'unité dans, la. pariété n'ait jamais été
POÉeroid tas Sud 90 xuoim olls-Siérbiotte
Le ;pathétique épisode.qu'on vient de, lire, est-il à,sa,
place dans np, ;ouyrage qui vise, à.1a, science ?.Les
pédagagues., pouront, dire, Que, non; PORTE Ml rrr-je
n'ensçeigne, pas autrement: j6,.suis çonvaineu, que
lemeilleur, procédé pour. expliquer, la peinture c'est
d'exécuter une toile. J'accepterai avec, humilité (is
blâme si j'ai réussi à. faire comprendre, jusqu'à, quelle
grandeur. de conception, quelle vérité |dExDFEiOR,
quelle énergie de, dessin, quelle, magnificence,.de,
coloris, la musique peut atteindre (4). Mais on peut
.298891oii 292 2atnot ddislo o9v6 do dronrowpibodiènr dnagqol
“4)1Déux admirables lonviagés He RASSRETpIUS rien
désirer pour Fenseiénèment dé l'ifiétriniénitation+ils1déve
1] so Iuroe qu'D 192r1919818"
19H AA 10 MÉMOIRES 192 HA9D/O0N (JE)
mié'dirél NOUS N'AVONS VU agir que l'orchestre !'que
sérait2éé done Si 14! poésie” ajoutatt À° tante her
… véills h DrétiS On?" CAO né nous rusioinons pag: à
tique ‘perfit * hu TRE Maïs “8ôn © Rtjét ’#éste
towjours vagrie haére le déplotement AE Hotte &8ÿ
réssourees, Vousihé montrez 16 d'Oc. op
VORIR désert © VOUS déchiniéz Uni aigle”: fl jé crais
assister"! 1 AmasBEiAiNle LE e"qhe j'entends est “8 à ütie
piière? anot, j'y décotivre un sn hétépggit #oDrrok
DER importe? Ce Vague de 11 musique t'est 1e
sécrét A6 sühpouvoit!' Y otiÿ préténidez qHeeite de At
rien “détprécis ? je vous PHécorde , parce!qu'ellé "dit
tout : elle vous émet’! ellé vous neo né vous
OEIL Jr ER SET ANOLS 1 ral VER Er Mt
dR7 risérables”/préUeeupations! dé ”cemonte, lélre
vous Ait partoutit l'infinriellé vous Péhètre 1e CHŒUR?
elle #éthpare dé tout YbtRDOBEEE bout Pre rente
MénEUL Que démaidezLvous dd plus?! La Haïbie
atteindrait-elle mieux ce but? Hélas! bien’ pet
répétent lé bwblimes Cadtiqués’ ae ‘Ratiné #n” de
Éâmarthé tandis que là voix duplus infime Lévertié
entier l pieux rél où une romante touéfrantél
Éainusique’, Croyez=moi , 4 musique, Hiême dans ho8
th pIE EL Ené ré Val prédication 14 plus! éfèater au
vigni ro vs is19iqo928 L -alioi. anus 19801093x9"b
8 Que LA IHAENE 0 aeslnélodtes s'est Séparée
en angl des'mots , ; presque" 0 due
à son Asa e “eélretotie" une _atHätée qu'on
tuoq ao eisM .(l]) stbaisits ti est $f1, e110{09
loppent méthodiquement et avec clarté toutes ses richesses,
toutessa magnificence, et résolvent toutes les difficultés.
Nommer!ileurs; auteurs, MM: H. Berlioz et. G..Kastner, c'est
caractériser d'un seul mot leur mérite.
646: CONGRÈS SCIENTIRIQUEVDE FRANCE.
rend impossible : aussicles musiciensne-demandent:il#
à, leurs paroliers:qu'um:maigre canevas; un squeletté
derpoésie; pour: servitocdé file coniducteuroà. fenms
insprations, qu'ils/tiennent toutes :prêtesven réserve
dans! leur: portefeuille: C’est un: malheur! c'est: ume!
faiblesse L'Jusques à; quand nous: donnerast-on°-pour
chefs-d’œuvredesopots-pourris!de formules ârtant 1
pager?dJe;vous comprends !: sur: des vers sublimes, {sur
derdarspoésiendigne deoce:nomotvous nelpouvriez
ajustér vospastiches: Moi, je vous donné x chantérsdans
Andromaque, : incorparablermonelogue; d'Oréétecri
vous vous, moquez de:moi : votre .carrure impitoyæbley:
vos-phrases toutes moulées;!ne-peuvents'açccoupler à
tant) de,désordre: Pour frapper: Pylade; pour ‘faire,
siffler les: serpents des Furies il vous! fatidraitr régi
des, formes-nouvelles ; trouver dans-lésrprofondeurs det
l'orchestre des accents inouis :-où serait-alorsl ce-qu'om
appelle xnymokif? L'orgue de Barbarie: ne pourraîtile
travestir) en polka,1et: c'est cé qu'on: demamdélt Bal
prière -même;-doit être:-une scotischio ilféut bien quel
les, hérosde;Mahille deviehnent les corÿphées deivotre
renommée, de ‘carrefour Ah) c'eét:une pitié ! IPoùr
faire; de. belle musiqueril faut de mauvais vers?
Cependant Gluck n’a jamais été plus sublimequé
lorsqu'il a trouvé des pensées et des images à sa taille
de-géant; Schubert a:pour le moins égalé Goéthe dati
son Rof des aulnes, et ce Lac, tét Automne dé. Niéder
meyer, dités-moi ? ‘qui vous fat 1e Elus FES ci] poète,
ou du musicien? de noiz29Tq
:Sortez, de votre banalité;: lranèons ào on vero
accents dignes de la musique:s1la musique nie pailiral
pas. De jour enjour sa puissance d'EXpréssTon grandit,
MÉMOIRES: | IA 0AO GNT
et le temps m'est pas loin peut-être où toute poésie se
chantera, même: l’épopée:; si quelque audacieux-pénie
surgit ,tout à la fois grand 'poèteiet grand musicien.
“Nous ‘avons analysé pari quel-!'procédéo l'esprit
humain a lentement élaboré tous les-élémentsdé l’art
peut-être le:plus complexe. L'esprit humain 4 pas
été moins ingénieux dans l'invention desisignes gra
phiques au moyen-desquels la pensée de l'artiste’ reste]
impérissable. La motation-dont nous nous oservons
aujourd'hui ne daisse rien à désirer : une échellé-de
cingilignes porte le diagramme, dont sept clefsidéter:
minent à volonté le:son générateur; septisignes de
durée sept signes de ‘silence, se placent ‘sur'/cetté
portée-pour représénter à la fois les intonations let !lesi
rhythmes; le.dièze et le, bémol expriment 1x doublé
tendance des cordes mobiles; les accents, les-nuänées)
ont aussi leuris-signes au-dessus, au-dessous dés notés; |
enfin. les chœurs et l'orchestre, toutes les voix ; tou:
les timbres, peuveut êtrelus d’un seul coup-d'æil sur!
la:partition. Mettons donc l'artiste en présence de cétte!
partition ;-et tâchons| d'analyser cel quil'se :passeilen!
lui; (1). Cette étude ‘psychologique: n’a peut “être
jamais été tentéel, et: Pen elle ‘est ue
NI ewiq, dE ass, Aou) ixshasgs)
oilis 2924 bévront 8 Impr
Qa m'en coûte Deauqomp de ee —- ‘cet! Apercu: philosoi
phique. Une étude approfondie des diverses, notations achè--
verait de mettre en lumière les vérités que je veux, établir, Je
devrais aussi consacrer un ‘chapitre spécial aux. moyens d'éx-
pression dont la musique dispose. Si jamais une ‘'houvelle
oecasionse présente pour moi de donner à mes idées tout le
développement qu'elles comportent, je m'efforceraiide ne rien
omettre, et, get opusçule deviendra, un ouvrage digne de son
objet.
618 CONGRÈS SCIENTIFIQUE) DE FRANCE.
91 +9 ,eflosinité sr amrrros st mo stnrot stars
J; ‘910981 91 misvhoë'l :syqolsvèh 92, tibuéro sr
LeoGompositeur.en, face de ça-partition, — Différents-gonres 42
9'9 om, dde musique; diférentes: écoles sion 100 à
Seestb Îr 260n$eis8lquios #22 a9tuot 9h tefdo tes A°e Mon
LE méftre st adsis devant oh pupitre! An vaËWe UE
défnier aéc6td se HAte le” Son? piano L que Re Ares"
viennent" d'éfièurér lu hasard'péur échaufrét son!
imagination ; son papiér de! musique cHéoré fifihras”
culé | Eile Sous es yehx Vingt” portées vides eñtôre.
L'artisté ficlinéPson Fonte 11 ét déja Toi de Tétté)
terre 0418 Môride ta s'est émpare de rai" corne
aütanit (dé prismes magiques; les portées faseinéhit sont!
régard far Moment SU Etoit"y Mé0des” notes Con2P
tuseR Tout Stotp'une Syhphéniéprenide ait dedans
délai i1 énténd”Uistinéténient dhfislé61 front ed!
voix "&t ded'linétrumenté qui Fappenénti ét7sé 462!
pondeñt! 4 prépré vois éd Stitprénd’ à eit'éklyer Îles
échos eg Hentéde 14 pértéd ur Remibledt fn travers
dont’ CHaqUe TOUCHE Frémhit 2 LA TPE Sy précipité
et jubfe à Ta portée Gu°doit ste Piastpanent dont
lé murmure lobsde) 1trace dés 8énes Lc'ést e8 Pin
entra eee eff init itovuoe .997m8us 861 9b 2frol6o
“$6n âme vient dont de"parllr 0 VoRRE ut LEA piét
sd pensée Et RON TVér Be qui HabOEnET Sas rmitl
irrésSAble” Atout pour Cet autre Mrichemiéts quil
vient” l'éngendrér, Süh fhaginätiônlile “AE son?
cœur l'étreint ef Péchaume, KE haisot élscruté avec
Son” flambeau? Sul! gérmede ti ne pipité dnté
verbe, Kôn‘drétteur 1 réjette ee Laurie déconfige”
Mais!" & dans ”cétté Enfatiation” "1 plis pure déikon/!
être V'Artiste sent fétmieénter des éléments fécondgr il
OAARS AOMÉMOIRESHI08 244070 649
y insuffle toute son âme comme une étincelle, et le
verbe grandit, se développe; l'écrivain le façonne; ii
s'y “ébitemplé ‘ni-même comme dans un miroir :
« Oui, cette mélodie” Cest moi ! € ‘rhythme c'est
moi! » À cet objet de toutes ses complaisances il dresse
un magnifique, trône, d'harmonie;.il, tisse, un royal
vêtement de broderies et,de, timbres;-puis. il semble.
In -diren 5 s4ioVa | xépands: toi; opère des miracles ; je,
sais;tont Ge qui SogHER der toi, !»;; iqsŒ Mo: moïhsrrie si
Sous-la-plume:quise. hâte, le,vexbe,. ouplutôt: le.
thème ,,s'élance:;s s'assimile tout cequ'il. rencontre.
s'étend; se: fractionne; ici. prend la xoix d'un violon;
là,,dunçor ;il.court à.travers l'orchestre, Fe RBRfe
detoutes, les, sonorités, lutinant. même parfois...le
silence, Maiside:, sonia déçond, déjà. de nouveaux,
thèmes, s'échappent;; c'est Ini quiiles açréés; ils sont.
faits à.son, image; il les emporte, avec lui à travers,
mille... dédales, de, modylations,, de, rhythmes,;, de.
mesures ; à chaque.élanr du;thème inépuisable, jaillis-, :
sent:des;traits surprenants } des, cadences imprévues
donti il emace,: comme, d'un: réseau , les thèmes qu'il a.
produits ;et.surJesquels, il répand à pleines mains le,
coloris de la nuance. Souvent il, dialogue avec FFE
on; pour.les, laisser, briller, s’oublie; lui-même; mais
bientôt:il.zeparait.-plusiradieux. Cependant la plume,
du maître dévone les portées :par.les plus étonnantes,
combinaisons ; il veuf ;ençore multiplier cette pensée,
unique; Lenrichir;.d'ornements, plus, brillants, et,
A demouveaus éçhos,qui la répètent., Mais. elle.
est.épuisée: parun dernier; soufile de toute son âme,
l'artiste concentre, tous, les rayons, de. sa, gréation ef
la voilà debout, tout-entière, imposante d'unité et, de.
620 CONGRÈS SCIENTIVMIQUÉ DE FRANCE.
pérféction! C’est ‘ditéi qu'écrivaient Haëndel ’ Ba ch,
Häÿan', ‘Mozart /'Bééthoven:, Méndélohn
‘Suprémne pui (dé fotde élconception, fammé Hide
d'inépirition, fécondité inépuisable dans 1 exécution É
dë ces 4roiS sCUAUX “divine sont Harqués les Chetse
d'atvre.: Cépéhitant grand nombre de produétions
fisicales ont rééleine nt belles Sins présenter je dé
Veloppément exéltisif d'urié pensée 1 unique : certaines
ne s'aûresent qu'a 1 ntélligénce* d'e autrés exe
primént que! jél séntirne ent!) délles-ci sont le chant de
l'âtné/ en présence des ‘ basis de fa nature: 'Celles-tà
sont l'étoquéneé des! pas{Ens! Pour toutes, “originalité
dé'cénteption invéntion däns/la ihétodie, “äbond ance
ét nouveaute daps T'héfmonté richesse de e rhyt ae
vérité d"accent , à unité. de “plan, “elârté pr déve
16ppemènts, juste depression Ft Conve ë-
nance BarEUU ? : ‘voilà 1es cOndonS ta beam RU L à
SEntrons ans deiques laétaÿs”! sur les Ft de
S'énrése F9 r; 92i [29] 5h, 911 [sq849 94 D, EU
“L'onanis e Xient de’ quitter son Huae ia pr rière.
férvente est éncore sur. kes 1èVreS 2 al respire ‘encore
l'éncens det'autér. Sôn régard longe dans Ja pro on
deux tés” trois ne, “où S'écare à travers, es “mis
dtéedu des € Ggives, où lle * soleil couchant, percant les,
vitraux, 5. fait mirôïter Îles “figures 'exftiques | des
onhiéts ês let des martyrs. L'artiste éhrétien € est saisi
d'une rt si tous ces héros de l'ancierne et t de
BLUE lo BARETERE à chanter + en lui le can
de foi, l'hymne d'espérance S le soute de Vin
traverse soh me : 1 croit toinber | à genoux iii
ne Adération | éontem} tive; Tégiise du Christ
est: TN" débout devant lui, LAiReE sûr St pierre
HOMAMA HU | MÉMOIRES, 'AAOMON 62 {
rares Jes,cierges. de l'antel, les: piliers da
la mosaïque du pavé, fout prend une, vpix, tout
se met chanter en ai. Lraxtiste. se sent, investi, du
sacerdoce ; il faut, qu'il. rue d'adorateurs:la basis
que, poeme, ape ous les fronts.se courent,
SoE e l'harmonie dela charité remplisse, le monde:
Eu D ONE De SO ARE OBTouP If oix.des enfants. vêtus
de robes AP SP d Qur.Ame, jen ao
RARRQUes AMEN NO les imitont. » de,proghe,
Re la mélodie, se PIOPASE les. parties, res
s'entr relacent:. la syapll onie. chorale. 8 balançan
Se APE au. eu Cend:SUE, l&
Dre pes lès Au une, Oise fuir. J'Antre
SOS ne ni il Éiernel hgsennr que
er nvoient. qua Fes. échos de; la céleste, SSP T
c'est alestrina diri eant sa Messe du pape Marcel c’est
Orlande de : Lassus multi] liant ses âles ch ie ï |
690 LD 2110 LAN mâle bef-d'uyre;
c D ture ri, € ce sont les Gabrieli, qui font surgir un
œUr er NE chaque chapelle de l'église étEt qui. des
ne tous dans, un , Gone tellement, LEE
B[ } TS [IST
Die nt ne qu de frappe de de -Stupenr 1 'imagi-
nation. on! quellé unité Faue Ja, foi, pour. produire,
ces. ft fugues infinies, , ces concerts incommensurables L
FAT: 1 GTV ST
Mid l'artiste JE des larmes. ABS 8: pieds. du.
9 ;
aveu one DAS OL échelon de es
plaies adorables; d Évoré d l'amour divin , il sesçnt.]
cœur t ne des Sept glaives comme Marie.; alors i
99 ‘elrOÿ
sel Ÿ [TETO
“ane le Sa HI EE Frans {oil HRRFTRI
HAT Sp 0 Hoë PT 29h snmayd'{ tot 9h
est i ige souvent, a je pe frémis | pes. d'indi-
ni n en e itendant les s textes divins pr ofanés par ds
; guinguettes ou par des fredons obscènes , je,
1622 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ténor à deviner dés énicmes stériles d'initations de
canons inextriéablés dédatés fe cémbinaigons puré-
mént’ ERmitraee ABS Certainement, ‘par ‘un
côté Tes jonissatiées! de l’art peuvent être” ntélec?
HE: ; mais, si le cœur, si l'imagination y disent
pas lève tot!!! cette td n'est qu'une partie
échecs. Quand entre à l'églisé, est: pot prier : ‘je
créins) cofimé! là peste ces: organistes qui jon Ron
avectléurs quatre cläviers !ou qui: ne roue Eau a
l'élévation“la romance Mens 'dittée” la “ve À ie.
Artiste de l'Église” la: miskion que ta répit te co Era
sacre prêtre ne - souille! pa ss ton Saint thin Mer
austère, sois chaste quand #4 prèchés ta 5 musique
divine ! Die a Tenfermé dans toi are 4 né
nôurrissante pour que fu a” répande! ang 1e amies?
prekids garde de léstihiféctér”de poison P “21000
ueblartisté, “éhéz quifla: vié nest dut stctession
cbntinwelléu d'été os né! péut pieter “l'oreille le, à
cet iqui- chifitél én Iui/‘sans” qu'aussitôt Rat plume né
fasse aussi éhanter es lignes de Ja Portée car léette
voixls cet: instrument ? qui! Vibrent. dans sk "ame,
ilsise-plaignent eonimé il Voüttrait 8e plaindre ; EE
s'écrient : « J'aime Wféommie il: votidfait é cri En ils
mandissént) conne fl maudirait, HS I” Hisonnent
d'épouvantencotime tous ses Re all à è0 One $ es
yeux fet::sa bouche $é°' diet de PCR Lisez
maintenant sir le papier! Voila toute frdïche éclosé la
).9ULE
délicieuse rêverié. Ja naïve vilaine] fa! jola. sémil-
lante ; la ballade! fantastique. NE EE pas que
la dhintaiste lait suivi ‘en aVeuglé”totis ses caprices, :
aucune” des!lois déla pénsée ni du Sentiment n'a
été violée , ‘et, malgré son désordre apparent, l'unité
aomasn aa MÉMOIRES 02 arpvon :023
de l'ensemble;couronne.le. fini des détails et, L'artiste
ne, est, arrété. que, lorsque, son; cœnr, déboxdant
d'émotion, s'est, complètement épançhé, OjSchubert,
0,.Chopin,,0 Stephen Heller,, Hernst,; et; vous tous
fers mélodienxt ie tuto of is 2ignx : esflotsà
oi xenir le;grand, peintre Lile.nuage qu'il voit
gliss@.sur l'aile. du yenf,.en prenant mille formes,
6, longe ans Lx ecugillement; le. lag qui-réfiéchit
Ë ng.belle.aurore .; dé papillon; lutinant, la fleurs-qui
sentrouvre,, lui capsent,un soudain rayissement; les
danses champêtres du, hameau ,.les, jeux folâtres des
brunes, fançnses, le transportent de joie soncoreille
Équerat dér bruits, lointains, du, soir ) AUX TUMEUTS
profondes des «forêts : et, comme.fout chante (autour
delni, il faut que sa. voix,se fasse entendre: -Alors:les
mélodies qu'il écrit, les, rhythmes: qrikenchevêtre,
son ASS COUPS 19° :Pincegu ; mais, dans le-tabléau
Ataresauisse,. cest toujours son ôme, qui occupe Je
PEeRHET P lan +4LAon, voit, doute Ja, nature, s'agiter
autour. d'elle, on entend, par-dessus, tout :cette âme
Cépane, ce.quiele, ép rouye.; Nul,-art: n'égale da
cn usique 188, ct; Béethoyen,. à lombre.des, saules ;
écou ie. Muimurer. ur sFuisseau tandis que: son
FÉSHAOeA QE le;plus frais paysage.: tout-atissitot
2SR ae OS la, Pastorale S'exhale; de son,cœurs woqà'P
sont D, Sertaines imaginations ne ,séprennent: des
beautés dé.l nature qu'en les Ghoïisissant pouricadre
au, drame dSS passions, intemes. Alors, .comme.je l'ai
montré: I instruments de l'orchestre leur fournissent
: Diant (acte Lie ek 4:.Berlioz mous fait entendre sa
Symphome, fantastique et, tant d'autres grandessbelles
FATTPS #1 Weber ufante ses ouvertures d'Oberon ,
624 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
d'Euryante et de Freyschutz , et Beethoven nous lègue sa
symphonie en ut mineur, sa Sonate pathélique ;
celle en ut dièze mineur! Et Mozart! je ne puis
écouter sans verser des larmes, sans prier, sans
frémir, son immortelle symphonie en sol mineur et
tant d’autres prodiges.
On peut me faire cette objection : « Quoi donc!
quand un grand maître saisit la plume, quitte-t-il
toujours l’église? Se promène-t-il rêveur par monts
et par vaux? » — Oui, je vous le certifie : tout cela
s'accomplit dans sa mémoire, où le monde entier
s'agite vivant par cela seul que cet homme est
artiste.
Je n'ai rien à dire ici de ces fabricants de
vacarme qui, dénués d'intelligence, vides de
sentiment, jettent sur le papier des notes galvaniques
pour agacer les nerfs des auditeurs, et les rendre
ivres de bruit : leurs ponts-neufs sortis de l’orgie,
leurs rhythmes brutaux, n'ont d'autre idéal que de
caresser en nous l'instinct animal. Si j'étais Platon, je
bannirais ces hommes de ma république, non
couronnés de roses, mais chargés d’opprobres : car
chacune de leurs œuvres n’est qu'un aftentat à la
vie des âmes, un trafic d’abrutissement public.
Pour détourner ma pensée de cette fange, je
voudrais maintenant écrire tout un livre sur le drame
lyrique; je voudrais vous faire sentir combien Gluck
et Meyerbeer sont sublimes; Rossini, Boïeldieu,
Auber, émouvants et féconds; Méhul, Weber,
Hérold, Halévy, pathétiques et grands coloristes ;
Cimarosa, étourdissant de verve; Grétiy, incom-—
parable pour l’entente de la scène et la déclamation
IDAAÏT AA MÉMOIRES: 2440H/0! 16625
svraiei [je voudrais quelvous touchasSiez de l'oreille! par
quel. cachetoriginak l’école italienne ser distingue
de l'école; allemande jet comment: l'école frarcäïse ,
-avec cet éclectisme-de goût-et debon sens qui nous
:cara@térise.en tout; 1emprunte à:ses-deux émulesileurs
beautés de premier ordre pour lescombiner;) y'ajoutant
tout ce.que peutrinspirer le tact dusentiment le plus
lexquis;:;0 Car-mouss dérobons: à: l'Italie ses mélodies
2luxuriantes,-expansions bruyantes'de la vie-qu'excite
un chaud soleil, ‘au! souffle des:brises tièdes:,;7 pour Îles
‘fondre-âveclesprofondes et:mélancoliques penséesdes
+rêveurs. d'outre-Rhin. Ha-musiquertalienne,, avéeSon
luxe de vocalises, émane avant tout du principe
,sensitif; l'art allemand ;‘du principe intelligent; l’art
françaisy dela: diffoité URLS NE RO TN le
-sentimenñt-dramatiquesiqeq 91 tue troitol droites
srbJ'en ail dit assezs fapatob: Aion seulement que] a
musique à sesépopéess sesrodes,:sés élégries ,ses-églo-
>gues; même desssafireset: des parodiessiquerle drame
Jyrique!téunit tous!cesigenres!;iet /quela Francé-en
porte lespepüraor sor 9h 2ommoil 2489 21811060
:59Cependant;oén “ait:de eonception purement: mû-—
‘sicale;i la symphonie meisemble l'emporter sur tôûtés.
Une syrhphonieestuner épopée 11 pour l’énifante?! le
génies tirantstout|de-sois:s/y manifeste dans toute sa
force, et sadiberté tandis que le compositeur-d'opéras,
quelque grandi qu'il soit -1est esclave du! plan qu’il
développe :isikcse laissei fortement-émouvoir ar Îles
situations quer/le poète lui prépare; vilnous fait rés-
-pirerd'odeur.du-sang dans la Bénédiction des poïgnarüs,
le famatisme,.de l’amour et dédlæréligion dans'le duo
at cinquième acte des Huäguenots ou:dans la pâque'de
7x L40
626 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
la Juive; une douleur poignante nous saisit quand
Desdemona chante, la, romance,.du | Saule ;,.mous
pleurons avec, Artbur sur le tombeau de sa Lucie;
comme l’Arnold de Rossini, nous supplions un père
victime d'un, {yran de, ne.pas nous maudire,;et;,vpour
le venger, nous çourrions, volontiers aux armes.ayec
Walter Furst et Guillaume Tell, Cependant ; tont,bien
examiné, Mozart reste pour. nous: le génie, le plus
universel que la musique ait, inspiré: dans tous.les
0" genres il est. créateur, de, premier, ordre, .et.peut-être
les fastes ‘des TS arts, ne, présentent, aucun-génie
phénoménal qu on puisse lui GOMPAET 4 omild ue
| Le charme de la, musique, est si puissant, l' où ae
qu ele. exerce | sur les âmes est, tellement. paierslles,
que tout, cœur ému, 8e, croit. prét.à exhaler une, mé
lodié. Î semble qu ‘écrire une ingpirafien ne soit qu'un
jeu : rien. au contraires v'exige plus. de:-science
laborieusement, açquise, :, plus, ñe. Connaissances
étendues, . plus, de talent complexes Étudier, Je théorie
de l'art c est immense : en acquérir. Ja: pratique exige
une gymnastique de chaque instant : onen.a pujuger
par le développement, de ce travail, Quand. la persé-
vérançe de l’artiste a surmonté toutes les difficultés,
quand | ‘son génie a produit un; chet-d' ‘œuvre, il Jui
faut des Organes ; il faut que, sa, création passe par
l'inter rmédiairé des exécutants, Sans, Auoi elle, n'existe
pas. Puisse EN culture de, la vraie. musique se répandre
assez pour que toute belle. œuvre: trouve. des inter
prètes , ‘et des auditeurs Capables de proclamer. avec
nous que la musique est l’art le plus transcendantal !
M M!) K PSI CT
7 MÉMOIRES. 697
Influence de la musiqué: — Rapport de la musique. avec
- ‘lés autres arts, — Sainté Cécile.
Oui, la musique ést l'art le plus transcendantal,
parce dé elle est'au plus | 'haut degré la En
purement métaphysique de l'homme interne. La vie
diète” “quand sa Voix toute- puissante retentit , ‘en ’est
pas seulement, éomme dans les autres Be une
pléiade H'iiteliteldees supérieures qui crée les types
du sublime et du beau pour en faire savourer les
charmes à des intelligences d'élite : non, la musique
n’a jamais ‘dit? COdi profanum vulqus » ». pile sait trop
que cé qu’elle doit traduire c'est l émotion de tous, du,
plus humble commé du plus 8 orand. Langué univer-
selle , elle’ n'à pas: à rendre compte des idées , des :
opinions, ‘des préjugés’ qui sé discutent de savant à
savant, de’ peuple à peuple, dé siècle à siècle : mais
sa mission est d’exälter jes” sentiments les plus nobles,
les élans Tes plus généreux, dont le foyer brûle NT
tout cœur d’ homme , et qui, sur la surface dela terre
entière, Pn'oht JA été" discutés. Religion, patrie,
joie ou ÉUERE de la famille, "voilà les sentiments que,
la musique chante de manière à ce que tous com
prennent et soient érau. Et pour ‘chacun de nous.
n’est-ellé pas la compagne, la confidente intime qui
traverse avec nous la vie GÉpuIs le berceau jusqu’à la
tombe ? P'oxfr Sp B9 os
OA R MO € 9! J'Ti
« L'homme est un dieu déchu qui se souvient des cieux! »
Eh bien ! le souvenir de cette patrie perdue c'est la
628 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
musique : pour le paysan, l'ouvrier, le petit enfant, il
n'existe pas d'autre art; l’homme mûr y puise son
courage pour le labeur, dès que le vieillard chante, il
retourne à son printemps, et ne se souvient plus que
sur sa tête les années s’amoncèlent en flocons de
neige. Exposez sur la place publique les plus magni-
fiques chefs-d'œuvre des arts plastiques en spectacle
à cent mille hommes; appelez à la tribune le plus
grand orateur pour électriser cette foule : elle sera
curieuse, attentive, sans êtreémue; mais, comme aux
batailles de l’Oronte et d’Arsur, faites entonner le
Veni, Creator, faites gronder la Marseillaise, une com-
motion électrique saisit ce peuple; l'enthousiasme ne
connaît plus d'obstacles, et les prodiges de l’histoire
sont accomplis : car la musique chez tout homme est
une faculté innée : la passion chante avec tout autant
d’éloquence dans la bouche d’une mendiante que dans
celle d’une reine; toute âme qui s’abstrait de la
terre dans une vague rêverie murmure une
mélodie; tous nos mouvements obéissent aux lois du
rhythme ; ce que nous pensons, ce que nous sentons,
s'exprime par la voix : j'ai donc raison de dire que
notre existence entière est musique.
La musique est l’art social par excellence, l’art de
l'ordre, de l'harmonie enfin. Pour en jouir avec plé-
nitude, les hommes sont forcés de se réunir, de se
plier avec abnégation aux lois qu'il impose : l’égoïsme
devient impossible pour faire de bonne musique.
Quel autre art jouit d’un tel ascendant? La musique
est la fille la plus pure du Ciel : dans tout ce qu’elle
dit, jamais rien de souillé : la souillure est dans le
cœur, qu'elle inonde d'idéal, et qui trop souvent la
MÉMOIRES. 629
profane, parce qu’il est pervers. L'humanité n’a rien
produit de grand sans la musique : Homère,
Virgile, disaient : « Je chante! » les muses même
lui empruntaient leur nom.
Grand nombre d’esprits sérieux ne veulent cepen-—
dant accorder aux productions musicales qu’une
beauté de convention et de mode : « C’est pourquoi,
disent-ils, la musique n’est qu’un art d'agrément ;
son principe esthétique n’a rien de permanent, et les
émotions qu'elle procure sont fugitives comme les
saisons. Les chefs-d'œuvre poétiques de l'antiquité
font encore notre admiration; et de la musique grecque
que nous reste-t-il? Malheureusement rien que des
fragments tellement insignifiants que, pour les érudits
mêmes, les prodiges opérés par Orphée et Linus restent
des problèmes. » Eh! oui, sans doute, une religion
d'intelligence , de liberté et d'amour , en transformant
le monde, a régénéré tout en nous, jusqu'à la
dernière fibre du cœur : par ce fait seul, la musique
grecque n’a plus rien exprimé pour les chrétiens; et,
si, perpétuant le dépôt des connaissances humaines,
ils ont continué sans interruption la culture des
langues classiques, ils en ont voué la musique à
l'oubli, parce qu’elle n’était qu'un encens souillé offert
aux idoles. Je ne partage nullement l'opinion com-
mune qui fait découler le chant ecclésiastique des
anciens nomes sacrés de la Grèce païenne; dans un
prochain écrit j'espère démontrer victorieusement que
l'Église des catacombes a créé sa tonalité , Son rhythme
et ses accents. |
Je reviens au principe esthétique de la. musique.
Je soutiens qu’il à toujours pour base le sentiment.
630: CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
collectif des sociétés, et que, à toute.-époque où l'équi-
libre «de la trinité humaine: s'est, manifesté. par de
grandes œuvres architecturales ou de grands poèmes,
le. même caractère, de grandeur et de beauté: se
retrouve, dans;la pie Appuyons: cette: thèse de
quelquesexemples.sniroch el to 29i08 #01 HodoTs
: Quand Périclès érigedit le Parthinan, we Phidias
sculptait, Jupiter: Olympiens et:osa Minerve, quand
Sophocle;et:Euripide faisaient] pleureri.Athènes, la
beauté de l’art grec consistait, dans:la :perfection-des
formes ; résultant. de; la ‘juste proportion «ét:de la
symétrie | panfaite: des:lignes:; des contours; même les
pensées.et des images: Le dogme antique de: la: fatalité:
dominaitd'artiste; à:moins qu'il m'exprimât dans toute
leur grandeur les-sentiments-primitifs de; l'humanité ;.
archelinviokible, que nul dogme, nulle-fausse religion
ve viole. dans le fort-.de:la: conscience,: Son:-<horizon:
idéal ne dépassant guère l'Olympe, :s'enfermait:dans:
la rectitude géométrique; «omme la responsabilité de
la. vie-dans les arrêts immuables du destin..L'homme:
semblait abdiquerson-libre arbitre dans tous ses-actes ;]
etilerrhythme:du:vers;! qui constituait | surtout, 'la
musiquéy °s’appuyait:sur: cette onotion::du;| beau
qu’Acrousias définissait : « L'ordre! estile rapport: des
parties-con$tituant: l'unité»: ISuivant: Platon,r-les
règles, les convénances;:les harmonies ,sproduisent:le
beau; Aristote pensait qu'il réside dans..les idées
d’ordreret de grandeur , et qu'un objet est beau. quand
l'ordre qi règne dans sa composition et.son étendue,
mousienfait Isentirles parties, etbien, embrasser
l’ensemble. Saint Augustin, comme les néoplato-
mniciens, déclarait qu'unobjet ne mérite le nom-de beau
LOMARX AC MÉMOIRES 02 2HO OT 631
qu'autant quédla simuültanéité | l'écalitécet Ia conve-
nance: des parties: produisent: me, a ia Ja
raisonsog 2basre 9b vo eslsei SEC 3 {
>Par!le dristutièe: la notion du: Peru 8 'éleväcà la
hauteur du‘dogme: sie, lavecses attributs ler devint
l’archétype ; les actes et la doctrine de‘&on Verbe fait
hormmé devaient revivre désormais dans l'œuvre de
l'artiste , sous peinepour elle d’être marquée dusceau
qu'avait imprimé sur lé front d'Adamilalchute origi-
nelle: Aussi Part chrétienssecoué-t=il lé joug dé ‘la
géométrie et de l'anatomie 5. il s'applique à faire
descéndrele-cielisur da terre, tandis qu'ils élance ‘les’
ânes vers le:cielLiPendantoque! la céwpole! byzantine
inonde de lumière la ‘basilique, ét: proclämne que le
soleil de vérité s’est levé sur le: monde!:1« Qüitonque
a des ‘yeux voiéli51, , la magnificence des mélodies
grévoriennes remplit: lanivers hbchrétien- d'ün chant:
incommensurable comme l'infini 2 «Quiconque a ‘des:
orelleS entendet 5! Etremarquez quesaubstècte de
saint Grégoire, larrpoésiésest: muette: k/poésien'est
pas'assez puissante pour/pliet les barbares du joug de
la/foïret de la charitécilsme la-comprendraient point:
c'est la: musiquerchrétienne qui remplit ce rôlenetsr
comme desdit PaulDiacre ; « le:-giosier farouche du
Germain-Quilnevpeut s'assouplir auxrinfiexionsde la
Knguëi: latine, -‘saitodu! moins de 2% L Hypéés
Kÿrié, Kyrielieleison ts [np rer 1880
buanddel pleinicintre de la voûte romané staritét
qué toutes des nations s'abritent-sots l'umitéide la! foi ;
lacantilène sacrée , eat te si etes
plus æ'onction, plus degravité;ettrouvetuneexpression
plus! énerpiq absénrse concentrant datis rui'seul:mode
632 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
et dans une seule coupe rhythmique. Un nouvel élé-
ment éclôt dans la musique, inconnu à l'antiquité,
incompatible avec son esthétique : c’est l'harmonie,
dont la diaphonie balbutie les premiers rudiments.
Enfin la longue tirade monorime que Théroulde
crée dans son admirable épopée de Roncevaux annonce
le réveil de la poésie, et démontre aussi que l'unité
de foi est le principe vital de l’Europe au xr° siècle.
Du xn° au xirr° siècle, la société du moyen âge,
sous l'aile de l'Église, atteint dans l’art cet apogée de
puissance qui caractérise le parfait équilibre des
facultés humaines; et, tandis que la cathédrale
gothique élance ses sveltes colonnes, qui semblent
quitter la terre pour chercher le ciel, multiplie ses
ogives, découpe comme des dentelles ses clochetons
et ses arcades, la musique, par les combinaisons du
contrepoint et de la mesure, se crée tout un monde
de formes nouvelles et de perspectives sonores. Du
chaos de l’harmonie sortent des accords et des accents
infiniment multiples; car le souffle poétique venu de
la Cambrie a fait de l’amour idéal un dogme social ,
et semé dans le monde une notion toute nouvelle de la
vie. Il faut bien que la musique traduise les émotions
nouvelles qu'il fait naître. Dès lors les trois phases
de l'architecture se retrouvent dans la poésie et la mu-
sique : au gothique fleuri correspondent le Dies iræ,
les répons du Saint-Sacrement, comme les poèmes de
saint Bonaventure et tous ceux de la Table ronde;
au gothique rayonnant on peut rapporter les imi-
tations, les canons de Guillaume du Fay et la Divine
Comédie du Dante; au gothique flamboyant, les
fugues d’Ockegem et de Josquin des RPrez, et tout ce
MÉMOIRES. 633
qu'a inspiré la théologie scolastique. Pendant ce
temps, le caprice et la fantaisie, qui dirigent les
artistes pour construire et décorer les monuments
civils, se retrouvent dans les poésies et la musique
des troubadours et des trouvères.
Cependant l'Italie, bien moins absorbée que la
France par la philosophie spéculative, recoit de son
soleil des inspirations d’un tout autre caractère : le
dogme de l'amour, que les bardes bretons avaient fait
accepter, et que l’ordre des Franciscains avait surna-
turalisé en s'appuyant sur Dieu et sur une charité
enthousiaste pour les hommes, le dogme de l’amour
dicte à ces poètes mystiques des vers et des chants
sans rivaux pour la suavité et la tendresse; Giotto et
Pérugin laissent tomber de leurs pinceaux ces types
inimitables où l’extase de l’amour divin rend inef-
fable l’austérité de la foi; et des populations entières,
agenouillées devant les madones que la piété érigeait
à l’angle de chaque rue, répétaient ces lodi spiritualr
où la douceur des mélodies s’unissait à l’onction d’une
harmonie tout à la fois riche et naïve.
Constantinople succombe alors sous les coups des
Turcs : le vide immense que laisse ce dernier débris
du monde romain réveille tous les esprits en Europe.
Au retentissement de cette catastrophe, tout change
de face : une question de vie ou de mort se dresse
devant la civilisation , et, par une impulsion intel-
lectuelle sans analogue dans l’histoire, la renais-
sunce fait son avènement. Faut-il le dire? l’héroïsme
religieux des croisades n'avait pu sauver la chrétienté
d'Orient, et l'Occident, sentant planer sur sa tête
le cimeterre de Mahomet Il, et doutant de l'unité de
634 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
la foi, qui rendait l'Europe invulnérable, chercha son
salut dans une doctrine qui proclamait comme Sp vic
de force le droit individuel,
Alors le soleil romain subit une éclipse en Alle-
magne, et Luther jeta le défi à la tradition de quinze
siècles ; mais, avant que le rationalisme l’eût glacé de
sa main de cadavre, l'art chrétien devait se surpasser :
Michel-Ange, d'un. bras: surhumain, soulève. le
Panthéon de Rome, et le superpose sur le Parthénon
d’Athènes : la basilique de Saint-Pierre est debout, et
les scènes de l’Apocalypse flamboient sur les murs de
la chapelle Sixtine. Le Tasse dicte sa Jérusalem, où
la perfection de la forme antique drésse nn. piédestal
au dogme.de l'amour idéal étreint par le spiritualisme
chrétien. À ces monuments impérissables la musique-
égale ses chefs-d'œuvre ::Palestrina [élève la. voix;
Orlande de Lassus Jui répond: Aux plus riches combi
naisons d'harmonie la 1mélodie: prête: désormais des
accents émus ; elle commence-à dominer l’art ; comme
la, passion de, la lutte domine la société, Mais-les:
chants de ces deux génies.chrétiens : sont. d'une :
sublimité. telle que l’art grégorien, RARE les-inspirer,
semble avoir épuisé ses forces: 51, : 18 Bletb
D'ailleurs, l'Europe est :en feu :, 68 cfreuéé du
fanatisme religieux ébranlent. jusque dans ses-fonde- ;
ments l'édifice de civilisation élevé Ipar lÉglise du-
Christ. Dans la musique, comme dans la politique , les,
lois, les mœurs , une révolution radicale s'opère. 'et.le
drame lyrique, musique. des.-passions ,: surgit pour,
enivrer.le-:monde, La, lutte de la foi, du rationalisme::
et de la. philosophie sceptique occupe les deux siècles
suivants. Dès lors, chaque fois qu'un grand poète!
ï ” (MÉMOIRES. 635
apparaît pour. raconter le drame de l'humanité, un
grand musicien lui fait écho avec une inspiration non
moins haute : c’est ainsi qu’à côté de Milton marche
Haendel ; Sébastien Bach, à côté de Klopstock_ et de
Leibnitz. Mesurez la taille de ces géants : ils peuvent
se toucher.du front: Quand Goëthe éblouit l'Allemagne
de ses créations , Beethoven chante ; Schiller et Weber.
semblent brûler d’une même flamme ; écoutez Rossini :
vous: entendez un écho de Byron ; et Mozart! je l'ai
dit : son génie fait douter qu'il soit né sur la terre.
“Et-l'art qui:a- jouée rôle dans le monde, vous
voulez qw'ilne soit qu'un caprice de: la mode, un
frivole plaisir ?Ah1! si vous le:connaissiez mieux, si
vous Je cultiviez avec un religieux respect, vous
sauriez quil a répondusà tous lescélans de l'esprit
humain, et qu'il aipeut-être plus fait: pour le bon-
heur: des ‘peuples ‘que ‘les héros ét les lésislateurs
Trouvez des interprètes capables ‘dé: vous! en‘ faire
sentir des Déautés ‘à ‘chaque époque et vous-ivous:
écrierez : ©'Ouil dans ce que j Re je” ‘BENS":
battre le cœur dé l'humanitél» *191 sp" enté
-Té meiisuis fait'un devoir de ne rien ménager : je:
dis la vérité quoi qu'il m'en6oûte #81 l’on trouve la:
musique® futile aujourd’hui c'est! qu'on ‘la rend
l'expréssion de ‘nos l'éapricés égoïstes etidé nos pas-
sions setisuelles: ;L'enseisnemiént de l'art, je lerépète,
nest, alürs qu/un trafic de: poison ; dont s'infectentiles
familles sous toutes! les formes , et dont la corruption
occulte 'angrène léselasses moyennes tout lautantique
lés mauvais! romañs. Et l’on'ne$'endéfiepas : la.
langue de cette musique abjecte ne fait entendre à
l'esprit aueun mot qui le dégrade; mais elle infiltre
630_ CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
au cœur la satiété de tout ce qui n’est pas le plaisir.
Quand les artistes étaient à la hauteur de leur
mission, ils personnifiaient leur art dans une des
fleurs virginales du ciel : la musique c'était sainte
Cécile, et jamais symbole ne fut mieux inspiré.
Vraiment le moyen âge, dans son mysticisme naïf,
trouvait des conceptions esthétiques dont notre époque
a perdu le secret : tous les actes de la vie, toutes les
pensées, tous les sentiments se proposaient, comme
loi de sanctification, l'imitation d’un patron céleste
à son choix. Le sage, l’ignorant, les hauts barons,
les serfs, le troupeau du Christ tout entier s’efforçait
de multiplier les liens attractifs qui pouvaient aider
l’homme à remonter au ciel. La plus vulgaire pro-
fession par le nom d’un saint produisait ses lettres
de noblesse; la plus abjecte misère pouvait dire en
montrant son fumier : « Sur cette couche infecte plus
d'un roi de l’éternelle Jérusalem a répandu ses larmes,
semences de sa gloire! » et, chaque corporation, au
souffle de la charité, déployait sa bannière pacifique.
La bannière des métiers parmi nous quelle est-elle?
Nous rougirions peut-être de la lever, car sa véritable
devise serait : « Chacun pour soi, chacun chez soi ».
Servants de sainte Cécile, artistes qui vivez d'amour
et de concerts, dites-nous donc pourquoi l’encens de
vos plus harmonieux soupirs s'est adressé de pré-
férence à cette muse et si chaste et si grave? Quel
type d’incomparable beauté trouvez-vous en elle ?
Comment, au contact de ce cœur sans tache, s'allume
l'enthousiasme qui vous transporte? Cantantibus or-
ganis, Cecilia Domino decantabat, dicens : « Fiat cor
meum immaculatum, ut non confundar ! » Oui, pro—
MÉMOIRES. 637
phètes inspirés, voilà toute la puissance de votre
patronne. Pour incarner Dieu en soi, pour sanctifier
ses délires mêmes, votre art veut se conserver imma-—
culé, et être jamais confondu. D'ailleurs, chaque fois
que l’holocauste rédempteur va s'offrir sur l'autel,
Cécile n’est-elle pas l’un des noms tout-puissants que
le prêtre invoque pour transsubstantier la victime en
pain d'amour. Laissons les païens couronner de
myrte et de laurier leurs douze muses dansant en
chœur sur l’Hélicon : le christianisme dresse à la
sienne un trône d’harmonies ineffables flottant dans
l’éther du ciel.
C’est ainsi que sainte Cécile se révèle à Raphaël
pour revivre dans la cathédrale de Bologne. Con-
templez-la : ce n’est plus seulement une candide élue :
c'est la musique infinie elle-même, et digne du Dieu
qui l'écoute. Sur les marches de son trône rayonnant,
sa robe d’or se déploie à longs plis comme pour tout
embrasser. Derrière elle, et à sa gauche, saint Paul
semble lui révéler toute la profondeur des dogmes
qu'il a prêchés, et les confier à ses chants pour qu'ils
subjuguent toute intelligence. A droite, saint Jean
semble répéter à la vierge inspirée : « Aimez-vous les
uns les autres », ou, pour qu’elle prophétise les
menaces de l'avenir, il lui dévoile l’Apocalypse , ettles
doigts de Cécile pressent ardemment le clavier de son
orgue; un chœur d’anges chante au-dessus de sa
tête, tandis qu'elle foule aux pieds, comme autant de
voix impures, mille instruments profanes. Voilà donc,
sublime Raphaël, comment sainte Cécile t’apparut
dans le ciel : rappelons-nous ce qu'elle était sur la
terre.
638 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Cécile fut dans toute sa splendeur la patricienne
romaine qui portait sur son front la gloire et la
dignité de trente générations de héros : la musique,
depuis le commencement des siècles, n’est elle pas la
fille des diéux dont tous les autres arts forment le
diadème? Son cortége triomphal segrossit à chaque pas
des bienfaits qu’elle ne cesse de prodiguer aux hommes.
Cécile, l’ardente catéchumène, éxhale en prières tous
les soupirs de son cœur, consacre au soulagement des
pauvres chaque heure de sa jeunesse, chaque sourire
de sa beauté et tous les trésors de son opulence
qui sait mieux que la musique parler à Dieu de nous
sans cesse? qui pourrait l’égaler à nous faire trouver
douces même les larmes? Sainte Cécile, la vierge
chrétienne , refuse les embrassements d’un époux pour
se consacrer épouse de Jésus-Christ : la vraie musique
repousse toute uuion avec les passions sensuelles , et se
consacre sans réserve chaste prêtresse de l'idéal.
Sainte Cécile conquiert au royaume du Christ l’homme
qui croyait l’avoir conquise pour son bonheur d'ici
bas : la musique chrétienne révèle aux barbares que
l’homme ne vit pas seulement de pain, mais que les
âmes se nourrissent de Dieu. Au tribunal d'Almachus,
la vierge romaine confesse énergiquement sa foi :
devant l'égoïsme et l’impiété, la musique proclame
toujours l’union des hommes par l'harmonie des cœurs
en Dieu. Vainement les bourreaux veulent étouffer la
sublime martyre : on n’étouffera pas plus la voix sur-
naturelle de la musique. Enfin, pour que sainte Cécile
porte sa double palme aux pieds de son céleste époux,
le bourreau lui tranche la tête : si le sensualisme et
l'impiété frappent la musique au cœur, elle revivra
. MÉMOIRES. 639
plus incomparable dans la patrie où les passions
dégradantes n’élèvent plus leurs clameurs.
Art divin! poursuis donc; ta marche conquérante :
ne t'inquiète pas si tes fils dénaturés traînent dans la
boue ta robe virginale : tant qu’il-restera des cœurs
purs que l'amour du beau et du. bien fait battre, tu
seras leurs délices aux jours de joie; et leur consolation
aux jours de défaillance et d'angoisse!
DANGER
DE SÉPARER LA MORALE
DU SENTIMENT RELIGIEUX .
PAR M. COURÇONNAIS,
Professeur de Logique au Lycée impérial de Limoges.
Parmi les jugementsdont se compose la vie intellec-
tuelle de l’homme, il en est qui jouissent d’un singulier
privilége : ils sont entourés d’une si vive lumière
que la raison les reconnaît et les accepte sans contrôle.
Vouloir les démontrer, c’est-à-dire les rattacher à des
jugements ou à des principes plus généraux qui les
enveloppent et les expliquent, est une entreprise dont
tout homme de bon sens se croit dispensé. L'évidence
qui les distingue de toutes les autres vérités les
impose à l'esprit d’une nécessité telle que quiconque
s’avise de les nier entend aussitôt sa raison qui ré-
MÉMOIRES. 641
clame : car, si l'erreur pèse à l'esprit de l’homme,
de le révolte. La passion et l'esprit de système
peuvent seuls expliquer la témérité avec laquelle
certains esprits rejettent les axiomes mathématiques
‘aussi facilement que les hypothèses les plus hasardées
de la physique et de l'astronomie. Le doute universel
æst le prix dont ces intelligences hautaines achètent
le droit d'immoler quelques vérités qui les gênent :
pour se sauver de l’inconséquence, elles se réfugient
dans le scepticisme
Mais le scepticisme en morale est aussi CODE à
la raison que le scepticisme en mathématiques. Il n’y
a pas plus d’évidence dans cette proposition : Deuæ et
deux font quatre, que dans cette autre : Le parricide est un
crime. Lorsque Socrate demande à Alcibiade à quelle
époque il a pour la première fois distingué le juste de
l'injuste : « Même lorsque j'étais enfant, répond le
jeune Athénien, je croyais connaître le bien et le
mal, et je le connaissais ». Horace , qui, sous des airs
D une, conserve toujours un sentiment si vrai
de l’honnêteté, prend aussi des enfants pour flétrir
l’égoïsme ane des Romains :
« At pueri ludentes, etc. …. »
Au reste, les desseins de la Providence sur l’homme
se marquent précisément dans cet éclat supérieur dont
brillent au sein de la conscience les vérités morales.
L'homme a bien des avantages sur le reste de la
création : une sensibilité délicate qui le ravit aux
plaisirs grossiers pour lui faire goûter les jouissances
exquises de la vertu et des arts, une raison qui se
Il. 41
642 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
lasse moins de concevoir que la nature d'enfanter,
une volonté que rien n'enchaîne, qui reste libre au
milieu des fers. Ce n’est point là pourtant son prin-
cipal titre de noblesse : pendant que la nature obéit
en esclave aux lois qui la gouvernent, se sentir
maître de soi, ne devoir qu’à soi son bonheur ou son
malheur, voilà ce qui fait de l’homme un être à part
dans le monde. Mais n’aurait-il pas trouvé dans ce
redoutable privilége un légitime sujet de plaintes et
d’accusations si, responsable de ses actes, il n’avait
eu pour guide qu'un sentiment équivoque ou une
raison incertaine? Qu'il croie avec Descartes que la
lumière est transmise aux planètes par des vibrations
dont le soleil est le centre, ou avec Newton que cet
astre laisse échapper de son sein des flots intarissables
de molécules lumineuses, qu'importe? Il ne se sent
pas chargé de mettre d'accord entre eux les physiciens
et les astronomes : le monde peut sans danger être
livré aux disputes des savants, Car la connaissance de
la nature n’est pas la fin de l’homme; mais il faut
que les vérités morales soient enfermées comme dans
une arche sainte; car, disait Bossuet, la vertu est
son tout.
Aussi évidentes que les vérités les plus simples de
la géométrie et de la mécanique, les notions morales
sont empreintes d’un caractère de constance et d’uni-
versalité que ne portent point les lois découvertes
chaque jour par la physique et l’histoire naturelle.
Dans tous les temps le respect et l'admiration ont élevé
des autels à la vertu; toutes les langues ont des
termes pour flétrir le crime, et tous les peuples des
institutions pour le punir. On répète sans cesse le mot
MÉMOIRES. . 643
de Pascal : « Vérité en decà des Pyrénées, erreur
au-delà ».+ Mais cet arrêt superbe frappe-t-il les
vérités de l’ordre moral ? N’enveloppe-t-il pas dans la
même proscription les autres vérités de la raison
humaine ?: Oui, l'opinion est une maîtresse d'erreur ;
l'intelligence a des limites : elle est par sa nature
condamnée à une certaine ignorance, qui est encore
la sagesse : nescire quædam magna pars sapientiæ est :
mais proscrire entièrement la raison en haine de
quelques écarts, et chercher une autorité dans une
tradition que la raison seule justifie ou condamne,
serait digne de la sophistique la plus décriée si
l’homme de génie, entraîné par son cœur plutôt que
par sa raison dans cette aberration étrange, n'avait
donné des gages de la droiture de ses intentions en
ne consentant à se reposer que dans la conquête d’une
vérité supérieure à la vérité humaine. Le mot de
Pascal prouve qu'il y a diversité dans les applications
de la loi naturelle : qui l’ignore? La législation de
Solon ne ressemblait point à celle de Lycurgue; les
lois qui gouvernaient Athènes n'étaient point du goût
des jurisconsultes romains; et, de nos jours, le Code
immortel sous l'empire duquel nous avons le bonheur
de vivre a laissé bien loin derrière lui toutes ces
législations faites pour des peuples que le souffle de
la religion et de la philosophie chrétienne n’avait pas
encore purifiés. Mais faut-il donc que le législateur
rompe brusquement avec les traditions, les usages,
les lois de son pays? Que devint à Athènes l’œuvre de
Solon ? Que devinrent à Rome un grand nombre de
prescriptions de la loi des Douze Tables? La société
humaine se compose d’esprits qu’il faut convaincre,
644 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de volontés qu'il faut entraîner; le législateur, comme
l’orateur, a besoin de certains tempéraments : le.
succès de son œuvre et le progrès de la civilisation
sont à ce prix. |
Ce qui distingue surtout les notions morales de tous
les autres jugements, c’est leur autorité : le vrai
s'impose à l’entendement; le beau commande à l’ima-
cination; le bien règle la volonté. Sans doute
l'exercice de l'intelligence et la culture du goût
relèvent l’homme aux yeux de sa conscience et aux
yeux de Dieu : plus il sonde les mystères de la
nature, plus il sent son âme saisie d’admiration, de
respect, d'amour pour le divin architecte du monde.
Les anciens n’avaient-ils pas fait de la science une
vertu ? Cicéron , héritier des traditions socratiques,
n’a-t-il pas écrit : « Omnestrahimur ad cognitionis el scien-
tiæ cupiditatem , in qua excellere pulchrum putamus, etc.;
et Platon, par une de ces erreurs dont la philosophie
cherche encore le secret , n’a-t-il pas dit que l'homme
juste est celui qui connaît, et que l’homme injuste est
celui qui ignore le bien? Tant leur semblait étroite
l'union de la justice et de la vérité! Qui cependant
s’est jamais senti coupable d'ignorer les lois de l’é-
lectricité ou celles de la lumière? Le laboureur qui
adore et bénit dans son cœur la main puissante qui
fait croître ses épis.est à coup sûr, dans sa simplicité et
son ignorance, aussi honnête que le naturaliste le
plus expérimenté. Qu'il s'agisse, au contraire, de
secourir un homme en danger, de garder la foi du
serment, la raison change alors de langage : elle
vous commande avec une autorité devant laquelle
vous vous sentez obligé de vous incliner.
MÉMOIRES. 645
Et ne croyez pas que la Providence ait laissé aux
froides lenteurs de l’entendement le soin de sauve-
garder l'exécution de la loi naturelle : elle a choisi
un gardien plus vigilant. Avons-nous fait une bonne
action, nous en recueillons la récompense dans un
-sentiment de contentement moins vif, mais plus
délicat que toutes les sensations qui viennent du
dehors. Voyez, au contraire, le criminel : le premier
Châtiment que lui inflige la Providence c’est un
remords qui le poursuit sans cesse : « Il n'ose
regarder la salle du festin, dans la crainte d’y voir
des caractères funestes ». Et les actions d'autrui, aussi
bien que les nôtres, trouvent dans notre cœur leur
justification ou leurarrêt. Séparés par vingt siècles,
nous nous sentons transportés d’admiration en
assistant, dans les strophes pathétiques d’Horace,
aux sublimes adieux de Régulus , tandis que Tibère
immolant Germanicus, Néron faisant périr sa mère,
excitent encore aujourd'hui toute notre horreur.
Satisfaction ou remords, mépris qui va jusqu'à la
haine, ou respect qui s'élève jusqu’à l'enthousiasme ,
tels sont les sentiments qui, mieux que la raison,
protégent la loi morale; car la satisfaction d’avoir
aidé un de ses semblables à des attraits ignorés de
l'homme habile ou favorisé de la fortune, et le
remords a des aiguillons que ne connaît point l’homme
imprudent ou maladroit.
Voilà donc le sentiment et la raison d'accord pour
condamner et pour absoudre ; et, si vous voulez ap-
précier et qualifier une action morale, c’est-à-dire
accomplie par un agent libre, en vue d’une fin
connue et déterminée, gardez-vous de chercher au
646 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
dehors une règle et une mesure : cette règle, vous la
portez dans votre raison et votre cœur, et l’on pour-
rait, avec un léger changement, vous appliquer le
vers d'Horace :
« Est mihi purgatam crebro qui personet aurem ».
La conséquence que la logique la plus élémentaire
déduit de ces prémisses est bien simple. Une action est
moralement bonne quand elle est conforme à la
raison ; une action est moralement mauvaise quand
elle est contraire à la raison; et, comme la morale est
la science du bien et du mal, du juste et de l’injuste,
la morale relève tout entière de la conscience.
Cette doctrine, au reste, n’est pas nouvelle. Socrate
l’enseignait il y a deux mille ans à la jeunesse
d'Athènes; et, lorsque l’épicuréisme, mal interprété,
commença à énerver la société antique, Zénon,
laissant les voies où-le génie d’Aristote et celui de
Platon s'étaient égarés, essaya de retremper les
cœurs amollis de la Grèce aux sources d’une morale à
laquelle Montesquieu attribue l'honneur d'avoir
arrêté la décadence et retardé la chute de l'empire
romain. Cet esprit de la morale antique, épuré au
contact du christianisme, traversa le moyen âge, et
vint encore animer de son souffle les plus beaux
siècles et les plus beaux génies des temps modernes.
« Il y a, s'écrie Fénelon, un soleil des esprits qui les
éclaire tous beaucoup mieux que le soleil visible
n'éclaire les corps : ce soleil des esprits nous donne
tout ensemble sa lumière et l’amour de sa lumière
pour la chercher. Ce soleil de vérité ne laisse aucune
ombre, et illuit en même temps dans les deux
MÉMOIRES. 641
hémisphères : il brille autant sur nous la nuit que le
jour; ce n’est point au dehors qu'il répand ses rayons :
il habite en chacun de nous... Il n’y à qu’un seul
maître véritable qui enseigne tout, et sans lequel'on
n’apprend rien. Les autres maîtres nous ramènent
toujours dans cette école intime où il parle seul. »
A part les sensualistes, à qui leur métaphysique
interdit cette croyance, tous les philosophes modernes
ont tenu le même langage; tous, catholiques ou
protestants, jansénistes ou jésuites, ont rendu cet
hommage à la raison, se sont inclinés devant cette
autorité de l'intelligence humaine. Tout le monde
connaît la magnifique apostrophe de J.-J. Rousseau :
« Conscience, conscience, immortelle et céleste voix,
guide assuré d'un être ignorant et borné, mais
intelligent et libre, sans toi je ne sens rien en moi
qui m'élève au-dessus des bêtes que le triste privilége
de m'égarer d'erreur en erreur ! »
Il s’est trouvé cependant des philosophes à qui
la morale a semblé chancelante, fondée sur la
raison humaine. Fermant les yeux sur le carac-
tère presque divin de cette puissance merveilleuse, et
ne voulant voir, comme l’auteur des Pensées, que ses
défaillances et ses égarements, ils ont cherché à la
science du devoir une base plus solide. Sans remonter
bien haut dans l’histoire de la philosophie , ne voyons-
nous pas le célèbre auteur des Méditutions , ce philoso-
phe qui ne veut point bâtir sur le sable, mais sur le
roc et sur l'argile, établir la morale sur la volonté de
Dieu, et prétendre que le devoir est la conformité de
l'action humaine àJa volonté divine? Étrange théorie,
qui cherche la fixité, et ne trouve que la mobilité la
648 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
plus absolue, et qui, après avoir dédaigné la raison
humaine, en est réduite à soutenir que-toutes les
vérités dépendent de la liberté divine, et que, s'il
plaisait à Dieu, non-seulement le vrai et le faux
pourraient être confondus, mais que le parricide serait
une vertu, et la charité un crime! Voici comment
Malebranche faisait justice de cette doctrine : « Si,
pour être juste, il faut toujours vouloir ce que Dieu
veut, c'est uniquement et précisément parce que Dieu
veut toujours - selon l'ordre immuable de ses per-
fections, et qu'il ne peut jamais se démentir. C’est à
quoi il faut bien prendre garde; car, lorsqu'on
attribue à Dieu des volontés purement arbitraires et
‘indépendantes de cette loi, et qu'on s'imagine que
c'est vertu que de s’y soumettre, on tombe dans
l'erreur et le dérèglement; on fait Dieu injuste : c’est
là l'erreur ; et le dérèglement consiste dans la confor-
mité de sa volonté avec celle d’un Dieu imaginaire.
La loi éternelle n’est point arbitraire : c’est l'ordre
immuable des perfections divines. Dieu, par exemple,
peut ôter à ses créatures l'être qu'il leur ,a donné
librement ; mais le souverain domaine qu'il a sur elles
ne lui donne pas le droit de les traiter injustement.
L'être est pure libéralité ; maisle plaisir et la douleur,
la récompense et la peine, doivent être réglés selon
l’ordre immuable de la justice, que le juge aime
invinciblement et par la nécessité de sa nature. »
Une autre doctrine née dans le même siècle, égale-
ment hostile aux inspirations de la raison, est connue
sous le nom de quiétisme. Ici le bien n'est plus seuie-
ment la conformité de l'acte à la volonté divine : c'est
l'union intime de l'âme avec Dieu. Les différents
MÉMOIRES. 649
degrés de cette union mesurent les différents degrés
de la vertu, etla morale a une méthode « par laquelle
on peut conduire les âmes les plus communes à cet
état de perfection où un acte continuel et im—
muable de contemplation et d'amour les dispense
pour toujours de tous les autres actes de religion.
ainsi que des pratiques de piété les plus indispen-
sables selon l’Église catholique ». Le quiétisme, per
sonne ne l'ignore, est jugé depuis long-temps.
Bourdaloue, consulté par M de Maintenon sur
cette matière délicate, répondit : « Ce qui serait à
souhaiter dans le siècle où nous sommes, ce serait
qu’on parlât peu de ces matières, et que les âmes
mêmes qui pourraient être dans l’oraison de contem—
plation ne s’en expliquassent jamais entre elles, et
encore rarement avec leurs pères spirituels ». Bossuet,
vengeant le sens commun, et défendant l’orthodoxie
catholique, après avoir dans les premiers temps
montré à Me Guyon une bienveillance toute pater-
nelle, traita l'archevêque de Cambrai avec une sévé-
rité que l’on. jugerait excessive si l’on pouvait oublier
la grandeur de la cause qui se traitait et les dangers
qui auraient bientôt menacé l'Église. Tous ces grands
* hommes du siècle le plus sage que la France ait connu
se faisaient une idée saine de l’homme, de sa puis-
sance, et savaient, contrairement aux cartésiens, lui
conserver sa liberté et sa grandeur sans atténuer la
puissance divine, et, contrairerhent aux mystiques,
régler et guider son cœnr sans porter atteinte au
plus noble de ses sentiments, l'amour divin.
Est-ce donc à dire que la morale soit absolument
indépendante de la science de Dieu? Si c'était ici le
650 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
lieu, il nous serait aisé de montrer, par une étude
approfondie de la raison humaine, qu’un lien étroit
unit la morale à la religion, et que se'conformer aux
inspirations de la conscience c'est se soumettre à la
raison divine. Qu'est-ce, en effet , que cette raison qui
nous commande et qui nous juge? Écoutons Bossuet :
« L'homme de bien écoute en lui-même une loi invio-
lable qui lui dit qu’il ne faut faire tort à personne, et
qu'il vaut mieux qu’on nous en fasse que d’en faire
à qui que ce soit... L'homme qui voit ces vérités par
ces vérités mêmes se juge lui-même, et se condamne
quand il s’en écarte ; ou plutôt ce sont ces vérités qui
le jugent, puisque ce ne sont pas elles qui s’accom-
modent aux jugements humains , mais les jugements
humains qui s'accommodent à elles... Ces vérités
éternelles, que tout entendement aperçoit toujours
les mêmes , par lesquelles tout entendement est réglé,
sont quelque chose de Dieu, ou plutôt sont Dieu
même. » |
Ainsi, selon l'opinion de Bossuet, cette puissance
qui nous absout ou nous condamne, qui appartient
également à tous les hommes, n’est pas autre chose
que la lumière de Dieu éclairant tout homme venant
en ce monde, et l’on peut dire avec Malebranche, en
évitant toutefois ses excès : « Nous voyons tout en
Dieu » ; ou avec Fénelon : « Mon esprit n'est point la
raison primitive, la vérité universelle et immuable :
il est seulement l'organe par où passe cette lumière,
et qui en est éclairé ». Que si l’orthodoxie de Bossuet et
celle de Fénelon les rendaient suspects, il nous serait
facile d’invequer d'autres autorités. Leibnitz était
protestant, et cependant, à chaque page de sa réponse
MÉMOIRES. 651
à Locke, renversant et relevant tour à tour, il soutieut
avec une, dialectique toujours triomphante que less
sens ne peuvent point expliquer tous nos jugements;
qu'il y à en nous quelque chose de supérieur à l’ex-
périence ; que la raison est très-différente de la sen-
sibilité. Il va plus loin : « Ces vérités, dit-il, étant
antérieuresgaux existences des êtres contingents, il
faut bien qu'elles soient fondées dans l'existence d'une
substance nécessaire : c’est là que je trouve l'original
des idées et des vérités ».
Il y a certainement bien des différences entre Platon,
Bossuet, Leibnitz, Malebranche et Fénelon : ce-:
pendant, avec un accord admirable, tous ces grands
maîtres reconnaissent que, dans l'esprit de l’homme,
au-dessus des notions sensibles apparaissent d’autres.
notions qui ne sont, pour ainsi dire, que des rayons
de la vérité absolue, une communication perpétuelle
entre Dieu, et l’homme. Qui consulte sa conscience
consulte la raison divine; qui accomplit le bien se
conforme à la vérité immuable, qui est Dieu même :
si donc vous supprimez Dieu, vous supprimez Îe
devoir, et, si vous renversez la religion, dumême
coup vous renversez la base sur laquelle la morale
repose.
lg
« Le grand Condé avait pour maxime, dit Bossuet
(écoutez : c'est la maxime qui fait les grands hommes),
que dans les grandes actions il faut songer unique-
ment à bien faire, et laisser venir la gloire après la
vertu. » Ces paroles que l’orateur chrétien met dans la
652 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
bouche du prince de Bourbon sont applicables à toutes
‘les actions et à tous les hommes. La vertu est à elle
même sa propre fin : si vous la pratiquez en vue d’un
profit; si vous n'êtes pas désintéressé, votre action
change de caractère : vous pouvez être un homme
prudent, savoir habilement combiner les moyens qui
vous procureront la plus grande somme de bonheur :
vous ne méritez pas le nom d’honnête homme. Cer-
tainement, dans l'antiquité et dans les temps
modernes, des philosophes, qui n’ont voulu voir qu’un
côté de la nature humaine, ont prétendu que le
plaisir est l’unique fin de l’homme; Épicure recom-
mandait cette doctrine à ses disciples, qui, l’inter-
prétant mal, enseignaient aux Grecs, et plus tard
aux Romains, que le souverain bien pour l’homme
est la satisfaction de toutes ses passions; et, après
avoir énervé la Grèce, contribuaient à la décadence
de la république romaine : « Je crois que la secte
d'Épicure, dit Montesquieu, qui s’introduisit à Rome
sur la fin de la république, contribua beaucoup à
gâter le cœur et l'esprit des Romains. Les Grecs en
avaient été infatués avant eux : aussi avaient-ils été
plus tôt corrompus. » Gassendi en France, Hobbes en
Angleterre, renouvelaient l'épicuréisme en plein
xvur siècle, et le philosophe anglais, par un entraî-
nement inévitable de sa logique, couronnait sa
morale par le code du despotisme le plus dur que
l'imagination puisse concevoir. Changeant de forme
sous la plume de Beutham, qui substitue l'intérêt
général à l'intérêt personnel, et assigne comme fin
légitime de la conduite humaine le plus grand bien
de la société , l’égoïisme, quelque séduisant aspect qu'il
MÉMOIRES. 653
prenne, n’en reste pas moins aussi loin de la morale
véritable que la sensibilité aveugle et changeante est :
loin de l’immuable raison. Aussi quellés précautions
prend l’orateur romain avant de parler à son fils du
devoir : « Homo, quod rationis particeps, per quam
consequentia cernit, causas rerum videt, earumque pro-
gressus , etc.! »
Ce n’est pas à dire que l’accomplissement du devoir
soit facile. Cet idéal stoïque, au contraire, dépasse
peut-être les forces de l’homme. L'homme aime natu-
rellement la justice, et cet amour, de concert avec le
plaisir exquis qu'il goûte en l’accomplissant, le
soutient sans doute dans la pratique de la vertu. Mais
voyons l’homme tel qu’il est : s’il aime ses semblables,
il porte aussi en lui un amour qui commence avec la
vie, et ne s'éteint qu'avec elle, l’amour de soi. « Nous
qui ne sommes qu’un atôme imperceptible au sein de
ce vaste univers, nous voudrions en faire mouvoir la
machine au gré de nos seuls désirs, que tous les
évènements s’accommodassent à nos vues, que le
soleil ne se levât et ne se couchât que pour nous. »
Il n’est pas nécessaire d’avoir long-temps vécu pour
connaître cette lutte perpétuelle de la raison et de la
passion, du devoir et de l'intérêt personnel. Tragé-
diens , dramaturges, romanciers, tout littérateur qui
se pique de connaître la nature morale, et qui prétend
captiver ses lecteurs, ne connaît qu'un moyen,
considéré depuislong-temps comme le grand ressort de
l'intérêt esthétique : mettre aux prises l’'égoïsme qui
sacrifie tout à soi et la vertu qui se dévoue. Or, si
l’on rencontre des natures d'élite pour qui la justice
a plus d'attrait que le plaisir, et dans le cœur
654 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
desquelles là voix du devoir triomphe inévitablement
des entraînements de la passion, combien aussi qui
chancellent et défaillent en chemin! L'humanité,
après tout, gagnerait-elle à n'être composée que de
Catons et de Brutus? Pourquoi étonffer la sensibilité ,
tuer la passions mutiler lamature? Ne portons pas
sur l’œuvre de la Providence une main sacrilége ;
réglons nos penchants : ne les immolons pas. Si la
raison est notre étoile, c’est sur les ailes de l’amour
qu'il faut nous élever vers ces régions sereines où
résident le bien , la vérité et la beauté.
Pascal, qui faisait du salut'de l’homme un calcul
d'intérêt et une question d’arithmétique, disait: « Il
est indubitable que l’âme est mortelle ou immortelle :
cela doit mettre une différence entière dans la morale,
et cependant les philosophes ont conduit la morale
indépendamment de cela. Quel aveuglement! » Il
sentait bien que l’appât des récompenses et la crainte
des châtiments est pour la faiblesse humaine un
appui bien puissant; qu’il y a dans la peur de la
souffrance et dans l'espérance du bonheur quelque
chose qui stimule , qui donne des ailes aux pieds :
€... pedibus timor addidit alas »,
comme dit : Virgile; que ces espérances et ces
terreurs salutaires sont comme une grâce venue d’en
haut pour aplanir la voie de la vertu. Que pensaient
Lycurgue, Solon, Numa, quand ils présentaient leurs
lois comme autorisées par la puissance divine?
Ils pensaient que, revêtues d’un caractère sacré, elles
auraient sur les peuples un bien plus grand empire;
ils pensaient que la religion est un frein qui arrête
MÉMOIRES. 655
l’homme prêt à faillir, comme l'a si éloquemment
exprimé Voltaire : « Otez aux hommes, dit-il,
l'opinion d'un Dieu rémunéräteur et vengeur , Sylla
et Marius se baignent avec délices dans le sang
de leurs concitoyens ; “ss Antoine et Lépide
surpassent les fureurs de Sylla, Néron ordonne de
sang-froid le meurtre de sa mère ».
N'envions donc pas à l’homme l’espérance qui le
soutient dans ses luttes et dans ses sacrifices : la
pratique de la vertu est un combat de chaque jour : .
que l’athlète puisse espérer le prix de la victoire, sa
force en sera augmentée.
IT.
»
Tout homme qui a résisté à ses passions, qui à
respecté la liberté, la propriété ou l’honneur de ses
semblables, qui s’est dépouillé de son manteau pour
. le donner au pauvre, est à nos yeux digne de récom-
pense; celui qui a enfreint un devoir imposé par la
justice ou la charité mérite un châtiment. Voilà ce
qu'exige la raison. Elle ne dit pas avec Zénon et
Chrysippe : « Le bonheur consiste dans la pratique de
la vertu ». Elle sait trop bien que l’homme est un être
sensible, et que, si, pour accomplir la loi, il a
immolé ses désirs, sacrifié ses penchants, comprimé
ses passions, l'harmonie, momentanément rompue,
entre la vertu et le bonheur doit être nécessairement
rétablie. à
Mais, s’il en est ainsi dans l’ordre de la raison, en
est-il de même dans l’ordre des choses? Jetez un coup
d'œil sur le monde : à qui s'adressent les hommages ?
656 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
A l’homme simple dont la vertu se cache, ou à l’in-
trigant qui réussit ? Les récompenses décernées par la
société sont rares ; les châtiments sont plus nombreux :
mais atteignent-ils toujours le coupable? Ne frappent-
ils pas quelquefois, l’innocent ? Je sais bien que, si
nous échappons à nos semblables, nous ne saurions
nous fuir nous-mêmes; je sais bien que « le crime,
après lequel nous courons avec tant de goût, court
ensuite après nous comme un vautour cruel, et
s'attache à nous pour nous déchirer le cœur », et nous
punir du plaisir qu'il nous a lui-même donné ; mais le
remords est-il toujours proportionné à la faute? Est-
il toujours efficace? L'habitude du mal n’atténue-t-
elle pas le remords comme l'habitude de la vertu
atténue la satisfaction? Et cependant la conscience
nous crie sans cesse, dit J.-J. Rousseau : « Sois juste,
et tu seras heureux! » Il n’en est rien pourtant à coù-
sidérer l’état présent des choses : le méchant prospère,
et le juste reste opprimé. Aussi quelle indignation
s'allume en nous quand cette attente est frustrée ! La
conscience s'élève, et murmure contre son auteur; elle
lui crie en gémissant : « Tu m'as trompé !... je t'ai
trompé! Téméraire, qui te l’a dit? Ton âme est-
elle anéantie ? As-tu cessé d'exister? O Brutus, ô mon
fils, ne souille point ta noble vie en la finissant; ne
laisse point ton espoir et ta gloire avec-ton corps aux
champs de Philippes. Pourquoi dis-tu : « La vertu
» n’est rien » quand tu vas jouir du prix de la tienne?
Tu vas mourir, penses-tu ? Non : tu vas vivre; et C’est
alors que je tiendrai tout ce que je t'ai promis. »
Ainsi la religion seule peut fournir à la loi natu-
relle une sanction complète et efficace: la morale
MÉMOIRES. 657
séparée de la religion n’a ni fondement, ni soutien,
ni couronnement. À la base, au milieu, au sommet,
la religion se fond, pour ainsi dire, avec la morale;
et séparer ces deux éléments qui constituent la
souveraineté de la loi c’est séparer l’âme du corps,
c'est Ôter à la morale ce qui l’animeet la vivifie.
Voyez plutôt quelles ont été dans le monde les
destinées des seuls systèmes de morale que la raison
avoue. Certes, s’il en est un qui ait tenu haut l’é-
tendard de la vertu, et qui ait entrepris de relever
l'homme de cet état d’abaissement où le tient la vie
physique, c'est à coup sûr le système de Zénon
de Cittium. On a tout dit sur la morale stoïcienne :
vivre conformément à la raison, ne tenir aucun
compte des sens, être indifférent au plaisir et à la
. douleur jusqu'à se frapper le cœur en s’écriant :
« Non, douleur, tu ne me forceras pas à dire que tu
sois un mal »; n'estimer que la vertu, dont la
pratique rend le sage heureux, et l'élève au-dessus
de Dieu même, car le sage fait le bien volontairement,
et Dieu le fait par nécessité : voilà les qualités et les
exagérations que chacun a signalées et relevées dans
la doctrine du Portique. On a même remarqué que le
stoïcisme mit en pleine lumière un attribut divin, la
bonté. On est allé jusqu’à supposer un commerce de
lettres entre Sénèque et saint Paul, parce que,
vaguement et sans s’y arrêter, Sénèque a dit qu’il faut
aimer Dieu : « Deos homo sanus timet ; furor est metuere
salutaria , nec quisquam amat quos timet »; parce qu’il
recommande la prière et la résignation : « Roga bonam
mentem, bonam valetudinem animi, deinde corporis ;
vir bonus , quidquid acciderit , æquo animo sustinehil ».
F3. 42
658 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Qu'a-t-il doncimanquéà la morale stoïque? Le bon
sens ef la mesuré 'sans doute à lépoque:de Zénott ‘de
Cléanthe et de Chrysippé mais au stoïcisme mitigé de
Sénèque.et d’Bpictèteil manque-encore l’idée d'anDieu
rémunérateur et vengeur: Lesage ”stoïcién6béit à
Dieuvsans doutes éreru:r@ 0:03 mais ce Dieul, datis/la
langüe de ces! philosophes, ! veuti‘dire ‘déétin, Toi
universelle et immuable: «< Ad'hane léjem animus
noster aptandus est:1hanc sequatur ; huicipareat | el -quæ-
cumque: fiunt débuisserfierü putel;Unee velit objurgäre
naturam int; c'estola force iqui soutient ,iditige/0ét
anime le-monde,"et quil à établi} sans pouvoir le
changet, cet enchaînement de causés ét d'effets ôù
l’homme est enveloppé:iQue vouléz-vou8ique l'hôüime
de bien attende et que le méchant craigne de cette
divinité inflexible? Son unique appui réside en lui-
même : il faut qu’il reste libre; et, si la souffrance est
trop forte, il a encore un refuge : mors pale, la
mort lui est ouverte.
Combien diffère de ce désespoir mal dissimulé la
doctrine de Platon, auquel saint Augustin rendait
ce témoignage que de tous les philosophes il a le
plus approclié de la croyance des chrétiens! «Il y a
dans la nature des choses , dit le chef de l’Académie,
deux modèles : l’un divin et bienheureux, l’autre
sans Dieu et misérable. Les méchants ne s’en doutent
pas, et l’excès de leur folie les empêche de sentir que
leur conduite pleine d’injustice les rapproche du
second , et les éloigne du premier : aussi en portent-
ils la peine, menant une vie conforme au modèle
qu'ils ont choisi d'imiter. Lt, si nous leur disons que,
s'ils renoncent à cette habileté prétendue, ils seront
LL AÎTRS
| TOAAAA 94 PMÉMOIRES 92 441909 2659
“exclus aprèsceur mort durséjour-où:les! méchants ne
-serontpaint admis; étique dans cette vieils n'auront
d'autre, compagnie; que:rcelle quiréonvient:à rieurs
mœurs ; dans le délire-de leur folié:ils, traiterontrees
‘discours:d'extravagances. »10ombien isurtoutiést:diffé-
rente langage-durchristianisme! «Résigneatoiridit
de Chxétien ;- supporte la-douleut Dieu tebvoitsetste
“juges etstes souffrances un jour:terséront comptéés.1»
Aussi, quandola: ‘paroles des apôtres-eut\retentisdans
tout, l'empire romain;rxet apporté àttous\ ceuxrqui
souffraient, eesiparolés d’espétancei;:la multituderet
cles grands abandonnèrent lesçsourdes idoles dw paga-
nismeset vinrent se jétenaux pieds:desautels: d’un
Bieuçquileurouvrait:les pantes-du/ciels 129 acrerod'i
odtos 9h osroisto dnsdoôor 9 oup de sProtts. 1014 9b
-fnf as sbreèr iugqs supiau no fofdixsai tirivib
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DE L'INFLUENCE
DE L'ÉCOLE ÉPICURIENNE
SUR
LA DÉCADENCE DE L'EMPIRE ROMAIN,
PAR M. E. BUISSON DE MAVERGNIER.
Introduction.
L'école épicurienne peut-elle être regardée comme
une des principales causes de la décadence de l’empire
romain? Telle est, Messieurs, la dernière question
posée dans votre programme , question que je me suis
proposé de traiter.
Le peuple romain est le plus grand peuple qui
ait respiré sous le soleil ; il a eu des destinées pro-
digieuses, et a presque réalisé le plan d’une domina-
tion universelle. Ses légions ont foulé notre sol; nos
pères ont recu de lui les premières notions d’une ci-
vilisation avancée ; notre langue procède de la sienne,
MÉMOIRES. 664
et notre patois est un reste de l’ancienne langue
romane. Tout ce qui touche à ce grand peuple nous
émotionne et nous intéresse; tout ce qui touche à sa
vie intime, à ses mœurs et coutumes, à ses inspira
tions, à sa dégradation même, a de quoi nous
attacher. Cette étude d’ailleurs n’est peut-être pas
sans utilité : les siècles passés nous offrent des ensei-
gnements précieux, qui peuvent préserver les géné-
rations présentes et futures des dangers des mauvaises
maximes et des fausses théories.
Ce tableau rapide, ce coup d'œil rétrospectif sur une
des pages les plus tristes, brillantes néanmoins sous
certains rapports, de l’histoire de l’humanité, est de
nature à nous faire apprécier les immenses bienfaits
que nous devons à la religion chrétienne.
Il est utile de montrer les extrémités où les dissol-
vantes théories d’une secte poussaient la société, et
comment elles allaient au renversement de l'humanité
si l'Évangile ne fût arrivé à Ie pour la rétablir
‘dans sa voie.
Voilà pourquoi, malgré la lourde charge que nous
assumons , nous qui ne sommes ni un philosophe, ni
même un penseur, mais un simple croyant, nous
avons essayé de traiter cette grave question.
Nous devons le dire, l'étude de cette triste phase de
l'humanité a ravivé notre foi, et raffermi nos convic-
tions. Ce résultat doit nécessairement se produire sur
tout homme sincère et de bonne foi, désireux de
connaître la vérité, et que ne passionnera aucun parti
pris d’incrédulité ou de railleuse ironie.
662 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
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d'humanité, curieuseret avide Ae-cpnnaissanceis a; |
destout temps, demandé. à larxeligion ont àla philo
sophie la solution. du.,problème de sa, destinée. [Le
berceau et la tombe sont de grands et de terribles,
mystères que. l'homme;désire sonder, et, sa raison, n'est
pas, tranquille | tant qu'une explication, plausible, ne,
lui a,pas. été.donnée., Du, jour.où.il jeta.un,regard.
mélancolique.sur les,cieux, étoilés, il.se posa l'énigme
de: sa destinées il;se demanda quel est le, but finalide,
la.vie;;.quel.sstJ'agent çréateur de toutes :choses, et.
enfin:ce qui,doit se-passer après da mort,l! 00 fiet iup
Les religions ont donné satisfaction: à;68; besoin de
l'humanité, en: fournissant, une solution plus, eu:moms
satisfaisante, que le rationglismeest venu plus tard
contrôler. On ne peut contester l'influence des dogmes’
sur l'existence des peuples, sur leur manière de
vivre, sur leurs constitutions)!îls expliquent suffi-
samment le sensualisme ou le spiritualisme de certains
peuples ;11lei ae me des orientaux, Cu RENE
tion des*chrélienb, 5! dro6an00 8. tusvovtisls 46 79)
Dans tous:les temps;ceux qui ont fait, profession-de
s'oceuper des chosés'säintes.et. de l'étude des mystères
sacrés ont. marché les premiers à la tête dés peuples.
L'histoiré constate d'influence ; dont. /jouissaient. les
mages chez les Perses, les-chaldéens chez.les. Baby
loniens et les Assyriens, les druides et les sem-
nothées chez les Celtes et les Gaulois, les gymnoso-,
+ 414 MÉMOIRES. 663
phistes dans l'Inde (4). Les dieux et les demi-dieux
dont le monde païen peupla son olympe furent sans
doute primitivement des révélateurs et des lég'islateurs.
‘Parfois le dogme a créé des lignes de démarcation
bien tranchées entre diverses classes de la société par
l’établissement::des’'castes: ‘L'Inde, qui, suivant
quéldities réchérches/riôdérnes Dpasatt être le berceau
de l'hutianité , noûs étre ‘à! ss Fra uñ
cipipuset 0h do ebasre,ob dos
ILél peuple y ést divisé ni quatre classes! (qui sont,
eh! quélqué sorte! "énéhäaînées Alétir délits tradi-
tiünnélle car toute personne (qui perd'sd caste par sa
mauvaise éctiduité, et pour avoir violé les règles et les
inStifutilons Qui lai séit'imposées ? tombe dans l'avilis-
snté condition dé lpéiia et cette: tache lôriginelle’,
qui fait de l'honifëé wh-étredéhütet “dégradé, s'étend
#fokte al postériteiosieiise Saob fo anofarfor
2NVüil ace hidognre qui creuse ia btme ‘entré les
sait Glaskes d'npeupieniter 9! oup,aisseieiai
2802 20h sons nil roteoirro) pes g1x aC lÔTILTO:
af £ D n “rs f * 12 29 icf >af) 49 rotzix
ue nouphique HAPITRE En cine
rsè199 9b € creilentiniqe ol uo screilsuasse of tasunr
“Montesquiei, cet: ‘esprit si nobiriiaien investis
teur et clairvoyant, a consacré le chapitre X-de son
beau livré tGrandéur ét: décadence des Romains ‘à une
appréciation sévère dela-secte d'Épicure.-Ce chapitre
est intitulé: °De là corruplion: des Romains, et il'est
à rene de relaterici le passage où le sat
penseur à pl Son nt LEE 91 83110
ie. 89:49 -29big ae ALLIE i
OUI VS 29] | MAOÏIEX) ete V1 ), ja! -
1) DIOGÈNE LAERCE, introduction.
664 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« Je crois, dit-il, que la secte d'Épicure, qui s'in-
troduisit à Rome sur la fin de la république, contribua
beaucoup à gâter le cœur et l'esprit des Romains. Les
Grecs en avaient été infatués avant eux : aussi
avaient-ils été plus tôt corrompus. Polybe nous dit
que, de son temps, les serments ne pouvaient donner
de la confiance pour un Grec, au lieu que les Romains
en étaient, pour ainsi dire, enchaînés. I1 y a un fait
dans les lettres de Cicéron à Atticus qui nous montre
combien les Romains avaient changé à cet égard. »
Cette appréciation de Montesquieu sera le point de
départ de notre étude historique; c'est elle qui doit
nous servir, en quelque sorte, de phare etde boussole.
Quel était donc ce philosophe qui avait pu cor-
rompre cette race romaine si fortement trempée, si
amoureuse des vertus guerrières, si dure aux pri-
vations et aux fatigues ?
L'Église l'a jugé avec une certaine indulgence :
saint Grégoire de Nazianze en parle en excellents
termes : « Épicure, dit ce Père de l'Église, a dit que
le plaisir était la fin où tendent tous les hommes;
mais, afin qu'on ne crût pas que ce fût le plaisir
sensuel, il vécut toujours très-chaste et très-réglé,
confirmant sa doctrine par ses mœurs ».
Bossuet, cet historien si profond, n'a pas signalé
l’épicuréisme comme étant une cause de décadence et
de corruption pour le peuple romain.
Fénelon, dans son Histoire des philosophes de
l’antiquité, trace le portrait du philosophe avec une
plume indulgente, où perce une sorte d’admiration.
Épicure, en effet, avait des mœurs simples et
frugales:; sa vie était exempte de ces besoins factices
MÉMOIRES. 665
que crée le luxe : il se contentait pour sa nour-
riture d’un peu de pain et d'eau. Un petit jardin,
qu'il cultivait lui-même, lui fournissait les légumes
nécessaires. Cicéron s'écrie quelque part : .:« Com-
bien Épicure vivait de peu! » Il était affable et
doux à tout le monde, et avait une tendresse si forte
pour ses parents et pour ses amis qu'ilétait entière-
ment à eux, et leur donnait, tout ce qu'il avait. Il
traitait ses esclaves avec une extrême humanité, et
prenait soin lui-même de les instruire comme ses
propres disciples: Son testament, que nous à conservé
Diogène Laërce, respire la bonté et la douceur.
Cependant Épicure avait été déjà sévèrement jugé
par ses contemporains : sa secte était rivale de la
secte stoïcienne, et Zénon le traitait de corrupteur du
genre humain ; lui, de son côté, dont le principe
favori était de tromper les plaisirs et les peines de la
vie, et qui s'était fait une manière de philosopher
douce et molle, traitait le stoïcisme d’'hypocrisie.
Ainsi l’homme pratiquait exactement les règles
d’une sage et vertueuse conduite; mais le philosophe
professait d’abominables théories, agissant ainsi au
rebours des hypocrites, qui n'ont à la bouche que des
maximes de sagesse et de vertu, et qui se laissent
aller à une vie déréglée.et scandaïeuse.
Épicure a beaucoup'écrit; mais peu de ses ouvrages
sont parvenus jusqu'à nous. Diogène Laërce nous
a conservé trois de ses lettres et un certain nombre de
ses maximes.
Au siècle dernier, une découverte, faite dans des
circonstances bizarres, éveilla l'attention du monde
savant. Une terrible éruption du Vésuve ensevelit,
666 CONGRÈS SCIENTIFIQUE /DE FRANCE.
l’an 79: de l’ère. chrétienne, plusieurs villes de la
Campanie : Herculanum disparut dans un linceul de
laves ; Pompéï fut enfoui sous la cendre du volcan.
Seize siècles avaient passé sur,ces villes perdues,
lorsque, au siècle dernier, le hasard les fit retrouver.
En 1753, des fouilles étaient faites dans la chambre
d’une maison de campagne d'Herculanum. Elles firent
découyrir..dix-sept centtrente rouleaux de-papyrus
carbonisé..Winckelmann dit-que cette chambre avait
peu..d’étendue;,à l'entour desimurs étaient rangées
des tablettes enjforme d'armoixes, au milieu desquelles
se trouvaient des objets noircisquilressemblaientà-des
1
charbons, Mais-la disposition: symétrique-de-ces dbjets
entassés l’un sur l’autre éveilla des'sonñpcons: On:les:
examina; de plusiprès on vibides caractèrestiacés,
et cette importante découverte éveillasur-le-champ:
l'attention des sayants de toute PEuropezie 5 23»
Paxmios-ces PAPYENIS108810S0mte, frouvés-nquelqnes.
ouvrages d’ "Épicure ; n0M ya: __ à Naples des. Pier
+ AUTALID
être: PORTE Hlnér rene poux nous de
retrouverles œuvres moralesuet.des axiomes fonda
mentaux du philosophe de Gargette.; H: nous semble,
querses disciples! ont. dû, exagérer les! conséquences de
sa, doctrine; SaLettre; à: Ménæcé, sur das moralel'ést
pleine-de maximes honnêtes entremêlées de-principes
faux ; de -bons-conseils-:qui se heurtent à de dange-
reuses théories. Ses disciples paraissent n'avoir, saisi
que le plus mauvais côté de cette philosophiesr
Nous:pe ‘pouvons dureste la juger que: d’après ce
que -nous en rapportent Lucrèce, : Cicéron ,-. Plu-
tarque, Diogène Laërce, Épictète ; ete.
OMAN AOMÉMOÏRES 0 EHADMACU 667
“Æxaminohs doncicette doctrine, et? Ho
les: conségiiemcesqsh dumeqeih (snslnorr eu 0)
nsslov wb 91bne0 68 arroa uoiune tu "0" 0 WA
aorrb19g -29l{1v CH APITRE! ol ; 291991 94126
évuondor tit aol brsesd 95 roi BA jte 6 90 parol
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dunsdo a débtriné sd e MR BR ESTR 2
nor 2614 .uasisotH'benasquss el coëieog sir b
2Nous'1le pouvons sieur ir que) depüuiser dah#1e ?
poème de lmerècel!lie charmie défirpoésié féra paraître
moins:Jonguëiil'exposition decétté doctrine ‘philosoz 1
phiques Souvenez-vous-que Lucrecé ét lun féne du”
premier ordreuui destgratids poètes 4 humanité 9°
etiqu'il &'consacré’'les forces dé son mapnifiquetalent
àgloriferdeméamt-ob silievo sutors'l ire al Loeapipe
Voulézzvous savoir lidée que Fécole épicuriénne se”
fait: da divinité ® Luérbee se Tharge de lexpliquér :°
« Les dieux°6nt})'en effet; {1e) more privilège ‘de
coulérdansufiet tpaopreforits et ffnmortalité.
Séparés:phr-un'immenselintervalle des étênements 60
lalterre Laffranchis\de douleurs ‘étsde craiñtes } indé!
pendants: des mortelé,0ufisanteüx2Mmêmes"à#-leur
bonheur, “les dieux°ne: sonb nt touchés denos vertus int :
courroucés de nos vicésiz 169 5h olcoaoliig vb xt
25 Sans doute lacrainte disposel tellement duw:coœur
dél’homme: que ,'à l'aspect des phétiomènesdutiel et:
dela terre, donfiline pouvait péhétrer léstcatses ill
a supposé que ‘læidivinité régissait la nature » quand |
nous serons cONvaincus que rich ne se-fait de rien ; !
nous connaîtrons lulvoute que nous devrons suivre! 14
soürce idont tous les corps sont) sortis;0et comment
tous les. êtres qui peuplént le monde! Cure reçu l’exia-
tence sans le secours des diéum.! : 5 "sil oo Su pRT
668 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
» Prétendre que les dieux ont établi pour les
hommes l’ordre pompeux du monde, que nous devons
sans cesse célébrer et croire éternelle l’œuvre de leurs
mains immortelles, et qu'on ne peut sans crime
ébranler par des arguments impies la base de l'édifice
dont les dieux ont doté la race humaine, ces absurdes
fictions, d Memmius, sont le fruit du délire. »
Voilà donc la théorie de la providence suivant les
épicuriens. Les dieux sont complètement indifférents
à l’homme. Que l’homme soit vertueux, qu'il vive au
sein du vice, qu’il se souille de tous les crimes, ils
sont trop haut placés pour s’en émouvoir. Pauvres
rois détrônés, dieux fainéants, ils n’ont jamais rien
créé : ils étaient impuissants à produire quoisque ce
soit :
«Nullam rem e nihilo gigni divinitus unquam ».
Triste théorie, qui va directement à l’athéisme! car
accuser la divinité d’impuissance c’est nier son
existence. Et cependant Épicure , l'auteur de ce beau
système, est le même dont Fénelon a dit : « Il a
toujours parlé magnifiquement de la divinité ».
Comment donc s’est formé le monde? D'où est né cet
ordre admirable, cette régularité merveilleuse, cette
organisation prodigieuse de l’homme? Luerèce en
donne, d’après Épicure, l'explication suivante :
« La matière existe de toute éternité : depuis des
siècles innombrables, les éléments féconds, mus par
des chocs divers, entraînés par leur propre poids dans
leur essor rapide, se sont réunis sous mille formes
variées, et ont essayé toutes les combinaisons propres
MÉMOIRES. 669
à faire éclore la vie. Ils ont enfin rencontré, à force
de mouvements divers, l’ordre qui enfanta le monde,
_et qui le renouvelle sans cesse. Fidèles à cet ordre, ils
le suivent pendant un grand nombre de siècles;
mais, de même que les corps animés privés de nour-
riture s’affaiblissent et meurent, cet univers périra
lorsque les éléments qui l’alimentent, cédant à
d’autres lois, auront changé leur cours. »
Voilà pour la théorie de la création.
La théorie de l’âme est désespérante. Qu'est-ce que
l’âme, et que devient-elle après la mort? Le troisième
chant va nous le révéler :
« L'âme est le résultat de principes très-subtils et
très-déliés; elle se compose des éléments les plus
petits, les plus lisses, les plus arrondis. Le corps est
l'enveloppe de l'âme, et l'âme, à son tour, en est la
gardienne et le guide... Poursuis, Ô Memmius, et
apprends que l'esprit et l’âme naissent et meurent
avec les sens ! Si le corps ne peut subir le départ de
l’âme sans se décomposer en impurs et fétides lam-—
beaux , pouvons-nous douter que cette essence fragile,
décomposée elle-même, ne s'échappe de sa prison
comme la fumée s’exhale du bois enflammé?
» Si l’âme est immortelle, pourquoi ne conserve-
t-elle pas le souvenir de sa vie antérieure? Pourquoi
perd-elle jusqu’à la moindre trace de son passé ?
» Quelle erreur d’unir une immortelle essence à un
corps mortel ! Et l’on prétend les allier pour les con-
traindre à voguer ensemble à travers d’horribles flots
de douleurs !
» La mort n’est donc rien, et les terreurs ne doivent
pas nous atteindre.
670 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
» Le sage ne craintpas defne plus vivre; caril sait
qu'il, n est: point;dans samafufe : d'exister toujoürs,
ft; d'un. autre côté:; 1 ne, on pas comme un al
de me.plus vive. id sde 8.920000 2Hiq 429 11
Au moyen, de cétte shviaites RIRE prétend rendre
nù service signalé à l'huimamité,hen1üi faisant perdre
Jes terreurs etes alarmes d'unestie fütureu Singalièie
consolation, ;.en vérité: pour: l'honime vertueux et
persécuté!|, Tout. cersystème [tend-à- encourager: lès
mauvaises actions, et des,crimes les plüs monstrueux.
C’est. la glorification complète d'u matérialisme
brutal, Certes | Épicureetses disciples ont ane/bien
_pauyre idée de L'homme ! Gréérpanie hasad,"indif-
férent AUX dienx, ne différant-des autres sttitix
que, par, ane: jatelligence- plusrperfectionnéemaîis
ayant la. même destinée, .querdoit, désirer l'homre?|=—
La conséquence est rigoureuse ÿ Hrdoit: faireduoplaisir
le principe, et.la fin.de toutes-ses lactions::«1Ce qui
prouve. que, île plaisir;.est le but final dérda vie dit
“Épicure . dans, sa . Lettre,; à Ménæcé:; nc'ést ajfletilès
animaux, dès qu'ils, sont: nés;i:sont attirés! vers le
plaisir, et, répugnent, da; douleur par SR arr et
sans aucun, raisonnement: » }retà orrcretoïote o[00à!
ss) Pour -axriver.à. cette] [tranquiklitér qui test ‘le’ bien
suprême, des épiçuriens; il faut éviter touticerqui|peut
contribuer à.nous, créer, des émbarras. Pour lêtre pat-
faitement heureux, il faut-éviter-la colère; et'même
.la bienveillance; çar. tout:eelairest 1e proprerde-la
Hfpiblesse. «1 Le, sage; ditencore: Épieure , ‘peut: se
marier; et ,avoir.des; enfants; cependant ilya; dans
.la vie des, circonstances. qui doivent le re du
mariage. »
(4 AT MÉMOIRES.0E Ado 10: 671
. Nous trouvons dans le Nouwveiu Manuel d'Épictète
cette pensée contre Épicure:: « Épicure! dit qu il ne
‘faut pas nourrir ni élever des' enfants, parce que rien
n’est plus opposé au véritable bien, GET plâce dans
<a volupté. Mon pauvre: Épicure, ‘tu veux ‘donc que
cmous; soyons plus -dénaturés qué les! bêtes les’ plus
Sean nabandonnent pas léurs petits? »
Épicure; parle même principe d’ égoisine, engage
2 sag'eà:merpas:s@ mêler des affaires: bi HE lui-
«même donnal’éxemple de cette coupable indifférence.
Ame faudrait pas” croire que’ au ‘milieu dé ses
cmiaximes ; ‘il néçs'en trouvât Ipasldé dignes | d'un
-philosophe: Il récommande 14 justice ; la vertu , la vie
“rugale, :«inon ‘pas; dit“il, parce Qué ce Goëé des
-Chosesshonnêtes : par- elles-mêmes "mai len' vue du
-plaisir-qu’élles procurent! cote la iédecine ‘au ‘on
n'invoque;qu'encvue déla santé »22 00° 2
:1Emrésumé ;5Fhôomme est Selôn les épicuriens, un
:produit périéctionhé du ha$ärdc’est un animal plus
intelligent; mais-qu'ilné juge bhs digne de l’immor-
stalitéz Épicure rabaisse l'humanité : il la dépouille de
‘tout Ce qui fait sa gloire; son: bépérétiée! et sa grandeur.
L'école stoïcienne était rivale de la secte’ d'Épicure.
Celle-là est spiritualiste :'ellé donne à l'hômme des
proportions qu'il n’a pa ; elle! l'exagère, lui fait un
-piédestalrqui le: grandit outre ‘rhesuré. Ces: ‘deux
sthéories sont les téxtrèmes du problème. Le stoïcisme
- ést une sorte de panthéisme ; originaire sans ‘doute de
Égypte. » Les ;rituelsi ‘trouvés -dâns-! lés tombéaux
égyptiens, et: téreriments déchiffrés, éohtiénnent une
doctrine qui a une ressemblance MénBaifté avec celle
de Zénon.
672 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
L'âme de l’homme est une particule de Dieu, une
petite portion de l’âme universelle. Après la mort,
elle remonte vers les cieux, et habite les astres. Elle
converse avec les dieux, et cet état dure jusqu’à ce
que , le monde consumé, elle et tous les dieux se con-
fondent pour ne former plus qu'un seul être, qui est
Jupiter.
Partant de ce principe orgueilleux : l’homme est un
dieu, les stoïciens arrivent à des conséquences hors de
proportion avec les faiblesses et les besoins de la
nature humaine : « Le sage doit être sans passions,
parce qu'il est impeccable; il est divin, car il y a
comme un dieu en lui; il est saint, car il évite toute
faute contre la divinité. Cependant la doctrine lui
permet de se marier, et d’avoir des enfants; elle l’en-
gage aussi à prendre part aux affaires publiques pour
bannir les vices de la société, et encourager la vertu.
Le sage doit être inaccessible à la pitié, et n’avoir
d’indulgence pour personne. La douleur pour lui n’est
pas un mal : il voit sans pitié les maux qui affligent
l'humanité ; il contemple d’un œil sec la mort de ses
parents et de ses amis.
Cette philosophie méconnaît les lois de la nature;
elle fait profession d'une morale inexorable. Cependant
Zénon, l'inventeur de ces belles maximes, eut
l'étrange idée de s'étrangler à l’âge de quatre-vingt-
dix-huit ans , et, depuis cette époque, ses disciples ont
regardé le suicide comme une chose légitime.
La secte épicurienne arrive à l'indifférence pour ne
pas sortir de cet état de tranquillité qui est le bien
suprême. Le stoïcien réste impassible devant les
maux qui affigent l'humanité par un sentiment
MÉMOIRES. 673
d'orgueil féroce et d’amour-propre implacable.
Parties d'un point diamétralement opposé, les deux
philosophies arrivent à une conséquence commune :
l’une et l’autre prêchent l'indifférence.
Combien est grande et sublime la charité chrétienne,
qui fait que nous compatissons aux souffrances et aux
douleurs de nos frères, que notre cœur les partage, et
que nous cherchons à les soulager !
CHAPITRE I].
Les Romains en présence de la secte épicurienne.
Les Romains, qui eurent un si faible commencement,
s'étaient élevés par des maximes sévères et par des
pratiques d’une extrême rigidité. Leurs divinités
étaient respectées. La famille romaine était chose
sainte et pure. Rien n’égalait la dignité de la ma-
trone romaine et son irréprochable chasteté. Le père
de famille était comme le représentant de la divinité ;
ses enfants l’entouraient, respectueux et timides, au
sein du foyer domestique. Le droit primitif lui-même
était un droit sacré : aux dieux seuls appartenait
l’autorité, c'est-à-dire l'initiative des choses hu-
maines. Toutes les magistratures étaient des sacer-
doces. Rien ne se faisait dans l'État que les augures
etles aruspices n’eussent consulté la volonté des dieux.
L'intervention divine se mêlait à tous les évènements
- de la vie publique pour les consacrer : les mariages,
les testaments, les affranchissements, les contrats
Tire 43
674 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
civils se faisaient au moyen de formules sacramen-
telles.
Tout concourut pour former les Romains aux
vertus guerrières, La gloire était leur plus grande
passion. Salluste, dans la Conjuration de Catilina, trace
ainsi le tableau de l'antique vertu de Rome : * La
jeunesse , dès qu'elle était en état de porter les armes,
apprenait l’art militaire dans les camps. C'était pour
de belles armes, pour des coursiers de bataille , et non
pour des courtisanes et des festins, qu’on les voyait
se passionner; pour de tels hommes, il n’y avait
point de fatigues extraordinaires, point de lieux d’un
accès rude ou difficile, point d’ennemis redoutables
sous les armes : leur courage avait tout dompté
d'avance. »
Tite-Live nous raconte comment la secte épicu-
rienne apparut pour la première fois à un Romain de
vieille roche, et quelle impression elle produisit sur
lui.
C'était au temps de la guerre de Pyrrhus. Les
Romains, vaincus dans un premier combat, avaient
envoyé Fabricius, personnage consulaire, racheter
les prisonniers. Un jour, à Tarente, la ville amollie
par les plaisirs, efféminée par le luxe et la volupté,
Fabricius se trouvait à la table de Pyrrhus. Le service
était magnifique; les vins et les mets, exquis. Le
Romain, frugal et ménager, n'était pas habitué à ce
faste et à cette profusion. Fabricius était placé à côté
du grec Cinéas, le conseiller intime et le premier
ministre du roi d'Épire. C'était un homme instruit et
un agréable causeur. Cinéas vint à parler des philo-
sophes de la Grèce , entre autres d'Épicure, et dit que
MÉMOIRES. 675
ceux qui suivaient cette secte faisaient consister le
souverain bonheur dans la volupté, et regardaient
l’administration des affaires publiques comme un des
principaux obstacles à la félicité. Suivant eux, les
immortels menaient une vie toute d’oisiveté et de
délices sans s'occuper de ce qui se passe sur la terre,
sans s'inquiéter ni de punir les méchants ni de récom-
penser les bons. Fabricius, élevé dans la crainte des
dieux, fut effrayé de ces blasphèmes, et s’écria :
« Fassent les dieux que Pyrrhus et les Samnites
goûtent cette philosophie tant qu'ils seront en guerre
avec le peuple romain ! »
Ce fait ce passait en l’an de Rome 472. Pyrrhus
quitta l'Italie, et il ne fut plus question pour les
Romains de philosophes et de philosophie. Rome
continua ses étonnants succès, et soutint sa lutte
meurtrière et archarnée avec Carthage.
Plus d’un siècle après, les Athéniens, qui avaient
été condamnés par une sentence des Sicyoniens, mais
sous l’autorité du sénat de Rome, à une amende de
cinq cents talents pour avoir ravagé les terres de la
ville d'Orope, envoyaient une ambassade pour de-
mander la remise de l’amende. Les ambassadeurs
étaient trois illustres philosophes : Carnéade, de la
secte académique; Diogène, de la secte stoïcienne,
et Critolaus, péripatéticien. Le goût de la philosophie
‘et de l’éloquence n’avait pas encore pénétré jusqu’à
Rome. Aulu-Gelle et Cicéron rapportent l’impression
profonde que produisit Carnéade , le fondateur de la
nouvelle Académie : son éloquence vive et douce
enchantait les oreilles d’un peuple qui n'était pas
habitué aux charmes du beau langage. Partout dans
676 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
la ville on disait qu'il était arrivé un Grec d’un rare
mérite, que son grand savoir placait au-dessus de
l'humanité ; qu'il savait attirer à lui les jeunes gens,
et,leur, inspirer. l'amour de la philosophie. Pour le
suivre ef l'entengre, ils quittaient leurs occupations
ordinaires , et LE même leurs plaisirs. Le désir
de connaître emplissait ces jeunes âmes , et les portait
avec ardeur à entendre discuter les grands problèmes
de l humanité.
Carnéade eut pour auditeurs toutes les personnes
considérables de Rome; ses discours étaient traduits
par, un sénateur, et des copies passaient de mains en
mains, et pont lues avidement par toute la ville.
Les pères de famille voyaient avec grande joie leurs
enfants s’adonner à l'érudition grecque, et suivre
assidûment. la société de ces hommes merveilleux qui
enseignaient de grandes choses. |
Caton seul s’effraya de cette passion nouvelle. I
employa son influence dans le sénat à faire terminer
au plus vite l'affaire, qui avait amené à Rome les am-
bassadeurs athéniens : « Qu'ils retournent dans leurs
écoles, disait-il, et qu'ils y instruisent les enfants des
Grecs; mais que.les enfants des Romains n’écoutent
ici que les lois et les magistrats ,. comme ils faisaient
avant leur arrivée ! »
C’est de cette époque que date chez les Romains le
goût. de. la PHHIRPpRIR de l’éloquence et des belles-
lettres,
Déjà Rome ait At éloignée de sa primitive
vertu. Sa puissance était prépondérante : elle était
devenue l'arbitre du monde. Le luxe s’introduisait
dans la république; les Romains avaient acquis,
MÉMOIRES. 677
dans les guerres contre leurs voisins, d'immenses
richesses.
Rome, à son berceau, avait été un lieu d’ asile où
ae attira les RER de toute sorte, les
proscrits, les pâtres et les esclaves fugitifs. La Vins
était construite pour y serrer le butin. Les Romains
ne perdirent j Jamais le goût du pillage. qu'ils consi-
déraient comme le droit de la victoire. Ils eurent une
maxime dont ils ne se départirent Jamais : ils ne se
croyaient pas assez riches pour payer leur gloire.
Væ victis! tel était le fond de leur politique par
rapport à leurs ennemis. On dépouillait le vaincu, et
on égorgeait les prisonniers : coutumé barbare qui se
modifia par la suite.
Toutes les fois qu'un général romain prènait ‘une
ville, il faisait enlever tous les objets précieux, les
TRE les tableaux, les vases de prix, Tor et
l'argent ; illevait, en cat des contributions dé guërré
considérables : puis, se faisant Suivre de ses riches
dépouilles , il démandait et obtenait le triomphe. !
Tite-Live raconte avec quelques détails la pompe
qui présidait à ces ‘imposantes solennités, et la joie
des Romains à la vue des richesses qui hfaièné dans
Rome pour l'embéllir et aug'menter le trésor public.
Le triomphateur faisait des largésses à ses soldats ,
et lui-même prenait une large part aux dépétiles
qu il avait conquises.
Le triomphe de Quinctius, vainqueur de Philippe;
roi de Macédoine, et celui de Paul- Émile , Vainqueur
de Persée, durèrent trois jours, tant dE grand le
nombre des armés, des statues de bronze et de
marbre, : des vases d’or, d'argent et d’airain
678 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
ciselés, tant était grande la quantité d'or et d'argent
en lingots ou monnayé, qui avaient été pris sur
l’ennemi ! Il faut bien reconnaître que de nos jours on
fait la guerre avec plus de discrétion et d'humanité.
Cette grande accumulation de richesses avait mer-
veilleusement prédisposé les Romains à la corruption.
A l'époque de l'ambassade de Carnéade, des lois
somptuaires contre le luxe des femmes et celui de la
table avaient déjà été établies. Le cuisinier, autrefois
l’esclave le plus vil, dit Tite-Live, de la plus faible
valeur et de la moindre utilité, deviut d’un grand
prix. Ce qui n’était qu’un métier fut considéré comme
un art. À peine toutefois, ajoute l'historien, ces
somptuosités qu'on voyait alors étaient-elles le germe
du luxe à venir.
Ce goût nouveau de la philosophie et de l’éloquence
qui se développa rapidement chez les Romains devait
avoir, pour eux plus que pour tous autres, de
fâcheuses conséquences.
Bientôt des écoles de rhéteurs grecs et latins s’éta-
blirent à Rome. Les censeurs, effrayés de cette nou-
veauté, s'efforcèrent de la proscrire; mais ce fut en
vain. Un dangereux courant entraînait les pères de
famille eux-mêmes à pousser les enfants dans les
écoles grecques. Le complément obligé de toute bonne
éducation était un séjour de quelques années à
Athènes. Cette ardeur des parents se comprend facile-
ment : Rome avait des coutumes parlementaires; les
affaires publiques se décidaient dans le forum, et
l'éloquence conduisait à toutes les hautes fonctions.
La Grèce forma donc les jeunes Romains au goût de
sa philosophie, de ses arts, et à la pratique de
MÉMOIRES. 679
l'éloquence ; mais elle insinua dans ces jeunes hommes
la corruption et les vices d’une civilisation avancée et
corrompue , et Horace put dire avec raison :
« Græeia capta suum victorem cepit, et artes
Intulit agresti Latio ».
CHAPITRE IV.
Influence de la doctrine épicurienne.
Environ quatre-vingts ans plus tard, nous voyons
déjà apparaître à Rome l'influence des doctrines
d'Épicure. Un homme de génie, un grand poète qui
avait vu la rivalité de Marius et de Sylla, les frénésies
populaires et lés-vengeances de l'aristocratie, le
monde comme livré au hasard et à la violence, n’osant
attribuer à des dieux justes et sages les malheurs de
sa patrie, en était venu à admettre, comme beaucoup
d’autres esprits de son temps, les désolantes rêveries
d'Épicure. M. de Fontanes a fait cette remarque que
les athées célèbres sont nés dans les siècles d’orages et
de troubles publics.
Dévoré d’un mal intermittent et d'accès de folie
occasionés on ne sait par quel breuvage, Lucrèce
composa un poème où brillent les éclairs d’une
verve admirable. Sa plume, élégante et éner-
gique à la fois, sut faire de l’athéisme et du néant
une chose poétique. Il s’attaqua aux dieux, et railla
hardiment ces doctrines si consolantes qui promettent
une autre vie et d’éternelles récompenses. Le poème
680 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de Natura rerum fut dédié à Memmius, un des citoyens
les plus marquants’ de Rome: Il prévit l'accusation
qu'on pourrait porter contre lui; mais il fit ce que
font tous les hommes qui attaquent la religion! : il
accusa ses ministres de fanatisme ,et cria à larsupers-
tition:! Son‘livre fut accepté et lw avidement ; car da
secte épicurienne comptait ‘un! erand' nombre de
disciples occupant de! hautes fonctions dans l’État.
Personne ne songea à le poursuivre, et les’ censeurs
“n’eurerit pas l’idée de chasser de Rome ce dangereux
etattrayant corrupteur, qui Cachait le SEEN sous les
fleurs de la/ poésie.
°HNA cette “époque où n'existait pas l'imprimerie," un
“poème aussi long que celui de la: Nature des choses
n'était accessible ‘qu'aux ‘classes! riches et élevées :
c'est donc dans les hautes couches ‘dé las société
romaine que se propagèrent les idées du poète. UÜomme
‘au xvine siècle, la corruption vint d'en haut.:°Le
rationalismie 'baftit! en brêche et ruina üne religion
“peu ‘éStimablel il ést vrai; mais! il lui Isubstitua
quelque chose de pire. Nous avons vu°à ‘la fimdu
dernier ‘siècle nos temples ‘ fermés,!#no$°' prêtres
proscrits, le culte de la Raïison'et les satüurnales d’une
république en délire; mais ces erreurs furent pas—
sagères, et, quand la révolution eutdévoré tour à
tour $es enfants, la relision reprit son empire,et /le
peuplé, un moment ivre de sang et’ d’athéisme ,
revint, comme ‘ l'enfant‘ prodigue) à Ssésl'antiques
croyances, et s’agenouilla pieusemerit devant les
autels.
Les doctrines d'Épicuré, si poétiquémient inter-
prétées par Lucrèce, détruisirent bientôt les dernières
MÉMOIRES. 1n 681
croyancesides Romaïins.!lOn les professait ouvertement
au forum, ausein même:du sénat; comment n’au-
.raient-elles pas pénétré dans les masses, à
‘avides de nouveautés? of af
“Qicéron, plaidant pour Cluentius, Er un::im-
re tribunal, en présence. de la foie du peuple,
accourue pour,entendre cette:voix..éloquente, s'écrie
que la mort n'est que l’anéantissement de toute.sen-
sation, et traite de fable et -d’ineptie la croyance.que
l'on puisse souffrir: dans -un-autre monde..N allègue à
<etiégard l'opinion commune: ::1drquod :omnes: intelli-
gunt. Sans doute, Cicéron, l’homme:qui a éerit le
“livre: de la: Nature. des: dieux, ne faisait parade, d’une
telle doctrine que pour les besoins de la cause; mais
que dirait-on si un-avocat de notre temps, han de
semblables moyens ?.: no!
Salluste, dans son Histoire] de la conjyration.. de
Catilina, nous:.a, conservé. les. discours «prononcés
‘au sein du sénat par. (César et par Caton.:|Si-César
-m’avait-pas trempé dans cette conspiration, .au moins
“toutiporte à,croire qu'il la voyait favorablement, Les
-ambitieux;aiment. les temps de discordes et de; révo-
dutions;.,car..ils ‘espèrent: saisir, Je, pouvoir. César
penchait donc à lindulgence. , Voterait-on\ la. mort
: des complices de Catilina?,telle était la xquestion,;_et
César, le plus grand. des.élèves d° Épicure, faisait. sa
profession, de, foi. A quoi.bon:,,disait-il,, faire périr
“les conjurés? Cela. est ee à la justice et aux
coutumes des Romains. Qu'on les incarcère donc dans
de solides et étroites prisons. Mais à quoi bon les
punir de, la, peine capitale? Qu'est-ce que la mort,
après tout? Dans l'affliction, comme dans l’infortune,
682 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
la mort n’est point un supplice : c’est la fin de toutes
les peines. Par elle tous les maux de l’humanité
s’'évanouissent ; au-delà il n’est plus ni soucis ni joie.
N'est-ce pas là la doctrine d'Épicure? Après la
mort, le néant : Post mortem , nihil; ipsaque mors nihil.
Telle était la théorie exposée en plein sénat par un
futur grand pontife !
Que sont devenues les anciennes croyances de la
religion; les espérances des Champs-Élysées, où se
promènent les ombres heureuses; les supplices du
noir Tartare, où souffrent les méchants et les
criminels ?
Caton d'Utique lui-même, répondant à César, et
engageant le sénat à adopter les mesures de rigueur
contre les coupables, fait une concession aux idées du
temps : lui-même, qui s’y fût attendu ? regarde comme
faux tout ce qu’on raconte des enfers : Falsa credo
eæistumans.quæ de inferis memorantur. Caton incrédule !
quel signe caractéristique des fâcheuses tendances
de l’époque !
Déjà la république n'avait plus de religion, plus
de croyances : la doctrine épicurienue les avait
remplacées par l’athéisme. Aussi le juif Philon,
philosophe platonicien, envoyé en ambassade auprès
de Caligula, s’écriait-il que le monde était peuplé
d'athées, et Juvénal, flagellant ses contemporains de
sa verve mordante et acérée, disait dans une de ses
satires : « Qu'il y ait des mânes, un royaume sou-
terrain, un Caron et de noirs reptiles dans les gouffres
du Styx; que tant de milliers d'hommes traversent
l’onde fatale dans une seule barque, c'est ce que ne
croient plus même les enfants à peine arrivés à l’âge
MÉMOIRES. 68
où il faut payer pour se baigner aux bains publics ».
Or les peuples ne peuvent vivre qu’à la condition
d’avoir une religion qui les retienne dans les bornes
du devoir. La religion est la base de toute société; la
piété est la mère des vertus domestiques et civiles.
Tant que la religion fut en honneur chez les
Romains, toute défectueuse qu’elle fût, on vit fleurir
toutes les vertus : la sainteté du mariage, la pudeur,
qui, selon Vico, est, après la religion, le principal
lien des sociétés, la foi et la sincérité du serment.
Mais, du moment où l’athéisme et ses dissolvantes
conséquences pénétrèrent dans la société, aucune
crainte ne fut capable de retenir ce peuple, puissant
par la guerre, qui, par suite de ses conquêtes , avait
acquis d'immenses richesses.
Nous avons parlé du serment : le serment est un
acte sacré et religieux; c’est une invocation solen—
nelle à la divinité, que l’on prend à témoin de la
vérité du fait que l’on affirme ou de l’exécution d’un
engagement. Chez les Romains, dans les temps hon-
nêtes de la république, rien n’égalait le respect dû au
serment : « Uti lingua nuncupassit, ila jus eslo »,
disait la loi des Douze Tables.
L'histoire nous a conservé un mémorable exemple
de cette fidélité dans ses promesses : Régulus, pour ne
pas manquer au serment qu'il avait prêté aux ennemis
de sa patrie, retourna à Carthage malgré les instances
du sénat et du peuple, malgré les larmes de sa
femme et de ses enfants. La voix de la nature parla
‘moins haut chez lui que la parole donnée, que l’en-
gagement pris à la face de ia divinité. Sa tranquillité
d'âme ne faiblit pas un seul iastant, et cependant il
684 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
n'ignorait pas les supplices qui l’attendaient. Cet acte
s'élève à la hauteur de l'héroïsme, et montre le
respect que les Romains, professaient alors pour les
dieux.
_Les doctrines épicuriennes devaient éteindre, dans
les âmes cette haute idée du: serment. .Quel empire
pouvait avoir sur les Romains de la décadence l'affir-
mation religieuse dès qu’ils admettaient l'existence de
dieux indifférents à l'homme? La lettre de Cicéron à
Atticus dont parle Montesquieu a trait à une abomi-
nable convention faite avec les consuls. I] ne s'agissait
de rien moins que de, fabriquer une fausse. loi et un
faux sénatus-consulte.
.. Bientôt la justice.elle-même.se trouva entravée par
le faux témoignage: , des acquittements scandaleux
furent achetés à prix d'argent. Des compagnies , qui
le croirait? se chargeaient de faire absoudre les cou-
pables. Verrès avait fait marché avec une de ces
entreprises lors de son procès intenté par les Siciliens,
La somme avait été comptée et déposée en mains
tierces. L'énergie de Cicéron, la gravité des charges,
l'évidence, d'une condamnation, firent rompre le
marché. Verrès-reprit. son argent.
-Catilina,. suivant, Salluste, était entouré de gens
qui vivaient. du parjure : « Lingua perjurio alebat ».
- Épicure avait dit que.la volupté doit être le but
final de la vie: les Romains acceptèrent le principe;
mais ils n'admirent pas le commentaire qui rachetait
ce que la doctrine avait, d'odieux. Possesseurs dim
menses trésors, ilsten.firent, un. honteux abus : ils
portaient à l'extrême le dérèglement dans leurs
débauches, dans leurs. festins et dans toutes leurs
MÉMOIRES. 685
dépenses; ils se ruinaient en prodigalités fastueuses ;
ils faisaient aplanir les montagnes, et'couvraient la
mer de constructions: ils demandaient aux terres
lointaines les mets rares et coûteux; puis, ruinés par
ces prodigalités, ils se jetaient dans Te crimé ét les
conspirations, et cherchaïent avec une ardeur immo-
dérée tous les moyens d'acquérir ét de dépenser (4).
Rome devint sous les empereurs la ville la plus
riche en palais, en statues et en objets de prix qui se
verra peut-être jamais : il suffit de jeter un coup-
d'œil sur le plan de cefte ville magnifique restitué
par Piranèse pour être saisi d'admiration.
Bientôt la corruption devint effroÿable. Épicure
avait recommandé d'éviter le mariage, qui crée des
obligations et des embarras : bientôt le nombre des
mariages diminua de telle sorte qu'Auguste s'en
effraya. Ne pouvant forcer les gens à se marier
malgré eux, il ne trouva rien de mieux que de
‘caresser ce penchant à la cupidité qui était si grand
dans le cœur de ses sujets. La loi Pappia Poppæa
n'avait pas d'autre but que de punir les célibataires
et ceux Qui n'avaient pas d'enfants, et d'enrichir du
même coup le trésor public. Il ne paraît pas cependant
que cette loi ait rendu les mariages plus fréquents, ni
la population plus nombreuse. « O Lucine, ‘déesse
puissante, multiplie les enfants de Rome; bénis les
décrets de nos sénateurs sur le mariage; protège
cette loi conjugale qui doit être féconde en citoyens ? »
s'écrie, dans les jeux séculaires, Horace, qui ne
s’enchaîna jamais dans les liens du mariage.
(1) SALLUSTE, Conjuralion de Catilina.
686 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Ceux qui se mariaient ne les respectaient guère :
c'était une trop lourde charge, contraire aux douceurs
de la vie. L'histoire romaine est pleine de scandales
inouïs : on se mariait et on divorçait avec une égale
facilité ; on finissait par se perdre dans le labyrinthe
des généalogies, à chaque instant interrompues.
Auguste donna un exemple bien funeste aux mœurs :
devenu amoureux de Livie, la femme de Tibère-
Néron, il répudia Scribonia le jour même qu'elle
était accouchée d’une fille, qui fut dans la suite la
trop célèbre Julie; puis, sans respect pour les lois de
la bienséance, il épousa Livie, alors enceinte de
six mois.
Caton d'Utique, ce modèle de la vertu antique et
de la fierté romaine, céda sa femme à Quintus
Hortensius. Plutarque nous fait an récit assez
extraurdinaire de cet évènement (1).
Le mauvais exemple était donné par les hautes
classes. Tibère, qui n’était pas un prince très-moral ,
priva de la questure un sénateur qui avait répudié
le lendemain de ses noces une femme qu'il avait
prise la veille.
Cette époque est fertile en célèbres adultères. Les
femmes issues des plus illustres familles donnent
l'exemple de l’impudicité. Suétone et Tacite ont
consigné dans leur Histoire les plus grands noms de
Rome : on y voit les deux Julie, la fille et la petite-
fille d'Auguste; Livie épouse de Drusus; sa nièce
Lepida, qui comptait pour aïeux Sylla et Pompée, et
une foule d’autres, convaincues d’adultère; enfin
(1) PLUTARQUE, Vie de Caton d'Utique; STRABON.
MÉMOIRES. 687
Messaline, la femme de Claude, l’impératrice sans
honte et sans pudeur, que Juvénal a filétrie de
stygmates ineffaçables.
Sous Tibère, le désordre des femmes fut si grand
que le sénat rendit contre elles des décrets sévères :
on défendit à celles qui avaient un chevalier romain
pour aïeul, pour père ou pour mari, de faire trafic
de leur corps; car Vistilia, née d’une famille préto-
rienne, venait de déclarer aux édiles la honte de sa
prostitution , d'après un ancien usage qui regardait
les femmes comme assez punies par l’aveu public de
leurs désordres (1).
Tacite trace de Rome ce court et désolant tableau :
« On vit des cérémonies profanées, les grandes
familles flétries d’adultère, la mer couverte d’exilés,
ses rochers souillés de meurtres, la mort infaillible
partage des vertus, les œuvres de génie brûlées au
forum, comme si on eût voulu étouffer à jamais dans
les flammes et la voix du peuple romain, et la liberté
du sénat, et la conscience du genre humain ».
Quel grand et beau style! Certes l’homme qui a
écrit ces lignes éloquentes avait dû échapper à la con-
tagion, et conserver de saintes croyances. Aussi
Tacite dit quelque part : « Il est un séjour pour les
hommes vertueux; avec le corps ne s’éleignent pas les
grandes âmes ». Sublime et énergique protestation ,
qui s'adresse évidemment à l’école épicurienne !
Élever des enfants et lesnourrir était une charge trop
lourde et contraire aux maximes d'Épicure. Juvénal,
dans la satire des Femmes, dit : « Nos matrones, sur
(1) TACITE.
688 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
leur couche dorée, ne connaissent guère les ennuis
de la maternité, tant sont puissants l’art et les
breuvages de ces mercenaires qui savent rendre
stérile un sein fécond, ou détruire l'humanité dans
son germe ».
Sans doute, dans tous les siècles et dans tous les
temps, on à vu commettre de pareils crimes; mais,
pour qu’un poète ait cru devoir les flétrir, il faut
qu’ils aient présenté un odieux caractère de fré-
quence, et que l’exemple ait été bien contagieux.
Les liens de famille et les liens sociaux étaient fort
relâchés, et cela ne pouvait guère être autrement. La
délation, sous le règne de Tibère, avait pris d’ef-
frayantes proportions. Pour s'enrichir des dépouilles
d’un parent, d’un ami, on ne craignait pas de se
constituer son délateur. Les premiers hommes du
sénat faisaient lâchement ce métier, les uns publique-
ment, et les autres en secret. Un geste, une parole
imprudente, échappés au sein de l'intimité, deve-
naient le sujet d'une accusation de lèse-majesté.
Libon, liè d’une ancienne amitié avec le sénateur
Firmius Catus, fut accusé par celui-ci, et Libon,
effrayé, se donna la mort. Ses biens furent partagés
entre ses acCcusateurs.
Cependant une chose étonna Rome, et la remplit
d’indignation ; car il semble que le vice lui-même ait
sa pudeur : un père fut accusé par son fils, et Tacite
a livré à la postérité le nom de cet enfant parricide :
il s'appelait Vibius Serenus.
_ Parlerai-je des goûts sanguinaires que les Romains
apportaient dans leurs jeux et leurs plaisirs ? Suivant
les lois ordinaires du cœur humain corrompu, la
MÉMOIRES. 689
cruauté est l'accompagnement de la luxure. Les
voluptés sont homicides, et la chair aime le sang. Ce
sera toujours un effroyable problème, un incom-
préhensible symptôme de la dégradation des âmes,
que cette joie placée dans ce qui nous épouvante et
nous repousse. La foule se portait avidement au
cirque pour voir des hommes s'entretuer, ou pour
surprendre les derniers frémiséments des martyrs
livrés aux bêtes. Après une nuit de débauches, il
était d’un extrême bon ton de donner le Spectacle
d’un combat de gladiateurs : l'ivresse du $ang se
mêlait alors à l'ivresse du vin.
J'ai fini, Messieurs , et n'ai qu'un mot à dire sur les
empereurs romains, cés chefs d'État qui comman-
däient un peuple immense, et qui devaient au monde
Pexémple de la‘ modération et de la vertu. S'il me
fallait citer les crimes abominables d'un Tibère, d'un
Caligula, d’un Néron, d’un Domitien, d’un Hélio-
gabale, de tous ces tyrans que l'humanité a pu
supporter, parce qu’elle avait plus la conscience de
sa dignité, de Sa forcé ét de ses droits, cette étude
prendrait la proportion d’un livre. Quand on lit dans
Suëtone, le: plus complet des historiens sur. cette
matière, 16S traits monstrueux dé Les honteuses
existences , le livre tombe des mains; on se sent pris
de fougeur, et l’on hésite à croire que l’homme aït pu
sé dégrader ainsi. RM |
Et Cependant le Sénat'romain divinisait ces em
pereurs ‘on leur dressait des autels, et une foule
tremblante faisait fumer pour eux cet encens qui
Wappartient qu’à Dieu. |
‘Quelque chose doit néanmoins étonner en présence
x dm a 44
690 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de ce douloureux abaissement : les armées romaines
continuèrent long-temps leurs succès, seul exemple
peut-être qu'on puisse signaler parmi les nations
amollies par les richesses, le 1nxe et la volupté; elles
surent conserver toute leur héroïque valeur. Et, si
on trouve parmi elles moins de discipline et plus d’in-
subordination, au moins conservèrent-elles l’amour
du drapeau et celui de la gloire. « Aïnsi, dit
Montesquieu, les vertus guerrières restèrent après
qu'on eut perdu toutes les autres. »
Conclusion.
Nous sommes arrivé à la fin de nos preuves, et il
nous semble que nous avons démontré que l’école
épicurienne est une des principales causes de la déca-
dence de l'empire romain. Qu'il nous soit permis de
nous résumer en quelques mots.
Nous l'avons dit : Dieu a déposé dans le cœur
humain un besoin naturel de croire, de prier,
d'espérer; notre faiblesse sent vivement la nécessité
de s’appuyer sur quelque chose de plus fort, de plus
élevé, de moins périssable que ce qui frappe nos sens.
Nous éprouvons parfois de vagues aspirations vers
l'infini, et tout notre être se révolte contre la pensée
du néant.
L'histoire nous montre que les peuples ne peuvent
pas vivre sans religion. La religion fait le peuple à
son image : quand elle est forte, et s'appuie sur un
sacerdoce respecté et un culte public, elle sort des
temples, et constitue la cité de la terre à l'exemple de
MÉMOIRES. 691
la cité du ciel. Vient ensuite le mariage, qui, suivant
l’heureuse expression de Vico, est la première et la
plus noble des amitiés. C’est la religion qui détermina
les hommes à former une union régulière et aussi
durable que la vie, celle du mariage, d’où dérivent
le pouvoir paternel, et, par suite, tous les pouvoirs.
Par cette union se trouva fondée la famille, qui est le
berceau des sociétés.
La secte épicurienne attaqua ce double fondement,
ces deux pierres angulaires de l'édifice social; elle
détruisit la religion païenne, et mit à la place
l’athéisme et un matérialisme poussé à ses dernières
conséquences ; elle dégrada le mariage; elle atteignit
la famille, et relâcha les liens du sang.
Cependant la Providence veillait sur l'humanité :
au moment où l’homme était le plus abaissé, une
grande et sublime nouveauté cheminait dans le
monde.
Du fond de la Palestine, de ville en ville, un
culte inconnu grandissait. Celui-là n’était pas le culte
du plaisir ni celui d’un orgueil effronté : il prêchait le
renoncement, la résignation, la charité, l'espérance
d’une vie future.
Il ne déifiait pas l’homme : il le consolait ; il ne lui
montrait pas la vie comme le but et le terme de nos
destinées : il entrouvrait les cieux, et- lui montrait le
royaume glorieux et impérissable de l’avenir.
Lorsque le Christ laissa tomber de ses lèvres divines
ces paroles si touchantes, si pleines d’une ineffable
douceur : « Bienheureux ceux qui pleurent, car ils
seront consolés ! » la véritable solution du problème
de la destinée était donnée.
692 _ CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
La religion chrétienne ne promet pas le bonheur sur
la terre, car la vie est une épreuve, et le premier et
le dernier cri de l’homme sont des cris de douleur.
Elle ne dit pas : « Heureux les riches et les puissants !»,
elle dit : « Heureux ceux qui souffrent! heureux les
persécutés et les faibles! »; et c’est par là qu’elle est
véritablement grande et vraie. Elle parle au cœur de
l’homme pour le consoler et pour le fortifier contre
l’adversité.
Entrez dans une église : vous n’y verrez pas la
glorification des passions terrestres. Tout y retrace
l’image de la douleur et du sacrifice. Sur l’autel, au
milieu des pompes du culte, du chant des prêtres, de
l’encens qui fume, s'élève la croix, la croix sur
laquelle est mort l'Homme-Dieu. C’est à cette repré-
sentation du sacrifice par excellence que s'adressent
les hommages et les prières des fidèles.
Un des plus grands bienfaits du christianisme a été
de relever l’humanité dégradée, avilie, de la sauver
du délire des sens, et de lui montrer ses devoirs et ses
droits. Le rationalisme l'avait égarée; la révélation
rendit au genre humain la conscience de sa grandeur
et de ses destinées futures.
De l'onde salutaire du baptême devait sortir
l’homme régénéré et grandi.
L'Évangile avait sauvé le monde!
COURTE DISSERTATION
A PROPOS D'UNE PHRASE
INSÉRÉE DANS LES (ANNALES ARCHÉOLOGIQUES »
RELATIVEMENT
À LA PRONONCIATION DE LA LANGUE GRECQUE ,
PAR M. Cu. DES MOULINS,
Membre de l’Institut des provinces et de l’Académie impériale des
Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, ete.
« Les personnes qui croient , et nous sommes de ce nombre,
que la prononciation du grec moderne est la prononciation
ancienne, et non celle qu'Érasme a inventée, remar-
queront , etc. »
(Drorox, Couvent d'lvirôr (Mont-Athos), zn
« Annal. archéolog. », 4858 , T. XVII , p. 122.)
Soit béni mille fois M. Didron pour m'avoir fourni
le texte de cette consolante épigraphe, qui fait mon
bonheur et mon orgueil depuis l'instant où je l’ai lue
dans les Annales archéologiques de l'an dernier ! J'aurais
voulu ne point tarder à donner cours à l'expression
694 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
de ma joie; mais je n'ai pu trouver jusqu'ici le loisir
de le faire.
Ce que je dis là pourra paraître singulier par le
temps qui court, dans un siècle où l'unique affaire est
d'emplir la marsoupe : si bien que tout homme qui
n'est pas payé à l'heure comme un cocher de fiacre
passe dans le monde pour #’avoir rien à faire. Mais
cela n’en est pas moins vrai, et ceux-là le com-
prendront dont la vie est consacrée au travail de
l'intelligence, et qui, sachant bien que les heures de
labeur ne vont pas leur rapporter tant pour cent
d'intérêt pour chacune d'elles, ne laissent pas de
s'appliquer avec ardeur à la tâche qu'ils se sont
imposée.
Grâce à Dieu, il est encore un bon nombre
d'hommes qui aiment le travail pour lui-même et
pour l’acquittement de cette grande dette qui nous
incombe à tous! Tant de gens en laissent accumuler
les arrérages, et finissent par mourir insolvables, que
c'est un vrai bonheur de se savoir porté au rôle des
volontaires du travail, et toute mon ambition consiste
à ne pas mériter d'être rayé de la liste... Voilà
pourquoi je n’ai pas trouvé le temps d'écrire plus tôt
ces quelques pages.
J’entre en matière.
Le précieux texte que j'ai emprunté à M. Didron est
la première compresse d’huile et de vin qui ait été mise
sur une plaie dont la date approche, pour moi, d’un
demi-siècle,
« Car j'ai toujours été nourri par feu mon pére
Dans la crainte de Dieu, Messieurs, et des huissiers ».
MÉMOIRES. 695
Il y a, dans l'espèce, deux variantes à apporter à
cette citation :
Et d’abord, au mot hwssiers il faut substituer le
nom de disciples d'Érasme, de ces PROTESTANTS en
matière de Lettres qui se sont insurgés, à la suite de
leur maître, contre la tradition héréditaire et locale
qu'ont conservée les Grecs modernes. C’est absolument
la même chose que Luther découvrant un beau jour
que l'Église romaine a frelaté la tradition catholique,
et qu'il faut rendre au dogme sa pureté adultérée
pendant les siècles qui touchent du plus près aux
temps apostoliques.
Ces enfants d’Érasme, ce sont aujourd’hui tous les
hellénistes, tous les professeurs, tous les savants, tous
les fabricants de français à l’usage des sciences et de
leurs applications : ce sont, par conséquent, tous les
séminaristes, tous les laïques qui veulent un peu se
barbouiller de grec, et jusqu'aux innocents agneaux
de l’enseignement secondaire... C'est, en un mot,
tout le monde, hélas! excepté moi, que je sache,
excepté aussi M. Didron, mon charitable Samaritain !
Mais abandonnerons-nous pour cela notre dra-
peau, nos intimes convictions? Non! me répondrait
assurément M. Didron; et ma voix solitaire lui fait
écho : Non ! MILLE Fois Non! Pourquoi cèderions-nous
quand nous avons en notre faveur la possession
ininterrompue, et quand nous sommes en présence
d'arguments dont la date première est si près de
nous ?
J'entends d'avance les cris que pousseront les
Érasmiens s'ils daignent s’apercevoir que nous mettons
en question l’infaillibilité de leurs prétentions. Ils se
696 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
récrieront sur la possession ininterrompue dont je viens
d’arguer : il faut donc que je la mette hors de doute.
Certes je ne veux ni penser ni dire que l’ancien
chanoine régulier de Saint-Augustin, le docteur en
théologie, le quasi-cardinal de la sainte Église ro-
maine ait ignoré ce que je vais vous rappeler,
Messieurs. Cela se trouve dans un livre que quelques
académiciens, universitaires ou professeurs même
très-savants de nos jours, peuvent fort bien n'avoir
jamais lu ou avoir oublié, mais dont, au temps
d'Érasme, aucun lettré ne se serait dispensé de savoir
parfaitement le contenu.
Érasme donc savait que, à la messe et aux litanies,
on chante KYRIÉ ÉLÉISON , et non pas Kurié élééson. Il
savait que, à l’adoration de la Croix, le vendredi-
saint, on chante AGIOS ISCHYROS, ÉLÉISON IMAS, et
non pas Agios ischuros, élééson émas. Il savait que les
Romains disaient Æ@vyprus comme nous disons Égupte,
et non pas Aÿgupios ou Aïgyple (1).
Les différences de prononciation des consonnes n'ont
pas en celle malière la même gravité que celles des
voyelles, parce qu’elles dépendent du dur et du doux,
que des contemporains emploient ou n’emploient pas
selon les dialectes locaux : témoin le kien, le kène et la
chument, que les Normands d'aujourd'hui nous
donnent au lieu de chien, de chéne et de jument,
tandis qu'ils disent, comme nous, cheval et chaîne
(1) Ce dernier exemple n’a de valeur que relativement à la
prononciation des diphthongues &,: d’après la grammaire de
Furgault; mais Gail croit que « se prononcait comme Æ des
Latins, comme notre È ouvert.
MÉMOIRES. 697
(catena). Ce n’est donc pas comme changement absolu
que je considère Téos et Atanatos chantés aujourd’hui
par l'Église en France, au lieu de faire gliser la
langue entre les dents d’arrière en avant, comme
pour le th anglais, qui est le vrai 3 et le vrai 6 grecs,
selon qu'on le prononce dur ou doux. Ce n’est là
qu’une corruption dans l'esprit (si l’on peut employer ce
mot en matière de consonnes). Je n’attaque cette pro-
nonciation que par des motifs d’euphonie, comme on
le verra plus bas, et j'ajoute que les d, t, g, s, etc.,
durs peuvent avoir leur source soit dans une sorte de
taquinerie tudesque à la façon des Alsaciens, qui disent
engomprer pour encombrer, soit dans les difficultés
personnelles, et devenues ensuite nationales, que la
prononciation offre parfois, et dont les Chinois, qui
ne peuvent prononcer le r, nous fournissent un
exemple célèbre. Parmi nous il y a bien des gens qui
ne réussissent pas davantage, faute d'habitude de
jeunesse , à prononcer correctement le th anglais (4),
et je me souviens toujours des plaisantes grimaces de
mon respectable professeur de seconde, qu’un décret
impérial contraignait à « enseigner le grec » au lycée
à compter du 4° janvier suivant. Il ne l'avait que
peu ou point appris, et j'étais insolemment heureux
de lui donner des lecons (sans aucun succès toutefois!)
sur la douce et vraie porno du 6, que je
n’avais eu aucune peine à apprendre, car . suis né
en Angleterre.
(1) «Les Français ont bien de la peine à prononcer cette
lettre 6, qu’ils confondent avec le r. Z! paraît (sic)... qu'il
faut donner un petit coup de langue sur les dents supé-
rieures », etc. (Grammaire de Furgault, p.53.)
698 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Je reprends. Érasme savait donc parfaitement ce
qu'on chante à l’église; mais il n'attribuait pas à cet
usage la valeur qu'on doit lui accorder, parce qu'il
ignorait ce que les études archéologiques nous ont
appris, — ce que M. Didron a si complètement cons-
taté dans son voyage en Grèce et dans sa traduction
du Guide de la Peinture, — à savoir que l'Orient est,
en toutes choses, le pays-modèle pour l’immobilité :
le temps y passe comme s'il ne passait pas, et sans
laisser aucune trace sur ce qui n’est pas bouleversé
par la violence.
Or ce n’est pas la conquête turque apparemment
qui a importé en Grèce la prononciation actuelle,
puisque la destruction de l'empire grec date du
xv*® siècle, et puisque la prononciation commune à
l'Église romaine et aux Grecs modernes est antérieure
au grand schisme d'Orient, dont la consommation
appartient au x1° siècle sous saint Léon, et l’origine
au 1x° sous Benoît III.
Posons donc sous la forme syllogistique les consé-
quences qui découlent de ces dates.
L'Église romaine change le moins qu'elle peut les
anciens usages , et les Grecs modernes, en leur qualité
d'orientaux, n’y changent jamais rien.
Or l'Église romaine et les Grecs modernes pro-
noncent également Kyrié éléison, et non Kurié élééson,
etc.
Donc l'upsilon d'Érasme se prononcait épsilon à
Athènes comme à Rome au 1x° siècle, et la même
raison subsiste en remontant jusqu'au temps de saint
Paul, jusqu’à l’origine du christianisme.
Voyons maintenant si la conquête romaine aurait
MÉMOIRES. 699
imposé aux Grecs l’# au lieu de l’u, et l’é au lieu de li.
Mais qui oserait dire que les Romains ont jamais
proféré ce son w qu’on pourrait appeler innaturel, ce
son que les langues tudesques avouent implicitement
provenir de l'émission sifflante et prolongée de li (51)?
Les Romains avaient cinq voyelles comme nous, et
leur w se prononçait ou, puisque la diphthongue ow
N’EXISTE PAS dans leur langue, et puisque la voix ow
est l’une des plus naturelles à l’homme de tous les
pays et aux animaux.
Tout le monde en convient : l'ëmplent ouloulatibous
ourbes de Virgile est un bel effet d'harmonie imita-
tive : en serait-il de même si les w, qui y figurent
seuls, étaient prononcés comme en français ?...… Nous
qui admirons avec raison la {arlarea tromba du Tasse,
n’allons pas faire de Virgile un versificateur de
hasard, ou ne l’accusons plus d’avoir cherché une
imitation phonique là où elle ne se trouvait pas!
Les Romains n’ont donc pas importé l’u en Grèce, et
je crois, avec quelques littérateurs, qu'aucun peuple
de l'antiquité n’a connu nos vilains sons w, eu et an.
Descendants directs des Romains, et habitant le même
sol, les Italiens d'aujourd'hui ne les connaissent pas
davantage, et leur position est absolument la même
que celle des Grecs modernes à Athènes. Ne serait-il
pas singulier qu'ici on eût conservé intacte la tradition
du langage des ancètres, tandis que là on l'aurait
abandonnée ? |
Vous voyez, Messieurs, que je me suis abstenu
d’invoquer la tradition qui faisait des colons troyens
les pères, au moins en collaboration, des peuples du
Latium; c’est beau, n’est-ce pas, de la part d’un
700 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
homme qui cherche à faire prévaloir une idée! Mais
j'aime mieux être raisonnable, et perdre une des
cordes de mon arc : avouez que celle-là eût été bien
belle !
Je sais que les partisans de la disjonction se sont
appuyés sur l'existence de la diphthongue ov pour
prétendre qu'il fallait bien que les Grecs eussent un
autre son à rendre par v, sans quoi il y aurait double
emploi pour ou, et triple ou même quadruple emploi
pour :; le même argument est employé pour », dont
il font 6. Mais n'y a-t-il pas, avec les mêmes modifi-
cations {selon Gail), double emploi pour :, «, comme
pour o, w, et serait-il bien extraordinaire qu'il y eût
un quintuple emploi pour à, danse, n, æ, «,v? Les
Chinois, qui sont aussi un bien vieux peuple,
appellent ma une quantité de choses différentes, et la
nuance seule dans l'émission de l’a leur suffit pour se
comprendre entre eux.
Faudra-t-il croire que les Grecs prononcaient ow leur
v? On dirait que c’est là l'opinion de Noël, dont le
Dictionnaire latin-français contient ces seuls mots
sous la rubrique de l’y : « Voyelle grecque que les
Latins ont remplacée par l’u ». Voyez où cela nous
mène, si j'ai bien prouvé toutefois que les Latins ne
connaissaient pas notre voix w! Nous serions plus loin
que jamais de l’; et d'ailleurs, l'appellation tradi-
tionnelle 2 grec signifie grammaticalement que la lettre
en question se doit prononcer ? en grec, car l’épsilon
n’est pas essentiellement l’i de la langue grecque,
puisqu'elle a l’iota.
Permettez-moi maintenant, Messieurs, de revenir
sur la deuxième variante que j'ai annoncée dans ma
MÉMOIRES. 701
citation des Plaideurs. Les mots feu mon père ne doivent
pas s'entendre de mon père selon la nature, mais de
mon père selon le grec. C'était un Grec de nation,
nommé Démétrius Zacharie. Je l’avais eu pour maître
pendant deux ou trois ans, et il retourna dans son
pays tout juste après m'avoir mis en état de traduire
les deux premiers vers de l’Iliade. Je l'avoue à ma
honte, je ne suis pas ou je ne suis guère allé plus
loin, mais les auteurs plus faciles que Démétrius
m'avait fait traduire jusqu'alors avaient bien fourni
à son animadversion patriotique contre les Érasmiens
l’occasion cent fois répétée de réveiller en moi ce
besoin d'harmonie qui, pour l’enfant d'hier, remplace
aujourd’hui le besoin de tapage, et de faire sentir
à ma jeune intelligence et à mon oreille, — alors
délicate, — l’ample et suave majesté de « la plus
belle et de la plus riche de toutes les langues »
(Avertissement de la Grammaire de Furgault, édition
de 1789), quand toutefois on la prononce comme les
Grecs actuels, — et, par contre, la sècheresse, la
dureté inharmonique et barbare de ce langage défi-
œuré par les savants de la Renaissance.
La mélodie se contente de peu de sons divers;
l'harmonie en veut davantage, et les consonnes
douces et lourées lui apportent le tribut d’un élément
puissant. Je l'ai déjà dit en passant : Téos et
ATANATOS n’ont d'harmonie que ce que leur en
donnent leurs voyelles; leurs consonnes sont dures
et arides.
Entendez le sublime aveugle, qui chante le premier
vers de son Iliade :
702 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
« Minin aïdé déa Pyliadéd Axiliôs; »
puis prêtez l'oreille à la traduction barbare :
« Mênin aéïdé téa Péléïadéô Akiléôs..…. »
Ne vous semble-t-il pas entendre le premier vers
des Églogues déclamé par un fils d’Albion, au grand
détriment des spondées et surtout des dactyles
« Titairi, tiou pétioulé rikeubenns seub tegmâïni fedjâi!!! »
On pourrait étendre et compléter cette discussion
et ces exemples; mais je suis trop près du bout de
mon grec pour le tenter. Aussi bien vous devez être
un peu las, Messieurs, des Grecs et des Romains : je
vais vous en délivrer en mettant fin à une commu-
nication qui peut-être vous a déjà paru trop
longue (1).
(1) Depuis que ce petit travail a été lu au Congrès de Li-
moges, j'ai appris qu'un Grec nommé Minas Minoïde a publié
à Paris, en 1827, un ouvrage dans lequel il démontre d’une
manière irréfragable, à l’aide de textes explicites des auteurs
grecs, et nommément de Platon, que la prononciation des
Grecs modernes est exactement celle des Grecs anciens.
L'auteur cite particulièrement le double sens de la réponse d’un
oracle, double sens qui n'existe que moyennant l'emploi de la
prononciation des Grecs modernes.
Ainsi, depuis 1827, les corps enseignants sont bien et
dûment avertis de la fausseté des règles érasmiennes sur cette
matière. Ils travaillent sans doute très-activement à en
MÉMOIRES. 103
avertir à leur tour le public, et nous devons nous attendre
chaque jour à voir promulguer par eux la solennelle condam-
nation de ces règles trop long-temps observées. En effet, on
ne saurait admettre que, promoteurs jurés de toute lumière
scientifique, ils en laissassent, par négligence ou par
système, quelqu’une sous le boisseau.
Cela étant, mon amour-propre est mis à l’abri de la tenta-
tion de croire que les arguments présentés dans cet opuscule
auraient pu avoir quelque influence sur une si importante et
si souhaitable déclaration.
Mais il n’en est pas moins triste de constater que certaines
notions erronées ont fait leur chemin sur notre planète
avec une rapidité presque éélégraphique , tandis que les corps
enseignants les plus illustres du monde scientifique auront
eu besoin de 32 + x années pour dresser procès-verbal de la
victoire d’une vérité sur une erreur!
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Re j Le NÉ TES és.
LISTE
DES OUVRAGES OFFERTS
AU CONGRÈS SCIENTIFIQUE.
MM.
ARDANT !{ MAURICE). — Les méreaux des églises de Limoges
(article extrait de la Revue numismatique de 1851), avec
planche.
AUBERT (l'abbé). — Instruction sur la restauration, l’en-
tretien et la décoration des églises, in-8. ;
BARDY (GUSTAVE). — De la situation présente de l’ordre de
Malte, in-8.
BARUFFI. — Opuscule sur les environs de Turin.
BESTY (A.). — La renaissance monumentale en France, in-4.
BLEYNIE. — De la natureet du traitement de la mort appa-
rente du nouveau-né, in-8.
BODIN (J.). — La culture et la vie des champs, in-12.
Éléments d'agriculture appliqués au département d'Ille-et—
Vilaine , in-12.
IT. 45
706 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Lectures et promenades agricoles pour les enfants des écoles
primaires , in-18.
Rapport pour l'examen de la question des céréales, in-8.
BOUILLET. — Description de la Haute-Auvergne, in-8.
Topographie minéralogique du département du Puy-de-
Dôme, in-8.
Dictionnaire des lieux habités du Puy-de-Dôme, in-8.
Statistique monumentale du Puy-de-Dôme, in-8, avec
atlas in-4.
Histoire des communautés des arts et métiers de l’'Au-
vergne.
Dictionnaire héraldique de l'Auvergne, in-8.
BOURDIN. — Application du drainage à l'épurement de l'eau
des mares , in-8.
CARLIER. — Notice historique sur le scel communal, les
armoiries et les cachets municipaux de la ville de
Dunkerque.
CAUMONT (DE). — Cartes géologiques du département du
Calvados et de celui de la Manche (parties nord et sud).
Rapport verbal fait à la Société Française, in-8.
Essai sur les poteries romaines découvertes au Mans en
1809, in-4.
Notes sur les murs gallo-romains de Dax, in-8.
Topographie tellurique et carte agronomique, in-12.
Rapport sur la Société Linnéenne du Calvados, in-8.
Cartes agronomiques en France, in-4.
Première série des mémoires de l’Institut des provinces.
COUSIN. — Trois voies romaines du Boulonnais , in-8.
DAUDY { ALEXANDRE). — Hygiène de la bouche.
DELOR (l'abbé). — Un mot aux familles, in-8.
OUVRAGES OFFERTS. 707
Discussion du rapport de M. Thiers Sur la liberté de l'ensei-
gnement, suivie de deux discours sur la même question ,
in-8.
Felletin, poésies d'un collége chrétien de 1836 à 1853,
recueillies par l'abbé H. Delor, in-18 anglais.
Conférences sur la religion , in-18.
DEMETZ. — Situation de la Maison paternelle connue sous le
nom de Colonie agricole de Mettray.
ESCAYRAC DE LAUTURE (D’)}. — Notice sur le Darfour et
sur le voyage de M. le docteur Cuny dans cette contrée.
GAULTHIER DE RUMILLY. — Musées d'arts et d'industrie ,
rapport, in-4. s
GAYET. — Jre lettre géologique adressée à l'Académie des
Sciences , in-8.
GIDE. — La France monumentale.
GOURGUES. vicomte (DE). — Réflexions sur la vie et le
caractère de Montaigne, à l'occasion de son manuscrit
d'Éphémérides , in-8.
Sur quelques questions relatives à l’époque celtique, in-8.
Découverte d’une sépulture gauloise aux environs de Ber-
gerac , in-8.
GRIGNARD (ÉMILE). — Plan topographique de la ville de
Limoges.
D'HUGUES (GUSTAVE). — Essai sur l'administration de
Turgot dans la généralité de Limoges , in-8.
JOMAR ( L.-J.-P.). — Observations sur le cadastre général,
in-8.
LABORDERIE ! le docteur). — De la fièvre puerpérale, in-8.
708 CONGRES SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
LE BESCHU DE CHAMPSA VIN. — Rapport fait au nom de la
commission départementale d'agriculture et d'industrie
d'Ile-et-Vilaine pour l'examen de Ja question des
céréales.
LEFLOQUET (A.). — Aux antiquaires apres le manifeste de
l'Académie des Beaux-Arts , in-8.
LIESVILLE (DE). — De la décadence de l'art dramatique,
in-12.
Examen critique de la théorie de M. Fravière , in-8.
Guide du voyageur à Bagnolet-les-Eaux (Orne).
Catalogue des mollusques vivant aux environs d’Alencon,
in-8.
LONGUEMAR (DE). — Étude sur la circulation des eaux
superficielles et souterraines dans le département de la
Vienne, in-8.
Le monde antédiluvien aux portes de Poitiers, in-8.
Essai historique sur l’église royale et collégiale de Saint-
Hilaire-le-Grand de Poitiers, in-8.
Discours sur les souterrains-refuges découverts dans
l’ancien Poitou, in-8.
Mémoire sur la question des subsistances , in-8.
Rapport sur une inscription tracée sur une lame d'argent,
in-8.
MAHIAS. — Compte-rendu des travaux de la Société centrale
d'Horticulture d’Ille-et-Vilaine pendant l'année 1858,
in-8.
Almanach populaire de la Bretagne pour l’année 1857, in-16.
MALAGUTI. — Cours de chimie agricole professé en 1857,
1858 et 1859 à la faculté des sciences de Rennes, in-12.
MANCEL (G.). — Extrait des séances de la Société d'Agricul-
ture et de Commerce de Caen , in-8.
OUVRAGES OFFERTS. 709
MOULINS (CHARLES DES). — Catalogue des phanérogames
de la Dordogne, 4e fascicule , in-8.
Comparaison de la Gironde et de la Dordogne sous le rapport
de leur végétation spontanée et de leur culture, in-8.
Études org ganiques sur les cuscutes , in-8.
Résumé du livre de M. Carrière : Les Hommes et les Choses en
1857, in-8.
Lettre au président de la Société Géologique de France sur
une variété de silex du midi du Périgord , in-8.
Documents sur la naturalisation en France du ee digi-
taria, Laterr., in-8.
Erythræa et C'yclamen de la Gironde, in-8.
Sur les chrysanthèmes d'automne de nos jardins, et sur
quelques plantes qui leur sont congénères , in-8.
De la propriété littéraire en matière de nomenclature
scientifique, in-8.
Discours sur l’évolution des forces vitales dans la nature }
in-8.
Du travail scientifique , in-8.
Note Sur les feuilles du scirpus lacustris, L., in-8.
Discours de séance publique sur la maladie de la vigne,
in-8.
Lettre à M. le docteur Montagne sur la maladie de la vigne ,
in-8.
Note sur le sisymbrium bursifolium, Lapeyr., in-8.
Une visite au berger des Eaux-Bonnes, in-8.
Rapport à la Société Française sur les églises de Saint-
Eutrope de Saintes et de Saint-Junien , in-8.
Rapport au Congrès de 1852 sur quelques monuments de
Toulouse, in-8.
Rapport à l'Institut des provinces sur le mouvement scien-
tifique, archéologique et littéraire dans la Gironde de
1855 à 1857.
Documents sur la faculté germinative conservée par
quelques graines antiques, in-8. d
Esnandes et Beaumont-du-Périgord, analyse comparative
de deux églises fortifiées du x1ve siècle, in-8.
710 CONGRÈS SCIENTIFIQUE DE FRANCE.
Protestation au sujet de l'enceinte romaine de Dax, in-8.
Les savants voyageurs à Bordeaux , in-8,
Rapport sur la visite de quelques monuments de Toulouse ,
in-8.
Séances publiques d'hiver de la Société Linnéenne de
Bordeaux , in-8.
OTEPPE DE BOUVETTE (ALBERT D’). — Essai de tablettes
liégeoises , in-12.
Puissance de la pensée pour remuer Ja poussière des siècles ,
in-12.
PICTET. — Lettre à M. de Longuemar au sujet de l'inscription
gauloise sur une plaque d'argent récemment trouvée à
Poitiers, in-8.
ROY-PIERREFITTE (l'abbé). — Les religieuses du Saint-
Cœur-de-Marie à Obasine, in-8.
SAUVAGE. — Légendes recueillies dans l'arrondissement de
Mortain, in-12.
TUDOT (EDMOND). — Carte des voies romaines du départe-
ment de l'Allier, avec texte, in-4.
Ouvrages offerts par divers auteurs.
Bulletins de la Société de Médecine et de Pharmacie de Ja
Haute-Vienne, 1859.
Comité médical des Bouches-du-Rhône , 1859.
Conseil général du département de la Haute-Vienne,
session du 22 avril 1859.
Congrès des délégués des sociétés savantes des dépar—
tements : sessions de 1852.
Annuaire des cinq départements de l'ancienne Normandie ,
1859.
OUVRAGES OFFERTS. 141
De la régénération des sociétés savantes en général et des
sociétés de médecine en particulier , 1852.
Projet de réorganisation des gardes-champèêtres, in-8.
Du rouissage du lin, du chanvre et de l'ortie de Chine,
procédé de M. Louis Terwangne, in-8. ;
Mémoire sur le commerce de la boucherie de Paris et de la
banlieue, in-4.
Nouvelles broches de filature de F. Durand, in-8.
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TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS LE SECOND VOLUME.
MÉMOIRES DE LA TROISIÈME SECTION.
Note sur la conformation particulière de la tête observée
en Limousin, par M. BLANCHARD.....................
De l'influence de l'exercice à pied et au grand air dans
quelques cas de phthisie pulmonaire en Limousin, par
NL EMAIS TI ae me ma ace) MN EEE IL N
Recherches sur le rhythme et les mouvements respira-
HDITES,, .DALM. MANDON ae m8 où a ee er tata a 0 D LL AMONT Nes
Quelques mots sur la dixième question du programme de
médeeine, par MC CANGELONAI LEE CE, 10 Te
Note sur le traitement de la fistule lacrymale par le clou
de Scarpa modifié, par M. C. BOULLAND...............
Rapport de la commission nommée pour assister à des
expériences de crânioscopie faites par M. le docteur
Riboli (de Turin), par M.G. BOUDET, rapporteur......
Traitement de la fracture du col du fémur sans appareil,
DArIMS. MANDON:.. SRE RAR. SÉRIE LE He Rae
Deux observations de hernies étranglées guéries sans
opération, par M.J.-B.-P. BRUN-SÉCHAUD............:
Un mot sur les fièvres intermittentes en Limousin, par
NL EMDAIS TRE eee code eee ecoute RÉ ASP A AR SE
l'age
71
82
744 TABLE DES MATIÈRES.
Étude sur le traitement de Ja diphthérie. — Influence de
l’iodure de potassium sur cette affection, par M. THOU-
MENED sole ee ee or EC LEL EC DATO CPC noue ter
De l'évidement des os, par M. J.-B.-P. BRUN-SÉCHAUD...
Statistique de la commune de Pierre-Buffière {Haute—
Vienne), par M. A. DÉPÉRET-MURET.........,.,......
MÉMOIRES DE LA QUATRIÈME SECTION.
Ca
Réponse à la première question du programme, par
M: abbé ARBELLOT............ oder ete neNines Ah
Documents inédits sur l’apostolat de saint Martial et sur
l'antiquité des Églises de France, par M. l'abbé
NRBETO ID 0 etats iele.s etaeusieie jette a or poe do es aie sise
Observations sur la rédaction des statistiques archéo-
logiques locales , par M. LE TOUZÉ DE LONGUEMAR....
Note sur une série de dolmens et de menhirs échelonnés
sur la rive droite du Clain et sur les bords de la
Charente, dans l’ancien pays des Pictons, par M. LE
LOUZÉHADE LONGUBMAR:. dau ai ee a BELLE
Notice historique sur l’abbaye de Solignac, par M. l'abbé
ROY-PIERREEITTE, accus caille ais nd UNS RAM... LEE. . HE
Liste de monétaires limousins sous les rois francs méro-
vingiens , et de monnayeurs de Limoges sous l’ancien
régime, par M. Maurice ARDANT........eee.ede...cte
Liste des argentiers-orfèvres (auwrifabri) du moyen âge
et de la renaissance, et des émailleurs de Limoges, par
M. Maurice ARDANT........ HEURE ROME. 90 NME
La cité de Limoges, par M. Maurice ARDANT............
Liste chronologique et numismatique des vicomtes de
Limoges, par M.Maurice ARDANT. ....... sata dalolde oh.
Numismatique mérovingienne, par M. Maximin
DEFOCHE.. 2.616.060 TORRES Lee L M MR ONE
Les émaux d'Allemagne et les émaux limousins, par
NP IPN ER NET EL ere or emeterat ei eltee ctauoietqermncee ea ET elle
Page
93
106
119
130
136
214
219
269
273
296
305
TABLE DES MATIÈRES. 7145
Découverte de faïences fabriquées à Limoges dans la
re moitié du xvrrre siècle, par M.‘E. BOUDET..........
Tombeau de Bernard Brun, évêque de Noyon et
d'Auxerre, par M. l'abbé ARBELLOT...................
Mémoire sur le monument connu sous le nom de Bon
Mariage, par M: Yabbé TEXIER. .. ......:....:.........
De l'existence en Gaule, au temps de la conquête, de
deux peuples lémoviques, par M. Maximin DELOCHE...
Géographie historique. — Le Limousin et ses subdi-
visions, par M. Maximin DELOCHE....................
Une ville déshéritée (par M. le docteur Wahu), rapport
DAMON -ADES MOULINS Sc ue De aan tte some menlie
Encore un mot sur l'enceinte romaine de Dax, par
MGR DES MOULINS nent as ns te cree ne RER
MÉMOIRES DE LA CINQUIÈME SECTION.
Mémoire sur les études psychologiques, par M. A. DE
SRG ER OR ER LS es cute o ce © one
Aperçu philosophique sur la musique, par M. Paul
PCR EIRE 2 ER RL, LL. Mr
Danger de séparer la morale du sentiment religieux, par
MA COURCONNATS AREA DER
De l'influence de l’école épicurienne sur la décadence de
l'empire romain, par M. E. BUISSON DE MAVERGNIER..
Courte dissertation à propos d’une phrase insérée dans
les Annales archéologiques relativement à la prononcia-
tion de la langue grecque, par M. Ch. DES MOULINS...
Liste des ouvrages offerts au Congrès scientifique. ......
LIMOGES. — IMPRIMERIE DE CHAPOULAUD FRÈRES.
397
451
660
693
705
ERRATUM.
T. Ier, p. 496, rétablir ainsi la dernière phrase de la page :
« Celles de nos rivières, de nos ruisseaux torrentiels, sont
peu nombreuses; elles fréquentent plus volontiers les étangs,
les pêcheries, les fontaines, les rigoles des prés... , ete. »
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