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DESCRIPTION
DE QUELQUES
POISSONS FOSSILES
DU MOIVT LIBAN
m
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F.-J. PICTET
l'HOfESSKlR U ZOULOGÏfc ET ir\\AT(MH|i OUll'AKÉK
à r W'a(lt':nif' il" ili'ui'ïp.
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GENEVE
IMPRIMERIE DE JULES-GUILLAUME FICK
BIE DES nELLES-FIllHS, 40.
1850
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f ibrarjï aï tljc Puscum
OF
COMPARATIVE ZOOLOGY,
AT DARVARD COllEGE, CAMBRIECE, ÎIASS.
jyounlicli bn prrbnte sMl)sctf})tfon, fn 1861.
Deposited by Alex. Agassiz
fromthe Libraxy of LOUIS AGASSIZ.
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DE
QUELQUES POISSONS FOSSILES
DU MONT LIBAN.
DESCRIPTION
DE QUELQUES
POISSONS FOSSILES
DU MONT LIBAN
F.-J. PICTET
l'ROfESSCrR DE ZOOLOGIE ET D'AXATOIIIE COMPARÉE
3 l'Acaddoic de Geuhr.
GENEVE
IMPRIMERIE DE JULES-GUILLAUME FICK
RIE DES BELLES-FILLES, 40.
1850.
Les poissons qui font l'objet de ce mémoire, ont été en-
voyés an Musée de Genève par les soins de 31. Edmond Bois-
sier, auquel nous sommes heureux de pouvoir témoigner
publiquement toute notre reconnaissance. Ils proviennent du
Mont Liban et ont été recueillis dans les deux localités déjà
signalées par divers auteurs.
Cet envoi ne se liant avec aucune recherche nouvelle sur
la géologie de cette contrée, je n'ai rien à ajouter sur les
gisements de ces poissons. Je dois seulement insister sur la
nécessité de bien distinguer les deux localités dont il s'agit,
car elles renferment chacune leurs espèces propres, et je n'en
connais aucune qui leur soit commune.
Dans l'une de ces localités, les poissons sont contenus dans
un calcaire argileux tendre. D'après l'ouvrage de M. Heckel ',
consacré à la description des poissons de la Syrie, ce gise-
ment se trouve près du couvent de Sach el Aahna. C'est celui
qui a été décrit par M. Botta, à la page 147 de son mémoire ,
sur le Liban et l'Antiliban.
1 Heckel, Abbililungcn uiid Beschreibungen der Fisclie Syiiens. SluUgart
1845, 8° et planches folio.
2 Mémoires de la Société géologique de France. Tome I, page 155.
6 POISSONS FOSSILES
L'autre provenance, qui, d'après les mêmes auteurs, est
voisine du village de I/aheJ^ fournit des couches calcaires si-
liceuses, dures. Elle a été décrite à la page loi du mémoire
de M. lîotta.
Los poissons du Mont Liban sont peu connus, soit parce
rpie peu de collections en renferment des séries suffisantes,
soit parce qu'ils sont en général mal conservés et par consé-
quent difficiles à étudier. Pour beaucoup d'échantillons même
cette difficulté est de nature à décourager tout à fait. Après de
nombreuses recherches et des travaux prolongés, j'ai mis de
coté plusieurs espèces qui sont certainement nouvelles, mais
que je n'ai pu étudier que sur des échantillons trop incomplets
pour pouvoir préciser leurs affinités réelles. On verra même
que pour quelques-unes de celles que je décris ici, il reste
des doutes. Pour plusieurs, au contraire, j'espère être arrivé à
des résultats incontestables.
M. Agassiz, dans son bel ouvrage sur les poissons fossiles,
a fait connaître huit espèces du Mont Liban, dont deux très-
incomplètement. Quatre d'entr'elles manquent tout à fait à nos
collections^ j'ai figuré de nouveau les quatre autres, pour
ajouter quelques détails à ceux qui étaient connus. En 184d,
sir Philippe Grey Egerton, a décrit et figuré sous le nom de
Cyclobotls oU(jO(hictylus^ un poisson du Liban, appartenant
au groupe des Pxaies^ nous possédons également cette espèce
remarquable. M. lleckel ' vient de publier (1S49) dans l'ou-
vrage précité, cinq espèces nouvelles dont je n'ai pu trouver
(pi'une seule. Ainsi donc, en totalité, on connaît aujourd'hui
1 Le lili'fi porlc :i lorl l;i dali' de 1843 , ('poquc à laqiR'lle oui p;ini 1rs
prc'inirics ft'uillcs qui sonl ri;l;\UVTS aux poissons iVc-.ui douce.
DU MONT LIBAN. 7
quatorze esj)èces de poissons du Lihaii. Le mémoire que je
publie en ajoulc vingt nouvelles et porte ainsi ce nombre
à trente-quatre. J'ai été conduit h établir quatre genres nou-
veaux.
Les auteurs ne sont pas d'accord sur l'âge géologique des
couelies à poissons du Liban. M. Agassiz hésite entre les
terrains jurassiques et les terrains crétacés, M. Heckel entre
les terrains crétacés récents et les terrains tertiaires.
11 me semble qu'on ne peut guère les attribuer à l'époque
tertiaire. Le grand nombre des formes perdues et la différence
très-grande qui existe entre ce que nous connaissons de la
faune du Liban et les poissons des mers actuelles, me portent
à croire ces dépôts plus anciens. D'un autre côté, l'absence
de poissons ganoïdes proprement dits, semble indiquer qu'ils
sont postérieurs à l'époque jurassique. Ils appartiendraient
ainsi aux terrains crétacés, et cette opinion, déjà admise par
M. Botta, se trouve confirmée par la présence des Beryx et
surtout par celle du genre remarquable des Dercelis que l'on
n'a encore trouvé que dans la craie blanche.
Ces considérations s'appliquent a peu près égalenient aux
deux gisements, car la proportion des formes éteintes y est
sensiblement égale. C'est aux recherches de géologie stratigra-
phique qu'il appartient de décider lequel des deux est le plus
ancien. M. Botta, dans le mémoire précité, considère les cal-
caires tendres de Sach el Aalma comme inférieurs au gise-
ment de Hakel. Dans tous les cas je ne pense pas qu'ils puis-
sent être très-éloignés l'un de l'autre dans la série géologique.
POISSONS FOSSILES
1^ Série: TELEOSTEÏ.
1" OimuE: CTÉXOIDES.
Famille des PERCOÏDES.
Genre BERYX , Cuvier.
Ciivier a formé le genre Beryx, pour des poissons qui joi-
gnent aux caractères communs à tous les Percoïdes, ceux
d'avoir huit rayons branclùostègues, un nombre considérable
de rayons mous aux ventrales, et une dorsale unique dont les
rayons épineux ne sont remarquables ni par leur longueur,
ni par leur épaisseur.
Ce genre renferme quelques poissons de la mer des Indes,
et cinq espèces de la craie.
Beryx vexillifer. Pictet.
(PI. 1, fig- 1.)
Dimensions.
Longueur lolale 7o mil.
/(/. de la lèlc par rapport au corps ^ 0,58 »
1 Toutes les mesures proportionnelles, sauf dans quelques cas indiqués, ont
été prises par rapport à la longueur du corps, mesurée depuis l'extrémité de la
mâchoire jusqu'il l'origine de la queue. Lu longueur loiale comprend ce dernier
organe.
DU MONl I.IUAN. 9
H:iulour du corps par nippon a sa longueur 0,40 nul.
Longueur île la dorsale par rapport à la longueur du corps 0,31 •
Hauteur de la dorsale » 0,44 »
Longueur de la caudale » 0,o() »
/,/. de l'anale ' 0.2o .
Ce poisson présente d'une manière évidente une partie des
caractères du genre auquel je lai rapporté. Ses rayons bran-
chiostègues dépassent le nombre de sept. Ses ventrales sont
formées de rayons très-nombreux, mais trop serrés pour être
comptés exactement^ sa dorsale est unique, ses rayons épi-
neux croissent uniformément. Les os de la tête sont trop mal
conservés pour pouvoir fournir des caractères précis, mais on
y distingue encore quelques crêtes saillantes. Les écailles sont
terminées par des pointes aigiles et, avant le bord, on remar-
que une zone parallèle de dentelures plus petites.
Cette espèce me paraît donc évidemment devoir être
rangée dans le genre des Beryx, ou du moins devoir être asso-
ciée aux trois espèces qu'y place M. Agassiz, dans le cas où
leur analogie avec les espèces vivantes pourrait être con-
testée.
Description. Le corps de ce poisson est en forme d'ovale
allongé ;, sa bauteur est comprise deux fois et demie dans sa lon-
gueur (sans la queue).
La colonne épinière se compose de vertèbres courtes, dont
quatorze à quinze abdominales et quinze caudales. Les côtes
sont grêles-, les apopbyses épineuses sont plus fortes, dirigées
en avant dans les deux ou trois premières vertèbres, et en
arrière dans les autres;, les inférieures sont plus fortes à leur
base que les supérieures.
La tête est comprise deux fois et trois quarts dans la lon-
2
jO POISSONS FOSSILES
giieur du poisson (sans la queue). La mâchoire supérieure est
incomplète, l'inférieure ne présente rien de remarquable, les
dents ne sont pas visibles.
La nageoire doi^sale est assez allongée^ elle commence au
niveau de la troisième ou de la quatrième vertèbre, et est com-
posée d'environ sept rayons épineux et d'au moins seize mous.
L'anale est fortifiée en avant par deux ou trois rayons épineux
médiocres, elle commence un peu en arrière du milieu de la
dorsale et est composée d'environ dix-sept rayons mous. La
caudale, imparfaitement conservée, parait avoir été fourchue
et présente à sa base quelques épines courtes et aigiies.
Les écailles ne sont pas conservées, mais elles ont laissé une
impression assez nette sur la pierre. Elles sont grandes^ on
en compte environ dix rangées longitudinales et vingt-huit à
trente sur la ligne médiane; elles sont arrondies, terminées
par des pointes aigiies et en dedans du bord on voit sur plu-
sieurs d'entre elles un cercle d'impressions dues à des pointes
semblables, mais un peu plus petites.
Rapports et différences. Cette espèce se distingue facile-
ment de toutes celles qui ont été décrites par M. Agassiz. C'est
avec le Beryx germanus qu'elle paraît avoir le plus de rapports
sauf en ce qui concerne les écailles qui, dans notre espèce, sont
intermédiaires entre celles du B. ornatus et celles des B. ra-
dians et rnicrocephalus. La dorsale est plus haute que dans
aucune espèce connue, car la longueur de son plus grand
rayon atteint la hauteur du corps.
Ce poisson a été trouvé dans les calcaires durs de Hakel.
DU MONT LIBAN. 11
Famille des SPAROÎDES.
Genre PAGELLUS, Cuvier.
Le genre Pagellus, établi par Cuvier, comprend lesSparoides
dont les dents antérieures sont en cardes et non sous la forme de
forts crochets, et dont les molaires arrondies, disposées tantôt
sur une, tantôt sur plusieurs rangées, sont plus petites que
dans les genres voisins. L'état de consei'vation de nos échan-
tillons ne permet pas de constater ces caractères essentiels,
mais l'étude du squelette parait montrer qu'ils appartiennent
à ce genre ou au moins à un groupe très-voisin des Pagels
vivants.
Pagellus Libanicus. Agass.
(PI. 1 , tig. 2 et 3.)
Dimensions.
Longueur lolale 100 mil.
Hauteur du corps par rapport à sa longueur O.SO ^
Longueur de la dorsale > 0,55 >
Id. du plus grand rayon épineux > 0, 16 »
Id. du plus grand rayon mou » 0,20 »
Id. de la caudale • 0,42 •
Description. La forme de ce poisson est un ovale assez
régulier, la hauteur étant contenue à peu près deux fois dans
la longueur totale (sans la queue).
La colonne épinière est forte, presque droite, légèrement
courbée en dessous. Elle est composée de vingt-quatre verte-
12 POISSONS FOSSILES
bres, dont dix abdominales et quatorze caudales. Les abdomi-
nales sont munies de fortes apopbysestransverscs qui portent
des côtes très-grêles, munies à leur base d'apopbyses également
grêles. Les apopbyses épineuses, supérieures et inférieures,
sont plus fortes que les côtes, les trois premières dorsales sont
dirigées en avant et les autres en arrière.
La tête est trop mal conservée pour pouvoir être décrite;,
on voit seulement, par les traces de l'opercule et du préoper-
cule que ces os n'ont été ni dentelés ni épineux , et qu'ils
présentent par conséquent bien les caractères de la famille des
sparoïdes. Le profil est allongé et plutôt semblable à celui
du pagel commun qu'à celui des pagels fossiles, décrits par
M. Agassiz.
La nageoire dorsaie est longue:^ elle est soutenue en avant
par un nombre de rayons épineux que l'on ne peut pas
compter, mais qui paraît inférieur à celui des autres espèces^
les rayons mous sont plus nombreux et pins longs. L'anale
commence à peu près sous le milieu de la dorsale^ elle est
supportée en avant par quelques rayons épineux, les rayons
mous sont nombreux. La caudale est assez longue et paraît
avoir été fourchue.
Rapports et différences. La forme du squelette, le nombre
des vertèbres, la disposition des nageoires et l'absence de
dentelures aux pièces operculaires me paraissent prouver que
cette espèce appartient h la famille des sparoïdes. Je suis moins
certain qu'elle doive entrer dans le genre PageUus; jai été
conduit à la placer dans ce groupe, parce qu'une des plaques
que j'ai pu observer, contient dans la région buccale, mais sé-
parées des os, quelques dents en pavé, trop petites pour ap-
j)artenir au genre des spares ou à celui des dorades.
DU MONT LIBAN. 13
J'avais d'abord pensé que cette espèce était peut-être le
P. leplosteus de M. Agassiz, indiqué comme se trouvant pro-
bablement au Liban et qui n'a point encore été figuré. La
plupart des détails de structui'e s'accordent assez bien, mais le
squelette de notre espèce pai-aît moins grêle, et surtout la
structure de la dorsale est fort difféi^ente, car dans le P. lep-
losteus les rayons durs sont plus longs que les rayons mous,
tandis que dans notre espèce, ces derniers dépassent beau-
coup les premiers. La forme du profil empêche aussi de les
confondi'e.
Cette espèce provient des calcaires tendres de Sach el Aalma.
Famille des CHROMIDES.
Genre PYCNOSTERINX, Heckel.
Le genre Pycnosterinx vient d'être établi par M. Heckel,
pour des poissons du Liban, dont les caractères rappellent à
la fois ceux des Chromides et ceux des Chétodontes. L'ensemble
de leur organisation a engagé M. Heckel à les rapprocher plutôt
de la première de ces familles.
Caractères. Bouche médiocrement fendue, les deux mâ-
choires armées de petites dents très-fines. Corps en général
comprimé, élevé. Opercule arrondi. Nageoire dorsale simple,
longue, naissant à peu près du milieu du dos, soutenue en
avant par un petit nombre de rayons épineux (cinq à six)^
nageoire anale longue, à peu près semblable à la dorsale^
i'i POISSONS FOSSILES
ventrales thoraciques, formées d'un fort rayon épineux et de
cinq mous; queue fourchue. Ecailles arrondies, tranchantes et
dentées sur leurs hords, diminuant de grosseur en approchant
des nageoires verticales dont elles recouvrent une partie.
Vertèbies solides; côtes courtes, portées sur de longues apo-
physes transverses.
Les caractères ci-dessus sont ceux que j'ai pu observer dans
nos échantillons. M. Heckel en indique quelques autres que
l'état de conservation de nos poissons ne m'a pas permis de
vérifier.
Il résulte de leur comparaison : 1° que les Pycnosterinx
forment un genre nouveau ; % qvie par leur forme comprimée
et par les écailles qui recouvrent leurs nageoires ils ont des rap-
ports avec les chétodontes; 3o que par leur dentition, la forme
de leur squelette et la disposition de leurs nageoires, ils se
rapprochent de la famille des Chromides, telle qu'elle a été
limitée par 31. Heckel dans les Annalen des Fiener Muséums^
tome II, p. 350 et 440.
M. Heckel a décrit deux espèces de Pycnosterinx du Mont
Liban, les P. Russegerii et discoïdes. Je n'ai trouvé que la
dernière, mais j'ai deux nouvelles espècesà y ajouter. Elles
proviennent toutes des calcaires tendres de Sach el Aalma,
Pycinosterinx discoïdes, Heckel.
r. discoïdes, Heckel, 1849, Abbild. und Beschr. der Fische Syriens, p. 238.
Je renvoyé pour la description de cette espèce au mémoire
de M. Heckel, d'autant plus que nos échantillons sont moins
DU MONT LIBAN. 15
complets que les siens. Les caractères principaux sont : une
forme élevée, la hauteur étant comprise une fois et trois quarts
dans la longueur^ une colonne épinière composée de vingt-
huit vertèbres, dont dix abdominales et dix-huit caudales^ et
des écailles formant environ trente lignes longitudinales, et
étant au nombre de quarante à cinquante sur la ligne médiane.
Pycnosterinx HECKELii, Pictet.
(PI. 2, ng. 1 et 2.)
Dimensions.
Longueur totale 9o mil .
Ici. de la tête, par rapport au corps 0,48 »
Hauteur du corps » 0,58 »
/(/. de la dorsale » 0, 18 »
Longueur de la caudale » 0,58 »
Le premier examen que j'ai fait des deux plaques qui repré-
sentent cette espèce m'avait d'abord fait penser qu'on devrait
les réunir à la précédente, mais, elles en diffèrent par des ca-
ractères trop importants pour qu'on puisse y méconnaître
l'existence d'une espèce nouvelle.
Description. La forme de ce poisson est un ovale assez
régulier, la hauteur est comprise une fois et trois quarts dans
la longueur (sans la queue). La figure 2, en donne une idée
probablement plus exacte que la figure 1, dans laquelle il y a
eu un peu de déplacement dans la région caudale et dans la
région jugulaire.
La colonne épinière est solide, très-fortement courbée vers
l'origine de la région caudale (elle est presque droite dans le
P. discoïdes et dans les autres espèces connues);, elle est com-
16 POISSONS FOSSILES
posée de vingl-quatre ou vingt-cinq vertèbres, dont neuf ou
dix abdominales et quinze caudales. Les apophyses épineuses
sont médiocres ainsi que les côtes ^ celles-ci, surtout les pos-
térieures, sont portées par des apophyses transverses grandes
et solides.
La tête est imparfaitement conservée. Sur l'exemplaire, l'e-
présenté par la fig. 1, on voit très-bien les petites dents de la
mâchoire inférieure, qui paraît dépasser un peu la supérieure.
L'opercule est lisse et arrondi. M. Heckel indique le préoper-
cule comme dentelé, nous n'avons pas pu vérifier ce carac-
tère. L'œil est gran 1. Les rayons branchiostègues sont grêles.
La nageoire dorsale est longue, composée de cinq à six
rayons épineux, et probablement de dix-huit à vingt mous,
presque entièrement détruits sur nos échantillons^ elle com-
mence un peu en arrière du milieu du dos (queue non com-
prise). L'anale, soutenue en avant par quelques rayons
épineux médiocres, naît au niveau de la dorsale, elle est
longue mais en partie détruite. La caudale est fourchue. La
pectorale est petite, composée de rayons grêles et nombreux.
Les ventrales sont portées par l'arc scapulaire et de dimension
médiocre.
Les écailles ne sont conservées que dans peu de places, elles
sont grandes, moins dentées que dans l'espèce suivante et pres-
que seulement sinueuses sur leurs bords. Elles ont dû former
environ vingt lignes longitudinales et avoir recouvert tout le
corps, les pièces operculaires et la majeure partie de la tête.
En s'approchant des nageoires verticales elles deviennent
beaucoup plus petites et recouvrent la base des rayons.
Rapports ft différences. Cette espèce se rapproche tout à
fait par ses dimensions et sa forme du P. discoïdes^ mais elle
DU MONT LIBAN. 17
en dilï'ère, 1° par la courbure de la colonne épinière, ainsi
que j'ai pu le vérifier, soit sur les planches de M. Heckel, soit
par la comparaison d'exemplaires originaux des deux espèces^
2° par ses vertèbres caudales, au nombre de quinze au lieu de
dix-huit \ 3'' par la grandeur de ses écailles qui forment en-
viron vingt lignes longitudinales, tandis que dans le P. dis-
coïdes^ elles sont plus petites et en forment trente.
Pycngsteuiisx dorsalis, Pictet.
(P1.2,fig. 3.)
Dimensions.
Longueur totale 80 mil .
/(/. de la léte , par rapport au corps 0,Ô0 »
Hauteur du corps • 0,47 »
/(/. de la dorsale > 0,37 •
Longueur du plus grand rayon épineux de l'anale ici 0,21 »
Cette espèce n'appartient point au même groupe que les
deux précédentes, elle est beaucoup plus allongée et se rap-
proche davantage du P. Russegerii^ espèce établie par M. Hec-
kel et que je n'ai pas pu étudier en nature.
Description. La forme de ce poisson est un ovale assez ré-
gulier, la hauteur est comprise un peu plus de deux fois dans
la longtieur. Le P. Russegerii est un peu plus allongé et la
hauteur est comprise deux fois et demie dans la même dimen-
sion.
La colonne épinière est presque droite, très-légèrement
courbée en bas dans son milieu et en haut dans la région
abdominale ^ elle se compose de vingt-neuf à trente-une ver-
tèbres, dont neuf ou dix abdominales et vingt ou vingt-une
3
18 l'OISSOXS FOSSILES
caudales. Les apophyses épineuses inférieures sont les plus
fortes^ les côtes sont grêles. La tête est très-imparfaitement
conservée.
La nageoire dorsale est longue et surtout très-haute, mais
couchée sur le dos de manière à ce qu'il est impossible d'en
compter les rayons ^ les antérieurs sont épineux, assez forts,
les rayons mous sont beaucoup plus longs qu'eux, les plus
grands atteignent presque en longueur la hauteur du corps.
La nageoire anale présente aussi en avant quelques rayons
épineux, le premier est très-petit, le troisième est au contraire
plus gros que dans aucune des autres espèces^ cette nageoire
naît à peu près au niveau de la dorsale. La nageoire caudale
est médiocre.
Les écailles sont tranchantes sur leurs bords et découpées
par des petites dents inégales et peu régulières (fig. 3,a.)^ elles
recouvrent tout le corps et paraissent avoir existé aussi sur
presque toute la tête. Celles de la base des nageoires sont très-
petites.
Rapports et différences. Cette espèce se distingue du
P. Russegerii^ i" par son corps un peu moins allongé^ 2" par
ses vertèbres caudales qui sont au moins au nombre de vingt
au lieu de dix-sept ou dix-huit; 3° par la hauteur de sa dorsale:^
4° par les fortes épines de l'anale.
DD MONT LIBAN. 19
Famille des SQUAMMIPENNES.
Genre PLATAX, Cuvior.
Les Platax sont caractérisés par leur corps t'ortement com-
primé, par leurs nageoires verticales hautes et écailleuses, et
par leur profil droit.
Platax minor, Pictet.
(PI 2,fig. 4.)
Dimensions.
Longueur louilo 53 mil.
Id. de la tète , par rapport au corps 0,35 »
Il;iuleur du corps .. égale
Id de la dorsale ■. 0,45 »
Ce petit poisson présente évidemment les caractères du
genre Platax, mais il forme un groupe spécial, caractérisé par
le nombre plus considérable de ses vertèbres, par ses ven-
trales médiocres et par le peu de développement de ses na-
geoires verticales.
Description. Le corps est à peu près aussi long que haut,
le profil est droit, un peu excavé dans son milieu, l'œil est mé=
diocre, la bouche passablement fendue.
La colonne épinière est droite, composée de neuf ou dix
vertèbres abdominales et de dix-sept caudales. Les apophyses
épineuses sont fortes et régulières, les osselets interapophy-
saires, tant de la dorsale que de l'anale, sont grêles et longs,
aucun d'eux n'est renflé.
20 POISSONS FOSSILES
La nageoire dorsale n'est soutenue en avant que par deux
rayons épineux dont le premier est très-court. Elle est com-
posée de vingt-huit rayons mous, qui, comme dans le Platax
altissimus Agass., décroissent rapidement. Lanale n'est pas
conservée. Les ventrales sont brisées à l'extrémité^ elles pa-
raissent avoir été médiocres, moins longues que dans le
P. altissimus^ mais un peu plus développées cependant que
dans les P. macropterygius et papilio.
Hapports et différences. Cette espèce présente quelques
caractères qui rappellent le genre Semiophorus. principale-
ment le petit nombre de rayons durs de la dorsale ; mais la
forme de son corps et le point d'origine de cette dorsale la rap-
prochent davantage des Platax. Elle ressemble surtout au
P. altissimus Agass., mais elle s'en distingue par son corps
moins élevé, par le nombre de ses vertèbres, par la brièveté
de son anale, etc.
Ce Platax a été trouvé dans les calcaires durs de Hakel.
Famille des JOUES CUIRASSEES.
(CoTTOïDEs, Agass. ^ Cataphracti, MùUer.)
Ge>re PETALOPTERYX, Piclel.
J'ai établi ce nouveau genre pour un poisson très-singulier,
qui a des analogies évidentes avec les Dactyloptères, mais qui
s'en écarte par des caractères trop importants pour pouvoir
leur être réuni.
DU MONT LIliAX. 21
La tête est protégée, comme dans les Dactyloptères, par
(les plaques écailleiises, rugueuses, en partie régulièrement
hexagonales. Lé corps est couvert d'écaillés dures et carrées,
qui rappelleraient un peu la structure de celles des Ganoïdes
si elles n étaient pas fortement imbriquées^ elles se rappro-
chent pour la consistance et la disposition de celles des Dac-
tvloptères, mais elles ne sont pas carénées et leurs dentelures
sont beaucoup moins fortes. Les rayons branchiostègues sont
grêles et nombreux (au moins dix). Les dents sont petites, les
unes sont tranchantes, les autres en pavé.
Les nageoires sont fort remarquables. La première dorsale
est longue et ses premiers rayons (pi. 3,fig. 1, a.) sont divisés
à leur extrémité en lames aplaties, ovales et pointues;, ils sont
très-élevés. La seconde dorsale est basse et courte. Les na-
geoires pectorales sont composées de deux masses comme
dans les Dactyloptères et très-allongées. Les ventrales sont
abdominales.
On ne peut malheureusement point voir le squelette, dont
les traces sont tout à fait cachées par les impressions des
écailles \ on observe seulement un sillon longitudinal, qui
indique la direction de la colonne épinière.
Les véritables affinités de ce poisson ne me paraissent pas
encore parfaitement certaines. Les plaques de la tête, les
écailles, la grandeur des pectorales, s'accordent pour le rap-
procher des Dactyloptères^ mais la position des ventrales
semble mettre quelques obstacles à son introduction dans la
famille des Joues cuirassées, et la forme singulière des rayons
antérieurs de la dorsale n'est pas propre à résoudre la ques-
tion. La connaissance du squelette serait indispensable pour
cela, je ne puis donc lui assigner qu'une place provisoire.
22 POISSONS FOSSILliS
Petalopterix syriacus, Pictet.
U'I- 3, Qg. 1.)
Dimensions.
Longueur lolalu 140 mil.
fd. (le la tète par rapport au corps 0,24 >
Hauteur » 0,20 .
/(/. (lu premier' rayon di; la dorsale, kl 0,22 »
Description. La forme de ce poisson rappelle celle des Tri-
gles, c'est-à-dire que la plus grande hauteur est vers la tète
et que le corps décroit uniformément jusqu'à la queue, de
sorte que la ligne du dos et celle du ventre sont à peu près
droites. La hauteur du corps au commencement de la dor-
sale, c'est-à-dire en arrière de la tête, est comprise presque
cinq fois dans la longueur totale.
La tête est très-imparfaitement conservée dans ses parties
antérieures;, il paraît que le profil était passablement droit
et que la bouche était située au bas, à peu près de la même
manière que dans le genre vivant des Agriopes, ou que dans
les Trigles. Cette tête est protégée, comme nous l'avons dit
plus haut, par des plaques hexagonales sur lesquelles on re-
marque des points granuleux et saillants, rappelant tout à fait
ceux qui ornent les plaques analogues dans les Dactyloptères.
La mâchoire supérieure présente des petites dents triangulaires
tranchantes:^ on remazque à côté de nombreuses petites
dents en pavé éparses dans la pierre, qui formaient proba-
i)k'ment des rangées internes aux précédentes.
La colonne épinière est droite, on ne peut pas compter
d'une manière certaine le nombre des vertèbres.
DU MONT LIBAN. 23
Les écailles sont en forme de rectangle, deux fois et demie
aussi longues que larges ^ elles sont taillées en bizeau sur leurs
bords internes et postérieurs, ce dernier est légèrement den-
ticulé, mais parmi le petit nombre d'écaillés conservées, il m'a
paru que ce caractère était surtout visible dans celles qui se
rapprochent du ventre. Ces écailles forment environ trente
rangées dans les parties les plus larges du corps-, on en
compte cinquante-huit sur la ligne médiane.
La première dorsale commence à peu de distance de la
tête. On remarque les traces d'un très-petit rayon épineux:^ il
est suivi par un grand rayon divisé en lamettes pointues ; les
suivants ont la même forme, mais décroissent rapidement, le
second n'a déjà que les trois quarts de la longueur du premier.
Je compte environ trente-deux rayons à cette première dor-
sale. La seconde est plus basse et commence presque immé-
diatement après-, elle a douze rayons visibles, l^'anale est
complètement cachée dans la pierre. La pectorale est divisée
en deux faisceaux, le plus développé a dix-huit rayons ^ mal-
heureusement la pierre est cassée avant leur terminaison, de
sorte qu'on ne peut pas estimer leur longeur totale; on voit
seulement que cette nageoire a dû être considérable. Les ven-
trales sont situées à peu près sur le milieu du corps; elles sont
soutenues par un fort rayon, mais ne sont conservées qu'impar-
faitement. La caudale paraît avoir été fourchue.
Ce poisson provient des calcaires tendres de Sach el
Aalma.
24 POISSONS FOSSILES
2' OnmiE: CYCLOÏDES ACAMIIOPTEIIYGIEXS.
Famille des SPHYRENOÏDES.
Genre MESOGASTER, Agass.
M. Agassiz a formé le genre Mesogaster pour un poisson
du Monte Bolca, probablement voisin des Sphyrènes, et qui a
comme elles des ventrales abdominales, ainsi que deux dor-
sales, dont la première est épineuse.
Mesogaster gracilis, Pictet.
(PI. 3, fig. -2)
DlMEKSlONS.
Longueur loUile "0 mi!.
lU. de la lèie, par rapport au corps 0,55 •>
Hauteur du corps t • 0,15 »
Id. de. la seconde dorsale » 0, 1 9 »
Je rapporte ce petit poisson au genre 3Iesogaster, quoique
sa première dorsale ne soit pas conservée, car des osselets
interapophysaires situés vers le dos, au-dessus des ventrales,
semblent prouver son existence. 11 est à remarquer d'ailleurs,
que le même accident est arrivé a plusieurs échantillons
observés par M. Agassiz. Tous les autres caractères s'accor-
DU MONT LIBAN. 25
tient bien avec ceux du genre Mesogaster et principalement
la disposition des nageoires.
Si les osselets dont j'ai parlé n'indiquaient pas l'existence
d'une première dorsale épineuse, les affinités de ce poisson
seraient difficiles à comprendre. Il faudrait le placer dans les
malacoptérygiens abdominaux ;, or, sa dorsale molle est plus
en arrière que dans aucun poisson de la famille des Halécoides,
et il n'a pas l'ensemble des caractères de celle des Esoces.
D'ailleurs, sa bouche est conformée tout autrement que dans
ces deux familles, les seules où on pût lui trouver des ana-
logies pour la forme.
Description. Ce poisson est mince et allongé, sa hauteur est
comprise environ six fois et demie dans sa longueur (sans la
queue). La colonne épinière est grêle, composée d'environ
cinquante-cinq vertèbres, dont au moins vingt-huit caudales;
la partie antérieure étant un peu brisée, il peut rester quel-
ques doutes, soit sur le nombre total de ces vertèbres, soit
sur la distance qui sépare la tête des nageoires ventrales.
Les apophyses épineuses sont grêles ainsi que les transverses.
Les côtes sont nombreuses et minces.
La tête est comprise environ trois fois et demie dans la lon-
gueur totale. La bouche est largement fendue, le maxillaire su-
périeur est placé derrière l'intermaxillaire; la mâchoire infé-
rieure dépasse légèrement la supérieure. Les dents ne sont
pas visibles. L'œil est grand et situé près de l'extrémité du
nez. L'opercule et le préopercule sont minces et peu déve-
loppés.
Les dorsales sont probablement comme je l'ai dit, au nom-
bre de deux ; la première n'est pas conservée et n'a laissé
comme traces que les osselets interapophysaires qui la sup-
4
26 POISSONS FOSSILES
portaient. La seconde est haute et composée de quatorze à
quinze rayons mous. Les pectorales sont compo.sées de rayons
très-nombreux. Les ventrales n'ont comme elles, que des
rayons mous, et sont situées à peu près exactement sous la
première dorsale. L'anale commence un peu en arrière de
l'origine de la première dorsale^ elle est supportée en avant
par trois rayons épineux courts, et est composée de huit
rayons mous. La caudale n'est pas conservée.
Cette espèce a été trouvée dans les calcaires tendres Je
Sach el Aalma.
3'"'^ Ordre: CYCLOIDES MALACOPTERYGIEAS.
Le groupe des Cycloides malacoptérygiens est repré-
senté dans les couches du Liban dans une proportion beau-
coup plus forte qu'il ne l'est dans les mers actuelles ou dans
les autres gisements marins, car c'est à lui qu'appartiennent
presque la moitié des espèces, et ce sont les plus remarquables
tant par leur taille que par l'abondance des individus.
Famille des HALECOÏDES.
La famille des Halécoides, établie par M. Agassiz, comprend
celles des Clupes et des Salmones de Cuvier, c'est-à-dire,
qu'elle renferme les Cycloïdes malacoptérygiens abdominaux
dans lesquels les os maxillaires supérieurs font partie du
DC MONT LIBAN. 27
bord de la mâchoire et servent à la préhension des ali-
ments. Cette famille se distingue facilement par ce caractère
de celle des Cyprinoides, mais les limites sont plus difficiles à
établir entre elle et la famille des Esoces. On reconnaît pour-
tant en général cette dernière à ce que los maxillaire, tout en
faisant partie du bord de la bouche, joue un rôle inférieur à
celui de lintermasillaire, à ce que la dorsale est située très-en
arrière, et à la présence d'arêtes musculaires fourchues très-
développées.
Genre OSMEROÏDES , Agass.
Les Osméroïdes sont caractérisés par des rayons branchios-
tègues au nombre de huit, ce qui les distingue des Salmo, et
par leur bouche bien fendue qui les éloigne des Corrégones.
Ces deux caractères, au contraire, les rapprochent des Eper-
lans ou Osmerus^ ils ne s'en distinguent que par leur corps
plus trapu, leur dorsale plus avancée et leurs dents en velours
ras.
OsMEROÏDES MEGAPTERUS, Pictet.
(PI. 3, Cg. 3.)
Dimensions.
Longueur totale 120 mil.
/(/. de la têle par rapport au corps 0,40 »
Hauteur du corps » 0^55 »
Id. de la dorsale » 0,31 »
Description. Le corps de ce poisson forme un ovale al-
longé, la hauteur étant comprise environ trois fois dans la
longueur.
28 POISSONS F0SS1I.ES
La colonne épinière est assez robuste et courbée en bas,
mais elle brisée vers son milieu, et on ne peut pas apprécier
d'une manière exacte le degré de cette courbure;, elle est com-
posée d'environ trente-quatre vertèbres. La séparation de la
région abdominale et de la caudale est cachée par des débris de
la chair et par des écailles. Les apophyses épineuses sont
fortes et accompagnées d'apophyses plus grêles et nombreuses.
La tête est grande et est contenue à peine deux fois et
demie dans la longueur du corps ^ elle est très-imparfaitement
conservée, on voit seulement que la bouche était bien fendue,
et l'opercule mince et arrondi \ on voit les traces de sept rayons
branchiostègues.
Les écailles sont assez grandes, arrondies, disposées sur
environ vingt lignes longitudinales 5 elles présentent des stries
circulaires concentriques et des raies longitudinales. La na-
geoire dorsale commence sensiblement en avant du milieu du
corps, elle est presque aussi élevée que lui, et est com-
posée d'environ treize rayons mous. L'anale est beaucoup plus
en arrière, on y compte au moins sept rayons mous. Les ven-
trales naissent à peu près sous la fin de la dorsale et sont al-
longées. Les pectorales ne sont pas conservées.
Ce poisson a été trouvé dans les calcaires tendres de Sach
el Aalma.
Genre EUHYPHOLIS, Piclet.
J'ai donné le nom d'Eurypholis à des poissons Cycloides
malacoptérygiens qui font évidemment partie de la famille
des Halécoides, mais qui m'ont paru s'éloigner de tous les
genres vivants. Leurs caractères principaux sont :
DU MONT LIBAN. 29
1" Une bouche grande et bien fendue, armée de dents co-
niques inégales et puissantes; la mâchoire supérieure est
comme dans les Salmo, composée d'intermaxillaires petits et
de maxillaires qui en forment la partie essentielle.
2° Des écailles considérables, arrondies ou ovoïdes, où
l'on remarque des stries concentriques et des granulations
nombreuses disposées sur le même système ;
3o Des rayons branchiostègues nombreux;
4 Une dorsale courte, composée seulement de rayons
mous et située un peu en avant du milieu du corps. Je n'ai
trouvé aucune trace qui indiquât l'existence d'une adipeuse.
0° Des nageoires ventrales, portées par une pièce osseuse
forte, fixée à la ceinture scapulaire, ce qui en fait des poissons
thoraciques. Ce caractère exceptionnel, très-rare dans les
Cycloides malacoptérygiens, et qu'on ne retrouve que dans un
petit nombre de poissons vivants, tels que les Aulopes, est un
de ceux qui les distinguent le plus clairement et qui montrent
le mieux quils ne peuvent être confondus avec aucun des
genres connus.
Ces poissons ont dû être peu comprimés, car il arrive assez
souvent de les trouver vus du côté du dos ou du ventre.
EURTPHOLIS SULCIDF.NS, Pictct.
iPl. 4, fig. 1.)
Cette espèce ne m'est connue que par sa partie antérieure.
La tête est un peu moins amincie en avant que dans l'espèce
suivante, l'œil est à peu près au milieu de la distance qui
sépare le bout du museau de l'occiput. La mâchoire inférieure
30 POISSONS FOSSILES
est très-forte. Les dents sont coniques, grandes et marquées
de sillons longitudinaux profonds.
La colonne épinière est composée de vertèbres courtes, les
apophyses et les côtes sont grêles.
Les écailles, dont quelques-unes sont conservées sur la ré-
gion nuchale, sont subcirculaires, un peu allongées et appoin-
ties sur leur diamètre longitudinal; les granulations y sont
disposées en rangs serrés au nombre de dix a douze.
La nageoire dorsale est supportée par des osselets intcrapo-
physaires dont le premier part de la huitième vertèbre; elle
est composée de douze rayons mous, dont les premiers sont
les plus grands. Les autres nageoires ne sont pas conservées.
Cette espèce provient des calcaires durs de Hakel.
EURYPHOLIS BoiSSIERI, Pictct.
(PI. 4, fig. 2 3 et 4.)
Dimensions.
Longueur totale (mesure approximative) -iO niii.
Id. de la tête par rapport au corps ((</.) 0,31 »
Hauteur du corps » (id.) 0,14 »
Description. Cette espèce est un peu plus élancée que la
précédente, la tête est pointue en avant, l'œil est à peu près
au milieu de la distance qui sépare le bout du museau de
l'occiput. La mâchoire inférieure est forte. Les dents sont
coniques, inégales; on en remarque environ dix grandes qui
sont séparées par des plus petites; elles sont pointues, élar-
gies à la base, quelquefois striées, mais dépourvues des sil-
lons longitudinaux qui caractérisent \' Eurypholis sulcidens.
DU MONT LIBAN. 31
Les pièces operculaires sont couvertes de granulations dis-
posées en lignes régulières.
La colonne épinière est composée de vertèbres assez allon-
gées, les apophyses et les côtes sont grêles.
Les écailles ressemblent à celles de l'espèce précédente, mais
elles sont plus allongées et leur grand diamètre est marqué
en dedans par une sorte de carène relevée^ on n'en voit aussi
qu'un petit nombre, qui sont conservées sur la même région.
La nageoire dorsale naît plus en arrière de la tête, je n'ai
pu y compter que huit rayons qui paraissent moins forts que
dans l'espèce précédente, mais son état de conservation ne
permet pas une comparaison exacte. La pièce osseuse qui
porte les nageoires ventrales est très-considérable, et attachée
à la ceinture scapulaire.
La figure 4 représente un de ces poissons vu par sa face
ventrale; elle prouve qu'ils étaient larges par rapport à leur
hauteur et qu'ils devaient se rapprocher plutôt de la forme
cylindrique des Saurus ou des Erythrins que de la forme com-
primée des Gorrégones.
Ce poisson se trouve avec le précédent.
EuRTPnOLIS LOGIDENS.
(PI. 5, fig. 1.)
C'est avec quelque doute que je rapporte ce poisson au
genre dont il s'agit, car les trois échantillons fossiles que j'ai
pu examiner ne permettent pas d'apprécier exactement la
forme du corps. L'un d'eux est vu de profil, mais il a été plissé
dans toute sa partie médiane; les deux autres sont vus dans la
position de VE. Boissieri^ figuré pi. 4, fig. 4. Toutefois les ca-
32 POISSONS FOSSILES
ractères suivants me semblent justifier le rapprocliement que
j'ai fait^ en particulier la forme des os de la mâchoire, celle
des dents et de la nageoire dorsale, ainsi que les granulations
de l'opercule, s'accordent tout à fait avec les espèces précé-
dentes.
Description. La bouche est largement ouverte, et munie
de dents très-longues, surtout les antérieures de la mâchoire
supérieure^ elles sont plus grêles et moins arquées que dans
les espèces précédentes et sont séparées de même par des dents
plus petites^ celles de la mâchoire supérieure sont sillonnées
comme dans VE. sulcidens^ mais celles de la mâchoire infé-
rieure sont simplement striées. Les pièces operculaires sont
couvertes de granulations disposées en lignes rayonnantes
très-marquées.
Une seule écaille est conservée, elle se trouve immédiate-
ment avant la queue ^ elle est subtriangulaire, très-grande et
ornée des rangées de granulations caractéristiques de ce
genre.
La nageoire dorsale est plus grande que dans les espèces
précédentes, et est composée d'un plus grand nombre de
rayons^ j'en ai compté seize. L'anale est longue et composée
d'au moins dix-neuf rayons mous.
Je rapporte à cette même espèce une tête considérable, mais
mal conservée, caractérisée aussi par des dents sillonnées à la
mâchoire supérieure et lisses à l'autre. La mâchoire inférieure
a 7d millimètres de longueur, et les plus grandes dents ont
10 millimètres. On reconnaît très-bien sur les pièces opercu-
laires, les lignes de granulations.
Cette espèce se trouve dans les calcaires tendres de Sach
el Aalma.
1)1' .\U)M I.HÎAN. 33
Genre SPANIODON, Pictet.
Je réunis sous le nom générique de Spaniodon (de a-Travtoç
ranis et à^otîç dens) deux espèces de poissons Cycloïdes malacop-
térygiens abdominaux qui présentent les caractères des Halé-
coides réunis à quclques-ims de ceux des Esocides et qui se
rapprochent sous beaucoup de points de vue des Eurypholis.
Leurs caractères principaux sont :
1" Une bouche médiocre, formée à la mâchoire supérieure
par des intermaxillaires courts et forts, armés dans une espèce
(et peut-être dans les deux) de quelques dents allongées, ro-
bustes, en forme de crochets pointus, et par des maxillaires
allongés, arqués, dépourvus de dents, ou munis de dents
moins fortes^ la mâchoire inférieure porte aussi quelques
dents robustes, pointues et un peu arquées en arrière ;,
2" Des rayons branchiostègues nombreux;
3" Des nageoires disposées comme suit: une dorsale courte,
toute composée de rayons mous, et située à peu près au mi-
lieu du corps, une anale située très-près de la queue, une cau-
dale fourchue, des pectorales médiocres à rayons nombreux
et des nageoires ventrales situées très-en arrière;
4'' Un squelette grêle, muni d'apophyses filiformes très-
nombreuses.
L ensemble de ces caractères prouve leur aiJinité avec les
Halécoïdes, leur squelette compliqué rappelle celui de quel-
ques Salmones et de la plupart des Clupes et montre aussi
quelque analogie avec les Esocides, analogie qui se retrouve
encore jusqu'à un certain point dans l'allongement d'une des
5
34 porssoxs fossii.es
espèces. Toutefois la |)osition de la dorsale et leurs maxillaires
quelquefois armés de dents les rapprochent davantage des Sal-
mones.
Spaniodo Blodelii, Pictet.
(PI. .5, fig 2, 3 et 4.1
DniENSIONS.
Longueur lolale 160 mil.
Ici. de la lèle, par rapport au corps 0,27 »
Hauteur du corps » 0, 1 7 ' »
]il. de la dorsale > 0, 12 .
Description. Le corps de ce poisson présente un ovale très-
allongé, la hauteur étant comprise environ six fois dans la
longueur.
La colonne épinière est composée de vertèhres d'une force
médiocre, à peu près aussi hautes que longues^ on en compte
environ quarante-sept, dont vingt caudales. Les apophyses
épineuses sont grêles, couchées en arrière dans toute la partie
antérieure^ droites à leur hase et infléchies en arrière dans
la portion comprise entre la dorsale et la caudale. Les apo-
physes latérales sont grêles et nombreuses^ on voit des
traces peu certaines d'arêtes nuisculaires. Les côtes sont
nombreuses et très-minces.
La tête est contenue un peu moins de quatre fois dans la
longueur totale; le seul exemplaire que nous ayons où elle
soit passablement conservée (pi. 5, fig. 2,) paraît manquer de
dents à l'intermaxillaire, mais il est possible qu'il n'y ait là
qu'une altération accidentelle. La mâchoire inférieure courte
DU MONT LIBAN'. 35
et robuste «appelle celle de quelques characins, et porte de
chaque côté trois dents fortes, coniques et pointues. L'œil est
situé un peu en avant du milieu. Les rayons brancliiostègues
sont nombreux; il est difficile de les compter exactement parce
que ceux des deux côtés se confondent; il y en a certaine-
ment au moins dix.
La nageoire dorsale est courte et composée d'une vingtaine
de rayons mous; elle est située à peu près au milieu du
dos, snpportée par quinze osselets interapophysaires. Cette
nageoire est précédée par d'autres osselets interapophysaires
mous et articulés qui rappellent ceux de plusieurs Salmones.
La nageoire anale est plus longue que la dorsale, mais com-
posée à peu près du même nombre de rayons ; elle est très-
rapprochée de la queue et est portée par seize osselets intera-
pophysaires. La caudale est fourchue. La pectorale est com-
posée de rayons assez nombreux, dont les externes sont très-
forts. Les ventrales sont médiocres et situées en arrière de la
dorsale.
Cette espèce a été rapportée par 3L Blondel; elle a été
trouvée dans les calcaires tendres de Sach el Aalma.
Spamodon elongatcs, Pictet.
(PI. C, fig, 1 et 2.)
Dimensions.
Longueur totale "200 à 250 mil
/(/. de la tête par rapport à la longueur du corps 0,50 »
Ihiiiicur du corps » 0,11 .
/(/. de la dorsale » 0,12 .
:{0 POISSONS rossii.ES
Oesckiption. Ce poisson est beaucoup plus allongé que le
précédent, sa hauteur est comprise neuf lois dans la longueur.
La colonne épinière est composée d'environ cinquante-cinq
vertèbres à peu près aussi larges que hautes, la région cau-
dale est courte et paraît composée d'environ vingt vertèbres.
Les apophyses épineuses sont faibles, les apophyses latérales
et les côtes sont tout à fait filiformes et très-nombreuses.
La tête est contenue trois fois et demie dans la longueur
totale^ elle est amincie en avant. La bouche est formée à la
mâchoire supérieure par un intermaxillaire court, armé d'un
petit nombre de fortes dents à crochet et par un maxillaire al-
longé qui porte quelques dents comprimées, beaucoup plus
petites. La mâchoire inférieure est courte, robuste et porte de
chaque côté trois longues dents à crochets. Lœil est situé à
peu près à moitié distance entre l'occiput et le bout du mu-
seau.
La nageoire dorsale est courte et composée d'une quinzaine
de rayons mous, elle est située à peu près au milieu du dos et
supportée par quinze osselets interapophysaires. La nageoire
anale manque. Les nageoires pectorales sont composées de
rayons nombreux, à peu près égaux. Les ventrales sont petites
et situées en arrière de l'extrémité de la dorsale.
Ce poisson se trouve dans les calcaires tendres de Sach el
Aalma.
Genre CLUPEA, Cuvier.
Les Clupes ou harengs se distinguent principalement parmi
les Cycloides malacoptérygiens abdominaux par leur squelette
très-compliqué, par leurs apophyses et leurs côtes souvent
DC MONT LIBAN. 37
grêles comme des cheveux, et par l'existence de côtes ster-
nales. La dorsale est placée au milieu du dos, et les ventrales
leur sont à peu près opposées.
Ce genre est représenté dans les schistes du Lihan par de
nombreuses espèces dont plusieurs étaient déjà décrites avant
mon travail. Il est probable que si elles étaient mieux con-
servées et qu'on les connût d'une manière plus complète, on
devrait les partager en plusieurs genres ou sous genres, car
leurs formes générales présentent de grandes différences.
Clupea lata, Agass.
(PI. 7, fig, 1.)
Cltipca lala. Agassiz, poiss foss., tome V, part. 2, p. 118, pi. 61, fig. 10.
Cette espèce déjà décrite par M. Agassiz sur un échantillon
plus complet que le nôtre, est caractérisé par la forme de son
corps, dont la plus grande largeur est vers la ceinture thoraci-
que et qui se rétrécit insensiblement en arrière.
J'ai fait figurer de nouveau cette espèce, parce que l'exem-
plaire de M. Agassiz manquait de pectorale et que cette na-
geoire est au contraire très-bien développée dans le nôtre. Elle
est composée de seize rayons fourchus, les antérieurs sont
les plus longs \ ils décroissent uniformément et en ligne
droite de manière à donnera la nageoire une forme presque
exactement triangulaire.
Cette espèce provient des calcaires tendres de Sach elAalma.
38 POISSONS FOSSILES
Cltjpea sardinoïdes . Pictet.
iPl. 7, fig. a.)
Dimensions.
Longueur totale 100 mil .
M. de la tète par rapport au corps 0,24 »
Hauteur du corps O.S'J •
Id. do la dorsale 0, 10 .
Ce poisson ne présente pas des preuves incontestables que
sa place soit bien dans le genre des Clupea, car la région ab-
dominale est trop mal conservée pour qu'on puisse juger de
l'existence des côtes sternales^ mais la forme générale du
corps, la position des nageoires et la complication du sque-
lette paraissent suflisamnienl justifier ce rapprochement.
Description. La C. sardinoïdes est un poisson en forme
d'ovale allongé qui rappelle beaucoup le profil de la sardine
et des espèces voisines. Sa hauteur est contenue quatre fois
dans la longueur (sans la queue).
La colonne épinière est composée de quarante-six vertèbres^
dont quinze caudales;, ces vertèbres sont un peu plus hautes
que longues. Les apophyses épineuses sont fortes, mais les
apophyses latérales et les côtes sont très-grèles.
La tête est contenue environ quatre fois dans la longueur,
nos exemplaires manquent de la partie antérieure. Les pièces
operculaircs ne présentent rien de remarquable.
La nageoire dorsale est située à peu près vers le milieu
du corps, elle est courte, et composée d'au moins dix-sept
rayons. La nageoire anale est située près de l'extrémité de la
queue, elle est courte et je n'ai pas pu compter le nombre des
nr MONT LlUAN. 39
rayons. La caudale est fourchue^ les pectorales sont médio-
cres. Les ventrales sont petites et insérées à peu près sous
l'extrémité postérieure de la dorsale.
Ce poisson présente quelques rapports avec celui que
M. Heckel a décrit sous le nom de C. macrophtahna et qui
provient du même gisement, mais je n'ai pas pu le réunir à
cette espèce qui est plus allongée et qui malgré cela n'a que
trente-cinq vertèbres au lieu de quarante-six. Il en diffère
d'ailleurs par la position des ventrales.
Ce poisson a été trouvé dans les calcaires durs de Hakel.
CuiPEA LATICATJDA, Pictct.
\P1. 7, fig. 3.)
Dimensions.
Longueur totale : . . . 95 mil.
/(/. de la tète , par rapport au corps 0,37 ..
Hauteur du corps .. 0,24 »
Id de In dorsnie .. 0,20 ..
La détermination de ce poisson m'a beaucoup embarrassé,
car il n'a pas tout à lait le faciès des Chipes, tout en en pré-
sentant les caractères les plus essentiels. Il a en particulier
comme les autres espèces de ce genre un squelette compliqué,
des apophyses et des côtes grêles, et il m'a semblé reconnaître
quelques traces des côtes sternales. 3Iais sa tête est plus grosse
et sa dorsale est située un peu plus en arrière que dans les
autres espèces.
Description. Le corps forme un ovale allongé dont on
ne peut pas apprécier les proportions avec une parfaite pré-
40 POISSONS FOSSILES
cisioti. parce qu'il y a au milieu de la région ahtionii-
nale un pli qui correspond à une fente de la pierre. Les di-
mensions indiquées ci-dessus ne sont donc qu'approximatives.
La hauteur du corps paraît comprise environ trois fois dans
sa longueur (sans la queue).
La colonne épinière est composée d'au moins cinquante
vertèbres, dont vingt-quatre caudales^ elles sont sensiblement
plus hautes que longues, ce qui fait que les apophyses épineu-
ses sont très-rapprocliées. Ces apophyses sont grêles, ainsi
que les côtes ^ les petites apophyses latérales et accessoires
sont toutes très-minces.
La tête est grande, mais mal conservée, elle est comprise
à peine trois fois dans la longueur.
La nageoire dorsale commence un peu en arrière du milieu
du dos, elle est haute et composée d'environ vingt rayons,
portés par un nombre à peu près égal d'osselets interapophy-
vsaires grêles. La nageoire anale commence en-dessus de l'ex-
trémité postérieure de la dorsale et est composée d'au moins
quatorze rayons. La caudale est remarquable par le grand
nombre de rayons courts ou fulcres minces qui sont situés en
dehors des rayons longs, et qui donnent à la nageoire une
forme très-arrondie à sa base. Les nageoires pectorales sont
mal conservées. Les ventrales sont petites et commencent à
peu près au niveau de l'extrémité antérieure de la dorsale.
Ce poisson provient des calcaires durs de Hakel.
DU MONT LIBAN. il
Cltjpea mimma, Agass.
(fl. 7, fig. 4.)
Clupta miniiiia, Agassiz, poissons fossiles, t. V, part. 2, p. 120, pi. 61, lig. 1.
Dimensions.
Longueur lotalt: 43 mil.
Id. de la tèle par rappoit au corps 0,24 »
Hauteur du corps i 0,21 .
Description. Cette petite espèce est allongée et sa hauteur
est comprise environ cinq fois dans sa longueur.
La colonne épinière est composée de vingt-neuf vertèbres,
dont quinze abdominales et quatorze caudales. Les apophyses
sont moins grêles et moins nombreuses que dans les espèces
précédentes.
La dorsale est médiane et composée de douze rayons.
L'anale est courte, la caudale fourchue. Les ventrales com-
mencent à peu près sous le milieu de la dorsale.
Cette espèce se trouve dans les calcaires tendres de Sach
el Aalma.
Clupea brevissima, Blainville.
(PI. 8, fis- 1 et 2.)
Cliijji'ii brcfissiina, Blainville. Iclitliyologie, p. 60.
Id. Agassiz. Poiss. foss., t. V, part. 2, p. I 17, pi. 61, lig. 6 à 9.
Dimensions.
Longueur totale des plus gi'unds échantillons 120 mil.
ïd. de la tèle, par rapport au corps 0,40 »
Hauteur du corps » 0,45 »
6
'r2 POfSSONS FOSSILES
Je renvoie pour la description de cette espèce à l'ouvrage de
M. Agassiz en faisant remarquer seulement: 1° que les diffé-
rences entre ses mesures et les miennes, viennent de ce qu'il
compte la queue dans la longueur du corps :^ 2° que jai constam-
ment trouvé dix-sept vertèbres caudales, tandis que M. Agassiz
n'en indique que quinze. J'ai fait figurer de nouveau deux
exemplaires, l'un, parce que les régions caudales et abdomi-
nales y sont mieux conservées que dans aucun de ceux qu'a
rvcs M. Agassiz, l'autre parce que la tête y est également
plus complète. Malgré la différence que je viens de citer, je
n'ai aucun doute sur l'identité de mes exemplaires avec l'es-
pèce décrite par MM. de Blainville et Agassiz, car elle se re-
connaît facilement par sa hauteur comprise un peu plus de deux
fois dans la longueur sans la queue, et presque trois fois dans
la longueur totale^ par sa dorsale longue composée d'au moins
vingt rayons, par son anale allongée, rapprochée de la
queue et supportée par vingt-sept osselets interapophysaires.
La Clupea brevisslma paraît très-commune dans les cal-
caires durs de Hakel^ la collection du Musée de Genève en ren-
ferme au moins une trentaine d'échantillons plus ou moins
bien conservés, et en outre une plaque où un nombre pres-
que égal est entassé d'une manière remarquable, ce qui sem-
ble prouver que cette espèce formait des bancs comme plu-
sieurs harengs actuels.
btl MONT LIBAN. 43
Famille des E S 0 Cl D E S.
Gem'.e KHINELLUS, Agass.
Je place dans la laïuille des Esocides un poisson que
M. Agassiz aviait associé aux Sclérodeiines, en se fondant sur
un rapprocheuient erroné, dont lui-même avait déjà soupçonné
l'erreur possible.
Ce savant paléontologiste en combinant quelques fragments
du Mont Liban, avait cru pouvoir attribuera la même espèce
1 échantillon figuré par lui, vol. II, pi. 58 è, fig. D, avec celui
qui est représenté dans la fig. 6 de la même planche. Il en
concluait à l'existence d'un genre Rhinellus qui aurait eu pour
caractères essentiels, un bec allongé (fig. o.), deux dorsales
(dont une fig. 5 et une fig. 6.), et des écussons connue les
Dercetis (fig. 6.). Ce dernier caractère semblait justifier l'asso-
ciation de ces deux genres et le classement des Pdiinellus dans
les Ganoïdes Sclérodermes.
M. Agassiz, comme je l'ai dit plus haut, avait déjà soup-
çonné la possibilité d'une erreur, et reconnu que les divers
fragments qu'il a examinés pouvaient provenir de deux pois-
sons différents. Il ajoute plus bas que les écussons ne sont
pas également visibles sur tous les fragments.
L'examen de plusieurs échantillons mieux conservés m'a
prouvé qu'en effet M. Agassiz avait associé deux espèces, et
même que ces espèces appartiennent à deux genres diffé-
rents et probablement à deux familles. Léchantillon qui a
servi pour la fig. a doit rester comme type du génie Rhi-
44 POISSONS FOSSILES
nelliis, et un échantillon presque complet que je (Igure ,
prouve qu'il n'a qu'une dorsale et point d'écusson. Lcchan-
tillon de la fig. 6 est au contraire un véritable Dercelis qui
a tous les caractères essentiels de ce genre, et dont les fig. 1-4
de ma planche 9 représentent les formes essentielles.
Cette erreur étant reconnue, je ne pense pas que le genre
Rhinellus puisse rester dans les Sclérodermes, il a au contraire
des analogies évidentes avec les Esocides. Le prolongement
de son bec qui rappelle tout à l'ait celui des Belone^ sa dorsale
unique et située en arrière du milieu, ses ventrales abdomi-
nales et ses apophyses grêles et nombreuses, forment un en-
semble qui ne peut guère laisser de doute à cet égard.
RniNELLUs FURCATUs, Agassiz.
(l'I. 8, iig 3 et 4.)
Rhinellus J'iiiratui, Agass. Poiss. foss.. t. II, part. 2, p. 260, \>\. 38, b, Iig. 5.
1(1. Heckel, Fisclie Syriens, p. 238. La planche 23, qui représente le
Pycnosterinx Russegerii, contient sur la même plaque une tète du
Rhinellus fuieatus.
Dimensions.
Nos échantillons ne sont pas :issrz complets pour que je puisse donner des
mesures proportionnelles complèies, car dans aucun d'entre eux nous navons la
nageoire caudale. Ils paraisscnl varier beaucoup de taille; les uns nalieignenl
pas 100 milliuicires de longueur totale, cl nous possédons une lêie ma! conservée
qui a elle seule dépasse ceUe mesure.
Description. Ce poisson est fort allongé et sa hauteur est
comprise plus de dix fois dans sa longueur (sans la queue).
La colonne épinière est grêle et composée de vertèbres sen-
siblement plus longues que larges^ les apophyses et les côtes
1)1' MONT LIBAN. 45
sont grêles et nombreuses. La tête est terminée par un mu-
seau très-allongé^ sur la plupart de nos échantillons, la mâ-
choire supérieure est plus courte que l'inférieure, mais cela
vient de l'imparfaite conservation de la première et je les crois
à peu près égales, sans avoir vu toutefois des échantillons qui
en donnent une preuve très-positive^ l'œil est grand.
La nageoire dorsale est composée d'au moins douze rayons
élargis à la base et fourchus à l'extrémité. L'anale commence
assez en arrière de la dorsale, et j'y compte au moins dix
rayons. Les ventrales sont situées sous la dorsale et composées
de neuf à dix rayons mous. Les pectorales sont grandes et
soutenues par au moins douze rayons grêles.
Cette espèce se trouve dans les calcaires tendres de Sach
el Aalma.
r ^ Ordre : PLECTOG\ATHES.
Famille des SC L E RODE RME S.
Genre DERCETIS, Munster et Agassi z.
Les Dercetis forment un groupe très-particulier qui, jus-
qu'ici, n'a été trouvé que dans les terrains crétacés. Ils .'^ont
principalement caractérisés par leurs flancs cuirassés de
rangées d'écussons, en forme de cœur de cartes à jouer
ou de fers de lance, granuleux à leur surface extérieure et
4(5 POISSONS FOSSILKS
surmontés d'une saillie anguleuse an milieu. Le squelette est
composé (le vertèbres robustes, très-renflées à leur point de
contact. Les pectorales sont grandes^ la caudale est fourchue.
Dercetis ïEiNuis, Pictet.
(Fi. y, fig. ; à 1. )
Description. Le corps de cette espèce est fort allongé, et
quoique nous ne le possédions que par fragments, on peut,
avec assez de probabilité, estimer que sa hauteur est comprise
au moins vingt fois dans sa longueur. Ce poisson se rapproche
beaucoup pour la forme de celui qui a été décrit par
M. Agassiz sous le nom de Dercetis elongalus.
La colonne épinière est grêle, composée de vertèbres allon-
gées, les apophyses sont grêles et courtes. Le reste du sque-
lette est peu visible, parce qu'il est caché par les écussons.
)ja tête, dont l'extrémité antérieure manque, est grosse et
longue, elle ressemble beaucoup à celle du D. elongalus ; les
dents sont fortes et inégales.
La nageoire pectorale est composée de cinq rayons forts.
La dorsale n'est visible que dans le fragment représenté
fig. 3, c'est-à-dire près de la queue;, les rayons en sont grêles
et rapprochés.
Les écussons (fig. 4.) sont en forme de triangle allongé,
échancrés à leur base, et rappellent assez bien pour la forme
les dents des requins. Ils ont une saillie médiane comme dans
le D. elongalus^ mais moins forte ^ ils sont aussi beaucoup
moins granuleux que dans cette espèce.
Ce poisson provient des calcaires tendres de Sach el Aalma.
nu MONT LIBAN.
i7
Dercetis triqueter, Pictet.
(PI. 0, lig. 5 et 6.)
Cette espèce ne m'est connue que par un fragment, de sorte
que je puis plutôt en indiquer l'existence que la décrire. Elle
se distingue très-clairement de la précédente par les deux
caractères suivants :
1° Ses écussons osseux (fig. 6.) sont composés de trois
pointes à peu près égales-, formant comme une sorte d'étoile
triangulaire; leur surface est légèrement granuleuse, ils ont
aussi une saillie médiane faible et une arête subtranchante
sur chacune des pointes.
2° Son corps est beaucoup plus large, ce qu'on peut estimer
par rapport aux écussons de la manière suivante : Si dans le
Dercetis tenais on mesure la hauteur du corps, on verra qu'elle
contient la longueur de deux écussons (dimension qui est la
même dans le Dercetis elongatus^. Dans le D. triqueter
cette même hauteur comprend au moins sept écussons.
Cette espèce a été trouvée dans les calcaires tendres de
Sach el Aalma.
Dercetis linguifer, Pictet.
(PI, 9, fig, 7 et 8. I
Ce poisson nous est connu par quelques fragments qui ne
sont guère plus complets que ceux de lespèce précédente.
On y reconnaît toutefois clairement la forme des vertèbres
qui est caractéristique du genre; c'est-à-dire, qu'elles sont
48 POISSONS FOSSILES
très-élargies sur les articulations et minces sur le milieu du
corps. Les apophyses épineuses paraissent comprimées, min-
ces dans le sens transversal et larges dans leur profil.
Les écussons sont allongés (fig. 8.);, leur branche longitudi-
nale dépasse beaucoup les autres pour la grandeur et leur
forme générale rappelle un peu celle d'une langue d'oiseau.
Ces écussons, d'ailleurs, sont très-petits par rapport au
volume du corps, la hauteur en comprend environ six;^ ils
sont bien plus grêles que dans l'espèce précédente.
Le D. linguifer a été trouvé avec les précédents.
Je place provisoirement à la fin de la série des poissons
osseux, une espèce qui présente une réunion de caractères
très-anomale, et dont les véritables afTinités me paraissent
difficiles à préciser avec les matériaux que j'ai eus à ma dis-
position. Ce poisson a toutefois des formes trop remarquables
pour que j'aie cru devoir le passer sous silence.
Le squelette paraît d'une consistance plus fibreuse qu'os-
seuse, les vertèbres sont déformées par la fossilisation, les
côtes et les apophyses se présentent sous une forme compri-
mée et peu régulière^ d'un autre côté on observe des rayons
osseux ou fulcres considérables et solides, qui paraissent en
partie soutenir les nageoires. La ceinture pectorale a une
forme qui rappelle l'organisation des Raies et celle de quel-
ques genres voisins. Enfin, un des caractères principaux
consiste dans la bouche, dont la mâchoire supérieure est
I)D MONT LIBAN. 49
armée de quatre rangées régulières de dents plus ou moins
carrées, munies d'une arête granuleuse^ ces dents qui cou-
vrent toute la surface du palais sont précédées d'un petit nom-
bre de dents à crochets. La mâchoire inférieure présente des
dents plus petites, probablement sur une seule rangée. Ce
poisson du reste est fossilisé de manière à ce qu'on ne puisse
étudier que sa surface ventrale. Il paraît élargi et se rappro-
che de la forme des Baudroies.
Ces caractères, comme on le voit, ne sont pas de nature à
l'associer d'une manière complète a aucune des familles de
poissons actuels.
La forme de la ceinture pectorale et la faiblesse de son
squelette pourraient au premier coup d'œil engager à le rap-
procher des Chondroptérygiens, mais les côtes et les apophy-
ses y sont cependant plus développées que dans les poissons
de cette classe. La nature des dents s'oppose d'ailleurs à ce rap-
prochement. On sait en effet, que dans les poissons chondrop-
térygiens ces organes ont une racine pleine qui se détache de
l'os sans se casser. J'ai sacrifié quelques dents de l'échantillon
figuré et j'ai vu qu'elles présentent le caractère inverse, c'est-
à-dire qu'elle tiennent à l'os par une racine amincie qui se
casse en découvrant le vuide de la dent, comme dans les pois-
sons pycnodontes.
C'est donc dans la série des poissons osseux qu'il faut cher-
cher les analogies de ce genre remarquable. Je ferai obser-
ver en premier lieu que malgré les caractères fournis par les
dents, on ne peut pas le placer dans les Pycnodontes dont il
n'a ni la forme du corps, ni la nature des nageoires, ni pro-
bablement les écailles.
Il a des rapports avec les Plectognathes qui, comme
7
:")() POISSONS FOSSILES
on lésait, sont caractérisés principalement par l'imperfection
des mâchoires (ce que la disposition des dents rend évident
chez lui), et par l'endurcissement tardif du squelette qui reste
fibreux. Ce poisson me paraît en particulier, par ses gros ful-
cres, ainsi que par sa peau granuleuse et probablement
épaisse, se rapprocher des Sclérodermes, où il formerait
cependant un type bien distinct, fort différent des Balistes
ou des Coffres.
Je pense qu'il présente des analogies plus marquées avec
quelques Siluroïdes. Si on le compare en particulier au
Schal Arabi(5î/no(ionii.s /Irabl. Val, Pimelodus Clarla^^ Geoff.)
du JNil, on sera frappé de plusieurs rapports dans les formes.
Le grand fulcre, qui dans le poisson fossile est déjeté sur le
côté, est tout a fait identique à celui qui supporte les nageoires
dans le poisson vivant. Comme lui, faiblement dentelé en de-
hors, et plus fortement en dedans, il est strié dans sa longueur,
exactement de la même manière. La pièce dui'e qui est située
du côté opposé rappelle tout à fait aussi celle qui dans le
Schal Arabi protège l'insertion de la pectorale. Mais les ana-
logies s'arrêtent là (pour les parties que j'ai pu étudier), et la
dentition n'a aucun analogue dans toute la famille des Silu-
loïdes.
Je crois en résumé, que ce fossile est un poisson osseux,
plus voisin des Siluroïdes que de toutes les autres familles, et
qu'il présente quelques rapports accessoires avec les Scléro-
dermes. Mais je pense que sa place ne pourra être définitive-
ment fixée que lorsqu'on pourra étudier de profd un échan-
tillon mieux conservé que le nôtre.
DU MONT LIBAN. 51
CoCCODUS ARMATUS, Pictet.
(PI. 9, fig.'g.)
Ce que j'ai dit plus haut s'appliquant uniquement à cette
espèce, je n'ajouterai ici que quelques mots plus spéciaux sur
la disposition des dents.
A la mâchoire supérieure, les dents en pavé forment com-
me je l'ai dit, quatre rangées^ chacune de celles du milieu
est composée de huit dents qui vont en décroissant uniformé-
ment, la plus grosse étant en arrière et ayant un diamètre de
4 millimètres et l'antérieure n'en ayant qu'un demi. Elles sont
en forme de lozange irrégulier, surmontées dans leur milieu
d'une arête mousse et bordées au côté externe par une crête
granuleuse. On remarque en outre des granules épars entre
cette crête et l'arête. Les rangées externes sont composées, à
ce qu'il paraît, de treize dents, dont les antérieures deviennent
triangulaires, elles sont un peu plus petites que celles des
rangées médianes.
Vers la partie antérieure du museau, mais hors de place,
on voit une dent à crochet longue de 3 à 4 millimètres.
La mâchoire inférieure n'est représentée que par une de
ses branches qui porte dix dents aplaties.
Les parties de la peau qu'on remarque sur les côtés de la
tête, paraissent épaisses, granuleuses et dentelées sur leurs
bords.
Ce poisson a été trouvé dans les calcaires durs de Hakel.
52 l'OlfiSONS FOSSILKS
2 Série: POISSONS CHONDROPTÉRYGIENS.
IjCS poissons chondroplérygiens paraissent peu abondants
au 31ont Liban, au moins quant au nombre des espèces. Je
ne connais aucune dent isolée de Carcbarodon ou de Lamna,
quoique ces débris soient abondants dans un si grand nombre
de terrains. Nous avons dans notre collection les empreintes de
deux espèces, dont l'une très-bien conservée était déjà connue,
et dont l'autre, au contraire, fournit à peine les caractères
sufiisants pour la rapporter à son genre.
M. Botta dans son mémoire parle d'empreintes de poissons
que leur peau chagrinée semble rapprocher des squales. Peut-
être ceux qu'il a observés appartiennent-ils à la même espèce
que je décris ci-dessous.
Genre SPINAX, Cuvier.
Les Aiguillats ou Spinax sont caractérisés piincipalement
i)ar une forte épine en avant de chacune de leurs dorsales.
Cette disposition leur est commune avec les Humantins {Squa-
iina\ genre dont ils différent par leur corps allongé.
Nous possédons quelques fragments que leur peau cha-
grinée, leur forme allongée et leur squelette cartilagineux
DU MONT LIBAN. 53
placent évidemment dans la famille des Sélaciens et rappro-
chent des Squales. L'épine qui soutient une des dorsales indi-
que de l'analogie avec le genre Spinax, auquel je les ai provisoi-
rement rapportés. Je dois toutefois faire remarquer que si,
comme je le pense, la figure 3 de la planche 10, représente
bien un fragment de la même espèce, ce fragment correspon-
drait à la seconde dorsale qui se trouverait ainsi sans épines.
Le fossile du Liban formerait donc peut-être un genre nou-
veau, caractérisé par une épine à la première dorsale comme
les Aiguillats, mais à seconde dorsale simple. 11 convient ce-
pendant d'attendre des échantillons plus complets;, j'ai cru
plus prudent, comme je l'ai dit plus haut, de me borner à
rapporter provisoirement ce poisson au genre Spinax.
Spinax prim/Evds, Pictet.
(PI. 10, 6g. 1 à 3. j
jNous possédons quelques fragments de cette espèce, pro-
venant tous des calcaires tendres de Sach el Aalma.
Ils montrent que la colonne épinière était composée de ver-
tèbres plus longues que larges et assez renflées aux points de
contact. Il n'y a aucune trace de côtes. La peau est recouverte
uniformément de petits grains osseux qui rappellent complète-
ment ceux qui recouvrent l'aiguillât commun (^S(j. acanthias).
Le fragment, fig. 1, représente la région qui correspond à
la nageoire dorsale. Cette nageoire diffère de celle de l'espèce
vivante précitée par son développement moindre^ au lieu
dètrc trapézoïde, elle est arrondie, formant à peu près le
quart d'une ellipse. L'épine qui la soutient la dépasse un peu \
04 POISSOiVS FOSSII.ES
celle-ci, comme dans les aiguillais, est demi-tranchante en
avant et plate en arrière.
La figure 2 représente la base de la nageoire pectorale vue
en dessous, et montre que cette nageoire était assez déve-
loppée et dans les conditions ordinaires du genre.
La figure 3 me paraît correspondre à une seconde dorsale,
qui consisterait simplement dans une membrane relevée et
chagrinée comme le reste de la peau, ayant la forme d'un
triangle dont le grand côté serait uni avec le dos de l'animal.
Il n y a aucune trace d'épine.
Genre CYCLOBATIS, Egerton.
Ce genre a été établi en 184o par sir Philippe Grey Eger-
ton, dans le Quartely journal of the Geological Society of
Loudon. Il appartient au groupe des Torpilles de la famille
des Raies, et est parmi les poissons cartilagineux fossiles un
des exemples les plus remarquables de conservation.
11 se caractérise par sa forme circulaire, par les rayons de
sa pectorale moins nombreux que dans les torpilles et surtout
que dans les raies, ainsi que par les os du bassin, formant
deux longues pointes, dirigées en avant dans la même posi-
tion que les os marsupiaux. Il diffère des Asteroderma, trouvés
fossiles à Solenhofen, par l'absence complète de côtes.
55
DU MONT LIBAN.
ClCLOBATIS OLIGODACTYLTJS, EgClton.
(PI. 10, lig i. )
C. oligndactYliis. Kgcrton, Qiiartely journal of tlie Geiil. Soc, 1S4Ô. p. 22i, pi. 5.
L'échantillon figuré par sir Philippe Egeiton, est dans un
état de conservation si remarquahle que j'aurais pu me dis-
penser de faire dessiner le notre. Mais l'intérêt que présente
cette espèce, et le t'ait que notre exemplaire complète celui du
savant paléontologiste anglais sur un certain nomhre de
points, m'a fait penser quil y aurait cependant quelque avan-
tage à en donner une nouvelle figure. Cet échantillon qui est
aussi admirahlement conservé, fournit des données plus exactes
sur les rayons antérieurs, sur la nageoire ventrale et sur la
queue et l'on peut dire que, maintenant l'ostéologie de cette
espèce est entièrement connue.
Je renvoyé pour la description de la tête, de la bouche et
des branchies, au mémoire de sir P. Egerton, son exemplaire
étant sous ce point de vue plus parfait que le nôtre.
Les nageoires pectorales sont portées par une ceinture
forte, de laquelle partent de chaque côté deux arcs, dont le
réunion forme une sorte de 8 incomplet en arrière, et dont la
ceinture pectorale occuperait le milieu. De ces arcs partent
de chaque côté quaraute-sept rayons. Les plus longs sont
situés au tiers postérieur^ les antérieurs atteignent environ
les deux tiers de la longueur du plus grand. Chacun de ces
rayons est composé de phalanges plus longues et par consé-
quent moins nombreuses que dans la plupart des torpilles
56 POISSONS FOSSILES
vivantes, chaque doigt en ayant en maximum six à sept. Cha-
que phalange est partagée en articulations nombreuses, ou
petits osselets, à peu près aussi longs que larges.
La nageoire ventrale est composée de huit rayons divisés
de même, l'externe est le plus court^ ils augmentent jusqu'au
cinquième.
La colonne épinière décroit uniformément depuis la tête
jusqu'à l'extrémité de la queue, en s'élargissant toutefois un
peu au bassin. Je compte trois vertèbres visibles sur la cein-
ture pectorale ou en avant, quatorze entre cette ceinture et la
ceinture pelvienne, et environ trente et une jusqu'à l'extré-
mité de la queue.
DU MONT LIBAN. 57
TABLEAU GE\ERAL
DES
ESPÈCES DE POISSONS FOSSILES DU MONT LIBAN
ACTUELLEMENT CONNUES.
1° ESPECES DES CALCAIRES MARNEUX TENDRES SITUÉS SOUS LE
COUVENT DE SACH EL AALMA.
CTENOIDES.
1. PagcUiis k'ptosteus, Agassiz, espèce qui n'a pas été décrile en déUiil, ni
figurée.
2. Pagellus Libanicus, PIctet, décrit p. 1 1 et tiguré pi. 1, Og. 2 el ô, où il
esi indiqué par erreur sous le nom de Paijellus oval'is.
5. Pijcnosierinx discoules, Heckel , Fisclie Syriens, p. 238, pi. 2-3, li^'-. 3,
espèce dont nous possédons des empreintes, voisine de la suivante mais distincte.
4. Pijcnoslerinx Heclieln, Pictet, p. lo et pi. 2, lig. 1 et 2.
0. Pijcnostermx Rttssegerii, Heckel, loc. cit. p. 236, pi. 23. Cv^. I a.
Espèce plus allongée que les précédentes.
6. Pijcnosierinx dorsalïs, Pictet, p. 17 et pi. 2, iig. 5. Espèce voisine de la
précédente el remarquable par la longueur de sa dorsale et par la forte épine de
son anale.
7. Vomer parvulus, Agassiz, espèce non figurée el incomplètement décrile. Je
ne l'ai pas vue.
CVCLOIDES ACANTIIOPTÉRVGIENS.
8. Mesogasicr tjracilis, Pictet, p. 24 et pi. 3, fig. 2.
9. Sphijrœna /Imici, Agassiz, Poissons fossiles, tome V, p. 47, pi. 10, fig. 3.
Espèce connue seulement par ses mâchoires.
8
58 POISSONS FOSSILES
10. fsodus snicaïui, Heckcl, Fische Syriens, p. 241, p!. 23, lig. 4. Espèce
liès-douU'iise, élal)lie st'iilcnieiilsiir une mâchoire iiilV'iipiire dont les dénis ne me
|)!iraisseiit pas assez coniprimces ponr jusiilier l'associalion de ce poisson avec les
Spliyiénoïdes et qui pourraient tout aussi bien appartenir aux Eurypholis ou ii
plusieurs autres genres. Je n'ai pas vu celle espèce en nalurc
CVCI.OÏDES MALACOPTKRYGÎENS.
! I. Osmcroïdes megaplerus, Pictet, p. 27 et pi. .", lig. 3.
12. EunjplioUs longidens, Pictet, p. 51 et pi. 5, lîg. l .
iô. Spaniodon Blondcl'û, Pictet, p. 54 et pi. 5, fig. 2 à 4.
14. Spaniodon doncjalus, Pictet, p. 55 et pi. 6. fig. 1 et 2.
13. Cliipca latn, Agassiz, l>oissons fossiles. Vol. II, p. H8,pi. 61, lig. lU. —
Piciet, p. 57 et pi. 7, fig. 1.
IG. Cliipca miii'imn Agassiz, Poissons fossiles. Vol. Il, p. 120, pi. (51, lig. 1. —
Piciet. p. 41, pi. 7, fig. 4.
17. Cliipea Bcnrardi, Blainv., Agassiz, Poissons fossiles. Vol. Il, p. 1 17. pi. (il,
lig. 2. Je n"ai pas vu cette espèce.
18. Rliinellits fiircattis, Xgassh, Poissons fossiles. Tome H, 2= pari. p. 2()(),
pi. 58 b, fig. 5. —Pictet, p. 44 et pi. 8, fig. 5 et 4.
SCLKRODERMES.
19. Dciceùs lenuis, Pictet, p. 46 et pi. 0, fig. 1 à 4. Espèce confondue par
M. Agassiz avec la précédente.
20. Dercetis tnqneler, Piclel, p. 47 et pi. 9, fig. 5 et (j.
21. Dercelis limiitifer, Pictet, p. 47 et pi. 9, fig. 7 et 8.
CHONDROPTÉRYGIENS OU PLACOÏDES.
22. Spinax pimœvus, Pictet, p. 55 et pi. 10, Cg. 1 à 5.
2» ESPÈCES DES CALCAIRES SILICEUX DURS SITUÉS DANS LE
VOISINAGE DU VILLAGE DE HAREL.
CTÉNO'iDES.
25. Beiijx vcxiliijer, Piclel, p. 8 et pi. 1, fig. 1.
24. Plalaxminor, Piciet, p. 19 et pi. 2, fig. 4.
25. Pcudnpicrijx Sijriacm, Pictet, p. 22 et pi. 5, fig. 1.
DU MONT LIBAN.
S9
CYCLOÏDES MALACOPTERYGIENS.
26. Eunjpholis sulcidcns, Pictet, p. 29 el pi. 4, lîg. 1.
27. Eunjpholis Boissieri, Pictel, p. 30 et pi. 4, fig. 2 à 4.
28. Cliipea sard'moïdes, Pictel, p. 38 et pi. 7, Cg. 2.
29. Clupeu macropktalma, Hefkel, Fisclii> Syriens, p. 242 et pi. 23, fig. 2.
Espèce voisine de la précédente mais plus allongée et à vertèbres moins nom-
breuses.
30. Clupcalntkauda, Piclet. p. 5fl el pi. 7, fig. 3.
51. Clupea brevhs'wm, Agassiz , Poissons fossiles, Vol. Il, p. i17, pi. 61,
fig. 6 a 9. — Pictet, p. 41, pi. 8, fig. 1 et 2. Espèce très-commune.
32. Clupea gigantea, Heckel, Fische Syriens, p. 240. Espèce douteuse.
SILUROÏDES.
33. Coccodus annatus, Piclot, p. 51 et pi. 9, fig. 9.
CHONDROPTÉRVGIENS OU PLACOÏDES.
34. Cijclobatis oligodacty lus, Egerlon, Quartely journal ofllieGeol. Soc. 1845,
p. 22.3 et pi. 5. — Piclet, p. 55 et pi. 10, fig. 4.
Poissons dn Liban
Pli.
Fio 1.
'^-^^^i^MM
■ •^<7. ,
Fio. S
^£^/z^^ iOi'/Ta/. là/'a'ài^
LUh Schmii à Genève.
Fio . 1 Bcrvx vexillifer._ Fio. 2 fi- 3 Paoelliis ov alis .
Poissotvs du Liban..
j5ef^/z/'y-- a.i' naf i^/tt' ///^
2f/} /â Scfimid ï Cenèi'S.
Fié. 1 âr 2 Pycnoslerinx Herkelii _ Fiô 5 Pvcnosteriiix doi'salis —
Tio. 4. Platax iniaor
3
Poissons du LibaiL.
PI 3
Yio.Z.
A/r/mr, <^<^^ na/> cM riZi^.
Lith. Schmid à Genève.
\\à \ Petaloptervx Syriacus . Fio.2. Mesogaster «racilis
Fio 'i Osmeroides megapterus.
Poissons du Liban.
P1.4
'A-'J'l''<
Firt h.
£er^/ier aéï neU (ùl el àé/u
lith de ùchrrnd è
Fig.l. Eurypliolis sulcideiis . Tio. 2.5.4. Eurypholis Boissieri
Poissons du Liban.
P1.5
Ti&.i.
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TiA.4.
TÏ6. 1 EiiTvpholis longidens
lità-deSckjiud, Genève/.
_ Fio . 2 . 5 . 4 . Spaniodon BJondelii.
rr.
Poissons Au Liban.
PI. 7.
FiA.l
Fi6.2.
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Yià.i.
Liitt HfOCfirnia à. i^enève..
Fi;;. 2 . Clupea S ardinoïdes ._ Fié. 3. Clupea laticaiula.
Fio. 4 Cliipca iniiiiTiin.
Poissons du Liban.
PI. 8.
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Tiô.l.
Fio. 3.
Fio. 1 el 2. Clupea brevissima _ Fig. 3 et 4 Rhinellus furratus .
Poissons du Liban .
P1.9.
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Fi6.2.
FiA 1.
jo. 4.
_/ TU. 6.
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Fio . 7 .
Berar/ifr a^ /ta/ df/ ef IrJJj
l-Jh JeSchTr^iJ ûiJlffyc.
Fig. 1-4 Dercelis teiiuis. Fi^.ï 8: 6 Dercelis triqueter. Fio 7 ft8 Dercelis linouifer
Fio.î) (occodus armaLus .
Poissons dii Liban.
PI 10,
Tio 3
Me^ftc^- a^/TZizâ: ^/.e^/r'é^
^/A^. g^tScf/rrti^tîffa'Ti^fi.
Fiô. 1.2. 3. Spinax primae^iis . Fiô. 4. Cyclobatis oligodactylus .
UilillUilili!
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OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
QUE l'on trouve :
A Genève, chez J. Cherbuliez et chez J. Kessmann, cl à Paris, chez
Langlois et Leclerq ou cbezJ.-B. B.villière:
Traité élémkntaire de Paléontologie , [ou Histoire naturelle des Animaux
fossiles. Genève, 1844-46. 4 vol. in-S" avec 73 planches. Fr. .38.
Histoire naturelle des Insectes Kévroptères. Genève. 8°.
Cet ouvrage paraît par livraisons de deux à trois feuilles de texte el de
cinq planches , gravées dans les ateliers de M. Nicolet à Neuchâtel , et
soigneusenient]coloriées. Prix de chacune : Fr. 6. ..x
Les deux premières monographies sont en vente. Celle des Peelides
est composée de onze livraisons; celle des Éphémérines de dix.
RRCHEacHEs pour servir ;i l'histoire et à^l'anatomie des Phryganides. •'Genève,
1834. 4". Avec 20 planches coloriées. Fr. 40.
Description de quelques nouvelles espèces de Névroptères. Genève, 1836.
))r. 4". Avec 1 planche coloriée. Fr. 2.
Kote sur les organes respiratoires des capricornes. Genève, 1835. hr. 4".
Avec I planche. Fr. 1. 50.
Notices sur les Animaux nouveaux ou peu connus du Musée de Genève.
1" série : Mammifères.
Première livraison, contenant une noie sur quelques Rongeurs épineux du
Brésil et la description d'une nouvelle espèce de Rat des environs de Genève.
Avec 6 planches, dont 5 coloriées. Fr 5.
Deuxième livraison, renfermant la description de trois Rongeurs du Brésil.
Avec 5 j)lanches, dont 3 coloriées. Fr. 5.
Troisième et quatrième livraisons réunies , compi'enant la monographie
des U;ils du Brésil. Avec 12 planches, dont 11 coloriées. Fr. 12.
Description des Mollusques fossiles des c'rès verts des environs de Genève.
Genève, 1849. 4" fen collaboration avec M. le Docteur Roux).
Cet ouvrage sera composé de trois livraisons. La première (Céphalopodes) el
la seconde (Gasléropodes) ont paru et contiennent 27 planches; la troisième
sera pidiliée inr.ssamment. Prix de chaque livraison : Fr. 1 5.
Descrii>ti,)n d'un veau monstrueux, formant un genre nouveau (Hétéroïde).
Genève, 1850. I". Fr. 3.
(£>A'vite