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Full text of "De la nature, et des causes de la fièvre: : du legitime usage de la saignée & des purgatifs. Avec des experiences sur la quinquina, & des refléxions sur les effets de ce remede."

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DELA 


NATURE, 

ET  DES  CAUSES 
DELA 

FIÈVRE ; 

DU  LEGITIME  USAGE 

de  la  Saignée  & des  Purgatifs, 

Avec  des  Expériences  fur  le 
Quinquina , & des  Réflexions 
fur  tes  effets  de  ce  Remedc. 

Par  M.  MINOTj  Docteur  en 
Médecine. 

.SECONDE  EDITION, 

ic v eue  & augmentée. 

A PARIS, 

Chez  Laurent  d’Houry  rue  Saint 
Jacques  , devant  Ja  Fontaine  Saint 

Severin , au  Saint  Efprit. 

MU  D cru  X C I. 

Avec  Privilège  & Approbation, 


OWJCB 


MONSIEUR  FAÇON, 

PREMIER  MEDECIN 
de  la  feue  Reine. 


Jly  a long- te  ms  que  je 
cherche  les  cccafions  de 
ruons  donner  des  marques 
de  i’eflnme  fingnltere  que 
fay  pour  vous  : je  n’en  ay 
point  trouvé  qui  me  pa~ 
rtift  plus  favorable  que 

celle  de  vous  dédier  ce 

*■  - C â ij 


E P I S T R E. 

petit  Ouvrage,  Mais  \ 
MoN  sieur,  ce  n’ejl  pas 
feulement  une  marque 
d’ejiime , f’en  efi  aujfi  une 
de  reconnût  fane  e j’a- 

voue que  s'il  y a quelque 
chofe  de  bon  dans  ce  Trai- 
té, le  Public  vous  en  doit 
avoir  P obligation  : Vous 
m ave  Zi  donné  des  lumiè- 
res pour  la  Pratique  qui 
mont  heureufement  con- 
duit 5 & jay  toujours  re- 
marqué tant  de  rapport 
des  expériences  avec  vos 
rafonnemens  , que  jay 
efié  convaincu  qui  il  ny 
avoit  quà  vous  fuivre 
pour  fe  faire  me  bonne 


E P I S T R E. 
méthode.  En  effet , tous 
ceux  qui  ont  l honneur  de 
vous  connoître  demeurent 
d'accord , que  dans  la  con- 
fit fion  étrange  où  la  Mé- 
decine je  trouve  au)our- 
d'huy  par  cette  foule  de 
Modernes , dont  les  ms 
regardent  les  .Anciens 
avec  mépris  i êf  les  antres 
s'en  fervent  pour  autori- 
fer  leurs  rêveries  , per- 
fonne  n a mieux  que  vous 
démêlé  le  vray  d'avec  le 
faux , Çf  ré  a fi  bien  con- 
nu la  )ufte  convenance 
qu'il  y a entre  les  nou- 
veauté z,  & bonne  anti- 

quité 5 Ceft  donc  avec  rai- 


Ê P I S T R E. 
fin  que  ceux  qui  •veulent 
fe  perfetftonnerdans  l'Art 
de  guérir , •vous  confideretit 
comme  le  plus  excellent 
modèle.  Dans  cette penfée 
Monsieur  , jdj  effajé 
de  ne  vous  point  perdre  de 
vcu'è  5 Çf flatté  de  l'appro- 
bation dont  vous  aveT^ 
honore  mon  Sjjlème  des 
Fièvres  y j'ay  crû  que  j ’y 
pouvais  ajouter  une  Mé- 
thode de  les  guérir  confor- 
me a mes  principes . Sur  ce 
fondement , j’ay  établi  des 
maximes , Çfl  jenaytiré 
des  confequsnces  les  plus 
natu  elles  qui  il  ma  été pofl 
flble , C efl  ce  que  vous 


E P I S T R E. 
connaîtrez^  dans  cette  nou - 
'u elle  Edition  que  je  prends 
la  liberté  de  'vous  offrir . 
Le  goût  0*  le  difcernement 
que  vous  avesupour  tou  tes 
les  matières  de  Phyfique , 
luy  procureront fans  doute 
une  heur  en fe  deftinée  , 
sîilfea  L'avantage  de  vous 
plaire  : & votre  fuffrage 
me  fera  un  ajfuré  garant 
de  celujdu  Public . Je fuis 
avec  un  profond  repecî 

MONSIEVR , 

r-  ~ • 

Vôtre  tres-bumble  & tres^ 
obeïflfant  ferviteur, 

MINOT. 


APPROBATION. 


J’Ay  fous-fignc  Doreur  en 
Medecine  de  la  Faculté  de 
paris , Médecin  ordinaire  de  la 
feue  Reyne  &C  de  Monfeigneur 
le  Chancelier  : Certifie  avoir  lu 
&:  examiné  ce  Livre  De  la  Na- 
ture & des  caufes  des  Fièvres,  dre. 
dans  lequel  l’Auteur , non  con- 
tent de  traiter  ces  matières  fur 
de  bons  principes , il  y donne 
encore  des  avis  pour  la  Prati- 
que , qui  peuvent  beaucoup  fer- 
vir  dans  la  guerifon  de  ces  ma- 
ladies : &c  cette  Méthode  ne 
peut  eftre  que  fort  utile  au  Pu- 
blic. Fait  à Paris  ce  vingtième 
Aouft  Upi. 


BOURDELOT. 


ï 


DE  IA  NATURE 

ET  DES  CAUSES 
DE  LA 

FIEVRE: 

AVEC  gj  EL  gjr  E S 
Expériences  far  le  Quin- 
quina , & des  Réflexions  far 
i’aïïion  de  ce  Remede . 


U o y qu’il  n’y  ait 
rien  dans  la  Mé- 
decine fur  quoy 
on  ait  tant  écrit  * 
que  fur  la  Fièvre  ; cette  ma- 
tière n’eft  pas  fi  cpuifce>qu’clfc 
ne  puifle  encore  recevoir  de 
nouveaux  éclaircilTemens  i 

A 


■L 


t De  là  Nature  , ' 

C’eft  dans  cette  penfée  que 
j’ay  refolu  de  donner  au  Pu- 
blic quelques  Méditations 
que  j’ay  faites  fur  ce  fujet. 

. „ Et  afin  de  les  expliquer  avec 

OrdreSC 


eiïiwvu  UlULv  ^ J “ J — 

T«ué.  la  doarine  des  Anciens  fur  la 


Nature  delaEiévrc  ; je  pro- 


mène : apres  quoy  je  repon- 
dray  aux  objections  qu’on 


derniere  Partie  , je  donneray 
des  avis  pour  la  Pratique.  Et 
comme  la  Saignée  62  la  Pur- 
gation font  les  Remedes  ge- 
neraux , je  parleray  du  légiti- 
mé ufage  de  la  Saignée,  62 
j’examineray  en  quoy  con- 
fifte  la  vertu  62  l’avion  des 
Purgatifs  % Ô2  enfin  j’appor- 
teray  des  expériences  que 
j’ay  faites  fur  le  Quinquina , 
qui  confirmeront  mon  hypo- 
thefe. 


& 'des  c AUjès  de  la  Ficvre.  j 

PREMIERE  PARTIE, 

Examen  de  la  doélrine  des 
Anciens  Jler  la  Fié^vre. 

C’Eft  une  chofe  affez  é- 
tonnante,  qu’une  mala« 
die  fi  commune  que  la  Fièvre, 
foit  fi  peu  connue , & que  tant 
de  célébrés  Auteurs  qui  en 
ont  écrit  depuis  filong-tems, 
ne  nous  en  ayent  point  don- 
né de  notions  certaines.  Ils 
ont  définy  la  Fièvre,  une  .Dc^n>- 
chaleur  étrangère  allumée  , 
premièrement  dans  le  cœur.  Ancien'.! 
& de  la  répandue  dans  tout  le 
corps  par  les  artères  & par  les 
veines.  Par  cette  définition 
qui  vient  des  Arabes , & qU€ 
prefque  tous  les  Médecins 
Aij 


4 T>e  U Nature  , 
ont  fuivie  depuis  , on  voit 
qu’ils  confiderent  la  Fievre 
comme  une  chaleur  étran- 
gère ajoutée  à la  chaleur  na- 
turelle. Ils  n’apportent  point 
d’autre  preuve  de  ce  fen ri- 
ment j qûe  la  fenfation  d une 
chaleur  extraordinaire  , qui 
fe  remarque  dans  toutes  les 
E,arûen  Fièvres.  Je  ne  puis  acquief- 
défint"6  cer  à cette  Doctrine.  On 
«on.  fçait  aujourd'hui/  que  la  cha- 
leur elt plutôt  l’effet , que  la 
caufe  de  la  Fièvre  5 que  cetté 
chaleur  n’eft  point  première- 
ment allumée  dans  le  coeur  ; 
§£  que  fuivant  les  réglés  de 
la  circulation  du  fan  g , elle 
n’eft  point  répandue  par  les 
veines,  mais  feulement  par 
les  arteres.  .Ces  verriez  ont 
été  fi  bien  démontrées  par  les 
Auteurs  modernes  , que  je 
ne  m’attacheray  pas  à en  don- 


& des  cd  'sfes  de  la  Fièvre,  y 
ner  des  preuves.  D’ailleurs, 
cette  chaleur  étrangère  que 
les  Se&ateurs  des  Arabes 
veulent  introduire,  n’expli- 
que point  les  diverfes  Ce nfa- 
tions  qui  fe  font  chez  nous, 
lors  que  nous  avons  la  Fiè- 
vre î & fi  l’on  examine  dans 
ce  tems-là  l’a&ion  de  la  cha- 
leur & des  efprits,  ileft  im- 
pofiible  d’y  rien  comprendre 
d’étranger. 

Dans  les  réflexions  que  j’ay 
faites  fur  la  chaleur,  & fur 
fes  cHfFerens  effets , je  me  fuis 
arrêté  plufieurs  fois  à confi- 
d :rer  la  végétation  des  Plan- 
tes , &:  particulièrement  la 
feve,  qui  monte  dans  le  tronc 
d’un  faule  avec  une  telle  vio- 
lence, qu’il  en  diftille  de  l’eau 
par  les  nœuds  des  branches, 
8£  par  les  feüilles  auffi  abon- 
damment , que  s’il  tomboit 
A iij 


Que  la 
Fièvre 
n’eft  pas 
une  cha- 
leur é- 
trargere. 


Ce  qui  f® 
prouve 
par  la  vé- 
gétation 
desPiaa- 

tCSi 


4 I>e  la  Nature , 
une  girofle  pluie.  Si  alors  un 
Païfan,  qui  auroit  du  bon 
fens,  me  demandoit  raifon 
de  céc  effet,  & que  je  luy  ré- 
pondifle  qu’une  chaleur  c- 
trangere  fe  ferojt  introduite 
dans  le  tronc  de  cét  arbre  , 
& qu’elle  en  agiteroit  la  feve, 
je  craindrois  qu’il  ne  me  dit  : 
Comment  cela  fe  peut  - il 
d’aire  ? Eft-ce  qu’un  autre  So- 
leil viendroit  augmenter  la 
chaleur  ordinaire  qui  fait  que 
cet  arbre  poufle  fa  feve  > 
Nous  voyons  tous  les  ans  ar- 
river la  même  chofe,  à me- 
fure  que  la  chaleur  du  Prin- 
tcms  fe  renouvelle , & cette 
chaleur  ne  nous  paroît  pas 
Et  p»r  étrangère. 

Cette  penfce  m’a  fait  faire 
réflexion  fur  l’analogie  qui 
&ceu”’  cft  cntre  ^ végétation  des 
de»c  Ani.  plantes  èC  celle  des  Animaux, 


& des  cattfes  de  la  Fièvre,  7 
& fur  les  defordrcs  qui  peu- 
vent arriver  à l’une  St  à l’au- 
tre î furquoy  j’ay  formé  ce 
raifonnement.  Si  le  Soleil  par 
fa  chaleur  fait  pafler  par  les 
tuyaux  des  Plantes  l’humi- 
dité &:  les  autres  principes 
qui  fervent  à leur  végétation* 
St  s’il  cft  vray  qu’il  fe  ren- 
contre quelquefois  dans  les 
canaux  de  ces  Plantes,  des 
matières  groflîeres  qui  font 
ebftacle  à la  circulation  de  la 
feve  } alors  par  un  mouve- 
ment qu’on  appelle  fermen- 
tation , les  principes  a&ifs 
agiront  fur  ces  matières,  les 
raréfieront,  Scpoufléront  de- 
hors ce  qui  fe  trouvera  d’im- 
pur St  d'inutile  à la  nourri- 
ture de  la  Plante.  Cela  fe 
voit  par  les  tubercules  , par 
les  champignons,  St  par  les 
autres  fuperiuitez , qui  pa- 
 iiijj 


$■  Ve  la  Nature  ; 
roiflent  foavent  fur  les  Plan» 
tes  ; &:  en  tout  cela  il  n’y  a 
rien  d’étranger. 

Ne  peut-on  pas  raifonner 
de  la  même  maniéré  à nôtre 
égard  , fi  l’on  confidere  que- 
l’air  s’introduit  dans  les  pou- 
mons, qu’il  fe  mêle  avec  lo 
fan  g , & qu’il  peut  en  aug- 
menter la  chaleur  : tellement 
que  s’il  fe  trouve  dans  les  vei-. 
nés  des  matières  indigeftes, 
3c  des  fues  impurs,  les  ef- 
prits  fe  mettront  en  mouve- 
ment pour  les  digérer,  S'ex- 
citeront une  fermentation  , 
qui  fera  fortir  fur  la  peau  des 
ébullitions,  & eau  fera  des 
fueurs  ; & cette  fermentation 
peut  être  appellce  fièvre. 
Cependant  comme  cét  air 
&:  ces  fucs  font  des  chofes 
qui  nous  font  familières  &: 
domeftiques , il  me  fembls 


& des  caufes  de  la  Fièvre . 9 
qu’il  n’eft  pas  raifonnable  de 
dire  que  la  Fièvre  eft  caufée 
par  une  chaleur  étrangère,  8c 
contre  nature. 

Mais  il  faut  entrer  plus  a- 
vanr  dans  le  fond  de  la  do- 
ctrine des  Anciens.  Ils  ont 
divifé  les  Fièvres  en  putrides 
8c  non  putrides.  Les  Fièvres 
non  putrides  font  de  trois 
fortes , les  Ephemeres  ou 
Fièvres  d’un  jour , les  Con- 
tinues fïmples,  & les  Hecli- 
ques.  Les  Fièvres  putrides 
font  Continues  ou  Intermit- 
tentes. Je  ne  veux  pas  entrer 
dans  le  détail  de  toutes  les 
autres  fubdivifions  de  Fiè- 
vres, il  ferait  trop  long,  8c 
prefque  infiny. 

La  Fièvre  Ephemere,  félon 
les  Anciens,  eft  une  chaleur 
étrangère  8c  contre  nature , 
caufée  par  l’inflammation  des 


Examen 
de  la  âi< 
vilîon 
générale 
des  Fi4î 
vres* 


Que  li 
Fièvre 
Ephemew. 
re  n’efè 
pas  un% 


iwatîon 
des  ef- 
fries. 


io  De  U Nature , 
efprits,  ou  de  la  partie  la  plus 
fubtile  du  fang.  Mais  il  n’eft 
pas  facile  de  s’imaginer  que 
les  efprits  qui  font  exacte- 
ment mêlez  avec  le  fang  , 
puifïent  être  agitez  ou  é- 
ehauff-Z  féparément  du  refte 
de  la  rnafle.  Les  efprits  font 
les  principes  aêtifs  Sc  domi- 
nans  dans  toutes  les  fonctions 
des  Animaux , ô£  leur  union 
avec  les  autres  principes  effe 
fi  parfaite , qu’il  eft  impoffi- 
ble  de  les  féparer  que  par  la 
mort  : fi  bien  qu’on  ne  fçau- 
roit  concevoir  que  les  efprits 
foient  agitez  dans  le  fang, 
qu’en  même  tems  on  ne  foie 
perfuadé  que  tout  le  refte  de 
la  maffe  eft  au  fit  en  agitation  ; 
Et  fi  cette  agitation  étoit  af- 
fez  violente  pour  enflammer 
les  efprits,il  eft  certain  quelle 
cauferoic  plutôt  une  Fièvre 


& des  c au  Je  s de  U Fièvre,  h 
ardente,  ou  une  Phrcnefie, 
qu’une  Ephemere.  Il  y a bien 
plus  d’apparence  de  croire, 
que  dans  cette  Fièvre  il  n’y 
a pas  allez  de  mauvaifes  hu- 
meurs , ou  que  le  fang  n’eft 
pas  affez  mal  diljjofé  pour 
entretenir  long-tems  la  fer- 
mentation fi  bien  qu’on  ne 
doit  confiderer  la  Fièvre  E- 
phemere , que  comme  une 
legere  émotion  de  la  mafife 
du  fang.  Je  conçois  bien  que 
lors  que  le  fang  eft  dans  ijne 
grande  agitation  > les  efprits 
font  échauffez  } mais  je  fou- 
tiens  qu’ils  ne  font  point  en- 
flammez , puifque  toute  in- 
flammation fuppofe  privation 
de  mouvement  :■  ce  qui  cau- 
feroit  neceffairement  des, 
fymptomes,  qu’on  ne  voie 
point  paroître  dans  les  Fie» 
vres  Ephemeres,. 


Maïs  un# 
leger; 
fermen- 
tation de 
touce  la 
mafle  ciü 
fang» 


Qtie  U 
Fièvre 
continue 
(impie  , 
ne  con* 
fîfte  pas 
dâs  i’in-f 
fhmma- 
lion  du 
fang  cô- 
tenu  dâs 
les  grads 
vaif- 
feaux. 


Ve  Ia  Attife  y 
La  caufe  qu’ils  donnent  à? 
la  Fièvre  Continue  fimple , 
neft  çueres  mieux  établie. 
Ils  la  font  confifter  dans  l'in- 
flammation du  fang  contenu- 
dans  les  grands  vaHïeaux  , 
depuis  les  aines  jufqu’aux  aiC 
Telles.  Cette  opinion  ne  me 
femble  pas  bien  fondée  : Car 
outre  que-  l’inflammation  du 
fang  te  des  efprits  fêparé- 
ment  n’cfl:  pas-  foûtenable  , 
comme  je  viens  de  le  remar- 
quer , te  quainS  cette diftin- 
£Lon  ne  fçauroit  faire  une 
différence  eflentielle  entre  la. 
Fièvre  Ephemerc  te  celle-ci; 
on  fçait  que  le  fang  qui  eft 
dans  la  poitrine "te  dans  le  bas 
ventre,  c’elbà-dire,  depuis 
les  aines  julqu’aux  aiffelles  ,, 
coule  kiceflamment  dans  tou- 
tes les  parties  du.  corps.  De 
forte  que  par  les  réglés  de  1& 


Cr  des  cattfes  de  la  Fièvre. 
Circulation  , la  fource  de 
cette  Fièvre  qui  étoit  bornée 
•par  les  aiflclles  & par  les  ai- 
nes, feroit  bien-tôt  répandue 
dans  tout  le  relie  du  corps. 

Après  tout,  je  ne  comprends 
pas  ce  qu’on  entend  par  l’in- 
flammation du  fang  dans  les 
"veines  :;;  Cette  doétrine  eft 
•fi  peu  probable,  que  je  m’é- 
tonne de  ce  que  tant  d’ha- 
biles gens  l’ont  receuc , SC 
i’enfeignent  encore  aujour- 
d’huy. 

L’explication  que  les  An-  Iâ 
tiens  ont  donnée  de  la  Fié- 
vre  Heétique  , ne  fatisfera  nere,fi‘1<ï 
pas  davantage  : Ils  la  font  les  par-, 
confiller  dans  une  chaleur  é-  dé$, foht 
trangere,  qui  réfide  dans  les 
parties  foli des,  dont  elle con- 
fume  toute  la  nourriture  SC 
toute  l’humidité.  Mais  outre 
que  cette  explication  ne  fe 


14  De  la  Nature, 
rapporte  pas  à leur  définition 
générale  , qui  établit  le  foyer 
des  Fièvres  précifément  dans 
le  cœur  ; il  eft  confiant  que 
cette  chaleur  con fumante , 
& inherente  aux  parties  fo- 
lides,  eft  mal  établie,  puif- 
que  rien  n’eft  chaud  dans  nô- 
tre corps  que  pat  la  commu- 
nication du  làng  Sc  des  cf- 
prits.  11  me  femble  qu’il  fe- 
roit  plus  raifonnable  de  croi- 
re que  la  Fièvre  Hedique 
Qu’elle  qui  fuccede  ordinairement 
aePrid  aux  autres  Fièvres,  vient  de 
l’épuifement  de  ces  mêmes 
efprits,  qui  ayant  été  pref- 
que  confirmez  dans  les  mala- 
dies précédentes , font  inca- 
pables de  produire  une  bon- 
ne fermentation  , & une  par- 
faite digeftion  des  fucs  defti- 
nez  à la  nourriture  des  par- 
ties. Ajoûtez  à cela , que 


& des  cAufes  de  U Fièvre,  if 
dans  les  Maladies  Chroni- 
ques les  crifes  8C  les  digef- 
tions  écanc  imparfaites  , les 
humeurs  impures  ne  font  pas 
fuffifamment  difloutes  8c  ra- 
réfiées , pour  pafTer  au  travers 
des  paflages  étroits  des  vifce- 
res  8c  des  routes  infenfibles 
des  petits  vaificaux  : en  forte 
qu’y  faifant  obftru&ion , el- 
les bouchent  le  chemin,  8c 
interceptent  les  liqueurs  ne- 
ceflaires  à l’entretien  des  par- 
ties folides.  Ainfi  ces  parties 
ne  recevant  pas  les  influences 
ordinaires  de  la  chaleur  8C 
des  efprits , ni  les  humeurs 
qui  leur  font  convenables  , 
doivent  tomber  dans  une 
maigreur  , 8c  dans  une  féche- 
ïefle  extrême. 

Quelques  Modernes  qui 
ont  voulu  deffendrela  doc- 
trines des  Anciens  , ont  dit, 


Et  âtf 
défaut 
des  lue* 
nourrijf- 
ficis.  / 


l6  De  la  Ndture , 
que  la  Fièvre  he&ique  ne 
confiiloic  pas  feulement  dans 
une  chaleur  inherente  aux 
parties  folides  * mais  quelle 
dépendoit  auffi  de  ce  que  le 
cœur  ne  leur  envoyé  alors 
qu’une  matière  impure-,  & 
adufte  , qui  au  lieu  de  les 
nourrir , leur  imprime  une 
chaleur  féche  & habituelle. 
Mais  cette  exception  contre- 
dit a l’efpnt  de  l’Ecole  , qui 
a fondé  la  divifion  des  Fiè- 
vres fur  la  triple  fubftance 
de  noftre  corps , lors  qu  elle 
a dit  que  la  Fièvre  Epheme- 
re  a fon  liège  dans  les  efprits  j 
les  Fièvres  humorales  foit 
qu’elles  foient  fimples  ou  pu- 
trides , dans  les  humeurs , &C 
les  hediques  dans  les  parties 
folides  : d’où  il  eft  aifé  de 
juger  que  la  Doctrine  des 
Anciens  efl;  infoutenable  à cét 


Cf  des  caufes  de  la  F livre.  17 
égard.  Mais  c’eft  allez  s’ar- 
refter  fur  la  confideration  des 
Fièvres  fimples , il  faut  paf- 
fer  à l’examen  des  putrides  , 
qui  fera  d’une  plus  longue 
difculfion. 

Les  Fièvres  putrides  fout  Examens 

j.  • w * • ..  _ des  Fié* 

divilees  en  continues  &:  en  y res  «pu* 
intermittentes.  Les  continues  tnd“' 
confident , félon  eux  , dans-  la 
corruption  des  humeurs  con- 
tenues dans  les  grands  vaif- 
feaux  , dont  la  vapeur  cor- 
rompue allume  continuelle- 
ment au  cœur  une  chaleur? 
qui  produit  la  Fièvre.  Et  les. 
intermittentes  font  caulees 
par  une  vapeur  corrompue  s 
qui  s’élève  par  intervalles  de 
certaines  minières  ou  foyers? 
où  elle  refide  comme  de 
l’Eftomac  r des  voûtes  dm 
de  la  Ratte , du  Me- 
y SC c.  Sc  qui  eftantc 
" Ri 


2§  , De  U 2t attire  », 
portée  au  cœur , y allume  cet- 
te chaleur  qui  caufe  la  Fiè- 
vre. 


€C  que  Si  par  ces  termes  de  pour- 
ciensont  riture  & de  corruption  , les- 
tntendu  Auteurs  n’avoient  entendus 
qu’une  fimple  alteration  du 
fang  , oa;fi  l’bfli  veut,, une  dif- 
pofition  à Te  corrompre,  on 
n’auroit  pas  de  peine  à s’ac- 
commoder de  cette  do&rine }, 
mais  cela  ne  parok  nulle  part 
dans  leurs  écrits , au  contraire 
on  trouve  par  tout  les  termes 
de  pourriture  & dé  corruption 
totale  dans  le  fang , & fi  l’on 
fait  reflexion  fur  ce  qu’ils  ont 
dit  que  la  Fièvre  continue 
limple  eonfifte  dans  l’inflam- 
mation div  Fang-  * on  n’aura 
pas  de  peine  à comprendre , 
que  félon  eux  les  Fièvres  pu- 
trides qui  font  plus  fortes  & 


ér  des  cxufès  de  U Fièvre’. 
très  , viennent  d’une  vérita- 
ble pourriture  & d’une  totale 
corruption  , puifque  cette 
corruption  doit  eftre  la  fuite 
de  l’inflammation.  Cette  doc- 
trine eft  fans  contredit  la  doc- 
trine de  l’Ecole , & elle  eft 
conforme  aux  fentimens  des 
plus  célébrés  Médecins.  On 
les  voit  tous  les  jours  dans  les 
Confultations  lors  qu’ils  par- 
lent d’une  Fièvre  continue  », 
affluer  qu’il  y a de  la  pour- 
riture dans  les  grandes  vei- 
nes , &c  quand  il  s’agit  d’une 
fièvre  intermittente  , foû- 
tenir  que  la*  pourriture  eft 
dans  les  petits  vaifleaux.  Mais 
à l’égard  de  la  diftin&ion  de 
la  pourriture  dans  les  grands 
ou  dans  les  petits  vaifleaux 
H eft  étrange  que  tant  d’ha- 
biles gens  foient  dans  cette 
penfée  , après  que  la  circula-- 

il;- 


2o  De  la  Nature  l 
cion  nous  a fait  voir  que  îe 

fang  coule  fucceflivement  des 
grands  vaifleaux  dans  les  pe* 
âcsyôc  qu’il  n’eft  pas  aifé  de 
concevoir  qu’il  y puiffe  de- 
meurer un  feul moment  fans 
paffer  des  uns  dans  les  autres  y 
cette  de  forte  que  s’il  y a de  la 
«rTn'e  Pourriture  dans  les  grandes 
^eut  éue  veines,  elle  fera  bientoft  dans 
grands.,  ' les  petites  , & s’il  y en  a dans 
tnf'pa*  les  petites,  elle  fera  bientoft 
iwpftiw.  ^at^s  Ies  grandes.  D’où  il  eft 
aifé  de  conclure  que  la  dif- 
tindion  des  foyers  de  la  Fié* 
vre  continue  & de  la  Fièvre 
intermittente  eft  mal-fondée , 
ou:  du  moins  qu’il  eft  impofli- 
ble  que  dans  les  Fièvres  In- 
termittentes ces  foyers  fubfi- 
ftent  long-temps  , ce- qui  fe* 
soie  tres-oppofé  à leur  durée; 

Mais  au;  fond  comment 

geus* on  concevoir  qif il  y ait 


ér  des  a» fis  de  la  Fièvre,  if 
4ans  les  grands  vaifleaux  des 
humeurs  corrompues  , qui 
paflent  inceffamment  dans  le  sieitei» 
Gceur , fans  s imaginer  en  me-  ic  rang., 
me  tems  qu’elles  étoufferont 
la  chaleur  naturelle quel- 
les  causeront  une  mort  cer-  les. 
saine  * Ne  voit-on  pas , que 
lors  que  la  Gangrené  attaque 
quelque  partie  du  corps , il 
faut  necelfairement  mourir , 
fi  cette  partie  n’eft  bien-toft 
guerie , ou  fi  elle  n’eft  prom- 
tement  retranchée  : Et  puis 
qu’il  eft  certain  qu’on  ne 
meurt  alors  que  par  la  cor- 
ruption , qui  eft  communi- 
quée à tout  le  fang  par  les  pe- 
tits vaifîeaux  ; comment  peut- 
on  concevoir  que  dans  les 
Fièvres  putrides  il  y ait  de  la 
corruption  dans  les  grandes 
veines , fans  fuppofêr  en  mê- 
me temps  que  toutes  ces  Fié? 


2Æ  De  U Natnre  , 
vrcs  font  abfolument  mor- 
telles > 

Et  ut  A l’égard  des  Fièvres  inter- 

intermi.  mittentes que  tous  les  Me- 
r«oien”e  ^ec^ns  regardent  comme  les 
moiis*  moins  dangereufès  ; je  ne- 
dangs.  fçaurois  comprendre  pour. 

Cî*  quoy  on  les  a mifes  au  rang 
des  Fièvres  putrides. 

Les  plus  éclairez  Anato- 
tniftes  n’ont  pû  encore  dé- 
couvrir les  prétendus  foyers , 
de  ces  Fièvres,  & ces  maniè- 
res d’humeurs  corrompues 
qui  les  caufent.  D’ailleurs  il 
n’eft  pas  aifé  de  concevoir 
que  ces  humeurs  puilîent  re- 
fider  dans  quelques  parties  , 
fans  y faire  paroiftre  des  ef- 
fets , ou  des  marques  de  leur 
corruption  ; ainfi  je  ne  fçau- 
rois croire  que  la  corruption 
foit  la  véritable  caufe  des 
Fièvres  intermittentes  5,6c  cet» 


$ des  cattfes  de  la  Fièvre.  i$„ 
te  explication  des  Fièvres  pu- 
trides en  general  me  paroilt 
fi  mal  fondée  , que  je  m’é- 
tonne de  ce  qu’on  eft  de- 
meuré: depuis  tant  de  fiecles 
dans,  cette  opinion. 

Il  eft.  vray  que  les  Anciens  Qae 
n’ont  pas  connu  la  circula-  “°“tvdu, 
tion  du  fang , mais  ils  ne  laif- 
foient  nas  d’ctrc  perfuadez  qu’il  n« 

• vi  n • / i 1 \ fc  cor- 

qu  il  eltoit  porte  du  centre  a rompe, 
la  circonférence,  pour  la  nour- 
riture des  parties  t Cela  fup- 
pofé  ils  dévoient  croire  que 
cette  a&ion  ne  fe  pouvoir 
foire  fans  mouvement.  Ils. 
fçavoient  encore  que  d’abord 
que  le  fàng  eft  extravafé ,, 

* comme  il  arrive  fouvent  dans 
les  inflammations  , il  fé  cor- 
rompt aifément,  & fe  con- 
vertit en  pus  &:  que  cette 
corruption  ne  furvient  que 
parce  qu’il  eft  forti  des  vaifi- 
l'eaux. , & qu’il  a perdu  fou 


Preuves 
dont  on 
fe  fert 
pour  éta- 
blir la 
corrup- 
tion du 
fang. 


Les 
Pullules 
& les 
Abfcés 
qui  arri- 
vent dâs 
les  Fiè- 
vres* 


£4  De  la  Nature, 
mouvement.  Comment  donc 
de  tout  cela  n’ont  - ils  pas 
conclu  que  le  mouvement 
eftoit  le  principe  de  fa  con- 
fervation,  & qu’il  eftoit  im- 
poflible  qu’il  pût  fe  corrom- 
pre > dés-îors  qu’il  feroit  en 
quejque  agitation- 

Mais  examinons  les  preu- 
ves qu’ori  apporte  de  cette 
corruption  du  fang  dans  les 
veines.  On  dit  qu’elle  eft  dé- 
montrée par  rèxperience , 
qui  nous  fait  voir  tous  les 
jours  des  Pullules  & des  Abf- 
cés dans  la  petite  Verole  , &: 
dans  les  Fièvres  malignes  , &: 
que  la  caufe  de  ces  Abfcés 
n’eft  autre  chofe  qu’une  ma- 
tière , qui  lùppure  dans  les 
grands  vaifTeaux  , d'où  on 
conclut  que  le  fang  peut  s’y 
corrompre,  & qu’il  s’y  cor- 
rompt effedivement. 

A.  cette- 


des  caufes  de  la  Fièvre,  i j 

A cetcc  preuve  on  en  ajou- 
te une  autre  tirée  de  la  cou- 
leur du  fang  des  Febricitans , 
lequel  paroift  quelquefois  fi 
corrompu  dans  les  palettes  , 
qu’il  reflemble  plûtoft  à du 
pus  qu’à  du  fang.  Enfin  on 
allègue,  que  des  Auteurs  di- 
gnes de  foy  ont  veu  fortir 
des  vers  par  l’ouverture  des 
veines , ce  qui  eft  une  preuve 
demonftrativc  de  la  corru- 
ption du  fang.  Voila  ce 
qu’on  a dit  jufqua  prefenc 
de  plus  fort  pour  établir  le 
fentiment  *fies  Anciens  fur 
cette  pourriture  des  humeurs; 
Voyons  fi  ces  preuves  font 
auifi  convaincantes  qu’on  le 
prétend. 

Je  commence  par  les  pu- 
llules 5c  par  les  abfcés  de  la 
petite  verole  , & d’abord  i! 
me  fcmble  que  cet  exemple 
G 


i».  L# 
couleur 
du  fang 
des  Fé- 
bricitant 


3*.  tës 
versqu’ô 
a trou, 
vez  dans 

le  fang. 


i€  De  la  Nature , 

Que  $63  fcrt  plutôt  à prouver  l’incom- 
»c  fom  patibilité  de  cette  corruption 

pas  une  avec  ]e  fang  qu’à.  l'aUthoti- 

«u  cor-  1er.  Car  par  la  on  voit  que 

IliptioBi  « f*  ' C 1 • 

les  elprits  qui  font  les  princi- 
pes dominans  dans  la  malfe  du 
fang  , le  purifient , &:  chaf- 
fent  hors  des  vaifleaux  toutes 
les  itnpuretez  qui  y eftoient 
contenues  & qu’ils  n’y  fouf- 
frent  point  de  corruption  ; à 
quoy  il  faut  adjoûter  que  ces 
pullules  n’ont  pas  toutes  les 
marques  de  corruption  dés  le 
moment  quelles  paroilTent } 
il  fe  pafle  encore  bien  du  tems 
avant  que  le  pus  y foit  for- 
mé, & cette  converfion  du 
fàng  en  pus , qui  ne  fçauroit 
fe  faire  dans  les  veines , te 
qui  dépend  ablolument  de  ce 
qu’il  croupit  hors  des  vaif. 
féaux , eft  à mon  fens  un  ar- 
guaient convaincant  contre 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  27 
cette  Do&rine  de  la  corrup- 
tion* Que  fi  les  Anciens  ont 
dit  que  la  matière  des  pullu- 
les & des  abfcés  fuppuroie 
dans  les  grands  vaifleaux , ils 
fe  font  trompez  , puifqu’il 
cft  confiant  que  les  abfcés 
ne  fe  font  que  par  le  depolfc 
des  humeurs  dans  les  parties, 
& que  les  humeurs  ne  fe 
change  en  pus  , que  par  le 
fejour  quelles  font  dans  ces 
mêmes  parties,  & par  le  re- 
pos quelles  y trouvent. 

A l’égard  du  fang  qui  pa« 
roît  corrompu  dans  les  palet 
tes , il  me  femble  que  l’on 
nous  impofe  étrangement  par 
ces  apparences  de  couleur. 
Car  outre  qu’il  n’a  pas  dans 
les  palettes  les  véritables  ca- 
ra&eres  de  corruption  ; eft— 
il  raifonnable  de  prétendre 
qu’il  eft  dans  les  veines  de  la 


Noaçtes 

que  U 
couleur 
dcCuigl 


Raifons 
«les  dif 
ferentes 
c oui  ms 
dans  îe 
rang. 


18  De  U Nature , 

même  qualité  qu’il  paroift 
après  qu’il  en  eft  forty  > Dés 
que  le  fang  eft  hors  des  vaif. 
féaux  , il  perd  fon  mouve- 
ment & fa  chaleur  , qui  font 
les  principes  de  fa  conferva- 
tion  , fes  parties  fe  defuoifTenr, 
& il  eft  aifé  d’obferver  qu’à 
mefure  qu’il  fe  refroidit , fes 
elprits  s’évaporent , 5C  fa  cou- 
leur naturelle  fe  changes  mais 
on  ne  peut  pas  dire  que  ce 
changement  de  couleur  foit 
une  marque  effe&ive  de  cor- 
ruption. Si  cela  eftoit,  quel 
jugement  feroit-on  du  fang 
beau  5c  vermeil  que  l’on  tire 
fouvent  dans  les  Fièvres  les 
plus  malignes , de  celuy  qui 
paroift  mauvais  dans  les  Fiè- 
vres fimples  & intermitten- 
tes , 5c  enfin  de  celuy  des  per- 
sonnes bien  faines  qui  fe  font 
faigner  par  précaution  , dont 


& des  caufes  delà  Fièvre-  19 
le  fang  n’a  pas  toûjonrs  cette 
couleur  rouge  qui  le  fait  ju- 
ger de  bonne  qualité  ? Seroit- 
il  jufte  de  conclure  fur  ces 
apparences , que  le  fang  foie 
moins  corrompu  dans  les  Fiè- 
vres malignes  que  dans  les 
Fièvres  intermittentes  , ou 
dans  la  parfaite  fanté  ? Il  me 
femble  qu’il  n’y  a perfônne 
de  bon  fens,  qui  voulut  dé- 
férer à un  fentiment  fi  mal 
fondé.  Et  pour  faire  encore 
reflexion  fur  le  fang  receu 
dans  les  palettes  ; il  faut  re- 
marquer que  lors  qu’on  fai- 
gne  un  malade  , le  fang  qui 
tombe  fur  l’afliete  ou  fur  le 
bord  de  la  palette  eft  toû- 
jours  d’un  beau  rouge  , au 
lieu  que  ceîuy  de  la  palette 
paroift  tout  corrompu  : Si  en 
confiderant  celuy-cy  on  croit 
qu’il  efl:  pourri  ; que  dira-on 
C iij 


Reflé- 
tions fllî 
ces  diffe- 
sçnccs/. 


Pour- 

quoy  le 
i ang  pa- 
reil beau 
dans  les 
Fièvres 
rnali- 


30  De  U Nature, 
de  celuy  qui  eft  fur  l’afliete  , 
lequel  eft  forti  en  mefme 
temps  de  la  mefme  veine , & 
qui  cependant  eft  d’une  belle 
couleur. 

J’avouë  qu’il  n’eft  pas  fa- 
cile de  rendre  raifon  de  tou- 
tes ces  différences  ; je  pour- 
fois  même  me  difpenferd’en- 
trer  dans  cet  examen  5 cepen- 
dant pour  en  dire  mon  fenti- 
ment , voicy  quelques  refle- 
xions que  j’ay  faites  fur  ce 
fujet.  Je  m’imagine  que  dans 
la  plufpart  des  Fièvres  ma- 
lignes le  fangeft  trop  diflouc , 
&:  trop  raréfié  5 en  forte  que 
les  efprits  n’eftant  pas  allez 
unis , ni  alfez  incorporez  avec 
les  autres  parties  du  fang,  for- 
tent  facilement  avec  celuy 
que  l’on  tire  alors  ; & ainfi  il 
doit  eftre  plus  beau  , parce 
qu’il  y a moins  de  mélange 


& des  caufes  de  U Fièvre. 
de  parties  groflieres,  fe  moins 
de  confufion  dans  les  princi- 
pes. Ce  qui  me  donne  cette 
penfce  , c’eft  que  ces  Fièvres 
font  moins  violentes  que  les 
autres , fe  que  le  Pouls  n’y 
eft  pas  fi  élevé  } parce  que  les 
parties  a&ives  du  fang  éeans 
moins  unies,  font  moins  d’ef . 
fort  pour  fe  débarraffer  des 
autres  principes  i ce  qui  fait 
que  la  fermentation  n’en  eft 
pas  fi  fenfible.  Ce  raifonne- 
ment  eft  confirmé  par  la  pra. 
tique  ordinaire  , qui  fait  voir 
que  les  frequentes  faignées 
font  nuifibles  dans  ces  fortes 
de  Fiéyres  , parce  qu’elles 
épuîfent  les  efprits  , au  lieu 
que  les  Acides , qui  par  leur 
qualité  coagulante  donnent 
de  la  confiftence  au  fang,  fe 
qui  empêchent  la  diftipation 
de  fes  parties  fpiritueufes  , 
C iiij 


3l  HelaNatnre, 
font  alors  d’un  très- grand 
ufage.  ° 

A r<%ard  des  autres  Fic- 
«oiroft  Vres  5 on  Peuc  dire  que  les 
pu  dans  efptits  font  embarraflez  dans 
S»a  des  matières  indigeftcs  , & 
que  n eftant  pas  dans  une 
quantité  fuffifante  3 iîs  ne 
fçauroient  donner  au  fang 
cette  belle  teinture  , qui  le 
fait  juger  de  bonne  qualité. 
Confiderez  d’ailleurs  , que 
toute  la  malTe  du  Sang  étant 
alors  en  conftifion  & dans 
une  grande  agitation , on  ne 
doit  pas  efl-re  furpris  s’il  pa- 
roift  brouillé  , comme  l’on 
n auroit  pas  raifon  de  s’éton- 
ner que  le  vin  fuft  trouble , 
fi  on  l’avoit  tiré  apres  avoir 
remué  le  conneau. 

ST  P<>ur  ce  qui  regarde  les  per- 
!»»«  .où  fonncs  qui  fe  portent  bien 
gaieawt  ) ay  louvent  remarque  que 


& desuujès  de  U Fièvre,  3$ 
ceux  qui  lape  d’un  tempé- 
rament chaud  , qui  font 
d’une  conftitution  feiche , qui 
ont  les  veines  greffes  , & le 
pouls  élevé  , & qui  d’ailleurs 
font  beaucoup  d’exercice  , 8C 
vivent  de  régime  , ont  de 
plus  beau  fang  que  ceux 
qui  font  d’un  tempérament 
moins  chaud  , qui  font  gras, 
qui  ont  les  veines  petites  , SC 
font  peu  d’exercice.  La  rai- 
fon  en  eft , ce  me  fernble , que 
ceux  là  digèrent  plus  aifé- 
ment , que  la  circulation  le 
fait  plus  vite  chez  eux  , éc 
que  le  fang  y doit  eftre  plus 
raréfié  , parce  qu’il  y confer- 
ve  plus  de  mouvement.  Ce 
qui  fe  confirme  par  l’expe- 
rience , puis  qu’en  Efté  le  fang 
qu’on  tire  aux  malades  , pa- 
roift  plus  beau  qu’en  Hyver , 
le  fane  eftant  alors  plus  ra- 


b»iü  âS? 
ceux  c£ii 
fe  portée 
bien. 


34  De  U Nature  t 

J’ay  confideré  auiïi  , que 
le  lâng  qui  retourne  au  cœur 
par  la  circulation  , y raporte 
le  relie  des  lues  que  les  Ar- 
tères avojent  porté  dans 
toutes  les  parties  pour  leur 
nourriture  : i>i  bien  que  lion 
le  tire  des  veines  dans  ce 
tems-là  , il  ne  doit  pas  pa- 
roi lire  de  belle  couleur  , ni 
bien  purifié,  au  lieu  qu’aprés 
plulieurs  circulations , il  fera 
plus  épuré , &;  paroillra  beau- 
coup plus  beau  , & fur  tout 
en  ceux  qui  feront  du  tempé- 
rament chaud  , dont  je  viens 
de  parler. 

On  peut  encore  penfer 
que  le  fang  n’eft  pas  toujours 
egalement  chargé  des  fuper- 
fluitez  des  alunens  ; cette 
circonftance  dépend  de  la 
difpofition  & du  beCoin  des 
parties,  qui  reçoivent  plus  ou 


& des  caufes  de  U Fièvre,  jf 
iioins  de  Tues  qu’il  n’en  faut 
our  leur  nourriture  ; elle 
lépend  auffi  de  la  qualité  de 
es  Tues , qui  ne  font  pas  toû- 
ours  convenables  , comme 
i on  mange  trop  ou  trop  peu, 
i on  digéré  mal , fi  les  ali- 
nens  font  de  mauvaife  qua- 
àtë  ; te  enfin  de  ce  que  ce 
efidu  des  arteres  , te  ces 
uperfluitez  d’alimens  ne  font 
>as  inceffamment  abforbez 
>ar  les  veines , te  qu’ils  n’y 
;oulent  que  par  intervalles. 
Et  tout  cela  fait  que  le  fang 
ioit  paroiftre  plus  beau  dans 
ai»  temps  que  dans  l’autre. 
J’avouë  pourtant  que  ces  ob- 
fervations , te  toutes  celles 
que  je  pourrois  faire  à cet 
égard , ne  fuffiroient  pas  pour 
nous  donner  une  idée  aflez 
jufte  de  toutes  les  différences 
du  fng  r te  je  croy  qu’il  fau- 


Pour- 
quoy  le 
fangn’eft 
pas  de 
même 
couleur 
dans  la 
Palette 
que  fur  le 
fc-ri. 


De  la  Nature  y 

droit  fçavoir  pour  cela  les 
momens  &c  les  maniérés  des 
Fermentations , & des  Di- 
geftions  differentes  qui  fe 
font  chez  nous  ; qu’il  feroit 
neceffaire  d’avoir  une  con- 
Koiffance  diftin&e  des  Diftri- 
fcutions  , des  Séparations,  & 
des  Filtrations  des  humeurs , 
qui  fervent  à la  nourriture  & 
aux  fonctions  de  la  vie  ; & 
en  un  mot  , qu’il  feroit  be- 
foin  de  eonnoifiire  parfaite- 
ment l’œconomie  , & toute 
la  Mechanique  de  noftre 
corps. 

Mais  il  ne  faut  pas  oublier 
de  rendre  raifon  de  la  diffé- 
rence qu’on  voit  entre  le  fang 
qui  tombe  dans  la  palette  & 
celuy  quitombefur  le  bord, 
ou  fur  l’affiete  ; il  n’eft  pas 
difficile  de  voir  que  cette  re- 
marque fournit  un  argument 


& des  caufes  de  U fièvre,  •yf 
wincible  contre  la  corrup- 
on  prétendue  du  fang  dans 
»s  veines.  Car  fi  le  fang  qui 
3mbe  fur  l’afliete  n’eft  pas 
ourri  & corrompu  , puis 
[u’il  eft  bien  rouge  & bien 
olorc  ; on  ne  peut  pas  dire 
|ue  celuy  qui  tombe  dans  la 
alerte  foiteffe&ivement  cor- 
ompu , puis  qu'ils  font  fortis 
un  U l’autre  en  même  temps 
l’une  même  veine  , &:  cpie 
sur  differente  pofition  n’éta- 
dit  pas  l’effence  de  la  pour- 
iture.  Il  refte  donc  à exami- 
1er  d’où  vient  cette  diverfité 
le  couleur  qui  fe  remarque 
:ntre  l’un  & l’autre.  Je  croy 
jue  la  raifon  en  eft , que  fur 
e bord  des  palettes  , ou  dans 
es  vaiffeaux  qui  ne  font  pas 
;reux , le  fang  ayant  plus  de 
urface , l’air  le  touche,  & le 
jpnetre  de  tous  coftez  -,  SC 


3$  De  la  Nature , 
comme  il  le  coagule  d’abord, 
les  parties  du  fan  g font  moins 
définies , & la  furface  n’etanc 
pas  fort  changée , il  conferve 
plus  aifémenc  fa  couleur  na- 
turelle. Au  contraire  dans 
les  vaifleaux  profonds  l’air 
ne  fçauroit  toucher  &c  pe« 
netrer  le  fang  que  dans  un 
trcs-pctit  efpace  ; tellement 
qu’il  conferve  plus  long- 
temps fa  chaleur  , laquelle 
fe  diflipant  peu  à peu  avec 
les  efprits  , & les  particules 
d'air  qui  y font  contenues , 
il  fe  fait  une  défunion  , &î 
un  défarangement  des  par- 
ties du  fang,  d’où  procédé 
le  changement  de  fa  cou- 
leur. On  peut  confirmer  cé 
raifonnement  par  l’experien* 
ce  qui  nous  fait  voir  , que 
c’cft  l’air  qui  donne  au  fang 
cette  couleur  rouge  & ver. 


<&  des  c du  Je  s de  U Fièvre.  39 
vieille  qu’on  y remarque. 
On  n’a  qu’à  ronverfer  une 
palette  de  fang,  & l’on  ver- 
ra que  céluy  qui  eftoit  au 
Fond , SC  qui  paroifloit  pref- 
que  noir , devient  d’un  beau 
rouge  dés  qu’il  eft  expofé  à 
l’air.  Cette  démonftration 
eft  encore  plus  fenfible  dans 
la  Machine  Pneumatique, 
où  l’on  voit  que  le  fang  de- 
vient brun  tirant  fur  le  noir 
dans  le  tems  qu’on  pompe 
l’air-,  au  lieu  que  dés  qu’on 
lai  (Te  rentrer  l’air  dans  la 
Machine  , il  reprend  auffi- 
toft  fa  couleur  rouge  Sc  na- 
turelle. 

Pour  répondre  à la  der- 
nière preuve  de  la  corrup- 
tion du  fang,  qu’on  établit 
fur  les  vers  qu’on  a veu  quel- 
quefois fortir  dans  la  Saignée, 
je  n’ay  garde  de  nier  le  fait  : 


Que  le! 
vers  ne 
font  pas 
une  mar- 
que de 
corru- 
ption. 


y 


4°  . T>e  la  Nature , 

Je  conviens  quil  fe  pcuc  for- 
mer des  vers  non  feulement 
dans  les  veines , mais  auflî 
dans  toutes  les  parties  de  nô- 
tre corps.  Mais  je  ne  crois 
pas  que  cette  formation  vien- 
ne de  la  corruption  du  fang, 
ni  des  autres  humeurs.  L’on 
fçait  que  l’air  & les  ali--' 
mens  font  fouvent  remplis 
d’une  infinité  d’infectes,  & 
de  mifie  femences  invifibles 
germent  que  nous  dévorons  } & l’on 
mence.  peut  penfer  que  ces  infe&es 
&C  ces  femences  trouvent 
dans  nos  corps  des  matrices, 
où  elles  font  rendues  fécon- 
dés par  nôtre  chaleur  natu* 
relie.  Gette  penfée  ne  fup- 
pofe  rien  qui  ne  foit  poffi.. 
ble.  Il  n’eft  pas  plus  difficile 
de  s’imaginer  que  de  petits 
œufs,  ou  de  petites  femen- 
ces d’ Animaux  puiffent  é-  ' 

clorre 


& des  edufes  de  la  Fièvre.  41 
clorre  dans  nos  veines,  que 
de  voir  du  fray  de  poiffon 
éclorre  dans  les  fl  uves  les 
plus  profonds  & les  plus  ra- 
pides : Même  je  reconnois 
plus  d’apparence  & de  poflr- 
bilicé  à la  production  des  vers 
dans  le  fang , puifqu’ils  y ren- 
contrent  une  chaleur  plus 
analogue.  On  a veu  des  pois 
& d’autres  graines  qui  ont 
germe  dans  l’oreille,  & en 
d’autres  parties.  Un  Auteur 
célébré  rapporté  qu'une  fille 
ayant  avalé  un  grain  de  bled, 
rendit  de  l’herbe  qui  avoic 
pouffé  dans  fon  ventre  ; 
sourquoy  donc  ne  voudra- 
:-on  pas  que  la  même  chofe 
puiffe  arriver  à la  femence 
des  infeétes. 

On  dira  qu*on  pourroît  ti- 
rer d’étranges  confequences 
ic  cette  hypothefe , comme 

D 


4t  De  h Nature , 
de  pré  cendre  qu’un  million 
de  Vers,  de  moucherons  Sz 
d’infr&es  qu’on  voit  naître 
en  un  moment  fur  des  cada- 
vres , vinlTent  de  femence  , 
& qu’il  fallût  pour  les  pro- 
duire des  oeufs  &c  des  matri- 
ces : Qifil  eft  bien  plus  rai- 
fonnabje  de  croire  qu’ils 
n’ont  point  d’autre  principe 
de  génération  que  la  corrup- 
tion, fuivane  la  maxime  de 
Philofophie  ; & pour  confir- 
mer ce  fentiment,  on  allé- 
guera cet  endroit  fi  célébré 
des  Georgiques , où  Virgile 
fait  reparer  la  perte  des  mou- 
ches a miel  par  la  corruption 
d’un  jeune  taureau  : enfin  on 


dira  qu’à  l’égard  des  Plantes, 
il  en  croît  tous  les  jours  en 
mille  endroits,  où  elles  n’a- 
voient  point  été  femées. 

On  eft  convaincu  prefen- 


^ des  aufes  de  U Fièvre.  43 
tement  que  la  corruption 
n’eft  pas  le  principe  de  gé- 
nération dans  les  infeéfces , 
puifque  leur  génération  pré- 
cédé la  corruption  : ce  qu’il 
cft  aife  de  voir  tous  les  jours 
dans  les  cuifines , où  les  mou- 
ches &:  les  vers  s’attachent 
aux  viandes  avant  qu’elles 
ayent  commencé  à le  cor- 
rompre. Et  l’on  ne  peut  pas 
dire  que  c’eft  parce  quelles 
Te  corrompent  qu’on  y trouve 
des  vers , mais  parce  que  les 
œufs  de  ces  infeéfces  y trouvée 
une  chaleur  propre  à les  faire 
éclorre,  & des  fucs  convena- 
bles pour  leur  nourriture.  Et 
pour  prouver  ce  que  j’avance, 
on  n’a  qu  a mettre  un  morceau 
de  viande  dans  une  bouteille 
de  verre  bien  bouchée , en 
forte  que  l’air  n’y  entre  point, 
la  viande  fe  corrompra  * mais 

D ij 


Qüe  les 

infectes 

ne  s’en 
gendrenl 
pas  de 

corrup- 

tion* 


I 


44  D*  la  Nature  t 
il  eft  certain  qu’il  ne  fe  fera 
aucune  génération  de  vers 
ni  d’infe&cs  : au  lieu  que  fi 
la  bouteille  n’eft  pas  bien 
bouchée,  il  s’y  produira  des 
Vers  jamais  cette  expérience 
n’a  manqué.  Virgile  a re- 
connu  cette  vérité  , puifqu’il 
fu'nCce  veut  qu’il  y ait  des  fenêtres 
fu;et‘  & des  ouvertures  dans  l’en- 
droit où  le  corps  du  jeune 
taureau  fera  enfermé.  D’où 
tumjr-  Pcuc  donc  venir  la  naiffance 
que«  iur  des  Abeilles  ? de  la  fcmence 

lagfne-  -, 

Xit>6  des  que  a autres  Abeilles  y ont 
'*  cs-  apportée  ; &:  pour  le  mon- 
trer, Virgile  a foin  qu’on  y 
metce  des  Plantes  aromati- 
ques, & toutes  les  chofes  ne.- 
çeflaires  pour  inviter  les.  A- 
beilles  à y venir  dans  le  tems  - 
quelles  multiplient ,,  & que 
ce  {bit  avant  la  venue.'  des 
Hirondelles  x afin  qu’elles  y 


& des  eaufes  de  ta  Fièvre,  4 j 
foient  en  leureté.  Tout  cela 
fait  voir  que  Virgile  eft  de 
mon  fentimenc , bien  loin 
qu’il  foie  de  l'opinion  con- 
traire. 

Si  on  demande  la  raifon 
de  la  production  fi  prompte 
d’une  infinité  d’Animaux 
qu’on  voit  parokre  prefque 
en  un  inftant,  je  crois  qu’il 
faut  la  rapporter , à ce  que 
leurs  principes  actifs  fe  trou- 
vant alors  peu  embaraflez 
dans  la  matière , une  chaleur 
allez  forte  les  difpofe  promp- 
tement 5c  facilement , à don* 
net  la  vie  & le  mouvement 
a ces  petits  corps.  - 
Ce  grand  nombre  de  vers 
qu’on  voit  fur  les  cadavres , 
ne  nous  furprendra  pas,  fi 
nous  faifons  réflexion  fur  la 
quantité  d’œufs  que  peut 
produire  un  feul  infe&e  t 


D-’oiï 
riét  qi^e- 
les  infe- 
&es  nai£« 
fent  fi 
promp* 
tement  % 


Et  en  £ 

grand 

nombre» 


4 <5  De  la  Nature, 

par  exemple  , une  chenille 
ou  un  ver  à foye.  Pour  ce 
j.  !cs  qui  eft  des  Plantes  qui  vien- 
rumes  nent  fans  avoir  efté  femées. 

viennent  • . . , , * 

rit  avoir  on  doit  croire  que  leurs  grai» 
méeï''  «es  ont  cité  apportées  par  les 
vents  ou  par  les  pluyes  ; &C 
l’on  fçait  qu’il  y a quantité 
de  graines,  comme  de  char- 
dons , de  feorfonaires 
d’autres,  qui  le  fement  na- 
turellement, & queles  vents 
tranfportent  .dans  les  terres 
voifines , comme  on  dit  qu’un 
héron  en. Te  dégorgeant,  ap-  ’ 
porte  du  fray  de  brochet  dans 
un  étang  où  il  n’y  en  avoir 
point. 

toy  sé;  Ajoutez  à tout  cela  la  Loy 
unLu'  Univerlelle,  & le  Decret  de 
« , po^  la  Providence , qui  n’a  point 
duaion  etably  d autre  principe  de 
maugrée  génération  que  les  lcmences, 
Psâ-  4ans  ics  plantes  , foit 


& des  caujês  de  U Fièvre.  47 
dans  les  Animaux  ; ÔC  en  vain 
Dieu  les  auroit-il  créez  mâle 
&:  femelle , chacun  félon  fon 
cfpece,  fi  lehazard  les  pou- 
voit  faire  naître  tous  les  jours 
de  la  corruption.  Car  enfin 
comment  peut-on  s imaginer 
que  des  matières  corrompues 
puiffent  produire  des  vers , 
des  mouches , des  grenouil- 
les , ÔC  une  infinité  d’infe- 
étes  , fans  préfuppofer  qu’il 
y ait  des  modèles  ÔC  des  mou- 
les, par  où  ces  matières  paf- 
fent  pour  recevoir  tant  de 
formes  differentes?  On  ne 
s’étonne  pas  de  voir  dans 
un  jardin  le  même  Soleil, 
la  meme  pluye,  ÔC  les  mê- 
mes terres  produire  des  pom- 
mes Sc  des  poires  de  diffe- 
rentes efpeces , parce  qu’on 
y voit  des  pommiers  ÔC  des 
poiriers  différera  : Et  fon 


Qu’il  n*y 
a point 
d’Ànr- 
maux 
un  par- 
faits. 


48  De  U Nature , 
comprend  aifément  que  ces 
différences  ne  procèdent  que 
de  la  diverfité  des  tuyaux  ÔC 
des  filières  , par  lesquelles 
paffent  les  principes  végéta- 
tifs de  ces  Plantes.  Ne  l'çau- 
roit-on  tout  de  même  fe  per- 
fuader  que  le  Soleil  &;  la  pluye 
produifent  dans  un  marais 
des  infcCtes  de  differentes 
dpeces,  parce  qu’il  s’y  ren- 
contre des  modèles  &:  des 
principes  de  ces  infe&es  , 
quoy  que  ces  modèles  ne 
tombent  pas  fous  nos  fens  > 
Qu’on  ne  dife  pas  qu’il  y 
a des  Animaux  imparfaits  , 
qui  n’ont  pas  befoin  de  fe- 
mences  pour  leur  produ- 
ction. Car  fi  on  confiderc 
la  compofition , la  propor- 
tion, l’harmonie  & l’adion 
du  moindre  petit  Animal , 
on  ayouera  fans  doute  que 
h 


’$*  des  eaufès  de  U Fièvre.  49 
ia  mechanique  d’un  ver  ou 
d’une  fourrny  eft  du  moins 
suffi  belle  & auffi  admirable, 
que  celle  d’un  éléphant  ou 
d’une  balaine  } &:  on  fera 
convaincu  que  ces  Animaux 
ne  font  point  redevables  de 
leur  cxiftence  à la  corruption; 

& au  hazard. 

Après  ce  que  je  viens  de 
dire  contre  la  pourriture , je 
croy  qu’il  n’eft  pas  necelTaire 
d’entrer  dans  l’examen  de 
toutes  les  efpcces  de  Fièvres 
putrides  ; il  y a pourtant^, 
une  diviuon , qui  me  parole  des 
:rop  confiderablc  pour  la  paf-  fI**’ 
fer  fous  iîlence  : C’cft  celle 
qui  fe  fait  des  Fièvres  con- 
nues putrides , en  E dénud- 
és & en  Symptomatiques. 

Dn  fait  confifter  les  Fièvres 
Elfentielles  dans  la  pourri^ 

;ure  contenue  dans  les  vei- 
F* 


Dans  U- 

quelleles 

Auteurs 

prennent 

les  effets 

pour  les 

eattfes. 


jo  De  U Nature  , 
nés  ; & l’on  prétend  que  les 
Symptomatiques  dépendent 
de  l’inflammation , ©u  du  vi- 
ce de  quelque  vifeere. 

On  pourroit  dire  à cet  égard, 
qu’une  maladie  qui  vient  de 
la  mauvaife  difpofition  de 
quelque  partie,  devroit plu- 
tôt être  appellée  organique , 
que  fymptomatique  : Mais 
on  connoîtra  aifément  par 
l’explication  que  les  Auteurs 
donnent  de  cesFiévres  Symp- 
tomatiques, qu’ils  prennent 
les  effets  pour  les  caufes » 
fi  on  confidere  que  les  par- 
ties d’un  corps  bien  difpofé 
ne  fçauroient  recevoir  d’at- 
teinte ni  d’alteration  dans 
leur  fubftance,  que  par  la 
jnauvaife  qualité  des  fucs  §2 
des  humeurs  deftinées  à leur 
nourriture  & à leurs  fon- 
dions. Par  exemple , fi  un 


ef  des  eaufes  de  la  Fièvre,  yt 
poulmon  bien  fain  devient 
enflammé,  on  ne  peut  pas 
douter  que  cette  inflamma- 
tion ne  procédé  du  fang  8£ 
des  humeurs  mal  condition- 
nées , qui  s’em  bar  rafle  ne  dans 
fa  fubftance  5 & il  eft  aifé  de 
yoir  que  ce  vifeere  qui  n’agit 
point  par  Iuy  - même  , ne 
Içauroit  eftre  la  caufe  de 
fon  inflammation.  Quand 
l’eau  ne  coule  pas  dans  les 
tuyaux  d’une  fontaine,  on 
ne  dit  pas  que  ce  foit  la 
faute  des  tuyaux , s’il  y a des 
ordures  qui  les  bouchent  : 
le  fens  commun  fuffit  pour 
faire  voir  que  les  ordures 
font  le  feul  obftacle  de  l’é- 
coulement  des  eaux. 


Ki  Ve  la  Nature , 


SECONDE  PARTIE 

_ • -• 


JHfjpotheJe  fur  la  caufe  des 
Fièvres* 

APres  avoir  examine 
fuccin&ement  la  Do- 
ftrine  des  Anciens  fur  la  na- 
ture des  Fièvres,  l’ordre  que 
j’ay  écably  demande  que  j’ex- 
plique mes  fenximens  fur  cet» 
te  matière. 

,*8^  Je  conçois  donc  que  1 a Fié- 
üïiévK.  vre  n’eft  autre  chofe  qu’un 
mouvement,  ou  une  fermen- 
tation extraordinaire  excitée 
dans  le  fang  ; que  cette  fer- 
mentation eftcaufée  par  quel- 
ques matières  qui  s’y  mêlent, 
fur  lefquelles  les  principes 
a&ifî  # ou  les  parties  Ipiri- 


ef  des  CAufes  de  U Fièvre.  j j 
tueufcs  du  fang , agiffent  pour 
les  digerer  & les  unir  parfai- 
tement à toute  la  maffe,  ou 
pour  les  pouffer  au  dehors , 
fi  elles  ne  peuvent  y être 
unies.  C’eft  ce  qui  caufe 
du  defordre  dans  l’œcono- 
mie  naturelle  , & produit 

tous  les  accidens  que  nous 
voyons  dans  les  Fièvres  , 
comme  font  la  fréquence  du 
pouls,  les  friflons,  le  chaud^ 
h foif,  & tous  les  autres 
fymptomes  qui  les  accompa- 
gnent ordinairement. 

Pour  expliquer  tout  cela 
par  ordre  , il  n’eft  pas  ne- 
ceffaire  de  s’étendre  fur  la 
nature  de  la  fermentation  ; 
On  fçait  que  c’eft  un  mouve- 
ment des  parties  les  plus  fub* 
tiles  & les  plus  fpiritueufes, 
iefquelles  eftans  enveloppées 
& embatraftees  dans  quel- 


Ce  que 
c’eft  que 
Fermen- 
tation. 


y4  l*  Nature , 

ques  matières  épailfes  &C 
groflieres  , font  effort  pour 
les  raréfier , & pour  fe  met- 
tre en  liberté.  Les  fermen- 
tations font  plus  ou  moins 
fenfibles , félon  qu’il  y a plus 
ou  moins  de  difeorde  entre 
Je$  principes  dont  les  mixtes 
font  compofez.  Nous  avons 
dans  le  vin  un  exemple  af- 
fez  familier  des  fermenta- 
tions fenfibles  : apres  qu’on  a 
fait  vendanges , & que  les 
raifins  font  prefiez , on  met 
le  moud  dans  un  tonneau  s 
ce  mouft  qui  d’abord  cto.it 
froid  , s’échauffe  peu  à peu 
de  telle  forte  , qu’il  bouil- 
lonne, &C  jette  dehors  l’écu- 
me & les  impuretez  qui  y 
étoient  contenues.  Cette  a- 
&ion  s’appelle  Fermentation  ,* 
elle  fe  fait  par  le  moyen  des 
cfprits  &c  des  principes  vola- 


ffr  des  cAufes  de  U Fièvre,  yy 
tiles , qui  digèrent  & raré- 
fient les  parties  groflicres  : 
tellement  qu’il  en  refulte 
line  liqueur  parfaite.  On 
verra  dans  la  fuite  que  cette 
idée  de  la  fermentation  fe 
rapporte  fort  bien  a l aétion 
des  cfprits  dans  la  maflfe  du 
fang , à tous  les  mouve- 
mens  qu’on  obferve  dans  les 
Fièvres  : Il  s’agit  feulement 
de  déterminer  quelles  font 
les  matières  qui  fe  mêlent 
dans  le  fang,  qui  en  trou- 
blent l’œconomie  , SC  qui 
produifent  enfin  la  Fièvre. 

Après  avoir  fait  bien  des 
réflexions  fur  ces  matières  , 
j’ay  conclu  que  rien  n etoit 
plus  capable  de  caufer  de 
grandes  alterations  dans  la 
niaffc  du  fang,  que  le  chyle, 
foit  qu’étant  chargé  d’impu- 
retez,  il  ne  foie  pas  propre 


Que  ce 
qui  exci- 
te cette 
Fermen- 
tation 
dans  les 
Fièvres  » 
cft  le 
chyle  ou 
le  fang 
mal  difi 
pofez*. 


5^  _ r-De  la  Nature  » 
à faire  cSTps  avec  le  fang  $• 
ou  qu’étant  d’ailleurs  de  bon* 
ne  qualité , il  n’y  ait  pas  af- 
fez  d elprits  dans  le  fang 
1 1 P°ur  le  bien  digérer  , pour 
le  convertir,  & pour  l’unir 
patfaitement  à toute  la  maf. 
le.  Je  donneray  dans  la  fuite 
des  preuves  de  cette  fuppo- 
fition.  ” 

Le  chyle  eH  pur  eu  impur, 
«Hfpcfi.  ^elon  la  nature  des  alimens, 
pendent"  & fd°n  & U digef- 

t'àès1  t*on'  ^rc  ^ang  plus  ou> 
ali™»»,  moins  fpiritueux,  fui  van  t les 
conjonftures  des  faifons , la 
température  de  l’air , & la 
qualité  des  alimens.  Ceft 
de  toutes  ces  differentes  dif- 
pofitions  du  chyle  & du  fang, 
que  ré  fuirent  toutes  les  dif- 
férences des  Fièvres. 

Pour  en  découvrir  les  rai- 
fons,  il  faut  prendre  la  cho- 


çf  des  cattfes  de  h Fièvre:  57 
îe  de  plus  loin,  & fe  repre- 
'enter  nôtre  corps  comme 
me  machine  compofée  d’ ta- 
ie infinité  de  parties  diffe- 
ences , qui  font  fi  bien  arran- 
ges , quelles  agirent  corn- 
ue de  concert,  & quelles 
lépendent  mutuellement  les 
ânes  des  autres  : qu’au  mi- 
ieu  de  cette  machine  il  y a. 
an  reffort  ( c’eft  le  cœur  ) 
par  le  mouvement  duquel 
ïoutes  les  liqueurs  neceflaires 
i ces  parties , fe  diftribuens 
sar  dinerens  canaux  : & en- 
fin, que  nôtre  fanté  &:  toutes 
les  avions  de  nôtre  vie  re- 
luirent de  h jufte  diftribu- 
tion  de  ces  liqueurs,  & du 
bon  tempérament  des  par- 
ties. 

Cette  jufte  diftribution  des 
liqueurs , ët  ce  bon  tempé- 
rament, dépendent  princi- 


Dont-  le * 
bonnes 
qualités- 
font  la^ 
fanté, 


De  me- 
me que 
les  mau. 
vatfes  la 
'«léreglét. 


Ce  que 
è’cft  que 
fair* 


58  De  la  Nature, 
paiement  des  bonnes  quali- 
tez  de  l’air  & des  alimens. 
A l’égard  des  alimens,  peu 
de  gens  Ignorent  que  leur 
mauv2ife  qualité,  ou  leur 
mauvais  ufage , dérèglent' 
nôtre  fan  té.  Tant  d’ Auteurs 
ont  écrit  fur  cette  matière, 
qu’il  n’eft  pas  ncccflaire  de 
s’y  arrêter.  Mais  pour  ce  qui 
eft  de  l’air,  comme  il  n’eft 
pas  facile  de  déterminer 
comment  il  change  nôtre 
conftitution  par  fes  differen- 
tes alterations,  il  faut  don- 
ner une  idée  générale  de  ce 
qu’il  eft,  & de  quelle  ma- 
nière il  peut  agir  fur  nos 
corps. 

Par  l’air  , j’entens  cette 
matière  cranfparente  qui  nous 
environne,  &:  dans  laquelle 
nous  vivons , qui  ne  contient 
pas  feulement  les  vapeurs  & 


& des  caujes  de  U Fièvre.  f9 
es  exhalaifons , mais  encore 
me  infinité  de  petits  corps 
tnimez  S c inanimsz , qui  na-r 
rent  dans  toute  cette  éten- 
iuë.  C’eft  ce  mélange  de 
sapeurs  , d’exhalaifons  & de 
>etits  corps,  qui  caufe  les 
liverfes  températures  de  l’air, 
reion  la  rarefaâion , la  con- 
denfation,  & lesmouvemens 
iifferens  que  la  chaleur  leur 
imprime. 

En  effet , fi  on  examine 
tout  ce  qui  arrive  en  chaque 
faifon  de  l’année  , on  fera 
convaincu  que  l’air  eft  non 
feulement  fufceptible  de  di- 
vers temperamens , mais  auf- 
fi  qu’il  les  doit  communi- 
quer à nos  corps , &:  caufer 
en  nous  des  impreffions  dif- 
ferentes. 

En  Hyver,  comme  le  So- 
leil ne  fournit  pas  affez  de 


Et 

ment  il 

change 

nôtre 

confit!» 

tution 

dans  le$ 

differenui 

tes  fai- 

fons. 


En  Hjr* 
ver. 


*o  Delà  Nature, 
chaleur  pour  échauffer  tour 
l’Athmoiphere , l’air  eft  char- 
gé d’une  infinité  de  vapeurs, 
qui  s’unifient  fur  la  fur  face 
de  la  terre,  & forment  de 
petits  pelotons  de  neige , ou 
des  parcelles  de  glace  imper- 
ceptibles. Ce  font  ces  va- 
peurs glacées  qui  s’infinuant 
avec  l’air  dans  nos  poulinons* 
eaufent  les  toux  & les  ea-^ 
th irres , & qui  par  leur  mé- 
lange avec  le  fang  , retar- 
dent fi  fort  fon  mouvement, 
qu’il  en  réfulte  une  lenfa- 
lion  de  froid  dans  toutes  les 
cxtrémitcz  de  notre  corps, 

;|a*  Dans  le  Printemps,  au 
contraire*,  le  Soleil  ayant  af- 
fez  de>  force  pour  difiiper 
toutes  les  vapeurs,  & pour 
les  éloigner  de  la  fuperficie 
de  la  terre , il  fait  fucceder 
en  leur  place  les  parties  fpi. 


Xfr  des  caufes  de  la  Fievre.  6% 
itueufes  Si  volatiles  des  plan- 
es, des  fleurs  .,  Si  des  autre» 
nixtcs  , Si  remplit  l’air  de 
saûmes  Si  d’efl'ences  qui  re- 
îouvellentla  mafle  du  fan  g * 

\L  produifent  cette  vigueur 
extraordinaire  que  nous  reC» 
entons  toujours  dans  cette 
Jaifon. 

Mais  comme  en  Efté  la  ** 
:haleur  devient  exceffive , Si 
lonne  un  mouvement  trop 
apîde  aux  vapeurs , Si  à ces 
jetits  corps  dont  je  viens  de 
varier.,  l’air  efl:  tellementra- 
:efié  que  nos  poulmons  Si 
loftre  cœur  n’en  recevant 
>as  une  quantité  fuffifante , 
ious  nous  trouvons  dans  un 
ineantiflement  extrême  , à 
jeu  prés  comme  les  poilïdns 
hors  de  l’eau s Si  le  peu  d’air 
^ue  nous  recevons  eft  fou- 
vent  chargé  d’infettes  Si  de 


fit  dans 
!’&utom- 

fic. 


€i  È>e  U Nature , 
petits  corps  impurs  que  nous 
dévorons  paî  la  fatale  necef* 
fité  de  rcfpircr. 

La  faifon  qui  fuit  ne  re- 
pare pas  tous  ces  défauts,  & 
quoy  que  la  chaleur  foit  à 
peu  prés  temperée  comme 
au  Printemps  , il  s’en  faut 
beaucoup  qu’elle  produite 
les  mefmes  effets  ; car  enfin 
•fi  dans  le  Printemps  la  nature 
paroift  naiffante,  parce  que 
l’air  eft  rempli  de  ces  parties 
fpiritueufes  & balfamiques 
qui  s’exhalent  des  plantes  & 
des  fleurs  : le  contraire  arri- 
ve dans  l’Automne , parce  que 
l’air  n’efl:  alors  chargé  que 
d’exhalaifons  & de  vapeurs 
malignes , qui  émanent  de  la 
corruption  des  animaux,  de 
celle  des  fruits  &:  des  autres 
mixtes  ; à quoy  il  faut  ajou- 
ter que  fi  au  Printemps  la 


& des  CAufes  de  U lièvre.  6$ 
;haleur  augmente  toujours, 
;lle  diminue  toujours  en  Au- 
:omne  , & que  ces  differen- 
tes produifent  dans  la  nature 
& particulièrement  dans  no* 
corps  des  effets  très  - diffc- 
rens  ; en  un  mot  dans  les  di- 
verfes  faifons  de  l’année  , la 
chaleur  eftant  plus  ou  moins 
forte,  les  pores  plus  ou  moins 
ouverts , la  tranfpiration  plus 
ou  moins  libre , l’air  plus  ou 
moins  pur  , les  alimens  enfin 
plus  ou  moins  fpiritueux;  qui 
peut  douter  que  les  degrez 
& les  eombinaifons  de  toutes 
ces  chofes  venant  à changer , 
noftre  conftitution  naturelle 
ne  change  pas  aufli , foit  dans 
la  fanté , foit  pendant  la  ma- 
ladie , & que  ce’a  ne  contri- 
bue aux  alterations  que  nous 
refTentons  tous  les  jours  î 
Si  ces  réflexions  fur  le* 


£4  Be  la  Nature , 
faifons  font  capables  de  pet» 
fuaderque  l’air  , félon  fes  di» 
verfes  températures  , peut 
communiquer  à la  mafle  du 
fang t des  difpoficions  diver- 
fes  , & que  dîailleurs;  on  ne 
doute  point  qu’il  n’en  foit  de 
mefme  des  alimens  ; je  croy 
qu’il  ne  fera  pas  difficile  de 
comprendre  que  le  chyle  ou 
le  fang  fe  trouvant  altérer 
d’une  certaine  maniéré  ^pro- 
duiront cette  fermentation 
que  l’on  appelle  pic vre,  dans 
le  temps  qu’ils  fe  mêleront 
enfemble.  * 

Quelle  A l’égard  du  fang  , il  n’efl 
difpofi.  pas  neceflaire  d’examiner  tou- 
fongdlns  tcs  ^cs  alterations  dont  il  eft 
les  Fié-^  fufceptible , il  fijffic  de  dé- 

vm/  1 11  • v 

montrer  celle  qui  convient  & 
noftre  fujet.  Je  fuppofe  pour 
cela  que  le  fang  d’un  homme 
malade  de  quelque  Fièvre 

tient 


& des  aufes  de  U T livre. 
tient  de  l’aigre  , & que 
l’air  ou  les  alimens  luy  ont 
communiqué  cette  qualité  : 
pour  prouver  cette  fuppofi- 
tîon  , il  faut  premièrement 
expliquer  de  quelle  manière 
le  fang  peut  contracter  de 
Maigreur. 

Le  fang  devient  aigre  ou 
par  lâdiflipation  defes  efprits, 
bu  par  l’addition  de  quelques  fa.ns  d<:* 

i • 1 ^ r 1 • ? vient  n* 

Acides*  On  ne  fçauroit  dou-  v** 
ter  que  les  efprits  du  fang  ne 
fe  difïîpent  quelquefois  , l’è- 
puifement  ou  l’on  fe  trouve 
après  de  grandes  fatigues  , 
au  après  de  grands  excès  , &C 
l’accablement  dans  lequel! 

Font  les  malades^  qui  ont  eu< 
an  violent  accès  de  Fièvre*, 

5n  font  des  preuves  incon- 
ciliables. Mais  on  peut  enco- 
rc  moins  douter  que  le  fang 
ae  devienne  aigre  par  cette; 


€6  De  U Nature, 
diflîpation  d’efprits  , fi  l’on 
eonfidere  que  les  efprits  font 
les  principes  dominans  &:  le 
frein  des  acides  , lefquels  ne 
fe  manifeftent  jamais  dans 
le  fang  , qu’aprés  que  les  ef- 
prics  font  diiîipez  •,  car  alors 
les  acides  s’exhalent , & en 
communiquant  leur  qualité  à 
la  liqueur,  ils  la  rendent  aigre. 

On  fera  encore  perfuadé 
que  lç  fang  devient  acide 
par  l’addition  des  acides  , fi 
l’on  fait  reflexion  qu’il  doic 
neceflairement  tenir  des  qua- 
lités qui  dominent  dans  les 
alimens , & que  comme  les 
viandes  & les  boulons  fpiri- 
tueufes  augmentent  les  ef- 
prits dans  la  maffe  du  fang^ 
il  faut  auffi  neceflairement 
que  les  alimens  & les  boif- 
fons  acides  augmentent  l’a- 
cidité du  fang. 


& des  cdufes  de  la  Fièvre,  éj 
On  peut  encore  prouver 
que  la  dilfipation  des.  efprits 
& l’addition  des  acides  peu- 
vent aigrir  le  £ang  , par  l’a- 
nalogie qu’il  a avec  le  vin , 
la  biere  , le  laid , &c,  fi  on 
expofe  au  grand  foleil  un 
tonneau  débouché  plein  de 
vin  , le  vin  deviendra  aigre , 
parce  que  les  efprits  fe  dilfi- 
pent  & s’évaporent.  La  mê- 
me ehofe  arrivera  fi  l’on  y 
ajoute  du  vinaigre  ; il  y a 
encore  d’autres  moyens  de 
rendre  les  liqueurs  aigres, 
mais  de  quelque  maniéré  que 
l’on  s’y  prenne  , on  trouvera 
par  tout  ou  addition  d’acides, 
ou  dilfipation  d’efprits. 

A l’égard  du  chyle  on  ne 
fçauroit  douter  qu’il  ne  puif- 
fe  aulfi  devenir  aigre  , loit 
qu’il  acquiert  cette  qualité 
par  des  alimens  aigres , fois 

F Ü 


Com- 
ment le 
chyle  ac» 
quisrt  la 
roefrre 
qualisf, 


«g  te  la  Nature, 
qu’il  le  devienne  dans  l’Efto- 
mac  par  le  mélange  des  le- 
vains acides  qui  s’y  recon- 
trent , cela  n^a  point  befotn 
de  preuves. 

<ju*  le  Pour  appliquer  tout  cela  à 
««rdc  I1  luppofinon  que  j’ay  faite,, 
4*n*re|c,  cluc  fang  dent  de  l’aigre 
ÿicvrcs^  dans  les  Fièvres  ; il  feroit  ai- 
Cc  de  faire  voir  que  tout  ce 
qui  donne  occafion  aux  Fiè- 
vres dans  toutes  les  laifons. 
de  l’année  , caufe  ou  dilïtpa- 
tion  d’efprits , ou  augmenta- 
tion d’acides  dans  le  fang^ 
maisil  fuffic  d’alleguei  l’exem- 
ple de  l’Automne  , qui  eft  la. 
faifon  de  l’année  où  les  Fiè- 
vres régnent  le  plus.  Peut- 
on  douter  que  les  efprits 
n’ayene  efté  dillîp^z  par  les 
chaleurs  ejEceflty es  de  M£ité, 
ÔC  que  les  acides  n’ayenc  efté: 
augmentez  dans  le  fang  par 


$ ctes  çâufcs  de  la  FiJh/re.  6ÿ; 
les  alimens  & les  boiflbns* 
donc  on  ufe  alors  , Le  (quels 
participent  tous  plus  ou  moins 
de  l’aigreur.  Cette  fuppofi- 
tion  eft  encore  conforme  à 
l’experience  , qui  nous  fait 
voir  d’ün  cofté  que  le  fang 
des  febricitans  donne  moins 
d’efprits  dans  la  diftillation  * 
que  le  fang  de  ceux  qui  fe 
portent  bien  j & dé  l’autre ,, 
que  les  fueurs  les  plus  falu- 
taires  dans  les  Fièvres  fentont 
l’aigre  » ainfi  que  l!a  remarqué 
l- Auteur  du  Traité  de  lague- 
rifon  des  Fièvres  par  le  Quin- 
quina; 

Si  donc  le  fâng  tient  de 
l’aigre  par  quelqu’une  des  rai- 
fonsque  j’ay  remarquées  , je 
puis  fuppofer  qu’il  fe  fera 
une  efpece  de  coagulation 
du  chyle  & du  fang  lors  qu’ils 

mêleront  dans  les  veines,. 

F üj. 


ment 
cette  ai» 
greur  dfâ; 
fang-  ex*- 
cite  la 
ïicvflfc.. 


7°  fa  Nature  , 

parce  que  l’une  & l’autre  de 
ces  liqueurs  Te  coagulent 
comme  le  laiefc  par  le  mé- 
lange des  acides.  Et  d’au- 
tant que  cette  coagulation 
épailîàra  le  fang  , & empê- 
chera qu’il  ne  pafle  dans  le 
cœur  aufli  vide  que  de  cou- 
tume , elle  donnera  lieu  à 
une  fermentation  extraordi- 
naire , qui  n’eft  autre  chofe 
que  la  Fièvre.  Cette  fer- 
mentation fc  fera  par  les  ef- 
prits  , qui  fe  trouvant  enve- 
loppez dans  le  chyle,  ou  plu. 
toft  dans  le  fang  condenfé 
par  le  mélange  du  chyle , 
agiront  inceftàmment  jufqu’à 
ce  qu’ils  i’aycnt  entièrement 
di flous  & raréfié  : Voilà  l’i- 
dée que  j’ay  d’un< 
qui  vient  de  la  maui 


bfenqùe  Ie  coroprens  enc< 


pofition  du  fang. 


& des  Cdufes  delà  Fièvre.  71 
la  mefme  difpofition  acide  r»:gr«* 

1 t 1 1 du  chyle* 

fe  trouvant  dans  le  chyle  pro- 
duira aufîi  la  Fièvre  j car  fi 
un  chyle  de  bonne  qualité 
excite  des  fermentations  fié- 
vreufes  par  fon  meflange  avec 
un  fang  peu  fpiritueux  , & qui 
tient  de  l’aigre  ; par  la  même 
raif.n  un  chyle  trop  rempli 
d’acides  doit  produire  la  Fiè- 
vre 'lorfqu’il  fe  mêlera  dans 
le  fang  , quoy  que  le  fang 
foit  d’ailleurs  de  bonne  qua- 
lité. C’efl  fur  ces  deux  con- 
fiderations  que  j’établis  toute 
la  dodrine  des  Fièvres. 

Lorfquc  le  chyle  d’un  qu2bj 
homme  fain  fe  convertit  en 
fang  , cette  converfion  fe fe 

O >,  ~ convtr- 

faitaifementpar  une  rermen-  m en 
tation  douce  & naturelle,  aucun 
dont  on  ne  s’apperçoit  pas  tIoubUy- 
fenfibîcme.nt , parce  que  les 
mou v. 'mens  du  cœur  4n 


7*  T)t  h Nature, 
fang  font  bien  regjez , & qu*i£ 
ne  s’y  paflfe  rien  d’extraordi- 
S r£' naitc«  11  n’èn  cft  pas  de  mê- 
fnint 're  me  fermentation  qui 
mai  dif.  produit  la  Fièvre  j le  fang 
ui fen»  cftant  eondenfé  par  le  mé- 
pafljîr  ^ange  du  ehyle  de  la  maniéré 
rnéUnge,;.  que  je  viens  de  l’expliquer  r, 
paffe  difficilement  dans  le 
cœur,  & s’il  m’eft  permis  de 
parler  ainfi , il  caufe  d’abord 
dans  le  petit  monde  les  mê- 
mes effets  que  PJEclipfe  caufc 
dans  le  grand , en  arreftant 
l’influence  des  efprits  ,ô£  Con- 
fiquemment  la  communica- 
tion'de  la  chaleur  à toutes  les. 
parties  éloignées  : Ceft-1?  1» 
raifon  du  fri  (Ton  & de  tous 
les  accidcns  qui  le  fuivent 
ce  friflon  ne  celle  point  juf- 
qu’à  ce  que  les  cfprits  qui 
cftoiënt  enveloppez  dans  cet- 
nutiere  épaifle  U conden- 


dr  des  cdufes  de  U Fièvre.  75 
fée  l’ayent  rarchée  &di(Tou- 
te  , & qu’ils  fe  foient  mis  en 
liberté  } alors  ils  Ce  portent 
avec  vîtefle  à toutes  les  par- 
ties , & comme  ils  entraînent 
la  plus  grande  portion  de  cet- 
te matière  , la  chaleur  & la 
fermentation  continuent  jufc 
qu  a ce  que  la  digeftion  en 
eftant  faite,  ellepafle  à tra- 
vers les  glandes  excrétoires 
de  la  peau,  & finifle  l’accès 
par  une  fueur  favorable,  ou 
par  une  bonne  tranfpiration. 
Voilà  comme  je  penfe  que  fc 
Fait  un  accès  de  Fièvre  in- 
termittente , lors  que  la  ma- 
tière cfl;  condenfce  dans  les 
veines , SC  que  le  fang  pafle 
entement  dans  le  cœur , c’eft 
’e  tems  du  friflbn  : après  que 
es  efprits  fe  font  développez, 
5e  qu’ils  ont  mis  en  mouve- 
ment cette  matière , c’eft  le 
G 


74  2)é  la  Nature , 

tems  de  la  chaleur  ; enfin 
lors  que  la  matière  eft  bien 
digerée  & difloute , la  fueur 
fuccede  , & la  Fièvre  finit. 

Que  fi  une  Fièvre  continue 
fièvre*5  dure  long  - tems , cela  vient 
comi-  jjg  ce  qUe  chyle  qui  fe  mê- 
le dans  le  fang  eft  trop  char- 
gé d’impuretez  , ou  de  ce 
qu’il  n’y  a pas  aflez  d’efprits 
dans  le  mefme  fang  pour  di- 
gérer & purifier  promtement 
le  chyle  , ce  qui  fait  que  la 
fermentation  continue  plu- 
fieurs  jours. 

Et  lieu  que  dans  un  ac- 

fntermit*  cés  de  Fièvre  intermittente 
wnw*'  le  chyle  n’eft  pas  aflez  im- 
pur pour  entretenir  long- 
tems  la  fermentation  dans  le 
fang  , ou  bien  les  efprits  y 
font  aflez  abondans  pour  la 
finir  promtement. 

Les  Fièvres  continues  dif- 


& des  caufès  delà  Fièvre.  75 
ferent  des  intermittentes , en 
ce  que  les  Humeurs  qui  cau- 
fenc  celles-là  font  plus  abon- 
dantes & plus  en  mouve- 
ment 5 elles  font  plus  abon- 
dantes dans  l’eftomach  8€ 
dans  les  premières  voyes . de 
forte  qu’étant  portées  incel- 
famment  avec  le  chyle  dans 
les  veines , elles  y excitent  les 
fermentations  fiévreufes  j el- 
les font  plus  en  mouvement, 
foit  parce  qu’elles  font  pro- 
duites pat  des  matières  ca- 
pables d’exciter  une  p rom  te 
fermentation,  foit  parce  que 
fait  eft  difpofé  à leur  impri- 
mer ce  mouvement  comme 
en  Efté  ; & c’eft  en  cette  fai- 
fon  que  les  Fièvres  continues, 
ardentes  & malignes  font 
plus  en  régné  ; les  matières 
promtcs  à fermenter  font  le 
vin,  les  viandes,  les  herbes  , 
G if 


7 6 De  la  Nature , 
les  fruits  , &cc. 

M‘.  d’Effe  , & prcfqne 
tous  les  Modernes  , difcnt 
que  les  parties  bilieufes  &: 
fulfurées  du  fang  tropexhal- 
tces  font  la  caufe  de  ces  Fiè- 
vres ; mais  je  croy  qu’ils  fe 
trompent , fuivant  leur  prin- 
cipe nous  aurions  toujours 
la  Fièvre  en  Efté  , &;  les  ha- 
bitants des  climats  chauds 
feroient  toujours  attaquezde 
cette  maladie  , puifqu  il  eft 
jconftanc  que  par  la  chaleur, 
les  parties  bilieufes  & fulfu- 
rées du  fang  font  fort  exhal- 
tées.  Cette  hypothefc  com- 
bat la  nature  des  fermenta- 
tions , il  ne  s’en  fait  point 
que  pat  la  difcorde  qui  fe 
trouve  entre  les  principes  i 
celles  qui  fe  font  dans  le  fang 
font  toujours  caufées  par  des 
matières  qui  enveloppent  &5 


(jr  des  Cdttfes  de  la  Fièvre.  77 
embaraflent  les  parties  avi- 
ves , c’eft  à dire  les  efprits  & 
les  foulfres  ; & c’eft  cet  cm- 
baras®qui  fait  les  fermenta- 
tions & la  Fièvre  , lefquelles 
ceflènt  dés  le  moment  que 
les  efprits  & les  foulfres  font 
exhaltez  ; lors  que  le  vin  n’cft 
pas  meur  & qu’il  eft  encore 
mouft  , il  fermente  violem- 
ment j parce  que  les  fubftan- 
ces  fpiritueufes  font  emba- 
raflees  dans  les  matières  grof- 
fteres  •,  mais  quand  il  s’aigrit 
par  l’exhaltation  &:  diflipa- 
tion  de  fes  efprits  , il  ne  s’y 
fait  aucune  fermentation  : Il 
cft  aifé  de  remarquer  que 
pendant  les  chaleurs  exceflî- 
ves  de  l’Efté  , nous  n’avons 
jamais  la  Fièvre  fi  nous  vi- 
vons fobrement , dans  quel- 
que exhaltation  que  foient 
alors  les  efprits  & les  foulfres 
G iij 


7$  Dr  /<  Nature , 
du  fang  , quoy  que  nous 
foyons  dans  un  épuifemenc  , 
ÔC  dans  une  fôiblefie  extrê- 
me 5 il  faut  donc  conclure 
que  la  caufe  dé  toutes  les  Fié* 
vres  vient  des  matières  im- 
pures & infociables  qui  fe 
mêlent  dans  le  fang.  On  fera 
convaincu  de  cette  vérité  fi 
cri  fait  réflexion  fur  la  pluf- 
part  des  Fièvres  malignes  5 on 
fçait  que  dans  ces  fortes  de 
Fièvres  la  fermentation  efi 
fouvent  fi  foibîé  , & le  pouls 
fi  petit , qu’on  ne  s’apperçoit 
prefque  pas  que  Ifes  malades 
ayent  la  Fièvre  ; la  raifon  de 
cela  fe  tire  de  ce  que  les  par- 
ties volatiles  & fulfureufes 
du  fang  font  trop  exhakées 
& fe  diffipent  ; Sc  la  Fièvre 
ne  fubfifte  que  parce  qu’il  y 
a encore  quelques  efprits 
dans  le  fang  qui  agiflent  foi- 


& des  caufes  de  U Fièvre . 79 
blement  fur  les  mauvais  fucs 
qui  y ont  efté  introduits  avec 
le  chyle  : fi  d’autre  côté  on 
examine  les  accès  des  Fièvres 
intermittentes,  que  l’on 
conûdere  qu’ils  font  beau- 
coup plus  violents  , & qu  il 
y a plus  d’agitation  U d’é- 
levation  dans  le  pouls  , que 
dans  les  Fièvres  continues, 
on  fera  perfuadé  que  tant 
s’en  faut  que  les  efprits  & 
les  foulfres  exhaltez  foient 
la  caufe  des  Fièvres  , leur 
exha! ration  au  contraire  eft 
une  marque  qu  elle  eft  finie 
ou  diminuée  confiderablemet. 

Monfieur  de  Bezanfon 
Auteur  Moderne  , qui  a écrit 
fur  les  Fièvres  , dit  qu’il  a 
examiné  toutes  les  opinions 
qui  ont  paru  jufqu’icy  fur  la 
nature  de  ces  maladies , & 
qu’il  s’en  eft  formé  une  idée 


So  "De  la  Nature , 
conforme  à l’experience  dont 
il  fe  vante  de  donner  des 
explications  mechaniques.  Il 
ajoute  que  la  plufpart  des 
Auteurs  ont  établi  la  fer- 
mentation pour  caufe  uni- 
verfelle  des  Fièvres,  & qu’ils 
fe  font  trompez  , puifqu’il  y 
en  a fans  fermentation , 
comme  celles  qu’il  dit  eftre 
caufées  par  irritation , & 
qu  il  fait  fucceder  aux  gran- 
des douleurs,  aux  abfcés  , &c 
aux  inflammations;  &:  il  allu- 
re qu’on  ne  Içauroit  donner 
d autre  raifon  de  la  eaule 
de  ces  Fièvres  , qu’une  vio- 
lente fecoufle  des  nerfs  qui 
leur  fait  répandre  des  elprits 
en  abondance  dans  les  vaif- 
feaux  i je  ne  penfe  pas  que 
cet  Auteur  puifle  expliquer 
mechaniquement  la  préten- 
due fecoufle  des  nerfs  , &: 


& des  attifes  de  U Fièvre.  Sr 
:et  épanchement  des  efprits; 
e croy  auffi  qu’il  nous  impo- 
e , & je  n’ay  lû  nulle  part  que 
a fermentation  foit  la  caufe 
miverfelle  des  Fièvres. 

La  Fièvre  n’eft  point  cau- 
se d’elle-même  , Fermenta- 
tion & Fièvre  font  fynoni- 
nes  ; Mais  il  faut  expliquer 
t Monfîeur  D.  B.  comment 
es  Fièvres  qui  fuccedent  aux 
grandes  douleurs,  aux  inflam- 
mations &:  aux  abfcésjfont 
des  fermentations. 

Pour  cela,  il  faut  compren- 
dre que  tous  ces  accidens  dé- 
•eglent  la  circulation  dufang, 
ie  forte  que  les  efprjts&  lama- 
;iere  fubtile  font  interceptez 
>u  troublez  dans  leur  cour- 
fe  , Sc  cela  fuffit  pour  juger 
p’il  excitent  un  mouve- 
nent  inteftin  excraordinai- 
:e.D’ailleuj:sil  eft  vraifembla? 


%x  De  la  Nature  y 
ble  que  des  matières  im- 
pures &:  infociables  émanent 
des  inflammations  &C  des  ab- 
fcés  , & qu’eftant  confon- 
dues avec  le  fang  , elles  y 
caufent  des  fermentations  : 
cette  explication  me  paroift 
plus  naturelle  &:  plus  intel- 
ligible , que  de  faire  répan- 
dre par  les  nerfs  des  efprits 
dans  les  vaifleaux  5 cet  Au- 
teur parle  encore  d’autres 
efpeces  de  Fièvres  dont  il 
établit  les  foyers 'dans  Iesin- 
teftices  de  chairs  , dans  les 
détours  des  vifeeres , dans 
le  cerveau , & dans  les  glan- 
des. 

Je  n’ay  pas.  deflein  de  cri- 
tiquer tout  l’Ouvrage  de  Mr 
D.  B , ni  de  faire  voir  la 
nullité  de  tous  ces  foyers  , 
cela  me  pourroit  mener  trop 
loin  j & je  ne  penfe  pas  que 


é"  des  caufes  de  la  fièvre.  83 
e public  s’en  laide  prévenir  ; 
nais  je  ne  fçaurois  m’empê- 
:her  de  dire  quelque  chofe 
lu  Syftême  de  M‘  Borelli, 
jue  M1  de  Bezanfon  aflure 
:ftre  le  plus  probable  de  ceux 
ju’011  a encore  propofez. 

M'  Borelli  dit  que  les  ef- 
irits  & le  fuc  nerveux  étant 
levenus  âcres  , irritent  le 
:ceur  & les  nerfs  , & font 
>ar  là  les  caufes  productives 
iremieres  8c  immédiates  de 
a chaleur  de  la  Fièvre.  V oi- 
:y  fes  propres  termes  ; Spi- 
■itHs  & fucci  nervei , folito 
tcricres  redditi  , nervos  <&  cor 
rritantes , funt  caufâ  produèîi- 
va  prima  de  immédiat  a ex- 
eandefeentia  febrilis. 

Il  dit  aufli  que  les  levains  „ 
les  Fièvres  font  dans  les  ,, 
glandes , qu’il  fe  fait  desob-  „ 
îtru&ions  dans  les  nerfs , que  „ 


J$4  2?e  U Nature , 

S)  le  fuc  nerveux  s’y  aigrit,  qu’il 
„ eft  porté  au  cerveau  & à la 
„ moële  de  l’cpine  , & qu’ayant 
„ acquis  une  qualité  vitrioli- 
„ que , il  irrite  les  parties  , 8C 
„ produit  les  tremblemens  &: 
„ les  autres  fymptomes  du  frif. 
„ Ton.  Voilà  à mon  fens  un 
Syftême  bien  nouveau  , bien 
étrange , & peu  probable, 
quoy  qu’en  dife  M*  de  Be- 
fanfon  ; car  enfin  fi  les  efprits 
font  formez  de  la  partie  la 
plus  fubtile  du  fang  qui  eft 
porté  au  cerveau  par  les  ar- 
tères carotides , comme  tous 
les  Médecins  en  convien- 
nent! Il  faut  concevoir  que 
le  fang  artériel  fera  d’une 
extrême  acidité , &:  dans  cet- 
te veuë  on  fera  perfuadé 
qu’il  caufera  des  coagulu- 
tions  par  tout  où  il  fera  dil- 
tribué  , ce  qui  produiroiç 


& des  caufes  de  U Fièvre.  §f 
me  infinité  d’accidents  qu’on 
ie  void  point  paroiftre  dans 
es  Fièvres  : d’ailleurs  fi  les 
ifprits  eftoient  ftffeeptibles 
l’acidité  contre  l’ordre  de 
eur  nature  , puifque  l’Efprit 
le  vin  n’aigrit  pas  , il  n’y 
turoit  point  de  Fièvre  qui 
îe  fait  precedce  de  douleurs 
le  telle  violentes , de  con- 
mlfions , de  paralyfies d’en- 
rourdiffemens  , &C  de  tous 
es  fymptomes  qui  dérivent 
lu  defordre  des  efprits , & de 
’obftruétion  des  nerfs  ; mais 
tu  fond  comment  rendra- 
an  raifon  par  ce  Syftême 
l’une  Fièvre  qui  attaque  fu- 
aitemcnt  un  homme  qui  a 
trop  mangé  & trop  bû  ; cet 
excès  de  nourriture  & de 
boiflon  aura- 1- il  établi  en 
moins  d’une  heure  des  le- 
vains dans  les  glandes  , ôù 


Explica- 
tion des 
fympto- 
mes  qui 
paroiflét 
dans  le 
fiiffon. 


%6  De  la  Nature , 
produit  des  obftruèfcions  dans 
les  nerfs  ; n’eft-il  pas  plus  rai- 
fonnable  de  penfer  que  cet- 
te Fièvre  procédé  du  defor- 
dre  des  digeftions  qui  exhal- 
tent  des  fermentations  extra- 
ordinaires dans  le  fang  ? ’Ceft 
ce  que  j’explique  dans  mon 
hypothefe,  &:  pour  la  fuivre 
je  vais  rendre  raifon  de  tous 
lesfymptomes  qui  paroifl’ent 
dans  les  Fièvres. 

Les  Fièvres  font  ordinai- 
rement précédées,  de  dou- 
leurs pefantes  dans  les  jam- 
bes , de  bâiîlemens , & d’ex- 
tenfions  i les  frifïons  furvien- 
nent  enfuite , puis  les  trem- 
blemens , &c  les  mouvemens 
convullîfs  félon  que  le  froid 
eft  plus  ou  moins  violent. 
Pendant  le  fri  {Ton  les  malades 
fouffrent  quelquefois  une  foif 
excdfive,  & refpirent  diffici- 


& des  caufes  de  h Fièvre.  87 
ement  ; quelquefois  le  pouls 
l’eft  pas  fenfible,  ordinaire- 
nent  il  eft  petit  &C  enfoncé, 
nais  frequent , au  lieu  que 
dans  la  chaleur  il  eft  grand , 

•levé , &:  frequent. 

Pour  bien  comprendre  tous  Desdou; 
;es  fymptornes,  il  faut  fça-  gU“rss™* 
zoir  qu’au  commencement  pfentet* 
des  Fièvres , l’œconomie  na- 
turelle fe  change , & fe  déré- 
glé par  le  déreglement  du 
mouvement  circulaire  du 
lang  , parce  qu  alors  les  hu- 
meurs &C  les  fucs  qui  eftoient 
portez  aux  parties  pour  leur 
nourriture  & pour  leurs  fon- 
dions , ou  font  interceptez  , 
ou  coulent  plus  lentement. 

Ainfi  le  fang  & les  efprits 
n’eftant  pas  diftribuez  aux 
parties  éloignées  , aux  jam- 
bes par  exemple  , aufli  régu- 
lièrement , ic  aufli  abondant- 


Des  bail- 
kmens. 


8 S De  la  Nature  l 
ment  que  lorfque  le  mouve- 
ment du  fang  eft  bien  re* 
glé  , les  humeurs  palTent 
avec  peine  dans  les  petits 
vaifleaux  de  ces  parties  , &: 
y caufent  des  douleurs  va- 
gues. Les  parties  en  mefme 
tems  font  appesanties  par  le 
défaut  ou  par  la  diminution 
des  efprits  , qui  font  les  prin- 
cipes de  leurs  mouvemens 
lors  qu’ils  y coulent  en  abon- 
dance , & c’eft-là  fans  dou- 
te, pour  le  dire  icy  en  paf- 
fant,  la  raifon  pour  laquelle 
les  vieillards  font  plus  pe. 
fants , & marchent  plus  len- 
tement que  les  jeunes  gens. 

A l’egard  des  bâillemens , 
on  pourrait  penfer  qu’ils  pro- 
cèdent de  ce  que  tout  l’air 
qui  eft  entré  dans  les  poul- 
mons  ne  pénétrant  pas  jus- 
qu’au cœur  , parce  que  les 
pafîàges 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  89 
adages  commencent  à fe 
loucher  , il  fait  reflux  dans 
i bouche  &c  la  dilate.  Mais 
y a plus  d’apparence  que  la 
aefme  caufe  qui  produit  les 
xtenfions  & lesmouvemens 
©nvulfifs  , produit  aufli  ces 
âillemens* 

Les  extenfions  &:  les  mou- 
emens  conYulflfs  viennent 
e l’inégale  diftribution  des 
fprits  dans  les  fibres  char- 
uës  des  mufcles  & des  mem- 
ranes  y car  le  mouvement 
u cœur  eftant  tres-foible 
ans  le  friflbn  » comme  je 
ay  dit, les  efpritsquifont  en 
etite  quantité  coulent  irre- 
ulierenient  dam  les  parties,, 
intoft  dans  l’une  > tantofê 
ans  l’autre  , ce  qui  caufe  la 
ivcrfité  de  leurs  contra- 
lions  , & l’irrégularité  de 
rurs  mouvemens,  C’eft-là 
H 


De*  ex- 
tenfions 
& des 
rnouve- 
mens  côW 

yulüfs* 


90  De  U Nature  , 
la  véritable  raifon  de  tors 
ces  differens  mouvemens 
convulfifs , qui  arrivent  dans 
le  friflon  , ainfi  que  je  pour- 
rois  le  prouver  plus  ample- 
ment ; Mais  comme  cée  exa- 
men me  meneroit  trop  loin , 
je  me  contenteray  de  con- 
firmer ce  raifonnemenc  par 
un  exemple  familier , &c  qui 
me  paroift  fenfible.  Voyez 
un  poulet  auquel  on  a cou- 
pé la  gorge  , & remarquez 
lés  differens  mouvemens  qu’il 
fait  à mefure  qu’il  perd  fon 
fans  > d’abord  il  bat  des  ailes, 
parce  qu’il  a encore  beau- 
coup d’efprits  ; enfuite  il  a 
des  crembleHiens , parce  que 
lesefprits  fe  difiipent,^  n’a- 
giffent  que  faiblement  ; en- 
fin il  tombe  dans  des  con- 
vulfions , il  fe  roidit  & allon- 
ge fes  jambes  , parce  que  le 


& des  caufes  de  U Fièvre.  $i 
mouvement  du  cœur  venant 
à celfer , le  peu  d’efprits  qui 
luy  relient , ne  coule  alors  que 
dans  les  mufcles  qui  fervent 
à l’extenfion  , ce  qui  fait  la 
roideur  convulfive  qu’on  ob- 
ferve  avant  la  mort. 

La  difficulté  de  refpirer 
que  les  malades  fouffrent  au 
commencement  des  Fièvres , 
vient  encore  de  ce  que  le 
fang  palfant  lentement  dans 
les  poulmons  preffe  & em- 
baralTe  les  vailfeaux  par  où 
l’air  fc  communique  au  cœur , 
en  forte  que  les  palfages  de 
l’air  n’eftant  pas  libre  , le 
commerce  en  efb  interrom- 
pu, & la  refpiration  déréglée. 

La  foif  procédé  de  ce  que 
la  malfe  du  fang  eftant  con- 
denfée  , & toutes  les  humeurs 
moins  fluides  , la  falive  ne 
fc  fepare  point  dans  les  glan- 

H ij 


De  la 
difficul- 
té de  reC. 
pirer. 


De!* 

foif, 


pz  De  U N Attire, 
des  de  la  bouche  , ce  qui 
caufe  la  féchereffe  , & par 
confequent  la  foif.  En  effet , 
on  remarque  * prefque  tou- 
jours qu’elle  ne  finie  que  dans 
le  tems  que  la  chaleur  com- 
mence , parce  qu’alors  les 
efprits  eftant  débarraffez  &: 
les  liqueurs  plus  coulantes, 
elles  font  portées  en  affez 
grande  abondance  aux  glan- 
des falivaires , & aux  parties 
voifines  pour  les  humecter 
& pour  faire  ceffer  la  foif. 

Et  de  i*  Le  pouls  eft  frequent  dans 
«du"'  tems  du  friffon  , parce 
jouis,  que  ]es  efprits  commencent 
à agir  fur  la  matière  qui  les 
embarraffe  , & qu’ils  font 
effort  pour  fe  débarraffer , 

& il  paroifl  enfoncé  , parce 
que  cette  matière  n’eft  pas 
fuffifamment  raréfiée , & que 
les.  efprits  ne  font  pas  en  li-  J 


ef  des  uufes  de  U Fièvre. 
>ercé.  Dans  le  chaud  au 
:ontraire  le  pouls  eft  grand 
Z élevé  , parce  que  les  ef- 
rits  coulent  à plein  canal , 
C entraînent  avec  rapidité 
out  ce  qui  faifoit  obftacle 
leur  mouvement. 

Il  y en  a qui  croyent  que 
[ans  le  friflon  les  tremble- 
icns , les  roouvemens  con- 
ulfifs  , & la  fréquence  du 
•ouïs  viennent  de  l’irritation 
es  parties  nerveufes  caufée 
ar  les  acides  -,  mais  corn, 
le  j’ay  fuppofé  que  dans 
: froid  les  acides  eftoient 
nveloppez  avec  les  autres 
rincipes  du  fang  qu’ils  eoa- 
ulent  } il  eft  vray-fembla- 
le  que  dans  ce  tems-là  les 
eides  n’agiflent  que  fur  les 
u meurs } sz  qu’ils  ne  fçau- 
aient  irriter  les  partiesfen- 
bles  qu’aprés  qu’ils  auront 


Que  tous 
ces  fymg  «J- 
rcmes 
ne  vien- 
nent, 
point  de 
l’irrita- 
tion * des 
parties 
membrai 
nettes* 


94  Z>*  N mure , 

efté  diflous  &:  exaltez  par  la 
fermentation  } car  fenfin  fi 
le  mouvement  de  toutes  les 
humeurs  eft  fufpendu  dans 
le  friflon  , comment  les  aci- 
des iront-ils  irriter  les  parties 
éloignées  , & y caufer  des 
tremblemens  & des  mouve- 
mens  convulfifs  ; il  faut  dé- 
truire noftre  hypothefe  , ou 
convenir  que  les  tremblc- 
mens  Sc  les  mouvemens 
convulfifs  dans  le  fri  (Ton 
viennent  de  la  privation  de 
la  chaleur  , ou  du  défaut  de 
l’influence  des  efprits  ; SC 
afin  de  rendre  la  chofe  plus 
fenfible  par  des  exemples,  il 
faut  encore  faire  réflexion 
fur  ce  que  j’ay  dit  d’un  pou- 
let mourant,  j’ay  remarqué 
qua  mefure  qu’il  perd  fon 
fang  il  a des  mouvemens  dif- 
ferents , il  bat  des  ailes , il  a 


& des  caufes  de  la  Fièvre. 
les  convulfions , il  le  roidit, 
>eut-on  dire  que  tout  cela 
trocede  d’une  matière  irri- 
ante ? n’y  a-t-il  pas  plus  de 
üjet  de  penfet  que  les  con- 
radions  des  nerfs , le  roi- 
lilfemenc , &Cc.  viennent  de 
:e  qu’il  ne  coule  plus  d’ef- 
>rits  dans  les  nerfs  & dans 
es  mufcles  de  cet  animal  ? 
Le  friflon  n’eft-il  pas  l’image 
le  la  mort  ; le  mouvement 
lu  cœur  ne  femble-il  pas 
dors  fufpendu  : &C  cette  fuf- 
?enfion  ne  fuppofe  - elle  pas 
aeceflairement  une  privation 
de  chaleur  ou  un  défaut  de 
diftribution  des  fucs  necef- 
faires  aux  fondions  des  par- 
ties , tellement  que  fi  elles 
tombent  dans  des  mouve- 
mens  irréguliers , doit-on  en 
attribuer  la  caufe  à une  ma- 
tière irritante  > N’y  a-t-il  pas 


96  De  La  Nature  , 
plus  d’apparence  de  croire 
que  le  defordre  des  ces  par- 
ties vient  de  ce  qu’elles  font 
privées  des  fucs  deftinez  à 
leurs  fondions  ; prenons  un 
exemple  dans  les  plantes. 

Perfonne  n’ignore  qu’un 
arbre  n’efl:  beau  &:  verd , que 
fes  branches  ne  font  pliantes 
& flexibles,  que  parce  qu’il  fe 
dillribuë  une  feve,ou  des  prin- 
cipes végétatifs  par  le  tronc 
jufqu’aux  extrémitez  de  fes 
branches;  mais  comme  dans 
ces  principes  il  y a des  ma- 
tières terreftres  , il  arrive  par 
la  fuite  des  tems  qu’une  por-, 
tion  de  ces  matières  s’arrête 
& bouche  les  tuyaux  des 
plantes , en  forte  que  la  feve 
ne  pouvant  pénétrer  & mon- 
ter jufqu’aux  extrémitez  des 
branches  , elles  deviennent 
toides  3 féches  &C  caflantes  ; 


ô des  cdufes  de  la  T ïévre.  97 
cnfuice  tout  l’arbre  périt  par 
le  défaut  de  diftribution  de 
la  feve  5 & fi  l’on  prend  la 
jeine  de  regarder  dans  le 
:ronc  des  vjcux  aibres  , on 
f trouvera  fans  doute  dés 
:erres  & d’autres  fupcrflui- 
:ez  qui  ont  fait  obft  cle  à ù 
ïirculation  de  la  feve  , & qui 
>ar  confequent  ont  caufé  la 
nort  de  l’ai  bre. 

On  peut  penfrr  que  la  mè- 
ne chofe  fe  palT-  dans  les 
nimaux,  & il  eftaifé  de  re- 
marquer que  dans  la'  jeu- 
elïè  les  lues  nourriciers 
tant  diftribuez  abondam- 
îènt  à toutes  les  parties, 
liés  font  vigoureufe*  , fou- 
les , Sc  capables  de  toutes 
>rtes  de  mouvement;  mais 
emme  par  les  frequentes 
irculations  de  ces  lues  il  eft 
ray-femblable  qu’il  en  refta 
I 


5 8 Ve  U Nature, 

quelque  portion  terreftre  te 
grolfiere  dans  les  paffages  les 
plus  étroits , te  que  même  il 
s’en  fait  desincruftations  con- 
tre les  tuniques  des  vaiflfeaux  j 
les  nouveaux  fucs  nourriciers 
ne  fe  diftribuent  pas  fi  abon- 
damment , ni  avec  la  même 
facilité  , tellement  que  les 
parties  deviennent  plus  fé- 
ches  , te  par  confie quent 
moins  fouples  •,  les  os  font 
plus  durs  te  plus  caflantS  j 
quelques  artères  font  oflTeu- 
fies  , les  cheveux  deviennent 
blancs  te  fecs  3 parce  qu’ils  ne 
reçoivent  plus  tant  de  cette 
humidité  onétueufe  qui  les 
nourrifloit , la  peau  devient 
tidée  te  fiéche , parce  que  les 
vaiffeaux  capillaires  font  pri- 
vez des  fucs  qui  abreuvoieni 
toutes  les  parties  éloignées , 
pom  le  refile  devient  foible  te 


cf  des  taupes  de  ta  'Fièvre.  99 
chancellai  t , une  partie  tom- 
be en  paraly  fie  ; & enfin  l’on 
meurt  par  le  défaut  de  diftri- 
bution  des  fucs  nourriciers 
ïux  parties  éloignées  ; le  com- 
merce de  1 air  étant  inter, 
ompu  Sc  arrefté  dans  les 
joulmons , il  y produit  ce 
alement  que  l’on  appelle  im- 
>ropremenc  fluxion  de  poi- 
rine. 

Je  me  flato^jue  cesraifons 
£ c es  réflexions  pourront 
aire  comprendre  que  l’irri- 
ation  faite  par  les  acides,n’eft 
oint  la  caufe  des  accidents 
ui  paroiflenr  dans  le  friflbn, 
i qu’ils  ne  fçauroient  irritée 
:s  parties  ftnfibles  qu’en 
juchant  ou  frapant  ces  mê- 
les parties}  il  faut  pour  cela 
ue  les  acidesfoient  dégagez, 
t mis  en  mouvement  par  1er 
fprits  j &:  ceft  alors  que  les 

I ij 


ioô  De  la  Nature  , 
fymptomes  qui  furviennent 
dans  le  cliaud  de  la  Fièvre  fe 
manifeftenr.  . 

Expii-  Les  plus  ordinaires  font  les 
des  aeci-  délires  & les  douleurs  de 
tZt  te^e  > -dont  la  eaufe  fera  fa- 
cile à comprendre  , fi  l’on 
confidere  que  le  fang  efl:  alors 
dans  un  grand  bouillonne- 
ment , qu’il  occupe  plus  de 
volume , & qu’écant  porté  an 
cerveau  en  tres-grande  abon- 
nes don-  dance  ,11  caufe  dans  les  m em- 
pile, d*  branes  des  tendons  violen- 
tes , ce  qui  fait  la  douleur  i 
& dans  les  efprits  des  mouve- 
mens  extraordinaires  & irre- 
Et  du  guîiers , ce  qui  fait  le  déliré, 
Ajoutez  à cela  que  les  hu- 
meurs âcres  étant  fublimées 
par  la  chaleur  exceffive,  elles 
picotent  les  parties  fenfîbles 
du  cerveau,  & en  troublent 
toute  rœeonomie , & ces  ac- 


gf  des  caujes de  la  Fièvre,  loi 
cidens  ne  celfent  qu’aprés 
que  ces  humeurs  ont  efté 
évacuées  par  les  premières 
voyes,  ou  par  les  Tueurs  , ou 
enfin  par  infenfible  tranfpira- 
tion. 

Après  cette  explication  des 
fymptomes  , il  me  femble 
qu'il  relie  peu  de  chofe  dans 
la  Théorie  des  Fièvres , dont 
il  ne  Toit  aifé  de  rendre  rai- 
fon.  Car  l’on  comprend  aflfez 
que  les  humeurs  qui  en  font 
la  caufe,  produiront  des  ef- 
fets differens  félon  quelles 
feront  en  plus  grande  ou  en 
plus  petite  quantité  , félon 
les  differens  degrez  de  leur 
mouvement,  & félon  les  dif- 
ferentes parties  qui  en  feront 
attaquées. 

II  faut  pourtant  avoiier  que 
dans  les  Fièvres  intermitten- 
tes il  y a une  difficulté  qui 

I üj 


Raifon 
de  la  dif- 
férence 
de  tous 
ces  fym- 
p tomes* 


tes  re- 
tours des 
Fièvres 
intermit. 
tentes  fôt 


toi  De  U Nature  y 
er e»  dîf-  paroift  prefque  infurmonta- 
tiU  b,e  » & <lui  a ffté  de  tout 
te  ms  l’écii  il  de  la  Médeci- 
ne * c’eft  que  cette  Fièvre  qui 
fembloit  eftre  terminée  hcu- 
teufement  par  une  Tueur  par- 
faite , ne  laiflè  pas  de  reve- 
nirpréci fément  le  fécondera 
le  troifiéme  jour  fuivant. 
Pour  moy  p ne  prêtens  pas 
refoudre  entièrement  cette 
dû  flkulté , mais  je  croy  qu’el- 
le peut  recevoir  plus  d’éclair- 
cilfement  dans  mon  hypo- 
thefe  que  dans  toutes  les 
autres. 

en  re-  Voicy  ce  que  je  penfe  tou- 
vîe”nent  chant  la  caufc  de  ces  retours  ; 
nmaffe  ie  croY  °luc  pendant  l’accès  , 
du  rang  il  s’ejV  fait  une  notable  diffi- 
éié  lit».  pation  d’efprits , & que  fi  la 
Ww'  ma  fie  du  fang  n’a  pas  efté  ré- 

tablie ni  par  un  bon  air  , ni- 
par  un  chyle  aflèz  fpiritueux , 


gf  des  caiifes  de  la  fièvre.  105 
il  s’y  fera  nece  flair ement  une 
fermentation  nouvelle , lors 
qu’il  fera  (urvenu  une  quan- 
tité fuffifante  de  chyle  pour 
l’exciter  , Sc  cét  accès  fe  réi- 
térera le  deuxieme  ou  le  troi- 
fiérae  jour  félon  les  difpofî- 
tions  du  chyle  ou  du  fang* 
c’eft-à-dire , félon  que  le  chy- 
le fera  plus  ou  moins  impur 
ou  plus  ou  moins  acide , SC 
qu’il  y aura  plus  ou  moins 
d’efprits  dans  le  fang  pour 
faire  une  plus  lente  ou  plus 
promte  fermentation.  Par 
exemple  elle  fe  fera  plus 
promtemeat  au  Printems  , 
parce  qu’en  cette  faifon  l’air 
ert.  rempli  départies fpiritucu- 
fes,  qui  fe  mêlant  dans  te  fang 
changent  fa  qualité,  SC  le  re- 
nouvellent ; SC  c’eft  à mon 
fens  la  raifon  pour  laquelle 
les  Fièvres  font  moins  lon- 

I iüj 


!t  !ear 
différen- 
ce vient. 


De  ce 

qu’il  y a 
plus  o u 
moins 

décide* 


Ï04  De  la  Nature , 
gués  & moins  dangereufes 
en  ce  tems-là.  Au  contraire 
dans  l’Automne  cette  fer- 
mentation fera  plus  lente , 
parce  que  le  fang  dégénéré 
dans  cette,  faifon  inconftan- 
te , & que  l’air  bien  loin  de 
le  corriger  & de  le  renouvel- 
er , augmente  Ces  mauvaifes 
qualitez. 

Mais  pour  mieux  éclaircir 
cette  différence  des  retours 
des  Fièvres  en.  tierces  & en 
quartes  , il  faut  encore  faire 
quelques  réflexions  fur  nos 
principes , &:  tâcher  d’en  dé- 
duire les  caufes  de  ces  re- 
tours. 

3’ay  dit  que  dans  les  Fiè- 
vres le  fang  tient  de  l’aigre  ; 
mais  comme  cét  aigre  n’eft 
pas  toujours  dans  un  fouve- 
rain  degré  , il  y a apparence 
qu’il  fait  des  effets  différais 


& des  cAufes  de  la  Fièvre,  ioj 
fui  van  t fes  différences  , &: 
fuivant  les  differentes  difpo- 
[itions  du  fujet.  Il  faut  en-  Et  plus 
:ore  fe  refîouvenir  que  les 
îfprits  font  les  agents  dans  la  f*** 
Fermentation , qu’ils  raréfient 
& diffolvent  la  matière  qui 
a efté  coagulée  par  les  aci- 
des > &C  que  la  diffolution  fe 
fait  plus  promtement  quand 
il  y a beaucoup  d’efptits  & 
moins  d’acides  ; & plus  len- 
tement au  contraire,  quand 
il  y a plus  d’acides  S c moins 
d’efprits.  Cela  fuppofé  , fi 
l’on  peut  faire  voir  que  dans 
la  Fièvre  quarte  , par  exem- 
ple le  fang  contient  moins 
d’efprits  & plus  d’acide  que 
dans  la  Fièvre  tierce  : on 

comprendra  aifément  que  les 
retours  de  ces  Fièvres  feront 
fort  differens , & quMs  revien- 
dront neceflairement  plus 


io€  De  U Nature  r 
tard  dans  la  Fièvre  quarte 
que  dans  la  Fièvre  tierce. 
^Quedani  Une  preuve  que  dans  les 
quanc  « Fievres  quartes  il  y a moins 
Jaci^r  defpnts  & plus  d’acides  que 
a-e^ptfu  ^ans  ^es  fièvres  tierces  $ c’eft 
que  dans  que  les  Fièvres  quartes  font 
tiercé,  les  plus  longues  , & qu’elles 
ne  fe  terminent  guère  natu» 
tellement  qu’au  PrintemSj, 
& qu’alors  elles  fe  changent 
fouvent  en  tierces.  La  raifort 
de  ce  changement  eft  qu’en» 
cette  faifon  l’air  eft  plus  rem- 
pli d’efprits  & d’eflences , qui 
excitent  une  plus  promte  fer- 
mentation  , & renouvellent 
la  maffe  du  fang  par  la  defî 
trudion  des  acides  , &:  par 
l’addition  des  parties  fpiri- 
tueufes  &:  volatiles. 

Si  ce  raifonnement  prou*» 
ve  que  les  retours  des  Fiè- 
vres «partes  doivent  eftre 


des  eattfis  de  la  fièvre.  107 
lus  tardifs  que  ceux  des  Fié- 
t es  tierces , il  fera  facile  de 
irer  la  même  confequence 
our  toutes  les  autres  Fievres 
itermitcentes.  > c’eft-à-dire  y 
|HP  leurs  retours  feront  plus. 
iu  moins  frequens  , à pro- 
iortion  qu’il  y aura  plus  ou 
noins  d’efprits  , ou  plus  ou 
noins  d’acides  dans  les  hu- 
neurs. 

A l’égard  des  Fièvres  tier- 
‘es  ou  quartes  j qui  dégcnc-  vrcs  tjer* 
ent  en  doubles  tierces  , ou 
:n  doubles  quartes  , je  corn- 
■>rens  nue  leurs  accès  fc  par-  bu»  tier- 
agent , ÔC  que  toute  la  ma-  d(,ubieJ 
•iere  fiévreufe  n’ayant  ças 
îté  confumée  dans  un  accès , 
il  en-  relie  quelque  portion 
qui  fert  de  levain  à une  fer- 
mentation nouvelle  5 8£  l’on 
peut  dire  que  c’eft  pour  cela 
que  les  accès  des  Fièvres, 


'Notmli 

i:  divi- 

fïon  des 
fièvres. 


io8  De  la  Nature) 
doubles  tierces  , ou  doubles 
quartes  , font  pour  la  plufpatt 
moins  violens  3&  qu’il  s y fait 
moins  de  crifes  qu’à  ceux  des 
Fièvres  fimples  , qui  fe  ter- 
minent ordinairement  par  des 
fueurs  univerfelles  , ou  par 
d’autres  évacuations  fenfi- 
bles. 

Pour  donner  plus  de  jour 
à toute  cette  matière  3 & pour 
s’en  faire  une  idée  plus  dit 
tinèle , je  voudrois  diftinguer 
les  Fièvres  qui  dépendent  de 
la  qualité  du  fang,  d’avec  cel- 
les qui  dépendent  de  la  quali- 
té du  chyle.  Celles-là  que  je 
nomme  fanguines  font  chro- 
niques &:  longues  , & ne  fe* 
gueriffent  que  par  le  renou- 
vellement du  fang  dans  les  re- 
tours des  faifons , ou  par  des 
remedes  fpecifiques  $ & cei- 
les-cy  que  j’appelle  chyleufes 


& des  caufesdiU  Fièvre,  tof 
ont  beaucoup  moins  opiniâ- 
res , &:fe  gueriffent  tres-fou- 
ent  par  des  évacuations  (cri- 
bles des  humeurs  contenues 
ians  f eftomæ  , ou  dans  les 
arties  voifines. 

Les  retours  des  Fièvres  ta  Chfi 
hyleufes  font  ordinairement  leufM* 
>lus  frequents , &:  moins  ré- 
guliers ; ils-  font  plus  fre- 
psents  , parce  que  le  chyle 
jui  eft  porté  dans  les  veines 
:ft  fouvent  chargé  d’impure- 
:ez , & de  mauvais  fucs  capa- 
bles d’exciter  une  promte 
fermentation  ; & ils  font 
moins  réguliers  , parce  que 
le  chyle  n’eft  pas  toujours 
Également  chargé  d’impure- 
tez , & qu’il  peut  changer  de 
nature  par  les  alimens , ou  par 
[es  medicamens  que  l’on  met 
alors  en  ufage. 

Les  retours  des  Fièvres 


no  De  U Nature  , 

&nSuie*  Sanguines  font  au  contraire 
«*•  plus  réguliers  , & plus  tardifs 
que  ceux  des  Fièvres  ch  y. 
leufes  ; ils  font  plus réguliers, 
parce  que  les  tnauvaifes  dif- 
positions  du  fang  font  plus 
confiantes , & plus  difficiles  à 
corriger  : delà  vient  que  ces 
Fièvres  font  fi  difficiles  à gué- 
rir , fur  tout  en  Automne  oit 
elles  dégénèrent  le  plus  fou- 
vent  en  quartes  , l’air  étant 
alors  plus  propre  à augmen- 
ter l’acidité  du  fang  , qu’à  la 
détruire.  Ils  font  encore  plus 
tardifs  , parce  que  les  Fiè- 
vres fanguines  , outre  qu’el- 
les dépendent  principale- 
ment de  l’alteration  de  la 
mafle  du  fang,  elles  dépen- 
dent encore  de  l’alteration 
du  chyle  , & de  toutes  les 
imputerez  qui  s’y  mêlent  : de 
forte  qu’il  eft  aifé  de  cora- 


& âesCAufes  dt  h Fièvre.  iïf 
irendre , que  fi  le  fang  Sc  les 
îics  qu’il  fournit  aux  parties 
>our  leur  nourriture , & pour 
eurs  fondions  , font  déjà 
urchargez  d'acides , Sc  que 
e chyle  par  fon  mélange  avec 
tes  fucs  SC  ces  levains , Sc  par 
es  impuretez  qu’il  apporte 
ivec  foy , augmente  cette  aci- 
lité  du  fang  , il  l’alterera  SC 
’épaiffira  davantage , Sc  ainfi 
a fermentation  fera  plus  len- 
te SC  plus  tardive  , St  c’e& 
encore  à monfens  une  raifon 
pour  laquelle  les  Fièvres  fan- 
guines  font  plus  difficiles  à 
guérir. 

Voila  quel  eft  mon  fenti-  condi- 
ment fur  lacaufe  des  Fièvres;  f°"ede 
ceft  à dire  qu’un  fang  aigri  '%>•: 
qui  coagule  le  chyle  , ou  bien 
un  chyle  acide  qui  épaiffit  le 
fang  par  fon  mélange  , font 
les  caufes  eflentielles  des  fer- 


in  De  U Nature^ 
mentations  fîévreufes  & d£ 
tous  les  accidens  qui  les  fui, 
vent.  Je  pourrois  infïfter  da- 
vantage là-deffus , & exami- 
ner fur  ce  principe  toutes  les 
divifions  de  la  Fièvre  ; mais 
je  croy  que  cela  fuffira  , & 
que  les  perfonnes  éclairées 
en  fçauront  tirer  , aufli  bien 
quemoy,  les  induélions  ne- 
celfaires  pour  expliquer  tou- 
tes les  différences  des  Fiè- 
vres. 


TROISIEME 


& des  CAufes  de'U  Ficvrc.  irj 

TROISIEME  PARTIE. 

R éjjonfes  aux  O b je  fl  ion  s. 

CE  n’eft  pas  allez  d’avoir 
établi  mon  opinion  fur 
la  Nature  des  Fièvres  , il  faut 
encore  répondre  aux  Ob- 
jections qu’on  me  pourra  fai- 
te. On  me  dira  d’abord  que 
le  mélange  du  chyle  avec  le 
fang  n’établit  pas  l’effence  de 
la  Fièvre  , puis  que  fi  cette 
fuppofition  étoit  vraye  , on 
devroit  avoir  la  Fièvre  toutes 
les  fois  que  le  chyle  entre 
dans  les  veines  y cette  con- 
verfion  de  chyle  en  fang  ne 
fe  faifant  point  fans  fermen  - 
tation. On  ajoutera  à ecla 
que  s’il  faut  neceffairemcnt 
K 


t.  OË* 
jcdion  p 
que  fî  l* 
Fiéyre 
dépen- 
doit  cTu 
mélange- 
dû  chyle 
te  du  f% 
on  auroit 
toujours 
la  Fièvre* 
te  qu’efê 
la  guéri- 
roit  par 
la  diete 
te  pas 
Pabfli- 
ne#ce* 


iî4  l*  Nature  , 
que  le  cbyle  fe  mêle  dans  le* 
fang  pour  y caufer  la  Fièvre  », 
il  fera  aifé  de  la  prévenir , 
de  s’oppofet  à fes  retours  en 
ne  mangeant  point  , ou  da 
moins  en  faifant  une  dicte: 
tres-exa&e. 

k^oq.  3’ay  déjà  prévenu  une  par- 

&>  . tie  de  cette  difficulté  , lors 
que  j’ay  dit  que  la  fermenta» 
tion  qui  fe  fait  dans  la  fan- 
guification  , n’eftoit  pas  fen» 
fible  comme  la  fermentation' 
de  la  Fièvre..  La  raifon  en- 
eft  que  les  cfprits  qui  font  en 
petite  quantité  dans  le  fang* 
des  febricitans  » effant  enve- 
loppez dans  une  matière  dif- 
ficile à raréfier,  font  ne  ce  fiai- 
rement  effort  pour  s’en  dé- 
barraffer  ; au  lieu  que  les  ef. 
prits  qui  abondent  dans  le 
fang  de  ceux  qui  fe  portent 


$ des  cmfîs  de  U Fièvre,  ny 
chyle  bien  préparé , le  digè- 
rent te  le  convertiffent  en 
£ang  avec  plus  de  facilité  te 
moins  d’agitation.  Remar- 
quez neanmoins  que  cette 
derniere  fermentation  de- 
vient quelquefois  fenfïble 
par  exemple  après  de  grands 
repas  on  fuë;  la  nuit  , on  ne 
dort  pas  tranquillement , te: 
l’on  voit  que  tous  ces  aoci- 
dens,  qui  cèdent  d’ordinaire 
après  la  digeftion  , en  font, 
manifeftement  les  effets  : ce- 
pendant cela  ne  va  pas  juf- 
qu’à  produire  cette  fermen- 
tation extraordinaire  , qui; 
n’ëft  autre  chofe  que  la  liè- 
vre. Au  furplus;  »,  il  ne  faut 
point  douter  que  le  retour; 
des  lièvres  ne  Toit  empêché; 
ou  retardé  » te  les  aceez  di- 
minuez par  la  diete  ou  pat 
l’abflineaee.  L’experience: 

K-  i h 


Ii6  De  la  Nature , 
nous  fait  voir  que  la  Fièvre 
avance  ou  retarde  Couvent 
fuivant  la  differente  maniéré 
de  vivre  des  malades  j & je 
comprends  , qu’une  Fièvre 
pourroit  céder  par  une  abfti- 
nence  totale  de  quelques 
jours,  files  forces  du  mala- 
de la  pouvoient  permettre. 
Nous  n’avons  guère  d’exem- 
ples de  ces  fortes  d’abftinen- 
ces  : cependant  s’il  eftoic 
polfible  qu’un  fébricitant  fut 
deux  jours  fans  manger  , 
qu’il  ne  laiffàt  pas  d’avoir  un 
retour  périodique  de  Fièvre,, 
je  croy  qu’en  ce  cas-! à il  fc 
trouveroit  dans  le  fond  de 
l’eftomac , & dans  les  premiè- 
res voyes  des  reftes  d’âlimens. 
mal  digerez  , ou  des  hu- 
meurs impures  , qui  fuivant 
la  route  &:  les  mêmes  mou-, 
vemens  du  chyle  fe  mêle"» 


& des  cdu/ès  de  U Fièvre,  nj 
oient  dans  le  fang,  & y ex- 
iteroient  une  fermentation 
xtraordinaire , qui  cauferoit 
n retour  de  Fièvre. 

Mais  on  dira  fi  c’étoit  la 
uantité  des  efpritsqui  fit  le  re- 
3ur  des  Fièvres, & la  quantité 
'acides  plus  ou  moins  gran- 
e j la  Fièvre  ne  reviendroic 
as  tout  à coup  , mais  elle 
jgmenteroit  à mefure  que 
s efprits  ou  les  acides  aug- 
lenteroient , ce  qui  n’cfi;  pas  % 
'ailleurs  il  fe  fait  un  mélange 
antinüe!  du  chyle  dans  le 
iiig  , ce  qui  doit  y produire 
ne  fermentation  eontinüel- 
cela  efl:  oppofé  aux  re-, 
>urs  reglez  & périodiques, 
es  Fièvres. 

Je  répliqué  à cela  que  je 
e difconviens  pas  que  le 
hyle  ne  fe  mêle  inceflam- 
îent  dans  le  fang , & qu’il  n’y 
K iij 


*i8  De  U Nature, 
excite  des  fermentations;  mai 
jfay  dit  &c  je  le  répété , quelle 
ne  font  pas  fenGbles , & cju’i 
faut  une  certaine  quantité  d 
chyle  impur  pour  y excite 
celles  qui  caufent  la  Fièvre 
deux  ou  trois  cueillerées  d 
vinaigre  ne  font  pas  capable 
d’aigrir  dix  ou  douze  pinte 
de  vin , une  chopine  ou  un 
pinte  le  feront  : il  eft  donc  ne 
eelfaire  qu’il  y ait  une  quan 
tité  de  chyle  proportionné 
à la  difpofition  du  fang  pou 
y caufer  une  fêrmentatioi 
fiévreufe  ; J’avouë  que  je  n< 
içaurois  expliquer  cela  me. 
ehaniquement , ni  détermi 
ner  la  mefure  du  tems , de 
acides,  & des  efprits , je  cou 
fois  feulement  qu'une  serrai 
ne  quantité  de  chyle  enve 
loppera  la  matière  fubtile  § 
les  efprits  3 & que  1®  mouve 


gf*  des  caufes  de  la  Fièvre,  np 
lent  que  cette  matière  &: 
;s  efprits  feront  pour  fe 
ïvelopper  ,,caufera  un  accès 
2 Fièvre , que  cet  accès  re- 
iendta  plûtoft  ou  plus  tard  H 
Ion  qu’il  y aura,  plus  ou 
ioins.  d’efprits  dans  la»  mafie 
afang.  Une  marmite  ou  un 
ot  qui  eftdevantle  feu,boüil- 
ra  plus  promtement  s’il  y7  a» 
eaucoup  de  feu  $ dans  la  Fie— 
re  quarte  le  fang.  eft  moins 
nritueux  que  dans  lesautres 
iévres  , c’eft  pourquoy,  les, 
:tours  périodiques  de  cette 
iévre  font  plus  tardifs  com- 
te je  l’ay  remarqué  ; & ce 
ui  me  perfuade  que  par  la- 
ifpofition  peu  fpiritueufe  du? 
tng  , les  accès  doivent  eftre 
îoins  frequents , c’eftl  que  fi 
ans  la  Fièvre  quart®  je  don- 
e des  alimens  chauds , &:  dès 
qusurs  fpiritueufes , je  djj* 


t.  Gb- 
je&ion  , 
que  l’im, 
pureté  ’ 
des  hu- 
meur* cft 


izo  De  la  Nature , 
minueray  le  fdflbn  ,■&  j’a- 
vanceray  les  accès. 

J’ayfouvent  remarqué  que 
les  changemens  d’air  &c  de 
nourriture  ont  changé  les  ac- 
cès des  Fièvres  ,ainfi  leurs  re- 
tours périodiques  ne  font  pas 
toûjours  fore  reglez.  Sur  ce 
fondement  je  crois  avoir  rai- 
fon  de  prétendre  queletems 
des  retours  périodiques  des 
Fièvres  dépendra  de  la  difpo- 
fition  plus  ou  moins  fpiri- 
tueufe  du  fang.  Voilà  mes 
raifons  fur  la  caufe  des  re- 
tours des  Fièvres,  je  conviens 
qu’elles  ne  font  pas  démon- 
ftratives  , mais  je  m’en  con- 
tenteray  , jufqu’à  ce  qu’un 
plus  heureux  que  moy  en  ait 
trouvé  de  meilleures. 

On  dira  peut-être  que  tout 
ce  que  j’attribuë  à des  hu- 
meurs impures  qui  fe  mêlent 

dans 


des  eau  fis  de  U Ficvre.  ni 
[ans  le  fang,  fc  rapporte  fort 
ien  à ce  que  les  Anciens  ont 
iit  de  la  pourriture,  & qu’ain* 
je  ramene  la  dodtrine  de  la 
orrUptionquej’aycombatuë. 
Il  me  femble  que  je  me 
bis  aflez  expliqué  fur  les  itn- 
urctez  du  chyle  & du  fang  \ 
ay  dit  que  j’entendois  pat 
i les  alterations  qu’ils  rece- 
oient  ou  des  mauvais  ali» 
nens , ou  des  digeftions  im- 
parfaites , & je  n’ay  point  die 
[u’en  dégénérant  de  leur  bon- 
les  qualitcz , ils  deyenoient 
*ourris  & corrompus  : de  for- 
e que  je  ne  vois  pas  furquoy 
>n  doit  fonder  cette  O b je* 
lion.  En  un  mot  je  ne  nie 
>as  que  dans  le  fang  , &:  que 
lans  le  chyle  il  n’y  ait  des 
mpuretez  ; mais  je  n’admets 
>oint  cette  prétendue  corru- 
ption du  fang,  que  les  Me- 


ÎI  itiîém 

chcfe 
que  la 
pourri- 
ture. 


fc. 


lia  De  U N Attire , 
decins  difent  eftre  l’origine 
de  la  Fièvre  , je  croy  que  ce 
feroit  plûtoft  l’origine  d’une 
totale  deftrudion. 
o%-  On  objectera  fans  doute 
ifJt'  contre  cette  aigreur  que  j’é- 
rçâurcTt  tabüs  dans  le  fang.  Premie- 
saigtir.  remenc  , que  je  parle  trop 
fouvent  d’acides , 8£  que  j’af- 
fede  d’éviter  les  termes  or- 
dinaires de  la  Medecine.  Se- 
condement , que  l’analogie 
que  je  mets  entre  le  fan^ 
ÔC  les  liqueurs  fpiritueufes 
Dr/erfes  comme  le  vin , la  biere  , &c 
ïlZL  n’eft  pas  jufte  , puifque  ce 
liqueurs  ne  fe  coagulent  poin 
'comme  le  fang  par  le  melan 
ge  des  acides.  Troifiémemen 
que  l’acidité  du  fang  n’eft  pa 
foûtenable  , parce  qu’on  1 
tenouvelle  tous  les  jours  pa 
des  alimens  fpiritueux  & fu’ 
phureux  qui  détruifent  les  ac 


tïr  des  câufes  de  ta  Tiêvre.  1 1$ 
des , & enfin  que  ces  mêmes 
acides  ne  peuvent  pas  faire 
tant  de  defordre  dans  nos 
corps , & coaguler  le  fang ,, 
puisqu’ils  font  neceflairesà  la 
■digeftion. 

Pour  répondre  à ces  Ob- 
je&ions,  je  dis  5 Première- 
ment, qu’à  la  vérité  la  façon 
de  s’expliquer  par  les  acides 
ell  nouvelle  , mais  que  la 
chofe  ne  l’eft  pas  ; les  fucs 
que  les  Médecins  appellent 
humeur  mélancolique  fe  rap- 
portent fi  bien  avec  les  li- 
queurs acides , que  pour  peu 
qn’on  y fafle  de  réflexion  , on 
fera  convaincu  que  ce  n’eft 
qu’une  même  chofe  ; car  que 
peut-on  dire  des  humeurs 
mélancoliques,  qui  ne  con- 
vienne aux  fucs  acides;  pac 
exemple,  comment  explique- 
ra-ton  la  caufe  des  Schirresj, 
L ij 


fes  a lot- 
tes ces 
raiCoaS* 


U4  2>*  lu  Nature, 
des  Hydropifies , & des  Ob- 
ftru&ions  qu’on  attribue  à 
l’humeur  mélancolique.,  fi  ce 
n’eft  par  un  acide  coagulant 
dont  la  mafle  du  fâng  cft 
chargea  à caufe  de  l’épuife. 
ment  des  efprits.  Seconde- 
ment ,quc  l’analogie  dufang 
avec  le  vin  & les  autres  li- 
queurs fpiritueufes  confiflc 
précifément  en  ce  qu’elles 
font  remplies  de  parties  vola- 
tiles , & en  ce  qu’elles  de- 
viennent acides  par  la  diffi- 
pation  de  ces  mêmes  parties 
volatiles  , ou  par  l’addition 
des  fucs  acides  , comme  je 
l’ay  fait  voir  ailleurs.  Que  fi 
le  vin  ne  fe  coagule  pas  par 
les  acides , c’efl:  qu’il  n’a  pas 
afifcz  de  confidence , qu’il  eft 
trop  fluide , & que  les  acides 
font  diffous  dans  une  fi  gran- 
de quantité  d’eau  ou  de 


& des  caufe  s delà  Fièvre,  ny 
phlegme , qu’ils  ne  fçauroient 
s’approcher  pour  unir  leurs 
forces , & pour  produire  un® 
coagulation  dans  cette  li- 
queur ; mais  cette  circonftan- 
ce  n’empêche  pas  qu’il  n’y 
ait  une  analogie  tres-jufte 
entre  le  vin  &C  le  fang. 

De  tout  cela  on  peut  rai- 
fonnablement  conclure  ce 
me  fcmble  , que  le  fang  eft 
fufceptible  d’acidité  , quoi- 
qu’on le  renouvelle  tous  les 
jours  par  des  alimens  fpiri- 
tueux  5 c fulphureux.  Dans 
cette  yeuë  je  confidere  le 
(àng  à peu  prés  comme  le 
vin  qu’on  expofe  fur  mer 
dans  des  tonneaux  fouphrez , 
pour  empêcher  que  les  ef- 
prits  ne  fc  diflipent , Sc  qu’il 
n’aigrilTe  $ ou  plutoft  comme 
celuy  de  ces  grands  Vaifleaux 
d’Allemagne  que  l’on  re^ 


lié  De  la  Nature  r 
nouvelle  cous  les  ans  par  les 
vins  nouveaux  qu’on  y mer , 
afin  de  remplir  la  place  de 
de  celuy  qu’on  a ôté  , de  la 
même  maniéré  que  les  ali- 
mens  réparent  tous  les  jours 
le  fang  qui  a efté  employé  a 
la  nourriture  des  parties , ou 
qui  s’effc  diflîpé  par  infenfi- 
b!e  tranfpiration.  Mais  com- 
me le  vin  foupbré  fe  peut 
gâter  fur  la  mer  par  les  ex- 
ceflives  chaleurs  qui  diflipent 
les  efprits  , Sz  que  le  vin  de 
ces  grands  Vai fléaux  d'Alle- 
magne deviendroit  aigre  , fi 
au  lieu  de  mouft  on  y mettoit 
du  verjus  ou  du  vinaigre  ; je 
dis  tout  de  même  que  le 
faifant  dans  le  fang  une  plus 
grande  diffipation  d’efprits , 
qu’il  n’en  eft  réparé  par  les 
alitnens  fpiritueux  , ou  que 
bcs  alitnens  au  lieu  d’cftre 


& des  eaùfes  de  h Fièvre.  117 
fpiritueux  Sc  fulphureux  étant 
acides  & dépourveus  d’efprits, 
le  fang  deviendra  aigre  necef- 
fairement  , ainfi  que  je  lay 
expliqué. 

A l’égard  de  ce  qu’on  dit 
que  les  acides  font  neceffaires 
à la  digeftion,  j’en  conviens* 
j’avouë  même  qu  elle  ne 
fçauroit  eftre  parfaite  ,,  que 
lors  qu’il  fe  trouve  dans  les 
humeurs  une  jufte  propor- 
tion d’acides  d’cfpvits  , &£ 
je  comprens  que  c’eft  de  cet- 
te jufte  proportion  que  dé- 
rivent les  douces  liqueurs  $£ 
ks  lues  nourriciers , que  le 
fang  fournit  à toutes  les  par- 
ties du  corps.  Mais  dés  le  mo- 
ment que  le  tempérament 
de  ces  liqueurs  fe  change  , 8£ 
que  les  efprits  fonc  diflipez, 
ou  que  les  acides  dominent  , 
alors  les  humeurs  cordent 

L iiij; 


î;i$  J)t  U Ndturt  * 
lentement  aux  parties , tour- 
tes les  fondrions  font  lan~ 
guidantes  , & toute  reecono- 
mie  naturelle  eft  en  defordre. 
lTvfe  L’hydropifie  nous  fournit 
jreurau  tin  exemple  remarquable  de 
î’hydro-  cette  acidité  du  fang  , & des 
ïifis‘  effets  qu’elle  peut  produire. 
Reprcfentez  - vous  un  hom- 
mc  qui  a efté  long-tems  ma- 
lade d’une  Fièvre  quarte , 
pendant  laquelle  il  n’aura 
gardé  aucun  régime,  & con- 
fiderez  que  s’eftant  fait  une 
grande  diflîpation  d’efprits 
dans  la  malle  du  lâng  de  cét 
homme , ce  même  fang  a con- 
tradé  une  extrême  acidité. 
Sur  ce  principe  il  faut  necef- 
fairement  qu’à  proportion 
que  le  lang  s’éloigne  du  coeur 
& des  poulmons  , où  il  a été 
diffout  par  les  efprits , il  de- 
vienne plus  froid  & plus 


cf  des  caufesdeiaFièvre.  i±ÿ 
pais  ; que  venanc  à pafler 
ans  les  petits  vaifleaux  des 
arties  éloignées  il  s’y  cha- 
ule ; & que  la  feroGcé  s’en 
rparant  à peu  prés  de  la  mê- 
le maniéré  que  le  petit  laiéü 
: fepare  du  fromage  ; elle 
: répande  par  les  orifices  des 
aiflèaux  dans  le  ventre  , & 
ans  les  autres  parties.  D’un 
utre  côté  le  fang  coagulé  & 
îtenu  dans  la  fubftance  des 
arties  mêmes  ( comme  il  eft 
eftitué  d’efprits,  &C  qu’il  a 
erdu  fon  mouvement  ) fé 
orromt , & produit  les  abf- 
és  qui  accompagnent  le  plus 
auvent  cette  maladie.  Voilà 
e quelle  maniéré  l’acidité 
xcefiive  du  fang  peut  caufcr 
hy dropifie  ; & ce  raifonne- 
lent  eft  confirmé  par  l’expe- 
iencc  , puifque  cette  mala- 
iiç  ne  fe  guérit  prefque  ja- 


4.  Ob- 
jection , 
qae  les 
acides 
font  le 
remede 
des  Fiè- 
vres & 
non  pas 
îa  caufc. 


Kéjponfe 


130  De  la  Nature , 
mais  que  par  desremedes  fpi- 
ritueux  &:  volatiles  qui  dé« 
truifent  les  acides. 

Mais  revenons  aux  Obje- 
ctions, en  voicy  une  des  plus 
fortes  qu’on  puiffe  faire;  les 
acides  font  fouvent  le  reme- 
de  des  Fièvres  , comment 
donc  en  pourroient-ils  eflrç 
la  caufe  ? 

Pour  refoudre  cette  diffi- 
culté , M faut  fe  reffouvenir 
qu’il  y a trois  tems  dans  la 
fièvre,  pendant  lefquels  un 
malade  étant  agité  de  fymp- 
tomes  differens  , il  eft  évi- 
dent que  l’on  doit  avoir  des 
indications  differentes  pout 
fâ  guerifom 

Premièrement  dans  le  teras 
du  friffon,  je  ne  penfe  pas  que 
perfonae  voulut  donner  des 
boiffons  acides , & la  raifon 
en  eft  que  les  acides  domi- 


r des  cAttJès  de  la  Fièvre.  151 
at  alors  dans  la  mafie  du 
g , St  tiennent  les  efprits 
veloppez  avec  les  autres 
ncipes.  Aufli  eft-il  évident 
e les  boiflons  froides  St 
des  augmentent  le  froid  St 
lurée  du  friflon  , quand  on 
allez  imprudent  pour  s’en 
vir  , au  lieu  que  les  li- 
eurs  chaudes  & fpiritueu- 
le  diminuent. 

Secondement  on  peut  en- 
tre  moins  le  mettre  en  lifa- 
pendant  les  Tueurs  , parce 
'alors  les  matières  indige- 
s , St  les  humeurs  impures 
ant  diflbutes  St  raréfiées, 
/ auroit  du  péril  à fe  fervir 
icides  qui  pourroient  en 
ipêcher  la  tranfpiration  , St 
a fer  d'autres  accidens  plus 
:heux. 

Il  refte  donc  à examiner 
quelle  utilité  ils  peuvent 


De  h Nature  , 
cftre  dans-  la  chaleur  de 
Fièvre  ; pour  cela  il  fcrc 
encore  à propos  de  faire  r 
flexion  fur  les  différences  d 
Fièvres , parce  que  les-  difl 
rens  degrez  de  fermentati< 
qui  s’y,  rencontrent,  indique 
des  remedes  differens.  M; 
pour  éviter  cct  examen  q 
nous  meneroit  trop  loin  , 
me  femble  qu’il  fuffit  decoi 
fidercr  en  general  que  dans 
chaleur  les  efprirs  font  < 
grande  agitation , & que  1 
acides  font  fort;  divifez  , 
très  - differens  de  ce  qu’i 
ctoient  pendant  le  froid;  t 
forte  que  fîi  l’agitation  des  e 
prits  eft-  telle  qu’elle  troub 
l’ceconomie  des  parties  , < 
caufe  des  fymptomes  dang< 
reux , des  douleurs  de  tefte 
des  difpofitions  inflammato 
CPS;  j des  tranfpor  ts  au  ccr  veai 


- des  catifes  de  U Fiévri.  ryj 

il  femble  que  la  vrayc 
lication  eft  de  calmer  leur 
petuofité  4 Et  comme  j'a y 
t voir  que  dans  le  friffon 

Acides  embarraflent  les 
>rit$ , te  retardent  leur 
juvement , il  eft  hors  de 
ute  que  les  liqueurs  qui 
ront  quelque  analogie  a- 
ç eux , doivent  produire  le 
:rae  effet  i te  c’eft  dans 
tte  veuë  que  l’on  employé 
rt  à propos  la  limonade, 
les  autres  boifTons  mêlées 
ligre  de  foufre , ou  de  vi- 
iol  : d’autant  plus , que  les 
cides  eftant  fort  divifez 
tns  cét  eftat  de  Fièvre , on 
>it  moins  craindre  de  les 
illier  par  l’ufage  des  Aci- 
:s , pourveu  qu’il  foit  mo- 
iré. 

C’eft  ici  qu’un  Médecin 
befoin  de  tout  fon  juge. 


Prc'cat* 
lions  fus 
leur  Uffr* 


134  2V  la  Nature , 
ment  pour  faire  un  difcerne 
ment  jufte  de  la  nature  de 
Fièvres , & pour  examiner  le 
differens  degrez  du  mouve 
mens  des  humeurs.  Car  cr 
fin  fi  par  un  ufage  indifcrc 
des  Acides,  on  fufpend  l’s 
éfion  des  efprits  fur  les  ms 
tieres  impures  j au  lieu  d 
produire  de  bons  effets  , o 
caufe  foulent  des  obftru 


étions  : fi  bien  qu’il  ne  ré 
fuite  de  toute  la  fermenta 
tion  qu’une  crife  imparfait 
qui  elt  la  fource  d’une  infi 
nité  de  maladies, 
bond'ns  Je  conclus  donc  qu’o 
de  cer-  <J0ic  ufer  Je  grande  précau 

tames  . O r 

Fièvres,  tion  dans  la  difpenfation  de 
que  dans  Remedes  acides,  & qu’il 

«'autres.  ne  fçauroicnt  ^tre  utiles  q« 

dans  les  Fièvres  où  les  ei 
prits  font  en  trop  grande  a 
gitation , & où  il  cît  abfolu 


des  e au  Je  s de  U Ficvre.  13J 
lent  neceflaire  de  calmer 
:ur  impetuofité.  Que  s’il  y 
des  Fièvres  où  l’ufage  des 
, ci  des  Toit  indifpenfable , ce 
e peut  erre  que  dans  certai* 
es  Fièvres  malignes , qui 
aufent  une  telle  fonte  &C 
ne  fi  grande  rarefa&ion 
ans  la  maffe  du  fang , qu’il 
ft  abfolument  neceflaire  de 
1 condenfer , & de  luy  dou- 
er plus  de  confiftance  par  le 
loyen  des  Acides  : au  lieu 
u’ils  font  pernicieux  dans 
es  Fièvres  que  j’ay  appel- 
ées fanguines  & chroniques, 
iarce  que  ( comme  j’ay  raie 
roir  cy- devant)  les  efprits 
t’y  eftant  jamais  a fiez  agitez, 
ti  en  affez  grande  abondan- 
;e  pour  caufer  des  fympto- 
nes  fâcheux , on  a plutôt 
jefoin  de  Remedes  volatiles 
^ui  reparent  les  efprits , que 


<ftiô,  qUC 
les  Aci- 
des ne 
font  pas 
differens 
dans  le 
chaud , 
de  ce 
qu’ils  c- 
coient 
rdans  le 
froid. 


^epon» 


De  la  Nature, 
des  Remedes  acides  qui  lej 
affoibliflent.  Concluons  donc 
de  tout  cela , que  les  Acides 
ne  font  pas  le  véritable  Re- 
"mede  des  Fièvres  * & que  fi 
leur  ufage  eft  quelquefois 
ncceflaire  dans  ces  Mala- 
dies, ce  n’eft  pas  pour  en 
ôter  la  caufe , mais  pour  re- 
médier aux  accidens  : ce  qui 
ne  fait  rien  contre  mon  hy* 
pothèfe. 

On  me  demandera,  com- 
ment il  fe  peut  faire  que  les 
Acides  foient  differens  dans 
la  chaleur,  dé  ce  qu’ils  c- 
toient  dans  le  froid  ? Je  con- 
çois que  cette  différence 
vient  des  differens  cffcars  de 
la  fermentation  ; de  même 
qu’il  y a des  différences  de 
faveurs  dans  les  fruits , fui- 
vant  les  differens  degrez  de 
leur  maturité.  Une  poire  qui 

n’eft 


ér  des  caufes  de  la  Fièvre.  137-/ 
n’eft  pas  meure  eft  acerbe,, 
parce  que  les  Acides  gref- 
fiers y dominent  , & que  les- 
parties  fpiritueufes  ne  font 
pas  fuffifamment  exaltées  s: 
m contraire  , lorfqu’elle  eft 
neure,  elle  a une  faveur  a- 
;reable,  parce  que  les  efprits^ 
jnt  adoucy  les  Acides  dans* 
a maturation  ; mais  lorf- 
ju’clle  eft  trop  meure,  elle, 
'ent  l'aigre  : la  raifon  en  eft4, 
ju  alors  les  Acides  dominent 
>ar  la  diflipation  des  parties  s 
piritueufes.' 

La  même  clrofe  arrive; 
Lans  les  Fièvres  : pendant  le' 
tiflon , les  Acides  font  grof- 
iers  ; & en  liant  les  efprits  4 , 
s caufont  le  froid  & les  au-- 
res  fymptomes  qui. font  or-- 
linaires  au  commencementt 
les  Fièvres  -,  pendant  la  cha-  - 
rur3jces  mêmes  Acides  ayante 
Mi 


138  De  la  Nature , 
efté  aiguifez  par  une  longue 
fermentation  , deviennent 
plus  mobiles  & moins  ern- 
baraflans  , 8c  fuivent  aifè- 
ment  rimpetuofite  des  efprits 
qui  les  entraîne  v ce  qui  eau- 
fe  les  douleurs  ÔC  les  autres 
accidens  du  chaud  : 8c  à las 
fin  de  laccés,  les  fueursfen- 
tent  fbuvenc  l’aigre.  On 
voit  donc  par  là  que  dans  les 
trois  teins  de  la  Fièvre  , les, 
Acides  font  diffèrens } Sc  que 
fur  ce  principe , les  accidens 
qui  arrivent  au  commence- 
ment ou  dans  le  déclin  de* 
Fièvres,  doivent  être  tres- 
differens. 

« cbje-  Voici  encore  de  nouvel- 
fi  les im-  ics  obiections.  On  me  dira. 

pis  liions  . ,'1  / t 

de  l’air  que  j’ai  avance  que  les  im- 
fang  &.  preflions  de  l’air  fur  la  maf- 
Slas  fe  du  fang,  font  plus  fortes. 

ITdû1'  lue  ce^es  ^es  aSlIÏKns  >. 


& des  caufe  s de  la  Fièvre.  139 
ju’au  Printems  le  fang  fe  re-  ci.7i«, 
rouvellô  par  les  bonnes  qua-  verroic 
itez  de  l’air  , qui  abonde 
jour  lors  en  efprits.  Si  cela  auP/m’ 

* » i \ wms» 

;ft,  on  me  demandera  d ou 
/lent  qu’il  y a prefque  toû- 
iours  dans  cetce  Saifon  des 
Fièvres  tierces , ou  d’autres 
Fièvres  i ntermittentes  > Cela 
paroît  manifeftement  con- 
traire à mon  hypothefe , qui 
:ft  que  le  défaut  des  efprits. 
jft  la  caufe  des  Fièvres  ; SC 
[i  l’Automne  eft  la  Saifom 
de  l’année  où  l’on  en  voit: 
le  plus  , à caufe  de  cette  dif- 
Gpation  d’efprits  que  j’ai  fup- 
pofée,  il  femble  qu’il  ne  de- 
vroit  point  y en  avoir  au* 
Printems,  ni  dans  les  autres 
Saifons , où  les  qualitez  de- 
l’air  font  oppofées.  D’ail- 
leurs , sil  eft  vrai  que  fuivant  toutes  lèis 
les  différentes  Saifons  il  ar- 


*4°  De  la  Nature  y 

dans  les*  r*VC  ^CS  C^angei»enS  COnfî*. 

change-  derables  dans  le  fan  g , d’où 

saifops,  vient  , dira - t- on  encore, 
qu’une  Ficvre,  qui  félon  moi, 
procédé  de  la  mauyaife  qua- 
lité du  fan  g,,  dure  fouvent; 
des  années  entières  ? 

jMpoh.  Je  répons  a cela*,  premie- 
renient,  quon  doit  attribuer, 
la  eaufe  dés  Fièvres  qui  vien- 
nent au  Printcms,  à : ce  que 
pendant  l’Hyver  le  fa'ng  é- 
tant  épaiflt  & furchargé  d’A- 
cidéS  j & n’ÿ  ayant  pas  allez 
d’eiprits  pour  exciter  la  fer- 
mentation ne  fe  produi- 
fpit  point-  de  Fièvre  : mais 
dés  que  les  parties  fpiritueu-- 
fçs  de  l’air-  fe  font  introdui- 
tes dans  les  veines  j alors  el- 
les agitent  ces  matières  qui 
épaififToient  le  fang-,  & cau- 
ifnt  des  Fièvres  tierces  Prin- 
c§nnjeres,  Remarquez,  auÆî^ 


& des  eau  fis  de  U Fièvre.  141 
|ue  comme  les  efprits  qui  a- 
iondent  dans  l’air,  corrigent*, 
i mauvaife  qualité  du  fan  g , 
outes  ces  Fièvres  font  de 
eu  de  durée  , & fe  guérit 
ent  le  plus  Couvent  fans  Re- 
nede.  Le  contraire  arrive 
lans  l’Automne-,  ainfi  que 
e l’ai  déjà  remarqué  , & tout*: 
cia  s’accorde  fort,  bien  avec; 
aon  principe. 

Je  dis  en  fécond  lieu  , , 
[u’il  y a peu  de  Fièvres- qui» 
te  guériflent,  ou  qui  ne  chan- 
gent par  le  changement-,  des. 
îaifons.  Que  s’il  s’en  trou- 
e qui  -foient  .aflTez  opiniâtres 
our  durer  des  années  entie- 
rs, cela  ne  fçauroit  proce- 
er  que  du  mauvais  tempe- 
iment  du  malade, , de  fon 
îtemperance,  ou  de  la  mau- 
aife  conduite  de  ceux  qui 
uront . eu  foin  de  fa  fanté» 

Miiij. 


142.  De  la  Nature  , 

Si  par  exemple , au  lieu  de 
rétablir  le  fiing  dans  fa  qua. 
lité  balfamique  & fpiritueu- 
fe  , Ton  a épuifé  les  veines 
du  malade , pour  les  remplir 
de  boiflbns  acides  5c  rafraî- 
chi (Tantes,  il  cfl:  à craindre 
que  le  bénéfice  des  Saifons 
ne  lui  foie  inutile  ; & à moins 
qu’un  Remede  fpecifique  ne 
vienne  au  fecours  de  Tair , la 
guérifon  de  fa  Fièvre  fera 
difficile.  On  voit  tous  les 
jours  des  vieillards  , dont  Ti- 
ge a glacé  le  fang  dans  les 
veines , attaquez  de  Fièvres 
intermittentes  , à qui  des 
Médecins  ordonnent  des  fai- 
gnées  réitérées , des  Re- 
medes  rafraîchiflfans , pour 
éteindre , difent  - ils , le  feu 
dévorant  qui  eft  dans  leurs 
entrailles  : cependant  l'expo* 
fiience  fait  voir  tous  les  jours- 


» des  caufes  de  la  Fiévre.  143 
e cette  méthode  eft  nuifi- 
; , fut  tout  à desperfonnes 
an  âge  avancé. 

On  obie&era  encore  que  7.oi>ici 
n n eft  plus  capable  de  u$  dir- 
>nner  la  Fièvre  que  la  dif-  £"k"°f"sS 
ifition  bilieufe  du^fang , la-  ^ 
telle  eft  contraire  à l’Acide.  Fièvres  , 
i;  effet , ceux  qui  ont  beu  pasn°“i- 
:s  vins  de  liqueur  , ôd  qui  ffs[  dE! 
it  ufé  de  poivre  8d  dali- 
ens  chauds  qui  produifent 
bile  }:  ceux-là , dis-je , font 

s plus  fujets  à la  Fièvre  : au. 

;u  que  rien  n’y  eft  fi  oppo- 
que  l’aigreur  du  fang.  Gela 
; voit  dans  les  Mélancoli- 
jcs,  dans  les  Scorbutiques, 

: dans,  les  Hydropiques  v 
ui  n’ont  jamais  de  Fièvre,  à- 
lufe  de  l’extrême  acidité 
ui  domine  dans  la  maftè  du, 
mg  de  ces  Malades. 

•Je.  dis,  à l’égard  de  ces 


144'  De  là  Nature , 
difpofitions  bilieufes , que 
lexperience  nous  apprend 
que  ce  ne  font  pas  les  caufes 
principales  des  Fièvres , puif- 
qu’on  voit  tous  les  jours  des 
bilieux  & des  gens  malades 
de  la  jaunifle , n’a  voie  pas  la 
moindre  émotion  fiévreufe  j 
au  contraire,  ils  ont  pref- 
que  toujours  le  pouls  petit 
csye'i,  & languiiTant.  Dànsie  fonds, 
peut  "pas  îe  ne  comprens  pas  comment 
caufer i*  la  bile  peut  cauler  la  Fièvre: 
car  ü par  la  hile  on  entend 
une  humeur  amere  Tans  mé- 
lange d’autres  fucs , telle 
qu’eft  celle  qui  eft  contenu© 
naturellement  dans  la  vefi- 
cule  du  fiel,,  loin  de  pro- 
duire la  Fièvre,  elle  la  doit 
empêcher,  puilque  tout  ce 
qui  eft  amer  combat  & dé- 
truit la  fermentation  de  laa 
Eiéyre. . Cela  eft  manifofte 

dan  j s 


€$*  des  C4u  fès  de  la  Fièvre.  14  y 
lans  les  fébrifuges  les  plus 
ificez,  comme  font  le  Quin- 
[uina,  la  petite  Centaurée, 
écorce  de  Buis,  d’Aune,  la 
acine  de  Gentiane,  &c.  &C 
es  pierres  mêmes  que  l’on 
rouve  dans  la  veficule  du  fiel 
l’un  homme  ou  d’un  bœuf, 
^quelles  n’eftans  qu’une 
ile  épaiflîe  & condenfée , 
mt  encore  de  véritables  fe- 
rifuges.  Mais  fi  par  la  bile 
n entend  un  mélange  con- 
■îs  de  fucs  acides,  amers, 
oux  & indigeftes,  comme 
s’en  rencontre  fouvent 
ans  les  premières  voyes  , & 
ont  bien  des  gens  fe  plai- 
nent , &:  difent  qu’ils  ont 
e la  bile  ; j’avouë  que  ces 
umeurs  pourront  caulcr  la 
iévre  , iorfqu’elles  feront 
ortées  avec  le  chyle  dans 
:s  veines , mais  ce  fera  tou- 

N 


tafé  Ve  la  Nature , 
jours  à caufe  de  l'acidité 
qu’elles  communiquent  au 
fang  s & tout  cela  confirme 
encore  mon  hypothefe. 

?’où  „ S’il  arrive  que  les  vins  de 
ks  »u-  liqueur  & les  ahmens  chauds 
chauds  & fpiritueux  produifent  des 
UHévieî  Fièvres , cela  ne  fe  fait  point 
dans  le  moment  qu’on  en  ufej 
mais  apres  qu’ils  auront  elle 
pris  avec  excès  , & qu’ayant 
caufé  une  trop  grande  raré- 
faction dans  la  malle  du  fang,, 
lî  donné  lieu  à une  diflîpa- 
tion  d’efprits , le  fang  aura 
contracté  une  dilpofition  a- 
tt  pour-  eide.  Enfin  fi  les  hypocon- 
Sytt*  driaques , les  feorbutiques , 
uTVeor-  & *es  hydropiques,  lefquels 
butiques  ont  le  fang  acide  , comme 
pîr  tout  le  monde  en  convient , 
*'u‘  ont  tres-rarement  la  Fièvre  ; 
la  raifon  en  eft  évidente  ; c’efi 
que  le  fang  de  ces  fortes  de 


des  Cdtifes  de  U fièvre,  lêff 
Malades  eft  deftitué  d’efprirs, 
ou  du  moins  ils  y font  en  fi 
petite  quantité  , qu’ils  font  fa- 
cilement abforbez  & enve- 
loppez par  les  Acides  qui  y 
dominent  : fi  bien  qu’il  efb 
impoffible  qu’ils  puiflcnt  ex- 
citer de  grandes  fermenta- 
tions, Cependant  on  remar- 
que prefque  toujours  dans 
ces  maladies,  que  le  pouls 
s’eleve  apres  le  repas  : ce  qui 
vient  de  ce  que  la  conver- 
fion  du  chyle  en  fang  ne  fè 
fait  pas  tranquillement , 
que  les  parties  fpiritueufes  du 
chyle  eftant  portées  dans  la 
malFe  du  fang , y excitent  à 
la  vérité  une  fermentation. 
Mais  comme  les  Acides  y 
dominent , ils  lient  & enve- 
loppent bien-tôt  le  peu  qu’il 
y a d’efprits  : tellement  qui! 
n’y  paroît  qu’une  agitation 
N ij 


S.  Obje- 
&iô,  que 
li  les  Fiè- 
vres ve- 
noiéc  de 
i’aigrear 
du  fang , 
elles  fe- 
îoient 
toutes 
incura^ 
blcs. 


348  bêla  Nature, 
legere , qui  n’eft  tout  au  plu$ 
qu’une  Fièvre  lente. 

Mais  peut-être  ne  fera- 
t-on  pas  content  de  cette 
hypothefe,  de  l’aigreur  du 
fang  dans  les  veines  : Si  cela 
eftoit , dira-t-on  , toutes  les 
Fièvres  feroient  incurables 
La  raifon  en  eft,  que  pour 
les  guérir  il  feroit  necefiaire 
que  le  fang  perdît  fa  quali- 
té aigre.  Or  il  eft  certain 
que  dés  qu’une  liqueur  eft 
aigrie,  elle  ne  fçàuroit  re- 
tourner à fon  premier  eftat. 
Par  exemple , fi  le  vin  , la 
biere  & le  lait  deviennent  ai- 
gres , il  eft  confiant  que  ces 
liqueurs  ne  perdent  point 
leur  aigreur , &c  qu’au  con- 
traire elles  la  communiquent 
aux  autres  avec  lefquelles 
on  les  mêle.  D’ailleurs,  on 
ne  doit  pas  conclure  que  le 


& des  Càufes  de  la  Fièvre.  149 
fang  devienne  acide  par  la 
diflipation  des  efprits  : fou- 
vent  après  cette  diflipation , 
les  parties  fulfurées  prennent 
le  deffus , & alors  il  devient 
ranciâe , à peu  prés  comme  le 
vin  gras. 

Je  n’ay  pas  dit  abfolument  Re'poa 
que  le  fang  fût  aigre  dans  fe* 
les  Fièvres , mais  qu’il  tenoic 
de  l’aigre.  Il  y a bien  de  la 
différence  entre  l’un  & l’au- 
tre. Je  conviens  que  lorfque 
le  fang  eft  dans  une  extrême 
acidité,  il  eft  impoflible  de 
le  rétablir  dans  fon  premier 
eftat  Ipiritueux  ; & c’eft  pour 
cette  raifon  que  les  hydro- 
pifies,  les  Fièvres  lentes,  les 
affeftions  hypocondriaques 
ôc  fcorbutiques,  font  la  plu- 
part incurables.  Mais  lorf- 
que le  fang  n’a  qu’une  dif- 
pofition  à l’aigreur , on  voit 
N iij 


ïyo  De  la  Nature  ] 
bien  qu’on  peut  le  remettre 
dans  (‘on  eftat  naturel  î êd 
qu’ainfi  la  plupart  des  Fiè- 
vres Font  guériffables.  A 
l’égard  de  ce  qu’on  dit,  que 
par  la  diffipation  des  efprits 
le  fang  peut  devenir  ranci  de, 
j’en  demeure  d’accord  : ma 
penfée  n’eft  pas  que  le  fang 
devienne  toujours  acide , 
lorfque  Tes  efprits  fe  difli- 
pent  î mais  feulement  qu’il 
ne  fçauroit  devenir  acide 
que  par  la  diflipation  de  fes, 
efprits. 

j*âion  , On  dira  encore  que  mon 
jiévreé  hypothefe  parole  imparfaite, 
tant  une  qu’elle  ne  répond  pas  à l’i- 
h>7,'  dée  qu’on  a des  fermenta-. 
el,e.dt  rions.  Toute  fermentation 


alcali.  Four  expliquer  don© 


cTan  aci- 
de avec 
anaÎKa- 

lij  ôCnon 


ii?îc non  de  , & l’autre  Iixivieux  ou, 


dés  t au fes  de  ïa Fibre,  ifi 
la  Fièvre  , qui  eft  une  fer- 
mentation,  il  faut  fuppoler  erPiitS,. 
dans  le  fang  le  mélange  de 
ees  deux  fels  ; c’eft-a-dire  , 
ou  la  difpoficion  acide  du 
fang,  te  la  bile  qui  y eft  en- 
traînée des  entrailles  } ou  ce 
qui  eft  mieux,  la  difpoficion; 
bilieufe  du  fang,  te  les  hu- 
meurs aigries  qui  y font  por- 
tées des  entrailles  à chaque 
accès.  ' Or  je  nay  parlé  , 
dira -t- on,  que  dun  fang 
aigri , te  d’un  chyle  impur  » 

■te,  j’attribue  tout  le  mouve-  * 
ment  à l’aétion  des  cfprits  : 
ce  qui  ne  parole  pas  fuffi- 
fant.  A 

Je  fçay  bien  que  la  plu  * Répons 
part  des  Auteurs  modernes,  fe* 
font  dans  la  penfée  que  la 
fermentation  ne  fe  peut  fai- 
re que  par  la  rencontre  d un 
fel  acide  te  dun  fël  al  sali  s 


Qtje  les 
acides  ÔC 
lesalica- 
lis  do  * 
lient  oc- 
cafion  à 
h fermé- 
ration  , 
mais 
qu'ils  ïî’é 
font  pas 
les  eau- 
ica. 


îja  De  la  Nature  \ 

Mais  je  ne  fçay  fi  leur  fen- 
timent  eft  bien  fondé.  Je 
comprens  fore  bien  que  le 
mélangé  des  alxalis  avec  les 
acides  donne  occafion  à la 
fermentation  : mais  je  fuis 
convaincu  qu’iis  n’en  font  pas 
les  caufes  formelles,  &:  que 
cous  les  mouvemens  ne  doi- 
vent cftre  attribuez  qu’aux 
eiprits , à la  matière  fubtile 
ou  étherée,  qui  font  les  par- 
ties les  plus  adirés  des  mix- 
tes, Que  fi  les  fels  alxalis 
mêlez  avec  les  acides  Con- 
fient occafion  à la  fermenta- 
tion, ee  ne  peut  eftre  qu’en 
deux  differens  eftats  des  corps 
qui  fe  fermentent  : car  ou 
les  efprits  y font  en  repos, 
ou  ils  font  déjà  en  mouve- 
ment. S’ils  font  en  repos 
pour  eftre  trop  liez  & enve- 
loppez dans  les  acides , 


& deseaufes  de  la  lièvre. 
u’alors  on  y ajoute  des  al- 
alis  qui  embaralTenc  les  a- 
des  ; on  donne  lieu  par  là 
îx  efprits  de  fe  dégager  , 

: d’agiter  les  matières  qui 
oppofoient  à leur  mouve- 
lent.  Mais  fi  au  contraire 
s efprits  font  déjà  en  moll- 
ement, & qu’ils  ne  foient 
lêlez  qu’avec  des  al  salis  j 
lors  fi  on  y ajoute  des  aei- 
es , ils  produiront  des  coa- 
ulations , &:  feront  obftacle 
u mouvement  des  efprits  : 
e qui  leur  fera  faire  effort 
our  fs  développer.  Ainfi 
’eft  toujours  par  l’aétion  des 
fprits  que  fe  fait  la  fermen- 
ation. 

Sur  ce  principe  on  voit  bien 
[u’il  n’efl  pas  befoin  d’avoir 
ecours  à toutes  ces  difpofi- 
ions  bilieufes , de  quelque 
naniere  qu’on  les  prenne i 


ij4  Ve  h Mâture  , 
pour  expliquer  les  ferment 
. _V  tions  de  la  Fièvre. 

f 9.  On-  # 

, On  dira  enfin  que  cetî 
divifion  nouvelle  divifion  des  Fièvre 


des  Fiè- 


vres en 
chyleu- 
fesôc  fan» 
guines 
n’eft  pas 
jufte, 
puifque 
les  qua- 
litcz  du 
fang  ne 
peuvent 
dépen- 
dre que 
du  chy- 
le. 

AéponCe 


en  fanguines  Sc  en  chjleuft 
n’eft  pas  bien  fondée  , pu 
que  le  fang  ne  peut  avo 
d’autres  qualités  , que  celle 
qu’il  reçoit  du  chyle  3 de  m< 
me  que  le  chyle  n’en  a p; 
d’autres  que  celles  qu’il  rc 
çoit  des  alimens. 

Il  eft  vray  que  les  bonne 
& les  mauvaifes  qualités  d 
fang  procèdent  fouvent  de  ] 
nature  du  chyle , mais  je  n 
croy  pas  quelles  en  dépen 
dent  uniquement  : car  je  tiet 
pour  confiant  que  les  imprei 
fions  de  l’air  fur  la  malle  d 
fang , font  plus  fortes  que  ce 
les  du  chyle,  & que  fi  le  ch  y 
le  fournit  la  matière  du  fang 
«’eft  l’air  qui  luy  donne  1 


- des  câttfes  de  U Fièvre,  if  j 
me  , non  feulement  par-* 
qu’il  eft  fa  première  nour- 
are , & qu’il  luy  porte  in- 
famment  les  efprits  , les 
ences  5 & les  autres  fub- 
nces  dont  il  eft  charge  ; 
iis  encore  parce  qu’il  eft  le 
incipc-de  Ton  mouvement  5 
la  caufe  principale  de  fes 
refa&ions  r comme  },e  puis 
démontrer. 

Ce  qui  me  perfuade  que  les  v*&ÿ 
îpreflions  défait  fur  la  maf-  fur  u 
du  fang  * font  plus  fortes  ans> 
je  celles  du  chyle  r c eft  que 
chyle  ne  fe  mêle  pas  incef- 
mment  dans  le  fang  , 
a’il  reçoit  beaucoup  d alté- 
rions dans  les  parties  difte- 

ntes  o cl  il  pafte  avant  que 
y parvenir  ï,  au  lieu  que  l’air 
y mêle  continuellement  &£ 
nmediatement , & luy  com? 
iunique  les  fubftancespureg. 


ijê  De  la  Nature , 
ou  impures  donc  il  eft  cha 
gé.  Pour  en  eftre  convainc 
il  fuffit  de  faire  réfléxii 
fur  nos  differentes  fenfatio 
dans  les  faifons  differente 
dira-t’on  que  le  froid  & 
fluxions  qui  nous  ineomm 
dent  en  Hy  ver,  que  la  vigue 
extraordinaire  que  nous  fe 
tons  au  Printemps , que  l’a 
eabîement  & l’épuifemei 
dans  lefquels  nous  nous  tro 
vons  en  Efté  & en  Automi 
viennent  des  aümens.  Je  i 
croy  pas  que  cela  puiffe  ton 
ber  dans  Pefprit  d’une  pe 
fonne  raifonnabîe  : on  vo 
manifeftetnentque  ce  font d 
effets  des  alterations  de  l’ai 
& il  eft  aifé  de  comprend] 
que  ce  que  l’air  eft  capable  c 
produire  dans  les  plantes  < 
dans  les  animaux  qui  nous  fe 
vent  de  nourriture , il  le  pei 


• des  csufes  de  U Fièvre,  i f? 
e aufli  dans  nos  corps? 
iis  afin  qu’il  ne  relie  aucun 
jpule  fur  cette  matière  , 
veux  faire  voir  que  l’air 
le  principal  agent  de  la 
guification  , & le  princi- 
du  mouvement  intellin 
fang  , &c  qu’ainfi  il  a beau- 
ip  plus  de  part  à toutes 
fermentations  que  le  chy- 
Pour  eftre  convaincu , que 
r cft  le  principal  agent  de 
fanguification",  il  ne  faut  agent  de 
ï faire  réflexion  fur  les  guifica-. 
alitez  du  fang  avant  qu’il  “on' 

;re  dans  les  poulmons  ; ce 
g qui  y ell  rapporté  de 
it  le  corps  par  les  veines , 
dépoüiÙé  de  fes  parties 
ritueufes } qui  ont  efté  em- 
>yées  au  mouvement  des 
ilcles  & à la  nourriture  des 
:ties , ou  qui  f'  font  difli- 
;s  par  infenfible  tranfpira- 


ïyS  Zte  Ia  Nature  ] 
tion  : de  plus , il  eft  mêlé  c 
chyle  &•  de  lymphe  , qui  ! 
rendent  encore  plus  épais  ; 
plus  vifqueux  ; de  fori 
qu’étant  altéré  de  tant  c 
maniérés , il  ne  fçauroit  efti 
propre  pour  la  nourriture  d« 
parties.  Mais  à mefure  qu’ 
eft  pouffé  dans  les  poulmon: 
l’air  qui  fe  mêle  avec  ceti 
maffc  confufe  l’agite , la  br 
fe  & la  fubtilife  ; &c  le  fan 
devenant  par  ce  moyen  pli 
fluide  & plus  fpiritueux  , r< 
vient  par  la  veine  du  pou 
mon  dans  le  ventricule  gai 
che  du  cœur,  d’où  il  eft  pou 
fé  avec  rapidité  dans  tout< 
les  parties  au  corps.  Cette  a 
teration  que  le  fang  reço 
de  l’air  dans  les  poulmons  e 
manifefte  , par  la  feule  exp< 
rience  d’un  célébré  Anato 
nrifte , qui  a remarqué  que  I 


r des  càufes  de  la  Fièvre,  i js> 
ig  des  arteres  du  poulmon 
ou  noir  & épais  comme  le 
ng  qui  eft  dans  les  veines  : 
lieu  que  le  fang  qui  revient 
s poulmons  au  cœur  par 
5 veines  du  poulmon  , eft 
btile , épuré  ^ & abfolument 
mblable  au  fang  artériel , 
rce  qu’il  eft  mêlé  d’air.  On 
ut  juftifier  l’experience  de 
t Auteur  par  celle-cy. 

Si  on  intercepte  l’air  qui 
itre  dans  les  poulmons , &2 
i’on  ouvre  en  même  tcms 
telque  Tir  ter  e , on  verra 
lûjours  le  fang  noir  èc  épais* 
on  rend  le  paffage  à l’air  , 
fang  reprendra  aufli-tôt  là 
>uleur  vermeille. 

Il  eft  encore  aifé  de  con-  u pti* 

• n i • • ciPc 

;voir  que  1 air  eft  le  princi-  tnouvc- 
e du  mouvement  inteftin  du 
ing , fi  l’on  fuppofe  que  cét  ftn8- 
ir  qui  fe  mêle  continuelle- 


Bt  peut- 
être  mê- 
me qu’il 
eft  le 
principe 
du  mou- 
vement 
du  cœur* 


léù  De  la  Nature , 
ment  avec  le  fang , a une  ver 
tu  élafiique  ou  de  refiort , pai 
laquelle  il  fc  remet  lorfqu’i 
eft  délivré  de  la  comp1  effior 
& du  poids  des  parties  qu 
l’environnent  ; car  par  là  or 
comprend  que  lorfque  les 
mufcles  & les  artères  cefleni 
de  comprimer  la  mafle  du 
fang,  les  particules  de  l’air  qui 
y font  intimement  mêlées, 
fe  remettent  par  leur  ref- 
fort , & agitent  diverfement 
toutes  ces  parties , & c’cft  cet- 
te agitation  qui  produit  le 
mouvement  inteftin  du  fang. 
Je  ne  fça y même  fi  on  ne 
pourroit  pas  avancer  que  l’ait 
eft  le  principe  du  mouvement 
du  coeur  ; cette  propofition 
eft  un  peu  hardie,  ma's  elle 
meparoift  foutf  nablc.  Voicy 
de  quelle  maniéré  je  penfe 
qu’on  pourroit  expliquer  ce 
mouvement 


é“  des  caufes  de  la  Fièvre.  i£i 
louvement  par  l’aétion  de 
air  , lorfque  le  fang  eft  en- 
é dans  les  ventricules  du 
æur,  l’air  que  ce  fang  con- 
ent  fe  dilate  &£  fe  raréfié 
ans  l’inftant  même  , parce 
u’il  y trouve  beaucoup  plus 
e chaleur  que  dans  l’Ath- 
sofphere  ; mais  comme  les 
entricules  du  cœur  n’ont  pas 
[Tez  de  volume  pour  luy  don- 
er  toute  l’étenduë  qu’il  eft 
ipable  d’occuper , il  fait  ef- 
art  pour  fortir  , & pouffe  le 
ing  avec  rapidité  dans  les  ar- 
:resi  le  cœur  fe  remplit  auflï- 
>ft  de  nouveau  fang  mêlé 
air , qui  renouvelle  & con- 
nue toujours  le  mouvement 
u cœur  & du  fang  par  fa  ver- 
1 élaftique  de  la  maniéré  que 
ay  dit. 

Ce  n’eft  pas  que  je  vou- 
iffe  rendre  inutile  la  ftru&u- 
O 


té î De  U Nature  , 

re  du  cœur  , ces  fibres , ces 
ventricules , ces  valvules , & 
tout  cét  artifice  admirable 
qui  paroift:  dans  fa  conforma- 
tion ; j;e  fuis  perfuadé  que 
toutes  ces.  chofes  font  d’une 
neceflké  abfoluë  pour  foni 
mouvement  ; mais  elles  ne 
fuffifent  pas  ; & quand  je  con- 
fidere , par  exemple , que  tou- 
te la  mechanique  d’un  mou- 
lin à vent  ne  fert  de  rien  dans 
un  grand  calme  , &:  que  ces 
roues  y,  ces  meules , & tout 
cét  attirail  font  fans  effet , Il 
le  vent  ne  donne  le  branle  ] 
toute  la  machine  , je  conclus 
que  le  vent  eft  abfolumeni 
neceffaire  pour  faire  tourne) 
ce  moulin  ; tout  de  même  f 
je  fais  réflexion  que  le  cœui 
eftant  bien  organifé  & rem- 
pli, fi  l’on  veut,  de  fang  prc- 
4uit_  par  de  bons  aliaiens 


des  caufes  de  là  Fièvre . 1%: 
emeurera  immobile  fi  on  luy 
jpprime  l’air  ; je  croy  qu’on 
ourroit  s’imaginer  que  l’air 
ft  le  principe  du  mouve- 
lent  du  cœur. 

Je  fçay  bien  que  cette 
ropofition  n’eft  pas  du  gouft 
es  Anatomiftes  , qui  veu- 
:nt  que  les  efprits  animaux 
ui  influent  de  la  huitième 
aire  des  nerfs  dans  les  fi- 
nes du  cœur,  foientla  caufe 
Timediate  de  fon  mouve- 
ment ; mais  comme  les  ef- 
rits  animaux  font  formez 
ar  la  matière  fubtile , &;  pat 
a partie  la  plus  fpiritueufe  du 
ang  contenu  dans  l’artere  qui 
nonte  au  cerveau  que 
;ette  matière  SC  ces  efprits, 
>nt  paifé  dans  le  cœur  avant: 
|ue  d’entrer  dans  les  nerfs  5 
’ay  crû  qu’on  pouvoit  don- 
1er  la  prérogative  pour  le 


164  De  là  N Attire , 
mouvement  du  cœur  à fait 
ou  à la  matière  fubtile. 
ituetout  Quoi  qu’il  en  Toit,  cette  dif 
à prou-  cuflion  ne  fait  rien  à mon 
fu jet  5 d me  fuffit  d’avoir  de. 
moBtr^  quc  l’air  eft  le  prin- 
fat  i«  cipal  agent  de  la  fanguiüca- 
pîûffor-  non  , Sc  le  principe  du  mou- 
«Lfdu  vement  intellin  U des  rare- 
ciîyi*.  fadions  du  fang,  pour  pou- 
voir conclure  que  les  imprcf- 
/ions  de  l’air  fur  le  fang  font 
plus  fortes  que  celles  du  chyle. 

Il  ne  faut  pas  oublier  icy 
un  fait  de  pratique  qui  eft  de- 
cififdans  cette  occafton  ; c’eft 
que  h au  Princems  ou  en  Efté 
on  donne  du  vin  de  uin - 

quint  pour  guérir  quelque 
Fièvre  intermittente , il  eft 
confiant  qu’on  fera  guéri  plus 
feurement  dans  l’une  de  ces 
faifons  avec  deux  bouteilles 
de  ce  vin  , qu’avec  lix  eii 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  i6j 
Hyver  , quelque  précaution 
ju’on  obferve  pour  le  regi- 
ne  de  vivre  : la  raifon  eft 
ju’en  Hyver  l’air  conferve  &c 
établit  aifément  la  difpofi- 
ion  froide  &c  acide  du  fang  , 
Z qu’au  Printems  & en  Efté 
;es/.  mêmes  acides  font  fad- 
ement diffbus  Sz  détruits  par 
a chaleur  extérieure  de  l’air  , 
M que  cette  faifon  n’eft  nul- 
ement  propre  pour  en  repro- 
duire d’autres. 

Par  tous  ces  raifonnemens, 
;e  veux  faire  comprendre 
:ju’un  chyle  impur  peut  ex- 
citer des  fermentations  ex- 
rao-rdinaires  dans  la  maffe 
lu  fang  ; mais  que  ces  fer- 
nentations  ne  feront  pas  fou- 
rent  réitérées , fi  l’on  change 
a qualité  du  chyle  , SZ  fi  le 
ang  eft  d’ailleurs  bien  difpo- 
e } (jue  fi  au  contraire  ce  fang 


Et  côfiï^ 
mer  la 
divifion 
des  Pié-^ 
yres  en 
chyleu- 
fes  èC  fâi 
gaines; 


1 44  XK  U Nature , 

reçoit  de  grandes  alterations 
par  celles  qui  arrivent  à l’air 
par  exemple , fi  dans  l’ Autour 
ne  après  les  grandes  ardeur: 
de  l’Eftc,  il  eli  deftitué  d’ef 
prits  , &;  qu’il  participe  de 
l’aigre  ,,  comme  je  l’ay  fup- 
pofé  y il  s’y  fera  toujours  de; 
fermentations  extraordinai- 
res, lors  qu’il  s’y,  mêlera  une 
fuffifance  portion  de  chyle 
pour  les  exciter , quelque 
louable  d’ailleurs  que  ce  chy 
le  foit,  ôc  ce  s fermentation; 
lè  renouvelleront  toutes  le< 
fois  que  cette  quantité  de 
chyle  s’y  introduira , jufqu* 
ce  que  le  tempérament  du 
fang  foit  changé  par  une  fai* 
fon  nouvelle  ou  par  un  reme- 
de  fpecifique.  Voilà  precifé* 
ment  l’idée  que  j ’ay  des  Fié* 
vres  fanguines  & chyleufes  , 
& je  fuis  perfuadé , qu’ç# 


& des  caufes  de  h Fïêvte. 
ouvera  cette  divifion  bien 
cablie  , fi  l’on  fait  réflexion 
ir  tout  ce  que  j’ay  dit  fur  ce 
ijet , & fi  l’on  examine 
yec  foin  les,  fymptomes  des, 
;iévtes.. 


QUATRIEME  PARTIE^ 
Contenant  la  Pratique  ; 


dosée  des  Expériences  (çfc 
des  Réflexions  fur  le 

Quinquina. 

A Près  avoir  établi  mon 
Syftême  par  des  raifon- 
îcmens , il  faut  donner  des. 
ivis  pour  la  Pratique  qui» 
"oient  conformes  à mes  prin-*. 
:ipes  ; Et  comme  j’ay  re- 
marqué  que  la  faignée  & la 
purgation  étaient  les,  rems» 


Com- 
ment on 
fai  foi t la 
Médeci- 
ne dans 
les  pre- 
miers 
jtcms. 


ï£8  T>e  la  Nature , 
des  generaux , afin  de  fuivr< 
l’ordre  que  je  me  fuis  propo. 
lé  dés  le  commencement  de 
cet  Ouvrage  , je  parleray  de 
la  faignée  , & j’examineray 
quel  en  doit  être  le  légitime 
ufage  ; Je  tâcheray  aulîî  de 
découvrir  en  quoy  confifte  1? 
vertu  &;  l’adion  des  purga- 
tifs , & enfin  j’apporteray 
les  expériences  que  fay  fai- 
tes fur  le  Quinquina  qui  con- 
firmeront mon  hypothefe. 

On  débité  plufieurs  con- 
tes fabuleux  pour  prouver 
l’origine  , l’Antiquité  , & la 
neceflîté  de  la  faignée  : Mais 
il  ne  paroift  pas  quelle  fçit 
d’un  ufage  fi  ancien  que  la 
Medecine,  & nous  fçavons 
que  dans  les  premiers  tems 
on  avoir  feulement  recours 
à la  vertu  des  Plantes  pour  la 
guerifon  de  toutes  les  mala- 
dies 


de  temps  de  la  F livre.  1S9 
les  s cependant  il  y a des 
tuteurs  qui  nous  aflurent 
ue  Podalirius  fécond  fils 
’Efculape  guérit  par  la  fai-  u ÙU 
née  la  fille  du  Roy  de  Ca- 
c,&que  ce  Roy  luy  donna  ch  z!« 

’ ^ ' /'il  Anciens. 

our  recompenie  cette  hile 
1 mariage , avec  la  meilleure 
rovince  de  fes  Etats  .■  Si  ce 
,it eft confiant,  il  fen  à faire 
oir  que  la  faignée  n’eftoit 
is  inconnue  aux  Anciens  î 
aoy  qu’il  en  foit , on  ne 
auroit  difeonvenir  qu’elle 
ait  toujours  efté  tres-utile , 
ais  nous  n’avons  point  d’e- 
:mple  dans  toute  l’An tiqui- 
de  l’excès  ou  elle  a efté 
>rtée  dans  ces  derniers  fie- 
?s  : & ce  qu’il  y a d’éton- 
,nt  & de  fatal , c’eft  que  les 
us  fçavants  Médecins  , 
li  paroiffent  le  plus  ferupu- 
afement  attachez  à la  do- 
P 


170  2 >e  id  Naturel 

dirine  des  Anciens  , ont  ctî 


bli  la  faignée  comme  un  re 


mede  univerfel  & affuré  cor 
tre  toute  forte  de  maladies 
&:  ont  donné  l’exclufion  pre 
qua  tous  ceux  que  la  Natui 
l’Arc  nous  fournirent  d 
plus  utiles. 

Le  fameuxM',  Courtois  éto 
fi  prévenu  pour  la  faignée , J 
pour  les  boiflbns  rafraîchiflai 
tes,  qu’il  méprifoit  tous  les  ai 
très  remedes  j il  difoit  que  1 
Mon-  herbes  n’eftoient  faites  qi 
Conrtoîs  pour  les  vaches , & que  Dit 
Mede-'  n’avoit  pas  mis  des  étiquete 
tin  de  ^ ia  Scolopendre  ou  à 1’/ 


Paris. 


ftePfunt"  gremolne  » pour  niarqu 
les  pian,  qu  elles  étoient  utiles  au  fo 
ou  à la  ratte.  On  a veu  fo 


vent  ce  célébré  Médecin  0 
donner  des  faignées  du  pii 
& de  la  gorge  pour  des  Fi 
,vr çs  tierces  bien  caradexHei 


gf  des  cmfes  de  Ia  "Fièvre,  iji 
prés  avoir  épuifé  les  veines 
les  bras,&  faire  mettre  des 


eaux  pleins  d’eau  auprès  du 
it  des  malades  pour  éteindre 
es  flammes  de  la  Fièvre.  Mais 
èxperience  a fait  voir  que 
ette  Pratique  étoit  fouvent 
unefte  , & l’on  a remarqué 
[ue  plufieurs  malades  font 
norts  après  des  faignées  reï- 
erées  •,  l’on  en  a veu  même 
xpirer  fous  la  lancette  , 
ue  beaucoup  d’autres  font 
evenus  hydropiques  ou  hec- 
iques , & l’on  ne  fçauroit 
ifeonvenir  que  depuis  que 
; Jjhtinquina  eft  en  ufage , 
n ne  guerifle  plus  prorata», 
lent  & plus  feurement  les 
’iévres  , & qu’on  ne  voye 
aoins  de  febricitans  languir 
les  années  entières. 

Monfieur  Bayle  fçavanc 
vledecin  , & ProfeiTeur  aux 
P i) 


Réfuta- 
tion de 
la  diffcr- 
tation 
de  Mon- 
fieur 
Bayle 
fur  la 
Jaigaéfit 


iyz  De  la  Nature , 

Arts  liberaux  en  l’Univerfic 
de  Touloufe  f a fait  une  Dif 
fertacion  de  la  neceffité  del 
faignée  pour  la  guerifon  de 
Fièvres  ; & comme  cec  Au 
leur  eft  d’une  haute  reputa 
lion  , ô£  que  le  public  eft  foi 
prévenu  en  fa  faveur  , il 
regardé  cette  pièce  comm 
une  explication  mechaniqu 
qui  prouve  évidemment  l’uti 
licé  & la  neceffité  de  la  faigné 
pour  la  guerifon  des  Fièvres 
A mon  égard  je  ne  fçauroi 
m’empêcher  de  dire  que  j 
l’ay  confîderée  d’une  autr 
maniéré  , & quil  me  paroi 
que  tous  les  raifonnemer 
que  l’Auteur  employé , l 
que  toutes  les  confequeno 
qu’il  tire  de  la  machine  t 
Monfieur  Papin  pour  prot 
ver  la  neceffité  de  faigm 
dans  les  Fièvres , portent 


gf  descaufes  de  U Fièvre.  vjy 
aux  , puifque  loin  d’établir 
:ette  necelïké  de  faigner , el- 
es  font  voir  au  contraire  que 
a faignée  eft  dangereufe,  je 
rais  en  donner  des  preuves  -v 
gonfleur  Bayle  commence 
à differtation  par  un  difcours 
>atetiquc5&  veut  infinuer  que 
es  Charlatans  & les  faux  Me- 
iecins  abufent  de  la  foi  bief, 
é des  malades  pour  décrier 
a faignée  dans  leur  efpritj 
tarce  que  ces  fortes  de  gens  3 
lit-il  , n’ont  point  d’autres 
noyens  d’établir  leur  reputa- 
ion  qu’en  ruinant  celle  d’au- 
ruy  par  des  voyes  indignes  ; 
ifoicy  comme  il  parle  dans 
a page  $5.  La  Saignée , di- 
’ent-ils , en  ôtant  une  partie 
lu  fang , dépoüille  celuy  qui 
lefliedansle  corps  de  la  par- 
lie  fpiritueufe , l’affoiblit , & 
le  rend  inepte  pour  fervir  aux 

P üj 


3* 

>3 

** 

î) 

3? 

& 


i74  t>e  U Nature  1 
sj  ufages  aufquels  il  eft  deftiné 
„ ces  difpofitions , difent-  ils 
»,  mènent  infailliblement  à l’hy 
#>  dropifîe  : c’eft  la  pins  forti 
3)  objection  que  ces  fortes  d< 
» gens  font  contre  la  faignée. 

Monfieur  Bayle  qui  eft  ut 
grand  Philofophe,  traite  ave< 
beaucoup  de  mépris  ceux  qu 
ne  font  pas  de  fon  fentiment 
mais  il  devroit  du  moins  rap. 
porter  leur  obje&ion  dan: 
toute  fa  force,  puifqu’il  con- 
vient dans  ce  même  endroii 
que  les  faignées  exceflive: 
caufent  des  hydropifies  : Cai 
l’on  ne  dit  pas  qu’en  ôcan 
une  partie  du  fang,  on  dé- 
pouille celuy  qui  refte  dans  le 
corps  de  la  partie  fpiritueu- 
fe  } ce  feroit  mal  parler,  puif. 
qu’il  eft  confiant  que  celuy 
qui  refte  dans  le  corps  confer- 
yc  tous  ces  efprits  * mais  on  eft 


&des  caufês  de  U Fièvre,  ijf 
erfuadé  que  par  les  faignces 
requentes  toute  la  mafle  du 
àng  eft  épuifée  d’efprits > & 

^ue  fi  on  y fubftituë  des  boit 
ons  rafraîchiffantes  & aqueu- 
es  , cette  pratique  conduit  à 
’hydropifie. 

Mr.Bayle  fait  encore  icy  une 
>elle  réflexion:  Au  refte, dit-il, 
in  Medcin  doit  avoir  envcuë  „ 
le  tirer  fon  malade  du  péril  de  „ 
a 'mort  qui  eft  prefent  & cer-  ,, 
ain  , au  hazard  qu’il  tombe  ,, 
lans  une  autre  maladie}  Quel-  „ 
e précaution  plus  mal-heu-  „ 
eufe  peut-ori  prendre  pour  „ 
;mpêcher  qu’un  malade  ne  „ 
levienne  hydropique,  que  de  „ 
e laifler  mourir  de  la  Fièvre  ,, 
lont  il  eft  a&uellement  at*  „ 
:eint , en  ne  faifant  pas  les  „ 
faignées  neeeflaires  , & de  „ 
'abandonner  à un  danger  „ 
Évident,  pour  éviter  une  ma-  a, 
P iiij 


%7é  Delà  Naturel 
, ladie  incertaine  , & qui  n’cf 
, pas  toujours  incurable.  Voil; 
les  propres  paroles  de  Mon. 
fieur  Bayle. 

3’avouë  que  je  ne  fçauroi» 
affez  m’étonner  , qu’un  Phy- 
ficien  aufîi  fçavantquc  Mon- 
iteur Bayle  ,n’airpoint  d’aucrt 
précaution  à prendre  poui 
empêcher  un  homme  de  mou 
rirde  la  Fièvre, que  de  le  met- 
tre au  hazard  de  devenir  hy- 
dropique en  le  faignanc  : S’il 
veut  bien  le  donner  la  peine 
de  lire  cet  Ouvrage , il  verra 
que  l’on  peut  guérir  la  Fièvre 
sans  mettre  les  malades  au 
hazard  de  devenir  hydropi- 
ques par  des  faignées , en  re, 
compenfe  il  nous  donnera  Tes 
belles  Differtations  Philofo- 
phiques;  c’eft unempioy  qui 
donne  un  plus  beau  rang  par- 
mi les  Sjavants , & dans,  les 


& des  CAuJes  de  la  lièvre.  177 
ournaux  , que  de  chercher 
[es  remedes  pour  guérir  les 
naladies  ,,  Si  d’examiner  la 
'ertu  d’une  feuille  , d’une 
corce  ,ou  d’une  racine  i c’eft 
ependant  en  cela  que  con- 
ifte  principalement  l’art  de 
ruerir}mais  parlons  de  la  Di£* 
ertation. 

M‘.  Bayle  conelud  qu’il  faut 
âigner  pour  guérir  lesFievres, 
*arce  que  des  chairs  8i  des  os 
nis  dans  la  machine  de  Mon- 
ieur  Fapin  y cuifent  & s’y 
eduifcnten  gelée,  fi  la  ma- 
rine eft  expofée  à un  petit 
•eu  i & il  remarque  que  la 
:o£tion  des  matières  fe  fait 
ians  un  tems  d’autant  plus 
ong  qu’on  a laifle  ecouler 
une  plus  grande  quantité 
d’eau  ï tellement  que  fi  je 
prends  droit  fur  la  machine 
de  Monfieur  Papin  , Si  fur 


178  De  la  Nature] 
les  obfervàtions  de  M'.Bayle, 
je  tireray  une  confequ^nct 
contraire  a celle  de  cet  Atn 
teur  , & je  diray  qu’il  ne  faug 
point  faigner  pour  guérir  les 
Fièvres  , en  voicy  la  raifon. 
Monfieur  Bayle  lafçait,  c’eft 
la  dodrine  de  tous  les  Mé- 
decins fondée  fur  l’autorité 
d’Hippocrate  : Il  faut  qu’il  fe 
fafle  une  codion  des  humeurs 
pour  la  guerifon  des  Fièvres  j 
ces  humeurs  font  des  matiè- 
res crues  te  mdigeftes  qui 
font  mêlées  dans  le  fang , fur 
lcfquelies  la  chaleur  naturel- 
le te  les  efprits  agiflent  pour 
les  digerer  ; ainfi  plus  il  y au- 
ra de  chaleur  te  d’efprits  > 
plûtoft  la  codion  fera  faite, 
te  plûtoft  fera- on  guéri  ; au 
contraire  moins  il  y aura  de 
chaleur  te  d’efprits  , plus 
lentement  cctee  codion  fe 


çf  des  catifes  de  la  Fièvre. 

Fera- elle  : & il  eft  aifé  de  re- 
narquer  , que  lorfqu’on  s’o- 
liniâtre  à vouloir  guérir  les 
uévres  par  des  faignées  reïtc* 
ées , &:  par  des  boiflons  ra- 
raîchiflantes  , il  ne  fe  fait 
ioint  de  eo&ion  ; les  crifes 
ont  imparfaites , les  malades 
mguiffent,&  laFiévre  devient 
labituelle.  Voilà  la  fource 
les  hydropifies  , & cela  eft 
ort  bien  prouvé  par  la  re- 
marque de  Monfieur  Bayle , 
|ui  nous  fait  voir  que  la  coc- 
ion  fe  fait  d’autant  plus  len- 
ement,  qu’on  a laifle  écou- 
er  une  plus  grande  quantité 
t’eau.  îl  eft  donc  neceflaire 
le  conferver  la  chaleur  & les 
fprits  dans  la  maffe  du  fang  , 
»our  faire  la  coétion  des  hu- 


neurs  > c’eft-à-dire  qu’il  ne 
'aut  point  faigner. 


ï&o  De  h Nature  l 
folvent  &c  fe  con  veuillent  et 
gelée  par  la  violence  de  1; 
chaleur  , comme  il  fe  voie 
dans  la  machine  de  Monlîeui 
Papin.  Je  dis  à cela  que  no; 
veines  &c  nos  artères  (où  le; 
matières  indigeltes  font  con- 
tenues } ne  font  point  à l’in- 
ftar  de  cette  machine  : tous 
nos  vaiffeaux  font  compofez 
de  membranes  qui  s’étendent, 
fe  dilatent, &;  fe  relièrent  pout 
obéir  au  mouvement  des  li- 
queurs , à mefure quelles  fe 
raréfient  ou  le  eondenfentî 
les  fues  grofliers  y font  digé- 
rez & meuris  par  lès  frequen- 
tes circulations,  & les  matiè- 
res fuperfluës  font  poulfées 
dehors  par  les  pores } mais  la 
machine  de  Moniteur  Papin 
eft  f©lide  , compacte  & bou- 
chée exactement , les  chaire 
§c  les  os  y font  à fee , & fort 


é'  des  exttfes  de  U Fièvre.  i§ f 
;rrez;  il  ne  s’y  fait  point  de 
ranfpiration  , & la  chaleur  y 
ft  excréme  en  comparaifon 
le  celle  de  la  Fièvre. 

Mais  en  vérité , avons-nous 
i Fièvre  parce  qu’il  s’intro- 
uit  dans  nos  veines  une  cha- 
;ur  étrangère , nouvelle,  ou 
xtraordinaire  > Ce  pleureti- 
jue  eft-il  malade , parce  qu’il 
’eft  expofe  au  Soleil , ou  pour 
voir  bu  de  l’Êau-de-vie  ou 
lu  Vin  d’Efpagne?  & ne  fai- 
;ne-on  les  pleuretiques  que 
our  diminuer  leur  chaleur  î 


ïfi  De  U Nature , 
cela  il  cft  aifé  de  juger , ce  m< 
femble  , que  les  confequen 
ces  que  Monfieur  Bayle  tir< 
de  la  machine  de  Monfieu; 
Papin  , pour  prouver  la  ne 
ce  (Il  té  de  la  làignée  dans  le 
Fièvres , font  mal  fondées , & 
qu’il  y a lieu  de  s’étonner  de 
ce  que  d habiles  gens  les  om 
fari fes  pour  des  démonftra- 
cions. 

Mais  enfin  Monfieur  Bayle 
a remarqué  dans  les  cadavres 
de  ceux  qui  font  morts  de 
pleurefie  ou  d’inflammation 
de  poitrine , que  la  Fièvre 
étoit  feparée  des  colles , qu’il 
y avoit  des  inflammations  in* 
cernes , que  le  coeur  étoit  tel- 
lement altéré  , & les  parties 
molles  des  fibres  fi  fort  dip- 
lômes qu’elles  ne  tenoient 
point  les  unes  aux  autres , S£ 
que  tout  cela  venait  de  l’ef- 


! des  caufes  de  U Fièvre.  i% 

|crvefcence  du  fan  g , SC  de 
'excès  de  chaleur,  parce  qu’ils 
ivoicnt  été  peu  faignez.  Mr. 
Sayle  ne  tirera  pas  grand 
Avantage  de  ces  obfetvations , 
ji  elles  fe  font , comme  il  eft 
ronftant,  dans  les  corps  de 
j:eux  qui  ont  efté  faignez 
quinze  Sc  vingt  fois  pour  des 
jdeurefies  & des  inflamma- 
tions de  poulmons.  Il  y 
i une  autre  raifon  de  ces  phé- 
nomènes. Tous  les  Philofo- 
phes  conviennent  que  le  froid 
pondenfe  , & que  le  chaud 
raréfié  ; & qui  ne  fçait  que  la 
bleurefie  eft  caufée  par  un  air 
frais,  &:  par  des  boiffons  ra- 
Fraîchiflantes  chargées  d’aci- 
des qui  ont  coagulé  le  fang  î 
que  ces  coagulations  fixent  SC 
arreftent  le  fang  Sc  les  hu- 
pnaeurs  fur  la  plevre  Sc  fur  les 
autres  parties  de  la  poitrine. 


j§4  De  la  Naturel 

où  par  leur  f jour  elles  de 
tiennent  âcres  & diflolvan 
tes , &C  caufent  tous  les  fym 
ptomes  remarquez  par  Mon 
fleur  Bayle  ; & il  eft  éviden 
qu’ils  n’arrivent  point  par  l’ex 
cés  de  chaleur  i au  contraire 
fl  elle  avoit  efté  aflez  forte 
elle  auroit  empêché  la  coa- 
gulation  faite  par  les  acides  ; 
elle  auroit  raréfié  &:  fait  tranf- 
pirer  les  humeurs , & préve- 
nu par  confequent  tous  les 
defordres  qui  ont  efté  caufez 
par  le  froid  , & par  les  coa- 
gulations; c’eft  un  fait  con- 
f liant  dans  la  Pratique , que 
! l’on  guérit  tous  les  jours  des 
} inflammations  par  des  reme- 
des  chauds  qui  raréfient  8C 
diflolvent  les  humeurs  & les 
matières  qui  étoient  la  caufe 
de  ces  inflammations  : ainfi 
la  machiné  de  Monfieur  Pa- 

pin. 


| & des  caujes  de  la  Fièvre.  i8y 
)in , les  obfervations  de  Mon* 
leur  Bayle , ni  fa  Diflertation 
îe  démontrent  point  la  ne» 
;efïité  de  la  faignée  pour  la 
ruerifon  des  Fièvres  -,  ce  n’eft 
pas  que  ce  remede  ne  foie 
ouvent  neceflaire  dans  ces 
maladies  j &:  c’eft  pour  cela 
jue  je  me  Fuis  propofé  d’en 
taire  connoiftre  les  abus 
tbeffayet  de  le  réduire  à un 
ifage  légitimé. 

La  faignée  elï  une  opéra- 
tion- de  Chirurgie  , par  la- 
quelle on  tire  le  fang  des  vei- 
les , ou  des- arteres- tel  qu’il  y 
:ft  contenu  pur  & impur  ; 
E’eflr  le  fentiment  des  meil- 
leurs Médecins  , & de  Fer- 
îel  même  , qui  fe  récrie  con- 
tre Avicenne  de  ce  qu’il  pre- 
Sendoit  qu’on  tiroir  le  bon 
âng‘,  & qu’on  laifloit  le  mau- 
vais.. Quelques  Auteurs-  ont 


Ce  qizè' 
c^eft  q&§. 
la  fai» 


S «m’aies 
de  s Au* 
teurs  fur 
l’efFet  dg"; 
îà  fai* 

«g  ‘ 


i86  De  la  Naturel 
die  que  la  Nature  qui  eft  lage 
& prévoyante,cha{roit  dehors 
le  mauvais , & recenoit  le  bon 
dans  le  tems  de  la  faignée.  Il 
y en  a d autres  qui  difent  que 
les  Chirurgiens  remarquent, 
que  le  fan  g vient  plus  ville 
dans  les  Fièvres  * que  dans 
ce  temps  il  fore  davanta- 
ge. d’efprits  , & qu’alors  il 
doit  élire  pat  confequent 
plus  beau  & meilleur.  Mais 
Sans  nous  embarrafler  dans 
l’examen,  de  toutes  ces  cho- 
ies , fuppofons  ( comme  il 
y a bien  de  l'apparence)  ,que 
le  lang  force  des  veines  ou  des 
ar teres  tel  qu’il  y eft  conten  u, 
làns  diftinèlioa  de  bon  ou  de- 
mauvais,  & voyons , fuivanc 
cette  hypothefe  , de  quelle- 
utilité  peut  eftre  la  faignée  , 
& jufqu’où  elle  peutaller. 

Il  me  paroift  que  lies  Au^ 


jr  des  câufes  de  U lièvre . 187 
purs  ont  rapporté  toute  Pu-  ?<>«* 
lité  Si  la  neceflïté  de  là  fai-  îSrôn 
bée  à là  pléthore  ou  a la 
lenitude  5 c’eft  dans  cette 
eue  qu’ils  ont  ordonné  de 
(ligner  dés  le  commence- 
lent  des  maladies , Si  même 
je  faire  fouvent  des  faignées 
nples  fclon  les  oceafions 
reflantcs  : mais  parce  que 
ans  là  fuite  on  a trouvé  a 
popos  de  reïterer  pîufieurs 
>is  ce  Remede , Si  que  cette 
ratique  ne  pourvoit  avoir  dé 
tpportà  la  Ample  plénitude  , 
laquelleil  femble  qu’on  au- 
>it  fàtisfâit  par  deux , trois; 
u quatre  faignées  au  plus , 

: par  les  dietes  quon  fait 
bferver  aux  malades.  Les  au 

. teursoa1  . 

dateurs  pour  juftmet  cette  établi 
anduite  nous  ont  dit  qu’il'  fo“t*sdt 
| avoir  deux  fortes  de  pie-  p etçfs* 
are  jd’une  qu’ils  ontappelîée 

Qjî 


Seeéfc&fi. 

pletorc 
mal  fonw 
èé'p  , 5c 
m prou* 


jS8  De  la  Nature, 
la  pléthore  des  vai fléaux,  pai 
laquelle  ils  nous  font  com 
prendre  que  les  veines  font  { 
pleines  de  fang , qu’il  y a une 
neceflité  abfoluë  de  les  éva- 
cuer ; l’autre  pléthore  regar- 
de les  forces  t Et  ils  enten- 
dent  par  celîe-cy  , que-  quo\ 
que  les  vaifleaux  ne  paroif- 
fent  pas  trop  pleins  de  fang 
il  y en  a cependant  plus  qu’l 
n’en  convient  pour  les  for- 
ces du  malade  i mais  s’il  efi 
vray  que  les  forces  ne  fe 
confervent  que  par  les  ef- 
pries  qui  ont  leur  fource  dan« 
le  fang  , & que  les  faignées 
frequentes  épuifent  ces  mê- 
mes efprits  , &:  afrdiblif- 
fent  fenflblement  un  malades 
Comment  peut-on  fe  perfua*. 
der  que  cette  fécondé  plétho- 
re foit  une  raifon  pour  au- 
torifer  les  faignées  relterées,: 


ér  des  caufes  de  la  Fièvre.  i% 

1 y a bien  de  l’apparence 
ju’on  ne  l’a  propofée  que  fur 
me  totale  corruption  du  fang 
iretendue- par  Galien  •,  mais 
orame  nous  avons  fait  voir 

Eans  la  première  Partie  de  ce 
’raité , que  cette  corruption 
feft  pas  foûtenable  , la  fe« 
onde  pléthore  paroiftra  fans 
fondement,  ainfi  il  fera  dif- 
îcile  d’en  tirer  une  confe- 
juence  folide  pour  prouver 
a neceffité  de  faigner  , 
ienfe  qu’on  fera  réduit  à fe 
jetrancher  fur  la  première  „ 
iour  établir  le  légitimé  ufa«. 
;ede  la  faignée.. 

Cela  fuppofé  , fi  on  confi- 
idere  la.  fièvre  dans  la  feule 
iotion  que  nous  en  avons 
tannée,  d’une  fermentation , 
k d’un  mouvement  extraor- 
dinaire excité  dans  le  fang 
lar  des.humeurs  acides,  crues 

[ ' ' ' OjM  J 


necelïitéi- 
de  la  fa% 
gnée^. 


Que  H* 
faignée/ 
n'eft 
point  lé 
remeds 
des  Fié* 


Snaîs  feu- 
lement 
«Usfym- 
jitomcs 
qui  les 
accom- 
pagnent*. 


Xffo  De  la  Nature  r 
8c  mdigeftes  : on  aura  de  la 
peine  à fe  perfuâder  que  la 
faignée  en  puiffè  eftre  le  rc- 
mede  , parce  quelle  épuife 
les  efprics  qui  font  neceffâi- 
res  pour  perfectionner  les  fer- 
mentations , c’eft-à-dire  pour 
digérer  8c  diffoudre  les  hu- 
meurs crues  te  indigeftes  •» 
mais  fi  d’autre  coté  on  fait 
réflexion  que  les  Fièvres  font 
fouvent  accompagnées  de 
grandes  douleurs  , d’oppref- 
fions  x d’inflammations , de 
fluxions , te  de  plufieurs  au- 
tres accidents  dont  il  n’eftpas 
facile  de  faire  le  détail  , te 
que  l’on  peut  penfer  eftre  des 
effets  dé  l'abondance  du  fang 
dans  les  veines  ; on  fera  obli- 
gé d’avoir  recours  à la  faignée 
pour  remedier  à tous  ces  ac- 
cidents : ainfi  félon  ees  corn» 
fiderations  differentes-  om 


! & des  eaufes  de  la  Fièvre,  r 9® 
iiira  des  indications  diver- 
’es,  & on  trouvera  que  s’il  y 
1.  des  cas  ou  la  fajgnée-  n’eft 
as  neeeiîaire  dans  les  Fié— 
res  r il  y.  en  a où  elle  eft  in- 
ifpenfabte,de  forte  que  pour  te  Jèjp- 
n Içavoir  fc  légitimé  uiage , de  ia 
| faut  connokre  les  caufes  a^'ffnd 
es  fymptomes  qui  accem-  ^ennKfi 
ïgnenc  les  Fièvres,  fcn*ed«* 

Les  fyraptomes  les  plus 
reliants,  & les  plus  ordinai- 
« [dans  les  Fièvres  font  à 
ton  fèns  les  difficultez  de 
■fpirer  , les  douleurs  de  te- 
, léstranfports  au  cerveau  „ 
s inflammations  , les  Su- 
ons , les  douleurs  vagues  „ 

|s  tenfionsdoutoureufes,&:c.. 
comme  tous  ces  fympto- 
es  font  caufez  le  plus  fou- 
:nt  par  l'abondance  du  fan  g, 

|i  parce  qu’il  n’a  pas  fon; 
Duvemenc  libre  , & qu'il  eft 


ïS>2,  De  la  K ature, 
arrcfté  dans  fa  courfe , ce  qi 
peut  fe  rapporter  à la  plen 
tude  j la  faignée  en  ed  le  pli 
alluré  & le  plus  prompt  r< 
mede  , car  elle  dégage  1< 
parties  du  poids  des  humeu 
qui  les  accablent  j elle  dé  te: 
mine  fou  vent  ces  mêmes  hi 
meurs  à prendre  une  auti 
route  , ou  du  moins  elle  r; 
ftagnée  lenxit  la  rapidité  de  leur  moi 
vement , Ss  facilite  la  circi 
fat  ion  5 mais  elle  doit  elb 
faite  promtement  &:  ample 
ment  félon  les  occaîxons 


comme  dans  tous  les  grant 
mouvemens , dans  la  pleur/ 
fie  par  exemple , on  fait  d’; 
bord  de  grandes  faignée! 
je  nen  détermine  point 
nombre,  cela  dépend  de 
fage  conduite  du  Medecir 
que  Ton  je  dis  feulement  qu’en  faifai 
ï dût  Êrçmer  un  malade  pour  d 


& des  CAufes  de  la.  Fièvre.  19 3 
jymptomes  preflans  qui  ac- 
compagnent la  Fièvre.  On 
jloic  toûjours  faire  réflexion 
|ue  cette  Fièvre  eft  caufée 
>ar  des  humeurs  crues  &:  in- 
Ijgcftcs  , 6c  qu’il  faut  de  la 
haleur  6c  des  efprits  pour 
in  faire  la  codion  ; c’eft  à 
|ire  qu’il  ne  faut  pas  telle - 
nent  donner  fon  attention 
;u  fymptome  de  la  maladie, 
;u’on  ne  regarde  principale- 
icnt  la  maladie  même  6c  fes 
aufes. 

! Cependant  comme  la  pluf- 
jart  de  ces  fymptomes  ont 
[es  figues  équivoques , il  faut 
xaminer  ferieufement  fi  la 
lenitudc  en  eft  la  caufc, autre 
lent  on  pourroit  douter  que 
|i  faignéc  en  *fût  le  remede. 
ouvent  la  difficulté  de  ref> 
irer  eft  caufée  par  un  fang 
pais  & condenfé  , par  des 

K r 


Tufagî 
de  la  fai- 
gnéc* 


les  Cf  na- 
p ternes 
des  Fiè- 
vre* ont 


gnes  é- 
quivo- 


194  Nature  y 

matières  vifqueufes  qui  inter, 
ceptent  l’air  dans  les  poul- 
mons , comme  dans  le  frif. 
fon,  & dans  les  affe&ions  aftb 
roatiqucs  ; quelquefois  ell« 
vient  de  repletion  , ou  de 
l’abondance  des  humeurs  & 
des  matières  contenues  dan: 
Teftomac  &;  dans  le  bas  ven 
tre  , qui  chargent  le  dia 
phragme.  Ces  humeurs  fom 
encore  rres-fouvent  la  cauf 
des  douleurs  de  telle  , de 
tranfports  au  cerveau  , de 
fluxions , & de  plufieurs  au 
très  fymptomes  qui  font  prel 
que  toujours  guéris  ou  dimi 
fiuez  confiderablement  pa 
des  flux  de  ventre  , ou  pa 
des  purgatifs. 

Il  eft  donc  neceflaire  d’avoi 
une  connoiflance  parfaite  d 
la  caufe  des  fymptomes  de 
fièvres  avant  que  de  fe  dé 


des  c du Jè s de  la  Fièvre.  19  f 
•miner  à la  faignée  j Si 
|rés  avoir  bien  fait  des  ré- 
jxions  fur  tout  cela,  on  fe-  Unique- 
jconvaincu  que  la  neceflîté  jScu-1 
faigner  fe  tire  feulement  de-,&il 
plénitude , & que  peu  Peu  pçur 
lignées  avec  les  dietes 
: on  fait  obferver  aux  ma< 
les , fuffiront  pour  fatisfajû 
à cette  indication. 

On  dira,  n’y  a-t-il  point 
ptre  raifon  de  mettre  la  sf  cî 
gnée  en  ufage , que  celle 
5 l’on  tire  de  la  plénitude; 
ardeurs  d’encrailles  , ces  les  6 C des 
rens  de  feu  qui  coulent  allumez» 
is  nos  veines  , Ces  foûfres 
prnez  & cette  chaleur  écran-  p°“£rfâI’ 
le fi  dévorante  quelle con- 
pe  plus  d’humide  radical 
fept  jours , que  la  chaleur 
furelle  n’en  confume  en 
Ixante  Si  dix  ans , comme 
|i  explique  un  célébré  Me- 
R i; 


ï<)6  De  la  Nature , 
decin  de  Paris  : Tout  et 
ne  demande-il  pas  des  renv 
des  rafrîchiflans , & pat  coi 
fequent  la  faignée  qui  eft 
plus  rafraîchiflantde  tous. 

] 'avoue  que  fuivant  cet 
hypothefe  on  pourroit  fai 
couler  des  ruiffeaux  du  fai 
des  malades , & mettre  d 
féaux  d’eau  auprès  de  le 
lit  pour  éteindre  tous  c 
feux  5 mais  û ces  idées  de  te 
rens  de  feu  , cette  chale 
étrangère  &:  ces  foufres  : 
lumez  n’ont  rien  de  réel , 
ne  font  que  des  termes  ei 
phatiques  qui  impofent  Sc 
donnent  que  des  notions  c< 
fufes  & embaraffantes  de 
Nature  des  Fièvres.  Tou 
les  faignées  & toutes  les  bc 
fons  rafraîchi  (Tant  es  ferc 
fans  fondement  ; peu 
gens  ignorent  3 & nous  1 


«r  des  canfes  de  la  Fièvre.  197 
Ions  die  , que  ces  fenfacions 
je  chaleur  font  PefFec  de  la 
jiévre , bc  qu’elles  n’en  font 
ointlacaufe.  Et  nous  avons 
liit  voir  aflez  clairement  ce 
11e  femble , qu’un  chyle  aci* 
e cru  & indigefte  excitoic 
jans  le  fang  des  fermenta- 
ons. 

On  fçait  d’ailleurs  que  fca; 
\s  matières  grades  & fulfu- 
blés  modèrent  les  fermen- 
lions  , parce  qu’elles  lient 
s cfprits , &c  adoucirent 
acrimonie  des  tels  ^ Sc  qu’on 
•s  employé  fouvent  pour  cet 
fage  dans  les  operations  de 
Jhymie  ; que  (1  les  foufres  de  cr- 
oître fang  s’enflammoient 
uelqucfbis , ce  feroit  appa-  titioas* 
jimment  en  Elle  , comme  je 
ay  dit  cy-devant  : nous  ne 
oyons  pas  cependant  qu’il 
; fade  de  c es  incendies  dans 
K iij 


Les  plus 

grandes; 

chaleurs 

ne  pro 

daifcnt 

pas  les 

plus 

grandes 

fermen- 

tarions. 


198  De  la  Nature  , 

Jes  plus  grandes  ardeurs  < 
cette  faifon.  L’on  peut  m 
me  avancer  icy  une  propo 
tion  qui  peut-eftre  paflerc 
pour  paradoxe , fi  elle  n’étc 
confirmée  par  l’experienc' 
d’eft  que  les  plus  grand 
chaleurs  ne  preduifent  p 
dans  nos  corps  les  plus  gra 
des  fermentations.  En  Èft< 
par  exemple , & dans  les  c 
mats  chauds,  la  chaleur  < 
difïolvante  , parce  que  la  m 
tiere  etherée  eft  dans  \ 
mouvement  fi  rapide  quel 
ne  trouve  point  d’obftacle 
fon  paflage , & les  pores  ( 
tous  les  corps  font  fi  ouven 
que  les  efprits  fe  difllpen 
d’où  procédé  la  langueur 
l’accablement  dans  lequel  < 
fe  trouve  alors. 

Cependant  on  eft  fans  Fi 
vre,  & tant  s’en  faut  que  ] 


i & des  caufes  de  U Fièvre.  159 
liqueurs  chaudes  & fpiritueu- 
fes  ( comme  l’£au  - de-  vie  ) 
caufent  alors  des  incendies, 
jdes  inflammations  , ou  le 
moindre  fentiment  de  Fiè- 
vre , qu’au  contraire  elles  dé- 
ïalterent  & reparent  les  for- 
ces ; ceux  qui  vont  à la  Ghaf- 
ïe  ou  à l’Armée  , en  font 
jperfuadez  par  leur  propre 
bxperience  j ceux  qui  ont 
voyagé  dans  les  pals  chauds 
j&  pafle  fous  la  ligne  , nous 
affûtent  la  même  chofe  , & 
que  la  boiflon  d’Eau- de-vie 
les  conferve  &;  les  défaltere , 
lu  lieu  que  l’eau  Ample  les 
jette  dans  des  langueurs  mor- 
telles. 

En  effet , la  raifon  & l’expe- 
fience  ne  nous  apprennent- 
elles  pas  que  les  chaleurs  ex- 
ceflives  affoibliffent  beau- 
coup la  chaleur  naturelle  par 

R üij 


. u 
boiÆon 

d’Eau  i i 
vie  ne 
donne 
pas  la 
Fièvre  ; 
c’eft  un 
fait  con- 
firme paî 
les  Chai- 
feurs  6c 
par  les 
voya- 
geur^ 


Les  cha- 
leurs af- 
foibliffét 
6c  épui- 
fent  les 
efprits  ; 
ils  ne  fe 


réparent 
eue  par 
des  cho* 
Tes  fpiri- 
tueufes. 


Preuves 
tirées  de 
la  pieu» 
sefie. 


zoo  De  la  Nature  ", 

des  extrêmes  didipations  d’d 
prits , &C  que  ces  diflipation 
ne  fçauroient  eftre  reparée 
que  par  des  chofes  chaude 
& fpiricucufes  : & nous  avon 
remarqué  que  Ton  n’a  pas  1 
Fièvre  en  Efté  pour  avoî 
bù  du  vin  d’Efpagne  ou  de 
liqueurs  chaudes , mais  qu’e] 
le  ne  vient  guère  qu’apré 
avoir  ufc  d’alimens  cruds  fi 
indigeftes , ou  deboiflons  ra 
fraîchiffantes.  On  void  tou 
les  jours  des  Portefaix  échaul 
fez  & épuifezde  fatigues  rc 
prendre  de  nouvelles  force 
en  beuvant  du  Vin  ou  d 
l’Eau  de- vie  : au  contrair 
s’ils  boivent  de  l’eau  fraîche 
ou  quelqu’autre  boilTon  ra 
fraîchiffante  y on  les  porte 
l’Hôtel-Dieu , où  la  plufpat 
meurent  de  pleurefie. 

Cependant  le  vulgaire  in 


! é-des  caufes  de  U Fièvre,  to  i 
jlocile  ne  fçauroit  compren-  yulgairi 
jlre  qu’il  eft  dangereux  d ufer 
ile  boiffons  rafraîchiffantes , 
huand  on  cft  fort  échauffé. 

Il  eft  fi  prévenu  que  la  Fiè- 
vre eft  un  feu  dévorant  qui 
e confume , 8£  qui  ne  fçau- 
^oit  eftre  éteint  que  par  des 
•afraîchiffemens  , qu  il  don- 
jne  tête  baiffée  dans  tout  ce 
bu'on  luy  propofe.  Pour  fc 
rafraîchir , il  fe  laiffe  tirer  ^ 
tout  le  fang  des  veines  -,  il  m 
avale  à longs  traits  le  lait  corrige* 
clair,  les  émulfions , 8£  la  ti-  eei 
fanne  -,  SC  il  fe  rafraîch,tc  fi 
fort,  qu’il  affoiblic  & éteint 
fa  chaleur  naturelle  : de  for- 
te qu’au  lieu  d’une  Ficvre 
forte,  vigoureufe  , 8C  ca- 
pable de  confumer  toutes 
fes  mauvaifes  humeurs  , il 
luy  refte  une  Ficvre  lente  &S 
une  hydropifie,  qui  font  des 


zoi  De  la  Nature  j 
maux  bien  plus  dangereu 
que  le  premier. 

Ii  me  femble  que  ce  qu 
j’ay  die  de  la  Fièvre , &;  qU 
les  réflexions  que  je  vier 
de  faire , devroient  être  fui 
filantes  pour  defabufer  ] 
Exemple  Publie  de  cette  erreur.  J 
re°voitaI'  veux  cependant  propofer  en 
core  quelques  exemples  pou 
fraîchir,  rendre  la  chofe  plus  fenfible 

leiïieas.  r»  r \ 

Preique  tous  les  Auteur 
ont  remarqué  qu’il  y a uni 
analogie  allez  jufte  entre  1< 
fang  &:  le  vin , & qu’ils  fon 
à peu  prés  fufceptibles  de: 
mêmes  alterations. 

Voici  une  expérience  faite 
fur  le  vin,  qui  pourra  être 
de  quelque  utilité.  Lorfiquc 
le  vin  fermente , fi  le  ton- 
neau eft  plein , il  faut  neeef. 
fairepaent  en  ôter , de  crain- 
te qu’il  ne  rompe  le  tonneau.- 


ëf  des  CAufes  de  U Fièvre.  105 
mais  fi  on  continue  à tirer  le 
vin  , parce  qu’il  fermente 
toujours,  &:  que  l’on  y fub- 
ftituë  de  l’eau , il  eft  certain 
qu’il  ne  fe  fera  qu’une  fer- 
mentation imparfaite , &:  que 
le  vin  fera  de  mauvaife  qua- 
lité. La  même  chofe  arrive 
prefque  toujours  , lorfque 
l’on  s’opiniâtre  à vouloir 
guérir  la  Fièvre  par  des  fai- 
gnées  8£  par  des  boiflons  ra- 
fraîchiffantes  ; les  faignées 
épuifent  une  partie  des  ef- 
prits  ; les  boiflons  rafraîchif- 
fantes  noyent  &:  étouffent  le 
refte,  & rempliffent  les  vei- 
nes d’humiditez , tellement 
qu’il  ne  fe  fait  point  de  cri- 
fe  } le  fang  devient  de  mau- 
vaife qualité , &:  peu  propre 
à nourrir  les  parties  ; le  Ma- 
lade tombe  dans  une  Fièvre 
lente,  & devient  le  plus  fou- 


Aurrc 
txcmpte 
Contre 
îcs  ra-  - 

fraîchif- 

femcns 

& la  fai- 
gnee. 


104  Z>e  /4  Nature  y 
vent  hectique  ou  hydropiqut 
Cét  événement  eft  fi  com- 
mun, qu’il  n’a  pasbefoin  d< 
preuves. 

On  peut  encore  affez  \ 
propos,  ce  me  femble,  pro 
pofer  ici  quelque  exemple 
de  la  végétation  des  Plan- 
tes, qui  puilTe  donner  une 
idée  affez  vrai  - femblable 
des  effets  de  la  Saignée  & 
des  boiffons  rafraîchi  (Tantes , 
par  rapport  à ce  qui  fe  palfe 
dans  les  Plantes.  Chacun 
fçait  qu’il  s’y  fait  une  circu- 
lation de  la  feve , & qu’elle 
eft  portée  à toutes  les  par- 
ties  de  la  Plante  pour  fa  nour- 
riture , par  des  tuyaux  qui 
font  analogues  aux  veines 
& aux  artères , de  la  même 
maniéré  que  le  fang  eft  por- 
té  à toutes  les  parties  de  l’a- 
nimal pour  fa  fubfiftanccï 


\<é  des  un  fis  de  U Fièvre.  aof 
îc  il  eft  ai fé  de  remarquer 
pie  les  Plantes  profitent  &C 
h portent  bien , lorfqu’il 
[ombe  une  pluie  douce  bc 
•haude , & quelles  font  ex- 
bofces  au  Soleil  ; de  même 
jue  les  animaux  joüiflfent 
i’une  fanté  parfaite , lorf- 
|u’ils  ufent  de  bonne  nour- 
riture» & qu’ils  refpirent  un 
bon  air.  Mais  fi  on  ptcnoit 
^ne  Plante,  un  Rofier  par 
exemple , lorfqu  au  Primeras 
il  commence  à pouffer  des 
feüilles  & des  boutons,  SC 
que  fa  feve  eft  en  grand 
'mouvement  t qu’on  le  mît  à 
l’ombre  , qu’on  empêchât  la 
pluie  de  tomber  deffus , Ôt 
enfin  que  l’on  eut  grand  foin 
de  l’arrofer  de  belle  eau 
fraîche  j il  y a bien  de  l’ap- 
j parenee  que  ce  Rofier  flétri- 
toit  , que  fes  feüilles  per- 


De  la  Nature  > 
droient  leur  verdure , & de, 
viendroient  jaunes,  & qu’il 
pafferoit  fon  Printems  fans 
rôles.  Nous  remarquons  auf- 
fi  que  quand  il  tombe  des 
pluies  froides  , nos  vignes 
ont  la  jaunifle,  & qu’il  n!y 
a que  les  pluies  chaudes  qui 
leur  rendent  cette  agréable 
verdure,  qui  nourrit  l’efpe- 
rance  des  Vignerons. 

Il  me  femble  que  l’on  peut 
faire  une  jufte  application  de 
cette  remarque  à ce  qui  fc 
paffe  parmi  nous.  Combien 
voit-on  de  gens  traîner  une 
vie  languiffante,  être  pâles, 
avoir  la  jauniffe,  à caufe  des 
faignées  frequentes  , & de 
lufage  continuel  des  rafraî- 
chiflemens.  Si  au  Printems 
le  Soleil  remue  un  peu  la 
mafle  du  fang,  & -en  fait  for- 
rir  quelques  parties  terreftres 


des  caufes  de  U Fièvre.  2.07 
S:  Talées  , il  paroît  quelques 
iiugeurs  au  vifage  •,  c’eft  un 
\v£  échauffé  , dira  - on  , 
"faut  promtement  le  ra- 
aîchir.  On  court  à la  fai- 
née  ,aux  eaux  de  veau  & de 
pulet,  au  lait  clair,  au  lait 
!’ Afnefle , quelquefois  à ce- 
lii  de  Vache  ; mais  il  faut 
ïcremer , c’eft  - à - dire , le 
époüiiler  de  fa  fubftance 
jouce  balfamique  & fpiri- 
iieufe  ; enfin  de  tout  ce  qu’il 
de  bon.  Voilà  comme  on 
afTe  la  plus  belle  faifon  de 
^nnée  dans  î’dfctâvage  de  la 
Æedecine.  Mais  il  feroit  ai- 
p de  voir  que  toute  cette 
enduite  n’eft  pas  reguliere, 
1.  on  vouloit  la  comparer  à 
elle  qui  lui  eft  oppofée , & 
i on  confideroit  que  ceux 
[ui  n’ufent  ni  de  faignées, 
id  de  rafraîchiflemens,  font 


Qü’iï 
ne  faut 
point  c- 
cremer 

le  laiw 


Osé 
ceux 
qui  ne  fe 
fôt  point 
faigner 
Te  portée 
bien , ÔC 
font  plus 
vigou- 
reux que 


toi  De  la  N attire , 
geu*  qui  forts  & vigoureux , & ioüii 
fai5ncr.  fcnt  d une  iante  parraice. 

On  dira  encore,  fuppol 
qu’il  y ait  de  l’abus  dans  l’u 
fage  trop  frequent  des  fai 
gnécs , il  faut  fe  rendre  à l’ex 
perience  à l’égard  des  boil 
fons  rafraîcbiffantes , pour  1 
guérifon  des  Fièvres , puil 
que  chacun  fçait  qu’en  Lan 
guedoc  &;  en  Provence  01 
s’ en  guérit  en  beuvant  à 1; 
glace. 

Sa  quels  Je  conviens  du  fait,  quo 

rtfrsî’  nc  f°i£  Pas  tc,ûjour 
chiffè-  confiant  ; & j’avouë  que  le 
viennent  rafraîchiffemens  guériffen 
iZl:!  quelquefois  la  Fièvre.  J’ei 
ai  dit  ailleurs  la  raifon  -,  c’el 
qu’il  y a dés  Fièvres  dans  lel 
quelles  les  acides  font  for 
divifez,  & les  efprits  en  1 
grand  mouvement , qu’ils  f 
ydjifipcnt  : de  forte  qu’il  n’i 


& descaujês  de  la  Fièvre,  2.09 
, pas  de  péril  à les  r' allier  par 
les  boiflons  rafraîchi  liantes, 

!ur  tout  en  Efté  6c  dans  les 
ilimats  chauds , où  l’air  ré- 
tare en  peu  de  tems  les  im- 
»reflions  froides  que  ces 
loilTons  auroient  faites. 

Il  y a cependant  beaucoup  Prccatl- 
le  précaution  à prendre  dans  p‘r°e“lre 
'ufaae  des  rafraîchiflemens  ; ‘?an,Üa* 

& r / . ,,  / J fagedts 

k il  en  raut  éviter  1 exces,  de 
ieur  d’empêcher  les  crifçs,  meus, 

C que  les  humeurs  qui  font 
a caufe  des  Fièvres , ne 
pient  fondues  Sc  diffoutes. 

Dar  il  eft  confiant  que  s’il  y a 
j#aucoup  de  mauvais  fucs 
îans  les  premières  voyes  qui 
intretiennent  la  Fié\re,  6C 
pie  d’ailleurs  la  malle  du  fang 
pit  dépourveuë  d’efprits , les 
loiflons  rafraîchiflantes  fe- 
[ont  tres-dangereufes,  parce 
Qu’elles  a0biblicpnt  les  ef- 

I " s 


Erreur 
de  Mon- 
iîcurSytl- 
vius  de 
Dublin, 
qui  a mis 
la  Sai- 
gnée cas 
ttiuhffe- 
rence. 


2.10  De  la  Nature , 
pries  : Et  cela  ne  contred 
point  à ce  que  nous  avot 
remarqué  touchant  l’ufag 
des  boitions  fpiritueufes  \ 
chaudes  dans  les  pais  chaud 
lorfque  l’on  eft  épuifé  & dar 
une  diflîpation  d’efprits.  Ain 
cette  obfervation  ne  donn 
point  d’atteinte  à nôtre  hy 
pothefe  : au  contraire,  ell 
1ère  à la  rendre  plus  intelli 
gible , &:  à faire  voir  ( com 
me  nous  l’avons  dit)  que  le 
faignées  & les  boiflons  ra 
fraichiflàntes  ont  leur  ufag 
dans  les  Fièvres , & font  très 
utiles  en  de  certaines  conjon 
dures. 

L’on  peut  dire  ici  , qu< 
c’eft  (ans  fondement  qu’ur 
Auteur  moderne  qui  a donne 
l’exclufion  aux  Remedes  ra. 
fraîchiflans , a mis  la  Saignée 
dans  l’indifFerence,  parce  qu’j 


& des  caufes  de  la  Fièvre,  m 
ie  paroî t pas  ( à ce  qu’il  dit) 
lju  en  France  ÔC  en  Éfpagne, 
du  l’on  faigne  tous  les  Febri» 
titans , il  en  meure  davanta- 
ge qu’en  Italie,  &:  dans  les 
autres  pa'is  où  l’on  ne  faigne 
point.  On  pourroit  oppofer 
ji  cette  remarque  la  fupputa- 
■ion  d’un  curieux  Anglois  , 
jui  fait  voir  qu’il  meurt  à 
proportion  la  moitié  plus  de 
Malades  dans  l’FIôtel  - Dieu 
3e  Paris,  que  dans  les  Hopi- 
:aux  de  Saint  Thomas  & de 
Saint  Barthélémy,  qui  font 
es  plus  chétifs  de  Londres, 
du  l’on  faigne  beaucoup 
moins  qu’à  Paris.  D’ailleurs, 
bn  ne  fçauroit  douter  que  la 
Saignée  & les  Remedes  qui 
fui  font  oppofez , riayent  des 
effets  tres-differens. 
j Tout  le  monde  convient  ^7™ 
bpie  depuis  que  le  ^uinqn'mA 

! s ij 


afa-ge , il 

meurt 
moins 
de  Fébri- 
citant. 


2,11  De  la  Nature , 
eft  en  ufage , il  meurt  moin 
de  Febricitans  ; &:  l’on  el 
convaincu  que  cette  écorc 
falutaire  guérie  en  moins  à 
huit  jours  des  Fièvres  , con 
tre  lefquelles  on  avoit  cm 
ployé  inutilement  pendan 
plulîeurs  mois  les  faignées 
les  boitions  rafraîchi  fiances 
Ainfi  la  Saignée  ne  fçauroi 
être  un  Remede  in  different. 

Ce  même  Auteur  a pro 
pote  un  paradoxe  allez  nou 
veau  ; c’eft  Monfieur  Sylviu 
de  la  Société  des  Phyficien: 
de  Dublin , dans  un  Traite 
qu’il  a donné  au  Public.  Ci 
Traité  a pour  titre,  NeuvelU 
idée  de  la  Nature  ds  Fièvres 
Cette  idée  eft  allez  confor- 
me à nôtre  hypothefe  : mai: 
comme  le  paradoxe  y eft  op* 
pôle,  ô£  qu’il  combat  l’ex. 
plicacion  que  je  donne  dej 


Q-  des  caufes  de  U Fièvre,  zij 
^mptomes  qui  arrivent  dans 
; chaud  de  !a  Fièvre  ; je 
jroy  qu’il  ne  fera  pas  inutile 
e l’examiner  icy,  afin  de 
lire  voir  la  nullité  des  preu- 
ies  que  l’Auteur  avance  pour 
* foûtenir , & ‘d’établir  plus 
jnlidement  la  vérité  de  nôcre 
ypothcfe. 

Monfieur  Sylvius  prétend 
lue  le  fang  circule  moins 
!îte  pendant  l’ardeur  de  la 
iévre  , que  dans  les  autres 
*ms.  La  raifon  qu’il  en  don- 
e , c’eft  qu’ai  ors  les  parties 
^iritueufes  font  liées  em- 
araflées  par  les  acides  : d’ou 
s’enfuit  que  le  fang  tombe 
ans  une  confufion  qui  ra- 
entit  fon  mouvement.  Il 
jeut  aufli  que  les  arteres 
oulfent  le  fang  par  la  con- 
traction de  leurs  fibres,  ÔC 
ue  loi  fqu’il  eft  grolfier  ô£ 


Para- 
doxe de 
Môficur 
Sylvius. 


2.14  De  Ia  Rature  , 
vifqucux  , iî  n’obeïfle  pas  £ 
preflement  des  arteres  : c’e 
pourquoy  les  arteres  ne  fa 
Tant  plus  leur  dilatation  < 
leur  contraction  dans  tôt 
l’efpace  qu’elles  prendroiei 
fi  le  fang  circuloit  plus  vite 
elles  les  renouvellent  en  r< 
compenfe  plus  fou  vent , qt 
lors  que  chaque  retour  fc  do 
faire  de  plus  loin.  Ainfi  1( 
battemens  du  pouls  plus  fn 
quens , font  une  marque  qv 
le  fang  circule  moins  vite, 
Monfieur  Sylvius  ajoute 
que  la  chaleur  ne  donne  p; 
aux  corps  un  mouvemer 
progreffif:  Il  donneplufieu 
exemples  pour  prouver  cett 
propofition  , entr’autres  c< 
luy  de  l’eau  prefque  boüi 
lante  dans  un  chaudron  qi 
eft  fur  le  feu  ; & il  dit  qn 
cette  eau  n’acquiert  pas  pli 


& des  Câufes  de  U Fièvre.  215 
jde  volume  par  la  chaleur. 

Pour  répondre  à ce  para- 
doxe , )©  conviens  d’abord 
que  dans  les  Fièvres  le  fang 
!eft  groffier , vifqueux,  char- 
gé de  cruditez  &£  d’acides , 82 
qu’eftant  confideré  comme 
tel  il  devroit  couler  plus 
lentement , qu’un  fang  bien 
tlair  Sc  tres-pur.  Mais  fi  on 
paie  réflexion  que  ce  fang  a 
icquis  plufieurs  degrez  de 
nouvement  par  la  fermenta- 
tion , on  n’aura  pas  de  peine 
l comprendre  qu’il  doit  cir- 
culer plus  vite  qve  dans  fon 
:tat  naturel , &s  lorfqu’il  ne 
:crmente  point.  On  fera  con- 
vaincu de  cette  vérité  fi  on 
/eut  fe  reflouvenir  de  ce  que 
j’ay  dit , que  dans  le  friffon 
es  efprits  & la  matière  fub- 
lile  étoient  enveloppez , que 
e mouvement  du  cœur  étoir 


Re'ponfs 
au  para» 
doxe» 


a ré  De  U N attire  > 

fufpendu , & que  ces  efpri 
enveloppez , &c  ce  mouvi 
ment  du  cœur  fufpendu  < 
toient  la  caufe  du  friffon , 
que  des  le  moment  que  c 
accidens  cèdent  , l’on  fei 
le  mouvement  du  cœur  r 
tabîi  & redoublé  , &:  que 
chaleur  fe  fait  fentir  à t@i 
le  corps.  I>’où  il  e-ft  évide; 
que  les  efprits  &:  la  matie: 
fubtile  étant  développez 
ont  imprimé  un  mouvemei 
rapide  & extraordinaire 
toute  la  maffe  du  fang  , « 
ont  porté  la  chaleur  à tout1 
les  parties  les  plus  éloignées. 

Car  enfin  l’état  du  fang  e 
different  dans  le  friffon , l 
dans  le  chaud  de  la  Fièvre 
&:  fi  dans  celuy-là  toutes  1< 
parties  du  corps  font  froide; 
flétries  Sc.  tremblantes  , i 
que  dans  ccluy-cy  ces  mêm< 


cf  des  caufes  de  la  Fièvre.  i\~j 
parties  deviennent  chaudes , 
Tonflées , agitées  & Tuantes , 
ne  faut-il  pas  conclure  que 
:ela  ne  s’eft  fait  que  par  un  <üe 
mouvement  plus  vite  du  fang? 

peut-on  douter  que  la  cha- 
eür  ne  donne  au  corps  un  mé ' P'0* 
mouvement  progreffif,  puif-  stïlM 
jue  la  chaleur  eft  le  principe 
lu  mouvement.  Nous  pour- 
ions  donner  plufieurs  exem- 
)les  pour  en  convaincre  Mr. 
sylvius  ; eeluy  qu’il  a propo- 
sé nous  fuffit  : & il  n’y  a pas 
>enfé  lorfqu  il  a dit  que  l’eau 
l’un  chaudron  qui  eft  fur  le 
eu , n’augmente  pas  de  vo- 
ume  ; fi  l’on  y prend  garde 
în  verra  qu’elle  s’étend  fen- 
iblement  , & quelle  fe  ré- 
pandra par  delfus  les  bords 
i on  augmente  le  feu. 

| A l’égard  de  ce  que  Mr. 
iylvius  prétend  que  le  lang 

T 


zi 8 De  U Nature , 
giroflier  &c  vifqueux  n’obeït 
pas  au  preflement  des  artères , 

( ce  qui  les  oblige  à redoubler 
leur  mouvement)  &luy  don- 
ne occafion  de  conclure  que 
les  battemens  du  pouls  plus 
frequens  , font  une  marque 
que  le  fang  circule  moins  vi- 
te : je  réponds  que  le  mouve- 
ment du  cœur  & des  arteres 
efl:  un  mouvement  paflif  , & 
Que  le  dépendant  du  fang  ; c’eft  à 
ES?  dire  des  efprits , de  la  ma- 
îœureft1-  tierefubtile , de  forte  que  lots 
un  mou-  qUe  ies  efprits  & cette  matie- 
çaifit.  re  font  en  grand  mouvement, 
elles  communiquent  ce  mou- 
vement aux  parties  groflieres 
èC  vifqueufes  , les  rendent 
fouples  & pliantes , les  font 
Qu’un  pafîer  avec  rapidité  dans  tou- 
fierS&f’  tes  les  parties  du  corps  , 

forcent  le  cœur  & les  arteres 
'!•  à reïterer  leurs  dilatations  & 


| & des  c&ufes  de  la  Fièvre,  iip 
jleurs  contra&ions.Et  cela  fuf-  plus  vîte 
fit , ce  me  femble , pour  faire  ag“‘'hit 
|comprendre  qu’un  fang  grof-  Sc°ép'J,é- 
fier  &:  chargé  de  cruditez, 
peut  circuler  plus  vice  qu’un 
png  pur  & clair  , félon  les 
degrez  de  mouvement  qu’il 
aura  reçu.  , ) 

L’exemple  fi  fouvent  allé- 
gué de  la  fermentation  du  ceiaei 
vin,  eftdémonftratifen cette 
pccafion  .*  dans  le  mouft  qui  ij  f«- 
fermente  les  parties  grolTieres  tion  diâ 
du  vin  j font  poufiees  &£  agi-  Y1Il*‘  ; 
:ées  en  tout  fens  par  les  plus 
fubtiles , &:  le  volume  delà 
liqueur  s’augmente  de  telle 
i-o.rte , qu’un  tonneau  qui  fer- 
îiente  paroift  plein , quoyque 
jueiquefois  il  ne  foit  pas  à de-  * 
ui , quand  la  fermentation 
*ft  ceffée. 

Ce  paradoxe  de  M1.  Syl- 
dus  a interrompu  nos  réflc- 

T i j “ 


no  "Dt  l&  Ndture., 
xions  fur  la  faignée  ; mais  je 
croy  que  ce  que  nous  en  avons 
dit , eft  fuffifant  pour  donner 
une  idée  aflez  certaine  du 
tempérament  qu’on  doit  ap- 
porter dans  l’ufage  de  ce  re- 
mede  : il  eft  fans  contredit., 
des  meilleurs  & des  plus  ne- 
cclTaires  de  la  Medecine  j il 
produit  mille  bons  effets , 5 1 
quoyque  nous  en  ayons  dit 
une  partie , j’avouë  qu’il  eft 
impoflible  de  les  décrire  tous. 
Et  e’eft  apparamer.t  ce  qui  a 
donné  occafion  de  le  porter 
jufqu’à  l’excès  où  il  eft  au- 
tour d’huy  , c’eft  pourquoy 
j’ay  eflayé  d’y  apporter  quel- 
que modération , & je  croi- 
rois  avoir  rendu  un  Service 
confîderable  au  public,  & Fait 
un  Ouvrage  digne  de  la  pof- 
terité,  fi  je  pouvois  mettre  la 
Saignée  dans  Tes  juftes  bor- 


ér  des  eaufes  de  la  Fièvre.  tzi 
Ne  fera-on  jamais  réfle- 
xion fur  les  fâcheux  évene- 
mens  de  ce  Remede  ? Ec  n’eft» 
ce  pas  une  chofe  criante  que 
le  premier  petit  Frater  qui  va 
voir  un  malade  , le  faigne 
impunément  en  quelquétat 
qu’il  le  trouve , dans  un  frif- 
fon , dans  un  redoublement , 
dans  une  crife  î c’eft  fans  dou- 
te une  licence  qui  mérité  re- 
forme , mais  c’eft  un  fait  de 
Police  qui  n’eft  pas  de  ma 
eompetenee  : Il  fuffit  que 
j’aye  la  liberté  de  dire  icy 
mes  fentimens  , le  public  y 
aura  tel  égard  qu’il  jugera  â 
propos. 

Il  s’agit  maintenant  de  par- 
ler des  purgatifs.  Il  n’eft  pas 
facile  de  démontrer  la  ma- 
niéré dont  les  purgatifs  agif- 
fent  fur  les  humeurs  qu’ils 
rencontrent  dans  nos  corps,  ni 

Tiji 


Rcflcxîô 
fur  les 
effets  d# 
la  fai- 
gnée. 


Que  les 
purgatifs 
iont  ne- 
ceffaircs 
à la  gue- 
rifon  des 
Pié?res4 


Penfée 
<àes  An. 
«IcnsTur 
la  vertu 
<des  pur* 

gatifs, 

Qu’ils 
font  ve- 
neneux  , 
&c  agif- 
fent  par 
irritatiô. 

Qu  ils 
agiffent 
par  éle- 


tiz  De  la  Nature , 
de  rendre  raifon  des  differens 
.effets  qu’ils  produifet  par  rap- 
port à ia  diverfité  des  mixtes 
d’où  on  les  tire , & aux  diver- 
fes  humeurs  contre  lefquelles 
on  les  met  en  ufage.  Cepen- 
dant puifqu’ils  paroiffent  ab- 
folument  neceffaires*à  la  gue- 
rifon  des  Fièvres,  il  faut  exa- 
miner en  quoy  confifte  leur 
a£lion  & leur  vertu,  &:  de 
quelle  maniéré  on  s’en  doit, 
fervir. 

Prefque  tous  les  Auteurs 
tant  Anciens  que  Modernes^ 
nous  ont  expliqué  1s  vertu 
des  purgatifs  par  les  qualitez 
fécondés , ils  en  ont  fait  plu- 
fieurs  elaffes  -,  ils  nous  ont  dit 
qu’il  y en  avoit  de  veneneux , 
& qu’ils  agiffoient  tous  par 
irritation. 

Il  y en  a qui  ont  crû  que 
les  purgatifs  agiffoient  pat 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  Z15 
éle&ion  , qu’ils  étoient  defti- 
nez  ou  affeétez  à certaines 
humeurs  &:  à certaines  par- 
ties , à la  bile,  à la  mélanco- 
lie, au  foye  , à la  rate  , Sce. 
& que  ees  purgatifs  alloienc 
chercher  dans  lefang  &:  dans 
les  vifceres  les  humeurs  vi- 
cieufes , & les  faifoient  dé- 
gorger par  les  glandes,  & par 
les  artérioles  dans  les  inteftins 
pour  eftre  évacuées. 

Mais  comme  ces  opinions 
ne  me  paroiflent  pas  vrai- 
femblables , j’ay  cru  qu’il  fa- 
lôlc  avoir  reeours  à d’autres 
moyens  pour  connoître  & 
expliquer  la  vertu  des  pur- 
gatifs. 

Quelques  Modernes  fe 
font  fervis  du  mélange  des 
liqueurs , afin  de  juger  par  le 
refultat  de  ce  mélange,  des  ef- 
fets que  tels  ou  tels  remedes 
T iiij 


Moyens 
dont  les 
Moder. 
nés  fe 
font  fer- 
vis  pOdf 
connoî- 
trelavcr 
tü  des 

purgatifs 


Ils  fe 
font  fer« 
vis  du 
mélange 
des  li- 
queurs. 


Ils  ont 
«onAïlté 
l’expe- 
rience  SC 
Tanalyfe 

Ce 

moyen 
paroi  (l 
le  meil- 
leur, 

1 es  prin- 
cipes 
«Un?  les 

purga* 
tifs  font 
compo- 
se*,. 


Ce  que 
c’eft  que 
les  hu- 
meurs 
qu’il  faut 
BMfger, 


2,14  De  la  Nature , 
pourroient  produire  fur  no 
humeurs. 

Quelques  autres  ont  eon 
fuké  l’experience  & l’analy 
fe , ou  refolution  des  mixtes 
& c’eft  à mon  fens  la  metho 
de  la  plus  allurée  & la  plu 
facile  pour  découvrir  la  ver 
tu  des  purgatifs , & pour  ei 
connoiftre  ' Tufage.  L’expe 
rience  m’a  appris  que  le  Sen 
né  , la  Rhubarbe , la  Scam 
monée,  &c.  purgent  }■&:  VA 
nalyfe  me  démontre  que  ce 
purgatifs  font  compofez  d< 
parties  alicalies , refineufes  & 
fulfureufes.  Après  cela  fi  j( 
fais  réflexion  fur  l’ufage  au- 
quel on  les  deftine,  & fij< 
confidere  quelles  fondes  hu. 
meurs  qu’il  eft  neceflaire  d< 
purger  , &c  que  je  remarque 
en  même  tems  que  ces  hr- 
tneurs  ne  font  autre  chofe . 


des  CAttfes  de  U Fièvre.  zt$ 
uc  des  relies  d’alimens  mal 
igcrez  , aigris  6c  corrompus, 
ui  communiquent  leur  mau- 
life  qualité  au  fang  , & trou- 
lent  l’œconomic  naturelle 
t la  fanguification , d’où  dé- 
vent toutes  nos  maladies. 

|ï  concluray  fans  peine  que 
;s  fubftancesalKalies,  fulfu- 
bufes  6C  refmeufes  feront 
îurgatives , parce  quelles  ai- 
|ent  à la  digeftion  , quelles 
:rmentent  avec  les  acides  , 
i que  tout  ce  qui  digéré  6C 
•rmçnte  ^raréfié , augmente 
ï volume  & le  mouvement» 
carte  6C  précipité. 

Sur  ce  principe  il  eft  aifé 
le  juger  que  les  humeurs  in- 
ligeftes  6c  aigries  qui  fe  trou- 
veront dans  l’eftomac  , ou 
ians  les  premières  voyes , fe- 
|ont  neceflairement  purgées 
i on  prend  du  Senne , de  la. 


iz6  De  la  Nature , 
Scammonée  , ou  quelqu’; 
tre  purgatif,  fie  que  la 

PUrj 

tion  fera  plus  ou  moins  fo 
félon  l’abon  dance  des  1 

meurs  , & l’a  ^jon  du  purj 
tif.  Cepurgrwÿf  agira  imn 
diatementdans leftomac, 
v%üd  dans  les  preimieres  voyes; 
£nn'nc  11  n’eft  Pas  n eceffaire  qu’il  a 
j’cfto-  le  chercher  «dans  la  malfe 
^nS  y dans  les  glandes  , 
quoy°ü  dans  les  vif  reres  ^ les  humei 
IL%.  ™Pures  po-nr  les  purger.  Q 
ficiiesi  s U ne  trourve  rien  dans  ■] 

émou»  • * J 

yp»,  v premières  vtitvcs , il  agira  f( 
blement  ; f c eft  pour  cet 
raifon  que  les  gens  foires 
qui  digeren*  bien,  font  tre 
peu  purgez,  par  les  purgati 
les  plus  violons,  & qu’ify  Â 

iïr  a qui  difent  qu’ils  fontdifl 
font  fou.  ciles  a émouvoir 

ventvo.  T .r  * 

mitifs.  i-es  purgatirs  (ont  fouler 

vomitifs  félon  fa  bond  an  çeck 


des  eaufes  de  U Fièvre.  117 
meurs , & félon  les  degrez, 
fermentation  : & je  com- 
fends  qu’un  Remede  n’eft 
mitif  que  parce  qu’il  fer- 
:nte  , bc  raréfié  extraordi- 
irement  lès  matières  con- 
luës  dans  l’eftomac.  En 
fit  cela  il  n’eft  pas  neceflaK 
de  fuppofer  des  qualitez 
lignes , ni  de  l’irritation  -, 
vinaigre  picote  & irrite  ; 
caufe  des  naufées  , mais  il 
ft  point  purgatif  : on  fç 
t même  fou  vent  avec  fue- 
1 de  nations  s~idcs  pou? 
efter  des  vomiflemens  & 
s diarrhées  ; la  Theriaque 
eft  un  antidote  , eft  fou- 
nt  purgative  bC  vomitive 
ion  les  humeurs  crues  & in- 
reftes  qu’elle  rencontrcdans 
ftomac. 

Mais  on  dira  que  fur  cette 
pothefe  on  pourroit  pre- 


Pour- 
quoy  ils 
iont  v®' 
mitifs. 


Les  pur- 
gatifs ne 
font  pas 
vene- 
ïieüx. 

Ils  n’a- 
giflent 
pas  par 
irrkaüo. 

Le  vi- 
naigre 
irrite  , 

K 

purger 

point,: 


izS  De  la  Nature, 
si  tous  tendre  que  tous  les  mix 
tes  reiï-  qui  ont  des  parties  fuliuri 
Sulfureux,  les  oC  alKalies  , auront  t 
vertu  purgative  que  fuiv; 
la  même  régulé , les  foufres 
les  fels  volatiles  feront  pi 
gatifs  ; ce  qui  n’eft  pas  et 
firmé  par  Inexpérience. 

Je  réponds  à cela  qu’il 
vray  qu’il  y a un  grand  no 
bre  de  mixtes  qui  abondt 
en  refîne  &c  en  fels  volatili 
qui  ont  une  vertu  purgativ 
qaoyquils  ne  foient  pas 

jaaent  lç$  f * . __  r . 

mixtes  otage , &£  oans  Te  (^ataîog 
fontpur-  des  .purgatifs  j les  potio 
latifc.  cordiales  qui  font  compofé 
pour  la  plufpart  d’eaux  fpii 
tueufes  8£  volatiles  purge 
tres-fouvent  ; les  Sirops  foi 
purgatifs  par  la  même  raifoi 
le  Sucre  & le  Miel  qui  aboi 
dent  en  fèls  effentiels  & c 
©fprits  , purgent  & aidei 


| des  uufes  de  la  fièvre.  119 
;ion  des  purgatifs  : que  fi 
|s  les  mixtes  dont  on  tire 
| raifines  3 des  fels  efien- 
j , Sic.  ne  purgent  pas s 
peut  penfer  que  la  raifine 
es  fels  eflentiels  y font  en 
;-petite  quantité,  ou  qu’ils 
t fi  enveloppez  dans  les 
ires  principes  , qu’ils  ne 
broient  fe  manifefter. 

!l/ Antimoine  diaphoreti- 
: , par  exemple , n’a  per- 
fa  qualité  vomitive  , que 
ce  que  fes  foulfres  font  fi- 
j , & enveloppez  par  les 
du  nitre  : Cependant  ce 
me  diaphoretique  Si  beau- 
ip  d’autres  remedes,qui  n’a- 
j‘ent  ordinairement  que  par 
nfpiration  , ne  lai  fient  pas 
tre  fouvét  purgatif,  comme 
,’ay  infinué  lorfqu’ils  ren- 
trent beaucoup  d’humeurs 
tis  l’eftomac  , Si  qu’ils  y fe- 


Les  cor* 
diaux 
font  fott« 
vent 
purgatifs 


13°  ■£><?  la  Nature, 

journent quelque tems.  D’< 
■’on  peut  raifonnableme 
eon dure, ce  me  femble,  que 
des  remedes  cordiaux  & 1 
dorifiques , qui  font  comp 
fez  de  fubftances  fulfureufi 
douces  & fpiritueufes  fo 
purgatifs  , ce  n'eft  point  pa 
PCoint’éft  ce  qu’ils  irritent  les  partie 
iiriuti"  ma*s  a cau^e  qu’ils  mettent  < 

unuuo.  mouvement  ^ & qu>j)s  <Jj 

rent  les  humeurs  crues  & ac 
des  qu’ils  trouvent  dansl’efl: 
mac. 

B dLt  J’av°uë  qu’il  y a des  dr< 
gués  qui  gués  qui  purgent  fi  violen 
rr.  *uent , & qui  caufent  de  te 
“ déchiremens  dans  les  entrai 
^iie°c’eft  ^es  J quelles  pourraient  dor 
par  itri.  ner  occafion  de  penfer  qu 
les  purgatifs  ont  de  la  ma 
yentn.u  )>g.nitÇ  » ou  qu’ils  purgent  pa 
irritation  j la  Gomme-guït 
êc  la  Coloquinte  font  de  c 


tiraes 


des  eaufes  de  Uï Fièvre.  151 
re  ; la  Gomme  gutte  abon- 
en  foufres  malins  & cauf- 
iies , c’eft  pour  cela  qu’elle 
jvomitive;  la  Coloquinte 
chargée  d’un  acide  corro- 
d’où  vient  quelle  fermen- 
»eu  avec  Telprit  denitre, 
hme  l’a  remarqué  un  ha- 
; Anglois  , & qu’on  la  cor- 
avec  des  alxalis  ;mais  on 
doit  pas  conclure  de-là  que 
purgatifs  en  general  ayent 
la  malignités  & agiffent 
irritation  , Epùiîque  tous 
jautres  qui  font  dans  l’ufa- 
prdinaire  ont  des  qu alitez 
lofée  à eeux-cy , 6c  qu’ils 
t compofez  de  parties  dou- 
, volatiles  6c  fulfureufes, 
mortifient  6C  adoucirent 
acides. 

\u  fond , il  n’eft  pas  rai- 
nable  de  conclure  que  les 
gatifs  ayent  de  la  maligni- 


Cômmé 
la  Goitv. 
mcgutte, 
la  Colo» 
quinte* 


Pour- 
quoy  les 
purgatif 
font  ef« 


ijr  De  la  Nature  ] 
vene-  té  . ou  qu’ils  agirent  par  irr 

OCU  X,&  • X ° 1 r , 

agifîent  tâClOH  } parce  que  dans  le-d 
fuie'*'1'  aâion  on  fent  fouvent  c 
grandes  douleurs , & mêm 
des  déchiremens  dans  les  et 
trailles.  Si  c’eft  l'effet  des  ht 
meurs  qu’ils  mettent  en  mot 
vement , on  fçait  que  que 
quefois  les  humeurs  contrat 
tent  par  leur  fejour  dans  1< 
inteftins  une  telle  acrimonie 
& une  fi  grande  malignité 
quelles  déchirent  & uîcerer 
les  parties  où  elles  paflent  ; l 
il  eft  bien  difficile  que  le 
purgatifs  les  puiflent  évacue 
ians  laififer  des  impreffions  d 
leurs  mauvaifes  qualitez. 
ta  La  Scammonée  qui  a pal 
monée  fé  chez  les  Anciens  pour  un 
foL  drogue  maligne  & dangereu 

°ue  dan  - » Purge  aifément  & fan 

gtîwfe.  douleur  ; l’on  en  fait  prendr 
aux  enfans  jufqua  fept  & 

hui 


& des  eau  Je  s de  ta  Fièvre.  z$, 
huit  grains  &c  l’experience 
sn’a  appris  qu’on  en  peut  don- 
ner jufqu’à  trente  fans  rifque. 
Cependant  il  y a encore  au- 
ourd’huy  des  Médecins  qui 
:rient  au  feu  , lors  qu’on  de- 
aye  dans  une  infufion,  de 
Senne  deux  ou  trois,  gros,  de 
liaphœnic , ou  de  diaprun  fo- 
utif , parce  qu’il  entre  dans 
ette  dofe  quatre  ou  cinq 
tains,  de  Scammonêe  ; cela 
ait  bien  voir  que  l’on  n’a  pas 
xaminê  les  Remedes  à fond 
our  en  connoître  les  vertus  > 
t qu’on  s’en  efï  feulement 
enu  à la  tradition, 

La  Cafle  qui  eft  dans  le 
ang  des  plus  foibles  purga- 
ifs  , purge  quelquefois  v'to- 
tmment,  &:  caufe  des  gran- 
ds coliques  , fur  tout  quand 
!lle  n’eit  pas  recente  , parce  *u« 
u’eiie  s’aigrit  aifément , c’eft 


LaC. 

purg 

que! 

fois  V’.u 
Icaicnés. 


doit 

être 

CS* 


134  T>e  la  N 4 tare , 
tk"T*  Pourqu°y  on  la  choifit  douce, 
prendt*  & du  Levant , & on  la  mêle 
u%s  des  avec  du  fucre  pour  la  confer- 
purgatifs  vefi  ^jnfi  il  ne  faut  toujours 
s’étonner  de  la  différence  des 
effets  dans  l’a&ion  des  pur- 
gatifs , mais  on  doit  avoir 
principalement  égard  dans 
î’adminiftration  de  ces  Reme- 
des  , à la  Nature  des  mala- 
dies , au  tempérament  du 
malade  , aux  faifons , &c.  En 
Efté , par  exemple , le  ventre 
eft  plus  libre,  les  purgatifs 
les  plus  doux  conviennent 
alors,  parce  que  les  humeurs 
font  plus  en  mouvement,  les 
fruits , les  herbes , l’eau  de  ri- 
vière, le  Vin  doux,leCydre 
purgent  ; & on  peut  penfer 
que  c’eft  parce  qu’ils  excitent 
des  fermentations  dans  l’efto- 
mac. 

Ces  réflexions  me  paroif- 


& des  caufes  de la  Fièvre,  ift 
inc  fuffifantcs  pour  donner 
me  idée  aflez  vrai'-femblable 
.e  l’a&ion  5c  de  la  vertu  des 
jurgatifs  ; & il  me  femble 
lu’il  n’eft  pas  neceflaire  dé 
: donner  la  gchenne  , de 
ippofer  des  contra&ions  de 
bres  dans  l’eftomac , ni  d’a- 
oir  recours  à l’irritation  8C 
ix  qualitez  malignes  pour 
^couvrir  la  vertu  des  purga- 
fs  ; &:  je  penfe  que  cela 
>urra  lever  tous  les  fcrupu- 
s dans  lefquels  le  public  a 
U julqu’icy  à l’égard  de  ces 
emedes , 5c  qu’il  fera  per- 
adé  qu’ils  ne  font  pas  fi  « 
ingereux  qu’on  a voulu  luy 
ire  croire,  puifquela  plufi* 
irt  ont  beaucoup  de  rapport 
fec  nos  alimens.  toade-- 

Apres  c es  retiexions  gene-  de  cette 
j!es  lur  le  légitimé  ufage  de  fLTÏ/  . 
faignée , ôc  fur  la  vertu  des 

! v.ij 


ü)g  ux 
Indica- 
lions 
jour  la 
guerifon 
des  Fié- 
VrCS» 

#ürgâtîô 
&C  tianf- 
|!ratioB. 


11)6  De  la  Nature  , 
Remedes  purgatifs;  il  m"  ferr 
ble  qu’il  ne  fera  pas  difïici! 
d’en  faire  l’application  à 1 
Pratique  par  rapport  à ne 
'principes.  Si  donc  noftre  hy 
pothefe  efb  vraye  , coram 
)e  croy  l’avoir  fuffifaramer 
prouvé  , & que  les  Fiévrt 
foient  caufées  par  des  ht 
meurs  crues  &:  indigeftes  ,qi 
palTent  de  l’eftomac  d< 
inteftins  avec  le  chyle  dar 
le  fang.  Je  trouve  qu’il  y ai 
ra  deux  indications  pour  1 
guerifon  des  Fièvres , à fç; 
voir  la  purgation  &:  la  tran; 
piration  ; la  purgation  regai 
de  les  humeurs  crues  & ir 
digeftes  qui  font  dans  lespn 
mieres  voyes  , &Z  qui  trot 
blent  l’ceconomie  du  chyle  t 
du  fang. 

Dans  cette  veuë  j'établ 
pour  maxime  certaine  * qu 


çf  des  causes  delà  Fièvre.  237 
faut  purger,  ou  faire  vomir 
le  plûtoft  qu’il  eft  poffiblc  ; 
c’eft  à dire  dés  le  commence- 
jtnenc  des  Fièvres , afin  d’em- 
jpccher  le  mauvais  commerce 
de  ces  matières  crues  qui  s’in- 
troduifenc  dans  le  fang  , & 
(entretiennent  les  fermenta- 
tions fiévreufes.  La  fécondé 
indication  m’en  fournit  deux 
jautres  , c’eft  la  Saignée  , & 
les  Remedes  diaphoretiques 
& fpecifiques  ; la  faignée  fe 
Rapporte  à la  plénitude  , tel- 
lement que  s’il  y a trop  de 
fang  , il  ne  circule  pas  aifé- 
ment , c’eft  un  obftacle  à la 
tranfpiration  r il  y a des  fignes 
eflentiels  de  cette  plénitude , 
je  les  ay  remarquez  ailleurs  5 
il  faut  dtfnc  faigner  pour  re- 
médier aux  fymptomes  pref- 
jfans , pour  faciliter  la  circu- 
! lation  j SC  pour  fatisfaire  à la 

y üj 


S’il  Cttst 
purger 
au  com- 
mence- 
menu 


S’il  h\i$ 
faigner* 


Symp- 
tômes 
qui  mar- 
quent la 
neceflité; 
de  fai- 
gner. 


La  fai- 
gnée fè 
doit  fai- 
re d’a- 
bgrdt 


2.38  De  U Nature,- 
plénitude,  deux,  trois  ou  qua 
tte  faignées  au  plus  fuffifent 
ce  me  femble  , à toutes  ce; 
indications  ; Et  comme  tou: 
les  fymptomes  qui  deman- 
TroUott  dent  la  faignée,  fe  manifeftem 
fu/B:ent.'  principalement  au  .commen- 
cement des  Fièvres,  c’eft  auflï 
dans  ce  tems-là  qu’elle  doit 
eftre  mife  en  ufage. 

Les  Rcmedes  diaphoreti- 
dwph°.  ques  &:  fpecifiques  concer- 
,etIqucî’  nent  les  humeurs  crues  & in- 
digeftes  qui  font  dans  le  fang, 

tcur  & y caufent  la  Fièvre;  ils  font 

of"s*‘  inftituez  pour  cuire , digérer 
ne  rai /le  & dilfoudrc  ces  humeurs.  Voi- 
fo/det  ^ en  general  «ne  idée  de  la 

fièvres,  guerifon  des  Fièvres.  Mais 
avant  que  d’entrer  dans  le  dé- 
tail des  chofes  neeeffaires  à 
cette  guerifon  , j’ay  deflein 
dofdl;  d’expliquer  des  difficultez  qui 
feprefentent,  & de  prévenir 


jgf  des  caufes  de  là  Fièvre.  Z59 
es  obje&ions  qu’on  pourroit 
aire  contre  cette  Méthode. 

| On  m’ob jettera  d’abord 
lue  je  commence  par  où  l’on 
[oit  finir;  que  c’efl:  une  Prati- 
que généralement  reçue  de  ne 
mrger  dans  les  Fièvres  qu’a- 
|rés  le  feptiéme  jour  , ou 
Iprés  les  fignes  de  co&ion  ; 
ue  les  plus  experimentezMe- 
.ecins  font  dans  cetufage; 

1 c qu’il  cft  fi  bien  établi  dans 
2 public , que  lors  qu’on  de- 
ciande  des  nouvelles  d’un  ma* 
^de , fi  l’on  dit  il  fera  purgé 
iemain  ; on  répond,  à l’inftant 
[ eft  donc  guéri.  Que  d’ail- 
eurs  c’eft  une  Pratique  fon- 
ce fur  l’autorité  d’Hippo- 
rate  dans  l’Aphorjfme  12,. 
u livre  premier  , Concerta, 
te di cari , atque  movere , non 
vuda , neque  in  principes  me- 
% non  ' large ant , plnrimm 


tez  qui  Ce 
prefentéc 
contre 
cette 
Métho- 
de, 

Qu’il  ne 
faut  pur- 
ger qu’a-, 
prés  le  7, 

ou  apres 
les  figues, 
de  coc- 
tion. 

Que  c’etë 
l’ufage* 


eft 

fondé 
fur  l’au- 
torité 
d’Hip- 
pocrats* 


24°  ta  Nature , 
vero  non  turgent.  D’où  if  c 
évident  que  je  fuis  bien  t< 
mer  aire  de  propofer  une  m; 
xime  formellement  oppofé 
à l’autorité  d’Hippocrate  , 
la  Raifon,  8C  à l’Experien 
ce. 

J’avoue  que  c’eft  l’ufag 
s,éponfe  de  ne  purger  dans  les  Fièvre 
qu’aprés  le  feptiéme  jour , o 
après  les  lignes  de  codion  ; é 
je  conviens  que  les  Médecin 
qui  ont  le  plus  de  reputatioi 
font  dans  cette  Pratique  : mai 
je  ne  demeure  pas  d’accort 
qu’ils  foient  fondez  en  raifoi 
Que  cet  8c  en  expérience  -,  & je  ni< 
que  fautorité  d’Hippocrati 
P°im  cet  ^ans  1 Aphorifme  allégué  fa- 
ufage.  vorife  leur  conduite.  Poui 
elïre  éclairci  lut  cette  matiè- 
re , il  faut  examiner  de  fen« 
de  l’ Aphorifme  ; 8C  fidu  tejp; 
d’Hippocrate  on-  traitoit  le; 

fcbrjcitan: 


& des  catifes  de  la  Fièvre.  441 
ebricitans  commeon  fait  au- 
3urd’nuy.  ^ 

! A l’égard  de  la  Pratique  des 
inciens  , il  ne  paroift  dans 
ucun  endroit  d’Hippocrate, 
i chez  les  Auteurs  contem- 
orains,  que  pour  guérir  les 
|iévres  on  fît  des  faignées 
»ns  nombre  aux  malades  , & 
u’on  les  noyaft  de  lair-clair, 

: de  boiflons  rafraîchiflan- 
:s  ; & il  y a bien  de  l’appa- 
:nce  que  fi  cette  Pratique 
toit  efté  bien  receuë  du  tems 
Hippocrate,  il  ne  nous  au- 
fit  pas  laiffé  cet  Aphorifme, 
aifqu’il  y cft  formellement 
jpofé , comme  je  feray  voir 
ins  la  fuite. 

Voicy  le  fens  littéral  de 
Aphorifme  : Il  faut  purger 
s humeurs  cuites  , &:  non 
r crues  ; non  pas  meme 
i commencement  des  ma- 

X 


Les  An2 
ciens  ne 
rraîtoicc 
point  le? 
Fièvres 
comme 
on  fait 
prefentg^ 
mese, 


Sens  iit- 
.tezal  de 
l’Aphor. 
%%-.  1. 1» 


•Qu.’ il  a 
deux 
génies. 


241  De  la  Nature , 
ladies , pouryeu  que  la  ma. 
tiere  ne  lur'montc  , & n’a~Hôn 
de  point;  Or  tres-fouvent  ell< 
n’abonde  pas , d’où  je  con- 
clus qu’il  faut  purger  avant  1; 
co&ion  } c’eft  à dire  dés  1< 
commencement  des  Fièvres 
la  matière  qui  fur  monte  , 01 
qui  eft  en  trop  grande  abon 
dance  , ou  en  trop  grarn 
mouvement  ; j’entends  pa: 
cette  matière  les  humeurs  tu 
■multucufes  de  l’eftomac  & 
des  inteftins,  qui  partent  dan 
le  fang  , & entretiennent  1; 
Fièvre.  Au  furplus  , il  fau 
cuire,  ( e’eft  à dire  ) digerer 
mefier,&  dilfoudrc  les  hu- 
meurs qui  ont  parte  dans  1< 
fang  , & font  la  caufe  de  J; 
Fièvre-.  Ain  fi  cet  Aphorifn* 
a deux  parties  5 l’une  nous  ap- 
prend qu’il  faut  purger  déi 
h commencement  des  Fié- 


| & des  cm  Je  s de  la  Fièvre.  13 
près,  les  humeurs  feditieu- 
|es  &:  impures  qui  font  dans 
eftomac  & dans  les  premie- 
es  voyes  : & l’autre  nous  fait 
|omprendre  qu’il  faut  laiffer 
aire  la  codion  des  humeurs 
jtuës  5c  indigeftes  qui  font 
!ans  le  fang  avant  que  de 
jurger  ; & e|ie  nous  infinuë 
a même  tems , fi  je  ne  me 
[ompe  , qu’il  faut  aider  la 
îaleur  naturelle  & les  elprits 
faire  cette  codion  : à quoy 
s faignées  reïterées  , ni  les 
biffons  rafraîchi  ffan  tes  ne 
auroient  convenir  , puif- 
be  les  faignées  épuifent  les 
prits,  & que  les  boiffons 
fraîchiffantes  affoibliffent 
chaleur  naturelle  s fans  la- 
telle  il  ne  fe  fait  point  de 
dion  parfaite  : Ainfi  j’ay 
ifon  de  foûtenir  que  cette 
ethode  eft  formellement 
X ij 


Qn’il 
faut  pur- 
ger dés 
le  com- 
mence- 
ment les 
humeurs 
abon- 
dâmes. 


^u’it 
faut  pur- 
ger à la 
ün  pour 
éviter  les 
«chutes. 


Cette 
Metho- 
Aft  eft 
fondée 

f&z 


■.44  De  U N autre, 

oppofée  à l’efprit  de  l’Apho- 

rifme. 

On  doit  donc  purger, fé- 
lon la  dodrine  d’Hippocrate 
dans  cet  Aphorifme , les  hu- 
meurs trop  impetueufes , des 
le  commencement  des  Fiè- 
vres. Il  y a plufieurs  paflages 
dans  ce  fameux  Auteur  qui 
autorifent  cette  Pratique , 
dont  les  citations  feroient 
fuperfluës.  Il  faut  aufli  faci- 
liter la  codion  des  humeurs 
qui  caufent  la  Fièvre  , après 
quoy  la  purgation  eft  necef 
faire.  Hippocrate  en  rend  la 
raifon  , Àph.  liv.  i.  Jg»* 
relinquuntur  in  morbis  , reci> 
divas  faciunti  & cette  pur- 
gation regarde  principale- 
ment  la  précaution  pour  pré- 
venir les  rechutes.  De  tou) 
cela  il  refulte  que  ma  Me- 
thode  eft  fondée  fur  la  do- 


! & des  CAttfes  de  h Fièvre, 
Qxine  d’Hippocrate  , lorfque 
t'établis  deux  indications  gé- 
nérales pour  la  guerifon  des 
Fièvres  à fçavoir , la  purga- 
tion & la  tranfpiration  , te 
|que  l’on  doit  purger  le  piu- 
toft  qu’il  eft  poflible  les  hu- 
jtneurs  impures  qui  abondent 
dans  I’eftomac  , te  dans  les 
inteftins  , te  faire  tranfpirer 
celles  qui  font  contenues  dans 
ta maife  du  fang  , c’eft  à dire, 
les  digérer,  les  raréfier  te  dif- 
foudre  ; te  cela  fe  rapporte 
la  do&rine  des  Auteurs , 
qui  faifoient  dépendre  tou- 
tes nos  maladies  du  défaut 
de  tranfpiration  , ou  de  l’ex- 
cès de  condenfation. 

Ces  maximes  generales 
étant  ainfi  établies  , il  faut 
entrer  dans  le  détail  des  re- 
medes  qui  puiflent  fatisfaire 
i toutes  nos  indications. 

X iij 


rortte 

d’Hip- 

pocralüi 


II 


tyand 

4a  fai- 
gnéc  eft 
necefïai. 
re. 

Combien 
4e  fois 
on  îa 
peut  fai- 


14^  De  la  Nature  y 
Lok  qu’un  Médecin  eft 
appelle  pour  voir  une  per, 
fonne  qui  a la  Fièvre  , s’il 
luy  trouve  de  la  difficulté  de 
refpirer  , & le  pouls  embar- 
raflé,  il  peut  juger  que  la  cir- 
culation du  fang  n’cft  pas  li- 
bre , qu’il  y a de  la  plénitude, 
& que  la  Saignée  eft  necef- 
faire  dans  cette  occafion  ; &c 
il  la  réitérera  jufqu  a deux  & 
trois  fois  félon  le  befoin.  Ce 
Remede  fe  doit  faire  prom- 
tement  ô£  dans  le  commen- 
cement des.  maladies  ; ce- 
pendant il  ne  faut  pas  ou- 
blier de  donner  des  lavemens 
purgatifs  faits  avec  la  déco- 
ction cmolliente , le  Miel 
commun , violât,  merctirial , 
&c.  & trois  ou  quatre  gros 
de  Senne  que  i on  fait  boüil- 
Jir  Icgerement  dans  la  déco- 
ction. Je  me  trouve  fort  bien 


& des  uufes  de  la  Fièvre . 247 
Je  l’ufage  des  lavemens  pur- 
gatifs ; on  doit  pourtant  con- 
sulter en  cela  le  tempérament 
des  Malades.  U y en  a qui 
‘ont  fujets  à des  douleurs  de 
foliques , à des  vapeurs , &c. 
jt  qui  les  lavemens  fimples 
conviennent  mieux  que  les 
purgatifs. 

Que  fi  par  l’effet  des  lave- 
nens , ou  par  d’autres  fignes , 
1 paroift  qu’il  y ait  beaucoup 
l’humeurs  dans  l’eftomac  &: 
Sans  les  entrailles , on  donne 
sûrement  cette  potion  pur- 
gative. 

Frenex,  du  Sènnê , deux  gros. 

I J)u  fel  Végétal^  un  demi  gros. 

De  U Câjfs  fraîche  mondée  3 

j une  once. 

Des  feuilles  de  cichorée  fauva - 
ge  coupée  menu , une  poi- 
gnée. 

îetté^Jur  le  tout  une  ch  opine 

X iij 


lavcmés 
purgatifs 
très  uti- 
les. 

En  quel 
cas  il  s’en 
fa  u»  sb- 
if  e air. 


Potlefi 

purgati- 

ve. 


»4*  la  Nature , 

- d'eau  bouillante  : pajfez,  C 

prejfez, , le  faites  pren 
dre  au  Malade. 

! Cette  potion  purge  douce- 

ment & fans  rifque  , elle  peu: 
eftre  reïterée  ie  len  déniait 
félon  l’effet  & le  befoin 
Souvent  même  on  fai  g ne  & 
on  purge  très- utilement  dan; 
tin  même  jour.  On  donne 
aufli  fort  à propos  des  vomi- 
tifs, ils  font  tres-utiles  lorf- 
que  le  malade  a de  frequen- 
bon^*ne  tes  env*es  de  vomir  , &:  qu’i! 
pratique  vomit  aifément  ; le  Tartre 

de  pur-  —,  , a • 

jer  ou  de  ümeuque  ma  toujours  paru 
Sri*.'  Ie  meilleur  vomitif  ; j’en  fais 
prendre  cinq  ou  fix  grains 
dans  du  bouillon  ou  dans 
quelqu’autre  liqueur  : ce 

Remede  guérit  tres-fouvent 
les  Fièvres  fans  retour. 

Il  faut  donc  purger  ou  fai- 
te vomir  le  plûtoft  qu’il  eft 


| & des  edufes  de  la  fièvre.  149 
boflîble  : ceft  aux  Médecins 
ji  examiner  s’il  n’y  a point  d’in* 
lications  contraires  , com- 
me des  tenfions  douloureufes 
îans  le  bas  ventre  , des  dif- 
aofirions  inflammatoires,  & 
autres  fymptomes  qui  s’op- 
pofent  à la  purgation.  Mais 
je  le  répété  : c’eft  une  bon- 
jae  pratique  de  purger  ou  de 
'aire  vomir  au  commence- 
ment des  Fièvres  -,  & il  eft 
rare  de  voir  un  malade  qui  a 
vomi , ou  qui  a le  ventre  li- 
bre , avoir  beaucoup  de  Fiè- 
vre. 

Après  l’ufage  des  purgatifs , 
c’eft  une  bonne  méthode  de 
donner  quelque  potion  cor- 
diale & fomnifere , pour  cal- 
mer le  mouvement  de  l’efto- 
mac  &:  des  humeurs.  Voicy 
celles  dont  je  me  fers  le  plus 
ordinairement. 


la  îem- 
rure 

d'Opium 
avec 
l’Efpnc 
volatil 
de  Sel 
Ârmo* 
niaceft 
la  meil- 
leure. 


ija  De  la  Nature , 

Prenez,  de  Veau  de  Pavot 
trois  onces. 

Bu  Diacodinm  , (îx  gros. 

Et  de  Veau  de  Candie,  un  gros 

En  voicy  une  autre  qui  n’efl 
pas  moins  bonne. 

Prenez,  de  Veau  de  Mslijfe  , 
trois  onces. 

Bu  Sirop  d’OeiHets  ,une  oncè« 

Et  de  la  teinture  de  Lauda 
num  faite  avec  Vefprit  vo« 
latil  de  fel  Armoniac , cinq 
ou  lîx  gouttes. 

La  teinture  d’Opium  fe 
fait  aufli  avec  la  teinture  de 
Safran  tirée  par  l’Efprit  de 
vin  , ou  avec  l’Efprit  de  vin 
feul } mais  celle  qui  eft  faite 
avec  l’efprit  volatil  de  fel  Ar- 
moniac me  paroift  la  meil- 
leur. 

Ce^s  potions  ou  Juleps  peu- 


! e?-  dei&tufes  de  la  Fièvre,  zjî 
ent  cftre  aromatifés  , &c 
endus  plus  agréables  par 
luelques  gouttes  d’Eflences 
olatiles , comme  de  fleurs 
''Oranges  , de  Ganelle , de 
j'hin,  de  Macis,  &c. 
Quelquefois  on  donne  pour 
j;  même  deffeinun  demi  gros 
je  Diafcordium,  un  demi  gros 
u un  gros  de  Thériaque  nou- 
lelle  j &C  fouvent  j’y  ajoute 
n grain  de  Laudanum. 

Je  pourrois  donner  icy 
lufieurs  formules  de  juleps 
: d’opiates  qui  conviennent 
,ans  cette  occafion  , mais  les 
Livres  en  font  pleins , je  n’ay 
as  deflein  de  les  tranferire 
bur  grofllr  ce  volume  : on 
eut  y avoir  recours.*  Je  pro- 
iofe  feulement  ceux  dont  je 
ie  fers , & qui  me  paroiflent 
affifans  pour  remplir  les  in- 
ications  qui  fe  prefentent 


Si  les) 
Fièvres 
me  gue~ 
rilïent  \ 

point  par 
la  fai- 
gnee  ÔC 
far  la 

ftfîgatiô. 

f On  met 
en  ufage 
les  dia- 
pîi  or  éti- 
ques & 
les  fpeci- 
figues. 

'LtQuin. 

qu'ma 

fpecifi. 
que  af. 
Xuré  pour 
la  guéri- 
fbn  des 
fiéyrcs. 


Préparai 
tion  du 

na  très, 

M«l»* 


1 


2- P 2)4 NAture-g 
dans  la  gucrifon  des  Fièvres. 

V oilà  en  peu  de  mots  m 
méthode  de  traiter  les  Fié 
vrcs  lorfqu’il  y a plénitude 
repletion  , ou  abondant 
d’humeurs  dans  les  premie 
res  voyes  ; que  fi  après  la  fai 
gnée  faite  félon  les  preffan 
befoins , & après  l’ufage  de 
purgatifs  la  Fièvre  perfevere 
j ay  recours  à la  tranfpiratioi 
& à la  coâion , & j’employi 
pour  ceîales  remedes  diapho 
retiques  : je  n’en  ay  point  di 
plus  aflfuré  que  le  Quinquina 
j’en  fais  diverfes  préparations 
Voicy  celle  dont  je  me  trou- 
ve le  mieux. 

Prenez  une  once  & demie  d< 
bois  de  Saffàfras  râpé  : faites- 
la  boiiillir  legerenient  pen- 
dant un  quart-d’heure  dans 
un  va i(fe au  couvert , ou  au 
bain  Marie  dans  deux  pintes 


jf  des  caufes  de  U Fièvre,  if  $ 
d’eau  , aufquellcs  vous  ajou- 
terez quatre  ou  cinq  onces  de 
bonne  Eau-de-vie  •,  Après  cela 
| vous  y jetterez  une  once  &c 
| demie  de  bonne  poudre  de 
J^nqmnXy&claifatzz  encore 
bouillir  le  tout  enfemblepen^ 
dantun  quart-d’heure  , de  y 
! ajouterez  fur  la  fin  deux  ou 
trois  pincées  de  fleurs  de  Pa- 
| vot  rouge , avec  trois  ou  qua- 
tre onces  de  fucre. 

Cette  boiffon  guérit  feu-  L.oneS 
ornent  les  Fièvres  continues 
: les  intermittentes  : L’on  fortes d« 

r , Fief  im. 

n ufe  en  tout  cems , dans 
j;s  accès,  dans  lesintermif- 
ons,  dans  les  redoubleraens. 

)n  la  prend  chaude  comme 
j?s  bouillons  ; fi  l’on  veut  on  poBu“n*f 
i boit  froide  , elle  eft  excel-  PIeurefie*’ 
ente  dans  la  pleurefie  fi  on  JJjE*- 
n ufe  chaudement.  Et  c’eft  .« pj*J»  ' 
| î meilleure  méthode  en  tou-  ®ew, 
es  fortes  de  Fièvres  où  ce 


le  Quin. 
qu'ma. 

n’eft  1 
point  uh 
remede 
dange- 
reux. 

Il  guérit 
.en  digé- 
rant les 
Jiumeurs 
ôc  en  for 
tiüant 
les  par. 
4ks* 


2.J4-  De  la  Nature, 
remede  eft  en  ufage  j c’eft  ; 
dire  où  la  cranfpiracion  eft  ne- 
eeflaire. 

Je  protefte  icy  que  je  m’er 
fuis  toujours  fervi  avec  fuc- 
ces,  & je  fuis  perfuadé  que 
ceux  qui  s’en  fendront  s’en 
trouveront  bien.  Mais  il  ne 
faut  point  avoir  de  fçrupules 
fur  l’ufage  de  ce  remede , &: 
on  Ce  doit  mettre  dans  l’cf- 
prit  qu’il  n’eft  point  dange- 
reux, que  l’on  n’en  fçauroit 
trop  prendre  , qu’il  guérit 
promtement  & feurement  en 
facilitant  la  tranfpiration  , la 
digeftion  des  humeurs  crues, 
& en  fortifiant  l’eftomac.  J’y 
mêle  quelquefois  fept  ou  huit 
gouttes  de  teintures  d’Opium 
pour  une  prife , &;  cela  fait 
fort  bien.  Il  eft  inutile  de  dire 
qu  il  faut  donner  quelques 
bouillons  par  intervalle  } $& 


& des  cdufes  de  U Fièvre, 

:nir  le  malade  chaudement  s 
pux  qui  fuivront  cette  Me- 
liode  feront  confirmez  dans 
oftre  hypothefe  , &C  verront 
u’il  y a peu  de  Fièvres  qui 
|e  foient  parfaitement  gue- 
es  en  moins  de  huit  jours 
ar  l’ufage  du  Quinquina,. 

Le  Quinquina  fe  donne  en-  DWetCet 
bre  en  fubftance  en  opiate  ; ^ToT 
n en  fait  des  boles  avec  la  «e'-‘c  ■ 

J ‘ f fL  11  ’ C ^ 

oudre  ; il  elt  excellent  inru-  m ■ 
î dans  le  vin  -,  on  peuc  en 
tire  de  la  Tifanne  , du  Si- 
bp,  de  laConferve,  &c.  Il  y a 
lus  de  douze  ans  que  j’en  fis 
Mre  des  Tablettes  pour  un 
Entrepreneur  du  Pavé  de  la 
bute  d’Orléans , qui  ayant 
ne  Fièvre  double  tierce 
bminuë , fut  mandé  par  feu 
A'.  de  Colbert  pour  rendre 
uelques  comptes } il  fâlut 
bar , & partir  avec  la  Fié- 


!/ufâge 
«les  ta- 
blettes* 
trescotn- 
mode» 


ï$6  De  U Naturel 
vre  i Le  malade  mangea  d< 
Tes  tablettes  en  chemin  fai- 
fant , & revint  vigoureux  & 
fans  Fièvre.  J’ay  donné  de  et 
remede  à plufleurs  perfonne: 
qui  eftoient  obligées  de  mon- 
ter  à cheval  tous  les  jours  & 
d’aller  à la  Campagne , quoy 
qu’elles  enflent  la  Fièvre , & 
qui  en  ont  elle  parfaitement 
gueries. 

Je  ne  fçaurois  pafler  icy 
fous  filence  que  quelques 
Médecins , par  un  efprit  de 
contradiéHon , ou  parce  qu’ils 
ne  connoiflfent  pas  la  Fièvre 
ni  la  vertu  du  £>uinqmnd t 
ont  condamné  ma  méthode 
de  le  faire  infufer  avec  du 
vin  nouveau  , a durant  qu’il 
faloit  du  vin  vieux  ,apparam- 
ment  parce  qu’il  échauffoit 
moins  ; car  ces  Mts.  ne  fçau- 
roient  comprendre  qu’on  gue- 

rifle 


| & des  eau  fis  de  la  Fièvre.  z\y 
jrifle  la  Fièvre  avec  des  reme- 
jdes  chauds.  Mais  comme  je 
ifuis  perfuadé  que  h le  Quin- 
quina n’eftoit  chaud  , il  ne 
gueriroit  pas  la  Fièvre  y & 
jqu’il  le  fait  en  mortifiant  les 
acides  , & que  d’ailleurs  le 
Ivin  nouveau  eft  plus  fpiri- 
tueux  que  le  vieux  j ainlî  il 
eft  meilleur  pour  cirer  la  ver- 
tu du  Quinquina.  C’eft  pat 
;eette  raifoa  que  Mi.  de 
Monginot  en  faifoit  faire 
avec  du  mouft  dans  le  cems 
des  vendanges  ; & l’experien- 
pe  m’a  appris  que  cette  pré- 
paration eft  des  meilleurs. 

Voicy  d’autres  fébrifuges 
pour  ceux  qui  ne  s’accom- 
modent pas  du  Quinquina» 

"Prenez,  de  l'eau  de  chardon  - 
henit , quatre  onces. 

De  l'Effrit  de  vin  » deux 
onces. 

Y 

i A 


FluHeuy-f 

febrify», 

«tu 


* 


Ce  qui 
feH  f^iri- 
tueux  &C 
fulfarcut 
eû  fcbxi- 
îüge 


258  De  U Nature , 

Mêlez,  & prenez,  de  cette  po- 
tion deux  ou  trois  fois  le 

jour. 

Autr  e. 

Prenez  de  l’eau  de  Melifiè  qua- 
tre onces  , avec  huit  ou  dix 
gouttes  d’Efprit  de  Sel  vo- 
latil Armoniac.  Il  en  faut 
ufer  comme  de  la  prece- 
dente. 

Le  Se!  Armoniac  purifié  pris 
jufqu’à  douze  grains  dans 
un  bouillon,  deux  ou  trois 
fois  par  jour  , eft  un  bon 
fébrifuge. 

La  boiflfon  amere  des  An- 
glois  faite  avec  la  racine  de 
Gentiane,  la  petite  centaurée, 
ou  je  chardon- bénit , & le 
genievre , eft  fébrifuge. 

Monfteur  Sylvius  vante  le 
camphre  comme  un  excellent 
fébrifuge.  En  general  tout 
cc  qui  eft  fpiritueux  U fulfu- 


I & des  caiifes  de  h Fièvre.  2.5:9 
eux  5C  qui  facilite  la  digef- 
ion,  & la  trànfpiration  eft 
èbrifuge.  Mais  comme  je 
feu  ay  point  trouvé  de  plus 
,fTuré  que  le  Jjhiinquina , je 
n’y  attache,  & je  cherche  les 
noyens  d’en  rendre  l’ufage 
isreable  fans  diminuer  fa 

0 

fertu. 

| Il  faut  aulïî  remarquer  qu’il 

1 a des  Fièvres  où  il  n’eft  pas 
peceflaire  de  mettre  d’abord 
;n  ufage  les  purgatifs  ni  la  fai- 
?née , comme  celles  où  il  n’y  a 
>oint  de  fymptomes  preflans  s 
pù  les  humeurs  ne  font  pas 
dans  un  mouvement  trop  vio- 
lent ; 5c  où  la  tranfpiration  eft 
aiféeralors  on  donnebeaucoup 
à la  Nature,  on  fe  contente  de 
faire  obferver  une  diete  exa- 
cte aux  malades  ; on  les  nour- 
rit peu  dans  les  comtnence- 
ïhens  i on  fait  ufer  de  lave- 

Y ij 


Il  y a des 
Fièvres 
où  les 
faignéeü 
ni  les 
purga- 
tions ne 
font  pas 
d’abord 
necslïai- 
res. 


Elles  fs 
guerif- 

fent  paf 
une  mé- 
thode 
palliati- 
ve 


xéo  De  Ia  Nature , 
mens  fimples  ; on  donne  la 
nuit  des  Juleps  cordiaux  tels 
que  nous  les  avons  propofé  ; 
on  fait  boire  de  l’eau  pure 
avec  quelque  Sirop  : celle  de 
t»  ni-  la  Riviere  de  Seine  eft  pur- 

^îere  de  • _ . . , * 

Seine  gauve,  & principalement  au 
Pnncems  & en  Efté  y & je 
tiévres.  croy  que  cette  vertu  purga- 
pour-  tive  vient  de  la  diiîolution 
eft° pur-  des  Tels  contenus  dans  les 
*i£lve“  bois  qui  flottent  continuelle- 
ment fur  cette  Riviere.  Cet- 
te diflblution  fe  fait  mieux 
lors  que  l’éau  eft  un  peu 
échauffée  t & elle  s’en  trou- 
ve plus  chargée  en  Efté  qu’en 
Hyver  } parce  qu’en  Hyver 
le  lit  de  la  Riviere  eft  plein 
d eau  de  neige  8c  de  glace  qui 
diminue  la  vertu  des  Tels  ef- 
fentiels  des  Plantes.  Peut- 
eftre  fera- on  confirmé  dans 
cette  penfée,  fi  on  fait  réfle» 


des  câufes  de  U Fièvre.  i6t 
lion  que  les  cendres  des  bois 
ottez  ont  beaucoup  moins 
Le  Tels  que  les  cendres  des 
lutres  bois  -,  c’eft  pour  cette 
laifon  qu’on  ne  s’en  fert  pas 
.ans  les  lexives* 

Quoy  qu’il  en  Toit,  j’ay  ob- 
^rvé  que  l’eau  de  la  Seine 
lt  une  boiffon  excellente 
|ans  les  Fievres  fi  on  y mêle 
,u  Sirop  violât  ; quelques 
ueilleréesd’Eau-de-vie  ajou- 
tes à une  pinte  d’eau  de  Ri-» 
iere  font  encore  une  bon- 
,e  boiffon  > le  vin  & l’eau 
vec  une  rôtie  fe  peuvent 
jermettre  , & l’ufage  m’en 
paru  trcs-utilc  prefque  dans 
j)utes  les  Fièvres.  Par  cette 
aethode  palliative , on  gue- 
it  feurement  les  Fièvres  qui 
c font  pas  accompagnées  de 
^mptomes  preflans,  &:  elles 
s tenaincnc  par  une  tranfpi- 


2.62  De  la  Nature , 
ration  heureufe  : après  quo\ 
on  purge  pour  éviter  les  re. 
cheutes  , félon  le  confei! 
d’Hippocrate  5 & cette  pra- 
tique fe  rapporte  au  preceptt 
de  l’Aphonfme  , il  faut  pur- 
ger apréi  la  cofâion. 

Mais  afin  de  faire  voir  d’une 


Nouvel- 
les refle- 
xions fur 
l’Aphor, 

zz.  1.  c. 


X/origtne 
de  tou- 
tes nos 
maladies 
vient  de 
l’air  ou 
des  ali- 
msn  s5 


maniéré  plus  fenfible  que  la 
coction  des  humeurs  , dont 
il  eft  parlé  dans  l’Aphorifme, 
regarde  principalement  les 
mauvais  fucs  qui  fe  font  in- 
troduits dans  la  mafle  du 
fang;  Il  faut  encore  faire  quel- 
ques  réflexions  qui  feront  le 
dénouement  de  cette  diffi- 
culté , comme  je  l’efpere.  jf 
Hippocrate  nous  apprend 
que  toutes  nos  maladies  vien- 
nent de  l’air  ou  des  alimens, 
fi  bien  que  celles  où  l’air  n’au- 
ra point  de  part  , fe  rappor- 
teront uniquement  aux  mau- 


fades  caufes  de  la  Fièvre.  16$ 
is  fucs  qui  dérivent  des  ali- 
gns.  Si  donc  quelque  per- 
hne  tombe  malade  d’une 
jévre  après  avoir  trop  man- 
& trop  bû,  je  comprends 
^el’eftomac  & les  inteftinsdc 
tte  perfonne  font  farcis  de 
jatieres  indigeftes,  ê£  qu’une 
irtion  la  plus  fubtile  de  ces 
atieres  fe  mêle  avec  le  chy- 
, lequel  eftant  porté  dans 
jang  y excite  la  Fièvre  , & 
ie  l’autre  refte  dans  le  fonds 
tl’eftomac  , dans  les  replis, 

! dans  les  cellules  des  intef- 
js  ; Sz  je  penfe  que  ces 
lauvais  reftes  communique- 
nt continuellement  au  chy- 
des  vapeurs  8£  des  fucs  im- 
irs  qui  augmenteront  la 
lèvre , Sz  cauferont  tous  les 
mptomes  fâcheux  qu’on  y 
)id  paroiftre  tous  les  jours, 
'ans  cette  çonjonèture  fi  je 


lé 4 T)e  U Nature , 

confulte  Hippocrate  dans  fc 
Aphorifme,  le  fens  commu 
fufïira  pour  me  faire  voir  qi 
cette  matière  contenue  dai 
l’eftomac  &:  dans  les  inteftin; 
eft  en  orgafme  ; c’eft  à dii 
qu’elle  furabonde , qu’elle  e 
fuperfluë  , qu’elle  caufe  d< 
fermentations  vicieufcs  , i 
que  cet  homme  divin  m’er 
feigne  qu’il  faut  l’évacue 
promptement,qu’on  n’en  do 
point  attendre  de  coâion 
Et  cela  fe  confirme  par  l’ex 
perienee  qui  nous  fait  voi 
tous  les  jours  que  cette  ma 
tiere  , au  lieu  d’acquérir  quei 
que  coûion  , contra&e  pa 
le  fejour  quelle  fait  dan 
l’eftomac  & dans  les  inteftin; 
une  puanteur  & une  corrup- 
tioa  extrême  ; fi  bien  qu’il 
n y a perfonne  de  bon  fen: 
5lul  ne  convienne  qu’il  efl 


& des  cm fe s de  U 1? livre. 

>lus  expedienç  ÔC  plus  avan- 
ggeux  à un  malade  d’eftte 
aoaitement  purgé  de  ces 
aaticre-s  , que  de  les  laifler 
Iroupir  dans  Ton  ventre  où 
jlles  deviennent  toujours 
aalignes  & dangereufes  : Sc 
jn’Hippocrate  n’a  point  vou- 
i dire  qu’il  faloit  attendre 
[u’elles  eu  dent  acquis  toutes 
es  mauvailés  qualicez  pour 
ftre  purgées. 

! Je  n’ay  pas  deffein  d’exa- 
ainer  icy  toutes  les  explica- 
on5  que  les  Auteurs  ont 
on  nées  de  la  co&ion  des 
umeurs  , & comment  les 
lus  éclairez, & Ferneî  même, 
inc  prétendu  que  la  coction 
es  humeurs  morbifiques  étoit 
ne  converlion  en  pus  ou  en 
ueique  chofe  d’approchant, 
s fuis  perfuadé  que  l’idée 
une  pareille  codion  feroie 


Qu’il  e$ 
plus  ex- 
pediéede 
purger 
prom- 
ptement» 
que  de7 
laifTer 
corrom-' 
pre  le* 
marier  oc| 


Ce 

les  Au- 
teurs <m£ 
penfé  fiaç 
la  coo 
tion  de* 
ÈlU!&«U$| 


Sens  lit- 
téral de 
l’Aph©* 
ji(me , 


Mfc  tda 
àumeuri 
cerrom- 

rucf  dis 
«fit®* 
mut*. 


i6S  De  U Nature , 
plûtoft  refoudre  un  malad< 
à prendre  cinquante  méde- 
cines , que  d’attendre  qu’il  f 
fut  formé  dans  fon  corps  de 
abfcés  ou  du  pus. 

Je  m’attache  au  fens  litte. 
ral  de  l’Aphorifme  allégué 
qui  veut  dire  parla  co&ien 
une  digeftion  ou  une  matu- 
ration, par  rapport  à ce  qn 
fe  fait  dans. les  fruits  quant 
ils  meuriffent.  Mais  cette  ma 
turation  ne  fçauroit  couve 
nir  aux  matières  qui  croupi! 
fenc  dans  l’eftomac  & dan 
les  inteflins  ; la  chaleur  na 
turellc  y eâ  fuffoquce  , les  le 
vains  y font  corrompus,&  ce 
matières  font  comme  les  ca 
davres  qui  cmpoifonnent  l’ai 
qui  les  environne , les  boüil 
Ions  Sc  les  meilleures  nour 
ritures  s’y  corrompent  ; & 
c’cft  ce  qui  a donné  lieu  i 


ér  des  c au  fis  de  la  Fleure,  zSj 
et  Axiome  fi  célébré  dans 
i Médecine  , plus  on  nourrit 
\n  corps  impur  , plus  on  le 
lejfie.  Je  penfe  donc  que  cet- 
!;  eodion  fe  maturation  d’hu-  Qu’ii r» 
jjeurs  fe  fait  principalement  coüilV 


le  qui  agillent  continuelle- 
ment fur  les  cruditez,en  adou- 
liTant  les  acides  greffiers , 

: en  faifant  tranfpirer  ceux 
ni  font  infociables  } de  la 
lême  maniéré  que  dans  les 
uits,lcs  fucs  acerbes  fe  grof- 
ers  lont  adoucis  , fubtilifez 
\ meuris  par  la  chaleur.  Il 
\ donc  vrai  - femblable 
^Hippocrate  a voulu  nous  Ci 

•prendre  dans  fon  Apho-  qu'HiP* 
fme  qu’il  faloit  attendre  fe  a enten-» 
der  la  co&ion  des  humeurs  coTon  ; 
jii  eftoient  introduites  dans 
fang , fe  qui  en  troubloient 

Z i} 


ans  la  malle  du  fang  par  les  ^j^1* 
(pries , fe  par  la  matière  fub-  iia$> 


ÔVjec- 
ïion  ci- 
tée de 
Y Apho- 
idimc. 


162,  De  la  Nature  , 
i’œconomie,  Se  purger  enfu 
te  les  fupei  fluicez  qui  reftei 
de  cette  coétion  pour  prévt 
nir  les  rechutes, comme  je  Yi 
remarqué  , tk.  que  l’on  d< 
voit  purger  promtement  ce 
les  qui  eltoic nt  abondantes  , 
tumultueufcs  dans  l’eftomi 
& dans  les  inceftins. 

Mais  on  dira  , cela  ne  d< 
eide  pas  en  voftre  faveur , , 
ne  vous  autotife  point  alî< 
pour  introduire  une  maxin 
nouvelle  dans  la  Médecin» 
de  purger  dés  le  comracnc 
ment  des  Fièvres.  On  coi 
vient  qu'Hippocrate  ordom 
de  purger  d’abord,! orfque  1 
humeurs  font  tumultueuf 
êi  abondantes";  mais  il  ajoi 
.te  dans  fon  Aphorifme  qu’e 
les  le  font  rarement,  & p; 
Ji  il  vous  impofe  filence  f» 
les  purgatifs,  &ç  vous  défen 


& des  tarifes  de  la  Fièvre . 169 
le  les  mettre  foavent  en  ufa- 
;e , fur  tout  dans  le  commen- 
iement  des  maladies, 
j A cela  j’ay  deux  chofes  à 
lire  : La  première  efî: , que  fi 
:s  purgatifs  avoientefte  auffi 
ommuns  & aufli  connus  du 
jems  d’Hippocrate  qu’ils  le 
ont  aujourd’huy  , il  y a bien 
le  l’apparence  qu'il  eût  efté 
aoins  refervé  fur  leur  ufage. 
pu  ne  fe  fervo.it  de  fon  rems 
ue  d’Hellebore  , de  Con- 
ombre fauvage  , de  Colo- 
uinte  , &:  d’autres  drogues 
liolentes  & dangereufes  ; 
ious  avons  maintenant  delà 
>fle,  de  la  Manne,  des  Ta* 
[tarins,  de  la  Rubarbe  , dut 
enné.  Nous  avons  encore 
les  électuaires  purgatifs,  eom» 
te  le  Diaphœnic,  le  Diaprun 
olutif  , le  Diacarthami  , la 
oudre  Cornachine  compo- 

Z iij 


P.épdB* 

fc  à loft* 

je&  ion. 


llf*  t:\ 
ufagi  du 
rems 
d’H;p- 


DîÉFerc- 
■ces  entre 
fcs  habi- 
tans  du 
Nord  àC 
ceux  du 
J-r?aiu. 


»jo  De  U Nature , 

Tee  âvec  parties  égales  <1 
Tartre  vitriolé , de  Seammo 
nee  , & de  poudre  de  Jalap 
dont  on  donne  depuis  ving 
jufqu  a trente  grains  dans  d 
vin  blanc  , ou  en  bole  , g 
une  infinité  d’autres  purgatif 
que  Ton  peut  mettre  en  ufa 
ge  félon  les  occafions. 

^ La  fécondé  chefe  que  j’a 
à oppofer , fe  dre  de  la  difFe 
rence  qu’il  y a entre  les  ha 
bitans  de  la  Grèce  SC  ceux  d 
Nord  ; ceux-cy  font  voraces 
mangent  & boivent  beau 
coup , & tranfpirent  peu,  & 
c eft  la  la  lource  de  toutes  no 
maladies  ; ceux  - là  au  con 
traire  font  fobres , mangen 
peu  j & font  dans  une  tranf 
piration  continuelle  : & cett< 
différence,  fi  je  ne  metrom 
Pe  , impofe  la  neceflité  di 
purger  promtement  dans  k: 


& des  caufes  de  la  Fièvre,  vj't 
•limacs  froids  , où  l’on  void 
ieu  de  Fièvres  qui  ne  foient 
>recedées  de  vomififemens , 
le  naufées , ou  enfin  de  quel- 
que dévoiement  : ce  qui  eft 
me  marque  évidente  de  l’or- 
;afme , & du  tumulte  des  Fa- 
neurs , &;  par  confequent  une 
aifon  de  purger  dés  le  corn* 
nencement  des  maladies. 

Mais  au  fonds  fuppofe 
[u’Hippocrate  ait  prétendu 
[u’il  fai  ut  attendre  ou  pro- 
:urer  la  codion  des  marié- 
es abondantes  &i  tumuîtueu- 
es  contenues  dans  l’eftomac 
il  dans  les  inteftins  ; corn- 
nent  s’y  prend -on  aujour- 
l’huy  pour  fatisfaire  au  pre- 
:cpte  de  ce  Grand  homme  ï 
propofons  quelque  exemple. 

Un  Médecin  vient  voir  un 
naïade  qu’il  trouve  fort  op- 
preÛc  , ayant  beaucoup  de 

Z iiij 


1^1  y®: 

rrcs  font 
fouvent 
précé- 
dées di 

naeaa* 


ïxef& 
le  pour 
proimç 


«jne  la 
méthode 
ordinai- 
re de 
guérir  les 
#iévres 
rffift  pas 
fondée 
fur  l’ au- 
torité 
d’Hip- 
^osrate. 


2.72.  De  U Nature , 

Fièvre  , avec  des  envies  ek 
vornir  ; ce  malade  a mang< 
amplement  & bû  à la  glace 
au  refte  , c’eft  un  bon  fujet,  1< 
Médecin  parle  élegammem 
de  la  maladie,  car  il  y a de; 
mauvais  Médecins  qui  foiji 
fort  éloquents , & ç’en  eft  h 
fatalité  : cela  impofe  au  pu- 
blic , quelle  apparence  qu’ur 
homme  qui  parle  fi  bien, 
guerifle  mal  Le  Médecin 
donc  dit  qu’il  faut  s’alîuret 
de  la  Fièvre , en  éteindre  le 
feu,  & calmer  le  mouvement 
trop  impétueux  des  humeur! 
par  des  rafraîchiflemens  : Il 
ordonne  des  faignées  , des 
emuifions  ; il  fait  boire  de  la 
Limonade  , du  petit  lait  ; il 
fait  prendre  deslavernens  faits 
de  lait-clair,  de  decoéfion, 
de  laitues  &;  de  Miel  de  Né- 
nuphar, il  reïtere  les  faignées  : 


& des  Câufes  de  la  Fièvre.  173 
Enfin  tant  eft  procédé  qu’a- 
prés  quinze  oufeize  faignées, 
i(  on  vafouvent  plus  loin;  ) le 
malade  a des  tranfporcs  au 
cerveau  , des  mouysmens 
convulfifs , &£  d’autres  fym- 
ptomes  cauftz  , fi  je  ne  me 
jtrompe  , par  l’épuilément  des 
|efprits , &:  par  la  corruption 
des  humeurs  contenues  dans 
le  bas  ventre,  Dans  cet  emba- 
|ras  on  demande  du  confeil  , 
on  fait  venir  des  Médecins 
qui  ne  manquent  pas  de  dire 
que  la  procedure  a efté  bon- 
jne  , mais  que  la  maladie  eft 
' grande.  On  s’informe  de  l’é- 
venement , toute  la  famille 
I eft  intriguée  ; le  malade  a des 
Charges  , des  affaires  , des 
! enfans;  les  Médecins  répon- 
dent comme  les  Oracles  tou- 
jours obfcurement  : on  déli- 
béré fur  les  rcmedes , on  pro- 


174  IV  U Nature  y 
pofe des  faignees  au  pied,  à 
Ce  qui  a îa  gorge , des  applications  de 
dtlit  dâs  pigeons  fur  la  telle , à la  plan- 
dne 'fes  cc  des  pieds  : tout  cela  fe  fait 
charia-  inutilement , le  malade  s’en 
Moines,  trouve  plus  mal.  Enfin  u© 
voifin  produit  un  avanturier 
un  Moine  , une  femme  qui 
donne  du  vin  Emetique , ou 
quelqu’autre  potion  purga- 
tive , qui  fait  vuider  des  baf- 
fins  pleins  de  mauvais  reftes 
d’ali  mens , de  faîades , de  lé- 
gumes , & d’autres  matières 
tres-puantes,  par  où  le  malade 
fe  trouve  extrêmement  fou- 
lage ; SC  avec  le  feeours  de 
quelques  liqueurs  fpiritueufes 
êc  cordiales  , Sc  de  bons  ali- 
mens  , il  eft  parfaitement 

guéri. 

Mais  fi  ce  malade  guérit  $ 
il  a couru  de  grands  rifques , 
& il  eft  certain  que  plufieurs 


& des  eaufes  de  U Ficvre.  17$ 
y fuccombent.  Voilà  cepen- 
dant la  méthode  avec  laquel- 
le on  traite  les  febricitans* 

& l’on  void  aifément  fi  elle 
eft  fondée  fur  la  doctrine 
d’Hippocrate  : car  enfin  s’il  y 
avoir  dans  les  entrailles  de  ce 
malade  des  matières  abon- 
dantes & en  orgafme  » il  eft 
confiant  qu’il  faloit  les  pur-  D’«â 
ger  d’abord  pour  fatisfaire  au 
précepte  de  ce  Grand  hom- 
: l’on  aurois  prévenu  tous 
les  fymptomes  qui  font  ar- 
rivez au  malade  , & tous 
les  hazards  qu’il  a courus. 

Que  s’il  faloit  attendre  , ou 
procurer  la  co$ion  des  hu- 
meurs , c eft  agir  contre  1 ef- 
prk  d’Hippocrate  , contre 
le  bon  fens , d’ordonner  des 
faignées  frequentes,  des  émul- 
tions  & des  boiffons  rafrat- 
chifiantes , qui  au  lieu  de  fa- 


V]6  De  la  Nature , 

5eSc  fI?  C1'n£er  cetce  codion  , i’em- 
vr  es  ien-  pêchent  formellement  , & 
«les  ht-  jettcnt  la  plufpart  des  mala-l 
défies  des  dans  des  langueurs  mor- 
telles , dans  des  Fièvres  len- 
tes , des  hydropifies , & dans 
plufieurs  autres  accidensdont 
i's  ont  bien  de  la  peine  à re- 
venir. 

C’cft  donc  une  bonne  mé- 
thode, Sc  conforme  à lado- 
drine  d’Hippocrate , de  pur- 
ger promtement  toutes  les 
matières  impures , qui  ne  de- 
viennent pas  plus  traitables 
par  le^  fejour  qu’elles  font 
dans  1 eftomac  Sc  dans  les 
inteftins  ; au  contraire  il  eft 
confiant  qu’elles  y acquièrent 
une  corruption  & une  ma- 
lignité,  très  - dangereufe.  Si 
apres  1 ufage  des  purgatifs  la 
Fièvre  continue , j’ay  recours 
aux  remedes  Diaphoretiques 


& des  CAufes  de  U Fi évre.  2,77 
tels  que  je  les  ay  proposé. 
Cette  méthode  eft  non- feu- 
lement fure  contre  toutes  les 
(Fièvres  intermittentes , mais 
encore  contre  les  continues , 
& principalement  contre  cel- 
les où  il  y a du  frifTon  , & où 
jîa  tranfpiration  n’eft  pas  li- 
bre , comme  dans  l’Autom- 
ne , dans  l’Hyvcr  & dans  le 
Printems. 

Il  faut  remarquer  icy  que  le 
Quinquina  eft  encore  un  rc- 
mede  excellent  contre  les 
Fièvres  he&iques , & contre 
les  Fièvres  lentes  5 dans  cel- 
les-cy  la  faignéc  du  bras  &r  du 
pied  doit  fouvent  précéder 
l’ufage  du  Quinquina  , prin- 
cipalement aux  filles  qui  ne 
font  pas  réglées  ; les  vomi- 
tifs leur  font  aufli  tres-necef- 
faires,  parce  quelles  ont  or- 
dinairement l’eftomac  chargé 


qmn<a  eft 
un  bon 
remede 
contre 
les  Fiè- 
vres les’» 
tes 

he&iv 

ques* 


xy%  De  U Nature, 

<ie  cruditez  vifqueufes  ; âpre 
quoy  F ’ufage  du  guinquini 
en  boiflon  avec  le  vin  , oi 
avec  le  Saflafras  , comme  je 
Tay  propofé , eft  tres-conve- 
nable;  on  fait  en  même  tems 
ufer  de  cette  opiate  hyfteri- 
que. 

Prene^du  Quinquina  en  pou* 
dre  tres-fine  3 demi-once. 
Du  Man  préparé  a la  rofee , 
& mis  m poudre  fubtile , 
deux  gros. 

Du  Macis , trois  gros. 

De  l extrait  d'alo  'ès , un  gros* 
De  l'EJfence  antihyfierïque  y 
derai-dragme. 

En  voicy  une  autre. 


Opiate 

Jiyfteri- 


Prene^du  Quinquina  en  pou- 
dre , demi-once. 


De  la  Contrayerva,àzm  gros. 
Des  Sels  de  Tamarïfc  3 de 
Mars,  d‘  j4 b fwtbe , de  cha- 
cun $n  gros. 


fadescaufes  de  U fièvre,  ijf 
Ces  Opiates  faites  avec  le 
[Sirop  d’Ârtnoife,  te  prifes  à 
a quantité  de  deux  gros  par 
jour  , foir  te  matin , avec  la 
boiflon  de  Quinquina  , font 
Je  très  - bon  ufage  dans  les 
Fièvres  lente?  ; la  Fièvre  hec- 
:ique  n’eft  pas  fi  facile  à gue-  t.  fié. 
:ir3  fur  tout  quand  elle  a fait  ^cueheecft' 
beaucoup  de  progrès , te  que  ||»s 
e malade  eft  tombé  dans  une  guérir 
igreur  extrême.  Il  faut  fièvre 
Jonc  y remédier  autant  qu’il lme- 
;ft  poffible  dans  fa  naiflance» 

:ette  Fièvre  eftcaufée  par  un 
icide  âcre  te  coagulant  qui 
lomine  dans  le  fang  , c’efl; 
bourquoy  le  lait  eft  prefque 
:oûjours  nuifible  dans  cette 
naladie , parce  que  les  acides 
e coagulent  te  luy  fervent  de 
jrefure  ; rien  ne  convient 
clone  mieux  que  les  remedej 
qui  mortifient  les  acides  corn* 


des  anti- 
Jaeètiques 
5c  anti- 
afthma* 
figues. 


280  De  la  Nature  , 
me  le  Quinquina.  L’on  et 
fait  un  hydromel  : noftre  pre 
paration  avec  le  Saffafras  & 
les  fleurs  de  Pavot  rouge  ef 
très- utile  ; l’ufage  de  l’Effen. 
ce  anti-afthmadque , jufqu'; 
fept  ou  huit  gouttes  dans  ur 
boüillon  efl:  cres-bonne.  Dan: 
la  même  veuë  , on  frit  ufei 
de  baume  de  foufre  anifé 
mais  ce  baume  efl;  défagrea. 
ble  : On  donne  encore  de: 
globules  faits  avec  les  fleur: 
de  benjoin  à la  quantité  de 
quatre  ou  cinq  grains  , ave< 
fept  ou  huit  grarns  de  fleur; 
de  foufre  $ T on  enveloppe  ce; 
fleurs  dans  du  beurre  frais, 
On  ufe  encore  d’une  Conlèr. 
ve  faite  avec  le  Quinquina, 
& la  poudre  de  Guimauves; 
cette  méthode  m’a  louvent 
rcülfl  dans  ces  maladies. 

A l’égard  des  Fièvres  d’Ecé , 

Jv» 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  z8i 
;s  remedes  diaphoretiques 
l’y  font  pas  toujours  neceîfai- 
es,  fur  tout  lorfquela  tranf-  Din 
iration  eft  fort  libre  , & que  Fièvres 
;s  humeurs  font  en  grand  aupho-" 
îouvement,' les  plus  légers  "j^nV- 
urgatifs  fuffifent  ; l’eau  de  ccflair4S> 
j]aflfe , ou  la  CalTe  difloute 
ans  du  petit-lait  purgent  ai- 
ment ,1a  Manne  &;  la  Caflê 
oüillies  enfemble  legere- 
lent  purgent  fort  bien  ; les 
mx  de  veau  8c  de  poulet  font 
ors  fort  utiles , parce  qu’el- 
s tiennent  le  ventre  libre, 

; qu’elles  ont  une  on&uofité 
h émoulfe  la  pointe  des  hu- 
icurs  bilieufes  8C  piquantes, 
fans  cette  même  veuç  on  uf-age^ 
anne  des  émulfions  faites  des 
jeeles  femences  que  l’on  ap- 
3 lie  froides  ; on  farcit  fort  à 
fopos  le  corps  d’un  poulet 
b ces  femences  > ©lies  ont 
Aa 


2. 8 z De  la  Nature  y 

une  huile  douce  qui  calme  1 
*poïe.  mouvement  trop  impetueu: 
Tvlc  u ^es  humeurs  , les  rend  cou 
Msioai  lantes  j les  précipité  &c  lesem 
pêche  qu  elles  ne  s’élèvent 
la  telle  ; au  lieu  de  quatre  fe 
«ncnces  froides,  dans  la  fai 
l'on  des  melons , j’emplis  1 
corps  du  poulet , de  la  grain 
& delà  chair  de  ce  fruit,, c’e 
une  efpeee  d’apozeme  îaxati 
quifaiefort  bien  dans  les  fie 
vres  bilieufes. 

11  faut  remarquer  qu’il  y 
desfiévres  où  la  tranfpiratio 
ell  quelquefois  fi  forte,  qi 
les  efprits  & les  foulfres  s’a 
liaient  èc  fe  diffipent  s ce 
pourquey.  il  eft  neceffaire 
les  retenir  par  des  boiflons  ac 
vH*  des,  comme  la  Limonade,  1< 
eaux  de  cerifes,  de  verjus,  1( 
Giflons  potions  faites  avec  les  aigr< 

ào.  foulfcc  & & vitriol.  Q 


! & des  cau fis  de  U Fièvre.  185. 
jdoit  cependant  ufer  de  pré- 
caution dans  l’ufage  de  ces 
Iremedes  , de  peut  d'empê- 
cher les  crifes  & les  fontes. 
Ides  humeurs  qui  caufent  les 
Fièvres. 

Il  faut  encore  obferver  que 
jfi  L’ufage  des  acides  eft  utile 
pour  calmer  le  mouvement 
trop  impétueux  des  humeurs 
q,ui  s’élèvent  à la  telle  & y 
caufent  des  douleurs  impor- 
tunes , & pour  déterminer  le 
cours  de  ces  mêmes  humeurs 
par  les  voyes  inferieures  ; fou- 
vent  il  eft  incommode  par  les 
pefanteurs  d’eftomae  , par  les 
gonflemens  & par  les  coli- 
ques dont  les  acides  font  la 
çaufe  : ces  mêmes  acides  pro- 
duifent  auflï  quelquefois  des 
tenfîdns  dans  îa  veflle  , c’eft 
jpourquoy  il  eft  necelfaire  d© 
Içs  adoucir  : Voicy  une  pq» 
Aa  i) 


utilité: 

des  Aci* 


i*ür£ 

mauvaij 


284  De  UN  attire , 

tion  qui  m a paru  fort  couve- 
nable  dans  ces  occasions. 

Prenez  de  l'eau  à’Alleluja, 
deux  onces. 

De  Veau  de  Chardon  - bénit  \ 
deux  onces. 

l)u  Sirop  viciât \ une  once. 
I>u  Sel d' Ah (inthe , demi-gros. 
S_Hr  la  fin  jj  ajoute  quelques 
gouttes  d'ejprit  de  foulfre  ou 
de  vitriol , pour  donner  une 
legere  acidité* 

Je  donne  deux  fois  le  jour 
cette  potion , & par  le  diffe- 
rent mélange  de  ces  Tels  , la 
fermentation  eft  avancée,  & 
îa  Fièvre  terminée  par  une  le- 
gere  tranfpi ration. 

Ainfi  fart  de  guérir  les  Fiè- 
vres eonfifte  principalement 
dans  la  méthode  de  procurer 
la  tranfpiration  quand  elle 
n’eft  pas  libre , & de  la  caltïief 
quand  elle  çft  violente 


Potion 

dans  les 

ïiévres 

gaaii^&ss 


&des  cattfes  de  U T ièvre,  iSy 
Pendant  les  grandes  cha- 
leurs de  l’Efté , &C  dans  les 
Iclimats  chauds , les  boifions 
rafraîchiflantes  font  fouvent 
utiles , & on  guérit  les  Fièvres 
en  beuvantà  la  glace,  parce 
que  ces  boiflbns  arreftent  la 
jfermentation , &:  calment  le 
mouvement  trop  impétueux 
Ides  humeurs , & l’on  ne  doit 
pas  craindre  que  les  efprits 
loient  fixez  ou  condenfez, 
parce  que  la  chaleur  de  l’ath- 
mofphere  eft  alfez  forte  pour 
conferver  leur  mouvement, 
& entretenir  la  tranfpiration  ; 
Mais  il  faut  prendre  garde 
que  dans  l’ufage  des  boififons 
jrafraîchilTantes  l’eftomac  & 
les  premières  voyes  foient  dé- 
gagées d’humeurs  impures , 
autrement  ces  boilfons  caufe- 
roient  des  coliques , des  gôn- 
ifleiaens  » des  indigeftions , & 
A a iij 


Préca® 
tion  à 
prendra 
dans  l’U- 
fage  des 
boiflbns 
rafrai-  1 
chiflat£% 


ILorfque 
la  tranf- 
piraiion 
n’eft  pas 
Œ&c&iïiyjt 


x%6  De  la  Nature , 
beaucoup  d’autres  accident; 
très  - dangereux  , comme  je 
l’ay  cy-devant  remarqué. 

Il  efl  donc  neceffaire  d’ufet 
de  grande  précaution  dans 
l’adminiftration  des  boiffons 
acides  Su  rafraîehifïântes.  Voi- 
cy  à mon  fens  ce  qui  peut  fer- 
vir  de  réglé  ; Si  la  tranfpira- 
tion  n’eft  pas  exccffive  , s’il 
paroift  qu’il  y ait  beaucoup 
d’efprits  dans  la  maffe  du 
fang  , ce  que  l’on  eonnoiftra 
par  l’état  du  malade  , le  pouls 
fera  fort , lesfon&ions  feront 
libres  , alors  on  peut  fe  fer- 
vir  feurement  de  boiffons  aci- 
des telles  que  nous  les  avons 
propofées  : &il  y aura  lieu  de 
croire  que  les  premières  voyeS 
ne  communiquant  point  à la 
maffe  du  fang  de  mauvais 
focs , les  efprits  qui  y auront 
fâé  teçeaus  par  les  boiflons 


gf  des  Cdtifes  de  U Fièvre.  187 
acides  , digéreront  aifémenc 
les  humeurs  crues  &£  indi- 
geftesqui  eftoientlacaufe  de 
la  Fièvre.  Mais  Ci  la  tranfpi-  exceffiver 
ration  eft  trop  forte  , s’il  y a 
des  dilïipations  d’efprits,  ce 
qui  fe  manifefte  par  lafoiblcf- 
fe  du  pouls , par  l etat  languif- 
fant  du  malade  quelquefois  c»™**. 

, 1 • 1 ô re  des 

pat  des  taches  livides  o£  pour-  terres 
prées  qui  paroiffent  fur  la 
peau , c eft  là  le  caraétere  des 
Fièvres  malignes  : alors  les 
boiffons  acides  & rafraîehif- 
fantes  font  tres-dangereufess, 

Sz  les  potions  cordiales  & fpi- 
ritueufes  font  de  neceffits  ab- 
foluë. 

Les  eaux  de  Scorfonaire,, 
de  Reine  des  Prés , de  Mil- 
le-pertuis, de  Scordium,  de* 
Meliffe  fonttres-bonnes  î on 
«n  fait  des  potions  avec  les 
Sirops  d’giliets  » de  grenade» 


Que  le 
mélange 
des  ef- 
prits  aci- 
des avec 
les  Tels 
volatiles 
eft  utile 
dans  les 
Fièvres 
malignes 


2.83  "Delà  Nature, 
àcc.  Les  confections  d’Hia- 
cinthe  & d'Alitermes  , l’eau 
Theriacale  , l’Eau  - de  - vie , 
l’eau  de  Canelle,  avec  les  Tels 
volatiles  de  Viperecu  de  cor- 
ne^de  Cerf  mêlez  à la  quan- 
tité de  fept  ou  huit  grains, 
dans  quatre  ou  cinq  onces 
d’eau  de  Scorfonaire,  & fept 
ou  huit  gouttes  d’efprit  de 
Souîfre  ou  de  Vitriol  , font 
un  très* bon  effet  dans  les  Fiè- 
vres malignes  , fi  on  rcïtere 
la  potion  deux  ou  trois  fois 
le  jour.  Le  mélange  de  ces 
efprirs  avec  les  Sels  Volatiles 
paroiftra  peut-eftre  fe  contre- 
dire , parce  qu’ils  font  oppo- 
fez  , ic  excitent  une  fermen- 
tation j mais  il  eft  fort  utile 
dans  cette  occafion  , parce 
que  les  efprits  Acides  don- 
nent aux  Sels  Volatiles  une 
qualité  de  Sels  efîenciels , par 
laquelle 


| ér  des  Cdufes  de  U "Fièvre,  igj» 
j laquelle  ils  deviennent  plus 
doux',  8c  portent  moins  à la 
| tefte  ; de  tous  les  Sels  Vola- 
tiles , celuy  de  Tel  Armoniac 
me  paroill  le  meilleur. 

On  fait  auffi  des  potions  avec 
les  eaux  Cordiales  , comme 
ide  Scorfonaire  ou  de  Melilfe; 
j&  avec  les  eaux  fpiritueufes, 
comme  l’eau  Theriacale  ou 
de  Canelle  5 & le  Sirop  dceil- 
|Iets:  Ces  potions  données  fré- 
quemment 8c  à cueillerées , 
font  un  très-bon  effet  dans  les 
fièvres  malignes.  On  y ajou- 
te fouvent , 8c  fort  à propos, 
la  teinture  d’Opium. 

Voicy  une  potion  qui  m’a 
paru  fort  utile.  Je  donne  qua- 
tre ou  cinq  grains  de  Tartre 
Ëmetique  fur  huit  onces  d’eau 
de  Scorfonaire.  J’en  fais  pren- 
dre des  cueillerées  d’heure 
ïO  fccure  : ce  rejmede  punge 
B b 


Potîofli 

cordiale. 


Utile  dis 
les  Fiè- 
vres 


tpo  De  U Nature , 
doucement  les  matières  im- 
pures qui  entretiennent  les 
Fièvres  malignes,  &:  détruit 
par  là  les  fermentations  vi- 
cieufcs  ; Il  eft  fort  convenable 
aux  cnfans  qui  ont  des  versj 
on  leur  fait  encore  boire  de 
l’eau  de  Mercure.  Voicy  une 
boiffon  que  j’ay  trouvée  très- 
bon  ne  dans  ces  occafions. 
fo«ies  On  fait  une  decoâion  de  ra- 
*ui  ont  dure  de  corne  de  Cerf  qu’on 
ht  rets.  m£le  avec  un  tiers  ou  un  quart 
de  vin  blanc  quand  on  veut 
donner  à boire  à l’enfant , on 
trempe  un  fétu  dans  de  l’hui- 
le diftilce  de  petites  Oranges 
vertes  , & on  en  met  deux 
ou  trois  gouttes.  Ce  Cata- 
plafme  eft  encore  excellent 
contre  les  vers. 

e*tâpli-  Prenez  un  gros  oignon  rouge 
aaeuûîé  ou  bJanc  creufez-le  & met- 

contre  - j» 

to  tw«  tcz  dans  U creux  un  gros  d a- 


& des  cAufes  de  U Fievre.  ipt 
nis  , un  gros  de  graine  de  Ta- 
najfie  qu’on  appelle  dans  les 
Difpenftires  femen  contra,  ; 
Après  y avoir  ajouté  vingt- 
quatre  grains  de  bon  fafran  en 
poudre  , recouvrez  le  creux 
de  l’oignon  avec  la  piece  que 
vous  avez  ôtée,  & l’envelop- 
pez de  papier  ou  d’étouppes 
pour  le  faire  cuire  dans  les 
cendres  chaudes  , & quand  il 
fera  cuit  vous  le  tirerez  ; ôtez 
les  grofles  peaux , & pilez  le 
refte  dans  un  mortier  : quand 
il  fera  bien  pilé,  mettez -le 
dans  une  petite  terrine  fur  un 
feu  modéré , 5c  y mêlez  de- 
mi-once de  beurre  frais  , un 
gros  5c  demi  de  bonne  Thé- 
riaque , 5c  autant  de  There- 
bentine  de  Venifc  : Du  tout 
bien  mêlé  enfèmble  pendant 
un  peu  de  tems  fur  un  petit 
feu  , vous  en  ferez  un  Cata- 
plafme  que  vous  appliquerez 
fur  le  nombril  de  la  largeur  de 
la  pomme  de  la  main , & le 
renouvellerez  tous  les  jou:$. 

B b ij 


Çmc  les 
iemedes 
£p  iri- 
tueux  ne 
font 
point 
«dange- 
reux das 
les  Fiè- 
vres nu- 
|jf  nés. 


Ve  la  Nature , 

La  Thériaque  , le  Diaf- 
cordium  , les  poudres  de  Vi- 
pères de  de  la  Comceflfe  de 
Kent  , font  encore  de  très- 
bons  remedes  dans  les  Fiè- 
vres malignes. 

Les  vins  de  Bourgogne  , 
d’F/pagne , de  Canaries  ,Sec. 
font  aufli  de  très- bon  ufage  j 
& il  ne  faut  pas  dire  avec  le 
peuple  j ni  comme  les  Mé- 
decins vulgaires , que  ces  re- 
medes font  chauds  , qu’ils 
donnent  trop  de  mouvement 
aux  humeurs , de  caufent  des 
tranfports  au  cerveau  , puis- 
que , comme  nous  lavons  dit 
ailleurs  , répuifement  des  ef- 
prits  de  les  forces  dilïîpées  ne 
fçauroient  eftre  reparez  que 
par  des  chofes  fpiritueufes  ; 
de  l’experience  m’a  appris  que 
les  remedes  fpiritueux  , au 
lieu  d’augmenter  le  nj9uve- 


ér  des  caitfes  de  la  Fièvre.  195 
ment  des  humeurs  & les  fer- 
mentations , les  calment,  s’ils 
font  difpenfez  Sc  adminiftrczj 
de  forte  qu’ils  deviennent 
fuperieurs  &C  dominans  dans 
la  malTe  du  fang  j nous  fça- 
vons  que  loifqu’un  Acide 
un  Alxali  fermentent  enferxv- 
ble,  h on  ajoute  de  l’ Alxali , 
la  fermentation  ceffera  bien- 
toft,  parce  que  l’Acide  fera 
abforbé  par  l’Alxali  ; la  mê- 
me chofe  arrivera  fi  on  au- 
gmente l’Acide  , mais  il  fe 
fera  une  coagulation  dange- 
reufe  : d’oh  il  eft  évident  que 
les  Fièvres  ne  fc  guerifTenc 
que  lorfque  la  chaleur  natu- 
relle ou  les  efprits  ont  digé- 
ré , ou  diffout  les  matières 
crues  &:  indigeftes. 

Dans  l’hypothrfe  commu- 
ne l’on  aura  peine  à croire 
qu’un  homme  échauffé  qui 
B b iij 


Exem- 
ples pouf 
confir- 
mer les 
feons  ef- 
fets des’ 
îcmedeSj 
fpiti- 
^laeu  x. 


U Nature , 

boita  la  glace,  puifle  tomber 
dans  une  pleurefie  ou  dans 
une  Fievre  ardente  , & l’on 
fe  perfuadera  aifément  que 
fi  cet  homme  boit  de  F Eau- 
de-vie  , il  fe  brûlera  les  en- 
trailles & s’attirera  une  Fiè- 
vre chaude.  Cependant  tout 
le  contraire  arrive  : j’ay  veu 
un  ^ Officier  d’Armée  qui 
après  de  longues  marches , fe 
trouvant  dans  un  épuifement 
extrême,  & mourant  de  foif, 
arriva  fur  le  bord  d’un  ruif- 
feau  bourbeux  , rempli  de  ca- 
davres j l’eau  de  ce  ruiffeau 
luy ayant  fait  horreur, il  de- 
manda de  l’Eau- de -vie  , & 
en  beut  une  chopine  d’un 
feul  trait , après  quoy  il  s’en- 
dormit , & s’éveilla  auffi  frais 
& auffi  vigoureux  que  s’il 
s’étoit  repofé  toute  fa  vie. 

Mr.  de  Monginot  m’a  af- 


& des  CAitfes  de  U Fièvre.  19$ 
furé  qu’il  avoit  veu  un  hom- 
me ayant  la  gangrené  fi  fore 
à la  jambe  , que  fuivanç 
l’avis  des  Médecins  & de# 
Chirurgiens  on  dévoie  luy 
couper  le  lendemain.  Et  pour 
le  difpofer  à fouffrir  cette 
operation , & afin  de  calmer 
les  humeurs  ,onluy  avoit  or- 
donné un  Julep  ou  une  ému!* 
fion  qu’il  devoir  prendre  la 
nuit;  mais  la  garde  s’étant  en- 
dormie, èc  enfuite  éveillée  en 
furfaut  fe  méprit , &C  donna 
au  malade  une  phiole  pleine 
d’Efprit  de  vin  , au  lieu  de 
fonémulfion:  il  eft  vray  qu  il 
fentit  beaucoup  de  chaleur 
pendant  la  nuit  : mais  lors 
qu’on  vint  pour  luy  couper 
la  jambe  , les  chairs  gangre- 
nées fe  trouvèrent  feparées 
des  chairs  vives,  & enfin  le 
malade  guérit. 

B b iiij 


*96  De  la  Nature , 

> Nos  Livres  font  pleins 
d biliaires  qui  nous  appren- 
nenc  que  piuüeurs  malades 
de  Fièvres  malignes  & de 
pelle , ont  elle  guéris  par  des 
baillons  chaudes  &c  Fpiritueu- 
fss.  li  faut  donc  convenir  que 
les  remedes  fpiritueux  & vo- 
latiles font  très  - neceffaire* 
dans  les  Fièvres  malignes  & 
dans  les  épuifemens,  & qu’ij 
ne  faut  pas  cftre  timide  à s’en 
f«rvir.  Souvent  les  meilleu- 
res remedes  font  infru&ueux 
& inutiles , parce  que  l’on  eù. 
trop  refer  vé  far  leur  ufage. 

Il  y a encore  des  Fièvres 
malignes  qui  viennent,  du  dé- 
faut de  tranfpiracion  , com- 
me celles  qui  accompagnent 
fc'àch  Rougeole  (Sc  la  petite  Vero» 
v croie j Ie-Qüciqucs  Auteurs  croycnc 
#£c,  que  ces  Fièvres  font  caufées 
par  les  impuretez  ou  du  f«ng 


ef  des  cm  fi  s de  la  Fièvre.  z$j 
\ m enfer u al , ou  delà  nourritu- 
re que  l’enfant  reçoit  dans  le 
ventre  de  fa  raere  ; ce  fénti- 
mentne  paroîtra  peut- être  pas 
mal  fondé  fi  on  fait  réflexion 
l que  la  plupart  des  femmes 
greffes  ont  prefque  toujours 
| l’appetit  déréglé  , qu  elles  fe 
j amwriffent  mal,  &:  que d’ail- 
leurs  elles  n’ont  pas  larefpira- 
tion  fort  libre,  c’eft-à-dire  que 
l’air  & la  matière  fubtile  font 
trop  embarraffez  , &:  n’ont 
pas  le  mouvement  neceffairc 
pour  bien  raréfier  tous  les  fucs 
nourriciers  qu’elles  fournif- 
! fent  a leurs  enfans  : Ainfi  ccs 
enfans  font  nourris  te  formez 
! de  fucs  groffiers  te  vifqueux 
qui  ne  laiffent  pas  un  com- 
merce libre  a la  chaleur  na- 
turelle , te  à la  matière  fub- 
tile.  A quoy  il  faut  ajouter 
que  les  enfans  vivent  de  lai- 


198  De  U N Atari , 
tage  qui  épaifîit  le  fang , & le 
rend  tres-fufceptible  de  coa- 

«mlatinn,  — 


«le  boüillie  , qui  boivçnc  un 

l 


manière  oppofée  ; &:  je  fuis 
perfuadé  que  fi  on  rafraîchie 
trop  les  enfans  en  Efté  , on 
les  prive  du  bénéfice  de  la 
faifon  , en  interceptant  les 
humeurs  fupcrfluës  qui  crou- 
pirent dans  leurs  veines , & 
les  parens  ontfouventle  cha- 
grin de  les  voir  mourir  de 
la  petite  Verole  en  Hyver. 

i°*  Que  les  enfans  qui  ont 
beaucoup  de  gale  font  moins 


que  ceux  qui  vivent  d’une 


& de  s eau  Je  s de  U Fièvre.  199 
fujets  à la  petite  Verole,  St 
qu’il  y a fouvent  du  péril  \ 
guérir  la  gale  aux  enfans. 

30.  Que  les  femmes  grof- 
fes  qui  font  vigoureufes , 
qui  fe  nourriflenc  d’alimens 
chauds  St  fucculens  , St  qui 
accouchent  en  Efté , ont  des 
enfans  moins  incommodez 
de  la  petite  Verole. 

4°.  Que  ceux  qui  font 
d’un  tempérament  chaud, 
qui  font  beaucoup  d exerci- 
ce , St  qui  ufent  d’alimens  SC 
de  remedes  chauds  , font 
peu  fujets  à la  petite  Vé- 
role. 

Je  croy  que  Ton  fera  con- 
vaincu que  ces  obfervations 
font  juftes  , fi  l’on  fait  ré- 
flexion que  la  petite  Verole 
eft  rare  St  peu  dangereufe 
dans  les  climats  chauds  1 que 
les  enfans  courent  les  rues 


foo  Bêla  Nature, 
en  Efté  avee  cette  maladie 
Ôc  qu  en  Hy  ver  elle  eft  fou- 
vent  mortelle  } qu’elle  cfl 
très -commune  & tres-fu- 
nefle  dans  les  pais  froids , & 
beaucoup  plus  en  Angleter- 
re qu’en  France. 

Cela  fuppofé  , il.y  a bien 
de  1 apparence  que  la  tranf. 
piration  eft  le  meilleur  re- 

*««n  mede  à ces  maladies  } dans 

& CetCf.  \cuèon  faitd«  potions 
cordiales  avec  des  eaux  fpi- 
ritueufes  données  fouvent  & 
à cueillerces , comme  nous 
avons  dit  cy-dcflusj  Et  il- ne 
raut  pas  s’imaginer  qu’il  « 
ait  dey  une  in  dication  con- 
traire a celle  des  Fièvres  ma- 
lignes qui  font  eaufees  par 
I excès  de  tranfpiratipn , pui£ 
que  dans  celles-là  à les  cf- 
prits  font  diflipez  , il  fan t les 
reparenau  lieu  que  dans  celles- 


& des  caufes  de  U Plèvre.  30 1 
cy  eftant  enveloppez  dans  des 
jmatieres  craffes , &c  liez  par 
dç^  acides  dominans  , il  faut 
développer  les  cfprits  en  dé-» 
truifanc  les  acides  : ce  qui  ne 
ifc  peut  faire  qu’avec  des  re- 
inedes  fpiricueux.  La  faignée 
ieft  un  excellent  remede  con- 
tre'la  petite  Vero’elorfque  les 
|puftules  ne  fortent  pas  faci- 
mentj  qu’il  y a beaucoup  de 
Fièvre  avec  difficulté  de  ref- 
pirer  , mais  elle  eft  dange- 
reufe  è£  fouvent  mortelle 
apres  l’éruption.  Les  pou- 
dres de  Vipere  , & de  la 
ComtefTe  de  Kent  font  en- 
core d’un  bon  ufage. 

! Les  Anglois  donnent  fou- 
vent  de  l’Opium  dans  cette 
maladie  jufqu  a trois  ou  qua- 
fois  par  jour,  6 c avecfuccés} 
j parce  que  ce  remede  donne 
I du  reposé  facilite  l’çr uptioni 


Êrt  qiléf 
cas  lafai- 
gnée  c®- 
vientà  1$ 
petite 
Vérole* 


Offa# 
ufîté  î’ 
chez  leë 
Angloig 
dans  ccs 


Ci  fan  ne 

$uin* 

bonne 
dans  la 
.petite 

fefole. 


De  U Nature , 

Cette  méthode  pourroit  fur. 
prendre  ceux  qui  croyent 
que  l’Opium  fufpénd  le  mou- 
vcment  des  hümeurs , mais 
on  ne  doute  plus  qu’il  ne  foie 
fudorifîque.  Dans  cette  pen- 
fee  je  croy  que  la  Tifanne  de 
Quinquina  feroit  xres-utile } 
j avoue  que  je  , ne  l’ay  pas 
expérimenté  , mais  comme 
oc  remede  mortifie  ies  acides 
& raréfié  le  fang , je  ne  fçau- 
rois  m’empêcher , dans  la  pré- 
vention où  je  fuis  pour  le 
Jgjiinquina  , de  penfer  qu’il 
feroic  très- utile  en  cette  oc- 
cafion , fi  l'on  en  faifoitune 
Tifanne  avec  l’eau  de  Scor- 
fonairc,  la  raclure  de  corne 
de  Cerf,  & le  faflafras. 

^ ^tlut  rcmarquer  que  les 
Fievres  malignes  font  pref- 
que  toujours  accompagnées 
4c  vomiûemens  ou  de  jaau- 


& des  cdufes  de  la  Fièvre,  joj 
fées,  SC  qu’alors  on  ne  doit 
pas  eftrc  timide  à faire  vomit 
ou  à purger.  En  cela  je  fuis 
tres-oppoféà  M1.  Deflc  , qui 
donne  pour  réglé  infaillible, 
de  faire  toujours  précéder 
les  fudorifiques  aux  purgatifs 
dans  les  maladies  aiguës  ; & 
il  me  permettra  de  luy  dire 
contre  l’infaillibilité  de  fa  re-  in«* 
gle,  que  } y trouve  deux  in-  contre  U 
conveniens  affez  remarqua-  S'/'X' 
blés  : Le  premier  eft , que  Defl«» 
lorfquc  l’on  donne  des  reme- 
des  fudorifiques , s’il  y a dans 
l’cftemac  ic  dans  les  premiè- 
res voyes  des  mauvais  fucs , 
les  fudorifiques  relieront  dans 
l’eftomac  , y cauferont  des 
naufées  ou  quelques  vomifi* 
femens  imparfaits  qui  fati- 
gueront le  malade  : Ce  fait 
eft  confirmé  par  Pexperiencc. 
L’autre  inconvénient  eft  que 


504  3e  U Nature , 
iï  les  fudorifiques  paffent,ils 
feront  affoibliS  & altérez  pat 
les  fucs  impurs  qu’ils  rencon- 
treront , & ils  en  introduis 
ront  une  partie  dans  la  maffç 
du  fang  ; ce  qui  y caufera  de 
nouveaux  troubles. 

Il  éft  dope  préalable  de 
netoyer  les  premières  voyes  , 
afin  que  les  mdoridques  y 
puiilent  paffer  fans  rien  per» 
are  de  leur  vertu  , & qu’ella 
foit  portée  toute  pure  dans 
la  ma  (Te  du  fang  : Cette 

pratique  eft  fondée , à l’égard 
des  purgatifs  , fur  l’autorité 
d’Hippocrate  , qui  nous  ap- 
prend dans  l’Aphor,  10.  liv,  4. 
qu’il  faut  purger  dés  le  pre- 
mier jour  dans  les  maladies 
iguës  j qu’il  y a du  péril 
différer. 

Je  diray  en  paffant  que  la  re- 
$uuë  «Uns  laquelle  on  a efté 
jufqu’icy 


& des  c tuf  es  de  U Fièvre.  30  y 
jufqu'icy  , a introduit  dans  la 
Médecine  les  Avanturiers,  les 
Charlatans  & les  Momes;pen- 
dant  que  les  Médecins  tempo 
rifent  & délibèrent  fur  des  ré- 
glés incertaines , un  Ayantu- 
rier  donne  l’Emetique,  & le 
malade  guérit , & cela  donne 
à i’Avanturier  un  titre  de  Mé- 
decin qui  le  met  au  deflus  d« 
toutes  les  Facultez, 

Lapleurefie  eft  une  mala- 
die aiguë  toujours  accompa- 
gnée d’inflammation , ou  de 
difpofition  inflammatoire  de 
poitrine  •,  ce  font  des  fympto- 
mes  qui  paroiffent  incompa- 
tibles avec  les  purgatifs  & 
avec  les  vomitifs  ; cependant 
il  y a des  conjonctures  où  ils 
fontde  neeeflité  abfoluë  dans 
cette  maladie  , & ceux  qui 
donnent  d’abord  des  fudori- 
fiques  le  font  tres-fouve^ï 
Ç € 


Kcma* 
qtJe  fiâ» 
la  plcufc 


30  (î  De  la  Nature, 
fans  utilité  ; Sz  l’experience 
leur  fait  voir  que  çesuemedes 
fontabforbez  & éteints  par  les 
matières  qui  fe  trouvent  dans 
i’eftomac.  C'eft  à mon  fens 
une  bonne  pratique , ( Si  j’eu 
ay  l’experiencc  ) \de  faigner 
promtement  Sz  amplement 
dans  la  pleurcfie , de  faire  vo- 
mir ou  de  purger  inceflam- 
ment , Sz  de  donner  enfuite 
pour  toute  boiffon  notre  pré- 
paration de  Quinquina , avec 
le  Saffafras  Sz  les  fleurs  de  Co- 

3uerico  , & quelques  boles 
e fels  Volatiles  SZ  d’Opium. 
La  boiffon  doit  eftrc  prife 
chaudement  avec  peu  de 
bouillons  par  intervales. 

Il  y a encore  une  obferva- 
tion  à faire  dans  la  Pratique 
pour  juftifier  Gontre  la  réglé 
de  M*.  Deffe , qu’il  ell  fou- 
vent  dangereux  de  donner 


& ds  eau  fis  ds  la  Fièvre.  507 
des  remedes  fudorifiques  fans 
avoir  fait  précéder  les  purga- 
tifs ; G’cft  que  fi  on  donne  de 
l’Opium  en  Opiate  ou  en 
teinture  , avec  les  efprits  ou 
fels  volatiles  , qui  fans  con- 
tredit font  fudorifiques  , bc 
qu’il  y ait  dans  l’eftomac  bc 
dans  les  premières  voyes  une 
bile  impure  ou  d’autres  mau- 
vais fucs  , on  caufe  prefque 
toujours  des  délires  des 
tranfports  au  cerveau.  A peu 
prés  comme  fi  l’on  donnoit 
deux  ou  trois  verres  de  vin 
pur  à une  perfonne  à demi- 
yvre  , ce  qui  acheveroit  de 
l’enyvrer.  Or  je  pofe  en  fait, 
que  fi  cette  perfonne  avoic 
Teftomac  bien  net , deux  ou 
trois  verres  de  vin  ne  feroient 
pas  capables  de  luy  troubler 
le  cerveau  jufqu’à  le  meure 
en  dehre. 

Ce  ij 


’Cbfcr- 
vation 
fur  l’ufa* 
ge  des 
fudori- 
fîques 
contre 
Mr.  De£ 
fea 


§oS  De  U Nature , 

3’ay  doncraifon  de  m’éton- 
tïcrde  ce  que  Mr.  Deflcqui  a 
tant  vcu  de  malades  , & fur 
tout  dans  les  Hôpitaux  des 
places  de  Guerre , n’ait  pas  re- 
marqué que  les  fudorifîques 
fie  dévoient  pas  toujours  pre- 
ceceder  les  purgatifs  dans  les 
maladies  aigues.  3’avouë  que 
j’avois  eu  -du  plaifir  de  voir 
dans  les  Ouvrages  de  cet  Au- 
teur quelque  conformité  avec 
ïîoftce  bypothefe  , & même 
avec  nos  exprelïions  j mais 
comme  il  s’écarte  de  nos  prin- 
cipes, il  me  pardonnerai]  je 
ne  m'accommode  pas  de  fes 
maximes , & fi  je 'prends  la 
liberté  de  donner  icy  quel- 
ques avis  generaux  pour  la 
guerifon  des  malades  des  Ar- 
mées ô£  des  Hôpitaux. 

Premièrement  je  regarde 
tous  les  ^Hôpitaux  en  general, 


gf  des  caufes  de  la  Fièvre.  309 
à l’ég.ard  des  malades , com- 
me des  Temples  confacrez  à 
la  pelle  ou  à la  mort  •,  &:  je 
conçois  que  rien  n’efl  plus 
préjudiciable  à l’état  que  de 
ramaffer  dans  un  feul  lieu  tout 
ce  qu’il  y a de  puant , de 
faîe , d’infirme  & de  corrom- 
pu dans  une  Ville  &:  dans  une 
Armée.  D’ailleurs  on  ne 
fçauroit  difeonvenir  qu’il  ne- 
foi  t tres-dangereux  à un  ma- 
lade d’eftre  parmi  des  mala- 
des ; & fi  la  fupputation  d’un? 
curieux  Angloisquia  remar- 
qué qu’il  meurt  à proportion 
tous  les  ans  trois  mille  mala- 
des dans  l’Hôtel  - Dieu  de 
! Paris  , plus  que  dans  l’Hô- 
pital de  la  Charité , eft  jufte  a 
n’y  a-t’il  pas  lieu  de  croire  que 
ccs  3000.  malades  ne  me»- 
! rent  qu’à  caufe  du  mauvais  airs 
& de  l’incommodité  qu’ils 
Ce  ii) 


Cbfè'r 
ration 
fut  les 
Hôpi- 
taux., 


3io  "De  la  Nature , 
fouffrent  à l’Hôtel-Dieu , & 
que  pour  fauver  la  vie  à ce; 
malheureux , il  faudroit  met- 
tre cette  Mïffon  à l’inftar  de 
l'Hôpital  de  la  Charité-,  la 
chofe  n’eft  peut-être  pas  fi  dif. 
ficile  à-exècuter  qu’on  pour, 
roit  s’imaginer  ; &c  je  fuis  per- 
fuadtLcpfelle  n’augmenceroit 
pas  la  dépenfe  de  la  Maifon  , 
Fans  parler  de  ce  qu’on  doit 
faire  pour  fauver  la  vie  à 3000 
perfonnes  dont  la  perte  re- 
garde l’Etat , &C  va  à prés  de 
trois  millions , à les  évaluer 
feulement  fur  le  pied  qu'on 
évalue  les  Efclavcs  d’Alger. 
J’ay  dit  que  cette  reforme 
n’augmenteroit  pas  la  dépen- 
fe de  la  Maifon , & je  crois 
même  qu’elle  en  feroit  dimi- 
nuée confîdcrabletncnt  j il  efl 
vray  qu’il  feroit  neceffaire 
d’augmenter  le  nombre  des 


& des  caufes  de  la  Fièvre,  511 
Médecins  & des  Chirurgiens, 
mais  la  dépenfe  qu’il  faudroic 
faire  pour  cela  feroit  bien 
compenfée  par  la  prompte 
guerifon  des  malades  : car 
il  y en  a peu  qui  negueriflent 
en  huit  jours  s’ils  font  bien 
fecourus  , au  lieu  que  ceux 
qui  meurent, languiflent  quel- 
quefois des  années  entières  , 
ce  qui  produit  une  dépenfe 
infinie. 

A l’égard  des  malades  des 
Armées , j’ay  remarqué  qu’on 
les  envoyé  prcfque  tous  à 
l’Hôpital  d’où  il  n’cn  revient 
gueres  ; car  il  eft  certain  que 
les  petites  maladies  y devien- 
nent grandes , tanta  caufe  du 
mauvais  air,  que  delà  mau- 
vaife  adminiftration  des  re- 
mèdes & des  alimens.  Il  y a 
des  Chirurgiens  dans  les  Re* 
gimens  qui  encore  qu  ils 


Abus  eÔS 
cernant 
1 s mala» 
dies 
d’ A r* 
sac  *5* 


Catfes 
«àes  ma- 
ladies 
•d’Ar- 
mit.  ■ 


la  Mature  > 

foienc  payez  par  les  Officiers  , 
n’en  ont  pas  plus  de  foin  des 
Cavaliers  & des  Soldats  -,  ils 
*CSa  f°nc  conduire  dans  les 
Hôpitaux  des  Villes  prochai- 
nes pour  la  moindre  indifpo- 
hdon.  Il  faut  encore  obfer- 
verque  les  Chirurgiens , quoy 
qi^e  tres/habiles  à paqccr  des 
playes-&  a Faire  des  opera- 
tions , ne  font  pas  fort  intel- 
lïgens  dans  la  connoilfance 
des  maladies  internes  t ce- 
pendant elles  font  fort  fre- 


quentes dans  les  Armées , par 
les  fatigues  continuelles  que 
fouffrent  les  Troupes  , & par 
la  mauvaife  nourriture  dont 
elles  ufent  ; elles  boivent  au 
premier  ruilTeau , à la  premie- 
rs fontaine , au  premier  puits 
qu’elles  rencontrent , & mam 
gent  tous  les  fruits  qu’elles 
ïrouycîjt  de  quelque  qualité 


& des  câufes  de  la  Fièvre.  313 
qu’ils  foient , c’ell  là  la  four- 
ee  de  tous  leurs  maux  : ainfit 
le  vray  moyen  de  les  guérir, 
eft  de  leur  netoyer  l’eltomac 
Ü de  le  fortifier.  J’ofe  affurer 
que  dans  la  derniere  Cam- 
pagne d’Allemagne  , & Mr. 
l’Intendant  le  certifiera , j’a- 
vois  l’honneur  de  loger  chez 
luy  , j’en  ay  empêché  un 
grand  nombre  d’aller  à l’Hô- 
pital , & même  de  la  Maifon 
du  Roy  ; je  les  ay  tous  guéris 
en  tres-peu  de  tems  dans  leurs 
tentes  : Ils  y font  beaucoup 
mieux  que  dans  les  Hôpitaux, 
& les  décampemens  ne  font 
pas  fi  incommodes  qu’on  pen- 
fe  ? une  Armée  ne  fait  gueres 
plus  de  deux  ou  trois  lieues  , 
& on  guérit  un  malade  en 
chemin  faifant  avec  du  £)uin- 
\quina  , du  Vin , de  l’Earnde- 
vie,de  la  Theriaque,&c.On  Iç 
Dd 


314  Z><?  U Nature , 

purge  avec  du  Diaphcenis  t 
on  le  fait  vomir  avec  du  Tar- 
tre Emétique  , on  a encore 
Hetae-  des  eleétuaires  purgatifs  fort 
îes*  m-1  commodes  dans  ces  occa- 
fions  ; Par  cette  méthode, 
**"•  ^vec  h.  bonne  nourriture  & 
le  repos , un  Soldat  eft  bien» 
toft rétabli  : au  lieu  que  fi  on 
l’envoye/à  1’Hôpital,  fa  C am* 
pagne  eft  faite  , il  y meurt , 
ou  il  y mene  une  vie  languif- 
fante.  Il  eft  y ray  que  fur  la  fin 
du  mois  de  Septembre , & 
pendant  le  mois  d’O&obre 
les  Troupes  font  fort  incom- 
modées dans  le  Camp  à caufe 
des  mauvais  tems;  mais  il  vau- 
droit  bien  mieux , s’il  eftoit 
poflîble  , répandre  les  mala- 
des dans  les  Villes  frontières 
que  de  les  amafler  dans  un 
Hôpital.  Je  le  répété , les  Hô- 
pitaux font  des  Temples  cqa- 


& des  caufes  de  Ia  T lévTt  > jiy 
facrez  à la  perte  ou  à la  more  i 
1 on  y faigne  les  malades,  &; 
on  leur  donne  des  Tifannes 
rafraîchiflances  comme  à de 
bons  Bourgeois , fans  faire  ré- 
flexion  que  prefque  toutes 
leurs  maladies  viennent  de 
fatigues , d’épuifement  ou  de 
mauvaife  nourriture , 8c  que 
le  repos  8C  les  bons  alimens 
leur  font  plus  neceflaires  que 
les  remedes  rafraîchiflans. 
t Cette  digreflîon  m’a  un  peu 
écarté  de  mon  chemin  , je 
prie  M*.  Defle  qui  en  a eft© 
loccafion  , d’eftre  perfuadé 
qu  il  n entre  point  d’elprit  de 
Critique  dans  la  liberté  que 
j’ay  prife  de  l’apoftropher  ; 
j’ofe  même  elperer  que  s’il 
trouve  peu  de  folidité  dans 
mes  raifons , 8c  qu’il  n’y  ait 
pas  alfez  de  certitude  dans 
mes  expériences , il  me  fera 
D d ij 


'Abrégé 
àc  ma 
Métho- 
de. 


$î6  De  la  Nature, 
l’honneur  de  m’en  avertir. 

Voilà  fuccin&ement  ma 
méthode  de  guérir  les  Fiè- 
vres , elle  eft  fondée  fur  deux 
indications  generales  qui  fe 
rapportent  à la  purgation  8£ 
à la  tranfpiration. 

Par  la  purgation  la  matier® 
delà  Fièvre  eft  évacuée. 

j'ay  établi  pour  maxime 
certaine  de  purger  dés  le 
commencement  des  Fièvres 
autant  qu’il  eft  poffible  ; cettç 
maxime  fe  doit  pratiquer  dans 
toutes  les  Fièvres , mais  prin- 
cipalement dans  les  continués 
& en  Efté , parce  qu’alors  les 
humeurs  eftant  en  plus  grand 
mouvement , elles  font  por- 
tées avec  rapidité  dans  les  vei- 
nes où  elles  gâtent  le  fang  : 
d’ailleurs  les  efprits  font  dilfi- 
pez  par  la  tranfpiration  excef- 
hve,  c’eft  pourquoy  il  eft  ne» 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  317 
ceflàire  de  netoyerles  premiè- 
res voyes  j afin  de  pouvoir 
mettre  en  ufage  les  acides  §£ 
les  boiflons  rafraîchiflantes 
pour  calmer  le  mouvement 
trop  impétueux  des  efprits. 

Car  enfin  fi  des  humeurs 
qui  croupiflent  dans  les  en- 
trailles font  la  matière  qui 
compofe  toutes  les  Scènes 
tragiques  d’une  maladie  lon- 
gue , dangereufe  & fou  vent 
mortelle , peut-on  difeonve- 
nir  que  ce  ne  foit  une  précau- 
tion heureufe  èc  neceflaire 
d’évacuer  promtement  ces 
humeurs  par  des  purgatifs 
bien  concertez  i J’ofc  aflurer 
que  cette  pratique  m’a  tou- 
jours paru  feurc  & facile. 

Il  y a moins  de  péril  à dif- 
férer la  purgation  dans  les 
Fièvres  intermittentes. 

A l’égard  de  la  tranfpira^ 
D d iij 


3*8  De  la  Nature , 
cion,j’ay  propofé  deux  moyens 
pour  la  procurer  àfçavoir,  la 
faignée  & les  remedes  dia- 
phoniques. 

Par  la  faignée  la  circulation 
du  fang  eft  aidëe  , le  redore 
de  1 air  ed  plus  libre  : de  forte 
que  la  iipatiere  fubtile  & les 
efprits  aViflànt  fur  les  hu- 
|neurs  , /les  digèrent , les  ra- 
re^enr  & font  tranfpirer  le* 
fuperfluitez. 

Les  remedes  diaphoreti- 
ques  fourniflent  à la  mafle  du 
fang  des  parties  fpiritueufes  & 
fulfureufes  , qui  e fiant  affo- 
lées à la  chaleur  naturelle  ou 
aux  efprits,  agiffent  de  con- 
eerr  pour  cuire , digerer  8c  dif- 
foudre  les  matières  indigeftes. 

Les  diaphoniques  font 
neceffaires , lorfque  par  la  fai- 
gnée & par  la  purgation  les 
Fievres  ne  font  point  guéries , 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  519 
& qu’il  ns  s’eft  pas  fait  de 
transpiration  fans  laquelle  il 
n’y  a point  de  guerifon  par- 
faite. 

Les  Remedes  diaphoni- 
ques confirment  noftre  divi- 
fion  des  Fièvres , Sc  démon- 
trent qu’il  y en  a qui  dépen- 
dent de  la  difpofition  peufpi- 
ritueufe  du  fang  : car  com- 
ment deviner  d’où  vient  une 
Fièvre  quarte  à un  homme 
qui  a efté  beaucoup  purgé  , à 
qui  on  a donné  des  vomitifs , 
& qui  d’ailleurs  mange  Sc.  di- 
géré bien , Sc  qui  a les  entrail- 
les en  bon  état,  fi  onnefup- 
pofe  avec  nous,  que  le  fang 
de  cet  homme  eft  dan$  une 
difpofition  acide  Sc  peu  fpiri- 
tueufe , puifque  les  remedes 
diaphoniques  qui  mortifient 
SC  chaflent  les  acides, SC  qui  ré- 
tabliflent  la  chaleur  SC  les  efii 
D d iiij 


les  àty* 

p ho  r cli- 
ques font 
fcbri% 
£e«« 


}io  f)e  la  îtiatuYe , 
pries  dans  la  raalTe  du  fang, 
iom  fébrifuges  ; & qu’enfin 
ceux  qui  s’en  fervent,  avoüent 
qmJs  en  deviennent  plus  forts 
& plus  vigoureux.  Et  comme 
Ie  JS^inquina  eft  le  fébrifu- 
ge dont  je  me  fers  principale- 
ment , il  faut  àpreftnt  parler 
~j  remede,  & des-expe- 
•es  que  j’en  ay  faites , afin 
le  difculper  de  tous  les 
maux  dont  on  l’accufe  , & de 
déiabufer  le  public , s’il  eft 
poffible  } de  cette  erreur  grof- 
fere,  qui  eft  encore  reçûë  de 
quelques  Médecins  , que  le 
J^jiinquinâ  fixe  les  humeurs 
qui  eau  fient  les  Fièvres, 


Mr.  de  Monginot  m’én  a 
ouvert  le  chemin  dans  fion 
*l&n'  Traité  de  U guerifon  des  Fié- 
rti'  V1es  Par  le  Quinquina  : car 
4es.  cet  Auteur  m’ayant  fait  voit, 
que  ce  remede  guerifloit  les 


& des  caufes  delà  fièvre.  32.1 
Fièvres  en  mortifiant  les  aci- 
des , j’en  ay  tiré  cette  conclu- 
sion , que  les  acides  dominans 
dans  le  fan  g ou  dans  le  chy- 
le, dévoient  eftre  neceflaire- 
ment  la  caufe  des  Fièvres  ; bc 
pour  eftre  pleinement  con- 
vain  eu  que  le  Jgttitiquina  mor- 
tifie bc  détruit  les  acides,  bien 
loin  de  les  fixer  , j’en  ay  fait 
de  nouvelles  expériences  fur 
du  fang  , & fur  des  liqueurs 
analogues  au  chyle  : pour  ce- 
la i’ay  pris  deux  phioles  de 
verre  que  j ay  echautrees  me-  u<  >«- 
diocrement,  j’ay  receu  dans  dw' 
chacune  de  ces  phioles  envi- 
ron quatre  ou  cinq  onces  de 
fang  de  cochon  fortant  des 
veines  ; dans  l’une  j’avois  mis 
deux  cueillerées  de  vinaigre, 
bc  dans  l’autre  j’avois  mis  en- 
viron autant  de  vin  de  £Hùn- 
Jè>uina  tel  qu’on  le  donne  aux 


Bxpis 
riences^ 
qui  jufti- 
hent  qu® 
le  Quin- 


32-2-  t>e  la  Nature  , 
febricitans  j j’ay  plongé  à 
mèiî  l’inftant  ces  deux  phioles  dans 
ftnSc,Is  j, 11  Pot  d’eau  chaude  , afin 
d’avoir  une  chaleur  propor- 
tionnée à celle  du  fang;  j’ay 
remarqué  peu  detems  après, 
que  le  fang  de  la  phiole  dans 
laquelle  j’ay  ois  mis  le  vinai- 
gre^ eftoic  entièrement  coa- 
gulé d’un  rouge  fort  brun  ti- 
rant fur  le  noir  , fc  que  le 
fang  de  la  phiole  où  j’avois 
mis  le  Quinquina  eftoit  flui- 
de Sc  d’un  beau  rouge , ap- 
prochant de  la  couleur  du 
fang  des  artères.  J’ay  réitéré 
cette  expérience  plufieurs  fois 
fur  le  fang  d’autres  animaux, 
& même  fur  du  fang  humain , 
en  y mêlant  l’infufion  du 
Quinquina,  avec  les  mêmes 
précautions , & j’ay  toujours 
remarqué  les  mêmes  effets. 

J’ay  encore  eu  la  curioûté 


& des  Câufîs  de  la  Fièvre.  313 
de  faire  ces  expériences  lur  Avee  I(J 
du  lait,  voici  comment  : J’ay  lait* 
pris  du  lait  fortant  du  pis  de 
la  Vache  , j’en  ay  mis  dans 
trois  écuelles  ; dans  la  premie. 
rej’ay  délayé  delapreffure  , 
j’en  ay  délayé  auffi  dans  la  fé- 
condé écuelle  , mais  j’y  ay 
ajouté  du  vin  de  Quinquina  5 
& dans  la  troifiéme  j’ay  mis 
du  vin  de  JjhtinquinA  tout 
feul.  J’ay  à l’inftant  mis  ces 
trois  écuelles  dans  un  four 
médiocrement  chaud  : peu  de 
tems  après  j’ay  trouvé  dans 
la  première  écuelle  un  fro- 
mage blanc&  mol,  avec  quan- 
tité de  petit-lait  ; dans  la  fé- 
condé, j’ay  remarqué  que  la 
feparation  des  parties  du  lait 
fe  faifoit  plûtoft  que  dans  la 
première',  mais  qu’il  y avoit 
peu  de  fromage  qui  eftoic 
plus  fec  U plus  ferme , & da» 


Le  £)uîn- 
tjuina, 
empêche 
les  coa- 
§»latiôs. 


324  De  U attire  ] 
vantagc de  petit-lait;  & dans 
la  troifiéme,  je  n’ay  appcrçü 
aucune  apparence  de  coagu- 
lation. 

Je  ne  me  fuis  pas  contenté 
de  voir  par  ces  expériences 
que  le  Quinquina  exnpêchoit 
la  coagulation,  j’ay  voulu  ef- 
fayer  s’il  pourroit  diffoudre 
celle  qui  feroic  déjà  faite;  Pour 
cet  effet  j’ay  mis  dans  la  pre- 
ïiîierc  ecuclîe  du  vin  de 
quitta  t le  fromage  en  a efté 
diffous  en  partie , & eft  deve- 
nu comme  celuy  de  la  deu- 
xieme écueile  : cette  expé- 
rience m’a  fait  naître  le  def- 
fein  d examiner  l’effet  que  le 
Quinquina  pourroit  faire  fur 
le  fang  coagulé  j pour  cela 
j’ay  mis  du  vin  de  Quinquina 
dans  la  phioje  où  eftoit  le  fang 
coagulé  avec  le  vinaigre, le  fâg 
n en  a reçu  aucune  alteration , 


tfr  des  caufcs  de  la  Fièvre.  32  y 
&C  j’ay  retiré  le  vin  de  Quin- 
quina avec  le  goût  te  la  cou- 
leur qu’il  avoic  auparavant, 
ï’avois  encore  reccu  du  fang 
dans  une  phiole,  lequel  je  lait 
fay  coaguler  à l’air  fans  aucun 
mélange;) ’aj o ûtay  tout  de  mê- 
me à ccluy-cy  du  vin  àcQuin- 
quitta  , il  y perdit  quelque 
chofc  de  fon  goût , & parut 
plus  broüillé  que  celuy  que 
j’avois  mis  fur  le  fang  coagu- 
lé par  le  vinaigre. 

Je  tire  de-là  cette  confc- 
qucnce  > que  le  Quinquina 
qui  tient  le  fang  te  le  lait 
dans  un  état  de  fluidité , doit 
produire  le  même  effet  dans 
nos  corps  te  fur  nos  humeurs  5 
& que  fur  ce  principe  il  eft  ai-  décrui- 
fc  de  conclure  qu’en  guerif- 
Nanties  Fièvres , il  ne  le  fait 
que  parce  qu’il  raréfié  le  fang 
& le  rend  plus  fluide , en  dé- 


Delà  Nature, 

truifanc  les  coagulations  qu« 
les  acides  fuperflus  y avoienc 
produites,  & que  puifqu’il 
diflout  les  coagulations , il  ne 
faut  pas  douter  qu’il  n’ait  la 
vertu  de  corriger  èc  de  détrui- 
re les  levains  acides  en  quel- 
qu’endroit  qu’il  les  trouve. 

De-là  on  peut  conclure, 
pour  le  dire  icy  en  paffant, 
que  le  Quinquina  n’eft  pas 
feulement  un  remede  excel- 
lent contre  les  Fièvres,  mais 
de  plus  qu’il  peut  eftre  tres- 
utile  dans  les  indifpoiitions 
qui  procèdent  -de  l’abondan- 
ce  des  humeurs  ; par  exemple 
dans  cette  maladie  qu’on  ap- 
pelle Faim-canine , dans  la- 
quelle les  fucs  acides  font  Ci 
abondans, qu’ils  picotent& ir- 
ritent mceflamment  les  mem- 
branes de  l'ellomac  , qu’ils 
coagulent,  le  chyle , & em- 


& des  cattjes  de  UFievre.  317 
pêchent  la  digeftion  & la  dis- 
tribution des  alimens  , d’où 
s’enfuivent  les  vomiffemens, 

|a  maigreur  de  tout  le  corps , 

& les  autres  accidens  de  cet- 
te maladie  ; 11  eft  indubitable 
que  le  Quinquina  en  détrui-  £td«i 
Tant  tous  ces  mauvais  Sucs , !es  au" 
en  préviendra  tous  les  effets  k*'f« 
dangereux.  Je  pourrois  en  par  les  a- 
dire  autant  de  plufieurs  au-  eidss‘ 
très  indifpofitions  qui  dépen- 
dent de  l’acidité  des  humeurs, 
mais  je  fortirois  de  mon  fu- 


jet. 

Je  ne  fçaurois  cependant 
m’empêcher  d’ajouter  enco- 
re icy  que  le  Quinquina  eft 
un  très  - bon  remede  contre 
les  Rhumatifmes , & contre 
les  Gouttes  ; Ces  maladies  £>«<>»?<& 
font  caufées  par  des  humeurs  Tonne 
froides  & condenfées  qui  ne 
circulent  pas  aifément  » de  jg»* 


32. S IDe  la  Nature  , 

lotte  que  lors  qu’elles  paflent 
dans  des  vaifleaux  capillai- 
res , & dans  les  parties  éloi- 
gnées du  centre  de  la  cha- 
leur , elles  s’y  arrcftcnt  , y 
font  des  fluxions,  caufentdcs 
inflammations  & des  renflons 
douloureufes.  Ces  indifpofi- 
dons  arrivent  principalement 
à ceux  qui  dilîipent  beaucoup 
d’efprits , qui  ont  ufé  de  boif- 
fons  acides  & propres  à con- 
denfcr  les  humeurs, & dans  les 
changemens  de  faifon , prin- 
cipalement lors  que  l’air  de- 
vient froid,  que  la  tranfpi  ra- 
tion eft  interceptée  , & qu« 
le  mouvement  du  fang  fe  ra- 
lentit ; c’eft  pour  cela  que  la 
boiflfon  du  GUnnquina  telle 
que  je  l’ay  propofée  cy  - de- 
vant avec  le  Laudanum  liqui- 
de , efl:  tres-udle  dans  ces  oc* 
calions , parce  qu’elle  facili- 


ef  des  caufes  de  la  Fièvre.  31? 
te  la  tranfpiration  , qu’elle 
| adoucit  l’acrimonie  des  hu- 
meurs &£.  les  rend  plus  fluides 
& coulantes  : Dans  cette  me- 
me veuë  on  employé  tres-à 
propos  les  fudorifiques  , je 
me  fuis  fervi  avec  fuccçs  de 
| fomentations  d’hyebîes  , de 
fauge  & de  perflearia  macu- 
; lata  , ou  poivrette.  Cette 
plante  eft  très  - bonne  , elle 
abonde  en  AIk^U  : les  fo- 
mentations produifent  des 
fueurs favorables , après  quoy 
on  frotte  les  parties  avec  i'on* 

! guent  Martiatum  , auquel  on 
! ajoute  l’Efprit  de  vin  ôc  la  li- 
queur de  Laudanum, 

Pour  revenir  à mes  expé- 
riences , il  y a encore  une  ré- 
flexion à faire  qui  me  paroift 
de  trop  grande  utilité  pour  la 
| paflfer  fous  filence,  J’ay  remar- 
qué que  bien  que  le  vin  dg 


33°  Dê  la  Nature , 
Quinquina,  ait  empêché  îa 
coagulation  du  fang  & du 
lait,  èz  qu’il  ait  diflbut  une 
i «%'».  bonne  partie  du  lait  recem- 
Cf  ment  tourné  en  fromage  ; il 
founïcs  na  point  fait  d’impreffion  fur 
*t»guu-,  la  coagulation  du  fang  faite 
*****  par  le  vinaigre  , & qu’il  n’en 
a guere  fait  non  plus  fur  le 
fang  coagulé  à l’air.  Ce  qui 
fait  voir  quel’a&ion  de  ce  re- 
mede  n’eft  pas  toujours  d’é- 
gale force  , & qu’elle  dépend 
fouvent  de  la  difpofition  du 
fu  jet  : D’où  je  conclus  que  lî 
le  Quinquina  n’a  pas  la  ver- 
tu de  détruire  les  acides  qui 
caufent  les  fortes  obftruc- 
lions,  Sz  de  guérir  par  exem- 
ple une  hydropifie  accompa- 
gnée de  fehirres  inveterez , 
4 de  ratte  ou  d’autres  parties  : 
on  ne  doit  pas  s’en  prendre  à 
ce  icxaede  , ni  dire  qu’il  en 


ef  des  caufes  de  la  lièvre.  331 
foit  la  cauife  ; au  contraire  on 
peut  a (Turcr  que  s’il  ne  gue-  11  [Ui 
rit  pas  des  maux  incurables  prevlcn'* 
il  pourra  du  moins  les  préve- 
nir , & les  guérir  dans  leurs 
commencemens  lors  qu’on 
s’en  fervira  avec  méthode  , &C 
qu’on  en  donnera  une  quan- 
tité fuffifante  pour  corriger  les 
mauvai fes  qualitez  du  chyle 
&:  du  fang. 

Ce  que  je  viens  de  dire  de 
l’adion  du  Quinquina , peut 
eftre  encore  confirmé  par 
l’experience  : fi  on  mêle  du 
Quinquina  dans  le  vinaigre , 
il  affaiblirai  la  vérité fon ai- 
greur , mais  il  ne  fçauroit  la 
détruire  entièrement  ; que  fi 
on  le  mêle  dans  le  yin  il  le 
confervera  très  - long  - tems 
fans  s’aigrir.  ]’en  ay  veu  qui 
ayoit  ellé  plus  de  fix  mois 
dans  une  bouteille  fans  ac» 

Ec  jj 


332-  De  la  Nature , 
quérir  la  moindre  aigreur. 

De  ces  mêmes  expériences 
on  peut  enfin  conclure  que 
bien  que  le  'Quinquina  foie 
un  rcmede  excellent  contre 
toutes  les  Fièvres , il  eft  pour- 

Slî  tant  P!us  Spécifique  pour  les 
pour  ns  intermittentes  que  pour  les 
mincies  continues.  La  raifon  en  eft, 
les*" con-  q'^dans  la  pfufpart  des  Fié- 
siaues.  yres  connnuësj  les  acides  font 
trop  dilfous  & trop  divifez, 
& que  les  humeurs  font  en  fi 
grand  mouvement  qu’on  efi: 
oblige  quelquefois  de  quitter 
l’uiage  des  rcmedes  qui  raré- 
fient 8c  difiblvent  la  mafle  du 
iang  , comme  fait  le  Quin- 
quina } pour  avoir  recours  à 
ceux  qui  la  condenfent  & l’é- 
paififient comme  font  les  aci- 
des; au  lieu  que  dans  les  Fiè- 
vres intermittentes  il  y a toû- 
i°ar$  de?  levains  aigre  5 qui 


& des  caufes  de  U Fièvre.  333 
condenfent  le  chyle  & le  fang, 

& font  obftacle  à leur  mou- 
vement ; & c’eft  pour  cela  que 
le  Quinquina,  eft  un  remede 
tres-alfuré  pour  ces  fortes  de 
Fièvres, 

Remarquez  pourtant  que 
le  ^mnqmnA  ne  guérit  pas  fi  Re'flè; 
promtemeht  les  Fièvres  dans  *ionsfUÏ 

1 r -r  , 1 ufaSe 

toutes  les  laitons , & que  les  du%n«; 
effets  de  ce  remede  font  beau-  r',M' 
coup  moins  heureux  en  Hy- 
ver  qu’en  Efté.  En  voici  la 
railon  5 c’eft  que  les  acides 
qni  avoient  efté  diflous  & dé- 
truits par  le  J^uinquina  étant 
renouveliez  par  le  froid  ex- 
térieur , fervent  aifément  de 
levain  à une  nouvelle  fermen- 
tation , & produifent  des  re- 
chutes : au  lieu  qu’en  Efté  les 
mêmes  acides  ayant  efté  une 
fois  corrigez  par  le  Quinqtii- 
m s'exhalent  & fe  diflîpeat 

Ee  iijr 


I 


354  Be  l*  Nature , 
facilement  par  l’ouverture  des 
pores  j c’eft  pour  cela  que  les 
Médecins  qui  connoiffent 
parfaitement  les  vertus  du 
Quinquina , font  tres-rigides 
à faire  garder  à leurs  malades 
toutes  les  précautions  necef- 
faires  pour  faciliter  la  tranf- 
piration  ; & c’eft  dans  cet  ef- 
prit  qu’ils  leur  doivent  dé- 
fendre de  s’expofer  à l’air 
froid , Ô2  leur  faire  continuer 
l’ufage  du  remede  pendant 
plufieurs  jours , 62  plus  dans 
un  tems  qu’en  un  autre , afin 
de  rendre  le  fang  alfez  fpiri- 
tueux  pour  pouvoir  refifter 
aux  impreflions  de  l’air  , 62 
pour  diflîper  entièrement  les 
acides. 

Oblèrvez  encore  qu’il  ne 
faut  rien  ajouter  au  Quinqui - 
na  qui  puifle  empêcher  ou 
diminuer  fou  a&ion  > le 


ef  des  caufes  de  U Fièvre,  jjy 
lange  des  acides  produiroit  Préea&i 
indubitablement  cet  effet , rô°„n  mé~ 
puis  qu’ils  augmenteroient  ■ 
ceux  qui  dominent  dans  le 
fang  , & qu’ils  affoibliroient 
la  vertu  de  ce  remede  : Sur 
quoy  je  ne  fçaurois  m’empê- 
cher de  blâmer  la  pratique  de 
ceux  qui  ajoutent  au  Quin- 
quina des  jus  de  Citron  ou 
des  jus  d’Oranges  j affiné- 
ment  ils  confultent  moins  en 
cela  la  raifon  que  le  goût  des 
malades. 

Après  ces  expériences,  & ce 
que  je  viens  de  conclure  , il 
femble  qu’on  ne  devroit  pas  »<  ne  s- 
douter  des  bons  effets  du  iep0I“‘ 
Quinquina.  Cependant  il  fc 
trouve  encore  des  gens  qui  le 
décrient  comme  une  drogue 
pernicieufe  ; mais  parce  qu’on 
ne  fçauroit  difeonvenir  qu’iî 
ne  foit  un  fébrifuge  aflûré. 


33^  De  U Nature  , 
ils  foûtiennent  que  s’il  guérie 
les  Fièvres  ce  n’eft  que  parla 
fixation  des  humeurs  qui  les 
caufent , & que  cette  gueri- 
lon  eft  plus  dangereufe  que 
le  mal , puifque  par  ce  moyen 
on  enferme  le  loup  dans  la 
bergerie  , comme  on  le  dit 
vulgairement, 

11  eft  vray  que  ceux  qui 
ne  jugent  des  chofes  que  par 
les  apparences,  peuvent  bien 
s'imaginer  que  le  Quinquina 
ne  guérit  les  Fièvres  qu’en 
fixant  les  humeurs.  Mais  fans 
m’arrefter  aux  termes  de fixer 
& de  fixation  , qui  ne  con- 
viennent proprement  qu’aux 
chofes  qui  font  rendues  foli- 
des  & immobiles  ; il  me  fem- 
ble  que  les  gens  de  bon  fens 
doivent  eftre  perfuadez  que 
ces  fixations  d’humeurs  cor- 
rompues j comme  on  les  fup- 


&des  caufes  de  la  Fièvre.  357 
pofe  dans  ies  Fièvres  foncab- 
iolument  impofïibles  &c  con- 
traires à ia  parfaite  fanté  dont 
joüiffent  ceux  qui  ont  efté 
guéris  par  ce  remede.  D’ail- 
leur's  fi  on  fait  réflexion  que 
te  Quinquina  agiflant  immé- 
diatement dans  i’eftotnac , 
s’ileftoit  capable  de  produire 
des  fixations , on  s'apperce- 
vroit  apparamment  de  quel- 
que tenfion  , dureté  ou  pefan- 
teur  à cette  partie , & en  fui  te 
lorfqtfil  fe  mèleroit  dans  le 
fang  il  ne  manqueront  pas  de 
produire  des  oppreflions , des 
fuflrocations  ,des  palpitations, 
& une  infinité  de  maladies 
qui  font  les  fuites  ordinaires 
de  la  fixation , & de  la  con- 
denfation  des  humeurs. 

Si  le  Quinquina  pouvoit 
produire  tous  ces  effets  , ce 
jferoit  fans’  doute  lorfqu’on  le 
Ff 


Ce  qui 
fe  prou- 
ve par  la. 
raifon  èc 
par  l’ex- 
perience. 


33S  De  la  Nature , 
mêle  immédiatement  dans  le 
fang  , puifqu’il  ne  manque- 
roit  pas  de  le  coaguler  ; ce- 
pendant j’en  ay  feringué  dans 
les  veines  d’un  chien  qui  n’en 
a refend  aucune  incommo- 
dité. On  fçait  pourtant  que 
fnon  fai  foi  t la  même  cho- 
fe  avec  du  vinaigre  ou  avec 
quelqu’autre  liqueur  acide 
&£  coagulante  , le  chien 
mourroit  prefque  dans  un 
infant , Sc  on  luy  trouveroit 
du  fang  coagulé  dans  les 
veines  &:  dans  le  cœur.  11 
faut  donc  conclure  de  tout 
ce  que  je  viens  de  dire , & 
conformement  à nos  expé- 
riences , que  le  Quinquina 
ne  coagule  ni  ne  fixe  point 
les  humeurs  ; qu’au  contraire 
il  raréfié  & purifie  le  fang, 
-&  le  rétablit  dans  fon  mou- 
vement libre  naturel. 


& des  caiifes  de  la  Fièvre.  339 
Je  connois  un  Médecin  , 
homme  de  merice  d'ailleurs , 
qui  eft  tellement  prévenu, 
que  le  Quinquina  fixe  les 
humeurs  , ^ qu’il  me  f0û_ 
tenoit  l’année  derniere  qu’un 
Officier  qui  eft  fujet  à des 
vapeurs  mélancoliques , en 
ayant  eu  quelques  atteintes 
qui  s etoient  manifestées  par 
une  maniéré  d’afthme  qui 
l’incommodoit  principale- 
ment la  nuit  , éroit  tombé 
dans  cette  indifpofîtion  , par- 
ce qu’il  avoit  pris  du  Jhtin- 
ejuina  pour  fs  guérir  d’une 
Fièvre  qu’il  avoit  eue  à la 
fin  d'Avril , & que  ce  reme- 
de  ayant  fixé  les  acides  qui 
caufoient  la  Fièvre  , ils 
avoient  produit  une  oppref- 
fion , & une  efpece  d’afthme 
à la  fin  de  Juin;  & fur  ce  que 
je  dis  que  cet  afthme  n’avoit 
Ff  ij 


Entête- 
ment 
d’un  Mé- 
decin fuç 
la^fixatio 
par  le 
Qtùnquii 


54°  D?  là  N attire , 
rien  (Je  commun  avec  la  Fié- 
vre  du  mois  d’Avril , il  ne 
rne  parodiait  pas  vrai-fem- 
blabie  que  des  acides  qui 
avoient  efté  la  caufc  dune 
Fievre  parfaitement  gué- 
rie il  y a voit  prés  de  deux 
mois  , fulTent  fixez 
refriz  dans  le  corps  ; que 
cette  fixation  jetteroit  dans 
de^  grands  inconveniens  j 
qu  il  etoit  bien  plus  raifon- 
nable  de  croire  que  le  Qui», 
quina  en  gueriffimt  la  Fiè- 
vre avoir  détruit  les  acides 
qui  en  etoient  la  caufe;  que 
J en  a vois  donné  des  raifons 
aîTez  convaincantes  dans  mon 
petit  Traite  ; qu’à  l égard  de 
rindifpofi.tion  de  cet  Offi- 
cier Ton  en  pouvoir  attribuer 
la  caufe  a quelque  défaut 
dans  le  régime  de  vie , com- 
me de  fouper  tard  , & au 


& des  eau  fa  de  la  Fièvre.  541 
froid  de  la  nuit  , car  nous 
étions  dans  l’Alface  allez  prés 
des  montagnes,  où  il  faifoit 
une  chaleur  excefïîve  le  jour. 
Ainlî  je  penfois  que  les  va- 
peurs de  réftomac  & du  bas 
ventre  appefantilToient  le  dia- 
phragme , & que  l’air  con- 
denfé  par  le  frais  de  la  nuit 
ne  circulant  pas  aifémcnc 
dans  les  poulmons , la  rcfpi- 
ration  ne  devoit  pas  eftre  af- 
fez  libre  ; mais  cette  raifon 
n’eftant  pas  de  fon  goût , il 
perfifta  à foûtenir  que  les 
acides  qui  avoient  effcé  fixez 
par  le  Quinquina,  étoient  la 
caufe  de  l’indifpofition  dont 
je  viens  de  parier.  Il  ajouta 
que  mes  raifons  n’étoient 
pas  a fie  z fortes  pour  le  faire 
changer  de  fentiment  , &: 
qu’il  étoit  autant  pofftble 
de  détruire  les  acides  que 
F f iij 


il  i 

ii 

1 » 


beux 
fortes 
d’acides 
dans  les 
ïiévres. 


342-  De  la  Nature, 
d’anéantir  la  création. 

] avoue  que  je  fuis  bien 
fâche  de  voir  un  iî  honnefte 
homme  dans  une  fi  étrange 
prévention,  & puifque  les 
expériences  que  j’ay  faites  fur 
le  Quinquina , S£  les  raifons 
que  j’ay  alléguées  ne  font  pas 
fu Allantes  pour  le  convainc 
erej  î ajouteray  de  nouvelles 
preuves  pour  eflayer  de  le 
défabufer , & tous  ceux  qui 
font  dans  fon  erreur. 

Je  confidere  dans  les  Fiè- 
vres deux  fortes  d’acides  qui 
f0Pc  les  différences  , & 
d’où  j’appelle  les  unes  chy- 
leufes  & les  autres  fanguines. 
Ainfi  il  y a les  acides  du  chy- 
le & les  acides  du  fang  5 les 
acides  du  chyle  font  gref- 
fiers , ils  font  contenus  dans 
les  matières  crues  & indl- 
geftes  qui  excitent  dans  le 


$ des  CAufes  de  U Fièvre.  343 
fang  des  fermentations  fié- 
vreufes.  Je  compare  ceux-cy 
au  verjus , ou  au  fuc  des  fruits 
qui  ne  font  pas  meurs. 

Les  acides  du  fang  font 
plus  déliez , plus  purs  èc  plus 
afinez  ; ils  refultent  de  la  dif- 
fipation  des  efprits  lorfque  la 
maffe  du  fang  contracte  une 
difpofition  acide  de  la  ma- 
niéré que  je  l’ay  cy  - devant 
expliqué.  Je  compare  ces  aci- 
des aux  acides  du  vinaigre  i 
Or  que  le  uinquina  change^ 
détruife  S 1 charte  tous  ces 
acides  en  gueriflant  les  Fiè- 
vres , il  cft  manifefte  j car  il 
digéré  ô£  raréfié  un  chyle  cru 
&C  épais  en  purifiant  le  fang , 
&:  par  une  efpece  de  matu- 
ration il  convertit  les  matiè- 
res crues  &:  indigeftes  en  fang 
pur  èc  capable  de  nourrir  les 
parties. 

F f iiij 


54 4 De  la  Nature , 

Un  raifin  qui  n’eft  pas  méur, 
que  1 on  appelle  verjus  au 
commencement  du  mois 

4 > a ^3ns  doute  perdu 

ion  acidité  , & elle  eft  dé- 
truite & changée  en  liqueur 
douce  lorfqu’ü  eft  devenu 
raifin  meur  à la  fin  du  mois 
de.  Septembre  , & l’on  ne 
içauroit  dire  raifonnable- 
ment  que  la  chaleur  en  meu- 
rifiant  ce  raifin  ait  fixé  les 
acides  du  verjus,  Ain  fi  lorf- 
que  le  Quinquina  guérit  une 
Fievre , il  porte  dans  le  fan  g 
dcsr  Parties  fpiritueufes  £ 
bahamiques  , qui  en  détrui- 
fiant  les  coagulations  , raré- 
fient les  humeurs  indigeftes 
& les  acides  greffiers  , &c 
ch  aident  les  plus  exaltez  par 
des  Tueurs  & par  une  rranf- 
piration  douce  } & l’on  ne 
fçauroit  difconvenir  que  les 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  34.5 
acides  ne  foient  chaffez  Sc 
détruits  , puifque  les  Tueurs 
Tentent  Touvent  l’aigre,  qu  il 
y a fur  la  peau  des  deman- 
geaifons  &c  des  petites  puftu- 
les  qui  font  des  effets  fenfi- 
blés  de  l’éruption  des  aci- 
des.. Mais  au  fonds  les  Mé- 
decins ôc  les  Chymiftes  con- 
noiffent-  ils  quelque  chofe 
dans  la  Nature  qui  fixe  &C 
coagule  , qui  ne  foit  acide  ? 
Comment  donc  peut  - on 
comprendre  qu’un  remede 
qui  guérit  une  maladie  cau- 
fée  par  des  acides  , faffe  les 
mêmes  effets  que  les  acides  î 
8c  eft  • il  poffible  qu  on  foie 
tombé  dans  cette  erreur , fans 
prévoir  les  abfurditez  qui  en 
refultent  ! 

* Il  n’y  a point  de  Phi'io- 
fophe  qui  ne  fçache  que  nô- 
tre vie  & noûre  fanté  dépen- 


Tout  ce 
qui  coa* 
guis  ÔC 
fixe  cfb 
acide. 


34^  t>e  la  Nature , 
dent  de  la  jufte  difpenfation 
diftribution  des  Tues  nour- 
riciers , &;  du  bon  tempéra- 
ment de  ces  fucs  ; que  ce 
bon  tempérament  procédé 
du  jufte  mélange  des  princi- 
pes; que  les  efprits  y doivent 
eftre  fuperieurs  pour  tenir  les 
acides  dans  un  état  de  flui- 
dité &:  les  empêcher  de -faire 
des  coagulations  ; que  les 
acides  y doivent  eftre  pro- 
portionnez pour  lier  les  ef- 
prits , de  peur  qu’ils  ne  s’éva- 
porent. On  fçait  auffi  qu’il 
fe  fait  un  écoulement  & une 
diflîpation  continuelle  de  ces 
fucs  par  l’infenfibîe  tranfpi- 
ration  , & qu’ils  font  repa- 
ie2 Par  les  alimens  pour  la 
confervation  de  noftre  ma- 
chine : tellement  que  s’il  étoit' 
poflible  de  concevoir  que 
tous  les  acides  refteroient 


& des  caufes  de  U Fièvre.  347 
dans  noftre  corps , & que  les 
autres  principes  fe  diffipe- 
roient  par  la  tranfpiration  in- 
fenfible  , ou  par  les  autres 
voyes  : on  pourroit  s’imagi- 
ner en  mêmetems  que  nous  fe- 
rions bien-toft  pétrifiez,  ou  du 
moins  remplis  d’obftruétions 
de  fchirres. 

A penfer  naturellement  , 
l’on  auroit  de  la  peine  à 
croire  autre  chofe  d’un  amas 
continuel  d’acides  *,  car  il  y 
a bien  de  l’apparence  que 
fi  les  acides  qui  caufoient  la 
Fièvre  font  retenus,  ils  s’af- 
focieront  à tous  les  autres  qui 
feront  dans  les  alimens.  Quels 
defordres  ne  peut  - on  pas 
concevoir  d’une  telle  idée  ! 
& comment  l’ajuftet  avec  la 
tranquillité  &:  la  fanté  par- 
faite dont  joüiflent  ceux  qui 
ont  efté  guéris  d’une  Fis* 


Effets  de 
l’abon- 
dance 
des  acit 
des* 


34§  2>e  la  Nature , 

vre  intermittence  par  le  £hiin 
quina  pendant  l’intervalU^  de 
retours,qui  eft  quelquefois  d 
deux  mois  & plus,  comme  i 
eft  arrivé  à cet  Officier  qui  ; 
eu  l’atteinte  d’afthme. 

Si  après  que  le  Soleil  ai 
Printems , en  Efté  & en  Au- 
tomne a changé  les  nitres  de 
1 air  en  mille  figures  differen- 
tes pour  la  production  de< 
mixtes  , on  difoit  lors  que 
lHy  ver  revient,  le  Soleil  avoii 
fixe  les  nitres  de  l’air  , ils  n’é- 
toient  pas  détruits  , parce 
qui!  eft  autant  facile  de  dé- 
truire les  acides,  que  d’anean- 
tir  la  création.  Je  penfe  qu’il 
n y a perfonne  de  bon  fens 
qui  voulu ft  recevoir  une  telle 
propoficion  5 tout  le  monde 
comprend  qu’en  Hyver  les 
fn mats , la  glace , la  neige  & 
les,  nitres  ne  régnent  dans  l’air 


& des  caufes  de  la  Fièvre.  349 
que  par  la  foibleiîe  du  So- 
leil , 5c  parce  qu’il  n’a  pas  af- 
fez  de  chaleur  pour  les  fondre 
êc  pour  les  dilïoudre  : 5c  l’on 
fçait  que  la  plus  grande  par- 
tie des  ni  très  qui  font  entrez 
dans  la  compofition  des  mix- 
tes y font  encore  , comme 
dans  les  fruits , dans  le  Vin , 
dans  le  Cidre,  &c.  On  peut 
ce  me  femble,  raifonner  delà 
même  maniéré  à l’égard  des 
remedes  chauds  5c  fpiritueux 
que  l’on  a mis  en  ufage  pour 
guérir  les  Fièvres.  Ces  reme- 
des ont  raréfié,  fondu  5c  dif- 
fipé  les  acides  grolïiers  5c  les 
humeurs  crues  qui  en  étoient 
la  caufe  , de  forte  que  fi 
les  Fièvres  reviennent  après 
qu’on  s’eft  fervi  de  ces  re- 
medes , doit-on  conclure  que 
les  humeurs  crues  5c  que  les 
acides  aYoient  efté  fixez  î 


Que  les 
techntes 
ne  font 
pas  une 
preuve 
de  fixa- 
tion par 
îe  Quiri- 
§uinat 


35Ç  "Delà  Nature , 

N eft-il  pas  plus  raisonnable 
de  penfer  que  le  fang  s’eftanc 
refroidi  , il  eft  retombé  dans 
une  difpofition  fiévreufe , par- 
ce que  l’on  a difcontinuél’u- 
fage  des  rem  e des  chauds  & 
du  Quinquina. 

' j on  dira  pourquoy 

donc  cette  Fièvre  revient- 
elle  apres  1 ufage  du  £)uinqui- 
na  ? Il  en  faut  chercher  la  rai- 
fon  ; que  G je  ne  fuis  pas  af- 
fez  heureux  pour  la  trouver 
comme  je  ne  m’en  flatte  pas, 
aura- on  droit  de  conclure 
de-là  que  les  acides  fixez  par 
le  Quinquina  foient  la  caufe 
des  retours  des  Fièvres  j 
J attribue  la  caufe  des  re- 
chutes après  l’ufage  du  Jguin-  : 
quina  , au  mépris  que  I on 
fait  du  régime  de  vie , ou  aux 
ahmens  rafraîchiflans  & aci- 
des qui  effacent  les  bonnes 


& des  cmjès  de  la  fièvre.  35-1 
imprejÜons  du  Jj)uinquinay  ou 
à ce  qu’on  n’aura  pas  conti- 
nué d’en  prendre  pendant 
plufieurs  jours,  ou  enfin  à ce 
qu’on  fe  fera  expofé  à l’air 
froid,  & quon  n’aura  pas  pris 
toutes  les  précautions  necef- 
faires  pour  prévenir  les  fuites 
de  ces  mauvaifes  difpofition$tj 
peut-être  fera  - on  perfuadé 
que  c’eft-  là  la  vraye  caufe  des 
retours  des  Fièvres  fi  l’on  fait 
réflexion  fur  ce  que  j’ay  dé- 
jà infirmé  , que  les  Fièvres 
qui  ont  efté  gueries  en  Efté 
par  le  ^uinc[uina  ne  revien- 
nent point  , ou  que  les  re- 
chutes font  moins  frequentes 
en  cette  faifon  ; que  quelque- 
fois elles  ont  des  retours  au 
Printems  , parce  qu’alors  la 
faifon  eft  fouvent  froide  , ce 
qui  n’eft  pas  propre  à rétablir 
lefang  dans  fa  qualité  fpiri- 


352-  De  la  N dturt, 

ieS  vu.  tueufe.  Si  d’ailleurs  on  con- 
rinuës°n’  üdere  que  les  Fièvres  conti- 
- ont  nues  qui  ont  efté  guéries  par 
lies  par  le  JOuinctuina,  ne  reviennent 
quina  ne  Jamais li  on  raie  encore  re- 
«jujî-  ^exIon  iur  Ge  que  nous  avons 
®ais-  dit,  que  les  impreflions  de  l’ait: 
fur  la  raaffe  du  fang  étoienr 
plus  fortes  que  celles  du  chy- 
le , &c  qu’un  fang  qui  a voit 
efté  dans  une  difpoficion  aci- 
de, la  reprenoitaifémentlorf- 
que  l’on  difeontinuoit  l’ufa- 
ge  des  remedes  qui  avoient 
changé  cette  difpofition  , fut 
tout  fi  l’on  fe  trouve  dans  une 
fai  fin  froide. 

Remarquez  aufli  que  ceux 
qui  ont  efté  guéris  en  Hyver 
de  quelque  Fièvre  intermit- 
tente par  d’autres  remedes 
que  par  le  Quinquina  , re- 
tombent facilement  s’ils  s’ex- 
jpofent  au  froid  ; ce  n’eft  pas 


& des  eau  Je  s de  la  Fièvre.  353 
qu’en  Efté  la  Fièvre  ne  revien- 
ne quelquefois,  mais  cela  n’ar- 
rive qu’à  ceux  qui  fe  rafraî- 
chiflenc  trop. 

L’on  n’a  donc  pas  raifon 
de  prétendre  que  fi  le  Quin- 
quina ne  fournit  pas  allez  de 
fubftances  chaudes  à la  maffe 
du  fang  pour  refilter  long- 
tems  aux  atteintes  de  l’air 
froid , & empêcher  les  retours 
des  Fièvres  , il  fixe  les  hu- 
meurs qui  caufent  ces  Fièvres. 

Cependant  c’efi:  fur  ce  faux 
préjugé  de  fixations  d’hu- 
meurs par  \t  Quinquina  qu’on 
afoûtenu  publiquement  qu’il 
caufc  des  fehirres  de  foye  & 
de  rate  , qu’il  confu me  l’hu- 
mide radical , qu’il  carit  les 
iources  de  la  fécondité  ; èC 
enfin  que  c’efi:  un  poifon  qui 
coagule  le  fang  dans  les  vei- 
nes. Que  des  Auteurs  ont 

Gs 


Tfreuri 
populai- 
res tou- 
chant le 

n a» 


3J4  ^ Nature, 

écrit  qu’il  caufe  des  Rhuma- 
tifmes , des  Afthmes , des  hy- 
dropifies , des  fuppreflions  de 
mois,  6c  ont  prétendu  qu’il 
s’eft  trouvé  des  malades,  qui 
de  peur  de  tels  accidents,  ont 
fouhaité  de  retomber  dans  la 
Fièvre  dont  ils  avoient  efté 
guéris  par  l’ufage  de  ce  re- 
mede. 

Il  eft  aile  de  voir  que  ceux 
qui  ont  de  tels  fentimens  ne 
connoiiTent  gueres  le  £)uin- 
guina , ou  qu’ils  font  dans  une 
étrange  prévention  ; mon  hy- 
pothefe , 6c  ce  que  j’ay  avan- 
cé fur  l’aélion  de  ce  remede*. 
a fait  voir  clairement  qu’ils 
ne  font  fondez  ni  fur  la  rai- 
fon , ni  fur  l’experience. 

J’ajouteray  à cela  cette  pe- 
tite réflexion  } Je  prie  le  pu- 
blic d’examiner  fi  ceux  qui 
fout  hcétiqucs  & hydropi- 


& des  caitfes  de  la  Fièvre. 
ques , ou  qui  font  morts  de 
ces  maladies  ; & fi  ceux  qui 
meurent  tous  les  jours  à la 
fleur  de  leur  âge  pour  de 
fimples  Fièvres , & je  l’inter- 
pelle de  déclarer  fi  ces  ma- 
lades ont  pris  du  Quinquina , 
&:  s’il  n’eftpas  vray  qu’ils  ont 
été  beaucoup  faignez  , qu’ils 
ont  abondamment  ufé  de  Ti- 
fannes  & de  boifl'ons  rafraî- 
chiffantes.  Il  eft  vray  que 
l’on  a quelquefois  recours  au 
Quinquina  , mais  c’eft  après 
avoir  mis  en  ufage  tous  jes 
autres  remedes , Sc  s’il  ne  fait 
pas  les  effets  que  l’on  en  de- 
vroit naturellement  attendre, 
c’eft  la  faute  de  ceux  qui  en 
ordonnent  l’ufage. 

Voilà  les  réflexions  que  les 
expériences  fur  le  Quinquina 
m’ont  fait  faire  -,  j’avouë  que 
i’aâiou  de  ce  remède  m’a 
G g i) 


3)6  De  la  Nature , 
donné  d’autres  idées  de  la 
caufe  des  Fievres  que  celles 
que  j’avois  auparavant  èc 
que  je  n ay  pu  la  rapporter 
fi  triplement  à l’intemperie 
chaude  , ou  à la  pourriture 
des  humeurs  : fay  veu  qu’il 
n agifloit  pas  en  éteignant  la 
chaleur , mais  qu’ayant  la  pro- 
priété de  raréfier  de  fondre 
èd  de  refoudre  les  coagula, 
tirons  j il  raioit  que  la  Fièvre 
fut  caufee  par  des  humeurs 
épaifiTes  & coagulées , dont  le 
Quinquina  procuroit  la  fonte 
la  dilïolution.  Dans  cette 
Vi.uë  j ay  cru  que  je  pouvois 
m écarter  de  la  route  ordinai- 
re pour  expliquer  la  Nature 
& la  caufe  des  Fièvres  , &c 
me  prévaloir  de  cette  liberté- 
de  fentimens  établie  entre  les 
Phiiofophes,  comme  un  droit 
imprefcriptible.  J’ay  en  cela 


& des  eau  fes  de  la  Fièvre.  5^7 
pour  garand  de  ma  condui- 
te le  grand  Hippocrate  , Tes 
écrits  nous  font  voir  qu’il 
n’eftoit  pas  fi  jaloux  de  fes 
penfées , ni-  fi  fcrupuleufe- 
ment  attaché  à fes  dogmes , 
qu’il  ne  fut  preft  de  les  aban- 
donner, s’il  trou  voit  ailleurs 
plus  de  certitude. 

Le  fçavant  Mr.  Menjot 
a remarqué  qu’Hippocrate , 
apres  avoir  expliqué  dans  le 
Livre  de  la  Nature  humaine , 
la  doârine  des  élemens  qu’A- 
riftote  trouva  fi  belle  qu’il 
en  tira  les  fondemens  de  fa 
Phyfique  , n’avoit  pas  laifie 
de  nous  donner  plufieurs  trai- 
tez fur  les  principes  de  Dé- 
mocrite  , ce  qui  fait  voir 
qu’Hippocrate  ne  prenoit 
point  d’autre  parti  que  celuy 
de  la  vérité  -,  &:  comme  il 
étoit  de  l’illuftrc  famille  des 

G g üj 


jyS  De  U Nature } 
Afclepiades  , on  ne  doute 
point  qu’il  n’eut  puiié  dans 
les  Regiftres  du  Temple  d’Ef- 
culape  la  plufpart  des  chofes 
qu’il  nous  a laiffées.  Les  Prê- 
tres de  ce  Temple  étoient  les 
dépositaires  de  ces  Regiftres 
qui  contenoient  les  fecrets 
de  la  Médecine  j puifque  tous 
ceux  qui  avoient  efté  guéris 
de  quelque  maladie , alloient 
y depofer  les  Mémoires  des 
remedes  dont  ils  s’eftoient 
lervis. 

Après  Hippocrate , la  Mé- 
decine a demeuré  long- rems 
comme  héréditaire  à la  mai- 
ion  des  Afclepiades  ; mais 
dés  quelle  en  eft  fortîe  , elle 
a beaucoup  perdu  de  la  dig- 
nité &:  de  fa  première  fplen- 
deur.  Je  n’ay  pas  entrepris  d’e- 
xaminer les  differentes  fe&es 
par  lefquelles  elle  a paffé,  par 


& deseaufestde  la  Fièvre.  3^ 
quels  degrez  elle  eft  parve- 
nue au  point  où  on  la  void 
aujourd’huy  , ni  comment 
les  Médecins  qui  fe  piquent 
d’eftre  le  plus  fcrupuleufc- 
ment  attachez  à l’Antiqui- 
té , ont  une  conduite  peu 
conforme  à l’efprit  d’Hip- 
pocrate. 

11  me  fuffit  de  faire  com- 
prendre que  la  Médecine 
tire  fon  origine  des  Expé- 
riences j que  les  Expérien- 
ces doivent  eftre  la  réglé 
de  nos  raifonnemens  ; &£ 

que  fi  le  tQu,inquina  préparé 
avec  du  vin  ou  de  l’Eau- 
de-vie  guérit  feurcment  les 
Fièvres , ceux  qui  entrepren- 
nent de  les  guérir  par  des  re- 
medes  oppofez  à celuy-  la  -, 
n’ont  point  de  principes  cer- 
tains & fol  ides.  Ainfi  je 
çroy  qu’on  ne  fçauroit  m’ac- 


3^0  De  la  Nature , &c. 
cufer  de  nouveauté  , finon 
çn  ce  que  je  renouvelle 
1 ancien  ufage  , & que  je 
rappelle  le  ficelé  des  Expé- 
riences. Qu o y qu’il  en  Toit 
Ie  Souhaite  que  mes  nou- 
veau tez  puififent  donner  oc- 
Câlion  a ceux  qui  font  plus 
éclairez  que  moy  5 de  péné- 
trer plus  avant  dans  une  ma- 
tiere  auffi  difficile  & auffi 
peu  connue  que  celle  des 
Fièvres. 


FIN. 


DES  M ATI  ERES. 

Ordre  8c  divifion  de  ce  Traité , 
page  i. 


PREMIERE  PARTIE. 

£ x iifTicyi  de  lu  doEhnne  des  ^dsteiens 
fur  la  Fièvre . 

Définition  de  la  Fièvre  felore 
les  Anciens  page  5. Examen  de 
cette  définition,  4.  Que  la  Fièvre 
n’eft  pas  une  chaleur  étrangère, 
5. Ce  qui  fe  prouve  par  la  végéta- 
tion des  plantes,  ibidem . Et  par 
1 analogie  qu  il  y a entre  cette  vé- 
gétation,& celle  des  Animaux,  6. 
Examen  de  la  divifion  generale  des 
Fièvres,  9.  Que  la  Fièvre  Ephe- 
mere  n eft  pas  une  inflammation 
des  efprits , ibid.  &fuiv.  Mais 
unelegere  fermentation  déroute 
la  maflè  du  fiing,  n.  Que’ lai  Fie- 
Hh 


TABLE 

Vi*e  continue  fimple  ne  confifte 
pas  dans  l’inflammation  du  fang 
contenu  dans  les  grands  vaif- 
feaux,  ibid.  Que  la  Fièvre  hec- 
tique ne  réfîde  pas  dans  les  par- 
ties folides,  13.  qu’elle  dépend 
de  répuifement  des  elprits  , 14. 
8c  du  défaut  des  fucs  nourrif- 
fiers , 15 

Examen  des  Fièvres  putrides  , 17. 
Ce  que  les  Anciens  ont  entendu 
par  la  pourriture  du  fang,  18. 
Cette  pourriture  ne  peut  eftre 
dans  les  grands  vailTeaux  fans 
paffer  dans  les  petits,  zc.  Sicile 
étoit  dans  le  fang  toutes  les  Fiè- 
vres feroient  mortelles)  21.  Et  les 
Fièvres  intermittentes  ne  fe- 
* roient  pas  les  moins  dangereu- 
fes  , 22.  Que  le  mouvement  du 
fang  empêche  quil  ne  fe  cor- 
rompe, 2J 

Preuves  dont  on  fe  fert  pour  établir 
la  corruption  du  fang,  24.  i°.  Les 
pullules  & les  abfcés  qui  arri- 
vent dans  les  Fièvres,  25.  29.  La 
couleur  du  fang  des  febricitans , 
ibidem*  f.  Les  vers  quon  a 


DES  MATIERES. 

trouvez  dans  le  fang , ibidem. 
Qne  les  puftules  ne  font  pas  une 
marque  de  corruption , 16.  Non 
plus  que  la  couleur  du  fang,  27. 
Raifons  de  differentes  couleurs 
dans  le  fang,  28.  Réflexions  fur 
ces  différences  , 30.  Pourquoy 
le  fang  paroift  beau  dans  les 
Fièvres  malignes  , ibid,  Pour- 
quoy il  paroift  corrompu  dans 
les  autres  Fièvres,  32.  Qefii  ne 
paroift  pas  toujours  également 
beau  dans  ceux  qui  fe  portent 
bien,  33.  Pourquoy  le  fang  n’eft 
pas  de  même  couleur  dans  la 
palette  que  fur  le  bord  , 36 

Que  les  vers  qu  on  a trouvez  dans 
le  fang  ne  font  pas  une  marque 
de  corruption  , 39.  puifqu’ils 
viennent  de  femence  , 40.  Que 
les  infeéfces  ne  s’engendrent  pas 
de  corruption  , 43.  Expérien- 
ce fur  ce  fuj.et,  44.  Remarques 
fur  la  génération  des  Abeilles  , 
ibid.  D’où  vient  que  les  infeéles 
naiftent  fî  promtement , 3c  en 
iî  grand  nombre  , 45.  Si  les 
plantes  viennent  fans  avoir  efté 
H h ij 


TABLE 

femées , 46.  Loy  generale  de  la 
Nature  pour  la  production  des 
Animaux  & des  Plantes  , ibid. 
Qujl  n’y  a point  d’Ànimaux  im- 
parfaits 3 48 

Autre  diviiion  des  Fièvres , 49. 
Dans  laquelle  les  Auteurs  pren- 
nent les  effets  pour  les  caufes,  jo 


SECONDE  PARTIE. 

Hypothefe  fur  la  caufe  des  Fièvres . 

CE  que  c’eft  que  la  Fièvre , 31. 
Ce  que  ç’eft  que  fermenta- 
tion , 55.  Que  ce  qui  excire  cette 
fermentation  dans  les  Fièvres 
eft  le  chyle  ou  le  fang  mal  diC- 
pofez,  55. Ces  mauvaifes  difpofi- 
tions  dépendent  de  l’air  & des 
alimens  , 56.  dont  les  bonnes 
qualitez  font  la  fanté  , 57.  de 
même  que  les  mauvaifes  la  dé- 
règlent ^ ibid. 

Ce  que  c’eft  que  Pair,  58.  & com- 
ment il  change  nôtre  conftitu- 
ciondans  les  differentes  faifons. 
59.  En  Hyver , ibid.  Au  Pria- 


des  matier es. 

tems , 60.  En  Elle  , 61.  Et  dans 

l’Automne , 

Quelle  cft  la  difpofition  du  fang 
dans  les  Fièvres , 64.  De  quelle 
maniéré  le  fang  devient  aigre , 
65.  Comment  le  chyle  acquiert 
la  même  qualité  , 67.  Qu?  le 
fang  tient  de  l’aigre  dans  les 
Fièvres  , 68.  Comment  cette  ai- 
greur du  fang  excite  la  Fievre  , 
6c,.  Auffi  bien  que  l’aigreur  du 
chyle , 70.  Quand  on  fe  porte 
.bien  le  chyle  fe  convertie  en 
fang  fans  aucun  trouble,  71.  Au 
lieu  que  l’un  & 1 autre'  eftant 
mal  difpofez  , caufent  la  Fièvre 
parleur  mélange,  71.  Explica- 
tion  des  Fièvres  continues  , 74. 
& des  Fièvres  intermittentes  > 
* ibidem . 

Explication  des  fymptomes  qui 
paroiflent  dans  le  friflon  > 8^. 
Des  douleurs  vagues  & pefaa* 
tes,  87.  Desbaillemens,  88.  Des 
extensions , 6e  des  mouvemens 
convulfifs  , 89.  De  la  difficulté 
de  refpirer  ,91.  De!afoif>  ibtd* 
de  de  la  fréquence  du  pouls  > 9^* 

H h iij 


r T A BLE 

tous  ces  iÿmptomes  ne 
viennent  point  de  l’irritation 
des  parties  membraneufes  , n 
Explication  des  accidens  du  chaud, 
*°°j  Des  douleurs  de  tefte , ibid 
Et  du  délire,  ibid.  Raifon  de  la 
différence  de  tous  ces  lÿmpto- 

les  retours  des  Fièvres  intermit" 

tentes  font  très- difficiles  dcom- 

prendre,  i©i.  Ces  retours  vien- 
nent de  ce  qiie  la  maffie  du  fana 
n a pas  été  rétablie,  ibid.  Et  leur 
différence  vient  de  ce  qu’il  y a 
pjns  ou  moins  d’acide , 104.  Et 
plus  ou  moins  d’efprits  dans  le 
ang  > 105.  Que  dans  la  Fièvre 
quarte  il  y a plus  d’acide  & 
moins  d’efprits , que  dans  la 

i ICV?,ticrce  ’ r°6'  Comment 
les  Fièvres  tierces  011  quartes 
deviennent  doubles  tierces  , ou 
doubles  quartes. 

Nouvelle  divifion  des  Fièvres 
108.  en  chyleufes,  109.  & en  fan- 
gmnes  no.  Conclufionde  toute 

1 bypothcfe  , j 


DES  MATIERES. 

TROISIEME  PARTIE- 
Reponfes  amx  Objetiioxs- 

i. /'-'vBjedion,  que  6 ^ Fl^vrc 
(J  dépcndoit  du  mélange  du 
chyle  , & du  fang,  on  aurore 
toûjours  la  Fièvre,  & qu  on 
la  gueriroit  par  la  diete  , 
par Tabftinence ,« 3-  Rêp°nlc  > 

i.  Objedion,  que  l’impuretc  des 

humeurs  eft  la  même  choie  que 
la  pourriture  , ni-  Reponte  , 
ibidem . r 

3.  Objedion,  que  le  fangnefçaa- 
roit  s aigrir,!  U-  , * 
fons  là-defliis  , ibid.  Reponfes 

à toutes  ces  raifons , izj.  Exem- 
ple de  l’aigreur  du  fang  dan® 
l’hydropifie,  12$ 

. Obje&ion  , que  les  acides 
font  le  remede  des  Fièvres , Sç 
non  pas  lacaufe , 150.  Reponfe , 
ibidem  , Précautions  fur  leur 
«fage  , 133.  Quj  eft  bon  dans 
Hh  iiij 


table 

de  certaines  Fièvres 3 plutôt  que 

^ans  J autres , * 

ÿ Objedion  qus  les  acides  nt 
Tn ' Pas  d'fferens  dans  le  chaud, 
oe  ce  qu’ils  eftoient  dans  le 

£ nld’J?6-KéPonfc>  ibid. 

• Objedion  , que  fi  Jes  jmpref; 
lions  de  l'air  fur  le  fang  étoient 
plus  fortes  que  celles  du  chy- 
le , on  ne  verroit  point  de  Fiè- 
vres au  printems,  138.  Et  que 
routes  les  Fièvres  devroient  fe 
guérir  dans  les  changemens  de 

O-"! ^.‘^.Réponfe,  i4e 

7*  °°Je^ion  , quc  ies  difpofi- 
tions  biheufes  font  la  caufe  de* 

Sevrés,  & non  pas  l'aigreur  du 

, *43-  Réponfe,  ibid.  Que 

la  bile  ne  peut  pas  caufer  la  Fié- 
vre  > 144  D’où  vient  que  les 
alimens  chauds  caufent  la  Fiè- 
vre ? 146.  Etpourquoy  les  hy- 
dropiques & les  feorbutiques 
nyiontpasfujctS!  ibidem. 

*'  üble<â!°n , que  fi  les  Fièvres  ve- 
noient  de  l’aigreur  du  fang,  elles 
leroient toutes  incurables,  H8. 
Reponfe,  ^ 


DES  MATIERES.  # 
Obje&ion  , que  la  Fièvre  étant 
une  fermentation , elle  dépend 
du  mélange  d’un  acide  avec  un 
a] k ali  > & non  pas  feulement 
de  l’a&ion  des  efprits , 150.  Ré- 
ponfe,  151*  Que  les  acides  & les 
alxalis  donnent  occafion  à la 
fermentation  , mais  qu’ils  n’en 
font  pas  ks  caufes , 152 

10.  Objeélion  , que  la  divifion 
des  Fièvres  en  chyleufes  5c  (an- 
guines  n’efl:  pas  jufte puifque 
les  qualitez  du  fang  ne  peuvent 
dépendre  que  du  chyle  , 154. 
Réponfe , ib'td.  t/attion  de  l’air 
fur  le  fang  , 145*.  Que  lai*  eft  le 
principal  agent  de  la  fanguifica- 
tion,  157.  Qu’il  eft  le  principe 
du  mouvement  inteftin  du  fang, 
159.  &c  même  ,fuivant  quelques- 
uns  , le  principe  du  mouvement 
du  cœur,  160.  Que  tout  cela 
fert  à prouver  que  les  impref- 
fions  de  l’air  fur  le  fang  font 
plus  fortes  que  celles  du  chyle , 
*64.  Et  à confirmer  la  divifion 
* des  Fièvres  en  chyleufes  5c  en 
fenguin.es.>  léî 


TABLE 


QUATRIE’ME  PARTIE, 

Contenant  la  Pratique. 

Avec  des  Expériences  & des  Re'~ 
flexions  fur  le  Quinquina. 

COmment  on  faifoit  la  Méde- 
cine dans  les  premiers  tems  » 
168,  La  faignée  en  ufage  chez 
les  Anciens , 1 6g.  Méthode  de 
Mf.  Courtois  fcavant  Médecin 
de  Paris,  170.  Sa  penféc  fur  les 
> ibidem. 

RerUi'tion  le  la  Diflèrtation  de 
' "f -Baylç  fur  la  faignée,  172.  Ré- 

flexion particulière  de  Mr,  Bay- 
le > I7J*  Que  par  une  raifon  con- 
traire au  fentiment  de  Mr.  Bay- 
le j il  ne  faut  pas  fuguer  pour 
guérir  les  Fièvres,  178.  Que  la 
machine  de  Mr.  Papin  ne  dé- 
montre point  la  neceffitéde  fai- 
gner , 180.  Que  Iss  obfervations 
de>Mr.  Bayle  ne  prouvent  point 
qu  il  faut  faigner,  i8a 

Ce  que  c’eft  que  la  faignée, 
l8j-  Sentimeus  des  Auteurs 


DÉS  MATIERES. 

fur  TefFec  de  la  faignée , ibi- 
dem* Pour  quelle  raifon  les  An- 
ciens ont  établi  la  faignée , 187. 
Les  Auteurs  ont  établi  deux  for- 
tes de  pletore  , ibid.  Seconde 
pie  tore  mal  fondée  5 de  ne  prou- 
ve pas  la  neceffité  de  la  faignée  , 

1 88.  & 189. 

Que  la  faignée  n eft  point  le  remè- 
de des  Fièvres  , mais  feulement 
des  fymptomes  qui  les  accom- 
pagnent, 189.  & 190*  Le  légi- 
timé ufage  de  la  faignée  dépend 
de  la  connoiiTance  de$  fympto- 
mes de  ces  maladies,  191.  En 
quel  cas  la  faignée  eft  utile , 19Z. 
Réflexion  que  l’on  doit  faire 
dans  i’ufage  de  la  faignée  > ibid. 
de  19$.  • 

Les  fymptomes  des  Fièvres  ont  des 
fignes  équivoques,  ibid . de  194. 
Que  la  faignée  fe  rapporte  uni- 
quement à la  plénitude , & qu  il 
faut  peu  de  faignées  pour  y fa- 
tisfaire , 195.  Si  ce  qu’on  dit  des 
chaleurs  d’entrailles  de  des  fou- 
fres  allumez  , font  des  raifons 
pour  fdigner,  ibidem » 


T AB  L E 

Les  loufresne  s’enflamment  point 
dans  les  Fièvres,  197.  Les  fou- 
fres  calment  les  fermentations» 
ikid.  Les  plus  grandes  chaleurs 
ne  produifent  pas  les  plus  gran- 
des fermentations,  198,  La  boif- 
fon  d’Eau-de-vie  ne  donne  pas 
la  Fièvre  ; c’eft  un  fait  confirmé 
par  les  Chafieurs  5e  par  les 
voyageurs  , 199.  Les  chaleurs 
affoibliffent  & épuifent  les  ef- 
prits,  ils  ne  fe  reparent  que  par 
les  chofes  Ipiritueufes , ibid.  & 
aoo.  Preuves  tirées  de  lapleu- 
refie , ibid.  Erreur  vulgaire  fur 
les  rafraîchiflcmens , zqi.  foi. 
fon  & expérience  pour  corriger 
cette  erreur , ibidem . Exemple 
pour  faire  voir  l’abus  des  rafraî- 
chiflèmens , 20a.  Autre  exem- 
ple contre  les  rafraîchiflcmens 
_ & la  faignée , 204. 

ne  faut  point  écremer  le  lait  » 
207.  Que  ceux  qui  ne  fe  font 
point  faigner  fe  portent  bien, 

& font  plus  vigoureux  que  ceux 
qui  fe  font  faigner , ibid.  & 208, 

En  quels  cas  les  rafraîchiflè- 


DES  MATIERES, 
mens  conviennent  dans  les  Fiè- 
vres, ibid.  Précaution  à prendre 
dans  l’ufage  des  rafraîchi  fle- 
mens , 109 

Erreur  de  Mr.  Sylvius  de  Dublin, 
qui  a mis  la  Saignee  dans  1 in- 
différence , no,  Depui-s  que  le 
G)mnfmna  efl:  en  ufage,il  meure 
moins  de  Fcbricitans,  in.  &c  212. 
Paradoxe  de  Mr.  Sylvius, 
Réponfc  au  paradoxe,  215.  Que 
la  chaleur  donne  aux  corps  un 
mouvement  progrelïif,  217*  Que 
le  mouvement  des  arterçs  & du 
coeur  eft  un  mouvement  paffif, 
218.  Qujun  fang  groflîer  !>C  vif- 
queux  peut  circuler  plus  vîte 
quun  fang  clair  & épuré , ibid. 
& 219.  Cela  eft  démontré  dans 
îa  fermentation  du  vin , ibidem , 
Réflexion  fur  les  effets  de  la 
faigncc , 121 

Que  les  purgatifs  font  neceflaires 
à la  guerifon  des  Fièvres , 222* 
Penfée  des  Anciens  fur  la  vertu 
des  purgatifs , ibid.  Qujls  font 
veneneux  , St  agiflent  par 
lation  , ibii*  agiflent 


TABLE 

par  eleéSion,  ibid.  Moyens  dont 
ies  Modernes  fe  font  Servis  pour 
connoître  la  vertu  des  purgatifs, 
21h  I,s  & font  iervis  du  mélan- 
ge des  liqueurs , ibid.  Ils  ont 
confulté  lexperiencc  & l’ana. 
lyfiï,  214.  Ce  moyen  paroift  le 
meilleur  , ibid.  Les  principes 
dans  les  purgatifs  font  compo- 
sez , ibidem.  Ce  que  c’eft  que 
les  humeurs  qu’il  faut  purger 
ibidem.  * 

Qne  les  purgatifs  agirent  dans 
I eftomac  , 2 16.  Pourquoy  il  y 
z des  gens  difficiles  â émouvoir? 
ibid.  Les  purgatifs  font  Souvent 
vominfs  , ibidem.  Pourquoy  ds  | 
font  vomitifs  ? 227.  Les  purga-  1 
tifs  ne  font  pas  vénéneux  , ibid. 

Ils  n’agitent  pas  par  irritation  , 
ibidem.  Le  vinaigre  irrite,  &ne 


mixtes  reiineux  font  purgatifs  3 
md°  Les  cordiaux  font  Souvent 
purgatifs  , 229,  Ce  n’cft  point 
?Par  irritation  , r a,0 


DES  MATIERES. 

Qu’il  y a des  drogues  qui  purgent 
fi  violemment  qu’on  diroit  que 
c’eft  par  irritation , ou  qu  elles 
ont  du  venin,  230.  Comme  la 
Gomme-gutte , la  Coloquinte , 
231.  Pourquoyles  purgatifs  font 
eftimez  veneneux  , Sc  agiflent 
par  irritation  ? ibid . 232.  La 

Scammonée  n’eft  point  une 
drogue  dangereufe.,  ibidem . La 
Cafle  purge  quelquefois  vio- 
lemment , 233.  Elle  doit  être 
douce  , ibid . Précaution  à pren- 
dre dans  l’ufage  des  purgatifs  * 

fondement  de  cette  pratique  tiré 
de  l’hypothefe , 235.  Deux  indi- 
cations pour  la  guerifon  des 
Fièvres,  236.  Purgation  8c  trans- 
piration , ibid . S’il  faut  purger 
au  commencement,  237.  S’il 
faut  faigner  , ibid.  Symptômes 
qui  marquent  lanecelïïté  de  fai- 
gner , ibidem . La  faignée  fe 
doit  faire  d’abord  , ibidem • 
T cois  ou  quatre  fuffifent , 238 

Les  Remedes  diaphoniques , 238, 
iew  iifage  t ibUm*  Idéçgeae^ 


table 

taie  de  la  guerijfon  des  Fièvres 
ibid.  Explication  des  diffi- 
culté z qui  le  prefentent  contre 
cette  Méthode, ibid&c  239.  Qu’il 
ne  faut  purger  qu  après  le  fep. 
tiéme,  ou  après  les  lignes  de  co- 
èt  on , ibid.  Que  c’ert  l’ulàge  , 
ibid.  ' Quj il  elt  fondé  fur  l'au- 
torité d’Hippocrate  , ibid. 
Réponle  , 240.  Que  cetApho- 
rilmc  n’autoiife  point  cet  ulage, 
ibidem. 

Les  Anciens  ne  traitoient  point  les 
Fièvres  comme  on  fait  prelen- 
tement , 241.  Sens  littéral  de 
l’Aphor.  22.  liv.  1.  242.  Qifü 
a deux  parties , ibid.  Qu’il  faut 
purger  dés  le  commencement 
les  humeurs  abondantes.  244. 
Qtfil  faut  purger  à la  fin  pour 
éviter  les  rechutes  , ibid.  Cette 
Méthode  eft  fondée  fur  l’auto- 
rité d’Hippocrate  , ibidem.  & 
145. 

Quand  la  faignec  eft  neceftairej 
246.  Combien  de  fois  on  la 
peut  faire?  ibid.  Lavemens  pur- 
gatifs tres-utiks , 147*  En  quel 


DES  MATIERES, 
cas  il  s’en  faut  abftenir  ? ibid. 
Potion  purgative , ibidem.  C’eft 
une  bonne  pratique  de  purger 
ou  de  faire  vomir  d’abord,  148. 
La  teinture  d’Opium  avec  I’f.I- 
prit  volatil  de  Sel  Armoniac  eft 
la  meilleure , 250 

Si  les  Fièvres  ne  gueriflent  point 
par  la  faignée  & par  la  purga- 
tion , 252.  On  met  en  ufageles 
diaphoretiques  & les  fpecifi- 
ques  ,ibid.  Le  Quinquina  fpe- 
cifique  alluré  pour  la  guerifon 
des  Fièvres,  ibidem . Prépara- 
tion du  Quinquina  tres-utiIe, 
ibidem.  L'on  en  guérit  toutes 
fortes  de  Fièvres  , 253.  Bonne 
pour  la  pleurefie , ibid.  Elle  eft 
meilleure  prife  chaudement , 
ibidem. 

Le  Quinquina  n’eft  point  un  re- 
me3e  dangereux  , 254.  Il  guérit 
en  digérant  les  humeurs , & en 
fortifiant  les  parties  , ibidem . 
Diverfes  maniérés  de  donner  le 
Quinquina,  255.  L’ufage  des 
Tablettes  tres-commode,  156'. 

Plufieur  s fébrifuges  , 255-.  Ce 
I i 


TABLE 

qui  eft  fpiritueux  & fulfureux 
eft  fébrifuge,  258 

®1  y a des  Fièvres  où  les  faignées 
ni  les  purgations  ne  font  pas 
d’abord  neceffaires  , 255).  Elles 
fc  gueriflent  par  une  méthode 
palliative , Ibid.  La  Riviere  de 
Seine  bonne  dans  les  Fièvres  , 
260,  Pourquoy  elle  eft  purgati- 
ve } ibidem . 

Nouvelles  réflexions  fur  l’Aphor. 
xz.liv.z.  z6i.  L’origine  de  tou- 
tes nos  maladies  vient  de  l’air 
ou  des  aiimens  , Ibid . Qifil  eft 
plus  expédient  de  purger  prom- 
rement  , que  de  laitier  corrom- 
pre les  matières,  265.  Ce  que 
îes  Auteurs  ont  penfé  fur  la  coc- 
tion  des  humeurs  yibid.  Sens  lit- 
téral de  l’Aphorifme  22.  Uv>  1. 
166* 

Effet  des  humeurs  corrompues 
dans  leftomac  , 166.  Quhl  fe 
fait  une  coétion  dans  la  mafle 
du  fang , 267.  Ce  qu’Hippocra- 
te  a entendu  par  la  coétion  des 
humeurs,  ibid.Q bjeétion  tirée 
> de  l’Aphor.  cité  ,268,  Réponft 


DES  MATIERES* 
à Tobje&ion  , 169 

Purgatifs  en  ufage  du  tems  d’Hip- 
pocrate, 269.  Différences  entre 
les  habitans  du  Nord  Sc  ceux  du 
Levant,  170.  Les  Fièvres  font 
fouvent  précédées  de  vomiffe- 
mens,  271.  Exemple  pour  prou- 
ver que  la  méthode  ordinaire  de 
guérir  les  Fièvres  n’eit  pas  fon- 
dée fur  l’autorité  d’Hippocrate, 
ibid.  6c  272. 

Ce  qui  a introduit  dans  la  Méde- 
cine les  Charlatans , les  Moines, 
&c.  274.  D’ou  vient  le  périt 
dans  les  maladies  > 27J.  La  caufe 
des  Fièvres  lentes  , 6c  des  hy- 
dropifies  , 27 G 

Le  G^nqiiinA  eft  un  bon  remede 
contre  les  Fièvres  lente  6c  hec- 
tiques , 277.  Opiate  hyfterique 
278.  La  Fièvre  he&ique  eft  plu, 
difficile  à guérir  que  la  Fièvre 
lente , 179.  Remedes  anti-hec- 
tiques 6c  ami  - allhmatiques , 
280,. 

Dans  les  Fièvres  d’Eté  les  diapho- 
niques peu  neceffaires  , 28X. 
Ulage  6c  effet  des  çmu!fions,i^W. 

li  ij 


T A B L E 

Apozeme  fait  avec  le  Melon  s 
zBz.  Ufâge  de  la  Limonade  8c. 
des  boiiTons  rafraîchiflantes  , 
ibid . 

Utilité  des  Acides  v 183,  Leurs 
mauvais  effets  > Potion  ufi- 
tec  dans  les  fièvres  malignes  , 
*84*  Précaution  à prendre  dans 
J’ufage  des  boiflons.  rafraîch,  f- 
fantes,  185,  L or  (que  la  tranfpi- 
ration  nVft  pas  cxceflîye,  286. 
Quand  elle  eft  exceffive  , 2 S 7.. 
Caraébre  des  Fièvres  malignes, 
ibidem. 

Qil?  le  mélange  des  efprits  acides 
avec  les  fels  volatiles  eft  utile 
dans  les  Fièvres  malignes  5 288. 
Potions  cordiales  , 285;.  Potiom 
utile  dans  les  Fièvres  malignes, 
ibid.  Pour  les  enfans  qui  ont  des 
vers,  290.  Cataplafme  ufké  con- 
tre les  vers  , ibidem* 

Que  les  xemedes  fpititueux  ne 
iont  point  dangereux  dans  les 
Fièvres  malignes  , 292.  Exem- 
ples pour  confirmer  les  bons  e£* 

. fèts  des  remedes  fpiritueux, 
z94-  Les  caufbdcla  petite .Ye- 


DES  MATIERES, 
rôle  3 &cc.  196.  Qbfervations  fur 
la  petite  Verole,  29S.  Remedc 
contre  la  petite  Verole  , 30©- 
En  quel  cas  la  faignée  convient 
à la  petite  Verole,  301.  Opium 
ufité  chez  les  Angiois  dans  ces 
maladies,  ibidem.  Tifanne  de 
Quinquina  bonne  dans  la  petite; 
V croie*  30  z 

Inconyenicns  contre  la  pratique  de 
Mr.  D (Te  , 303.  Remarque  fur 
•la  pleurdîe  , 305.  Obfervation 
fur  fufage  des  fiidonfiques  con- 
tre Mr.  Deffe,  307- 

Obfervation  fur  les  Hôpitaux,  309*- 
Abus  concernant  les  maladies 
d' Armées,  311.  Cauüs  des  ma- 
ladies d’Armées , 312.  Remedcs 
pour  les  maladies  d’Armée  , 314. 
Abrégé  de  ma  Méthode  , 3 16.  Les 
diaphoniques  font  fébrifuges*. 

319. 

Le  Quinquina  mortifie  les  acides  , 

320.  Expériences  qui  juftifient 

que  le  Quinquina  ne  fixe  point 
les  acides  , 3.11.  Le  Quinquina? 
mêlé  avec  le  fang,  322.  Avec  le 
lait*  315 


table 

Le  Quinquina  empêche  les  coa- 
gulations , p4.  Il  guérit  les  Fiè- 
vres en  détruifant  les  acides  , 
525.  C’eft  un  bon  remede  dans 
la  Faim-canine  , Et  dans 
les  autres  maladies  caufées  par 
les  acides, 

Lejjhtinquim  bon  contre  les  Gout- 
tes & les  Rhumatifmes,  3 a7.II  ne 
détruit  pas  toujours  les  coagula- 
tions , 330.  Il  les  prévient , 331. 
Qu’il  eft  meilleur  pour  les  inter- 
mittentes que  pour  les  con- 
tinues , 

Réflexion  fur  l’ufage  du  Jjhtinqui.' 
tia,  333.  Précaution  fur  fbn mé- 
lange, avec  d’autres  remedes, 
335.  Que  le  Ghtinquina  ne  fixe 
point,  ibid. Ce  qui  fe  prouvepar 
la  raifon  & par  l’experience,  337. 

Entêtement  d’un  Médecin  fur  la 
fixation  par  le  Quinquina , 539. 
Tout  ce  qui  coagule  & fixe  eft 
acide  , 345.  Effets  de  l’abondan- 
ce des  acides  , 347 

.Que  les  rechutes  ne  font  pas  une 
preuve  de  fixation  par  le  £)ufn- 
quina , 3 j o.  Les  Fièvres  conti- 


DES  MATIERES, 
nues  qui  ont  efté  gueries  par 
le  Quinquina  ne  reviennent 
jamais  , 35^.  Erreurs  popu- 

laires touchant  le  Quinquina  > 
353- 

Fin  de  la  Table  des  Matières* 


EXTRAIT  BV  PRIVILEGE 
du  Roy . 

PAk  Grâce  & Privilège  du  Roy 
donné  à Paris  le  29.  d’Aouft 
3691.  Signé  par  le  Roy  en  Ton  Con- 
feilCARPOT  : Il  eft permis  à Jac- 
ques Minot  Doéteur  en  Méde- 
cine , de  faire  imprimer  par  tel  Im- 
primeur qu’il  voudra  choifir  , un 
livre  intitulé  , De  la  Nature  & des 
eaufes  des  Fièvres  , &c.  pendant 
le  temps  de  fix  années  confecuti- 
ves , à commencer  du  jour  que  le- 
dit livre  fera  achevé  d’imprimer 


pour  la  premiers  fois  en  verra  dm 
prefent  Privilège  : Et  deffences 
font  faites  à tous  autres  Impri- 
meurs 3c  Libraires  , de  l’imprimer, 
faire  imprimer  , vendre  3c  débiter  , 
fans  le  confentement  de  l'Expo - 
fant  , ou  de  ceux  qui  auront  droit 
de  luy , à peine  de  trois  mille  li- 
vres d’amende  , de  confifeatioa 
des  Exemplaires  contrefaits,  3c  de 
tous  dépens  , dommages  3c  inte- 
refts  , ainfi  que  plus  au  long  il  effc 
porté  par  ledit  Privilège. 

Ledit  Sieur  M'rtf  ot  a cédé  fou 
Privilège  à Laurent  s’Houry 
Marchand;  Libraire  , fuivant  l’ac- 
cord fait  entr’eux. 

Regiftre  far  le  Livre  de  la  Com - 
mariante  des  Imprimeurs  & Li~ 
braire  s de  Paris  le  s . Septembre 

I 6 p î. 

Achevé  d’imprimer  pour  la 
première  fois  en  vertu  du  prefeat 
Privilège  le  4.  Novembre  téÿi*