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Full text of "De la religion considerée dans sa source, ses formcs et ses dével ppements .."

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\ 


y: 


DE 


LA  RELIGION» 

COHSIDÉRÉK 

DANS  SA  SOURCE, 

SES  FORMES  ET    SES  DÉVELOPPEMENTS. 

Par  m.  benjamin  œNSTÀNT. 


(Platom.,  Tânm.) 

TOME    CINQUIÈME. 


•  •     ■•  « 


PARIS, 

CHEZ  PICHON  ET  DIDIER,  ÉDITEURS, 

Vn  DBS  CRAinM-ATJGirSTINS,  r"  47- 


183^1. 

twpr 


«IM«W« 


SECOND  'ÀVfeftTÏSSÉlVfÈN'T'. 


5 


I  .       .  , 


1 


M  deux  To^wp^^  .d^vaie^^jpaiîait^ 
à  la  fin  de  juillet  dernier.  J^  he\i/ 
reux  événements  de  cette  époque  en 
ont  retardé   la    publication  ;   mais 
comme  la  totalité  était  imprimée , 
sauf  la  table  analyti^e,  rien  na  été 
changé ,  si  ce  n'est  une  note  de  cinq 
ou  six  lignes  à  la  page  igS  du  tomeV*- 
Nos  lecteurs  ne  doivent  donc  s'éton" 
ner  ni  de  quelques  expressions  qui 
étaient  peut-être,  il  y  a  trois  mois, 
^  acte  de   courage  et  qui  ne  se- 
raient aujourd'hui    qu'un  anachro* 
^me,  ni  de  quelques  jugements  un 


Ti  SECOND  AVERTISSEMENT. 

peu  sévères,  sur  des  hommes  qui/ 
à  cette  époque  ,  demand^en^  poa 
têtes.  Ils  sont  vaincus,  mais  autre 
chose  est  Toubli  des  injures,  autre 
chose  l'estime;  et  si  nous  nous  im- 
posons Tun  comme  un  devoir,  nous 
ne  nous  croyons  point  obligé  à  fein- 
dre l'autre,  quaiid  nous  ne  l'éprou- 
vons pas. 


I  ' 


•    I    •    }    :  t    .      '  •■  1    lii     •  ' 

!•         »•.•  •lié»».' 


DE  LA  RELIGION, 


CON  SIDIÎRBS 


DANS  SA  SOURCE, 

I 

SES  FORMES  ET  SES  DÉVELOPPEMENTS. 


LIVRE    XIII. 


Qra  LES  MYSTÈRES  GRBGS  FURENT  DES  IlfSTITUTIORS 
£MPRUIfTSES  DES  SACERDOCES  ÉTRANGERS,  ET  QUI, 
TOUT  EN  CONTREDISANT  LA  RELIGION  PUBLIQUE, 
^l  LA  MODIFIÈRENT  POINT  DANS  SA  PARTIE  POPU- 
LAIRE. 


CHAPITRE    PREMIER. 


Combien  le   sujet  de  ce  livre  est  hérissé  de 

difficultés. 

P 

A  LUS  d'une  fois,  dans  notre  exposé  des 
doctrines  et  des  pratiques  sacerdotales,  tout 
en  démontrant  qu'elles  étaient  étrangères  au 
polythéisme  indépendant ,  nous  avons  reconnu 

y.  I 


2  DE   LA    RELIGION, 

que  presque  toutes  se  reproduisaient  dans  les 
mystèresqui  s'étaient associésâce polythéisme. 
C'est  ici  le  lieu  d'expliquer  l'origine  des  mys- 
tères grecs,  et  la  cause  de  l'identité  de  et- 
qu'on  révélait  aux  initiés,  avec  les  rites  et  les 
dogmes  imposés  par  les  prêtres  aux  peuples 
qu'ils  gouvernaient.  La  matière  que  nous  abor- 
dons est  hérissée  de  difficultés.  Des  hommes , 
(t'iiiit^  science  et  d'une  sagacité  distinguées, ont 
proposé  divers  systèmes,  entre  lesquels  il  est 
ii|jpossibledechoisir,parceque  tous  ont  UD  fond 
de  vérité  mêlé  de  beaucoup  d'erreurs.  Nous 
n'offrons  ici  que  des  idées  générales,  que  nous 
appuitïrons  de  quelques  faits,  mais  en  évitant 
le  plus  que  nous  le  pourrons  les  discussions 
piireiiionl  historiques  (l). 


(i  )  Tour  connaître  à  fond  Im  niyttères ,  il  fandrait  le» 
'.■iivisBgrr  saut  trois  pointa  de  rue  distincts  :  i"  comme 
lieu  de  dép&t  pour  In  rites  et  les  dogmei  étrangers; 
%"  cunimt;  transaction  du  sacerdoce ,  .envers  les  opinioDH 
qui  se  il-.-vcloppaieat  progrestiTement,  et  qa'il  adoptait 
pour  It-s  tlùsarmer  ;  Z"  comme  causes  de  la  décadence  et 
delà  cliutcite  la  religionpublique.Mais  les  deux  premiers 
poîiils  itiï  Tiie  sont  les  seols  qui  sons  intéressent  actnelle- 
mniH.  (^ux  de  nos  levtean  tfù  voadraàentpén^tMr  plus 


I    ^ 


LIVRE   XIII,   GHAPITEB    1.  3 

avant  dûns  rezamen  des  fiiits  de  détail,  trouyeront  dam 
Mennins  (GraecU  feriata),  dans  Sainte-Crpiz  (des  Mys- 
tères),  dans  Hejne  (Notes  sur  Apollodore)  et  dans 
Greotzer  (Symbol.)  l'indication  de  toutes  les  sources 
qa'ils  devront  consulter. 


I. 


K    LA    BRLIGIOH, 


**»»%%»1—l^»»W»»»^<»»^»%%%*^»»%»%*  ■*»»»»*» W<»» »•*»»»»»»»%% »l>»fc»% 


CHAPITRE  II 


Ue  ce  quêtaient  les  mystères  chez  les  nations 

soumises  aux  prêtres. 

Il  y  a  dans  le  corur  de  rbomme  une  ten- 
dance il  entourer  de  barrières  ce  qu*il  sait 
comme  ce  qu*il  po^fde.  I/esprit  de  prupriélé 
%e  montre  t*goîstet  aussi  bien  pour  ce  qui  tient 
à  b  science  que  pour  ce  qui  tient  à  la  richesM\ 
Si  ce  peticliant  de  Thomme  nVtait  corobatlu 
par  d*autres  penchants ,  il  refuserait  a  ses  senv 
blabl<*s  tout  ce  qu*il  pourrait  letir  ravir;  mais 
b  nature  a  mis  le  remède  k  nos  défauts  dan% 
nos  défauts  mc*mes.  Comme  elle  nous  a  forcés 
par  nos  besoins  ii  nous  faire  part  mutuelle* 
ment  de  ce  qui  nou.%  appartient,  elle  nous  a 
ct>ntrainls  par  notre  am<»urproprf*  k  faii»;  un 
é«*hange  réciproque  de  nos  connaivsances  :  ce- 
petniant  la  dispoMlion  primitive  subsiste  et 
a|cit  avec  d'autant  plus  de  forr«'  que  Tintérrt 


> 
é 


LIVRE    xril,    CHAPITRE     II.  5 

est  plus  important  ou  que  la  science  est  plus 
relevée. 

Les  philosophes  de  l'antiquité  avaient  dans 
leur  philosophie,  indépendamment  de  tout 
dogme  religieux,  une  partie  occulte,  désignée 
en  grec  par  le  même  mot  que  les  mystères  de 
la  religion  (i).  Pythagore  chassa  de  son  école, 
pour  quelques  révélations  indiscrètes,  Hip- 
parque,  qu'il  remplaça  par  une  colonne  (a) , 
et  ne  laissa  ses  ouvrages  à  Damo,  sa  fille, 
qu'avec  l'interdiction  formelle  de  les  &ire  con- 
naître aux  profanes,  interdiction  qu'elle  res- 
pecta, malgré  son  indigence  et  les  trésors  qu'on 
lui  proposa  pour  la  séduire (3).  Zenon,  Platon , 
et,  qui  le  croirait?  les  Épicuriens,  philosophes 
superficiels  et  grossiers,  avaient  des  secrets 
qu'ils  ne  communiquaient  à  leurs  disciples 
qu'après  des  épreuves  presque  semblables  aux 
initiations  (4).  A  peine  le  christianisme  se  fut-il 


(i)  riXtr«i.  Etyni.  Magn. 

(a)  jAMBLicH.deComm.Mathem.YiLLOis.Anfcd.  gneca, 
p.  116;  CLiMENT.  AxBX.  StroiD.  V.  ËscHBiTBACB,  de  poesî 
Orphica. 

(3)  Gale  y  Opasc.  mylhol. 

.4)  Clém.  Alex.  Strom. 


6  DE    LA    BBLICIOH, 

formée  que  les  cfarétieiM  cliTiaerenl  la  partie  pu- 
blique de  la  partie  secrète  du  culte  divin  (■)• 

U  n*est  dooc  pas  étonuanl  que  des  corpo- 
rations «  aocoutamées  à  traiter  avec  dédain  le 
peuple  qu'elles  avaient  subjugué ,  l'aient  tenu 
toujoura  éloigné  de  ce  qu  elles  possédaient  de 
plos  précieux ,  et  aient  interdit  toute  parlici* 
pation ,  soit  aux  découvertes  qui  faisaient  leur 
orgueil  et  (ondait^nt  leur  puissance,  soit  aux 
théories  quelles  avaient  établies  sur  ces  dé* 
couvertes.  Aussi  rencontrons-nous  des  mystè- 
res ches  toutes  les  nations.  Dtodore  (a)  nous 
vante  ceux  des  (iialdéenSt  Diogène  Laerce  (.\) 
ceux  de  rÊthiopie.  Suidas  (4)  nous  apprend 
que  Phéréoyde  avait  puisé  quelques-unes  de 
ses  opinions  dans  les  mystères  de  la  Pbénicîe. 
Hérodotf  i  *> .  nous  transmet  des  détails  nom- 
breux  plutAt  qu'instrucUr^  sur  ceux  de  TE- 


(  r  V.  TaïKAs,  ripot.  da  MÎnt  McremcoU  liv.  1  »  cfa  S, 
•t  Mlicia  ii«  Ecrlr*.  chritl.  prioM»,  mmàtm  «1  novtM. 
•ist  pplUia  «  I ,  •  et  foiv 

,ii  Di«>o.  LÂb.  XVII 

,^      DlOOBVK-LàKftC»,  I.  h 

.  \     Si  iO«t,  ftrt   l*h^r(  ydr 
%    HiAOP.,  iMftuni 


LIVRE    XIII,    C0APITBE    II.  7 

gyple.  César  (i)  parle ,  bien  qu'avec  moins 
(1  admiration,  de  ceux  des  Druides.  Les  Mages 
(le  la  Perse  (a)  célébraient  les  leurs  dans  des 
antres  obscurs  :  et  ceux  des  Hébreux,  con- 
tenus dans  leur  cabale,  ont  servi  de  prétexte 
aux  extravagances  des  rabbins,  et  fait  le  dé* 
sespoir  des  commentateurs  modernes.  Sans 
adopter  leurs  rêveries,  il  nous  semble  prouvé 
que  dès  l'antiquité  la  plus  reculée,  ce  peuple 
malheureux  et  mécontent  avait  déposé  dans 
(les  mystères  ses  espérances  pour  cette  vie  et 
peut-être  pour  l'autre,  je  veux  dire  l'attente 
(Vun  libérateur  conquérant  de  ce  monde,  et 
quelques  vagues  notions  d'un  monde  (îi- 
tur(3) 

Ce  n'est  pas  néanmoins  sous  ce  point  de 
vue  que  les  mystères,  auxquels  les  castes  sa* 
ordotales  admettaient  par  l'initiation  les  mem- 
bres des  autres  castes ,  doivent,  à  notre  avis , 
être  envisagés.  On  a    cru  par  erreur  qu'ils 


(i)DeBetloGallîco,yi. 

(a)  FiAMicns. 

(3)  Bashage,  Hîst.  des  Juif»;  Buxtori,  Bibl.  rabbin. 
P-  184;  HoTTivcEB,  Bibl.  orient,  p.  33;  Maimoh id  , 
More  Nevoch. 


L 


8  DE    LA    RELIGION, 

se  composaient  de  la  doctrine  secrète  des 
prêtres.  Sans  doute  ces  prêtres  ,  suivant 
la  tendance  que  nous  avons  remarquée  (i), 
combinaient  toujours  la  partie  populaire  des 
cultes  avec  leurs  hypothèses  et  leurs  décou- 
vertes :  les  fétiches  d'abord ,  des  dieux  moins 
grossiers  ensuite,  devenaient  pour  eux  des  sym- 
boles ;  mais  ces  symboles  étaient  leur  langue , 
leur  propriété  particulière.  Il  n'entrait  nulle- 
ment dans  leurs  intentions,  comme  il  n'était 
nullement  de  leur  intérêt,  d'en  communiquer 
le  sens  aux  profanes. 

En  conséquence,  l'admission  des  initiés  à  la 
connaissance  de  ce  que  le  sacerdoce  appelait 
des  mystères,  n'impliquait  point  l'enseigne- 
ment de  sa  doctrine,  ou  pour  mieux  dire  de 
ses  doctrines  secrètes,  car  on  a  vu  qu'il  en 
avait  plusieurs  (a).  Tout  constate  que  les  mys- 
tères révélés  par  l'initiation  n'étaient  que  des 
représentations  dramatiques,  des  récits  mis  en 
action, des  descriptions  remplacées  et  rendues 
plus  sensibles  par  des  images  ;  tels  ils  se  célé- 


(l)  V.  t.  111,  p.  lS«tBI 

(a)  V.  i.  m,  loc.  cit. 


LIVAB   YIII,    CHAPITRK    III.  9 

braient  sur  le  lac  de  Sais  (i).  Les  prêtres 
avaient  pensé  qu'en  frappant  les  sens  ils  pro- 
duiraient des  impressions  plus  fortes  qu'en 
s'adressant  uniquement  à  l'imagination  et  à  la 
mémoire  mais  les  initiés  n'avaient  d'autre 
avantage  sur  ceux  qui  ne  Tétaient  pas ,  que  de 
contempler  un  spectacle  dont  ces  derniers 
étaient  privés. 

Hérodote,  admis  dans  les  mystères  des 
Egyptiens,  n'acquit  aucune  connaissance  de 
leur  théologie  occulte.  Il  dit  formellement  que 
la  chose  que  ces  peuples  nommaient  des  mys- 
tères était  la  représentation  nocturne  des 
aventures  des  dieux;  et  l'on  voit  que  le  si- 
l^ice  dont  il  se  fait  un  devoir  ne  porte  que 
sur  les  noms  de  ces  dieux,  et  sur  quelques  par- 
ticularités de  leurs  aventures.  Les  prêtres  pou- 
vaient reconnaître  dans  ces  représentations 
des  allusions  à  leur  philosophie  :  mais  le  peu- 
ple n'y  voyait  que  les  fables  de  la  mythologie 
vulgaire,  offerte  à  ses  regards  d'une  manière 
plus  animée. 

[i)  HnoD.  II 9  171. 


:    LA    RILIGIon 


CHAPITRE    III. 


Comment  ces  mystères  furent  trtmsportés  en 
Grèce  et  ce  qu'ils  devinrent. 

l^'iPOQUE  de  l'établissement  des  mystères  en 
Grèce  est  indifférente  à  nos  recherches.  Il 
nous  sufBt  que  les  écrivains  les  plus  divisés 
sur  d'autres  points,  les  fassent  remonter  jus- 
qu'à l'arrivée  des  colonies  qui  civilisèrent  cette 
contrée  (i).  Les  mystères  d'Eleusis  ftirent  ap- 
portés, disent-ils,  par  Ëumolpe  ,  d'Egypte  ou 
de  Thracet  Ceux  de  Samotbrace ,  qui  servirent 
de  modèle  à  presque  tous  ceux  de  la  Grèce, 
furent  fondés  par  luie  Amazone  égyptienne  (a). 
Tjes  fillesde  Danaiis  établirent  les  Thesmopbo- 


i)  Saihtk-Ckoik,]).  77-fKi  Mollcr,  de  Hierarchia, 

104. 

a''  Dion.  Sic.  III,  55. 


LIVRE    XIII,    GHAPITR^J:    ITT.  II 

ries  (i)i  et  les  Dionysiaques  furent  enseignées 
aux  Grecs  par  des  Phéniciens  (!i)  ou  des  Ly- 
diens (3).  Peu  nous  importe  la  vérité  de  ces 
traditions;  leur  unanimité  démontre  le  fait 
principal,  l'origine  étrangère  des  premiers 
mystères.  Nous  ajouterons  que  long -temps 
après  la  formation  du  polythéisme  grec ,  des 
institutions  de  cette  nature  continuèrent  à 
venir  du  dehors.  Les  mystères  d'Adonis  pé- 
nétrèrent de  l'Assyrie  par  l'île  de  Chypre  dans 
le  Péloponnèse  (4).  La  danse  des  femmes  athé- 
Diennes  aux  Thesmophories  n'était  pas  une 
danse  grecque  (5)  ;  et  le  nom  des  rites  Sa- 
baziens  oous  reporte  en  Phrygie  (6). 


,1)  HxAOD.  II,  171  ;  IV,  17a. 

(a)  HxBOD.  n,  49»  Apollod.  Bibl.  I,  9,  II,  12.  Les 
myftêres  de  là  Cérès  cabîrique  en  Bëotie  avaient  égale- 
laent  ane  origine  phénicienne.  Des  navigateurs  phéni- 
ciens y  avaient  construit  un  temple  dédié  à  cette  déesse. 

(3)  EuRip.  Bacch.  460-490.  On  trouve  dans  Wagner 
'p.  3to  )  des  preuves  que  les  mystères  de  Bacchus  furent 
mtrodaiu  à  Thèbes  de  Tétranger. 

(4)  Notamment,  suivant  Pausanias,  dans  l'Argolide. 
i5ft)  Poixux  rappelle  la  danse  persiqne  (Onomast.  lY); 

'^aotres  la  disaient  mysienne  (Xénofh.  Anab.  VI ,  i-5  ). 
•  6)  Crbctz.  III ,  36o-363.  V.  sur  Torigine  étrangère 
<itt  mystères  de  Bacchus,  même  suivant  les  Grecs,  Hebeeh, 
Asie,  439-440- 


h 


12  DE   LA    RELIGION, 

Nous  avons  prouvé  ailleurs  que  les  mem- 
bres des  colonies  qui  débarquèrent  en  Grèce 
ne  devaient,  pour  la  plupart,  connaître  de  la 
religion  de  leur  patrie  ancienne  que  la  portion 
extérieure  et  matérielle.  Mais  dans  cette  por- 
tion matérielle  il  y  avait  des  représentations 
dramatiques.  Les  colons  transportèrent  dans 
leurs  nouveaux  établissements  ces  représenta- 
tions qui ,  repoussées  de  la  religion  publique, 
parce  qu'elles  ne  cadraient  pas  avec  son  es- 
prit, devinrent  naturellement  des  rites  mysté- 
rieux, calqués  sur  ce  qu'ils  étaient  au  dehors. 
Ijss  mystères  se  composèrent  de  cérémonies , 
de  processions  dans  l'intérieur  des  temples  (  i  ) , 
de  pantomimes.  Si  dans  les  drames  sacrés  de 
l'Egypte  Typhon  avait  enlevé  Honis,  Pluton, 
dans  les  Thesmophories ,  enleva  Proserpine. 
Plutarque  fait  ressortir  les  ressemblances  des 
récits  égyptiens  sur  Isis  et  Osiris,  avec  les 
récits  grecs  sur'Cérès  (2).  T^a  mort  de  cet 

(i)  Il  y  1  dans  GcKiBEs(n,  379 note),  un  expoié  dei 
proccMioni ,  des  myttiret  et  de  la  lignification  tymbo- 
liqne  de  ce»  proceuioni,  avec  de*  obtervalions  cnrieu- 
lei  sur  la  conformité  des  diverses  mythologiei. 

(3)  PLUTiRGH.  de  I*id.  Schol.  \|Mllon.  I,  917;  Lactamt< 
de  fais.  rel. ,  p.  1 19-130  ;  Drou.  I,  3  ,  36. 


\ 


LIVRE    XIII,    CHAPITRE    III.  l3 

(isiris  fut  retracée  par  celle  de  Cadmille  dans 
les  mystères  cabiriques(i).  Ces  représentations 
dramatiques  commencèrent  probablement  par 
être  des  représentations  de  fables  connues  : 
alors  il  n'y  avait  que  la  repriésentation  qui  fut 
mystérieuse.  Ensuite  on  inventa  de  nouvelles 
fables  qui  restèrent  secrètes,  et  alors  il  y  eut 
mystère  tout  à-la-fois  dans  la  fable  et  dans  la 
représentation.  Avec  ces  drames  religieux  fu- 
rent transportées  en  Grèce  des  dénominations, 
(les  formules  exotiques,  et  par-là  même  inin- 
telligibles et  inexplicables.  Que  les  noms  de 
et  de  Proserpine  dans  la  langue  des  Ca- 


■•  »  ^ 


[i)  Les  fondateurs  des  mystères  en  Grèce  cherchaient 
à  ^oater  à  la  fidélité  de  l'imitation ,  en  les  célé- 
brant en  des  lieux  semblables  à  ceux  de  leur  ancienne 
patrie.  Il  parait,  par  un  passage  d'Aristophane  (Ranse, 
209  et  SÛT.  ) ,  que  les  mystères  de  Bacchns  k  Athènes 
avaient  lien  sur  les  bords  d*un  lac,  parce  que  ceux  d*0- 
siris  s'étaient  célébrés  sur  le  lac  Sais.  Les  mystères  Ler- 
oéens ,  consacrés  au  même  dieu ,  avaient  pour  théâtre 
dans  l'Ar^olide,  les  rives  du  lac  Alcyon.  CaxuTZEa  (lY, 
'^!io-55  )  rapporte  un  usage  des  matrones  romaines ,  em- 
prunté d'une  tradition  grecque  qui  elle-même  était  étrah- 
ért  en  Grèce.  Y.  aussi  ses  détails  sur  le  culte  de  Damia 
et  d*Anxesia. 


^ 


l4  DE    LA    RELIGION, 

bires  soient  précisément  les  mêmes  que  ceux 
de  la  reine  des  enfers  et  de  sa  fille  chez  les 
Indiens,  ne  saurait  être  un  effet  du  hasard  (i). 
Les  trois  mots  mystérieux  avec  lesquels ,  à  la 
fin  des  grandes  Eleusinies ,  on  congédiïùt  les 
initiés  (a) ,  ces  trois  mots  qui  ont  exercé  depuis 
deux  siècles  la  sagacité  des  savants  (3),  se 
trouvent  être  trois  mots  samscrits,  dont  le  sens 
s'applique  parfaitement  aux  cérémonies  qu'on 
terminait  en  les  prononçât  (4)- 

Ainsi ,   plus  nous  pénétrons  dans    les    ati- 


(i)  C^rès,  dan*  les  mystères,  Axieros  :  la  reine  des 
enfers,  aux  Indei,  A^yoroca;  Proserpine,  AsioMrta;  la 
filte  de  la  divinité  indienne ,  Asyolnrscha.  [  As.  Bes.  , 
p.  a99-3oo.  ) 

(a)  Conx,  Om,  Pai. 

(3)  Lbclbbc,  Bïbtiol.  univ.  VI,  74  ;  CoimT  ns  QeBBLiir, 
Monde  prim.  TT,  3>3. 

(4)  1-e  I*',  KV(i ,  ssmscrit ,  Cansha ,  signifie  l'objet  du 
d^sir;  le  a',  Om,  est  le  monosyllabe  consacré,  dont  les 
Indiens  se  servent  au  commencement  et  à  la  fin  de  tomes 
leurs  prières;  le  3',ics4i  samscrit,  Paicba,  signifie  la 
Fortnne  :  et  il  est  à  remarquer  qne  les  Ëtrusqoes  plaçaient 
la  Fortune  parmi  les  Cabires.  (  Sert,  ad  £n.  II,  3a5.)  Ce 
n'étaient  pas  les  seuls  mots  étrangers  transportés  dans 
les  mystères.  Cbxtitier  (III ,  486)  en  cite  plusieurs  au- 
tres. On  pourrait,  dit-il,  former  une  espèce  de  vocabu- 
laire des  expressions  et  des  formules  ainsi  empruntées. 


LfVRV    XIII,    CHAPITHB    III.  l5 

tiquttés  de  Tlnde,  de  cette  contrée  qui  sem- 
ble destinée  à  nous  donner  le  mot  de  tant  d'é- 
nigmes long-temps  insolubles,  plus  nous  aper- 
cevons, entre  les  religions  sacerdotales  et  les 
mystères  des  Grecs ,  des  conformités  qu'il  était 
impossible  de  reconnaître  auparavant. 

Enfin,  le  souvenir  des  périls  d'une  traver- 
sée longue  et  incertaine  devait  suggérer  aux 
navigateurs  qui  débarquaient  en  Grèce  l'idée 
de  réunions  où  ils  célébreraient  la  mémoire  des 
peines  qu'ils  avaient  souffertes  et  supportées 
en  conomun ,  et  l'histoire  nous  certifie  que  les 
étrangers,  fondateurs  des  mystères ,  ajoutèrent 
à  leurs  réminiscences  locales  la  commémora* 
tion  des  dangers  inhérents  aux  navigations 
lointaines.  L'un  des  Cabires  avait  découvert 
Fart  de  lutter  contre  les  ondes  (i;  :  les  mystè- 
res de  Samothrace  avaient  procuré  aux  Argo- 
nautes un  refuge  contre  la  tempête  (a).  Cette 
tradition  est  un  vestige  des  expéditions  orien- 
tales^ s'amalgamant  dans  les  récits  avec  les 
expéditions  grecques.   En  mémoire  de  cette 


i)    PuN. ,  Hist.  nat.  lY^  a3. 
2)  Afolluh.  Argonaut.,  I,  915-918. 


t6  DE    LA    SELIGIOfl, 

tradition ,  le  grand-prêtre  recevait  sur  le  rivage 
ceux  qui  voulaient  se  faire  initier  (i);  et  bien 
lies  siècles  après,  les  mystères  d'Isis  pélasgique 
ou  maritime  se  célébraient  à  Corinthe  (a). 

Les  mystères  ne  furent  donc  primitivement , 
en  Grèce  comme  dans  les  contrées  où  ilsavaient 
pris  naissance ,  que  des  cérémonies,  i  la  parti- 
cipation desquelles  les  initiés  étaient  admis, 
sans  recueillir  de  cette  admission  la  connais- 
sance d'aucune  doctrine  ou  philosophie  oc- 
culte; mais  graduellement  ils  changèrent  de 
nature,  et  voici  comment. 

A  mesure  que  la  civilisation  fit  des  progrès , 
le  sacerdoce  grec,  sans  jamais  conquérir  l'au- 
torité que  cet  ordre  possédait  ailleurs ,  acquit 
néanmoins  plus  de  consistance.  Or,  en  obte- 
nant quelque  pouvoir,  il  dut  sentir  davantage 
combien  ce  pouvoir  était  limité.  L'autorité  po- 
litique, déjà  constituée,  l'ascendant  des  guer- 
riers dans  tes  temps  héroïques,  celui  des  hom- 
mes d'état  sous  les  gouvernements  républi- 
cains, l'imagination  des  Grecs,  active,  indo- 


^a)  Pacsih.,  Corinl.,  4;  Aful.  HeUm.,  XL   . 


\ 


LITHE    XIII,   GHàPITHE   III.  J*] 

aie  et  brillante ,  rattachement  de  ces  peuples 
pour  la  liberté,  attachement  qui  s'exaltait  de 
génération  en  génération ,  toutes  ces  circon* 
stances  ne  permettaient  pas  aux  prêtres  dé 
semparer  de  la  religion  publique  ;  mais  ils 
aperçurent ,  en  dehors  de  cette  religion ,  des 
institutions  encore  peu  connues  ^  sorties  des 
pays  mêmes  où  le  sacerdoce  dominait.  Nous 
disons  que  ces  institutions  étaient  peu  connues  : 
en  efifet,  il  faut  qu'à  l'époque  de  leur  intro- 
daction  elles  n'aient  pas  fait  une  grande  im- 
pression  sur  la  masse  des  Grecs ,  puisque  nous 
ne  démêlons ,  dans  Homère  ou  Hésiode ,  au- 
cune allusion  aux  mystères ,  aucune  trace  d'u- 
sages mystérieux  (i). 

Moins  ces  institutions  avaient  attiré  l'atten* 
tien  générale ,  plus  il  était  facile  au  sacerdoce 
de  s'en  emparer.  Leur  source ,  leur  nature , 
lear  séparation  même  d'avec  tout  ce  qui  exi* 
stait,  semblaient  inviter  les  prêtres  à  s'en  ar- 


■ 

;  i)  «  Homère  et  Hésiode» remarque  Hbvbeh  (  Grecs,  91), 
le  parlent  point  des  mystères;  et,  en  supposant,  ce  qui 
est  probable  ,  qne  les  mystères  fussent  plus  anciens  que 

tn  poètes,  ils  n'ayaientpas  de  leur  temps  Timportance 

•  *       • 


tn  poètes,  ils  n'ayaient  pas 
fQ*ils  acquirent  depuis.  • 


le  DK    LA    RELIGION  , 

roger  la  propriété ,  qui  ne  devait  pas  leur  être 
disputée,  ou, fiour  mieux  dire,  cette  prophète 

leur  était  déjà  dévolue,  puisque,  par  un  effet 
très-simple  de  l'élablissemeut  des  colonies, 
plusieurs  familles  qui  eu  descendaient,  et  dont 
nous  avons  parlé  ailleurs  (r),  présidaient  à-la- 
fois  aux  rites  du  culte  national  et  à  la  célé- 
bration des  mystères  (a). 

Le  sacerdoce  dut  en  conséquence  travail- 


(i)  T.  II,p.a97-a98. 

(a)  Les  étrangers,  fcindateuri  des  mysièrei,  diirfnl  en 
l'tre  !e»  premier!  prêtres,  bien  qu'ils  nVussirnl  pas 
exercé  dans  leur  ancienne  patrie  les  l'onctioni  sacerdota- 
les, et  les  descendants  de  ces  étrangers  conlinuèceiil  à 
Stus  d'une  dignité  qu'ils  tenaient  de  leurs  «nct^- 
Ires.  Les  Eumolpides,  a  Fleusis,  représentaient  les  prë 
très  supérieurs ,  les  Cérvces,  les  pastopliorfs  li'É^pte, 
Mais  les  Céryces ,  d'origine  athénienne ,  n'étaient  ()ue  d«i 
Mcrificateurs  subalternes  (Athénée,  VIetXlV),  etlesqua- 
tre  premiers  ministres  des  mystères  ,  l'hiérophflDie,  etc., 
devaient  tous  itre  de  la  fnmiile  des  Eumolpides,  (  Heer.  , 
Grecs,  p.  97-)  Si  l'esprit  nutional  des  Athéniens  donna  la 
■urintendance  des  myslcrei  à  un  arcjionte  (  LysijIS  con- 
tre Andocide  ) ,  ei  M  deux  administrateurs  choisis  parle 
peuple  (on  les  appelait  Kpimélèiei,  Pollux,  Onomast., 
Vm,  9,  S  90),  tous  les  autres  prêtres  du  cnltc  mysic- 
rieui  devaient  appartenir  à  des  Tamilles  sacerdotales 
(  AaiiTin.  Ëleul.  ) 


LIVRE    XlIIy   CHAPITRE   lïl.  I9 

1er  (ij  avec  ardeur  à  rehausser  l'importance 
de  ces  institutions  dont  il  ^tait  le  maître,  tan- 
dis qu'il  n  était ,  dans  le  eulte  national ,  qu'un 
agent  subordonné.  Les  mystères  se  multiplié* 
rent  :  il  est  vraisemblable  que  dans  les  parties 
de  la  Grèce  où  les  étrangers  .n'en  avaient  pas 
apporté,  les  prêtres,  avertis  de  l'utilité  qu'ils 
pourraient  en  retirer  par  l'avantage  qu'y 
avaient  trouvé  leurs  frères  d'Egypte ,  en  éta- 
blirent avant  d'avoir  déterminé  ce  qu'ils  con* 
tiendraient.  Leurs  mystères  furent  semblables 
à  ces  sanctuaires,  dont  un  voile  épais  déro- 
bait Tenceinte  vide  aux  yeux  des  profanes. 
Faute  de^eux ,  ils  fermèrent  l'entrée  de  leurs 
bois  sacrés  et  de  leurs  temples;  certaines  cha- 
pelles ne  s'ouvrirent  qu'une  fois  l'année,  et 
pour  un  seul  jour  (a).  Les  statues  des  dieux  ne 
parurent  que  voilées  (3)  :  leurs  noms  ne  purent 


,  i)  Cbkdtxxa,  dans  son  4"  toI.  (  p.  186*237) ,  analyse 
ivec  noe  sagacité  remarquable  ce  trayail  du  saeerdoce , 
en  l'appliquant  particulièrement  à  Cérès  et  a  Prosarpîne, 
et  eo  ezaminaai  en  détail  les  noms  et  surnoms  donnés 
dsos  les  mystères  à  ces  deux  divinités. 

il)  P^usAsr.  Bœot.y  24. 

(3)  Il  y  avait  en  Grèce  plusieurs  statues  que  les  pré- 

a. 


20  l>ELÂK£LIGIOir, 

être  révélés  sans  crinie  (i);  Comme  toute  es- 
pèce d'exclusion  participe  du  mystère ,  souvent 
certaines  classes  furent  exclues  de  certaines 
cérémonies,  quelquefois  tout  un  sexe  en  fut 
banni.  De  même  que  les  femmes  des  Germains 
et  des  Scandinaves  avaient  des  rites  qui  leur 
étaient  réservés,  les  Grecques  eurent  leurs 
Thesmophories  où  les  hommes  n'osaient  pé- 
nétrer sous  peine  de  mort ,  les  Romaine^  leurs 
fêtes  de  la  bonne  déesse,  devenues  fameuses 
par  la  violation  de  cette  règle  et  le  sacrilège 
de  Claudius.  Tous  ceà  mystères  consistèrent 
primitivement  en  représentations  dramatiques. 
Dans  les  Thesmophories,  auxquelles  on  attribua 
plus  tard  des  significations  si  variées  et  si  pro- 
fondes ,  Cérès  parut  voilée ,  servie  et  consolée 
par  des  femmes.  Triptolème  agitait  sa  lance, 
et  Céléus  mesurait  la  terre.  Aux  pieds  de  la 


très  seuls  avaient  le  droit  de  Toir,  la  Minerve  d'Athènes» 
la  Diane  d'Éphèse,  etc.  On  les  disait  tombées  du  ciel. 

(i)  Cette  réticence  sur  les  noms  des  dieux  faisait  par- 
tie des  mystères  de  l'Egypte ,  et  il  est  remarquable  que 
rEdda,en  parlant  de  la  naissance  du  géant  Tmer,  évite 
de  nommer  le  dieu  par  la  puissance  duquel  ce  géant  fut 
formé.  (Ëdda,  a*  fable.) 


LIVRE     XIII,    CHaBITBE   III.  ai 

déesse  étaient  le  trépied,  emblème  ternaire,  la 
chaudière  qui  rappelle  le  chaudron  des  Drui- 
des, le  miroir  mysticjue  sur  lequel  nous  aurons 
a  revenir ,  symboles  sacerdotaux  étrangers  (i). 
Mais  en  $*e£forçant  ainsi  de  cacher  sous  des 
pompes  empruntées  le  vide  des  institutions 
qu'ils  fondaient  en  Grèce ,  les  prêtres  s'appli- 
quèrent à  remplir  ce  vide  ;  ils  travaillèrent  à 
faire  entrer  dans  ces  institutions,  qui  dépen- 
daient d'eux,  tout  ce  qui  était  repoussé  par 
Tesprit  indépendant  du  cultç  national ,  les  usa- 
ges y  les  rites ,  les  dogmes  sacerdotaux. 

'  Décrire  leurs  efforts  sur  chaque  objet 
en  particulier,  serait  nous  jeter  dans  une  nar- 
ration qui  dépasserait  toutes  les  bornas  de  cet 
ouvrage;  car  pour  déterminer  seulement  la 
date  de  l'introduction  de  chaque  opinion  ou 
de  chaque  cérémonie  dans  les  divers  mystères 
des  Grecs,  il  faudrait  des  discussions  qui  n'au- 
raient point  de  terme ,  et  probablement  point 
de  résultat.  Nous  nous  bornerons  donc  à  prou- 
ver le  fait,  en  montrant  que  dans  les  mystères 
toctes  les  hypothèses,  ainsi  que  toutes  les  prati* 


(i)   V.  le  vase  antique  de  la  collection  de  Lanzi. 


Sl4  i>K    LK    RELIGlOir, 

Les  prêtres  du  polythéisme  sacerdotal  adop- 
taient dans  leurs  représentations  dramatiques 
le  costume  de  leurs  dieux,  et,  parcourant 
toute  l'échelle  de  leyrs  çonceptionjs  accumu- 
lées, tantôt  se  travestissaient  en  animaux, 
tantôt  imitaient  de  leur  mieux  l'éclat  éblouis- 
sant  dont  brillent  les  astres.  Nous  retrouvons 
dans  les  mystères  de  Samothrace  et  ailleurs 
des  déguisements  du  même  genre  (i).  Ceux 


'■^-  •  —  ^^fc« 


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tète  de  taareau ,  était  fils  de  Jupiter  et  de  Perséphoné. 
Il  est  parlé  de  ce  Bacchus  difforme  dans  Pansanias^ 
cité  par  Euskbe  (  Pr»p.  ev. ,  Y,  36  ).  Bacchus  reprenait 
tuftsî  aea  ailes  dans  les  mystères  •  sous  lie  nom  de  Bac- 
chus Psi  las.  On  le  voit  ainsi  dans  les  monuments  d*Her- 
culanuro.  Ces  deux  attributs ,  qui  rappelaient  TenfaDce 
de  Tart ,  exprimaient ,  le  premier ,  une  notion  as- 
tronomique  ;  le  second ,  la  régénération  de  l'ame  et  son 
retour  au  ciel.Cérès,  dans  les  mystères,  était  armée  d'une 
épée,  comme  en  Perse  Diemschid  d'un  poignard.  Le  Sa- 
turne ou  Hercule  Orphique  avait  également  une  tète  de 
lion  ou  de  taureau ,  avec  des  aiks  et  un  corpa  d'homme. 
(i)  Dans  les  Panathénées,  un  prêtre  représentait  Bac- 
chus. Cette  adoption  du  costume  et  en  même  temps  du 
nom  des  dieux  par  les  prêtres ,  a  produit  une  grande 
confusion ,  tant  dans  les  fables  de  la  religion  publique 
que  dans  les 'mystères.  11  est  presque  impossible  de  dis- 
tinguer les  prêtres  d'arec  leurs  dieux,  rhistotre  des  dieux 


LITRK    XIII,   CHAPITaE    IV.    ^        af> 

qui  se  font  recevoir  aux  Léontiques  (i),  dit 
Porjiliyre  (a) ,  revêtent  différentes  formes  de 
bétes  farouches,  ou  tracent  sur  leurs  vête- 
ments ces  diverses  figures  (3). 

Le  caractère  de  plusieurs  divinités  mysté- 
rieuses est  double  ^  comme  celui  des  divinités 
indiennes.  Cérès ,  de  même  que  Bhavani ,  est 


de  celle  de  lenn  prêtres.  Dans  les  mystères  Idéens,  par 
GLeiii]^e,  Jasion  est  nn  dieu  :  danacenx  de  Samothrace, 
c'est  un  prêtre.  Une  fable  postérieure  réunit  les  deux  tra- 
ditions ,  en  donnant  à  Jasion  pour  femme  Cérès  et  pour 
doi  Tapothéose. 

(i)  Antre  nom  des  Mithriaqnes. 

(2}  Poara.  de  Abst.,  IV,  16. 

(3)  Parfois,  mais  rarement,  ces  déguisements  pas- 
laient  des  mystères  dans  les  rites  publics.  Le  Scholiaste 
mannscrit  d'Aristide  (Orat.  Panath.  éd.  lebb.,  p.  96)  re- 
marque qn'anxBacchanaleSy  un  prêtre  remplissait  le  rôle  de 
Baccboa ,  un  autre  celui  d'un  satyre.  Dans  VALsains  Fla- 
ces  (  Argonaut. ,  II ,  264  et  suiv.) ,  Hypsipyle  revêt  son 
père  au  costume  de  Bacchus.  Ces  usages  furent  transpor- 
tés à  Rome,  dana  les  Cévéales  et  dans  lesilsiaques.  Com- 
mode parut  lui-même  dans  une  fête  avec  la  tête  d'Anubis 
LàXFaiD.  in  Commodo ,  cap.  9)  ,  et  on  lit  dans  les  notes 
àt  Casaubon  des  Ters  adressés  à  un  consul  qui  s'était 
montré  ainsi  publiquement  dans  une  cérémonie. 

Teqne  dono  patria  pictam  eniii  fascibna  «nte, 
HoBC  qvoque  c«m  n«tro  lacitiB  portaré  raniiiHii. 


i 


a6  D£   LA    RELIGION, 

tantôt  protectrice,  sous  le  nom  de  Leucothée(  i  \ 
tantôt  furieuse,  sous  celui  de  Cérès  Érynnis. 
On  a  nié  les  sacrifices  humains  'pratiqués 
dans  les  mystères,  et  l'on  a  soupçoni^  de  ca- 
lomnie  les  chrétiens  qui  avaient  imputé  à 
leurs  adversaires  ces  rites  odieux.  Mais  indépen- 
damment du  témoignage  des  historiens  et  des 
pères  de  l'Église  (a),  celui  de  Porphyre  (3), 
qu'on  ne  peut  soupçonner  d'un  motif  de  haine , 
est  positif  et  irrécusable.  Dans  les  Dionysies, 
dit-il,  à  Cliio  et  à  Ténédos,  un  homme  était 
immolé  en  mémoire  de  la  fable  de  Bacchus , 
mis  en  pièces  par  les  Titans.  Il  était  si  no- 
toire ,  du  temps  d'Adrien ,  que  les  Mithriaques 
étaient  souillés  par  des  rites  pareils,  qu'il  crut 
nécessaire  de  les  prohiber  expressément.  Ils 
subsistèrent  malgré  sa  défense,  et  les  victimes 
servaient    aux   extispices  (4).   Une   ancienne 
tradition,  à  laquelle  Euripide  se  réfère ,  fixe  le 
sacrifice  d'une  fille  d'Érechtée ,  précisément  à 
l'époque  où  les  mystères  d'Eleusis  furent  in- 


(i)  CicBR.  de  N.  D.  III,  19;  OviD.  Fast.,  VI,  545 
(a)  SoGRAT.  Hial.  ecclés.,  III,  a. 

(3)  DeAbst.,II,  56. 

(4)  Photius,  BibL  1446. 


LIVRE     XIII,    CHAPITRE    IV.  27 

stitués(i).  Si  nous  pouvions  admettre  Tasser- 
tioD  de Lampride (a),  quHls  n'ofitaient  qu'une 
représentation  de  ces  sacrifices  sans  effusion 
de  sang,  ce  n'en  serait  pas  moins  une  confor- 
mité frappante  avec  le  polythéisme  sacertlotal , 
où  ces  représentations  avaient  toujours  lieu , 
lorsque  radoucissement  des  mœurs  ne  per- 
mettait pas  la  réalité. 

Les  purifications,  si  usitées  chez  les  na- 
tions soumises  aux  prêtres  ,  ne  Tétaient 
pas  moins  dans  les  rites  mystérieux  trans- 
plantés en  Grèce ,  et  ces  purifications  étaient 
du  même  genre.  Tantôt  on  faisait  passer 
les  profanes  entre  des  brasiers  ardents  on 
des  bûchers  enflammés  (3);  tantôt  on  les 
suspendait  en  Tair,  pour  que  le  souffle 
des  vents  emportât  leurs  souillures  (4)  ;  tan- 


(i)  Euaip.  Phén.,  860-861;  Pausan.  Auic.,.38.  y. 
inssi  Caeutzek,  pour  les  sacri6ce8^  humains  dans  les  M^- 
ibritqnet.  H,  aig.  .,    .  ,  :         ! 

fa)  Làjcpr.  in  Comm ... 

y})  GoAiy  M08.  £trusc.,  1(  Pausait,  Bœot.,  ao. 

^4)  ViijGix*^  Énéid.,»  VI.  Noud^^i'avona  pas  rJbabiHwlc 
<ie  citer  des  auteurs  romains  en  prenve  d'usages  ^recs; 
ei ,  par  exemple ,  nous  nous  garderions  bien  d*appuyer , 
comme  certains  érudits  français,  dp  r^utorité  de  Vir-^ 


I 

/ 


a8  DÇ    LA    HELIGION, 

tôt  on  les  arrosait  d'une  eau  consacrée  (i). 

L'idée  de  purifications  est  naturellement  ac- 
compagnée de  Fint^diction  de-  certains  ali- 
ments, considérés  comme  immondes  (9).  Celte 
interdiction  se  trouve  également  dans  les  re- 
ligions sacerdotales  et  dans  les  .mystères  (3). 

Il  y  avait,  chez  les  peuples  gouvernés  par 
les  prêtres,  des  animaux  dont  il  était  défendu 
de  se  nourrir,  non  qu'ils  fussent  impurs,  mais 


gîle,  nos  assertioDa  anr  l'enfer  d*Hoinère.  Mais  on  aait 
que  tout  ce  que  dit  Anchise  à  Énéç.  dans  le  6^  lÎTre  de 
l'Énéide  ,  est  une  description  des  mystères  ëtablia  en 
Grèce. 

(i)  Toutes  ces  cérémonies  tenaient  à  un  dogme  înhë* 
rent  aux  religions  sacerdotales,  et  qoe  nous  prenons  tout 
à  l'heure  devenir  la  base  et  le  principe  fondamental  des 
mystères,  celui  du  retour  au  ciel  des  âmes  purifiées. 
Dionysus  était  d'ordinaire  le  grand  purificateur.  Ce  dogme 
était,  en  effet,  le  pins  nécessaire  au  pouvoir  des  pré* 
très.  On  sait  quel  parti  l'Église  romaine  en  tira  jusqu'à  la 
réforma'tion.  Podr  llnculquer  davantage,  on  représentait 
les  punitions  de  Tame  aux  enfers. 

(a)  Dion.,  n,  4;  PAUSàV.,  I,  38;  Attic,  37. 

(3)  Apul.  Mét.|  X;  pAusàv.,  Arcad.,  i5;  Porphtr. 
de  Abkt. ,  IV,  16.  Les  fèves  proscrites  en  Egypte  étaient 
repoussées  des  Éleushiies.  A  .£xone, bourg  de  i'Attiqae, 
on  n*osait  pas  manger  d'un  certain  poisson,  parce  qu'il 
était  regarde  cùmme  sacré  dans  les  mystères. 


LIVRE     XIII,    CfiÀ.PlTRE    IV.  29 

à  cause  de  certains  dogmes ,  qui  étaient  venus 
sanctionner  le  respect  qu'avaient  conçu  pour 
ces  animaux  les  peuplades  encore  fétichistes. 
Les  Syriens  s'abstenaient  de  poisson,  parce 
que  tes  poissons  avaient  été  leurs  fétiches  (  i  )  ; 
et  leurs  prêtres  donnant,  comme  toujours,  un 
motif  abstrait  à  une  superstition  vulgaire ,  ex- 
pliquaient cette  abstinence  par  leur  cosmogo- 
nie, qui  faisait  de  la  mer  un  élément  .sacré , 
et  des  poissons  ses  habitants  une  race  sacrée 
comme  elle  (a).  La  même  privation  était  or- 
donnée à  Eleusis. 

Le  renoncement  aux  plaisirs  des  sens ,  hom- 
mage que  le  polythéisme  sacerdotal  rend  par- 
tout à  ses  dieux  jaloux,  était  un  des  devoirs 
prescrits,  tant  aux  initiés  qu'aux  hiérophantes 
qui  les  recevaient  :  celui  d'Eleusis  était  obligé 
à  la  continence  dès  le  moment  qu'il  entrait  en 
charge  (3).  Les  prêtresses  des  Diouysies  à  Athè- 


(i)  Y.  t.  m,  p.  ^39. 

(1)  DfODOR.,  II9  4»  Pausan.  38. 

(3)  AmBiAV.  in  Epictet.,  III,  ai.  H  buvait  de  la  ciguë, 
pour  rendre  cette  piÎTatîon  moins  rigourease.  Le»  pré- 
ïade  Diane,  à  Éphèse,  étaient  astreints  à  la  chasteté 
et  à  des  jeânes  pendant  un  an.  Les  prêtres  et  les  pré- 


% 
I 


3o  0£    LA    RELIGION, 

nés  juraient,  entre  les  mains  de  la  femme  de 
Tarchonte  roi,  qu'elles  étaient  pures,  knéme 
de  tout  commerceavec leurs  époux.  Déraosthène 
nous  a  conservé  la  formule  du  serment  qu'elles 
prêtaient  (i).  Les  Â.thénienne8  qui  se  prépa- 
raient aux  Thesmophories  s'éloignaient  du  lit 
conjugal,  et  cette  séparation  d'avec  leurs  maris 
devait  être  de  quelque  durée  (a),  puisque 
Athénée  nous  indique  de  quelles  herbes  elles 
se  servaient  pour  la  supporter  avec  moins  de 
peine  (3).  Celles  qui  avaient  la  surintendance 
des  cérémonies  devaient  n'avoir  jamais  été 
touchées  par  un  homme  (4)-  Le  célibat  était 
commandé  dans  les  grades  les  plus  relevés 


tresset  de  Diana  Hymnia  en  Arcadie,  se  soumettaient  aux 
mêmes  obligations  pendant  toute  leur  Tie.  (PàusAir.,  Ar- 
cad.,  i3. 

(i)  Dbmosth.  contra  Neaeram.  Ce  serment  n'était  pas 
imposé  seulement  aux  prêtresses,  maïs  à  tontes  les  femmct 
admises  aux  mystères  de  Bacchus. 

(a)  Probablement  de  neuf  jours. 

(3)  Hestch.  in  t^  xvtupoC;  Pun.,  Hist.  nat.,  XIV,  9; 
DioscoK.,  I,  i36;  Muav.  de  Animal.,  IX,  a6;  Scbot 
Thëocr.  Idyll. ,  IV,  a5  ;  Plut,  de  Isid.  69. 

(4)  Propres  expressions  de  Lucaia,  qui,  pour  mieux 
faire  ressortir  ce  fait,  les  pppose  aux  Hélaires,  faisant 
trafic  de  leurs  charmes. 


LIVRB    1L1II,   CHAPITRE    IV.  3l 

des  Mithnaques  (i)  :  enfin,  une  chasteté  in- 
violable est  enjointe  par  Isis  à  Apulée  (a). 

Par  une  suite  naturelle  de  ce  devoir  im- 
posé aux  hommes,  plusieurs  des  dieux  ho- 
norés  dans  les  mystères  étaient  nés  d'une 
vierge  (3), 

La  valeur  attachée  à  la  continence  n'excluait 
point  Tadoration  des  oi^anes  générateurs.  Leur 
iiîmulacre   avait  été  introduit  par    les  Pela- 


,  i]  Tz&TULLiEir  (  de  Praescrip. ,  140}.  Cabutze&  établit 
aae  distinction  entre  les  Mithriaques  introduits  à  Rome, 
et  les  anciens  mystères  de  Mîthra  en  Perse  fil,  114-217). 
Les  premiers ,  suivant  Htde  (de  Rel.  Pers^^,  ne  furent 
jamais  célébrés  dans  cette  contrée.  Ils  ne  furent  connus 
des  Romain's  qu*après  la  victoire  de  Pompée  sur  les  pira- 
tes de  r Asie-Mineure  (  Plut,  in  Pomp.  )  ;  et  même  les  ins- 
criptions qui  en  parlent  ne  remontent  pas  au-delà  de 
Constantin.  (  FaiaET  y  Ac.  Inscr. ,  XYI ,  267  et  suiv.  )  Les 
pères  de  l'Église  ne  Toyaiént  dans  les  Mithriaques  que 
^  cérémonies  empruntées  du  christianisme  pour  soute- 
air  le  polythéisme  expirant.   Mais  c'était  au  contraire 
oae  religion  sacerdotale,  transportée  à  Rome  sous  la 
ferme  de  mystères,  aTant  le  triomphe  du  christianisme, 
ft  qui  ne  fut  pas  sans  une  "influence  fâcheuse  sur  cette 
■  royance. 

2)  Ap.  Met.,  XL 

"Vi  Silène,  par  exemple. 


9^  bE   LA    RELIGION, 

j^  à  Samothrace  (i)  :   Ton   montrait  aux 
Thesmophories  la  représentation  du  Ctéis  (a). 
Les  Canéphores  des  Dionysiaques  portaient 
dans  la  corbeille  sacrée  le  phallus  qu'on  ap 
prochait  des  lèvres  du  récipiendaire  (3);  et, 
par  une  conformité  minutieuse,  mais  d'autant 
plus  importante  à  remarquei:,  ce  phallus  était 
de  bois  de  figuier  (4) ,  tandis  que  les  figues 
sèches,  et  d'une  forme  analogue,  étaient  chez 
les  Perses  un  symbole  religieux  (5).  Ce  fut  par 
les  mystères  liCrnéens,  qui  se  .célébraient  en 
Argolide  en  l'honneur  de  Bacchus ,  que  s'in- 
troduisit l'usage  de  planter  des  phallus  sur  les 
tombeaux  (6)  :  il  y  fut ,  comme  en  Egypte , 
Temblème  de  la  force  productrice,  qui  tire  la 
vie  de  la  destruction,  et  en  même  temps  celui 
de  l'immortalité  de  l'ame  et  de  la  métempsy- 
cose (7). 

(i)  HiaoDOT.,  II,  5i. 

(a)  THioso&ET,  Serm.,  VII  et  XII. 

(3)  THioooEET,  Theràpeat.  Ditput.,  I. 

(4)  TaioDOAET,  Serm.,  Vit. 

(5)  pLUTAacH.y  Â.rtaxerxes.  Le  figuier  était  consacré  à 
Mithras  dans  ses  mystères.  On  y  sacrifiait  un  pourceau 
comme  en  Egypte. 

(6)  PàusAV.,  Corinth.y  37. 

(7)  Cbbutz.  ,  Dionys. ,  p.  a36  et  suiv. 


rLIVRE    Xllly    GHA.PITRE    IV.  33 

Ce  calte  secret  était  accompagné  en  Grèce , 
comme  la  religion  publique  chez  d'autres  na- 
tions, des  cérémonies  les  plus  licencieuses  (i). 
Déjeunes  filles,  le  sein  découvert,  formaient 
des  danses  obscènes  aux  fêtes  d'Adonis  (q).  La 
débauche  qui  souillait  ces  fêtes  est  décrite 
complaisamment  par  Ovide  (3),  amèrement  .par 
lavénal  (4) ,  et  celle  des  mystères  Sabaziens 
fôt  déplorée  pathétiquement  par  les  premiers 
Pères  (5).  i 


.1 


(i)TnÉoca.,Idyll.,XV. 

(ft)  C'est  £iate  d'avoir  distingué  le  culte  poptftaife  et 
b  mystères  qu'on  savant,  d'mllenrs  très-recommailAa- 
ble,spo  écrire -ces  paroles  si  injustes  :  «  L*}ie!)ëiii^hie 
«neooaaistaît,  en  ffoéral,  quVtt  tradiviôui  HlisilHles '«it 
< Kandaleuses,  en  nies  impies  ou  îtapurs,  enfêtéaf^dë- 
•  «olnpcé  ou  de  délice.  »  (  SAntra-Ciioix ,  Redierehes  stit 
les  ayst.  du  pag.,  édit.  de  M.  ^iVesttie  de  Sacy,  I ,  ^'.) 

(3)  De  Art.  amand.,  I,  75.  Poni<  eaptiqtier  éoUtsiméfnt 
iOQi  citoas  ici  Ovide,  nous.  ntppekHis  au  lectetiVUà 
>ote  «  dé  la  page  S7^  .    ..  ^;.; 

(4)  JintiHAi.,  S«t..VI,  .  'i  ^»  *-•  ••• 

(5)  Cubmrv^'AziEX.  et  autres.L'Auhilaria  de  f^.àvTt 
T^le  sur  les  aventeres  d'une  filte  devenue  grosse  d«ns 
«eiikeuiystérieaae.  L'élévati<Ni  du  Phallus,  usltéé-dtfiis 
^«ystères,  était  uik  rite  égn^tien,  apporté  en  Qi^ée  par 
llâuipe.  (Saihte-Ceoix,  des  Myst. ,  p.  17.)  Les  ilidé- 

r.  3 


34  ^^  L^    RELIGION, 

Les  divinités  hermaphrodites  qui ,  dans  la 
langue  scteatifique  des  prêtres,  sont  rernUème 


cences  du  culte  de  Baccbus  à  Sicyone  (Batle,  art.  Ba(- 
chus),  robscénité  de  celui  de  Cérès  et  de  Proserpine  an 
Sicile  (DiOD.,  V,  4),  où  la  grossièreté  des  paroles  était 
firestrite,  parce  que  c'était  ainsi,  disaivon,  qu'on  avait 
arracM  un  sourire  à  la  déos#e  an  désespoir,  rialtfDiadfs 
mystères   Sabaziens    (Cic,   de  Nat.    Dkor.  ,  III,   i3; 
Saintb-Cboiz,>  437-439),  sont  des  faits  authentiques.  La 
fable  de  Pasiphaé  ,  représentée  dans  les  mystères  de  $a> 
mothrace ,  était  la  transplantation  des  plaisirs  contre  na- 
ture que  nous  avons  yu  faire  partie  des  cultes  sacerdo- 
taux. «   Ce    que    les  mystères'   d'Eleusis  ont   de  plas 
saint,    dit  Tertullien  (adv.  Valent.*),  ce    qw  est  si 
aoi§|i0iMeaient  cacb^  ,    ce  qu'on  n'est  «dsiis  à  con- 
naître que  fort  tard ,  c*est  le  simulacne  du  Phallus.  » 
Un  passage  de  Clément   d'Aleaapdffw,   dans  £vsâbe, 
proiiy^  quecesîoaUlutianai  oà  les  modernes  ont  ohetohé 
l>m^)ii9r4tion  delà  morale  et  èa  puietëdu  théîioie,  réu- 
ssissaient la  férocité  et  lu  licence.  «1  Yeèx-hi,  dtt41,  voir 
1^  frgies  des  Coryhanttos?  lu  n'y  verras  qu'assassinats, 
tombeaux  y   laaientatiooa  des  prêtres,-  Jea  parties  nar 
turelles  de  Bacchm.  égorgé,  portée»  dans  ane'caiaaeet 
présentées  à  l'adoration.  Mais  ne  t'étomiepaé  si  les  Tos- 
cans barbares  ont  un  culte  si  hontèuk.  Que  dîraUjè  dt% 
^thén^m  et  des  «utres  Oracs ,  dans  ienra  warf8Èèt€8  de 
Q^méier  ?  »  Notea.  que  L'tiutaar  parle  ém  culte  des  Toscans 
^  gén4f«l ,  par  eOQséqiicat  de  leur  onke  |>ublk ,  et  que, 
relativement  aoa^  Greçsv  il  parle  sealensent  de  leurs  mys- 
tères. , .  .V        .  ■  ■       • . 


\ 


LIVRE    Xllï^    CHAPITIIK    IV.  35 

de  la  force  créatrice ,  ou  de  la  réunion  des  deux 
principes  actif  et  passif,  reparaissent  dans  les 
mystk^.  Les  Dtoscures,  à  Samotfarace  (i), 
Bacchus ,  dans  les  Dionysies ,  sont  revêtus  des 
attributs  des  deux  sexes  (&)  ;  et  le  lièvre  au- 
quel  les  anciens  attribuaient  le  même  privi- 
lège (3) ,  figure  toujours,  comme  le  symbole  de 
Baocfaas,  à  Tentrée  de  sa  grotte,  sur  les  vases  qiii 
servaient  bu  faisaient  allusiop  aux  Bacchanales. 
IdoDÎs  est  invoqué  comme  étant  à4a^fois  une 
jeune  vierge  etun  ad€^escent(4).Lacombinaison 

(ij  Ltous,  de  Mentib. ,  65. 

()j  Le  Baochas  Stbauen.  Aautid.  Orat.  in  Baccho. 

haMnkTEy  yit.  Apollon.,  III,  3^.  On  voit,  danftMu«^iK 

Pont,  des  vas.  antiq.,  I9  77  ),  Bacchus  en  hermaphrodite 

«lé.  Dans  lUe  de  Cos ,  on  l'adorait  comme  hermaphro^ 

<iite,  avec  le  samom  de  Bri^éis. 

(^]  Cli^m.  Alex.  Pédag.  a.  Les  modernes,  observateurs 
pins  eiacUy  oot  rédait  le  prMMg^  4n  lièvre  à  des  facol- 
^  non  iMNva  dëaiivifales ,  "mw  moinf  j^^iracttléa^es. 

\4)Ltimis  (de  Measib.,  g%)  dit  jqm^  dap^  les  my^r- 
^  d'Hawiile»  ks  prêtres  «settaidAt  dies  bMx»  de  ie.m- 
*(t ,  «I  «e  réfétanl  à  Nkomaque ,  qiii  «avait  4cnt  siv  le» 
te  Igyptîmuies»  iH  inâJc^Kf  que  cette  coatnme  venait 
%yptc»  Ptir  na^  sUigatme  extension  de  cette  nation 
•fttiqiiev  me  des  plante»  foi  servaient  aux  Thesipo- 
f^Kvies,  l'aftphodèle,  piMSiaiS  pour  hermi^brodite  (Diofi- 

3. 


36  D£    LA    RKLKÎIOV, 

de  ces  deux  principesestencore représentée soas 
un  autre  emblème,  celui  d'un  mariage  entre  le 
frère  et  la  sœur,  et  l'on  a  vu  (i)  que  les  deux 
divinités  supérieures  des  peuples  soumis  aux 
prêtres  avaient  presque  toujours  entre  elles 
cette  relation.  Il  est  vraisemblable  que  la  my- 
tholo^e  populaire  avait  emprunté  de  ces  tra- 
ditions sa  fable  du  mariage  de  Jupiter  et  de 
Junon;  mais,  ce  qui  est  sur,  c'est  que  cet  in- 
ceste cosmogonique  était  la  base  des  Diony- 
siaques. Jacchus  et  Proserpine,  Coros  et  Coré, 
Liber  et  Libéra,  sont  à-la-fois  frère  et  sœur, 
époux  et  épouse.    . 

Passons  jnaintenant  des  rites  (2)  aux  opi- 
nions. 


(i)  T.  III,  p.  55. 

(a)  Si  nons  n'avions  craint  de  noua  livrer  à  trop  de 
détails, noua  aurions  indique  dana  les  mystères  des  dévia- 
tions du  coite  public,  toujours  destinées  à  rendre  plus 
exacte  l'imitation  des  rîtes  sacerdotaux.  Ainsi ,  pour 
n'en  citer  qu'un  exemple,  le  bouc  était  la  victime  ordi- 
naire de  Bacchua  :  maia  lea  mystérea  remplaçaient  le 
bouc  par  te  pourceau,  parce  que  tel  était  l'usage  de  VÈ^ 
gypie.  Les  Égyptiens,  dit  HiiaonoTB  (II,  47-48),  regar«>| 
dent  ces  animaux  comme  impurs,  et  ne  les  offrent  en 
sacrifice  qu'à  Bacchus  et  a  la  lune. 


LIVRS    Xlir,   CHAPITRE    IV.  Z*] 

Chez  les'  nations  sacerdotales,  toutes  lès 
sciences ,  toutes  les  découvertes ,  toutes  les 
améliorations  décisives  dans  la  situation  de 
l'espèce  humaine  étaient  attribuées  aux  dieux. 
Les  prêtres  des  mystères  s'empressèrent  d'as* 
signer  à  toutes  ces  choses  une  origine  qui 
rapportait  à  la  religion  le  mérite  de  tout  ce 
qu'il  y  a  d'utile  dans  les  métiers,  de  beau 
dans  les  arts,  de  sage  dans  les  lois.  Les  inys- 
tères  des  corybantes  retracèrent  l'invention  de 
Fagriculture  (i),  ceux  des  curetés,  les  pre- 
miers essais  de  la  navigation  (2),  ceux  des 
dactyles,  la  fusion  des  métaqx  (3).  Des  rites 
rebutants  et  grossiers  se  transformèrent  en 
symboles  profonds  et  sublimes.  Les  bacchantes 
dans  leur  délire  déchiraient  les  animaux  qu^elles 
rencontraient,  et  dévoraient  les  lambeaux  de 
leur  diair  palpitante  (4).  Ce  repas  horrible  de- 
vint la  commémoration  du  passage  de  la  vie 
âauTage  à  l'état  social.  T^s  initiés  aux  Dio- 


•  i)  Varbo,  ap.  Auo.  de  Civ.  Dei ,  VU ,  ao-i4- 

{%)  D10D.9  y,  48;  CoKOv,  narrât.  9  XXI;  Tzitzes  ad 

Lyoophr.  ,7^* 
\)  DiOD.,  V,  64. 
'f^  EvmmD.,  Baock.,  139. 


38  Oft    LA    RKLIGIOJI, 

iiysiaqtic»  inaDgeaienI  dans  une  fête  particu* 
liêre  de  b  chair  crue ,  en  mémoire  de  la  bar* 
barie  i  laquelle  les  hommes  ëlaîeiil  réduîta, 
avanl  que  tes  préltes  ne  les  eussent  cînlî* 
ses  (  1  >  L*MistilutioB  des  lois  valut  i  Cérè» 
Tépithèle  dft  législalrîce  (:i) ,  qu*oo  donnak  a 
Thémis  dans  d'autres  mystères  (3).  L*unîon  de 
la  médecine  et  de  b  religion  était  célobrée  (/|  i. 
ÎJt%  ooroes  de  Bacchus  furent  remblème  des 
taureaux  attelés  à  b  charrue  (5;,  et  son  corp» 
<léchiré,  celui  du  raisin  arraché  de  la  vigne  e 
brisé  sous  le  pressoir  '6). 


'^i)I>io».,  V»  7S;CaA«.  Alsji.  ColMct. Oaioàiis esaUr 
OIts,  IT;  ErirsAii.  mIv.  Hmrrû.  Macaor.  Somii.  Sa- 
pion.  I,  11. 

(«1  Cérès  TlM«nioplior#  H  HimommIm^.  HttYca.  v* 
<IHMtn<>  ViaaiusppHU  Cârt$  L«fnf«fa«  Lt  MMa  et  IVt»- 
Mopkori«t  rappelle  r^tbliierient  de»  loi». 

(\)  fxtéM. ,  Pnrp.  ev 

•'4  L*«a  de»  Caliîret  ^ail  Kambpe.  L'iaveoiioa  de  U 
Biédecine  4tsil  surilwéc  avi  dieoi  daat  le»  aytl^re», 
csouBe  ett  Êfypie  a  Uu. 

^  CMs  tell  la  IcrM,  Ira  TiUM  te»  vaadsafevr» 
^i  ^craaaieat  le  raiata  et  le  fatsaicst  cair*  :  BWe, 
^f  raaaembbit  tet  aieflilMTa  de  Tefllasi  dtvni  m%% 
tm  p«rcr««  ^laii  ]r  Wn  rompoté  du  !••  dr«  dttrraea  gr«|> 


LIVRB    jrill,    CHAPITBE    1  Y.  39 

V^tBironomie  qui  occupait,  daos-  le  poly* 
théisme  soumis  aux  pjrétres,  une  place  telle 
qu'elle  a  pani  à  plusieurs  savants  constituer 
à  elle  seule  cette  religion ,  ne  poutait  manquer 


pes.  OioiMYBK  adopte  ce  seos  symbolique,  et  après  lut 
Courun»  (de  Nat.  Deor.,  cap.  lo).  Mais  n'oublions  ja- 
mais que  tons  ces  symboles  avaient  plusieurs  sîgnifiea-. 
dons.  DioDoas  même ,  dans  l'endroit  cité ,  ajoute  que 
d'antres  interprétations  de  la  même  fable  étaient  cacbées 
SDZ  profanes.  De  ce  nombre  était  le  sens  astronomique. 
Bladiiis  dMiiré  en  sept  morceaux  faisait  allusion  aux 
Mpt  pknkes.  Ce  qui  le  démonirè  »  c'est  que  d'après  ka 
doignies  orphiques ,  ce  dieu  présidait  à  ebaoune  d'elles 
sous  un  nom  différent  ;  à  la  lune ,  sous  celui  de  Liknitès  $ 
i  Mepcare,  aous  celai  de  Silène;  au  soleil,  sous  celui  de 
Tiîécénqa^;  à  Mars^  sons  celui  de  Baasaréus;  à  Jupiter, 
sous  celui  de  Sabanea;  à  Saturae,  sons  celui  d'Ompbiè^ 
tés.  {GtaMhD.  de  Musis.)  La  même  légende  était  aussi  Tun 
da  cmbtèaaes  de  la  dinte  primitive.  Les  Titans  4  disait- 
sa^  ayant  mis  Bacchus  en  pièces  et  l'ayant  dévoré ,  Ju«* 
piler  iea  foudroya.  Leurs  corps  inanimés  produisirent  la 
matière,  et  de  cette  matière  les  hommes  furent  formés. 
De  cette  origine  résulte  ce  quenos  passions  ont  de  TÎolent, 
degraaaier»  de  féroce.  Nés  de  la  chair  des  Titans,  nos 
corps  ont  conservé  leurs  inclinations  coupables.  Il  faut 
les  punir  de  leur  faute  antérieure  ^  les  laire  souffrir  et  ks 
subjuguer.  (Plut,  de  Eau  Carniumj  OLYMPionoa.  in 
fea^.  Orph. ,  p.  Sog.  )  Ici  s'aperçoit ,  réintroduite  par 
1  edSeaiyté  ezpialoire  de  la  pénitence ,  la  notion  du  mé- 
rite religieux  de  la  douleur. 


4o  Dn    LA    RELIGI1DN, 

d'obtenir  dans  les  mystères  un  rang  propor- 
tionné. Les  danses  sabaziennes, étaient  une  re- 
présentation pantomime  des  mouvements  du 
soleil,  de  la  lune  et  des  planètes  (i ).  L'échelle 
à  huit  portes  était  un  symbole  astronomique^ 
parce  qu'on  y  révélait  que  les  âmes  passaient 
d'une  planète  à  l'autre  en  remontant  aux 
cieux  (a). 


(i)  Plut,  de  Orac.  Def.,  lo.  Les  prêtres  d'Eleusis 
joaatent  dans  les  mystères  le  Me  des  divinités  astrono- 
nUiqaes,  eomme  les  prêtres  égyptiens  ans  fêtes  de  l'É-- 
gypte.  L'Hiérophante  représentait  le  Demiourgos,  le 
Dadouque  le  soleil ,  l'Épibome  la  lane ,  etc.  L'astronomie 
se  joignait  coiùmetonjoars  à  Tasfrologie.  Les  planètes  sont 
appelées  dans  la  sixième  hymne  orphique  les  dispensa- 
trices et  déclaratrices  des  destinées.  En  général ,  tous  Ves 
symboles  de  la  doctrine  orphique  fixent  la  pensée  sur  l'a- 
doration des  corps  célestes.  La  tradition  disait  qu'Orphée 
avait  déclaré  le  soleil  le  premier  dies  dieux.  Les  sept  cor- 
.  des  de  la  l3rre  orphique,  qui  ne  diffèrent  point  de  la  lyre 
égyptienne  de  Thot  ou  d'Hermès  (Spanh.,  p.  117; 
Hemstxbb.  àd  Lucian,  II  ;  FoxaxxL,  Gesch.  det  Musik), 
représentaient  les  sept  planètes.  Leurs  relations  avec  la 
destinée  étaient  «ne  suite  naturelle  de  la  liaison  de 
l'astrologie  avec  le  culte  des  astres. 

(a)  La  même  combinaison  se  retrouve  dans  les  mys- 
tères consacrés  à  Hercule  chez  les  Athéniens.  Hercule 
était  à  la  fois  le  dieu  du  soleil ,  et  celui  qui  présidait  à  l'é* 


LIVRE   Xlfl,  CHAPITRE   IV.  4^ 

La  démonologie  s'y  retitouvait  également  (  i  ). 
La  suite  de  Bacchus ,  qui ,  dans  la  religion  po- 
pulaire, était  effrénée,  licencieuse  et  bruyante/ 
Silène,  Pan,  les  satyres,  Nysa,  les  nymphes 
nourrices  du  dieu,  comme  les  bergères  qui  ont 
nourri  Crischila,  devenaient  des  génies  inter* 
médiaires  :  l'initiation  même  était  personnifiée 
sons  le  nom  de  Télété  ;  fille  de  Bacchus  et  de 
Kicée,  elle  était  la  danseuse  nocturne,  se  ré- 
jouissant dans  les  fêtes ,  et  se  plaisant  au  son 
its  timbales  (a).  L'hymne  orphique  chantée 
daus  les  Dionysies  et  dont  nous  trouvons  des 
fragments  dans  Clément  d'Alexandrie  (3) ,  con- 


pnntion  des  âmes  par  le  feu  et  la  lumière.  (Ltd.  de 

(i)  Noos  reyiéndrons  sar  la  démonologie  des  mystè- 
ns,  quand  nous  traiterons  de  celle  des  nonveanx  pla- 
toniciens, parce  que  ces  philosophes  s*en  emparèrent, 
rt  Tonlnrent  en  faire  une  partie  essentielle  et  l'appui 
Friodpal  da  polythéisme  qu'ils  refondaient. 

(i)  N0N5US ,  Dionys.  VIII,  XI,  Xni.  Cest  pour  cela 
<{w  Pansanias  parle  d'une  statue  d'Orphée  sur  l'Helicon, 
icàtë  de  laquelle  on  voyait  pelle  de  Télété  :  mais  il  n'a- 
;<mte  ancnn  détail,  et  paraît  n'ayoir  pas  remarqué  la 
P^nonnification  très-naturelle ,  qui  plaçait  l'initiation  à 
^lédn  fondateur  supposé  des  mystères.  (Paus.,  Bœol.,  So.) 

{^1  Stromat.  Y,  724* 


4a  1>E   Uè.   RBLJGION, 

tient  toutes  les  traditions  orientales  sur  les 
génies  planant  au  plus  haut  des  cieux  et  des- 
cendant aux  entrailles  de  la  terre ,  pour  gou* 
verner  les  astres ,  les  éléments ,  les  métaux,  les 
plantes ,  protégeant  les  âmes  pures ,  leur  an- 
nonçant l'avenir  (i)y  et  punissant  les  âmes 
corrompues  (a). 

La  métempsycose,  opinion  étrangère,  comme 
nous  l'avons  prouvé,  à  la  religion  populaire  de 
la  Grèce ,  mais  inhérente  à  celle  de  TÉgypte  et 
de  rinde ,  était  Tune  des  doctrines  les  plus  dé* 
veloppées,  et  qu'on  révélait  avec  le  plus  de 
solennité  dans  les  mystères.  On  la  désignait 
énigmatiquement  dans  les  Mithriaques  par 
l'échelle  à  huit  portes ,  dont  nous  avons  parlé 
ci-dessus,  le  plus  secret  et  le  dernier  des  sym- 
boles qu'on  laissât  voir  aux  initiés  (3j.  Elle 
était  combinée  dans  les  Dionysiaques,  comme 
en  Egypte ,  avec  la  notion  du  retour  des  âmes 
vers  la  Divinité. 

Parmi  les  solennités  sacerdotales ,  la  coramé- 


(i)  Plot. -de  Isid. 

(a)  Pboclus  in  Plat. 

(3)  Cels.  ap.  Ori|f.,  VI;  PoapHYA.  dt  abtt.,  IV,  16. 


LIVRE    Xlll,     GHA^ITAE    IV  •     43 

moratîoa  des  boulev^rsera^ifs  de  la  nature 
occupe  une  place  importante.  Dans  les  mys* 
tères,  ces  convulsions  formidables  sont  retra- 
cées sous  l'emblème  de  Vulcain ,  précipité  deux 
fois  du  ciel  dans  la  mer,  se  livrant  durant 
neuf  années  à  des  travaux  souterrains ,  et  ré- 
concilié avec  rOlympe  par  Baccfaus  quiFenivre, 
et  qui,  monté  sur  Tâne  mystique,  sauve  delà 
destruction  le  feu  central  ou  Tame  du  iDonde  (  i  )• 
Le  massacre  -  du  même  Bacchus  figurait',  dans 
les  Dionysiaques,  les  révolutions  physiques(a). 
Aux  dogmes  scientifiques  se  joignirent  suc- 
cessivement des  firagments  de  théogonies  et  de 
cosmogonies  (3).   Silètle  présente  à  Bacchus 


(i)  ÂAifTiD.  ia.  B«cch»  p.  ag. 

(a)  y.  dsmft  Ciixuvasft  dé»  détails  sur  l'iatrodaction 
an  su  4ge5  da  laondt  dan»  les  cosmogonie^  orphiques, 
i  chacun  de  œs  âges  présidait  na  dieu  différent  y  Phanès, 
U  Nuit  y  Uranns,  Siitorne,  Japiteret  Dionysus.  On  re- 
coBDsSt  dans  Japîter  on  point  jou  se  rencontrent,  mais  v>ns 
K mêler,  la  rdigion  populaire  et  la  cosmogonie  oiphi-^ 
qne.  (CaioTZ. ,  lU ,  BaS-^a?.  ) 

3)  La  cosmogonie  cM^plûque  enseignée  dans  Us  mys- 
tact  est  touNâ-fait  empruntée  des  coamogoniél  sacerdo- 


44  t>£  l'A   RELIGION, 

l'œuf  cosmogonique  :  cet  œuf  est,  dans  les 
mystères  comme  en  Pbénicie,  le  grand  tout 


taies.  An  commencemeRt  était  le  chaos ,  incommensura* 
ble»  incréë.  (Clkm.  ,  Kecogn.,  XI.)  Avec  loi  habitait  le 
temps  étemel  9  principe  de  tontes  ohotes»  (^xpucins  in 
Phys.  Arist)  Il  contenait  le  germe  de  tous  les  êtres, 
tontes  les  qnalités,  tons  les  éléments,  mais  en  masse 
informe.  De-là  naqnit  l'Éther  (Suidas,  Toce  Orph.) 
qne  jnsqn*alor8  la  nuit  entourait  .de  toutes  parts  , 
et  qui  a'élançant  de  Tabîme  sans  fond  fit  briller  sur  la 
nature  un  rayon  d'une  clarté  ineffable.  Ce  rayon ,.  le  plus 
ancien,  le  plus  sublime  des  êtres,  est  le  dieu  a  la  connais- 
sance duquel  nul  ne  peut  s'élever,  qui  renferme  tout 
dans  sa  substance ,  et  qu'on  appelle  l'intelligence ,  la  lu- 
mière et  la  vie,  trois  mots  qui  ne  désignent  qn'une  es- 
sence unique.  Le  chaos  prit  ensuite  la  forme  arrondie 
d'un  œuf  monstrueux,  d'où  sortit,  après  bien  des  siè- 
cles, Phanès  le  grand  tout,  l'éclatant  Hermaphrodite, 
avec  la  figure  d'un  dragon  et  deux  têtes  de  lion  et 
de  tanrean.  Des  deux  portions  de  l'œuf  brisé  par 
Phanès,  l'une  devient  le  ciel  et  l'autre  la  terre.  (  Athe- 
NAGOB.  pro  Christ.)  Ces  deux  jumeaux  s'unissent  et  en- 
gendrent les  trois  Parques  et  la  Destinée.  Ici  se  placent 
les  fables  des  Centimanes,  des  Cyclopes,  des  Titans  et 
delà  mutilation  de  Saturne,  et  l'on  démêle  la  relation 
de  cette  cosmogonie  avec  la  mythologie  d'Hésiode ,  puis- 
que Saturne  est  chassé  par  Jupiter.  Mais  cette  mytholo- 
gie, malgré  les  noms  grecs  qui  s'y  introduisent,  n'est 
rien  moins  que  grecque  dans  son  esprit.  Jupiter  viole 


LIVBE   Xlil,   CHAPITES    IV.  4$ 

qui  reuferme  tous  les  élres;  et  le  fils  de  la 
Noil,  Fordonnatettr  des  éléments,  le  premier 


Bhée  ta  mère  sons  la  forme  d*un  serpent  :  Persëphoné , 
aTee  ses  quatre  yenz,  sa  tête  d'animal  et  ses  coroes, 
naît  de  cet  inceste.  Un  second  Tunit  à  son  père ,  et  elle 
eoAnte  Dionysas.  Voflà  bien  des  caractères  sacerdotaux 
réania.  i^  Le  <c]iaoay  a^  la  nnit  primitÎTe,  TAthyr  des' 
i^tiens,,  3*  les  figures  monstroeuses,  4^  1®  temps  sans 
aoracs  ou  le  Zervan  Akcrene  des  Perses ,  5^  la  trinitë , 
^  les  dieux  hermaphrodites ,  7^  leur  génération  par  f  in- 
ceste, etc. ,  8^  IVeof  cotmogoniqne  que  aoas  aTOOs  reo* 
contré  partout.  Dans  les  hymnes  orphiques  (Hymne  or- 
phique à  Proserpine,  XXXI,  i5),  Proserpine  est  invoquée 
ooimie  à  la  fois  là  mort  et  la  vie,  produisant  tout  et 
détraisant  tout.  C*e8t  précisément  ce  que  les  Indiens  dv- 
mt  de  Bbavanî.  Dans  une  auloe  cosmogonie ,  le  ,Dfi* 
BÛOBfgos  confère  avec  Maya,  Tillosioat,  sur  la  focmatioa 
de  ronÎTera,  k  laquelle  s  oppose  Ophionèa,  le  dieu.ser^ 
peat,  le  pendant  d'Arimane*  Voilà  dm  persan  et  de  l'iow 
iKen  combiaési  Dans  nae  troisième  eoamcgonie,  les  p^ 
riodes  du  monde  cacreapondent/  aux  yogs  des  Indieaa^ 
et  la  destruction  par  le  feu  .est. encore  une  doctrine 
indienne.  Les  Hymnes  orphiques  sont  TespressiQn.  à^ 
passage  complet  des. «allégories  «t. cosmogonies  s||cerrr 
dotales,  noua  ne  disons  pas  dans  le  polythéisme  pPRVn 
laire,  eac  elles  n'y  entrèrent  jamais . complet epiien t.  et  aç^ 
iirement,  mena  dans  lai  poésie  tbéologiqofi)  des.myst^s 
Urecs.  Ces  hymnes  étaient  chantés  dana;  les  rites  mj%i^ 
rirax ,  et  raaaeflaUasent  d- uoa  maaiève  mimifeste  aux 
piières  qui  se  trouvent  dans  les  livres  de  Zoroastre  et 


V 


Su  DB    LA    fttLICIOll, 

mal  (f  ;,  leur  offre  la  coupe  de  b  sagc^M»  .  j 
Si  elles  y  boiveni,  régaremenC  se  dissipe,  1 
dësir  du  retour  s'éveille  ;  mais  il  ne  suffit  pas 
l)e  noiirelles  apparitions  dans  ce  monde,  dt*^ 
migrations  (3\  des  purifications  sont  encore 
nécessaires.  I^s  mystères  hAtent  ces  migra* 
lions,  rendent  ces  purifications  plus  efficact*^, 
accordefit  aux  vivants,  avant  le  trépas  et  sur 
ce  globe,  ce  qu'ils  n'obtiendraient  qu'apr<*s  l.i 
mort,  <lans  les  enfers.  Tous  ces  symboles,  Ir^ 
coupes,  le  miroir,  IVgarement  des  âmes  trom- 
pées, la  répugnance,  puis  Taniour,  puis  de 
nouveau  la  fatigue  de  l'individualité,  la  ter- 
reur «le  la  renaissance,  les  efTorts  afin  d*% 
échap|ier,  le  sacenloce  aidant  à  ces  efîort^ 
par  d«*s  révélation<i,  des  lustrations,  d<*s  péni* 


*  _  \ 


i'  LêÊtramciem  mai^  Iror  p^tirhanl  pour  l'individu^- 
lue,  terme  tfch«M|«r  dam  les  «y^téret. 

'«)  Oox  qui  ont  bn  d«ns  cette  coupe,  dit  Merciarr 
TrtMn^iMr  ^ Monts,  S  4    t  quoique  net  nK>rtelt,  dr 
viennent  inunorlels.  Lenr  etprit  tuitit  ee  qui  ett  tur  U 
terre,  dnat  let  mert,  sth-dettut  du  ciel.  Hi  conteaplrai 
te  luen ,  et  cooinie  ilt  ont  clioîti  le  nrilleur ,  ilt  devim 
nrct  dieu 

1)  On  peut  te  rappeler  que  Pindtre  eiige  trois  tnn« 
ff«iifrtliott%,  pour  que  let  aniet  ptnrirnnent  k  la  félin it 
Olymp  ,  Il ,  t^ 


LIVRE    Xlir,    CHAPITRE    IV.  Dl 

tences  et  des  prières  ;  la  délivrance  définitive  y 
le  bien  suprême  consistant  à  ne  plus  rentrer 
dans  un  corps  mortel  (i),  le  ciel  reconquis, 
le  Demiourgos  recevant  les  exilés  dans  son 
sein,  d'où  jamais  ils  ne  doivent  ressortir; 
toutes  ces  notions  sont  égyptiennes,  persanes, 
et  surtout  indiennes  (a). 

Le  miroir  mystérieux  est  le  pendant  de  la 
Maya  de  l'Inde,  et  il  est  à  remarquer  que 
Proserpîne ,  en  sa  qualité  de  créatrice  ou  de 
nourrice  des  êtres  individuels,  est  aussi  ap- 
pelée Maya  (3). 

En  même  temps,  ces  dogmes  sur  les  âmes, 
sont  liés  avec  le  système  que  Bacchus  est  le 


(x)  Nous  connaissons  par  Proclus  (in  Plat.  Tîm.),  la 
prière  orphique,  tendant  à  fermer  le  cercle,  à  respirer 
4près  Tangoisse,  c'est-à-dire  à  ne  plus  rentrer  dans  un 
corps  mortel. 

(i)  Un  rapprochement  assez  singulier  et  qui  mérite 
<{iielque  attention,  c'est  qu'on  retrouTe  dans  la  mytho- 
logie du  pays  de  Galles  le  pendant  de  la  coupe  de  l'unit^ 
oà  le  Demiourgos  broie  les  cléments  de  l'univers;  la  coupr 
de  Céridwen  réunit  les  substances  qui  composent  tous 
la  êtres,  n  se  pourrait  aussi  que  la  coupe  du  saint  Graal , 
qui  contenait  le  sang  de  J.-C,  et  qui  est  célèbre  dans 
Bos  romans  de  <^evalerie,  fut  une  réminiscence  des  cou- 
pes mystiques. 

(î)  PoapRTft.  de  Absl. ,  IV,  i6. 

4. 


^■2  UE    LA    RELIGIOR, 

soleil,  (l'ui'i  résulte  une  double  explication, 
astronomique  et  métaphysique ,  et  le  système 
astronomique ,  par  une  suite  de  subtilités  que 
nous  omettons,  s'applique  de  nouveau  à  la 
destinée  des  âmes. 

Sous  un  certain  rapport ,  cette  doctrine  épu- 
raloire,  tant  des  religions  sacerdotales  que  des 
mystères,  a  quelque  chose  d'assez  beau;  mais 
n'oublions  pas  que,  d'une  part,  elle  n'empê- 
chait point  les  prêtres,  partout  où  Hs  domi- 
naient, de  tenir  leurs  esclaves  dans  l'abrutis- 
sement et  dans  l'ignorance,  et  que,  de  l'autre, 
elle  a  été  embellie  par  l'imagination  grecque, 
dont  le  sacerdoce  de  la  Grèce  ne  pouvait, 
malgré  ses  efforts,  toujours  se  défendre. 

Enfin,  tous  les  anciens  parlent  des  austé- 
rités ,  des  tourments  volontaires  ,  que  s'im- 
posaient les  initiés,  ou  ceux  qui  aspiraient  à 

liriation.  Des  jeûnes  précédaient  la  célébra- 
tiuii  des  Thesmophories. Les  récipiendaires  aux 
mystères  d'Isis  devaient  s'abstenir  pendant  dix 
jours  rie  tout  aliment  qui  flattât  leurs  sens , 
(le  la  chair  de  tout  animal,  et  de  tout  autre 
lireuv.ige  que  t'eau  (i).  Dans  tes  solennités  de 
Cêres  Éleusine,  à  Phénée  en  Arcadie,  l'hié- 


LIVRE   XllI,    CHAPITRE    IV.  53 

ro|>haiite  frappait  à  coups  redoublés  sur  les 
assistants  (i),  comine  les  prêtres  d'Isis,  à  Bu- 
siris  en  Egypte  (a).  Quatre-vingts  degrés  d'é- 
preuves étaient  nécessaires  pour  participer 
aux  Mithriaques  (3).  Les  candidats,  affaiblis 
par  la  faim ,  déchirés  de  verges ,  couverts  de 
fange,  plongés  dans  des  bourbiers  impurs,  ou 
jetés  dans  une  eau  glacée,  étaient  livrés  pen- 
dant plusieurs  jours  ou  même  plusieurs  mois 
à  des  supplices  qui  mettaient  leur  vie  en  dan- 
ger (4).  Ces  pratiques  ne  sauraient  manquer 
de  nous  rappeler  le  dogme  de  la  sainteté  de  la 
douleur,  que  nous  avons  vu  consacré  dans  le 
polythéisme  sacerdotal,  et  dont  nous  avons 
tâché  d'expliquer  la  source  et  la  nature;  et 
remarquez  bien  que,  dans  les  mystères  ainsi 
que  dans  les  religions  sacerdotales,  les  dieux 
imitateurs  des  mortels  aspirent  comme  eux  h 
la  sanctification  par  les  tortures:  ils  se  muti- 


(i)  pAUfAif.y  Arcad.,  i5. 

(l)  HiBODOTE,II,  61. 

(3)  Julien ,  cité  par  Wagner,  p.  aSQ. 

(4)  JusTiv  MA&TTK.  Apologet.,  I,  86;  Nonnus  apud  Grk- 
GOA.  Nazianz.,  p.  i3 1-145.  V.  poar  d'autres  détails  sur 
CM  austérités,  Mena,  de  l'Ac.  des  inscr.^  V,  117  122. 


^%  DE   LA    RELIGIOn, 

bt«i^^K  leurs  [M«tres(i),  et  tandis  que  la 
oapBor  populaire  n'avait  attribué  ces  muti- 
teia»  ^'à  des  dieux  en-dehors  de  la  mytfao- 
bpr  DJtîoDale,  le  sacerdoce  les  attribue , 
4ms  s*^  oMifidences ,  à  des  divinités  adorées 
ftr  k  penf^e.  Jupiter,  dbait-il  aux  initiés, 
s'êtair  mulîlé  lut-màne  ,  dans  son  repentir 
ifnoir  violé  Cérès(a).  Ësmoun  qui,  en  Phéni- 
de.  hitçaé  de  l'amour  de  la  déesse  Âstronoé , 
tnvt  abjvé  son  sexe ,  commet  le  même  at- 
teatit  duttles  mystères  de  Samotbrace,  et  de- 
ncntlehaibème  desCabires,  qui,  sous  le  nom 
■*^"-'lT  OU  de  Pœan,  préside  à  la  médecine. 
Le  dagt  d'un  dieu  mort  et  ressuscité, 
Aa^mt  (fa'cnactçnent  sans  exception  toutes  les 
sKjadotales,  contrastait  tellement 
r  les  <oacrptBons  grecques ,  que  les  Cretois 
maumàeat  dans  leur  lie  le  tombeau  de 
3  ,  farcDt  accusés  de  mensonge  par 
FlaCrvcr  ^  :  (-lia  tradition  dont  ils  avaient 


r    i 


LIVRE    XJII,  CHAPITRE    IV.  55 

cru  se  faire  un  titre  d'honneur,  sujet  d'abord 
de  scaadale,  devint  plus  tard  l'objet  de  la 
raillerie  des  incrédules.  Ainsi  les  points  de  vue 
changent  avec  les  époques.  Dans  les  religions 
sacerdotales,  la  mort  des  dieux  est  un  dogme , 
dans  la  religion  populaire  une  impiété;  et  du 
temps  de  Lucien ,  l'ironie  seule  la  rappelle  en- 
core pour  la  vouer  au  ridicule.  Mais  dans  Icfe 
mystères ,  la  légende  se  perpétue  et  se  diver- 
sifie. Attys,  Adonis,  Baccbus  et  Cadmille  sont 
des  dieux  qui  meurent  (l)  et  qui  renaissent (9). 


(1)  Stauedl.  ,  Rel.  Mag.,  II,  167-198. 

(2}  Si  nous  pouvions  comparer  avec  une  étendue  suf- 
fiante  la  mort  de  Bacchus  Zagrëua  et  celle  dK>siris ,  le 
iectenr  serait  frappé  de  l'identité  parfaite  de  toutes  les 
fables  et  de  toutes  les  pratiques.  Mais  cette  comparaison 
se  composerait  de  tant  de  détails ,  que  nous  sommes  for- 
cés de  nous  l'interdire.  On  peut  trouver  plusieurs  de  ces 
détails  dans  C&butzbb,  III,  355-36o.  Cet  écrivain,  sans 
remonter  à  la  cause  de  tontes  ces  légendes ,  a  été  frqppé 
du  fait  qai  leur  sert  de  base.  «  Il  y  avait ,  dans  tons  les 
œyslèrcs ,  dit-il ,  des  divinités  qui  avaient  pris  part  à  la 
condition  humaine ,  et  qui  étaient  des  êtres  souffrants  et 
noarants.  »  (IV,  3oa-3o3.  )  Il  s'exprime  ailleurs  d'une 
naniere  encore  plus  positive.  <(  Bacchus,  dit.il ^  né  de  Ju- 
piter, rois  en  pièces  par  les  Titans ,  et  remontant  au  ciel 
après  que  ses  membres  eurent  été  rassemblés  par  Apol- 
lon, est  on  dieu  descendu  sur  la  terre,  souffrant,  mou- 


58  DE    LA    UELIGION, 

eu  présence  d'une  société  qui ,  n'étant  pas 
subjuguée  par  lui,  examinait  ses  droits  et  con- 
testait ses  prérogatives.  Les  mystères  lui  four- 
nissaient un  moyen  d'appeler  les  profanes  à 
son  aide,  et  d'en  former  un  corps  d'auxiliaires 
en  se  les  attachant  par  des  révélations  ;  mais 
il  fallait  que  ces  révélations  fussent  impor- 
tantes* Il  ne  s'agissait  pas  de  captiver  un  vul- 
gaire stupide,  détourné  de  toute  méditation  par 
des  travaux  sans  relâche,  dont  les  facultés 
étaient  resserrées  dans  un  cercle  étroit  par  l'in- 
stitution des  castes,  et  qui  venait  assister  à 
des  cérémonies  dont  ses  yeux  étaient  éblouis 
et  dont  son  esprit  ne  recherchait  pas  le  sens; 
c'étaient  des  hommes  versés  dans  toutes  les 
sciences,  habitués  à  la  réflexion ,  des  hommes 
que  révoltait  la  grossièreté  ou  la  licence  des 
fables  populaires,  et  qu'il  fallait  réconcilier 
avec  leurs  imperfections  apparentes. 

Les  doctrines  philosophiques  avaient  péné- 
tré trop  profondément  dans  l'esprit  des  Grecs 
pour  n'avoir  pas  attiré  l'attention  du  sacerdoce. 
Il  dut  se  conduire  à  leur  égard  comme  il 
s'était  conduit  envers  les  religions  étrangères. 
L'histoire  nous  le  montre  en  effet,  poursuivant 
en   public    la   philosophie^    et   s'eurichissant 


LIVRE     XIII,   CHi^PJTRK    IV.  Sq 

en  secret  de  ses  dépouilles.  Les  différents 
systèmes  de  philosophie  devinrent  simultané- 
ment, mais  séparément,  partie  des  mystères-. 

Tous  ces  systèmes  étaient  subversifs  de  la 
croyance  publique.  L'irréligion  s'introduisit 
en  conséquence  dans  les  institutions  destinées 
à  Irapper  les  hommes  d'une  terreur  et  d'un 
respect  religieux.  Non -seulement  les  apo«- 
théoses  des  héros  déifiés  furent  révoquées  en 
doute,  mais  ce  doute  se  porta  jusque  sur  la 
divinité  des  dieux  supérieurs  :  tantôt  on  en- 
seigna, comme  Évhémère,  que  ces  dieux  n'é- 
taient que  des  mortels;  tantôt ,  comme  Yarron , 
qu'ils  n'étaient  que  les  éléments  personnifiés. 
Les  anciens, dit  ce  demier(j), ont  tellement  ar- 
rangé dans  les  mystères  les  simulacres, les  mar- 
ques extérieures  et  les  ornements  des  dieux, 
qu  on  y  reconnaît  au  premier  coup  d'œil  l'ame 
du  monde,  et  ses  parties,  les  véritables  di- 
vinités. 

Le  dualisme  ,  élément  essentiel  du  po- 
lythéisme sacerdotal,  était  Tune  des  explica- 
tions des  Éleusinies(a).  On  célèbre,   dit  Ju- 


(i)  Ap.  AuGUiT.,  Civ.  Dei ,  Vil ,  5. 

'y  Dio.   Chbts.  orat. ,  la;  Tb^xist.  Or.,  a.  Toutes 


« 


(io  Dr    LA    RFMGIOIV, 

lien  [i  U  ces  cérémonies  augustes  a  Téquiiioxf 
(l'automne ,  pour  obtenir  des  dieux  que  lann 
nVprouve  point  Finfluence  maligne  de  Ij 
puissance  ténébreuse  qui  va  prévaloir  dans  L 
nature;  et  la  fable  qui  dit  que  Vén|is«  ayani 
voulu  prendre  la  place  de  Minerve  et  travail 
1er  comme  elle  ^  sentit  le  fil  se  casser  sous  ^-^ 
doigts,  indique  la  corruption  de  la  matien 
résistant  à  la  main  du  créateur  (a).  I^  méiiM 
hy|H)tlièse  se  reproduisait  dans  les  Mitliru 
ques  :  *3L 

lie  théisme  (/|;dé|>eupla  leciel  de  m*s  iiinom 


If*  fiblet  des  mvttrret ,  dit  CRroTsta,  foot  allutuw  ^ 
entre  aolre»  diotet  •  ■  la  lotte  da  bien  et  dn  nul      H  i 

.1    (>nit.»V. 

•ïï    >ova.,  Dion>ft.,  XXIV 

[V  M^m.  de  l'Ar.  de»  inirr.,  XXXI,  4«i-4-J3  A<' 
ditpvt  Arcbcl.  et  Manrt,  ap.  Zacaf^i  Monnm.  fr>i  ^^m 
Or.  et  L^t.,  p.  6«  h^. 

4  M.  de  «S4i»T«-(Iaoi\  rejrUe  Tid^  que  l'unitt 
Ihen  fAt  en%eignre  dâos  \rt  mytleret  :  mai*  tout  «rt  •• 
Ipmenttn'ont  de  forrr  qu'en  les  snppoMnt  diriKct  moiii 
«ne  doctrine  nnique  et  la  mène  lU  n'en  ont  point  con 
trr  le  thêtfme,  r^t^^  ftéparément  et  tan«  entralorr  I  r% 
cluMon  de  revr  la  tion»  ton  le*  différentes,  l^e  llirisse  •  «:i 
cet  fcn^atn,  enseigné  secrrlement ,  étant  rontndu  i.>i« 
avec  la  religion  publique,  aurait  fini  fiar  ren%meY    '^ 


LIVRE    Xlll,    CHAPITRE    IV.  6r 

brables  divinités ,  pour  les  remplacer  par  un 
seul  être  invisible,  incorporel,  ineffable,  tout 
puissant,  mais  inaccessible  aux  vœux  et  aux 
prières;  ou  le  panthéisme,  ôtant  au  dieu  du 
théisme  son  existence  séparée ,  le  fit  rentrer 
dans  la  substance  dont  tous  les  êtres  sont  for- 
més (i).   L'athéisme    lui-même  devint  partie 


latels.  Aussi  les  mystère»  ont-ils  conlribué  à  ce  renver- 
sement. Il  pense  qne  le  théisme  ne  s'y  introduisit  qu'a- 
près U  naissance  du  christianisme  :  mais  à  l'époque  de 
rétablissement  du  christianisme,  la  tendance  universelle 
était  an  théisme  :  comment  les  mystères  y  auraient-ils 
«happé?    (SAiHTB-Caoïx,  desMyst.,  i^  édit.,  p.  353, 

359} 
^1}  lî  y  avait ,  dans  les  mystères  d'Hennione ,  dont  les 

rites,  qoc  nous  transmet  Pausawias  (II,  35),  indiquent 
ttoe  origine  tout  à-fait  sacerdotale,  et  qui  étaient  si  an- 
ciciu  que    les  Grecs    en  avaient  oublié   le    sens  ,    un 
dogme  fondamental,  d'après  lequel   toutes   les  divini- 
tés qu'on  7  adorait,  Ilithye ,  Minerve ,  Bacchus  et  Vénus 
lfis,Déméter,  Platon,  Sérapis  et  Proserpine),  n'étaient 
<îa'an  seul  dieu,  avec  différents  attributs  mâles  et  fe- 
■lelles,  et  au  fond  la  nuit  élémentaire  et  primitive  des 
Égyptiens.  (Ib.,  47.)  «  In  mysteriorum  doctrinâ  esotericâ, 
tit  ViLLOisoH  (ap.  Sainte-Croix,  p.  227  228),  quae  tota 
pbyacâ  innitebatur  ibeologiâ,  ea  tradebantur,  quibusmy- 
àica   et   civilis  îla  fnnditus  everterelur  theologia,  ut 
tflom  superstition!  abductum,  poetira  suavitate  orna- 
tam,  et  potenti  corum   qni  respublicas  adminlstrabant 


Gu  D  C    r  A    R  B  L  1  G  I  II  R  « 

(le  la  révélation  mystérieuse ,  comme  une  ctim 
miinication  dernière,  une   marque  de  cou- 


maou  fusteotaiom,  p«nitai  mnovrrelur ,  rt  «oU  natur* 
anica  iheologt»  phy»ic«  dea,  •ecam  habitaos*  cl  otbi 
Unqiiani  altari  iniidnu,  ac  sabjecla  pedibut  lbl«onir 
vnlgi  numtnam  simiUacrm  protereo»,  tcie  œtdtt  oflerm  . 
Le  Basiacre  da  jeune  Bacchusdonl  noot  avons  déjà  %o" 
vrai  parle,  était  an  ni  la  téparation  apparente  dea  partiri 
da  grand  tont,  parties  qai  forment   le*  éléments,   !«-« 
eorps,  les  plantes,  les  animaux  C'est  pour  cela  qnr  «* 
dieu  ,  dans  Nonnus  (  Dionvs. ,  VI,  174  et  saW.  \  a^a*  - 
de  tomber  sou«  les  coups  des  Titans,  se  mélamoq^u^»' 
en  feu,  en  air,  en  tontes  sortes  dVlrments  et  de  natiirr* 
PtCTASgt  a  t  de  Ei  ap.  Delph.  ' ,  dit  que  toutes  le*  le|;r '. 
des  qui  parlent  d*nn  dieu  mort  on  disparaissant,  re««ti* 
citant  ou  retrouve,  stpiiGent  toujours  le»  rrvolutioiift  •*-• 
grand  être  qui  conlirnl  la  toUlitr  de  re  qut  existe;  lU 
le  complément  de  rrtte  es|M*cr  de  drame.  A|>ollon  ra« 
semble  les  membres  épars  de  liart  lius ,  et  1rs  enterre  dan* 
SMi  temple  à  Delphes,  c'estadirt  il  rrroni|>ose  le  grsf.  * 
tout,  en  réunissant  touirs  »et  |arMr«    Pu  t.  de  Is  *   Vo  • 
donc  nna  nouvelle  rtplicjiiun  de  la  crconomie.  FJk   •» 
gnifiait  k  U  fois  la  fabrituiion  du  vin ,  le  cours  des  astret. 
la  sooillure  origtnaire  de  l*bomme,  son  triomphe  sar  set 
passions  «t  ses  sens,  les  convulsions  do  Tunivers  phv^i 
qoe,  le  pnssêge  delVUt  sanvage  à  TéUt  social,  et  lab 
sorption  de  toutes  choses  par  IVtre  infini.  Dana  cette  r\ 
ptmtioo  paniheisiiqnc  des  mystères ,  Apollon  reprrsrn 
iaitr«niié   FtcT  de  Fi  ad  Delph.»  Pao«L.  in  Plat.  Alnl» 
t>rph    fra|;m  etl.  H«Rn.,p.  SHo  ,  Baccbus,  U  diversité 


LIVRE    XIII,    CHAPITRE    IV.  63 

fiance  intime,  le  résultat   d'une  étude  pro- 
fonde, un  secret  enfin  qui  ne  se  transmettait 


qui  sort  de  l'unité  même.  Toutes  les  cérémonies  et  les 

représentations  des  mystères  s'interprétaient  alors  dans 

ce  sens.  Apollon  paraissait  toujours  sons  la  même  forme, 

téïe  d'un  jeune  homme  parfaitement  et  éternellement 

beau,  parce  qu*il  ne  s'opérait  en  lui  aucun  changement. 

fiaccfans  avait  mille  formes  différentes;  et  sous  la  figure 

honuine,  il  était  tour  à  tour  un  enfant,  un  adolescent, 

DQ  homme  fait^  un  vieillard.  Le  genre  des  poèmes  con- 

Mcrés  à  ces  deux  diTinités  était  significatif  de  ces  deux 

idées.  L'hymne  qu'on  chantait  en  l'honneur  d'Apollon  et 

que  les  Grecs   nommaient  le  Paean,  était  grave,   d'un 

rbythme  nniforme,  composant  un  tout  régulier,  et  d'une 

lurclie  toujours  égale.  Bacchus  préférait  le  dithyrambe, 

foo^uenz,  désordonné,  sans  suite  et  sans  règle.  (Plut. 

(ie  Is.  et  Os.  )  Quelquefois  ce  n'est  point  Apollon ,  mais 

VdIcûo  (Ephaistos,  le  phthas  de  l'Egypte)  qui  est  le 

gnod  tout,  n  y  a  dans  les  symboles  panthéistiques  des 

BTitéres,  des  images  complètement  indiennes.  Jupiter 

renfermant  Bacchus  dans  sa  cuisse,  lors  de  la  mort  de 

Séaiélé,  Âgirîfiait  la  cause  première  contenant  l'idée 

prototype  de  toutes  choses.  On  racontait  dahs  les  Diony- 

'liqDes  que  Jupiter ,  le  Demiourgos,  avait  englouti  Pha- 

^t  qui  renfemtait  en  lui  l'univers ,  et  qu'alors  toutes  les 

Parties  de  l'univers  étaient  devenues  visibles.  De  même , 

^  le   Bhtgnat^Gita ,    toutes  choses    résident   dans 

^^fiskaa,  et  il  les  fait  voir  à  Jasada  sa  nonrriee,  en  ou* 

^uit  la  àooehe.  Phanès  était  le  même  que  Bacchus ,  et 

^dernier,  par  sa  réunion  avec  Jupiter,  était  absorbé 


64  I>K    LA    RELIGION, 

qu'à  un   si  petit  nombre  d'élus ,  avec  tant  de 
*  cérémonies ,  après  de  telles  préparations ,  qu'il 
était    entouré   d'une    obscurité    presque    sa- 
crée. 

Ce  qui  parait  au  premier  coup  d'œil  inex- 
plicable et  contradictoire ,  c'est  que  ces  hypo- 
thèses irréligieuses  étaient  présentées  aux 
initiés  avec  toute  laporope  de  la  religion .  Le  phé- 
nomène d'une  classe  qui ,  vouée  au  main- 
tien et  à  la  célébration  du  culte,  appelle  au- 
tour d'elle ,  au  milieu  des  fêtes ,  dans  le 
sanctuaire  même  des  dieux,  des  hommes  en 
grand  nombre ,  pour  leur  révéler  que  la  reli- 
gion qu'elle  enseigne  au  peuple  n'est  qu'un 
tissu  de  fables  puériles ,  ce  phénomène  parai- 
9  tra  moins  surprenant  si  l'on  réfléchit  que  cette 
révélation  n'était  ni  le  but  primitif,  ni  le  but 


dans  l'essence  de  ce  dieu.  Jupiter,  le  pèt«  de  tontes  cho- 
ses, dit  Proclns  (in  Plat.  Tim.),  les  a  produites,  et  Bac- 
chus  les  gouverne  ensuite.  Jupiter  et  Bacchus  ne  font 
qu'un,  dit  Aristide.  (Orat.  in  Bacch.)  Cette  contradic- 
tion, ou  plutôt  cette  fluctuation,  par  laquelle  Jupiter  et 
Bacchus  sont  tantôt  deux  divinités  séparées,  bien  qu'en 
rapport  intime  Tune  avec  l'autre ,  et  tantôt  la  même  di- 
vinité, est  identiquement  ce  qu'on  lit  dans  les  livres  sa- 
crés des  Indous. 


LIVRE    XIlï,    CHAPITRE    IV.  65' 

unique^  ni  même  à  aucune  époque  le  but  gé- 
aérai  des  mystères. 

Deux  motifs  engageaient  les  prêtres  à  rece- 
voir dans  leur  doctrine  cachée,  des  opinions 
qui  chaque  jour  acquéraient  plus  de  crédit  : 
d'un  côté  Tintérét  de  leur  (Mrdre,  de  l'autre 
lamour-propre  individuel. 

En  laissant  entrer  la  philosophie  dans  les 
mystères,  ils  la  renaaient  plus  indulgente  pour 
les  pratiques  extérieures  qu'il  leur  importait 
de  conserver.  Luttant  au-dehors  contre  ses 
progrès,  ils  transigeaient  secrètement  avec  elle. 
Ils  la  désarmaient  en  l'adoptant,  lis  se  flat- 
taient de  s'en  faire  une  alliée,  en  lui  confé- 
mut  le  privilège  de  l'initiation.  Les  privilèges 
corrompent  communément  ceux  qui  les  reçoi-  ' 
vent.Ce  n'était  donc  pas  un  mauvais  calcul  pour  ' 
le  sacerdoce  que  de  s'associer  une  classe  re- 
doutable, en  reconnaissant  que  dans  la  réalité 
rien  n  était  moins  éloigné  de  la  philosophie 
que  la  religion  bien  expliquée.  Il  ajoutait  en- 
suite  que  ces  explications  devaient  être  soi- 
gneusement dérobées  au  peuple  ;  et  le  cœur 
humain  recèle  je  ne  sais  quel  orgueil  insolent 
^t  absurde  qui  persuade  à  chaque   individu 
^il  possède  seul  une  raison  suffisamment 
V.  5 


.1 

I 

• 

1 


06  Dfi    LA    BELIGIOir, 

forte  pour  ne  pas  abuser  de  œ  qu'il  sait  Chi* 
cun  pense  que  les  autres  seniiéBt  éblouis  par 
la  lumière  qui  ne  Êiit  que  l'éclairer.  Ainsi  les 
préires  qui,  parélat,  proscrivaient  l'irréligion, 
:|  cherchaient  par  politique  à  l'enrôle^  sous  ieuis 

étendards,  en  ne  lui  demandant  pour  prix  du 
traité  que  le  silence. 

En  même  temps  ramoui^propre  individuel 
favorisait  la  transaction  entre  rincrédulilé  et 
les  mystères.  Les  prêtais  sont  eoumîis ,  comme 
tous  les  hommes,  à  l'impulsion  irrésistible 
imprimée  par  la  nature  à  TinteUigence  hu- 
maine. Lorsque  le  doute  s'est  ^glissé  dans 
les  esprits,  il  se  fait  jour  dans  l'ordre  aacerdo- 
tal  (  1  )  ;  or,  les  opinions  et  surtout  la  vanité 
sont  plus  fortes  que  les  intérêts.  N'av^ms-nous 
X  pas  vu ,  vers  la  fin  du  dernier  siècle ,  l'ino^é^ 
dttlité  professée  par  les  ministres  des  au- 
tels (a)? 


(t)  Qoelqaie  libre  qae  pstaÎMe  ropinion  de  «hacTan , 
dit  lin  homme  4le  beauooiip  d'espeit,  M.  de  Booétettcn, 
elle  est  à  la  longue  toujours  entraînée  dans  la  direction 
de  celle  de  tous. 

(a)  le  tne  rappelle  à  cette  occasion  un  article  Inséré 
dans  If  PtMkiite^  tl  y  a  biena  des  années,  par  un  des 


LIVRE    Xltly   CKAPITAX    IV.  67 

Les  prêtres  du  poljrtkéîsiBe  obéîaMÙent  de 
iDéme  dans  leurs  myslèries  à  ce  calcul  et  à  oe 
penehaat  ;  ces  instittttÎ0ns  rendaient  leur  rèU 
mmiis  embariMsant,  en  les  dispensant  ^en 
remplir  les  deux  parties  «contrastantes  isur  te 
même  théitrc  ot  devant  les  mêmes  specta*^ 
reurs. 

L^MI  pense  bien  ^qne  la  «noeale  «nira  dsmi 
les  mystères,  -dès  ifn'eille  devikit  partie  ivté^ 
giante  du  pelytbéîsnitt.  Mênie  a^araviMt., 
ii  y  Qfvaît  à  Samothrace  oin  try^nnal  aoti«|cie 
qui  prononçait  «ur  les  crimes,  et  condanandit 
quelquefois  les  coupables  à  mort  ;  maïs  il  .pa- 
rait ique  oe  tribttnaU  d'origine  pusvment  sa* 
cerdotale ,  ne  sévissait  que  oonlre  le  parjtiiae  ^ 
et  ooBtM  le  meurtre  comenis  au  pied  des  asi<- 


1^ 


^Mounai  les  plus  spèétoels  Ae  notre  ^oqne,  «t  qui  a  de- 
puis acquis  une  haute  réputation  littéraire.  Je  veux  par- 
W  de  M.  ^  Bttranic,  qui,  dans  une  analyse  des  œuvres 
àe  Tabbë  de  Boismont,  a  fait  ressortir  avec  une  sagacité 
admirable  et  une  ironie  piquante ,  fa  manière  dont  le  aa- 
cerdoce  même  demandait  grâce  a  là  pbilosopbie,  quand 
il  parlait  au  nom  de  la  religion,  tft<^ànt  de  lui  pvocurer 
ane  réception  plus  polie,  en  la  voilant  du  nom  de  cha- 
nté, et  en  insinuant  iqoî'elle  n^était  au  fond  qnSine  autre 
forme  de  phîlantropie. 

5. 


l 


Ijg  DE   LA    RELIGION, 

tels,  c'est-à-dire  a^pravépar  le  sacril^e:  or, 
ces  deux  attentats  étaient  dea  insultes  &ites 
atiK  dieux;  et  nous  avons  distingué  entre  ces 
outrages  que  toute  religion  interdit  dès  son 
origine,  et  l'appui  que  la  religion  ne  prête  à 
la  morale  qu'à  une  époque  plus  avancée.  Nous 
fixerions  volontiers  cette  époque,  pour  les 
mystères, au  temps  d'Épiménide.  Nos  lecteurs 
savent  qu'il  liit  chaîné  p^  Solon  de  puri6er 
Athènes,  et  Solon,  philosophe  àrla-jois  et  lé- 
gislateur, dut  sentir  l'importance  d'appuyer  les 
lois  et  la  morale  sur  la  religion. 

Alors  l'exposition  des  devoirs  qui  unissent 
les  hommes,  entre  eux  fiit  une  des  révélations 
dont  un  entretînt  tes  ÎDitiës  (i);  on  leur  re- 
commanda la  justice  (a),. la  piété  envers  les 
parents,  la  modération  dans  les  désirs  (3).  On 
exigea  du  récipiendaire  une  confession  géné- 
rale (4)i  et  l'exclusion  dont  on  frappa  les  cou- 


(i)  TiT.-LiT.,XLV,  5. 

(a)  De  sages  préceptes  lear  sont  inculqué*  pendant  !■ 
'erémonio  de  l'initiaiion.  (  Aug.  ,  Ci*.  Dei ,  II ,  6.  ) 
?)  S.  Jorwn,  «d».Tryph.,  3,  70. 
i)  Celait  aa  Koct,  prêtre  Doramé  ainii.  pour  indiquer 
93  funcdon  était  d'éconter,   qu'il   fallait  s'adresser. 


LIVRE    XlIIy    CHAPITRE   IV.  69 

pables  fat  un  premier  chàtiineDt  prononcé  con- 
tre eux  1(1). 

Mais  comme  la  morale  des  mystères  est  en- 
seignée par  les  prêtres,  elle  diffère  plus  ou 
moins  de  celle  du  polythéisme  public ,  et  re- 
vêt plusieurs  des  caractères  que  nous  avons 
remarqués  dans  la  morale  sacerdotale.  L'ini* 
tiation  devient  une  condition  indispensable  de 
la  félicité  après  cette  vie  :  à  ce  prix,  les  côrj^ 
bantes  flattaient  leurs  adeptes  d'une  éternité 
bienheureuse  (a).  Ce  sont  les  mystères ,  dit 
Produs ,  qui  retirent  les  âmes  de  cette  prison 
mat^elle  et  mortelle,  pour  les  réunir  aux 
dieux  (3).  Le  but  de  l'initiation,  ajoute  Arrien 
dans  Épictète  (4)t  est  d'empêcher  que  la  par-- 


LjSHDdre ,  requis  par  le  Koès  de  déclarer  son  plas  grand 
crime  :  «  Qnile  demande,  dit-il,  les  dieux  ou  toi  ?  Les  dieux? 
Qu'ils  m'interrogent  enx-mémes.  »  Antalcidas  répondit  pins 
brièvement  encore  :  «  Ils  le  savent.  »  (Pseudo  Plat.  Apoph  th . 
Ucoa.) 
(i)  Clu.  Alex.  Strom.,  V. 

(a)  Auo.,Civ.  Dei,  VII,  a4 

(3)  Com.  inPob  Pi^atoh;  V.  aussi  Plotiv;  Ennead.,  I, 
lib.  VI;  Jambl.  de  Myst.;  Julian.,  Orat,  V. 

(4)  III,  ai. 


70  os    LA    RILIOIOH, 

tie  diviiM  de  rhomme  ne  soit  plongée  dons 
le  Ifourbier  ténébreux ,  et  n'éproure  des  obs- 
tacles à  soD  reltMiv  vâra  la  Divinité.  Aristo- 
pbaoe  (i),  Asehine  (a),  et  Sc^ocle  cité  par 
l'iutarque  (3),  n^vcAcatcat  les  initié»  comme 
bienhettrciBc  i  ce  seul  libre  ;  eux  Béais  pou- 
vùent  cApérer  des  récompenses  dans  ua  au- 
tre laoïide.  Ln  punitions  sont  le  partage  ex- 
clusif et  inévitable  des  prôfaiMS  (4)- 1^  cnicbe 
brisée  dans  laquelle  on  essayait  inuttlemoit  de 
puiser  de  l'eau,  était  le  symbole  de  letlr  mi- 
sère. Ib  dierchaient  en  vaiu  ïeau  ra£raîchi9- 
Hante,  c'est-à-dire  la  révélation  <jai  M»ait  pu 
tessaurer  (5).  On  voyait  daasmi  tableau  de  Po- 
lygDOtCjà  Delphes,  deux  femmes  condamnées  k 
un  étemel  supplice,  faute  d'avoir  été  reçues  dans 
les  mystères  de  Cérès  (6)  :  c'est  manifestement 


(e)  Ran.  773. 

(3)  InAxiocho. 

(3)  DeAaJiend.  Poet. 

(It)  AiHT.  Oral.  EleiiB, 

(5)  Le«  vue»  àts  Danaidei  sont  appeléi  bJp[at  ïtiXiI; 
[  ^schin.  AxiochuB  ) ,  et  l'on  reconnaît  le  raôl  grec  dési- 
gnant l'initiatioD. 

(6)  P*«*K.,Pliocid.,î6. 


LITAB    Xtll,    CHAPITRE   lY.  7I 

rântroduclion  dans  le  polythéisme  fibre,  de 
l'idée  dammanle  dans  le  polythéisme  saeer<* 
éùÊaty  de  cette  idée  qui  a  traversé  les  siècles 
pour  se  glisser  dans  une  secte  chrétienne,  et 
(jui  prodamant  le  terriUe  axiome,  hors  de 
I^Église.  point  de  sahit ,  a  créé  an  genre  d'in* 
toléranee  inconnu  aox  époques  précédentes. 
Les  Athénien»  se  considèrent  eomme  obli- 
gés de  se  £aiire  initier  aidant  de  mourir  (i)  :  on 
tnilie  les  enfimts  dès  Tftge  le  plus  tendre  (a)  , 
les  mcorants  à  Tagonie;  on  revêt  les  morts 
d^abits  d'initiés  (3),  d'habits  dliiérophan* 
tes (4).  L'esprit  sacerdotal  est  le  même,  quelle 
que  soit  la  diflférence  des  formes.  Dans  le 
moyen  âge,  les  chrétiens  voulaient  être  ense- 
velis en  habits  de  moines. 

Pour  graver  cette  opinûm  plus  profondé- 
ment dans  les  âmes,  on  avait  de  nouveau  re- 
cours à  des  représentations  dramatiques.  Des 
troupes  d'initiés  paraissaient  aux  yeux  des  ré- 
âpiendaires,surdes prairies émaillées  de  fleurs, 


(i)  Akistoph.  Ran.,  36i-368. 
(ft)  DovAT.  ad  Terent.  Phorm.,  act.  1 ,  i5. 
(î)  Schol.  Theoc.  Idyll.  II,  V,  i»-36-37- 
(4)  "Ptxrr,  de  îs. ,  cap.  3. 


BE    LA    RELiblOn, 


comme  d'beoreux  habitants  de  l'Élysée,  envi- 
ronnés d'une  lumière  brillante  et  pure,  cou- 
ronnés de  lauriers,  et  revêtus  de  robes  d'une 
blancheur  éclatante  (  i  ). 

Les  expiations  acquirent  une  merveilleuse 
efficacité ,  et  ces  expiations  s'achetèreqt  quel- 
quefois d'une  manière  qui  rappelle  la  vente 
des  indulgences.  Les  ministres  des  Orphiques 
assiégeaient  la  porte  des  riches ,  promettant  à 
quiconque  participerait  à  leurs  cérémonies, 
une  immortalité,  durant  laquelle  ils  boiraient 
lies  vins  délicieux ,  la  tète  chargée  de  couron- 
nes (a);  les  profanes,  couverts  de  boue,  de- 


(i)  Afdlés,  metam.  Stob^e,  Or.  199.  Wittkubach,  de 
sera  numm.  viodicta.  Plut.,  deoracul.  defeci.  Une  pariif 
du  mystères,  à  ce  que  prétend  Jenitich,  était  l'exposilion 
Jei  reliques  ou  choses  sacrëes ,  et  ta  vente  des  indulgen- 
ces. Stadedlih,  Mag. ,  II,  lag. 

(%)  Platon,  de  Eep.  II.L'épitaphe  gravée  sur  le  tom- 
beau d'nn  jeune  initié,  dont  l'inscription  nous  est  par- 
venue, atteste  celte  notion,  a  Les  âmes  des  morts  sont 
M  divisées  en  deux  troupes  :  l'une  erre  sans  cesse  avec 
'  angoisse  autour  de  ta  terre  ;  l'autre  commence  la  danse 
"  divine  avec  les  astres  brillants  de  la  sphère  céleste.  C'est 
"  a  cette  armée  que  j'app.-irtiens.  I<e  dieu  de  l'initiation 
"  a  été  mon  guide.  " 


^ 


LIVRE   XIII,    CHAPITRE     IV.  78 

)^ent  partager  les  châtiments  des  Danaides. 
Les  Orphiques  ajoutaient,  à  la  vérité,  que  ces 
traitements  seraient  la  récompense  de  la  jus- 
tice, ou  la  punition  de  l'iniquité;  mais  un 
initié,  dans  leur  langage,  était  toujours  un 
homme  juste,  et  nul  n'était  injuste  que  celui 
qui  avait  dédaigné  l'initiation  (  i). 

Il  n'est  pas  étonnant  que  les  philosophes  se 
soient  élevés  avec  force  contre  cette  partie  des 
mystères.  Platon,  qui  nous  a  fourni  ce  que  nous 
avons  rapporté  sur  les  Orphiques,  se  livre 
oontre  eux  à  toute  l'amertume  d'une  vertueuse 
indignation.  Diogène  disait  qu'il  était  absurde 
que  des  brigands  et  des  meurtriers  pussent 
acqnérir,  en  participant  à  quelques  rites ,  une 
éternelle  félicité,  tandis  qu'Épaminondas  et  Agé- 
^as,Caiute  d*étre  initiés ,  seraient  précipités  au 
fond  du  Tartare  (a).  Démosthène  et  Théo- 
pbraste  les  flétrissent  également  (3).  Comme 
les  mêmes  circonstances  suggèrent  aux  hom- 
Bies  les  mêmes  idées ,  quelle  que  soit  la  dis- 
tance des  époques ,  Voltaire  semble  avoir  mis 


1!  Saiitte-Ceoix,  58a. 

.1)  DlOGElf.  LàKRT.,  VI,  «-6. 

\<  Sautte-Ckoix,  p.  417- 


74  ^K   ^^    RELlGIOn, 

en  Ters  l'd3Jection  de  Diogène ,  lorsqu'il  a 
dit,  daiis  un  poème  célèbre  sous  trop  de 
rapports  : 

Vous  y  grillez  y  sage  et  docte  Caton , 
Divin  Socrate,  éloquent  Gcëron. 

Les  témoignages  rapportés  ici  sont  impor- 
tants, en  ce  qu'ils  nous  p«*ouvent  que  cette 
théorie  sur  l'efficacité  des  initiations  était  déjà 
connue  avant  la  décadence  du  polythéisme. 
Les  religions  qui  s'écroulent ,  font  malheureuse - 
ment  assez  bon  marché  de  la  morale;  et  nous 
verrons  plus  tard  le  polythéisme  appelej^, 
pour  se  maint^iir,  tous  les  vices  à  son  aide. 
Maïs  ici ,  c'est  l'esprit  sacerdotal  seul  qui  cher- 
cl^e  à  mettre  la  morale  dans  la  dépendance  des 
[Hsitiques ,  et  à  la  dénaturer  pour  son  intérêt 
particulier. 

On  reconnaît  encore  à  d'autres  traits  cette 
influence  du  sacerdoce  sur  la  morale.  Toutes 
les  religions  sacerdotales  condamnent  le  sui- 
cîde,  et  cette  réprobation  est  assez  remar- 
quable; car  ces  religions  inculquent ,  beaucoup 
plus  expressément  que  le  polythéisme  libre 
de  la  direction  des  prêtres,  le  détachement 
de  ce  monde  et  TindifFérence  pour  tous  les 


k 


LIVAE    XllI,    CHAPiTBE    IV.  ^5 

i 

iuléréts  de  b  vie.  MaiA  le  suidide  est  un  moyen 
d  mdépen&moe ,  et  en  cette  qualité  tous  le» 
poQToirs  le  baissent.  Noua  ne  prétendon» 
mUlonent  le  justifier,  en  thèse  générale.  Il 
faut  le  juger  par  ses  motifs,  comme  toutes  les 
actions  iinmaînes.  Il  est  souvent  un  crime, 
presque  txxijours  une  faiblesse,  mais  osons  le 
dire,  qndqpiefois  une  vertu.  C'est  un  erime 
lorsque,  servant  en  perspective  de  refuge  ^^u 
mépris  qu'on  veut  mériter  sans  rencourir,'aux 
châtiments  qu'on  espère  braver  sans  en  être 
atteint  9  il  encourage  Iliomme  à  des  actes 
coupables,  en  lui  offrant  un  abri  contre  la 
peine  ;  c'est  une  faiblesse  quand ,  cédant  à  ses 
propres  douleurs,  on  oublie  qu'on  peut,  en  fai- 
sant le  bien^  adoucir  les  maux  qu'on  éprouve; 
c€st  lue  vertu,  si,  peu  rassuré  sur  sa  force 
ptxjsi«pie  ou  morale ,  on  craint  de  céder  à  des 
factions,  ou  de  ne  pas  résister  à  des  me- 
naces. Celui  qui  sent,  qu'à  l'aspect  de  la  tor- 
tsie,  il  trahirait  l'amitié,  dénoncerait  des  mal- 
heureux ,  violerait  les  secrets  confiés  à  sa  foi , 
remplit  un  devoir  en  se  dormant  la  mort;  et 
cest  précisément  pour  cela  que  toutes  les 
tyrannies  proscrivent   le  suicide  indistincte- 


76  DE    LA.    DELIGIOff, 

ment(  i).Mou5le  voyons  condamnédans  tes  mys- 
tères (2);  et  Virgile,  qui  avait  calqué  sur  ce  .qu'i^ 
savait  de  ces  institutions  sa  peinture  des  enfers^ 
fait  mention  des  châtiments  infligés  à  ceux  quj 
ont  attenté  sur  leur  propre  vie;  cependant  Iti 
suicide  n'était  point  considéré  comme  un  crime 
par  les  Grecs,  et  les  Romains  y  voyaient  plui 
tôt  un  signe  de  force  et  de  magnanimité  (3). 


(i)  Daiu  )a  reUgion  latn^que ,  les  suicides ,  ainii  qui 
ceux  qui  ont  encouru  les  malédictions  des  prêtres ,  •'■■< 
gitent  sans  cesse,  dans  une  doulourense  angoisse,  sanJ 
que  leurs  âmes  puissent  rentier  dans  un  corpsi  (Pallaii 
Nachrichten,  etc.) 

(a)  pLkT.  in  Pluedon. 

(3)  1  Inspectu  quodam  et  iuitinciu  procurrere  ad  mor 
tem,  commune  cum  multis.  Deliberare  ultra  et  causai 
ejus  espendere,  pronti  snaserit  ratio,  vit»  mortisqd 
coDsilium  suscipere,  iogentis  est  animi.  >  (  Pu*. ,  Epist., 
I,  33.)  «  Quidqoid  hornm  .tractaveris ,  cotifirmatis  ani- 
mum,  fel  ad  mortis,  Tel  ad  «itse  patientiam.  In  utrum- 
que  monendi  ac  /orroandi  sumos.  Etiam  cum  ratio  sua' 
det  finire,  non  tameii  temere,  nec  cum  procunu  est  in- 
petus.  Sic  forlis  et  sapiens  non  fiigere  débet  e  vit&  Mil 
«ire.'"  (Sbhsc) 


^ 


LIVBE   XIII,    CHAPITRE   V.  77 


CHAPITRE    V. 


De  Fesprit  qui  régnait  dans  lès  mystères. 

Les  mystères  étant  la  propriété  du  sacerdoce, 
soD  génie  y  préside ,  il  étend  sur  eux  son  crêpe 
lugubre;  une  mélancolie  profonde  y  règne. 
Plutarque  (i)  et  Proclu^Ca)  nou»  parlent,  l'un 
des  cérémonies  tristes  et  funèbres ,  l'autre  des 
lamentations  sacrées  prescrites  aux  Éleusinies. 
Presque  toutes  les  aventures  attribuées  aux 
dieax  dans  les  mystères  étaient  tragiques.  On 
7  voyait  partout  des  rites  funéraires.  Les  fem- 
mes, aux  Thesmophories,  assises  à  terre  en 
signe  de  deuil ,  poussaient  des  gémissemenrs, 
tomme  en  Egypte  (3)  :  leur  danse  même  an- 


I;  De  oracul.  defect. 
»  Comment,  ad  Plat.  Polit. 
))  Plotaecw..,  de  Isid.  At^bnag.  Légat.  $  aS. 


j$  BE    LA   RELIOIOV, 

nonçait  le  découragement  et  la  douleur  :  mais 
comme  tout  devait  être  emblématique,  la  len- 
teur de  cette  danse  et  l'abattement  qu'elle 
exprimait  indiquaient  aussi  la  fatigue  des  ani- 
maux employés  au  labourage.  Le  malheur 
de  la  vie ,  dogme  inhérent  à  FÉgypte  et  à  l'Inde , 
était  inculqué  dans  tous  Les  mystères  orphi- 
ques :  sa  brièveté  et  son  néant  étaient  en- 
seignés dans  ceux  de  Thrace.  Les  expres- 
sions du  Bhaguat-Gita  (i),  que  la  terre  est  ur 
lieu  triste  et  borné ,  sont  par£ûtenient  pareil^ 
ks  à  la  peinture  qu'on  en  &isait  aux  initiés 
dans  les  Dionysiaques j(a).  Quoique  nous  ayons 
adopté  pour  i>ègle  d'éviter  Le  plus  qu'il  nous 
est  possible  les  conjectures  qui  ne  reposent 
que  sur  des  étynolagies  et  des  recherefaei 
grammaticales ,  nous  rencontrons  ofaes  un  sa^ 
vant  moderne  (3)  une  observation  trop  eu- 
rieuse,  et  qui  s'applique  Ixop  directement  i 
l'objet  qui  nous  occupe,  pour  ne  pas  méritei 
d'iétre  rapportée.  Nos  lecteurs  savent  déjà  qui 


(i)  Trad.fr.,  p.  91. 

(a)  Po&PH.  de  Antro  Nymph.   10-12;  Plotif.,   En 
nead.  I  et*  IV. 

(3)  Cmute.  ,1,  341-B41 


LIVRE   XUl,   CHàPITRK    V.  79 

les  Grecs  avaient  emprunté  des  Égyptiens  la 
lopogra^iie  de  leur  enfer,  les  fleuves  souter- 
nÎDs,  le  passage  des  ombres,  et  le  nom  dn 
nocher  opii  les  recevait  dans  sa  barque  ;  ce  nom, 
suivant  Jablonsky ,  £aiisait  en  Egypte  allusion 
au  silence,  ou,  selon  d'autres,  aux  ténèbres 
qai  régnent  dans  le  royaume  des  morts.  Les 
Grecs,  voulant  le  naturaliser  dans  leur  langue, 
le  firent  descendre  d'un  verbe  qui ,  dans  cet 
idiome,  signifie  se  réjouir  (  i).  Cette  dérivation 
CQDtcastait  avec  toutes  les  notions  du  poly- 
thâsme  homérique,  notions  d'après  lesquelles 
la  mort  est  toujours  un  événement  funeste ,  et 
les  ombres  «ne  troupe  incoQsohible ,  qui  porte 
CQvie  à  la  race  vivante^  et  regrette  la  clarté  du 
jo«r.  Il  feJkit  donc  trouver  une  explication  dif- 
férente ,  et  les  commentateurs  d'Homère  pré- 
tendirent que,  par  un  euphémisme  usité ,  l'on 
atmt  nommé  le  batelier  des  enfers  Gharon 
parce  qull  afflige  les  mortels,  et  qu^il  gênait 
toujours  lui-même.  Mais  dans  les  mystères,  où 
prévalait  le  dogme  sacerdotal  sur  la  misère  de 
h  vie,  et  la  félicité  de  la  mort  comme  déli- 


i)  Xttiftcv. 


Hi)  UE    LA    RELIGION, 

vraiice,  l'idée  qu'en  effet  Charon  se  réjouissait 
(le  irauspocter  dans  un  meilleur  monde  les 
itifurtunés  qui  souffraient  dans  celui-ci,  idée 
itiélaacolique  que  le  génie  naturel  des  Grecs 
avait  rejetée,  fut  accueillie,  et  la  première 
étvmologie  était  l'un  des  secrets  que  l'on  ré- 
vélait aux  initiés. 

[^s  bouffonneries  bruyantes,  bien  différen- 
tes (le  la  gaieté  brillante  et  vive  des  Grecs, 
pitssèrent  également  dans  les  rites  mystérieux. 
I^s  Bacchantes  étaient  tour-à-tour  en  proie  à 
une  mélancolie  sombre  et  silencieuse,  et  à  une 
jdic  frénétique  (i).  Partout  des  personuages 
grotesques  provoquent  le  rire  par  des  plaisante- 
ries basses  et  ignobles  (a)  :  le  vieux  Silène  ivre 
sur  son  âne  est  l'amusement  des  Dionysiaques; 


^i)  De -là  une  expreuion  prOTCrbiale,  pour  exprimer 
la  succeaiion  rapide  de  ces  deux  élaU  contradictoires. 

(V.  SulDlS  ,   "     Baxx">  TpoiPBv.    «fou  BaKX'Ci    Jou  Banj^Ti.  ' 

(i)  GigoQ,  dans  les  mystères  catnriqaes,  Baubé  dans 
%  de  Cérès,  Silène  dans  ceux  de  Bacchus.  Momus, 
dans  Ldcibn,  est  an  dieu  bouffon,  antérieur  aux  dieux 
tlf  rOjmpe,  et  n'ayant  point  de  place  ])armi  eux.  Est-ce 
une  réminiscence  d'un  culte  sacerdotal  en  Grèce?  nn  eni' 
[Il  tint  fait  par  les  Grecs  d'un  usage  sarerdoial  e'Iran- 
gfrP  une  parodie  de5  mystères? 


LIVRE    XIII,    CHAPITRE    V.  8l 

un  bouffon  parait  dans  Samothrace ,  à  coté  des 
Cabires  (i);  et  les  Éleusiniesnous  ùiontrent  Gé- 
rés distraite  de  sa  douleur  par  les  postures 
immodestes  de  deux  vieilles  femmes  (a).  Anec- 
dote bizarre ,  et  qui  prouve  l'autorité  des  tra- 
ditions, lors  même  qu'elles  s'écartent  du  but 
que  se  proposent  ceux  qui  les  respectent  !  Ju-' 
lien  (3j,  aux  fêtes  des  Saturnales,  se  croit 
obligé  de  railler  les  dieux.  C'est  par  dévotion 
qu'il  les  raille ,  et  cependant  ses  plaisanteries 
tendent  à  les  rendre  ridicules.  Peu  nous  im- 
porte que  ces  étranges  coutumes  aient  si- 
gnifié la  satisfaction  de  l'Être  suprême ,  après 
rarrangement  de  l'univers  et  le  triomphe  de 
rharroonie  (4);  il  nous  suffit  qu'elles  soient 
communes  an  polythéisme  sacerdotal  et  aux 
mystères. 

Enfin,  l'on  y  retrouve  la  haine  et  la  jalousie 
de  toute  distinction  personnelle.  Tout  était 
collectif  et  anonyme  dans  les  corporations 
fÉgypte  et  de  Phénicie.  Tout  devait  l'être  de 


(i)  EusTATH.  ad  Od. ,  XX. 
(i)  Apollodor.  Bibl.,  I,  4- 
(3)  Julien  dans  tes  Césars. 
ik)  CaiCTz.  y  II ,  agS. 


M  UK    LA     RELIG  lOIT  , 

■utTriflle  et  grossière  devint  un  vestibule  où 
las  ïaitiés  étaient  retenus  plus  ou  moins  long- 
Inops.  pour  pénétrer  ensuite  plus  ou  moinit 
•Taol  dans  le  sanctuaire.  Tous  les  rîtes,  toutes 
Ws  pratiquas  sévères  ou  indécentes,  toutes  les 
ttocirines,  et  dans  ce  nombre  tes  plus  impies 
citmme  ks  plus  religieuses,  composant  dans 
IXIrieiit  la  doctrine  secrète  des  prêtres ,  la 
Mipiviniilit'  (i'un  dieu  sur  les  autres,  le  dieu 
m^ialeur  ou  mourant  pour  sauver  l'espèce 
humaine  (  i  ) ,  la  Trinité  (a-),  la  supposition  d'une 
d4^(;rad.-ilioii  de  l'ame,  avant  son  habitation 
i)«na  un  corps  mortel  et  par  un  efFet  de  l'im- 
purrlt'  de  la  matière ,  l'espérance  de  sa  ré- 
Mcensioii  graduelle  jusqu'à  la  Divinité ,  le 
llH'>iMne,  cnmme  principe  et  comme  résultat 
du  système   d'émanation,  ou  se  perdant  au 


(i)  litt  Lrif(iii,  connue  fili  de  Diea  et  médialeor,  mi 
«ment  désigné  dan*  tout  let  myitères.  (Gcmsh., 
Il,  3541-1  1"  niiiton».) 

(■]  Niiuit  avoni  moalré  ci-detiai  la  trinilé  dani  l'nae 

4e*  rasmofimies  orphique*.  Ceit  en  faiunt  allniion  à 

frUn  lTiniii<  que  Firmicui  dit  k  l'Être  suprême  :  •  Ta  e* 

l  le  p^re  et  la  mire  de  toute*  cbote*,  et  tu  e*  de 

propre  m*.  - 


'l 


LIVRE   XIII,   CHAPITRE   YI.  85 

food  dans  le  panthéisme ,  le  dualisme ,  Tar 
théisme,  tous  ces  dogmes  persans,  égyptiens, 
indiens,  furent  consignés  dans  les  mystères 
des  Grecs.  Ils  furent  à  la  fois  l'apocalypse  et 
lencydopédie  sacerdotale,  et  leur  langage  fut 
souvent  mot  à  mot  celui  des  cultes  qui  leur 
avaient  servi  de  modèle. 

On  objecterait  à  tort  la  résistance  des  prê- 
tres grecs  contre  les  prêtres  et  les  dogmes 
étrangers.  Les  individus  purent  bien  lutter 
contre  les  individus, c'est-à-dire  les  prêtres  grecs 
purent  invoquer,  contre  les  invasions  du  sacer- 
doce étranger  qui  allait  sur  leurs  brisées,  la  sévé- 
rité des  lois,  et  même  repousser  ses  dogmes 
et  ses  rites  de  la  religion  publique  ;  mais  les 
rites  et  les  dogmes ,  ainsj-  repoussés ,  étaient 
transportés  dans  les  mystères,  et  tous  les 
dogmes  sacerdotaux  y  étaient  accueillis  et  con- 
sacrés. 

Les  prêtres  du  polythéisme  indépendant 
que  professait  la  Grèce,  ne  différaient  de  ceux 
de  rOrient  et  du  Midi  que  par  le  succès ,  non 
par  les  efforts.  Les  uns  et  les  autres  tendaient 
^umérpe  but  ;  mais  les  premiers,  limités  dans 
leur  puissance ,  ne  disposaient  que  de  la  partie 
secrète  de  la  religion.  Les  seconds,  tout-puis- 


8ti  DE   LA    f^BLIGl^N, 

sauts,  ()is|>Dsaient  sans  réserve  de  La  religion 
entière.  Les  premiers,  en  conséquence,  trans- 
portèrent dans  les  mystères  tout  ce  qui  ca- 
ractérisait le  polythéisme  sacerdotal ,  et  s'y 
créèrent  jutant  qu'ils  1«  purent  un  domaine 
particulier,  pour  se  dédomjnagêr  de  l'empire 
que  la  société  civile  leur  disputait.  Les  mys- 
tères furent  la  prppriété  du  sacerdoce,  dans 
le  polythéisme  doQt  le  sacerdoce  n'avavt  pas 
1^  projiriét^. 

De  ces  dogmes  et  de  ces  rites ,  dont  ils 
s'enrichissaient  successivement ,  aucun  n'é- 
tait remplacé  par  l'autre,  tous  coexistaient; 
et  non-seulement  ils  coexistaient ,  quelque 
contradictoires  qu'ils  fussent,  mais  chacun 
d'eux  était  liù-même  formé  de  plusieurs  élé- 
ments incohérents  et  hétérogènes  (i).  Lesdoc- 


(  I  )  Nous  tronvons  dani  tes  mystère*  de  âamotlmce, 
1°  un  sysiémed'émanBtloii  assez  pareil  à  celui  de  l'Inde  ; 
Aûero),  lepremierdesCabiret,  était  l'unité  d'où  émanxient 
^ous  les  dieux  et  tons  les  êtres  ;  a°  un  sjs^ème  astrono- 
mique, où  les  astres  étaient  divinisés,  et  qni  poavaït 
être  venu  d'Egypte;  3°  une  combinaison  de  ce  système 
avec  des  pierres  animées  par  les  astres  et  soamises  i  leur 
action,  notion  étrusi]ue,  qui  étaliliitait  tutvt  l'aitroU- 


^ 


LIVRE    XIII,   CHAPITRE   VI.  87 

tri  Des  philosophiques  les  plus  avancées  s'a- 
roalgainaient  aux  traditions  du  plus  abject  an- 
thropomorphisme. Dans  la  fable  panthéistique, 
et  par  conséquent  très-raffinée,  du  massacre  de 
Bacchus  par  les  Titans  qui  le  font  bouillir  dans 
une  chaudière^  Jupiter  est  attiré  par  la  jumée 
du  repas  qu'on  prépare  :  ce  n'est  que  lors- 
qu'il connaît  la  victime,  qu'il  foudroie  les  Ti- 
tans et  fait  enterrer  les  membres  épars  de 
Bacchus  par  Apollon  (i).  Les  moindres  rites 
étaient  susceptibles  de  plusieurs  sens;  les  ra- 
meaux portés  dans  les  Thallaphories  signi- 
fiaient tantôt  le  souvenir  des  premiers  aliment^ 
de  l'homme ,  tantôt  la  découverte  de  l'olivier 
par  Minerve,  tantôt  le  rapide  déclin  de  la 
vie ,  figuré  par  la  branche  desséchée.  Pans  les 
mystères  cabiriques,  les  deux  premiers  Cabi- 
res  étaient  des  dieux  populaires,  des  dieux 
sacerdotaux  et  des  symboles,  tantôt  métaphy- 


trie  et  l'adoration  des  pierres  une  liaison  semblable  à 
celle  qui  unissait  en  É^fypte  les  astres  et  les  animanx  ; 
4' one  hiérarchie  d'êtres  intermédiaires,  depuis  l'unité 
suprême  jusqu'à  l'homme  ;  5®  enfin  une  doctrine  de  pei- 
nes et  de  récompenses  à  venir. 
(1)  Clkx.  11'Ai.Ex.,  dans  Eusèbe,  Prép.  évang.  9. 


-■*  9«"n  rfi,.,,  ,„■„„  ,,^^  3,„'. '^«""Pour 

«  "»««..„.  i  révéi„  „„^  „  "'  ''«  ">y«é. 

»•««..  p»,  de,  die,,,.  c„„d;  "'■"'*" 

1"«;4\«fi,«ie„t,|^       ^    W,.'»->aphj,i. 

"««■•(Sl-l  l'épo,,,,   j,    """""'"  •■>"  dua- 

luon  e„ln;tenait  le,  i,,;,-,.     .""  ""'"Niable 

H^-uMons  ,   le,  „,„,,,„^    .^  '"  P'""  «uttile, 

■r»pr  sur  Imagination   du  v,  I  ^'"^'"^ 

f»mt  encore:  les  représen,  r'"''  "  P"^"' 

9««u'aTaie„t  po,m  „,„•„  Di„:'°r  ''"""'■ 

«ws  P"rle.  à  la  fi„  ,|„  '-'"'ysostôme 

*s  ténèbres  el  de   la  lumiè"  "^       ' 

ihii'W  i  leurs  regard»      ,  '"1  "'"'  ""  '"ccé- 
*        •  *•'  ''""'"  ''ont  iU 


Ithtt  m,  48.  '  ■^^'•' 

l'O  ÉMHg.  de  saint  Jea„  ,  xu 
(î;  Oio  CantsoiT.  Or  ,t\ 

a  dM  myiiercs,  "^'["ications  des  fl«n,_ 


V 


LIVRE    XllI,    CHAPITRE    VI.  89 

étaient  les  témoins  ;  en  un  inot,  il  peint  les 
mystères  comme  un  spectacle  (i). 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  traiter  des  au- 
tres genres  d^iufluence  qu'ils  exercèrent  sur 
l'esprit  philosophique  des  Grecs.  Nous  mon- 
trerons ailleurs  comment  cet  esprit  ,  bien 
que  naturellement  porté  à  une  dialectique 
eiacte  et  rigoureuse,  s'empreiguit  des  concep- 
tions gigantesques ,  et  se  jeta  dans  les  subti- 
lités indéfinissables  qui  caractérisent  l'Orient, 
et  comment  la  philosophie  grecque  perdit  en 
logique  et  en  clarté ,  ce  qu  elle  parut  gagner 
quelquefois  en  élévation  et  en  profondeur  (a). 

Il  résulte,  à  notre  avis,  de  tout  ce  que  nous 
venons  d'exposer,  que  l'existence  des  mystères 
grecs,  loin  d'invalider  nos  assertions  sur  la  dif* 
férence  des  religions  sacerdotales  et  de  celles 


0  Orat.,  la. 

>^)  «  Les  mystères  introduisirent  chez  les  Grecs,  et  y 
«  coDseirèrent  tootes  les  idëes  orientales ,  qui  élerèrent 
'  parfois  aa-dessus  du  raisonnement  la  philosophie  de  ce 
'peaple  adonné  naturellement  à  la  dialectique.  »  (IYag- 
'u,  Idfen,  etc.,  p.  76.  )  Et  moi  aussi  j'aime  que  le  senti- 
vnit  religieux  s*élève  au-dessus  de  la  dialectique  :  mais 
f  TCQx  qu'il  soit  libre  «  et  non  qu'une  autorité  extérieure 
-<  fasse  dévier  de  sa  route  et  le  dénature. 


OO  UE    LA    RELtGIOn, 

qui  demeurèrent  indépendantes  des  prêtres, 
appuie,  .111  contraire,  ces  assertions  et  les 
corrobore.  C'est  .précisément  parce  que  le 
sacerdoce  grec  n'avait  pas,  comme  ailleurs, 
lu  monopole  de  la  religion  publique,  qu'il  se 
créa,  dans  les  mystères,  un  empire  secret. 
Mais  aussi  long-temps  que  ^  religion  publique 
conserva  quelque  force ,  elle  repoussa  tes  opi- 
iiions  et  les  rttes  que  le  sacerdoce  avait  ac 
cueillis  et  comme  naturalisés  dans  ses  insti- 
tutions mystérieuses. 


\ 


LIVM£    XIII,  CaA.PITRE  VII.  9I 


CHAPITRE  VII 

Des  iniiiations  graduelles ,  comme  imitation  de 
la  hiérarchie  sacerdotale. 

Le  sacerdoce  grec,  niaitrç  des  mystères,  9^ 
se  contenta  pas  d'y  introduire  les  opinions ,  les 
dogmes ,  les  rites  et  (es  usages  sacei;dotaux ,  il 
s'efforça  d  y  établir  une  hiérarchie  sacerdotale. 
Il  y  eut  différents  ordres  d'initiés ,  comme  il 
y  avait  en  Egypte  différents  ordres,  de  prêtres. 
L^  Éleusinies  étaient  divisées  en  grands  et 
petits  mystères  (i).  Dans  ces  derniers,  la  pres- 


1^  Un  Scholiaste  d'Aristophaoe  (ad  Plut,  act.  XY, 
^•2,  23),  dit  que  les  petits  mystères  n'étaient  qu'une 
K^pantion  ^ux  grands.  Il  j  avait  de  même  trois  espèces 
^  Dionysiaques.  (Buehken  ,  ad  Hesycb.  Y^  Aievoç,  et 
^TTTUBACH,  Bibl.  CHt. ,  YII,  5i  ;  XII,  Sg.  )  L'on  distin- 
guait de  plus  les  mystères  annuels  des  mystères  triennaires 
oMriétérides.  Sainte-Ceoix,/'! 28,  Apulée  (Met.,  XI),  et 
TiÉOH  de  Smyrne  (Yoss.  de  Orig.  et  progr.  Idolol. , 
r^aS-8a9),  disent  qu'il  y  avait  cinq  grades.  Le  premier  * 


()4  UELAKELIGIOn, 

et  de  prolonger  les  épreuves.  U  ne  dépendait 
pas  d'eux,  disaieiit-iLs,  d'admettre  les  candidats; 
ils  leur  fallait  un  ordre,  une  manifestation  par' 
ticulière  des  dieux,  comme  l'accès  du  temple 
(i'Isis  Tithorée  n'était  ouvert  qu'à  ceux  qu'un 
songe  y  avait  appelés  (  i  ).  Us  comparaient  l'ini- 
tiation prématurée  au  suicide,  et  de  même 
que  les  mortels  n'ont  pas  le  droit  de  quîttei 
cette  vie  pour  s'élancer  vers  un  meilleur 
monde,  mais  doivent  attendre  le  signal  de  la 
volonté  divine ,  de  même  on  ne  pouvait  accor- 
der aux  profanes  la  régénération  des  mystères 
qu'après  en  avoir  obtenu  du  ciel  l'autorisatioii 
miraculeuse(2).  Apulée  raconte,  qu'un  anaprès 
qu'il  eut  été  reçu  aux  mystères  d'Isis,  il  lui 
fut  révélé  qu'il  devait  se  présenter  à  ceux  d'O' 
siris  (3);  il  vendit  ses  vêtements  pour  subve- 
nir aux  frais  de  cotte  initiation  nouvelle,  el 
bientôt  il  se  Ht  initier  une  troisième  fois. 
Comme  ces  réceptions,  d'abord  gratuites,  se 
firent  dans  la  suite  à  prix  d'argent  (4)t  on  ^ 
considéré  les  mystères  cnmmé  im  moyen  dÉ 


^ÏTawwf.,  Phoc,  ^r 
,Met.,  XI. 


LITRE    XlII,     CHAPITRE    VII.  gB 

richesse  pour  le  sacerdoce.  Ce  calcul  a  pu  être 
celui  de  quelques  individus ,  mais  non  le  but 
principal  de  Tordre.  Nous  reconnaîtrions  plu- 
tôt dans  ces  conditions  pécuniaires  un  effort 
pour  écarter  la  classe  pauvre ,  sans  la  repous- 
ser directement ,  ce  qui,  dans  les  états  repu- 
ilicainsdela  Grèce ,  aurait  blessé  le  sentiment 
ombrageui  de  l'égalité,  que  mécontenta  même 
cette  exclusion  indirecte  (  i  ). 


\\]  AniR.  de  Ari.  Rhet. 


96  DKtA    RELIGION, 

CHAPITRE   VIII. 

De  l'objet  réel  du  secret  des  mjrstères. 

A.V  milieu  de  celle  accumulation  de  doctrines 
et  de  révélations  incohérentes,  on  a  souvent 
demandé  quel  était  l'objet  du  secret  dans  les 
mystères.  Ce  secret ,  nous  n'hésitons  pas  à  t'ai- 
firmer,  ne  résidait  ni  dans  les  traditions,  ni 
dans  les  fables,  ni  dans  les  allégories,  ni  dans 
le.s  opinions,  ni  dans  la  substitution  d'une 
doctrine  plus  pure,  en  remplacement  d'une 
plus  grossière  (1):  toutes  ces  choses  étaient 


(i)  '  J'ai  hoQte,  dit  Momtis,  dani  l'atiemblée  des 
dieux  de  Lucien ,  de  faire  le  reccoacment  des  sioges,  des 
cigognes ,  des  boites,  el  de  tant  d'antres  choses  plus  ab- 
surdes encore,  que  les  Égyptiens  ont,  je  ne  tais  pour- 
quoi, fait  monter  au  ciel.  Comment  ponvez-ious  suppo- 
ser, TOUS  antres  dieux,  qu'on  adore  ces  êtres  ridicules, 
avec  autant  et  plus  de  respect  que  vous?  Sans  doute,  rc- 
pond  Jupiter,  ce  que  tu  diï  des  Égyptiens  est  honteux  : 


> 


LIVRE   XIII,    GHAPITâf:    VIII.  g* 

connues.  On  confiait  aux  récipiendaires  des 
faits  qu'ils  ayaient  ouï  raconter  ailleui*s ,  des 
lIctioDs  qii^ils  avaient  lues  dans  tous  les  poètes, 
des  hypothèses  qui  étaient  dans  la  bouche  de 
tons  les  philosophes.  Les  courses  de  Gérés , 
les  malheurs  des  dieux,  les  combats  des  Titans, 
étaient  représentés  sur  le  théâtre,  gravés  sur 
le  marine,  chantés  dans  d^  hymnes  publics. 
Les  systèmes  de  cosmogonie  étaient  contenus 
dans  des  ouvrages  ouverts  à  tous  les  profanes. 
On  n'apprenait  point  par  Pinitiation  les  opi- 
nions philosophiques;  mais  qtiand  on  était 
philosophe,  on  lès  y  reconnaissait.  Ce  qu'il  y 
avait  (le  secret  n'était  donc  point  les  choses 
qu'on  révélait,  c'était  que  ces  choses  fussent 
ainsi  révélées ,  qu'elles  le  fussent  comme  dog- 


■*^ 


•I  ■   •  il 


(«pendant  phisieofsde  des  choses  renferment  des  énig^' 
■es  dont  les  profaffies  ne  doivettl  point  se  moquer.  Vrai- 
■cQt ,  réplique  Monitis ,  je  n'ai  pas  besoin  de  mysrères 
pour  tSToir  qne  les  dieux  sont  des  dieux,  et  que  ceux  qtii* 
«tdes  têtes  de  chien  som  des  chiens.  »>  Ce  passage  tsi 
^atportani,  i^  parée  qu'il  atteste  la  figure  de  plusieurs  di- 
ctes dans  les  itaystèrés ,  el  j?  par<^  qu'on  voit  les  mè-^ 
*cinillen«s  dirigées  ccAitre  les  mystères  et 'contre  le 
fiihe  public.  ' 

''■  7 


i 


,jH  DE    Lk    BELlGtOH, 

■lies  el  pratiques d'uQO religion  occulte, qu'^cs 
le  i'tisseat  progressivement,  de  manière  k  lais- 
sei'  toujours  en  perspective  des  rérélatioDS  ul- 
lérieures,  qui  dissiperaient  en  tempe  of^>or- 
Inii  toutes' l«s  objections,  et  qui  lèveraient 
tous  les  doutes.  Ceqully  avait  de  fixe,  ce  n'é- 
taient point  les  doctrines,  c'étaient  les  signes 
et  les  mots  de  ralliement  communiipiiés  aux 
initiés,  et  les  cérémonies  qui  accompagoaieiil 
ces  communications  (i). 

Les  impies  qui  furent  poursuivis  pour  leurs 
inHiscrétiotis  sacrilèges,  Diagoras  (a)  i  Artsla- 


(il  Arriea,  dani  Éjiictéle,  blâme  un  homme  qui  ji»- 
lifiail  sa  doctrine ,  eo  aFErmant  qu'il  n'enseignBil  que  cf. 
qui  éiait  euieigné  d.ins  les  mystères.  Ooi,  lui  répond-il, 
tu  ensei^ei  les  mêmes  choKS,  mais  dans  ua  autre  lim. 
iaa%  les  cérémovifs,  saiu  la  soleonit^,  mm  la  pitMl^. 
sanï  le  respect  religion I  q«i  lei  rendent  tUilta.  SiHK«wi 
{ £pi9t. ,  gS},  «n  comparant  la  plùla*ophi«  à  ClBitiqttoB. 
dit  que  les  précepte»  itaicat  couus  des  prolfuei,  siai* 
que  Irt  plus  sainte*  ciriiMotûaê  éUiest  tifné»  aiii 
seuls  adepte*.  Peut-être  aouî  leur  «(ipr«oait-«n  qualqiiM 
noms  différents  donnés  aux  dieits. 

[Il  A.BISTOPM.  Aws  ,  1071-10741  Schal.,Jb.  Ltsiu 
couir.  Andocid.  ATSEific.  de  Légal. 


gore  (i),  Âldbiade  (a],  Andocide  (3),  ne  fu- 
reot  jamais  aeeusés  d'avoir  divulgué-unedoc- 
tiîne ,  mais  d'avoir  contrefait  des  cérémonies. 
La  même  accitsfitiop  pe^  f^f  ^rî.9tof e.  Aucune 
portion  de  sa  philosophie  ne  fut  alléguée  con- 
tre lui  par  rhiérophante,  son  persécuteur; 
mais  un  sacrifice  aux  mânes  ^e  sa  femme ,  avec 
des  rites  réservés  à  Cérès  éleusinienne  (4)* 


ft.tt  ht 


•  «    • 


•        •  V  1     • 


(i)  Schol.  ÂRisTOPH. ,  Nub.,  6^6. 

(i)  Plot,  in  Aleib. 

{})  A009SID.  do  Bfy«U 

(4)  Dbog.  LAmmT. .  V,  i-5^         j 


M 


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>   »       »  t    \ 


1  t 


CHAPITRE  IX; 


»  fu'on  a  données  des  mys. 


fc«*— Irniut  fdcile,  à  ce  qu'il  nous  ; 

kh.  <At  coocevoir  l'erreur  de  ta   pliipar 

«PM  fn  nous  ont  précédé  dans  ces  rec 

^K.  Crttr  erreur  est  de  la  même  nature 

air  «H  érudits  dont  nous  avons  parlé  < 

«MR  pmnier  volume  (i).  Le  théisme,  le  t 

lAnaae.  les  crises  de  la  nature  physique 

JtriMrrerle  des  arts,  les  progrès  de  la  civi 

M»,  toutes  cçi&  choses  se  trouvaient  dans 

■TStvres;  mais  aucune  n'en  était  la  docti 

M^iie,  .-lucune  n'y  élail  enseignée  exclusi 

•enl,  aucune  n'y  était  révélée  à  tous.  Le 

cmiocv  du  polythéisme   indépendant  agis: 

«vers  les  profanes,  comme  nous  avons  vu 

(inVlres  du  polythéisme  sacerdotal  agir  envi 


\       LIVRE   Xtll,    CHAPITRE    IX.  lai 

les  étrângen  (i).  Depuis  le  dévot  le  mcnns 
éclairé,  jusqu'au  philosophe  amoureux  dés 
spéculations  les  plus  abstraites,  tous  y  reneou- 
traîent,  en  raison  de  leurs  lumières,  des  rêvé-* 
htions  satifiiisantes  (2).  Les  hiérophantes  de  la 
Grèce  laissaient  croire  à  Platon  que  les  mys- 
tères contenaient  des  préceptes  de  morale  (3); 
à  Yarron,  que  des  vérités  physiques  y  étaient 
renfermées  (4)  ;  ils  permettaient  à  Diodore  d'y 
reconnaître  des  (ails  (5);  «  Plutarque^  des  doo-i 
trines,  tantôt  le  dualisme  (6) ,  tantôt  les  peines 
et  les  récompenses  à  venir  (7);  ils  révélaient  à 


(i)  T.  m,  p.  g%. 

{%)  Si  le  lecteur  voolait  trouver  de  nonveaox  dévdop- 

penents  k  joindre  à  ceux  que  nous  lui  avons  présentés 

nr  k  diversité  des  eiplications  que  les  prêtres  donnaient 

simoltanémenl,  mais  aux  diverses  classes  des  initiés, 

*  il  pourrait  consulter  SonsnT,  de  Saoerdot.  et  Saorifi 

£g7pt. ,  p.  7^. 

(3)  Pi.ATOBy  Gorgias. 

(4)  Âuo.  Cîv.  I>et,yiI,2S. 

(5)  DiOD.  I,  aa. 

(6)  Plutaacb.  de  Or.Def.,  i3-i5  ;  de  fac.  inOrb.  Lan.; 
delsid.y  45. 

(7)  Plutarque  cite  les  mystères  comme  enseignant  les 
panifions  des  âmes  impures,  et  les  récompenses  pro- 
fressives  des  âmes  purifiées  dans  cette  vie. 


b£    L  A     SELIurUK 


oooal  redoutable,  coin|wsé  de  prêtres,  i 
>ODI  à-U-foU  juges  et  parties,  prononcent  i 
peines  capitales  contre  l'indiscret  et  cod 
Timpie.  Le  sacnlége  est  puni  de  mort  ;  i 
*"«w  confisqués  sont  vendus  à  l'enchère,  j 
•■et  à  prix  la  tète  de  Diagoras  (ij  et  c^ 
cT.^ristagore  i^a,.  Les  services  les  plus  émineg 
'^'wlns  à  U  patrie,  la  gloire  la  mieux  méril) 
o»itt  les  aroKS  el  daos  les  sciences,  ne  serv«^ 
P*s  d'égide.  Athènes  niécoonaît  également  * 
^'elJe  doit  au  bras  d'Alcibiade,  et  aux  aM 
dllatioos  d'.\n>tole;  le  peuple  s'irrite  de  J 
IcDleur  des  juges  et  derance  leur  sévérilj 
£schjle ,  au  milieu  des  applaudissemeâj 
^'obtiennent  ses  tragédies,  est  prêt  à  se  vuij 
dédûr^  par  la  mulritude,  pour  avoir  mis  suj 
U  scrae  des  objets  mi-stérieus,  ou  trahi,  pd 
quelque  allusion .  le  secret  des  mystères  (3] 
Vktiiœ  plus  obscures,  deux  jeuties  AcarQà| 

i 


Are)..  107I:  Ran»| 


r.,  i«r.  HU1-.  V.  ; 
1 

J 


LIVRE   XIII^  CHAPITRE  X.  fo5 

nieos  sont  massacrés ,  en  punition  d'une  fauté 
de  même  nature  (i).  Euripide,  malgré  sa  haine 
contre  les  institutions  de  son  pays,  et  "ses  iu- 
tentions  irréligieuses,  distingae  avec  soin  les 
mystères  de  Bacchus  des  Dionysies,  pour  ne 
pas  encourir  une  accusation  infailliblement  fu- 
neste (a).  Les  philosophes  ne  se  séparent  point 
a  cet  égard  du  vulgaire  ;  ils  prodiguent  aux 
mystères  les  plus  grands  éloges  (3);  Socrate , 
qui  paya  de  sa  vie  sa  désapprobation  publique 
de  la  mythologie  populaire  ;  Platon ,  dont  tous 
les  écrits  tendent  à  flétrir  cette  mythologie, 


(i)  Tm-LiTB,  XXXI. 

(a)  SAurTB-Cmoix,  p.  412. 

Ti  Déméter,  dit  Isog&ate  (  Panëgyr.  ) ,  a  enrichi  nos 
ii«ax  de  deoz  inestimables  trésors  :  le  blé  ,  grâce 
tsqvel  nous  nons  sommes  élevés  an-dessiis  des  ani- 
aaiix;et  rinitialion,  qui  remplit  de  donces  espérances 
nrU  fin  de  la  vie  et  sur  l'existence  de  l'homme,  ceux 
fai  en  reçoivent  le  bienfait.  Comme  les  dieux  sont  au- 
^os  des  héros ,  les  Éieusinies  sont  au-dessus  de  tou- 
tes les  institutions  établies  par  les  hommes.  (  Pausah.  » 
If  Si.)  En  général,  tontes  les  fois  que  les  orateurs,  les 
pands  hommes  et  les  sages  de  l'antiquité  parlent  de  l'îm- 
nortalité  de  l'ame,  prise  dans  le  sens  le  plus  relevé,  ou 
^  Tonité  de  la  première  cause,  ils  font  des  allusions 
<ix  mvslères  d'Eleusis. 


f , 


106  DC    LA    RELIGlOir^ 

ue  s'expriment  tou6  deux  qo'avee  un  respect 
profond  sur  le  culte  secret 

D'une  autre  part ,  Iton^seulement  la  p»tU 
cipation  à  de  certaina  mystères  est  quelquefois 
ua  sujet  de  blâme  (i)^  mais  Anstophane  in- 
sulte à  ceux  que  les  Grecs  révèrent  le  plus , 
aux  Thesmophories  et  aux  Dionysiaques  (a).  I^e 
peuple  d'Athènes  les  soumet  à  l'inspection  des 
magistrats  civils  (3>  Il  se  réserve,  au  mépris 
des  déclarations  formelles  destinées  à  sous^ 
traire  k  tout  adoucissement  les  lois  venge- 
resses des  mystères,  le  droit  d'annuler  le» 
jugements  des  Eumolpides  contre  les  profana- 
teurs ;  et  les  sages  qui  rendent  un  éclatant 
hommage  au  sens  sublime  de  cts  institutions, 
se  dérobent  pourtant  à  l'honneur  d*étre  ini- 
tiés (4).  Les  Romains,  qui  nous  ont  offert, 
dans  un  livre  précédent,  le  spectacle  de  la  ré- 


^1)  DiacosTX.  contr.  CtëMphon. 

(a)  BcRGLBft ,  Not.  in  AristOfA*.»  ad  Ran. ,  ▼•  si^;  Pin- 

tus  y  V.     846-84^. 

(3)  L*Archonic-roi  avait  Tinsf  eodon  dea  myt^ère»  de 
Bacchiis ,  et  en  nonamait  lea  prôtrca.  Sv  feinme  lea  fflré- 
»idait. 

(4)  Socrate  ne  voulut  jamais  se  lairci  inkîer. 


LIVRE    Xlll,   QHAPITAf    X.  Wj 

stance  opposée  par  le  génie  grec  aux  rites 
i  aux  doctrines  du  sacerdoce,  en  agirent  envers 
>$  mystères  avec  une  défiance  plus  soulenoe 
t  plus  implacable.  Ce  peuple  grave  et  soup» 
doneux  promulgua  contre  leur  introduction 
es  édita  sévètes*  Les  Bacchanales  lurent  dé- 
indues  par  le  sénat  (  i  )  ;  les  Ëleu&inies  ne  forent 
imais  admises  :  les  étrangers  même  qui  tou^ 
ûeat  célébrer  par  des  rites  occultes  le  Bac- 
bus  sabazien^  en  furent  empêchés  par  lea 
«éteurs  «  malgré  la  tolérance  romaine  (a)  ;  et 
»sque  les  arcpes  de  la  république  eurent  sou- 
dis  la  Grèce  »  les  peines  contre  les  profana- 
eais  furent  fort  mitigées  (3)< 
Ces  contradictions  paraîtront  expliquées, 
i  Ion  réfléchit  que  d'une  part  le  sacerdoce 
;rec  employait  en  faveur  des  rajslères  toute 
m  influence,  tous  ses  moyens  d'agir  sur 
imagination  d'une  nation  mobile  et  crédule, 
!t  que  l'esprit  géïi^al  du  polythéisme,  touj- 
ours disposé  à  recevoir  tous  les  dieux  et  à 


I)  TiT.-Lïv.,  XXXIX,  i5  et  i6, 
i)  Val.  Bliix.,  111,3. 
1'  HftsYca.  V*  Eovcoxoc. 


fo8  Dl  LA    KKLIGIOII, 

célébrer  tous  le*  rites,  favorisait  les  effort^ 
do  sacerdoce.  Les  Grecs  adoptaient  des  ctté- 
monies  qui  venaient  du  dekors ,  par  le  néroe 
motif  qui  leur  faisait  dresser  des  autels  à  dr^ 
dieus  inconnus  ;  mais  le  génie  national 
se  soulevait  contre  tout  ce  qui  portait  rea- 
preinte  barbare  et  sacerdotale  (  f  ).  De  leur  c6tr  j 
les  philosophes,  impatients  de  la  grossièrrtd 
des  croyances  vulgaires,  étaient  disposés  fam>^ 
rablement  envers  des  institutions  qui  précei»^ 
daient  Tépurer.  Ils  y  retrouvaient  leurs  docti^ 
nés  subtiles ,  les  découvertes  ou  les  conjecturri 
qui  leur  avaient  coûté  tant  d*études  ;  1^ 
théisme,  qui  sul>sti tuait  à  des  diversités  CMii 
{(antes  Fimposante  unité;  le  dualisme,  qM 
seul  absout  VpJrr  suprême  de  la  présence  A\ 
mal;  le  panthéisme,  qui  repose  Timaginatitii 
en  réalisant  pour  elle  cet  infini ,  sa  terre  pnl 
mise«  qu'elle  aperçoit  à  travers  les  nuagH 
ions  jamais  y  entrer.  Mats  d*une  autre  part .  I 


.1  L'oppotitKM  été  my%ièm  an  gé^^  àe%  Gr^ 
fr«p|M  <le  toai  traip*  lr«  Mpriu  obMrvatcvrs.  •  Q—  éi 
«  bsrliam,  •*érnatt  C Jument  d*Alrsan«lnCt  sirat  «le  y  i 
•  rttU  mvfttrm,   •  U  bonnr  hearr;  iMiit  4m  Grrc%  I 


LIVRE    XIII,    CHAPITRE   X.  IO9 

maure  (|ue  les  philosophes  pénétraient  dans 
les  secrets  .<lf&  mystères  9  ils  voyaieat  se  tnéler 
aux  opinions  qui.  pouvaient  leur  plaire  un 
alliage  étrange  et  contre  nature,  qui  ne  préfait 
au  culte  national  un  sens  moins  déraisonnable 
en  apparence  que  pour  le  corrompre  en  réalité, 
par  des  hypothèses  plus  fantastiques  et  des  pra- 
tiques plus  scandaleuses. 

De-ià  ce  mélange  de  repoussement  et  d*at- 
nit,  d'admiration  et  de  blâme,  de  respect  et 
l'horreur.  Quand  on  disait  aux  Grecs  que  dans 
es  mystères  ces  dieux  étaient  affranchis  de  leurs 
ices,  de  leurs  imperfections,  de  leur  jalousie 
x>ntre  de  faibles  mortels,  et  toujours  amis 
le  la  race  humaine  ,  toujours  protecteurs 
e  la  justice  ,  prêtaient  aux  prières  une 
itille  propice,  et  à  l'innocence  un  appui  gé- 
éreux,  le  sentiment  religieux  des  Grecs  croyait 
oir  dans  ces  améliorations  l'accomplissement 
e  ses  espérances ,  la  sanction  de  son  travail 
puiiâtre  sur  le  caractère  de  ses  dieux  ;  mais 
uand  du  fond  des  temples  s'échappaient  des 
acchantes  échevelées,  demi-nues, blessant  les 
isards  par  le  Phallus  obscène ,  et  remplissant 
âirde  hurlements  sauvages, ces  mêmes  Grecs 


I 


SIO  OB   LA    BBLlOlOlf, 

fie  deoMifidaîenl  d*oii  pouvawnt  sortir  on  hor 
des  frénétiques,  et  quel  affreux  podige  éHh 
guraît  ainsi  le  culte  traosom  par  Hooderr. 
^uré  par  Sophocle,  et  quo  de  teHês  ongir^ 
sembbieot  profaner. 


DE  LA  RELIGION, 


GONSIDiRÉE 


DANS  SA  SOURCE, 

ses  FOIUUES  ET  SES  DÉVEXOPPEMEWTS. 


LIVRE    XIV. 


DE  LÀ  RBI^IGION  SGAHOIlf AYE  ET  DE  IiA  REVOLIFTION 
QUI  SUBSTITUA  EN  SCANDINAVIE  UNE  CRQYANCE 
SACERpOTAIiB    AU    POLYTHEISME    INDEPENDANT. 


t^  *■  I  ■'■/ 


CHAPITRE   PREMIER 


Observation  préliminaire. 

iN  os  lecteurs  -  s'attendent  probableoient  k 
rencontrer 9  chez  les  Scandinaves,  tin  fMily*- 
théisme  très-difFérent  des  croyances  de  TOrient 
et  du  Midi  y  et  même  de  la  religion  grecque , 
v>it  grossière,  telle  qu Homère  nous  la.  pré- 
sente, soit  épur^,  telle  que  Sophocle  nous 


1  lu  Ur    LA    RFLiniOB, 

la  fait  coniiaitrc.  Otie  supposition  est  nalti- 
n*lle.  Le  caractère,  les  habitudes,  les  morur^. 
les  passions  des  peuples  du  Nord  les  dtsiin- 
guenti  sous  beaucoup  de  rapports,  des  na- 
tions qui  habitent  des  zones  plus  heureuses, 
des  terres  plus  fertiles.  Nous  avons  déjà  re- 
connu cette  vérité  (i  j;  mais  nous  avons  ajoutr 
que,  si  le  Midi  était  le  domaine  du  sacerdoce, 
le  NonI  avait  été  sa  conquête.  Or«  l'intérêt  du 
sacerdoce  étant  le  même,  les  lois  auxquelles 
vm  intelligence  est  soumise  .'i)  étant  idenliqii<-% 
dans  tous  les  climats,  il  doit  eu  n'*sulter  pour 
la  religion,  publique  ou  secrète,  populaire  ou 
scientifique ,  des  conformités  qui  seraient  inex- 
plicables ,  si  elles  ne  remontaient  à  cette  cauM* 
On  verra  qn'eo  effet  le  Scandinave,  qui  n*exi% 
tait  que  pour  la  guerre  et  pour  la  rapîoe*  a 
eu  néanmoins,  sous  des  formes  plus  Apre%  , 
les  mêmes  pratiques,  les  mêmes  dogmes,  W\ 
mêmes  cosniogoni(*t  que  Tlndien,  qui  ne  rt^s- 
pire  que  k  douceur,  la  mollesse  ^t  la  paix.  1^ 
problème  se  résout  fiicilement,  quand  le»  fait^ 


1^  V   I,  II,  Vit.  If.  rli  -B 

t  v. I. m, ii«  ▼t«ciii,p  1V14 


LIVRE    XIV,    CHAPITRE    I.  Il3 

démontrent  que  toutes  ces  choses  furent  im* 
portées. 

Qu'on  ne  s'étonne  donc  point,  si  nous  n'a- 
percevons d'abord ,  dans  le  polythéisme  Scan- 
dinave, qu'une  croyance  assez  pareille  à  celle 
des  Grecs  hooîériques,  et  plus  tard  une  reli- 
gion peu  différente,  dans  ses  base^,  des  opi- 
nions orientales  et  méridionales.  Nous  ne  pré- 
tendons point  que  tous  les  peuples  se  soient 
i^essemblé;  nous  ne  contestons  pas  que  la 
reKgion  se  soit  modifiée  ,  suivant  lé  climat 
tn  les  circonstances.  Si,  au  lieu  de  nous 
borner  à  l'histoire  des  formes  religieuses, 
nous  avions  entrepris  une  histoire  univer- 
selle ,  nous  aurions  eu  devoir  et  mission 
dentrer  dans  le  détail  de  toutes  les  diffé- 
rences; mais,  obligés  de-^nous  renfermer  dans 
notre  sujet,  et  de.  suivre  la  ligne' qui  nous 
•  tait  tracée,  nous  n'avons  pu  les  indiquer  que 
sioimairement,  en  ramenant  toujours  la  pen- 
^e  du  lecteur  sur  les  conformités  plus  géné- 
rales et  plus  essentielles.  Ainsi ,  nous  avons 
remarqué  que'  la  religion ,  guerrière  dans  le 
^ord,  était  pacifique  dans  l'Orient;  mais  cette 
diversité  de. caractère  n'a  changé  que  peu  de 
chose  à  l'action  des  prêtres,  n'a  limité  qu'ac- 
V.  8 


ii4 


UH    LA    RELIGION, 


cidentellement  et  par  interyalies  la  puissance 
qu'ils  ont  exercée,  et  ne  les  a  point  empêchés 
d'introduire,  dans  la  croyance  du  peuple,  les 
dogmes  qui  leur  étaient  favorables,  et^  dans 
leur  doctrine  occulte ,  les  notions  vers  les- 
quelles leurs  méditations  les  avaient  conduits. 
Cette  explication  préalable  étant  bien  com- 
prise, nous  ne  craindrons  plus  d'être  accusés 
d'une  erreur,  que  nous  avons  trop  souvent 
reprochée  k  des  écrivains  d'ailleurs  recom- 
roandables,  pour  ne  pas  avoir  mis  tous  nos 
soins  à  l'éviter  nous-mêmes;  et  nous  peindrons 
avec  fidélité,  sans  redouter  le  Sroupçon  d'une 
partialité  aveugle  pour  un  s.ystème  exclusif, 
1  autorité  du  sacerdoce,  chez  les  Scandinaves, 
après  leur  seconde  révolution  religieuse  » 
comme  presque  aussi  étendue  qu'elle  lavait  été 
chez  les  Égyptiens. 


LIVRE    XIV^    CHAPITRE   II.  Il5 


CHAPITRE  II. 


Comment  les  Scandinaues  passèrent  du  féti- 
chisme au  polythéisme. 


JMous  nous-  étions  proposiez  en  GomiDençant 
cet  ouvrage,  de  réunir  dans  iiu  seul  Uvr^  \x^% 
ce  qui  a  rapport-  i  jU  relig^ou  de  la  Scandiaâr 
vie.  Mais  nous  avQW  été  forcés ,  ii  plusieurs 
reprises,  de  puiser  daas  cette  religion  des  faits 
destinés  à  prouver  nos  assertions  sur  les  cul- 
tes soumis  à  la  direction  sacerdotale. 

Il  en  résulte  .<{ue  beaucoup  de  choses  qui 
devaient  ici  trouver  leur  place,  sont  répan- 
<lues  dans  nos  quatre  précédents  volumes. 
Nous  avoQsidû  les  supprio)^,  et  nous  ne  trai-. 
terons  de  la  composition  et  de  la  marche  du 
polythéisme  dd  TVord,  que  sous  un  point  de 
vue  général  et  d^une  manière  fort  abrégée. 

La  Scandinavie  comprend;  spécialement  le 

8. 


i 


.'M^ittl   ■» 


1(8  D£    LA    RELIGION^ 

suivadt  Bofin;  roi  des  Vandales  (i).  suWant 
Eckard  {^). 

Nous  disons  le  premier  Odin  ;  il  y  en  a  eu 
plusieurs.  Odin  ou  Wodan,  comme  on  sait, 
n'était  qu'un  noni  générique,  ainsi  qtiHer- 
cule,  Brama,  Osîris.  Ce  nom  générique  parait 
au  milieu  des  ténèbres  de  la  mythologie  sep- 
tentrionale comme  une  grande  ombre,  autour 
de  laquelle  s'agitent  et  se  rassemblent  les 
fables.  Toutes  les  tribus  du  Nord  faisaient  re- 
monter à  Odin  leur  origine;  leurs  rois  s'en 


.;-'i\ 


(i)  De  orig.  Germanor. 

(a)  Nous  laissons  de  côté  la  question  insoluble  de  Té- 
poque  dé  l'invasion  d'Odin  en  ScandinaTie.  Ceux  qui  eu 
fixent  la  date  soixante-dix  ou  cent  ans  avant  notre  ère, 
confondent  le  premier  Odin  avec  ceux  qui  lui  succédè- 
rent. Il  est  très-vraisemblable  que  le  plus  ancien  de  tous 
vivait  du  temps  ou  avant  le  temps  de  Darius ,  fils  d'Hys- 
taspc.  Nous  écartons  de  même  toute  recherche  sur  la  pa- 
trie du  premier  Odin.  Suivant  Snoriro,  il  régnait  sur  les 
Ases,  peuples  d'Asie,  e!  de-là  le  nom  d'Asgard,  pour  sa 
capitale.  Botin,  dans  son  Histoire  de  Suède,  reconnaît 
en  lui  Sigge ,  qui,  dit-il ,  traversa  TEsthonie  et  le  Dane- 
mark. ËcxARD  prétend  qu'Odin  ne  vint  point  d'Asie  ,  et 
que  Terreur  qui  Tcn  fait  sortir  a  pris  sa  source  dans  le 
nom  d'Ases,  donnée  ses  compagnons,  et  qui  signifiait 


seif^neur. 


LIVKK     XIY,     CHA.FIT11S    II.  I  I9 

disaient  descendus.  On  lui  attribuait  la  dé- 
couverte de  tous  les  arts,  le  mérite  de  toutes 
les  institutions  civiles  et  religieuses. 

Ce  nom  identique,  désignant  à  la  fois  plu- 
sieurs périodes  de  Tétat  social  et  plusieurs  in- 
dividus qui  se  sont  succédé  à  de  longs  in* 
tervalles,  a  induit  la  plupart  des  écrivains, 
occupés  du  sujet  que  nous  traitons ,  dans  une 
erreur  (adbeusie  (i).  Ils  n*ont  pas  réfléchi  que 
s'il  s'agissait  des  époques ,  la  religion  de  cha- 
cune pouvait  avoir  été  différente,  et  que  s'il 
Il  était  question  que  des  individus,  chaque  Odin 
pouvait  aussi  avoir  différé  de  ses  prédécesseurâ 
dans  ses  moyens,  dans  son  but,  dans  ses  doc- 
trines; ils  ont  vu  dans  tous,  la  réunion  du 
prophète  et  du  guerrier  ;  ils  ont  fait  du  premier 
Odin,  comme  du  second,  ou  du  troisième, 
car  il  faut  peut-être  en  compter  jusqu'à  trois , 


,'1)  Noos  ne  parlons  ici,  ni  de  ceux  qui,  Toulant  9*af> 
TriDchir  de  tontes  les  difficaltés ,  ont  pris  le  parti  com- 
■ode  de  rqeter  entièrement  Texistence  de  tous  les  Odins, 
Menqa*ils  ne  puissent  appuyer  leurs  dénégations  d*ancniie 
preuve,  ni  de  ceux  qui  ont  hasardé  les  conjectures  les 
pbii  absurdes,  prétendant  qu'Odin  était  Priam,  Anténor 
00  Ulysse,  et  qii'Asgard,  sa^capiiale,  était  Troie. 


120 


DE   LA    RELI  GION, 

un  Mahomet  armé  pour  fonder  une  religion  ^ 
et  l'ayant  fait  triompher  par  ses  victoires. 

Le  premier  Odin  ne  fut  point  un  inspiré 
qui  établit  sa  croyance  par  le  glaive.  Ce  fut 
un  conquérant,  auquel  ses  succès  valurent 
l'apothéose.  Il  ne  devint  point  guerrier,  comme 
Mahomet,  parce  qu'il  était  prophète;  mais  il 
passa  plus  tard  pour  prophète,  parce  qu^il 
avait  été  un  guerrier  vainqueur,  et  que  des 
prpphètes  postérieurs  prirent  le  méraé'  nom. 
,  Comme  les  colonies  égyptiennes  avaient 
réuni  les  fétiches  des  Pelages,  Odin,  en  poli- 
çant,  jusqu'à  un  certain  point,  les  hordes 
sauvages  de  la  Scandinavie,  rassembla  les 
idoles  que  ces  hordes  adoraient  isolées  (i).  Une 
montagne  fut  leur  Olympe,  un. frêne  irnooense 
leur  ombrage;  et,  retranchés  dans  une  cita- 
delle, ils  se  partagèrent,  comme  les  dieux  des 


■ 

I 


(i)  Le  genre  de  cette  réTolution  s'accorde  très-bien 
avec  rhypothcse  vraisemblable  que  le  premier  Odin  fut 
antérieur  au  second  de  cinq  cents  ans;  car  les  Cimbres  de 
la  Scandinavie,  que  le  second  Qdin  subjugua,  étaient 
déjà  dans  la  deuxième  période  de  Tétat  social,  dans  la 
barbarie,  et,  par  conséquent,  n*avaienr  plus  pour  reli- 
gion le  pur  fétichisme. 


LIVRE    XIV,   CUAPITUE   II.  I!2f 

Grecs,  les  fonctions  que  jadis  les  fétiches 
exerçaient  indistinctement.  Baider  dirigea  le, 
char  du  soleil,  Thor  présida^aux  exploits  guer- 
riers, Freya  aux  peines  et  aux  plaisirs  de  l'a- 
mour. 

Cette  révolution  ne  s'opéra  point  aussi 
pacifiquement  qu'en  Grèce.  La  légende  de 
Regner-Lodbrog,  auquel  le  Scalde  païen  (  i  ),  qui 
Fa  composée  f  attribue  évidemment  plusieurs 
des  exploits  d'Odin,  fait  allusion  à  des  guerres 
acharnées  contre  les  adorateurs  des  vaches  et 
de^  taureaux.  Deux  génisses  vierges  et  la  vache 
Sibylia,  dont  le  nom  rappelle  celle  qui,  aux 
Indes,  mit  les  guerriers  de  Wischamitra  en 
fuite  (a),  repoussent  long-temps  les  efforts  de 
Régner,  et  ses  fils  ne  sont  victorieux  qu'après 
^mort  (3). 


fi)  Le  paganisme  du  poète  est  prouvé  par  le  mépris 
qu^il  affecte  poar  la  religion  chrétienne.  Il  écrivait  dans 
nn  temps  où  cette  religion  travaillait  à  s'établir ,  et  re- 
cueillait d'autant  plus  fidèlement  les  légendes  les  plus  an- 
ciennes dn  polythéisme  antiqne. 

(a)  V.  t.  III,  p.  319-222. 

(V-  Dans  d'autres  fables,  au  contraire,  Regner-Lod- 
brog,  est  possesseur  de  la  vache  Sibylia,  qui  contribue  à 
ses  victoires.  (V.  t.  III,  p.  260.)  Mais  cette  vache  n'en 
^»t  pas  moins  une  divinité,  un  fétiche. 


laa  DE   LA   RBLIGlOir, 

Par  une  circonstance  qui  n'avait  pas  < 
existé  en  Grèce ,  et  qui  était  une  suite  natu-  i 
relie  des  victoires  Au  premier  Odin,  le  coo-  | 
quérant,  qui  avait  opéré  la  révolution  reli-  ! 
gieuse,  dut  être  placé  à  la  tète  des  dieux  (i).  j 

La  gloire  qui  t'entourait,  la  terreur  qu'îns-  I 
piraient  ses  triomphes ,  lui  donnèrent  les 
moyens,  non  d'imposer  aux  vaincus  d'autres 
opinions  que  celles  qui  étaient  analogues  aux 
notions  de  leur  époque,  ce  qui  est  au-dessus 
de  toute  puissance  humaine,  mais  <)e  trans- 
porter chez  des  barbares  son  culte ,  qui  était 
approprié  à  la  barbarie;  il  profita  de  l'enthou- 
siasme de  ses  frères  d'armes  pour  présider  aux 
festins  des  braves ,  après  leur  mort ,  comme 
il  présidait  k  leurs,  exploits  et  à  leurs  ban- 
quets, pendant  cette  vie. 

Il  en  résulta  qu'en  Scandinavie,  le^  premier 
polythéisme  fut  ta  transplantation  ,  dans  un 
pays  conquis,  de  la  religion  professée  par  les 


i 


(i)  Quelques   mythologm 
jjzarre  qne,  chez  une  nati 
ScaudinavES ,  le  dieu  de  la  guerre   proprEiui 
pas  occnpéle  premier  rang.  C'est  qu'OUin  l'oc 
frlait  regardé  comme  son  fils.  (  Riih,  Scandin. 


it  remarqué  qu'il  était 


bizarre  que,  chez  une  nation  BumÏ  belliqueuse  qu« 

proprEment  dit  n'ait 

,'OUin  l'orcupail.  Thor 

3a-33.  1 


LIVRIE    3iiy,     CHAPITRE    II.  Il3 

ainqaeurs,  mdîs  conforme  à  la  progression 
aturelle  de  la  croyance  des  vaincus;  tandis 
[ue  le  premier  polythéisme  des  Grecs  avait 
té  Taroalgame  pacifique  du  fétichisme  des 
auvages,  avec  le  polythéisme  des  colons  plus 
lolicés. 

D ailleurs,  les  dieux  de  TEdda,  comme  ceux 
le  la  Grèce,  ue  sont  que  des  êtres  puissants  et  ' 
orts,  protecteurs  ou  ennemis  des  mortels, 
mvant  leurs  fantaisies  ou  leurs  intérêts,  et 
ouvent  exposés  à  porter  la  peine  de  leurs 
>réf(érences,  ou  de  leurs  inimitiés  capricieuses. 
lis  descendent  du  ciel ,  avides  de  sang  et  se 
complaisant  dans  le  carnage.  Ils  sont  tour  à 
lour  vainqueurs  ou  vaincus;  les  héros  les  dé- 
fient; de  simples  guerriers,  des,  géants  sur- 
tout, les  blessent  ou  les  contraignent  à  pren- 
ez la  fuite  (i).  Des  magiciens  se,  jouent  d'eux 
par  leurs  enchantements  (a). 


i;  Loke,  enlevé  par  un  géant  transformé  en  aigle, 
réchappe  au  trépas  qu'en  promettant  de  livrer  la  déesse 
Idnna  qui  rajeunissait  les  dieux.  (Edda ,  5i*  fable.  )  Odin 
^  deai  autres  dieux  voyageaient  ensemble.  Us  tuèrent  le 
fiU  d*an  géant.  Les  frères  du  mort  se  saisirent  d'eux ,  et 
«forcèrent  à  se  racheter.  H  est  vrai  que  les  dieux  se  par- 
{«rèrent. 

2j  Thor  et  Loke  avaient  pénétré  dans  le  pays  des 


■24  OE   LA    RELIGION, 

Si  l'on  accorde  ce  qu'il  faut  accorder  aux  di 
férences  accidentelles  qui  distinguaient  d( 
Grecs  les  habitants  de  la  Scandicavie;  si  l'o 
substitue  lin  climat  terrible  (i)  au  plus  bea 
climat ,  des  terres  stériles  et  incultes  à  un  se 
heureux  et  fécond,  des  sens  tournaentés  pa 


géanti.  Le  roi  de  ce  pays  le*  invite  â  le  mesurer  avec  *« 
sujets.  Loke  se  vante  qu'il  engloulira  tons  les  mets  qui 
lui  seront  présentés  :  mais  le  géant  qu'on  lui  oppose  d» 
TOre  •  la  lois  les  nhairs  et  tes  os  des  animaux  déposa 
snr  la  table  royale.  Thor  ne  peut  finir  une  coupe  qu'il 
,  l'était  ofTert  i  vider  d'un  seul  trait.  Il  essaie  Tainetnetf 
de  soulever  un  chat  qui,  malgré  ses  «fforta,  demenn 
immobile;  et  Thialf,  compagnon  de  Thor  ,  est  vaincu  1 
la  course  parnn  rival  qui  le  laisse  loin  derrière  hti.  Too- 
lei  ces  victoires  étaient  des  prestiges.  Le  compétiteur  di' 
Loke  était  le  feu  qui  consume.  La  coupe  où  btivaii  Thei 
touchait  à  l'Océan  dont  elle  pompait  les  ondes.  Le  cou- 
reur, plus  léger  que  Thiair,  était  la  pensée:  le  chat,' 
c'était  le  monde.  Après  avoir  ainsi  convaincn  les  dkul'^ 
de  faiblesse  et  d'impuiuance ,  le  géant  disparut  pour  M- 
dérober  à  leur  colère.  ^ 

(i)  Le  climat  de  la  Scandinavie  devait  être  autrefoii 
encore  plus  sévère  qu'aujourd'hui.  Les  forêts  n'étaient  p^) 
tombées  tous  la  cof^uée ,  les  marais  n'étaient  pas  devenusl 
des  plaines  cultivées.  Au  défaut  de  l'agriculture ,  la  cbsue 
et  la  pécbe  étaient  les  seuls  moyens  de  subsistance,  eti-. 
par  une  transition  naturelle,  la  pèche  faisant  paistrhf 
Scandinaves  à  la  piralcric,  la  férocité  des  mcenr»  dut  ra, 
résulter.  > 


LIVRE    XIV,     CHAPITRE    II.  1^5 

lUe  uature  hostile  k  des  sens  flattés  par  une 
âture  douce  et  amie,  la  nécessité,  par  cela 
déroe,  l'habitude  et  bientôt  Taraour  de  la 
uerre,  la  soif  du  sang  (t)  ,  Tardeur  du 
ûllage  au  mélange  de  repos  et  d'action 
|ui  ,  chez  le^  Grecs  ,  favorisait  à  la  fois 
e développement  des  facultés  physiques,  Té- 
bt  de  rimagination  et  les  progrès^  de  la  pen- 
k\  si  l'on  fait  ensuite  la  comparaison  avec 
xactitude,  on  reconnaîtra  que  le  polythéisme 
ies  deux  nations  était  d'ailleurs  le  même  po- 
ythéisme,  établissant  entre  les  dieux  et  les 
brames  précisément  les  mêmes  rapports. 

L'esprit  de  rapine  est  plus  caractérisé  dans 
les  sagas  des  peuples  du  Nord  que  dans  les 
poèmes  homériques ,  et  leur  Odin ,  chef  de  la 
iKffde  victorieuse ,  sort  du  Valhaila  pour  par- 
ticiper, comme  on  mortel,  aux  combats ^  oo- 
"ipations  d<  l'époque;  Jupitet*^  au  contraire, 
^  borne  à  les  contempler  dû' haut  de  l'O- 
lympe, décidant  du  succès,  sans  prendre  part 


i)  C^Ue  différence  éclate  dan»  les  plus  petits  détails. 
>^ premier  déluge  des  Scandinaves^  à  11  mort  d'Ymer, 
«tde$ang  an  lieu  d'être  d*ean.  (Monk  ,  Symbol.,  p.  3 19.) 


I  aG  II  K   L  4    R  E  L I G  I  o  :i  « 

il  la  lutte.  Du  restr^  tout  est  identique  «i^;.* 
les  deux  religions. 

Si  loH  dieux  scandinav<*s,  roercenaîrf^  «  cnif 
et  parjurea  coinnie  ceux  des  Grecs,  .M>nl  |»lf«« 
belliqueux  «  le  caractère  de  leurs  adomlfup 
eu  est  cause;  mais  ces  habitants  du  dri   cm  * 
également  avec  les  guerriers  dt*s  ctmirauuu  « 
tions  directes.  ludrid  et  Haquin  sout  sol(Jjt« 
et  augures,  comme  llélénus  et  Polydannas.  I*  > 
héros  manifestent  de  la  haine  et  du  mépr 
pour  les  prêtres,  comme  Agamemnoo  po«.-r 
Calchas  et  Chrvs^'s;  ils  se  révoltent  coiilrr  h- 
dieux,  et  les  combattent  comme  Dioroede.  L» 
morale  commune  trmtrr  pour  rien  cUais 
religion.  Il  ii*v  a  point  ih*  juges  des  mort^  1« 
Nificim  est  ime  imitation  de  la  vie;  le  %  «- 
ihalla,  un  lieu  de  plaisance  pour  l<*s  c<Hnp«- 
gnons  d*(Klitt.   C/est»  en   uu   mot«  le  piÀ\ 
théisme  homérique  «  plus  âpre ,  pkia  socnbr 
H  plus  orageux. 


LIVRE    XIV,    CHAPITRE    III.  1^7 


CHAPITRE     III. 


JtéwUition  dans  le  polythéisme  Scandinavie. 

1 E  L  était  l'état  religieux  de  la  Scandinavie , 
lorsque,  par  un  événement  sur  les  causes  du- 
quel les  annalistes  diffèrent,  le  pouvoir  sa- 
cerdotal s*y  établit. 

Les  uns  croient  que  ce  fut  par  une  révolu- 
tion intérieure.  Un  des  successeurs  du  premier 
Odin,  disent-ils,  ayant  voulu  engager  ses  peu- 
ples dans  une  guerre  contre  les  Romains,  fut 
chassé  du  trône,  et  un  sénat  dé  prêtres  s'em- 
para du  pouvoir. 

Les  autres  attribuent  cette  révolution  à 
larrivée  d*un  second  Odin,  non  -  seulement 
comme  le  premier,  un  chef  belliqueux,. mais 
un  prêtre  conduisant  une  colonie  sacerdo- 
Ule(i). 


M...  Ii«— «■ 


■»»    ■     ^' 


i)  O  second  Odin  niiqait,  disent  les  chrooiqu^»  U 


Il8  UELARELlGIOn, 

Its  racontent  avec  détail  le  grand  change- 
ment qui  fut  son  ouvrage  (i). 

Lors  de  son  arrivée,  disent-ils,  la  Suède 
était  gouvernée  par  un  roi  nommé  Gylfe  (a). 
qui,  sur  les  bruits  des  exploits  d'Odin,  alla  le 
consulter  déguisé.  Leurs  entretiens  portèrent 
sur  des  questions  de  cosmogonie  et  de  méta- 
physique, ce  qui  annoncerait  la  révélation  de 
dogmes  symboliques  et  scientifiques.  Gylif 
donna  sa  fille  à  SkioUt ,  fils  du  conquérant  ; 
mais  il  disparut  tout  à  coup.  Ne  serait-ce  pas 
un  indice  d'une  révolution  opérée  par  le  prê- 
tre étranger  contre  le  pouvoir  politique  (i'^^ 


peu  près  un  «ièvle  et  <lemi  avant  J.  C,  tnr  les  bords  du 
Tanail.  Il  se  nommait  Siggej  il  était  Gis  de  Friddulf.  l» 
motifs  de  son  émi{|;ratiou  en  Scandinavie,  furent  des  dé- 
ffliles  dans  ses  guerres  avec  les  Romains  ou  avec  Mîtlii'i' 
date.  (Riih.  15-3?.) 

fi)  V.  TÔbfoeus  et  Saxon  i*  Grahmaibikh.  * 
(a)  Ce  nom  de  Gylfe  est  cause  d'une  confusion  grave 
dans  les  traditions.  Il  est  donné  tour  it  tour  au  cbefdo 
gonvememeni  temporel,  renversé  psr  le  second  Odio,  <'. 
au  président  du  sénat  des  dieux.  Il  est  évident  qu'on  i 
sappoté  deux  individus  de  ce  même  nom  ,  ou  qu'il  a  e'ie 
irausporlé  de  l'un  à  l'autre,  sans  que  les  historiens  lf> 
aient  distingués, 

(3)  L'n  écrivain  danois,  M.  de  Wedel  Jarsberg,  dan» 


LIVRE    XIV,    CHAPITRE    III.  1^9 

Gyife  est  précisément  celui  qui,  d^os  une  Saga, 
se  vante  d'avoir  brisé  la  massue  d'un  dieu.  Plu- 
sieurs traditions,  en  effet,  trahissent  une  lutte. 
Saxoa  le  Grammairien  raconte  qu'en  l'absence 
d'Odin,  un  compétiteur  qui  usurpa  son  nom 
et  sa  puissance ,  renversa  le  culte  établi ,  abo- 
lit les  fêtes  où  Ton  honorait  tous  les  dieux  en- 
semble et  les  remplaça  par  des  rites  spéciaux 
en  l'honneur  de  chaque  divinité  (i).  Ne  recon- 
naît-on  pas  à  ces  traits  un  effort  du  poly- 
théisme libre  qui  adore  isolément  ses  idoles, 
contre  la  tendance  sacerdotale  qui  fait  de  ses 
divinités  un  ensemble?  Odin  revenu,  continue 
Saxon  (a),  tua  son  rival,  dégrada  les  dieux 
dont  il  avait  relevé  les  autels,  et  bannit  les 
magiciens  ses  complices.  Or,  nous  avons  re- 
marqué déjà  que  les  cultes  vainqueurs  pros- 


Mn  Essai  sur  l'ancienDe  histoire  des  Cimbres  et  des 
<^tlis  scandinaTÎens  (  Copenhagne  ,  1781  )  ,  prétend 
comme  nous ,  que  le  second  Odin  dont  il  fait  le  troisième, 
Hait  an  grand-prétre  qni  détrôna  Gylfe,  le  chef  du  gon- 
vemement.  Il  appuie  son  opinion  sur  une  foule  d'auto- 
rités, tirées  des  chroniques  islandaises. 
U)  Sax.  GaAMMAT.,  lib.  I. 
1)  M,Ub.  Ilï. 

^-  9 


l3u  ,         DKLAHELIGION, 

crivent  toujours ,  comme  magiciens ,  les  pon- 
tifes des  cultes  vaîocus. 

L^  souvenir  de  cette  lutte  semble  avoir 
passé  de  rbistoire  dans  la  mythologie;  c'est 
ce  qui  arriva  chez  tous  les  peuples.  Odiii, 
chassé  par  un  autre  dieu,  rentre  dans  le  Va- 
Ihalla  au  bout  de  dix  années,  met  son  com- 
pétileur  en  fuite  et  ressaisit  les  rênes  de  l'uni- 
vers (  (  ). 

Ne  pourrions -nous  pxs  aussi  démêler  dans 
les  géants  et  les  nains,  auxquels  les  légendes 
assignent,  au  fond  des  autres  et  des  cavernes, 
une  place  à  la  fois  subalterne  et  mal&isante, 
les  adhérents  de  l'ancienne  religion ,  cher- 
chant un  asile  au  haut  des  montagnes  et  dan& 
les  cavités  des  rochers  i" 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  deux  hypothèses, 
dont  l'une  doit  nécessairement  élre  admise, 
le  sénat  des  dieux  devint  encore  une  corpo- 
ration semblable  à  celle  de  la  Perse  et  de  l'E- 
gypte. I^s  Drottes  furent  à  la  fois  des  prêtres, 
des  juges  et  des  législateurs  (a);  on  les  appela 


(i)  S»x.Gkikm  ,  lib.  III. 

(a)  L*  division  de  l'ordre  sacerdotal ,  cheï  le»  Si^odi- 


I«iVRB    XIV,     CH4P1THE    III.  l3l 

dieux,  et  leurs  paroles,  paroles  divines  (i).  Us 
dominèrent  les  rois,  les  déposèrent,  leur  otè* 
reni  la  vie  (a),  négnèrent  à  leur  pl^e,  éten- 
dirent leur  autorité  sur  les  individus,  fixèrent 
la  croyance,  la  maintinrent  par  des  châti- 
ments sévères,  frappèrent  les  incrédules  d'exil 
ou  de  mort  (3).  Payés  d'abord  par  un  impôt 
leré  sur  tout  le  peuple  (4) ,  ils  envahirent  bien- 
tôt de  vastes  dcmiaines. 


'■  '  ■  I 


nares, d'après  VÎBStittitioo  du  second Odin,  ressemblait 
parCsiicmeot  à  celle  des  Dtruides.  les  Droites,  pro* 
pxement  dits ,  comme  les  Druides  supérieurs ,  étaient 
chargés  exclusiTement  de  ce  qui  concernait  la  religion, 
la  doctrine  mystérieuse  et  la  justice.  Les  Scaldes,  comme 
le»  Bardes,  chantaient  les  hymnes  et  les  hauts  laits 
des  héros,  et  les  Tyrspakurs ,  ainsi  que  les  £ubages  de 
Steabon  dévoilaient  Tavenir.  Freya  avait  aussi  des  pré- 
tresses qui  gardaient  le  feu  sacré.  Mallet  (introduct. , 
p.  67  )  prétend  qoc  tout  l'ordre  sacerdotal  était  hérédi- 
taire. Le  tribunal  des  Drottes  siégeait  à  Sigtuna,  ville 
anjonrd*hui  détruite ,  alors  la  capitale  de  la  province  ou 
Stockholm  est  bâtie. 

(i)  Ruh.  p.  123-124- 

(a)  V.  t.  IV,  p.  an. 

(3)  Nous  avons  dit  ailleurs  qu*un  Norvégien  fut  cou- 
Hamné  .au  bannissement  pour  avoir  nié  la  divinité  de  la 
déesse  Frigga.  (Mallet.,  Introd.,  98.) 

(4)  Cet  impôt  s'appelait  nefgioeld ,  naeskatt.  (Sitoeeo- 
.SruELBSoy.) 

9- 


)3.l  OK    LA    RKLIGIOIT, 

Ainsi  que  les  Druides  dans  les  Gaules,  ils 
s'emp»rèrent  du  monopole  de  la  poésie.  Les 
Scaldes ,  qui  depuis  le  preinier  Odin  chantaient 
en  liberté  tes  actions  des  dieux  et  les  exploits 
des  braves,  soumis  désormais  par  des  initia- 
Hons  subalternes  à  l'ordre  des  Droites,  furent 
subdivisés  en  plusieurs  classes,  dont  chacune 
eut  sa  sphère  tracée,  ses  révélations  détermi- 
nées, son  échelon  marqué,  sans  qu'il  fut  pos- 
siblei'de  monter  plus  haut.  Les  chants  héroï- 
ques I  devinrent  des  chants  religieux  :  mais 
comme  l'asservissement  des  Scaldes  ne  leur 
enleva  pas  la  mémoire,  ils  confondmjnt  sou- 
vent les  deux  cultes,  et  de-là  le  mélange  de 
iiaditions,  de  dogmes  et  de  doctrines  qui 
nous  importune. 

Toutefois  en  dépit  des  réminiscences  poéti- 
quf;s,  h  religion  Scandinave  change  de  na- 
ture. Elle  ne  perd  point  son  empreinte  belli- 
queuse ;  le  premier  Odin  l'avait  trop  profon- 
dément gravée  dans  l'ame  de  ses  sectateurs, 
et  l'Apreté  de  leur  climat,  leur  avidité  de  riches- 
ses ,  qu'ils  ne  pouvaient  conquérir  que  le  glaive 
rn  main,  ne  leur  permettaient  pas  d'oublier  les 
leçons  de  leur  maître.  Aussi  le  dieu  qui  ordonne 
les  combats,  et  qui  a  pour  Bis  celui  qui  est 


-       i 


LIVRE    XlVf    CHAPITRE    III.  1 33 

spécialement  cnargé  de  la  guerre,  Odin  conti- 
nue à  tenir  l'univers  sous  son  empire.  Il  pré- 
side aux  naissances,  aux  mariages,  à  la  morl. 
Ses  prétresses  aux  voix  prophétiques  se  pré* 
cipitent  dans  la  mêlée.  Mais  les  guerriers  n'en 
sont  pas  moins  soumis  aux  pontifes ,  et  oes  der- 
niers décident  des  entreprises,  donnent  le  si- 
gnal des  expéditions ,  concluent  les  traités  de 
paix  qui  ne  sont  que  des  trêves. 

En  même  temps,  ils  introduisent  en  Sciui* 
dinavie,  ils  enseignent,  ils  imposent  tais  les 
rites,  tous  les  symboles,  toutes  les  doctrines 
que  nous  avons  rencontrées  chez  les  nations 
soumises  aux  prêtres  (i). 


(i)  La  ressemblance  de  la  religion  des  Scandinaves  et 
de  celle  des  Perses  a  été  déjà  souvent  aperçue.  Si  le 
denxième  Odin  fut  an  Scythe,  il  pot  facilement  avoir 
quelque  connaissance  des  dogmesde  Zoroastre.  (Whaetoh, 
On  the  orig.  of  romantic  fiction  in  Eurfrpe^  in  the  firsl 
▼ol.  of  hii  Hist.  of  engl.  poetry.) Toutefois,  sites  dogmes 
ft  les  pratiques  offrant  de  grandes  conformités,  1«  but 
et  l'esprit  différent.  La  religion  de  Zoroastre  respire  la 
paii ,  celle  d*Odtn  hi  guerre.  La  première  annonce  le  re- 
loar  d'une  félicité  pecdue,  la  seconde  promet  une  féli- 
cité à  venir  Cette  opposition  lient  probablement  à  ce  que 
is  révolution  religieuse  des  Scandinaves  est,  an  quelque 


,34  OK    LA    KELIGIUN,  i 

L'ilstrolâtrieBertdebaseàteurreligîon.iOdm 
trslteKoletl,Freyala  lune. Une' autre  déesse,qui 
pi^sitlo  également  à  cette  planète,  ou  qui  est 
tin  autre  nom  dé  Freya,  Ostar,  nous  rappelle 
l'Astarté  sacerdotale.  La  nuit  et  le  jour  qui  se 
suivent,  en  disant  le  tour  des  cieux,  sans  pou- 
voir s'atteindre;  l'aurore,  qui  n'est  que  l'é- 
cume dont  lé  courrier  de  la  nuit  inonde  son 
frein;  les  étincdieà  du  monde  lumineux  qui 
forment  les  astres,  tes  deux  nainB  qui  figurent 
la  croissinoe  et  la  décroissance  dé  la  lune; 
Hati ,  l'étoile  do  matin;  Skoell,  l'étoile  du  soir; 
le  pon  t  Bifrost ,  qui  ebt  l'arc-en-ciel  ;  Asgard ,  la 
ville  (les  dieux,  qui  est  le  zodiaque,  leurs 
douze  trônes  qui  en  sont  les  signes  (i);  la 
ceinture  de  Thor,  le  pendant  de  la  cuirasse 
d'Amasis  (2)  ;  tous  ces   symboles  sont  astro- 


sorh^,  lii  rpv«)utiun  perse  retournée.  Odin  vainqueur 
donna  sa  religion^aax  vaiocus.  Les  Mèdei.Taincos  don- 
nèrent leur  religion  au]t  vainqueurs. 

;i.)  Noiiï.rtftTqdtiisoa*  ici  en  peu  d'.ligpc*  quelquf» 
laiis  qui  *«:'tra«v.fnt  .iiifliqués  dan»  le  .Ul*  tr).,  mU 
qull  110119  »  paru  esMDiiel  de  rappeler  à  nos  lecienr*. 
Kous  en  aginon*  de  même  pour  la  démonoiogie. 

,ïp  V    T.  U,p.  37. 


^ 


L1VR£     KIV,.    CHAPITRE     lit.-  l35 

iiomiques.  Les  fêtes  se  célèbrent  a  des  pério* 
des  qui  tiennent  égalefnent  à  rastrononiie(i). 

Les  anciennes  fables  se  ressentent  de  ce  ca- 
ractère nouveau.  Les  dieux ,  dans  le  Yalhalla , 
jouaient  aiA  dés,  pour  se  gagner  réciproque*- 
ment  les  richesses  qu'ils  avaient  apportées  en 
montant  aux  cieux.  Maintenant  ces  dés,  qui 
roulent  sur  la  table  céleste,  expriment  par  leur 
éclat  la  splendeur  des  astres,  et  par  leurs 
mouyements qui  ne  sont  plus  fortuits,  le  cours 
régulier  des  corps  planétaires. 

On  voit  apparaitt^  les  divinités  hermaphro- 
dites (a).  Le  respect  pour  la  virginité  se  corn* 


(i)  La  fable  d'Idnna,  dont  nous  avons  parlé  ailleurs 
[t.  lY ,  p.  27) ,  a  aussi  son  sens  astronomique.  C'est  sous 
la  forme  d'une  hirondelle  que  Loke  va  chercher  la  pomme 
merreiUeuae  dont  la  prÎTation  condamnait  ks  diettx  aox 
infirmités  de  la  vieillesse.  L'hirondelle  était  le  symbole  du 
printemps.  Le  printemps  rend  aux  dieux  leur  première 
force,  parce  qu'il  ranime  la  nature  abattue  sous  les  ri- 
gueurs de  rhiver. 

(a)  V.  pour  les  dieux  hermaphrodites  des  Scandinaves, 
le  t.  m ,  p.  270,  et  IV ,  p.  193.  Loke  a  des  enfants  comme 
bomme  et  comme  femme  ;  il  est  le  père  d'Héla,  du  SM^ent 
Mitgard  et  du  loup  Fenris  y  qu'il  engendre  avec  la  géante 
Angastabode.  Il  est  la  mère  de  Sleipner  qu'il  procrée 


l36  DE    LA    RELIGlUn, 

biue  avec  les  eiifantemeuts  des  vierges  (i),  et 
le  Nord  reçoit  avec  surprise,  mais  sans  résis- 
Uiice,  les  cosmogonies  ténébreuses  et  bizar- 
res de  rOrieiit  (a).  Le  dieu  supwme  seul ,  puis 
avec  les  géants  de  la  Gelée ,  médiie  sur  la  créa- 
tion ,  comme  Brama  avec  les  neuf  Bichis.  Les 
membres  d'un  de  ces  géants  formeut  le  monde, 
comme  le  corps  partagé  de  la  déesse  Omorca  : 
ce  monde  doit  être  détruit,  et  nous  avoos 
rapporté  la  peiuture  effrayante  que  les  Eddas 
présentent  de  cette  dectruction  (S). 

Mais  il  y  a  plus.  Indépeiidamment  de  ce 
dogme,  inhérent  à  toutes  les  croyances  qu'en- 
seignent les  prêtres,  une  notion  plus  subtile 
et  non  moins  sacerdotale  plane  dans  quel- 
ques parties  des  Eddas.  La  création  n'y    est 


uTecSuadel&ri.  Freya ,  pu  une  analogie  frappante  avec 
Cybèle ,  est  hermaphrodite,  quoique  femme  d'Odin. 

(i)  La  vii^mté  a  une  protectrice  spéciale  parmi  Ica 
iléeues ,  Ge'Sooa ,  surnommée  la  bienheureuse.  Heim- 
dall,  le  portier  céleiie,  est  le  fiU  de  oeuf  vierges  à  la 
t'ois.  £dda,a5'  fable. 

(a)  Rnh,  Scandin.  Nous  avons  exposé  ailleurs  (  t.  III , 
)!•  969-370)  la  cosmogonie  Scandinave,  nous  ne  la  repro- 
duisons pas  ici. 

{V/  V.  t.  IV,  p.  184. 


> 


LIVRE    XIV,    OHAPITHE    III.  1 37 

qu'une  illusion ,  les  dieux  créateurs  u'existent 
qu'en  apparence,  le  temps  qui  contient  la 
création  n'a  pas  plus  de  réalité,  et  là  seule- 
ment, où  Tiui  et  l'autre  s'évanouissent,  com- 
mencent le  vrai,  l'éternel,  l'unique  (i).  Tout 
ceci  est  identique  avec  le  Bhaguat-Gita. 

Le  monde  étant  créé,  un  dieu  supérieur 
domine  tous  les  autres  dieux  (2)  :  à  côté  de 
lui  se  place  un  rival,  mais  inférieiu*,  chef 
des  divinités  malfaisantes  (3).  Un  dieu  mé- 
diateur essaie  de  rétablir  l'harmonie  dé- 
truite (4).  Un  dieu  mourant  expie  l'univers, 
et  il  faut  observer  que  ce  dieu,  Balder,  est  le 
plus  doux ,  le  plus  pacifique ,  le  plus  vertueux 
de  tous  :  aussi  ne  monte-t-il  point  dans  le 
Vâlhalla.  C'est  dans  le  Nifleim  qu  il  va  conti* 
Quer  sa  paisible  carrière.  Idéal  de  la  perfection 
divine,  agneau  céleste  et  sans  tache,  il  meurt 
par  une  suite  mystérieuse  de  sa  perfection 
même,  pour  purifier  Odin  de  son  premier 


[1}  MoiTK,  Symbol.,  479. 

a)  T.  IV,  p.  1  ai. 
(5)  Ib.,  148. 

4j  Tb,,  16S. 


■  38  DE   Là.    RELIGION', 

meurtre,  <lii  meurtre  du  géant  Ymer.  Qu 
pourrait  méconnaître  ici  une  doctrine  sacer 
dotale  (0? 

Une  démonologie,  non  moins  régulière  qu( 
celle  de  l'Egypte  ou  de  la  Perse,  peuple  l'aziii 
des  cieux,  la  surface  de  la  terre,  et  les  gouf- 
fres profonds  où  les  humains  ne  pénètrent  pas 
IjCs  Woles,  interprètes  des  lettres  runiques. 
parcourent  les  champs  où  luttent  les  braves, 
tour  à  tour  parques  inexorables ,  brisant  le 
fil  qu'elles  ont  tissu,  ou  Valkyriés  charmantes, 
tiédommageant  par  leurs  appas  les  héros  at- 
teints d'une  mort  précoce,  tantôt  encore  cy- 
gnes ou  corbeaux,  ou  bien  invisibles,  identi- 
fiées avec  l'onde  qui  murmure  et  l'air  qu'elles 
agitent.  Les  Elves,  fils  de  la  lumière  et  bril- 
lants comme  le  Soleil,  peuplent  un  royaume 
qui  porte  leur  nom  (a),  et  ils  en  descendent 
pour  servir  les  hommes.  D'autres,  noirs  comme 
la  poix,  demeurent  sous  la  terre  (3).  Nains  la- 

(i)  Les  dieux  qui.  Ion  du  Raguarokur,  marchenl 
à  une  mort  certaine,  pour  combattre  I.oke,  *&nt  <n»i»*- 
f;é8  par  plusieurs  mythologties,  comine  s'iniinolant  pont 
la  destruclion  du  mal. 

(a)  Alfshdna ,  Grimnisroil ,  Str.  5. 

(t)   Nouvrllc  E(kla  ,  fable  i5. 


\ 


LIVRE   XIT9   GHAPITRK    III.  iSg 

l)orieax ,  nés  de  la  nuit  et  de  la  poussière  (  i  ), 
ra  de  l'anion  des  dieux  et  des  géantes ,  parce 
({ue  le  moment  de  créer  Thoinnie  n'était  pas 
encore  venu,  ils  travaillent  les  métaux,  for- 
cent les  armes,  arrachent  Tor  du  sein  dds  abî- 
mes, le  défendent  contre  les  mortels,  se  gran- 
dissant alors  en  géants  formidables,. ou  plus 
perfides ,  prodiguent  aux  humains  cet  or  fu- 
neste qui  sème  la  discorde ,.  enfante  les  haines, 
occasionne  les  meurtres  (a). 

U  est  è  remarquer  que ,  dans  les  fables  scan* 
dinaves.  For  tieiit  la  place  qu'occupent  les 
femmes  dans  les  fiotions  indiennes.  Toutes  les 
fautes  des  dieux  de  l'Inde,  à  commencer  par 
Brama,  épris  de  Saraswâtty,  toutes  les  faibles- 
ses des  pénitents,  presque  toutes  les  guerres 
ont  pour  cause  des  amours  illicites  ou  des  en- 
lèvements. Dans  le  Nord,  l'amour,  sans  être 
exclu ,  joue  un  moins  grand  rôle.  Ce  sont  des 
trésors  qu'on  envie,  qu'on  ravit,   qu'on  s'ar- 


i)  Nonvelle  Edda,  i3*  fiible.  Voluspà.  Sfr.  10. 

.»  Cette  dëmonologie  â  aussi  son  sens  scientifiqoe. 
Us  nains  qni  travaillent  les  métaux ,  sont  le  règne  miné- 
ral; les  TÎerges  qui  sortent  de  la  racine  de  Tarbre  Igdra- 
'it  1  sont  le  règne  végétal. 


l4o  DK    LA     RELIGION, 

lacbe  ;  et  quelquefois  pour  rétablir  ta  p»x ,  cel 
or  maudit,  trompant  les  compétiteurs  avides, 
est  précipité  dans  la  mer,  coreime  la  source 
(le  tous  les  maux. 

La  trinité  se  retrouve  dans  les  trois  diew 
pleins  d'amour,  qui  veulent  enfin  se  manifes- 
ter (expression  presque  indienne);  deux  ar 
bres  Imiguissaient  stériles  et  inanimés,  les  trois 
ieux  leur  donnent  ta  vie  (i). 

La  métempsycose  peut  se  présumer,  par 
>s  vierges  qui,  après  leur  mort,  deviennent 
(les  cygnes,  par  les  béros  changés  en  loups, 
par  les  géantes  métamorphosées  eo  louves. 

A  coté  des  dogmes,  se  rangent  les  rites 
cruels,  les  sacrifices  humains  (2),  les  immo- 


i)  Edda,  î"  fable. 

a}    T.  IV,p.  aii-a34-34a.  L«  prélret  «1  le»  pr*(iM- 
qui  préudaient  à  cet  *«crifîces  étaient  appelés  homiBci 
de  lang  (More,  Symb. ,  p.  936)  :  pour  ia*oit 
ient  immoler  dei  vÎRlimes  humaines ,  il*  iTiien' 
un  mode  particulier  de  dÏTinatton.  Ils  contai- 
un  cheval  tacré,  et  suivant  le  pied  qu'il  levait ,  H 
il  si  l'offrande  ^taJI  acceplée  ou  nou.  Cet  nngc 
la  vie  à  un  mitsioonairc ,  maigre  la  résitiance  >'■' 
sacrîGtaieiir,  qni  accuMit  le  dieu  des  chrétiens  de  diri- 
ger, invisible,  le  cheval  inr  lequel  il  était  aMia.  (Mofl(> 
Jbid.,  ■;.,. 


LIVRE    XIV,    CHAPITRE     III.  l4l 

liions  ftméraires;  Brynhild,  ou  Branhylda, 
tvant  de  se  brûler  elle-même ,  fait  brûler  sur 
a  tombe  de  Sigourd  huit  serviteurs  fidèles.  Plus 
oin  sout  des  traces  dp  rites  obscènes  (  i  ).  Les 
(preuves  par  1  eau  et  le  feu  terminent  les  pro- 
«s  (a). 

L'efficacité  des  invocations,  des  imprécations, 
les  talisnaans ,  des  caractères  magiques ,  si 
nerveilleuse  en  Perse  et  aux  Indes,  est  pro- 
rlamée  par  le  second  Odin  (3).  La  puissance 


;i)  T.  IV,  p.  a58. 

(a)  «  Qao  eTenit  ut  Danî  pleraque  causarum  judicia 
»  experimenti  geneie  constatura  décernèrent,  contro- 
'enîaniin  examen  rectins  ad  arbitrium  diviniun  qnam 
idbmnaiiain  rixam  relegandnm  putantes.  »Saxo  Gkam., 
X,  ^g^.  Poppo  le  Danois  mit,  en  présence  du  peuple,  un 
pnt  de  fer  rougi  an  feu. 

(3)  «  On  était  persuadé  qu'Odin  parcourait  le  monde 
'  en  un  clin-d'œil,  disposait  de  Tair  et  des  tempêtes,  pre- 
nait toutes  sortes  de  figures,  ressuscitait  les  morts, 
^  prédisait  l'avenir,  ôtait ,  par  ses  enchantements,  la  force 
et  la  santé  à  ses  ennemis ,  découvrait  les  trésors  cachés 
«otis  terre,  faisait  entr*ouvrir  les  plaines  et  les  mon- 
'  tagncs,  et  sortir  les  ombres  des  abîmes,  u  (Mallbt, 
^irod.  ,p.  43.)  Ces  prestiges  du  second  Odin  n'étonne- 
foot  pas  nos  lecteurs,  s*ils  se  souviennent  qu'à  une  épo- 
<iue  bien  plus  grossière ,  les  jongleurs  ont  déjà  Thabileté 
B^essaire  pour  se  servir  de  pareils  moyens. 


(4»  DE    LA    KKLIGIOM, 

de  son  prédécesseur  était  le  glaive  ;  la  sieD« 
est  la  parole,  ou  l'écnture  qui  n'est  que  la 
parole  graTée ,  et  cette  distinction  sépare  le  pon- 
tife d'avec  le  guerrier.  >  Savez-vous ,  dit-il  daa<> 
l'Havamaal,  comment  on  écrit  les  Runes,  com- 
ment  on  les  explique,  comment  on  assurr 
leurs  effets?  J'en  connais  qu'igiKtrent  les  reines 
et  tous  les  en&nts  des  hommes.  Elles  chas- 
sent les  maladies,  la  tristesse  et  les  plaintes, 
émoussent  les  armes ,  brisent  les  chaînes . 
apaisent  les  tempêtes ,  guérissent  les  bles- 
sures. Je  charme  les  orages  dans  les  airs,  et  ils 
s'arrêtent.  Les  morts  viennent  à  moi,  quand, 
sur  la  pierre,  je  grave  les  Runes.  Si  je  les 
prononce,  en  versant  l'eau  sainte  sur  un  nou- 
veau-né, il  est  invulaérable.  Dieux,  génies, 
mortels ,  rien  n'échappe  à  ma  vue.  J'éveille 
l'amour  des  vierges,  et  ma  bien-aimée  m'aime 
à  jamais.  »  Freyr,  raconte  l'Edda,  épris  de  ta 
belle  Gerdour,  dont  l'éclat  merveilleux  se  ré- 
pandait sur  tout  l'univers,  et  dont  les  bras 
arrondis  brillaient  d'une  splendeui'  qui  éblouis- 
sait les  regards ,  se  mit  en  route  avec  on  ser- 
viteur fidèle  pour  conquérir  l'objet  de  ses 
vœux.  Gymir,  père  de  Gerdour,  la  tenait  ren- 
fermée dans  un  palais  entouré  de  feux  que  rien 


( 


LIVR£    XIV,   CHAPITRE    III.  l43 

ne  ])ouvait  éteindre.  L'épée  magique  du  héros 
surmonta  cet  obstacle.  U  pénétra  jusqu'à  la 
beauté  qu'il  voulait  posséder  :  il  lui  peignit 
en  langue  harmonieuse  la  flamme  qui  le  dévo* 
rait.  Ce  fiit  en  vain.  11  lui  offrit  onze  pommes 
de lor  le  plus  pur, des  diamants  d'un  prix  ines- 
timable, mais  vainement  encore.  Il  la  menaça 
du  glaive  étincelant;  menace  inutile.  Son  corn- 
pagnon  prononça  enfin  les  paroles  puissantes, 
et  la  belle  Gerdour  céda. 
Les  doctrines   philosophiques  complètent 

I  œuvre  sacerdotale.  «  Comment  t'adorerai  -je  ? 
dit  au  dieu  suprême  le  président  du  sénat 
céleste,  rappellerai  -  je  Odin,  Thor  ou  This? 
Ai£idur  est  ton  nom.  Sous  ce  nom  t'hono* 
nient  nos  ancêtres,  avant  qu'on  leur  eût  ap- 
porté des  dieux  étrangers;  »  expressions  carac- 
téristiques du  travail  des  prêtres,  attribuant 
toujours  au  théisme,  quand  ils  l'insèrent  dans 
leurs  doctrines,  une  priorité  chimérique  (i). 

II  est  également  impossible  de  méconnaître  le 
dualisme  (2)  et  le  panthéisme  (3). 


'  i)  V.  \\y.  I,  ch.  9,  p.  167. 
f î)  T.  III ,  p.  a68.  ^      • 
^)  T.  III,  ib. 


l/)/i  l>F.   LA    RELIGION  , 

Enfin,  la  morale  prend  sa  place.  Le  Girole 
et  le  Naatrond ,  sans  supplanter  le  Mifleim  et 
le  Valhalla ,  offrent  à  la.  vertu  des  récom- 
penses que  le  premier  Odin  n'avait  accordées 
qu'à  la  valeur,  n'assignant  au  vice  et  au 
crime  aucune  punition ,  car  ce  n*en  est  pas 
une  que  d«  recommencer  les  occupations 
de  cette  vie. 

Plusieurs  écrivains  ont  commis,  retativt^ 
ment  au  Nifleim ,  la  même  erreur  que  les 
érudtts  français  qui  ont  introduit  la  mo- 
rale dans  l'enfer  d'Homère.  Les  textes  des 
Eddas  sont  positifs  :  les  habitants  du  Nifleim 
conservent  leurs  rangs,  leurs  dignités,  leurs 
habitudes,  jouissent  des  plaisirs  terrestres, 
s'enivrent  d'hydromel.  Us  arrivent  à  cette  de- 
meure en  passant  le  pont  Giallar,  à  pied  ou  a 
cheval,  souvent  au  nombre  de  cinq  fois  cinq 
mille.  Nous  avons  parlé  ailleurs  (i)  des  dieux 
mêmes  qui  y  sont  renfermés ,  parce  qu'ils  iw 
sont  pas  morts  en  combattant.  On  ne  voit 
nulle  part  qu*Héla,  qui  r^ne  sur  le  Nifleiro. 
ptmisse  les  coupables.  Tous  les  morts,  y  sont 
réunis,  les  héros  exceptés;  ils  y  vivent  paisi- 


T,lV,p.  9,. 


irv 


L1VR£    XIV,    CHAPITRE    III.  14^    . 

hlement  et  terminent  même  celte  seconde 
carrière,  comme  les  guerriers  du  Valhalla,    . 
par  ane  bataille  où  ils  périssent.  Ce  ne  fut  que 
lorsque  les  prêtres  eurent  transformée  le  Gimle, 
jadis  séjour  des  génies,  en  un  lieu  de  récom- 
penses, au^essus  du  Valhalla ,  et  qu'ils  eurent 
inventé  le  Nastrond,  séparé  soigneusement  du 
Niflheim,  ce  ne  fut  qu'alors,  disons*nous,  qu'ils 
supposèrent  un  jugement,  précipitant  dans  un 
lieu  de  supplices  les  pervers.  C'est  du  Nastrond 
que  la  prophétesse  parle ,  quand  elle  voit  les 
meurtriers,  les  parjures,  les  séducteurs  qui 
murmurent  l'amour,   en  s'approchant  furti- 
vement des  vierges  promises,  se   débattant 
contre  des  vagues  empoisonnées,  et  déchi-  - 
rés  par    les  loups  et  les  serpents  (i).    C'est 
encore  au  Nastrond,  que  se  rapportent  ces 
denx  strophes  de  THavamaal,  qui  ne  man- 
quent pas  de  beautés  poétiques  :  «  I^s  richesses 
périssent,  les  amis  périssent,  tu  périras,  mais 
la  bonne  renommée  qu'on  acquiert  ne  périt 
point.  Les  trésors  disparaissent ,  les  frères  d'ar- 
mes sont  abattus ,  tu  le  seras  toi-même;  mais 


i)  Voluspa. 


|ifî  UEtlIELIGIOH, 

une  cbosc  dure  toujours,  c'est  le  jugement 
pconoDcé  sur  chaque  mort  (i).  » 

Le  Ifastrond  est,  avec  tes  couleurs  sacerdo- 
tales, l'enfer  de  Pindare  ,^  succédant  k  celui 
dHoinère.  Seulement,  par  uu  effet  de  la  répu- 
gnance de»  prêtres  à  rien  retrancher ,  l'enfer 
et  le  paradis  primitifs  subsistent  à  côté  de  ceux 
qui  viennent  d'être  créés.  Chez 'les  Grecs,  en 
raison  du  progrès  des  idées,  le  même  enfer 
est  diversement  employé.  Chez  les  Scandina- 
ves ,  il  y  a  deux  enfers  pour  des  usages  difFé- 
reDts,  et,  dans  la  description  du  dernier  en- 
fer, l'empreinte  sacerdotale  n'est  pas  à  mé- 
connaître (a).  IjB  palais  d'Héla  est  la  douleur. 
sa  table  la  famine,  son  glaive  la  faim,  son 
cUve  la  lenteur,  son  vestibule  le  précipice 
son  lit  la  souffrance,  sa  tente  la  malédiction. 
Dix  fleuves  roulent  leurs  eaux  noirâtres  à  tra- 
vers ce  séjour  d'horreur  ;  les  noms  de  ces  fleu- 
ves sont  l'angoisse,  le  chagrin,  le  néant,  Ir* 
désespoir,  te  gouffre,  la  tempête,  le  tourbillon. 


(i)  Hiivamaa),  stroph.  77-78. 

(3)  V.  ce  que  noui  avons  «lit  de  U  deicriptioo  desHe- 
meures  de*  morts,  t.  IV,  liv.  IX,  ch.  S. 


LIVRB     XIV,    CHAPITRE     III.  1^7 

\e  rogisBetnent ,  le  liurlement  et  Vabime  (i). 
Si  de  œs  Iraits  généraux  nous  voulions  ded* 
œndre  à  des  détails  presque  minutieux ,  nous 
montrerions  entre  les  Eddas  et  les  iivres  sacrés 
(les  autres  nations  soumises  aux  prêtres ,  des 
conformités  qui  prouvent  l'origine  et  la  mis- 
sion du  second  Odin.  Ainsi ,  quand  Igdrasitl 
esl  proclamé  le  premier  des  arbres,  Skith- 
bladner  des  vaisseaux,  Odin  des  dieux,  Sietpner 
des  chevaux,  Bifrost  des  ponts,  Bragi  des  poè- 
tes ,  Habrok  des  éper viers ,  Garmur  des  chil«ns, 
qui  ne  songe  à  Grishna,  se  proclamant  le  pre* 
rnier  de  chaque  espèce  (ij?  Le  Sigurd  des  Ni- 
belungen,  tradition  non  méconnaissable  des 
Eddas,  ne  peut  être  blessé  qu'entre  les  deux 
épaules,  comme  la  divinité  indienne  n'est  vul- 
nérable qu'au  talon.  I^  vache  OEduIma  est  la 
vache  féconde  4  créée  par  la  réimion  de  tous 
les  dieux  (3).  I^a  fable  de  Tenlèvement  du 
breuvage  poétique  par  Odin,  et  de  ses  com- 
bats avec  le  géant  Suttung,  est  évidemment 


1)  EJàdk,  i'«*t  6"  fables. 
i)  V.l.  III,  p.  i56. 

\)  T.  in^p.  179. 


10. 


DF.    L  Sl     ItEl-IG  I 


calquée  sur  celle  de  l'Anirita  et  des  querelles 
des  dieux  et  des  géants,  pour  la  possession  de 
ce  trésor  qui  confère  l'immortalité.  Odin  qui, 
lors  du  Ragnarokur  ,  se  régénère  au  sein 
des  flammes,  diflère  peu  des  Brachmanes  avi- 
des de  ce  moyen  de  purification,  dès  le  temps 
d'Alexandre,  et  dont  le  sacrifice  a  été  fré- 
quemment renouvelé  par  les  Bouddhistes. 

L'arrivée  d'un  second  Odin,  prêtre,  pro- 
phète et  conquérant  à  la  (ois,  explique,  et 
nous  ajouterous  qu'elle  explique  seule  les 
contradictions  qui  nous  frappent  à  la  lec- 
ture des  Eddas  (i).  On  comprend  alors  com- 


(t)  Un  uvanl  allemind,  nommé  Graeter,  auteur  d'an 
jonrt»!  intércMant  (  Bragur  et  Uermode  ]  lur  les  antiqui- 
tés islandaises,  remarquant,'  dans  le  sens  cosmogonit^uF 
des  fables  Scandinaves,  plusieurs  traits  de  ressemblance 
avec  le*  doctrines  des  philosophes  gcecs ,  notamment  Ué- 
racliie  et  Hélissiis,  en  a  conclu  que  le  second  Odin  aiait 
connu  le*  sages  de  la  Grèce  :  mais,  outre  que  ce  système 
aurait  toujours  besoin  de  l'hypothèse  que  nous  présentons, 
pour  rendre  compte  de  la  traniplantatÎDndecei  doctrines 
en  Scandinavie, il  ne  repose  que  sur  des  analogie*  qui  ont 
dA  naître  partout  de  l'observation  des  phénomènes  les 
plus  ordinaires,  puisqu'elles  se  rapportent  lonte*  à  l'op- 
position du  froid  et  de  U  chaleur.  Un  autre  antiquaire, 
M.  de  Sahm,  s'est  appuyé  des  allégorie*  pbysiqnes ,  intrr- 


f    > 


LIVRE    XIV/CHAPITRE    III.  l4gi     ^ 

ment  Odin,  appelé  sans  cesse  le  père  de  toutes 
choses,  le  dieu  suprême,  l'être  éternel,  est 
pourtant  condamné  à  périr  un  jour,  en  don- 
nant la  mort  au  mauvais  principe.  Ce  dogme 
est  inconciliable  avec  la  fondation  du  culte 
antérieur  par  le  premier  Odin ,  et  ne  s'accorde 
point  avec  son  apothéose.  Se  serait -il  an- 
noncé lui-même  comme  une  divinité  passa- 
gère? Aurait-il  prédit  le  renversement  de  sou 
propre  empire?  Aurait -il  inventé  ce  terrible 
Ragnarokur,  ou  crépuscule  des  dieux,  qui  de- 
vait l'anéantir  avec  l'univers?  Mais  le  dogme 
de  la  destruction  du  monde  est  un  dogme  favori 
du  sacerdoce,  et  nous  avons  expliqué  pour- 
quoi les  religions  qu'il  domine  enveloppent 
toujours  dans  cette  destruction  les  divinités 
actives  (i). 


posées  dans  les  Eddas,  pour  euTisager  toute  la  mytholo- 
gie da  Nord  oomme  un  système  de  physique.  Cest  l'er- 
reur de  Vairon,  sur  la  théologie  grecque  et  romaine. 

(i)  Ci-dessas,  p.  179  etsuiy.  Un  auteur  que  nous  avons 
consulié  plus  d'une  fois  (Ruh>  Scand.,  p.  268-369), 
^ppéde  l'opposition  de  ce  dogme  avec  les  notions  fonda- 
Bteotales  do  premier  polythéisme  d^s  ScandinaveSi  Va  sup- 
posé introduit,  après  l'établissement  du  christianisme» 
^r  des  moines  chrétiens.  Cette  conjecture  prouve  assez 


I30  UELl.RELIGIOir, 

On  cobçoit  aussi  pourquoi,  tandis  que  le 
premier  Odin  avait  recommandé  si  expressé- 
ment ,  si  exclusivement  le  courage  guerrier ,  et 
dirigé  toutes  les  espérances  et-  toutes  les 
craintes  vers  un  centre  unique,  t'amoiir  de  la 
gloire  et  des  combats,  marquant  d'infamie 
toute  mort  naturelle  et  frappant  d'opprobre 
la  paix,  le  second  Odin,  défaisant  l'ouvrage 
(le  son  prédécesseur,  a  prodigué  à  des  qua- 
lités, jusqu'alors  subalternes,  le  prix  de  la 
valeur.  I^  sacerdoce  a  dû  vouloir  remplacer 
des  dogmes  qui  n'avaient  d'influence  que  sur 


qu'on  n«  peut  étudier  les  antiquité!  du  Hoid ,  hds  y  re- 
roarquer  de*  doctrines  d'époque*  différenlei.  Mai*  )e  Rvg- 
iiarokur  n'a  paa  besoin  do  cette  eiplicalion.  Il  a  dû  être 
]e  réiultat  de  la  révolution  qui  fit  trîgmpher  le  génie  m- 
i:erdotal.  Le  même  raisonnement  nous  porte  à  repousser, 
:i  plot  forte  raison,  l'idée  que  tous  les  Eddai' aient  été 
l'ouvrage  des  missionnaires.  Nul  doute  qu'il  n'y  ail  en 
des  intei^olations  et  des  fraudes  pieuses  :  mai*  tonte 
mie  mythologie,  créée  pour  s'en  moquer,  est  une  hypO' 
ilièse  ridicule.  Les  reMemblences  de  la  mythologie  du 
Xord  avec  le  christianisme  ne  sont  pas  plus  frappante* 
<\ae  celles  de  la  même  mythologie  avec  les  légende*  de 
l'Inde,  On  y  retrouve ,  par  exemple,  la  hble  de  l'Amrita, 
que  les  chrétien*  n'ont  pu  y  insérer,  puisqu'ils  l'ignO' 


iH5. '. 


.   ^ 


LIVAIC    XIV,    CHAPITRE    fil.  l5l 

une  portion  des  actions  humaines  f  par  des  opi- 
nions propres  à  influer  sur  toutes  ces  actions, 
et  à  lui  assurer  ainsi  une  puissance  plus  in- 
time et  plus  habituelle. 

Nous  avons  dit  que  la  morale  ne  pénétrait 
pas  progressivement,  mais  tout  à  coup,  sous 
forme  de  code,  dans  les  religions  soumises 
aui  prêtres  (i);  telle  elle  apparaît  chez  les 
Scandinaves.  Elle  est  contenue  tout  entière 
dans  l'Havamaal ,  ou  le  cantique  sublime 
d'Odin.  c  Mon  père  me  chanta  ce  cantique, 
dit  un  héros,  d^uis  une  Saga  ;  ce  cantique , 
qui  rend  les  guerriers  humains  et  justes.  Ce- 
lui qui  l'ignore,  insulte  au  faible,  dépouille  le 
voyageur,  fait  violence  aux  femmes,  égorge 
les  enfants.  Mais  celui  qui  en  observe  les  pré- 
ceptes, défend  le  paysan,  le  voyageur,  le 
vieillard,  Tenfant  et  Thonneur  des  femmes  (a); 
et,  pour  récompense,  il  est,  après  sa  mort, 
transporté  dans  le  Gimle,  où  il  vit  éternelle- 
ment heureux.  » 


(i)  T.  IV,  p.  479.  ^ 

[%)  Presque  tons  ses  préceptes  sont  en  opposition  a^ec 
^s  exemples  et  les  promesses  du  premier  Odin  à  ses 
compagnons  :  le  pillage  est  leur  vie ,  l'ivresse  leurs  dëli- 


|5a  DK   la    RKLIGlOir, 

De  tous  «les  poèmes  qui  composent  les 
Ëddas ,  lHavamaal  est  celui  que  les  Scatdes 
attribuaient  le  plus  spécialement  au  premier 
,  Odin,  et  c'est  à  nos  yeux  une  démonstration 
additionnelle ,  que  ce  cantique  était  l'ouvrage 
du  sacerdoce.  Ce  que  les  prêtres  devaient  faire 
remonter  avec  le  plus  de  soin  à  leur  fondateur 
fabuleux,  était  précisément  ce  qu'ils  avaient 
ajouté  à  sa  doctrine  (i). 

Essayons  maintenant  de  déterminer  à  la- 
quelle des  deux  époques  des  religions  sep- 
tentrionales se  rapportent  tes  traditions  et  les 
monuflpenls  qui  nous  restent.  Les  £ddas  se 
divisent  en  quatre  parties  (a).  Nous  écarterons 
les  subdivisions  (3). 


ce» ,  et  l'Havamaal  défend  le  pillage  et  condamne  l'i- 
vreiae.  (M^iiL.,  Hiil.  du  Dan.,  tl,  aSo.) 

(i)  V.  BikTBOLin,  de  Caus.  xontempt.  mortû,  ilf , 
p.  I93t  Gbbh.,  Hiii.  Dan.  I,  35. 

(a)  MALLET(lliit.  du  Dan.,  It,  33)  n'en  compte  que 
troii;  mais  c'en  qu'il  rejette  la  Lokaieniu.  L'on  verra 
que  c'est  à  tort. 

(3)  Cei  (ubdiTtiioDs  «ont  norobreutes  et  arbitraire*. 
Pour  Ici  airopliSer,  noua  réuniMont  à  la  Voliupa,  pro* 
prement  dite,  comme  étant  de  la  même  époque,  le  Vafï- 
rndnismal,  ou  te  combat  d'Odin  contre  on  géant;  le 
lal,  ou  la  c]iier«ll(>  d'Odin  et  de  la  femme  Preya, 


^ 


LIVRE    XIV,    CHAPITR£*III.  l53 

I^  première  est  la  Voluspa ,  le  chant  de  la 
grande  magicienne  :  elle  contient  les  fables.  La 
seconde  est  l^avamaal,  dont  nous  venons  de 
parler;  il  faut  y  joindre  le  Lokfafnismal  ou 
le  chant  de  la  sagesse.  La  troisième  est  le 
Rnnathal,  et  traite  de  la  magie.  La  quatrième, 
qni  ne  se  trouve  que  dans  le  plus  ancien  des 
Eddas,  celui  de  Soemund,  est  la  Ijokasenna. 
Enfin,  nous  ne  pouvons  exclure  de  cette  énumé- 
ration  ni  les  Nibelungen, ni  le  livre  des  héros  (i), 
composés  long-temps  après  par  des  auteurs 
chrétiens ,  et  soumis  à  une  forme  chrétienne  : 
mais  l'empreinte  du  paganisme  perce  à  chaque 


pour  Tempire  da  monde;  le  chanf  d'Alyis  le  nain;  le 
Tbiymsgoida,  ou  Thistoire  de  Thor,  de  Loke  et  da  géant 
Thrymmer  ;  l^HymUguida ,  on  le  récit  cosmogoniqne ,  re- 
i'ûf  au  géant  Ymer;  les  trois  légendes  qui  racontent  la 
lotte  de  Thor  contre  un  nain  qu*il  ne  peut  Taincre^  les 
amourt  du  dieu  Freyr ,  et  les  énigmes  résolues  par  Svip- 
dagr;  la  mort  de  Balder;  la  généalogie  des  héros,  fils 
des  dieux  ,  ou  le  passage  Be  la  race  divine  à  la  racé  hé- 
roïque; le  chant  du  corhcan ,  consistant  principalement 
^  prédictions  sur  la  destruction  du  monde. 

(i)  Le  Heldenbnch.  Ce  livre  des  héros ,  plus  ré- 
cent que  les  Nibelnugen ,  et  attribué  à  Henri  d'Ofterdin- 
g<n,  poète  du  xiii*  siècle,  n*en  est  pas  moins  rempli  de 
éditions  pareilles  aux  légendes  anciennes  du  Nord. 


l54  -  BC   LA    RELIGION, 

instant  sous  cette  forme.  La  catastrophe  du 
poème  germanique  est  manifestement  emprun- 
tée du  crépuscule  des  dieux,  et  le  nom  seul  de 
Sigfrid  ou  de  Sigourd  rappelle  le  père  d'un  des 
Odins,  chez  les  Scandinaves. 

La  Voluspa  appartient  aux  deux  époques. 
Les  prêtres  y  déposèrent  toutes  les  fables  , 
devenues  successivement  parties  de  leurs  lé- 
gendes. Aussi  les  contradictions  qui  attestent 
la  coexistence  de  plusieurs  doctrines,  sont- 
elles  entassées  dans  la  Voluspa.  Elle  est  à  quel- 
ques égards^  pour  la  mythologie  du  Nord,  ce 
qu'est  Hésiode  pour  celle  de  la  Grèce. 

L*Havamaal  et  le  Runathal  ou  ^chapitre 
Runique  sont  de  l'époque  du  second  Odin. 
Nous  avons  montré  que  l'un  contenait  une 
doctrine  différente  de  la  doctrine  primitive,  re- 
commandait d'autres  vertus,  promettait  d'au- 
tres récompenses,  établissait,  en  un  mot,  un 
tout  autre  système  religieux  et  moral.  Le  cha- 
pitre qui  traite  de  la  magie,  trahit  les  pré- 
cautions du  sacerdoce  contre  des  rivaux ,  et 
par-là  même  indique  un  moment  où  les  prê- 
tres étaient  en  mesure  de  persécuter  ceux  qui 
allaient  sur  leurs  brisées. 

I^  I^kasenna  est  le  banquet  où  Loke,  après 


LIVRB    Xiy,    GQAPITHE    IJI.  l55 

avoir  causé  U  iport  de  Balder,  vieni  insulter 
aux  dieux  courroucés.  La  salle  du  festin  est 
un  asile  inviolable.  Odin  lui-même  protège 
Loke ,  à  cause  de  1%  sainteté  du  lieu  ;  et  ce 
dernier ,  sûr  d'être  impuni ,  reproche  aux  ha- 
bitants du  Valhalla  leurs  actions  coupables  et 
leurs  penchants  vicieux.  Ce  poème  doit  être 
contemporain  du  plus  ancien  polytbéismescan- 
dinave ,  et  antérieur  au  second  Odin. 

Sans  doute  ces  poésies  ont  pu  et  ont  dû  su- 
bir diverses  transformations.  La  caste  sacerr 
dotale  en  était  saule  dépositaire  ;  elle  les  trans- 
mettait, oralement  et  partiellement ,  à  un 
peuple  étranger  k  toute  littérature  et  pour 
qui  Texamen  eût  été  un  sacrilège. 

Quant  aux  Nibelungen  et  au  livre  des  hé- 
rosy  ce  que  nous  avons  dit  indique  assez  qu'on 
ne  doit  les  consulter  qu'avec  précaution.  I^es 
réminiscences  de  deux  mythologies,  rappor- 
tées par  des  écrivains  qui  professaient  une 
troisi'ème  croyance ,  ont  été  nécessairement 
très-détigurées ,  et  les  notions  des  deux  épo- 
ques  s'y  trouvent  mêlées ,  confondues  et  amal- 
gamées de  plus  avec  le  christianisme,  qui  les 
avait  remplacées,  et  les  poursuivait  encore  de 
^es  haines  et  de  ses  défiances. 


l56  DE    LA    RELIGION, 

Si,  malgré  les  preuves  morales  que  nous 
croyons  avoir  portées  jusqu'à  Tévidence  , 
on  persistait  à  nous  en  demander  d'un  autre 
genre  ,  fondées  sur  d#s  témoignages  his- 
toriques et  des  dates  certaines,  nous  répon- 
drions que  les  monuments  de  ces  temps  re- 
culés n'ayant  été  recueillis  qu^après  que  leur 
authenticité  était  devenue  douteuse  et  leur 
époque  inconnue ,  les  règles  de  la  chronolo- 
gie ordinaire  ne  sauraient  servir  de  guides. 

Les  Scandinaves  n'ont  eu  d'historiens  qu'à 
dater  du  onzième  siècle  (i).  L'usage  de  l'écri- 
ture était  interdit  dans  tout  ce  qui  avait  rap- 
.  port  à  la  religion ,  à*  l'histoire ,  aux  lois.  Les 
hymnes,  les  légendes,  les  récits  mythologiques 
ne  se  transmettaient  que  verbalement.  Si  nous 
.  trouvons  des  caractères  r uniques  attribués  à 
Odin ,  dans  des  poésies  encore  païennes ,  ik 
n'étaient  employés  qu'à  des  usages  magiques. 

Soemund  Sigfusson  ,   le   premier  qui  osa 


\i)  Suivant  Torfoeus,  il  s'est  écoulé  onsie  cents  ans 
depuis  Odin  jusqu'au  premier  historien  Islandais,  Isleif* 
évéque  de  Scalholt,  qui  mourut  en  1080  (  Mallet,  In- 
trod. ,  p.  46),  et  rodin  dont  Toefoeus  parle,  n'est  pa» 
le  premier,  mais  le  second  Odin. 


LIVRE    XIV,    CHAPITRE    1 1  i.  iSj 

mettre  par  écrit  les  Sagas  et  les  poèmes  dont 
la  réuuion  forme  les  Eddas,  vivait  en  loS*}. 
Un  sièclç  et  demi  plus  tard,  sa  collection  fut 
abrégée 'par  Snorro  Sturleson. 

Ainsi,  recueillis  deux  fois,  à  cent  cinquante 
ans  de  distance  «  après  le  triomphe  d'une  reli- 
gion nouvelle,  par  des  hommes  qui  'avaient 
pour  but  bien  plus  d'inspirer  à  leurs  contem- 
porains une  haute  idée  de  l'antique  poésie  du 
Nord  (i),  que  de  tracer  la  marche  des  opi- 
nions religieuses  dans  cette  partie  du  globe, 
les  monuments  du  polythéisme  Scandinave 
ont  été  placés  à  côté  les  uns  des  autres,  plu- 
tôt que   classés    dans    leur    ordre    primitifs 


(i)  Edda  ftigirifie  Poëtique,  art  de  la  poésie.  Les  Eddas 
iODtdonc  unrecaeil  pour  former  des  poètes,  et  non  un  li- 
^re  religieux.  Le»  apprentis  Scaldes  conservaient  ^dans 
lenrs  poèmes  les  fictions  de  Tancienne  mythologie,  bien 
qu'elle  fût  détruite.  (Mall.  ,  Uist.,  II,  !i5-26.)  Ce  qui 
montre  que  les  compilateurs  des  Eddas  ne  mettaient  d'in- 
térêt qa*à  la  poésie,  c'est  une  fable  burlesque  évidem- 
ment  interpolée ,  et  qui  est  un  persiflage  contre  les  mau- 
vais poètes.  Odin,  ayant  avalé  le  bredvage  poétique, 
sWolait  sous  la  forme  d'un  aigle  :  poursuivi  par  un  des 
S^ts  gardiens  de  ce  trésor,  il  en  laissa  échapper  une 
partie,  et  ce  breuvage  souillé  de  la  sorte,  devint  le  par- 
tage des  mauvais  poètes. 


t58  D-E    LA    RRLIGlOir, 

Avant  d'être  rassemblés,  Us  avaient  subi  plu- 
sreurs  transformations.  Ixirsqu'ils  reçurent  par 
l'écriture,  pour  la  première  fois,  une  forme 
stable,  les  opinions  qu'ils  rentennent  n'éuient 
plus  âornioantes.  Ceux  qui  les  transcrivaient 
n'avaient  aucun  intérêt  à  rechercher  s'ils  ne 
contenaient  pas  des  notions  contr»t)ictoires, 
de  diverses  époques,  et  qui  s'étaient  supplan- 
tées, ou  du  moins  succédé  dans  l'esprit  des 
peuples. 

Il  est  donc  impossible  de  distinguer  par 
des  dates  précises  les  monuments  qu'ont  ag- 
glomérés les  deux  compilateurs,  et  de-làune 
nécessité  mttnifcste  de  suppléer  à  la  chrorlo- 
togie  positive  par  une  sorte  de  chronologif 
morale. 


LIVRB    Xlt,    CHAPITRE    IV.  1 59 


i*«^*»%^%^%'*^»^%m<^%^>^v%^%*«%*<%^^»^»%^>%^m/%^' 


CHAPITRE  IV. 

Que  la  question  de  savoir  s^il  n^y  a  pas  eu  en 
Scandinavie  une  troisième  révolution  reli- 
gieuse est  étrangère  à  notre  sujet. 

m 

JNous  pourrions  tenter  de  résoudre  un  pro- 
blème ultérieur.  La  Scandinavie  n'a-t-elle  pas 
subi,  postérieurement  au  second  Odin,  une 
nouvelle  révolution,  qui  a  détruit  ou  du  moins 
fort  diminué  le  pouvoir  des  prêtres? 

Beaucoup  de  circonstances^  éparses ,  rap- 
portées par  des  écrivains ,  scrutateurs  soi- 
gneux des  traditions  antiques ,  nous  le  fe- 
raient penser.  .  .,., 

Un  troisième  Odin  parait  avoir  anéanti 
lautorité  du  sénat  des  dieux,  que  le  second 
avait  établie.  Allié  4'abord  à  Gylfe  (i)t  pré&i*- 


;i)  Od  a  vu  dans  une  note  précédente  Tattrlbution  Àm 
nom  de  Gyire  à  deux  individus  de  situations  tout  opposées.  ^ 


lOu  OE    LA    RELIGION, 

dent  de  ce  sénat  despotique,  il  1^  fit  bientôt 
mettre  à  mort,  et  sur  les  débris  de  la  puis- 
sance sacerdotale,  il  érigea  une  monarchie 
temporelle. 

Dans  cette  hypothèse,  la  religion  Scandi- 
nave aurait  changé  trois  fois,  et  chaquç  fois, 
par  l'arrivée  d'une  colonie.  La  première  y  au- 
rait  introduit  un  polythéisme  indépendant 
des  prêtres,  ot  dans  lequel  le  sacerdoce  n'aii* 
fait  exercé  qu'une 'influence  très-limitée;  \» 
seconde  aurait  substitué  à  ce  polythéisme  une 
religion  soumise  aux  prêtres;  la  troisième, 
brisant  ce  joug,  aurait  replacé  les  Scandinaves 
dans  leur  indépendance  primitive. 

Ce  qui  pourrait  donner  quelque  vraisem- 
hlance  à  cette  supposition,  c'est  que  les  cheB 
dti  gouvernement  de  l'Islande  exercèrent  sur 
les  prêtres,  dans  des  temps  postérieurs,  une 
surveillance  qui  assignait  à  ceux-ci  un  rang  fort 
secondaire  (i). 


[|  ipmblerait  qu'on  a  également  placrf  le  même  fait  Hans 
l'histoire  de  toaa  I»  deux ,  en  les  prëieniant  comme  ■» 
dépositaires,  tantdt du poDToir  temporel,  tantôt  rferaii- 
tnriié  sacerdotale. 

Il)  WinKi.-J4aLsnKRc,p.  i^'i-fj^iyS-adg-^-ji. 


_     ^ 


LIVRE    XIV,    CHAPITRK    IV.  l6f 

Mais  cette  question  nous  est  étrangère.  Ce 
que  nous  avions  à  démontrer,  c'était  Texis- 
tence  et  la  succession  des  deux  révolutions 
antérieures.  Le  chapitre  suivant  prouvera  com- 
bien cette  démonstration  était  importante. 


y. 


1 1 


PK    LA     BELIGtOV, 


CHAPITRE   V. 


Que  les  deux  révolutions  du  polythéisme 
Scandinave  confirment  nos  assertions  sur 
la  nature  et  les  di^rences  des  deux  pofy- 

théismes. 


Vjvse  des  vérités  que  nous  avons  tâché  d'é- 
tablir, c'est  que  la  religion  est  différente,  sui- 
vant qu'elle  est  affranchie  de  la  domination 
sacerdotale,  ou  soumise  à  cette  dominatioD. 
Nous  avons  présenté  cette  vérité  sous  quatre 
points  de  vue,  et  dans  chacun,  nous  en  avons 
trouvé  la  preuve  incontestable. 

En  Grèce,  du  temps  d'Homère,  point  d'as- 
trolatrie,  et  partant  point  de  prêtres;  point 
de  pi-ètres,  et  en  conséquence,  dans  la  reli- 
gion publique ,  point  de  rites  sanglants  ou 
obscènes,  point  de  théogonies,  ou  cosmogo- 
iiies  ténébreuses,  point  de  doctrines  subtiles, 


^ 


LIVRE   Xjy,    CHàPlTR£    ▼.  l63 

de  dualisme ,  de  panthéisme ,  abcnitissant  à 
une  incrédulité  recouverte  d'un  voile  my^é-^ 
rieux,  et  a£fectant  la  solennité  de  là  reli- 
gion. Plus  tard ,  un  sacerdoce  sans  influencé , 
et  par  conséquent ,  le  culte  populaire  dé- 
mewant  exempt  de  tout  raffinement' sacei** 
dotal,  se  perfectionnant  graduellement  par  le 
seul  effet  de  la  marche  et  des  progrès  de 
lesprit  humain;  mais  une  religion  occulte/ 
empruntée  du  dehors,  et  introduite  en  Grèce, 
presque  contre  les  lois,  par  un  sacerdoce 
qui  veut  se  dédommager  ainsi  du  peu  de 
puissance  qu'il  pdstéde  dans  l'état,  et  cette 
religion  occulte,  appelant,  invoquant,  s'incor* 
porant  tous  les  rites  et  tous  les  dogmes  sa- 
cerdotaux. 

Dans  tout  l'Orient,  dans  le  Midi,  dans  les 
Gaules,  des  prêtres  tout  -  puissantis ,  et  avec 
(îux,  tout  ce  dont  nous  avons  remarqué  l'ab- 
sence en  Grèce ,  l'état  stationnaire ,  l'immobi- 
lité de  l'intelligence  et  la  servitude. 

Chez  les  Romains,  la  lutte  de  l'esprit  sacer- 
dotal contre  le  polythéisme  indépendant,  la 
conservation  de  tout  ce  qui  caractérise  les 
religions  sacerdotales,  aussi  long-temps  que 
leurs  vestiges  se  perpétuent  ;  mais  la  disparu- 

I  r. 


l64     DK    LA    RELIGION,    LIV.    XrV,    CB.    V. 

tioii  de  toutes  ces  choses,  dès  que  le  pou- 
voir des  prêtres  est  vaincu. 

Maintenant  nous  venons  de  voir  en  Scao- 
dinavie  une  marche  inverse;  d'abord  un  po- 
lythéisme libre  de  la  domination  sacerdotale; 
plus  guerrier  que  celui  des  Grecs,  mais  repo- 
sant sur  les  mêmes  bases,  n'admettant  que  le 
même  anthropomorphisme;  puis  une  colonie 
de  prt'Ires  qui  remporte  une  victoire  funeste 
et  soudaine.  L'anthropomorphisme  simple,  na- 
turel, pro[)ortionné  à  l'époque,  est  aussitôt 
reni|jli)C(!-  par  tous  les  égarements,  toutes  les 
barbaries,  toutes  les  subtilités  inhérentes  au 
polythéisme  sacerdotal. 


DE  LA  RELIGION, 


COHSIDBBBB 


DANS  SA  SOURCE, 

SES  FORMES  ET  SES  DÉVELOPPEMENTS. 


LIVRE    XV. 

RÉSULTATS    DE    LOCVRAGB. 


CHAPITRE    PREMIER. 


Question  à  résoudre, 

JN  ous  avons  terminé  nos  recherches,  du  moins 
pour  la  première  moitié  de  la  carrière  que  nous 
a^ons  rintention  de  parcourir.  Mous  avons 
décrit  les  changements  progressifs  de  la  pre- 
mière forme  religieuse  que  Tfaomme  se  soit 
créée,  et  nous  avons  suivi  cette  forme  jusqu'à 
son  plus  haut  point  de  perfectionnement.  La 
seconde  moitié  de  nos  recherches  embrasera 


l66  DE    LA    RELlGIOir, 

sa  chute.  Nous  indiquerons  les  causes  de  sa 
décadence,  les  efforts  du  sentiment,  quand, 
l'ayant  améliorée,  il  la  trouve  rebelle  à  ses 
besoins  ultérieurs;  ses  tentatives  pour  la  plier 
à  ces  besoins  nouveaux,  la  destruction  qui  en 
résulte;  les  destinées  de  la  philosophie,  dV 
bord  inoffensive,  bientôt  persécutée»  par-!à 
même  hostile,  enfin  victorieuse;  l'immobilité 
apparente  des  religions  sacerdolales ,  agitées 
dans  l'intérieur  par  un  ébranlement  invisi- 
ble, leurs  dehors  demeurant  immuables,  jus- 
qu'à ce  que  les  londements  s'écroulent.  Au 
milieu  du  chaos,  qui  résulte  de  cet  écroule- 
ment universel,  une  forme  nouvelle,  triom- 
phant de  celle  qui  a  été  brisée,  et  que  la  race 
mortelle  semble  ne  pouvoir  remplacer  ni  re- 
::onstruire,  ralliera  cette  race  errante,  et  dé- 
couragée. Autour  de  cette  forme  jeune  et  pure, 
se  groupera  tout  ce  qui  aura  survécu  au  grand 
naufrage,  tout  ce  qui  restera  de  sentiments 
j,  d*espérance5  consolantes;  mais  nous 
irir  aussi  loules  les  réminisces- 
litions  du  sacerdoce,  les  corpo- 
lopole,  les  tyrannies,  les  ifD- 
•"■«udes  antiques,  avides  de  re- 


^      LIVRE  XV,   CHAPITRE    I.  lÔ*) 

ITanticîpoos  point  sur  ravenir  et  recueillons 
ce  que  le  passé  nous  enseigne. 

Nous  ne  récapitulerons  point  les  &its.  Pour 
les  lecteurs  attentifs,  ce  serait  superflu  ;  pour 
l^s^  inattentifs,  inutile. 

Les  formes  religieuses  sont  de  deux  espèces. 
ijds  uneS)  soumises  à  des  corporations  qui 
^  noaiatiennent  stationnaires ;  les  autres,  in- 
dépendantes de  toute  corporation ,  et  se  per- 
fectionnant progressivement. 

L'homme  peut  se  trouver  sous  l'empire  de 
*  une  ou  de  Vautre  de  ces  formes.  . 

Due  troisième  hypothèse  serait  celle  où  les 

^^3t  formes  seraient  repoussées. 

Celte  hypothèse  es^e^e  admissible?  nous 

^  '«  pensons  point.  Historiquement,  nous 

^  ^'^  ▼oyons  d'exemple  nulle  part.  Psychologie 

^«^eioent,  Texistence  du  sentiment  religieux 

j^^"^We  y  mettre  obstacle. 
^         ^otDaifis  se  croyaient  dans  cette  srtua- 
Y  ^f***  'e  premier  siècle  de  notre  ère  (r). 

^jj.  ^  ^^^  ^'^^  P^"*  ^^^^  '  *^®  convictions 
^>*^^«es  avaient  pénétré  de  nouveau  dans 


|69  D^E    LA    RELIGION, 

tous  les  esprits,  la  foi  reconquis  toutes  les 


âmes. 


Nous  pensiops  également,  en  France,  H  y 
a  cinquante  ou  soixante  années ,  être  parve- 
nus au  dédain  de  tout  ce  qui  n'est  pas  suscep 
tible  de  démonstration ,  et  Jbeaucoup  de  cir- 
constances avaient  conspiré  à  nous  y  pousser. 
Une  dévotion  qui  avait  eu  pour  objet  bien 
moins  la  Divinité  que  le  monarque,  se  débat- 
tait sur  son  tombeau ,  chargé  des  malédictions 
d|i  peuple.  Le  temps  n'était  plus  où  madame 
de  Sévigné  aurait  voulu  mourir  pour  la  pré- 
sence réelle  (i),  parce  qu  elle  avait  dansé  avec 
le  grand  roi.  Les  dogmes  encore  consacrés,  les 
idées  déjà  victorieuses,  étaient  en  lutte,  parce 
que  toute  proportion  était  rompue.  Des  sou- 
venirs de  persécution,  des   persécutions  mi- 
tigées par    le  caprice,    irritaient   les  intelli- 
gences. Le    pouvoir ,  en  contradiction    avec 
lui-même ,    sévissait    par  routine  contre  des 
principes    qu'il   affichait   par    vanité.    La  li- 
berté   de  la   pensée  était   le  besoin  des  es- 
prits élevés.  :  la  licence  des  mœurs  tentait  les 


i)  Lettre  640,  édit.  de  Grouvclle. 


LITRE    XV,     CHAPITR£     1.  169 

ames  corrompues;  et  comme .  od  avait  donné 
pour  base  à  la  morale  une  religion  positive , 
la  chute  de  cette  religion  favorisait  la  li- 
cence. 

Un  clergé  intolérant  dans  ses  actes,  mais 
insouciant  de  ses  doctrines:  et  déconsidéré 
par  la  conduite  d'un  grand  nombre  de  ses 
membres,  imprimait  au  culte  dominant  une 
teinte  à  la  fois  odieuse  et  frivole ,  mélange  in- 
cohérent qui  prétait  au  ridicule,  tout  en  sou- 
levant l'indignation.  Des  ministres  des  autels 
écrivaient  d'obscènes  romans,  et  se  glori- 
fiaient d'une  vie  mondaine,  au  moment  où 
Rajnal  et  Rousseau  étaient  proscrits,  Helvé- 
lius  inquiété,  et  où  le  sacerdoce  menaçait  Vol- 
taire, jetant  un  regard  mécontent  sur  Montes- 
quieu, un  regard  défiant  sur  Buffon,  qu'il  eût 
traité  volontiers  comme  Galilée. 

Et  qu'où  ne  fasse  pas  valoir  les  adoucisse- 
ments apportés  de  fait  aux  rigueurs  apparen- 
tes. Celte  inconséquence  nuisait  à  la  religion. 
On  la  méprisait  davantage,  sans  la  haïr  moins. 
Le  dédain  se  réunissait  à  l'hostilité.  L'on  ache- 
tait de  perdre  toute  conviction ,  en  voyant 
que  rien  n'était  grave  pour  personne,  que  les 
professions  de  foi,  les  pratiques,  les  sévérités 


tous  f**'.     t 

^  Jes  formes  mensongères 
une  .    ^,^4^    -     , 

_  »*^^fl  est   siir¥enoe.    On    eût  dil 

^  '^  Je    la    philosophie    incrédule-j 

*■  ***»*    *^®    V^   *    rapport    aux  no-| 

(  i*^'V.;,uses  (nous  ne  parlons   pa«    dei| 

t^   jgat  '1  ne  faut  accuser  aucune  doc-: 

^''"'^gr  la  religion  elle-mênie  serait  souvent] 

"^Ible),   c'était,  dison»-nous,  l'incréduIiM 

f^fe  hautement,  reçue  avec  faveur.  Q«aH 

nW  a"'  **  *°"*  écoulés  :  examinez  où  nou«| 

„  soiDines.  Ce   qui  est  usé,  s'écroule  sam! 

(touie;  ce  qui  est  mort  ne  peut  renaître  :  mais] 

une  agitation  mystérieuse ,  un  désir  de  croire.i 

une  soif  d'espérer,  se  manifestent  de  toute»| 

parts.  Partout  vous  discernez  des  sectes  paist-| 

blés ,  parce  que  le  siècle  est  paisible  i  mais  en-| 

thousiastes,  parce  que  le  besoin  d'enthousiasme 

est  de  tous  les  temps.  Contemplez  ces  métho-| 

distes  anglais,  ces  Momiers  de  Suisse;  à  Ge-' 

nève ,  ces  habitants  des  cimetières ,  voulant  ai 

tout  prix  renouer  la  communication  avec  le 

monde  invisible ,  et    le    commerce  avec  les 

morts;  en  Allemagne,  toutes  le»  philosophie* 

imprégnées  de  mysticisme.  En  France  même . 

où  la  génération  la  plus  positive,  s'emparant  ne 


i 


LIVMS   XV,  CHAPITRS   I.  17! 

terre,  semblait  naguère  vouloir  s'y  con* 
Dtrer,  s'élèvent ,  du  sein  de  cette  génération 
rieuse  et  studieuse,  des  efforts  isolés ,  se** 
^ts ,  mais  qui  protestent  contre  la  tendance 
ilérielle,  tradition  aujourd'hui,  plutôt  que 
sièae. 

Cette  disposition  des  esprits  en  jette  plu^* 
!urs  dans  des  inconséquences  bizarres.  Pleins 
i  respcet  pour  toute  opinion  religieuse 
lelle  qu'elle  soit ,  ils  louent  Mécène  d'avoir 
Khorté  Auguste  à  honorer  et  à  faire  hono- 
sr  les  dieux ,  bien  que  ces  dieux  fussent  ceux 
Q  paganisme ,  et  qu'une  manière  de  les  ho- 
orer  fut  de  livrer  les  chrétiens  aux  bétes.  Ils 
«rient  presque  avec  la  même  vénération  de 
eau  bénite  et  de  l'eau  lustrale,  de  Mem- 
)1ms  et  du  Vatican. 

liy  a,  dans  tout  cela,  des  parties  d'extrava- 
jance  :  mais  l'extravagance  a  une  cause.  Le 
(nouvemeut  qui  survit  à  la  mort  apparente, 
prouve  que  le  germe  n'est  pas  privé  de  vie. 

£t  remarquez  comment  l'instinct  de  cette 
ovation  saisit  nos  prosateurs  et  nos  poètes. 
^  qui  demandent-ils  des  effets?  à  l'ironie ,  aux 
^phtegmes  philosophiques,  comme  Voltaire  ? 
^^Q  •  à  ta  méditation  vague,  à  la  rêverie, 
^nt  les  regards  se  tournent   toujours   vers 


17a  DE   LA    MBLIGIOI*, 

Tavenir  san»  borne»  et  vers  TiaBni.  Beaucoup 
se  perdent  dans  les  nuages  :  mais  letir  eUt 
vers  les  nuages  est  une  tentative  pour  appro- 
cher des  cieux.  Us  sentent  que  c'est  ainsi  qiif 
s'établira  leur  correspondance  avec  un  puLl  c 
nouveau,  public  que  Tincrédutité  fatigue,  eti 
qui  veut  autre  chose,  sans  savoir  peut-riri 
encore  ce  qu*i!  veut. 

L  absence  de  toute  conjecture ,  de  tmit  srr 
timent,  de  toute  espérance  religieuse ,  Tincr- 
dutité  dogmatique,  sont  donc  impossibles  |v«ui 
la  masse  de  Tespèce  humaine. 

Observez  c|ue  nous  ne  parlons  ici  qtie  •:! 
rincrëdulilé  dogmatique.  Nou%  nr  la  ^--r^ 
fondons  |H>int  avec  U*  doute.  Nous  conct*^*--^ 
le  doute  autant  et  plus  que  |x*rs4>nne  1  ;  rii«i 
le  doute  nVxclut  point  !«*  «efitimrnt  rchct-  \ 
Ije  doute  a  se^  dêdonimaperornt^ ,  d  a  m-^  %  «  v  i 
et  Min  espoir;  il  nVuferme  p.is  Tliomme  ti..-! 
un  cercle  de  fer,  ou  il  \c  déliât  avec  tf-rr- tj 
et  avec  angoisse.  Du  sein  de  Tob^runtr  .^i 
renvrlop|>e  «  le  doute  voit  sVc*liap[M»r  «!  i 
rayons  liiminiMii ,  il  m*  livre  a  dc^  prr^vc-i.* 


I     Cor  ma  I  koow  nou|;ht»  soihtnf  I  denv, 

Kffàrm ,  rr|^t ,  ronirod  ,  éod ,  ia  Ual  kD«»«  you 

fjord  Bvftov 


LIVRE    XV,    CHAPITRE     I.  1^3 

lents  qui  le  raniment  et  le  consolent.  Loin 
e  repousser,  il  invoque.  Il  ne  nie  pas,  il 
^ore;  et  tantôt  échauffée  par  le  désir,  tantôt 
Dpreinte  de  résignation^  son  ignorance  n'est 
is  sans  douceur.  Mais  la  négation  de  toute 
aissauce  supérieure  à  nous,  de  toute  com- 
lunication  avec  cette  puissance,  de  tout  ap- 
elàsa  bonté  et  à  sa  justice  contre  l'injustice 
tia  perversité,  le  renoncement  à  un  monde 
pilleur  que  le  nôtre,  à  un  monde  de  répara- 
on  et  (le  pureté ,  aucune  société  ne  s'en  con- 
ffltera. 

Il  faut  donc  en  revenir  à  l'un  des  deux 
tats  compatibles  avec  notre  nature ,  la  reli- 
ion  imposée,  la  religion  libre. 

Uquel  des  deux  est  le  meilleur? 

Llnde,  l'Ethiopie,  l'Egypte,  la  Perse  of- 
ftnt  lexemple  du  premier  de  ces  états.  Tout 
^fogrès  est  interdit  à  l'intelligence ,  tout  avan- 
tment  est  un  crime ,  toute  innovation  un  sa- 
riége.  La  religion  ne  dépose  point  les  hideux 
^<^tiges  du  fétichisme,  la  figure  des  dieux 
^te  informe,  leur  caractère  vicieux.  La  mo- 
'ïif  est  faussée  ,  la  liberté  proscrite  ,  le 
crime  ordonné.  Vénale  à  la  fois  et  menaçante, 
^  religion ,  prodigue  de  terreurs ,  est  avare 
^^  consolations.  Celles  qu'elle  accorde ,  elle 


tn/f  DE    LA    HBLIGIOH,  ' 

les  vend.  Froissée  entre  les  mains  de  ses  ni^ 
très,  avilie  dans  l'ame  de  ses  esclaves,  elle  ts 
pour  les  premiers  un  instrument  qu'ils  d^gra 
dent,  pour  les  seconds,  un  joug  qui  leur  pèst 
Objet  de  calcul  sans  bonne  .foi ,  ou  A'obëi 
sance  sans  examen ,  elle  corrompt  ceux  qï 
en  profitent,  comme  ceux  qu'elle  opprime.  EU 
condamne  la  crainte  k  l'hypocrisie,  et  train 
au  supplice  la  sincérité,  donnant  une  prim 
à  ce  qui  est  abject,  et  réservant  le  ch&limei 
au  courage. 

Une  caste  oppressive  exige  successiveinei 
de  l'hMnme  le  renoncement  à  ses  penchant 
à  ses  aflections,  à  ses  vertus,  à  son  intell 
geiice.  Elle  applique  à  la  croyance  le  mèa 
principe  qu'à  tous  les  autresgenres  d'offrande 
La  foi  devient  d'autant  plus  méritoire,  que 
dogme  qui  la  réclame  est  plus  difficile  k  croD 
ou  à  comprendre.  Le  sentiment  religieux ,  dai 
son  exaltation,  favorise  cette  exigence  du  s: 
cerdoce.  Il  se  plaît  à  immolw  à  son  dieu  » 
acuités  les  plus  précieuses.  Le  même  fanatisn 
qui  a  obtenu  du  père  l'holocauste  de  son  e: 
tant ,  de  la  vierge  celui  de  la  pudeur,  obliei 
que  la  raison  suicide  s'abjure  elle-mèin 
L'erreur  ou  la  vérité,  n'importe,  sont  égal 
FHpnt  imposées.  I/horome  et  ses  fecultés  di 


L1VR£    XV,    CHAPITRE    I.  1^5 

l^raissent  :  il  ne  reste  que  le  prêtre  et  ses 
calculs. 

Ajoutes  à  tous  ces  fléaux  l'esprit  de  per- 
sécutioo,  conséquence  inévitable  d'un  pareil 
système.  Voyez  ches  le  peuple  le  plus  doux 
de  la  terre,  le  massacre  des  Bouddhistes, 
diezles  Égyptiens,  l'oppression  des  Hébreux. 
Tel  a  été,  pour  les  temps  anciens,  l'effet 
du  principe  slatîonnaire  dans  la  religion* 

Nous  ne  voulons  rien  exagérer.  Nous  ne 
prétendons  nullement  que  le  sacerdoce  ait  été 
Paatenr  de  tous  les  maux  qui  ont  pesé  sur  le 
monde.  Des  causes  nombreuses  et  de  diverses 
nature ,  ext^ieures  ou  intérieures ,  fortuites 
OQ  permanentes,  ont  souvent  et  puissamment 
réagi.  L'aristocratie  des  guerriers  a,  jusqu'à  un 
certain  point,  contre •  balancé  le  pouvoir  des 
prêtres,  comme  le  despotisme  des  rois  a  dé* 
tràné  plus  tard  l'aristocratie  guerrière  ,   et 
comme  aujourd'hui  l'industrie  renverse  le  des- 
potisme des  rois.  Mais  en  estnl  moins  vrai  que 
le  sacerdoce  a  toujours  entravé  cette  extension 
des  droits  et  des  jouissances,  se  communi- 
quant d'une  caste  à  l'autre ,  et  enfin  de  tous 
les  privilégiés  à  l'espèce  entière  ?  C'est  là  ce 


p 


1^6  DE     LA     RELIGION, 

que  nous  affirmons;  c'est  là  ce  que  prouvt 

l'histoire.  Nous  accordons  à  toutes  les  eau 
ses  qui  ont  déterminé  le  sort  de  l'homme 
leur  part  d'influence  :  mais,  consacrant  na 
efforts  à  décrire  l'une  des  plus  actives,  nou 
avons  dû  peindre  ses  effets  avec  vérité. 

Des  littérateurs,  hommes  distingués,  nous  on 
objecté  qu'à  uneépoqueoù  les  prêtres  ét;tientl 
portion  la  plus  éclairée  des  sociétés,  il  était  na 
turel  et  juste  qu'ils  leur  servifisent  de  guides 
Nous  ne  le  nions  point.  Nous  avons  recoani 
que  chez  les  sauvages,  le  sacerdoce  a  fait  quel 
quefois  du  bien  (i).  Mais  les  écrivains  auxquel 
nous  répondons  n'ont,  à  ce  qu'il  nous  semble 
envisi^é  qu'un  coté  de  la  question.  -Sans  doute 
il  est  naturel  et  juste  que  les  intelligences  su 
périeures  marchent  à  la  tète  des  association 
humaines,  bien  que  nous  considérions  la  chos< 
plutôt  comme  un  fait  que  comme  un  droit 
si  l'on  en  fait  un  droit ,  le»  plus  forts  se  di 
ront  les  plus  intelligents,  et  opprimeront! 
reste*  Pour  que  le  système  de  l'aristocralie  in 
tellectuelle  ne  devienne  pas  aussi  funeste  qU' 

(0  V.  i.I.liv.  ll,ch.  6. 


LIVRK     XV,    CHAPITRK     1.  i^'J 

tout  aulre  système  aristocratique ,  ilfaut  que 
sa  poissance  se  borne  à  la  persuasion ,  à  la 
communication    des  lumières,   sans   moyens 
politiques  ou  coercitifs.  Quand  la  supériorité 
de  l'intelligence  réclame  Tappni  de  Tautorité, 
elle  sort  de  sa  sphère,  elle  s'attribue  des  droits 
D>ntestables.  Ce  genre  de  supériorité  pouvant 
toujours  lui  être  disputé,  elle  arrivé  à  des  me- 
*iures  de   vexation  qui  ne  la  rendent   guère 
moins  odieuse  que   les  forces  matérielles  et 
aveugles.  Nous  reconnaissons  que  lorsque  la 
multitude  est   plongée  dans  l'ignorance,  les 
plus  instruits  doivent   la   diriger;  mais,  si  à 
cette  faculté  que  la  nature  leur  confère,  et 
qu'il  n'est  .pas  besoin  que  la  loi  sanctionne, 
ils  veulent  joindre  le  droit  d'arrêter  les  pro- 
grès des  générations  futures,  ils  sacrifient  Ta- 
venîr  au  présent  ;  et  pour  faire  mûrir  à  la  hâte 
quelques    connaissances    bornées   et    împar- 
&ites,  ils  frappent  de  stérilité  des  perfection- 
nements plus  réels  et  plus  nobles.  Or,  cette 
tendance  a  toujours  été,  elle  sera  toujours 
celle  d'un  sacerdoce  réuni  en  corps,  et  revêtu 
d'une   autorité  temporelle.  J^e  sacerdoce   de 
raiitiquité  a  pu  quelquefois  être  de  bonne  foi, 
^  croire  à  la  légitimité  de  ses  prohibitions. 


[^B  DE    LA     HRLIGIOH, 

comme  à  la  vérité  de  ses  doctrines.  Il  a  pu  élre 
sincère,  même  dans  ses  ruses  :  servir  Dieu  pv 
la  fraode,  comme  on  sert  un  maitre,  est  un 
raouvement  assez  naturel,  dans  les  concep- 
tions  de  l'anthropomorphisme  ;  mais  la  teo* 
dance  à  laquelle  ce  sacerdoce  obéissait,  n'en 
■A  pas  moins  motivé  toutes  les  tyrannies  qui 
ont  accablé  l'homme.  C'est  contre  cette  len- 
dance  et  non  contre  l'influence  légitime  de  la 
supériorité  des  lumières,  et  par  conséquent 
des  hommes  qui,  à  chaque  période  sociale, 
en  sont  investis ,  que  ooos  nous  sommes 
élevés. 

Maintenant  à  côté  de  l'immobilité  sacerdo- 
tale, contemplons  la  Grèce  libre  et  progressive. 

Partant  d'un  fétichisme  grossier,  le  senti- 
ment religieux  arrive  bientôt  au  polythéisme, 
le.  dégage  <le  tous'  les  vestiges  de  la  barbarie, 
le  perfectionne,  l'épure.  Tout  s'ennoblit  dans 
ses  dogmes  et  dans  ses  rites  publics.  Les  Grecs 
empruntent  de  toutes  parts  ce  qui  séduit  leiir 
imagination  active  et  curieuse,  mais  ils  embel- 
lissent tout  ce  qu'ils  empruntent. 

Ils  arrachent  aux  corporations  théocratiques 
de  l'Orient  et  du  Midi ,  les  éléments  des  scien- 
ces, que  ces  corporations  retenaient  captive». 


LIVRB    KV,    CHAPJTJIE    I.  f  79 

De  iai^uissanles  et  dHinpaifûtes  qii'étiieiiC  ces 
scieooesdaDS  la  ouil  di]$aactiiaire,eHes  revivent, 
s'étendent,  se  développent  à  la  clarté  du  jour; 
et  rintellîgeoce ,  suivant  sa  marchte  hardie  et 
s'élaïaçaiil  d'hypothèse  en  hypothèse,  à  travers 
mille  erreurs ,  sans  doute ,  anive  néamnoms , 
»DOQ  jusqu'à  la  vérité  absolue,  qui  est  peut- 
être  inaccessible  pour  l'homine ,  du  moins  jus- 
qua  ces  vérités,  besoins  de  chaque  4^oque, 
et  qui  sont  autant  d'échdkMis  pour  atteindre 
d'autres  vérités,  toujours  d'un  ordre  phis  re- 
levé et  d'une  importance  supérieure.  La  reli- 
gion se  ressent  de  cette  activité  de  Fintelli- 
geDce.  Des  torrents  de  lumière  l'inondent 
pour  la  pénétrer  et  .la  refondre. 

La  morale ,  plus  douce  et  plus  délicate ,  parce 
que  le  sentiment  rel^ieux  y  verse  ses  nuaU'- 
ces  raffinées ,  demeure  indépendante  de  la  sé- 
cheresse et  de  l'âpreté  des  dogmes  positife. 
Viffiune  volonté  capricieuse ,  aucune  puissance 
discrétionnaire,  aucune  autocratie  (i)  mysti- 


(i)  V.  ci-dessnsy  la  note  où  oous  rappelons  qn'un 
théologien  ,  en  tiaîtant  des  lois  hébraïques  ,  dit  que 
Idio?ah  décidait  du  mérite  des  actions  »  en  vertu  de  son 
droit  d'autocratie, 

12. 


1 8o  nt:    LA    K  E  1. 1  <;  I  U  N  , 

que  ne  transforment  le  bien  en  mal  et  le  mal  en 
bien.  Ce  qui  est  vertu,  reste  vertu;  ce  qui  est 
crime,  demeure  crime.  Aucun  pontife  insolent 
n'ose,  au  nom  du  ciel,  ordunner  ce  qui  est 
coupable,  ou  Justifier  ce  qui  est  atroce.  Aucun 
prêtre  mercenaire  ne  fait  de  l'impunité  ache- 
tée le  gage  d'une  impunité  future  qu'on  acbè- 
terail  de  nouveau.  Les  dieux,  comme  les  hu- 
mains, se  soumettent  aux  luis  éternelles,  et  la 
conscience  inviolable  i;t  respectée  prononce 
sur  les  volontés  des  uns,  (.oinme  sur  la  con- 
duite des  autres. 

Certes,  après  cette  comparaison,  la  question 
est  résolue. 

Et  toutefois  l'état  progressif,  ie  plus  noble 
et  le  plus  digne  pour   la  religion,   le  plus  sa- 
lutaire pour  l'espèce  bumaiue,  ne  nous  appa- 
raît point,  même  en  Grèce,  libre  de  toute  en- 
trave, et  ceci  uous  conduit  à  démontrer  les 
corporation  dont  Tintérét 
soit  st;itionnaire,  même 
1  pas  le  pouvoir  de 


LIVRE    XV,    CHAPIXmB    II.  l8l 


CHAPITRE     II. 


Des  incon^nienis  du  principe  siaiionnaire , 
même  dans  les  religions  qui  ne  confereru  au 
sacerdoce  qu*un  pouvoir  limité, 

iiiEir  que  les  Grecs  fAssent  le  ^  seul  peu* 
pie  de  rantiquité  qoi  n'eût  pas  subi  le  joug 
de  la  puissance  sacerdotale,  il  y  avait  pour- 
tant un  sacerdoce  en  Grèce  ;  ce  sacerdoce 
avait  quelque  autorité.  Il  était  parvenu,  au- 
tant que  l'indépendance  de  Tesprit  national 
1©  lui  avdit  permis ,  à  conquérir,  pour  la  re- 
ligion et  pour  ses  dogmes ,  une  place  légale 
**^s  la  constitution  de  l*état.  i 

Q^'en  pésulta-t-il? 

^s  lumières  s'étaient  répandues ,  et  repous- 
saient des  fablts  absurdes.  Les  mœurs  adou- 
cies  s'étaient  mises  en  opposition  avec  des  tra- 
itions plus  ou  moins  barbares.  Le  caractère 
^es  dieux  subissait  les  changements  que  cette 


DE    LA     Rl':LIGIon  , 

iloiit  la  base  est  une  rdigidii  d'état,  on 
ut  penser,  comme  Socrate,  de  cette 
«  religion ,  et  publier  ce  qu'on  en  pense,  sans 
.1  nuire  it  cette  religion,  et,  par  coDSÛquent, 

"  sans  troubler  l'état Socrate  ne  s'élève  tant, 

I'  Comme  philosophe,  que  précisément  à  con- 
••  ditiuri  d'être  coupable  comme  citoyen.  Sa 
u  mort  ét^it  forcée  et  le  résultat  nécessaire 
"  de  ta  luire  qu'il  avait  engagée  contre  le  dog- 
•'  niatisnit'  religieux  ;  i).  ' 


i)  Tradiict.  de  Pin  ton  ,  par  V.  Con§in,  AT^meni  de 
lologje,  p.  S6  et  59.  Ceci  nom  «emble  répondre  pé- 
iii  i-eax  de»  adversairei  da  cbriitiani-UDe 
qui ,  pt>ur  le  metihe  ■n-rieMoaa  de*  lelipîon*  anctennea, 
■>nl  at!riliii('  à  cet  dernière»  le, niérîre  de  U  loléranc. 
].x  idUiranc--  du  polythéisme,  même  chei  les  Çrcci 
"U  les  RnmaitJJ.  ne  repouti  poini  gur  le  respecr  dû  par 
la  sociéii-  Hiu  upii^ioni  de»  individni.  Les  peuples,  tolé- 
iHiiis  1rs  uns  en*er«  les  autres,  contme  a^régtlioiu  p«li- 
liqiie»,  n'en  niérnnnaUiaienl  pas  n>oina  ce  piincipe  éter- 
nel,  qiiprliacnn  a  le  droit  d'adorer  son  diea  de  la  manière 
<]ui  lui  jerable  la  niFilleure.  I.rs  L-ilu^fns  étaient ,  an  con- 
fnire,  temiv  dr  m  conformer  an  eultc  de  la  cité.  Le*  Im« 
de^ripiolènir  et  de  Dracop  défeodweRl,  «pus  peia«  de 
e  déTiaiton  de  la  religion  pttbliqoe  (PoaPHva. 
V,  nLiilriteHrmiippe,<trLr|:isI.-il<>r.  I,  IT,  Jo- 
■e  ^WOK.II,  ^^J\rt}rs  Athénirn»  prêtaient 
'  ir  avDnettrrà  celle  diapoMllam.  (lioc^kT. . 


LfVRf:    XV,    CHAFITRE    11.  î85 

Rien  de  plus  évident.  Mais  de  cette  évi- 
dence  en  résuke  une  autre  ;  c'est  que  tant 
que  la  religion  servira  de  |>rétexte  à  l'existence 
d'un  corps  chargé  de  l'enseigner  et  de  la  main- 


Panath.,  Stobke.)  Nnl  n'avait  la  liberté  d'adopter  an 
coke  étranger,  bien  que  ce  culte  fût  autorisé  pour  les 
étrangers  qui  le  pratiquaient.  Ces  étrangers  eux-m^mes 
deraient  rester  fidèles  à  la  croyanoe  de  Icfurs^antAir**. 
Julien  9  dans  une  épftre  aoz  habitants  d'Aleiaadrîe ,  éta- 
blit ee  principe  du  polythéisme.  Ce  qu'il  reproche  le  plus 
amèrement  aux  chrétiens ,  c'est  d'avoir  abandonné  la  re» 
ligion  de  leurs  pères.  Il  les  appelle  de  faux  Hébreivx' ré- 
voltés, et' juge  les  Suifs  avec  plus  d'indulgence.  Platon 
déclare  légitimes  les  accusations  d'impiété.  11  ne'ftut 
pas,  dit- il,  qn'on  souffre  les  incrédules.  Jusqu'ici,  nous 
connaissons  plus  d'un  moderne  qui  sera  de  cet  avis;  mais 
il  ajoute  :  On  devra  rendre  un  culte  aux  planètes,  et  ceux 
qui  oseront  soutenir  que  les  planètes  ne  9ont  pas  des 
dieux ,  devront  étte  punis  comme  impies.  Ici  les  inqoi- 
iiteors  de  nos  jours  se  sépareront  de  Platon.  C'est  ce  qui 
arrive  à  tous  les  hommes  qui  adoptent  la  légitimité  de 
llntolérance.  Ils  s*accordent  dans  la  persécnlion  ééë  opi- 
nions contraires  aux  leurs,  ^t  se  divisent  sur  celle  an 
nom  de  laquelle  ils  veulent  persécuter.  Les  Romains  n'é- 
taient pas  plus  tolérants,  n  Separatim  nemo  habes^e  Deos 
nevenovos,  neve  âdvenas,  riisipubli ce  accises,  privatim  to- 
liinto.  *  (Loi  des  Douze  Tables,  citée  par  CiciéiON.)  «  Ne  qui, 
nisi  Komani  dii,  neaqno  aliomore  quam  patrio  ocHeren- 
tar.  •  f  Liv.  IV,  3o  ).  ^i^noties ,  dit  le  consul  Posthumiutf , 
hoc  patnim  ,  avnmmque  »tate  nëfi^otium  datnm  est  Mta- 


m  LA  AEiaeiogr,    - 
tenir,  le  dt^matÙDie  religieux  aura,  ^MÎv^nt 
es  pays  et  suivant  l'époque ,  ses  eviU,  ses  ca- 
chots, sa  ciguë  ou  ses  bûchers. 

Les  raisonDemeDtsqui,sousce  point  de  vue, 
justifient  la  mort  de  Socrate,  iraient  bien  plus 
haut,  si  nous  le  voulions.  L'auteur  du  traité  sur 


gistraiibui,  ut.  Mcr»  extenii  G«n  itMMnt,  omMm  tU>- 
l'iplinam  ucrifloandi,  pnaterqium  more  nMniipg,  •Iwlv- 
rcDi.  .^  Ib.  XXXIX,  i6i  T.  «uni  IX,  XXVI.  Le*  premiers 
philosophei  qui  aient  adopté  les  priacipca  de  la  t4riwhl« 
ioléranGe,H>nt  Wnoni'aaai  platonicîciu.  Cei|  qae  la  re- 
poiitiva  tqitohait  à  wn  terme.  Nou*  tie  pouvaiu 
mpéchar,  «n  finisunt  cette  noie  .ie  nous  féliciter 
qnf  nous  a  rendu  l'un  dr  no*  critiques  les 
II,  en  reconoaisHut  qae  notrr  manière  d'en- 
visager 1»  religion  est  identique  au  fond  avec  celte  de 
M.  Cousin.  L'auteur  do  Catholique  (XXXIII,  35i-3S8), 
eu  analysant  le  court  de  pliiloso|ifaie  d"  œt  illustre  pro- 
fenïcur,  t'exprime  en  ces  mots  :  •  La  religion  naturelle 
'  n'est  pas  l'instinct  de  la  nature  traversât  le  inonde  et 
<  s'ëUnraDijuaqn'àDieuJiesjstèniedeM.Coiutantselron- 
bout  de  cette  théorie.  Le  çulie,  dit  M.  Cou- 

•  *in ,  est  I4  réalisation  du  (cntimeat  religteui.  C'est  pré- 

•  cisifroent  ce  que  M.  Confiant,  dai)^  sa  haipeconlre le  aa- 

•  cenloce,  a  prélenda  naguère.  •  Cependant,  H.  Cousin 
étions  partis  de  bases  trés-différeDtei.  Il  adairc 

l*is  grandes  corporations  sacerdotales  de  l'antiquité,  nous 
les  dcieslons.  Mais  les  homnes  île  bonne  foi  finissent 
toujours  par  se  rencontrer. 


LIVRE   XV,   GBAl»ltllB    II.  î^ 

les  kû  dt  Moïse  sVst  laneé  dan»  celte  oamèro 
hérissée  d'écueils,  nous  ne  Vy  suivrons  pas.  Maïs 
le  principe  admis,  la  religion  de  l'état  transfor- 
mée en  loi,  les  conséquences  qu'il  en  déduit 
ne  sont  pas  contestables.  Pour  le$  éluder,  il 
6iut  supposer  les  juges  reconnaissant  la  mis« 
sioQ  divine.  Alors  euxrnaénies  auraient  é*é  des 
enoemis  de  ror<k*e  établi ,  des  rebelles  punis^ 
sables  par  les  lois-  Ce  n'est  point  sur  eux, 
c'est  sur  ces  lois ,  que  le  reproche-  tombe.  Ce 
sont  tes  lois  qu'il  eut  fallu  d^oiir*  • 

Si  nous  avions  pu  traiter  ici  de  Tensemblii 
do  polythéisme  romaii^,  noua  aurions  fait  res<; 
sortir  plus  clairement  encore  les  suites  fuites^ 
tes  du  principe  stqtionnaire ,  bien  plus  solen-^ 
oeUement  consacré  à  Rome ,  qu'en  Gvèoe.  Sans 
doute,  et  nous  le  démontrerons  ailleurs,  le  poly- 
théisme romain  était  sous  plus  d'un  rapport  su* 
périeur  dans  sa  partie  morale  à  la  religion  grec- 
que. Mais  tout  ce  qui  a  été  vicieux,  oppressif, 
léroce  (i)  dans  cette  république  aristocratique, 


(  I  )  Une  «pecdote  curteufte  mon  tre  le  sacerdoce  romain, 
■ôie  44as  un  tw^pi  où  les  tumièjc?»  combiytudeiit  «on 
influence,  l'exerçsnl  aux  dépens  des  affections  les  plus 


DK    LA    HKLIGIOn, 

n'en  doit  pjis  moins  être  attribué  aux  traditions 
religieuses,  perpétuées  malgré  la  marche  de 
la  civilisation. 

i/d  servitude  des  plébéiens,  errants  sans 
patrimoine,  privés  d'asile,  sur  le  sol  qu'ils 
avaient  conquis,  dépouillés  de  tout  droit  réel, 
cA  n'arrachant  à  leurs  tyrans  «Quelques  insti- 
tutions défensives,  qu'en  se  révoltant  ooa- 
ti'o  (les  lois  sanctionnées  par  des  souvenirs 
ïiacerdotaux  ,  rinterdiction  tles  mariages 
entre  les  deux  ordres,  cette  continuation  à 
peine  adoucie  de  la  division  «n  castes,  la 
privation  d'une  part  égale  aux  'Céréinonies  du 
culte,  tout  ce  qui,  en  froissant  les  intérêts,  en 
blessant  l'orgueil  légitime,  préparait  des  con- 
vulsionssaiis  terme  et  sans  remède,  fat  la  suite 
du  prilicipe  stationna  ire.  Grâce  -au  patrio- 
tisme de  ces  plébéiens  m  maltrattésj  Romb 


s  et  des  dpTuirs  les  plui  sacres.  Sjlla-célëbraii  d«s 
jeux  en  l'honnear  d'Hercule.  Méiella  sa  feinine  tomba 
dangereusement  malade.  Lra  prèires  déclarèrent  qu'il  ne 
lui  éiait  permis,  aii  moment  oô  il  s'occupait  d'une  cér^ 
r  religieuse, 'ni  devoir  sa  femme,  ni  de  la  laiMrr 
tn  mafMn.  Il  la  répudia,  on  la  porta  dcfiors 
il  Inî  Til  ensuite  de  magnifiqne*  fwn^railtts. 


LIVRE     XV,    CUA.P1TRK    11.  189 

eut  sa  période  de  gloire;  grâce  à  l'énergie 
machiavélique  d'un  sénat  despote  au-dedans, 
redoutable  au -dehors,  mais  dont  les  discus- 
sions servaient  toutefois  à  entretenir  le  mou- 
vement salutaire  de  la  liberté  politique,  bien 
que  concentrée  dans  un  monopole,  Rome  eut 
son  temps  de  force  et  de  stabilité. 

Mais  le  principe  stationnaire  avait  déposé 
dans  sa  constitution  religieuse  et  civile  un 
germe  de  destruction. 

Précisément  parce  que  la  politique  romaine 
s'était  emparée  de  la  religion ,  et  en  repous- 
sait toute  nouveauté,  pour  que  Tinstrument 
restât  plus  sûrement  dans  sa  dépendance,  la 
religion,  en  tant  qu'immobile,  perdit  son  prin- 
cipe de  vie,  la  perfectibilité,  et  eu  tant  qu'es- 
clave, sa  puissance  réelle,  la  conviction. 

On  ne  crut  plus  à  rien,  parce  qu'il  fallait 
tout  croire.  Rien  ne  fut  respecté,  parce  qu'on 
reconnut  partout  le  calcul.  Ce  fut  parce  c[ue 
les  augures  employaient  à  gouverner  Rome 
une  divination  décréditée,  qu'ils  ne  pouvaient 
se  rencontrer  sans  sourire;  et  ce  sourire  était 
l'avant-coureur  infaillible  de  la  perte  de  la  re- 
li^on. 
Nous  avons  dû  nous  interdire  ces  dévelop- 


i^        ■ 

iqo  1>F.    LA    RBLIGIOIF, 

pemeots ,  H  nous  borner  à  ce  que  nous  avons 
exposé  plus  haut  du  mélange  de  l'héritage 
étrusque  et  de  l'influence  grecque.  Les  épo- 
ques qui  ont  suivi  appartiennent  à  un  se- 
cond ouvrage. 


i 


LIVRE    XV,    CHAPITRE    Ilf.  1^1 


CHAPITRE  III. 


Que  la  pureté  de  la  doctrine  ne  diminue  en 
rien  les  dangers  du  principe  staiionnaire 
dans  la  religion. 


lE  UT-ETRE  serait -on  tenté  de  croire  que 
la  pureté  dans  la  doctrine ,  ou  Thunianité 
dans  les  préceptes ,  dégage  le  principe  que 
nous  combattons  du  poison  qu'il  renferme. 
Ce  serait  une  erreur. 

La  conservation  forcée  d'une  doctrine  re- 
ligieuse, fixe  et  immuable,  entraîne  des  consé- 
quences identiques,  quelle  que  soit  la  doc- 
irine  en  elle-même.  Sous  une  forme  bieu  plus 
épurée  que  le  polythéisme ,  les  catholiques  se 
^Dt  montrés  implacables  contre  les  réforma- 
teurs, les  réformateurs  contre  les  sociniens, 
^  les  socintens  n'auraient  pas  été  sans  doute 


igT.  DE    LK    RKLIGION, 

plus  indulgents  pour  ceux  qui  auraient  nié 
la  mission  humaine  du  prophète  dont  ils 
niaient  la  divinité.  Le  cardinal  de  Lorraine  «a 
fait  tuer  Coligni;  Calvin,  qu'aurait  fait  brûler 
le  cardinal  de  Lorraine,  a  fait  brûler  Servet. 
Considérer  une  religion  comme  ne  pouvant 
jamais  être  améliorée,  c'est  la  déclarer  la  seule 
bonne,  la  seule  salutaire.  Dès-lors  la  faire 
adopter  à  tous,  devient  un  impérieux  devoir. 
Non -seulement  il  est  permis,  mais  il  est  or- 
donné d'employer  à  cette  œuvre  pieuse  les 
moyens  de  force,  si  les  moyens  de  persuasion 
ne  suffisent  pas  (i). 


(i)  Toute  religion  positive,  toute  forme  immuable 
conduit, par  une  route  directe,  à  l'intolérance,  si  Ton  rai- 
sonne conscquemment.  «  L'intolérance,  dit  un  auteur 
«  italien,  l'intolérance  que  ceux  qui  veulent  tolérer  l'er- 
«  reur ,  nomment  une  terrible  doctrine ,  et  le  désir  de 
«  convertir  toutes  les  nations,  sont  les  deux  plus  beaux 
«  caractères  du  christianisme,  et  malgré  les  clameurs  des 
«  profanes  irrités,  nous  n'avons  pas  lieu  d'en  rougir.  Je 

•  voudrais  savoir  comment  on  ose  nier  que,  puisque  la 

•  vérité  qui  fait  le  bonheur  de  cette  vie  et  de  l'autre  a  été 
«  enfin  découverte ,  c'est  une  noble ,  humaine  et  sociale 
«  entreprise  de  la  répandre,  et  de  la  transplanter  par- 
ti tout ,  et  de  la  défendre  contre  la  fourberie  et  les  atta- 
«  qnes  de  ses  ennemis,  d'abord  par  la  perstuision,  en- 


LIVRB    XV,    OHA»iTaX    III.  103 

Si  rautorilé  politique  se  joint  au  zèle  reli- 
gieux pour  la  perpétuité  de  la  foi ,  et  le  prin- 
cipe uoe  fois  admb ,  e)Ie  doit  s'y  joindre  ;  eHe 
investit  nécessairement  le  sacerdoce  de  ces 
moyens  de  force.  De  là,  Tiotroductiop  d'un 
pouvoir  matériel  dans  le  domaine  de  la  coq- 
5cienoe;  de  là  les  persécutions  et  les  supplir 
cd(i). 


■  saitey  quand  U  persuasion  est  sans  effet,  par  toute  la 

•  force  du  magistrat  et  des  lois.  Tel  est  l'esprit  de  con- 

•  Tersion  et  d'intolérance  du  christianisme,  s'il  est  juste 

•  de  corriger,  de  réprimer  et  de  punir  ceux  qui  avancent 
«  des  doctrines  contraires  à  l'état ,  pourquoi  serait-il  iiH 
>  juste  et  cruel  d'en  faire  autant  pour  le  bien  du  christia- 
«  usine  :  qui,  d'après  les  témoignages  des  écrivains  pro- 
<  bii€s  eux-ménes .  est  le  plus  grand  bien  que  les  hon^ 
«  mes  puissent  donner  ou  recevoir,  le  meilleut  de  tou§ 
'  les  systèoBes,  et  même  pour  cette  vie,  la  source  la  plus 
'  pure  et  la  plus  vraie  de  la  félicité  terrestre  et  sociale  ?  » 
(Histoire  critique  des  révolutions  de  la  philosophie  dans 
les  trois  derniers  siècles,  par  Appiano  Buonafede,  géné"- 
nl  des  Célestins ,  sous  le  nom  d'Agatopisto  ÛKiHnaiEzjsjpe.  ' 
TV,  p.  65.) 

(i)  La  Charte  française,  même  améliorée,  n'est  pas 
exempte  de  ce  défaut.  En  déclarant  que  la  religion  çatho^ 
^oe  est  celle  de  la  majorité  des  Français,  ou  elle  déclare 
m  fait  qui  était  inutile  à  déelarer,  ou  elle  entend  donner 
i  cette  religion  une  «iprématie  indirecte  sur  les  autres , 

K  i3 


1^4  »2   L^   RKLIGIOV, 

Mais  ce  n'est  pas  le  seul  danger. 

Ijès  que  le  sacerdoce  est  parvenu  à  former 
une  alliance  avec  la  puissance  politique,  il 
s'applique  à  la  fortifier,  à  l'afïranchir  de  toute 
autre  résistance  que  celle  qui  viendrait  de  lui; 
et  le  despotisme  temporel  est  la  suite  inévi- 
table du  despotisme  des  prêtres.  Les  mages, 
consultés  par  les  rois  de  Perse,  applaudis- 
saient à  leurs  incestes,  et  les  proclamaient  au- 
dessus  des  lois.  Toutes  les  fois  que  le  sacer 
doce  a  eu  pour  complices  l'aristocratie  ou  U 
royauté,  il  a  prononcé  l'anathème  contre  toute: 
les  libertés  et  les  droits  des  peuples  (i).  Et,  di 


ce  qui  est  un  danger  éveotuel.  Heureiuement  HIe  coo 
Mcre  pliis  Ioîb  l'égalilé  des  cnllei,  ce  qui  rend  lei  droit 
de  la  majorité  illusoires  ou  iaorTensifs. 

(i]  Dans  le  mo^en  Age,  dit  un  historien,  le  clergé  dé 
clemait  en  chaire  contre  les  communes  :  il  les  appela 
exécrables.  Il  s'indignait  de. ce  que,  contre  tout  droil 
d«p  esclaves  se  dérobaient  par  force  à  leurs  maîtres  ,  t 
qui  prouve  que  si  la  religion  chrcticnne  a  détruit  l'escli 
vage,  ses  ministres  ne  l'ont  guère  aidée  dans  eette  œuvi 
de  charité.  Voici  ce  qu'un  écrivain  du  temps  raconte  à 
l'évéque  Guilbert  :  «  Inter  missas  sennonem  habuil  c 
execrabilibus  communiis ,  in  quibus  contra  jus  et  Ets  vie 
Icnter  servi  a  dominorum  jure  se  subtrahuut.  >  Le  mot  c 


r 


LIVRE    XV,    CHAPITRE    III.  195 

nos  jours  encore,  lisez  les  ouvrages  de  ceux 
qui  voudraient  ressusciter  la  théocratie.  La 
douceur  à  laquelle  le  siècle  les  force  ne  sert 
que  de  voile  bien  diaphane  à  leurs  regrets, 
leurs  apologies,  leurs  appels  à  l'inquisition  (i). 


rommune  lui  semblait  an  mot  nouveau  et  détestable,  «no- 
vam  ac  pessimnm  nomen.  »  Ducange,  Gloss.  Verbo  Corn" 
nutnia. 

(i)  Les  auto-da-fë,  dit  l'autenr  do  Catholique  ,  se 

célébraient  avec  une  pompe  qui  nous  parait  horrible.  L'in- 

qoisition  a  été  nationale  en  Espagne ,  elle  n'a  pas  étoulM 

le  génie  castillan,  elle  n'a  pas  empêché  les  grands  poètes, 

les  grands  historiens  de  fleurir  dans  la  Péninsule ,  elle 

n'a  fait  aucun  tort  à  l'industrie  (c>st-i-dire  que  depuis 

l'expulsion  des  Maures  et  surtout  depuis  Philippe  II ,  la 

population  de  l'Espagne  a  diminué  des  deux  tiers  ) ,  les 

Espagnols  ne  s'en  sont  jamais  plaints  :  elle  ne  s'est  pro-  V 

noncëe,  en  général ,  contre  les  athées  et  contrôles  impies, 

qae  lorsqu'ils  cherchaient  a  faire  des  prosélytes;  elle  n'a 

jamais  tourmenté  les  consciences  et  n'a  frappé  que  la 

contagion  du  crime,  (  Cathol. ,  XY,  4^3  -4^4- )  Ailleurs,  pas 

on  mot  de  pitié  pour  Arnaud  de  Bresse,  de  la  satisfaction 

de  ce  que  Serret  expie  ses  erreurs  sur  le  bûcher,  de  ce 

que  Sayonarole  périt  dans  les  flammes,  de  l'approbation 

du  gouTemement  de  Pologne  proscrivant  la  secte  en- 

lière  des  Sociniens  (Cathol.,  VI,  4ia-4ai-42i6-43a);  et 

M.  de  Maistre  qui ,  en  parlant  de  l'inquisition  et  de  set 

sopplicps,  les  appelle  Texécution  légale  d'un  petit  nom- 

i3. 


iq6  DE    LA    RELIGION, 

Voyez  combien  l'indépeudauce  de  la  pensée^ 
la  liberté  de  la  discussion,  tout  ce  qui  peut 
répandre  les  lumières  hors  de  Fenceinte  privi- 
légiée, les  blesse  et  les  courrouce  (i).  Écou- 
tez Bossuet  :  Pourquoi  commandent  les  hom- 
mes ,  si  ce  n'est  pour  que  Dieu  soit  obéi  (2)  ? 
Écoutez  un  auteur  plus  moderne  :  L'Église  est 
la  vraie  souveraine;  elle  juge  le  temporel,  le 


I 


bre  d*hommes,  ordonnée  par  on  tribanal  lëgitime,  en 
verln  d'une  loi  aiitérieare,  dont  chaque  ▼ictime  était  par- 
faitement libre  d'éyiter  les  dispositions,  et  suppate  dé- 
daigneusement les  gouttes  de  sang  coupable,  versées  de 
loin  en  loin  par  la  loi  I  (  Des  Sacrifices ,  p.  428  et  429-) 

(i)  «Lire  devrait  être  la  prérogative  de  ces  intelligen- 
n  ces  fortes ,  qjii ,  après  avoir  bien  compris ,  enseigne- 
m  raient  ce  qu'elles  auraient  ainsi  appris  elles-mêmes.  Les 
«  esprits  trop  faibles  pour  s'adonner  à  des  études  graves 
«  se  détériorent  en  lisant  :  c'est  un  acte  de  folie  que  de 
<i  livrer  les  trésors  de  l'intelligence  a  la  merci  d'une  foule 
«  avide,  qui  les  dissipe,  et  ne  sait  point  les  faire  servir  à 
«  son  profit.  C'est  un  des  plus  grands  crimes  que  l'on 
«  puisse  commettre,  d'initier  le  vulgaire  à  la  lecture  d'é- 
«I  crits  sophistiques ,  où  il  ne  peut  puiser  que  de  crimi- 
•  ncUes  inspirations.  >  (Ze  CoiàoUque^  n?  8.) 

Ne  dirait-on  pas  un  mage  ou  un  brame ,  voulant  faire 
verser  de  l'huile  bouillante  dans  la  bouche  de  ceux  qui 
parlent,  on  fendre  la  tête  de  ceux  qui  lisent  ? 

{%)  Oraison  funèbre  de  la  reine  d'Angleterre. 


LIVRK    XV,     CHAPITRE     III.  I97 

condamne  ou  Tabsout,  lie  et  délie  dans  les 
cieux  comme  sur  la  terre  (i).  Ces  écrivains 
seraient  aujourd'hui ,  s'ils  le  pouvaient ,  ce 
qu'étaient  les  prêtres,  il  y  a  six  cents  ans. 

Soit.  Qu'ils  s'épuisent  en  emphatiques  ou  pa- 
thétiques lamentations  ;  qu'ils  nomment  la  ser* 
vitude  dont,  après  tant  de  siècles,  Fhomrne 
a  commencé  de  s'affraûchir,  l'ère  primordiale, 
la  législation  primitive;  qu'ils  déplorent  la 
cessation  de  ce  temps  où  le  monde  n!était, 
disent -ils,  qu'un  temple  :  nous  ne  voyons, 
dans  cette  ère  primordiale,  que  Tesclavage, 
dans  cette  législation  primitive,  qu'une  révol- 
tante in^alité,  une  usurpation  flagrante,  que 
n'a  pu  légitimer  aucun  laps  de  temps.  Ces 
écrivains  ne  contemplent  que  la  caste  usurpa- 
trice; ils  lui  vouent  leur  admiration.  Nous 
fixons  nos  regard  sur  les  castes  opprimées; 
nous  leur  vouons  notre  intérêt  et  notre  pitié. 
Ils  ne  songent  qu'à  quelques  centaines  d'hom- 
mes, accaparant  les  trésors  intellectuels  et 
matériels  que  la  nature  avait  donnés  à  tous. 
Nous  pensons  aux  centaines  de  millions  gé- 


(1^  LeC:athol.,n'XIX,S6. 


198  DE   LA    RCLlOfON, 

coissant  dans  le  dénûment,  Tignoraoce  et  les 
fers;  et  si,  dans  cet  échafaudage  d'astuce  et  de 
tyrannie  y  nous  voyons  un  temple,  c'est  le 
temple  de  ces  divinités  malfaisantes,  où  les 
sacrificateurs . sont  quelques-uns,  les  victimes 
le  nombre  immense.  Mais  quand  les  victimes 
ne  sont  plus  agenouillées,  les  sacrificateurs 
disparaissent. 


LIVRE    XV,     CHAPITR1S     IV.  Ifjg 


CHAPITRE   IV. 


Combien  est  funeste  à  la  religion  même  tout 
obstacle  opposé  à  sa  perfectibilité  progrès»- 
sii^e. 

> 

JLoasQu'oN  prétend  maintenir  intacte  une 
doctrine  née  à  une  époque  où  les  hommea» 
méconnaissaient  toutes  les  lois  de  la  nature 
physique ,  on  arme  contre  cette  doctrine 
toutes  les  découvertes  relatives  à  ces  lois.  Plus 
le  monde  matériel  nous  est  dévoilé,  plus  la 
doctrine  se  trouve  ébranlée.  Avons -nous  be* 
soin  de  rappeler  l'avantage  que  l^s  incrédules 
ont  tiré  de  la  physique  et  de  l'astronomie  de 
la  Kble? 

De  même,  quand  les  mœurs  se  sont  adou* 
des,  quand  la  morale  s'est  améliorée,  n'est-il 
pas  clair  que ,  si  l'on  veut  perpétuer  dans  la 
religion  les  rites  et  les  pratiques  qui  ejûstaient 


aUO  DE    LÀ    BtLIGlOII, 

avant  celle  amélioraiioD  et  cet  adoucusemeul  • 
une  lotte  doit  sVIever,  et  qae,  malgré  les 
triomphes  plus  ou  moins  prolongés  qu*uiir 
assistance  extérieure  peut  valoir  k  des  cuit» 
dont  le  terme  est  arrivé,  ces  cultes  ne  sau- 
raient sortir  de  cette  lutte  que  déconsidères 
et  décrédités? 

Cest  donc  une  erreur  grave  que  de  sup- 
poser la  religion  intéressée  k  demeurer  im- 
muable; elle  Test,  au  contraire,  à  ce  que  la 
faculté  progressive  qui  est  une  loi  de  la  na* 
ture  de  Thomme,  lui  soit  appliquée. 

Elle  doit  réfre  aux  dogmes,  ainsi  qu*au% 
ntes  et  aux  pratiques.  Que  sont  en  effet  le% 
dogmes?  la  rédaction  des  notions  conçues  fiar 
lliomme  sur  la  Divinité.  Quand  ces  notion^ 
sVpurent»  les  dogmes  doivent  changer.  Qiir 
sont  1rs  rites  et  les  pratiques? Des  convention^, 
supposées  n(*crssaires  au  commerce  des  étre% 
mortels  avec  les  dieux  qu^ils  ndorrnt*  L*an- 
ffhn>pomorphi!%me  sert  de  base  à  celte  idée.  I^r^ 
hcMumes  ne  connaissant  pas  récipr(x|uemmt 
leurs  dispositions  secrètes,  leurs  mteiiti(Mt\ 
cachées,  ils  ren>édient  à  cette  ignorancr,  en 
attachant  un  %eu%  convenu  à  den  démnnsini* 
lions  rvtériftirr^  (Vite  langue  artificielle  hnir 


LrYA£    XV,   CHAPITRE  IV.  aOf 

serait  inutile,  s'ils  pouvaient  lire  au  fond  des 
cœurs.  Supposer  la  nécessité  de  ce  langage 
pour  s'adresser  à  TÉtre  infini,  c'est  circonscrire 
ses  facultés ,  c'est  le  rabaisser  au  niveau  des 
hommes,  c'est  transporter  dans  le  séjour  cé- 
leste une  imitation  des  coutumes  humaines. 
L'anthropomorphisme  disparaissant,  les  rites 
sont  condamnés  k  le  suivre.  ' 

Si  les  croyances  religieuses  restent  en  arrière 
de  la  marche  générale  de  l'esprit  humain ,  hos- 
tiles et  isolées  qu'elles  sont,  ayant  transformé 
leurs  alliés  en  adversaires,  elles  se  voient, 
pour  ainsi  dire,  assiégées  par  les  ennemis 
qu'elles  se  sont  créés  à  plaisir.  L'autorité  qui 
peut,  disperser  ces  ennemis  «  ne  saurait  les 
vaincre.  Us  croissent  chaque  jour  en  force  et 
en  nombre  ;  ils  se  recrutent  par  leurs  défaites 
mêmes,  et  ils  renouvellent  avec  obstination 
des  attaques  qui  ne  peuvent  manquer,  d'a- 
boutir à  une  victcHTe  d'autant  plus  complète, 
qu  elle  a  été  plus  long-temps  contestée. 

Désormais,  si  l'on  veut  rendre  à  la  religion 
le  seul  hommage  qui  soit  digne  d'elle,  et  l'ap- 
puyé^ en  même  temps  sur  les  seuls  fondements 
qui  soient  solides  et  inébranlables,  il  faut  res- 
pecter sa  progression. 


lOa  DE    LA.    HBLlt^lOlf^ 

L'espèce  humaine  n'a  aucun  principe  plus 
cher  et  plus  précieux  à  défendre.  Aussi  n'en 
a-t«eile  défendu  auctin.  au  prix  de  pkis  de  sa- 
crifices et  de  plus  de  sang.  Pareille  à  la  mé- 
tempsycose des  Brames ,  où  les  âmes  traver- 
sent quatre-vingt  mille  transmigrations  avant 
de  monter  jusqu'à  Dieu ,  la  religicm  se  régé- 
^nère  indéfiniment  :  ses  formes  seules,  sujettes 
à  la  mort,  sont,  en  quelque  sorte ^  comme  ces 
momies  d'Egypte,  qui  ne  servent  qu'à  consta* 
ter  les  existences  du  passé. 

Ceci  n'implique  nullement  qu'un  peuple 
doive  clianger  sa  religion ,  toutes  les  fois  qu'elle 
se  modifie.  Il  est  heureux,  pour  ee  qui  tient  à 
la  politique,  qu'une  nation  croie  avoir  toujours 
la  même  constitution ,  même  quand  sa  consti- 
tution s'améliore.  C'est  ce  qui  a  fait  long-temps 
la  forée  de  l'Angleterre,  et  cette  persistance 
dans  la  dénomination  n'est  point  un  mensonge. 
Une  constitution  signifie  les  lois  d'après  les- 
quelles une  nation  se  régit.  Qu'une  loi  de  dé- 
tail soit  changée,  la  constitution  n'en  subsiste 
pas  moins.  La  religion  signifie  l'ensemble  des 
rapports  qui  existent  entre  l'homme  et  le 
uiônde  invisible.  Qu'un  dogme  se  modifie,  la 
religion  n'est  pas  pour  cela  détruite.  En  géiié- 


LIVRE     XVt    CU&PITRE     IV.  ao3 

ni,  il  faut  éviter  de  proclamer  les  cbange- 
inents,  si  la  nécessité  n'est  pas  urgente.'  C'est 
leur  susciter  des  résistances.  Tout  se  fait  gra- 
Huellement,  et,  pour  ainsi  dire,  impercepti- 
blement par  la  nature.  Les  hommes  doivent 
l'imiter.  Pourvu  qu'il  n'y  ait  point  de  contrainte 
ciercée  sur  les  consciences,  point  d'obstacle 
opposé  à  la  pratique  des  cultes  divers,  le  nom  ' 
est  utile  à  conserver.  Il  ne  nuit  point  au  fond 
des  choses,  et  il  rassure  les  espnts  suscepti- 
bles de  s'effaroucher. 

Qu'on  ne  craigne  pas  non  plus  de  nuire 
»  la  divinité  de  la  religion  ,  ou  ,  pour 
mieux  dire ,  du  sentiment  intime  sur  lequel 
reposent  les  convictions  religieuses.  Plus  un 
croit  à  la  bonté  et  à  la  justice  d'une  Provi- 
dence qui  a  créé  l'bomme  et  qui  lui  sert  de 
pide,  plus  il  est  naturel  d'admettre  que  cette 
Providence  bienfaisante  proportionne  ses  en- 
lisements à  l'état  des  intelligences  destinées 
1  les  recevoir. 

Cette  doctrine  seule  concilie  tes  idées  que 
les  hommes  religieux  conçoivent  de  cette  Pni- 
'^Wence  avec  la  nature  de  l'esprit  humain,  i  tu 
le  saurait  nier  que  l'esprit  humain  n'ait  un 
I  penchant  invincible  it  l'investigation  et  à  I  txa- 


ao4  l>'î    LA    a£LiGIOJDr, 

men.  Si  sou  devoir  le  plus  impérieux ,  si  son 
plus  grand  mérite  était  une  crédulité  impli- 
cite, pourquoi  le  ciel  l'aurait-il  doué  dune 
faculté  qu'il  ne  poiurrait  exercer  sans  crime? 
Pourquoi  Taurait-il  soumis  à  un  besoin  qu'il  ne 
pourrait  satis&ire ,  sans  se  rendre  coupable  ?  Se- 
rait-ce pour  exiger  de  lui  le  sacrifice  absolu 
de  cette  faculté?  Mais  ce  sacrifice  le  réduirait 
au  rang  de  pure  machine;  ce  serait,  comme 
nous  l'avons  dit,  un  suicide  moral  :  le  Dieu 
qui  l'imposerait  à  l'homme,  ressemblerait  plus 
à  l'Amida  de  ces  idolâtres,  qui  se  font  écraser 
sous  les  roues  du  char  où  est  placéç  leur  idole , 
qu'à  l'intelligence  pure  et  bienveillante  offerte 
à  nos  adorations  et  à  notre  amour. 

Cette  crédulité  implicite,  cette  immobilité 
dans  les  dogmes,  ce  caractère  stationnaire 
dans  les  croyances ,  toutes  ces  choses  contre 
nature,  qu'on  recommande  au  nom  de  la. re- 
ligion, sont  ce  qu'il  y  a  de  plus  opposé  au 
sentiment  religieux.  Qu'est-ce,  en  effet,  que 
ce  sentiment?  Le  besoin  de  se  rapprocher  des 
êtres  dont  on  invoque  la  protection.  Il  est  dans 
son  essence  d'essayer,  pour  se  satisfaire,  de  cha- 
que forme  religieuse  qu'il  se  crée ,  ou  qu'on 
lui  présente  ;  mais  il   est  aussi  dans  son  es- 


LIVRE    XV,    CHAPITRE    IV.  Uo5 

seoce,  lorsque  ces  formes  religieuses  ne  le 
satisfont  plus,  de  les  modifier  de  manière  à  en 
écarter  ce  qui  le  blesse.  Le  borner  au  présent 
qui  ne  lui  suffit  jamais,  lui  interdire  cet  élan 
vers  l'avenir,  auquel  Tibsuffisance  du  présent 
Tinvite,  c'est  le  frapper  de  mort.  Partout  où 
il  est  ainsi  enchaîné ,  partout  où  il  y  a  impos- 
^ilité  de  modifications  successives,  il  peut 
y  avoir  superstition ,  parce  que  la  superstition 
est  l'abnégation  de  l'intelligence  ;  il  peut  y 
a?oir  fanatisme,  parce  que  le  fanatisme  est 
la  superstition  devenue  furieuse  :  mais  il  ne 
saurait  y  avoir  religion ,  parce  que  la  religion 
est  le  résultat  des  besoins  de  l'ame  et  des  ef- 
forts de  l'intelligence,  et  que  des  dogmes  sta- 
tionnaires  mettent  l'une  et  l'autre  hors  de  la 
question. 

Ce  système  n'exclut  nullement  ces  commu- 
nications surnaturelles  ,  dont  beaucoup  d'es- 
prits s'indignent ,  et  qu'en  secret  tant  de 
cœurs  implorent.  Que,  par  exemple,  la  notion 
du  théisme  ait  apparu  tout  à  coup  comme 
on  phénomène  inexplicable ,  au  milieu  d'une 
tribu  ignorante,  quand  le  sentiment  religieux, 
égaré  par  des  formes  absurdes,  ne  pouvait  se 
^yer  une  meilleure  route;  que,   plus  tard. 


2o6  DELARBLICION, 

un  secours  imprévu  ait  aidé  l'esprit  humain, 
qui  s'étant  élevé  jusqu'à  Tunité ,  n'avait  néan- 
moins pas  la  force  de  transformer  cette  idée 
abstraite  en  une  doctrine  animée  et  vivante, 
chacun  peut  le  croire  :  cela  ne  change  rien  à 
ce  que  nous  affirmons  :  la  tendance  existait , 
et  le  secours  additionnel  ne  s'est  exercé  que 
conformément  à  cette  tendance.  Que  l'homme 
ensuite,  abandonné  à  lui-même,  ait  recom- 
mencé son  travail  suivant  sa  nature,  qu'il  se 
soit  débattu  autour  de  la  grande  découverte , 
qu'il  lui  ait  donné  des  formes  grossières  qui  ont 
voilé  sa  sublimité,  il  n'en  aura  pas  moins  con- 
servé le  souvenir  ineffaçable,  et,  par  d^;rés, 
des  formes  plus  pures ,  des  conceptions  plus 
justes  lui  auront  permis  de  jouir  sans  mélange 
de  l'inestimable  bienfait. 

Mais,  quoi  qu'il  en  soit  des  assistances  di- 
vines, ne  mêlons  point  des  mains  humaines  à 
ces  moyens  impénétrables  et  mystérieux.  Les 
théologiens  ont  dit  cent  fois  que  les  abus  de 
la  religion  ne  venaient  pas  délie,  mais  des 
hommes.  Pour  remédier  à  ces  abus,  il  faut  que 
les  hommes,  c'est-à-dire  le  pouvoir,  la  force 
matérielle,  ne  se  mêlent  pas  de  la  religion. 
Ixiissons-la  à  Dieu  et  à  elle-même. Toujours  pro- 


LIVHK    XV,     CHAPITRE    IV.  làO'J 

portionnée,  elle  marchera  avec  les  idées,  s'é- 
clairera avec  la  raison ,  s'épurera  avec  la  mo- 
rale, et  à  chaque  époque  elle  sanctionnera  ce 
qu'il  y  aura  de  meilleur. 

A  chaque  époque  aussi,  réclamons  la  liberté 
religieuse ,  illimitée ,  infinie ,  individuelle  ;  elle 
entourera  la  religion  d'une  force  invincible  et 
garantira  sa  perfectibilité.  Elle  multipUera  les 
formes  religieuses,  dont  chacune  sera  plus 
épurée  que  la  précédente.  Toute  secte  nais- 
sante aspire  à  l'excellence  de  la  morale^  et  la 
secte  délaissée  réforme  ses  propres  mœurs, 
lie  protestantisme  améliora  pour  un  temps  le 
clergé  catholique;  et  si  nous  voulions,  ce  que 
nous  n'aimons  guère,  nous  adresser,  à  l'auto- 
lité,  nous  lui  prouverions  que  la  liberté  reli- 
gieuse est  dans  son  intérêt.  Une  secte  unique 
est  une  rivale  toujours  redoutable.  Deux  sec* 
tes  ennemies  sont  deux  camps  sous  les  armes. 
Divisez  le  torrent,  ou,  pour  mieux  dire,  lais- 
sez-le se  diviser  en  mille  ruisseaux.  Us  fertili- 
seront la  terre  que  le  torrent  aurait  dévastée. 


FIN    DI7    CIITQUIEMK    KT    DBBNIKK   V0L1IMK. 


v\ix  »mf%»r*'fc^'»r»  ^■»»%»*»»^^fc*»*>»^»^%>^»%^^>^^»^^<^i^<^^»^^*^i^%  «^  * 


TABLE 

ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE, 


A. 


As»in>>MoTHALBB,  gtand-père  de  Mahomet,  «dairé 
par  une  réyélatioii  miraculeuse,  retrouye  la  pielre 
noire  de  la  Gaaba,  II,  53. 

AsEtLM»  trouvées  dans  la  sépulture  des  monar<{aes 
francs*  II,  4^*  ^^^  mjstérieut  attache  à  son 
bourdonnement.  16.  Étaient  l'emblème  de  là  ci- 
TUisation.  MtK 

Abia  reproche  en  vain  aux  Hébreux  leur  culte  in- 
fidèle. II ,  a33. 

Abiathab,  y.  Salomon. 

Abipors  (  chaque  Camille  chez  les  )  change  de  nom , 

quand  elle  perd  un  de  ses  membres.  1 ,  3o3. 
Abischbca,  cérémonie  indienne  dans  laquelle  on 

répand  sur  celui  qui  ed  est  l'objet  une  liqueur 

composée  d*eau  et  de  miel.  lY,  5o. 
Abeaham  ,  Y.  Aidun, 
Abitdad  ,  le  taureau  cosmogonique  chez  les  Perses , 

renfehnant  le  germe  de  toutes  choses.  III,  a43. 

V.  i4 


Acuotr.  Roman  tâtt  sur  dei  esU>n|i«s  destinées  à 

un  autre  ouvrage.  I,  i65. 
AcBBBi,  V.  Lapant. 

Arhillb.  I ,  i65.  Analogie  de  la  description  de  son 

bouclier  avec  celle  de  Brama  aux  Indes.  III ,  J^jS^, 

AÀah   avait,   suivant   les  rabbins,   la   même  ame 

qu'Abraham,  David  et  le  Messie.  I,  iSa. 
Adsrbidjah  ,  province  de  l'empire  perse ,  favorisant 
le  pouvoir  sacerdotal  par  ses  phénomènes  physi- 
ques.  II ,  ig6. 
Asm.  n,  4o.  Fille  de  Daschka,  61s  de  Bnuna.  V. 

AdU^at. 
Abittas,  mélange  d'aqtroaomie  et  de  oosmogoaie. 

JU,  180-181. 
Adohis,  II,  437-  Amalgame  des  traditions  de  dive^ 
M«  contréa*.  Ib.  Comment  modiiîéfii  par  les  Grecs. 
,&.  Adonis  est  le  même  que  Moïse,  swvaat  Hdet. 
I  ib,  438.  Triatesse  des  fÀes  d'Adcmis,  répugnant 
à  l'esprit  grec.  439*  Tradition  qui  ait  dire  à  Ber- 
,  cule  qu'il  ne  connktt.ni  la  divinité  ni  le  ouke 
d'Adonis.  Ib. 
^.jËGioios ,  dé  nbiu  gettis  Elia.  V.  Eli«.. 
J^^iXfi.  Il,  toi.  Sur  les  prêtres  égyptiens,  V.  Sa- 
cerdoce. 
AFaïQHiB  (  sacrifices  humains  chez  les  .hahitanis  de 

iacôted').!,  348-349» 
KxulG  tué  par  Samuel.  II,  248. 
AfiAMBHitoK  immole  les  victimes  de  sa  propre  main. 
11 ,  089,  V.  Grecs.  Immole  un  sanglier  au  soleil 
et  un.  à  la  terre.  3o8. 


r 


ALPUABÉTIQUK    CT    ANALYTIQUE.  211 

Agathaacbidb  décrit  les  hordes  africaines  telles 
quelles  sont  encore  de  nos  jours.  I ^  xS6. 

Agathogi»ss,  y.  Sacrifices  hmnains*  / 

AoDistis,  fable  orientale  introduite  dans  lés  mystè- 
res. II,  44o-  Hermaphrodite.  Ib, 

Agbsipolis,  roi  de  Sparte  ^  interprète  lui-même  les 
oracles,  sans  le  secours  des  prétreSéll,  3o3.  Re- 
fuse, sous  ce  prétexte^  une  trêve  aux  Argiens. 
Ibid. 

Aghi  (  le  dieu  du  feu  )  devient  amoureux  des  fem- 
mes des  Se{>t  Richis.  II,  4o. 

AGBAPATa,  chef  des  Perses  barbares,  conquiert  la 
Médie  et  se  fait  nommer  Cyrus.  II,  i83. 

Alaiaa  ,  morceau  de  bois ,  idole  des  Arabes.  II ,  5 1 . 

Alsaivs  ,  irrites  contre  la'  fortune,  quittent  le  culte 
de  leurs  dieux.  II,  35a. 

ALcnroiTs  préside  aux  cérémonies  religieuses.  II, 
289.  Y.  Grscs. 

ALXXAHnBB.  I,  78^9*  Néarque,  son  amiral,  i55.  Y. 
Egypte.  Offre  des  sacrifices  au  s<^l  et  à  la  lune 
après  avoir  passé  FEuphrate.  II ,  287. 

AuBXARnRB  YI.  I ,  XXI.  Sous  lui ,  laî  communion  pré- 
cédait et  la  confession  suivait  le  meurtre. 
Alexahdbib  (poètes  d*  )  n'ont  ni  poésie  ni  religion, 
m ,  3o4*  Prosateurs  de  la  même  école,  compila- 
teurs fiaistidieux  ou  critiques  ridicules.  3o6. 
ALriDoa ,  Aii-VATBB.  Dieu  suprême  de  la  religion  sa- 

c^otale  des  Scandinaves.  I.  178. 
AiLaT.  Idole  des  Arabes ,  simulacre  de  pierre.  II.  5 1 . 
Allsgobibs  ,  peuvent  rester  les  mêmes  à  toutes  les 

14. 


U'I  !2  TABLE 

«poques ,  pai*ce  qu  elles  expriment  des  idées  qui 
ne  varient  pas.  I.  199.  Y.  Fables.  Leur  influence 
sur  la  figure  des  dieux.  III.  3âo,  3a  i.  Les  dieux 
du  polythéisme  homérique  point  allégoriques. 
3a8.  Erreur  des  poètes  modernes  sur  rallégorie. 
3^9.  Combien  lallégorie  est  Iroideet  peu  poétique, 
>parce  que  tout  est  prévu.  Ib. 

AuLBMÀGifiç  protbstautk.  I.  ia4-  Vérité  à  laquelle 
les  Allemands  s^attachent,  c'est  que  tout  est  pro- 
igressif.  /&.  Leur  système  sur  la  marche  gra- 
duelle des  révélations.  i3o,  i3i.y.  Miracles  y  Pro- 
phéties. Ce  système  proposé  «n  Angleterre  par 
J.Craigs'en  1689./^.  Rejetécomme  impie.  1 3 1. Pro- 
fessé en  Allemagne  en  i8ia,  i3i-i3s.  Se  rap- 
tproche ,  sous  quelques  rapports ,  de  la  doctrine 
indienne  des  incarnations.  i32.  On  trouTe  quel- 
*que  chose  d'analogue  chez  les  Juifs.  /&. 

Alrdnes,  lettres  sacrées  des  Scandinaves.  On  appe- 
lait de  ce  même  nom  les  dieux  et  les  prêtres. 
Étaient  employées  à  la  magie%  Y,  i56. 

Amalthbb^  nourrice  de  Jupiter.  I.  160. 

Amalzorbs  (habitants  des  rives  du  fleuve  des  ).  I.  273. 
V.  Loango.  . 

Am AzoHBS  (  les  )  vierges ,  et  offrant  à  Artérois  des  vic- 

.  limes  humaines,  ressemblent  beaucoup  à  une  na- 
tion ou  institution  sacerdotale.  II.  3yS. 

Ambai^ischeb.  y.  Sainteté  de  la  douleur. 

Amboine  (insulaires  d')  ont  le  même  soupçon  des 
morts  que  les  habitants  de  la  Nouvelle-Hollande. 
1.  3oa*  Y.  Nou^elle^Hollande  y  Nitos. 


ALPHABETIQUE   ET   ANALYTIQUE.  ai 3 

Ame.  Les  Sauvages  supposent  qu'elle  est  semblable 
au  corps.  I.  29$.   Quand  il  est  mutilé,  elle  ïest 
aussi.  296.  V.  Autre  vie^  Grœnlandau^  Angp^ 
koksy  Patagons,  Chili  ^  Grand  Esprit.  Les  aroes 
errent  tristement  autour  des  habitations  des  hom- 
mes. 3oi.  Le  malheur  qu'elles  éprouvent  les  rend 
malfaisantes.  3oi.  V.  Caraïbes.  Idée  des  Patagons 
sur  lame.  295.  Passage  des  livres  juifs  qui  ferait 
croire  qu'ils  supposaient  que  l'ame  renaissait  dans 
1  état  du  corps.  297.  Que  les  notions  grecques  et 
les  notions  indiennes  sont  les  deux  opinions  exr> 
trémes  sur  l'état  des  âmes  q)rès  leur  mort.  IV. 
81.  Sont  des  êtres  individuels  dans  l'enfer  d'Ho- 
mère ,  ne  sont  que  des  abstractions  chez  les  In- 
diens. 81 -8a.  Loi  mosaïque  gardant  sur  l'immor- 
talité de  l'ame  un  silence  absolu.  8a.  Les  prophè- 
tes semblent  ne  prévoir  au-delà  du  tombeau  que^ 
le  néant.  Ib.  Passages  qui  le  prouvent.  Ib.  La  secte 
de^  Saducéens  niait  formellement  toute  récom-. 
pense  et  toute  punition  après  cette  vi^,  Ib.  Qu'on 
s'est  néanmoins  fort  exagéré  l'absence  de  tout 
dogme  sur  l'existence  de  l'ame  dans  1^  iieUgion 
juive.  83.  Que  cette  exagération  date  de  Warbur- 
ton,  qui  entraîna  sur  ses  pas  un  grand  nombre  de 
théologiens.  Ib.  Moïse  dans  le  Deutéronome,  par- 
lant de  révocation  des  *  morts.  Ib.  Allusions  fré- 
quentes des  écrivains  sacrés  à  l'immortalité  de 
l'ame.  Ib.  Passages  qui  prouvent  d'une  manière 
incontestable  que  ce  dogme  ne  leur  était  point 
étranger.  83*84.  Gomment  on  peut  concilier  ce(t« 


a I 4  T A6L£ 

contradiction  apparente.  84«*85-86.  Fait  général, 
incontestable,  l'imitation  delà  vie  réelle  est  la  base 
de  la  vie  ftiture.  86.  L  ame  du  monde  formée  dans 
la  coupe  de  l\inité.  V.  47*  Ames  partielles,  cod« 
damnées  à  la  naissance,  sortent  de  la  coupe  de 
division.  76.  Pourquoi  ces  dernières  ne  peuTent 
échapper  à  l'individualité.  47*4^*  Ce  qu'elles  de- 
viennent lorsqu'elles  jettent  un  regard  sur  le  mi- 
roir mystérieux.  4^  ^  s^^*  Coupe  de  la  sagesse 
dans  laquelle  elles  boivent  et  qui  dissipe  leur  éga- 
rement. 5o.  Deviennent  alors  immortelles ,  selon 
Mercure  Trismégiste.  5o.  Nombre  de  migrations 
que  Pindare  exige  pour  quf'elles  parviennent  à  la 
félicité.  5o.  Prière  orphique,  transmise  par  Pro- 
ckis ,  tendant  à  fermer  le  cercle ,  c'est-à-dire  à 
ne  plus  rentrer  dans  un  corps  mortel.  5 1 . 

Ambitthès  (1*),  autre  monde  des  Égyptiens ,  copie 
de  celui-ci.  IV,  87. 

Am^atCAiNS,  montrant  les  ossements  de  leurs  pères^ 
et  refusant  de  les  quitter.  I,  a86.  Croient  à  une  se- 
conde moit.  288-289.  Peu  d'influence  des  jon- 
gleurs chez  eux.  357.  V.  Jongleurs» 

Amhonium  (collège  de  prêtres  à)  qui  recevaient  les 
caravanescommercantes.il;  i68. 

Amour.  On  pourrait  raisonner  contre  l'amour, 
comme  contre  le  sentiment  religieux.  1 ,  33. 

AHraiARAus.  Comment  il  acquit  le  don  de  prophé- 
tie, n.  293. 

Ajurital,  breuvage  de  l'immortalité.  I^  iSp.  Cette 
fable  est  semblable  à  celle  des  Scandinaves. 


ALPHABÉTIQUE  BT   ANALYTIQUE.  ai 5 

AmsemÂSPàMB ,  à  figure  d'animaux ,  prëtUant  aux  sept 
pknAles.  III ,  a4a. 

A«Aina(  Vénus).  Ses  auteb  servis  par  de  nombreux 
esdaves.  Il,  109.  Son  culte  ohex  les  Perses,  un 
aouJgame  de  l'astrolâtrie  et  d'un  culte  étranger, 
m,  aSi. 

Aeaiiix,  V.  Aza> 

AiAXAoomB.  I,  46.  Cité  par  La  Mennrâ^  i,  1^0. 
TAthènes  pour  ses  opiniMis  sur  l'immaté- 
é  des  dieux.  V,  x8a. 

AiGBXOKS,  prêtres  groénkndais  raceommodent  les 
âmes*  1 ,  096. 

AacumauiB.  I,  88.  Gomment  est  Tétat  des  recher- 
ches religieuses  en  Angleterre*  ix9*iao«iai*iaa. 
Le  dogmatisme  et  rincrédulité  se  la  partagent. 

AnHAux.  Combien  il  est  naturel  è.Thomme  de  les 
adorer.  I,  aaB-aag.  Y.  Sammgu^  Troglodytes^ 
Serpont.  Qu'ils  ne  s'oooopenii  pas,  comme  l'homme, 
de  lev  destinée  après  la  mort.  3o3-3o4.  Opinion 
des  Sauvages  qu'il  y  a  entre  l'homme  et  les  ani« 
maux  une  sorte  de  parenté.  aSx.  Explication 
du  culte  des  animaux  par  dmrs  auteurs.  III ,  6a. 
Peu  de  fondement  dans  les  eaplioatioDs  de  Dio- 
dore.  6a<63.  Exeès  de  subtilité  dans  les  explica- 
tions de  Plutarque.  64-  Celles  delforphyre.  65.  Ri^ 
dicule  des  explications  modernes,  les  animaux 
adorés  comme  calendrier  ou  comme  alphabeth. 
66. 

Animaux  vabvleux  cbbz  les  Chinois.  II ,,  a69.  (M- 


ai6  TABLE 

seaux  fiintàstûiues,  Garouda  et  Arouna  ches  les 
Indiens.  III ,  x  a4-i  sS.  Rattachés  à  Tastrolâtrie.  li. 
Figurant  les  astres  chez  les  Perses.  a44*  Animaux, 
fabuleux  introduits  dans  toutes  les  religions  sacer- 
dotales. IVy  x5. 

Anna  PBRBimA,/uivant  Ovide ,  quelcpiefois  la  lune^ 
quelquefois  Thémis.  I,  x6o.  Nourrit  les  Romains 
sur  le  Mont-Sacré.  li.  Conformité  de  sa  légende  el 
de  celle  d*Anna  Puma  Dévi.  /&•  Y«  Anna  Puma 
Dé^L  Paterson  compare  l'Anna  Per^nna  d'Ovide 
avec  FAima  Puma  des  Indiens» 

AnH A  PuRNA  Divi  nourrit  Viasa  Muni  et  ses  dix 
■mille  pupilles.  I,  i6o.  Est  la  femme  de  Yrichna 
Iswara,  dieu  de  la  justice.  Ib.  Porte  un  croissant. 
Ib.  Nourrice  de  Schiven.  lb^.Anna  Perennoy  Scki" 
P€n. 

Anthbopoiiorphumb.  V.  Sauvages^  Auire  vie.  Dieux 
de  l'anthropomorphisme  mélangés  de  vices  et  de 
vertus.  IV.  i34.  S'améliorent  gradueUement.  Ib. 
Nul  ne  ùSst  le-  bien  sans  intérêt,  mais  aucun  ne 
ftit  le  mal  pour  le  mal.  Ib* 

Ahubis.  Le  Mercure  Anubis  conducteur  des  signes 
cachés  sous  l'hémisphère  et  des.  âmes  dans  les 
enfers.  I,  i^p^aoo.  En  Egypte,  à  la  fois  le  pro- 
totype des  chiens  et  l'horizon.  lU,  75. 

AraAxnxs  (Vénus).  V.  Phénomènes  phgrsiquBe* 

Apis.  Les  Juifs  remplacent  le  bouf  Apis  par  deux 
veaux  d'or.  U,  a35.  Dieu  astronomique  et  en 
même  temps  représentant  du  Nil.  III,  74»  ^* 
Égxpte. 


ALPHABÉTIQUE   £T    ANALYTIQUE.  ai^ 

Apollov.  Sa  oolire  contre  les  Grec»  chaoge  de  mo* 
ûb  suirant  le  progrès  des  idées  sur  le  caraùlère' 
des  dieux*  I,  aoo.  aoi.  Y.  CaUimaque.  Ses  rap- 
ports ayecla.mythologie  indienne  et  avec  Grishna. 
II,  394.  Pourquoi  Ton  voyait  une  souris  à  coté 
de  ses  atatues.  394-395.  Le  loup,  son  symbole 
dans  quelques  lieux  de  la  Grèce,  comme  à  Lyco- 
polis.  Ib*  Hymne  homérique  à  ce  dieu.  395.  N'est 
pas  authentique.  Ib,  Apollon  distingué  d'Hélios 
dans  les  poètes  lyriques.  397.  Y.  Hélias.  Les  Da- 
phnéphories ,  fêtes  d'Apollon  i  Thèbes ,  étaient 
une  commémoration  astronomique.  396.  Flam- 
mes révélant  Tayenir  sur  l'autel  d'Apollon  à  Thèbes 
et  à  Ol3fmpie.  396-397.  L'esprit  grec  dégage  ce 
dieu  et  ses  fêtes  de  toute  signification  scientifique 
ou  sacerdotale.  397.  Apollon  sans  attributs  astro- 
nomiques dans  la  religion  populaire,  les  reprend 
dans  les  mystères.  4oi-  Apollon,  son  caractère 
dorien.  III,  a85.  Apollon  surnommé  Loxias,  à 
cause  de  ses  réponses  ambiguës.  373.  Significa- 
tion astronomique  de  cette  épithète.  Jb» 

Apomiosss  (différence  entre  les)  et  les  incarnations 
ttcerdotales.  II ,  44S«  L'apothéose  contraire ,  l'in- 
carnation farorable  à  la  puissance  sacerdotale. 
mS.  Les  Grecs  divinisèrent  plusieurs  che&  des 
colonies  étrangères.  44^*  Combien  la  chose  était 
naturelle.  44^447-  Ancien  roi  d'Egypte  pourtant 
déifié.  446*  Distinction  de  Jidien  entre  Hercule 
et  Bacchus,  montrant*  la  différence  des  apothéo- 
ses et  des  incarnations.  447*  Apothéose  de  tous 
les  instruments  aux  Indes.  III,  i6a-i63. 


%î$  TA.BLB 

ApârBBS  (le  Syinl>ole  des)  ne  parut  qu'au  lY^  siè- 
cle. I9  61. 

ApPAAinoivd.  Orédolité  dessauTages  à  oet  égard.  I, 
340.  Partagée  par  le^  Espagnob.  li. 

Apuu&e.  I,  Si.  a  traduit  un  dialogue  attribué  faus- 
sement au  Mercure  égyptien.  175.  Sa  peinture 
du  panthéisme  égyptien.  III,  43*44* 

Arabbs.  Leur  indépendance  durant  les  premiers 
temps  de  Fislamisme.  I,  87*88.  Comment  r^- 
nérés  par  Mahomet.  i5-i6.  Y.  Auire  ^vie.  Les 
astres  au  nombre  de  leurs  diviïiités ,  mais  comme 
fétiches^  II ,  49*  L'autorité  des  prêtres  nulle  chez 
eux.  5o.  Trèsssidonnés  au  culte  des  pierres.  5o-5r 
Pierre  du  temple  de  la  Caaba.  Ib.  La  tribu  des 
'Dumatiens  offrait  à  une  pierre  dés  victimes  hu« 
maines.  Si,  lY,  217.  Autres  divinités  des  Arabes, 
l'acacia ,  le  lion ,  l'aigle ,  le  cheval.  Ib.  Les  mages 
fugitifs  leur  portèrent  des  rites  sacerdotaux,  pro- 
bablement dans  ce  nombre  les  sacrifices  humains. 
5a-53,  lY,  217.  ICstoire  de  la  pierre  noire  de  la 
Caaba.  Sa. 

Abavcahibhs.  Croient  à  un  dieu  méchant.  I,  ^4^' 

AacADiBNs.  Ce  qu'ils  racontent  du  dieu  Pan ,  une 
^lusion  astronomique.  Il,  4^^* 

ArchélaÙs.  Cité  par  La  Mennais.  I,  170. 

AftCHoirrB.  Larchonte-roi  chargé  de  TadministFa- 
tion  du  culte  d'Athènes,  n'était. pas  preOre,  voxxs 
tiré  au  sort.  II,  3oa. 

Arduissour.  Eau  vierge  et  primitive  chez  les  Perses, 
m,  !i4a. 

AsBs.  Y.  Mars, 


ALPHABÉTIQUE   ET    ANALYTIQUE.  lig 

Aftcsirs  (le  maints  d*).  I9  127. 

Aiicis  (forêt  d*).  Consacrée  à  Diane.  III,  9.  Usage 
anqnel  Tadoration  des  arbres  avait  donné  nais- 
sance. Ib. 

Ausnnx.  V.  La  Mennaù. 

Aaistophaub.  Prouve  que  les  Grecs  nWoraient  pas 
les  astres.  II ,  «87.  N'est  pas  moins  nécessaire  à 
étudier  que  les  tragiques.  lY,  4^*  Peintures  ou- 
trageantes qu'il  £ait  des  dieux-  de  la  Grèce.  16, 
Causes  qui  eipHquent  cette  singularité.  li.  Ses 
pièces  pour  la  plupart  des  parodies  de  quelque 
œuvre  tragique,  et  surtout  des  ouvrages  d'Euri- 
pide. 46a-463.  Exemples.  4^3.  Bergler  à  ce  sujet. 
Ib.  Travestit  aussi  quelquefois  Pindare.  463-464- 
Effet  que  ces  parodies  produisaient  sur  l'esprit 
des  specrtateurs.  Ib.Ce  que  Plutarque  raconte  des 
Athéniens  prisonniers  en  Sicile,  464-  Allusions 
d'Aristophane  à  dî£Gfrents  vers  d'Euripide.  Ib. 
La  progression  des  idées  religieuses,  une  des 
Cluses  de  Tindulgenoe  des  Athéniens  envers  ses 
sarcasmes.  Ib,  Comment  nous  le  prouvons.  4^* 
Que  nos  ei^lications  sur  cette  indulgence  sont 
plus  naturelles  et  plus  satisfaisantes  que  celles 
qa  on  en  a  données  jusqu'ici.  4^6.  Pourquoi. 
A.  Autre  explication  que  nous  donnons  de  la 
contradiction  qui  existe  entre  la  conduite  des 
Athéniens  envers  ce  poète,  et  celle  qu'ils  tinrent 
à  l'égard  de  quelques  philosophes  coupables  des 
mêmes  hardiesses.  467*  Subterfuges  adroits  que 
se  ménageait  Aristophane  contre  les  sévérités  lé- 


aaO  TABLE 

gales.  469.  Ces  subterfuges  iinpossibles  aux  phi* 
losophes.  Ib.  Pourquoi. /&.RédeTenait  quelquefois 
l'auxiliaire  du  sacerdoce.  47  <•  Fut  frappé  néan- 
moins par  le  pouvoir  qu'il  ayait  servi.  Ib.  Quon 
a  eu  tort  de  révoquer  en  doute  Finfluence  de  sa 
comédie  des  Nuées  sur  la  mort  de  Socrate.  47  >• 
M.  Cousin  a  parfiiitement  éclairci  cette  question. 
47a*  Indifférence  coupable  du  poète  à  la  mort 
du  philosophe.  Ib.  Comment  elle  s'explique.  Ib. 

Ajustotb.  Son  IXeu  une  abstraction  dont  aucune 
religion  ne  peut  s'emparer.  1, 170-171.  Comment 
cité  par  La  Meni^ab.  Ib,  Y.  Castes. 

AjiJODiv.  Héros  du  Bhaguat-Gita  ;  sa  prière  panthéis- 
tique  à  Crishna.  lU,  44*4S*46. 

AaiioBB.  Sur  la  liberté  des  écrits.  1 ,  53-53.  Y.  Ci- 
ceron. 

Aet  dramatique  en  Grèce.  lY,  4^8.  Ses  trois  épo- 
ques. Ib.  Se  retrouvent  '  parmi  nous  dans  Cor- 
neille, Racine  et  Yoltaire.  ^^%.  EUes  sont  mar- 
quées par  les  trois  Éiectres  des  tragiques  grecs. 

458. 

AscjLBPnrs.  Dialogue  attribué  au  Mercure  égjf  tien. 
I,  175. 

AscAED.  La  cité  des  dieux  Scandinaves  et  le  zodia- 
'que.  m,  264. 

AsiB  (Mineure).  Le  rendez-vous  de  toutes  les  reli- 
gions. II  y  373. 

AssBavissBXBNT.  Y.  Indépendance. 

AsTARTB.  La  lune  chez  les  Carthaginois.  II,  44- 
Y.  Baal. 


ALPHABÉTIQUE   F.T    ANALYTIQUE.  22  1 

• 

AsTBOiATEU.  Une  des  deux  formes  primitives  de 
la  religion.  II ,  26.  Donne  au  sacerdoce  un  pou- 
voir sans  bornes.  ap-So.  Conduit  à  lastrologie.  Ib. 
Le  pouvoir  du  sacerdoce  s*en  accroît.  3i.  Est 
souvent  réunie  an  culte  des  éléments.  26.  Erreur 

• 

des  savants  qui  ont  attribué  lastrolâtiie  à  tous 
les  peuples,  et  en  ont  fait  le  seul  culte.  26-27. 
Se  combine  souvent  avec  le  pnr  fétichisme.  Ib, 
L  adoration  des  astres  mêlés  à  d'autres  divinités 
ne  Constitue  pas  l'astrolàtrie.  28.  Dans  ceUe-ci 
les  astres  sont  les  premiers  des  dieuji;  mais,  là  où 
les  astres  ne  sont  qu'au  nombre  des  dieux,  ils  ne 
sont  que  des  divinités  secondaires.  28.  Preuve , 
Apollon  et  Diane  chez  les 'Grecs ,  distincts  d'Hé- 
lios  et  de  Séléné.  Ib.  V.  Ferses^  Indêj  Chme^ 
Mexique^  Carthaginois^  Hébreux.  Que  chez  les 
natioDS  étrangères  à  Fastrolâtrie  et  au  culte  des 
éléments  le  sacerdoce  n'a  eu  que  peu  de  pouvoir. 
V.  Grtes^  Sa  puissance  et  son  étendue  dansrlesTe- 
ligtens  saœrdotides.  IV,6 1 .  Son  application  s'étend 
jusqu'à  la  «édeetne.  A.  Livres  composés  à  Alesan* 
drie,  exposant  les  rapports  des  constdiatioas  avec 
les  plantes.  Ib.  Les  mêmes  superstitions  régnant 
sur  les  Indiens.  Ib.  Exemples.  61*62.  De  même 
cheK  les  Chaldéens.  Ib.  Les  professions  diverses 
mises  sous  la  protection  des  astres.  Ib.  Dubois  et 
Diodore  à  ce  siqet.  62-63.  Prêtres  mexicains  éga- 
lement attachés  à  l'astrologie.  63.  Leurs  périodes 
composées  du  nombre  treize.  Ib. 
AsTaoLoaiB.  Tenant  d'une  part  à  la  science  sacer- 


aa4  TABLE 

AzAEiAs.  Est  chassé  du  temple  par  les  lévites.  II, 
ao5*ao6.  Proscrit  le  culte  des  dieux  étrangers. 
234. 

B. 


Bâal  (le  soleil).  Dieu  des  Carthaginois.  II,  44*  ^'^' 
léphant  lui  était  consacré.  Ib.  Pourquoi.  It. 

BjjBTLOiiB,  Babtloniehnss  (Prostitudon  des).  1,71} 
78,  35o«-35i. 

Bacghus,  son  culte  d'origine  indienne.  II,  4i9- 
Gonuré^  qu*il  traTersa  pour  tenir  en  Grèce.  li. 
Modification  de  ses  fables.  Jb..  Son  identité  avec 
Qsîris»  ib.  Avec  SchiTea.  ib^  Progression  de  ce 
culte  suivant  Yoss.  ^21.  Ses  rites  ne  forent  ja- 
mais incorporés  dan3  la  reUgioa  publique  de  la 
Grèce.  Jb.  Guerres  et  malheurs  causés  en  Grèce 
par  Imtroduction  de  ce  culte.  4^%.  Délvas,  sui- 
cidesi  meurtres,  provenant  de  la  même  cause,  tt* 

,  Homère  ne  parle  de  Baocèius  qu  ime  seule  fais. 
4a3. 

Bactrianb.  Opinions  de  ce  vieux  empire,  atttibiiées 

..  aux:  Perses  barbares.  I,  178.  Religion  sacerdotale 
de  cette  contrée,  consacrait  la  division  en  castes 
et  Tautorité  du  sacerdoce.  II ,  i85.  Cyrus  ébloui 
par  ses  pompes.  Jb*  Le  climat  de  la  Bactriane 
favorisait  le  pouvoir  sacerdotal.  ipS. 

Baurakalt  9  divinité  indienne ,  fille  de  Schiven.  Uh 
3a 3.  Son  analogie  avec  Hécate. /(«Sa  figure  mons- 
trueuse. Ib. 


ALPHABÉTIQUE   ET    ANALYTIQUE.  2^5 

Bagiaadbr  ,  V.  Sainteté  de  la  douleur, 

Bala  et  AttibaIiA,  formules  indiennes  ayant  le 
pouToir  d'attirer  les  dieux  sur  la  terre.  lY ,  49* 

Balbits,  ses  erreurs  surlorigîne  de  ridolâtrie.  I|.aoi. 

Balder,  dieu  des  Scandinaves  y  dirigeait  le  char  du 
soleil.  V,  I2Z, 

Banda  y  fanatique  de  la  secte  des  Sikhs,  yerse  des 
torrents  de  sang.  III,  ai  a.  Égorge  son  fils  de  sa 
propre  main.  Ib,  Meurt  déchiré  par  des  tenailles 
ardentes ,  sans  pousser  un  cri.  Ib. 

Baouth,  ancienne  idole  indienne.  III,  iio.  Son 
culte  plus  ancien  que  le  bramalsme.   iii. 

Babbabs  (l'état).  Description  de  cet  état,  qui  est 
un  pas  de  plus/que  Tétat  sauvage.  U^  4*  Féti- 
chisme insuffisant  à  l'homme  sorti  de  l'état  sau- 
vage, et  parvenu  à  l'état  de  barbarie.  5-6.  Y.  jPe- 
tichisme, 

BAaTBBLBMT  (  la  Saint-).  1 ,  8o ,  1 1 1 .  Apologie  de  la 
Saint-Barthélémy ,  d'après  les  exemples  contenus 
dans  les  livres  juifs.  II,  a44« 

Babiologci  ,  Bibliotheca  rabbinica,  Y.  Adam. 

Batta,  de  l'école  bramanique  de  Niaga,  fait  mas- 
sacrer les  Bouddhistes.  II [,  107.  Se  bràle  ensuite 
lui-même  en  expiation  du  sang  qu'il  avait  répan- 
du. Ib, 

Batle,  faiblesse  de  sa  réfutation  du  système  de 
Spinosa.  m,  27. 

Begee  ,  auteur  allemand  d'une  relation  de  Califor- 
nie. I,  5-6.  Prétend  à  tort  que  les  Californiens 
nont  pas  de  religion.  Ib* 


L 


ai6  TkVLK 

Bbir  ,  V.  Luite  du  pouvoir  ten^rel  contre  U  pouvoir 
spirituel.  Appelé  aussi  Vena,  prince  indien,  per- 
sécuteur des  brames  et  tué  par  eux.  II ,  tyj, 

Bblu  ,  oitlre  de  prêtres  chez  les  sauvages.  I,  Sai. 
Macérations  et  mutilations  pour  y  être  admis. 
SaS.  Hymne  obscène  chanté  parles  prêtres  de  cet 
ordre.  3So. 

Bblumbh  ,  V.  Baal. 

Bélus,  tuant  Omorca,  dont  les  deux  moitiés  for- 
ment le  monde.  III,  338.  Se  coupe  la  tête  à  lui- 
même,  pour  procéder  à  la  création.  Ib.  Person- 
nage cosmogonique ,  mythologique,  astronomi- 
que ,  peut-être  historique.  aS^. 

BsNGÀLB ,  V.  CuoU,  Autre  vie. 

Bbbcbi  ,  auteur  allemand  ;  son  opinion  sur  la  prio- 
rité du  théisme.  III,  354. 

Béth-bl  ,  pierre  adorée  par  les  Hébreux ,  trace  de 
fétichisme.  I,  287. 

BBAGUAT-Gm.  I,  174-  ^  but  de  son  auteur,  sui- 
vant le  traducteur  anglais ,  était  de  renverser  te 
polythéisme  des  Vèdes.  Ib.  Ses  principes  de  tolé- 
rance. II,  \^^.y  .Climat.  Est  un  système  de  pan- 
théisme. III,  io4-io5,  1 54.  Passages  qui  le  prou- 
vent, Ib.  Le  traducteur  anglais  le  reconnaît.  to6. 
Doutes  jetés  dans  le  Bhaguat-Gîu  sur  l'immorta- 
lité , h- l'ame.  III,  i54-i55. 

i(Htv\-4i,  divinité  indienne;  plusieurs  de  ses  rites  se 
rerroiivent  cheit  les  nations  du  Nord.  I,  ï5p. 
Nnîi  lie  Brahm.  III,  S5.  Donne  naissance  à  Brah- 
Tiii,  Wichnou  etSchîven.  Ib. 


ALPHABÉTIQUE    KT   ANALYTIQUE.  ^27 

Bicoîs,  nymphe  étrusque,  ses  livres  astronomiques. 

BissAO  (nègres  de)  se  fabriquent  eux-mêmes  leurs 
divinités.  1 ,  327. 

BoHfiMiBHS.  Leur  feu  sacre.  III ,  a6i.  Présentaient* 
leurs  nouveau-nés  au  feu  sacré,  /ft. 

BouKGBROKB.  1 ,  121.  A  tous  Ics  défauts  des  philo- 
sophes français.  I2I-t22. 

BoNAPARTB,  sa  posîtiou  vis-à-vis  du  clergé  catholi- 
que ,  la  même  que  celle  de  Cyms  vis^-vis  des 
mages.  1 ,  1 52. 

BoNZBs,  nom  générique  des  prêtres  de  Fo.  III,  58. 
Leur  athéisme.  Ib. 

BoRifjÉo,  V.  Cirimonies  Jumrairei^ 

BossuBT,  plutôt  un  juge  qui  condamne  qu'un  obseï*: 
vateur  qui  examine  ou  un  historien  qui  raconte. 
I,  109-110.  Quelquefois  défenseur  de  la  liberté 
à  son  insu.  Ib,  Sa  politique  de  rÉoriture-SaintC) 
|in  code  de  despotisme.  Ih,  Phrases  de  cet  au- 
teur qu'on  pourrait  croire  tirées  des  Yèdes.  Il , 
iio.  Loue  les  rois  juifs  externimateurs  de  leurs 
propres  parents  pour  cause  d'hérésie.  Ib.^  237. 
I^ue  Samuel  d'avoir  égorgé  Agag.  /6.,  248. 

BoDiuDHA  ou  BiKooKA,  uu  uom  générique.  II,  121. 
Signifiant  s»vant,  intelligence  supérieure.  122.  ITne 
incarnation  de  Wichnou.  III,  109-110.  Incterti- 
tu^e  sur  la  personne  et  ^l'époque  de  Buddha  et  la 
révolution  opérée  par  lui.  1 10.  Deux  opinions  des 
savants  sur  Buddha.  Les  uns  le  placent  avant  le 
brama tsme^  les  autres  après*  M.  Difficulté  pour 

16. 


aa8  TABLK 

cdâircîr  cette  question.  U.  Elle  deriendraît  phu 
claire  I  si  Ton  reconnaissait  deux  Buddhas*  m. 
Bttddha ,  suirant  Georgi,  un  nom  générique ,  »• 
gniBant  un  sage,  i  ta.  Dix-huit  sens  du  mot  Bod* 
dha.  A.  Anecdotes  attribuées  indifTéremment  s 
Rama  et  à  Buddha.  Ib.  Réciu  des  Buddhistes  sur 
Buddha.  Ib.  Arc  magique  de  Rama  et  de  Baddha. 
114.  Conduite  contradictoire  des  dieui  indiens 
enrers  Buddha.  Dans  cette  légende,  on  voit  à  la 
fois  Taversion  des  Indieiu  pour  Buddha ,  et  leur 
cropnce  en  sa  divinité.  11 5.  Félicité  de  Bud- 
dha, Tapathie  absolue.  11 6.  Différents  noms  «le 
Buddha.  116-117.  Lutte  de  Buddha  et  de  Boa»- 
maxo.  1 17.  Dans  la  légende  où  Btiddha  s'incarwe 
pour  détruire  des  géants  féroors ,  il  est  un  av«r 
Wichnou.  118.  Considéré  pourtant  toujoitr» 
comme  l'auteur  d'une  hérésie  exé«Table.  Ib.  Rf* 
forts  de  Bouddha  contre  la  division  en  easlc«. 
a  16. 

BoDooBisTxs,  cruellement  persécutés  par  les  brames, 
II,  i55.  V.  Climat.  Opcndant  tout  l'extérieur 
du  bouddhaisme  est  parril  à  €*elui  du  bramaismc. 
m.  1 19.  Les  livres  sacrés  des  bou<ldhistes ,  nom- 
més Chéritras.  Ib.  Le  Ramakien  imité  du  Ramajaa. 
Ib.  Les  bbles  des  deux  sectes  prrsque  tdcntîqvftrs. 
Ibid. 

BooLASoaa.  1»  6,  auteur  de  TAntiqtûté  dévoîk^ 
par  ses  usages. 

BocLBVsasaiiavTs  physiques.  Comment  les  peêtrr^ 
même  dès  l'état  sauvage,  savent  en  profiter.  1, 


ALPHABÉTIQUE   KT   ANALYTIQUE.  aSkQ 

333-336.  Que  ces  bouleversements  ne  sont  pour- 
tant pas  la  cause  principale  de  laocroissement  du 
pouvoir  sacerdotal.  II,  i6.  Quelle  puissance 
instantanée  ces  événements  donnent  au  sacer- 
doce. II,  1 5.  Causés,  d'après  les  prêtres  indiens, 
par  la  diminution  du  respect  pour  Tordre  sacer- 
dotal. 178.  Dans  l'une  de  ces  catastrophes,  la 
caste  des  guerriers  détruite  en  entier ,  et  le  gou- 
vernement donné  à  la  caste  des  bramines ,  dans 
la  personne  de  Rama.  Ib.  Fêtes  rappelant  par- 
tout ces  épouvantables  catastrophes.  IV,  176.  Dif- 
férentes cependant  chez  les  nations  sacerdotales 
et  chez  les  nations  qui  ne  sont  pas  soumises  aux 
prêtres.  176-177»  Les  rites  des  premières  à  la  fois 
commémoratifs  d'anciens  malheurs  et  prophéti- 
ques de  nouveaux.  177. 

BovaouiGNONs.  V.  Sacerdocei. 

BiAHM.  L'unité  absolue  crée  le  monde  par  ses  pé- 
nitences. II ,  143.  y.  Sainteté  de  la  douleur. 

Bbama.  II,  40-67.  Crée  quatre  fils ,  tiges  des  quatre 
castes  dans  les  Indes.  67.  Révèle  à  firahm,  l'un 
d'eux ,  les  Vèdes  émanés  de  ses  quatre  bouches. 
/&.,  68,  70,  91.  Sa  naissance.  i34*  Ne  peut  rési- 
ster aux  pénitences  de  Bagiraden.  i43-i43«  V- 
WUwamiira,  Accorde  à  Erunia-Rasyapa  le  privi- 
lège d'être  invulnérable.  i45;  III ,  45-  ^.Arjoun. 
Reçoit  la  loi  divine ,  la  traduit  en  sanscrit  et  en 
ferme  les  quatre  Vèdes.  99,  1 1 3-i  i4*i  i  S.  V. Budr 
dha.  Pierre  dans  laquelle  il  est  censé  résider, 
ui-iaa.  Y.  Inde.  Communique ,  ainsi  que  Saras-. 


\ 


a3o  TABLE 

«vatti,  sa  fitle,  l'art  de  La  musique  aux  hommes. 
i34,  i4i>  V-  Thèiime.  Est  invoqua  dans  les  cé- 
rémonies nuptiales.  146.  Ses  prières  engagent 
Wichnou  à  retirer  la  terre  de  l'abîme  où  le  géant 
Ëruniaschken  l'avait  plongée.  147-  £st  toute  la 
race  humaine.  i55.  S'unit  à  Saraswatti;  famille 
qui  naît  de  cet  inceste.  179.  Enbote  le  feu.  Ib. 
Deijent  en  s'incamant  un  Tchandala  impur,  qui  se 
nourrit  long-temps  par  le  toI  ou  par  le  meurtre. 
9og-aio.  Mais  s'élève  bientôt  au  premier  rang 
des  poètes  et  des  inspirés:  a  10.  Devient  Valmiki , 
et  se  condamne  à  célébrer  Wichnou.  Ib.  Analo- 
gie de  ses  représentations  avec  le  bouclier  d'A- 
chille. 4%-  Description  symbolique  qu'en  donne 
Porphyre.lV,  lo-ii-ia.  Se  rend  coupable  de  vol. 
3i.  Peine  qu'il  subit.  3o-3t.  Le  Dieu  suprême 
dans  les  Uvres  sacrés,  il  est  supplanté  dans  les 
fables  par  Siva  ou  par  Wichnou,  suivant  les  di- 
verses sectes.  IV,  116.  Que  cela  tient  à  l'abolition 
de  son  culte.  Ib. 
BxjLHBs.  I ,  VII,  XVU,  XVUI.  V.  Castes.  Presi- 
dent  à  toutes  les  fêtes  religieuses  des  Indiens.  II , 
91.  Fixent  les  jours  heureux  ou  funestes. /£.  En- 
seignent les  prières.  Ib.  Si  un  autre  les  rêvait , 
sa  tétese  fendrait.  9  i-gs, Se  réservent  la  divination. 
93.  Brins  de  paille  bénis  par  un  brame  nécessaires 
à  ceux  qui  se  baignent  dans  le  Gange.  92-93. 
Pierres  qui  doivent  à  l'invocation  des  brames 
leur  nature  sacrée,  cfi.  Présence  de  b  Divinité 
dans   les   objets  matériels.  Ib.   Admise    par   les 


AJJ^HABÉTIQUE   ET   ANALYTIQUE.  a3l 

Grecs  et  les  Romains.  Ib,  Cette  opinion  professée 
par  les  nouTeaux  platoniciens  et  consacrée  dans 
les  mystères.  93-94*  Douze  bramines  gouvernant 
au  nom  du  roi  des  Marattes.  98,  Y.  E^communi^ 
auion.  Les  brames  sont  héritiers,  à  défaut  de 
parents.  108.  Ne  peuvent  être  mid  a  mort  avec 
effusion  de  sang.  Supplices  plus  cruek  qui  en 
résultent  pour  eux.  iio.  V.  Climat.  Bramines  in- 
'  terdits  pour  avoir  traversé  llndus.  II ,  345.  Pré* 
sentent  à  la  lune  leurs  enfants  âgés  de  huit  jours, 
pour  leur  obtenir  l'absolution  de   leurs  &utes, 

IV.  494. 

BuTAGHB    (GaAROE-).  Sou    ancienne  mythologie 

peuplait  de  déesses  les  lacs  et  les  rivières.  III, 

262. 
Bbiaus,.  né  du  Ciel  et  de  la  Tenre,  ainsi  que  ses 

frères  Cottus  et  Gygès.  I,  160. 
BauGs.  Sa  description  de  l'Afrique.  I^  i56« 
BaucKEE,  Histoire  critique  de  la  philosophie.  1, 176. 
BauTUs.  1 9  92-93,  i34«  Ses  derniers  entretiens  avec 

Gassius.  y,  Cassius» 
BuziGBS ,  Athénien ,  inventeur  de  la  charrue*  II , 

453. 
Btrom  (  LOBD  ).  Ses  vers  pleins  du  sentiment  religieux. 

I,  142. 

C. 

Cabuies  (  figure  d(*s).  II ,  33i.  Les  deux  grandes  for* 
ces  de  la  nature  dans  la  langue  des  prêtres.  43o. 


ai^  TÀBLK 

ait  eu  une  autre  c^iuse  dan$  la  contrée  où 
«  pris  naissance.  56-57.  Attribuée  sans  fon- 
II  àSésostris  par  Aristote.  57-58.  Attribuée 
plus  de  raison  par  les  Indiens  au  besoin  de 
soirtir  dtf  lanarchie.  58.  Devoir  de  servitude  im- 
p«we  «Il  Soudra.  58-59*  ^'^  P^^  '^  même  principe 
«{«M^  le  gouvernement  militaire.  5g.  Rois  indiens 
«««(]ttmat$9  ne  pouvant  pénétrer  dans  la  caste 
Jm»  ImAies*  59-60.  Une  seule  exception ,  d  après 
KWbuhr  60.  Hypothèse  de  Meiners  sur  Torigine 
Je  ta  division  en  castes.  60-61.  Elle  a  sa  source 
Jhum  la  disposition  naturelle  de  l'homme  «  et  n'est 
d^ttv  pas  une  invention  sacerdotale.  61.  L'homme 
e«4  enclin  à  perpétuer  les  fonctions  de  père  en  fils. 
(f.n  .^riculteurs  et  chasseurs  héréditaires  chez  les 
t>v«(«K^  et  les  Algonquins.  62.  Juges  héréditaires 
c)W4  iesi  Turcs.  73.  Magiciens  héréditaires  chez  les 
Iji|hi4is.  là.  Médecins  et  poètes  héréditaires  chez  les 
Ki^issais.  Ib.  Mais  la  véritable  cause  de  la  prolonga- 
tion de  la  division  en  castes  est  pourtant  le  calcul  sa- 
€«rt)otal.63.Eifet  du  climat  sur  les  idées  de  souillure. 
/A.Rang  que  ces  idées  occupent^ans  les  religions  sa- 
cerdotales. 63-64- Arbitraire  dans  ces  idées,  preuve 
du  calcul  sacerdotal.  64.De  la  part  que  peut  avoir  le 
sentiment  religieuzà  la  division  en  castes./^. Profes- 
sions qui  entraînent  les  souillures.  65.  Essëpiens 
chez  les  Hébreux  divisés  en  quatre  classes.  65.Pard 
que  tire  le  sacerdoce  des  idées  de  souillure.  7^.  La 
division  en  castes  plus  clairement  et  solidement 
établie  dans  les  pays  astrolàtres  et  soumis  aux 


▲LPHASéTlQUE   £T    ANALYTIQUE.  a35 

prêtres.  67.  Histoire  mythologique  de  son  établis* 
sèment  par  Brama.  Ib.  En  Egypte  établie  par  Isis  ^ 
en  Perse  par  Diemschid,    en  Assyrie  par   Ma- 
habad.  67-69.  Attachement  à  cette  division  de  la 
part  du   sacerdoce.  69.  Persécution   dans  Tlnde 
contre  les  Bouddhistes  qui  voulaient  Fabolir.  69. 
Cette  division  reproduite,  sous  les  Bouddhistes  mê- 
mes ,  dans  l'ile  deCeylan.  69*  Les  subdivisions  des 
castes  assez  uniformes.  70.  Leur  nombre  incer- 
tain aux  Indes.  Ib,  Les  Indiens  immondes  obli- 
gés d'apostasier.  72.  Slariages  entre  les  castes  dé- 
fendus.  73.   Les  Parias,  caste  proscrite.  73-74* 
Les  Parias  se  déclarant  immondes  entre  eux.  76. 
Castes  en  Egypte ,  76-77.  Les  prêtres  la  première , 
comme  aux  Indes.  77.  Les  gardeurs  de. troupeaux , 
les  Parias  de  TEgypte.  77-78.  La  division  en  cas- 
tes, plus  administrative  et  moins  religieuse  en 
Egypte  quaux  Indes.  78-80.  Cause  du  mépris  des 
Égyptiens  pour  les  gardeurs  de  pourceaux.  78.  La 
part  de  la  politique  exagérée  par  Heeren.  78-80. 
Caste  d'interprètes  formée  par  Psamméticus.79-80^ 
Repoussée   par  les   nationaux.  80.  Y.  Ethiopie^ 
Êgjrpte^  Inde^  Perse.  Empêchement,  par  la  divi- 
sion en  castes,  de  la  communication  des  hommes 
entre  eux.   149.  V.  Bactriaue.  Thésée,  suivant 
quelques    traditions,  établit  en   Grèce  quelque 
chose  de  pareil  à  la  division  en  castes.  307.  Fer-, 
raod ,  son  enthousiasme  pour  les  castes.  480. 
Câton.  y.  La  MennaU.  I,  i34. 
Cecaya.  V.  jisivapatjr. 


a36 


TABLE 


GsLiBJLT  (mérite  attaché  au)  chez  les  sauvages.  I, 
253. 

Geltus.  V.  PofypKeme. 

GÉNBB.  Adorait  sa  lance  et  forçait  les  passants  à  Ta- 
dorer.  Il,  367. 

Gbnrbzt  au  Tibet ,  est  un  mélange  de  notions  di▼e^ 
ses ,  astronomiques  et  panthéistes ,  avec  l'idée  du 
sacrifice  de  la  rédemption ,  et  des  récits  mytho- 

r    logiques  ou  historiques.  III,  i83"i84* 

Gensorinus,  consul  romain.  II,  43-44*  Députés  da 
clergé  de  Garthage  qui  vont  le  trouver ,  lors  du 
dernier  siège  de  Garthage,  pour  apprendre  les  vo- 
lontés du  sénat.  Ib. 

Gbbbmonibs.  Une  des  causes  de  leur  multiplicnté.  II, 
i5t-iS8.  V.  Fertilité  du  sol. 

GiBBS.  Ses  courses  imitées  de  celles  d'Isis.  II,  4^9* 
Iden^tité  de  leurs  fables.  Ib.  Vestiges  de  traditions 
sacerdotales  dans  la  fable  grecque  de  Gérés.  44^* 

Gbbidws;v,  la  force  aveugle  des  Gallois, s'unit  avec 
le  taureau  primordial  sorti  de  son  sein  et  en- 
fante avec  lui  l'œuf  cosmogonique.  III ,  271-272* 

Gi&SAR  cède  à  l'ascendant  des  superstitions  romai- 
nes. I,  53.  Ne  connaissait  que  les  frontières  de 
la  Germanie.  II ,  49*  ^*  Germains. 

Ghaldéeks  ,  leur  nécessité  aveugle.  III ,  21.  Suivant 
Gicéron,  non  pas  une  caste,  mais  un  peuple. 
236. 

Ghampollion  ,  V.  Egypte.  Ce  qu'il  dit  de  l'obscénité 
des  monuments  égyptiens.  II ,  126. 

Gharlbs-Quiiit.  1 ,  88.  Son   intérim  semblable  au 


iLLPHABÉTIQUE   ET    ANALYTIQUE.  ^^J 

concordat  de  Tempereur  chinois  long-lo.  II,  274. 

Chablbs  II ,   un  de   ses  moyens  pour  détruire  la 

liberté,  fut  d avilir  la  religion  par  le  ridicule.  I , 

Charles  IX  dirigé,  suivant  la  cour  de  Rome,  par  la 
volonté  de  Dieu.  II ,  249*  Son  hypocrisie  envers 
Coligny  et  les  protestants  considérée,  par  Gapilu« 
pi,  comme  un  don  de  Dieu.  Ib.  244'^4S* 

Ceaelbmagnb.  Ses  Capitulaires.  1 ,  328.  V.  Saxons. 

CHASTETi  (vœux  de)  parmi  les  Hurons.  I,  a55-a56. 
Chez  les  nègres.  256.  Son  mérite  provenant  de 
ridée  du  raffinement  dans  le  sacrifice.  349-35o. 
V.  Sacerdoce, 

Chateaubriand  s*est  laissé  entraîner  au  système  de 
l'utilité.  I,  I  i4-i  iS.  Anachronisme  qu'il  a  commis 
dans  ses  Martyrs.  i65.  Qu'en  le  critiquant,  nous 
n'en  rendons  pas  moins  hommage  à  son  talent 
et  à  son  caractère.  167.  Observation  juste  de  lui 
sur  rOlympe  et  le  paradis.  III,  355. 

Châtiments  des  dieux.  I,  266.  V.  Sauvages,  Féti" 
ches.  Chez  les  Chinois.  Exemple  rapporté  par  Le- 
comte.  261-262.  Chez  les  chrétiens  du  moyen 
âge.  263.  Chez  les  Napolitains,  en  1793  et  en 
i8o4«  Jb.  IV,  44  6^  svLiY. 

Chsops  fait  élever  les  plus  grandes  pyramides.  II , 
160.  N'ose  s'y  faire  enterrer.  161. 

Cheoc-fou  ,  cérémonie  chinoise  qui  consiste  à  re- 
cevoir les  captifs  pris  à  la  guerre  et  à  déterminer 
leur  sort,  n,  271. 

Chephben  persécute  le  sacerdoce.  II,  160.  N'ose  se 


Îl38  TABLfe 

faire  enterrer  dans  la  pyramide  qull  avait  fait  bâ- 
tir. 16 1. 

Cherbury.  I,  I2t, 

Chili  (  habitants  du),  croyant  les  aliments  des 
morts  de  couleur  noire  et  de  saveur  amère.  I, 
3oo. 

Chin  (lés),  objets  mystérieux  dé  Tadoration antique 
en  Chine.  II,  261.  Nous  n>n  connaissons  ni  la 
nature  ni  les  attributs.  It.  Leur  ressemblance  avec 
les  divinités  indiennes  et  égyptiennes.  li.  ^ 

Chiitb  ,  V,  Fétichisme.  Le  peuplé  y  adore  les  ser- 
pents. I,  235-236.  Chinois  préférant  la  mort  à 
avoir  la  tête  rasée.  I,  296-297.  V.  Mogols,  Pla- 
tonisme ou  théisme  de  quelques  philosophes  chi- 
nois. 236.  Immobilité  chinoise,  avenir  de  l'Europe, 
si  elle  manque  la  liberté.  Ib.  V.  Châtiments  des 
dieux.  Culte  des  éléments  à  la  Chine.  Empire 
des  prêtres.  II ,  4 1-42.  Rabaut  sur  la  Chine. 
42.  Lancienne  religion  de  la  Chine  une  re- 
ligion sacerdotale.  260.  V.  Cosmogonie^  Tritiitéf 
Figure  des  dieux ,  Incestes  des  dieux ,  Firginité^ 
Dualisme ,  Animaux  fabuleux  \  Sacrifices  hu- 
mains. L*autorité  sacerdotale  détruite  à  la  Chine 
par  un  événement  dont  nous  ignorons  les 
détails.  II ,  264.  Résultat  de  cette  victoire  du  pou- 
voir temporel.  1b. ^  265-273.  Contradictions,  su- 
perstitions ,  matérialisme,    oppression,    magie, 

4  remplaçant  la  religion.  Id. ,  ib.  Système  des  Chi- 
nois sur  rétat  des  âmes,  apràs  la  mort,  point 
d'individualité.  269.  Secte  qui  admet  Timmortalité 


ALPHABÉTIQUE    ET    ANALYTIQUE.  li() 

de  Tame.  Ib.  Définition  matérialiste  de  l'esprit  par 
les  Chinois.  269-270.  V.  Con/ucius.  Exemple  ré- 
cent de  la  cruaaté  chinoise.  Ib.j  272.  BretiTage 
d'immortalité  cherché  par  les  empereurs  chinois. 
273.  QuelquesTuns  meurent  pour  lavoir  bu.  Ib, 
Efforts  inutiles  de  quelques  empereurs,  pour  ra* 
mmer  la  croyance.  274*  Ia  Chine  en  quelque 
sorte  une  théocratie  d'athées.  276.  Regardait  la 
naissance  de  Fo-hi  comme  miraculeuse ,  en  ce 
qu'il  n'avait  point  de  père.  IV,  1284. 

Chihhono,  dieu  chinois,  inventeur  de  l'agriculture. 
II,  261.  Avait  une  tête  de  bœuf,  un  corps  hu- 
main et  un  front  de  dragon.  Ib.  Sa  victoire  sur 
Tchi-yeou.  262. 

CHi-rsoTTG.  II,  273.  Comble  de  richesses  les  bornes 
des  deux  sectes  ennemies  de  Fo  et  de  Laot-së.  Ib. 

Crorizontes,  secte  de  critiques,  qui  contestaient 
l'authenticité  des  épopées  homériques.  III,  438- 
439. 

CHRÉTrENS.  I,  XLIII-XLI  V.Preïniers  chrétiens  mépri- 
sent les  pompes  païennes,  ne  dressent  point  d'au- 
tels, ne  révèrent  point  de  simulacres.  60.  Amis  de 
la  Bberté.  87.  Traités  de  rebelles  par  les  païens. 
Ib.  Vopiscus  leut  reproche  de  n'être  jamais  con- 
tents. Ib. 

ChristiaiTiSmb.  Son  excellence,  quand  il  est  dans 
sa  pureté.  II ,  4^S.  Sa  perfectibilité.  486.  Modifi- 
cations qu'admettent,  sans  le  «avoir,  même  les 
catholiques.  487.  Citation  de  Frapsinous.  Ib.  A 
peine  était-il  fofiné ,  que  les  chrétiens  divisèrent 


/ 


a40  TJLBLE 

la  partie  publique  de  la  partie  secrète  du  culte. 
V,  6. 

Ch&ohos,  le  temps.  I,  179.  Précédant  en  apparence 
les  divinités  réelles.  Ib,  N*est  un  objet,  ni  d'espé- 
rance, ni  de  crainte,  ni  d'invocation.  196. 

Chrtsb,  Tune  des  Cjclades,  célèbre  par  l'es  mal- 
heurs dePhiloctèt^  II,  375.  Traces  de  sa  dispa- 
rution aperçues  par  M.  de  Choiseul-Gouffier.  Ib. 

Chute  primitive  (notion  d'une).  IV,   i6a.  A  pris 
sa    source    dans  l'opposition  du  bien  et  du  mal 
dans    l'intérieur  de   l'homme.    1 62-1 63.   Traces 
qu'on  en  trouve  dans  toutes  les  mythologies.  i63. 
Cette  hypothèse  n'acquérant  de  l'importance  et 
de  la  durée  que  dans  les  religions  sacerdotales. 
Ib.  Cette  notion  ayant  pénétré  dans  les  systèmes 
philosophiques  des  Grecs.  i63.  Platon  à  ce  sujet. 
Ib.  Ses  idées  sur  l'état  des  âmes.  Ib.  Sont  à  peu 
près  semblables  à  celles  des  Indiens.   1 63- 164. 
Disciples  d'Orphée  regardant  le  corps  comme  une 
prison.  Ib.  Différences  existant  entre  les  doctrines 
philosophiques  et  les  systèmes  religieux.  Ib.  Que 
cette  notion ,  reçue  dans  les  mystères ,  ne  se  re- 
connaît, dans  la  croyance  publique  des  Grecs, 
qu'à  quelques  traces  assez  confuses.  164.  Exem- 
ples. Ib.   Les   expiations  sans  rapport  avec  une 
dépravation  naturelle.  i65.  Délit  antérieur  à  no* 
tre  race  imaginé  par  le  sacerdoce.  i65.   Dans  le 
Shastabade ,  la  rébellion  desDebtahs.  Ib.  Au  Tbi- 
bet ,  l'union  des  sexes ,  le  crime  des  anges.  Ib. 
Intérêt  qu'ont  les  prêtres  à  accréditer  cette  no- 


ALPHâBlÊTIQUE   ET    ANALYTIQUE.  a/^l 

tion.  i66.  Supposition  d'une  chute  encourue  par 
la  Divinité  elle-même.  Jb.  Pour  exemple ,  Brama. 
166-167.  Doctrine  des  manichéens  qui  plaçaient 
le  mal  dans  la  matière.  167.  Combinaison  de  cette 
notion  avec  celle  de  la  métempsycose.  Ib. 

GiCBRON.  I,  6.  Les  Romains  attachés  au  poly- 
théisme voulaient  qu'on  brûlât  ses  livres.  52è-53. 
Cité  par  La  Mennais.  170,  II ,  98*  Yl  Comana. 

CoicoRcisiON.Ne  viendrait-elle  pas  de  l'idée  d'impu- 
reté attachée  à  l'union    des  sexes  ?  1 ,  257. 

Cliitdb ,  empereur.  Ses  superstitions.  I,  53. 

CusHBirT  D'ÂLBXAifnRiB  (  axiome  tolérant  de }.  1, 6f . 
Cité  par  La  Mennais.  170. 

Clbomèhs  sacrifie  un  taureau  à  la  mer.  II ,  3o8. 

Climat.  N'a  pu  contribuer  que  secondairement  à 
l'autorité  du  sacerdoce.  II,  149  16.  Le  sacerdoce 
a  été  revêtu  de  l'autorité  la  plus  illimitée  dans 
tous  les  climats.  i4  9  Y.  Conformités^  etc.  Dans 
des  climats  tout-à-fait  analogues^  il  a  eu  tantôt 
beaucoup,  tantôt  peu  de  pouvoir.  V.  Cai^^i.Qu'Hel- 
vétius  a  en  tort  de  nier  l'influence  du  climat.  i32. 
Comparaison  de  Vin  fluence  du  climat  du  Groenland 
et  de  celui  de  l'Inde.  i32-i33.  Comparaison  de  la 
mythologie  indienne  et  de  la  mythologie  Scandi- 
nave, sous  ce  rapport.  i34-i35.  Influence  du  cli- 
mat sur  les  fables  des  indigènes  de  Saint-Domin- 
gue. i35.Sur  cellesduGroënland.i36.  Différences 
des  fêtes  d'Italie  et  d'Egypte,  suivant  le  climat  de 
ces  deux  pays.  i36.  Action  du  climat  sur  les  fa- 
bles kamtschadales.  1 36- 137.  V.  Ganga.  Excès  du 

F.  16 


i/Jl'l  TA.BLK 

chaud  et  du  froid ,  également  contraire  au  dé?e- 
loppement  des  bcultéi  ;  preuves ,  Esquimaux  ei 
peuples  du  Labrador,  liy.  Les  prêtres  n'ont  cd 
d'influence  dans  le  Nord  que  par  les  coloniu. 
i36.  Action  du  cKmat  du  Midi  sur  le  sacerdoce. 
Ji.  Les  racines  de  son  pouvoir  mtûns  profondes 
dans  le  Nord  que  dans  le  Midi.  tH-t^S'  '^^' 
des  brames  n'a  été  atteint  que  légèrement  par  lu 
étrangers,  celui  des  druides  détruit  par  les  Ro- 
mains en  deux  siècles.  lig.  Facilité  avec  laquelle 
les  peuples  du  Nord  ont  cbangé  de  croyance,  t^ 
nacité  des  Indiens  à  cet  égard-  139-140.  Moyens 
des  Indiens  et  des  Scandinaves  pour  influer  sur 
leurs  dieux  en  raison  du  climat.  i43-i44-^-^''' 
lédictions ,  imprécations.  Austérités,  prières ,  effet 
stationnaire  des  climats  du  Midi.  i48.  Us  favori' 
sent  la  polygamie.  149.  V.  Polygamie.  En  rendant 
le  pouvoir  du  sacerdoce  plus  étendu ,  ils  l'adou- 
cissent. i5o.  Les  druides  toujours  féroces,  les 
brames  quelquefois  humains.  i5o-i5i.  Ils  incul- 
quent le  pardon  des  injures.  iSi.  Poètes  indiens 
et  persans,  Sadi ,  Hafiz,  sur  le  pardon  des  injures. 
Ib.  Le  climat  de  l'Inde  inspire  la  tolérance.  i53. 
Principes  de  tolérance  dans  le  Bhaguat-Gita.  i53- 
i54.  L'ennemi  de  Dieu  tué  par  lui  est  sauvé  par 
là  même.  iS4-  Le  sacerdoce  triomphe  pourtant 
parfois  de  la  douceur  du  climat.  164.  Atrocité 
dans  la  persécution  des  bouddhistes.  i54-i^5- 
Lutte  du  climat  de  la  Perse  et  de  la  Bactriane, 
relativement  au  pouvoir  sacerdotal.  ig5.  Variété 


ALPHABETIQUE    ET    ANALYTIQUE.  %^3 

des  cUraats  de  lempire  perse  prouvée  p^  les 
figures  des  ruines  de  Persépolis.  igS,  La  disposi- 
tion k  la  paresse  et  à  Tapathie  inspirée  aux  Indiens 
par  le  climat,  influe  sur  leurs  fables.  Les  êtres 
chargés  par  le  Dieu  suprême  de  créer  le  monde 
s  y  refusent ,  pour  se  livrer  à  la  contemplation.  III, 
178-179.  Charme  du  climat  de  Tlnde.  191.  Son 
influence  sur  leurs  cérémonies.  3oa-ao3.  Efforts 
des  brames  coptre  le  climat.  ai6. 

CLEms.  I,  79.  Assassiné  par  Alexandre.  Ib. 

Chbfh,  dieu  suprême  des  Égyptiens.  IV,  118.  L  œuf 
cosmogonique  sorti  de  sa  bouche  produit  Phthas , 
auparavant  le  premier  principe.  119. 

Coixnfs,  I,  121.  Incrédule  anglais. 

CoLURs,  auteur  A%V AccowUo/New  IVales^  prétend 
à  tort  que  1^  hc^itants  de  la  Nouvelle-Hollande 
nont  aucune  religion.  1,5. 

C01.0NIBS.  Que  toutes  les  nations  rapportent  leur 
origine  ou  leur  civilisation  à  des  colonies.  II,  17. 
Qu il  faut  distinguer  dans  lantiquité  quatre  es- 
pèces de  colonies.  19.  Colonies  purement  conqué- 
rantes. Ib.  20.  Purement  sacerdotales.  ao-ai.Ni 
sacerdotaleis  ni  conquérantes.  21.  Conquérantes 
et  sacerdotales.  Ib.  Aucune  de  ces  colonies  n  a  pu 
être  la  cause  première  du  pouvoir  sacerdotal.  24. 
Qa  on  s*est  exagéré  Tinfluence  des  colonies  sur 
la  Grèce.  339.  Erreur  de  Heeren  à  cet  égard.  Jb. 
Cette  erreur  favorisée  par  les  écrivains  grecs  eux- 
niêmes«  Pourquoi.  34i  Les  colonies  égyptiennes 
uëtaient  pas  composées  de  prêtres.  344*  Doivent 

16. 


.  a44  TABLE 

être  dirigées  en  deux  catégories  :  les  unes  sacer- 
dotales, allant  par  terre  en  Assyrie,  etc.,  et  y 
établissant  le  pouvoir  sacerdotal  ;  les  autres ,  non 
sacerdotales,  allant  par  mer  en  Grèce.  346.  Goer- 
res  sur  ces  dernières.  348.  Elles  ne'^connaissaient 
que  les  dehors  de  la  religion  égyptienne.  349- 
Sainte-Croix  a  là-dessus  la  même  opinion  que 
moi.  Ib.  Peu  d'intervalle  entre  les  lumières  de  ces 
colonies  ei  celles  des  Grecs  indigènes.  /*.  Cette 
circonstance  favomble  à  la  civilisation  des  Grecs. 
Ib.  Condition  pour  qu'une  colonie  civilise  des 
sauvages. /Â.  DiFTérence  des  langues  facilite  le  rap- 
prochement apparent  des  opinions.  35 1.  Exemple; 
tiré  de  la  Chine.  353.  Qu'il  en  fut  des  colonies 
thraces,  comme  des  égyptiennes.  355.  Fausses 
idées  des  modernes  sur  les  colonies.  SSp.  Colo- 
nies sacerdotales  de  Méroé  civilisant  et  asservis- 
sant  l'Egypte.  III ,  69.  Règle  de  ces  colonies  égyp- 
tiennes d'adopter,  en  se  l'identifiant,  une  partie 
du  culte  extérieur  des  indigènes.  Ib. 

CoHLitA  (  le  pontife  de  )  était  en  état  de  résister  au 
roi  par  les  armes.  Il,  98.  Potnpéeet  César  y  réu- 
nissent les  fonctions  pontificales  aux  fonctions 
royales.  99.  V.  Sacerdoce. 

CoHÉDis.  IV,  460.  A  quoi  elle  doit  sa  naissance  en 
Grèce.  Ib.  V.  Aristophane.  Sa  ressemblance  dans 
ses  premiers  temps  avec  tes  pièces  appelées  mys- 
tères par  les  chrétiens,  461.  Idée  profonde  qui 
peut  avoir  présidé  à  ces  imiutions  impies  en  ap- 
parence. Ib,  Qu'il  y  a  dans  la  gaieté  et  surtout 


ALPHABETIQUE    ET    AMALTTIQUE.  i^S 

dans  l'ironie  quelque  chose  qui  approche  du  vice^ 
46a.  La  raillerie  un  besoin  pour  le  peuple  d'A- 
thènes. 

CoNHUifioM ,  à  certaines  époques,  précédant  le 
meurtre.  1 1  xxi. 

Coufsssioh  ,  à  certaines  époques,  suivant  le  meur- 
tre. I,  XII.  Saint  Chrjsostôme  dit  qu'il  faut  se 
confesser  à  Dieu  et  non  aux  hommes.  63. 

Conformités  dans  les  cosmogonies ,  les  traditions, 
les  usages,  les  rites  de  tous  les  peuples.  I,  i58, 
1S9,  160.  V.  PeupU primitif ,  jinna  puma  devi, 

.  Atma  perenna.  Dans  les  épreuves  imposées  aux 
jongleurs  et  dans  celles  des  mystères.  3a3.  Dans 
l'admission  des  prêtres  chez  les  montagnards  de 
l'Inde  et  dans  celle  des  jongleurs.  3a3.  Entre  les 
mages,  les  druides,  les  prêtres  de  l'Egypte,  les 
brames  et  les  droites  de  la  Scandinavie.  II,i4-iS. 
Usage  commun  aux  Grec»  et  aux  Arabes  d'arroser 
d'huile  et  de  vin  les  pierres  qu'ils  adoraient.  Si. 

Coufucris.  Ses  ouvrages  peu  favorables  à  la  dignité 
ou  à  la  liberté  de  l'espèce  humaine.  Sa  morale  tri- 
viale, sa  politique  servile.  II,  371.  Est  l'auteur  de 
l'Yking,  ou  livre  des  sorts.  Ib. 

CoiiGo(pa;s  deV  y .  PhénonùrKS  physiques. 

CoHSTAHTiK.  Massacres  religieux  qui  suivireut  s.t 
conversion.  I,  61. 

CoHSTiTUAHTS  (assemblée),  Sesdécreisimprudenu, 
quant  au  clergé,  1,  i5o. 

ConTuisMCE    EXCESSIVE  ,  supplice  douloureux.    I . 


3^6  TABLE 

CoRBDLOR  détroit  la  capitale  de  l'Arménie  sur  la  foi 

d'un  miracle.  I,  3o3.  V.  Tacite. 
CoBiiiTaB( courtisanes  de).  III,  386. 
CosiHGA.  V,  Sacerdoce. 

CosHoooHis.  Les  divïnités  cosmogoniqaes  des  Grecs 
précèdent  en  apparence  leurs  divinités  réelles. 
I,  179.  V.  Chronot,  Rhée ,  VÉrèbe.  Leurs  fêtes 
sans  rapports  avec  les  relations  des  dieux  et  des 
hommes.  196.  Œuf  cosmogonique  chez  les  Chi- 
nois.  II,  a6i.  Les  divinités  cosmogoni^es  ne 
sont  pointl'objet  d'un  culte  national.  387.  Cosmo- 
gonie phénicienne  et  égyptienne.  III,  54-  Res- 
semblance des  coamogonies  chinoise,  indienoe 
et  Scandinave.  55.  Mythologie  nouvelle  créée  par 
les  cosmogoiiies.  87.  Générations  monstrueuses, 
viols,  meurtres,  dam  la  cosmogonie  indienne, 
comme  dans  toutes  les  cosmogonies  sacerdo- 
tales. 173.  Fable  d'Atri.et  deson  gertneflottant 
dans  l'Océan  et  devenant  la  lune.  III,  t^S.  Cos- 
mogonies sanglantes  et  obscènes  chex  les  Chal- 
déens.  a38. 

CoTTos.  y.Briarée. 

CoTTTTO  (  prêtres  de  ).'  1 ,  78. 

CoDHiSB  GiBELiif ,  suF  le  théisme  primitif.  I,3ia- 
3i3. 

CooBTiSARS  du  roi  de  Perse  élevant  dans  leurs  repas 
un  autel  au  génie  du  roi.  II,  193,  Adoration  qui, 
au  grand  scandale  des  Grecs,  tut  imitée  par  un 
Argien  nommé  Nîcostrate.  16. 

CkjLigs  (  Jean  ) ,  auteur    des  principes  mathémati- 


ALPHABÉTIQUE    KT   AKALTTIQUE.  rktfj 

ques  de  k   religion  chrétienne.  V.  Allemagne 
protestante, 

Chjbtb,  route  par  laquelle  les  religions  sacerdotales 
se  rapprochèrent  de  Grèce.  II ,  376. 

CBEUTa^B.  I,  x36,  137,  i33.  V.  Guignaud.  Recon- 
naît la  différence  entre  les  religions  sacerdotales 
et  celle  dés  Grecs.  II ,  1187-288.  Croit  à  tort  à  la 
supériorité  des  prêtres  sur  le  peuple.  li.  3o5-3o6. 
Se  trompe  en  croyant  le  symbole  et  Timage  la 
science  d'une  caste,  tandis  que  ce  n'était  primiti* 
Tement  que  le  langage  universel.  A.  Son  erreur 
sur  la  fête  des  Apaturies.  347.  Ses  regrets  sur  la 
chute  de  la  religion  sacerdotale  en  Grèccw  M.  358. 
Il  reconnaît,  malgré  son  système,  le  caractère 
particulier  de  la  religion  grecque,  457*  Son  élogé 
du  régime  des  castes.  483.  Son  erreur  aur  les  in- 
carnations, m,  ai3.  Ses  aveux  sur  l'esprit  non 
symbolique  du  polythéisme  homérique.  3ia.  Sa 
définition   de  la   mythologie  comparée  à   celle 
d*Herman.  III,  3i4*  Reconnaît  deux  doctrines 
diez  les  Perdes,  Funité  et  le  dualisme.  lY,  i54- 
Mais  méconnaît  les  fluctuations  du  sentiment  re- 
ligieux. Ib. 

CaisHNA.  Révèle  des  vérités  déjà  annoncées  aux 
hommes,  mais  oubliées.  Antiquité  mise  en  avant 
par  tous  les  réformateurs.  I ,  i75«  Lorsquil  ouvre 
sa  bouche  vermeille,  y  montre  réunies  les  tner- 
veilles  de  Fuhivers.  II,  t34.  Sa  tolérance,  i53. 
Son  identité  avetï  Apollon.  II ,  394.  V.  Apollon. 
Peinture  de  Chrischna  par  Aijoun.  III,  44»  4^» 


a48  TABLE 

46.  V,  Ârjoun.  Se  définit  luî-mime.  47i  ^^k- 
Relère  les  aines  des  femmes  de  l'anathème  (jui 
peiait  sur  elles.  io5.  Discours  qu'il  adresse  à  son 
disciple  Arjoun.  io4-io5.  Est  la  huitième  ou  U 
dix-septième  incarnation  de  Wichnou.  109.  Daiu 
son  enfance  dérobait  aux  nymphes  le  lait  de  leurs 
troupeaux.  160.  Son  histoire  tout  astronomi- 
que. i3o.  Ses  efforts  contre  les  pratiques  licen- 
cieuses. }b.  9i5-ai6. 
Cucis.  Montagnards  de  Tipra,  bien  que  fétichistes 
et  très-féroces,  adorent  un  grand  esprit.  I,  338- 
aSp.  V.  Bengale,  Tipra. 
CnnwORTB.  Ses  explications  de  Mithra.  I,  i85.  V. 

MUhra. 
CiTLTE.  Nécessaire   à  l'homme  pour  lui   constater 
qu'il  est  avec  ses  semblables  en  communauté  de 
€uvyance.  I,  4<. 
CnT-TBBTBs.   Caste  des  guerriers  dans  l'Inde;  ils  se- 
couent l'autorité  des  bramines.  Il,  176.  Sont  dé- 
faits et  exterminés  par  les  bramines  commandes 
par  Para-Surama.  Ib.  V.  Lutte  du  pouvoir  tempo- 
rel contre  le  pouvoir  spirituel,  Beia.  La  caste  des 
guerriers  détruite  en  entier  dans  un  des  boule- 
'versements  physiques  du  monde.  178. 
Ctbklb.  Son   culte  et  ses   mutilations ,   d'origine 
phrygienne.  II,  377.  Identité  de  ses  fables  et  de 
celles  de  Cérès.  43g. 
Ctcliqdbs  (poètes).  Ne  nous  apprennent  sur  la  re- 
ligion grecque  que  ce  qu'Homère  nous  apprend. 
Ut,  3oi. 


ALPHABÉTIQUE    BT    ANALYTIQUE.  ^49 

Ctbus.  V.  Bonaparte^  Agradate.  Sa  harangue  pour 
soulever  les  Perses  contre  les  Mèdes.  11^  i83-i84* 
Sa  TÎctoire  sur  ce  peuple  efféminé.  Ib.  i85.  A^ 
cendant  de  la  civilisation  Mède  sur  lui.  i86.  Ma- 
nière dont  il  accueille  la  religion  des  Mèdes,  en 
la  faisant  réformer  par  Jaroastre.  190/Entoure 
la  royauté  des  honneurs  divins,  iga.  Y.  Perse. 
Erreur  de  Michaèlis  sur  Cyrus,  qu'il  croit  s*être 
converti  au  culte  des  Juifs.  III,  a47*^4^* 

CTaus-LB-JsmiB.  III,  25i.  Son  polythébme.  /£•  A«- 
pasie,  sa  maîtresse,  érige  une  statue  à  Vénus. 
Ib.  En  devient  la  prêtresse  après  la  mort  de  son 
amant.  /£. 

D. 

Dabistah.  Livre  indien.  II,  68» 

Dâchsa.  Beau-père  de  Schiven.  IV ,  8-9.  V.  Malé" 
dictions^  Schiven.  Finit  par  être  un  symbole  pan- 
théiste. 9.  V.  Aditjras.  ' 

Dacttlbs.  II,  H75.  Adoraient  les  éléments^  376. 
Combinaient  la  métallurgie  et  FastronomicK* 

Daiei.  Chef  du  spirituel  aU  Japon.  II,  275.  Est 
subordonné  au  Koubo,  chef  du  pouvoir  tem- 
porel. Ib. 

Djuiascius.  De  principus.  V.  Perse. 

DiMus.  V.  Pêne. 

DiTiD.  V.  Adam.  Brigue  i'amitié  d'Hannon ,  roi  des 
Ammonites.  II,  207. 

DinREs.  Portent  à  leurs  morts  de  quoi  se  nourrir. 


a5o  TABLE 

I,  285.6e  prétendent  totu  prêtres  et  devins.  358. 
Décébalx.  V.  Gitet. 

DelawarU.  Leurh^ne  du  combat;  esprit  religieui 
dont  il  est  empreint.  I,  270-271.  Attribuent  leur 
civilisaiion  aux  animauK.  iio.  Leur  tradition  mr 
les  Iionneiirs  divins  rendus  à  la  chouette.  a34. 
DÉLOs.  Les  cérémonies  qu'on  j  pratiquait  étaient 
difTérentes  des  rites  populaires  de  la  Grèce.  11, 
374. 
.Delphes.  Circonstances  qui  y  étaient  favorables  > 
'  l'exaltation  religieuse.  II,  368.  V.  Greei.  Homère 
ne  taie  point  mention  de  Delphes.  3G9.  \,TAracei. 
DKNnr.niTE.  I,  6.  Un  de  ceux  qui  disent  que  le 
seniiiiieat  reKgieux  n'est  qu'une  grande  erreur,  li. 
Oémomilogis.  rV,  laî.  D'où  vient  cette  immensité 
lie  Ak'ux  subalternes,  de  génies  et  d'intermédiaires 
qui  peuplent  les  croyances  soumises  eux  prètres- 
1 24-  f)énions  égyptiens  appelés  Décans ,  au  nom- 
bre (le  trente-six,  suivant  Celse.  16.  Trois  attachés 
à  chaque  dieu  supérieur,  fi.  Chacun  comman- 
dant .1  des  intelligences  inférieures,  ce  qui  porte 
Ifcur  nbmbre  i  trois  Cent  soitante.  It.  Leur  acii- 
vité.  1 2  j- 12 5.  Pureté  des  unsjlenr  bienfaisance; 
■  'pArotct'tiOW  qu'ils  accordent  aux  mortels.  laS.Oni 
pour  chef  Osiris.  Ib.  Impureté  des  autres;  leur 
malignité  trahie  par  une  queue  dé  serpent.  Z^- 
Vaincus  par  Horus;  leur  sang  m&é  i  la  terre 
prodiiît  II  vigne.  ia5i  Ont  pour  chef  Typhon. /*■ 
La  nation  des  divinités  méchantes  étrangères  au 
pulythéârtté  IndépebdiHt,  faisant  toigours  partie 


ÀLPHABÉTIQUB   KT   ANALYTIQUE.  %Bt 

du  polythéisme  sacerdotal.  H.  Hiérarchie  insti- 
tuée dans  les  enfers  comme  dans  le  cieL  ia6. 
S'identifie  d'un  côté  avec  la  religion  populaire, 
et  rentre  d'un  autre  dans  la  doctrine  scientifique. 
Ib.  Sens  astronomique  qui  s'y  trouve  attaché.  Jb. 
Typhon  devient  Sérapis,  le  soleil  en  hiver.  /&. 
Est  le  dieu  des  eikfers  dans  la  croyance  du  peu- 
ple. Ib.  Qail  tn  est  de  même  de  la  démonologie 
des  Perses.  137.  Preuves.  Ib.  Les  fervers,  idées 
prototypes  conçues  dans  l'esprit  du  premier  être, 
derenant  des  créatures  vivatites.  Ib*  Ces  fervers 
h  'source  ée  tout  bien  et  de  toute  perfection. 
n8.C!haque  être  dans  la  nature  a  son  ferrer,  Ib. 
Démonologle  indienne  peu  différente  de  l'égyp- 
tienne. Ib.  Dévétas,  démons  siibaltemes  au  nom- 
bre de  plusieurs  millions.  Ib.  Qu^  les  Hébreux 
enrent  aussi  lèuf  démonologie,  surtout  depuis 
1»  captivité  de  Bàbylone.  i^g.  Leurf  anges  sem- 
blables aux  dévétas  indieiirs»  Ib.  Dieu  entouré  de 
^pt  anges,  comme  les  sejit  amschaspan5./(.Gette 
démottologie  fondée  pritioipalëment  sur  le  sys- 
tème des  émanations.  Ib.  Éons^  pareils  aux  Atres 
intermédiaires  des  écoles  orphiques,  pythago- 
nciennes  et  platoniciennes.  Ib.  Trois  créent  le 
nonde  et  conmluniqûent  aux  hommes  les  décrets 
''Wns.  Ib.  Chrétiens,  selon  Greutzer,  ayant  em- 
pninté  leur  démonologie  en  partie  des  Hébreux , 
^Q  partie  des  platoniciens;  Ib.  Autorités  qu'il  cite 
il  appui.  Ib,  Démonologie  inférieure  des  nations 
«cerdotales.  i3o,  Esprits  de  l'air,  des  fleuves. 


) 


à>i 


il«6boi9,etc.  en  Allemagne.  Ih.  Fanusques pluioi 
que  méchants.  lù.  Géniea  des  sources  du  fiagarjii 
lUx  Indes.  Ib.  Enlèvent  les  adolescents  des  àm 
sexes,  qui  deviennent  semblables  àeux./A.  Histoin 
d'un  en&nt  tombé  dans  leurs  pièges.  i3o-i3i.  Re- 
lation entre  la  croyance  religieuse  et  cette  démo- 
uologie  inférieure ,  prouvée  par  la  faculté  d«  pK- 
dire  l'avenir ,  accordée  aux  brames  qui  pénélraicDi 
dans  les  lieux  habités  par  ces  esprits.  lè.  Le  ma' 
<^/non  signifiant  dieudansriliade./£.  Que  la  démo 
nologieneparutenGrècesouslenomdema^wqui 
lors  de  la  décadence  du  polythéisme  indépeiwlin' 
i3i-i3a. Qu'Hésiode  qui  parle  des  démons,  ani 
puisé  ces  idées  dans  des  traditions  méridionale 
1 3a.  Creutzer  à  ce  sujet.  lè.  Qu'il  en  fut  de  mèm 
des  philosophes.  Ji.  Que  la  croyance  populaire  de 
Grecs  repoussa  long-temps  ces  additions  eiou 
<{ues.  i33.  Que  même  lorsqu'ils  eurent  admis  dt 
dieux  secondaires ,  ces  dieux  ne  formèrent  janui 
qu'une  foule  anarchiqui:  et  incohérente,  sans  coi 
sislance,  sans  hiérarchie.  16.  Debtahs  destin» 
séduire  les  créatures  qui  doivent  être  éprouïé» 
i5S.  Ames  corrompues  chez  les  Egypùens,  pow 
sant  au  mal  les  nouveaux  corps  dans  lesquels  ell< 
uniraient,  fô.  Les  dieux  cliez  les  Grecs  queiqut 
fois  instigateurs  des  crimes,  mais  pour  leur  inK 
lèt  personnel.  1 5g.  L'hypothèse  d'esprits  se  cor 
sacrant  au  mal,  pour  le  seul  plaisir  de  le  fai" 
iippaitenant  exclusivement  aux  religions  sa«rûo 
taies.  iSg.  Contradiction  des  théologiens  sur  I 


ALPHABETIQUE    ET  ANALYTIQUE.  a53 

diable.  i5g.  Supposition  d'un  d'entre  eux.  Ib.  In- 
fluence fâcheuse  de  cette  notion  sur  la  morale. 
îb.  Anecdote  de  lami  de  saint  Bruno.  i€o. 

Dexys  d'HALicAB nasse.  I,  5i.  Sur  les  superstitions 
romaines.  Ib. 

DucBTo.  Son  histoire  et  celle  de  Séniiramis  chez  les 
Syriens.  III ,  240.  D^abord  moitié  femme  et  moi- 
tié poisson.  lY ,  7.  Bientôt  femme  de  la  tête  aux 
pieds.  Ib.  Sa  figure  se  complique  de  nouveau.  Ib, 

DssiTiB,  manuscrit  indien.  II,  68. 

Des  Brosses.  Sur  le  culte  des  dieux  fétiches.  II  ^  60. 

DisTiNEB.  Cette  notion ,  une  explication  ou  une  ex- 
cuse, quand  les  dieux  manquent  au  traité  que  la 
religion  suppose.  III,  358«  Contradictions   iné-^ 
Titables  dans  cette  notion.  73.  Manière  opposée 
dont  les  hommes  l'enTisagent  tour  à  tour.  Ib.  Faits 
à  Tappuî.  Ib.  Les  dieux  eux-mêmes  Tinvoquent 
pour  se  justifier.  36 1.  Lucien  s*égaie  sur  ces  con- 
tradictions. 362.  Mêmes  contradictions  dans  les 
rapports  des  hommes  avec  la  destinée.  Ib,  Exem- 
ples. Ib.  Qu'une  fatalité  absolue  serait  destruc- 
tiYc  de  tout  culte.  364*  Les  peuples  qui  se  croient 
fatalistes ,  les  Mahomëtans ,  par  exemple ,  se  trom- 
pent sur  leurs  opinions  qu'ils  démentent  par  leurs 
actes.  Ib.  Que  Tunité  de  Dieu  rend  le  problème 
plus  insoluble.  364*365.  La  question    ne  peut 
ttre  résolue  qu'en  abjurant  tout  anthropomor- 
phisme. 365.  Que  le  problème  n'est  pas  moins 
insoluble  dans  les  religions  sacerdotales  que  dans 
les  croyances  libres.  IV,  55.  Que  les  prêtres  sef- 


a 54  TABLE 

forcent  seulement  de  l'éluder  par    des    sopb 
mes  plu)  compliqués  et  des  subtilités  plus  îninb 
ligibles.   li.   Destinée  immuable   pesant   sur  1 
dieux  et  les  hommes.  55.  Idées  de»  Indiens  à  > 
sujet.  55-56.  Enlèvement  de  Sita ,  malgré  les  in. 
mortels.  56.  Fatalité  thibétaine  ayant  fixé  par  di 
lois  invanables  tous  les  événements,   depuis  l 
commencement  des  êtres  jusqu'à  leur  fin.  II/.  Lt 
dieux  de  la  Scandinavie  essayant  en  vain  de  ré- 
sister au  décret  fatal  qui  condamne  Balder  à  l 
moi't.  lè.  Ce  flieu  protégé  par  Freya  ,  mourani 
blessé  par  la  ronce  que  le  déesse  avait  oublié  iJ« 
solliciter.  56.  Contradiction  renfermée  dans  ce  ré- 
cit. Ji.  Que  les  dieux  ont  quelquefois  de  Yauio- 
rite  sur  la  destinée,  mais  que  quand  ils  se  sont 
prononcés,  ils  ne  peuvent  plus  revenir  surleurs 
propres  décrets.  S^.  Brama  inscrivant  sur  la  tète 
de  chaque  individu  qui  naît  le  sort  qui  l'attend, 
et  jugeant  ensuite  chacun  selon  ses  œuvres.  In- 
conséquence qui  se  reproduit  partout.   16.  Be-  i 
latiors    d'Odîn    avec    la    destinée.    lè,    Gioirt  i 
des   dieux   tenant   quelquefois    la    place  de  la  > 
destiDee.  16,  Saint  Phibppe  à  cet  égard.  /^.  Q"^  *i 
cette  gloire  ,   au    fond  ,    n'est    qu'une    borne  « 
à  leur  puissance.  58,  Prescience  divine,  autreâil-  ^ 
ficultc.  It.  Ce  qu'elle  est  dans  le  polythéisme  ho-  < 
méritjue.  16.  Beaucoup  plus  étendue  dans  '^  ^'  '' 
gtiat-Gita.  Ib.   Qu'on  ne  peut  accorder  la  pi**'  i 
cience  des  effets  avec  l'ignorance  des  causer-  ''''   k 
Subtilités  de  saint  Philippe  à  ce  si^et  H-  Lop?"^  ^ 


ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE.     a55 

des  prêtres  impuissante.  S9.  N'ont  qu'un  privi» 
lége,  celui  d'interdire  i'examen.  Sp. 

DiTERDRBir  j  chef  des  demi<lieux.  V.  MaUdiciion.  Ses 
amours  illégitimes  et  sa  punition.  III,  i48.  Ex- 
plication astronomique  de  cette  iàble.  Ib.  Chefi 
des  génies  du  secqnd  ordre,  dans  la  démonolo- 
gie  sacerdotale.  Ib* 

Detihs  cases  différant  des  prêtres ,  et  n'étant  pas 
membres  du  sacerdoce.  II,  3o3-3o4.  V.  Xino* 
phon. 

DiÀOTAS,  hérétiques  indiens.  III,  laS.  Leurs  rites 
et  leurs  opinions.  Ib.  Leur  doctrine  aboutit  au 
panthéisme.  ia6. 

DuHs ,  hermaphrodite ,  dans  le  7*  hymne  orphique. 
II,  399.  Puissance  cosmogonique  à  Délos.  4^3. 
Féroce  chez  les  Scythes.  Ib,  Monstrueuse  par  ses 
formes.  Ib,  Sa  figure  sacerdotale  à  Ephèse.  4o4* 
Description  de  sa  statue.  Ib,  Combien  elle  est  dif- 
férente dans  la  mytiiologie  grecque.  4o5.  Déesse 
delà  chasse  en  Grèce,  parce  qu'Isis,  à  la  tête 
d'une  meute ,  avait  cherché  le  corps  d'Osiris.  4o6. 
La  lune,  parce  qu'Isis  était  la  lune.  Ib,  Malfai- 
sante, parce  qu'identique  btcc  Tithramho.  Ib, 
Séparée  ensuite  de  la  lune  par  les  Grecs.  407.  Sa 
virginité,  une  idée  sacerdotale.  Ib,  Elle  préside 
aux  ac<;ouchements  et  cause  aussi  les  maladies  et  la 
mort  des  femmes.  Combinaison  du  pouvoir  qui 
crée  et  du  pouvoir  qui  détruit.  J^/oj,  Son  carac- 
tère dorien.  III ,  ^85. 

Du&XEUASTBS ,  critiques  qui ,  suivant  les  scholiastes 


»56  TABLE 

de  Venise ,  retravaillèrent  les  poèmes  homériques. 
lU,  448. 

D«MscHiD ,  chez  les  Perses  ,■  l'année  solaire,  l'inven- 
teur de  la  scii-nce  et  un  conquérant.  III,  a44- 

DiEcx.  Pourquoi  leur»  vices  ne  corrompent  pas  tou- 
jours leurs  aitiiraieurs.  I,  64»  8a.  Caractère  pu- 
c  et  caractère  privé  des  dieux.  /ft.V.  Châtiments 
des  dieux.  Les  jongleurs  prétendent  pouTwr 
faire  violence  aux  dieux.  C'est  une  prétention 
(les  prêtres  à  toutes  les  époques.  Sag.  Leur 
Sgure  maintenue  hideuse  par  le  sacerdoce.  355. 
Ceux  de  lÉgypte  et  de  l'Inde  toujours  mons- 
trueux. Ceux  (le  la  Grèce  d'une  beauté  idéale,  ib. 
N'ont  point  de  dénominations  distinctives  dans 
le  fétichisme ,  en  prennent  dans  l'état  de  barlw- 
rie.  II,  8.  Dieux  animaux,  Apis,  Anubis ,  Buba»- 
tis,  III,  lo-ii.  Leur  caractère  dans  les  rebgions 
sacerdotales,  IV,  19.  Traits  distinctifs  des  diem 
homériques.  20.  Ceux  du  sacerdoce  non  moins 
mercenaires  et  non  moins  superbes ,  mille  fois 
plus  capricieux ,  etc.  Ib.  Pourquoi.  Ib.  Les  dieux, 
instruments  d'une  corpordtîon ,  doivent  vouloir 
tout  ce  qu'elle  veut.  Ib,  Modes  d'adorations,  l'hu- 
miliation et  l'abaissement,  ai.  Qu'on  ne  pouvait 
entrer  dans  les  forêts  de  la  Germanie  sans  s'êire 
fait  charger  de  lers.  Ib.  Vénalité  et  avidité  de  ces 
dieux,  aa.  Rusos  que  les  Brames  emploient  pour 
s'attirer  des  dons.  Ib.  Les  dieux  du  sacerdoce  ont, 
comme  les  dieux  d'Homèi-e,  les  meeurs  des  peu- 
ples qui  les  encensent.  2i-aa.  Preuves,  aaetsuiv. 


ALPHABÉTIQUE   ST    ANALYTIQUE.  sSy 

surnomA  de  ces  dieux.  aa-^S.  Ijes  dées- 
ses ont  plus  de  crédk  dans  le  Valhalk  que  dans 
rOlympe.  a4.  Dieux  se  (aisant  expier  des  meurtres 
qu*ils  ont  commis;  *i4*^S*  Leurs  aliments  apprê- 
tés sur  le  modèle  de  ceux  des  hommes.  Ib.  Letir 
▼oiacité.  Ib.  L  autel  appelé  la  table  de  Dieu  chez 
les  Hâbreux.  Ib,  Dieux  affamés  chez  les  habitants 
de  la  Bohême.  26.  Leurs  forces  bornées.  Ib,  Leurs 
infirmités.  26-27.  Leurs , infortunes.  Ib.  Lac  for- 
mé des  pleurs  de  Siya  et  Wichnou.  Ib.  Sont  acces- 
sibles- à  VetÏToi.  Exemples.  27.  La  vieillesse  les 
atteint.  Ib,  Une  pomme  les  rajeunit.  16.  Leur  vue 
biUe  et  circonscrite.  28.  Jéhovah  s'éveille  la  nuit 
et  se  levé  le  matin  pour  surveiller  les  prophètes.  Jb. 
Ils  sont  exposés  à  la  mort.  Ib.  Bornes  de  leurs  fa- 
cultés morales.  29^  Corbeaux  d'Odin.  Ib.  Sa  jalou- 
sie contre  un  géant  Ib.  Source  de  la  science.  Ib. 
Himisla  garde.  3o.  Odin  le  corrompt,  en  lui  lais- 
sant un  de  ses  jeux  en  gage.  3o.  L'erreur  souvent 
le  partage  de  ces  dieux.  3o.  Sont  semblables  par 
ieors  passions  aux  dieux  de  Tlliade.  3o-3i.  Ëxem  - 
pies.  3i.  Anecdotes  où  les  dieux  sont  pris  pour 
dupes.  3o.  Leurs  parjures.  32-33.  Point  de  res- 
semblance du  dieu  des  Juifs  avec  les  dieux  d'Ho- 
mère. 33.  Que  le  sacerdoce  fait  assez  habituelle- 
ment un  mérite  à  ces  dieux  de  l'artifice  et  de  la 
ruse.  33*34.  Mahomet  appelle  Dieu  le  plus  admira- 
ble des  trompeurs.  34«  Cali  >  par  la  fraude ,  gagne 
aujeuleroyaumedeNala^roi  deNishada.  Ib.  L'en- 
Yîe  tourmente  ces  dieux.  35.  Le  plus  grand  crime 

V.  17 


358  TIBLB. 

à  leurs  yeux,c'c»t  l'oi^ueil.  Ib.  Rois  punis  de  leur 
prospérité.  H.  V.  Grecs  modernes.  Géants  du  pajs 
d'Anahuac ,  frappés  de  la  fondre.  Pourqaoi.  36. 
Histoil«  de  Zernojewitch  et  de  la  fille  du  doge  de 
Venise.  Ib.  A  l'envie  et  à  l'imposture  se  joint  U 
trahison.  87.  Précautions  absurdes  qu'on  prend 
pour  s'en  garantir.  /&.  Apollon  enchaîné  par  les  Tj- 
riens.  Ib.  Délivré  par  Alexandre.  Ib.  Signification 
mystérieuse  de  cet  usage.  3^-38.  Double  sens  que 
le  sacerdoce  7  attachait.  38.  Le  plus  vulgaire  do- 
minait seul  dans  la  religion  publique.  Ib.  Véné- 
Tatiou  peu  sincère  que  ces  dieux  inspirent  à  leurs 
adorateurs.  Ib.  Fables  qui  montrent  les  hommes 
prêts  à  se  révolter  contre  eux.  "i^^a.  Que  ces  fa- 
bles prouvent  l'ascendant  de  la  logique  surlei 
prêtres  et  sur  le  peuple.  Comment.  4o-4i-  opi- 
nion que  les  dieux  peuvent  être  punis  par  les  hom- 
mes, inhérente  au  fétichisme,  s'affaiblitsant  â 
mesure  que  le  polythéisme  bit  des  progrès.  44- 
Achille  reconnaît  son  impuissance  à  se  venger 
-d' Apollon.  4S-  Pausanias  ne  voit  que  de  la  dé- 
mence dans  l'action  de  lyndare,  faisant  voiler  la 
statue  de  Vénus ,  pour  la  punir  du  dérèglement 
de  ses  filles.  45.  Que  l'homme  policé  revient  ce- 
pendant quelquefois  à  cette  idée  dans  les  calami- 
tés imprévues.  Ib.  Exemples.  4^4^-  Que  cette 
fureur  sacrilège  qui  n'est  qu'un  mouvement  for- 
tuit dans  le  polythéisme  indépendant,  devient 
dans  les  religions  sacerdotales  un  dogme  consa- 
cré. 46.  Prêtres  d'Egypte  immolant  des  animaux 


ALPHABÉTIQUE   £1*   ANALYTIQUE.  ^aS^ 

tonsacrés  dans  les  grandes  calamités.  46-47* Thra- 
ces  lançant,  durant  l'orage,  des  flèches  contre  le 
del  pour  punir  le  dieu  du  tonnerre.  Ib.  PsyUes 
dëdâoant  la  guerre  à  la  Ditinité  qui  dirigeait  le 
▼ent  du  midi.  Ib.  Indiens  accablant  leurs  dieux 
d Injures  et  fermant  leurs  temples  avec  des  fagots 
d^épines.  U.  Tous  les  peuples  soumis  aux  prêtres 
ont  pensé  qu'on  pouvait  contraindre  les  dieux  .48. 
Talismans  des  Sabéens.  tt.  Docteurs  jaifs  ensei- 
gnant des  moyens  de  contrainte  contre  Jéhovah. 
Ib,  V.  Maniramsj  Bala,  Guigniaudk  ce  sujet,  ainsi 
que  Ménandre  et  saint  Chrysostôme.  49-^0*  Puis- 
sance des  prêtres  dans  FAttereya-Brachmana  du 
Rigreda  élevée  fort  au-dessus  de  celle  des  dieux. 
5o,  Prêtres,  dans  les  cérémonies  funéraires,  fai- 
sant descendre  les  dieux ,  puis  les  congédiant.  Ib. 
Prétextant,  si  ces  dieux  ne  sont  pas  dociles,  un 
oubli  ou  une  souillure  de  la  part  de  leurs  adora- 
teurs. 5o-5i.  Malédictions  dans  la  bouche  des 
prêtres,  douée  d'une  aussi  vaste  influence  que  la 
prière.  Y.  Malédiction^  CUmaL  Bouddha,  mau- 
dit par  une  de  ses  amantes,  est  abandonné  de 
tous  ses  adorateurs.  5i.  La  fille  de  Tarouka  est 
transformée  en  monstre  par  1  anathème  d'un  sage. 
5i.  Parwatti  est  privée  de  son  culte  par  les  im- 
précations d'un  pénitent  qu'elle  avait  outragé;  Ih. 
Dieux  de  l'Egypte  exposés  aux  mêmes  périls.  Sa. 
Menaces  que  leur  font  leurs  prêtres.  Ib.  Que  cette 
juridiction  révèle  la  cause  d'un  fait  célèbre  dans 
rhiatoîre  grecque.  Ib.  D'où  venait  Tétonnement 

'7- 


•^*  TABLE 


«OUI*  /reventes  dans  les  r Jk  *  ^""°"P 

fo.  les  dieux  de  h  Grèce  „,"••        ^"""^«O'- 

«««de,  ne  prouve  ril         .    *''""'*  ^'«'«J»'"  H- 

cie  /"l-w!^Xte  iàWe  tt  ''^  ^  •"'«^^« 
de  i'Qrient.  V».  Ou?i    '     ^'''«™«»*  empruntée 

ie  paI,U.éi.„.e  li«i,:S  '^^'^'^  •"'»«  '^- 
<*«  *«  Indiens  Som!  t.  °**"*  «"P«^rieurs 
"6-  Chez  les^;f?T'  '"'''^  «  »«"»»•  "5- 
i«  Scandinave,    S  ^''""-Akreine.  li.  chez 

^«1*.  /*.  Cette'  st^"'  *•  ^'''*'««  ^^en». 

*^**^'*  aux  reuZ       ^"*^  •»"'  ^Priment  ce 
^««««««up^'^^Sfr:  ^^«Jotales.  ,.6  et  suiv. 

.^«t«  dive«i,^.  ^«-GiU  immuable,  étranger  à 

«^us  le,  élément.  Il  *"  ^"P^"'  «P««  de 

«-««•«n»  du  monde  )/*<:!"^^*'"*  P°'"» '«»  «K^- 

-?i*»««.  Plonséda'n.     ^°"»«»«««dom  chez  les 

#^*^  ^^  Ses  e£for^!!  ""  "TP^'  î"«  ri«"  «e  trou- 

Si*»»'  *'*'^e  ne  .  •  "'•P<»'"^«oi./*.Leur 

TI*»*  *«"«•  «nvth "î    •"*?,*  ««pendant  aucun  rôle 
-'^^^^c  d^^r'"^"-  '^*-  ^ob-cur  Aleph,  dieu 

If  *r^  liaison  mume  de  ces  conceptions 


ALPHABériQUe   ET    AITALTTIQUB.  a6f 

sar  rimpassibilité  de  la  Divinité  avec  le  pan- 
théisme. Ih.  Dieu  suprême,  placé  en  dehors  du 
monde.  i23.  Que  le  sentiment  religieux  ne  peut 
l'atteindre.  Ib.  * 
DioGLiriBif .  I ,  XLI.  Que  nous  sommes ,  proportion 
gardée ,  presque  aussi  corrompus  que  les  Romains 
de  son  temps.  Ib. 
DioDOBB.  Maladies  des  hordes  africaines  subsistant 
de  nos  jours,  comme  il  les  décrit  I,  1 56- 157. 
Cité  par  La  Mennais.  170.  Il  distingue  entre  le  sa- 
cerdoce des  Chaldéens  et  des  Égyptiens  et  celui 
des  Grecs.  II,  aSS»  Partisan  du  système  d*Eyhé- 
mèrê.  446-  Ses  explications  sur  Osiris  et  Bacchus. 
On  toit  qu'il  pensait  à  Alexandre  et  à  ses  succes- 
seui^  III,  90.  Motif  qu'il  attribue  au  roi  d'Egypte 
Amasis ,  pour  rompre  avec  Polycrate ,  tyran  de  Sa- 
moa ,  plus  moral  que  celui  d'Hérodote.  IV ,  4o8- 
409.  Ecrivit  à  une  époque  de  h  religion  plus  avan- 
cée que  ce  dernier.  4o9-  Comparaison  qu'il  fait 
de  la  justice  des  Romains  dans  leurs  guerres , 
avec  Vmjustice  de  Philippe  de  Maéédoine  et  d'An- 
tiochus,  roi  de  Syrie.  Ib.  Cette  comparaison  une 
flatterie,'  Ib. 

DioMinB,  blessant  Vénus.  I,  267. 

Dion  CAsstus.  I,  53.  Cité  en  preuve  des  supersti- 
tions romaines.  Ib. 

DioH  CHRTSosTÔifB.  V.  Persc. 

Divination.  Ardeur  de  l'homme  pour  connaître  Ta- 
venir.I,  338^39.  Combien  cette  connaissance  lui 
serait  funeste.   SSg.    Pouvoir   qui  résulte   pohr 


t6% 


TABLC 


les  prêtres  de  leur  prétendue  science  à  cet  égard. 

339.  lY ,  68.  La  révélation  de  l'avenir  toujours  at- 
tribuée aux  morts.  346.  Ou  aux  génies  malfaisants. 

340.  y.  Sacrifices  humains.  La  divination ,  une 
suite  du  culte  des  éléments.  Pyromancie  chez  les 
Perses,  suite  du  culte  du  feu.  II,  3o.  V.  Culte 
des  éléments.  \ai  divination,  une  science  dédaignée 
dans  les  temps  héroïques.  III,  368.  Preuves.  Ib. 
Ne  prend  faveur  qu'à  une  seconde  époque  de  la 
religion  grecque.  Ib.  Son  crédit  sans  bornes  à 
Sparte.  368-369.  Pourquoi.  369.  Se  composant  à 
la  fois  de  l'interprétation  des  phétiomènes  et  du 
sens  arbitraire  attaché  aux  accidents  les  plus  ha- 
bituels. IV ,  64.  Les  divers  modes  de  divination 
variant  suivant  les  climats.  Ib.  Ce  qu'elle  était  chez 
les  Etrusques.  Ib.  Chez  les  Phrygiens  et  les  Ci- 
liciens.  Ib.  Chez  les  Egyptiens  et  les  Babyloniens. 
65.  Comment  Heyne  explique  la  divitiation  des  di- 
vers peuples.  64*65.  Tous  les  phénomènes  maté- 
riels ayant  un  sens  prophétique.  65.  Exemples.  65 
et  suiv.  Versets  du  Coran  appliqués  par  les  Ma- 
hométans  à  la  divination.  65-66.  Vers  d'Homère 
employés  au  même  usage  par  les  Grecs.  Ib.  Ceux 
de  Virgile  par  les  Romains.  Tb.  Songes ,  de  toutes 
les  espèces  de  divination  ,  celle  à  laquelle  l'anti» 
quité  accordait  le  plus  de  confiance.  Ib,  Perses 
réunissant  la  pyromancie  à  l'astrologie  et  à  la  di- 
vination. 67.  Prêtres  Scandinaves  interprétant 
le  croassement  des  corbeaux.  Ib,  Phansicars  du 
'royaume  de  Mysore  recourant  à  la  divination  in- 


ALPHABÉTIQUE   ET   ANALYTIQUE.  a63 

dienoe,  bien  que  ne  professant  a uinine  reli- 
gion. Ib,  Germains  attachant  une  importance 
extrême  aux  paroles  des  femmes.  67,68.  Pour* 
quoi.  68.  Druides  faisant  leur  unique  occupation 
de  1  etttde  des  signes.  68.  Jeune  noblesse  gauloise 
employant  ao  années  à  les  comprendre. et  à  les 
interpréter.  69*  Les  prophétesses  germaines  les 
Nomes  terrestres.  68.  Dérivation  de  leur  nom. 
Ib,  Peuple  juif  9  par  ses  lois ,  étranger  à  ces  su** 
perstitions.  69.  Grecs  redevables.de  la  divination 
aux  Phrygiens  et  aux  Cariens.  Romains  aux  Étrus- 
ques. Jb.  Pourquoi  Ton  en  rencontre  moins  de 
traces  dans  Homère  que  dans  les  écrivains  pos- 
térieurs, et  dans  les  poètes  que  dans  les  historiens. 
70.  Epreuves  ou  jugements  de  Dieu ,  lapplication 
des  moyens  divinatoires  aux  relations  existant 
entre  les  honmies.  71.  Le  clergé  chrétien  sancti- 
fiant les  épreuves  par  le  duel.  Ib.  Ces  épreuves 
admises  die^les  SeandinaTes  et  les  Germains.  7 il 
Préférence  que.oes  peuples  donnaient  au  duel.  Ib. 
Admettaient  les  autres  épreuves,  mais  à  des  con- 
ditions presque  impossibles.  Ib.  Indiens  soumet- 
tant leurs  divinités  à  ces  épreuTes.7a.-Exemp1es./£. 
Épreuve  du  beurre  bouillant ,  encore  aujourd'hui 
en  usage  parmi  eux.  Ib,  Coutume  chez  les  Perses 
ayant  trait  à  la  même  notion.  7a«73.  Agathias  n'ap- 
pliquant cette  superstition  qu  aux  morts  et  à  la  vie 
future.  73.  La  même  hypothèse  existant ,  selon 
SteHer,  chez  les  Kamtscbadales.  /£.  Opinion  des 
Hébreux  au  sujet  des  épreuves.  73.  Que  les  Grecs 


i64  TABLE 

nioffreDt  qulim  seul  vestige  de  pratiques  sem- 
blahlea. /^.  Quon  peut  voir  dans  ce  hit  une  alln- 
siûh  .à  des^  coutumes  étrangères;  74«  Cea  moyens 
de  justification  admis  rarement  cbeZtles  Romains. 
Jù.  La  vestak  Tuaeia.  16.  Épreuve  du  feu  dans  le 
sanctuaire  de  F^ronia.  7&.  Contradiction  mani- 
feste qui  résulte  de  toutes  ces  hjpcithèses.  74- 

.Cause  qui  lui  donne  naissance,  ji, 

DocmiivB  SBCRSZB  DES  paBTRZs.  III,  i5.  Traditions 
orales  ,  oon&ervées  dans  le  sanctuaire.  Livres  fer- 
més à  la  multitude.  i6.  La  doctrine  secrète  divi- 
sée en  deux  parties.  La  seconde  la  plus  .mysté- 
rieuse» i8.  V.  Sacerdoce,  Indiens^  Egyptiens,  Ma- 

.  g€s.  Systèiiies  dominants  dans  la  doctrine  secrète, 
panthéisme ,  athéisme ,  1  héisme,  surtout  le  théisme 
abstrait,  ai.  Explication  de  labsence  de  religion 

' .  dans  la  doctrine  secrète.  16.  Plusieurs  modernes 
ont  remarqué  comme  nous  que  Tinorédulité  fiû- 

.  i  sait  partie  de  la  doctrine  secrète  de  Fantiquité. 
3 1 .  Se  sont  trompés ,  en  croyapt  que  cette  incré- 
dulité ccmiposait  toute  la  doctrine  secrète.  3a. 
Cette  doctrine  n*àvait  point  d'imité.  li.  Elle  était 
le  lieu  de  dépôt  de  toutes  les  connaissances  que 
le  sacerdoce  acquérait  progressivement.  III ,  3a. 
Combien  peu  Vunité  de  la  doctrine  secrète  impor- 
tait aa  sacerdoce.  33.  Que  la  diversité  des  hypo- 
thèses le  servait  dans  ^ses  explications  envers  les 
étrangers.  33*34-  Toutes  tes  doctrines  théistes, 
panthâstes,  athées >  sceptiques,  confondues  clans 
'  la  doctrine  secrète,  io.  Erreur  de  ceux  qui  ont  vu, 


ALPBJLBÊTIQUfe   Vt    ANALYTIQUE.  a65 

diDsk  ckictriDe  secfète^  tê\  au  tel  système  eichlsi- 
fcinisiit.  Tous  y  etaient.49.Les  'ConnaisMuoes  dépo- 
sât» dans  k  doetrine  secrète  ne  changeaient  rien 
à  H  IffôSàièretéde  k  religion  publique.  SS.V .  6.  Les 
prêti^  cotemuntquâiettf  graduellement  leur  doc- 
trine secrète  mit  étrangers;  921.  ils  avaient  exigé 
le  s^Âetet  d'Hérodote.  Ils  ne  lexigeaient  plus  de 
Diodore.  /^.  Du  temps  des  Ptolémées,  les  prêtres 
ne  convenaient  pas  que  leur  doctriM  secrète  fût 
^Niréè  de  k  religion^  pubKque,  ni  qu'ils  admis- 
sent des  idéè^  nouvelles  ;  ils  prétendaient  que  tout 
ce  qtills  enseignaient,  avait  toujours  été  dans  kur 
doctrine ,  et  que  cette  doctrine  avait  toujours  fait 
partie  de  la  religion  populaire.  III ,  93.  L'irréli- 
gion admise  dans  la  doctrine  secrète,  à  l'égal  de 
tous  1^  autres  systèmes  et  «pus-  la  condition  du 
mystère.  49-  Le  théisme,  le  dualisme^  même  le 
scepdd^me  ic6té  du  diéisme  et  du  panthéisme, 
fusaient  paFrtk  de  cette  doctrine.  35«  Points: de 
rapproéhement^  entre  les  divers  systèmes,  le 
ihéi&me  ,  le  dttalisme ,  k  panthéisme.  49-So.  Oer- 
laines  fables,  d'abord  secrètes,  sont  révélées  suc- 
cessivement et  remplacées  par  d'autres  qui  sont 
secrètes  à  leur  four.  III ,  S&' Chaque  divinité  dans 
la  doctrine  seicrète,  le  symbole  de  toutes  les  doc- 
trines mdme  ks  plus-  dtsoovdantes.  98.  Toutes  les 
hypothèses  co-existent  dans  cette  doctrine.  171. 
A  mesure  que  certaines  sciences  deviennent  pu- 
bliques ,  d'autres  pénètrent  dans  la  doctrine  se- 
crète, par  exemple:  Quand  ks  connaissances  as- 


266 


TABLE 


crofiomiqaes  se.  fiureht  répandues  hoç$  du  saBc- 
fuaire,  les  hypothèses  métaphysiques  les  y  rem- 
plaoèrient.  III,  ^Sy-^aSS.  L admission  des  initiés  à 
la  connaissance  de  ce  que  le  sacerdoce  appelait 
des  Qiystères,  n'impliquait  point  renseignement 
des  doctrines  secrètes.  V.  Mystères^ 

DoDoitB  (prêtres  de).  Comment  décrits  par  Ho- 
mèrCi^II .  33^.  Peut-être  en  Grèce  un  débris  d'une 
corporation  sacerdotale  détruite.  334*  Ces  prêtres 
-les  jongleurs  des  G^ecs.  33â-333.  Se  mutilaient. 
.  335.  Leurs  abstinences.  .336..  l^ur  mépris  pour  la 
:Bàytb6]ogie  populaire  de  la  Grèce.  Ib^  Pourquoi 
ils  flattribùaient  une  origine  égyptienne.  337*  Di- 
vinités, sacerdotales  adorées  à  Dodone.  335. 

DoGMBs*  Influent  par;  les  souTenûrs  qu*ik  laissent, 
même  quand  Us;  paraissent  le  plus  décrédités.  I  y 
2o3-*ao4-  Lattachement  aux  dogn^es  nuit  à  tou- 

.    tes  lés  reeherdies  histpriques.  119.  Que  Topposi- 

M  tion  du  bien  et  du  mal  a- donné  lieu  au  dogme  du 
•  maurais  principe.  IV ^.i6si.. Dogmes  bicarrés ,  ré> 
snltaht  du  pericbauit  de  l'homme,  à  prêter  à  ses 
dieux  ses  inclinations,  ses  sentiments  et  ses  aven- 
tures. a83-a84*  Naissanceis  miraculesuses  des  dieux 
chez  différentes  nations  soumises,  aut  prêtres.  Ib. 
Tagès  né  d*une  vicjrge^  décrite  par  Diodore.  Ib. 
Aventure  qu.*Hérodote  lui  attribue,  tb,  Xaca  au 
Thibet,  Mexidi  et  Vitzliput2di  au  Mexique,  sor- 
tis du  sein  d'une  vierge.  /&•  Dioscures  indiens  nés 
d*u9e  cavale  fécotadée  par  les  rayoqs  du  soleil.  Ib. 
.Autres  exemples  tirés  de  la  religipn  indienne.  2.84* 


ALPHABiTIQDE   ST   AHALTTIQDE.  967 

aSS.  CequidonBe.lieiià.ceftteidée<  ^ASj  R^stem» 
bhnce  de  ^dicpies  andenhes .images:  de  )m  TÎerge 
avec  la  mène  de  CrischiÀ.  Ib»  Lunion-  tks  sexes 
réproïKrée  dans  les  ciekix  comme  sur  .k  terre.  /(. 
Ficûons  des  pi^tivs  plus  indéoentea  que  la  no- 
tion Tiilgaire*  a8S*^86.  PoûrquoL  là.  Amogha , 
Andant,  HanoQman.'/&  Qu'on  ne  voit  rien' de 
semblable  chcs  ksGMcs,  àil  epo^a^  où  leur  my- 
thologie devient  mn  système  régolier.  286^  Excep- 
tions tirées  d'Hésiode  et  de  Nonnus^ne  condmiit 
rien  contre  nous.  It.  Motif  que  nouaen  donnons. 
286-98^.  D'ott.natt,  chex.plusiràrs  nations,  le  ^ 
dogme  da  sacrifice  d'un  dieu.  a88.  Qiie  cette  idée 
Tamenait^  daoa  le  polythéisme  sacenkEal ,  la  sup- 
position que  les  dieux  ne  sont  point  à  l^abri  de 
hmort.  288. Gosmogoniesindiennes , jfondééssur 
le  panthéisme,  où  Ja  création  est  un  eacrificê.*  Ib. 
Légende  de  Bacchus  déchiré  par^les-nDitans.  ^9. 
D'Qsijris.en  Égyptie,  de  Mithras^n Perse,  de  Oen- 
resEy  au  Thibet.  It.  Bouddha  mis  en  *pièces>par 
les  démofls«  J6»   Les  dieux  sacrifiant  quelquefois 
leur^  en&ms.<&;  Etrange  usageauquel  cette  no- 
tion avait  donné  1  heu  auMexiquCi  16.  Choses  cu- 
rieuses qiie  dit  un  auteur  à  ce  siYJèt.  apo.  .Antre 
dogme,  mérite  de  la  douleur  volontaire  chez  les 
dieux,  290.  Dieux  aux  en£ers  pendant  Soo  géné- 
ratieDS*  JH.  Dieux  et  déesses.,  chez  plusieurs  na- 
tions, se  mutilant  et  faisant  pénitence.  2901-^9 1. 
LeuKs  macérations;  leur  mort.  491.  Uhypodièse 
de  la  chute  primkivev le  nœud  de  ce  drame.  292. 


968 


TABLE 


Lapùrifié&tionderhommes'opënitil  par  les  tour- 
menu  du  dieu  médiateur.  li.  Cette  expiation 
désignée  çn  Chine  et  dans  le  Thibetpur  le  mot  ri- 
dempttofi.  Ib.  Opinion  des  chrétiens  indianîsants 
de  nos  jours.  ^a-apS.  De  M.  de  Maistreen  par- 
ticuliet*.  Ih.  Rien  de  pareil  dans  les  religîotis  in- 

.  dépendantes.  Ib»  Qu*on  ne  doit  point  voir  dans 
notre  réfutation  une  attaque  dirigée  contre  U 
croyance  que  nous  respectons.  Ib. 

Dom&BM.  Vv  Grôcs. 

DouLBuA  (saint;eté  de  la).  V.  Saupages,  Sacrifice  y 
FJorides,  ^aZ/i.  Mutilations  des  Syriens.  II,  38.  V. 
SffTticHs.hà  puissance  attachée  au  mérite  de  la  dou- 
leui'  ,est  le  motif  dès  incroyables  austérités  des 
Indiens.  i4i.  IV,  ay4  ^  «uiv.  Efficacité  des 
jeAhes  de  Druweh.  Ib.  Les  dieux  s*en  effraient  et 

.  lui  cèdent.  i4a.  Puissance  des  austérités  d'un  des 
sept  Richis ,  defiagiraden  et  de  Wiswamitra.  t4^- 
143.  Même  récit  sur  Ambalischen.  i43.  Le  monde 
créé  par  les  pénitences  de  Brahm.  Ib.  V.  Brakm, 
Austérités  et  douleurs  auxquelles  Tesprit  de  corps 
soumet  les  membres  du  sacerdoce.  III ,  57.  IV, 
68*-69  et  suiVé  Austérités  contribuant  à  la  création 
:da  monde.  IV,  288.  Mutilations  des  dieux  dans  les 
religioiis  sacerdotales.  III,  55.  Que  la  tendance  aux 
macérations  est  dans  le  cd>ur  de  Thomme.  IV , 
267-2(68.  C'est  par  la  douleur  que  Thomme  s  a- 
méliore.  Ib.  Effets  qu  elle  produit  sur  nous.  Ib. 
Que  le  sentiment  religieux  la  cherche  quelquefois 
ponry  retremper  sa  pureté  ou  sa  force.  Ib.  Dîrec- 


\ 


ALPHABiTIQUS    ET   AITALTTIQUE.  269 

ûon  btusÊC  et  déplorable  que  le  saceAioce  im- 
prime à  ce  iDOUTement.  li*  Auteurs  nombreux 
(pie  Von  peut  consulter  sur  les  austérités  des  prê- 
tres chez  lesdirorsesnatioiis*  269  et  suiv.  Admi- 
ration qu'on  avait  naguère  pour  saint  Sîméon 
Stylite  et  François  d'Assise  et  d'autres  saints  de 
même  espèce.  270*271*271.  Pénitence  de  saint 
Godin.  27  a,  De  sainte  Catherine  de  Gordone.  272- 
2jh  Ceinture  de  fer  garnie  de  pointes  que  portait 
PascaL  273.  Bibliothèque  chrétienne  de  l'abbé 
ioiadonJi»  La  sœiur  Angélique  y  est  proposée  pour 
modèle  aux  jeunes  filles.  Ib.  Ce  qu  elle  fit  pour 
gsgner  le  ciel.  A.  Même  avidité  de  souffrance 
manifestée  par  les  lettres  des  missionnaires  de  la 
Chine  et  du  Japon;  73.  Hésolution  désespérée  du 
pénitent  Vicramaditya.  274*  Cali  lui  apparaît.  275. 
Les  dieux  lui  cèdent.  16.  Autre  pénitent  se  cou- 
pant toujours  la  tête  et  obtenant  chaque  fois  l'ob* 
jet  de  sa  prière».  là.  Le  moindre  relâchement  en- 
lève aux  mortifications  leur  mérite.  275.  Exemple 
de  Wischwaroitra:.  /(.  Les  Hédeschins ,  des  eunu- 
ques matilés  par  dévotion.  275-276.  Rites  licen- 
cieux se  combinant  avec  les  macérations  et  les 
pénitences.  275.  Exemples.  275<»276«  Princesse 
d'Allemagne  passant  tous  les  ans  qnarànte  jours 
à  se  macérer  I  et  se  préparant  ensuite  de  nouveaux 
sujets  d'expis^on    pour  l'année  suivante.    276. 
Raffinement  dans  les  tortures  poussé  jusqu'à  la 
mort.  276.  Exemples.  276-277.  Influence  de  l'idée 
d  une  chute  primitive  sur  le  mérite  attaché  à  la 


370  TABLt 

donkor.  977.  Cette  idée  le  btfe  des  cwyMci 

oMÛcMOce.  le.  PMepie  do  N^diteen.  i».  IW 

les  dirieiiiei  de  M«m  Gojmi.  978.  Notion  dr  u 

difMÎoo  en  dem  subeonieet  ferrifiant  égehfit 

le  pendieat  de  rhonme  e«s  meoéretiom.  /^ 

CoiUMot.  th.  Le  dogme  de  la  nkiteid  de  h  <l»«r 

leur  cittie  det  rafliaeiiients  dem  let  iecrî£er«b'ï« 

maille.  978»97c.   Exemples  chet  lee  Heiif  «* 

979.  Que  oe  dogme  eut  besoin  d*écre  eecoiidr  ^'• 

le  diflmt«  Ih.  Qu  on  ne  doit  pat  oonfoodre  k»  m^ 

oéralîooa  det  peuples  du  BlidiaTeelestuirtdiHfrr. 

quenltdaot  le  Nord.  Ib*  Poorqnoi*  Ib,  Obeetftb'n 

juste  de  M«  de  Montetquîeo  tur  b  contfa^icn^ 

qui  eaitle  estre  la  mollmss  du  Midi  et  la  maavr « 

dont  ses  habitants  bivvcnt  la  motl.  980,  <^  tî  M 

ra  œpeiidaolque  \e%  causes  secomhires  de  nrtti 

oontradictioo.  It,  Que  les  Grecs  repoussèrmi  u^ 

j<mfs  de  leur  religion  poblique  les  marératmw 

981.  Philosophes,  jusqu'au  9*  siècle  de  notre  rsi 

crojraot   les  solitaires  de  b  Tbébaide  tniffr%  i 

délire.  U.  Diflërence  des  Sroicieiis  et  des  sobt^ir^' 

981  •989. 

DaAOoaa AftBS.  1 ,  80.  Impunité  de  letirs  atrtenr*  i 

Uaoffas,  magistrats  et  prêtres  Scandinaves,  le^t 

tis  taidivemeot dun  très^graiid  pouvoir.  1 ,  1  * 

V.   i3o-i3i.  Prêtres  et  juges  tout  a  b  fois.   Il 

i09.Leiir  msembbncr  arec  les  druides supmrc  1 

V.    i3i.  Leur  tribunal  siégeait  à  Sigtnns.  ^ 

aujourd'hui  détruite.  Ib.  S'emparèrent  de  b  p»^^ 

et  assenrirent  les  Scaidrt.  l'ig. 


▲LPHABÉTIQDB   ET   ANALYTIQUE.  27! 

DiniDBs.  I ,  Ta.  Persécutés  par  Tibère  et  Claude, 
n,  48.  Les  nobles  poayaient  entrer  dans  oel  or- 
dre, dit  César.  Tous  pouvaient  j  être  admis  ,  dit 
Porphyre.  83.  Cette  dernière  assertion  contredite 
par  Diodore.  84»  Expliquent  seuls  les  présages. 
88,  Prononcent  et  faisaient  exécuter  les  juge- 
ments criminels*  loa.  Y.  Sacerdoce ,  Excommu* 
nicatiûn*  Leurs  immenses  propriétés ,  temples  au 
ser?ice  desquels  plus  de  6ooo  serfe  étaient  atta- 
diés.  lop.  Exemptés  de  la  profession  des  armes, 
iio.  y.  Climat.  Leur  sagesse  divine  9  c'est-à-dire, 
leurs  traditions  et  leurs  secrets.  III,  17. 

DausBS.  Leur  anathème  contre  tout  profane  qui 
connaîtrait  leurs  livres  sacrés.  II ,  118. 

DiuwBH •  y.  Sainteté  de  la  douleur* 

DniLiSHB.  Son  origine.  Combien  la  question  de  la 
source  du  mal  a  exercé  les  philosophes.  1 ,  245. 
V.  Sauvages ,  Sentiment  religieux*  Le  dualisme  des 
Perses  donne  au  bon  principe  la  suprématie  sur 
le  mauvais.  24^*^47*  Le  sacerdoce  favorise  l'idée 
de  dieux  essentiellement  malfaisants.  355-356. 
V.  Fertilité  du  soL  II,  i58.  Dualisme  chez  les  Chi- 
nois. Ib.  26a.  Le  dualisme  peut  prendre  deux  for- 
mes :  i^  supposer  les  deux  principes  égaux; 
2^  admettre  Vinfériorité  définitive  du  mauvais  prin- 
cipe. III,  38. Dualisme  à  la  Chine,  les  deux  prin> 
ripes  réunis  dans  le  grand  tout,  5o.  Combats  des 
prêtres ,  pour  figurer  Fopposition  des  deux  prin- 
ripes.  67.  Dualisme  figuré  en  Egypte  par  Typhon 
et  par  le  double  caractère  de  Nephthys.  III,  85. 


^'J2  TAILLE 

Dualisme  indien.   i68.  Wicfanou  oombattant  le 
mal  sous  diverses  formes.   169.  Dieilx.  à  la  fois 
bons  et  méchants:  exemple,  Varouna  aui  Ifuies. 
Ib.  Ressemblance  du  dualisme  persan  et  de  ses 
fiables,  avec  le  dualisme  indieii  et  ses  fables.  170. 
Dualisme  chez  les  Chaldëens.  ^38.  Oromaze  et 
Arimane  chez  les  Perses  ,  quelqueibîs  deux  prin- 
cipes égaux.  a43.  La  conception  de  dieux  mal&i- 
sants  TœuTre  de  Tintérét  chez  le  sauvage.  IV,  i34. 
Dieux  de  lanthropomorphisme  mélangés  de  vices 
et  de  vertus.  Pourquoi.  Ib.  Qaon  ne  trouve  au- 
cune divinité  essentiellement  méchante  dans  le 
polythéisme  grec.  i35.  Contrées  de  la  Grèce,  se- 
lon Plutarque ,  reconnaissant  deux  pHncipes  op- 
posés. /&.  Qu'on  ne  peut  rien  en  conclure  contre 
ùotre  première  assertion.  i36.  Non  plus  que  de 
la  fable  de  Circé  et  de  celle  des  Géantsl  i36-i37. 
Motifs  que  nous  en  donnons.  lui  Fables  delà  my- 
thologie grecque  dérivées  de  celle  de  Typhon. 
Ib,  Nonnus  à   ce  sujet.  Ib,  Ses  divinités  infer- 
nales ayant  sans  doute  quelque  chose  de  mal- 
veillant et  desombre.    137.   Preuves    i38.  Mais 
ces  divinités  n'agissant  que  très-rarement  sur  la 
terre.  Ib,  Hécate  une  divinité  étrangère ,  cessant 
d'être  malfaisante  par  l'action  du  génie  grec.  i38- 
139.  Erreur  de  Sainte-Croix  sur  un  passage  d'Hé- 
siode ,  concernant  cette  divinité.  Ib.  Diverses  cau- 
ses concourant  à  la  prolongation  du  culte  des  di- 
vinités méchantes  dans  les  religion^  sacerdotales. 
i4o  et  suiv.  Cali  et  Bhavani  à  la  fois  la  lune  et 


ALPHABériQUE   SJ    ANALYTIQUE.  273 

k  force  destractive.  i4o.  Les  Druses,   le  seul 
peuple  qui  reconnaisse  positivement  que  Dieu  est 
I auteur  du  mal.   i4i*  Citation  tirée. de  leur  caté- 
chisme. lA.  DénoiTiinatioiis  honorables  que  les 
prêtres  donnent  aux  dispositions  cruelles  ou  ca- 
pridenses  de  leurs  divinités.  16.  Dilemme  d*£pi- 
cure  sans  réponse,  tant  qu'on  voudra  s'en  tenir  à 
lalc^'que.  i4a.  Danger  de lanthropomorphisme. 
Ib,  Que  tout  s'explique  si  Ton  conçoit  l'Être  Su- 
prême comme  ayant  marqué  à  sa  créature  non  le 
bonheur,  mais  lamélioration  pour  but.  i49-i43* 
Toute  autre  solution  de  l'existence  du  mal  insuf- 
fisante. Ib.  Lire ,  pour  s'en*convaincre,  les  Soirées 
de  Saintf-Péters}K>urg',  de  M.  de  Maistre.  1 43-i 44^ 
Danger  qu'il  y  aurait  à  regarder  les  calamités  qui 
pèsent  également  sur  les  fidèles  et  sur  les  impies, 
toujours  comme  le  châtiment  de  quelque  faute  % 
cachée.  .ji43-i44*i4S*  Qu'il  faut  assigner  au  mal 
une  autre  cause  que  la  justice  divine.   i45.  Le 
mauvais  principe,    une  explication  momentané- 
ment satistiadsante.  Ib^  Ce  dogme  un  récitât  iné- 
vitable des  perfections  divines.  Ib»  Philosophes 
grecs  se  rapprochant  du  dualisme.  146.  Cette  ten- 
dance visible  dans  les  ouvrages  des  Platoniciens. 
Ib.  Maxime  de  Tyr,  sur  l'origine  du  mal.  Jb.  Cir- 
constances locales  et  événements  particuliers  qui 
ont  dû  favoriser  le  dualisme.    1 46-1 47*    Autre 
route  par  laquelle  le  dogme  du  mauvais  principe 
s*est  introduit  dans  la  religion.  i47*  La  femme, 
toujours  sa  victime  ou  son  agent,  ou  l'une  et  l'autre. 

F,  18 


VABLE 


A 


Ib.  Loke ,  le  mauvais  principe  ehei 
ives.  i48.  Comparaison  de  la  fable  qui 
•Tcc  celle  de  Prométhée.  Ib,  Typhon 
k$  Égyptiens.  Ib.  Temples  qu'on  lui  élevait^ 
t^^  Mliienc^  malfaisante  de  deux  planètes  chei 
lui»  Chaldéens.  Ib,  Le  hibou  Tlacatecololotl  da 
Mrùoftiiis.   148-149*  Moïsasour,  chef  des  ange^ 
chez  les  Indiens,  étend  son  empire  sut 
moitié  de  la  nature.  i4.9*  L'idée  dunedivi^ 
«lié  malfeisante  point  étrangère  à  la  religion  juiye. 
i49«  Eichhom  à  ce  sujet.  Ib.  Le  cliristianisme 
■Mil  compris  lui  accordant  une  place  éminente./^< 
Koms  que  les  chrétiens  lui  donnent.  i5o.  Obscu^ 
rites  qui  enveloppent  ces  notions  chez  les  Perses, 
Ib.  Cause  à  laquelle  elles  tiennent.  i5o-i5i.  Ce 
dogme  long-temps  concentré  dans  l'ordre  des  ma* 
ges.  i5i.  Manière  dont  sa  publicité  se  manifeste. 
Ib.  Pourquoi  les  prêtres  laissent  toujours  planet 
sur' ce  mystère  le  doute  et  l'incertitude.  i53.  L^ 
mal ,  selon  les  mages ,  n'ayant  qu'une  durée  pas- 
sagère. i54*  Ceux  d'entre  eux  qui  regardaient  les 
deux  principes  comme  éternels,  traités  d'héréti- 
ques. i54*  Nouvel  inconvénient  qui  se  présente. 
i54*iS5.  Sophismes  vaiAs  dont  on  se  sert  pour  la 
résoudre.  Ib.  Le  mauvais  principe  purifié  devant 
se  réconcilier  à  la  fin  avec  le  principe  bienfaisant. 
i55- 156.  Fables  égyptiennes  dans  lesquelles  cette 
idée  se  reproduit.  Ib.  Cérémonies  tendant  à  adou^ 
cir  la  notion  du  mauvais  principe.  i56.  Sérapis^^ 
le  Nil;  devenus  dieux  bons,  de  dieux  msUais^i^^ 


ALPHABÉTIQUE    ET    ANALYTIQUE.  278 

quib  étaient.  1 56^1 57.  Qné  le  sentiment  religieux 
aime  mieux  ses  divinitës  capricieuses  qu'essentiel- 
lement méchantes.  157.  Le  Varouna  des  Indiens 
etia  Wila  des  Serbes.  167.  Conséquences  de  ce 
dogme  dans  les  religions  sacerdotales.  iSS.  Divi- 
nités corruptrices  revêtues  de  formes  attrayantes. 
160.  Mohamroaya ,  Tillusion ,  Loke ,  Dsyé.  160. 
Bas-rdief  du  Vatican  où  les  Furies  sont  jeunes  et 
belles.  li.  Le  contraire  quelquefois  pour  les  di- 
mitéB  bienfaisantes.  Ib, 

Ddbois  (le  cardinal).  I,  m. 

Dirpois.  I,  i36.  Réfutation  de  son  système.  iSS-ipi. 
Reconnaît  malgré  lui  la  différence  entre  la  reli- 
gion grecque  et  les  religions  sacerdotales.  II,  382. 


E. 


ÉcHRiis  ,  roî  d*Épîre.   Fable  qui  le  concerne.  II , 

334. 

f  y 

EcuTumE.  £tait-dle  en  usage  du  temps  d'Homère  ? 
m,  439*  ProbalMHtés  contre  cette  opinion.  439- 
440. 

EcKiYijHs.  Ne  sont  que  les  organes  des  opinions 
dominantes.«I,  87.  Confondent  souvent  les  opi- 
nions de  leur  temps  avec  celles  qu*ils  vetilent  dé- 
crire. agS. 

Edjdàs  (ks)  des  Scandinaves,  Se  divisent  en  quatre 
parties.  Y,  i5a.  La  i^^  la  Yoluspa.  Ib.Ge  quelle 
contient* /&.  La  a%  THavamaal  et  le  Lokftmsmal. 

18. 


^7^  TABLE 

i53-i53.  La  3«,  le  chapitre  Rtinique.  1 53. La  4^, 
la  Lokasenna.  i53.  Qu'il  faut  y  joindre  les  Nibe- 
lungen  et  le  livre  des  Héros.  Ib.  Subdivisions  nom- 
breuses de  ces  poèmes.  Ib.  Quelques-uns  compo- 
sés par  des  auteurs  chrétiens.  i53-i54*  A  quelle 
époque  appartient  le  Voluspa.  i54-  Doù  vien- 
nent les  contradictions  qui  y  sont  entassées.  IL 
UHavamaal  et  le  chapitre  Runique  évidemment 
de  répoque  du  '  a«  Odîn.  Ib.  La-  Lokasenna 
est  antérieure.  i55.  Ce  qu'elle  renferme.  Ib, 
Quon  ne  doit  consulter  quavec  précaution 
les  Nibelungen  et  le  livre  des  Héros.*  i55.  Pour- 
quoi. Ib,  A  quelle  époque  les  Eddas  furent  écrits 
pour  la  première  fois.  1 67.  Ce  que  leur  nom  signi- 
fie. Ib.  Fable  burlesque.  Ib,  Ce  qu'elle  prouve.  Ib. 

Egtptb.  ly  VII.  Dieux  monstrueux  de  l'Egypte  in- 
troduits dans  le  p<ilythéisme  romain  à  sa  déca- 
dence. 53,  85,  93,  175.  Ses  hiéroglyphes.  3a3. 
Epoques  de  la  religion  égyptienne:  i^^  sous  Cam- 
byse,  qui  envahit  l'Egypte  ;  a*  sous  Alexandre  et  ses 
successeurs.  176^  Causes  différentes  assignées  par 
Plutarque  et  par  Hérodote  à  l'usage  égyptien  de  se 
raser  le  corps.  177.  V.  Typhon^  Astronomie  y  Pro- 
gression y  Castes.  DWiûon  en  castes  existant  chez 
eux  de  la  manière  la  plus  marqueta.  Il,  81.  L'im- 
molation d'une  victime  non  marquée  du  sceau  sa- 
cerdotal était  punie  de  mort.  88.  Rois  obligés 
,  de  se  faire  recevoir  dans  l'ordre  sacerdotal.  94-9'^- 

,  Elus  par  les  prêtres  et  les  soldats ,  inais  beaucoup 
plus  par  les  prêtres.  95.  Soumis  en  tout  aux  pfé- 


t 


ALPHABÉTIQUK   £T   ANALYTIQUE.  1Ï'J*J 

très.  Ib.  Censurés  par  euic.  ^.  Sanctifiés  par  eux 
à  leur  agonie.  gS^gy.  Statues  ifes  prêtres  à  coté  de 
celles  des  rois.  96.  Déférence  de  Xerxès  pour  le 
grand*prétre  de  Vulcain.  /&.  V.  Saeerdoeê.  Les 
prêtres  d'Egypte  ne  payaient  aucun  tribut.  107. 
Possédaient  le  tiers  du  territoire**/^.  En  possédè- 
rent probablement  dabord  la  totalité.  loy^toS. 
L  ordre  de  choses  se  modifia  ensuite.  108.  Pha- 
raon dépouillant  ses  sujets,  ne  dépouilla  pos^  les 
prêtres.  lA.  Les  prêtres  seuls  historiens  en  Egypte. 
112.  Hymnes  chantées  aux  fêtes  égyptiennes  dans 
un  langage  que  personne  ne  comprenait.  1 16.  Les 
Egyptiens  avaient* deux  ou  trois  espèces  d'écri- 
ture. 116-117.  Les  hiéroglyphes  n'étaient  pas  le- 
criuire  hiératique  ou  sacrée.  117.  L'écriture  in- 
terdjte  au  vulgaire  des  Egyptien^.  1 16.  Division 
en  classes  dans  là  hiérarchie  du^  satterdoee-^égyp^ 
lien,  119.  V.  TAotf  Hennés,  JUereurs  é^pVkn, 
Les  scienees  y  atteignent  un  certain  degré  cie 
perCBction^,  puis.s arrêtent.  iiS.  Opinion  erronée 
de  M.  Champollion  à  ce  sujet.  ia6.  V.  Climat, 
ChemHis;  Chefihren,  Nécessité  du  traçait-.  Pkc- 
wmsHes  physiques.  Le  caractère  des  Égyptiens 
toujours  pacifique.  166.  «Getaradère' favorable  à 
f autorité  sacenlotale.  /A.  V.  Sésos^m.  Trois  cent 
treo|e-de«iz  rois  d'Egypte  se^uccèdiont  ^  sans  qtt'un 
i^ul  se  distingue  des  autres;*  166.  V.  MigMtions. 
Leur  règne  des  dieux  finit  après  18000  ans  dans 
h  personne  d'Horus.  179,  lévokes  contre  les  rois 
d'Egypie,  à  cause  de  leur  impiété,  suivant  Dio- 


«7» 


TAILK 


4oaw»  /^.  MdD^  ayant  Uarité  le  pouvoir  de%  pré- 
tufà  I  ils  ftmt  ^[Taterdes  mal^ictions  sur  sa  tombe 
par  Techoatis.  iSo.Sabacon  refuse  de  (aire  mas- 
sacrer  les  prêtres  ^  comme  un  songe  le  lui  avait 
ordontié.  Ib.  La  sAreté  de  FÉgypte  dépendait  dej 
l'eiaclitude  des  calculs  astronomiques.  286.  De  là  le  • 
pouvoir  de  ses  prêtres.  It^  La  religion  deTÉgypte' 
.doublée  343.  La  mer,  le  mauvais  principe  chez  les 
,E^[yptîens.  344-  Tout  voyage  par  mer  interdit  à  ^ 
Itiiiurs  prêtres.  /S(.  Guerres  en  Egypte  pour  des, 
aaaimaux  sacrés.  3S5/Malte-Brun  sur  TEgypte.  II, 
.  4y6.  Erreurs. de  Bossuet  sur  eette  contrée.  47^- 
Admifatioa  de  Ferrand  peur  les  Égyptiens.  479* 
.  Tfttttes  les  fêtes  égyptiennes  consacrées  aux  dieux 
,  fnùdiDaiUL.  III ,  .9.  Manière  dont  les  prêtres  d'E- 
,  •fSSP^  variaient  leurs  explication^  avec  Hérodote, 
Platon  I   Diodove.  34-    La  combinaison  des  élé- 
..  ments  du  palyth^îsrae  sacerdotal  se  vbit  claire- 
,  m^nt  en  Ëgypie.  6i.  Enumération  des  animaux 
,^q^PQ  y  ^âo^U.Ià,  .Vestiges  de  cet  ancien  calte, 
\4^  temps  de  Maillet,  61-62.  Le  culte  des  Nègres 
pigrfiiiteinent  \seiikblable  au  col^  extérieur  des 
JJgypti^ns.  6S.  i  Heeren ,  justesse^  de  ses  idées  là- 
,  4fl9^UA^  /^.  La  >  doctrine  secrète  des  prêtres  égyp- 
ti^m  S0  icpinposait  de  plusieurs  systèmes  incohe- 
,  if^m^^Ul,  aie  W.  Doetrùfe  secrèéé.  Indiôation  des 
,  ^UJ^mau^  adorés  en  Egypte  et  de  leur  significa- 
..riqn  syR^iolique.  70.  Chaque  aymbole, avait  plus 
.,^■^1)^  signiQcajlÎJon^  i^^  Il  en  était  de  même  des 
^r^res.  i^.  In(}u^pce  des  localités  dans  cette  con- 


ALPHABETIQUE  BD  AITALTTIQUE.  2Ç^i 

tiée.  'j%f^fi.  IkbDjère  dont  TEgjrpie  b^t  p^u^ilëe 
et  ioflumqe  de  .celte  oMnière  sur  ^  rel^iop*  73. 
Uentîté40>la  dpçtri^e^gyptieoq^sur,  le  passage 
de  1  an^  dOsiris  daii;»;tpus  \^  A|>.is,'suçoe#Aive- 
meot^  «74G  Tespèc^  d*ii9inprtalit6  du  Lama.  74» 
Le  théisme  égjptîea  retombe  dwas  I^  paptbéisme. 
8o*  CqsmpgQmes  et  théogonies  égfpû^nes.  83. 
Contradictions  des  apden^i  sur  la  jrdigion  égyp- 
tienne }  et  explication,  de  ces  contradictions»  lU^ 
89.  La  figure  de  leurs  dieux  stationnaire.  IV, 
a-3.  Impossibilité  de*  distinguer  en.  Egypte  au- 
caoet progression,  de  peinture^  d  arçhftecturq  ou 
de  sculpture,  jusqu'aux  Ptoléme'çs.  a.  Quç.  If  s 
Egyptiens  n'ont  jamais  placé  Thomn^^  parmi  leurs 
divinités-  5i«  E^ur  de  Porphyre  et  d*Eusêbe  à 
oe  siJ^et.  Ib.  Crqyaient  ^pis.né  d'u^c  géqi^se  fé- 
condée ga.r  le  spleil.  a83. 

{xxAZAil ,  père  de  Pbinés.  V.  Elie^ 

EuBNJ^HTs  (Çult{»^des),, lune  de^  fpiTues  pTij^eûtives 
de  la.r.çUgio.n.  U^  25.  PQuy.Qir  qui)  donne  au  sa- 
cerdoce, et  ^O^guoi.  39-3p.  EtHides.qp'il  néces- 
site! SovÇonduit  à  la. divination.  .3 JE.  IÇropire  de 
la  diTinç^tion.et.par.là  du. sacerdoce.  //&.  Ce  q^lte 
^t  souvent. rétfni  a  rastrolitnc«  27..  Y.  Perses^ 
Inde.,  Çhtnfi^jS{^crific^  humains,  Mfijcigue,  Car- 
thage^  Gaule  ^  Germaifis. 'Que  le  sac^doce  a,  eu 
peu  de  pouvoir,,  dans  ,  les, pays  oji  il  hy,  a  eu  ni^ 

astrQl4ti:ie,  m.mh^  .de^  elémfin^»,  ^,S^tq..^Q.  V. 

Grecs.  C'était  en  adoration  des  élémen^tl  qffisjes 
Troyens  jetaient   des  chevaux   vivapts  dfins  le, 


alfa  .         *.T*BLE 

ÉvnniT».  Leur^édaio  peu  foBdé.pow  là.nythiilo- 
gie  populaire.  I,  aoi  -  aoa,  V.  yUloisoH.  Les  an- 
I  ci«iu>se.  suit  tvompÀ  contra e  les  modcnieak  soi. 
Eb«i*m  KiATiitA.,  géntt  iodien;  V.  Âustâritês. 

BlwpusCHiif',  gésBL  Sdd  oionipbe  4UC  les  dûui 

et.lfis  homme*  réunie.  lU ,  147. 
EscHTLB.  I,  121.  Cité  par  Là  MentMÙ.  C70.  Pen- 
chait pour  b  «acte  pyl^ugorioMniM:,  Hiùnat  Cî- 
c^ron.  IV,  4i4-  Se»  efforts  pour  élever  Alliènes 
au-dessus  (le.  Delphes.  4iS.âe9  éloge»  de  £at«o- 

*.  pae<<t  point:  canumindés  par  son  sujeL  4i'S-4i& 
ïlorissait  vers  le  même  teinpft-que  Piadare.  4'7' 
Queila  Jtligion  paraît  touteCois.'hien  menus  amé' 
lioiap  dwiases  tragédifli.  que.dauftieaodcadu  se- 
.  cond.  Jh.  Qiie  «on  Prométhée  BoaafkitiDeciiler 

i;juBi{^'à.  VQiadfi.  Paunpvn.  |^.  Aassetublance  d«s 

'  4imz  avec  le&  hommea  dau  cette  pièce;  ^lA.  iu- 
piter  regardé  comme  un  t^ivO'  Bk  Langage  de 

-  .Pl»nlélhée[Ot^lui.d'Ha  chef  d'une  fiction  vaincue 

vid«BS'Uiie.çén>liuion  politique.>4i  8^-419.  Les  dieui 
dam  sét:  autres  tragédies,  t«u)ovrsp^t&  à  trahir 

-iieBfv,  adorwUiuxa.  419.  Le\u»  macs^laturs  men- 
songes, leurs  défections,  :li)ur,j^k)iisiu./3.   Que 

-iipoUr  jugW: Ësob^le  en  connoissfi^eedeaause,  >1 
fout  faire  entrer  en  ligne  de  compte  s(m  caractère 

'•<pttMoititehiA.I«pétuo«itédei(Mi^nie  le.  portant 
à  peindre  de  préférencelcs^o(pk^omgeuteai4^> 

'<l4MhjǫU(jtiMpQ*ki^anatureUeenflQreaiigiDe"*^ 

-'ftoRtes-cinjorislançes  i^ns  leEqueUes  il  m.  timiTa. 
43o.SBhaine(Ie  la  servi tudeet  son amoiUEpioat lai'* 


ALPHABÉTIQUE    £T   ANALYTIQUE.  a83: 

berté.  /(.Son  exil  volontaire d*Athèpe»^  apràa  sa 
débite  par  Sophocle.  .420-49^1-  Ctiactèra  de  son 
stjle.  4^1.  Pomper  dont  il  acco<Qipagna  ses  vepvé- 
senfiation^  théâtral^^»  U.  Effet  terriUe  produit  par 
sa  pièce  de^Euméaides.  lè.  Cçlteaniecdote  prouve 
que  les  femneS'  n'étaient  pas  etobies  *des  théâ- 
tres chez  les  anciens.  Ji.  Cooicessioa  cpi'il  est 
obligé  de  £^re  àspa  siècle.  421-433»  Q^o  ^  i^"* 
nion  de  plusiencf  d^  ses  tragiédiea  est  néoessaîre 
pour  former  ifa  tout  complètement  régulier.  4^2. 
Ses  trilogies.  4^3*4^3.  Une  exp^ssion  manifeste 
de  la  marche  du  polythéisme  grec>  4^X  Passa- 
ges qui  le  prouvent.  4^4'4^^'  Autre  explication 
des  maximes  diyerses  qui  s'y  rencontrent,  déeou- 
lant  d  un  pa^ssage  de  Quintili^n«.  4^$»  Bafoles  des 
athéniens  à  ,ce  sifj^.  Jb.  Sa  jMicveryei  le  typ^  du  ca- 
ractère idéal  de^t  die«x.  4^^4^$*^  Vn  ^pfi^li^A 

EsDRAs,  rédacteur  des  livres  juifs,  après  la  capti- 
vité de  Babylon^,,.  lors  du  retpur  des  Juifs^à  Jérui 
salen^.  Il^  ^4^^.  Plus  cruel  queMoise,  pafGe.|}ue 
plus  imbu  die  lej^prit  sacerdotaL  /A*    . 

Esprit  humain.  Qu  il  se  montre  plus  incpiiséqu/^pt, 
plus  déraisonnable^,  moins  religieux  uiêfuei  lors* 
qu'une  classe  dhommes  s'arroge 4e  privilège  de  le 
guider,  que  lpi:sqi^'il  suit  go  .lîj)er|;é^.warclie 
naturelle.  IV,  S4- 

Esprit  (G^Nn)  dfîs  sauyages,  Iq  germe  dutliéiwie. 
I,  263.  Vf  ^auvage^y^Manitou  y  Théisi^f  |\éMnion 
des  âmes  avec,  le  Grand  Esprit,  iloor^Soï.  N'est  ja- 
mais outragé  par  1^  sauvage,  poram^  le&  fétiches. 


• 


a84  TABLE 

317.  Les  jongleur^  distraient  les  sauvages  de  l'i- 
dée du  Grand  Esprit.  344-  Noms  que  les  sauTagra 
lui  donnent  et  qui  impliquent  sa  suprématie.  347' 
a48.  Le  font  inierrenir  toutes  les  fois  que  la  mo- 
rale est  întÀ«ssée.  i^9.  N'est  jamais  exposé  aux 
châtiments  qu'ils  infligent  à  leurs  fétiches.  Si^. 

Esquimaux.  I,  ao.  V.  Climat. 
■  Étbiopix.  1,  XT.  Sa  religion  tout  astronomique  etas- 
gervissantle  pays  aux  prêtres  de  Méroé.  II,  38.  Les 
Éthiopiens ,  l'un  des  peuples  chez  lesquels  on  aper- 
çoit le  plus  clairement  la  division  en  castes.  81- 
181.  V.  Castes^  Astrotwmie.  Sacerdoce  chassant 
les  rois  du  trône,  ou  les  condamnant  à  mort. 
97.  Décidant  de  la  guerre  et  de  la  paix.  Ib.  Apo- 
logie des  prêtres  de  Méroé ,  par  M.  de  Paw.  Ib.  Le 
commerce  qui  limitait  l'aulorité  sacerdotale  i  Car- 
thage,  la  fevorisait  en  Ethiopie.  168.  V.  Bâigra- 
tionr,  Ergaménes. 

Éthoiiie.  V.  Phénomènes  physiques,  Mézence.  Féti- 
chisme des  Étrusques.  III,  8-j[.'LeurdémonoIogîe 
astronomique  et  métaphysique.  a4i.  IV,  3oo  et 
8UÎT.  Fluctuation  de  leur  doctrine  entre  le  théisme 
et  le  panthéisme.  IV,  804.  Fédération  étrus- 
que composée  de  douze  vitles,  IV ,  agS.  Volsi- 
nîum ,  le  lieu  où  se  rassemblait  la  diète,  générale. . 
Ib.  Les  chefs  politiques  soumis' à  un  pontife  com- 
'  mun.  Ib.  Caste  oppressive,  semblable  à  la  casie 
sacerdotale  d'Egypte ,  à  laquelle  la  nation  obéis- 
sait. 296.  Nom  générique  de  celte  caste.  Ib.  Tra- 
vaux dont  elle  accablait  les  peuples.  Ib.  Causes  de 


ALPHABJÎTIQUE   £T    AlfALTTIQUE.  a85 

plusieurs  révoltes.  Ib,  Collée  de  prêtres.  297. 
Leur  pouvoir  sans  limites.  Ib.  L*ëtude  de  la  mé- 
decine et  de  Tastlronomîe  leur  était  réservée.  Ib. 
Avaient  dans  ces  deux  sciences  des  connaissances 
assez  étendues.  Ib,  Secours  que  Numa  tira  de  leurs 
lumières.  /6.  Leur  renommée  dans  tout  TOccident. 
Ib,  Seuls  historiens.  398.  Leurs  annales,  comme  les 
pouranas  indiens,,  une  hiiftoire  sacerdotale.  Ib. 
Cette  histoire  renfermée  dans  un  cycle  astrono- 
mico-théologique.  Ib.  V.  Astrolâtrie  y  Sacerdoce  ^ 
Culte  des  éléments.  Fétichisme^  Dieux  animaux. 
Oracle  de  Mars  ,  à  Matiène  •  semblable  à   celui 
de  Dodone.  VL^g.  Dieux  des  Étrusques  à  figures 
monstrueuses^  3oo  et  suiv.  Foule  des  attributs 
de  Janus,  d'abord  un  dieu  astronomique.  3oi .  Son 
temple.  Ib.  Son  analogie  avec  Mithras.  Ib.  A  pour 
'épouse  Vesta.  3oa-3o3.  Tradition  qui  le  concerné. 
3o3-3o4*  Sert  d*enveloppe  à  la  doctrine  mysté- 
rieuse de  l'expiation  de>  Thomme  par  la  mort 
d  un  Dieu.  Ib.  Leur  Jupiter  Tina ,  leur  dieu  su- 
prême. Ib.  Leur  démonologie.  3o4-3o5.  Divini- 
tés malfaisantes  qui  y  figurent.  3o5-3o6.  Leurs 
dix  âges  semblables  aux  yogs  des  Indiens.  3o6.  Le 
dixième, selon  le  devin  Yulcatius,  commença  au 
milieu  des  jeux  que  célébrait  César.  307.   Leurs 
prophètes.  3o6.  Leurs  rites  obcènes.  307.  Leurs 
sacrifices   huniaîns.  Ib.  Lactance  à  ce  sujet.  Ib. 
Vers  d'Ënnius  sur  cette  ooutume  barbare.  3o8. 

•      •  •  •  - 

Idem  de  Martial  siat  un  ancien  usage  des  Sabins. 
Ib.  Fêtes  du  printemps,  /ft^. L'institution  des  ves- 


lui  fiiît  de  s'être  laiué  corrompre  par  les  Corin- 
thiens. Ib.  Parait  d'abord  vouloir  se  livrer  àui 
affaires  publiques.  .44o-  ^  consacre  ensuite  k  h 
philosqphie.  16.  Y  renonce  bientôt  pour  le  théâ- 
tre. 44i-  Disposition  qu'il  porte  dans  ses  travaux 
littéraires.  16.  Nombre  de  ses  pièces  et  de  ses 
triomphes.  16.  Est  en  butte  aux  raiUeries  d'Aris- 
tophane. 16.  A,  comme  Voltaire,  toujours  un  but 
autre  que  la  perfection  de  ses  ouvrages.  44*'  Ttii^ 
nombreux  de  ressemblance  entre  ces  deux  au- 
teurs. 44*  et  suiv.  Comparaison  de  l'Electre  de 
Sophocle  et  de  celle  d'Euripide,  Irèa-propre  à 
&ire  connaître  la  différence  des  deux  poètes.  443- 
Idem  del'OËdipe  Roi  dp  premier  et  des  Bacchan- 
tes du  second.  447-448'  Anecdote  de  Pluurqueà 
l'occasion  de  celui-ci.  44^- A.hus  qu'il  fait  du  mer- 
veilleux. 449-  A  quoi  tiennent  ses  défauts.  16.  Le 
fond  dans  ses  tragédies  toujours  sacrifié  aux  ac- 
ctasoires.  4^^-  Vic^  ^^  ses  expositions.  16,  Idem 
de  ses  chœurs./^.  Son  Cyclopela  Jeanne  d'Arc  des 
Grecs.  4^3.  Raison  pour  laquelle- nous  le  jugeons 
plus  favorablement  que  ne  le  jugeaiuit  ses  contem- 
porains. 45a-453. Pourquoi  notre  digression  surcet 
auteur  était  indispensable.  4S4.  Son  inexactitude 
dans  les  petites  comme  dans  les  grandes  choses- 
16,  Exeinples.  434-4^5.  Fait  en  mal  ce  que  So- 
phocle lait  en  bien.  16.  Qu'en  analysant  toutefois 
ses  pièces  avec  attention,  l'on  peut  y  remarquer 
des  preuves  incontesubles  des  progrès  de  la  re- 
ligion. 456.  Preuves.  456  et  suiv.  Ses  ofirraçet 


ÀLPHÀJBÉTIQUB    ET    AlîALYTIQUE.  '         a89 

les  premiers  où  TiDcrédulité  ait  revêtu  des  for* 
ioes  publiques  et  populaires.  4^*  Késunié  de  tout 
ce  que  nous^  a^ons  dit  sur  cet  auteur.  4^9* 

EosBBB.  Histoire  epdésiastique.  I^  6i.  V.  Perses, 

ETKiMxmB.  I,  a6.  Ni  lui  ^  ni  se%  imitateurs ,  ne  peu- 
vent nous  servir  que  pour  l'histoire  de  la  déca- 
dence du  polythéisme.  III ,  507. 

EicoNMiJifiCAYiON.  Ses  effets  chez  |es  peuples  du 
Nord.  II  ^  io5.  Rendue  moins  terrible  chez  les 
Indiens  et  les  Perses  par  la  domination  étran- 
gère. Ib.  Les  ma^  et  les  brames  j  suppléent  par 
des  menaces.  fto^S-ioô*  Effet  de  lexcommunica- 
tion  expulsant,  les  Inidieiis  d!une^  caste  supérieui^e 
dans  une  inférieure*  106-^07. . 

EiriATioH.  IV,  4&6*  Le  sacerdoce,  s  en  arroge  seul 
k  pnTÎlége.  Ib*  Son  efficacité»  lorsqu'elle  reppse 
sur  la  disposition  injtéi:iei;.rç,et,sur  la  conduite  fu- 
ture du  coupable.  Ib,  Qu'il  n'en  est  point  ainsi 
dans  les  rdig^€ins  sacerdotales.  Ib»  P^tiques  mi^ 
nutieuseft  auxquelles  est  attaché^ ..  l'absolution  des 
ciîiaiea:  lsft.pJiis(j9iQirs.  Ib.  Indien  sauvé  y  lorsqu'e» 
mourant  il  tient  en  sa  main  la  queu^  d'une  ^va- 
jche.  ift;NDm.d0|Wic^^l9^l (Prononcé  sans  intçDfe- 
tion,  aysiilt.l^iiiouvoijr  deflii^cer  tou^  les  crimes. 
497*  Ablutions  purifiant  l'homme  des  actions  les 
plus  coupables*,  selon  les  brames.  Ib,  Temple  bâti 
par  Amara  De^a,  dont  la  Tue  purifie  du  péché. 
Ib,  Temple  de  Rama ,  à  Ceylan ,  à  la  visite  du* 
<{tttl«fi6tjai^achék{  paidon  de  tous  las  péchés^  Ib^ 
EfitKoifé  desie^ux  du  Gange  pour  la  xemise  des 


2QO  TIBLZ 

pécht-5.  497'49^-  L'opinioD  des  ofarétient  des  pr»- 
mlcTs  siècles ,  sur  la  vertu  du  baptême,  très-peu 
ilifférttnte  de  celle  des  Indiens.  4^.  Cette  cérém» 
nie  souvent  ajournée  jusqu'au  moment  de  la  mort. 
/^.Pourquoi. /^.'Syllabes,  chez  les  Indien  s,  oompo- 
saiii  une  prière  ti'ès-efficace  pour  la  rëmUsion  des 
péchés.  lè.  Autres  superstitions  semblaUes.  16. 
L'expiation  devient  quelquefois  l'objet  d'un  trafic 
honieiii.  499-  Opinion  des  brames  sur  l'efiScacité 
des  donations  de  terres.  1$.  Prêtres  desDrfue*  et  des 
Talapuïns  secbai^eant  de  faire  pënîunce  pour  les 
profanes.  lè.  Qu'il  en  est  des  expiations  comme 
du  droit  de  grâce  sons  les  gouTememenu  ab- 
solus et  sous  les  gouvemements  constkutieonels. 
!)oo.  Efficacité  des  expiations  dans  les  mystères. 
V,  ys.  S'achetaient  quelquefois  ifune  manière  qui 
r,ippelle  la  vente  des  indulgences.  A.  Exemples. 

7,-73. 

Exp  1:1  CATIONS  HisTORiQDKs.  ËiTeBr  des  Ustoneits 
qui  rapportent  tont  à  «ne  seule.  I^-i$5.  - 

ÉzÈcHiAs,  le  premier  roi  juif  qni  prohiba- le  onlte 
du  serpent  d'airain.  I  ^  a'iy. 

KzorRvÉnAM(r).  t^s  un  livre sacrë-deri-Indiens, nais 
supposé  par  un  missionnaîM.  lU,  i44-  ' 


FASLlfs  puFCL&iHBs.  (ïhangoit,  pàroc^'eUssiespn' 
titem-des  idées  qui  varient.  1,  19^  CoastîbieDt 


ALPHABETIQUE   ET    ANALYTIQUE.  '^91 

linfluence  réelle  de  la  religion.  ao4-  Servent 
i  une  certaine  époque  cI*apoIogie  aux  coupables. 
IV,  3S8.  Exemples  tirés  d'Ovide  et  d'Eschyle.  Ib. 

Fadhb  et  Picus,  dieux  médecins  de  Tan  tique  Italie. 
II,  114. 

FxKBLoir.  I ,  XXX.  Sa  théorie  de  l'amour  Texpression 
du  sentiment  religieux  cherchant  à  se  placer  sous 
des  dogmes  fixes.  46*47*  ^  manière  d'envisager 
la  religion.  ti5-ii6.  Y.  Innocent  XII , 

FiETfUTB.  Que  la  fertilité  ou  la  stérilité  du  sol  mo- 
difie le  pouvoir  sacerdotal.  II ,  i3o.  Le  Nègre  tou- 
}ourB  actif ,  parce  que  son  sol  est  stérile  ;  l'Indien , 
pour  la  raison  contraire,  toujours  paresseux.  1.56. 
L'activité  un  cdïstacle  an  pouvoir  saeerdotal; 
l'inactivité  lui  est  favorable.  iSj.  La  richesse  du 
régné  végétalajoute  9l\x  pouvoir  des  prêtres  comme 
médecins.  /&.  Effet  de  la  fertilité  du  sol  sur  la 
multîpticité  des  cérémonies*  Ib.  Parti  que  le  sacèr^ 
dooe  en  tireL  1S8.  La  fertilité  suggère  la  notion 
du  bon  principe,  la  stérilité  celle  dit  mauvais.  Ib. 

FificnsM^.  V.  Scmvagfu.  A  la  C)ùne  ou  les  manda- 
rins sont  athées,  le  peuple  est  fétichiste.  I ,  a3S- 
336.  Dana  les  ames.corrooipue»,  la.- religion  n'est 
que  du  fétichisme.  a64*  Louis  XI  était  fétichiste, 
<|iiand  il*voalait  sédkiire  Notre-Dame  dé  Gléry  par 
des  présents.  Ib*  Mt.KamUcfuuiales,  Le  fétichisme, 
la  religion  à  l'époque  la  plus  brute  del'espcit  hu- 
main. 268;  Le  aentîment  reUgienx  sous  3a  pre- 
mière Ibnne.  969.  V.Malabarey  Arment.  Mdchàn- 
ceté de»  fétiches,  suivaoi  les  jongleura^  3b{4*34S. 

«9- 


Fétichisine  interdit  chex  les  HAreux ,  seulement 
sous  Ëzéchias.  aS^,  Noms  que  divers  tribus  sau- 
vages leur  donnent.  Ib.  Cb&tinients  infligés  aui 
Fétiches  par  différentes  tribus  sauvages.  360.  Les 
Ost)aques,les  La pons,  les  peuples  d'Ouechib,  les  hi- 
l>|[itnts  du  Congo  et  delà  baîed'Hadson.  360-961. 
Fétîebbmede  Louis  XI.  264-365.  V.  Groënlandais. 
Marchands  d'esclaves  Européens  profitant  du  fé- 
tichisme pour  corrompre  les  nègres^  377-378. 
Multipliait  le  nombre  de  leurs  fétiches  dpus  les 
occasions  importantes.  358.  V.  État  bariare.  Les 
fénches  des  sauvages  se  chargent  de  tout  pour 
un  seul;  les  dieux  de  leiat  barbare,  d'une  seule 
chose,  pour  tojfs.  II ,  7.  Des  traocs  de  fétichisine 
.se  retrouvent  dans  toutes  les  religions ,  soit  sscer- 
dotales,  soit  indépendantes,  et  àtoutes  Ws  épo- 
ques de  ces  religions,  ft-9.  Se  perpétue  même 
ilans  le  théisme.  Les  nègres  mahométans  adorent 
le  Murabo-Jumbo.  9.  Traces  de  fiéticbisfiie  chez 
le* modernes,  saint  Janvier,  lestnadones.  If,  33i. 
Le  fétichisme  se  place  naturellement  sous  le  cplte 
des  éléments  et  des  astres.  III,  6.  Les  commu- 
nications avec  les  fétiches  plus  fréquentes  qu'avec 
les  astres  ou  les  élémenti.  III,  9.  Partage  des 
fétiches  entre  les  individus  en  Egypte  et  aux  Indes. 
/^.Manière  dont  les  prêtres  modifient  le  fétichisme 
pour  s'en  feire  un  instrument.  10  .Fébcbe^  réunis 
en  corps,  fi.  Fétiche  archétype.  Ib.  Apis ,  Anubis, 
Bubastis.  ii.L'espritbumaîn  conserve  les  fétiches 
individuels  sous  les  fétiches  génériques:  la.  Por* 


ALPHABiTJQUE   ET   AirALTTlQUE.  agS 

phyre  attribue  le  fétichisme  au. sentiment  reli- 
gieux cherchant  Dieu  partout  et  l'adorant  où  il 
croit  le  trouver.  66.  Embellissements  des  squve- 
nirs  du  fétichisme  dans  la  religion  indienne.  xa4. 
Le  fétichisme  subsistant  dans  son  intégrité  dans 
diverses  contrées  de  Tlnde.  126^  Les  dieux  popu- 
laires toujours  plus  rapprochés  des  fétiches  que 
des  divinités  symboliques.  III  ,88.  Fétichisme 
chez  les  Chaldéens.  336.  Leurs  fétiches  symboles 
des  planètes.  ^Zy.  Les  arbres  sont  les  demeures 
des  divinités  qui  président  aux  étoiles.  Ib.  Syriens. 
Le  soleil  adoré  comme  astre  du  jour  et  habitant 
sur  la  terre  dans  une  pierre  ronde.  aSg.  Élxusques. 
Leur  amalgame  de  l'adoration  de  Tina ,  la  cause 
première,  hypothèse  métaphysique,  avec  le  culte 
des  arbres,  des  pierres,  des  lances.  a4o.  Se  pro- 
longe jusqu'au  milieu  de  la  civilisation  daps  les 
religions  sacerdotales.  IV,  4*  Faits  qui  le  prouvent. 
53.  Singularités  du  culte  de  la.  déesse  Dourga,  au 
Bengale,  venant  à  l'appui  de  notre  opinion.  /&. 

Ftu  (culte  du).  Manière  dont  les  prêtres  s'asservis- 
sent ce  culte  en  instituant  un  feu  sacré.  III,  11. 

FiGUBB  DBS  DIEUX.  MoDStrucuse  chez  les  Chinois.  II, 
261.  La  fable  indienne  qui  raconte  qu'un  tigre  et 
un  taureau  obtinrent,  par  les  prières  d'un  richt 
ou  pénitent ,  la  figure  humaine ,  est  un  hommage 
à  la  prééminence  de  cette  figure.  III.,  lao.  La  fi- 
gure de  Wichnou  dans  ses  incarnations ,  se  rap- 
proche progressivement  de  la  forme  humaine. 
21 5.  Figures  des  dieux  chez  les  Chaldéens.  a36« 


1^4  TABLE 

Leur  embellissement  progresssif  dans  le  poly- 
théisme liomerique.  3i6.  Anciennes  figures^  soit 
monstrueuses,  soit  d'animaux,  attribuées  aux 
dieux  les  plus  anciens  de  la  Grèce.  3i8.  V.  Grecs. 
Inlluence  du  sacerdoce  persan  sur  la  figure  des 
dieux  grecs.  111,  3a3.  Que  la  figure  des  dieux 
reste  stationnaire  dans  les  religions  sacerdotales. 
IV,  2.  Starro,  dieu  des  Frisons,  un  morceau  de 
bois.  Lucain  et  Claude  à  ce  sujet.  4-  Quetzalcode, 
dieu  de  l'air  chez  les  Mexicains  j  un  serpent. 
L'idole  d'Anabin,  pas  un  homme,  mais  pro- 
bablement  un  singe  de  l'espèce  des  cynocépha- 
les, 6.  Que  le  sacerdoce  cède  tôt  ou  tard  au 
penchant  de  l'homme  pour  la  figure  humiline.  6. 
des  formes  d'animaux  dans  les  divinités 
qui  prennent  la  figure  humaine  dans  les  religions 
sacerdotales.  7.  Figures  monstrueuses  des  dieux 
S3cerdoi:iux.8.  La  déesse  Ganga.  9.  Le  sens  mys- 
térieux des  formes  des  dieux,  le  principal,  chez 
les  nations  sacerdotales,  le  contraire  chez  les 
Grecs.  9.  Quadruple  empreinte  que  porte  la  fi- 
ure  des  di<;ux  dans  les  religions  sacerdotales  , 
fétichisme ,  esprit  symbolique ,  allégories  scienti- 
fiques, desJr  d'effrayer.  9-i3.  Quand  ce»  dieux 
^jr  la  figure  d'animaux, on  en  voit  à 
leur  suite  ou  leur  servant  de  monture.  lo.  Indiens 
de  nos  jours  tellement  imbus  de  ces  idées,  que 
voyant  quelques  saints  du  christianisme  accom- 
pagnés d'un  animal ,  ils  attribuentà  ces  saints  des 
transformât  il)  us  miraculeuses.  Ih.  Figure  symbo- 


ALPH\BÉTIQUB   BT   ARALTTIQOK.  39$  * 

%u  de  CM  dieux.  1 1.  DivÏBite*  poljrcéphales.  la. 
fiffm  de  Chandica.  i3.  Puestricb  des  Vandatei. 
li.  Les  dmoitÀ  grecques  simples, et  élégaatei. 
Les  dinaités  des  barbares  surcharge  d'orne- 
mcnts  et  de  donires.  t4>  Différeoce  de  la  figure 
des  dieux  et  de  celle  de  Nala  dans  le  Mababarat. 
t4-i5.  laâueDcequa  sur  les  artistes lliabitude des 
prêtres  de  n'ofitir  à  l'adoration  publique  que  des 
fonues  bisarres.  i5.  Foule  d'aoiipaux  iniaginaires 
qn'ik  introduisent  dans  les  mytbologies  sacerdo- 
tales. 16.  Qu'il  n'en  est  pas  de  même  chez  les 
Grecs.  Ib,  Ressemblance  des  animaux  de  l'Âpoca- 
.  Ijpse  avec  ceux  des  religions  sacerdotales.  i5. 
Qn'oa  ne  troure  aucune  forme  pure  et  régulière 
dans  les  ruines  de  Persépolis.  li. 
fatiàXDAia ,  leur  cosmogonie.  Le  dieu  créateur  s'eii- 

geudrant  lui-même  dans  le  vide ,  III ,  aÔQ. 
Fmiois,  leur  feu  sacré  entretenu  par  leurs  prêtres. 

m,  361.  OfEmieat  des  victimes  aux  léxards.  16. 
FtitaiBK.  I ,  xn. 

Flcudx.  Mime  opinion  cbez  ses  habitants  que  cbez 
les  OtabitieDS.  V.  Otahitiens.  Sacrifices  humains 
cbea  eux.  1 ,  349-  Femmes  qui  se  flagellaient  et  se 
dedûraient.  V.  Saintaté  de  la  douleur.  Adorateurs 
des  astres,  et  soumis  aux  prêtres,  ont  des  sacri- 
fice* humains  et  des  rites  licencieux.  II ,  34- 
Po,  (bote  d'animaux  dans  lesquels  son  ame  passe, 
liaison  du  fétichisme  et  du  panthéisme.  111,  53. 
Sa  confidence  à  ses  disciples  ne  les  détourne  point 
du  coite    extéiieur.    59-60.   16.    171.   Athéisme 


agô  TABlt 

dans  SI  doctrine,  i^p.  Enseignemenu  contraires 
'  donnés  au  peufrfe  par  ses  secuteurs.  Ib. 

Fd-hi,  dieu  Cbinois.  Était  un  serpent  à  tête  dlioiDme. 
H,  361.  Sasoenr  était  en  même  temps  sa  femme.  Ih. 

FoKDicDLES ,  fêtes  romaines.  Leur  anah^e  avec  des 
usages  hébreux.  I,  iSp. 

FdRHBS  BiLiGiKosis.  Nécessité  de  distinguer  entre 
elles  et  le  sentiment.  3^.  Que  l'homme  a  besoin 
d'une  forme  fixe.  4°-  De-là  nne  forme  positive 
proportionnée  à  l'état  de  cha(]ue  époqife.  4i  ■  Mais 
cette  forme  lutte  contre  le  sentiment  qui  se  dé- 
veloppe et  enfin  la  brise.  4^.  Quand  une  forme 
appelée  par  l'époque  vient  à  paraître,  tout  s'y 
attadie.  57-58.  Les  formes  religieuses  peuvent  , 
créer  un  pouvoir  ennemi  de  U  liberté.  90-91. 
Avantage  des  formes  nouvelles  contre  les  formes 
vieillies.  95.  V.  Pldn  de  rtmvrage.  La  forme  reli- 
gieuse ,  le  mojen  que  l'homme  emploie  pour  se 
mettre  en  communication  avec  les  forces  incon- 
nues. V.  Sentiment  religieux.  Pourquoi  nécessaires 
i  l'homme.  4i.  V.  Cuite.  Répugnance  du  senti- 
ment religieux  pour  le  joug  de»  formes.  59-60^1. 
V.  TertuîlUn ,  Grégoire  de  Nazianze.  Opinion  des 
Allemands  sur  les  formes  du  judaïsme  et  du  chri- 
stianisme. 1 3o- 1 3 1 .  Chaque  forme  religieuse  a  ses 
gradations  et  offre  en  petit  l'histoire  de  la  pro- 
gression religieuse  en  général.  368.  Que  la  se- 
conde moitié  de  nos  recherches  embrassera  la 
chute  de  la  première  forme  religieuse  que  l'homme 
se  soit  créée. V.  i65-i66.Quenou5ferons  voir  une 


ÂLPHABlSTIQUfi   Bt    ÂlfàLTTlQCS.  297 

forme  nouvelle  triomphant  de  celle  qui  a  été 
brisée  et  ralliant  tout  ce  qui  restera  de  sentimmts 
généreux,  d'espérances  consolantes.  166.  Les  for- 
mes religieuses  sont  de  deux  espèces ,  les  unes 
soumises  à  des  corporations  qui  les  malintiennent 
stationnaires,  les  autres  indépendantes  de  toute 
corporation  et  se  perfectionnant  progressivement. 
167.  Peut-il  n'en  exister  aucune?  Ib,  Non.  Ib. 
Preuves.  167  et  suiv. 

FoBTUKB  DBS  FBHMEs.  I,  x84«  V.  f^éturiû,  Euvisogée 
par  Court  de  Gébelin  comme  uniquement  la 
fête  du  soleil  vainqueur  de  Thiver.  Ib. 

Fou-PAO  j»  devenue  enceinte  à  l'apparition  d'une  nuée 
brillante.  Il,  262.  Donne  le  jour  à  Hoang^ti.  /&• 

François  I*'.  I,  ii8. 

Frayssikous.  II ,  487-  Sa  réfutation  de  la  doctrine 
que  hors  l'Église  il  n'y  a  point  de  salut.  Ib,  Plus  ' 
tolérant  que  Luther.  488. 

Fhbdébic  il  Son  incrédulité.  Son  influence  sur 
l'Allemagne.  I,  ia6<-i29. 

Fb^ret.  I,  i36.  Conformités  qu'il  trouve  entre  les 
divers  usages  des  peuples.  iSp.  V.  Stunte^Croùc, 

Fréta  ,  déesse  des  Scandinaves  y  présidait  aux  peines 
et  aux  plaisirs  de  l'amour.  Y,  lai. 

FuREBAiBSS  (cérémonies).  V.  Autre  vie.  Esclaves  en- 
terrés avec  leurs  maîtres,  prisonniers  avec  les 
vainqueurs  y  femmes  avec  leurs  maris ,  chez  les 
Nègres^  les  Natchez,  les  Caraïbes.  I,  294.  Les 
habitants  de  l'Ile  de  Bornéo  tuent  ceux  qu'ils  ren- 
contrent, pour  avoir  des  esclaves  dans  le  monde 


TABL8 
«.&  VkoBa  T<dontaires  ches  tes  Nalchez, 
MaK-kMabe  de  leurs  oheb.  3o5-3o6. 


MMB*,  poime  indien  où  les  éléiaenb  soot 

(^1.  hifyphème. 
.  t.  uin. 

a,  tua  bésitation  dans  Is  persécution  det 
^95.  I,  i53.  Ses  mesures  rappellent  la  ré?o- 
■  Je  ledit  de  Nantes.  Ib. 
,  leurs  taureaux  sacrés.  III,  a6a.  Adoraient 
t-Mt,  V  Ifu  t  le  soleil.  Ib.  Allusions  liréquentes  i 
^a^wioiiiie  par  leurs  bardes.  Jb.,  264.  Leur  ceuf 
lirr  \r"'T"i    'oBuf  <l£    serpent  des   druides. 

tJAM»-  V.  Potyphème. 

iàj<»i.\.  t-E  Gai«bb.  Source  d'eau  chaude  à  sa  nais- 

!^«.  Il ,  iSj.  Influant  sur  des  fables  indiennes. 

Hk  Avale  par  Jahnou.  III,  i58. 
itltmwui.,  monture  de  Wichnou.  II,  441.  Sa  des- 

■.t^boti.  II). 
^M4>-  1 .  VII.  V.  Tautalès,  Climat.  Culte  des  éle- 

wralsdiins  la  Gaule,  attesté  par  Grégoù-e  de  Tours. 

U,45.  Veux,  delà  Saint-Jean ,  vestiges  de  ce  culte, 

IJ.  Sanilices  humains.  46.  IV,  aïo-aii.  LesGau- 

kw  IrgiMieiit  en  mourant  leurs  biens  aux  prêtres. 

1,,^.    Leurs  prêtres  les  seuls  poètes,  les  seuls 


ALPHABÉTIQUE   ET   ANALYTIQUE.  299 

inatituteurs  de  la  jeunesse.  ii3.  Les  sévis  méde- 
COIS.  SoleDiiités  avec  lesquelles  ils  cueillaient  le 
samolus  et  la  sébgo.  11  S.  La  figure  des  dieux 
stationnaire  che2  les  Gaulois.  IV,  a.  Grossièreté 
de  leurs  simulacres  jusqu'au  temps  de  César.  4* 
Avaient  cependant  des  statues  d'or  de  son  temps. 
5.  Simulacres  d'osier  qu'ils  remplissaient  <levicti« 
mes  humaines  pour  y  mettre  le  feu.  an. 

GiTATfti ,  sa  définition.  III  ^  i58.  La  même  dans  une 
de  ses  significations  que  la  Trimourti.  Ib.  Un 
rbythme,  un  hngage,  une  déesse  et  mille  autres 
choses.  i8a-i83. 

GxDion,  fait, des  dépouilles  des  vaincus  un  orne- 
ment pour  les  prêtres  :  les  Juifs  en  font  un  objet 
decahe.  II,  a33. 

Géockaphie  des  Aircisirs,  progressive.  1, 170-171. 

GEtHAiH s ,  ont  pour  auteur  Mannus,  fils  de  Tuision. 
Adoraient  les  éléments;  sacrifiaient  des  hommes 
à  Hertha,  la  ten^e.  II  ^  4^.  N'adorant/ suivant 
Coar,  que  des  dieux  visibles^  les  astres.  47- 
ITayant  ni  temples,  ni  prêtres,  malgré  leur  astro- 
Utrie.  Ib.  Suivant  Tacite ,  ils  avaient  des  prêtres 
paissants  et  sacrifiaient  des  hommes.  48.  Manière 
dont  on  a  voulu  concilier  cette  contradiction.  Ib. 
L'explication  n'est  pas  satisfaisante.  Ib.  Le  pou^ 
Toir  des  prêtres  de  la  Germanie  remonte  à  un 
temps  immémorial.  4^49-  Fétichisme  des  Ger- 
mains.   III ,  a63.    Adoraient   aussi    les    astres. 

m 

159-260.  Transportaient  leurs  dieux  nationaux 
dans  des  caisses  et  sur  des  chars.  263.  Leurs  fo- 


300  TABL1E 

réu,  du  temps  des  Bomains,  un  objet  d*époii- 
▼an te  poui^  les  voyageurs.  IV,  a  12.  Vierges  pié- 
cipitées  dans  le  lac  de  Rugen.  Ib. 

Gbtbs'.  II,  100.  Chez  eux  les  prêtres  étaient  au- 
dessus  dé  toutes  les  autres  classes.  Ib.  Ambassade 
de  Décébale  à  Trajan.  Ib. 

61AGUB8.  Punitions  des  femmes  qui  acooncheot 

I,  256.  Sont  peut-être  une  secte,  non  une  tribu. 

II,  35.  Adorateurs  des  astres  et  asservis  aux 
prêtres.  Ib*  V.  Calandola. 

Gibbon.  Son  érudition.  1, 122.  Sa  partialité.  Ib. 

Glôbb  (  bouleversements  du).  1 ,  335.  Combien  fré- 
quents. Ib.  Que  le  sentiment  religieux  aime  à  se 
plonger  dans  la  contemplation  de  ces  grandes 
catastrophes.  334-  Avantage  qu'en  retire  le  pou- 
voir des  prêtres  et  des  jongleurs.  335-336. 

Gonwiir.  I,  laa. 

GoBRBEs.  1 ,  1 36.  Manière  ingénieuse  dont  il  montre 
que  la  religion  per$e  peut  recevoir  toutes  sortes 
d'explications.  III,  258. 

Gopis  (fable  des)  femmes  de  Sirendiep^  enceintes 
toutes,  au  nombre  de  1600,  dans  la  même  nuit) 
par  une  opération  divine.  III,  139. 

GoTHs.  Y.  Sacerdoce. 

Gracbs  (les).  Fable  qui  les  concerne.  II,  4^^* 
Leurs  attributions  morales,  4o3~4o3* 

Grxgs.  I,  y III.  200.  Dans  quel  sens  le  culte  des  astres 
leur  fut  toujours  étranger.  176-177.  V.  CUmat»^^ 
prêtres  eurent^toujours  peu  de  pouvoir  en  Grèce. 
II,   i5.  Leur  adoration  des  astres  ne  fat  jama^ 


ALPHABliTIQUS   ET    ANALYTIQUE.  3oi 

de  rastrd&trie  pure.  a8.  L*a$tronoinie  leur  était 
peu  nécessaire.  a86.  Leurs  progrès  dans  oette 
sdenoenereoionteotpas  bien  haut.  Ib.  Y.  Platon^ 
Aristophane^  Rang  subalterne  que  les  prêtres  oc- 
cupent chez  eux.  II,  389.  Toutes  les  fonctions  sa- 
crées remplies  par  les  vieillards  etr  les  pères.  Ib. 
V.  Sacerdoce.  Le  sacerdoce  grec  acquiert  graduel- 
lement plus  d'influence ,  mais  jaia^s  une  com- 
(Jète.  ^90-39 1.  Leurs  homogtes  éa^iuents  possè- 
dent le  don  de  prophétie,  sans  être  prêtres.  II, 
açi.  De  même  chez  les  Troyens,  paroe  qu'Ho* 
mère -attribue  aux  Troyens  les  mçsur?  des  Grecs. 
a9a-a93.  Mauvais  traitements  auxquels  les  prê» 
très,  Théoclymène,  Leiodès,  Calchas,  sont  ex- 
posés. agS-agâ.  Homère  les  met  de  pair  avec  des 
professions  peu  r^eyées.  996.  Éimmératioii  des 
famâles  sacerdotales  en  Grèce.  .^97.  Ces  familles 
en  général  d*u«e  origine  étrangère.  ^99.  Ne  do- 
minaient que  dans  les  mystères  et  avaient  peu  de 
rapports  av^ec  la  religipn  publique.  3oo.  Y.  Mys^ 
Ares.  L*éppql|e4e  Uplus  gtm^e-  puissance  du  sa- 
cerdoce ^^  Qi^èœ,  le, temps  4^.  Sophocleji^.Soi. 
V.  SopkoeJ^e^  Les  prêtres,  mânpre  alors,  ne  for- 
maient point  un  cprps.ip4^.?"d^^^f  ®^  n'araient 
nul  poii¥pir  eÎTil,  politique,,  ou  judiciaire*/^.  Les 
fonctions  du  .sacerdoce  étaient:  temporaires.  Ceux 
qui  lesexevçai^raat,  jrentrai^t  ensnite.d^ms  l94^sse 
des  simple^  çi^o^ns^  n'étaient  pas  exempts  du 
service  mAiiair«  i^t  restaioit  .soumis  aui(  tribu- 
naoa  ordînaîres»  Ib.  3oî2.  Y*  QUUaSj  Ewnolpidesy 


309  TABLfi 

Héhastes^  Pausanias  général  êpoiiiat»^  ^gesipo^ 
Us,   ÊphoreSj  Devins^  XénophoUj   Socrate.    Le 

•  peuple  révisait  à  Athènes  les  jugements  defaréo- 

'  page,  relativement  à  la  religion.  /3.  Les  rois  de 
Sparte  étaient  prêtres  de  Jupiter.  3o3.  Le  sacer- 
doce plus  subalterne  à  Sparte  qU'à  Amènes.  /^. 
'  La  connaissance  des  réponses  d'Apollon  Delphien 
réservée  aux  rois  de  Sparte.  Ib.  Faits  qui  feraient 
croire  qu'à  une  époque  antérieure  aux  temps  hé- 
roïques,  les' Grecs  furent  gouvernés  par  des  cor- 

'  porations  sacerdotales.  3o6.  Les  patres  mentioa- 
nés  par  Homère  comme  antérieurs  au  siège  de 
Troie,  plus  puissant»  que  ceux  de  cette  époque. 
3o6-3o7.  V.  Tïrésias,  Vestiges  du  culte  des  élé- 
ments et  des  astres,  dans  quelques  temples  an- 
ciens. 3o8.  V.  CUomène ,  totems.  Feu  sacré  brû- 
lant au  Prytanée  d'Athènes.  3o8*  Autel  de  la  terre. 
/i&.  Adoration  de  la  mer  distincte  de  Neptune. /i. 
Sacrifices  de  cIrevauxparleS'Arglens.  309.  V«nts 
aidorés  par  lés  Thûriens  et  ïeS  Atliéniens.  Ih  Culte 
des  Arcadrens  ayant  rapport  -à' ra^ti^onomie.  Ib. 
Formes  hideuses  d'anciennes  diviirités  gr^qaes. 
3 10.  ftévdlulioTi  àntisacerdotate  cti  Gràde,-  cer- 
taine, mais  les'Uétaits  ignorés-.  3iif;  'Homère j  ni 
Hérodote,  ne  nous  donnent  là-d^ssus  aucun  dé- 

'  tail)  3 1 1 .  Tefn  de  besoin  que  les  -GrécS  avaient  de 
rastronomié;  3ia.  Circonstances* qtiî  s'opposaient 
àû  pouvoir  sacerdotal  en  Qf^êt:  H;  La  uradttion 

'   des  Danaïdes  peut^'étretin  sbut^r  d^ûn  maèsacre  I 
de  "prêtres  par  feà  géei^érs.  3  rtf .:  V.  -fyfi-kmy  Ti- 


ALPHABÉTIQUE   ET   AK ALTTIQUE.  3o3 

ions,  Prométhée  une  tradition  de  la  TÎctoire  du 
culte  grec  sur  le  culte  des  Pelages.  II,  3i5*3i6. 
Combats  des  prêtres  d'ApoUon  et  de  Bacchus ,  à 
Argos.  3i6.  Opinion  de  Schlegel  sur  la  révolu- 
tion antisacerdotale  de  Grèce.  3i6-3i7.  Rechute 
(les  Grecs  dans  le  fétichisme.  3d3.  Faits  qui 
le  prouvent.  326-329.  Conformité  cfes  cérémo- 
nies grecques, conservées  du  fétichisme,  avec  1er 
coutumes  des  sauvages.  329.  Dieux  maltraités  par 
les  Grecs,  comme  par  les  sauvages.  Ib.  Punition 
des  dieux ,  suivant  Hésiode.  33o.  Amalgame  des 
réminiscences  des  colonies  et  du  fiétichisine  grec. 
35o.  Influence  limitée  des  colonies  égyptiennes 
sur  le  fétichisme  grec.  35a.  Permkmon.  donnée 
aux  Grecs  de  consulter  leur  oraeleL  355..  La  reli- 
gion grecque  ntïlIéitieHt  la  même  que  ceHé  des 
colonies.  359.  Instittitions  fondées  en  Grèce  par 
les  eoloiiied.  Dynasties  royales.  366.  Partage  de 
la  royauté  et  du  sacerdoce  à'  AthèiiaifeRtrerÉfec- 
thée  et  un  préfiré  thralcd^  ^ôyvSkmtàtmgéogm'- 
phiquedela  Grèce '&vorGlblei»1^1^ti3ddttclion  des 
dogmes  et  des  rites  étrangers.  S^sr/lLes^poâtes 
qui  transmirent  aux  4îrecM^')eÀ''dègmes  sacerdo- 
taux fiirefit  lèàjour^  iti^xïgëfl6::'^ÏJ  Oracles  sa- 
cerdotaux confites  jpàr  les'Gr0espS^9v  Dait8.dia- 
que  divinité  gfi^e^e,  il  y^a'taii'niélange  de  fiction 
et  de  doetWtie  'saeerJotale.  3^é'  Victoire  de. l'es- 

I       r  ■        ^ 

pfrit  grec' et  refonte  déees  fiêtionâ«  1^.  Biédas  lios- 
nogotifqiies  des  'Grecs ^  paMb  ârceux  .dés  reli- 
gions saôetdbtal^;  tHait^'iÛy  attadiaiem   peu 


3o4  T4BLE 

d'impoTtavce,  parce  que  ces  récits  ne  se  mêlaient 
point  à  leur  religion  populaire.  385.  Les  diyinités 
cosmogonîques  ne  sont  chei  les  Grecs  Tobjet 
d'aucun  culte  national.  387.  Instituts  sacerdotaui 
à  Delphes  y  Olympie,  etc.  368..  Le§  Grecs  connu- 
rent la  Ckilohide,  peuplée  par  une  colonie  d*Egypte. 

-  378.  Les  diTUDÎtés  sacerdotales  transportées  en 
Grèce  y  devinrent  souvent  des  dieux  secondaires, 
ou  des  demi-dieux.  4^y.  Le  tmyail  de  l'esprit  grec  se 

'  remarque  dans  toutes  les  divinités  empruntées  du 
dehors.  436.  Rites,  introduit^  eniGrèce  de  l'étran- 
ger. 442*  Contîneace  imposée  en  Grèce  à  certai- 
nes prêtresses,  mais  plus  restreinte  qu'ailleurs.  Ib. 
Premier  élément  de  la  religion  grecque,  le  féti- 
chisme. 444«:S>eco<Mi  éléoftent,  réunion  des  féti- 
ches en'dieux.natioiiaux  par  les  colonies.  Jb.  Indi- 
vidus consenrajM.des  oLye^  d'adoration  privée. 
444'-44S«  Aniecdole  d'Hérodote  à  ce  sujet.  44^- 

'  '  Cérémoniea  .et  rites  doni  le  sens  était  oublié,  mais 
apportés' iH»  Grèce  par  le^  eoloiûes.  4So.  Tradi- 
tionâi  etlIriiks'gNfCques  ajoutées  à  celles  des  co- 
lonies. '4^it^  .GbifQDQl^e  idéale  dans  laquelle  se 

-  «oncentrenttouiesQestradUÎpps^kpm]gamées.453< 
;  Les  &gia^hér4)[qMS,  r^n£e^més;^ns  cinq  généra- 
tions. Ibi^£èKmipPiC€i.4^  ten^psj  beaucoup  trop  res 
serré.  La  pifèiHr4'ei^.est,dap#  k; comparaison  de 
voyagea  dHérctffo.et  de  Thfsée  ^vec  celui  de  Té 

.  lémacpfee.  4Si^4^*  Élein^fm^  véritables  du  poly 
ihéiame  greo»  49^  Homogénéité  ^.esprit  uni 
forme  dans  :1a  feMgiou  gr^cqw^  «malgré  la  diver 


ALPHABÉTIQIJB    ET    ANALYTIQUE.  !)o5 

site  des  âements.  4^7.  Les  juges  des  enfers  que 
la  religîoB  grecque  n'admet  point  ^  à  sa  première 
époque,  y  entrent  quand  la  morale  devient  partie 
de  la  religîon.  4fio^4^i.  Mal  qui  serait  résulté 
pour  Tespèce  humaine,  si  les  Grecs  fassent  de- 
meurés soumis  au  pouvoir  sacerdotal.  4^1»  Con- 
traste des  fêtes  sacerdotales  et  des  fêtes  grecques. 
467.Heeren  sur  les  conséquences  heureuses  de  Tin- 
dépendance  deaGrecs.  469.  Introduction  du  culte 
du  feu  en  Grèce.  III ,  isi.  Etat  des  Grecs  dans  les 
temps  barbares  ou  héroïques.  277.  Séparation  de 
la  population  de  la  Grâce  en  ileux  races.  283.  Ces 
deux  races,  les  Ioniens  et  les  Doriens,  pourraient 
encore  se  atxbdÎTiser.  aSs-aSS.  Contrées  habitées 
par  ces  deux  races.  a83.  Caractères  des  Doriens. 
A.  Des  Ioniens.  16,  Que  lopposition  du  carac- 
tère de  ces  deux  races  n*a  influé  que  légèrement 
sur  la  croyance  des  temps  homériques.  a84'  Res- 
semblance de  tous  les  Gcecs  d'Homère ,  suivant 
Heeren.  987.  Admiration  des  Grecs  pour  la  beauté. 
3a3-3a4«  Anecdote  de  Philippe  de.Crotone.  A.  Le 
symbole  toujours  samfié  à  la  beauté  par  les  Grecs. 
324.  Influence  heureuse  de  l'amour  de  la  beauté 
sur  la  morale.  It.  Les  festins  des  dieux  chez  les 
Grecs,  peut-être  introduits  dans  leur  mythologie 
à  Tinstar  de  quelque  cérémonie  égyptienne  on 
éthiopienne.  Ces  festins  toujours  placés  en  Ethio- 
pie. 353.  Ils  y  avaient  une  signification  astrono- 
mique. 354*  Que  pour  nous  faire  une  juste  idée 
de  leur  premier  polythéisme,  nous  écartons  tou- 

r.  20 


3o6  TABLE 

tes  les  explications  symboliques.  3og.  Que  les 
plus  raisonnables   des  ërudits   allemands    sont 
revenus  à  notre  opinion.  3io.  Hermann  démon- 
tre qu'Homère  n*a  pas  compris  le  sens  symbo- 
lique des  fables  qu'il  a  rappelées.  3ii.  Par  exem- 
ple, il  parle  des  Sirènes,  sans  comprendre  la 
ùgnification  sacerdotale  de  cette  faUe.  /6.  La 
Minerve  Glaucopis  et  la  Junon  Boopis  chez  les 
Grecs,  réminiscences  de  la  vache  et  du  hibou. 
3i8-3ao.  Action  de  l'esprit  grec  sur  la  figure  des 
dieux  dans  les  religions  sacerdotales  :  exemple , 
Sérapis.  321.  Les  formes  des  dieux  grecs  ne  fu- 
rent pas  embellies  sur  les  monnaies.  324*  Les 
dieux  de  VIliade  mercenaires.  33o.  Le  langage 
des  Grecs  à  leurs  dieux  pareil  à  celui  des  sau- 
.vages  à  leurs  fétiches.  34i*  Les  dieux  homéri- 
ques secondent  les  entreprises  criminelles,  en 
raison  des  sacrifices.  333.  Leur  perfidie.  là.  Sur- 
noms qui  expriment  leurs  vices.  334*  Hospita- 
lité violée  par  les  dieux.  Hercule  tue  son  hôte. 
335.  Ils  sont  les  instigateurs  du  crime.  337.  Pour- 
quoi les  Grecs  invoquaient  en  fiiveur  de  la  morale 
«des  dieux  si  corit>mpus.  338.  Les  dieux  grecs 
ne  punissent  pas  même  toujours  le  parjure.  34o. 
.    Mauvaise  opinion  qu'expriment  les   Grecs  sur 
.   leurs  dieux.   73.    Précautions   injurieuses   qu'ils 
prennent  contre  eux.  34 1«  Dieux  enchaînés.  Ib. 
Explication  des  simulacres  enchaînés.  34 1-342. 
Dieux  séduits  par  des  largesses.  34^.  Anecdote 
sur   les    Eginètes  et   les   statues   de   Damia    et 


ALPHABÉTIQUE   FT    ANALYTIQUE.  So^ 

d'Anxésîa.    343.   Diaux    forcés  de  suivre  le&rs 
suDulaores.  Ib.  Leur  jalousie.  344*  Mée  des  Grecs 
modernes  sur  la  jalousie  des  dieux.  345.  Dégra* 
dadou  des   attributs   métaphysiques  des  dieux. 
III ,  345.  Bornes  de  leurs  (acuités  physiques.  li. 
Leur  Tue  limitée.  li.  Ignorance  où  ils  sont  de 
ce  qui  les  intéresse  le  plus.  346.  Ils  sont  exposés 
au  sommeil  et  à  la  fa^gue.  347>  Us  changent  de 
formes  y  mais  sont  reconnus  malgré  leurs  dégui- 
sements.  349*  Pourquoi  ils  entendent  de  par^ 
tout.  lâ.  Ils  subissent  les  infirmités  de  la  vieil- 
lesse. Ib.  Ils  peuvent  mourir.  349*354*  Us  imi- 
tent- les  usages  des. hommes.   35 1.  Mépris  que 
les  hommes  conçoivent  malgré  eux  pour  de  telles 
divinités.  ïb.  Combats  des   mortels .  contre  les 
dieux.  3$4-  Q^^  <^s  combats  ne  sont  point  .des 
allégories.  Ib,  Combien  les  dieux  des^Grecs  dé- 
vient  de  leur  destination  primitive.  lil^  355. 
Quel  était  l'espoir  des  hommes,  en  les  créant, 
et  comme  cet.  espoir  a  été.  déçu.  Ib.  La  société 
des  dieux  grecs  s'occupe  d'elle  et  non>  des  hom- 
mes. 356.  Le  premier  enfer  des  Grecs  ^  une  co- 
pie exacte  de  la  vie  terrestre.  379.  hà  morale ,  à 
cette  époque ,  était  complètement  étrangère  ^tux 
notions  des  Grecs  sur  l'autre  vie«  3S2.  Toutes  les 
fables  où  il  y  a  morale,  jugements  des  morts,  etc., 
sont  postérieures  aux  temps  homériques.  .383. 
Cause  de  Terreur  des  écrivains  à  cet  égard.  Ib, 
11  n'est  question  de  récompenses  après  cette  vie 
que  dans  l'Hymne  0  Cérès,  pour  la  première  fois  ; 

ao. 


3o8  TàBLE 

mais  cet  ouvrage  est  bien  moins  ancien  xfue  l'I- 
liade et  rOdyssée.  385.  Les  supplices  dans  les 
enfers ,  non  des  actes  de  justice ,  maïs  des  Ten- 

.  geances  personnelles  de  la  part  des  dieux,  387, 
388.  Le  travail  inutile,  le  plus  grand  malieur 
aux  yeux  des  Grecs  des  temps,  héroïques.  388. 

.    Les  Grecs  dépouillent  de  toute  morale  les  £aibles 

.  sur  Fautre  vie  qu  ils  empruntent  d^Egypte.  389. 
Deux  erreurs  sur  le  polythéisme  grec  :  lune, 
qu'il  n'a  pas  été  une  ventile  religion  ;  l'autre , 
qu'il  n  y  avait  dans  cette  religion  que  des  absou- 
tes. 4oa.  Avantages  de  la  religion  grecque ,  ses 
fêtes.  4o4*  ^  trêves.  li.  L*Elide  consacrée  à  la 
paix./(.La  religion  greoqUeapaise  les  haines  par  les 
expiations.  4^5*  Combien  ces  expiations  étaient 
sacrées.l(fr.Elle  ouvre  des  asiles.  466.  Ces  asiles  sont 
une  preuve  que  Tutilité  d^end  des  époques.  Un 
avantage ,  dans  les  tmnps  barbares ,  un  inconvé- 
^ nient,  quand  les  lois  régnent,  li.  Amphictyo- 
nies  créées  par  la  religion.  It.  Tout  ce  qui  est 
chef  aux  hdmmes  se  rattache  au  polythéisme 

•   grec.  4^7* 

GaÀckiiiiB  Vil.  I,  XV.  Lançant  ses  foudres  contre 
les  trônes.  It.     ' 

Gaioonut  Bx  Naziahzb,  sur  la  liberté  religieuse, 
dont  tout  chrétien  doit  jouir  sans  s'astreindre 
aux  formes.  I,  69. 

GxBGOiaB  OK  Tours,  sur  le  culte  des  éléments  en 
Germanie  et  en  Gaule.  II ,  45. 

GxoBiTLAHnÂis,  ont  sur  la  mort  les  mêmes  opinions 


ALPBA.BJtTIQUS   ET   AlTàLTTIQUE.  3o9 

que  les  peuples  de  la  Guinée.  I  ^  288.  Y.  Guinée. 
Ib,  Croient  que  pendant  le  sommeil  Tame  chasse 
ou  Yoyage.  1 ,  296.  V.  Ame^  Angekoks.  Enterrent 
avec  leurs  enfants  des  chieos  destinés  à  leur  ser- 
vir de  guides,  et  croient  cependant  à  la  métem- 
psycose. 298.  V.  Jongleurs,  Croient  leurs  fétiches 
exposés  à  la  mort  267.  V.  CUmat. 

Gaornis  offre  les  massacres  rapportés  dans  les  livres 
des  Hébreux  comme  des  exemples  à  suivre.  II , 
a37. 

GusBBBs.  II,  38.  Leur  respect  pour  le  feu  et  l'eau. 
Ibid. 

GniGKiAUD.  Mérite  de  sa  traduction  de  Creutzer. 
1  )  137.  Reproche  peu  fondé  qu'il  bous  adresse. 
III ,  53.  Regarde  trop  exclusivement  le  panthéisme 
comme  la  doctrine  indienne.  /6. 166. 

Gimris  (peuples  de  la).  Croient  à  une  seconde 
mort.  I,  288*289. 

GirrAinB^  mAme  usage  qu'au  Paraguay  envers  les 
pères  â  la  naissance  de  leurs  enfiints.  I,  267. 
Y.  Paraguay,  Union  des  sexé^. 

GvTOH  (madame)*  Y.  .&ftfr<y!c«. 

Gtgbs.  y*  Briarie, 

Gtlfb,  roi  de  Suède.  Y,  ia8.  Donne  sa  fille  au  fils 
d'Odin.  Ib.  Sa  lutte  avec  ce  dernier.  1^8-129.  Est 
mis  à  mort  et  le  culte  des  dieux  dont  il  avait  re- 
levé les  autels  proscrit.  Ib.  Confusion  que  son 
nom  apporte  dans  les  traditions  des  Scandi- 
naves. 1 28. 


3lO  TABLX 


H. 


Haviz,  poète  persan.  II y  i5i.  Y.  Climat. 

Hamiixae  ou  Himiixo  ^  général  carthaginois.  V.  Sa^ 
enfuies  Juàmains, 

Hamtaeites  (tribu  arabe)  adoraient  le  soleil.  II,  5o. 

HAEPOCRicTB  (statue  mystérieuse  d*).  III,  78.  Siens 
divers  qu'on  y  attache.  78-79. 

HjéBRBUx.  V.  Judaïsme  y  Fordiculesy  Jéhovah,  Traces 
de  fétichisme  chez  eux.  I,  237.  V.  Serpent ^  Bethél* 
Leurs  notions  sur  la  résurrection  des  âmes  dans 
Kétat  du  corps.  '2^97.  Ezëchiel  atteite  Fastrolâtrie 
des  nations  voisinet  des  Hébreux  et  Tapostasie 
fréquente  de  ceux*civ  II,  4S.  V.  Castes.  Hérédité 
du  sacerdoce  chez  les  Hébreux.  83.  Ferment  le 
sanctuaire  à  tout  profane.  89,  Faits  qui  prouvent 
les  privilèges  exclusifs  de  leurs  lévites.  Abiron, 
Dathan,  Aizza,  les  5o,ooa  Bethsamîtes.  Ib*  Apo- 
logie de  leur  châtiment  par  Guénée.  89-90. 
Azarias  chassé  du  temple  par  le  grand-^prêtve.  90. 
Louanges  que  Bossuet  donne  à  ce  grand-prétre. 
/&.  Les  Juifs  consultaient  leur  grand-prétre  sur  le 
choix  de  kura  généraux.  97.  Y.  Moïse.  Avaient 
pour  médecins  leurs  lévites.  11 4*  Lutte  du  pou- 
voir spirituel  et  temporel  chez  les  Hâ>reux.  198. 
D'abord  une  théocratie  pure.  /&•  Délégation  par 
Bloîse  des  fonctions  civiles  à  des  hommes  présen- 
tés par  le  peuple.  199.  Germe  de  Tautoriié  tem- 
porelle. 73.  Disparaît  sous  Josué,  qui  réunit  de 


ALPHABETIQUE  ET   ANALZTIQUE.  3ll 

noureau  les  deux  puissances.  Ib*  Après  lui  les 
juges,  ou  plutôt  des  généraux,  réclament  «d^ 
droits  politiques,  mais  sans  fruit.  199- aoo.  Ap- 
parition formelle  du  pouyoir  temporel  dans  la 
demande  d'un  roi.  aoo.  Résistance  du  sacerdoce, 
aoi.  Tableau  de  la  royauté  |>ar  Samuel.  Ib.  Lutte 
manifeste  dans  l'histoire  de  Saûl  et  de  Samuel. 
2oa.  Samuel  était-il  prêtre?  2o3.  Efforts  contra^ 
dictoires  de  Saûl  pour  dompter  ou  désarmer  le 
sacerdoce.  ao4.  Massacre  de  quatre>yingt*cinq 
prêtres.  Ib,  Chute  de  Saûl.  Ib,  Lutte  continuelle,  à 
dater  de  cette  époque ,  entre  les  rois  et  les  prêtres. 
205-209.  Révolution  sacerdotale  de  Jéhu  pareille 
i  celle  de  Saûl  et  de  Dayid.  206-207.  Jéfau  fait 
massacrer  Joram,  Jézabel,  les  fils  d'Achab,  les 
frères  d'Ochosias ,  les  prêtres  de  BjmL  Ib.  Allian- 
ces étrangèrjes,  recheix^hées  par  les.  rois  contre  le 
pouvoir  des  prêtres.  Ib.  Penchant  des  rois  juifs  à 
ridolfttrie,  cqmroe  moyen  de  lutter  contre  les 
prêtres.  Ib»  209.  Combien  superficiels  les  écri- 
vains du  18'  siècle  qui  ont  traité  les  Juifs  avec 
tant  de  mépris.  210.  Leur  religion  supérieure  à 
toutes  les  autres ,  non-seulement  quant  aux  doc- 
trines, mais  quant  aux  rites.  217.  Point  de  sa- 
crifices humains  ni  de  rites  obscènes.  218.  La 
divination  interdite.  Ib.  Reconnaissance  dés  droits 
du  peuple  dans  la  législation  de  Moïse.  219. 
Germe  d^  l'abolition  du  monopole  sacerdotal. 
Anecdote  d'Eldad  et  Médad.  220-22 1.  La  pureté 
du  théisme  juif  ne  peut  être  expliquée  par  le 


3ia,  TABLE 

raisbaneinent.  aai.  Deux  choses  à  distinguer 
dans  les  livres  hébreux  el  dans  la  législation  de 
Moïse  :  la  doctrine  de  Tunité  de  Dieu  et  la  mo- 
rale, d  une  part  ;  de  l'autre  les  circonstances  et  les 
barbaries,  motivëeis,  dans  un  état  peu  aYancé  de 
la  civilisation,  par  ces  circonstances.  %22.  L'en- 
treprise de  la  délivrance  des  Juifs  par  Moïse  pure- 
ment humaine,  bien  qu'il  la  crût  une  inspiration 
divine.  aaa*2a3.  Mais  cette  entreprise  motivant 
des  actes  de  férocité,  des  massacres,  ces  actes 
ne  doivent  point  être  attribués  à  la  même  source 
que  la  morade  et  la  doctrine.  aaS.  Les  Juifs  regar- 
dés comme  immondes  par  les  Égyptiens.  16.  His- 
toire de  Moïse.  223-224.  Sortie  d'Egypte,  racon- 
tée par  Josèphe  et  par  Diodore.  ^24-^26.  Périls 
qui  menaçaient  Moïse  et  son  peuple.  Ib.  Habitudes 
^[yptiennes  contractées  par  les  Juifs.  226.  Efforts 
de  Moïse  contre  ces  habitudes.  Ib,  Ses  efforts 
souvent  inlructueux.  227.  Ressemblance  entre  les 
coutumes  des  Hébreux  et  celles  des  Egyptiens. 
227-28.  Travail  de  Moïse  pour  isoler  son  peuple. 
228.  De-la  ses  lois  barbares.  229.  La  nécessité  leur 
sert  d'une  sorte  d'excuse.  16.  Adoucissements  que 
lui-même  y  introduit.  229-230.  Les  pontifes  pos- 
térieurs à  Moïse  beaucoup  plus  cruels  que  lui. 
23o.*En  admettant  la  révélation  de  Moïse,  il  £siut 
reconnaître  qu  elle  n'a  rien  de  commun  avec  ses 
moyens  de  gouvernement  et  de  cqpquête.  23o. 
Qu'il  n'a  pas  assez  consulté  la  disproportion  de 
sa  doctrine  avec  les  lumières  de  son  peuple.  23 1. 


ALPHABIÉTIQCB    BT   ANALYTIQUE.  3l3 

Note  renCemumt  le  tableau  de  la  lutte  des  Juifs 
contre  le  théisme»  a3i«a36«  Jëhovah,  un  dieu  na- 
tional. 23a.  L*idolàtrie  reparaît  sans  cesse.  a33. 
Les  rois  lui  sont  favorables,  Ib.  En  Juda,  sur  vingt 
rois,  quatorze  idolâtres  ;  dans  Israël,  sur  le  même 
nombre,  dis-neuf.  ^35.  Question:  L'esprit  humain 
serait«-ii  arrivé  au  théisme  sans  un  secours  sur- 
naturel? a36.  Uexemple  des  nouveaux  platoni- 
ciens semble  annoncer  le  contraire.  a36-337.  Que 
Moïse,  devançant  son  siècle,  a  été  contraint  à 
des  rigueurs  excessives.  a33.  Qu'il  a  créé  un  sa- 
cerdoce trop  puissant  et  qui  a  abusé  de  sa  puis- 
sance. 234-235.  £n  regardant  comme  divins,  dans 
les. livres  juifs,  les  actes  aussi  bien  que  les  doctri* 
nés,  oii  est  tombé  dans  une  confusion  déplorable. 
237.  Les  massacres  et  les  incendies  n  étaient  point 
des  choses,  divines.  Ib.  La  législation  mosaïque 
plua  équitable  que  toute  autre  envers  l'esclave  et 
Fétranger.  a4o.  Manière  dont  les  annales  hébraï- 
ques ont  été  rédigées.  241  •  Tous  les  livres  sacrés 
brAlés  par  un  général  de  Nabuchodonosor.  Ib. 
Recomposés  par  Esdras  sur  des  copies  qui  n'étaient 
ni  authentiques,  ni  complètes.  Ib.  Opinion  des 
Albigeois  que  l'Ancien  Testament  était  l'ouvrage 
du  mauvais  principe*  24a*343«  Apologie  de  la 
Sain^BarthéleraJ,  par  Gapilupi ,  d'après  les  exem- 
ples des  livres  hébreux.  244-^43*  Jéhu  placé  sur 
le  trôné,  lui  et  les  quatre  générations  qui  devaient 
le  suivre,  pour  avoir  fait  massacrer  par  trahison 
les  prêtres  de  Baal.  246-247*  Bienfaits  que,  tout 


3f4  TâBLK 

€onipeiisrf>  le  monde  doit  à  la  Ugisbtkw  6e 
Moise.  a49*3^5i.  Que  les  aonales  hâmiquca 
moignent  du  detporiaoïe  complet  et  n 
des  prêtres  jusqu'à  rétablissement  de  la 
chie.  IV,  85. 
HacÀTa.   Seule    divinitë  monstmeuse   en   Gfècr. 

III ,  3a3.  Est,  selon  Jablonski,  la  Titiambo  égy^ 
tienne.  IV,  iSg.  Ses  attribua,  ses  fonction  »»• 
nombrables,  un  mélange  de  physique,  JalUf  otii 
de  magie,  etc.  It.  Représentée  qnelquefcis  arver 
une  léte  de  chien.  It,  La  nuit  primitiipe.  /A.  La 
lune.  li.  Son  identité  avec  Diane  et  a^ec  laia.  s4o^ 
Ses  qualités  oosmogoniques.  li. 

HÈUAÈTMê.  Tribunal  ou  tous  les  Athéniens  ftgéa  de 
trente  ans  pouvaient  siéger  et  prononçaient  «■  drr* 
nier  ressort  sur  les  causes  religieases.  II  ^  3o3. 

IV,  467.4fi8. 

HiLios,  distingué  d*Apollon.  II,  397.  Description 
sacordotale  d'Hélios  dans  les  poètes  I j  1  ign^s  ■  39IL 
U  a  quatre  mains.  399.  Il  n'a  point  de  cniio 
les  Grecs.  3g9*4oo.  il  est  peut-être  diea 
réminiscence  de  leur  ancienne  religion 
taie.  400. 

HaLTinos.  I  ^  xxti  ;  II ,  1 3a.  Prineipai  fondntcmr  du 
système  de  rintérét  bien  entendu.  I ,  aicst.  E»t 
beaucoup  moins  inconséquent  que  ses 
seurs.  n. 

Hanai  III.  I ,  ui.  Le  meurtre  commis  sur  kn 
soulevé  Topinion  contre  l'assassinat  rdigisns    là. 

Haaai  IV.  I,  ut. 


ÂLPHABlÉTIQU£'£-r   ANALYTIQUE.  3l5 

Isirai  IV  (Fempereur).  Attendant  pieds  nos  dans 
b  neige,  qu'un  pape  Toulùt  l'absoudre. il ,  aSS. 

Iimii  Vlil.  I,  119.  Le  protestantisme  s'établit  de 
force  en  Angleterre,  sous  son  r^[ne.  Ib. 

IsaAcuDE  obPouI',  disciple  de  Platon  etd'Aristote. 
rV,  408.  Cause  qu'il  assigne  à  la  destruction  de 
Sjrbaris  par  les  Crotoniates.  Ih. 

IiAAixiixB.  ly  4i*  Tâche  d'identifier  wa  hypothè- 
ses avec  ce  qu'il  nomme  la  plus  ancienne  thëolo> 
gie.  176. 

9iBCDiJs,  le  Soleil,  et  ses  douze  traTaux,  le  zodia- 
que. I^  198.  Mais  ces  dogmes  scientifiques  étran- 
gers aux  opinions  populaires.  Ib,  Origine  étran- 
gère des  faUes  d'Hercule.  II,  4i4-  Analogie 
d*Hercule  avec  Osiris,  Rama,  Djemschid  et  Mi- 
thraa.  Ib,  A  Thèbesen  Egypte,  le  soleil.  4iS* 
Ses  légendes  sacerdotales.  Ib.  Hérodote  déclare 
que  c*est  en  Égjrpte  qu'il  fiiut  chercher  le  sens  de 
toutes  les  tradittons  qui  se  rapportent  à  Hercule. 
4i6.  La  Grèce  voit  dans  Hercule,  au  lieu  du  sens 
mystérieux ,  le  sens  littéral,  tb.  L'Hercule  Aiolo- 
morphos  de  l'hymne  orphique.  Ib.  Comment  l'Her- 
eole  Aîolomorphos  matérialisé  par  les  Grecs.  4<7« 
LUercale  égyptien  incorporé  avec  la  Divinité  par 
la  contemplation,  le  Grec  se  brûlant  sur  un  bû- 
cher. 4i8*  Fable  unique  relative  à  Hercule  à  la 
fois  aux  enfers  et  dans  le  ciel.  419*  Abolit  lés  sacri- 
fices humains  en  Italie.  IV,  33o.  Son  nom,  un  nom 
générique.  33i.  Sacrifice  qu'on  offrait. tous  les  ans 
à  Rome,  en  son  honneur.  Ib.  Les  seules*  iamilles 


3l6  TABLB 

Mctrdotakf  qui  esisiaiimt  cUm  cette  tillr  M 
étaient  oonnorëes.  Ib.  Tewplei  et  aateb  «»  »4< 
honneor,  esMUmtaTuit  kfdocUtîoBdelUMMi.  /»i 

HmaDim.  Philosophie  de  lliittoîfe.  Croît  au  porfe  < 
tionnemettU  progratsifii  de  U  religioa.  tSo. 

Uiuin.  EoTÎMgée  oonme  vohMitaire  «c  tr«i:i 
oomme  un  crime.  I,  io5.Se  prend  eo  ho^^t  pari 
per  teé  pienûen  écriTiîas  du  chmtieiikMeu  6 1    \ 

Unaeni».  Roi  de  Malva  dans  le  Hahahnraa^  vwmc-^ 
par  les  bramines.  II.  176. 

HmanAfaaonmi  (dîcus)  en  Egypte.  L'Êtve  imnni 
•'engendra  lui-méaie,  étant  à  la  foia  reposa  i 
lepooae,  le  pète  et  le  61a.  UI,  85.  Chen  le»  CImI 
déena.  a38.  Chea  les  Étrusques.  a4i.  Le  «lira  u 
prêoie  hermaphrodite  chea  les  Pênes.  %4^.  Lr  vi 
et  Tean  tantôt  hermaphrodiles,  tanlAt  de  ara  h 
différents.  U.  Mithras  hermaphrodite.  H.  Ca^r  1 
mors,  le  premier  homme  hermaphrodifen.  M.  CloJ 
et  le aoleil  hermaphrodites  chea  les  ^  ■■■  *'iii — 1 
ajo.  Divinités  vandales  hermapheodllea.  JSft.  I 
lune  hermaphrodite  chea  les  Lithuaateaa.  M.  I 
géant  Ymer  chez  les  Scandîmnres.  ^fjo^%jn.  j 
culte  qu'on  leur  rend,  cooséqœnoe  aatamBc  \ 
la  notioodengendrer.lv,  191.  Dieu bet^HipU:! 
<lites  chea  diverses  nations.  19a  et  aair.  Cwl 
d'Aphroditus  transporté  dans  IHe  de  Chype«.  s  ^^ 
Confondu  avec  la  lune.  It.  Idée  de»  Batilaa  •! 
Tarte  de  la  génération.  ipS.  légende  aeamdwkB'^ 
une  réminiscence  des  dieua  hrrmaplumAaaa.  j 
Cette  notion  ayant  pénétré  dans  Ira  r<iesm  4 
mystiques  chrétiens.  ipS.  Antoinette 


ALPHAB^IQUB  XT    ANALYTIQUIE.  3îJ 

▼oyait  Adam  dooë  des  deux  seies.  19$.  Adopis 
hermaphrodite  chez  les  Syriens,  n'était  en  Grèce 
qu'an  beau  jeune  homme.  199.  Ghapefle  d'A- 
thènes où  Hermès  et  Venus  étaient  représentés 
comme  unis  1  un  i  l'autre.  li.  Veuves  y  suspéh* 
dant  leurs  couronnes.  Ib. 

Herxbs.  V.  Mercure  égyptien.  En  Egypte ,  tous  les 
ouvrages  sur  la  religion  et  les  sciences  portent 
le  nom  d'Hermès.  Il,  12a.  Il  était  la  personni- 
fication de  l'ordre  des  prêtres.  Ik.  Le  dieu  du 
commerce.  i^S.  Foule  d'autres  significations 
d^Hermès.  ia4.  V;  ThoL  Ce  qu'il  était  dans  la 
religion  égyptienne.  4o8.  Contradiction  sur  Her- 
mès dans  lé  24^  livre  de  l'Odyssée,  lorsqu'on 
rapproche  ce  passage  des  autres  détails  sur  ce 
dieu,  dans  la  mythologie  homérique.  4^j  409. 
Attributs  et  mythes  sacerdotaux  devenant  étran- 
gers à  THermès  ou  Mercure  grec.  409.  V.  ilfer- 
ciire.  Analogie  des  légendes  de  l'Hermès  des 
hymnes  orphiques ,  avec  les  indiennes ,  notam- 
ment de  Grishna.  41I9  4t^*  L'Hermès  sacerdotal 
en  Étrurie  devint ,  chez  les  Romains ,  le  dieu 
Terme.  Les  Romains  adoptèrent  ensuite  l'Hermès 
grec.  4t3,  4i4- 

IiRMBS  A  Phallus,  pélasgique,  suivant  Hérodote. 
II,  307. 

Ibïodotb.  I,  170.  Ignore  ce  qu'Homère  entend  par 
l'Océan.  196.  Sur  les  Scythes.  i58.  Comment 
cité  par  La  Mennais.   170.  V.  Egypte^  Corres- 


3 1 6  TABLS 

sacerdoudes  qui  existassent  dans  cette  Tille  loi 
étaient  consacrées.  Ib.  Temples  et  autels  en  «on 
honneur ,  existant  avant  la  fondation  de  Rome.  A. 

HBaDBa.  Philosophie  de  Thistoire.  Croit  aux  perfec^ 
tionnements  progressifs  de  la  religion.  i5o. 

HÉaisiB.  Envisagée  comme  volontaire  et  traitée 
comme  un  crime.  I,  xo5«  Se  prend  en  bonne  part 
par  W  premîeni  écrivains  du  christianisine*  €i. 

Ubbgbbs.'  Roi  de  Malva  dans  le  Mahaharat,  vaincu 
par  les  bramines.  II.  176. 

Hbrmafhboiutibs  (dieux)  en  Egypte.  L*Être  étentdi 
s'engendre  kii-méme,  étant  à  la  fois  l'époux  et 
réponse ,  le  père  et  le  fils.  III ,  85.  Chez  les  Cbai^ 
déens.  2^8.  Chex  les  Étrusques.  nJ^i.  Le  dieu  su^ 
prémè  hermaphrodite  chez  les  Perses.  a45.  Le  ^^ 
et  l'eau  tantôt  hermaphrodites,  tantôt  de  sexes 

différents.  /£.  Mithras  hermaphrodite,  là.  Cay^ 
mors,  le  premier  homme  hermaphrodite.  /3.0din 
et  le  soleil  hermaphrodites  chez  Xés  Scandinaves. 
270.  Divinités  vandales  hermaphiodites.  Ib»  I^ 
lune  hermaphrodite  chez  les  lithuaniens.  Ib.  l^ 
géant  Ymer  chez  les  Scandinaves.  ^70*271-  ^ 
culte  qu'on  leur  rend,  conséquence  naturelle  de 
la  nodon  d'engendrer.  IV,  191.  Dieux  hermaphro' 
dites  chez  diverses  nations,  jpa  et  suiv.  Culte 
d'Aphroditus  transporté  dans  l'île  de  Chypre.  19^* 
Confondu  avec  la  lune.  Ib.  Idée  des  Bardes  sur 
l'acte  de  la  génération.  tpS.  Légende  Scandinave' 
une  rémi.niscence  des  dieux  hermaphrodites,  i^* 
Cette  notion  ayant  pénétré  dans  les  rêveries  des 
mystiques  chrétiens.  igS.  Antoinette  Bourignon 


ALPHAB^IQUB  XT    ANALTTIQUK.  3f7 

▼oyait  Adam  dooë  des  deux  seies.  19$.  Adonis 
hermaphrodiie  chez  les  Syriens,  n'était  en  Grèce 
qu'un  beau  jeune  homme.  199.  GhapeHe  d'A- 
thènes où  Hermès  et  Vénus  étaient  représentés 
comme  unis  lun  i  l'autre.  Ib*  VeuTes  y  suspeti* 
dant  leurs  couronnes.  Ib. 

Hkavss.  y.  Mercure  égyptien.  En  Egypte ,  tous  les 
ouvrages  sur  la  religion  et  les  sciences  portent 
le  nom  d^Hermès.  Il,  123.  Il  était  la  personni- 
fication de  l'ordre  des  prêtres.  Ib.  Le  dieu  du 
commerce.  ia3.  Foule  d'autres  significations 
d^Hermès.  1^4*  V;  Thot.  Ce  qu'il  était  dans  la 
religion  égyptienne.  4^8.  Contradiction  sur  Her- 
mès dans  le  ^4^  ^Àvve  de  l'Odyssée,  lorsqu'on 
rapproche  ce  passage  des  autres  détails  sur  ce 
dieu,  dans  la  mythologie  homérique.  ^tA^  4^9. 
Attributs  et  mythes  sacerdotaux  devenant  étran- 
gers à  l*Hermès  ou  Mercure  grec.  4^9.  V.  Mer^ 
cure.  Analogie  des  légendes  de  l'Hermès  des 
hymnes  orphiques ,  avec  les  indiennes ,  notam- 
ment de  Crishna.  4i > 9  4i^-  L'Hermès  sacerdotal 
en  Étrurie  devint ,  chex  les  Romains ,  le  dieu 
Terme.  Les  Romains  adoptèrent  ensuite  l'Hermès 
grec.  4i3,  4^4* 

HuMBS  A  Phallus  ,  pélasgique ,  suivant  Hérodote. 
Il,  307. 

HïHODOTB.  I,  170.  Ignore  ce  qu'Homère  entend  par 
l'Océan.  196.  Sur  les  Scythes.  i58.  Comment 
«té  par  La  Mennais.    170.  V.  Ègjrpte^  Corres- 


<• 


3lO  TABLE 

n^rd  «es  aUégoUies  plutôt  phénicien  nés  qu'égjp- 
tiennes»  36o.  Preuves  que  nous  en  donnons. 
36o  et  suiv.  Les  OEavtes  et  lés  Jours ,  an  ou- 
vrage agronomique  embrassant  Tétat  social  tout 
entier.  36a.  Est  un  monument  précieux  de  la 
plus  ancienne  civilisation.  Ib,  Imerpolatioiis  que 

-  ses  œuvres  ont  subies,  li.  Heyne  et  Pausanias 
à  ce  sujet.  362^  363.  Nature  de  ces  poèmes.  363, 
364*  Indication  certaine  de  1  époque  à  laquelle 
ils  ont  été  composés.  73.  Son  style  une  troi- 
sième preuve  qu*il  écrivait  dans  un  moment  de 
crise  et  d'agitation  sociale.  364-  Caractère  de  ce 
style.  Ib.  Sa  description  des  différents  âges  de 
l'espèce  humaine.  365.  Ses  prophéties  sinistres. 
li.  Contradictions  frappantes  introduites  dans 
les  notions  religieuses  par  Tétat  social  soîis  1  in- 
fluence duquel  Hésiode  vivait.  366  et  suiv.  Sa 
mythologie  se  rapprochant  davantage  de  FOdjs- 
sée  que  de  l'Iliade.  368. 

IlsTivB.  V.  Explicatians  scientifiques. 

HiéROOLTtHEs.  V,  Egypte.  Comment  les  hiérogly- 
phes introduisent  des  fables  dans  la  religion. 
111,87. 

HusaoMNBMONS,  prêtres  chargés  des  câ^monies  re- 
ligieuses dans  rassemblée  des  amphictyons, 
avaient  le  pas  sur  tous  les  autres  membres.  U^ 
3o2 ,  3o3.  Se  tiraient  au  sort.  Ib. . 

HiiBKo»RAHTiDES ,  prétresses  des  mystères  d*£leûsj5, 
nommées  par  les  matrones  d'Athènes ,  dans  la  (a- 

-  miDe  des  Philléides.  II,  3o2. 


ALPHAB£TrQI]£    ET    ANALYTIQUE.  3^1 

HiSTOBiBNs  GBECS.  Ne  jugeaient  pas  niieux  que 
Dons  de  la  religion  des  temps  héroïques.  III, 
3o6,  307.  Que  nou^  n'avons  point  d'historien 
grec  y  contemporain  du  polythéisme  homérique. 
IV,  393.  Qu'Hérodote,  par  àe^  notions  reli-* 
gieuseSy  correspond  asses  avec  l'époque  d'Hé- 
siode. 16.  V.  HprodoUp  Qu'ot  jrepiarque  entre 
Hérodote  et  les  historiens  .qui  lu  ont  succédé, 
le  même  intervaUe  qu'ent»  Hésiode  et  Pindare. 
4oS.  y.  Xènophon.  Que  les.ecri^vains  postérieurs 
à  Hérodote,  assignent  des.  causes  morales  aux 
événmnents  auxquels  il  n'anfait  assigné  aucune 
cause.  4o8. 

HoBBBs.  I,  lai.  La  religion  lui  paraissait  un 
moyen  de  tyrannie,,  et  il  la  ménageait  sans  y 
croire.  Ib. 

Holbach  (lé  baron  d').  I,  m^^  Ssi  méuiphysique 
superficielle  reproduite  par  Thomas  Payne.  Ib* 

HoLLAiTDE  (Nouvelle-).  Habitants  de.  Aocusent*les 
morts  de  s'abreuver  du  sang  des  vivants  endor- 
mb.  1 ,  3da. 

HoMBEs.  I,  43>  i65,  171, 196.  Son  enfer  mal  connu 
deXeclerc  de  JSeptchènes.  169.  Y.  Progression.  Il 
paraît  quelquefois  favorable  au  sacerdoce,  bien 
qu'il  le  peigne  comme  un  état  subordonné ,  et 
pourquoi..  II,  296*-a97.  Autorité  religieuse  des 
poèmes  qui  portent  son  nom.  III ,  290.  Le  repré. 
sentant  et  l'organe  du  polytliéisme  populaire.  3o8 . 
Wood  renuirque  qu'Homère  vai^t  mieux  que  .son 
iupiter.  4o3.  Les  héros  d'Homère  sont  supérieurs 

F.  Il 


322 


TABLE 


à  leurs  dieux.  4<)3-4o4*  Notre  igorance  sur  sa  ?ie. 
459.  Acceptions  diverses  de  son  nom;  Ib,  Peut- , 
être  un  nom  générique.  461.  Ne  parle  point  des 
mystères.  V,  17. 
Homériques  (poèmes).    Importance  de  l'autbenti- 
cité  de  ces  poèmes,  pour  l'histoire  de  Tespèce  hu- 
maine. II,  409.  Le  24^  livre  de  TOdyssée  est  évi- 
demment une  interpolation.  Ib,  La  religion  d€  11- 
liade  est  différente  de  celle  de  TOdyssée.  III,  ^^ 
410.  Dans  celle-ci  la  morale  est  une  partie  essen- 
tielle de  la  religion.  4io.  Les  effets  de  la  religion 
sont  plus  diversifiés  dans  FOdyssée  que  dans  l'I- 
liade. 4^3.  Il  n*y  a  point  dans  l'Odyssée  eomnie 
dans  riUade,  de  combats  des  mortels  contre  les 
dieux.  4i^*  Les  différences  entre  FOdyssée  etll- 
liade  s'étendent  à  beaucoup  d'autres  objets  que 
la  religion.  ^iG^J^i^j.  L'Iliade  peintl'état  barbare, 
rOdyssée  la  civilisation  naissante,   les  premiers 
essais  du  commerce,   etc.  417*   Différence  de 
Tétat  des  femmes  dans  ces  deux  poèmes,  4i9« 
Nausicaa,  sa  pudeur.  419-4^0*  Pénélope  la  seule 
femme  vertueuse  des  temps  héroïques.  Ji^i.  Hé- 
lène presque  respectable  dans  l'Odyssée.  429.  £^ 
reur  dans  le  sens  qu'on  a  prêté  à  un  discours  de 
Télémaque  à  sa  mère.  Ib,  Pourquoi  la  destinée  des 
captives   est   la  même  dans  l'Odyssée  que  dans 
l'Iliade.  4^3-424-  li*épisode  où  Mercure  plaisante 
sur  l'infidélité  de  Yénus,  prouve  une  civilisation 
plus  avancée  que  celle  de  l'Iliade.  4^6.  L'hospi- 
talité plus  douce  dans  TOdyssée.  427*  Différences 


ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE.     3a3 

littéraires  entre  FOiade   et  TOdyssée.   4^y'^4^S, 
Unité  dans  rOd7Ssée./ift.  Combien  ily  en  apeudans 
l'Iliade.  4^g.  L'Odjssée  moins  brillante  et  moins 
poétique.  43 1.  Les  difFérences  entre  l'Odyssée  et 
riliade  ne  sont  pas  expliquées  par  la  supposition 
*  d  ane  différence  d'âge  dans  l'auteùn  434*  Hypo- 
thèse de  Longin  peu  satisfaisante.  Ib.  La  seule 
manière  d'expliquer  ces  différences  est  d'assigner 
à  rniade  et  à  l'Odyssée  deux  époques  et  deux  au- 
teurs. 438.  L'authenticité  des  poèmes  homéri- 
ques a  paru  douteuse  à  des  critiques  de  tous  les 
siècles.  là.  L'existence  de  récriture  à  l'époque  où 
l'on  place  Homère,  ne  déciderait  rien  en  faveur 
de  lauthenticité  de  ses  épopées.  44^*  Elles  ont 
été  transmises  long-temps  oralement  et  de  sou- 
yenin  443«  Les  rhapsodes  les  ont  chantées  sur 
les  places  publiques^  jusqu'au  temps  de  Pisistrate, 
qui ,  le  premier,  les  fit  rassembler.  444*44^-  Qt^^ 
ces  rhapsodes  ont  dû  confondre  les  compositions 
de  divers  auteurs.  449«   Q^^  ^^^  poèmes  d'Ho- 
mère ont  dû  subir  de  nombreuses  interpolations. 
45a-453.  Contradictions  qui  s'y  trouvent.  4^4- 
Uniformité  du  style  et  de  la  couleur  poétique 
commune  à  tous  les  poètes  de  cette  époque.  454* 
456.  Diversité  de  stjrl^)  même  dans  l'Iliade.  4^y. 
Résultats  sur  les  épopées  homériques.  464*  Trois 
espèces  de  mythologie  y  sont  réunies,  i^  mytholo- 
gie populaire,  a^  mythologie  perfectionnée  dans 
rOdyssée.  465.  Disproportion  de  la  description 

21. 


324  TA.BLE 

de  1  état  des  morts  avec  la  croyance.  Ib.  Accrois- 
sement de  la  dignité  des  dieux  dans  le  a4*  liTre 
de  riliade.  466.^3^  Mythologie  cosmogonique  et 
allégorique.  467*  Celle-ci  d'origine  Sacerdotale.  Ib, 
Très-incomplète  et  très-confuse.  468.  Gommen- 
,tateuji^  étontaés  de  la  trouver  dans  Homère,  iï. 
Résumé.  47^* 

HoNOVBa,  le  verbe ,  chet  les  Perses.  III^  94^* 

HoEACiS.  Cité  par  La  Mennais*  I,  171. 

HoTTSNïOTS.  Mutilation  de  leurs  én&nts.  I ,  ^67. 
V.  Union  des  sexes. 

HoB-su.  Sumomméek  fleur  attendiiei  ôu  la  fiUedu 
Seigneur.  II,  262.  Ce  qui  lui  arrivé  sur  les  bords 
d*un  fleuve.  /&•  Met  au  monde  Fô4ii,  au  bout  de 

.   dou2e  ans.  IK 

QuGuSNOTS.  Traînés  sur  la  claie,  et  (leûplant  les  ga- 
lères. II I  259»  y.  MandeloL 

HuLi,  Fêtes  indiéilnes  retraçant  l'usage  du  poisson 
d'avril.  I  ,  i5^. 

HouB.  Combien  son  histoire  naturelle  de  la  religion 
est  ilidigne  du  sujet.  I,  laa. 

Huiu>.  I,  X19.  A  re^>ritdominateurdeBoàsu6t,  sans 
avoir  son  génie.  Ib, 

HnaoKs.  V.  Chasteté.  I,  n56.  V.  Mort. 

Hûssrrcs.  Vengeant  leur  chef  livré  auxflaïnmes,  en 
violation  des  promesses  impériales.  II,  aSp. 

HtPftRBOHiEirs.  Envoient  des  présents  aux  dieux, 
à  travers  le  pays  des  Scythes.  II,  879. 


k 


ALPHABETIQUE   HT    AHALTTIQOB.  33$ 


Icuu.  Autels  iieréê  à  ^n  dùeo,  II,  33a. 

Ibb»  imiiss  (  qae  ootre  système  sur  le  sentiment 
religieux  ne  tient  point  à  l'bjpotbése  des }.  l,»4- 

Una  (Journal  littéraire  à'),  l,  i33. 

luios.  I,  i66.  Les  dieux  de  l'Iliade,  loin  d'£tre 
ceux  des  poètes  romains  ou  des  lyriques  et  tra- 
giques grecs,  ne  sont  pas  même  exactement  ceux 
de  l'Odyssée.  166.  Les  dieux  purement  égoïstes 
dans  le  polythéisme  de  l'Iliade,  aoo,  aoi.  Ses 
fictions ,  comparées  aux  réàts  des  Nègres  et  des 
Ramtschadales.  345.  -L'Iliade  nous  présente-t-elle 
la  peinture  fidèle  de  la  croyance  des  âges  que 
son  auteur  a  voulu  décrire?  III,  a8a.-Héponse 
affirmatÎTe.  aga ,  apS. 

Illthishs.  V.  Pûljrplùm». 

I11PBJSC&.T10MS.  V.  Malédictioiu. 

hcABHA/noRS  (les)  indiennes  des  époques  de  réfor- 
me, m,  109.  ai 3.  Guigniaud  reconnaît  cette 
rérité.  Ib,  Paroles  expresses  du  Bagavadam  à  ce 
sujet.  109.  La  théorie  des  incamations  indiennes 
est  presque  raisonnable,  aoy.  Combien  cette  no- 
tion, telle  que  les  Indiens  la  conçoiveiit,  est  fa- 
vorable à  la  marche  progressive  de  la  religion. 
aia.  Manière  dont  les  brames,  sans  contester  la 
divinité  des  incamations ,  éludent  les  réformes. 
334.  Analogie  de  leur  conduite  à  cet  égard  avec 
relie  des  réformateurs  chrétiens.  li. 


I 

I 

I 

I 


3l6  TABLE 

Incestes  des  dieux  rapportés  dans  la  cosmogonie 
chinoise.  II,  a6i.  Mêmes  incestes  aux  Indes  et 
en  Étrurie.  III,  55.  Et  en  Egypte.  84*  Inceste 
d^Ady-sakty,  ponr  enfanter  les  trois  dieux.  174* 
De  Brama  et  de  Saraswatty^  sa  fille.  179.  Inceste 
d'Omorca  chez  les  Chaldéens ,  pour  engendrer  le 
monde  visible.  238.  Indeste  cosmogonique  de 
Janus  et  de  Camazène,  chez  les  Étrusques.  24  k* 
Ceridwen,  la  nécessité,  objet  de  Famour  du  Tau- 
reau, son  fib,  chez  les  Gallois.  271.  Freya, 
femme  et  fille  d*Odin.  270. 

Incrédulité.  Apparaît  toujours  lorsque  la  forme  re- 
ligieuse a  duré  un  certain  temps.  I,  43-  N'est 
pas  Teffet  de  Tascendant  ou  de  la  volonté  de  quel- 
ques individus.  43*  Fanatisme  d'incrédulité  que 
la  persécution  fait  naître.  48  ^  49*  ^  combinai- 
son avec  le  despotisme.  89,  90.  Que  l'oppression 
religieuse  peut  rendre  incrédules  les  hommes  les 
plus  distingués.  91.  Lutte  de  leur  ame  contre 
cette  doctrine.  Ib.  Erreur  des  inci'édules  qui 
pensent  qu  on  peut  extirper  tout  sentiment  reli- 
gieux. X  o3.L*incrédulité  flétrie  en  France,méme  par 
lopinion ,  sous  Louis  XIV.  107.  Les  incrédules  du 
dix-huitième  siècle,  estimables  sous  beaucoup  de 
rapports,  m.  Soulevés  contre  la  religion  par 
une  indignation  juste  des  persécutions  religieuses. 
Ib.  Crises  d'incrédulité  qui  suivent  la  destruction 
des  formes  religieuses,  x  45.  L'incrédulité  le  plus  im- 
pardonnable des  attentats,  aux  yeux  du  sacerdoce. 
IV,  io3.  L'incrédulité  dogmatique  impossible  pour 


ALPHABÉTIQUE    KT   ANALYTIQUE.  327 

k  masse  de  l'espèce  humaine,  V.  lya.  Que  nous 
ne  la  confondons  pas  avec  le  doute.  Ib.  Celui-ci 
n'exclut  point  le  sentiment  religieux.  17a,  173. 
IiDB.  I,  VII,  XV.  Sa  langue  sacrée.  332.  V.  Un- 
gamj  Huit,  Sacerdoce,  Soleil.  Relations  des  fa- 
bles indiennes  avec  lastronomie.  II,  4i.  Invoca- 
tion des  éléments  dans  le  Gajourveda.  Ib.  Voyez 
Théisme,  Castes.  G)mbien  la  division  en  castes 
profondément  consacrée  chez  eux.  8i.  V.  Climat. 
Energie  intérieure  des  Indiens  qui ,  sans  les  ren- 
dre capables  d'agir,  les  rend  capables  de  tout 
supporter.   i4i.   Recourent  à  ce  moyen  contre 
leurs  ennemis,  leurs  parties  adverses  et  leurs 
créanciers.  i45.  Et  contre  les  dieux.  Ib.  Anec- 
dotes récentes  à  ce  sujet.  1469  147.  Le  suicide 
facile  aux  Indiens.  147.  Cette  disposition  favora- 
ble à  la  puissance  du  sacerdoce.  147^  i48-  Dou- 
ceur des  Indiens ,  même  dans  les  sacrifices  hu- 
mains. i5i.  Paroles  que  le  sacrificateur  adresse 
à  la  victime.  1S2.  Rites  qui  prouvent  leur  répu- 
gnance pour  leffusion  du  sang.  Ib,  Ces  rites  le 
contraire  de  ceux  des  peuples  du  Nord.   iSa, 
kS3.  V.  lAitte  dupoiwoir  temporel  contre  lepouifoir 
spirituel ^  Cutteries.  Combien  la  religion  indienne 
funeste.   476.  Buchanan  sur  cette  religion.   Ib. 
La  doctrine  secrète  des  prêtres  indiens  contenait 
plusieurs   systèmes  de  métaphysique.  III,    20. 
^«  Doctrine  secrète.  La  combinaison  du  poly- 
théisme sacerdotal  .la  même,  quoique  moins  fa- 
cile à  reconnaître,  dans  la  religion,  indienne  que 


3a8  TABLE 

dans  lëgyptieaoe.  94-  Hatoe  des  Indiens  pour  les 
étraDgers,  g4)  9^-  Dubois,  sur  cette  haine.  $5. 
Les  iDonumeQU  sur  la  religion  indienne  ne  for- 
ment pas  un  ensemble.  ^5 ,  96.  Ënumëration  de 
cas  monuments.  là.  Distinction  subtile,  miù 
fausse,  que  Hearen  veut  établir  entre  la  rdigion 
et  la  mythologie  indienne,  entre  les  Vèdesd'une 
pM-t,  et  le  Ramajan  et  le  Mahabhu-at  de  l'antre. 
m ,  97.  ËnumératioD  dëpopéva  indiennes  qui  ne 
sont  pas  au  nombre  des  livres  sacrés.  98.  Carac- 
tère des  poèmes  sacrés  de  l'Inde.  Hérolutioiu  de 
la  religion  indienne  au  nombre  de  4  >  ''^  même 
de  S.  107.  Monuments  qui  les  constatent.  Tem- 
ples regardés  comme  consacrés  aux  mauvais  gé- 
nies, li.  Schlegel  reconnaît  qu'aucun  des  lirres 
des  Indiens  actuek  n'est  conforme  k  la  religion 
populaire  d'aucune  époque.  16.  120.  Les  étémenis 
de  la  religion  indienne  sont  les  mêmes  que  ceux 
de  l'égyptienne.  lai.  Ces  éléments,  le  fétichisme, 
l'astronomie ,  les  hypothèses  métaphysiques ,  les 
oosmogonies.  li.  Le  culte  des  arbres,  des  oi- 
seaux, des  quadrupèJes,  des  pierres,  assodé  à 
celui  des  dieux  supérieurs  qui  y  résident.  IHi 
lai.  Pierres  de  Wichnou,  de  ScbiveD.  /*■  Ado- 
ration d'une  pierre  noire  dans  les  grandes  ob- 
mités.  133.  Taureaux  indiens  marqués  comme  les 
Egyptiens,  lit'i.  Adoration  de  la  vache  aux  Indes 
en  1808.  ia4'  La  religion  scientifique  des  I"' 
(liens  fondée  sui'  l'astronomie  et  l'astrologie,  i  ^9- 
l>es  hypothèse-s  métaphysiques  plus  subtiles  an^ 


ALPHABÉTIQUE   £T.  ANALYTIQUE.^         Ssp 

Indes  qu'en  Egypte.  137.  Fables  populaires  fiarvo- 
rables  au  polythéisme,  rapportées  dans  le  Baga- 
vadam,  à  côté  de  la  doctrine  du  théisme,  i4'i*  La 
religion  de  llnde,  quoi(]ue  semblable  à  beaucoup 
d'égards  à  toutes  les  religions  sacerdotales,  leur- 
est  supérieure  sous  plus  d'un  rapport.  188, 189. 
Elle  est  plus  bienveillante,  plus  espansive,  plus 
douce ,  plus  accessible  à  la  pitié.  III ,  189.  Deux 
causes  de  cette  différence,  igo.  L*une,  le  climat. 
Ib.  y.  Climat,  VsLntre ,  les  incarnations,  V«  7/t* 
carnations,  G>ntradictions  des  Indiens  dans  leurs 
notions  des  incarnations.  Le  dieu  incamé  s'ignore 
lui*même.  aïo.  Prolongation  de  ces  idées  jus- 
qu'à nos  jours,  an.  V.  Sikhs.  Bien  que  dans  les 
récita  indiens  le  bramaïsme  précède  le  sdûvaîsme, 
celui«ci  est  certainement  le  plus  ancien.  2x4^  Ré- 
sumé sur  la  religion  indienne,  telle  que  les  bra- 
mes l'ont  &ite.  324*  Golebrooke,  sur  la  législa- 
tion des  Indiens.  Ib.  Minutie  et  multitude  des 
préceptes  religieux.  Ib*   Absurdité  des  dogmes. 
225.   Définitions    inintelligibles  de   Dieu    dans 
rOupnekaL  226.  Jugement  du  chevalier  Jones, 
sur  les  Indiens.  227.  De  Buchanan ,  sur  les  bra- 
mes. 228.  Questions  fondamentales  sur  la  religion 
indienne.  229.  Leur  solution  affirmative.  233.  Ca- 
ractère des  cérémonies  indiennes,  à  la  fois  douces  et 
brillantes.  III,  202.  Fêtes  des  seipents  et  des  vaches 
aux  Indes.  23 1. L'immortalité  de  lame,  une  con- 
viction absolue  pour  les  Indiens.  IV,  79.  Font 


k 


33o  TABLE 

consister  le  bien  suprême  dans  une  insensibilité 
qui  équivaut  à  l'anéantissemenl.  Ib. 

Ikdbpindâhcb  (Que  1')  ou  l'asserrissement  à  l'étran- 
ger modifie  le  pouvoir  sacerdotal.  II,  i3o. 

Irdka.  V.  Excommunicatio».  Quelquefois  choisi  par 
les  dieux  pour  leur  chef  suprême.  IV,  ii6.  Son 
trône  bâti  arec  des  textes  tires  des  Vèdes.  Ib.  Cé- 
rémonies de  son  installation  pareilles  au  sacre  des 
rois  indiens.  Ib. 

Irdiat0THbh.  V.  Malédiction!. 

Ihitiations.  Seul  avantage  qu'avaient  les  initiés  dans 
les  reliions  sacerdotales.  V.  9.  L'initiation  est  une 
condition  indispensable  de  lafelicilé  après  cette  vie. 
69.  Son  but  d'après  Ëpctète.  69-70.  Aristophane, 
^^hine  et  Sophocle  sur  le  bonheur  des  ini- 
ties. 70.  Eux  seuls  pouvaient  espérer  des  récom- 
penses dans  un  autre  monde.  Ib.  Tableau  de 
Polygnote  représentant  deux  femmes  condam- 
nées à  un  éternel  supplice,  faute  d'avoir  été  re- 
çues dans  les  mystères  de  Cérès.  Ib.  Que  celte 
idée  a  donné  naissance  à  l'axiome  que  hors  de  l'E- 
glise il  n'y  a  point  de  salut.  71.  Athéniens  se 
croyant  obligés  de  se  faire  initier  avant  de  mou- 
rir. 71.  Morts  revêtus  d'babits  d'initiés.  Ib.  Re- 
présentations dramatiques  auxquelles  on  avait  re- 
cours ,  pour  graver  cette  opinion  plus  profondé- 
ment dans  lésâmes.  71-73.  Un  initié  toujours  un 
homme  juste  dans  le  langage  des  prêtres.  73.  Les 
philosophes  s'élèvent  avec  force  contre  cette  par- 


i 


ALPHABETIQUE    ET    ANALYTIQUE.  33f 

tie  des  mystères.  y3.  Paroles  de  Diogène  sur  son 
absurdité.  73.  Mises  en  vers  par  Voltaire.  74*  ^n 
quoi  ces  témoignages  sont  importants.  74.  Des 
différents  ordres  d'initiés.  91.  Éleusinies  divisées 
en  grands  et  petits  mystères.  91.  Dans  ces  derniers 
b  presque  totalité  des  Grecs  était  initiée.  Ilf.  En 
quoi  ils  consistaient.  9a.  Contenaient  cinq  gra- 
des. 91^2.  Les  initiations  aux  grands  mystères 
étaient  moins  prodiguées,  et  ne  se  communiquaient 
pas  en  une  seule  fois.  92.  Les  initiés  plus  ou  moins 
iDstruits  suivant  les  grades  qu'ils  avaient  atteints. 
Ik  Aucun  n'était  sur  de  l'être  complètement.  Ib, 
Pourquoi.  gS.Subdivisionsdes  grands  et  des  petits 
mystères.  16.  Différence  de  doctrine  dans  chacune 
de  ces  subdivisions.  73.  Ne  détruisant  en  rien,  dans 
l'esprit  des  initiés,  le  respect  et  la  confiance.  93. 
Pourquoi.  /&.  Prétexte  qu'avaient  trouvé  les  prê- 
tres pour  suspendre  l'initiation  et  prolonger  les 
épreuves.  93-94*  Ils  comparaient  l'initiation  pré- 
maturée au  suicide.  94.  Songe  il'Apulé.e.  lâ.  Il 
vend  ses  vêtements  pour  subvenir  aux  frais  d'une 
iDÎtiatîon.  Ib.  Qu'on  a  considéré  à  tort  les  initia- 
tions comme  un  moyen  de  richesse  pour  le  sacer- 
doce. 94-95.  Ce  qu'on  doit  plutôt  reconnaître 
dans  ces  conditions  pécuniaires.  95. 
[^iniuBs  (pardon  des).  Y.  Climat. 
InocKiïT  XII.  Son  bref  contre  Fénélon.  I,  47- 
bsKHSBs  (adoration  des)  par  les  sauvages.  I,  332. 
Supposés  être  inspirés  par  quelque  chose  de  di- 
^n ,  chez  les  Turcs ,  les  Persans  et  les  Arabes.  16. 


1^ 


332  TABLE 

Cette  opinion  attribuée  à  Aristote  par  (^céron.  Ib 
Enfanti  épileptiques  choisis  pour  éUves  pir  le 
prâtres.  333. 

iKT^âr.  Rôle  qu'il'Joue  dans  la  formalîoB  des  R- 
ligions.  I,  a47-348-  'Il  rabaisse  la  forme  religieux 
à  son  niveau.  34S-  Intervention  de  Imtërèt  (bm 
la  notion  dn  sacrifice.  aSg.  La  religion  deneatui 
trafic.  B59-a6o.  Son  action  sur  les  notions  d'uni 
Tie  future.  987.  Son  action  sur  l'idée  du  sacrifice. 
344. 

ImnÉBÂT  BiBM  SHTBnnn.  I,  XX.  Suffit-il  pour  U  mo- 
rale ?  Ib.  Que  ia  religion  sans  doute  a  fait  coni' 
mettre  autant  de  crimes  que  l'intérêt,  xxi-nii 
Mais  en  n'écoutant  que  l'intérêt  bien  entendo 
l'espèce  hnmaine  abdique  ses  plus  belles  faculté 
xxni.  11  tue  ce  qui  est  sublime  comme  ce  qu 
est  vicieux,  xxiv-xxv.  Dire  qu'il  nous  porte  : 
la  Tenu,  pour  jouir  de  notre  approbatioa  «>te 
rieure,  est  un  jeu  de  mots.  xxt.  Ce  qu'a  futl'ù 
térêt  bien  entendu,  depuis  traite  années,  xia 
Il  a  défendu  l'ordre,  et  trahi  la  liberté,  sxxi.  ^' 
gradé  l'intelligence ,  en  la  développant,  xxxu.  R' 
baissé  les  vertus,  xxxiii,  xxxiv.  Combien  plus  ^ 
rible  au  milieu  des  orages,  xxxvii.  Ne  lait  d 
l'homme  que  le  plus  habile  des  animaux,  oto 
A  gouverné  le  monde  sous  le  Bas-Empire,  n 

XLI,  XLII. 

-lo.  V.  jinna  Périma. 

IoKfi-u>,  empereur  chinois.  V.  CharUj-Qui'^- 
loNiBKS.  V.  Grect. 


\ 


ALPHABETIQUE    ET    ANALYTIQUE.  333 

[âSSis  (saint).  Sa  lettre  au  pape  Victor,  pour  ren- 
gager à  être  tolérant.  I,  6x» 

liOQDOis.  Donnent  à  leurs  fils  les  mêmes  conseils 
qae  Socrate  à  ses  disciples.  I^  a43.  Croient  à  un 
dieu  méchant.  a46*  Sont  aussi  inconséquents 
qae  les  Groénlandais ,  relativement  à  la  mé- 
tempsycose. apS.  Attribuent  leur  civilisation 
lux  animaux.  a3o.  V.  Manitousj  Mori^  Castes. 

IsiÏE,  Périt  d'un  supplice  honible  par  ordre  de  Ma- 
aassé.  II,  a34. 

I&UQUES  (prêtres).  Leur  délire.  I,  5o. 

Isis  Pharia,  ou  navigatrice^  présidant  jk  la  naviga* 
tion  en  Égjrpte.  If,  346. 

Isis.  Sa  chapelle  en  Phodde.  II ,  369^  Anecdotes  de 
Pausanias  sur  cette  diapelle*  £70.  Ses  courses 
pour  retrouver  l'organe  générateur  d'Osiris.  III , 
85.  Sens  astronomique  d'Isis  et  d'Osiris.  Ces  deux 
divioités  en  même  temps  des  fétiches.  86. 

liiUE.  V.  ClùnaS.     . 


J. 


JiiLQusKT.  Son  système  de  théisme  égyprien ,  fondé 
sur  le  renversement  ,de  l'ordre  des  idées  et  de  la 
suite  des  Êiits.  III ,  91. 

Jahuou,  avale  le  Gange ,  mais  il  le  laisse  ressortir  par 
une  incision  faite  à  sa  cuisse.  III,  i58. 

liMBUQUB^cité  par  La  Mennais.  1, 170.  Admiration 


" 


334  TABLE 

que  lui  inspirait  le  mystère  dont  s'eDtonraient  l« 

prêtres  égyptiens,  il,  ii6. 
ARUS.  Ce  qu'il  était  chez  les  Étrusques.  III ,  a^o) 

IV,  3oi  et  SUIT.  V.  Étruru. 
Iaponais,  sont  dans  le  même  état  reGgieux  quelet 

Chinois.  II,  ayS-a^fi. 
KXBMu.  V.  Sédécias. 
BCNES.  "V.  Sauvages,  Guyane,  Abipons.  AccoInp^ 

gnés  de  tortures.  1 ,  333.  Nécessaires  chez  les  Abî- 

pons,  pour  devenir  prêtre.  Ib.  V.  SaiiUeté  Jela 

douleur. 
loACHiH.  Piyiit  Uriedu  dernier  supplice,  il,  ioû. 
out.  Fait  massacrer  Athalie.  II,  aoS.  Joas ,  pta(^ 

par  lui  sur  le  trône,  l'accuse  de  dilapidation,  fi 

fait  lapider  son  £ls  Zacharie.  Ib, 
'OAS.  V.  Joad.  Il  retourne  au  cuhe  des  idoles.  11^ 

a33.  Est  assassiné  par  les  prêtres.  au5. 
loNBS  (le  chbvaueb).  Soh  dilemme  sur  la  Genèse 

I,  ..9. 

lOHGLBCBS ,  nom  générique  des  prêtres  chez  les  sa"- 
vagea.  I,  3a  i.  Cherchent  à  former  un  corps.  Il> 
Longueur  de  leur  noviciat,  rigueur  des  épreuT<» 
3a2.  De  quelle  obscurité  et  de  quelle  terreur  il' 
eatourent  leurs  cérémonies.  3a9-33o.  Ont  unf 
langue  inintelligible  aux  assistants.  33i.  V.  Bou- 
leversements du  globe,  Rêves,  Divination ,  IVil»' 
Répugnance  des  jongleurs  à  consulter  les  ntoris 
I,  34i.  Leur  action  sur  l'idée  du  sacrifice.  V.  Sa- 
cerdoce, Grand  Exprit,  Fétichisme.  Qu'à  côté  du 


ALPHABETIQUE    ET    ANALYTIQUE.  335 

mal  qulls  font,  ils  font  aussi  du  bien.  357.  Ont 
peu  d  mfiuence  dans  Fétat  sauvage*  Ib*  Bien  que 
font  au  sauvage  les  illusions  dont  ils  le  bercent. 
36i-36a.  Forcent  les  sauvages  à  l'activité.  362. 
Au  mariage.  Ib.  Les  peuplades  où  il  n'y  a  pas  de 
jongleurs,  les  plus  abruties.  Ib.  Portrait  d'un 
jongleur.  33o-33i.  V.  VentrUoques,  Réunion  chez 
eux  de  la  médecine  et  du  sacerdoce.  II.  ii4. 

Jorâm  ,  retourne  au  culte  des  dieux  étrangers.  II , 
233. 

JosxpH  n.  Mal  causé  par  ses  réformes  intempestives. 

I,  i5o. 

Josus,  massacre  les  prêtres  des  idoles.  II ,  234* 

JosuÉ.  L'idolâtrie  reparait  chez  les  Juifs ,  immédia- 
tement après  lui.  II,  233. 

JcDAÎsMB.  1, 14.  Cette  loi  bonne  seulement  pour  un 
temps.  1, 14,  i3o.  V.  Sentiment  religieux^  La  Men- 
nais.  Migrations. 

Jnu>AH.  Prétresses  de  Juidah  vouées  au  métier  de 
courtisanes.  I,  35o.  Les  nègres  de  Juidah  ont 
pour  fétiche  un  grand  serpent.  234-  Histoire 
qu'ils  racontent  à  ce  sujet.  234.  U,  35. 

JcuEN  l'apostat.  Scs  imitateurs  modernes.  I,  i53. 

Ju.^ON.  V.  Jupiter,  Quelques  traditions  cosmogoni- 
ques  sur  cette  déesse ,  rapportées  dans  Homère. 

II,  435.  Produit  Tîphoée  à  elle  seule,  sans  le 
concours  d'un  époux.  Ib, 

JcpiTER,  ses  querelles  avec  Junon,. allégories  phy- 
siques, sans  rapport  avec  le  culte  public.  I,  198. 


!Vt8  TABLE 

ses  assertions  contre  le  sentînient  religieui.  Ib. 
Sur  les  Juift.  io5,  io6,  107,  108.  S'indi^e  de 
ce  qu'on  honore  la  mémoire  de  Socrate,  d'Aris- 
tide ou  de  Caton.  106.  Cite  des  auteurs  de  toutes 
les  époques,  à  tort  et  à  travers.  170. 
Lambttrie.  I,    127.  Audacieux  par  ordre,  impie 

par  culte  pour  le  pouvoir.  16. 
LjUigaos.  Qu'A  ne  faut  chercher  son   origine  que 
dans  la  nature  de  l'homme.  I,  ^3,  a4- 

LiPOMs.  i,  372-399.  Espèrent  dans  l'autre  monde 
une  meilleure  espèce  de  rennes.  399.  Appellent 
leurs  prêtres  noaids.  3ao.  Pierres,  qu'ils  adorent, 
a|iprochant  de  la  forme  humaine.  337,  aaS.Voj. 
Noaids,  Sacerdoce,  Castes. 

Latonk.  Peut-être  une  dinnit^  égyptienne  dans  l'o- 
rigine. II ,  395 ,  396.  L'étoile  du  soir  dans  la  my- 
thologie astronomique.  Ib. 

I.ECLEBc  DB  Sbptchènbs.  Cite  toutes  sortes  d'su- 
leurs  indistinctement  et  sans  se  soucier  de  leur 
date.  I,  169. 

I.znÂ.  V.  Cabires. 

l.EMRos.  Boute  par  laquelle  les  religions  sacerdo- 
ules  se  rapprochèrent  de  Grèce.  II,  374- 

IjÉok  X.  Amenant  la  réfurme  par  ses  réaiitances- 
I.i5i. 

I.F.nir  XII.  I,  XIV,  XV.  Qu'aucim  souverain  de  nos 
jours  ne  voudrait  voir  entre  les  mains  de  Léon  XII 
les  foudres  que  Grégoire  Vif  lançait  contre  le» 
trônes.  Ib, 

IjEssirg.  I,  137.  Semble  quelquefois  se  rapproche'' 


ALPHABÉTIQUE   ET    ANALYTIQUE.  339 

des  lettrés  firançais  du  dix-huitième  siècle  par  ses 
opinions.  Ib.  ^ 

L'Eybqub.  Dans  son  histoire  de  Russie,  place  en 

Tartarie  l'origine  de  toutes  les  religions.  I ,  t85. 
Lévites.  N'étaient  pas  seulement  les  interprètes  des 
livres  sacrés,  mais  les  médecins,  etc.  II,  114. 
y.  SacerdAHiêy  Hébreux. 
Liberté*  Accord  des  préceptes  fondamentaux  de 
toutes  les  religions  avec  ses  principes.  I,  84*  La 
liberté ,  une  des  conceptions  fevorites  du  senti- 
ment religieux.  86.  Les  hommes  qui  oppriment 
la  liberté  au  nom  de  la  religion ,  ne  sont  pas  des 
hommes  religieux.  89,  90. 
Lœrtb   heligibusb.  Invoquée  par  le  sentiment, 
dans  les  premiers  temps  de  toutes  les  croyances. 
1,58,59. 
Ldoussa.  Mélange  de  mythologie,  de  féerie,  de 

métallurgie  et  d'agriculture.  III ,  a65 ,  ^66. 
LaGAM  (danses  des  Indiennes  devant  le).  I,  71. 
Se  rencontre  partout.  IV,  196.  Trois  formes 
que  le  culte  du  Lingam  a  prises  chez  les 
Indiens.  197.  Adoration  du  Lingam  tellement 
enracinée  dans  l'Inde ,  que  les  missionnaires  sont 
d>ligés  de  permettre  aux  femmes  qu'ils  conver- 
tissent, d*en  conserver  l'image.  197.  Cette  ado- 
ration ne  renfermant  dans  l'origine  aucune  idée 
d'indécence.  Ib.  Rédt  des  brames  de  la  pagode 
de  Perwattum.  198.  Ce  culte  repoussé  par  les 
peuples  indépendaDCs  des  prêtres.  198.  Ne  fut 
iaaais  admis  dans  la  religion  puUique  des  Grées, 

22. 


l 


RT 


340  TABLE 

Ib.  Preuves.   199.  Il  en  fut  autrement  dans  les 
mystères.  Ib, 

LivoKiBHS.  Leur  dieu  principal  un  oiseau  qui  est  on 
mâmé  temps  le  dieu  du  jour.  III,  360. 

Litres  sacrés  des  nations  sacerdotales,  fermés  à 
la  multitude.  III,  16.  Les  découvertes,  les  re- 
mèdes, les  observations  astronomiques,  la  divi- 
nation par  l'observation  de  la  nature,  y  éuient 
consignés.  Ib.  L'histoire  des  arts  et  àe  la  légis- 
lation ,  ainsi  que  des  événements ,  en  taisait 
partie.  17.  La  division  en  castes  et  les  privilèges 
de  l'ordre  sacerdotal'  y  éuient  enregistrés.  Ib. 
Contiennent  non  pas  une  doctrine,  mais  diverses 
doctrines  qui  portent  l'empreinte  des  efforts  feits 
pour  modifier  la  doctrine  reçue.  III ,  104. 

LoANGo  (nègres de),  I,  272.  Leurs  idoles  d'argile, 
de  pierre ,  (le  bois  ou  d'étoffes ,  et  à  forme  hu- 
maine. 272,  273.  V.  Insensés, 

Logique.  Ce  qu'elle  exige  de  l'homme  dans  ses  no- 
tions religieuses.  I,  245.  Suggère  à  l'homme  sau- 
vage l'idée  de  dieux  bons  et  de  dieux  méchants. 
V.  Dualisme.  Son  impuissance,  dès  qu'elle  sort 
de  sa  sphère.  147 ,  i4S.  Son  empire  sur  les  no- 
tions religieuses  de  l'homme.  III,  357-  Ascen- 
dant de  la  It^que  sur  les  prêtres.  IV,  40- 

Lou  qui  constituent  la  nature  de  chaque  espèce. 
1 ,  1 ,  2,3.  Qu'il  ne  faut  pas  chercher  «u-dehors 
les  <»uses  de  ces  lois.  a3. 

LoKi,dieu  du  mal,  divinité  hermaphrodite  des  Scandi- 
naTes.V,i35.Estlepèred'Héla,du8erpentMî^ard 


ALPHABÉTIQUE   £T    ANALYTIQUE  34  f 

et  du  loupFenris,  et  la  mère  de  Sleipner.  i35,  i36. 

Lodis-le-Dbbonnairb.  Fait  pénitence  aux  pieds  d'un 
légat.  li  y  a58. 

Louis  IX.  1,  4^. 

Louis  XL  1 ,  43*  Rassemble  près  de  son  lit  de  mort 
les  reliques  de  toute  la  terre.  !i66.  Y.  Fétichisme. 
Espérait  corrompre  Notre-Dame  de  Gléry,  mais 
Jie  s  adressait  pas  à  Dieu  même.  264  9  ^65 ,  ii66. 

Louis  XIV  prépara  la  France  à  Tirréligion  par  son 
austérité  et  l'hypocrisie  de  sa  cour.  I,  loa, 
loSyXio,  111-118.  Mal  causé  par  ses  persécu- 
tions. i5o. 

Louisiane  (les  sauvages  de  la)  ne  croient  pas 
qu'on' puisse  se  passer  de  nourriture  dans  l'autre 
mondev  1 ,  287. 

Loui-Tzu,  mère  de  Cbao-Hao,  devient  grosse  à 
laspect  d'une  étoile.  Il,  26a. 

Lucibn.  I,  26,  43 9  44}  i65-i68.  Comment  cité  par 
La  Mennais.  170. 

Lucrèce.  I ,  a6.  Proclame  la  mortalité  de  lame.  lù. 

Luther.  Ne  voulait  que  réformer  les  abus  de  l'é- 
glise romaine,  et  non  s'en  séparer.  I ,  i5i. 

Lutte  entre  le  christianisme  naissant  et  le  poly- 
théisme à  sa  décadence.  I ,  pS  à  100.  Du  pouvoir 
politique  et  militaire  contre  le  pouvoir  sacerdo- 
tal. II,  174  à  278.  V.  Sacerdoce  j  CutterieSj  Inde^ 
Egypte ,  Perse  ,  Hébreux, 

Lyriques  (  poètes  ) ,  écrivaient  à  une  époque  de  la 
religion  plus  avancée  que  l'époque  homériqu€k 
III,  3oa.  Modifiaient  les  traditions  religieuses.  Ib. 


Ml 


M. 


Macérations.  V.  Sainteté  de  la  douleur. 

Macadha  (rois  de).  Proscriu  par  les  Brames  pour 
avoir  permis  aux  lettrés  de  leur  cour  de  rendre 
la  science  populaire.  UI,  137. 

Mages,  i ,  xa..  V.  Pertes.  Souvent  menaces  ou  pro- 
scrits par  les  rois,  mais  toujours  puissants.  II > 
4o-4i.  Portent  leurs  usages  en  Aralùe,  en  s'y  ré- 
l'ugiant.  Bd.y.  Castes.  Ils  étaient  chaînés  de  toutes 
les  ofriandes,  de  toutes  les  invocations,  et  de  la 
consécration  de  toutes  les  victûnes.  8y,  V.  Ex- 
communication. Seuls  chargés  de  l'éducation  en 
Perse.  1  r3.  RésisUnces  que  les  Perses  opposaient 
aux  Ma^^es.  189.  Cyrus  leur  conserve  leur  di- 
gnité, niais  non  leur  pouvoir.  tpS.  Introduits 
pour  la  première  fois  par  Gyrus,  suivant  Xéno- 
plion ,  ilans  l'empire  qu'il  avait  fondé.  Ib.  Ef- 
forts <k's  Mages  pour  regagner  leur  ancienne 
puissance.  i94>  L'usurpation  du  faux  Smerdis 
nne  de  leurs  tentatives.  lè.  Autres  symptômes  de 
cetle  lutte,  sous  Darius.  Ib.  Massacres  des  Mages. 
lù.  Supplices  de  plusieurs  d'entre  eux ,  sous  Cam- 
bjse  et  Darius.  Ib.  Leur  doctrine  secrète  renfer- 
mait plusieurs  systèmes  différents  et  même  op- 
posés. NI,  ai.  V.  Doctrine  secrite.  Ils  empnin- 
taient  dans  leurs  mystères,  à  ce  que  dit  Porphyre, 
le  nom  de  quelque  animal.  ^46. 

Magie,  magiciens,  rivaux  de!^  prêtres  ou  des  jon-  , 


i 


A.LPBAIIBTIQDE   ET   AirALTTIQUE.  3^3 

gleurs.  I,  3a3.  N'e*t  que  la  religion  réduite  aux 
notions  que  l'intérêt  suggère  à  l'homme.  3a4- 
Persécution  des  magiciens  par  les  prêtres.  335. 
Les  ministres  des  cultes  déchus ,  toujours  pro- 
scrits comme  magiciens.  Sa^,  Remplissent  chez 
les  fBUTages  les  mêmes  fonctions  que  les  jongleurs. 
399.  Les  sauvages  confondent  les  magiciens  et  les  , 
prêtres.  Ib.  Sorciers  punis  de  mort  par  les  sau- 
vages indiens  ou  nègres.  SsS.  Noyés  dans  le 
royaume  d'Issini.  Ib.  La  magie  attribuée  aux  fem- 
mes. 388. 

MiAABAMAT,  ses  poïou  de  ressemblance  avec  l'O- 
dyssée. 111,  aoi. 

Habokbt,  le  soleil  suivant  Dupuis.1, 188.  Régénère 
les  Arabes.  i5-i6.  V.  Arabes.  Me  veut  point  de 
prêtres.  88. 

MuifTEifOM  (  MADAME  Ds).  I,  III.  Madame  de  Prie 
lui  succède.  Conséquences  qui  en  résultent.  Ib. 

M11.ABAXB.  Prend  son  fétiche  à  témoin  dans  les  cir- 
constances solennelles.  1 ,  ayy.  V.  Serment.  Choisit 
pour  fétiches  le  premier  objet  qu'il  renconu^ 
aay. 

MiiiDionoifS.  Leur  puissance  chez  les  Indiens.  H , 
i44-  Indratuymen  changé  en  éléphant  par  celles 
d'un  solitaire.  Ib.  Devendren  chassé  du  ciel  par 
c^es  d'an  autre.  Ib,  Malédictions  réciproques  de 
Schiven  et  de  Dachsa  s'accomplissant.  Ib.  IV,  Si. 
V.  Dieux. 

Mallbt,  Sur  le  théisme  des  Scandinaves.  1,  3i2. 
Ml»,  pierre  informe ,  idole  des  Arabes.  Il ,  5i. 


344  TABLR 

Mahaub,  rétablît  les  idoles  dans  tous  leurs  hon- 
neurs. II,  a34- 

MutDAHiRg  (mépris  des)  pour  les  bonzes.  II,  264. 
Les  chassent  de  leurs  pagodes  quand  ils  veuleni 
j  \oger  leur  suite.  Ib,  Opinion  erronée  de  Vol- 
taire à  leur  sujet.  a65.  Exercent  impunémeni 
sur  leurs  inférieurs  l'arbitraire  le  plus  capricieux. 
a66. 

Mandblot,  gouverneur  de  Ljon,  loué  par  Capilupi 
de  la  dextérité  avec  laquelle  il  fait  périr  a5,ooo 
Huguenots.  II,  a45. 

MiNiTOD  prototype  des  sauvages  de  TAinérique.  I, 
339,  270.  Grand  Manitou  de  la  terre,  chez  les 
Delawares.  370.  Les  Iroquois  appellent  ainsi  leurs 
fétiches.  a37. 

MAnnvs,  père  des  trois  fîls  à  qui  les  Germains  rap- 
portent leur  origine.  I,  iSp.  V.  Tuiston. 

flIj(.ifTBi.HS.  IV,  48,  49-  Prières  ou  formules  con- 
sacrées qui  ont  la  vertu  d'enchaÎDer  les  dieux ,  «■ 
qui  leur  imposent  une  obéissance  dont  ib  ne 
sauraient  s'affranchir,  ^g.  Opinions  des  Indiens 
à  leur  sujet.  li'.  Celles  des  chrétiens  du  moyen 
âge  sur  l'efficacité  de  la  prière,  peu  différentes.  49- 

Marathon.  I,  a66.  Avant  la  bataille  qui  porte  ce 
nom ,  les  Athéniens  instituèrent  le  culte  de  Pan.  ii- 

Marche  de  l'homme  dans  la  religion.  V.  Pldn  àe 
l'ouvrage.  Obstacles  qui  s'opposent  à  cette  mar> 
che.  1, 145,  146.  Obstacles  intérieurs.  146.  Obsta- 
cles extérieurs.  147.  Elle  ne  peut  néanmoins  être 
que  retardée,  149.  Deux  routes,  celleque  l'honioie 


suit. 


lI-PIIABETlQUIi 

(juand  il   est  llv 


I.YTIQIIE.  345 

*  propres  foices,  et 


celle  où  le  sacerdoce  l'enlraîne. 

MiuutnEs  (habitants  des  ilf  s).  Ne  ra  lia  client  point 
le  malheur  ou  le  bonheur  de  l'autre  vie  à  des  pu- 
nitions ou  des  recompenses.  1 ,  390. 

MiRiE  d'Angleterre.  1,  118.  Grâce  à  ses  cruautés, 
le  piotestantismc  s'est  idenlitië  avec  la  constitution 
qti\  a  fait  long-leinps  l'orgueil  .de  ^'Angleterre. /A. 

MiHiE,  l'Egyptienne.  Ses  légendes  une  réminis- 
iiNce  des  aventures  d'Isis.  IV,  2J5. 

MlBIliS.  I  ,  XLIV. 

Mtu.  Ses  amours  avec  Vénus,  allégories  physi- 
que» sans  rapport  avec  le  culte  public.  I,  198.  Le 
Mats  de  Phénicie,  type  de  l'Arès  d'Homère.  Naît 
lie  Junou  seule  qui  avait  respiré  le  parfum  d'une 
fleur.  U,  436.  C'est  une  idée  indienne,  date  tra- 
oition  rappelée  par  Ovide.  lù.  Ses  modilications 
grecques.  437- 

UtMsiLLAis.  Se  réjouissaient  aux  funérailles  et  pleu- 
raient aux  naissances.  U,  463. 

luMATH  (victoire  de  )  remportée  par  Samuel  sur 
I»  Philistins.  Il,  200.  Cause  de  l'élévation  de 
Samuel.  2o3. 

HustLLON.  I,  XIX.  Ses  leçons  aux  monarques.  16. 

'iiXkjak  {  négresses  de  ),  1 ,  3o2.  Se  plongent  dans 
I"  nier,  pour  noyer  lame  de  leurs  maris.  Ht. 

HiimBde  Tyr,  cîtépar  La  Mennais.  1,  170. 

""t,  l'illusion  aux  Indes.  Elle  se  retrouve  dans 
wVanaheîm  des  Scandinaves.  111,  ati8-a6p, 

^ÊlilATBiiRs   (dieux).  Se  rencontrent  chez  tous  les 


3^6  TABLE 

peuples  fiOumis  aux  prêtres.  IV,  168-169.  ^*^^' 
dieu  niëdiateur  en  Chine. /&.  Mîthras  en  Perse. 
M.  Différents  auteurs  à  ce,  sujet.  16.  Incamatioo^ 
(]ui  tiennent  lieu  d'un  dieu  médiateur  chez  Im 
Indiens,  fb.  Tbor,  quelquefois  considéré  comme 
un  médiateur  dans  la  religion  des  Scandînaves. 
1//.  Polythéisme  grec  n'admettant  point  de  dieui 
nKtdiateurs  |iro^ement  dits.  It.Hercuie  cepen- 
mt,  dans  la  tragédie  de  Prométhée^  une  espèce 
de  dieu  médiateur.  170.  Mais  cette  tradition  em- 
pruntée de  sources  étrangères.  Ib. 
Meikers.  Voit  le  féticbisnie  partout.  I,  ao4- 
Mélamfus.  a  la  fois  prêtre  et  médecin.  II,  iM- 
V.  Sacerdoce. 

rn.  V.  Baal. 

i.  I,  Tii.  (Danses  immodestes  des  femmes  de) 


MzNDÙs,  en  EgTpte,  la  semaine,  le  monde  et  laforce 
productive.  III,  67-68, 

Mknès.  V.  Progression^  Egypte. 

Mbnou.  Son  code  n'a  pu  être  l'ouvrage  d'un  seul 
hnnime,ni  d'un  seul  siècle.  III,  loa. 

Mehcube  égyptien.  Dialogue  qu'on  lui  attribue  faus- 
sement. I,  175.  V.  Jimbis.  N'est  pas  dans  Ho- 
mère le  conducteur  des  âmes,  igç-aoo.  Quan- 
tité prodigieuse  d'ouvrages  qui  lui  sont  attribués. 
H,  t^n.  Plusieurs  réservés  aux  classes  supérieu- 
res. ](i.  Là  division  de  wi  livres  semblable  à  celle 
des  Vède».  Ib.  V.  Thot,  Hermèt.  L'attribut  df 
protacieur  -  du  commerce  donné  à  Hermès  par 


ALPHABÉTIQUB   >T   AirALTTIQUE.  3/|7 

les  Grecs  Tenait  des  conseils  donnés  jur  les  prê- 
tres égyptiens  aux  caravanes;  mais  cette  fonc- 
tion était  devenue  en  Grèce  un  objet  de  raillerie. 
4ii.  Origine  recherchée  que  Dupuîs  assigne  à 
cette   attribution.  Ib.   Ses  livres.  III,  17.  Mer- 
cure phénicien  rappelant  par  la  couleur  blanche 
de  l'un  de  ses  bras  et  par  la  couleur  noire  de 
Uulre,  la  succession  des  jours  et  des  nuits. IV,ia. 
UiioB.  I,  XVIII,  1 56.  V.  Ethiopie.  Collèges  de  prêtres 
à  Méroé,  recevant  les  caravanes  commerçantes. 
II,  168.  V.  Ergaménit. 
Hiaou,  la  monUgne  sainte  des  Indiens.  III,  1 56. 
HiMii.  V.  Adam. 

'U^nMFSTcosB.  Parait  incorirâliable  avec  une  autre 
TiepareiUe  k  celle-ci.  I,  297.  IV,  io5.  Est  une  idée 
luez  naturelle.  397,  Est  rapidement  délaissée  ou 
Kparée  de  toutes  5ta  conséquences.  397-298.  V. 
Gnatiandais ,  Iroçaois.  Quenous  ne  la  retrouvons 
ni  dans  le  culte  public  des  Grecs,  ni  dans  celui  des 
Romains,  bien  qu'elle  eût  pénétré  dans  leurs  sys- 
tèmes philosophiques  et  dans  leurs  mystères.  IV, 
■06.  A  été  consacrée  de  la  manière  la  plus  posi- 
tive dans  toutes  les  religions  sacerdotales.  ïb.  Se 
«imbine  tautât  avec  des  abstractions  métaphysi- 
fus,  tantôt  avec  des  calculs  d'astronomie.  lè.  Vè- 
■Ici  assignant  cet  univers  pour  purgatoire  aux  âmes 
^  ont  méconnu  leur  céleste  origine.  16.  Opinion 
àts  Gngalèses  sembbble  à  celles  qui  sont  conte- 
nues dans  les  Vèdes.  Ib.  Comment  favorisée  dans 
«  climats  du  Midi.  107.  Transplantée  probable- 


348  TABLK 

ment  dans  le  Nord  par  des  colonies.  io^i(»*(    \ 
été  conserrée  partout.  io8.  Pourquoi.   U.    K%^ 
pénétre  dans  la  religion  des  Gaulois,  des  Prrw« 
des  Gètes,  et  n*a  pas  toujours  été  ëiraQgrrr  j 
mythologie  des  llélirrux.  Ib,  Passage  de  J<Mr{< 
qui  l'indique.  16.  Éuit  chez  eux  la  récomprofr  «i** 
bonS|  au  lieu  d'être  la  punition  des  méchants.  ■ 
Que  la  prolongation  de  ce  dogme  à  coté  dlijp  • 
ihèses  qui  auraient  dA  lexclure,  confirme  cr  i|i-i 
nous  avons  dit  ailleurs  de  la  double  doctrinr  c  i 
prêtr««ji.    KK).  (>>mhinaîson  de  la  métrrop»^«'    i 
avec  un  monde  souterraini  par  les  prêtres  d  \  ^ 
gjpte.  Système  à  la  fois  mystique  et  scienn!  q' 
loc;.  Que  \  irgilc  a  trans|M>rté  cette  ct»mbiBAi«-  H 
dans  son  Énc^ide.  109.  Kmprunu  que  firmt     1 
premiers  Pères  de  l'Ki^lise  à  la  doctnoe   r.i 
tienne.  It.  Saint  Augustin  p(*Hectionna  ceitr 
Itine.  1 10.  Réponseaux  objections  de  M.  dr  P- 
reLli%  entent  a  la  me  te  m  psychose  dans  la  tc-l  .     1 
indienne,  ito.  Que  la  muUitu«le  cmyait  t«»i.r-.i 
tour  à  la  mêlemp%yeo9c  et  à  l'amenthès,  saiss  «     1 
lrapp«*e  de  l'opposition  des  deux  opinions.  1  1  1 
III. 
Mftxivi  R,  Mrxicins.  V.  /^i/^ioyNflsA.  lueurs    %^ 
tiet*»  huuuiiis.   I,  ^8;  IV,  aïo.  Leur  aïkKji     1 
«lu  sol«*il  :  le  pouvtiir  sans  bornes  de  leur%  |     I 
lre%.  Il«  .1'^*  l^ulte  d«*s  éléments  au  Mexique.      I 
'ronib«*aux  d«*s  rois,  eu    même   lem|»%  c4»«cf  ^  1 
loin-s.  43.   .\strulogie  cultivée  |iar   1rs   ttH%.       I 
Nombre  immeiist*  de  pn*lM-s  inexie^ains.  M   I  -    1 


ALPHABÉTIQUE   ET   ANALYTIQUE.  349 

hiérarchie.  Ib.  Hérédité  du  ssicerdoce  chez  les 
Mexicains.  83.  V.  Migrations.  Mangeaient  les  vic- 
times  humaines  qu'ils  immolaient.  lY ,  âzo.  Leurs 
déesses  Centeotle  et  Huirtourhaal.  Ib.  Leur.Tex- 
cat-Zoucat,  dieu  du  yin.  Ib. 

Mezkncb  ,  roi  d*Etrurie.  Ce  qu  on  rapporte  sur  ce 
prince  indique  une  lutte  entre  la  royauté  et  le 
sacerdoce.  II,  i8i. 

HxÂ-o-TSB,  peuples  soumis  par  l'empereur  Kien» 
long.  II,  271.  Description  du  supplice  de  leurs 
princes.  271 ,  272. 

Nichas,  prend  un  lévite  à  son  service,  pour  encen- 
ser les  dieux  étrangers.  II,  233. 

Midi  (climats  du).  V.  Climat, 

HiGRATioHS.  Leur  effet  sur  le  pouvoir  sacerdotal. 
II,  i3o.  L'affaiblirent  en  Grèce  et  probablement 

ë 

au  Mexique.  172.  Les  colonies  sacerdotales  d'E- 
thiopie n'établirent  pas  le  pouvoir  des  prêtres  en 
Egypte,  aussi  complètement  que  dans  leur  pays. 
Ih,  La  migration  juive  eut  un  effet  contraire. 
173. 
MiHERVB.  y.  CaUimaque.  Ses  éléments  sacerdotaux 
modifiés  par  l'esprit  grec.  II,  388.  Confondue 
avec  Onga,  divinité  phénicienne,  l'intelligence 
de  l'univers.  389.  Pourquoi  née  sans  mère  ^  Parce 
qu'Onga,  tantôt  vierge  et  tantôt  hermaphrodite. 
Ib,  Minerve  appelée  homme  et  femme  tout  à-la- 
fois  ,  dans  le  3i'  hymne  orphique.  Ib.  Préside  aux 
travaux  des  femmes,  parce  que  la  Neith  égyp- 
tienne travaillait  à  la  toile  de  la  nature.  389,  390. 


350  TA»L1 

Nom  de  Hiiwrve  peut-être  égyptien.  3go.  Poor- 
<iuoi  la  déesse  de  la  guerre?  Parce  que  Neith  pré- 
sidait a  la  caste  des  gucniers.  390.  Pourquoi  in- 
ventrice de  1«  flâte?  Parce  que  les  divinité 
sacerdotales  présidaient  à  l'hartncuie  des  spbèro. 
391.  Pourquoi  porte-t-elle  la  tête  de  Méduse? 
Parce  qu'elle  avait  emprunté  cet  attribut  de  li 
Pallas  libyenne.  Ib.  Combien,  mal^é  ces  élé- 
ments, Minerye  est  purement  grecque,  Sga.  La 
Grecs  admettaient  une  Minerve  étrangère.  La  ftl- 
las  libyenne  défendait  Troie  que  la  Minent 
grecque  attaquait.  îgî. 

MiNDTiiis  FÉLIX.  V.  Origene. 

Miracles.  Écartés  par  le  système  des  théologteas 
novateurs  de  l'Allemagne.  I,  i3i.  V.  Allemagn' 
protestante. 

Missio?ifi*iERs-  Croyance  accordée  par  eux  aux  mi- 
racles «les  jong'-eurs,  I,  3a6,  327. 

ts ,  considéré  par  Cudwortli  comme  le  dieu 
unique.  I,  i85.  Quelquefois  le  soleil  et  un  dieu 
mctliaieur.  III,  a43.  Ses  divers  caractères  ,  Diéta- 
pbyslqueS,  dualistes,  cosmogoniques  ,  dieu  souf- 
frant et  mourant  pour  l'homme,  l'image  du  seieà 
en  hiver,  «t  victime  expiatoire  de  l'espèce  hu- 
maine. Ib.  Un  intermédiaire  tantôt  entre  le  sole" 
et  la  lune,  tantôt  entre  Oromaze  et  la  terre,  tan- 
tât  entre  Oromaze  et  Arimane.  a43,  l44- 

Ordonnent  aux  Chinois  de  se  raser  la  lète. 
996. 
u  (  prêtres  de  ).  1 ,  76.  Avaient  leur  témoi- 


ALPHABETIQUE    ET    ANALYTIQUE. 


35 1 


gnage.  IB.  Nom  sous  lequel  les  Carthaginois  ado- 
raient le  soleil.  Il,  44.  V.  BaaI. 
Morde  (destruction  du).  IV,  176.  La  destruction 
,  du  monde  et  sa  création,  une  et  même  chose 
dans  la  métaphysique  indienne.  177,  Dieu  créa- 
\  l««ir  dans  lun  des  Oupanishads  ,  englouti.ssant 
wn  œuvre  aussitôt  qu'il  l'a  prodnile,  178.  Pièce 
indienne  représentant  la  destructio»  du  monde. 
Il:  Le  panthéisme  comhinant  la  destruction  du 
monde  avec  l'être  infini ,  placé  au-dessus  de  tous 
les  autres  dieux.  179.  Rrama,  à  la  fin  de  douze 
mille  années  divines  qui  compo.*ent  un  de  ses 
jiiiirs,  s'endort,  et  tout  ce  qu'il  a  créé  disparaît. 
Ih.  Meurt  lui-même  au  bout  de  cent  ans,  et  en- 
traîne tous  les  êtres  dans  sa  destruction.  Ib.  Noms 
ijue  les  Indiens  donnent  à  ces  révolutions.  Ib, 
I  heanyogs  des  âges  pareils  à  ceux  de  la  mytho- 
logie'grecque.  Ib.  Le  géant  Nirinachéren  des  bra- 
mines  de  Mahahalipour.  Ib.  Description  de  la 
destruction  du  monde  dans  le  Bagavadam.  180. 
Ces  révolutions  au  nombre  de  six  mille  selon 
quelques  livres  sacrés.  Ib.  Le  Shastabade  n'en  ad- 
met que  quatre,  et  le  quatrième  rige  dure  encore. 
A.  Etre  mystérieux ,  chez  les  Birmans ,  dont 
l'apparition  sur  la  terre  présage  la  destruction  du 
monde.  181.  Des  quatre  âges  des  Mexicains,  trois 
•ont  déjd  écoulés.  Ib.  Le  terme  du  quatrième  peu 
âoîgn^.  Ib.  Ce  qu'ils  font,  dans  cette  attente,  à 
fapntion  de  chaque  siècle.  181-182,  La  durée 
■ -in inonde  divisée  en  4?  périodes,  au   dire  des 


4 


35»  TABLE 

Tibétains.  i8a.  Leurs  sept  incendies  w  re- 
nourelant  sept  fois.  Jb.  Incendie  universel  dis 
Egyptiens  devant  avoir  lieu  tous  les  3,ooo  »ni, 
à  lequinoxe  du  printemps  ou  à  celui  d'autoDuiï. 
t83-i83.  Est  moins  une  destruction  qu'un  re- 
nouvellement de  la  nature.  i83.  Fête  solennelle 
rappelant  et  annon^nt  ces  révolutions.  li.  Des- 
criptions non  moins  lamentables  des  livres  sacres 
du  Nord.  Ib.  Crépuscule  des  dieux,  ou  Bagoa- 
Rockur.  184  etsuiv.  Que,  dans  ce  tableau,  tout» 
les  idées  sacerdotales  se  combinent.  i8€-iS;. 
Perses  s'atlendant  à  un  incendie  universel.  Druides 
annonçât  une  inondation  générale.  Ib.  Les  co- 
mètes, dans  le  Zendavesta,  comme  dans  le  Ha- 
habarad ,  devant  mettre  fia  au  monde  actuel- 
i9y.  Passages  relatifs  à  cette  catastrophe,  dans 
les  écrits  des  chrétiens.  Ib.  Que  le  dogme  de  la 
destruction  du  monde  tient  l'espèce  entière  dans 
une  longue  agonie.  188. 

MoADB  PRIMITIF  de  Court  de  Gebelin.  1 ,  i83,  i84- 

MoHSBTS,  sauvages.  Leur  fable  sur  l'origine  de  leur 
adoration  pour  le  loup.  I,  a3o. 

MoRTESQUisn.  [,  i.  N'a  pu  traiter  de  la  religion 
qu'en  passant,  i  ly.  A  pu  adgpter  dans  son  Esprit 

.  des  lois  une  forme  didactique.  3i5. 

MoNTBznHE.  V.  Nezual-puUi. 

MoBAXB.  V.  Religion,  Serment,  Sauvages,  Fétickitme, 
Autre  vie,Grand  KsprA.  La  morale  sacerdotale 
toute  factice.  IV,  loa.  A  quelle  époque  elle  de- 
vient le  centre  de  la  majorité  des  intérêts.  I^i 


I 


ALPHiBÉTIQUÏ   ET   ASAI.TTIQUF.  353* 

348.  Lea  dieux  lui  prêtent  une  assistance  surna- 
turelle. 35o,Opinion  de  Zaleucus  sur  les  offrandes. 
Ib.  Epoque  de  l'introduction  de  la  morale  dans  la 
religion.  35a.  S'identifie  davantage  avec  cette  der- 
nière, à  mesur«  qae  la  civilisation  l'ait  des  pro- 
grès. 355,  474-  l'es  dieux  deviennent  moins  in- 
téressés. 16.  Erreur  d'un  écrivain  à  cet  éf-ard.  lù. 
La  morale  épure  U  religion  qui  la  sanctionne. 
356.  Observation  curieuse  à  faire  sur  les  hom- 
mes qui,  k  cette  époque,  s'obstinent  à  rappelei- 
les  traditions  dégradantes.  356,  35^.  Voltaire  et 
Bossuet  sur  te  massacre  d'Agag  par  Samuel. 
'iiy.  L'incrédulité  toujours  viisine  du  triomphe 
complet  de  U  morale  dans  U  rehgion.  lù.  Pour- 
quoi. 357,  358.  La  murale  alors  une  espèce  di; 
pierre  de  touche  à  laquelle  on  soumet  les  notions 
religieuses,  358.  Nouveau  jour  suus  lequel  l'in- 
troduction de  U  morale  dans  la  religion  place 
tous  les  faits.  4<^8,  409-  S'introduit  par  degrés 
dans  le  polythéisme  indépendant.  474-  ^^^  cepen- 
dant encore  quelquefois  sacrifiée  aux  caprices  et 
aux  exigences  des  dieux.  47^-  Exemples.  47^ , 
476.  Reste  néanmoins  indépendante,  en  principe 
général.  lâ.  Preuves.  476)  477-  Deux  choses  né- 
cessaires pour  que  cela  nu  fût  pas.  4/7'  '"  '^^^ 
dieux  tout  puissants,  a"  Dans  ces  dieux  des  vo- 
lontés unanimes.  IB.  Que  ces  deux  choses  ne  peu- 
vent pas  exister.  16.  Raisons  que  nous  en  don- 
nons, 477)  478.'  Circonstance  dans  laquelle  la 
religion  se  soumet  à  l'autorité  de   la  morale,  et 


jl56  tablk 

Mort.  Le  centre  de  toutes  les  conjectures  reli- 
gieuses. I,  i84-  L'homme  n'y  croit  pas  réelle- 
ment. 384.  Plus  il  est  près  de  l'état  sauvage, 
moins  il  y  croit.  a85.  V.  Paraguay,  Sentiment 
religiatx.  Ce  que  l'idée  de  la  mort  porte  le  sau- 
vage à  faire  pour  luî-méme  dans  l'autre  vie,  est 
de  l'égoïsme.  Ce  qu'il  ikit  pour  les  morts  qui  le 
précèdent ,  est  du  sentiment  religieux,  agî.  Con- 
tradictions des  sauvages  dans  leurs  sentiments, 
relativement  aux  morts.  3o3.  V.  Animaux.  Tou- 
jours consultés  sur  l'avenir.  34o.  V,  Divination. 
Fête  des  morts  chez  les  Hurons  et  les  Iroquois. 
3o5.  Ardeur  des  sauvages  dans  les  honneurs 
qu'ils  rendent  aux  morts.  3o8.  Combien  les 
sauvages  et  les  peuples  barbares,  les  Grecs, 
par  exemple ,  sont  occupés  de  la  mort.  IH ,  377. 

Morts  (  Demeures  des  ),  IV,  g3.  Que  le  polythéisme 
homérique  n'en  indique  qu'une  seule.  93.  Cette 
demeure  n'est  point  un  lieu  de  châtiments  réser- 
vés au  crime.  Ib.  Enfers  nombreux  des  religions 
sacerdotales,  /i. .L'Edda  en  compte  deux:  le 
Nifleim  et  le  Nastrond  ;  les  Indiens,  tantôt  trois, 
tantôt  quatorze,  et  jusqu'à  quatre-vingts.  93,  Q^. 
Les  Perses ,  sept.  Ib.  Les  relèguent  au-delà  de 
l'Océan.  Ib.  Les  Birmans,  dnq.  Ib:  Les  Japonais, 
trente-trois.  /^., Les  Tibétains,  trois,  subdivisés 
en  dix-neuf  régions  où  les  peines  sont  diversi- 
fiées. 94-  Leurs  noms.  Ib.  Peines  qu'y  subissent 
les  damnés.  Ib.  Enfers  des  livres  Zend  placés  au 
bord  d'une  onde _fétide.  94,95.  L'Ifurin  des  Gau- 


ALPBA.B^IQDE   ET   AHA.LTT1QUE.  35^ 

lois,  une  ayitrée  impénétrable  aus  rayons  'du 
jour.  95.  Supplices  qu'on  y  fait  éprouver  aux 
damnés.  /*.  Vers  d'un  Barde  à  Fun  de  ces  der- 
niers, raillant  deux  vers  de  Voiuire.  t)5,  96. 
I.ies  Indiens ,  malgré  leur  douceur  naturelle,  n'ont 
pas  des  enfers  moins  épouvantables.  96.  Ch&ti- 
ra«>ta  fu'on  y  subit.  96,97.0esrafBnemenn  de 
tortures  inhérents  k  l'esprit  sacerdotâk  '  97. 
Preove  tirée  d'un  catholique  orthodoxe.  7*.  Qu'on 
a  reproché  à  M.  de  Chftteaubriand  d'avoir  oiii'ert 
aux  païens  l'entrée  du  purgatoire.  97.  Que  la 
multiplicité  d'epfers  tr%hit,le  désir  dft  rendre  plus 
profonde  l'impression  produite  par  l'épouvante 
de  l'avenir.  97,  98.  Les  prêtres,  pour  présider 
aux  sentence»,  font  souvent  paraître  un  dieu 
nouveau.  98.  Mêlent  aussi  l'espérance  à  la  terreur, 
et  multiplient  les  paradis  comme  les  entiers.  Ji. 
Le  Gimle,  le  paradjs  des  Scandinaves.  /(.  Les 
habitants  de  Ceylan  en  comptent  vingt-six.  ^. 
Comment  les  jvstes  j  parviennent.  Ib.  Paraidis 
inférieurs  des  Indiens,  destinés  aux  plaisirs  ma- 
tériels: Ib.  Levas  paradis  supérieurs  consabr^  à. 
des.  plaisiin  pins  purs.  D^ns  i|flur  Chattia-L<^ra-, 
)e  plus  élevé  de  tov*i  'l'^Di*  incorpore  à  la 
Divinité.  lè.  Divers  moyens  employés  par  les 
prêtres  pour  provoquer  les  libéralités  des  fiAèles. 
99,  160.  Anoétres  aûfsiant  inVinbles  auxiMpts 
et  aui  sacri^oes..  là.  M&nas  «'asseyant  •9toar<'du 
foyer  paternel.  Ib.  ¥été  -d'A^hérina-Ghan',  en 
Perse.  16.  La  morale  ne  décidant  en  rien  de  l'é^ 


^1^^^ 


'i59  TABLE 

tat  des  moru  <lans  la  poljUiâaiBd  homérique.  J6. 
SoD  influence  dans  les  relîgîoDS  sacecdotalas.  Id. 
Motif  de  cette  différence.  loo,  loi.  Juges  placés 
à  l'entrée  de  chaque  enfer  des  Birmans.  loi.  Ju- 
gement des  morts  en  Eg^^pte.  Ib.  Tombeau  égyp- 
tien déposé  au  Muséum  britanni({«e.  16.  Eftcut 
de  Denon  au  snj^  d'un  rouleau  de  papynu  ap- 
porté d'ï^[3^te.  Ib.  Heeren,  sur  le  jugenrant  des 
morts.  loi ,  loa.  ChÂtîmeat  de  celui  qui'troinpe 
un  brame,  loa.  Histoire  d'un  renard  jadis  homme. 
iq3.  lacrédulité  punie  plus  sévèrement  que 
l'homicide.  lè, 

MossRiH.  I  ,  61.  Son  liypothéK  sur  Mhhra. 
i85. 

IVIoTSK.  Avantages  que  sa  législation  assure  aux  lé- 
vites. Il ,  109.  Gomment  a-l-il  pu  devancer  son 
siècle  dans  la  pureté  de  son  théisme?'  U,  ai3. 
Que  son  théisme  n'est  pas  venu  d'É^ypte.  Ib. 
ai3,  ai4t  Que  les  co»cea«ions  deMojse  k  son 
peuple  plus  grossier  que  lui,  consisteM  plus 
dans  les  mots  quedans  les  choses.  3i5.  Qu'il  laisse 
de,  côté  toutes  les  questions  însoluhles.  2l6,  317. 
Sans  Moyse  et  sa  religibn,  l'espiit  humain ,  après 
les  travaux  de  la  philosophe  qui  ne  l'avait  con- 
duit qu'au  doute,  se  fût  perdu  petu-âtre  dans 
l'athéisne  ou  le  panlbéisnte.  2S0,  aS^. 

Mi}iABa(Ottft<îed).  Sott.opiniop  sur  les  dieu&d'Hu- 
mère  par&iteroent  semblable  à  la  niàtxe.  Ill ,  tgi. 

MuMBO-JoHao.  V.  Fétkhitme. 

MuBBX   (  poète  ).    Grossièreté    de   sa    description 


\ 


ALPHABÉTIQUE   KT   AHALTTIQOE.  35^ 

du  bonheur  eékàte,  snivast  Maton.  II,  335. 
McsBS.  V.  CaUima^ue.  N'étaieot  primitiveinent  que 
les  sept  oordes  de  la  lyre  d'Apollos.  II,4os.  Tra- 
vail de  l'esprit  grec  dans  la  fable  qui  les  con- 
cerne. 4o3-4oS. 
Htbtûbs.  I,  VUI.  Furent  le  dépit  des  doctrines, 
des  tradituMa  et  des  cérémonies  étrangères. 
Pourquoi;  16,  Pointa  de  vu«  sous  fes^nda  il  but 
les  envisager,  pour  les  connaître  à  fond.  V,  a>3. 
Auteurs  qu'on  peut  consulter  pour  les  bits  de 
détail.  3-7-8.  Qu'on  leicontnc  des  mystères  chez 
toutes  les  nations.  6-7.  Les  mages  de  la  Penc  célé- 
braient les  leur*,  dans  des  antres  oiucurs.  j.  Ceux 
des  Hébreux  i«nfennës  dans  leur  cabale-  lé.  C'est 
par  erreur  qu'on  a  cru  que  ks  mystères  se  com- 
posaient de  la  doctrine  secrète  des  prêtres  dbns 
les  religions  sacerdotales.  7-8.  Ea  quoi  consis- 
taient ceuK  qui'  étaient  révélés  par  l'initiation. 
8-9.  Uénxtote,  admis  dans  le»  mystères  des 
Égyptiens,  n'acquit  aucune  connaisaanre  de  leur 
tbéologie  occulte;  9.  Dit  tVtmdlement  que  ces 
niysièrefi  étaient  la  représenlaïuon  noctvnw  des 
aventures  des  .dieux.  IL  Ce  qwe  le  peuple 
'  voyait  dans  ces  représentations,  ti.  Origines 
étrangères  des  mystères  grecs.  10.  Diff^en- 
tes  traditioiM  à  ce  sujet.  là.  Se  composèrent 
de  cérémonies,  de  processions  dank  l'ialcrîcur 
des  temples>  d«  pantomimes.  la.  Goerres  i  ce 
sujeL  Ih^  Plutarqièe,  sur  les  ressemUanc^es  des 
rctiu  égypliena-aur  Isis  «t  Osiris,  avec  les  vécil»- 


36o  Table 

grecs  sur  Gérés.  ïb.  Fondateurs  des  mystères  en 
Grèce,  cherchant  à  ajouter  à  la  fidélité  de  l'imita- 
tion, en  les  célébrant  en  des  lieux  semblables  à 
ceux  de  leur  ancienne  patrie.  i3.  Mystères  de 
Bacchus  à  Athènes^/^.  Idem,  du  même  à  Leme. 
16.  Ces  mystères  d'abord  'des  représentations  de 
fables  connues.  Je.  Ensuite  de  fables  secrètes.  It. 
Dénominations,  formules  inintelligibles  apportées 
en  Grèce  avec  les  mystères.  i3-i4.  Analogie  de 
Cérès  et  de  Proserpine  avec  la  reine  des  enfers, 
chez  les  Indienst  i4-  Les  trois  mots  mystérieui 
avec  lesquels,  i  la  fin  des  grandes  Eleusinies,  on 
congédiait  les  initiés,  trois  mots  sanscrits.  /^> 
Creutzer  k  ce  sujet.  Ib.  Étrangers  fondateurs  des 
mystères,  joutant  à  leurs  réminiscences  locales 
la  commémoration  des  dangers  inhérents  aux  na- 
vigations lointaines.  lA.  Traditions  qui  le  prou> 
vent.  i5-i6.  Comment  les  mystères  changèrent 
de  nature.  16  et  suiv.  Quels  en  turent  les  pre- 
miers prêtres.  18.  I^es  Céryces  d'origine  athé- 
nienne,  de  simples  sacrificateurs.  16.  Les  quatre 
premiers  ministres  des  mystères  -toujonrs  chcHsis 
dans  la  famille  des  Eumolpides.  Ib.  ]>ur  multi- 
plicité. 19.  Cause  qui  y  donna  lieu.  Ib.  Leur  videi 
leur  futilité.  19-90.  Statues  des  dieux  qu'on  di- 
sait tombées  du  ciel,  et  que  les  prêtres  seuU 
avaient  ie  droit  de  voir.  Ib.  Réticence  sur  \es 
noms  des  dieux  bisant  partie  des  mystères  de 
l'Egypte,  ao.  Thesmophories.  It.  En  quoi  elles 
consistaient.  ao-3t.  Les  hommes  enétaient  exclus- 


ALPHABÉTIQDB    ET    ANALYTIQUE.  36l 

li.  Fêtes  de  la  bonne  déesse  à  Home,  comment 
devenues  fameuses.  Ib.  Toutes  les  hypothèses, 
toutes  les  pratiques  sacerdotales  se  trouvent  daps 
les  mystères,  ai.  Deux  choses  néanmoins  à  ob- 
server pour  bien  saisir  ce  rapprochement,  aa. 
Pourquoi  nous  cirons  quelquefois  des  auteurs 
d'une  antiquité  peu  recalée,  aa.  -Figure  mons- 
trueuse des  dieux  dans  les  mystères.  aS.  Bacchus 
sous  le  nom  de  Zagréus ,  y  paraissait  avec  une  tête 
(le  taureau,  et  avec  des  ailes  sous  celui  de  Psîtas, 
33-a4.  Ce  qu'exprimaient  ces-deux  attiibuts.  a4. 
Les  prêtres  y  prenaient  le  costume  de  leurs  dieux. 
34,  a5.  Confusion  que  cet  usage  a  produite.  Ib. 
Ces  déguisesKnts  passant  quelquefois  des  mystè- 
res dans  les  rites  publics.  a5.  Exemples.  Ih.  Ca- 
nctàre  double  de  plusieurs  drrinitt^s  mystérieuses. 
ib.  Sacrifices  humains  dans  les  mystères,  niés  à 
tort.  a6.  Preuves  et  auteurs  que  nous  citons  en 
témoignage»  i^<  Adrien  est  obligé  de  les  pro- 
hiber,dans  laS'Mitbriaques.  Ib.  Assertion  de  Lam- 
pride,  si  «De  est  vraie,  n'en  prouvant  pas  moins 
leur  coaformiié  avec  le  polythéisme  sacerdotal.  37. 
Purifications  usitées  dans  les  mystères  de  même 
luiure-  et  de  même  genre  que  chez  les  nation» 
sounùflcs  aux  prêtres.  27.  Exemples.  Ib.  Dogme 
sur  lequel  elles  étaient  fondées.  a8.  Parti  que  l'E- 
glise rcimaine  en  tira  jusqu'à  la  réformation.  Ib. 
Interdictions  de  certains  aliments.  Ib.  Animaux 
reniés  comme  sacrés  dont  il  était  défendu  de  se 
nourrir.  /&.  Motif  que  les  prêtres  dunnaientiTabs- 


1 

i 

3(ja                                              TABLE 

linence    du  poisson  chez  les  Syriens.  39.  Reoon- 
teinent  aux  plaisirs  des  sens,  un  des  devoirs  pres- 
crits tant  aux  initiés   qu'aux  hiérophantes,  ay- 
Celui  d'ËlËUsis.  lù.  Breuvage  qu'il  prenait  pour 
rendre  la  privation  moins  rigoureuse.  lù.  Absti- 
nence  des  prêtres  de  Diane,  à   Éphèae.  Ib.  Dw 
prêtres  «t  des  pri-tresses  de  Diana  Hymnia,  en  A^ 
cadie.  là.  Serment  queuient  obligésde  prêter  les 
prêtresses  des  Dionysies  à  Athènes.  M.  Pri«lion 
commandée  aux  Athénienne»  qui  se  préparaieni 
aux  Thesniophories.  3o.  Herbes  dont  elles  se  «> 
valent  pour  mieux  la  supporter,  iù.  Célibat  or- 
donné  dans  les  grades  les  plus  relevés  des  Mî- 
tliriaques.  ')  i .  Distuiction  de  Creutzer  au  sujet  de 
ces  mystères.  Ib.    Ce  que    les  Pères  de  lÉgli» 
voyaient  dans    ces  cérémonies.   16.  Étaient  (t*i>s 
l'erreur.  lè.  Dieux  honorés  dans  les  mystères,  n« 
d'une  vierge.  lè.  Adoration  des  organes  genén- 
teurs.  16.   Canéphores  des   Dionysiaques  portant 
dans  la  corbeille  sacrée  le  phallu.i?  qu'on  tpp«' 
chait  des  lèvres  du  récipiendaire,   lis.  De  quelle 
matière  il  était.   lù.  D'où   vint  1  uwge  de  plantef 

M 

des  phallus  sur  les  tombeaux.    St.    CéréainoiiS 

licencieuses  doiitte culte  secwBêiaitaocompap'B- 

â 

:i3.    U  débauche    ifui  souiltiit  oea   l'èi«  décn" 

1 

vénal.   Il>,  L'AulidAW                      "••  P"^J«  <*' 

Mm 

Teitulljflll^^^^                         iil'-  aa  sujet 

i 

i 

dev«»^H^^^^B 

ALPHABériQUB   ST   ANALYTIQUE.  36.) 

hemiaphirodite  ailé.  35.  Le  lièirre  son  symbole. 
Ib.  Adonis  înYoqué  comme  une  jeune  vierge  et 
un  adoksœnt.  Ib.  Prêtres  selon  Lydus,  mettant 
des  habits  de  femmes  dan»  les  mystères.  li.  In- 
ceste Gosmogonique,  base  dés  Dionysiaques.  36. 
PFêtres  des  mystères  rapportant  à  la  religion  le 
aéritede  tout  ce  qu  al  y  a  d'utile  dans  les  métiers , 
de  beau  dans  les  arts  ^  de  sage  dans  les  lois.  iy. 
Ce  que  retraçaient  tes  mystères  des  Corybantes. 
li.  Cour  desCufàtes.  là.  Cettxdes  Dactyles.  Ib. 
Rites  rebutants  et  grossiers  transfbrmés  en  sym- 
boles profonds  et  sublimes.  16.  Délire  des  Bac- 
chantes, li.  Repas  horrible  qu  elles  faisaient.  Ib. 
Sens  qu'on  y  attachait.  Ib.  Festin  pareil  des  ini- 
tiés des  Dionysiaques.  38.  Ce  qui  valut  à  Gérés 
l'épithète  de  législatrice.  /6.  Antres  emblèmes  et 
symboles.  38,  39.  Avaient  plusieurs  significations. 
Ib.  Exemples  tirés,  de  la  légende  de  Baechus.  39. 
Rang  qu'occupait  l'astronomie  dans  lès  mystères. 
«^  y  4o.  Danses  sabâziennes.  4o.  Échelle  à  huit  por- 
tes. Ib.  Prêtres  d'&eosis  jouant  dans  les  mystè- 
res le  rôle  des  divinités  astronomiques.  Ib,  As- 
trologie se  joignant  à  lastronomie.  Ib*  Les  planètes, 
dans  le  6^  hymne  orphique,  les  dispensatrices 
des  destinées.  Ib.  Mystères  consacrés  à  Hercule  ,r 
chez  les  Athéniens ,  où  il  était  à  Ta  fois  le  dien  du 
soleil 9  et  celui  qjui  présidait  à  lepuration  des  âmes 
par  le  feu  et  la  lumière.  4o ,  4i*  Qu'on  y  retrou- 
vait également  la  démonologie.  4<  •  Suite  de  Bac- 
(*hu8,  des  génies  intermédiaires.  Ib.  L'initiation 


3C4  TtILC 

a  IX  «Djet.  li.  Hj^ae  iii|ilâ^Bi  «fcaaaé  iua  \xt 
Diooysici.  tf.  TnditiaiB»  arimoia  ^^^  c^'"'' 
tûm.  4i ,  4s.  La  méumfaycaÊK  t'^K  (1m  doc- 
trines «{u'os  rérââtXTcc  Jepéwi^mliMaili  dani 
Im  mjMcns.  A.  Coasest  oa  b  '  ■"  '"g-  ■*  duii 
les  HhhnMiDa.  4^.  EnblèMe  qvi  ncraee  Im  boa- 
lerenesenu  de  b  nature^  4^.  Kéwnktéoas  pht- 
Mqoe»,  connient  figurées.  Jt.  Les  six  i^  du 
moade.  Ib.  Dîeoxqni  j  présidant.  A.  Fngiii«iil> 
de  tbrt^ODÎe  et  de  cosnM^oBÎe  se  yàfoasa  au 
di^^es  «cientifiques.  /^.  Cosou^onie  tMfhiquï 
enseignée  dans  les  mystères,  empruntée  des  cm- 
mt^ooies  sacerdoules.  4^-  Citations  qui  le  proD- 
TCRt.  44  '*■  stiîv-  L'ceuf  cosmogoDitpie  prodiùi 
Phanés  ou  le  grand  tout.  44  j  4^-  Trinité  samo- 
thracienne.  4^  >  47-  Symbole  des  coupes  et  da  mi- 
roir, faisant  encore  mieux  ressortir  l'idfiitite 
de  ce»  dogmes  et  de  ceux  des  nations  sacerdo- 
tales. 4;.  Caractère  de  ces  objets.  16.  Infla«ic« 
qu'ils  ont  sur  la  destinée  des  âmes.  47  ^*  '"''' 
Qu'on  retrouve  dans  le  pays  de  Galles  le  penAn" 
de  la  coupe  de  l'unité.  S  i .  La  coupe  du  saint  Grail 
une  réminiscence  des  coupes  mystiques.  Ib.  Aus- 
térités, tourments  Tolontai/es  que  s'imposaient  1^ 
initiés.  Sa ,  53. 8o  degrés  d'épreuves  étaient  néces- 
saires pourparticiper  aux  Mithriaques.  53.  Cru>u'« 
et  longueur  de  ces  épreuves  mettant  quelquefois 
la  vie  des  candidats  en  danger.  /i>  Que  ces  prt- 
tiques  rappellent  le   d<^me    de   la   saînielé  "'' 


ALPHAB^IQDE    ET    AHALTTIQUE. 


365 


b  douleur.  Ib,  Dieux  daos  les  mystères,  comme 
dans  les  religions  sacerdotales ,  aspirant  à  la  sanc- 
tification par  les  tortures.  Ib.  Jupiter  se  mutilant 
lui-même,  pourquoi.  54-  Esmoitn  abjurant  son 
sexe,  devient  le  huitième  des  Cabires.  Ib.  Pré- 
lention  des  Cretois  donnant  naissatM»  au  pro- 
lerbe  que  les  Cretois  sont  menteurs.  Ib.  Dieux, 
dans  les  mystères,  mourants  et  renaissants,  au- 
tre conformité  avec   les   reU^ons   sacerdotales. 

55.  Civutzer  à  ce  sujet.  Ib.  Lamentadons  force- 
nées qui  annonçaient  leur  trépas ,  joie  immodé- 
rée par  laquelle  on  célébrait  leur  résurrection. 

56.  Idées  politiques  qui  se  mêlèrent  à  ces  dogmes 
en  Grèce.  56,  Sy.  Plutarque  i  ce  sujet.  Sy.  Com- 
ment les  différents  systèmes  de  philosophie  de- 
vinrent partie  des  mystères.  59.  Que  l'irréligion 
s'y  introduisit  avec  eux.  Ib.  Preuves.  Ib.  Le  dua- 
lisme une  des  e^licatïons  des  mystères.  Ib.  Ju- 
lien et  Creutzer  cités  en  preuves.  39,  60.  Fable 
concernant  Vénus,  indiquant  la  corruption  de 
la  matière  résistant  à  la  main  du  Créateur.  60. 
Que  le  théisme ,  le  panthéisme,  l'athéisme  même 
devinrent  partie  de  la  révélation  mystérieuse. 
60  et  suiv.  Cette  dernière  communication  ne  se 
faisait  qu'à  un  très-petit  nombre  d'élus  et  avec 
<le  grandes  précautions.  6i  ,>64.:  Sainte-Croix  re- 
jeite  à  tort  l'idée  que  l'unité  de  Dieu  fut  ensei- 
gnée daus  les  mystères.  60,  61.  Explications  des 
fables  panthéistiques  concernant  Bacchus.   62 , 

.   ^3,  64.  Ces  hypothèses  irréligieuses  présentées 


aux  initiés  avec  toute  la  pompe  de  la  religion. 
64>  Douille  motif  qui  engageait  les  prêtres  à  ]«) 
recevoir  daas  leur  doctrine  cachée.  65.  A  tfitWt 
époque  la  morale  entra  dansâtes  mystères.  6^. 
Tribunal  d'ori^ne  sacerdotale  en  Samotbn». 
Ib.  Crimes  sur  lesquels  il  prononçait.  67,  6S. 
Préceptes  intmlqués  aux  récipiendaires  ,  pen- 
dant la  cérémonie  de  l'initiation.  68.  Us 
étaient  obligés  de  taire  une  confession  génénlt. 
Ib.  On  frappait  d'exclusion  les  coupables.  69.  l* 
suicide  condamné  dans  les  mystères.  76.  De  i'«^ 
prit  qui  y  régnait.  77.  Mélancolie  profonde,  W. 
Cérémonies  tristes  et  funèbres.  Ib.  Gémissements 
des  femmes  aux  Thesmophories.  Ib.  Leur  dan» 
même  annonçant  le  découragement  et  la  dou- 
letir.  78.  Le  malheur  de  la  vie  un  dogme  incul- 
qué dans  tous  les  mystères  orphiques.  Jb.  Obser- 
vation curieuse  d'un  savant  moderne  relatÎTei 
l'objet  qui  nous  occupe.  78,  79,  So.  Les  bnu^* 
fonneries  bruyantes  passèrent  également  d»n! 
les  rites  mystérieux.  Exemples.  80,  81.  Anecdow 
bizarre  de  Cérès.  81.  Julien  se  croyant  obligé  de 
railler  les  dieux  aux  fêtes  des  Saturnales,  i^- 
Qu'on  y  retrouTe  aussi  la  haine  et  la  jalousie  de 
toute  distinction  personnelle.  81,  82.  Athénien 
trané  en  justice  pour  avoir  nommé  l'hiérophante. 
82.  Bésumé.  83  et  suiv.  Que  les  mystères  con- 
tinrent a  la  fois  et  le  culte  public  et  les  doctrines 
secrètes  des  religions  sacerdotales.  83.  Q"''^ 
en  furent  l'Apocalypse  et  l'Encyclopédie.  84-  ^^ 


AUHABliTIQUE   ET   ANALYTIQUE.  867 

jection  qu'on  pourrait  nous  faire.  Ib.  Comment 

nous  la  résolvons.  85,  86.  Furept  la  propriété 
(lu  sacerdoce,  dans  le  polythéisme  dont  le  sacer- 
Joce  Davait  pas  la  propriété,  86.  Que  tous  les 
dogmes  et  les  rites  qui  les  composaient  coexis- 
taient ensemble,  quelque  contradictoires  qu'ils 
fussent.  Ib.  Preuves.  86,  87.  Les  moindres  rites 
étaient  susceptibles  de  plusieurs  sens.  87.  Exem- 
ples. 87 ,  88.  Dion  Chrysostôme  peint  les  mys- 
tères  comme  un  specucle.  88 ,  89.  Résulut.  89 , 
90,  Objet  réel  du  secret  des  mystères.  97,  98. 
Dialogue  de  Jupiter  et  de  Momus  dans  Lucien. 
96,  97.  Ce  qu'il  prouve.  97.  Blâme  qu'Arrien, 
dans  Ëpictète,  adresse  à  un  homme  qui  justi- 
fiait sa  doctrine,  en  affirmant  qu'il  n'enseignait 
que  ce  qui  était  enseigné  dans  les  mystères.  98. 
Impies  poursuliis  pour  avoir  contrefait  des  céré- 
monies. 99.  Erreur  de  ceux  qui  nous  ont  précédé 
dans  cette  recherche.  100.  Cette  erreur  de  ta 
même  nature  que  celle  des  érudîts  dont  nous 
avons  parlé  dans  notre  premier  volume.  Ib.  Ex- 
plications que  les  prêtres  des  mystères  donnaient 
aux  profanes ,  pareilles  à  celles  que  le  sacerdoce 
(les  religions  qui  dépendent  de  lui  donnait  aux 
(itrangers.  100,101,  loa.  Que  notre  hypothèse  sur 
les  mystères  explique  seule  la  disposition  souvent 
contradictoire  des  Grecs  envers  ces  instiwtious. 
io3.  Exemples  divers  que  nous  donnons  de  ces 
contradictions.  io3  et  suiv.  Manière  dont  nous 
croyons  devoir  les  concilier.  107  et  suiv. 


366  TABLE 

MmroLOGiu  ancibhiies.  Subrersion  qu'elles  ont 
subie,  et  qui  a  placé  les  dogmes  récents  à  une 
époque  antérieure  aux  plus  anciens.  I,  171, 
17a.  Motif  de  cette  subversion.  171  ,  17a,  i"^, 
174-  Exemple  dans  le  Bhaguat-Gita.  174,  17^- 
Dans  le  dialogue  du  Mercure  égyptien,  175. 
Chez  les  sages  de  la  Grèce.  176.  Tous  les  raffine- 
ments des  mythologies  postérieurs  aux  tâbl» 
populaires ,  mais  placés  avant  ces  fables-  dans  b 
clu-onologie  ostensible.  176,  177.  V.  Cftmogonie. 
Que  toutes  les  mythologies  constatent  la  préfé- 
rence de  l'homme  pour  sa  propre  forme.  IV,  6. 
Passages  de  la  Genèse,  d'Ovide  et  du  Rigveda  qui 
le  prouvent ,  6,7. 


N. 


Nabdi^bdah,  général  de  Nabuchodonozor,  bWkle 
le  temple  de  Jérusalem.  Il,  i^i. 

Njlnac.  Douceur  de  son  théisme.  III,  an.  Se» 
points  de  ressemblance  avec  le  christianisme  pri- 
mitif. Ib.  Cruautés  exercées  en  son  nom  par  se% 
successeurs.  Ib.  V.  Boudda. 

NandbjL,  roi  de  Magadha,  tué  par  un  Braniine  qui 
met  sur  le  trône  une  autre  dynastie.  II,  179. 

Nanhi,  dieu  des  Nègres,  méchant.  I,  345. 

Nahtss  (édit  de).  I,  m.  V,  Galère. 

Napolitains.  V.  Châtiments  des  dieux. 

Nakada.  Rencontre  qu'il  fait  sur   les  bords  duo 


ALPaABérlQDB   £T   AHJLLTTIQDE.  369 

lac.  111,   laS.  Apprend  qae  its  Vèdos  sont  des 

dieux.  t»g. 

Natchbz.  V.  Cérémonies  funéraires. 

NiAUiBSEM,  Shaster  indien  contenant  un  système 
de  théisme  postérieur  à  la  religion  populaire.  Ill , 
io4-  Regardé  par  les  Jndous  du  Bengale  comme 
un  Shastet  sacré,  et  rejeté  par  ceux  du  Décan, 
de  Coromandel  et  du  Malabar.  là.  Est  un  pur 
système  de  métaphysique.  li. 

IfumiBR,  auteur  d'un  Esaai  sur  Julien  et  son  siè- 
cle.!,4i. 

NÛRQDE,  amiral  d'Alexandre,  décrit  les  hordes  qu'il 
a  visitées,  comme  elles  sont  aujourd'hui.  I,  i55. 

NÈGaxs.  V.  Chasteté.  Font  expier  aux  enfants  nou- 
yeau-nés  le  péché  de  l'union  des  sexes  dans' 
leurs  parents ,  par  des  opération»  douloureuses. 
I,  256.  Croient  la  mort  un  événement  extraor- 
dinaire. a85.  V.  Mort.  Nègre  qui  ne  demandait 
qu'une  chose,  de  n'£lre  plus  l'esclave  d'un  blanc. 
390.  V.  Autre  vie.  Cérémonies  Junéraàvs ,  jime. 
Jongleurs,  Insensés,  Fétichisme,  Nanni,  Bîssao, 
Laèat,  Serpent. 

Sbpbtsts,  femme  de  Typhon,  une  expression  du 
dualisme.  III,  85.  Ses  ressemblances  avec  la 
Mohanimaya  et  avee  la  Boudhevi  des  Indiens.  li. 

Neptuhe.  V.  Saturne. 

Niioii.  I,  xxui,  46,  87.  Il  fonde  les  Juvénalea  le 

jour  où ,  pour  la  première  fois ,  il  se  lait  couper 

ta  barbe.  184. 

NnuiL-Pu-Li ,  roi  d'Alco-Huacom,  du  temps  de 

K  a4 


370  TAULE 

la  conquête  du  Mexique  par  les  Espagnols,  était 
renommé  pour  ses  progrès  dans  là  science  de 
l'astrologie.  II,  43.  Montézume,  eflrayé  par  des 
présages  funestes,  eut  recours  à  lui  pour  se  les 
faire  expliquer,  li. 

NicoLAî.  I,   127.  Auteur  allemand,  fait  partie  de 
l'école  philosophique  du  dîx-huitièdie  siècle,  li. 

NiEBvnn.  Description  de  l'Arabie.  1,  1R6. 

N1F1.EIM  (le).  Royaume  du  froid  et  des  ténèbres 
cliez  les  Scandinaves.  III ,'  370.  Renferme  les  féni' 
mes,  les  enfants,  les  vieillards  qui  ont  atteint 
sans  effort  le  terme  dune  vie  obscure.  IV,  91. 
Ils  y  conservent  leurs  rangs,  et  recommencent  1 
une  nouvelle  carrière,  qu'ils  terminent  par  une  . 
bataille.  V,  i44j  '45-  Point  un  lieu  de  châti- 
ments pour  les  morts.  75. 

NiTos ,  divinités  malfaisantes  de   l^e   d'Ainboine. 

I,  340.  Consultées  sur  l'avenir  par  les  jongleurs./)^. 
Niu  -V*.  La  plus  célèbre  des  mères  vierges  en  Chine. 

II ,  263.  Comment  surnommée.  It.  Ses  prières 
lui  valent  ses  en&ntements  miraculeux.  /(.'  Pou- 
vait revêtir  soixante-dix  formes  différentes  en 
une  seule  journée.  It.  Ses  rapports  avec  la  Ba- 
dracaly  indienne  et  l'Hécate  grecque.  Ib. 

Nix.    Trace   du' culte  des  Seuves  en   Allemagne. 

III,  8. 

NoAins.  V.  Lapons.  Instrutu  méthodiquement  dans 

le  métier  sacerdotal.  I,  3a3. 
NoÉ.  Ses  trois  enfants.  I,  t6o. 
Nnnn  (peuples  du).  V.  CAmaï.  '        " 


ALPHAB^IQUG    ET    U!TA.LyTtQDE.  3^t 

NoRNES ,  Parqties  des  Scandinaves ,  d'abord  des  fé- 
tiches ,  puis  des  êtres  allégoriques.  I,  178. 
IVoRwsGiBMS.  Adoraient  les  chevanx.  III,  361. 
Ndea-Hita  (île  de).  Toute  sa  police  fondée  sur  la 
religion.  I,  380.  La  propriété  consacrée  par  une 
cérémonie  sacerdotale.  ïi.  Les  choses  et  les  per- 
sonnes ainsi  consacrées,   appelées   Tabou.    16. 

O. 


Oahnés,  tout  à  la  fois  dieu  et  l^slateur  des  Chal- 
déens.  in ,  aSy.  Sa  forme.  /5. 

OcBAZ  place  les  idoles  dans  le  temple  mâme  de  Jé- 
rusalem. II ,  a34- 

OcHinrs.  II ,  45i-  Son  histoire.  li. 

Odir,  dieu  suprême  de  la  religion  populaire  des 
ScandinaTes,  I,  178.  Veut  s'emparer  de  l'hydro- 
mel. iSg.  V.  Âjnrîta.  Est  le  fils  de  Bor.  II,  84. 
Confondu  avec  le  soleil  hermaphrodite.  III,  370. 
S'nnJt  k  Freya,  sa  fille.  Ib.  Ses  amours.  IV,  3i. 
Est  piiré  de  Tempire  pendant  dix  années.  Ih, 
Fondement  historique  sur  lequel  repose  cette  tra- 
dition. Ib,  Il  y  a  eu  plusieurs  Odins.  V.  118.  Odin 
ou  Wodan ,  un  nom  générique.  Ib.  Toutes  les  tri- 
bus du  Nord  taisaient  remonter  à  loi  leur  origine. 
118,  iig.  Lui  attribuaient  l'inTention  de  tous  les 
arts.  119.  Erreur  dans  laquelle  sont  tombés  la 
plupart  des  écrivains  à  son  égard.  Ih.  En  ont  fait 
à  tort  un  Mahomet ,  armé  pour  fonder  une  reli- 

>4. 


ffion.    ii9>  lao.  CîrcoDstHice   prticiilière  qui 
pl,i(;;i  ve  guenin-  à  la  t^  des  dimx  Scandinaves. 
132.  Ce  qu'il  en  rënilu.  laa,  ia3.  Opinion  dr 
M.  Wedttl  Janberg,  semblable  il  la  nôtre,  sut  le 
rl(-iixîéme  Odin.  129.  Était  en  même  temps  guer- 
rier et  grand-prêtre,  /i.  Sa  hitte  contre  GytTe. 
//'.  Son  triomphe.  139,  i3o.  Le  souvenir  de  cette 
lutte  a  passé  de  l'histoire  dans  la  mythologie.  i3o. 
Pi'i'iire.  là.  Préside  aux  naissances,  aux  mariages, 
:■   1.1  mort.   i33.  Ses  prestiges.  141.  Défait  lou* 
via^'t!  de  son  prédécesseur.  i5o,  iSi.   Pourquoi 
Icn   Scalde»  aitribuaieni   l'HaTamaal  au  premier 
Oïlin.  i5a. Qu'il  pourrait  bien  avoir  existé  un  troi- 
sième Odin,  lequel  aurait  anéanti  l'autorité  du 
Ni'iiiit  des  dieux,  et  mis  à  mort  Gylfe,  président 
iti<  rt>  sénat.  t6o. 
OuvniiiIb.  I,  166.  Que  sa  religion  dilTére  de  celle  de 
riliiuli.  ni,  470.  Qu'elle  est  d'une  époque  posté- 
rieure. 16,  47a. 
OEurcosmogonique.  On  le  trouve  partout.  UI  54 
176'.  Œat  tombé  dans  la  mer  chez  les  SyrieDs. 
Vénus  en  est  éclose.  Rapport  de  cet  œuf  ayec  l'œuf 
cusmogonîque.  a^O. 
O1.BS,  chef  ou  nom  générique  d'une  colonie  sacer- 
doLile.  a,  37a,  373.  Platon  dit  qu'Hésiode  em- 
prunta les  doctrines  d'Olen.  16. 
Om  011  Hott.  L'arbre  de  vie  chez  les  Perses.  III,  a43. 
Omboitrisoha.  V.  Saci-ifices  humains. 
Omorca.  V.  Bêtiu. 
Onumacutb.  Ami    de  Pisistralc,  falsiEa  les  poé- 


ALPHABÉTIQUE   BT   ÀRALTTIQtJE.  373 

sies     d'Orphée     et     de     Musée.     III   ,    4^q. 

Okacuu.  Bendus  en  Egypte  par  les  dieux  aaimaux. 
III,  9.  Plftcés  près  des  sources,  au  fond  des  fo- 
rêts, près  des  tombeaux.  369, 3^0.  Leur  puissance, 
malgré  les  ^ignimmes.  370,  Celui  de  la  fontaine 
TiLphossa.  Ib.  Leur  ambiguïté  en  Grèce.  371. 
Canstu.  de  cette  ambî^îté.  là.  Cette  ambtguité 
augmente  en  raison  de  la  perfection  des  dieux.  16. 
Faits  postérieurs  aux  temps  héroïques,  sur  l'am- 
biguité  de»  oracles.  37a.  Que  les  mêmes  inconsé- 
quences sur  les  prédictions  des  dieux  se  sont  re- 
produites à  des  époques  plus  épurées  que  le  po- 
lythéisme. 375.  Saint  Phitippe  tax  les  Gabaïtei  et 
sur  saint  Bernard.  875,  376.  embarras  des  ohré- 
tiens  sor  la  véracité  des  oracles  païens.  376.  RolUn 
à  ce  sujet.  16. 

Okéhoqox.  I ,  aSs.  Que  ses  bords  sont  le  thé&tre  de 
pénitences  aussi  rigoureuses  que  celles  qui  étwtnè- 
rent  jadis  les  déserts  de  la  Thébûde.  a5ï,  a5i3.  - 

OuGSHB  dît  que  la  primitive  église  ne  veut  ni  tem- 
ples m  autels.  1,  60,  j3a. 

Okomâzb.  Le  verbe  incamé,  l'infini  et  en  ni^me 
temps  l'aigle  etl'épervier.  III.  a^. 

OapasB  cité  par  I^  Mennais.  I,  71.  Ses  hymnes 
apocryphes.  16.  La  fable  d'Orphée  et  d'Eurydice 
se  retrouve  au  Caaads.  Ai88..Fables  grossières  ao- 
créditées  par  Orphée.  II ,  3a4,  3a5.  Un  nom  gé- 
nérique en  Thrace.  357.  Ses  poèmes  assez  re- 
cuits, là.  I 

OuxiQUB  (doctripp)..  Std>ti]ité  de  sa  métaphysique- 


-m 


»ur  la  reliai oi 


de  s«s  orgies.  11,  357.  Ses  dogmes  les 
ne  ceux,  des  Kgypticns,  Ib.  V,  46.  Cette 
rtrangère  au  polythéisme  popuLiire  de  ta 
11,358.  Oubliée  lorsde  laformatiotMlecepo- 
iie.  III.  Les  pliilosophes  grecs  s'en  emparent. 
t^  L«role  orphique  origiaaire  de  Tlirace.  4o3- 
gu'on  peut  opposer  les  mythes  orphiques  lux 
ûMunialions  de  Wiuhnoii.  U,  388. 

Bi  (poèmes).  Que  nous  ne  pouvons  les  coa- 


i  I» 


i'oî(]ues.  lU, 


M)3.  Les  hymnes  orphiques  l'expression  du  pas- 
Mf|4>  t'oniplet  des  allégories  et  cusmogODtes  sa- 
c«>rduiale3  dans  la  poéâie  tliéologique  des  inysiè- 
MS  grecs.  V.  4^-  Ressemblaient  d'une  manière 
itMDÎl'este  aux  prières  qui  se  trouvent  dans  tes  livres 
At  Zoi-oastre.  45,  ^G. 

Ofti«*i  déposé  par  les  lévites.  Gct  acte  des  lévites  loué 
par  Dussuet.  II,  a48, 

(iMKiii.  Lo  soleil  suivant  Dupuis.  1,  187,  iSS.Aia  fois 
l'année  et  l'agriculture.  IIC,  67-^8.  Sa  mort  pent- 
^ir«  la  commémora  lion  d'un  événement  réel.  yS. 
0  dieu  quelquefois  une  momie.  11  est  parlé  de 
,«cs  tombeaux.  De  ceux  d'Isis  jamais.  ^5 ,  ^.  Ex- 


liistorique  des  légendes  d'Osiris  par  Sy-  id 

mwitw.  90-       '  -i 

0«tiAUuni<'  I)  364.  Prennent  leurs  fétiches  à  ténusin  fli 

iljnulescirconslaneessolennelles.ajy,  •i'jH.\ .Star-  ^ 


inguenl  le  dieu  supii^nede  la  i 
vin  qu'il  a  mise  en  œuvre.  1,  a43,  244^*0*0^°* 


;4;iC>aitait      ^ 


ALPHABÉTIQUE   £1  ANALYTIQUE.  37$ 

quedan*  l'autre  monde  ils  retrouTerçnt  leurs  fem- 
mes et  en  auront  de.  nouyeajux  enfants.  387,388. 

OviOB.  1, 167, 300.  Dîtqu'on  regardait  Aqna  Perenna 
tantôt  comme  la  lune ,  tantôt  comme  Thémîs , 
d'autres  fois  comme  lo,  etc.  i6o.\.Anna  Perenna. 


PiH.  Le  Pan  astronomique  des  Romains  désignant 
le  fi4^eil.  I,  ig8.  N'est  dans  le  culte  public 
({u'un  dieu  subalterne.  V.  Athéniens.  Le  grand 
tout  eu  £g^te.  II,  435.  Son  analogie  avec  l'Ha- 
Douman  indien.  Ib.  Comment  modifié  par  la  my- 
thologie grecque.  436.  Son  temple  en  Arcadie. 
428.  Sa  place  auprès  de  Jupiter  Olympien.  439. 
V,  Athéniens.  Aide  les  Macédonien^  à  remporter 
une  victoire  sur  les  Barbares.  Ib-  Vient  au  se- 
cours d'Antigone  Gonatas,  attaqué  par  les  Gjiu- 
lois.  Dépouillé  de  ses  attributs  co9mogoiii<j;ues  à 
son  entrée  dans  la  religion  populaire  de  la  Grèjce, 
il  les  reprend  à  l'époque  des  mystères  et  de  la 
philo>ioplfîe.46i. 

Pardoq  (les  cinq  fils  de).  Doivent  leur  naissance  à 
l'efBc^Û.té  d'ivifi  prière  magique.  Il,  i44- 

PiBxoD,.ou  Pan-CHeou,  est  produit  par  Ip  chaos. 
Description  de  ce  dieu  cbinoi^.  II ,  a6,i .  V.  Ymer. 
Se  rentern^e  1,800  ans  dans  iin  œuf.  III,  54i.55. 
Autre  p^en^lance  9vec  Ymer  et  Tpeuf  indien  de 
Prwlja^^t.  /(S. 


^Vi 


\\i 


Ni 


376  TàaLK 

PAHTBiBs.  Statues  ainsi  nomm^.  I,  54' 
PihtbAishs.  Aliments  spécieur  en  sa  fâTeur,  et 
point  de  Vue  sous  lequel  il  a  qudqne  chose  de 
séduisant.  III,  aS.  Sa  lutte  contre  le  polythâsme. 
Ib,  Il  est  plus  raisonnable  que  l'athéisme,  lû. 
Cest  au  panthéisme  qu'aboutissent  la  mysUcîté 
dans  la  religion  et  l'abstraction  dans  la  philoso- 
phie. Ih,  Il  est  destructif  de  toute  religion.  a8> 
39.  Il  éuît  allié  au  spiritualisnie  dans  l'Egypte 
*  ancienne  ;  il  Test  également  dans  l'Inde  moderne. 
35.  Il  est  allié  au  matériaKsrae  au  Thibet,  à 
Ceylan ,  à  la  Gbitie.  Ib.  Panthéisme  chinois.  Ib. 
Panthmme  matériel  au  Tonquin.  35,36.  Pan- 
théisme atomiste.  36.  Conttadictioa  résultant  de 
'  la  langue  symbolique  et  inévitable  dans  le  pan- 
'  théisme.  47-  ^lemple  de  cette  contradiction  dans 
le  Bhaguat-Gita.  Ib,  Le  panthélàme  le  dernier 
terme  de  toutes  les  doctrines  religieuses,  quand 
le  sentiment  ne  s'y  oppose  pas.  III,  "Si.  Descrip- 
tion du  panthéisme  égyptien  par  Apulée,  et  de 
l'indien  par  Crishna.  III  ^  43.  Inscription  pan- 
théiste du  temple  de  Sais ,  en  Egypte.  76.  Cette 
inscription  postérieure  à  Hérodote.  Ib.  Isis,  Osi- 
ris,  Neith,  Sérapis,  le  Nil,  pris  tour  k  loor  en 
Egypte  pour  le  grand  tout.  77.  Panthéisme  con- 
tenu d<ins  plusieurs  livres  sacrés  des  Idâîens.  iSa. 
Commentateurs  panthéistes  des  Vèdes.  Ib.  Ain- 
théisme  dans  la  philosophie  védantiste,  dans  le 
symbole  des  brames,  dans  l«  Bagavadam.  i53, 
i54.  Manière  dont  les  panthéistes  latttfchent  à 


ALPBABiriQllB'  Kt  ARALTTIQDS.  3^7 

leur  sjstème  tés  ftbiefl  populaires.  liG.  Dùcônn 
de  Crishna.  lè.  Fable  panthéiste  de  Crishna  et 
d«  Yasoda,  sa  nourrice.  160.  Fable  de  TriTicrama, 
se  terminant  pstrune  profession  de  foi  panthéiste. 
160,161.  Panthéisme  s'introduisant  dans  le  poly- 
théisme par  àka  subtilités.  Raisonuements  deh 
Brames  pour  oineilier ,  avec  le  panthéisme ,  l'ado- 
ratioD  des  parties  séparées  de  la  DÏTinité.  163. 
Adoration  à  la  fois  pantbâste  et  polythéiste  aux 
iodes  de  tout  ce  qaî  sert  «U  culte  et  aux  profes^ 
sions.  li.  Le  panthéisme  perce  dans  le  Ramayan, 
sous  des  formes  de  polythéisme,  et  bien  que  les 
difinîtés,  semblables  en  apparence  à  celles  d'Ho- 
mère,  accréditent  la  pluralité  des  dieux.  i63, 16S. 
Profession  de  foi  panthéiste  des  Indiens  suivie 
d'adorations  polythéistes.  166.  Combien  le  pan- 
théisme de  rindc'  est  plus  animé  et  en  quelque 
sorte  plus  religieux  que  celoî  de  la  Chine  et  du 
Thibet.  aoS,  io6.  ■    ■ 

PiPBs ,  raisonnant  comme  les  nègres,  «ur  la  vali- 
dité des  serments  aux  in&dèles.  I,  278.  1 

PiBaourr  (sauvages  du).  CfaercheMdansleBbui»' 
sons  les  araea  des  moru.  I,  a85.  Fustîgeht-les 
pères  pour  les  punir  d'avoir  eu  dés  enfants.  aS^- 
V.  Union  des  aaiet.  '    '  ' 

Piaus,  revenus  à  l'adoration  des  animaux  et  dés 
arbres.  I,  a35,  V.  Ctuta.  Autrefois  on  pouvait  les 
tuer  sans  crime.  U ,  74-  Sont  les  exécuteurs  des 
luutes-œuvres.  Ib,  Se  nourrissent  de  cadavres.  76. 


m 


376  ,  TABLE; 

Pakolx.  1, 35.  Son  impmiflianeiBà  cfod^  ce  qoi  tient 

à  l'ame.  Z^.  _   , 

Parqves.  1, 178.  V,  TVomM. 
Pasiphaé  ,  jEatile  jéti^Dgère  t  astreinte   par  l'etprit 

grec.  II,  439. 
Patagons.  Croient  que  les  âmes  «e  logent  dans  det 

oiseaux  qui  ^Sûmt^  tristepieiu.  1,  3oo;  Lame, 

cliez  etiXf  l'ÏQiagfs  tcm«p«reive  dje  l'hppiiqe  fîvvil. 

Pata^jali  (^  serpent)*  PreiQÏer  «uteuir  de  U  gnin- 
maire.  lU,,  i3,5.  ,.;  

Patkrs<jx.  y.  j/nna  Pgremta- 

Pacsanias.  (^t^  pvr  La  Alennaiff.  I,  170. 

pADSAniASjigent^^  sj)arvate,ii«aiolaDt  les  victimes. 
U,3o3.         ,  .  -, 

Paw.  Veut  qju'i^.pjpnple  puisse  pt^fectionner  sa  re- 
ligion conune.seslqifi:!,  siQ,-i5o,  Sofi  ^erpeM'' sur 
lu  culte  4es  ao^oiMO.  en  Egypte.  {Il ,  Ç2.  . 

Payne  (Tbomas).  I,  laa.  N'a  Jut  qg#  reproduire 
(1^115  un  style  trivial  et  souvent. grossier  la  aéta- 
physlque  «upierfiçielle  ^u  lï?i»ç  d'Holbftch.  Ih. 

Pear&on.  Com^^eiitaire  sur  le  «yinbole  des  apâiri6J. 

PiLAcss,  offrant  des  sacrifice^  humains.  il,iofi- 
Pellodtier,  auteur  d'une  hjLst^^ijre  àfs  Geljieï-  H, 

45.  V.  Grégoire  de  Tours.  \    ,'         „ 

PisEa  de  l'Église,,, LfiHF  tplérftnjw,  Ï:^6q,6*,6^- 

y. Sailli  Ç(fwmf4'.-4^^'^°4'!i^tSaàuÇtryW*/^'i 

Saint  /ujtfn.,  ,■..,,       .  r.  . 


ALPBAB^IQUB  «T   AMALYTIQUE.  379' 

PuutDRA,  U  Théiia  de  Pola^ii&  ill,  365. 

PEUÉCDTioif.  S«s\effetSt  I)  48.  S«volle,  au  lieu  de 
soumettre.  48)  49*    '  ' 

PiUK.  I,  Sk4«  178.  V.  Dualisme,  Zoraatlre.  Erreur 
d«s  éoriieaios  qui  ont  dté  au  tutard  toutes  sortes 
d'auteur*  «^c  la  rfdigwn  At»  Pec»^  169.  L^ur 
raligion  fondés  sua  VactreUune  et  le  culte  des 
élénwQta.  Ili,,38i>  39.  De  là  le^pd  pouvoir  jdes 
mi^s.  39,  '40'  y.Hçgst^  L«  rdivuiot)  «t»  cartes 
iétaimrée  «hmieut  pur  Vf&ef  4u-  |MiuT<Hr  royal , 
niit  le  «aceedoee,  ou  l'ordre  d«s  tasgea  demeu- 
oot  neakiBioitaa  hipremière  oaqte  et  héréditaire. 
81.  V.'.GMfMw  Effet  4e  la  connue;» ,de  la  Médie 
par  lea  Partes  iitiiicres ,.  ^uV  la  religion  des 
Persei.  Ii,,t83,,.tffj,  Les  Pers«s  conservèrent 
lenrs  anciens .  (Ueiix  y  mâmc  après.  U  réfontu^  de 
Zofoastrei  >/£.  cBS^iiSy.  Comp^ikitP  d«  leur  po- 
ijùtaaAf.  lU.i,i'i4t ,  aSj.  Laur. pAljtlJiéisine  fo- 
palake , . ijHo^aé;  par  les  nût,.adq|tté  «a  public 
par  lea.inag^.i]JI,  346,  ^4y.'FaÀ\t  constatant 
leur  poljthwfoifti.  124^.  iTroi*. époques  d«^UEeli- 
{ion  ipéna.  '  aàS.  Ëmprôote  jacArdPlWlA  4«  Œt^ 
Klipon.  359.  LaTSf^ePuiioibijv,'  iwfe  de  ieur 
'  féiîcUsiiie.  34ai'     .' 

Pucasaslrs  ^  tribus  {[tii  n'ont  pas  de  prêtres,  les 
plus  abrutis  des  sauTagtS.  I,  3fo<       M  . 

raiFLB  PKuuTiF.  Son  iNÛtfaio^  AembLe  indiquée 
par  les  «onfoEmités  .^qili' «e  trqu^ept.entw  tous 
les  peuples.  1,  iS6,.r57.,  i58'  .IkecheEcb«ft  o«- 
i  poor  rononter  à  ce  fieupte.iS6oi  i^i  1 


jm 

r 

3tto  T&BLB 

i6a.  Qu'après  l'aToir  découvert,  nous  en  serions 
au  point  où  nous  en  sommes.  M. 
Phallus,  à  Tyrinthe  et  k  Mjcèues  comne  m' 
Egypte.  II ,  3o8.  Ce  simubcre  perdit  en  Gréa 
sa  forme  indécente.  III,  ^9  ,  SaS.  R^iignaDCt| 
que  nous  avons  à  en  parler.  IV,  189.  Conùdé- 
rations  qui  nous  la  font  surmonter.  Ib.  Qii«  le> 
religions  indépendantes  ne  s'en  sont  souillées  ijue 
maigre  elles  dans  leurs  rites  secrets,  tgo.  Se  ren-, 
contre  partout.  196.  Phallus  ooloasal  du  templti 
de  Saturne  décrit  par  Lucien.  16.  Celui  d'Oiin 
d'une  grondeur  énorme,  poni  dans  les  fêtes  da 
ce  dieu  en  Egypte.  li.  On  y  montrait  auisile 
Myllios,  ou  Ctéis.  16.  Anecdote  d'Amobe,  eipli-< 
quant  l'origine  de  ce  calte.  /£.  Femmes  égyp- 
tiennes portant  à  leur  col  l'image  du  Phallnt.  It- 
Phallus  à  Hiérapolis,  haut  de  troi«  cents  coudées.' 
Ib.  Osîris  Arsaphès,  le  Phallus  déplt^anl  son! 
énergie.  It.  Explication  d'Hérodote,  au  sujet  daj 
Phallus  que  Sésostris  fit  ériger  partmit  où  il  p^, 
nétra  li.  DuUure,  sur  le  culte  qu'on  lui  rendùL 
197.  Erlik-Khan,  dan^la religion laiDaïque,îiidi-' 
quant  par  un  Phallus  énorme  la  réunion  delij 
production  et  de  la  destruction.  197.  Qu'il  pro- 
fana rarement  les  temples  publics  des  Grecs.  3ix>. 
Phbors,  fabuliste.  I,  5i. 
PniiREATEs.  Peuple  d'Arcadie.  II,  45i.  Leur  w- 

nière  de  célébrer  les  fêtes  de  Cérès.  16. 
Phénombhss  physiques.  V.  Climat.  Phéfiomàw  à' 
.     hi  fécondation  de  l'Egypte.  H,  i6a.  ERhabiiwns^ 


ALPHABÉTIQDB    Wt   ANALYTIQUE. 


38 1 


du  bc  Serimnù,  contribuant  au  dogme  da  miu- 
nii  principe.  Jb.  Mél^res  et  autres  phénomènes , 
une  des  causes  de  la  religion  sacerdotale  de  rÉ.t 
tnirie.  i63.  V.  Sacerdoce.  Tremblements  de  terre 
fréqueuts  en  Êtrurie.  i64>  Lac  en  Egypte,  près 
du  temple  dé  Vénus  Aphakids.  Ib.  Treinblenients 
de  terre,  inondations,  épidémies  dans  le  pays  de 
CoDgo  :  de  U  le  grand  pouvoir  des  prêtres  dans 
ce  pays.  16. 

hiBus.  I,  t36,  373. 

Pbiliph  de  Macédoine.  1 ,  77,  78. 

hiLiMx  AnensTE,  déidare  le  pape  Innocent  III  un 
luurpateur,  quand  ce  pape  met  son  royaume  en 
interdit  j  mais  reconnaît  les  droits  de  ce  dernier, 
lorsqu'il  dépose  à  son  profit  Jean ,  roi  d'Angle- 
terre. II,  269,  a6o. 

Phtlippb  II.  I,  118. 

PiELLÉiDBs.  V.  HiérophantitUs. 

NiLosorHEs  oKBca.  Leur  admiration  pour  tout  ce 
qui  leur  venait  de  Tétranger.  Pourqutù.  II ,  343. 
Lecole  ionienne  fidèle  aux  traditions  sacerdoules, 
par  exemple ,  dans  la  fable  des  Cabires.  4^4  >  III 1 
3i.  Pourquoi  nous  n'avons  pas  traité  encore  de 
b philosophie  grecque. III,  3 1.  Les  interprétations 
philosophiques  des  poèmes  d'Homère  beaucoup 
trop  raffinées, 289.Les  philosophes  grecs  étaient  op- 
posés au  polythéisme  populaire,  qu'ils  voulaientou 
modifier  ou  combattre.  307.  Ils  s'efforcèrent  long- 
temps de  le  concilier  avec  la  morale  et  de  l'épurer. 
'V,473,Leur«efforlsn'aboutirentqu'àlachutedela 


wm 


«il^_^ 


croyance  publîqtie.  Ib.  Probiètne  qui  Im  a  lou- 
jours  embarrasses,  5o5,  5o6.  Ressemblance  Aa 
axinmes  des  Sloîciens  de  Rome  avec  les  disconrei 
des  héros  d'Homère.  5o6.  Philosophes  dans  I« 
religions  fondées  sur  le  théisme,  donnant  à  la  m» 
raie  le  nom  de  religion.  Ib.  Ce  qu'était  le  «OJ- 
cisme.  5o8.  Sorte  d'effort  qui  rendait  son  infltience 
s  salutaire  et  moins  durable.  Ih.  Idée  qui  lui 


■  qui  lui  manquent,  âog. 


donne  la  vie  et  la  chalei 

Partie  occulte  des  pliilosophies  de  l'antiquité,  dé- 
signée en  grec  par  le  même  mol  que  les  mystère» 
de  la  religion.  V,  5,  V.  Pylha^nre.  Secrets  que  h* 
philosophes  anciens  ne  communiquaient  à  Icun 
disciples  qu'après  des  épreuves  presque  sembla- 
bles aux  initiations.  Ib, 

Puisés,  fils  d'Éléazar.  V.  ÈUc. 

Photics.  Bibliothèque.  I,6i. 

PiBnAC.  Sa  lettre  sur  les  afiàires  de  France  une  ri- 
euse de  la  Saint-Barthélémy.  II,  li,^. 

Piccs.  V.  Faune. 

PinoARx.  1, 43.  Ses  dieux  ne  sont  pas  les  mêmes  tp' 
ceux  d'Homère.  l65.  Nomme  Pan  le  danseur  el 
le  plus  parfait  des  dieux.  II,  ^%^.  Récomp6i"* 
qu'il  en  reçoit,  /i.  Raisons  pour  lesquelles  non* 
passons  d'Hésiode  à  Pindare.  IV,  375,376.  Ecri- 
vait près  de  5oo  ans  après  le  premier.  Ib.  "* 
tombe  presque  jamais  dans  les  inconséquences 
dont  celui-ci  est  rempli.  37$.  Ses  idées  sur  le* 
dieux.  376  et  suiv.  Érige  en  principe  la  nécessite 
d'épurer  la  mythologie  dans  le  sens  de  la  morale. 


J 


\ 


ALPHABETIQUE    ET    AKALTTIQUE.  383 

Ib.  Vent  qu'on  rejette  les  fables  désayantageuses 
aux  dieux  et  aux  hëros^.  877.  Opinion  sembla- 
ble de  1  épouse  xl'Odin ,  dans  l'Edda.  Ib.  Que  cette 
critique  morale  aboutit  en  définitive  à  Tincrédu- 
litë.  377 ,  878.  Ses  efforts  pour  rendre  plus  dé- 
cente^ les  fictions  populaires.  379.  Caractère  qu'il 
donne  à  Némésis.  38o,  38 1.  Combien  la  progres- 
sion de  la  religion  grecque  se  fait  apercevoir 
clairement  dans  cette  conception  de  Némésis.  38 x, 
38a.  Passage  de  Mésomèdes,  contemporain  d*Â- 
drien ,  où  il  célébré  les  louanges  de  cette  déesse. 
382,  383.  Description  que  Pindare  fait  de  l'enfer. 
386  et  suiv.  Bannit  de  l'Éljsée  l'agriculture  et  la 
navigation.  887.  Cette  tentative  de  ne  plus  £siire 
du  monde  futur  la  copie  de  celui-ci  un  progrès. 
387.  Comparaison  de  son  enfer  avec  celui  d'Ho- 
mère. 388 ,  389.  Réflexion  relative  à  la  situation 
des  poètes  que  la  lecture  d'Hésiode  nous  a  déjà 
suggérée  et  que  celle  de  Pindare  corrobore.  390. 
Erreur  de  l'auteur  d'Ânacharsis  à  cet  égard.  391. 
Pindare  frappé  d'une  amende  pat  ses  conci- 
toyens. 39a.  Est  vaincu  cinq  fois  par  Corinne.  Ib. 
Ses  éloges  d'Hiéron  y  roi  de  Syracuse.  Ib.  Ses 
plaintes.  Ib. 

PisiSTRATE.  ni,  444-  A  le  premier  recueilli  les  poé- 
sies d'Homère.  44^*  C'est  le  sentiment  de  Plu- 
tarque.  447*  Auteurs  qui  pensent  différemment. 
446,  447. 

Plan  de  notre  ouvrage.  I,  i4i.  Les  formes  reli- 
gieuses, nécessairement  proportionnées  à  la  si- 


384  T4BLB 

tuation  dm  peuplei.  i43.  Progrettioo  de  €r% 
formes.  16»  Première  époque,  créatioii  de  u 
forine.  i44«  Deauème  époque^  diftproporlM»  rt 
lutte.  16.  Trobième  époque,  detlnictioii  de  U 
forme.  i45.  NiiMaooe  d*une  nouTelie  forme.  /' 
Pourquoi  nous  tTons  commencé  pir  les  rri> 
gîoDs  Mccrdotalei.  an.  Époque  à  laqudk  num» 
nous  sommes  arrêtés,  a  i  a.  Qu'il  sers  fadk  d  i- 
ier  au'delà ,  en  suÎTant  les  conséquences  de  !>•>« 
principes.  16.  Que  nous  n*aTons  point  entrcpr* 
une  histoire  détaillée  de  la  religion,  ai 4*  I^^ 
routes  à  suivre.  Tune  à  ^itoni*,  rautreÀ^otr«rw- 
pourquoi  nous  avons  choisi  la  seconde.  aaO|S)t 

Plavoh  attribue  ses  hypothèses  i  la  plus  aneieai^ 
théologie.  1,  176.  Prête  aux  Grecs  le  culte  A^ 
astres.  16,  Admet  la  dirination.  ao3.  Cite  pa** 
La  Mennais.  170,  176.  Sans  lui,  le  christiania»' 
n*eût  peut-être  été  qu'une  secte  juive.  II,  )'- 
Son  erretar  dans  le  Cratjle,  sur  le  premier  rui*' 
de  la  Grèce,  a86|  a87.  Malgré  son  respect  fo^f 
rÉgjpte,  il  laisse  percer  de  la  défiance  pour  i" 
tat  sacerdotal.  agS. 

PLATonicuas  (nouveaux  )•  I ,  xliii.  Traces  da  «c - 
timent  religieux  qui  s  aper^^oivent  chea  ces  f  * 
losophes.  46-  Ot>(  essayé  vainement  de  hmdff 
une  religion.  II,  a 36. 

Puaa  L  Aaciaa,  sur  les  Troglodytes.  I,  a33.  1*^ 
rlare  que  rt'nivers  seul  est  Dieu.  171. 

PLbcna  (  lahbé  ).  Son  erreur,  suivant  le  tradoctr 
de  Warburton.  I|  i8a. 


ALPHABETIQUE   ET    ANALYTrQUE.  385 

PtuTARQUE.  Sa  description  de  l'état  des  esprits  de 
ses  contemporains.  1)  5o,  54*  Comme  il  peint 
le  sentiment  religieux.  4^.  V.  La  Mennais, 
Cité  par  La  Mennais,  170.  V.  Egypte,  Ses  con- 
tradictions sur  la  religion  égyptienne.  Qu'il  n'y  a 
pas  toujours  erreur  dans  ses  contradictions.  Ill,  go. 
Plutou  .  y.  Saturne. 
PoLOiCAis.  Chacun  de  leurs  villages  avait  ses  dieux 

particuliers^  à  forme  monstrueuse.  III,  ^6i. 
PoLTBE.  II,  4^-  Rapporte  qu'avant  leur  conférence 
avec  Scipion ,  les  ambassadeurs  carthaginois  ado- 
rèrent la  terre.  73. 
PoLTGAMus.  Ses  cffcts ,  suivaut  Heeren.  II ,  149. 
PoLYGHOTE.  V,  Enfer.  Peint  Thésée  dans  les  en- 
fers, enchaîné  sur  un  trône  d'or.  III,  4^^*  4^^* 
Le  fait  assister  à  la  bataille  de  Marathon.  3. 
PoLYPHBiiB  avait ,  avec  Galatée ,  donné  le  jour  à  Cel- 

tus ,  à  lUyricus  et  à  Gallus.  I ,  iSp. 
PoLTTBBisME.  Réunit  les  fétiches  en  un  corps. 
I,  a68.  V.  Fétichisme,  Les  peuples  polythéistes 
changent  de  dieux,  quand  les  leurs  ne  les  protè- 
gent pas  efficacement.  II,  352.  Différence  de  la 
tolérance  du  polythéisme  ancien  et  de  la  tolé- 
rance moderne.  II,  355.  Le  polythéisme  indé- 
pendant ou  homérique,  malgré  ses  contradic- 
tions, est  un  système  que  l'homme  perfectionne, 
et  qui ,  à  son  tour ,  perfectionne  l'homme.  III , 
4oa.  L'homme  a  gagné,  par  le  passage  du  féti- 
chisme au  polythéisme.  402 ,  4^3.  Le  poly- 
théisme réunit  les  individus  que  le  fétichisme 

^.  25 


386  TABLE 

isole.  4^4-  Que  dans  le  polythéisme  indépendant, 
l'anthropomorpliisme  remplace  I"  rétidiisme,  IV, 
4.  Qu'il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  religionj 
sacerdotales.  lè.  Que  tout  ce  qui,  dans  le  poly- 
théisme indépendant,  ne  frappe  l'imagînalioii 
que  d'une  manière  vague  et  passagère,  est  enre- 
gistré dans  le  polythéisme  sacei-dotal.  m.  Que 
pour  juger  du  polythéisme  dans  son  enfance, 
il  faut  s'arrêter  à  l'Iliade  ;  mais  qae  pour  le 
connaître  dans  sa  perfection ,  c'est  Sophocle  iju'il 
faut  consulter.  435 ,  436- 
P01.TTBÉISME  sacerdotal.  Son  întoléraoce.  II,  35i. 
Son  action  sur  le  sentiment  religieux.  46^-  tris- 
tesse de  toutes  les  religions  sacerdotales.  I^.  In- 
décences et  cruautés  des  cultes  sacerdotaux.  464- 
Que  nous  ne  sommes  point  aussi  garantis  qu'on 
le  pense,  d'un  retour  au  pouvoir  sacerdotal.  47"' 
471.  Voss.  Citation  de  son  Antisymbotik.  47*- 
Admiration  de  certains  auteurs  pour  les  corpora- 
tions sacerdotales.  474-  Les  dieux  du  polythéisme 
sacerdotal,  en  wni  qu'objets  de  l'adoration  po- 
pulaire, sont  de  la  même  nature  que  ceux  dw 
sauvages,  III,  y.  Ce  polythéisme  consacre  le  cuUe 
des  pierres,  des  animaux,  des  arbres.  III.  Rien, 
dans  ce  polythéisme,  ne  s'adresse  au  senliinenl 
religieux  pour  l'épurer  ou  l'ennoblir.  W.  Com- 
position du  polythéisme  sacerdotal.  III,  5o.  En 
haut ,  a&trolâtrie  et  culte  des  éléments  : 
le  fétichisme.  Ib. 
fique  perfectible 


ILPHIBÉTIQBE   FT    A.IT1LTTIQDE.  SSj 

«bsses  asWTTÎes.  5i.  Hypothèa»  philosophiques 
«t  métaphysiques.  5t,  Sa.  Ces  hypothèses  exis- 
tant chacune  à  part.  5a.  Terminologie  symbo- 
lique revêtant  le  tout.  Ih.  Ce  qu'expriment  ces 
lerminologies.  53.  Identité  des  éléments  du  po- 
lythéisme indien  et  égyptien.  172.  Manière  dont 
]es  éléments  divers  d«s  religions  sacerdotales  se 
rattachent  les  uns  aux  autres  et  se  combinent. 
187.  Différences  entre  le  polythéisme  .sacerdo- 
tal et  Vindépmdant  ;  dans  celui-ci,  point  de 
fétiches,  point  d'abstraction,  point  de  cosmo- 
gonies,  d'allégories,  de  double  ou  triple  sens, 
de  monopole  de  science,  de-mystères,  de  pan- 
thâsme,  III,  374>  Tout  disproportionné  dans  le 
premier,  tout  proportionné  dans  le  second.  a^S. 
Les  dieux  invisibles  et  immatériels  du  polythâsme 
sacerdotal ,  sont  plus  vicieux  que  les  dieux  visi- 
bles et  matérids  du  polythéisme  libre.  IV,  17, 
18.  Les  premiers  valent  moins  que  les  dieux 
«l'Homère,  ao.  Ils  exigent  des  modes  d'adoration 
humiliants,  ai.  Des  offrandes  multipliées,  àa. 
Ils  imitent  les  mœurs  des  hommes.  Ib.  Ils  se  font 
expier  de  leurs  crimes ,  dans  les  deux  polythéis- 
me». 34-  Leurs  forces  physiques  sont  bornées.  a(ï. 
Ils  soni  exposes  aux  infirmités.  Ib.  A  la  vieillesse, 
ay.  A  l'erreur.    3o,  Leur    immortalité   est  dou- 

r imites  de  leurs  facultés  morales.  29. 
ahilla  et  de  nhaT:itil.  3o.  Vices  des 
otaux.  3r.  AiunuradidtèredeLachmi 
Ib-  Dérèglements  d'Odin  qiri  Is 


m^~ 


388  TABLE 

font  chasser  dti  Vallialla  par  les  dieux,  le.  Frau- 
des, vnis  l't  châtiment  de  ftramii.  3i,  3a.  Ces 
dieux  se  parjurent.  3^.  Ils  sont  envieux.  35. 
Leurs  trahisons.  Sj.  Combats  des  hommes  contre 
ces  dieux.  38.  Eloges  donnes  par  les  prêtres  à 
ces  (lieux  et  démentis  par  les  faits.  <ji.  Beaucnup 
plus  de  contradictions  dans  le  polythëisme  sacer- 
dotal,  que  dans  le  polythéisme  indépendant.  Ib. 
Les  vices  du  polythéisme  sacerdotal  une  preuve 
que  riiomme  a  besoin  d'une  croyance.  42- 

PoPE.  Sur  les  espérances  des  sauvages  relativement 
à  une  autre  vie-  I,  289. 

PoRPBTBB.  Cité  par  La  Mennais.  1,  170. 

PrjUàpati.  11,  4«-  V.  Cajoun-eda. 

Praxitèle.  I,  i36. 

PnÉsENoE  nÉBLLE.  V.  Brames. 

Pria»i.  Paroles  de  ce  prince  dans  Homère ,  indi- 
quent de  la  défiance  et  du  mépris  pour  les  prê- 
tres. II,  394. 

Pbie  (madame  de)  occupe  sous  le  régent  ta  pUce 
de  madame  de  Maintenon  sous  Louis  xiv.  I,iii- 
i£.  Ses  effets  ,  suivant  les  Indiens.  Il,  i44- 
V.  Climats.  IV,  48-49-50.  V.^/ewx. 

(mauvais).  V.  Dualisme.  Mantus  et  Ve- 
dius,  dieux  malfaisants  des  Étrusques.  III,  ^ji- 
Eschem,  divinité  méchante  chez  les  Persei- 
a4i. 

Principe  DESTHncTEcs.  Pourquoi  le  théisme  indien 
accorde  presque  toujours  la  préférence  au  prin- 
cipe destructeur.  III,  i43.  Schiven  toujours  ladi- 


ALPHABÉtlQUE    ET    ANilLTTIQnE.  389 

▼inité  principale  dans  les  guerres  des  dieux  contre 
les  géants.  i44- 

Paojms.  I,  xuii. 

PaoGaBSsioif.  Reconnue  en  Allemagne,  long-temps 
repoussëe  en  France,  i,  I2i4'  ^-  Pl^f^  de  Pou» 
frage.  Est  la  source  de  tout  bien.  Le  mal  n'est  ja- 
mais dans  ce  qui  existe,  mais  dans  ce  que  pro- 
longent la  force  ou  la  ruse.  363.  Progression/ 
régulière  dans  la  religion  grecque,  depuis  Homère 
jusqu'à  Périclès.  Aucune,  en  Egypte,  de  Menés  à 
Psamméticus.  U,  36,  iy.  La  progression  n'est  pas 
reconnaissable  dans  la  religion  indienne.  III,  ai4- 
Que  tout  progrès  est  un  crime  dans  les  religions 
sacerdotales.  Y,  173.  Que  l'àat' progressif ,  même 
en  Grèce,  ne  nous  apparaît  point  libre  de  toute 
entrave.  V,  180.  La  progression  est  le  principe  le 
plus  cher  et  te  plus  précieux  que  l'espèce  hu- 
maine ait  à  défendre,  ooa. 

PaoMBTHBE.  h  195.  V.  EjepUçations-  scientifi- 
ques, 

PaoniBTns,  Prophètes.  L'acte  de  prophécisjer  tou- 
jours censé  pénible.  I,  34i )  34a.  Les  prophéties 
écartées  par  le  système  des  théologiens  novateurs 
de  FAllemagae.  V.  Allemagne  protestante.  Pro- 
phètes jiii&.  Il ,  207,  208.  Le  don  de  prophétie 
souvent  réuni  à  la  royauté,  chez  les  Grecs.  293.* 
Le  don  de  prophétie  considéré  quelquefois  par 
les  Grecs  comme  héréditaire.  A97-299. 

Paorrss'ïANTisMB.  Préserva  l'Europe  de  la  monarchie 
universe^e.  1,  88.  L'Angleterre  lui  doit  sa  con- 
stitution::   88 9   119.  Absurdité  du  dogmatisme 


Sqo  table 

dans  le  protestaniane.  119,  laa  Ce  qttU  élMt 
autrefois  en  Allemagne.  1  a5.  Change  d'esprit  pr 
l'effet  de  rincréduUté  de  Frédéric.  U,  t^j^Mm 
ses  défenseurs  le  traitent  chacun  i  sa  gnasect  c« 
abandonnent  certaines  parties,  pour  ■lieam^ 
fendre  les  autres.  1  a8.  Déclarés  ennemis  du  chm- 
tîanisme  par  les  orthodoxes.  iag,i3o.  Système  ér 
christianisme  créé  par  les  no? atetim  protestaau 
de  TAllemagne.  i3o.  Beautés  et  imperfeetiom  dr 
ce  système.  i3o*t33. 

PsAMMBTictJ*.  V.  Ptvgruiionj  Casées. 

Pi-aucATioa  (mode  de]  de  cet  ouvrage*  1,  v.  L*ob> 
jet  de  plusieurs  critiques  fondéesw  U.  Modf  f  w 
nous  la  bit  choisir,  vi.  Objections  qui  puufiet 
nous  être  faites,  tu,  vm.  Peines  que  noua  épioo- 
verions  d'être  confondus  arec  ces  écrivains  pm 
scrupuleux  qui  se  précipitent  sur  toiu  les  obfrti 
de  respect  que  le  genre  humain  s'est  crrea.  n,  t. 
Cependant  contraint  par  Icridence  à  être 

X.  Accusations  contre  le  sacerdoce  des 
inapplicables  aux  prêtres  dea  religiona 

XI.  Raisons  diverses  que  nous  en  donnons.  xs«ivi. 
Notre  censtve  contre  le  sacerdoce  de  qudqur* 
pol  jthéismeSi  bien  moins  amère  même  que  le  ji»> 
geinent  porté  contre  lui  par  les  Pèraa  de  rÉghar  • 
mi  par  les  théologien»  qui  ont  marché  tmt  leur» 
traces.  xvL  Notre  réprobation  du  sacerdoce  et  du 
despotisme  n'atleigiuint  point  le  chrîsta 
Pourquoi,  xix.  Notre  détermination.  It. 
qu'elle  nous  suggère.  XX.  Horomesfrappca  desdaa 
géra  du  sentiment  religietU|  voulant  lut 


ALPHikBÊTIQUB   ET    ANALYTIQUE.  Sgi 

les  calculs  de  Tintérét  bien  entendu.  Un  Funestes 
conséquences  d'un  tel  système,  xxirxxvni.  V.  Sert" 
timent  feligieux, 

Pddeuh  naturelle  à  Thomnie  a  pu  faire  attacher 
une  idée  de  crime  aux  jouissances  de  Tamour.  I, 
254)  255.  V.  Union. des  sexes, 

Ptboiiahgib.  V.  Divination. 

Pra&HiJs,  fils  d* Achille,  attaquant  Toracle  de  Del- 
phes. II,  3i4- 

Ptthagors.  Cité  par  La  Mennais.  I,  170.  Ses  pré- 
tendus vers  dorés.  171.  Chasse  de  son  école  Hip- 
parque,  à  cause  de  quelques  indiscrétions,  et  le 
remplace  par  une.  colonne.  V,  5.  Condition  sous 
laquelle  il  laisse  ses  ouvrages  à  Damo ,  sa  fille.  73* 

Ptthu.  V.  Soeraie.  La  pythie  à  Delphes,  était  prise 
parmi  les  femmes  de  la  ville.  II,  3oi. 


R. 


Rabaut,  est  tombé  dans  les  mêmes  erreurs  que  Du- 
puis.  II,  383,  384. 

Hadegast,  TApollon  des  Vandales.  III,  a65. 

Radis  ou  Radias,  parias  de  l'île  de  Ceylan.  II,  69. 
V.  Castes, 

Ragas  (fiction  agréable  des  six).  III,  i35. 

Ragnaaokur,  ou  crépuscule  des  dieux  dans  la  reli- 
gion des  Scandinaves.  Y,  149. 

Rahou  (Fable  du  dragon).  III,  i32,  i33.  Ses  rapports 
avec  le  Fenris  des  Scandinaves.  Ib. 

AaianabalL  (habitants  des  montagnes  de).  Croient 


I93  TABLE 

À  bméwmpajrcoM,  etfontdu  corps  dea  uiJmaux 
tt>  séjour  du  imes  dégradées.  I,  299.  V.  Magie. 
Leur  Maungy  ou  chef  politique  ofScifl  daaslesn- 
tej  religieux.  359- 

Rama.  V.  Bouleversements  physiques.  Armes  magi- 
ques que  les  dieux  lui  donnent.  III,  i64- 

Ramatan.  Charme  de  cetteépopéeindîenne.UI,  193. 
Description  des  courtisanes  par  Risch^  Schringl. 
Ib.  Discours  de  Dasohaiatta  comparable  pour  le 
|iatbétiq[ueaux  adieux  d'Hector  et  d'Androaoaque. 
193.  CcHiibien  serait  curieuse  la  comparaison  du- 
Itamayan  avec  l'Iliade.  igS.  Opposition  de  b 
poéue  homérique  et  de  la  poésie  indienne.  198. 

RAMNOBnn-Roy ,  brame  tbéftte  de  nos  jours , 
prouve  que  le  polythéisme  règne  encore  -aux  Io- 
des, m,  i5a 

RsGnxH-LoDBROG ,  menant  avec  lui  la  vache  Sibilia 
i]ui  mettait  les  ennemis  en  fuite.  III,  a6o. 

It£i,[Gion  (sources  prétendues  de  la).  1,6.  Se  retire 
(Jo  <Se  que  les  hommes  connaissent,  mais  se  place 
toujours  à  la  circonférence  de  ce  qu'ib  savent.  7. 
D'où  viennent  les  attaques  dirigées  contre  elle. 
7, 8.  Que  toutes  nos  consolation»^  sont  relieuses. 
^,g.  Qu'on  a  dénaturé  la  religion.  10.  Que  le 
irgiie  de  l'intolérance  est  .passé,  ti.  Immensité 
(Ih  la  recherche,  la.  Qu'on  n'a  examiné  que  l'ex- 
ti^rieur.  i3.  La  terreur  n'est  pas  son  unique 
source.  17.  Ni  l'ignorance  des  causes.  iS.  Ni  la 
Mipéciorité  de  l'organisation.  19.  Même,  lors- 
(iii'im   la   considère  comme  une   iUnsion  ,   elle 


\ 


ALPHA^jh'IQUJK   ET    ANALYTIQUE.  SqS 

est  particulière  à  l'espèce  humaine.  21.  La 
supériorité  de  lorganisation  humaine  serait 
une  cause  d'irréligion ,  si  le  sentiment  religieux 
n^exislait  pas.  ai|aa.  Qu'il  ne  faut  chercher  ni  à 
le  détruire,  ni  à  le  maintenir.  I,  25.  Le  fonds  in- 
destrttety>le ,  les  formes  périssables.  Jb.  Que  Tin- 
crédttlité  ne  prouve  pas  que  Thonmie  ne  veut  pas 
de  religion,  mais  qu'il  ne  veut  pas  celle  qu'il  a. 
26.  Ck>mbien  avilie,  durant  le  despotisme  impé- 
rial. 85«  A  été  fautivement  envisagée  par  les  trois 
partis  qui  s'en  sont  occupés.  10 1.  Chute  de  la 
religion,  après  Louis  XIV.  loa,  io3.  Conunent 
considérée  avant  le  commencement  au,  dix-hui- 
tième siècle.  io5.  On  la  dégrade  quand  on  veut 
lui  appliquer  le  principe  de  l'utilité.  1 1 3.  Philo- 
sophes allemands  qui  la  coni^oivent  comme  la 
langue  universelle  de  la  nature.  .1 35.  Utilité  de 
ce  point  de  vue,  pour  pénétrer  le  sens  symboli- 
que dés  mythologies.  i36.  Cette  hypothèse  doit 
rmnplacer  momentanémeût  en  France  le  système 
de  Dupuîs.  137.  Objections  contre  ce  système. 
138,  139.  La  religion  renaît  plus  beHe,  après  la 
destruction  de  chacune  de  ses  formes.  i45*  Une 
nation  n'a  pas  à  la  fin  d'un  siècle,  la  même  reli- 
gion qu'au  commencement.  i64-'  Lors  même 
que  ks  religiocis  prennent' un  sens  scientifique, 
elles  ne  perdent  pas  leur  sens  littéral.  181, 182. 
La  masse  des  hommes  prend  la  religion  comme 
eHe  se  ^ésente.  igB.^'Distînction  entre  les  reli- 
gions sac^dotales  et  celles  qui  sont  indépen- 


394  T4BL1 

liantes  du  ncerdoce.  aoS;  II,  9.  V.  Sacerdoce. 
Faute  de  cette  distinction ,  l'on  a  suivi  uoe  biuse 
toute.  3to.  Les  religions  non  sacerdotales  les  plus 
humaines  et  les  plus  pures,  aii.V./n/erâ.Quela 
morale  peut  être  étrangère  ï  la  religion. 373. Que  le 
^îciitiinent  religieux  l'y  fait  entrer.  274-  Que  lardi- 
^'ion  prend  sous  sa  sauvegarde  14ntërét  commun. 
27  L>.  Toutes  les  crises  religieuses  ont  dut  du  bien. 
1,  i5.  La  religion  est  naturellement  l'alliée  de  la 
lilierté.  109,  iio.  Doit  pouvoir  se  perfectionner. 
149 ,  iSo.  V.  Paw.  Chaque  religion  se  divise  en 
plusieurs  époques.  lyS,  176.  Suivant  les  érudits, 
la  religion  n'est  que  la  s<nence,  suivant  lea  incré* 
iliiles,  l'imposture,  suivant  les  croyants,  Dieu  ou 
'  diable,  on  n'a  vu  nulle  part  le  cœur  humain. 
31)4,  io5.  Pourquoi  nous  commençons  par  l'ana- 
lyse des  religions  sacerdotales.ai  i.La  religion,  ini> 
muable  quant  au  fond ,  historique  dans  les  dé- 
veloppements, 316.  La  révolution  qui  s'opère 
dans  la  reUgion  par  le  passage  de  l'eut  sauvage 
à  l'état  barbare,  le  pendant  de  la  divisioo  du  tra- 
vail. 11,7.  Problème  à  résoudre.  IV,  19.  Deui 
sortes  de  religion ,  l'une  le  résultat  de  toutes 
les  erreurs  d'une  multitude  ignorante,  l'autre 
l'œuvre  de  l'élite  de  l'espèce  humaine.  Ib.  Que  la 
seconde  ne  mérite  pas  la  préférence,  comme  on  le 
croirait.  30.  Lea  religions  sacerdotales  beaucoup 
plus  extravagantes  que  les  religions  indépendantes. 
/^.(bntradictions  plus  nombreuses  et  phu  palpa- 
l)leb  dans  les  religions  sacerdotales ,  que  dans  les 


ALPHABETIQUE   ET    AlfALTTIQUE.  SqS 

croyances  simples  et  grossières  que  se  construit 
Fesprit  humain*  4i*  Pourquoi.  Ib.  Que  l'absurdité 
de  certaines  formes  religieuses ,  loin  d*étre  un  ar- 
gument contre  la  religion^  est  uue  démonstration 
que  nous  ne  pouvons  nous  en  passer.  4h  43. 
Deux  causes  pour  lesquelles  le  sacerdoce  main- 
tienti  dans  la.  religion  des  pratiques  blessantes 
poQr  la  Divinité.  48*  x"*  Sa  persistance  dans  tous 
les  anciens  usages;  2*  parce  que  seul  intermé- 
diaire entre  le  ciel  et  la  terre,  il  est  en  quelque 
sorte  responsable  de  la  conduite  des  dieux.  li. 
La  religion,  dans  ses  rapports  avec  la  morale,  tou- 
jours placée  entre  deux  écueils.  5oo.  Lesqueb.  /(. 
Sont  beaucoup  moins  fâcheux,  dans  les  religions 
libres,  que  dans  les  sacerdotales'.  li,  La  dignité  de  la 
i^Iigion  toujours  méconnue.  5o2.  Tortqu*on  a  eu 
d'en  (aire  un  code  pénal.  Soa ,  -SoS.  Ne  peut  rien 
changer  au  mérite  des  actions  des  hommes.  5o3. 
Est  en  même  temps  un  recours  contre  l'imperfec- 
tion de  la  justice  humaine,  et  une  sanction  des 
lois  générales  que  cette  justice  a  pour  but  de 
maintenir.  5o4.  Etat  de  la  religion  en  France,  il  7  a 
soixante  ans.  y,  168, 169.  Intolérance  et  frivolité  du 
dergé.  169.  Ses  effets.  169,  170.  Ceux  de  la  ré- 
volution contraires  à  ce  qu'on  en  attendait.  170, 
171 .  Nouvelles  sectes  qui  s'élèvent  de  toutes  parts. 
ià.  Bizarreries,  extravagances  de  quelques-unes. 
171.  Prouvent  cependant  que  le  germe  reli- 
gieux n'est  pas  détruit.  Ji,  Qu'il  faut  toujours  en 
avenir  à  l'un  des  deux  états  compatibles  avec 


^. 

t 

i«^ 

*' 

396  TABLE 

notre  nature,  la  religion  iiupuaëe ,  la  religion 
libre.  173.  Lequel  est  le  meilleur.  /A.  L'Inde,  l'E- 
thiopie, l'Egypte,  la  Perse,  utfrent  l'exemple  Ju 
pcemier.  Ii>.  Résumé  de  i«  que  nous  en  STons 
(lit.  lyi  et  suiv.  Objection  que  nous  ont  laite  quel- 
ques hommes  distingués.  176.  N'ont  envisage 
qu'un  côté  de  la  question,  Ilr,  tnconvénieDU  tiu 
principe  stationnaire,  même  dans  les  religions  qui 
ne  conTèren  t  au  sacerdoce  qu'un  pouvoir  limité.  V, 
181.  En  Grèce,  par  exemple,/^,  et  suit.  Exil  d'A- 
naiagore.  18a.  Mort  de  Socrate.  182,1 83.  Opinion 
de  M.  Cousin  sur  cet  attentat.  iS3,i84-  £«t  ""' 
réponse  aux  détracteurs  du  christianisine.  7*.  E" 
quoi.  îù.  Évidence-  qui  en  résulte.  i85,  rSti.  l" 
principe  stationnaire  bien  plus  solennellemeDl 
consacré  à  Rome  qu'en  Grèce.  187.  Ses  suites.  M 
et  suiT.  Anecdote  de  Sylla.  187, 188.  Pourquoi  11 
religion  romaine  perdit  son  principe  de  vie,  1^ 
perfectibilité.  189.  Que  la  pureté  de  la  duclrme 
ne  diminue  en  rien  les  dangers  du  principe  su- 
tifmnaire  dans  la  religion.  191.  Exemples  tirés  àa 
dilTërentes  sectes  qui  sont  nées  du  christianisinf 
191, 192.  Toute  religion  positive  conduit  à  l'»' 
tolérance,  /i.  Passage  d'Appiano  Buonafede  à  « 
,  Miîta.  iga,  193.  Suites  inévitables  de  l'alliaDce  d' 
l'uitorité  politique  avec  le  zèle  religieux,  pouf  * 
perpétuité  de  la  fui.  193,  194,  Conduite  du  cler^ 
.envers  les  communes, dans  le  moyen  âge.  ig4,  •!*•■■ 
Regrets  de  quelques  auteurs  de  nos  jours,  1^"'^ 
a|K»logies,  leurs  appels  à  l'iuquisitiun.  i95,  ^9" 


ALPHABÉTIQUE   ET    ANA^LYTIQUE.  897 

Leur  courroux  contre  Tindépendaince  de  la 'pen- 
sée •!  la  liberté  de  la  diftcùssiôn.  196.  Combien 
est  funeste  à  la  religion  même  tout  obstacle  op- 
posé à  fà.  perfectibilité  progressive.  199.  Preuves. 
199,200.  Qu*elle  est  intéressée  à  ce  que  la  faculté 
progres^ye  lui  soit  appliquée.  200.  Pourquoi.  200 
et  sniy.  Comment  nous  entendons  cette  progres- 
sion. 202, 2o3.  Qu  elle  ne  nuit  en  rien  à  la  divi- 
nité de  la  religioni  2o3,2o4.  Le  caractère  station- 
naife  dans  les  croyances ,  ce  qull  y  a  de  plus 
opposé  au  sentiment  religieux.  204.  Preuves.  204, 
2o5.  Que  notre  système  n  exclut  nullement  les 
communications  surnaturelles.  2o5,  206.  La  li- 
berté, source  de  toute  perfection  dans  la  religion. 
207. 

kuGioH  HÀTURBLLB.  Système  de  ses  partisans.  I, 
104. 

KsTÉLATtoN  universelle.  I,  16.  Que  Dieu  peut  pré- 
senter à  Thomme  la  révélation  dune  manière  sui^ 
naturelle  et  len  affranchir  aussi  d'une  manière 
suroaturelle.  i3,  i4*  Que  notre  système  sur  la 
succession  des  formes  religieuses  ne  conduit  point 
à  nier  la  révélation.  i4*  V.  Sentiment  religieux, 
Rapports  heureux  qu  établit  ce  système  entre  la 
Providence  et  les  hommes.  i33,  i34.  Comment 
on  doit  considérer  les  révélations  surnaturelles. 

II,  2ll-2l3k 

^▼u.  Que  rhabitude  seule  nous  familiarise  avec 
ce  phénomène.  1,'336.  Respect  et  obéissance  des 
sauTages  pour  les  rêves.  336, 337,  ^^^*  Puissance 


i 


I 


398  TABLE 

qu'y  puisent  les  prêtres  en  le»  interpFét«nL '33B. 
Les  sauvages  choisissent  pour  FMdies  les  objeu 
qu'ils  voient  dans  leurs  rêves.  937. 

R^ot-tmon  fkaitçaisb.  Son  action  sur  la  religion, 
I,  117,118.  Persécution  exécrable  qu'elle  a  mk 
née.  118.  Réaction  qui  s'en  est  suivie.  ti8. 

Révolutiors  politiques.  Qu'elles  modifient  le  pou- 
voir sacerdotal.  II,  i3o,  169; 

RsAPSonss.  III,  444,  445.  Leur  profession  fort  «n 
honneur.  J6.  Quelquefois  appelés  homérides.  /i. 
Erreur  des  savants  à  cet  égard.  16.  Empire  quiii 
exerçaient  sur  leurs  auditeurs.  44^,  44^'  ^^^  P"*" 
fession  s'avilît  en  devenant  mercenaire.  16. 

RaiB,  femme  de  Chronos,  Saturne  ou  le  Tempi- 

h  179- 
Rbodb.  Ueber  Alter und  Werth  einiger  morgenla^* 
discher  Urkunden.  Ses  observations  sur  les  con- 
séquencesscientifiquesde tropde  soumission aui 
dogmes.  I,  119,  lao.  Distingue  entre  deui  i'p' 
tèmes  religieux,  et  approche,  mais  sans  l'app^^ 
fondir  suffisamment,  de  noire  division  des  reli- 
gions sacerdotales    et  des  religions  libres.   Il| 

IO,fI. 

Rhodbs  (île  de).  L'une  des  routes  par  lesquelles  les 
religions  sacerdotales  se  rapprochèrent  de  Grécf. 
n,  376. 

BicBis  (les  sept).  V.  Sainteté  de  la  Jouteur. 

Rites  licendeux,  provenant  du  raffinement  dans  le 
sacrifice.  I,  35o.  Combinés  avec  de»  notions  eu- 
gérées  sur  la  chasteté.  35o,  V.  Juidak.  Corpora* 


ALPHABÉTIQUE   ET   AHALTTJQUE.  399 

don  de  prêtres,  chez  les  nègres,  chantant  des 
hymnes  obscènes.  Ib,  Y.  Babyloniennes^  Memphis, 
Que  ces  rites  appartiennent  au  sacerdoce.  353. 
y .Mexique^Vitzl>PutzU^  lingam.  Les  rites  licen- 
cieux des  mystères ,  étrangers  à  la  véritable  reli- 
gion grecque,  et  une  importation  des  religions 
sacerdotales.  353.  Les  explications  scientifiques 
àes  rites  licencieux,  partie  des  philosopbies  sacer- 
dotales, ne  changent  rien  au  sens  populaire.  354* 
V«  Floride ,  Syriens.  Obscénités  dont  les  céré- 
monies indiennes  sont  mêlées.  III,  204.  Meschia 
et  Meschiane, fable  obscène  chez  les  Perses.  III, 
246.  Egyptiennes  formant  des  danses  lascives  au- 
tour du  taureau  de  Lycopolis.  lY^  a54*  Se  livrant 
à  Ghemnis  aux  embrassements  du  bouc  Mendès. 
a55.  Congrégations  de  filles  vouées  à  la  volupté 
dans  Achmin  ,  reste  des  rites  licencieux.  Ib. 
Phallus  en  Syrie,  sous  le  nom  de  Péôr  ou  Phé- 
gor,  auquel  les  jeunes  filles  sacrifiaient  leur  virgi- 
nité. Ib.  Prophètes  juifs  se  plaignant  fréquemment 
de  ce  que  les  faux  dieux  séduisaient  les  Israélites 
par  des  pratiques  impudiques.  a55^  a56.  Belphé- 
gor,  dieu  des  idolâtres,  avait  des  formes  priapi- 
qaes  ;  rites  licencieux  qu'on  célébrait  en  son  hon- 
neur, a  56.  Phallus  érigé  en  pompe  dans  le  tem- 
ple de  Jéhovah.  Ib.  Culte  de  Prlape  admis  dans  le 
ropume  de  Juda,  sous  Osias.  Ib.  Josias  l'abolit. 
Ik  Rites  licencieux  chez  le&  Mexicains.  Ib,  Danses 
obscènes  des  jeunes  Indiennes  devant  les  pagodes. 
257.  Jeunes  mariées  offrant  les  prémices  de  leur 


4oO  TABLE 

virginité  à  ces  images,  li.  Obscénité  des  figures 
du  temple  de  Schiven  à  Eléphantine.  là.  Histoire 
lii^ncieuse  de  la  déesse  Mariathale.  fb.  Ctdie  de 
Cali.  Ib.  Représentation  théAtrale  des  plaisirs 
contre  nature,  aux  Indes  et  au  Mexique.  iS^,  358. 
Le  péché  contre  nature,  l'incarnatioii  du  diable, 
«uivant  Antoinette  Bourignon.aSS.  Débauchesaux- 
quelles  se  livraient  les  Scandinaves  à  la  fèlf  de 
'Hior.  Ib.  La  religion  perse  plus  circonsjSecte.  139. 
Qu'on  peut  cependant  apercevoir  quelques  restes 
de  rites  licencieux,  dans  la  permission  qu'avait  le 
roi  de  Perse  de  s'enivrer  le  jour  de  la  (iSte  de  Mi- 
thras.  Ib.  Autres  peuples  diei  lesquels  ces  rites 
étaient  en  usage.  Ib.  Explications  scientifiques  de 
ces  rites.  aSg,  a6o.  Sectes  indiennes  rendant  hom- 
mage aux  organes  générateurs,  se  divisant  en  deux 
branches.  260.  Gomment  les  Indiens  représen- 
tent ces  deux  subdivisions.  Ib.  Qu'on  n'aperçoit 
rien  de  pareil  dans  les  religions  indépmdantes. 
Ib.  Fêtes  en  Grèce,  cependant,  dans  lesquelles  des 
femmes  paraissaient  nues,  mais  ces  femmes  des 
courtisanes.'  260,  a6i.  Femmes  à  Corinthe  vouées 
au  culte  de  Vénus ,  selon  Strabon.  s6i.  Nom  qu'il 
leur  donne.  Ib.  Qu'on  ne  peut  rien  en  conclure 
contre  notre  assertion ,  non  plus  que  des  danses 
des  jeunes  filles  de  Sparte  avec  les  jeunes  garçons. 
/^.Lespratîques  licencieuses  introduites  en  Grèce, 
se  rattachant  toujours  à  des  dieux  étrangers.  Ib. 
Comment  les  poètes  expliquent  la  naissance  dv 
Priape;  a6i ,  a6a.  Proscription  des  fStes  obscènes 


ALPHAB^IQUB    ET    ANALYTIQUE.  i^QÏ 

à  Thèbes ,  par-Diagondas.  '>62.  Prapositioiique 
fait  Aristophane,  dans  une  de^s  oomédies.  Ib, 
Pratiques  révoltantes  des  hérétiques  de  diverses 
époques.  263.  Des  Manichéens.  Ib»  Des  Adamites, 
des  Picards,  des  Anabaptistes.  Ib.  Processions 
des  Flagellants.  Ib.  DescripticMis,  allégories,  images  ^ 

indécentes  des  mystiques.  Ib.  Antoinette  Bouri-       ^ 
gnon.  a64-  Passages  curieux  d'un  autevfr  sur  les 
rites  licencieux.  Ib.  Extrait  qu'il  donne  du  poème 
de  Jayadéva.  a64  et  suiv. 
RoBERTSoir •  Inexactitude  des  voyageurs  qu'il  a<aités. 
'  I5  4>  5. 

RoBOAM,  Les  royaume^  d'Israël  et.  de  Juda  se  sé- 
parent sous  son  règne.  I(,  a33,  U  sabaudonn^  au 
culte  des  idoles.  Ib^ 
BoMAiNS.  I,  ;lli,  i83.  Institutions  politiques  «qui 
comprimaient  le  sacerdoce  en,,  se  Tincorporant. 
II,  i65.  Ils  firent  des  divinités  secondaires  des 
dieux  qu'ils  empruntèrent  deb  Étrusqu|i$s.  4^7* 
Romain  (polythéisme).  Durée  de  la  luttci 4e  l'esprit 
sacerdotal   contre  l'esprit  grec,    dans  Cd-  pply* 
théisme.  IV,  a94*  Etat  de  l'Etrurie  -au  moment 
de  la  fondatipn  de  Rome*  2g4  ^t  suiv.  V.  Ecrurie. 
Auteurs  qu'on  pçut  consulter  sur  l'origûiie  des 
diverses  peuplades  d'Iulie.  2^49  apS*  Tètes  du 
Tibre,  un  res^f^  du  culte  des  fontaines.  3^«Les 
Romains  puisent  également  dans.  |la  religion  de 
l'Italie  antique  et  dans  ceUç  4®  ]a  Grèce.  ;3i9, 
320.  Niebuhr  sur  Romulus  et  Tu|iu$.  tfqstilîus. 
Jb,  Romulus  f  selon  lui ,  le  nom  géoériquQ  du;  peu* 


4oa  TABLI 

.  pk  romnn;  Ib.  Tout  ce  qui  est  aacerdoul  dtns 
la  iclîgàoo  comune  descend  de  l'Étrurie ,  tout  ce 
qui  apparaent  an  polythâsme  indépendant  vient 
de^Grèee.  3ai.  Faits  qui  le  prouvent.  Sai 
lineaâttrilmés  àNunia ,  livrés  aux  flammes  quatre 
cents  ans  après  sa  mort  3a3.  Noa  conjectures 
ce  sujet.  /6.  Tite-Live  et  Clavier  sur  le  même  làïi. 
3a3-}a4.  Résisunce  de  Tullus  Hoetilius  au  sa- 
eendocej  3ii4-  Dérobe  aux  préttvs  lelin  conjura- 
tions,  révélées  à  Numa  par  Picus  et  par  Faune. 
334-3a(>'  Manière  dont  les  prêtres  l'en  punissent. 
3a5.  Origine  qu'on  attribue  à  Tarquin  l'Ancien. 
3x5-3s6.  Il  repousse  la  rdigion  étrusque.  Ib.  Ap- 
-  pelle  k  Rome  des  familles  greeques.  li.  Passages 
de  IHte-Live  sur  lui  et  sur  son  fils,  Sad-Sa^.  Il  em- 
»;pnu)te  des  Toscans  leurs  jeux  sacrés  et  quelques 
cérémonies  religieuses.  317-398.  Hommage  bar- 
bare que  sMi  âls  rend  aux  Iivf«s  sibyllins,  3^^- 
L'établissement  de  la  république  détermine  la  vie 
'  toire  en  faveur  du  polythéisme  grec.  li.  Gonsé- 
qQenees  de  cette  victoire.  338-33^.  Les  expéditions 
IfOerrières  des  Romains  eontribnent  aiUsi  à  l'eu- 
blir.  319,  ftSot  'Formes  phis  élégantes  que  pren- 
DéM  les  dieux  à  cette  époque.  /<fr.  '  AboÛtioo  des 
sacrîBces  huouins.  33o.  Attribuée  k  Hercule  seloo 
qudques-ans,  A.  Au  Lacédémonien  Euthymus, 
selon  d'autres.  433.  Fàbla  qu'on  rapporte  à  ce 
sujet.  /(.Humanité  <de'Jiiiriu9  Brntiis.  33o-33i- 
'33a.  leux  institués  en  mémoire  de  ce  triomphe. 
33a.' Les  sacrifices  hutiiains  repaimssent  dans  des 


JULPHABÉTIQEE   ET    ANALYTIQUE.  ifôb 

ciroonstanoes  extraoïdiiiairas^  353^;  Qreês  et  Gau- 
lois des  deux  sexes  enierrés  TÎvants.  /^.  Sacrifice 
expiatoire  offert  tous  les  ans  aux  aiftMs'  de  «tes 
victîmes.  li.  Ces  ritBs  barbares  révoqués  en  doute 
par  Ovide.  333'>334*  A  tort*  I64  Soti  dialogue  à  cet 
égard,  entre  Jnpiter  et  Numa.  li*  Rome  emploie 
sa  puissance  à  interdiic<0  les  sacrifices  humains 
ciies  les  peuples  alliés  ou  Tainens.'  335.  Exemples* 
li*  Éloges,  que  Pfine  fait  de  ses  compatriotes  à  ce 
sujet.  K*  Combats  de  gladiateurs  considérés  à  tort 
par  quelques  écrivains  comme  des  sacrifices  bu- 
mains.  335.  Ces  combats  des  amusements  fétùces^ 
non  descépémoflies  religieuses.  16.  PreuvCé  336. 
Rites  licencieux  également-écartés  du  polythéisfhe 
ronuiin%  li*  Tentative  du  sacerdoce  toscan ,  poi!ir 
7  introduire  des  pratiques  indécentes.  là.  A  quelle 
occasion.  336-337.  Ne  réussit  point,  /fr.  Cérémo- 
nie des.  Lupevcales,  337^  Déoret  du  sénat  contré  les 
Bacchanales.  Ji.  Jeux  floraux  datant  de  là  ueH^bn 
de  VÉtrurie.  Ib. Tradition  qui  âttribUeletlfiti^titu- 
tîou  à  une- courtisane  n<Mnaiéd>'Fi6r».  '938-/Priiti* 
ques  li(5endeuse9  reparaissant  ^à  rapproché  'de 
l'empire.  Ji.  Mitigatton- des  privations  bonite  na- 
ture. /&;  Torturés  volonlair^s  neslntrodnissim  que 
fort  tard  dans  la  religion  romaine.  33|^.'L^s  Ibis 
des  Douze  Tables  les  défendent.  Ib.  Divinités,  lé- 
gendes et  rites  que  la  religion  italique  fournit  aux 
Romains.  34o.  Modifications  que  le  génie  grec  leur 
fait  subir.  Ib.  Politique  des  Romaitiis  peuplant  YÀ 
collèges  dés" pontifes^  defs  ^dtoyeti^  4es  pitrs  énii^' 

a6. 


:^o4  TABLE 

neotsen  dignité.  34i-  Se  bit  de  la  divination  nn 
instrument.  Ib.  Emprunte  des  Étrusques  quelque 
chose  de  la  diviaion  en  castes.  34a.  Motif  de  cet 
nm  prtuit.  Ib.  Livres  de  Tagès  sur  la  divination , 
traduits  par  Labéon.  34i.  La  divibacion  Mmaine 
(livi&eeen  deux  grandes  branches,  selon  CîcéroD. 
i^i-'i^i.  Vestiges  remarquables  que>les  tiaditionï 
et  lus  dogmes  étrusques  laissèrent  dans  les  notions 
des  Romains,  même  les  plus  édûrés.  34^-343. 

RuussEAU  (J.-J.).  Empreint  du  sentiment  i^ligîeux. 
1,  ii6.  N'a  rien  dit  de  précis  à  cet  égard.  Ib. 
Accusé  par  La  Menntis,  78. 

Rdgiavitb,  dieu  des  Vandales;  ses  sept  tètes  et  ses 
sept  épées  figurent  la  semaine.  111^  a6&. 

Russes  [paysans).  Empruntent  le» saints  de  leurs 
voisins,  quand  la  récolte  a  été  nunvaia&  1, 
iGIS.  V.  Fétichitm».  CheK  les  tribus  .fétichistes, 
voisines  de  la  Russie,  ]es  schammans. ou  jongleurs 
ont  peu  d'influence.  3S8.  V.  Jongîeait ,  Lét^ue. 
Mettent  saint  Nicolas  au  nombre  de  leurs  féti- 
ches. 3Ç6.  Anciens  fétiches  des  Russes.  lU,  361. 
Leur  Wolkou,  [uince-du  pays,  ayant  la  figure 
d'un  crocodile.  .%66.  Leur  Wladiniîit,  ieuji.i»i  et 
le  soleil,  lèi  Ses  ,exfiùUM  pareils,  à  iceux>  de  l'A- 
potloa  grec.  367.  ^^     I    l.  >^    .. 

S. 


Sabacon.  V.  Egypte.  ' 

Sacerdoce.  A.  toiyQurs  travaillé  à  rendre  la  religion 


^       >\ 


ALPHABÉTIQUE    ET    ANALYTIQUE.  l\oS 

rennemie  de  la  liberté.  I,  84>  85.  Met  obstacle  à 
la  marche  naturelle  de  la  religion.  147  «  i48rv./{e- 
lîgion.  Le  pouvoir  du  sacerdoce  doit  être  sans  bor- 
nés y  quand  il  existe  en  corps ,  dès  la  formation  des 
sociétés.  2M)6.  Pourquoi  il  a  peu  de  pouvoir  dans 
rétat  sauvage.  Ib.  Son  action  sur  la  religion.  208. 
Qu'il  ne  faut  pas  s'exagérer  cette  action.  209.  il 
ne  crée  pas ,  mais  il  coordonne  et  il  enregistre. 
Ik  V.  Sacrifice.  Abuse  da  piencbant  de  l'homme 
au  sacrifice.  258.  Y.  Abstinence.  Tend  à  former 
un  eorps,  dès  l'état  sauvage.  32i.  V.  Jongleursj 
Magie  y  Dieux  ^  Bouleversements  du  globe  j  Rêves , 
Divination  y  Nitos.  Conséquences  de  son  appari- 
tion dans  le  culte  des  sauvages.  343.  Gomment 
les  jongleurs  se  rendent  maîtres  de  l'idée  du  sa- 
cri6ce.  344.  Leurs,  fétiches  méchants.  344»  34^- 
Le  sacerdoce  aiiteur  de  la  prolongation  des  sacri- 
fices humains. 349*Dcs rites  licencieux.  353.Action 
du  sacerdoce  sur  la  figure  des  dieux.  355.  Favorise 
l'idée  de  dieux  mal&isants.  Ib.  Lutte  contre  Tindé- 
pendance  du  sentiikient  religieux.  47»  4S«  Associa- 
tions de  prêtres  chez  les  sauvages  de  l'Amérique. 
32i.MonopoIede  toutes  les  fonctions  parVordre  des 
prêtres,  chez  plusieurs  tribus  sauvages.  Iby.Con- 
/ormitésyBelli.Le»  prêtres  accompagnent  leurs  opé- 
rations de  mystères ,  de  convulsions  et  de  hurle- 
ments. 329,  33o.  V.  Daures,  Chez  les  Lapons,  les 
Indiens^  les  Kamtschadales ,  quiconque  voit  son 
génie,  peut  se  déclarer  prêtre.  3.59*  ^-  Scham- 
mans.  Certaines  circonstances  étendent  le  pouvoir 


4o8  'TABLE 

nom  sur  la  religion  ou  la  philosophie.  It.  120. 
Lt;s  fonctions  du  sac«rdoce  n'étaient  jamais  con- 
gées  à  un  seul  individu,  lai.  l/histoire  ne  nous 
transmet  le  nom  d'aucun  individu  distingué  dans 
les  castes  sacerdotales,  16.  V.  Sanckoniaton.  Dan- 
ger que  le  sacerdoce  apercevait  dans  toute  préé- 
minence individuelle.  ia4-  Que  le  sacerdoce  mo- 
derne n'a  pu  se  plier  à  ce  calcul ,  parce  qu'aujoui^ 
d'hui  l'individualité  est  trop  puissante.  ia5.  Que 
dans  les  corporations  sacerdotales  tout  était  mo- 
notone et  immobil&  127,  138.  Que  chez  les  na- 
tions sacerdotales,  le  pouToir  sacerdotal  n'a  pas 
toujours  été  le  même.  139,  i3o.  Causes  qui 
l'ont  modifié.  i3o.  V.  Climat,  Fertilité ,  Stérilité , 
Caractère  nationeil,  Indépendofwe,  Âssemitte- 
ment  à  l'étranger.  Révolutions  politiques,  Néeei- 
sité  dtttravail,  Phénomènes  pkysiqius,Migrations. 
Sacerdoce  transplanté  en  Etrurie  par  des  colo- 
nies de  Pelages.  164.  Résumé  de  nos  r^herches 
sur  le  sacerdoce.  279, 283.  Que  malgré  les  formes 
difEérenies ,  le  pouvoir  sacerdotal  surnagea  tou- 
jours. aSo  ,  a8i.  Que  s'il  a  rendu  des  ser- 
vices à  l'espèce  humaine,  dans  l'enfance  des  so- 
ciétés, i)  a  mis  obstacle  à  leur  perfection- 
nement. 281,  283.  Le  sacerdoce  n'intervient 
point  dans  la  purification  générale  de  l'armée  des 
Grecs.  390,  391.  Fraternité  naturelle  entre  tous 
les  sacerdoces.  SSy.  V,  Pol/théism^  sacerdotal- 
Mal  qu'a  fait  à  l'homme  le  sacerdoce  de  l'anti- 
quité. U,  éfi^.  Imitation  du  sacerdoce  de  l'anti- 


AXPHAB^IQUB   ET    ANALYTIQUE.  4^9 

quité  par  celui  du  moyen  ftge.    4^3.  Impuis- 
sance de  la  civilisation ,  de  Tindustrie,  des  sciences 
et  de  la  philosophie  contre  l'oppression  sacerdo- 
tale. Notre  yéritable  sauve-garde  est  le  sentiment 
religieux.  4^4  f  48^*  Admiration  absurde  de  la 
philosophie  du  dix -huitième  siècle  pour  les  na- 
tions soumises  aux  prêtres.  48 1»  4^*  ^^  sacer* 
doce,  en  suivant ,  partout  où  il  a  régné,  une 
marche  uniforme^  na  point  conçu,  dans  l'ori- 
gine, un  plan  fixe.  III,  2.  Position  hostile  de 
tout  monopole.  3.  Le  sacerdoce  contraint  à  re- 
chercher les  causes  des  faits  qu'il  observe.  19. 
Questions  qu'il  est  forcé  de  se  proposer,  ao.  Les 
prêtres,  sans  perdre  l'esprit  de  preuves,  devien- 
nent métaphysiciens  et  philosophes.  lA,  Preuves 
du  monopole  de  la  science  par  le  sacerdoce-,  dans 
la  religion  indienne.  i3i.  Le  Squrya-Siddhanta , 
le  plus  ancien  Traité  d'astrotiomie,    considéré 
comme  une  révélation.  Ib.  Efforts  des  prêtres 
pour  concilier  leurs  découvertes  successives  avec 
l'infaillibilité  de  leurs  premiers  enseignements. 
i3a.  La  légblation  ,•  partie  des  Shasters.  i33.  La 
médecine,  le  présent  d'un  dieu.  Ib.  L'anàtomie 
renfermée  dans'  l'un  des  Upanishads  des  Vèdes. 
Ib,  La  géographie  dans  les  Pouranas.  Ib,  La  mu- 
sique sous  la  protection  de  sept  divinités.  i34- 
Récit  indien  sur  l'invention  de  la  musique.  16, 
L'astronomie  associée  à  la  musique.  Ib,  La  gram- 
maire ayant  pour  auteurs  Patanjali  et  Panini, 
inspirés  et  prophètes.  i35.  Traces  du  système 


^ 


4 I n  TABLB 

de  l'altrflctîoD  dans  des  poèmes  indienc.  i36.  Le 
Hamayan  atteste,  à  chaque  page  et  avec  éloge, 
.VaaMTvissemeDt  des  JndieiM  au  sacerdoce.  III, 
217.  Faits  qui  le  constatent.  319.  Présents  de 
Dascbaratia  aux  Brames  qui  disent  que  leur  mis- 
sion n'est  pas  de  ce  monde.  Ib.  Brames  précepteurs 
des  rois.  Les  rois  et  les  dieux  embrassant  les  genoux 
des  brames.  Conseils  de  Dascharatu  à  son  fils,  sur 
1«  respect  et  la  soumission  qu'il  doit  aux  brames. 
aaa.  Combien,  chez  les  Grecs  des  temps  hënû- 
ques,  les  poètes  étaient  plus  favorisés  que  les 
prêtres.  3 1  a ,  3i  3.  Prâuvs  égyptiens  faisant  jurer 
à  leurs  rois,  en  les  consacrant,  qu'ils  n'introdui- 
raient, sous  aucun  prétexte,  aucun  usage  étran- 
ger. IV«  2.  Motif  pour  lequel  les  prêtres  dans 
les  religions  sacerdotales,  ne  permettent  aucune 
ïonovation  dans  la  figure  des  dieux.  3.  Toute 
tentaiÎTe  de  cette  espèce,  regardée  comme  un 
sacrilège.  4-  Piques  et  troncs  d'arbres  chez  les 
Gaulois  regardés  avec  plus  de  yénération  que  les 
statues  d'or  de  leurs  dieux.  4i  5.  Prêtres  égypùens 
niant  toute  apparition  des  dieux  sous  une  forme 
humaine.  6.  S'adaptaient  dans  leurs  cérémonies 
des  têtes  d'animaux.  7.  Le  satïerdoce  trahissant 
quelquefois  le  désir  de  revêtir  les  dieux  d'une 
beauté  supérieure.  i4-  Que  l'homme  est  loin  d'a- 
Vcûr  recueilli  quelque  avantage  de  sa  soumission 
au  sacerdoce.  4^-  L'esclavage,  l'erreur  et  l'effroi  ,1e 
seul  fruit  qu'il  en  ait  retiré./&Que  le  sacerdoce coui^ 
iMe  À  la  fois  le  «enùment  religieux ,  l'intérêt  et  une 


^ 


ALPHABÉTIQUE  <IT   AHALTTIQUE.  4l> 

certaine  ardeur  d'abiAiactitm  qui  ft'etn|Mtre  quel- 
quefois des  tÂtes  hiimunea.  lai,  laa.  Qu'après 
aToîr  prodamé  l'existence  de  dieux  malfaisanta ,  il 
MDt  le  b«aoia  de  rassurer  l'htmiiue  contre  cette 
création.  I&.  Tendance  qu'ont  les  prêtres  à  eom- 
biner  toujours  la  partie  populaire  des  cultes  arec 
leurs  hypothèses  et  leurs  découTertes.  V,  8.  Que 
le  sacerdoce  n'eut  jamaîa  en  Grèce  qu'un  pouvoir 
limité.  i6.  Pourqnoi.  i6,  17.  Travail  qu'il  fait 
pour  acquérir  'plus  d'importance,  iy  et  siiiv. 
Creutzer  à  ce  sujet.  19.  Fait  entrer  dans  les  mys- 
tères tout  ce  qui  était  repoussé  par  l'esprit  indé- 
pendant du  culte  national,  ao.  Impossibilité  où 
nous  sommes  de  décrire  ses  efforts  sur  chaque 
nbjet.  ai.  Cherche  par  politique  à  enrôler  l'irré- 
ligion sous  ses  étendards.  66.  L'amonr-propre 
liTorisaît  cette  transaction,  li.  L'incrédulité  ipto- 
fesiée  par  lès  ministres  mêmes  des  autels,  vers 
la  6n  du  dernier  siècle.  Ib.  M.  de  Barante  à  ce 
injet.  66,  67.  Que  le  sacerdoce  de  l'antiquité  a 
pn  quelquefois  être  de  bonne  foi.  177,  178.    ' 

StcosTALA,  (hénûne  du  drame  célèbre  de).  U,  t34- 
i35.  V.  Climat. 

SicamcB.  Idée  du  sacrifice  inséparable  de  la  rblî' 
^on.  I,  aSo.  Comme  de  l'amour.  Ib.  Les  amants 
et  les  mystiques  se  l'imposent,  aSo-aSi.  V.  &iii- 
"ogts.  L'idée  du  sacrifice  d'abord  exemple  de  raf- 
finement devient  graduellement  plus  con^Uqnée, 
aSi-aSa.  Cette  teudanceà  rainer  sur  le  sacrifice, 
PM  assez  remarquée  par  les  philosophes.  »53.  lU 


ont  attribué  ces  ralïiiiements  nux  préirea.l 
que  le  principe  était  dans  la  nature  (le  Vbxi 
a53.  y.Saiifagai,  Chasteté,  Virginité ^  l/nÀ 
xexes.  Double  mouvement  de  l'homme,  « 
Tement  au  sacrifice:  l'un  désintéressé,  l| 
égoïste.  343-344.  Raffinements  dans  le  sac»| 
admirables,  quand  le  sentiment  les  dicte,  aB 
quand  le  calcul  s'en  empare.  346.  Progrfl 
funeste  dans  le  raffinement  des  sacrifice^ 
V.  Snetifices  humnins,  Chnstetè,  Rites  licenà 
Le  ralfinemenl  dans  les  sacrifices  tournant  f 
quefois  au  détriment  des  prêtres.  Burattes  I 
fiant  les  leurs,  dans  de  grands  dangers.  349 
sacerdoce  ne  perd  jamais  son  intérêt  de' 
Quand  il  s'agit  d'épurations  qui  récond 
l'homme  avec  la  divinité,  les  moyens  épurât 
sont  toujours  la  hbéralité  et  la  soumissiua 
prêtres.  III,  38.  Les  sacriSces  s'adoiu;tssenti 
le  temps,  même  dans  les  religions  sacerdol 
ao4.  V.  Dieux.  Nouveau  point  de  vue  ■ 
lequel  le  sacrifice  se  présente  à  l'homme  ci* 
rV,  2o3.  Socrate  à  ce  sujet.  li.  Réponse  de  BH 
;'t  la  sagesse  divine,  sur  la  nécessité  des  sacril 
II'.  Que  cette  manière  déconsidérer  les  sacril 
n'a  que  des  avantages  dans  les  religions  ini^ 
dan  tes,  2o3-2o4.  Qu'il  n'en  est  pas  de  même  I 
les  rehgions  sacerdotales,  3o5.  i 

Sacbificks  HiiuAtRS.  Se  réintroduisent  dans  Is 
lylltéisme  à  sa  décadence.  1,  Sa.  Leurs  diii 
causes.  346-347,   Captifs  immnl«».  I&.  Sacri 


â 


«LPHABÉTtQDSif?    AHAtTTIQUE.  4l3 

funéraircB,  34.7>  JR-QW  ou  chets  immolant  des 
hommes  pour  prolonger  leUr  propre  ne,  ou 
comme  messagers.  347<  Recherche  de  l'aTenir.  7^. 
La  cause  principale^  1«  raffinem^t  dans  Uiacrifice. 
347-348.  V,  jiff^uA ,  FUtriiU ,  Qmtteté-,  £ifes  li- 
cencieux. Cm  fi«crifi<^  prolongs&ipar  le  sacer- 
doce. 1,  349-  Vï  yialiputzUy  Teittatès,  Sacrifices 
d'enfanu  pAr  leurs  parents,  provenant  du  laffine- 
mem  âmu  le  -riaonfice.  348.  V.  pionde.  EaËmts 
jetés  dans,  les  rivières. à  la  Chine,  vertiges  du 
culte  des  élémenu.  U,  4? -V.  C^iurf^ti^mtK'r,  Gaule, 
Gemaùts,  Sacerdoce  y' Inde,  Lea  CartWgino^  «5- 
$iéf[és  par  Agathoderétabliiuent  les;  sacrifices  hu- 
mains. 170.  CeUe;  pratique  usitée  co. Chine.  II, 
a6d; Histoire  4u  roi  Qmbourisoh^  çt'du  sacrifice 
humain  qu'il  veut  fiaire.  111,  19g.  Valmiki,  tout 
ta  rMonUnt  coniçiflnt  les  dieux  ampéchisnt 
ce  sacrifice,  ne  le,,bliine  point  «t  loue  la. piété 
d'Omhourisch^  aoi.  S'crifioes  huinajn» offerts^n 
Runie  par  VUdiunir.  266.  Auteurs  qfi'on  peut 
consulter  wr.les  sacrifices  humsûfs,  che*  Jes  di- 
vers peuples^  ly,  ao&sop-axo  ft  suiv,  V.  Car- 
thage.  Gaule,  Çermoftif,  Mexique,.  ScanJùiqttes. 
Idole  dans  le  palais -dit.Samftrinirqi  d«.  C^licut, 
qu'on  faisait  rqu;gir  au  fea.poujf^p)ac[«r  des  en- 
faqtsdaB94a  houche.  ai3.  Autoaut^T  àla  Chiae, 
jouant  aux  éçbeçs  ayec  des  ^ïctiii^t^  .qu'on  piet- 
laità  mort  si^elles  perdai*:ntla  pitrtifi./^.. Perdes, 
dans  leur  injtaivop  en  Grèce^  ensevelissant,  vi-^ 
»nu  neuf  }4U«4*  gfirçpns  «t  qe^f  Jeunes  filles. 


ai4-  La  reine  Amestris  taisant  snrrilipr  quat 
rejetons  des  plus  illustres  familles.  Ib.  Figures  qo  on 
aperçoit  sur  le»  ruines  de  Persépolis.  /A.  Éthii»- 
ptens  sacrifiant  des  hommes  au  soleil  et  à  la  hinc 
ai4-ai5.  Égyptiens  à  Typhon.  ai5.  Opinion 
d'Erntoslhène  sur  la  tradition  qui  accusait  Busl- 
ris  de  sacrifier  les  étrangers.  !b.  Erreur  d'Hern- 
dote  relevée  par  plusieurs  auteurs.  Ib,  Vierge  pré- 
cipitée dans  le  Nil ,  pour  obtenir  une  inondMÏon 
l'avorable.  !b.  Différents  sacrifices  des  Indiens. 
ai6.  Plaisir  qu'ils  pi-ocurent  à  la  divinité,  plus  ou 
moins  grand,  selon  la  qualité  et  le  nombre  des  victi- 
mes. ai6.  Préceptes  et  rites  du  cliapitre  de  sang 
du  Calica-Pouran,  Ib.  Sculptures  qui  en  retniceni 
l'image.  ïb.  Invocation  du  sacrificateur.  /£■  R'>i 
captif  égorgé  par  le  chef  des  Sarrazins  à  U  solde 
des  Rom.iins.  117.  Le  père  de  Mahomet  et  lui - 
nif^nie  dévoués  u  ce  genre  de  mort.  Ib.  Exception 
peu  fondée  que  Creutzer  veut  iàire  en  faveur  dt 
la  religion  de  Lycîe.  Ib.  Sacrificateur  des  SarmH- 
Ics  buvant  le  sang  des  victimes.  218.  Saprifiit 
d'Iphigénie  et  des  filles  d'Krecthée  relégué  an 
rang  des  fables,  aig.  Légende  de  la  premiàperev 
[nblant  à  celle  de  Jeplité.  219.  SacHfioeft -4 
,  en  usage  chez  les  (îrecs  des  | 
temps,  aiq-aao.  Ces  pratiques  barbarflB  r 
sées  par  eux  de  bonne  heure.  Ib. 
quelquefois  par  l'ascendant  des  $m 
liques.  320.  Ti-ois  jeunes  prit 
(le  Perse  immolés  aviint   In  lint:tîtt?"îl 


«.LPaASÉTiqUI   ST    AHALTTIQim.  4lS 

/&.  Ces  ■■i.iiini  se  prolongeint  «n  ArcaAe  pliu 
qu«   dans  les  anins  rontréc»  de  Is  Grioe.  33t. 
Pourquoi,  it.  Détails  de  Panssoias  à  ce  SDJet.  3S3. 
HuitièaBetnraîl  d'Hercule,  petit-^trenne  traditioa 
défigurée  «le  raboUnon  de  ces  sacrifice*.  333.  Ana- 
droaiame  sur  leqnd  elle  repose.  saS.  Erreur  de 
I^omoe    an   stôet  des  sacriScc»  humains  dans 
Vîle  de  ChjfKK.  16.  L'horreur  des  Grecs  pour  ce* 
rouniMrs  éebtaBt  daas  loos  les  récib  de  Ican 
laMarieBa.  aa4-  Exeatples.  m^-^iS.  Rîtes  mmi^ 
111,'uMsïni  ^IHs  leur  sabfmiieni.  zaS-asd.  Ac- 
tes «le  déwauc^wBt  ▼oloatane  cfaex  les  Grecs  et 
les  B  DMiiiwi  ajaM  ^k  ^bssc  analngie  avec  les 
SKsifice»  liiiwiies  xaé-ss;.  Ces  actes  l'cBiEC  aorri- 
ilruii  I  ca  «puut— t  d'ut  patrie  tif te  dipw  J'adnô' 
mioa,  BJaac  «1^»  se*  écaitk  aa^.  Ces  iacn"6<*« 
s^âsual  uu jouis  «bas  la  Gaules ,  Malgré  I*  «^ 
«ùiat  des  Wi  Tr»jns«.  /».  V-  prr»««ig«aet  t^trt 
Ib  ff  II  Cl  les  Goths  jns^'an  hcitiéwe  >«érV. 
ce  tmfA.  A.  Chntxas  lear  *«w 
s  pour  to<e  misIh,  /^.  ledyrtx 


m 


Mk 


4t6  TA.BLE 

tribné  à  U  prolongation  des  sacrifices  hamaîni, 
Ib,  Paterson  sur  une  ancienne  représentation  du 
temps,  sous  le  nom  de  Mahacal.  a3i.  Culte  du 
LiDgaiD  ayant  produit  le  meurtre.  16.  Autres 
exemples  chez  les  différents  peuples.  a3i-a3a. 
Dogme  de  la  chute  primitive  ajrant  motivé  ers 
lite»  affreux.  a3a.  Vèdes  à  ce  sujet.  Ib.  De  Mais- 
tre  et  ses  élèves.  a3a,  a33,  a34.  Simple  analo- 
gie dans  les  mots ,  ou  désir  d'imilatioD  produi- 
siuii  quelquefois  des  effets  également  iunestes. 
a33-234-  Kois  dans  le -Nord  immolant  leurs  pro- 
prei  enfants.  334-235.  Erreur  de  César  sur  la  qua- 
lité des  victimes  qu'on  immolait  dans  ces  sacriË- 
rcs.  a35.  Présages  que  les  prêtres,  chez  différenu 
peuples,  tiraient  des  signes  ou  des  coomlsions 
de  la  victime. a36.  Le  Galica-Pouran  à  ce  sujet.  33^, 
337.  AdoucissemenU  que  ces  sacrifices  reçoivent 
iitLiue  dans  les  religions  sacerdotales  et  rïtes 
moins  féroces  qu'on  leur  substitue.  337  et  suîv. 
Images  en  cire  ou  en  autre  matière  qui  rempla- 
cent la  victime  chez  différentes  nations.  Ib.  Va- 
rhe  du  sacrifice  à  la  célébration  des  noces,  daos 
rinde,  renvoyée  libre.  ^4o.  Opiniâtreté  du  sa- 
cerdoce à  maintenir  ces  sacriEces.  a4o-34>-  '^P'* 
nion  de  M.  de  Mai&tre  à  leur  égard.  lii.  Sacrifice! 
tiinéraires  disparaissant  graduellement  chez  les 
Grecs.  a4a-  Faits  épars  dool  ou  ne  {>eut  tirer 
aucune  induction  en  faveur  de  ,1a  permanence 
<le  cet  usage.  24^t243-  U  se  mtùntient  cho  tes 
nations  qui    sont   soumises  au  SBccrdnce.  343- 


ALPHABETIQUE    KT    ANAI.TTIQQB. 


417 


Escbves  massacrés  aux  funérailles  des  princes 
Scandinaves.  16.  Femmes  enterrées  ou  brûlées 
avec  eux.  Ib.  Celles  des  Caciques  de  Saint-Do- 
mingue subissaient  le  même  sort.  Ib.  Conduite 
de  Segridt,  reine  de  Suèdeenvers  Eric  son  époux. 
Ib.  Branhilda  monte  sur  le  bftcher  de  Sigourd , 
et  se  brûle  avec  lui.  Ib.  Autres  exemples  chez  di- 
férents  peuples.  344  c'  suiv.  Hommes  difformes 
sacrifiés  au  Mexiipie ,  pour  amuser  leurs  maîtres 
dans  l'autre  monde.  244-  Femmes  de  Bénarès  et 
de  Bomba;  se  brûlant  'encore  de  nos  jours,  sur 
le  tombeau  de  leurs  maris.  345-a4^- 
Sun,  poète  persan,  II,  i5i.  V.  Climat. 
SuHT  Chrtsostôhe    (axiome  tolérant  de).   I,   6a. 

V.  Confession. 
Suhtb-Croix.   I,  i36,  173.  Ridicule  de  ses  détails 
anecdotiques  sur   Prométhée.   II,  362.  Passage 
d'Hérodote    tout   contraire  aux  fajrpothèses    de 
Sainte-Croix,  sur  les  guerres  religieuses.  363.  Ces 
guerres  ne  peuvent  être  admises  que  comme  ayant 
eu  lieu  entre  des  divinités  locales ,  ou  entre  les 
prêtres  et  les  guerriers ,  mais  point  entre  les  co- 
lonies et  les  indigènes.  365.  Erreurs  de  Fréret  et 
de  Sainte-Croix.  366. 
SiiNT-DoHtNGiiB.  V.   Climat. 
SuHT  laiifÉs.   Recommande  la  tolérance  au  pape 

Victor.  I,  61. 
SuRT  Jbstin  (axiome  tolérant  de).  I,  6a. 
SiiNT  Pavl.  Reconnaît  qne  Dieu  a  laissé  les  nations 
le  chercher  par  leurs  propres  forces.  I,  14.  Rejette 


4l6        '  TABLE 

les  abstinences  et  les  prÏTations  arbitraire*.  69, 63. 

Saiht  PiBSKS.  Le  moins  tolérant  et  le  plus  juduque 
des  apôtres.  1 ,  60.  Renonce  aux  abstinences  pres- 
crites par  la  loi  juive,  après  une  vision  miracu- 
leuse.  63. 

Salivu,  sauvages  des  bords  de  l'Orénotjue.  Blessu- 
res qu'ils  font  à  leurs  nouveau -nés.  I,  aSy. 
V,  Union  des  sexes. 

Salomon.  Bannit  le  pontife  Abiathar.  Il,  ao5.  Épouse 
la  fille  de  Pharaon.  207.  Élève  aux  idoles  denom- 
breux  autels.  a33. 

Saminêsrs.  Peuple  du  Nord  k  qui  les  Indiens  doi- 
vent leur  civilisation.  II,  17-18.  Colonie  chinoise, 
selon  les  uns,  secte  de  philosophes,  selon  les 
autres,  ou  réformateurs  religieux,  disciples  de 
Bouddha,  chassés  de  leur  patrie  et  triomphanu 
dans  d'autres  contrées.  18. 

Sahavsda,  poème  indien.  II,  ^i.  Dialogue  qui  en 
fait  partie.  Ib. 

SamoiiDs.  y.  Gaulois. 

Samotbbacb.  Route  par  laquelle  les  religions  sacer- 
dotales se  rapprochèrent  de  Grèce.  Il,  374.  Phé- 
niciens abordant  à  Samothrace.  375. 

SAMOTÈnss.  Appellent  leurs  prêtres  Tadiles.  I,  Sao. 

Samsor  (les  renards  de),  dans  une  fSte  latine  k  Car- 
séoles.  I,  i5g. 

Sahosl.  V.  Hébreux,  ^g^^- 

Sancuohiatoh.  Cité  par  La  Mennais.  I,  170.  Nom 
générique,  annexé  à  des  livres  supposés,  l'ji. 
il.iai. 


A.LPH iB^TIQUE    ET    AMALYTIQUR.  /|I9 

Sàmahidu.  II ,  39.   Dynastie  des  Per»es.  Ib. 

Satohmb.  Presque  jamais  un  objet  d'invocalion.  I, 

tç6,  A  trois  fils,  Jupiter,  Neptune  et  Pluton.  iSg- 

160.  Pourquoi   les  poètes  lui  donnent  une  be- 

quiUe.  U,  410- 

Saul.  Engagements  qu'il  prend  avec  le  sacerdoce  à 

ton  aTénemeot.  II,  aoa-aoS.  V.  Hébreux. 
SA.WA.aEa  (athéisme  prétendu  de  quelques  tribus). 
I,  4>  L'eut  sauvage  est-il  l'état  primitif?  t53. 
Légèreté  avec  laquelle  les  philosophes  du  dix- 
huitième  siècle  ont  prononcé  sur  celte  question. 
t53,  154.  Vices  de  leurs  raisonnements.  i54- 
.  L'homme  sauvage  stationnaire.  i55.  Nous  ne 
prenons  poiut  L'état  sauvage  pour  le  premier, 
mais  le  plus  grossier.  157.  Peut-être  l'eflet  d'une 
chute.  16.  II,  a.  V.  Sacerdoce.  Ëlàt  des  tribus 
sauvages  que  nous  connaissons.  a.m.  Les  unes 
dan«  UD.  état  presque  brut.  16.  Les  autres  un  peu 
aurdessus.  3s3.  Action  du  sentiment  religieux 
sur  le  sauvage.  aa4-  Q»*  '^  crainte  n'est  pas  la 
première  cause  de  sa  disposition  religieuse.  3^4. 
Ni  l'intérêt.  aaS-.  Adore  tout  ce  qu'il  rencontre , 
parce  qu'il  faut  qu'il  adore  quelque  chose.  16. 
Croit  que  partout  où  il  y  a  mouvemenl,  il  j  a 
vie.  aa6.  Place  la  religion  toujours  dans  l'inconnu. 
16.  Partout  où  il  croit  qu'il  y  a  vie ,  il  suppose 
une  intention  qui  le  concerne.  Jb.  Se  regarde 
-  comme  le  centre  de  tout.  ay.  Le  hasard  décide 
des  objets  de  ses  adorations.  16.  L'adoration  des 
animaux  lui  est  très- naturelle.  aaS.  Remarque  de 
37. 


Heerfn.  a3o.  Circonstances  fortuitM  qui  déet- 
dent  le  aauvage  dans  ses  horamages  religieux. 
233.  L'idée  de  l'utilité  entre  pour  peu  de  chose 
dans  1  adoration  des  anirnfux.  334-  Que  l'homme 
n'est  jamais  l'objet  de  l'adoration  de  l'homme. 
ai5.  Le  culte  du  sauvage,  l'adoration  des  ani- 
maux ,  des  arbres ,  des  pierres.  aSS.  On  l'a  nomné 
fétichhtne.  i35.  Au-dessus  des  fétiches,  est  tou- 
jours la  notion  d'un  Grand  Esprit.  aSy,  a38. 
V.  Ciicis,  Manitou,  Spiritualité,  Iroquoit.  Le 
sauvage  croit  à  des  dieux  bons  et  à  des  dieux 
inécliants.  V.  Dualisme.  Le  sauvage  croit  que  le 
Loi)  principe  est  plus  puissant  que  le  mauvais. 
246.  V.  Intérêt.  But  du  culte  chez  le  sauvage. 
349.  Suppose  l'objet  qu'il  adore  semblable  k  lui- 
même.  Ib.  A  peine  le  sauvage  a-t-il des  dieux,  que 
Vidée  ilu  sacrifice  se  présente  à  lui.  aSi.  S'impose 
le  rt'libat  ou  la  virginité  comme  sacrifice.  aSi, 
a5a.  V.  Célibat,  Chasteté,  f^irginité.  Union  det 
si'j-es.  Le  sauvage  punit  son  fétiche.  a6o.  Les  fé- 
tidités d'un  sauvage  deviennent  les  ennemis  des 
féticlies  de  ses  ennemis.  a63.  Les  sauvages  mul- 
tiplient leurs  fétiches  dans  de  grands  dangers. 
7.6'J.  V.  Kamtschadales ,  Grand  Esprit,  Hurons, 
Ostrnqiies ,  Koriaques ,  Delawares ,  Sentiment  reli- 
gieux. Rapprochent  le  plus  qu'ils  peuvent  leurs 
idoles  de  la  figure  humaine,  ayi.  V.  Lapons, 
OCnhitiens,  Loango,  Nouvelle-Zélande,  Amazo- 
nes, Caraïbes,  Téléoutes,  Tatars,  jtttai.  Serment. 
Respeet  des  sauvages  pour  les  envoyés  des  tri- 


N 


ALPHABIÎTIQOC    KT    AKALYTIQUl.  4^1 

Lus  eonèmies,  1 ,  379.  V.  Mort,  Paraguay,  Dan- 
res,  jiméricains,  Groenlandais ,  Guinée.  Anec- 
dote 'toudiante  de  deux  sauvages  qui  aTiiem 
perdu  leur  enfant.  agS.  V.  Ame ,  Natchez,  Bornéo. 
Idées  des  sauvages  sur  la  métempsycose.  397.  Sur 
ta  tristesse  de  la  vie  future.  V,  Patagoaa,  Chili, 
Tschérémisset ,  Mataméa,  Sauvages  qui  n'osent 
prononcer  le  nom  des  morts,  ni  bire  du  bruit , 
de  peur  de  les  réveiller.  I,  3o3.  V,  Abipons.  Que 
les  notions  religieuses  des  sauvages  se  composent 
à  la  fois  du  fétichisme  et  de  vagues  idées  d'un 
Grand  Elsprit.  3i8,  Sip.  Dès  que  le  sauvage  a 
conçu  l'idée  d'êtres  qu'il  adore,  il  cherche  des 
êtres  qui  lui  servent  d'intermédiaires  auprès  de 
ces  êtres.  3ao.  V.  Jongleurs,  Magie.  Adorent  les 
insensés  et  les  épileptiques.  333.  V.  Béves,  Divi- 
nation, Nitot.  Que  toutes  les  nouons  qu'on 
trouve  k  toutes  les  époques  de  la  religion ,  sont 
en  germe  dans  l'esprit  du  sauvage.  365  à  368. 
Pourquoi  nous  avons  consulté  sur  les  sauvages 
les  voyageurs  les  plus  anciens.  333.  Sauvage  re- 
gardant une  lettre  comme  un  être  animé  qui  avait 
trahi  un  secret.  aa6.  Qu'il  y  a  dans  le  culte  des 
sauvages  autre  chose  que  le  fétichisme.  397.  Leur 
adoration  pour  le  joleil.  V.  Soleil,  Monieys, 
Serpent  k  ton/lettes.  Rendent  un  culte  au  mau- 
vais principe ,  mais  croient  que  le  bon  sera 
vainqueur.  346,  347.  Leurs  jeûnes  sévères.  aSa. 
Leurs  mutilations,  le.  V.  Floride  ,  Théisme  , 
BeUi. 


i\11  TA.BLE 

Saxons.  Leurs  dieux  transformas  «n  diables,  dans  les 
Capitulaires  de  Charlemagne.  1 ,  3a8. 

ScALDES ,  poètes   du   Nord.    Leur  rang  distingué. 
III ,  460. 

Scandinaves.  Apparence  trompeuse  de  la  marcbe 
de  leur  mythologie  prise  à  la  lettre.  I,  178-179. 
V.  MaUi't ,  Climfll.IïeaT  lutte  contre  les  prêtres, 
une  stiiie  de  leur  caractère  belliqueux.  Il,  166, 
167.  V.  Wedel-JarUberg.  Ont  eu  des  animaux 
pour  i<lo1es.  359.  V,  1 16.  Leurs  trois  grandes  fStes 
a  stro  nu  iniques.  III,  a6if.  Leurs  nains,  person- 
nages mythologiques,  aii  nombre  de  trente-six;  • 
signiBcations  astronomiques  de  ces  nains.  a64, 
965.  Ces  nains  adonnés  k  la  métallui^e.  365.  Le 
Ginning'-Gagap  des  Scandinaves,  pareil  auZervan- 
Akerenc  des  Perses.  370.  Sacrifices  humains  qu'ils 
offraient  à  Odin.  IV,  m.  P.nvoyés  rais  à  mort 
sur  la  tombe  des  héros.  Ih.  Rois  mêmes  n'en  étant 
pas  exreptés.  Ib.  Ruhs-au  sujet  de  ces  sacrifices. 
211-212.  Vase  dans  le  temple  de  Thor,  destiné 
à  recevoir  le  sang  des  victimes.  3ii-3ia.  Pierre 
de  ïlior,  son  usage,  aia.  Observation  prélimi- 
naire. V,  m  et  suiv.  Pourquoi  nous  ne  traita 
rons  de  ia  composition  et  de  la  marche  du  poly- 
théisme  du  Nord,  que  sous  un  point  de  vue  géné- 
ral, II 5.  Contrées  qui  forment  la  Scandinavie.  ii5, 
116.  Comment  désignées  par  Tacite.  ii6.Les  Scan- 
dinaves passent  du  fétichisme  au  polythéisme,  de  la 
même  manière  epie  les  Grecs,  par  l'arrivée  d'une  ou 
de  plusieurs  colonies.  117.  Les  plus  anciennes  n'a- 


.  ^ 


ALPHABiriQSB   BT  AHiLTTIQDZ.  4^3 

vaieDt  que  des  chefs  guerriers  pour  guides.  Ih. 
DiJTérenCe  cependant  exïsUnt  entre  ces  colonies 
et  celles  qui  civilisèrent  la  Grèce.  Ib.  Le  premier 
Odin  les  conduit.  117,  118.  Obscurités  dont  l'his- 
toire de  ce  chef  est  enveloppée.  1 1 8.  U  rassemble 
les  fétiches  que  les  Scandinaves  adoraient  isolé- 
ment, laa  Leur  Olympe.  Ib.  Leurs  fonctions. 
lai.  Que  cette  révolution  ne  s'opéra  point  aussi 
pad&quement  qu'en  Grèce.  Ib.  Guerres  achar- 
nées contre  les  adorateurs  des  vaches  et  des 
taureaux,  auxquelles  la  légende  de  Begner  Lod- 
brog  -fait  allusion.  Ib.  Ressemblance  des  dieux 
de  l'Edda  avec  ceux  de  la  Grèce.  ia3.  Fable  de 
Loke  enlevé  par  un  géant.  Ib.  Autre  fable  de 
Loke  et  de  Thor  prouvant  la  £iiblesse  et  l'impuis- 
sance  de  ces  dieux.  ia3, 124.  Que  s'il  existe  quel- 
que différence  entre  le  polythéisme  des  Grées  et 
celui  des  Scandinaves,  il  faut  l'attribuer  à  la  dif- 
férence des  climats  des  deux  peuples.  t94i  laS. 
Du  reste ,  tout  identique ,  dans  les  deux  religions. 
136.  Preuves.  Ib.  Manières  diverses  dont  les  au- 
teurs racontent  l'introduction  du  pouvoir  sacer- 
dotal chez  les  Scandinaves.  127  et  suiv.  Histoire 
du  roi  Gylfe.  ia8.  Sa  lutte  contre  Odîn,  d'après 
Saxon  le  Grammairien. 129.  Qu'on  i-econ naît  dans 
cette  lutte  un  efî'ort  du  polythéisme  libre  contre' 
la  tendance  sacerdotale.  Ib.  Le  sénat  des  dieux, 
une  corporation  semblable  à  celles  de  la  Perse  et 
de  l'Egypte.  i3o.  La  religion  Scandinave  change 
de  natiuv ,  sans  perdre  néanmoins  son  empreinte 
l>ellîqueuse.  i3a,  i33.  Le  sacerdoce  y  introduit 


4^4  TABLB 

toia  le*  riteit  tou$  le*  sjmboleAt  tooMêê  kt  doc- 
irinei  qu'on  renoonlre  dans  les  religions  ton* 
mises  aux  prêtres.  i33.  Celle  nhrolubon  rdigiense 
des  Scandinaves,  en  quelque  sorte  la  rérolotioa 
^ene  retourna.  i33,  i34.  Lastrolàtrie,  base  6r 
cette  religion.  i34.  Preuves.  16.  Anciennes  bhk* 
se  ressentant  de  ce  caractère  nouveau.  1 35.  Vammr 
merveilleuse  dont  la  privation  condannait  W% 
dieux  aux  infirmités  de  U  vieillesse.  M.  Diviniu^ 
hermaphrodites.  Ib.  Cosm<^nies  bixarrcs  cl  té- 
nébreuses. i36.  Respect  pour  la  virginité,  ti.  Ij 
déesse  Gefiona  en  est  la  protectrice,  ti.  EoCiotr- 
roents  des  vierges.  /6.  Heimdall  «  le  portier  cele»tr . 
est  le  fibde  neuf  viciées  à  la  fo'uJi.  La  création,  u*:'- 
simple  illusion  dans  quelques  parties  des  fAdà* 
i36-i  37.  Dualisme.  1 37.  Dieu  médiateur. /^.  !>'  - 
mourant  pour  expier  le  monde.  M.  Son  carat  tfr- 
pacifique  IVidut  du  Valhalb.  /(.  Démonok^  ■ 
non  moins  régulière  que  celle  de  T^jpie  00  .- 
la  Perse.  i38.  Les  Woles.  16.  Les  FJvea.  ».  U« 
nains.  139.  I^urs  fonctions.  16.  L'or«  dans  i^ 
fables  Scandinaves,  tenant  la  pbce  qu'occupa' 
les  femmes  dans  les  fictions  indiennes.  16.  Tn- 
nité.  140.  Métempsycose.  16.  Rites  cruels.  16.  v 
crifices  humains.  16.  Qualification  des  prtort  '' 
des  prétresses  qui  y  présidaient.  16.  Mode  p"  * 
culier  de  divination  auquel  ils  rrrourairot,  p  -' 
savoir  s'ib  devaient  immoler  des  victimes  1--- 
maines.  16.  Immolations  funéraires.   i4i*  i^r' 
menu  de  Dieu,  tt.  Efficacité  des  imprrcstftot  • . 
des  Ulismans ,  etc. ,  proclamée  par  le  second  f  >  '  : 


ALPHASiriQUC   £t    AVALTTIQtE.  4^^ 

i4i*  Dbcoura  qu'il  tient  dans  l'Havamaal.  14^. 
Puissance  des  Runes.  Ib.  Histoire  de  Freyr  et  de 
la  belle  Gerdour.  14^1 143.  Allocution  théiste  du 
président  du  sénat  céleste.  i43.  Introduction  dd  la 
morale  dans  la  religion  Scandinave.  i44*  Le  Gimle 
et  le  Nastrond,  une  création  du  sacerdoce.  Ib. 
Erreur  des  savants ,  relativement  au  Nifleim.  144? 
145.  Le  Nastrond  est  le  lieu  de  chàtimenta  des 
morts.  i45.  Strophes  de  THavamaal  qui  s'y  rap* 
portent.  i45,  i46.  Est  l'enfer  de  Pindare.  i46. 
Description  du  palais  d*Héla.  Ib.  Autres  confor- 
mités des  Eddas  avec  les  livres  sacrés  des  autres 
nations  soumises  aux  prêtres.  i47*  Contradictions 
qui  nous  frappent  à  la  lecture  des  Eddas,  com- 
ment expliquées.  1489.  i49*  Conjectures  de  deux 
savants,  sur  les  fables  Scandinaves.  Ib.  De  Biih, 
au  sujet  du  dogme  de  la  destruction  du  monde. 
1499  iSo.  Que  les  Scandinaves  n'ont  eu  d'histo- 
riens qu'à  dater  du  onzième  siècle.  i56.  Isleif, 
évéque  de  Scalholt^  est  le  premier.  Ib.  L'usage  de 
récriture  était  interdit.  Ib.  Sœmund  Sigfusson,  le 
premier  qui  osa  mettre  par  écrit  les  Sagas  et  les 
Eddas.  iSy.  Snorro  Sturleson,  son  abréviateur. 
Ib.  Confusion  qui  règne  dans  ces  compilations. 
157,  i58.  Comment  on  doit  y  remédier.  i58.  Plu- 
sieurs écrivains  pensent  que  la  religion  Scandi- 
nave a  subi  une  troisième  révolution.  iSp.  Fait 
qui  pourrait  donner  quelque  vraisemblance   à 
cette  supposition.  160.  Mais  cette  question  nous 
est  étrangère.  161.  Que  les  deux  révolutions  du 


4aÔ  TAILE  ! 

polythéisme  Scandinave  confirment  nos  assertioiu  : 
sur  la  nature  et  les  différences  des  deux  polj-  | 
théismes.  163,  i63,  164.  , 

ScfiPTicuMs,  opposé  à  l'esprit  du  sacerdoce  :  n'a 
pourtant  pas  été  toujours  étnnger  à  sa  doctiine  I 
secrète.  III,  38.  Dubois  prétend  qu'il  y  a  soi 
Indes  une  école  de  philosophie  sceptique.  39. 

ScB^XTT,  fille  deDacbsa,  femme  de  Scbiven.  Fablt 
qui  la  concerne,  et  qui  aboutît  au  théisme.  III, 
i4o.  ' 

ScBAHHANS.V.  Tartan»,  Tartans  y  Sacvdoet.  Csm- 
bien  ils  sont  mal  payés.  I,  SSg. 

ScaiTZN,  nourri  par  Anna  Puma.  I,  lâo.  Réduit 
à  la  lamine  Viasa  Muni  et  ses  disdples  qui  lui 
avaient  préféré  Wicbnou.  Ib.  V.  Malédictions; 
Ne  peut  résister  aux  austérités  de  Bagiraden.  Il, 
143.  Malédictions  réciproques  de  Schiven  â 
Dackscba,  ayant  leur  effet.  i44-  ^^  cheveux  àe- 
Tenant  des  monstres.  4o3.  Son  identité  avec  Bac- 
chus.  419,  430-  Pierres  dans  lesquelles  il  est 
censé  résider.  III,  131,  i3a.  V.  liuUy  TAatim. 
Est  presque  toujours  la  divinité  principale  , 
dans  les  guerres  des  dieux  contre  les  géanu. 
t44-  ^t  invoqué  dans  les  cérémonies  nup- 
tiales. 146.  Schiven  à  la  fois  bon  et  méchant 

■69. 

SciSRCES,  que  les  prêtres  s'en  réserraient  le  noono- 

pole.  II,  113.  V,  Sacerdoce. 
SciBirriPiQDss  (explications).  I,  180.   Leur  utilité. 

ia6.  Erreur  des  érudits  qui  nous  ont  donné  ces 


ALPHABÉTIQUE   ET   ANALYTIQUE.  4^7 

explications.  Ih.  Ils  n'en  ont  adopté  qu'une,  à 
Vexclusioadetoutesles  autres.  180-181.  V.  Monde 
primitif,  f'éturie.  On  a  inséré  dans  toutes  les  re- 
ligions un  système  scientifique;  maïs  d'un  sys- 
tème scientifique  on  n'a  point  formé  unerelipon. 
194-195.669  systèmes  n'ont  jamais  d'action  directe 
sur  les  effets  moraux  des  croyances.  igS.V.  Har' 
euie,  Jupiter,  Janon,  Mars,  Fènut,  Allégorie, 
Sjrmbole.  Ne  constituent  point  l'unique  religion 
des  philosophes  et  des  savants.  ao3.  V.  Sacrale, 
Xénophon,  Platon.  Les  explications  scientifiques 
de  la  religion  romaine  n'excluant  point  les  com- 
mémorations historiques.  i83.  Malgrélaconfor- 
mité  de  l'explication  scientifique,  rien  n'est  plus 

.  difFérent  que  les  dieux  grecs  ou  romains,  des 
égyptiens  ou  babyloniens.  197.  Erreur  de  tout 
système'  qui  limite  la  religion  à  une  seule  idée. 
III,  67.  DÎTcrsitë  des  explications  des  prêtres  égyp- 
bens.  83. 

ScTTHBs.  Disaient  qu'ils  descendaient  de  Targytaus 
<pii  avait  eu  trois  fils.  I,  i  $9.  Crevaient  les  yeux  à 
leurs  esclaves.  II,  473.  Culte  des  éléments  chez 
eux.  III,  360.  L'immortalité  le  privil^e  de  ceux 
qui  mouraient  demort  vjolente  ou  qui  périssaient 
■or  les  autels.  fV.  6.  Les  regardaient  comme  des 
messagers  envoyés  aux  dieux.  Ib.  Idée  des  Grecs 
à  ce  égard.  A.  Zamoixis,  selon  Lucien,  devenant 
on  dieu,  après  avoir  été  esclave.  Ib,  Rapportaient 
leur  origine  à  une  vierge  accouchée  par  un  pro- 
dige d'un  enfant  qu'ils  nommaient  Scytha.  a84. 


438  TABLE 

S^DBcus.  Fait  arrêter  Jérémie.  Il,  306^. 

Sblâoo.  V.  Gaulois. 

SéLisi.  DistÎDcte  de  Diane.  II,  399. 

SiHimAH is.  V.  Dercéto. 

âBXÈQaB  le  Philosophe.  A  connu  le  sentim^n 
religieux.  I,  4^-  ^-  ^'^  Mennais,  Cité  par  U 
MenDU^  1^0.  Que  nous  ne  pouvons  accorda 
nue  confiance  eitlière  uses  assertions  sur  les  Etnu 
que»,  à  cause  de  son  attachement  au  stoïcisnit 
IH,  a4o. 

Sbhtihbbt  BBLiGiEux.  I,  x\-xxviii.  S'il  faut  l'étouffef 
il  faut  étouficr  toutes  les  émotions  involontaires 
U  pilié,  Vamunr,  et  renoncer  à  la  liberté.  Ib.  G 
•entimeat  un  des  caractères  de  l'espèce  humaine 
3.  S'identifie  à  nos  besoins,  à  nos  intérêts  el  ' 
nos  passions.  \-^,  Qu'on  peut  se  faire  une  idé 
du  sentiment  religieux ,  indépendamment  de  se 
formes,  37.  Tout  ce  qui,  au  physique,  tient  à  lit 
fini,  au  moral,  au  sacrifice  ,  se  rattache  au  senô 
ment  religieux.  3o.  Contradiction  de  ce  sentimei 
avec  notre  but  apparent  sur  cette  terre.  3i.ToU 
tes  nos  passions  nobles  sont  inexplicables.  3i 
33.  Cette  contradiction  nait-elle  du  souvenir  d'un 
chute,  ou  est-olle  le  germe  d'un  perfectionne 
mentfuturp  33-34.  L*^  sentiment  religieux  la  ré 
pense  aux  besoins  de  lame.  35.  Que  tout  cequ 
tienti  nos  sentiments  intimes  est  vague  etnesaa 
rail  être  défini.  }b.  Que  le  vague  du  sentîmen 
religieux  ne  prononce  rien  contre  la  réalité  de  t' 
qu'il  révèle.  36,  Qu'il  se  proportionne  à  tous  1^' 


S 


.^ 


A.LPHABÉTIQDB   ET    Alt&LTTIQDE.  4^9 

ëuu  de  l'homme.  iy-iS,  Combattu  par  le*  prê- 
tres de  toutes  les  religions.  44-  ^  telre  semble 
devenir  inhabitable,  quand  ce  lentimeat  &«iste 
plus.  5y.  Son  indifférence  pour  les  eérémonîes. 
59-60.  Sa  tolérance.  60.  Son  éloignement.  pour 
toutes  les  obligations  factices.6a.  11  contre-balance 
les  fables  corruptrices ,  tant  qu'il  anime  U  ferme 
religieuse.  68-73.  Son  absence  foroiise  toutes 
les  prétentions  de  la  tyrannie.  88.  Quand  il 
disparaît,  les  peuples  tombent  dans  la  lerritude. 
8g.  11  naît  du  besoin  que  l'homme  éprouve  de  se 
mettre  en  communication  avec  la  nature  qni  l'en- 
toure et  les  forces  inconanes  qni  lui  semblent 
animer  cette  nature,  aao.  V.  Samvgti.  Sëlauce 
vers  la  notion  d'un  Grand  Esprit,  même  du  sein 
du  fétichisme;  aSS.  S'empare  avec  ardeur  de  la 
notion  de  la  spirimalité.  343 ,  i44-  Modifie  la  no- 
tion du  dualisme,  de  manière  k  donner  au  bon 
principe  la  suprématie  sur  le  Tnaovns.  346.  V./*»- 
tichùme.  Travail  du  sentiment  religienx  pour  em- 
bellir lesidoles  du  sauvage.  371.  Qu'jl  fait  entrer 
la  morale  dans  la  religion.  374 , ,  37$ ,  sSa.  V.  j/it- 
Ire  vie.  Développements  qu'il  reçoit  de  l'idée  de 
la  mort.  386.  S'empare  de  l'autre  vie,  pour  y 
placer  la  morale.  391.  V.  lUort.  Et  de  la  métem- 
psycose, pour  en  faire  un  mode  d'épuratton  gra- 
duelfe.  998.  Que  la  différence  de  l'homme  et  des 
animaux,  relativement  â  la  prévoyance  de  l'autre 
vie,  prouve  le  sentiment  r^gieux.  3o3-. 307. 
AciioTi  de  ce  sentiment  sur  les  notions.relatives  à 


3-=«r 


43o  TABLB 

la^moit.  Sby-Zog.  Son  action  sur  YiAée  du  sa- 
crifice.  343-  Qii  il  ne  faut  point  l'accuser  des  eg>' 
rements  qui  résultent  du  rafHriement  sur  le  sacri 
£ce.  354-  Accepta  la   loi  juive  et  s'en   détadu. 


i4.\.LaMer. 


s,P/uiai 


piatotticùas.  Lutte  des  prêtres  contre  le  senttmeoi 
religieux.  47)  48.  Sa  répugnance  pour  le  joi^ 
des  formes.  Sg,  Go.  V.  Formes  religieuses.  Dé- 
fense du  sentiment  religieux  contre  La  Menoaû 
V.Bjrron.  N'a  pu  être  la  principale  cause  de  l'au- 
torité des  prêtres.  II,  r3.  V.  Castes,  Le  senJ 
nment  religieux  devient  nécessairement  étrangei! 
aux  corporations  sacerdotales.  III,  ni.  Tendooctj 
du  sentiment  religieux  vers  le  panthéisme.  37: 
Le  sentiment  religieux  s'empnrant  quelquefois 
des  membres  des  corporations  sacerdotales  ou  deJ 
initiés,  déguise  alors  les  doctrines  les  plus  ir- 
réligieuses, par  des  expressions  enthousiastes. 
m,  43-  l'^s  paroles  enthousiastes  ne  changent' 
rien  au  fond  de  la  doctrine.  4^,  47-  Trarail! 
du  sentiment  religieux  sur  tes  dieux.  D'ahord  il 
les  rdèTe  jusqu'à  lui,  de  là  des  ressemblances. 
Ensuite  il  les  fait  supérieurs  à  lui,  delà  des  dlf-' 
férences.  Siy.  Le  sentiment  religieux  améliore  le 
caractèredes  dieux;  l'intérêt  s'opposeà  cette ann- 
IJorMion.  3^6.  Contradictions  résultant  de  cetli- 
lutte.  337.  Comment  ce  sentiment  s'efforce  <!■■ 
t'âerer  au-dessus  de  la  forme  homérique.  3^.^. 
Que  sans  ces  efforts  l'homme  aurait  peu  gagné 
à  passer  du  fétichisme  au  polythéisme.  lè.  Mais 


\ 


ALPHÀBiriQDB    ET   AirALYTIQUE.  ^3t 

le  MDtiinent  invaille  en  mds  inverse  des  dogmes 
consacrés.  394  >  ^S^-  H  déclare  les  dieus  inTÏsi- 
bles.  395.  Immortels.  I&,  Il  punit  ceux  qui  lèreiit 
le  bras  contre  eux.  SpSi  396.  Il  les  déclare  bien- 
heureux. 396,  igy.  Il  fait  de  l'Olympe  une  de- 
meure éthéré«.  397.  Il  transforme  le  Tariare  en 
un  lieu  de  ch&timents  pour  les  crimes.  398. 
Exemple  de  la  manière  dont  i)  s'écarte  des  tables 
reçues.  Ib.  Il  tire  parti  même  de  la  vénalité  des 
dieux  et  en  bit  un  moyen  de  fraternité  entre  les 
hommes.  399. 11  fait  de  ta  réunion  des  dieux  vi- 
cieux individudiement  un  ensemble  parlait  et  ad- 
mirable, là.  Il  accueille  souvent  des  dogmes  sa- 
cerdotaux sur  des  apparences  trompeuses.  En 
réunissant  les  dieux  ea  un  corps,  il  prépare  le 
théisme.  4<>t.  Il  suppose  l'ambiguité  des  oracles, 
pour  ne  pas  accuser  les  dieux.  Jt,  Éprouve  qud- 
fois  le  besoin  de  rejeter  tout  simulacre.  IV,  16.  Les 
prêtres  s'emparent  de  ce  mouvement,  pour  le 
diriger  à  leur  gré.  Jà,  Aversion  des  habitanu  du 
HolsteÎD  pour  les  simulacres.  It,  Cette  baine  point 
particulière  aux  peuples  du  Nord.  16.  Explica- 
tions données  par  les  prêtres  d'Hiéropolîs  sur  les 
deux  tiAnes  vacants ,  réservés  au  soleil  et  à  la  lune, 
Ib,  Que  les  prêtres  aiment  mieux  briser  le  senti- 
ment religieux  que  de  modifier  une  tradition.  16. 
Il  De  peut  atteindre  le  dieu  suprême  qu'il  a  placé 
trop  haut.  i33.  Est  impuissant  pour  rétablir  entre 
cet  être  et  lui  les  liens  que  sa  soif  de  perlection  a 
brisés.  Jb.  Que  ces  liens  se  reconstituent  d'eux- 


43a  TABLli 

laéuiea  dans  le»  religions  iudépendantes.  Ih.  Mais 
qu'il  n'en  est  pas  de  même  dans  ks  religions  dont 
le  sacerdoce  dispose.  ia4>PouFqnoi./d. Conséquen- 
ces qui  en  résultent,  ti.  Efforts  du  sentiment  reli- 
gieux pour  repousser  le  dogme  du  mauvais  prin- 
cipe. 1 53  .Cherche  à  rendre  au  bon  la  suprématie  qur 
le  dualisme  lui  conteste.  li.  Introduit  dans  le  ca- 
ractère des  dieux  malfaisants  des  modifît^tinns  qui 
mitigent  leurs  mauvais  penchants.  iSy.  Pourquoi 
il  est  indispensable.  5o3.  Qu'il  épure,  au  lieu  de 
contraindre ,  ennoblit  au  lieu  de  punir.  5o5. 
SEauKBS,  tribu  d«  nègres.  I,  5.  Ne  rendant, 
selon  fiobertaon  ,  hommage  à  ancune  dÎTÎ- 
nité.  Jb. 
Seluis  ,  dieu  ég;yptien ,  le  grand  tout.  III,  77. 
SBaHBRT,  garantie  religieuse  des  sociétés.  I,  376. 
Etat  des  peuples  qui  m^^risent  leurs  serments. 
li.  Tribus  fétichistes  qui  croient  pouvoir  se  pai^ 
jurer  impunément,  quand  elles  ont  af^ire  à  des 
étrangers.  Pourquoi.  278. 
Sekpbut.  Pourquoi  il  occupe  une  place  distinguée 
dans  toutes  les  m;ythologies.  I,  a33.  V.  Chine- 
Serpent  d'airain  élevé  par  Moïse,  adoré  par  les 
Hébreux.  aS^.  Son  culte  toléré  par  David,  Josa- 
phat  et  Jonathan.  Ih.  V.  ÉzéchiaSy  Labat.  Fête 
de  Tiagara-Pantcbam^,  dans  l'Inde,  en  l'honneur 
des  serpents.  III,  a3l. 
SEBPEifT  À.  soHHBTTEs  adorépar des-  tribus  sauvages. 

I,  33o. 
SiaosTus,  auteur  de  la  division  en  castes,  suivant 


^ 


ALPHABÉTIQDI   Kt   iBULTTlQVE.  433 

Amtote.  II ,  57 ,  58.  Ses  coni]a£tes  un  objet  de 
scandale  pour  les  prêtres.  166. 
Sbthos  ,  prêtre  égjptien  s'emparant  du  trône  et 
dépouillant  de  ses  biens  la  caste  militaire.' II,  180. 
Sbxxs  (union  des).  I,  a53,  354.  Mystère  attaché  à 
cette  union.  354.  I^*  i9i>  V-  Pudeur,   Migres. 
I«lée  d'impureté  qui  lui  est  associée  dès  l'état  sau- 
nage. 356,  357.  Macérations  que  les  sauvages  in- 
fligent k  eux-mêmes,  à  leurs  femmes  et  à  leurs 
en&nU,  en  punition  de  l'union  des  sexes.  Jt. 
Maris  faisant  pénitence  aux  couches   de   leurs 
femmes.  357.  Continence  prescrite  aux  nouveaux 
mariés,  chex  les  Sauvages,  pendant  un  an.  357, 
aStf.  V.  Giagius,  Caraïbes,  Paraguay,  Guyane, 
Salivas ,   Hottentots ,    Circoncision.    Métaphore* 
cosmogoniques,  empruntées  de  l'union  des  sexes. 
m,  4i  j  54-  E^et  <^  ces  méuphores  pour  don- 
ner aux  systèmes  lea-  plus   opposés  une  fausse 
similitude.  Ib.  Emploi  de  ces  métaphores  indit- 
féremment,  dans  le  théisme,  le  panthéisme  et 
l'athéisme.  Ib.  4a*  Obscénités  des  cosmogonies 
par  l'eflet  des  symboles  empruntés  de  l'union 
des  sexes.  85.  Que  l'union  des  sexes  doit  attirer 
toute  l'attention  de  l'homme,  aussitôt  qu'il  ré- 
fléchit sur  lui-même.  IV,  190.  Tout  ce  qui  s'y  rap- 
porter en  igma  tique  ^I  inexplicable.  Ib.  Polythéisme 
sacerdotal  s'appuyant  sur  la  pudeur,pour  comman- 
der k  l'homme  le  renoncement  aux  plaisirs  des 
sens.348.Que  le  polythéismeindépendanta  parfois 
sanctionné  ces  injonctions  rigoureuses.  Ib,  Prê< 

y.  a» 


( 


43a 

mêmes  d 
qu  il  n  ei 
lesacerd 
ces  qui  « 
gieux  p< 
cipe.i53 
le  dualia 
raetère  < 
niitigen 
il  est  in 
coDtrai 

SifiBAIRSS 

selon 
nité.  J 

Sbrapis  . 

Sbrub^i 
État 
Ib.T 
jurei 
étrai 

SjBAPE! 

daD 
Sei 
He 
pb 
df 
d/ 
Ssv 

ï 


DoBe.  it  hmfe  et  de 
a  B^  oitinence 
».  *>v  b  yta  ac/ou- 
seules 
à  une 
.  Ti.  EioÀt  a  ce  sujet, 
a^  y  %^4^  L*  pc^yjirtaae  mam^  sévère, 
^49.  Doom:»  sectes  ^'fsiiis le  mariage 
neA  pa*  ftrmx^  ma.  pmni  i  li&action  à 
œtie  k:M  pcB««  6e  m^r.  i  Saftalbibet.  /3. 
Japonais,  é^zàt  îean  pàffliajB.ài}s  de  s  abs- 
•enir  des  pLusàcs  àr  rjBcv.niiec  leurs 
épouses  yt:piim&,  r>x  Can«ie  favenir 
attachée  à  la  ctiastew,  fi.  Jasis  péruvien. 

ne»  ▼ooees  à  h  nrjuiic.  4  utart  terribles 
J"  les  attendaient,  si  A^ibsvœux 

^^  de  aa  **  ^  nitHwe*iï(%)rava- 

^*eiH>^  ^*ï^  ^^'-  EipiioMteme  con- 

«**^ic^^*^      ^^'^'^^s<p:iV«.  sra&eDce  qui 

"^"^  y^  J^^^^^^  Vorfcc.ïim.  Rai. 

*.»s*ûy^iw.  fia»  Ifeo  \ 


ï 


■IfilBKlâ   iLPHABÉTlQDE    BT    AHALTTIQUE.  43£ 

MtflfiçJM  ng  (Verbe  de  Dieu),ila  refusé  d'adorer  le 
Mijmkfig  neSaii^khaiig(imitateurdeDieuou prêtre). 
i.pttl^p^  ammonacodoin  lui-même  puni  pour  avoir 
irihiiAi^  un  Talapoin.  107.  Le  Rama-Kien  des  Sia> 
lindi^df  araît  n'être  qu'une  traduction  duRamayan. 
'■»4fc   '9- 

imfamm  .1^  honles  <lt:  la)  semblent  distinguer  Dieu 
■â6,à}À  n^tiére.  i,  344-  Pensent  sur  La  mort  comme 
liM^  ^es.  aSj.  V.  IVègns,  Mort.  Croient,  quand 
■.«■^  at  inaljileï,  que  le  feu  qu'ils  adorent  est  en 
ltfM|i     e.  249.  ^-'o- 

bmÔ  ■  Description  des  trois  premiers  de  notre 
i.iaj      i,  5o  à  57. 

T.Q.        ,  ne  d'une  vierge.  H  ,  4a4-  Comment  modifié 
k,  It       >  la  mythologie  populaire  de  la  Grèce.  Jb. 
H^        LCKB.  Le  sentiment  religieux   est  disposé   à 
0  {  ter    tout    simulacre.    IV,    16.    Comment  les 

1^  très  tâchent  <le  profiter  de  cet  effort  du  sen- 

■  lent  religieux.  16,  ty.  U  n'y  a  attendant  au- 

■  'n  exempte  d'un  peuple  qui  n'ait  jamais  eu  de 
f        '  Qulacre.   /^.  Krreurs  de  plusieurs  écrivains  à 

I  égard.    li.   Opinion   des  Cingalèses  sur  les 
mulacres  de  leurs  dieux.  17. 
ans.  V.  Grecs. 
gf  mu  puni  puur  être  sorti  des  enfers,  sous  le  pré- 
g,^  este  de  se  faire  enterrer,  et  ne  voulant  plus  y 
^,='«ntrer.  111,  38;. 

^  ^^fBS.  Adoraient  les  fieuves.  III,  161. 
.,.  tM-k,  rhythine  indien.  Fable graàeuse  à  ce  sujet. 

;^*^|h,i64. 


Shsbdis.  V.  Mages. 

SocHATE.  1 ,  4^-  Consultant  la  Pythie.  ao3.  V.  Iro- 
quois ,  Grand  Esprit ,  La  Mennaù.  S>  mort 
est  une  preuve  de  l'influence,  nuis  non  de  l'au- 
torité légale  du  sacerdoce.  II,  3o4. 

SocRATE.  Histoire  ecclésiastique.  I,  6i. 

Soleil.  L'adoration  des  sauvages  pour  le  soleil  est 
dilferente  de  l'astrolitrie.  I,  aaS,  329.  Secte  in- 
dienne qui  ne  reconnaît  d'autre  dieu  que  le  so- 
leil. 11,41. 

SoMMONACODOH,  dieu  suprême  des  Siamois.  106, 
107,  V.  •Sùun. 

Sophocle.  Comment  cité  par  La  Mennais.  I,  170. 
Fait  parler  Tirésiaa  tout  autrement  qu'Homère 
lie  l'élit  parler  Calchas.  II,  3oi.  Appelle  la  tore 
la  plus  grande  des  déesses.  Il,  3o8.  Choisit  de 
pri^t'ereoce  dans  ses  tragédies,  tout  ce  qui  peut 
faire  honneur  aux  Athéniens.  IV,  4i€.  Consacre 
une  (le  ses  tragédies  entière  à  célélwer  les  louan- 
ges de  Thésée,  le  héros  favori  d'Athènes.  I&.  Ce 
qu'on  éprouve  en  passant  d'Eschyle  à  lui.  ^y&. 
Est  le  poète  le  plus  religieux  de  l'antiquité.  Ib. 
A  toute  la  grâce  de  l'Inde,  avec  la  pureté  Je 
goût  de  la  Grèce.  Ib.  Impression  que  l'on  reçoit, 
en  lisant  son  C£dîpe  k  Colone.  Ib.  Ses  efforts 
pour  adoucir  les  traditions  injurieuses  aux  dieux. 
4a6,  427.  Ce  qu'est  le  chœur  dans  ses  tragédies. 
4^7.  Sa  moralité.  4^7)  4^8.  Semble  quelquefois 
rétrograder  vers  des  opinions  moins  épurées. 
^■i^.  Mais  cette  marche  rétrograde  s'appliquani 
plutôt  aux   rites   qu'aux  maximes    !h.  Preuves. 


AIJ>HABÉTIQIIB   HT    AHALTTIQUE.  ^à-j 

4a8 1  439-  t'CÇon  morale  donnée  aux  Grecs  par 
Ulys«e,  dans  l'Ajax.  43o.  DifFérence  de  Is  pein- 
ture des  furies  dans  Eschyle  et  dans  Sophocle. 
43a,  43i>  Set  notions  sur  la  justice  des  dieux 
beaucoup  plus  pures  que  celles  du  premier.  4^i- 
Preuves.  43 1  et  suiv.  Eschyle,  l'Ancien  Testament 
du  polythéisme ,  Sophbcle  en  enTËvangile.  453. 
Leurs  moyens  diffifa^nts,  lors  même  que  leur 
but  est  le  même.  433.  Sophocle,  l'interprète  tou- 
jours fidèle  de  son  siècle.  Ib,  Sa  carrière  digne 
en  tout  de  son  talent.  433 ,  434-  ^1  repourae  les 
invitations  des  rois  barbares.  434-  Son  heureuse 
vieillesse.  Ib.  Ingratitude  de  ses  enfiaots.  ïb.  Les 
dieux  lai  épargnent  le  spectacle  de  la' décadence 
de  sa  patrie.  4^4 1  43S.  Change  quelquefois  U: 
caractère  des  andens  héros  pour  les  aniélîorer.4S  5 . 

SoaBORRB  (la).  Sa  censure  de  l'ËDiile.  Q^'Jlfig. 
Contradictions  qui  s'y  trouvent.  Ib. 

SoltcisBS.  V.  Magie. 

SoDCÀT,  philosophe  athée,  vivait  à  Kiïof,  dans  la 
province  de  Béhac ,  environ  deux  mille  ans  «vont 
J.  C.UU,  59.  JVe  crojtfiît  qu'aux  cfaMes  visibles. 
Ib.  Éèrivit  contre' la  religion,  mais  n'en  menaçait 
pas  moins  ses  adversaires  des  peines  à  venir.  Ib. 

SociLLDBXs.  Climats  et  professions  qui  en  suggèrent 
l'idée.  II,  63-65.  V.  C^r«f. 

SocBTA - SmoHARTÂ    (le).   Le  plus  ancien    traité 
d'astronomie  des  Indiens ,  est  considéré  comme 
une  réfélàtion.  fil,  i3i. 
SozoMBffE.  Histoire  ecclésiastique.  I,  61. 


438  TABLE  ^ 

Sraim  (  description  du  ).  III ,  86. 

Spikosa.  I,  131.  Tt^and  lui  doit  tout  son  mé- 
rite. Ib. 

SpiRiTDALiTé ,  diez  les  aauTages.  1,  a4'-  Manière 
doDt  ils  conçoivent  la  spiritualité.  Ib.  L'air  leur 
en  suggère  l'idée  matérielle.  a43-  Cette  idée  se 
fortifie  de  la  lutte  que  l'homme  remarque  en  lui- 
même.  n^Z,  V.  Iroquoir,  Sentiment  nligieiuc. 

Stabrtks.  Ntim  que  les  Ostiaques  donnent  i  leurs 
fétiches.  \y  337. 

SriaitiTi.  V.  Futilité. 

Sos  (insulaires  de  la  mer  du).  V.  Insensés. 

Suicide.  Toutes  les  religions  sacerdotales  le  con- 
damnent; V,  y4'  Pourquoi.  y5.  Est  souTent  un 
crime,  presque  toujours  une  faihlesse,  mais  quel- 
quefoia  une  vertu.  ^5.  Est  condamné  dans  les 
mystères.  76,  Ce  qu'on  pense  des  suicides  dans 
la  religion  lamaique.  Ib.  Les  Botnains  y  TOTaient 
plutôt  un  signe  de  force  et  de  magitanimilé, 
qu'un  crime.  Ib.  Preuves.  Ib, 

SoFBitsTiTioNs  délirantes  et  féroces ,  lors  de  la  chute 
du  polythéisme.  I,  So^Si,  5a,  53.  V.  Jai^nel, 
Tibulle,  César,  Claude,  Plutargue.  Ne  disaient 
pas  partie  de  la  religion  publique,  mais  Tenaient 
pour  la  remplacer.  I,  96.  Les  marins,  plus  su- 
perstitieux que  les  autres  hommes.  II,  349* 

Stbtua  (  la  déesse  ).  Vache  que  le  coitquérant  Reg- 
ner-Lodbrog  menait  avec  lui  dans  toutes  set 
batailles,  et  dont  les  mugissements  foitçaïent  les 
ennemis  à  se  percer  de  leurs  propres  glarvei.  IH, 


AU>BABiTrQUB    BT   ANALYTIQUE.  4^9 

360,  a6i.  Son  nom  rappelle  celk  <]ui,  aui  Indes, 
mit  les  guerrien  de  Wiswamitra  en  fuite.  V, 
lai. 

Strs.    Secte  indienne.  Son   chef  une  incaniatioD 
dans  le  dix-huitième  siècle.  III,  3ii,  312. 

Stli^.  I ,  z1.IT. 

Stmboi.es.  V.  allégories. 

Stkibns.  Adoraient  le  soleil  et  la  lune  sous  les  noms 
d'Aglibolos  et  d«  Malachbul.  II ,  58.  Orgies  et  mu- 
tilations du  sacerdoce  de  Syrie.  Ib.  Leur  œuf  cos- 
mogonique.  III,  a3g,  ^^o.  Que  tous  les  systèmes 
se  trouvent  dans  leur  religion ,  comme  dans  cellâs 
de  l'Egypte  et  de  l'Inde.  Ib. 
Ststhhb  db  là  Naterz.  I,  II. 


Tabou,  mot  qui  désigne  à  Nuka-hiva  les  personne* 
et  les  choses  inviolables.  I,  38a.  V.  Nuka-kivB. 

TiciTB.  1,  xuii.  Croît  aux  oracles.  184.  Avait 
des  notions  plus  exactes  que  César,  sur  l'intérieur 
de  la  Germanie.  II,  49-  V.  Germains. 

TutiLBs.  V.  Samojrtdes. 

Tagbs.  Ce  que  contenaient  ses  livres.  III,  16,  17. 
Ils  renfermaient  entre  autres  une  doctrine  de 
théisme.  a4i. 

Tki-Kié.  La  matière  première  dans  le  panthéisme 

chinois.  111,-36. 
TtKiF  (la  tribu  arabe  de)  adorait  la  lune.  II,  5o. 


1^ 


Mahomet  détruit  son  «imulacre.  It.  Delà  peut- 
être  l'origine  du  croissant  chez  les  Turcs.  Ib. 

Taliésik,  barde  gallois.  lU,  46t.  Sa  naissance.  Ib. 
Son  nom ,  un  nom  générique,  comme  celui  d'Ho- 
mère. Ilr. 

TANTA.LB.  m,  387.  Traditions  divenes  sur  son 
crime,  //'. 

Tâo,  essence  triple  et  inefl^le,  orée  le  ciri  et  b 
terre,  en  se  divisant  en  trois  personne»,  etc.  U, 
a6i. 

Taoti-Huacom  (les  pyramides  de),  au  Mexiipie, 
étaient  consacrées  au  soleil  et  à  la  lune.  II,  4^- 

Tabsitaos,  V.  Scythes. 

Tarqcins.  Une  des  explications  de  la  fuite  du  roi 
des  sacrifices,  la  commémoration  de  leur  expul- 
sion. I,  i83,  t84>  V,  Explications  scientifiques. 

Tartahe,  prison  d'état  pour  les  rivaux  et  les  en- 
nemis personnels  des  dieux,  III,  385. 

Tartahib.  I,  aSa.  Tarures  appellent  leuw  prêtres 
Schammans.  33o.  V.  Léi^ue. 

Tatahs.  V.  Tèlèoutes.  Attm. 

TADRCAti  (sacrifice  du),  à  Athèbes.  U,  4So,  45 1- 

Tacrobole.  I,  Si.  Remplace  les  pratiques  ordinaires 
qui  ne  snfBsent  plus  à  la  superstition  devenue 
barbare.  îb. 

Ta-Vang  (l'empereur).  II,  a63.  Femmes  étranglées 
à  ses  funérailles.  îb, 

TcHiEN-Lo\G.  Se  proclamantBuddhaiDcarne.il  ,375. 

TcHi-VEOD,  suivant  le  Chouking.  Sa  figure;  était  le 

chef  des  mauvais  génies.  Il,  16a.  "V.  Chinnan^. 


ALPHABÉTIQUE    BT   ÀHALTTIQUE.  44' 

TSCBITATÈS.  V.  Égjrpt*. 

Tblckiitbs.  Leur  adoration  de  la  terre  et  du  cîd ,  et 
letin  sacrifices  buiDBÎiis.  Il,  3o$,  376. 

TiLBODTBSi  Habille*!  leurs  fétiches  comme  des  of- 
ficiera de  dragons.  1 ,  373 ,  3^3. 

TiMPOHBL  (  latie  du  pouvoir  temfforel  contre  le  pou- 
voir Sfûrituel).  Roi  des  Patagons  bisatit  -massa- 
crer tous  les  prêtres.  I,  3391  y .  Rajamakall.  Cette 
lutte  proure  qae  le  pouvoir  temporel  ne  peut  être 
regardé  conme  ta  cause  de  l'accroissement  de 
l'autorité  des  prêtres.  Il,  14,  174?  17^-  Exemple 
de  cette  lutte  aux  Indes.  176-179.  En  Egypte, 
178-181.  Eu  Ethiopie.  181.  En  Etrurie.  Ib.  En 
Scandinavie.  ï8i,  182.  En  Perse.  183-197.  Ma- 
nière dont  le  pouvoir  temporel  se  forme,  même 
là  où  le  sacerdoce  règne  d'abord  seul,-  par  la:  dé- 
légation du  pouvoir  administratif  et  militaire, 
175,  176,  V.  Cuiteries.  La  lutte  des  guerriAs 
contre  Ws  prêtres  aux  Indes,  forme  un  épisode 
du  Mafaabarat.  7^.'  Beinoii  Vena  chaSsb  les  bra- 
nwne» ,  est  maudit  et  wé  par  eux.  1 77.  V.  Egypte. 
Triomphe  de  l'autorité  spiritnelle  inévitable,  dès 
qu'on  admet  que  le  sacerdoce  a  une  mission  ex- 
closlve  et  spéciale.  Il ,  aSa.  Qu'on  ne  peut  résis- 
ter aux  usurpations  du  sacerdoce,  qu'en  hissant 
1*  religion  padaitemènt  libre  et  individuelle.  Ib. 
>S3,  354-  Absurdité  des  rois  qui  veulent  que 
les  peuples  soient  soumis  aux  prêtres,  en  tout 
«qui  les  concerne,  et  f eur  résistent,  quand  il 
*  agit  du  pouvoir  temporel.  aSâ;  Que  l'opinion 


^1 


il 


44a  TABLE 

et  le  sentiment  ont  toujours  été  pour  les  préttvfr 
quand  te  pouvoir  les  a  attaqués.  nSy,  Que  la  sou- 
tiiissioii  au  pouvoir  spirituel  vaut  encore  mieux 
<jue  le  (lespolisme ,  parce  qu'il  y  a  au  noîas  con- 
viction, lù.  Combien  Henri  IV  empereur,  ou 
Louis-lcDeboDuaire,  tourmentés  par  le  sacer- 
lioce,  nous  paraissent  peu  întéressants.sSS.V.C^ 
noîs.  Que  l'axiome,  qu'il  vaut  mieux  pnjreiiir 
les  crimes  que  de  les  punir ,  est  une  source  in- 
tarissnble  de  vexations,  quand  l'autorité  tempo- 
i-elle  veut  régler  son  intervention  d'après  cet 
axioni<\  IV,  5o5. 
Tërtullied.  Ne  veut  point  de  sacerdoce.  I,  $9.  Ni 

d'alistinences  arbitraires.  63-67. 
Teutatès.  Victimes  humaines  que  les  Gsnloîs  lui  s>- 

crifiaient.  I,  70. 
TuiL£s.  Gîté  par  La  Mennais.  I,  170. 
Thêdiiïdb.  I,  a53. 

Thki  sme.  Son  germe  dans  le  Grand  Esprit,  oulemani- 
ton  iieisa.uvti§e$.\f  Gmmt Esprit,  Manitoit,Sauva- 
ges.  ]S'u  jamais  étédans  sa  pureté  la  religion  des  sau- 
vages. I,3io.  Erreur  des  théologiensqui  le  leur  ont 
;itii'ibué.  3io,  3i  I.  Que  tous  les  témoignages  de 
l'hiïUiire  repoussent  cette  hyportièse.  3ii.  Fai- 
blesse de^  raisonnements  à  l'aide  desquels  on  a 
voulu  la  dé^mdre.  3i  1 ,  3i9.  Arguments  contrai- 
res à  la  priorité  du  théisme.  3i5.  Que  ces  aigu- 
iiicnts  ne  vont  pcûot  jusqu'à  exclure  tonte  idée 
lie  ilunsme  des  notions  du  sauvage.  3i6.  Ten- 
biirc  des  Sauvages  au  théisme:  pécheurs ade- 


^ 


ALPUABÉTIQUE    £T    ANALYTIQUE.  44^ 

rant  en  commun  le  dieu  de  la  p^he,  chasseurs 
celui  de  la  chasse.  275.  V.  Afa//«f.  Table  indienae 
qui  se  rapporte  au  culte  des  éléments  et  aboutît 
au  théisme.  Il,  4i  I^  thâsme  te  divise  en  deux 
catégories  :  le  théisme  immuable  et  sans  provi- 
dence particulière,  et  le  théisme  à  providence 
particulière.  IH ,  36,  La  première  espèce  de  théisme 
s'accorde  avec  la  partie  scientifique  de  la  doctrine 
des  prêtres.  37.  Le  théisme  se  combine  aivec  l'é- 
manation ,  par  l'hypothèse  des  créatures  éma- 
nées de  Dieu  et  remontant  vers  leur  source,  grâce 
à  des  épurations  successives.  38.  C'est  le  théisme 
^piien.  Ib.  Le  théisme  se  trouve  dans  presque 
tous  les  livres  sacrés  de  l'Inde,  t38.  Combiné 
dans  les  lois  de  Meirou  avec  une  fatalité  absolue. 
iSg.  Théisme  en  Egypte,  Discours  d'Hermèrt'ris- 
mégiSte  tout  théistique.  77,  78,  Fable  proclamant 
le  théisme  dans  le  Bagavadam.  i4o.  Autraikhle: 
DéS  de  Wichnou  et  de  Brama.  Ruse  de  c«1um:î. 
Il  est  privé  de  ton  culte ,  en  punition  de  sa  fraude, 
et  la  foble  se  termine  pat  une  professioa  de 
théisme,  i4o.  Le  théisme  ne  constitue  pas  à  lui 
seul  toute  la  doctrine  bramaniqae,  14S,  I^es  ré- 
cits mentes  interprétés  métaphysiquement  en  fe- 
*enr  du  théisme,  de  même  que  les  cérémonies 
symboliques,  accréditent  U  po^bëisme  dans  l'es- 
pritdu  peuple.  146,  t47- Les  théistes  indiens  ado- 
rent toujours  plus  d'une,  divinité,  et  chacun  au 
moins,  la  femme  da  dieu  unique.  i47-  Le  théisme 
est  enseigné  comme  tm  mystère  dans  l'Ouppana- 


yana.   149.  Ilestauaaireprésentë  cunoieunelie-  ' 

résie.  i5o.  Théisme  chez  les  Chaldéens.  a38.  In-  1 

conséquence  de  Hyde,  comme  homme  religieux,  ' 

dans  ses  efl'onts  pour  attribuer  aux  Perses  un  , 

.   théisme  pur,  3S3 ,  a54-  Berger  sur  la  priorité  du  | 

théisme.  a54>  1 

Thbhis.  V.  Anna  Perenna.  \ 

Tbsocrâtib.  Place  ses  dieux  en  hostilité  avec  tous  , 

les  autres.  I,  a6S.  École  théocratique  qui  voudrait  1 

.    s'introduire  «n  France.  III ,  a3a. 

TaiocoHiss.  Ce   qu'elles  étaient  chez   les  Pênes.  I 

Thbsês.  V.  Costa,  Mhènes,   Sophocle.  Tableau  du   ' 
combat  de  Marathon  dans  lequel  Pofygnote  le  bit 

.   VÊtvaXitx  à  oette  bataille:.  IV,  416. 

TnoA,  dieu  des  Seandinares,  présidait  aux  exploits 
guerriers.    V,  lat.  1 

TilOT,~antre  nran  pour  Hermès.  II,  laa.  Aussi  gé- 
nérique. Ib,  Signifie  assemblée  de  sages  et  de  sa- 
vants,  ordre  sacerdotaL  îh.  V.Hemùt,  SÊeram 
.égyptien.  En'  E^pte,  à  la  fois  le  premier  mois 
«tTiofeUigenoe.  lU,  67,  68; 

TbucSs.  y.  Sacerdoce.  Culte  harfaiare  de  la  Thrsce. 
:  Ilf  3Ei5.  V.  Colonies.  Le  sacerdoee  thràce  plus 
puissant  que  celui  d'Egypte.  356.  Colonies  saoer- 

■   Nobles  de  Thrace  venues  en  Grèce.  Ib.  Lune  de 

-.  l'esprit  grec  centre  les  importations  de  cet  co- 

:  lonies.  Ib.  Combien  les  colonies  thraces  odieuses 
Btjx  chefs  des  tribus  grecques.  358.  Colonies  de 
prêtres  thraces  qui  se  fixent  à  Delphes.  369.  L'i- 


S 


ALPHABÉTIQUE   ET    ANALYTIQUE.  44^ 

gnorance  des  Thraces  ne  doit  pas  être  alléguée 
contre  la  doctrine  scientifique  et  secrète  de  leurs 
prêtres.  III^  i5. 

Thucydide  ,  historien  grec ,  indifférent  aux  Opi- 
nions religieuses.  IV,  4o5.  ♦ 

Thusaab,  pierrje noire  et  carrée,  etc.,  idole  des  Ara- 
bes. Il,  5i.  V.  Arabes. 

Tibet  (Gellongs  ou  prêtres  du).  Égaux  aux  rois. 

II,  98. 

TiBULLE.  Sur  les  superstitions  romaines.  I,  53. 
TiLLOTsoif.  I,  119.  A  lesprit  dominateur  de  Bossuet, 
sans  avoir  son  génie.  Ib. 

TlMOLBOH.  I,  i34. 

TniDALL.  ly  I2II.  Incrédule  angliûs  Jb. 

TiPHA.  V.  Cueis. 

TnisiAs.  V.  Sophocle. 

TiTAiTE.  On  y  adorait  les  vents.  II,  809. 

Titahs.  I,  ipS.  V.  Explications  scientifiques.  Profes- 
saient le  culte  des  éléments  et  ile&  astres.  II,  3i5. 
Jupiter  adorant  les  dieux  des  Titans.  Ib,  Les  Ti- 
tans chassés  de  Grèce ,  victoire  des  guerriers  sur 
les  prêtres.  Ib. 

ToLARD.  I,  I ai.  Doit  tout  son  génie  àSpinosa.  Ib. 

ToLBBANCB.  V.  Inde ^  Clùnat.  Ce  quelle  était  chez 
les  Grecs  et  chez  les  Romains.  Y.  184  et  suiv.  Lois 
de  Triptolème  et  de  Dracon  qui  jui  étaient  con- 
traires. 76.  Reproche  que  Julien  fait  aux  chrétiens. 
i85.  Intolérance  de  Platon.  1 85.  Lois  des  Douze 
Tables  qui  défendaient  aux  Romains  d  adorer  des 
dieux  étrangers^  Ib.  Les  nouveaux  platoniciens  les 


/|46  TABLE 

premiers  qui  aient  adopté  les  prinàpes  de  h  vé- 
ritable tolérance.  186.  Pourquoi.  Ib. 
ToDGOnsBs.  Adoraient  les  renards  et  les  nbelioes. 

ToKQDiN  (fétichisme  au).  1,  aSy. 

'FoPiTZQDi ,  prêtres  du  Mexique.  U ,  4^-  Étaient  au 
nombre  de  six  mille  dans  un  seul  temple  de  la 
capitale.  Ib.  On  en  comptait  quatre  millions  dans 
nut  l'empire.  Ib.  Avaient  à  leur  lêle  deux  grands- 
prdtres.  Ib, 

ToouUN.  1,  lai.  Incrédule  anglais.  Ib. 

TaADiTions  (analogie  des)  de  presque  tous  les  peu- 
ples sur  leur  origine.  I,  159.  V.  St^tket,  Ger- 
mains ^  Targitcm*  i  Mamui ,  TaittonyPtJypkeme, 
Saturne,  Briarée^  Noé. 

TKI.C1Q11BS  GKscs.  Comment  ils  modifiaient  les 
dogmes  de  la  religion.  111 ,  3o3 ,  3o3.  Que  chei 
eux  la  même  progression  se  fait  remarquer  que 
dans  Homère ,  Hésiode,  Pindare,  Hérodote  et 
Kéuophon.  IV,  410.  La  tragédie  d'abord  une  com- 
position religieuse  en  Grèce  comme  aux  Indes.  li- 
Les  premiers  essais  des  Grecs  en  ce  genre,  em- 
preints de  l'esprit  sacerdotal,  ^ii,  ^n.  Cet  al- 
liage bientôt  repoussé.  412-  Presque  tous  les  su- 
jets tirés  de  la  mytbologie.  Ib.  Allusions  fréquentes 
que  les  tragiques  font  aux  mystères.  Ib.  En  épu- 
rent la  partie  morale.  Ib.  Baison  pour  laquelle 
nous  ne  pouvons  entrer  dans  de  grandes  recher- 
ches au  sujet  de  leurs  emprunts.  4i3.  Pourquoi  il 
doit  y  avoir  plus  de  contradictions  sur  le  carac- 


khPBABÈtîQaE   ET    ANALYTIQUE.  44? 

tère  des  dieux  dans  la  tragédie  que  dans  1  épopée. 
414»  4iS*  ^^  earactère  des  dieux,  pratique  dans 
l'épopée  et  de  théorie  dans  les  tragiques.  4<S* 
Autre  circonstance  qui  rend  le  témoignage  des 
tragiques  plus  ou  moins  suspect ,  leurs  allusions 
fréquentes  aux  affaires  du  temps.  4^3.  Exemples. 
iiSy  4^6.  Y.  Eschyle^  Sophçcle.  Fait  qui  montre 
combien  ils  défiguraient  Thistoire  pour  plaire  à 
la  foule.  4i6.  Leurs  injures  contre  Ménélas,  un 
eifet  de  la  haine  des  Athéniens  contre  Sparte.  Ib. 

Travail  (que  la  nécessité  du)  modifie  le  pouvoir 
des  prêtres.  II,  i3o.  Sa  nécessité  en  Egypte.  i58. 
Les  travaux  nécessaires  entraînent  les  travaux 
inutiles.  160.  L'oppression  sacerdotale  justifiée 
par  la  nécessité  du  travail.  Ib.  Donne  à  la  reli- 
gion égyptienne  un  caractère  plus  sombre  que 
celui  de  la  religion  indienne.  161.  Substitue  ré- 
change à  la  conquête.  lY,  347» 

Tbimourti  indunnb.  N*a  rien  changé  à  l'arithméti- 
que. 1 ,  70.  Les  trois  dieux  réunis  en  un  seul  coi*ps, 
enfantés  par  Adysakty.  III,  174.  La  déesse  blan- 
che,  enfantée  par  les  trois  dieux,  et  les  enfantant 
à  son  tomr,  une  des  formes  de  la  Trimourti. 
176. 

Tbinité  ,  chez  les  Chinois.  II,  a6i.  Le  Jupiter 
Triophtalmos ,  à  trois  yeux,  peut-être  une  trace 
de  la  trinité,  mais  sans  que  les  Grecs  y  attachas- 
sent cette  idée.  lit,  3 1 8.  Cette  idée ,  selon  Gœrres , 
prend  une  de  ses  origines  du  bon  et  du  mauvais 
prlnelipe ,  et  d*un  dieu  médiateur.  lY,  171.  Formes 


448  TABLE 

Tariées  sous  lesquelles  cette  notion  se  M 
cliez  les  Indiens.  Ib.  Leur  dieu  inconnu,  i; 
ïrimoiirli  se  composanl  Je  dieu,  de  Ui 
du  monde,  ib.  Idées  semblables  cbez  l« 
17a,  173.  Mitliras  absorbaniOromaie  et  A 
173.  Trinité  en  Phénicie,  la  lumière,  le 
aamme.  le.  En  Egypte,  l'intelligenre,  1( 
et  l'image  du  monde,  Amoun ,  Phtbas  e 
Ib.  Quelquefois  la  terre,  l'eau  et  le  feu. 
pied  des  Cliinois.  Ib.  Au  Tibet  la  irini 
métaphysique.  Ib.  Dieux  triples  se  réuni 
un  seul.  174.  Fo,  en  Chine,  absorbe  K 
Ouei.  M.  Pradjapati,  l'unité  chez  les  ini 
La  loi  de  Moïse  n'offrant  aucune  trace  d 
i"5.  Cette  idée  s'introduîsanl  plus  Urd 
Hébreux,  par  leur  démonologie.  Ib.  Qu« 
théisme  grec  ne  connaît  aucune  de  ce 
tés.  Ib. 
TRisxîfKor,  transformé  en  paria,  par  Vi 

d'un  brame.  II,  106. 
TbivicbaMA.  III,    i6o,    161.  Histoire   qui 

cerne.  Ib. 
Tboglodttes.  Pourquoi  ils  adorent  les  t 

233. 
Thovens.  Avaient  la  même  religion  que  le, 
11,  377.  Jetaient  des  chevaux  vivants  ài 
vières.  Ib. 
TscnÉBKMissES,  entourent  les  tombeaux, 
les  morts  n'en  puissent  sortir.  I,  3oa. 
iluence  des  jongleurs  cli«  eux.  358.  V. 


1 


'TX 


▲LPHA.BÉT1Q0E    ET    AtCALTTIQUE.  449 

TinsTON.  V.  Germains. 

TuEcs.  Leuf  aversion  pour  la  promenade.  1 ,  1 1 3. 
V.  Castes. 

Ttndâridbs.  V.  Cabires. 

Typhon.  Symbole  tantôt  de  Texpulsiou  des  rois  ber- 
gers, tantôt  du  dessèchement  de  la  basse  Egypte. 
I,  1821.  S'élance  du  sein  maternel  en  le  déchirant, 
m,  85.  A  pour  femme  Nephthys.  Ib. 

TTESPULUESy  prophètes  des  Scandinaves.  Y,  i3i. 


U. 


UpaASCHif ODAD.  y.  Perses. 

Ultssb.  Descend  aux  enfers  pour  savoir  l'avenir.  I, 

341. 

Uhanib.  y.  Astarté^  BaaL 

Uraicus.  I,  196.  y.  Explications  scieat^ues.  L'his- 
toire de  sa  mutilation ,  sans  effet  sur  la  religion 
populaire.  196,  197. 

UmiB.  y.  Joachim. 

Utilité.  Le  besoin  d'utilité,  le  vice  inhérent  à  l'es- 
prit français.  I,  ii4. 


V. 


Vaiaalul,  rOlympe  des  dieux  Scandinaves.  II,  14^* 

y.  Sacerdoce^  Scandinaves. 
Valmhli,  auteur  du  Ramayan.  y.  Vyasa. 
Varron.  Sa  physique  sacrée.  III,  16. 


l 


45o  TABLB 

Vaudou, .ne  demandant  qui  exercer  patublement 
leur  culte.  II,  aSp. 

Vbdbs.  I,  xvu,  ia3.  La  lecture  n*en  était  permue 
qu'aux  brames.  II,  ii8.  Tout  autre  puai  par  le 
supplice  de  l'huile  bouillante.  I^.  V.  Mercun 
igypUen.  Livres  sacrés  dçs  Indiens ,  pareils  i  tous 
les  livres  aacrii*  des  nations  sacerdotales.  III,  17. 
Les  Vèdes  originaux  perdus.,  de  l'aveu  des  brames. 
^.  Combien  de  fois  refondus.  Ib.  Récit  des 
brames  sur  la  transmission  des  Vèdes.  Ib.  Leur 
doctrine  sur  les  trois  mondes.  i5a.  Les  Vèdes  or- 
donnaient les  sacrifices  humains,  repoussés  pos- 
térieurement par  les  peuples  de  l'Inde.  108. 
V.  Cuhe  des  éléments.  Récit  de  Narada  sur  la  diri- 
nité  des  Vèdes.  laS.  Admiration  que  professent 
pour  les  Vèdes  des  hommes  qui  voudraient  se 
servir  de  l'Évangile  comme  les  brames  se  servent 
des  Vèdes.  III,  a3i. 

Vente iLOQCKs.  Peut-être  y  en  a-t-îl  parmi  les  jon- 
gleurs. I,  33i. 

VÉifos.  V.  Mars.  Est  quelquefois  appelée  l'une  des 
Parques,  combinaison  du  pouvoir  destructeur  et 
créateur.  II,  407.  Séparation  de  la  Vénus  grecque 
et  de  la  Vénus  syrienne.  43d.  Les  cérémonies  de 
ces  deux  déesses,  différentes,  suivant  Pausanias. 
Ibid. 

\ititiE.   Qu'il  n'y   a  point   de  vérité  absolue.  I, 

74,  75. 

Vétdeie.  Son  ambassade  près  de  Coriolan  ^.1  lUK 
des  significations  de  la  fortune  des  femmes.  1, 1S4. 


> 


ALPHABÉTIQUE   ET    AKALTTIQUE.  '4^1 

ViAfcA-Mt«rt.,V*  Anna  Pâma  DM^  Sekhen:^  • 
VtîçtdR,  phpé.  V»  StAnt  Irêtiéé.'  •  ;•'•  ^'î-- 
Ytfi'  (àtithâ)'.  Que  la  lùt€e  dti  seHliiUêM  rëli^ux 
'  et  dé  fimérér  se  plàéé  sùrtbulf'bdtîs^  lé»  «idées 
cfuiie  autre  vie.  I;  iki^i^ : Pcà^àguay ^  Daiù^ ^ 
Intéhêt.  Là  ^è  '  Mtttfe  une  ittiilâtibn  dé  ceUii-ci. 
^67.  y.  Louisiane  ^'Guinée  ^  Groentkintiaii\;  AYné-' 
Hoatnâ.  Les  ttiodificatlons  locales  et  acetd^dles 
Dé  chahgént  rien  à  ce  priiieipe  fohdani'entà);  âiSp. 
tlësulrdt  fàcHetix  de  éet  atithi^opbkîiiorpfaiMiie  pour 
la  motale.  296.  V.  ItésMariannes y  \Sehtimëtèi reli- 
'gieux.  Prét^ûliOn^  des  rivaMs  pour  sûbtebir  aux 
beâotn^  qiïîls  &dttm1t  datis  laiittpte  Vié.  i^  i .  Vv  Car- 
Hièôhàr-j  Mort,  ^Ftrnéstcs  conséquences  de- Jtdëe 
<|Uë  ià  irië  TtitUre  rébsembté  à -cellé-di  agij  'kg4> 
Mânièref  flont  lé  sauvage  cherché  â  éinbèHn*  Fau- 
ttre  iië.y  jig^.''ïà:  conçoit  pburtstot  Inal^'lui 
toiijbiiri  tï4ite;  'îi99,  2o<:  y:'Pàù!ig^ns,'eki/i, 
Grand ÈspHt,  Cdrdïies,  Tsc^lhiiàki\'lâaiàma, 
Aifl^onà.  litritatiôn  dans 'l'autre  vU  des  u^Mgeft  de 
îcèlle-cf.  Arabes  fkiîimt  iModtfé'iM-éhittéttii^sur 
les  tombée.  19^1.  Hbmhié^  ^acHfiéU  fidar'At^es- 
dlavés  dans  r^ùti^  vie!  â^S^:  L^iôiitaim'^  Ut  vie 
après  là  tnort,  êsït  toujours  èni^feirrtè  de* te'  ré- 
pUghahcc'deThoHîMie  pdur  sa'dësthiëtibii'.  I^out 
est  |{lûs  triète  darii  Pàiltré  Vie.  ïil,  àfed  Hérdule 
*  qui  fest  hcùrëwx  dans  rOIympe,  est^irîsU^tféins 
^  les  enfers.  SSi.  description  Aé  fsÉtifré  "^e,  ààns 
Hoééré.  ^90.  \Pofenie  latin'  d'iiii  auteu'r Wôdérhe , 
sur'  rÀât  dfo  oiAlirès.  /*.  La'  vW  iuttiré  V  lè  ^o- 


45a  TABLE      .  ' 

tnaiq«  x}i4  l^cer^oce^  iy,.77«.JÉg7ptieo5  ne  meK 

tant  d'importance  qu'alla  vie  qui  suit  le  ttépaa. 

.  :  li.  Gaulois  et  Scandinaves  regardant  la   mort 

r    comme  le  b^t  de  la  vie.  73.. Vers  de  Lucain  sur 

,  le  mépris  des  Gaulois  pour  la  vie.  Jb,  Guerriers 

.;   S0.  donfnant  la  mort,  lorsqu'ils  n'avaient  pu  la 

-    ttou^et  dans.les  combats.  77 ,  78.  Usage  existant 

'/,.  Qhe«.  les  peuples  du  Nord.  78.  Cet  usage  trans- 

.    porté  à  leurs  dieux;  11k,  Rocher  surnomme  le 

Rocher  d*Odin ,  du  haut  duquel  ils  se  prédpi- 

taiwt.  Ib.  Différents  auteurs  sur  cette  coutume. 

/    Jb.  Qu  elle  n'existait  pas  chez  les  Grecs.  Ib,  Qu'au 

contraire  la  vieillesse  chez  eui^  était  en  honneur. 

/    79*  Indiens  pensant  là-dessus  comme  les  Scandi- 

.naves  et  les  Égyptiens ,  mais  cette  opinion  pre- 

.  nant  çh^  eux  une  autre  fo^me;  Ib,  henr  unique 

.;  désir,  celui  de  ne  plus  revenir  d$^ns  ce  monde, 

;.t^pdi9  que oest  l^espoir  le  plus  yïf  des  .peuples 

.  qui,, luttent, ^içi-^b^Sx contré  une  destinée  rigi)u- 

. .   reu|^^.  Soi.  Qpù  vient  cette  différence*  80,  81. 

,  .Que  cç  désix  modifie  4^ns  la  littérature  des  In- 

di^s,  juçqK^'aux  ouvrages  qui  sont  étrangers  à 

:  la  rj^lij^on.  81.  Exeipples^r  Ib>  Le  dénoAment  de 

. , leurs  drames  touyours  heureux.  Ib^  Les  terreurs 

.   de  la  vie  future  des  opinions  auxiliaires  pour  les 

préfres.  85.  La  vie  (uture  l'imitation  de  celle-ci. 

86..  Femmes  égyptiennes  faisant  ensevelir  avec 

.   elles  des  couleurs  et  des  pineeaux,  pour  ranimer 

l'éclat  de  leur  teint ,  ou  se  noircir  les  yeux.  87. 

•Gaulois  écrivant,  amx  amis  quç  la  mort  levi*  enle- 


ALPHA.BÉTIQUB   XT   AirA.LTTIQUE.  4^ 

vait  et  confiant  leurs  leAtres  aux  fiammaa.  Ib. 
Ajournant  à  leur  réunion  après  cette  vie  leurs 
comptes  ayec  leurs  creaDclers  et  leurs  débiteurs. 
Jb.  Diodore  à  ce  sujet,  Ib.  Armes  trouTées  dans 
le  tombeau  de  Chilpéric  I''  avec  lesquelles  il  de- 
▼ait'se  présenter  au  dieu  de  la  guerre.  /&•  Autres 
exemples  chez   les  Perses.  9%.   Description  du 
tombeau  de  Cyrus  par  Arrien.  Ib.  Guèbres  enter- 
rant avec  leurs  morts  tout  ce  qui  leur  a  senri 
dana  ce  mondé.   88.   Culte  des  ancêtres  à  la 
Chine.  Ib.  Habitants  du  Tonquin  dans  la  fête 
qu*ib  célèbrent  toutes  les  années,  préparant  leurs 
maisons  pour  recevoir  les  morts.  88,  89.  Mari- 
gny  à  ce  sujet.  89.  Indiens  plaçant  des  fruits  et 
du  lait  auprès  des  cercueils.  ^  Ib.  Hindous  tenus , 
par  un  précepte  des  Vèdes,  d'offrir  un  gâteau 
aux  mânes  de  leurs  ancêtres,  jusqu'à  la  troisième 
génération.  Ib,  Voyages  des  habitants  de  l'autre 
monde,  empruntés  de  celui-ci.  90.  Les  âmes, 
suivant    le   Garouda  Pourana,  réduites   à    im 
poil^oe-dehauteu?  transpirtées  à  travers  les  airs 
par  les  serviteurs  de  Yama  sur  des  montagnes 
où  ieUës  séjôttrrient  îun  mois.  90.  Font  ensuite 
an  vciyage  à  pied  sur  les  bords  de  l'Océan.  Ib. 
S'flivétent  deux  fois  en  route  pour  manger.  Ib. 
Cérémonies  destinées  à  favoriser  leurs  voyages.  Ib, 
Ricfaâsses  des  guerriers  Scandinaves  brûlées  sur 
lewp  bûcher.  76.  Bien  que  ce  sacrifice  leur  procure. 
Ib.    Leur  dignité  dans  le  .Vtflhalla  dépend  des 
trésors  qu'ils  ont  conquis.  Ib^  Combats  qu'ils  y 


454  TABLK 

livrent*  91.  Leurs  festins.  /&.   Desoente  dXMio 
dans  le  palais  d'Héla.  91 ,  9a* 
Vii.i.6i8oif  (erreur  de)  qui  pkoe  la  théologie  phy- 
sique des  andenë  avant  les  croyances  grossières. 

I, 173,  174- 
ViHQBirritraduc  teur  du  Périple  de  Néaique  J^  1 53, 1 56. 

ViNBT.  Sa  distinction  très'-jusK  eaUîe  l'évidenGe  et 
la  certitude*  fil ,  a4* 

Viaoïu*  1|  168.  Cité  à  lappui  de  Tenfer  d'Ho- 
mère. Ib.  Son  inadvertance  relativement  aux 
usages  antiques*  II,  290.  Quelquefois  fidèle  aux 
coutumes  homériques.  Ib. 

yiBiawirt.  Vierges-  sacrées  parmi  les  Iroquois. 
I,  a55»  Admiration  des  sauvages  pour  la  virg[i- 
nité.  Ib^  Vierges  mères  chez  les  Chinois.  11^  a6i. 

•  Le  sauveur  promis  par  Wichnou,  doit  s'incarner 
dans  le  sein  d'iuie  vielle.  III,  2109. 

Vx7«ti*Pnmu.  Les  Mexicains  lui  sacrifiaient  des 
hommes.  I,  70,  71. 

V^ASiBUR*  V.  Russes^ 

VourUT*  Réftitation  de  ses  hypothèsiSs.  l,  I9i«i94* 
V.  AUfronùmie^ 

Vot/ràiBM.  I,  a€,  43«  Dit  qu*il  vaut  mieux  frapper 
fort  que  juste»  iia:  Ne  peut  s'accorder  avee^fré- 
déric  IL  ia&  Faiblesse  de  ses  raiaooiw^ments 
pimtre  la  réalité  des  rites  hœpcietti;  des  «adens. 
3Si,  332k.  Son  erreur  ou  sa  mauvaise  fiili  Ifela- 
livement  aux  sacrifices  humains  des  Cbitieîs*  II» 
!2$3*  Son  éloge  pompeox  et  nul  fondé  .de  la 
964-066: 


ALPHABÉTIQUB  BT    ANALYTIQUE.  4^^ 

foKSCDS.  y*  Chrétiens. 

JoTAAvama  modernes.  Hommages  à  leur  couiageet 
à  leur  patience*  I ,  i6i ,  i6a. 

Tucmif A^-IswABA.  Y.  jinna  Puma  DevL 

i^uLCAXN.  Son  nom  grec  nous  ramène  en  Egypte. 
II,  ^ig»  Était  dans  Toiigine  le  Phthaa  égyptien. 
Ih  II  renferme  des  allégories  cosmogooiques. 
43o.  Né  de  Junon^  sans  la  participation  d*an 
homme.  Ib.  Est  chez  les  Grecs  un  dieu  ridicule. 
Ibid. 

Vtà&jl,  auteur  du  Mahabarat.et  commentasenr  des 
Vèdes,  peut-être  un  nom  générique.  III,  loo. 
Contradictions  des  Indiens  sur  Vyasa  et  Yâdmiki 
auteur  du  Ramayan^  réparés  Tun  de  l'autre , 
suivant  la  tradition,  par  un  vaste  intervallev^^ 
cependant  oonfévant  ensemble,  là.  Vyasa  une  té- 
génération  de  Brama,  loi.  Une  incarnation  de 
WichnouV  par  Kaly  qui  accouche  de  lui ,  sans 
cesser  d'étve  vierge.  loi ,  loa. 


W. 


WiGHsa.  Tombé  dans  les  mêmes  erreurs  que  Du- 

puis  et  Rabaut.  II ,  384.  Sa  division  des  religions 

en  quatre  classes»  Ihid. 
^ABBTOïoN.  1 ,  1 19.  V.  Placke.  Les  «feux  origines 

qu'il  assigne  à  la  fable.  ipSi 
Wi]>ii.4^Hi3BBBG.  Ses  hypothèses  sur  la  religion 

^ndinave.  II,  182. 


456  TABLB 

Wicmcou.  y.   AmrUay  Sc/uifen,  Bouddha^  Incar^ 
nations ,  Excommunication.  Sort  du  calîœ  d  une 
fleur.  II  y   i34*  Venge  Druwen    de    sa  marâ- 
tre,   et  lui  donne   le  royaume  de    son    père. 
i4a*  Ne  peut  refuser  aucune  demande  à  son  ado* 
rateur  Ambalischen.  i43.  Tue  le  frère  d^Érunia- 
Kasjapa.  Ce  qui  en  résulte.  i45.  Les  Indiens  lui 
font  honneur  de  l'abolition  des  sacrifices  san- 
glants.  III,  io8«  Ses   grandes   incarnations  au 
nombre  de  dix.    109.   Pierres   nommées  Sala- 
gramas,  dans  lesquelles  il  est  censé  résider.  lai, 
zaa.  Leur  prétendue  efficacité  dans  les  maladies, 
la^i  i4i-  V.  Théisme.  Ses  ruses  pour  yaincre, 
sous  la  forme  d*un  sanglier,  le  géant  Eruniaschken. 
147  9  i48*  Est  le  douzième  des  Aditîas ,  notion  as- 
tronomique. iSoy  i8i.  Est  lun  des  dieux  les  plus 
actifii  de  la  mythologie  populaire.  Ib.  Son  incarna- 
tion dans  le  sein  de  Kouscha-Lya ,   femme  de 
Dascharatha.  195.  Ne  se  souvient  qu'il  est  un  dieu 
qu'après  avoir  détruit  les  géants,  an.  Formes 
qu'il  prend  dans  ses  différentes  incarnations.  ai5- 
Sa  doctrine  plus  pure  que  celle  de  Schiven,  at- 
teste la  marche  de  la  civilisation.  Ib»  La  forme 
humaine  9  l'attribut  de  ses  dernières  incarnations. 
IV,7. 

WiBLÀiTD.  I,  laj.  Se  rapproche,  par  ses  doctrines, 
des  philosophes  français  du  dix^huitième  siècle  J^* 

WiiiPORD.  Comment  trompé  par  un  Pandit.  Ce  <ait 
donne  Vidée  des  falsifications  qu'ont  pu  subir  ies 
Yèdes.  III,  loa. 


ALPHABÉTIQCB   £T    ANALYTIQUE.  457 

Wiswj^MiTEA  ,    vaincu  par  les  imprécations    d  un 
solitaire.  II,  io6.  Forme   le  projet  de  devenir 
brame.    Ih.   V.   Slaintetê  de   la  douleur.   Lance 
Trisankou  au  ciel,  par  la  force  de  ses  aùstéîtés. 
Ilf,  184.  Crée  par  ses  austérités  un  nouveau  fir- 
marnent  et  de  nouveaux  astres.  i85.  Cette  hîs- 
toire  indique,  sous  des  formes  mythologiques, 
des  découTertes  en  astronomie.  /S.  Histoire  de 
Wiswamitra.  Supériorité  du  brame  siir  le  guer- 
rier. 219.  Ses  austérités  lui  condBent  la  faveur 
des  dieux  contre  un  brame,  a  ao,  a  ai.  Ses  austé- 
nié%  mettent  le  monde  en  péril,  et  forcent  les 
dieux  Â  lui  conférer  la  qualité  de  brame,  aai. 
WooLSToif.  1,121.  Incrédule  anglais, 

X. 

Xénophamb.  Son   panthéisme.    I,    ir^i.   Comment 
cité  par  La  Mennais.   îb. 

XiîîoPHoif.  ^e  conduisant  d'après  lés  oracles.  I,  ao3. 
Invite  les  devins,  quels  qu'ils  soient,  qui  se  trou- 
▼aient  dans  son  armée ,  à  venir  assister  aux  sacri- 
fices. II ,  3o4.  Écrivit  son  Histoire  grecque ,  en- 
viron cent  ans  après  Hérodotet  IV ,'  406.  Se^: 
opinions  SOT  les  dieux,  th.  Les  regarde  comme 
les  protecteurs  de  la  morale.  /*•  Exemples  quil 
en  donne.  406,  407.  Éttfit  d«  tcni^^es  honmieà: 
'«  plus  soumis  aux  dogmes j  comme  aux  ruratudes 
de  la  religion,  de  son  pay«;  407.    i.-     r  ;.-  • 


W  TAlKB. 

CbapIMb  IV,  Goinbi««  flM  Amcsts  k  là  mU- 
gion  même  tout  obiiacle  oppose  i  sa  fer- 
fedtibîlitlé  progressive i t^ 


I    Dl    LA    TABLB    SES    CBaFITKES. 


»^ 


N 


MÉLANGES 


/ 


DE 


LITTÉRATURE 


ET 


DE  POLITIQUE, 


FAft 


M.    BENJAMIN -CONSTANT. 


PARIS, 

PICHON  ET  DIDIER, 

LlBBAIRES-éDITEimS  y   SDCCESSEOBS  DE  V^CRET  AtlVÉ , 
qaai  des  Auguttint,  n*  47- 


%aaaa%^vimv% 


18S9 


PRÉFACE. 


gbUioitë  paf  jyliSéiëAx^  ^pét^èàmi  dé 
résùir  •»  ua  v^lumèf  Ùhteré  ë^iÉ  ptï- 
bliës  à  d'aufreâ  4ptiHttè^  dans  deë  l^bifèîU 
përiodUqaes  y  j'y  ai  éidtièëntl  df Autant  ^Itii 
toloDtiers  ^  qud  je  potivab  tâè  Hviiéi-  &  dé 
travail  tons  a»  dét0ijirli€t  d'ddèà'plGltJ6ti& 
plus  sérieuses  et  étiad  tt^^ligét*  dés  Aë*- 
Toirs  plos  impëriéns.  Ëh  |)i&ftditiràM  lëè 
morceaux  d«  priitiqtte  «jù  de  littëratttf  è 
^ne  je  voulais  ainsi  ra&settibtei',  fii  tfbtifë 
que  plusieurs  teuaietlt  ti^ëp  ëtlNiitetrlëtit 
ans  circoikstiiiiÊes  tfvti  tHë  Veâ  aVàiëùt  dië-^ 
tés.  Je  n'ai  coustiftë  <{uè^  eëilx  tfbii  izi'diit 
semble  poiiymr  inspii^ër  vlû  ttttë^t  àti^ 
rable;  j'ai  remplace  les  ttUtré»  |)âr  dfiii 
«ssaie  eDe««  inëdila<  Au  reste ,-  je  ^èuY'^ 
rais  donner  cette  qtiàlIfidattOn  à  là  èèllëtS- 
tion  presque  entièi<ei  II  n'est  ttuciine  de 
SCS  parties  «pie  je  n'aie  ^ctRyMue  en  k  i^ 
lisant. 

Si  cette  pnblioalidtk  a  qnel(|ne  inërité , 
c'est  cdni  d'une  nnifë  cdtisfàiitë  dé  Vtiës. 


(^  ) 

J'ai   défendu   quarante  ans   le  même 
principe  ,  liberté  en  tout,  en  religion,  en 
philosophie ,  en  littérature ,  en  industrie, 
en  politique  :  et  par  liberté ,  j'entends  le 
triomphe  de  l'individualité ,  tant  sur  l'au- 
torité qui  voudrait  gouverner  par  le  des- 
potisme,  que  sur  les  masses  qui  reclament 
le  droit  d'asservir  la  minorité  à  la  majo- 
rité. Le  despotistme  n'a  aucun  droit.  La 
majorité  a  celui  de  contraindre  la  mino- 
rité à  respecter  Tordre  ;  mais  tout  ce  qui 
ne  trouble  pas  l'ordre ,  tout  ce  qui  n  est 
qu'intérieur  j  comme  l'opinion  \  tout  ce 
qui ,  dans  la  manifestation  de  l'opinion , 
ne  nuit  pas  à  autrui ,  -  soit  en  provoquant 
des  violences  matérielles ,  soit  en  s'bppo- 
sant  à  une  manifestation  contraire  ;  tout 
ce  qui  ^  en  fait  d'iùdustrié,  laisse  l'indus- 
trie rivale  s'eiercer  librement  ,  est  indi- 
viduel ,  et  ne  saurait  être  légitimement 
soumis  au  pouvoir  social. 

J'ai  dit  sur  tous  ces  objets  toute  nia 
pensée  :  peut-être  déplairài-je  paiement, 
pour  ce  qui  tient  à  la  religion,  aux  dévots 


et  aux  incrédules ,  à  ceux  dix  moins  qui 
ont  embrasse  l'incrëdulitë  comme  une 
doctrine  dogmatique  ;  pour  ce  qui  con- 
cerne lliistoire  de  nos  troubles  ,  aux  ad- 
mirateurs bien  intentionnés  de  Robes- 
pierre* et  de  Saint-Just,  et  aux  ennemis  de 
Malesberbes  et  de  La  Fayette  ^  pour  ce 
qui  a  trait  à  Tempire,  aux  séides  de  Na- 
poléon et  à  ses  détracteurs.  Peut-être  mon 
aversion  des  règles  jalouses  qui  ont  si 
long-temps  entravé  les  progrès  de  notre 
littérature  ^  me  vaudra-t-elle  l'inimitié  de 
ceux  qui  proclament  l'imitation  néces- 
saire ,  parce  que  l'originalité  leur  est  im- 
possible. ^ 

Qu'importe  ?  ces  choses  n'ont  d'impor- 
tance que  lorsqu'on  a  des  vues  person- 
nelles. Celui-là  seul  qui  veut ,  dans  son 
intérêt  particulier,  pour  atteindre  un  but 
qui  lui  est  propre ,  traverser  la  foule,  doit 
savoir  tourner  ses  voisins  sans  les  heurter, 
et  se  placer  devant  eux  sans  qu'ils  s'en 
fâchent. 

Mais  quand  on  n'a  de  but  que  de  bien 


(  ^^  ) 

cpmwitre  la  gxaude  crise  qui  s'est  pré- 
parée depuis  deux  siècles  y  et  manifestée 
depuis  quarante  ass ,  et  de  seconder  le 
mouvement  qui  entraîne  yers  une  sphère 
meilleure  d'idées  et  d'institutions  l'es- 
pèce humaine  entière ,  on  peut  et  l'on  doit 
dire  tout  ce  qu  on  pense* 

La  crise  qui  s'opère  sous  nos  yeux  5  m 
dépit  des  résistances  de$  uns ,  des  décla- 
mations des  autres  j  à  Tinsu  méuM  de  la 
foule  qui  est  entraînée  à  7  ooncoorir, 
n'est  pas  la  (lernière  qui  changera  la  hce 
du  monde.  Après  les  choses  qui  tomhent 
aujourd'hui  ^  beaucoup  temhenHit  encore. 
Mais  ces  destructions^  ou  pour  mieftix  dire 
ces  délivrances  ultérieures,,  sont  réservées 
à  une  autr^;  époque»  N'anticipons  point 
sur  les  temps  :  pénétrons-nons  des  doc- 
trines que  les  ten^ps^  ont  amenées  et  qu'ils 
consolident. 

En  fait  de  gouvernement,  Tégalité  h 
plus  absolue  des  droits  répartis  entre  toPS 
les  individus  agglomérés  en  corps  de  na- 
tion doit  être  et  sera  bien  bât  ^  dans  tous 


(«) 

les  pajs  civilises  ,  la  première  condition 
de  l'existence  de  tout  gouvernement.  Les 
fonctions  seront  différentes,  les  formes  se- 
ront combinées  de  manière  à  maintenir 
Tordre  ^  mais  des  limites  fixes  seront  tra* 
cëes  à  tous  les  pouvoirs ,  parce  qne  les 
pouvoirs  ne  sont  que  les  moyens ,  et  que 
la  conservation  et  Texercice  des  droits  sont 
le  but.  Par  conséquent  il  y  aura  des  varia- 
tions possibles  ,  des  changemens  progres- 
sifs dans  les  fonctions  y  les  formes  y  Té- 
tendue,  la  compétence,  les  dénominations 
des  pouvoirs  :  mais  le  fond  sera  nécessai- 
rement y  sous  ces  diverses  dénominations 
ou  ces  diverses  formes^  l'égalité  de  droits 
que  nous  venons  d'indiquer  ;  et  tons  ceux 
qui  posséderont  ces  droits  seront  autorisés 
à  concourir  à  leur  défense ,  c'est-à-dire  à 
participer  par  un  mode  quelconque  à  la 
confection  des  lois  qui  détermineront  l'ac<- 
tien  du  gouvernement. 

En  fait  d'économie  politique ,  il  y  aura, 
quant  à  la  propriété,  respect  et  protection, 
parce  que  la  propriété  est  une  convention 


(O 

l^Ie,  nécessaire  à  Tëpoque  :  mais  b  (1j>- 
position  ,  la  division ,  la  sobdivisioo ,  U 
circulation  et  la  dissémination  de  U  pn>* 
priétéi  ne  rencontreront  aucune  restric- 
tion y  aucune  entrave,  parce  que  U  libene 
illimitée  de  conserver,  d'aliéner,  demt>r 
celer ,  de  dénaturer  la  propriété,  est,  dan» 
notre  état  social ,  le  droit  inhérent,  leb^ 
soin  essentiel  de  tous  ceux  qui  possêdeot 
Tous  les  genres  de  propriété  seront  égal*^ 
ment  sacrés  aux  yeux  de  la  loi  ;  mais  c\u 
cnne  prendra  le  rang  et  jouira  de  Ho- 
fluence  que    lui    assigne  la   nature  d^ 
choses.  I^  propriété  industrielle  se  pU* 
cera ,  sans  que  la  loi  s'en  mêle  ^  chaqu' 
jour  plus  au-dessus  de  la  propriété  foo* 
cière,  parce  que,  ainsi  que  nous  1  avoo^  d.- 
ailleurs,  la  propriété  foncière  est  la  raie-' 
de  la  chose;   Tindustrielle,  la  valeur  d' 
rhomme.  Il  y  aura  de  plus,  relativemes* 
àTindustrie,  liberté,  concurrence,  a-- 
sence  de  tonte  intervention  de  1  autonc' 
soit  pour  préserver  les  individus  de  leor« 
propres  erreurs  (  c'est  a  leur  expérieoo  - 


(  «  ) 

les  éclairer) ,  soit  pour  assurer  au  publie 
de  meilleurs  objets  de  consommation  (c'est 
à  son  expérience  à  guider  ses  choix  )  y  et 
tout  monopole ,  tout  privilège ,  toute  cor- 
poration protëgëe  au  détriment  de  Tacti- 
vité et  des  entreprises  individuelles,  ài^ 
paraîtra  sans  retour. 

En  fait  d'opinion,  de  croyances,  de  lu- 
mières, il  y  aura  neutralité  complète  de  la 
part  du  gouvernement ,  parce  que  le  gou- 
vernement, composé  d'hommes  de  la  même 
nature  que  ceux  qu'il  gouverne ,  n'a  pas 
pins  qu'eux  des  opinions  incontestables , 
des  croyances  certaines ,  ou  des  lumiè- 
res infaillibles.  On  lui  accordera  tout  au 
plus  la  faculté  de  réunir  et  de  conserver 
tous  les  matériaux  de  l'instruction  ,  d'é- 
tablir des  dépôts,  ouverts  à  tous  ,  dans 
lesquels  chacun  la  puise  à  son  gré  ,  pour 
en  faire  usage  à  sa  guise ,  sans  qu'aucune 
direction  lui  soit  imprimée. 

Tel  est,  je  le  pense ,  l'état  social  vers  le- 
quel l'espèce  humaine  commence  à  mar- 
cher.  Atteindre  cet  état  social  est  le  be- 


(  »«  ) 

soin ,  et  sera  ptir  cotl^éc{uent  la  d^tiùée 
de  rëpoqtie«  Vouloir  reàter  eti^ecà  serait 
peu  sage  ;  aller  au-delà  serait  prëmatar^. 
Dtttatit  ce  tempB  j  beaucoup  dé  Choses 
qui  devieudrOAt  superflues  scnrout  eticore 
euvisagëes  comme  uëcessairës  ;.  beaucoup 
qui  deviendront  nécessaires  setont  consU 
dërëes  comme  problëmafiques  y  para-  ■ 
doxales,  peut^^tre  criminelles.  Ne  nous  ' 
en  occupons  point  y  à  chaque  àiéclè  suffit  ; 
son  travail^ 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


iWi 


Artid».  Pâfei. 

I.  Aperçus  sur  la  marche  et  les  révolu- , 

fions  de  la  philosophie  k  Rome.  .  .       1-27 

II.  De  la  puissance  de  TAngletenre  durant 
la^guerre,  et  de  sa  détresse  à  la  paix, 
jusqu'en  1818 28-  4^ 

ilf .  Du  Parlement  anglais  sous  Cromwell , 
•t  du  Tribunal,  àtipB  la  constitution 
4ç  Vw  Wh  iitfqw'*  «W  <HM»tion.    4At  54 

lY.  L«lt^  ans  Julie 55-74 

¥.  Fragmens  sur  la  France;  du  i4  jui&et 

1789  au  3i  mars  i8i4** 75-92 

Yl.  Du  développement  progressif  des  idées 

religieuses 93-127 

YII.  De  H.  Dunoyer ,  et  de  quel<{ue»-uns 

de  ses  ouvrages 128-162 

Yin.  De  madame  de  Staël  et  de  ses  ouvrages.  i63*2io 

IX.  De  Godvfin ,  et  de  son  ouvrage  sur  la 

justice  politique 211-224 

X.  De  la  Littérature  dans  ses  rapports 

|avec  la  liberté 225->239 

XI.  De  la  juridiction  du  gouvernement  sur 

Téducation 240-254 

XII.  De  la  guerre  de  trente  ans ,  de  la  tra- 
gédie de  YYallstein ,  par  Schiller ,  et 
du  tliéâtre  allemand a55-32i 


{   XIV   ) 

ArtielM.  Pags». 

XIII.  De  M.  Fox  et  de  M.  Pitt.  ..;...  3aa-33i 

XIV.  De  la  révolution  d'Angleterre,  de  1640 

à  1688 332.34a 

XY.  De  l'effet  du  régime  qu'on  a  nommé 
ré\foluiionnaire ,  relativement  au  sa- 
lut et  à  la  liberté  de  la  France.  .  .  .  343-353 

XVI.  Des  causes  humaines  qui  ont  concouru 

à  rétablissement  du  christianisme.  .  354-386 

XVII.  De  la  perfectibilité  de  l'espèce  humaine.  387-4^^ 
XVIII.  De  la  division  des  propriétés  foncières,  ^x^^ 

XIX.  Des  erreurs  que  l'histoire  favorise  sur 
les  gouvememens  absolus  et  les  gou- 
vernemens  populaires.  ^ 4^9*4^ 

XX.  Pensées  détachées 4^7*4?^ 


ri  H   DE   LA   TABLI 


I 


ERRATA. 


La  précipitation  avec  laquelle /ai  été  forcé  de  corriger 

les  épreuves,  jointe  à  la  faiblesse  de  ma  vue  ^   ont 

laissé  subsister  plusieurs  fautes  dUmpression  gui  dé" 

figurent  le  sens.  Le  lecteur  est  prié  de  Urt  les  indi'^ 

cations  suivantes  qui  les  rectifient. 


Page    ao,  ligne  30,  prëjage*  ,  tiie%  progrès 

54,  17,  ses  Térités  ,  titex  des  yévxié*  ' 

76,  28,  le  despotisme,  ajoutez  ancien 

89,  33,  des  peaples  ,  tUez  d*an  peuple 

86,  17,  amende,  /ûe«  ramenée 

><^f  9f  ^ui  se  crée ,  tUez  quMl  se  crée 

io5,  33,  ses  ennemis,  Usez  ces  ennemis 

i3i,  I,  s'emparaient,  /ûes  s*em pareraient 

148,  3r,  légitime  de  défense ,  ôtez  de 

161,  30,  qnand  TOUS  pensez , /lies  pouvez 

16a,  90,  sopbisme,  ttsez  sopbismes 

i83,  ai ,  et  de  M.  de  Maltignes  ,  ôtez  de 

^^'  >4»  caractère  décidé,  lisez  nn caractère 

,  193»  38,  les  auteurs ,  lisez  les  acteurs 

307,  33 y  regardée,  lisez  regardé 

307,  a4i  nn  de  aee  actes ,  Jise%  un  des  actes 

309,  19,  qu'il  euToya ,  lisez  que  ce  dernier  enTOja 

313,  6y  &  nos  lecteurs  ,  lisez  au  lecteur 

316,  a8,  en  soupçonner ,  6tez  en 

*33,  19,  eondanme,  lisez  condamne 

aSo,         '  31,  et  qui  corrompra  peut-être  ce  respect  que  nous 

exigeons  du  gouTernement  pour  les  droits  des 
pères.  On  objecfe  que  les  classes,  etc.,  lisez 
et  qoi  corrompra  les  indÎTidus  en  les  obligeant 
à  l'éluder.  On  objectera  peut-être  à  ce  respect 
que  nous  exigeons  du  gouTemement  pour  les 
droits  des  pères ,  que  les  classes ,  etc. 
373,  6,  à  des  TÏces ,  lisez  à  ces  vices 

175,  31,  des  poètes,  lisez  dn  poète 


p.g.  M, 

«p>  .0 

* 

G 

M  lige.\ ,  lUet  *OD  ultiiiniùao  t  M  qui  cti 
itiQce,  ti  uii  mifprù  h  ce  qai  «i  It^ 

W, 

3, 

ff. 

•» 

qiK  ce  paiM  «ire ,  /ùei  qa'ils  puiutut  Cm 

iV, 

■5, 

d.lUOCl.,{l«.  d».  MKM 

i». 

3, 

pffraot  «nui,  iUn  ■!«> 

«•. 

a. 

en  daaa>Di ,  littz  en  ci^nt. 

k 


MÉLANGES 


DE 


LITTÉRATURE 


ET 


DE  POLITIQUE. 


I. 

APERÇUS  SUR  LA  MARCHE 

ET 

LES  RÉVOLUTIONS  DE  LA  PHILOSOPfflE 

AROME. 

Darant  plusieurs  siècles  ,  les  Romains  ne 
prirent  aucun  intérêt  à  la  philosophie.  Ils  la 
connaissaient  à  peine  de  nom.  Occupés  d'abord 
i  se  défendre ,  puis  à  consolider  leur  puissance 
sur  les  peuples  voisins  qu'ils  avaient  subjugués , 
1^  sagesse  que  leur  fournissait  leur  expérience 
était  toute  pratique.  Un  bon  sens  admirable  ré- 
sulta pour  eux  des  difficultés  de  leur  situation 
ultérieure  et  de  la  jouissance  d'une  liberté  poli- 
ticpe  toujours  agitée ,  mais  qui ,  par  ses  agita- 
^ons  mêmes ,  fortifiait  et  agrandissait  les  âmes. 


1* 


1 


'  t 


<o 


On  a  voulu  attribuer  k  la  philosophie  pythago- 
rienne  quelque  influence  sur  les  institutions  dei 
Numa^  et  Ton  a  pu  4'aufamt  jAus  fiteilement  n»* 
sembler  à  cet  ^ard  quelques  yrmisemblanoes , 
qu'il  est  probable  que  Pythagore  avait  inséré 
dans  sa  philosophie  plusieurs  firagmens  de  doc- 
trines sacerdotales  aiix<|ueUes  Numa  n'était  plus 
étranger;  mais  là  doit  se  borner  tout  ce  qu'il  j  i 
de  conmiun  entre  le  philos(^he  grec  et  le  second 
roi  de  Rome  (i).  Même  après  l'époque  où  les 
Romains  formèrent  des  liaisons  avec  les  Grecs 
d'Italie  et  de  Sicile^  ils  n'aperc^^ient  e^cort 
que  légèreté  ,  mollesse  et  corruption  chez  ces  l 
peuples,  qui,  de  leur  côté,  les  traitaient  de  bar- 
bares (2). 

Vers  la  fin  de  la  première  guerre  punique  ; 
les  Romains  acquirent  la  connaissance  de  la  lit- 
térature dramatique  de  la  Grèce.  Des  tragédies 
^cques ,  traduites  par  Livius  Andronicus,  qui 
mit  aussi  en  vers  latins  YOdyssée ,  remplacèrent 
les  vers  fescennins  (5) ,  les  jeux  scéniques  des 
Étrusques ,  et  les  grossières  farces  atellanes  (4)- 
Ennius,  que  Caton  l'Ancien  ramena  de  Sardaigne 
à  Rome ,  non  content  des  succès  que  lui  procu- 

(a)  Cicer.  pjCQ  FUiçça ,  i;5-  Penjf  4'iM(. ,  i»^,  j^ 

(3)  Çora^. ,  Epist  xi ,  i4o. 

(4)  TU.  Liv.,  VII,  I. 


(5) 

raient  des  nmitations  pareilles ,  voulut  en  puiser 

de  nouveaux  dans  une  traduction  de  l'Histoire 

sacrée  d'Eyhemère  (i).  Ceût  été  chez  tout  autre 

peuple  un  très  grand  pas  dans  la  route  philoso-^ 

phique ,  et  peut-être  était-ce  l'intention  de  Tau- 

tenr  latin  ;  mais  il  parait  que  les  Romains  ne 

virent  d^abord  dans  les  hypothèses  d'Evbemère 

qu'un  objet  de  curiosité  assez  frivole.  Us  étaient 

moins  ombrageux   que  les  Athéniens  ,   parce 

qu'aucune  expérience  ne  les  avertissait  des  con« 

séquences  de  la  philosophie  pour  la  religion.  Il 

en  fut  de  même  de   l'exposition   du  système 

d'Épicure  par  Lucrèce.  Ces  deux  ouvrages  étaient 

des  germes  jetés  sur  une  terre  qui  n'était  pas 

encore  préparée  pour  les  recevoir. 

Bientôt  les  conquêtes  des  Romains  leur  ouvrir 
rent  un  mode  de  communication  plus  facile  avec 
la  Grèce.  Us  transportèrent  à  Rome  des  esclaves 
grecs ,  parmi  lesquels  il  y  avait  des  rhéteurs  et 
des  grammairiens,  et  ils  leur  confièrent  l'éduca- 
tion de  leurs  énfans.  Cet  usage  devint  général , 
malgré  la  désapprobation  de  quelques  Romains 
austères,  parmi  lesquels  il  est  assez  curieux  de 
j   compter  le  grand-père  de  Cicéron  (2).  Comme 

(1)  Lactant ,  de  Fais.  reL ,  i.  On  sait  qu'EYhemére,  fut  le 
premier  qui  prétendit  que  les  dieux  de  la  Grèce  n^ëlaient  que 
dei  hommes  défiés. 

(3)  Cicer. ,  de  Orat, ,  11 ,  66. 

I.. 


l 


(4)  . 

ces  rhéteurs  eoseignaient  l'éloquence  »  objet 
d'uoe  si  grande  îraporlance  dans  ua  pays  libre, 
les  craintes  et  les  soupçons  cédèrent  toujours  à 
l'avantage  immédiat  que  leurs  élèves  pouvaient 
retirer  de  leurs  leçons. 

C'était  ainsi  que  la  philosophie  avait  coii>- 
mencé  à  se  glisser  à  Rome  d'une  manière  par- 
tielle ,  isolée  et  presque  insensible ,  lors  de  U 
fameuse  ambassade  des  trois  philosophes,  parmi 
lesquels  on  distingue  Carnéade  (i).  Cette  am- 
bassade était  composée  de  trois  hommes  que  l'on 
pouvait  considérer-  comme  les  représentans  de 
la  philosophie  grecqae,  de  Coméade  l'académi- 
cien ,  du  pénpatéticien  Critolaus ,  et  du  stoïcien 
Diogène. 

Avides  de  briller ,  et  flattés  de  l'eflet  qu'ils 
produisaient  sur  un  peuple  peu  accoutumé  à  des 
t-edierdies  aussi  subtiles ,  ces  philosophes  dé- 
pIûjfweDt  toute  la  profondeur  ou  toute  la  dex- 
térité de  leur  dialectique  devant  les  jeunes  Ro- 
mains, qui  furent  saisis  d'enthousiasme  en  dé- 
couvrant cet  usage  inconnu  de  la  parole  :  car 


L 


(i)  L'époque  de  cette  nniburade  est  fix^,  parCicéron,  ■ 
l'an  de  Rome  598.  Acad.  Quatt.  n,  45.  Tusc.  iv,  a.  II  y  • 
qnclquei  raisons  de  douta-  de  l'e»clitude  de  celle  date  ;  m»i* 
il  est  certain  que  l'ambassade  eut  lieu  vers  la  fin  du  sixième 
îiérle  de  Rome. 


(5) 
les  hommes  encore  simples  n'ont  aucune  idée  de 
sa  prodigieuse  flexibilité. 

Le  gouvernement  3*alarma  de  cette  comnto- 
tion  sulHte.  I^es  vieux  sénateurs  s'armèrent  de 
toute  l'autorité  des  usages  pour  repousser  des 
spéculations  qu'ils  déclaraient  dangereuses ,  et 
qu'ils  dédaignaient  connue  futiles.  Publius  Gras- 
sus  disait  que  le  petit  livre  qui  contenait  les  lois 
des  douze   Tables  était  supérieur   à  tous    les 
écrits  des  Grecs  (i).  Caton  TÂncien  obtint  d'une 
assemblée    convaincue    par   des   raisonoemens 
rudes  et  agrestes  ^  qu'on  éloignerait  de  la  jeu-* 
nesse   romaine   de  perfides  rhéteurs  qui  trati- 
yaiUaient  à  la  destruction  de  toutes  les  traditions 
révérées  et  au  bouleversement  de  tous  les.  prin^ 
cipes   de  morale.  Les  sophismes  de  Carnéade 
qui ,  se  faisant  un  mérite  du  talent  mépri$able 
d'attaquer  et  de  défendre  iudifféi^mment  les  opi« 
nions  les  plus  opposées  ^  parlait  en  public^  tdut6t 
pour,  tantôt  contre  k  justice^  fournissaient  à 
Caton  desargumens  plausibles.  La  philosophie  , 
dès  son  début,  se  présentait  sous  des  apparences 
défavorables.  Caton  ne  savait  pas  qu'en  la  ju- 
geant d'après  un  sophiste  ,  il  la  jugeait  mal ,  et 
qu'un  siècle  plus  tard ,  cette  philosophie  ^  qu'il 
voulait  proscrire  y  mieux  approfondie  et  mieux 

(0  Gioer. ,  de  Oral» ,  i,  44* 


..^ 


(6) 
connue  p  serait  le  seul  asile  de  son  pedl-fils 
contre  les  trahisons  de  la  destinée  et  la  démence 
insolente  de  César. 

On  ne  peut  se  défendre  d'une  sorte  de  sym- 
pathie pour  des  vieillards  vénérables  ^  opposant 
au  torrent  qui  leur  paraissait  mettre  en  danger 
la  patrie  ,  leurs  cheveux  blanchiis  et  leur  expé- 
rience antique ,  évoquant ,  pour  repousser  de 
doctrines  qui  leur  semblaient  menaçantes^  les 
mânes  de  leurs  ancêtres  ;  levant  au  ciel  leurs 
bras  fatigués  de  victoires^  et  appelant  à  leur  aide, 
d'une  voix  débile^  mais  prophétique,  les  sou- 
venirs de  six  cents  années  de  gloire  et  de  liberté. 

Si  toutefois  on  fait  succéder  n  cette  impression* 
naturelle  une  réflexion  calme  et  impartiale, 
on  sera  ôUigé  de  reconnaître  que ,  pour  arrê- 
ter les  progrès  de  la  philosophie  et  même  des 
sophismes  de  la  Grèce ,  le  sénat  prenait  de  mau- 
vais nioyerts. 

Tout  ce  qui  est  dangereux  renferme  en  soi  un 
principe  faux,  déguisé  peut-être  avec  artifice, 
mais  qu'il  est  toujours  possible  de  découvrir. 
Aflirmer  le  contraire  serait  accuser  la  Divinité 
même  ;  câi^  y;si'  elle  avait  mis  le  mal  dans  la  con- 
naissance de  la  vérité,  elle  aurait  tendu  un  pi^ 
à  rintelligence  humaine.  C'est  donc  à  démon- 
trer la  fausseté  des  opinions  pernicieuses  qu'il 
faut  travailler,  et  non  à  proscrire  un  examen 


(7) 
qui  y  lorsqu'il  est  proscrit ,  ne  s'en  fait  pas  moins,* 
mais  se  £iit  imparfiiitementi  avec  trouble,  pas- 
sion ,  ressentimeat  et  violence. 

Était-il  donc  si  difficile  de  répondre  au  so^ 
phiste  d'Athènes?  Était-il  si  difficile  de  prou  ver  * 
que  SCS  raisonnemens  contre  la  justice  n^'étaient' 
que  de  misérables  arguties?  Était-ce  une  entre** 
prise  téméraire  que  d'en  appeler  datis  le  coeur  de 
la  jeanesse  romaine  aux  sentim.ens  iùdélébileS' 
qui  sont  dans  celui  de  tous  les  hommes,  de  sou-; 
lever  ^  dans  ces  âmes  encore  neaves ,  les  élénens^ 
primitife  de  notre  nature ,  et  de  diriger  leur  in- 
dignation contre  une  tbéorie  qui,  consistant» 
tout  entière  en  équivoques  et  en  chicanes ,  de*- 
vait,  par  ][a  plus  simple  analyse,  se  voir  bieptôt 
couverte  et  de  ridicule  et  4e' mépris?  • 

On  sourira  de  pitié  peut-être  à  l'idée  d'un 
gouvernement  se  confiant  à  la  raison  au  lieu 
d'employer  les  prohibitions  et  les  menaces;  <m*^ 
aime^  bien  mieux  les  édits  et  les  soldats.    Ges^ 
moyens  sont  commodes  et  paraissent  sûrs;  ils - 
ont  l'air  de  tout  réunir,  fiicilité,  brièveté,  dî^, 
gnité.  Ils  n'ont  qu'un  seul  défaut,  celuir  dé  iie 
jamais  réussir  :  le  sénat  de  ftome  en  fit  Texpé^- 
rience.  Ce  ne  fut  pas  faute  d'autorité  qu'il  échoua 
dans  ses  efforts  contre  la  philosophie  grecque, 
liélius  et  Scipion  essayèrent  vainement  dé  la 


(8) 
fendre  (i).  Caton  s'applaudit  sans  doate  dn 
triomphe  passager  qn'îl  remporta.  Les  dépoté 
d'Athènes  furent  renyojrés  précipitamniMt. 
FeodaDt  près  d'un  siècle^  des  édits  sévères,  fre- 
quemmeat  renouTelés,  luttèrent  contre  tonte 
doctrine  étrangère  (3)  ;  lutte  inutile  :  l'irapalsioD 
était  doouée,  rien  ne  la  pouvait  arrêter.  Les 
jeuaes  Romains  conservèrent  d'autant  plus  ob- 
tinément  dans  leur  mémoire  les  discours  des  so- 
phistes, que  ces  organes  d'une  sagesse  nouvelle 
leur  paraissaient  injustement  bannis;  ils  rega> 
dèreut  la  dialectique  de  Caraéade^  moins  comme 
un  sj'Stème  qu'il  fallait  examiner^  que  comme 
un  bien  qu'il  fallait  défendre.  L'étade  de  la  phi- 
losophie grecque  ne  fut  plus  une  affaire  d'opi- 
nion, mais,  ce  qui  parait  bien  plus  préa'eoz 
encore  à  l'époque  de  Ja  vie  où  l'âme  est  donée  de 
toutes  ses  forces  de  résistance,  un  triomphe  sur 
J'iittorité.  Les  hommes  éclairés  d'un  ige  plus 
mûr,  réduits  à  choisir  entre  l'abandon  de  tonte 
spéculation  phUosophique  et  la  désobéissance  an 
gouvernement,,  furent  fprcés  à  ce  dernier  parti 
par  le  goût  des  lettres;  passion  qui,  loi^u'une 
fois  elle  a  prw  naissance,  s'accroU  chaque  jour, 

(,)  Cicer-,  3\uc.  1,  3a. 
(3)  AiiIugeU.  XV. 


(9) 
irce  qne  sa  jouissance  est  en  elle-même.  Les 
is  suivirent  la  philosophie  dans  son  exil  d'A- 
ènes,  d'autres  j  envoyèrent  leurs  enfans.  En** 
1  la  philosophie  ^  lorsqu'elle  revint  de  son 
mnissement,  eut  d autant  plus  d'influence, 
l'elle  arrivait  de  plus  loin  et  qu'on  l'avait  ac-» 
lise  avec  plus  de  peine.  Les  généraux  eux- 
lénies  f  que  leur  éducation  belliqueuse  et  leur 
ie  active  auraient  dû  préserver  de  la  contagion 
es  laniières,  s  y  livrèrent  au  contraire  avec 
mpressement.  Le  métier  des  armes  apprend  à 
homme  à  mettre  un  grand  prix  à  l'opinion  ;  et 
ette  habitude ,  une  fois  contractée  ^  se  reporte 
nsuite  sur  des  objets  étrangers  au  métier  des 
irroes.  Cest  pour  cela  que  l'on  voit  souvent  des 
ionmies  nés  ou  élevés  dans  les  camps  imiter 
A  mode  autant  qu'il  leur  est  possible ,  et ,  lors«* 
|Qe  le  siècle  est  doux  et  policé ,  choisir  ou  aflec- 
ter  des  manières  douces  ou  des  occupations  élé** 
gantes.  Ainsi,  le  farouche  Mummius,  voyant 
qu'il  était  d'usage  à  Rome  d'aimer  les  statues, 
crut  se  devoir  d'en  envoyer  de  Corinthe,  en 
exigeant  des  navigateurs  qui  se  chargeaient  de 
cet  envoi  de  remplacer  celles  qui  seraient  per- 
dues. De  même,  la  philosophie  étant  en  faveur, 
les  plus  illustres  capitaines  se  firent  suivre  dans 
leurs  expéditions  par  des  philosophes  qu'ils  rame- 
Itèrent  à  Rome  après  leurs  victoires.  Antiochus 


l'académicien  futle  compagnon  Je  Lucu 
l'Ancien  céda  lui-même  à  l'exemple  un 
suîvitf  dumnt  la  seconde  guerre  put 
leçons  du  pythagoricien  Ncarque,  à 
Sylla  fit  transporter  dans  la  capitale 
llièque  d'Appelicon  de  Theos,  qu'Andi 
Rhodes  fut  chargé  de  mettre  eu  ordi 
d'Utique,  tribun  militaire  en  Maeédoii 
voyage  en  Asie  dans  le  seul  espoir  d'c 
stoïcien  Âthénodore  qu'il  abandonne! 
traite  do  Pergame,  et  viendrait  le  ca 
ennuis  ot  du  tumulte  des  camps,  EnHn 
pendant  sa  carrière  active  et  glorieuse 
de  consacrer  à  la  philosophie  tous  lef 
qu'il  put  derobei-  à  ses  devoirs  d'orateu 
dat  et  de  ciloyen.  Dès  son  enfance,  ir 
de  Diodote,  disciple  ensuite  dePosidon 
tecteur  de  Cratippe,  il  se  plaisait  à  i-é| 
devait  ses  talens  et  son  éloquence  bi< 
la  philosophie  qu'à  la  rhétorique  pt 
dite  (i). 

Cependant  les  esprits  qui  de  la  so 
vraient  avec  enthousiasme  à  la  phi 
n'étaient  point  préparcs  pour  la  pIu] 
spéculations  abstraites  par  des  àud 
rieures.  Il  en  résulta  que  la  philosophi 
dans  la  tète  de  ces  nouveaux  disciplesj  ] 

(i)  Cicei".  ,  de  Oral.,  nt. 


1 


lire ,  en  masse  et  dans  son  ensemble^  Elle  ne 
l'identifia  point  avec  le  reste  deieurs  opinions , 
ît  son  influence  fut  à  la  fois  plus  forte  et  moins 
X)ntinue  qu'en  Grèce  :  plus  foite  dans  les  cir-* 
x>nstances  importantes,  dans  lesquelles  Tbomme, 
jeté  hors  de  la  routine  et  des  habitudes,  cherche 
les  appuis,  des  motifs  ou  des  consolations  ex- 
traordinaires; moins  continue,    parce  que  la 
philosophie,  lorsque  rien  ne  troublait  Tordre  ac- 
coutumé, redevenait   pour  les   Romains  une 
science  qu'ils  avaient  apprise ,    plutôt  qu'une 
règle  de  conduite  applicable  à  tous  les  instans  de 
la  vie  sociale.  Nous  n'apercevons  à  Rome  auciin 
individu  qui  se  soit  uniquement  occupé  de  spé- 
calations  philosophiques,  comme  les  principaux 
sages  de  la  Grèce  ;  mais,  d'un  autre  côté,  nous 
ne  voyons  point  que  les  Grecs  aient  su  tirer  de 
la  philosophie  des  secours  aussi  puissans  que  les 
illustres  citoyens  de  Rome,  au  milieu  des  camps, 
des  guerres  civiles,  des  proscriptions,  et  à  l'heure 
de  la  mort.  Ce  n'est  pas  que  plusieurs  philo- 
sophes grecs  n'aient  supporté  les  persécutions 
avec  un  grand  courage  ;  mais  ce  courage  était 
nne  partie  des  devoirs  de  leur  profession ,  une 
conséquence  forcée  de  la  carrière  dans  laquelle 
ils  étaient  entrés;  au  lie^u  que  les  Romains,  qui 
sappuyèreût  de  la  philosophie  pour  combattre 
et  pour  mourir ,   étaient  des    guerriers  ,  des 


(  "^  ) 

magistrats  ,    des    sénateurs    i 

D'après  ce  que  nous  venons  de  dire 
iiière  dont  la  pliilosopliie  fut  transporté 
on  peut  concevoir  racilcnient  que  les  R 
partagèrent  plutùt  entre  les  differenssy; 
s'offrirent  à  eux ,  qu'ils  ne  les  analysère 
tage,  résultat  naturel  de  l'adoptiou  s 
d'une  doctrine  étrangère ,  dut  être  ai 
du  mode  d'enseignement  adopté  par  1< 
grecs.  Les  Grecs,  pour  la  plupart  escla 
franchis,  devaient ,  quelle  que  fût  leur  ( 
personnelle  et  leur  attachement  pour 
en  particulier,  s'efforcer  de  plaire  à  leui 
et  quand  ils  remarquaient  que  telle  '. 
les  repoussait  pas  sa  rigueur,  ou  les  fal 
sa  subtilité,  ils  se  hâtaient  de  leur  eu 
autre.  Tel  est  le  lésultat  de  la  dépend 
mour  iiiêmc  de  la  vérité  n'affranchit  pa; 
du  joug;  s'il  ne  transige  pas  sur  le  fo 
opinions,  il  en  change  les  formes;  s'il 
savoue  pas,  ils  les  défigure. 

Lorsqu'à  ces  rhéteurs  esclaves  euren 
les  rhéteui-s  mercenaires,  l'avidité  ne  fut 
complaisante  que  la  servitude.  Les  doc 
vinrent  une  denréedont  les  Grecs  trafiq: 
dont  par  conséquent  ils  donnèrent  le  cl 
hommes  auxquels  les  questions  philo! 
inspiraient  plutôt  de  la  curiosité  que  de 


J 


(  «5) 

Cependant,  toutes  les  sectes  ne  trouyèrent 
pas  à  Rome  une  fayenr  égale.  Bien  que  1  epicu- 
réisme  eut  eu  lavantage  d être  exposé  en  très 
beaux  vers  par  Lucrèce ,  il  fut  d'abord  repoussé 
par  un  sentiment  presque  universel.  Ce  fut  moins 
a  cause  de  sa  morale  ^  dont  on  ne  prévoyait  pas 
encore  toutes  les  conséquences ,  que  parce  qu'il 
recommandait  k  ses  disciples  une  vie  spéculative 
et  retirée^  libre  de  la  fatigue  et  du  danger  des 
affaires.  C'est  en  effet  le  principal  reproche  que 
Cicéron  adresse  à  la  philosophie  épicurienne, 
qu'il  poursuit  dans  ses  ouvrages  d'un  blâme  sé- 
vère (i).  Les  citoyens  d'un  état  libre  ne  peuvent 
concevoir  l'oubli  de  la  patrie  p  parce  qu'ils  en  ont 
une;  ils  considèrent  comme  une  faiblesse  cou- 
pable cet  éloignement  pour  toute  carrière  active , 
qui  y  sous  le  dtespotisme  p  devient  le  besoin  et  la 
Tertu  de  tous  les  hommes  indépendans  et  in- 
tègres. 

lia  philosophie  épicurienne  eut  cependant  pour 
élève  un  Romain  illustre  :  je  ne  veux  pas  parler 
d'Àtticus,  caractère  équivoque  et  double ,  sans 
principes  et  sans  opinions  ^  délicat  dans  ses  rela- 
tions privées  et  fidèle  à  ses  amis  malheureux  , 
ce  qui  le  distingue  de  ses  imitateurs  d^aujour- 
dliai  ;  mais  insouciant  sur  les  intérêts  publics, 

(0  Cioer. ,  de  Orat. ,  m. 


(  '4  ) 

plaçant  son  impartialité  dans  Findiffiérence  ^  sa 
modération  dans  Fégoïsme;  production  dan 
siècle  qui  s'affaiblissait ,  avant-coureur  certain 
d'une  dégradation  peu  éloignée ,  et  donnant  un 
exemple  d'autant  plus  funeste ,  que ,  sous  des 
formes  élégantes ,  il  apprit  à  la  foule  ,  encore 
indécise  et  yacillante^  comment  chacun  pouvait 
s'isoler  avec  adresse  et  trahir  décemment  tons 
ses  deyoirs.  Le  Romain  dont  je  veux  parler, 
c'est  Cassius ,  qui  se  voua  dès  son  enfance  à  la 
cause  de  la  liberté  ;  qui ,  repoussant  tous  les 
plaisirs^  toutes  les  douceurs  de  la  vie,  n'eut 
qu'une  pensée ,  qu'un  intérêt ,  qu'une  passion  ^ 
la  patrie  ;  qui  fut  l'âme  des  conspirations  contre 
l'usurpateur  qui  la  menaçait  ;  qui  voulait ,  dans 
àa  prévoyance,  étendre  sur  Antoine  la  ven- 
geance d'un  peuple  opprimé;  qui  combattit  en 
Fegrettadt  de  ne  pouvoir  appeler  les  dieux  à 
la  défense  de  Rome;  qui  mourut  en  s'affligeant 
de  ne  pas  espérer  une  autre  vie ,  et  dont  la  car- 
rière fut  toujours  de  la  sorte  dans  une  honorable 
opposition  avec  sa  doctrine  (i). 

Les  sectes  de  Pjthagore ,  d'Aristote  et  de 
Pjrrhon  rencontrèrent  à  Rome  des  obstacles 
d'une  autre  espèce.  La  première,  par  une  consé- 
quence fâcheuse ,  mais  naturelle ,  du  secret  dont 


(i)  Plutarch.  in  Bruto, 


(  «5) 
eUe  s'enveloppait  depuis  sanaissanee^  avait  con- 
tracté de  grandes  affinités  avec  plusieurs  supers- 
titions étrangères.  C'est  un  des  inconvéniens  du 
mystère ,  que  ^  lors  même  que  l'intention  primi- 
tive est  pure  ^  Timposture  finit  toujours  pkr  s  en 
emparer.  Les  prêtres  et  les  astrologues ,  si  sou- 
vent chassés  par.  les  décrets  du  sénat ,  et  mé- 
prisés toujours  par  tous  les  hommes  éclairés ,  se 
disaient  pour  la  plupart  disciples  de  Pjthagore. 
Nigidius  Tulus  est  le  seul  philosophe  pythago- 
ricien qui  paraisse  avoir  joui  chez  les  Romains 
de  quelque  considération.  L'obscurité  d'Aristote 
avait  peu  d'attraits  pour  des  esprits  étrangers  aux 
spéculations  abstraites^  et  plus  curieux  que  mé- 
ditatifs. Enfîn^  l'exagération  du  pyrrhonisme  de- 
vait révolter  des  raisons  droiîes  plutôt  que  sub- 
tiles y  et  qui  ne  trouvaient  rien  d'applicable  dans 
un  doute  poussé  jusqu'à  l'extravagance  et  con- 
traire aux  témoignages  des  sens*  Le  platonisme  » 
qui  n'était  point  encore  ce  qu'il  devint ,  deux 
siècles  après,  entre  les  mains  des  platoniciens 
nouveaux ,  le.  scepticisme  modéré  de  la  seconde 
Académie ,  le  stoïcisme  furent  les  systèmes  entre 
lesquelles  Romains  se  partagèrent.  LucuUus, 
Brutus  et  Varron  fusent  platoniciens.  Cicéron , 
<pi  Ht  ses  délices  de  l'examen  et  de  la  compa- 
raison de  toutes  les  doctrines  diverses^  pencha 
pour  l'indécision  de  TÂcadémie.  Le  stoïcisme 


!  .6) 

seul  eut  (lc!{  droits  sur  In  grande  âmt 
Une  observation  me  frappe  ici. 
macliinalenicnt  de  siècle  en  siècle  ,  p: 
lilé  mcrveiileuse  à  dire  ce  qui  a  été  i 
philosophie  a  fait  la  perte  de  Home. 
tous  les  hommes  qui  défendirent  la 
furent  philosophes.  Varron  mérita  d'i 
par  les  triumvirs  (i).  Bmfus  cliérissai 
les  doctrines  grecques,  qu'il  n'existait 
temps,  nous  dit  Plutarque  (2),  une  s 
lui  fût  connue.  Cafon  mourut  en  lïs; 
Cicéron  ,  qui ,  moins  fort  de  caractère 
moins  sincère  dans  ses  opinions,  sut 
coup  mortel  sans  faiblesse ,  se  puni 
d'avoir  espéré  d'Octave ,  s'était  coq 
philosophie  de  son  exil  et  de  toutes  ses 
L'histoire  ne  nous  apprend  pas  que  1 
teui-s  de  la  liberté  romaine  eussent  pt 
ditation  un  pareil  amour.  Nous  n'av 
grands  renseignemens  sur  la  pliilosoj 
tilina.  César,  à  l'entrée  de  sa  funest 
professa  dans  le  sénat  quelques  prin 
irréligion  triviale;  axiomes  gi-ossiers 
que  probablement  ce  jeune  conspir 


Ci)IUy.«ppaile 
ihAjuc  t't  SCS  propre. 
(1)  In  BiutQ. 


À 


,  C'7) 
recueillis  dans  les  rares  intervalles  de  ses  dc- 
bauclies  et  de  ses  complots.  Le  voluptueux  Maix:- 
Antoine,  rimbécUle  et  lâche  Lépide  ^  et  tous  ces 
sénateurs  avilis,  et  tous  ces  centurions  féroces  , 
dont  les  uns  trahirent,  dont  les  autres  déchirèrent 
Rome  expirante  ^  ne  s'étaient  ^  que  je  sache  , 
formés  dans  aucune  école. 

Au  milieu  de  ses  erreurs  nxôme,  la  méditation 
désintéressée  agrandit  Tesprit  et  ennoblit  lame  ; 
et  la  philosophie,  tout  en  se  trompant,  a  cet 
avantage ,  qu'elle  détache  ses  sectateurs  de  ces 
intérêts  ardens  et  avides,  pour  lesquels  des  am-* 
bilieux ,  forcenés  ou  ignobles ,  dévorent  ou 
abrutissent  les  générations  asservies,  et  boule- 
versent le  monde  par  leurs  fureurs,  ou  pèsent  sur 
lui  par  leur  niasse* 

Avec  Auguste  commença,  pour  la  philosophie 
comme  pour  l'espèce  humaine ,  une  époque  nou- 
velle, dont  les  symptômes  devinrent  remar- 
quables surtout  sous  Tibère. 

Durant  le  règne  d'Auguste ,  les  imes  ,  qui , 
étaient  fatiguées  des  discordes  civiles ,  mais  qui 
n'étaient  pas  façonnées  au  joug,  s'occupèrent 
d'abord  de  ce  travail  intérieur  que  l'homme  fait 
sur  lui-même  pour  trouver  une  assiette  fixe  et 
tolérable  dans  une  situation  qui  le  blesse  ;  travail 
plus  ou  moins  long ,  suivant  que  les  peuples  sont 
plus  on  moins  dégradés.  Malgré  la  corruption 


litaire  sons  Bnttas ,  il  étail  dereau  ie  flatteur 
d'Augoste  et  le  client  de  Mécène.  Mais  les  esprits 
d'une  certaine  trempe  ont  besoin  de  rattadicr 
ieur  conduite^  et  jasqua  leurs  faiblesses^  à  des 
idées  générales  :  Horace  vanta  donc  Tépicapéisnie 
qui  justifiait  sa  résignation.  Cependant  on  voit 
tpi'il  regrette  fréquemment  qu'une  plus  noble 
doctrine  lui  soit  interdite.  Il  rappelle  sans  cesse 
la  brièveté  de  la  vie,  comme  sa  consolation  secrète 
et  son  excuse  à  ses  propres  yeux.  Il  renonce  k  la 
liberté  publique;  mais  il  ressaisit  obstinément 
son  indépendance  individuelle.  U  cherche  la  re- 
traite; il  fuit  le  crédit.  Il  échappe  à  Mécène  p  au 
risque  de  lui  déplaire* 

Ce  que  fit  Horace  avec  effort ,  d  autres  le  firent 
'  avec  plus  de  facilité,  parce  qu'ils  avaient  nrains 
de  talent  et  plus  de  bassesse.  Là  philosophie 
d'Épicure  devint  la  doctrine  dominante. 

Le  vieux  usurpateur,  qui  avait  applaudi  à  ses 
préjugés,  tant  qu  elle  ne  lui  avait  paru  propre 
qu'à  détacher  les  hommes  de  la  liberté,  s'en  ef- 
fraya lorsqu'il  découvrit  qu'elle  les  détachait 
aussi  de  tout  le  reste ^  et  que  1  egoïsme  n*était  pas 
plus  disposé  à  se  sacrifier  pour  un  maître  que 
pour  la  patrie.  U  voulut  recourir  à  des  mesures 
répressives  (i);  mais  il  n'est  pas  donné  aux  au- 

(i)  DionGasfiiis,  lib.  ii. 


(21) 

tenrs  de  la  GOiTfi{^tkm  des  peupks  d'en  ètn  ki ^ 
réroitimteun*  Le  ciel  préparait  d'aiUenrs^  am 
Romarosufie  leçon  plus  sévère.  Tibère  ^Galigutay 
Claude  et  Néron  vinrent,  comme  cela  devait 
être ,  recueillir  le  fruit  des-triompbes  de  César  et 
de  la  politique  d'Auguste  ;  et  la  fiiiblesse  ocMnnm 
la  force,  le  vice  comme  la  vertu,  la  lâcheté 
comme  le  courage,  forent  frappés  indistinele*-* 
ment.  Les  Romains  apprirent  qu'il  ne  suffit  pasv 
sous  l'arbitraire ,  d'être  soumis  pour  vivre  paisi*« 
blés,  ni  d*étre  vils  pour  être  épargnés.  L*oppre»* 
sioa ,  lorsqu'elle  s'enveloppe  de  formes  dcmces  et 
hypocrites,  énerve  et  avilit  fe^ce  humaine 7 
mais  quand  elle  est  suffisamment  féroce  ^  elle  em 
redevient  la  rigoui<euse  et  utile  institutrice*  C'est 
à  la  cruauté  sombre  du  fils  de  Lfvie,  à  là  démence 
de  son  successeur,  à  rimbécillité  du  marid'Agripk 
pine,  et  à  la  dépravation  sang^ijnaire  et  caprî-^ 
cieuse  de  son  fils,  que  Rome  dut  la  renaissance  do 
stoïcisme.  Tous  les  philosophes  de  cette  époqu# 
furent  stpîciens.  Le  scepticisme  n'est  suj^rtable 
que  dans  un  temps  de  prospérité,  ou  du  moinî 
de  repes.  On  se  plaît  dans  le  doute  quand'  on  est 
heureux;  mais  lorsqu\3n  soufRre,  on  a  beaonË 
d*nne  opinion  fixe.  ' 

Les  stoïciens,  retrempés  par  le  malheur,  ne 
s'égarèrent  point,  comme  les  philosophes  grecs  ,^ 
dans  une  métaphysique  obscure  et  inapplicabk  ; 


t 


ils  ne  s'attachèrent  qu'à  la  morale.  Sënèque  traî- 
tait  avec  tin  grand  mépris  les  frivolités  épiaenses 
çpxi  avaient  occu()é  Chrysip|>e(i).  Éjnctète,  Inen 
qu'il  enseignât  publiquement  la  philosc^ihie  à 
Nicopolis^  et  fàt  par  oonsâjuent  dans  la  même 
position  particulière  que  les  stoïciens  de  la  Grèce, 
déclat^t  pourtant  que  le  but  de  ses  leçons  était  la 
cowiaissanqe  et  l'exercice  pratique  de  la  vertii>  ei 
qiie  la  dialectique  n'était  qu'ua  moyen  de  mettre 
pluis  de  clarté  et  d'ordre  dans  les  idéeâ^  moyen  dont 
il  lallait  Soigneusement  éviter  l'abus.  C'eét  qu'a* 
torS'Ce  n'était  pjœ  l'esprit  qui  cherchait  un  théâtre 
pxL  déployer  ses  £aiciiltés  brillantes ,  mais  Tàme 
4|uldemsmdait  un  asile  où  se  réfugier ,  et  la  mohde 
seule  pouvait  lui  offrir  cet  asile. 
•  Les  stoïciens  4e  Rome  tirèrent  des  consé- 
qijMtnces  sublimes  de  qu^elques  axiomes  qui  n'é- 
taient en  Grèice  que  des  sophismes  et  deâ  arguties. 
Afin  de  condilier  là  liberté  humaine  avec  la  né- 
wssitéy  les  discipleè  de  Zenon  avaient  prétendu 
qtië rh<mi«ie,  pour  êtris  libre,  ti'avait  qu'à  vou- 
loir  ce  qliala  pécieteité  lui  commandait  :  le  stoï- 
wm»  tomain  partit  de  c^te  idée  pour  créer  un 
g^re^  de  liberté  qu'il  plaça  dans  le  fond  ^es 
cœurs  comme  dans  un  sanctuaire.  Ne  pouvant 
sortir  Tindividn  de  la  grande  chaîne  des.  été- 

Séncc. ,  ep»  xlv  cl  XLviit. 


(23) 

nemçDs  sans  rompre  cette  chalite^  et  sans  ren? 
verser  ainsi  Tordre  de  la  nature  et  les  notions  de 
cause  et  d effet,  ils  imaginèrent  de  le  rendre  in- 
dépendant des  évènemens  par  le  sentiment  et 
par  la  pensée  ;  et  cette  hypothèse ,  qui  n  avait  été 
en  Grèce  qu'un  moyen  d'éluder  de  pressantes 
objections,  devint  un  principe  de  force,  de  sû- 
reté, d'héroïsme,,  qui  défia  toutes  les  fureurs 
des  tyrans.  Il  en  fut  de  même  des  ma:times 
adoptées  par  cette  secte  sur  *  la  prière.  Pour  pb- 
fenir  des  dieux  ce  que  nous  voulons,  avait-on 
dit  y  il  j&ut  ne  leur  demander  que  ce  qu'ils  veulent. 
Rédigé  ainsi ,  cet  axiome  était  presque  une  rail- 
lerie contre  la  bonté  divine  et  l'efficacité  de  nos 
vœux.  Cette  subtilité  néanmoins  servit  mer- 
veilleusement à  déterminer  quelles  sollicita- 
tions nous .  devons  adi'esser  aux  dispensateurs 
des  destinées.  Le  sage  n'attend  point  que  les 
dieux  lui  confèrent  des  faveurs  extérieures  et 
visiUeç  ;  il  ne  les  invoque  pas  contre  les  évc- 
Qcoiens,  mais  contre  sa  faiblesse;  il  implore 
Teux,  noa  la  possession,  mais  le  mépris  des 
richesses;  non  la  prolongation  de  la  vie,  mais 
c  courage  dans  la  mort(i).  Il  en  fut  de  même 
encore  des  raisonnemens  sur  l'existence  du  mal. 
i/impossibilité  de  résoudre  ce  problème  d'une 

(i)  Antoain ,  t,  'ii  ;  iz,  \\o.  Arricn  ,  i ,  16. 


Cà4) 

manière  satisfaisante  avait  ^tiggéré  plus  dune 
fois  aux  stoïciens  grecs  Fassertion  hardie  que  le 
tuai  n'existait  pas;  les  stoïciens  romains  ddnnè> 
rcnt  à  cette  assertion  une  forme  plus  raisonnable, 
moins  absolae  et  surtout  plus  fertile  en  fésultats 
élevés.  D  n'existe ,  dirent-ils ,  d'autre  mal  que  le 
vice,  d*autre  bien  que  la  vci*tu  r  il  est  donc  libre 
à  tout  bomme  d'éviter  le  mal,  puisque  tout 
bomime  est  libre  d'être  vertueux  (t). 

Fortifié  par  un  tel  système,  Cassius  Jnlius  at- 
tendit la  moi*t  sans  crainte  sous  Caligula,  et, 
tournant  sur  lui-môme  h  ce  moment  solennel  un 
regard  curieux ,  observa  les  gradations  par  les- 
quelles le  principe  de  Vie  dépose  ses  organes  et 
Se  sépare  du  corps  (â).Tbraséas  imprima  par  son 
exemple,  aux  âmes  les  plus  affaiblies,  un  ébran- 
lement passager,  mais  salutaire  (3)  ;  et  le  courage 
tardif  de  Sénèque  lui  rendit  quelques  droits  2l  une 
estime  mêlée  de  pitié. 

Les  tjrans  de  Rome  redoublèrent  en  vain  de 
violence  contre  cette  force  morale  qui  bravait 
leurs  délateurs,  leurs  affranchis  et  leurs  centu- 
rions. Néron  chassa  de  Rome  le  pliilosophe  Maso^ 
nius  ;  mais,  sous  Domitien ,  les  éloges  de  cet  exilé 


(r)  Smec.,  ep,  tvvi.  de  Proi^id,  Anton.,  iv  ,  39. 
(a)  Scnec.,  ne  TranquUl,^  i4. 

■ 

(3)  Tacit. ,  Anru  W  ,  'io« 


(  a5  ). 

étateot  encore  dans  loii tes  les  boiicbes;  et  comme 
l*aQ  des  caractères  auxquels,  dans  tons  les  temps  f 
la  tyrannie  pent  se  reconnaître ,  c'est  la  poursuite 
de  ceux  qui  défendent  les  accusés ,  et  qui  devien- 
nent à  leur  tour  accusés  pour  en  avoir  défendu 
d^autres,  Domitien  fit  punir  de  mort  un  philor 
sophe  qui  avait  loué  Musonius. 

La  philosophie  s'éleva  de  la  sor^e  à  la  plus 
grande  hauteur  à  laquelle  Tesprit .  humain  Teât 
encore  portée ,  et  ce  (ut  soos  les  princes  les 
moins  faits  pour  Tapprécier,  les  plus  disposés  à 
la  proscrire.  Mais  elle  déchut  bientôt  de  ce  rang 
sons  des  empereurs  qui  Thonoraîent  de  faveurs 
spécules  :  tant  il  est  vrai  que  Tintelligenoe  hu* 
maine  n  a  pas  besoin  des  faveurs  du  pouvoir ,  et 
que,  s'il  fallait  choisir,  il  vaudrait  peut-être 
mieux  pour  elle  être  proscrite  que  protégée  ! 

Adrien,  fier,  ou  plutôt  vain  de  ses  connais*, 
sances  dans  la  littérature  grecque ,  rassembla  près 
de  lui  tout  ce  qui  pouvait  faire  de  sa  cour  une 
académie,  et  comUa  de  bienfaits  tous  les  gram- 
mairiens et  tous  les  rhéteurs  qui  accoururent  au 
premier  signal  pour  lui  composer  un  cortège  phi^ 
losophique.  Il  leur  prodigua ,  non-seulement  des 
trésors  et  des  places,  mais  l'honneur  plus  pré*- 
cieux  de  son  intimité.  Assis  a  sa  table,  ils  agitaient 
avec  lui  ou  devant  lui  des  questions  abstraites. 
Il  aimait  à  les  contempler,  s'acharnant  les  uns  sur 


(a6) 

Im  antres,  et 'se  poursuivant  de  syllogisiiief. 
Vidée  de  plaire  au  maître  du  monde  enflammait 
leur  zèle.  Souvent  il  se  mêlait  de  leurs  discossionsy 
il  acoaUait  ses  doctes  convives  d'interrogations 
captieuses  et d objections  frivoles;  maison  sait 
que  trente  légions  donnaient  du  poids  à  ses  rai- 
sonnemens  et  de  la  finesse  à  ses  railleries  (  i)* 

Alors  la  philosophie  .changea  de  caractère  :  le 
stoïcisme  disparut;  respritde  secte  sembla  preiH 
dre  une  activité  qu* il  n'avait  jamais  eue  à  Rome; 
Ikiais  ce  ne  fiit  pas  l'esprit  des  sectes  greofues^ 
persévérant  dans  son  investigation  ^  ^ncère  dans 
sa  ténacité,  et  ne  se  livrant  des  cfoiabats  à. mort 
sur  deS'questions  de  peu  d'importance ,  que  parce 
qu'il  leur  prêtait  de  bonne  foi  une  importance 
imaginaire;  ce  fut  un  esprit  de  secte  factice, 
caldulé  par  des  sophistes  avides  pour  amuser  un 
sophiste  couronné. 

Ce  que  les  plus  célébras  ou  les  plus  heureux 
laisaient  à  sa  cour,  d'autres  moins  eonuus  le 
•firent  plus  obscurément  dans  tous  les  palais  des 
riche^.  L'imitation  créa  simultaném^it  deux 
classes ,  les  protégé  et  les  protecteurs.  On  vit 
de  toutes  parts  des  hommes  couverts  de  man- 
teaux déchirés  ou  de  robes  superbes,  affecter,  les 
uns  la  i*udesse  de  Diogène ,  les  autres  la  médita- 

• 

(  1  )  Spartinn.  m  Hadrian, ,  r5. 


^    ^ 


on  de  Fjrthagore  ou  la  gravité  de  Zenon;  mais 
I  ressemUant  tous  eu  ce  point  ^  qu-ils  dévo- 
ient Feutrage  9  prodiguaient  la  louange ,  et 
lendiaient  des  présens  ou  même  des  repas  ^  but 
issager  d'une  ambition  bien  modeste. 

La  véritable  philosophie  toutefois  s'éleva  de 
ouveauy  mais  pour  un  moment,  sous  Marc-Âu- 
èle.  On  lui  doit  Texemple  unique  dHm  homme 
lallre  d'un  pouvoir  sans  bornes,  et  qui  sut 
len  pas  abuser.  Du  reste,  les  récompenses,  les 
alaires,  lés  -honneurs  acoonlés  aux  philosophes, 
es  établissemens  publias  institués  en  leur  Ci-» 
rear  par  les  Antonins ,  prouvent  que  la  philoso- 
ihie  âait  sur  son  déclin  :  au  temps  où  elle  flo- 
mait,  de  tels encouragémens  éiaiefit superflus; 
k  furent  in^b»oes  dès  qu'ils  parurent  indis- 
pensables. 

Je  tennine  ici  cet  exposé  rapide,  parce  qu'après 
les  Antonins  la  philosophie  abandonna ,  en  quel* 
que  sorte ,.  la  capitale  du  monde  pour  se  trans- 
porier  a  Alexandrie. 


(28) 


IL 


DE  LA  PUISSANCE  DE  L'ANGLETERRE 

DOmiNT  LÀ  OUSARB, 

£T  DE  SA  DÉTRESSE  A  LA  PAIX ,  JUSQU'EN  tM< 

Pour  la  plupart  des  peuples,  la  guerre  est  une 
cause  de  défrise  et  de  souffrance  ;  la  paix  ea 
est  une  de  prospérité  et  de  richesse.  H  en  a  été 
autrement  pour  rÂu^eterre  durant  les  vingt* 
cinq  années  qui  viennent  de  s'écouler,  par  rxtie 
complication  de  circonstances  très  singulières. 

C'est  à  la  paix  de  i8i4  V^^  ^  misère  de  la  classe 
laborieuse,  en  Angleterre ,  a  commencé;  cette 
misère  a  toujours  été  en  s'aggravasi  jusqu'à  U 
fin  de  i8i6«  On  s'en  est  ressenti  en  1817*  £"^ 
semble  aujourd'hui  toucher  à  son  •  terme  :  les 
-  fonds  haussent ,  les  capitaux  reparaissent ,  1^ 
peuple«retrouve  du  travail  et  des  moyens  dcus- 
tence ,  et  partout  cette  portion  de  la  société,  tant 
calomniée,  ne  demande  qu'à  ne  pas  mourir  de 
faim  pour  vivre  en  repos. 

Les  périls  qui  menaçaient  depuis  quelques 
années  cette  lie  ,  célèbre  diversement  par  sa 
constitution  intérieure  et  par  son  influence  ao 


(29) 
dehors  y  30nt  donc  ajournés.  Le  sont -ils  pour 
loDg-temps  ?  Le  sont  -  ils  ponr  toujours  7  C'est 
one  question  qm,  selon  moi  ^  na  été  encore  ni 
examinée  ni  résolue. 

Pour  bien  connaître  Tétat  de  l'Angleterre ,  il 
bivA  distinguer  soigneusement  deux  choses  ;  les 
caBses  de  la  détresse  qu'elle  a  éprouvée  depuis 
i8i4y  et  les  effets  moins  manifestes,  mais  non 
moins  graves ,  que  cette  détresse  a  produits. 

L'état  de  gène  dont  l'Angleterre  a  été  frappée 
immédiateitient  après  la  paix  de  Paris  tenait  k 
la  même  cause  que  l'étonnante  prospérité  dont 
elle  avait  joui  pendant  qu'elle  était  en  guerre 
arec  toute  l'Europe  enrégimentée  par  Bonaparte. 
Une  lutte  de  viqgt  ans^  d'abord  contre  la  France , 
ensuite  contre  ses  alliés  ou  ses  vassaux ,  comme 
on  le  voudra^  avait  tourné  l'activité  anglaise  , 
durant  ce  long  espace  de  temps  »  vers  des  genres 
dmdustrie  et  vers  des  spéculations  qui  avaient 
pour  base  la  guerre  comme  état  permanent.  Une 
population  d'entrepreneurs ,9  de  manufacturiers, 
de  spéculateurs,  de  contrebandiers  même,  po- 
pulation militaire  en  quelque  sorte ,  s'était  for- 

• 

mée;  elle  avait  remplacé  la  population  manu* 
Êurtttrière  et  industrieuse  des  époques  paisibles , 
€t  était  aussi  venue  au  secours  de  la  partie  de 
cette  population  qui  restait  sans  emploi  direct , 
ca  l'associant ,  par  des  voies  détournées,  à  ses 


1 


•  (5») 
entreprises  et  à  ses  profits.  Sa  prodigieuse  acti- 
vité ^  nécessitée  et  favorisée  par  les  circofiistances; 
non-seuleiiieat  (aisait  ilKisioa,  mais  en  réalilé 
réparait  au  jour  le  jour  les  inconvéniens  d'nne 
position  pai^ille.  De  là  ^  cette  espèce  de  pixxlige 
de  puissance  qui  a  donné  constamment  un  dé- 
menti à  toutes  nos  prédictions ,  et  qui  a  &it  qoe 
plus  TAngleterre  a  eu  d'ennemis ,  et  plus  elle  t 
semblé  accroître  en  force  et  en  rjdiesse. 

La  paix  est  venue  ;  l'activité  a  dû  cesser  mo- 
mentanément avec  la  guerre  qui  l'avait  créée,  et 
qui  seule  l'alimentait;  elle  a  dû  cesser,  avant 
d'être  remplacée  par  d'autres  spéculations  et 
une  autre  industrie ,  parce  que  les  canaux ,  de- 
puis long-temps  négligés ,  ne  pouvaient  se  rou- 
vrir immédiatement ,  ni  la  direction  des  capi- 
tiux  changer  aussi  vite  que  Ton  signait  un  traité. 
Par  là  même ,  les  taxes  devaient  pour  quelques 
i  istans  devenir  intolét*ables;  car  ce  qui  avait  aidé 
à  les  supporter ,  c'était  la  circulation  rapide  des 
capitaux  employés  dans  les  entreprises  de  h 
guerre,  et  les  profits  non  moins  rapides  de  ces 
capitaux.  Ces  ressorts  n'agissant  plus,  non-'seu- 
lement  les  taxes  devaient  écraser  ceux  ^qui  les 
payaient,  mais  ces  derniers  n'ayant  plus  dé  quoi 
occuper  la  classe  laborieuse ,  il  devait  en  résulter 
aussi  pour  cette  classe  une  misère  afireuse»  Cest 
te  qui'  est  arrivé. 


f  5i  ) 

Je  suis  loi  a  d'ajouter  foi  aux   exegéi*àtion$ 
decrivains  trop  passionna.  Je  n'ai  jamais  pense 
que  la  détresse  de  rAngleterre,  même  lorsqu'elle 
inspirait  aux  hommes  d  état  de  cette  contrée  les 
inquiétudes  les  plus  sérieuses ,  offrit  à  ses  en- 
nemis du  dehors  la  moindre  chance  de  succès. 
Une  vieille  constitution  encore  libre,  ouvrage 
in  temps  plus  que  du  calcul,  et  se  prêtant  aux 
modifications  requises  avec  une  élasticité  mer- 
Teiliense;  un  patriotisme  d'autant  plus  actif  qu'il 
€st  moins  scrupuleux ,  et  d'autant  plus  détoné 
aux  intérêts  nationaux  qu'il  est  itooins  cosmo- 
polite ,  un  immense  orgueil  national  qui  ne  re- 
grette aucun  sacrifice  et  ne  recule  devant  aucun 
moyeu  de  vengeance  quand  il  est  Uessé ,  sont 
des  sauvegardes  <|ui  auraient  préservé  l'Angle^ 
terre  de  tous  les  périls  extérieurs.  Mais  il  n'en  est 
pas  moins  vrai  que  sa  situation  intérieure  était , 
quant  à  la  gêne  des  propriétaires  et  à  la  misère 
du  peuple ,  bien  plu»  alarmante  que  n'a  pu  le 
croire  le  continent ,  qui  avait  pris  l'habitude  de 
douter  de  tout  à  cet  égard ,  parce  qu'on  lui  en 
avait  trop  raconté.    Les  plus  riches  particu^ 
tiers ,  écrasés  d'impôts ,  étaient  matériellement 
hors  d'état  d'y    faire    £ace  ;   le    peuplé    était 
sans  ouvrage  ;  les  classes  nourries  d'ordinaire 
par  les  riches  étaient  repoussées   par  eux  si** 
laultauément  ,  et   restaient  dénuées  de  toute 


(5a) 
resMurce;  paysans,  agriculteurs,  fermiers,  do- 
mestiques, artisans,  étaient  réduits  aux  extré- 
mités les  plus  désastreuses. 

J  apporte  en  preuve  de  mes  assertions  ks  at- 
troupemens  qui  eurent  lieu  alors  dans  diverses 
provinces ,  et  jusque  dans  le  voisinage  de  Lon- 
dres ;  attroupemeus  qui ,  vu  la  vigueur  qu  uoe 
longue  liberté  donne  toujours  à  une  constitu- 
tion, ne  mirent  point  TÉtat  en  péril,  mais  qui, 
dans  tout  autre  pays,  auraient  fait  craindre  une 
anarchie  complète.  J  apporte  en  preuve  les  pro- 
cessions de  paysans  que  Ton  a  vues ,  durant 
leté  de  1816,  entrer  par  bandes  dans  les  maisons 
de  la  capitale  pour  demander  du  pain  ;  ces  autres 
processions  de  charbonniers ,  attelés  eux-mêmes 
k  leurs  chariots ,  et  partis  de  divei^s  comtés  pour 
implorer  le  prince  régent;  dix,  ou  peut-être 
vingt  mille  domestiques  mis  sur  le  pavé  presque 
au  même  jour  dans  la  seule  ville  de  Londres; 
rinnombrable  émigration  des  riches ,  qui  s'ar- 
rangeaient pour  passer  sur  le  continent  des  an- 
nées entières,  et  qui  licenciaient  par  cinquantaines 
tous  leurs  serviteurs.  J'apporterais  volontiers 
en  preuve ,  car  les  grandes  causes  produisent  aussi 
de  petits  effets ,  cette  économie  subite  qui  étonne 
dans  le  caractère  anglais ,  et  dcmt  il  est  b)*u!t 
dans  toute  TEurope  ;  économie  qui  vient  de  ce 
que.  les  Anglais,  nation  conséquente,  qui  sait  ce 


(53) 

qu'elle  veut^  étant  sortis  de  leur  lie,  parce  quils 
B  avaient  pas  dequoiy  vivre,  économisent  sans  se 
gèaer,  etdans  leur  résolution  d'éviter  toute  prodi- 
galité, craignent  assez  peu  Tiniputationd'a  varice. 
Cet  état  de  choses  a  changé.  L'industrie,  cet 
infatigable  auxiliaire  des  nations  contre  les  fautes 
des  goayernemen&,  a  triomphé  d'une  calamité 
momentanée  :  les  travaux  ont  repris  leurs  cours  ; 
les  pauvres  ne  sont  plus  placés  entre  la  mendicité 
et  le  crime  ;  i]  n'y  a  nulle  comparaison ,  comme 
bien-^tre,  entre  l'Angleterre  en  1816  et  l'An- 
gleterre en  i8i6« 

Mais  une  autre  question  reste  à  résoudre.  Le 
tfipmphe  remporté  sur  le  mal  présent  garantira- 
t-il  l'Angleterre  des  conséquences  dont  la  me- 
nacent les  changemens  que  ce  mal,  pendant  qu'il 
a  duré,  a  produits  dans  une  des  bases  les  plus 
essentielles  de  la  constitution  politique? 

L'Angleterre  n'est,  au  fond,  qu'une  vaste, 
opulente  et  vigoureuse  aristocratie.  D'immenses 
propriétés  réunies  dans  les  mêmes  mains  ;  des 
richesses  colossales  accumulées  sur  les  mêmes 
têtes  ;  une  clientelie  nombreuse  et  fidèle ,  grou- 
pée autour  de  chaque  grand  propriétaire ,  et  lui 
consacrant  l'uçage  des  droits  politiques  qu'elle 
semble  n'avoir  reçus  constitutionnellemen.t  que 
pour  en  faire  le  sacrifice;  enfin,  pour  résultat  de 
celle  combinaison ,  une  représentation  nationale 

5 


(54) 

t 

composée  9  d'une  part,  des  salariés  du  gouver* 
nementy  et  de  lautre,  des  élus  de  rari$tocratîe : 
telle  a  été  Torganisation  de  TÂngleteiTe  jusqu'à 
ce  jour. 

Cette  organisatioQ ,  qui  parait  fort  imparfaite 
et  même  fort  oppressive  en  théorie,  était  adoucie 
en  pratique,  tant  par  les  bons  effets  de  la  liberté 
conquise  en  1688,  que  par  plusieurs  circons- 
tances particulières  à  TAngleterre ,  et  qu'œi  n'a 
pas,  je  pense,  assez  remarquées,  quand  on  a 
voulu  transporter  ailleurs  certaines  institutions 
tenant  aux  privilèges,  et  empruntées,  dans  leurs 
modifications ,  de  la  constitution  britannique.  Je 
conviendrai  même ,  de  bonne  foi ,  que  je  ne  me 
suis  pas  toujours  suffisamment  préservé  de  cette 
erreur. 

L'aristocratie  anglaise  n'avai  t  jamaisété^  comme 
celle  de  plusieurs  autres  pays,  l'ennemie  du  peu- 
ple. Appelée ,  dès  les  siècles  les  plus  reculés ,  à 
revendiquer,  contre  la  couronne,  ce  qu'elle  nom- 
mait ses  droits,  elle  n'avait  pu  faire  valoir  ses 
prétentions  qu'en  établissant  certains  principes 
utiles  à  la  masse  des  citoyens.  La  grande  Charte, 
bien  que  rédigée  au  sein  de  la  féodalité  et  em- 
preinte de  beaucoup  de  vestiges  du  système  féo- 
dal, consacre  la  liberté  individuelle  et  le  juge- 
ment par  jurés,  sans  distinction  de  rang  ni  de 
personnes* 


(55) 

En  1688,  une  grande  partie  de  la  pahrie  an- 
glaise avait  concouru  à  la  révolution  qui  a  fondé,  ' 
en  Angleterre,  le  gouvernement  constitutionnel  ; 
et,  depuis  cette  époque,  au  lieu  de  se  vquer  à  la 
domesticité  et  aux  antichambres,  cette  portion 
de  nobles  était  restée  à  la  tête  d*un  parti  d  op- 
position ^  qu  elle  servait  de  sa  considération  et  de 
sa  fortune ,  en  même  temps  qu  elle  en  recevait 
de  la  force. 

Faisant  ainsi  collectivement  de  son  aristocratie 
une  des  bases  de  la  liberté,  la  noblesse  anglaise 
se  conciliait  en  détail  laffection  de  la  classe  dépen- 
dante, par  un  patronage  que  sa  durée  et  la  fidélité 
avec  laquelle  les  patrons  accomplissaient  leure 
devoirs  avaient  rendu  presque  héréditaire.  Les 
grandes  propriétés  des  seigneurs  anglais  étaient 
en  partie  tenues  à  bail  par  de  riches  fermiers  qui 
les  cultivaient  de  père  en  fils,  à  des  conditions 
restées  depuis  très  long-temps  les  mêmes;  leurs 
maisons  étaient  remplies  de  nombreux  domes« 
tiques,  que  le  maître  payait  chèrement,  et  qui 
lui  paraissaient  une  charge  inséparable  de  son 
état.  Chacun  de  ces  grands  seigneurs  était  en  quel- 
que sorte  le  chef  d'un  pçtit  peuple,  dont  la  for^ 
tune  dépendait  de  lui,  'et  qui  le  servait  de  son 
zèle  et  des  moyens  divers  que  chaque  individu  de 
ce  peuple  se  trouvait  posséder, 
n  était  Insulté  de  cette  organisation  qu'en  An- 

5.. 


/(5C) 

gleterre  raristocratie  n'était  nullement  odieuse  à 
la  masse  de  la  nation.  Les  lois  mêmes  qui  sont 
émanées  du  parti  populaire  aux  époques  où  il  a 
tenu  Je  pouvoir  en  main ,  n'ont  jamais  été  diri- 
gées contre  la  noblesse.  Il  ne  faut  pas  m'opposer 
l'aboMtion  de  la  Chambi^e  des  Pairs  durant  les 
guerres  civiles  ;  cette  mesure  de  révolution  n'é- 
tait  point  en  harmonie  avec  le  sens  vraiment 
national.  Les  privilèges  delà  noblesse,  modifiés 
par  l'usage  plus  que  par  la  loi ,  s'étaient  conservés 
dans  la  Grande-Bretagne  sans  exciter  l'irritation 
qu'ils  causent  ailleurs, 

.Au  milieu  de  cette  combinaison  de  liberté  et 
d'aristocratie-,  de  clientelle  et  de  patronage,  la 
détresse  est  venue.  La  fortune  des  grands  n'a  plus 
été  suffisante  pour  subvenir  au  maintien  de  leurs 
relations  avec  la  population  qui  dépendait  d'eux  ; 
les  propriétaires  ont  haussé  leurs  baux  on  changé 
leurs  fermiers;  les  maîtres  ont  renvoyé  leurs  do- 
mestiques: ils  n'ont  vu,  dans  cette  manièred  agir, 
qu'une  mesure  d'économie.  Je  veux  exanainer  si 
cette  mesure  n'est  pas  le  germe  d'un  changement 
dans  les  bases  de  l'ordre  social ,  changement  dpnt 
je  suis  porté  à  croire  que  les  symptômes  sont 
déjà  visibles,  bien  que  la  cause  en  soit  ignorée. 

Partout  où  la  masse  des  nations  n'est  pas  com- 
primée par  une  force  majeure ,  elle  ne  consent  à 
ce  qu'il  y  ait  des  huasses  qui  la  dominent  que 


(57) 
parce  qu'elle  crûit  voir,  dans  la  soprëmatie  de  ces 
classes,  de  1  utilité  pour  elle.  L'habitude,  le  pré- 
jugé, une  espèce  de  superstîtioa,  et  le  penchant 
de  rhomnde  h  considérer  ce  qui  existe  comme 
devant  exister,  prolongent  Tasceîndant  de  ces 
dusses,  mèfme  après  que  leur  uliUté  a  cessé;  mais 
leur  existence  est  alors  précaire,  et  la  durée  de 
leurs  prérogatives  devient  incertaine.  Ainsi ,  le 
deigé  a  vu  diminuer  sa  puissance  dès  qull  n'a 
plus  été  leseul  dépositaire  des  connaissances  néces- 
saires à  la  vie  sociale  :  les  peuples  n'ont  plus  voulu 
obéir  implicitement  à  une  classe  dont  ils  pou- 
vaient se  passer.  L'empire  des  seigneurs  féodaux 
a  commencé  à  déchoir  lorsqu'ils  n'ont  plus  of- 
fert à  leurs  vassaux ,  en  compensation  des  privi- 
lèges que  ceux-ci  consentaient  à  respecter,  une 
protection  suffisante  pour  les  dédommager  de 
leur  soumission  a  ces  privilèges.  Les  grands  sei-* 
gneurs  anglais  n'avaient  ni  le  monopole  des 
sciences  comme  les  ecclésiastiques,  ni  celui  de 
la  protection  comme  les  barons  du  moyen  &ge  ; 
mais  ils  avaient  celui  du  patronage ,  et  ils  fai- 
saient tolérer  ce  monopole  par  les  classes  infé^ 
rieures ,  en  s'attachant  et  se  conciliant  une  vaste 
clientelle.  Us  l'ont  licenciée.  Ils  ont  cru ,  et  c'est 
une  erreur  dans  laquelle  l'aristocratie  tombe  tou<- 
jours,  ils  ont  cru  qu'ils  pouvaient  s'affranchir  des 
diarges  et  garder  le  bénéiice;  mais  les  cliens,  rq* 


(38) 

poussés  par  leors  patrons ,  se  soDt  ^  par  là  mènBe^ 
sentis  replaoes  sur  un  terrain  d*égalilé.  Us  en  ont 
été  avertis  par  un  instinct  saurd  et  rapide  ;  et  tonte 
la  disposition  morale  dei'Angleterre  a  été^diahgëe. 
Les  anciens  fermiers  payant  plus  cher^  on  les 
nouveaux  fermiers  qui  ont  remplacé  les  anciens^ 
ne  sont  plus  les  dépeodans  des  propriétairesi;  ce 
sont  des  hommes  cpi,  ajant^  traité  avec  eux  da- 
près  les  loîs^  ne  reconnaissent  pour  latenkiâliaire 
que  ces  lois,  au  nom  descelles  oa  leur  a  imposé 
récemment  dès  conditions  plus  onéreuses.  Les 
serviteurs  renvoyés  ont  renforcé  la  daœe  qui  n'a 
rien  à  perdre  ^  classe  déjà  très  nombreuse  en  An- 
gleterre, à  cause  de  ses  détestables  lois  prohibi- 
tives, et  de  ses  parish  laws^  si  hoiribles  contre 
les  pauvres.  De  la  sorte ,  une  grande  portion  du 
peuple,  qui  était  autrefois  le  soutien  de  l'aristo- 
cratie ,  en  est  devenue  Tadversaire. 

Ce  premier  résultat  du  licenciement  de  la  classe 
dépendante  ^n  a  produit  un  second,  et  ces  deux 
effets  se  sont  accrus  l'un  par  l'autre. 

Jusqu'à  ce  jour,  une  portion  de  l'aristocratie 
anglaise  défendait  franchement  la  liberté.  Se 
sentant  à  l'abri  des  orages  populaires,  il  lui  était 
agréable  de  limiter  à  son  profit  la  puissance  du 
trône.  Les  nobles  de  ropposition  étaient  flattés 
de  se  montrer  les  tribuns  d'un  peuple  qu'ils  diri- 
geaient. Aujourd'hui ,  cette  portion  noême  de 


(59) 
1  aristocratie  britaaniqae  s'aperçoit  que  le  gou- 
veraail  lui  a  échappé ,  et  s'efiraie  des  principes 
démocratiques  qui  font  des  progrès»  En  consé- 
quence^ sa  marche  est  incertaine.  Elle  ne  de- 
mande pins  tout  ce  qu'elle  demandait,  et  elle  ne 
désire  pas  tout  ce  qu'elle  demande.  Par  exemple, 
de  tons  les  anciens  whigs  qui  aTaient  débuté  par 
rédamer  la  réforme  parlementaire,  il  y  en  a 
bien  peu  qui  en  parlent  encore,  et  il  n'y  en  a 
pas  un,  j'ose  le  dire,  qui  l'effectuÂt,  s'il  le  pour- 
rait,  pat  un  acte  de  sa  volonté.  Aussi  l'opposi- 
tion proprement  dite  a«-t-elle  perdu  la  confiance 
de  la  masse.  C'est  un  inconvénient  :  car  ceux  qui 
veulent  conduire  le  peuple  au-delà  des  bornes 
profitent  de  ce  qu'il  n  aqueux  pour  che&. 

Pour  faire  concevoir  toute  l'étendue  et  toute 
rimportauce  d'un  tel  changement,  une  seule 
observation  suffira.  Lorsque  la  détresse  était  au 
plus  haut  point,  que  les  ouvriei*s  se  voyaient 
sans  ouvrage^  les  manufacturiers  sans  consom- 
mateurs, les  propriétaires  sans  revenu,  les  pau- 
vres sans  pain;  lorsque  des  bandes  d'artisans 
étaient  forcées,  par  le  besoin,  à  parcourir  le 
royaume ,  pour  implorer  les  secours  insuffisans 
d'une  bienfaisance  à  laquelle  la  détresse  même 
traçait  d'étroites  limites  ;  lorsque  des  rassemble- 
ineos,  poussés  par  la  faim  à  des  pillages  partiels 
et  mal  coticertés,  bravaient  des  peines  égales  à 


(4o) 

celles  qu'auraient  attirées  sur  eux  des  délits  po- 
litiques, aucune  parole  de  rébeHion  n'a  été  pro- 
noncée, aucun  sigûè  de  sedrtion  arboré.  Le  peuple 
au  désespoir,  entraîné  par  la  misère  à  beaucoup 
d'actes  irrégulrers,  a  paru  néanmoins  complète- 
ment étranger  &  toute  intention  de  se  soulever 
contre  Fautorité  et  de  porter  la  moindre  atteinte 
k  la  constitution  de  l'État  :  au  contraire,  après 
que  les  années  les  plu^  Acbeilses  étaient  tra- 
versées ,  quand  la  détresse  avait  diminué ,  que 
le  penple  avait  retrouvé  des  ressources^  le  pauvre 
du  travaH  ;  au  moment  où  les  fonds,  thermomètre 
de  la  sécurité  des  classes  éclairées ,  indiquaient 
qjiic  les  trraintes  étaient  dissipées  et  la  confîanee 
revenue ,  des  conspirations  ont  éclaté,  des  asso- 
ciations dangereuses  ont  été  signalées ,  et  l'on  a 
découvert  qu'un  nombre  assez  grand  d'hommes 
du  peuple  nourrissaient  des  désirs  et  des  projets  de 
bouTevei*senient,  et  voulaient  courir  les  basai'ds 
d'une  révolution  sans  direction,  sans  but  fixe  et 
sans  terme.  J'admets  qu'on  ait  exagéré  la  gravité 
des  sjmpt6mes.  L'afFreûx  expédient  d'envoyer 
des  espions  agiter  les  esprits  ignorans  et  pro- 
poser la  révolte  pour  la  dénoncer,  a  concouru  à 
ces  niouvemens  désordonnés;  Les  misérables  ont 
séduit  ceux  qui  ont  eu  le  malheur  de  les  écouter, 
et  probablemont  aussi  ils  ont  accusé  ceux  qu'ils 
n'avaient  pu  séduire.  Comme  on  avait  pris  des 


(  40 

mesores  extraordinaires^  il  a  (aUu  donner  le  plus 
de  réalité  qu'on  a  pu  à  des. hypothèses  alar- 
mantes; mais  il  y  a  ponrtant  an  fond  de  vérité 
dans  ces  hypothèses.  Le  Courier  même,  journal 
miniatàriely  comme  on  sait ,  remarquait  le  fait, 
sans  indiquer  k. cause.  Maintenant  que  la  misère 
temporaire  a  cessé ,  disait-il  dans  un  de  ses  nu- 
raérosy  les  déouigogues  se  rejettent  sur  les  droits 
de  Fhonmie*  C'est  que  ce  n'étaient  plus  les  mêmes 
démagogues.  Ce  n'était  (Jus  dans  le  parlement 
que  si^eait  roppositiion,  c'était  a  Spaiield.  Tan» 
dis,  et  peut-être  parce  que  l'opposition  ancienne  a 
renoncé,  au  fond  de  son  cœur,  à  la  réforme  par- 
lementaire, l'opposition  nouvelle  ne  se  contente 
plus  de  cette  réforme  ;  elle  demande  des  parle- 
mens* annuels: et  le  droit  universel  de  suffrage, 
sans  distinction  de  propriété.  Le  lic^iciement  de 
la  dientelle ,  l'abdication  du  patronage ,  car  c  est 
abdiquer  le  patronage  que  n'en  plus  remplir  les 
obligations,  ont  amené  une  modification  dans 
letat  social.  L'aristocratie  an^aise  a  fait  contre 
elle-niême  ce  que  la  puissance  royale  avait  fait 
dans  d'autres  pays  contre  l'aristocratie^ 

Quelles,  seront  les  suites  de^ce  changement  fon- 
damental ?  Je  ne  m'arroge  point  le  droit  de  le 
dire.  Je  suis  spectateur,  et  non  prophète.  Je 
Q  énoncerai  qu'un  principe  général.  Il  .est  contre 
nature  que  le  niveau  se  maintienne  quand  les 


i 


(4") 

poids  sent  devenus  ÎDégaux.  Peser  aVec  la  naÎB 
sur  l'oD  des  baSHos  de  la  balance,  ce  n'est  pas 
rétablir,  maïs  comprimer  ]'éqnilibre;  et,  oonHae 
la  main  se  &tigue ,  les  poids  re8pecti&  réprennent 
leurs  droite.  L'arbitraire  et  le  despotisme  ne  re- 
médient à  rien,  même  quand  on  j  ajoate  l'in- 
grédient de  l'espionnage,  et  il  y  a  beaneonp  àe 
choses  que  la  justice  et  la  liberté  adoticiraîeBt 
Ah  reste,  j'ai  tant  de  vœux  i  fiwmer  poar  mon 
pays,  que  je  n'aî  pas  le  loisir  d'en  faire  pour  d'au- 
tres, et  le  bien-être  d'un  village  des  Vosges  m'in- 
téresse pi  us  que  la  prospérité  desTroisJloyaames. 

P.  S.  Ces  considérations ,  écrites  en  1818,  me 
semblent  avoir  rcçn  des  éTènemens  postérieurs 
une  confirmation -remarquable.  Durant  les  onse 
années  qui  se  sont  écoutées,  l'aristocratie,  tout 
en  conservant  ses  titres  et  ses  propriétés,  a  perda 
son  pi'estîge  et  sa  puissance  morale.  Les  aristo- 
crates ,  jadis  populaires,  les  whigs  ne  tronvent 
plus  d'appuis  dans  le  peuple  et  ne  sont  pins  son- 
tenus  par  l'opinion.  Pour  la  première  fois,  de- 
jKiis  <]uela  constitution  britannique  existe,  on 
a  vu  se  former  un  ministère  qui  n'avait  de 
racines,  ni  dans  des  traditions  nobiliaires,  ui 
(Uns  des  richesses  colossales.  Aussi  les  hommes 
dont  le  nom  s'était  jusqu'alors  ratlaché  à  toutes 
les  propositions  libérales,  et  dont  le  langage 


\ 


(4?) 

était  empreiiil  d'vam  certaine  démocratie  han«> 
taine  k  H  rétité  y  et  qu'on  pomait  hoinnier  féo^ 
dale^  'ODt-4Is  abjaré  même  cette  apparence ,  et 
«  sont^ib  râmis  aux  torys  lenrs  adyerâaires, 
a>ntœ  des  ministres  qù  nn  parvenu  préskiait  >  et 
qni  n'élaieot  que  des  parvenus  eux«t  mêmes.  Lord 
Grey ,  si  longtemps  l'un  des  chefs  les  pins  ilhis*^ 
très  de  FdppQsitioQ ,  a  dirigé  contre  Mw  Ganning 
NI  superbe  éloquence*  On  e&t  dit  un  A{^ins  ^ 
tonnant  dans  le  sénat  de  Rome  ^  contré  un  plé- 
béien révoltée  La  piiilanthropie  du  dncde  Bsd-** 
ford  ne  l'a  pas  garanti  de  la  contagion  qni  s'é- 
tendait à.tonté  sa  classe.  Lord  HoUand  seul  a  ré- 
sisté à  cette  contagion  ,  parce  qu'il  y  à  dans  son 
âme  une  bienveillance 'native  qui  dcvnine  à  son 
iosu  sod  patriotisme»  et  lai  donne  une  élévation 
etunelai*géurplusioûsnsopolite  que  nationale.  La 
mort  de  M.  Canning  asnspendu  la  lutte  qui  com-*^ 
mençaity  et  doiit  les  résultats  possibles  sont  de 
la  sorte  demeurés  incertains  :  car  nul  ne  peut 
prouver  ce  qu'aarait  produit  cette  lutte,  conduite 
et  probablement  détournée  de  sa  route  naturelle 
par  un  chef  qui  n'était  au  fond  rien  moins  que 
démago^pne  9  et  qui  n'avait  reculé  tardivement 
vers  la  liberté ,  que  parce  que  les  ennemis  de  la 
liberté  s'étaient  déclarés  ses  ennemis.  Mais  de  ce 
qae  le  dombat  parait  ajourné,  il  ne  s'ensuit  pa& 
que  la  situation  ^oit  plus  tranquille  ,  ou  soit 


(  44  ). 

moins  pracaire.  Les  torys  ont  repris  de  Tasoeii* 
dant  :  maisils  ne  sauraient  ea  ùàre  usage  en  la- 
veur de  leur  système  ;  ils  ont  en  besoin  poor 
obtenir  qu^on  les  tolër&t ,  de  prendre  pour  éteo- 
dard  une  grande  illustration  militaire  dae  an  ta- 
lent ou  au  hasard  >  peu  importe ,  mais  dépour- 
vue d'ailleurs  de  toute  qualité  brillante  et  de 
tonte  capacité  politique;  et  oe  dictateur  ^  que 
l'oligarchie  a  choisi ,  la  conduit-* il  dans   des 
voies  oligarchiques  ?  nullement.  U  reste  biea 
sta^nnaire  pour  ce  qui  re^rde  la  politique , 
parce  qu'il  n'y  a  pas  assez  de  malaise  pour  pro- 
voquer un  mouvement  :  mais  il  concède  aux 
amis  de  la  liberté^  et,  il  fÎEuit  le  dire^  k  Texalta- 
tion  presque  insurrectionnelle  d'une  population, 
l'icmnense  progrèsde  1  émancipation cath^que. 
L'antique  église  est  ébranlée  et  avec  elle  toutes  les 
traditions ,  tous  les  antéeédens  qui  de  temps  im* 
mémorial  servaient  d'appui  à  l'aristocratie  :  ks 
fbndemens  de  Tétat  actuel  de  l'Angleterre  cra- 
quent de  tous  côtés.  Je  ne  dis  pas  <pie  la  réno- 
vation soit  imminente ,  mais  elle  est  infaillible. 
Elle  s'accomplira  paisiblement  ou  avec  violence. 
lie  temps  des  prolétaires  est  passé,  comme  celui 
des  ser&  et  des  vassaux.  Sans  doute ,  les  préjugés 
favorables  à  la  concentration  des  propriétés  sont 
encore  profondément  empreints  dans  les  têtes 
anglaises ,  et ,  chose  bizarre  !  dans  les  hommes 


(45) 

[a*on  appelle ,  avec  plus  on  moins  de  raison  , 
[es  factieux ,  autant  que  dans  ceux  qui  sont  re- 
iommés  comme  des  piliers  de  Tordre  établi.  Sir 
'rancis  Burdett  pense  à  ce  sujet  comme  lord 
Sldon  ^  et  tous  deux  plaident  cette  cause  comme 
x>urraieDt  le  faire  un  seigneur  russe  ou  un  moine 
espagnol.  Mais  ces  plaidoyers  sont  inutiles.  La 
liyision  des  propriétés ,  ce  grand  scandale  des 
regards  anglais^  ce  phénomène  que  le$  voyageurs 
le  cette  nation  ne  peuvent  concilier  avec  la  pros- 
périté dont  jouit  la  France ,  la  division  des  pro- 
priétés se  fera  jour  en  Angleterre  :  sera-ce  par 
le  rapport  des  lois  qui  la  prohibent  et  par  des 
Tentes  légales  ?  «Sera-ce  par  des  spoliations 
cmelles  et  des  lois  colorant  ces  spoliations  ?  je 
rigaore.  Mais  je  reste  convaincu  en  1809  de  ce 
dont  j^étais  convaincu  en  1818^  et  le  germe  que 
findiquais  à  cette  dernière  époque  s!est  déve- 
loppé durant  cet  intervalle  plus  fortement  et 
plus  vite  que  je  n'aurais  osé  lauguren 


(46) 

lii. 

DU  PARLEMENT  ANGLAIS 

SO0S  C&OMW^t 
ET  DU  TfUBUNAT,  DANS  LA  GONCTlTUTiON  DC  X/AN  y^l, 

jusqu^A  soir  iprRATioir. 

Les  prJQcipaax  atteutats  qui  souillèrent  la 
révolution  anglaise  ^  notamment  la  mort  de 
Charles  T',  n'appartiennent  point  au  Parlement 
Plusieurs  de  ces  attentats  furent,  au  cx^atraire, 
dirigés  contre  lui  ;  tous  furent  cpmmts  par 
larinée. 

Dum  pila  Videntfortes  torquere  îaeerU 
Degpnorem  potière  togam,  refpwmque  senaius  P 

LucAH. ,  Phars» 

De  méme>  le  Tribunal  jusqu'à  son  élimination, 
en  i8oa^  est  demeuré  étranger  aux  principales 
servilité  qui  se  sont  déployées  sous  Napoléon,  et 
qui  étonneront  nos  neveux^  comme  les  senrilités 
de  l'empire  romain  nous  étonnent. 

Cependant^  ni  le  Parlement  sous  Cromwel,  ni 
le  Tribunat  sous  Bonaparte ,  n'échappent  à  Fes- 
pèce  de  dédain  qui  attend  les  assemblées  délibé^ 
ratives ,  lorsqu'elles  ne  résistent  pas  assez  éner- 
giquement  à  la  tyrannie.  / 


(47) 
Je  yeux  essayer  dç  rendre  copipjte  des  circons- 

• 

tances  qoi  ont  gène  le  Parlement  de  la  Grande- 
Bretagne  et  le  Tribunat  de  France ,  courbés  l'un 
et  l'autre  sous  deux  grands  génies  que  grandis- 
sait encore  une  admiration  où  l'enthousiasme 
venait  à  Tappui  delà  lassitude,  et  je  montrerai 
qne  ces  deux  corpwations  opprimées  ne  méri- 
tent point  l'arrêt  sévère  que  l'histoire  parait  dis- 
posée à  prononcer» 

L'usurpateur  qui  arrive  après  une  révolution 
faite  pour  la  liberté  pu  en  son  nom ,  a  beaucoup 
pins  de  moyens  de  se  soutenir  que  toute  autre 
espèce  de  despote. 

Lorsqu'un  gouvernement  établi  opprime ,  la 
nation  se  divise  en  deux  partis.,  les  opprimés 
et  les  oppresseurs  ;  et  comme  il  est  de  l'essence 
de  l'arbitraire  de  peser  sur  tous  successivement , 
bientôt  la  partie  opprimée  devient  la  majorité 
ou  la  totalité  de  la  ^  nation  ,  moins  quelques 
hommes. 

Lorsqu'un  usurpateur  i^enverse  un  gouverne- 
ment établi  et  se  met  immédiatement  à  la  place 
du  gouvernement  renversé ,  la  nation  ne  se  trouve 
encore  (divisée  qu'en  deux  partis,  celui  de  l'ancien 
et  celui  du  nouveau  gouvernement.  Mais  lors- 
^a'après  une  révolution  faite  dans  l'esprit  de  la 
Uberté,  un  usurpateur  s'empare  de  la  puissance, 
il  sdode  en  trois  parts  la  nation  :  l'une  regrette 


(48) 

l'ancien  gouvernement  et  3'efforce  de  ie  rétablir; 
lautre  regrette  la  liberté  ;  la  troisième  défend 
Fusurpateur  dont  elle  partage  la  puissance.  Biais 
comme  le  parti  qui  regrette  la  liberté  est  celui 
qui  a  fait  la  révolution ,  et  que  c'est  aussi  d'une 
fraction  de  celui-ci  que  sW  formé  le  parti  de 
l'usurpateur  9  ce  parti  se  trouve  le  plus  exposéi 
le  plus  affaibli,  le  plus  hors  d'état  d'agir»  L'usur- 
pateur se  servant  de  la  souix^e  de  son  autorité, 
des  réminiscences  et  des  intérêts  de  la  révolu- 
tion ,  subdivise  encore  ce  parti ,  parce  qu'il  y 
a  dans  les  hommes  une  grande  propensicm  à 
croire  aux  bonnes  intentions  de  la  puissance ,  et 
que,  quand  la  conviction  n'existe  pas,  la  lâcheté 
en  prend  la  forme  pour  paraître  moins  vile*  De 
la  sorte  le  parti  de  la  liberté  se  trouve  réduit  à 
un  très  petit  nombre  d'hommes,  qui  voient, 
dans  toute  tentative  en  sa  faveur ,  outre  un 
danger  personnel,  une  occasion  de  tri<miphe 
pour  les  partisans  de  l'ancien  despolisme. 

L'usurpateur,  de  son  côté,  ne  manque  pas  de 
représenter,  tantôt  l'un,  tantôt  Tautre  de  ces 
hommes ,  comme  des  agens ,  des  fauteurs  de 
l'ancien  gouvernement,  et  sème  entre  eux  la 
défiance. 

Les  amis  de  l'ancien  gouvernement,  qui  aime- 
raient mieux  le  despotisme  qu'ils  regardent 
comme  légitime,  que  le  despotisme  usurpé,  ai- 


(  49  ) 
knent  mieux  encore  ce  dernier  que  h  libetiéi 
d'abord  comme  vengeance  contre  leurà  plus  an*- 
ciens  ennemis ,  et  secondement  comme  se  rap- 
prochant de  ce  qu'ils  regrettent.  Ils  secondent 
donc  ce  gouvernement ,  en  tant  que  mettant 
obstade  aux  institutions  libres  renversées  par 
leur    idole  ;  s'il    attaquent   Tusurpateur  ,    ce 
n'est  que  secrètement,  lorsqu'ils  se  croient  bien 
sûre  de    leur  fait,  et  toujours  d'une  manière 
qui  empêche  les  amis  de  là  liberté  de  faire  cause 
commune  avec  eux.  Enfin,  comme  une  révolu- 
tion froisse  toujours  beaucoup  d'intérêts,    et 
qu'inévitablement,   après  une   révolution,    le 
peuple  prend  en  haine  les  désordres  et  les  dé^ 
chiremens  qu'elle  a  causés,  le  parti  ami  de  la 
liberté  se  trouve*  de  tous  les  partis  le  jrfus  défa- 
vorablement placé  dans  l'opinion  publique,  ht 
nouveau  gouvernement  procure  au  peuple  un 
repos  réel,  les  partisans  de  l'ancien  lui  offi^enï 
un  repo&à  venir  qui  né  serait ^  à  ce  qu'ils  disent, 
troublé  par  personne ,  et  se  font  pardonner  ainsi 
de  menacer  la  tranquillité  qui  existe^  parce  qu'ils 
en  promettent  une  plus  durable  ;  mais  les  amis 
de  la  liberté,  que  peuvent-ils  offrir  à  cette  dé^ 
sastreose  époque  ?  Un  bien  auquel  on  ne  croit 
plus,  et  dont  la  petopeative  d'aiUeurg  ne  pres- 
sente ique  quelque  chose  dfd  vagué  et  d'indéfini  ; 
^tce  bien  doit  être  acheté  par  des  agitations  oMe 

4 


(5o) 

vdles^  et  après  les  agitetiom  f  rien  a* 
rien  0'est  termioé,  toat  est  k  fiiiie. 

Si  FoD  veat  peter  cet  contideralMm,  m  ïm 
pente  qoe  le  Parlement  tons  Crocn  wdl  »  MMlpt 
la  flonroe  Ul^tinie  de  tes  fomwmn,  oea  pi» 
d*one  fois  montrer  de  la  résislaaee ,  et 
riter  enfin  llionnear d'être  cassé,  on 
pent-*étfe  m  jn|[er  moins  se ?e rement  Mlle  corp^ 
ration  malbenrenae* 

De  tontes  les  assemblées  qni  ont  existé 
la  réralation  finsnçaise  jnsijnli  la  Qiamhns 
mée  en  iSay,  celle^ini  a  le  miens  rempli  i 
Toirs,  ai  Ton  ealcnle  les  drconslsneasy  a  dit  k 
Tribnnat*  Cda  semble  étrange  k  dira  :  je  mis  k 
prouver. 

Je  dois  observer  d*abord  que  je  ne  pnrin  ds  U 
€ondnitednTribnnatqnejnsi(n*à  répoqneoè  i  inp 
de  ses  membies  inrent  enpnisés»  A  œtle 
le  Tribunat  eesia  d*étie  na  ponvoir 

Le  Tribonat  n*a  pas  fiét  de  grandes 
il  n*en  pouvait ,  il  n*en  devait  pas  ftive.  U 
France  sortait  d*un  élat  de  tronble  qni  •«■< 
frappé  la  nation  de  hssilndo  ot  de  lavsnsrt  Isi 
aonvenias  des  opprassions  yévolntionnniras  t  é»^ 
vaetoriales  étaient  empreinis  ilam  tontes  les 
pinsienrs  jonrnées»  en  violant  le  sjalknae 
aentatif ,  favaient  déponJMé  de  tont  I  iHiguH 
mémo  de  tonte  con^dératkm  ;  la 


1 


(5t) 

riettre  était  encore  menaçante ,  et  p  éaûs  Tintée 
rieur,  un  ponyoir  central .,  place  d'autant  pins 
fayorabkment  qu'il  diffîrait  de  tout  ce  qui  avait 
exhtéf  réunissait  autour  de  lui  toutes  les  forces 
réelles  et  toutes  les  espérances* 

Cest  dans  des  circonstances  pareilles  que  se 
rassembla  le  Tribunat,  corporatiMi  d'autant  pins 
faible 9  qu'elle  ne  tenait  plus  de  la  nation  la 
mission  de  la  défendre  ;  et  la  puissance  qui  avait 
imposé  à  cette  nation  des  représentans  qu'elle 
n'avait  pas  âus ,  se  prévalait  avec  adresse  contre 
oesrepréseatan.  de  leur  nomination  éqmyoqi^, 
00,  pour  mieux  dire,  illégale.  Par  une  étrange  bi- 
zarenrie ,  la  même  opinion  publiqne  qui  se  dâ^ 
danat  ouvertement  oonire  toute  résistance  am 
pouvoir  exécutif,  et  qui  pesait  d'un  poids  énorme 
contre  tons  les  hommes  disposés  à  quelque  ré^ 
damaftion,  les  mqprisait  en  même  lemps  de 
leur  patience.  An  plus  léger  de  leurs  meuve» 
mens,  elle  eût  prêté  son  assentiment  k  lenr 
dispersion  ;  maïs  lenr  inaction  lui  paraissait  aussi 
ridicnle  et  coupable.  C'est  iiéanmoins  dans  ces 
cîroottstaiices  qu'un  certain  nombre  de  ntiembres 
dtt  Tribanat,  ajant  accepté  lenrs  fimottons  dans 
Tespoir  de  transmettre  h,  la  France  quelque  trar- 
ditioo  de  lib^é  ^  développèrent  dn  calme ,  du  ta- 
lent, de  la  déeiâon  et  du  eourage.  Des  apostats  de 
tous  les  partis  éerivaient  contre  em^ ,  et  Vcu 

4.. 


k 


(5.) 
avait  pris  soin  de  leur  6ter  la  iàculté  de  répondre. 
Des  bruits  de  conspirations  circulaient^  et  pour 
élre  absurdes,  ils  n'en  étaient  ^ue  plus  dange- 
reux. Des  dénonciations  >  toujours  démontrées 
fausses ,  se  reproduisaient  toujours.  Sans  essayer 
une  lutte  inutile,  sans  se  livrer  i  l'impatience , 
sans  p&lir  devant  les  fureurs,  sans  s'effirayer  des 
calomnies,  ces  bommes  suivirent  une  route  uni- 
forme ,  n'ayant  pour  appni  que  leur  conscience, 
pour  but  que  leur  devoir.  Persuadés  qu'an  mi- 
lien  de  l'Europe  encore  armée,  il  fallait  ména- 
ger le  gpuvemement,  ils  ne  crurent  pas  devoir 
l'attaquer ,  malgré  ses  fautes.  Ils  ne  se  dégnisaïeut 
point  toutefois  qu'en  combattant  ses  projets,  en 
relevant,  même  sans  aigreur  ,  l'irrégularité  de 
plusieurs  de  ses  actes,  en  professant  invarîaUe- 
nent  une  doctrine  de  liberté,  cpie  les  adulateurs 
appelaient  des  abstraction  séditieuses,  ilsné's'at- 
•tiraient  pas  moins  de  baine  que  s'ils  se  fussent 
dédarés  ses  ennemis.  Ik  diminuaient  leur  mérite, 
ils  ne  diminuaient  point  leurs  dangers. 

L'Assemblée  Constituante  fut  placée  dans  une 
titnation  pins  heureuse;  elle  eut  les  honnears 
(le  la  hravonre  sans  courir  le  moindre  péril.  Elle 
avait  à  combattre  le  fantôme  imposant  d'nn  pon- 
voirlon^-temps absolu,  mais  ce  fentAme  n'existait 
que  poiirlagloiredesassaillans;  le  pouvoir  absolu 
«tnit  (lo  fait  renversé.  L'Assemblée  Constituante 


V 


(53) 

était  entourée  de  troupes  menaçantes  ;  mais  ces 
troupes  étaient  séduites ,  ou  dévouées  aux  non-* 
celles  opinions.  De  grands  talens  se  développèrent 
dans  cette  assemblée;  mais  ces  talens  étaient  sou^ 
tenus  par  des  acclamations  unanimes  :  les  défen-* 
senrs  d'un  peuple  tout-puissant  apercevaient  d^un 
bout  de  la  France  à  l'autre  et  des  alliés  et  des  ven-^ 
geurs.  L'Assemblée  G>nstituante  n'aurait  eu  be- 
soin de  courage  que  pour  résister  à  l'impulsion 
populaire ,  et  c'est  ce  qu'elle  ne  fit  pas»  Elle  ne 
sut  jamais  modérer  cette  impulsion  ^  même  de-^ 
veque  désordonnée  et  féroce  ,  dévastant  les 
châteaux  ,  envahissant  les  propriétés  et  mena-* 
çant  les  propriétaires.  L'énergie  de  l'Assemblée 
Constituante  fut  l'énergie  facile  de  l'obéissance 
au  mouvement  général. 

L'Assemblée  Législative  vota  toujours  contre  le 
sens  de  la  majorité  de  ses  membres ,  applaudit  à 
la  chute  du  trône  en  le  regrettant  ^  et  garda  le 
silence  au  milieu  des  massacres. 

La  Convention  livra  ses  chefk  à  une  minorité 
sanguinaire  y  consacra  le  despotisme  du  Comité 
du  Salut  public,  et  ne  se  réveilla  que  parce  qu'elle 
vit  que  la  servilité  n'était  plus   une  garantie. 

Le  Tribunat ,  dans  des  circonstances  plus  dé- 
fiivorables,  fut  plus  courageux ,  plus  désinté-* 
ressé ,  plus  indépendant.  Il  se  vit  en  butte ,  non 
point  à  un  roi  chancelant  sur  son  trône ,  cerné 


C54) 
de  tontes  parts  par  des  •roiontéivt  des  înstito- 
tioos  Tpbu  qne  rdpnblicaiiie»^  nuis  à  on  pouvoir 
jeune,  altier,  ssns  limites,  trritaUe,  impé- 
tueux; à  une  année  £ère  d«  son  dief,  brillaute 
de  gloire ,  dédaigoint  les  lumidres  et  les  discus-' 
sioDS  qui  lui  semUsient  puériles  auprès  du  tu- 
multe des  camps  ;  &  une  Dation  enfin  dont  une 
partie  nombreuse ,  regrettant  la  monarchie , 
TOyait  dans  le  despotisme  un  retour  vers  riJ>jet 
de  ses  désîn,  et  dont  la  presque  totalité  ,  son- 
vent  déçue,  toajoura  victime,  ne  savait  plus  où 
rattacher  des  espérances  sans  cesse  trompées,  et 
'  ne  demandait  que  le  repos. 

Menacée  par  la  &Tce,  désavouée  par  la  £ù< 
blesse,  repoussée  par  le  découragement,  la  mi- 
norité du  Tribanat  demeura  toujours  fidèle  à 
ses  Tentés  alors  universellemeiit  méconnues,  à 
des  devoirs  qu'on  ne  lui  savait  nul  gré  de  rem- 
plir, et  à  sa  conscience,  asUe  solitaire  où  s'eficx-- 
çaient  de  la  pounixivre  les  soopçons  d'une  foule 
•veille  et  les  calomnies  de  Tawlorité. 


^ 


L 


(55) 

IV. 
LETTRE  SUR  JULIE  (i). 

Votts  me  demandez  de  m'entretenir  avec  vous 
de  Fainie  que  nous  avons  perdue^  et  que  nous  re- 
gretterons toujours.  Vous  m'imposez  une  tâche 
qui  me  sera  douce  à  rempHr.  Julie  a  laissé  dans 
mon  cœur  des  impressions  profondes^  et  je  trouve 
a  me  les  retracer  une  jouissance  mêlée  de  tris- 


EUe  n'était  plus  jeune  quatard  je  la  rencontrai 
pour  la  première  fors  :  le  temps  des  orages  était 
passé  pour  elle.  II  n'exista  jamais  entre  nous  que 
de  Famitié.  Mais^  comme  il  arrive  souvent  aux 
femmes  que  la  nature  a  douées  d^une  sensibilité 
véritable ,  et  qui  ont  éprouvé  de  vives  émotions, 
son  amitié  avait  quelque  chose  de  tendre  et  de 
passionné  qui  lui  donnait  un  charme  particu- 
lier. 

Son  esprit  était  juste  ^  étendn,  toujours  pi- 

(i)  Cette  lettre  concerne  une  personne  morte  depuis  vingt- 
fimtre  ans ,  mais  planeurs  de  nos  contemporains  l'ont  comme, 
et  yerront  peut-être  avec  quelcpie  intéi^  cet  hommage  rendu  k- 
la  mémoire  d'une  femme  qui,  dans  sa  jeunesse,  avait  eu  beau- 
coup d'admirateurs ,  et  qui ,  dans  un  âge  plus  avancé ,  avaii 
conserva  beaucoup  d'amis. 


(56) 

quant ,  quelquefois  profond.  Une  raison  exquise 
lui  avait  indiqué  les  opinions  saines»  plutôt  que 
l'examen  ne  Yy  avait  conduite  ;  elle  les  dévelop- 
pait avec  force,  elle  les  soutenait  avec  véhéoience. 
Elle  ne  disait  pas  toujours  peut-être  tout  ce 
qu'il  y  avait  à  dire  en  faveur  de  ce  qu'elle  vou- 
lait démontrer;  mais  elle  ne  se  servait  jamais 
d'un  raisonnement  faux  ,  et  son  instinct  était 
infaillible  contre  toutes  les  espèces  de  sophismes« 
La  première  moitié  de  sa  vie  avait  été  trop 
agitée  pour  qu'elle  eût  pu  rassembler  une  grande 
masse  de  connaissances;  mais  par  la  rectitude 
de  son  jugement  elle  avait  deviné  en  quelque 
sorte  ce  qu'elle-  n'avait  pas  a^ris«  Elle  avait  ap- 
pliqué à  l'histoire  la  connaissance  des  hommes» 
connaissance  qu'elle  avait  acquise  en  société  ;  et 
la  lecture  d'un  très  petit  nombre  d'historiens 
l'avait  mise  en  état  de  démêler  d'un  coup  d'œil 
les  motifs  secrets  des  actions  publiques  ^  et  tous 
les  détours  du  cœur  humain^ 

Lorsqu'une  révolution  mémorable  fit  naître 
dans  la  tête  de  presque  tous  les  Français  des  es- 
pérances qui  furent  long-temps  trompées,  elle 
embrassa  cette  révolution  avec  enthousiasme, 
et  suivit  de  bonne  foi  l'impulsion  de  son 
âme  et  la  conviction  de  son  esprit.  Toutes  les 
pensées  nobles  et  généreuses  s'emparèrent  d'elle, 
.    et  elle  méconnut,  comme  bien,  d'autres,  les  diiS? 


(57) 
es  et  les  obstacles,  et  cette  disproportion  de* 
sespérante  entra  les  idées  qu'on  voulait  établir 
et  la  nation  qui  devait  les  recevoir^  nation  affai- 
blie par  Texcès  de  la  civilisation ,  nation  devenue 
vaniteuse  et  frivole  par  l'éducation  du  pouvoir 
arbitraire  y  et  chez  laquelle  les  lumières  mêmes 
demeuraient  stériles  y  parce  que  les  lumières  ne 
font  qu'éclairer  la  route,  mais  ne  donnent  point 
aux  hommes  la  force  de  la  parcourir. 

Julie  fut  une  apiie  passionnée  de  la  révolution, 
on  j  pour  parler  plus  exactement ,  de  ce  que  la 
révolution  promettait.  La  justesse  de  son  esprit 
en  faisait  nécessairement  une  ennemie  impla- 
cable des  préjugés  de  toute  espèce,  et  dans  sa 
haine  contre  les  préjugés,  elle  n'était  pas  exempte 
d'esprit  de  parti.  Il  est  presque  impossible  aux 
femmes  de  se  préserver  de  l'esprit  de  parti  ;  elles 
sont  toujours  dominées  par  des  affections  indivi- 
duelles. Quelquefois  ce  sont  ces  affections  indi- 
viduelles qui   leur  saggèrent  leurs  opinions  ; 
d'autrefois  leurs  opinions  les  dirigent  dans  le 
choix  de  leurs  alentours.  Mais  dans  ce  dernier 
cas  même ,  comme  elles  ont  essentiellement  be- 
soin d'aimer^  elles  ressentent  bientôt  pour  leura 
alentours  une  affection  vive ,  et  de  la  sorte  l'at- 
tachement que  l'opinion  avait  d'abord  créé  réa- 
git sur  elle  et  la  rend  plus  violente. 

Mais  si  Julie  eut  de  l'esprit  de  parti ,  cet  espiît 


I 

L 


(58) 
de  parti  même  ne  serrait  qu'à  mettre  pins  es 
éTÎdencela  bonté  naturelle  et  la  générosité  de 
son  caractère.  Elle  s'aveuglait  sur  les  hommes 
qui  semblaient  partager  ses  opinions;  maÔB  elle 
ne  fut  jamais  entraînée  a  mécoonattre  le  mé- 
rite, h  justiBer  la  persécution  de  rionooeDoe, 
on  à  rester  sourde  an  malbenr.  Elle  baissait 
le  parti  contraire  an  sieu,  mais  elle  se  dérotiait 
avec  zèle  et  avec  perséTérance  à  la  défense  de 
tout  individu  qu'elle  voyait  opprimé  :  k  l'aspect 
de  la  soufirance  et  de  l'injustice,  les  senCimeos 
nobles  qui  s'élevaient  en  elle  faisaient  taire  tontes 
les  considérations  partiales  ou  passionnées;  et  an 
milieu  des  tempêtes  politiques  ,  pendant  les- 
quelles tous  ont  été  successivement  victimes , 
nous  l'avons  vue  souvent  prêter  à  la  fiïis  à  des 
homines  persécutés,  en  sens  opposés,  tons  les 
secours  de  son  activité  et  de  son  courage. 

Sans  doute,  quand  son  cœur  ne  l'anrait  pas 
ainsi  dirigée ,  elle  était  trop  éclairée  pour  ne 
pas  prévoir  que  de  mauvais  moyens  ne  condoi- 
serit  Jamais  k  un  résultat  avantageux.  Lorsqn'dle 
voyait  l'arbitraire  déployé  en  ^venrde  ce  qu'on 
nommait  la  liberté,  elle  ne  savait  que  trop  qoe 
la  liberté  ne  pent  jamais  naître  de  rarWtraîre. 
Celait  donc  avec  douleur  qu'elle  contemplait 
lus  défenseurs  de  ses  opinions  cbéries,  les  sa- 
int dans  leur  base,  sou^  prétexte  de  ks  faire 


^ 


(59) 
liompher^  et  s'eflbi^iit  plutôt  de  se  saisir  k 
eut  tour  au  despotisme  que  de  le  dëtroire.  Cette 
naoière  de  Toir  est  un  mérite  dont  il  faut  savoir 
l'autaDt  plus  de  gré  à  Julie  ^  que  certes  il  n'a  pas 
îté  commun.  Tous  les  partis,  durant  nos  trou-* 
blés,  se  sont  r^ardés  comme  les  héritiers  les 
ans  des  autres,  et  par  cette  conduite,  ebacun 
deux,  en  effet,  a  hérité  de  la  haine  que  le  parti 
contraire  avait  d  abord  inspirée* 

Une  antre  qualité  de  Julie,  c'est  qu'au  milieu 
de  sa  véhémence  d'opinion,  l'esprit  de  parti  ne 
Ta  jamais  entraînée  à  l'esprit  d'intrigue. 

Une  fierté  iouée  Ten  garantissait.  Comme  on 
86  fait  toujours  ua  système  d'après  ses  défauts , 
beaucoup  de  femmes  imaginent  que  c'est  par  un 
par  amour  du  bien  qu'elles  demandent  pour  leurs 
^aoB  des  places,  du  crédit,  de  l'influence*.  Mais 
<inaad  il  serait  vrai  que  leur  motif  est  aussi 
noUe  qu'elles  le  supposent ,  il  y  a  dans  les 
sollicitations  de  ce  genre  quelque  chose  de  con«- 
traire  à  la  pudeur  et  k  la  dignité  de  leur  sexe  | 
et  lors  même  qu'elles  commencent  par  ne  songer 
^'^  Fintérét  public ,  elles  se  trouvent  engagées 
dans  une  route  qui  les  dégrade  et  les  pervertit. 

Q  y  a  daas  cette  carrière  tant  de  boue  à 
traverser,  que  personne  ne  peut  s'en  tirer  sans 
^^daboussures.  Julie,  violente  quelquefois,  ne 
^t  jamais  intrigante  ni  rusée.  Elle  désirait  Jes 


7 
/ 


(  6o  ) 
succès  de  ses  amis,  parce  qu'elle;^ 
succès  pour  les  principes  qu'elle  ç,* 
mais  elle  voulait  qu'ils  dussent/  ^  A 
mêmes,  et  non  pas  à  des  v(w^  ^- 
les  leur  eussent  rendus  moiv  ^-  î  ^ 
faisant  contracter,  comme ^  "^  *%.  a  '— » 
temps,  des  engagemeir  ^^"\  \  ^  vx  ^k 
£iussé  la  ligne  qu'ils  de  I  \/^  \      4  V    \t 

1  '     3.     ^      ?"       V*  >  ' 

tout  hasarde  pour  le"^  %  ^  V  ^"^  u*  %  n; 
mais  elle  n'aurait  fi  /'.'\  ^  V  \  >*'  ^  ^ 
pour  leur  obtenir  ?  %  *  J|,.a.  »     ' 


.J*' 


f 


raison,  que  jam-; 
pend  de  la  plac 
la  nature  n'a  ^  ^ 

privil^ese|/^r  .-étaitpH- 

PO-f-™.r  -tsar  les  g^ 

occupe,,^  -droits  et  la  dignité  de 

**"™  '^  -it  la  gaieté  la  plus  piquante 

«"J"*.  -  plus  légère  :  elle  ne  disait  p^ 

«*  ^e  ,^(,ts  isoles  qu'on  pût  retenir  et  ô- 

**"  aait  encore  là,  selon  moi,  l'un- de  ses 

"■        .LS.  Les  mots  de  ce  genre,  frappaos  en  etn. 

;s ,  ont  rinconre'uieat  de  tuer  la  conversa^  ; 
.(joii  ;  tu  sont,  pour  ainsi  dire,  des  coups  de  fbsil  . 
qiioii  lire  snr  les  idées  des  antres,  et  qiri  les  ,• 
«(..Tltciit.  Ceux  qui  parlent  par  traitls^nt  l'air  de  ' 
se  Ic'iiii-  à  l'affût,  et  leur  esprit  n'est  employé  qn'i  ( 
pivpa  l'cr  une  réponse  imprêTue,  qui,  tout  en  &i^  î 


\ 


(63) 


>  la  8aite  des  pensées,  et  pro^ 

;^   /^^  ^itient  de  silence. 

'  V^O  "Wère  de  Julie,  EUe  faî- 

%,/%  t  qn'elle-noênie;  c'était 

\t  ^  \  He#  ou  elle  discutait 

)r,  '^*'y%    ^/  '  n'étaient  jamais 

y^'r,  ^  ^^^"^^  \  Memeot  le  vé- 

'^rv^  ''^  \  '  \  "^^  sérieuses  ou 

%  ^'>,  "^v  '<  \  '"^^  'lait  dire, 

,    <i,    <  '>  '^  -^sse  des 

-^ '  ^  '^  .terie  quelle 

encore  beaucoup  plus 

o  étaient  ses  lettres.  Elle 

extrême  ûcilitié,  et  se  plaisait 

anecdotes,  les  obtenrations  fines, 

uons  profondes,  les  traits  heureux  se 

,^ent  sous  sa  jdûme  sans  trayail ,  et  cepen*^ 

^nt  toujours  dans  Tordre  le  {dus  propre  &  les 

feire  valoir  Tun  par  l'autre.  Son  style  était  pur, 

preas,  rapide  el  léger  ;  et  quoique  le  talent  épis- 

toJaire  soit  reconnu  pour  appartenic  particulier 

'«nacDlaux  femmes,  j'oserai  affirmer  qu'il  n'y  en 

a  presque  aucune  que  l'on  puisse,  à  cet  égard , 

^«ûparer  à  Julie.  M°^*deSévigné,dont  jene  con- 

lesterai  point  la  supériorité  dans  ce  genre,  est  plus 

intéressante  par  son  style  que  par  ses  pensées  ; 

die  peiui  ^yec  beaucoup  de  fidélité,  de  vie  et  de 


(6:.) 
avec  celui  qai  n'était  [dus ,  de  l'aTiliatenienf  it 
ceux  qui  existaient  ena>re  :  tant  il  y  avait  dim 
cette  âme  quelque  cKose  de  romain  t 

En  lisant  ce  que  je  viens  d'écrire  anr  les  opi' 
nions  de  Julie  en  politique^  on  se  fîgnreiapeol- 
étre  qu'elle,  avait  abjuré  la  grâce  et  le  cbarme  k 
son  sexe  pour  s'occoper  de  œs  objets  :  c'est  et 
qui  serait  arrivé  sans  doute  si  elle  s'y  f&t  livrée 
par  calcul,  dans  le  but  de  se  faire  renurqoerd 
d'obtenir  de  la  confiidération  et  de  Viuflneace; 
mais,  comme  je  l'ai  dit  en  commençant,  elle  de* 
vait  tout  à  la  nature,  et  de  la  sorte  elle  n'avatt 
acquis  aocune  de  ses  qualité  ans  dépens  d'une 
antre. 

Cette  mémefemmet  dont  la  logique  était  pré' 
€3se  et  serrée,  lorsqu'elle  parlait  sur  les  grands 
sujets  qui  intéressent  les- droits  et  la  dignité  de 
l'espace  hnmaine,  avait  la  gaieté  la  plus  jMqnaatei 
la  plaisanterie  la  pins  légère  :  elle  ne  disait  pa» 
souvent  des  mots  isolés  qu'on  pût  retenir  et  ci- 
ter, et  c'était  encore  là,  selon  moî,  l'unde  ses 
cbannes.  Les  mots  de  ce  genre ,  frappans  en  em- 
tnémes,  ont  l'inconvénient  de  toer  la  coaveR*" 
tion;  ce  sont,  pour  ainsi  dire,  des  coups  de  fesu 
qu'on  tire  sur  les  idées  des  aati^ 
abattent.  Ceux  qui  parlent  t 
se  tenir  n  l'^n'ùt,  et  leur  e 
préj^tror  «ne  reponsi 


(6S) 
sant  rire,  demige  k  suite  des  pensées,  et  pro- 
doit toujours  un  iDoment  de  ulence. 

Telle  fi'etait  pas  la  manière  de  Jolie.  ^le  fai- 
sait valoir  les  autres  aotaot  qu'elle^néme  ;  c'était 
pour  eux,  autaatquepour  elle,  qu'elle  discotait 
ou  i^îsaïUaît,  Ses  expressions  n'étaient  jamais 
recherchées;  elle  saisissait  admirablement  le  vé- 
ritable point  de  tontes  les  questions,  sérieuses  on 
friT<Jes.  EUe  disait  toujours  ce  qu'il  fallait  dire, 
et  l'on  s'apercevait  avec  elle  que  la  justesse  des 
idées  est  aussi  néceâaire  à  la  plaisanterie  qu'elle 
peut  l'être  a  la  raison. 

Hais  œ  qui  la  distinguait  encore  beaucoup  plus 
que  sa  conversation,  c'étaient  ses  lettres.  Elle 
écrivait  avec  une  extrême  facilité,  et  se  plaisait 
à  écrire.  Les  anecdotes,  les  obiervations  fines, 
Us  réflexions  profondes,  les  traits  heureux  se 
plaçaient  sous  sa  pUune  sans  travail ,  et  cepen- 
dant toujours  dans  l'ordre  le  plus  propre  à  les 
(aire  valoir  l'un  par  l'autre.  Son  style  était  par, 
précis,  rapide  et  léger  ;  et  quoique  le  talent  épis- 
(olaire  soit  reconnu  pour  appartoiic  particulià- 
:  remcotaux  femmes,  j'oserai  affirmer  qu'il  n'y  en 
3  presque  aucune  que  l'on  puisse,  h  cet  égard , 

rer  à  Julie.  M"*deSêvigoé,dontjeoecon- 
point  la  supériorité  dans  ce  genre,  est  plus 
">■  son  st^le  que  par  ses  pensées; 
uçoiip  de  fidélité,  de  vie  et  de 


,  (64) 
grâce  ;  mais  le  cercle  de  ses  idées  n*esl  pas  trèâ 
étendu.  La  cour,  la  société ^  les  caractères  indi'^ 
yidoelsy  et,  en  fait  d'opinions,  tout  an  plus  les 
plus  reçues,  les  plus  à  la  mode;  yoila  les  bonies 
qu'elle  ne  franchit  jamais.  Il  y  a  dans  les  lettres 
de  Julie  plus  de  réflexion  ;  elle  s'élance  souvent 
dans  une  sphère  plus  vaste;  ses  aperçus  sontpliis 
généraux;  et  comme  il  n'y  a  jamais  en  elle  ni 
projet,  ni  pédanterie,  ni  emphase,  comme  tout 
est  naturel ,  involontaire ,  imprévu ,  les  observa- 
tions générales  qu'elle  exprime  en  une  ligne, 
parce  qu  elles  se  présentaient  à  elle ,  et  non  parce 
qu'elle  les  cherchait,  donnent  certainement  à  sa 
correspondance  un  mérite  de  plos. 

Presque  toutes  les  femmes  parlent  bien  sur 
l'amour  :  c'est  la  grande  affaire  de  leur  vie;  elles 
y  appliquent  tout  leur  esprit  d'analyse ,  et  cette 
finesse  d'aperçus  dont  la  nature  les  a  douées  pour 
les  dédomniager  de  la  force.  Mais  comme  elles 
ont  un    intérêt   immédiat,  elles  ne  sauraient 
être    impartiales.     Plus   elles   ont    de    pureté- 
d'âme,  plus  elles  sont  portées  à  mettre  aux  liai**' 
sons  de  ce  genre  une  importance ,  je  ne  dirai  i 
pas,  pour  ne  scandaliser  personne,  exagérée/"^ 
mais  cependant  en  contraste  avec  l'état  nécessaire*' 
de  la  société.  ' 

Je  crois  bien  que  Julie,   lorsqu'il  s'agissart^ 
d'elle  «<- même ,  n'était  guère  plus  désintéressée  i 


(65)- 

quuoe  autre;  mais  elle  reconaaissait  au  moios 
qu  elle  était  injuste,  et  elle  en  convenait.  Elle  sa- 
vait que  ce  penchant  impérieux ,  l'état  naturel 
d'un  sexe 9  n'est  que  la  fièvre  de  l'autre;  elle  com- 
prenait et  avouait  que  les  femmes  qui  se  sont 
données  et  les  hommes  qui  ont  obtenu  sont  dans 
une  position  précisément  inverse. 

Ce  n'est  qu'à  l'époque  de  ce  qu'on  a  nommé 
leur  défaite  y  que  les  femmes  commencent  à  avoir 
un  but  précis ,  celui  de  conserver  l'amant  pour 
lequel  elles  ont  fait  ce  qui  doit  leur  sembler  un 
grand  sacrifice.  Les  hommes ,  au  contraire  >  à 
cette  même  époque ,  cessent  d'avoir  un  but  :  ce 
qui  en  était  un  pour  eux  leur  devient  un  lien. 
D  n'est  pas  étonnant  que  deux  individus  placés 
dans  des  relations  aussi  inégales  arrivent  rapi- 
dement à  ne  plus  s'entendre  ;  c'est  pour  cela  que 
le  mariage  est  une  chose  admirable,  parce  qu'au 
lieu  d'un  but  qui  n'existe  plus,  il  introduit  des 
intérêts  communs  qui  existent  toujours. 

Julie  détestait  la  séduction  ;  elle  pensait  à  juste 
litre  que  les  ruses,  les  calculs,  les  mensonges 
quelle  exige  dépravent  tout  autant  que  des 
mensonge^,  des  calculs  et  des  ruses  employés 
pour  servir  tout  aiitre  genre  d'égoïsme;  mais 
partout  où  elle  apercevait  de  la  bonne  foi,  elle 
'excusait  l'incoi^^tan^ç , '  parce  qu'elle  la  savait 
inévitable ,  et  qu'en  prodiguant  des  noms  odieux 


(66) 

aux  lois  de  la  natirre^  on  ne  parvient  pas  à  les 
éluder.  Julie  parlait  doue  sur  Famour  avec  toute 
la  délicatesse  et  la  grâce  d'une  femme,  mais  avec 
le  sens  et  k  réflexion  d'un  homme.  Je  Fai  vue 
plus  d'une  fois  entre  deux  amans ,  confidente  de 
leurs  peines  mutuelles ,  consolant,  avec  une 
sympathie  adroite,  la  femme  qui  s'apercevait 
qu'on  ne  Faimait  plus,  indiquant  à  l'homme  le 
moyen  de  causer  le  moins  de  douleur  possible, 
et  leur  i&isant  ainsi  du  bien  à  tous  deux. 

Julie  n'avait  point  dldées  relieuses,  et  j'ai 
quelquefois  été  surpris  qu'avec  une  sensibilité 
profonde ,  un  enthousiasme  sincère  pour  tout  ce 
qui  était  noble  et  grand»  eUe  n'éprouvât  jamais 
le  besoin  de  ce  recours  à  quelque  chose  de  sur- 
naturel, qui  nous  soutient  contre  la  souffrance 
que  nous  causent  les  hommes,  et  nous  console 
d'être  forcés  de  les  mépriser;  mais  son  éducation, 
la  société  qui  l'avait  entourée  dès  sa  première 
jeunesse,  ses  liaisons  intimes  avec  tes  derniers  phi- 
losophes du  dix-huitième  siècle,  l'avaient  rendue 
inaccessible  à  toutes  les  craintes  comme  à  toutes 
les  espérances  de  cette  nature.  C'était  le  seul  rap- 
port sous  lequel  elle  eût,  pour  ainsi  dire ,  âdbjuré 
son  habitude  de  se  décider  par  elle-ôiême ,  et 
embrassé  des  opinions  sur  parole.  Je  suis  loin 
de  regarder  FincréduKté  t  comme  une  Êtufe  , 
mais  la  conviction  en  ce  gëiiire  ne  me  parait 


(67) 
rootÎTée  par  rien  ,  et  raffirmatfon  dans  Fathée 
me  semble  annoncer  un  grand  TÎce  de  rai- 
sonnement. Les  dérots  peuvent  être  entratnés 
par  les  besoins  de  l'imagination  et  du  co^r,  et 
leur  esprit  peut  se  plier  à  ces  besoins  sans  être 
faussé  ;  mais  Thomme  qui  croit  être  arrivé  par  la 
logique  à  rejeter  sans  hésitation  toute  idée  reli- 
gieuse est  nécessairement  un  esprit  faux. 

L'incrédulité  de  Julie  était  au  reste  plutôt  une 
impression  de  Fenfance  qu'une  persuasion  réflé- 
chie, et  il  en  était  résulté  que  cette  incrédulité 
s'était  logée  dans  un  coin  de  sa  tête ,  comme  la 
rdigion  se  loge  dans  la  tête  de  beaucoup  de 
gens  y  c'est-à^re  sans  exercer  aucune  influence 
SUT  le  reste  de  ses  idées  ou  de  sa  condtrite,  mais 
en  excitant  toujouifs  en  elle  une  assez  vive  irri- 
tation quand  elle  était  contredite  sur  ce  point. 

Jai  vu  cette  incrédulité  aux  prises  avec  Té- 
preuve  la  plus  déchirante.  Le  plus  jeune  des  fiFs 
de  Julie  fut  attaqué  d  une  maladie  de  poitrine 
qui  le  conduisit  lentement  au  tombeau  ;  elle  le 
soigna  pendant  près  d'une  année,  l'accompa- 
gnant de  ville  en  ville,  espérant  toujours  désai^- 
mer  la  nature  implacable,  en  cherchant  des  cli-* 
mats  pîus  doux ,  ou  des  médecins  plus  habiles- 
Toutes  ses  affections  s'étaient  concentrées  sur  ce 
dernier  de.ses  enfains  ;  la  perte  des  deux  premiers 
le  lui  avait  rendu  plus  cher.  L'amour  maternel 

5.. 
I 


] 


lu  ni  ici 
^M  objets 

in 


(68) 
avait  remplacé  en  elle  toutes  les  autres  passions; 
cepeDdaiit)  au  milieu  de  ses  anxiétés,  de  ses  io- 
certitutles,  de  SOD  désespoir,  jamais  la  religion 
ne  se  présenta  à  son  esprit  que  comme  une  idée 
importuQe,  et,  pour  ainsi  dire,  ennemie;  elle 
craignait  qu'on  ne  tourmentât  son  fils  de  terreurs 
chimériques;  et  dans  tme  situation  qui  aurait,  à 
ce  qu'il  semble,  dû  lui  faire  adopter  presque 
aveugiéinent  les  consolations  les  plus  improba- 
bles et  les  espérances  les  plus  vagues,  la  direction 
que  ses  Idées  avaient  prise,  plus  forte  que  les 
bcsoius  de  son  cœur,  ne  lui  permit  jamais  de 
considérer  les  promesses  religieuses  que  comme 
un  nio^cn  de  domination  et  un  prétexte  d'into- 
lérance. Je  ne  puis  ici  m'empècher  de  réfléchir 
au  mal  que  causent  à  la  religion,  et  aux  êtres 
soulTraiis  qui  auraient  besoin  d'elle ,  l'esprit  do- 
miiiûteur  et  l'intolérance  dogmatique.  Qui  ne 
croirait,  quand  la  douleur  a  pénétré  dans  les  re- 
plis les  plus  intimes  de  l'âme ,  quand  la  mort 
nous  a  frappés  de  coups  irréparables,  quand  tous 
les  liens  paraissent  brisés  entre  nous  et  ce  que 
nous  chérissons  ;  qui  ne  croirait,  dis-je ,  qu'une 
voix  nous  annonçant  une  réunion  inespérée, 
t'uisant  jaillir  du  sein  des  ténèbres  éternelles  une 
lumière  inattendue  ,  arrachant  au  cercueil  les 
objets  sans  lesquels  nous  ne  saurions  vivre,  et 
que  nous  pensions  ne  jamais  revoir,  derrait  n'ex- 


(  69  ) 
citer  que  lajoie;  la  reconnaissance  et  l'assenti- 
naent  ?    Mais  le  consolateur  se  transforme  en 
maître  ;    il  ordonne ,  il  menace ,  il  impose  le 
dogme  qnand  il  fallait  laisser  la  croyance  ger- 
mer   au  sein  de  l'espoir ,  et  la  raison  se  ré- 
Tolte^  et  l'affection  découragée  se  replie  sur 
elleHnémey  et  le  doute,  dont  nous  commencions 
à  être  affiranchis,  renaît  précisément  parce  qu'on 
nous  a  commandé  la  foi.  C'est  un  des  grands  in- 
conyénieiis  des  formes  religieuses,  trop  station- 
naires  et  trop  positives,  que  l'aversion  qu'elles 
inspirent  aux  esprits  indépendans.  Elles  nuisent 
à  ceux  qui  les  adoptent ,  parce  qu'elles  rétrécis- 
sent et  faussent  leurs  idées  ;  et  elles  nuisent  en- 
core à  ceux  qui  ne  les  adoptent  pas  ,  parce 
qu'elles  les  privent  d'une  source  féconde  d'idées 
douces  et  de  sentimens  qui  les  rendraient  meil- 
leurs et  plus  heureux. 

On  a  dit  souvent  que  l'incrédulité  dénotait 
une  àme  sèche ,  et  la  religion  une  4me  douce  et 
aimante.  Je  ne  veux  point  nier  cette  règle  en  gé- 
néral. U  me  parait  difficile  qu'on  soit  parfaite- 
ment content  de  ce  monde  sans  avoir  un  esprit 
étroit  et  un  cœur  aride  ;  et  lorsqu'on  n'est  pas 
content  de  ce  monde,  on  est  bien  près  d'en  dési- 
rer et  d'en  espérer  un  autre.  U  y  a  dans  les  ca- 
nidères  profonds  et  sensibles  un  besoin  de  va- 
gue que  la  religion  seule  satisfait,  et  ce  besoin 


(7°) 
tient  de  si  près  à  toutes  les  affections  êiey 
délicates,  que  celui  qui  ne  l'éprouve  pas  e 
que  iofailliblenient  dépourvu  d'une  porti 
cicuae  de  sentimens  et  d'idées.  Julie  étaï' 
moins  une  exception  remarquable  à  cetb 
U  y  avait  dans  sou  cœur  de  la  iuélancoli< 
la  tendresse  au  fond  de  son  âme;  si  elle  n 
vécu  dans  un  pays  où  ta  religion  avaî 
temps  été  une  puissance  hostile  et  vexât 
où  son  nom  même  réveillait  des  souvt 
persécutions  et  de  barbaries,  il  est  possi 
son  imaginatiou  eût  pris  une  direction  K 
férente. 

La  mort  du  dernier  fils  de  Julie  fut 
de  la  sienne ,  et  le  signal  d'un  dépérissen» 
manifeste  que  rapide.  Frappée  trois  fois  e 
de  trois  ans  d'un  malheur  du  même  gei 
ne  put  résister  à  ces  secousses  douloar 
multipliées.  Sa  santé  souvent  cbaucelai 
paru  lutter  contre  la  nature  aussi  long-te 
l'espérance  l'avait  soutenue,  ou  que  l'act 
soius  qu'elle  prodiguait  à  sou  lils  mou: 
vait  rauimée;  lorsqu'elle  ne  vit  plus 
à  lui  faire,  ses  forces  rabaudonnérent. 
vint  à  Paris,  malade,  et,  le  jour  mêit 
arrivée ,  tous  les  médecins  en  dëses] 
Sa  maladie  dura  environ  trois  mois, 
•tout  cet  espace  de  temps ,  il  n'y  eut 


(70 
seule    fois  la  moindre  posàbilité  d'espérance. 
Chaque  jour  était  marqué  par  quelque  sympr 
tome  qui  se  laissait  ^ucnpe  ressource  à  l'ami- 
tié, ayide  de  se  tromper  ,   et  chaqiie  lende- 
main lyoutait  au  danger  de  la  veille.   Julie 
seule  parut  toujours  ignorer  ce  danger.  lia  naf- 
tore  de  son  mal  favorise,  dit-on,  de  telles  illu- 
sions ;  mais  son  canctère  contribua  sans  doute 
beaucoup  à  ces  illusions  heureuses  :  je  dis  heu- 
reuses ,  car  je  ne  puis  prononcer  avec  certitude 
sur  les  craintes  qu'une  mort  certaine  lui  aurait 
inspirées.  Jamais  cette  idée  ne  ^.  présenta  d'une 
manière  positive  et  directe  à  son  e^rit  ;  mais  je 
crois  qu'elle  en  e4t  ressenti  une  peine  vive  et 
profonde  :  on  s'en  étonnera  peut-être.  Privée 
de  ses  en£ins ,  isolée  sur  cette  terre,  ayant  à  la 
fois  une  âme  énergique ,  qui  ne  devait  pas  être 
accessible  à  la  peur,  et  une  4me  sensiUe,  que 
tant  de  pertes  devaient  avoir  déchi|rée ,  pour 
Y^t^elle  regretter  la  vie  ?  Je  ne  mets  p^ 
ea  doute  que  si  ses  forces  physiques  eussent 
mieux  résisté  à  sa  douleur  m<Mrale ,  elle  n'eût 
pris  en  horreur  la  carrière  sombre  et  solitaire 
qui  lui  restait  à  parcourir.  Mais  menacée  elle- 
même  au  moment  ou  elle  venaif^  ^e  voir  ô^sp^ 
ndtre  tous  les  objets  de'son  affection ,  elle  n'eut 
pas  le  temps,  pour  ainsi  dire,  de  se  livrer  k 


»,:k-. 


Ifc 


-    «5^ 


^   â.  ^ 


ir    nÊTf 


'çxL  pneoëdèrent 
:i  mille  projets 
;  elledàaîfliit 

r  desoQete 

'ie  se- softtîr  re- 
<çsL  Teatoa- 

i&ooors 

ctt  TStet  i  prâie.  Ott  TOjraît 

,  iiîfnîse  les  cbimères  dont  ioo 
r?r  repaître,  la  mort 


•  -•" 


<'  w 


{tasEqnefoÊs  ma  dissîimtlatioa 
«uiKœde  cette  barrière  qii  e- 
et  wam  cette  contraiiile  pefpe- 
le  blesser  Famitië,  en  ht 
adoBcir  ses  denupix  m#^ 


(75) 
mens»  Je  me  demandais  si  la  vérité  n'était  pas 
UQ  devoir;  mais  quel  eût  été  le  résaltat  d'une 
vérité  que  Julie  craignait  d'entendre? 

J'ai  déjà  dit  que  le  cercle  de  ses  idées  ne  s'é- 
tendait point  au-delà  de  cette  vie.  Jusqu'à  ses 
malheurs  personnels  ^  la  mort  ne  l'avait  jamais 
frappée  que   comme  un  accident  inévitaUe  , 
sur  lequel  il  était  siuperflu  de  s'appesantir.  La 
perte  dé  ses  enfans,  en  déchirant  son  cœur  , 
n'avait  rien  changé  à  la  direction  de  son  esprit. 
Lorsque  des  symptômes   trop  peu  méconnais- 
sables pour  elle,  puisqu'elle  les  ayait  observés 
dans  la  longue  maladie  de  son  dernier  fils ,  je- 
taient à  ses  propres  yeux  une  lueur  soudaine  sur 
son  état ,  sa  physionomie  se  couvrait  d'un  nuage  : 
mais  elle  repoussait  cette  impression;  elle  n'en 
parlait  que  pour  demander  à  l'amitié ,    d'une 
manière  détournée ,  de   concourir  à  l'écarter. 
Enfin ,  le  moment  terrible  arriva.  Depuis  plu- 
sieurs jours  son  dépérissement  s'était  accru  avec 
une  rapidité  accélérée;  mais  il  n'avait  point  influé 
sur  la  netteté,  ni  même  sur  l'originalité  de  ses 
idées.  Sa  maladie,  qui  quelquefois  avait  paru 
modifier  son  caractère ,  n'avait  point  eu  le  même 
empire  sur  son  esprit.   Deux  heures  avant  de 
mourir ,  elle  parlait  avec  intérêt  sur  les  objets 
T^i  Tavaient  occupée  toute  sa  vie,   et  ses  ré- 
flexions fortes  et  profondes  sur  l'avilissement  de 


*-  *«  -iirr""'^'™"*"' 

•■fc  *»  _r^T '""'«»<  le  plu  ii- 
■*"fc^    _■■  •Bine  i  leierciM  detal 


'^Jkai^^  2°™«  "Dénie,  Julie  cod- 

»*|Ma.  -r  fc      *"  """^^  «le  Parler,* 

*•  ^  _■„,.  _fSW:  <fc  reconnaisate.  & 


(75) 


V. 


FRAGMENS  SUR  LA  FRANCE, 

nu  r4  ivfiABT  178;)  AU  3i  mâmb  i8i4* 

L'aaciett  régime  était  un  nélaiige  de  conmp^ 
lion  y  d'ftrbitntii»  et  de  faiblettf .  Le  14  juillet 
renversa  ce.  régime.  Mais  ime  révolption  &ke 
en  TiQgt«H{aatre.  heures  pouvai^elle  changer  on 
caractère  national,  produit  de  plusieurs  sièdes? 
L'ancien  régime  avait  laissé  des  traces  4pii  ne 
permettaient  guère  d'espérer  beaucoup  du  nou- 
veau«  Aussi  l'observateur  désit^ressé  dùt-il  re- 
connaître ,  dans  les  concessions  et  dans  les  pnv- 
oneises  d'un  pouvoir  effrayé,  de  l'hypocrisie; 
dans^  les  ébullitions  d'un  patriotisme  de  salon , 
ime  vanité  qui  avait  d'assea  bons  effets,   pu!»- 
qu'elle  inspirait  du  désintéressement  -et  des  sa^ 
crifioes,  mais  qui  n'en  devait  pas  mo)ns,  tM  ou 
tard,  avoir  les  piauvais  effets  de  la  vanité j  daos 
ladasse  intermédiaire,  qu'on  nommait  alors  la 
iMïargeoiaie,  une  ignorance  et  une  crédulité  qui 
^  livraient  à  toutes  les  suggestions  et  h  toutes 
les  impostures  de  l'esprit  de  parti  ;  enfin ,  dans 
■^  classes  inférieures ,  une  misère  qui  exigeait , 
P^V  première  condition  de  l'ordre,  une.rapar- 


QF  "   ' 

fc«-y»fc^w^  liai  i^iiiU'irth 
liea^,  ^mjae  victariai 
làr^atèeicr  punù  les  ni 
■■rt  JUta  ^  ■uténaax  p 
A»  mal.  OpeudAiit  la  n 
«■■mk;  nen  n'était  cb 
■  iffOCTisK  dans  les  ■ 
Aasles  autres,  mêtnen 
t;ct,  de  plus,  la  creatÏM 
,  soi-<ii$aQt  républicains,* 

it,  embrassaient  des  crimesi 

i<l«r  4»  opinions,  dogmes  non  raoioi 

%  <t  «OB  arains  iovëlérés,  tout  réceas  qà 

tt,  tjoe  les  dogmes  soi-disant  monarehiqw 

ijui  parlaient  liberté   voulaient  le  desp9 

iraient  pour  lui  ;  ceux  qui  pW 


(77) 
âent  république  youlaienl  un  despotisme. nou- 
eau. 

Aa   i8  brumaire  ,  l'Europe  et  la  France  se 
emplirent  du  uom  déjà  célèbre  de  Bonaparte  :  le 
aOQde  le  proclama  son  libérateur.  Ce  libérateur 
tait  ^  sous  plus  d'un  rapport ,  un  très  puissant 
[énie,  et,  sous  tous  les  rapports ,  un  homme 
l'esprit  :   il  voulait  du  pouvoir  ^  beaucoup  de 
x>uvoir,  tout  le  pouvoir  qu'il  était  possible  de 
^rendre  ;  mais  ce  qu'il  voulait  avant  tout,  c'était 
ane  dose  de  pouvoir  quelconque,  et,  s'il  eût 
trouvé  résistance,  il  eût  négocié.  Bien  loin  de  là , 
J  trouva  une  nation  qui  se  prosterna  devant 
lui,  comme  un  seul  homme,  et  qui,  loin  de 
s'effaroucher  -de  l'autorité  qu'il  s'arrogeait,  sem- 
Uait  s'irriter  de  ce  qu  il  ne  s'en  arrogeait  pas 
encore  assez.  On  dirait  que  nos  têtes  françaises 
n'ont  de  capacité  que  pour  recevoir  une  seule 
idée;  cette  idée  devient  une  espèce  de  religion, 
et  les  croyans  traitent  ceux  qui  pensent  avoir 
deux  idées  au  lieu  d'une  comme  des  hérétiques 
et  des  impies.  L'idée  dominante,  en  8g,  était, 
détruisons  tout  pour  tout  •  recréer  ;  et  quand  on 
disait  à  ces  destructeurs  si  bénévoles  qu'il  fallait 
peut-être  se  dépécher  moins ,  et  que  ,    dans 
l'histoire ,  les  révolutions  qui  s'étaient  appuyées 
sur  des  portions  du  passé  avaient  été  les  moins 
^i^geuses  et  les  plus  durables,  anathème  était 


} 


(78) 
oonlre  k  moniteur  impori 
■Hie,  i  la  fin  de  94,  était  ;  pi 
Is  far&iCs  de  93.  Les  hommes  II 
brthâatf  à  hie-Iète,   an   non) 
^  tiaBiHts  dont  le   refrain  1 
hmatÊKmàKs:  et  qnand  on  osait  ri 
c  si^B^  ie  rioipalsion 
■■V'^irasRBblêe  unique  eti 
^Hfes  Itt  ornes  commis  par 
if»  «  s»»  firein ,  c'était  frap^ 
,^rtK-  te  causes,  on  était  tml 
■iÇ^.  Ap  complice  de  la   terreoi 
I*  ifannuDte  fut  :  la  liberté  noa 
■MR  se  roulons  plus  de  liberté 
B  «licraaenl    modestement   à    « 
rfewrnivde  que  les  maux  de  li 


imi  preciseraent  de  ce  que  I 
^■riiiHa  «MU  5Kpendu  toute  liberté,  étaieilj 
^PBMH»  Jhk  Ik  Sftlom  du  nom  de  jacobïnj 
«  j^MiAii**»-  (-Be  nation  qui  demandait  t'es- 
j^^t^t  4M  <Wf  militaire  couvert  de  gloir«  d 
^  ^  S««b  aas.  dmit  être  servie  à  souhait  j 
^^  ^  4^  %•  cOKolat  succéda  l'empire.  Ldî 
t  restèrent  dans  les  camps'; 
t  ie  h  Convention  prirent  ptacd 
^  ^  v-iMMâ^ .  fes  paladins  de  la  contre-T^ 
t  te  antichambres.  Ils  y   retrou- 


(79) 
Malheurenseoient  pour  Us  fiervitenn  comme 
mr  le  maître  >  le  despotisme  frappe  de  folie 
»  plus  distiogaés  comme  les  plus  médiocres, 
îs  nos  conseryent  de  la  grandeur ,  de  la  génë- 
isité  y  quelquefois  de  la  justice ,  quand  leur 
myoir  n'est  ps^  compromis  ;  voyez  Napoléon  : 
s  autres  sont  des  monstres  abjects  et  féroces  ; 
oyez  Don  Miguel* 

Bonaparte  despote  devait  se  précipiter  du 
^ne  :  lui  seul  le  pouvait  ;  i)  le  fit.  Ceux  qui  se 
ont  dits  ses  vainqueurs  étaient  ses  vassaux  et 
es  esdaves» 

Tout  homme  qui  n'aurait  comparé  que  les 
brces  matérielles  eu  i8ia  »  aurait  parié  cetit 
»atre  un.  pour  Bonaparte. 

L'Ettînopese  divisait  en  deux  parts^  en  apparence 
Tort  inégales.  D'un  c6té»  l'Angleterre^  l'Espagne 
st  la  Russie  ;  de  l'autre ,  la  France  avec  toute  l'Ai* 
lemagne ,  l'Italie,  la  Suisse  et  le  Danemarck»  qui 
semblait  devoir  neutraliser  la  Suède. 

Aa  premier  coup  d'œil  ^  le  succès  de  la  France 
semblait  in&illible  ;  ses  ennemis  étaient  ëepàré^ 
les  un&  des  autres  par  des  distance  iocommenr- 
durables ,  et  chacun  d'eux  était  travaillé  iotërieu-^ 
ornent  d'ntie  maladie  secrète  qui  l'aflEEiiblissait* 

L'Angleterre,  épuisée  par  sa  dette  ^  n'ay aiit  de 
forces  disponibles  que  celles  qu'il  lui  fallait  pour 
^limenteir  la  résistance  espagnole ,  était  tourment 


\ 


(80) 

■      --U-JI.  »  .tlriboait  «nmilaK, 
*^^  '  .  „  ■■■laiw  serwt  accru 

■  ,„:— ■  à  U  tmtàert.. 
^   "'"""«^tiedonner»*' 


(8i) 

La  Prusse^  qui  aurait  eu  plus  dé  motiâ  de 
ressentiment  y  était  contenue  par  son  impuis- 
sance. Les  suites  de  sa  dernière  tentatiye  lui 
faisaient  considérer  toute  résistance  comme  un 
acte  insensé.  Si  eUe  espérait  des  dédommage- 
mens,  c'était  aux  dépens  de  la  Russie,  qui  ne 
s'était  pas  retusée  à  lui  enlever  le  district  de 
Bialystock  par  un  traité  où  elle  stipulait  comme 
son  alliée;  et  c était  de  très  bonne  foi  que 
Frédéric-Guillaume  désapprouvait  tout  ce  qui 
pouvait  lui  donner  un  air  de  trahison  qui  n'était 
pas  au  fond  de  son  cœur. 

Quant  au  roi  de  Bavière ,  il  avait  fait  preuve 
de  fidélité;  celui  de  Saxe  s'était  montré  plus 
loyal  encore,  et  l'on  ne  saurait  oublier  l'obstina- 
tion généreuse  avec  laquelle  il  s'est  dévoué. 
Ajoutez  à  cela  les  liens  secrets  des  ministres  de 
ces  princes  avec  le  dominateur  de  la  France,  liens 
dont  leur  fortune  et  leurs  cordons  actuels  rendent 
encore  témoignage. 

Telle  était  la  position  de  l'Europe  en  1813. 
Assurément  celle  de  la  France  était  brillante; 
elle  avait  pour  auxiliaires  tous  les  gouverne- 
mens,  elle  n'avait  pour  ennemis  que  les  peuples. 

Tant  que  la  prospérité  dure ,  la  haine  des  peu- 
ples n'est  rien;  mais  au  premier  revers,  cette 
baine  éclate,  et  elle  est  invincible. 

Le  terrible  hiver  de  18 12  à  18 1 3  détruisit  l'ar- 

6 


2:i^Sl 


Jifi-juckiiseinenldelw 
lupoiaiiv  vainquit  les  léii- 


uuat  de  la  France. 


\ 


(83) 

Les  mêmes  causes  qui  avaient  renverse  Napo- 
léon en  AUemagne  devaient  Ij^  renverser  sur  le 
sol  natal.  Id  tomme  ailleurs  il  avait  tue  toùfes 
les  libertés  ^  et ,  par  là  ^  soulevé  contre  lui  toutes 
les  facultés  intellectuelles  et  industrielles  qui  as* 
piraient  à  se  développer. 

Ou  a  oublié  aujourd'hui  le  sehtimetat  de  fati- 
gue et  d'aversion  qui ,  vers  la  fin  de  l'empire  > 
s'attachait  même  aux  victoires  que  la  Frailce  était 
condamnée  à  remporter.  Ou  a  oublié  ce  senti* 
ment  9  dis^-je,  comme  à  cette  époque  On  avait 
oublié  le  fol  enthousiasine  avec  lequel  on  avait 
reçu  Tarrivant  d'Egypte,  quatorze  aiis  plus  tôt; 
mais  le  fait  est  qu'à  l'exception  de  l'armée  féutlie 
^us  ses  ordres,  et  que  la  vue  de  l'étendard  étran- 
'-ger  remplissait  d'une  indignation  patriotique,  il 

-  y  avait  en  France  bien  peu  de  persouiiea  qui 
-fissent  des  vœux  sincères  pour  la  prolongation 

de  son  règne.  Ceux  qu'il  avait  conodiléade  bien- 

-■  &its  lui  savaient  mauvais  gré  de  ce  qu'en  ^ 

mettant  en  péril  lui-même,  il  les  troublait  dans 

-  la  jouissance  des  foveurs  qu'il  leur  avait  accor- 
dées* Le  maintien  de  ces  Êiveurs  tontre  toutes 
les  vicissitudes  semblait  un  engagentëiït  qu'il 
avait  pris ,  et  lorsqu'on  le  voyant  compromis  on 

-  se  sentait  compromis  soi*!-mênàe,  on  ûe  le  plai- 
giuiit  pas,  on  l'accusait  plutôt. d'un  manque  de 
parole. 

6.. 


mee 
Je  Ri 

Fran 
leur 
son  :. 
sei-v: 
ans; 

légii 

aussi 

intép 

prém 

porté 

traire 

quiî  n 

joug  c 

courom 

peut  de 

Ans... 

plfs  se 

temps  li 

défia  itivt 

gent  louj 

clarèrenl 

patrie.  Lt 

tant-es  roy 

très  à  rede 

■  snong 


^4) 
^^  j  se  trompent  quand  ils 

^^11 ^  tâWitë  de  leurs  adbérens 

^^tm^  ^  bornes  à  leur  muniâ- 
^TÊTT  .  fls  leur  donnent  plus  de 
^^^^Kt,  if  par  là  même  ils  mdtt- 
^^^-v-aMofi-  d'ibandonner  le  pouvoir 
^^^HiB«r  a»ec  la  Tortane.  Ceux  qui 
^^^»m»  Je  Las-Cases  doivent  se  soq- 

^i,r  «wne  •.-omblée  des  bienfaits  de 

^— ^  j»«ipi  «.TÎTBÎt  :  «  Grâces  au  ciel,  je 

^^^^>«  tomber,  et  nous  serons  de  vé- 

^^^■■«6.  t  Ce  qu'elle  disait  ainsi  naî- 

^^itptmMe  de  presque  tout  le  monde. 

^|— ■«■  de  comtesses  impériales,  il 

^-py«»ir  gens  intéresses  à  donner  à 

^^^aam  de  la  légitimité. 

_^^M9a^r,  ne  trouvant  nul  appui 

i -    Frnnçais  ,   Napoléon   suc- 

_, .  -ixHÎiiîes  de  talent  et  de  cou- 

.^.jcMieul  séparé  sa  chute  d'avec  la 

«»v  t)HVn  effet  ce  sont  deux  choses 
.  -us-vincis  avaient  déclaré  vingt 
sttfmhiiont  imposer  à  la  France 
.^iiiK-  lorme  de  gouvernement 
,  ].•  tn'itie était  vacant,  et  qnel- 
l'i-oltsse  sur  la  légitimité,  son 
.  toutes  choses  étant  égales  et 


(85) 

toutes  prétentions  étant  contestées^  eUe  jette  un 
poids  dans  la  balance  en  faveur  de  celui  qui  peut 
l'inTOqueF. 

D'ailleurs,  avec  le  petit  Napoléon  venait  une 
régence  autrichienne,  qui  ne  tentait  les  amis  ni 
de  la  France  ni  de  la  liberté.  Le  prince  des  Pays- 
Bas,  qui  ne  portait  pas  encore  ce  titre,,  avait 
servi  contre  les  Français  en  Portugal  ;  Bemadotte,» 
séduisant  par  les  formes  et  souvent  républicain 
dans  ses  expressions,  n'en  avait  pas  moins  le  tort 
irrémissible  d'avoir  soulevé  les  étrangers  contre 
son  pays  natal.  M.  le  duc  d'Orléans  n'était  pas  en 
France. 

La  restauration  s'accomplit.  Mon  dessein 
n'est  ici  ni  d'esquisser  son  histoire,  ni  d'indi- 
quer les  &utes  commises  par  les  hommes  aux- 
quels le  pouvoir  fut  alors  confié.  J'ai  tâché  de 
remplir  cette  dernière  tâche  dans  mes  Mémoires 
sur  les  cent  jours  :  je  ne  dirai  donc  que  quelques 
mots  sur  ce  que  l'état  des  esprits  ,  à  cette 
époque  ,  prescrivait  de  £siire  ou  permettait  de 
tenter. 

Napoléon  n'avait  été  renversé  ni  par  les  hour^ 
ras  des  Cosaques,  ni  par  l'or  de  l'Angleterre,  ni 
par  la  diplomatie  autrichienne;  ces  choses  avaient 
servi  de  moyens,  mais  la  véritable  cause  de  sa 
chute  était  un  amour  de  la  liberté  que  son  desr 
potisme  avait  réveillé  dans  le  cœur  et  des  étraur 


(M) 

I-  «-é»  irwÊOB'-  Quand  oo  lit  les  ^i 

g  «K  MKH  aiiiil  à  U  ËUDease  aifaa 

— i^ÀBC.  cm  acnt  que  i'emral»fi»n 

^  *•  h»  *Brt,  paisqne  ces  1km 

-^^A.  tmc  in*  Ims  leur  vie,  le  na 

mmtÊm  «a  taHT*,  mis  elle  est  tj 

-   1»  anuiiK  èr  9o  qui  oat  icn 

'  a  »-7mmtnnr  vnf  Tabas  de  ces  ■ 

>  anw».  pour  rendu 
<Ba*  Ml  bal  plus  q 
^  »  cdOe  qu'elle  i 
n,  k  iBtaHrktiâo  vfm 
^nfcr.  Ans  le  gouverne' 
K^BacîpB  «]ui  I  avaieni 
r  X  ces  principes  dM 
*s  aDiés.        -^ 
-  — --aer  »ii»y»  ;  les  peuples  i 
^  t^  «  >i0nuchir  du  ja 
ttf^  ''*  po'^''  ^ul  de  se  | 
a  joug  doniesliqB 
e  fVauchement  avw 


pw^o ,  les  eludians, 

•ms  métamoi-pljosés  fl 
Bitcs  constitulioiis;  le 


(8?) 
^uTeraim  les  avaient  promises.  Le  plus  poissant 
'entre  eux  était  alors  l'avocat  le  plus  anlent,  le 
lus  éloquent  panégyriste  des  droits  de  rkomme 
ans  toute  leur  étendue^  et  l'on  pourrait  indiquer 
ncore  quels  salons  de  Paris  ont  retenti  d'impé- 
iales  harangues  en  faveur  de  la  Kberté.  Ces  ha- 
angues^   reproduites  aujourd'hui^  formeraient 
in  singulier  supplément  aux  conversations  cou- 
Identielles  divulguées  depuis  à  la  tribune  par 
m  de  nos  ministres.  La  France  ^  en  donnant 
'exemple  du  respect  pour  les  conventions  stipu- 
lées entre  les  trônes  et  les  nations ,  n'aurait  rien 
fait  d'hostile  contre  les  uns^  et  se  serait  acquis 
des  droits  solides  à  la  confiance  des  autres. 

Le  moment  était  favorable  :  les  rois  délivrés 
étaient  reconnaissans ,  les  peuples  libérateurs 
avaient  de  ces  dispositions  bienveillantes  qui 
naissent  du  sentiment  du  bien  qu'on  a  fait^  et 
qui  se  refusent  à  prévoir  l'ingratitude;  c'était 
entre  les  sujets  et  les  princes  une  époque  pareille 
à  celle  d^  la  lune  de  midi  ^  honejr  rnoon,  entre 
les  époux. 

En  même  temps  le  gouvernement  royal ,  se 
^darant  avec  franchise  pour  la  liberté  consti- 
totionnelle,. aurait  satisfait  au  vœu  national.  Les 
inquiétudes^  que  M.  de  Chftteaubriand  indique 
^i  bien  comme  un  résultat  inévitable  du  rétablis- 


(88  ) 
Bcmenl  des  Bourbons  (i) ,  se  seraient  calméet.  | 
Force  et  considération  au  dehors,  amour  et  co* 
Gani-e  au  dedans,  tel  fût  été  le  partage  delà  i 
tauration  sî  elle  eût  adopté  ce  système. 

Que  si,  voyant  les  choses  de  moins  haut,  e 
n'eût  voulu  que  travailler  à  sa  consolidation  x 
térielle,  une  autre  route  lui  était  ouverte. 

J'ai  parlé  des  défections  qui  avaient  signal 
les  derriiei-s  instans  de  l'empire:  ces  dérectta 
avaient  eu  pour  motif  le  désir  de  mettre  < 
sûreté,  sous  un  auti-e  que  Napoléon,  les  bîensi 
les  honneurs  que  Napoléon  avait  accordés,  n 
qu'il  ne  pouvait  plus  garantir;  en  donnant  i 
possesseurs  de  ces  honneui-set  de  ces  biens  pleid 
sécurité  sur  ce  point,  la  restauration  conqnéra 
une  armée;  et  certes,  sï  le  penchant  secret  de 
ministres  de  cette  restauration  était  d'étouffer  I 
liberté,  rien  ne  conduisait  plus  directement  à  fl 
but  que  la  coopération  d'une  masse  d'homnid 
qui,  en  ce  genre,  avaient  fait  leurs  preuves^  qlll 
avaient  servi  pendant  quatorze  ans  le  despotisnHf 
le  plus  complet  qui  eût  jamais  existé;  qui  étaient 
habitués  aux  affaires;  qui  connaissaient  parfaite- 
ment le  terrain,  et  qui  avaient,  dans  toutes  les, 
portions  de  l'empire,  des  relations  intimes  et  «i* 
clieutelle  zélée. 

(i)  Rpflrxions  /iitlîtiquef ,   Aft-hnges ,  p.  i55. 


(  89  ) 
Je  ne  veux  point  ici  faire  la  satire  d'une  classe 
le  gensqni^  depuis  1814^  a  reçu  l'éducation ,  je 
le   dirai  pas  de  l'adversité ,  le  mot  serait  trop 
fort ,  mais  de  la  vexation  et  de  l'arbitraire.  Je 
luis  convaincu  que  les  instrumens  de  Napoléon^ 
séparés  du  pouvoir  et  n'en  recueillant  plus  les 
avantages ,  en  ont  découvert  les  inconvéniens , 
et  que ,  jetés  par  les  circonstances  dans  l'oppo- 
sition p  ils  ont  appris  à  aimer  la  liberté  à  foï*ce 
de  la   défendre.  Mais  en  1814  ^  ils  n'en  avaient 
encore  ni  les  doctrines  ni  les  habitudes,  et  s'ils 
avaient  retrouvé,  sous  le  gouvernement  de  la 
restauration ,  protection  ,  garantie  et  activité , 
plusieurs,  je  crois  pouvoir  Taffirmer  sans  injus- 
tice ,  lui  auraient  transporté  le  zèle  et  le  dévoue- 
ment qu'ils  avaient  déployés  naguère  pour  le 
gouvernement  impérial.  Ceux  que  le  hasard  a 
préservés  du  dédain  ou  de  la  réprobation  du 
parti  triomphant,  et  que  ce  parti  a  daigné  ad- 
mettre, nous  ont  donné  d'assez  beaux  échan- 
tillons de  leurs  dispositions  à  l'obéissance  aveugle 
et  passive. 

En  disant  ce  que  la  restauration  aurait  pu 
faire  en  ce  genre,  je  suis  loin  de  regretter 
qu'elle  ne  l'ait  pas  fait  ';  la  liberté  aurait  pu 
être  indéfiniment  ajournée  ;  mais  je  me  place , 
quand  je  raisonne ,  dans  la  position  et  dans  l'in- 
térêt des  gens  dont  je  parle,  tout  en  me  ré- 


(go) 

joaksa»!  peut-être  de  ce  qu'ils  n'ont  pas  conid 
cvitt*  position,  et  de  ce  qu'ils  ont  mal  entend 
leur  inlêrêt. 

Eulîn,  si  le  ministère  de  la  restauration  a 
voulait  ni  de  la  liberté  avec  la  nation  eu  masse 
ni  du  despotisme  avec  ceux  qui  avaient  si  btfl 
secondé  le  despotisme  de  l'Empereur,  un  troi 
sièmc  [>arti  restait,  hasardeux  sans  doute,  atd 
le  seul  praticable ,  dès  que  les  deux  premin 
étaient  rejetés,  c'était  de  refaire  franchement  J 
monarchie  de  Louis  XIV,  avec  les  adhéreos  i 
l'ancien  régime.  Je  dis  que  ce  parti  était  hai 
sardeux  :  c'était  se  mettre  en  contradiction  av< 
les  déclarations  oflicielles  de  l'Europe  et  avfl 
la  disposition  réelle  de  ta  France  ;  car  l'étendar 
du  pouvoir  absolu  n'avait  pas  encore  été  relei 
par  les  étrangers,  et,  comme  Je  l'ai  dît  pli| 
haut  ,  la  France  était  revenue  d'intention  i 
d'espoir  à    1789. 

Mais,  du  moins,  le  ministère  qui  aurait  teol 
de  la  sorte  une  contre-révolution  frtinche  eft 
rallié  autour  de  lui  une  niasse  d'intérêts  qaeU 
conques;  les  rois  alliés  n'étaient  pas  tellemeit 
libéraux,  qu'on  n'eût  pu  les  convertir  en  leiri 
disant  dès  lors  ce  qu'eux-mêmes  ont  tant 
pété  depuis,  que  c'est  à  eux  seuls  à  faire  ta 
bonheur  des  peuples,  et  à  leur  donner  la  dos» 
de  libellé  qui  leur  convient  :  les  oreilles  rojale* 


(90 
Duvrent  aisédiént  à  ce  langotge.  Quant  ^  la 
rance,  la  majorité  eût  été  mécontente;  mais 
!  Gouvernement  aurait  eu  pour  lui  Ja  mino- 
té,  et  une  minorité  compacte,  bruyante,  pla- 
k  au  sonfmel  de  H  hiérarchie  sociale ,  par-* 
ient  aisément ,  nous  en  avons  eu  plus  d'une 
>is  la  preuve  I  à  se  donner  une  apparence  de 
oajorité. 

Ce  parti ,  je  le  répète ,  eût  été  hasardeux  ; 
I  eût  de  plus  été  immoral  ;  mais  il  vaut  mieux , 
romme  sûreté ,  prendre  un  mauvais  parti  que  de 
l'en  point  prendre. 

Eq  ne  suivant  aucune  de  ces  lignes,  en  voulant 
plaire  à  la  majorité  nationale  par  une  Charte, 
et  à  la  minorité  anti-nationale  par  la  violation 
de  cette  Charte,  le  ministère  de  la  restauration 
calculait  très  mal . 

Nous  subissons  encore  aujourd'hui  la  peine  de 
ses  fautes.  Elles  ont  entraîné  tous  les  malheurs 
de  i8i5 ,  et  les  injustices  qui  suivirent  ces  mal- 
heurs, et  l'hostilité  qui  sembla  s'établir  entre 
le  Gouvernement  et  la  nation  en  i8ao,  et  la 
victoire  momentanée  d'une  faction  en  i8ai ,  et 
k  douloureuse  incertitude  qui  se  prolonge  en- 
core depuis  la  chute  de  cette  faction  en  1827. 
^aot  il  est  vrai  qu'un  premier  pas  dans  une  &usse 
^Qte  entraine  de  fS^cheuses  et  durables  coûsé- 
q\ieûces,  et  tant  il  importe  à  la  puissance  de 


I 

j 


^■iB 

(90 
bien  se  connaître  elle-même  avant  de  se^ 
en  marche ,  de  sayoir 

QuiJ  vaUant  kameri,  tfuidjin 

el  de  ne  vouloir  dès  l'origine  que  ce  qu'ell 
fùie  de  vouloir  toujours. 


4 


1 


(95) 

VI. 

DU   DÉVELOPPEMEIVT  PROGRESSIF 

DES  IDÉES  RELIGIEUSES. 

G>Dsidërer  la  religion  comme  une  chose  fixe , 
mmuable ,  qui  doit  être  la  même  à  toutes  les 
Spoques  de  la  dvilisation ,  c'est  partir  d'un  prin- 
ripe  qui  ne  peut  conduire  qu'à  des  erreurs  gros- 
âères  et  dangereuses.  Tout  ce  qui  tient  à  l'homme 
st  à  ses  opinions ,  sur  quelque  objet  que  ce  soît , 
est  nécessairement  progressif,  c'est-à-dire  variable 
et  transitoire.  Cette  vérité  est  évidente  en  politi-- 
que,  en  science  y  en  organisation  sociale ,  en 
économie  ,  soit  administrative  ,  soit  indus- 
trielle. 

L'état  sauvage  parait  être  un  état  stationnaire  : 
mais  il  ne  peut  servir  de  base  à  aucun  système , 
parce  qu'il  est  impossible  d'expliquer ,  soit  pai*  le 
raisonnement  y  soit  par  les  faits,  de  quelle  ma- 
nière l'hpmme  en  est  sorti ,  et  l'instant  même  où 
il  en  sort  est  le  signal  d'un  mouvement  de  pror 
gressîon  auquel  l'espèce  humaine  obéit  avec 
nne  persévérance  et  une  activité  infatigables^ 
Lorsqu'elle  rencontre  des  obstacles  sur  la  route , 
cUe  travaille  à  les  surmonter.   Son  travail  est 


ni|-:"«iii«Z3 


(94! 

iilus  OU  moins  manifeste, 
obstacles  et  les  dangers  t^ 
vaincre  ;  mais  lors  même  q 
perçu ,  il  ne  s  en  cootinoe  | 
liiùtive ,  c  est  toujonrs  en  £ 
ijoe  le  succès  se  déclare. 

Vovei  la  marche  deksodd 
<fDe .  An  sortir  de  réfai  a 
h  ibéocnbe.  Le  j 


^  ,^^«rfrs  da  de!  «t  4 


jl»^  ferte  raisea,  d'é 

^^^*»fcr  |W»>  tard  (hi  Jroi 
^riS^TKresl  un  komn 
^^fUre  son  égal,  mais 
^^t^'  <■'  1"«  '«  vicissiti 
^^«»les  reduit  i  un  état  d 
j»«i.  Lesclarc  du  prdtre, 
^^  01  inférieiir  i  son  maitre^ 
^^«e  :  cVst  une  créature  in 
.  fii  ne  peut  se  racheter  d| 
"I  imprimée  sur  elle  dèi< 


(95) 
;  qu'elle   porte  gravée  sur  son  froiit  jusqu'au 
«nbeau. 

A  la  théocratie  I  détruite  probablement  par 
I  soulèvement  des  guerriers  contre  les  prêtres  > 
iccède  la  servitude  civile  :  c'est  un  pix>grès  dont 
2S  conséquences  sont^  à  la  vérité»  plus  impor- 
mtes  d'abord  dans  la  théorie  que  dans  la  prat- 
ique, parce  que  les  habitudes  guerrières  donnent 
ce  nouvel  esclavage  des  formes  farouches  et 
jnguinaires;  mais  le  fMTOgrès  n'en  existe  pas 
aoins.  Ce  n'est  plus  une  volonté  divine  y  immuà* 
ik»  irrésitible  qui  divise  la  race  humaine  en 
oppresseurs  et  en  opprimés;  c'est  le  sort  des  ar«- 
Jiesy  le  hasard  des  combats*  Le  maitre  peut 
kyenir  esclave  à  son  tour.  La  sanction  reli- 
gieuse» la  consécration  du  mystère»  la  différence 
de  nature  entre  la  caste  qui  impose  et  celle  qui 
porte  des  fers,  toutes  ces  choses  ont  disparu. 

A  cet  ordre  social»  si  imparfait  encore  etsî 
vexatoire  »  en  succède  un  autre  qui  n'est  plus 
piécisément  l'esclavage»  bien  qu'il  lui  res$em«- 
ble  à  be|i\ftcoup  d'égardâ.  Mais  »  tout  en  admet- 
tant un  Vaste  intervalle  ^entile  la  caste  qui  cpm* 
Q^nde  et  pelle  qui  obéit»  il  su^k)^  cependant 
^fie  espèce  de  pacte  tacite.  enti*e  ces  deiuc  classes» 
Garilreco|maitde$drQits,respecti&  :Vestlè  régime 
T^'on  a.  ppmQié  iéoidalité.  L'esdave  »  sou$.  la 
tli^ralâe»  p';avait  pas  rang  d'homme;  l'esdave» 


(96  ) 
SOUS  la  loi  de  la  conquête,   ne  se  voyait  pi 
disputer  cette  qualité,  mais  était  dépouillé 
tous  les  droits  qui  en  dérivent;  sa  vie  étaîl 
la  merci  de  son  maître ,    et  toute  propriété 
était  étrangère.  La  vie  du  serf  est,   sioun  i 
rantie,  du  moi  as  appréciée  par  les  lois,  d'i 
manière  iuégale  et  révoltante  ,  mais  qui  proi 
pourtant  qu'elle  commence  à  avoir  quelques 
leur,  Sa  propriété  est  précaire,  soumise   à 
conditions  iniques ,  et  souvent  livrée  sans  i 
fense  an  caprice  et  à  l'avidité  du  seigneur.  T 
tefois  la  spoliation  n'est  ni  si  rapide  ni  si  i 
traire;  elle  exige  des  formes,  trompenses 
doute    et    trop   facilement  éludées ,    mais 
contiennent  le  germe  d  une  justice  à  venir 
impartiale,  et  sont  un  hommage  rendu  au  pr 
sentiment  de  celte  justice.  Qui  peut  nier  ici 
progrès  important,  avant-coureur  manifeste 
cause  certaine  de  progrès  futurs? 

Bientôt  la  noblesse  remplace  la  féodalité- 
noblesse    n'est  en  réalité   que  la   féodalité  àt 
pouillée  de  ses  prétentions  les  plus  odieuses, 
vie,  la  propriété,  la  liberté  personnelle  du  pli 
béien  acquièrent  des  sauvegardes.  Ce  qu'il  y 
de  blessant  subsiste  ;  ce  qu'il  y  a  de  raenaçi 
s'adoucit.  La  voie  des  richesses  s'ouvre  pour 
ire ,  et  la  noblesse,  qui  ne  peut  s'y  oppose) 
Lconsole  par  les  appai-eiices  du  dédain , 


(97  ) 
s'en  tlédommage  par  un  monopole  de  faveurs 
qui  Ini  reste  quelque  temps  encore.  Mais  corn- 
fiarez  ]*e$clave  de  la  théocratie  primitive ,  l'ilote 
de  Sparte,  le  serf  du  moyen  âge,  au  plébéien, 
même  seus  Louis  XIV,  et  vous  verrez  la  car- 
rière immense  que  Tespèce  humaine  a  franchie. 
Il  n'est  pas  de  notre  sujet  de  la  suivre  plus  loin 
dans  cette  marche  toujours  progressive.  Ceux 
qui  écriront  dans  cinquante  années  auront  biçn 
d  autres  pas  à  tracer. 

Ce  que  nous  disons  de  i'avancement  de  la  so-- 
ciété  politique  ou  civile,  nous  pourrions  le  dire 
avec  non  moins  de  raison  des  sciences  ;  mais  tout 
développement  serait  superflu,  parce  que  la  vé- 
rité est  trop  évidente  :  et  il  Csiut  remarquer  que 
la  progression  n'a  pas  lieu  uniquement  en  ce 
sens,  que  ceux  qui  s'occupent  des  sciences  mar« 
dient  d'une  découverte  à  l'autre,  et  font  avancer 
ainsi  la  science  qui  forme   l'objet  de  leurs  mé- 
ditations ;  la  progression  s'exerce  encore  d'une 
autre  manière ,  que  nous  nommerions  volontiers 
horizontale ,  si  nous  ne  répugnions  aux  expres- 
sions insolites.  Non-seulement  les  hommes  ins- 
tmits  sont  plus  instruits,  mais  une  portion  plus 
considérable  de  Tespèce  humaine  entre  dans  la 
classe  des  hommes  instruits.  Les  connaissances 
qui  étaient  jadis  la  propriété  d'un  petit  nombre 
deviennent  celles  d^in  nombre  beaucoup  plus 


j  Tl 


graP 
toui 

n 

d'ai 
met 
san 
règ 

gn' 
lié 
l'ît 
un 
dé^ 
Ire; 
ce 
de 
obji 
L 
chai 
créa 
que 
scnr 
teiit;. 
n'esp' 
liumi 


^opiiele  foncière  est  la  valeur  de 
«ik^-jjjtfic  telle  de  l'homme.  L'e'poqae 
fcï**'  -[^  loacière  se  voit  domptée  par 
•■*  ■  (sl-à^'"-'  fo'"'^'^^  *^*^  prendre  la  n»- 
(W*^'  jjffllère  et  de  se  mettre  à  son  ni- 
""  nâk'''"*  "ouveau  progrès  dans  la 
rt*'       jfur  morale  et  du  perfeclioone- 

*»'"'^\(ile  ces  divers  exemples  pour  eo 
"'^jeiL'ite  une  loi  de  progression  qui 
4^~^Bjos  les  sens  et  sur  tous  les  objets. 
rf^^^uîe  en  serait-elle  exempte  ?  Tan- 
t''^Ljesin8titutions,aucune  des.  formes, 
jl^^^ions  contemporaines  de  l'enfance 
^^  ^t  ne  saurait  convenir  à  un  état 
à*v^',U  religion  serait-elle  condamnée 
^"^^réiite  et  stationnaire ,  au  milieu  du 
«'•'j goiversel  et  de  l'amélioration  gé- 


^* 


^'  Joute.  Dire  que  la  nicnie  religion 
jrà  une  horde  sauvage  et  à  un  peuple 

if-'  iZ  nation  plongée  dans  l'ignorance 
^lé  éclairée ,  c'est  dire  une  absurdité 
Alt  tous  les  esprits ,  si  on  ne  l'avait 
111  prestige  quilafaît  regarder  comme 

^uil  en  rien  à  la  divinité  de  la  reli- 
mieux  dire,  du  sentiment  in- 


(    I-OI    ) 

tîme  sur  teqnel  reposent  les  coavictions  reli- 
gieuses. Plus  on  croit  à  la  bonté  et  h  la  justice 
d'une  providence  qui  a  créé  lliomme,  et  qui  lui 
sert  de  guide ,  plus  il  est  naturel  d'admettre  que 
celte  providence  bienfaisante  proportionne  ses 
euseignemens  à  l'état  des  intelligences  auxquelles 
ces  enscignemens  sont  destinés. 

11  y  a  plus  :  cette  doctrine  seulfe  concilie  les 
idées  que  les  hommes  religieux  conçoivent  de 
cette  providence  avec  la  nature  de  l'esprit  hu- 
main.  On  ne  saurait  nier  que  l'esprit  humain 
n^ait  un  penchant  invincible  à  l'investigation  et  à 
l'examen.  Si  son  devoir  le  plus  impérieux,  si  son 
plus  grand  mérite  était  une  crédulité  implicite , 
pourquoi  le  ciel  l'aurait* il  doué  d'une  faculté 
qu'il  ne  pourrait  exercer ,  l'aurait-il  soumis  à  un 
besoin  qu'il  ne  pourrait  satisfaire  sans  se  rendre 
coupable?  Serait-ce  pour  exiger  de  lui  le  sacrifice 
absolu  de  cette  faculté  ?  mais  oe  sacrifice  le  ré- 
duirait au  rang  de  pure  machine  :  ce  serait  une 
espèce  de  suicide.  Le  dieu  qui  Timposerait  à 
l'homme  ressemblerait  plus  à^l'Amida  de  ces  ido- 
lâtres qui  se  font  écraser  sous  les  roues  du  char 
où  est  placée  leur  idole,  qu'à  l'inteUigence  pure 
et  bienveillante  que  le  christianisme  offre  à  nos 
adorations  et  à  notre  amour. 

Il  y  a  plus  encore  :  cette  crédulité  implicite  , 
cette  immobilité  dans  les  dogmes  ^  ce  car^içtèrQ 


^_^  f    ion  )  ^^ 

<,tionn»lr-e  Uaiwles  croyances,  loules  K.clo 

contre  nature,  1"'on  recommande  au,™  J, 

rellgici.  ,  SO..I  ce  <,„',|  y  ^  j^  p,^  „pp^„  ' 

liment  rclig'C"»;  Qu est-ce,  en  effi,l,quc„ 

tirociit?  »c   iKsoii,  de  connaître  les  râppovte, 

ciUunl  en»"  I  homme  cl  les  étm  misitle., 

iiinoenl  sur  sa  deaioM.  Il  est  dao,  son  esse' 

d'essDjer  ,  |»»f  se  salis&l„  ,  de  ctaque  for 

Migie»'-'*  l"'  «  crée  ou  qu'on  lui  prèeuie  ;  m 

i\  csl  »o4S'  'l^'»  »n  essenœ,  lorsque  ces  fora 

jligica-»  ne  le  satisfont  plus,  de  les  niodif 

«  maoic"  " '"""lerce  qoi  le  blesse,  oo  ma 


Je  maoïc"  a  euixarierce  qui  le  blesse,  oo  ma 
a -akiplCT  quelque  Corae  mnelb  fù  lui  0^ 
,\cunc  mieui.  Le  iaa^^fàat.  ^  m  | 
,0^1  jamais,  !■  iMii  ii  1  m  ili  1  m,  J'ave» 

11-.,     r        Aj»»«rqdte,   c'est 

r«|j|'e<a^'eaei„|u 

^*^  Aï  modificalia 

»s*es  cro^-ancia 

-,  "»9»elasapen 

■Ttamy^uix  et  l'an, 

^^^^__H^       '    'i|i     "("SMS;  a  pe» 

_^^i^»  ^  ■?"  I'  Suatisme  estjj 

'___j^^'  ■"■*  ■'  "«  Murait 

r  k  religion  est  le  ré~ 

<*  des  efToru  de  i'/n- 

,  «s  statiounaires  ijiet- 

Àe  la  question. 


(  »o3) 

Si  nous  voulions  appuyer  cette  assertion  de 
faits  irrécusables  ^  nous  montrerions  d'un  côté 
l*Italie^  de  l'autre  l'empire  ottoman.  En  Italie , 
les  progrès  de  l'intelligence  n'étant  pas  arrêtés 
sous  d'autres  rapports  que  ceux  de  la  religion, 
qu'arrive-t-il?que  l'Italie ,  éclairée  d'ailleurs  sur 
plusieurs  points  »  est ,  quant  a  la  croyance ,  livrée 
à  la  fois  à  la  superstition  et  à  l'incrédulité.  Cbez 
les  Turc^y  la  prévoyance  de  leur  prophète  ayant 
rendu  stationnaire,  non-seulement  la  doctrine 
religieuse,  mais  tout  ce  dont  l'esprit  humain 
aurait  pu  s'occuper,  que  voyons-nous?  une  apa-^ 
tfaie  complète  dans  les  temps  ordinaires ,  et  un 
faoatisme  qui  se  réveille  dans  les  grandes  crises, 
farouche  etstupide,  comme  il  l'était  sous  Omar. 
Mais ,  dans  les  deux  cas ,  il  n'y  a  plus  de  place 
pour  le  sentiment  religieux ,  pour  la  religioa 
proprement  dite.  La  religion  n'est  salutaire,  elle 
n'existe  réellement,  elle  n'exerce  le  genre  d'in- 
fluence qu'elle  doit  exercer^  que  lorsqu'elle  est 
d'accord  avec  toutes  nos  £sicultés  et  qu'elle  ne 
reste  en  arrière  d'aucune  de  nos  connaissances.. 
Dans  toute  autre  hypothèse ,  ces  facultés  qu  elle 
veut  comprimer,  ces  connaissanees  qu'elle  re-^ 
pousse,  se  soulèvent  et  se  rénniissent  pour  se 
teuger  et  pour  la  détruîi*e. 

Quand  vous  prétiendez  mainlenîr  intacte  une 


.nex  c«>ot7r  celle  dn^-:  ^   '^ 

tend  est  COOŒH  .  |»ns  la  ~,i:„,„     . 

ortie  coaa..s«.o«da  „„„j^  m=le,;d  50  Imm 

AruJee.  Avo.ns-.cn,»  besoin  de  «„  . 

•j  I  '  °*^ 'appeler  tawaih- 

tageqoe  les  .ocr^i^les  on,  „Ve  j^,    p;,     . 

lie  r.Aslronomie  de  h  Bible  ?  "/"î"»* 

De  même,  quand  les  ma.nre.,.^„,    j       • 
qoaiKl  b  morale  ,esl  am,;!;^,^^      ^,^_         "^ 
clair  ^.  si  l-o,.  veu,  pe.p„„er  da„,  ,a  „=,igi^ 

celleameLoralion  el  ce.  adoucisse™™,,  „ne  l.«e 
doil  sëlever,  e.  que  „,„g,^.  ,^^  _ 
plus  ou  mo,n,  prolonges  ,„u„e  assis,a„ce  exlf 
Heure  peut  valoir  à  des  cultes  doo,  le  le™, 
est  arrivé  ,  ces  cultes  ue  sauraient  sortir  de  celte 
Inticque  déconsidères  «  décrédités  ' 

Si  te  bornes  que  nous  nous  sommes  „^cées 

-«  '-  P""""-™'.   uous  en   appel,erir„n 

Ito.»-   "  "°"^  ™™«re.i„„s  <,„7e'es.  Z^ 

««jours  parce  ,„„  les  défeuseu™  des  rX 

■■-•  -■  "':.';"=■""".•  --"i  à  des  perfectio^t 

n«n,c  de  ceux  qui  ne  vouUien, 
— jf-     <■"  corriger  une  partie.  Les 


(  io5) 
rétres  d'Athènes^  ainsi  qne  nous  l'avons  observé 
illeurs  (i),  ayant  les  premiers  rompu  la  bonne 
itellîgence  qui  subsistait  entre  la  philosophie  et 
;  polythéisme 9  quelques  philosophes  en  souffri- 
enf ,  mais  ce  fiit  néanmoins  le  polythéisme  qui 
omba.  La  philosophie  lui  survécut;  et  plus 
ard,  rinflexibilité  de  Léon  X  décida ,  pour  une 
grande  partie  de  rEuix>pe ,  l'abolition  du  catho* 
iicisme^  que  Luther  lui-même  n'avait  point  en 
vue  en  commençant  ses  attaques  contre  les  abus 
de  Véglise  romaine. 

Cest  donc  une  erreur  grave  que  de  supposer 
la   religion  intéressée  à  demeurer  immuable; 
ette  Test  au  contraire  à  ce  que  la  faculté  pro- 
gressive, qui  est  une  loi  de  la  nature  de  l'homme^ 
lui  soit   appliquée.  Quand   les  croyances  reli- 
gieuses restent  en  airière  de  la  marche  générale 
de  l'esprit  humaip ,  hostiles  et  isolées  qu'elles 
sont,    ayant  transformé  leurs  alliés  en  adver- 
saires^ elles  se  voient,  pour  ainsi  dire^  assiégées 
par  les  ennemis  qu'elles  se  sont  créés  à  plaisir* 
L'autorité  qui  peut  disperser  ses  ennemis,  ne 
saurait  les  vaincre.  Us  croissent  chaque  jour  en 
force  et  en  nombre  ;  ils  se  recrutent  par  leurs 
déGailtes  mêmes,  et  ils  renouvellent  avec  obs- 


(0  De  la  Religion,  elc.  ,   tome  I,  page  i5i.  Chez  Picliou 
«l  Didier ,  libraires ,  quai  des  Augiistins ,  n,  47' 


il 


(  .06) 
tioation  des  attaques  qui  ne  peuvent  msiujo 
(l'abûQlîr  à  une  victoire  d'autant  plus  compU 
qu'elle  a  été  plus  long-temps  contestée. 

Mais  si  l'intérêt  de  la  l'eligion  est  de  au 
cher  d'un  pas  égal  avec  l'intelligence,  tel  n\ 
pas  l'intérêt  du  sacerdoce.  L'immutabilité  i 
doctrines  fait  sa  force  et  la  progression  éhr»i 
sa  puissauce. 

Aussi,  dans  tous  les  temps,  le  sacerdoce 
toutes  les  religions  a-t-il  frappé  d'anathème  l'i 
du  cliangemciit,  la  tentative  ou  seulement  i'i 
poil-  de  l'amélioration.  Nous  n'avons  besoin  <| 
de  rappeler  à  nos  lecteurs  les  prêtres  d'Egjfp 
les  pontifes  de  l'ancienne  lîome,  et  le  saccrdi 
clirélien  jusqu'au  protestantisme. 

Le  protestantisme  lui-même,  bien  que  i 
principe  fut  d'accord  avec  la  vérité  que  n 
proclamons,  et  qu'il  ne  pût  justifier  sa  scîss 
que  par  l'adoplion  de  cette  vérité  dans  to^ 
sou  étendue;  le  protestanlisme ,  disons-noa 
a  paru  en  dévier  dès  son  origine.  Après  aw 
réclamé  In  lugitimité  du  libre  cxamea  ^ 
voulu  s'approprier  le  libre  examen  comme  ] 
monopole ,  et  tandis  que  l'église  calhollque  dU 
à  ses  ndèles.  Croyez  et  n'examinez  pas,  le  | 
tcstantisme  a  dit  long-temps  aux  siens,  Ëxanaiiu 
mais  croyez  comme  si  vous  n'aviez  point  ea 
miné.  Certes,  entre  ces  deux  manières  de  i 


(  Ï07  ) 

iDoer  p   l'ayantage  était   du  c6të  de   régUse 
ithûlique. 

NéanmoicSy  conuBe  toute  vérité  porte  ses  fruit», 
illequi  avait  réveillé  dans  l'àmedes  réformateurs 
Il  quinzième  siècle  le  sentiment  des  droits  de 
ladépendance  intellectuelle  n'a  pas  tardé  à  bri- 
\T  les  chaînes  dont  ses  premiers  organes  pré- 
ludaient la  charger.  Et  c'est  du  sein  de  leglise 
rotestante  que  le  christianisme ,  rendu  tout-à- 
i4bi$  à  sa  pureté  ancienne  et  à  sa  perfectibilité 
rogressive,  se  présente  aujourd'hui  comme  une 
octrine  contemporaine  de  tous  les  siècles,  parce 
aelle  n^arche  avec  tous  les  siècles;  ouverte 
toutes  les  lumières ,  parce  qu'elle  accueille  et 
[aelle  adopte  toutes  les  lumières;  s'enrichissant 
le  toutes  les  découvertes,  parce  quelle  ne  lutte 
notre  aucune  découverte;  se  plaçant  à  chaque 
^xxjue  au  niveau  de  l'époque,  et  déposant  par 
:ela  même  toutes  les  notions  qui  sont  en  ar- 
rière des  pas  que  fait  chaque  jour  l'esprit  humain. 

Que  si  quelqu'un,  par  ignorance  ou  n^au- 
Taise  foi ,  ou  peut-être  par  des  considérations  de 
coQYenances  locales  ou  personnelles,  contestait 
ce  que  nous  affirmons,  nous  le  renverrions  aux 
ouvrages  des  principaux  théologiens  protestans 
àt  TAUemagne. 

Noos  pensons  donc  que  c^est  désoimais  de 
ce  principe  qu'il  faut  partir,  si  l'on  veut  rendre 


(  ">8  ) 
a  la  religion  1c  seul  hommage  qtii  soil  di 
d'elle  et  si  l'on  veut,  eu  même  temps,  l'appi 
sur  les  seuls  fondcniens  qui  soient  solide) 
inébranlables,  et  c'est  ainsi  que  noasprocédt 
dans  les  considérations  suivantes. 

Nous  disons  que  la  religion  est  un  sentîi 
inhereiil  à  l'homme.  Voyez  en  effet  tous 
peuples  sauvages  ou  policés  se  prosternant 
pieds  des  autels. 

Nous  disons  que  la  forme  que  revêt  la  relij 
est  toujours  pcoportionnée  à  l'état  social  des 
lions  ou  tribus  qui  la  professent.  Et  en  el 
!e  féticliisme  chez  le  sauvage,  le  poljtliéii 
tel  que  le  décrit  Homère  chez  les  Grecs 
âges  héroïques,  ce  même  polythéisme  pei 
lionne  chez  les  Athéniens  du  temps  de  Péril 
la  morale  et  la  spiritualité  introduites  dans  i 
croj'ance  depuis  cette  époque,  le  besoin 
écarter  les  traditions  grossières  et  dégrada 
pour  les  objets  de  l'adoration  ,  la  tendance 
l'unité  à  uue  époque  encore  postérieure,! 
parition  du  théisme,  au  moment  où  la  refle 
et  l'expérience  commencent  à  démootrer  l'ii 
lité  de  plusieurs  causes  pour  expliquer  les  ] 
«iioniénes  de  la  nature  ou  les  vicissitudes 
•'  destinée,  enfin  le  triomphe  de  la  docl 
iiMÎIairc  qaand  l'esprit  humain  achève  de 
<.Iairer,'!îîlHSrccs  eiioses  composent  mic  ! 


{  »09  ) 
e  faits  qui  démoalrent  les  rapports  constans 
e  \a  religion  avec  les  progrès  de  l'intelIigeBCC , 
t  sa  tendance  h  se  mettre  tonjours  au  niveau 
.e  ces  progrès.  Qu'ensuite  ^  à  de  certaines  épO' 
ues,  des  moyens  au-dessus  de  notre  nature  fai- 
<le  et  împarraîte  aient  favorisé  cette  tendance; 
ue,  par  exemple,  quand  l'homme  était  inca- 
•able  de  recevoir  la  notiondu  théisme,  celte  no- 
ion  ait  tout  à  coup  apparu ,  -comme  un  phéno- 
nène  inexplicable,  au  milieu  d'une  tribu  igno- 
anle;  que,  j^ns  tard^  Tesprit  humain  s'étaot 
levé  jusqu  à  TuDité  >  mais  se  trouvant  Iiors  d'état 
léaDmoins  de  transformer  cette  idée  abstraite  en 
me  doctrine  animée  et  vivante,  un  secours  inat- 
eodu  l'ait  aidé,  cela  ne  change  rien  à  ce  que 
)OBs  affirmons:  la  tendance  existait,  et  le  secount 
idditionnel  ne  s'est  «xercé  que  conformément  à 
xtte  tendance. 

Nous  disons  enfin  que  le  sacerdoce  fait  perpé- 
:uellement  des  eflibrts  pour  arrêter  ou  retarder 
xtte  marche;  et  en  effet,  le  jongleur  du  féti- 
:)iisme  lutte  contre  le  polythéisme  qui,  en  at- 
ribuant  aux  dieux  la  ligure  humaine ,  brise  les 
iimulacres  hideux  des  fétiches,  et  détruit  l'in- 
Huence  des  évocations  et  des  sortilèges  de  leurs 
interprètes.  Héritiers  ou  représentans  de  la  plus 
grossière  des  croyances,  les  prêtres  de  Dodone 
conservent  les  mœurs,  les  habitudes,  la  divina- 


(MO) 

tion  tics  jongleurs,  persistent  dans  les  homrd 
qu'ils  rendent  aux  colonibes  divines ,  aux  cb 
prophétîqnes,  et  déclarent  une  invention raod 
et  sacrilège  la  religion  d'Homère,  quï,ida( 
ses  enseignenicns  à  la  société  naissante,  rend 
dieux  en  un  corps,  parce  que  leurs  adorai 
composent  un  peuple. 

Quand  le  polylliéisme  homérique  a  trioini 
le  sacerdoce,  qui  s'efTorce  de  s'en  emparer, 
de  sa  puissance,  bien  que  précaire  et  tonj 
contestée,  pour  empêcher  celte  forme  reli^ 
d'avancer  avec  les  notions  contemporaina 
s'oppose  à  ce  que  le  caractère  des  dieux  sa 
liore,  lors  même  que  la  morale  des  honifl 
s'est  améliorée.  Il  ne  veut  pas  que  lenr  e 
devienne  plus  pure  ;  il  interdit  à  la  mét3|l 
sique  de  lenr  appliquer  l'hypothèse  obsd 
mais  séduisante,  de  l'immatérialité.  Il  procl 
corunte  articles  de  foi  et  dogmes  immaaï 
leurs  besoins,  leurs  passions,  leurs  faibtd 
leurs  vices.  Il  proscrit  le  spiritualisme  d'Ad 
gore,  il  punit  ta  morale  de  Socrate,  il  aifll 
la  logique  d'Aristole ,  sans  réRcchir  qu'en  iso 
ainsi  la  religion  du  mouvement  général ,  il  a 
contre  elle  ce  mouvement  même  et  prOVD 
rîncrédulité. 

Enfin,  lorsqu'en  dépit  de  ces  résistances  si 
Iculées,  le  polythéisme  a  subi  les  modificati 


(■•") 

n^itables ,  le  sacerdoce ,  réMgné  à  ces  modîfî- 
ations,  essaie  de  noaveaa  de  planter  sa  bannière 
!l  de  s'arrêter;  et,  quand  il  Toit  s'avancer  le 
iiéisme ,  dont  ces  modifications  contiennent  le 
^ne  et  préparent  le  develâppement ,  il  soalère 
xmlre  lui  l'autorité ,  toujours  alliée  du  présent  > 
oujonrs  ennemie  de  l'avenir,  et  la  populace, 
iDxiliairc  féroce  de  cette  autorité  qui  la  sou- 
loie,  accompagne  de  ses  cris  les  dirétiens  au 
.irque  ,  et  se  repaît  de  l'agonie  des  martjFrs. 

Voilà  donc,  ce  nous  semble,  nos  trois  pre- 
iiln-es  assertions,  l'universalité  da  senlim^t 
religieux,  la  tendance  de  ce  sentiment  à  per- 
fectionner la  forme  qu'il  revêt,  la  résistance 
du  sacerdoce  an  perfectionnement  de  celte  for- 
me; voilb ,  disons-nous ,  nos  trois  premières  a*- 
wrtions  prouvées  ;  mais  il  nous  reste  à  indiquer 
la  circonstance  qui ,  favorisant  le  système  sta- 
lionnaire,  a  trompé  les  esprits  les  plus  obser- 
l'ateurs,  et  leuracachéla  marche  nécessairement 
progressTve  de  la  religion. 

Dès  que  l'homme  a  des  dieux ,  et  il  a  des 
àknx  dès  qu'il  porte  ses  regards  autour  de  lui. 
On  que,  se  repliant  sur  lui-même,  il  consulte 
son  sentiment  intime,  il  éprouve  le  besoin  de 
se  rendre  ces  dienx  favorables.  H  essaie  mille 
manières  de  satisfaire  ce  besoin.  Il  voit  ses  «em- 
Mables  à  côté  de  lui  se  livrer  aux  mêmes  tenta- 


tlOIt 

pr- 
êt 


.  ^^""  Anos  ealoom 

"^  *  ■■"tell ,  imflM 

«a-    t^  profession  a 

■  V  "  .*"■"*'  «IcnJ.       ■ 
«  •  *«k*i«ne  même,  1m  j 
V"''*e*"".  un  traîna 
*•»  religion  learprop 

J^—      ■       • 

*■'"  '■'■■"  '  *=  "■''«u  des  hordes  11 
^^f.  *  «e  renfermenl  dans  une  eo 
^^..«r..**  "  Tulpire.  Voyc-le.,  non, 
^^  ,«  fe  dra.des  de  la  Gaule  ou  les  h, 
*i»i**"™"«1°i  litnlà  leurs  fonctio. 
„»>.  i"?<»"  •»  candidat  qui  solliciie  so 
^"  •*=*  épreuves  longues,  donloureu 
55,  louer  à  uue  mon  que  des  sup 
^—*  |>r«i»ieiit  les  t^màiircs  qui  neg) 
^  ^iigneol  ValBlijaira  jifeariv.  coram^ 
■  ibUc  mystère,  iiTniiiot  uik  langue  i 
ci  Un:   profane,  cnlnorrr  leurs  œn 


s  ée  léoeii 


Tfs  ol  de  teiTenrs.   Appn 
"instinct  secret| 
sdllicronalà 


*  oheisseni 
ÎJcsooi-poratio 


(  >.3) 
Mais  le  feticliisrae  lutte  psr  9a  nature  contre 
empire  sacerdotal.  Le  fétiche  est  un  être  porta- 
if  et  disponible  qae  son  adorateur  peut  (ion- 
alter  lui-même  dans  tontes  les  circonstances , 
t  avec  lequel  il  &it  son  traité  directement, 
«  qai  lui  rend  souvent  l'intervention  étrangère 
mportane  oii  superflue.  Aussi  les  jongleun: , 
nvestis  qndquelbts  d'un  pouvoir  terrible ,  voient 
^pendant  ce  pouvoir  remis  «n  question  etcon- 
teste  sans  cesse.  Comment  donc  se  fait-jl  que 
plnsieurs  peuples,  en  sortant  du  fétichisme»  ou 
même  en  demeurant  attachés  ^  cette  o^yance , 
sous  uae  forme  plus  régulière,  accordent  aui: 
prêtres  une  autorité  durable  et  illii)iitée  ? 

Le  climat  suffit- il  pour  nous  expliquer  ce 
phénomène  ?  Non  :  car  le  sacerdoce  a  possédé 
quelquefois  na  ascendant  sans  Umites  dans  tous 
les  clinMts. 

Les  bouleversemens  physiques  seraient-41s  une 
cause  ^ns  satis&isaate  ?  Non  :  car  tontes  le<^ 
parties  du  globe  ont  subi  ces  bouleversemens , 
«t  il  y  a  des  portions  du  globe  où  les  prêtres 
sont  restés,  sans  pouvoir. 

Réussinons*nou3  mieux  à  dérober  ce  secret  à 
Vhi^ire,  si.  nous  cherchions  le  mot  de  l'énigme 
dans  l'action  des  colonies?  Non  :  car  l'action  de?. 
«Jonies  ne  peut  être  admise  comme  une  cause 
première.  Dire  que  telle  colonie  a  imposé   des 


(  "i  ) 

tel  pays  .  c'est  exp)i<|aer  pour- 
•Mm»  y  p'y'^  subjugué  les  a  reçues  ;  mais  H 
jQjK  WCOie  à  rechercher  pourquoi  elles  él&ival 
<>ilMim  dans  la  patrie  ancienne  de  la  coIwM 
Mt  tes  a  portées  au  dehors. 

la  cause  du  pouvoir  sacerdotal  réside  diu 
uuo  cii"constance  qui  tient  de  plus  près  auxttft 
Itous  que  l'homme  conçoit  des  êtres  qu'il  adore, 
et  qui  est  à  la  fols  indispensable  à  la  solution  00 
problème,  et  suUisaute  pour  cette  solutioa. 

II  y  a  des  peuples  dont  toute  l'existence  dé- 
pend de  l'observation  des  astres. 

Il  y  en  a  d'autres  chez  lesquels  abondent  tIcS 
phénomènes  physiques  de  toute  espèce  :  les  pre- 
miers sont  entraînés  à  substituer  au  félichlsmC' 
ou  à  introduire  dans  le  fétichisme  le  culte  do 
corps  célestes  ;  une  nécessité  non  moins  trapé- 
rieuse  force  les  seconds  à  l'adoration  des  éléroeai. 

Or  ces  deux  systèmes  créent  immédiatement 
un  sacerdoce  revêtu  d'une  puissance  que  n'ont 
et  ne  peuvent  avoir  les  jongleurs  des  sauvage*. 

Pour  conoallre  le  mouvement  des  astres,  pour 
observer  les  phénomènes  physiques  »  il  faut  W 
certaio  degré  d'attention  et  d'étude. 

Cette  nécessité  constitue  ,  dès  l'origine  des  so- , 
uétés  et  taudis  que  la  niasse  du  peuple  est  encore 
toute  sauvage  ,  des  corporations  qui  fout  de  l'e- 
tude  des  astres  leur  occupation,  de  l'observalioa 


("5) 
«  la  nature  leur  but ,  et  des  découTertesqu'ulles 
ecueilleot  sur  ces  deux  objets  leur  propriété. 

Dès  lors ,  il  y  a  deux  espèces  de  sociétés,  celles 
|ai  sont  indépendantes  des  prêtres  et  celles  qui 
ont  soumises  à  leur  autorité,  et'ces  deux  espaces 
le  sociétés  ont  deux  religions  toutes  difTérentes. 
Dans  les  premières ,  la  |HY)grefisioa  continue 
telle  (pie  nous  l'avoDS  décrite  plus  haut;  dans  les 
secondes  ,  elle  s'arrête ,  et  la  religion  demeure 
stationnaire. 

Tel  est  le  spectacle  que  nous  offrent  l'Inde , 
l'Ethiopie,  l'Egypte.  La  faculté  progressive  y  est 
frappée  d'immobilité  ;  toute  découverte  lui  est 
interdite,  tout  avancement  est  un  crime,  toute 
innovation  un  sacrilège.  L'usage  de  cet  art  pré- 
cieux qui  em-egistre  et  transmet  au  loin  lapensée 
«st  prohibé  comme  une  impiété.  La  religion  ne 
dépose  point  les  vestiges  faideox  dn  grossier  féti- 
cliisme;  la  figure  des  dieux  reste  înffHTaey  leur 
caractère  vicieux  et  passionné. 

Chez  les  Grecs ,  au  contraire^  affratichis  du 
joug  sacerdotal ,  au  moins  à  dater  des  temps  hé- 
roïques ,  tout  est  progressif.  Ils  arrachent  aux 
corporations  théocratiques  de  l'Orient  et  du  Midi 
les  ilémens  des  sciences ,  que  ces  corporations 
^tenaient  captives  dans  leur  mystérieuse  en- 
ttiate.  De  languissantes  et  d'imparfaites  qu'é' 
tiient  ces  sdeaces  dans  la  nuit  du  sanctuaire , 


( 


institutions  à  tel  pay-  „ 

quoi    le  pays  subjup  .'^     **  °'*^" '„'* 

,-o.t«  ■        t  f'^jour;  et  l'mte  i- 

reste  encore  a  reche  ,  _i-  ,  , 

flablies  dans  la  p       ' ."   . 
,  ■  I  .,         -    *rfé*,  a  travers  mille  er- 

«jui  les  a  porteef       .  •■r^ . 

I  ,  ■  .««néanmoins,  sinon  jns- 

L-a  cause  du       X         ■     .         •  4       ■ 

nn.  circonstar       :>?■"  .''*  Pf"t-é'""-ce«. 

tions  que  llr         >>'»«'«J"«Ï"''  «-•««  vérités  re. 

i  est  ■       ■  ■;>*^"*  époque,  et  qui  sonl 

--'  ^P*"*"  atteindre  d'autres  veri- 


ct  qui  est  à 
problème 

Ilyn 
pend  d- 

"j  , 

phen       ^. 
mie 


^■^p^iean.  La  religion  se  ressent  de 
'^/f*'  *  notelligeiice  ;  des  torreos  de 
^l'ufgtdent  de  toutes  paris,  pour  la  pé- 
. /i  itf Jôndre. 

f^BfWi».  *■*  '**  ^^^^  "■■'  •  ""  mouvement 

„.e  i  lunpalsion  dominante  lutte  coriire 

gi  ifi  ««illations  de  celte  lutte  peuvent  iu- 

w  rt  ce"""  '^  observateurs  qui  n'ont  pas 

-1,  rente  première. 

p'aoi  p-'rt,  comme  nul  effort  humain  nerem- 

jur  les  lois  uatureUes  uuc  victoire  com- 

og^  li  prf^rcssîon  se  fait  jour  aossi,  dans  les 

Jigitii^  <•■•'<  rdolales,  lentement  et  par  des  voies 

ru,  (^<  :  nuis  alors  elle  a  ceci  de  particulier, 

— >■  l'iiik-lliniice  étant  concentrée  dans  une 

^j^,  U  pi%3gressiOi)  ne  s  exerce  que  dans  celte 

^^  et  riiitérêl  de  cette  caste  étant  oppose  à  la 

^^^ir^ti>:i .  loin  de  se  féliciter  des  pas  qu'elle 


(  "7  ) 

ilVaie;  loin  de  s'en  vanter,  tife 
.«usement  à  tout  ce  qui  n'est  pas 
"^  /s  mystères. 

*>,^   "*  :;  part,  l'intérêt  sacerdotal  étant coii- 

^  '  ^'  progression ,  même  dans  les  religions 

vâantes  ,  lu  sacerdoce  Uche  de  l'arrêter , 
pècbe  souvent  qu'elle  ae  soit  manifeste. 
1  résolte  de  là  qoe  ceux  qui  ne  remarquent 
.as  suffisamment  l'enchaînement  des  faits,  et  ne 
remoatent  pas  à  leur  cause  première ,  n'apet-- 
çoivent  la  progression  régulière  nulle  part.  Ils 
voient  partout^  en  Grèce  comme  en  ^jptc  , 
dans  le  protestantisme  le  plus  perfection nt- 
comme  dans  le  catholicisme  le  plus  immuable  , 
des  dogmes,  des  pr6tres,  et  des,  philosophes,  nit~ 
tagonistes  des  dt^mes  et  victimes  des  prêtres. 
l''incrédalité ,  qui  est  un  effet,  ils  la  prennent 
pour  une  cause;  ils  croient  qu'elle  est  volon- 
taire,  tandis  qu'elle  est  forcée  ;  ils  travestirent 
une  époque  en  une  révolte. 

Us  se  trompent.  Ce  u*est  pas  une  fantaisie  chez 
les  peuples  .que  d'être  dévots  ou  irréligieux.  On 
ne  doute  point  parce  qu'on  veut  douter,  comme 
on  ne  croit  point  parce  qu'on  veut  croire.  Il  y 
a  des  temps  où  il  est  impossible  de  semer  lu 
doute;  il  y  en  a  où  il  est  impossible  de  ramener 
la  conviction. 
L'iocrédulité    oatt  de   la   disproportion   qni 


(  "S) 
Miste  entre  les  objets  offerU  à  r.donrtion  c 
les  dogmes  présentés  à  la  croyance,  et  l'état  des 
esprits  auxquels  ou  commande  cette  ador.ti(». 
et  qu'on  veut  soumettre  à  celte  croyance  j  et  K 
poque  de  celte  disproportion  arrive  che»  1« 
peuples  indépeudaus  plus  tôt,  che.  fes  peupb 
soun,,,  aux  prêtres  plus  tard;  mais  eUe  .m,t 
inlaill.Mement  chez  tous  les  deux. 

Elle  arrive  plus  tôt  chez  les  première  ,  para 
que  1  oppression  sacerdotale  nesl  cl,e»  «.x  quW 
accdent  une  exception  à  la  règle;  elle  -L^ 
plus  tard  chez  les  seconds ,  parce  que  l'opp^^ 
..ou  sacerdotale  est  elle-même  la  règle,  ^WZ 
P  us  d  eflorls  pour  s'en  aflraacbir,  et  ™'il  .  . 
plus  de  périls  dans  la  tentative. 

il  J-  a  donc ,  entre  ces  deux  espèces  de  «li- 
g-on ,  d.flereuee  pour  le  temps  ;  il  y  .  .„«;  Jif. 
lerence  pour  le  mode. 

Dans  les  religions  libres,  chaque  modifia- 
fou,  s  opérant  par  Popiniou  q„|  se  modifie,  .« 
^pcrçne,  avant  même  quelle  ucsoit  accomplie. 
Les  ntes  changent,  les  traditions  se  retirent  Sm 
*n  o,„,a,n  ofecur,  qui  fait  que  les  erovans  les 
««bltent,  et  que  les  incrédules  seuls  les  r.ppel- 
«  pour  les  attaquer.  Les  nouvelles  idfe» 
.^irenl   presque  sans  voile;  tout  se  fait  au 
L'œil  le  moins  exercé  peut  distinguer 
de  celle  de  Pindare  ;  et 


\ 

-dans  le  culte  rtnnaio^  qiii,  bien  que  sacerdotal 
par  son  origine  ârûsque,  devint  grec  de  bonne 
-beàre  ^  à  beaucoup  d'égards,  même  arant  l'éta- 
blissement  de  la  république ,  il  est  impossibit; 
de  ne  jjas  voir  llntèrvaile  qui  sépare  les  sacri- 
fices humains  des  sirniilacres  de  paille  jetés  dans 
le  Tibre. 

-  Les  religions  sacerdotales  se  modifient ,  au 
contraire ,  à  bois  c!os ,  dans  les  ténèbres.  Les 
formes ,  1«8  expressions ,  les  rites  ,  restent  les 
-mondes.  Sou&  les  empereurs,  comme  avant  Me- 
nés, left  Égyptiens  précipitaient  encore  dans  le 
Nil  une  jeune  vîei^.  Tout  semblé  îmmuable 
jnsqu*à  la  desiraËtion  complète  de  ces  religions. 
Dans  le  premier  cas ,  c'est  un  édifice  qu'on 
élève ,  qu'on  répare,  qu'on  embellit  à  la  Vue  de 
tous ,  jt^qu'au  moment  où  les  réparations  ,  les 
embellissemens,  les  altérations  qn'îl  iubît  amè- 
nent sa  cbute  ;  dans  le  second,  l'édlBce  conserve 
an  dehors  tontes  l'es  apparente  dé  la  solidité 
qa'iln'a  frins  an  dedans,  etl'on  n'est  averti  qnll 
est  menacé  que  -lorsqu'il  tombe  en  k-nines. 

Le  dévéloppednent  de  ceis  vérités  exigerait  des 
Tfrfumes.  Nous  le  réservons  pour,  une  occasion 
où  nous  serons  moins  gênés  par  le  tçmps  et  l'es- 
pace (i).  Nous  invitons  ici  nos  lecteurs  à  penser 


(  I  )  Noiu  avons  rappelé  pliu  haut,  nés  brilverodit,  qiietquu- 


r 


(  >«-) 

par  eux-mémtij  ,  plutôt  que  nous  ne  peasfl 
pour  eux  ;  et ,  comme  nous  croyoQS  cjue  le  i 
sultat  de  leurs  méditatîous  ne  peut  quel re  ulj 
nous  ne  nous  aflligeroas  point  d'être  devam 
Dans  le  grand  travail  que  nous  avons  eatrepl 
nous  ne  verrous  jamais  dans  nos  rivaux  quel 
auxiliairus. 

Nous  laissons  donc  de  côté  les  preuves  fat^ 
riques  ,  la  réponse  aux  objections  et  les  1 
nombreux  que  nous  poumons  invoquer  , 
nous  allons  déduire  les  conséquences  du  pÉ 
cipe  que  nous  avons  établi.  Voici,  selon  na| 
ces  conséquences.  I 

La  religion  est  progressive  :  par  un  efiet  de 
caractère,  elle  s'améliore,  se  perfectionne  ,  s' 
pure  graduellement.  Quand  la  progressioa  d'oi 
pas  interrompue,  la  religion  ne  peut  faire  ( 
du  bien  :  pourvu  qu'elle  soit  indépendante,  ( 
a  sous  cLacune  de  ses  foi'mes  son  utilité  ,  qu^ 
mécounaît  quand  ces  formes  sont  tombées, 
qui  disparait  lorsqu'on  veut  prolonger  ces  fora 
au-delà  de  leur  durée  nalurclle. 

Le  fétichisme,  tout  absurde  qu'il  est,  par  c 
seul  qu'il  contraint  le  sauvage  à  reconnaître  s 


idées  fondamentales  exposées  dans  les  deux  pre 
volumes  de  notre  ouvrage  sur  la  religion.  Le  déîdoppe 
do  celles  que  nous  intliquons  ici  se  Iroiivem  ,  appuyé  depp 
\es ,  dam  les  TOluniea  siilvaus. 


(  ■:■'  ) 
orce  supérienre  à  lui ,  lai  apprend  à  ne  poiat 
aire  de  sa  propre  force  l'unique  arbitre  du  juste 
:t  de  l'iDJuste ,  du  iHén  et  du  mal.  Il  introduit» 
ntre  ce  sauvage  et  ses  semblables,  la  sainteté 
lu  semoeot;  il  fait  pénétrer  dans  son  àme  la  no- 
lîon  da  sacrifice.;  il  .lui  enseigne  à  triompher 
quelquefois  de  ses  passions  fougoeoses  et  de  ses 
pencbans  grossiers  ;  et  c!est  beaucoup  daos  uoo 
àluatioa  presque  pareille  à  celle  des  brutes, 
que  de  faire  germer  ,  au  sein  de  l'ignorance,  la 
L'onception  d'un  monde,  invisible ,  et  je  ne  sais 
f]ael  .pressentiment  d'inunortalité.  Laisses  l'in- 
telligenf»>  libre  ,  ce  germé  seia  fécondé. 

Le  polythéisme  le  plus  imparfait  ajoute  des 
bieu&its  nouveaux  au  féticl^isme  qu'il  remplace. 
La  société  naissante  trouve-  dans  cette  croyance 
sa  base  et  sa  sauctiou;  des  trêves  consacrées  in- 
terrompeot  les  guerres  acharnées  des  tribus  bar- 
bares. Des  fêtes  religieuses  rapprodient  ces  peu- 
plades détiantes  et  fiarouches  ;  les  dieux ,  bien 
(jne  passiounés  et  égoïstes  comme  leurs  adora- 
teurs ,  forment  un  public  plus  auguste  devant 
lequel  ces  derniers  rougissent  des  actions  hon- 
teuses ,  et  qu'ils  craignent  d'indigner  par  des 
actions  coupables. 

Plus  perfectionné  ,  le  polythéisme  devient 
chaque  jour  plus  salutaire.  Cette  assemblée  des 
immortels  se  dégage  de  sa  ressemblance  avec  U 


(  '^^  ) 

nature  humaine;  ses  formes  s'embeltisseut , 
peDclians  s'épureut  ;  elle  prête  sa  garantie  « 
naturelle  à  toutes  les  vertus;  elle  dirige  sa  9^ 
rite  contre  toutes  les  injustices;  elle  ëteoj 
protection  sur  le  faible  et  sur  l'e'tranger:  s| 
avoir  consolide  les  liens  de  patrie  qui  unis! 
les  individus  en  leur  qualité  de  citoyens  ,  1 
établit  des  liens  d'humanité  ,  d'hospitalité, 
les  unissent  en  leur  qualité  d'hommes  , 
voit  apparaître  celte  notion  sublime  de  fraten 
universelle  que  le  céleste  auteur  de 
croyance  a  proclamée  ,  mais  que  la  reltgîa 
libre  de  toute  autorité  matérielle,  avait  déjào 
çue  et  mûrie. 

Enfin  l'homme,  acquérant  chaque  jour  des 
mières  nouvelles  ,  ne  peut  tolérer  plus  Ion 
temps  le  morcellement  de  la  nature  infinie 
divine  entre  une  foule  d'êtres  partiels  et  boni) 
il  les  réunit  dans  la  notion  d'un  seul  être  1 
prême  ,  et  le  théisme  descend  du  ciel  sur 
tei're.  < 

Sans  doute ,  au  nom  de  b  religion,  l'on  a'  I 
beaucoup  de  mal  à  l'humanité.  Les  auto-daJ 
ont  remplacé  lessacrifices  liumains;  un  nouve 
monopolo  ,  s'éteudant  sur  toutes  les  connai 
.sauces  et  sur  tous  les  genres  d'instruction,  a  t 
jete,  pour  plusieurs  siècles,  les  peuples  dansl' 


1 


(  <'^  ) 

Mais  qu'eu  doit-on  cooclare?  Que  des  corpo- 
atioDs  tiiéocrati<]Des  oat  dënaturë  le  senliment 
eligieax,  en  éternisant  des  fonhes  qui  n'étaient 
lonoes  que  pour  nu  tnnps  ;  que  ce  seutiment  a 
lé  sans  cesse  en  lutte  avec  ces  corporations  puis- 
antes ;  qne^  tandis  qu'il  tend  à  perfectionner 
es  formes  qu'il  revêt ,  et  à  les  nièttre  dans  une 
iroportioB  Juste  et  salutaire  avec  les  idées  con- 
lemporaines  de  chaque  époque,  les  corporations, 
(pli  ne  Tout  envisagé  que  comme  base  de  leor 
empire,  ont  voulu  rendre  statiounaire  ce  qni 
devait  être  passager,  et  qu'une  lutte  violente, 
eatre  la  tendance  naturelle  li  l'homme  et  les  vo- 
lontés de  ces  corporations,  a  &it  d^un  espoir  une 
épouvante.,  d'une  consolation  une  servitude , 
d'na  bienfait  un  fléau. 

Quoi  de  plus  injuste  d6nc  et  de  pins  absurde 
que  de  confondre  le  sentiment  religieux  qui  tend 
toujours  k  se  développer  avec  les  efforts  des  cas- 
tes, dont  le  travail ,  opintitre  et  funeste  ,  tend 
it  étoutTer  ce  développement  !  N'est-ce  pas  ab- 
jarer  tout  discernement  qt^e  de  frapper  d'un  égal 
anathème  et  la  victime  et  les  bonrremx? 

Non ,  le  sentiment  religieux  n'est  en  rien  res- 
ponsablede  ce  qu'ont  fkitensoa  nom  des  hommes 
qui  n'étaient  pas  religieux  ;  car  ils  ne  sont  point 
nligienx,  ceux  qui  font  de  la  religion  un  moyeu 
d'empire.  Les  membres  des  corporations  sacer- 


Jolafcsijut,  cil  Égjpte,  tyrannisait  ni  lei 
t(  ift  pi.'up't;s  ,  ou  qui  prêtaient  eu  Pen 
jMuJ  mcR-eiiaire  à  l'oppression  politique 
n«inlaieiil  point  comme  une  chose  dlvîl 
mile  lion t  ils  abusaient:  oii  ne  spécule' 
Mirles  choses  que  l'on  croit  divines  (i). 

D'ailleurs,  il  faut  le  dire  à  la  génératîoi 
selcve  :  elle  vaut  iiiieuv,  celte  génération 
noDS  ne  valions  à  son  âge;  elle  est  grave, 
iliciise,   pleine  d'amour   du   bien,   et   pén 
(l'une  idée  fort  juste;  c'est  qu'avant  tout  et 
tout,  il  faut  savoir.  Mais,    comme  toute 
gcneralions  naissantes ,  elle  se  croit  appe 
rcfoiitlre  le  monde  que  ses  prédécesseurs  t 
fjil  quVbranler;  et  néanmoins,  comme  tout'' 
Its générations  naissantes,  elle  est  sous  l'emnir 
des  piïjug'^s  et  des  habitudes  de  ces  prédl 
seur»  qu'elle  dédaigne.   Je   ne  sais   qoeXtfl 
tiwlulite  frivole,  qui  n'est  plus  ni    une  di^ 
,1e  l'ànic   ni  une  conviction   de  J'espn't 
nui*  q"'  surnage  comme  une  tradition  cons» 
■g  long-temps,   et  qui  conserve  en   quelq» 
^l'autorité  de  la   chose  jugée,  étourdit fl 
_^  cette  gcncralioii  forie  d'étude  et  faiW« 
'g^gPfX-  Le  positif  lui  semble  avoir  mislc 
^^1  hors  de  cause,  et,    à  lenlcn^ 


(  "5  ) 
religion  sera  désormais  étrangère  à  ce  <^î 
nstituB  le  réel  de  la  vie  :  elle  se  trompe.  De 
lelque  manière  qu'on  attaque  les  hypothèses 
les  espéraoces  qui  président  aux  croyaoces 
lîgieusesy  de  quelque  anathème  ironique  ou 
rieux  qu'un  siècle  les  frappe,  ce  qui  fait  leur 
sence  survivre. 

Qui  n'eût  pensé  qu'elles  étaient  vaincues  an 
împs  de  Juvénal  -,  ou  lorsque  les  ap^daudis- 
emens  du  monde  civilisé,  encourageaient  Ln- 
:iea  dans  les  iosultes  qu'il  leur  prodiguait  ? 
cependant,  le  sentiment  religieux  reparut  bien- 
iot,  plas  puissant  que  jamais,  sous  une  fomie 
nouvelle;  et,  chez  les  peuples  modernes  «nx- 
mêmes,  l'inlolérance  n'a-t-ette  pas  fait  tout  ce 
qn'rfle  a  pu  pour  rendre  odieuse  la  relîgioh? 
Une  plaisanterie  me'prisante  n'a-l-èlle  pas  tout 
essaya  pour  la  rendre  ridicule,  et  le  sentiment 
religieux  s'agite  de  toute  part.  Voyez  en  An- 
gleterre cette  foule  de  sectes  qui  en  font  l'objet 
de  leur  ardeur  la  plus  vive  et  de  leurs  médi- 
tations assidues  :  l'Angleterre  est  pourtant  le 
premier  des  pajs  européens  pour  le  tr«vail,  la 
production ,  l'industrie.  Voyez  l'Amérique  :  plus 
benreuse  que  l'Angleterre,  car  ellen'a  pas  comme 
elle  un  clergé  qui  réclame  et  maintient  l'op- 
pression d'une  province  sous  prétexte  qu'elle  est 


,:,fïS= 


âssiii 


Ei.i'»»'i«(iiecoiin«  JesmersikM 

*  «  in»  plus  qu'aucun  penplt  i 

»«.  More  pl,j.si,ue;  «cep» 

^laanli!  àa  sentiment  religion 

■*t.  I»  souvent  ane  seule  baO, 

m  Hàenis  sectes ,  sjns  qne  ceti!  Ji. 

■*  ••  P»"!  O"  l'affection  don» 

t^  les  membres  de  cette  éml 

Woralion  d'une  proTidtM 

le,  comme  de,  »o^,geiii5« 

^  m  bot  <jniU  ont  atteint  |w 

1  du  sentiment  religicnin'M 
I  comme  autrefois  il  elie^, 
»  i  k  iwt  Ubre,  pure  et  eoiiolilit, 
MC  atfnibb,  U  repousse  les  ptéires  dt 
ai.  r-ifortnoani  de  leurs  cris,  le  ri- 
■ciiBsixoices,  et  le  lilignantdeleuis 
1.  «la»  ses  plus  ficheus  adversaires  et  sts 
.fe^iasdingereux. 
Klild^k»  i  elle-même.-  toujoiin 


w  euieni  êcriiis  svam  i'ùnBicip». 
w  que  noiu  aurions  pu  citer  i  fjp. 
■"  ''  P^Srt.  i«f.iUil,te  H  itrtii. 
"«»»«I»™''>1««M.  Cm»,, 
.»,>rlu>  même  leuLer!  Coi^^  ,^ 

■  ^""»"  sVr<p»rune  foreedc 
*  »BI  que  le*  insinnnen»! 


("7) 
ogreasive  et  toujours  prc^rtionnée,  ell«  roar- 
era  avec  les  idées ,  elle  s'édairera  arec  Ho- 
lligence,  elle  s'e'purera  arec  la  morale,  elle 
actionnera  à  chaque  époque  ce  qu'il  y  a  de 
eiUenr.  A  chaque  époque,  réclamoDs  sans  cesse 
liberté  religieuse;  elle  entourera  la  religion 
nue  force  inTiociUe  et  garantira  sa  perfectibi- 
té.  Ainsi  l'entendait  le  divin  auteur  de  notre 
royance  ,  lorsque^  flétrissiut  les  pfaariueiis  et  les 
oibes,  il  rédagoait  pour  tous  laefaarité,  poui- 
DDS  la  lumière ,  pour  toas  la  liberté. 


Jlu.i. 


^ 


VII. 

DE  M.   DUNOYER, 


DE  QUELQtîES-UNS  DE  SES  Ot'VRAGES. 

Il  y  a  quinze  ans  que  la  France  passa  d"an  i 
potisme  devenu  ïntolérahle  à  une  forme  de  g 
vcrnement  qui  reconnaissait  les  droits 
toyens  et  promctiait  ile  les  respecter.  Coiuni 
arrive  presque  toujours,  les  actes  ne  t 
pas  h  différer  des  promisses.  Une  loi  bizarre  ftl 
dirigée  contre  la  liberlé  de  la  presse,  parce  <|U< 
c'est  toujours  la  première  qu'on  atlaque,  et  ave* 
raison.  Tant  qu'elle  subsiste  ,   toutes  les  autre 
peuvent  renaître  ;  mais   lorsqu'elle  est  diitnûk 
aucune  n'est  en  sûreté.  Cependant  les  lois  écrijl 
quelque  absurdrs  qu'elles  soient,  ont  cet  avfl 
lage ,  quà  force  d'éludé ,  on  parvient  à  les  ai- 
der. La  loi  sur  la  presse  soumettait  à  la  ceasarc 
les  ouvrages  au-dessous  de  viugt  feuilles  d'im- 
pression. Aussitôt  des  livres  de  vingt  feuilles  d 
demie  se  publièrent:  et  les  écrivains  qui,  n'avaot 
qu'une  vérité  à  de'velopper  ,   t'auraient  énond^ 
en  quatre  pages  ,  en  cherclièrcnt  d'autres  qd 
-•wiics,  pussent  former  un  volunit 


^ 


/ 


(  '29  ) 
Telle  fat  l'origine  da  Censeur  européen,  dont 
les  auteurs  y  MM.  G>inte  et  Danojer,  se  livré'* 
rent  avec  bonne  foi  et  avec  courage ,  à  la  re- 
cherche ,  pour  ainsi  dire  expërimentale ,  de  la 
solidité  des  garanties  que  le  nouveau  pacte  pro^ 
mettait  à  la  nation. 

Des  lots  contraires  à  ces  garanties  ayant  été 
proposées  par  un  ministère  timide  et  astucieux» 
et  votées  par  des  Chainhres  ignorantes  et  do^ 
ciles^  M.  Dunoyer  les  combattit.  Cette  audace 
patriotique  ayant  soulevé  contre  lui  des  per- 
sécutions f  il  se  montra ,  dans  sa  défense ,  plus 
occupé  de  l'intérêt  public  que  du  sien  propre, 
il  saisit  y  à  ses  risques  et  périls,  cette  occa- 
sion de  dévoiler  les  vices  de  notre  législation, 
l'insuffisance  de  la  protection  que  les  citoyens 
peuvent  en  attendre ,  et  Tarbitraire  que  l'au- 
torité puise  dans  les  dispositions  administratives 
et  judiciaires  léguées  par  l'empire  à   la  mo-« 
narchie. 

Il  conquit  de  la  sorte  >  pour  nous  et  à  ses 
dépens,  une  partie  de  nos  libertés  )  car,  bien 
qu'il  ne  soit  point  parvenu  à  obtenir  pour  elles 
les  institutions  qui  les  rendraient  Inviolables,  son 
exem|de  et  ses  écrits  ont  popularisé  des  notions 
<{tti  f  lors  même  qu  elles  ne  sont  pas  consacrées 
ea  théorie ,  deviennent  victorieuses  en  pi*atique, 
<pund  l'assentiment  général  les  entoure. 

9 


>».>, 


»-  i 


•jjStSSSaâ., 


(  '3o) 

C'est  aiii>i  qu'aiijourd'iiui  la  presse  triomplie 
et  des  préjugés  iuhérens  aux  cours,  et  de  l'ii 
patience  tiatui'ellcaux  luinislres,  et  des  luanœa 
vres  plus  dangereuses  qui  soat  la  ressource  da 
associations  occultes  et  des  congrégations  dé^tù 
sées  ;  tant  il  est  vrai  que,  pour  arriver  au  bieo 
il  ne  faut  que  discuter  et  attendre!  Les  germe 
déposés ,  en  i8i4>  dans  le  Censeur  européen^  j 
sont  développes  et  fructiiieat. 

Cependant  ,  soit  que  le  succès  ait  inspiré  i 
M.  Dunoyer  une  sécurité  trop  grande,  soitqi 
ses  principes  se  soient  modiliés  ,  nous  voyou! 
dans  un  des  ouvrages  qu'il  a  publié^^  plus  tard, 
De  l'Imhtstric  et  de  la  Morale  dans  leurs  rap 
ports  avec  In  liberté ,  moins  de  sévérité  coûte 
les  gouverneniens ,  et  plus  de  défiance  enves 
les  nations.  Ce  n'est  pas,  selon  lui ,  dans  les  gou- 
verneniens que  les  plus  grands  obstacles  existent] 
les  nations  sont  la  matière  dont  les  gouverne* 
mens  sont  faits  ;  ils  sortent  de  leur  sein;  c'eS 
dans  leur  sein  qu'ils  se  recrutent,  qu'ils  se  reuGU 
vellent;  par  conséquent,  loi-squ'ils  sont  mal» 
\iù&,  il  faut  bien  qu'elles  ne  soient  pas  exce^ 
lentes. 

Ce  nouveau  principe   est  nécessaire  à  exa- 

"»iocr  :  tout  ce  qui  décrédile  les  peuples  est  avii 

Incueiili  par  le  pouvoir,  et  contre  l'in- 

de  M.  Dutioyer,  des  autorités  Iri's  <^ 


C  '5.  ) 
pressives  s'emparaient  aisément  de  cette  partie 
de  son  ^stème. 

Mais  remarquons  premièrement,  qu'il  n'est 
pas  exact  de  dire  que  les  gouvernemens  sortent 
toujours  des  nations.  Quelquefois  ils  leur  sont 
imposés  par  la  conquête  ;  alors ,  ils  leur  restent 
certainement  tout-à-faît  étrangers.  D^autres  fois, 
ils  sont  rhéritage  d'un  passé  dont  tous  les  él^ 
mens  ont  été  détruits  par  riaéritaUe  progrès  des 
luiiiières  et  les  changemens  qui  en  sont  résultés 
dans  les  intérêts.;  et  rien,  en  ce  cas,  n'est  moins 
homogène  que  les  gouvernemens  et  les  peuples. 
Secondement ,  lors  même  que  tes  gouTeme- 
mens  sortent  du  sein  des  nations,  il  est  dans 
leur  nature  d'être  stationnaii-es ,  tandis  qu'il  est 
dans  cdle  des  nations  d'être  progressives.  Il  s'en- 
suit qu'une  nation  peut  devenir  beaucoup  meil- 
leure, et  son  gouvernement  rester  très  mauvais. 
Qu'arrive- t-il  alors?  que  le  gouvemement ,  pour 
maintenir  la  nation  dans  l'état  où  il  a  besoin 
qu'elle  demeure  afin  de  la  gouverner,  travaille- 
et  réussit  i  la  détériorer  et  à  l'avilir. 

Si  donc  il  est  raisonnable  quelquefois  d'ac- 
cuser les  nations  ées  vices  des  gouvememens, 
il  est  beaucoup  plus  souvent  de  stricte  justice 
d'accuser  les  gouvememens  des  vices  des  na- 
tions; il  y  a  déplus,  dans  les  deux  cas,  cette 
différence,  que  les  nations  ne  pèchent  jamais 
9- 


/ 


iiistres,  e''        % 


C  '30  ) 
C'est  aîii.-i  qu'aujourd'imi  la  preMC^^ 
el  des  préjugés  inhéreos 
patience  iiatiireUeaux  m. 
vres  plus  dangereuses  qui  sont  1/^ 
associations  occultes  el  des  coaf"% 
sées  ;  tant  il  est  vrai  que,  por 
il  ne  faut  que  discuter  et  aV^ 


sont  développes  et  fructifi'*^  %  '  ^   '^  ^     ^^ 
Cependant  ,  soit  que  '^  ^    ^  ^    9^  "^     ' 
M.  Dunoyer  une  séturij^,  -^  ^    '^  ■V    '^^    ■" 
ses  principes  se  soieutç   'h    %.    '-.      ^  ^^ 


dans  un  des  ouvragef^  ^ 


ports  avec  la  liber\  a  ' 
les  gouvernemenfi,,  -  ^ 
les  nations.  Ce  n^  p. 


vernemensquel  '^ 
les  nations  sooî  \  'i 
mens  sont  faj  ^.  '' 
dans  leur  ser,  4  ' 
vellent;  pa^ 
vais ,  îi  fv  ¥ 
lentes. 


^  nègres 
pas  avancer 
morale  sons  le 
-Ouvre  ua  jour  une 
dr  de  front  le  perfec- 
L  la  résistance  ne'cessaîre, 
^récieuse.  Jusqu'alors ,  msl- 
_s  opprimés ,  il   sera  juste  de 
la  part  du  hlàme  dû  aux  crini» 


lèverons    une     erreur   dans   laquelle 
er  nous   semble   être  tombe;  erreur 


Npli 


%• 


(  i33  ) 

las  que  nous  ne  h;  pta- 
^  écrivains  superficiels 
^%|tent.  Dans  ua  de 
^'ilÉme  catégorie, 
'te  sais  quel 


'tetrea^, 

"haù- 


,  psr 
.déclare 


.i  dépendre  le^ 

avis   l'accnsatîoc 

d  M.   de  Cb&teau- 

,,   nous  laissons  à  cet 

soin  de  se  disculper,  si 

^uant  à  ce  qui  nous  regarde, 

yer  tire  deceque  nomavonsdit, 

arrivé  à  une  civilisatioa  excessive 

^.-adé  durant  quelques  générations ,  la 

^ence  que  nous  voudrions  qne  la  civîlisa- 

pût  reculer,  il  n'est  ni  exact  ni  j  uste .  Voici  nos 

jroles  :.  h  Chaque  foisqaé  le  genre  humain  arrive 

atioe  civilisation  excessive,  il  parait  dégradé  du* 

«ni  quelques  générations.  Ensuite,  il  se  relève 

de  cette  dégradation  passagère,  et  se  remettant, 

pour  ainsi  dire,  en  marche  avec  les  nouvelles 

décoavertes  dont  il  s'est  enrichi ,  il  parvient  à 


(  i50 

qoe  par  ignorance,  et  que  les  gouvernemen» 
pèchent  d'ordinaire  sciemment  et  intentionnel- 
lement. Sans  doute  »  il  est  fort  à  désirer  qae 
les  nations»  en  même  temps  qu'elles  tâchent  de 
seformer  leurs  gouveniemens,  travaillent  simul- 
tanément sur  elles-mêmes.  Malheureusement, 
les  gouvememens  qu'elles  voudraient  corriger 
ne  leur  en  laissent  guère  le  temps* 

Les  colonies  espagnoles  avaient  peu  le  loisir 
de  s'occuper  de  leur  amélioration  ialérîenre 
pendant  que  la  métropole  faisait  égorger  leurs 
défenseurs.  Avant  de  s'adoucir  et  de  s'éclairer, 
les  Grecs  ont  à  éviter  le  pal  et  à  empêcher  le 
rapt  de  leurs  enfans,  que  les  pachas  traînent 
en  Egypte  pour  y  être  circoncis  ou  vendus,  à 
la  grande  satisfaction  des  fauteurs  de  l'intolé- 
rance et  des  ennemis  de  l'humanité.  Les  nègres 
de  Saint-Domingue  ne  pouvaient  pas  avancer 
beaucoup  dans  leur  éducation  morale  sons  le 
fouet  des  colons.  Si  l'on  découvre  un  jour  une 
recette  pour  faire  marcher  de  front  le  perfec- 
tionnement désirable  et  la  résistance  nécessaire, 
la  découverte  sera  précieuse.  Jusqu'alors,  mal- 
gré les  dé&uts  des  opprimés ,  il  sera  juste  de 
faire  plus  large  la  part  du  blâme  dû  aux  crimes 
des  oppresseurs. 

Nous   relèverons  une    erreur  dans   laquelle 
M.  Dunoyer  nous  semble  être  tombé;  erreur 


(  .55  ) 
^ni  surprend  d'autant  fjus  que  nous  ne  k  pla- 
çons point  an  rang  de  ces  éciÎTains  superGciels 
tfuî  ne  lisent  pas  ce  qu'ils  réfutent.  Dans  un  de 
ses  chapitres,  il  range  sous  une  même  catégorie, 
Rousseau,  M.  de  Châteaubrîant,  je  ne  sais  quel 
pamphlétaire  anglais  soldé  par  lord  Casteh^agh, 
M.  de  Montlosier,  M.  Bellart,  M.  de  Marchaa- 
gjr  et  l'auteur  de  cet  Essai  !  Et  pour  légitimer 
cet  étrange  amalgame ,  il  cite  des  phrases  par 
lesquelles  chacun  de  ceux  qu'il  attaque  se  déclare 
l'ennemi  de  la  civilisation. 

Nous  ne  sommes  point  chaîné  de  défendre  les 
autres;  et>  bien  qu'à  notre  avis  l'accasatîoc 
soit  aussi  peu  fondée  contre  M.  de  Ch&teau- 
briant  que  contre  nous,  nous  laissons  à  cet 
illustre  acadéinicieu  le  soin  de  se  disculper,  si 
cela  lui  convient.  Quant  à  ce'  qui  nous  regarde, 
lorsque  M.  Dunojer  tire  dece  que  nous  avonsdît, 
que  l'homme  arrivé  à  une  civilisation  excessive 
parait  dégradé  durant  quelques  générations ,  la 
conséquence  que  nous  voudrions  que  la  civilisa- 
tion pût  reculer,  il  n'est  ni  exact  ni  juste.  Voici  nos 
paroles  :  h  Chaque  fois  que  le  genre  humain  arrive 
à  une  civilisation  excessive,  il  parait  dégradé  du- 
rant quelques  générations.  Ensuite,  il  se  relève 
de  cette  dégradation  passagère,  et  se  remettant, 
pour  ainsi  dire,  en  marche  avec  les  nouvellea 
découvertes  dont  il  s'est  enrichi ,  il  papvi^it  ^ 


(  -M  ) 

UQ  plus  haut  degré  de  perfectionDCmeut  !  m  Ët^ 
après  cette  phrase ,  qui  est  éTidemment  îocom- 
patible  avec  l'iotentioa  que  M.  Danoyer  noos 
prête ,  nous  ajoutons  que  ce  n'est  point  la  cîtî- 
lisation  qu'il  faut  proscrire,  et  qu'on  ne  pent  ni 
ne  doit  1  an-éter. 

Au  reste,  ce  n'est  point  pour  rectifier  on  {ait 
qui,  Donsétaut  personnel,  a  peu  d'intàrét  pour 
le  public;  ce  n'est  pas  non  jivs  pour  reprocher 
à  M.  Dunoyer  urie  assertion  plus  ou  moins  ir- 
réfléchie que  nous  relevons  ici  sa  méprise  ;  c'est 
qu'en  effet ,  partisan  comme  lui  de  la  civilisa' 
lion,  nous  croyons  qu'il  faut  que  les  peuples 
et  les  écrivains  qui  peuvent  influer  sur  l'opinion 
des  peuples  se  mettent  en  garde  contre  quelques 
résultats  de  cette  civilisation,  résultats  passa- 
gers, mais  qui,  tant  qu'ils  subsistent,  n'en  sont 
pas  moins  afiligeans  et  dangereui.  Ainsi  nous 
ae  faisons  pas  un  crime  à  la  civilisation  de 
procurer  à  l'homme  beaucoup  de  jonîssanf:es 
et  de  lui  en  rendre  l'acquisitioD  pins  facile; 
mais,  comme  ces  jouissances  et  la  facilite  que 
l'homme  trouve  à  les  obtenir  attachent  c^cnn 
à  k  posifioti  qui  les  lui  assure,  il  est  évident 
que  chacun  éprouve  plus  de  répugnance  à  ris- 
fpier  cette  fiusitioa  ,  même  quand  le  devoir  l'y 
)  îarife. 

En  couséqueiicti,  eet  état  de  civilisation,  tend 


(  ,55  ) 
k  la  stabilité,  et,  si  l'on  veut,  au  boa  Mdrc 
plus  qu'à  la  vertu  morale.  Or,  le  bon  ordre , 
chofié  ntile,  chose  indispensable  aux  progrès  et 
'  JT'  là  prospérilë  des  soâétés ,  est  plofAt  un 
moyen  qu'un  but.  Si ,  pour  le  maintenir,  on 
sacrifie  toutes  les  émolions  généreuses,  on  réduit 
les  bommes  à  un  état  peu  différent  de  celui 
de  oertaios  animaux  industrieux ,  dont  les  rudies 
bien  ordonnées  et  les  cases  artistement  cons- 
imites  ne  sauraient  pourtant  ètm  le  beau  idéal 
de  l'espèce  bumaine. 

Il  est  donc  important  de  contre^balancer  eet 
effet  de  la  dvilisation,  en  recueillant  et  en  entre- 
tenait, le  plus  qu'il  est  possible,  les  seotimens 
nobles  et  désintéressés.  Cela  est  important ,  afîn 
de  préserver  la  civilisation  elle-même  des  dangers 
qui  résultent  pour  elle  de  sa  propre  tendance. 

Le  plus  imminent  de  ces  dangers  est  une  es- 
pèce de  résignation  fondée  sur  le  calcul,  et  qui, 
balançant  les  inconvéniens  des  résistances  avec 
les  inconvéniens  des  transactions ,  nuit  égale- 
ment et  au  maintien  de  la  liberté  contre  le 
despotisme  intérieur,  et  à  la  défense  de  l'indé- 
peadance  contre  les  invasions  étrangères, 

M.  Dunoyer  invoque  iesétymaiogiei  à  l'appui 
de  son  opinion.  Les  étynwlo^es  proKvent  peu 
de  chose,  qnand  il  est  question  de  termes  que 


/ 


1 


ï 


f  ,56) 
0  ééviev  de  leur  signification  stricte 

jT    ^ffsafic  tonjoais  par  des  étymologies 

.    ii(0iDes  qni  veulent  fonder  des  sys- 

f  hitzrttSf  faux   ou  exagérés,  }e*  intre- 

^^*  0»  ^   défendent.  Ainsi ,   les   parlî- 

I  fmtéfét  qu'ils  nomment  bien  entendu , 

i«0K>ater  le  mot  d'inAérèt  à  son  accep- 

.    I  Jqs  philosophique ,  établissent  que  Fin* 

i^j«|,oin0ie  étant  d'agir  toujours  dans  soa 

ff^ni  avantage ,  et  la  durée  étant  ua  des 

Vi^^  Je  cet  avantage ,  il  est  de  son;  intérêt 

étendu  de  s'abstenir  de  tout  ce  qui  lui 

.     'j  QD  mal  durable  en  échange  d'une  joui&- 

passagère,  et  par  conséquent  de  ne  «pas 

.  l-ef  rmte'rêt  d'autrui ,  qui  tôt  ou  tard,  excr- 

'f  contre  lui  de  fâcheuses  et    inévitables 

^lles.  Mais  la  masse  n'interprète  pas  ainsi 

rnût  d*iD^^^^  *  ^^^  ^^^  prête  une  signification 

j    rfstt^î^^^'  une  application  plus  immédiate, 

™..  jjfésulte  que,  quand  vous  lui  dites  qu'elle 

.     gouverner  d'après  son  intérêt,  elle  entend 

,  \u  ioit  lui  sacrifier  tous  les  intérêts  opposés 

àiasif  P^^  prendre  un  exempte  encore  plus 

JLfcb^^  certains  écrivains  qui  aspirent  à  faire 

jg^ber  l'unité  religieuse  sur  les  ruines  de 

, fierté  de  conscience  et  d'examen,  et  qui  oaC 


(  '^«7  ) 
S  le  titre  de  catholiques,  en  oppositioa  avec 
L?  protestantisme  et  toutes  les  doctrines  dissi* 
lovites,  se  justifient  de  toute  vue  d'intolérance 
t  <le  persécution,  en  remontant  à  l'étymologie 
lia.  mot  catholique ,  qui  au  fond  ne  signifie 
\u'aniyerseL  Mais  on  ne  lui  donne  pas  de  nos 
ours  cette  signification  abstraite  :  on  n'entend 
p»oint  par  catholicisme  une  doctrine  universelle, 
ixiais  la  doctrine  spéciale  de  l'église  de  Rome, 
qui  excommunie  et  proscrit  tout  ce  qui  ue  re- 
i^onnait  pas  son  autorité. 

Aussi,  les  écrivains  en  question,  catholiques 
suivant  l'acception  première  du  root,  quand-il 
leur  faut  échapper  aux  reproches  que  leur  ten- 
dance mérite,  i^edeviennent  catholiques  dans 
le  sens  ordinaire ,  quand  il  s'agit  d'accabler  leurs 
adversaires  par  l'anathème  de  Fautorité. 

Ltes  étjmologistes  de  cette  trempe  ressemblent 
a  la  chauve-souris  de  La  Fontaine,  montrant  tour 
à  tour  ses  pieds  et  ses  ailes,  suivant  qu'il  lui 
convient   d'être  souris  ou  oiseau. 

Peu  nous  importe  que  le  -mot  civilisation 
vienne  du  mot  civitas;  ce  qui  est  certain ,  c'est 
que  son  acception  a  changé  en  route.  La  civili- 
sation n'est  plus,  dans  la  pensée  de  ses  par- 
tisans comme  de  ses  ennemis ,  uniquement  ce 
qui  rend  les  hommes  plus  propres  à  la  société» 
mais  ce  qui  procure  aux  membres  de  la  société 


^ 


t  i58) 
une  plus  grande  sorame  de  joaissaDces.  Or,  it 
faut  examiner  si  cette  somme  de  jouissaocK, 
devenant  chaque  jour  plus  précieuse  à  coaserver, 
ne  nous  rend  pas  plus  timides,  moins  cU^Moés  à 
risquer  ce  qui  pourrait  nous  les  faire  perdre. 

Nous  ne  prétendons  point  qne  le  ciMimge 
individael  ne  survive  point  à  cet  effet  de  la  ci- 
vilisation; mais  le  courage  public,  le  coorage 
uational  soutient  cette  épreuve  avec  moînsd'aTau- 
tages  :  la  raison  en  est  simple. 

Pourvu  que  l'ordre  soit  maintenu,  les  jou»- 
sances  de  la  civilisation  subsistent  pour  un  temps  j 
plus  ou  moins  long ,  n'importe  sous  qii<^  mai-  | 
très;  or^  les  transactions,  les  capitulations,  les  1 
concesùons  sont  des  moyens  plus  sûrs  pour  que  j 
l'ordre  ne  soit  pas  détruit;  que  des  résistances  i 
qui ,  surmontées ,  amènent  des  violences,  et  qui ,  i 
même  victotienses,  entraînent  un  état  transi-  i 
toire  d'anarchie. 

Quels  sont  les  empires  qui  ont  résisté  au  vain- 
queur du  monde?  La  Russie,  dont  les  sommités 
sont  civilisées ,  mais  qui  a  ses  forces  réelles  dans 
ses  ti'ibiis  l>arbares,  pépinières  fécondes  de  ses    ' 
arraccs ,  si  terribles  par  leur  aveugle  et  passive    j 
obtiissancc  ;  l'Espagne ,  dont  la  population  igno-    ' 
rante  at;oati:«^>alanoé,  par  une  lutte  désespérée, 
la  50uiiiL«sioa  empressée  des  classes  supérieures 
où  le  germe  de  la  civilisation  s'était  introduit.     . 


I    >l 


C  '59) 

Quel  peuple  combat  et  meurt  sous  nos  jeiut 

•our  son  iodêpencUnce?  Les  Grecs;  et  c'est  dans 

a  barbarie  des  Klephtes  que  la  Grèce  trouve 

lae  sauvegarde  contre  la  I>arbarie  de  Turcs. 

En  conclurons-nous  qu'il  faut  retarder  la  ctvi- 
isatioD,  rentr3Ter,la  maudire,  marcher  contre 
ûle  avec  du  gros  canon ,  comme  M.  de  Mont- 
tosier  le  propose?  Non,  certes. 

La  civilisation  est  dans  la  destinée  de  l'espèce 
liumaine.  L'homme  a  été  créé  pour  s'instruire  « 
pour  s'éclairer,  et ,  par  là  même ,  pour  s'adoucir 
et  s'améliorer.  Honle  et  malheur  à  ceux  qui ,  par 
la  force  ou  par  la  ruse,  le  détournent  de  la  route 
r]uî  lui  est  tracée  !  Si  la  civilisation  a  des  iu- 
convéniens,  ils   sont  momentanés,  et  c'est  à 
elle  qu'il  faut  recotirir  pour  y  porter  remède. 
Le  mal  qu'uue   civilisation  imparfaite  produit 
quelquefois,  une  civilisation   plus   parfaite  le 
fait  disparaître.  Elle  nous  6te  une  portion  de 
notre  éaei^e,  et  des  barbares  peuvent  en  pro- 
filer. Mais  étendez  la  civilisation  là  oîi  la  barbarie 
règne  encore,  la  civilisation  n'aura  plus  rien  k 
craindre;  car  il  n'y  aura  plus  de  barbares.  Elle 
nous  inspire  un  attachement  à  nos  jouissances, 
qui  offre  des  chances  de  succès  au  despotisme 
intérienr.  Mais  répandez  plus  de  lumières,  le 
despotisme  misa  nu  s'écroulera  faute  d'appui.  Un 
sentimeut  d'infériorité  et  de  faiblesse  l'entourera. 


^ 


l 


(  ^o  ) 
le  pénétrera ,  paralysera  tous  ses  mouTemens,  tt, 
après  quelques  bravades,  mal  calculées  et  nul 
soutenues,  vous  le  verrez,  biea  qa'à  son  iosa, 
s'abjurer  lui-même,  et  s'aOàîsser  souslepoiè 
de  ses  propres  craintes  et  de  sa  propre  absui- 
dité.  Nous  en  avons  la  preuve. -Le  langage  àa 
possesseurs  et  des  instrumens  dn  pouvoir  absala 
nous  semble  bien  insolent  et  bien  insensé: 
comparons-le  à  leur  langage  il  y  a  deux  cent! 

I  ans ,  nous  lé  trouverons  modeste  et  timide.  U 

civilisation  est  la  lance  d'Achille,  elle^éntles 
maax  qu'elle  cause.  Ces  maux  ne  sont  que  pas- 
sagers ,  et  la  guérison  est  étemelle. 

I  Mais,  en  attendant,  il  est  bon  de  recoDna^ 

I  les  faits,  parce  que  la  vérité  est  toujours  bonne 

à  savoir;  toutes  les  subtilités  ne  lui  ôtent  passa 

!  force;  et  quand  on  ferme  les  yenx  à  l'évidence, 

il  s'ensuit  bien  qu'on  ne  la  voit  pas  ;  mais  ew 
existe  et  prend  au  dépourvu  les  aveugles. 

Ainsi  en  favorisant  la  civilisation  de  tous  nos 
cflbrts,  tâchons  de  conserver  au  sein  de  la  àn- 
Tisation  les  idées  nobles,  les  émotions  géné- 
reuses que  les  jouissances  tendent  à  étoaffef- 
Repoussons  ces  systèmes  étroits  qui  n'offrent  pour 

Ibut  à  IV-spèce  humaine  que  le  bien-être  physîqW' 
Ne  nous  renfermons  pas  dans  cette  vie  si  courte 
et  si  imparfaite,  monotone  à  la  fois  et  agitée. 
*1  qui,  circonscrite  dans  ses  bornes  raatcrielle*i 


^ 


(^4-  ) 

a  rien  qui  la  distingue  de  celle  des  animaux.* 
onorons  et  encourageons  cette  puissance  de 
crifice  ,  celte  faculté  de  dévouement ,  objets 
*s  moqueries  de  quelques  esprits  subalternes , 
li  se  croient  justes  parce  qu'ils  sont  abjects, 
:  piquans  parce  qu'ils  poursuivent  de  plaisan- 
tries  dont  l'invention  ne  leur  appartient  pas , 
>ut  ce  qui  s  élève  .au  •  dessus  de  leur  nature 
jnoble  et  de  leurs  conceptions  rétrécies.  De  la 
orte ,  nous  servirons  la  civilisation  elle-même  ; 
ar  si,  tout  en  profitant  de  ses  bienfaits,  nous 
lous  laissons  amollir  par  elle,  nous  ne  saurons 
»sla  défendre  au  besoin,  et  sa  cause  sera  trahie 
3u  abandonnée  par  les  sj^barites  quelle  aura 
créés. 

Nous  trouvons ,  dans  le  système  de  M.  Du- 
BOjrer,  une  autre  inexactitude  que  nous  regret- 
tons de  voir  placée  à  la  suite  de  beaucoup  de  vé- 
rités. Il  présente  d'abord  une  définition  de  la  li- 
berté très  juste  et  tràs  lumineuse,  ce  C'est,  dit-il, 
letiit  où  l'homme  se  trouve  quand  il  peut  se 
servir  de  ses  facultés  sans  rencontrer  d'obstacles. 
U  est  d'autant  plus  libre,  qu'il  les  exerce  avec 
moins  d'empêchement.  Il  en  résulte  que,  pour 
disposer  librement  de  nos  facultés ,  il  faut  que 
nous  nous  en  servions  de  manière  à  ne  pas 
nuire  à  nos  semblables.  Nous  avons  bien ,  dans 
une  certaine  mesure,  le  pouvoir  de  nous  livrer 


(  »40 

au  crime;  mais  nous  n'avons  pas  celui  de  noas 
y  livrer  sans  diminuer  proportionneUement 
notre  liberté  d'agir.  Tout  homme  qui  emploie 
ses  facultés  à  faire  le  mal ,  en  compromet  par 
cela  même  Fusage.  Cest  en  quelque  manière 
se  tuer  que  d'attenter  à  la  vie  d'autrui  ;  c^e^ 
tX)mpromettre  sa  fortune  que  d'entreprendre  sur 
celle  des  autres.  11  n'est  sûrement  pas  impossible 
que  quelques  hommes  échappent  aux  consé- 
quences ^  ou  du  moins  à  quelques-unes  des 
conséquences  d'une  vie  malfaisante  ;  mais  les 
exceptions,  s'il  y  en  a  de  réelles,  n'infirmen! 
point  le  principe.  L'inévitable  effet  de  l'injustice 
et  de  la  violence  est  d'exposer  l'homme  injuste 
et  violent  à  des  haines ,  à  des  vengeances ,  à 
des  représailles,  de  lui  hter  la  sérénité  et  le 
repos,  de  l'obliger  à  se  tenir  continuellement  sur 
ses  gardes  ;  "Xloutes  choses  qui  diminuent  évidem- 
ment sa  liberté.  U  n'est  au  pouvoir  d'aucun 
homme  de  rester  libre ,  en  se  mettant  en  guerre 
avec  son  espèce.  On  peut  dire  même  que  cela 
n'est  au  pouvoir  d'aucune  réunion  d'honnnes. 
On  a  vu  bien  des  partis,  on  a  vu  bien  des  peu* 
pies  chercher  la  liberté  dans  la  domination*  On 
n'en  a  point  vu  que  la  domination,  à  travers 
beaucoup  d'agitations ,  de  périls  et  de  malheurs 
pixmsoires ,  n'ait  conduits  tôt  ou  tard  à  une 
ruine  définitive,  n  Rien  de  plus  sage  que  ces 


(  »43) 
Aexions  ;  rien  de  plus  fayorable  à  là  fois  à  la 
lerté  et  aix  bon  ordre  que  cette  démonstra- 
>n  de  la   nécessité  du  respect  pour  la  liberté 
»  autres ,  comme  condition  première  et  seule 
luyegarde    assurée  de  la  liberté  pour  soi.  Mais 
I.  Dnnoyer  joint  k  ces  considérations  si  raison- 
aUes  une  sorte  de  réprobation  contre  les  écri* 
ains  qui  représentent  la  liberté  comme  un  droit 
obèrent  à  l'espèce  humaine. 
Un  publknste  anglais,  Jérémie  Bentham ,  a  le 
Mremîer   donné   l'exemple    de  nier   les   droits 
laturels,  inaliénables,  imprescriptibles.  Il  a  pré- 
tendu que  cette  notion  n'était  propre  qu'à  nous 
égarer,  et  qu'il  fellait  mettre  k  sa  place  celle  de 
lutîUté,  qui  lui  parait  plus  simple  et  plus  intel- 
ligible. Nul  doute  qu'en  définissant  convenable- 
ment le  mot  d'utilité,  Ton  ne  parvienne  à  en 
tiTCT  précisément  les  mêmes  règles  que  celles  qui 
découlent  de  l'idée  du  droit  naturel  et  de  la  jus- 
tice.  En   examinant  avec  attention  toutes  les 
({uestions  qui  paraissent  mettre  en  opposition  ce 
^i  est  utile  et  ce  qui  est  juste ,  on  trouve  tou- 
jours que  ce  qui  n'est  pas  juste  n'est  jamais  utile; 
mais  il  n'en  est  pas  moins  vixii  que  le  mot  d'w/i- 
^itéj  suivant  l'acception  vulgaire,  rappelle  une 
motion  différente  de  celle  de  la  justice  ou  du 
droit.  Or,  lorsque  l'usage  et  la  raison  commune 
attachent  à  un  mot  une  signification  déterminée, 


(  '44) 

il  est  daDgereux  de  changer  cette  significatÏM; 
on  explique  Tainement  ensuite  ce  qu'on  a  youh 
dire  :  le  mol  reste,  et  l'explication  soublie. 

On  ne  pent,  dit  Bentfaam  (i),  raisonner  avec 
des  fanatiques  armés  d'un  droit  naturel  que  cb»* 
coa  entend  comme  il  lutptalt  et  appliqae comme 
il  lui  convient.  Mais,  de  ton  aren  même,  le  prio* 
àpe  de  l'utilité  est  susceptible  de  toat  autant 
dTinterprétatioos  et  d'applicatioiis  contradictoi- 
res. L*utilité,  dit-il  (3),  a  été  souvent  mal  ap- 
pliquée :  entendue  dans  un  sens  étroit»  elles 
prèle  son  nom  à  des  crimes;  mais  on  oe  doit  pas 
rejeter  sur  le  principe  les  fantes  qui  lui  sont 
contraires,  et  que  lui  seul  peut  servir  à  rectîGer. 

Comment  cette  apologie  s'appliquerait-elle  à 
l'utilité,  et  ne  s'appliquerait-'clle  pas  au  droit 
naturel? 

Le  principe  de  l'utilité  a  ce  danger  de  plus  que 
celai  du  droit,  qu'il  réveille  dans  l'esprit  de 
Ffaorame  l'espoir  d'un  profit  et  non  le  sentiment 
d'un  devoir.  Or,  l'évaluation  d'un  profit  est  ar- 
bitraire; c'est  l'imagination  qui  en  décide;  mais 
ni  ses  erreurs  ni  ses  caprices  ne  sauraient  cban- 
îjcr  la  notion  du  devoir. 

iCS  actions  ne  peuvent  pas  être  plus  ou  moins 

)  Prùte^t  de  législaikm ,  chap.  un. 
,J  md. ,  ehup.  T. 


(i45) 
justes  9  mais  elles  peuvent  être  plus  ou  moios 
utiles.  En  nuisant  à  mes  semblabljes,  je  viole 
leurs  droits;  c'est  une  vérité  incontestable  :  mais 
si  je  ne  juge  de  cette  violation  que  par  son  uti- 
lité, je  puis  me  tromper  dans  mon  calcul ,  et 
trouver  de  l'utilité  dans  cette  violation.  Le  prin- 
cipe de  l'utilité  est  par  conséquent  bien  plus  vague 
que  celui  du  droit  naturel. 

Loin  d'adopter  la  terminologie  de  Benthaip,, 
je  voudrais,  le  plus . possible ,  séparer  l'idée  du 
droit  de  la  notion  de  l'utilité.  Ce  n'est  qu'une 
différence  de  rédaction ,  mais  elle  est  plus  impor- 
tante qu'on  ne  pense. 

Le  droit  est  un  principe,  l'utilité  n'est  qu'un 
résultat  ;  le  droit  est  une  cause ,  l'utilité  n'est 
qu'un  effet- 
Vouloir  soumettre  le  droit  à  l'utilité,  c'est 
vouloir  soumettre  les  règles  étemelles  de  l'Arith- 
métique à  nos  intérêts  de  chaque  jour. 

Sans  doute,  il  est  utile,  pour  les  transactio^is 
générales  des  hommes  entre  eux  qu'il  existe 
entre  les  nombres  des  rapports  immuables;  mais 
si  l'on  prétendait  que  ces  rapports  n'existent  que 
parce  qull  est  utile  que  cela  soit  ainsi,  on  ne 
manquerait  pas  d'occasions  où  l'on  prouverait 
qu'il  serait  infiniment  plus  utile  de  faire  plier 
ces  rapports  ;  on  oublierait  que  leur  utilité 
constante  vient  de  leur  immutabilité,  et  cessant 

10 


•  (  i46  ) 
d'être  immuables,  ils  céderaient  d'être  utiles. 
Ainsi  l'utilité,  pour  avoir  été  trop  âivoralile- 
ment  traitée  en  apparence,  et  transformée  en 
cause  au  lieu  qu'elle  doit  rester  effet,  disparaî- 
trait bientôt  totalement  elle-^nême. 

Il  en  est  ainsi  de  la  morale  et  du  droit.  Vous 
détruisez  l'utilité,  par  cela  seul  que  vous  la  fâa- 
cez  au  premier  rang.  Ce  n'est  que  lorsque  la 
règle  est  démoQtrée ,  qu'il  est  bon  de  £ûre  res- 
sortir l'utilité  qu'elle  peut  avoir. 

Les  expressions  que  Bentham  veut  interdire 
rappellent  des  idées  Uen  jdns  claires  et  bien  pins 
précises  que  celles  qu'il  prétend  l^ur  substituer. 
Dites  à  un  homme  :  Vous  ayez  le  droit  de  n'être 
pas  mis  h  mort  ou  dépouillé  arbitrairement;  vous 
lui  donnez  un  bien  autre  sentiment  de  sëcarilé 
et  de  garantie  que  si  vous  lui  dites  :  11  n'est  pas 
utile  que  vous  soyez  mis  à  mort  ou  dépouillé 
arbitrairement.  On  peut  démontrer  qu'ei^  effirt 
cela  n'est  jamais  utile.  Mais  en  parlant  du  droit, 
vous  présentez  une  idée  indépendante  de  tout 
calcul;  en  parlant  de  l'utilité,  vous  semblés  ia- 
viter  à  remettre  la  ctiose  en  question,  en  la  sou* 
mettant  à  une  vérification  nouvelle. 

Quoi  de  plus  abfturde ,  s'éerie  l'ingénieux  et  sa- 
vant c€41aborateur  de  Bentkam(i),  que  des  drab 

(i)  M.  Dumont  de  Genève*  ^ 


(  i47) 
inaliénables  q«i  ont  toujours  été  aliénés^  des 
droits  imprescriptibles  qui  ont  toujours  été  pres- 
crits !  Mais  en  disant  que  ce$  droits  sont  aliéna-* 
blés  et  imprescriptibles ,  on  dit  simplement  qu'ils 
ne  doivent  pas  être  aliénés ,  qu'ils  ne  doivent  pas 
être  prescrits;  on  parle  de  ce  qui  doit  être,  non 
de  ce  qui  est. 

Benthara  y  en  réduisant  tout  en  principe  d'uiti-» 

lité ,  s'est  condamné  à  une  évaluation  forcée  d^ 

ce  qui  résulte  de  toutes  les  actions  humaines^ 

évaluation  qui  contrarie  les  notions  les  plus  sim^ 

pies  et  les  plus  halntuelles.  Quand  il  parle  de  la 

fraude 9  du  vol,  etc.,  il  est  otHigé  de  convenir 

que  s'il  y  a  perte  d'un  côté,  il  y  a  gain  de  l'autre, 

et  alors  son  principe  pour  repousser  des  actions 

pareilles,  c'est  que  bien  de  gain  n'est  pas  équi-* 

Talent  à  mal  de  perte  ■:  mais  le  bien  et  le  mal 

étant  séparés ,  l'honmie  qui  commet  le  vol  trou-» 

vera  que  son  gain  lui  importe  plus  que  la  perte 

d'un  autre.  Toute  idée  de  justice  étant  mise  hors 

de  la  question,  il  ne  calculera  plus  quel  gain  il  &it  ; 

il  dira  :  gain  pour  moi  est  plus  qu'équivalent  à 

perte  d'autrui.  Il  ne  sera  donc  retenu  que  par  la 

crainte  d'être  découvert.  Tout  motif  moral  est 

anéanti  par  ce  système. 

Enrepoussant  le  premier  principe  de  Bentham, 
je  suis  loin  de  méconnaître  1^  mérite  de  cet  écri* 
vaÂn .  Ses  ouvrages  sont  pleins  d'idées  neuveis  et  de 

10.. 


(  '48) 

vues  profoodes.Tontes  les  conséquences  qu'il  tire 
desonpriDcipesoat  des  vérités  précieuses  en  elles- 
Toémes;  c'est  que  ce  principe  n'est  pas  faux,  U 
terminologie  seule  est  vicieiise.  Dès  qae  Taiiteiir 
parvient  à  se  dégager  de  sa. tenninok^ie ,  il  réo' 
nit  ,  dans  un  ordre  admirable,  les  .notions  les 
plus  Saines  sur  l'économie  politique,  sur  les  pré- 
cautions avec  lesquelles  le  Gouvernement  doit 
intervenir  dans  les  affaires  des  individus,  sur  la 
population ,  sur  la  religion ,  sur  le  commerce , 
sur  les  lois  pénales,  sur  la  proportion  des  châti- 
mensavecles  délits;  mais  il  luiestarrivé,  comme 
k  beaucoup  d'auteurs  estimables,  de  prendre 
une  rédaction  pour  une  découverte  ,  et  de  tout 
sacrifier  alors  à  cette  rédaction.  M.  Dunoyer  .a 
commis  la  même  erreur;  il  a  suivi  un  mauvais 
exemple.  11  faut  conserver  la  notion  de  droits, 
parce  qu'elle  est  claire ,  qu'elle  satisfait  la  lo- 
gique sévère ,  qu'elle  répond  aux  sentimeos 
intimes ,  encourage  les  opprimés  dans  une 
légitime  de  défense ,  et  réveille  ces  passions 
généreuses  dont  les  temps  de  calme  et  de  faon- 
heur  peuvent  se  passer,  mais  qu'il.est  bon  de 
retrouver  au  besoin  dans  les  temps  d'avilis- 
sement et  de  tyrannie. 

M.  Dunoyer  est  partisan  du  système  nouveau 
que  des  écrivains  ingénieux  ont  établi  sur  la  ilif- 
Icrcnce  des  races.  Ce  système  a  sa  portion  de  vé- 


(  »49  ) 
rite  ;  il  est  carieux  à  elcaminer ,  et  la  science  peut 
s'en  enrichir,  mais  nous  pensons  qu'il  &ut  Tëcarter 
soigneusement  de  la  politique.  Le  pouvoir  n'est 
que  trop  dispose  à  représenter  ses  propres  ex- 
cès ^  ses  excès  capricieux  et  volontaires,  comme 
une  suite  nécessaire  des  lois  de  la  nature.  De 
l*infériorité  reconnue  de  telle  irace  et  de  la  su-» 
périorité  de  telle  autre  a  l'asservissement  de  la 
première,  la  distance  est  trop  facile  à  franchir; 
et  ce  que  la  philosophie  ne  considère  que  comme 
la   démonstration    d'une    vérité    spéculative  ^ 
les  colons  Tout  i^pété  pendant  trois  cents  ans , 
pour  maintenir  l'oppression  la  plus  illégitiraie 
et  la  férocité  la  plus  exécrable.  D'ailleurs,  ce 
système  nous  parait  faux  en  ceci,  que,  s'il  y 
a  des  races  plus  parfaites,  toutes  les  races  sont 
susceptibles  de  perfectionnement.  La  route  peut 
être  plus  longue  pour  celles  dont  b  point  de 
départ  est  le  plus  éloigné,  mais  le  terme  est 
le  même. 

Les  noirs  d'Haïti  sont  devenus  des  législateiiis 
fort  raiéonaables,  des  guerriers  assez  disciplinés, 
des  homme  d'état  aussi  babOes  et  aussi  polis 
que  nos  diplomates.  Ils  avaient  à  vaincre  le 
double  obstacle  d'une  organisation  regardée 
comme  inférieure  à  la  nôtre ,  et  de  l'éducation 
de  la  servitude  -  épouvantable  que  nos  calculs 
inâmes  leur  disaient  subir,  lisse  sont  mis  au  ni-» 


i 


(  i5o  ) 
v^H  As  a>B  1b  plai  parfaites ,  cous  le  rapport, 
<  nécessùres,  mais  da 
i,  d(Mrt  oods  ttooTons  la  tsott- 
nie  et  U  coiabiiuiaoD  si 
.  Lnv  caasdtotioa  vaut  mieux  ^pe  I* 
pkpvt  éet  OMsdtatioafi  de  l'Europe.  LaisBOas 
J— c  le»  phTsiofagirtes  s'occnper  'des  diflerenoes 
s  ^mt  la  pfT&ctibililé  dont  toufe  fes- 
«fcnaée  sanDOOte  l6t  on  tard,  et  gar- 
■  d'armer  b  politique  de  ce  nouTeaa 
piùi-UL  dBM^aUle  et  d'oppressioa. 

BMdons  jastice,  a«  reste»  à  H.  DuMyo-; 
3  a  aeati  lù-niéaie  que  sa  dîgréssîoa  aar  l'in- 
iâioiité  des  races  qu'il  nomnie  obsËiires,  n'é- 
^t  pas  sans  danger;  il  a  cru  devotf  dMwroiier 
Ib  c— ïe'qafncrT  de  son  principe.  <r  De  ce  qae 
,  dît-il,  esA  \e  mathenr  de  nous  itre 
,  je  se  Teax  pas  inférer  qu'il  &nt  les 
!  pins  misérableB.  Je  ne  protends 
t  pas  remettre  en  question  si  les  ladiens 
aaat  des  hommes,  ni  s'il  &at  nécESsairémeat  des 
InUes  da  pape  ponr  les  traiter  comme  teb. 

■  Je  B'enteBds excuser,  je  prie  le  Icctear  de 
la  doîrc ,  ta  la  traite  et  l'esdarage  des  Afin- 
cwK.  vi  le  massacre  des  indig^KS  de  TAmé- 
nqu(-.  ni  I Viat  de  mioorifié  perpétwdie  wyel 
hr»  Espa^iiiiis  ont  rédwt  le  pen  dlndions  qu'ils 
a'avmw^til  p^^  «zieminés.  AssaréoMiit,  si  quel- 


^ 


(  .5.  ) 

[|ue  chose  pouvait  rendre  douteuse  la  supériorité 
de  notre  race ,  ce  serait  bien  la  conduite  qu'elle 
a  tenue  envere  ses  parens  d*Afriq;ue  et  d'Améri- 
que,.  et  la  ma;aière  dont  elle  a  prétendu  justifier 
ses  attentats,  n 

Ces  réâexions  partent  d'un  bon  coeur  et  d'un 
esprit  éq^table  :  mais  il  vaudrait  encore  mieux 
n'avoir    pas   besoin  de  cette  explication;  et^ 
comme  nous  l'avons  dit  et  comme  les  &its  le 
prouvent  y  toutes  les  races  étant  perfectibles  ^  il, 
ny  a  nul  avantage  à  faire  entrer  dans  des  con- 
sidérations  politiques  une  inégalité  dont  les  pro- 
grès naturels  à  l'espèce  entière  tendent  à  relever 
ses  différentes  fractions. 

Ce  système  n'est  pas  non  plus  n^essaire  pour 
noua  rassurer  sur  la  possibilité  de  notre  asser*- 
vissement  :  si  nous  ne  possédions  pas  de  meil-» 
leures  garanties,  la  sécurité  serait  mal  fondœ.  Si 
nottsn'avonsi  point  le  crâne  aplati  desCalmouks, 
nos  fronts  ne  s'en  courbent  pas  moins  as^z. 
facilement  devant  la  puissance  ;  et  si  l'on  peut 
invoquer  pour  témuoins  de  la  dignité  de  notre 
nature  |.  «  las'  aacîe&Qoes  républiques  de  la  Grè^^ 
el  de  ftome»  et  les  républiques  italiennes  du 
moyen  âge ,  et  celles  4ç  la  Suisse  et  de  la  Hdi^ 
laede,  et  miles  du  nord  et  du  sud  de  l'Amérique^ 
et  les  monarchies  pluR  ou  moins  limitées  de  l'An- 
gleterre et  de  la  France ,  et  les  magnanimes 


à 


(  ,50 
efforts  que  fait  sous  nos  yeux  la  Grèce  pour 
s'arracher  k  la  domination  des  Turcs,  m  on  reit- 
contre  malheureusement  aussi  des  témoins  d'une 
autre  espèce,  dix-huit  cents  ans  d'atbîtraîre  dont 
l'Angleterre  ne  s'est  affranchie  <jae  depuis  cent 
trente-sept  ans,  et  la  France  depuis  trente,  el 
aujourd'hui  encore  en  Espagne ,  en  Portaga), 
tous  les  genres'  d'oppression ,  de  vexation  et 
d'inquisition  religieuse  et  politique  rebouvelà 
des  temps  anciens. 

M.  Dunoyer  est  sur  un  bien  meilleur  lerraia, 
lorsque ,  renonçant  à  des  systèmes  qui  ne  sool 
nullement  utiles  aux  vérités  qnll  a  pour  but 
de  faire  triompher,  il  combat  les  philosophes 
du  dernier  siècle ,  qui  ont  méconnu  ces  Térîtés, 
et ,  dans  leur  haine  contre  les  institutions  vesa- 
toires  de  leur  patrie  policée,  ont  vanté  la  li- 
berté de  l'état  sauvage. 

Ses  réfutations-  des  exagérations  de  Rousseaa, 
de  Raynal ,  de  Mably ,  sont  excellentes ,  et  ÎI  ré- 
pond de  la  manière  la  plus  péremptbire  et  h 
plus  satis&isante  à  leurs  amplifications ,  plus  ou 
moins  éloquentes,  sur  l'état  des  tribus  nonpeii- 
cées ,  que  l'un  d'eux  proclame  sonveraÎDemeot 
libres ,  parce  qu'elles  sont  sans  patrie  ,  sans  lots 
et  ne  vivent  que  de  rapines;  que  l'autre  admira' 
parce  qu'elles  errent  dans  les  forits ,  sans  autre 
Ruidc  que  le  vent  et  le  soleil ,  sans  autre  pw^^ 


> 


(  '5.'5  ) 

ion  qu^un  arc  et  des  flèches;  que  le  troisième 
lit  aussi  heureuses  que  le  permet  la  nature,  parce 
{u'elles  cousent  leurs  habits  de  peaux  avec  des 
spines  ou  des  arêtes,  et  qu'elles  ne  s'appliquent 
^'aux  ouTfages  qu'un  seul  peut  faire  et  aux  arts 
qui  n'ont  pas  besoin  du  concours  de  plusieurs 
mains. 

u  Rousseau  nous  apprend,  dit-il,  comment 

nous  pouvons  être  libres  en  consentant  à  ne 

lien  produire,  à  ne  rien  posséder.  M'ayez  que 

des  arbres  pour  abri ,  ne  vous  couvrez  que  de 

peaux  d'animaux,  interdisez-vous  toute  industrie, 

réduisez-vous  à  la  condition  des  brutes,  et  vous 

serez  libres.  •  •  Libres  I  de  quoi  faire?  de  vivre 

plus  misérables  que  les  bétes  mêmes  ?  de  périr 

de  fipoid  ou  de  faim?  Est-ce  à  cela  que  vous 

réduisez  la  liberté  humaine?  Étrange,  manière 

de  nous  prouver  la  liberté ,  que  de  commencer 

par   interdire    tout    perfectionnement    à    nos 

forces,  tout  développement  à  nos  plus  belles 

facultés  I 

»  Lés  hommes  ne  sont  pas  libres  en  raison 
de  leur  puissance  de  souffrir,  mais  en  raisoo 
de  leur  pouvoir  de  se  satisfaire.  La  liberté  ne 
consiste  pas  à  savoir  vivre  d'abstinence  ,  mais  à 
pouvoir  contenter  ses  besoins  avec  aisance  et  à 
savoir  les  contenter  avec  modération.  Elle  ne 
consiste  pas  à  pouvoir  fuir ,  comme  dit  Rousseau , 


(  i54) 
ni  à  sOivoir  battre  Teiuieiiii,  ooinnw  dit  Rayu], 
mais  à  saroir  diriger  ses  forées  de  telle  série  qui 
soit  possible  de  yivre  paisiblement  easeMtf 
de  telle  sorte  qu'on  ne*  soit  pas  réduit  k  hàt 
ou  à  s'entre-tuer.  La  liberté  ,  finalement  y  ne  coa- 
siste  pas  à  se  faire  béte ,  de  peur  de  devenir  m 
méchant  homme  ^  mais  à  tâcher  de  derenir, 
autant  qne  possible,  un  honme  mdastrien, 
raisonnable  et  moral. 

«Sous  quelque  point  de  yue,  continue-t'il, 
que  l'on  considère  les  sauvages,  il  est  visik 
qu'ils  sont  infiniment  moins  libres  que  rbonuK 
caltivé.  Us  le  sont  moins  physiquement  :  ife  ont 
moins  de  forces  corporelles,  et  ne  sont  pas  ct- 
pables,  à  beaucoup  J^rès,  de  tirer  dé  lems  foico 
le  même  parti.  Ils  le  Soùt  moins  noraleaient: 
ib  n'ont,  sous  auCun  rapport,  aussi  bien  appris 
k  régler  leurs  sentimens  et  leurs  actions^ Usit 
sont  moins ,  en.  uil  mot ,  dïins  tonte  lenr  nu* 
nière  d'être;  ils  soilt  exposes  à  une  maltîtmfe 
de  privations ,  de  misères ,  d'infirmités  >  de  vo* 
lenoes ,  dont  l'homme  cmUsé  sait  se  préserver 
par  un  usage  plus  étendu,  plus  juste  et  pbs 
ndsonnable  de  ses  fisicultés.  ¥0702  le  sauvage 
dans  les  sitoations  les  ]f4us  ordinaires  desa  ^i^* 
en  proie  à  la  famine  que  lui  font  souffrir  son 
ignorance  et  sa  paresse,  dans  Télat  d'knmd»^ 
lité  stupide  où  le  retient  son  inertie  1  m  s^^ 


(  i55) 
e  rivresse  brutale  où  l'a  p^oagé  son  inteni'* 
érance  ,  environoé  des  périU  qu'il  a  proto^ 
vtés  par  ses  âureure ,  et  Voos  recoimaltitist 
pifà  aucun  aiatre  âge  de  4a  vie  âocUle  ^  l'hoiume 
ke  fait  de  ses  foi^ce^  Jâa  usag^  auasi  iMtoé, 
lassi  stérile,  aussi  violent ^  aussi  dommageaUe,. 
il  <pie  f  t>*r  cou^uent  ^  à  aucun  awAre.jige,.  il  ne 
jouit  d'a«fisi  peu»  de  liberté.  » 

V^là  des  vérités  utiles ,  daû^ment  et  vigou^ 

reosement  exprimées.  Elles  sont  particulièrement 

coi^vmiait^l^s  91  une  génération  qu'importimenl  et 

qiiie  tnoul^nt  encore  If  s  phrase»  somores  qiM 

le  dix-j^huitièmô  siècle  lui  a  léguées  r  phrases  qvûe^ 

motiiiait  elt  justifiait  Fétat  de  l'espèce  kuitiaim  à 

à  cette  ^lOcfiie,  mais  quin'oùl  jaittais  enqu'ua 

merite^ri^latif  I  qu'elles  out  perdu  depuis  le  pno* 

grès  de  no^  instifuttoolB  et  de  nos  idées }  cav^ 

il  Ê4rt  le  dire  |L  la  philosophie  <fo  diit^MuAièihe 

siëde  I  tsrpt  iteDe  de  Rousseau  que  celle  de  Vot 

taire,  et  à  plus.fortie  raison>  cdle  d&  leurs  imin 

tateur9>  était,  dans  plwieurs  de  sks  parties ,  el 

surtout.dw^  ^  notions  de  reMgton  et  de  libevté». 

TeipressioB  dlunéMmabdiCde  la  Mciété.  Sans 

dMite»  Vaurien  :  région» ,-  malgré  ses  ioégalitiéa 

et  Mu  arbitraire,:  valait  mieux  que  Jd  vie  sau- 

Tâge,  et  Paria,  avec. la  Bastille,  était  préférable 

aux  fouets  alors  incultes  du  Nouveau-Moude; 

mais  tout  était  néanmoins  absurde, ^offensant , 


(  ,56  ) 
et  l'on    conçoit    que ,    dans    l'irritatiiHi  pro- 
duite  par  tant  d'iosaltes  au  bon   sens  et  it 
blessures  à  la  Terité ,  nos  philosophes  en^nu- 
tasseut  aux  bords  de  l'Orénoque  des  exempJa  } 
'  destinés  à  faire  rougir  les  habitans  des  bords  de  i 
la  Seine.  ' 

Aujourd'hui,  malgré  des  résistaoces  |dns  lidi-  ! 
cules  encore  que  âcbeuses,  tout    est  changé  | 
dans  l'état  des  choses.  Le  langage  doit  changer 
aussi.  j 

Les  mêmes  él(^es  sont  dus  aux  obserratîonsde 
M.  Dunoyer,  sur  la  marche  progressive  des  so- 
ciétés, depuis  l'état  saurage.  D  7  a  beaucoup  de  fi- 
nesse, de  justesse  et  m^e  de  nouveauté  dans  se 
aperçu».  Sa  distinction  entre  la  liberté  desandem 
et  celle  des  modernes,  et  entre  l'état  indestrielet 
l'état  Renier,  est  fort  ingénieuse,  bien  qu'elle 
soit  moins  originale.  Plusieurs  écrivain»,  M.  de 
Sismoiuli  notamment  et  l'autenr  de  cet  Essai) 
aTaienl,  ily  a  quatorze  ans,  dit  les  mêmes  choses* 
peu  prùs  dans  les  mêmes  mots.  Mais  nous  soriuks 
loin  do  faire  à  M.  Dunoyer  le  moindre  reprocbe 
de  ne  les  avoir  cités  que  ponr  attaquer  go*^' 
ques-  unes  de  leurs  opinions  de  détail ,  et  d'arotr 
ainsi  transformé  ses  prédécesseurs  en  adversaires- 
Les  idées  Mnt  la  propriété  commune  de  tout  » 
montie,  et  il  n'y  a  plus  que  les  auteurs  de  vau' 
«leviUcs  qui  réclament  contre  le  plagiat-  ^"i 


^ 


un  des  plus  grands  mérites  de  M.  Dunoyer, 
est  de  s'être  séparé  d'une  secte  nouyelle  qni 
ouJait  se  £ûre  une  égide  de  son  nom.  Cette 
scte ,  qui  heureusement  est  obscure  et  faible  ^ 
laralt  suscitée  par  quelque  génie  ennemi  de 
espèce  humaine  pour  prêcher  l'asservisse- 
nent  à  rautorité,  au  moment  où  ces  deux 
léaux  semblaient  céder  aux  progrès  de  la  raison. 
:111e  veut  fonder  un  papisme  industriel,  priyé 
le  tout  ce  qui  donnait  au  papisme  de  Rome  de 
la  dignité  et  de  la  grandeur  »  c'est-à-dire  l'in- 
tervention du  ciel ,  les  promesses,  les  menaces, 
les  espérances,  les  terreurs  religieuses.  Elle  prend 
pour  base  la  prétention  de  quelques  hommes 
qui  se  proclament  les  guides  de  tous. 

Dans  toute  dissidence  d'opinions,  dans  toute  di- 
yei^ence  d'efforts,  cette  secte  voit  l'anarchie.  Elle 
s'efiraie  de  ce  que  tous  les  hommes  ne  pensent 
pas  de  même,  ou,  pour  mieux  dire,  de  ce  que 
beaucoup  d'hommes  se  permettent  de  penser 
autrement  que  ne  le  yeulent  ses  chefs  ;  et  pour 
mettre  fin  à  ce  scandale,  elle  inyoque  un  pou- 
voir spirituel,  qui,  par  des  moyetis  qu'elle  a  la 
prudence  de  ne  pas  nous  révél/er  encore ,  ramè- 
nerait cette  unité  si  précieuse ,  suivant  elle , 
comme  suivant  les  auteurs  plus  célèbres  de  l'/n- 
différence^  en  matière  de  Religion  j  et  des  Soirées 
de  Saint-Pétersbourg.  «  Les  idées  de  liberté 


L 


(  .58  ) 
n'ont  aujourd'hui ,  dit  cette  secte  ,  <jae  pn 
de  cboM  à  fme,  parce  que  noos  entrons  im 
ane  e'poque  où  il  est  bien  pins  urgent  de  ax» 
dooaer  que  de  dissoadre,  et  oii  la  théorie pod- 
tive  doit  succéder  aux  théories  critiques. 

EntendoQS-nODS  enfin  sar  ces  mots ,  coastimn, 
coordonner,  édifier.  Il  est  urgent  de  coordoo- 
ner,  uns  doute  ;  mais  de  coordonner  qnol?  le 
moyens  par  lesquels  la  société,  garantissanl  i 
chacun  de  ses  membres  le  plus  de  liberté  pos- 
sible, chaque  iDdividn,  grAce  à  cette  liberté^dé- 
reloppera  ses  facultés  sans  obstacle,  et  tcmnoi, 
dans  ce  développement ,  la  plus  grande  somme 
de  bien-être  physique  et  de  jouissances  ïdIcHk- 
tuelles  qu'il  est  dans  sa  nature  d'atteindre.  Si, 
k  cette  définition  de  ce  qu'il  est  nécessaire  de 
coordonner,  tous  substituez  l'idée  qu'il  hntcoor- 
domier  les  doctrines,  les  opinions,  les  efforts. 
vous  organisez  la  tyrannie;  et,  en  l'orgaaisant, 
la  secte  dont  nous  parlons  est  bien  jÀus  iaesca- 
sable  que  celle  de  M.  de  La  Mennais  on  de  M.  it 
Maistre.  Ceux-là  du  moins  font  descendre  leur 
taÎ85i<»i  du  ciel  ;  ils  se  déclarent  les  organes,  el 
non  k-;  auteurs  de  la  révélation  sous  laqnelleib 
«aient  courfwr  nos  têtes. 

[Is  peuvent  allier  pour  motif  de  leurs  pK- 

fcmtions  une  conviction  dont  nul  n*a  le  droit  de 

•  la  sincérité;  leurs  émules  en  înlo'^ 


(  «59  ) 

x-auoe  et  en  dogmatisme  ne  peuvent  offrir  en 
justification  de  leur  entreprise  que  leur  propre 
confiance  en  eux*mèmes.  Les  premiers  nous  di- 
sent :  ((  Croyez  et  obéisses  ;  car  Dieu  nous  For- 
clonne  et  nous  vpus  l'ordonnons  en  son  nom.  j» 
Lies  seconds  nous  crient  :  <r.  Obéissez  et  croyez  ; 
car  nous  ayons  des  lumières  supérieures.  »  Et 
qui  donc  le  prouye  ?  qui  donc  yous  reconnaît  ces 
lumières? 

Ce  n'est  pas  cette  foule  d'esprits  dont  vous 
déplorez  si  pathétiquement  Tanarchie  ;  car  cette 
anarcbie^  pour  l'appeler  ainsi  d'après  vous ,  dé- 
montre que  yotre  infaillibilité  est  £t>rt  contestée. 
C'est  donc  de  yotre  autorité,  seul^  que  vous  venez 
nous  proposer  un  joug  nouveau;  cW  de  votre 
autorité  seule  que  vous  vous  arrogez  le  privil^e 
de  la  science;  c'est  de  votre  autorité  seule  que 
vous  proscrivez  ce  que  vous  nommez  la  doctiîne 
critique,  c'est-à-dire  le  Hbre  examen. 

Afin  de  justifier  cette  proscription,  vous  posez 
en  fait  que  le  libre  examen  est  devenu  inutile^ 
paice  que  toutes  les  erreurs  sont  détraites ,  et 
que  désormais  il  n'y  aura  plus,  en  philosophie, 
en  politique,  ep  morale,  conmie  dans  les  sciences 
exaictes,  qu'à  croire  aux  vérités  démontrées.  Mais 
où  eont*elles  ces  vérités  démontrées?  et,  pour 
les  reconnaître  comme  démontrées,  le  libre  exa- 
men n  est«il  pas  requis  ? 


(i6o) 

,  dites-vous  y  qae  la 

t  infaSliblement  les  bom* 

les  classes  de  la  société; 

s  exercera  toujours,  et  û 

lOBÉenir,  de  votre  pouvoir 

ji:  anoùpe  Bmière  que  TOtisïor- 

r.  -ex  .iOBBffi  ^mne  inqniation  pri' 

?*>-:^-  -rfimf«»w  ^:At  se  décoraient  b 

^"— s»  r  15-  nHniâteais  de  Madrid. 

■>**T:-iigiiiv  D  a  rien  à  craiodre 

.Bsudiie  morale  I  ^t  de 

:-T    I    T&LifiL  gw  letat  aiturelydéâ- 

bqndledu* 

.  .^  ^  isDNREF.  iD  «jBirs»  sa  dispo- 

on 
libcet 


•  •>A 


•.    S^  -■  te  ^ 


!-•    e 


(  161  ) 

croire  snr  parole  ^  qui  l'a  tenu  durant  tant  de 
siècles  dans  l'apathie  et  l'engourdissement  ;  tous 
lui  auriez  6të  son  principe  d'action  et  son  énergie; 
vous  auriez  brisé  son  ressort  et  détruit  la  force 
dont  la  Prpyidence  l'a  doué  pour  quil  aille  en 
avant  et  se  perfectionne. 

Vous  vous  croyez  appelés  par  un  privilège 
spécial  à  fixer  dès  à  présent  la  régénération  du 
monde,  et,  pour  employer  vos  propres  paroles, 
a  le  transporter  d'un  état  transitoire  à  un  état  dé* 
finitif.  Eh  bien!  désabusez -vous,  rien  n'est  dé^- 
fiûitif  sur  la  terre  ;  ce  que  nous  prenons  pour 
définitif  n'est  qu'une  transition  comme  une  au- 
tre ,  et  il  est  bon  que  cela  soit  ainsi  ;  car  ce  qui 
serait  définitif  serait  stationnaire ,  et  tout  ce  qui 
est  stationnaire  est  funeste. 

Respectez  donc  la  liberté  d'examen  que  vous 
exercez  contre  vos  prédécesseurs  et  vos  adver- 
saires, et  qu'il  est  fort  juste  qu'on  exerce  contre 
vous  ;  et  quand  vous  pensez  être  d'utiles  coUa^ 
boraleurs  dans  le  grand  travail  qui  se  fait  et 
qui  doit  se  faire  indéfiniment ,  ne  devenez  pas 
d'intolérans  pédagogues  et  ne  parodiez  pas  les 
prêtres  de  Thèbes  et  de  Memphis. 

Tandis  que  nous  relisons  ces  lignes,  nous 
apprenons  que  quelques  adeptes  de  la  secte 
contre  laquelle  nous  croyons,  de  voir  réclamer  en 
Êiveur  de  la  liberté  intellectuelle,  ont  senti  la 

II 


**'ei  -     —     z  -73.  am-TC'  pour  la  li- 

"'^■■"  -      _-    •    fir  -aznras ,  nnptrieux  et 

'Zii^Tù  fombattDS  par 
TiBanl ,  lorsque  Ja 
:  £  itî;:aC  eo  oppositloa 
:  c   r;:::  ■=.  ilc  ainait,  ou  lors- 
.-7  ».irr::cr  m;  rtrpelait  qu'il 
T:aiui  za.-t^-3f  d-ose  de  bien 
^  TiE-  ±  JLLTS  d'aoe  cause 

1  £i:c  -as  pro[tfe  à  la 

ra  is?  m^^s  «Tane  ré- 

«  ^iinirii;  tie  son  père 

jr-iicUL  xrrse  Je  sln- 

-■^r  3iis-  et;  «ntrajoee 

.'ï"--  et  !2  TTvadte  de 

sïorcss  eplié- 

es  dÎTfTS 

la  j.i>dc« 

--g-a^j.  E:i*3aiiie  de 


(r65) 

je  Tai  toujours  me  tenir  à  honneor  de  manifester 
sur  ces  intérêts  importans  de  nobles  pensées^  et  je 
ne  crois  [loint  qu'elle  approuvât  un  silence  timide. 
Je  ne  Tobserverai  donc  pas  :  je  dirai  seulement 
qu'il  me  semble  qu'on  peut  lui  pardonner  d  avoir 
désiré  et  chéri  la  liberté ,  si  Ton  réfléchit  que 
les  proscrits  de  toutes  les  opinions  lui  ont  trouvé 
plus  de  zèle  pour  les  protéger  dans  leur  infor** 
txine,  quils  n'en  avaient  rencontré  en  elle  pour 
leur  résister  durant  leur  puissance.  Sa  demeure 
était  leur  asile ,  sa  fortune  leur  ressource  ^  son 
activité  leur  espérance.  Non*seulement  elle  leur 
prodiguait  des  recours  généreux,  non-seulement 
elle  leur  offrait  un  refuge  que  son  courage  ren- 
dait assuré ,  elle  leur  sacrifiait  même  ce  temps 
si  précieux  pour  elle,  dont  chaque  partie  lui 
servait  à  se  préparer  de  nouveaux  moyens  de 
gloire  et   de  nouveaux   titres  3t  rillustration^. 
Que  de  fois  on  l'a  vue ,  quand  la  pusillanimité 
des  gouvernemens  voisins  de  la  France  les  ren-* 
dait  persécuteurs,  st^pendre  des  travaux  aux-^ 
quels  elle  attachait,  avec  raison,  une  grande 
importance,,  pour  conserver  à  des  fugitifs  fa 
retraité  oii  ils  étaient  parvenus  avec  effort,  et 
d'où  l'on  menaçait  de  les  exiler  I  Que  d'heures^ 
que  de  jours  elle  a  consacrés  à  plaider  leur  cause! 
Avec   quel  empressement  elle   renonçait    aux 
succès  d'un  esprit  irrésistible ,  pourfaire^séi^it 


(  i66) 

i»t  esprit  tdut  entier  à  défendre  le  malheur! 
Quelquefr-uns  de  ses  ouvrages  s'en  ressentent 
peut-être.  Cest  dans  riatçryalle  de  cette  bien- 
faisance activé  et  infatigable  qu'elle  en  a  com- 
posé plusieurs^  interrompue  qu'elle  étah  sans 
cesse  par  ce  besoin  constant  de  secourir  et  de  con- 
soler; et  l'on  trouverait^  si  l'on  connaissait  toute 
aa  vie,  dans  chacune  des  Itères  incorrectioBS 
de  son  style  ,  la  trace  d'une  bonne  action.  Ici 
une  triste  réflexion  me  frappe. 

Plusieurs  de  ceux  qui  lui  ont  dû  leur  retour 
inespéré  dans  une  patrie  qui  les  avait  repous- 
ses,  la  restitutiop  inattendue  d'une  fortune  dcmt 
la  confiscation  avait  £iit  sa  proie ,  la  conser- 
vation même  d'une  vie  que  menaçait  ie  glaive 
des  lois  révolutionnaires ,  ont  obtenu ,  sous  oa 
gouvernement  qui  avait  comprimé  l'anàrcbiey 
mais  en  tuant  la  liberté ,  du  crédit ,  des  faveurs, 
de  l'influence  :  et  ils  sont  restés  speetatenrs  in* 
difi*érens  de  l'exil  de  leur  bienfaitrice,,  et  delà 
douleur  déchirante  que  cet  exil  lui  causait,  J'eo 
ai  vu  qui,  dans  leur  ardeur  à  justifier  un  des- 
pîotisme  qui  n'avait  pas  besoin  de  leurs  serviles 
apologies,  accusaient  sa  victime  d'avoir  in^iré» 
par  son  activité,  son  esprit,  son  impétuosité 
généreuse  ,  des  terreurs  fondées  à  une  au- 
torité qui  s'établissait.  Oui ,  son  ac^vité ,  saas 
doute ,  était  infatigable ,  son  esjMÎt  était  pw»-^ 


(  »«7  ) 
saut;  elfe étintimpétaeinaoerili'e'toMcè qui  était 
injuste  ou  tjiranniqne.  VatiS'-deT«%  le  savoir^  tàt 
cette  actÎTité^  yotis  fa  séoourtis  dans  votre  misera 
et   protégés  dans  Vos' périls;  œt  esprit    puis- 
sent s'est  consacré  à  plaider  TOtrb  cause;  cette 
impétuosité ,  que  n'arrêtaient  ni  les  Calculs  de 
rintërét,  àk  lit  crainte  d^iattirer  sul^  elle-même 
la    persécution   dont   elle   ^'eflbrçait  de  vous 
garantir ,  s'est  plaoée  entre  yous  et  ceux  qui 
vous  proscrivaient.  tAinisiirgmtslcourtîéans  tnîh 
decablès  I  voiis  lui^ves  fett  pn  crime  des  vertus 
qui  vous  ont  sauvés. 

Si  telle  était  maéttile  de  -fitaël  pour  toUs  les 
Mrés  soiirfEranB^  qtîe  n'étaii^eilè  pas  pour  ceux 
que  l'amitié  unissait  à  elle  ?  Comme  ils  étaient 
sikrs  >que  -jon  esprit  répondrait  a  toutes   lieùrs 
pensées  ;  que  son  àme  devinerait  la  leur!  Avec 
quille  sensibilité  <  profonde  elle  partageait  leurs 
moiadreseaiotioas  I  Avec  quelle  flexibilité  pleitte 
de  grâces  y  elle  se  péaéfarait  de  leurs  iitipres- 
sions  les  j^s  fugitives!-  Avec  quelle  pénétra- 
tion in^nieuse  elle  développait  leurs  aperçus 
les  pks  vagues,  et  les  feisait  valoir  à  leurs  pro- 
pres yeux  !  Ce  talent  •  dé  conversation  merveil- 
leux ^  unique,  œ  talent  que  tous  les  pouvoir^ 
qui  ont  médite  Pinjustice  cmt  itoujours  redouté 
eomme  vn  adversaire  et  comme  un  juge,  sem- 
Uait  akm  ne  lui  avoir  4i%é  donné  crue  pour 


(  '68) 
revêtir  riatùnîté  d'une  magie  îadéfiniâaable,  et 
pour  remplacer,  dans  la  retraite  la  pins  nnifbrme, 
le  mouvement  vif  et  varié  de  la  société  la  pins 
animée  et  la  plus  brillante.  Même  en  s'éloignant 
d'elle ,  ou  était  encore  loog-temps  sootena  par  le 
cbarme  qu'elle  avait  répandu  sur  ce  qui  Ven- 
tourait  ;  on  crojait  encore  s'entretenir  avec  elle; 
on  lui  rapportait  tontes  les  pensées  que  des  objets 
nouveaux  faisaient  uattre  :  ses  amis  ajoumaÎCTt, 
pour  ainsi  dire,  une  portion  de  leurs  sentimens 
et  de  leurs  idées  jusqu'à  l'époque  où  ils  espéraient 
la  retrouver. 

Ce  n'était  pas  seulementdans  les  situations  pai- 
sibles que  madame  de  Staël  était  la  plus  aimable 
des  femmes  et  la  plus  attentive  des  amies;  dans 
les  situations  difficiles,  elle  était  encore,'  comme 
nous  l'avons  dit,  la  plus  dévouée. 

Si  je  voulais  en  fournir  des  preuves,  j'en 
appellerais ,  sans  hésitation ,  à  un  homme  au- 
quel l'étendue  et  la  flexibilité  de  son  esprit, 
l'habileté  de  sa  conduite  à  toutes  les  époques , 
et  sa  participation  presque  constante  aux  plas 
grands  évèneinens  qui  ont  marqué  le  premier 
quart  ,1c  ce  siècle,  ont  fait  une  réputation  eu- 
ropcc-rinc.  Lorsque,  relégué  par  la  proscription 
dans  une  contrée  lointame,  dont  la  simplidlé 
pesait  a  son  âme  habituée  aux  jouissances  d'une 
civilisation  1res  avancée,  il  supportait  avec  peine 


(  i69) 

Vennui  des  mœurs  oommerciales   et  républi- 
cain^^ roadamede  Staël»  au  sein  des  agitations 
politiques  et    des   distractions  de   la  capitale, 
devinait  cet  ennui  comme  par  une  syiupalhie 
d'afiection  qui  lui  faisait  éprouver  pour  un  autre 
ce  qu'elle  n'aurait  pas  ressenti  pour  elle-même. 
Ce  fut  elle^qui,  par  sa  persistance ,  obtint ,  bien 
que  suspecte  à  un  gouvernement  ombrageux^ 
à  des  néophytes  en  liberté,  qui  travestissaient 
leui^  défiances  en  patriotisme ,  le  rappel.  d*uti 
citoyen  dont  le  rang,  le  nom,  les  habitudes 
n'avaient  rien  de  commun  avec  les  formes  sé- 
vères d'un  républicanisme  nouveau.  Elle  sur- 
monta  tous  les  obstacles,  vainquit  toutes  les  repu^ 
gnances^  brava  des  soupçons  qui  empoisonnèrent 
sa  vie  entière,  et  rendit  à^Tamî  dont  elle  était 
alors  la  seule  protectrice ,  le  séjour  de  la  France 
que,  par  cela  même  p  elle  dut  bientôt  quitter. 
Et  là  ne  se  borna  point  Fenthousiasme  de  son 
amitié  active  ;  elle  voulut,  pour  cet  ami,  des 
honneurs ,  des  dignités,  des  richesses,  elle  vou- 
lut qu'il  lui  ;fut  redevable  de  toute  son  '  exis- 
tence :   elle  réussit;  et  après  avoir  contemplé 
•la  première  fête  qui  constatait  la  prospérité  dont 
elle  était   Tunique  auteur  ,  elle   emporta  dans 
Tesii  la  consolation  du  bien  qu'elle  avait  fait,  et 
le  sentiment  ^  la  reconnaissance  qu'avait  méritée 
son  dévouement. 


(  -7») 

-  Mille  exemples  da  même  genre  me  se- 
raient aisés  à  citer.  Aussi  ses  amis  comptaient 
sur  lèlle.  comme  sur  use  sorte  de  provideaoe. 
Si^  par  ludique  malheuT  imjvrfni»  l'un  d'eotre 
eok  eût  [widn  toaln  sa  fortune,  ii  savait  où  la 
putrreté  ne  pouvait'  l'atteindre  ;  s'il  eût  été 
coéfraint  à  prendre  la  fuite  ,  il  savait  dans 
quels  lieux  on  le  remercierait  de  dH>isir  un 
asile;  s'il  s'était  vu  plongé  dans  un  cacbot,  il 
se  serait  attendu  avec  certitude  que  madame  de 
Staël  y  pénéti^rait  pour  le  délivrer. 

-  Parmi  lès  affections  qui  ont  rempli  sa  vie,  son 
amour  pour  son  père  a  toujours  occnpé  la  pre- 
mière place.  Les  paroles  aemUaient  loi  manquer 
quand  elle  voulut  exprimer  ce-  qu'elle  éprou- 
vait.pour  lui.  Tous  ses  autres  seatimens  étaient 
modifiés  ^r  Gette  pensée.  Son  attachement  pour 
la  France  r  s'augmentait  de  l'idée  que  c'éuit  le 
pays  qu'avait  servi  son  père,  et  du  l>esoin  de 
voir  ropioion  rendre  à  M.  Necker  la  justice  qui 
loi  était  due  ;  elle  eût  désiré  le  ramener  dans 
cette  contrée  où  sa  prépuce  lui  psraisait  devoir 
dissiper  toutes  les  préventions  et  concilier  tons 
les  esprits.  Depuis  sa  mort,  l'espoir  île  Huit 
triompha  aa  mémoire  l'animait  et  renconiQ' 
gcait  bit'ti  plus  que  tmite  perspective  de  succès 
personnel  :  l'histoire  fié  la  vîe  de  M.  Necker  était 
son  occupation  constante;  et,  dans  cette  affreuse 


(»7») 
maladie  qu'aoe  aatoré  inexorable  semblait  avoir 
compliquée  pour  épuiser  sur  elle  toutes  les  souf- 
frances^  son  regret  habituel  était  de  n'avoir  pu 
achever  le  monument  que  son  amour  filial  s'était 
flatté  d'ériger. 

Je  viens  de  relire  Tintroduclion  qu'elle  a  placée 
à  la  tête  des  manuscrits  de  son  père.  Je  ne  sais 
si  je  me  trompe ,  mais  ces  pages  me  semblent 
plus  propres  à   la  faire   apprécier,  à  la  faire 
cbérir  de  ceux  mêmes  qui  né  Font  pâs-con*- 
nue ,  que  tout  ce  qu'elle  a  publié  de  plus  élo«- 
quent,  de  plus  entraînant  sur  d'autres  sujets; 
son  âme  et  son  talent  s^y  peignent   tout  en- 
tiers. La  finesse  de  ses  aperçus,  l'étonnante  variété 
de  ses  impressions,  la  chttleur  de  sOti  éloquence , 
la  £oKe  de  sa  '^raison,  là  vérité  de  son  enthou- 
siasme, son  amour  pour  la  liberté  et  pour  la 
justice,  sa  sensibilité  {msÂonnée^  la  itlélancolie 
qui  soavOKtt  la  4istinguaà ,  •même  dan^  ses  jpro^ 
duclions  purement  littéraires ,  tout  ici  est  c6n*- 
sacré  k  porter  la  lumière  sur  un  seul'  foyer,  à 
exprimer  Utt  seul  sentiment,   à  faire  partager 
une  pensée  unique.  C'est  là  seule  fais  quelle 
ait  traité   un  objet  avec  toutes  les  ressources 
de  son  esprit ,  toute  la  profondeur  de  son  kme  y 
et  sans  être  distraite  par  quelque  idée  étrangère. 
Cet  ouwagie,  peut-être,  n'a  pas eticore  été  consi- 
déré sous  ce  point  de  vue  :  trop  de  différences 


(  »7^  ) 
d^opinions  sy  opposaient  pendant  la  vie  de 
xnadaroe  de  Staël.  La  vie  est  uae  puissance  oootre 
laquelle  s'arment ,  tant  qu'elle  dure ,  les  sou- 
venirs^  les  rivalités  et  les  intérêts;  mais  quand 
cette  puissance  est  brisée ,  tout  ne  doit*il  pas 
prendre  un  autre  aspect  ?  Et  si ,  comme  j'aime 
à  le  penser,  la  femme  qui  a  mérité  tant  de  gloire 
et  &it  tant  de  bien  est  aujourd'hui  l'objet  d'uoe 
sympathie  universelle  et  d'une  bienveillance 
.unanime ,  j'invite  ceux  qui  honorent  le  talent , 
respectent  l'élévation  ,  admirent  le  génie  et 
chérissent  la  bonté,  à  relire  aujourd'hui  cet 
hommage  tracé  sur  le  tombeau  d'un  père  par 
scelle  que  ce  tombeau  renfermé  maintenant. 

Après  cette  notice  sur  M.  Necker ,  deux  ou- 
.V4*ages  qui,  si  je  ne  me  trompe,  font  le  mieux 
connaître,  soit  le  caractère,  soit  les  Qj^ions 
.de  madame  de  Staël ,  ce  sont  d'une  part  Corùmej 
et  de  l'autre  les  Considératkms  sur  la  Réwlai^ 
frojiçaise.  Disons  donc  quelques  mi^ts.de  ces  deux 
productions  si  remarquables,  dont  la  première 
•a  créé ,  pour  ainsi  dire ,  une  ère  nouvelle!  dans 
la  littérature  française >  et.  dont  l'autre  a  élevé 
.aux  principes  de  la.liberté,  proclamés  en  1789, 
avant  qu'elle  ne  se  fût  souillée  par  des  mîmes 
qu'avaient  {Hrôvoqués  des  résistances .  mal   cal- 
culées ,  le  monument  le  plus  durable  qu'on  kor 
nit  encore  érigé. 


(  '75  ) 
Pour  juger  un  ouvrage  comme  il  doit  èfrè 
jugé,  certaines  concessions ^  que  j  appellerai  ^ra* 
matiqfies  f  sont  indispensables.  Il  faut  permettre 
a  Fauteur  de  créer  les  caractères  de  ses  héros 
comme  il  veut ,  pourvu  que  ces  caractères  ne 
soient  pas  invraisemblables.  Ces  caractères   une 
fois  fixés  y  il  faut  admettre  les  évènemens,  pourvu 
qu'ils  résultent  naturellement  de  ces  caractères. 
Il  faut  enfin  considérer  Tintérét  produit  par  la 
conibinaison  des  uns  et  des  autres.  Il  ne  s'agit 
point  de  rechercher  si  les  caractères  ne  pour- 
raient pas  être  différens.  Sont^ils  naturels?  sont-* 
ils  touchans  ?  conçoit-on  que  telle  circonstance 
ait  dû  être  l'efTet  de  la  disposition  de  tel  person- 
nage principal?  que  cette  disposition  existant, 
telle  action  ait  dû  être  amenée  par  telle  circons-- 
tance?  est-on  vivement  ému?  l'intérêt  va-t-il 
croissant  jusqu'à  la  fin  de  l'ouvrage?  Plus- ces 
questions  peuvent  être  résolues  par  Taffirmaûve , 
plos  l'ouvrage  approche  de  la  perfection. 

Corinne  est  une  femme  extraordinaire ,  enthou» 
siaste  des  arts,  de  la  musique,  de  la  peinture, 
surtout  de  la  poésie;  d'une  imagination  exaltée^ 
d'une  sensibilité  excessive ,  mobile  à  la  fois  ,et 
passionnée;  portant  en  elle-même  tous  les  moyens 
de  bonheur ,  mais  accessible  en  même  temps  à 
tous  les  genres  de  peine;  ne  se  dérobant  à  la 
souffrance  qu'a  Taide  des  distractions;  ayant  be- 


(  M) 

soin  d'étïe  .applaudie ,  parce  qu'elle  a  la  coas- 
cience  de  ses  forces  ,  mais  ayant  plus  encore 
besoin  d'être  aimée;  menacée  ainsi  toujours 
d'une  destinée  fatale^  n'échappant  à  cette  des- 
tinée qu'en  s'étourdissant^  pour  ainsi  dire,  par 
l'exercice  de  ses  facultés  ^  et  frappée  sans  res- 
sourcci  dès  qu'un  sentim^t  exclusif,  une  pensée 
unique  s'est  emparée  de  son  éme. 

Pourquoi  9  dira-t-on,  choisir  pour  héroïne  une 
telle  femme  ?  Veut^on  nous  l'offrir  pour  mo« 
dèle  ?  et  quelles  leçons  son  histoire  peut-elle  nous 
présenter? 

.  Pourquoi  choisir  pour  héroïne  une  telle  femme? 
Parce  que  ce  caractère  ^'identifiait  mieux  qu*un 
autre ,  et  je  dirai  même  s'identifiait  seul  avec  la 
contrée  que  l'écriTain  youlait  peindre  ;  et  c'est  là 
Viàée  heufeusé  dans  l'ouvrage  de  madame  de 
Staël.  Elle  n'a  point,  ainsi  qne  les  auteurs  qui, 
avant  elle,  ont  prétendu,  réunir  deux  genres 
divers ,  promené  froidement  un  étranger  au  mi- 
lieu d'objets  nouveaux ,  qu'il  décrivait  avec 
une  surprise  monottme  ou  une*  attention  nmo* 
tieuse;  elle  a  pénétré  son  héroioe  de  tous  les 
sentimens,  de  toutes  les  passions,  de  toutes  les 
idées  que  réveittent  le  beau  cid ,  le  climat  su- 
pwbe,  la  nature  amie  et  bienÊnsante  qu'elle  avait 
à  décrire.  L'Italie  est  empreinte  dans  Corinne; 
Corinne  est  une  mrodnction  de  l'itdîe;  eUe  est 


(  I7S  ) 

a  fille  de  ce  ciel,  de  ce  climat^  de  cette  na- 
:are;  et  de  là,  dans  oet  onyrage,  ce  charme 
particulier  qu'aucun  voyage  ue  nous  présente. 
Foutes  les  ia^pre^ions,  toutes  les  descriptions 
mit  animées  et  comme  vivantes ,  parce  qu'elles 
semblent  avoir  traversé  l'àme  de  Gcmnne  et  y 
savoir  puisé  de  la  passion.    * 

Le  caractère  de  (Corinne  était  donc  nécessaire 
au  tableau  de  Tltalie,  tel  que  madame  de 
Staël  se  préposait  de  le  présenter;  mais ,  indé* 
pendamment  de  cette  considération  décisive  ^ 
ce  caractère  est-il  improbable?  Y  a-t-il  dans 
cette  réunion  de  qualités  et  de  défauts,  de  force 
et  de  faiblesse ,  d'activité  dans  l'esprit  et  de  sen- 
sibilité dans  l'ime ,  des  choses  qui  ne  puissent 
exister  ensemble?  Je  ne  le  crois  pas»  Corinne  est 
un  être  idéal,  sans  doute;  mais  c'est  un  être  idéal 
conune  les  belles  statues  grecques,  et  je  ne  sache 
pas  que,  parce  que  ces  statms  sont  auniessus 
des  proportions  ordinaires,  et  qu'en  elles  sont 
combinées  des  beautés  qui  ne  se  trouvent  que 
sqiMuément  dans  la  xéalilé>  on  les  ait  jamais 
accusées  dSnvraisemblance. 

Mais  qudUe  est  la  morale  de  Corinne?  Ici, 
je  pense  qu'il  fmt  s'entendre.  Si ,  par  la  mo* 
^  d'un  ouvrage,  on.  comprend  une  morale 
^cte,  exprimée  en  toutes  lettim,  comme  celle 

VÛ  SQ  trouve  à  la  .fin  des  fidiles  de  I«a  Eon- 


à 


C»7«) 
taine^  j'affirme  qae,  dans  ua  ouvrage  d'imagi- 
nation ,  une  pareille  morale  est  un  grand  défaut. 
Cette  morale  devient  nn  bot  auquel  l'auteur 
sacrifie  y  même  à  son  insu,  la  probabilité  des 
éyènemcns  et  la  vérilé  des  caractères.  U  plie  les 
uns,  il  fausse  les  autres  pour  les  faire-  concourir 
à  ce  but.  Ses  personnages  ne  sont  plus  des  in- 
dividus auxquels  il  obéit^  pour  ainsi  dire,  après 
les  avoir  créés,  parce  qu*ils  ont  reçu  de  son 
talent  une  véritable  existence ,  et  qu'il  n'en  est 
pas  plus  le  maître  qu'il  ne  serait  le  maître  d'in- 
dividus doués  d'une  vie  réelle  ;  ce  sont  des  ins- 
trumens  qu'il  refond,  qu'il  polit^  qu'il  lime, 
quHI  corrige  sans  cesse ,  et  qui  perdent  par  là 
du  naturel ,  et  par  conséquent  de  l'intérêt. 

La  morale  d'un  ouvrage  d'imaginatiou  se 
compose  de  l'impression  que  son  ensemble  laisse 
dans  l'âme  :  si,  lorsqu'on  pose  le  livre,  on  est 
plus  rempli  de  sentimeus  doux,  nobles,  géné- 
reux qu'avant  de  l'avoir  commencé,  l'ouvrage 
est  moral,  et  d'une  haute  moralité. 

La  morale  d'un  ouvrage  d'imagination  ressem- 
ble à  l'effet  de  la  musique  ou  de  la  sculpture.  Ua 
homme  de  génie  me  disait  un  jour  qu'il  se  sentait 
•meilleur  après  a  voir  contemplé  long  temps  l'Apol- 
lon du  Belvédère.  Il  y  a,  je  l'ai  déjà  dit  ailleurs, 
mais  on  ne  saurait  trop  le  redire,  il  y  a,  dans  U 
contemplation  du  beau  en  tout  genre ,  quelque 


(  '77  ) 
c^ose  qui  nous  détache  de  nous-méme,  en  nous 
faisant  sentir  que  la  perfection  vaut  mieux  que 
nous,  et  qui,  par  cette  conviction,  nous  inspi- 
rant un  désintéressement  momentané,  réveille 
en  nous  la  puissance  du  sacrifice  ,   puissance 
mère  de   toute  vertu.  Il  y  a  dans  l'émotion , 
quelle  qu'en  soit  la  cause,  quelque  chose  qui  fait 
circuler  notre  sang  plus  vite,  qui  nous  pro- 
cure une    sorte  de  bien-^étre,   qui  double   le 
sentiment  de  nos  forces,  et  qui   par  là  nous 
rend  susceptibles  dune  élévation ,  d'un  courage, 
d'une  sympathie  au-dessus  de  notre  disposition 
babituelle. 

Corinne  n'est   point  représentée  comme  une 
personne  parfaite,   mais  comme  une  créature 
généreuse,    sensible,  vraie,  incapable  de  tout 
calcul,  entraînée  par  tout  ce  qui  est  beau,  en-* 
thousiaste  de  tout  ce  qui  est  grand ,  dont  toutes 
les  pensées  sont  nobles,  dont   toutes  les  im- 
pressions sont  pures,  lors  même  qu'elles  sont 
inconsidérées.  Son  langage  est  toujours  d'accord 
avec  ce  caractère,  et  son  langage  fait  du  bien 
à  rame.  Corinne  est  donc  un  ouvrage  moral. 
Je  ne  sais  pourquoi  cette  morale  qui  ,  ré<- 
s^ltant  des  émotions  naturelles,  influe  sur  la 
teneur  générale    de  la  vie,  parait  déplaire    à 
beaucoup  de  gens.  Serait-ce  précisément  parce 
qu'elle  s'étend  à  tout,  et  que ,  se  confondant  avec 


(  178) 

notre  disposition  tout  entière ,  el)e  iQodîfi^ 
<:essairement  notre  conduite^  au  lieu  qpe  les 
axiomes  directs  restent ,  pourainsi  dire ,  ^ans  leur 
niche  I  comme  ces  pagodes  de  llnde  que  leurs 
adorateurs  saluent  de  loin,  sans  en  apjNnocher 
jamais?  Serait-ce  qu'on  n  aimerait  pas  pour  soi 
la  morale  qui  naît  de  l'attend  rissemènt  et  de 
Tenthousiasme ,  parce  que  cette  morale  force  en 
4{uelque  sorte  l'action ,  au  lieu  que  les  maximes 
précises  n'obligent  les  hommes  qu'à  les  répéter? 
Et  ferait-on  ainsi  de  la  morale  upe  masse  com- 
pacte et  indivisible,  poi;r  qix'elle  £>e  rpêlât  le  moins 
possible  aux  intérêts  journaliei*s  ,  et  laiasàt  plos 
de  liberté  dans  tous  les  détails? 

Un  ouvrage  d'imagination  ne  doit  p^s  avoir 
un  but  moral,  mais  un  résultat  moral.  U  doit 
ressembler,  à  cet  égard,  à  la  vie  humaine  qui 
n'a  pas  uif  but»  mais  qui  ):oi;JQm:$  a  un  résultat 
dans  leguel  la  moi'^le  trquve  nécessairement  sa 
place.  Or,  4  j^  voula^  ip'étendre  encore  sur  ce 
points  relativement  à  Corifme,  je  montrerais 
s^nq  peine  que  son  r^iiltat  moral  n'est  méconr 
nai$sable  qif  e  pour  cei|x  qui  se  plaisent  à  le  mé- 
connaître. Aucun  ouyr^ge  pe  présente  ayea  plus 
d'évidence  cette  imppft^ntQ  leçon ,  quâ  plos  on 
a  de  ff cultes  brillantes,  plus  il  faut  $9Voir  les 
dompter;  que  lorsqu'on  o0ra  aux  -reats  m- 
pçt^eijL^  d^  si  v^tes  ypîles ,  il  ne  fiiut  pas 


(  179  ) 
nîr  un  gouvernail  faiUe  d  une  main  tremblante  ; 
que  plus  les  dons  de  la  nature  sont  nombreux 
éclatans  et  diversifiés,  plus  il  faut  marcher  au 
milieu  des  hommes  avec  défiance  et  avec  re- 
serve; qu'entre  le  génie  révolté  et  la  société 
sourde  et  sévère,  la  lutte  n'est  pas  égale ^  et 
qne  pour  les  âmes  profondes ,  les  caractères  fiers 
et  sensibles,  le$ imaginations  ardentes,  les  esprits 
étendus,  trois  choses  sont  nécessaires,  sous  peine 
de  voir  le  malheur  tomber  sur  eux,  savoir 
vivre  seul ,  savoir  souffrir ,  savoir  mépriser. 

Mais  Corinne  est  enthousiaste,  et  Venthou- 
siasme  a  bien  des  dangers.  Vraiment ,  je  ne  me 
doutais  pas  que  ces  dangers  nous  entourassent  : 
je  regarde  autour  de  moi,  et,  je  l'avoue,  ^e  ne 
m'aperçois  pas  qu'en  fait  d'enthousiasme ,  le  feu 
soit  à  la  maison.  Où  sont-ils  donc  ces  gens  en- 
traînés par  l'enthousiasme ,  et  qu'il  est  si  près* 
sant  d'en  préserver?  Voyons -nous  beaucoup 
d'hommes,  ou  même  beaucoup  de  femmes,  sa* 
crifier  leurs  intérêts  à  leurs  sentim.ens,  négliger 
par  exaltation  le  soin  de  leur  fortune ,  de  leur 
considération  ou  de  leur  repos  ?  S'immole-t-on 
beaucoup  par  amour,  par  amitié ,  par  pitié ,  par 
justice,  par  fierté?  Est-il  urgent  de  mettre  un 
terme  à  ces  sacrifices  ?  A  voir  tant  d'écrivains 
courir  au  secours  dç  l'égoïsme,  ne  dirait-on  pas 
qu'il  est  menacé  ?  Rassurons-nous  ;  il  n'a  rien  à 

13.. 


(  .«o  ) 

craindre.  Nous  sommes  àl*abride  Tenthousiasme* 
Les  jeunes  gens  mêmes  y  sont  inaccessibles, 
admirables  par  leur  amour  pour  Tétude,  leur 
soif  de  connaissances ,  leur  impartialité,  leur 
raison,  cette  raison  semble  les  sortir  de  l'enfance, 
pour  les  porter  de  plein  saut  dans  Tàge  mûr. 

Le  caractère  de   Corinne   une    fois  établi  , 
il  fallait,  pour  donner  à  Fouvrage  le  plus  vif 
degré    d'intérêt  ,    lui    opposer    un    caractère 
assez  semblable  au  sien,  pour  sentir  tout  son 
charme  et  se  mêler  à  ses  impressions,  et  néan- 
moins assez  différent  par  ses  penchans,  ses  habi- 
tudes^ ses  opinions,  ses  principes  même^  pour 
que  ces  différences  amenassent  des  difficultés  que 
ni  les  circonstances  ni  la  situation  ne  pouvaient 
produire.  Ce  caractère  ne  pouvait  être  celui  d  un 
Français,  d'un  Allemand  ou  d'un  Italien.   En 
France,  l'opinion  est  tranchante  dans  les  formes, 
mais  elle  permet  beaucoup  de  dédommagement 
à  ceux  qui  s'écartent  de  ses  règles,  pourvu  qu'ik 
ne  disputent  pas  son  autorité.  Corinne  était  iso- 
lée, indépendante.  Un  Français  amoureux  de 
Corinne,  et  parvenant  à  lui  inspirer  un  senti- 
ment profond  et  durable,  n'eût  vraisemblable^ 
ment  travaillé  qu'à  la  séduire.  En  Allemagne, 
les  seules  distinctions  fortement  marquées  sont 
celles  des  rangs.    L'opinion  ,   d'ailleurs ,    est 
assez  indulgente,   et  tout  ce  qui  sort  de  la 


(  .81  ) 

reglB  commune  est  plutôt  accueilli  avec  bien^ 
veillance  que  traité  avec  dé&veur.  Un  Alle- 
mand eût  donc  épouse  G>rinne ,  ou ,  s'il  eût 
été  retenu  par  des  considérations  tirées  de  Tobs- 
curitë  qui  enveloppait  sa  naissance,  son  hésita^ 
tiou  ne  reposant  que  sur  des  motifs  de  conve- 
nance extérieure ,  eût  été  d'un  effet  commun  et 
dénué  d'intérêt.  Un  Italien  se  fût  consacré  à  elle, 
comme  les  mœurs  de  ce  pays  fautorisent. 

Pour  faire  naître  des  combats  qui  eussent  leur 

source  au  fond  du  cœur,  il  fallait  que  Tamant  de 

Corinne  fut  un»  Anglais,  c'est^à'^lire  l'habitant 

d'un  pays  où*  la  carrière  des  hommes  fût  ti*acée 

d'avance,  où  leurs  devoirs  fussent  positifs ,  ou 

l'opinion  fût  empreinte  d'une  sévérité  mêlée  de 

préjugés  et'  fortifiée  par  l'habitude,  enfin ^  où 

tout  ce  qui  est  extraordinaire  fût  importun  , 

parce  que  tout  ce  qui  est  extraordinaire  y  de* 

vient  nuisible.  Lord  Nelvil  est  un  mélange  de 

timidité  et  de  fierté,  de  sensibilité  et  d'indéci-* 

sion ,  de  goût  pour  les  arts  et  d'amour  pour  la 

vie  régulière,  d'attachement  aux  opinions  corn-- 

munes  et  de  penchant  à  l'enthousiasme.  C'est  un 

Anglais  déjà  empreint  des  préjugés  et  des  mœur» 

de  sa  nation ,  mais  dont  le  cœur  est  encore  agité 

par  la  mobilité  naturelle  à  la  jeunesse.  Il  y  aune 

époque  dans  la  vie  où  le  caractère  se  consolide 

et  prend  une  forme  indestructible.  A  cette  épo-> 


(  .80 
anc   sHfV'^  P^y^t  1^  hommes  devieaoeat 
-^fM0es  et  avides,  ou  seùletnent  sérieux  ei 
mevhtt;  nuis  toujours  est-il  qu'alors  Tàme  se 
ùg^e  AUX  impressions  nouvelles  ;  elle  cède  à 
Ia^Ïi^'I  ^^  habitudes  et  à  l'autorité  des  exem- 
-^-  die  se  moule,  pour  ainsi  dire,  d'aprèsk 
^oole  universel.  Avant  cette  époque,  la  nature 
latte  contre  des  règles  qu'elle  ne  connaît  pas  clai> 
icnient  ;  et  c'est  durant  cette  lutte  que  l'homiDe 
est  en  proie    aux  égaremens  de  l'imagination 
cornmc-  au^  orages  du  cœur.  Cest  ainsi  qu'Oswald 
se  présente,  lorsque^  pour  la  première  fois,  il 
iriicontre  Corinne.  Sans  doute,  dès  cette  pre- 
mière rencontre,  le  destin  de  tous  deux  est  dé- 
cidé. Ils  ne  peuvent  pas  être  heureux  ensemble, 
ils  ne  pourront  plus  être  heureux  sépares.  Oswald 
parcourt  l'Italie  avec  Corinne;  il  en  contemple 
toutes  les  merveilles.  Le  langage  éloquent,  la 
voix  harmonieuse,  l'enthousiasme  poétique  de 
son  amie  prêtent  à  tous  les  pbjets  une  splendevr 
su itiatu relie.  En  sa  présence,  les  ruines  se  re- 
lèvent, les  souvenirs  renaissent,  la  nature  se  pare 
d'un  éclat  nouveau  :  l'Italie  antique  parait  envi- 
ronnée de  tontes  ses  pompes;  l'Italie-modeme 
brille  de  toute  sa  beauté.  Mais,  au  milieu  de  ce  dé- 
lire qui  l)ooleverse  son  cœur  et  ses  sens,  Oswald 
se  rappelle  sa  patrie,  ses  devoirs,  la  carrière  qui 
lui  était  tracée.  Ravi  sans  être  convaincu,  cbai>' 


(  i85) 

MBS  être  90uihl6 ,  auvent  heuretix ,  jkoiaîs 
CM^ntent  d^  lui-même ,  il  suit  à  pas  incertains  lé 
ehar  triomphal  de  Fêtre  ëtoonant  quile  subjugue 
et  renchatîte.  Il  est  etiivrë  de  ramôùr  qu'il  ins*- 
pire  y  il  est  ébloui  de  la  gloire  qu^il  contemple , 
il  est  orgueilleux  des  succès  dont  il  est  témoin  ; 
KKiais  il  jette,  malgré  lui,  quelquefois  un  regard 
de  regret  Ters  le  pays  qui  lui  promettait  des 
jouissances  et  plus  digties  et  plus  calmes.  Il  trouve 
dans  l'air  qu'il  respiré  je  ne  sais  quoi  de  léger 
qui  ne  remplit  pas  fea  mâle  poitrine.  Cette  poésie,. 
ces  beaux-arts,  ces  tableaux,  cette  musique,  lui 
selnblent  les  pâtures  de  la  vie  ;  mais  la  vie  elle- 
même,  la  vie  active,  utile  et  noblement  occupée, 
il  8e  demande  où  elle  est,  et  la  cherche  vaine- 
ment autour  de  lui. 

Indépendamment  dti  caractère  d'Oswald ,  t^J 
en  a ,  dans  Corinne,  plusieurs  autres  qui  décèlent 
«ne  profonde  connaissance  de  la  hatiirë  et  du  coeui* 
bumain.  Je  n'en  indiquerai  qîié  trois,  Lucile,  le 
comte  dïrfeuil  et  de  M.  de  Maltigues. 

Le  portrait  de  Lucile  se  compose  d  une  foule 
de  traits  épars  qu'il  serait  Impossible  d'extraire 
et  de  réunir  sans  leur  foire  perdre  leur  déli- 
catesse et  quelque  chose  de  leur  vérité.  Ja-- 
mais  on  n'a  revêtu  de  cduleurs  plus  fraîches, 
))lu6  douces  et  plus  pures  à  la  fois ,  le  charme  de 
k  jeilnesie ,  de  h  podetir  tremblante ,  du  my  sr 


(i84) 

tère  qui  Tentoure  et  la  prot^e,  et  de  celle 
serve  craintive  qui ,  par  je  ne  sais  quel  pressent- 
timent  des  .maux  de  la  vie ,  parait  demander 
grâce  d'avance  à  une  destinée  qu'elle  ignore  en- 
core. 

Le  tableau  des  relations  contraintes  de  lord 
Nelvil  et  de  Lucile  qu'il  a  épousée  ,  sont  dé- 
crites avec  une  finesse  d'observation  admi* 
rable.  Il  n'est  personne  peut-être  qui  n'ait  , 
plus  d'une  fois  dans  la  vie,  été  dans  une  si- 
tuation pareille,  dans  une  situation  où  le  mot 
nécessaire,  toujours  sur  le  point  d'être  prononcé, 
ne  l'était  jamais,  où  Témotion  qui  aurait  été  dé- 
cisive, était  toujours  interrompue,  où  il  y  avait 
entre  deux  âmes  qui  avaient  besoin  de  s'entendre 
une  barrière  invincible,  un  mur  de  glace  qui  les 
empêchait  de  se  rapprocher. 

Le  portrait  du  comte  d'Erfeuil  est  un  cbef-d^Bo- 
vreen  son  genre;  on  voit  qu'il  est  observé  d'après 
nature  et  décrit  sans  malveillance.  Le  comte  d'Er- 
feuil  est  un  homme  dont  toutes  les  ojHnions  sont 
sages,  toutes  les  actions  louables  ;  dont  la  conduite 
est  généreuse  sans  être  imprudente  ^  raisonnable 
sans  être  trop  circonspecte;  qui  ne  se  compromet 
ni  en  servant  ses  amis  ni  en  les  abandonnant; 
qui  secourt  le  malheur  sans  être  ému,  le  souffre 
sans  être  accablé;  qui  porte  dans  sa. tête  un  petit 
code  de  mwimes  littéraires,  politiques  et  mor- 


(  i85  ) 

raies,  ramenées  toujours  à  propos  dans  la  con- 
v^ersation,  et  qui,  muni  de  la  sorte,  traverse  le 
inonde  commodément,  agréablement,  élégam- 
ment« 

On  a  reproché  à  madame  de  Staël  quelque  exa- 
gération dans  la  teinte  innocente  et  légère  du 
ridicule  qu'elle  donne  qnelquefois  au  comte  d'Er* 
feuil.  On  a  prétendu  qu'il  n^étaitpas  possible  qu'un 
Français ,  à  Rome ,  appelât  une  Italienne  beUe 
étrangère.  On  avait  donc  oublié  ce  trait  si  connu 
d'un  Français  dînant  avec  beaucoup  d'autres  Fran- 
çais cbez  un  prince  d'Allemagne,  et  lui  disant  tout 
à  coup  :  C'est  singulier^  Monseigneur  y  il  ri  y  a  que 
votre  jé liesse  d* étranger  ici.  Celui  qui  écrit  ces 
Vignes  a  vu  de  ses  yeux ,  dans  un  spectacle  alle- 
mand ,  un  comédien  français  s'avançant  pour 
haranguer  le  parterre ,  et .  commençant  son  dis- 
cours par  ces  paroles:  Respectables  étrangers.... 
M.  de  MaUigues  est  un  autre  caractère  dont  on 
n'a  pas  assez  remarqué  la  profondeur,  parce  que 
madame  de  Staël  ne  l'a  montré  qu'en  passant. 
C'e$tun  homme  très  corrompu,  ne  voyant  dans 
la'tvié  de  but  que  le  succès,  professant  cette  opi- 
nioh  avec  une  sorte  d'impudeur  qui  naît  de  la 
Tantté,  mais  la  pratiquant  avec  adresse.  M.  de 
MaUigues  est  le  résultat  d'un  siècle  où  l'on  a  dit 
<iue  la  morale  n'était  qu'un  calcul  bien  entendu , 
fit  qu'il  fallait  surtout  jouir  de  la  vie^;  où  l'on  a 


tère 


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serve  cr.  •""■■■ ''^■*^«î^ 

timent  "  "*'  "'  ■™**^-  **  '«^«a»  -r 

grâce  cl  --•  «^efleeatitfleŒxim 

core.  ^*    -i'»»nieairhow,Txt:m  ^ 

Le  t  :i».     -^  1.JX9X  ^  imitatt   -r.  ^^.^ 

Nel vil  ^  ^^  ''  ^^^^'^^^  ^  *  «'-  '^î.^:5î?uf  t: 

criles  •  ■'•    '"•  •'^"^ ^^  i^iopor-  ano,-  i^r t 

plus  (  ■  .       '  -se  -ar  ;i  lBT5s5àf:aaiît;  ae  soi.  m- 

tuatû  ■■-    =     "auKruiLîtîaBBe  JlKl^:^5^ 

nécc^  '«ce-  aB»«^  Tïrnaawc  ammif  niH 

ne  1'  iKîr     ^  iniT  ai-  «Di  iittés  de  ces? 

'Tr-^albsar  w^^  r^  f  n  se  maaim: 
en'  _     •      .    -^-TiesMSriuLssrrîCMes,  cet 

•  m 

.m^   ..::  in«  zsux  en  cxaunionit 

.-    :r-T^.  .  :onKiIàBi]etde)I.de 

■•^.      -    •  «  anTctruE^iport 

-?        -    i^ncR  VK  ^oe  font  op- 

■^— T    -^snor  i«É-3  pas  ^  il 

^  -    .  .'R*js     .jmt  Icstetksckises 


*  ne 

:    THBSe  dTrfinâ 
i.  r^ni»  en  tire  les 


T.i 


(i87) 

I  ^  e  cotnte  4'Erfeuil  est  la  frivolité  bonne  et 

•  »  I  ncte  ;  M.  de  Martigues  ^  1  egoisme  spéculant 

r  la  friyob'té  y  et  profitant  de  l'impimité  qu  elle 

i  assure  :  tant  il  est  vrai  qu'il  n^  a  de  moral 

1  e  ce  qui  e$i  profond  ;  qu'en  répoussant  les  im- 

essioDS  sérieuses,  on  ôtë  à  la  vertu  toute  ga- 

utie  et  toute  base;  que,  sans  enthousiasme, 

;st— â-dire  sans  émotions  désintéressées^  il  li'y  a 

le  du  calcul ,  et  que  le  calcul  conduit  à  tout* 

Ce  .caractère  n'est  au  reste  que  le  dévelop-* 

nient  d'une  pensée  que  madame  de  Staël  avait 

lîqué  dan^  son  ouvrage  sur.  la  littérature. 

Depuis  Ion  g- temps  y  avait-elle  dit,  oh  appelle 

ractère  décidé  celui  qui  marche  à  son  inté- 

t  y  au  mépris  de  tous  ses  devoirs;  un  homme 

i  rituel,  celui  qui  trahit  successivement  avec 

t  tous  les  liens  qu'il  a  formés.  On  veut  donner 

la  vartu  l'air  dé  la  duperie,  et  faire  passer  le 

ce  pour  la  grande  pensée  d'une  âme  forte.  Il 

ut  s'attacher  à  faire  sentir  avec  talent  que  l'im- 

loralilé  du  cœur  est  aussi  la  preuve  des  bornes 

e  l'esprit;  il  faut  parvenir  à  mettre  en  souf- 

^ance  l'amoor-^propre  des  hommes  corrompus, 

t  donner  au  ridicule  une  direction  nouvelle.  Ces 

lommes,  qui  veulent  faire  recevoir  leurs  vices 

ît  leurs  bassesses  comme  des  grices  de  plus,  dont 

la  prétention  à  l'esprit  est  telle  qu'ils  se  van* 

tecaient  presque  à  vous-mêmes  de  vous  avoir 


crée  • 

mot 

seuJc 

coni 

mer 

n'ai 

ac(i 

tri 

da 


;  P 

1 


^mÊmt  p»  que  tous  k  saa 

■"^■o.  «pi  veulent  cacher  b« 

_     -■  -«-«elenlessG ,  se  flatfanl  ij$ 

mtrsM  a^BG  <{D'aii  esprit  «  fd 

mm  mmtté\c  est  si  ûiWe  liaj 

^■^  «iioqaes;  ces  caractères  s!  iV 

e.^.  !■■•■  des  hommes  honnêtes, Et 

m-t-'^  ŒÛe  des  homnies pdsssnt, 

«^«■ss^eesfroDdeursdesprtndpal 

-  ^MMiaB  des  âmes  seosibles,  c'td 

m  -«BV  «■  ridicule  ;  il  faut  les  <lé- 

^K  js  états  misérables,  et  les  stus- 

.'aaeâsai&is(i). 

■■■^  B^we,  forte  de  Terile, poîs- 

^<f  wpreiDte  d'une  indlgnitioit 

le  souvenir  d'eipé- 

de  Staël  l'a  réilisee 

j^  aiHBeiàïJL  deHalligaes,  et,sODSce 

■y-  .MB.  iVmmt  est  nue  production  do 

^,.  ■  7Htt.xiâ*e(le  plus  moral. 

«KaartBHBl dans  une  autre  splière,  e( 

jcH-<<aaZ3poê,  je  le  pense,  de  cette T^ 

3  anc.  ie  cette  noîversallte'  de  raes, 

_  _  iiiiMi  «K  écmain  politique  du  premier 

^  .jL.  iiÉiT  ÎBge'nieoï  des  faiblesses  ai 

^_^ff*  et  k  peiatre  fidèle  des  souSho»» 


.  (  «89) 
T)^s  l'instant  où  la  mort  eût  frappé  le  père  de 
idame  de  Staël  ^  elle  conçut  le  projet  d'écrire 
listoire  de  la  vie  politique  de  cet  homme  il- 
stre.  Les  persécutions  dont  elle  fut  Tobjet^ 
îducation  de  ses  enfans^  ses  voyages  dans  toute 
Surope^  une  foule  de  distractions  ,  enfin  ,  les 
les  douloureuses,  les  autres  brillantes,  retardè- 
tnt  lexécution  du  dessein  qu'elle  avait  formé , 
t  son  sujet  s'agrandit  à  son  insu  devant. elle. 
•e  propre  des  esprits  supérieurs,  c'est  de  ne  pou* 
oir  considérer  les  détails,  sans  qu'une  foule  d'i- 
lées  ne  se  présente  à  eux  sur  l'ensemble  au- 
[uel  ces  détails  appartiennent. 

Bien  que  madame  de  Staël  fût  très  jeune  lors- 
:^ue  la  révolution  éclata ,  elle  se  trouvait  mieux 
placée  que  personne  pour  en  démêler  toutes  les 
causes ,  les  causes  générales  ,  parce  qu'elle  ren- 
contrait sans  cesse  ,  dans  la  maison  de  M.  Necker, 
les  hommes  qui  alors  dirigeaient,  ou,  pour  mieux 
dire,  exprimaient  l'opinion;  les  causes  particu- 
lières, parce  que  sa  société  intime  se  composait 
de  ces  grands  seigneurs,    dont  plusieurs  par 
amour  du  bien  ,  quelques-  uns  par  vanité,  d'au- 
tres par  l'inquiétude  d'une  activité  non  employée, 
favorisaient   les  réformes    et   les    changemens 
qui  se  préparaient.  Dotfée  d'un    esprit    d'ob- 
servation admirable ,  qui  l'emportait  malgré  elle 
sur  ses  affections  privées ,  madame  de  Staël  ne 


(  igo  )  I 

pouvait  s'empftcfaer  de  remarquer  ce  qu'il  y  avaâ 
de  naturel  ou  de  foctice ,  de  géoérenz  od  de 
calcula ,  dans  le  dérouemenl  de  ces  classes  sapé- 
rieures,  qui  s'acquittèrent  pendant  quelque  tempi 
avec  élégance  et  avec  un  snccès  pajé  chèrement 
ensuite,  du  rôle  brillant  d'organes  de  l'opinion 
populaire.  Le  temps ,  qui  nécessairement  refroidit 
les  affections  lorsqu'elles  ne  sont  pas  fondées  sur 
une  complète  s^nnpathie,  avait  achevé  de  donner 
aux  jugemena  de  madame  de  Staël  le  mérite  6e 
l'impartialité ,  à  l'époque  où  elle  entreprit  de  » 
rendre  compte  de  ce  qui  s'était  passé  sous  ses  yeux. 
Sans  doute,  si  elle  cAt  voulu  peindre  plus  son- 
vent  et  plt}S  en  détail  les  individus ,  son  ouvrage, 
en  descendant  k  un  rang  moins  élevé ,  comme 
composition  littéraire,  aurait  gagné  peut-être  en 
intérêt  anecdotîque.  On  ne  peut  s'empécber  de 
regretter  qu'elle  n'ait  pas  appliqué  a  la  peintare 
des  caractères  politiques  ,  le  talent  qu'elle  a 
déployé  dans  le  roman  de  Delphine.  Personne 
n'aurait  raconté  avec  plus  de  grâce  et  avec  des 
expressions  plus  piquantes  tant  d'apostasies  dé- 
guisées en  principes ,  tant  de  calculs  transformés 
en  conversons;  et  ces  préjngés,  repris  aujoni^ 
d'hui  comme  moyens  par  des  hommes  qui  hier 
les  combattaient  comme  obstacles ,  et  ces  ves- 
tales du  vice,  qui  en  conservent  la  traditioD 
comme  le  feu  sacré,  et  qui ,  trahissant  tour  î 


V 


(  '9-  ) 
Dur  le  despotisme  et  la  liberté^  sont  nastees  fî- 
lèles  à  la  corruption ,  comme,  un  bon  citoyen 
'est  à  sa  patrie.  Mais  madame  de  Staël  a  préféré 
e  genre  de  l'histoire  à  celui  des  mémoires  par-* 
ticuliers. 

Ceux  qui  haïssent  M.  Necker  pour  le  bien 
c[a'il  a  fait ,  ou  pour  celui  qu'il  a  voulu  faire , 
trouyeroat  de  l'exagération   dans  l'admiration 
constante  que  sa  fille  ténioigne  pour  lui.  Il  était 
difficile  de  voir  souvent  M.  Necker  sans  concevoir 
beaucoup  de  vénération  pour  ses  vertus  privées^  et 
une  grande  idée  de  la  sagacité  de  ses  vues^  et  de  la 
finesse  de  ses  aperçus*  U  était  impossible  de  vivre 
arec  lui  sans  être  frappé  de  la  pureté  de  son  ca- 
ractère  et  de  la  bienveillance  habituelle  qui  se 
manifestait  dans  ses  paroles  ei  dans  ses  actions. 
Gomme  honmie  d'état^  M.  Necker  a  eu  le  sort 
de  tous  ceux  qui  ont  vOnlu  et  qui  ont  été  cott'- 
traints  de  vouloir  conduire  une  révolution  dear- 
tinée ,  par  la  force  des  choses  ,  k  échapper  à  tons 
les  calculs  et  à  se  frayer  sa  route  elle-mèine. 
Si  l'on  réfléchit  à  la  disposition  des  esprits  à 
cette  époque  y  si  l'on  considère  les  intérêts  op* 
posés  des  divers  partis ,  qui  n'avaient  de  com- 
ninn  entre  eux  qu'une  égale  inexpérience ,   et 
dont  les  opinions ,  rédigées  en  quelques  phrases 
tranchantes ,  étaient  violentes  comme  des  pré- 
jiigéB  et  inflexibles  comme  des  principes  >  on 


1 

(  >9^  ) 
sentira  qu'aucune  énergie ,  aucune    pradence 
humaine ,  ne  pouvait  maîtriser  de  tels  élëmeos. 
C'est  ce  que  madame  de  Staël  démontre  ,  et  elk 
justiGe  très  bien  son  pèi*e  contre  ceux  qui  i'ac- 
cusent  d'avoir  mis  ces  élémens  eu  fermentation. 
Elle  décrit,  d'une  manière  juste  et  rapide»  Yétat 
de  l'opinion  en  1789.  La  monarchie  »  sinon  ab- 
solue, du  moins  arbitraire^  avait,  sous  Louis XIY^ 
fatigué  la  nation  par  des  guerres  toujours  ion*- 
.tiles ,  enfin  malheureuses ,  et  l'avait  aliénée  sons 
la  régence,  par  le  spectacle  de  la  corruption,  et 
sous  Louis  Xy,  par  celui  de  lïnsouciance  et  de 
la  faiblesse.  Les  grands  corps  de  la  magistrature 
réclamaient  des  droits  sans  base ,  et  faisaient  va- 
loir des  prétentions  sans  limites.  Les  membres  du 
clergé ,  tout  en  professant ,  comme  un  devoir  de 
forme,   les  maximes  héréditaires  d'une  intolé- 
rance usée ,  se  donnaient  le  mérite  d'afficher  une 
incrédulité  alors  à  la  mode.  La  noblesse  avait 
contre  elle  la  perte  de  sa  puissance ,  la  conse^ 
vation  de  ses  privilèges,  et  les  lumières  mêmes 
des  nobles  les  plus  éclairés.  Le  tiers-état  réunis- 
sait toutes  les  forces  réelles,  le  nombre,  la  ri- 
chesse, l'industrie,  et  se  voyait  pourtant  con- 
tester 1  égalité  de  fait ,  qui  était  dans  Tordre  exi^ 
tant,  et  l'égalité  de  droit,  qui  est  imprescrip- 
tible. Enfin,  les  classes  inférieures  étaient  plon- 
gées dans  un  état   misérable,   et  elles  étaient 


(«95) 
aiTertieSy  par  la  portion  parlante  de  la  classe  qui 
iominait  ropinion ,  que  cette  misère  était  ia<^ 
juste.  Qui  ne  voit  qu'indépendamment  de  tout 
projet  dé  réforme,  un  bouleversement  devait 
avoir  lieu? 

Je  dis  ceci  pour  les  lecteurs  équitables  ^  et 
non  pour  ces  interprètes  soudoyés  de  vieilles 
haines  ,   qui  s'élancent  contre  les  tombeaux , 
parce  qu'ils  les  savent  sans  défense,  comme  ils 
s'élancent  contre  les  vivans  quand  ils  les  croient 
garottés.  Lies  ramener  est  impossible ,  parce  qu'ib 
ne  jugent  rien  avec  letur  intelHgence ,  mais  tout 
avec  leur  intérêt.  Les  convaincre  est  un  espoir  chi- 
mérique ;  ils  n'ont  pas  l'organe  de  la  conviction  , 
qui  est  la  consciencey  11  faut  leur  laisser  répéter 
leurs  mensonges  toujours  démasqués ,  toujours 
reproduits ,  comme  on  laisse  aboyer  la  nuit  les 
dogues  affamés. 

Cet  essai  n'étant  l'analyse  des  ouvrages  de  m»* 
darne  de  Staël ,  ni  sous  le  point  de  vue  politique, 
ni  sous  le  point  de  vue  littéraire ,  je  ne  me  pro- 
pose de  parcourir  ici  que  quelques-unes  de  ses 
idées  dominantes. 

* 

(f  La  révolution  de  France,  dit-elle,  est  une  des 
»  grandes  époques  de  l'ordre  social.  Ceux  qui 
»  la  considèrent  comme  un  éîrènement  atcîden- 
»  tel  n^ont  porté  leurs  regards  ni  dans  le  passé 
^  ni  dans  l'avenir,  ifs  ont  pris  les  auteurs  poui^ 

i3 


V     • 


(  '94) 

>)  la  pièce ^  et,  afin  de  satisfaire  leurs  passimiSi 
n  ils  ont  attribué  aux  hommes  du  monaent  ce 
»)  que  les  siècles  avaient  préparé.  » 

Cette  observation  est  pleine  de  justesse.  Befta- 
coup  de  gens  ne  voient  la  cause  des  évènemens 
du  jour  que  dans  les  hasards  de  la  veille.  À. les 
entendre  ,  si  l'on  eût  empêché  tel  mouvement 
partiel  y  rien   de  ce  qui  a   eu  lieu  oe  serait 
arrivé;  en  comblant  le  déficit  des  finances,  on 
€&t  rendu  inutile  la  convocation  des  États-Gé- 
néraux ;  «n  faisant  feu  sur  le  peuple,  qui  entou- 
rait la  Bastille ,  on  eût  prévenu  rjnsnrrection  ; 
si  l'on  eût  repoussé  le  doublement  du  tiers,  TAs- 
semblée  Constituante  n'eût  pas  été  factieuse  ;  et 
si  l'on  eût  dispersé  l'Assemblée  Constituante,  la 
révolution  n^eût  pas  éclaté.  Spectateurs  aveugles, 
qui  ne  voient  pas  que  le  déficit  dans  les  finances 
n'était  pas  une  cause,  mais  un  effet,  et  que  la 
même  forme  de  gouvernement  qui  avait  produit 
ce  déficit  en  eût  bientôt  ramené  un  autre  ^  parce 
que  la  dilapidation  est  la  compagne  constante 
de  l'arbitraire  ;  que  ce  ne  Ait  pas  une  &ntaisie 
subite  dans  les  habitabs  de  Paris  que  la  destruc^ 
tion  de  la  Bastille,  et  que  la  Bastille,  préservée 
aujourd'hui ,  aurait  été  menacée  de  nouveau  de- 
main>  parce  que  lorsque  la  haine  des  vexations  a 
soulevé-  un  peuple ,  ce  n'est  pas  en  protégeant 
lef  vexations  .par  l'artillerie,  mais  en  y  mettant 


(  195  ) 

un  terme^  qu'on  rétablit  une  paix  durable  ;  que 
le  doublement  du  tiers  ne  fit  que. donner  des 
organes  de  plus  k  une  opinion  qui ,  privée  d'or- 
ganes^ s'en  fut  créé  de  plus  redoutables;  qu'en 
dispersant  l'Âsseniblée  Constituante^  on  n'eût  pas 
anéanti  le  besoin  de  liberté  qui  agitait  les  têtes 
et  remplissait  les  cœurs;  que  la  puissance  du 
tiers-état  aurait  survécu ,  et  que  cette  puissance 
voulait  être  satisfaite  ou  se  satisfaire  elle-même; 
enfin ,  que  les  véritables  auteurs  de  la  révolution 
ne  furent  pas  ceux  qui ,  étant  ses  instrumens , 
parurent  ses  chefs  I  Les  véritables  auteurs  de  la 
révolution  furent  le  cardinal  de  Richelieu  et  sa 
tyrannie  ,  et  ses  commissions  sanguinaires^  et  sa 
cmanté;  Mazarin  et  ses  ruses,  qui  rendirent  mé- 
prisable l'autorité,  que  son  prédécesseur  avait 
rendue  odieuse  ;  Louis  XIV  et  son  faste  ruineux, 
et  ses  guerres  inutiles ,  et  ses  persécutions  el  ses 
dragonnades.  Les  véritables  auteurs  de  la  révolu- 
tion furent  le  pouvoir  absolu.,  les  ministres 
despotes ,  les  nobles  insolens ,  les  favoris  avides. 
Ceci  n'est  point  une  apologie  des  révolutions. 
J'ai  montré,  dans  plus  d'un  ouvrage,  que  je  n'ai- 
mais point  les  révolutions  en  elles-mêmes.  D  or«- 
dinaire  elles  manquent  leur  but  en  le  dépassant; 
elles  interrompent  le  progrès  des  idées  qu'elles 
semblent  ûivoriser.  En  renversant,  au  nom  de 
la  liberté ,  l'autorité  qui  existe ,  elles  donnent  à 

i3.. 


(  «96) 
Viiutorite  qui  la  rexnplace  des  prétextes  spécieux 
oontre  la  liberté*  Mais  plus  on  craint  les  révoln- 
tions^  plus  i)  faut  s'éclairer  sur  ce  qui  les  amène. 
.  T&a  partant  da  principe  incontestable  que  les 
causes  du  bouleversement  de  l'ancienne  monar- 
<^ié  remontent  bien  plus  haut  que  1789,  ma- 
dame de  Staël  a  dû  bhercher  à  découvrir  ces 
causes;  et ,  conduite  ainsi  à  examiner  rorgani- 
sation  sociale  des  peuples  modernes,  elle  a  été 
frappée  d'abord  de  la  différence  fondamentale 
qui  distingue  ces  peuples  de  ceux  de  Tantiquilé. 
Elle  exprime  cette  différence  en  peu  de  mots , 
mais  ces  mots  sont  pleins  d'énerjgie  :  «  Le  droit 
»  public  de  la  plupart  des  états  européens  re- 
y>  posé  encore  aujourd'hui  sur  le  code  de  la 
»  conquête.  » 

Sans  doute;  et  c^est  pour  cette  raison  que  Ion 
a  rencontré ,  de  nos  jours ,  tant  d'obstacles  à 
l'établissement  de  la  liberté.  Cest  pour  cette 
raison  qu'ainsi  qu'on  l'a  observé  souvent  ^  la  li- 
berté parait  à  beaucoup  d'esprits  qui  la  cherchent 
et  qui  la  désirent  moins  précieuse  encore  que 
l'e'galite'. 

Lors  même  que  les  progrès  de  la  civilisation 
eurent  adouci  les  effets  de  la  conquête ,  ses  soD- 
venirs  restèrent;  la  noblesse  eut  même  souvent  la 
maladresse  de  les  rappeler.  Dans  ses  protestations, 
QBûs  ses  appels  k  ses  droits  anciens ,  à  son  origine 


(  »97  ) 
/éodale,  elle  semblait  dire  au  peuple  :  Comment 
ne  serait-ce  pas  à  dotis  à  voas  gouverner^  puiscfue- 
ce  sont  nos  aïeux  qui  ont  dépouillé  vos  pères? 
I>e  la  sorte ,  l'irritation  a  survécu  aux  causes  qui 
Favaient  produite  ;  elle  est  devenue ,  pour  ainsi 
dire,  une.  tradition.  Cette  tradition  a  été  la  source 
de  beaucoup  de  fautes.  En  poursuivant  non-seule- 
ment les  privilèges  héréditaires  y  mais  les  posses- 
seurs de  ces  privilèges  ^  les  amis  de  la  liberté  ont 
eux-mêmes,  à  leur  insu,  été  dominés  pat  des  pré- 
jugés héréditaires.  Voyez  les  révolutions  des  ré- 
publiques  italiennes  du  moyen  âge ,  elles  ont  eu 
pour  but  de  repousser  des  conquérans  plutôt  que 
de  donner  des  droits  égaux  à  des  citoyens  (i)/ 

Je  suis  loin  d  approuver  les  rigueurs  dirigées 
cpntre  la  noblesse  après  son  abolition;  mais  j'ai  cru 
devoir,  par-occasion^  expliquer  la. cause  de  ces 
rigueurs.  C'était,. en  quelque  sorte,  une  loi  du 
talion  exercée  par  lie  dix-huitième  siècle  contre 
le  cinquième  ;  loi  que  la  distance  et  le  changement 
des  mœurs ,  des  institutions  et  des  habitudes 
rendaient  inapplicable  et  inique^   .     , 

Le  code  de  la  conquête ,  continue  madame  de 
Staè'l,  produisit  le  régime  féodal. 


■ 

(i)  Rien  n*ést  plus  remarquable  que  la^  conformité  des  lois 
fiiites  en  Iulie,  à  Florence  surtout,  contre  les  nobles ,  avec  les. 
Iw'de  là  Gtiiyentiom 


(  19»  ) 

La  condition  des  serfe  était  moins  dure*  que 
celle  des  ésdayes.  Il  y  avait  diverses  manières 
d'en  sortir;  et,  depuis  ce  temps,  différentes  classes 
ont  commencé  par  degrés  à  s'affranchir  de  la^des- 
tinée  des  vaincus.  C'est  sur  l'agrandissement 
graduel  de  ce  cercle  que  k  réflexion  doit  se 
porter. 

Ici  madame  de  Staël  donne  à  l'aristocratie  la 
préférence  sur  le  gouvernement  absolu  d'un  seul. 
Cette  opinion  a  excité  beaucoup  de  réclama- 
tions. Elles  tiennent  en  partie,  si  je  ne  me  trompe^ 
à  une  confusion  d'époques.  Dans  un  temps  de 
commerce  et  de  lumières,  l'aristocratie  est  cer- 
tainement plus  funeste  que  le  pouvoir  absolu 
d'un  seul;  mais  c^est  que ,  dans  un  temps  de  com- 
merce et  de  lumières ,  le  pouvoir  absolu  d'un 
seul  ne  saurait  exister  réellement.  Pour  le  con- 
cevoir dans  toute  sa  plénitude  et  se  pénétrer  de 
tout  ce  qu'il  a  d'odieux,  il  iaut  remonter  à  des 
siècles  barbares  et  se  transporter  dans  des  pays 
qui  ne  soient  pas  comraerçans.  Voyez- le  dans 
l'antiquité,  en  Perse,  ou  à  Rome  sous  les  empe- 
reurs ;  voye2-le  de  nos  jours  à  Alger  ou  à  Maroc. 
Pourrons-nous  encore  long-temps  ajouter  à  Lis- 
bonne I  Certes,  l'aristocratie  vaut  mieux.  Tout  en 
haïssant  le  sénat  romain,  je  le  préfère  à  Cali- 
gula  ;    et  sans   aimer  l'oligarchie  vénitienne^ 
*'  ime  encore  moins  le  dey  d'Alger  et  ses  Maures^; 


(  '99) 
Mais  dès  que  les  lumières  ont  fait  des  progrès , 
et  surtout  dès  que  le  commerce  existe ,  le  des- 
potisme d'un  seul  devient  impossible.  Ge  com-r 
laierce ,  en  donnant  à  la  propriété  une  qualité 
nouvelle  y  la  circulation  ^  affranchit  les  indivi- 
dus >  et,  en  créant  le  crédit,  il  rend  Fautorité 
dépendante. 

Or,  dès  que  le  despotisme  pur  est  impossiUe , 
te  Yeritable  fléau ,  c'est  l'aristocratie  ;  et  cela  ex- 
plique comment  certains  peuples  modernes ,  les 
Danois I  par  exemple,,  ont  consenti,  pour  s'en 
délivrer,  à  de  si  incroyables  sacrifices. 

Lia  question  de  savoir  lequel  vaut  mieux  du 
pouvoir  absolu  d'un  seul  ou  de  l'aristocratie  est 
d'ailleurs  parSaiitement  oiseuse  aujourd'hui.  Je 
défie  le  pouvoir  absolu  d'un  seul  de  subsister  dix 
années  dans  tout  pays  éclairé.  Bonaparte  lui- 
même  n^  pu  ni  le  conquérir  complètement  ni 
le  faire  durer;  et  je  défie  l'aristocratie  de  sub- 
sister un  demi-siècle» 

La  constitution  de  l'Angleterre  est  l'objet  cons* 
tant  de  l'admiration  de  madame  de  Staël.  Je  ne 
méconnais  assurément  point  ce  que  nous  devons 
à  cette  constitution  ;  son  nom  seul  a  rendu  à  la 
liberté  d'immenses  services  :  la  France  ,  en 
croyant  l'imiter,  est  arrivée  à  des  institutions  in- 
finiment, meilleures  et  à  une  liberté  beaucoup 
plus  réelle  ,  sinon  de  fait ,  au  moips  de  droit , 


I 


(aoo) 

^  M»  >.j«M  jim  ces  lois  exceptioimeUei, 

■;q.  -sraaea  à  k  sn^nsioa  de  VAabeas  cor- 

^a,    ..1»  rnait  des  dectiotis  sincères  ,  an  lies 

^  «^11:^  MEîRs  ui^ais.  Nous  sommes  pré- 

,r-e:  iK  x^  oMceatratioa  des   propriétés, 

«tfcre  m  sffiêrc  et  germe  infaillible  de  réroUi- 

3iB>  "jJiaiiK  de  Staël  a  peat-étre  méconDo  dos 

sg^asç^  yânfiorte ,  il  est  boa  de  rendre  faom- 

fAA  l^até  pulDut  où  elle  se  trouve,  et  i 

t  se  mêle  pour  nous  ooe  réflezioB 

Z.A  ioifUk  ont  dû  les  qualités  qui  leur  ont 
^^^mmpi  nia  k  considération  de  l'Europe, 
yi^j^ueiBeat  •  leur  cCHi&tîtution,  bien  qu'elle 
■jff  loKOop  trop  empreinte  d'ÎD^alité  et  de 
^srÙÊ^B.  Or  ,  sans  vouloir  faire  le  moindre 
3aï  a  »  PB*>P^  V^  ^  ofièrt  au  monde  de 
«mS  «mBfJcs  durant  à  peu  près  Êent  qoa- 
g^b  au  ,  m  conviction  est  que  ,  si  nne 
^,:_^"  .i:'.-)  libre  a  eu  pour  lui- de  si  bons  ef- 
^,  tHe  en  aun  pour  nous  de  meiUeon  eo- 
^ge \otre  climat  nest-il  pas  plus  beau ,  uoe  res- 
^■RS  pla>  réelles ,  nos  mœurs  plus  polies,  ooe 
^^■fti  plits  douces  et  moitis  personnelles, 
^^aptit  pins  flexible  et  plus  rapide,  notre 
^^acv  plus  hospitalier?  Si  néanmoins  la  li' 
^^a  Joooé  aux  Anglais  ,  pendant  plus  d'un 
^Uœ  éminenle  parmi. les  nations,  h 


(  ^oï  )  . 
liberté  nous  rendra  le  rang,  qui  nons  est  assigna 
par  la  nature. 

Une  erreur  que  madame  de  Staël  a  énergi** 
cpjement  réfutée ,  c'est  celle  des  écrivains  qui 
regrettent  Je  repos  et  le  bonheur  de  l'ancienae 
xxionarchie. 

a  En  lisant  les  déclamations  de  nos  jours ^  dit- 

»   elle^  on^  croirait  que  ses  quatorzesièdes  ont  été 

n    des  temps  tranquilles ,  et  que  la  nation  était 

M   alors  sur  des  roses.  On  onblie  les  templiers; 

n  brûlés  sous  Philippe-le-Bel  ;  le  triomphe  det 

M  Anglais  sous  les  Valois  ;  la  guerre  de  la  jacque» 

»  rie  ;  les  assassinats  du  duc  d'Orléans  et  du  due 

j>  de  Bourgogne; les  cruautésperfîdesde  LouisXI  ; 

»  les  protestans  français  condamnés  à  d*affreu± 

n  supplices  sous  François  V',  tandis  qu'il  s'alliait 

»  lui-même  aux  protestans  d'ÂlleiHagne  ;  lés^ 

n  horreurs  de  la  ligue ,  surpassées  toutes  encoli3 

»  par  le  massacre  de  la  Saint-Barthélemi  ;  les 

»  conspirations  contre  Henri  IV,  et  son  assassinat, 

»  œuvre  effroyable  des  ligueurs;  les  échafaudi 

»  arbitraires  élevés  par  le  cardinal  de  Richelieu  ,. 

«  les  dragonnades,  la  révocation  de  l'édit  de 

M  Nantes ,  l'expulsion  des  protestans  et  la  guerre 

n  des  Cévennes  sous  Louis  XIV.  n 

J'ai  pensé  qu'il  était  bon  de  citer  ce  petit  abrégé- 
de  Thistoire  de  notre  monarchie  ayant  qu'elle 
f&t  constitutionnelle.  Il  répond  assez  péremptoi^ 


(   202    ) 

rement  y  ce  me  semble^  à  œux  qui  préteodeiit 
que  nous  n'ayons  cessé  d'être  heureux  que  parce 
que  nous  avons  voulu  être  libres.  U  {>rDuve  aussi 
que  tes  principes  démagogiques  ne  sont  pas  ri- 
goureusement nécessairespourmotiver  descrimes 
assez  bien  conditionnés.  Ce  n'était  point  par  pbi« 
losophie  que  Philippe-le-Bei  faisait  brûler  les 
templiers.  L'on  n'invoquait  point  les  droits  de 
l'homme  quand  on  plongeait  à  plusieurs  reprise 
les  protestans  dans  les  flammes  sous  les  yeux  de 
la  cour  de  François  V'  ;  et  l'assassin  de  Henri  IV 
s'appuyait  de  la  souveraineté  du  pape  et  non  de 
celle  du  peuple. 

Le  jugement  de  madame  de  Staël  ,  sot 
Louis  XlVy  a  révolté  tous  ceux  qui  voient  la 
majesté  dans  la  pompe >  le  bon  ordre  dans  fé- 
tiquette ,  le  triomphe  dés  lettres  dans  un  peu 
d'argent  jeté  aux  poètes,  et  la  gloire  dans  la 
pédanterie  portée  jusqu'au  milieu  des  batailles, 
oit  le  peuple  prodiguait  son  sang,  tandis  que 
le  roi  leur  donnait  son  nom ,  retenu  qull  était 
par  sa  grandeur  loin  de  la  mêlée  (i). 

(c  Le  roi  qui  a  pensé  que  les  propriétés  de  'ses 
»  sujets  lui  appartenaient ,  et  qui  s'est  permis 
»  tous  les  genres  d'actes  arbitraires ,  c'est  n^adame 


(i)  Gëmit  de  sa  grandeur  qui  l'attache  au  rivage. 

BoiLBAir. 


■ — 


1 


(  ao5  ) 

de  Staël  qui  parle ,  le  roi  (ose-t-on  le  dire/ et 
pent-OD  l'oublier)  qui  vint  ^  le  fouet  à  la  main, 
interdire  comme  une  offense  le  dernier  reste 
de  Tombre  d'un  droit,  les  remontrances  du 
parlement ,  ne  respectait  que  lui-même  ,  et  n'a 
jamais  pu  concevoir  ce  que  c'était  qu'une 

»   nation,  n 
On  s'est  indigne  surtout  de  deux  assertions  : 

a  première ,  ce  que  le  code  lancé  cpnt^  les  re- 

>  ligionnaires  pouvait  tout4i-&it  se  comparer 
)  aux  lois  de  la  Convention  contre,  les  émi-* 

>  grés.  »  La  seconde,  «  que  la  gloire  des  grands 
»>  écrivains  du  dix -septième  siècle  appartenait 
»  à  la  France,  et  ne  devait  pas  être  concentrée 
»  sur  un  seul  bomme ,  qui,  ap  ccmtraire,  a 
»  persécuté  quelques-uns  de  ces  !  écrivains.,  et 
»)  en  a  dédaigné  beaucoup  d'autres.'.» 

Quant  au  premier  point ,  j'ai  lu ,  il  est  vrai^ 
dans  un  écrit  récent ,  que  les  lois  contre  les  rélir 
gioimaires  étaient  rigoureuses  ,  et  que  lés  Uns 
contre  les  émigrés  étaient  atroces;  mais  je  n'ai 
point  découvert  pourquoi  ce  qui  était  atroce  en 
1 79? ,  n'était  que  rigoureux  un  siècle  plus  tôt , 
et  je  persiste  à  croire  que  les  crimes  sont  des  cri- 
mes et  les  cruautés  des  cruautés,  quelle  que  soit 
l'autorité  qui  s'en  rende  coupable. 

Pour  ce  qui  regarde  la  part  qu'il  faut  attribuer 
à  l'autorité  royale  dans  les  travaux  et  les  suc-^ 


(204) 

oès  de  notre  littérature,  il  me  semble    qaWl 
sert  mieDl  la  gloire  nationale ,  en  montraDt  que 
lelalent'se  déTeloppa  par  sa  propre  force,  dès 
ipie  la  fia  des  guerres  civiles  eut  rendu  à  I  esprk 
firançais  quelque  sécurité  et  quelque  repos,  qn  eo 
dierdiant  à  pr^nter  nos  grands  écrivains  comme 
des  en&ns  de  la  protection  et  des  créatures  de  k 
txweiat.  Arnaud ,  Pascal ,  Port-Royal  tout  entier, 
,  Racine ,  sont  les  preuves  des  bornes 
,  dellntolérancealtière,  de  rinconstana 
oprkieuse  de  cette  faveur  ^  vantée;  et,  tout  ai 
plaignant  ces  génies  supérieurs,  les  uns  persécu- 
tés 1^  autres  affligés  par  un  despote ,  nous  poa* 
1  quelque  sorte,  aujourd-hui  qu'ils  reposent 
la  tombe,  nous  féliciter  dés  injustices' qu'ils 
Ottt  subies.  Os  nous  ont  épargné  la  douleur  de 
GTOÙe  que  Teqièce  humaine  dépend  de  l'arbitraire 
dun  bomme,  et  que  tant  de  germes  féconds  se- 
nMQtdemeurésstériles,  tantdefacultésémînentes 
inactites,  tant  de  voix  éloquentes  muettes,  à 
le  sourire  de  cet  homnie  ne  les  eàt  encouragés. 
J^iilsiste  sur  ce  sujet ,  parce  que  ladmiratioo 
pour  Louis  XlVn'estpas  uneiopinion  particulière, 
une  erreur  de  théorie  qu'on  peut  laisser  pour 
ce  quVJle  est,  sans  avoir  à  redbuter  ses  consé- 
quences pratiques.  La  monarchie  de  .LouisXlV 
est  le  tjrpe  d'une  tnonarchiè  absolue  ;  tons  ceux 
qui  regrettent  ou  désirent  une  mdnarcbie  sem- 


(  aoS  ) 

ible  entonnent^  en  Thonneur  de  Louis  XIV, 
i  hymne  si  parfaitement  le  ménoei    malgré 
dirersité   des  circonstance^,  qu'on  le  dirait 
sréotypë   pour,  être  transmis  d'un  régime  à 
lutre.    Lorsqu'un  homme,  qui  n'a  pas  voulu 
re  Washington,  a  commencé  à  s'égarer  dans 
s  routes  du  despotisme ,  tous  les  panégyristes 
e  Louis  XIV  se  sont  groupés  autour  de  lui  ;  et 
otez    que    ces    panégyristes  d'alors   n'étaient 
utres  que  ceux  d'à  présent.  Sans  doute  il  y  avait 
me  portion  de  leur  doctrine  qu'ils  passaient  pru* 
iemmèttt  tous  silence;  mais  à  cette  exception  près, 
Is  tenaient    le  langage  qu'ils  tiennent  encore. 
Ils  apportaient  en  tribut,  à  l'autorité  nouvelle, 
les  souvenirs,    les    pompes,    les    étiquettes  , 
toutes  .les    traditions  de  servilité  en  un  mot, 
héritage  d«  l'autorité  déchue;  heureux  d'esqui- 
ver ainsi   la  liberté,  et  pardonnant  au  pouvoir 
son  origine  en  considération  de  son  étendue.  Le 
gouvernement  impérial  n'a  été  qu'uïie  appUca*- 
tion  trop  fidèle  du  mot  fameux,  F  État  ^  c'est 
moi;  ainsi,  l'exemple  de  Louis  XIV  nous  a  fait - 
du  mal  j  même  sous  Bonaparte.  Il  est  donc  utile 
d'empêcher  qu'il  ne  nous  en  fasse  encore  au»- 

jonid'hùî. 

Madame  de  ^tael  termine  ses  observations  sur 
liôtiîs  XIV  par  tiBC  remarque  pleine  de  force  et 
de  vérité.  <«,li  Hé  6ut  jamais^  dit-èlie,  juger 


(ao6) 

•  des  despotes  par  les  succès  momentuMs  qie 
m  fntensioii  même  do  pouvoir  leur  £iit  obiaàr. 
m  Cest  réiaf  dans  lequel  ils  laissent  le  pajrs  à  lecr 
m  mort  on  à  leur  chute^  c*est  ce  qui  reste  de 
m  leur  règne,  qui  révèle  ce  quHs  ont  âé.  b 

Cest  là ,  ai  effet  le  véritable  point  de  vue  sous 
leqod  fl  £rat  considérer  ce  règne  de  Louis  XIT, 
dûol  la  durée  avait  tellement  fetîgué  la  France, 
^*an  décès  du  monarque  ,  le  premier  mon- 
vcBMot  du  peuple  lut  de  troubler   ses    faoé- 
nîDes,  et  la  première  mesure  du  parlement 
de  <lrwilirif  à  sa  volonté.    Quand  les   entbou- 
de  farislocratie  s  évertuent  à    les  célé- 
,  ik  sont  plus  généreux  qu'ils  ne  croient; 
ik  tjtlèhtcnt  Fauteur  de  leur  perte.  Lespnéfé- 
de  Louis  XIV  achevèrent  l'ouvrage  des 
ngoeuis  de  Rîdidieu.  La  noblesse,   désarmée 
aoos  Louis  XIEI ,  devint  odieuse  sous  son  succès- 
senr.  Le  dix^fauitième  siède  ne  fit  qu'obéir, à 
Fimpulsion    qu'une  trop    longue   compression 
avait   rendue   plus    forte.    La   révolution    de 
1 789  se  fît  spécialement  contre  les  privil^es.  La 
Toyanié,  qui  n'était  point  menacée,  voulut  en  vain 
s'ideniifler  a  une  cause  qui  n'était  pas  la  sienne. 
Entraînée  momentanément  dans*  la  chute  com- 
mune, ses  efforts  ne  servirent  qu'à  fournir  on 
exemple. triste^t  n^émoral^U  dn  danger. des  al- 


(  ^^7  ) 
Luces  imprudentes.  Ce  danger  est  passe;  la 
yaixié  relevée  ,  constituée ,  limitée ,  repose 
aintenant  sur  la  nation  ;  et  ceux-là  seraient  de 
Ltiestes  royalistes ,  qui  s'obstineraient  à  la  repl»- 
ir  sur  d'autres  bases,. et  à  lui  donner  d'autres 
ppuîs. 

Bien  que  je  n'aie  voulu  parler  que  de  deux 
uvrages  de  madame  de  Staël ,  pour  la  présenter 
i\a  fois  comme,  un  de  nos  premiers  poètes  ef 
omme  un  de  nos  publicistes  les  plus  éclaira , 
e  ne  puis  m'empécher  de  dire  quelques  mots  de 
îes  Dîa:  années  d^exU^  qui  ont  provoqué  de  si 
mes,  et  j'ajouter^ai  de  si  absurdes  attaques.  Deux 
accusations  ont  été  dirigées  contre  elle.  On  lui 
ai  reproché  d'être  injuste  pour  Napoléon,  et  d'a-^ 
voir  oublié  ce  que,  mémet  exilée,  elle  devait 
à  la  France. 

Certes,  je  ne  méconnais  ni  le  génie  extraordi- 
naire, ni  la  force  de  volonté,  ni  surtout  les  talens 
militaires  de  l'homme  qui  a,  durant  quatorze 
années,  gouverné  lesFrançais  et  dompté  l'Europe; 
mais  j'ai  toujours  regardée  je  regarderai  toujours 
la  persécution  longue  et  obstinée  qu'il  a  fait  peser 
sur  madame  de  Staël  comme  un  de  ses  actes  de 
tyrannie  les  moins  excusables  de  son  règne,  où 
néanmoins  les  ac^es  de  ce  genre  sont  assez  nom- 
breux. Des  hommes  qui  font  retentir  le  ciel  et  la 
t^rre  lorsqu'on  commet  contre  eux  la  moindre  in- 


rr?— *-*     .aniirr  a  tic  jtiçcàt  lïapoIéoD  r: 

"   "'■**— "^    ^  -'anRfnrceqiiQnleiirnff^jse 
^    ^^i---z     r.i  sscjA  leur  ctre  eue;  nuLs 


— ^  ■^--'*    ^  ^  -irime  de  Feiil  le  pu.^ 
^^  '—    =r*r=j^    'ç  dirai  le  plus  izzii^ 

*  ="  ^  -TT  liisr  i^^aoUe  que  la  fer:^ 
-vJLj^-mL  3r  j£  génie  désarmé,  ce  « 
■fe  •?«£:-?*  X  esaabsme  qui  faiwcii^ 
'^s:  ^-- ^  ;;:s!sacc^^  la  sqaraît  de  toie  â£ï 
.-c  ^-  r-a  TiroQre8éciiîtqQe£ 
-?nr  -  •*«?  -sni»  ïull  mdail  â  mil- 
•cTL-ae-  rsTTTsnmi attcaée  et  fcnl- 
:r.         T!r   2:^    rx  r  -snnsatraît  Ssposait 

:.-    rr.   r:-  <i  --k-^^.  .rzittrcnÈB  nûllîons 


•    «Mi 


ne 
^f^-r'-.T'  -$  :='ie  'imt  part  et 


X    iBT*  as-  ^-=j^:.Œ:iiars   i:riiims  et  nos 
i^^^^^^  '  ^^— ^  *   crr  rie  noas  lui 
—  — '"^  ^  =™^  ^  :î».T:y  cr:*y?  D  &ut 

ISS 


(  io9  ) 

pour  soi;  il  ne  fiiut  jkis  se  croire  le  seul  objet 

digne  d'intérêt ,  et  lorsqu'on  aspire  à  l'honnèttr 

de  lutter  contre  le  pouvoir  du  jour^  il  ne  faut 

pas  justifier  les  excès  du  pouvoir  de  la  veille. 

J^admire  Bonaparte  quand  il  couvre  de  gloire 
les  drapeaux  de  la  nation  qu'il  gouverne.  Je  l'ad- 
mire, quand  ^  prévoyant  l'instant  où  la  mort 
brisera  son  bras  dé  fer,  il  dépose  dansie  Gode 
civil  des  germes  d'institutions  libérales;  je  l'ad* 
mire  quand  il  défend  le  sol  de  la  France;  mais, 
je  le  déclare,  sa  persécution  d'un  des  plus  beaux  ta- 
lens  de  ce  siècle,  son  acharnement  contré  l'un  des 
caractères  les  plus  élevés  de  notre  époque ,  sont 
dans  son  histoire  une  tache  ineffaçable.  L'exil  d'O- 
vide  a  flétri  la  mémoire  d'Auguste,  et  si  Napoléon, 
à  beaucoup  d'égards,  est  bien  supérieur  au  trium- 
vir qui  prépara  la  perte  de  Rome ,  sous  le  pré- 
texte bannal  d'étouffer  l'anarchie,  le  versificateur 
licentieux  qu'il  envoya  périr  sous  un  del  loin- 
tain, n'était  en  rien  comparable  à  l'écrivain  qui 
a  consacré  sa  vie  entière  à  la  défense  de  toutes 
les  pensées  nobles  ,  et  qui ,  au  milieu  de  tant 
d'exemples  de  dégradation  et  d'apostasie,  est 
resté  fidèle  aux  principes  de  liberté  et  de  dignité 
sans  lesquels  l'espèce  humaine  ne  serait  qu'une 
horde  de  barbares  ou  un  troupeau  d'esclaves. 

Quant  a  l'amour  de  madame  de  Staél  pour 
cette  France  dont  une  tyrannie  si  impitoyable 

i4 


(  ^^o  ) 

la  teoftit  sëparae ,  il  fiiot  n*a?ôir  pas  li 
Dix  années  d'exil  pow  mMOimalIr 
qu'ayait  sur  sod  âme  cet  amour  iDàe^tgm£làt 
Les  victoires  des  alliés  renrenaient  la  k«nm 
cootre  laquelle  elle  s'était  si  loag-temiskiite, 
et  toatefoift*  elle  déplocait  amèreoMot  ca  ^c- 
toires.  Elle  assistait  de  ses  Tceux  son  pemc» 
cateur,  parce  qull  protégeait  le  aol  caiaki;  ù 
oubliait  ses  loogoes  souCrsoceSi  sea  jmlm  piài 
Me  repoussait  les  espérances  que  lu  nwid  s 
diste  d'on  emaemi  imfdacaUe,  poar  oetsir^ 
llatértt^  la  gloire,  riudépeiidaace de  b  pim 


(  aî«  ) 

IX. 

DE  GODWIN,  ET  DE  SON  OUVRAGE 

SOR  LA  JUSTICE  POLITIQUE. 

» 

Gfodwin  y  Tanteitr  de  Caleb  fFilUams ,  a  joni , 
pendant  quelque  temps  ^  en  Angleterre  et  même 
en  France,  d'aaeeâébrilé  assez  grande.  Ses  deux 
xomans,  œhii  que  je  viens  de  nommer  et  un 
autre  inûtalQSaint^LSn ,  ont  été  Iw  avec  ctirio^ 
site,  et  traduits  dans  tontes  les  langues^- Le  pre^ 
mier,   qui  est  fort  supérieur  k  l'antre,  peint 
avec  beaucoup  d'énergie,  et- sous  des  couleurs 
très  soml^res,  l'impossifailife  de  cachçv  un  crime , 
et  la  combinaison  de  Circonstances,-  souvent  Ih-^ 
zarces  y  nais  presque  toujours  inévitables ,  gràco 
à  ilaqueUe  cei  qu'on  ctaàt  avoir  déro)>e  à  tous  les 
regards  parait  soudain  au  fppand  jcmn.  Le  ^se-^ 
cond  romam,  bien  que  rempli -ifapeiîeus  bardis 
et  iagénÎNix ,  intéresse:  moins,  parée  que  Tauteur 
ya  iatroduitilGsomaforel ,  ce  qui  empèbhe  qu'on 
ne^soit, frappé  de  la  véritié  dés  caractères  et  de  la 
consniasance  du  çoeun  bumàin,  qui ,  sans  ce  mé* 
lange  mal  entendu  de  sortilège  et  de  magie,  place- 
raient cejl  9^??^g6  à  iju  x^ug  tT^  éley  év  Çi^  rompis,, 
toutefois,  ont  moina  contribue  à  :k  câ^rité  ida 

i4«* 


n 


('•')  I 

,  ^mmThùtéiurlafiutitxpolUi^iie, 
jWiiw  *  été  commcDcée  plusimn 
.g^T,  et d's  jamais  été  publiée;  coaniK 
^,;à«aait  elle  ne  le  sera  point,  jepre- 
>  melqnes  détails  sur  ce  livre  k  dé- 
1  Ms  lecteurs. 

t  édition  de  la  Justice  politvjm  i/t 

-^^„  -— r^n  Angleterre,  en  1793,  dans  an 

_^  ^  [1  Ttvolution  française ,  remfdissut 

-r^  lft^rtf.mea  t  et  d'épouvante  ,  engageât 

^^MgJe  rhumapité  à  réfléchir  sur  les  hutt 

^-.  jwtif"**'"^  pour  découvnr  les  mojeas 

.    '■^mif  on  d'extirper  les  abus  qui  araient 

^j  Mlle  ciise  si   violente  et  sous    quelques 

^g0gr^  à  (onesle. 

^am,  pMté  parle  genre  de  son  esprit  à  re- 

^gff"  abstractions  les  plos  subtiles  pour  les 

t:_^  à  la  réalité ,  se  propose  d*a{^MY>foDâir 

^M  le  qoKtÎQns  relatives  ji  la  nature  de 

T^^^e,  il  ses  droits  et  à  ses  devoirs,  et  d'ar- 

'.     ^^  il  déterminer  la  loi  unique  et  fim- 

^p^tole  qui  doit  servir  de  règle  aux  inrii- 

p.  des  peuples   comme  aux  relatioas  des 

j^  ;  c'est  cette  loi  qu'il  Domine  Justùx 

_a-K.  ■    i  '  il  «Aoisit  ce  titre  pour  son  ouvn^ 

■-  -,i»i!i  f.iaussil'wleiird'uiieauiteil'E'MBMJMrrJKÀ- 
flut^x^  «l^n*  *•"  ('»"'"*'  intitulé  Vlru/uirer,  et  qui  iwt 
-  — itéeti'HUMnoMwlIefc 


C  at5  ) 
Cet  ottTTftge  peut  être  divise  en  trois  parties; 
it  il  aurait  mieux  valu ,  du  moins  comme  pro-* 
iuction  littéraire ,  que  Tëcrivain  se  fût  astreint 
lui-même  k  cette  division;  car  ayant  traité 
souvent  au  hasard  les  mêmes  sujets  dans  plus 
d'un  chapitre  y  il  est  tombé-  dans  un  désordre 
el  dsLXkÉ  des  répétitions  qui  rendent  Tintelligence 
de  son  livre  assez  difficile  et  sa  lecture  très 
£itigante« 

Aussi  y  pour  en  donner  à  nos  lecteurs  quel- 
que idée ,  nous  adopterons  l'oMne  que  fauteur 
a  négligé  y  et  nous  parlerons  séparément  de  la 
partie  métaphysique  ^  de  la  partie  morale  et  de  la 
partie  politique  proprement  dite. 

La  métaphysique  de  Godwin  est  fausse  et 
commune.  Il   ne  dit  rien  qu'on  n'ait  pu  lire 
dans  plusieurs  métaphysiciens  du  dix-huitième 
siècle ,  dont  je  ne  veux  point  rabaisser  le  mé- 
rite ,  mais  qui ,  poussant  à  Fexcès  les  principes 
de  Locke ,  qui  lui-même  avait  beaucoup  trop 
étendu  celui  d'Aristote  (  qu'il  ny  a  rien  dans 
rintelligence  qui  n'ait  été  auparavant  dans  les 
sens)i  dépouillent  Thomme  de  toute  force  in- 
térieure ,  le  représentent  comme  le  jouet  passif 
des  impressions  du  dehors,  et  méconnaissent  la 
réaction  qu'il  exerce  sur  ces  impressions^  réac-^ 
tion  qui  fait  qu'elles  sont  modifiées  par  lui , 


(214) 

quand  il  hs  reçoit,  pour  le  moins  ««taBl  qa'dk» 
le  modifient. 

La  partie  morale  de  Godwîn ,  celle  on  H 
déyeloppc  les  devoirs  des  individus  entre  eax, 
est  encore  plus  défectueuse.  Séduit  par  lldée 
de  la  justice  abstraite ,  il  veut  soumettre  à  celle 
justice  stricte  tous  les  mouvemens,  tontes  les 
affections^  tous  les  engagemens  de  TliWBiDe; 
de  là ,  ses  paradoxes  sur  la  pitié,  la  reconnais' 
sance  et  les  promesses.  Comme  la  véracité  la 
plus  scrupuleuse  est  un  des  traits  distinctî&  de 
son  caractère  et  de  ses   écrits,  je  le  crois  de 
bonne  foi;  mais  ces  assertions  dénotent  une 
telle  ignorance  de  Tbomme  en  société  ,  igno- 
rance qui  est  le  résultat,  ditH3n ,  d'une  vie  con- 
templative, que,  toutes  bizarres  qu'elles  sont, 
elles  méritent  à  peine  d'être  réfutées.  Ce  n'est  pas 
en  étouffant  les  affections  les  plps  douces  que  l'on 
donnera  du  bonheur  à  l'espèce  humaine*  U  ne  faut 
point  que  l'homme  soit  toujours  impartial  et 
juste  ;  il  faut  au  contraire,  et  c'est  le  plus  beau  pri- 
vilège de  son  indépendance  individueUe ,  qu'il 
soit  partial  par  goût,  par  pitié,  par  entraînement. 
Magistrat,  juge,   homme  public,  son  devoir, 
sans  doute,   est  la   justice;  mais  la  plus  pré- 
cieuse partie  de  son  existence  privée,  sur  la- 
quelle la  société  ne  doit  avoir  nul  empire ,  c'est 
de  s^entourer  d'êtres  à  part,  d'êtres  chéris,  ses 


semblable  par  exceUence^  distincts  de  fous  les 
êtres  de  soa  espèce.  Quavd  il  s'agît  des  antres, 
il  lui  sui&t  de  ne  jamais  leur  nuire  et  quelquefois 
de  les  servir;  mais  à  ce  cercle  favorisé,  à  ce  cercle 
d'amour,  d'émotions,  de  souvenirs,  appartiennent 
son  dévouement,  son  occupation  constante j,  e^ 
tous  les  ^nres  de  partialité, 

La  partie  politique .  de  Godwin  est  donc  la 

seule  importante.  Ce  n'est  pas  que  cette  pfirtie 

de  son  ouvrage  soit  exempte  de  grandes  erreurs» 

Il  part  d'un  principe  faux,  he  gouvernement j  dit-il, 

est  un  mal  nécessaire.  Cette  idée ,  qui  n'est  paa 

de  lui,  parait,   au  premier  coup  d'œil,   une 

pensée  forte,  et  n'est ^  au  fond,  qu'une  expresr 

sion  bizarre.  Le  premier  écrivain  qui  l'employa 

dut,  je  le  conçois,  frapper  ses  lecteurs.  Il  y  a  des 

gouvememeus  qui  sont,  je  ne  dirai  pas  un  mal 

nécessaire^  nouiis  un  mal  très  superflu.  Cependant,. 

si  nous  approfondissons  l'idée  de  Godwin,  dans 

le  sens  général  et  ahsolu  qu'il  donne  au  mot 

de  gouvernement ,  nous  le  trouverons  complè-- 

temeut  erroné. 

Le  gouvernement  a  une  sphère  qui  lui  est 
propre.  Il  est  créé  par  les  besoins  de  la  société, 
et  pour  empêcher  que  ses  membres  ne  se  nuisent 
mutuellement;  aussi  long-temps  qu'il  reste  dans 
cette  ^hère ,  il  ne  pèse  sur  les  citoyens  qu'autant 
qu'ils  se  nuisent.  Il  n'est  donc  point  un  mal, 


(ai6) 

si  ce  Q*est  pour  les  coupables ,  et  c'est  un  bien 
qu'il  leur  soit  un  mal.  Il  n'est  pas  même  ,  comme 
le  prétend  Godwin,  un  mal  absolu,  en  même 
temps  qu'un  bien  relatif.  Dès  que  le  gouterae- 
ment  sort  de  sa  sphère^  il  devient  un  mmï,  cftno 
mal  incalculable;  mais  ce  n'est  point  alors  <»maie 
gouvernement ,  c'est  comme  usurpation  qu'il 
est  un  mal.  Sans  doute,  lorsque ,  pour  atteindre 
les  coupables,  il  vexe  les  innocens;  lorsque,  sous 
prétexte  de  prévenir  les  délits ,  il  porte  atteinte 
à  la  liberté  ;  lorsque ,  s'arrogeant  une  foule  de 
fonctions  qui  ne  lui  appartiennent  pas ,  il  s^érige 
en  instituteur,  en  moraliste ,  en  juge  des  opi- 
nions, en  surveillant  des  idées,  en  directeur 
des  lumières,  il  se  rend  singulièrement  nai»ble. 
Mais,  nous  le  répétons,  ce  n'est  pas  en  sa  qualité 
de  gouvernement.  H  devient  alors  simplement 
une  force  qui  peut  être  saisie  par  un  seul  individu 
et  qui  le  serait  par  plusieurs,  ou  qui  serait  même 
répartie  entre  les  mains  de  tous,  qu'elle  n'en 
serait  pas  plus  légitime. 

Que  si  l'on  disait  que  le  gouvernement  ne  peut 
atteindre  les  coupables  sans  froisser  quelquefois 
les  innocens ,  nous  répondrions  que  cet  incon- 
vénient n'appartient  pas  au  gouvernement ,  mais 
à  la  nature  de  l'homme.  Le  sauvage  qui  trouve 
en  revenant  de  la  chasse ,  sa  hutte  détruite ,  oa 
ses  en  fans  égorgés,  peut  en  soupçonner  à  tort 


(  ^«7  ) 
aatre  sauvage^  et  faire  tomber  sur  lui  utie 
engcsance  peu  méritée.  Le  gouyemement  peut 
s  tromper  de  même.  Cest  pour  éviter  ces  mé- 
»x-i8es  qu'il  institue  des  formes.  Si  ces  formes 
ont  bonnes  et  qu'il  les  respecte^  loin  d'être  un- 
aal ,  il  est  un  bien. 

Godwin  parle  beaucoup ^  et  ayec  raison,  de 
'  i  n  fluence  touj  ours  funeste  que  la  pression  de  Tau* 
orité  a  sur  le  bonheur  et  sur  les  qualités  morales 
le  rfaomme.  Mais  lorsque  la  pression  de  Tau- 
torité  se  fait  sentir  de  la  sorte,  c'est  qu'elle  a 
rranchi  ses  limites  et  dépassé  sa  sphère.  Aussi 
long-temps  qu'elle  s'y  renferme ,  cette  pression 
n'existe  pas.  Il  faut  que  l'innocent  l'ignore  ;  elle 
n*esC  donc  pas  un  mal  pour  lui  :  il  fiiut  que  le 
coupable  la  craigne;  elle  est  donc  un  bien  pour 
lotis. 

Ce  n'est  point  une  chose  indifférente  que  de 
rectifier  cette  rédaction.  Lorsqu'on  déclare  le 
gooremement  un  mal,  ou  se  flatte  d'inspûner aux 
goaTemés  une  défiance  salutaire;  mais  comme  le 
besoin  du  gouyemement  se  £ût  toujours  sentir, 
tel  n'est  point  l'effet  qu'on  produit. 

D  anÎTe^  au  contraire,  que  les  gouTememens 
adoptent  cette  doctrine.  Os  se  résignent  k  être  on 
mal ,  et  en  leur  qualité  de  mal  nécessaire,  ils  re- 
présentent comme  înéTitable  tout  celui  qu'ils 
causent. 


L, 


Pcrtid'iu)  principe  inexact,  Godwin  s'est  ^ir 
jy^  a  marche.  Le  goDveraemenl  a'éUut,  sekw 
loi,  oa'on  mal  nécessaire ,  il  a  conclu  qn'il  n'en 
fglfait  que  le  moins  possible.  C'est  une  seconde 
sfffear.  Il  n'en  &at  point  hors  de  sa  sphère  ;  mais, 
dans  cette  sphère,  il  ne  saurait  en  exister  trop. 
Im  Uberté  gagne  tout  à  ce  qu'il  soit  .sévèrement 
nKOntcrit  daos  l'enceinte  légitime  ;  mais  elle  ne 
sague  rien,  elle  perd  au  contraire,  à  ce  ijae, 
dans  cette  enceinte ,  il  soit  faible  ;  il  doit  toajoois 
y  £tre  tont-puissant. 

Par  nne  suite  nécessaire  de  cette  théorie,  i*vr 
tÎTeà  son  origine,  Godwîa  est  allé  jusqu'à  pré- 
tendre qu'un  jour  il  n'existerait  plus  de  goaiet- 
nement,  et  il  a  regardé  cette  époque  oomme  le 
plus  beau  moment  de  l'espèce  humaine.  11  n'a 
pas  senti  que  le  gouvernement^  renfermé  dans 
sa  sphère ,  c'est-à-dire  uniquement  occupé  à  g»- 
raiilir  les  individus  de  leurs  torts  réciproques  et 
des  invasions  de  l'étranger,  existerait  toujours  de 
droit,  lors  même  qu'il  n'agirait  pas  de  bit,  et 
que,  dès  k  présent,  il  ne  doit  exister  de  fait  que 
lorsque  les  individus  ont  besoin  de  sa  garantie. 
La  somme  Intime  de  l'antcmté  du  gooveme- 
ment  sera  toujours  la  même;  seulement,  l'ac- 
tivité du  gouvernement  peut  augmenter  on 
décroitre  suivant  les  circonstances,  c'est-à-dire 
suivant  que  les  hommes,  poussés  par  leurs  vices, 


(  ai9  ) 
heurs  fBsàoas  oa  leurs  errems,  entrent  en  pkii 
Xft  moins  grand  nombre  dans  Fenceinte  où  le 
^onv^srnement  doit  agir. 

Autant  la  doctrine  générale  de  Godwin  est 
iéfectueuse^  autant  ses  détails  sont  fertiles  eu 
Aperças  heureux,  en  vérités  neuves,  en  idées 
profondes.  On  ne  trouve  nulle  part  une .  aussa 
ingénieuse  et  convaincante  analyse  des  inoou'^ 
véniens  de  1  autorité  y  lorsqu'elle  ne  se  borne  pas 
a  protéger  et  à  garantir,  mais  qu'elle  veut  éclai- 
rer, améliorer  ou  conduire.  Éducation ,  instiCu* 
tiens,  dogmes  religieux,  lumières,  sciences, 
commerce,  industrie,  population,  propriété^ 
Godwin  examine  l'action  du  gouvernement  sur 
toutes  ces  choses,  et  démontre  que  le  mieux  ^  le 
plus  sur  et  le  plus  juste  est  de  maintenir  la  paix 
et  de  laissa  faire.  Aucun  publiciste  n'a  plus  clai- 
rement prouvé  que  dès  qu'on  gêne  L'intérêt,  sons 
prétexte  de  le  diriger,  on  le  paralyse;  que  dès 
qu'on  entrave  la  pensée  sous  prétexte  de  la  xtc* 
tifîer,  on  la  fausse;  et  que  tout  autre  guide  que  la 
raison  de  diacun,  pour  l'intelligence  de  diacun, 
dénature  cette  intelligence;  aucun  n'a  réfuté 
d'une  manière  plus  satis£siisante  l'hypothèse  per^ 
fide  et  dangereuse,  qu'il  peut  y  avoir  des  erreurs 
utiles  ;  aucun ,  enfin ,  n'a  |mieux  démasqué  ces 
prétentions  renaissantes  des  partis  qui  se  succè« 
dent,  et  qui  ne  cherchent  à  limiter  le  pouvoir  que 


pute  qu'ils  ne  le  powcdent  pes,  prêta  ^Ik 
toojonif  à  reckiner  pour  eiu  les  a 
qa'ils  disputaient  k  leors  adTeisaires,  cl 
affiitnsQt  que  ce  qu*ils  disaient  hier  être 
est  derenu  suintement  salutaire  anjoord 

Le  grand  mérite  de  Godiffin  est   d* 
franchement  toutes  les  questions,  et  do  les 
avec  la  sagacité  dont  il  est  dooé, 
jamais  y  par  timidité  ou  par  système, 
les  résultats.  Biais,  comme  il  arrÎTe 
ce  mérite  produit  par  un  amour  paasâosiaé  dr  ii 
rérité,  amour  qui  donne  à  Godwia  «ae 
sance  étonnante  d'iuTestigatioD ,  et  qm  le 
senre  de  se  fatiguer  d'aucune  loogoevr ,  s 
sVflGm>ucherd*auconecooséquenoe,  n* 
inconréniens  pour  ceux  qui  le  lisent. 

Tant6t  il  néglige  les  ménagi 
pour  fiiire  accueillir  ou  même  exam 
pognance  des  notions  trop  diflërenftes 
nions  reçues.  Tantôt  il  ne  soupçonae 
laMttude  que  doit  causer  le  trop  grand 
pement  des  idées  communes^  On  tRMire 
quefbis  exprimé  en  une  seule  phrase  une 
efct  demandé  dix  pages  d*explicatioo ,  et  d) 
fins  dix  pages  sont  consacrées  à  dénoalfcr  di» 
▼érités  dis  long-temps  admises,  et  qnll  eèt 
d*indiquer.  La  vérité,  ou  ce  qneGod 
▼érité,  lut  parait  dune  iaporlanoe 


(  a^ï  ) 

toateBseslMVBclies^  Il  s'eosmtcpie ,  parce  qu*îl  ne 
les  appaie  d'aucune  preuve^  dans  un  endroit,  les 
assertions  semblent  bizarres ,  et  que,  dans  un  au- 
tre, elles  sont  surabondamment  incontestables^ 

Un  autre  dé&ut  de  God^in ,  c'est  de  joindre 
fréquemment  à  la  témente  des  hypothèses  la  ma* 
ladresse  des  détails  ;  c'est  ce  qui  lui  est  arrivé , 
surtout  quand  il  a  parlé  de  la  perfectibilité  de 
Fespèce  humaine ,  de  cette  espérance  qui  n'est 
repoussée  que  par  ceux  quelle  afflige,  comme 
les  hahitansde  je  ne  sais  quel  yillage  déploraient 
ramëlioration  des  grandes  routes,  parce  qu'ils 
gagnaient  à  ce  que  les.  voyageurs  brisassent  leurs 
voitures  en  te  traversant. 

Godwia  s'est  laissé  emporter  dans  ses  conjec- 
tures sur  cette  matière ,  par  le  besoiii  de  décrire 
ce  qu'il  ne  devait  que  pressentir.  Il  a  tenté  de 
détailler  des  découvertes  qui  ne  sont  pas  faites;  et 
frappé  de  plusieurs  inconvéniens  moraux  et  pliy- 
siques,  dont  le  remède  nous  est  encore  inconnu, 
il  a  voulu  devancer  le  temps ,  qui  pourra  seul 
nous  l'indiqaer. 

Lorsqu'on  présente  au  puUic  une  opinion  qoi 
peut  aemUer  étrange ,  il  faut  se  garder  de  Tac- 
oompagoer  de  conjectures  plus  extraordinaires 
encore.  C'est  bien  assez,  pour  eUe  d'être  neuve, 
sans  qu'elle  ai  ta  lutter  contre  la  défaveur  de  son 
entourage*  11  &nt,  au  contraire,  en  lui  donnant 


(    222   ) 

pour  alliées  des  propofiîtidBS  commuMà,  fad  fime 
pardonner  soa  air  étraoger;  et  ce  n'est  que 
lorsqu  uB  priacipe  n'ert  plus  an  kAte  adads  arec 
peine  et  défiance  ^  mais  qu'il  a  obtenu  le  droit  de 
cité  et  coïkqnis  son  domicile ,  qn'on  peut  Ini  per^ 
mettre  d'appeler  à  lui  et  d'avoner  haniemeift  k 
nombreuse  clientelle  de  aès  conséquences. 

Il  est  aisé  de  voir,  par  toutce  que  je  viens  de 
dire ,  que  louTrage  de  Godwin  est  loin»  d'être  un 
bon  ouvrage;  mais  il  invite  le  lecteur  aMestif  à 
penser  par  lui-même^  et  il  le  dispose  à  juger 
toutes  les  doctrines  et  toutes  les  institutions  arec 
impdrtiaUté  et  iadépendaoce. 

J'ajouterai  que  jamais  auteur  ne  (ut  pins  que 
Godwin  ennemi  des  révolutions ,  n'en  fit  une 
peinture  p)us  effrayante,  ne  redouta  phis  les 
maux  de  /l'anardiie,  ne  recommanda  plus  t>* 
vement  anx  hommes  d'atttadre  tout  des  efiorls 
de  la  raison^  neleiir  répéta  déplus  de  manièares 
que  la  violence  qui  veut  devancer  la  conviction 
EL  est  qu'uni  fléau.,  et  que  '  la  conviction  rend  la 
violence  inutile.  Godwin  est  un  ami  mlé  de  la 
IUb|^nlé,t  dirais  il  Fest  «iissî  -de  la  paix; 

•U'  eét  .lé-  défenseur  ({uelquefois  «exagéré  de 
Végalâfé^JBats  il  est  l'adversaire  noà  moins  cm- 
tagenxdeitoihte  Innonratîon  tttnraltuèuser  etmèine 
de  toktte»  améliorâtioti  pDéGi{âlée«  >  U  pousse  jus- 
qu'au (Soru{ittle  la  toléMucepoiv  tdùta  les  opî- 


(    225    } 

nions  oj^sees  aax  sienne»,  les  mënagemens 

pour  les  insUtntions  contre  lesquelles  runanimité 

de  Vassociation  ne  se  serait  pas  prononcée  j^  lin-* 

térêt  pour  les  classes  privilégiées  oà  Ton  eftt 

troo vé ,  dk*il ,  si  on  ne  les  avait  pas  blessées  et 

proscrites ,  plus  d'un  partîsandes  lumières  ^tdl'ua 

ami  de  lliumanité.  C'est  toujours  aux  apôtres  init* 

modérés  des  révolutions  qu'il  s'en  prend  des  obs* 

tacks  que  la  liberté  rencontre;  c'est  leur  impa-« 

tieaee,  lêàr intolérawcey  leur-esprit  persécuteur 

qu'il  accuse*  On  s'aperçoit  en  le  lisant  ^que^ 

lorsqu'il  écrivait ,  ceux  qu'il  censure  étaient  les 

plus  forts,  et  il  ne  prévoyait  pas  qu'un  jour 

plus  d'un  opprimé  dont  il  plaidait  la  cause  serait 

l'émule  des  opfM^sseurs. 

J'ai  dit,  en  commençant^  que  probablement 
l'ouvrage  de  Godwin  ne  serait  jamais  traduit 
en  français.  J'en  avais  ^  il  y  a  plus  de  vingt  ans, 
entrepris  et  même  achevé  la  traduction.  Une 
considération  m'a  fait  renoncer  à  la  publier;  j'ai 
craint  que  ce  qu'il  y  a  de  chimérique  dans  les 
prédictions  et  d'anti -social  dans  quelques-uns 
des  principes  du  philosophe  anglais ,  ne  jetât  de 
la  dé£aiveur  sur  les  vérités  dont  il  s'est  déclaré 
l'apôtre  et  dont  il.  s'est  montré  le  défenseur  élo- 
quent. 

On  trouve,  au  reste,  une  analyse  très  bien  faite 
de  sesdoctrines  sur  les  lois  positives,  l'undes  objets 


sur  lesquels  il  >  répandu  le  [dus  de  lumière,  dm 
un  ouvrage  intîtalé  77e  SHomme  et  de  la  SodéU. 
Mklhenreaieinent  celte  analyse  est  fHrécédee  d'aa 
Bjslèmede  métaphysique  doutrensembleest abs- 
trait et  plusieurs  des  propositions  douteuses; 
mais  si  l'on  formait  un  ouvrage  à  part  des  trois 
chapitres  que  l'auteur  a  empruntés  à  Godwiii, 
on  Terrait  amibien  sont  sages  et  modérées  plu- 
sieurs des  idées  d'un  écrÎTain  que  beaucoDpdt 
gens  considèrent  ccMnme  un  réreur  bîsam  m 
comme  un  démagogue  insensé. 


(   325  ) 


X. 


DE  LA  LITTÉRATURE 

j 

DA5S  SES  RAPPORTS  AVEC  LA  LIBERTÉ. 

Geax  qui  découvrent  ou  qui  établissent  des 
vérités,  n'importe  en  quel  genre,  ont  une  des-^ 
tinée  singulière.  On  les  accuse  d'abord  d'être  des 
visionnaires ,  des  insensés  ;  ou  des  séditieux  ;  on 
leur  reproche  de  dire  ce  qui  n'avait  jamais  été 
dit,  et  de  menacer  par  là  tout  ce  qui  existe;  on  crie 
à  l'innovation,  au  renversement,  au  mépris  du 
passé.  Lorsque,  malgré  cette  tactique,  lesvé- 
ritâ  qu'ils  ont  proclamées  triomphent^  on  change 
de  langage  :  ils  ne  sont  plus  des  novateurs ,  ik 
sont  dés  plagiaires;  ce  qu'ils  disent  a  été  dit 
cent  fois  avant  eux  ;  tout  le  monde  l'avait  pensé , 
et  ils  ont  usurpé  l'honneur  de  la  découverte. 

Si  on  lit  avec  attention  ceux  de  nos  écrivains 
qui  se  sont  voués  à  combattre  les  idées  de  liberté, 
ma  remarque  paraîtra  fondée.  Pendant  trente 
ans,  ils  ont  appelé  les  philosophes  du  dix-hui- 
tième siècle  des  factieux ,  et  fait  valoir  l'atta- 
chement des  grands  hommes  du  dix-septième 
au  pouvoir  absolu ,  comme  une  preuve  de  l'ex- 
cellence de  ce  pouvoir;  aujourd'hui,  qu'ils  sen- 

i5 


(   226  ) 

lent  leur  caiùe  minée  ^  ils  s'appliquent  à  ravir  t 
Tiosphilosophes  la  gloire  d'être  les  premiers  qnî 
se  $oiéht  élevés  contre  le  despotisme ,  et  ils  ré- 
clament la  prionté  pour  l'époque  de  Louis  XfV. 
Tous  les  principes  de  liberté^  disent-ils ,  se 
trouvent  dans  Mas^illon  ^  dans  Bourdaloue^  et 
même  dans  Bossuet. 

Qu'ils  aient  tort  ou  raison ,  cette  révolution 
tlans  leur  langage  n'en  prouve  pas  mcûns  une 
chose  importante,  c'est  que  la  victoire  est  demeu- 
rée auic  principes  de  la  liberté,  «t  que  toute  gloire, 
ancienne  ou  moderne,  a  besoin  maintenant, 
pont  se  conserver ,  d'être  associée  k  ces  principes. 

Au  reste ,  tsonime  j'aime  k  reconnaître  la  vérité ^ 
avant  toutes  choses,  et  comme  je  suis  en  taéme 
fétnpS  charmé  qu'en  faisant  le  dénombrement 
dies  défenseurs  d'une  noble  cause,  on  rencontre 
parlai  eUx  les  grands  tàlens  de  toutes  les  époques, 
j'adopte  volontiers  le  tiduveau  système  des  écri- 
vains dont  je  parle ,  et  je  o^ois  faire  une  chose 
utile  en  leur  fournissant  des  raisonnemens  et 
des  fkits  qui  viennent  à  l'appui  de  ce  nouveau 
sj^tèkne ,  tuais  auxquels ,  vraisemblablement ,  ils 
n'ont  pas  songé  ^  palx^ë  qu'ils  n'ont  pas  envisage 
la  questtoti  d'assez  haut.  L'horixon  de  res{Nnt  de 
pÀrti  manque  toujours  d'étendue. 

Pour  qu'un  écrivain  ait  des  idées  de  liberté, 
il  n'est  pas  îiiidispeusable  qu'il  s'attache  k  cer- 


(  2^7  ) 
taiaes  formes  d'orgaDÎsation  sociale ,  que  chacun 
peut  considérer  comme  plus  ou  moins  favorables 
h  la  liberté.  Il  y  a  telle  phrase  qui  prouve  mani-*- 
festement  que  tel  écrivain  ne  peut  être  un  ami  du 
despotisme,  quelles  que  soient  ses  idées  sur  les 
institutions  positives.  S'il  n'a  pas  sur  ces  objets 
des  idée^s  justes,  c'est  qu'il  ne  sait  pas  comment 
arriver  à  la  liberté;  mais  il  la  désire,  il  en  est 
l'ami  :  de  même,  de  ce  qu'un  homme  est  attaché 
à  telle  forme  de  gouvernement,  libre  en  ap* 
parence,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'il  soit  un  ami 
de  la  liberté.  Il  peut  en  être  l'ennemi;  nous 
en  avons  eu,  durant  la  révolution,  plusieurs 
exemples. 

Je  prends  en  preuve  de  ce  que  j'affirme  ici 
l'histoire  de  la  littérature  romaine. 

On  a  souvent  attribué  au  pouvoir  absolu  d<Mit 
Auguste    s'empara   la   splendeur   littéraire  du 
siècle  qui  porte  son  nom,  et,  après  avoir  établi 
ce  fait  comme  démontré,  on  a  voulu  lui  assi- 
gner  une  cause.  On  a  prétendu  que  rien  n'était 
plus  £aivorable  aux  progrès  et  au  perfectionne- 
ment  de  la  littérature  proprement  dite,  que 
l'autorité  sans  bornes  d'un  seul.  Cette  forme  de 
gouvernement,  a-t-on  dit,  répand  un  grand 
édat  sur  le  possesseur  de  la  puissance ,  encou- 
rage le  luxe ,  maintient  la  paix  intérieure ,  étouffe 
l'ambition,  réveille  la  vanité,  met  ofastade  à 

i5.. 


9 


(     ^^    ) 

patitH|«e,   rédott  aiosi   les 
djIliMfc  iliiin  à  la  ckerdicr 
les  lellns,  et  mohiplîe  le 
a  œ  gêner  de  glaire,  en 

que  la  paarreié 
lueiaiuqneSy  que 

'liK  gpôm  ■rpoosse  point  à  des 

>  m  que  lenr  rang  n';^ 

NI  secondaire  do 

kcet  ciBt  de  dboses,  a-t-on  contim 

tant  ce  ^im  nest  pas  le  people, 

<ie  âmaes,  nne  dâkalesse  de  soût, 

de  pins,  pour  la  dasse 
V  qne  les  SQOcès  littéraires , 
la  Gîberlé  règne ,  etdansles- 
s agitent,  ne  sont  qne  des 
bot  phn  important,  de- 
le  bot  principal^  on  même 
le  fcnl  aniqne'des  lionm«',s  instmits  ;  ces  hommes 
cahifcnt  dTantant  mîeox  le  domaine  qui  leur 
^  qnife  j  sont  renferma  plos  exclusivement. 
Je  pense,  an  contraire,  qu'il  est  aisé  de  prou- 
qne  les  diefe-d'œuvre  de  la  littérature  ro- 
que plusieurs  aient  paru  sous  un 
^  despote,  ont  dû  leur  existence  et  leur  mérite 

anx  dânis  de  la  liberté,  })arce  qne  les  progrès 


-  I   ..^- 


C  aag  ) 
de  la  littéràtare ,  quelque  s«parëe  qu'on  aime 
à  la  concevoir  de  toute  idée  politique ,  tiennent 
toujours,  noD  pas  sans  doute  à  une  liberté  explicite 
et  ^rantièy  jnai&à  un  mouvement  dansles  es^Hrits 
qui;  n'est  jamais  comjdèteiaent  étranger  aux- 
souTenirs,  à  la  possession ,  à  l'espérance  >  au  sen- 
timent, en  un  mot,  de  la  liberté. 

Geseotinient  et  le.regret  de  ne  pas  oser  le  mani- 
fester, se  retronvent  dans  tons  les  grands  écrivains 
du  siècle  d'Auguste.  Ils  l'ontcombiné  malheureu- 
sement avecla  flatterie  la  plus  vile.  Un  des  crimes 
de  la  tyrannie,  c'est  de  forcer  le  talent  à  se  dé> 
grader.  Mais  ce  sentiment  existait  en  secret  et 
CMDprimé , .  et  '  U  faisait  <  la  beauté  principale  des 
ouvrages  mêmes  que  la  flatterie  déshonorait. 

Une  <rfiservation  première  ae  présente  à  moi  ; 
c'est  qu'à  l'exception  d'Horace,  d'Ovide  et  de 
Virgile,  tous  les  hommes  éminemment  distin- 
gués dans  là  littérature  romaine  sont  antérieurs  à 
l'âfiermissemeiit  du  pouvoir  d'Auguste,  et  que 
plusieurs  furent  les  ennemis  de  ce  tyran. 

Lucrèce  et  Catulle  moururent  avant  l'usurpa-- 
tien  de  César.  Ce  dernier  détestait  l'usurpateur. 
Noos  avons  encore  quelques-unes  des  épigraniitics 
qu'il  compo^  contre  lui;  et  Suétone,  que  nous 
devons  regarder  plutôt  comme  un  organe  do 
VofiiaioD  que  comme   un  homme  jugeant   pac 


(,5o) 
lui-même,  ditqnecesi^gramniesBreDtà  César 
lies  blessures  mortelles. 

Salluste  trahit  la  cause  nationale  ;  noaîs  il 
s'était  dégradé  par  de  honteux  plaisirs  ;  et  la 
corruption  qni,. chez  beaucoup  d'hommes,  est  le 
rtisullat  de  l'esclavage,  en  fut,  chez  Salluste,  le 
principe.  Eu  donnant  des  conseils  à  la  tyrannie, 
il  lui  prostitua,  mais  il  ne  lui  dut  pas  son  tateot. 

CicéroD  avait  composé  le  ]dns  grand  aoaibre 
(le  ses  chefe-d'œuvre,  non-seulement  avant  le 
despotisme  d'Octave,  mais  avant  que  César  eût 
été  assassiné. 

César  lui-même,  cpi'il  £aut  détester  pour  sea 
crimes  envers  sa  patrie,  était  l'un  de  ses  orateurs 
les  plus  éloquens,  et  ses  Commentaires  nous  le 
l'out  connaître,  comme  nu  écrivain  plein  d'âé- 
gaiice,  de  force  et  d'adresse. 

Par  conséquent,  sur  huit  on  dix  écrivains  qui 
composent  la  richesse  littéraire  de  ce  beao  stède, 
ciiKi  des  principaux  aj^rtiennent  aux  temps  de 
la    liberté. 

J'observerai  qae  je  n'ai  parlé  ni  d'Eonius, 
tii  de  Lucile,  ni  de  Varron  dont  il  ne  nous  reste 
({ue  des  fragmens,  ni  même  de  Térence,  mort 
plus  d'un  siècle  et  demi  avant  César,  et  dont  le 
langage,  le  plus  pur,  le  plus  élégant  peut-être 
que  nous  trouvions  dans  aucun  écrivain  de  l'anti-' 
quité,  annonce  nne  littérature  très  perfectionnée. 


(a5i  ) 

Quand  on  réfléchit  que  T^pen^e  n*e6t  sépare 
Plaute,  dont  la  force  comique  n'excusç  pas  la 
grossièreté  9  que  par  un  intervalle  de  vingt-huit 
ans,  les  progrès  de  cette  littérature  ne]  peuvept 
être  contestés^  et  la  protection  éclatante  de  (jé- 
lius  et  de  Scipion  envers  resclave^fricuin  prouve 
que ,  pour  les  Romains  les  plus  iUu$tre$9  çe^  pro- 
fères n'étaient  pas  un  objet  d'indifférence. 

La  littérature  romaine  n  a  donc  pas  eu  besoiq, . 
pour  s'élever  à  un  haut  degré  de  mérite ,  de  ce 
qu'on  a  nommé  l'abri  du  pouvoir  absolu.  Vim-* 
pulsion  /était  donpéeà  tous  les  esprits»  h  go^ 
s'épurait  chaque  jour.  Si  nous  tcouvons  d^ 
expressions  grossières  dans  Saliu^  et  4ans  Lur- 
crèce»  nous  n'en  trouvons  aiscune  dans  Cîcéroily 
dans  €ésar,  ni  même  dans  CatuUe^^à  moii|S  qu'il 
ne  se  jette  à  plaisir  dans  l'obscénité  ».  œ  qui  est 
une  débaudbe  d'esprit  YXilontaire«  Dr»  il  &ut  dî^ 
tinguer  ce  <pii  tient  à  la  littérature  d'un  siède ,  de 
ce  qui  n'est  que  l'égarement  passager»  l'amuse- 
ment condamnable»  niais  momeiytané^  dSm.  écrir 
vain.  Horace^  sousAu^^te»  est  plus  indécent 
encore  que  Catulle  ;  et  je  ne  pense^  pas  qu'où 
puisse  Goncbure  de  la  licence  de  Voltaire  dsns 
la  Guerre  de  Genèi^e  bm  peu  de  délicatesse  de 
la  littérature  française  à  l'époque  où  il  écrivait. 
Les  lettres  étaient  arrivées  à  Rome  à. ce  point  où 
le  goût  va  toujours  ens'épurant.  Cette  flexibilité 


(  aSa  ) 

dans  Fesprit,  cette  finesse  dans  les  mœurs,  œtte 
rapidité  dans  les  allnsions  ^  cette  propriété  dais 
les  termes,  qni  font  la  perfection  de  l'art,  et 
qu'on  attribue  à  l'absence  des  intérêts  politi^pes 
et  à  la  protection  des  despotes,  le  temps  ,  sans  le 
secoors  funeste  de  cette  protection  dégradante , 
aurait  achevé  de  les  donner  aux  littérateurs  ro- 
mains, car  déjà  nous  les  admirons  dans  CicâtHt. 
Voyons  maintenant  si  les  maîtres  de  Rome  firent 
ndeox  que  le  temps  n'aurait  pu  faire. 

Jai  déjà  dit  que ,  parmi  les  grands  écriraios 
de  Rome ,  trois  seulement  appartiennent  réelle- 
ment  an  siiècle  d'Auguste  :  je  veux  parler  de  Vir- 
gile, dfHoraoe  et  d'Ovide.  Les  deux  premiers, 
'aboffd  fn«*<nis  dXklave,  devinrent  ses  pro- 

(ut  sa  victime.  Je  ne  m  arre- 

celni*^ ,  d'abocd  parce 

deux  autres^  et  ensmte 

jt  mt  rmx  «f«iiidiquer    q^uelques 

jt  fimmWf  je  le  crois ,  qu'Horace 

^  ^^^^«Ai'.  **■  *  devoir  la  perfection  de 

despotisme,  tournèrent  toujoujs 
k  tttfW  des  regards  de  regret  ou  de  désir, 
4«§»rset  ces  regrets,  dont  Texpressioo 
^^jMait  maigre  eux ,  constituent  ce  qu'il 
.  ^  4lr  pks  beau ,  de  plus  profond  et  de  plus 
^«r  jws;  leurs  ouvrages. 
*" —    nomme  on  sait,  avait  combattu  sous 


(;i55  ) 

t ratas.  U  ayait  été  tribun  militaire  sous  ce  der- 
lier  défenseur  de  la  liberté  romaine;  et  puis- 
pie  ,  fils  d'un  affranchi ,  il  avait  obtenu  cette 
lignite  y  disproportionnée  avec  sa  naissance, 

Quem  rodunt  omîtes  libertine  paire  natum, 
Nunc  qUia  sum  tibi,  Mcecenas ,  corwictor,  ut  oUm 
Quod  miki  pareret  legio  Romana  tr^un», 

# 

il  est  vraisemblable  qu'il  s'était  distingué  sous  les 
étendards  de  la  république ,  avant  la  bataille 
de  Philippe.  Il  jeta  son  bouclier,  nous  dit-il,  et 
prit  la   fuite  à  cette  bataille  : 

ReUeUf  non  bene  pamiuld; 

et  de  ce  bon  mot  d'un  vaincu  devenu  poète ,  on 
s^est  empressé  de  concltire  qu'il  s'applaudissait  de 
sa  lâcheté,  et  qu'il  avait  vu  succomber  sans  regret 
la  cause  qu'il  avait  servie.  Mais  savons-nous  jus- 
qu'à quel  point  il  se  croyait  force  d'exagérer  la 
honte  de  sa  défaite  et  Pexcès  de  sa  terreur?  Le'des^ 
potisnie  condamne  les  hommes  à  déguiser  leurs 
vertus,  comme  les  goiivememens  vraiment  libreé 
les  obligent  à  cacher  leurs  vices.  Horace  nous*  dît 
ailleurs  que,  par  zèle  pour  la  cause  de  la  patrie, 
il  avait  quitté  les  douces  l'etraites  d'Athènes, 

« 

Dura  sed  emovére  loco  me  tempora  grato , 
Civilisque  rudem  beUi  tulit  œstus  in  arma, 
Cœsaris  Augusti  non  responsura  lacertis  ; 
Vnde  simul  prin^m  me  dimisére  PfMppi,- 


(  a54  ) 

erm  \ 

Et  Urii  eijmmii, 

dinipé  a  foitone  el  risqiié  sa  vie.  Pauvre, 
praKrîty  fagitîf  9  il  verînt  à  Sbme,  et  cé- 
iamÊ,  arec  r«m¥CRy  3  se  cx^oiIml  devant  Octaye» 
d  iBeadîa  la  prolectx»  de  Mécène.  Maïs,  au 
Kuxm  iDcnM  Ae  celte  résignatûm,  DnUe  part 
«  3  &rt  Im  ctt  saTCMT  gré>  n'insnltean 
aral  défenda ,  nulle  part  il  ne  le 
[  &âe  Angnsie,  mais  ce  n'est  ja- 
â^tnit  la  liberté,  c'est  comme 
du  nom  rainam.  0 
son  compéti' 
cdfes^a'ilarem- 
£  xtk  mitux  :  tout  cefot' 
ï  £jiflUffaUe  pour  les  de^ 
i^krte,  sous  un  îisuijwteor 
[,  il  le  place  dans  ses 
la  gloire  et  la  mort 
passages  sont  an  nanibre 
àsxuAÎiBKs  de  ses  poésies. 

pDbli<{ae  d'Horace, , nous  pas- 

!,  nous  y  recoan^lïO"^  '" 

sa  sûreté ,  et  qui  cherche  a 

leadant  agïéable  à  la  pvissiocei 

les  espérances  civiques  de  sa  jc^"* 

.  1  i«  léfv^  dans  les  plaisirs,  comme  '« 

\  d  une  vie  que  la  liberté  a^ 


(a35) 

ne  pas.  Si  nom  le  lisons  avec  attention, 
us  serons  frappés^  tontes  les  fois  que  son 
jet  le  ramène  aux  souvenirs  qu'il  repousse , 
je  ne  sais  quels  ëlans  involontaires  qui  le 
^rtent  à  prononcer  anathème  contre  la  tyran- 
e  même  devant  laquelle  il  baisse  le  front.  Tan- 
t  il  représente  Thomme  juste  ^  inébranlable 
svant  le  maître  qui  le  menace  ;  ailleurs,  dans 
le  ode  à  la  Fortune,  en  faveur  d'Auguste,  il  est 
itralné  tout  à  coup,  malgré  lui,  à  peindre  les 
ranâ  vêtus  de  pourpre ,  craignant  que  la  des- 
née  ne  renverse  leur  colonne  d'un  pied  inju- 
eux,  et  que  le  peuple  assemblé  ne  crie  de 
mtes  parts  aux  armes  et  ne  brise  leur  empire* 

Purpurei  metuwU  tyranid  , 

Injurioso  ne  pede  proruas 

Stantem  columnam ,  neu  popuias  frequens 

Ad  arma  cessantes,  ad  arma 

ConcUet,  ùnpenumque/rangat. 

Je  ne  veux  assurément  pas  présenter  Horace 
omme  un  enthousiaste  de  la  liberté;  je  veux 
salement  dire  que  les  souvenirs  de  la  liberté 
le  furent  ni  étrangers  à  son  àrae  ni  inutiles  k 
on  talent;  que  peut-être  son  génie  ne  se  f&t 
amais  élevé  si  haut,  si ,  dans  sa  jeunesse,  il  n'eàt 
lonnu  que  les  idées  de  la  soumission  et  les  pra- 
iques  de  Tc^issanoe;  que  c'est  au  compagnon 


(  a36  )  ^ 

de  Brutus  que  le  courtisan  de  Mécène  dut  xtnt 
partie  de  la  pompe  de  ses  expressions  et  de  la  su- 
blimité de  ses  pensées,  et  que  Ton  se  £ùt  dHoracr 
une  fausse  idée,  quand  on  llmagitie  éleyé,  £»- 
çonné ,  formé  sous  le  despotisme. 

Virgile  ne  partage  pas  avec  Horace  rhooaeur 
d'avoir  été  l'adversaire  armé  de   la  tyrannie, 
mais  il  eut  du  moins,  comme  lui,  c^elni  d'être 
frappé  par  elle*  :  il  fut  chassé  des  champs  pater* 
nels  par  des  satellites  d'Octave.  On  renamtre 
dans  ses  poésies,  comme  dans  celles  d'Horace, 
des  flatteries  pour  le  tyran;  mais  on  y  trouve 
de  même  des  éloges  pour  les  martyrs  de  12 
liberté.  C'est  Gaton  qu'il  choisit  parmi  tous  \^ 
héros    qui    avaient    existé  jusqu'à    son  temps 
pour  donner  des  lois  aux  justes  dans  l'Éiysée. 
Plaignons-le  et  ne  le  blâmons  pas  trop  sévè- 
rement de  n'avoir  point  osé  nommer  Gcéroo. 
Quel  est  celui  d'entre  nous  qui ,  dans  des  temps 
d'orage,  n!a  pas  tu  quelquefois  ce  qu'il  devait 
dire?  Et  Virgile,  en  louant  les  orateurs  grecs , 
était  sÀr  que  tout  ce  qui  restait  de  Romains 
dans  Rome  penserait  tout  bas  au  grand  citoyen 
qu'il  '  s'interdisait^  de  nommer. 

Ainsi  d<mc,  au  milieu  des  prospérités  de  la 
servitude,  nous  voyons  Horace  chercher  des 
consolations  dans  la  philosophie  épicurienne^ 
dans  l'insouciance  et  dans  les  plaisirs  des  sens; 


(  257  ) 

ras  voyons  Virgile  se  livrer  à  une  inâanoolie 
ibituelle.  Tous  deux  fuient  la  cour  et  n'aspû*eBt 
x'à  la  retraite.  Certes^  si  les  encouragemens  de 
autorité^  si  la  protection  des  dépositaires  du 
ouvoir  absolu  sont  les  biens  les  plus  estimés 
ar  ceux  qui  cultivent  les  arts  et  les  lettres  ^  il  est 
izarre  que  les  deux  plus  grands  poètes  du  siècle 
'Auguste^  comblés  de  ses  bontés ,  aient  tou- 
oars  éprouvé  le  besoin  de  se  dérober  à  sa  pré-^ 
ence.  Je  ne  sais  si  je  me  trompe ,  mais  en  exa* 
nînant  leur  conduite ,  je  serais  tenté  de  croire 
{ue  tous  ces  bienfaits  de  la  puissance ,  si  vantés 
xir  les  esprits  subalternes,  sont,  pour  le  véri- 
table génie,  plutôt  une  nécessité  qu'il  subit 
c[a'une  prospérité  qu'il  ambitionne.  Si  vous  re* 
tranchez  des  beatix  temps  de  la  littérature 
romaine,  Lucrèce,  Salluste,  César,  Gcéron, 
Catulle ,  et  si  vous  êtes  obligé  de  convenir 
qu'Horace  et  Virgile  n'avaient  pas  été  formés 
par  Auguste ,  mais  s'étaient  soumis  à  son  joùg 
après  avoir  essayé  de  f^ir  et  de  résister ,  que 
vous  restera -t -il  en  preuve  de.  l'efficacité  du 
despotisme  pour  encourager  le  talent? 

Et  si  vous  descendez  plus  bas,  si  vous  suives 
cette  littérature  romaine ,  depuis  le  siècle  d'Au- 
guste, qu'apercevez -vous?  une  décadence  qui 
se  fait  remarquer  de  deux  manières ,  par  l'avi- 
Ussement  où  lesclavage  plongea  la  tourbe  des 


(  258  ) 

âmes  vulgaires,  et  par  rinitation  ok  ce  même 
esclà-vage  jeta  le  petit  nombre  d'imes  encore 
profondes  et  ëleyëes.  Dans  tous  les  auteurs  esti- 
oiables  qui  écrivirent  sous  les  empereurs ,  on 
trouve  quelque  chose  de  raide,  d  empbati^pie , 
d'exagéré ,  fi*uit  de  la  contrainte  qu'ils  éprou- 
vaient et  de  la  douleur  d'une  indignation  tou- 
jours contenue.  Les  hommes  qui  ont  vécu  sous 
la  tyrannie,  sans  se  dégrader  entièrement,  savent 
que  l'existence  physique  elle-même  y  devient  pé- 
nible. L'air  qu'on  y  respire  y  parait  lonrd;  li 
poitrine  se  soulève  avec  effort;  je  ne  sais  quelle 
montagne  pèse  sur  le  cœur.  Lisez  Lucain,  Se- 
nèque ,  Perse ,  Ju vénal  :  si ,  dans  cette  déca- 
dence littéraire,  vous  cherchez  la  source  des 
beautés  qui  restent  à  ces  écrivains,  vous  la 
trouverez  encore  dans  le  stoidsme  où  s'était  ré- 
fugié Tamour  de  la  liberté.  Yelléius  Fatercolos , 
ce  misérable  flatteur  de  Séjan,  qui  expia  proba- 
blement sa  bassesse  au  moment  où  son  protecteur 
expia  ses  crimes,  s'anime  en  louant  Gcéron,  et 
la  haine  des  tyrans  fournit  des  traits  sublimes 
même  à  Suétone.  Sous  Traji^n ,  la  patrie  réparait 
et  Tespoir  de  la  liberté  s'éveille  ;  aussi  vous  voyez 
briller  Quintilien  et  Tacite.  Avec  l'apparence  de 
la  liberté ,  la  littérature  se  relève.  *  Cependant 
Tacite  se  ressent  du  despotisme  qui  l'a  précédé . 
c'est  un  auteur  admirable,  mais  il  est,  littéral- 


(a59) 

«ment  parlant,  bien  loin  de  la  pureté  de  goût 
lui  distingue  les  écrirains  du  siècle  d'Auguste, 
liSL  liberté  s'éclipse  de  nouveau ,  et  la  littérature 
^icpire  avec  Pline  le  j^eune. 


i 

I 


(240) 

XI. 

DE  LA  JURIDICTION  DD  GOUVERNEMENT 
SUR  L'ÉDUCATION. 

L'cd«Uboa  peut  être  considérée  sods  deux 
•4n&  ^  Tae.  On  peot  la  regarder  en  premier 
item  «BM^w  m  mojen  de  transmettre  h  la  gé- 
néMbfm  «usante  les  connaissances  de  tout  genre 
ncqmaes  par  ks  géaéntions  antérienres.  Sons  ce 
-a^^iMt,  «Seest  de  la  cmnpétence  desgoaveme- 
inens.  La  cOBsemlkin  et  raccroissemeat  de 
>  est  un  bien  positif;  le  gon- 
(  doit  nom  en  garantir  la  jouissance. 
Hnè  on  peut  Toir  ansâ  dans  l'édncatioo  le 
^oTcn  de  s'en|nrer  de  l'opinioti  des  hommes, 
-««r  ks  foconner  à  l'adoption  d'nne  certaine 
•B^rtité  dldees,  soit  religieuses,  smt  morales , 
$oît  phîlosophiqoes,  soit  politiques.  Cest  sur- 
font comme  menant  à  ce  but  que  les  écriTaÎDS 
tie  tons  les  siècles  lui  prodiguent  leurs  éloges. 

Nonspourrions  d'abord,  sans  revogneren  doute 
les  &its  qui  servent  de  base  à  cette  théorie,  nier 
que  ces  faits  fussent  applicables  à  nos  sociétés 
.nctnelles.  L'empire  de  l'édncation ,  dans  la  tonte 
uuissance  qu'on  lui  attribue,   et  en  admettant 


(i4«  ) 

cette  tonte^puissance  comme  dëmoatrée  ches  les 
anciens  y  serait  encore  parmi  nonç  plutôt  mie  ré- 

m 

mioiscence  qu'un  fait  existant.  On  méconnaît 
les  temps ,  les  nations  et  les  époques ,  et  l'on 
applique  aux  modernes  ce  qui  n'était  praticable 
qu'à  une  ère  différente  de  l'esprit  humain. 

Parmi  des  peuples  qui ,  comme  le  dit  Condor- 
cet  (i),  n'avaient  aucune  notion  de  la  liberté 
personneUe  ,  et  où  •  les  hommes .  n'étaient  que 
des  machines  dont  la  loi  réglait  les.  ressorts  et 
dirigeait  les   mouvemens  ,  l'action  de  l'auto^ 
rite   pouvait  influer   efficacement  sur  l'éduca*- 
iion^  parce  que  cette  acticm  ûnifqrme  et  cons-r 
tante  n'était  combattue  par  rien.  Mais  aujour<* 
d'hui  la   société  entière  se  soulèverait  contre 
la   pression    de   l'autorité.^    et   l'indépendance 
individuelle   que  les  hommes  ont  reconquise 
réagirait  avec  force  sur  l'éducation  des  enfens. 
La  seconde  éducation ,  celle  du  monde  et  des 
circonstances  ^  déferait  bien  vite  l'ouvragé  de  la 
première  (2). 

De  plus ,  il  serait  possible  que  nous  prissions 
pour  des  faits  historiques  les  romans  de  quelques 
philosophes  imbus  des. mêmes  préjugés  que  les 
écrivains  qui ,  de  nos  jours,  ont  adopté  leurs 


(  t  )  3tém,  sur  l'imstrud*  ffUÙUque. 
(a)  HeWëtiu» ,  «fe  l*Hemme. 

16 


iiBwr  ati  li)6U  d'avoir  été, 

"^  ^^  mt  rétité  pratique  ,   ne 

..  -MT  mfkaiée  d'^  ett  4ge. 

^^  ^  «  eflfet>  cette  pnïssainx 

.«■    [fT*""?  Est-ce  à  Athènes? 

^1^^  flàâfne>  coiïtocrée  par  i'^to- 

^^^^^■■edans  les  écoles  snbaélenles, 

^^^iftampleifistitietiotij  il^sTait 

l>  V-  «*  Maplète  dVoseigB^etit.  Est- 

I  ^,^w?  L'écrit  uniforme  et  dhhu- 

_  ^mtm  leaait  à  un  ensemble  d'instilo- 

^^_^.  ^itfolion  ne  faisait  tfU'une  partie,  et 

Il  -"  *  k  pense,  ne  ïerait  Mi  fiucîle  ni 

^^  i  MBoatder  patin!  notis;  &t-ce  «n 

^  ^  Ib  GtêttÀs  étaient  te  ^p]e  le  plia 

^^  ««las  ioqiiwt>  le  plus  cottompvt  de 

j»ihi^»arelB8in>litaUomdelëumft<fete^ 

^^lémré  diaprés  «e  qu'elles  ^iént  des^ 

^^  aMdure>  sabs  prendre  en  cottaM^ation 

.^^•ot  pKidait  en  réalité. 

B  aMS  dte  les  Perses  et  les  Égyptiens.  Vktik 

^  m  oanBaissoni  très  ibiparfaitenièlkt.  Les 

^^MVgiecBootdmisilBPerbeétlIËgjpfeepon 

^gr  niae  Kbre  cimère  k  lears  spéénlatioBs^ 

^■rl^dtéavait,  dans  te  môme  but  >  cboisifa 

Mwe;ils  ont  mis  en  action  chez  des  peuples 

^1  ■->  ce  qu'ils  auraient  désûré  voir  établi  dans 

Hinc.  Lenrs  mémoires  sur  les  institntioas 


t  ^45  ) 

^lyptiennes  et  persaaned  sont  qnehiuefois  dë- 
mbntrës  faoïr  par  la  seule  impossibilité  manifeste 
des  faits  qu'ils  contiermetit>  ei  presque  toujours 
rendus  très  douteux  par  des  contradictions  in* 
conciliables.  Ce  que  nous  sarons  d'une  manière 
ceriaine^  c'est  que  les  Perses  et  les  t^^jrptiena 
ëtaiisnt  gouTernës  despotiquement^  et  que  la 
lâcheté,  la  corruption,  ravUissement ,  suites 
étemelles  du  despotisme  >  étuent  le  partage  de 
ces  nations  niisérabtes*.  Nos  philosophes  en  eon* 
viennent  dans  les  pages  mêmes  où  ils  nous  les 
proposent  pour  exemples,  relativement. i  Fédu-^ 
êation  :  bizarre  faiblesse  dé  l'espirit  humain  qui, 
n'apercevant  les  objets  qu'en  détail,  se  laisse  telles 
ment  dominer  par  une  idée  favorite  >  que  les 
efifets  les  plus  décisifis  ne  Téclairent  pas  sur  l'im*^ 
puissatice  des  causes  dont  il  Im  convient  dé 
proclatner  le  pouvoir!  Lés  preuves  historiques 
reisemblenl  ^  pour  la  plupart  ^  à  celle  que  M.  de 
Montesquieii  |all^uè.  en  feveiii*  de  la  gjmkiabti^ 
que.  L'excicioe  delà  lutte ^  dit-il,  fit  g£^er  a^^ 
TMbains  la  bataille  éé  Ledotres.  Mais  sur  qui 
gugnèreAt-^ils  cette  bataille?  siir  les  Lacédémo^ 
nietiBi  qui  s'esèrçaieiàt  à  la  gymtuÉtiqné  depuis 
quatre  cents  ans. 

Le  système  qui  met  l'éducation  mus  la  itaain 
du  gouvernement  repose  sur  deux  ou  trois  pé* 

tîtions  de  priuoipesw 

i6.« 


(  M»  ) 

pÂiici|wft;etRlorB<e6  System»,  àuKiett  d'avoir  été, 
du  tttoihs  autrefois  ^  une  vérité  pratique  ,  ne 
serait  tpi'une«rréur  perpétnb'e  d'itgb  en  ège. 

Où  voyiMU'-tratts,  len  «fibtt  cette  pnissanoB 
ménfeilleuse  de  l'éducation?  Est-ce  à  Atbèots? 
Mais  l'éducition  pab)i<pie>  coiïia<erée  par  r»to- 
rite,  y  était  renfènnée  dans  les  écoles  subiAieriies, 
t(a\  'ée  boroAient  k  la  simple  instiUeliota  ;  il  y  avait 
d'ailleurs  liberté  complète  d'enseignetttetit.  Est- 
ce  A  Lacédémotae  ?  L'esprit  uhiferme  et  -  oiodi- 
cal  des  Spartiates  tenait  à  un  ensemble  d'instîts- 
tions  dont  l'éducation  ne  faisait  ïpi'une  partie,  et 
cet  en^mble  >  JË  le  pense,  ne  ftentit  ni  £iicile  m 
désirable  à  ^nottvdteir  pahut  nous.  &t-ce  «n 
Oifète?  Mais  le*  Gf^étnis  'étaient  te  peuplé  le  plus 
féroce^  1«  plus  inquint^  1«  plus  cotv-ompn  de 
la  Grèeei  On  sépare  les  institutions  de  lëurb  eflfbts, 
et  ob  les  admiré  d'après  ee  qu'elles  <^i&nt  ides* 
tinétsà  produire  (  saba  prendre  ett  coawdértttiop 
«e  (^'elles  ont  p^dnit  in  réalité. 

On  nous  cite  les  Perses  et  les  Égyptiens.  Umb 
nous  les  oonnaissoni  'très  iUiparfAttecnèllt.  Les 
écrivains  grecs  ont  choisi  la  Perse  et  l'iîgj'ptc  pom 
donner  une  libre  carrière  à  leurs  spécnlatioDS- , 
comme  Tacite  avait ,  dans  le  même  kul  »  ctloisiU 
Germanie;  ils  ont  misen  .t  '    ■•  chc  •!* 

lointains  ce  qu'il&jiufMvr  js 

leur  pati  i      '        =  n.  uj 


(  245) 

mies^  Famour  du  sang,  la  haine  de  la  pitié. 
N'est-ce  pas  ce  qu'aurait  fait  le  gouvememeot 
révolutionnaire  s'il  avait  duré  plus  long-temps  ? 
et  le  gouvernement  révcdutionnaire  était  pour- 
tant on  gouvernement. 

Ce  raisonnement  n'aura  pas  moins  de  force  si 
nous  l'adressons  à  des  amis  d'une  liberté  sage 
et  modérée.  Vous  voulez^  leur  dirons -nous, 
que,  dans  un  gouvernement  libre,  l'autorité 
domine  Téducation,  pour  former  les  citoyens, 
dès  l'âge  le  plus  tendre,  à  la  connaissance  et 
au  maintien  de  leurs  droits,  pour  leur  apprendre 
à  braver  le  despotisme ,  à  résister  au  pouvoir  in- 
juste,  à  défendre  l'innocence  contre  l'oppression. 
Mais  le  despotisme  emploiera  l'éducation  à  cour- 
ber sous  le  joug  ses  esclaves  dociles ,  a  briser  dans 
les  cœurs  tout  sentiment  noble  et  courageux, 
à  bouleverser  toute  notion  de  justice,  à  jeter 
de  l'obscurité  sur  les  vérités  les  plus  évidentes , 
à  repousser  dans  les.  ténèbres ,  ou  à  flétrir  par  le 
ridicule  tout  ce  qui  a  rapport  aux  droits  les  plus 
sacrés,  les  plus  inviolables  de  l'espèce  humaine. 
N'est-ce  pas  ce  que  feraient  aujourd'hui,  s'ils 
étaient  revêtus  de  quelque  pouvoir,  ces  enne^ 
mis  ardens  de  toute  lumière,  ces  détracteurs 
de  toute  philosophie ,  ces  calomniateurs  de  tonte 
idée  noble,  qui,  trouvant  là  carrière  du  crime 


déjà  parcoarae,  s'en  dédommagent  au  moikis 
amflemeot  dans  celle  de  la  bassesse  ? 

Oa  croirait  que  le  Directoire  avait  éta  d^tiné 
à  noi|s  donner  de  méqiQrables  leçons  sur.  tons 
les  objets  de  cette  natnre.  Nous  ra¥90S  yh, 
pendant  i|uatm  ans ,  vonlant  diri^ç  l'éduaatÎQn , 
ti^finnentant  les  instituteurs ,  les  réprimandanl, 
(es  déplaçant,  les  ayilissant  hux  yeux  de  leurs 
élàwB,  les  soumettant  à  rinquisition  de  seS  agens 
les  p^us  subalternes  et  d^  hpmmes  les  moins 
éclairés  y  entravant  Tinstmction  particulière  ^  et 
troublafi|  l'instructîofi  publique  p^r  une  action 
perpétuelle;  et  puérile.  Le  Directoire  n'ét^t-il  pai; 
unt  go^yernemcfff  ?  J^  ^Puçlrai^  pounaltre  la  ga- 
rwtie  çijsténeus(3  qi^e  l'p^  a  rpçuiq ,  que  j^mjf {$ 
Ffiyenir  ^e  ressemblera  au  passé. 

Dans  toutes  ces  hjpqthèses,  ce  que  Ton  dé- 
sire que  le  gouveroement  fasse  en  bien,  legou- 
vernetnent  peut  le  faire  en  mal.  Ainsi,  les 
espérances  peuvent  être  déçues,  et  Tautorité  que 
Ton  étend  à  l'infini ,  d  après  des  suppositions 
gratuites ,  peut  marcher  en  sens  inverse  du  but 
pour  lequel  on  Ta  créée. 

L'éducation  qui  vient  du  gouvernement  doit 
se  borner  à  l'instruction  seule.  L'autorité  peut 
multiplier  les  canaux,  les  moyens  de  l'instmc- 
tion,  mais  elle  ne  doit  pas  la  diriger.  Qu'elle 
assure  aux  ôtoyens  des  moyens  éga^x  de  s'ins- 


(  H7  ) 

tii:|^re;  qu'elle  procure  wxx  professions  divei^si 

renseigaenient  des  çoimaissaiipes  po^iti^^  qui 

eii  facilif  qnf  )'exe]çcicç  ;  qu'elle  firaie  auij  inàâr 

▼idu^  une.  ro^tç  lU>re  pour  ^priver  à  tputes  les 

y^ritçs  d^(*it  copMmfiçs.(ï),  çt  p9^  parye^iir 

au  ppvit  ^'o}f^  ^e^^  wtfilj^gei^cp  pput  s'e^sw^y 

spWlftiBéffiepti  4çsdçcpi^vertes»o,^.v^l^î  qu'e^lçi 

rasseoibjlç^  pp^^*  l'\)^ç  ^  tpijs  les  esprit  îu- 

vest^g^t^^TS,  les  mcmumens  ^e  to^i^tes  les  pp^- 

nioi^y  )^  îuYçpt^qa£i  de  ip\^  les  ^i^lei$>  les  dé- 

couverte^  ^ç  toutes  lef  méthodes;  qu'ePe  org^nibe 

enan  r^tructipp  de  x^mer^.  à  ce  que  cl^acu^ 

puissie  y  coiis^crer  le  ^enops  qv.i  coqv^eilit  ^  sop 

ic^térét  911  à  soci  d^ir,,  ^t  ^  p^ectionuer  d^ns 

le  m^ti^r  j^  l'art  ou  la  çciepc^  aui^quels  s^  goûts. 

ou  sfi  destiuëe  l'appellent;  qu'elle  ne  upxipme. 

poiat  les  instituteurs  ^  qu'elle  nf;  leur  accp^4ç 

qu'un  traitement  qv^i ,  leur  ^^ura^t  le  x^écessaire, 

leur  ren4e   pourtf^it   désirable  l'afflui^nçe  des- 

élèves;  qu'cjUe  po^nfoie  à  leui^^be^izis,  Iprsque 

l'âge  ou  les  infirmités  auront  mis  ^i^  ^erme  ^ 

Içur  c^Tnère  actite  ;  qr^'elle  nç.  puis^  point  les 

destitif er  ^ns  4es  causes  graves  et  $£(ps  le  concours 

d'hon^xnçs  indépendans  d'elle  {2)  ;  car  les  institu-, 

raisoimemeiia.  ÇoipxiBiair* 

(2)  Pour  les  détails  de  r^ws«9^li9^  ^^  Tif^triKlioil  PM- 
blique  qui  ne  soiU  pi^  du  re^W^i  de  ç^le  çQvn^g^ ,  >e  rea^qie 


(a4S) 

tenrs  soumis  au  gouvernement  seront  a  la  fois 
négligens  et  servîtes  •  Leur  servilité  leur  fera  par- 
donner leur  négligence  ;  soimiis  à  l'opinion  seule^ 
ils  seraiwt  à  là  fois  actifs  et  iridépèndans  (/}. 

En  dirigeant  l'éducation  ,  le  gouvernement 
s'arroge  le  droit  et  s'impose  la  tâche  de  mainte- 
nir un  corps  de  doctrines.  Ce  mot  seul  indicpe 
les  moyens  dont  il  est  obligé  de  se  servir.  En 
admettant  qu'il  choisisse  d'abord  les  plus  doux, 
il  est  certain  du  moins  qu'il  ne  permettra  d'en- 
seigner dans  ses  écoles  que  les  opinions  qu'il 
préfère  (2).  U  y  aura  donc  rivalité  entre  Féducar 
tion  publique  salariée  et  l'éducation  particulière  : 
il  y  aura  dés  opinions  investies  d'un  privilège  ; 
mais  si  ce  privilège  ne  suffit  pas  pour  faire  domi- 
ner les  opinions  favorisées,  croyez-vous  que  Tau- 
torité,  jalouse  de  sa  nature,  ne  recoure  pas  k  Vau- 
tres moyens?  Ne  voyez-vous  pas,  pour  dernier 
résultat,  la  persécution,  plus  ou  moins  déguisée, 
mais  compagne  constante  de  toute  action  super- 
flue de  l'autorité? 

Les  gouvernemens  qui  paraissent  ne  gêner  eu 
rien  l'éducation  particulière,  favorisent  néan- 
moins toujours  les  établissemens  qu'ils  ont  fou- 
le lecteiir  aux  Mémoires  de  Condorcet,  où  tontes  les  questioas 
qui  se  rapportent  k  cette  matière  sont  examinées. 

(i)  Smith  y  Richesse  des  ÏVaUons. 

(2)  Ck>ndQrcet ,  Premier  Mémoire  ;  page  55. 


(  ^9  ) 
és,  en  exigeant  de  tous  les  candidats  aux  places 
relatives  à  l'éducation  publique ,  une  sorte  d'ap- 
prentissage dans  ces  ëtidilisseniens.  Ainsi,  le  talent 
qui  a  suivi  la  route  indépendante ,  et  q9Î  >  par  un 
travail  solitaire ,  a  réuni  peut-être  autant  de  con- 
naissances ,  et  probablement  plus  d'originalité 
qu'il  ne  l'aurait  fait  dans  la  routine  des  classes ,  ' 
trouve  sa  carrière  naturelle ,  celle  où  il  peut  se 
communiquer  et  se  reproduire ,  fermée  toût^  k 
coup  devant  lui  (i). 

Ce  n'est  pas  que,  toutes  choses  égales,  je  ne 
préfère  l'éducation  publique  à  l'éducation  privée. 
La  première  fait  faire  à  la  génération  cpii  s'élève 
un  noviciat  de  la  vie  humaine  plus  utile  que  toutes 
les  leçons  de  pure  théorie,  qui  ne  suppléent 
jamais  qu'imparfeitement  à  la  réalité  et  à  l'ex-' 
pénence. 

L'éducation  publique  est  salutaire  surtout  dans 
les  pays  libres.  Les  hommes  rassemblés  à  quelque 
âge  que  ce  soit ,  .et  surtout  dans  la  jeunesse ,  cou- 

(i)  Toat  ce  qui  oblige  ou  engage  un  certain  nombre  d'ëlu* 
dièns  à  rester  à  un  collège  ou  à  une  université ,  indépendam- 
ment du  mérite  ou  de  la  imputation  des  maîtres ,  comme ,  d'une 
part,  la  nécessité  de  prendre  certains  degrés  qui  ne  peuvent 
être  conférés  qu'en  certains  lieux,  et,  de  l'autre,  lesboiûrseset 
assistances  acooniées  k  l'indigenee  itudieuae ,  otat  Feffet  de  ra- 
lentir le  zèle  et  de  rendre  moins  approfondies  lae  connaissances 
des  maîtres  ,  ainsi  privilégiés  sous  une  forme  quelconque. 

i  Smitb,  V,  I. 


(  aSo  ) 

tractent  I  par  m  efEpt  naturel  ^e  leura  relatiott 
rëçJiprQqa«S|  un  aontinpiient  d^  ji|$tica  et  de^  lu- 
bM^  d'égftlité  ({^i  Ifi^  pfpparent  «  d^YOMr  de 
citpy^us  q^rag6u:i(  «t  flp^  flnneinis.4*  Tarbi*»»- 
Qa  a^  vu,  «ow  ]^  d^p^ti^me  w^m9:,  4»  écoles 
dépendantes  de  V^^tçrite,  ^^fp^uire,  «H  dépt 
d'elle  j  ^es  geimef.  dç  lil>9ilé  qu'eU^  ^'effprç^it  eu 
vaii|  4'étq^ffer« 

I^^i^  je  pftQ^  <}uecet  fiY^^tage  peut  êtar^  pbtena 
sans  contrainte.  Ce  qui  est  bon  q*a  jamais  bemia 
d^  privilèges  2  et  \^  privilèges^  dénaturent  tou- 
jours ce  i^\  esjt  litQn.  Il  jmpprte  d^ailleurs  que  si 
leçjstèn;^  4'^vcfitîûa  que  le  g(>uvernem?n^  favo- 
rise e^  cm  pavait  èf re  viiçieuiç  à  quelque  Î9flivi- 
dus,^)s  puissent  rççpurir  à  l'éduçatipn  particoUire^ 
ou  i  des  in^Utut^  san^  raj^piort  avec  le  gpuv^me:- 
ment.  La  société  doit  respecter  les  droits  d^es 
individu^  ,  et ,  df ns  ces  ^rqits ,  sont  çoBip^ 
ceun  de$  pères  sur  leqrs  enfaq^  (0*.  ^  ^^  ec|ion 
les  blesse  ^^  une  résistance  s'élèvera ,  qui  rendia 
l'autorité  tyrannique ,  et  qui  corrompra  peut-être 
ce  respect  que  nous  exigeons  du  gouvernement 
pourles  droits  des  pères.  On  objecte  que  les  classes 
inférieures  du  peuple,  réduites,  par  leur  ^isere,  à 
tirer  parti  de  leurs  eni^Qs,  dès  que  ceuxrci  sont 
capables  de  les  seconder  dans  leurs  travaux ,  ne 

(i)  Con^orçet,  Premier  Mémoire,  page  44* 


(    25l    ) 

es  £pvq^t  ppiipit  instruire  d^ns.  h$  çwvfiLV^s^oQ^ 
léo^^^irfSii  ^iost^|çtjo^  fiitTf^le  vièoie  gratuit«ii 
i  l0  gpuveri^incpdt  n'est  ^qtorisé  a  leçî  y  çfffàr 
raindre.  Aff is  cett^  objection  jepOiSfi  sqr  rbyp(H 
hpsa  [^^Xl^^  telle  opU^ç  dans  le  peuple,  qu Vefi 
:^Ue  mî^èpe^  rieu  ne  peut  e¥i$ter  dfl  l?om,  Qb 
[{if'U  ^nf  9  c'est  qqfi  cette  niv^ce  n'ei^iste  ps^.  Dèi^ 
que  le  peuple  jouira  de  lai^^pe  qui  lui  est  dne, 
loin  de  retenir  ses  enfans  dans  l'ignorancp,  il 
s  empires?^^  de  )pur  donner  de  l'instmçtiçn  ;  il  y 
iqef ti^  d^  la  yai^^té ,  il  en  ^e^U^a  VintarMi  Lft 
pSQclifipt  le  plqs  naturel  ^u^  pèrfs  est  d'éleyet! 
leurç  fsn&nç  ^mrd^n^  de  l^ur  état;  ç'e^  ce  ^uç. 
Bous^oyons^  en  Angleterre ^  et  ce  que  ^u$  f^yops 
vu  ^ifi  France  penfl^nt  la  réy9l^tiQn•  Durant 
cette  époque,  bien  quelle  fà\  agitée,  et  qne  le 
peuple  e^t  beancqnp  à  ^uffrir  sous^on  gouverc 
nementî  pepen4apt,  p^iif  cela  seul  quHl  acquit 
plus  d^aisance  ^  l'instruc(ipn  Qt,  des  progrès  étonr 
nan^  daxis  çefte  classe  ;  p^rtq^t  9,  riastruction  dif . 
penple  est  en  proportion  de  son  aisance. 

Nous  avons  dit^  au  cqmmenoeinent  de  oe  cb^- 
pjtrff,  quç  1^  Athéniens  n'avaieqt  ^uoiis  i^  l'ips^^ 
pection  ^es  magistrats  que  les  écoles  subalternes  ; 
celles  4e  pbilosopbiç  restèrent  toi^yours  dans  Tiur 
dépendance  la  plus  absolue^  et  ce  peuple  éclairé 
nous  a  transmis  à  ce  sujet  un  mémorable  exemple. 
Le  démagogue  Sophocle  ayant  propp^  de  subor* 


I 


(^50 
r  à  raotoritë  renseignement  des  pfaUoso- 
Msscestiommesqai,  malgré  leurs  eimn 
>  doivent  à  jamais  servir  de  modèle  et 
j^^weamoordela  vérité  et  comme  respect  pour 
k  ttlérance,  se  démirent  de  lears  fbnctioDs.  Le 
■Mple  réuni  lés  déclara  solennellement  affiandiis 
ii  tonte  inspection  du  magistrat,  et  condimna 
>ear  absurde  adversaire  à  une  ameade  de  àaq 
tslens  (i). 

Mais,  dint4-on,  s'il  s'élevait  on  étal>lissemeot 
d'éducation,  reposant  sur  des  principes  cootnires 
à  la  morale,  disputeriez-vous  au  gonvememeot 
le  droit  de  réprimer  cet  abus?  Non,  sans  doute, 
pas  plus  que  celui  de  sévir  contre  tout  écrit  et 
toute  action  qui  troubleraient  l'ordre  public. 
Mais  la  direction  est  autre  chose  que  la  ii^>res- 
sion,  et  c'e^  la  direction  que  j'interdb  à  l'au- 
torité. D'ailleurs,  on  oublie  que,  pour  qu'un 
établissement  d'éducation  se  forme  et  subsiste, 
il  faut  des  élèves ,  que  pour  qu'il  y  ait  des  élèves, 
Il  faut  que  leurs  parens  les  y  placent ,  et  qu'en 
mettant  à  part^  ce  qui  néanmoins  n'est  nulle- 
ment raisonnable,  la  moralité  des  parens,  il  ne 
sera  jamais  de  leur  intérêt  de  laisser  égarer  le 
jugement  et  pervertir  le  cœur  de  ceux  avec 
lesquels  ils   Ont,  pour  toute  la  durée  de  leur 

i)  Diogéne-Laërce ,  Fie  de  Tbéophtasie. 


(  a53  ) 

rie  j  leç  relajiions  les  plus  importantes  et  les  plus 
ntimes.  La  pratique  de  l'injustice  et  de  la  per- 
rersité  peut  être  utile  momentanément  et  dans 
me  circonstance  particulière,  'mais  la  théorie  ne 
peut  jamais  ayoir  aucun  avantage.  La  théorie 
ne  sera  jamais  professée  que  par  des  fous,  que 
repoussfsrait incontinent  Topinion  générale,  sans 
même  que  le  gouyemement  s'en  qiêlàt.  Il  n'au- 
rait jamais  besoin  de  supprimer  les  établissemçns 
d'éducation  où  l'on  donnerait  des  leçojis  de  vice 
et  de  crime,  parce  qu'il  n'y  aurait  jamais  d'éta- 
Uîssemens  semhlables,  et  que,  s'il  y  en  avait,  ils 
ne  seraient  guère  dangereux ,  car  les  instituteurs 
resteraient  tout  seuls.  Mais  au  défaut  d'objec- 
tions plausibles,  on  s'appuie  de    suppositions 
absurdes;  et    ce  calcul  n'est  pas  sans  adresse; 
s'il  y  a  du  danger  à  laisser  ces  suppositions 
sans  réponse,  il  parait  y  avoir,    en  quelque 
sorte ,  de  la  niaiserie  à  les  réfuter.^     . . 

J'espère  beaucoup  plus,  pour  le  perfectionne- 
ment de  l'espèce  humaine,  des  établis^mens 
particuliers  d'éducation  que  de  l'instruction  pu- 
blique la  mieux  organisée  par  Tautorité. 

Qui  peut  limiter  le  développement  de  la  pas- 
sion des  lumières  dans  un  pays  de  liberté?  Vous 
supposez  aux  gouvernemens  l'amour  des  lu- 
niières.  Sans  examiner  ici  jusqu'à  quel  point 
cette  tendance  est  dans  leur  intérêt,  nous  vous 


(  ^54  ) 

dânàiidèrMd  séukmdTit  j[K>iirtjttôl  vdtis  ne  sap- 
poMz  pas  le  mithe  jatnbttir  ibtis  ies  ittdiTÎdtfîi  de 
Ift  da^se  cnhxrie ,  dam  1»  ntsprits  ëclain^,  dtas 
les  Atotes  généreuses.  Partout  où  l'âutoriléuë  pèse 
pas  Sût  les  hemnies,  partout  où  elle  uë  dMhrompI 
pâ6  la  richesse  eu  couspirant  atëc  iellé  contre  k 
justice,  leslelti^es)  Tétude,  les  sciences ,  ragtran- 
dissëmtent  et  l'exercice  des  fecultés  îutêllëctuelles 
sont  les  jouissances  (kvorites  des  classes  Opulentes 
de  la  société.  VbjreK,  eu  Jlugleterre ,  comme 
elles  agissent,  ise  coalisent,  s'empressent  de  toutes 
•pkrtB.  Conteibplez  ces  musées ,  tki  sarans  voués 
tittiqnemeut  k  la  recherche  de  la  vérité,  ces  TOja- 
]geurs  bravknt  tons  lés  dangers  pOtor  fainé  avau- 
ter  d'un  pAs  les  connaissances  humaines. 

fift  éducation î  comme  éta  tout,  que  le  gou- 
Vè^étfaetit  veille  et  qé'il  pfr&erf e ,  mais  qu*il 
tf  ënti'àve  tti  ne  dirige  ;  <}tt  il  écarte  lés  ol»^ 
tacles,  qu'il  aplanisse  les  chemins  i  On  peut 
s'en  rémetttie  aux  individus  pour  y  Uifeiirctier 
avetf  succës'.  •  ■ 


j    ' 


(  ^55  ) 

XII. 

DE  LA  ÔUEtlAE  i)É  l'îlElyrte  ANS, 

m  LA  TRAGÉDIE  DE  WAltSTEIN,  PAR  SGBILLIX, 
ET  DU  THÉÂTRE  ALLEMAND. 

La  guerre  de  trente  an»  est  une  des  époques 
les  pliib  '  remarquables  de  rhîstoîre  moderne* 
Cette  guerre  éclata  ^d'abord  dans  une  Tille  de  la 
Bohéikie»  mais  elle  s^éféndit  avec  rapidité  sur  la 
plus  ifrande  partie  de  l'Europe.  Les  opinions  re- 
ligieifises  q^i  lui  servaient  de  principe  cbangè-- 
mit  <de  forme;  la  secte  de  Luther  remplaça 
presque  génëhdieaiekit  celle  de  Jean  Hckss;  mais 
iâ  mémoine  du  supplice  atroce .  inilîgé  à  ce  der^ 
nim*  ëonttttfttà  d'animer  les  esprits  des  novateurs^ 
nlétaie  uptè*  qu'ils  se  fuient  écartés  de  sa  doc* 
triHeb 

La  guerre  de  trente  ans  eut  pour  mobile  ^  dans 
lés  peuples ,  le  beslbiià  d'acqiririr  fa  liberté  tfeli- 
gibuse)  dlin^  les  |iniicés>  le  dé^r  de  conserver 
leur  indépendahce  ^itiquei  Af^ès  une  lobgàe 
et  lehible  lutte  »  ces  deux  buts  furent  atteists. 
lia  paix  dé  i648  assura  aux  protestans  lexercioe 
de  leur  culte  ^  et  aux  petite  sbuTerains  de  TAlle»- 


(  a56  ) 

magne  la  jouissance  et  raccroissement  de  lenrs 
droits.  L'influence  de  la  guerre  de  trente  ans  a 
subsisté  jusqu'à  notre  siècle. 

Le  traite  de  Westphalie  donna  à  l'empire  ger^ 
manique  une  constitution  très  compliquée;  mais 
cette  constitution^  en  divisant  ce  corps  immense 
en  une  foule  de  petites  souverainetés  particu- 
lières, valut  à  la  nation  allemande,  à  quelques 
exceptions  près ,  un  siècle  et  demi  de  liberté  ci- 
vile et  d'administration  douce  <st  modérée.  De 
cela  seul  que  trente  millicms  de  sujets  se  trouvè- 
rent répartis  sous  un  a&sez  grand  nombre  de 
princes  indépendans  les  uns  des  autres,  et  dont 
l'autorité,  sans  bornes  en  apparence,  était  li- 
mitée de  fait  par  la  petitesse  de  leurs  possessions, 
il  résulta  pour  ces  trente  millions  d'bommes 
une  existence  ordinairement  paisible,  une  asses 
grande  sécurité,  une  liberté  d'opinion  presque 
complète ,  et  la  possibiUté,  pour  la  partie  éclairée 
de  cette  société,  de  se  livrer  à  la  culture  des  let- 
tres, au  perfectionnement  des  arts,  à  la  recherche 
de  la  vérité. 

D'après  cette  influence  de  la  guerre  de  trente 
ans,  il  n'est  pas  étonnant  qu'elle  ait  été  Fondes 
objets  faroris  des  tnivaux  des  historiens  et  des 
poètes  de  rAUemagne.  Ils  se  sont  plu  à  retracer 
k  la  génération  actuelle ,  sous  mille  formes  di- 
verses, quelle  avait  été  l'énergie  de  ses  ancêtres; 


(a57) 

et  cette  génération,  qui  recueillait  dans  le  calme 
le  bénéfice  de  cette  énergie  qu'elle  avait  perdne, 
contemplait  arec  curiosité ,  dans  l'histoire  et  sur 
la  scène ,  les  hommes  des  temps  passés ,  dont  la 
force,  la  détermination,  l'activité,  le  courage, 
revêtaient  I  aux  yeux  d'une  race  affiiiblie,  les 
annales  germaniques  de  tout  le  charme  du  mer- 
veilleux. 

La  guerre  de  trente  ans  est  encore  intéressante 
sous  un  autre  point  de  vue. 

On  a  vu  sans  doute,  depuis  cette  guerre,  plu- 
sieurs monarques  entreprendre  des  expéditions 
belliqueuses  et  s'illustrer  par  la  gloire  des  armes; 
mais  l'esprit  militaire  proprement  dit  est  de- 
venu toujours  plus  étranger  à  l'esprit  des  peuples. 
L'es^Hrit  militaire  ne  peut  exister  que  lorsque 
l'état  de  la  société  est  propre  à  le  faire  naître , 
cest<4-dire  lorsqu'il  y  a  un  très  grand  nombre 
d'hommes  que  le  besoin ,  l'inquiétude ,  l'absence 
de  sécurité,  l'espoir  et  la  possibilité  du  succès, 
l'habitude  de  l'agitation  ont  jetés  hors  de  leur 
assiette  naturelle.  Ces  hommes  alors  aiment  la 
guerre  pour  la  guerre ,  et  ils  la  cherchent  en  un 
lieu  quand  ils  ne  la  trouvent  pas  dans  un  autre. 
De  nos  jours ,  l'état  militaire  est  toujours  su- 
bordonné à  l'autorité  politique.  Les  généraux  ne 
se  font  obéir  par  les  soldats  qu'ils  commandent, 
qu'en  vertu  de  la  mission  qu'ils  ont  reçue  de  cette 


(  a58  ) 

autorité  ;  iU  ne  sqnt  poiqt  chefe  d'une  troupe  k 
eux  ^  soldée  par  cux^  et  prÀte  à  les:  sûi^fe  sans 
qu'ils  aieat  l'ayeu  d'aiieun  soMverain.  An  con- 
menceinent  et  jusqu'au  milieu  du  dix-septième 
siècle»  au  contraire ,  on  a  vu  des  hommes ,  sus 
autre  mission  que  le  sentiment  de  leurs  talens  et 
de  leur  courage ,  tenir  à  leur  solde  des  corps  de 
troupes ,  réunir  autour  de  leurs  étendards  parti* 
culiers  des  guerriers  qu'ils  dominaient  par  le  seul 
ascendant  de  leur  génie  personnel ,  et  tantôt  se 
vendre  avec  leur  petite  armée  aux  sonverains 
qui  les  achetaient  ^  t^^ntôt  e^sayer^  le  fer  en  tmmx  » 
de  devenir  souverains  eux*mèmes.  Tel  fn€  ce 
comte  de  Mansfeld  (a),  moins  célèbre  enooane  par 
quelques  victoires  que  par  rhabileté  qu'il  déplaça 
sans  cesse  dans  les  revers;  tels  furent^  bien  qu 'is^ 
sus  des  maisons  souveraines  les  plus  illustres  de 
rAUemagne ,  Christian  de  Brunswick ,  et  même 
Bernard  de  Weymar  {b);  tel  fut  enfin  Wallstem , 
duc  de  Friedland  (c). 

Ce  WaUstein ,  à  la  vérité  p  ne  porta  jamais 
les  armes  que  pour  la  maison  d'Autricbe  ;  mais 
l'armée  qu'il  commandait  était  à  lai ,  réunie  en 
son  nom,  payée  par  ses  ordres,  et  avec  les  con- 
tributions qu'il  levait  sur  l' Allemagne ,  de  sa 
propi^  autorité  (d).  Il  négodait^  comme  nn  polen-* 
tatj,  du  sein  de  sooi  cauip^  avec  les  raMianfaes 
ennemis  de  l'empereur.  Il  voulut  enfin  s'assorer. 


(  35$  ) 
de  droit ,  t'indépêndatice  dont  il  jouissaxt  de  firit  ; 
et  d'il  échoua  dans  cette  entreprise ,  il  ne  faut 
^8  attribuer  sa  chute  à  Viosaffisance  des  mo3rens 
dont  il  disposait)  mais  aux  fautes  que  lui  fit 
<}Otnmettre  un  mélange  hisarre  desuper^tion  et 
d'incertitude.  L'espèce  d'existence  des  généraux 
du  dix-^septième  siècle  donnait  à  leur  caractère 
une  originalité  dont  nous  ne  pouvons  plus  avoir 
didée. 

L'originalité  est  toujours  le  résultat  de  l'indé- 
pendance. A  mesuré  que  Tautorité  se  concentré^ 
les  individus  s'effacent.  Toutes  les  pierres  taillées 
pour  la  coastrucfion  d'une  pjrramide  et  façon* 
nées  pour  la  place  qu'elle^  doivent  renotplir  pren- 
nent un  extérieur  uniforme.  L'individualité  dis- 
parait  dans  l'homme^  en  raison  de  ce  qu'il  cesse 
d'être  un  but,  et  de  ce  qu'il  devient  un  moyen: 
cependant  l'individualité  peut  seule  inspirer  de 
l'intérêt  ^  surtout  aux  nations  étrangères  ;  car  les 
Français,  comme  je  le  dirai  tout  à  l'heure,  s'en 
passent  beaucoup  plus  facilement  que  les  ÂUe^. 
mands  et  les  Anglais. 

On  conçoit  donc  sans  peine  que  les  poètes 
de  TAlIemagne  qui  ont  voulu  transporter  Sur 
la  scène  des  époques  de  leur  histoire,  aient 
choisi  de  préférence  celles  où  les  individus 
existaient  le  phrs  par  ettr-mêmeâ  et  se  livraient 
avec  le  moins  de  réserve  à  leur  caractère  na^ 

17.. 


(  a6o  ) 

turel.  C'est  ainsi  que  Goethe ,  Tauteur  de  Wer-- 
thetf  a  peint,  dans  Gœtz  de  Berlichingen,  la  lotte 
de  la  cfaeyalerie  expirante  contre  l'autorité  de 
l'empire,  et  Schiller  a  de  même  voulu  retracer^ 
dans  WaUsteiny  les  derniers  efforts  de  l'esprit 
militaire ,  et  cette  vie  indépendante  et  presque 
sauvage  des  camps ,  à  laquelle  les  progrès  de  la 
civilisation  ont  fait  succéder,  dans  les  camps 
même ,  l'uniformité ,  l'obéissance  et  la  discipline. 

Schiller  a  composé  trois  pièces  sur  la  conspi- 
ration et  sur  la  mort  de  Wallstein.  La  premi^ 
est  intitulée  le  Camp  de  WaJULstein;  la  seconde.  Us 
PiccolomirU;  la  troisième,  la  Mort  de  JVallsteùu 

L'idée  de  composer  trois  pièces  qui  se  ^vent 
et  forment  un  grand  ensemble  est  empruntée 
des  Grecs,  qui  nommaient  ce  genre  une  trilogie. 
Esch^'le  nous  a  laissé  deux  ouvrages  pareils,  son 
Prométhée,  et  ses  trois  tragédies  sur  la  famille 
d'Agamemnon.  Le  Prométhée  d'Eschyle  était, 
comme  on  sait,  divisé  en  trois  parties ,  dont 
chacune  formait  une  pièce  à  part.  Dans  la  pre- 
mière, on  voyait  Prométhée,  bienfaiteur  des 
hommes ,  leur  apportant  le  feu  du  ciel  et  leur 
faisant  connaître  les  élémens  de  la  vie  sociale. 
Dans  la  seconde,  la  seule  qui  soit  venue  jusqu'à 
nous,  Prométhée  est  puni  par  les  dieux,  jaloux 
des  services  qu'il  a  rendus  à  l'espèce  humaine. 


(^I  ) 

La  troisième  montrait  Prométhée  dâivré  par 
Hercule  et  réconcilié  avec  Jupiter. 

Dans  les  trois  tragédies  qui  se  rapportent  à  la 
fiimille  des  Atrides,  la  première  a  pour  sujet  la 
mort  d' A  gamemnon  ;  la  seconde ,  la  punition  de 
Cljtemnestre;  la  dernière^  l'absolution  d'Oreste 
par  l'Aréopage.  On  voit  que,  chez  les  Grecs ^  cha- 
cune des  pièces  qui  composaient  leurs  trilogies 
avait  son  action  particulière^  qui  se  terminait 
dans  la  pièce  même.  Schiller  a  voulu  lier  plus 
étroitement  entre  elles  les  trois  pièces  de  son 
FFaUstein.  L'action  ne  commence  qu'à  la  seconde 
et  ne  finit  qu'à  la  troisième.  Le  Camp  est  une 
espèce  de  prologue  sans  aucune  action.  On  y 
voit  les  mceurs  des  soldats  sous  les  tentes  qu'ils 
habitent  :  les  uns  chantent ,  les  autres  boivent , 
d'autres  reviennent  enrichis  des  dépouilles  du 
paysan.  Ils  se  racontent  leurs  exploits;  ils  par-* 
lent  de  leur  chef,  de  la  liberté  qu'il  leur  accorde , 
des  récompenses  qu'il  leur  prodigue.  Les  scènes 
se  suivent  sans  que  rien  les  enchaîne  l'une  à 
l'autre;  mais  cette  incohérence  est  naturelle; 
c'est  un  tableau  mouvant  où  il  n'y  a  ni  passé  ni 
avenir.  Cependant  le  génie  de  Wallstein  préside 
h  ce  désordre  apparent  :  tous  les  esprits  sont 
pleins  de  lui  ;  tous  célèbrent  ses  louanges ,  s'in- 
quiètent des  bruits  répandus  sur  le  mécontente- 
ment de  la  cour,  se  jurent  de  ne  pas  abandonner 


(  ^2  ) 

W  général  qui  les  protège.  Oa  aperçoit  tins  les 
symptômes  d^une  inaurrectîon  prête  à  édater,  si 
le  $îgqal  en  est  donné  par  WaUsteîo.  On  dé- 
mêle en  même  temps  les  motife  secrets  qni^  dans 
chaque  individu ,  modifient  son  déYOuement  i  les 
craintes,  les  soupçons,  les  calculs  particuliers, 
qui  viennent  croiser  l'impulsion  universelle.  On 
Toit  ce  peuple  armé,  en  proie  à  toutes  les  agita^ 
lions  populaires  $  entraîné  par  soa  enthousiasme, 
thraolé  par  9es  défiances,  s'efforçant  de  raison** 
ner,  et  n'y  parvenant  pas,  faute  d'habitude;  hra-« 
vant  Tautoriié,  et  mettant  pourtant  son  hoancor 
à  obéir  à  son  chef;  insultant  i  la  religion,  et 
recueillant  avec  avidité  toutes  les  traditions  ai»* 
peretitieuses  ;  mais  toujours  fier  de  sa  force, 
toujours  plein  de  mépris  pour  toute  autre  pro- 
fession <)ue  celle  des  armes,  ayant  pour  vertu  le 
courage,  et  pour  but  le  plaisir  du  jour. 

Il  serait  impossible  de  transporter  sur  notre 
tbéàti^  cette  singulière  production  du  génie ,  de 
Texactitude,  et  je  dirai  même  de  l'érudition  al- 
lemande ;  car  il  a  fallu  de  l'érudition  pour  ras- 
sembler en  un  corps  tous  les  traits  qui  distin- 
guaient les  armées  du  dix-septièœe  siècle  ,  et 
qui  ne  conviennent  plus  à  aucune  armée  mo* 
deme.  De  nos  jours,  dans  les  camps  comme 
dans  les  cités,  tout  est  fixe,  régulier,  soumis.  La 

iplioe  a  remplace  refiervesceiv^;  sll  y  a  des 


déifoains  ptrtidb,  :oe  sont  des  exceptiofid  qa'oti 
tâche  de  pneveairi  Dans  la  goerre  de  trente  ans, 
au  cootraife,  ces  désorAres  «taient  Tëtat  perma<«' 
nent ,  et  la  jouissance  d  une  liberté  grossière  et 
iiwacieuse  »  le  4Udpinaia|^flMDt  des  dahgers  et 
de»  fatigqaSé 

La  seconde  pièoc  a  pour  titre  les  Piccolomini. 
DaM  qêtte  pièce  •  comnieQoe  l'aelâon;  mais  la 
pîèM  filiit  saasqwf  IWion^se  termine.  Le  noeud 
se  {anm  #  les  oaractàres  se  développent ,  la  der^ 
nièna  scène idu  cinquième  apte  arrive,  et  la  toile 
tombe»  Ce  n*est  que  (Jaas  la  troisième  pièce ,  dans 
la  Idortde  Wallsteiny  que  le  poète  a  placé  le  dé- 
DonemeBt.  Les  deux  premièves  ne  cmit  donc,  en 
réalité ,  qu'une  expositkm ,  et  €ette  eapositioû 
contient  plus  ù»  quatoe  mille  vers. 

Las  trois  pièces  de  Schiller  ne  Semblent  pas 
pouyi^if  èftre  représentées  séparément  ;  elles  le 
sont  cependant  en  Allemagne*  Les  Allemands 
lolèi^sirt  aînsi  >  tatilèt  une  pièce  sans  action ,  le 
Camp  4e  JVaUsteùt;  tant6t  une  action  sans  dé«- 
npiK9Pieiit^  lu  Picoolcmiinif  iaïa^lnti  dénoue* 
ttimi sans  mposkion^  la  Afort  de  Wallstem. 

On  a  essayé  phiswurs  fois  de  transporter  ces 
tt^îs  pièces  smr  la  scèos  française  ;  ces  essais  n'ont 
pM  névttû»  Mon  imitation  de  fVaUstein  j  la  plus 
epactç  de  tontes ,  a  été  l'objet  de  beaucoup  de 
critiques»  Dégagé  afli)om)d'liiii  de  cet  amawr- 


(a64) 
propre  qui  aaiœe  un  auteur  dans  les  premiers 
momena  de  la  publication  d'un  ouvrage,  je  re- 
connais que  fdusieurs  de  ces  critiques  étaient 
fondées. 

En  me  condamnant  à  respecter  toutes  lea  rè- 
gles de  notre  théâtre ,  j'avais  détruit ,  de  plu* 
rieurs  manières ,  lefiet  dramatique. 

Je  m'étais  proposé ,  à  l'exemple  de  Schiller , 
de.  peindre  Wallstein  à  -  peu  pris  tel  qu'A  étaitt 
ambitieux  à  la  vérité,  mais  en  même  temps  su- 
perstitieux ,  inquiet ,  incertain ,  jaloux  du  sucoes 
des  étrangers  dans  sa  patrie ,  lors  même  que  leurs 
succès  favorisaient  ses  propres  entreprises,  et 
marchant,  souvent  contre  son  but,  en  se  laissant 
enbialner  par  son  caraotèiie. 

Je  n'avais  pas  même  voulu  supprimer  «on  pen- 
chant pour  l'astrologie,  bien  que  les  lumières  de 
notre  siècle  puissent  faire  regarder  comme  hasar- 
dée la  tentative  de  revêtir  d'une  teinte  tragique 
cette  superstition.  Nous  n'envisageons  guère  en 
France  la  superstition  que  dé  son  côté  ridicule; 
elle  a  cependant  ses  racines  dans  le  cœur  de 
l'homme,  et  la  philosophie  elle-même,  lorsqu'^e 
s'obstine  à  n'en  pas  tenir  compte ,  est  superficielle 
et  •présomptueuse.  La  nature  n'a  point  finit  de 
l'homme  un  être  iscdé,  destiné  seulement  à  cul* 
tiver  la  terre  et  à  la  peupler,  et  n'ayant,  avec 
tout  ce  qui  n'est  pas  de  son  espèce  que  les  *  rap- 


(  a65  ) 

ports  aride»  et  fixes  que  l'atilite  l'invite  à  établir 
entre  eux  et  lui.  Une  grande  correspondance 
existe  entre  tous  les  êtres  moraux  et  physiques, 
n  n'j  a  personne ,  je  le  pense ,  qui ,  laissant  errer 
ses  regards  sur  uH  horizon  sans  bornes ,  ou  se 
promenant  sur  les  rires  de  la  mer  que  viennent 
battre  les  vagues,  ou  levant  les  yeux  vers  le  fir- 
mament parsemé  d'étoiles^  n'ait  éprouvé  utte  sorte 
d'émotioti  qu'il  lui  était  impossible  d'analyser  ou 
de  définir.  On  dirait  que  des  voix  descendent  du 
haut  des  cieux  »  s'élancent  de  la  cime  des  rochers  ^ 
retentissent  dans  les  torrens  ou  dans  les  forêts 
agitées,  sortent  des  profondeurs  des  abîmes.  Q 
semble  y  avoir  je  ne  sais  quoi  de  prophétique 
dans  le  vol  pesant  du  corbeau ,  dans  les  cris  fur 
nèbres  des  oiseitex  de  la  nuit,,  dans  les  rugisse* 
mens,  éloignés  des'bètes  Sauvages.  Tàvà  ce  qui 
n'est  pas  civilisé^  tout  ce  qui'n^estpas  soumis  k  la 
domination  artificielle  de  l'homme  répond  k  son 
cœur.  U  n'y  a  que  les  dioses  qull  a  façonnées  pour 
son  usage  qui  soient  muettes,  parce  qu'elles  sont 
mortes  ;  mais  ces  choses  mêmes ,  lorsque  le  temps 
anéantit  leur  utilité,  reprennent  une  vie  mystique; 
la  destruction  les  remet,  en  passant  sur  elles, 
en  rapport  avec  la  nature*  Les  édifices  modernes 
se  taisent ,  mais  les  ruines  parlent. 

Tout  l'univers  s'adresse  à  l'honmie  dans  un 
langage  inefiable  qui  se  fait  entendre  dans  l'in- 


(a66) 

tarietir  de  son  àme^  dans  un«  partie  de  son  èbte, 
ineonane  à  lut^mâme ,  et  qmi  tient  à  la  fois  des 
sens  et  de  la  pensée.  Quoi  de  plus  ainaple  que 
d'imaginer  que  cet  effort  de  la  nature  pour  péné- 
trer en  nons  n'est  pas  sans  une  mystérieuse  sîgRÎ<- 
fication?  Pourqodi  cet  ébranlement  intime,  «pi 
parait  nous  rérâer  ce  que  nons  oache  la  yieoom* 
m«ae7  Lanôson,  sans  doute,  nepeut  l'expliquer; 
lorsqu'elle  Fanal  jse,  il  dispâtrait;  mais  il  est  parla 
même  essentiellement  du  domaine  de  la  poésie. 
Consacré  [ter  elle,  il  trouve  dans  tons  les  ooems 
des  cordes  qui  lui  répondent.  Le  sort  annoncé 
par  les  astres,  les  pressentimeos ,  les  songea,  les 
présages  ^  ces  ômbi^es  de  Tavenir  qui  plnaeirt 
autour  de  nons,  souvent  non  moins  funèbres 
que  les  ombres  ilu  passé,  sont  de  tons  les  paya, 
de  tous  lei  temps ,  de  toutes  les  crojances.  Qnel 
est  celui  qui ,  iMsqu'un  grand  intérêt  1  anime ,  ne 
prête  pas,  en  tremblant ^  l'oreiUe  à  «  qu'il  croit 
la  Toix  de  la  destinée?  Chacun ,  dans  le  sanctuaire 
de  sa  pensée,  s'explique  cette  Toir  conime  il  peut. 
Chacun  s'en  tait  avec  les  antres,  parce  qu'il  n'j  a 
point  de  paroles  pour  mettre  en  oomawn  œ  qui 
jamais  n'est  qu'individoeL 

J'avais  donc  cru  devoir  oonaenrer  éBin$  le  ca» 
ractère  de  Wallstein  nue  saperstitioa  qu'il  par- 
tageait avec  presque  tons  les  hommes  remar- 
quaUes  de  son  siècle,  (e) 


(367.) 

MaiSf  par  jfgard  pour  aqs  i*èglea>  j  avais  placé 
dans  un  récit  l'exposé  de  la  disposition  $upei:$^ 
titiensc  de  roon  héros ,  au  lieu  de  la  fairQ  res^ 
sortir  sur  le  théâtre  même»  de  circonstances  aç<^ 
cidentelles* 

Ainsi ^  dans  la  pièce  de  Schiller^  Wallsteiu 
commençant  a  se  déshabiller  sur  le  théâtre , 
pour  aller  prendre  du  repos ,  voit  se  casseir 
tout  à  coup  la  chaîne  à  laquelle  est  suspendu 
Tordre  de  la  Toison  d'Or.  Cette  chaîne  était 
le  premier  présent  que  Wallstein  eût  reçu 
de  Tempereur ,  alors  archiduc ,  dans  la  guerre 
du  f  niopi.,  lorsque ,  tous  deux  à  Ventrée  de  la 
yie ,  étaioat  nuis  par  une  affection  que  ri^  ue 
semblait  devoir  troubler  (J^p  WaJstein  tient  eu 
main  les  fragmens  de  cette  chaîne  brisée;  il  sf 
retrace  toute  l'histoire  de  sa  jeunesse  :  des  sou-» 
venirs  mêlés  de  remords  l'assiègent  ;  il  éprouva 
une  crainte  vague;  son  bonheur  lui  avait  paru 
long-^temps  attaché  à  la  conservation  de  s:e  pre- 
mier don  d'uue  amitié  maintenant  abjurée.  Uea 
contemple  tristement  les  déluis  f  il  les  rejette 
enfin  loin  de  lui  avec  effort,  «  Je  m^rçhe.^  s'é-^ 
Jt)  crie-'t^^ily  dans  une  carrière  opposée  r  la  &vo^ 
»  de  ce  talisman  n'existe  plus,  » 

he  spectateur^  qui  sait  que  le  poignard  est 
suspendu  sur  la  tète  du  hévo^f  reçoit  une  im^ 
pression  très  profonde  de  ce  présa^  que  Walls^ 


(a68) 

tein  méconnaît  y  et  des  paroles  qui  lui  échappent 
sans  qu'il  les  comprenne.  Ce  genre  d^efiet  tient 
à  la  disposition  dn  cœnr  de  l'homme,  qui,  dans 
tontes  ses  émotions  de  frayenr,  d'attendrisse- 
ment on  de  pitié ,  est  toujours  ramené  a  ce  que 
nous  appelons  la  superstition ,  par  une  force  mys- 
térieuse dont  il  ne  peut  s'afiranchir.  Beaucoup 
de  gens  n'y  voient  qu'une  faiblesse  puérile.  Je 
suis  tenté,  jeTavoue,  d'avoir  du  respect  pour 
tout  ce  qui  prend  sa  source  dans  la  nature. 

J'avais  de  plus  méconnu  une  différence  essen- 
tielle entre  notre  caractère  et  celui  de  nos  voi- 
sins d'outre-Rhin.  Nous  avons  un  besoin  d'unité 
qui  nous  fait  repousser  tout  ce  qui,  dans  le  ca- 
ractère de  nos  personnages  tragiques ,  nuit  à 
l'effet  unique  que  nous  voulons  produire.  Nous 
supprimons  de  la  vie  antérieure  de  nos  héros 
tout  ce  qui  ne  s'enchaîne  pas  nécessairement  au 
fait  principal. 

Qu'est-ce  que  Racine  nous  apprend  sur  Phèdre? 
Son  amour  pour  Hippoly  te ,  mais  nullement  son 
caractèn^  peiwnnel ,  indépendamment  de  cet 
amour.  Qu'estce que  le  même  poète  nous  fait  con- 
naître  d'Oreste  ?  Son  amour  pour  Hermione.  Les 
fureurs  de  ce  prince  ne  viennent  que  des  cruau- 
tés de  sa  maltresse.  On  le  voit  à  chaque  instant 
prêt  à  s'adoucir,  pour  peu  qullermiône  lui  donne 
quelque  espérance.  Ce  meurtrier  de  sa  mère  pa- 


(^69) 
ait  même  avoir  tout- à-fait  ouhlié  le  forfait  qu'il 

commis.  Q  n'est  occupé  que  de  sa  passion;  il 
larle,  après  son  parricide,  de  son  innocence  qui 
ai  pèse;  et  si,  lorsqu'il  a  tué  Pyrrhus ,  il  est 
poursuivi  par  les  Furies ,  c'est  que  Racine  a 
rouvé  dans  la  tradition  mythologique  l'occa- 
ion  d'une  scène  superbe ,  mais  qui  ne  tient  point 
L  son  sujet,  tel  qu'il  l'a  traité. 

Ceci  n'est  point  une  critique.  Andromaque  est 
'une  des  pièces  les  plus  parfaites  qui  existent 
:liez  aucun  peuple ,  et  Racine  ayant  adopté  le 
ystème  français,  a  dû  écarter,  autant  qu'il  le 
Mouvait,  de  l'esprit  du  spectateur,  le  souvenir 
lu  meurtre  de  Ciytemnestre.  Ce  souvenir  était 
nconciliable  avec  un  amour  pareil  à  celui  d'O- 
este  pour  Hermione.  Un  fils  couvert  du  sang  de 
a  mère ,  et  ne  songeant  qu'à  sa  maltresse ,  aurait 
>roduit  un  e£fet  révoltant.  Racine  l'a  senti,  et 
K>ur  éviter  plus  sûrement  cet  écueil,  il  a  sufH 
>osé  qu'Oreste  n'était  allé  en  Tauride  qu'afin  de 
e  délivrer  par  la  mort  de  sa  passion  malheu- 
'ease. 

Il  en  résulte  que  les  Français ,  même  dans 
:eUes  de  leurs  tragédies  qui  sont  fondées  sur 
a  tradition  et  sur  l'histoire ,  ne  peignent  qu'un 
kit  ou  une  passion  ;  les  Allemands ,  dans  les 
eurs,  peignent  une  vie  entière  et  un  caractère 
mtier. 


(270  ) 

'  Quand  je  dis  qû^U  peignent  une  rie  entière, 
je  ne  Yeux  pas  dire  qu'ils  embrassent  dans  leurs 
pièces  toute  k  rie  de  leurs  bërbs  ;  mais  ils  n'en 
omettent  aucun  événement  important  ;  et  Ja  réu- 
nion de  ce  qui  se  passe  sur  la  scène  et  de  œ  que 
le  spectateur  apprend  par  des  récits  ou  par  des 
allusions^  forme  un  tableau  complet,  d'une  scru- 
puleuse exactitude. 

•  Il  en  est  de  même  du  caractère.  Les  Allemands 
n'écartent  de  celui  de  leurs  personnages  rien  de 
ce  qui  constituait  leur  individualité;  ils  nous  les 
présentent  avec  leurs  faiblesses,  leurs  inconsé- 
quences ,  et  cette  mobilité  ondoyante  qui  appar-- 
tient  à  la  nature  humaine  et  qui  forme  les  êtres 
réels. 

L'isolement  dans  lequel  le  système  fraioçais 
présente  le  fait  qui  forme  le  sujet,  et  la  passion 
qui  est  le  mobile  de  chaque  tragédie,  a  dlncon- 
testaUes  avantages. 

En  dégageant  le  fait  que  Ton  a  choisi  de  tous 
les  faits  antérieurs,  on  porte  plus  directement 
l'intérêt  sur  un  objet  unique;  le  héros  est  plus 
dans  la  main  du  poète  qui  s'est  aflfram^hi  da 
passé:  mais  il  y  a  peut  être  aussi  une  couleur  un 
peu  moins  réelle,  parce  que  l'art  ne  peut  jamais 
suppléer  entièrement  à  la  vérité,  et  que  le  specv 
tateur,  lors  même  qu'il  ignore  la  liberté  que  Fau- 
teur a  prise,  est  averti,  par  je  ne  sais  quel  ins- 


(  ^7»  ) 
tinct^  qoe  fie  û'est  pià  qn  peraomnage  hktoriqoe^ 
mais  un  hétw  iKtice  y  une  créature  d'inyentîoti 
c|u*On  lui  pirésente* 

£a  ne  peignant  qu'une  passion  au  Heu  d'em- 
brasser tout  un  caractère  individuel ,  on  obtient 
des  effets  plus  constamment  tragiques ,  parce  que 
les  caractères  individuels,  toujours  mélangés^ 
nuisent  à  l'unité  de  l'impression.  Mais  la  Terité 
y  perd  peut-être  encore.  On  se  demande  ce  que 
seraient  les  héros  qu'on  voit ,  s'ils  n'étaient  do** 
minés  par  la  passion  qui  les  agite ,  et  Ion  trouve 
qu'il  ne  resterait  dans  leur  existence  que  peu  de 
réalité*  D'ailleurs  il  y  a  bien  moins  de  variété 
dans  le&  pas$ions  propres  à  la  tragédie  que  dané 
les  caractères  individuels ,  tels  que  les  crée  la  na-* 
ture.  Les  caractères  sont  innombrables  ;  les  pa&« 
sioos  théâtrales  sout  en  petit  nombre.  Sans  doute 
l'admirable  génie  de  Racine ,  qui  triomphe  de 
toutes  les  entraves ,  met  de  la  diversité  dans  cette 
utiifof  mité  même.  La  jalousie  de  Phèdre  n'eft 
pas  celle  d'Uemiione,  et  l'amour  d'Hermione 
n'est  pas  celui  de  Roxane  ;  cependant  la  diversité 
me  semble  plutôt  encore  dans  la  passion  que  dans 
le  cara^re  de  l'individu, 

U  y  a  bien  peu  de  différence  entre  les  carac- 
tères d'Aménaïde  et  d'Âkire.  Celui  de  Poly- 
phonte  convient  k  presque  tous  les  tyrans  mis 
sur  notre  théâtre,  tandis  que  celui  de  Richard III, 


(  a?^  ) 

dans  Shakespeare,  ne  convient  qu'à  Rickard  Œ. 
Polyphonie  n'a  que  des  traits  généraux ,  expri- 
més avec  art  9  mais  qui  n'en  font  point  un  être 
distinct,  un  être  individuel.  Il  a  de  Fambition, 
et,  pour  son  ambition,  de  la  cruauté  et  de  I7ij« 
pocrisie.  Richard  III  réunit  à  des  vices  qui  sont 
de  nécessité  dans  son  rôle,  beaucoup  de  choses 
qui  ne  peuvent  appartenir  qu'à  lui  seul  ;  son  mé- 
contentement  contre  la  nature,  qui,  en  lai  don- 
nant une  figure  hideuse  et  difforme ,  semble  la- 
voir  condamné  à  ne  jamais  inspirer  d'amoor,  ses 
efforts  pour  vaincre  un  obstacle  qui  rirrite,  sa 
coquetterie  avec  les  femmes ,  son  étonnemeot 
de  ses  succès  auprès  d'elles ,  le  mépris  qu'il  con- 
çoit pour  des  êtres  si  faciles  à  séduire,  l'ironie 
avec  laquelle  il  manifeste  ce  mépris ,  tout  le  rend 
un  être  particulier.  Polyphonte  est  un  genre, 
Richard  III  un  individu. 

Un  autre  inconvénient  de  mon  imitation  de 
WaUstein  ,  consistait  dans  les  allusiims  trop  fré- 
quentes aux  évènemens  de  détail  qui  se  nq^Mr- 
taient  à  la  guerre  de  trente  ans. 

Tout  ce  qui  a  trait  à  cette  guerre  ,  dont  le 
théâtre  a  été  en  Allemagne ,  est  national  pour 
les  Allemands,  et,  comme  tel ,  est  connu  de  tout 
le  monde.  Les  noms  de  Wallstein,  de  Tillj(g'}, 
de  Bernard  de  Weymar  (  A  )  ,  d'Oxenstiem  , 
de  Mansfeld  ,   réveillent  dans  la  mémoire  de 


(  ^75  ) 

tons  les  spectatettr»  êes  soavenirs  qui  n  existent 
point  pour  nous.  La  superstition  pei'sécutrice  de 
Ferdinand  II  (£)  a  laissé  de  profondes  traces  eu 
Bohème,  en  Hongrie,  et  ses  ordres  barbares *& 
ses  généraux  sont  encore  gravés  en  traits  de 
sang  sur  les  murs  de  Magdebourg.  De  là  ré- 
sultait pour  Schiller  la  possibilité  d'une  foul^ 
d  allusions  rapides  que  ses  compatriotes  corn* 
prenaient  sans  peine.  Il  y  a ,  en  général ,  parmi 
«ous ,  une  certaine  négligence  de  l'histoire  étran- 
gère f  qui  s'oppose  presque  entièrement  à  la  com- 
position des  tragédies  historiques ,  telles  qu'on 
enyoit  dans  leslittératui[es  voisines.  Les  tragédies 
mêmes  qui  ont  pour  sujet  des  traits  de  nos  propres 
annales  sont  exposées  à  beaucoup  d'obscurité. 

L'auteur  des  Templiers  a  dû  ajouter  k  son  oa« 
vrage  des  notes  explicatives ,  tandis  que  Schiller, 
dans  sa  Jeanne  ctj^rc,  sujet  français  qu'il  pré-* 
sentait  au  public  allemand,  était  sur  de  ren- 
contrer dans  ses  auditeurs  assez  de  connaissances 
pour  le  dispenser  de  tout  commentaire.  Les  tra« 
gédies  qui  ont  eu  le  plus  de  succès  en  Francs 
sont  ou  purement  d'invention,  parce  qu'alors 
elles  n'exigent  que  très  peu  de  notions  préala- 
bles, ou  tirées,  soit  de  la  mythologie  grecque, 
soit  de  l'histoire  romaine,  parce  que  l'étude  de 
cette  mythologie  et  de  cette  histoire  fait  partie 
de  notre  première  édocation. 

i8 


(274) 

Eji  imitant  qoelquefoifi  le  st/le  femilier  que 
permettent  aax  tragiques  allematids  leurs  vers 
ïambiques  on  noo  riioéii,  j'arais  ealeré  à  raa 
tragédie  la  pompe  poétiqve  à  laquelle  oas  oreil- 
les sont  accoutumées,  La  langue  de  la  tragédie 
allemande  n'est  point  astreinte  à  des  règles  »w 
délicates  »  aussi  dédaigneuses  que  la  nôtre.  La 
pompe  inséparable  des  alexandrins  nécessite  dans 
l'expression  aoe  certaine  noblesse  sontenne.  Les 
auteurs  allemands  peuvent  employer,  pour  le  flc- 
veloppement  des  caractères,  une  quantité  de  cîp- 
constances  atxesaoires,  qu'il  serait  impossible  de 
mettre  snr  notre  tbéitre  sans  déroger  à  la  dignité 
requise  ;  et  cependant  ces  petites  ci  rconstanoes  ré- 
pandent dans  le  tableau  présenté  de  la,  sorte 
beaucoup  de  vie  et  de  Tmté.  Dans  le  Goetz  dr 
PeHiching^,  de  Goethe,  ce  gueirier,  asûégé 
dans  son  château  par  une  armée  impériale,  donne 
à  ses  soldats  un  dernier  repas  pour  les  encoura- 
ger. Vers  la  fin  de  ce  repas ,  il  demande  dn  vin 
à  sa  femme,  qui,  suivant  les  usages  de  ces  temps, 
«st  a  la  fois  la  dame  et  la  ménagère  du  château  ; 
elle  lui  répond  à  demi-voix  qu'il  n'en  reste  ph» 
qu'une  seule  cruche,  qu'elle  a  réservée  pour  loi. 
Aucune  tournure  poétique  ne  permettvaitde  trans- 
porter ce  détail  sar  Jiolre  théâtre  :  t'onphase  des 
paroles  ne  fisMÏt  que  gifter  le  naturel  de  la  sttoa- 

1 ,  et  ce  qui  est  touchant  en  aUemaiid  ne  serait 


L 


(  ^75  ) 
en  français  que  ridicule,  II  me'  semble  néan- 
moins &cile  de  concevoir,  malgré  nos  habitudes 
contraires,  que  ce  trait  emprunté  de  la  vie  com- 
mune est  plus  propre  que  la  description  la  plus 
pathétique  à  faire  ressortir  la  situation  du  héros 
de  la  pièce,  d'un  yienx  guerrier  couvert  de  gloire, 
fier  de  ses  droits  héréditaires  et  de  son  opulence 
antique,  chef  naguère  de  vassaux  nombreux  ^ 
maintenant  renfermé  dans  un  dernier  asile,  et 
iattant  avec  quelques  amis  intrépides  et  fidèles 
contre  les  horreurs  de  la  disette  et  la  vengeance 
de  Tempereur.  Dans  le  Gustai^e  Vasa  de  Kot-^ 
zebue,  on  voit  Christiern,  le  tjran  de  la  Suède^ 
tremblant  dans  son  palais  qui  est  entouré  par  une 
multitude  irritée.  Il  se  défie  de  ses  propres  gar- 
des, de  ses  créatures  les  plus  dévouées ,  efforce 
un  vieux  serviteur  qui  lui  reste  encore  à  goûter 
le  premier  les  mets  qu'il  lui  apporte.  Ce  trait, 
exprimé  dans  le  dialogue  le  plus  simple  et  sans 
aucune  pompe  tragique,  peint,  iwlon  moi,  mieux 
que  tous  les  efforts  des  poètes  n'auraient  pu  le 
faire,  la  pusillanimité,  la  défiance  et  TabjectioB 
du  tyran  demi-vaincu. 

Schiller  nous  montre  Jeanne  d'Arc  dénon-» 
cée  par  son  père  comme  sorcière,  au  milicfO 
même  de  la  fête  destinée  au  couronnement  de 
Charles  Vil,  qu'elle  a  replacé  sur  le'  tr^ne  de  la 
France.  Elle  est  forcée  de  fuir;  elle  cherche  un 

i8.. 


(  :,,&  ) 
asile  k>in  du  peuple  qui  lamenaceetde  la  court|Qi 
l'abandonne.  Après  une  route  longue  et  pénible, 
elle  arrive  dans  une  cabane  :  la  fatïgnc  l'accable, 
la  soif  la  dévore;  an  paysan ,  touché  de  com- 
passion ,  lui  présente  un  peu  de  lait.  Au  moment 
où  elle  le  porteàses lèvres,  un  enfantqai  l'a  rt^ar- 
dée  pendant  quelques  îustans  avec  attention ,  lui 
arrache  la  coupe  et  s'écne  :  C'est  la  sordère  d'Or- 
léans! Cetableau,qu'(1«erait  impossible  de  trans- 
porter sur  la  scène  fcançaiw,  fait  toujours  éprou- 
ver aux  spectateurs  un  frénaissenaent  uniTersel, 
ilsse  sentent  frappésàla  fois,  et  de  la  proscription 
qui  poursuit ,  jusque,  dans  les  lieux  les  plus  re- 
culés, ta  libératrice  d'un  grand  empire,  et  de  la 
disposition  des  esprits,  qui  rend  cette  proscrip- 
tion plus  inévitable  et  plus  cruelle.  De  la  sorte, 
les  deux  choses  importantes,  l'époque  et  la  situa- 
tion, se  retracent  à  l'imagination  d'un  seul  mot, 
par  une  circonstance  purement  accidentelle. 

En  restreignant  le  nombre  des  personnages  (i  ), 
l'avais  renoncé  ,  sans  compensation,  à  uu  autre 
avantage  qu'avait  eu  Schiller.  Les  personnages 
subalternes  ,  qui  ne  tiennent  point  au  sujet , 
fournissent  aux  Allemands  un  genre  d'effets  que 
itous  ne  connaissons  point  sur  notre  tfaéÂtre.  Dans 
nos  lr;ij^c(lîes,  lout  se  passé  immédiatement  entre 

_  '    ^  1 1  11  1  .i  (juarBiile-huil  actenrs  dans  le  Wallsteiit  ■llemaDd; 
n  »  iiiM  douie  dans  l'imitation  françaiie. 


(  ^77  ) 

•  « 

\cR  héros  et  le  public.  Les confîdens  sont  toujours 
soigneusement  sacrifiés.  Ils  sont  là  pour  écouter, 
quelquefois  pour  répondre ,  et  de  temps  en  temps 
pour  raconter  la  morl  du  héros,  qui,  drms  ce  cas, 
ae  peut  nous  en  instruire  lui-même;  mais  il  n'y 
a  rien  de  moral  dans  toute  leur  existence  :  toute 
réftexion,  tout  jugement,  tout  dialogue   entre 
eux  leur  est  sévèrement  interdit.  Il  serait  con- 
traire k  la  subordination  théâtrale  qu'ils  excitas- 
sent le  moindre  intérêt.  Dans  les  tragédies  alle- 
mandes ,  indépendamment  des  héros  et  de  leurs 
confidens,  qui,  comme  on   vient  de  le  voir, 
ne  sont  que  des  machines ,  dont  la  nécessité 
nous  fait  pardonner  Tinvratsemblance ,  il  y  a, 
sur  un  second  plan,  une  seconde  espèce  dac* 
teurs,  spectateurs  eux-mêmes,  en  quelque  sorte,* 
deVaction  principale  qui  n'exerce  sur  eux  qu'une 
influence  très  indirecte.  L'impression  que  produit 
sur  cette  classe  de  personnages  la  situation  des 
personnages  principaux  m'a  paru  souvent  ajou- 
ter à  celle  qu'en  reçoivent  les  spectateurs  propre- 
ment dits;  leur  0[Hnion  est,  pour  ainsi  dire, 
devancée  et  dirigée  par  un  public  intermédiaire , 
plus  voisin  de  ce  qui  se  passe,  et  non  moins  im-^ 
partial  qu'eux. 

Tel  devait  être  à  peu  près ,  si  je  ne  me  trompe , 
l'effet  des, choeurs  dans  les  tragédies  grecqnes. 
Ces  chœurs  portaient  un  jugement  sur  les  senti- 


(  1,8) 
mens  et  les  actions  des  rois  et  des  héros  doot  ik 
conteoipUîeDt  les  crimes  et  les  misères.  11  s'éb- 
blissatt,  par  ce  jugement,  une  correspoodinx 
morale  entre  la  scène  et  le  parterre»  et  ce  dernier 
devait  trouver  quelque  jouissance  à -voir  décnltt 
et  déBnies,  dans  au  langage  harmcKiieDx,  let 
émotions  qu'il  éprouvait.- 

Je  n'ai  vu  qu'une  seule  fois  une  pièce  dm 
laquelle  on  avait  tented'iutroduire  les  chœurs det 
anciens;  c'était  la  Fiancée  de  MeSiine.  Je  m'j 
étaisrendu  avec  beaucoupde  préjugés  contre  celle 
imitation  de  l'antique.  Néanmoins,  ces  maximes 
générales,  exprimées  par  le  peuple,  et  qui  pre- 
naient plus  de  vérité  et  plus  de  chaleur,  parce 
qu'elles  lui  paraissaient  suggérées  par  la  coodoîte 
de  ses  che&  et  par  les  malheurs  qui  rejaillissaîeiit 
surlui-méme;  cette  opinion  publique,  persomû- 
fiée  eu  quelque  sorte,  et  qui  allait  chercher  au  ibad 
de  mon  cœur  mes  propres  pensées,  pour  me 
les  présenter  avec  plus  de  précision,  d'élégance 
et  de  force [  cette  pénétratitm  du  poète,  qui  de- 
vinait ce  que  je  devais  sentir,  et  donnait  un  corps 
à  es  qui  n'était  en  mot  qu'une  rêverie  vague 
et  iudétisnninée,  me  firent  éprouver  an  genre  de 
satisfaction  dont  je  n'avais  pas  encore  eu  l'idée. 

L'introduction  des  chœurs  dans  la  tragédie  n'a 
point  eu  cependant  de  succès  ei 
est  probable  qu'on 


(  ^79  > 
Mnbarras  de  l'exëcntioti.  II  faudrait  des  acteurs 
très  exercés  pour  qu'un  certain  nombre  d*enlre 
eux ,  parlant  et  gesticulant  tous  en  même  temps, 
ne  produisissent  pas  une  confiision  toistne  du  ri- 
dicule (i).  Schiller  y  d'ailleurs^  dans  sa  tentative  « 
avait  dénaturé  le  chœur  des  anciens  ;  il  n'avait 
pas  osé  le  laisser  aussi  étranger  à  l'action  qu'il 
Test  dans  les  meilleures  tragédies  de  l'antiquité , 
celles  de  Sophocle;  car  je  ne  parle  pas  ici  des 
cbceurs  d'Euripide ,  de  ce  poète  admirable ,  sana 
doute ,  par  son  talent  dans  la  sensibilité  et  dans 
l'ironie  y  mais  prétentieux,  dédamateur,  ambi- 
tieux d'effets,  et  qui,  par  ses  défauts,  et  mériio 
par  ses  beautés,  ravit  le  premier  à  la^  tragédie 
grecque  la  noble  simplicité  qui  la  distinguait* 
Scbiller,  pour  se  rapprocher  du  goût  de  so»' 
siècle ,  avait  cru  devoir  diviser  le  chœur  en  deux 
moitiés,  dont  chacune  pétait  composée  despaiv 
tisans  des  deux  héros  qui,  dans  sa  pièce  ,  se 
disputent  la  main  d'une  femme*  Il  avait,  par  ce 
ménagement  mal  entendu,  dépouillé  le  chœur 
de  l'impartialité  qui  donne  h  ses  paroles  du  poids 
et'  de  la  solennité. 

Le  chœur  ne  doit  jamais  être  que  Torgane ,  le 
représentant  du  peuple  entier  ;  tout  ce  qu'il  dit 

(i)  Schiller  n'avait  pas  introduit  les  cBœurs  chanUns,  mais 
parlans. 


i 


(232) 

vent  à  développer  d'une  manière  piqnaiitei 
profonde  les  caractères  prindpatix.  Yfi 
connu ,  même  en  France,  par  le  succès  tnailêf 
sa  tragédie  de  Luther  y  et  qui  réunissait  a« 
haut  degré  deux  qualités  inconciliables  en^l 
renoe,  l'observation '^rituelle  et  sonv^ent  fiif | 
santé  du  cœur  humain ,  et  une  mëianooKe 
thousiaste  et  rêveuse;  Werner,  dans  soa  Aiik\ 
présente  à  nos  regards  la  cour  nombreuse 
Valentinien ,  se  livrant  aux  danses,  aux 
â  tous  les. plaisirs,  tandis  que  le  Fléau-<le^i 
est  aux  portes  de  Rome.  On  voit  le  jeune  empel 
i^ur  et  ses  favoris,  n'ajaut  d'autre  soin  que  dr 
repousser  les  nouvelles  fâcheuses  qui  pourraieflf 
interrompre  leurs  amusemens,  prenant  la  yé- 
rite  pour  un  indice  de  malveillance  ,  la  pré- 
voyance pour  un  acte  de  sédition  ;  ne  constdéraot 
comme  des  sujets  fidèles  que  ceux  qui  nient  les 
faits  dont  la  connaissance  les  importunerait ,  et 
pensant  faire  reculer  ces  faits  en  n'écoutant  pas 
ceux  qui  les  rapportent.  Cette  insouciance  mise 
sons  les  yeux  du  spectateur  le  frappe  beauccmp 
plus  qu'un  simple  récit  n'aurait  pu  le  &ire. 

Et  pour  tirer  de  FPTUlstein  i&éme  deux  autres 
exemples,  Tersky,  son  beau-^frère  et  son  con- 
fident ,  fait  signer  à  des  généraux  en  foule, 
après  un  festin  ,  l'engagement  de  rester  fidèles 
a  Wallstein  ,    contre   la   volonté    de  la  cour. 


(  ^85  ) 

■aflÎQfte  scène,  dans  laquelle  Tersky  ,  pour  les 
ocips^ner  à  son  but  ^  leur  rappelle  tons  les  bien*- 
lei:^  qu'ils  ont  reçus  de  leur  chef  ^  bienfaits 
K^t  l'énumëration  seule  forme  un  tableau  pi- 
c&ant  de  Fëtat  de  cette  armée ,  de  son  indisci-' 
éi^e,  de  son  exigence  et  de  Tesprit  d égalité 
;  mai  se  combinait  alors  avec  Fesprit  militaire;  celte 
jjj^^e ,  difr^e,  est  d'une  originalité  remarquable 
^r^  une  grande  Tenté  locale;  mais  elle  ne  pou- 
.,inît  être  l*endue  qu'avec  des  expressions  que 
r^.»tre  style  tragique  repousse. 
^.Plus  loin,  Buttler  assemble  de  simples  soldats 
, ,.  mr  les  engager  à  assassiner  Wallstein  ;  et  si , 
yjtns  Shakespeare^  les  scènes  des  assassins  de 
^..anco  sont  frappantes  par  leur  laconisme  et  leur 
^  oergîe  ,  celles  des  assassins  de  Wallstein  ont  un 
,Qtre  genre  de  mérite.  La  manière  dont  Schiller 
développe  Ic^  motife  qu'on  leur  présente  et  gra- 
ine l'effet  que  produisent  sur  eux  ces  motîfe;  la 
^Qtte  qui  a  lieu  dans  ces  âmes  farouches  ^  entre 

10 

/attachement  et  l'avidité  ;  l'adresse  avec  laquelle 
celui  cpi  veut  les  séduire  proportionne  ses  argu* 
mens  a  leur  intelligence  grossière ,  et  leur  fait  du 
crime  un  devoir,  et  de  la  reconnaissance  un 
crime;  leur  empressement  à  saisir  tout  ce  qui 
peut  les  excuser  à  leurs  propres  yeux ,  lorsqu'ils 
se  sont  déterminés  a  verser  le  sang  de  leur  gêné* 
^^U  le  besoin  qu'on  aperçoit,  même  dans  ces 


(  ^54  ) 

cœurs  corrompus,  de  se  &ire  illusioo  et  àe 
tromper  leur  propre  conscience  en  couvrant  ' 
d'une  apparence  de  justice  l'attentat  qu'ils  vont 
exécuter  ;  enfin  le  raîsouaement  qui  les  dé- 
cide, et  qui  décide  ,  dans  tant  de  situations 
différentes,  tant  d'hommes  qui  se  croient \iofi- 
nètes,  à  coftinaettre  des  actions  que  leur  sentimait 
intérieur  condamne,  parce  qu'à  leur  défautd'ao- 
tres  s'en  rendraient  les  instrumens  :  loot  cela,  est 
d'un  grand  effet  tant  moral  que  dramatique.  Mais 
le  langage  de  ces  assassins  est  vulgaire,  coomie 
leur  état  et  lears  sentimens.  Leur  prêter  des  ex- 
pressions relevées,  c'eût  été  manquer  à  la  vérité 
des  caractères,  et,  dans  ce  cas,  la  noUesse  du 
dialogue  serait  devenue  une  inconvenance.  J'a- 
vais essayé  de  mettre  en  rédt  ce  que  Schiller  a 
raïs  en  action.  Je  m'étais  appliqué  surtout  à  faire 
ressortir  l'idée  principale,  la  considération  déci- 
sive qui  impose  silence  à  tontes  les  objections  et 
l'emporte  sur  tous  les  scrupules.  Buttler  ,  après 
avoir  raconté  ses  efforts  pour  convaincre  ses 
complices ,  finissait  par  ces  vers  : 

Lorsque  je  leur  ai  dit  que  «'offrant  à  leur  place, 
D'autt'cs  bi'igiiaicnt  déjà  mon  choix  camme  use  ({réoF. 
Que  le  prix  tiait  prés,  que  d'autres,  «tie  nuit, 
Oe  leur  riik'liié  recueilleraient  le  fruit, 
dacuti  a  rcgardd  son  plus  proche  complice  ; 
tnn  jeu»  hrillaienl  d'efpoir ,  d'enrie  et  d'avarice  ; 


(  a85  ) 

D^une  sombre  rougeur  leurs  fronts  se  sont  couverts; 
lU  répétaient  tout  bas  :  d'autres  se  sont  offerts. 

Mais  j'ai  senti  bientôt  que  je  tomberais  dans 
une  invraisemblance  qu'aucun  dëta/1  ne  rendrait 
excusable.  Buttler  cherchant  à  faire  partager  à 
Isolan  son  projet  d'assassinat ,  ne  pouvait  sans 
absurdité  s'étendre  avec  complaisance  sur  la  bas- 
sesse et  l'avidité  de  ceux  qu'il  avait  choisis  pour 
remplir  ses  vues. 

L'obligation  de  mettre  en  récit  ce  que  ,  sur 
d^autres  théâtres ,  on  pourrait  mettre  en  action , 
est  un  écueil  dangereux  pour  les  tragiques  fran- 
çais. Ces  récits  ne  sont  presque  jamais  placés  na- 
turellement ;  celui  qui  raconte  n'est  point  ap- 
pelé par  sa  situation  ou  son  intérêt  à  raconter  de 
la  sorte.  Le  poète  d'ailleurs  se  trouve  entraîné 
invinciblement  à  rechercher  des  détails  d'autant 
moins  dramatiques ,  qu'ils  sont  plus  pompeux. 
Ou  a  relevé  mille  fois  l'inconvenance  du  superbe 
récit  de  Théramène  dans  Phèdre.  Racine  ne  pou- 
vant, comme  Euripide ,  présenter  aux  specta- 
teurs Hippolyte  déchiré  y  couvert  de  sang,  brisé 
par  sa  chute,  et  dans  les  convulsions  de  la  dou- 
leur et  de  l'agonie ,  a  été  forcé  de  faire  raconter 
sa  mort:  et  cette  nécessité  Ta  conduit  à  blesser 
dans  le  récit  de  cet  événement  terrible ,  et  la 
vraisemblance  et  la  nature,  par  une  profusion 


de  détails  poétiques ^  sur  lescniels  un  ami  ne  peut 
s'étendre  et  qu'un  père  ne  peut  écouter. 

Mon  respect  pour  nos  habitudes  et  nos  mœurs 
m'avait  fait  commettre  une  erreur  plus  gniye 
encore.  Le  caractère  de  Thécla,  fille  de  Walkteîn, 
excite  en  Allemagne  un  enthousiasme  universel; 
et  il  est  difficile  de  lire  Touvrage  de  SchiUer, 
dans  sa  langue  originale ,  sans  partager  cet  en- 
thousiasme ;   mais  j^avais  draint  qu'en  France 
ce  caractère  n'obtint  pas  l'approbation  du  pnblic. 
L'admiration  dont  il  est  Pobjet  chez  les  AUemands 
tient  à  leur  manière  de  considérer  Tamotir ,  et 
cette  manière  est  très  difierehte  de  la  nôtre.  Nous 
n'envisageons  l'amour  que  comme  une  passion 
de  la  même  nature  que  toutes  les  passions  bu- 
maines,  c'est-à-dire  ayant  pour  effet  â^égstrer 
notre  raison,  ayant  pour  but  de  nous  procurer- 
des  jouissances.  Les  Allemands  voient  dans  l'a- 
mour quelque  chose  de  religieux ,  de  sacré,  une 
émanation  de  ta  divinité  même,  un  accomplisse- 
ment de  la  destinée  de  l'homme  sur  cette  terre,  un 
lien  mystérieux  et  tout-puissant  enti*e  deux  âmes 
qui  ne  peuvent  exister  que  l'une  pour  l'autre. 
Sous  le  premier  point  de  vue,  l'amour  est  com- 
mun à  l'homme  et  aux  animaux;  sous  le  second, 
il  est  commun  à  l'homme  et  à  Dieu. 

n  en  résulte  que  beaucoup  de  choses  qui  nous 
paraissent  des  inconvenances,  parce  que  nous  ny 


(  a87  ) 
aperoevo^isque  le»  suites  d  une  passion ,  semblent 
aux  Allemands  légitimes  et  même  respectables , 
parce  qu'ils  croient  y  reconnaître  l'action  d'un 
sentiment  céleste. 

U  y  a-  de  la  Térité  dans  ces  deux  manières  de 
voir;  mais»  suivant  qu'on  adopte  l'une  ou  Tautre, 
l'amour  doit  occuper,  dans  la  poésie  comme  dans 
la  morale  y  une  place  différente. 

Lorsque  l'amour  n'est  qu'une  passion ,  comme 
sur  la  scène  française  ,■  il  ne  peut  intéresser  que 
par  sa  violence  et  son  délire.  Les  transports  des 
sens  f  les  fureurs  de  la  jalousie ,  la  lutte  àe9 
désirs  contre  les  remords^  voilà  l'amour  tragique 
en  France.  Mais  lorsque  l'amour ,  au  contraire , 
est,  comme  dans  la  poésie  allemande ,  un  rayon 
de  la  lumière  divine  qui  vient  échauffer  et  puri- 
fier le  cœur,  il  a  tout-à-Ia-fois  quelque  chose  de 
plus  calme  et  de  plus  fort  ;  dès  qu'il  parait,  on 
sent  qu'il  domine  tout  ce  qui  Fentoure.  U  peut 
a^oir  a  combattre  les  circonstances,  mais  non  les 
devoirs;  car  il  est  lui-même  le  premier  des 
devoirs,  et  il  garantit  l'accolnplissement  de  tous 
les  autres.  U  ne  peut  conduire  à  des  actions 
coupables^  il  ne  peut  descendre  au  crime ,  ni 
même  à  la  ruse  ;  car  il  démentirait  sa  nature , 
et  cesserait  d'être  lui.  U  ne  peut  céder  aux  obs- 
tacles, il  ne  peut  s'éteindre;  car  son  essence  est 


(  !i88  ) 

immortelle;   il  ne  peut  que  rêtoorner  dans  k 
sein  de  son  créateur. 

C'est  ainsi  que  Famoar  de  Thécla  est  repr^ote 
dans  la  pièce  de  Schiller.  Tbécla  n*est  point  uof 
jeune  (ille  ordinaire ,  partagée  entre  riadinafion 
quelle  ressent  pour  un  jeune  homme  et  sa  sou* 
mission  envers  son  père,  déguisant  ou  conte- 
nant le  sentiment  qui  la  domine,  JHSfjn'à  ce 
qu  elle  ait  obtenu  le  consentement  de  celui  qui  2 
le  droit  de  disposer  de  sa  main;  effrayée  d& 
obstacles  qui  menacent  son  bonheur  ;  enfin , 
éprouvant  elle-même  et  donnant  au  spectateur 
une  impression  d'incertitude  sur  le  rësaltat  de 
son  amour  et  sur  le  parti  qu'elle  prendra  si 
elle  est  trompée  dans  ses  espérances.  Théda 
est  un  être  que  son  amour  a  élevé  au-dessus  de 
la  nature  commune,  un  être  dont  il  est  devenu 
toute  Texistence ,  dont  il  a  fixé  toute  la  destinée. 
Elle  est  calme,  parce  que  sa  résolution  ne  peut 
être  ébranlée;  elle  est  confiante,  parce  quelle 
ne  peut  être  trompée  sur  le  cœur  de  son  amant; 
elle  a  quelque  chose  de  solennel ,  parce  que  Ton 
sent  qu'il  y  a  en  elle  quelque  chose  d'irrévo- 
cable ;  elle  est  franche ,  parce  que  son  amour 
n'est  pas  une  partie  de  sa  vie,  mais  sa  vie 
entière.  Thécla,  dans  la  pièce  de  Schiller,  e5t 
sur  un  plan  tout  différent  de  celui  où  ^t  place 
le  reste  des  personnages.   C'est  un  être,  pour 


wnsi  dire  aérien ,  qui  plane  sur  cette  foule  d'am- 
bitieux, de  traîtres  y  de  guerriers  fairouches,  que 
des  intérêts  ardens  et  positifs  poussent  les  uns 
contre  les  autres. 

On  sent  que  cette  créature  lummeose  et  pres- 
que surnaturelle  est  descendue  de  la  sphère 
éthérée ,  et  doit  bientôt  remonter  vers  sa  patrie. 
Sa  Yoix  si  douce ,  à  travers  le  bruit  des  armes , 
sa  forme  délicate  au  milieu  de  ces  hommes 
tout  couverts  de  fer ,  la  pureté  de  son  àme ,  op* 
posée  à  leurs  calculs  avides ,  son  calme  céleste 
qui  contraste  avec  leurs  agitations,  remplissent 
le  spectateur  d'une  émotion  constante  et  mélan- 
colique, telle  que  ne  la  £iit  ressentir  nulle  tragédie 
ordinaire. 

Aucun  des  personnages  de  femmes  que  nous 
voyons  sur  la  scène  française  n  en  peut  donner 
ridée  .Nos  héroïnes  passionnées,  Âlzire^Âménaide, 
Adélaïde  du  Guesclin ,  ont  quelque  chose  de  mâle  ; 
on  sent  qu'elles  sont  de  force  à  combattre  contre 
les  évènemens,  contre  les  hommes,  contre  Iç 
malheur;  on  n'aperçoit  aucune  disproportion 
entre  leur  destinée  et  la  vigueur  dont  elles  sont 
douées.  Nos  héroïnes  tendres,  Monime,  Bérénice, 
Esther,  Atalide,  sont  pleines  de  douceur  et  de 
grâces;  mais  ce  sont  des  femmes  faibles  et  timides; 
les  évènemens  peuvent  les  dompter.  Le  sacrifice 
de  leurs  sentioiens  n'est  point  présenté  comme 

«9 


(»Ôû) 
Lpapossikle.  Bérénice  se  résigne  à  vivre  metns  Tî- 
tff^,  Monime  à  épouser  Mitbridate,  Atallde  à  voir 
Bajaset  s'unir  à  Roxaoe;  Estber  n'aime    poiot 
Assuérus.  Les  heVoïnes  de  Voltaire  luttent  C€min 
Iffs  obstacles  i  celles  de  Racine  leur  cèdent ,  parce 
t{VKe  les  unes  et  leë  autres  sont  de  la  même  nature 
qt^  tout  ce  qui  les  entoure.  Tfaécla  ne  peut  latter 
ni  céder;  elle  aime  et  elle  attend.  Son  sort  est 
fixé;  elle  ne.  peut  en  avoir  un  autre ^  mais  elle  ne 
peut  pas  non  plus  le  conquérir  en  le  disputant 
ç^iatre  les  hommes  :  elle  nV  point  d'armes  contre 
mjc;.ta  force  est  toute. intérieure.  Par  là  même, 

■  - 

tQu.sontymeal  i affranchit  de  toutes  les  couve- 
nnnees  que  prescrit  la<  morale  que  nous  sommes 
habitués  à  voir  sur  la  scène. 

Thécla  n'ohserve  aucun  .des  déguisemens  im- 
posés à  nos  héroïnes  f  elle  ne  couvre  d'ianeuB 
vpile  son  aoiôur  profond ,  exclusif  et  pur;  eDe 
en  parle  sans  rései*ve  à  son  amant,  ce  Oùserait,  lai 
j»,  dit-^l}e,  la  Vérité  sur  la  terre,  si  tu  ne  Ijappimais 
^[  par  W9L  bouche  ?  »  Elle  n'anooQce  point  qu'elle 
£ii^( dépendre  s^s  espérances  de  l-aveu  de  son 
p^je  ;.  oo.  piré^loit  même  que  s'il  lé  refiise^  elleae 
^  .Ccoira  pa5;Cit>upâl7le  de  lui  résister.  Son  amour 
l;Oqcupç  et .  If^bsorhe  tout  entière  ^  elle  n'existe 
que  pQur  )e  sentiment  qui  remplit  louée  aon  âme. 
Stk.^  si  lai  n  de  toasidérer  eomme  une  &ate 
a  Ibite  de  U  maison  paternelle ,  loraqu'eUe  ^ 


(  agi  ■) 

pt'etid  que  céloi  qu-elle  aime  a  été  tué ,  '  qu'elle 
croit,  àtt  contraire,  accomplir  un  devoir.  J^avaîs 
pensé  que  des  spectateurs  français  n'auraient  pu 
tolérer  dans  une  jeune  fille  cette  exaltation ,  cette 
indépendance,  d'autant  plus  étrangère  à  nos  idées, 
qu'il  ne  s'y  mêle  aucun  égarement,  aucun  délîrèi 
Je  crois  encore  que  notre  public  serait  choqué 
de  cet  oubli  de  toutes  les  relations ,  de  cette  ma- 
nière d'envisager  les  devoirs  habituels  comme 
secotidaires  ;  enfin ,  d'une  absence  si  complété 
de  là  soumission  qu'il  àdînire  dans  Iphtgénie.  Un 
tel  enthousiasme  ne  peut  servir  de  base  à  un  sys- 
tème général ,  et  nous  n'aimons  en  France  que 
Ce  qui  peut  être  d'une  application  universelle. 
Le  principe  de  l'utilité  domine  dans  notre  lit- 
térature comme  dans  notre  vie.  La  morale  du 
théitre  en'France  est  beaucoup  plus  rigoureuse 
que  celle  du  théâtre  en  Allemagne.  Cela  tient 
à  ce  que  fes  AUéiiriands  prennent  le  sentiment 
pour  base  de  la  morale,  tandis  que  pour  nous 
cette  base  est  la  raison.  Un  sentinient  sincère , 
complet,  sans  bornes,  leur  pai*alt,  non-seulement 
excuser  ce  qu'il  inspire,  maïs  l'ennoblir,  et,  si 
j'ose  employer   cette  expression ,  le  sanctifier. 
Cette  manière  de  voir  se  fait  remarquer  dans 
leurs  institutions  et  dans  leurs  mœurs ,  comme 
dans  leurs  productions  littéraires.  Nous  avons  des 
principes  infiniment  plus  sévères,   et  nous  ne 

19.. 


■^ 


C  aga  ) 
pous  ea  -À:artO[is  jamais  en  théorie.  Le  seeti- 
mentqui  mécoanalt  ua  devoir  ne  uous  pardt 
qu'uae  faute  de  plus.  Nous  pardonnerions  plo» 
fadletneat  a  l'iolérét,  parce  que  l'iotérct  met 
toujours  daus  ses  Iraasgressions  plus  d'habileté  et 
plus  de  décence.  Le  sentiment  brave  ropiDion,et 
elle  s'en  irrite;  l'intérêt  cherche  à  la  troo3per  eo 
la  méoageant,  et ,  lors  même  qu'elle  décourre  la 
tromperie ,  elle  sait  gré  a  l'intérêt  de  cette  espèce 
d'hommage.  J'avais  donc  rapproché  Théclades 
proportioosfFançaises,enm'e0brçaDtdelui  coa- 
senrer  quelque  diose  du  coloris  allemand.  J'avais 
tâché  de  traosporter  dans  son  caractère  sa  doa- 
cenr,  sa  sensibilité,  son  amour,  sa  mélancc^ie; 
mau  tout  le  reste  m'avait  paru-^rop  directement 
opposé  à  nos  habitudes,  trop  empreint  de  ce  que 
les  littérateurs  français,  qui  possèdent  b  langue 
allemande ,  appellent  le  mysticisme'  allemand. 
Par  celte  altération,  sans  6ter  à  Thécla  la  teinte 
étrangère ,  trop  vagne  et  trop  rêveuse  pour 
plaire  à  nos  classiques  français,  je  ne  lui  avais 
pas  doBué  la  couleur  régulière  requise  pour  nos 
héroïnes  turques,  grecques  ou  romaines ,  mais 
toujours  convenablement  nationalisées.  Le  ré- 
sdtat  m'a  prouvé  que  j'avais  eu  torL 
Plus  prévoyant,  pu  plus  hardi,  j'aurais  évité 
des  fautes  que  je  viens  d'indiquer  dans 
"Ouvrage.  J'auraisdftpressentirqu'nne 


(  ^95  ) 

révolution  politique  entraînerait  une  reyolbtioii: 

littéraire ,  et  qu'une  nation  qui  n'avait  renonce 

momentanément  à  la  liberté  que  pour  se  préêi* 

piter  dans  tous  les  hasards  dés  conquêtes  ne  se 

contenterait  plus  des  émotions  faibles  et  incom* 

plètes  qui  pouvaient  suffire  à  des  spectateurs 

énervés  par  les  jouissances  d'une  vie  paisible  et 

d\ine  civilisation  raffinée. 

Ce  qui  m'a  trompé,  c'est  l'espèce  d'immobilité 
dont  le  régime  impérial  avait  frappé  toutes  îea 
ftmes^  et  qu'il  avait  gravée ,  pour  ainsi  dire,  sun 
tous  les  visages.  La  littérature  partageait  cette 
immobilité.  Bonaparte  aimait  la  discipline  par« 
tout,  dans  Fadministration,  dans  l'armée,  dan$  les 
écrivains,  et  la  soumission  de  ces  derniers  n'était 
ni  la  moins  prompte  ni  la  moins  empressée.  Ce 
qui  était  dans  le  chef  tine  faiblesse,  funeste  à  la 
France  et  à  lui-même ,  je  veux  dire  le  désir  d'imi- 
ter Louis  XIY ,  comme  si*  ce  n'eût  pas  été  des- 
cendre au  lieu  de  monter,  était,  dans  les  lettrés 
qui  aspiraient  à  ses  faveurs  une  complaisance 
intéressée  à  la  fois  et  vaniteuse  ;  car  en  obéissant 
au  nouveau  Louis  XIY,  ils  se  croyaient  les  égaux 
des  grands  hommes  qui  avaient  encensé  l'ancien. 
De  la  sorte ,  les  règles  du  théâtre ,  comme  l'éti- 
quette de  la  cour,  paraissaient  partie  obligée  du 
cortège  impérial. 
De  plus,  il 'y  a  toujours  eu,  dès  le  commcn* 


(  a94) 
cernent  de  nos  troubles  ^  chez  les  hommes  le 
plus  révolutionnaires  en  politique  ,  une  tendana 
à  proclamer  leur  attachement  et  leur  re^Kd 
pour  les  doctrines  routinières  de  la  Uttérainre 
du  dix-septième  siècle  et  les  règles  recomman- 
dées par  le  précepteur  en  titre  du  Parnasse  franr 
çais.  On  eût  dit  qu'en  se  montrant ,    dans  koK 
ouvrages ,  scrupuleux  et  dociles  ^  ils  voulaient 
expier  la   vivacité  et  l'énergie  de  leurs  autres 
opinions  ,  et  prouver  que  leurs  doctriaes  popo* 
laires  n'entachaient  pas  la  pureté  de  leur  goût 
Us  croyaient  par  là  se  réhabiliter  aux  yeux  de  ce 
qu'on  nommait  encore  la  bonne   compagnie , 
cotterie  prétentieuse  et  compassée  ^  qui  préfère 
l'oubli  des  devoirs  à  celui  des  formes.  La  révolu- 
tion avait  dispersé  l'ancienne  ;  mais  Napoléon 
s'efforçait  d'en  créer  une  nouvelle^  d'autant  plus 
susceptible  pour  les  convenances  sociales  et  théâ- 
trales ,  qu'elle  éprouvait  une  ardeur  de  néo- 
phyte, et  le  sentiment  qu'elle  courait  risque  de 
broncher  souvent  sur  le  sol  inconnu  oùsoumaitre 
la  plaçait. 

En  conséquence ,  tous  les  écrivains  de  l'empire 
étaient  classiques. 

Chénier  lui-même ^  le  plus  beau  talent  de  son 
époque  ^  comme  auteur  dramatique ,  Chénier 
«ym,  jeune  et  entraîné  par  son  républicam'sme^ 
même  avant  la  chute  de  la  monarchie,  avait 


(.^95) 

foule  aux  pMcb^  dans  Charies  IX ,  tes  barrftret 
qui  ranmientgèné,  ëtait'devaiiu,  à  la  fin  de  M 
eourte  carrière^  le  partisan  le  plus  zélé  de  tontes 
les  entrâTes  léguées  par  Aristote  iet<x)n6acréss  pair 
Boîleau. 

Ces  barrières  sont  renversées  maintenant.  Lk 
poésie  a  ocniquis  sa  liberté.  Les  dimensions  dé 
notre  théâtre  se  sont  agrandies^  et  les  règles  qui 
étaient  autrefois  des  lois  rigoureuses ,  d'après  les^ 
quelles  la  critique  jugeait  les  auteurs,  ne  sont 
pins  que  des-  traditions  dont  les  auteurs  sônX 
jnges. 

La  yietoûre  est  doue  rempoitée;  elle  Test  trop 
pcnttêtre  momentanément  dans  l'intérêt  de  Yarti, 
C'est  en  France  qu'a  été  inventée  la  maxime 
quil  valait  mieux  frapper  fort  que  juste.  ;       '  ^' 
U  en  résulte.  <{ue  nos  écrivains  frappent  sou- 
vent si  fort  qu'ils  ne  frappent  phsn  juste  dm  toûf. 

• 

Us  ont  pour  but  exclusif  de  faire  effets  et  lors^ 
que,  avec  raiscni,  ils  s'affrancbÎBsent  de  certaines 

4 

règles  >  ils  ont  fréquemment  le  tort  de  ^'écarter 
de  la  vérité,  de  la  nature  et  du  goût.  t 

Comme  il  est  beaucoup  pins  &cile  dé  faire  effet 
parles  rencontres  fortuites,  la  multiplicité  des 
acteurs,  le  changement  des  lieux >  et  même  les 
spectres,  les  prodiges  et  le^  éoliafauds,'que  par 
les. situations,  les ^sentimens  et  lesi'Cefradères,  il 
serait  k  craindre  que  nos  •  j.èuives  auteui^  S'élati^ 


çant  daùs  cette  route  avec  trop  de  fougae  ,  noû 
ne  vissions  plus  sur  notre  théâtre  que  des  écbi- 
fauds,  ^es  coçibats,  des  fêtes,  des  apparitkiDs  et 
une  succession  de  décorations  ébloùîssaiites. 

Il  y  a  dans  le  caractère  des  Allemands  une  fi-- 
délité,  une  candeur,  un  scrupule  qui  retiennent 
toujours  riroagination  dans  de  certaines  bornes. 
Leurs  écrivains  ont  une  conscience  littéraire  qm 
leur  donne  presque  autant  le  besoin  de  Fexacd- 
tude  historique  et  de  la  vraisemblance  morale 
que  celui  des  applaudissemens  du  public.  Us  ont 
dans  le  cœur  une  sensibilité  naturelle  et  profonde 
qui  se  plaît  à  la  peinture  des  sentimens  vrais;  ils 
y  trouvent  une  telle  jouissance,  qu  ils  s'occupent 
beaucoup  plus  de  ce  qu  ils  éprouvent  que  de  leflet 
qu'ils  produisent. 

En  conséquence ,  tous  leurs  moyens  estérieurs, 
quelque  multipliés  qu'ils  paraissent,  ne  sont  que 
des  accessoires.  Mais  en  France,  où  Ton  ne  perd  ja- 
mais de  vue  le  public,  on  Ton  ne  parle ,  n'écrit  et 
•n'agit  que  pour  les  autres ,  les  accessoires  pour- 
raient bien  devenir  le  principal. 

Ce  n'est  assurément  pas  que  je  réclame  un  res- 
pect puérile  pour  des  règles  surannées.  Celle  des 
unités  de  temps  et  de  lieu  est  particulièrement 
absurde;  elle  fait  de  toutes  nos  tragédies  des 
pièces  d'intrigue  ;  elle  force  les  conspirateurs  à 
concerter  la  mort  du  tyran  dans  son  palais  même; 


i 


(^97) 

«Ue  8*oppose  à  ce  que  Coriolan  passe  du  Forum 

xomain  dans  le  camp  des  Volsques,  où  il  doit 

pourtant  se  mettre  k  la  tète  des  ennemis  de  son 

ingrate  patrie. 

Les  unités  de  temps  et  de  lieu  circonscrivent 
nos  tragédies  dans  un  espace  qui  en  rend  la  com** 
position  difficile^  la  marche  précipitée,  l'action 
fatigante  et  invraisemblable. 

Elles  contraignent  le  poète  à  négliger  souvent, 
-dans  les  évènemens  et  les  caractères,  la  vérité 
de  la  gradation,  la  délicatesse  des  nuances.  Ce 
défaut  domine  dans  toutes  les  tragédies  de  Vol- 
taire ;  on  y  aperçoit  sans  cesse  des  lacunes ,  des 
transitions  trop  brusques;  on  sent  que  ce  n'est 
pas  ainsi  qu'agit  la  nature;  elle  ne  marcbe  point 
d'un  pas  si  rapide;  elle  ne  saute  pas  de  la  sorte 
les  intermédiaires. 

U  est  donc  incontestable  que  nos  écrivains 
doivent  s'affranehir  de  ce  joug  dans  leur  nou- 
veau système  tragique.  11  faut  seulement  qu'ik 
se  tiennent  en  garde  contre  les  changemens  de 
lieu  trop  fréquens  ou  trop  brusques.  Quelque 
adroitement  qulls  soient  effectués ,  ils  forcent  le 
spectateur  à  se  rendre  compte  de  la  transposition 
de  la  scène ,  et  détournent  ainsi  une  partie  de 
son  attention  de  l'intérêt  principal.  Après  chaque 
décoration  nouvelle,  il  est  obligé  de  se  remettre 
dans  l'illusion  dont  on  Ta  fait  sortir.  La  même 


chose  arrive  lorsqu'un  espace  de  temps  trop  con- 
sidérable s*écoule  d'au  acte  à  l'autre.  Dans  oa 
deux  caSy  le  poète  reparait,  poiw ainsi  dire,  es 
ayant  des  personnages ,  et  il  y  a  une  espèce  de 
prologue  ou  de  préface  sous-entendue  qui  nuit  à 
la  continuité  de  l'impression. 

Au  reste,  ces  inconvéniens  inévitables,  en  lit* 
térature  comme  en  politique,  ne  seront  pas  de 
longue  durée  :  partout  où  la  liberté  existe ,  la 
raison  ne  tarde  pas  à  reprendre  l'empire.  Les 
écrits  stationnaires  ont  beau  crier  que  les  in* 
uovations  corrompent  le  goût  du  public  :  le  goût 
du  public  ne  se  corrompt  pas;  il  approuve  ce  qm 
est  dans  la  vérité  et  dans  la  nature  ;  il  repousse 
ce  qui  fausse  la  vérité ,  ce  qui  s'écarte  de  la  na- 
ture en  l'exagérante  Les  masses  ont  un  instinct 
admirable.  Cet  instinct  a  déjà  tracé  à  nos  exi«>- 
gences  politiques  les  bornes  nécessaires  pour 
concilier  l'ordre  et  la  liberté;  cet  instinct  travaille 
et  réunit  à  placer .  la  religion  dans  la  sphère 
qui  lui  appartient,  entre  l'incrédulité  et  le  &- 
natisme;  ce  même  instinct  exercera  son  influence 
sur  la  littérature,  et  réprimera  les  écrivains  sam 
les  garotter^ 


(  m  ) 

NOTES  SUR  LA  GUERRE  DE  TRENTE  ANS(i). 

(a)  Erbest  de  Mansfeld  est  l'un  des  plus  remar* 
quaLIes   condottieri  do  dix-septième  siècle.  II 
était  fils  naturel  du  comte  de  Mansfeld ,  officier 
autrichien ,  qui  avait  commandé  avec  distinction 
les  arméçs  espagnoles  dans  les  Pays-Bas.  L'em- 
perettr  .Rodolphe  légitima  Ernest  de  Mansfeld, 
qui  fit  lui-même  ses  premières  campagnes  sous 
les  drapeaux  de  rAutricfae,  et  contre  les  protes-;- 
tans.  Mais  ayant  changé  de  religion ,  il  se  mit  au 
service  du  protestantisme.  Il  fil  la  guerre  en 
Bohâme^  dans  le  Palatinat,  la  Franconie,  TÂl- 
sace,  la  Lorraine^  en  Hollande,  en  Westphalie , 
en  Basse- Saxe  y  dans  la  Moravie ,  dans  le  Bran- 
debourg et  dans  la  Hongrie.  H  se  montra  le  plus 
sélé  défenseur  de  Frédéric  Y,  électeur  Palatin , 
qui  fut  quelque  temps  roi  de  Bohême.  Il  fut  mis 
trois  fois  au  ban  de  l'empire.  Presque  toujours 
battu  f   il  reparaissait .  plus  fort  après  ses  dé- 
faites. Toujôu^  occupé  de  pillage ,  il  vécut  pau- 
vre ,  n'employant  ce  qu'il  enlevait  aux  peuples 
que  pour  recruter  des  soldats*  Dès  la  première 

(i)  Pour  k  raison  que  fai  ënoncëc ,  page  ayS ,  j*ai  cru  de- 
Toir  joindre  c^uelques  aclairciâsemens  historiques  à  l'essai  pré- 
cëdent. 


1 


(  5oo  ) 

année  de  la  guerre  de  trente  ans ,  il  mardia  ao 
secours  de»  insurgés  bohémiens,  et  s*empara,  le 
21  novembre  i6i8»  de  Pilsen,  Tune  des  plos 
grandes  villes  de  ce  pays;  mais  le  lo  join  i6ïq, 
il  fut  complètement  battu  par  Bucquoi  et  Walk- 
tein,  et  reperdit  toute  la  Bohème.  Il  se  jeta  dans 
le  Palatinat,  échappa  au  duc  de  Bavière,  en  le 
trompant. par  de  fausses  négociations,  dâivra 
Franckental,  assiégé  par  les  Espagnols ,  et  alla 
piller  1  evéché  de  Spiiie,  le  Brisgauet  l'Alsace;  re- 
passant ensuite  le  Rhin ,  il  défît  complètenaent  le 
Êimeux  Tilly. 

Mais  Frédéric,  Télecteur  Palatin ,  pour  lequel 
il  combattait,  ayant  licencié  ses  troupes,  Mans- 
feld  passa ,  avec  sa  petite  armée,  au  service  de  la 
Hollande ,  et  dévasta  la  Westphalie  an  nom  de- 
cette  république.  Les  Hollandais  ne  le  conser- 
vèrent pas  long-temps  à  leur  solde,  et  il  se  mit 
en  marche  pour  le  Mecklenbourg ,  où  il  appuya 
lexpédition  du  roi  de  Danemarck.  Enfin,  vainca 
par  Wallstein ,  près  de  Dessau,  il  se  réfugia  en 
Transylvanie,  et  voulut  engager  Betfalem  Gabor 
.  à  le  soutenir.  Celui-ci ,  effrayé  des  victoires  de 
Wallstein ,  se  hâta  de  renvoyer  Mansfeld  de  ses 
états,  où  il  aurait  attiré  la  guerre.  Mansfeld  dirigea 
ses  pas  vers  Veuîse,  après  avoir  congédié  son 
armée  qu'il  ne  pouvait  plus  entretenir,  et  snivî 
seulement  de  quelques  officiers  qui  ne  voulurent 


(  Sot  ) 

pas  le  quitter.  Il  tomba  malade  à  Spalalro.  Lors- 
^l^'il  sentit  la  mort  approcher ,  il  se  fit  reyétir 
cle  son  Hniforme ,  ceignit  son  épee ,  et  «'appuyant 
sur  deux  de  ses  compagnons,  il  expira  .debout, 
Âgé  de  quarante-six  ans ,  le  20  novembre  1 626» 
(b)  Bernard  de  Weymar,  le  plus  audacieux  des 
généraux  allemands  qui  servaient  sous  Gustave- 
Adolphe  ,  ne  dut  qu'à  lui  -  mêro«  ses  succès 
et  sa  gloire  ;  car ,  bien  qu  issu'  d'une  maison 
souveraine,  il  ne  possédait  point  detats^  et  eut 
souvent  à  combattre  le  chef  de  sa  famille,  dont 
le  caractère  indécis  n'osa  se  déclarer  contre  lem- 
pereur  que  lorsqu'il  s'y  vit  foncé.  Bernard  de 
Wey  mar,  après  la  bataille  de  Lutzen ,  fut  nom- 
mé général  en  chef,  par  les  acclamations  de  toute 
Farmée  suédoise,  à  la  place  de  Gustave.  Sa  pre- 
mière opération  fut  de  prendre  Ratisbonne.  Son 
opiniâtreté  fut  cause  de  la  défaite  de  Nordlin- 
gen;  mais  c'est  la  seule  faute  qu^on  puisse  lui 
reprocher.  Il  remporta  sur  les  Autrichiens  la  vic- 
toire, de  Rhinsfeld,  où  quatre  des  plus  illustres 
généraux  de  l'empereur  furent  faits  prisonniers. 
A  la  suite  de  ce  triomphe,  il  s'empara  de  toute 
l'Alsace;  et  il  avait  osé  concevoir  le  projet  de  s'y 
maintenir  et  de  s'en  déclarer  le  souverain,  en 
résistant  à  la  fois  aux  armées  françaises  et  aux 
forces  impériales.  La  mort  mit  un  terme  à  ses 
desseins  ambitieux.  Il  mourut  à  Neuboui^  sur 


(  5oa  ) 

#  •  •  i 

leRhm^  tramais  de  juillet  iGSg,  kK4ge  de  trente- 
six  afM. 

(c)  Albert*Wenceslas-Eusèbe  de  Wâldsteîn, 
Wallenstein  ou  Wallstein^  naquit  le  14  septem- 
bre ï585,  a  Prague,  d'une  famille  noble,  qui 
professait  la  croyance  luthérienne.  Son  père 
s'appelait  Guillaume  de  Wàllsteîn,  seigneur  dUer- 
mannilz,  et  sa  mère  Marguerite  de  Schtnirfitzlj. 
On  1  envoya  ^  dans  sa  première  jeunesse ,  à  une 
école  de  Silésie,  oà  les  protestans  des  contrées 
Voisines  faisaient  élever  leiirs  enfans.  Il  y  montra 
bientôt  le  caractère  inipéttieux  et  altier'  qoi  de- 
puis le  rendit  si  remarquable  ;  et  sa  conduite  ir- 
régulière le  fit  renvoyer  de  cette  école.  Il  conserva 
toute  sa  vie  le  souvenir  de  cette  circonstance  de 
ses  premières  années;  et,. trente  ans  après,  étant 
en  Silésie,  comme  généralissime  de  Tempereur 
Ferdinand,  il  fit  chercher  par  des  soldats  son 
vieux  mattre  d'école,  qui  parut  en  tremblant  de- 
vant lui.  Wàllsteîn ,  après  s'être  amusé  quelque 
temps  de  sa  frayeur,  le  renvoya  comblé  de  pré- 
sens.' Wallstein  fut  placé  comme  page  à  la  cour 
du  margrave  de  Burgovie,  pritice  de  la  maison 
d  Autriche ,  qui  le  fit  voyager  dans  presque  toute 
VSuvo^.  H  se  distingua  dans  ses  voyages  par  la 
fecilitë  avec  la'quelle  il  apprenait  les  langues  et 
adoptait  les  mœurs  des  pays  qu  il  parcourait;  on 
le  surnomma  l'Alcibiade  de  son  temps.  II  fit  en- 


C  5o5  )' 

suite  uùe  caknpagne  en  HoKigrie^  â^  a  son  re*^ 
Cour ,  '  il  épousa  une  veuve  âgée  »  mais  dont  il 
considérait  la  fortune  comme  nécessaire  à  ses 
projets  d'arabiti(Hi.  Sa  femme  monrui  bîéntÀt  et 
lui  légua  toutes  'ses  richesses.  Wallstein  épons» 
en  secondes  noces  une  fille  dn  comte  de  Harrach," 
laypri  de  l'empereur  Ferdinand  II,  et  obtînt  suc-! 
cessivement  le  grade  de  o^onel ,  celui  de  généraly 
le  titre  de  duc  de  Friedland ,  de  prince  d'empire^ 
et  enfin ,  malgré  les  réclamations  de  rAllemagne 
etitière,  la  souveraineté  du  Mecklenbourg,  dont 
il  fut  dépouillé  à  Fépoque  où  le  commandement 
des  armées  impériales  lui  fat  enlevé.  Il  les  avait 
commandées  deux  fois  i  la  première^  au  mo- 
ment où  Christian  IV,  roi  de  ]>anemarck ,  se 
mit  à  la  tête  dos  protestans;   la  seconde,    à 
l'époque  où  Gustave-Adolphe  remplaçaCl)ristiaili 
Dans  Tune  et  dans  Vautre  de  ces  circonstances^ 
l'Autriche  se  trouvait  dans  les  embarras  les  plu^ 
pre^sans.  Lors  de  Vapparitioa  de  Christian  IV, 
Tilly  ^  à  la  vérité ,  avait  remporté  plusieurs  vic^ 
toifes  pour  la  ligue  catholique;  il  avait  battu  le 
margrave'  de  Bade^  Mansfeld  et  Christian  de 
Brunswick;  maia  les  mesilres  hostiles  des  états 
de  Basse^Saxe,  la  marche  de  Christian  en  AK 
lemagne,  les  subsides  envoyés  à  l'union  pro- 
testante par  Jacques  I*'  d'Angleterre ,  rendaient 
de  nouveau  la  situation  de  Ferdinand  très  cri- 


(  5o4  ) 

tique.  Il  Êtllait  une  seconde  armée  qu'on  pèt 
envoyer  contre  les  Danois;  on  n'apercevait  nul 
moyen  de  la  lever.  Les  ministres  dédaraient 
qu  il  n  y  avait  pas  dans  le  trésor  de  quoi  sou- 
doyer seulement  vingt  mille  hommes.  Walls- 
tein  se  présenta,  et  offrit  d'en  lever  cinquante 
mille,  a  Cinquante  mille  hommes,  disait-il,  se 
D  nourrissent  eux-mêmes  aux  dépens  des  pays 
»  conquis,  tandis  que  vingt  mille  ne  sont  pas  assez 
»  forts  pour  employer  ce  moyen  de  subsister.  » 
Les  offres  de  Wallstein  ayant  été  acceptées ,  il 
mit  sur  pied ,  non -seulement  cinquante  mille 
hommes,  mais  cent  mille.  Avec  cette  armée,  il 
s'empara  du  cercle  de  la  Basse-Saxe ,  de  la  Lu- 
sace ,  de  la  Franconie ,  battit  partout  Mansfeld , 
Bethlem-Gabor ,  prince  de  Transylvanie,  les 
Danois,  et  força  enfin  Christian  à  quitter  V Alle- 
magne et  à  se  retirer  honteusement  dans  ses 
états. 

An  moment  où  Wallstein  venait  de  rendre 
à  rAutriche  ses  états  héréditaires,  de  dompter 
la  moitié  de  TAllemagne  et  de  chasser  les  Da- 
nois, tous  les  princes  allemands  qu'il  avait  ir- 
rités se  réunirent  au  duc  de  Bavière ,  son  ennemi 
personnel  ;  aux  jésuites  ,  qui  soupçonnaient  la 
bonne  foi  de  sa  conversion  ;  aux  Espagnok ,  ja- 
loux de  ses  succès,  et  aux  agens  secrets  de  la 
France,  pour  demander  sa  destitution.  La 


(  5o5  ) 

de  Ratisbbnne  mit  à  ce  prix  l'élection  d'un  roi 
des  Romaibs,  élection  que  Ferdinand  II  sollicitait 
pour  son  fils.  L'empereur,  qui  ne  se  laissait 
entraîner  que  malgré  lui  à  cet  acte  d'ingrati- 
tude, voulut  l'adoucir  par  des  formes  amicales. 
U  dépêcha  vers  Wallstein  deux  de  ses  amis  in- 
times, qui  devaient,  en  l'engageant  à  se  sou- 
mettre et  à  résigner  son  pouvoir,  l'assurer  de  la 
bienveillance  impériale.  Wallstein  les  reçut  ma- 
gnifiquement, et  ne  leur  laissant  pas  le  temps 
d'entamer  leur  négociation  :  «  Les  astres,  leur 
»  dit-il ,   m'ont   annoncé  déjà  ce  qui    m'était 
»  réservé.  L'étoile  de  l'électeur  de  Bavière  l'em- 
»)  porte  sur  celle  de  l'empereur.  Je  n'accuse  donc 
}}  point  Ferdinand,  et  je  ne  suis  fôché  que  pour 
»  lui  de  ce  qu'il  n'a  pas  la  force  de  me  dé«- 
»  fendre.  »  U  renvoya  ensuite  les  deux  députés 
avec  de.  riches  présens,  et  se  retira  dans  ses 
terres  de  Bohême.  Il  y  vécut  avec  une  magnir- 
ficence  extraordinaire,  donnant  des  pensions  à 
une  foule  d'officiers  qui  s'étaient  distingués  sous 
ses  ordres,  et  en  offrant  même  à  des  hommes 
célèbres  par  d'aiitres  genres  de  mérite.  U  voulut, 
par  exemple,  s'attacher  Hugo  Grotius,  pour 
l'engager  à  écrire  son  histoire.  La  retraite  de 
Wallstein  dans  ses  terres  ne  fut  pas  de  longue 
durée.  Gostave-Adolpheavait  chassé  les  impé^ 
riaux  de  la  Poméranie  et  du  Brandebourg;  il 

20 


fc^ 


(5o6) 
avait  pénétré  jusqu'au  centre  de  l'AUeniagne, 
et  battu  Goraplétemeiit  T'd\y  près  de  Leipùdi; 
les  électeurs  de  Brandebourg  et  de  Saxe  s'étaieat 
~  déclarés coaire  Ferdinand,  avec  d'autres  princes. 
L'électeur  de  Trêves  était  en  négociation  anc 
la  France  ;  cdui  de  Bavière  raèrae ,  le  plu 
fidèle  allié  de  l'empereur  jusqu'alors  ,  |H^lait 
l'oreille  à  des  propositions  équivoques.  Li 
Bohème  avait  été  envahie;  Prague  était  tombé 
■u  pouvoir  des  ennemis. 

Ferdinand,  pressé  de  toutes  parts  par  le  roi 
de  Suède,  se  résolut  de  recourir  une  seconde 
fois  à  Wattstein.  Celui-ci  témoigna  d'abord  la 
plus  grande  répugnance  à  reprendre  la  direction 
des  armées  de  l'empereur,-  il.  alloua  même  un 
serment  par  lequel  il  avait  fait  vœu  de  ne  plus 
servir,  et  dont  Ferdinand  lui  offrit  de  le  &îre 
relever  par  le  pape.  La  cour  lui  envoya ,  pour 
vaincre  sa  résistance,  son  neveu  le  comte  Maxi- 
milien  de  Wallstein  ,  et  son  ami  le  prince 
d'Eggenbei^.  U  ne  céda  aux  instances  des  en- 
voyés de  l'empereur  FerdieaBd ,  et  ne  se  re- 
nit  à  la  tète  des  troupes  impà-iales  qu'eu  pres- 
crivant les  conditions  suivantes  :  qu'il  aurait 
seul  te  droit  de  faire  la  paix  on  de  continuer  la 
guerre;  qu'il  serait  et  demeurerait  toujours  gd- 
"^-"'■-sime  de  l'empire;  qu'après  avoir  terminé 
t,  il  attrait  pour  récompease,  en  toute 


(  3o7  ) 
souveraineté,  Tun  des  états  héréditaires  de  la 
maison  d'Autriche;  qu'il  prononcerait  seul,  et 
sans  appel  et  en  dernier  ressort,  toutes  les  confia* 
cations  ;  qu'il  aurait  seul  le  droit  de  faire  grâce  ; 
^ue  le  duché  de  Mecklenboui^  lui  serait  assuré 
par  un  des  articles  de  la  paix;  enfin,  que  toutes 
les  nominations,  tous  les  ayancemens,  toutes 
les  récompenses ,  dans  son  armée ,  seraient  en- 
tièrement et  irrévocablement  à  sa  disposition.  Ces 
conditions  furent  acceptées,  et  Wallstein  exigea 
leur  accomplissement,  celui  surtout  de  la  der- 
nière, avec  une  hauteur  qui  dut  humilier  et 
ofifenser  Ferdinand.  Quand  il  recevait  des  ordres 
contraires  :  «  Encore  quelque  nouvelle  produc*- 
»  tion  de  l'oisiveté  des  ministres  de  sa  Majesté, 
*D  i^épondait-il  :  dites-lui  qu'elle  s^occupe  à  Vienne 
I)  de  la  chasse  et  de  la  musique;  mes  soldats 
»  n'ont  pas  besoin  des  avis  de  ses  courtisans.  )i 
Un  gentilhomme  lui  ayant  apporté  une  patente 
par  laquelle  l'empereur  le  nommait  colonel  du 
premier  régiment  qui  viendrait  à  vaquer,  Walls- 
tein assembla  tous  les  colonels  de  son  armée, 
leur  présenta  cet  étranger  comme  leur  héritier 
présomptif,  et  après  l'avoir  exposé  aux  railleries 
de  la  soldatesque ,  il  le  renvoya  honteusement. 
.  Â  peine  eut-il  consenti  k  lever  une  armée,  que 
son  nom  fit  accourir  sous  ses  drapeaux  une  mul- 
titude de  vétérans  de  tous  les  pays,  sans  accep* 

ao.. 


(  5o8  ) 

tîon  de  croyance  ;  car  les  armëes  qui  combat- 
taient,  dans  la  guerre  de  trente  ans,  soit  pour, 
soit  contre  la  maison  d'Autriche,  étant  compo- 
sées en  grande  partie  de  soldats  levés  par  des 
partisans  qui  les  soudoyaient  avec  le  pillage,  et 
se  vendaient  avec  eux  au  plus  offrant,  il  arrivait 
que  les  catholiques  servaient  sous  les  drapeaux  du 
protestantisme  et  que  les  protestans  se  trou- 
vaient dans  les  armées  impériales.  Buttler,  Gordon 
et  Lesley,  les  trois  assassins  de  Wallstein,  étaient 
protestans.  Le  dernier  général  qui  commanda 
les  troupes  autrichiennes  dans  la  guerre  de  trente 
ans  était  uoHessois  calviniste, nommé  Meilander. 
tJn  fait  assez  singulier  prouve  la  lutte  de  Fesprit 
militaire  et  de  la  croyance  religieuse  à  cette 
époque.  L'un  des  lieutenans  de  Wallstefn,  le 
général  Holk ,  avait  dévasté  la  Saxe  de  la  manlëre 
la  plus  cruelle ,  et  persécuté  les  protestans  avec 
un  acharnement  inexprimable.  Étant  tombé  ma- 
lade, et  sentant  sa  fin  prochaine,  il  se  déclara 
protestant  lui-même,  et  demanda  un  ministre 
de  cette  religion  pour  l'assister  dans  ses  derniers 
momens.  On  en  chercha  vainement  un  de  tous 
côtés.  Holk  les  avait  fait  poursuivre  avec  une 
telle  rigueur  que  tous  avaient  pris  la  fuite.  Le 
général  mourant  envoya  ses  soldats  à  leur  re- 
cherche, promettant  six  cents  écus  à  quiconque 
lui  en  ramènerait  un.  Leurs  effi>rts  furent  long- 


(  3o9) 
temps  inutiles.  Eofin,  l'on  en  découvrit  un  qui 
s^ëtait  caché  dans  le  creux  d'un  arbre,  au  fond 
d'un  bois.  On  le  conduisit  vers  le  général ,  mais 
celui-ci  venait  d'expirer. 

Wallstein  lui-même  était  né  protestant  :  mais 
tombé  dans  sa  jeunesse  dun  troisième  étage,  il 
attribua  son  salut  à  Tintervention  de  la  vierge 
Marie,  et  se  fit  catholique.  Toutefois  il  ne  devint 
point  persécuteur.  Il  fît  bâtir  k  Gitschin  un  cou-* 
vent  pour  les  chartreux,  un  collège  pour  les  jé- 
suites, et  à  Glogau  une  église  ppur  les  luthériens. 
11  se  proposait  d'établir  en  Bohême  la  liberté  de 
conscience,  et  de  rendre  aux  protestans  exilés, 
qull  aurait  fait  revenir,  celles  de  leurs  terres  con- 
fisquées dont  l'empereur  lui  avait  donné  la  pro- 
priété. 

Indépendamment  du  pillage  qu'il  prodiguait 
à  ses  soldats ,  il  captivait  leur  dévouement  par 
son  attention  à  rappeler  devant  toute  l'armée 
leurs  actions  brillantes,  dont  il  n'oubliait  aucune. 
Il  se  promenait  souvent  au  milieu  d^eux ,  et  met- 
tant la  main  sur  la  tête  ou  sur  lepaule  des  braves 
qui  s'étaient  distingués,  u  C'est  à  celui-ci,  disait- 
»  il,  que  nous  devons  le  gain  de  telle  journée; 
»  la  hardiesse  de  celui-là  nous  a  sauvés  en  telle 
n  occasion.  »  Aussi  la  victoire  ne  tarda-t-elle  pas  à 
reparaître.  Wallstein  reprit  la  Bohême,  et  arrêta 
Gustave  devant  Nuremberg.  L'armée  impériale ^ 


(5io) 

j  se  troava  toat  à  coap  de 
ONnlnttaiis»  Ce  fi|t  ainsi  que 
■■1  hoamie  changea  subitement 
derEorope. 

Does  an  faite  de  la  gtoire 
^  Walkteîn  conçut  enfin  le  pio* 
ici  de  plaoer  sur  son  firont  la  couronne  de 
BdkcMep  et  il  entra  en  n^ociation  avec  Gus- 
tsn,  anrec  Qienstiem  et  avec  plusieurs  princes 


négociait  jamais  que  par  des  agens  su- 
,  et  son  penchant  pour  l'astrologie  lui 
ùisMiA  sonrent  modifier  on  ajourner  ses  projets, 
il  ne  d<Muiait  à  ces  agens  que  des  instructians 
'ngaes,  qu'ils  étaient  exposa  à  ontre-passer.  On 
en  tronye  la  preuve  dans  un  ouvrage  curieux^ 
rédigé,  après  la  mort  de  Wallstein,  par  un  des 
hommes  qu'il  avait  le  plus  souvent  employés 
comme  émissaires^  Cet  ouvrage  ^  resté  manu&- 
critj  est  intitulé.  Relation  véritable  de  ce  qui 
s'est  passé  j  depMÙs  Van  i65o^  époque  à  laquelle 
k  duc  de  Friedlandjut  destitué  du  commande-- 
WÊtfU par  sa  Ma/esté  impériale jjusqu^àCan  i654, 
jmV/  a  péri,  entre  le  comte  Terskjr,  le  duc  de 
Fifiedlandy  le  comte  de  Thoum^  le  roi  de  Suède^ 
et  le  soussigné,  Jaroslaw  Sesjrna  Baschin.  Ce 
Sc^yiia  Raachia,  V^gexA  habituel  de  Wallstein, 
obtint  sa  gr&c«,  après  Fassassin^t  de  son  maître^ 


(3i.) 

en  remettant  à  la  comr  cb»  Vienne  cette  notice  de 
toutes  les  négociations  dont  il  avait  été  chargé. 
Wallstein  proposa  an  roi  de  Snède  de  Ini  confier 
quinze  mille  hommes»  auxquels  se  joindraient 
ses  adhérons.  11  se  faisait  fort,  ayec  cette  armée  > 
de  surprendre  Vienne ,  et  de  chasser  Ferdinand 
jusqu'en  Italie.  Wallstein  fit  faire  cette  offre  an 
roi  par  le  comte  de  Thourn.  Gustave  la  rejeta 
sous  divers  prétextes ,  et  son  refus  laissa  dans  le 
cœur  de  Wallstein  un  ressentiraient  qui  ne  s*e^ 
faça  jamais.  Lorsqull  reçut  la  nouvelle  de  sa 
mort,  t<  Heureusement  pour  moi  et  pour  Ini^ 
»  s'écria^t-il ,  il  n'existe  plus.  11  ne  faut  pas  dam 
»  l'empire  deux  tites  pareilles,  n  Gustave  ayant 
été  tué,  Wallstein  entra  de  nouveau  en  négo- 
ciation avec  Oxenstiern  pour  la  Suède  ^  et  avec 
Amim  pour  la  Saxe.  Il  proposa  ses  conditions  f 
t(a\  furent  acceptées  ;  mais ,  lorsqu'Amim  lui  de* 
manda  par  quels  moyens  il  comptait  joindre  ses 
(oTCes  à  celles  des  alliés,  «  C'est  aux  Allemands^ 
D  dik-il,  à  se  réunir  pour  chasser  Fennemi  corn-* 
M  mun^    les  Suédois.    »   Oxenstiern   écrivit  à 
Wallstein  de  sa  propre  main ,  pour  lui  offrir  son 
assistance,  parce  qu'il  savait,  ajoutait-il,  que 
lefle  avait  été  Tîntention  du  feu  roi.  Wallstein 
lai  fi*  répondre  verbalement  que  le  moment 
n'était  pas  venu.  Les  négociartions  de  Wallsééin 
avec  Feuquières  euresl  le  métns  fltott«  EUeree 


(5,a) 

traitèrent  par  un  intermédiaire,  sans  pouTOÎrs 
écrits,  et  furent  aussi  rompues  par  Wallsfein.  Au 
milieu  de  ces  pourparlers,  il  attaqua  un  corps  de 
de  Saxons  et  de  Suédois  près  de  Steinan ,  et  Je 
fît  prisonnier  avec  toute  son  artillerie  et  tous  ses 
bagages.  Oxenstiem  déclara  plus  d'une  £ns 
qu'il  n'avait  jamais  pu  démêler  les  TérîtaUes 
intentions  de  Walistein. ,  Sa  conduite  finit  par 
inspirer  aux  alliés  une  telle .  défiance,  qu'ils  le 
soupçonnèrent  de  se  feindre  mécontent  de  l'em- 
pereur, pour  les  surprendre  et  pour  livrera  Fer* 
dinand  les  troupes  qu'ils  lui  auraient  confiées. 
Ses  vacillations ,  cependant,  ne  sont  pas  inexpli- 
cables. Independamment.de  ce  qu'il  se  laissait 
diriger  par  ses  astrologues ,  Wallstein  avait  on 
double  but.  U  voulait  enlever  à  l'empereur  Je 
trône  de  Bohême  ;  mais  il  voulait  aussi  délivrer 
TAllemagne  de  toute  domination  étrangère.  U 
répétait  sans  cesse  qu'il  fallait  se  défaire  des  Sué- 
dois, (c  Ces  intrus  ,  disait-^il,  n'ont  rien  à  voir 
>i  dans  l'empire.  Renvoyons^les  en  les  payant, 
iè  si  nous  le  pouvons  ;  et  s'ils  s'y  refusent ,  chas* 
»  sons-les  sans  les  payer.  » 

Alarmé  sur  les  projets  de  Wallstein,  Ewdinand 
se  détermina  à  le  faire  assassiner,  ou  du  moins 
s'exprima  de  manière  à  ce  que  des  serviteurs  am- 
bitieux et  avides  crurent  plaire  à  leur  prince  en 
massacrant  leur,  bienfaiteur. 


(5.5) 

Bottier,  Écossais  ou  Irlandais  y  que  Wallstein 
avait  élevé  aa  rang. de  colonel ,  de  simple  dra- 
gon qu^il  avait  été  pendant  trente  ans  ;  Lessley, 
lientenant-colonel,  et  Gordon,  colonel  et  com- 
mandant d'Égra,  tous  deux  également  combla 
des  faveurs  de  Wallstein,  complotèrent  ce  crime. 
Ce  dei*nier  invita  à  souper  chez  lui ,  dans  la  cita-* 
délie ,  Illo,  Tersky.et  Kinsky,  les  trois  confidens 
de  Wallstein,  et,  à.  la  fin  du  repas,  il  les  fit  égor- 
ger par  trente  soldats  du  régiment  de  Buttler. 
S'étant  réuni  easuite  à  Buttler  lui-même,  et  à 
an  antre  Irlandais  nommé  Déveroux,  capitaine 
dehallebardiers,  ces  trois  hommes»  suivis  de  six 
ballebardiers  de  la  compagnie  de  Déveroux,  pé- 
nétrèrent dans  l'appartement  de  Wallstein,  qui 
était  déjà  couché;  celui-ci ,  que  le  bruit  réveilla, 
s'élança.de  son  lit  vers  la  fenêtre.  Déveroux  ^'ap- 
prochant.de  lui,  lui  cria  :  «  Es-tu  le  scélérat  qui 
»  veux  arracher  à  l'empereur  sa  couronne?  tu  vas 
»  mourir» .Wallstein le  regarda  fixement,  ouvrit 
les  bras,  et  présenta  sa  poitrine  sans  prononcer 
un  seul  mot.  Les  assassins  le  percèrent  de  leurs 
hallebardes,  et  il  tomba  mort,  sans  qu'aucun  gé- 
missement lui  échappât. 

Il  périt  ainsi,  le  25  février  16349  à  l'âge  de  cin- 
quante ans.  U  fut  enterré  à  Gitschin,  dans  un 
couvent  do  Chartreux  qu'il  avait  fondé.  Sa  fille 
unique  épousa  dans  la  suite  un  comte  de  Kauoitz. 


(5i4) 

Presque  tons  ses  biens  furent  cooisqnéi}  m  m 
laissa  à  sa  yenve  que  la  terre  de  ffcuscHonn 
Silésie. 

(d)  On  a  TU ,  comment  Wallsleia 
sait  ses  troupes.  Ou  évalue  à  six  cent 
millions  d*ëcus ,  près  de  trots  millianb  4f 
monnaie  f  les  contributions  le?ées  en  qaiiif  m 
par  ce  général  en  Allemagne. 

(e)  Walktein  ne  fut  pas  le  seul  homm  à 
son  siècle  qui  s*adoona  à  Taetrologit.  Le»- 
pereur  Rodolphe  H  négligeait  ,  pour  i;  S* 
Trer  ,  ainsi  qui  1  alchimie,  tous  les  iniMe* 
son  empire.  Frédéric  V,  électeur  palaln ,  cm 
perdit  ses  états  héréditaires  pour  avoir  scofv 
la  couronne  de  Bohème ,  selaitdélenniaf  î<tA 
entreprise  hasardeuse,  et  au-dessus  égalr^r^^ 
son  caractère  et  de  ses  forces ,  par  le  couKÎi  èi 
astrologues.  Tillj  croyait  aux  présages»  et  b  •- 
perstilion  le  rendit  humain  une  lois  en  •  «^ 
LorsqoHl  s'empara  de  Leipsick ,  il  se  ptépsini  i 
faire  éproorer  à  cette  ville  les  traitemens  np^ 
reoz  qu*il  prodiguait  i  toutes  œllei  qus  ^ 
mauvais  sort  lui  soumettait  ;  mais  le  tmÊti  ^ 
qu*il  fut  logé  ches  un  foasojeur  qui ,  pk<>  * 
goût  pour  sa  profession ,  avait  décoré  ss  ck^b' 
d*ossemens  et  de  télés  de  morts*  Tillj  dnac» 
de  couleur  i  cette  vue  :  les  erainles  ftf9  t^ 
sentit  valurent  k  Letpsick  des  ménageinsM  <«' 


(5i5) 

uels  ses  habitans  ne  poavaient  s  attendre  ^  et  ses 
ispositions  dans  la  bataille  qu'il  livra  peu  de 
3urs  après  et  qu'il  perdit ,  portèrent  encore  l'em- 
ireinte  du  trouble  qui  le  dominait.  Ce  fut  du- 
an  t  ses  voyages ,  et  surtout  à  Padoue,  que  Walls«* 
3in  commença  à  se  livrer  à  l'astrologie.  U  prit 
esleçonSy  dans  cette  science,  d'un  Italien  nommé 
Lrgali;  et  depuis,  il  eut  toujours  avec  lui  un 
utre  Italien,  Battista  Séni|  qui  consultait  les 
stres  sur  tout  ce  que  Wallstein  voulait  entre- 
prendre. Ce  Séni  s'était  engagé  au  service  de 
Yallstein  pour  vingt-cinq  écus  par  mois  ;  mais 
^Vallstein  trouva  ce  salaire  au-dessous  de  l'im- 
)ortance  de  cette  profession  et  de  sa  propre  di-** 
;nité ,  et  porta,  les  appointemens  de  Séni  à  deux 
nille  écus.  On  prétend  que  cet  astrologue  était 
rendu  à  la  cour  de  Vienne ,  et  qu'il  contribua  à 
entretenir  Wallstein  dans  l'indécision  qui  causa 
>a  perte.  Ce  fut  par  ses  conseils  qne  Wallstein 
x>nsentit ,  lors  de  sa  première  destitution ,  à  se 
lémettre  sans  résistance  du  commandement.  Séni 
le  détourna  de  même  d'un  traité  qu'il  avait  déjà 
conclu  avec  la  Suède  et  les  princes  dcfen-« 
^urs  du  protestantisme.  Ayant  la  bataille  de 
Utzen,  où  Gustave  fut  lue ,  Wallstein  con-- 
sulta  son  astrologue.  Celui-ci  répondit  que  le 
ciel  ne  lui  promettait  pas  la  victoire,  mais  me- 
i^H  d'un  grand  malheur  le  général  ennemie 


(  3i6  ) 
Seni  avait  annoncé  à  Wallstein  qa*en  s'emparant 
de  la  couronne  de  Bohême^  il  affrontait  an  dan- 
ger priesque  inévitable,  w  Soit ,  s*écria-t-il ,  je 
})  mourrai  avecla  gloire  d^avoir été  roi  de  Bobéme, 
»  comme  Jules-César ,  bien  qu'assassiné ,  a  oon- 
I)  serve  celle  d'avoir  été  empereur  romain.  »  Le 
jour  de  sa  mort^  et  à  llieure  même  qui  précéda  cet 
événement ,  Wallstein  s'était  enfermé  avec  Séai , 
et  causait  sur  l'astrologie.  Séni  lui  prédit  un  grand 
péril  pour  cette  journée.  Wallstein^  examinant 
les  astres  y  prétendit  que  le  péril  avait  existé, 
mais  était  déjà  passé.  Feu  d'instans  après,  Séni 
le  quitta,  les  assassins  forcèrent  sa  chambre  et  le 
massacrèrent. 

(J)  L'empereur  Ferdinand  n'était  encore  qu'ar- 
chiduc de  Graetz ,  lorsque  Wallstein  znérîtaL  son 
amitié ,  en  levant ,  à  ses  propres  dépens ,  on  corps 
de  trois  cents  cavaliers,  avec  lequel  il  marcha  au 
secours  de  l'archiduc,  engage  dans  une  guerre 
contre  l'état  de  Venise.  Wallstein  se  distingua 
dans  la  défense  de  Gradiska ,  assiégé  par  les  Vé- 
nitiens. Il  acquit  de  nouveaux  droits  à  la  recon- 
naissance de  Ferdinand,  en  se  déclarant  pour  lot 
au  commencement  des  troubles  de  Bohème.  0  le 
délivra,  un  jour  qu'il  était  entouré  dans  son  ca- 
binet de  mécontens  bohémiens  qui   voulaient 
lui  arracher  par  des  menaces  la  confirmation  de 
leurs  privilèges,  mais  qui,  à  l'arrivée  de  Wals- 


(5i7) 

lein  ,  se  crurent  environnés  de  troupes^  et  tom-' 

bèrent  aux  genoux  de  Tenipereur  en  demandant 

grâce.  Ferdinand,  pour  récompense,  donna  à 

AVallstein  beaucoup  de  terres  confisquées  sur  les 

rebelles.  Ces  services  d'une  part  et  ces  faveurs  de 

de  Fa  ut  re  formèrent  entre  Wallstein  et  Ferdinand 

une  liaison  très  étroite,  qui  dura  jusqu'à  la  desti* 

tution  du  premier. 

(g)  Tilly  n'est  que  trop  connu  par  sa  cruauté, 
et  par  la  prise  et  l'affreux  pillage  de  Magdebourg. 
On  prétend  qu'il  avait  été  jésuite  dans  sa  jeu- 
nesse, qu'il  ne  but  jamais  de  vin  et  ne  connut 
jamais  de  femme.  Il  descendait  d'une  famille 
noble  du  pays  de  Liège.  Il  avait  fait  la  guerre  des 
Pays-Bas,  et  ensuite  celle  de  Hongrie  sous  Ro- 
dolphe IL  Entré  au  service  de  l'électeur  de  Ba- 
vière ,  il  donna  à  l'armée  bavaroise  une  oi^ani- 
sation  qui  lui  valut  de  grands  succès.  Il  fut 
généralissime  de  la  ligue  catholique,  et  à  la  re- 
traite de  Wallstein ,  il  le  remplaça  dans  le  com- 
mandement de  l'armée  impériale.  Il  combattit, 
avec  une  fortune  diverse,  mais  le  plus  souvent  fa- 
vorable, contre  les  généraux  protestans,  fut  tour 
à  tour  vainqueur  de  M ansfeld  et  vaincu  par  lui , 
et  enfin ,  ayant  été  complètement  défait  par  Gus: 
tave  sur  le  Lech ,  il  mourut  de  ses  blessures  à 
Ingolstadt,  le  1 6  avril  i632. 

{h)  Axel  Oxenstiern»   chancelier  de  Suède, 


(  5i8  ) 
Tami  et  le  confident  de  Gustave-Adolphe  ,  avait 
été  appelé  par  ce  prince  en  Allemagne ,  à  la  fok 
comme  guerrier  et  comme  négociateur.  Au  com- 
mencement de  Texpéditlon   suédoise ,   il  com- 
manda en  Prusse  un  corps  de  réserve  fort  de  dix 
mille  hommes.  Mais  Gustave  le  chargea  bientôt 
de  traiter  en  son  nom  avec  lès  États  protestans. 
Il  cotivoqua  dans  ce  but  une  assemblée  de  ces 
États;  elle  allait  s'ouvrir  dans  la  ville  d'Ulm, 
lorsque  la  mort  inattendue  du  héros  de  la  Suède 
jeta  Oxenstiern  dans  une  situation  très  difficOe. 
Simple  chevalier  dans  son  pays,  il  ne  pouvait 
guère  se  flatter  que  les  princes  des  plus  illustres 
.  maisons  de  FEurope  se  laissassent  diriger  par  un 
homme  d'un  rang  si  inférieur  à  celui  qu'ils  occu- 
paient. L'activité,  l'adresse  et  la  fermeté  d'Oxens- 
tiem  surmontèrent  tous  les  obstacles  »  et  après 
cinq  mois  de  travaux ,  de  voyages  et  de  négocia- 
tions, il  obtint  des  électeurs  de  Saxe  et  de  Bran- 
degourgy  et  de  tous  les  princes  confédérés,  qulls 
lui  confieraient,  presque  sans  réserve,  la  direc- 
tion de  la  guerre.  Il  devint  alors  l'arbitre  des 
destinées  de  l'Allemagne,  dont  il  partageait  les 
provinces  entre  les  princes  qui  servaient  sous  les 
drapeaux  de  la  Suède.  Chacun  de  ces  princes  de- 
manda et  obtint  de  lui  ce  qui  lui  convenait  du 
territoire  allemand,  à  titre  de  fief  de  la  couronne 
suédoise.  Oxenstiern ,  malgré  l'intérêt  qu'il  avait 


(  5.9  ) 

à  ne  pas  s'aliéner  le  cœur  d4  ses  aUiës ,  ne  put 

toujours  déguiser  sou  mépris  pour  l'avidité  avec 

laquelle  des  souverains  allemands  sollicitaient 

d'un  étranger  quelques  débris  de  leur  propre  pa- 

tiâe*  ce  Qu'on  enregistre  dans  nos  annales,  disait- 

u    il  un  jour,  pour  en  conserver  Té ternelle  mé- 

>•   moire,  qu'un  prince  de  l'empire  germanique 

n   demanda  une  portion  du  sol  germanique  à  un 

M   gentilhomme  suédois,  et  qu'un  gentilhomme 

n  fiuédois  accorda  cette  demande  à  un  prince  de 

»  l'empire  germanique.  » 

(/)  Ferdinand  II  professait  pour  les  prêtres  la 
vénération  la  plus  profonde,  a  S'il  m'arrivait , 
»  disait  -  il  souvent ,  de  rencontrer  en  même 
»  temps  un  ange  et  un  religieux  ,  le  religieux 
»  aurait  mon  premier  hommage ,  et  l'ange  le 
»  second.  »  Il  devait  à  son  éducation  cette  ma- 
nière de  penser,  qui ,  du  reste ,  était  celle  de  la 
plupart  des  princes  de  sa  maison.  Rodolphe  II 
était  de  même^sous  la  domination  des  jésuites* 
Ferdinand  ayant  perdu,  dès  sa  douzième  an- 
née ,  son  père ,  l'archidue  de  Styrie ,  avait  été 
mis ,  par  sa  mère ,  sous  la  tutèle  de  son  oncle , 
le  duc  dé  Bavière ,  qui  l'avait  fait  élever  par  les 
jésuites  ,  à  l'université  d'ingolstadt.   Lorsqu'il 
prit  en  main  le  gouvernement  des  états  patei*'^ 
neb,  il  voulut  aller  en  personne  à  Rome  ,  de- 
mander à  Qément  VIII  sa  bénédiction  >  et ,  en 


(    520   ) 

visitant  Lorette ,  il  s'engagea ,  par  un  vœn  so- 
lennel envers  la  Vierge ,  à  faire  triompher  k 
catholicisme  au  péril  de  son  trône  et  de  sa  vie. 
Deux  jésuites  ,  dont  les  noms  ont  acqais  dam 
lliistoire  des  malheurs  d'Allemagne  une  triste 
célébrité,  Lammerman  et  Weîngàrtner  ,  le  gou- 
vernaient despotiquement.  Sa  faiblesse  pour  eux 
était  si  notoire ,  qu'elle  lui  fut  publiquement 
reprochée  à  la  diète  de  Ratisbonne  ,  même  par 
les  princes  catholiques.  Lorsque  les  insurgés  de 
Bohême ,  sous  la  conduite  du  comte  de  Thoum, 
étaient  sur  le  point  de  prendre  Vienne  ,  on 
trouva  Ferdinand  avec  son  confesseur ,  aux  pieds 
d'un  crucifix  ;  et  au  milieu  des  succès  du  roi  de 
Suède  I  tandis  que  la  Bohême  était  envahie  et 
l'Autriche  menacée ,  cet  empereur  ordonnait  des 
processions  pour  obtenir  du  ciel  qu'il  détournât 
ces  malheurs.  Mais  si  la  superstition  le  rendait 
ainsi  pusillanime  dans  les  revers,  elle  le  rendait, 
dans  les  succès^  féroce  et  parjure. 

Rodolphe  II ,  menacé  par  les  états  de  Bohême 
qui  levaient  des  troupes  contre  lui,  avait  signé 
la  lettre  de  majesté,  par  laquelle  il  accordait  aux 
utraquistes  (protestans  de  Bohême)  les  mêmes 
droits  qu'à  l'église  catholique.  U  leur  avait  cédé 
l'université  de  Prague  :  il  leur  avait  permis  de 
se  nommer  un  consistoire  particulier  ,  entière- 
ment indépendant  du  siège  archiépiscopal  de  la 


t 


(   521    ) 

ville.  Toutes  les  églises  qu'ils  possédaient  leut 
avaient  été  assurées.  Les  gentilhomoies  et  les 
bourgeois  avaient  obtenu  la  faculté  d'en  bâtir 
de  nouvelles.  Les  états  avaient  été  autorisés  a  en- 
tretenir dix  protecteurs  ou  défenseurs  de  la  li- 
berté ,  investis  du  droit  de  lever  des .  troupes. 
Mathias ,  successeur  de  Rodolphe  ,  avait  con- 
firmé la  lettre  de  majesté.  Mais  après  la  prise  de 
Prague  par  Tillj^  Wallstein  et  Bucquoi,  la  lettre 
de  majesté  fut  remise  en  original  aux  généraux 
autrichiens  par  les  états  de  Bohème ,  et  Ferdi- 
nand ^  assis  sur  son  trône,  la  coupa  en  mor- 
ceaux avec  des  ciseaux ,  et  en  brûla  les  fîrag- 
mens. 

Après  l'assassinat  de  Wallstein ,  ce  prince , 
qui  récompensa  libéralement  ses  meurtriers,  fit 
dire  trois  mille  messes  pour  le  repos  de  son  âme. 


ai 


(    522   ) 

XIII. 

DE  M-  FOX  ET  DE  M.  PITT. 

Des  passions  impétueuses  ;  ud  grand  amour  et 
un  grand  besoin  de  Sensations  fortes;  une  ambi- 
tion ardente,  mais  généreuse;  un  patriotisme 
assez  éclairé  pour  ne  pas  exclure  la  philanthro- 
pie; une  sensibilité  profonde  et  vraie;  une  fidé- 
lité à  toute  épreuve  dans  l'amitié  ;  une  constance 
dans  les  affections  qui  remportait  sur  les  haines 
et  sur  les  intérêts  de  parti  ;  un  mélange  d'en&nce 
et  de  supériorité  rempli  de  charme;  un  esprit 
fin  f  pénétrant ,  quelquefois  ironique ,  mais  que 
tempérait  une  bonté  parfaite,  et  dont  la  puis- 
sance ne  servait  qu'à  combattre  des  doctrines  fu- 
nestes ou  à  seconder  les  mouvemens  d'une  noble 
indignation;  une  éloquence  entraînante,  mais 
souvent  inquiète  et  précipitée,  comme  si  d*in- 
norabrables  idées  assiégeaient  l'orateur  et  le 
poussaient  malgré  lui;  un  instinct  admirable  et 
rapide  dans  tout  ce  qui  avait  trait  à  la  liberté;  le 
goût  de  tout  ce  qu'il  y  a  d'élégant  dans  les  arts 
et  de  beau  dans  la  nature  ;  le  don  d'estimer  l'es- 
pece  humaine  et  de  n'éprouver  la  défiance  que 
lorsque  les  faits  l'avaient  méritée  :  telles  étaient 


(  535  ) 

les  qualités  qui  plaçaient  M.  Fox  au  rang  des  plus 
grands  et  des  meilleurs  hommes  dont  rAngleterre 
ait  pu  s'honorer. 

Celles  de  M.  Pitt  étaient  différentes  :  sa  dialec- 
tique était  puissante  ;  sa  docl  rine  pure  et  souvent 
élevée;  son  ambition  immense ^  mais  calme; 
toutes  ses  passions  s  y  étaient  concentrées;  au- 
cune affection I  aucun  entraînement,  aucun  goût 
pour  les  arts,  pour  le  plaisir,  pour  les  femmes, 
ne  l'en  détournaient.  Le  bruit  public  prétend 
qu'il  se  permettait  de  temps  à  autre  d'obscures  et 
vulgaires  jouissances  ;  mais  il  a  fourni  sa  carrière 
sans  ressentir  une  fois  l'amour.  On  a  dit,  et  je 
crois  avec  raison,  que,  dans  sa  jeunesse,  il  se 
livrait  avec  ceux  qu'il  appelait  ses  amis ,  aux  dis- 
tractions que  procurent  en  Angleterre  les  longues 
séances  après  les  repas;  mais  son  ivresse  même 
^tait  sage  ;  elle  n'établissait  aucune  intimité  entre 
lui  et  ses  convives,  parce  qu'aucune  sympathie 
n'existait  dans  son  âme  entre  eux  et  lui.  Avant 
d'arriver  aux  premières  places ,  il  avait ,  comùie 
•   le  font  toujours  tous  les  candidats  au  ministère, 
professé  les  principes  de  la  liberté.  Mais  si  l'on 
C9mpare  les  discours  qu'il  a  prononcés  à  ce  sujet 
(ils  sont  à  la  vérité  en  très  petit  nombre,  puis- 
qu'il a  été  ministre  à  vingt-trois  ans)  avec  ceux 
qu'il  a  consacrés,  pendant  le  reste  de  sa  carrière , 
à  favoriser  l'accroissement  du  pouvoir,  on  voit 


(  5^4  ) 

que  la  défense  du  peuple  n'était  pas  un  terrain 
propre  au  développement  de  ses  facultés.  Eil<s 
brillaient  surtout  quand  il  s'agissait  de  déclamer 
contre  la  cause  populaire.  L'autorité  était  son 
atmosphère,  comme  la  liberté  celle  de  M.  Fox. 

Cependant,  je  ne  le  nierai  point,  il  y  a  beau* 
coup  de  discours  de  M.  Pitt  qui  sont  parfaitement 
codktitutionnels.  Une  constitution  représentative 
a  cet  avantage,  qu'elle  fait  entrer  les  idées  des 
droits  et  des  garanties  dans  l'esprit  de  tous  ceux 
qui  aspirent  à  prendre  part  au  gouvernement,  et, 
k  foi*ce  de  répéter  pour  leur  intérêt  des  maximes 
de  cette  espèce ,  ils  se  persuadent  enfin  qu'ils  y 
croient.  Mais  la  manière  dont  ces  deux  hommes 
célèbres  considéraient  la  constitution  anglaise 
n'était  point  la  même.  M.  Fox  y  voyait  un  noble 
espoir  de  perfectionnement  pour  toutes  les  classes 
de  l'espèce  humaine,  M.  Pitt,  un  moyen  de 
puissance  régulière  et  de  stabilité  pour  l'oligar- 
chie. 

J'ai  parlé  de  la  constance  de  M.  Fox  dans  ses 
affections,  et  les  Anglais  sont  encore  émus  quand 
ils  se  rappellent  les  larmes  versées  par  lui  en 
plein  parlement  lors  de  sa  rupture  avec  M.  Burke. 
Je  ne  sais  si  M.  f  itt  a  jamais  pleuré  jtnais  assu- 
rément ce  n'a  jamais  été  sur  de  vieilles  amitiés 
brisées.  M.  Fox  a  eu  des  amis,  M.  Pitt  des  asso- 
ciés ,  ou  plutôt  des  subalternes. 


(  525  ) 

Le  mioistère  de  M.  Pitt  a  été,  en  1 789,  proba- 
blement une  grande  calamité  pour  TEurope.  Je 
ne  sais  quel  auteur  a  dit  que  Tàme  avait  encore 
plusd'espritque  l'esprit  tout  seul.  Un  ministre  plus 
cosmopolite  et  moins  anglais  que  M.  PittauraitTu, 
dans  le  grand  mouvement  imprimé  k  la  France, 
une  époque  qui  pouvait  devenir  heureuse  pour 
rhumanité.  M.  Pîtt  n'y  aperçut  qu'une  crise  qui 
affaiblissait  la  natioarivale  de  l'Angleterre.  Il  vou- 
lut accroître  le  mal  au.lieu  de  seconder  le  bien.  Il 
réussit  à  plonger  la  France  dans  un  épouvantable 
chaos  ;  mais  la  destinée  est  équitable  :  la  France 
est  sortie  de  ce  désordre,  et  l'Angleterre  a  été  quel- 
que temps  sur  le  point  d'y  entrer.  Je  ne  veux  point 
ici,  comme  des  écrivains  exagérés  et  trop  soupçon- 
neux, accuser  M..  Pitt  d'avoir  soudoyé  toutes  les 
hprreurs  de  la  démagogie  sanguinaire  de  179^. 
U  y  a  des  crises  durant  lesquelles  les  (actions 
n'ont  pas  besoin  d'être  séduites  pour  être  folles. 
Les  torts  de  M.  Pitt  remontent  plus  haut.  C'est  en 
1789  et  en  1790  qu'il  combattit,  par  tous  les 
moyens  secrets  qui  étaient  entre  ses  mains,  les 
efforts  de  M.  Necker  pour  apaiser  la  France;  et 
je  tiens  de  ce  dernier,  qu^entre  autres  obstacles 
à  toutes  les  mesures  .qui  pouvaient  rétablir  le 
calme,  au  succès  des  approvisionnemens ,  par 
exemple,  durant  le  terrible  hiver  de  1789»  il 
rencontra  souvent  l'influence  anglaise. 


(  5a6  )        ^ 

M.  Fox ,  on  n'en  peut  douter  ,  annit  agi 
bien  différemment.  U  eut  favorisé  la  tendance 
amicale  qui  se  développait  alors  entre  les  denx 
nations  ;  il  eût  offert  auit  Français  agit^ ,  tour- 
mentés par  les  fléaux  des  saisons ,  par  ceux  des 
divisions  intestines  et  par  des  intrigues  étran- 
gères ^  une  noble  et  loyale  alliance.  Au  lieu  d^ex- 
citer  les  souverains  de  l'Europe  k  lever  Fétendard 
contre  un  peuple  qui  voulait  respecter  l'indépen- 
dance de  ses  voisins,  sous  la  seule  condition  que  la 
sienne  serait  respectée,  il  eût  employé  l'influence 
du  cabinet  de  Saint-James  a  faire  sentir  à  la 
première  coalition  qu'il  ne  fallait  pas  irriter 
vingt*cinq  millions  d'hommes  enthousiastes  de 
la  liberté;  et  par  cette  conduite ,  il  eût  vraisem- 
blablement sauvé  Louis  XYI  et  les  milliers 
de  victimes  qui  l'ont  précédé  et  qui  Font  suivi. 

A  la  vérité,  l'Angleterre  n'eût  pas ,  durant  vingt 
ans,  exercé  au  même  point  le  monopole  du  com- 
merce; elle  n'aurait  pas  été  l'unique  puissance 
maritime  de  l'Europe;  mais  aussi  elle  n'aurait  pas 
vu  à  Stockport,  à  Manchester,  à  Smithfield,  des 
rassemblemens  de  soixante-dix  mille  mécontens; 
la  constitution  n'aurait  pas  été  menacée;  l'obéis- 
sance aux  lois  n'aurait  pas  été  remise  en  problème; 
d'insensés  démagogues  n'auraient  pas  cru  marcher 
i  la  liberté  par  l'anarchie;  et  à  la  justice  par  l'as- 
sassinat, tristes  résultats  d'un  insolent  triomphe. 


(  5:.7  ) 
M.Pitt  est  le  fondateur  de  récQle.politi<|Qe  qui 
domine  actuellement  en  Angleterre ..L'égoisme^ 
le  mépris  des  hommes  et  lamour  de  largent  en 
sont  les  mobiles.  M.  Fltt,  néanmoins^  était  per- 
sonnellement au-dessus  des  considérations  inté-^ 
ress^es;  son  intégrité  pécuniaire  pétait  reconnue^ 
La  médiocrité  seule  est  avide,  et  le  talent  qu'a- 
vait M.  Pitt,  et  qui  ne  distingue  aucun  de  ses 
élèves ,  le  préservait  des  calculs  sordides.  Mai^  il 
y  a  dans  les  hommes  qui  ont  soif  du  pouvoir  unei 
sorte  d'arrogance  qui  fait  qu'ils  ne  sont  pas  (à-, 
chés  de  voir  leurs  instrumens  dirigés  par  des 
passions  moins  nobles.  Outre  qu'ils  jouissent  de, 
se  sentir  supérieurs  à  ces  instrumens^  ils  s'en 
croient  plus  sûrs ,  parce  qu'on  regarde  comme  sa 
propriété  ce  que  l'on  achète. 

Durant  la  longue  administration  de  M.  Pittji, 

les  titres  se  sont  multipliés,  les  sinécures  se  sont 

accrues.  D  avait  oublié  au  timon  des  affaires  ce. 

qu'il  avait  dit  lors  de  son  entrée  au  parlement.^ 

cr  Messieurs 5  disait-il^  les  ministres  devraient 

I)  au  moins  donner  au  peuple  la  consolation  de 

A  voir  que  le  souverain  prend  part  à  ses  souf-. 

»  frances,  et  offre  lui-même  l'exemple  hono- 

#)  rable  d'une  sage  économie,  dans  un  moment^ 

')  si  critique  ;  ils  devraient  cpnsulter  la  gloire  ,et, 

I)  l'honneur  de  leur  maître  •  et  le  relever  encore, 

»  s'il  est  possible,  dans  l'opinion  de  ses  sujets. 


(  528  ) 

D  en  lui  faisant  le  mérite  de  retrancher  ce  qui 
appartient  à  la  magnificence,  pour  ne  conser- 
ver que  ce  qui  est  nécessaire  au  besoin,  âq 
lieu  d'attendre  les  demandes  d'un  peuple  ac- 
cablé, ils  devraient  accroître  sa  popularité  par 
un  abandon  volontaire  de  revenus  superflus. 
Si  les  ministres  n'ont  pas  fait  leur  devoir,  ce 
n'est  pas. une  raison  pour  que  cette  chambre 
ne  fasse  pas  le  sien.  Âcti&  en  tout  ce  qui  con- 
cerne l'intérêt  de  leurs  représentans,  les  mem- 
bres de  cette  chambre  saisiront  tous  les  moyens 
raisonnables  qui  se  présenteront  d'eux-mêmes; 
et  certes,  nul  n'est  plus  positif  et  plus  flatteur 
que  celui  de  l'économie.  Leur  caractère  leur 
impose  le  devoir  de  suivre  ce  principe  jus- 
qu'au pied  du  trône  même,  en  conseillant 
k  la  couronne  d'abandonner  une  ostentation 
inutile ,  afin  de  conserver  le  pouvoir  néces- 
saire ;  de  diminuer  un  peu  de  sa  pompe  royale, 
afin  d'assurer  d'autant  le  respect  qui  lui  est 
dû;  de  restreindre  enfin  sa  grandeur  exté- 
rieure ,  pour  augmenter  encore  sa  dignité  per- 
sonnelle •  • .  •  Ce  n'est  pas  déroger  à  la  gran- 
deur royale  que  d'écouter  avec  intérêt  les 
plaintes  du  peuple.  Parler  de  la  tutelle  de 
cette  chambre  serait  peut-être  employer  une 
expression  trop  forte  ;  mais  avouer  sa  curatelle 

»  ne  peut  ofiVnser  un  roi  constitutionnel.  La  di- 


(  3^9  ) 
minutîon  de  ses  dépenses  superflues  n'attaque 
pas  la  royauté;  et  loin  que  sa  magnificence 
et  sa  grandeur  puissent  être  atteintes  par  une 
sage  économie,  dans  un  temps  aussi  critique^ 
son  existence  semble,  au  contraire,  prendre 
une  force  plus  réelle  par  la  réduction  des  dé- 
penses .  •  •  •  La  liste  civile  a  été  accordée  à  Sa 
Majesté  par  le  parlement,  pour  tout  autre 
motif  que  pour  son  usage  personnel;  Elle  a  été 
allouée  afin  de  soutenir  le  pouvoir  et  la  dignité 
de  rempire,  afin  de  maintenir  sa  grandeur, 
afin  de  payer  les  juges  et  les  ministres  étran- 
gers; enfin  pour  entretenir  la  splendeur  et  le 
respect  dus  au  gouvernement ,  par  l'entretien 
des  grands-officiers  de  la  couronne,  propor- 
tionnellement à  l'opulence  du  peuple,  » 
Ainsi  parlait  M.  Pitt,  dans  sa  vingt-deuxième 
année ,  sur  les  bancs  de  l'opposition ,  contre  lord 
North.  Il  serait  curieux  de  rapprocher  ces  paroles 
du  gouvernement  de  M.  Pitt,  ministre.  M.  Fox 
a  laissé  des  tracesineffacables  dans  tous  les  cœurs 
des  amis  de  la  liberté  en  Angleterre;  M.  Pitt  a 
laissé  une  secte  d'adorateurs  qui  célébraient  en- 
core son  machiavélisme  dans  le  moment  où 
l'Angleterre  en  portait  la  peine.  Sir  S.  Romîlly , 
sir  James  Mackintosh,  M.  Bennet,  M.  Tiemey, 
sont  les  disciples  deM*Fox.  Les  ^èves  de  M.  Pitt 
sont  assez  connus  sans  que  je  les  nomme. 


(  53o  ) 

Deux  drcoastances  établissent  entre iLTcn et 
M«  Pitt  une  ressemblance  apparente.  Tous  deni 
ont  réclamé  la  réforme  parlementaire;  maisUvaut 
la  peine  de  comparer  leurs  discours  sur  cette 
amélioration*  Quelle  chaleur^  quel  entraloementi 
quelle  sincérité  dans  l'un  I  Quel  sang-froid^  quelle 
élégance  compassée,  quelle  absence  dame  dans 
l'autre!  L'un  va  jusqu'au  fond,  l'autre  reste  à 
la  surface  ;  l'un  veut  des  réalités,  l'autre  s'at- 
tache aux  formes;  l'un  veut  que  le  peuple  soit 
vraiment  plus  libre ,  lautre  que  l'oligarchie  soit 
mieux  déguisée.  Tous  deux  ont  échoaé  dans 
leurs  tentatives  sincères^  ou  apparentes  ;  mais 
il  est  probable  que  M,  Fox  a  gémi  de  sa  dé- 
faite, et  que  M,  Pitt  s'en  est  réjoui.  L'ayenir 
décidera  lequel  jugeait  mieux  de  la  situation  de 
l'Angleterre. 

Un  second  rapport  sous  lequel  M.  Pitt  et 
M.  Fox  se  ressemblent ,  c'est  qu'ils  sont  morts 
tous  deux  dans  la  vie  privée;  mais  il  y  a  entre 
eux  cette  différence ,  que  les  ministres  qui  ont 
remplacé  M.  Fox  étaient  ses  adversaires.  Ilapa> 
comme  membre  de  la  chambre  des  commuDeSi 
rendre  toujours  à  son  pays  le  service  important 
d'une  opposition  constitutionnelle ,  et  sa  xné- 
moire  n'est  point  responsable  des  fautes  de  ses 
successeurs  ;  tandis  que  tous  les  minières  qi» 
ont  eu  le  pouvoir   depuis  M.  Pitt,  formés i 


(  351  ) 

son  écolei  ou  d'après  ses  traditions^  et  empreints 
de  son  esprit,  ont  agi  suivant  ses  maximes,  et 
que  la  responsabilité  de  tous  leurs  actes  retombe 
sur  lui. 


K 


(354) 
l'opinion  ne  roulait  pas  cette  moit,  tout, 
lesactes  du  parti  qui  se  disait  populaire,  derint  ' 
tyranoique.  A  Londres,  l'année  fit  TÏolence  an 
parlement;  dans  les  provinces,  des  comités  se 
formèrent  pour  surveiller,  dénoncer,  arrêter,  dé- 
tenir les  cavaliers  «t  les  malignans.  On  sequestn, 
puis  on  vendit  les  biens  ;  on  incarcéra  et  qnel- 
quefolt  on  massacra  les  personnes. 

Ces  malignans  et  ces  cavaliers  étaient ,  ponr  la 
plupart,  ceux  qui  avaient  encouragé  leur  mal- 
heureux prince  à  résister  aux  besoins  et  aux  ré- 
damatioiLS  encore  fondées  d'un  peuple  alors  op- 
primé. Us  l'avaient  enivré  de  leurs  flatteries, 
étourdi  de  leurs  protestations ,  trompé  par  des 
démonstrations  emphatiques  d'une  force  qu'ils 
n'avaient  pas.  Ils  l'avaient  entraîné  à  sa  mine ,  et 
dans  sa  ruine  ils  trouvaient  la  leur. 

Ceci,  encore  une  fois ,  est  un  fait,  et  non  une 
excuse.  Les  comités  révolutionnaires  qui  s'é- 
taient partagé  les  provinces  d'Angleterre,  les 
jugemcns.  («évôtaux  de  ces  comités,  étaient  des 
choses  exécrables;  mais  la  première  source  de 
ces  choses  exécrables  «tait  dans  une  opiniitre^ 
cnal  entendue,,  dans  des  prétentions  absurdes, 
dans  une  obstination  insensée  à  résister  à  ce  qui 
était  juste.  En  résistant  à  ce  qui  était  juste,  OQ 
avait  produit  ce  qui  était  atroce. 

Ainsi,  jusqu'à  présent,  poos  royota  chacun 


^ 


(  555  ) 

puni  de  ses  fautes ,  puni  beaucoup  trop  séyère- 

ment^  et  par  des  bommes  beaucoup  plus  oou^ 

pables.  A  Dieu  ne  plaise  que  nous  penskms  à  le 

contester;  mais  de  même  que  Cfaaries  V"" ,  plus 

prudent  y  eût  écbappe  k  son  soi*t  funeste;  de 

même  les  royalistes,  en  n'égarant  pas  ce  roi  mal»- 

faeuteiix|  en  ne  le  poussant  pas  au-delà  des 

bornes  de  la  modération,  en  ne  raveuglant  pas 

sur  les  intérêts  de  son  trône  et  de  sa  vie,  au^ 

raient  échappé  aux  persécutions  qui  sniTirent 

pour  eux  la  mort  de  Charles  P'^ 

Nous  continuons ,  et  nous  allons  voir  la  même 
rétribution  s'étendre  avec  la  même  sévérité  sur 
des  fautes  d'un  autre  genre. 

La  révolution,  étant  devenue  tyrannique, 
faisait  peser  sur  les  Anglais  tous  les  maux  contre 
lesquels  cette  révolution  avait,  dans  son  principe^ 
été  dirigée*  Il  était  clair  qu'après  avoir  dépassé  son 
fafut ,  die  allait  contre  ce  but  même  ;  elle  devait 
donc  finir  par  se  détruire.  La  duperie  des  peuples 
n'est  jamais  longue  :  quand  on  les  opprime,  on 
a  beau  leur  parier  de: liberté,  ils  ne  tardent  pas 
à  s'apercevoir  qu'il  y  a  despotisme,  ett:e  despor 
tisme  qui  les  insulte  lie  leur  convient  pas  mieux 
que  tout  autre*  .    . 

Un  événement  particulier  suspendit  le  inour* 
vement  rétrograde,  qui  dès  lors  était  inévitable* 
Cet  événement  fut  l'apparition  de  CromvfeL  La 


(  556) 

nature  crée^  par  mterralles,  ilw 
Tant  lesqnek  le  reste  dea  hommes 
frappe  de  stupeur.  Ces  earactèrea 
empreints  du  génie  de  leur  ëpoqne;  ik  s< 
rent  de  toutes  les  passions  dominants» 
mettent  à  toutes  de  les  satisfaire  » 
satisfidsant  en  effet  jusqu'à  un 
les  transformer  en  intérêts;  effrnieitt 
les  uns  par  les  autres,  et  les  tiennent 
chaînés.  Tel  fut  Gromwd,  tel  lui 
Biais  ces  caractères  extraordinai 
pas  la  marche  des  choses;  ils  la 
quand  ils  disparaissent,  les 
comme  auparavant. 

La  tjrannie  révolutionnaire  derail 
ber  k  la  mort  de  Cromvrel;  elle s*é 
tellement  un  effet  nécessaire  de  ton!  oe 
eu  lieu  sous  cette  tjrnnnie,  qull 
sible  d'assigner  k  cette  chute  une 
diate.  Toute  la  puissance  était  entre 
des  républicains.  L'armée,  dirigée 
mité  d*officiers  républicains,  était 
toute  la  force  intérieure ,  et  ancm 
gère  n'avait  l'intention  ni  la  têcaJài  dl 
Dans  le  parlement,  siégeaient 
nombre  des  juges  de  Charies  1**;  t«ina 
paraissaient  réunb  contre  le  pnnee 
bit  mourir  le  père.  Mais  on  avait 


(557) 

coup  d'i naquîtes  au  nom  de  la  république;  il  fal-« 
lait  que  la  république  en  portât  la  p^ue.  Tout 
l'écha&udage  de  stabilité,  qu'on  eût  dit  indestruc^    ' 
tible ,  s'évanouit  comme  un  songe ,  et  Charles  II 
monta  8iu\le  trône. 

Trois  routes  lui  étaient  ouvertes  :  celle  de  la 
violence,  celle  de  la  loyauté,  celle  de  la  ruse. 
11  ne  voulut  pas  risquer  son  trône  en  entrant 
dans  la  première  ;  il  ne  put  se  résoudre  à  suivre 
la  seconde,  parce  qu'il  détestait  la  liberté;  il 
choi^t  la  troisième ,  et  son  choix  décida  la  chute 
de  son  successeur  et  de  sa  famille. 

Comme  il  gouverna  vingt^cinq  ans ,  on  pour- 
rait  croire  que  ce  choix  fut  du  moins  conforme 
à  son  intérêt  personnel;  mais,  si  l'on  entre  dans 
les  détails  de  son  administration  et  de  sa  vie  in-> 
térieure,  on  le  verra  tourmenté  sans  cesse  par 
les  deux  partis  qu'il  trompait;  importuné  des 
royalistes,  qui  ne  lui  savaient  aucun  gré  de  tolé- 
rer leur  audace,  parce  qu'il  éludait  leurs  préten- 
tions; effrayé  des  complots  qu'il  attribuait  aux 
républicains;  se  défiant  des  hommes  sages  qui 
se  défiaient  de  lui;  brouillé  avec  son  frère,  qu'il 
fut  obligé  de  reléguer  hors  de  l'Angleterre  ;  men- 
diant les  secours  pécuniaires  d'un  roi  despotique 
qui  rencourageait  comme  un  apprenti  despote , 
mais  qui  le  traitait  avec  dédain,  comme  ayant 
vendu  son  pays  à  Tétranger  ;  enfin ,  poussé  mal- 

22 


(  538  ) 

gré  ses  craintes  vers  la  Contre^-réyidutîoa  dont  il 
désirait  raccomplissement  et  redoutait  lestxmsé- 
quences^  et  mourant  couvert  du  sang  d'Essex , 
de  Russel  et  de  Sidaey •  Certes ,  une  telle  carrière 
est  une  trisie  indemnité  pour  le  travail  honteor 
d'uùe  dissimulation  perpétuelle,  et  nous  pen- 
sons que  Charles  II  n'aurait  rien  perdu  à  régner 
avec  bonne  foi.  La  bonne  foi  a  sur  les  peujsles 
une  extrême  puissance.  La  mort  de  Charles  II 
le  mit  à  Fahri  des  résultats  amers  qui  accom- 
pagnent la  duplicité.  Son  frère  mérita  et  re- 
tnieillit  ce  triste  héritage  ;  tnsàs  l'expérience  avait 
instruit  les  Anglais.  «  C'est  un  grand  maître 
»  (ici  j'emprunte  les  expressions  d'un  écrivain 
>»  qui  a  très  bien  apprécié  cette  époque  ) ,  c*est 
>»  un  grand  maître  qu'une  longue  et  cilielle  ré- 
»  volution.  Lorsque  les  Anglais  se  soulevèrent 
n  contre  Charles  P',  ils  voulaient  la  liberté, 
»  mais  ils  ne  la  comprenaient  pas  plus  que 
»  Charles  et  Buckingham  ne  se  rendaient  compte 
»  à  eux-mêmes  de  leur  despotisme  et  des  résul- 
»  taf s  qu'il  pourrait  amener.  Les  Anglais ,  en 
»  rompant  leurs  chaînes,  ne  songèrent  pas  qu'ils 
»  ne  pouvaient  se  passer  de  frein,  et,  semi^ 
»  blables  aux  esclaves  de  naissance  qu'on  a£fran« 
»  chirait  tout  à  coup  sans  les  avoir  prépara  à 
»  un  si  grand  changement  de  condition,  ils  cm* 


(  539) 
>i  rent  qu^étre.  libres  cVîtait  ne  plus  obéir  à  per-» 
»  sonne ^  et  sortont  n  avoir  plus  de  roi. 

»  Ils  s'aperçurent  avec  le  temps  et  à  Técole  ila 
i>  malheur^  qu'il  n'est  point  de  joug  pins  pesant 
K>  que  celui  qu'on  reçoit  de  ses  égaux  ;  que  le 
»  peuple  en  niasse  ne  peut  agir  directement ,  et 
»  qu'il  lui  suflSt  d'influer;  que  le  résultat  direct 
>i  de  l'action  de  tous  est  la  destraction  ;  qu'il  faut 
j»  toujours  en  revenir  à  confier  le  pouvoir  à  un 
n  petit  nombre  j  que  c'est  encore  ie  petit  nombre 
H  qui  mène  tout,  lors  même  que  le  peuple  en« 
»  fier  vote  ou  délibère^  et  qu'au  moment  où  il 
M  se  persuadeque  c'est  lui  qui  dirige  y  il  n'est  reel^ 
n  lement  que  l'instrument  de  quelques  hommes, 

»  Lorsque  le  peuple  anglais  eut  senti  sa  propre 
»  incapacité  9  il  sentit  aussi  la  nécessité  de  se 
»  soumettre  y  et  il  se  soumit;  mais  il  avait  acquis 
n  de  l'expérience;  il  avait  appris  à  connaître  la 
n  liberté;  il  savait  qu'elle  ne  consistait  pas  k  être 
n  affranchi  de  toute  obéissance,  mais  à  n'obéir 
n  qu'à  des  lois  faites  pour  le  bonheur  de  tous  ;  à  co 
H  que  l'honmie  ne  fàt  pas  à  la  merci  de  l'homme  ; 
»  à  ce  qu'il  pût  jouir  tranquillement  et  en 
ia  pleine  sûreté  de  sa  fortune  et  dci  son  talent,  de 
M  ses  facultés  locomotives  p  intellectuelles  et  se- 
M  ciales^  sous  la  seule  condition  de  ne  troubler 
M  personne  dans  les  mêmes  jouissances. 

D  Voilà  la  source  de  cette  sorte  d'instinct  p«- 


(54o) 

».Uic,  d'one  part^  contre  l'esprit 
Il  naire  et  Tancien  penchant  an  soulèvement^  et, 
n  de  lantre  part,  en  faveur  du  système  des  ga- 
a  ranties.  » 

Nul  homme  éclairé  ne  saurait ,  ce  mesemUe, 
méconnaître  les  leçons  de  tout  genre  que  ces 
trms  règnes  de  lliistoire  d'Angleterre  pr^entent 
à  tous  les  peuples. 

Cette  histoire  dit  aux  princes ,  au  nom  de 
Charles  V*  :  Quand  la  raison  publique  demande 
une  chose,  ne  vous  y  refusez  pas;  n'attendez  pas 
qu'il  soit  trop  tard.  Si  vous  luttez  par  l'arbi- 
Uraire  et  avec  violence ,  la  colère'  remplacera  la 
raison.  Quand  vous  voudrez  faire  le  bien,  il  ne 
sera  plus  temps  ;  vous  aurez  perdu  l'État  et  vous- 
même. 

.  Elle  leur  dit,  au  nom  de  Charles  II  :  Soyez 
justes  et  soyez  sincères.  La  duplicité  est  un  mé- 
tier pénible,  fatigant,  qui  ne  rapporte  pas  ce 
qu'il  coûte.  Les  nations  sont  clairvoyantes;  on 
ne  les  trompe  plus  ;  elles  comprennent  ce  qu^on 
ne  leur  dit  pas,  sous  ce  qu'on  leur  dit;  elles  rient 
du  mensonge  et  entendent  le  silence. 

Elle  leur  dit ,  au  nom  de  Jacques  II  :  N'ioia- 
giaez  pas  que  vous  êtes  forts  parce  que  des  flat- 
teurs extravagans  vous  le  disent.  Tant  que  vous 
n'avez  pas  tenu  en  main  le  pouvoir,  ils  vous  ont 
garanti  le  succès  de  Tnsage  que  vous  en  feriez. 


-       (  541  ) 

Ils  ont  condamné  les  ména^mçns,  inculpé  tes 
tefinporlsations ,  déclamé  contre  ce  qu'ils  nom* 
ncBaîent  pusillanimité  et  Êiiblesse.  Us  parlaient 
bien  à  leur  aise ,  parce  que  le  moment  de  la  crise 
était  encore  loin.  Ce  moment  est  yenu;  la  viô* 
lence  a  déployé  ses  bannières,,  et  Jacques  II, 
monté  sur  le  trône  en  1 685,  en  est  tombé  en  x688« 

Il  fut  tout  étonné,  Jacques  II,.  de  yoir  que 
pas  une  ^>ée  ne  fîit  tirée  pour  sa  défense;  que 
Louis  XIY,  qui  layait  encouragé,  abandonna  sa. 
cause;  que,  parmi  ses  courtisans^  ceux  qui  la-^ 
vaient  le  plus  eiccité  à  la  tyrannie  se  déclarèrent 
pour  son  expulsion,  Sunderland,  changeant  deux 
fois  de  religion  en  six  moîs ,  vendu  à  la  France  ^^ 
vendu  à  Jacques  II,.  vendu  à  Guillaume,  est  le  ' 
type  de  ces  courtisans. 

L'histoire  crie  aux  princes  :  Prenez-y  garde  :  il 
y  a  autour  de  vous  plus  d'un  Sunderland  • 

Mais  cette  même  histoire,  institutrice  sévère 
et  impartiale  dans  tous  les  sens ,  crie  aussi  aux 
peuples  :  Si  vous  dépassez  le  but  primitif  que 
vous  vous  proposiez  dans  vos  réclamations  légi- 
times, vous  serez  entraîné»  dans  une  route  se- 
mée d'abîmes  que  vous  ne  prévoyez  pas.  Si  vous 
êtes  injustes,  inhumains,  féroces,  votre  iniquité, 
votre  barbarie ,  retomberont  sur  vous.  Si  vous 
tuez  vos  rois,  vous  aurez  des  tyrans,  vous  recu- 
lerez devant  votre  ouvrage  ;  vous  désespérerez 


(34a) 

de  voiis*inéoie  ;  vous  désavouerez  vos  principes , 
parce  que  vous  rougirez  de  vos*  actions.  Après 
vous  être  souillés  par  des  crimes,  vous  vous  con- 
sumerez en  serviles  expiations;  et  succombant 
de  lassitude  pour  avoir .  voulu  l'anarchie  ,  vous 
vous  déclarerez ,  par  un  nouveau  blasphème,*  in- 
dignes de  la  liberté. 


^f^i^mmm^ 


(  543^  ). 

XV. 

DES  EFFETS  DIMVÉGIME 

QU*Oir..A   NOMUi  A^VOLUTIOlUfAIBE^ 

RELATIVEMENT  AU  SALUX  ET  A  LA  LIBÇRTÉ. 

» 

P£  LA.  7Ri^ÇS<  , 

Plu&ieurs.  fois ,  dorant  notre  longue  et  ora- 
geuse.  reYolution.,  on  a.  professé  une  doctrine 
qui  a^dïins  mon  opinion  y  beaucoup  d'importance 
et  qui  ne  me  parait  ni  vraie  ni.  sans  danger.  Je 
Tavals  réfutée  il  y  a  trente  ans.  Des^écrivains  dis- 
tingués la  reproduisent:  je  veux  l^aminei:de 
npuYeau*. 

Cette  doctrine  consiste  à  établir  que  les  ri- 
goieurs  illégales  qui  ont  souillé  quelques  époques 
de  nos  troubles  civils  ont  servi  la  liberté  au  lieu 
de  Ijù  nuire;,  que,  dans  l'état  où  se  trouvait  la 
France^  il  fallait  que  l'État  périt  ou  que  le  gou-* 
vernement  devint  im  gouvernement  de  sang; 
que  la  terreur  qu'il  inspira  était  nécessaire  pour 
fqrcep  l'obéissance  au  dedans,  et  la  disçi[dine  au 
dehora;  que  cette  terreur  passa  des  armées  fran- 
çaises: aux  armées,  ennemies;  qu'elle  gagna  les 
souverains  éti*àngers,  et.  nous  v<ilnt,  avec'  la 


(  544) 

moitié  de  l'Europe ,  des  traités  bononUo:  ^ 
pour  ne  pas  succonal)er  à  la  violence  des  naja 
employés  contre  elle,  la  liberté  devait  ncamzi 
des  moyens  plus  violens  encore* 

Je  suis  loin  de  reprocher  aoïc   autcwsdea 
système  les  conséquences  qn'il  joae  pumtzm- 
La  plus  simple  expérience  des  honaiEiessarb» 
nière  dont  les  idées  se  combinent  dans  lems  tels, 
nous  apprend  que  les  conséquences  €pii  naos  sa- 
blent résulter  éridemment  d'un  principe  sont»- 
vent  méconnues  par  ses  plus  zAés  partisans.  Ift 
légère  différence  dans  Tun  des  chaînons  àit^y 
tème^  dans  le  sens  d*iuie  expression,  daasBK 
idée  intecmédiaire ,  peut  mener  a  nae  sene  A 
raisonnemens  et  à  des  conclusions  âîreeteo^ 
Opposées.  Rien  de  plus  injuste  que  de  faire  l^ 
tomber  sur  un  écrivain  l'odieux  ou  réhsat(at 
de  prétendues  conséquences  qu'il  n'a  pas  tirées 
de  ses  principes  et  que  nons  en  tircms  sans  sa 
Avei^z  il  faut  les  développer,  pour  qu'il  lesauf^ 
pare  à  celles  qu'il  en  tire;  mais  ce  nest  ]^f^ 
que  par  une  injustice  coupable  que  ce  déveiop- 
pensent  peut  dégénérer  en  accusation. 

Je  commence  donc  par  déclarer  hautement  qo^ 
je  ne  soupçonne  point  Tintention  des  àékns^^^ 
du  système  que  j'ai  exposé  ;  mais  oe  qui  Q^  P^ 
été  leur  but  serait  le  résultat  positif  de  leur  sjs- 
tème,  qui  me  parait  cent  fois  plus  fune^/^f^ 


I  '^:  (  345  ) 

^  '^{areiiieiislesplasdéplorablesd'unemultitude 
^^^e  et  furieuse.  Cette  multitude^  on  Ja  com-- 
^  ""^iCf  on  la  replace  sous  le  joug  des  lois  ;  mais  le 
^^^°^$me  qui  régularise  des  excès,  qui  leur  donne 
^^^^  apparence,  je  ne  dirai  pas  de  légalité,  mais 
^fol^dre  et  de  symétrie,  est  d'un  danger  penna* 
îifsktt  et  incalculable.  U  tend  à  éblouir  les  plus 
^.se&  p  k  pervertir  les  plus  humains.  L'établisse* 
^^vacBAt  d'un  régime  tel  que  celui  qui  a  souillé  nos 
^'aopfsaales  en  i  ygS  et  en  1 794  aurait  £ut  sortir  du 
sz^elieu  de  la  nation  la  plus  douce  des  monstres 
ilestbnme  nous  en  avons  vu.  L'institution  de  tribu*- 
ïpres^nx  sans  ^gles,  sans  formes,  sans  défenseurs , 
«zKfjinnait  créé  des  juges  bourreaux  parmi  les  peuples 
mi^  moms  féroces.  U  est  un  degré  d'arbitraire  qui 
eipfaffit  pour  renverser  les  têtes ,  corrompre  les 
.oiuOeors,  dénaturer  touteslesafièctions.  Les  hommes 
gi^m  les  corps,  revêtus  de  pouvoirs  sans  born^, 
}  Ëi^eviennent  ivres  de  ces  pouvoirs.  Il  ne  faut  ja- 
,r^:tnais supposer  que,  dans  aucune  circonstance, 
^;<une  puissance  illimitée  puisse  être  admissible , 
jf.;et  dans  la  réalité,  une  telle  puissance  n'est  ja- 
:^  mais  nécessaire. 

Le  régime  affreux  qu'on  a  nommé  la  terreur 
;^,  n'a. point  contribué  au  salut  de  la  France;  la 
^  France  a  été  sauvée  malgré  ce  régime.  Il  a  cr^ 
,  h  pli^rt  des  obstacles  dont  on  lui  attribue  le 
V    renversement;  ceux  qu'il  n'a  pas  créés  auraient 


(  346) 

éîé  surmoatés  d'une  manière  plus  &ctle  et  pki 
durable  par  un  gouvernement  juste.  Telles  sont 
les  yérîtés  que  je  yeux  démontrer. 

Cette  démonstration  n'est  point  superflue.  Noœ 
ne  manquons  point  d'hommes  qui,  aajoord'hu 
encore,  admirent,  sinon  le  but,  au  moins  Fâier- 
gie  de.  Robespierre  et  de  Marat«  Ds  youdraient 
que  la  monarchie,  s'emparantd'une  énergie  sem- 
blable, frappât  comme  eux  ceux  quelle  soiqH 
eonne.  Prouvons  donc  à  la  monarchie  qae  la  to^ 
reur  n  a  pas  servi ,  mais  perdu  le  goayemeaieot 
ropublicain«. 

Lorsquoa  veut  faire  sonapol<^e,  on  tombe 
dansun  abus,  de  mots;  oi^  confond  la  terreur  avec 
lea  mesures:  qui  ont  existé  à  càté  de  la  terreur. 
On  ne  considère  pas  que,  dans  les  gou^Feroeoiens 
les  {dus  tyranniqnes,  il  y  a  une  partie  lé^le, 
répressive  et  coercitive,  qui  leur  est  commune 
avec  les  gouvememens  les  plus  équitables,  p» 
une  raison  bien  simjde^  c  est  que  cette  partie  est 
la  base  de  lexisteuce  de  tout  gouvernement. 

Ainsi  Ton  dit  que  ce  fut  la  terreur  qui  fit  mar» 
cher  les  Français  aux  frontières,  qui  rétablit  la 
discipline  dans,  les  armées ,  qui  frappa  d^épou- 
vante  ceux  qui  conspiraient,  qui  réduisit  à  l'im^ 
puissance  toutes  les  factions. 

Tout  cela  est  faux.  Les  hommes  qui.  opéraient 
toute&ceschoses furent  en  effet  les  mêmes  hommes 


(  347) 
«fti  Csiisaient  peser  la  terreur  sur  la  France;  ma& 
e  ne  fut  point  par  la  terreur  qu'ils  les  opérèrent. 
L  y  eut,  dans  l'exercice  de  leur  autorité,  deux 
Arties ,  la  partie  gouvernante,  et  la  partie  atroce, 
^'est  à  l'une  qu'il  faut  attribuer  leurs  succès,  à 
autre  leurs  dévastations  et  leurs  crimes. 

Comme  en  même  temps  qu'ils  opprimaient  et 
lëvastaient '  le  pays,  il  leur  fiillait,  pour  leur 
existence  y  gouverner,  la  terreur  et  le  gouverne- 
nent  coexistèrent ,  et  de  là  la  méprise  qui  fît 
prendre  le  gouvernement  pour  la  terreur,  et  la 
terreur  pour  le  gouvernement. 

Que  si  l'on  dit  que  Tune  aida  l'autre,  et  que 
L'effroi  qu'inspira  Tautorité,  par  sa  partie  atroce, 
redouUa  la  soumission  à  sa  partie  légitime  >  on 
dit  une  chose  évidente  et  commune;  mais  il 
n*en  résulte  pas  que  ce  redoublement  d'effroi 
fï^t  nécessaire ,  et  que  le  gouvernement  n'eût  pas 
eu  par  la  justice  les  moyens  sufflsans  pour  forcer 
l'obéissance. 

Sans  doute,  lorsqu'un  juge  condamne  à  la  fois 
un  innocent  et  un  coupable,  la  terreur  s^empare 
de  tous  les  coupables  comme  de  tous  les  ^innocens  ; 
mais  la  punition  du  coupable  aurait  rempli  de 
ce  but  tout  ce  qui  était  nécessaire..  Les  coupables 
auraient  également  tremblé,  quand  le  crime 
seul  eut  été  frappé.  Lorsqu'on  voit  à  la  fois  une 
atrocité  et  une  justice,  il  faut  se  garder  de  faire 


(  548  ) 

de  ces  deux  choses  un  maoslrueux  gnsemMc.  ( 
ne  faut  pas  sur  cette  coufiision  déplorable  £ 
bâtir  un  système  d'iodiflereoce  sur  les  moje^; 
il  ne  faut  pas  attribuer  sans  discernement  tom 
les  effets  à  toutes  les  causes,  et  prodiguer  an  la* 
sard  son  admiration  à  ce  qui  est  atroce  et  a  ce 
qui  est  légal. 

Séparons  donc,  dans  Thistoire  de  Tépoque  ré- 
volutionnaire ,  ce  qui  appartient  au  gonveme* 
ment  et  les  mesures  qu'il  eut  droit  de  prendre 
d  avec  les  crimes  qu  il  a  ciHnmis  et  qu*il  a*avai< 
pas  le  droit  de  commettre* 

Le  goïiveroement  (  je  ne  le  considère  pas  îo 
sous  le  rapport  de  sou  origine ,  mais  simptemect 
en  sa  qualité  de  gouvernement)  avait  le  didt 
d'envoyer  les  citoyens  repousser  les  enneisis.  Ce 
droit  appartient  à  tous  les  gouvernemens;  ik 
l'ont  dans  les  pays  monarchiquqs  et  dans  ks 
pays  républicains;  ils  l'ont  en  Suisse ,  aussi  bies 
qu'en  Russie  ;  et  comme  la  gravité  d'utt  délit  ré- 
sulte des  conséquences  qu'il  peut  avoir  ^  le  gou- 
vernement avait  encore  le  droit  d'atta<:her  la 
peine  la  piu$  séyère  au  refus  de  partir  pour  ks 
armées,  à  la  désertion,  à  la  fuite  des  soldats* 
Mais  ce  n'est  pas  là  ce  que  firent  les  hommes 
qui  se  vantaient  d'oiganiser  la  terreur.  Us  dé- 
cimèrent des  armées  obéissantes  et  couraipeases; 
ils  abolirent  toutes  les  formes  de  jugemeos^  même 


(549) 
ilitaii^es;  ils  revéthrent  leurs  instrumens  depbn«^ 
>ir$  illimités;  ils  remirent  le  sort  des  individus 
I.  caprice,  et  le  sort  de  la  goerre  à  k  frénésie, 
es  horreurs  ne  servirent  de  rien  à  la  république. 
ors  même  que  des  proconsuls  n'eussent  pas  jait 
érir  des milliere  dmnocens  i  Farmée  du  Rhin, 
Eiraiée  eût-elle  moins  bien  combattu?  Ne  flét- 
rissons pas  nos  triomphes  dans  leur  source,  et 
:>ogeons  qu'on  ne  peut  attribuer  ni  à  des  Aireure 
»rocoBsulaires  ni  à  des  échafauds  permainens  les 
'ictoires  d'Arcole  et  de  Rivoli. 

Le  gouvernement  avait  le  droit  de  scruter  sé« 
rërement  la  conduite  de  ses  généraux,  victorieux 
>u  vaincus,  et  de  fiaiire  juger  sans  indulgence 
les  traîtres  ou  les  lâches.  Mais  les  décemvirs  li^ 
vrèrent  h  des  bourreausc  ceux  qu^'ls  haïssaient  ou 
soupçonnaient;  ils  versèrent  le  sang  de  guerriers 
inréprodiables.  Ces  meurtres  n'étaient  d'aucune 
nécessité,  puisqu'il  £aiut  examiner  la  nécessité 
des  meurtres» 

Le  goavemement  avait  le  droit  de  surveiller» 
de  poursuivre,  de  traduire  devant  les  tribunaux, 
ceux  qui  conspiraient  ;  mats  des  tribunaux  sans 
formes,  sans  appel,  assassinèrent  sans  jugement 

soixante  victimes  par  jour. 

On  a  prétendu  que  ces  atrocités  n'étaient  pas 
sans  fruit ,  et  que  la  mort  ne  choisissant  pas,  tout 
tremblait.  Oui ,  tout  tremblait  sans  doute  ;  mais 


(  55u  ) 

il  eût  stefli  que  les  coupables  (recublasseitt ,  die 
supplice  de  vieillards  octogéoaires ,  et  d'accœè 
^ou  interrogés ,  ne  ponràit  être  nécessaire  pov 
effrayer  les<x>nspirateurs. 

Ije  gouvernement  avait  le  droit  de  réprimer 
ceux  des  ministres  de  k  religion  qui ,  ne  se  res- 
fermant  point  dans  leurs  fonctions  spirituelles, 
troublaient  l'État  par  des  suggestions  Êictîeoses. 
Mais  la  terreur  proscrivit  >  assassina  >  voulol 
anéantir  lous  les  prêtreis.  Elle  créa  de  nouveai 
une  classe  pour  la  massacrer  ;  et ,  tandis  que  b 
justice  eut  apaisé  la  superstition  et  enlevé  an 
fanatisme  les  prétextes  dont  il  se  couvrait ,  b 
terreur  y  en  poursuivant^  en  combattsuat  par  l^îo- 
justice  et  la  cruauté  cette  superstition  et  ce  £ina- 
tisme ,  en  fit  des  objets  sacrés  tax  yeux  de 
quelques  -  uns  ^  respectables  aux  jenx  d'oa 
grand  nombre  ^  intéressans  aux  yeux  de  tons* 

Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  cet  eramen  des 
effets  de  la  terreur  ;  j'en  conclus  qn'eUe  n*a  fait 
que  du  mal^  et  qu'elle  n'a  produit  aucun  bien. 
A  côté  d'elle  a  existé  ce  qui  était  indispensable  < 
tout  gouvernement ,  mais  ce  qui  aurait  existé  sans 
elle ,  et  ce  qu^elle  a  corrompu  et  empoisonné  en 
s  y  mêlant. 

Ce  qui  trompe  sur  ses  effists,  c'est  qu'on  loi  a 
feit  un  mérite  du  dévouement  de  nos  citoyens  et 
de  nos  guerriers.  Tandis  que  des  tyrans 


(  35.  ) 

leot  leur  patrie ,  ils  persistaient  à  la  servir  et  à 
ourîr  pour  elle.  Menacés  de  Tassassinat ,  ils 
en  marchaient  pas  moins  à  la  victoire. 
Ce  qui  trompe  encore ,  c'est  qu'on  admire  la 
rreur  d'avoir  renverse  lesobstaclesqu'elle*même 
ail  créés;  mais  ce  dont  on  J'admire  ^  on  de- 
ait  l'en  accuser. 

En  effet >  le  crime  nécessite  le  crime.  La  féro- 
té  du  comité  de  salut  pubKc  ayant  soulevé  tous 
s  esprits ,  tous  s'égarèrent  dans  ce  soulèvement  ^ 
:  la  terreur  fut  nécessaire  pour  les  comprimer; 
laîs  avec  la  justice ,  le  soulèveHnetit  n'eût  pas 
ciste  ^  et  l'on  n'eût  pas  eu  besoin ,  pour  prévenir 
e  grands  dangers ,  de  recourir  à  d'affreux  re- 
lèdes. 

Ccst  à  cet  horrible  abus  de  là  force  qu^il  faut 
Kribuer  encore  aujourd'hui  la  répugnance  de 
uelques  hommes  hon  nêtes  pour  tous  les  principes 
ai  ne  conduisent  pas  au  repos  et  au  silence  sous 
3  despotisme.  La  frénésie  de  1794  ^  ^î^  abjureï", 
tardes  esprits  faibles,  les  lumières  de  1789. 

Ce  régime  abominaUe  n'a  point ,  comme  on 
adît ,  préparé  le  peuple  à  la  liberté,  il  l'a  pré-* 
)aré  k  subir  un  joug  quelconque  :  il  a  courbé  les 
êtes,  mais  en  dégradant  les  esprits,  en  flétris- 
ml  les  cœurs  :  il  a  servi  pendant  sa  durée ,  les 
imis  de  l'anarchie,  et  son  souvenir  sert  main- 


(  35a) 

tenant  les  amis  de  l'esclavage  et  de  TaTiliae- 
ment  de  l'espèce  humaine. 

Et  disons  ici  une  vérité  sans  cramdre  les  ia- 
terprétationa  malveillantes.  Les  véritables  r^- 
bUcains  ne  furent  ni  les  fondateurs  ni  les  instn- 
mens  de  ce  régime  ;  ils  le  combattireDl^  an  mo- 
ment où  ils  le  virent  s'élever.  Qs  appelèrent  à 
leur  secours  tous  ceux  que  des  motî&  pressais, 
rintérét  de  leur  fortune,  de  leur  repos  ,  de  leur 
vie,  auraient  dû  engager  à  se  réunir  à  eux.  D'ab- 
surdes ressentimens,  un  timide^msine,  na  désir 
stnpide  d'être  yengé  de  ses  vainqueurs,  même 
par  ses  assassins ,  empêchèrent  cette  reanion.  Les 
républicains  furent  abandonnés,  ils  succombè- 
rent, ennemis  de  Robespierre,  et  non  ses  com- 
plices, mart^  de  l'ordre- social,  non  ses  destruc- 
teurs. La  terreur  commença  par  leur  défaite, 
«t  s'aflermit  sur  leurs  tombeaux. 

P.  S:  Plusieurs  de  ces  réftexitms  furent  publiées 
«n  1797.  Je  ne  les  aurais  pas  reproduites,  je  n'aa- 
rais  pas  rappelé  de  tristes  souvenirs  ,  st  je  n'avais 
pensé  qu'il  importait  à  la  France,  quelles  que  soient 
désormais  ses  destinées ,  de  ne  pas  voir  confondre 
ee  qui  est  digne  d'admiration  et  ce  qui  n'est 
digne  qued'horreur.  Justifier  le  régime  de  1 79? , 
peiodre  des  forfaits  et  du  délire  comme  une  né- 
cessité qui  pèse  SQF  les  peuples,  toutes  les  (ois 
qu'ils  essaient  d'être  libres ,  c'est  nuire  à  une 


(  555  ) 

cause  sacrée,  plus  que  ne  lui  nuiraient  les  atta- 
ques de  ses  ennemis  les  plus  déclares.  C'est  ainsi 
qu'on  frappe  de  réprobation ,  aux  yeux  du  vul- 
gaire ,  toutes  les  idées  qu'embrassaient  autrefois 
avec  enthousiasme  les  âmes  généreuses,  et  qu'a- 
doptaient ,  par  imitation ,  les  âmes  communes  ; 
et  certes ,  les  évènemens  ont  suffisamment  cor- 
roboré ,  depuis  trente  années ,  toutes  mes  asser- 
tions et  toutes  mes  craintes.  Lises  les  séances  de 
la  Convention ,  du  3i  mai  au  9  thermidor ,  le 
Moniteur  de  1800  à  18121 ,  vous  verreas  que  les 
hommes  qui  avaient  demandé  du  sang  ont  brigué 
des  chaînes. 

Séparez  donc  soigneusement  les  époques  et  les 
actes;  flétrissez  ce  qui  est  éternellement  cou-* 
pable  ;  ne  recourez  pas  à  une  métaphysique  afas-* 
traite  et  subtile  pour  prêter  à  des  attentats  l'ex- 
cuse d  une  fiitalité  irrésistible  qui  n'existe  pas  ; 
n'6tez  pas  k  vos  jugemens  toute  autorité ,  à  vos 
hommages  toute  valeur. 


2^ 


(  554) 

XYI. 


4  •-     M    » 


DES  CAUSES  UUMAIINES 

QUI    ONT    COMCOUnU 

A  L'ÉTABLISSEMENT  DU  CHRISTIANISME. 

Bien  avant  notre  ère,  le  polythéisme  était 
parvenu  à  son  point  le  plus  haut  de  perfection 
relative  ;  mais  la  perfection  relative  est  passagère, 
oomme  tout  ce  qui  tient  de  notice  nature.  Impar- 
fait dans  Eschyle,  parfait  dans  Sophocle ,  le  poly- 
théisme déclina  au  même  instant ,  puisque  les 
germes*  de  sa  décadence  s'aperçoivent  dans  Eu- 
ripide. Ces  germes  étaient  nombreux. 

Les  dieux  s'étaient  multipliés  jusqu'à  l'infini , 
par  les  personnifications  et  lès  alléj^ies.  De  là, 
une  confusion  étrange  dans  les  doctrines ,  les  lisi- 
bles et  les  pratiques. 

Une  disproportion  toujours  croissante  entre 
les  dogmes  du  polythéisme  et  l'état  des  lumière 
s'était  introduite. 

Les  progrès  des  connaissances  physiques ,  dé- 
couvrant à  i'homme  les  causes  naturelles  des  évè- 
nemens  qu'il  considérait  jadis  comme  miracu- 
leux, avaient  ébranlé  les  traditions  religieuses. 

La  lulte  inévitable  entre  le  pouvoir  religieux 


C  355  ) 

et  te  pouvoir  politique  avait  produit  un  effet 
Hicheux  sur  lopinion  des  profanes. 

La  philosophie,  après  avoir  marché  lotig- 
temps  à  côté  du  polythéisme ,  s^était  tournée 
contre  lui,  parce  qu'il  avait  voulu  Topprimer* 
Les  opinions  les  plus  discordantes  s'étaient  en- 
tassées dans  la  partie  occulte  de  la  religion ,  et 
les  dépositaires  de  cette  partie  mystérieuse,  or-** 
gueilleux  comme  on  Fest  toujours  de  posséder 
des  secrets,  les  avaient  laissé  deviner  au  pcuplcé 
De  toutes  ces  causes  était  résulté,  pour  la 
classe    éclairée  ,   un  partage  inégal  entre  dcà 
opinions  philosophiques ^  qui,  toutes,  étaient 
opposées  au  polythéisme;  et  pour  le  peuple,  une 
incrédulité  brutale,  aussi  folle  que  la  plus  (oUe 
superstition,  puisque  ,  ainsi  que  la  superstition, 
elle  n  était  b/i^dée  sur  aucun  examen. 

Cependant  le  sentiment  religieux  cherchait  à 
se  satisfaire.  La  raillerie,  en  sapant  la  croyance, 
ne  détruit  pas  le  besoin  de  croire  :  elle  en  fait  en 
quelque  sorte  un  besoin  honteux  de  lui-*même , 
mais  qui  n'en  est  que  plus  irritable  et  plus  ar- 
dent ,  parce  qu'en  s'y  livrant  on  le  cache ,  et  qu'on 
le  satisfait  ainsi  incomplètement,  à  la  hâte ,  âveâ 
trouble,  sauf,  si  l'on  est  découvert,  à  se  relever 
dû  ridiaile,  en  se  moquant  de  soi-même. 

A  cette  époque,  l'état  de  l'espèce  hunuiine  est 


25, 


(  55G  ) 

des  plus  étranges,  et  cet  état  étrange  devient 
bientôt letat  le  plus  triste. 

Le  scepticisme  a  détruit  toute  conviction  dans 
ses  racines.  La  morale  est  ébranlée,  moins  encore 
par  l'effet  direct  de  l'incrédulité ,  que  par  le  sou- 
venir des  traditions  religieuses  qui  survivent  à 
cette  incrédulité.  Ces  traditions,  dans  les  temps 
crédules ,  servaient  d'appui  aux  idées  morales  ; 
l'appui  s'écroulant,  ces  idées  s'écroulent.  Il  n^est 
pas  toujours  sûr  que  telle  religion  fasse  du  bien, 
pendant  qu'on  y  croit;  mais  il  est  sûr  que  tonte 
religion  fait  du  mal ,  quand  on  n'y  croît  pas. 

L'univers,  au  moment  de  l'apparition  du 
christianisme,  était  dans  cette  position.  Fatiguée 
de  l'incrédulité  dont  elle  s'était  vantée,  une  por- 
tion de  l'espèce  humaine  cherchait  à  remplacer 
la  croyance  perdue  par  l'adoption  des  religions 
étrangères;  une  autre  y  substituait  les  extrava- 
gances de  la  magie;  une  autre  encore  essayait 
de  se  rattacher  à  la  religion  tombée. 

Cette  dernière  tentative  est  la  seule  qui  nous 
intéresse,  parce  qu'elle  fut  la  cause  principale  de 
la  lutte  que  le  christianisme  eut  à  soutenir,  et  des 
obstacles  qu*il  eut  à  combattre.  C'est  donc  de  cette 
tentative  que  nous  devons  nous  occuper  exclosi* 
vement* 

Lorsqu'il  s'agit  de  revenir  à  une  croyance  dé- 
créditée, ceux  mêmes  qui  désirent  lui  rendre 


(357) 

de  rautbrité  ou  de  la  faveur  ne  sont  pas  d'ac- 
cord sur  ce  qu'il  est  utile  et  possible  d'en  con- 
server ou  d^en  rétablir. 

En   conséquence ,    immédiatement   avant  la 
chute  définitive  du  polythéisme,  nous  voyons 
ses  partisans  se  diviser^  suivant  leurs  intérêts  et 
leurs  habitudes,  entre  deux  routes  très  diifé-* 
rentes ,  bien  que  promettant  toutes  deux  de  les 
conduire  au  même  but.  Les  premiers  voulaient 
qu'on  retournât  au  polythéisme,  tel  qu'il  avait 
été  professé  dans  les  temps  d'une  piété  docile , 
avant  les  doutes  et  les  objections  philosophiques. 
Transmis,  disaient-ils,  de  génération  en  géné- 
ration, antérieur  à  toutes  les  spéculations  abs- 
traites qui  n'aboutissent  qu'à  de  vagues  conjec- 
tures, nVt-il  pas,  durant  une  longue;  suite  de 
siècles,  assure  la  pureté  des  mœurs,  la  tranquillité 
des  états,  le  bonheur  des  peuples?  Au  lieu  de 
s'abandonner  aux   tâtonnemens  des  prétendus 
sages  qui  se  démentent  et  se  contredisent,  ne 
vaut-il  pas  mieux  que  l'homme  adopte,  comme 
règle  de  la  vérité,  les  enseignemens  de  ses  pères, 
et  qu'il  prenne  pour  guides  ces  hommes  favorisés, 
illustres  ancêtres  de  la  race  hunaaine ,  et  disci- 
ples des  dieux,  dès  l'origine  du  monde  (i)? 
Aucun  des  ouvrages  qui  contenaient  ce  système 

(0  Voyez  le  discours  de  G^ilius,  dans  MinuUus  Félix, 


i 


(  358) 
d'orthodoxie  dans  le  polythéisme  ne  noas  est 
parvCDU,  maisFlutarque(t)noiisapprend,pariia 
exemple,  quelle  était  la  logique  de  ses  défenseius.        ' 
Les  incrédules  d'alors  avaient  puisé  des  objec-        \ 
tioiis  contre  la  divinité  des  oracles,  daos  le  style        j 
souvent  barbare  de  la  pythie,  à  peu  près  comme 
les    incrédules  du  dix-huitîèrae  siècle  avaient        i 
cherché  des  arguraens  contre  la  Bible  dans  cer-       ' 
taines  expressions  qui  paraissent  étranges.  Les        I 
polythéistes  orthodoxes,  loin  de  convenir  que  le       [ 
style  de  la  pythie  f'ùtharhare,  répondaient  qu'il 
ne  semblait  tel  qu'à  une  génération  indigne  d'en 
sentir  les  beautés  simples  et  primitives,  et  que 
ce  n'était  pas  le  langage  des  dieux  qu'il  fallait 
changer,  mais  les  hommes  qu'il  fallait  de  noa-       , 
veau  rendre  capables  d'en  apprécier  la  subli-       / 
mité. 

Ainsi ,  loin  de  capituler  avec  l'incrédulité  sur 
les  imperfections  et  ta  grossièreté  supposée  des 
notions  précédentes ,  ils  aiBrmaient  que  ces  ac- 
cusations n'étaient  dictées  que  par  la  présomp- 
tion de  l'homme,  toujours  ami  de  la  nouveauté. 
Ne  courbons  point  la  religion ,  disaient-ils,  sous 
des  modifications  arbitraires;  faisons  au  con- 
traire plier  sous  son  joug  les  esprits  rebelles  que 
l'habitude  d'un  examen  téméraire  a  corrompus 


rj  De  Pjtk.  crae. 


\ 


(  55o  ) 

et  qui  prétendent  sacrifier  les  tradîiioiis  saintes 
k  leurs  vaines  et  fausses  délicatesses. 

Ce  parti  voulait  qu  on  brùlit  les!  livres  de  Cicê- 
ron  (  1  )•  Il  repoussait  les  interprétations  des  philo- 
sophes ;  il  prouvait ,  par  des  faits  incontestables^^ 
que  les  mœurs  avaient  été  d  autant  plus  sévères , 
qu*on  avait  adopté  avec  une  foi  plus  littérale  les 
iables  qu'une  raison  présomptueuse  affectait  de 
dédaigner;  il  répétait  ce  qu'avaient  affirmé  les 
grands  hommes  des  siècles  passés ,  et  il  avait  cet 
avantage,  qu'il  présentait  quelque  chose  de  fixe, 
tandis  que  ceux  qui  s*écartaient  de  la  rigueur  de 
l'orthodoxie  n'offraient  nen  que  de  vague  et 
d'indécis. 

Ces  efforts  toutefois  ne  pouvaient  obtenir  au- 
cun succès.  L'homme  ne  reprend  pas  du  respect 
pour  ce  qni  a  cessé  de  lui  sembler  i^spectable. 
Au  fond  de  l'enthousiasme  apparent  pour  l'an- 
cien polythéisme,  il  n'y  avait  que  du  calcul.  A 
cette  époque  de  sa  décadence,  on  désirait  y 
croire ,  parce  que  la  misère  du  doute  faisait  re- 
gretter les  jouissances  d'une  foi  sincère  ;  comme 
à  une  époque  antérieure,  on  s'était  efforcé  de  le 
maintenir,  parce  qu'on  regardait  comme  utile 
que  d'autres  y  crussent.  Mais  sa  faiblesse  était 
trop  dévoilée;   les  outrages  qu'il  avait  subis j^ 

(i)  Arnob. ,  jéth.  gent. 


ii^ 


(  56o  ) 

trop  irréparables.  Lorsque  les  croyances  sont 
déchues ,  les  souvenirs  planent  autour  des  aateb 
qu'on  veut  entourer  d'une  majesté  qui  s'est 
éclipsée.  Si  l'incrédulité  n'est  plus  une  preuve 
de  lumières,  un  Sujet  de  gloire,  elle  est  deyenne 
une  habitude,  et  de  même  que  dans  ses  coounea- 
cemens  des  réminiscences  religieuses  importn* 
nent  les  incrédules  ^  des  réminiscences  incré- 
dules importunent  les  hommes  qui  voudraient 
se  faire  religieux. 

Les  défenseurs  orthodoxes  du  polythéisme  ne 
pouvaient  donc  obtenir  aucun  succès.  Mais  ua 
autre  parti  se  présentait  ,•  dont  les  espérances  pa- 
raissaient plausibles  et  dont  les  concessions  à 
l'esprit  du  siècle  devaient  rendre  la  résistance  de 
l'opinion  moins  violente,  en  jetant  sur  les  ad* 
versai  res  de  la  religion  qu'ils  défendaient  ro- 
dieux  de  l'obstination. et  de  l'hostilité. 

Ce  parti  s'eflbrçait  d'expliquer  allégorîque- 
ment  ou  métapbysiquement  les  fables  qui  cho- 
quaient les  convictions  contemporaines  j  il  les 
justifiait  par  un  s^s  mystérieux.  La  poésie  d'une 
part,  la  philosophie  de  l'autre,  lui  fournissaient 
des  moyens  d'apologie  ou  d'explication ,  et  rien 
li'eât  plus  curieux  que  d'observer  les  efforts  des 
hommes  les  plus  ingénieux  des  second  et  troi- 
sième siècles  de  notre  ère,  pour  combiner  deux 
choses   inconciliables,    l'enthousiasme  le    plus 


(  36i  ) 

exalté  dont  i\k  sentaient  le  besoin  dans  la  i^con&« 
truction  d'une  croyance,  et  Tabstraction  la  plus 
aride,  dont  leur  philosophie  leur  avait  fait  une 
nécessite  non  moins  impérieuse.  Nous  ne  sau- 
rions ici  donner  des  exemples ,  ils  nous  jette- 
raient hors  de  notre  sujet;  mais  tous  ceux  qui 
ont  lu  les  Erméades  de  Plotin,  ont  ctà  remarquer 
qu'il  part  de  la  supposition  d'un  premier  principe 
dépoilrvu  d'intelligence,,  de  yolonté,  de  toute 
qualité  physique  ou  morale ,  pour  arriver  à  un 
système  grâce  auquel  il  s'unit  par  l'extase  quatre 
fois  par  jour  avec  la  Divinité. 

Ces  novateurs ,  polythéistes  plutôt  en  appa-* 
rence  qu'en  réalité,  ne  pouvaient  donc  réussir 
mieux  que  les  polythéistes  orthodoxes.  Us  com- 
posaient une  i*eligion  de  distinctions  insaisis- 
sables et  de  notions  incompatibles  ;  et  cette  re- 
ligion n'était  susceptible  d'acquérit*  ni  la  faveur 
de  la  popularité  comme  l'ancien  polythéisme 
dans  sa  force,  ni  l'appui  du  raisonnement  comme 
les  doctrines  philosophiques.  L'état  de  l'opinion 
devait  donc  rester  le  même,  et  continuer  à  flot- 
ter entre  l'incrédulité  comme  théorie,  et  la  su-^ 
perstition  comme  pratique. 

Il  fallait  un  culte  nouveau,  plus  jeune  et  plus 
fort ,  dont  l'étendard  n'eût  point  encore  été  pro- 
fané, et  qui,  remplissant  les  âmes  d'une  exalta- 
tion réelle,  étouflat  les  doutes  au  lieu  de  les 


(  ^1  ) 

discuter,  et  triomphât  des  objections,  en  ne  leur 
permettant  pas  de  naître. 

Ce  culte  ne  pouvait  être  que  le  tbéiame.  Il  j 
a  dans  le  sentiment  religieux  une  tendance  yers 
Tunité  :  si  l'homme  rCy  arrive  qu'api*ès  beaucoup 
de  révolutions  successives ,  c'est  que  les  circons- 
tances dans  lesquelles  il  se  trouve  troublent  son 
sentiment  et  donnent  à  ses  idées  une  direction 
différente.  L'ignorance  assigne  à  chaque  effet  de 
détail  une  cause  à  part  ;  l'égoïsme  divise  la  puis- 
sance divine  pour  la  mettre  plus  à  sa  port^; 
le  raisonnement  fonde  ses  syllogismes  sur  les 
témoignages  trompeui*s  des  apparences  exté- 
rieures. 

Mais  l'ignorance  se  dissipe,  l'égoïsme  s'éclaire, 
k  raisonnement  se  perfectionne  par  l'expérience. 
Plus  la  régularité  des  effets  est  évidente,  plus 
l'unité  de  la  cause  devient  vraisemblable.  I^ 
vue  des  désordres,  des  boule versemens ,  des  ex- 
ceptions, en  un  mot,  à  la  règle  générale,  avaient 
procuré  au  polythéisme  sa  supériorité.  Il  est 
connu  maintenant  que  ces  exceptions  ne  sont 
qu'apparentes  :  le  polythéisme  perd  donc  son 
principal  appui. 

En  même  temps»  le  besoin  du  théisme  se  fait 
sentir  à  l'homme  plus  fortement  que  jamais;  il 
est  parvenu  au  dernier  terme  de  la  civilisation  ; 
son  àme,  rassasiée,  fatiguée,   épuisée,  s'inflige 


(  565  ) 
k  ellii-ménie  ses  propres  souffrances,  plus  amères 
que  celles  qai  lui  viennent  du  dehors.  Que 
forait-il  contre  ces  souffrances  des  dieux  gros- 
siers dont  la  protection  toute  matérielle  suffi- 
sait à  ses  ancêtres  ignorans?  Que  ferait-il  du 
fétiche  qui  ne  procurait  au  sauvage  qu'une 
chasse  ou  une  pèche  abondante  ?  Que  ferait- 
il  de  ces  divinités  de  TOlympe,  qui,  ne  sé- 
vissant que  contre  les  crimes,  ne  préservent 
leurs  protégés  que  des  maux  extérieurs?  Il  lui 
faut  d  autres  dieux  qui  le  comprennent,  le  ra- 
niment ,  lui  rendent  une  force  qu  il  n*a  plus  , 
Ife  sauvent  de  lui-même,  sondent  ses  plus  se- 
crètes blessures,  et  sachent  y  vei^ser,  d'une 
raain  secoura])le»  les  bienfaits  d  une  indulgente 
pitié.  Tels  sont  les  dieux  ou  plutôt  tel  est  le  dieu 
quil  lui  faut;  car  plusieurs  divinités,  bornées 
dans  leui*s  facultés,  divisées  d'intéœts,  impar- 
faites par  ces  bornes  et  cette  division  même  , 
ne  sauraient  remplir  ces  fonctions  délicates. 

Aussi  ,  immédiatement  avant  rétablissement 
du  christianisme,  Tunité  était -elle  devenue 
l'idée  dominante  de  tous  les  systèmes  tant  re- 
ligieux que  philosophiques..  Cette  idée  avait 
pénétré  partout;  elle  était  célébrée  par  les  poètes  ; 
elle  était  réclamée  par  les  érudits  comme  la 
découverte  oubliée  de  l'antiquité  la  plus  reçu* 
lée;  elle  était  enseignée  par  les  moralistes;  clic 


(  564) 

se  glîsBait  jusque  dans  les  ouvrages  des  écri- 
vains, sans  réflexion  propre ,  et  se  reprodaisait 
sons  la  plume  des  simples  compilateurs. 

Quand  cette  doctrine  d'unité  ne  composait  pas 
la  partie  principale  et  avouée  d'un  système ,  elle 
était  annoncée  comme  son  résultat.  Quand  elle 
n'était  pas  sur  le  devant  du  tableau ,  on  l'aper- 
cevait en  perspective;  ici,  combinée  avec  la 
croyance  populaire  ;  là ,  présentée  comme  Texplî- 
cation  de  cette  croyance;  le  peuple  méaie  se 
créaîtdesimagessensiblesde  cette  notion  abstraite. 
Partout  étaient  placées  sur  les  autels  domestiques 
des  statues  où  se  reunissaient  et  se  confondaient 
les  attributs  de  toutes  les  divinités  (i). 

Dans  cet  état  de  choses,  i'esprit  Humain  sem- 
blait arrivé  jusqu'à  l'extrême  frontière  du  poly- 
théisme; on  eût  dit  qu'un  pas  seulement  lui  restait 
à  faire  pour  proclamer  l'unité  d'un  Dieu ,  et  pour 
ériger  en  religion  pratique  cette  théorie  sublime. 
Mais  la  même  civilisation  qui  avait  rendu  la  durée 
du  polythéisme  impossible  avait  privéThomme  de 
cette  jeunesse  de  sentiment,  de  cette  énei^îe  in- 
térieure, de  cette  puissance  de  conviction  ,  de 
cette  faculté  d'enthousiame  ^  conditions  néces- 
saires pour  qu'une  religion  nouvelle  s'établisse, 
et  pour  que  les  h&itations  des  philosophes,  les 

(i)  Le»  statues  panthées. 


(  365  ) 

secrets  compliqués  çt  confus  des  prêtres ,  les  vœux 
et  les  regrets  fugitifs  des  âmes  souffrantes,  mais 
afiaiblies  et  découragées,  se  réunissent  en  un 
corps,  et  composent  une  croyance  publique, 
nationale  et  consacrée. 

Le  théisme  était  partout  en  principe ,  il  n*était 
nulle  part  en  applicatiou. 

L'autorité  ne  pouvait  le  vouloir;  elle  ne  le 
connaissait  guère  que  comme  une  doctrine  en-- 
nemie  de  l'ordre  établi ,  et  ne  l'apercevait  sous  une 
forme  distincte  que  chez  des  philosophes  qu'elle 
croyait  dangereux. 

Les  prêtres ,  dans  leurs  révélations  a  des  ini- 
tiés, tantôt  défiguraient  le  théisme,  tantôt  le 
repoussaient.  Ils  lui  imposaient  toujours  une 
alliance  forcée  avec  les  anciennes  traditions,  et 
quand  il  voulait  s'y  soustraire ,  c'était  à  ces  tra- 
ditions mystérieusement  interprétées  que  le  sa- 
cerdoce donnait  la  préférence. 

Beaucoup  de  philosophes  adoptaient  le  théisme;  . 
mais  il  était  discuté  sans  cesse,  soumis  chaque 
jour  a  un  examen  nouveau ,  cité  devant  le  tribu- 
nal de  chacun  de  ceux  qui  commençaient  à  fré- 
quenter les  écoles,  compris  par  chacun  d'une 
manière  différente.  Une  portion  nombreuse  de 
ses  partisans  rejetait  l'influence  des  cérémonies, 
l'efficacité  de  la  prière ,  l'espoir  des  secours  sur- 
naturels ,  et  faisait  ainsi  du  théisme  une  opi- 


L 


(  s»  ) 

n'ion  abstraite  qui  ne  pouvait  servir  de  base  k 
Un  culte. 

Dans  les  rangs  supérieurs  âes  sociétés»  la  ten- 
dance nu  thcisme  existait  sans  doute  ;  mais  les 
intérêts  de  la  terre,  pressans  et  continns,  cou- 
vraient aisément  cette  voix  intérieure-  Chez  In 
peuples  très  civilisés,  les  hommes  éclairés  sont 
fort  ardens  pour  leurs  intérêts  et  1res  modères 
dans  leun^  opinions  :  or,  les  partis  modérés  con- 
servent ce  qui  est ,  mais  fonte  création  est  au- 
dessas  de  leur  force. 

Le  pcuplene  pouvait  admettre  comme  religion 
une  opinion  qui  n'avait  nul  ensemble ,  nnlle 
consistance;  il  répétait  quelques  formules  qui 
impliquaient  l'unité  d'un  Dieu ,  mais  plitt6t  par 
imitation  que  par  conviction.  Tandis  qne  les 
habitudes  de  l'incrédulité  rendaient ,  ponr  la 
classe sopérieure,  la  renaissance  d'une  forme  re- 
ligieuse presque  impossible,  la  raagie  rendait, 
pour  la  multitude,  cette  renaissance  presque  sn- 
pei-flue,  parce  qu'elle  offrait  à  l'imagination  des 
appâts  plus  puissans,  et  à  l'espérance  des  pro- 
messes d'une  exécution  plus  rapprochée. 

Pour  réunirl'espècehumaineautourdn  théisme, 
il  suffisait  d'un  étendard;  mais  nul  bras  n'était 
assez  fort,  et  l'étendard  restait  à  terre. 

Elle  s'est  toutefois  eff'ectHée,  cette  révolution 
mémorable.  Une  circonstance  cxtraoïtlinaire  a 


(  567  ) 
rendu  tout  à  coup  aux  âmes  assez  d énergie,  amtf 
intelligences  assez  d autorité,  pour  donner  aux 
désirs,  aux  besoins,  aux  espérances ,  une  forme 
positive.  Nous  traitons  ki  de  cette  circonstance 
sous  ses  rapports  humains;  mais  nous  dirons 
que  nous  ne  saurions  nous  plaire  à  combattre 
l'opinion  qui  assigne  à  cette  révolution  impor-* 
tante  des  causes  surnaturelle»* 

Certes^  alors  que  nous  contemplons  l'homme 
tel  qu'il  est  quand  il  a  rejeté  toute  foi  religieuse  ; 
alors  que  nous  voyons  le  sentiment  religieux  im-* 
puissant  el  vague,  se  précipiter  tantôt  dans  la 
magie,  tantôt  dans  lextase  et  le  délire;  l'enthou-^ 
siasme  enfanter  des  extravagances  d'autant  plus 
incurables  qu'elles  partent  du  raisonnement  pour 
arriver  méthodiquement  à  la  folie  ;  la  raison 
n'offrir,  pour  résultat  de  huit  siècles  de  travaux, 
d'abord  que  le  néant,  puis  de  chimériques  et 
contradictoires  hypothèses  ;  FinteUigeBce  parve- 
nant à  tout  détruire  et  hors  d'état  de  rien  réta- 
blir; oserons -nous  dire  qu'à  cette  époque,  la 
pitié  céleste  ne  soit  pas  venue  au  secours  du 
inonde  ;  qu'un  éclair  n'ait  pas  sillonné  la  nue 
pour  montrer  la  route  à  notre  race  égarée  ;  qu'une 
main  divine  ne  l'ait  pas  aidée  à  franchir  la  bai^ 
rière  contre  laquelle  elle  se  brisait  ? 

Toutseraitensuiterentrédansrordre.L'homme 
abandonné  de  nouveau  à  lui-même,  aurait  re- 


(  570  ) 
ches  le  peuple  qui  le  professait^  il  est  douteux 
qu'il  eût  obtenu  le  succès  qui  a  fait  de  l'adoration 
d'un  Dieu  unique  la  croyance  universelle   de 
tous  les  peuples  civijises. 

Des  esprits  accoutumés  aux  subtilités  dune 
philosophie  qui  avait  raffiné  sur  toutes  les  com- 
binaisons des  idées  et  sur  toutes  les  formes  de  la 
dialectique,  auraient  vraisemblablement  rejeté 
une  doctrine  dont  la  simplicité  dogmatique  im* 
posait  des  articles  de  foi ,  au  lieu  de  présenter 
une  série  de  raisonnemens.   - 

L'absence  presque  totale  de  notions  sur  la  na- 
ture de  Fàme  et  sur  son  immortalité  aurait  blessé 
ces  mêmes  esprits,  préparés  par  le  platonisme 
à  se  livrer  à  des  espérances  et  à  se  lancer  dans 
des  hypothèses  sur  Texistence  future  de  Thomme. 

Le  caractère  du  Dieu  des  juifs,  représenté 
comme  despotique,  ombrageux  et  jaloux  ,  n'au- 
rait pu  s'accorder  avec  les  conceptions  plus  douces 
et  plus  abstraites  des  sages  de  la  Grèce.  La  mul- 
titude des  rites,  des  cérémonies  et  des  pratiques 
aurait  fatigué  des  hommes  dont  les  plus  rdigieux 
pensaient  que  le  culte  intérieur  et  la  pureté  de  la 
conduite  étaient  les  hommages  les  plus  agréables 
à  l'Etre  suprême.  Enfin ,  la  morale  même  du  ju- 
daïsme, qui  faisait  de  l'assentiment  à  de  certaines 
propositions   la  vertu    principale  et  indispen* 
sable,  aurait  contrasté  trop  fortement  avec  les 


(  571  ) 
principes  de  tolérance  universellement  adoptés. 

Mais  les  juifs ,  initiés  depuis  long-temps^  et  sur^ 
tout  depuis  leur  séjour  à  Alexandrie  ^  dans  toutes 
les  discussions  de  la  philosophie^  avaient  fait  dans 
cette  icarrière  des  pas  presque  égaux  à  ceux  des 
philosophes  païens.  Ils  ne  s'étaient  pas  montrés 
moins  subtils  qu'eux  dans  les  recherches  méta- 
physiques, et  vers  l'époque  où  le  christianisme 
parut  9  Je  judaïsme  avait  subi  des  modifications 
suffisantes  pour  que  la  doctrine  qui  sortait  de 
son  sein  put  attirer  la  curiosité»  fixer  L'attention 
et  bientôt  captiver  lé  suffrage  d'un  grand  nombre 
d'hommes  éclairés*  Ce  fut  donc  appuyé  d'une 
part  sur  le  judaïsme,  et  fort  en  même  temps  de 
tous  les  travaux  des  siècles  antérieurs,  ches  les 
nations  plus  avancées  que  la  masse  des  juifs , 
que  le  christianisme  apparut  au  monde. 

On  a  beaucoup  dit  qu'il  ne  fut  adopté,  lors  de 
son  apparition,  que  pai'  la  classe  la  plus  igno- 
rante et  la  plus  vile  ;  rien  n'est  plus  faux^  et  rien 
n'aurait  été  plus  inexplicable. 

C'était  par  les  progrès  des  lumières  que  le 
genre  humain  avait  été  poussé  du  polythéisn^e 
au  théisme.  Le  christianisme  était  la  plus  pure 
des  formes  du  théisme ,  et  cependant  elle  n'au- 
rait été  embrassée  que  par  la  populace ,  sur  la- 
quelle le  progrès  des  lumières  avait  dû  produire 
le  moins  d'effet  ! 

24*  • 


crlieK  1^'  _^  fcn"  la  natore  des  diois 

qu  )l  <  ^^  »  -voies  tes  classes  Tadoptas- 

d  un  ^  ^  Mi  jJors  conrenait  le  mieai, 

tous  ^.^,jMt  senle,  était  celle  qoi  âe- 

r*  ^       „  r""  àe  tous  les  objets  tîsïUce, 

pi*'  _^  ^    menne  des  institutions  reli- 

!><'  .  .iKflf  ^>^itées,  fa  aucune  des  im- 

di  -,•','«5  qui  étaient  oppressives;  U 

"  .*/  -«^^ble  était  celle  qui,  daosiin 

r  .•.-Mttons  n^étaîent  que  des  troa- 

<  .,,i««^.  cbeK  lesquels  le  patriotisaie  ne 

p,«rv  rasseroblaH  tontes  ces  natkxK 

,  .^v-aMM  foi,  et  transformait  en  6rèrcs 

^^  nti  n'étaient  plos  des  concâtoyeot. 

.^,a  ofcrélienne  réunissait  tous  ces  aTan- 

,  .Mtcrivant  la  sensualité,  l'amoDr  des 

^  «rtes  les  passions  ignobles,   en  an- 

,.(..«11  de  la  tombe  une  vie  pitis  impor 

^  ^  Jurée  étemelle,  que  tontes  les  flâf- 

.  t  -erre,  elle  se  conciliait  tous  ceux  qui 

t0ietré  le  sentim«<it  de  la,  dignité  fau- 

^-wodaniantin»  révélation  immédiate, 

^.^■nicatiDit  âirecto  av0c  k  Dirmîté,  et 

^d>  il'inOMrataAna  nlifAMtiss  -wtftw  la 


n  d'ios^retïmis  obtenues  par  la  foi 

'  .tf*^  et  aCcOiApagnées  de  forces  samatu- 

jt-^isait  i  «wx  -cpie  la  soiFdn  mervcil- 

«Mtfuveau  platonisme  avaient  accoutuns 

nerce  habituel  avec  les  nstures 


(  373  ) 

surhumaines.  ËasuJ^tituaatciescéréaiOQiiçç  siz^- 
pies,  modestes 9  et  en  petit  nombre^  à  des  ritp$ , 
les  uns  révoltans ,  les  aijitres  décrçditési  elle  sa- 
tîsfsuisait  la  raison  Elle  présentai  t  aux  pauvres  les 
secours^  aux  opprimés  la  justice,  aux  esclaves  la 
liberté ,  comme  un  drpit.  Enfin  ^  et  ce  ne  fut  pas 
à  cette  époque  unde^smoindresavant^es^  elle 
s'interdisait  soigneusement  tontes  les  recherches 
philosophiques  et  mét^b jsiques  ^  recherches 
frappées  de  discrédit  par  les  souvenirs;  tOjutes  les 
questiox^  sur  la  nature  et  la  subsli^Qce  ^de  Dieu , 
toutes  les  hypothèses  sur  les  lois  et  lep  ^oirces  de 
la  nature  et,  sur  l'action  du  mopde  invisible ,.' 
toutes  les  discussion^  sur  la  destinée  en  opposi- 
tion avecja  providence.  SJle  ne  disait  .qu'un  fait 
et  n'offrait  qu  une  e^>érance.  Or  Thopime  avait 
besoin  d'uzie  pierre  pour  rc^poser  sa  tête;  il  lui 
fallait  un  fait,  un  &it  miraculeux^  pourvue, 
délivré  du  tourment  du  doute^  il  pàt  respirer, 
reprendre  des  forces  et  recommencer  .ensuite  le 
grand  travail  iutellectueL 

Aussi  ,1a  foi  en  Jésus-Christ  fut-*eUe  ^mbr^s^ée 
dè^  les  premiers  tem(ps  par  une  .multitude  qui 
n'étaîtéjLirangèrenidrinstruction  ni  à  l'opulenc^^ 
PUoe  atteste  que  déjàt,  sous  le  rcgne  de  Trajau , 
des  personnes  de  ^tput  éitat  se  r^fiissij^ent  au 
pied  de  la  croix.  Des  hommes  consulaires ,  des^ 

(i)  Mttm  omàUmUAUy  énUtis  crdin»  /  vihusfuè  sêpcés. 


(374) 
sénateurs^  des  matrones  de  la  plus  noble  extrac- 
tion s'étaient  voues  à  ce  culte  :  les  chrétiens , 
comme  ils  le  disent  eux-mêmes  dans  lears  apo- 
logies, abondaient  à  la  cour,  dans  les  camps,  dans 
le  Forum. 

Néanmoins,  Tétendard  une  fois  levé,  la  Intfe 
devait  suivre  ;  et  dans  cette  lutte ,  le  cbristianisnie 
rencontrait  parmi  ses  ennemis  l'autorité,  les  ji^ 
très,  une  partie  des  philosophes,  et  la  populace. 

L'autorité  n'examine  jamais,  elle  juge  sur  les 
apparences.  Elle  voyait  une  société  dlioomies 
qui  ne  voulaient  point  de  culte  extérieur ,  die 
les  déclarait  athées. 

Dans  ses  rapports  avec  l'existence  humaîne, 
le  christianisme  était  diamétralement  opposé  à 
l'idée  que  des  hommes  d'état,  dans  un  siècle  in- 
crédule surtout ,  se  forment  de  l'utilité  de  la  re- 
ligion. A  leurs  yeux,  elle  doit  être  intimement 
liée  aux  intérêts  de  la  société.  Cette  vie  est  le  but, 
la  religion  un  moyen.  Les  chrétiens  considé- 
raient au  contraire  la  vie  comme  un  moyen  d'at- 
teindre un  autre  but.  Leur  enthousiasme  pour 
un  monde  futur  les  détachait  des  soins  de  ce 
monde ,  et  de  toute  occupation  d'un  présent  pas- 
sager et  périssable.  L'amour  de  la  patrie,  dont 
les  gouvernemens  parlent  toujours  d'autant  pins 
que  la  patrie  existe  moins,  était  menacé  par  leur 
mépris  des  choses  terrestres.  On  le.ur  en  faisait 


(  375  ) 
un  crime;  et  raccusation  portée  contre  eux  s  est 
reproduite  sous  la  plume  de  leurs  détracteurs  mo- 
dernes. Mais  de. quelle  patrie  leur  reprochait-un 
cle  se  détacher?  Était-ce  une  patrie  que  cet  em-- 
pire  immense^  assemblage  informe  de  mille  na- 
tions garrottées  au  lieu  d'être  réunies ,  et  qui 
n'avaient  de  commun  entre  elles  que  le  même 
malheur  sous  le  même  joug? 

Les  moyens  de  Tautorité  contre  Topinion  sont 
les  mêmes  dans  tous  les  pays  et  dans  tous  les  siè* 
clés  :  ce  sont  les  délations ,  les  persécutions  et  les 
supplices.  Les  effets  de  ces  moyens  sont  aussi 
toujours  les  mêmes  :  les  opprimés  obtiennent  la 
sympathie  de.  toutes  les  âmes  qui  ont  quelque 
valeur.  Ils  donnent  au  sein  de  l'adversité,  en  pré- 
sence de  la  mort,  de  sublimes  exemples  de  dé- 
vouement et  de  constance.  Qu'importe  qu'on  ait 
exagéré  peut-être  ou  la  fréquence  des  persécu- 
tions ou  le  nombre  des  martyrs?  Leur  courage 
en  fut-il  moins  admirable?  C'est  une  triste, im- 
partialité que  celle  qui  se  place  entre  les  bour- 
reaux et  les  victimes. 

Les  rigueurs  de  Tau  ton  té  contre  le  christia- 
nisme accélérèrent  donc  ses  progrès.  11  y  a  quel- 
que chose  de  contagieux  dans  le  spectacle  du 
désintéressement  y  de  l'intrépidité  et  de  Tespé-* 
raace ,  au  milieu  d'une  race  abâtardie  et  dégé- 
nérée. 


(576) 

La  penecntion  a  ceci  da  particnl 
qu'aile  ne  réfoke  pat ,  cW  qa*alla 
oaanire:  le  peaple  qui  la  aooffra 
eraîndre.  Qiiaad  elle  eat  néccaiaire 
et  par  là  même  devient  tontile. 

A  cette  conndéralion  »  ipplîcaUe 
nîame  comme  à  tontea  les  opmioaa 
menacées  ^  ajoutez  uoe  ciropnrtince 
tîqne  de  Tépoque  :  nooa  TonI 
mentis  que  rantorité  ae  donnait  k  elle* 
parce  qu'elle  ne  se  sentait  apptjfée  «Ti 
morale.  Galère  »  lun  des  plus  fimMes 
christianisme p  sarréisnt  tout  à  coup 
rière  de  sang  et  de  tjrannie, 
par  lequel  il  acoosde  aux  cbrétiena 
momentanée,  en  les  invitant  à  imploser 
la  Divinité  qu'ils  adorent;  preuve 
peu  de  conviction  des  poljtbéislss, 
plus  violons  dans  leurs  eflbrta  pour 
religion  vaincue  »  et  de  Tinstinct 
entraînait  vers  la  croyance  obfet  4e 
reurs  (  i  )• 

Le  sacerdoce  ne  pouvait  pas 
succès  contre  la  religion  nouvuUe  qi 
Vainement  rassemUait^l  ses  farces 


(t)  EuÉfth,,  Prmp.ê%'.  x\n ,  t;.  LMUal,  Or 
cbap.  xixiv. 


(577) 
brnrailHl  des  alliâiices  monstrueuses  contre  Ten- 
lemi  commun  ;  raidement  lakaît-Hl  un  appel  à 
outes  les  doctrines  qui ,  n'insporte  à  quelle  ëpo- 
]ue,  s'étaient  glissées  dans  la  religion  qu'il  vou^^ 
ait  défendre ,  doctrines  que  long-temps  il  avait 
'epoussées.  Par  une  méprise  assez  naturelle ,  il 
nroyait  se  fortifier  du  nombre  et  de  la  dirersité 
!e  ses  troupes ,  tandis  que  ce  nombre  même  et 
a  bigarrure  de  ses  auitiliaîres  discordans  le  dis- 
Teditaieot  encore. 

Il  cherchait  à  conserver  ou  à  rétablir  te  do^ 
nination  sur  l'esprit  du  peuple^  en  redoublant 
le  pratiques  et  de  traditions  aulquelles  il  s'ef- 
brçait  de  donner  un  air  d'antiquité.  Ix>in  de 
éformer  ce  qu'il  y  avait  d'indécent  dans  ses 
nystères^  devenus  à  peu  près  publics^  il  comp^ 
ait  plutôt  sur  leur  indécence ,  comme  leur 
méritant  l'appui  de  la  corruption  du  siècle^  Il 
ntroduisait  dans  ces  mystères  toutes  las  priva- 
ions  à  côté  de  toutes  les  obscénités;  il  y  intro^ 
iuisait  les  pratiques  sanguinaires,  les  mutila- 
tions ,  les  supplices  volontaires  dont  il  faisait 
un  devoir  aux  initiés. 

Et  en  même  temps,  jongleurs  semi-pbilo^ 
iophes ,  les  prêtres  de  la  religiou  ancienne  pro- 
posaient leur  doctrine  plutôt  qu'ils  ne  l'impo- 
uûeut;  leurs  rites  étaient  affreux  ^  leur  langage 
timide.  lU  portaient  l'hésitatioi!!  jusque  daos  l'a- 


(578) 

nalhème,  et  levant  une  main  pour  lancer  U 
fondre,  de  Tantfe  ils  faisaient  signe  qu'ils  se  prête- 
raient a  des  transactions  ;  mais  nulle  transaction 
n  était  possible.  Us  offraient  de  placer-le  nouyeaa 
Dieu  parmi  les  divinités  antiques.  Les  sectateurs 
du  Christ  s'indignant  à  cette  pensée,  qui  leur  sem- 
blait un  outrage ,  forcèrent  au  combat  les  adver- 
saires qui  aspiraient  à  négocier^ 

On  a  de  nos  jours  voulu  savoir  gré  au  poly- 
théisme de  cette  tolérance ,  de  cette  doaceur,  de 
ces  intentions  conciliatrices  :  en  effet ,  d^armé 
qu'il  était  à  cette  époque ,  ou  plutôt  anéanti ,  ses 
apparences  sont  moins  véhémentesi  son  st  jle  plus 
débonnaire  que  celui  du  christianisme  naissant  ; 
mais  c'est  que  le  christianisme  existait,  tandis  que 
le  polythéisme  était  une  ombre  vaine.  Sa  lon- 
ganimité ,  ses  complaisances  ,  toutes  les  qualités 
qu'on  admire  en  lui  n'étaient  que  les  vertus  des 
moiis.  Les  hommes  recommençaient  à  lutter, 
parce  qu'ils  recommençaient  à  vivre,  et  loin  de 
chercher  dans  cette  lutte  énergique  un  sujet  d'ac- 
cusation contre  le  christianisme,  il  faut  lui  rendre 
grâce  d'avoir  ranimé  la  vie  de  l'âme  et  réveillé 
la  poussière  des  tombeaux. 

Tandis  que  les  chrétiens  marchaient  entoura 
dincontestables  miracles,  parce  qu'ils  étaient 
pleins  dune  conviction  inébranlable,  leurs  ri- 
vaux leur  opposaient  des  prodiges  factices ,  pué- 


(379) 
riles,  révoqués  en  doute ,  copies  effacées  de  ceux 
qu'ils  imitaient;  car  ils  imitaient  le  christianisme 
pour  lui  résister,  en  croyant  le  combattre  avec 
ses  propres  armes.  li'un  des  malheurs  et  l'une 
des  maladresses  des  vaincus ,  c'est  de  conclure 
des  victoires  de  leurs  advei^saires  à  la  puissance 
de  leurs  moyens ,  et  de  s'emparer  de  ces  moyens, 
sans  examiner  si  ce  n'est  pas  au  but  pour  lequel 
oa  les  emploie  qu'ils  doivent  leur  force. 

Les  çhrétien:%  avaient  pour  eux  et  le  raisonne- 
ment et  la  foi.  En  dirigeant  le  raisonnement 
contre  leurs  adversaires,  ils  ne  craignaient  point 
de  compromettre  leur  propre  cause.  Elle  avait 
son  protecteur  dans  le  ciel;  elle  ne  pouvait  être 
compromise.  Les  païens  essayaient  aussi  du  rai- 
sonnement et  de  renthousia3me  ;  mais  leur  en- 
thousiasme était  Êiible  et  forcé;  leurs  raisonne- 
mens  réagissaient  contre  eux ,  et  nuisaient  plus 
encore  à  ce  qu'ils  affirmaient  qu'à  ce  qu'il  était 
dans  leur  intention  de  contester. 

Nous  avons  parlé  déjà  de  cette  fraction  de 
philosophes  qui  tâchaient  d'étayer  l'édifice  ruiné 
du  polythéisme ,  et  nous  avons  indiqué  la  cause 
qui  frappait  leurs  efforts  d'une  incurable  impuis- 
sance. 

Quant  à  la  populace ,  elle  criait  :  Les  chrétiens 
aux  bêtes  !  conmie  elle  criera  bientôt  :  Les  païens 
aux  bûchers  !  Elle  déchirait  ou  voyait  avec  joie 


(  58o  ) 

dëcbirer  des  hommes  au  nom  dé  Jupiter ,  comme 
hientôt  avec  le  même  délice  elle  en  verra  dœfairer 
au  nom  de  l'Homousia  ou  de  rHomoousia.  Elle 
se  montrait  ce  qu'elle  est  toujours ,  ivi^  de  fo- 
reur, en  faveur  de  la  force ,  là  où  elle  l'aperçoit , 
et  'déployant  la  même  fureur,  et  passant  à  la 
même  ivresse  dans  le  sens  oppose,  quand  k 
force  passe  d'un  parti  à  l'autre.  , 

Clair  et  cohérent ,  simple  et  précis  ,  calmant 
les  passions  terrestres  que  l'espèce  humaine  avait 
en  satiété ,  la  sortant  de  l'atmosphère  de  corrup- 
tion où  elle  respirait  avec  angoisse  et  arvec  ua 
dégoût  profond  d'elle-même  «se  catlacfaant  k 
tous  les  souvenirs;  à  la  philosophie,  par  des  doc- 
trines qu  il  conservait  pures  en  les  rendant  moins 
subtiles;  à  l'histoire,  par  les  traditions  d'un 
peuple  dont  il  consacrait  l'antique  splendeur, 
sans  les  proposer  pour  objets  d'imitation  ;  aux 
anciens  usages ,  en  retranchant  ce  qu  Ils  avaient 
de  minutieux  y  de  sévère  et  d'hostile;  délivrant 
la  raison  des  interminables  difficultés  de  la  dia- 
lectique ;  parlant  à  l'àme  le  langage  qu'elle  avait 
besoin  d'entendre ,  le  christianisme  devait  triom- 
pher d'un  rainas  d'ennemis  sans  accord  entre 
eux,  sans  système  fixe ,  n'ayant  à  leur  disposi- 
tion que  la  force  brutale ,  et  pressentant  leur  dé- 
faite au  montent  même  où  ils  employaient  des 
moyens  atroces  pour  la  retarder. 


(58,  ) 

il  triompha  d6nc  en  effet.  Un  non^el  ordre  de 
choses  commença  pour  Thomme  ^  et  cet  ovdre 
de  choses  ^  lancé  comme  du  haut  du  ciel  par  une 
n-t ai D  toute-puissante,  après  avoir  régénéré  les 
peuples  corrompus  y  adoucit  et  cÎTilisa  les  peuples 
barbares. 

Sans  doute ,  ce  qu'il  j  a  d'imparfeit  dans  la 
nature  de  rhomme,  méJa,  presque  dès  l'origine , 
à  cette  amélioration  immense  un  alliage  funeste. 
L'intolérance  qui,  sous  le  régne  du  polythéisme, 
semblait  une  exception  à  ses  principes  fonda- 
mentaux ,  parut  devenir  pendant  long  -  temps 
l'esprit  permanent  du  christianisme.  Le  sacer<^ 
doce  s'arrogea  une  autorité  pareille  à  celle  qui 
avait  courbé  sous  son  joug  le  plus  grand  nombre 
des  nations  anciennes;  il  étendit  cette  autorité 
terrible  sur  des  peuples  qui  jusqu'alors;  avaient 
échappé  il  son  des(K>tisme.  La  morale  feussée  et 
pervertie  tomba  dans  la  dépendance  d'interprétâ^ 
tiens  ardues  et  de  préceptes  arbitraires^  Les  fa- 
cultés humaines  furent  frappées  d'immobilité,  et 
ne  parvinrent  k  reconquérir ,  nous  ne  dirons  pas 
leur  liberté  légitime  qui  leur  a  toujour»  été^di»»- 
putée,  mais  le  droit  d'exister ,  q^'a  trateic  une 
persécutkHi  qui  atteignit  les  hommes  les  plus 
courageux  «t  les  plus  éekirés. 

Ginsidérons  néMinoios  de  pitèpces  grands  in-- 
convéniens.  Ne  se  retrouveroot^ls  pas  tc^ts  dans 


(  5«3  ) 
le  polythéisme  des  nations  soumises  aux  corpo- 
rations saœrdotales? 

Transportez  la  croyance  et  les  prêtres  de 
l'Egypte  à  Madrid  on  à  Goa ,  tous  aurez  ,  an  nom 
d'Isis  et  dlïorus ,  des  inquisiteurs  qui  ne  le  cé- 
deront en  férocité  ou  en  hypocrisie  à  nul  de  leun 
collègnes  modernes,  et  tous  aurez  de  plus  des 
sacritices  humains  ,  des  orgies  licencieuses ,  <Jes 
cérémonies  révoltantes,  qui  n'ont  jamais  souillé 
le  christianisme,  même  corrompu. 

D'ailleurs ,  les  philosophes  qui  ont  loué  la  to- 
lérance du  polythéisme  sont  tombés,  peut-être  îd- 
volontairement ,  dans  une  erreur  bizarre  :  la  to- 
lérance qu'ils  vantaient  dans  cette  croyance  ne 
reposait  point  sur  le  respect  que  la  société  doit 
aux  opinions  des  individus.  I«s  peuples  ,  tolé- 
rans  les  uns  envers  les  autres  comme  corps  de 
nation ,  n'en  méconnaissaient  pas  moins  ce  pnn- 
dpe  éternel,  seule  base  de  toute  tolérance  éclai- 
rée ,  que  chacun  a  le  droit  d'admrer  son  dieu  de 
la  manière  qui  lui  semble  la  meilleure.  Les  ô- 
toyeos  étaient,  au  contraire,  teons  de  se  coo- 
former  au  culte  de  la  cité;  ils  n'avaient  pas  b 
liberté  d'adopter  un  culte  élrauger,  bieu  qu'an- 
torisé  dans  la  cité  pour  les  étraogns  qui  le  pn' 
tiquaient.  L'indépendance  de  la  pensée,  celleda 
seiitimciil  religieux  ne  gagnaient  donc  riea  à 
celte  toléraiiti-  du  polythéisme. 


(  585  ) 

Certes  I  le  zèle  de  Cbosrpès^  qui  ne  voulait 
traiter  avec  ses  ennemis  que  s'il  rendaient  bom- 
iTiage  à  ses  dieux ,  les  fureurs  réciproques  des 
tenty rites  et  des  onibrites  (i)  ,  les  guerres  achar- 
nées que  se  livrèrent  les  habitans  d'Oxyrinque  et 
de  Cynopolis ,  jusqu'à  ce  que  lés  Romains  les  eus- 
sent forcés  à  la  paix  (a)  ;  la  baine  qui  divise  aux 
Indes  les  adorateurs  de  Schiven  et  de  Wîcbnou  ; 
les  proscriptions  auxquelles  furent  tour  à  tour  en 
butte  les  bramines  et  les  bouddhistes,  démen- 
tent suffisamment  les  éloges  prodigués  en  haine 
du  christianisme  aux  cultes  supplantés  par  lui. 

Disons4e  franchement  :  partout  où  la  puissance 
du  sacerdoce  n'a  pas  été  renfermée  dans  ses  justes 
limites,  il  y  a  eu  intolérance;  et  si  Ton  con- 
sidère le  fond  des  croyances ,  la  véritable  tolérance 
na  existé  jusqu'ici  que  dans  le  christianisme 
affranchi  de  tout  pouvoir  étranger.  C'est  là 
seulement  que  le  Dieu  suprême ,  père  de  tous 
les  hommes,  tout  amour,  toute  bonté,  ne  re-^ 
proche  point  à  ses  créatures  les  efforts  qu'elles 
font  pour  le  seiTÎr  avec  plus  dé  zèle.  Leurs 
erreurs  ne  sauraient  exciter  que  ssî  pitié  ;  tous 
les  hommages  lui  sont  également  agréables, 
quand  les  intentions  sont  également  pures. 


(i)  JuTdnal. 
(a)  Platarque. 


I  i 


»      r 


(  584) 

L'autre  accusation  est-elle  plus  fbnflée' 
raziome  qu'il  vaut  mieux  obéir  à  Dieu  qu'aei 
hommes  a  coodait  des  fanatiques  chrétiens  ara 
plus  grands  forfaits;  si  l'on  a  proclamé  »  uw 
ce  prétexte,  que  la  cruauté»  le  raffinement  cUb- 
les  supplices  >  l'oubli  des  liens  du  sang  et  <lt 
l'afiection,  le  parjure  envers  les  partisans  de 
toute  autre  croyaoce,  étaient  les  devoirs  de 
chrétiens  fidèles;  ouvrez  te  Schastabadé ,  it 
Bhaguat-GUa,  les  livres  Zend,  vous  trouvent 
ces  désastreux  préceptes  inculqués  d'une  maniât 
bien  plus  pontive  et  bien  plus  fervente ,  et  il 
y  aura  cette  diilërence ,  que  chez  les  Perses  et 
les  Hindous*  cette  morale  abominable  se  ren- 
contre dans  leurs  livres  sacrés  mêmes,  tandis  que 
chez  les  chrétiens  on  ne  l'aperçoit  que  chct  des 
commentateurs  misérables,  falsifiant  les  textes 
de  l'Évangile  dans  l'intérêt  de  leur  corporation 
ou  de  leur  caste. 

Enfin,  si  une  tjrannie  insolente  a  quelque- 
fois, au  nom  du  Christ  qui  la  désavouait,  en- 
chaîné, l'essor  des  facultés,  humaines,  le  pins 
beau  don  delà  Providence,  ces  facultés  étaient- 
elles  plus  lihres  chez  ceux  des  peuples  polr- 
théistes ,  auxqueb  la  moindre  altération  dam 
leur  croyance,  dans  la  figure,  dans  les  attribnk 

'^  dieux,  la  moindre connaissancede  l'écritare, 


'    (  585  ) 

la  moindre  participation  aux  sciences,  étaient  in- 
terdites? 

Ainsi ,  sous  quelque  point  de  vue  qu'on  en- 
visage le  christianisme  )  lors  même  qu'il  était 
corrompu  par  les  hommes,  il  valait  mieux  encore 
que  le  polythéisme  de  la  plupart  des  nations  ;  et 
délivré  de  cette  corruption  qui  lui  est  étran- 
gère,  il  a  des  avantages  que  ne  saurait  avoir 
le  polythéisme  le  plus  perfectionné. 

On  s'est  trompé  grossièrement  sur  le  sens  d'une 
assertion  qui  sert  de  base  à  un  ouvrage  dont  le  der* 
nier  volume  n'a  point  encore  paru  (i).  De  ce  que 
l'auteur  distinguait  les  formes  religieuses  du  sen- 
timent religieux^  on  a  prétendu  qu'il  profes- 
sait une  indifférence  égale  pour  toutes  ces  formes. 
Bien  au  contraire ,  ces  formes  sont  progressives , 
les  unes  toujours  meilleures  que  les  autres ,  et 
les  meilleures  arrivant  toujours  en  temps  op- 
portun. 

Et  ce  système ,  ce  n'est  pas  celui  d'un  écrivain 
moderne  9  c'est  celui  de  saint  Paul^  de  saint 
Paul,  qui  dit,  en  termes  exprès,  que  lorsque 
l'homme  était  encore  enfant,  il  était  assujetti 
aux  premières  et  plus  grossières  instruc- 
tions que  Dieu  lui  eût  données  (2) ,   et  que 

(x)  De  la  Religion  ,  etc. 
(a)  Ep,  aux  Galai, ,  iv,  3. 

25 


(  586  ) 
fëtst  tn^onnce  étant  patte»  Dieu  a  envo^k 
Qirist  sur  la  terre  pour  abolir  raDdentieloi(i). 
Ainsi,  Suivant  la  doctHoe  des  premiers  dirctieos 
enx-mémes,  Dien  proportionne  ses  instrndiiM 
à  l'état  de  l'homme  :  ses  premières  instruction, 
qne  saint  Paal  ({ualiGe  de  grossières,  étaient  a 
qu'il  fallait  aux  peuj^es  eafans.  Ces  instroctioBS 
ont  dû  disparaître  quand  l'état  d'enfance  a  cott 
Reconnaître  cette  progression  dans  la  boulé  di- 
rloe,  eat-ce  se  montrer  irréligieux  ?  Les  phi- 
rialeiu  le  disaietit  aux  «p6ii*es  «  les  empenn 
fttttaains  aux  nutjrrs. 


\. 


(587) 

XVIL 

DE  LA  PERFECTIBILITÉ 

DE  L'ESPÈCE  HDHAIRB. 

Parmi  les  differens  systèmes  qui  se  sont  suivis, 
combattus  et  modifies ,  un  seul  me  semble  ex-- 
pliquer  l'énigme  de' notre  existence  individuelle.' 
et  ^Mriàléy  un  seul  me  parait  propre  à  donner  un 
but  à  nos  travaux ,  à  motiver  nos  recherches ,  k 
aous  soutenir  dans  nos  incertitudes,  à  nous  re- 
lever dans  nos  découragemens.  Ce  système  est 
c^elui  de  la  perfectibilité  de  l'espèce  humaine. 
Pour  qui  n'adopte  pas  cette  opinion ,  Tordre  so- 
cial ,  comme  tout  ce  qui  tient ,  je  ne  dirai  pas 
seulement  à  l'homme,  mais  à  Tunivers,   n'est 
qu'une  de  ces  mille  comlûnaitons  fortuites,  l'une 
de  oes  mille  formes  plus  ou  moins  passagères 
qui  doivent  perpétuelleipent  se  détruire  et  se 
remplacer,  sans  qu'il  en  résulte  jamais  aucune 
amélioration  durable.  Le  système  de  la  perfecti-^ 
bilité  nous  garantit  seul  de  la  perspective  infeil*" 
lible  d'une  destruction  eomplète,  qui  ne  laisse 
aucun  souvenir  de  nos  efforts,  aucune  trace  de 
nos  succès.  Une  caluoiité  physique,  une  religion 
nouvelle ,  une  invasion  de  barbares  ou  quelques 


(  588  ) 

siècles  d^oppressions  continues  pourraient  en- 
lever à  notre  espèce  tout  ce  qui  relève,  tout  ce 
qui  Tennoblit,  tout  ce  qui  la  rend  k  la  fois,  et 
plus  morale,  et  plus  heureuse  et  plus  éclairée. 
Vainement  on  nous  parle  de  lumières ,  de  liberté, 
de  philosophie:  sous  nos  pas  peuvent  s^ouvrir 
des  abîmes,  au  milieu  de  nous  peuvent  fondre 
des  sauvages,  de  notre  sein  même  des  iniposleim 
peuvent  s'élever,  et  plus  facilement  encore  nos 
^ouvernemens  peuvent  devenir  tyranniques.  S'il 
n'existe  pas  dans  les  idées  une  durée  indépeo- 
dante  des  hommes ,  il  faut  fermer  nos  livres ,  re- 
noQcer  à  nos'  spéculations ,  nous  affranchir  d'in- 
fructueux sacrifices ,  et  tout  au  plus  nous  borner 
aces  arts  utiles  ou  agréables,  qui  rendront  moins 
insipide  une  vie  sans  espérance ,  et  qui  décorent 
momentanément  un  présent  sans  avenir. 

Le  perGectionnement  progressif  de  notre  es- 
pèce établit  seul  des  communications  assurées 
entre  les  générations.  Elles  s'enrichissent  sans  se 
ûonoaitre ,  et  tant  est  profondément  gravé  dans 
l'homme  l'instinct  de  cette  opinion  consolatrice, 
que  chacune  de  ces  générations  fugitives  attend 
et  trouve  sa  récompense  dans  l'estime  des  géné- 
rations lointaines  qui  doivent  fouler  un  jour  sa 
oendre.  insensible. 

Dans  ce  système  i  les  connaissances  humaines 
ferment  une  masse  éternelle,  à  laquelle  chaque 


(  589) 
individu  porte  son  tribut  particulier,  certain 
qu'aucune  puissance  ne  retranchera  la  moindre 
partie  de  cet  impérissable  trésor.  Ainsi,  ràmi  de 
la  libellé  et  de  la  justice  lègue  aux  sièdes*  futurs 
la  plus  précieuse  partie  de  lui-même  ;  il  la  met 
à  l'abri  de  Tignorance  qui  le  méconnaît  et  de 
IVippression  qui  le  menace;  il  la  dépose  dans  un 
sanctuaire  dont  ne  peuvent  jamais  approcher 
les  passions  dégradantes  ou  féroces.  Celui  qui , 
par  la  méditation ,  découvre  un  seul  principe , 
celui  dont  la  main  trace  une  seule  vérité,  peut 
laisser  les  peuples  et  les  tyrans  disposer  de  sa 
vie;  il  n'aura  pas  existé  vainement^  et  si  le  temps 
efface  }usqu'au  nom  qui  désignait  sa  passagère 
existence,  sa  pensée  restera  néanmoins  empreinte 
sur  l'ensemble  indestructible  à  la  formation  du- 
quel rien  ne  pourra  faire  qu'il  n'ait  pas  contribué. 
Je  me  propose  donc  de  nechercher  s'il  existe  dans 
l'homme.une  tendance  k  se  perfectionner,  quelle 
est  la  cause  de  cette  tendance,  quelle  est  sa  na- 
ture, si  elle  a  des  limites  ou  si  elle  est  illimitée, 
enfin  quels  obstacles  retardent  ou  contrarient  ses 
effets. 

Dans  tons  les  temps,  des  écrivains  d'opi- 
nions différentes  se  sont  occupés  de  ces  ques- 
tions ;  mais  ils  ne  les  ont  considérées  que  d^une 
manière  fort  incomplète ,  et  leurs  travaux  n'ont 
guère  servi  qu'à  les  obscurcir.  Les  uns  se  sont 


(  SgO 

t^eçoive,  quelque  avidement  qu'il  les  mnltipiief 
chacune  d'elles  venant  seule,  passant  seale,  dis- 
paraissant seule  y  traverse  la  solitiide^  mais  sans 
la  peupler. 

Les  idées,  au  contraire ,  se  conservant  dans  la 
partie  pensante  de  notre  être ,  s'associant ,  se  re- 
produisant, constituent  à  Thomme  une  pro- 
priété véritable.  Sans  doute,  pour  recevoir  ses 
idées  ,  comme  pour  recevoir  ses  sensations , 
Phomme  est  dans  la  dépendance  des  objets  exté- 
rieurs; mais  les  Idées  lui  restent,  lorsqu'une  fois 
elles  lui  sont  acquises,  et  s'il  ne  peut  ni  les  rap- 
peler ni  les  multiplier  à  sa  volonté,  elles  ont  do 
moins,  comme  nous  l'avons  dit,  l'avantage  înap- 
préciable  de  se  rappeler  et  de  se  multiplier  l'une 
par  l'autre. 

Si  chacun  se  gouverne,  ou,  pour  mieux  dire, 
est  gouverné  par  ses  sensations  proprement  dites, 
et  que  la  nature  ait  voulu  qu'elles  dominassent 
ou  même  seulement  balançassent  Tinfluence  des 
idées,  il  ne  faut  espérer  aucun  perfectionnement. 
Les  idé^  s^iméliorent ,  les  sensations  ne  peuvent 
s'améliorer.  Dans  cette  hypothèse,  nous  avons 
été  de  tout  temps  ce  que  nous  sommes,  nous 
sommes  ce  que  nous  serons  toujours. 

Si,  au  contraire,  l'homme  se  gouverne  par  les 
idées,  le  perfectionnement  est  assuré.  Lors  même 
que  nos  idées  actuelles  seraient  fausses,  elles  por*^ 


(  595  ) 

lent  en  elles  un  germe  de  combinaisons  toujours 
iiouveUeSy  de  rectificationsplns  ou  moins  promp 
tes,  mais  infailibles,  et  de  progression  non  inter- 
rompue. 

U  ne  faut  pas  prendre  la  question  que  nous 
agitons  ici  pour  un  lieu  conmiun  de  morale; 
c'est  un  fait  qu'il  importe  d'éclaircir.  Nous  n'en 
sommes  pas  à  répeter  cet  adage  de  tous  les  siè- 
cles ,  que  rhomme  doit  s'affranchir  de  la  sujé- 
lion  des  sens  et  se  conduire  par  les  lumières  de 
la  raison;  nous  recherchons  ce  quHl  fait,  sans 
nous  occuper  de  ce  qu'il  doit  faire. 

Soit  qu'il  se  dirige  par  ses  sensations  propre- 
ment  dites ,  ou  par  ce  que  nous  nommons  idées , 
c'est-à-dire  par  le  souvenir  et  la  combinaison 
de  ses  sensations  passées ,  sa  conduite  est  con«- 
forme  à  sa  nature  ;  il  n'en  changera  pas ,  il  n'en 
peut  changer;  seulement ,  comme  nous  venons 
de  le  dire^  si  l'empire  est  aux  sensations  ^  l'espèce 
humaine  sera  stationnaire  ;  si  l'empire  est  aux 
idées  y  elle  sera  progressive. 

Maintenant  l'examen  le  plus  superBciel  suffira 
pour  nous  convaincre  que  l'homme  se  gouverne 
entièrement  et  exclusivement  par  les  idées /et 
qu'à  moins  qu'un  choc  violent  et  subit  ne  le  prive 
de  Tusage  de  toutes  ses  fsrcultés ,  il  sacrifie  tou- 
jours la  sensation  présente  aux  souvenirs  de  la 
sensation   passée  ou   à  l'espoir  de  la  sensation 


bn 

^^  au 

^^       po 

^^^^^    Têi 


(594) 
future ,  c'est-à-dire  à  une  id^.  Les  faits  que  Dfm 
rapportons  daos  le  langage  vulgaire ,  comdae  vm 
preuve  de  la  puissance  des  sensations ,  sont ,  dam 
la  re'alite',  une  preuve  de  la  puissance  des  idées. 
Ceci  n'est  point  une  subtilité  chimérique.  ItOrsqae 
Léandre  traversait  la  mer  à  la  nage  pour  alla- 
rejoindre  Héro ,  il  supportait  uoe  doalear  réelle 
dans  l'espérance  d'un  plaisir  futur  ;  et  dans  le  fâit^ 
il  sacrifiait  une  sensation  à  une  idée.  Cessamfioci 
se  répètent  à  chaque  instant  dans  la  vie  de  diacnn 
de  nous;  et  les  hommesles  plus  égoïstes^  Ie6  plus 
sensuels  s'y  soumettent  aussi  fréquemment,  aussi 
constamment,  pour  mieux  dire,  que  les  [^os  dé- 
sintéressés et  les  plus  généreux. 

On  doit  en  conclure  qu'il  existe  danfi  la  naton 
humaine  une  disposition  qui  lui  donne  perpé- 
tuellement la  force  d'immoler  le  présent  à  l'a- 
venir,  et  par  conséquent  la  sematîon  à  l'idée. 

L'opération  est  la  même  dans  l'ouvrier  labo- 
vieax  qui  s'épuise  de  travail  pour  BOnrrtr  sa  fit- 
mille  ,  dans  Tavare  qui  sup[»orte  1«  froid  et  b 
faim  pour  conserver  son  or,  dans  l'amant  qui 
brave  la  fatigue  et  riotempérie  des  nuits  pour 
attendrir  sa  maîtresse ,  dans  l'amlûtieux  qui  re- 
pousse lu  sommeil  ou  néglige  une  blessare  pour 
asservir  sa  pairie,  dans  le  citoyen  généreux  qui 
veille ,  combat  et  souffre  pour  la  sauver.  Il  y  « 

ns  toun ,  possibilité  de  sacfifice;  dans  tous, 


(595) 

eo  un  mot  p  domiosticm  smr  les  seittfttions  par 
les  idées. 

L'homme  ne  se  gOQTeme  donc  pas  par  les  sen* 
sations  proprement  dites  ;  il  est  au  contraire  en 
lulte  perpétuelle  avec  elles,  et  les  subjuguant 
toujours;  et  l'on  pourrait  démontrer  que  la  vie 
du  plus  faible,  du  plus  yoluptueux,  du  plus 
efféminé  sybarite  est  une  série  non  interrompue 
de  triomphes  de  ce  genre. 

L'homme,  quoique  essentiellement  modifiable 
par  les  impressions  extérieures ,  n'est  donc  point 
dans  une  dépendance  absolue  et  passive  de  ces 
impressions.  Il  oppose  sans  cesse  l'impression 
d'hier  à  celle  d'aujourd'hui,  et  fait  chaque  jour, 
pour  les  plus  petites  causes  et  pour  les  plus  faibles 
intérêts ,  une  opération'  suffisante  pour  les  plus 
beaux  actes  d'héroïsme  et  de  désintéressement. 
S'il  en  est  ainsi ,  on  ne  doit  plus  opposer  la  puis^ 
sancè  des  sensations  à  la  puissance  des  idées  ;  il  ne 
faut  plus  parler  que  de  la  puissance  comparative 
des  idées  entre  elles.  Or ,  qui  dit  la  puissance  des 
idées  dit  la  puissance  du  raisonnement;  car,  dans 
tous  ces  sacrifices ,  tellement  communs  dans  la 
vie  de  chacun  de  nous,  que  nous  ne  nous  en  aper^ 
cevons  pas  nous-mêmes,  il  y  a  comparaison, 
et  par  conséquent  raisonnement. 

Lorsque  le  plus  sensuel  des  hommes  s'abstient 
de  boire  avec  excès  d'un  vin  délicieux   pour 


(396) 
mieux  posséder  sa  maîtresse,  il  y  a  sacrifice,  par 
conséquent  comparaison.  Or,. pour  porter  cet 
homme  à  des  actions  nobles ,  générenses,  ntîles, 
il  ne  faudrait  que  perfectionner  en  lui  la  &calte 
de  comparer. 

Nous  avons ,  ce  me  semble,  gagné  un  grand 
point.  Ce  n'est  plus  la  nature  de  l'homme  qu'il  fanl 
-subjuguer,  ce  ne  sont  plus  ses  sensations  qu'il  hat 
vaincre;  c'estuniquement  sa  raison  qu'il  faut  per- 
fectionner. Il  n'est  plusqnestioD  de  créeren  lainiw 
force  éti-angère,  mats  de  développer  et  d'étendre 
une  force  qui  lui  est  propre. 

Pour  nier  cette  assertion,  il  faudrait  nier  la 
série  de  faits  que  nous  avons  allégués  ,  et  cela 
parait  impossible.  Ce  ne  sont  point  les  sensa- 
tions qui  dirigent  les  dctions  des  hommes,  œ 
sont  les  idées;  elles  sont  toujours  accompagnées 
de  comparaison ,  de  jugement.  La  nature  de 
l'homme  est  tellement  disposée  au  sacrifice, 
que  la  sensation  présente  est-  presque  infailli- 
blement sacrifiée  lorsqu'elle  est  en  oppositioo 
avec  une  sensation  future,  c'est-à-dire  avec 
une  idée. 

La  puissance  que  Zénon  ,  qu'Épictète ,  que 
Marc-Aurèle,  attribuaient  à  l'homme  sur  sa 
propre  existence,  n'est  autre  chose  que  le  déve- 
loppement de  cette  vérité.  C'est  la  suprémalie 
des  idées  sur  les  sensations ,  en  d'autres  termes, 


(597) 
l'asseiiioD  que  lliomme  par  le  sauvenir ,  le& 
combinaisons,  l'usage,  en  un  mot,  des  impres- 
sions qu'il  a  reçues,  peut  dompter  les  impres- 
sions qu'il  reçoit. 

Depuis  que  Socrate  avait  ,  pour  employer 
une  expression  consacrée ,  £iît  descendre  la 
philosophie  du  ciel  pour  la  placer  sur  la 
terre,  et  l'appliquer  à  nos  affections  de  chaque 
jour  et  k  nos  intérêts  de  chaque  heure ,  les 
sages  de  l'antiquité  avaient  étudié  l'homme 
sous  tous  les  points  de  vue.  Ils  avaient  trouvé 
pour  résultat  de  leurs  recherches ,  cpie  les  idées 
doivent  l'emporter  sur  les  sensations ,  que  plu& 
les  premières  se  multiplient ,  se  développent  et 
se  perfectionnent ,  plus  leur  empire  est  incon- 
testé ,  et  ils  en  avaient  conclu  pour  l'espèce  hu- 
maine, la  possibilité  d'une  indépendance  morale, 
complète  et  illimitée. 

Tous  leurs  efforts  tendaient  à  consolider  l'em- 
pire des  idées  sur  les  sensations  ,  à  rendre 
l'homme  maître  de  lui ,  à  lui  conserver  toujours 
cette  indépendance  morale  ,  source  de  dignité , 
de  repos  et  de  bonheur. 

Plusieurs  causes,  parmi  lesquelles  je  range  en 
première  ligne  l'arbitraire  des  anciennes  monar- 
chies ,  nous  ont  ravi  cette  indépendance  en  nous 
énervant  et  nous  corrompant.  Devenus  libres , 
il  faut  redevenir  forts  ;  il  faut  considérer  la  vo* 


(598) 
lonté  de  rhomme  comm«  Gonstituaat  le  nun^ct 
comme  toute-^pnistante  sur  la  natuire  phjâqoe. 
Ses  organes ,  ses  sensations ,  cette  nature  ph j- 
sique  sont  ses  premiers  instrumens.  A  l'aide  de 
ce  dernier,  il  dompte  les  objets  étrangers,  et  de 
ces  objets  il  se  fait  4^.  instrumens  seccmdaires  ; 
mais  auparavant ,  il  fant  qu'il  se  soit  assuré  li 
conquête  de  ses  premiers  moyens ,  et  quH  ei 
possède  l'empire  absolu.  Il  doit  être  maître  dia 
lui  ayant  de  l'être  au  dehors. 

Les  passions  mêmes  peuvent  et  doivent  être 
les  instrumens  de  la  volonté.  Elles  peuvent  êtrei 
comme  les  liqueurs  fortes ,  des  moyens  à  l'aide 
desquels ,  lorsque  nous  avons  besoin  de  telle  im- 
pulsion f  nous  la  donnons  à  nos  oi^anes ,  en  ob- 
servant toujours  de  ne  pas  la  donner  telle  que 
nous  ne  paissions  la  diriger,  comme  nous  oIh 
servons,  en  recourant  à  des  liqueura  spiritueuses 
pour  nous  ranimer ,  de  ne  pas  nous  enivrer  de 
manière  à  n'être  plus  maîtres  de  nous. 
.  Dans  la  seule  faculté  du  sacrifice  est  le  genue 
indestructible  de  la  perfectibilité.  A  mesure  que 
l'homme  l'exerce  ,  cette  faculté  acquiert  {dus 
d'énergie  ;  l'homme  embrasse  dans  son  horiioii 
un  plus  grand  nombre  d'objets.  Or,  Terreur  ne 
provient  jamais  que  de  Tabsence  de  quelque  âé- 
ment  qui  doit  constituer  la.  vente  ;  on  la  rectifie 
en  complétant  le  nombre  des  éléraens  néoe&* 


(89&) 
saires.  Lliomme  doit  donc  chaque  jour  acqué-^ 
rir  ua  plti$  haut  degré  de  rectitude. 

Le  perfectionnement  qui  s'opère  de  la  sorte 
dans  l'individu  se  communique  à  l'espèce^  parce 
que  de  certaines  vërités^  répétées  d'une  manière 
constante  et  universelle,  sont  à  la  longue  entou- 
rées par  l'habitude  d'une  évidence  entière  et  ra- 
pide ;  car  une  vérité  évidente  n'est  autre  chose 
qu'une  vérité  dont  le  signe  nous  est  tellement  fa- 
milier 9  qu'il  nous  retrace  à  l'instant  même  l'o- 
pération intellectuelle  par  laquelle  cette  vérité 
a  obtenu  notre  assentiment. 

Dans  les  vérités  morales^  comme  dans  les  véri«^ 
tés  numériques  ^  il  n'est  question  que  de  sîmpli-* 
fier  les  signes.  Si  nous  saisissons  fout  d'un  coup , 
et  sans  calcul ,  que  deux  et  deux  font  quatre ,  et 
si  nous  ne  saisissons  pas  avec  la  même  rapidité 
que  soixante-neuf  et  cent  quatre-vingt-sept  font 
deux  cent  cinquante-six ,  ce  n'est  pas  que  la  pre-» 
mière  de  Ces  pi^positioni  soit  plus  incontestable 
que  l'autre^  c'est  que  le  signe  de  deux  répété  deux 
fois  rappelle  plus  promptement  l'idée  qu'il  dé- 
signe que  la  réunion  des  signes  de  soixante-neuf 
et  de  cent  quatre-vingt-sept. 

De  la  rétiilion  de  ces  vérités  »  adoptées  par  tous 
les  ibdividus,  et  de  lliabitude  des  sacrifices  qtke 
ces  vérités  leur  imposent ,  se  forme  une  raison, 
s'établît  une  morale  commune  à  tous^  dont  les 


(4oo) 

principes,  reçus  sans  discussion ,  ne  se  mettent 
plus  en  doute.  Alors  Tindividu  n'est  plus  oUigé 
de  recommencer  une  tâche  remplie  avant'  lui  ;  il 
part,  non  du  point  où  le  placerait  son  inexpé- 
rience individuelle ,  mais  du  point  où  Va  porte 
Fexperience  de  l'association. 

En  même  temps  que  la  perfectibilité  de  llionune 
s'exerce  intérieurement,  en  le  conduisant,  lente- 
ment sans  doute,  d'une  manière  imperceptible, 
de  vérités  connues  à  des  vérités  encore  obscures, 
elle  s'exerce  extérieurement  en  le  conduisant  de 
même  de  découvertes  en  découvertes. 

On  peut ,  en  prenant  dés  époques  de  l'histoire 
éloignées  Tune  de  l'autre,  montrer  la  mardie 
de  la  perfectibilité  extérieure  et  intérieure. 

Pour  la  perfectibilité  intérieure ,  c'est-à-dire  la 
morale,  nous  avons  l'abolition  de  l'esclavage , 
qui  est  pour  nous  une  vérité  évidente,  et  qa'i 
était  le  contraire  pour  Aristote. 

Dans  la  lutte  de  la  révolution  française,  les 
aristocrates  les  plus  invétérés  n'ont  pas  songé  a 
proposer  le  rétablissement  de  l'esclavage ,  el 
Platon,  dans  sa  répiiblique  idéale,  ne  saj^pose 
pas  qu'on  puisse  s'en  passer. 

Telle  est  la  marche  de  l'esprit  humain ,  que  les 
hommes  les  plus  absurdes  d'aujourd'hui  ne 
peuvent ,  en  dépit  d'eux ,  rétrograder  aa  point 
où  en  étaient  les  plus  éclairés  des  siècles  antê* 


(  4oi  ) 

rieurs.  Quand  le  temps  et  le  raisonnement  ont 
fait  complètement  justice  d'une  institution  fausse, 
la  sottise  même  et  l'intérêt  personnel  n'osent  plus 
la  réclamer. 

Pour  la  perfectibilité  extérieure,  nous  ayons 
une  multitude  de  découvertes  :  celles  de  Galilée , 
de  Copernic,  de  Newton  ;  la  circulation  du  sang, 
rélectricité,  et  une  foule  de  machines  qui  ren-* 
dent  l'homme  tous  les  jours  plus  maître  de  l'u- 
nivers matériel;  la  poudre  à  canon,  la  boussole , 
l'imprimerie,  la  vapeur ,  moyens  physiques  pour 
la  conquête  du  monde. 

Cette  marche  de  la  perfectibilité  peut  être  sus- 
pendue ,  et  même  l'espèce  humaine  forcée  de  ré- 
trograder en  apparence  ;  maiè  elle  tend  à  se  re- 
placer au  point  où  elle  était ^^  et  elle  s'y  replace 
aussitôt  que  la  cause  matérielle  qui  l'en  avait 
éloignée  vient  à  cesser. 

Ainsi,  les  convulsions  de  la  révolution  fran- 
çaise avaient  bouleversé  les  idées  et  corrompu 
les  hommes  ;  mais  aussitôt  que  ces  convulsions . 
ont  été  apaisées,  les  honmies  sont  retournés  aux 
idées  de  morale  qu'ils  professaient  immédiate- 
ment avant  l^es  secousses  qui  les  avaient  égarés  ; 
de  manière  qu'on  peut  dire  que  les  excès  de  la 
révolution  ont  perverti  des  individus  ,  mais 
non  substitué  au  système  de  morale  qui  existait 
un  système  de  morale   moins  parfait  ;  et  c'est 

26 


(  402    ) 

racï  oéanmoins  qu'il  faudrait  prOaver  pour  dé- 
luonlrer  que  l'espèce  humaine  se  détériore. 
,    U  en  est  de  même  de  ce  que  oons  avons  nom- 
mé la  perfectibilité  extérieure. 

L'homme  a  conquis  beaucoup  plus  de  moytas 
d'agir  sar  les  objets  extérieurs  et  de  les  faire  céder 
à  sa  volonté  cfn'îl  n'en  avait  autrefois.  C'est  un 
perfectionnement  pour  l'espèce.  Prenez  cent 
hommes  au  hasard,  dans  tel  peuple  qne  vous 
voudrez  de  l'antiquité,  et  cent  hommes  dans 
les  natîoni  européennes  de  nos  temps  modernes  ; 
placez  chacune  de  ces  bandes,  avec  les  décou- 
vertes de  son  époque,  dans  une  lie  d&erte,  hé- 
nssée  de  rochers  et  de  forêts  :  les  cent  hommes 
de  l'antiquité  périront^  ou  retouiTieronf  à  l'état 
sanvage ,  faute  de  jpaoyens  de  défrichement;  les 
cent  hommes  des  tempsmoderaes  se  replaceront, 
par  leurs  travaux,  au  point  d'où  vous  les  aurez  ti- 
rés, et  partiront  ausshàtde  là  poor  arriver  k  un 
degré  de  civilisation  plus  élevé.  Cette  différence 
tiendrai  quelques  découvertes  physiques,  à  I'd- 
sage,  psr exemple,  de 4a poudre  à  canon.  Or,  on 
ne  ;pëut  nier  que  ce  ne  soit  nn  véritable  per- 
fectionn«n«nt  pour  l'espèce  htimaine.  Le  mot 
deYauban  ,  cité  contre  la  perfectibilité,  prouve 
au  contraire  en  sa  faveur.  Si  César  revenant  au- 
jourd'hui se  trouvait  en  quinze  jours  an  niveau 
-limes  les  plus  habiles,  existant  actuelle- 


(  4o5  ) 
ment ,  cW-k-dire  bien  au-dessus  de  son  siècle,  ^ 
ne  serait-ce  pas  une  démonstration  que  notre 
espèce  part  d^nn  point  plus  avance ,  ^  par  con- 
séquent va  plus  loin  qu'alors  ? 

Ceux  qui  ne  veulent  pas  reconnaître  cette 
marche  progressive  supposent  que  Tespèc^  hu- 
maine est  condamnée  à  décrire  perpétueUement 
un  cercle ,  et ,  par  une  alternative  étemelle ,  h. 
repasser  san$  cesse  de  rignorance  aux  lumières 
et  des  lumières  à  l'ignorance ,  de  l'état  sauvage 
k  ]'état  civilisé  et  de  l'état  civilisé  à  1  état  sau- 
vage! Cest  qu'ils  s'arrêtent  à  quelques  portions 
de  la  terre,  à  quelques  sodétésplus  ou  moins 
resserrées,  à  quelques  individus  remarquables 
ou  dans  leur  siècle  ou  dans  leur  .patrie.  Mais 
pour  apprécier  le  système  de  la  perfectibilité ,  il 
ne  faut  |ias  le  juger  partiellement.  Peu  importe 
que  telle  peuplade,  à  telle  époque,  ait  joui  à» 
plu&  de  bonheur  ou  possédé  {dus  de  lumières  que 
telle  autre  peuplade,  à  une  époque  suivante ,  «Hl 
est  démontré  que  la  masse  des  hommes  coexis^ 
tant   dans  un  temps  quelconque  est  toujours 
plus  heureuse  que  la  maase  des  hommes  coexis- 
tant dans  un  temps  antérieur. 

Il  ne  fout  pas  dire  :  les  Athéniens  étaient  jdkis 
libres  que  nous;  donc  le  genre  humain  perd «eto 
liberté.  Les  Athéniens  étaient  une  petite  partie  des 
ba)>îtaus  de  laOrèce^  la  Grèce  une  petite  partid  de 

a6.. 


(404) 

l'Europe,  et  le  reste  da  monde  était  barbare,  et 
rimmeose  majorité  des  habitansde  la  Grèce  elle- 
même  était  composée  d'esclaves.  Que  l'on  noos 
moatre  dans  l'histoire  une  époque  semblable  î 
la  oàtre,  prise  en  graud.  L'Europe  eotière  est 
exempte  du  fléau  de  l'esclavage;  les  trois  quarts 
de  cette  partie  du  globe  sont  afirancbîs  de  U 
féodalité ,  la  moitié  délivrée  des  privilèges  de  U 
noblesse.  Sur  cent  vingt  millions  d'bommes,  il 
□'en  existe  pas  un  seul  qui,  légalement,  ait  sur  tu 
antre  le  droit  de  vie  et  de  mort.  Dans  les  pa^ 
mêmes  où  oe  règne  pas  encore  la  philosophie,  la 
religion  recommande  la  tolérance.  Partout  le  des- 
potisme couvre  ses  forfaits  de  prétextes  ridicules 
sans'  doute  ,  mais  qui  annoncent  une  pudeur 
jusqu'à  présent  inconnue.  L'usurpation  s'excuse 
comme  nécessaire ,  l'erreur  se  justifie  comme 
utile. 

J'ai  parlé  dans  un  essai  précédent,  des  ijnatre 
grandes  révolutions  qui  se  font  remarquer  jus- 
qu'à uos  jours  :  la  destruction  de  la  ihéotratie, 
celle  de  l'esclavage,  celle  de  ta  féodalité,  celle 
de  la  noblesse  comme  privilège.  Mon  sujet  m'jr 
raméiiL',  et  j'ajouterai  quelques  développemeas. 
Ces  quatre  révolutions  nous  offrent  une  suite 
d'améliorations  graduées  ;  ce  sont  des  échelons 
^sposés  régulièrement. 

La  noblesse  priv  ïlégiée  est  plus  près  de  nous  que 


\ 


(  4o5  ) 
la  féodalité  9  la  féodalité  que  l'esclavage ,  Tescla- 
vage  que  la  théocratie.  Si  nous  voulions  rendre 
la  noblesse  plus  oppressive ,  nous  en  ferions  la 
la  féodalité;  si  nous  voulions  rendre  la  féodalité 
plus  odieuse,  nous  en  ferions  l'esclavage  ;  si  nous 
voulions  rendre  l'esclavage  plus  exécrable,  nous 
en  ferions  la  théocratie:  et,  par  une  marche 
inverse,  pour  adoucir  l'état  des  castes  que  la 
théocratie  proscrit ,  nous  élèverions  ces  castes  au 
rang  d'esclaves;  pour  diminuer  l'avilissement  des 
esclaves,  nous  leur  donnerions  l'imparfaite  ga- 
rantie des  serfs;  pour  affranchir  les  serfs,  nous 
leur  accorderions  l'indépendance  des  roturiers. 
Chaque  pas,  dans  ce  sens,  a  été  sans  retour. 
N'est -il  donc  pas  évident  qu'une  progression 
pareille  est  une  loi  de  la  nature,  et  que  cha- 
cune de  ces  époques  portait  en  elle-même  les 
élémens  des  époques  qui  devaient  la  rem- 
placer? 

La  durée  de  la  théocratie  nous  est  inconnue  ; 
mais  il  est  probable  que  cette  institution  détes- 
table a  subsisté  plus  long-temps  que  l'esclavage. 
Nous  voyons  l'esclavage  en  force  pendant  plus 
de  trois  mille  ans ,  la  féodalité  pendant  douze 
cents  anSy  les  privilèges  de  la  noblesse  sans  féoda- 
lité à  peine  pendant  deux  siècles. 

U  en  est  de  la  destruction  des  abus  comme  de 
l'accélération  de  la  chute  des  corps  :  à  mesure 


l 


(  406  ) 

qulls  s'approchent  de  la  terre,  ils  se  [fféoipiteiil 
plus  rapidemeot.  C'est  que  les  abus  sont  d'au- 
tant plus  faciles  à  maintenir  qu'ils  sont  plos 
grossiers  et  plus  complets  ,  car  ils  aviliseeDl 
d'autant  plus  leurs  victimes.  L'esclavage  était 
plus  facile  à  maintenir  que  la  féodalité  f  la  féoda- 
lité que  la  noblesse.  Lorsqu'on  comprime  toute 
l'existence  et  tontes  les  facultés  de  l'homme, 
il  est  bien  autrement  incapable  de  résistance 
que  lorsqu'une  portion  .seulement  est  com- 
primée' La  main  qui  reste  libre  dégage  l'autre  de 
ses  fers. 

L'histoire  nous  montre  l'établisement  de  la 
religion  chrétienae  et  l'irruption  des  barbares 
du  nord,  comme  les  causes  de  la  dfistfactioa 
de  l'esclavage  ;  les  croisades ,  comme  celles  de  la 
destruction  de  la  féodalité;  la  rcvolutiob  fran- 
çaise, comme  celles  de  la  destruction  des  privi- 
lèges de  la  noblesse. 

•  Mais  ces  destructioas  n'ont  point  été  l'efièt  ac- 
cidentel de  circonstances  particnlières;  l'inva- 
sion des  barbares  ,  l'établissement  du  christia- 
nisme, les  croisades,  la  i-évolution  française  en 
ont  été  l'occasion ,  mais  non  la  cause.  L'espèce 
humaine  était  mûre  pour  ces  délivrances  suc- 
cessives. La  force  éternelle  des  choses  amène  les 
révolutions  à  leur  tour.  Celle  que  nous  prenons 
""'•"  'effet   immédiat   d'une  circonstance  im- 


(  4o7  ) 
prévue  «ctt  une  ère  de  l'esprit  humain ,  et 
rhomxne  ou  réyèn^ment  qui  tuaa^  parait  Ta-* 
voir  causée  n'a  £ût  que  partager  plus  psteaftible- 
xaent  l'impulsion  générale  imprimée  a  tous  les 
êtres. 

Ces  quatre  révolutions ,  la  destnietion  de  Vesk- 
clavag^  théocratique  9  de  l'esclavage  civil  ^  de  k 
féodalité,  de  la  noblesse  privilégiéet  sont  autant 
de  pas  vers  le  rétablissement  de  l'égalité  naturelle. 
La  perfectibilité  de  l'espèce  humaine  n'est  antre 
chose  que  la  tendance  vera  l'égalité. 

Cette  tendance  vient  de  ce  que  l'égalité  senle 
est  conforme  a  la  vérité,  c'est^Kiire  aux  rapports 
des  choses  entre  elles  et  dés  hommes  entre  eux* 
L'inégalité  est  ce  qui  seul  constitue  Tinjustice» 
Si  nous  analysons  toutes  les  injustices  générales 
ou  particulières,  nous  trouverons  que  tontes  ont 
pour  base  l'inégalité* 

Toutes  les  fois  que  l'homme  réfléchit,  et  qu'il 
parvient ,  par  la  ré^xion ,  à  cette  force  de  sacri- 
fice qui  forme  sa  perfectibilité,  il  prend  l'éga- 
lité pour  point  de  départ;  car  il  acquiert  la  con- 
viction qu'il  ne  doit  pas  faire  aux  autres  ce  qu'il 
ne  voudrait  pas  qu'on  lui  fît ,  c'est-à-dire  qu'il 
doit  traiter  les  autres  comme  ses  égaux  y  et  qu'il 
a  le  droit  de  ne  pas  souffrir  des  autres  ce  qu'ils 
ne  voudr«aîent  pas  fdBffrir  de  lui  ;  c'est-à-dire 
que  les  autres  doivent  le  traiter  comme  leur  égal. 


N. 


(4o8) 

U  en  résulte  que  toutes  les  fois  qu  une  yérité 
se  découvre ,  et  la  vérité  tend  par  sa  nature  à  se 
découvrir ,  l'homme  se  rapproche  de  réalité. 

S'il  en  est  resté  si  long-temps  éloigné ,  c^est 
que  la  nécessité  de  suppléer  aux  vérités  qull 
ignorait  la  poussé  vers  des  idées  plus  ou  moins 
bizarres ,  vers  des  opinions  plus  ou  moin&erron- 
nées,  II  faut  une  certaine  masse  d'ojHoions  et 
d'idées  pour  mettre  en  action  les  forces  physi- 
ques ,  qui  ne  sont  que  des  instrumens  passif. 
Les  idées   seules  sont  actives  ;  elles   sont  les 
souveraines  du.  monde  ;  l'empire  de  Faniveis 
leur  a  été  donné.    Lors    donc    qu'il    n'existe 
pas    dans  les   têtes  Humaines   assez  de  vérités 
pour  servir  de  levier  aux  forces  physi<pies, 
l'homme  y  supplée  par  des  conjectures  et  par 
des  erreurs.  Lorsque  ensuite  la  vérité  parait, 
les  opinions  erronnées  qui  tenaient  sa  place  s'éva- 
nouissent ,   et  c'est  la  lutte  passagère  qu'elles 
soutiennent     (  lutte    toujours     terminée    par 
leur  anéantissement  )  qui   change    les  états  , 
agite  les  peuples ,  froisse  les  individus  ,  pro« 
duiti  en  un  mot^  ce  que  nous  appelons  des  ré- 
volutions. 

De  là  découlent  plusieurs  conséquences  im- 
portantes. 

U  est  incontestable  que  la  majorité  de  la 
humaine,  par  une  progression  régulière  et 


(4o9) 
3n  interrompue  (i),  acquiert  chaque  jour  en 
onfaeur  et  surtout  en  lumière.  Elle  avance  tou-* 
¥VLrs  d'un  pas  plus  ou  moins  rapide.  Si  quelq- 
uefois ,  pour  un  instant ,  elle  semble  rétrograder, 
est  pour  réagir  immédiatement  contre  l'obstacle 
«puissant  que  bientôt  elle  surmonte.  Quand 
stte  yérité  ne  serait  démontrée  que  relative-- 
lent  aux  lumières ,  la  perfectibilité  de  l'homme 
*en  serait  pas  moins  prouvée;  car  si  le  bon- 
eur  est  le  but  immédiat ,  et  l'amélioration  le 
»iit  éloigné  f  les  lumières  sont  les  moyens  ;  et 
Aus  nous  acquérons  de  moyens  d'atteindre  au 
lut,  plus  i)0U5  en  approchons,  lors  même  que 
lous  ne  paraissons  pas  en  approcher. 

2".  L'espèce  humaine,  puisqu'elle  n'est  pas 
iationnaire ,  ne  peut  juger  que  d'une  manière 
'elative  de  ce  qui  n'est  pas  inhérent  à  sa  nature, 
le  ce  qu'elle  ne  porte  pas  en  elle ,  mais  dont  elle 
e  sert  dans  la  route ,  comme  ressource  supplé- 

(i)  On  peut  divûer  la  carrière  de  l'espèce  humaine  en  trois 
f>artie5: 

Partie  constatée. 

Partie  douteuse , 

Partie  inconnue. 

Elle  ne  revient  jamais  sur  la  partie  constatée.  Lorsqu'on  croit 
qu'elle  rétrograde,  c'est  qu'elle  s'agite  dans  la  partie  douteuse 
qui  a  une  certaine  latitude.  A  mesure  qu'elle  avance,  la  partie 
douteuse  devient  constatée,  la  partie  inconnue  devient  dou- 
t<;use. 


(4'o) 

mentaice  et  nomealaaée.  Ainsi ,  parmi  les  opi- 
aîoQS  et  ks  institutions  (  car  ies  instïtutîoDt  i 
|*«r  angine  ne  soat  ^ae  des  opinions  nna 
WM  yratinii  ) ,  «cUes  <fDe  doos  considérons  aa- 
ji^rVii  f— mr  des  abw  peareat  avoir  eo 
kiw  iHnpft  iTiitilité,  de  accessilé,  de  perfèc- 
|H«  eilative.  Ainsi ,  celles  tfme  aaas  regankxB 
OMMM  infispensables ,  et  qui  sont  telles  à  oatat 
^^ud,  poorroat,  dans  qudqoes  âèeles,  êbc 
reponssees  comme  des  abus.  ITeD  conclnons  pas 
ntianoMMos  que,  parce  que  la  {dnpart  des  abus 
ottt  en  leur  temps  d'utilité,  il  &iUe  soignen- 
SMient  conserver  ceux  qui  existent  au  mitîeo 
de  nous.  La  nature  seule  se  diarge  de  créer  et 
dtf  conserver  les  abus  utiles.  L'espèce  hamaioe 
M  ae  défait  jamais  de  ce  dont  elle  a  besoin. 
Lorsqu'un  abns  tombe,  c'est  que  son  nlililt 
n'exbte  plus  ;  mais  on  ne  peut  pas  dire  de 
mârae ,  que  lorsqu'un  abus  ne  tombe  pas,  c'est 
que  son  utilité  existe  encore;  il  peut  y  avoir 
d'autres  causes. 

L'utilité  relative  des  institutions  varie  cbaqne 
jour ,  parce  que  chaque  jour  nous  découvre  nn 
peu  plus  de  vérité.  L'abus  utile  de  la  veille 
est  l'abus  inutile  du  lendemain.  Or,  tout  abus 
inutile  est  funeste,  et  comme  obstacle  aux  progrès 
de  nolrt;  espèce,  et  comme  occasion  de  lutte 
">  les  individus. 


(4"  ) 

Cest  presque  toujours  par  nù  greiDcl  mal  que 
les  rëyolutions  qui  tendent  au  bien  de  Hiu*- 
manité  s'opèrent.  Plus  la  chose  à  détruire  est 
pernicieuse,  plus  le  mal  de  la  rétokition  est 
cruel.  Cela  tient  à  ce  que,  pour  qu'une  insti- 
tution très  pernicieuse  s'introduise  ^  il  faut  qu'à 
l'époque  de  son  introduction ,  cette  institution  * 
soit  ou  paraisse  très  nécessaire.  Or^  le  souye^ 
nir  de  cette  nécessité  survit  à  cette  nécessité 
même,  et  ce  souvenir  oppose  une  résistance 
obstinée  à  qui  veut  détruire  l'institution,  lors 
même  qu'elle  a  cessé  d'être  nécessaire. 

Prouver  qu'un  abus  est  la  base  de  Tordre  so-^ 
cial  qui  existe,  ce  n'est  pas  le  justifier.  Toutes 
les  fois  qu'il  y  a  un  abus  dans  l'ordre  social ,  il 
en  parait  la  base,  parce  qu'étant  hétérogène  et 
seul  de  sa  nature,  il  faut,  pour  qu'il  se  conserve, 
que  tout  se  plie  à  lui,  se  groupe  autour  de  lui, 
ce  qui  fait  que  tout  repose  sur  lui.  Certes,  lors« 
que  l'esclavage  était  en  force,  l'asservissement 
de  la  classe  qui  fertilisait  la  terre,  qui  seule  était 
chargée  de  tous  les  travaux ,  qui  assurait  à  ses 
maîtres  le  loisir  indispensable  à  l'élégance  des 
mœurs  et  à  l'acquisition  des  lumières ,  paraissait 
bien  la  base  de  Tordre  social.  Sous  l'empire  de 
la  féodalité,  la  dépendance  des  serfs  semblait  in- 
séparable de  la  sûreté  publique.  De  nos  jours, 
les  privilèges  de  la   noblesse  ont  été  réclamés 


! 


(4iO 

cooinie  les  seules  garaaties  de  la  proqm 
tionale.  L'esdayage  néanmoins  a  été  dans 
l'ordre  social  a  subsisté.  La  féodalité seAss. 
lée ,  et  Tordre  social  n'en  a  pas  soQffen.\i 
avons  va.  tomber  les  privilèges  de  la  nobi 
et  si  Tordre  social  a  été  ébranlé  ,  la  butess, 
pas  été  à  la  destruction  de  ces  privilèges. i 
à  l'oubli  des  principes ,  à  Thabitude  debi 
ruption,  à  la  domination  de  la  sottise^  auë^ 
qui  a  paru  long*temps  saisir  tour  à  toar  \» 
hommes  ayant  du  pouvoir. 

La  destruction  des  privilèges  de  la  B(^i 
est  le  commencement  d'une  époque  Donve^ 
c'est  Tépoque  des  conventions  légales» 

L'esprit  humain  a  trop  de  lumières  po^ 
laisser  gouverner  plus  long-temps  par  U 
ou  par  la  ruse ,  mais  il  n'en  a  pas  assez  fo^* 
gouverner  par  la  raison  seule*  Il  lui  faut  qoe^? 
chose  qui  soit  à  la  fois  plus  raisonnable  ^ 
force,  et  moins  abstrait  que  la  raison.  ^^^ 
besoins  des  conventions  légales,  c'est-à-dire i'^ 
sorte  de  raison  commune  et,  convenae,  fc  f 
duit  moyen  de  toutes  les  raisons  indiriduete 
plus  imparfaite  que  celle  de  quelques-uns,  r 
parfaite  que  celle  de  beaucoup  d'aufr^V  ^^f 
compense  le  désavantage  de  soumettre  des  esp^ 
éclairés  à  des  erreurs  qu'ils  auraient  secoo^ 
par  l'avantage  d'élever  des  esprits  grossiw^* 


^ 


(4i5) 

srités  qu'ils  seraient  encore  incapables  de  com- 
rendre. 

En  traitant  des  conventions  légales,  il  ne  faut 
Ltnais  perdre  de  vue  un  premier  principe,  c'est 
ue  ces  conventions  ne  sont  pas  des  choses  na- 
irelles  ou  immuables,  mais  des  choses  factices, 
isceptibles  de  changement,  créées  pour  rem- 
lacer  des  vérités  encore  peu  connues ,  pour 
iibvenir  à  des  besoins  momentanés,  et  devant 
>ar  conséquent  être  amendées,  perfectionnées, 
t  surtout  restreintes,  à  mesure  que  ces  vérités  se 
iécouvrent,  ou  que  ces  besoins  se  modifient. 

On  demandera  peut-étre  pourquoi  nous  distin- 
;uons  l'époque  actuelle  sous  le  nom  d'époque  des 
inventions  légales,  puisqu'il  y  a  eu  de  tout 
empsdes  conventions  de  ce  genre.  C'estque  cette 
îpoque  est  la  première  dans  laqueUe  les  conven- 
ions légales  aient  existé  seules  et  sans  mélange; 
1  y  a  toujours  eu  sans  doute  des  conventions  lé- 
gales, parce  que  les  hommes  ne  peuvent  se  passer 
le  lois;  mais  ces  conventions  n'étaient  que  des 
:hoses  secondaires;  il  y  avait  des  préjugés,  des 
erreurs,  des  vénérations  superstitieuses  qui  les 
sanctionnaient ,  qui  occupaient  le  premier  rang, 
et  qui  caractérisaient  ainsi  les  époques  precé^ 
dentes.^  Ce  n'est  qu'aujourd'hui  qu'arrivé  au  point 
de  ne  plus  reconnaître  de  puissance  occulte  qui 


L 


{4'4) 

ait  le  droit  de  maîtriser  sa  raùoD,  l'I 
Tent  consulter  qu'elle ,  et  ne  se  prête  tout  aa  pins 
qu'aux  coaTeatioas  qui  résultent  d'aoe  transic- 
tion  avec  U  raiaOD  de  ses  semblables. 

Nous  croyons  BToir  prouvé  par  le  raisonue- 
meat  ta  perfectibilité  de  l'espèce  humaine,  et, 
par  les  fiuts,  la  marche  de  l'espèce  bumaiiie  dans 
les  divers  développemeus  de  cette  fecnlte  qui  li 
distingue. 

Lanatare  a  imprimé  à  l'homme  une  dîrectitMi 
que  les  tyrans  les  plus  barbares,  les  usnrpateais 
les  plus  inscdens  ne  peuvent  contrarier. 

L'espèce  humaine  n'a  pas  reculé  sons  la  ty- 
rannie insensée  des  empereurs  romains;  elle  n'a 
pas  reculé,  lors  même  que  le  double  fléau  de  li 
féodalité  grossière  et  de  la  superstition  dégradante 
pesaient  sur  l'univers  asservi.  Après  ces  méniora- 
bles  exemples ,  tl  faut  désespérer  du  graad  oravre 
de  notre  abrutissement. 

Si  Pergtanadextrd 

De^iuii  postent ,  eliatnh/lcdefensdJuistefU. 

U  serait  ii  désirer  que  cette  ccmriction  pût  se 
faire  jour  chez  les  gouvemans,  de  quelque  pjs 
et  de  quelque  «spèce  que  ce  priisse  être  ;  elle  lenr 
epar^ratt  des  luttes  sanglantes  et  d'infhictneiii 
(^rts.  INous,  du  moins,  qui  ne  sommes  pis 


(  4»ô  ) 

sourds  k  la  voix  de  Texpérience ,  et  qui  trouvons 
dans  l'étude  des  siècles  des  preuves  éclatantes  de 
cette  vérité  décisive,  ne  nous  laissons  pas  abattre 
par  des  retards  accidentels.  Sars^jue  nous  sommes 
de  notre  pensée  et  de  la  nature ,  peu  nous  im* 
porte  la  perversité  des  tyrans  ,  ou  l'avilisse- 
ment des  esclaves  :  un  infaillible  appel  nous  reste 
à  la  raison  et  au  temps. 


C4i6) 
XVIII. 

DE  LA  DIVISION 
DES  PROPRIÉTÉS  FONCIÈRES. 

Les  peuples  qui,  après  s'être  donné  des  ins- 
titutions Douvelles,  veulent  consolider  ces  ins- 
titutions, sODt  exposés  à  plus  d'un  danger  et 
ont  à  lutter  contre  plus  d'un  obstacle.  Dans  le 
nombre  de  ces  obstacles  et  de  ces  dangers,  il 
fautplac^,  peut-être  au  premier  rang,  lacmi- 
servalion  imprudente  ,  et  souvent  inaperçue , 
d'usages,  d'habitudes,  et  même  de  lois,  con- 
traires aux  principes  sur  lesquels  les  nouvelles 
institutioas  doivent  s'appuyer.  Nous  somoies  au- 
jourd'hui, je  le  peose,  dans  un  embarras  de  cette 


Le  grand  bieo&it  de  la  révolution  firançaise, 
celui  qui  compense  tous  les  maux  que  cette  ré- 
volution a  causés,  c'est  introduction  de  la  classe 
intermédiaire  dans  Tadmiaistration  des  afiaim 
de  l'État. 

Autrefois,  sans  doute,  des  hasards  heureni, 
ou  des  feveurs  qui  n'étaient  pas  toujours  méri- 
tées ,  appelaient  au  pouvoir,  de  temps  à  autre,  des 


(4i7) 

haainie$  ck  la  classe  iot^nnédiaise  ;  mais  c'était 
caaune>exception,  et^  pour  obtenir  ov  couserver 
cetie  exoeptioQ,  il  fallait  sauvent  s'ea  montrer 
indigne.  Le  cardinal  Dubois  et  le  prince  de  la 
Paix  en  sont  des  exemples  mémorables.  Les  mi- 
nistres sortis  de  la  masse  du  peuple  gisaient  fré- 
f(V^nmient  hommage  à  Toligarcbie,  des  droits 
de  œ  peuple  dont  ils  cherchaient  à  s'isoler. 

La  réroluticHi  a  changé  cet  état  de  choses.  Lies 
hoipmQS  de  la  classe  injbermédiaire,  la  force  de  la 
nation,  entrent  de  pl^n,droit  dans  le  maniement 
des  intérêts  nationaux  ;  ils  ne  sant  plus  l'objet 
d'une  .condescendance  insolente  de  la  part  d'une 
qa&te  orgueilleuse.  Il  n'y  a  plus  de  privilège,  plus 
de  monopole  poUtiijue. 

Mais,  en  rétablissant  TégaliAé  des  droits,  la  ré^ 
Yolution^  quoi  qu'on  en  dise,  n!a  pas  rétabli  l'é- 
galité des  fortunes  :  Taristocratie ,  dont  plusieurs 
membres  ont  .subi  des  persécutions  et  des  apolia^ 
tions,  que  .certes  je  suis  bien  loin  d'excuser,  est 
pourtant  restée  plus  riche  par  elle-knéme  que  les 
autres  classes.  Je  dis  plus  riche  par  elle-même, 
parce  que  les  négocians,  les  manulàcturiers,  les 
hommes  tjui  font  valoir  leurs  capitaux  industriels 
ou  intellectuels,  sont  riches  par  leurs  travaux , 
parleur  activité,  par  leur  persévérance.  L'aris^ 
tocratie  est  riche ^sans  que  le  4ravai,l  .lui  soit  in;!^ 
posé ,  sans  que  l'acUvité  soit  exigée  d'elle  ;  elle  vît 

37 


(4i«) 
aoblemeot ,  dans  le  sens  qu'el)e-mème  a  donné  1 
ce  mot ,  £'est-4i-dire  en  jouissant  de  ce  dont 
elle  hérite ,  et  riche  des  richesses  de  ses  pèf«s, 
comme  elle  est  on  se  croit  brillante  encore  de 
leur  gloire. 

Il  en  résulte  que  pendant  long-temps ,  et  jus- 
qu'à l'époque  où  l'égalité  des  partages  aura  fait 
descendre  l'aristocratie  au  niveau  du  reste  de  k 
nation ,  il  n'y  a  guère  qu'elle  en  France  qui  puise 
remplir  des  fonctions  qui  absorbent  an  temps 
considérable  ,  et  détonrnent  nécessairement  ceux 
qni  en  sont  revêtus  de  toutes  les  occupations  la- 
cratives ,  à  moins  qu'on  n'attache  aux  fonctions 
de  ce  genre  des  salaires  qui  indemnisent  cenx  qui 
les  exercent  :  mauvais  moyen,  source  de  sur- 
charge pour  les  gouvernés  qui  paient,  et  de  cor- 
ruption pour  les  geuvernans  qui  sont  payés. 

Je  ne  suis  point  du  nombre  de  ceux  qui  vou- 
draient écarter  les  noble&  sans  distinction  des 
hautes  dignités  de  l'État  :  je  ne  vens  d'exclusions 
d'aucune  espèce,  et  je  repousse  même  c^es  qui 
pourraient  être  excusées  par  l'expérience.  Mais 
d'one  autre  part  il  est  évident  que,  si  les  nobles, 
en  leur  qualité  de  grands  propriétaires  j  s'empa- 
raient en  majorité  de  la  direction  des  destinées 
de  la  France ,  la  France  perdrait  en  peu  d'années, 
peut- être  en  une  seule,  le  fruit  de  quarante  ans 
'tes,  d'efforts  héroïques,  de  victoires  qoi 


(  4»9  ) 
surpassent  les  temps  fabuleux  de  lautiquitë ,  et 
de  revers  supportes  arec  un  courage  qui  n'arieu 
d'égal  dans  les  siècles  mpderoes. 

U  n'en  est  pas  de  la  France  comme  de  l'Ângle-*- 
terre^  où  les  grands  propriétaires^  réunis  au  peuple 
ccmtre  les  empictemens  de  ia  <:ouirûnnc^  ont  ^  de 
temps  immémorial,  senti  la  nécessité,  éprouvé  le 
besoin  de  la  liberté.  Les  grands  propriétaires  ont 
toujours  parmi  nous  cherché  plutôt  à  partager  le 
pouvoir  qu'à  le  limiter;  ils  ont  préféré  les  pri-- 
viléges  aux  droits  et  les  finveurs  aux  garanties. 

Il  est  donc  manifeste  que,  dans  l'intérêt  de 
notre  monarchie  constitutionnelle,  il  faut  encou- 
rager le  plus  qu'il  est  possible  la  dissémination 
des  propriétés ,  surtout  des  propriétés  foncières. 
La  propriété  foncière  n'îest  point ,  pour  -  le  mo«- 
ment,  comme  dan^  les  circonstances  ordinaires, 
la  première  et  la  plus  indispensable  des  garanties 
politiques:  ce  genre  de  richesse  peut  aujourd'hui 
trouver  son  avantage  à  bouleverser  l'Étal.  Les 
amis  des  révolutions  peuvent  se  rencontrer  dans  les 
grands  possesseurs  de  terres,  et  c'est  dans  la  classe 
moyenne  que  sont  les  ennemis  dés  révolutions.  * 

Cependant,  qui  le  croirait?  nous  avons  conservé 
dans  nos  lois  fondamentales  les  traditions  suran- 
nées d'un  temps  qui  n^est  .plus  ,  et  les  com- 
binaisons pins  récentes  d'un   temps   qui.  doit 
.  essser  d'Mte.  Les-  substîtutidn&,  .l^éritage  dé  la 

37.. 


(4to) 

ffodalhéi  ie  ^repeoètàaetsi: smis  k^Emneds 
fMjoratSy  créatim  «du  despoliêiife.  Ijcs  jiropnétBi 
d'exception  coiftmstenifc  d'tme  manièm  bicarré 
avec  le  Èjslème  général  et  régulier  de  nos  lois , 
oonmie  ooplakisédiikses  gothiques,  certmiies  met 
étroites  et  tortoeuses,  dépaerent  enoeve  l'élëgaans 
et  la  iêymétne  de  la  capitale  de  la  Franœ. 

Quel  esti'bomme  xpd,  a -il  réfléchit  um  îastaat, 
ne  aente  ^e  toutes  ces  choses  sont  direotawent 
en  o{q>ositioD  a^ee  les  principes  q«e  la  révo^ 
Intion  a  «établis  et  ifoe  èa  nstauration  a  cob«- 
sacrés? 

Je  laisse  de  c6té  les  raisonoemens  «pM  ponr- 
eaienl  mefeamir  les  saines  teaxiinesderéoanoeait 
poUtiifne  en  ùiyemc  de  la  di v^isioa^iles  propncaés; 
je  ne  reproduirai  point  ici  les  i^mtés  t^n'Adam 
Smidi  et  'd'autres  écriTaiss  ont  ealrarées  4e 
^ant  de  lumières.  Déclarer  des  propriéfees  imUé- 
■afales,  c'est  tfinrcer'tel  homme  à  consenrer  œ  qni 
iui  est  à  chai^ ,  en  empèdtant  4el  ^antne  4'ee- 
^yoénr  ee iq[ai  Ini  est  aiyaniagenK;  car  cdui  qui 
'vcnft  wcndre  indique  ^r  tiuqK'tl  n'a  pas  les  nmjem 
ou  Aa  fiolonté  d'améUorer^  et  cehn  qni  vant  ladie- 
^ter  annonce  qu'il  a  ceMe  Tolonté  et  mè  maoy^as. 

Mais  je  n'^nivisage  h  ^qnestaon  qne  aons  ks 
«apports  politiques^  idaaa  sues  «iroonstanocs  ao* 
indles. 

tia  elnae  ^i^  «lédlras  de  «es  iprivî!^»  ^^-' 


(4:^1  ) 
aioiLy  Tonémi  se  orëee  dkft.ftfiviliigp^ée^  peom 
pméiéf  rèM  leii8afaalîtittknM^ie&  êééshwmnm 
et  les  majorataL  ïol  fëodUKlé^  tf  tequée  d«w  M 
suprématie  p(^i(oe^  qatea  sm  chItMttY  et  sm 
seîgaBvrtei^  il  7  a  dein<  ssècksi  et  4e  néfogî^ 
dans  k  cbonasticité  des  eoials  som  le  noso^dei  wir 
hkmes  MmnUmdstt  tUe  sent  k  tarram  des  cown 
s'éliraBkr  sons  sea  f»f  et  tcnudrak  se  rafiigiar  de 
Bovfeoa  dana  sas  tarées^  eu  ka  teodaitt  imliéri 
■aUe»^  sens  k  nooi  de  grande  propaiété^  Hm 
k  glande  propriété  inaUsnabk  est  atis^î  cou* 
traire  que  k  féodalité  à  l'état  présent  de  la  eiTÎli^ 
saiion«  L'effet  de  k  cÎTilisatiQii  est  d'ourrir  «ne 
eanrière  plna  vasteet  plna  Ëbre  à  k  forée  moMk 
de  riioBnae^^tf  de  ns«d>îlisar^  si  Von  peut  $wpfir* 
ma  ainsi  ^  détendre  dîapembkatoas  leamajr^nf 
à  Taide  desqnek  il:  ettrœ.  eette  Ibrct^  La  ff»* 
psiété  fendère  n!eal:  anjourd'hni  qe'u*  de  cas 
■Miyena;  elk  tend  en  cooséqiMMice  à  ae  divi$et 
ponr  eiienke  plna  oeauBodànent*  Tont  ee  qui 
oentrariendi  cette  tendance,  serait  sana  résolMit» 
Anssitôt  qu'nne  partk  de  k  propriété  fonçiài?? 
ent  passé  dana  ks  mains  du  tiers-rétat,  k  féOr 
dalité  fut  Taiacn:|e.  Au^Oittrd'km^  Tinduatrie^  qei 
est  tout  entière  dana  les  mains  de  ce  mlmie 
tiera^étati  yaincra  k  propriété  fonciàre,^  c!eal^ 
à^«dire  k  rangera  à  son  niTeau,  k  rendra  œefaik# 
dmsée,  ciieiiknte  à  Vittfini.  Toua  ka  efforts 


(4M  ) 

des  castes  pour  Tempècher  de  prendre  ce  non-- 
Tèau  caractère  seroat  împtiissaxis  :  elle  a  changé 
de  nature.  Bu  accordant  ce  qu'il  faut  accorder 
aux  habitudes  de  la  génération  contemporaine, 
on  peut  affirmer  que  dans  cent  ans  Içs  classes  iKm 
agricoles  n'auront  de  propriétés  foncières  que 
comme  jouissance  de  luxe,  et  la  propriété  £oor 
cière ,.  divisée  et  subdivisée,  sera  presque  uni- 
quement  dans  les  mains  de  la  classe  laborieuse^ 
La  grande  propriété  est  à  peu  près  Je  dernier 
anneau  de  la  chaîne  dont  chaque  siècle  dëtadie 
et  brtse  l'un  des  anneaux. 

Résister  à  cette  révolution  serait  inutile;  s'en 
affliger  est  insensé.  Une  difficulté  presque  i 
lubie  a  etisté  chez  tous  les  peuples  anciens  et 
beaucoup  de  peuples  modernes  ;  elle  a  tanl6t  ce* 
tardé  l'établissement,  tantôt  troublé  la  jouissance 
de  la  liberté.  Cette  dt$culté,  c'était  le  peu  de 
lumière  de  la  classe  vouée  au  travail,  et  le  peu 
d'intérêt  que  cette  classe,  composée  de  prolétaires, 
prenait  au  maintien  de  l'ordre.  L^antiquité  n'avait 
trouvé  de  remède  à  ce  fléau  que  dans  l'esclavage. 
Tous  les  philosophes  de  la  Grèce  dÀdaraient  Tes- 
davage  une  condition  inhérente  et  indispensable 
de  l'état  social.  N'est-il  pas  trop  heureux  que  la 
division  des  propriétés  délivre  de  ce  péril  les  so- 
ciétés de  'nos-  joues,  et  qu'elle  attache  lé  grand 
^~^bre*  a  la  sCsd^ilHé  des  institutions  par  soii  i«r 


(4»5) 

f  ërél  ?  Les  gens  qui  dëplpreât  cette  division  sont 
précisémeiit  cei»  qu'elle  sauve,  eu  répandant 
des  lumières ,  de  laisance  et  du  calme  dans  la  por- 
tion du  peuple  la^plus  dangereuse  quand  elle,  est 
ignorante,  pauvre  et  agitée. 

La  propriété  foncière  elle-ménie  y  gagn^en 
culture  et  en  valeur.  Contemplez  ce  qui  a  eu 
lieu  en  France  depuis  la  révolution  ;  comparez 
notre  agriculture  et.  ses  produits  à  l'agricul* 
ture  et  aux. produits  du. siècle  dernier  ;  mé-r 
dite^  èo&a  sur  l'effet  politique  et  agricole  de  la 
concentration  des  propriétés  foncières  chiqss  leç 
Anglais. 

Si  on  laisse  la.  propriété  fdneière  suivre  paisi- 
blement la  direction  que  lui  imprime  la.nature, 
si  cm  ne  la  rend  pas  stationnaire  et  indivisible , 
par  desrèglepiens  absurdes  /en  contradiction  avec 
les  besoins:  du,  temps /.elle  changera,  souvent  de 
maître  y  elle  se  divisera  d'elle-même.  L'égalité 
des  .partages ,  l'action  des  opérations  commercia- 
les^ l'indépendance  de  l'industrie,  en  triplant  les 
richesses  de  la  France ,  placeront  ces  richesses 
dans  les  mains  qui  les  auront  méritées  et  qiii  en 
feront  usage  dans  le  sens  de  la  liberté» 

Si  y  au  contraire^  vous  mettez  obstacle  h  cette 
révolution  insensible  et  graduelle,  vous  çonser-< 
verez  dans  le  corps  social  des  élémens  de  fer- 
mentation: et  de  désordre.  Quand  la  richesse  est 


(4^4) 

Moie  de  te  qui  exktd,  eUe  tu^  est  le  m«3ieiir 
soutien  :  mâts  ptëdsénient  parte  (fa^eXie  est  très 
puissante,  il  famt  ériter  ^'elle>  seit  eïmettne  êe 
ce  qai  existe  ;  csr  ald9r&  eHe  serait  ou  dostmcéve 
ou  détruite. 

Vtfjez  la  plupart  àes  TépoatiicftltàB  ânefieMMes^ 
cherchant  partout  un  remède  h  cette  domina* 
tion  de  là  'propriété  siristocratique  qni  menaçait 
la  démocratie  que  leurs  institution^;  omsa^ 
craiènt,  comme  elle  menace  atrjotird'hm  n6tpe 
monarchie  constitutionnelle.  Ges>  répnUkjues 
recouraient  à  des  mesurer  vetatoires^  injustes  et 
spoliatrices;  à  des  lois  agraires,  à  des  paftag«s 
forcés:  tristes  eij^édiens,  funestes  à  ht  fois  et 
inefficaces;  car  tout  ce  qui-  blesse  les  droits  des 
individus  ne  sert  qu'à  rétablir,  par  des  scscoosses 
fâcheuses,  une  égalité  factice  qui  Ht  peut  durer. 

Durant  notre  révolution,  on  a  v^émla  recourir 
à  des  moyens  plus  violens  encofe,  dont  le  réstA^ 
fat  a* été  encore  plus  triste.  L'iniquité,  aprbi 
avoir  frappé  dans  son  cours  des  innocens,  vienA 
toujours  retomber  de  tout  son  poids  sur  lai  tèia 
de  sels  auteurs. 

Il  faut  donc  renoncer  aut  âfvantages  appavens 
d'une  rapidité  qui  n'est  pas  compatible  avec  la 
justice.  Il  jr  a  des  incdnvénictas  inséparables  an 
passage  d'une  position  sociale  k  une  autre.  Sjr 
résigner  est  le  seul  parti  sage,  et  il  y  a  injustice 


st  imf»r«donc«  k  M  nbnttrtr  elvfiiiNt  eu 

M^ais  sillet  ttid^Mtidii''€l^âj<»tiM#àee9  ÎMmvrf** 
niéfitt  qMttd  0n  n'y  ert  pas*  forcée  il  est  iÉBupim^ 
àent  de  dépoiev  dans  le9  iostHotMiis  destâtiéest  ^ 
régler  l'ayeûip^  dm  geri&M  qui  ne  servindèiiA 
qu'à  prolonger  tes  inégalité»  4'<iii  passé  *  dotii 
nous  deTdm  mms  efiweer  df'e^aeer  kr  traoe. 

Toléréfis  ce  qui  est^  ittaîa  e»  p^^raûl  ce  qui 

doit  étrei  et  $stm  pvétevdre,  d'un  coup  âw  kb* 

guette  ou  d'un  coinp  ée  ktdff',  iàke  tmmpliey 

Fégaltlé ,  laiMoiia  la  Klnerté  agir  lâweaeiM»  lik 

pourvoit  à  tout;  eQe  euricUt  le  pauvre  sans dén 

poniller  fe  riche}  die  ne  fait  pas  diapaiatlve  yié-^ 

lemmeot  lea  fortuaieftdisproperttoiioéed  ^  nwiaéii 

le^  empêchant  de  se  perpétuai^ ,  elle  le»r  enHve 

ce  qu'elles  ont  d'oligarchique  et  de  dangereux* 

Point  de  fiubatitution^ ,  poiM  de  majorataj 

point  de  propriétés  inaliénables^,  et ,  àtm  Httà 

peu  de  génératione^  â  n^y  aura  pas  phia  en 

Fraoce  de  privilégiés  de  fiûl  qufil  n'y  en  a  déjà 

nisintenant  de  droit* 

Chose  singulière  ,  ce  que  certaine  homnea 
Tondraient  empocher  dans  une  mooardiîe  consp* 
titutionnelle  se  feit  depuis  vingt  ans  en  Pmsse  ^ 
par  la  volonté  d'un  monarque  afasoln^  Diaprée  Ica 
lois  promulguées  dans  ce  pays  de  idi^à  i8slo> 
\h  bourgeois  et  les  paysans  seront^  é^M  le  conta 
â-un  siècle^  les  propriétaires  du  sol  de  la  Prusse 


C  436  ) 

oomem  ik  \o9Mt  Bor  les  bords  du  Rhia.  La  m^ 
Uessft^qjoâs'fistllMrt  irtitée  de  ces  lois  lorsqii*elks 
fnreiilipromiilgpëefi,  y  anéanmoins  beaiieoiip ga- 
gné. La  fecuLté  d'aliéner  les  terres- ajoate  à  lew 
valeur  .vénale;  .car  aussitôt  que  la. terre  devient 
libre ,  et  que  il!agricuUure  est  dégagée  de  tontes 
les. entraves,  la  population  et  Taisance  ai^;men- 
teiit^  eti'effet  de  cette  augmentation  est  la  hausse 
des  terres,  et  pan  conséquent  une  plus  grande  ri- 
chesse pour  ceux  qui  possèdent  les  propriétés  les 
plus  considérables*  <r  Partout  où  ily  adesacbeteun 
il  y  a  des  vendeuiB,  .dit  à  ce  sujet  un  aateor  pims- 
sien  ;  mais  les  meilleurs  acheteurs  sont  in^mtes- 
tablement  eeua  qui  pew^ent  payer  plus  <:her  un 
objet,  ceux  par  conséquent  pour  qui  cet  objet  a 
le  plus  de  valeur  et  rapporte  davantage.  Or,  c  est 
pour  le  paysan  que  ragrieul  ture  est  surtout  produo 
tive,  pour  le  paysan  qui  visite  son  champ  le  pre- 
mier le  matin,  et  qui  le  quitte  le  dernier  le  soir. 
La  sueur  du  cultivateur  est  le  meilleur  engrais 
des  terres  ;  il  est  de  la  nature  de  l'homme  d'ai- 
laaea  la  propriété,  et  aussitôt  que  Fon  permet  à 
la  classe  agricole  d'acquérir,  elle  en  trouve  les 
moyens. .  Cette  classe  alors  se  marie  de  b<Miae 
heure,  parce  .qu'elle  u'a  pas  d'inquiétude  sur  sa 
subsistance  ;  elle  sait  que  son  travail  est  sa  li^ 
çbesse  ^t  que  se$  bras  sont  ses  capitaux.  Le  ber-- 
ceaii  ne  '  tj^rde  paiS  k  se  pjiacçr.  auprès  du  lit 


(  4^7  ) 
onjQ^,  et;  U  pcupvkhAïQtk  s'wûfoitiàwsijm  UA 
ays  |MEr€8q«ie  aussi  vilO}  que.  sw^;le^si4  ^^tifW 
ierge.  de  l'AxnéJiqi;^  SQpteofUioi^aljQ.  Ce«.  opltih- 
'ateurs  achètent  arpent  |>âx  arpenl^iid'abot^feKr 
niers ,  ensuite  propriétaires ,  ils  supplantent 
bientôt  cette  race  d'agriculteurs  héritière  et  imi- 
latrice  de  la  féodalité  et  de  la  noblesse ,  et  qui  a 
un  précepteur  pour  ses  enfans,  une  femme  de 
chambre  pour  sa  femme',  un  cocher  pour  ses 
chevaux ,  un  chasseur  pour  ses  chiens ,  un  maître 
valet  pour  ses  ouvriers  et  une  femme  de  charge 
pour  ses  servantes.  Chez  le  vrai  paysan,  le  maître 
et  la  maltresse  remplissent  toutes  ces  fonctions 
en  une  seule  et  même  personne. 

»  Il  est  indifférent  à  l'État  de  savoir  entre  quelles 
mains  la  terre  se  trouve,  pourvu  qu'elle  .soit 
confiée  à  des  mains  actives  et  laborieuses;  que  cea 
mains  laborieuses  aient  pour  ancêtres  des  privi- 
légiés, est  une  chose  de  peu  d'importance  :  la  pro- 
priété et  la  liberté,  voilà  ce  qu'il  faut.  Partout  où 
cesdeux  choses  existent,  l'homme  est  actif  et  l'agri- 
culture florissante,  comme  le  prouvent  les  marais 
de  la  Hollande.  Là  où  ces  choses  n'existent  pas, 
l'agriculture  tombe ,  et  avec  elle  la  population , 
comme  le  démontre  l'Espagne ,   où ,  les  quatre 
cinquièmes  du  territoire  étant  entre  les  mains  du 
clergé  et  de  la  noblesse,  une  population  de  trente 
xnillions  a  été  réduite  à  neuf.  La  Prusse,  qui  a  dans 


(438) 

c«  Moment  orna  tnWÎM»  d'haMtsns ,  éfta 
avoir  wiie  cUm  Vm  i85o  ,  pv  le  seri  A 
éa  M  novrelle  Wgiriatlan  snr  l'igriodAuedÀ 
la  drrimm  des  propriAfe.  ■ 


(4a9) 


i 


ES  £RR£DIiS  QUE  L'«ISTOZB£  FAVÛRISI^ 

flUa  us  QOtms&lfEMBfS  AS90UJS 

B 

ET  LES  GOUVERNEMEHS  POPULAIRES  (i). 

Plusiears  chefs  du  ^ouyernement  répuJblicam 
.e  la  France  ont  commis  beaucoup  de  fautes^ 
pelques-uns  beaucoup  de  forfaits.  Mais-  que  de 
ris  n'ont  pas  retenti  contre  eux  dans  le  monde 
sntier  !  de  quelle  réprobation  n'ont-ils  |>as  é\i 
ustement  frappes  I 

Un  roi  de  cette  même  contrée  a  banni  trpif 
millions  de  ses  sujets  (2).  Après  les  avoir  ban- 
nis ,  il  leur  a  défendu  tout  k  coup  de  quitter 

* 

(  i)  J'entends  pur  gOMTemeniciift  popnlaicef  toutef  lei  >aisga* 
nisalîons  politiques  où  h  peuple  esl  admis  per  ki-rmime  «  .ou 
per,sesj:ipr<taitaiis.  Il  prendre ,iMu;t  A  J«  confeoiondefikss^ 
dMis  et  casL.  "«^  monarcfaie  oamtititfioBiielle  £êIL  lia  Boiirainer 
ment  populaire.  Je  mutais  d'abord  servide  respFeBsiaa  goonftpr" 
nemens  libres  :  mais-oonune  j'indique  diverses -ciyooBstanceS'oA 
les  gouvecnemenspopul^îlieai^pprâaeat  le  iiherti^ ,  il  7  auiait 

e^,i^M  iypeleryiiiwsgiiltyifl»»id^ 

(a)  «  Le  loi  a  résolu  de  faire  sortir  du  fOfatmie  ^td  ïm 
9  gens  de  la  religion  qui  y  restent.  H  cMdBsqtas  Jewfliiweiis , 
»  et  leujr  àmmtJ  jmmtm9k4e  ^e^Mêmit  oùôl  leiv  ^it^*  Il 
»  lesfera  eonduire  hors  du  royaum».  ^  {tlfé>idm»«ri>  ^twi- 


(45o) 

Wor  patrie.  Les  frontières  ont  été*  gardées  (i); 

les  fugitif  ressaisis  envoyés  aux  galères;  oen 

qvi  édia|^iaient y   déponillés  de    leurs  biens; 

ohtx  ^  se  soumettaient,  privés  d'en  Aspo- 

ser  (2)  ;  les  geulilshommes ,  jetés  dans  les  ca- 

cLots;  les  rotoriers,  espèce  plus  yile,  entassé 

sur  des  Taîsseaul  /  poui^  aller  expirer  dêi^  des 

cootrées  lointaines  et  insalubres  (5).  Les  gens  de 

la  cour  se  sont  partagé  les  bîens  des  prœcnfs  (4), 

L'acbat  de  ces  biens  est  devenu  le  titre  le  plus 

sur  à  Ta  faveur  dn  monarque.  Les  courtisans 

ont  dressé  des  projets  de  déportation  en  masse  (5), 

Dix  mille  bom'mes ,  en  trois  a»,  ont  été  la  proie 

des  TOueS)  des  flammes tr  it^  gibets  (6).  Les  in- 

tendansde  provincer  rr.  'u-mèines  per£ectionoé 

'0   «  Ob  «f  vt-tJ'  •  as-  i  Tianjuis  du  Bordagc  swvSi  «îe 

•  ui^  mar^  e  'f --  -»    "^  Snabre  et  Meuse.  Il  TOoki 

»  Me*^  ik'piiMT»   MP>s  -imille.  Sa  femme  «  été  U^ 

•  £ir  -»«r  jf  •»  *»  ""^  ^  Bor&ge  dinsla  citatddk  if 


Tflp  de  Guifanî ,  et 

V  <inis  cale  de  Trmwmm^^    '^ 
ft  Ptns  ,  Mt  ils  seront  tHisudty  ôb 
Oc  zABKsemCay 

i'Édâ  ^  Nantes  ,  H 
fcmit  publies  pu-  r«*t 


die  méièÊme  ée'J^fgmttênon. 


(4$i  ) 

es  tortures  (i)«  On  ^s'est  cru  doux  %t  datant  en 
ïrdoimant  aux  soldats  de  ne  tirer^  que  tard. 
les  réunions  religieuses  qui  ne'  se 
3as  (:2).  Un  supplice  honteux  a  frappé  des 
ards  infirmes  (3)  ;  on  les  a  poursuivis  jusque 
lansles  convulsions  de  Tâgonieetà  rbeureso* 
le:nnelle  de  la  mort  (4)  ;  et  le  roi  par  l'ordre  d«H  ' 
jvkél  ces  atrocités  ont  été  commises  ia'est  pas  utt 
le  ces  rois  baii>ares  qu'on  peut  regarder  comme 
iine  calamité  extraordinaire ,  c^est  le  roi  que 
["histoire  a  nommé  Louisp-le-Grand. 

On  se  tromperait,  certes,  si  Toncrojait  voirdans 
ze  rapprochement  le  désir  d'excuseir- des  cruau- 
tés plus  récentes.  Haine  et.  mépris  auv-oppres* 
seurs  >  quelque  dénomination  qu'ils  portent  ^ 
quelque  étendard  qu'ils  arborent!  et  s'il  .est  dès 
degrés  dans  notre  mépris  et  dans  notve  haine, 
que  l'excès  en  soit  réservé  à  ceux  qui  pro- 
fanent les  couleurs  de  liberté  !  Mais  '  n'ést-il  pas 
étrange  que  les  mêmes  horreurs  qui  ont  coor 
vert  d'un  juste  opprobre  les  cbe6  pas8aga*s  de 
la  plus  orageuse  des  révolutions,  soient  repré* 
sentées  tout  au  plus  comme  des  fautes  excusables 
dans  le  monarque  d'un  vaste  empire ,  et  qa'eUes 

(t)  Rhuliéres,  aga. 

(2)  ibid. ,  n ,  339. 

l4)  lbid.,l,3Sj  ;  II,  177.' 


(45>) 
'ai—t  porté  ^'aoaatteiate  9sm»  ïégkvmmuK  hon- 
l^Êorape  Im  jnenéait  ei  que,  malgré 
lui  reodow  encoife? 
Qd  ne  dkm  pas  qu€  cette  4ifféceBce  dans  les  ju- 
pepens  aoîl  Feffet  des  victoires  de  Louis  XIV  et 
deleobt  guerrier  de^oo  règne.  Des  victoires  an 
flMÎi»  égales  OQt<ététremportées  par  les  Fraoçais 
•ons  le  ccMxiitéde  salut  public  >  et  i'iiistoire  mili- 
tràe  de  la  France ,  à  Tépocfue  des  excès  les  plus 
kaprihles ,  est  eent  fois  iflufi  fanUante  ijac  celle 
du  temps  où  les  avinées  rétoient  commandées  pir 
ifls  Tnrenne  et;ks  Gatiaat. 

D'où  "vient^telle  donc  y  œtle  •diffémnce?  De  ce 
ffos^  jusqu'à  nos  JMirB^  leslûstojrîeRas,  jxiêaK  avec 
let  sieiHeiBres  intentiiMfi  «de  fidélité  et  d'eue- 
tsiudej^ .  n'ont,  pu  nous  donner  que  des  idées 
fausacB  :8ttr  les  ^uveraenaens  popcdaixes  et  ks 
-gowememens  dbs<^s. 

ii'bîistoire  ^se  compose  des  jugemeus  oontem- 
•parains  sur  les  individus  et. swr  les  époques. 

Oftr^  les  ûontmiiqKMraiBS  Ae:se  pem»e)ttent  guère 
-de  juger  les  gounrememens  absolus  que  lorsqu'ils 
«drit'dmix  ^  modérés»  'Qnand  ils  s«it  vi^deos, 
oa  ne  les  Juge  pas^  4m  les  flatte,  et  les  tra- 
ditions  de  cette  flatterie  couvrent  plus  ou  moins 
la  vérité  des  faits.  Voyez  la  réputation  d'Au- 
guste et  encore  plus  celle  de  François  V. 
Comme  au  contraire ,  lorsqu'il  j  a  eu  4e6  cou- 


(  455  ) 

vulsions,  des  désordres  et  de  l'anarchie  dans  les 
gouvernemens  populaires,  ces  gouveruemens  ont 
peri  ,  on  les  a  jugés  après  leur  chute  et  avec  le 
souyenir  des  calamités  dont  elle  avait  été  pré- 
cédée. 

Les  gouvernemens  absolus  (  nous  parlons  de 
ceux  qui  reposent  sur  une  transmission  régu- 
lière )  oppriment  leurs  sujets  dans  le  calme  , 
en  détail,  sans  éclat,  sans  secousses. 

Les  gouvernemens  populaires  oppriment  les 
citoyens  par  mouvemens  impétueux  et  désor- 
donnés ,  au  milieu  des  tempêtes ,  et  en  masse , 
ce  qui'  rend  les  calamités  qui  signalent  ces 
momens  d'orage  plus  remarquables  et  plus  ef- 
frayantes. 

Socrate  est  une  époque  chez  les  Athéniens.  Les 
innombrables  victimes  de  Louis  XI,  les  protes- 
tans  brûlés  à  petit  feu  sous  François  P**,  le 
supplice  de  De  Thou  sous  Richeb'eu,  les  dragon- 
nades de  Louis  XIV  nen  sont  pas  une  dans  l'his- 
toire de  France. 

Four  que  la  Sainl-Barthélemy  devint  Tobjet 
de  l'horreur  européenne  et  de  l'animadversion 
des  historiens,  il  a  fallu  que  la  populace  s'en 
mélàt.  Sans  les  égorgemens  exécutés  dans  les 
rues,  l'histoire  eût  été  bien  moins  sévère  envers 
les  massacres  médités  dans  le  palais. 
Quand  les  gouvernemens  absolus  dégénèrent 

28 


,        C434) 

es  OBc  tjnanie  sanguinaire,  ils  coramandent 
k  silence;  les  iajnstices  se  cominetteat  sans  que 
les  reduiutioDS  soient  permises,  le  mal  se  £ûl 
sans  bfuît. 

Dans  les  goavernemens  populaires ,  le  mal  se 
Eût  aussi,  cela  n'est  que  trop  vrai,  mais  publi- 
quement, à  trarers  les  réclamatîous  et  les  ré- 
sktanœs.  Les  (^primés  protesteut,  et  leurs  pro- 
testations.  même  inatiles,  devieuneut  instmc- 
tnres  :  rkistoire  les  enregistre. 

Les  goaTeracmens  absolus  se  louent  ;  les  goo- 
■eiiieimus  popolaîres  se  calomnient.  Les  princes 
Aespotiqaes  se  soccèdent  sans  se  renverser.  Celai 
qw  est  snr  le  tr6ne  n'a  pas  besoin  de  faire  reft- 
sortir  les  iniquités  ou  les  vices  de  celai  qnll 
moplaoe  ;  an  contraire,  la  plupart  du  temps, 
3  ne  permet  pas  qu'on  eo  parle.  Mais  dans  les 
gooTememens  populaires  ,  les  factions  ne  se 
SQCCvdent  qu'en  se  renversant,  et  pour  se  jus- 
tifier des  renversemens  qu'elles  ont  ope'rés, 
elles  doivent  présenter  sous  des  couleurs  odieuses 
to«t  ce  qni  a  précédé  leur  élévation.  Ainsi ,  ilaos 
vv  .icriiurr  cas.  On  a  la  faculté  de  médire  an 
uioiu»  tl'i  passé.  Le  gouvernement  absolu  nous 
U  coult-ïtc.  On  ne  s'est  poiut ,  à  l'avènemeut 
Charles  VUl,  exprimé  sur  Louis  XI  avec 
'4  d«  sévérité  que  sur  le  comité  de  salut 


1 


(455) 

paUlic  lors  4u  dirçctoù^i  ou  mv  1?  directoire 
Iprs  du  consulat. 

Au  inilieu  dçs  convukîons  et  de  lauarcbie,  1^ 
personnages  éminens  sont  les  plus  menacés.  Âpuis 
les  gouverneniens  absolus,  rpppms^n  pèiie  pw 
la  classe  pbscure  ;  celle-^^i  f^%  wu^tttj  )  elliç  s^t 
à  peinç  qu'elle  a  droit  d^  se  pUîpdri*^  ;  l'autre  ^^C 
est  active  .et  parlante  ;  ^s  cr^^  retentis^prt. 

Dans  les  gouvememens  populaires,  les  «a^seWr 
blées  qui  exercenl  Je  pouvoir  WPt  prç^que  jdqu- 
jours  divisées  eu  dçw^c  partie ,  «t  te  blâjiue  ^i^ 
place  à  cdlé  de  1  eioger  lUes  gQuvçrij^ej^e^s  nh^^ 
lus  u'ajant  qu'un  çhef^  le  blajqoe  o?  tprpifye  .nfij 
place  ni  prétexte  ;  il  n'y  a  de  tplérp  qu'w  ÇPPPPrt 
d'éloges,  et  ce  concert  d'éloges  fausse  i'ppîiiiip^i, 
Dans  les  gouvernemens  populaires ,  quand  il 
y  a  liberté,  on  jouit  et  l'on  se  tait;  quand  il  y  a 
tyrannie,  on  soirffre  et  l'on  murmure  ,  ou ,  si  la 
tyrannie  est  trop  ombrageuse,  on  se  tait  encore. 
Sous  un  maître  absolu,  on  souffre  et  l'on  re- 
mercie. 

L'histoire  a  jusqu'à  présent  recueilli  sans  discer- 
nement et  sans  examen  les  remerciemens  comme 
les  plaintes,  et  il  en  résulte  que  ses  couIeui*s  som- 
bres et  sévères ,  quand  il  s'agit  des  excès  commis 
au  nom  de  la  liberté,  sont  singulièrement  douces 
quand  il  s'agit  des  fureurs  du  despotisme.  Certes, 
l'estrapade,  sous  François  I*%  les  hérétiques  plon- 

a8.. 


(456) 

gésdans  les  flammes^  et  retirésaussitôtpoar  j  être 
ploDgés  derechef,  sous  les  yeux  du  prince,  à  côté 
de  sa  maîtresse,  l'adultère  offrant  aussi  à  la  re- 
ligion des  victimes  humaines;  toutes  ces  choses 
sont-elles  moins  horribles  que  les  attentats  com- 
mis par  d  autres  monstres ,  à  Nantes  ou  à  Lyon? 
Nous  nommons  François  P'  le  père  des  lettres, 
et  qui  d'entre  nous  oserait  prononcer  le  nom  de 
Carrier  ? 

Une  génération  nouvelle  s'élève  ;  elle  foiùlle 
dans  les  monumens  de  notre  histoire;  elle  la  re- 
fait d'après  ces  monumens.  Qu'elle  persévère! 
elle  rend  un  grand  service  à  l'espèce  humaine, 
car  l'histoire  n'a  servi  long^temps  qu'a  la  tromper 
et  à  l'avilir. 


(  457  ) 

PENSÉES  DÉTACHÉES. 

£11  prêtant  l'oreille  au  retentissement  de  toute 
rSarope,  en  voyant  la  disposition  générale  de 
tous  les  individus  et  de  tous  les  peuples,  que 
pourraient  espérer  encore  ceux   qui  marchent 
dans  un  sens  opposé  aux  besoins  et  aux  vœux 
universels?  Ils  prennent  pour  un  caprice  mo- 
mentané, pour  une  fantaisie  passagère,  ce  qui 
est  une  volonté  fixe,  une  résolution  inébranla- 
ble. Ils  pensent  que  la  grande  habileté  est  de 
louvoyer,  d'attendre ,  de  gagner  du  temps;  mais, 
en  toutes  choses,  le  temps  est  fauxiliaîre  de  la 
raison,  et,  sous  ce  rapport,  il  est  loin  de  prêter 
son  secours  à  ceux  qui  repoussent  les  désirs  içsd^ 
sonnables  de  l'espèce  humaine. 

2. 

11  y  a  des  gens  qui  croient  qu'on  crée  les  véri- 
tés parce  qu'on  les  déclare ,  et  qui  s'en  prennent 
de  l'existence  de  ces  vérités  à  ceux  qui  leur  ré- 
vèlent cette  existence  ;  mais  ces  vérités  n'en  exisr- 
taraient  pas  moins ,  lors  méime  qu'on  ne  les  au- 


■"     f-""    «»'   ««rodons.. 
~    /•"="'•  ^^  d«,  ,-„a:>_.  .. 


\ 


(439) 

'e  titre,  cette  précipitaCioii  daDgePsuee^  aonfc 

lins  à  reporter ,  sur  les  vérités  ménies  qui  en 

*t  l'objet,  leur  désapprobation  de  ht^fonne^ 

^  diiipQsitîoQ' est  natuneHe ,  m^.dle  est  dér* 

•cée  et  peut  devenir  fîmeste.  C'est  toujoun 

r  un  fau^  calcul. que  ]'*on  se  consacré  à  .une 

auvaise  cause.  Il  vaut  mieux  partir  de  la  yé* 

té  qui  est  proclamée,  fût-elle  même  intem- 

estiy^  ;  ^t  vlorsqu'elle  est  jeté^  sans  préparation 

ans  UA  système  pratique  qui  ne  devrait  se  çpm- 

oser  que  de  vérités  reconnues,  il  £aut,  non 

efforcer  vainement  de*  la  (^e  rétrograder,  x:ar 

lie  ne  rétrograde  pas ,  iwâs  Tçiitourer  au  plus 

/'iite  de  l'évidenirequ'ielle  n'a  {i^s  encore  açqui^i 

3t  que  ne  savent  p^s  lui  doi;iner  les  hooiines  im^ 

patiens  ^t  fougueux  qui  n'aiTiv^nt  à  ejUei  que  par 

l'instioct^  En  se:i:on4amna3;ità  défendre  rerreur, 

on  décradite  la  raispp  et  la  modération  i?îiême  ; 

oes    deui;;   choies  si  (  précieuses   se   ressentent 

.   d'être  employées  en  faveur  de  principes  qui   ne 

-  sont  pas  parfaitement  ^t  ri^ureju^ment  vrais , 

-el  la  portion  de  sophisme  à  laquelle  on  les  allie 

rejaillit  sur  elles  et  les  affaiblit.  D'ailleurs,  tous 

les  hommes  éclairés  ne  se  mettent  pas  de  ce  côté. 

Il  en  est  qui  suivent  les  principes  à  travers  les 

agitations  et  les  écueils.  L'éKte  de  ia  Mtion  se 

divise.  Ce  nombre,  si  petit,  se  titwrve  encore 

partagé.  Des  noitos  également  estimables  servent 


(44o  ) 

d'égide  aux  deux  fiartis  extrêmes,  à  celui  qui 
Teut  oonserrer  l'erreur,  ainsi  qu'à  celui  qui  se 
presse  trop  de  feire  triompher  la  vérité,  et  le 
désordre  s'augmente  et  se  prolonge ,  par  cela 
même  que  les  bommes  conaciencieux  soat  déso- 
nis  sur  les  moyens  de  le  réprimer. 


Lorsque  l'on  cODsidère  d'une  manière  an  peu 
générale  la  marche  de  l'espèce  humaÎDe  j  oo 
roit  que  dans  le  mouvemeut  progressif,  tout  a 
servi,  et  que  les  abus  d'aujourd'hui  étaient  les 
betoins  d'hier.  Ces  abus  ont  eu  leur  tempe  atile. 
Durant  cette  époque ,  ils  ont  été  regardés  comme 
d'incontestables  principes,  et  dans  un  sens  rela- 
tif ,  ils  méritaient  d'être  considérés  comme  tels. 
Peut-être  en  est-il  de  même  de  quelques-uns 
des  principes  qui  nous  paraissent  incontestaUes; 
mais  cette  utilité  des  abus  n'implique  nnllement 
la  nécessité  de  les  rétablir  quand  ils  s'écroulent. 
Tant  qu'ils  sont  utiles,  ils  se  conservent  d'eux- 
mêmes  ,  et  quand  ils  tombent,  c'est  qae  leur 
utilité  a  cessé. 

6. 

11  y  a  dans  l'univers  deux  principes,  la  fiïn» 
et  la  raison.  Ils  sont  toujours  en  quantité  in- 
verse l'un  de  l'autre.  Lorsque  la  raison  a  ùit 


(44«  ) 

un  pas^  il  faat  nécessairement  que  la  force  re^ 
cale  9  car  la  raison  ne  peut  reculer.  Lorsque. la 
force  résiste  y  des  luttes  désastreuses  s'élèveiit. 
Ce  n*est  pas  la  faute  de  la  raison ,  c'est  celle  de  la 
force.  U  serait  contre  l'essence  de  la  raison  de  ne 
pas  s'étendre  y  ou  de  retourner  à  ce  qu'elle  a  dé- 
couvert n'être  pas  raisonnable;  mais  il  n'est  pas 
contre  l'essence  de  la  force  d'être  convaincue; 
quelque  opposition  qu'elle  y  apporte  ^  elle  finit 
toujours  par  là.  On  appelle  d'abord  les  parti- 
sans de  la  raison  des  séditieux ,  et  l'on  s'aper- 
çoit enfin  que  ses  ennemis  étaient  des  rebelles. 

7. 

Si  l'espèce  humaine  suit  une  marche  invaria- 
ble y  il  faut  s'y  soumettre.  La  résignation  seule 
épargnera  aux  hommes  des  luttes  insensées  et 
d'affreux  malheurs.  Si ,  de  plus ,  après  avoir  re- 
connu la  nécessité  d'une  résignation  générale  ^ 
on  découvre  le  genre  de  résignation  particulière 
applicable  à  l'époque  où  l'on  vit,  cette  décou- 
verte vaudra  la  première.  Les  sacrifices  seront 
éclairés  :  on  évitera  les  résistances  vaines,  et  les 
exagérations  superflues,  et  les  efforts  erronnés, 
et  les  directions  fausses.  On  saura  précisément  ce 
qui  doit  être  repoussé  a vet  force ,  souffert  avec 
patience,  adouci  avec  adresse,  amélioré  avec 
zèle.  Je  parle  également  pour  ceux  qui  perdent 


(  44a  ) 

et  pour  ceax  qui  gagnent ,  poor  ceux  qui  ox- 
gnent  et  poor  ceux  qui  desbent,  pour  ce» 
qui  TiTaient  des  abus  et  pour  ceux  qm  b 
abus  dévoraient  ;  tous  ont  nn  égal  besoin  delic 
instruits  du  sort  qni  les  attend  et  des  ciro»^ 
tance  qui  les  environnent.  Les  Innnières  soet 
nécessaires  à  tous.  Vainqueurs  et  vaimms,  il  m- 
porte  aux  uns  et  aux  autres  de  reconnaitre  k 
diamp  de  bataille;  l'ignorance  du  temna  k$ 
précipiterait  dans  des  abîmes,  et  ils  joindiaksl 
aux  maux  iaéritables  de  la  guerre  les  calamités 
inutiles  du  hasard. 

8. 

L'observateur  superficiel  croit  voir  d'invisibles 
opinions  dominées  par  des  forces  visibles^  et  ne 
s'aperçoit  pas  que  c'est  à  ces  opinions  qu'est  due 
l'existence  de  ces  forces.  L'habitude  nous  em* 
pèche  detre  surpris  du  miracle  de  rautorité. 
nous  voyons  le  mouvement  f  mais  nous  mécoo- 
naissons  le  ressort.  La  société  ne  nous  parait 
qu  un  grossier  mécanisme  ;  nous  prenons  le  poi>- 
voir  pour  une  cause ,  tandis  que  ce  n'est  qu'oo 
effet ,  et  nous  croyons  qu'il  est  possible  de  se 
servir  de  Fefifet  contre  la  cause.  C'est  cependant 
aux  opinions  seules  que  l'empire  du  monde  a  éèé 
""inné.  Co  sont  les  opinions  qui  créent  la  fan:e, 
donnant  des  sentimens^  on  des  passMins,  od 


(  445  ^ 

es  enthousiasmes.  Elles  se  forment  et  s  élaborent 
ans  le  silence;  elles  se  rencontrent  et  s'électriseut 
ar  le  commerce  des  individiis.  Ainsi,  soute- 
ues  j  complétées  l'une  par  Fautre,  elles  se  pré« 
ipitent  bientèt  avec  mie  impétuosité  itréslsti** 
Ae.  Jamais  une  idée  vraie  mise  en  circulation 
l'en  a  été  retirée  i  jamais  une  révolution  fondée 
urune  idée  vraie  n'a  man^é  d'en  établir  rem*» 
nre,  h.  lïioins  que  l'idée  ne  îiA  incomjrf^te.  Alors 
a  révolution  n'était  qu'un  symptôme,  avant- 
:oureur  delà  véritable  crise,  et  elle  s'est  achevée, 
lès  que  ridée  complétée,  c'est-à-dire  rendue  plus 
évidente  pour  la  majorité  des  esprits,  est  revenue 
k  la  charge.  Ce  qui  trompe  quelquefois  sur  les 
révolutions  que  produisent  les  idées,  e^est  qu  on 
prend  des  accessoires  pour  le  but  principal. 
Ainsi,   par  exemple,  on  croit  que  la  révolu- 
tion d'Angleterre,  en  1640,  0  échoué ,  parce  que 
la  royauté  a  été  rétablie  ;  mais  ce  n'était  pas  l'idée 
d'une  république  qui  afvait  causé  la  révolution  , 
c'était  celle  de  la  liberté  civile  et  religieux.  La 
répttblique  était  l'exagération  de  quelques  hottK- 
mes;  cette  exagération  n'a  pu  se  soutenir.  L'idée 
dominante  en  a  souffert  momentanément  ;  mais 
^tte  idée  dominante,  telle  d'une  liberté  consti- 
tutionnelle, a  reparu  et  a  triomphé. 


(444) 
9. 


I 


LesSpartiatesseplaignaieatdeleDrs  Uotei;)s 
patrideas  de  Rame ,  des  plelMiens  ;  les  seignees 
féodauf,  de  leurs  ser&;  les  colons  se  plaîgnentda 
n^res.  J'ai  lu  dans  VHistoîre  générale  des  Vojtr- 
ges ,  compilée  par  La  Harpe^la  pbrase  sntrute  : 
M  Les  loups  marins  sont  des  animaux  tellementfe- 
»  roces,  qu'ils  se  défendent  quand  on  lesattaque.  > 

10. 

L'un  des  symptômes  les  plus  FemarquaUs 
dans    les  hommes  qui    tâchent  aujourd'hui  de 
s'opposer  à  la  marche  de  l'espèce  humaine,  c'est  ! 
qu'ils  soQt  eux-mêmes  entraînés  par  cette  nur  1 
che.  Leurs  opinions  sont  empreintes  des  opiniwii  j 
qu'ils  croient  réfuter.  En  se  déclarant  les  cham- 
pioos  des  siècles  antérieurs ,  ils  sont,  malgré  eux.   i 
des  hommes  de  notre  siècle.  Us  n'ont,  en  consé-  ' 
quence,  ni  la  conviction  qui  donne  la  force,  ni 
l'espoir  qui  assure  le  succès.  Ils  ont  encore  b    l 
violence  dans  l'injure,  mais  ils  ont  perdu  U 
certitude  dans  l'afSrmation.  Ils  capitulent  sans    i 
le  savoir.  Ils  transigent  toutes  les  fois  qu'ils  s'oo- 
cupentd'u  ne  question  en  elle-même,  et  qu'ils  nese    | 
font  pas  de  cette  question  une  arme  contre  le  parti 
contraire.  Oavoit  que  s'ilssetrouvaientseuls,  ils   j 
Ttengeraieot  sur  beaucoup  d'objets  comme  oeui 


(445) 

[uHls  combattent.  La  lutte  leur  est  nécessaire, 
>our  qu'ils  restent  dans  le  sens  dans  lequel  ils  veu- 
ent  rester.  Usabandonnentlaplupartde  leurs  prin- 
cipes, quand  ils  nesont  pas  avertis  de lesdéfendre. 
Il  faut  que  la  présence  de  leurs  adversaires  leur 
rappelle  leur  propre  cause,  pour  qu'ils  lui  soient 
fidèles.  Or ,  une  cause  est  perdue  quand  elle  n'a 
que  de  semblables  appuis. 

Cette  réflexion  m'a  été  suggérée  par  la  lec- 
ture des  Pensées  (i)  d'un  écrivain  qui  a  du  talent, 
de  l'obscurité  et  des  bizarreries.  Sous  ce  point 
de  vue,  rien  n'est  plus  amusant  que  les  contra- 
dictions dans  lesquelles  cet  écrivain   s'est   vu 
entraîné,  par  les  modifications  qu'ont  apportées  à 
ses  opinions,  malgré  sa  volonté  et  à  son  insu, 
les  lumières  qui  l'entourent.  Quand  il  est  homme 
de  parti ,  c'est  le  quinzième  siècle  tout  pur  ; 
mais  quand  il  perd  de  vue  sa  doctrine  obligée 
et  d'étiquette,  et  l'on  a  toujours  des  momens  de 
distraction ,  on  voit  le  dix-neuvième  siècle  re- 
paraître ;  et  il  reparait  avec  avantage ,  car  l'au- 
teur a  le  malheur  d'exprimer  beaucoup  mieux 
les  vérités  qui  lui   échappent  que  les  préjugés 
qu'il  veut  défendre.  En  voici  un  exemple  : 

«  Bonaparte,  dit-il,  page  2108,  avait  des  idées 
»  plus  justes  sur  la  constitul^ion  que  sur  l'admi- 

(i)  M.  de  Bonald. 


(446) 

»  nistration^parcequ'ilpremitkspremièresda» 
>i  son  esprit  9  et  le^  aulres  4aoB  se^  babîtodci 
i)  toutes  militarres*  n 

Ced  est  ua  éloge  bien  direct  du  4espotîsiiie; 
éloge  tellement  senti ,  qu'il  a  entraîné  le  pa- 
négyriste i  louer  un  homme  qu'aujourdlioi  ^ 
certainement,  il  n'avait  pas  dessein  de  Jouer. 
Si  Bonaparte  avait  des  idées  justes  sur  la  coi^ 
titution^  il  en  resuite  que  Tanéantisseniefit  de 
toute  liberté,  de  toute  discussion  dans  les  a»* 
semblées  y  de  tout  pouvoir  intermédiaîw ,  àt 
toute  limite  à  l'autorité ,  sont  des  idées  justes. 
U  peut  être  Càcheux  qu'un  usurpateur  s'en  soit 
emparé;  mais  l'usurpateur  étant  renversé  $  ce» 
idées  justes  doivent  re|H*endre  tout-  leur  em- 
pire, et  nous  aurons  le  pouvoir  absolu,  U 
pouvoir  unique,  le  despotisme,  en  tin  mot, 
moins  l'usurpateur. 

Mais ,  voici  ce  que  nous  lisons ,  page  $5  : 
«  Bonaparte  ayalt  été  obligé  d'empjayer  uae 
D  force  excessive  dans  son  admioistration,  parce 
u  qu'il  n'y  en  avait  aucune  dans  m  constitih 
»  tion.  L'exemple  est  séduisaoït,  mai$  il  est 
»  dangereux,  n  Que  veut  dii^  cette  phrase  ?  Pour- 
quoi n'y  avait-il  aucune  force  dans  la  <X)nsti- 
tution  de  Bonaparte?  C'est  qu'il  n'y  Avait  au- 
cune liberté  ;  car  assurément  ce  n'était  pas 
^'autorité  du  chef  de  l'État  qui  ixianquftit  de 


(447  ) 

force.  Cette  autorité  a  éti  la  force  de  &ire  di&- 
paraitre  toutes  les  autres^  de  rendre  impossîLIe 
toute  résistance  ,  de  régner  seule ,  sans  oppo<- 
ûtioQy  au  milieu  de  l'obéissance  et  du  silence 
universel.  Si  la  constitution  de  Bonaparte  n'avait 
pas  de  force ,  c'est  que  la  force  d'une  constitution 
n'est  pas  dans  l'autorité  du  chef  de  l'État,  mais 
dans  l'équilibre ,  dans  la  division  et  dans  la  ba- 
lance des  pouvoirs.  Je  défie  l'écrivain  de  donner 
une  autre  interprétation  à  sa  pensée.  D'où  vient 
donc  qu'il  dit  ailleurs  que  Bonaparte  avait  eu 
des  idées  justes  sur  la  constitution  ?  £st*ce  une 
idée  juste  que  d'organiser  une  constitution  sans 
aucune  force?  C'est  que^  page  :2od^  l'écrivain 
n'est  qu'un  homme  de  parti ,  et  que,  P^g^  65, 
il  redevient,  sans  s'en  douter,  un  homme  de 
notre  temps* 

Dans  plusieurs  endroits ,  le  même  auteur  dé- 
fend vivement  la  noblesse  héréditaire ,  non  telle 
que  la  pairie  la  consacre  aujourd'hui,  mais  telle 
qu'elle  existait  sous  l'ancien  régime.  (Page  i5.) 
Et  même  il  veut ^  page  i6,  pour  la  symétrie 
apparemment,  qu'à  cdtédes  familles  illustrées 
par  les  services  de  leurs  aïeux  >  il  y  en  ait 
d'autres  flétries  par  les  crimes  de  leurs  pères. 
Mais  tout  d'un  coup  il  dit,  page  2^  :  «  Toute 
n  Cunille  qui  a  rendu  de  grands  services  à  l'État 
»  a  rempli  sa  destination.  Elle  peut  périr  dans 


(448) 

»  la  fiociétë,  puisqu'elle  doit  vivre  dans  Vh»- 

■ 

»  teire.  Beaucoup  de  familles^  ajoute-t-il ,  oitf 
»  vécu  trop  d'uoe  génération,  m 

Certes ,  rien  de  plus  sévère  n'a  été  écrit  contre 
la  noblesse ,  par  ceux  des  amis  de  rëgalité  qui 
la  désapprouvent  en  principe.  Je  ne  parle  {hs 
de  ceux  qui  ont  voulu  proscrire  ou  persécuter  ie^ 
nobles;  ils  ne  doivent  être  rangés  parmi  les  par* 
tisansd'aucunsystème,  mais  parmi  les  conpaUff 
ou  les  insensés. 

Si  beaucoup  de  familles  ont  vécu  trop  d'noe 
génération,  comment  fera  l'auteur  pour  que  IV 
pinion  ne  le  sente  pas  aussi  bien  que  lui?  £t 
comment  maintenir  alors  la  noblesse  contre  ïo- 
pinion? 

Qui  peut  méconnaître  dans  ces  phrases  oppo- 
sées une  double  tendance  :  la  volonté  de  l'aotear 
qui  se  consacre  à  la  résurrection  du  passe ,  et 
l'influence  du  présent,  qui  agit  sur  son  esprit 
sans  qu'il  s'en  aperçoive,  et  qui  a  lair  de  glisser, 
comme  par  une  sorte  d'ironie,  à  travers  des  [ 
sophismes  entassés,  des  raisonnemens  qui  les  dé- 
jouent? C'est  le  clair  de  lune  perçant  les  nuages 
et  nous  montrant  que  ce  qu'on  veut  nous  faire 
admirer  comme  un  château  possible  à  recons- 
truire, n'est  qu'un  monceau  de  débris  épars. 

Un  exemple  encore;  ce  sera  bien  assez,  peuf- 
être  trop. 


(449)  ^ 

Notre  ëcrivain  s'élève,  avec  raison,  P^S^  79> 
contre  ceux  qui  crient  à  la  sédition,  quand  les 
assemblées  représentatives  montrent  quelque 
énergie.  Tout  ce  qu'il  dit  dans  cet  endroit  est 
très  bien  pensé;  mais  j'arrive  à  la  page  147^  et 
y  Y  trouve  ces  paroles  : 

ce  On  ne  devrait  assembler  les  hommes  qu'à 
»  rëglise  ou  sous  les  armes,  parce  que  là  ils  ne 
>}   délibèrent  point,  ils  écoutent  et  obéissent,  n 
Je  remonte  à  la  page  37 ,  et  j'y  lis  : 
ce  L'opposition,  inévitable  dans  tout  gouver- 
»  ment  représentatif,  y  est  toujours  dangereuse  : 
»  elle  intimide  le  gouvernement  quand  il  fau- 
»  drait  Tenhardir  ;  elle  l'irrite  et  le  pousse  quand 
»  il  faudrait  le  retenir;  et,  peut-être,  partout 
»  où  l'opinion  du  gouvernement  est  bien  connue, 
n  ceux  c|ui  ne  la  partagent  pas  et  qui  sont  en  état 
»  delà  combattre,  devraient  s'abstenir  de  prendre 
»  part  à  la  législation.  » 

Accordez  ces  trois  assertions,  si  vous  pouvez. 
Quant  à  moi,  je  ne -les  conçois  que  grâce  à  l'ex- 
plication que  j'ai  déjà  donnée.  L'auteur  croit 
marcher  dans  le  sens  de  ses  désirs,  et  il  est  poussé 
dans  celui  de  son  siècle.  Il  se  retourne  quand  il 
y  pense ,  et  alors  il  croit  se  rapprocher  de  son 
but,  parce  qu'il  le  regarde. 


^9 


1/ 

y 


(  45o  ) 
11. 

Un  homme  d'esprit  disait ,  il  y  a  quelques  an- 
nées, quil  y  avait  dans  les  sociétés  deux  nations 
ennemies  que  rien  ne  pouvait  rapprocher  ni  ré- 
concilier Tune  avec  laulre,  et  que  le  calme  n'exis- 
terait que  lorsqu'une  noiivelle  nation  aurait  rem- 
placé ces  deux  corps  d'armée ,  entre  lesquels  nul 
traité  n'était  possible.  Je  n'adopte  point  cette  pen- 
sée qui  serait  affligeante ,  ni  le  remède  qu'il  pro- 
pose et  qui  est  impraticable;  car  la  génération 
actuelle  n'abdiquera  pas  ses  droits  en  faveur 
de  la  génération  à  venir;  mais  je  crois  ,  avec 
l'orateur  dont  j'ai  rapporté  la  prédiction  lu- 
gubre ,  que  des  doctrines  et  des  intérêts  contraires 
divisent  notre  génération  en  deux  classes,  et 
le  seul  moyen  de  prévenir  une  lutte  funeste, 
me  semble  être  de  prouver  à  celle  de  ces  deux 
classes  qui  ne  peut  point  ne  pas  être  Taincuei 
que  tous  ses  efforts,  ne  chaoï^eront  rien  à  la  des- 
tinée. Elle  peut  s'épargner  beaucoup  de  maux, 
et  nous  en  épargner  haancoiq»  à  aous-mémes, 
si  elle  se  résigae*  Elle  peut,  en  se  nuisant  beau- 
coup, nous  nuire,  aussi,  quoiqne  dans  un  àtffi 
moindre  ;  mais  elle  m  saurait  réusiir.  Ses  cbeft 
eux-mêmes  sont  entraînés  hors  de  la  ligne  qu'ils 
veulent  suivre;  les  idées  nouvelles  les  cernent, 


(4«») 

les  domiaeiil ,  et  il  sont  forces ,  comiiM  le  pro- 
phète juif  ^  k  rendre  bonmiBge  à  oe  qii^ls  vou^ 
dniieat  maudire.  Le  sort  en  est  j^té,  Tarrét  n'est 
plus  férocable ,  et  tout  le  passé ,  mis  en  bataille , 
ne  triomphera  pas  du  présent. 

Une  vérité  constante  me  parait  indubitable 
aujourd'hui  :  s'il  est  impossible  de  régir  les 
peuples  sans  constitution,  rien  n'est  plus  £icile 
que  de  les  gouverner  paisiblement  d'après  les 
principes  d'une  liberté  constitutionnelle. 

Beaucoup  de  causes  de  désordres  se  sont  affai- 
blies. Les  trois  principales,  celles  qui  tenaient 
l'antiquité  et  les  républiques  du  moyen  âge  dans 
une  fermentation  perpétuelle ,  opt  cessé  d^exis- 
ter  :  je  veux  parler ,  i*  des  difficultés  à  peu 
près  insurmontables  que  rencontraient  les  non- 
propriétaires  pour  arriver  à  la  propriété  ;  a^  des 
privilège  de  la  noblesse  ;  3^  de  l'influence  des 
chefs  de  parti. 

Grâce  k  l'industrie ,  la  propriété  est  ouverte  à 
tous;  grâce  aux  lumièreset  aux  habitudes  qu'elles 
introduisent,  en  attendant  les  lois  qu'elles  appel-- 
lent,  la  noblesse  n^est  rien,  quand  elle  n'est  pas  une 
magistrature,  et  alors  c^est  autre  chose  que  la  no- 
blesse; enfin ,  grâce  à  l'instinct  des  peuples ,  per- 
fectiopaé  par  une  longue  expérience,   aucune 

•  ag.. 


(45a) 
populdribf.  4iuigc^U£e  ne  peut  sui^r  dads  les 
âlat»  loodernes  :  car  ce  ne  sont  plus  les  iodi- 
vidusqui  sont  pt^Hilatres,  ce  sont  les  principes. 
11  y  a  aujourd'hui  dans  toutes  les  nations  une 
niasse  d'hommes  qui  veut  jouir  du  repos ,  goûter 
de  la  sécurité,  exercer  à  son  gré  son  industrie, 
développer  paisiblement  toutes  ses  facultés,  et 
qui  iie<  demande  à  l'autorité  que  d'avoir  assez  de 
force  pCMir  la  préserver  des  troubles,  et  assez 
de  bon  sens  pour  n'être  pas  elle-même  une  cause 
de  trouble.  Une  douzaine  d'idées  simples  et 
justes ,  que  la  discussion  ».  mises  à  la  portée  de 
chacun,  tels  sont  les  étendards  autour  desquels 
se  rallie  cette  classe  immense  qui  a  réfléchi  sur 
ses  intérêts  et  qui  les  entend. 

Cette  masse  d'hommes  est  parfaitement  indif- 
férente aux  individus;  elle  ne  les  suit  que  comme 
des  guides  pour  marcher  vers  son  but;  et.  s'ils  veo- 
VqI  U  mener  ailleurs,  elle  ne  les  suit  plus;  lieu 
■ekur  donne  assez  de  pouvoir  pour  imprimer  à 
aOemallitude  pensante  une  autre  direction, 
^pclj  pendant  la  révolution,  on  a  mis  œr- 
:De(nes  en  avant.  Sous  les  jacobins,  on  eût 
-  ;,^Dy  avait  de  salut  que  dans  la  républi- 
^  -'.qu'il  fallait  tout  immolera  la  repu- 
^■.iiU  patrie;  maïs  la  masse  nationalea 
^'BMclé  que  ce  qu'on  nommait  la  ré- 
^■«tiai  pas  la  liberté,  et  que  la  patrie 


(453) 

se  composait  précisément  de  toutes  les  afiiéctions, 
de  toutes  les  jouissances  dont  on  exigeait  le  sacri- 
Hce  au  nom  de Tabstraction  qu'on  désignait  ainsi. 
J'ai  entendu,  dans  ce  temps,  les  harangues  les 
plus  animées;  j'ai  vu  les  démonstrations  les  plus 
énei^ques;  j'ai  été  témoin  des  sermens  les  plus 
solennels  :  rien  n'y  faisait*  La  nation  se  prêtait  à 
ces  choses,  comme  à  des  cérémonies,  pour  ne 
pas  disputer  ,  et  ensuite  chacun  rentrait  ches 
soi  sans  se  croire  ou  se  sentir  plus  engagé  qu'au- 
paravant. 

Pareil  spectacle  s'est  offert  sous  Bonaparte.  Les 
écrivains  et  les  rhéteurs  s'évertuaient  à  vanter  le 
prestige  des  conquêtes,  à   céléliyer  l'éclat  des 
victoires;  mais  la  nation  qui  remportait  ces  vie* 
toires^  parce  qu'elle  est  éminemment  brave,  ne 
s'en  enthousiasmait  point,  parce  qu'elle  est  émi-* 
neramentTaisonnable;  et  ce  qui  prouve  la  sa-- 
gacité  de  son  jugement,  c'est  qu'dtte  s'est  .ré-^ 
conciliée  avec  sa  gloire  militaire,   depuis  que 
les  circonstances  ont  £aiit,    de   cette  ancienne 
gloire ,  une  garantie  pour  son  indépendance  ac- 
tuelle. Au  milieu  des  succès  les  plus  capables 
de  l'enivrer,  elle  n'attachait  nul  prix  à  ces  succès, 
parce  qu'ils  n'avaient  aucun  but,  aucun  avan- 
tage véritable.  Au  sein  des  revers,  elle  attaché 
un  grand  prix  au  souvenir  des  succès  passés, 
parce  qu'il  est  bon  que  ce  souvenir  dure,  afin 


(454)       ■ 

qae  l'Europe  B*oublte  pas  que  U  Fraaœ  a  mon- 
tré ce  qu'elle  savait  '&ire,  et  qu'il  né  émtt  pM 
lui  reridre  nue  volooté  avec  laquelle  elle  «t 
toujours  victorieuse ,  etqu'eUe  n'avait  plusqtuad 
die  a  été  TBÎncae. 

Les  gouTcmemeDs  aotueb  ont  donc  aajour- 
d'hm  beaucoup  moms  de  dangers  à  redoutK 
^'sntrefois.  ii  d'j  a  {dus  dans  les  sociétés  po- 
Kliquee  de  classes  intéresiéea  ,  comme  mtreibiB, 
aux  bouleversemeas;  jl  n'y  a  |riu8  que  des  in- 
dividus vicieux,  et  la  force  publique  a.toujoan' 
boa  marché  deB  tndividift. 

Leb  uBtioas Jie  pcttveat  jdns  âtre  ttompées  rar 
ee  qu'ellcsdésivént;  elles  repoussent  les  eimaais 
de  l'ordre  public,  tout  commcceuxdcla  liberté, 
et  il  est  facile  aux  gonveruemens  de  donner  aux 
notions  ce  qu'elles  désirent,  sans  rien  sacrifier 
de  leur  autorité  nécessaire  et  sans  abdiquer  «»■ 
eun  iRvantage  regrettable;  car  le  vœu  des  as- 
tioDS  se  borne  <k  trouver  stfus  leurs  gouvens- 
meas,  ia  paix,  la  sûreté  peisonsielle,  et  oe  qai 
garantîtitfïttesùr^,  l'indépendance  des  opiaioDS» 
la  discusàon  sanfe  péril ,  l'adtatuistralion  de  la 
justice,  sans  excâptioiu,  sans  arbitraire,  sànt 
lois/de  oinconstUKiet  Les  g«uveroeaiens  ae  per- 
dent rien  à  accorder  tovt  cela. . 


•    (  455  ) 

m 

15. 

Il  est  assez  cariéux  d'entendre  Louis  XIV  sur 
le  despotisme.  Il  en  fait  Tapologié ,  et  non  sans 


«  Oki  doit  demeurer  d'accord ,  dit-^il  dans  ses 
M  Mémoires  ^  qu'il  n'est  rien  qui  établisse  avec 
»  tant  de  sÀrete  le  bonheur  et  le  repos  des  pro- 
»  rinces,  que  la  parfaite  réunion  de  toute  Tau- 
»  torité  dans  la  personne  du  souverain.  Le 
»  moindre  partage  qu'il  en  âiit  produit  toujours 
M  de  très  grandis  malheurs  ;  et  soit  que  les  par- 
»  ties  qui  en  sont  détachées  se  trouTent  entre  les 
)}  mains  des  particuliers  ou  dans  celles  de  quet- 
»  ques  compagnies ,  elles  n'y  peuvent  jamais 
»  demeurer  que  comme  dans  un  état  violent.  Le 
»  pri  oce,  qui  doitles  conseryer  unies  enlui-méme, 
»  n'en  saunit  permettre  le  dackiembrement  sans  se 
»  «endre  coupable  de  tous  les  désordres  qui  en  ar*- 
M  rivent.  Sans  compter  ks  révoltes  et  les  guerres 
I»  intestines  que  lambîtion  des  puissans  produit 
i)  iofailliblesient,  lorsqu'elle  n'est  pas  réprimée , 
»  mille  autres  maux  naissent  eàcore  du  rel&- 
»  cheikient  du  souverain.  Ceux  qui  Tapprodieul 
»  de  plus  près ,  vojrant  les  premiers  èa  faiÛesse  ^ 
/'  sont  aussi  les  premiers  qui  en  pelivent  pro^ 
»  fiter.  Chacun  d'eux,  ajant  tiécfssaîrekil^it  des 
N  gens  qi^i  servent  de  ministres  à  leur  avidité , 


(456) 
»  leur  doDoe  en  même  temps  la  liceoce  de  les 
>i  imiter.  Ainsi,  de  degré  en  degré  ,  la  cormp- 
»  tion  se  communique  partout^'et  devient  égale 
M  en  toutes  les  professions ...  De  tous  ces  crimes 
»  divers,  le  peuple  seules!  ta  victime.  Ce  n'est 
»  qu'aux  dépens  des  faibles  et  des  misérables  que 
»  tant  de  gens  prétendent  élever  leurs  mons- 
»  trueuses  fortunes  :  au  lien  d'un  seul  roi  que 
»  les  peuples  devraient  avoir,  ils  ont  à  la  fois 
»  mille  tyrans.  » 

Tout  ce  raisonnement  est  fondé  sur  l'hypo- 
thèse que  le  despotisme  doit  toujours  être  quel- 
que part,  et  que  s'il  n'est  pas  dans  les  mains 
d'un  seul,  il  tombera  dans  celles  de  plusieurs. 
Mais  au  lieu  du  despotisme,  il  peut  y  avoir 
une  chose  qu'on  nomme  la  liberté.  Alors  il  ne 
résulte  point  de  ce  que  le  chef  suprême  du  pou- 
voir n'a  qu'une  autorité  limitée,  que  les  agens 
subalternes  aient  ce  qui  manque  à  l'autorité  pâur 
être  absolue-  Eux  aussi  n*ont  qu'une  autorité 
liniilée  ;  et  loin  que  l'oppression  se  dissémine  et 
descende  d'éclielon  eu  échelon  ,  tous  sont  ctm- 
tenos  el  réprimes.  Louis  XïV  nous  peint  un 
gouvernemeni  libre  comme  si  le  despotisme  j 
m  ^tait  p.ii-lout  et  la  liberté  nulle  part.  C'est  tout  le 
lontraire:  le  despotisme  n'y  est  nulle  part,  parce 
pilR>liberté  y  est  partout. 


(45?) 
.14. 

Ceux  qui  ne  veulent  pas  de  monarchie  consti- 
tutionnelle répètent  souvent  que  l'opinion  tem- 
père les  monarchies  les  plus  absolues.  Cela  n'est 
vrai  qu'à  une  époque  très  avancée  de  ces  monar- 
chies, quand  elles  ont  à  la  fois  pour  appui  et 
pour  modérateurs  les  souvenirs,  les  habitudes, 
les  intérêts,  qui,  se  groupant  toujoui^  avec  lé 
temps  autour  de  ce  qui  existe ,  pallient,  à  la  loti- 
gue  et,  adoucissent  les  institution^  les  plus  défec- 
tueuses. Alors,  a  la  faveur  de  la  paix  publique  et 
de  la  sécurité  du  pouvoir,  l'opinion  naît,  prend 
des  forces,  se  glisse  à  travers  les  dangers,  se  re- 
lève de  mille  échecs ,  et  s'érige  enfin  en  autorité. 
Les  lumières ,  l'influence  du  commerce  et  des  ri- 
chesses, quelques  corporations  d'origine  équivo- 
que ,  mais  fortes  d'une  longue  antiquité ,  et  fai- 
sant valoir,  avec  plus  ou  moins  de  succès,  des 
prétentions  plus  ou  moins  vagues ,  modèrent  la 
puissance  du  monarque.  Ce  ne  sont  point  là  des 
limites  légales,  des  bornes  précises;  ce  sont  des 
barrières  quelquefois  efficaces,  nullement  invio- 
lables et  toujours  à  la  merci  du  hasard. 

Ces  sauvegardes  peuvent  paraître  suffisantes 
au  premier  coup  d'œil.  Elles  le  sont  en*  eflfet 
d'oixlinaire  pour  les  classes  supérieures  ;  mais  leur 
efficacité  diminue  en  raison  de  l'obscurité  des 


(458) 

individus  qui  auraient  besoin  de  leur  pratectioD. 
La  raison  en  est  simple.  Lorsqu'il  y  a  des  ga- 
ranties constitutionnelles ,  il  suffit  d'avertir  la  toi  : 
une  plainte  légale  le  peut  Mais  lorsque  la  garantie 
est  dans  l'opinion ,  il  faut  que  Topinion  s*é veille, 
et  Topinion  ne  s'éveille  dans  les  temps  calmes  que 
pour  les  hommes  qu  elle  connaît.  Vers  les  der- 
nières années  de  la  monarchie  qui  a  précédé  h 
révolution  y  monarchie  la  plus  douce  qui  ait 
existé  sans  limites  constitutionnelles,  un  éa> 
vain  célèbre,  un  magistrat  distingué ,  jetés  dans 
les  prisons ,  étaient  sûrs  à  peu  près  de  recouvrer 
leur  liberté ,  par  le  seul  effet  de  ropitiion  pnbln 
que  ;  mais  dix  mille  individus  d'une  condition 
peu  relevée  et  sans  moyens  d'attirer  FatteoticHi 
auraient  passé  quarante  ans  dans  les  fers,  que 
,  personne  ne  s'en  serait  indigné ,  parce  que  per- 
sonne ne  l'aurait  su.  Nous  n'avons  aj^ris  les  oial- 
heurs  de  Latude  que  lorsque,  sorti  des  cachots, 
il  a  pu  se  faire  entendre  ;  mais  durant  les  trente- 
sept  années  qu'il  y  avait  gémi,  aucune  réclama- 
tion ne  s'était  élevée,   parce  que  rigoorance 
universelle  sor  son  sort  avait  mis  obstacle  k  toute 
pitie. 

C'était  cependant  à  la  «léme  époque  qu  écri- 
vaient Voltaire  et  Rousseau.  làEspril  des  LoU 
avait  paru  ;  les  principes  die  la  liberté  rempli»* 
salent  toutes  les  têtes ,  formaient  le  sujet  de 


(459) 

entreUens  ;  oa  discutait  partout  la  lëgitiimtë 
le  la  resiMutcvi  américawe;  Tinjustice  esèrcëe 
rocitreM.  delà  Chalotais  soulevait  tous  les  es{>Ttls; 
»ai8  ropiaion  ue  pouvait  reprimei'  que  ce  qui 
Minrenait  à  sa  ooonaissance. 

Cette  observation  n'est  point  iodiffërente.  Il  y 

%  quelques  années  qn'un  journal,  écrit  Sous  l'io*- 

nuence  de  la  police  impériale,  faisait  dire  à  un 

pajsan  ,  qui  était  censé  parler  à  d'autres  paysans 

de  la  révolution  française  :  iv  On  se  plaignait  de 

»   la  Bastille,  je  ne  vous  en  dirai  rien;  cela  re-*. 

M   gardait  les  gens  de  la  cour.  On'  ne  nous  y 

»   envoyait  pas.  »  On  aigrit  ainsi  la  nias9S  du 

peuple  contre  les  hooinies  distingués  qui  deaian» 

dent  de  bonnes  institutions  politiques ,  en  lui 

persuadant  que  ces  hommes  ne  travaillent  que 

pour  eux ,  que  c'est  pour  eux  que  les  actes  turhir» 

traires  sont  à  craindre,  et  qu'ils  ont  seuls  besoin 

des  garanties  de  la  liberté  individuelle,  parce 

qu  ik  s'exposent  seuls  aux  ressentimens  de  Tauto** 

rite.  Rien  n'est  plus  £uix.  Dans  ces. monarchies 

absolues  ^  modérées  par  l'opinion ,  la  célébrité^ 

qui  est  un  danger,  est  en  màme  temps  une  défetee^ 

Les  individus  Obscurs  paraissent  moins  exposés; 

mais  la  multi{rficité  des  agens  subalternes  rend  le 

péril  égal  pour  euk ,  et  la  défense  -est  nufle  ;  car, 

knsqu'ils  sont  frappés ,  victimm  ignorées ,  il  ne 

leur  reste  aucun  recours. 


(  46o  ) 

Dans  UD  gouvernement  constitutionnel ,  Tar- 
bitraire  est .  un  accident  contre  lequel  tous  les 
intérêts  sont  en  armes ,  tontes  les  institutions 
organisées.  Dans  une  monarchie  absolue ,  quel- 
que mitigée  qu^elle  soit  par  Topinion ,  Farbitrûre 
est  un  état  habituel;  c'est  la  condition  nécessaire 
de  rinstitutioD. 

Ce  qui  le  prouve  ^  c'est  que  l'une  des  qualité 
qu'on  vante  alors  le  plus  dans  les  princes,  c^est  Tac- 
tivité.  Sans  doute,  quand  l'autorité  estarbitraire^ 
il  est  bon  que  le  pouvoir  suprême  qui  ne  profile 
point,  comme  ses  agens,  des  injustices  de  détail, 
soit  toujours  en  mouvement  pour  les  réprimer. 
Les  gouvernés  n'ont  que  lui  pour  protecteur,  que 
sa  surveillance  pour  sauvegarde  i  s^il  s'endort  un 
instant,  les  subalternes  redoublent  de  vexations 
et  d'iniquités. 

Mais  est-ce  un  état  digne  d'éloges  que  celui  dans 
lequel  les  instrutnenssontsi  peu  réglés  qull faille 
que  la  main  qui  les  dirige  soit  sans  cesse  armée 
contre  eux?  Plus  une  constitution  est  bonne, 
ipoins  ce  genre  d'activité  est  nécessaire  ;  tout  va 
tout  seul ,  parce  que  tout  va  bien. 

Ce  que.  je  vietis  de  dire  regarde  les  peuples; 
mais  voici  qui  regarde  les  goùvernemens.  Tonte 
monarchie  absolue  est  près  de  sa  chute,  loiv- 
que  l'opinion  devient  assez  forte  pour  la  tem* 
pérer. 


C46.  ) 

M.  de  Montesquieu  se  sert,  dans  un «c!bapitrc 
de  Y  Esprit  des  Lois,  d'une  comparaison  qui  était 
plus  exacte  qu'il  ne  le  croyait  lui-même  : 

Ut  esse  Phœbi  dulcius  lumen  solet 
Jeunjam  caderUis. 

Il  faisait  allusion  à  la  douceur  de  la  monarchie 
d'alors.  L'événement  n'a  pas  tardé  à  démontrer 
qu'en  effet  c'était  Phœbi  lumen  jamjam  ca- 
dentis. 

Des  barrières  constitutionnelles  peuTicnt  être 
stables I  parce  qu'elles  sont  fixes;  mais  l'action 
de  l'opinion  livrée  à  elle-même  est  aggressive  de 
sa  nature,  et  finit  par  détruire  ce  qu'elle  a  com- 
mencé par  limiter. 

Il  faut  donc  des  constitutions;  il  en  faut  pour 
les  peuples  comme  garanties,  il  en  faut  pour  les 
gouvememens  comme  moyens^ de  durée. 

15. 

Il  y  a  des  gens  qui  ont  sur  la  stabilité  des  idées 
singulières. 

((  Les  Chinois,  dit  un  auteur  qu'on  a  essayé  de 
»  rendre  célèbre  (i),  sont  le  peuple  dont  les  an- 
»  nales  remontent  le  plus  haut,  et  dont  les  an-7 
»  ciennes  habitudes  se  rapprochent  le  plus  des 

* 

(i)  L'auleur  dt  la  Théorie  des  répolations. 


(  460 

»  mcçws  patrîarcliflesb  Ces!  le  m«I  où  doqs 
>i  trop viQns  le  gouvememeiit  tel  qa'U  était  îl  j  a 
»  trois  mille  ans;  c'est  le  seul  où  la  marche  et  k 
>i  résultat  des  révolutions  soient  absolament  ks 
»  mêmes.  • 

>}  Sur  vingt  et  une  dynasties  précipitées  de 
»  tràne^  dtx-nenf  l'ont  été  ou  par  des  princes 
»  tributaires  devenus  trop  puissans ,  on  par  des 
»  sujets  audacieux  qui  profitaient  du  méconleD- 
»  tement  public.  La  chute  de  la  première  djnas- 
)i  tie  a  même  cela  de  remarquable ,  que  le  snjd 
n  porté  au  trône  par  le  vœu  général ,  ne  se  servit 
»  d'abord  de  son  pouvoir  que  pour  rendre  la  coa- 
»  ronne  au  monarque  légitime.  Kia  ,  sans  profi- 
»  ter  de  cette  leçon .  s'étant  de  nouveau  aban- 
»  donné  à  tous  les  vices,  une  seconde  révolution 
»  donna  encore  une  fois  la  couronne  à  Ching- 
»  Tang.  Le  monarque  détrôné  finit  sa  vie  eo 
»  exil , . .  Cette  révolution  qui  se  fit  en*£siveur  de 
>i  Ching-Tang,  presque  malgré  lui  ^  n'avait  dé- 
»  placé  que  le  monarque  sans  toucher  à  la  mo- 
»  narchie.  » 

L'a^teur  rappelle  ensuite  l'élévation  de  la  do- 
quième  d^na^tie ,  foxidée  par  Liefi-Sapg  »  chef  de 
brigands;  de  H  huitième»  fondée  par  Lien-Vo, 
cordonnier  ;  de  la  quatorzième ,  commencée  par 
Cbu*Veu,  chef  de  voleurs  j  et  de  la  vingtruoième, 


(  465  ) 
établie  par  Cko ,  valet  d'un  monastère  de  bonaes, 
a  l'exclusion  dea  descendans  de  Gengis. 

0  observe ,  en  parlant  de  cette  d/nastie  tar- 
tare^  que  u  son  triomphe  fut  marqué  par  tous 
»  les  désordres  qui  accompagnent  et  suivent  de 
»  grandes  conquêtes;  que  la  résistance  des  Chi*- 
»  nois  avait  été  longue  et  sanglante;  que  la  mort 
»  de  plus  de  cent  mille  hommes ,  celle  de  tous 
»  les  membres  de  la  famille  impériale ,  tombés 
»  sous  le  fer  de  rennemi,  ou  victimes  volontaires 
»  de  leur  désespoir  ^  avait  signalé  cette  terrible 
»  révolution  ,  mais  qu'elle  finit  au  moment 
»  même  de  l'arnvée  du  vainqueur  dans  la  ca- 
»  pitale.  » 

Enfin ,  il  prouve ,  par  des  faits  nombreux ,  que^ 
dans  ces  évènemens^  rien  ne  changeait,^/ ce  n'i^^^ 
dit-il  y  la  race  régnante. 

cf  Cette  observation  y  continue-^t-il ,  suppose^ 
n  par  une  telle  identité  de  faits ,  un  principe 
I)  toujours  subsistant,  toujours  indépendant  des 
>}  é^ènemens,  et  dont  l'action  indélébile,  i^ésislant 
n  également  k  la  barbarie  passagère  d'un  vain^ 
»  queur  étranger  et  au  retour  trop  fréquent  de 
»  crimes  nationaux ,  faisait  toujours  contribuer 
)i  au  bien  général  les  moyens  qui  semblaienl  les 
n  moins  propres  à  l'opérer.  Ce  principe  tient  bien 
0  certainement  à  l'opinion,  innée  dans  la  Chine, 
»  qu^  le  gouyememeiit ,  en  quelques  mains  qu'il 


(464) 

»  soit  f  a  plus  de  tendance  an  bien  qu'au  mal  ; 

»  que  lorsqu'il  fait  le  bien ,  c'est  son  régime  ha- 

M  bitnel,  c'est  son  état  de  santé;  que  lorsqull 

»  fait  le  mal,  c'est  une  maladie  dont  il  est  at- 

»  teint  ;  que ,  d'après  cela ,  toutes  les  fois  qu  od 

Il  veut  l'attaquer I  ou  même  l'entraver,  on  s'ex- 

»>  pose    beaucoup  plus  à  des  chances  dange- 

»  reuses  qu'à  des  chances  favorables;  que,  par 

}}  conséquent  y  le  meilleur  moyen  de  diminuer 

»  le  danger  des  premières ,  est ,  puisque  les  vice» 

»  de  l'humanité .  doivent  amener  des   révolu- 

I)  tions,  de  ne  faire  porter  les  changemens  que 

»  sur  les  personnes ,  en  conservant  les   insti- 

»  tutions. 

»  Cet    antique  attachement   des  Chinois  au 

»  pouvoir  qui  les  régit  est  bien  constanmaeot 

»  inhérent  au  pouvoir  même,  mais  se  trouve 

>)  tout  à  coup  reporté  sur  la  famille  qui  en  est 

»  revêtue.  Quelque  récente  que  soit  son  éleva- 

»  tion,  elle  reçoit  des  témoignages  de  fidélité, 

»  tels  que^  dans  notre  Europe,  quelques  nation^ 

»  en-  ont  donné  à  leurs  anciennes^races  rojales. 

»  Il  semble  que  ce  peuple  soit  persuadé  cpa'il  ne 

»  doit  /^n  bonheur  qu'à  la  stabilité  de  son  gou- 

h  vernenaent  seul  ;  qu'il  est  avantageux  pour  loi 

ti  de  garantir  et  de  défendre  tout  ce  qui  le  main- 

»  tient  :  il  le  regarde  comme  étant  réellement 

ff  une  propriété  nationale  qu'il  conserve  soigneu- 


/ 


(  465  ) 

99  sèment  dans  totite  son  intégrité  ^  même  an  mi- 
x>  lieu  des  mutations  de  ceux  à  qui  il  en  donne  ^ 
M  il  en  àtoi,  il  en  laisse  prendre  rnsnfinit. 

»  L'honneur  de  cette  stabilité  appartient  aux 
»  sages  législateurs ,  anx  profonds  moralistes  qui 
M  ont  plus  en  vue  Içs  principes  que  les  individus. 

»  Cette  tranquillité^  qui  est  le  fruit  des  antiques 
»  habitudes  ^  des  mêmes  pratiques  journalières  f 
»  et  qui  distingue  êi  particaliàrement  le  peuple 
»  chinois  y  est  en  même  temps  oe  qui  garantit  son 
»  existence  politique  au  milieu  des  révolutions.  ^ 
»  parce  que  c'est  elle  qui ,  même  après  les  plus 
i)  grands  troubles,  assure  au  gouvernement  une 
»  action  prompte ,  forte  «  universelle  p  exercée  par 
n  les  personnes  sans  leur  être  inhérente  ,  ne 
»  changeant  point  avec  elles,  et  reprenant  >  après 
V  une  interruption  momentanée,  la  même  marche 
»  sur  les  mêmes  choses ,  avec  les  mêmes  moyens. 
n  C'est  ce  qui  £aiit  qu'en  Chine  les  révolutions 
)}  sont  comme  les  orages.:  la  tempête  passée ^  on 
»  voit  quelques  individus  de  moins  ;  on  en  voit 
D  d'autres  occuper  des  places  dont  ib  semblaient 
»  éloignés;  mais,  du  reste,  aucun  changement 
}}  sensible» 

»  Fendant  que  les  divers  états  de  l'Europe 
»  semblant  suçoassivement  condamnés  à  toutes 
»  les  vicissitudes  humaines,  il  ecft  curieux  de  voir 
»  un  peuple  riche  de  la  fertilité  de  son  sbl ,  de  la 

5o 


(466) 

M  beauté  de  son  climat,  de  rimmensité  de  sa 
»  population,  suivre  ses  plus  anciennes  lois, 
»  concentrer  ses  révolutions  sur  quefcqpes  indi- 
ji  yidus,  etc.  » 

D après  ce  principe,  il  faut  soutenir  le  gonver- 
nemenl  sit6t  qu'il  existe ,  et ,  légitime  on  ill^;î- 
time,  il  ne  faut  pas  même  vouloir  l'entraver.  Cest 
à  ce  principe,  suivant  Fauteur  de  la  TTtéorieda 
Résfolutions^  que  les  Chinois  doivent  leur  bonheur 
(  on  a  vu  quel  était  ce  bonheur  an  milieu  des  dé- 
trônemens  et  des  massacres  )  ;  car  ils  le  doivent  t 
la  stabilité  de  leur  gouvernement  seul ,  propriété 
nationale ,  qu'ils  conservent  dans  toute  son  inté- 
grité,  au  milieu  des  mutations  de  ceux  à  qui  ik 
en  donnent,  ils  en  ôtent ,  ils  en  laissent  prendre 
Fusufruit. 

Si  Ton  ne  connaissait ,  d'ailleurs ,  par  le  reste 
d«r  livre,  les  opinions  de  l'auteur,  on  ponrrait 
entrevoir  ici  le  dogme  de  la  souveraineté  du 
peuple ,  puisque  le  gouvernement  est  une  pro- 
priété nationale  dont  le  peuple  donne,  ôte  ou 
laisse  prendre  l'usufruit.  Mais  qu'on  ée  rassurer- 
Fauteur  ne  veut  point  la  souveraineté  du  peu- 
ple ;  il  est  fort  opposé  à  ce  que  le  peuple  soit  sou- 
verain'; il  est  assez  indififêrent,- comme  on  voit, 
à  ce  que  les  dynasties  tombent  :  ce  qu'il  veut, 
c^est  la  stabilité  des  institutions, 
i  Les  hommes,  ceuxv  surtout  que  l'esprit  de 


'  (  467  ) 
parti  domine,  sont  endinsà  s'enivrer  de  certaines 
phrases,  à  s'enthousiasmer  pour  certaines  for- 
mules; pcNirva  qu'ils  les  répètent,  peu. leur  im^ 
porte  le  fond  des  choses.  Deux  ans  id'uiié  servie 
tude  horrible  et  sanglante  n'empêchaient  pas 
nos  gouvemans  de  dater  leurs  actes  de  l'an  qua- 
trième de  la  liberté.  Vingt  révolutions»  vingt 
changemens  de  dynastie ,  et  cent  mille  hommes 
égorgés  tous  les  cent  ans  n'empêchent  pas.  l'an** 
teur  de  la  Théorie  d^  BévoiutiQns  de  v^ter  la 
stabilité  des  institutions  chinoises.  Cette  stabilité 
n'existe  pas  pour  les  gouvernés,  puisque  les  gou- 
vernés sont  périodiquement  proscrits^  chasses, 
massacrés  en  grand  nombre ,  au  moins  une  fois 
dans  chaque  siècle ,  à  l'avèneoient  de  chaque 
usurpateur  qui  fonde  sa  dynastie.  Cette  stâJtnlité 
n'existe  pas  non  plus  pour  les  gouvernans ,  puis- 
que le  trône  est  rarement  le  partage  de  là  même 
famille  pendant  plusieurs  générations;  miis  cette 
stabilité  existe  pour  les  institutions ,  et  c'est  là 
ce  qu'il  admire.  Il  voit,  tout  au  plus,  dans  le 
reste ,  quelques  individus  de  moins.  On  dirait 
que  la  stabilité  des  institutions  est  le  but  unique, 
indépendamment  du  bonheur  des  hommes ,  et 
que  rois  et  peuples ,  sujets  et  souverains,  ^e  sont 
ici  bas  que  pour  être  offerts  en  holocauste  à  la 
stabilité  des  institutions.  Je  me  suis  arrêté  sur 
cette  théorie^  parce  qu'il  me  semble  utile  de 

5o.. 


(  468  ) 
démontrer  que.  taules  les  dooferines  extféraies  se 
touchent.  G;lle  de  la  stabilité  des  institutioiiSy 
lorsqu'on  la  traiifforme  ea  une  abstmclioB  mé* 
tapfaysique  à  laquelle  ou  reut  tout  sacrifier,  est 
aussi  dangereuse  qu  aucuoie  autre. 

De  nos  jours,  le  peuple  s'est  mal  trouTé  de 
s*élre  laissé  conduins  par  oeux  qui,  exagérant 
les  principes  dé  la  liberté,  l'ont  immolé  k  oo 
exagérations ,  et  l'ont  rendu ,  au  nom    <}e  h 
liberté,  misérablement' esdave«  Les  souTeraim 
se  trouveraient  égidement  mal  de  se  fier  à  ceox 
qui ,  saisis  d'un  respiect-  fa«atique  pour  la  sta- 
bilité, regardent  les  malheurs  des  individus  et 
des  races  régnantes  comme  ttH  léger  accideot 
au  prix  duquel  la  stabilité  n'est  pas  trop  pa  jée , 
et  qai|  après  avoir  reconnu  qu'en  Chine  il  ne 
s'est  guère  passé  un  siècle  sans  que  cet  empire 
ait  subi  des  guerres  civiles ^  des  invasions,  des 
démemhremens  et  des  conquêtes ,  et  après  avoir 
avoué  que  ces  crises  terribles  éjtt^rtaihaient  cha- 
que fois  des  générations  entières ,  ne  s'en  écrieat 
pas  moins  :  Honneur  à  Ja  j^ro^ode  sagesse  qui 
a  écarté  de  la  Chine  toute  nouveauté  dange- 
reuse (i)!  Je  semis  curieux  de  savoir  ce  qn'aturait 
produit  de  fdus  fâcheux  une  nouveauté. 

(i)  KsprH  de  VOigêoùte,  «h.  dria  Gkine.  -        • 


(469) 
16.        ' 

Il  y  a  daa  époques  de  rhistoir^  ou  Thoaind^ 
parait  joair  de  la  plénitade  de  sea  facultés.  Il  left 
applique  ayec  un  égal  succès  à,  toutes  Iqsî  si^ 
tuations  dans  lesquelles  il  se  trouve.  Les  arts , 
les  professions  9  les  talcais  p  ne  sont  pta  des  sphères 
teUement  séparée»,  qu'il  luiacit  interdit  de  pjV9ser 
de  FuBe  à  Tautre.  Suivant,  les  circooataacesj^ 
le  même  Jiomnie  couchât  pour  sa  patrie ,  et  çbante. 
oa  raconte  ses  tomh^k  Le^;p3feriier  rest^^cUQjTW»: 
Torateur  ou  le  philosophe  ne  recule  .pas  dei^ant 
1«  danger  et  la  gloire  dés  armes. 

€'est  pariiculièrement  ou  mémo  uniquement 

dans  les  états  librea  que.  se  hit  remarquer  cette 

application  rapide-  et  variée  de  toutes  les  £»r-. 

cultes  a  tous  les  besoins^  £a  Grèce  ^  nous  voyOfi$, 

Socrate,  interrompant  1  étude  paisible  de  la  phi-^ 

Sophie  et  Tinstruetion  de  la  jeunesse -nombreuse 

et  dodle  qui  se  pressait  antour.de^.Iui  pour 

recueilltr  ses  leçons^  et  marohailt  comme  ly^dat 

à  la  bataille  de  Potidéé  ,  ou  défendant  à  la 

tribune  lès  généiaux  accutés  après  le  ,coml)at 

des  Arginuses.  Périclès  se  montrait  tour  à  tpnr 

homme  d'état^  orateur  et  généraU  I/auteuf  à^ 

Pfxmétbée  combattait  à Salamine^.  et  çtAui^QE^ 

dipeà  Colonne  était .apqhdntei  A.Bk>mê^.Cio^ron 

piH>t6geait  la  république  contre  CatUina ,  ^u*-* 


les  Tku- 
a  ttft  tais  Fim  tics  Rcost 


de  difisioaa 

as 

QpOD 

,  radililé  pnbr 
intact,  se  coiH 

^■1  ^ruthlg  lui  pronetlR 

pÀns  aerlamft  et  plus  farilrs.  L'écri- 

xjQr,  Ir  gnciiiei   de  penser, 

a  «laÉ  XecBÎre.  B  en  resolie  me  absentt 

'je^md  le  iv^potiimc  scsÈagie ,  et  que  les 

da  despotisme»  à^ 
de  hMHUHi  «iont  ik  se  distrîbœirf 
les  de:grés«  oâèiMeiit  à  FenTi  comme  one  li- 


Qme  le  pajsaa  bbome ,  que  le  âbricsot  fr 

brique,  qoe  la  fetmne  file,  que  le  prêtre  psal- 

OMdicy  que  le  soldat  tire  des  coops  de  Asii; 
que  chacou  ^  eofia ,  £Mse  son  métier ,  est  b  devise 

àm  poofvoir,  lorsque  le  ponyoir  vent  opprinier 
les  hommes.  Ainsi,  chacftie  âicultë,  resti&nle 


(47'  ) 
t  mutilée^  est .  attachée  à  une  operatiQn  sué- 
aniqne  y  comme  ces  animaux  condamtiës  pour 
oujours  à  un  travail  circulaire^  et  qu'on  tient 
Lans  les  ténèbres  pour  qu'ils  ne  voient  pas  ce 
|xd  se  passe  autour  d'eux.  En  agissant  ainsi, 
e  pouvoir  absolu  sait  bien  ce  qu'il  fait.  Mor- 
ale de  la  sortCj  l'homme. ne  se  défeiid  plus; 
il  n'y  a  plus  que  des  instrumens ,  entre  lesquels 
aucune  correspondance  commune. n'existe  et  qui 
suivent  passivement  l'impulsion  partielle  qtte  la 
main  de  l'autorité  leur  imprime. 

Plusieurs  ^ouvememens  avaient  travaillé,  et 
plus  ou  moins  réussi  à  réduire  leurs  sujets  à  cette 
situation.  Heureusement  des  gàiies.  supérieurs , 
parcourant  l'espace  comme  des  comètes  excentri- 
ques, et  violant  les  règles,  dérangeaient  de  temps 
à  autre  cette  symétrie  égyptienne,  malgré  les 
efforts  et  la  désapprobation  des  hommes  d'état  qui 
leur  criaient  sans  cesse  :  ^De  quoi  vous  mêlez^ 
vous?  ce  ne  sont  pas  vos  affaires. 

La  révolution  a  éclaté;  et,  de  quelques  dé*- 
sastresque  la  témérité  de  l'Europe  et  notre  propre 
imprudence  l'aient  accompagnée,  elle  a  eu  cet 
important  avantage ,  que  sa  violence  même  a 
rompu  les  compartimens  factices  au  moyen 
desquels  on  parquait  les  hommes  pour  les  gou- 
verner. L'immense  majorité  de  la  nation  a  senti 
.que  non-seulement  elle  avait  le  droit  de  parvenir 


I 


(470 

à  lotit,  miis  qu'elle  posmEdut  aam  kt&coba 
n^flaMim  pour  t^at  le  feit  consacrit  le  dnà 
Dm  géaénuTc  sortis  des  comptoirs  et  des  etni< 
ont  flx^  la  victoire  sous  leurs  éteadardt;  ie 
nrfgociiiteurs,  ignorant  les  traditions  d'oneS- 
l^omalte  «uraonée ,  ont  représente  cUgnemestii 
Franco;  d«  ministres  n'ont  pas  dccUigné  d'èti 
^crinias  ;  des  «(erivains  sont  devenns  mùnistK 
k  cainM  de  leurs  talens  littéraires  qa  «n  ii£- 
«pMÎent  d'antres  j  des  hommes  bvi^Bs  de  b 
l^ro  des  armes  ont  pris  place  am  laig  de 
«ralean,  et,  en d^it  des  prérlirtïw  ■■stre, 
ynfeâeémeat  parce  que  chacun  b  a  jmm  iài  mù- 
tm  îi  ■niiif  r^^ 


^ 


,        ,... 


TABLE 


ANALYTIQUE  ET  ALPHABÉTIQUE 

DES  MATIÈRES. 


Adrien.  Aimait  à  se  moquer  cipe  exagéré  par  les   secta- 

des  philosophes  qu'il  proté-  leurs  de   Loclce  ,   ai 5.   Ne 

geait,  a5.  croyait  pas  que  Tesclavage 

Aiextmdrie,  Influence  du  se-  pût  élre  aboli ,  4oo. 

jour  des  Juifs  à  Alexandrie,  Arnaud  (le  Grand),  Persécuté 

sur  leur  religion ,  37 1  •  par  Louis  XTV,  2o4- 

Amérique.  N'a  point  de  reli-  Assemblée  constituante ,    62 , 

gion  ni  de  clergé  qui  domi-  194. 

nent,  laS,  laô.  Assemblée  législative,  53. 

Amida.  Idole  dont  les  adora-  Astrologie,  Beaucoup  de  per- 

teurs  se  font  écraser,  en  se  sonnages  éminens  au  i^^siè- 

jetant  sous  les  roues  de  son  cle  y  croyaient,  3i4- 

char,  10 1.  Aiellanes  (  farces)  ^  a. 

Amour,  chez  les  Allemands  et  Athéniens,  0.  L'éducation  par- 

cbez  les  Français ,  266.  fai  temen  t  libre  chez  eux,a43  • 

Anaxagore,  no,  Athénodore,  10. 

Andronicus  (Livius),  2.  Atticus,  i3. 

Angleterre,  28,  79.  La  domi-  Attila ,   tragédie  de  Wemer, 

nation  de  son  clergé,  i25.  282. 

Admiration  de  madame  de  Auguste,  17,  19.  Exile  Ovide, 

Staël  pour  la  constilution  an-  209.    Que    son   despotisme 

glaise,  199.  Nous  vaudrons  n'est  point  la  cause  de  l'éclat 

mieux  que  les  Anglais  avec  dont  la  littérature  brilla  sous 

des  institutions  libres  ,  200.  son  ràgne ,  227. 

AnUochus,  9.  Aurèle  {Marc-),  Son  système 

Antoine  {Marc-) ,  i4,  17-  sur  l'empire  de  l'homme  sur 

Apellicon  de  Théos,  10.  lui-même ,  396. 

"Jppius,  43.  Autriche^  80. 

Aristote,  i4)  i5, 1 10.  Son  prin- 

5i 


(  4-/4  ) 


Barthékmy  { massacre  de  la 

SaùU-),30t. 
BattiUt.  Qu'il  n'est  pu  vrai 

Ju'onn'j  mdtaitque  k«gEii« 
e  U  cour,  459- 
Boi'ière  (roi de),  81. 
Bedford  (duc  de),  43. 
Bellart,  i33. 

Senthaiii  (Jérémie).  Son  ob- 
ïeclian  contre  la  noliou  des 
droits,  i44,  145. 

Btrlichijigen (Gatide),  tragé- 
die de  Goethe ,  360.  Episode 
daus  cette  tng^ie,  374. 

Bernadolle,  85. 

Bhaptat  GUa.  Sa  morale  into- 
lolërante  et  cruelle ,  384. 

Biafyitack  (district  de).  Enlevë 
par  la  Russe  i  la  Prusse , 
son  alliée,  ea  1807,  Bi. 

Bible.  Son  Astronomie  el  sa 
Phnique,  («4. 

BonaU  (M.  de).  Fluctuation 
dans  sej  penéet  entre  l'a- 


t^igula,  ai,  a4. 
Canniitg,  43,  ta$> 
Oainvimk-,  4,  5. 

-       ■      .i^6. 

Casllervagfi,   i53. 
Catholique  [le),  jourtial.  Signi- 
fications opposées  que  ses  au- 
teurs  donnent  à  son  titre  , 
i  qui.'  cela  leitr  con- 
iM,  137. 


"Ancien),  a,  5,  10. 
Utigue,  10.   Trouve 
lalion  dans  la  phi- 


mour  du  passe  et  des  mm 
sions  involontatres  enicn  k 
présent,  44^-  Sesconlndic- 
tiooi  sur  itonaparte ,  44^. 

Bonaparte,  ag,  46,  77,  79. 8". 
84.  Sa  persécution  coDlrc 
madame  de  Slacl,  307,  Qi& 
siquc,  en  sa  qualitédeda- 
pote,  aQ3.  ContradictiouJi 
H.  deBonald  sur  Ini,  4^6. 

Bossuet,  11G, 

Bouddhistes,  proscrits  et  bu- 
nis  de  l'Inde.  383. 

Bourbons,  88. 

Bourdaloua,  a56. 

Brames,  iia,  SoBlpcnémâ 
et  leur  dieu  priT^  de  m 
c«lle,383. 

Bninuûr«(lé  18),  77. 

BruniwicK  {Christian  ie),  (*■ 
■éral  daua  la  goerredc  iraK 
ans ,  358. 

Brutus,  t5,  16- 

Mmdet  {sir  Framk) ,  (^ 


losopTiie  pbtoniciemK,  i5< 
Est  loué  deux  fois  ptBa- 
race,  a34;  et  pïaté  ii^ 
l'Élysée  par  Virgile,  JÏt 
Catulle.  Ennemi  deCënr,i>} 
César,  6,  16,  31.  ËpigranoO 
de  Catulle  contre  mi',  1^ 
Ecrivain  plein  d'd^g»"*' 
33o.  Le  plus  éloquent  ^ 
orateurs,  le  plusnibilt*' 

Sénéraux,    le  plus  êiff"^ 
es  écrivains,  470. 
C/utrles  I",  46.  Sra  prilaiiii?" 
et  sa  doctrine  du  droit  it^i 
causes  de  ses  malheur!,  33^' 


(475) 

Charles  II,  roi  d'Angleterre.  auteur  des  Tasculftnes,47o«. 

Sa    duplicité,  537.   Tristes  Civilisation»  Qu'elle  remédie  à 

résultats  pour  lui-mémede  sa  ses   propres   inconvéniens , 

conduite  fausse  et  tprtueuse,  iSg. 

ibid.  Claude j  ai. 

Charte  (/a),  9 1 .  Comle  (M.)*  auteur  du  Censeur 

Chdteauhritmd,  87,  i33.  eun>péen,  129. 

Chénier,  classique  à  la  fin  de  Condorcetf    sur    l'éducation, 

sa  carrière,  294*  ^i?  sS^. 

Chœurs    dans    Us    tragédies  Convention,  53, 78. 

grecques,  377.  Copernic,   Fait  avaneer  l'es- 

Cnosroès,  roi  de  Perse  qui  ne  péce  humaine  par  ses  décou- 

voulait  traiter  avec  ses  enue-  vertes»  ^o i . 

mis  que  s'ils  rendaient  hom-  Corinne  (roman  de)  par  ma-* 

mage  à  se^  dieux ,  383.  dame  de  Staël,  17a.  Ouvmge 

Christianisme.  Causes  humai-  d'une  haute  morale  par  400 

nés    de   son  établissement,  résultat,  175.. 

354-    Adopté  du  temps  de  Corinthe,  9. 

Trajan  par  les  classes  supé-  Cosaques,  80,  85. 

rieures,  ^73.  Crassus  {Publius\  5. 

Chrysippe,  aa.  Cratippe,  lo. 

Cicéron,  3,  10,  |3»  Préférait  Cretois.  Éducation  en  Crète, 

la  nouvelle  académie  à  tou-  a4a.  Les  Cretois,  le  peuple 

tes  les  autres  sectes,  i5.  Élé-  le  plus  féroce  et  le  plus  cof- 

ganoe  soutenue  de  Cîcdron,  rompu  de  la  Gréce^  ibid. 

a3 1 .  Polythéistes  orthodoxes  CritolaQs,  4 • 

qui  voulaient  qu'on  brûlât  Cromvvell,  46,  5o.  Son  caraç- 

ses  livres,  359.  Gouverneur  tire^  336. 

de  provinces,    orateur,  e»  CyW/e (prêtres de),  ia6. 


D. 


Diodote,  10.  ouvrages,  laS.  Son  livre  sur 

Diogène,  4,  ^6.  l'industrie  et  la  morale  dans 

Doaone  (prêtres  de),  1 09.  leurs  rapports  avec  la  liberté, 

Pogmes   politiques,    mis    en  i3o.    Son  opinion   que  les 

avant  durant  la  révolution,  vices  des  gouvenvmens  pro- 

454.  viennent  des  nations,   i3o. 

Domitien,  a4.  Adopte  le  système  de  Ben- 

Druides,  11  a.  tham,   i48.  Est  partisan  de 

Dumont  (M.)  de  Genève,  colla-  la  distinction  des  races,  ibid. 

borateur   et   traducteur   de  Réfute   très  bien  Rousseau 

Bentham,  i46.  et    Mablj    sur   l'éUt   sau- 

Dunoyer  (M.),  auteur  du  Cen-  vage ,    i5a. 

sçur  européen ,   et  d'autres 


(476) 


£ 


''   '    «lion,  340.         chose  que  la  suprématie  àa 
nt  bui  sur        iddes  sur  les  sensatïcnis,  îgê. 
.  Llililé  de    Êpkare,  3,  ig. 
«Joe,  î5o.       Ese/^e.  Sa  trilogie  de  PiWBë- 
f>>7«r   rrrtrcï  <k  randaniej,         ihde,  n6o.  CombatUDl  1 S*- 

~;i:^  :L4.  lamine,  46q- 

£j»jeiHM,I.«^ngTificesfatt-    EKlavage,  g5. 
*■■  ■!    I   II  PiimIim  uiiiiim      Etpagne,  80,  i38. 
h.  »4a.  Étrusquet,  a. 

Elrmologits.  Leurs    ÏDcoit**- 

niçnJ,.35. 
Evhémèrr,  3. 


A  duré  prés  de    Fescenaint  (tmi),  ' 
3.  FétichisnK,  iia,  la 

D,  eropereur,  ajB.    Fdj:   (caractère  de  H  ),  Sîi. 


$•  \cnenliaD  pour  les  pré- 
Irrs.  3 1  g.  Sfs  parjures  en- 
ïTT*  s«  (i«jples.  5ao. 
Fer-oJiJ  ,M,',  auteur  de  l'Es- 
pnt  de  rUisloiie  et  de  la 
Théorie  des  RéTolulious , 
4t>i.  Admire  la  stabîlit 


Tous  les  amis  de  la  Liberli 

sortent  de  sou  école,  3ag. 
François  I",  faisant  bnUer  kf 

hërcLiques  k  petit  feu,  loi. 

Fausseté   de   u    rëpulatii» 
U3 ,         qu'on  lui  a  faite,  ^a. 
des    FndÉric-GuiUaume ,    roi   de 

Prusse,  81. 


C^re,  persécuteur  des  chré- 
tiens ,  et  les  ioTilaut  àprier 
leur  dieu  pour  lui,  3^6. 

ti^i'ftr.  Ses  découvertes  ,  un 
wi>jea  de  perfectibilité  pour 
l'espèce  humaine,  4°'- 


jiumr  de  Caleb- 
Wilh^ms  .  de  Saint-Léon,  de 
flnquirer  .  et  de  la  Justice 
—'^V"--  l'iEMgèrefe» 
Tsde  Locke,  3l3.  Sa 


métaphyMcroe  U 


«  (àasse  et  con- 
a  mor^e  déféc- 
1 1 4-  Sa  partie  poli- 
tique seule  importante,  aiS. 
Qu'il  B  tort  de  dire  que  le 
gouvernement  est  un  mal , 
ibid.  Son  mérite,  une  grande 
sagacité  et  un  amour  pas- 
sionné de  la  Térité,  aao.  Est 
^rand  ennemi   des   rérolu- 


(477  ) 


O^fëthâj  le  premier  poète  de 

rAllemagne,  a6o. 
Gretts,  3y  io8,  it5« 
Grecs  modernes»  iSq. 
Grey  (lord) ,  43. 
Cruerre  de  trente  ans,  une  des 

époques  les  plus  remarqua- 


bles de  l'histoire  moderne , 
a55.  IntéresisaDte  par  l'es^ 
prit  militaire  qui  la  carac- 
térise ,  257.  Sujet  de  beau- 
coup d'ouvragt»  allemands, 
tant  historiaues  que  drama- 
tiques ,  ibia. 


H 


ATolù'.  Le  gouvernement  de 
cette  fie  prouve  la  perfecti- 
bilité de  ta  racç  négr^,  149" 
i5o< 

Hébreux*  Le  seul  peuple  qui 
eût  conservé  une  conviction 
religieuse,  lors  de  la  chute 
du  polythéisme ,  368. 

Hehétius,  distingiiA  entre  Té* 
ducation  proprement  dite.qlt 
'  celle  du  monae,  24 1< 

HiéropoUsj  112. 

^o/i^/i£f(1ord),  43. 

Homère,  son  polythéisme,  108, 
lio,  118. 


Horace j  19»  2^9^  La  liamceel 
l'obscénité  de  quelques-unes 
de  ses  poésies  nç  tiennent 
point  à  la  grossièreté  de  son 
siècle,  qui  était  aa  contraire 
parvenu  à  un  haut  degré  de 
raffinement ,  23 1 .  Ami  de  la 
liberté  dans  sa  jeunesse,  223. 
Ne  se  ré$ign^  qu'avec  regret 
à  être  le  flatteur  d'Auguste , 
et  cherche  toujours  la  retraité 
235.  Vante  les.grauds  .hom- 
mes ennemis  de  la  tyrannie, 
ibid, 

Huss  {Jean)»  Son  supplice,  255. 


I 


Ilotes,  y ojez  Sparte. 

inde,  112, 

/iMlWtm.  Son  origine,  98.  Sa 
progresnon ,  99.  La  supério- 
rité qu'elle  acquiert  sur  la 


propriété  foncière ,  99^  100. 
Italie.  Union  de  la  superstition 
et  de  l'incrédulité  Wï%  cette 
contrée ,  io3. 


Jacques  P',  roi  d'Angleterre, 

Jacques  II,  roi  d'Angleterre. 
Son  obstination  et  sa  bigo- 
terie, causes  de  sa  perte,  34 1 . 

Jongleurs,  112. 

JuiUet  (le  i4) ,  75. 

Julie,  55. 

Jutius  (Cassius) ,  24- 


JwfénàL  Incrédulité  univer- 
seUe  attestée  par  ce  poète, 
125. —  Ses  défauts  littéraires 
tiennent  À.son  indignation 
coQtre  la  corruption,  effet  de 
l'esclavage,  2^*  Ses  vers 
sur  les  Ombrites  et  les  Ten- 
tyrites,  383. 


(47») 


Klephtes.  kur  barbwie,  iS^. 


Kottebue.  Son  G«MbvE  Via. 
376.    - 


lM:édémoniens.tiàacatàoiithez    Louis  XIF",  go,  ^.  SoabUt. 
'  M3  guerres   cl  ses  pa^écu- 

tioas  prëparérent  la  rérolo- 
tion  fj-aoftiise,  igS.  Sa  ww- 
CBtioQ  de  l'cdit  de  TJnile, 
aoi.Pers^cutcAraaud,  Pu- 
cal,  FëDëlon,  Racine,  aoj, 
3a6.  Ses  atrocités  comIk  Ibi 
proleslam,  4^-  ^^  ^^ 
gie  du  despotisiov,  4^ 
Louis  Xyi.  86. 
LmUXFIIh  66. 


La  harpe.  Ce  an'il  dit  des 
loups  marins,  M4- 

ta  Menruâs  (l'abÛde),  i5B. 

£<u  Cases.  Ses  Mémoires,  84' 

Lalude.  Ses  malheurs  ignorés 
iusqu'i  sa  sortie  de  la  Bas- 
tille, 458. 

£^n  X,  io5. 

■  Lélius,  7.  Protecteur  de  Të- 
pe,23i. 


■rlslh 


Lapide, 

Littérature.  Ses  rapports  avec  Lucile.  Poète  s^riqw  «n»' 

la  liberté,  3:i5.  le  siècle  d'Auguste,  aja. 

iocAe,    eiagère     le    principe  ZMerèce.lt,  i5.  Mttrt  ««Hfc 


n'ait 


d'Arislote,  qu'il   n'y  a 

dans  l'intelligf 

ëté  dans  les  sens,  3i3. 
Louis  XI,io\. 
Louis  Xin.  Domestidlë  de  la 

noblesse    «ommcnfant  sous 

«on  régiM,  3o€. 


régne  d'Auguste,  339-  Q>*l' 
que  rudesse  dans  son  stjlti 


Luther,  io5.  Sa  secte  reiM*« 
cfiUe  de  J«u  Htt»,  >!>»■ 


Mably  (l'abhë  de).  Ses  absoi^    Miguel  (don) 

dit^  sur  l'eut  sauvage,  iSï.     "     -         ' 
lUaistre  (M.  De) ,  i58. 
Mansjieid,  cëljbre  coiuhttieri, 

258,399. 
Marchangjr,  i35. 
MassilUif,   336. 

flWn  ^1«  cardinal).  Iiemé- 
ris  (|ii'inspira  sa  diiplidlé. 


Montes^ideu.  Ses  preuv»  » 
faveur  de  la  GyrenaJiiq'». 
343.  Son  opinion  sur  te»* 
narchies  modérdes ,  jâi. 
Montîosier,  i53,  »3S' 
Jtfoïie.  Distinction  à  ftir*  «'^ 
sa  doctrine  et  celle  duJKO' 
doce  juif,  r 


la: 


oignées  de    Mummius,  9. 
nfraofaise,  igS.    Musonius,  34- 


> 


(  479  ) 


N 


Manies  (révocation  d«  Tëdît 
de),  •SOI. 

y^éarquej  lo. 

Decker  (M.)  Attachement  pas- 
sionne de  sa  iiUe  pour  lui , 
170.  Vertus  de  M.  riecker  et 
-vâiération  qu'il  in^iratl  à 
ceux  qui  leconnaiwaifn^KQi» 


Héron,  ai,  ^* 

NêwU>n.  Ses  dëoouvenes  sont 
un  pas  dans  la  peTl^Aibilitë 
de  Pespéce  humaine,  4ox* 

NU.  Sacrifice  d'une  vierge  dans, 
ce  fleuve,  it^. 

Noblesse,  96. 

Numa,  2. 


€>ctave  {Auguste)^  16, 
Odyssée,  2. 
Omar,  io3. 
Orléans  {àxxcd*),  85. 
Ovide,  Exile  par  Auguste,ao9, 

aag.  Très  inférieur  k  Horace 

et  à  Virgile,  aSa. 


Oxenstiem  ,,  chancelier  de 
Suède,  372.  Son  influence  sur 
l'Allemagne,  317. 

Oar^rm^ue^habitansd').  Leurs 
guerres  pour  des  animaux 
sacres,  contre  les  habitans  de 
Gynopolis,  383» 


Parlement  anglais^  ifi* 

Paterculus  {Felléms).  Flatteur 
de  Sdjan ,  loue  Qicéron,  938. 

P€uil  (  saint  )  ,  dit  que  Dieu 
proportionneses  instmetions 
à  l'état  de  l'homme,  386. 

Payst^Bas  (prince  des) ,  85. 

Perfectibilité  de  l'espèce  ihu- 
maine,  387.  Son  germe  est 
dans  la  puissance  du  sacri- 
fioe,  598.  N'est  autre  chose 

Î[ue  la  tendance  vers  Téga- 
ild ,  4^7. 

Périclês,  108.  Homme  d'ëtal, 
orateur  et  général ,  469. 

Perte,  lag.  Corporations  sa- 
cerdotales qui,  en  Perse,  prê- 
taient leur  appui  au  despo- 
tisme ,  id.  Combien  nous 
connaissons  peu  lès  Perses , 
a43. 

fyrse,  poète  romain.  Son  amer- 


tume er  ton  ohscfuritë,  cau- 
pëes  par  la  compression  de  la 
tyrannie,  a38. 
Pmlippe'lê^Bet,  Taisant  briUer 

les  Templiers,  aoi. 
Philosophie,  i. 
Pindare,  118. 

Pitt  (caractère  de  M.) ,  SaS» 
Son  opinion  sur  la  liste  ci- 
vile, 527.  Machiavélisme  de 
mn  écble  et  de  ses  imitateurs, 
329. 
Platon^  16. 

Piaute,  séparé  de  Térencp  par 
un  intervalle  de  28  ans,  a  ,3 1  • 
Pline  le  Jeune  ^le  dernier  écri-x 
vain  distingue  de  Rome,  239. 
PluUtrque,  xo.  Nous  a  transmis 
les  raisonnemens  des  défen- 
seurs orthodoxes   du  poly- 
théisme, 358. 
Polythéisme  y  io8  ,   121.    Ses- 


(  4âo  ) 

perfectkmnemeiis,   lai.  Sa  yelléité  de  ae  OQOSlitiKr  i» 

chute,  122.  Grossier  dans  Es-  pires,  i6i. 

chyle ,  parvenu  au  plus  haut  Propriété  {Jbncièré).  Ses  np- 

point  de  perfection  daiu.S<v  ports  avec  l'iiidastrie,  99, 

phocle,   dédinant  dë|À  du  100.  Nécessité  de  sa  divisos, 

jemp^cV£4iripidey354»  Deux  ^16.  Qu'elle  est  av^onidlis! 

systèmes  de  ses  partisans  lors  à;  un  rmg  secondaire,  2s< 

dcsadéf»dence,3Sb.Gta!l8es  desstras  de  la  propriété» 

qui  rendaient  set  chute  iné-  dustrielle,  4^i. 

vitable,  36a.   .      ,  ProtestunUsme.  Ct<^^û^ 

Posidonius,  10.  isespu'tisfl'BS*  companicf 

Pn^(eii/Âoi»d'unenouvellesecte  que  le  catholicisme  dit  aa 

qui  s'opposeau  libre  examen,  siens,  to6* 

iSj.Cettesecteplusprësomp-  Pm^^e^  81.  Lois  récentes <ieb 

tueuse  que  ceux  qui  combat*  Prusse ,    favorisant  k  an 

tent  cette  liberté  au  nom  des  sion  des  propriétés ,  4^' 

révélations,  i58.  Ses  adeptes  Pythagore,  a,  i4t  i5, 27. 

ont  depuis  quelque  temps  la  Pyrrhon^^  i4* 


QuintiUen,  aSS. 

R 

Sacine,  ne  nous  apprend  de  BévoluthnJrançaise((OMûâàt 

Phèdre  que  son  amour  pour  rations  sur  laj,  par  M"*  ^ 

Hippolyte;    d'Oreste,    que  Staël,   189. 

son  amour  pour  Hermiime,  Richelieu    '(le  cardioti  àe';^ 

268.  Inconvénient  de  la  né-  INine  des  causes  de  la  révolu- 

cessité  des  rà;its,  prouvé  par  tion  française,  igS,  201. 

celui  âe  Théramènf!)  a85.  Romains,  i'.  Leur  culte ,  etras- 

RtFjrnal  (l'abbé).  Ses  ,déclama-  que  d'abord,  devint  grec  co- 
tions sur  l'état  sauvage,  x5a.  suite,  119. 

Religieuses  (idées).  De  leur  dé-  Rousteau  (/.-7.).  Ses  e^S^ 

veloppement  progressif,  93.  tiens  sur  l'état  sauvage,  i5a. 

Religion.  Qu'elle  suit  une  mar-  Sa  philosophie,  Ymi^^ 

che  régulière  et  progressive,  d'un  état  maladif  oe  b  so- 

100.                          .   .  ciété,  i55. 

Restauration.  Ce  au'elle  aurait  Russie,  80,  i38. 
dû  faire,  ce  qu  elle  n'a  pas 
fait,  86, 9a. 


^mdoce  grec.  Sa  lutte  contre        de  la  liberté,  a3o.  Son  ^j}f 
Vi^ilosophie,  110.  mêlé  d'expressions  grossie 

déserteur  de  la  causa        res  ,  a3i. 


J 


(4«t  ) 

9aitH  publie  ^comité  de) ,  53.  mettre  les  philosophes  â  Vkvf- 

S!au<^a^ rëtatjstationnaire,  93.  toritiS,  a53. 

Saace  (roi  de),  81.  Spafield,  ^i. 

Schiller,  auteur  de  Wallstein ,  Sparte  Hlotes  de),  97. 

aôo.  Sa  Jeanne-d'Arc,  a^S.  Stabilité.     SingaHor   enthoit- 
Sa  Fiancée  de  Messine,  278.  siasme  de  quelques  hommes 
Son  Gnillauroe-Tell,  a8o.  pour  la  stobilitë ,  indëpen^ 
Schiven,  Haine  de  ses  adora-  damment  des  individus^  des  ^ 
teurs  contre  ceux  de  Wicb-  dynasties  ,  des  rois  et  des 
non,  383.  peuples ,  ^Gà. 
Sciences  (leur  marche  progrès-  Staël  (madame  de).  Son  carae- 
sive),  97.  tére,  x63.  Sa  générosité  pour 
Scipion,  7.  Protecteur  de  Té-  les  vaincus  de  tous  les  par- 
rence ,  a3 1 .  tis,  1 65.  Ingratitude  de  plu- 
Sénèque,  aa.  Son  stoïcisme  et  sieurs  de  ceux  qu'elle  a  sau- 
son  courage  Urdif,  24*  ^^y  <^-  Services  qu'elle  a 
Sévigné,  63.  rendus  à  M.  de  Talleyrand, 
ShoKespear*  Diflfiîrence  de  son  168.  Sa  notice  sur  la  vie  de 
Richard   HI  et    du   Polj-  son  père,  171.  Son  roman  de 
phontedeMérope,!27 1 .  Scène  Corinne ,  1 73.  Morceau  élo- 
des  assassins  de  Banco,  dans  quent  dans  son  ouvrage  sur 
Macbeth  j  comparée  à  celle  la  littérature,  187.  Ses  cou- 
des assassins  de  Wallstein  ^  sidérations  sur  la  révolution 
dans  Schiller,  s85«  française,  189.  Ses  dix  an- 
Shastabade  recommande  Tin-  nées  d'exil,  2107.  Persécution 
tolérance  et  la  violation  de  barbare  de  Bonaparte  contre 
tous  les  devoirs  envers  les  dlé,  ao8.  Son  amour  pdur 
infidèles,  384.  la  France ,  209.  Préfère  l'a- 
Sismondi  a    distingué    avant  ristocratie  au  gouvernement 
M.  Dunoyer  la  liberté  pro-  d'un  seul,  198.  Son  adimira- 
pre  aux  anciens,  de  celle  qui  tion  pour  la  constitution  an- 
cou  vient  aux  modernes,  i56«  glaise,  190. 
•$>itiltA(^4&(in),  sur  l'éducation.  Stoïcisme^  Philosophie  domi- 
24^-  nante  à  Rome,  2a.  Tous  les 
Socrate,  iick  Instruisant  la  ieu-  grands  écrivains  s'y   réfu- 
nesse,  combattant  à  Poliaée,  gient  sous  les  empereuJcs,  338. 
plaidant  la  cause  des  accu-  Suétone»  La  haine  des  tyrans 
ses ,  469.  l'élève  au-dessus  de  sa  mé- 
Sophocle  j  auteur  tragique  et  diocnlé  naturelle ,  a38. 

archonte,  4^*  Superstition.  Combien  natu- 

Sophocle  ,  démagogue ,    con-  relie  k  l'homme,  264^ 

damné  pouravoir  voulu  sou-  Sylla,  10. 


Tables  (livre  des  douze)^  5.  beautés  mêmes  l'état  d'irriU- 

Tacite.  On  aperçoit  dans  ses        tion  dans  lequel  Ita  servitude 


(41b) 


MinMMMiarh 

Poof^ttPt  TMilcvra  dâ'rac- 

eoMptfgiHsr  de  aotes  ' 

f{t\wtk^  373. 
TMfyriUê»  Lears  gnemi 

trf!  let  Ombritcs,  3tô. 
Tér^nce,  Mort  ua  «iéck  d  d»* 

mi  avaot  Gter,  aSo. 
Ttrrtur.  Nom  loui  lequel  on    I^iti  ^ 

d<M|{oe  le  régime   révolu-       lene, 

tloanâir»9  345.  Tne^ac  1a  Btteainir  ^ 

ThéiU,  fille  de  Wallsiein.  Eik      tm  nuiaM  awin^  a 

tliouaMMne  que  ce  perwm-    Tribum^,  4p^  Sa.  jj. 

itege  de  la  Ingédie  de  Schil-    Tulm  {Jfà^dkÊg- ,  S 

ier  evdie  ca  AUmnagoe  ,    l\trcs.  JLciv  gwtiiii    sr 

eKî.  Son  carectére  comparé      dhe  et  aiaiîaBaMSi;  ^li*.  - 


,  pertonnage  de  la  dans  la 

Imgfidie  d'Attila,  deWemer,  K'on  ma  uiim  iir  Car 

^Kftt.  l36.  Soviffre  de  h  (v*^ 

fWmM»  i5, 16.  Noutn'aTons  en  s'y  souMeHaat  if 
«fite  qtirk|iMe  Aragmens  de    Foliaire»  Sa  phSai^  '* 

•ee  ouvmgv'S,  aSo.  note  un  état  wê^M  p 

^iimAan.  Son  mot,  que  ai  Gësar  société,   i  tS.  Sa  p^ 

■«▼enait  sur  la  terre,  il  serait  dans  le  poëme  de  s  Gv" 

en  quinte  jouri ,  au  aiyeau  de  Génère,  a5i.Kep«f' 

dM  capitaines  les  plus  ha-  la  passion  dans  ia^'' 

U^'JZSa^Kri^'^  '*"*"'  ^»°«  Alzire;latjnaii»«^ 

la  perfectibilité,  4oa.  Polyphonte ,  »«  "»  ^ 

;^^fe ,  bum  que  «atleur  du  caràctértse  hnëvàm^ 

tyran,  évite  la  cour  et  vit  ayi, 

W 

'  '^i^i^'?^  ^"^  ^5  Fnedland ,  tJne  trilogie,  260. Le»^? 

géhdralissime  de  l'empire  ,  de  Wallstein  prtmiàf  P^; 

258.  Son  indépendance,  ib.  tie  de  cctle  trAope,  i^ 

Sa  superstiuon,  264.  Sa  vie,  Les  Piccolomini.lîsecoi-k 

»w?l  •    ^^j-  ji  a^..  A*mortdeWaltoin,l»ej' 

f^<t(fetem,tragédiedcSchUler>  sième,  ibid.  TAha  0^ 


(485) 

camp  d6  Wallfl-  de  Luther,  aSa.  Sa  tragédie 

tein,  261.  Plusieurs  imita-  d'Attila,  aSs. 

fions     ou    traductions    de  WestpIiàUe  (traité  de)^  956. 

A^allstein,  a63.  La  mienne,  W^rmar  (Bernard  dé)  ,  gêné- 

ibid,  rai  prolestant  dans  la  guerre 

f^ashington,  2o5.  de  trente  ans,  a58.  Sa  vie , 

f^ellifiglon  (duc  de\  4^,  laS.  3oi. 

"Verner,  auteur  de  la  tragédie  JFichnou,  Voyez  Sckiven. 


Zend  (  livres  ).  Permettent  la  Zénon^  23,  a4«  Puissance  au*il 
cruauté  et  le  parjure  envers  attribue  k  l'homme  sur  tui- 
les sectateurs  de  toute  autre  même,  SgG. 
4;royance,  384. 


Flir  DX  LA  TABLE.