DELA
NATURE,
ET DES CAUSES
DELA
FIÈVRE ;
DU LEGITIME USAGE
de la Saignée & des Purgatifs,
Avec des Expériences fur le
Quinquina , & des Réflexions
fur tes effets de ce Remedc.
Par M. MINOTj Docteur en
Médecine.
.SECONDE EDITION,
ic v eue & augmentée.
A PARIS,
Chez Laurent d’Houry rue Saint
Jacques , devant Ja Fontaine Saint
Severin , au Saint Efprit.
MU D cru X C I.
Avec Privilège & Approbation,
OWJCB
MONSIEUR FAÇON,
PREMIER MEDECIN
de la feue Reine.
Jly a long- te ms que je
cherche les cccafions de
ruons donner des marques
de i’eflnme fingnltere que
fay pour vous : je n’en ay
point trouvé qui me pa~
rtift plus favorable que
celle de vous dédier ce
*■ - C â ij
E P I S T R E.
petit Ouvrage, Mais \
MoN sieur, ce n’ejl pas
feulement une marque
d’ejiime , f’en efi aujfi une
de reconnût fane e j’a-
voue que s'il y a quelque
chofe de bon dans ce Trai-
té, le Public vous en doit
avoir P obligation : Vous
m ave Zi donné des lumiè-
res pour la Pratique qui
mont heureufement con-
duit 5 & jay toujours re-
marqué tant de rapport
des expériences avec vos
rafonnemens , que jay
efié convaincu qui il ny
avoit quà vous fuivre
pour fe faire me bonne
E P I S T R E.
méthode. En effet , tous
ceux qui ont l honneur de
vous connoître demeurent
d'accord , que dans la con-
fit fion étrange où la Mé-
decine je trouve au)our-
d'huy par cette foule de
Modernes , dont les ms
regardent les .Anciens
avec mépris i êf les antres
s'en fervent pour autori-
fer leurs rêveries , per-
fonne n a mieux que vous
démêlé le vray d'avec le
faux , Çf ré a fi bien con-
nu la )ufte convenance
qu'il y a entre les nou-
veauté z, & bonne anti-
quité 5 Ceft donc avec rai-
Ê P I S T R E.
fin que ceux qui •veulent
fe perfetftonnerdans l'Art
de guérir , •vous confideretit
comme le plus excellent
modèle. Dans cette penfée
Monsieur , jdj effajé
de ne vous point perdre de
vcu'è 5 Çf flatté de l'appro-
bation dont vous aveT^
honore mon Sjjlème des
Fièvres y j'ay crû que j ’y
pouvais ajouter une Mé-
thode de les guérir confor-
me a mes principes . Sur ce
fondement , j’ay établi des
maximes , Çfl jenaytiré
des confequsnces les plus
natu elles qui il ma été pofl
flble , C efl ce que vous
E P I S T R E.
connaîtrez^ dans cette nou -
'u elle Edition que je prends
la liberté de 'vous offrir .
Le goût 0* le difcernement
que vous avesupour tou tes
les matières de Phyfique ,
luy procureront fans doute
une heur en fe deftinée ,
sîilfea L'avantage de vous
plaire : & votre fuffrage
me fera un ajfuré garant
de celujdu Public . Je fuis
avec un profond repecî
MONSIEVR ,
r- ~ •
Vôtre tres-bumble & tres^
obeïflfant ferviteur,
MINOT.
APPROBATION.
J’Ay fous-fignc Doreur en
Medecine de la Faculté de
paris , Médecin ordinaire de la
feue Reyne &C de Monfeigneur
le Chancelier : Certifie avoir lu
&: examiné ce Livre De la Na-
ture & des caufes des Fièvres, dre.
dans lequel l’Auteur , non con-
tent de traiter ces matières fur
de bons principes , il y donne
encore des avis pour la Prati-
que , qui peuvent beaucoup fer-
vir dans la guerifon de ces ma-
ladies : &c cette Méthode ne
peut eftre que fort utile au Pu-
blic. Fait à Paris ce vingtième
Aouft Upi.
BOURDELOT.
ï
DE IA NATURE
ET DES CAUSES
DE LA
FIEVRE:
AVEC gj EL gjr E S
Expériences far le Quin-
quina , & des Réflexions far
i’aïïion de ce Remede .
U o y qu’il n’y ait
rien dans la Mé-
decine fur quoy
on ait tant écrit *
que fur la Fièvre ; cette ma-
tière n’eft pas fi cpuifce>qu’clfc
ne puifle encore recevoir de
nouveaux éclaircilTemens i
A
■L
t De là Nature , '
C’eft dans cette penfée que
j’ay refolu de donner au Pu-
blic quelques Méditations
que j’ay faites fur ce fujet.
. „ Et afin de les expliquer avec
OrdreSC
eiïiwvu UlULv ^ J “ J —
T«ué. la doarine des Anciens fur la
Nature delaEiévrc ; je pro-
mène : apres quoy je repon-
dray aux objections qu’on
derniere Partie , je donneray
des avis pour la Pratique. Et
comme la Saignée 62 la Pur-
gation font les Remedes ge-
neraux , je parleray du légiti-
mé ufage de la Saignée, 62
j’examineray en quoy con-
fifte la vertu 62 l’avion des
Purgatifs % Ô2 enfin j’appor-
teray des expériences que
j’ay faites fur le Quinquina ,
qui confirmeront mon hypo-
thefe.
& 'des c AUjès de la Ficvre. j
PREMIERE PARTIE,
Examen de la doélrine des
Anciens Jler la Fié^vre.
C’Eft une chofe affez é-
tonnante, qu’une mala«
die fi commune que la Fièvre,
foit fi peu connue , & que tant
de célébrés Auteurs qui en
ont écrit depuis filong-tems,
ne nous en ayent point don-
né de notions certaines. Ils
ont définy la Fièvre, une .Dc^n>-
chaleur étrangère allumée ,
premièrement dans le cœur. Ancien'.!
& de la répandue dans tout le
corps par les artères & par les
veines. Par cette définition
qui vient des Arabes , & qU€
prefque tous les Médecins
Aij
4 T>e U Nature ,
ont fuivie depuis , on voit
qu’ils confiderent la Fievre
comme une chaleur étran-
gère ajoutée à la chaleur na-
turelle. Ils n’apportent point
d’autre preuve de ce fen ri-
ment j qûe la fenfation d une
chaleur extraordinaire , qui
fe remarque dans toutes les
E,arûen Fièvres. Je ne puis acquief-
défint"6 cer à cette Doctrine. On
«on. fçait aujourd'hui/ que la cha-
leur elt plutôt l’effet , que la
caufe de la Fièvre 5 que cetté
chaleur n’eft point première-
ment allumée dans le coeur ;
§£ que fuivant les réglés de
la circulation du fan g , elle
n’eft point répandue par les
veines, mais feulement par
les arteres. .Ces verriez ont
été fi bien démontrées par les
Auteurs modernes , que je
ne m’attacheray pas à en don-
& des cd 'sfes de la Fièvre, y
ner des preuves. D’ailleurs,
cette chaleur étrangère que
les Se&ateurs des Arabes
veulent introduire, n’expli-
que point les diverfes Ce nfa-
tions qui fe font chez nous,
lors que nous avons la Fiè-
vre î & fi l’on examine dans
ce tems-là l’a&ion de la cha-
leur & des efprits, ileft im-
pofiible d’y rien comprendre
d’étranger.
Dans les réflexions que j’ay
faites fur la chaleur, & fur
fes cHfFerens effets , je me fuis
arrêté plufieurs fois à confi-
d :rer la végétation des Plan-
tes , &: particulièrement la
feve, qui monte dans le tronc
d’un faule avec une telle vio-
lence, qu’il en diftille de l’eau
par les nœuds des branches,
8£ par les feüilles auffi abon-
damment , que s’il tomboit
A iij
Que la
Fièvre
n’eft pas
une cha-
leur é-
trargere.
Ce qui f®
prouve
par la vé-
gétation
desPiaa-
tCSi
4 I>e la Nature ,
une girofle pluie. Si alors un
Païfan, qui auroit du bon
fens, me demandoit raifon
de céc effet, & que je luy ré-
pondifle qu’une chaleur c-
trangere fe ferojt introduite
dans le tronc de cét arbre ,
& qu’elle en agiteroit la feve,
je craindrois qu’il ne me dit :
Comment cela fe peut - il
d’aire ? Eft-ce qu’un autre So-
leil viendroit augmenter la
chaleur ordinaire qui fait que
cet arbre poufle fa feve >
Nous voyons tous les ans ar-
river la même chofe, à me-
fure que la chaleur du Prin-
tcms fe renouvelle , & cette
chaleur ne nous paroît pas
Et p»r étrangère.
Cette penfce m’a fait faire
réflexion fur l’analogie qui
&ceu”’ cft cntre ^ végétation des
de»c Ani. plantes èC celle des Animaux,
& des cattfes de la Fièvre, 7
& fur les defordrcs qui peu-
vent arriver à l’une St à l’au-
tre î furquoy j’ay formé ce
raifonnement. Si le Soleil par
fa chaleur fait pafler par les
tuyaux des Plantes l’humi-
dité &: les autres principes
qui fervent à leur végétation*
St s’il cft vray qu’il fe ren-
contre quelquefois dans les
canaux de ces Plantes, des
matières groflîeres qui font
ebftacle à la circulation de la
feve } alors par un mouve-
ment qu’on appelle fermen-
tation , les principes a&ifs
agiront fur ces matières, les
raréfieront, Scpoufléront de-
hors ce qui fe trouvera d’im-
pur St d'inutile à la nourri-
ture de la Plante. Cela fe
voit par les tubercules , par
les champignons, St par les
autres fuperiuitez , qui pa-
 iiijj
$■ Ve la Nature ;
roiflent foavent fur les Plan»
tes ; &: en tout cela il n’y a
rien d’étranger.
Ne peut-on pas raifonner
de la même maniéré à nôtre
égard , fi l’on confidere que-
l’air s’introduit dans les pou-
mons, qu’il fe mêle avec lo
fan g , & qu’il peut en aug-
menter la chaleur : tellement
que s’il fe trouve dans les vei-.
nés des matières indigeftes,
3c des fues impurs, les ef-
prits fe mettront en mouve-
ment pour les digérer, S'ex-
citeront une fermentation ,
qui fera fortir fur la peau des
ébullitions, & eau fera des
fueurs ; & cette fermentation
peut être appellce fièvre.
Cependant comme cét air
&: ces fucs font des chofes
qui nous font familières &:
domeftiques , il me fembls
& des caufes de la Fièvre . 9
qu’il n’eft pas raifonnable de
dire que la Fièvre eft caufée
par une chaleur étrangère, 8c
contre nature.
Mais il faut entrer plus a-
vanr dans le fond de la do-
ctrine des Anciens. Ils ont
divifé les Fièvres en putrides
8c non putrides. Les Fièvres
non putrides font de trois
fortes , les Ephemeres ou
Fièvres d’un jour , les Con-
tinues fïmples, & les Hecli-
ques. Les Fièvres putrides
font Continues ou Intermit-
tentes. Je ne veux pas entrer
dans le détail de toutes les
autres fubdivifions de Fiè-
vres, il ferait trop long, 8c
prefque infiny.
La Fièvre Ephemere, félon
les Anciens, eft une chaleur
étrangère 8c contre nature ,
caufée par l’inflammation des
Examen
de la âi<
vilîon
générale
des Fi4î
vres*
Que li
Fièvre
Ephemew.
re n’efè
pas un%
iwatîon
des ef-
fries.
io De U Nature ,
efprits, ou de la partie la plus
fubtile du fang. Mais il n’eft
pas facile de s’imaginer que
les efprits qui font exacte-
ment mêlez avec le fang ,
puifïent être agitez ou é-
ehauff-Z féparément du refte
de la rnafle. Les efprits font
les principes aêtifs Sc domi-
nans dans toutes les fonctions
des Animaux , ô£ leur union
avec les autres principes effe
fi parfaite , qu’il eft impoffi-
ble de les féparer que par la
mort : fi bien qu’on ne fçau-
roit concevoir que les efprits
foient agitez dans le fang,
qu’en même tems on ne foie
perfuadé que tout le refte de
la maffe eft au fit en agitation ;
Et fi cette agitation étoit af-
fez violente pour enflammer
les efprits,il eft certain quelle
cauferoic plutôt une Fièvre
& des c au Je s de U Fièvre, h
ardente, ou une Phrcnefie,
qu’une Ephemere. Il y a bien
plus d’apparence de croire,
que dans cette Fièvre il n’y
a pas allez de mauvaifes hu-
meurs , ou que le fang n’eft
pas affez mal diljjofé pour
entretenir long-tems la fer-
mentation fi bien qu’on ne
doit confiderer la Fièvre E-
phemere , que comme une
legere émotion de la mafife
du fang. Je conçois bien que
lors que le fang eft dans ijne
grande agitation > les efprits
font échauffez } mais je fou-
tiens qu’ils ne font point en-
flammez , puifque toute in-
flammation fuppofe privation
de mouvement :■ ce qui cau-
feroit neceffairement des,
fymptomes, qu’on ne voie
point paroître dans les Fie»
vres Ephemeres,.
Maïs un#
leger;
fermen-
tation de
touce la
mafle ciü
fang»
Qtie U
Fièvre
continue
(impie ,
ne con*
fîfte pas
dâs i’in-f
fhmma-
lion du
fang cô-
tenu dâs
les grads
vaif-
feaux.
Ve Ia Attife y
La caufe qu’ils donnent à?
la Fièvre Continue fimple ,
neft çueres mieux établie.
Ils la font confifter dans l'in-
flammation du fang contenu-
dans les grands vaHïeaux ,
depuis les aines jufqu’aux aiC
Telles. Cette opinion ne me
femble pas bien fondée : Car
outre que- l’inflammation du
fang te des efprits fêparé-
ment n’cfl: pas- foûtenable ,
comme je viens de le remar-
quer , te quainS cette diftin-
£Lon ne fçauroit faire une
différence eflentielle entre la.
Fièvre Ephemerc te celle-ci;
on fçait que le fang qui eft
dans la poitrine "te dans le bas
ventre, c’elbà-dire, depuis
les aines julqu’aux aiffelles ,,
coule kiceflamment dans tou-
tes les parties du. corps. De
forte que par les réglés de 1&
Cr des cattfes de la Fièvre.
Circulation , la fource de
cette Fièvre qui étoit bornée
•par les aiflclles & par les ai-
nes, feroit bien-tôt répandue
dans tout le relie du corps.
Après tout, je ne comprends
pas ce qu’on entend par l’in-
flammation du fang dans les
"veines :;; Cette doétrine eft
•fi peu probable, que je m’é-
tonne de ce que tant d’ha-
biles gens l’ont receuc , SC
i’enfeignent encore aujour-
d’huy.
L’explication que les An- Iâ
tiens ont donnée de la Fié-
vre Heétique , ne fatisfera nere,fi‘1<ï
pas davantage : Ils la font les par-,
confiller dans une chaleur é- dé$, foht
trangere, qui réfide dans les
parties foli des, dont elle con-
fume toute la nourriture SC
toute l’humidité. Mais outre
que cette explication ne fe
14 De la Nature,
rapporte pas à leur définition
générale , qui établit le foyer
des Fièvres précifément dans
le cœur ; il eft confiant que
cette chaleur con fumante ,
& inherente aux parties fo-
lides, eft mal établie, puif-
que rien n’eft chaud dans nô-
tre corps que pat la commu-
nication du làng Sc des cf-
prits. 11 me femble qu’il fe-
roit plus raifonnable de croi-
re que la Fièvre Hedique
Qu’elle qui fuccede ordinairement
aePrid aux autres Fièvres, vient de
l’épuifement de ces mêmes
efprits, qui ayant été pref-
que confirmez dans les mala-
dies précédentes , font inca-
pables de produire une bon-
ne fermentation , & une par-
faite digeftion des fucs defti-
nez à la nourriture des par-
ties. Ajoûtez à cela , que
& des cAufes de U Fièvre, if
dans les Maladies Chroni-
ques les crifes 8C les digef-
tions écanc imparfaites , les
humeurs impures ne font pas
fuffifamment difloutes 8c ra-
réfiées , pour pafTer au travers
des paflages étroits des vifce-
res 8c des routes infenfibles
des petits vaificaux : en forte
qu’y faifant obftru&ion , el-
les bouchent le chemin, 8c
interceptent les liqueurs ne-
ceflaires à l’entretien des par-
ties folides. Ainfi ces parties
ne recevant pas les influences
ordinaires de la chaleur 8C
des efprits , ni les humeurs
qui leur font convenables ,
doivent tomber dans une
maigreur , 8c dans une féche-
ïefle extrême.
Quelques Modernes qui
ont voulu deffendrela doc-
trines des Anciens , ont dit,
Et âtf
défaut
des lue*
nourrijf-
ficis. /
l6 De la Ndture ,
que la Fièvre he&ique ne
confiiloic pas feulement dans
une chaleur inherente aux
parties folides * mais quelle
dépendoit auffi de ce que le
cœur ne leur envoyé alors
qu’une matière impure-, &
adufte , qui au lieu de les
nourrir , leur imprime une
chaleur féche & habituelle.
Mais cette exception contre-
dit a l’efpnt de l’Ecole , qui
a fondé la divifion des Fiè-
vres fur la triple fubftance
de noftre corps , lors qu elle
a dit que la Fièvre Epheme-
re a fon liège dans les efprits j
les Fièvres humorales foit
qu’elles foient fimples ou pu-
trides , dans les humeurs , &C
les hediques dans les parties
folides : d’où il eft aifé de
juger que la Doctrine des
Anciens efl; infoutenable à cét
Cf des caufes de la F livre. 17
égard. Mais c’eft allez s’ar-
refter fur la confideration des
Fièvres fimples , il faut paf-
fer à l’examen des putrides ,
qui fera d’une plus longue
difculfion.
Les Fièvres putrides fout Examens
j. • w * • .. _ des Fié*
divilees en continues &: en y res «pu*
intermittentes. Les continues tnd“'
confident , félon eux , dans- la
corruption des humeurs con-
tenues dans les grands vaif-
feaux , dont la vapeur cor-
rompue allume continuelle-
ment au cœur une chaleur?
qui produit la Fièvre. Et les.
intermittentes font caulees
par une vapeur corrompue s
qui s’élève par intervalles de
certaines minières ou foyers?
où elle refide comme de
l’Eftomac r des voûtes dm
de la Ratte , du Me-
y SC c. Sc qui eftantc
" Ri
2§ , De U 2t attire »,
portée au cœur , y allume cet-
te chaleur qui caufe la Fiè-
vre.
€C que Si par ces termes de pour-
ciensont riture & de corruption , les-
tntendu Auteurs n’avoient entendus
qu’une fimple alteration du
fang , oa;fi l’bfli veut,, une dif-
pofition à Te corrompre, on
n’auroit pas de peine à s’ac-
commoder de cette do&rine },
mais cela ne parok nulle part
dans leurs écrits , au contraire
on trouve par tout les termes
de pourriture & dé corruption
totale dans le fang , & fi l’on
fait reflexion fur ce qu’ils ont
dit que la Fièvre continue
limple eonfifte dans l’inflam-
mation div Fang- * on n’aura
pas de peine à comprendre ,
que félon eux les Fièvres pu-
trides qui font plus fortes &
ér des cxufès de U Fièvre’.
très , viennent d’une vérita-
ble pourriture & d’une totale
corruption , puifque cette
corruption doit eftre la fuite
de l’inflammation. Cette doc-
trine eft fans contredit la doc-
trine de l’Ecole , & elle eft
conforme aux fentimens des
plus célébrés Médecins. On
les voit tous les jours dans les
Confultations lors qu’ils par-
lent d’une Fièvre continue »,
affluer qu’il y a de la pour-
riture dans les grandes vei-
nes , &c quand il s’agit d’une
fièvre intermittente , foû-
tenir que la* pourriture eft
dans les petits vaifleaux. Mais
à l’égard de la diftin&ion de
la pourriture dans les grands
ou dans les petits vaifleaux
H eft étrange que tant d’ha-
biles gens foient dans cette
penfée , après que la circula--
il;-
2o De la Nature l
cion nous a fait voir que îe
fang coule fucceflivement des
grands vaifleaux dans les pe*
âcsyôc qu’il n’eft pas aifé de
concevoir qu’il y puiffe de-
meurer un feul moment fans
paffer des uns dans les autres y
cette de forte que s’il y a de la
«rTn'e Pourriture dans les grandes
^eut éue veines, elle fera bientoft dans
grands., ' les petites , & s’il y en a dans
tnf'pa* les petites, elle fera bientoft
iwpftiw. ^at^s Ies grandes. D’où il eft
aifé de conclure que la dif-
tindion des foyers de la Fié*
vre continue & de la Fièvre
intermittente eft mal-fondée ,
ou: du moins qu’il eft impofli-
ble que dans les Fièvres In-
termittentes ces foyers fubfi-
ftent long-temps , ce- qui fe*
soie tres-oppofé à leur durée;
Mais au; fond comment
geus* on concevoir qif il y ait
ér des a» fis de la Fièvre, if
4ans les grands vaifleaux des
humeurs corrompues , qui
paflent inceffamment dans le sieitei»
Gceur , fans s imaginer en me- ic rang.,
me tems qu’elles étoufferont
la chaleur naturelle quel-
les causeront une mort cer- les.
saine * Ne voit-on pas , que
lors que la Gangrené attaque
quelque partie du corps , il
faut necelfairement mourir ,
fi cette partie n’eft bien-toft
guerie , ou fi elle n’eft prom-
tement retranchée : Et puis
qu’il eft certain qu’on ne
meurt alors que par la cor-
ruption , qui eft communi-
quée à tout le fang par les pe-
tits vaifîeaux ; comment peut-
on concevoir que dans les
Fièvres putrides il y ait de la
corruption dans les grandes
veines , fans fuppofêr en mê-
me temps que toutes ces Fié?
2Æ De U Natnre ,
vrcs font abfolument mor-
telles >
Et ut A l’égard des Fièvres inter-
intermi. mittentes que tous les Me-
r«oien”e ^ec^ns regardent comme les
moiis* moins dangereufès ; je ne-
dangs. fçaurois comprendre pour.
Cî* quoy on les a mifes au rang
des Fièvres putrides.
Les plus éclairez Anato-
tniftes n’ont pû encore dé-
couvrir les prétendus foyers ,
de ces Fièvres, & ces maniè-
res d’humeurs corrompues
qui les caufent. D’ailleurs il
n’eft pas aifé de concevoir
que ces humeurs puilîent re-
fider dans quelques parties ,
fans y faire paroiftre des ef-
fets , ou des marques de leur
corruption ; ainfi je ne fçau-
rois croire que la corruption
foit la véritable caufe des
Fièvres intermittentes 5,6c cet»
$ des cattfes de la Fièvre. i$„
te explication des Fièvres pu-
trides en general me paroilt
fi mal fondée , que je m’é-
tonne de ce qu’on eft de-
meuré: depuis tant de fiecles
dans, cette opinion.
Il eft. vray que les Anciens Qae
n’ont pas connu la circula- “°“tvdu,
tion du fang , mais ils ne laif-
foient nas d’ctrc perfuadez qu’il n«
• vi n • / i 1 \ fc cor-
qu il eltoit porte du centre a rompe,
la circonférence, pour la nour-
riture des parties t Cela fup-
pofé ils dévoient croire que
cette a&ion ne fe pouvoir
foire fans mouvement. Ils.
fçavoient encore que d’abord
que le fàng eft extravafé ,,
* comme il arrive fouvent dans
les inflammations , il fé cor-
rompt aifément, & fe con-
vertit en pus &: que cette
corruption ne furvient que
parce qu’il eft forti des vaifi-
l'eaux. , & qu’il a perdu fou
Preuves
dont on
fe fert
pour éta-
blir la
corrup-
tion du
fang.
Les
Pullules
& les
Abfcés
qui arri-
vent dâs
les Fiè-
vres*
£4 De la Nature,
mouvement. Comment donc
de tout cela n’ont - ils pas
conclu que le mouvement
eftoit le principe de fa con-
fervation, & qu’il eftoit im-
poflible qu’il pût fe corrom-
pre > dés-îors qu’il feroit en
quejque agitation-
Mais examinons les preu-
ves qu’ori apporte de cette
corruption du fang dans les
veines. On dit qu’elle eft dé-
montrée par rèxperience ,
qui nous fait voir tous les
jours des Pullules & des Abf-
cés dans la petite Verole , &:
dans les Fièvres malignes , &:
que la caufe de ces Abfcés
n’eft autre chofe qu’une ma-
tière , qui lùppure dans les
grands vaifTeaux , d'où on
conclut que le fang peut s’y
corrompre, & qu’il s’y cor-
rompt effedivement.
A. cette-
des caufes de la Fièvre, i j
A cetcc preuve on en ajou-
te une autre tirée de la cou-
leur du fang des Febricitans ,
lequel paroift quelquefois fi
corrompu dans les palettes ,
qu’il reflemble plûtoft à du
pus qu’à du fang. Enfin on
allègue, que des Auteurs di-
gnes de foy ont veu fortir
des vers par l’ouverture des
veines , ce qui eft une preuve
demonftrativc de la corru-
ption du fang. Voila ce
qu’on a dit jufqua prefenc
de plus fort pour établir le
fentiment *fies Anciens fur
cette pourriture des humeurs;
Voyons fi ces preuves font
auifi convaincantes qu’on le
prétend.
Je commence par les pu-
llules 5c par les abfcés de la
petite verole , & d’abord i!
me fcmble que cet exemple
G
i». L#
couleur
du fang
des Fé-
bricitant
3*. tës
versqu’ô
a trou,
vez dans
le fang.
i€ De la Nature ,
Que $63 fcrt plutôt à prouver l’incom-
»c fom patibilité de cette corruption
pas une avec ]e fang qu’à. l'aUthoti-
«u cor- 1er. Car par la on voit que
IliptioBi « f* ' C 1 •
les elprits qui font les princi-
pes dominans dans la malfe du
fang , le purifient , &: chaf-
fent hors des vaifleaux toutes
les itnpuretez qui y eftoient
contenues & qu’ils n’y fouf-
frent point de corruption ; à
quoy il faut adjoûter que ces
pullules n’ont pas toutes les
marques de corruption dés le
moment quelles paroilTent }
il fe pafle encore bien du tems
avant que le pus y foit for-
mé, & cette converfion du
fàng en pus , qui ne fçauroit
fe faire dans les veines , te
qui dépend ablolument de ce
qu’il croupit hors des vaif.
féaux , eft à mon fens un ar-
guaient convaincant contre
& des caufes de la Fièvre. 27
cette Do&rine de la corrup-
tion* Que fi les Anciens ont
dit que la matière des pullu-
les & des abfcés fuppuroie
dans les grands vaifleaux , ils
fe font trompez , puifqu’il
cft confiant que les abfcés
ne fe font que par le depolfc
des humeurs dans les parties,
& que les humeurs ne fe
change en pus , que par le
fejour quelles font dans ces
mêmes parties, & par le re-
pos quelles y trouvent.
A l’égard du fang qui pa«
roît corrompu dans les palet
tes , il me femble que l’on
nous impofe étrangement par
ces apparences de couleur.
Car outre qu’il n’a pas dans
les palettes les véritables ca-
ra&eres de corruption ; eft—
il raifonnable de prétendre
qu’il eft dans les veines de la
Noaçtes
que U
couleur
dcCuigl
Raifons
«les dif
ferentes
c oui ms
dans îe
rang.
18 De U Nature ,
même qualité qu’il paroift
après qu’il en eft forty > Dés
que le fang eft hors des vaif.
féaux , il perd fon mouve-
ment & fa chaleur , qui font
les principes de fa conferva-
tion , fes parties fe defuoifTenr,
& il eft aifé d’obferver qu’à
mefure qu’il fe refroidit , fes
elprits s’évaporent , 5C fa cou-
leur naturelle fe changes mais
on ne peut pas dire que ce
changement de couleur foit
une marque effe&ive de cor-
ruption. Si cela eftoit, quel
jugement feroit-on du fang
beau 5c vermeil que l’on tire
fouvent dans les Fièvres les
plus malignes , de celuy qui
paroift mauvais dans les Fiè-
vres fimples & intermitten-
tes , 5c enfin de celuy des per-
sonnes bien faines qui fe font
faigner par précaution , dont
& des caufes delà Fièvre- 19
le fang n’a pas toûjonrs cette
couleur rouge qui le fait ju-
ger de bonne qualité ? Seroit-
il jufte de conclure fur ces
apparences , que le fang foie
moins corrompu dans les Fiè-
vres malignes que dans les
Fièvres intermittentes , ou
dans la parfaite fanté ? Il me
femble qu’il n’y a perfônne
de bon fens, qui voulut dé-
férer à un fentiment fi mal
fondé. Et pour faire encore
reflexion fur le fang receu
dans les palettes ; il faut re-
marquer que lors qu’on fai-
gne un malade , le fang qui
tombe fur l’afliete ou fur le
bord de la palette eft toû-
jours d’un beau rouge , au
lieu que ceîuy de la palette
paroift tout corrompu : Si en
confiderant celuy-cy on croit
qu’il efl: pourri ; que dira-on
C iij
Reflé-
tions fllî
ces diffe-
sçnccs/.
Pour-
quoy le
i ang pa-
reil beau
dans les
Fièvres
rnali-
30 De U Nature,
de celuy qui eft fur l’afliete ,
lequel eft forti en mefme
temps de la mefme veine , &
qui cependant eft d’une belle
couleur.
J’avouë qu’il n’eft pas fa-
cile de rendre raifon de tou-
tes ces différences ; je pour-
fois même me difpenferd’en-
trer dans cet examen 5 cepen-
dant pour en dire mon fenti-
ment , voicy quelques refle-
xions que j’ay faites fur ce
fujet. Je m’imagine que dans
la plufpart des Fièvres ma-
lignes le fangeft trop diflouc ,
&: trop raréfié 5 en forte que
les efprits n’eftant pas allez
unis , ni alfez incorporez avec
les autres parties du fang, for-
tent facilement avec celuy
que l’on tire alors ; & ainfi il
doit eftre plus beau , parce
qu’il y a moins de mélange
& des caufes de U Fièvre.
de parties groflieres, fe moins
de confufion dans les princi-
pes. Ce qui me donne cette
penfce , c’eft que ces Fièvres
font moins violentes que les
autres , fe que le Pouls n’y
eft pas fi élevé } parce que les
parties a&ives du fang éeans
moins unies, font moins d’ef .
fort pour fe débarraffer des
autres principes i ce qui fait
que la fermentation n’en eft
pas fi fenfible. Ce raifonne-
ment eft confirmé par la pra.
tique ordinaire , qui fait voir
que les frequentes faignées
font nuifibles dans ces fortes
de Fiéyres , parce qu’elles
épuîfent les efprits , au lieu
que les Acides , qui par leur
qualité coagulante donnent
de la confiftence au fang, fe
qui empêchent la diftipation
de fes parties fpiritueufes ,
C iiij
3l HelaNatnre,
font alors d’un très- grand
ufage. °
A r<%ard des autres Fic-
«oiroft Vres 5 on Peuc dire que les
pu dans efptits font embarraflez dans
S»a des matières indigeftcs , &
que n eftant pas dans une
quantité fuffifante 3 iîs ne
fçauroient donner au fang
cette belle teinture , qui le
fait juger de bonne qualité.
Confiderez d’ailleurs , que
toute la malTe du Sang étant
alors en conftifion & dans
une grande agitation , on ne
doit pas efl-re furpris s’il pa-
roift brouillé , comme l’on
n auroit pas raifon de s’éton-
ner que le vin fuft trouble ,
fi on l’avoit tiré apres avoir
remué le conneau.
ST P<>ur ce qui regarde les per-
!»»« .où fonncs qui fe portent bien
gaieawt ) ay louvent remarque que
& desuujès de U Fièvre, 3$
ceux qui lape d’un tempé-
rament chaud , qui font
d’une conftitution feiche , qui
ont les veines greffes , & le
pouls élevé , & qui d’ailleurs
font beaucoup d’exercice , 8C
vivent de régime , ont de
plus beau fang que ceux
qui font d’un tempérament
moins chaud , qui font gras,
qui ont les veines petites , SC
font peu d’exercice. La rai-
fon en eft , ce me fernble , que
ceux là digèrent plus aifé-
ment , que la circulation le
fait plus vite chez eux , éc
que le fang y doit eftre plus
raréfié , parce qu’il y confer-
ve plus de mouvement. Ce
qui fe confirme par l’expe-
rience , puis qu’en Efté le fang
qu’on tire aux malades , pa-
roift plus beau qu’en Hyver ,
le fane eftant alors plus ra-
b»iü âS?
ceux c£ii
fe portée
bien.
34 De U Nature t
J’ay confideré auiïi , que
le lâng qui retourne au cœur
par la circulation , y raporte
le relie des lues que les Ar-
tères avojent porté dans
toutes les parties pour leur
nourriture : i>i bien que lion
le tire des veines dans ce
tems-là , il ne doit pas pa-
roi lire de belle couleur , ni
bien purifié, au lieu qu’aprés
plulieurs circulations , il fera
plus épuré , &; paroillra beau-
coup plus beau , & fur tout
en ceux qui feront du tempé-
rament chaud , dont je viens
de parler.
On peut encore penfer
que le fang n’eft pas toujours
egalement chargé des fuper-
fluitez des alunens ; cette
circonftance dépend de la
difpofition & du beCoin des
parties, qui reçoivent plus ou
& des caufes de U Fièvre, jf
iioins de Tues qu’il n’en faut
our leur nourriture ; elle
lépend auffi de la qualité de
es Tues , qui ne font pas toû-
ours convenables , comme
i on mange trop ou trop peu,
i on digéré mal , fi les ali-
nens font de mauvaife qua-
àtë ; te enfin de ce que ce
efidu des arteres , te ces
uperfluitez d’alimens ne font
>as inceffamment abforbez
>ar les veines , te qu’ils n’y
;oulent que par intervalles.
Et tout cela fait que le fang
ioit paroiftre plus beau dans
ai» temps que dans l’autre.
J’avouë pourtant que ces ob-
fervations , te toutes celles
que je pourrois faire à cet
égard , ne fuffiroient pas pour
nous donner une idée aflez
jufte de toutes les différences
du fng r te je croy qu’il fau-
Pour-
quoy le
fangn’eft
pas de
même
couleur
dans la
Palette
que fur le
fc-ri.
De la Nature y
droit fçavoir pour cela les
momens &c les maniérés des
Fermentations , & des Di-
geftions differentes qui fe
font chez nous ; qu’il feroit
neceffaire d’avoir une con-
Koiffance diftin&e des Diftri-
fcutions , des Séparations, &
des Filtrations des humeurs ,
qui fervent à la nourriture &
aux fonctions de la vie ; &
en un mot , qu’il feroit be-
foin de eonnoifiire parfaite-
ment l’œconomie , & toute
la Mechanique de noftre
corps.
Mais il ne faut pas oublier
de rendre raifon de la diffé-
rence qu’on voit entre le fang
qui tombe dans la palette &
celuy quitombefur le bord,
ou fur l’affiete ; il n’eft pas
difficile de voir que cette re-
marque fournit un argument
& des caufes de U fièvre, •yf
wincible contre la corrup-
on prétendue du fang dans
»s veines. Car fi le fang qui
3mbe fur l’afliete n’eft pas
ourri & corrompu , puis
[u’il eft bien rouge & bien
olorc ; on ne peut pas dire
|ue celuy qui tombe dans la
alerte foiteffe&ivement cor-
ompu , puis qu'ils font fortis
un U l’autre en même temps
l’une même veine , &: cpie
sur differente pofition n’éta-
dit pas l’effence de la pour-
iture. Il refte donc à exami-
1er d’où vient cette diverfité
le couleur qui fe remarque
:ntre l’un & l’autre. Je croy
jue la raifon en eft , que fur
e bord des palettes , ou dans
es vaiffeaux qui ne font pas
;reux , le fang ayant plus de
urface , l’air le touche, & le
jpnetre de tous coftez -, SC
3$ De la Nature ,
comme il le coagule d’abord,
les parties du fan g font moins
définies , & la furface n’etanc
pas fort changée , il conferve
plus aifémenc fa couleur na-
turelle. Au contraire dans
les vaifleaux profonds l’air
ne fçauroit toucher &c pe«
netrer le fang que dans un
trcs-pctit efpace ; tellement
qu’il conferve plus long-
temps fa chaleur , laquelle
fe diflipant peu à peu avec
les efprits , & les particules
d'air qui y font contenues ,
il fe fait une défunion , &î
un défarangement des par-
ties du fang, d’où procédé
le changement de fa cou-
leur. On peut confirmer cé
raifonnement par l’experien*
ce qui nous fait voir , que
c’cft l’air qui donne au fang
cette couleur rouge & ver.
<& des c du Je s de U Fièvre. 39
vieille qu’on y remarque.
On n’a qu’à ronverfer une
palette de fang, & l’on ver-
ra que céluy qui eftoit au
Fond , SC qui paroifloit pref-
que noir , devient d’un beau
rouge dés qu’il eft expofé à
l’air. Cette démonftration
eft encore plus fenfible dans
la Machine Pneumatique,
où l’on voit que le fang de-
vient brun tirant fur le noir
dans le tems qu’on pompe
l’air-, au lieu que dés qu’on
lai (Te rentrer l’air dans la
Machine , il reprend auffi-
toft fa couleur rouge Sc na-
turelle.
Pour répondre à la der-
nière preuve de la corrup-
tion du fang, qu’on établit
fur les vers qu’on a veu quel-
quefois fortir dans la Saignée,
je n’ay garde de nier le fait :
Que le!
vers ne
font pas
une mar-
que de
corru-
ption.
y
4° . T>e la Nature ,
Je conviens quil fe pcuc for-
mer des vers non feulement
dans les veines , mais auflî
dans toutes les parties de nô-
tre corps. Mais je ne crois
pas que cette formation vien-
ne de la corruption du fang,
ni des autres humeurs. L’on
fçait que l’air & les ali--'
mens font fouvent remplis
d’une infinité d’infectes, &
de mifie femences invifibles
germent que nous dévorons } & l’on
mence. peut penfer que ces infe&es
&C ces femences trouvent
dans nos corps des matrices,
où elles font rendues fécon-
dés par nôtre chaleur natu*
relie. Gette penfée ne fup-
pofe rien qui ne foit poffi..
ble. Il n’eft pas plus difficile
de s’imaginer que de petits
œufs, ou de petites femen-
ces d’ Animaux puiffent é- '
clorre
& des edufes de la Fièvre. 41
clorre dans nos veines, que
de voir du fray de poiffon
éclorre dans les fl uves les
plus profonds & les plus ra-
pides : Même je reconnois
plus d’apparence & de poflr-
bilicé à la production des vers
dans le fang , puifqu’ils y ren-
contrent une chaleur plus
analogue. On a veu des pois
& d’autres graines qui ont
germe dans l’oreille, & en
d’autres parties. Un Auteur
célébré rapporté qu'une fille
ayant avalé un grain de bled,
rendit de l’herbe qui avoic
pouffé dans fon ventre ;
sourquoy donc ne voudra-
:-on pas que la même chofe
puiffe arriver à la femence
des infeétes.
On dira qu*on pourroît ti-
rer d’étranges confequences
ic cette hypothefe , comme
D
4t De h Nature ,
de pré cendre qu’un million
de Vers, de moucherons Sz
d’infr&es qu’on voit naître
en un moment fur des cada-
vres , vinlTent de femence ,
& qu’il fallût pour les pro-
duire des oeufs &c des matri-
ces : Qifil eft bien plus rai-
fonnabje de croire qu’ils
n’ont point d’autre principe
de génération que la corrup-
tion, fuivane la maxime de
Philofophie ; & pour confir-
mer ce fentiment, on allé-
guera cet endroit fi célébré
des Georgiques , où Virgile
fait reparer la perte des mou-
ches a miel par la corruption
d’un jeune taureau : enfin on
dira qu’à l’égard des Plantes,
il en croît tous les jours en
mille endroits, où elles n’a-
voient point été femées.
On eft convaincu prefen-
^ des aufes de U Fièvre. 43
tement que la corruption
n’eft pas le principe de gé-
nération dans les infeéfces ,
puifque leur génération pré-
cédé la corruption : ce qu’il
cft aife de voir tous les jours
dans les cuifines , où les mou-
ches &: les vers s’attachent
aux viandes avant qu’elles
ayent commencé à le cor-
rompre. Et l’on ne peut pas
dire que c’eft parce quelles
Te corrompent qu’on y trouve
des vers , mais parce que les
œufs de ces infeéfces y trouvée
une chaleur propre à les faire
éclorre, & des fucs convena-
bles pour leur nourriture. Et
pour prouver ce que j’avance,
on n’a qu a mettre un morceau
de viande dans une bouteille
de verre bien bouchée , en
forte que l’air n’y entre point,
la viande fe corrompra * mais
D ij
Qüe les
infectes
ne s’en
gendrenl
pas de
corrup-
tion*
I
44 D* la Nature t
il eft certain qu’il ne fe fera
aucune génération de vers
ni d’infe&cs : au lieu que fi
la bouteille n’eft pas bien
bouchée, il s’y produira des
Vers jamais cette expérience
n’a manqué. Virgile a re-
connu cette vérité , puifqu’il
fu'nCce veut qu’il y ait des fenêtres
fu;et‘ & des ouvertures dans l’en-
droit où le corps du jeune
taureau fera enfermé. D’où
tumjr- Pcuc donc venir la naiffance
que« iur des Abeilles ? de la fcmence
lagfne- -,
Xit>6 des que a autres Abeilles y ont
'* cs- apportée ; &: pour le mon-
trer, Virgile a foin qu’on y
metce des Plantes aromati-
ques, & toutes les chofes ne.-
çeflaires pour inviter les. A-
beilles à y venir dans le tems -
quelles multiplient ,, & que
ce {bit avant la venue.' des
Hirondelles x afin qu’elles y
& des eaufes de ta Fièvre, 4 j
foient en leureté. Tout cela
fait voir que Virgile eft de
mon fentimenc , bien loin
qu’il foie de l'opinion con-
traire.
Si on demande la raifon
de la production fi prompte
d’une infinité d’Animaux
qu’on voit parokre prefque
en un inftant, je crois qu’il
faut la rapporter , à ce que
leurs principes actifs fe trou-
vant alors peu embaraflez
dans la matière , une chaleur
allez forte les difpofe promp-
tement 5c facilement , à don*
net la vie & le mouvement
a ces petits corps. -
Ce grand nombre de vers
qu’on voit fur les cadavres ,
ne nous furprendra pas, fi
nous faifons réflexion fur la
quantité d’œufs que peut
produire un feul infe&e t
D-’oiï
riét qi^e-
les infe-
&es nai£«
fent fi
promp*
tement %
Et en £
grand
nombre»
4 <5 De la Nature,
par exemple , une chenille
ou un ver à foye. Pour ce
j. !cs qui eft des Plantes qui vien-
rumes nent fans avoir efté femées.
viennent • . . , , *
rit avoir on doit croire que leurs grai»
méeï'' «es ont cité apportées par les
vents ou par les pluyes ; &C
l’on fçait qu’il y a quantité
de graines, comme de char-
dons , de feorfonaires
d’autres, qui le fement na-
turellement, & queles vents
tranfportent .dans les terres
voifines , comme on dit qu’un
héron en. Te dégorgeant, ap- ’
porte du fray de brochet dans
un étang où il n’y en avoir
point.
toy sé; Ajoutez à tout cela la Loy
unLu' Univerlelle, & le Decret de
« , po^ la Providence , qui n’a point
duaion etably d autre principe de
maugrée génération que les lcmences,
Psâ- 4ans ics plantes , foit
& des caujês de U Fièvre. 47
dans les Animaux ; ÔC en vain
Dieu les auroit-il créez mâle
&: femelle , chacun félon fon
cfpece, fi lehazard les pou-
voit faire naître tous les jours
de la corruption. Car enfin
comment peut-on s imaginer
que des matières corrompues
puiffent produire des vers ,
des mouches , des grenouil-
les , ÔC une infinité d’infe-
étes , fans préfuppofer qu’il
y ait des modèles ÔC des mou-
les, par où ces matières paf-
fent pour recevoir tant de
formes differentes? On ne
s’étonne pas de voir dans
un jardin le même Soleil,
la meme pluye, ÔC les mê-
mes terres produire des pom-
mes Sc des poires de diffe-
rentes efpeces , parce qu’on
y voit des pommiers ÔC des
poiriers différera : Et fon
Qu’il n*y
a point
d’Ànr-
maux
un par-
faits.
48 De U Nature ,
comprend aifément que ces
différences ne procèdent que
de la diverfité des tuyaux ÔC
des filières , par lesquelles
paffent les principes végéta-
tifs de ces Plantes. Ne l'çau-
roit-on tout de même fe per-
fuader que le Soleil &; la pluye
produifent dans un marais
des infcCtes de differentes
dpeces, parce qu’il s’y ren-
contre des modèles &: des
principes de ces infe&es ,
quoy que ces modèles ne
tombent pas fous nos fens >
Qu’on ne dife pas qu’il y
a des Animaux imparfaits ,
qui n’ont pas befoin de fe-
mences pour leur produ-
ction. Car fi on confiderc
la compofition , la propor-
tion, l’harmonie & l’adion
du moindre petit Animal ,
on ayouera fans doute que
h
’$* des eaufès de U Fièvre. 49
ia mechanique d’un ver ou
d’une fourrny eft du moins
suffi belle & auffi admirable,
que celle d’un éléphant ou
d’une balaine } &: on fera
convaincu que ces Animaux
ne font point redevables de
leur cxiftence à la corruption;
& au hazard.
Après ce que je viens de
dire contre la pourriture , je
croy qu’il n’eft pas necelTaire
d’entrer dans l’examen de
toutes les efpcces de Fièvres
putrides ; il y a pourtant^,
une diviuon , qui me parole des
:rop confiderablc pour la paf- fI**’
fer fous iîlence : C’cft celle
qui fe fait des Fièvres con-
nues putrides , en E dénud-
és & en Symptomatiques.
Dn fait confifter les Fièvres
Elfentielles dans la pourri^
;ure contenue dans les vei-
F*
Dans U-
quelleles
Auteurs
prennent
les effets
pour les
eattfes.
jo De U Nature ,
nés ; & l’on prétend que les
Symptomatiques dépendent
de l’inflammation , ©u du vi-
ce de quelque vifeere.
On pourroit dire à cet égard,
qu’une maladie qui vient de
la mauvaife difpofition de
quelque partie, devroit plu-
tôt être appellée organique ,
que fymptomatique : Mais
on connoîtra aifément par
l’explication que les Auteurs
donnent de cesFiévres Symp-
tomatiques, qu’ils prennent
les effets pour les caufes »
fi on confidere que les par-
ties d’un corps bien difpofé
ne fçauroient recevoir d’at-
teinte ni d’alteration dans
leur fubftance, que par la
jnauvaife qualité des fucs §2
des humeurs deftinées à leur
nourriture & à leurs fon-
dions. Par exemple , fi un
ef des eaufes de la Fièvre, yt
poulmon bien fain devient
enflammé, on ne peut pas
douter que cette inflamma-
tion ne procédé du fang 8£
des humeurs mal condition-
nées , qui s’em bar rafle ne dans
fa fubftance 5 & il eft aifé de
yoir que ce vifeere qui n’agit
point par Iuy - même , ne
Içauroit eftre la caufe de
fon inflammation. Quand
l’eau ne coule pas dans les
tuyaux d’une fontaine, on
ne dit pas que ce foit la
faute des tuyaux , s’il y a des
ordures qui les bouchent :
le fens commun fuffit pour
faire voir que les ordures
font le feul obftacle de l’é-
coulement des eaux.
Ki Ve la Nature ,
SECONDE PARTIE
_ • -•
JHfjpotheJe fur la caufe des
Fièvres*
APres avoir examine
fuccin&ement la Do-
ftrine des Anciens fur la na-
ture des Fièvres, l’ordre que
j’ay écably demande que j’ex-
plique mes fenximens fur cet»
te matière.
,*8^ Je conçois donc que 1 a Fié-
üïiévK. vre n’eft autre chofe qu’un
mouvement, ou une fermen-
tation extraordinaire excitée
dans le fang ; que cette fer-
mentation eftcaufée par quel-
ques matières qui s’y mêlent,
fur lefquelles les principes
a&ifî # ou les parties Ipiri-
ef des CAufes de U Fièvre. j j
tueufcs du fang , agiffent pour
les digerer & les unir parfai-
tement à toute la maffe, ou
pour les pouffer au dehors ,
fi elles ne peuvent y être
unies. C’eft ce qui caufe
du defordre dans l’œcono-
mie naturelle , & produit
tous les accidens que nous
voyons dans les Fièvres ,
comme font la fréquence du
pouls, les friflons, le chaud^
h foif, & tous les autres
fymptomes qui les accompa-
gnent ordinairement.
Pour expliquer tout cela
par ordre , il n’eft pas ne-
ceffaire de s’étendre fur la
nature de la fermentation ;
On fçait que c’eft un mouve-
ment des parties les plus fub*
tiles & les plus fpiritueufes,
iefquelles eftans enveloppées
& embatraftees dans quel-
Ce que
c’eft que
Fermen-
tation.
y4 l* Nature ,
ques matières épailfes &C
groflieres , font effort pour
les raréfier , & pour fe met-
tre en liberté. Les fermen-
tations font plus ou moins
fenfibles , félon qu’il y a plus
ou moins de difeorde entre
Je$ principes dont les mixtes
font compofez. Nous avons
dans le vin un exemple af-
fez familier des fermenta-
tions fenfibles : apres qu’on a
fait vendanges , & que les
raifins font prefiez , on met
le moud dans un tonneau s
ce mouft qui d’abord cto.it
froid , s’échauffe peu à peu
de telle forte , qu’il bouil-
lonne, &C jette dehors l’écu-
me & les impuretez qui y
étoient contenues. Cette a-
&ion s’appelle Fermentation ,*
elle fe fait par le moyen des
cfprits &c des principes vola-
ffr des cAufes de U Fièvre, yy
tiles , qui digèrent & raré-
fient les parties groflicres :
tellement qu’il en refulte
line liqueur parfaite. On
verra dans la fuite que cette
idée de la fermentation fe
rapporte fort bien a l aétion
des cfprits dans la maflfe du
fang , à tous les mouve-
mens qu’on obferve dans les
Fièvres : Il s’agit feulement
de déterminer quelles font
les matières qui fe mêlent
dans le fang, qui en trou-
blent l’œconomie , SC qui
produifent enfin la Fièvre.
Après avoir fait bien des
réflexions fur ces matières ,
j’ay conclu que rien n etoit
plus capable de caufer de
grandes alterations dans la
niaffc du fang, que le chyle,
foit qu’étant chargé d’impu-
retez, il ne foie pas propre
Que ce
qui exci-
te cette
Fermen-
tation
dans les
Fièvres »
cft le
chyle ou
le fang
mal difi
pofez*.
5^ _ r-De la Nature »
à faire cSTps avec le fang $•
ou qu’étant d’ailleurs de bon*
ne qualité , il n’y ait pas af-
fez d elprits dans le fang
1 1 P°ur le bien digérer , pour
le convertir, & pour l’unir
patfaitement à toute la maf.
le. Je donneray dans la fuite
des preuves de cette fuppo-
fition. ”
Le chyle eH pur eu impur,
«Hfpcfi. ^elon la nature des alimens,
pendent" & fd°n & U digef-
t'àès1 t*on' ^rc ^ang plus ou>
ali™»», moins fpiritueux, fui van t les
conjonftures des faifons , la
température de l’air , & la
qualité des alimens. Ceft
de toutes ces differentes dif-
pofitions du chyle & du fang,
que ré fuirent toutes les dif-
férences des Fièvres.
Pour en découvrir les rai-
fons, il faut prendre la cho-
çf des cattfes de h Fièvre: 57
îe de plus loin, & fe repre-
'enter nôtre corps comme
me machine compofée d’ ta-
ie infinité de parties diffe-
ences , qui font fi bien arran-
ges , quelles agirent corn-
ue de concert, & quelles
lépendent mutuellement les
ânes des autres : qu’au mi-
ieu de cette machine il y a.
an reffort ( c’eft le cœur )
par le mouvement duquel
ïoutes les liqueurs neceflaires
i ces parties , fe diftribuens
sar dinerens canaux : & en-
fin, que nôtre fanté &: toutes
les avions de nôtre vie re-
luirent de h jufte diftribu-
tion de ces liqueurs, & du
bon tempérament des par-
ties.
Cette jufte diftribution des
liqueurs , ët ce bon tempé-
rament, dépendent princi-
Dont- le *
bonnes
qualités-
font la^
fanté,
De me-
me que
les mau.
vatfes la
'«léreglét.
Ce que
è’cft que
fair*
58 De la Nature,
paiement des bonnes quali-
tez de l’air & des alimens.
A l’égard des alimens, peu
de gens Ignorent que leur
mauv2ife qualité, ou leur
mauvais ufage , dérèglent'
nôtre fan té. Tant d’ Auteurs
ont écrit fur cette matière,
qu’il n’eft pas ncccflaire de
s’y arrêter. Mais pour ce qui
eft de l’air, comme il n’eft
pas facile de déterminer
comment il change nôtre
conftitution par fes differen-
tes alterations, il faut don-
ner une idée générale de ce
qu’il eft, & de quelle ma-
nière il peut agir fur nos
corps.
Par l’air , j’entens cette
matière cranfparente qui nous
environne, &: dans laquelle
nous vivons , qui ne contient
pas feulement les vapeurs &
& des caujes de U Fièvre. f9
es exhalaifons , mais encore
me infinité de petits corps
tnimez S c inanimsz , qui na-r
rent dans toute cette éten-
iuë. C’eft ce mélange de
sapeurs , d’exhalaifons & de
>etits corps, qui caufe les
liverfes températures de l’air,
reion la rarefaâion , la con-
denfation, & lesmouvemens
iifferens que la chaleur leur
imprime.
En effet , fi on examine
tout ce qui arrive en chaque
faifon de l’année , on fera
convaincu que l’air eft non
feulement fufceptible de di-
vers temperamens , mais auf-
fi qu’il les doit communi-
quer à nos corps , &: caufer
en nous des impreffions dif-
ferentes.
En Hyver, comme le So-
leil ne fournit pas affez de
Et
ment il
change
nôtre
confit!»
tution
dans le$
differenui
tes fai-
fons.
En Hjr*
ver.
*o Delà Nature,
chaleur pour échauffer tour
l’Athmoiphere , l’air eft char-
gé d’une infinité de vapeurs,
qui s’unifient fur la fur face
de la terre, & forment de
petits pelotons de neige , ou
des parcelles de glace imper-
ceptibles. Ce font ces va-
peurs glacées qui s’infinuant
avec l’air dans nos poulinons*
eaufent les toux & les ea-^
th irres , & qui par leur mé-
lange avec le fang , retar-
dent fi fort fon mouvement,
qu’il en réfulte une lenfa-
lion de froid dans toutes les
cxtrémitcz de notre corps,
;|a* Dans le Printemps, au
contraire*, le Soleil ayant af-
fez de> force pour difiiper
toutes les vapeurs, & pour
les éloigner de la fuperficie
de la terre , il fait fucceder
en leur place les parties fpi.
Xfr des caufes de la Fievre. 6%
itueufes Si volatiles des plan-
es, des fleurs ., Si des autre»
nixtcs , Si remplit l’air de
saûmes Si d’efl'ences qui re-
îouvellentla mafle du fan g *
\L produifent cette vigueur
extraordinaire que nous reC»
entons toujours dans cette
Jaifon.
Mais comme en Efté la **
:haleur devient exceffive , Si
lonne un mouvement trop
apîde aux vapeurs , Si à ces
jetits corps dont je viens de
varier., l’air efl: tellementra-
:efié que nos poulmons Si
loftre cœur n’en recevant
>as une quantité fuffifante ,
ious nous trouvons dans un
ineantiflement extrême , à
jeu prés comme les poilïdns
hors de l’eau s Si le peu d’air
^ue nous recevons eft fou-
vent chargé d’infettes Si de
fit dans
!’&utom-
fic.
€i È>e U Nature ,
petits corps impurs que nous
dévorons paî la fatale necef*
fité de rcfpircr.
La faifon qui fuit ne re-
pare pas tous ces défauts, &
quoy que la chaleur foit à
peu prés temperée comme
au Printemps , il s’en faut
beaucoup qu’elle produite
les mefmes effets ; car enfin
•fi dans le Printemps la nature
paroift naiffante, parce que
l’air eft rempli de ces parties
fpiritueufes & balfamiques
qui s’exhalent des plantes &
des fleurs : le contraire arri-
ve dans l’Automne , parce que
l’air n’efl: alors chargé que
d’exhalaifons & de vapeurs
malignes , qui émanent de la
corruption des animaux, de
celle des fruits &: des autres
mixtes ; à quoy il faut ajou-
ter que fi au Printemps la
& des CAufes de U lièvre. 6$
;haleur augmente toujours,
;lle diminue toujours en Au-
:omne , & que ces differen-
tes produifent dans la nature
& particulièrement dans no*
corps des effets très - diffc-
rens ; en un mot dans les di-
verfes faifons de l’année , la
chaleur eftant plus ou moins
forte, les pores plus ou moins
ouverts , la tranfpiration plus
ou moins libre , l’air plus ou
moins pur , les alimens enfin
plus ou moins fpiritueux; qui
peut douter que les degrez
& les eombinaifons de toutes
ces chofes venant à changer ,
noftre conftitution naturelle
ne change pas aufli , foit dans
la fanté , foit pendant la ma-
ladie , & que ce’a ne contri-
bue aux alterations que nous
refTentons tous les jours î
Si ces réflexions fur le*
£4 Be la Nature ,
faifons font capables de pet»
fuaderque l’air , félon fes di»
verfes températures , peut
communiquer à la mafle du
fang t des difpoficions diver-
fes , & que dîailleurs; on ne
doute point qu’il n’en foit de
mefme des alimens ; je croy
qu’il ne fera pas difficile de
comprendre que le chyle ou
le fang fe trouvant altérer
d’une certaine maniéré ^pro-
duiront cette fermentation
que l’on appelle pic vre, dans
le temps qu’ils fe mêleront
enfemble. *
Quelle A l’égard du fang , il n’efl
difpofi. pas neceflaire d’examiner tou-
fongdlns tcs ^cs alterations dont il eft
les Fié-^ fufceptible , il fijffic de dé-
vm/ 1 11 • v
montrer celle qui convient &
noftre fujet. Je fuppofe pour
cela que le fang d’un homme
malade de quelque Fièvre
tient
& des aufes de U T livre.
tient de l’aigre , & que
l’air ou les alimens luy ont
communiqué cette qualité :
pour prouver cette fuppofi-
tîon , il faut premièrement
expliquer de quelle manière
le fang peut contracter de
Maigreur.
Le fang devient aigre ou
par lâdiflipation defes efprits,
bu par l’addition de quelques fa.ns d<:*
i • 1 ^ r 1 • ? vient n*
Acides* On ne fçauroit dou- v**
ter que les efprits du fang ne
fe difïîpent quelquefois , l’è-
puifement ou l’on fe trouve
après de grandes fatigues ,
au après de grands excès , &C
l’accablement dans lequel!
Font les malades^ qui ont eu<
an violent accès de Fièvre*,
5n font des preuves incon-
ciliables. Mais on peut enco-
rc moins douter que le fang
ae devienne aigre par cette;
€6 De U Nature,
diflîpation d’efprits , fi l’on
eonfidere que les efprits font
les principes dominans &: le
frein des acides , lefquels ne
fe manifeftent jamais dans
le fang , qu’aprés que les ef-
prics font diiîipez •, car alors
les acides s’exhalent , & en
communiquant leur qualité à
la liqueur, ils la rendent aigre.
On fera encore perfuadé
que lç fang devient acide
par l’addition des acides , fi
l’on fait reflexion qu’il doic
neceflairement tenir des qua-
lités qui dominent dans les
alimens , & que comme les
viandes & les boulons fpiri-
tueufes augmentent les ef-
prits dans la maffe du fang^
il faut auffi neceflairement
que les alimens & les boif-
fons acides augmentent l’a-
cidité du fang.
& des cdufes de la Fièvre, éj
On peut encore prouver
que la dilfipation des. efprits
& l’addition des acides peu-
vent aigrir le £ang , par l’a-
nalogie qu’il a avec le vin ,
la biere , le laid , &c, fi on
expofe au grand foleil un
tonneau débouché plein de
vin , le vin deviendra aigre ,
parce que les efprits fe dilfi-
pent & s’évaporent. La mê-
me ehofe arrivera fi l’on y
ajoute du vinaigre ; il y a
encore d’autres moyens de
rendre les liqueurs aigres,
mais de quelque maniéré que
l’on s’y prenne , on trouvera
par tout ou addition d’acides,
ou dilfipation d’efprits.
A l’égard du chyle on ne
fçauroit douter qu’il ne puif-
fe aulfi devenir aigre , loit
qu’il acquiert cette qualité
par des alimens aigres , fois
F Ü
Com-
ment le
chyle ac»
quisrt la
roefrre
qualisf,
«g te la Nature,
qu’il le devienne dans l’Efto-
mac par le mélange des le-
vains acides qui s’y recon-
trent , cela n^a point befotn
de preuves.
<ju* le Pour appliquer tout cela à
««rdc I1 luppofinon que j’ay faite,,
4*n*re|c, cluc fang dent de l’aigre
ÿicvrcs^ dans les Fièvres ; il feroit ai-
Cc de faire voir que tout ce
qui donne occafion aux Fiè-
vres dans toutes les laifons.
de l’année , caufe ou dilïtpa-
tion d’efprits , ou augmenta-
tion d’acides dans le fang^
maisil fuffic d’alleguei l’exem-
ple de l’Automne , qui eft la.
faifon de l’année où les Fiè-
vres régnent le plus. Peut-
on douter que les efprits
n’ayene efté dillîp^z par les
chaleurs ejEceflty es de M£ité,
ÔC que les acides n’ayenc efté:
augmentez dans le fang par
$ ctes çâufcs de la FiJh/re. 6ÿ;
les alimens & les boiflbns*
donc on ufe alors , Le (quels
participent tous plus ou moins
de l’aigreur. Cette fuppofi-
tion eft encore conforme à
l’experience , qui nous fait
voir d’ün cofté que le fang
des febricitans donne moins
d’efprits dans la diftillation *
que le fang de ceux qui fe
portent bien j & dé l’autre ,,
que les fueurs les plus falu-
taires dans les Fièvres fentont
l’aigre » ainfi que l!a remarqué
l- Auteur du Traité de lague-
rifon des Fièvres par le Quin-
quina;
Si donc le fâng tient de
l’aigre par quelqu’une des rai-
fonsque j’ay remarquées , je
puis fuppofer qu’il fe fera
une efpece de coagulation
du chyle & du fang lors qu’ils
mêleront dans les veines,.
F üj.
ment
cette ai»
greur dfâ;
fang- ex*-
cite la
ïicvflfc..
7° fa Nature ,
parce que l’une & l’autre de
ces liqueurs Te coagulent
comme le laiefc par le mé-
lange des acides. Et d’au-
tant que cette coagulation
épailîàra le fang , & empê-
chera qu’il ne pafle dans le
cœur aufli vide que de cou-
tume , elle donnera lieu à
une fermentation extraordi-
naire , qui n’eft autre chofe
que la Fièvre. Cette fer-
mentation fc fera par les ef-
prits , qui fe trouvant enve-
loppez dans le chyle, ou plu.
toft dans le fang condenfé
par le mélange du chyle ,
agiront inceftàmment jufqu’à
ce qu’ils i’aycnt entièrement
di flous & raréfié : Voilà l’i-
dée que j’ay d’un<
qui vient de la maui
bfenqùe Ie coroprens enc<
pofition du fang.
& des Cdufes delà Fièvre. 71
la mefme difpofition acide r»:gr«*
1 t 1 1 du chyle*
fe trouvant dans le chyle pro-
duira aufîi la Fièvre j car fi
un chyle de bonne qualité
excite des fermentations fié-
vreufes par fon meflange avec
un fang peu fpiritueux , & qui
tient de l’aigre ; par la même
raif.n un chyle trop rempli
d’acides doit produire la Fiè-
vre 'lorfqu’il fe mêlera dans
le fang , quoy que le fang
foit d’ailleurs de bonne qua-
lité. C’efl fur ces deux con-
fiderations que j’établis toute
la dodrine des Fièvres.
Lorfquc le chyle d’un qu2bj
homme fain fe convertit en
fang , cette converfion fe fe
O >, ~ convtr-
faitaifementpar une rermen- m en
tation douce & naturelle, aucun
dont on ne s’apperçoit pas tIoubUy-
fenfibîcme.nt , parce que les
mou v. 'mens du cœur 4n
7* T)t h Nature,
fang font bien regjez , & qu*i£
ne s’y paflfe rien d’extraordi-
S r£' naitc« 11 n’èn cft pas de mê-
fnint 're me fermentation qui
mai dif. produit la Fièvre j le fang
ui fen» cftant eondenfé par le mé-
pafljîr ^ange du ehyle de la maniéré
rnéUnge,;. que je viens de l’expliquer r,
paffe difficilement dans le
cœur, & s’il m’eft permis de
parler ainfi , il caufe d’abord
dans le petit monde les mê-
mes effets que PJEclipfe caufc
dans le grand , en arreftant
l’influence des efprits ,ô£ Con-
fiquemment la communica-
tion'de la chaleur à toutes les.
parties éloignées : Ceft-1? 1»
raifon du fri (Ton & de tous
les accidcns qui le fuivent
ce friflon ne celle point juf-
qu’à ce que les cfprits qui
cftoiënt enveloppez dans cet-
nutiere épaifle U conden-
dr des cdufes de U Fièvre. 75
fée l’ayent rarchée &di(Tou-
te , & qu’ils fe foient mis en
liberté } alors ils Ce portent
avec vîtefle à toutes les par-
ties , & comme ils entraînent
la plus grande portion de cet-
te matière , la chaleur & la
fermentation continuent jufc
qu a ce que la digeftion en
eftant faite, ellepafle à tra-
vers les glandes excrétoires
de la peau, & finifle l’accès
par une fueur favorable, ou
par une bonne tranfpiration.
Voilà comme je penfe que fc
Fait un accès de Fièvre in-
termittente , lors que la ma-
tière cfl; condenfce dans les
veines , SC que le fang pafle
entement dans le cœur , c’eft
’e tems du friflbn : après que
es efprits fe font développez,
5e qu’ils ont mis en mouve-
ment cette matière , c’eft le
G
74 2)é la Nature ,
tems de la chaleur ; enfin
lors que la matière eft bien
digerée & difloute , la fueur
fuccede , & la Fièvre finit.
Que fi une Fièvre continue
fièvre*5 dure long - tems , cela vient
comi- jjg ce qUe chyle qui fe mê-
le dans le fang eft trop char-
gé d’impuretez , ou de ce
qu’il n’y a pas aflez d’efprits
dans le mefme fang pour di-
gérer & purifier promtement
le chyle , ce qui fait que la
fermentation continue plu-
fieurs jours.
Et lieu que dans un ac-
fntermit* cés de Fièvre intermittente
wnw*' le chyle n’eft pas aflez im-
pur pour entretenir long-
tems la fermentation dans le
fang , ou bien les efprits y
font aflez abondans pour la
finir promtement.
Les Fièvres continues dif-
& des caufès delà Fièvre. 75
ferent des intermittentes , en
ce que les Humeurs qui cau-
fenc celles-là font plus abon-
dantes & plus en mouve-
ment 5 elles font plus abon-
dantes dans l’eftomach 8€
dans les premières voyes . de
forte qu’étant portées incel-
famment avec le chyle dans
les veines , elles y excitent les
fermentations fiévreufes j el-
les font plus en mouvement,
foit parce qu’elles font pro-
duites pat des matières ca-
pables d’exciter une p rom te
fermentation, foit parce que
fait eft difpofé à leur impri-
mer ce mouvement comme
en Efté ; & c’eft en cette fai-
fon que les Fièvres continues,
ardentes & malignes font
plus en régné ; les matières
promtcs à fermenter font le
vin, les viandes, les herbes ,
G if
7 6 De la Nature ,
les fruits , &cc.
M‘. d’Effe , & prcfqne
tous les Modernes , difcnt
que les parties bilieufes &:
fulfurées du fang tropexhal-
tces font la caufe de ces Fiè-
vres ; mais je croy qu’ils fe
trompent , fuivant leur prin-
cipe nous aurions toujours
la Fièvre en Efté , &; les ha-
bitants des climats chauds
feroient toujours attaquezde
cette maladie , puifqu il eft
jconftanc que par la chaleur,
les parties bilieufes & fulfu-
rées du fang font fort exhal-
tées. Cette hypothefc com-
bat la nature des fermenta-
tions , il ne s’en fait point
que pat la difcorde qui fe
trouve entre les principes i
celles qui fe font dans le fang
font toujours caufées par des
matières qui enveloppent &5
(jr des Cdttfes de la Fièvre. 77
embaraflent les parties avi-
ves , c’eft à dire les efprits &
les foulfres ; & c’eft cet cm-
baras®qui fait les fermenta-
tions & la Fièvre , lefquelles
ceflènt dés le moment que
les efprits & les foulfres font
exhaltez ; lors que le vin n’cft
pas meur & qu’il eft encore
mouft , il fermente violem-
ment j parce que les fubftan-
ces fpiritueufes font emba-
raflees dans les matières grof-
fteres •, mais quand il s’aigrit
par l’exhaltation &: diflipa-
tion de fes efprits , il ne s’y
fait aucune fermentation : Il
cft aifé de remarquer que
pendant les chaleurs exceflî-
ves de l’Efté , nous n’avons
jamais la Fièvre fi nous vi-
vons fobrement , dans quel-
que exhaltation que foient
alors les efprits & les foulfres
G iij
7$ Dr /< Nature ,
du fang , quoy que nous
foyons dans un épuifemenc ,
ÔC dans une fôiblefie extrê-
me 5 il faut donc conclure
que la caufe dé toutes les Fié*
vres vient des matières im-
pures & infociables qui fe
mêlent dans le fang. On fera
convaincu de cette vérité fi
cri fait réflexion fur la pluf-
part des Fièvres malignes 5 on
fçait que dans ces fortes de
Fièvres la fermentation efi
fouvent fi foibîé , & le pouls
fi petit , qu’on ne s’apperçoit
prefque pas que Ifes malades
ayent la Fièvre ; la raifon de
cela fe tire de ce que les par-
ties volatiles & fulfureufes
du fang font trop exhakées
& fe diffipent ; Sc la Fièvre
ne fubfifte que parce qu’il y
a encore quelques efprits
dans le fang qui agiflent foi-
& des caufes de U Fièvre . 79
blement fur les mauvais fucs
qui y ont efté introduits avec
le chyle : fi d’autre côté on
examine les accès des Fièvres
intermittentes, que l’on
conûdere qu’ils font beau-
coup plus violents , & qu il
y a plus d’agitation U d’é-
levation dans le pouls , que
dans les Fièvres continues,
on fera perfuadé que tant
s’en faut que les efprits &
les foulfres exhaltez foient
la caufe des Fièvres , leur
exha! ration au contraire eft
une marque qu elle eft finie
ou diminuée confiderablemet.
Monfieur de Bezanfon
Auteur Moderne , qui a écrit
fur les Fièvres , dit qu’il a
examiné toutes les opinions
qui ont paru jufqu’icy fur la
nature de ces maladies , &
qu’il s’en eft formé une idée
So "De la Nature ,
conforme à l’experience dont
il fe vante de donner des
explications mechaniques. Il
ajoute que la plufpart des
Auteurs ont établi la fer-
mentation pour caufe uni-
verfelle des Fièvres, & qu’ils
fe font trompez , puifqu’il y
en a fans fermentation ,
comme celles qu’il dit eftre
caufées par irritation , &
qu il fait fucceder aux gran-
des douleurs, aux abfcés , &c
aux inflammations; &: il allu-
re qu’on ne Içauroit donner
d autre raifon de la eaule
de ces Fièvres , qu’une vio-
lente fecoufle des nerfs qui
leur fait répandre des elprits
en abondance dans les vaif-
feaux i je ne penfe pas que
cet Auteur puifle expliquer
mechaniquement la préten-
due fecoufle des nerfs , &:
& des attifes de U Fièvre. Sr
:et épanchement des efprits;
e croy auffi qu’il nous impo-
e , & je n’ay lû nulle part que
a fermentation foit la caufe
miverfelle des Fièvres.
La Fièvre n’eft point cau-
se d’elle-même , Fermenta-
tion & Fièvre font fynoni-
nes ; Mais il faut expliquer
t Monfîeur D. B. comment
es Fièvres qui fuccedent aux
grandes douleurs, aux inflam-
mations &: aux abfcésjfont
des fermentations.
Pour cela, il faut compren-
dre que tous ces accidens dé-
•eglent la circulation dufang,
ie forte que les efprjts& lama-
;iere fubtile font interceptez
>u troublez dans leur cour-
fe , Sc cela fuffit pour juger
p’il excitent un mouve-
nent inteftin excraordinai-
:e.D’ailleuj:sil eft vraifembla?
%x De la Nature y
ble que des matières im-
pures &: infociables émanent
des inflammations &C des ab-
fcés , & qu’eftant confon-
dues avec le fang , elles y
caufent des fermentations :
cette explication me paroift
plus naturelle &: plus intel-
ligible , que de faire répan-
dre par les nerfs des efprits
dans les vaifleaux 5 cet Au-
teur parle encore d’autres
efpeces de Fièvres dont il
établit les foyers 'dans Iesin-
teftices de chairs , dans les
détours des vifeeres , dans
le cerveau , & dans les glan-
des.
Je n’ay pas. deflein de cri-
tiquer tout l’Ouvrage de Mr
D. B , ni de faire voir la
nullité de tous ces foyers ,
cela me pourroit mener trop
loin j & je ne penfe pas que
é" des caufes de la fièvre. 83
e public s’en laide prévenir ;
nais je ne fçaurois m’empê-
:her de dire quelque chofe
lu Syftême de M‘ Borelli,
jue M1 de Bezanfon aflure
:ftre le plus probable de ceux
ju’011 a encore propofez.
M' Borelli dit que les ef-
irits & le fuc nerveux étant
levenus âcres , irritent le
:ceur & les nerfs , & font
>ar là les caufes productives
iremieres 8c immédiates de
a chaleur de la Fièvre. V oi-
:y fes propres termes ; Spi-
■itHs & fucci nervei , folito
tcricres redditi , nervos <& cor
rritantes , funt caufâ produèîi-
va prima de immédiat a ex-
eandefeentia febrilis.
Il dit aufli que les levains „
les Fièvres font dans les ,,
glandes , qu’il fe fait desob- „
îtru&ions dans les nerfs , que „
J$4 2?e U Nature ,
S) le fuc nerveux s’y aigrit, qu’il
„ eft porté au cerveau & à la
„ moële de l’cpine , & qu’ayant
„ acquis une qualité vitrioli-
„ que , il irrite les parties , 8C
„ produit les tremblemens &:
„ les autres fymptomes du frif.
„ Ton. Voilà à mon fens un
Syftême bien nouveau , bien
étrange , & peu probable,
quoy qu’en dife M* de Be-
fanfon ; car enfin fi les efprits
font formez de la partie la
plus fubtile du fang qui eft
porté au cerveau par les ar-
tères carotides , comme tous
les Médecins en convien-
nent! Il faut concevoir que
le fang artériel fera d’une
extrême acidité , &: dans cet-
te veuë on fera perfuadé
qu’il caufera des coagulu-
tions par tout où il fera dil-
tribué , ce qui produiroiç
& des caufes de U Fièvre. §f
me infinité d’accidents qu’on
ie void point paroiftre dans
es Fièvres : d’ailleurs fi les
ifprits eftoient ftffeeptibles
l’acidité contre l’ordre de
eur nature , puifque l’Efprit
le vin n’aigrit pas , il n’y
turoit point de Fièvre qui
îe fait precedce de douleurs
le telle violentes , de con-
mlfions , de paralyfies d’en-
rourdiffemens , &C de tous
es fymptomes qui dérivent
lu defordre des efprits , & de
’obftruétion des nerfs ; mais
tu fond comment rendra-
an raifon par ce Syftême
l’une Fièvre qui attaque fu-
aitemcnt un homme qui a
trop mangé & trop bû ; cet
excès de nourriture & de
boiflon aura- 1- il établi en
moins d’une heure des le-
vains dans les glandes , ôù
Explica-
tion des
fympto-
mes qui
paroiflét
dans le
fiiffon.
%6 De la Nature ,
produit des obftruèfcions dans
les nerfs ; n’eft-il pas plus rai-
fonnable de penfer que cet-
te Fièvre procédé du defor-
dre des digeftions qui exhal-
tent des fermentations extra-
ordinaires dans le fang ? ’Ceft
ce que j’explique dans mon
hypothefe, &: pour la fuivre
je vais rendre raifon de tous
lesfymptomes qui paroifl’ent
dans les Fièvres.
Les Fièvres font ordinai-
rement précédées, de dou-
leurs pefantes dans les jam-
bes , de bâiîlemens , & d’ex-
tenfions i les frifïons furvien-
nent enfuite , puis les trem-
blemens , &c les mouvemens
convullîfs félon que le froid
eft plus ou moins violent.
Pendant le fri {Ton les malades
fouffrent quelquefois une foif
excdfive, & refpirent diffici-
& des caufes de h Fièvre. 87
ement ; quelquefois le pouls
l’eft pas fenfible, ordinaire-
nent il eft petit &C enfoncé,
nais frequent , au lieu que
dans la chaleur il eft grand ,
•levé , &: frequent.
Pour bien comprendre tous Desdou;
;es fymptornes, il faut fça- gU“rss™*
zoir qu’au commencement pfentet*
des Fièvres , l’œconomie na-
turelle fe change , & fe déré-
glé par le déreglement du
mouvement circulaire du
lang , parce qu alors les hu-
meurs &C les fucs qui eftoient
portez aux parties pour leur
nourriture & pour leurs fon-
dions , ou font interceptez ,
ou coulent plus lentement.
Ainfi le fang & les efprits
n’eftant pas diftribuez aux
parties éloignées , aux jam-
bes par exemple , aufli régu-
lièrement , ic aufli abondant-
Des bail-
kmens.
8 S De la Nature l
ment que lorfque le mouve-
ment du fang eft bien re*
glé , les humeurs palTent
avec peine dans les petits
vaifleaux de ces parties , &:
y caufent des douleurs va-
gues. Les parties en mefme
tems font appesanties par le
défaut ou par la diminution
des efprits , qui font les prin-
cipes de leurs mouvemens
lors qu’ils y coulent en abon-
dance , & c’eft-là fans dou-
te, pour le dire icy en paf-
fant, la raifon pour laquelle
les vieillards font plus pe.
fants , & marchent plus len-
tement que les jeunes gens.
A l’egard des bâillemens ,
on pourrait penfer qu’ils pro-
cèdent de ce que tout l’air
qui eft entré dans les poul-
mons ne pénétrant pas jus-
qu’au cœur , parce que les
pafîàges
& des caufes de la Fièvre. 89
adages commencent à fe
loucher , il fait reflux dans
i bouche &c la dilate. Mais
y a plus d’apparence que la
aefme caufe qui produit les
xtenfions & lesmouvemens
©nvulfifs , produit aufli ces
âillemens*
Les extenfions &: les mou-
emens conYulflfs viennent
e l’inégale diftribution des
fprits dans les fibres char-
uës des mufcles & des mem-
ranes y car le mouvement
u cœur eftant tres-foible
ans le friflbn » comme je
ay dit, les efpritsquifont en
etite quantité coulent irre-
ulierenient dam les parties,,
intoft dans l’une > tantofê
ans l’autre , ce qui caufe la
ivcrfité de leurs contra-
lions , & l’irrégularité de
rurs mouvemens, C’eft-là
H
De* ex-
tenfions
& des
rnouve-
mens côW
yulüfs*
90 De U Nature ,
la véritable raifon de tors
ces differens mouvemens
convulfifs , qui arrivent dans
le friflon , ainfi que je pour-
rois le prouver plus ample-
ment ; Mais comme cée exa-
men me meneroit trop loin ,
je me contenteray de con-
firmer ce raifonnemenc par
un exemple familier , &c qui
me paroift fenfible. Voyez
un poulet auquel on a cou-
pé la gorge , & remarquez
lés differens mouvemens qu’il
fait à mefure qu’il perd fon
fans > d’abord il bat des ailes,
parce qu’il a encore beau-
coup d’efprits ; enfuite il a
des crembleHiens , parce que
lesefprits fe difiipent,^ n’a-
giffent que faiblement ; en-
fin il tombe dans des con-
vulfions , il fe roidit & allon-
ge fes jambes , parce que le
& des caufes de U Fièvre. $i
mouvement du cœur venant
à celfer , le peu d’efprits qui
luy relient , ne coule alors que
dans les mufcles qui fervent
à l’extenfion , ce qui fait la
roideur convulfive qu’on ob-
ferve avant la mort.
La difficulté de refpirer
que les malades fouffrent au
commencement des Fièvres ,
vient encore de ce que le
fang palfant lentement dans
les poulmons preffe & em-
baralTe les vailfeaux par où
l’air fc communique au cœur ,
en forte que les palfages de
l’air n’eftant pas libre , le
commerce en efb interrom-
pu, & la refpiration déréglée.
La foif procédé de ce que
la malfe du fang eftant con-
denfée , & toutes les humeurs
moins fluides , la falive ne
fc fepare point dans les glan-
H ij
De la
difficul-
té de reC.
pirer.
De!*
foif,
pz De U N Attire,
des de la bouche , ce qui
caufe la féchereffe , & par
confequent la foif. En effet ,
on remarque * prefque tou-
jours qu’elle ne finie que dans
le tems que la chaleur com-
mence , parce qu’alors les
efprits eftant débarraffez &:
les liqueurs plus coulantes,
elles font portées en affez
grande abondance aux glan-
des falivaires , & aux parties
voifines pour les humecter
& pour faire ceffer la foif.
Et de i* Le pouls eft frequent dans
«du"' tems du friffon , parce
jouis, que ]es efprits commencent
à agir fur la matière qui les
embarraffe , & qu’ils font
effort pour fe débarraffer ,
& il paroifl enfoncé , parce
que cette matière n’eft pas
fuffifamment raréfiée , & que
les. efprits ne font pas en li- J
ef des uufes de U Fièvre.
>ercé. Dans le chaud au
:ontraire le pouls eft grand
Z élevé , parce que les ef-
rits coulent à plein canal ,
C entraînent avec rapidité
out ce qui faifoit obftacle
leur mouvement.
Il y en a qui croyent que
[ans le friflon les tremble-
icns , les roouvemens con-
ulfifs , & la fréquence du
•ouïs viennent de l’irritation
es parties nerveufes caufée
ar les acides -, mais corn,
le j’ay fuppofé que dans
: froid les acides eftoient
nveloppez avec les autres
rincipes du fang qu’ils eoa-
ulent } il eft vray-fembla-
le que dans ce tems-là les
eides n’agiflent que fur les
u meurs } sz qu’ils ne fçau-
aient irriter les partiesfen-
bles qu’aprés qu’ils auront
Que tous
ces fymg «J-
rcmes
ne vien-
nent,
point de
l’irrita-
tion * des
parties
membrai
nettes*
94 Z>* N mure ,
efté diflous &: exaltez par la
fermentation } car fenfin fi
le mouvement de toutes les
humeurs eft fufpendu dans
le friflon , comment les aci-
des iront-ils irriter les parties
éloignées , & y caufer des
tremblemens & des mouve-
mens convulfifs ; il faut dé-
truire noftre hypothefe , ou
convenir que les tremblc-
mens Sc les mouvemens
convulfifs dans le fri (Ton
viennent de la privation de
la chaleur , ou du défaut de
l’influence des efprits ; SC
afin de rendre la chofe plus
fenfible par des exemples, il
faut encore faire réflexion
fur ce que j’ay dit d’un pou-
let mourant, j’ay remarqué
qua mefure qu’il perd fon
fang il a des mouvemens dif-
ferents , il bat des ailes , il a
& des caufes de la Fièvre.
les convulfions , il le roidit,
>eut-on dire que tout cela
trocede d’une matière irri-
ante ? n’y a-t-il pas plus de
üjet de penfet que les con-
radions des nerfs , le roi-
lilfemenc , &Cc. viennent de
:e qu’il ne coule plus d’ef-
>rits dans les nerfs & dans
es mufcles de cet animal ?
Le friflon n’eft-il pas l’image
le la mort ; le mouvement
lu cœur ne femble-il pas
dors fufpendu : &C cette fuf-
?enfion ne fuppofe - elle pas
aeceflairement une privation
de chaleur ou un défaut de
diftribution des fucs necef-
faires aux fondions des par-
ties , tellement que fi elles
tombent dans des mouve-
mens irréguliers , doit-on en
attribuer la caufe à une ma-
tière irritante > N’y a-t-il pas
96 De La Nature ,
plus d’apparence de croire
que le defordre des ces par-
ties vient de ce qu’elles font
privées des fucs deftinez à
leurs fondions ; prenons un
exemple dans les plantes.
Perfonne n’ignore qu’un
arbre n’efl: beau &: verd , que
fes branches ne font pliantes
& flexibles, que parce qu’il fe
dillribuë une feve,ou des prin-
cipes végétatifs par le tronc
jufqu’aux extrémitez de fes
branches; mais comme dans
ces principes il y a des ma-
tières terreftres , il arrive par
la fuite des tems qu’une por-,
tion de ces matières s’arrête
& bouche les tuyaux des
plantes , en forte que la feve
ne pouvant pénétrer & mon-
ter jufqu’aux extrémitez des
branches , elles deviennent
toides 3 féches &C caflantes ;
ô des cdufes de la T ïévre. 97
cnfuice tout l’arbre périt par
le défaut de diftribution de
la feve 5 & fi l’on prend la
jeine de regarder dans le
:ronc des vjcux aibres , on
f trouvera fans doute dés
:erres & d’autres fupcrflui-
:ez qui ont fait obft cle à ù
ïirculation de la feve , & qui
>ar confequent ont caufé la
nort de l’ai bre.
On peut penfrr que la mè-
ne chofe fe palT- dans les
nimaux, & il eftaifé de re-
marquer que dans la' jeu-
elïè les lues nourriciers
tant diftribuez abondam-
îènt à toutes les parties,
liés font vigoureufe* , fou-
les , Sc capables de toutes
>rtes de mouvement; mais
emme par les frequentes
irculations de ces lues il eft
ray-femblable qu’il en refta
I
5 8 Ve U Nature,
quelque portion terreftre te
grolfiere dans les paffages les
plus étroits , te que même il
s’en fait desincruftations con-
tre les tuniques des vaiflfeaux j
les nouveaux fucs nourriciers
ne fe diftribuent pas fi abon-
damment , ni avec la même
facilité , tellement que les
parties deviennent plus fé-
ches , te par confie quent
moins fouples •, les os font
plus durs te plus caflantS j
quelques artères font oflTeu-
fies , les cheveux deviennent
blancs te fecs 3 parce qu’ils ne
reçoivent plus tant de cette
humidité onétueufe qui les
nourrifloit , la peau devient
tidée te fiéche , parce que les
vaiffeaux capillaires font pri-
vez des fucs qui abreuvoieni
toutes les parties éloignées ,
pom le refile devient foible te
cf des taupes de ta 'Fièvre. 99
chancellai t , une partie tom-
be en paraly fie ; & enfin l’on
meurt par le défaut de diftri-
bution des fucs nourriciers
ïux parties éloignées ; le com-
merce de 1 air étant inter,
ompu Sc arrefté dans les
joulmons , il y produit ce
alement que l’on appelle im-
>ropremenc fluxion de poi-
rine.
Je me flato^jue cesraifons
£ c es réflexions pourront
aire comprendre que l’irri-
ation faite par les acides,n’eft
oint la caufe des accidents
ui paroiflenr dans le friflbn,
i qu’ils ne fçauroient irritée
:s parties ftnfibles qu’en
juchant ou frapant ces mê-
les parties} il faut pour cela
ue les acidesfoient dégagez,
t mis en mouvement par 1er
fprits j &: ceft alors que les
I ij
ioô De la Nature ,
fymptomes qui furviennent
dans le cliaud de la Fièvre fe
manifeftenr. .
Expii- Les plus ordinaires font les
des aeci- délires & les douleurs de
tZt te^e > -dont la eaufe fera fa-
cile à comprendre , fi l’on
confidere que le fang efl: alors
dans un grand bouillonne-
ment , qu’il occupe plus de
volume , & qu’écant porté an
cerveau en tres-grande abon-
nes don- dance ,11 caufe dans les m em-
pile, d* branes des tendons violen-
tes , ce qui fait la douleur i
& dans les efprits des mouve-
mens extraordinaires & irre-
Et du guîiers , ce qui fait le déliré,
Ajoutez à cela que les hu-
meurs âcres étant fublimées
par la chaleur exceffive, elles
picotent les parties fenfîbles
du cerveau, & en troublent
toute rœeonomie , & ces ac-
gf des caujes de la Fièvre, loi
cidens ne celfent qu’aprés
que ces humeurs ont efté
évacuées par les premières
voyes, ou par les Tueurs , ou
enfin par infenfible tranfpira-
tion.
Après cette explication des
fymptomes , il me femble
qu'il relie peu de chofe dans
la Théorie des Fièvres , dont
il ne Toit aifé de rendre rai-
fon. Car l’on comprend aflfez
que les humeurs qui en font
la caufe, produiront des ef-
fets differens félon quelles
feront en plus grande ou en
plus petite quantité , félon
les differens degrez de leur
mouvement, & félon les dif-
ferentes parties qui en feront
attaquées.
II faut pourtant avoiier que
dans les Fièvres intermitten-
tes il y a une difficulté qui
I üj
Raifon
de la dif-
férence
de tous
ces fym-
p tomes*
tes re-
tours des
Fièvres
intermit.
tentes fôt
toi De U Nature y
er e» dîf- paroift prefque infurmonta-
tiU b,e » & <lui a ffté de tout
te ms l’écii il de la Médeci-
ne * c’eft que cette Fièvre qui
fembloit eftre terminée hcu-
teufement par une Tueur par-
faite , ne laiflè pas de reve-
nirpréci fément le fécondera
le troifiéme jour fuivant.
Pour moy p ne prêtens pas
refoudre entièrement cette
dû flkulté , mais je croy qu’el-
le peut recevoir plus d’éclair-
cilfement dans mon hypo-
thefe que dans toutes les
autres.
en re- Voicy ce que je penfe tou-
vîe”nent chant la caufc de ces retours ;
nmaffe ie croY °luc pendant l’accès ,
du rang il s’ejV fait une notable diffi-
éié lit». pation d’efprits , & que fi la
Ww' ma fie du fang n’a pas efté ré-
tablie ni par un bon air , ni-
par un chyle aflèz fpiritueux ,
gf des caiifes de la fièvre. 105
il s’y fera nece flair ement une
fermentation nouvelle , lors
qu’il fera (urvenu une quan-
tité fuffifante de chyle pour
l’exciter , Sc cét accès fe réi-
térera le deuxieme ou le troi-
fiérae jour félon les difpofî-
tions du chyle ou du fang*
c’eft-à-dire , félon que le chy-
le fera plus ou moins impur
ou plus ou moins acide , SC
qu’il y aura plus ou moins
d’efprits dans le fang pour
faire une plus lente ou plus
promte fermentation. Par
exemple elle fe fera plus
promtemeat au Printems ,
parce qu’en cette faifon l’air
ert. rempli départies fpiritucu-
fes, qui fe mêlant dans te fang
changent fa qualité, SC le re-
nouvellent ; SC c’eft à mon
fens la raifon pour laquelle
les Fièvres font moins lon-
I iüj
!t !ear
différen-
ce vient.
De ce
qu’il y a
plus o u
moins
décide*
Ï04 De la Nature ,
gués & moins dangereufes
en ce tems-là. Au contraire
dans l’Automne cette fer-
mentation fera plus lente ,
parce que le fang dégénéré
dans cette, faifon inconftan-
te , & que l’air bien loin de
le corriger & de le renouvel-
er , augmente Ces mauvaifes
qualitez.
Mais pour mieux éclaircir
cette différence des retours
des Fièvres en. tierces & en
quartes , il faut encore faire
quelques réflexions fur nos
principes , &: tâcher d’en dé-
duire les caufes de ces re-
tours.
3’ay dit que dans les Fiè-
vres le fang tient de l’aigre ;
mais comme cét aigre n’eft
pas toujours dans un fouve-
rain degré , il y a apparence
qu’il fait des effets différais
& des cAufes de la Fièvre, ioj
fui van t fes différences , &:
fuivant les differentes difpo-
[itions du fujet. Il faut en- Et plus
:ore fe refîouvenir que les
îfprits font les agents dans la f***
Fermentation , qu’ils raréfient
& diffolvent la matière qui
a efté coagulée par les aci-
des > &C que la diffolution fe
fait plus promtement quand
il y a beaucoup d’efptits &
moins d’acides ; & plus len-
tement au contraire, quand
il y a plus d’acides S c moins
d’efprits. Cela fuppofé , fi
l’on peut faire voir que dans
la Fièvre quarte , par exem-
ple le fang contient moins
d’efprits & plus d’acide que
dans la Fièvre tierce : on
comprendra aifément que les
retours de ces Fièvres feront
fort differens , & quMs revien-
dront neceflairement plus
io€ De U Nature r
tard dans la Fièvre quarte
que dans la Fièvre tierce.
^Quedani Une preuve que dans les
quanc « Fievres quartes il y a moins
Jaci^r defpnts & plus d’acides que
a-e^ptfu ^ans ^es fièvres tierces $ c’eft
que dans que les Fièvres quartes font
tiercé, les plus longues , & qu’elles
ne fe terminent guère natu»
tellement qu’au PrintemSj,
& qu’alors elles fe changent
fouvent en tierces. La raifort
de ce changement eft qu’en»
cette faifon l’air eft plus rem-
pli d’efprits & d’eflences , qui
excitent une plus promte fer-
mentation , & renouvellent
la maffe du fang par la defî
trudion des acides , &: par
l’addition des parties fpiri-
tueufes &: volatiles.
Si ce raifonnement prou*»
ve que les retours des Fiè-
vres «partes doivent eftre
des eattfis de la fièvre. 107
lus tardifs que ceux des Fié-
t es tierces , il fera facile de
irer la même confequence
our toutes les autres Fievres
itermitcentes. > c’eft-à-dire y
|HP leurs retours feront plus.
iu moins frequens , à pro-
iortion qu’il y aura plus ou
noins d’efprits , ou plus ou
noins d’acides dans les hu-
neurs.
A l’égard des Fièvres tier-
‘es ou quartes j qui dégcnc- vrcs tjer*
ent en doubles tierces , ou
:n doubles quartes , je corn-
■>rens nue leurs accès fc par- bu» tier-
agent , ÔC que toute la ma- d(,ubieJ
•iere fiévreufe n’ayant ças
îté confumée dans un accès ,
il en- relie quelque portion
qui fert de levain à une fer-
mentation nouvelle 5 8£ l’on
peut dire que c’eft pour cela
que les accès des Fièvres,
'Notmli
i: divi-
fïon des
fièvres.
io8 De la Nature)
doubles tierces , ou doubles
quartes , font pour la plufpatt
moins violens 3& qu’il s y fait
moins de crifes qu’à ceux des
Fièvres fimples , qui fe ter-
minent ordinairement par des
fueurs univerfelles , ou par
d’autres évacuations fenfi-
bles.
Pour donner plus de jour
à toute cette matière 3 & pour
s’en faire une idée plus dit
tinèle , je voudrois diftinguer
les Fièvres qui dépendent de
la qualité du fang, d’avec cel-
les qui dépendent de la quali-
té du chyle. Celles-là que je
nomme fanguines font chro-
niques &: longues , & ne fe*
gueriffent que par le renou-
vellement du fang dans les re-
tours des faifons , ou par des
remedes fpecifiques $ & cei-
les-cy que j’appelle chyleufes
& des caufesdiU Fièvre, tof
ont beaucoup moins opiniâ-
res , &:fe gueriffent tres-fou-
ent par des évacuations (cri-
bles des humeurs contenues
ians f eftomæ , ou dans les
arties voifines.
Les retours des Fièvres ta Chfi
hyleufes font ordinairement leufM*
>lus frequents , &: moins ré-
guliers ; ils- font plus fre-
psents , parce que le chyle
jui eft porté dans les veines
:ft fouvent chargé d’impure-
:ez , & de mauvais fucs capa-
bles d’exciter une promte
fermentation ; & ils font
moins réguliers , parce que
le chyle n’eft pas toujours
Également chargé d’impure-
tez , & qu’il peut changer de
nature par les alimens , ou par
[es medicamens que l’on met
alors en ufage.
Les retours des Fièvres
no De U Nature ,
&nSuie* Sanguines font au contraire
«*• plus réguliers , & plus tardifs
que ceux des Fièvres ch y.
leufes ; ils font plus réguliers,
parce que les tnauvaifes dif-
positions du fang font plus
confiantes , & plus difficiles à
corriger : delà vient que ces
Fièvres font fi difficiles à gué-
rir , fur tout en Automne oit
elles dégénèrent le plus fou-
vent en quartes , l’air étant
alors plus propre à augmen-
ter l’acidité du fang , qu’à la
détruire. Ils font encore plus
tardifs , parce que les Fiè-
vres fanguines , outre qu’el-
les dépendent principale-
ment de l’alteration de la
mafle du fang, elles dépen-
dent encore de l’alteration
du chyle , & de toutes les
imputerez qui s’y mêlent : de
forte qu’il eft aifé de cora-
& âesCAufes dt h Fièvre. iïf
irendre , que fi le fang Sc les
îics qu’il fournit aux parties
>our leur nourriture , & pour
eurs fondions , font déjà
urchargez d'acides , Sc que
e chyle par fon mélange avec
tes fucs SC ces levains , Sc par
es impuretez qu’il apporte
ivec foy , augmente cette aci-
lité du fang , il l’alterera SC
’épaiffira davantage , Sc ainfi
a fermentation fera plus len-
te SC plus tardive , St c’e&
encore à monfens une raifon
pour laquelle les Fièvres fan-
guines font plus difficiles à
guérir.
Voila quel eft mon fenti- condi-
ment fur lacaufe des Fièvres; f°"ede
ceft à dire qu’un fang aigri '%>•:
qui coagule le chyle , ou bien
un chyle acide qui épaiffit le
fang par fon mélange , font
les caufes eflentielles des fer-
in De U Nature^
mentations fîévreufes & d£
tous les accidens qui les fui,
vent. Je pourrois infïfter da-
vantage là-deffus , & exami-
ner fur ce principe toutes les
divifions de la Fièvre ; mais
je croy que cela fuffira , &
que les perfonnes éclairées
en fçauront tirer , aufli bien
quemoy, les induélions ne-
celfaires pour expliquer tou-
tes les différences des Fiè-
vres.
TROISIEME
& des CAufes de'U Ficvrc. irj
TROISIEME PARTIE.
R éjjonfes aux O b je fl ion s.
CE n’eft pas allez d’avoir
établi mon opinion fur
la Nature des Fièvres , il faut
encore répondre aux Ob-
jections qu’on me pourra fai-
te. On me dira d’abord que
le mélange du chyle avec le
fang n’établit pas l’effence de
la Fièvre , puis que fi cette
fuppofition étoit vraye , on
devroit avoir la Fièvre toutes
les fois que le chyle entre
dans les veines y cette con-
verfion de chyle en fang ne
fe faifant point fans fermen -
tation. On ajoutera à ecla
que s’il faut neceffairemcnt
K
t. OË*
jcdion p
que fî l*
Fiéyre
dépen-
doit cTu
mélange-
dû chyle
te du f%
on auroit
toujours
la Fièvre*
te qu’efê
la guéri-
roit par
la diete
te pas
Pabfli-
ne#ce*
iî4 l* Nature ,
que le cbyle fe mêle dans le*
fang pour y caufer la Fièvre »,
il fera aifé de la prévenir ,
de s’oppofet à fes retours en
ne mangeant point , ou da
moins en faifant une dicte:
tres-exa&e.
k^oq. 3’ay déjà prévenu une par-
&> . tie de cette difficulté , lors
que j’ay dit que la fermenta»
tion qui fe fait dans la fan-
guification , n’eftoit pas fen»
fible comme la fermentation'
de la Fièvre.. La raifon en-
eft que les cfprits qui font en
petite quantité dans le fang*
des febricitans » effant enve-
loppez dans une matière dif-
ficile à raréfier, font ne ce fiai-
rement effort pour s’en dé-
barraffer ; au lieu que les ef.
prits qui abondent dans le
fang de ceux qui fe portent
$ des cmfîs de U Fièvre, ny
chyle bien préparé , le digè-
rent te le convertiffent en
£ang avec plus de facilité te
moins d’agitation. Remar-
quez neanmoins que cette
derniere fermentation de-
vient quelquefois fenfïble
par exemple après de grands
repas on fuë; la nuit , on ne
dort pas tranquillement , te:
l’on voit que tous ces aoci-
dens, qui cèdent d’ordinaire
après la digeftion , en font,
manifeftement les effets : ce-
pendant cela ne va pas juf-
qu’à produire cette fermen-
tation extraordinaire , qui;
n’ëft autre chofe que la liè-
vre. Au furplus; », il ne faut
point douter que le retour;
des lièvres ne Toit empêché;
ou retardé » te les aceez di-
minuez par la diete ou pat
l’abflineaee. L’experience:
K- i h
Ii6 De la Nature ,
nous fait voir que la Fièvre
avance ou retarde Couvent
fuivant la differente maniéré
de vivre des malades j & je
comprends , qu’une Fièvre
pourroit céder par une abfti-
nence totale de quelques
jours, files forces du mala-
de la pouvoient permettre.
Nous n’avons guère d’exem-
ples de ces fortes d’abftinen-
ces : cependant s’il eftoic
polfible qu’un fébricitant fut
deux jours fans manger ,
qu’il ne laiffàt pas d’avoir un
retour périodique de Fièvre,,
je croy qu’en ce cas-! à il fc
trouveroit dans le fond de
l’eftomac , & dans les premiè-
res voyes des reftes d’âlimens.
mal digerez , ou des hu-
meurs impures , qui fuivant
la route &: les mêmes mou-,
vemens du chyle fe mêle"»
& des cdu/ès de U Fièvre, nj
oient dans le fang, & y ex-
iteroient une fermentation
xtraordinaire , qui cauferoit
n retour de Fièvre.
Mais on dira fi c’étoit la
uantité des efpritsqui fit le re-
3ur des Fièvres, & la quantité
'acides plus ou moins gran-
e j la Fièvre ne reviendroic
as tout à coup , mais elle
jgmenteroit à mefure que
s efprits ou les acides aug-
lenteroient , ce qui n’cfi; pas %
'ailleurs il fe fait un mélange
antinüe! du chyle dans le
iiig , ce qui doit y produire
ne fermentation eontinüel-
cela efl: oppofé aux re-,
>urs reglez & périodiques,
es Fièvres.
Je répliqué à cela que je
e difconviens pas que le
hyle ne fe mêle inceflam-
îent dans le fang , & qu’il n’y
K iij
*i8 De U Nature,
excite des fermentations; mai
jfay dit &c je le répété , quelle
ne font pas fenGbles , & cju’i
faut une certaine quantité d
chyle impur pour y excite
celles qui caufent la Fièvre
deux ou trois cueillerées d
vinaigre ne font pas capable
d’aigrir dix ou douze pinte
de vin , une chopine ou un
pinte le feront : il eft donc ne
eelfaire qu’il y ait une quan
tité de chyle proportionné
à la difpofition du fang pou
y caufer une fêrmentatioi
fiévreufe ; J’avouë que je n<
içaurois expliquer cela me.
ehaniquement , ni détermi
ner la mefure du tems , de
acides, & des efprits , je cou
fois feulement qu'une serrai
ne quantité de chyle enve
loppera la matière fubtile §
les efprits 3 & que 1® mouve
gf* des caufes de la Fièvre, np
lent que cette matière &:
;s efprits feront pour fe
ïvelopper ,,caufera un accès
2 Fièvre , que cet accès re-
iendta plûtoft ou plus tard H
Ion qu’il y aura, plus ou
ioins. d’efprits dans la» mafie
afang. Une marmite ou un
ot qui eftdevantle feu,boüil-
ra plus promtement s’il y7 a»
eaucoup de feu $ dans la Fie—
re quarte le fang. eft moins
nritueux que dans lesautres
iévres , c’eft pourquoy, les,
:tours périodiques de cette
iévre font plus tardifs com-
te je l’ay remarqué ; & ce
ui me perfuade que par la-
ifpofition peu fpiritueufe du?
tng , les accès doivent eftre
îoins frequents , c’eftl que fi
ans la Fièvre quart® je don-
e des alimens chauds , &: dès
qusurs fpiritueufes , je djj*
t. Gb-
je&ion ,
que l’im,
pureté ’
des hu-
meur* cft
izo De la Nature ,
minueray le fdflbn ,■& j’a-
vanceray les accès.
J’ayfouvent remarqué que
les changemens d’air &c de
nourriture ont changé les ac-
cès des Fièvres ,ainfi leurs re-
tours périodiques ne font pas
toûjours fore reglez. Sur ce
fondement je crois avoir rai-
fon de prétendre queletems
des retours périodiques des
Fièvres dépendra de la difpo-
fition plus ou moins fpiri-
tueufe du fang. Voilà mes
raifons fur la caufe des re-
tours des Fièvres, je conviens
qu’elles ne font pas démon-
ftratives , mais je m’en con-
tenteray , jufqu’à ce qu’un
plus heureux que moy en ait
trouvé de meilleures.
On dira peut-être que tout
ce que j’attribuë à des hu-
meurs impures qui fe mêlent
dans
des eau fis de U Ficvre. ni
[ans le fang, fc rapporte fort
ien à ce que les Anciens ont
iit de la pourriture, & qu’ain*
je ramene la dodtrine de la
orrUptionquej’aycombatuë.
Il me femble que je me
bis aflez expliqué fur les itn-
urctez du chyle & du fang \
ay dit que j’entendois pat
i les alterations qu’ils rece-
oient ou des mauvais ali»
nens , ou des digeftions im-
parfaites , & je n’ay point die
[u’en dégénérant de leur bon-
les qualitcz , ils deyenoient
*ourris & corrompus : de for-
e que je ne vois pas furquoy
>n doit fonder cette O b je*
lion. En un mot je ne nie
>as que dans le fang , &: que
lans le chyle il n’y ait des
mpuretez ; mais je n’admets
>oint cette prétendue corru-
ption du fang, que les Me-
ÎI itiîém
chcfe
que la
pourri-
ture.
fc.
lia De U N Attire ,
decins difent eftre l’origine
de la Fièvre , je croy que ce
feroit plûtoft l’origine d’une
totale deftrudion.
o%- On objectera fans doute
ifJt' contre cette aigreur que j’é-
rçâurcTt tabüs dans le fang. Premie-
saigtir. remenc , que je parle trop
fouvent d’acides , 8£ que j’af-
fede d’éviter les termes or-
dinaires de la Medecine. Se-
condement , que l’analogie
que je mets entre le fan^
ÔC les liqueurs fpiritueufes
Dr/erfes comme le vin , la biere , &c
ïlZL n’eft pas jufte , puifque ce
liqueurs ne fe coagulent poin
'comme le fang par le melan
ge des acides. Troifiémemen
que l’acidité du fang n’eft pa
foûtenable , parce qu’on 1
tenouvelle tous les jours pa
des alimens fpiritueux & fu’
phureux qui détruifent les ac
tïr des câufes de ta Tiêvre. 1 1$
des , & enfin que ces mêmes
acides ne peuvent pas faire
tant de defordre dans nos
corps , & coaguler le fang ,,
puisqu’ils font neceflairesà la
■digeftion.
Pour répondre à ces Ob-
je&ions, je dis 5 Première-
ment, qu’à la vérité la façon
de s’expliquer par les acides
ell nouvelle , mais que la
chofe ne l’eft pas ; les fucs
que les Médecins appellent
humeur mélancolique fe rap-
portent fi bien avec les li-
queurs acides , que pour peu
qn’on y fafle de réflexion , on
fera convaincu que ce n’eft
qu’une même chofe ; car que
peut-on dire des humeurs
mélancoliques, qui ne con-
vienne aux fucs acides; pac
exemple, comment explique-
ra-ton la caufe des Schirresj,
L ij
fes a lot-
tes ces
raiCoaS*
U4 2>* lu Nature,
des Hydropifies , & des Ob-
ftru&ions qu’on attribue à
l’humeur mélancolique., fi ce
n’eft par un acide coagulant
dont la mafle du fâng cft
chargea à caufe de l’épuife.
ment des efprits. Seconde-
ment ,quc l’analogie dufang
avec le vin & les autres li-
queurs fpiritueufes confiflc
précifément en ce qu’elles
font remplies de parties vola-
tiles , & en ce qu’elles de-
viennent acides par la diffi-
pation de ces mêmes parties
volatiles , ou par l’addition
des fucs acides , comme je
l’ay fait voir ailleurs. Que fi
le vin ne fe coagule pas par
les acides , c’efl: qu’il n’a pas
afifcz de confidence , qu’il eft
trop fluide , & que les acides
font diffous dans une fi gran-
de quantité d’eau ou de
& des caufe s delà Fièvre, ny
phlegme , qu’ils ne fçauroient
s’approcher pour unir leurs
forces , & pour produire un®
coagulation dans cette li-
queur ; mais cette circonftan-
ce n’empêche pas qu’il n’y
ait une analogie tres-jufte
entre le vin &C le fang.
De tout cela on peut rai-
fonnablement conclure ce
me fcmble , que le fang eft
fufceptible d’acidité , quoi-
qu’on le renouvelle tous les
jours par des alimens fpiri-
tueux 5 c fulphureux. Dans
cette yeuë je confidere le
(àng à peu prés comme le
vin qu’on expofe fur mer
dans des tonneaux fouphrez ,
pour empêcher que les ef-
prits ne fc diflipent , Sc qu’il
n’aigrilTe $ ou plutoft comme
celuy de ces grands Vaifleaux
d’Allemagne que l’on re^
lié De la Nature r
nouvelle cous les ans par les
vins nouveaux qu’on y mer ,
afin de remplir la place de
de celuy qu’on a ôté , de la
même maniéré que les ali-
mens réparent tous les jours
le fang qui a efté employé a
la nourriture des parties , ou
qui s’effc diflîpé par infenfi-
b!e tranfpiration. Mais com-
me le vin foupbré fe peut
gâter fur la mer par les ex-
ceflives chaleurs qui diflipent
les efprits , Sz que le vin de
ces grands Vai fléaux d'Alle-
magne deviendroit aigre , fi
au lieu de mouft on y mettoit
du verjus ou du vinaigre ; je
dis tout de même que le
faifant dans le fang une plus
grande diffipation d’efprits ,
qu’il n’en eft réparé par les
alitnens fpiritueux , ou que
bcs alitnens au lieu d’cftre
& des eaùfes de h Fièvre. 117
fpiritueux Sc fulphureux étant
acides & dépourveus d’efprits,
le fang deviendra aigre necef-
fairement , ainfi que je lay
expliqué.
A l’égard de ce qu’on dit
que les acides font neceffaires
à la digeftion, j’en conviens*
j’avouë même qu elle ne
fçauroit eftre parfaite ,, que
lors qu’il fe trouve dans les
humeurs une jufte propor-
tion d’acides d’cfpvits , &£
je comprens que c’eft de cet-
te jufte proportion que dé-
rivent les douces liqueurs $£
ks lues nourriciers , que le
fang fournit à toutes les par-
ties du corps. Mais dés le mo-
ment que le tempérament
de ces liqueurs fe change , 8£
que les efprits fonc diflipez,
ou que les acides dominent ,
alors les humeurs cordent
L iiij;
î;i$ J)t U Ndturt *
lentement aux parties , tour-
tes les fondrions font lan~
guidantes , & toute reecono-
mie naturelle eft en defordre.
lTvfe L’hydropifie nous fournit
jreurau tin exemple remarquable de
î’hydro- cette acidité du fang , & des
ïifis‘ effets qu’elle peut produire.
Reprcfentez - vous un hom-
mc qui a efté long-tems ma-
lade d’une Fièvre quarte ,
pendant laquelle il n’aura
gardé aucun régime, & con-
fiderez que s’eftant fait une
grande diflîpation d’efprits
dans la malle du lâng de cét
homme , ce même fang a con-
tradé une extrême acidité.
Sur ce principe il faut necef-
fairement qu’à proportion
que le lang s’éloigne du coeur
& des poulmons , où il a été
diffout par les efprits , il de-
vienne plus froid & plus
cf des caufesdeiaFièvre. i±ÿ
pais ; que venanc à pafler
ans les petits vaifleaux des
arties éloignées il s’y cha-
ule ; & que la feroGcé s’en
rparant à peu prés de la mê-
le maniéré que le petit laiéü
: fepare du fromage ; elle
: répande par les orifices des
aiflèaux dans le ventre , &
ans les autres parties. D’un
utre côté le fang coagulé &
îtenu dans la fubftance des
arties mêmes ( comme il eft
eftitué d’efprits, &C qu’il a
erdu fon mouvement ) fé
orromt , & produit les abf-
és qui accompagnent le plus
auvent cette maladie. Voilà
e quelle maniéré l’acidité
xcefiive du fang peut caufcr
hy dropifie ; & ce raifonne-
lent eft confirmé par l’expe-
iencc , puifque cette mala-
iiç ne fe guérit prefque ja-
4. Ob-
jection ,
qae les
acides
font le
remede
des Fiè-
vres &
non pas
îa caufc.
Kéjponfe
130 De la Nature ,
mais que par desremedes fpi-
ritueux &: volatiles qui dé«
truifent les acides.
Mais revenons aux Obje-
ctions, en voicy une des plus
fortes qu’on puiffe faire; les
acides font fouvent le reme-
de des Fièvres , comment
donc en pourroient-ils eflrç
la caufe ?
Pour refoudre cette diffi-
culté , M faut fe reffouvenir
qu’il y a trois tems dans la
fièvre, pendant lefquels un
malade étant agité de fymp-
tomes differens , il eft évi-
dent que l’on doit avoir des
indications differentes pout
fâ guerifom
Premièrement dans le teras
du friffon, je ne penfe pas que
perfonae voulut donner des
boiffons acides , & la raifon
en eft que les acides domi-
r des cAttJès de la Fièvre. 151
at alors dans la mafie du
g , St tiennent les efprits
veloppez avec les autres
ncipes. Aufli eft-il évident
e les boiflons froides St
des augmentent le froid St
lurée du friflon , quand on
allez imprudent pour s’en
vir , au lieu que les li-
eurs chaudes & fpiritueu-
le diminuent.
Secondement on peut en-
tre moins le mettre en lifa-
pendant les Tueurs , parce
'alors les matières indige-
s , St les humeurs impures
ant diflbutes St raréfiées,
/ auroit du péril à fe fervir
icides qui pourroient en
ipêcher la tranfpiration , St
a fer d'autres accidens plus
:heux.
Il refte donc à examiner
quelle utilité ils peuvent
De h Nature ,
cftre dans- la chaleur de
Fièvre ; pour cela il fcrc
encore à propos de faire r
flexion fur les différences d
Fièvres , parce que les- difl
rens degrez de fermentati<
qui s’y, rencontrent, indique
des remedes differens. M;
pour éviter cct examen q
nous meneroit trop loin ,
me femble qu’il fuffit decoi
fidercr en general que dans
chaleur les efprirs font <
grande agitation , & que 1
acides font fort; divifez ,
très - differens de ce qu’i
ctoient pendant le froid; t
forte que fîi l’agitation des e
prits eft- telle qu’elle troub
l’ceconomie des parties , <
caufe des fymptomes dang<
reux , des douleurs de tefte
des difpofitions inflammato
CPS; j des tranfpor ts au ccr veai
- des catifes de U Fiévri. ryj
il femble que la vrayc
lication eft de calmer leur
petuofité 4 Et comme j'a y
t voir que dans le friffon
Acides embarraflent les
>rit$ , te retardent leur
juvement , il eft hors de
ute que les liqueurs qui
ront quelque analogie a-
ç eux , doivent produire le
:rae effet i te c’eft dans
tte veuë que l’on employé
rt à propos la limonade,
les autres boifTons mêlées
ligre de foufre , ou de vi-
iol : d’autant plus , que les
cides eftant fort divifez
tns cét eftat de Fièvre , on
>it moins craindre de les
illier par l’ufage des Aci-
:s , pourveu qu’il foit mo-
iré.
C’eft ici qu’un Médecin
befoin de tout fon juge.
Prc'cat*
lions fus
leur Uffr*
134 2V la Nature ,
ment pour faire un difcerne
ment jufte de la nature de
Fièvres , & pour examiner le
differens degrez du mouve
mens des humeurs. Car cr
fin fi par un ufage indifcrc
des Acides, on fufpend l’s
éfion des efprits fur les ms
tieres impures j au lieu d
produire de bons effets , o
caufe foulent des obftru
étions : fi bien qu’il ne ré
fuite de toute la fermenta
tion qu’une crife imparfait
qui elt la fource d’une infi
nité de maladies,
bond'ns Je conclus donc qu’o
de cer- <J0ic ufer Je grande précau
tames . O r
Fièvres, tion dans la difpenfation de
que dans Remedes acides, & qu’il
«'autres. ne fçauroicnt ^tre utiles q«
dans les Fièvres où les ei
prits font en trop grande a
gitation , & où il cît abfolu
des e au Je s de U Ficvre. 13J
lent neceflaire de calmer
:ur impetuofité. Que s’il y
des Fièvres où l’ufage des
, ci des Toit indifpenfable , ce
e peut erre que dans certai*
es Fièvres malignes , qui
aufent une telle fonte &C
ne fi grande rarefa&ion
ans la maffe du fang , qu’il
ft abfolument neceflaire de
1 condenfer , & de luy dou-
er plus de confiftance par le
loyen des Acides : au lieu
u’ils font pernicieux dans
es Fièvres que j’ay appel-
ées fanguines & chroniques,
iarce que ( comme j’ay raie
roir cy- devant) les efprits
t’y eftant jamais a fiez agitez,
ti en affez grande abondan-
;e pour caufer des fympto-
nes fâcheux , on a plutôt
jefoin de Remedes volatiles
^ui reparent les efprits , que
<ftiô, qUC
les Aci-
des ne
font pas
differens
dans le
chaud ,
de ce
qu’ils c-
coient
rdans le
froid.
^epon»
De la Nature,
des Remedes acides qui lej
affoibliflent. Concluons donc
de tout cela , que les Acides
ne font pas le véritable Re-
"mede des Fièvres * & que fi
leur ufage eft quelquefois
ncceflaire dans ces Mala-
dies, ce n’eft pas pour en
ôter la caufe , mais pour re-
médier aux accidens : ce qui
ne fait rien contre mon hy*
pothèfe.
On me demandera, com-
ment il fe peut faire que les
Acides foient differens dans
la chaleur, dé ce qu’ils c-
toient dans le froid ? Je con-
çois que cette différence
vient des differens cffcars de
la fermentation ; de même
qu’il y a des différences de
faveurs dans les fruits , fui-
vant les differens degrez de
leur maturité. Une poire qui
n’eft
ér des caufes de la Fièvre. 137-/
n’eft pas meure eft acerbe,,
parce que les Acides gref-
fiers y dominent , & que les-
parties fpiritueufes ne font
pas fuffifamment exaltées s:
m contraire , lorfqu’elle eft
neure, elle a une faveur a-
;reable, parce que les efprits^
jnt adoucy les Acides dans*
a maturation ; mais lorf-
ju’clle eft trop meure, elle,
'ent l'aigre : la raifon en eft4,
ju alors les Acides dominent
>ar la diflipation des parties s
piritueufes.'
La même clrofe arrive;
Lans les Fièvres : pendant le'
tiflon , les Acides font grof-
iers ; & en liant les efprits 4 ,
s caufont le froid & les au--
res fymptomes qui. font or--
linaires au commencementt
les Fièvres -, pendant la cha- -
rur3jces mêmes Acides ayante
Mi
138 De la Nature ,
efté aiguifez par une longue
fermentation , deviennent
plus mobiles & moins ern-
baraflans , 8c fuivent aifè-
ment rimpetuofite des efprits
qui les entraîne v ce qui eau-
fe les douleurs ÔC les autres
accidens du chaud : 8c à las
fin de laccés, les fueursfen-
tent fbuvenc l’aigre. On
voit donc par là que dans les
trois teins de la Fièvre , les,
Acides font diffèrens } Sc que
fur ce principe , les accidens
qui arrivent au commence-
ment ou dans le déclin de*
Fièvres, doivent être tres-
differens.
« cbje- Voici encore de nouvel-
fi les im- ics obiections. On me dira.
pis liions . ,'1 / t
de l’air que j’ai avance que les im-
fang &. preflions de l’air fur la maf-
Slas fe du fang, font plus fortes.
ITdû1' lue ce^es ^es aSlIÏKns >.
& des caufe s de la Fièvre. 139
ju’au Printems le fang fe re- ci.7i«,
rouvellô par les bonnes qua- verroic
itez de l’air , qui abonde
jour lors en efprits. Si cela auP/m’
* » i \ wms»
;ft, on me demandera d ou
/lent qu’il y a prefque toû-
iours dans cetce Saifon des
Fièvres tierces , ou d’autres
Fièvres i ntermittentes > Cela
paroît manifeftement con-
traire à mon hypothefe , qui
:ft que le défaut des efprits.
jft la caufe des Fièvres ; SC
[i l’Automne eft la Saifom
de l’année où l’on en voit:
le plus , à caufe de cette dif-
Gpation d’efprits que j’ai fup-
pofée, il femble qu’il ne de-
vroit point y en avoir au*
Printems, ni dans les autres
Saifons , où les qualitez de-
l’air font oppofées. D’ail-
leurs , sil eft vrai que fuivant toutes lèis
les différentes Saifons il ar-
*4° De la Nature y
dans les* r*VC ^CS C^angei»enS COnfî*.
change- derables dans le fan g , d’où
saifops, vient , dira - t- on encore,
qu’une Ficvre, qui félon moi,
procédé de la mauyaife qua-
lité du fan g,, dure fouvent;
des années entières ?
jMpoh. Je répons a cela*, premie-
renient, quon doit attribuer,
la eaufe dés Fièvres qui vien-
nent au Printcms, à : ce que
pendant l’Hyver le fa'ng é-
tant épaiflt & furchargé d’A-
cidéS j & n’ÿ ayant pas allez
d’eiprits pour exciter la fer-
mentation ne fe produi-
fpit point- de Fièvre : mais
dés que les parties fpiritueu--
fçs de l’air- fe font introdui-
tes dans les veines j alors el-
les agitent ces matières qui
épaififToient le fang-, & cau-
ifnt des Fièvres tierces Prin-
c§nnjeres, Remarquez, auÆî^
& des eau fis de U Fièvre. 141
|ue comme les efprits qui a-
iondent dans l’air, corrigent*,
i mauvaife qualité du fan g ,
outes ces Fièvres font de
eu de durée , & fe guérit
ent le plus Couvent fans Re-
nede. Le contraire arrive
lans l’Automne-, ainfi que
e l’ai déjà remarqué , & tout*:
cia s’accorde fort, bien avec;
aon principe.
Je dis en fécond lieu , ,
[u’il y a peu de Fièvres- qui»
te guériflent, ou qui ne chan-
gent par le changement-, des.
îaifons. Que s’il s’en trou-
e qui -foient .aflTez opiniâtres
our durer des années entie-
rs, cela ne fçauroit proce-
er que du mauvais tempe-
iment du malade, , de fon
îtemperance, ou de la mau-
aife conduite de ceux qui
uront . eu foin de fa fanté»
Miiij.
142. De la Nature ,
Si par exemple , au lieu de
rétablir le fiing dans fa qua.
lité balfamique & fpiritueu-
fe , Ton a épuifé les veines
du malade , pour les remplir
de boiflbns acides 5c rafraî-
chi (Tantes, il cfl: à craindre
que le bénéfice des Saifons
ne lui foie inutile ; & à moins
qu’un Remede fpecifique ne
vienne au fecours de Tair , la
guérifon de fa Fièvre fera
difficile. On voit tous les
jours des vieillards , dont Ti-
ge a glacé le fang dans les
veines , attaquez de Fièvres
intermittentes , à qui des
Médecins ordonnent des fai-
gnées réitérées , des Re-
medes rafraîchiflfans , pour
éteindre , difent - ils , le feu
dévorant qui eft dans leurs
entrailles : cependant l'expo*
fiience fait voir tous les jours-
» des caufes de la Fiévre. 143
e cette méthode eft nuifi-
; , fut tout à desperfonnes
an âge avancé.
On obie&era encore que 7.oi>ici
n n eft plus capable de u$ dir-
>nner la Fièvre que la dif- £"k"°f"sS
ifition bilieufe du^fang , la- ^
telle eft contraire à l’Acide. Fièvres ,
i; effet , ceux qui ont beu pasn°“i-
:s vins de liqueur , ôd qui ffs[ dE!
it ufé de poivre 8d dali-
ens chauds qui produifent
bile }: ceux-là , dis-je , font
s plus fujets à la Fièvre : au.
;u que rien n’y eft fi oppo-
que l’aigreur du fang. Gela
; voit dans les Mélancoli-
jcs, dans les Scorbutiques,
: dans, les Hydropiques v
ui n’ont jamais de Fièvre, à-
lufe de l’extrême acidité
ui domine dans la maftè du,
mg de ces Malades.
•Je. dis, à l’égard de ces
144' De là Nature ,
difpofitions bilieufes , que
lexperience nous apprend
que ce ne font pas les caufes
principales des Fièvres , puif-
qu’on voit tous les jours des
bilieux & des gens malades
de la jaunifle , n’a voie pas la
moindre émotion fiévreufe j
au contraire, ils ont pref-
que toujours le pouls petit
csye'i, & languiiTant. Dànsie fonds,
peut "pas îe ne comprens pas comment
caufer i* la bile peut cauler la Fièvre:
car ü par la hile on entend
une humeur amere Tans mé-
lange d’autres fucs , telle
qu’eft celle qui eft contenu©
naturellement dans la vefi-
cule du fiel,, loin de pro-
duire la Fièvre, elle la doit
empêcher, puilque tout ce
qui eft amer combat & dé-
truit la fermentation de laa
Eiéyre. . Cela eft manifofte
dan j s
€$* des C4u fès de la Fièvre. 14 y
lans les fébrifuges les plus
ificez, comme font le Quin-
[uina, la petite Centaurée,
écorce de Buis, d’Aune, la
acine de Gentiane, &c. &C
es pierres mêmes que l’on
rouve dans la veficule du fiel
l’un homme ou d’un bœuf,
^quelles n’eftans qu’une
ile épaiflîe & condenfée ,
mt encore de véritables fe-
rifuges. Mais fi par la bile
n entend un mélange con-
■îs de fucs acides, amers,
oux & indigeftes, comme
s’en rencontre fouvent
ans les premières voyes , &
ont bien des gens fe plai-
nent , &: difent qu’ils ont
e la bile ; j’avouë que ces
umeurs pourront caulcr la
iévre , iorfqu’elles feront
ortées avec le chyle dans
:s veines , mais ce fera tou-
N
tafé Ve la Nature ,
jours à caufe de l'acidité
qu’elles communiquent au
fang s & tout cela confirme
encore mon hypothefe.
?’où „ S’il arrive que les vins de
ks »u- liqueur & les ahmens chauds
chauds & fpiritueux produifent des
UHévieî Fièvres , cela ne fe fait point
dans le moment qu’on en ufej
mais apres qu’ils auront elle
pris avec excès , & qu’ayant
caufé une trop grande raré-
faction dans la malle du fang,,
lî donné lieu à une diflîpa-
tion d’efprits , le fang aura
contracté une dilpofition a-
tt pour- eide. Enfin fi les hypocon-
Sytt* driaques , les feorbutiques ,
uTVeor- & *es hydropiques, lefquels
butiques ont le fang acide , comme
pîr tout le monde en convient ,
*'u‘ ont tres-rarement la Fièvre ;
la raifon en eft évidente ; c’efi
que le fang de ces fortes de
des Cdtifes de U fièvre, lêff
Malades eft deftitué d’efprirs,
ou du moins ils y font en fi
petite quantité , qu’ils font fa-
cilement abforbez & enve-
loppez par les Acides qui y
dominent : fi bien qu’il efb
impoffible qu’ils puiflcnt ex-
citer de grandes fermenta-
tions, Cependant on remar-
que prefque toujours dans
ces maladies, que le pouls
s’eleve apres le repas : ce qui
vient de ce que la conver-
fion du chyle en fang ne fè
fait pas tranquillement ,
que les parties fpiritueufes du
chyle eftant portées dans la
malFe du fang , y excitent à
la vérité une fermentation.
Mais comme les Acides y
dominent , ils lient & enve-
loppent bien-tôt le peu qu’il
y a d’efprits : tellement qui!
n’y paroît qu’une agitation
N ij
S. Obje-
&iô, que
li les Fiè-
vres ve-
noiéc de
i’aigrear
du fang ,
elles fe-
îoient
toutes
incura^
blcs.
348 bêla Nature,
legere , qui n’eft tout au plu$
qu’une Fièvre lente.
Mais peut-être ne fera-
t-on pas content de cette
hypothefe, de l’aigreur du
fang dans les veines : Si cela
eftoit , dira-t-on , toutes les
Fièvres feroient incurables
La raifon en eft, que pour
les guérir il feroit necefiaire
que le fang perdît fa quali-
té aigre. Or il eft certain
que dés qu’une liqueur eft
aigrie, elle ne fçàuroit re-
tourner à fon premier eftat.
Par exemple , fi le vin , la
biere & le lait deviennent ai-
gres , il eft confiant que ces
liqueurs ne perdent point
leur aigreur , &c qu’au con-
traire elles la communiquent
aux autres avec lefquelles
on les mêle. D’ailleurs, on
ne doit pas conclure que le
& des Càufes de la Fièvre. 149
fang devienne acide par la
diflipation des efprits : fou-
vent après cette diflipation ,
les parties fulfurées prennent
le deffus , & alors il devient
ranciâe , à peu prés comme le
vin gras.
Je n’ay pas dit abfolument Re'poa
que le fang fût aigre dans fe*
les Fièvres , mais qu’il tenoic
de l’aigre. Il y a bien de la
différence entre l’un & l’au-
tre. Je conviens que lorfque
le fang eft dans une extrême
acidité, il eft impoflible de
le rétablir dans fon premier
eftat Ipiritueux ; & c’eft pour
cette raifon que les hydro-
pifies, les Fièvres lentes, les
affeftions hypocondriaques
ôc fcorbutiques, font la plu-
part incurables. Mais lorf-
que le fang n’a qu’une dif-
pofition à l’aigreur , on voit
N iij
ïyo De la Nature ]
bien qu’on peut le remettre
dans (‘on eftat naturel î êd
qu’ainfi la plupart des Fiè-
vres Font guériffables. A
l’égard de ce qu’on dit, que
par la diffipation des efprits
le fang peut devenir ranci de,
j’en demeure d’accord : ma
penfée n’eft pas que le fang
devienne toujours acide ,
lorfque Tes efprits fe difli-
pent î mais feulement qu’il
ne fçauroit devenir acide
que par la diflipation de fes,
efprits.
j*âion , On dira encore que mon
jiévreé hypothefe parole imparfaite,
tant une qu’elle ne répond pas à l’i-
h>7,' dée qu’on a des fermenta-.
el,e.dt rions. Toute fermentation
alcali. Four expliquer don©
cTan aci-
de avec
anaÎKa-
lij ôCnon
ii?îc non de , & l’autre Iixivieux ou,
dés t au fes de ïa Fibre, ifi
la Fièvre , qui eft une fer-
mentation, il faut fuppoler erPiitS,.
dans le fang le mélange de
ees deux fels ; c’eft-a-dire ,
ou la difpoficion acide du
fang, te la bile qui y eft en-
traînée des entrailles } ou ce
qui eft mieux, la difpoficion;
bilieufe du fang, te les hu-
meurs aigries qui y font por-
tées des entrailles à chaque
accès. ' Or je nay parlé ,
dira -t- on, que dun fang
aigri , te d’un chyle impur »
■te, j’attribue tout le mouve- *
ment à l’aétion des cfprits :
ce qui ne parole pas fuffi-
fant. A
Je fçay bien que la plu * Répons
part des Auteurs modernes, fe*
font dans la penfée que la
fermentation ne fe peut fai-
re que par la rencontre d un
fel acide te dun fël al sali s
Qtje les
acides ÔC
lesalica-
lis do *
lient oc-
cafion à
h fermé-
ration ,
mais
qu'ils ïî’é
font pas
les eau-
ica.
îja De la Nature \
Mais je ne fçay fi leur fen-
timent eft bien fondé. Je
comprens fore bien que le
mélangé des alxalis avec les
acides donne occafion à la
fermentation : mais je fuis
convaincu qu’iis n’en font pas
les caufes formelles, &: que
cous les mouvemens ne doi-
vent cftre attribuez qu’aux
eiprits , à la matière fubtile
ou étherée, qui font les par-
ties les plus adirés des mix-
tes, Que fi les fels alxalis
mêlez avec les acides Con-
fient occafion à la fermenta-
tion, ee ne peut eftre qu’en
deux differens eftats des corps
qui fe fermentent : car ou
les efprits y font en repos,
ou ils font déjà en mouve-
ment. S’ils font en repos
pour eftre trop liez & enve-
loppez dans les acides ,
& deseaufes de la lièvre.
u’alors on y ajoute des al-
alis qui embaralTenc les a-
des ; on donne lieu par là
îx efprits de fe dégager ,
: d’agiter les matières qui
oppofoient à leur mouve-
lent. Mais fi au contraire
s efprits font déjà en moll-
ement, & qu’ils ne foient
lêlez qu’avec des al salis j
lors fi on y ajoute des aei-
es , ils produiront des coa-
ulations , &: feront obftacle
u mouvement des efprits :
e qui leur fera faire effort
our fs développer. Ainfi
’eft toujours par l’aétion des
fprits que fe fait la fermen-
ation.
Sur ce principe on voit bien
[u’il n’efl pas befoin d’avoir
ecours à toutes ces difpofi-
ions bilieufes , de quelque
naniere qu’on les prenne i
ij4 Ve h Mâture ,
pour expliquer les ferment
. _V tions de la Fièvre.
f 9. On- #
, On dira enfin que cetî
divifion nouvelle divifion des Fièvre
des Fiè-
vres en
chyleu-
fesôc fan»
guines
n’eft pas
jufte,
puifque
les qua-
litcz du
fang ne
peuvent
dépen-
dre que
du chy-
le.
AéponCe
en fanguines Sc en chjleuft
n’eft pas bien fondée , pu
que le fang ne peut avo
d’autres qualités , que celle
qu’il reçoit du chyle 3 de m<
me que le chyle n’en a p;
d’autres que celles qu’il rc
çoit des alimens.
Il eft vray que les bonne
& les mauvaifes qualités d
fang procèdent fouvent de ]
nature du chyle , mais je n
croy pas quelles en dépen
dent uniquement : car je tiet
pour confiant que les imprei
fions de l’air fur la malle d
fang , font plus fortes que ce
les du chyle, & que fi le ch y
le fournit la matière du fang
«’eft l’air qui luy donne 1
- des câttfes de U Fièvre, if j
me , non feulement par-*
qu’il eft fa première nour-
are , & qu’il luy porte in-
famment les efprits , les
ences 5 & les autres fub-
nces dont il eft charge ;
iis encore parce qu’il eft le
incipc-de Ton mouvement 5
la caufe principale de fes
refa&ions r comme },e puis
démontrer.
Ce qui me perfuade que les v*&ÿ
îpreflions défait fur la maf- fur u
du fang * font plus fortes ans>
je celles du chyle r c eft que
chyle ne fe mêle pas incef-
mment dans le fang ,
a’il reçoit beaucoup d alté-
rions dans les parties difte-
ntes o cl il pafte avant que
y parvenir ï, au lieu que l’air
y mêle continuellement &£
nmediatement , & luy com?
iunique les fubftancespureg.
ijê De la Nature ,
ou impures donc il eft cha
gé. Pour en eftre convainc
il fuffit de faire réfléxii
fur nos differentes fenfatio
dans les faifons differente
dira-t’on que le froid &
fluxions qui nous ineomm
dent en Hy ver, que la vigue
extraordinaire que nous fe
tons au Printemps , que l’a
eabîement & l’épuifemei
dans lefquels nous nous tro
vons en Efté & en Automi
viennent des aümens. Je i
croy pas que cela puiffe ton
ber dans Pefprit d’une pe
fonne raifonnabîe : on vo
manifeftetnentque ce font d
effets des alterations de l’ai
& il eft aifé de comprend]
que ce que l’air eft capable c
produire dans les plantes <
dans les animaux qui nous fe
vent de nourriture , il le pei
• des csufes de U Fièvre, i f?
e aufli dans nos corps?
iis afin qu’il ne relie aucun
jpule fur cette matière ,
veux faire voir que l’air
le principal agent de la
guification , & le princi-
du mouvement intellin
fang , &c qu’ainfi il a beau-
ip plus de part à toutes
fermentations que le chy-
Pour eftre convaincu , que
r cft le principal agent de
fanguification", il ne faut agent de
ï faire réflexion fur les guifica-.
alitez du fang avant qu’il “on'
;re dans les poulmons ; ce
g qui y ell rapporté de
it le corps par les veines ,
dépoüiÙé de fes parties
ritueufes } qui ont efté em-
>yées au mouvement des
ilcles & à la nourriture des
:ties , ou qui f' font difli-
;s par infenfible tranfpira-
ïyS Zte Ia Nature ]
tion : de plus , il eft mêlé c
chyle &• de lymphe , qui !
rendent encore plus épais ;
plus vifqueux ; de fori
qu’étant altéré de tant c
maniérés , il ne fçauroit efti
propre pour la nourriture d«
parties. Mais à mefure qu’
eft pouffé dans les poulmon:
l’air qui fe mêle avec ceti
maffc confufe l’agite , la br
fe & la fubtilife ; &c le fan
devenant par ce moyen pli
fluide & plus fpiritueux , r<
vient par la veine du pou
mon dans le ventricule gai
che du cœur, d’où il eft pou
fé avec rapidité dans tout<
les parties au corps. Cette a
teration que le fang reço
de l’air dans les poulmons e
manifefte , par la feule exp<
rience d’un célébré Anato
nrifte , qui a remarqué que I
r des càufes de la Fièvre, i js>
ig des arteres du poulmon
ou noir & épais comme le
ng qui eft dans les veines :
lieu que le fang qui revient
s poulmons au cœur par
5 veines du poulmon , eft
btile , épuré ^ & abfolument
mblable au fang artériel ,
rce qu’il eft mêlé d’air. On
ut juftifier l’experience de
t Auteur par celle-cy.
Si on intercepte l’air qui
itre dans les poulmons , &2
i’on ouvre en même tcms
telque Tir ter e , on verra
lûjours le fang noir èc épais*
on rend le paffage à l’air ,
fang reprendra aufli-tôt là
>uleur vermeille.
Il eft encore aifé de con- u pti*
• n i • • ciPc
;voir que 1 air eft le princi- tnouvc-
e du mouvement inteftin du
ing , fi l’on fuppofe que cét ftn8-
ir qui fe mêle continuelle-
Bt peut-
être mê-
me qu’il
eft le
principe
du mou-
vement
du cœur*
léù De la Nature ,
ment avec le fang , a une ver
tu élafiique ou de refiort , pai
laquelle il fc remet lorfqu’i
eft délivré de la comp1 effior
& du poids des parties qu
l’environnent ; car par là or
comprend que lorfque les
mufcles & les artères cefleni
de comprimer la mafle du
fang, les particules de l’air qui
y font intimement mêlées,
fe remettent par leur ref-
fort , & agitent diverfement
toutes ces parties , & c’cft cet-
te agitation qui produit le
mouvement inteftin du fang.
Je ne fça y même fi on ne
pourroit pas avancer que l’ait
eft le principe du mouvement
du coeur ; cette propofition
eft un peu hardie, ma's elle
meparoift foutf nablc. Voicy
de quelle maniéré je penfe
qu’on pourroit expliquer ce
mouvement
é“ des caufes de la Fièvre. i£i
louvement par l’aétion de
air , lorfque le fang eft en-
é dans les ventricules du
æur, l’air que ce fang con-
ent fe dilate &£ fe raréfié
ans l’inftant même , parce
u’il y trouve beaucoup plus
e chaleur que dans l’Ath-
sofphere ; mais comme les
entricules du cœur n’ont pas
[Tez de volume pour luy don-
er toute l’étenduë qu’il eft
ipable d’occuper , il fait ef-
art pour fortir , & pouffe le
ing avec rapidité dans les ar-
:resi le cœur fe remplit auflï-
>ft de nouveau fang mêlé
air , qui renouvelle & con-
nue toujours le mouvement
u cœur & du fang par fa ver-
1 élaftique de la maniéré que
ay dit.
Ce n’eft pas que je vou-
iffe rendre inutile la ftru&u-
O
té î De U Nature ,
re du cœur , ces fibres , ces
ventricules , ces valvules , &
tout cét artifice admirable
qui paroift: dans fa conforma-
tion ; j;e fuis perfuadé que
toutes ces. chofes font d’une
neceflké abfoluë pour foni
mouvement ; mais elles ne
fuffifent pas ; & quand je con-
fidere , par exemple , que tou-
te la mechanique d’un mou-
lin à vent ne fert de rien dans
un grand calme , &: que ces
roues y, ces meules , & tout
cét attirail font fans effet , Il
le vent ne donne le branle ]
toute la machine , je conclus
que le vent eft abfolumeni
neceffaire pour faire tourne)
ce moulin ; tout de même f
je fais réflexion que le cœui
eftant bien organifé & rem-
pli, fi l’on veut, de fang prc-
4uit_ par de bons aliaiens
des caufes de là Fièvre . 1%:
emeurera immobile fi on luy
jpprime l’air ; je croy qu’on
ourroit s’imaginer que l’air
ft le principe du mouve-
lent du cœur.
Je fçay bien que cette
ropofition n’eft pas du gouft
es Anatomiftes , qui veu-
:nt que les efprits animaux
ui influent de la huitième
aire des nerfs dans les fi-
nes du cœur, foientla caufe
Timediate de fon mouve-
ment ; mais comme les ef-
rits animaux font formez
ar la matière fubtile , &; pat
a partie la plus fpiritueufe du
ang contenu dans l’artere qui
nonte au cerveau que
;ette matière SC ces efprits,
>nt paifé dans le cœur avant:
|ue d’entrer dans les nerfs 5
’ay crû qu’on pouvoit don-
1er la prérogative pour le
164 De là N Attire ,
mouvement du cœur à fait
ou à la matière fubtile.
ituetout Quoi qu’il en Toit, cette dif
à prou- cuflion ne fait rien à mon
fu jet 5 d me fuffit d’avoir de.
moBtr^ quc l’air eft le prin-
fat i« cipal agent de la fanguiüca-
pîûffor- non , Sc le principe du mou-
«Lfdu vement intellin U des rare-
ciîyi*. fadions du fang, pour pou-
voir conclure que les imprcf-
/ions de l’air fur le fang font
plus fortes que celles du chyle.
Il ne faut pas oublier icy
un fait de pratique qui eft de-
cififdans cette occafton ; c’eft
que h au Princems ou en Efté
on donne du vin de uin -
quint pour guérir quelque
Fièvre intermittente , il eft
confiant qu’on fera guéri plus
feurement dans l’une de ces
faifons avec deux bouteilles
de ce vin , qu’avec lix eii
& des caufes de la Fièvre. i6j
Hyver , quelque précaution
ju’on obferve pour le regi-
ne de vivre : la raifon eft
ju’en Hyver l’air conferve &c
établit aifément la difpofi-
ion froide &c acide du fang ,
Z qu’au Printems & en Efté
;es/. mêmes acides font fad-
ement diffbus Sz détruits par
a chaleur extérieure de l’air ,
M que cette faifon n’eft nul-
ement propre pour en repro-
duire d’autres.
Par tous ces raifonnemens,
;e veux faire comprendre
:ju’un chyle impur peut ex-
citer des fermentations ex-
rao-rdinaires dans la maffe
lu fang ; mais que ces fer-
nentations ne feront pas fou-
rent réitérées , fi l’on change
a qualité du chyle , SZ fi le
ang eft d’ailleurs bien difpo-
e } (jue fi au contraire ce fang
Et côfiï^
mer la
divifion
des Pié-^
yres en
chyleu-
fes èC fâi
gaines;
1 44 XK U Nature ,
reçoit de grandes alterations
par celles qui arrivent à l’air
par exemple , fi dans l’ Autour
ne après les grandes ardeur:
de l’Eftc, il eli deftitué d’ef
prits , &; qu’il participe de
l’aigre ,, comme je l’ay fup-
pofé y il s’y fera toujours de;
fermentations extraordinai-
res, lors qu’il s’y, mêlera une
fuffifance portion de chyle
pour les exciter , quelque
louable d’ailleurs que ce chy
le foit, ôc ce s fermentation;
lè renouvelleront toutes le<
fois que cette quantité de
chyle s’y introduira , jufqu*
ce que le tempérament du
fang foit changé par une fai*
fon nouvelle ou par un reme-
de fpecifique. Voilà precifé*
ment l’idée que j ’ay des Fié*
vres fanguines & chyleufes ,
& je fuis perfuadé , qu’ç#
& des caufes de h Fïêvte.
ouvera cette divifion bien
cablie , fi l’on fait réflexion
ir tout ce que j’ay dit fur ce
ijet , & fi l’on examine
yec foin les, fymptomes des,
;iévtes..
QUATRIEME PARTIE^
Contenant la Pratique ;
dosée des Expériences (çfc
des Réflexions fur le
Quinquina.
A Près avoir établi mon
Syftême par des raifon-
îcmens , il faut donner des.
ivis pour la Pratique qui»
"oient conformes à mes prin-*.
:ipes ; Et comme j’ay re-
marqué que la faignée & la
purgation étaient les, rems»
Com-
ment on
fai foi t la
Médeci-
ne dans
les pre-
miers
jtcms.
ï£8 T>e la Nature ,
des generaux , afin de fuivr<
l’ordre que je me fuis propo.
lé dés le commencement de
cet Ouvrage , je parleray de
la faignée , & j’examineray
quel en doit être le légitime
ufage ; Je tâcheray aulîî de
découvrir en quoy confifte 1?
vertu &; l’adion des purga-
tifs , & enfin j’apporteray
les expériences que fay fai-
tes fur le Quinquina qui con-
firmeront mon hypothefe.
On débité plufieurs con-
tes fabuleux pour prouver
l’origine , l’Antiquité , & la
neceflîté de la faignée : Mais
il ne paroift pas quelle fçit
d’un ufage fi ancien que la
Medecine, & nous fçavons
que dans les premiers tems
on avoir feulement recours
à la vertu des Plantes pour la
guerifon de toutes les mala-
dies
de temps de la F livre. 1S9
les s cependant il y a des
tuteurs qui nous aflurent
ue Podalirius fécond fils
’Efculape guérit par la fai- u ÙU
née la fille du Roy de Ca-
c,&que ce Roy luy donna ch z!«
’ ^ ' /'il Anciens.
our recompenie cette hile
1 mariage , avec la meilleure
rovince de fes Etats .■ Si ce
,it eft confiant, il fen à faire
oir que la faignée n’eftoit
is inconnue aux Anciens î
aoy qu’il en foit , on ne
auroit difeonvenir qu’elle
ait toujours efté tres-utile ,
ais nous n’avons point d’e-
:mple dans toute l’An tiqui-
de l’excès ou elle a efté
>rtée dans ces derniers fie-
?s : & ce qu’il y a d’éton-
,nt & de fatal , c’eft que les
us fçavants Médecins ,
li paroiffent le plus ferupu-
afement attachez à la do-
P
170 2 >e id Naturel
dirine des Anciens , ont ctî
bli la faignée comme un re
mede univerfel & affuré cor
tre toute forte de maladies
&: ont donné l’exclufion pre
qua tous ceux que la Natui
l’Arc nous fournirent d
plus utiles.
Le fameuxM', Courtois éto
fi prévenu pour la faignée , J
pour les boiflbns rafraîchiflai
tes, qu’il méprifoit tous les ai
très remedes j il difoit que 1
Mon- herbes n’eftoient faites qi
Conrtoîs pour les vaches , & que Dit
Mede-' n’avoit pas mis des étiquete
tin de ^ ia Scolopendre ou à 1’/
Paris.
ftePfunt" gremolne » pour niarqu
les pian, qu elles étoient utiles au fo
ou à la ratte. On a veu fo
vent ce célébré Médecin 0
donner des faignées du pii
& de la gorge pour des Fi
,vr çs tierces bien caradexHei
gf des cmfes de Ia "Fièvre, iji
prés avoir épuifé les veines
les bras,& faire mettre des
eaux pleins d’eau auprès du
it des malades pour éteindre
es flammes de la Fièvre. Mais
èxperience a fait voir que
ette Pratique étoit fouvent
unefte , & l’on a remarqué
[ue plufieurs malades font
norts après des faignées reï-
erées •, l’on en a veu même
xpirer fous la lancette ,
ue beaucoup d’autres font
evenus hydropiques ou hec-
iques , & l’on ne fçauroit
ifeonvenir que depuis que
; Jjhtinquina eft en ufage ,
n ne guerifle plus prorata»,
lent & plus feurement les
’iévres , & qu’on ne voye
aoins de febricitans languir
les années entières.
Monfieur Bayle fçavanc
vledecin , & ProfeiTeur aux
P i)
Réfuta-
tion de
la diffcr-
tation
de Mon-
fieur
Bayle
fur la
Jaigaéfit
iyz De la Nature ,
Arts liberaux en l’Univerfic
de Touloufe f a fait une Dif
fertacion de la neceffité del
faignée pour la guerifon de
Fièvres ; & comme cec Au
leur eft d’une haute reputa
lion , ô£ que le public eft foi
prévenu en fa faveur , il
regardé cette pièce comm
une explication mechaniqu
qui prouve évidemment l’uti
licé & la neceffité de la faigné
pour la guerifon des Fièvres
A mon égard je ne fçauroi
m’empêcher de dire que j
l’ay confîderée d’une autr
maniéré , & quil me paroi
que tous les raifonnemer
que l’Auteur employé , l
que toutes les confequeno
qu’il tire de la machine t
Monfieur Papin pour prot
ver la neceffité de faigm
dans les Fièvres , portent
gf descaufes de U Fièvre. vjy
aux , puifque loin d’établir
:ette necelïké de faigner , el-
es font voir au contraire que
a faignée eft dangereufe, je
rais en donner des preuves -v
gonfleur Bayle commence
à differtation par un difcours
>atetiquc5& veut infinuer que
es Charlatans & les faux Me-
iecins abufent de la foi bief,
é des malades pour décrier
a faignée dans leur efpritj
tarce que ces fortes de gens 3
lit-il , n’ont point d’autres
noyens d’établir leur reputa-
ion qu’en ruinant celle d’au-
ruy par des voyes indignes ;
ifoicy comme il parle dans
a page $5. La Saignée , di-
’ent-ils , en ôtant une partie
lu fang , dépoüille celuy qui
lefliedansle corps de la par-
lie fpiritueufe , l’affoiblit , &
le rend inepte pour fervir aux
P üj
3*
>3
**
î)
3?
&
i74 t>e U Nature 1
sj ufages aufquels il eft deftiné
„ ces difpofitions , difent- ils
», mènent infailliblement à l’hy
#> dropifîe : c’eft la pins forti
3) objection que ces fortes d<
» gens font contre la faignée.
Monfieur Bayle qui eft ut
grand Philofophe, traite ave<
beaucoup de mépris ceux qu
ne font pas de fon fentiment
mais il devroit du moins rap.
porter leur obje&ion dan:
toute fa force, puifqu’il con-
vient dans ce même endroii
que les faignées exceflive:
caufent des hydropifies : Cai
l’on ne dit pas qu’en ôcan
une partie du fang, on dé-
pouille celuy qui refte dans le
corps de la partie fpiritueu-
fe } ce feroit mal parler, puif.
qu’il eft confiant que celuy
qui refte dans le corps confer-
yc tous ces efprits * mais on eft
&des caufês de U Fièvre, ijf
erfuadé que par les faignces
requentes toute la mafle du
àng eft épuifée d’efprits > &
^ue fi on y fubftituë des boit
ons rafraîchiffantes & aqueu-
es , cette pratique conduit à
’hydropifie.
Mr.Bayle fait encore icy une
>elle réflexion: Au refte, dit-il,
in Medcin doit avoir envcuë „
le tirer fon malade du péril de „
a 'mort qui eft prefent & cer- ,,
ain , au hazard qu’il tombe ,,
lans une autre maladie} Quel- „
e précaution plus mal-heu- „
eufe peut-ori prendre pour „
;mpêcher qu’un malade ne „
levienne hydropique, que de „
e laifler mourir de la Fièvre ,,
lont il eft a&uellement at* „
:eint , en ne faifant pas les „
faignées neeeflaires , & de „
'abandonner à un danger „
Évident, pour éviter une ma- a,
P iiij
%7é Delà Naturel
, ladie incertaine , & qui n’cf
, pas toujours incurable. Voil;
les propres paroles de Mon.
fieur Bayle.
3’avouë que je ne fçauroi»
affez m’étonner , qu’un Phy-
ficien aufîi fçavantquc Mon-
iteur Bayle ,n’airpoint d’aucrt
précaution à prendre poui
empêcher un homme de mou
rirde la Fièvre, que de le met-
tre au hazard de devenir hy-
dropique en le faignanc : S’il
veut bien le donner la peine
de lire cet Ouvrage , il verra
que l’on peut guérir la Fièvre
sans mettre les malades au
hazard de devenir hydropi-
ques par des faignées , en re,
compenfe il nous donnera Tes
belles Differtations Philofo-
phiques; c’eft unempioy qui
donne un plus beau rang par-
mi les Sjavants , & dans, les
& des CAuJes de la lièvre. 177
ournaux , que de chercher
[es remedes pour guérir les
naladies ,, Si d’examiner la
'ertu d’une feuille , d’une
corce ,ou d’une racine i c’eft
ependant en cela que con-
ifte principalement l’art de
ruerir}mais parlons de la Di£*
ertation.
M‘. Bayle conelud qu’il faut
âigner pour guérir lesFievres,
*arce que des chairs 8i des os
nis dans la machine de Mon-
ieur Fapin y cuifent & s’y
eduifcnten gelée, fi la ma-
rine eft expofée à un petit
•eu i & il remarque que la
:o£tion des matières fe fait
ians un tems d’autant plus
ong qu’on a laifle ecouler
une plus grande quantité
d’eau ï tellement que fi je
prends droit fur la machine
de Monfieur Papin , Si fur
178 De la Nature]
les obfervàtions de M'.Bayle,
je tireray une confequ^nct
contraire a celle de cet Atn
teur , & je diray qu’il ne faug
point faigner pour guérir les
Fièvres , en voicy la raifon.
Monfieur Bayle lafçait, c’eft
la dodrine de tous les Mé-
decins fondée fur l’autorité
d’Hippocrate : Il faut qu’il fe
fafle une codion des humeurs
pour la guerifon des Fièvres j
ces humeurs font des matiè-
res crues te mdigeftes qui
font mêlées dans le fang , fur
lcfquelies la chaleur naturel-
le te les efprits agiflent pour
les digerer ; ainfi plus il y au-
ra de chaleur te d’efprits >
plûtoft la codion fera faite,
te plûtoft fera- on guéri ; au
contraire moins il y aura de
chaleur te d’efprits , plus
lentement cctee codion fe
çf des catifes de la Fièvre.
Fera- elle : & il eft aifé de re-
narquer , que lorfqu’on s’o-
liniâtre à vouloir guérir les
uévres par des faignées reïtc*
ées , &: par des boiflons ra-
raîchiflantes , il ne fe fait
ioint de eo&ion ; les crifes
ont imparfaites , les malades
mguiffent,& laFiévre devient
labituelle. Voilà la fource
les hydropifies , & cela eft
ort bien prouvé par la re-
marque de Monfieur Bayle ,
|ui nous fait voir que la coc-
ion fe fait d’autant plus len-
ement, qu’on a laifle écou-
er une plus grande quantité
t’eau. îl eft donc neceflaire
le conferver la chaleur & les
fprits dans la maffe du fang ,
»our faire la coétion des hu-
neurs > c’eft-à-dire qu’il ne
'aut point faigner.
ï&o De h Nature l
folvent &c fe con veuillent et
gelée par la violence de 1;
chaleur , comme il fe voie
dans la machine de Monlîeui
Papin. Je dis à cela que no;
veines &c nos artères (où le;
matières indigeltes font con-
tenues } ne font point à l’in-
ftar de cette machine : tous
nos vaiffeaux font compofez
de membranes qui s’étendent,
fe dilatent, &; fe relièrent pout
obéir au mouvement des li-
queurs , à mefure quelles fe
raréfient ou le eondenfentî
les fues grofliers y font digé-
rez & meuris par lès frequen-
tes circulations, & les matiè-
res fuperfluës font poulfées
dehors par les pores } mais la
machine de Moniteur Papin
eft f©lide , compacte & bou-
chée exactement , les chaire
§c les os y font à fee , & fort
é' des exttfes de U Fièvre. i§ f
;rrez; il ne s’y fait point de
ranfpiration , & la chaleur y
ft excréme en comparaifon
le celle de la Fièvre.
Mais en vérité , avons-nous
i Fièvre parce qu’il s’intro-
uit dans nos veines une cha-
;ur étrangère , nouvelle, ou
xtraordinaire > Ce pleureti-
jue eft-il malade , parce qu’il
’eft expofe au Soleil , ou pour
voir bu de l’Êau-de-vie ou
lu Vin d’Efpagne? & ne fai-
;ne-on les pleuretiques que
our diminuer leur chaleur î
ïfi De U Nature ,
cela il cft aifé de juger , ce m<
femble , que les confequen
ces que Monfieur Bayle tir<
de la machine de Monfieu;
Papin , pour prouver la ne
ce (Il té de la làignée dans le
Fièvres , font mal fondées , &
qu’il y a lieu de s’étonner de
ce que d habiles gens les om
fari fes pour des démonftra-
cions.
Mais enfin Monfieur Bayle
a remarqué dans les cadavres
de ceux qui font morts de
pleurefie ou d’inflammation
de poitrine , que la Fièvre
étoit feparée des colles , qu’il
y avoit des inflammations in*
cernes , que le coeur étoit tel-
lement altéré , & les parties
molles des fibres fi fort dip-
lômes qu’elles ne tenoient
point les unes aux autres , S£
que tout cela venait de l’ef-
! des caufes de U Fièvre. i%
|crvefcence du fan g , SC de
'excès de chaleur, parce qu’ils
ivoicnt été peu faignez. Mr.
Sayle ne tirera pas grand
Avantage de ces obfetvations ,
ji elles fe font , comme il eft
ronftant, dans les corps de
j:eux qui ont efté faignez
quinze Sc vingt fois pour des
jdeurefies & des inflamma-
tions de poulmons. Il y
i une autre raifon de ces phé-
nomènes. Tous les Philofo-
phes conviennent que le froid
pondenfe , & que le chaud
raréfié ; & qui ne fçait que la
bleurefie eft caufée par un air
frais, &: par des boiffons ra-
Fraîchiflantes chargées d’aci-
des qui ont coagulé le fang î
que ces coagulations fixent SC
arreftent le fang Sc les hu-
pnaeurs fur la plevre Sc fur les
autres parties de la poitrine.
j§4 De la Naturel
où par leur f jour elles de
tiennent âcres & diflolvan
tes , &C caufent tous les fym
ptomes remarquez par Mon
fleur Bayle ; & il eft éviden
qu’ils n’arrivent point par l’ex
cés de chaleur i au contraire
fl elle avoit efté aflez forte
elle auroit empêché la coa-
gulation faite par les acides ;
elle auroit raréfié &: fait tranf-
pirer les humeurs , & préve-
nu par confequent tous les
defordres qui ont efté caufez
par le froid , & par les coa-
gulations; c’eft un fait con-
f liant dans la Pratique , que
! l’on guérit tous les jours des
} inflammations par des reme-
des chauds qui raréfient 8C
diflolvent les humeurs & les
matières qui étoient la caufe
de ces inflammations : ainfi
la machiné de Monfieur Pa-
pin.
| & des caujes de la Fièvre. i8y
)in , les obfervations de Mon*
leur Bayle , ni fa Diflertation
îe démontrent point la ne»
;efïité de la faignée pour la
ruerifon des Fièvres -, ce n’eft
pas que ce remede ne foie
ouvent neceflaire dans ces
maladies j &: c’eft pour cela
jue je me Fuis propofé d’en
taire connoiftre les abus
tbeffayet de le réduire à un
ifage légitimé.
La faignée elï une opéra-
tion- de Chirurgie , par la-
quelle on tire le fang des vei-
les , ou des- arteres- tel qu’il y
:ft contenu pur & impur ;
E’eflr le fentiment des meil-
leurs Médecins , & de Fer-
îel même , qui fe récrie con-
tre Avicenne de ce qu’il pre-
Sendoit qu’on tiroir le bon
âng‘, & qu’on laifloit le mau-
vais.. Quelques Auteurs- ont
Ce qizè'
c^eft q&§.
la fai»
S «m’aies
de s Au*
teurs fur
l’efFet dg";
îà fai*
«g ‘
i86 De la Naturel
die que la Nature qui eft lage
& prévoyante,cha{roit dehors
le mauvais , & recenoit le bon
dans le tems de la faignée. Il
y en a d autres qui difent que
les Chirurgiens remarquent,
que le fan g vient plus ville
dans les Fièvres * que dans
ce temps il fore davanta-
ge. d’efprits , & qu’alors il
doit élire pat confequent
plus beau & meilleur. Mais
Sans nous embarrafler dans
l’examen, de toutes ces cho-
ies , fuppofons ( comme il
y a bien de l'apparence) ,que
le lang force des veines ou des
ar teres tel qu’il y eft conten u,
làns diftinèlioa de bon ou de-
mauvais, & voyons , fuivanc
cette hypothefe , de quelle-
utilité peut eftre la faignée ,
& jufqu’où elle peutaller.
Il me paroift que lies Au^
jr des câufes de U lièvre . 187
purs ont rapporté toute Pu- ?<>«*
lité Si la neceflïté de là fai- îSrôn
bée à là pléthore ou a la
lenitude 5 c’eft dans cette
eue qu’ils ont ordonné de
(ligner dés le commence-
lent des maladies , Si même
je faire fouvent des faignées
nples fclon les oceafions
reflantcs : mais parce que
ans là fuite on a trouvé a
popos de reïterer pîufieurs
>is ce Remede , Si que cette
ratique ne pourvoit avoir dé
tpportà la Ample plénitude ,
laquelleil femble qu’on au-
>it fàtisfâit par deux , trois;
u quatre faignées au plus ,
: par les dietes quon fait
bferver aux malades. Les au
. teursoa1 .
dateurs pour juftmet cette établi
anduite nous ont dit qu’il' fo“t*sdt
| avoir deux fortes de pie- p etçfs*
are jd’une qu’ils ontappelîée
Qjî
Seeéfc&fi.
pletorc
mal fonw
èé'p , 5c
m prou*
jS8 De la Nature,
la pléthore des vai fléaux, pai
laquelle ils nous font com
prendre que les veines font {
pleines de fang , qu’il y a une
neceflité abfoluë de les éva-
cuer ; l’autre pléthore regar-
de les forces t Et ils enten-
dent par celîe-cy , que- quo\
que les vaifleaux ne paroif-
fent pas trop pleins de fang
il y en a cependant plus qu’l
n’en convient pour les for-
ces du malade i mais s’il efi
vray que les forces ne fe
confervent que par les ef-
pries qui ont leur fource dan«
le fang , & que les faignées
frequentes épuifent ces mê-
mes efprits , &: afrdiblif-
fent fenflblement un malades
Comment peut-on fe perfua*.
der que cette fécondé plétho-
re foit une raifon pour au-
torifer les faignées relterées,:
ér des caufes de la Fièvre. i%
1 y a bien de l’apparence
ju’on ne l’a propofée que fur
me totale corruption du fang
iretendue- par Galien •, mais
orame nous avons fait voir
Eans la première Partie de ce
’raité , que cette corruption
feft pas foûtenable , la fe«
onde pléthore paroiftra fans
fondement, ainfi il fera dif-
îcile d’en tirer une confe-
juence folide pour prouver
a neceffité de faigner ,
ienfe qu’on fera réduit à fe
jetrancher fur la première „
iour établir le légitimé ufa«.
;ede la faignée..
Cela fuppofé , fi on confi-
idere la. fièvre dans la feule
iotion que nous en avons
tannée, d’une fermentation ,
k d’un mouvement extraor-
dinaire excité dans le fang
lar des.humeurs acides, crues
[ ' ' ' OjM J
necelïitéi-
de la fa%
gnée^.
Que H*
faignée/
n'eft
point lé
remeds
des Fié*
Snaîs feu-
lement
«Usfym-
jitomcs
qui les
accom-
pagnent*.
Xffo De la Nature r
8c mdigeftes : on aura de la
peine à fe perfuâder que la
faignée en puiffè eftre le rc-
mede , parce quelle épuife
les efprics qui font neceffâi-
res pour perfectionner les fer-
mentations , c’eft-à-dire pour
digérer 8c diffoudre les hu-
meurs crues te indigeftes •»
mais fi d’autre coté on fait
réflexion que les Fièvres font
fouvent accompagnées de
grandes douleurs , d’oppref-
fions x d’inflammations , de
fluxions , te de plufieurs au-
tres accidents dont il n’eftpas
facile de faire le détail , te
que l’on peut penfer eftre des
effets dé l'abondance du fang
dans les veines ; on fera obli-
gé d’avoir recours à la faignée
pour remedier à tous ces ac-
cidents : ainfi félon ees corn»
fiderations differentes- om
! & des eaufes de la Fièvre, r 9®
iiira des indications diver-
’es, & on trouvera que s’il y
1. des cas ou la fajgnée- n’eft
as neeeiîaire dans les Fié—
res r il y. en a où elle eft in-
ifpenfabte,de forte que pour te Jèjp-
n Içavoir fc légitimé uiage , de ia
| faut connokre les caufes a^'ffnd
es fymptomes qui accem- ^ennKfi
ïgnenc les Fièvres, fcn*ed«*
Les fyraptomes les plus
reliants, & les plus ordinai-
« [dans les Fièvres font à
ton fèns les difficultez de
■fpirer , les douleurs de te-
, léstranfports au cerveau „
s inflammations , les Su-
ons , les douleurs vagues „
|s tenfionsdoutoureufes,&:c..
comme tous ces fympto-
es font caufez le plus fou-
:nt par l'abondance du fan g,
|i parce qu’il n’a pas fon;
Duvemenc libre , & qu'il eft
ïS>2, De la K ature,
arrcfté dans fa courfe , ce qi
peut fe rapporter à la plen
tude j la faignée en ed le pli
alluré & le plus prompt r<
mede , car elle dégage 1<
parties du poids des humeu
qui les accablent j elle dé te:
mine fou vent ces mêmes hi
meurs à prendre une auti
route , ou du moins elle r;
ftagnée lenxit la rapidité de leur moi
vement , Ss facilite la circi
fat ion 5 mais elle doit elb
faite promtement &: ample
ment félon les occaîxons
comme dans tous les grant
mouvemens , dans la pleur/
fie par exemple , on fait d’;
bord de grandes faignée!
je nen détermine point
nombre, cela dépend de
fage conduite du Medecir
que Ton je dis feulement qu’en faifai
ï dût Êrçmer un malade pour d
& des CAufes de la. Fièvre. 19 3
jymptomes preflans qui ac-
compagnent la Fièvre. On
jloic toûjours faire réflexion
|ue cette Fièvre eft caufée
>ar des humeurs crues &: in-
Ijgcftcs , 6c qu’il faut de la
haleur 6c des efprits pour
in faire la codion ; c’eft à
|ire qu’il ne faut pas telle -
nent donner fon attention
;u fymptome de la maladie,
;u’on ne regarde principale-
icnt la maladie même 6c fes
aufes.
! Cependant comme la pluf-
jart de ces fymptomes ont
[es figues équivoques , il faut
xaminer ferieufement fi la
lenitudc en eft la caufc, autre
lent on pourroit douter que
|i faignéc en *fût le remede.
ouvent la difficulté de ref>
irer eft caufée par un fang
pais & condenfé , par des
K r
Tufagî
de la fai-
gnéc*
les Cf na-
p ternes
des Fiè-
vre* ont
gnes é-
quivo-
194 Nature y
matières vifqueufes qui inter,
ceptent l’air dans les poul-
mons , comme dans le frif.
fon, & dans les affe&ions aftb
roatiqucs ; quelquefois ell«
vient de repletion , ou de
l’abondance des humeurs &
des matières contenues dan:
Teftomac &; dans le bas ven
tre , qui chargent le dia
phragme. Ces humeurs fom
encore rres-fouvent la cauf
des douleurs de telle , de
tranfports au cerveau , de
fluxions , & de plufieurs au
très fymptomes qui font prel
que toujours guéris ou dimi
fiuez confiderablement pa
des flux de ventre , ou pa
des purgatifs.
Il eft donc neceflaire d’avoi
une connoiflance parfaite d
la caufe des fymptomes de
fièvres avant que de fe dé
des c du Jè s de la Fièvre. 19 f
•miner à la faignée j Si
|rés avoir bien fait des ré-
jxions fur tout cela, on fe- Unique-
jconvaincu que la neceflîté jScu-1
faigner fe tire feulement de-,&il
plénitude , & que peu Peu pçur
lignées avec les dietes
: on fait obferver aux ma<
les , fuffiront pour fatisfajû
à cette indication.
On dira, n’y a-t-il point
ptre raifon de mettre la sf cî
gnée en ufage , que celle
5 l’on tire de la plénitude;
ardeurs d’encrailles , ces les 6 C des
rens de feu qui coulent allumez»
is nos veines , Ces foûfres
prnez & cette chaleur écran- p°“£rfâI’
le fi dévorante quelle con-
pe plus d’humide radical
fept jours , que la chaleur
furelle n’en confume en
Ixante Si dix ans , comme
|i explique un célébré Me-
R i;
ï<)6 De la Nature ,
decin de Paris : Tout et
ne demande-il pas des renv
des rafrîchiflans , & pat coi
fequent la faignée qui eft
plus rafraîchiflantde tous.
] 'avoue que fuivant cet
hypothefe on pourroit fai
couler des ruiffeaux du fai
des malades , & mettre d
féaux d’eau auprès de le
lit pour éteindre tous c
feux 5 mais û ces idées de te
rens de feu , cette chale
étrangère &: ces foufres :
lumez n’ont rien de réel ,
ne font que des termes ei
phatiques qui impofent Sc
donnent que des notions c<
fufes & embaraffantes de
Nature des Fièvres. Tou
les faignées & toutes les bc
fons rafraîchi (Tant es ferc
fans fondement ; peu
gens ignorent 3 & nous 1
«r des canfes de la Fièvre. 197
Ions die , que ces fenfacions
je chaleur font PefFec de la
jiévre , bc qu’elles n’en font
ointlacaufe. Et nous avons
liit voir aflez clairement ce
11e femble , qu’un chyle aci*
e cru & indigefte excitoic
jans le fang des fermenta-
ons.
On fçait d’ailleurs que fca;
\s matières grades & fulfu-
blés modèrent les fermen-
lions , parce qu’elles lient
s cfprits , &c adoucirent
acrimonie des tels ^ Sc qu’on
•s employé fouvent pour cet
fage dans les operations de
Jhymie ; que (1 les foufres de cr-
oître fang s’enflammoient
uelqucfbis , ce feroit appa- titioas*
jimment en Elle , comme je
ay dit cy-devant : nous ne
oyons pas cependant qu’il
; fade de c es incendies dans
K iij
Les plus
grandes;
chaleurs
ne pro
daifcnt
pas les
plus
grandes
fermen-
tarions.
198 De la Nature ,
Jes plus grandes ardeurs <
cette faifon. L’on peut m
me avancer icy une propo
tion qui peut-eftre paflerc
pour paradoxe , fi elle n’étc
confirmée par l’experienc'
d’eft que les plus grand
chaleurs ne preduifent p
dans nos corps les plus gra
des fermentations. En Èft<
par exemple , & dans les c
mats chauds, la chaleur <
difïolvante , parce que la m
tiere etherée eft dans \
mouvement fi rapide quel
ne trouve point d’obftacle
fon paflage , & les pores (
tous les corps font fi ouven
que les efprits fe difllpen
d’où procédé la langueur
l’accablement dans lequel <
fe trouve alors.
Cependant on eft fans Fi
vre, & tant s’en faut que ]
i & des caufes de U Fièvre. 159
liqueurs chaudes & fpiritueu-
fes ( comme l’£au - de- vie )
caufent alors des incendies,
jdes inflammations , ou le
moindre fentiment de Fiè-
vre , qu’au contraire elles dé-
ïalterent & reparent les for-
ces ; ceux qui vont à la Ghaf-
ïe ou à l’Armée , en font
jperfuadez par leur propre
bxperience j ceux qui ont
voyagé dans les pals chauds
j& pafle fous la ligne , nous
affûtent la même chofe , &
que la boiflon d’Eau- de-vie
les conferve &; les défaltere ,
lu lieu que l’eau Ample les
jette dans des langueurs mor-
telles.
En effet , la raifon & l’expe-
fience ne nous apprennent-
elles pas que les chaleurs ex-
ceflives affoibliffent beau-
coup la chaleur naturelle par
R üij
. u
boiÆon
d’Eau i i
vie ne
donne
pas la
Fièvre ;
c’eft un
fait con-
firme paî
les Chai-
feurs 6c
par les
voya-
geur^
Les cha-
leurs af-
foibliffét
6c épui-
fent les
efprits ;
ils ne fe
réparent
eue par
des cho*
Tes fpiri-
tueufes.
Preuves
tirées de
la pieu»
sefie.
zoo De la Nature ",
des extrêmes didipations d’d
prits , &C que ces diflipation
ne fçauroient eftre reparée
que par des chofes chaude
& fpiricucufes : & nous avon
remarqué que Ton n’a pas 1
Fièvre en Efté pour avoî
bù du vin d’Efpagne ou de
liqueurs chaudes , mais qu’e]
le ne vient guère qu’apré
avoir ufc d’alimens cruds fi
indigeftes , ou deboiflons ra
fraîchiffantes. On void tou
les jours des Portefaix échaul
fez & épuifezde fatigues rc
prendre de nouvelles force
en beuvant du Vin ou d
l’Eau de- vie : au contrair
s’ils boivent de l’eau fraîche
ou quelqu’autre boilTon ra
fraîchiffante y on les porte
l’Hôtel-Dieu , où la plufpat
meurent de pleurefie.
Cependant le vulgaire in
! é-des caufes de U Fièvre, to i
jlocile ne fçauroit compren- yulgairi
jlre qu’il eft dangereux d ufer
ile boiffons rafraîchiffantes ,
huand on cft fort échauffé.
Il eft fi prévenu que la Fiè-
vre eft un feu dévorant qui
e confume , 8£ qui ne fçau-
^oit eftre éteint que par des
•afraîchiffemens , qu il don-
jne tête baiffée dans tout ce
bu'on luy propofe. Pour fc
rafraîchir , il fe laiffe tirer ^
tout le fang des veines -, il m
avale à longs traits le lait corrige*
clair, les émulfions , 8£ la ti- eei
fanne -, SC il fe rafraîch,tc fi
fort, qu’il affoiblic & éteint
fa chaleur naturelle : de for-
te qu’au lieu d’une Ficvre
forte, vigoureufe , 8C ca-
pable de confumer toutes
fes mauvaifes humeurs , il
luy refte une Ficvre lente &S
une hydropifie, qui font des
zoi De la Nature j
maux bien plus dangereu
que le premier.
Ii me femble que ce qu
j’ay die de la Fièvre , &; qU
les réflexions que je vier
de faire , devroient être fui
filantes pour defabufer ]
Exemple Publie de cette erreur. J
re°voitaI' veux cependant propofer en
core quelques exemples pou
fraîchir, rendre la chofe plus fenfible
leiïieas. r» r \
Preique tous les Auteur
ont remarqué qu’il y a uni
analogie allez jufte entre 1<
fang &: le vin , & qu’ils fon
à peu prés fufceptibles de:
mêmes alterations.
Voici une expérience faite
fur le vin, qui pourra être
de quelque utilité. Lorfiquc
le vin fermente , fi le ton-
neau eft plein , il faut neeef.
fairepaent en ôter , de crain-
te qu’il ne rompe le tonneau.-
ëf des CAufes de U Fièvre. 105
mais fi on continue à tirer le
vin , parce qu’il fermente
toujours, &: que l’on y fub-
ftituë de l’eau , il eft certain
qu’il ne fe fera qu’une fer-
mentation imparfaite , &: que
le vin fera de mauvaife qua-
lité. La même chofe arrive
prefque toujours , lorfque
l’on s’opiniâtre à vouloir
guérir la Fièvre par des fai-
gnées 8£ par des boiflons ra-
fraîchiffantes ; les faignées
épuifent une partie des ef-
prits ; les boiflons rafraîchif-
fantes noyent &: étouffent le
refte, & rempliffent les vei-
nes d’humiditez , tellement
qu’il ne fe fait point de cri-
fe } le fang devient de mau-
vaife qualité , &: peu propre
à nourrir les parties ; le Ma-
lade tombe dans une Fièvre
lente, & devient le plus fou-
Aurrc
txcmpte
Contre
îcs ra- -
fraîchif-
femcns
& la fai-
gnee.
104 Z>e /4 Nature y
vent hectique ou hydropiqut
Cét événement eft fi com-
mun, qu’il n’a pasbefoin d<
preuves.
On peut encore affez \
propos, ce me femble, pro
pofer ici quelque exemple
de la végétation des Plan-
tes, qui puilTe donner une
idée affez vrai - femblable
des effets de la Saignée &
des boiffons rafraîchi (Tantes ,
par rapport à ce qui fe palfe
dans les Plantes. Chacun
fçait qu’il s’y fait une circu-
lation de la feve , & qu’elle
eft portée à toutes les par-
ties de la Plante pour fa nour-
riture , par des tuyaux qui
font analogues aux veines
& aux artères , de la même
maniéré que le fang eft por-
té à toutes les parties de l’a-
nimal pour fa fubfiftanccï
\<é des un fis de U Fièvre. aof
îc il eft ai fé de remarquer
pie les Plantes profitent &C
h portent bien , lorfqu’il
[ombe une pluie douce bc
•haude , & quelles font ex-
bofces au Soleil ; de même
jue les animaux joüiflfent
i’une fanté parfaite , lorf-
|u’ils ufent de bonne nour-
riture» & qu’ils refpirent un
bon air. Mais fi on ptcnoit
^ne Plante, un Rofier par
exemple , lorfqu au Primeras
il commence à pouffer des
feüilles & des boutons, SC
que fa feve eft en grand
'mouvement t qu’on le mît à
l’ombre , qu’on empêchât la
pluie de tomber deffus , Ôt
enfin que l’on eut grand foin
de l’arrofer de belle eau
fraîche j il y a bien de l’ap-
j parenee que ce Rofier flétri-
toit , que fes feüilles per-
De la Nature >
droient leur verdure , & de,
viendroient jaunes, & qu’il
pafferoit fon Printems fans
rôles. Nous remarquons auf-
fi que quand il tombe des
pluies froides , nos vignes
ont la jaunifle, & qu’il n!y
a que les pluies chaudes qui
leur rendent cette agréable
verdure, qui nourrit l’efpe-
rance des Vignerons.
Il me femble que l’on peut
faire une jufte application de
cette remarque à ce qui fc
paffe parmi nous. Combien
voit-on de gens traîner une
vie languiffante, être pâles,
avoir la jauniffe, à caufe des
faignées frequentes , & de
lufage continuel des rafraî-
chiflemens. Si au Printems
le Soleil remue un peu la
mafle du fang, & -en fait for-
rir quelques parties terreftres
des caufes de U Fièvre. 2.07
S: Talées , il paroît quelques
iiugeurs au vifage •, c’eft un
\v£ échauffé , dira - on ,
"faut promtement le ra-
aîchir. On court à la fai-
née ,aux eaux de veau & de
pulet, au lait clair, au lait
!’ Afnefle , quelquefois à ce-
lii de Vache ; mais il faut
ïcremer , c’eft - à - dire , le
époüiiler de fa fubftance
jouce balfamique & fpiri-
iieufe ; enfin de tout ce qu’il
de bon. Voilà comme on
afTe la plus belle faifon de
^nnée dans î’dfctâvage de la
Æedecine. Mais il feroit ai-
p de voir que toute cette
enduite n’eft pas reguliere,
1. on vouloit la comparer à
elle qui lui eft oppofée , &
i on confideroit que ceux
[ui n’ufent ni de faignées,
id de rafraîchiflemens, font
Qü’iï
ne faut
point c-
cremer
le laiw
Osé
ceux
qui ne fe
fôt point
faigner
Te portée
bien , ÔC
font plus
vigou-
reux que
toi De la N attire ,
geu* qui forts & vigoureux , & ioüii
fai5ncr. fcnt d une iante parraice.
On dira encore, fuppol
qu’il y ait de l’abus dans l’u
fage trop frequent des fai
gnécs , il faut fe rendre à l’ex
perience à l’égard des boil
fons rafraîcbiffantes , pour 1
guérifon des Fièvres , puil
que chacun fçait qu’en Lan
guedoc &; en Provence 01
s’ en guérit en beuvant à 1;
glace.
Sa quels Je conviens du fait, quo
rtfrsî’ nc f°i£ Pas tc,ûjour
chiffè- confiant ; & j’avouë que le
viennent rafraîchiffemens guériffen
iZl:! quelquefois la Fièvre. J’ei
ai dit ailleurs la raifon -, c’el
qu’il y a dés Fièvres dans lel
quelles les acides font for
divifez, & les efprits en 1
grand mouvement , qu’ils f
ydjifipcnt : de forte qu’il n’i
& descaujês de la Fièvre, 2.09
, pas de péril à les r' allier par
les boiflons rafraîchi liantes,
!ur tout en Efté 6c dans les
ilimats chauds , où l’air ré-
tare en peu de tems les im-
»reflions froides que ces
loilTons auroient faites.
Il y a cependant beaucoup Prccatl-
le précaution à prendre dans p‘r°e“lre
'ufaae des rafraîchiflemens ; ‘?an,Üa*
& r / . ,, / J fagedts
k il en raut éviter 1 exces, de
ieur d’empêcher les crifçs, meus,
C que les humeurs qui font
a caufe des Fièvres , ne
pient fondues Sc diffoutes.
Dar il eft confiant que s’il y a
j#aucoup de mauvais fucs
îans les premières voyes qui
intretiennent la Fié\re, 6C
pie d’ailleurs la malle du fang
pit dépourveuë d’efprits , les
loiflons rafraîchiflantes fe-
[ont tres-dangereufes, parce
Qu’elles a0biblicpnt les ef-
I " s
Erreur
de Mon-
iîcurSytl-
vius de
Dublin,
qui a mis
la Sai-
gnée cas
ttiuhffe-
rence.
2.10 De la Nature ,
pries : Et cela ne contred
point à ce que nous avot
remarqué touchant l’ufag
des boitions fpiritueufes \
chaudes dans les pais chaud
lorfque l’on eft épuifé & dar
une diflîpation d’efprits. Ain
cette obfervation ne donn
point d’atteinte à nôtre hy
pothefe : au contraire, ell
1ère à la rendre plus intelli
gible , &: à faire voir ( com
me nous l’avons dit) que le
faignées & les boiflons ra
fraichiflàntes ont leur ufag
dans les Fièvres , & font très
utiles en de certaines conjon
dures.
L’on peut dire ici , qu<
c’eft (ans fondement qu’ur
Auteur moderne qui a donne
l’exclufion aux Remedes ra.
fraîchiflans , a mis la Saignée
dans l’indifFerence, parce qu’j
& des caufes de la Fièvre, m
ie paroî t pas ( à ce qu’il dit)
lju en France ÔC en Éfpagne,
du l’on faigne tous les Febri»
titans , il en meure davanta-
ge qu’en Italie, &: dans les
autres pa'is où l’on ne faigne
point. On pourroit oppofer
ji cette remarque la fupputa-
■ion d’un curieux Anglois ,
jui fait voir qu’il meurt à
proportion la moitié plus de
Malades dans l’FIôtel - Dieu
3e Paris, que dans les Hopi-
:aux de Saint Thomas & de
Saint Barthélémy, qui font
es plus chétifs de Londres,
du l’on faigne beaucoup
moins qu’à Paris. D’ailleurs,
bn ne fçauroit douter que la
Saignée & les Remedes qui
fui font oppofez , riayent des
effets tres-differens.
j Tout le monde convient ^7™
bpie depuis que le ^uinqn'mA
! s ij
afa-ge , il
meurt
moins
de Fébri-
citant.
2,11 De la Nature ,
eft en ufage , il meurt moin
de Febricitans ; &: l’on el
convaincu que cette écorc
falutaire guérie en moins à
huit jours des Fièvres , con
tre lefquelles on avoit cm
ployé inutilement pendan
plulîeurs mois les faignées
les boitions rafraîchi fiances
Ainfi la Saignée ne fçauroi
être un Remede in different.
Ce même Auteur a pro
pote un paradoxe allez nou
veau ; c’eft Monfieur Sylviu
de la Société des Phyficien:
de Dublin , dans un Traite
qu’il a donné au Public. Ci
Traité a pour titre, NeuvelU
idée de la Nature ds Fièvres
Cette idée eft allez confor-
me à nôtre hypothefe : mai:
comme le paradoxe y eft op*
pôle, ô£ qu’il combat l’ex.
plicacion que je donne dej
Q- des caufes de U Fièvre, zij
^mptomes qui arrivent dans
; chaud de !a Fièvre ; je
jroy qu’il ne fera pas inutile
e l’examiner icy, afin de
lire voir la nullité des preu-
ies que l’Auteur avance pour
* foûtenir , & ‘d’établir plus
jnlidement la vérité de nôcre
ypothcfe.
Monfieur Sylvius prétend
lue le fang circule moins
!îte pendant l’ardeur de la
iévre , que dans les autres
*ms. La raifon qu’il en don-
e , c’eft qu’ai ors les parties
^iritueufes font liées em-
araflées par les acides : d’ou
s’enfuit que le fang tombe
ans une confufion qui ra-
entit fon mouvement. Il
jeut aufli que les arteres
oulfent le fang par la con-
traction de leurs fibres, ÔC
ue loi fqu’il eft grolfier ô£
Para-
doxe de
Môficur
Sylvius.
2.14 De Ia Rature ,
vifqucux , iî n’obeïfle pas £
preflement des arteres : c’e
pourquoy les arteres ne fa
Tant plus leur dilatation <
leur contraction dans tôt
l’efpace qu’elles prendroiei
fi le fang circuloit plus vite
elles les renouvellent en r<
compenfe plus fou vent , qt
lors que chaque retour fc do
faire de plus loin. Ainfi 1(
battemens du pouls plus fn
quens , font une marque qv
le fang circule moins vite,
Monfieur Sylvius ajoute
que la chaleur ne donne p;
aux corps un mouvemer
progreffif: Il donneplufieu
exemples pour prouver cett
propofition , entr’autres c<
luy de l’eau prefque boüi
lante dans un chaudron qi
eft fur le feu ; & il dit qn
cette eau n’acquiert pas pli
& des Câufes de U Fièvre. 215
jde volume par la chaleur.
Pour répondre à ce para-
doxe , )© conviens d’abord
que dans les Fièvres le fang
!eft groffier , vifqueux, char-
gé de cruditez &£ d’acides , 82
qu’eftant confideré comme
tel il devroit couler plus
lentement , qu’un fang bien
tlair Sc tres-pur. Mais fi on
paie réflexion que ce fang a
icquis plufieurs degrez de
nouvement par la fermenta-
tion , on n’aura pas de peine
l comprendre qu’il doit cir-
culer plus vite qve dans fon
:tat naturel , &s lorfqu’il ne
:crmente point. On fera con-
vaincu de cette vérité fi on
/eut fe reflouvenir de ce que
j’ay dit , que dans le friffon
es efprits & la matière fub-
lile étoient enveloppez , que
e mouvement du cœur étoir
Re'ponfs
au para»
doxe»
a ré De U N attire >
fufpendu , & que ces efpri
enveloppez , &c ce mouvi
ment du cœur fufpendu <
toient la caufe du friffon ,
que des le moment que c
accidens cèdent , l’on fei
le mouvement du cœur r
tabîi & redoublé , &: que
chaleur fe fait fentir à t@i
le corps. I>’où il e-ft évide;
que les efprits &: la matie:
fubtile étant développez
ont imprimé un mouvemei
rapide & extraordinaire
toute la maffe du fang , «
ont porté la chaleur à tout1
les parties les plus éloignées.
Car enfin l’état du fang e
different dans le friffon , l
dans le chaud de la Fièvre
&: fi dans celuy-là toutes 1<
parties du corps font froide;
flétries Sc. tremblantes , i
que dans ccluy-cy ces mêm<
cf des caufes de la Fièvre. i\~j
parties deviennent chaudes ,
Tonflées , agitées & Tuantes ,
ne faut-il pas conclure que
:ela ne s’eft fait que par un <üe
mouvement plus vite du fang?
peut-on douter que la cha-
eür ne donne au corps un mé ' P'0*
mouvement progreffif, puif- stïlM
jue la chaleur eft le principe
lu mouvement. Nous pour-
ions donner plufieurs exem-
)les pour en convaincre Mr.
sylvius ; eeluy qu’il a propo-
sé nous fuffit : & il n’y a pas
>enfé lorfqu il a dit que l’eau
l’un chaudron qui eft fur le
eu , n’augmente pas de vo-
ume ; fi l’on y prend garde
în verra qu’elle s’étend fen-
iblement , & quelle fe ré-
pandra par delfus les bords
i on augmente le feu.
| A l’égard de ce que Mr.
iylvius prétend que le lang
T
zi 8 De U Nature ,
giroflier &c vifqueux n’obeït
pas au preflement des artères ,
( ce qui les oblige à redoubler
leur mouvement) &luy don-
ne occafion de conclure que
les battemens du pouls plus
frequens , font une marque
que le fang circule moins vi-
te : je réponds que le mouve-
ment du cœur & des arteres
efl: un mouvement paflif , &
Que le dépendant du fang ; c’eft à
ES? dire des efprits , de la ma-
îœureft1- tierefubtile , de forte que lots
un mou- qUe ies efprits & cette matie-
çaifit. re font en grand mouvement,
elles communiquent ce mou-
vement aux parties groflieres
èC vifqueufes , les rendent
fouples & pliantes , les font
Qu’un pafîer avec rapidité dans tou-
fierS&f’ tes les parties du corps ,
forcent le cœur & les arteres
'!• à reïterer leurs dilatations &
| & des c&ufes de la Fièvre, iip
jleurs contra&ions.Et cela fuf- plus vîte
fit , ce me femble , pour faire ag“‘'hit
|comprendre qu’un fang grof- Sc°ép'J,é-
fier &: chargé de cruditez,
peut circuler plus vice qu’un
png pur & clair , félon les
degrez de mouvement qu’il
aura reçu. , )
L’exemple fi fouvent allé-
gué de la fermentation du ceiaei
vin, eftdémonftratifen cette
pccafion .* dans le mouft qui ij f«-
fermente les parties grolTieres tion diâ
du vin j font poufiees &£ agi- Y1Il*‘ ;
:ées en tout fens par les plus
fubtiles , &: le volume delà
liqueur s’augmente de telle
i-o.rte , qu’un tonneau qui fer-
îiente paroift plein , quoyque
jueiquefois il ne foit pas à de- *
ui , quand la fermentation
*ft ceffée.
Ce paradoxe de M1. Syl-
dus a interrompu nos réflc-
T i j “
no "Dt l& Ndture.,
xions fur la faignée ; mais je
croy que ce que nous en avons
dit , eft fuffifant pour donner
une idée aflez certaine du
tempérament qu’on doit ap-
porter dans l’ufage de ce re-
mede : il eft fans contredit.,
des meilleurs & des plus ne-
cclTaires de la Medecine j il
produit mille bons effets , 5 1
quoyque nous en ayons dit
une partie , j’avouë qu’il eft
impoflible de les décrire tous.
Et e’eft apparamer.t ce qui a
donné occafion de le porter
jufqu’à l’excès où il eft au-
tour d’huy , c’eft pourquoy
j’ay eflayé d’y apporter quel-
que modération , & je croi-
rois avoir rendu un Service
confîderable au public, & Fait
un Ouvrage digne de la pof-
terité, fi je pouvois mettre la
Saignée dans Tes juftes bor-
ér des eaufes de la Fièvre. tzi
Ne fera-on jamais réfle-
xion fur les fâcheux évene-
mens de ce Remede ? Ec n’eft»
ce pas une chofe criante que
le premier petit Frater qui va
voir un malade , le faigne
impunément en quelquétat
qu’il le trouve , dans un frif-
fon , dans un redoublement ,
dans une crife î c’eft fans dou-
te une licence qui mérité re-
forme , mais c’eft un fait de
Police qui n’eft pas de ma
eompetenee : Il fuffit que
j’aye la liberté de dire icy
mes fentimens , le public y
aura tel égard qu’il jugera â
propos.
Il s’agit maintenant de par-
ler des purgatifs. Il n’eft pas
facile de démontrer la ma-
niéré dont les purgatifs agif-
fent fur les humeurs qu’ils
rencontrent dans nos corps, ni
Tiji
Rcflcxîô
fur les
effets d#
la fai-
gnée.
Que les
purgatifs
iont ne-
ceffaircs
à la gue-
rifon des
Pié?res4
Penfée
<àes An.
«IcnsTur
la vertu
<des pur*
gatifs,
Qu’ils
font ve-
neneux ,
&c agif-
fent par
irritatiô.
Qu ils
agiffent
par éle-
tiz De la Nature ,
de rendre raifon des differens
.effets qu’ils produifet par rap-
port à ia diverfité des mixtes
d’où on les tire , & aux diver-
fes humeurs contre lefquelles
on les met en ufage. Cepen-
dant puifqu’ils paroiffent ab-
folument neceffaires*à la gue-
rifon des Fièvres, il faut exa-
miner en quoy confifte leur
a£lion & leur vertu, &: de
quelle maniéré on s’en doit,
fervir.
Prefque tous les Auteurs
tant Anciens que Modernes^
nous ont expliqué 1s vertu
des purgatifs par les qualitez
fécondés , ils en ont fait plu-
fieurs elaffes -, ils nous ont dit
qu’il y en avoit de veneneux ,
& qu’ils agiffoient tous par
irritation.
Il y en a qui ont crû que
les purgatifs agiffoient pat
& des caufes de la Fièvre. Z15
éle&ion , qu’ils étoient defti-
nez ou affeétez à certaines
humeurs &: à certaines par-
ties , à la bile, à la mélanco-
lie, au foye , à la rate , Sce.
& que ees purgatifs alloienc
chercher dans lefang &: dans
les vifceres les humeurs vi-
cieufes , & les faifoient dé-
gorger par les glandes, & par
les artérioles dans les inteftins
pour eftre évacuées.
Mais comme ces opinions
ne me paroiflent pas vrai-
femblables , j’ay cru qu’il fa-
lôlc avoir reeours à d’autres
moyens pour connoître &
expliquer la vertu des pur-
gatifs.
Quelques Modernes fe
font fervis du mélange des
liqueurs , afin de juger par le
refultat de ce mélange, des ef-
fets que tels ou tels remedes
T iiij
Moyens
dont les
Moder.
nés fe
font fer-
vis pOdf
connoî-
trelavcr
tü des
purgatifs
Ils fe
font fer«
vis du
mélange
des li-
queurs.
Ils ont
«onAïlté
l’expe-
rience SC
Tanalyfe
Ce
moyen
paroi (l
le meil-
leur,
1 es prin-
cipes
«Un? les
purga*
tifs font
compo-
se*,.
Ce que
c’eft que
les hu-
meurs
qu’il faut
BMfger,
2,14 De la Nature ,
pourroient produire fur no
humeurs.
Quelques autres ont eon
fuké l’experience & l’analy
fe , ou refolution des mixtes
& c’eft à mon fens la metho
de la plus allurée & la plu
facile pour découvrir la ver
tu des purgatifs , & pour ei
connoiftre ' Tufage. L’expe
rience m’a appris que le Sen
né , la Rhubarbe , la Scam
monée, &c. purgent }■&: VA
nalyfe me démontre que ce
purgatifs font compofez d<
parties alicalies , refineufes &
fulfureufes. Après cela fi j(
fais réflexion fur l’ufage au-
quel on les deftine, & fij<
confidere quelles fondes hu.
meurs qu’il eft neceflaire d<
purger , &c que je remarque
en même tems que ces hr-
tneurs ne font autre chofe .
des CAttfes de U Fièvre. zt$
uc des relies d’alimens mal
igcrez , aigris 6c corrompus,
ui communiquent leur mau-
life qualité au fang , & trou-
lent l’œconomic naturelle
t la fanguification , d’où dé-
vent toutes nos maladies.
|ï concluray fans peine que
;s fubftancesalKalies, fulfu-
bufes 6C refmeufes feront
îurgatives , parce quelles ai-
|ent à la digeftion , quelles
:rmentent avec les acides ,
i que tout ce qui digéré 6C
•rmçnte ^raréfié , augmente
ï volume & le mouvement»
carte 6C précipité.
Sur ce principe il eft aifé
le juger que les humeurs in-
ligeftes 6c aigries qui fe trou-
veront dans l’eftomac , ou
ians les premières voyes , fe-
|ont neceflairement purgées
i on prend du Senne , de la.
iz6 De la Nature ,
Scammonée , ou quelqu’;
tre purgatif, fie que la
PUrj
tion fera plus ou moins fo
félon l’abon dance des 1
meurs , & l’a ^jon du purj
tif. Cepurgrwÿf agira imn
diatementdans leftomac,
v%üd dans les preimieres voyes;
£nn'nc 11 n’eft Pas n eceffaire qu’il a
j’cfto- le chercher «dans la malfe
^nS y dans les glandes ,
quoy°ü dans les vif reres ^ les humei
IL%. ™Pures po-nr les purger. Q
ficiiesi s U ne trourve rien dans ■]
émou» • * J
yp», v premières vtitvcs , il agira f(
blement ; f c eft pour cet
raifon que les gens foires
qui digeren* bien, font tre
peu purgez, par les purgati
les plus violons, & qu’ify Â
iïr a qui difent qu’ils fontdifl
font fou. ciles a émouvoir
ventvo. T .r *
mitifs. i-es purgatirs (ont fouler
vomitifs félon fa bond an çeck
des eaufes de U Fièvre. 117
meurs , & félon les degrez,
fermentation : & je com-
fends qu’un Remede n’eft
mitif que parce qu’il fer-
:nte , bc raréfié extraordi-
irement lès matières con-
luës dans l’eftomac. En
fit cela il n’eft pas neceflaK
de fuppofer des qualitez
lignes , ni de l’irritation -,
vinaigre picote & irrite ;
caufe des naufées , mais il
ft point purgatif : on fç
t même fou vent avec fue-
1 de nations s~idcs pou?
efter des vomiflemens &
s diarrhées ; la Theriaque
eft un antidote , eft fou-
nt purgative bC vomitive
ion les humeurs crues & in-
reftes qu’elle rencontrcdans
ftomac.
Mais on dira que fur cette
pothefe on pourroit pre-
Pour-
quoy ils
iont v®'
mitifs.
Les pur-
gatifs ne
font pas
vene-
ïieüx.
Ils n’a-
giflent
pas par
irrkaüo.
Le vi-
naigre
irrite ,
K
purger
point,:
izS De la Nature,
si tous tendre que tous les mix
tes reiï- qui ont des parties fuliuri
Sulfureux, les oC alKalies , auront t
vertu purgative que fuiv;
la même régulé , les foufres
les fels volatiles feront pi
gatifs ; ce qui n’eft pas et
firmé par Inexpérience.
Je réponds à cela qu’il
vray qu’il y a un grand no
bre de mixtes qui abondt
en refîne &c en fels volatili
qui ont une vertu purgativ
qaoyquils ne foient pas
jaaent lç$ f * . __ r .
mixtes otage , &£ oans Te (^ataîog
fontpur- des .purgatifs j les potio
latifc. cordiales qui font compofé
pour la plufpart d’eaux fpii
tueufes 8£ volatiles purge
tres-fouvent ; les Sirops foi
purgatifs par la même raifoi
le Sucre & le Miel qui aboi
dent en fèls effentiels & c
©fprits , purgent & aidei
| des uufes de la fièvre. 119
;ion des purgatifs : que fi
|s les mixtes dont on tire
| raifines 3 des fels efien-
j , Sic. ne purgent pas s
peut penfer que la raifine
es fels eflentiels y font en
;-petite quantité, ou qu’ils
t fi enveloppez dans les
ires principes , qu’ils ne
broient fe manifefter.
!l/ Antimoine diaphoreti-
: , par exemple , n’a per-
fa qualité vomitive , que
ce que fes foulfres font fi-
j , & enveloppez par les
du nitre : Cependant ce
me diaphoretique Si beau-
ip d’autres remedes,qui n’a-
j‘ent ordinairement que par
nfpiration , ne lai fient pas
tre fouvét purgatif, comme
,’ay infinué lorfqu’ils ren-
trent beaucoup d’humeurs
tis l’eftomac , Si qu’ils y fe-
Les cor*
diaux
font fott«
vent
purgatifs
13° ■£><? la Nature,
journent quelque tems. D’<
■’on peut raifonnableme
eon dure, ce me femble, que
des remedes cordiaux & 1
dorifiques , qui font comp
fez de fubftances fulfureufi
douces & fpiritueufes fo
purgatifs , ce n'eft point pa
PCoint’éft ce qu’ils irritent les partie
iiriuti" ma*s a cau^e qu’ils mettent <
unuuo. mouvement ^ & qu>j)s <Jj
rent les humeurs crues & ac
des qu’ils trouvent dansl’efl:
mac.
B dLt J’av°uë qu’il y a des dr<
gués qui gués qui purgent fi violen
rr. *uent , & qui caufent de te
“ déchiremens dans les entrai
^iie°c’eft ^es J quelles pourraient dor
par itri. ner occafion de penfer qu
les purgatifs ont de la ma
yentn.u )>g.nitÇ » ou qu’ils purgent pa
irritation j la Gomme-guït
êc la Coloquinte font de c
tiraes
des eaufes de Uï Fièvre. 151
re ; la Gomme gutte abon-
en foufres malins & cauf-
iies , c’eft pour cela qu’elle
jvomitive; la Coloquinte
chargée d’un acide corro-
d’où vient quelle fermen-
»eu avec Telprit denitre,
hme l’a remarqué un ha-
; Anglois , & qu’on la cor-
avec des alxalis ;mais on
doit pas conclure de-là que
purgatifs en general ayent
la malignités & agiffent
irritation , Epùiîque tous
jautres qui font dans l’ufa-
prdinaire ont des qu alitez
lofée à eeux-cy , 6c qu’ils
t compofez de parties dou-
, volatiles 6c fulfureufes,
mortifient 6C adoucirent
acides.
\u fond , il n’eft pas rai-
nable de conclure que les
gatifs ayent de la maligni-
Cômmé
la Goitv.
mcgutte,
la Colo»
quinte*
Pour-
quoy les
purgatif
font ef«
ijr De la Nature ]
vene- té . ou qu’ils agirent par irr
OCU X,& • X ° 1 r ,
agifîent tâClOH } parce que dans le-d
fuie'*'1' aâion on fent fouvent c
grandes douleurs , & mêm
des déchiremens dans les et
trailles. Si c’eft l'effet des ht
meurs qu’ils mettent en mot
vement , on fçait que que
quefois les humeurs contrat
tent par leur fejour dans 1<
inteftins une telle acrimonie
& une fi grande malignité
quelles déchirent & uîcerer
les parties où elles paflent ; l
il eft bien difficile que le
purgatifs les puiflent évacue
ians laififer des impreffions d
leurs mauvaifes qualitez.
ta La Scammonée qui a pal
monée fé chez les Anciens pour un
foL drogue maligne & dangereu
°ue dan - » Purge aifément & fan
gtîwfe. douleur ; l’on en fait prendr
aux enfans jufqua fept &
hui
& des eau Je s de ta Fièvre. z$,
huit grains &c l’experience
sn’a appris qu’on en peut don-
ner jufqu’à trente fans rifque.
Cependant il y a encore au-
ourd’huy des Médecins qui
:rient au feu , lors qu’on de-
aye dans une infufion, de
Senne deux ou trois, gros, de
liaphœnic , ou de diaprun fo-
utif , parce qu’il entre dans
ette dofe quatre ou cinq
tains, de Scammonêe ; cela
ait bien voir que l’on n’a pas
xaminê les Remedes à fond
our en connoître les vertus >
t qu’on s’en efï feulement
enu à la tradition,
La Cafle qui eft dans le
ang des plus foibles purga-
ifs , purge quelquefois v'to-
tmment, &: caufe des gran-
ds coliques , fur tout quand
!lle n’eit pas recente , parce *u«
u’eiie s’aigrit aifément , c’eft
LaC.
purg
que!
fois V’.u
Icaicnés.
doit
être
CS*
134 T>e la N 4 tare ,
tk"T* Pourqu°y on la choifit douce,
prendt* & du Levant , & on la mêle
u%s des avec du fucre pour la confer-
purgatifs vefi ^jnfi il ne faut toujours
s’étonner de la différence des
effets dans l’a&ion des pur-
gatifs , mais on doit avoir
principalement égard dans
î’adminiftration de ces Reme-
des , à la Nature des mala-
dies , au tempérament du
malade , aux faifons , &c. En
Efté , par exemple , le ventre
eft plus libre, les purgatifs
les plus doux conviennent
alors, parce que les humeurs
font plus en mouvement, les
fruits , les herbes , l’eau de ri-
vière, le Vin doux,leCydre
purgent ; & on peut penfer
que c’eft parce qu’ils excitent
des fermentations dans l’efto-
mac.
Ces réflexions me paroif-
& des caufes de la Fièvre, ift
inc fuffifantcs pour donner
me idée aflez vrai'-femblable
.e l’a&ion 5c de la vertu des
jurgatifs ; & il me femble
lu’il n’eft pas neceflaire dé
: donner la gchenne , de
ippofer des contra&ions de
bres dans l’eftomac , ni d’a-
oir recours à l’irritation 8C
ix qualitez malignes pour
^couvrir la vertu des purga-
fs ; &: je penfe que cela
>urra lever tous les fcrupu-
s dans lefquels le public a
U julqu’icy à l’égard de ces
emedes , 5c qu’il fera per-
adé qu’ils ne font pas fi «
ingereux qu’on a voulu luy
ire croire, puifquela plufi*
irt ont beaucoup de rapport
fec nos alimens. toade--
Apres c es retiexions gene- de cette
j!es lur le légitimé ufage de fLTÏ/ .
faignée , ôc fur la vertu des
! v.ij
ü)g ux
Indica-
lions
jour la
guerifon
des Fié-
VrCS»
#ürgâtîô
&C tianf-
|!ratioB.
11)6 De la Nature ,
Remedes purgatifs; il m" ferr
ble qu’il ne fera pas difïici!
d’en faire l’application à 1
Pratique par rapport à ne
'principes. Si donc noftre hy
pothefe efb vraye , coram
)e croy l’avoir fuffifaramer
prouvé , & que les Fiévrt
foient caufées par des ht
meurs crues &: indigeftes ,qi
palTent de l’eftomac d<
inteftins avec le chyle dar
le fang. Je trouve qu’il y ai
ra deux indications pour 1
guerifon des Fièvres , à fç;
voir la purgation &: la tran;
piration ; la purgation regai
de les humeurs crues & ir
digeftes qui font dans lespn
mieres voyes , &Z qui trot
blent l’ceconomie du chyle t
du fang.
Dans cette veuë j'établ
pour maxime certaine * qu
çf des causes delà Fièvre. 237
faut purger, ou faire vomir
le plûtoft qu’il eft poffiblc ;
c’eft à dire dés le commence-
jtnenc des Fièvres , afin d’em-
jpccher le mauvais commerce
de ces matières crues qui s’in-
troduifenc dans le fang , &
(entretiennent les fermenta-
tions fiévreufes. La fécondé
indication m’en fournit deux
jautres , c’eft la Saignée , &
les Remedes diaphoretiques
& fpecifiques ; la faignée fe
Rapporte à la plénitude , tel-
lement que s’il y a trop de
fang , il ne circule pas aifé-
ment , c’eft un obftacle à la
tranfpiration r il y a des fignes
eflentiels de cette plénitude ,
je les ay remarquez ailleurs 5
il faut dtfnc faigner pour re-
médier aux fymptomes pref-
jfans , pour faciliter la circu-
! lation j SC pour fatisfaire à la
y üj
S’il Cttst
purger
au com-
mence-
menu
S’il h\i$
faigner*
Symp-
tômes
qui mar-
quent la
neceflité;
de fai-
gner.
La fai-
gnée fè
doit fai-
re d’a-
bgrdt
2.38 De U Nature,-
plénitude, deux, trois ou qua
tte faignées au plus fuffifent
ce me femble , à toutes ce;
indications ; Et comme tou:
les fymptomes qui deman-
TroUott dent la faignée, fe manifeftem
fu/B:ent.' principalement au .commen-
cement des Fièvres, c’eft auflï
dans ce tems-là qu’elle doit
eftre mife en ufage.
Les Rcmedes diaphoreti-
dwph°. ques &: fpecifiques concer-
,etIqucî’ nent les humeurs crues & in-
digeftes qui font dans le fang,
tcur & y caufent la Fièvre; ils font
of"s*‘ inftituez pour cuire , digérer
ne rai /le & dilfoudrc ces humeurs. Voi-
fo/det ^ en general «ne idée de la
fièvres, guerifon des Fièvres. Mais
avant que d’entrer dans le dé-
tail des chofes neeeffaires à
cette guerifon , j’ay deflein
dofdl; d’expliquer des difficultez qui
feprefentent, & de prévenir
jgf des caufes de là Fièvre. Z59
es obje&ions qu’on pourroit
aire contre cette Méthode.
| On m’ob jettera d’abord
lue je commence par où l’on
[oit finir; que c’efl: une Prati-
que généralement reçue de ne
mrger dans les Fièvres qu’a-
|rés le feptiéme jour , ou
Iprés les fignes de co&ion ;
ue les plus experimentezMe-
.ecins font dans cetufage;
1 c qu’il cft fi bien établi dans
2 public , que lors qu’on de-
ciande des nouvelles d’un ma*
^de , fi l’on dit il fera purgé
iemain ; on répond, à l’inftant
[ eft donc guéri. Que d’ail-
eurs c’eft une Pratique fon-
ce fur l’autorité d’Hippo-
rate dans l’Aphorjfme 12,.
u livre premier , Concerta,
te di cari , atque movere , non
vuda , neque in principes me-
% non ' large ant , plnrimm
tez qui Ce
prefentéc
contre
cette
Métho-
de,
Qu’il ne
faut pur-
ger qu’a-,
prés le 7,
ou apres
les figues,
de coc-
tion.
Que c’etë
l’ufage*
eft
fondé
fur l’au-
torité
d’Hip-
pocrats*
24° ta Nature ,
vero non turgent. D’où if c
évident que je fuis bien t<
mer aire de propofer une m;
xime formellement oppofé
à l’autorité d’Hippocrate ,
la Raifon, 8C à l’Experien
ce.
J’avoue que c’eft l’ufag
s,éponfe de ne purger dans les Fièvre
qu’aprés le feptiéme jour , o
après les lignes de codion ; é
je conviens que les Médecin
qui ont le plus de reputatioi
font dans cette Pratique : mai
je ne demeure pas d’accort
qu’ils foient fondez en raifoi
Que cet 8c en expérience -, & je ni<
que fautorité d’Hippocrati
P°im cet ^ans 1 Aphorifme allégué fa-
ufage. vorife leur conduite. Poui
elïre éclairci lut cette matiè-
re , il faut examiner de fen«
de l’ Aphorifme ; 8C fidu tejp;
d’Hippocrate on- traitoit le;
fcbrjcitan:
& des catifes de la Fièvre. 441
ebricitans commeon fait au-
3urd’nuy. ^
! A l’égard de la Pratique des
inciens , il ne paroift dans
ucun endroit d’Hippocrate,
i chez les Auteurs contem-
orains, que pour guérir les
|iévres on fît des faignées
»ns nombre aux malades , &
u’on les noyaft de lair-clair,
: de boiflons rafraîchiflan-
:s ; & il y a bien de l’appa-
:nce que fi cette Pratique
toit efté bien receuë du tems
Hippocrate, il ne nous au-
fit pas laiffé cet Aphorifme,
aifqu’il y cft formellement
jpofé , comme je feray voir
ins la fuite.
Voicy le fens littéral de
Aphorifme : Il faut purger
s humeurs cuites , &: non
r crues ; non pas meme
i commencement des ma-
X
Les An2
ciens ne
rraîtoicc
point le?
Fièvres
comme
on fait
prefentg^
mese,
Sens iit-
.tezal de
l’Aphor.
%%-. 1. 1»
•Qu.’ il a
deux
génies.
241 De la Nature ,
ladies , pouryeu que la ma.
tiere ne lur'montc , & n’a~Hôn
de point; Or tres-fouvent ell<
n’abonde pas , d’où je con-
clus qu’il faut purger avant 1;
co&ion } c’eft à dire dés 1<
commencement des Fièvres
la matière qui fur monte , 01
qui eft en trop grande abon
dance , ou en trop grarn
mouvement ; j’entends pa:
cette matière les humeurs tu
■multucufes de l’eftomac &
des inteftins, qui partent dan
le fang , & entretiennent 1;
Fièvre. Au furplus , il fau
cuire, ( e’eft à dire ) digerer
mefier,& dilfoudrc les hu-
meurs qui ont parte dans 1<
fang , & font la caufe de J;
Fièvre-. Ain fi cet Aphorifn*
a deux parties 5 l’une nous ap-
prend qu’il faut purger déi
h commencement des Fié-
| & des cm Je s de la Fièvre. 13
près, les humeurs feditieu-
|es &: impures qui font dans
eftomac & dans les premie-
es voyes : & l’autre nous fait
|omprendre qu’il faut laiffer
aire la codion des humeurs
jtuës 5c indigeftes qui font
!ans le fang avant que de
jurger ; & e|ie nous infinuë
a même tems , fi je ne me
[ompe , qu’il faut aider la
îaleur naturelle & les elprits
faire cette codion : à quoy
s faignées reïterées , ni les
biffons rafraîchi ffan tes ne
auroient convenir , puif-
be les faignées épuifent les
prits, & que les boiffons
fraîchiffantes affoibliffent
chaleur naturelle s fans la-
telle il ne fe fait point de
dion parfaite : Ainfi j’ay
ifon de foûtenir que cette
ethode eft formellement
X ij
Qn’il
faut pur-
ger dés
le com-
mence-
ment les
humeurs
abon-
dâmes.
^u’it
faut pur-
ger à la
ün pour
éviter les
«chutes.
Cette
Metho-
Aft eft
fondée
f&z
■.44 De U N autre,
oppofée à l’efprit de l’Apho-
rifme.
On doit donc purger, fé-
lon la dodrine d’Hippocrate
dans cet Aphorifme , les hu-
meurs trop impetueufes , des
le commencement des Fiè-
vres. Il y a plufieurs paflages
dans ce fameux Auteur qui
autorifent cette Pratique ,
dont les citations feroient
fuperfluës. Il faut aufli faci-
liter la codion des humeurs
qui caufent la Fièvre , après
quoy la purgation eft necef
faire. Hippocrate en rend la
raifon , Àph. liv. i. Jg»*
relinquuntur in morbis , reci>
divas faciunti & cette pur-
gation regarde principale-
ment la précaution pour pré-
venir les rechutes. De tou)
cela il refulte que ma Me-
thode eft fondée fur la do-
! & des CAttfes de h Fièvre,
Qxine d’Hippocrate , lorfque
t'établis deux indications gé-
nérales pour la guerifon des
Fièvres à fçavoir , la purga-
tion & la tranfpiration , te
|que l’on doit purger le piu-
toft qu’il eft poflible les hu-
jtneurs impures qui abondent
dans I’eftomac , te dans les
inteftins , te faire tranfpirer
celles qui font contenues dans
ta maife du fang , c’eft à dire,
les digérer, les raréfier te dif-
foudre ; te cela fe rapporte
la do&rine des Auteurs ,
qui faifoient dépendre tou-
tes nos maladies du défaut
de tranfpiration , ou de l’ex-
cès de condenfation.
Ces maximes generales
étant ainfi établies , il faut
entrer dans le détail des re-
medes qui puiflent fatisfaire
i toutes nos indications.
X iij
rortte
d’Hip-
pocralüi
II
tyand
4a fai-
gnéc eft
necefïai.
re.
Combien
4e fois
on îa
peut fai-
14^ De la Nature y
Lok qu’un Médecin eft
appelle pour voir une per,
fonne qui a la Fièvre , s’il
luy trouve de la difficulté de
refpirer , & le pouls embar-
raflé, il peut juger que la cir-
culation du fang n’cft pas li-
bre , qu’il y a de la plénitude,
& que la Saignée eft necef-
faire dans cette occafion ; &c
il la réitérera jufqu a deux &
trois fois félon le befoin. Ce
Remede fe doit faire prom-
tement ô£ dans le commen-
cement des. maladies ; ce-
pendant il ne faut pas ou-
blier de donner des lavemens
purgatifs faits avec la déco-
ction cmolliente , le Miel
commun , violât, merctirial ,
&c. & trois ou quatre gros
de Senne que i on fait boüil-
Jir Icgerement dans la déco-
ction. Je me trouve fort bien
& des uufes de la Fièvre . 247
Je l’ufage des lavemens pur-
gatifs ; on doit pourtant con-
sulter en cela le tempérament
des Malades. U y en a qui
‘ont fujets à des douleurs de
foliques , à des vapeurs , &c.
jt qui les lavemens fimples
conviennent mieux que les
purgatifs.
Que fi par l’effet des lave-
nens , ou par d’autres fignes ,
1 paroift qu’il y ait beaucoup
l’humeurs dans l’eftomac &:
Sans les entrailles , on donne
sûrement cette potion pur-
gative.
Frenex, du Sènnê , deux gros.
I J)u fel Végétal^ un demi gros.
De U Câjfs fraîche mondée 3
j une once.
Des feuilles de cichorée fauva -
ge coupée menu , une poi-
gnée.
îetté^Jur le tout une ch opine
X iij
lavcmés
purgatifs
très uti-
les.
En quel
cas il s’en
fa u» sb-
if e air.
Potlefi
purgati-
ve.
»4* la Nature ,
- d'eau bouillante : pajfez, C
prejfez, , le faites pren
dre au Malade.
! Cette potion purge douce-
ment & fans rifque , elle peu:
eftre reïterée ie len déniait
félon l’effet & le befoin
Souvent même on fai g ne &
on purge très- utilement dan;
tin même jour. On donne
aufli fort à propos des vomi-
tifs, ils font tres-utiles lorf-
que le malade a de frequen-
bon^*ne tes env*es de vomir , &: qu’i!
pratique vomit aifément ; le Tartre
de pur- —, , a •
jer ou de ümeuque ma toujours paru
Sri*.' Ie meilleur vomitif ; j’en fais
prendre cinq ou fix grains
dans du bouillon ou dans
quelqu’autre liqueur : ce
Remede guérit tres-fouvent
les Fièvres fans retour.
Il faut donc purger ou fai-
te vomir le plûtoft qu’il eft
| & des edufes de la fièvre. 149
boflîble : ceft aux Médecins
ji examiner s’il n’y a point d’in*
lications contraires , com-
me des tenfions douloureufes
îans le bas ventre , des dif-
aofirions inflammatoires, &
autres fymptomes qui s’op-
pofent à la purgation. Mais
je le répété : c’eft une bon-
jae pratique de purger ou de
'aire vomir au commence-
ment des Fièvres -, & il eft
rare de voir un malade qui a
vomi , ou qui a le ventre li-
bre , avoir beaucoup de Fiè-
vre.
Après l’ufage des purgatifs ,
c’eft une bonne méthode de
donner quelque potion cor-
diale & fomnifere , pour cal-
mer le mouvement de l’efto-
mac &: des humeurs. Voicy
celles dont je me fers le plus
ordinairement.
la îem-
rure
d'Opium
avec
l’Efpnc
volatil
de Sel
Ârmo*
niaceft
la meil-
leure.
ija De la Nature ,
Prenez, de Veau de Pavot
trois onces.
Bu Diacodinm , (îx gros.
Et de Veau de Candie, un gros
En voicy une autre qui n’efl
pas moins bonne.
Prenez, de Veau de Mslijfe ,
trois onces.
Bu Sirop d’OeiHets ,une oncè«
Et de la teinture de Lauda
num faite avec Vefprit vo«
latil de fel Armoniac , cinq
ou lîx gouttes.
La teinture d’Opium fe
fait aufli avec la teinture de
Safran tirée par l’Efprit de
vin , ou avec l’Efprit de vin
feul } mais celle qui eft faite
avec l’efprit volatil de fel Ar-
moniac me paroift la meil-
leur.
Ce^s potions ou Juleps peu-
! e?- dei&tufes de la Fièvre, zjî
ent cftre aromatifés , &c
endus plus agréables par
luelques gouttes d’Eflences
olatiles , comme de fleurs
''Oranges , de Ganelle , de
j'hin, de Macis, &c.
Quelquefois on donne pour
j; même deffeinun demi gros
je Diafcordium, un demi gros
u un gros de Thériaque nou-
lelle j &C fouvent j’y ajoute
n grain de Laudanum.
Je pourrois donner icy
lufieurs formules de juleps
: d’opiates qui conviennent
,ans cette occafion , mais les
Livres en font pleins , je n’ay
as deflein de les tranferire
bur grofllr ce volume : on
eut y avoir recours.* Je pro-
iofe feulement ceux dont je
ie fers , & qui me paroiflent
affifans pour remplir les in-
ications qui fe prefentent
Si les)
Fièvres
me gue~
rilïent \
point par
la fai-
gnee ÔC
far la
ftfîgatiô.
f On met
en ufage
les dia-
pîi or éti-
ques &
les fpeci-
figues.
'LtQuin.
qu'ma
fpecifi.
que af.
Xuré pour
la guéri-
fbn des
fiéyrcs.
Préparai
tion du
na très,
M«l»*
1
2- P 2)4 NAture-g
dans la gucrifon des Fièvres.
V oilà en peu de mots m
méthode de traiter les Fié
vrcs lorfqu’il y a plénitude
repletion , ou abondant
d’humeurs dans les premie
res voyes ; que fi après la fai
gnée faite félon les preffan
befoins , & après l’ufage de
purgatifs la Fièvre perfevere
j ay recours à la tranfpiratioi
& à la coâion , & j’employi
pour ceîales remedes diapho
retiques : je n’en ay point di
plus aflfuré que le Quinquina
j’en fais diverfes préparations
Voicy celle dont je me trou-
ve le mieux.
Prenez une once & demie d<
bois de Saffàfras râpé : faites-
la boiiillir legerenient pen-
dant un quart-d’heure dans
un va i(fe au couvert , ou au
bain Marie dans deux pintes
jf des caufes de U Fièvre, if $
d’eau , aufquellcs vous ajou-
terez quatre ou cinq onces de
bonne Eau-de-vie •, Après cela
| vous y jetterez une once &c
| demie de bonne poudre de
J^nqmnXy&claifatzz encore
bouillir le tout enfemblepen^
dantun quart-d’heure , de y
! ajouterez fur la fin deux ou
trois pincées de fleurs de Pa-
| vot rouge , avec trois ou qua-
tre onces de fucre.
Cette boiffon guérit feu- L.oneS
ornent les Fièvres continues
: les intermittentes : L’on fortes d«
r , Fief im.
n ufe en tout cems , dans
j;s accès, dans lesintermif-
ons, dans les redoubleraens.
)n la prend chaude comme
j?s bouillons ; fi l’on veut on poBu“n*f
i boit froide , elle eft excel- PIeurefie*’
ente dans la pleurefie fi on JJjE*-
n ufe chaudement. Et c’eft .« pj*J» '
| î meilleure méthode en tou- ®ew,
es fortes de Fièvres où ce
le Quin.
qu'ma.
n’eft 1
point uh
remede
dange-
reux.
Il guérit
.en digé-
rant les
Jiumeurs
ôc en for
tiüant
les par.
4ks*
2.J4- De la Nature,
remede eft en ufage j c’eft ;
dire où la cranfpiracion eft ne-
eeflaire.
Je protefte icy que je m’er
fuis toujours fervi avec fuc-
ces, & je fuis perfuadé que
ceux qui s’en fendront s’en
trouveront bien. Mais il ne
faut point avoir de fçrupules
fur l’ufage de ce remede , &:
on Ce doit mettre dans l’cf-
prit qu’il n’eft point dange-
reux, que l’on n’en fçauroit
trop prendre , qu’il guérit
promtement & feurement en
facilitant la tranfpiration , la
digeftion des humeurs crues,
& en fortifiant l’eftomac. J’y
mêle quelquefois fept ou huit
gouttes de teintures d’Opium
pour une prife , &; cela fait
fort bien. Il eft inutile de dire
qu il faut donner quelques
bouillons par intervalle } $&
& des cdufes de U Fièvre,
:nir le malade chaudement s
pux qui fuivront cette Me-
liode feront confirmez dans
oftre hypothefe , &C verront
u’il y a peu de Fièvres qui
|e foient parfaitement gue-
es en moins de huit jours
ar l’ufage du Quinquina,.
Le Quinquina fe donne en- DWetCet
bre en fubftance en opiate ; ^ToT
n en fait des boles avec la «e'-‘c ■
J ‘ f fL 11 ’ C ^
oudre ; il elt excellent inru- m ■
î dans le vin -, on peuc en
tire de la Tifanne , du Si-
bp, de laConferve, &c. Il y a
lus de douze ans que j’en fis
Mre des Tablettes pour un
Entrepreneur du Pavé de la
bute d’Orléans , qui ayant
ne Fièvre double tierce
bminuë , fut mandé par feu
A'. de Colbert pour rendre
uelques comptes } il fâlut
bar , & partir avec la Fié-
!/ufâge
«les ta-
blettes*
trescotn-
mode»
ï$6 De U Naturel
vre i Le malade mangea d<
Tes tablettes en chemin fai-
fant , & revint vigoureux &
fans Fièvre. J’ay donné de et
remede à plufleurs perfonne:
qui eftoient obligées de mon-
ter à cheval tous les jours &
d’aller à la Campagne , quoy
qu’elles enflent la Fièvre , &
qui en ont elle parfaitement
gueries.
Je ne fçaurois pafler icy
fous filence que quelques
Médecins , par un efprit de
contradiéHon , ou parce qu’ils
ne connoiflfent pas la Fièvre
ni la vertu du £>uinqmnd t
ont condamné ma méthode
de le faire infufer avec du
vin nouveau , a durant qu’il
faloit du vin vieux ,apparam-
ment parce qu’il échauffoit
moins ; car ces Mts. ne fçau-
roient comprendre qu’on gue-
rifle
| & des eau fis de la Fièvre. z\y
jrifle la Fièvre avec des reme-
jdes chauds. Mais comme je
ifuis perfuadé que h le Quin-
quina n’eftoit chaud , il ne
gueriroit pas la Fièvre y &
jqu’il le fait en mortifiant les
acides , & que d’ailleurs le
Ivin nouveau eft plus fpiri-
tueux que le vieux j ainlî il
eft meilleur pour cirer la ver-
tu du Quinquina. C’eft pat
;eette raifoa que Mi. de
Monginot en faifoit faire
avec du mouft dans le cems
des vendanges ; & l’experien-
pe m’a appris que cette pré-
paration eft des meilleurs.
Voicy d’autres fébrifuges
pour ceux qui ne s’accom-
modent pas du Quinquina»
"Prenez, de l'eau de chardon -
henit , quatre onces.
De l'Effrit de vin » deux
onces.
Y
i A
FluHeuy-f
febrify»,
«tu
*
Ce qui
feH f^iri-
tueux &C
fulfarcut
eû fcbxi-
îüge
258 De U Nature ,
Mêlez, & prenez, de cette po-
tion deux ou trois fois le
jour.
Autr e.
Prenez de l’eau de Melifiè qua-
tre onces , avec huit ou dix
gouttes d’Efprit de Sel vo-
latil Armoniac. Il en faut
ufer comme de la prece-
dente.
Le Se! Armoniac purifié pris
jufqu’à douze grains dans
un bouillon, deux ou trois
fois par jour , eft un bon
fébrifuge.
La boiflfon amere des An-
glois faite avec la racine de
Gentiane, la petite centaurée,
ou je chardon- bénit , & le
genievre , eft fébrifuge.
Monfteur Sylvius vante le
camphre comme un excellent
fébrifuge. En general tout
cc qui eft fpiritueux U fulfu-
I & des caiifes de h Fièvre. 2.5:9
eux 5C qui facilite la digef-
ion, & la trànfpiration eft
èbrifuge. Mais comme je
feu ay point trouvé de plus
,fTuré que le Jjhiinquina , je
n’y attache, & je cherche les
noyens d’en rendre l’ufage
isreable fans diminuer fa
0
fertu.
| Il faut aulïî remarquer qu’il
1 a des Fièvres où il n’eft pas
peceflaire de mettre d’abord
;n ufage les purgatifs ni la fai-
?née , comme celles où il n’y a
>oint de fymptomes preflans s
pù les humeurs ne font pas
dans un mouvement trop vio-
lent ; 5c où la tranfpiration eft
aiféeralors on donnebeaucoup
à la Nature, on fe contente de
faire obferver une diete exa-
cte aux malades ; on les nour-
rit peu dans les comtnence-
ïhens i on fait ufer de lave-
Y ij
Il y a des
Fièvres
où les
faignéeü
ni les
purga-
tions ne
font pas
d’abord
necslïai-
res.
Elles fs
guerif-
fent paf
une mé-
thode
palliati-
ve
xéo De Ia Nature ,
mens fimples ; on donne la
nuit des Juleps cordiaux tels
que nous les avons propofé ;
on fait boire de l’eau pure
avec quelque Sirop : celle de
t» ni- la Riviere de Seine eft pur-
^îere de • _ . . , *
Seine gauve, & principalement au
Pnncems & en Efté y & je
tiévres. croy que cette vertu purga-
pour- tive vient de la diiîolution
eft° pur- des Tels contenus dans les
*i£lve“ bois qui flottent continuelle-
ment fur cette Riviere. Cet-
te diflblution fe fait mieux
lors que l’éau eft un peu
échauffée t & elle s’en trou-
ve plus chargée en Efté qu’en
Hyver } parce qu’en Hyver
le lit de la Riviere eft plein
d eau de neige 8c de glace qui
diminue la vertu des Tels ef-
fentiels des Plantes. Peut-
eftre fera- on confirmé dans
cette penfée, fi on fait réfle»
des câufes de U Fièvre. i6t
lion que les cendres des bois
ottez ont beaucoup moins
Le Tels que les cendres des
lutres bois -, c’eft pour cette
laifon qu’on ne s’en fert pas
.ans les lexives*
Quoy qu’il en Toit, j’ay ob-
^rvé que l’eau de la Seine
lt une boiffon excellente
|ans les Fievres fi on y mêle
,u Sirop violât ; quelques
ueilleréesd’Eau-de-vie ajou-
tes à une pinte d’eau de Ri-»
iere font encore une bon-
,e boiffon > le vin & l’eau
vec une rôtie fe peuvent
jermettre , & l’ufage m’en
paru trcs-utilc prefque dans
j)utes les Fièvres. Par cette
aethode palliative , on gue-
it feurement les Fièvres qui
c font pas accompagnées de
^mptomes preflans, &: elles
s tenaincnc par une tranfpi-
2.62 De la Nature ,
ration heureufe : après quo\
on purge pour éviter les re.
cheutes , félon le confei!
d’Hippocrate 5 & cette pra-
tique fe rapporte au preceptt
de l’Aphonfme , il faut pur-
ger apréi la cofâion.
Mais afin de faire voir d’une
Nouvel-
les refle-
xions fur
l’Aphor,
zz. 1. c.
X/origtne
de tou-
tes nos
maladies
vient de
l’air ou
des ali-
msn s5
maniéré plus fenfible que la
coction des humeurs , dont
il eft parlé dans l’Aphorifme,
regarde principalement les
mauvais fucs qui fe font in-
troduits dans la mafle du
fang; Il faut encore faire quel-
ques réflexions qui feront le
dénouement de cette diffi-
culté , comme je l’efpere. jf
Hippocrate nous apprend
que toutes nos maladies vien-
nent de l’air ou des alimens,
fi bien que celles où l’air n’au-
ra point de part , fe rappor-
teront uniquement aux mau-
fades caufes de la Fièvre. 16$
is fucs qui dérivent des ali-
gns. Si donc quelque per-
hne tombe malade d’une
jévre après avoir trop man-
& trop bû, je comprends
^el’eftomac & les inteftinsdc
tte perfonne font farcis de
jatieres indigeftes, ê£ qu’une
irtion la plus fubtile de ces
atieres fe mêle avec le chy-
, lequel eftant porté dans
jang y excite la Fièvre , &
ie l’autre refte dans le fonds
tl’eftomac , dans les replis,
! dans les cellules des intef-
js ; Sz je penfe que ces
lauvais reftes communique-
nt continuellement au chy-
des vapeurs 8£ des fucs im-
irs qui augmenteront la
lèvre , Sz cauferont tous les
mptomes fâcheux qu’on y
)id paroiftre tous les jours,
'ans cette çonjonèture fi je
lé 4 T)e U Nature ,
confulte Hippocrate dans fc
Aphorifme, le fens commu
fufïira pour me faire voir qi
cette matière contenue dai
l’eftomac &: dans les inteftin;
eft en orgafme ; c’eft à dii
qu’elle furabonde , qu’elle e
fuperfluë , qu’elle caufe d<
fermentations vicieufcs , i
que cet homme divin m’er
feigne qu’il faut l’évacue
promptement,qu’on n’en do
point attendre de coâion
Et cela fe confirme par l’ex
perienee qui nous fait voi
tous les jours que cette ma
tiere , au lieu d’acquérir quei
que coûion , contra&e pa
le fejour quelle fait dan
l’eftomac & dans les inteftin;
une puanteur & une corrup-
tioa extrême ; fi bien qu’il
n y a perfonne de bon fen:
5lul ne convienne qu’il efl
& des cm fe s de U 1? livre.
>lus expedienç ÔC plus avan-
ggeux à un malade d’eftte
aoaitement purgé de ces
aaticre-s , que de les laifler
Iroupir dans Ton ventre où
jlles deviennent toujours
aalignes & dangereufes : Sc
jn’Hippocrate n’a point vou-
i dire qu’il faloit attendre
[u’elles eu dent acquis toutes
es mauvailés qualicez pour
ftre purgées.
! Je n’ay pas deffein d’exa-
ainer icy toutes les explica-
on5 que les Auteurs ont
on nées de la co&ion des
umeurs , & comment les
lus éclairez, & Ferneî même,
inc prétendu que la coction
es humeurs morbifiques étoit
ne converlion en pus ou en
ueique chofe d’approchant,
s fuis perfuadé que l’idée
une pareille codion feroie
Qu’il e$
plus ex-
pediéede
purger
prom-
ptement»
que de7
laifTer
corrom-'
pre le*
marier oc|
Ce
les Au-
teurs <m£
penfé fiaç
la coo
tion de*
ÈlU!&«U$|
Sens lit-
téral de
l’Aph©*
ji(me ,
Mfc tda
àumeuri
cerrom-
rucf dis
«fit®*
mut*.
i6S De U Nature ,
plûtoft refoudre un malad<
à prendre cinquante méde-
cines , que d’attendre qu’il f
fut formé dans fon corps de
abfcés ou du pus.
Je m’attache au fens litte.
ral de l’Aphorifme allégué
qui veut dire parla co&ien
une digeftion ou une matu-
ration, par rapport à ce qn
fe fait dans. les fruits quant
ils meuriffent. Mais cette ma
turation ne fçauroit couve
nir aux matières qui croupi!
fenc dans l’eftomac & dan
les inteflins ; la chaleur na
turellc y eâ fuffoquce , les le
vains y font corrompus,& ce
matières font comme les ca
davres qui cmpoifonnent l’ai
qui les environne , les boüil
Ions Sc les meilleures nour
ritures s’y corrompent ; &
c’cft ce qui a donné lieu i
ér des c au fis de la Fleure, zSj
et Axiome fi célébré dans
i Médecine , plus on nourrit
\n corps impur , plus on le
lejfie. Je penfe donc que cet-
!; eodion fe maturation d’hu- Qu’ii r»
jjeurs fe fait principalement coüilV
le qui agillent continuelle-
ment fur les cruditez,en adou-
liTant les acides greffiers ,
: en faifant tranfpirer ceux
ni font infociables } de la
lême maniéré que dans les
uits,lcs fucs acerbes fe grof-
ers lont adoucis , fubtilifez
\ meuris par la chaleur. Il
\ donc vrai - femblable
^Hippocrate a voulu nous Ci
•prendre dans fon Apho- qu'HiP*
fme qu’il faloit attendre fe a enten-»
der la co&ion des humeurs coTon ;
jii eftoient introduites dans
fang , fe qui en troubloient
Z i}
ans la malle du fang par les ^j^1*
(pries , fe par la matière fub- iia$>
ÔVjec-
ïion ci-
tée de
Y Apho-
idimc.
162, De la Nature ,
i’œconomie, Se purger enfu
te les fupei fluicez qui reftei
de cette coétion pour prévt
nir les rechutes, comme je Yi
remarqué , tk. que l’on d<
voit purger promtement ce
les qui eltoic nt abondantes ,
tumultueufcs dans l’eftomi
& dans les inceftins.
Mais on dira , cela ne d<
eide pas en voftre faveur , ,
ne vous autotife point alî<
pour introduire une maxin
nouvelle dans la Médecin»
de purger dés le comracnc
ment des Fièvres. On coi
vient qu'Hippocrate ordom
de purger d’abord,! orfque 1
humeurs font tumultueuf
êi abondantes"; mais il ajoi
.te dans fon Aphorifme qu’e
les le font rarement, & p;
Ji il vous impofe filence f»
les purgatifs, &ç vous défen
& des tarifes de la Fièvre . 169
le les mettre foavent en ufa-
;e , fur tout dans le commen-
iement des maladies,
j A cela j’ay deux chofes à
lire : La première efî: , que fi
:s purgatifs avoientefte auffi
ommuns & aufli connus du
jems d’Hippocrate qu’ils le
ont aujourd’huy , il y a bien
le l’apparence qu'il eût efté
aoins refervé fur leur ufage.
pu ne fe fervo.it de fon rems
ue d’Hellebore , de Con-
ombre fauvage , de Colo-
uinte , &: d’autres drogues
liolentes & dangereufes ;
ious avons maintenant delà
>fle, de la Manne, des Ta*
[tarins, de la Rubarbe , dut
enné. Nous avons encore
les électuaires purgatifs, eom»
te le Diaphœnic, le Diaprun
olutif , le Diacarthami , la
oudre Cornachine compo-
Z iij
P.épdB*
fc à loft*
je& ion.
llf* t:\
ufagi du
rems
d’H;p-
DîÉFerc-
■ces entre
fcs habi-
tans du
Nord àC
ceux du
J-r?aiu.
»jo De U Nature ,
Tee âvec parties égales <1
Tartre vitriolé , de Seammo
nee , & de poudre de Jalap
dont on donne depuis ving
jufqu a trente grains dans d
vin blanc , ou en bole , g
une infinité d’autres purgatif
que Ton peut mettre en ufa
ge félon les occafions.
^ La fécondé chefe que j’a
à oppofer , fe dre de la difFe
rence qu’il y a entre les ha
bitans de la Grèce SC ceux d
Nord ; ceux-cy font voraces
mangent & boivent beau
coup , & tranfpirent peu, &
c eft la la lource de toutes no
maladies ; ceux - là au con
traire font fobres , mangen
peu j & font dans une tranf
piration continuelle : & cett<
différence, fi je ne metrom
Pe , impofe la neceflité di
purger promtement dans k:
& des caufes de la Fièvre, vj't
•limacs froids , où l’on void
ieu de Fièvres qui ne foient
>recedées de vomififemens ,
le naufées , ou enfin de quel-
que dévoiement : ce qui eft
me marque évidente de l’or-
;afme , & du tumulte des Fa-
neurs , &; par confequent une
aifon de purger dés le corn*
nencement des maladies.
Mais au fonds fuppofe
[u’Hippocrate ait prétendu
[u’il fai ut attendre ou pro-
:urer la codion des marié-
es abondantes &i tumuîtueu-
es contenues dans l’eftomac
il dans les inteftins ; corn-
nent s’y prend -on aujour-
l’huy pour fatisfaire au pre-
:cpte de ce Grand homme ï
propofons quelque exemple.
Un Médecin vient voir un
naïade qu’il trouve fort op-
preÛc , ayant beaucoup de
Z iiij
1^1 y®:
rrcs font
fouvent
précé-
dées di
naeaa*
ïxef&
le pour
proimç
«jne la
méthode
ordinai-
re de
guérir les
#iévres
rffift pas
fondée
fur l’ au-
torité
d’Hip-
^osrate.
2.72. De U Nature ,
Fièvre , avec des envies ek
vornir ; ce malade a mang<
amplement & bû à la glace
au refte , c’eft un bon fujet, 1<
Médecin parle élegammem
de la maladie, car il y a de;
mauvais Médecins qui foiji
fort éloquents , & ç’en eft h
fatalité : cela impofe au pu-
blic , quelle apparence qu’ur
homme qui parle fi bien,
guerifle mal Le Médecin
donc dit qu’il faut s’alîuret
de la Fièvre , en éteindre le
feu, & calmer le mouvement
trop impétueux des humeur!
par des rafraîchiflemens : Il
ordonne des faignées , des
emuifions ; il fait boire de la
Limonade , du petit lait ; il
fait prendre deslavernens faits
de lait-clair, de decoéfion,
de laitues &; de Miel de Né-
nuphar, il reïtere les faignées :
& des Câufes de la Fièvre. 173
Enfin tant eft procédé qu’a-
prés quinze oufeize faignées,
i( on vafouvent plus loin; ) le
malade a des tranfporcs au
cerveau , des mouysmens
convulfifs , &£ d’autres fym-
ptomes cauftz , fi je ne me
jtrompe , par l’épuilément des
|efprits , &: par la corruption
des humeurs contenues dans
le bas ventre, Dans cet emba-
|ras on demande du confeil ,
on fait venir des Médecins
qui ne manquent pas de dire
que la procedure a efté bon-
jne , mais que la maladie eft
' grande. On s’informe de l’é-
venement , toute la famille
I eft intriguée ; le malade a des
Charges , des affaires , des
! enfans; les Médecins répon-
dent comme les Oracles tou-
jours obfcurement : on déli-
béré fur les rcmedes , on pro-
174 IV U Nature y
pofe des faignees au pied, à
Ce qui a îa gorge , des applications de
dtlit dâs pigeons fur la telle , à la plan-
dne 'fes cc des pieds : tout cela fe fait
charia- inutilement , le malade s’en
Moines, trouve plus mal. Enfin u©
voifin produit un avanturier
un Moine , une femme qui
donne du vin Emetique , ou
quelqu’autre potion purga-
tive , qui fait vuider des baf-
fins pleins de mauvais reftes
d’ali mens , de faîades , de lé-
gumes , & d’autres matières
tres-puantes, par où le malade
fe trouve extrêmement fou-
lage ; SC avec le feeours de
quelques liqueurs fpiritueufes
êc cordiales , Sc de bons ali-
mens , il eft parfaitement
guéri.
Mais fi ce malade guérit $
il a couru de grands rifques ,
& il eft certain que plufieurs
& des eaufes de U Ficvre. 17$
y fuccombent. Voilà cepen-
dant la méthode avec laquel-
le on traite les febricitans*
& l’on void aifément fi elle
eft fondée fur la doctrine
d’Hippocrate : car enfin s’il y
avoir dans les entrailles de ce
malade des matières abon-
dantes & en orgafme » il eft
confiant qu’il faloit les pur- D’«â
ger d’abord pour fatisfaire au
précepte de ce Grand hom-
: l’on aurois prévenu tous
les fymptomes qui font ar-
rivez au malade , & tous
les hazards qu’il a courus.
Que s’il faloit attendre , ou
procurer la co$ion des hu-
meurs , c eft agir contre 1 ef-
prk d’Hippocrate , contre
le bon fens , d’ordonner des
faignées frequentes, des émul-
tions & des boiffons rafrat-
chifiantes , qui au lieu de fa-
V]6 De la Nature ,
5eSc fI? C1'n£er cetce codion , i’em-
vr es ien- pêchent formellement , &
«les ht- jettcnt la plufpart des mala-l
défies des dans des langueurs mor-
telles , dans des Fièvres len-
tes , des hydropifies , & dans
plufieurs autres accidensdont
i's ont bien de la peine à re-
venir.
C’cft donc une bonne mé-
thode, Sc conforme à lado-
drine d’Hippocrate , de pur-
ger promtement toutes les
matières impures , qui ne de-
viennent pas plus traitables
par le^ fejour qu’elles font
dans 1 eftomac Sc dans les
inteftins ; au contraire il eft
confiant qu’elles y acquièrent
une corruption & une ma-
lignité, très - dangereufe. Si
apres 1 ufage des purgatifs la
Fièvre continue , j’ay recours
aux remedes Diaphoretiques
& des CAufes de U Fi évre. 2,77
tels que je les ay proposé.
Cette méthode eft non- feu-
lement fure contre toutes les
(Fièvres intermittentes , mais
encore contre les continues ,
& principalement contre cel-
les où il y a du frifTon , & où
jîa tranfpiration n’eft pas li-
bre , comme dans l’Autom-
ne , dans l’Hyvcr & dans le
Printems.
Il faut remarquer icy que le
Quinquina eft encore un rc-
mede excellent contre les
Fièvres he&iques , & contre
les Fièvres lentes 5 dans cel-
les-cy la faignéc du bras &r du
pied doit fouvent précéder
l’ufage du Quinquina , prin-
cipalement aux filles qui ne
font pas réglées ; les vomi-
tifs leur font aufli tres-necef-
faires, parce quelles ont or-
dinairement l’eftomac chargé
qmn<a eft
un bon
remede
contre
les Fiè-
vres les’»
tes
he&iv
ques*
xy% De U Nature,
<ie cruditez vifqueufes ; âpre
quoy F ’ufage du guinquini
en boiflon avec le vin , oi
avec le Saflafras , comme je
Tay propofé , eft tres-conve-
nable; on fait en même tems
ufer de cette opiate hyfteri-
que.
Prene^du Quinquina en pou*
dre tres-fine 3 demi-once.
Du Man préparé a la rofee ,
& mis m poudre fubtile ,
deux gros.
Du Macis , trois gros.
De l extrait d'alo 'ès , un gros*
De l'EJfence antihyfierïque y
derai-dragme.
En voicy une autre.
Opiate
Jiyfteri-
Prene^du Quinquina en pou-
dre , demi-once.
De la Contrayerva,àzm gros.
Des Sels de Tamarïfc 3 de
Mars, d‘ j4 b fwtbe , de cha-
cun $n gros.
fadescaufes de U fièvre, ijf
Ces Opiates faites avec le
[Sirop d’Ârtnoife, te prifes à
a quantité de deux gros par
jour , foir te matin , avec la
boiflon de Quinquina , font
Je très - bon ufage dans les
Fièvres lente? ; la Fièvre hec-
:ique n’eft pas fi facile à gue- t. fié.
:ir3 fur tout quand elle a fait ^cueheecft'
beaucoup de progrès , te que ||»s
e malade eft tombé dans une guérir
igreur extrême. Il faut fièvre
Jonc y remédier autant qu’il lme-
;ft poffible dans fa naiflance»
:ette Fièvre eftcaufée par un
icide âcre te coagulant qui
lomine dans le fang , c’efl;
bourquoy le lait eft prefque
:oûjours nuifible dans cette
naladie , parce que les acides
e coagulent te luy fervent de
jrefure ; rien ne convient
clone mieux que les remedej
qui mortifient les acides corn*
des anti-
Jaeètiques
5c anti-
afthma*
figues.
280 De la Nature ,
me le Quinquina. L’on et
fait un hydromel : noftre pre
paration avec le Saffafras &
les fleurs de Pavot rouge ef
très- utile ; l’ufage de l’Effen.
ce anti-afthmadque , jufqu';
fept ou huit gouttes dans ur
boüillon efl: cres-bonne. Dan:
la même veuë , on frit ufei
de baume de foufre anifé
mais ce baume efl; défagrea.
ble : On donne encore de:
globules faits avec les fleur:
de benjoin à la quantité de
quatre ou cinq grains , ave<
fept ou huit grarns de fleur;
de foufre $ T on enveloppe ce;
fleurs dans du beurre frais,
On ufe encore d’une Conlèr.
ve faite avec le Quinquina,
& la poudre de Guimauves;
cette méthode m’a louvent
rcülfl dans ces maladies.
A l’égard des Fièvres d’Ecé ,
Jv»
& des caufes de la Fièvre. z8i
;s remedes diaphoretiques
l’y font pas toujours neceîfai-
es, fur tout lorfquela tranf- Din
iration eft fort libre , & que Fièvres
;s humeurs font en grand aupho-"
îouvement,' les plus légers "j^nV-
urgatifs fuffifent ; l’eau de ccflair4S>
j]aflfe , ou la CalTe difloute
ans du petit-lait purgent ai-
ment ,1a Manne &; la Caflê
oüillies enfemble legere-
lent purgent fort bien ; les
mx de veau 8c de poulet font
ors fort utiles , parce qu’el-
s tiennent le ventre libre,
; qu’elles ont une on&uofité
h émoulfe la pointe des hu-
icurs bilieufes 8C piquantes,
fans cette même veuç on uf-age^
anne des émulfions faites des
jeeles femences que l’on ap-
3 lie froides ; on farcit fort à
fopos le corps d’un poulet
b ces femences > ©lies ont
Aa
2. 8 z De la Nature y
une huile douce qui calme 1
*poïe. mouvement trop impetueu:
Tvlc u ^es humeurs , les rend cou
Msioai lantes j les précipité &c lesem
pêche qu elles ne s’élèvent
la telle ; au lieu de quatre fe
«ncnces froides, dans la fai
l'on des melons , j’emplis 1
corps du poulet , de la grain
& delà chair de ce fruit,, c’e
une efpeee d’apozeme îaxati
quifaiefort bien dans les fie
vres bilieufes.
11 faut remarquer qu’il y
desfiévres où la tranfpiratio
ell quelquefois fi forte, qi
les efprits & les foulfres s’a
liaient èc fe diffipent s ce
pourquey. il eft neceffaire
les retenir par des boiflons ac
vH* des, comme la Limonade, 1<
eaux de cerifes, de verjus, 1(
Giflons potions faites avec les aigr<
ào. foulfcc & & vitriol. Q
! & des cau fis de U Fièvre. 185.
jdoit cependant ufer de pré-
caution dans l’ufage de ces
Iremedes , de peut d'empê-
cher les crifes & les fontes.
Ides humeurs qui caufent les
Fièvres.
Il faut encore obferver que
jfi L’ufage des acides eft utile
pour calmer le mouvement
trop impétueux des humeurs
q,ui s’élèvent à la telle & y
caufent des douleurs impor-
tunes , & pour déterminer le
cours de ces mêmes humeurs
par les voyes inferieures ; fou-
vent il eft incommode par les
pefanteurs d’eftomae , par les
gonflemens & par les coli-
ques dont les acides font la
çaufe : ces mêmes acides pro-
duifent auflï quelquefois des
tenfîdns dans îa veflle , c’eft
jpourquoy il eft necelfaire d©
Içs adoucir : Voicy une pq»
Aa i)
utilité:
des Aci*
i*ür£
mauvaij
284 De UN attire ,
tion qui m a paru fort couve-
nable dans ces occasions.
Prenez de l'eau à’Alleluja,
deux onces.
De Veau de Chardon - bénit \
deux onces.
l)u Sirop viciât \ une once.
I>u Sel d' Ah (inthe , demi-gros.
S_Hr la fin jj ajoute quelques
gouttes d'ejprit de foulfre ou
de vitriol , pour donner une
legere acidité*
Je donne deux fois le jour
cette potion , & par le diffe-
rent mélange de ces Tels , la
fermentation eft avancée, &
îa Fièvre terminée par une le-
gere tranfpi ration.
Ainfi fart de guérir les Fiè-
vres eonfifte principalement
dans la méthode de procurer
la tranfpiration quand elle
n’eft pas libre , & de la caltïief
quand elle çft violente
Potion
dans les
ïiévres
gaaii^&ss
&des cattfes de U T ièvre, iSy
Pendant les grandes cha-
leurs de l’Efté , &C dans les
Iclimats chauds , les boifions
rafraîchiflantes font fouvent
utiles , & on guérit les Fièvres
en beuvantà la glace, parce
que ces boiflbns arreftent la
jfermentation , &: calment le
mouvement trop impétueux
Ides humeurs , & l’on ne doit
pas craindre que les efprits
loient fixez ou condenfez,
parce que la chaleur de l’ath-
mofphere eft alfez forte pour
conferver leur mouvement,
& entretenir la tranfpiration ;
Mais il faut prendre garde
que dans l’ufage des boififons
jrafraîchilTantes l’eftomac &
les premières voyes foient dé-
gagées d’humeurs impures ,
autrement ces boilfons caufe-
roient des coliques , des gôn-
ifleiaens » des indigeftions , &
A a iij
Préca®
tion à
prendra
dans l’U-
fage des
boiflbns
rafrai- 1
chiflat£%
ILorfque
la tranf-
piraiion
n’eft pas
Œ&c&iïiyjt
x%6 De la Nature ,
beaucoup d’autres accident;
très - dangereux , comme je
l’ay cy-devant remarqué.
Il efl donc neceffaire d’ufet
de grande précaution dans
l’adminiftration des boiffons
acides Su rafraîehifïântes. Voi-
cy à mon fens ce qui peut fer-
vir de réglé ; Si la tranfpira-
tion n’eft pas exccffive , s’il
paroift qu’il y ait beaucoup
d’efprits dans la maffe du
fang , ce que l’on eonnoiftra
par l’état du malade , le pouls
fera fort , lesfon&ions feront
libres , alors on peut fe fer-
vir feurement de boiffons aci-
des telles que nous les avons
propofées : &il y aura lieu de
croire que les premières voyeS
ne communiquant point à la
maffe du fang de mauvais
focs , les efprits qui y auront
fâé teçeaus par les boiflons
gf des Cdtifes de U Fièvre. 187
acides , digéreront aifémenc
les humeurs crues &£ indi-
geftesqui eftoientlacaufe de
la Fièvre. Mais Ci la tranfpi- exceffiver
ration eft trop forte , s’il y a
des dilïipations d’efprits, ce
qui fe manifefte par lafoiblcf-
fe du pouls , par l etat languif-
fant du malade quelquefois c»™**.
, 1 • 1 ô re des
pat des taches livides o£ pour- terres
prées qui paroiffent fur la
peau , c eft là le caraétere des
Fièvres malignes : alors les
boiffons acides & rafraîehif-
fantes font tres-dangereufess,
Sz les potions cordiales & fpi-
ritueufes font de neceffits ab-
foluë.
Les eaux de Scorfonaire,,
de Reine des Prés , de Mil-
le-pertuis, de Scordium, de*
Meliffe fonttres-bonnes î on
«n fait des potions avec les
Sirops d’giliets » de grenade»
Que le
mélange
des ef-
prits aci-
des avec
les Tels
volatiles
eft utile
dans les
Fièvres
malignes
2.83 "Delà Nature,
àcc. Les confections d’Hia-
cinthe & d'Alitermes , l’eau
Theriacale , l’Eau - de - vie ,
l’eau de Canelle, avec les Tels
volatiles de Viperecu de cor-
ne^de Cerf mêlez à la quan-
tité de fept ou huit grains,
dans quatre ou cinq onces
d’eau de Scorfonaire, & fept
ou huit gouttes d’efprit de
Souîfre ou de Vitriol , font
un très* bon effet dans les Fiè-
vres malignes , fi on rcïtere
la potion deux ou trois fois
le jour. Le mélange de ces
efprirs avec les Sels Volatiles
paroiftra peut-eftre fe contre-
dire , parce qu’ils font oppo-
fez , ic excitent une fermen-
tation j mais il eft fort utile
dans cette occafion , parce
que les efprits Acides don-
nent aux Sels Volatiles une
qualité de Sels efîenciels , par
laquelle
| ér des Cdufes de U "Fièvre, igj»
j laquelle ils deviennent plus
doux', 8c portent moins à la
| tefte ; de tous les Sels Vola-
tiles , celuy de Tel Armoniac
me paroill le meilleur.
On fait auffi des potions avec
les eaux Cordiales , comme
ide Scorfonaire ou de Melilfe;
j& avec les eaux fpiritueufes,
comme l’eau Theriacale ou
de Canelle 5 & le Sirop dceil-
|Iets: Ces potions données fré-
quemment 8c à cueillerées ,
font un très-bon effet dans les
fièvres malignes. On y ajou-
te fouvent , 8c fort à propos,
la teinture d’Opium.
Voicy une potion qui m’a
paru fort utile. Je donne qua-
tre ou cinq grains de Tartre
Ëmetique fur huit onces d’eau
de Scorfonaire. J’en fais pren-
dre des cueillerées d’heure
ïO fccure : ce rejmede punge
B b
Potîofli
cordiale.
Utile dis
les Fiè-
vres
tpo De U Nature ,
doucement les matières im-
pures qui entretiennent les
Fièvres malignes, &: détruit
par là les fermentations vi-
cieufcs ; Il eft fort convenable
aux cnfans qui ont des versj
on leur fait encore boire de
l’eau de Mercure. Voicy une
boiffon que j’ay trouvée très-
bon ne dans ces occafions.
fo«ies On fait une decoâion de ra-
*ui ont dure de corne de Cerf qu’on
ht rets. m£le avec un tiers ou un quart
de vin blanc quand on veut
donner à boire à l’enfant , on
trempe un fétu dans de l’hui-
le diftilce de petites Oranges
vertes , & on en met deux
ou trois gouttes. Ce Cata-
plafme eft encore excellent
contre les vers.
e*tâpli- Prenez un gros oignon rouge
aaeuûîé ou bJanc creufez-le & met-
contre - j»
to tw« tcz dans U creux un gros d a-
& des cAufes de U Fievre. ipt
nis , un gros de graine de Ta-
najfie qu’on appelle dans les
Difpenftires femen contra, ;
Après y avoir ajouté vingt-
quatre grains de bon fafran en
poudre , recouvrez le creux
de l’oignon avec la piece que
vous avez ôtée, & l’envelop-
pez de papier ou d’étouppes
pour le faire cuire dans les
cendres chaudes , & quand il
fera cuit vous le tirerez ; ôtez
les grofles peaux , & pilez le
refte dans un mortier : quand
il fera bien pilé, mettez -le
dans une petite terrine fur un
feu modéré , 5c y mêlez de-
mi-once de beurre frais , un
gros 5c demi de bonne Thé-
riaque , 5c autant de There-
bentine de Venifc : Du tout
bien mêlé enfèmble pendant
un peu de tems fur un petit
feu , vous en ferez un Cata-
plafme que vous appliquerez
fur le nombril de la largeur de
la pomme de la main , & le
renouvellerez tous les jou:$.
B b ij
Çmc les
iemedes
£p iri-
tueux ne
font
point
«dange-
reux das
les Fiè-
vres nu-
|jf nés.
Ve la Nature ,
La Thériaque , le Diaf-
cordium , les poudres de Vi-
pères de de la Comceflfe de
Kent , font encore de très-
bons remedes dans les Fiè-
vres malignes.
Les vins de Bourgogne ,
d’F/pagne , de Canaries ,Sec.
font aufli de très- bon ufage j
& il ne faut pas dire avec le
peuple j ni comme les Mé-
decins vulgaires , que ces re-
medes font chauds , qu’ils
donnent trop de mouvement
aux humeurs , de caufent des
tranfports au cerveau , puis-
que , comme nous lavons dit
ailleurs , répuifement des ef-
prits de les forces dilïîpées ne
fçauroient eftre reparez que
par des chofes fpiritueufes ;
de l’experience m’a appris que
les remedes fpiritueux , au
lieu d’augmenter le nj9uve-
ér des caitfes de la Fièvre. 195
ment des humeurs & les fer-
mentations , les calment, s’ils
font difpenfez Sc adminiftrczj
de forte qu’ils deviennent
fuperieurs &C dominans dans
la malTe du fang j nous fça-
vons que loifqu’un Acide
un Alxali fermentent enferxv-
ble, h on ajoute de l’ Alxali ,
la fermentation ceffera bien-
toft, parce que l’Acide fera
abforbé par l’Alxali ; la mê-
me chofe arrivera fi on au-
gmente l’Acide , mais il fe
fera une coagulation dange-
reufe : d’oh il eft évident que
les Fièvres ne fc guerifTenc
que lorfque la chaleur natu-
relle ou les efprits ont digé-
ré , ou diffout les matières
crues &: indigeftes.
Dans l’hypothrfe commu-
ne l’on aura peine à croire
qu’un homme échauffé qui
B b iij
Exem-
ples pouf
confir-
mer les
feons ef-
fets des’
îcmedeSj
fpiti-
^laeu x.
U Nature ,
boita la glace, puifle tomber
dans une pleurefie ou dans
une Fievre ardente , & l’on
fe perfuadera aifément que
fi cet homme boit de F Eau-
de-vie , il fe brûlera les en-
trailles & s’attirera une Fiè-
vre chaude. Cependant tout
le contraire arrive : j’ay veu
un ^ Officier d’Armée qui
après de longues marches , fe
trouvant dans un épuifement
extrême, & mourant de foif,
arriva fur le bord d’un ruif-
feau bourbeux , rempli de ca-
davres j l’eau de ce ruiffeau
luy ayant fait horreur, il de-
manda de l’Eau- de -vie , &
en beut une chopine d’un
feul trait , après quoy il s’en-
dormit , & s’éveilla auffi frais
& auffi vigoureux que s’il
s’étoit repofé toute fa vie.
Mr. de Monginot m’a af-
& des CAitfes de U Fièvre. 19$
furé qu’il avoit veu un hom-
me ayant la gangrené fi fore
à la jambe , que fuivanç
l’avis des Médecins & de#
Chirurgiens on dévoie luy
couper le lendemain. Et pour
le difpofer à fouffrir cette
operation , & afin de calmer
les humeurs ,onluy avoit or-
donné un Julep ou une ému!*
fion qu’il devoir prendre la
nuit; mais la garde s’étant en-
dormie, èc enfuite éveillée en
furfaut fe méprit , &C donna
au malade une phiole pleine
d’Efprit de vin , au lieu de
fonémulfion: il eft vray qu il
fentit beaucoup de chaleur
pendant la nuit : mais lors
qu’on vint pour luy couper
la jambe , les chairs gangre-
nées fe trouvèrent feparées
des chairs vives, & enfin le
malade guérit.
B b iiij
*96 De la Nature ,
> Nos Livres font pleins
d biliaires qui nous appren-
nenc que piuüeurs malades
de Fièvres malignes & de
pelle , ont elle guéris par des
baillons chaudes &c Fpiritueu-
fss. li faut donc convenir que
les remedes fpiritueux & vo-
latiles font très - neceffaire*
dans les Fièvres malignes &
dans les épuifemens, & qu’ij
ne faut pas cftre timide à s’en
f«rvir. Souvent les meilleu-
res remedes font infru&ueux
& inutiles , parce que l’on eù.
trop refer vé far leur ufage.
Il y a encore des Fièvres
malignes qui viennent, du dé-
faut de tranfpiracion , com-
me celles qui accompagnent
fc'àch Rougeole (Sc la petite Vero»
v croie j Ie-Qüciqucs Auteurs croycnc
#£c, que ces Fièvres font caufées
par les impuretez ou du f«ng
ef des cm fi s de la Fièvre. z$j
\ m enfer u al , ou delà nourritu-
re que l’enfant reçoit dans le
ventre de fa raere ; ce fénti-
mentne paroîtra peut- être pas
mal fondé fi on fait réflexion
l que la plupart des femmes
greffes ont prefque toujours
| l’appetit déréglé , qu elles fe
j amwriffent mal, &: que d’ail-
leurs elles n’ont pas larefpira-
tion fort libre, c’eft-à-dire que
l’air & la matière fubtile font
trop embarraffez , &: n’ont
pas le mouvement neceffairc
pour bien raréfier tous les fucs
nourriciers qu’elles fournif-
! fent a leurs enfans : Ainfi ccs
enfans font nourris te formez
! de fucs groffiers te vifqueux
qui ne laiffent pas un com-
merce libre a la chaleur na-
turelle , te à la matière fub-
tile. A quoy il faut ajouter
que les enfans vivent de lai-
198 De U N Atari ,
tage qui épaifîit le fang , & le
rend tres-fufceptible de coa-
«mlatinn, —
«le boüillie , qui boivçnc un
l
manière oppofée ; &: je fuis
perfuadé que fi on rafraîchie
trop les enfans en Efté , on
les prive du bénéfice de la
faifon , en interceptant les
humeurs fupcrfluës qui crou-
pirent dans leurs veines , &
les parens ontfouventle cha-
grin de les voir mourir de
la petite Verole en Hyver.
i°* Que les enfans qui ont
beaucoup de gale font moins
que ceux qui vivent d’une
& de s eau Je s de U Fièvre. 199
fujets à la petite Verole, St
qu’il y a fouvent du péril \
guérir la gale aux enfans.
30. Que les femmes grof-
fes qui font vigoureufes ,
qui fe nourriflenc d’alimens
chauds St fucculens , St qui
accouchent en Efté , ont des
enfans moins incommodez
de la petite Verole.
4°. Que ceux qui font
d’un tempérament chaud,
qui font beaucoup d exerci-
ce , St qui ufent d’alimens SC
de remedes chauds , font
peu fujets à la petite Vé-
role.
Je croy que Ton fera con-
vaincu que ces obfervations
font juftes , fi l’on fait ré-
flexion que la petite Verole
eft rare St peu dangereufe
dans les climats chauds 1 que
les enfans courent les rues
foo Bêla Nature,
en Efté avee cette maladie
Ôc qu en Hy ver elle eft fou-
vent mortelle } qu’elle cfl
très -commune & tres-fu-
nefle dans les pais froids , &
beaucoup plus en Angleter-
re qu’en France.
Cela fuppofé , il.y a bien
de 1 apparence que la tranf.
piration eft le meilleur re-
*««n mede à ces maladies } dans
& CetCf. \cuèon faitd« potions
cordiales avec des eaux fpi-
ritueufes données fouvent &
à cueillerces , comme nous
avons dit cy-dcflusj Et il- ne
raut pas s’imaginer qu’il «
ait dey une in dication con-
traire a celle des Fièvres ma-
lignes qui font eaufees par
I excès de tranfpiratipn , pui£
que dans celles-là à les cf-
prits font diflipez , il fan t les
reparenau lieu que dans celles-
& des caufes de U Plèvre. 30 1
cy eftant enveloppez dans des
jmatieres craffes , &c liez par
dç^ acides dominans , il faut
développer les cfprits en dé-»
truifanc les acides : ce qui ne
ifc peut faire qu’avec des re-
inedes fpiricueux. La faignée
ieft un excellent remede con-
tre'la petite Vero’elorfque les
|puftules ne fortent pas faci-
mentj qu’il y a beaucoup de
Fièvre avec difficulté de ref-
pirer , mais elle eft dange-
reufe è£ fouvent mortelle
apres l’éruption. Les pou-
dres de Vipere , & de la
ComtefTe de Kent font en-
core d’un bon ufage.
! Les Anglois donnent fou-
vent de l’Opium dans cette
maladie jufqu a trois ou qua-
fois par jour, 6 c avecfuccés}
j parce que ce remede donne
I du reposé facilite l’çr uptioni
Êrt qiléf
cas lafai-
gnée c®-
vientà 1$
petite
Vérole*
Offa#
ufîté î’
chez leë
Angloig
dans ccs
Ci fan ne
$uin*
bonne
dans la
.petite
fefole.
De U Nature ,
Cette méthode pourroit fur.
prendre ceux qui croyent
que l’Opium fufpénd le mou-
vcment des hümeurs , mais
on ne doute plus qu’il ne foie
fudorifîque. Dans cette pen-
fee je croy que la Tifanne de
Quinquina feroit xres-utile }
j avoue que je , ne l’ay pas
expérimenté , mais comme
oc remede mortifie ies acides
& raréfié le fang , je ne fçau-
rois m’empêcher , dans la pré-
vention où je fuis pour le
Jgjiinquina , de penfer qu’il
feroic très- utile en cette oc-
cafion , fi l'on en faifoitune
Tifanne avec l’eau de Scor-
fonairc, la raclure de corne
de Cerf, & le faflafras.
^ ^tlut rcmarquer que les
Fievres malignes font pref-
que toujours accompagnées
4c vomiûemens ou de jaau-
& des cdufes de la Fièvre, joj
fées, SC qu’alors on ne doit
pas eftrc timide à faire vomit
ou à purger. En cela je fuis
tres-oppoféà M1. Deflc , qui
donne pour réglé infaillible,
de faire toujours précéder
les fudorifiques aux purgatifs
dans les maladies aiguës ; &
il me permettra de luy dire
contre l’infaillibilité de fa re- in«*
gle, que } y trouve deux in- contre U
conveniens affez remarqua- S'/'X'
blés : Le premier eft , que Defl«»
lorfquc l’on donne des reme-
des fudorifiques , s’il y a dans
l’cftemac ic dans les premiè-
res voyes des mauvais fucs ,
les fudorifiques relieront dans
l’eftomac , y cauferont des
naufées ou quelques vomifi*
femens imparfaits qui fati-
gueront le malade : Ce fait
eft confirmé par Pexperiencc.
L’autre inconvénient eft que
504 3e U Nature ,
iï les fudorifiques paffent,ils
feront affoibliS & altérez pat
les fucs impurs qu’ils rencon-
treront , & ils en introduis
ront une partie dans la maffç
du fang ; ce qui y caufera de
nouveaux troubles.
Il éft dope préalable de
netoyer les premières voyes ,
afin que les mdoridques y
puiilent paffer fans rien per»
are de leur vertu , & qu’ella
foit portée toute pure dans
la ma (Te du fang : Cette
pratique eft fondée , à l’égard
des purgatifs , fur l’autorité
d’Hippocrate , qui nous ap-
prend dans l’Aphor, 10. liv, 4.
qu’il faut purger dés le pre-
mier jour dans les maladies
iguës j qu’il y a du péril
différer.
Je diray en paffant que la re-
$uuë «Uns laquelle on a efté
jufqu’icy
& des c tuf es de U Fièvre. 30 y
jufqu'icy , a introduit dans la
Médecine les Avanturiers, les
Charlatans & les Momes;pen-
dant que les Médecins tempo
rifent & délibèrent fur des ré-
glés incertaines , un Ayantu-
rier donne l’Emetique, & le
malade guérit , & cela donne
à i’Avanturier un titre de Mé-
decin qui le met au deflus d«
toutes les Facultez,
Lapleurefie eft une mala-
die aiguë toujours accompa-
gnée d’inflammation , ou de
difpofition inflammatoire de
poitrine •, ce font des fympto-
mes qui paroiffent incompa-
tibles avec les purgatifs &
avec les vomitifs ; cependant
il y a des conjonctures où ils
fontde neeeflité abfoluë dans
cette maladie , & ceux qui
donnent d’abord des fudori-
fiques le font tres-fouve^ï
Ç €
Kcma*
qtJe fiâ»
la plcufc
30 (î De la Nature,
fans utilité ; Sz l’experience
leur fait voir que çesuemedes
fontabforbez & éteints par les
matières qui fe trouvent dans
i’eftomac. C'eft à mon fens
une bonne pratique , ( Si j’eu
ay l’experiencc ) \de faigner
promtement Sz amplement
dans la pleurcfie , de faire vo-
mir ou de purger inceflam-
ment , Sz de donner enfuite
pour toute boiffon notre pré-
paration de Quinquina , avec
le Saffafras Sz les fleurs de Co-
3uerico , & quelques boles
e fels Volatiles SZ d’Opium.
La boiffon doit eftrc prife
chaudement avec peu de
bouillons par intervales.
Il y a encore une obferva-
tion à faire dans la Pratique
pour juftifier Gontre la réglé
de M*. Deffe , qu’il ell fou-
vent dangereux de donner
& ds eau fis ds la Fièvre. 507
des remedes fudorifiques fans
avoir fait précéder les purga-
tifs ; G’cft que fi on donne de
l’Opium en Opiate ou en
teinture , avec les efprits ou
fels volatiles , qui fans con-
tredit font fudorifiques , bc
qu’il y ait dans l’eftomac bc
dans les premières voyes une
bile impure ou d’autres mau-
vais fucs , on caufe prefque
toujours des délires des
tranfports au cerveau. A peu
prés comme fi l’on donnoit
deux ou trois verres de vin
pur à une perfonne à demi-
yvre , ce qui acheveroit de
l’enyvrer. Or je pofe en fait,
que fi cette perfonne avoic
Teftomac bien net , deux ou
trois verres de vin ne feroient
pas capables de luy troubler
le cerveau jufqu’à le meure
en dehre.
Ce ij
’Cbfcr-
vation
fur l’ufa*
ge des
fudori-
fîques
contre
Mr. De£
fea
§oS De U Nature ,
3’ay doncraifon de m’éton-
tïcrde ce que Mr. Deflcqui a
tant vcu de malades , & fur
tout dans les Hôpitaux des
places de Guerre , n’ait pas re-
marqué que les fudorifîques
fie dévoient pas toujours pre-
ceceder les purgatifs dans les
maladies aigues. 3’avouë que
j’avois eu -du plaifir de voir
dans les Ouvrages de cet Au-
teur quelque conformité avec
ïîoftce bypothefe , & même
avec nos exprelïions j mais
comme il s’écarte de nos prin-
cipes, il me pardonnerai] je
ne m'accommode pas de fes
maximes , & fi je 'prends la
liberté de donner icy quel-
ques avis generaux pour la
guerifon des malades des Ar-
mées ô£ des Hôpitaux.
Premièrement je regarde
tous les ^Hôpitaux en general,
gf des caufes de la Fièvre. 309
à l’ég.ard des malades , com-
me des Temples confacrez à
la pelle ou à la mort •, &: je
conçois que rien n’efl plus
préjudiciable à l’état que de
ramaffer dans un feul lieu tout
ce qu’il y a de puant , de
faîe , d’infirme & de corrom-
pu dans une Ville &: dans une
Armée. D’ailleurs on ne
fçauroit difeonvenir qu’il ne-
foi t tres-dangereux à un ma-
lade d’eftre parmi des mala-
des ; & fi la fupputation d’un?
curieux Angloisquia remar-
qué qu’il meurt à proportion
tous les ans trois mille mala-
des dans l’Hôtel - Dieu de
! Paris , plus que dans l’Hô-
pital de la Charité , eft jufte a
n’y a-t’il pas lieu de croire que
ccs 3000. malades ne me»-
! rent qu’à caufe du mauvais airs
& de l’incommodité qu’ils
Ce ii)
Cbfè'r
ration
fut les
Hôpi-
taux.,
3io "De la Nature ,
fouffrent à l’Hôtel-Dieu , &
que pour fauver la vie à ce;
malheureux , il faudroit met-
tre cette Mïffon à l’inftar de
l'Hôpital de la Charité-, la
chofe n’eft peut-être pas fi dif.
ficile à-exècuter qu’on pour,
roit s’imaginer ; &c je fuis per-
fuadtLcpfelle n’augmenceroit
pas la dépenfe de la Maifon ,
Fans parler de ce qu’on doit
faire pour fauver la vie à 3000
perfonnes dont la perte re-
garde l’Etat , &C va à prés de
trois millions , à les évaluer
feulement fur le pied qu'on
évalue les Efclavcs d’Alger.
J’ay dit que cette reforme
n’augmenteroit pas la dépen-
fe de la Maifon , & je crois
même qu’elle en feroit dimi-
nuée confîdcrabletncnt j il efl
vray qu’il feroit neceffaire
d’augmenter le nombre des
& des caufes de la Fièvre, 511
Médecins & des Chirurgiens,
mais la dépenfe qu’il faudroic
faire pour cela feroit bien
compenfée par la prompte
guerifon des malades : car
il y en a peu qui negueriflent
en huit jours s’ils font bien
fecourus , au lieu que ceux
qui meurent, languiflent quel-
quefois des années entières ,
ce qui produit une dépenfe
infinie.
A l’égard des malades des
Armées , j’ay remarqué qu’on
les envoyé prcfque tous à
l’Hôpital d’où il n’cn revient
gueres ; car il eft certain que
les petites maladies y devien-
nent grandes , tanta caufe du
mauvais air, que delà mau-
vaife adminiftration des re-
mèdes & des alimens. Il y a
des Chirurgiens dans les Re*
gimens qui encore qu ils
Abus eÔS
cernant
1 s mala»
dies
d’ A r*
sac *5*
Catfes
«àes ma-
ladies
•d’Ar-
mit. ■
la Mature >
foienc payez par les Officiers ,
n’en ont pas plus de foin des
Cavaliers & des Soldats -, ils
*CSa f°nc conduire dans les
Hôpitaux des Villes prochai-
nes pour la moindre indifpo-
hdon. Il faut encore obfer-
verque les Chirurgiens , quoy
qi^e tres/habiles à paqccr des
playes-& a Faire des opera-
tions , ne font pas fort intel-
lïgens dans la connoilfance
des maladies internes t ce-
pendant elles font fort fre-
quentes dans les Armées , par
les fatigues continuelles que
fouffrent les Troupes , & par
la mauvaife nourriture dont
elles ufent ; elles boivent au
premier ruilTeau , à la premie-
rs fontaine , au premier puits
qu’elles rencontrent , & mam
gent tous les fruits qu’elles
ïrouycîjt de quelque qualité
& des câufes de la Fièvre. 313
qu’ils foient , c’ell là la four-
ee de tous leurs maux : ainfit
le vray moyen de les guérir,
eft de leur netoyer l’eltomac
Ü de le fortifier. J’ofe affurer
que dans la derniere Cam-
pagne d’Allemagne , & Mr.
l’Intendant le certifiera , j’a-
vois l’honneur de loger chez
luy , j’en ay empêché un
grand nombre d’aller à l’Hô-
pital , & même de la Maifon
du Roy ; je les ay tous guéris
en tres-peu de tems dans leurs
tentes : Ils y font beaucoup
mieux que dans les Hôpitaux,
& les décampemens ne font
pas fi incommodes qu’on pen-
fe ? une Armée ne fait gueres
plus de deux ou trois lieues ,
& on guérit un malade en
chemin faifant avec du £)uin-
\quina , du Vin , de l’Earnde-
vie,de la Theriaque,&c.On Iç
Dd
314 Z><? U Nature ,
purge avec du Diaphcenis t
on le fait vomir avec du Tar-
tre Emétique , on a encore
Hetae- des eleétuaires purgatifs fort
îes* m-1 commodes dans ces occa-
fions ; Par cette méthode,
**"• ^vec h. bonne nourriture &
le repos , un Soldat eft bien»
toft rétabli : au lieu que fi on
l’envoye/à 1’Hôpital, fa C am*
pagne eft faite , il y meurt ,
ou il y mene une vie languif-
fante. Il eft y ray que fur la fin
du mois de Septembre , &
pendant le mois d’O&obre
les Troupes font fort incom-
modées dans le Camp à caufe
des mauvais tems; mais il vau-
droit bien mieux , s’il eftoit
poflîble , répandre les mala-
des dans les Villes frontières
que de les amafler dans un
Hôpital. Je le répété , les Hô-
pitaux font des Temples cqa-
& des caufes de Ia T lévTt > jiy
facrez à la perte ou à la more i
1 on y faigne les malades, &;
on leur donne des Tifannes
rafraîchiflances comme à de
bons Bourgeois , fans faire ré-
flexion que prefque toutes
leurs maladies viennent de
fatigues , d’épuifement ou de
mauvaife nourriture , 8c que
le repos 8C les bons alimens
leur font plus neceflaires que
les remedes rafraîchiflans.
t Cette digreflîon m’a un peu
écarté de mon chemin , je
prie M*. Defle qui en a eft©
loccafion , d’eftre perfuadé
qu il n entre point d’elprit de
Critique dans la liberté que
j’ay prife de l’apoftropher ;
j’ofe même elperer que s’il
trouve peu de folidité dans
mes raifons , 8c qu’il n’y ait
pas alfez de certitude dans
mes expériences , il me fera
D d ij
'Abrégé
àc ma
Métho-
de.
$î6 De la Nature,
l’honneur de m’en avertir.
Voilà fuccin&ement ma
méthode de guérir les Fiè-
vres , elle eft fondée fur deux
indications generales qui fe
rapportent à la purgation 8£
à la tranfpiration.
Par la purgation la matier®
delà Fièvre eft évacuée.
j'ay établi pour maxime
certaine de purger dés le
commencement des Fièvres
autant qu’il eft poffible ; cettç
maxime fe doit pratiquer dans
toutes les Fièvres , mais prin-
cipalement dans les continués
& en Efté , parce qu’alors les
humeurs eftant en plus grand
mouvement , elles font por-
tées avec rapidité dans les vei-
nes où elles gâtent le fang :
d’ailleurs les efprits font dilfi-
pez par la tranfpiration excef-
hve, c’eft pourquoy il eft ne»
& des caufes de la Fièvre. 317
ceflàire de netoyerles premiè-
res voyes j afin de pouvoir
mettre en ufage les acides §£
les boiflons rafraîchiflantes
pour calmer le mouvement
trop impétueux des efprits.
Car enfin fi des humeurs
qui croupiflent dans les en-
trailles font la matière qui
compofe toutes les Scènes
tragiques d’une maladie lon-
gue , dangereufe & fou vent
mortelle , peut-on difeonve-
nir que ce ne foit une précau-
tion heureufe èc neceflaire
d’évacuer promtement ces
humeurs par des purgatifs
bien concertez i J’ofc aflurer
que cette pratique m’a tou-
jours paru feurc & facile.
Il y a moins de péril à dif-
férer la purgation dans les
Fièvres intermittentes.
A l’égard de la tranfpira^
D d iij
3*8 De la Nature ,
cion,j’ay propofé deux moyens
pour la procurer àfçavoir, la
faignée & les remedes dia-
phoniques.
Par la faignée la circulation
du fang eft aidëe , le redore
de 1 air ed plus libre : de forte
que la iipatiere fubtile & les
efprits aViflànt fur les hu-
|neurs , /les digèrent , les ra-
re^enr & font tranfpirer le*
fuperfluitez.
Les remedes diaphoreti-
ques fourniflent à la mafle du
fang des parties fpiritueufes &
fulfureufes , qui e fiant affo-
lées à la chaleur naturelle ou
aux efprits, agiffent de con-
eerr pour cuire , digerer 8c dif-
foudre les matières indigeftes.
Les diaphoniques font
neceffaires , lorfque par la fai-
gnée & par la purgation les
Fievres ne font point guéries ,
& des caufes de la Fièvre. 519
& qu’il ns s’eft pas fait de
transpiration fans laquelle il
n’y a point de guerifon par-
faite.
Les Remedes diaphoni-
ques confirment noftre divi-
fion des Fièvres , Sc démon-
trent qu’il y en a qui dépen-
dent de la difpofition peufpi-
ritueufe du fang : car com-
ment deviner d’où vient une
Fièvre quarte à un homme
qui a efté beaucoup purgé , à
qui on a donné des vomitifs ,
& qui d’ailleurs mange Sc. di-
géré bien , Sc qui a les entrail-
les en bon état, fi onnefup-
pofe avec nous, que le fang
de cet homme eft dan$ une
difpofition acide Sc peu fpiri-
tueufe , puifque les remedes
diaphoniques qui mortifient
SC chaflent les acides, SC qui ré-
tabliflent la chaleur SC les efii
D d iiij
les àty*
p ho r cli-
ques font
fcbri%
£e««
}io f)e la îtiatuYe ,
pries dans la raalTe du fang,
iom fébrifuges ; & qu’enfin
ceux qui s’en fervent, avoüent
qmJs en deviennent plus forts
& plus vigoureux. Et comme
Ie JS^inquina eft le fébrifu-
ge dont je me fers principale-
ment , il faut àpreftnt parler
~j remede, & des-expe-
•es que j’en ay faites , afin
le difculper de tous les
maux dont on l’accufe , & de
déiabufer le public , s’il eft
poffible } de cette erreur grof-
fere, qui eft encore reçûë de
quelques Médecins , que le
J^jiinquinâ fixe les humeurs
qui eau fient les Fièvres,
Mr. de Monginot m’én a
ouvert le chemin dans fion
*l&n' Traité de U guerifon des Fié-
rti' V1es Par le Quinquina : car
4es. cet Auteur m’ayant fait voit,
que ce remede guerifloit les
& des caufes delà fièvre. 32.1
Fièvres en mortifiant les aci-
des , j’en ay tiré cette conclu-
sion , que les acides dominans
dans le fan g ou dans le chy-
le, dévoient eftre neceflaire-
ment la caufe des Fièvres ; bc
pour eftre pleinement con-
vain eu que le Jgttitiquina mor-
tifie bc détruit les acides, bien
loin de les fixer , j’en ay fait
de nouvelles expériences fur
du fang , & fur des liqueurs
analogues au chyle : pour ce-
la i’ay pris deux phioles de
verre que j ay echautrees me- u< >«-
diocrement, j’ay receu dans dw'
chacune de ces phioles envi-
ron quatre ou cinq onces de
fang de cochon fortant des
veines ; dans l’une j’avois mis
deux cueillerées de vinaigre,
bc dans l’autre j’avois mis en-
viron autant de vin de £Hùn-
Jè>uina tel qu’on le donne aux
Bxpis
riences^
qui jufti-
hent qu®
le Quin-
32-2- t>e la Nature ,
febricitans j j’ay plongé à
mèiî l’inftant ces deux phioles dans
ftnSc,Is j, 11 Pot d’eau chaude , afin
d’avoir une chaleur propor-
tionnée à celle du fang; j’ay
remarqué peu detems après,
que le fang de la phiole dans
laquelle j’ay ois mis le vinai-
gre^ eftoic entièrement coa-
gulé d’un rouge fort brun ti-
rant fur le noir , fc que le
fang de la phiole où j’avois
mis le Quinquina eftoit flui-
de Sc d’un beau rouge , ap-
prochant de la couleur du
fang des artères. J’ay réitéré
cette expérience plufieurs fois
fur le fang d’autres animaux,
& même fur du fang humain ,
en y mêlant l’infufion du
Quinquina, avec les mêmes
précautions , & j’ay toujours
remarqué les mêmes effets.
J’ay encore eu la curioûté
& des Câufîs de la Fièvre. 313
de faire ces expériences lur Avee I(J
du lait, voici comment : J’ay lait*
pris du lait fortant du pis de
la Vache , j’en ay mis dans
trois écuelles ; dans la premie.
rej’ay délayé delapreffure ,
j’en ay délayé auffi dans la fé-
condé écuelle , mais j’y ay
ajouté du vin de Quinquina 5
& dans la troifiéme j’ay mis
du vin de JjhtinquinA tout
feul. J’ay à l’inftant mis ces
trois écuelles dans un four
médiocrement chaud : peu de
tems après j’ay trouvé dans
la première écuelle un fro-
mage blanc& mol, avec quan-
tité de petit-lait ; dans la fé-
condé, j’ay remarqué que la
feparation des parties du lait
fe faifoit plûtoft que dans la
première', mais qu’il y avoit
peu de fromage qui eftoic
plus fec U plus ferme , & da»
Le £)uîn-
tjuina,
empêche
les coa-
§»latiôs.
324 De U attire ]
vantagc de petit-lait; & dans
la troifiéme, je n’ay appcrçü
aucune apparence de coagu-
lation.
Je ne me fuis pas contenté
de voir par ces expériences
que le Quinquina exnpêchoit
la coagulation, j’ay voulu ef-
fayer s’il pourroit diffoudre
celle qui feroic déjà faite; Pour
cet effet j’ay mis dans la pre-
ïiîierc ecuclîe du vin de
quitta t le fromage en a efté
diffous en partie , & eft deve-
nu comme celuy de la deu-
xieme écueile : cette expé-
rience m’a fait naître le def-
fein d examiner l’effet que le
Quinquina pourroit faire fur
le fang coagulé j pour cela
j’ay mis du vin de Quinquina
dans la phioje où eftoit le fang
coagulé avec le vinaigre, le fâg
n en a reçu aucune alteration ,
tfr des caufcs de la Fièvre. 32 y
&C j’ay retiré le vin de Quin-
quina avec le goût te la cou-
leur qu’il avoic auparavant,
ï’avois encore reccu du fang
dans une phiole, lequel je lait
fay coaguler à l’air fans aucun
mélange;) ’aj o ûtay tout de mê-
me à ccluy-cy du vin àcQuin-
quitta , il y perdit quelque
chofc de fon goût , & parut
plus broüillé que celuy que
j’avois mis fur le fang coagu-
lé par le vinaigre.
Je tire de-là cette confc-
qucnce > que le Quinquina
qui tient le fang te le lait
dans un état de fluidité , doit
produire le même effet dans
nos corps te fur nos humeurs 5
& que fur ce principe il eft ai- décrui-
fc de conclure qu’en guerif-
Nanties Fièvres , il ne le fait
que parce qu’il raréfié le fang
& le rend plus fluide , en dé-
Delà Nature,
truifanc les coagulations qu«
les acides fuperflus y avoienc
produites, & que puifqu’il
diflout les coagulations , il ne
faut pas douter qu’il n’ait la
vertu de corriger èc de détrui-
re les levains acides en quel-
qu’endroit qu’il les trouve.
De-là on peut conclure,
pour le dire icy en paffant,
que le Quinquina n’eft pas
feulement un remede excel-
lent contre les Fièvres, mais
de plus qu’il peut eftre tres-
utile dans les indifpoiitions
qui procèdent -de l’abondan-
ce des humeurs ; par exemple
dans cette maladie qu’on ap-
pelle Faim-canine , dans la-
quelle les fucs acides font Ci
abondans, qu’ils picotent& ir-
ritent mceflamment les mem-
branes de l'ellomac , qu’ils
coagulent, le chyle , & em-
& des cattjes de UFievre. 317
pêchent la digeftion & la dis-
tribution des alimens , d’où
s’enfuivent les vomiffemens,
|a maigreur de tout le corps ,
& les autres accidens de cet-
te maladie ; 11 eft indubitable
que le Quinquina en détrui- £td«i
Tant tous ces mauvais Sucs , !es au"
en préviendra tous les effets k*'f«
dangereux. Je pourrois en par les a-
dire autant de plufieurs au- eidss‘
très indifpofitions qui dépen-
dent de l’acidité des humeurs,
mais je fortirois de mon fu-
jet.
Je ne fçaurois cependant
m’empêcher d’ajouter enco-
re icy que le Quinquina eft
un très - bon remede contre
les Rhumatifmes , & contre
les Gouttes ; Ces maladies £>«<>»?<&
font caufées par des humeurs Tonne
froides & condenfées qui ne
circulent pas aifément » de jg»*
32. S IDe la Nature ,
lotte que lors qu’elles paflent
dans des vaifleaux capillai-
res , & dans les parties éloi-
gnées du centre de la cha-
leur , elles s’y arrcftcnt , y
font des fluxions, caufentdcs
inflammations & des renflons
douloureufes. Ces indifpofi-
dons arrivent principalement
à ceux qui dilîipent beaucoup
d’efprits , qui ont ufé de boif-
fons acides & propres à con-
denfcr les humeurs, & dans les
changemens de faifon , prin-
cipalement lors que l’air de-
vient froid, que la tranfpi ra-
tion eft interceptée , & qu«
le mouvement du fang fe ra-
lentit ; c’eft pour cela que la
boiflfon du GUnnquina telle
que je l’ay propofée cy - de-
vant avec le Laudanum liqui-
de , efl: tres-udle dans ces oc*
calions , parce qu’elle facili-
ef des caufes de la Fièvre. 31?
te la tranfpiration , qu’elle
| adoucit l’acrimonie des hu-
meurs &£. les rend plus fluides
& coulantes : Dans cette me-
me veuë on employé tres-à
propos les fudorifiques , je
me fuis fervi avec fuccçs de
| fomentations d’hyebîes , de
fauge & de perflearia macu-
; lata , ou poivrette. Cette
plante eft très - bonne , elle
abonde en AIk^U : les fo-
mentations produifent des
fueurs favorables , après quoy
on frotte les parties avec i'on*
! guent Martiatum , auquel on
! ajoute l’Efprit de vin ôc la li-
queur de Laudanum,
Pour revenir à mes expé-
riences , il y a encore une ré-
flexion à faire qui me paroift
de trop grande utilité pour la
| paflfer fous filence, J’ay remar-
qué que bien que le vin dg
33° Dê la Nature ,
Quinquina, ait empêché îa
coagulation du fang & du
lait, èz qu’il ait diflbut une
i «%'». bonne partie du lait recem-
Cf ment tourné en fromage ; il
founïcs na point fait d’impreffion fur
*t»guu-, la coagulation du fang faite
***** par le vinaigre , & qu’il n’en
a guere fait non plus fur le
fang coagulé à l’air. Ce qui
fait voir quel’a&ion de ce re-
mede n’eft pas toujours d’é-
gale force , & qu’elle dépend
fouvent de la difpofition du
fu jet : D’où je conclus que lî
le Quinquina n’a pas la ver-
tu de détruire les acides qui
caufent les fortes obftruc-
lions, Sz de guérir par exem-
ple une hydropifie accompa-
gnée de fehirres inveterez ,
4 de ratte ou d’autres parties :
on ne doit pas s’en prendre à
ce icxaede , ni dire qu’il en
ef des caufes de la lièvre. 331
foit la cauife ; au contraire on
peut a (Turcr que s’il ne gue- 11 [Ui
rit pas des maux incurables prevlcn'*
il pourra du moins les préve-
nir , & les guérir dans leurs
commencemens lors qu’on
s’en fervira avec méthode , &C
qu’on en donnera une quan-
tité fuffifante pour corriger les
mauvai fes qualitez du chyle
&: du fang.
Ce que je viens de dire de
l’adion du Quinquina , peut
eftre encore confirmé par
l’experience : fi on mêle du
Quinquina dans le vinaigre ,
il affaiblirai la vérité fon ai-
greur , mais il ne fçauroit la
détruire entièrement ; que fi
on le mêle dans le yin il le
confervera très - long - tems
fans s’aigrir. ]’en ay veu qui
ayoit ellé plus de fix mois
dans une bouteille fans ac»
Ec jj
332- De la Nature ,
quérir la moindre aigreur.
De ces mêmes expériences
on peut enfin conclure que
bien que le 'Quinquina foie
un rcmede excellent contre
toutes les Fièvres , il eft pour-
Slî tant P!us Spécifique pour les
pour ns intermittentes que pour les
mincies continues. La raifon en eft,
les*" con- q'^dans la pfufpart des Fié-
siaues. yres connnuësj les acides font
trop dilfous & trop divifez,
& que les humeurs font en fi
grand mouvement qu’on efi:
oblige quelquefois de quitter
l’uiage des rcmedes qui raré-
fient 8c difiblvent la mafle du
iang , comme fait le Quin-
quina } pour avoir recours à
ceux qui la condenfent & l’é-
paififient comme font les aci-
des; au lieu que dans les Fiè-
vres intermittentes il y a toû-
i°ar$ de? levains aigre 5 qui
& des caufes de U Fièvre. 333
condenfent le chyle & le fang,
& font obftacle à leur mou-
vement ; & c’eft pour cela que
le Quinquina, eft un remede
tres-alfuré pour ces fortes de
Fièvres,
Remarquez pourtant que
le ^mnqmnA ne guérit pas fi Re'flè;
promtemeht les Fièvres dans *ionsfUÏ
1 r -r , 1 ufaSe
toutes les laitons , & que les du%n«;
effets de ce remede font beau- r',M'
coup moins heureux en Hy-
ver qu’en Efté. En voici la
railon 5 c’eft que les acides
qni avoient efté diflous & dé-
truits par le J^uinquina étant
renouveliez par le froid ex-
térieur , fervent aifément de
levain à une nouvelle fermen-
tation , & produifent des re-
chutes : au lieu qu’en Efté les
mêmes acides ayant efté une
fois corrigez par le Quinqtii-
m s'exhalent & fe diflîpeat
Ee iijr
I
354 Be l* Nature ,
facilement par l’ouverture des
pores j c’eft pour cela que les
Médecins qui connoiffent
parfaitement les vertus du
Quinquina , font tres-rigides
à faire garder à leurs malades
toutes les précautions necef-
faires pour faciliter la tranf-
piration ; & c’eft dans cet ef-
prit qu’ils leur doivent dé-
fendre de s’expofer à l’air
froid , Ô2 leur faire continuer
l’ufage du remede pendant
plufieurs jours , 62 plus dans
un tems qu’en un autre , afin
de rendre le fang alfez fpiri-
tueux pour pouvoir refifter
aux impreflions de l’air , 62
pour diflîper entièrement les
acides.
Oblèrvez encore qu’il ne
faut rien ajouter au Quinqui -
na qui puifle empêcher ou
diminuer fou a&ion > le
ef des caufes de U Fièvre, jjy
lange des acides produiroit Préea&i
indubitablement cet effet , rô°„n mé~
puis qu’ils augmenteroient ■
ceux qui dominent dans le
fang , & qu’ils affoibliroient
la vertu de ce remede : Sur
quoy je ne fçaurois m’empê-
cher de blâmer la pratique de
ceux qui ajoutent au Quin-
quina des jus de Citron ou
des jus d’Oranges j affiné-
ment ils confultent moins en
cela la raifon que le goût des
malades.
Après ces expériences, & ce
que je viens de conclure , il
femble qu’on ne devroit pas »< ne s-
douter des bons effets du iep0I“‘
Quinquina. Cependant il fc
trouve encore des gens qui le
décrient comme une drogue
pernicieufe ; mais parce qu’on
ne fçauroit difeonvenir qu’iî
ne foit un fébrifuge aflûré.
33^ De U Nature ,
ils foûtiennent que s’il guérie
les Fièvres ce n’eft que parla
fixation des humeurs qui les
caufent , & que cette gueri-
lon eft plus dangereufe que
le mal , puifque par ce moyen
on enferme le loup dans la
bergerie , comme on le dit
vulgairement,
11 eft vray que ceux qui
ne jugent des chofes que par
les apparences, peuvent bien
s'imaginer que le Quinquina
ne guérit les Fièvres qu’en
fixant les humeurs. Mais fans
m’arrefter aux termes de fixer
& de fixation , qui ne con-
viennent proprement qu’aux
chofes qui font rendues foli-
des & immobiles ; il me fem-
ble que les gens de bon fens
doivent eftre perfuadez que
ces fixations d’humeurs cor-
rompues j comme on les fup-
&des caufes de la Fièvre. 357
pofe dans ies Fièvres foncab-
iolument impofïibles &c con-
traires à ia parfaite fanté dont
joüiffent ceux qui ont efté
guéris par ce remede. D’ail-
leur's fi on fait réflexion que
te Quinquina agiflant immé-
diatement dans i’eftotnac ,
s’ileftoit capable de produire
des fixations , on s'apperce-
vroit apparamment de quel-
que tenfion , dureté ou pefan-
teur à cette partie , & en fui te
lorfqtfil fe mèleroit dans le
fang il ne manqueront pas de
produire des oppreflions , des
fuflrocations ,des palpitations,
& une infinité de maladies
qui font les fuites ordinaires
de la fixation , & de la con-
denfation des humeurs.
Si le Quinquina pouvoit
produire tous ces effets , ce
jferoit fans’ doute lorfqu’on le
Ff
Ce qui
fe prou-
ve par la.
raifon èc
par l’ex-
perience.
33S De la Nature ,
mêle immédiatement dans le
fang , puifqu’il ne manque-
roit pas de le coaguler ; ce-
pendant j’en ay feringué dans
les veines d’un chien qui n’en
a refend aucune incommo-
dité. On fçait pourtant que
fnon fai foi t la même cho-
fe avec du vinaigre ou avec
quelqu’autre liqueur acide
&£ coagulante , le chien
mourroit prefque dans un
infant , Sc on luy trouveroit
du fang coagulé dans les
veines &: dans le cœur. 11
faut donc conclure de tout
ce que je viens de dire , &
conformement à nos expé-
riences , que le Quinquina
ne coagule ni ne fixe point
les humeurs ; qu’au contraire
il raréfié & purifie le fang,
-& le rétablit dans fon mou-
vement libre naturel.
& des caiifes de la Fièvre. 339
Je connois un Médecin ,
homme de merice d'ailleurs ,
qui eft tellement prévenu,
que le Quinquina fixe les
humeurs , ^ qu’il me f0û_
tenoit l’année derniere qu’un
Officier qui eft fujet à des
vapeurs mélancoliques , en
ayant eu quelques atteintes
qui s etoient manifestées par
une maniéré d’afthme qui
l’incommodoit principale-
ment la nuit , éroit tombé
dans cette indifpofîtion , par-
ce qu’il avoit pris du Jhtin-
ejuina pour fs guérir d’une
Fièvre qu’il avoit eue à la
fin d'Avril , & que ce reme-
de ayant fixé les acides qui
caufoient la Fièvre , ils
avoient produit une oppref-
fion , & une efpece d’afthme
à la fin de Juin; & fur ce que
je dis que cet afthme n’avoit
Ff ij
Entête-
ment
d’un Mé-
decin fuç
la^fixatio
par le
Qtùnquii
54° D? là N attire ,
rien (Je commun avec la Fié-
vre du mois d’Avril , il ne
rne parodiait pas vrai-fem-
blabie que des acides qui
avoient efté la caufc dune
Fievre parfaitement gué-
rie il y a voit prés de deux
mois , fulTent fixez
refriz dans le corps ; que
cette fixation jetteroit dans
de^ grands inconveniens j
qu il etoit bien plus raifon-
nable de croire que le Qui»,
quina en gueriffimt la Fiè-
vre avoir détruit les acides
qui en etoient la caufe; que
J en a vois donné des raifons
aîTez convaincantes dans mon
petit Traite ; qu’à l égard de
rindifpofi.tion de cet Offi-
cier Ton en pouvoir attribuer
la caufe a quelque défaut
dans le régime de vie , com-
me de fouper tard , & au
& des eau fa de la Fièvre. 541
froid de la nuit , car nous
étions dans l’Alface allez prés
des montagnes, où il faifoit
une chaleur excefïîve le jour.
Ainlî je penfois que les va-
peurs de réftomac & du bas
ventre appefantilToient le dia-
phragme , & que l’air con-
denfé par le frais de la nuit
ne circulant pas aifémcnc
dans les poulmons , la rcfpi-
ration ne devoit pas eftre af-
fez libre ; mais cette raifon
n’eftant pas de fon goût , il
perfifta à foûtenir que les
acides qui avoient effcé fixez
par le Quinquina, étoient la
caufe de l’indifpofition dont
je viens de parier. Il ajouta
que mes raifons n’étoient
pas a fie z fortes pour le faire
changer de fentiment , &:
qu’il étoit autant pofftble
de détruire les acides que
F f iij
il i
ii
1 »
beux
fortes
d’acides
dans les
ïiévres.
342- De la Nature,
d’anéantir la création.
] avoue que je fuis bien
fâche de voir un iî honnefte
homme dans une fi étrange
prévention, & puifque les
expériences que j’ay faites fur
le Quinquina , S£ les raifons
que j’ay alléguées ne font pas
fu Allantes pour le convainc
erej î ajouteray de nouvelles
preuves pour eflayer de le
défabufer , & tous ceux qui
font dans fon erreur.
Je confidere dans les Fiè-
vres deux fortes d’acides qui
f0Pc les différences , &
d’où j’appelle les unes chy-
leufes & les autres fanguines.
Ainfi il y a les acides du chy-
le & les acides du fang 5 les
acides du chyle font gref-
fiers , ils font contenus dans
les matières crues & indl-
geftes qui excitent dans le
$ des CAufes de U Fièvre. 343
fang des fermentations fié-
vreufes. Je compare ceux-cy
au verjus , ou au fuc des fruits
qui ne font pas meurs.
Les acides du fang font
plus déliez , plus purs èc plus
afinez ; ils refultent de la dif-
fipation des efprits lorfque la
maffe du fang contracte une
difpofition acide de la ma-
niéré que je l’ay cy - devant
expliqué. Je compare ces aci-
des aux acides du vinaigre i
Or que le uinquina change^
détruife S 1 charte tous ces
acides en gueriflant les Fiè-
vres , il cft manifefte j car il
digéré ô£ raréfié un chyle cru
&C épais en purifiant le fang ,
&: par une efpece de matu-
ration il convertit les matiè-
res crues &: indigeftes en fang
pur èc capable de nourrir les
parties.
F f iiij
54 4 De la Nature ,
Un raifin qui n’eft pas méur,
que 1 on appelle verjus au
commencement du mois
4 > a ^3ns doute perdu
ion acidité , & elle eft dé-
truite & changée en liqueur
douce lorfqu’ü eft devenu
raifin meur à la fin du mois
de. Septembre , & l’on ne
içauroit dire raifonnable-
ment que la chaleur en meu-
rifiant ce raifin ait fixé les
acides du verjus, Ain fi lorf-
que le Quinquina guérit une
Fievre , il porte dans le fan g
dcsr Parties fpiritueufes £
bahamiques , qui en détrui-
fiant les coagulations , raré-
fient les humeurs indigeftes
& les acides greffiers , &c
ch aident les plus exaltez par
des Tueurs & par une rranf-
piration douce } & l’on ne
fçauroit difconvenir que les
& des caufes de la Fièvre. 34.5
acides ne foient chaffez Sc
détruits , puifque les Tueurs
Tentent Touvent l’aigre, qu il
y a fur la peau des deman-
geaifons &c des petites puftu-
les qui font des effets fenfi-
blés de l’éruption des aci-
des.. Mais au fonds les Mé-
decins ôc les Chymiftes con-
noiffent- ils quelque chofe
dans la Nature qui fixe &C
coagule , qui ne foit acide ?
Comment donc peut - on
comprendre qu’un remede
qui guérit une maladie cau-
fée par des acides , faffe les
mêmes effets que les acides î
8c eft • il poffible qu on foie
tombé dans cette erreur , fans
prévoir les abfurditez qui en
refultent !
* Il n’y a point de Phi'io-
fophe qui ne fçache que nô-
tre vie & noûre fanté dépen-
Tout ce
qui coa*
guis ÔC
fixe cfb
acide.
34^ t>e la Nature ,
dent de la jufte difpenfation
diftribution des Tues nour-
riciers , &; du bon tempéra-
ment de ces fucs ; que ce
bon tempérament procédé
du jufte mélange des princi-
pes; que les efprits y doivent
eftre fuperieurs pour tenir les
acides dans un état de flui-
dité &: les empêcher de -faire
des coagulations ; que les
acides y doivent eftre pro-
portionnez pour lier les ef-
prits , de peur qu’ils ne s’éva-
porent. On fçait auffi qu’il
fe fait un écoulement & une
diflîpation continuelle de ces
fucs par l’infenfibîe tranfpi-
ration , & qu’ils font repa-
ie2 Par les alimens pour la
confervation de noftre ma-
chine : tellement que s’il étoit'
poflible de concevoir que
tous les acides refteroient
& des caufes de U Fièvre. 347
dans noftre corps , & que les
autres principes fe diffipe-
roient par la tranfpiration in-
fenfible , ou par les autres
voyes : on pourroit s’imagi-
ner en mêmetems que nous fe-
rions bien-toft pétrifiez, ou du
moins remplis d’obftruétions
de fchirres.
A penfer naturellement ,
l’on auroit de la peine à
croire autre chofe d’un amas
continuel d’acides *, car il y
a bien de l’apparence que
fi les acides qui caufoient la
Fièvre font retenus, ils s’af-
focieront à tous les autres qui
feront dans les alimens. Quels
defordres ne peut - on pas
concevoir d’une telle idée !
& comment l’ajuftet avec la
tranquillité &: la fanté par-
faite dont joüiflent ceux qui
ont efté guéris d’une Fis*
Effets de
l’abon-
dance
des acit
des*
34§ 2>e la Nature ,
vre intermittence par le £hiin
quina pendant l’intervalU^ de
retours,qui eft quelquefois d
deux mois & plus, comme i
eft arrivé à cet Officier qui ;
eu l’atteinte d’afthme.
Si après que le Soleil ai
Printems , en Efté & en Au-
tomne a changé les nitres de
1 air en mille figures differen-
tes pour la production de<
mixtes , on difoit lors que
lHy ver revient, le Soleil avoii
fixe les nitres de l’air , ils n’é-
toient pas détruits , parce
qui! eft autant facile de dé-
truire les acides, que d’anean-
tir la création. Je penfe qu’il
n y a perfonne de bon fens
qui voulu ft recevoir une telle
propoficion 5 tout le monde
comprend qu’en Hyver les
fn mats , la glace , la neige &
les, nitres ne régnent dans l’air
& des caufes de la Fièvre. 349
que par la foibleiîe du So-
leil , 5c parce qu’il n’a pas af-
fez de chaleur pour les fondre
êc pour les dilïoudre : 5c l’on
fçait que la plus grande par-
tie des ni très qui font entrez
dans la compofition des mix-
tes y font encore , comme
dans les fruits , dans le Vin ,
dans le Cidre, &c. On peut
ce me femble, raifonner delà
même maniéré à l’égard des
remedes chauds 5c fpiritueux
que l’on a mis en ufage pour
guérir les Fièvres. Ces reme-
des ont raréfié, fondu 5c dif-
fipé les acides grolïiers 5c les
humeurs crues qui en étoient
la caufe , de forte que fi
les Fièvres reviennent après
qu’on s’eft fervi de ces re-
medes , doit-on conclure que
les humeurs crues 5c que les
acides aYoient efté fixez î
Que les
techntes
ne font
pas une
preuve
de fixa-
tion par
îe Quiri-
§uinat
35Ç "Delà Nature ,
N eft-il pas plus raisonnable
de penfer que le fang s’eftanc
refroidi , il eft retombé dans
une difpofition fiévreufe , par-
ce que l’on a difcontinuél’u-
fage des rem e des chauds &
du Quinquina.
' j on dira pourquoy
donc cette Fièvre revient-
elle apres 1 ufage du £)uinqui-
na ? Il en faut chercher la rai-
fon ; que G je ne fuis pas af-
fez heureux pour la trouver
comme je ne m’en flatte pas,
aura- on droit de conclure
de-là que les acides fixez par
le Quinquina foient la caufe
des retours des Fièvres j
J attribue la caufe des re-
chutes après l’ufage du Jguin- :
quina , au mépris que I on
fait du régime de vie , ou aux
ahmens rafraîchiflans & aci-
des qui effacent les bonnes
& des cmjès de la fièvre. 35-1
imprejÜons du Jj)uinquinay ou
à ce qu’on n’aura pas conti-
nué d’en prendre pendant
plufieurs jours, ou enfin à ce
qu’on fe fera expofé à l’air
froid, & quon n’aura pas pris
toutes les précautions necef-
faires pour prévenir les fuites
de ces mauvaifes difpofition$tj
peut-être fera - on perfuadé
que c’eft- là la vraye caufe des
retours des Fièvres fi l’on fait
réflexion fur ce que j’ay dé-
jà infirmé , que les Fièvres
qui ont efté gueries en Efté
par le ^uinc[uina ne revien-
nent point , ou que les re-
chutes font moins frequentes
en cette faifon ; que quelque-
fois elles ont des retours au
Printems , parce qu’alors la
faifon eft fouvent froide , ce
qui n’eft pas propre à rétablir
lefang dans fa qualité fpiri-
352- De la N dturt,
ieS vu. tueufe. Si d’ailleurs on con-
rinuës°n’ üdere que les Fièvres conti-
- ont nues qui ont efté guéries par
lies par le JOuinctuina, ne reviennent
quina ne Jamais li on raie encore re-
«jujî- ^exIon iur Ge que nous avons
®ais- dit, que les impreflions de l’ait:
fur la raaffe du fang étoienr
plus fortes que celles du chy-
le , &c qu’un fang qui a voit
efté dans une difpoficion aci-
de, la reprenoitaifémentlorf-
que l’on difeontinuoit l’ufa-
ge des remedes qui avoient
changé cette difpofition , fut
tout fi l’on fe trouve dans une
fai fin froide.
Remarquez aufli que ceux
qui ont efté guéris en Hyver
de quelque Fièvre intermit-
tente par d’autres remedes
que par le Quinquina , re-
tombent facilement s’ils s’ex-
jpofent au froid ; ce n’eft pas
& des eau Je s de la Fièvre. 353
qu’en Efté la Fièvre ne revien-
ne quelquefois, mais cela n’ar-
rive qu’à ceux qui fe rafraî-
chiflenc trop.
L’on n’a donc pas raifon
de prétendre que fi le Quin-
quina ne fournit pas allez de
fubftances chaudes à la maffe
du fang pour refilter long-
tems aux atteintes de l’air
froid , & empêcher les retours
des Fièvres , il fixe les hu-
meurs qui caufent ces Fièvres.
Cependant c’efi: fur ce faux
préjugé de fixations d’hu-
meurs par \t Quinquina qu’on
afoûtenu publiquement qu’il
caufc des fehirres de foye &
de rate , qu’il confu me l’hu-
mide radical , qu’il carit les
iources de la fécondité ; èC
enfin que c’efi: un poifon qui
coagule le fang dans les vei-
nes. Que des Auteurs ont
Gs
Tfreuri
populai-
res tou-
chant le
n a»
3J4 ^ Nature,
écrit qu’il caufe des Rhuma-
tifmes , des Afthmes , des hy-
dropifies , des fuppreflions de
mois, 6c ont prétendu qu’il
s’eft trouvé des malades, qui
de peur de tels accidents, ont
fouhaité de retomber dans la
Fièvre dont ils avoient efté
guéris par l’ufage de ce re-
mede.
Il eft aile de voir que ceux
qui ont de tels fentimens ne
connoiiTent gueres le £)uin-
guina , ou qu’ils font dans une
étrange prévention ; mon hy-
pothefe , 6c ce que j’ay avan-
cé fur l’aélion de ce remede*.
a fait voir clairement qu’ils
ne font fondez ni fur la rai-
fon , ni fur l’experience.
J’ajouteray à cela cette pe-
tite réflexion } Je prie le pu-
blic d’examiner fi ceux qui
fout hcétiqucs & hydropi-
& des caitfes de la Fièvre.
ques , ou qui font morts de
ces maladies ; & fi ceux qui
meurent tous les jours à la
fleur de leur âge pour de
fimples Fièvres , & je l’inter-
pelle de déclarer fi ces ma-
lades ont pris du Quinquina ,
&: s’il n’eftpas vray qu’ils ont
été beaucoup faignez , qu’ils
ont abondamment ufé de Ti-
fannes & de boifl'ons rafraî-
chiffantes. Il eft vray que
l’on a quelquefois recours au
Quinquina , mais c’eft après
avoir mis en ufage tous jes
autres remedes , Sc s’il ne fait
pas les effets que l’on en de-
vroit naturellement attendre,
c’eft la faute de ceux qui en
ordonnent l’ufage.
Voilà les réflexions que les
expériences fur le Quinquina
m’ont fait faire -, j’avouë que
i’aâiou de ce remède m’a
G g i)
3)6 De la Nature ,
donné d’autres idées de la
caufe des Fievres que celles
que j’avois auparavant èc
que je n ay pu la rapporter
fi triplement à l’intemperie
chaude , ou à la pourriture
des humeurs : fay veu qu’il
n agifloit pas en éteignant la
chaleur , mais qu’ayant la pro-
priété de raréfier de fondre
èd de refoudre les coagula,
tirons j il raioit que la Fièvre
fut caufee par des humeurs
épaifiTes & coagulées , dont le
Quinquina procuroit la fonte
la dilïolution. Dans cette
Vi.uë j ay cru que je pouvois
m écarter de la route ordinai-
re pour expliquer la Nature
& la caufe des Fièvres , &c
me prévaloir de cette liberté-
de fentimens établie entre les
Phiiofophes, comme un droit
imprefcriptible. J’ay en cela
& des eau fes de la Fièvre. 5^7
pour garand de ma condui-
te le grand Hippocrate , Tes
écrits nous font voir qu’il
n’eftoit pas fi jaloux de fes
penfées , ni- fi fcrupuleufe-
ment attaché à fes dogmes ,
qu’il ne fut preft de les aban-
donner, s’il trou voit ailleurs
plus de certitude.
Le fçavant Mr. Menjot
a remarqué qu’Hippocrate ,
apres avoir expliqué dans le
Livre de la Nature humaine ,
la doârine des élemens qu’A-
riftote trouva fi belle qu’il
en tira les fondemens de fa
Phyfique , n’avoit pas laifie
de nous donner plufieurs trai-
tez fur les principes de Dé-
mocrite , ce qui fait voir
qu’Hippocrate ne prenoit
point d’autre parti que celuy
de la vérité -, &: comme il
étoit de l’illuftrc famille des
G g üj
jyS De U Nature }
Afclepiades , on ne doute
point qu’il n’eut puiié dans
les Regiftres du Temple d’Ef-
culape la plufpart des chofes
qu’il nous a laiffées. Les Prê-
tres de ce Temple étoient les
dépositaires de ces Regiftres
qui contenoient les fecrets
de la Médecine j puifque tous
ceux qui avoient efté guéris
de quelque maladie , alloient
y depofer les Mémoires des
remedes dont ils s’eftoient
lervis.
Après Hippocrate , la Mé-
decine a demeuré long- rems
comme héréditaire à la mai-
ion des Afclepiades ; mais
dés quelle en eft fortîe , elle
a beaucoup perdu de la dig-
nité &: de fa première fplen-
deur. Je n’ay pas entrepris d’e-
xaminer les differentes fe&es
par lefquelles elle a paffé, par
& deseaufestde la Fièvre. 3^
quels degrez elle eft parve-
nue au point où on la void
aujourd’huy , ni comment
les Médecins qui fe piquent
d’eftre le plus fcrupuleufc-
ment attachez à l’Antiqui-
té , ont une conduite peu
conforme à l’efprit d’Hip-
pocrate.
11 me fuffit de faire com-
prendre que la Médecine
tire fon origine des Expé-
riences j que les Expérien-
ces doivent eftre la réglé
de nos raifonnemens ; &£
que fi le tQu,inquina préparé
avec du vin ou de l’Eau-
de-vie guérit feurcment les
Fièvres , ceux qui entrepren-
nent de les guérir par des re-
medes oppofez à celuy- la -,
n’ont point de principes cer-
tains & fol ides. Ainfi je
çroy qu’on ne fçauroit m’ac-
3^0 De la Nature , &c.
cufer de nouveauté , finon
çn ce que je renouvelle
1 ancien ufage , & que je
rappelle le ficelé des Expé-
riences. Qu o y qu’il en Toit
Ie Souhaite que mes nou-
veau tez puififent donner oc-
Câlion a ceux qui font plus
éclairez que moy 5 de péné-
trer plus avant dans une ma-
tiere auffi difficile & auffi
peu connue que celle des
Fièvres.
FIN.
DES M ATI ERES.
Ordre 8c divifion de ce Traité ,
page i.
PREMIERE PARTIE.
£ x iifTicyi de lu doEhnne des ^dsteiens
fur la Fièvre .
Définition de la Fièvre felore
les Anciens page 5. Examen de
cette définition, 4. Que la Fièvre
n’eft pas une chaleur étrangère,
5. Ce qui fe prouve par la végéta-
tion des plantes, ibidem . Et par
1 analogie qu il y a entre cette vé-
gétation,& celle des Animaux, 6.
Examen de la divifion generale des
Fièvres, 9. Que la Fièvre Ephe-
mere n eft pas une inflammation
des efprits , ibid. &fuiv. Mais
unelegere fermentation déroute
la maflè du fiing, n. Que’ lai Fie-
Hh
TABLE
Vi*e continue fimple ne confifte
pas dans l’inflammation du fang
contenu dans les grands vaif-
feaux, ibid. Que la Fièvre hec-
tique ne réfîde pas dans les par-
ties folides, 13. qu’elle dépend
de répuifement des elprits , 14.
8c du défaut des fucs nourrif-
fiers , 15
Examen des Fièvres putrides , 17.
Ce que les Anciens ont entendu
par la pourriture du fang, 18.
Cette pourriture ne peut eftre
dans les grands vailTeaux fans
paffer dans les petits, zc. Sicile
étoit dans le fang toutes les Fiè-
vres feroient mortelles) 21. Et les
Fièvres intermittentes ne fe-
* roient pas les moins dangereu-
fes , 22. Que le mouvement du
fang empêche quil ne fe cor-
rompe, 2J
Preuves dont on fe fert pour établir
la corruption du fang, 24. i°. Les
pullules & les abfcés qui arri-
vent dans les Fièvres, 25. 29. La
couleur du fang des febricitans ,
ibidem* f. Les vers quon a
DES MATIERES.
trouvez dans le fang , ibidem.
Qne les puftules ne font pas une
marque de corruption , 16. Non
plus que la couleur du fang, 27.
Raifons de differentes couleurs
dans le fang, 28. Réflexions fur
ces différences , 30. Pourquoy
le fang paroift beau dans les
Fièvres malignes , ibid, Pour-
quoy il paroift corrompu dans
les autres Fièvres, 32. Qefii ne
paroift pas toujours également
beau dans ceux qui fe portent
bien, 33. Pourquoy le fang n’eft
pas de même couleur dans la
palette que fur le bord , 36
Que les vers qu on a trouvez dans
le fang ne font pas une marque
de corruption , 39. puifqu’ils
viennent de femence , 40. Que
les infeéfces ne s’engendrent pas
de corruption , 43. Expérien-
ce fur ce fuj.et, 44. Remarques
fur la génération des Abeilles ,
ibid. D’où vient que les infeéles
naiftent fî promtement , 3c en
iî grand nombre , 45. Si les
plantes viennent fans avoir efté
H h ij
TABLE
femées , 46. Loy generale de la
Nature pour la production des
Animaux & des Plantes , ibid.
Qujl n’y a point d’Ànimaux im-
parfaits 3 48
Autre diviiion des Fièvres , 49.
Dans laquelle les Auteurs pren-
nent les effets pour les caufes, jo
SECONDE PARTIE.
Hypothefe fur la caufe des Fièvres .
CE que c’eft que la Fièvre , 31.
Ce que ç’eft que fermenta-
tion , 55. Que ce qui excire cette
fermentation dans les Fièvres
eft le chyle ou le fang mal diC-
pofez, 55. Ces mauvaifes difpofi-
tions dépendent de l’air & des
alimens , 56. dont les bonnes
qualitez font la fanté , 57. de
même que les mauvaifes la dé-
règlent ^ ibid.
Ce que c’eft que Pair, 58. & com-
ment il change nôtre conftitu-
ciondans les differentes faifons.
59. En Hyver , ibid. Au Pria-
des matier es.
tems , 60. En Elle , 61. Et dans
l’Automne ,
Quelle cft la difpofition du fang
dans les Fièvres , 64. De quelle
maniéré le fang devient aigre ,
65. Comment le chyle acquiert
la même qualité , 67. Qu? le
fang tient de l’aigre dans les
Fièvres , 68. Comment cette ai-
greur du fang excite la Fievre ,
6c,. Auffi bien que l’aigreur du
chyle , 70. Quand on fe porte
.bien le chyle fe convertie en
fang fans aucun trouble, 71. Au
lieu que l’un & 1 autre' eftant
mal difpofez , caufent la Fièvre
parleur mélange, 71. Explica-
tion des Fièvres continues , 74.
& des Fièvres intermittentes >
* ibidem .
Explication des fymptomes qui
paroiflent dans le friflon > 8^.
Des douleurs vagues & pefaa*
tes, 87. Desbaillemens, 88. Des
extensions , 6e des mouvemens
convulfifs , 89. De la difficulté
de refpirer ,91. De!afoif> ibtd*
de de la fréquence du pouls > 9^*
H h iij
r T A BLE
tous ces iÿmptomes ne
viennent point de l’irritation
des parties membraneufes , n
Explication des accidens du chaud,
*°°j Des douleurs de tefte , ibid
Et du délire, ibid. Raifon de la
différence de tous ces lÿmpto-
les retours des Fièvres intermit"
tentes font très- difficiles dcom-
prendre, i©i. Ces retours vien-
nent de ce qiie la maffie du fana
n a pas été rétablie, ibid. Et leur
différence vient de ce qu’il y a
pjns ou moins d’acide , 104. Et
plus ou moins d’efprits dans le
ang > 105. Que dans la Fièvre
quarte il y a plus d’acide &
moins d’efprits , que dans la
i ICV?,ticrce ’ r°6' Comment
les Fièvres tierces 011 quartes
deviennent doubles tierces , ou
doubles quartes.
Nouvelle divifion des Fièvres
108. en chyleufes, 109. & en fan-
gmnes no. Conclufionde toute
1 bypothcfe , j
DES MATIERES.
TROISIEME PARTIE-
Reponfes amx Objetiioxs-
i. /'-'vBjedion, que 6 ^ Fl^vrc
(J dépcndoit du mélange du
chyle , & du fang, on aurore
toûjours la Fièvre, & qu on
la gueriroit par la diete ,
par Tabftinence ,« 3- Rêp°nlc >
i. Objedion, que l’impuretc des
humeurs eft la même choie que
la pourriture , ni- Reponte ,
ibidem . r
3. Objedion, que le fangnefçaa-
roit s aigrir,! U- , *
fons là-defliis , ibid. Reponfes
à toutes ces raifons , izj. Exem-
ple de l’aigreur du fang dan®
l’hydropifie, 12$
. Obje&ion , que les acides
font le remede des Fièvres , Sç
non pas lacaufe , 150. Reponfe ,
ibidem , Précautions fur leur
«fage , 133. Quj eft bon dans
Hh iiij
table
de certaines Fièvres 3 plutôt que
^ans J autres , *
ÿ Objedion qus les acides nt
Tn ' Pas d'fferens dans le chaud,
oe ce qu’ils eftoient dans le
£ nld’J?6-KéPonfc> ibid.
• Objedion , que fi Jes jmpref;
lions de l'air fur le fang étoient
plus fortes que celles du chy-
le , on ne verroit point de Fiè-
vres au printems, 138. Et que
routes les Fièvres devroient fe
guérir dans les changemens de
O-"! ^.‘^.Réponfe, i4e
7* °°Je^ion , quc ies difpofi-
tions biheufes font la caufe de*
Sevrés, & non pas l'aigreur du
, *43- Réponfe, ibid. Que
la bile ne peut pas caufer la Fié-
vre > 144 D’où vient que les
alimens chauds caufent la Fiè-
vre ? 146. Etpourquoy les hy-
dropiques & les feorbutiques
nyiontpasfujctS! ibidem.
*' üble<â!°n , que fi les Fièvres ve-
noient de l’aigreur du fang, elles
leroient toutes incurables, H8.
Reponfe, ^
DES MATIERES. #
Obje&ion , que la Fièvre étant
une fermentation , elle dépend
du mélange d’un acide avec un
a] k ali > & non pas feulement
de l’a&ion des efprits , 150. Ré-
ponfe, 151* Que les acides & les
alxalis donnent occafion à la
fermentation , mais qu’ils n’en
font pas ks caufes , 152
10. Objeélion , que la divifion
des Fièvres en chyleufes 5c (an-
guines n’efl: pas jufte puifque
les qualitez du fang ne peuvent
dépendre que du chyle , 154.
Réponfe , ib'td. t/attion de l’air
fur le fang , 145*. Que lai* eft le
principal agent de la fanguifica-
tion, 157. Qu’il eft le principe
du mouvement inteftin du fang,
159. &c même ,fuivant quelques-
uns , le principe du mouvement
du cœur, 160. Que tout cela
fert à prouver que les impref-
fions de l’air fur le fang font
plus fortes que celles du chyle ,
*64. Et à confirmer la divifion
* des Fièvres en chyleufes 5c en
fenguin.es.> léî
TABLE
QUATRIE’ME PARTIE,
Contenant la Pratique.
Avec des Expériences & des Re'~
flexions fur le Quinquina.
COmment on faifoit la Méde-
cine dans les premiers tems »
168, La faignée en ufage chez
les Anciens , 1 6g. Méthode de
Mf. Courtois fcavant Médecin
de Paris, 170. Sa penféc fur les
> ibidem.
RerUi'tion le la Diflèrtation de
' "f -Baylç fur la faignée, 172. Ré-
flexion particulière de Mr, Bay-
le > I7J* Que par une raifon con-
traire au fentiment de Mr. Bay-
le j il ne faut pas fuguer pour
guérir les Fièvres, 178. Que la
machine de Mr. Papin ne dé-
montre point la neceffitéde fai-
gner , 180. Que Iss obfervations
de>Mr. Bayle ne prouvent point
qu il faut faigner, i8a
Ce que c’eft que la faignée,
l8j- Sentimeus des Auteurs
DÉS MATIERES.
fur TefFec de la faignée , ibi-
dem* Pour quelle raifon les An-
ciens ont établi la faignée , 187.
Les Auteurs ont établi deux for-
tes de pletore , ibid. Seconde
pie tore mal fondée 5 de ne prou-
ve pas la neceffité de la faignée ,
1 88. & 189.
Que la faignée n eft point le remè-
de des Fièvres , mais feulement
des fymptomes qui les accom-
pagnent, 189. & 190* Le légi-
timé ufage de la faignée dépend
de la connoiiTance de$ fympto-
mes de ces maladies, 191. En
quel cas la faignée eft utile , 19Z.
Réflexion que l’on doit faire
dans i’ufage de la faignée > ibid.
de 19$. •
Les fymptomes des Fièvres ont des
fignes équivoques, ibid . de 194.
Que la faignée fe rapporte uni-
quement à la plénitude , & qu il
faut peu de faignées pour y fa-
tisfaire , 195. Si ce qu’on dit des
chaleurs d’entrailles de des fou-
fres allumez , font des raifons
pour fdigner, ibidem »
T AB L E
Les loufresne s’enflamment point
dans les Fièvres, 197. Les fou-
fres calment les fermentations»
ikid. Les plus grandes chaleurs
ne produifent pas les plus gran-
des fermentations, 198, La boif-
fon d’Eau-de-vie ne donne pas
la Fièvre ; c’eft un fait confirmé
par les Chafieurs 5e par les
voyageurs , 199. Les chaleurs
affoibliffent & épuifent les ef-
prits, ils ne fe reparent que par
les chofes Ipiritueufes , ibid. &
aoo. Preuves tirées de lapleu-
refie , ibid. Erreur vulgaire fur
les rafraîchiflcmens , zqi. foi.
fon & expérience pour corriger
cette erreur , ibidem . Exemple
pour faire voir l’abus des rafraî-
chiflèmens , 20a. Autre exem-
ple contre les rafraîchiflcmens
_ & la faignée , 204.
ne faut point écremer le lait »
207. Que ceux qui ne fe font
point faigner fe portent bien,
& font plus vigoureux que ceux
qui fe font faigner , ibid. & 208,
En quels cas les rafraîchiflè-
DES MATIERES,
mens conviennent dans les Fiè-
vres, ibid. Précaution à prendre
dans l’ufage des rafraîchi fle-
mens , 109
Erreur de Mr. Sylvius de Dublin,
qui a mis la Saignee dans 1 in-
différence , no, Depui-s que le
G)mnfmna efl: en ufage,il meure
moins de Fcbricitans, in. &c 212.
Paradoxe de Mr. Sylvius,
Réponfc au paradoxe, 215. Que
la chaleur donne aux corps un
mouvement progrelïif, 217* Que
le mouvement des arterçs & du
coeur eft un mouvement paffif,
218. Qujun fang groflîer !>C vif-
queux peut circuler plus vîte
quun fang clair & épuré , ibid.
& 219. Cela eft démontré dans
îa fermentation du vin , ibidem ,
Réflexion fur les effets de la
faigncc , 121
Que les purgatifs font neceflaires
à la guerifon des Fièvres , 222*
Penfée des Anciens fur la vertu
des purgatifs , ibid. Qujls font
veneneux , St agiflent par
lation , ibii* agiflent
TABLE
par eleéSion, ibid. Moyens dont
ies Modernes fe font Servis pour
connoître la vertu des purgatifs,
21h I,s & font iervis du mélan-
ge des liqueurs , ibid. Ils ont
confulté lexperiencc & l’ana.
lyfiï, 214. Ce moyen paroift le
meilleur , ibid. Les principes
dans les purgatifs font compo-
sez , ibidem. Ce que c’eft que
les humeurs qu’il faut purger
ibidem. *
Qne les purgatifs agirent dans
I eftomac , 2 16. Pourquoy il y
z des gens difficiles â émouvoir?
ibid. Les purgatifs font Souvent
vominfs , ibidem. Pourquoy ds |
font vomitifs ? 227. Les purga- 1
tifs ne font pas vénéneux , ibid.
Ils n’agitent pas par irritation ,
ibidem. Le vinaigre irrite, &ne
mixtes reiineux font purgatifs 3
md° Les cordiaux font Souvent
purgatifs , 229, Ce n’cft point
?Par irritation , r a,0
DES MATIERES.
Qu’il y a des drogues qui purgent
fi violemment qu’on diroit que
c’eft par irritation , ou qu elles
ont du venin, 230. Comme la
Gomme-gutte , la Coloquinte ,
231. Pourquoyles purgatifs font
eftimez veneneux , Sc agiflent
par irritation ? ibid . 232. La
Scammonée n’eft point une
drogue dangereufe., ibidem . La
Cafle purge quelquefois vio-
lemment , 233. Elle doit être
douce , ibid . Précaution à pren-
dre dans l’ufage des purgatifs *
fondement de cette pratique tiré
de l’hypothefe , 235. Deux indi-
cations pour la guerifon des
Fièvres, 236. Purgation 8c trans-
piration , ibid . S’il faut purger
au commencement, 237. S’il
faut faigner , ibid. Symptômes
qui marquent lanecelïïté de fai-
gner , ibidem . La faignée fe
doit faire d’abord , ibidem •
T cois ou quatre fuffifent , 238
Les Remedes diaphoniques , 238,
iew iifage t ibUm* Idéçgeae^
table
taie de la guerijfon des Fièvres
ibid. Explication des diffi-
culté z qui le prefentent contre
cette Méthode, ibid&c 239. Qu’il
ne faut purger qu après le fep.
tiéme, ou après les lignes de co-
èt on , ibid. Que c’ert l’ulàge ,
ibid. ' Quj il elt fondé fur l'au-
torité d’Hippocrate , ibid.
Réponle , 240. Que cetApho-
rilmc n’autoiife point cet ulage,
ibidem.
Les Anciens ne traitoient point les
Fièvres comme on fait prelen-
tement , 241. Sens littéral de
l’Aphor. 22. liv. 1. 242. Qifü
a deux parties , ibid. Qu’il faut
purger dés le commencement
les humeurs abondantes. 244.
Qtfil faut purger à la fin pour
éviter les rechutes , ibid. Cette
Méthode eft fondée fur l’auto-
rité d’Hippocrate , ibidem. &
145.
Quand la faignec eft neceftairej
246. Combien de fois on la
peut faire? ibid. Lavemens pur-
gatifs tres-utiks , 147* En quel
DES MATIERES,
cas il s’en faut abftenir ? ibid.
Potion purgative , ibidem. C’eft
une bonne pratique de purger
ou de faire vomir d’abord, 148.
La teinture d’Opium avec I’f.I-
prit volatil de Sel Armoniac eft
la meilleure , 250
Si les Fièvres ne gueriflent point
par la faignée & par la purga-
tion , 252. On met en ufageles
diaphoretiques & les fpecifi-
ques ,ibid. Le Quinquina fpe-
cifique alluré pour la guerifon
des Fièvres, ibidem . Prépara-
tion du Quinquina tres-utiIe,
ibidem. L'on en guérit toutes
fortes de Fièvres , 253. Bonne
pour la pleurefie , ibid. Elle eft
meilleure prife chaudement ,
ibidem.
Le Quinquina n’eft point un re-
me3e dangereux , 254. Il guérit
en digérant les humeurs , & en
fortifiant les parties , ibidem .
Diverfes maniérés de donner le
Quinquina, 255. L’ufage des
Tablettes tres-commode, 156'.
Plufieur s fébrifuges , 255-. Ce
I i
TABLE
qui eft fpiritueux & fulfureux
eft fébrifuge, 258
®1 y a des Fièvres où les faignées
ni les purgations ne font pas
d’abord neceffaires , 255). Elles
fc gueriflent par une méthode
palliative , Ibid. La Riviere de
Seine bonne dans les Fièvres ,
260, Pourquoy elle eft purgati-
ve } ibidem .
Nouvelles réflexions fur l’Aphor.
xz.liv.z. z6i. L’origine de tou-
tes nos maladies vient de l’air
ou des aiimens , Ibid . Qifil eft
plus expédient de purger prom-
rement , que de laitier corrom-
pre les matières, 265. Ce que
îes Auteurs ont penfé fur la coc-
tion des humeurs yibid. Sens lit-
téral de l’Aphorifme 22. Uv> 1.
166*
Effet des humeurs corrompues
dans leftomac , 166. Quhl fe
fait une coétion dans la mafle
du fang , 267. Ce qu’Hippocra-
te a entendu par la coétion des
humeurs, ibid.Q bjeétion tirée
> de l’Aphor. cité ,268, Réponft
DES MATIERES*
à Tobje&ion , 169
Purgatifs en ufage du tems d’Hip-
pocrate, 269. Différences entre
les habitans du Nord Sc ceux du
Levant, 170. Les Fièvres font
fouvent précédées de vomiffe-
mens, 271. Exemple pour prou-
ver que la méthode ordinaire de
guérir les Fièvres n’eit pas fon-
dée fur l’autorité d’Hippocrate,
ibid. 6c 272.
Ce qui a introduit dans la Méde-
cine les Charlatans , les Moines,
&c. 274. D’ou vient le périt
dans les maladies > 27J. La caufe
des Fièvres lentes , 6c des hy-
dropifies , 27 G
Le G^nqiiinA eft un bon remede
contre les Fièvres lente 6c hec-
tiques , 277. Opiate hyfterique
278. La Fièvre he&ique eft plu,
difficile à guérir que la Fièvre
lente , 179. Remedes anti-hec-
tiques 6c ami - allhmatiques ,
280,.
Dans les Fièvres d’Eté les diapho-
niques peu neceffaires , 28X.
Ulage 6c effet des çmu!fions,i^W.
li ij
T A B L E
Apozeme fait avec le Melon s
zBz. Ufâge de la Limonade 8c.
des boiiTons rafraîchiflantes ,
ibid .
Utilité des Acides v 183, Leurs
mauvais effets > Potion ufi-
tec dans les fièvres malignes ,
*84* Précaution à prendre dans
J’ufage des boiflons. rafraîch, f-
fantes, 185, L or (que la tranfpi-
ration nVft pas cxceflîye, 286.
Quand elle eft exceffive , 2 S 7..
Caraébre des Fièvres malignes,
ibidem.
Qil? le mélange des efprits acides
avec les fels volatiles eft utile
dans les Fièvres malignes 5 288.
Potions cordiales , 285;. Potiom
utile dans les Fièvres malignes,
ibid. Pour les enfans qui ont des
vers, 290. Cataplafme ufké con-
tre les vers , ibidem*
Que les xemedes fpititueux ne
iont point dangereux dans les
Fièvres malignes , 292. Exem-
ples pour confirmer les bons e£*
. fèts des remedes fpiritueux,
z94- Les caufbdcla petite .Ye-
DES MATIERES,
rôle 3 &cc. 196. Qbfervations fur
la petite Verole, 29S. Remedc
contre la petite Verole , 30©-
En quel cas la faignée convient
à la petite Verole, 301. Opium
ufité chez les Angiois dans ces
maladies, ibidem. Tifanne de
Quinquina bonne dans la petite;
V croie* 30 z
Inconyenicns contre la pratique de
Mr. D (Te , 303. Remarque fur
•la pleurdîe , 305. Obfervation
fur fufage des fiidonfiques con-
tre Mr. Deffe, 307-
Obfervation fur les Hôpitaux, 309*-
Abus concernant les maladies
d' Armées, 311. Cauüs des ma-
ladies d’Armées , 312. Remedcs
pour les maladies d’Armée , 314.
Abrégé de ma Méthode , 3 16. Les
diaphoniques font fébrifuges*.
319.
Le Quinquina mortifie les acides ,
320. Expériences qui juftifient
que le Quinquina ne fixe point
les acides , 3.11. Le Quinquina?
mêlé avec le fang, 322. Avec le
lait* 315
table
Le Quinquina empêche les coa-
gulations , p4. Il guérit les Fiè-
vres en détruifant les acides ,
525. C’eft un bon remede dans
la Faim-canine , Et dans
les autres maladies caufées par
les acides,
Lejjhtinquim bon contre les Gout-
tes & les Rhumatifmes, 3 a7.II ne
détruit pas toujours les coagula-
tions , 330. Il les prévient , 331.
Qu’il eft meilleur pour les inter-
mittentes que pour les con-
tinues ,
Réflexion fur l’ufage du Jjhtinqui.'
tia, 333. Précaution fur fbn mé-
lange, avec d’autres remedes,
335. Que le Ghtinquina ne fixe
point, ibid. Ce qui fe prouvepar
la raifon & par l’experience, 337.
Entêtement d’un Médecin fur la
fixation par le Quinquina , 539.
Tout ce qui coagule & fixe eft
acide , 345. Effets de l’abondan-
ce des acides , 347
.Que les rechutes ne font pas une
preuve de fixation par le £)ufn-
quina , 3 j o. Les Fièvres conti-
DES MATIERES,
nues qui ont efté gueries par
le Quinquina ne reviennent
jamais , 35^. Erreurs popu-
laires touchant le Quinquina >
353-
Fin de la Table des Matières*
EXTRAIT BV PRIVILEGE
du Roy .
PAk Grâce & Privilège du Roy
donné à Paris le 29. d’Aouft
3691. Signé par le Roy en Ton Con-
feilCARPOT : Il eft permis à Jac-
ques Minot Doéteur en Méde-
cine , de faire imprimer par tel Im-
primeur qu’il voudra choifir , un
livre intitulé , De la Nature & des
eaufes des Fièvres , &c. pendant
le temps de fix années confecuti-
ves , à commencer du jour que le-
dit livre fera achevé d’imprimer
pour la premiers fois en verra dm
prefent Privilège : Et deffences
font faites à tous autres Impri-
meurs 3c Libraires , de l’imprimer,
faire imprimer , vendre 3c débiter ,
fans le confentement de l'Expo -
fant , ou de ceux qui auront droit
de luy , à peine de trois mille li-
vres d’amende , de confifeatioa
des Exemplaires contrefaits, 3c de
tous dépens , dommages 3c inte-
refts , ainfi que plus au long il effc
porté par ledit Privilège.
Ledit Sieur M'rtf ot a cédé fou
Privilège à Laurent s’Houry
Marchand; Libraire , fuivant l’ac-
cord fait entr’eux.
Regiftre far le Livre de la Com -
mariante des Imprimeurs & Li~
braire s de Paris le s . Septembre
I 6 p î.
Achevé d’imprimer pour la
première fois en vertu du prefeat
Privilège le 4. Novembre téÿi*