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Full text of "Description des plantes vénéneuses du canton de Neuchatel à l'usage des écoles et des gens de la campagne"

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CANTON  DE  NEUCHATEL 


A L USAGE  DES  ECOLES 


Première  liçraison, 


NEUCHATEL 


IMPRIMERIE  DE  HENRI  WOLFRATH 


OF  THE  GEAY  HEEBARIUM 


I 5M  4 HAKVAKD  UNIVEKSITY. 


BOUGHT. 


PLANTES  VÉNÉNEUSES. 


' DESCRIPTION 


DES 

PLA]\TES  VE]VEI\IEIJSES 

I 


CANTON  DE  NEUCHATEL. 

A l'usage 


Ccoteé  et  be^ 


cani 


pa^n/ej». 


NEUCHATEL, 


IMPRIMERIE  DE  HENRI  WOLFRATH. 


flAR  26  1912 

Gray'  Herbarium 
Harvard  University 


AVANT-PROPOS. 


On  sentait  depuis  longtemps  le  besoin  d’un  Traité  tel  que  celui 
que  nous  offrons  au  public  Neuchâtelois,  spécialement  destiné 
aux  instituteurs  et  aux  gens  de  la  campagne  ; c’est  à la  demande 
(lu  Gouvernement,  toujours  disposé  à répondre  aux  vœux  utiles 
et  d’un  intérêt  général,  qu’il  a été  rédigé.  îl  l’est  sans  aucune  pré- 
tention scientifique;  au  contraire,  nous  nous  sommes  attachés  à 
le  rendre  aussi  simple  que  possible  et  à éviter  autant  que  nous 
l’avons  pu,  la  nomenclature  technique,  afin  de  le  rendre  intelli- 
gible aux  personnes  auxquelles  il  est  surtout  destiné. 


— 2 — 

Si  nous  n'avons  pas  cru  devoir  nous  borner  à traduire  un  des 
ouvrages  populaires  qui  ont  paru  en  Allemagne  sur  les  plantes 
vénéneuses  indigènes,  [c'est  que  nous  n'en  avons  trouvé  aucun 
^ qui  répondît  spécialement  à notre  but  ; ils  nous  ont  paru  ou  trop 
étendus,  ou  trop  scientifiques , ou  donnant  trop  peu  de  place  à la 
partie  anecdotique,  celle  surtout  qui  est  propre  à intéresser  des 
lecteurs  : nous  avons  néanmoins  tiré  de  ces  différens  ouvrages 
tout  ce  qu'ils  nous  ont  semblé  contenir  d'utile  et  d’intéressant. 

On  nous  fera  sans  doute  un  reproche,  celui  de  n'avoir  point 
parlé  des  champignons,  qui  jouent  cependant  un  si  grand  rôle 
parmi  les  poisons  végétaux  ; mais  c'est  après  mûre  réflexion , 
qu'ils  ont  été  exclus  de  ce  Traité.  Donner  les  caractères  et  les 
figures  de  quelques  champignons  vénéneux  seulement,  serait 
faire  présumer  que  les  autres  sont  innocents,  tandis  que  tous,  à 
peu  d'exceptions  près,  doivent  inspirer  de  la  défiance;  d'ailleurs 
les  caractères  qui  séparent  les  espèces  mangeables  de  celles  qui 
sont  dangereuses,  sont  souvent  très-délicats  et  difficiles  à saisir, 
et  ne  peuvent  l'étre  dans  certains  cas  que  par  des  botanistes  exer- 
cés. On  ne  doit  donc  manger  des  champignons  que  quand  ils  ont 
été  cueillis  par  des  personnes  qui  les  connaissent  par  une  longue 
expérience,  connaissance  qu'aucune  figure  ni  aucune  description 
ne  peut  donner  à des  gens  étrangers  à la  science  botanique. 

A défaut  d’autre  valeur,  peut-être  cet  ouvrage  aura-t-il  au 
moins  le  mérite  secondaire  de  faire  naître , parmi  nos  populations, 
le  goût  de  l’histoire  naturelle  et  de  donner  de  bonne  heure , a 


O 


Tesprit  des  jeunes  gens  de  nos  campagnes,  une  direction  utile  qui 
les  porte  vers  Tobservation  de  la  nature,  trésor  inappréciable  et 
l’un  des  plus  propres,  par  les  nobles  goûts  qu’il  inspire,  à les 
garantir  des  tentations  du  vice  et  des  écarts  où  la  paresse  et  le 
désœuvrement  en  entraînent  un  si  grand  nombre. 

Nous  ne  finirons  pas,  sans  adresser  nos  remerciemens  à M.  le 
professeur  Agassiz , qui  a bien  voulu  nous  aider  de  ses  conseils  et 
surveiller  l’exécution  des  planches,  ainsi  qu’à  M.  Louis  Chapuis, 
pharmacien  à Boudry,  qui  nous  a fourni  plusieurs  notes  intéres- 
santes dont  nous  avons  fait  usage,  sur  plusieurs  des  plantes  con- 
tenues dans  cet  ouvrage. 

Neuchâtel,  le  13  février  48^6. 

Ch.  Godet. 


V 


INTRODUCTION. 


On  comprend,  sous  le  nom  de  poisons  végétaux,  non-seulement 
les  plantes  dont  le  suc,  introduit  dans  l’économie  animale,  peut 
donner  la  mort , mais  encore  toutes  celles  qui , mises  en  contact 
avec  le  corps,  intérieurement  ou  extérieurement,  agissent  sur  lui 
d’une  manière  délétère  et  peuvent  produire  des  lésions  plus  ou 
moins  graves  sur  les  divers  tissus. 

Si  quelques-unes , comme  la  Jusquiame , repoussent  déjà  par 
leur  seul  aspect  ou  leur  odeur,  il  en  est  aussi  qui , soit  par  leurs 
fleurs,  comme  l’Aconit,  soit  par  leurs  fruits  , comme  la  Belladone, 
séduisent  facilement  les  personnes  imprudentes,  surtout  les  enfans, 
habitués  par  instinct  à tout  cueillir  et  à porter  à la  bouche  tout 
ce  qu’ils  tiennent  à la  main.  D’autres  de  ces  plantes  dangereuses, 
comme  la  Ciguë , par  leur  fatale  ressemblance  avec  des  plantes 
usuelles  alimentaires , sont  souvent  confondues  avec  celles-ci  par 
des  cuisinières  ignorantes , et  de  graves  accidens  ne  sont  que  trop 
souvent  le  résultat  de  cette  fâcheuse  confusion.  Il  importe  donc. 


6 


surtout  aux  habitaus  de  nos  campagnes , d’apprendre  à connaître 
d’une  manière  certaine  les  végétaux  dangereux  de  la  contrée  qu’ils 
habitent;  ce  qui  n’est  ni  long,  ni  difficile,  attendu  que,  dans  la 
Flore  de  notre  pays , le  nombre  des  plantes  nuisibles  est  très-peu 
considérable,  en  comparaison  de  celui  des  plantes  utiles  ou  de 
celles  qui  n’exercent  aucune  action  quelconque  sur  l’économie 
animale. 

On  peut  diviser  les  poisons  végétaux , d’une  manière  générale , 
en  poisons  narcotiques  et  en  poisons  acres.  Les  premiers  exercent 
leur  funeste  action  sur  le  système  nerveux  et  sur  le  cerveau  en 
particulier,  et  donnent  lieu  à des  symptômes  variés,  comme  en- 
gourdissement, pesanteur  de  la  tête,  somnolence,  vertiges,  sorte 
d’ivresse,  état  apoplectique,  délire  gai  ou  furieux,  trouble  ou  perte 
momentanée  de  la  vue , le  plus  souvent  avec  dilatation  des  pupilles, 
mouvemens  convulsifs , faiblesse  ou  paralysie  des  membres , sur- 
tout des  membres  inférieurs , sensibilité  diminuée  des  organes  des 
sens,  nausées,  vomissemens,  et  enfin  la  mort.  Les  seconds  agis- 
sent , par  l’âcreté  de  leurs  sucs , sur  l’estomac  et  les  intestins , ou 
extérieurement  sur  la  peau,  et  y déterminent  des  inflammations 
et  des  lésions  plus  ou  moins  promptes  ou  plus  ou  moins  graves, 
comme  le  Colchique,  plusieurs  espèces  de  Renoncules,  etc.  Il  est 
aussi  d’autres  poisons  qui  participent  aux  deux  propriétés  dont 
nous  venons  de  parler,  et  agissent  en  même  temps  comme  poisons 
narcotiques  et  comme  poisons  âcres  ; on  les  a nommés  narcotiques- 
acres;  tels  sont  surtout  la  Ciguë  et  la  Digitale. 

En  cas  d’empoisonnement  par  l’un  ou  l’autre  de  ces  végétaux , 
que  ce  soit  par  la  racine,  par  les  feuilles  ou  par  le  fruit,  et  dés 
que  l’on  vient  à se  sentir  subitement  indisposé,  il  faut  d’abord 
chercher  à constater  quelle  peut  être  l’espèce  qui  a produit  l'acci- 
dent, et  faire  appeler  sur-le-champ  le  médecin  : on  doit,  en  atten- 
dant, provoquer,  par  tous  les  moyens  possibles,  d’abondans  vo- 
missemens pour  débarrasser  l’estomac  de  la  substance  nuisible,  en 
portant  les  doigts  au  fond  de  la  bouche , ou  en  titillant  le  gozier 


7 


avec  une  barbe  de  plume,  et  en  faisant  boire  abondamment  de 
Feau  tiède  ou  des  boissons  émollientes  (décoction  de  mauve,  de 
graine  de  lin , etc.),  si  la  substance  avalée  est  présumée  de  nature 
âcre  ; par  de  Feau  tiède  acidulée  de  vinaigre  ou  de  jus  de  citron , 
si  le  poison  est  de  nature  narcotique.  Dans  ce  dernier  cas  encore, 
il  faut  que  le  malade  reste  debout  ; on  doit  lui  laver  le  visage  avec 
de  Feau  fraîche  vinaigrée,  lui  frapper  sur  le  dos  et  chercher,  par 
tous  les  moyens  possibles , à le  maintenir  gai  et  éveillé.  On  peut 
aussi  employer  des  lavemens  de  petit-lait , ou  de  miel  et  de  sel.  Si 
Faction  du  poison  a déjà  fait  des  progrès  tels  que  le  malade  soit 
sans  connaissance,  il  faut  continuer  à tâcher  de  le  faire  vomir, 
lui  faire  avaler  une  cuillerée  de  vinaigre,  lui  en  laver  la  figure  et 
lui  frotter  tout  le  corps,  surtout  Fépine  du  dos,  avec  des  linges 
trempés  dans  du  vinaigre. 

Ces  plantes  dangereuses , dans  lesquelles  le  Créateur  a déposé 
une  force  si  active,  deviennent,  la  plupart,  par  Femploi  quen  fait 
la  médecine , de  puissans  remèdes  dont  la  vertu  bienfaisante  com- 
pense et  au-delà  Faction  malfaisante  : c’est  aussi  sous  ce  rapport 
que  les  plantes  dont  il  va  être  question  dans  l’ouvrage  que  nous 
offrons  au  public,  méritent  toute  notre  attention.  Ainsi,  tandis 
que  les  poisons  narcotiques  produisent  à forte  dose  les  fâcheux 
symptômes  que  nous  avons  signalés,  administrés  avec  prudence 
et  à dose  convenable , ils  peuvent  devenir  d’excellens  caïmans 
contre  de  violentes  douleurs , et  produire  d’heureux  effets  curatifs 
' dans  plusieurs  maladies  ; de  même  aussi  les  substances  âcres  peu-  ♦ 
vent  se  changer  en  excitans  précieux  et  devenir,  dans  certains  cas, 
d’utiles  moyens  de  guérison. 

Nous  sommes  loin , sans  doute , de  prétendre  avoir  passé  en 
revue  toutes  les  plantes  indigènes  signalées  comme  suspectes  ; nous 
avons  dû  nous  borner  aux  plus  dangereuses  et  aux  plus  nuisibles  : 
cela  suffira  pour  le  moment.  Nous  serions  heureux  si  cet  ouvrage, 
à la  rédaction  duquel  nous  avons  apporté  tous  nos  soins,  atteignait 
le  but  que  nous  nous  sommes  proposé , en  diminuant  les  chances 


8 


d’accidens  ou  en  épargnant  à quelques  familles,  sinon  la  mort  d’un 
de  leurs  membres,  du  moins  les  inquiétudes  que  les  empoisonne- 
mens  par  des  substances  végétales  n’occasionnent  que  trop  souvent. 

Dans  un  second  fascicule  nous  ferons  connaître  quelques  autres 
plantes  qui , pour  être  moins  dangereuses  , n’en  doivent  pas  moins 
être  signalées  comme  suspectes , à cause  des  désordres  qu’elles 
peuvent  occasionner  dans  l’organisme  de  l’homme. 

Toujours  prêt  à favoriser  ce  qui  peut  être  utile,  le  Conseil 
d’Etat  a non-seulement  daigné  encourager  cette  publication  ; il  l’a 
même  prise  sous  sa  protection  spéciale,  et  en  a fait  tous  les  frais, 
en  vue  d’en  mettre  le  prix  à la  portée  de  tout  le  monde. 

Neuchâtel,  en  avril  1845. 


C.  G. 


LvlK  cLeVicolcl  à,^^eucl■l-itel 


Belladone^ 

Ati'opû  belladona. 


LA  BELLADONE. 


Latin,  Atrora  Belladona  L. 

Allemand,  Toîlkirsche,  Teufehbsere. 
Vulgairement,  Belle-^Dame ^ Bouton  noir. 


La  famille  des  Solanèes,  à côté  des  végétaux  les  plus  utiles  ou  les  plus 
répandus , tels  que  la  pomme-de-terre  et  le  tabac , renferme  grand  nombre 
de  plantes  suspectes  et  de  poisons  dangereux , comme  la  Pomme  épineuse , 
la  Jusquiame  et  la  Belladone  dont  il  est  ici  question.  Cette  dernière  est,  sans 
contredit , la  plus  redoutable  de  nos  plantes  indigènes  ; en  effet , il  ne  se 
passe  guère  d’années  qu’elle  ne  jette  le  deuil  ou  du  moins  l’inquiétude  dans 
quelque  famille;  ce  qui  s’explique  facilement,  si  l’on  considère  d’abord  , 
qu’elle  est  très-commune  dans  tout  notre  Jura,  et  ensuite  que  son  fruit  atteint 
sa  maturité  dans  la  saison  la  plus  chaude  de  l’année , au  moment  même  oii 
de  nombreuses  troupes  de  femmes  et  d’enfans  se  dispersent  de  tous  côtés 
dans  nos  montagnes  pour  cueillir  le  myrtille , la  framboise  et  la  mûre  sau- 
vage. Aussi  importe-t-il  de  la  faire  connaître  avant  toute  autre.  Elle  fleurit 
en  juillet  et  août , et  mûrit  ses  fruits  jusqu’en  octobre. 

La  racine  de  cette  plante  est  vivace  , longue  et  difficile  à extirper. 
La  tige  est  droite  , couverte  d’une  pubescence  visqueuse  , et  forme , par 
les  bifurcations  plusieurs  fois  répétées  de  ses  rameaux , un  large  buisson 
étalé  d’un  aspect  triste,  et  qui  s’élève  de  4à  5 pieds.  Les  feuilles , d’un  vert 
sombre  , sont  entières , ovales , amincies  aux  deux  bouts , attachées  souvent 
deux  ensemble  au  même  point  d’insertion  et  d’inégale  grandeur.  Les  fleurs, 
d’un  jaune  verdâtre  sale  , bordées  d’un  brun  pourpre  et  en  forme  de  cio-, 
che , sont  longues  d’un  pouce  environ  et  pendantes  au  sommet  de  pédoncu- 
les grêles  et  pubescens  (légèrement  velus).  Leur  limbe  est  divisé  en  cinq 
lobes  peu  profonds.  Le  calice  est  profondément  découpé  en  cinq  divisions 
ovales,  qui  s’étalent  en  étoile  sous  le  fruit , à sa  maturité.  Le  fruit  est  une 
baie  globuleuse , d’un  noir  luisant , ressemblant  à une  cerise  et  renfermant 
grand  nombre  de  semences  brunâtres  et  un  peu  rugueuses. 

Toutes  les  parties  de  la  Belladone , particulièrement  la  racine  , sont 
vénéneuses , exhalent  une  odeur  nauséabonde  et  ont  une  saveur  fade  et  un 
peu  âcre  ; mais  c’est  surtout  le  fruit , qui , par  sa  ressemblance  avec  la 

{ 


cerise  et  par  sa  saveur  douceâtre , séduit  les  personnes  ignorantes  de  ses 
propriétés  délétères  et  ne  donne  que  trop  souvent  lieu  à de  graves  accir 
dens.  D’après  les  renseignemens  qui  nous  sont  parvenus,  douze  de  ces  baies 
ont  suffi  pour  donner  la  mort  dans  certains  cas  où  aucun  remède  n’a  été 
administré  ; dans  d’autres  cas  , on  a pu  sauver  des  personnes  qui  en  avaient 
avalé  jusqu’à  vingt.  On  a vu  aussi  un  accident  grave  résulter  d’une  infusion 
des  feuilles  de  cette  plante  prescrite  à un  paysan  par  un  mVge. 

Les  symptômes  d’empoisonnement  sont , successivement,  une  espèce  d’i- 
vresse , des  vertiges , le  délire , une  soif  ardente , le  gonflement  de  la  face , 
l’immobilité  de  la  pupille  , des  spasmes  convulsifs  qui  finissent  par  un  état 
de  somnolence  et  de  froid  qui  gagne  tout  le  corps.  — D’après  Halineman , 
l’effet  du  poison  dure  au  moins  58  heures  et  au  plus  72  heures. 

Les  remèdes  consistent  d’abord  en  vomitifs  énergiques , puis  en  boissons 
acidulées  avec  du  vinaigre  ou  quelqu’autre  acide  végétal , du  jus  de  citron  , 
par  exemple.  En  tout  cas^  il  faut  réclamer  sur-le-champ  , si  possible  , les 
secours  d’un  médecin  éclairé. 

Un  fait  singulier,  c’est  que , quoique  cette  plante  soit  si  dangereuse  pour 
la  race  humaine  , elle  est  néanmoins  recherchée  par  divers  animaux  , tels 
que  les  moutons , les  lapins , les  porcs  et  surtout  les  limaçons  qui  en  brou- 
tent avidement  les  feuilles. 

Administré  avec  précaution  et  par  une  main  habile , le  suc  de  la  Bella- 
done devient  un  remède  énergique  contre  plusieurs  maladies , comme  pres- 
([ue  tous  les  autres  poisons  végétaux  ou  minéraux  , même  les  plus  violens. 

On  retire  aussi  des  baies , cueillies  avant  leur  maturité , une  belle  couleur 
verte , dont  font  surtout  usage  les  peintres  en  miniature.  Les  Italiennes  se 
servent  du  suc  des  feuilles  pouç  blanchir  la  peau  et  préparent,  par  l’expres- 
sion du  fruit , une  espèce  de  fard  pour  entretenir  l’éclat  du  teint  ; de  là  son 
nom  de  Belladone. 


Litil . delNlicole^slK  e-ucKatel. 


Dalura  slramoine 

Dalura  sl:rain onium. 


LA  POMME  ÉPINEUSE. 


Latin  , Datura  stramonium  L. 

Allemand  , Stechapfel , DornapfeL 

VulgairemS  Stramoine,  Herbe  aux  sorciers  , Herbe  du  diable  ^ 
Endormie , etc. 


La  Pomme  épineuse  appartient  à la  famille  suspecte  des  Solanées  ; elle 
n’est  point  indigène  dans  nos  contrées.  Elle  nous  est  venue  , suivant  les 
uns , d’Amérique , suivant  les  autres  (ce  qui  est  plus  probable)  de  l’Inde  , 
d’où  elle  nous  aurait  été  apportée  par  les  Bohémiens  ou  Zigeuner  ; elle  est 
d’ailleurs  assez  rare  chez  nous  et  ne  se  rencontre  guères  que  dans  les  dé- 
combres ou  les  lieux  incultes  , aux  environs  des  habitations  et  des  jardins  , 
où  elle  fleurit  de  juillet  en  septembre. 

Sa  racine  est  annuelle , épaisse  et  blanchâtre.  La  tige  est  droite , de  2 7* 
à 4 pieds  de  haut , très-rameuse , à rameaux  écartés  ; les  feuilles  sont  gran- 
des , plus  ou  moins  ovales , lisses , sinuées-anguleuses  et  d’un  vert  foncé  ; 
les  fleurs  blanches , longues  de  2 à 3 pouces  et  plus  , naissent  dans  les  bi- 
furcations des  rameaux , portées  sur  de  courts  pédoncules  : elles  ont  la 
forme  d’un  entonnoir  ou  d’un  cornet  plissé  à cinq  angles , dont  le  tube  est 
enveloppé  , à sa  partie  inférieure  » par  un  calice  vert  à cinq  dents.  A ces 
fleurs  succède  un  fruit  de  la  grosseur  d’une  noix  ou  d’un  marron  , hérissé 
de  nombreuses  épines  , d’où  lui  vient  son  nom  de  Pomme  épineuse. 

Toutes  les  parties  de  cette  plante , même  les  graines  , contiennent  un  poi- 
son dangereux  et  analogue  à celui  de  la  Belladone.  Les  feuilles  exhalent , 
particulièrement  dans  les  temps  chauds  , une  odeur  fétide  et  nauséabonde 
qui  porte  à la  tête.  Prise  à l’intérieur  et  suivant  que  la  dose  a été  plus  ou 
moins  forte  , elle  produit  successivement  les  mêmes  symptômes  que  la  Bel- 
ladone ; aussi  l’empoisonnement  causé  par  l’une  doit-il  être  traité  de  la 
même  manière  que  l’empoisonnement  causé  par  l’autre  ; c’est-à-dire  par  des 
vomitifs  et  des  boissons  acidulées  de  vinaigre  ou  de  jus  de  citron.  Au  reste 
aucun  cas  d’empoisonnement  par  la  Pomme  épineuse  ne  nous  a été  si- 
gnalé dans  notre  canton.  Les  porcs  sont  les  seuls  animaux  qui  broutent 


cette  plante  , et  l’on  assure  que  les  graines , données  chaque  jour  à petite 
dose  à ces  animaux  , sont  un  excellent  moyen  de  les  engraisser  prompte- 
ment.; on  prétend  qu’il  en  est  de  même  avec  les  chevaux. 

Administré  avec  précaution , l’extrait  de  la  Pomme  épineuse  passe  pour 
un  remède  précieux  contre  la  manie,  l’épilepsie  et  autres  maladies  ana- 
logues. 


Jusquiame, 

Hyoscyamus 


I\lk.  fie  IFicolet-  it  i e '.'.chatel 


LA  JUSQUIAME. 


Latin  , Hyoscyamus  ntger  L. 

Allemand,  Bilsenkraut,  Teufelsauge  ^ Hiihnergift. 
Vulgairement,  Hanebame,  Potelée,  Careillade,  etc. 


Le  mol  grec , d’où  dérivent  les  noms  latins  et  français  de  cette  plante , 
signifie /èîje  de  Porc;  elle  appartient  encore  à la  famille  des  Solanées: 
peut-être  n’est-elle  point  indigène  dans  nos  pays , où  elle  se  trouve  rare- 
ment , toujours  dans  le  voisinage  des  habitations , dans  les  lieux  incultes , 
sur  les  décombres  et  les  ruines  d’anciennes  constructions  ; elle  fleurit  pen- 
dant tout  l’été. 

Sa  racine  est  annuelle  ou  bisannuelle , épaisse  , un  peu  ramifiée  et  blan- 
châtre à l’intérieur  ; la  tige , haute  d’un  à deux  pieds , est  droite , couverte 
de  poils  visqueux  ainsi  que  les  feuilles  ; celles-ci  sont  alternes , embrassant 
la  tige  par  leur  base,  molles,  d’un  vert  terne  et  livide  et  découpées  en  lobes 
profonds.  Les  fleurs  presque  sessiles  sont  d’abord  rapprochées  au  sommet 
de  la  tige  ; puis  à mesure  que  celle-ci  s’alonge  en  se  développant , elles 
forment  un  épi  unilatéral  (dont  les  fleurs  sont  tournées  du  même  côté).  Le 
calice  est  un  tube  très-velu  à cinq  dents  inégales.  La  corolle , en  forme 
d’entonnoir,  à cinq  lobes  arrondis  et  étalés  , est  d’un  jaune  livide , veiné 
de  pourpre  noirâtre,  rarement  tout-à-fait  jaune.  Le  fruit  est  une  capsule  à 
deux  loges , s’ouvrant  au  sommet  par  un  couvercle  arrondi  et  renfermant 
un  grand  nombre  de  semences  jaunâtres  et  ridées. 

La  Jusquiame  offre  à l’œil  quelque  chose  de  triste  et  de  repoussant , et 
l’odeur  qu’elle  exhale  est  forte  et  désagréable.  C’est  un  poison  narcotique 
aussi  actif  que  la  Belladone  : il  agit  d’une  manière  puissante  sur  le  système 
nerveux,  soit  pris  à l’extérieur , soit  appliqué  extérieurement  sur  des  par- 
ties dénudées. 

Les  cas  d’empoisonnement  doivent  être  combattus  de  la  même  manière 
que  ceux  qui  sont  causés  par  la  Belladone  et  la  Pomme  épineuse. 

En  médecine  la  Jusquiame  devient  un  remède  précieux  dans  plusieurs  ma; 
ladies.  On  recommande  souvent , comme  excellent  remède  contre  les  maux 
de  dents  , de  recevoir  dans  la  bouche  la  fumée  produite  par  la  graine  des- 
séchée de  cette  plante;  mais  l’usage  de  ce  moyen  doit  être  déconseillé,  puis- 


qu’il  peut  être  suivi  d’accidens  plus  graves  que  le  mal  qu’il  devrait  guérir. 
Cependant  la  décoction  chaude  de  Jusquiame  peut  être  employée  avec 
succès  en  fomentations  dans  des  cas  d’entorses  et  de  contusions,  et  ses  feuil- 
les bouillies  dans  l’eau  ont  souvent  réussi  à calmer  de  violentes  douleurs  de 
rhumatisme. 

Cette  plante  si  malfaisante  est  néanmoins  broutée  sans  inconvénient  par 
les  chèvres  et  les  vaches  ; elle  est  même  recherchée  par  les  moutons  et  les 
porcs  ; mais  elle  est  funeste  aux  poules , aux  oies  et  à tous  les  oiseaux  , 
ainsi  qu’aux  poissons. 

Toutes  les  autres  espèces  de  Jusquiame  connues  participent  plus  ou 
moins  aux  propriétés  vénéneuses  de  celle  dont  il  est  ici  question. 


liiK  üeKicôléVàNeucliâtel 


Colclucjue, 

, C olchicuTTi  auUimnàle. 

V 


ÿ-' 


LE  COLCHIQUE  D’AUTOMNE. 


Latin , Cokhicum  autumnale  L. 

Allemand,  Spinnhlume , Herbstzeitldse. 

Vulgairem^,  Safran  bâtard^  Veülote,  Velvote^  Tue-Chien , etc. 


Nous  voyous  chaque  année , au  commencement  de  septembre  ou  d’octo- 
bre , nos  prairies  humides  encore  vertes  , se  couvrir  d’une  quantité  de  fleurs 
d’un  rose  lilas  , à long  tube  , sortant  immédiatement  du  sol  et  en  apparence 
sans  feuilles.  C’est  le  Colchique  d’automne , messager  de  l’hiver  et  dés 
frimats  , connu  généralement  dans  le  vignoble  sous  le  nom  de  pipi , et 
dans  le  canton  de  Vaud  sous  celui  de  Watsetta.  — Le  nom  vulgaire  de  sa- 
fran bâtard  lui  vient  de  sa  ressemblance  avec  le  safran  d’automne  , qui  ne 
croît  point  chez  nous.  Quant  au  safran  printanier  qui  couvre  nos  pelouses 
jurassiques  à mesure  que  la  neige  en  disparaît , il  s’en  distingue  facilement 
par  une  fleur  plus  petite  violette  ou  blanche , ordinairement  striée  de  lignes 
purpurines  , et  par  les  feuilles  très-étroites  qui  paraissent  en  même  temps 
que  les  fleurs.  Le  Colchique  appartient , ainsi  que  le  Vérâtre  ou  Hellébore 
blanc,  à la  famille  des  Colchicacées , quoique  ces  deux  plantes  n’aient 
entr’elles  aucun  rapport  apparent. 

La  bulbe  du  Colchique  est  ovale , arrondie  et  profondément  enterrée , 
enveloppée  d’une  pellicule  sèche  et  brunâtre  ; elle  donne  naissance  en  au- 
tomne à une  ou  plusieurs  fleurs , assez  grandes  , d’un  lilas  pâle  ou  rosé  , 
dont  la  base  est  un  long  tube  grêle , qui  se  dilate  au  sommet  en  six  seg- 
mens  lancéolés , avec  six  étamines  naissant  intérieurement  du  sommet  du 
tube.  C’est  au  printemps  suivant  seulement,  qu’on  voit  sortir  de  terre  les 
feuilles  qui  sont  grandes  , planes,  d’un  vert  luisant , ressemblant  un  peu 
à mesure  qu’elles  s’alongent,  à celles  du  poireau,  entre  lesquelles  apparaît, 
au  mois  de  mai  ou  de  juin , une  capsule  sèche  à trois  coques  soudées  infé- 
rieurement et  renfermant  un  grand  nombre  de  graines  brunes  et  excessi- 
vement dures  , quand  elles  sont  mûres , mais  tendres  et  blanchâtres  avant 
leur  maturité. 

11  arrive  quelquefois  que  la  fleur,  retardée  en  automne,  ne  paraît  qu’au 
printemps  suivant  avec  les  feuilles.  C’est  un  fait  accidentel , qui  a lieu  sur- 
tout au  sommet  des  montagnes , où  le  développement  de  la  fleur  est  arrêté 


par  des  froids  plus  précoces  que  ceux  qui  se  font  sentir  dans  la  plaine  ; 
c’est  à cet  état  de  la  plante  que  quelques  auteurs  ont  donné  le  nom  de 
Colchique  printannier. 

Toutes  les  parties  de  cette  plante  , mais  surtout  la  bulbe  qui  exhale  une 
odeur  forte  et  désagréable  , contiennent  un  suc  âcre  et  vénéneux , particu- 
lièrement au  printemps.  Les  semences  mûrissent  en  même  temps  que  se  fait 
la  fenaison , et  ont  un  attrait  dangereux  pour  les  enfans  qui  ont  la  mauvaise 
habitude  de  manger  tout  ce  qui  leur  tombe  sous  la  main.  Aucun  animal  ne 
touche  aux  feuilles  du  Colchique.  Une  faible  dose  de  cette  plante  mangée 
par  un  chien  suffit  pour  le  priver  de  la  vue , et  les  graines  mêlées  au  foin 
ont  souvent  déterminé  de  graves  accidens  chez  les  herbivores. 

Les  symptômes  d’empoisonnement  sont  une  forte  inflammation  dans  la 
bouche,  l’insensibilité  de  la  langue,  le  flux  de  la  salive,  le  serrement  du  cou, 
et  suivant  que  la  dose  a été  plus  ou  moins  forte,  envie  de  vomir , soif  ardente, 
coliques,  diarrhée  et  inflammation  de  l’estomac.  On  doit  combattre  ces  acci- 
dens par  des  vomitifs,  des  boissons  de  lait  tiède , des  lavemens  d’huile,  etc. 
— Les  cas  d’accidens  ne  sont  pas  rares  dans  notre  pays.  Au  mois  de 
juin  1843,  à la  Brévine,  trois  enfans  qui  avaient  mangé  de  la  fécule  dont 
la  bulbe  est  presque  entièrement  composée , en  éprouvèrent  de  vives  dou- 
leurs : l’un  d’eux  succomba  au  bout  de  vingt-deux  heures , et  l’on  ne  par- 
vint que  difficilement  à tirer  d’affaire  les  deux  autres  en  provoquant  des  vo- 
missemens  réitérés.  — Au  Locle , un  médecin  eut  beaucoup  de  peine  à sau- 
ver un  enfant  de  trois  à quatre  ans , qui  avait  mangé  des  graines  de  cette 
plante.  Averti , d’une  manière  en  quelque  sorte  providentielle , de  la 
cause  de  l’accident , il  put  administrer  à temps  un  vomitif  qui  ne  laissa 
pas  au  poison  le  temps  d’agir  ; des  boissons  adoucissantes,  puis  acidulées, 
ne  tardèrent  pas  à amener  la  guérison. 

Le  Colchique  est  employé  en  médecine,  comme  remède  puissant , contre 
le  rhumatisme , la  goutte , l’hydropisie , etc.  Mais  il  doit  être  prescrit 
par  un  médecin  éclairé.  — Dans  quelques  parties  de  notre  canton,  les 
femmes  se  servent  des  feuilles  pour  en  frotter  la  tête  de  leurs  enfants  et  la 
débarrasser  de  vermine.  Ce  moyen  peut  quelquefois  n’être  pas  sans  incon- 
vénient. Un  usage  tout-à-fait  innocent  qu’on  fait  des  feuilles  dans  nos  cam- 
pagnes, est  d’utiliser  la  belle  couleur  jaune  qu’elles  fournissent  pour  teindre 
les  œufs  de  Pâques.  Ce  sont  alors  les  enfans  qui  se  chargent  d’aller  cueillir 
pour  leur  mère  de  la  pipi  dans  le  verger  voisin,  quand  Pâques  n’arrive  pas 
de  trop  bonne  heure. 


LilK.  âe  Nie  oleU'  Neucliatel 


Teralre  1)1  anc, 


Veratrum  album 


LE  VÉRATRE  BLANC. 


Latin,  Veratrum  album  L. 

Allemand,  Germer,  Weme  Nüsswurz 
Allemand  suisse,  Krœtzeren,  Gerheren. 
Vulgairement,  Hellebore  blanc,  Varaire,  Varaso. 


Le  nom  à' Hellébore  blanc  est  celui  sous  lequel  cette  plante  était  connue 
des  anciens  médecins , quoiqu’elle  n’ait  aucun  rapport  avec  le  véritable 
Hellébore  : elle  appartient  à la  famille  des  Colchicacées  , et  est  fort  com- 
mune dans  les  hauts  pâturages  de  notre  Jura , à Chaumont , aux  Loges , à 
la  Tourne , aux  Planchettes , etc.  Elle  fleurit  en  juillet  et  août. 

Sa  racine  fraîche  exhale  une  odeur  nauséabonde  ; elle  est  épaisse,  char- 
nue et  formée  de  fibres  réunies  en  touffe.  La  tige  est  droite  , simple,  cylin- 
drique , haute  de  trois  à quatre  pieds , garnie  de  feuilles  alternes  assez 
grandes,  ovales-elliptiques,  un  peu  velues  en  dessous,  plissées  dans  leur  lon- 
gueur et  embrassant  la  tige  par  les  gaines  qu’elles  forment  à leur  base.  Les 
fleurs  sont  disposées  au  sommet  de  la  tige  en  une  ample  panicule , dont  les 
rameaux , les  pédoncules  et  les  pédicelles  sont  légèrement  velus  ; elles  sont 
d’un  blanc  jaunâtre  ou  verdâtre , à six  divisions  ovales-oblongues , un  peu 
dentelées  et  médiocrement  étalées , avec  six  étamines  plus  courtes  que  les 
divisions  de  la  fleur.  Le  fruit  se  compose  de  trois  capsules  réunies  par  la 
base,  libres  au  sommet  et  renfermant  un  grand  nombre  de  graines. 

La  racine  est  la  seule  partie  de  cette  plante  employée  en  médecine  : elle 
est  âcre  et  amère  ; lorsqu’on  la  mâche , elle  excite  la  salivation  et  détermine 
sur  la  langue  une  impression  brûlante  qui  passe  difficilement  ; elle  est  telle- 
ment Vénéneuse  qu’elle  fait  périr  les  lapins , les  chats  et  les  chiens  sur  les 
plaies  desquels  on  en  applique  l’extrait  ; les  feuilles  aussi  purgent  violem- 
ment les  brebis  et  même  les  chevaux , et  les  semences  sont  funestes  aux 
oiseaux  de  basse-cour. 

La  feuille  du  Vératre  a quelque  ressemblance  avec  celle  de  la  Gentiane 
jaune  , qui  croît  dans  les  mêmes  localités  ; il  importe  de  ne  pas  confondre 
ces  deux  plantes  et  d’apprendre  à les  distinguer,  ce  qui  n’est  pas  dillicile, 
le  Vératre  ayant  les  fleurs  verdâtres , tandis  que  la  Gentiane  dont  nous 
parlons , les  a d’un  beau  jaune  formées  et  disposées  tout  autrement. 


Les  femmes  du  peuple  se  servent  souvent  de  la  poudre  de  Vératre  pour 
débarrasser  de  vermine  la  tête  de  leurs  enfans , et  on  a quelques  exemples 
d’accidens  causés  par  la  substitution  de  cette  poudre  au  poivre  ou  à telle 
autre  substance  en  poudre.  Les  elFets , quoique  rarement  mortels  , donnent 
lieu  à des  vomissemens  pénibles , des  vertiges , des  défaillances  et  des  con- 
vulsions , etc.  Dans  ces  cas , il  faut  favoriser  les  vomissemens  par  un  émé- 
tique ou  avec  du  thé  de  mauve  miellé. 

La  racine  fraîche  de  cette  plante  , ainsi  que  la  poudre  de  la  racine  sé- 
chée , sont  aussi  employées  dans  quelques  endroits  de  notre  pays  contre  la 
gale  des  hommes  et  du  bétail.  On  la  prépare  en  la  faisant  cuire  avec  du 
beurre  ou  en  la  mélangeant  avec  une  substance  grasse  quelconque.  Ce 
^ moyen  n’est  pas  sans  danger;  on  a vu  des  cas  où  des  moutons  soumis  à ce 
traitement  ont  enflé  et  péri. 

Cette  poudre  sert  encore  à faire  éternuer,  et  entre  dans  la  composition 
du  tabac  connu  sous  le  nom  de  Schneeherg  ou  tabac  céphaliqae.  Ce 
remède , rarement  utile , ne  doit  être  employé  qu’avec  prudence  et  discer- 
nement. 


. itlv.de  Nie  olfi  t à N euchalel 


Ci^uë  tacKée, 


Coniuin  macul  aluni. 


LA  GRANDE  GIGUE. 


Latin , Conïum  maculatum  L. 

A 1 lemand , BlutscluerUng . 

La  famille  des  Ombellifères , dans  laquelle  vient  se  lanjjei*  le  poison 
dangereux  dont  nous  allons  parler  , est  facilement  reconnaissable , parmi 
les  autres  familles , par  le  caractère  général  de  son  inflorescence  ; mais  les 
genres  et  les  espèces  qui  la  composent  présentent  en  même  temps  des 
caractères  communs  qui  les  rendent  difficiles  à distinguer  les  uns  des  autres. 
En  effet,  presque  toutes  les  plantes  de  cette  famille  très-nombreuse,  ont  des 
feuilles  très-découpées  en  lobes  nombreux  avec  de  larges  gaines  qui  em- 
brassent la  tige  à sa  base  : le  rameau  qui  porte  les  fleurs , se  divise  à son 
sommet  en  un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  rayons  primaires  , dispo- 
sés comme  les  branches  d’un  parasol  (ombelle) , et  partant  du  même  point. 
Chaque  rayon  primaire  se  divise  à son  tour  en  plusieurs  rayons  secondai- 
res , qui  portent  les  fleurs  à leur  sommet  et  forment , par  leur  réunion , 
Vombellule.  Quelquefois  cependant  ces  rayons  secondaires  sont  si  courts  , 
que  les  fleurs  paraissent  réunies  en  une  tête  serrée , comme  cela  a lieu  pour 
VOEnanthe.  A la  base  des  rayons  de  l’ombelle  se  trouvent  souvent  quelques 
petites  folioles , auxquelles  on  a donné  le  nom  à'involucre , et  qui  man- 
(juent  dans  un  certain  nombre  de  genres  ou  d’espèces  ; à la  base  de  Vom- 
bellule se  développent  de  même  ordinairement  un  certain  nombre  de  ces 
petites  folioles  qui  ont  reçu  le  nom  ôüinvolucelle.  Les  fleurs  sont  le  plus 
souvent  blanches  ou  un  peu  rosées , plus  rarement  jaunes  : elles  sont  peti- 
tes , composées  de  cinq  pétales  ordinairement  échancrés  en  cœur  à leur 
sommet  avec  une  petite  pointe , le  plus  souvent  égaux , mais  quelquefois 
aussi  inégaux,  les  deux  pétales  extérieurs  de  fombellule  prenant  plus 
d’accroissement.  Le  calice  est  peu  apparent  ou  nul  : cinq  étamines  et  deux 
styles  complètent  la  fleur.  — Le  fruit , qui  se  développe  sous  la  fleur , est 
composé  de  deux  coques , soudées  ensemble , renfermant  chacune  une 
graine  et  se  séparant  à la  maturité.  Ces  coques  extérieurement  sont  hsses 
ou  le  plus  souvent  marquées  de  côtes  saillantes  ou  d’ailes  dont  le  nombre 
et  la  forme  présentent  le  meilleur  caractère  pour  la  distinction  des  gen- 
res ; mais  ce  fruit  est  souvent  imparfaitement  formé , quand  la  plante  est 
en  fleur  : il  faut  donc  alors  recourir  à des  caractères  secondaires  plus  ou 
moins  variables  pour  arriver  à la  connaissance  de  l’espèce  et  faire  un  exa- 
men bien  attentif  des  plantes  de  cette  famille  , puisqu’à  côté  des  végétaux 
les  plus  utiles  , comme  Vanis,  le  cumin  y le  fenouil , le  persil , le  cer- 
feuil y le  céleri , la  carote  etc.  , elle  comprend  des  poisons  plus  ou  moins 
(.langereux  , comme  la  Ciguë  y VÆnanthey  VÆthuse  etc.,  qui  peuvent  être 
facilement  confondus  avec  les  végétaux 'précédens. 


La  grande  Ciguë  ou  la  Ciguë  tachetée  est  assez  commune  le  long  des 
murs , surtout  aux  environs  d’Hauterive  et  de  la  Coudre , aux  bords  des 
haies  et  sur  les  décombres  ; elle  se  rencontre  même  assez  souvent  dans  les 
jardins , à côté  du  persil  et  du  cerfeuil , avec  lesquels  elle  a été  souvent 
confondue,  ce  qui  a donné  lieu  à de  fâcheux  accidens.  — Elle  fleurit  en 
juillet  et  août. 

Sa  racine  est  bisannuelle , blanchâtre,  et  se  présente  sous  la  forme  d’une 
rave  alongée  qui  donne  naissance  à une  tige  droite , fistuleuse , de  quatre  à 
cinq  pieds  de  haut,  très -rameuse  et  marquée  ordinairement  de  taches 
livides  couleur  de  sang.  Les  feuilles  d’un  vert  foncé  un  peu  luisant , sont 
deux  ou  trois  fois  ailées , à folioles  profondément  découpées  en  lobes  dentés 
et  incisés  , et  portées  sur  des  pétioles  fistuleux  élargis  à la  base.  L’ombelle 
est  formée  de  huit  à quinze  rayons,  ayant  à sa  base  un  involucre  de  trois  à 
cinq  petites  folioles  réfléchies  et  membraneuses  au  bord  ; les  ombellules 
se  composent  de  dix  à vingt  petites  fleurs  blanches  à pétales  égaux,  échan- 
crés  au  sommet,  et  ont  à leur  base  un  involucelle  de  trois  à quatre  folioles 
ovales  et  pointues.  Le  fruit  est  ovale-arrondi , composé  de  deux  coques 
arquées , à cinq  cotes  crénelées  ondulées.  (*) 

La  Ciguë  exhale  une  odeur  désagréable , qui  devient  plus  sensible 
quand  on  la  frotte  entre  les  doigts  ; aucun  animal  n’y  louche  , excepté  les 
chèvres  et  les  moutons.  Les  suites  de  l’empoisonnement  par  cette  plante  , 
sont , en  général , des  vomissemens , des  défaillances  , le  délire  et  la  mort , 
si  les  secours  n’ont  pas  été  promptement  administrés.  Le  traitement  est 
le  même  que  celui  qui  est  employé  contre  les  autres  poisons  narcotiques. 

Les  Grecs  et  les  Romains  regardaient , à tort  ou  à raison , le  vin  comme 
le  meilleur  antidote  contre  le  suc  de  la  Ciguë. 

Cette  plante  est  probablement  celle  du  suc  de  laquelle  les  Athéniens  se 
servaient  pour  faire  mourir  ceux  que  l’Aréopage  avait  condamnés.  C’est 
donc  à elle  que  reviendrait  le  triste  honneur  d’avoir  donné  la  mort  au 
plus  sage  des  Grecs  , à Socrate. 

Observation.  La  Ciguë  aquatique  (cicuta  virosa  L.)  qui  croît  dans  les 
étangs  et  les  eaux  stagnantes , n’a  point  encore  été  trouvée  dans  notre  can- 
ton ; elle  se  distingue  facilement  par  ses  feuilles , dont  les  divisions  sont 
alongées  , linéaires-lancéolées  et  dentées  en  scie  , et  par  ses  fruits  dont  les 
cotes  ne  sont  pas  crénelées  : elle  possède  les  mêmes  propriétés  vénéneuses 
que  la  grande  Ciguë , surtout  les  jeunes  pousses  et  la  racine  qui  a quelque 
ressemblance  avec  celle  du  céleri. 

{*)  Dans  le  persil,  les  côtes  du  fruit  ne  sont  point  ondulées  ni  crénelées,  et  les  pé- 
tales ne  sont  pas  échancrés  au  sommet.  Dans  le  cerfeuil,  le  fruit  est  linéaire,  aloiigé 
et  pyramidal,  marqué  de  côtes  très-peu  apparentes  à la  base. 


Lülx  clcNicoletiNeucliatel. 


Oenaiiüie  fisluleuse^ 


0 eïiaiitlie  fislulos  a , 


ti  \ 


LŒNANTHE  FISTULEUSE. 


Latin,  OEnanthe  fistulosa  L, 

Allemand,  Rehendolde^  Kropfwurz,  Drüswurz. 
Vulgairement,  Filipendide  aquatique. 


Cette  plante,  qui  appartient  encore  à la  famille  des  Ombellifères  , n’est 
pas  rare  dans  les  fossés  remplis  d’eau , aux  environs  d’Epagnier , du  Pont 
de  Thielle  et  du  Landeron  ; elle  fleurit  en  juillet  et  août. 

Sa  racine  est  formée  d’un  faisceau  de  fibres  plus  ou  moins  épaisses  et 
alongées.  Sa  tige  est  droite,  fistuleuse,  parfaitement  glabre , haute  d’un  à 
deux  pieds.  Les  feuilles  inférieures  sont  deux  ou’ trois  fois  découpées , les  su- 
périeures simplement  ailées , à trois  ou  sept  folioles  linéaires  et  portées  sur 
de  longs  pétioles  fistuleux  ; l’ombelle  a trois  ou  quatre  rayons  et  est  ordinai- 
rement dépourvue  de  collerette  ; les  ombellules  sont  resserrées  en  têtes  glo- 
buleuses avec  un  involucelle  de  plusieurs  folioles.  Les  fleurs  sont  blanches, 
à pétales  souvent  inégaux  ; le  fruit  est  oblong , sillonné , surmonté  par  les 
dents  du  calice  et  couronné  par  deux  longs  styles. 

L’Œnanthe  est  une  plante  suspecte  qui  n’est  jamais  broutée  par  le  bétail; 
il  faut  surtout  se  défier  des  fibres  de  la  racine  et  des  fruits.  L’espèce  la 
plus  dangereuse  de  ce  genre,  l’CEnanthe  à suc  jaune  {OEnanthe  cro- 
crata  L.)  nè  croît  point  en  Suisse,  mais  dans  la  France  occidentale;  ses 
effets  sont  encore  plus  redoutables  que  ceux  de  la  Ciguë. 

En  général , il  faut  plus  ou  moins  se  défier  de  toutes  les  Ombellifères  qui 
croissent  dans  les  terrains  marécaî^eux. 


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Lilk  deNLColetà.N'eucKaïel. 


Aconil  Tue-Loup, 

Ac  oui  tum-  Ljc  O ctonuiix . 


L’AGONIT  NAPEL. 


Latin , Aconïtum  napellus  L. 

Allemand,  Sturmhut,  Eisenhut. 

Vulgairement,  Coqueluchon,  Madriette,  Capuchon  de  moine ^ etc. 


S’il  est  des  plantes  qui , à la  première  vue , repoussent  déjà  la  main  prête 
à les  cueillir,  il  en  est  d’autres  d’autant  plus  dangereuses  qu’elles  cachent 
leurs  propriétés  nuisibles  sous  un  voile  trompeur.  Tel  est  le  Napel,  fréquem- 
ment cultivé  dans  les  jardins , mais  qu’on  trouve  aussi  à l’état  sauvage  dans 
les  lieux  couverts  et  humides  des  montagnes  de  notre  canton  , par  exemple, 
à Chasseron , à Fleurier , le  long  de  la  Reuse , dans  le  vallon  de  Buttes , aux 
environs  des  Brenets , à Chasserai , à la  Combe  Biosse , etc.  Il  fleurit  en 
juillet  et  appartient  à la  famille  des  Renonculacées. 

Sa  racine  est  formée  de  deux  ou  trois  tubercules  ressemblant  au  navet, 
ce  qui  lui  a fait  donner  le  nom  de  Napel.  Sa  tige,  de  deux  ou  trois  pieds  de 
haut,  est  droite ordinairement  simple  à la  base  , mais  souvent  ramifiée 
vers  le  sommet  en  rameaux  dressés  et  disposés  en  pyramide.  Les  feuilles 
sont  glabres , d’un  vert  luisant  en  dessus , plus  pâle  en  dessous , pétiolées 
et  profondément  divisées  en  cinq  lanières  lancéolées  qui  sont  elles-mêmes 
plus  ou  moins  profondément  incisées  ; les  feuilles  florales  sont  sessiles, 
plus  petites  et  plus  entières.  Les  fleurs,  de  couleur  bleu  foncé , sont  dispo- 
I sées  en  belles  grappes  pyramidales  et  portées  sur  des  pédoncules  dres- 
sés. Le  calice  n’est  point  verdâtre , mais  il  est  formé  de  cinq  folioles  bleues, 

I dont  la  supérieure , plus  développée  que  les  autres , est  recourbée  en 
' forme  de  casque  et  renferme  les  pétales  proprement  dits , dont  les  deux 
supérieurs,  sous  la  forme  de  petits  capuchons  roulés  en  dehors,  sont 
i portés  sur  un  long  filet  arqué,  tandis  que  les  inférieurs  ont  la  forme  de 
petites  écailles.  Le  fruit  est  formé  de  trois  capsules  sèches,  un  peu  di- 
vergentes, terminées  par  le  style  recourbé. 

Les  feuilles  du  Napel  ont  généralement  une  odeur  forte  et  une  saveur 
âcre  ; elles  sont  vénéneuses , ainsi  que  les  racines  et  les  graines.  Cette  plante 
n’agit  pas  seulement  sur  le  système  nerveux , mais  aussi  sur  le  système  in- 
testinal, et  elle  doit  être  rangée  dans  la  classe  des  poisons  narcotiques- 
acres. 

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Nous  avons  dans  notre  pays  une  autre  espèce  d’ Aconit,  assez  commune 
dans  notre  Jura,  et  dont  nous  donnons  aussi  une  figure;  c’est  l’Aconit 
tue-loup  {Aconitum  lycoctonum  L),  dont  les  fleurs  sont  jaunes  et  les 
feuilles  moins  profondément  découpées  ; elle  possède , quoiqu’à  un  moindre 
degré,  les  propriétés  dangereuses  communes  à toutes. les  espèces  de  ce 
genre;  mais,  en  général , le  suc  des  Aconits  à fleurs  jaunes  est  moins  éner- 
gique que  celui  des  Aconits  à fleurs  bleues.  On  prétend  que  le  miel  doit  sou- 
vent sa  qualité  vénéneuse  aux  sucs  recueillis  sur  ces  plantes  par  les  abeilles 
dans  les  pays  de  montagnes. 

La  plus  redoutable  des  espèces  d’ Aconit  croît  sur  les  montagnes  de  l’Inde; 
c’est  V Aconit  féroce , nommé  par  les  indigènes  atroce , et  dont  ils  se 

servent  communément  pour  empoisonner  leurs  flèches.  Les  poètes  ont  fait 
naître  l’Aconit  de  l’écume  de  Cerbère. 


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CANTON  DE  NEUCHATEL. 


A L USAGE  DES  ECOLES, 


Seconde  livraison. 


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NEUCHATEL , 


LA  PARISETTE. 


Latin , Parts  quadri folia  L. 
Allemand,  Einheere,  Wolfbeere. 


La  Parisette  est  voisine  du  muguet  et  de  Pasperge  ^ quoiqu’elle  n’ait  avec 
ces  deux  plantes  aucune  ressemblance  apparente.  Elle  appartient  à la  fa- 
mille des  Smilacées , et  fleurit  à la  fin  de  mai , au  bord  des  haies  ou  dans 
les  bois  ombragés.  Elle  est  aussi  connue  sous  le  nom  vulgaire  de  raisin 
de  renard. 

Sa  racine,  noueuse  et  vivace,  de  la  grosseur  d’un  tuyau  de  plume, 
rampe  horizontalement  sous  le  sol.  Sa  tige  est  simple , droite , glabre  et  s’é- 
lève environ  à la  hauteur  d’un  pied  ; elle  est  nue  dans  le  bas , mais  munie 
vers  le  sommet  de  quatre  feuilles  larges , à bord  entier,  pointues  au  som- 
met, attachées  en  croix  au  même  point.  Quelquefois,  mais  rarement,  ces 
feuilles  sont  au  nombre  de  cinq , même  de  six.  Du  milieu  de  ces  feuilles 
s’élève  un  pédoncule,  long  d’un  pouce  et  plus , portant  à son  sommet  une 
fleur  dont  l’enveloppe  extérieure  est  composée  de  quatre  feuilles  verdâtres 
lancéolées,  et  l’intérieure  de  quatre  segmens  plus  étroits,  linéaires,  d’un 
jaune  verdâtre  passant  au  pourpre  ; huit  étamines  entourent  le  fruit  ar- 
rondi , d’un  violet  noirâtre  et  de  la  grosseur  d’une  cerise.  Ce  fruit  qui  rap- 
pelle celui  de  la  Belladone,  esta  quatre  loges,  qui  renferment  chacune  six  à 
huit  graines.  Il  mûrit  en  juillet  et  août. 

La  Parisette  , autrefois  en  grand  usage  dans  les  pharmacies , mais  main- 
tenant peu  employée , est  une  plante  dont  il  faut  se  défier  : elle  contient 
un  poison  narcotique  âcre  qui  se  manifeste  dans  sa  racine  qui  est  émétique, 
et  surtout  dans  le  suc  rougeâtre  de  la  baie  qui  produit  des  vomissemens , 
des  crampes  d’estomacs  et  d’autres  symptômes  fâcheux.  Les  feuilles  parti- 
cipent plus  ou  moins  aux  mêmes  propriétés. 


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DAPHNÉ  BOIS-GENTIL. 


Latin,  Daphné  Mezereum  L. 
Allemand,  Seidelbasty  Kellerhals. 
Vulgairement,  Bois-gentil,  Gai  ou. 


Lorsque  le  souffle  du  printemps  commence  à réchauffer  la  nature  et  à ra- 
nimer la  végétation , le  promeneur  solitaire  rencontre  souvent , au  milieu 
des  primevères  et  des  hépatiques , un  petit  arbuste  de  deux  à quatre  pieds 
de  haut,  à racine  rampante,  à écorce  grisâtre^  dépourvu  de  feuilles,  mais 
dont  les  rameaux  dressés  et  flexibles  sont  garnis  de  petites  fleurs  d’un  rose 
purpurin , rarement  blanches , disposées  par  petits  groupes  formant  un  épi 
lâche  et  répandant  une  odeur  agréable.  Ces  fleurs  sont  de  petits  tubes  divi- 
sés à leur  sommet  en  quatre  lobes  ouverts  et  renfermant  huit  étamines  ; à 
mesure  qu’elles  se  fanent  pour  faire  place  à une  baie  d’un  beau  rouge,  de  la 
grosseur  d’un  pois  et  renfermant  un  seul  noyau , on  voit  se  développer  au 
sommet  des  rameaux  un  faisceau  de  feuilles  lancéolées , entières , d’un  vert 
gai,  qui  deviennent  alternes  à mesure  que  le  rameau  s’alonge,  et  qui 
tombent  en  automne. 

Cet  élégant  petit  arbrisseau , connu  vulgairement  sous  le  nom  de  Bois^- 
gentil  ou  Garou , croît  fréquemment  dans  les  taillis  ombragés  de  nos  mon- 
tagnes ; il  est  souvent  cultivé  dans  les  jardins  à cause  de  ses  fleurs  pré- 
coces et  odorantes  ; mais  il  n’est  point  aussi  innocent  qu’il  en  a l’air  : toutes 
ses  parties,  depuis  la  racine  jusqu’au  fruit,  ont  une  âcreté  caustique,  qui 
ne  tarde  pas  à produire  sur  la  peau  l’effet  d’un  vésicatoire.  L’écorce , lors- 
qu’on la  mâche,  excite  dans  la  bouche  et  sur  la  langue  une  forte  inflammation 
qui  se  prolonge  jusque  dans  l’œsophage.  L’odeur  pénétrante  des  fleurs,  qui 
rappelle  celle  de  la  Hyacinthe , occasionne  des  maux  de  tête  ; ce  qui  té- 
moigne des  propriétés  vénéneuses  de  cet  arbuste.  Les  graines  produisent  une 
inflammation  dangereuse  dans  l’estomac  des  mammifères , tandis  que  les 
oiseaux  se  nourrissent  impunément  de  la  pulpe  du  fruit. 

On  tire  de  son  écorce  une  couleur  jaune  dont  on  se  sert  pour  teindre  les 
laines.  Sa  graine  est  employée  par  quelques  personnes  pour  donner  du 
montant  au  vinaigre , en  l’associant  à diverses  espèces  de  poivre  ou  à d’au- 


très  épices.  Ce  moyen , qui  n’ajoute  rien  à la  bonté  du  vinaigre , est  plutôt 
nuisible  qu’utile , en  ce  que  ce  liquide , ainsi  traité , échauffe  au  lieu  de  ra- 
fraîchir. On  se  serf  souvent  de  l’écorce  en  guise  de  vésicatoire;  on  en  pré- 
pare aussi  dans  le  même  but  une  pommade  sous  le  nom  de  pommade  végé- 
tale ou  de  Garou , bien  préférable  à celle  de  cantharide. 

Le  Daphné  lauréole  , qui  se  distingue  par  son  écorce  noirâtre , ses  feuilles 
coriaces  et  persistantes  et  ses  fleurs  d’un  vert  jaunâtre,  disposées  en  grappes 
courtes  à l’aisselle  des  feuilles , ne  paraît  point  encore  avoir  été  trouvé  dans 
notre  canton,  où  cependant  il  est  probable  qu’on  finira  par  le  rencontrer, 
au  Creux-du-Van,  par  exemple.  Il  fleurit  aussi  au  commencement  du  prin- 
temps;, et  possède  les  mêmes  propriétés  caustiques. 


Lailue  vireuse, 

Lactuca  vil" osa. 


Li.tK  dçNicoletàHeucUatel 


LA  LAITUE  VIREÜSE. 


Latin,  Lactuca  virosa  L. 
Allemand,  Giftlatlich^  Giftsalal. 


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Les  anciens  comprenaient  en  général  sous  le  nom  de  Laitue  toutes  les 
plantes  qui  distillent  un  suc  blanc  laiteux  {lac , lait).  Les  botanistes  mo- 
dernes ont  restreint  ce  nom  à un  genre  de  la  famille  des  Composées,  section 
des  Chicoracées.  L’espèce  qui  nous  occupe  est  bien  voisine  de  la  Laitue 
commune  cultivée  dans  les  potagers,  commme  plante  alimentaire,  dès  l’an- 
tiquité la  plus  reculée  ; mais  tandis  que  la  Laitue  alimentaire  possède  des 
propriétés  calmantes,  et  que  son  suc  laiteux  est  tout-à-fait  innocent,  celui 
de  la  laitue  vireuse  est  amer , très-âcre  et  irritant , et  possède  des  propriétés 
narcotiques  analogues  à celles  de  Topium. 

Cette  plante  ne  se  trouve , dans  notre  canton , qu’aux  environs  de  Chez- 
le-Bart,  St.-Aubin  et  Vauxmarcus,  le  long  des  routes,  au  pied  des  murs  et 
dans  les  décombres;  elle  fleurit  de  juillet  en  septembre. 

Sa  racine  est  bisannuelle,  rameuse  et  perpendiculaire;  la  tige,  qui  atteint 
quatre  à cinq  pieds,  est  droite,  garnie  inférieurement  de  petits  aiguillons, 
glabre  et  rameuse  au  sommet  ; les  feuilles  sont  oblongues , ordinairement 
entières  et  rétrécies  à la  base , qui  s’élargit  ensuite  en  deux  oreillettes  em  ^ 
brassant  la  tige  de  chaque  côté;  elles  sont  garnies  dans  leur  contour,  ainsi 
que  sur  leur  côté  inférieure,  de  petites  épines  raides  et  piquantes;  les  ra- 
meaux , disposés  en  une  panicule  lâche , forment  des  grappes  latérales  de 
fleurs  Jaunes , pédonculées , dont  le  calice  est  cylindrique  et  formé  de  plu- 
sieurs petites  folioles , qui  se  recouvrent  mutuellement  comme  les  tuiles  d’un 
toit.  Les  graines  sont  noires , marquées  de  cinq  stries  et  surmontées  d’une 
aigrette  pédicellée,  composée  de  poils  nombreux. 

Lne  autre  espèce  de  laitue , aussi  indigène  dans  notre  canton , se  ren- 
contre fréquemment  aux  environs  de  Neuchâtel,  sur  la  route  de  Monruz; 
c’est  la  Laitue  Scariole;  ellen’est  point  aussi  vénéneuse  que  la  précédente, 
quoique  possédant  des  propriétés  analogues.  Elle  se  distingue  facilement 
par  ses  feuilles  découpées  en  lobes  profonds , dont  la  lame , au  lieu  d’être 
horizontale,  est  placée  dans  une  direction  presque  verticale,  par  ses  fleurs 


plus  petites  et  par  ses  graines  brunes  (et  non  noires).  La  plante  cultivée 
par  les  jardiniers  sous  le  nom  de  Scariole , n’est  point  une  laitue , mais 
une  variété  de  la  chicorée  sauvage , par  conséquent  tout-à-fait  innocente. 

Nous  observerons  enfin  que  la  Laitue  vireuse  et  la  Laitue  Scariole  sont 
les  deux  seules  plantes  indigènes  appartenant  à la  famille  des  Composées^ 
qui  aient  des  propriétés  malfaisantes. 


La  Digitale  poin^pre^ 

Digitalis  purpurea  L. 


LA  DIGITALE  POURPRÉE. 


Latin  , Bigitalü  pur  pur  ea  L. 

Allemand  , Rother  Fingerhut. 

Vulgairement,  Gantelée , Gant  de  Notre-Dame, 


Cette  plante  qui  croît  en  grande  abondance  dans  quelques  contrées  de 
l’Allemagne  et  de  la  France , n’est  point  indigène  dans  notre  Canton  ; mais 
ses  belles  fleurs  la  font  cultiver  fréquemment  dans  nos  jardins.  Elle  est 
connue  sous  les  noms  vulgaires  de  Gantelée , Gant  de  Notre-Dame  ou  de 
Doigtier,  parce  que  ses  fleurs  ont  quelque  ressemblance  avec  un  dé  à cou- 
dre ; elle  appartient  à la  famille  des  Personnées  et  fleurit  depuis  juin  en 
août. 

De  sa  racine  pivotante  et  rameuse  s’élève  la  tige  droite,  simple,  haute  de 
2 à 4 pieds  , couverte  d’une  pubescence  molle  ; ses  feuilles  radicales  sont 
très-grandes  , de  forme  ovale  , crénelées  , rétrécies  en  un  long  pétiole,  d’un 
vert  terne  en  dessus , blanchâtre  en  dessous  ; celles  de  la  tige  diminuent 
peu-à-peu  de  grandeur,  les  supérieures  sont  petites  et  sessiles.  La  tige  est 
terminée  par  une  longue  grappe  de  belles  fleurs  purpurines  ou  rarement 
blanches  , pendantes  sur  leur  pédoncule  et  tournées  du  même  côté  ; le  ca- 
lice est  court , à 5 divisions  ; la  corolle  , longue  d’environ  15  lignes , est 
, en  forme  de  cloche  , renflée  dans  le  milieu  , glabre  extérieurement , légè- 
rement barbue  à la  gorge  , avec  le  bord  divisé  en  4 lobes  , dont  trois  sont 
courts  et  obtus  , et  l’inférieur  plus  grand  et  quelquefois  échancré  ; elle  est 
marbrée  intérieurement  de  quantité  de  petites  taches  d’un  pourpre  noirâ- 
tre. Deux  des  étamines  sont  plus  longues  que  les  deux  autres.  Le  fruit  est 
une  capsule  à deux  loges,  contenant  une  grande  quantité  de  graines  d’un 
brun  clair. 

Les  feuilles  ont  une  odeur  assez  forte  et  une  saveur  âcre  et  amère 
qui  excite  la  salivation  et  provoque  le  vomissement;  c’est  en  elles  que 
paraissent  concentrées  les  propriétés  énergiques  de  cette  plante.  Donnée  à 
trop  forte  dose  , elle  manifeste  ses  effets  d’une  manière  dangereuse  , tant 
chez  l’homme  que  chez  les  animaux , chez  ceux  surtout  qui  appartiennent 
à la  race  canine  ; son  action  la  plus  constante  et  la  plus  générale  sur  l’éco- 
nomie animale  est  de  ralentir  le  pouls.  Elle  est  souvent  administrée  comme 


remède  efficace  contre  les  anévrismes , l’hydi'opisie , les  maladies  scrofu- 
leuses et  la  phthisie  pulmonaire.  Son  suc  épaissi  purge  avec  violence. 

Nous  avons  dans  notre  canton  deux  espèces  de  Digitales  indigènes, 
qui  ornent  en  été , de  leurs  fleurs  jaunes , les  terrains  pierreux  et  rocailleux 
de  nos  montagnes.  L’une  est  la  Digitale  à grandes  fleurs  (D.  grandiflora 
Lam.)  dont  les  tiges  et  les  feuilles  sont  piibescentes  et  la  corolle  grande  , 
poilue  et  visqueuse  en  dehors  , d’un  jaune  pâle  avec  des  veines  brunâtres 
intérieurement.  L’autre,  qui  est  la  Digitale  à petites  fleurs  (D.  lutea  L.)  est 
glabre  dans  toutes  ses  parties  et  a une  fleur  beaucoup  plus  petite , non  ta- 
chetée en  dedans.  Elles  paraissent  avoir,  quoique  à un  faible  degré,  des  pro- 
priétés analogues  à celles  de  la  Digitale  pourprée. 

La  Digitale  ferrugineuse,  qui  croît  en  Carinthie,  passe  pour  la  plus  vé- 
néneuse de  toutes  les  espèces  de  Digitales  d’Europe. 


► 


LXTHUSE  VÉNÉNEUSE. 


Latin,  Aethusa  Cynapium  L. 

Ailemand,  Kleiner  Schierling,  Gartengleise,  Kaizenpetersüie. 
Vulgairement,  Petite  Ciguë. 


Cette  ombellifère , assez  commune  dans  les  jardins , les  champs  et  les  dé- 
combres, est  aussi  connue  sous  le  mm  Aq  petite  Ciguë  ou  Ciguë  des  jar- 
dins; elle  fleurit  en  été  depuis  juillet  jusqu’en  septembre. 

C’est  une  plante  annuelle , d’un  à trois  pieds  et  plus  , à racine  grêle  et 
blanchâtre , à tige  dressée  plus  ou  moins  flexueuse , rameuse  et  garnie  de 
feuilles  deux  ou  trois  fois  profondément  découpées,  d’un  vert  très-foncé  et  lui- 
santes en  dessus , attachées  à la  tige  par  des  pétioles  grêles.  L’ombelle,  com- 
posée de  dix  à vingt  rayons , n’a  point  d’involucre  général  ; mais  l’ombel- 
lule  a une  collerette  composée  de  trois  à quatre  petites  folioles  pendantes, 
et  les  fleurs  blanches , petites , ont  leurs  deux  pétales  extérieurs  plus  grands 
que  les  trois  autres  et  échancrés  en  cœur.  Le  fruit  est  ovoïde-arrondi, 
formé  de  deux  coques,  à cinq  côtes  épaisses,  d’un  jaune  pâle,  qui  devien- 
nent brunâtres  à sa  maturité. 

Quoique  cette  plante  ne  soit  point  aussi  dangereuse  que  les  Ciguës , elle 
possède  néanmoins  une  partie  de  leurs  propriétés  vénéneuses , et  l’on  doit 
se  tenir  en  garde  contre  ses  effets.  La  ressemblance  de  ses  feuilles  avec 
celles  du  Persil  et  du  Cerfeuil  a souvent  causé  de  fatales  méprises.  Toutefois 
ses  fleurs,  dont  les  deux  pétales  extérieurs  sont,  comme  nous  l’avons  dit, 
plus  développés  que  les  autres  , et  l’involucelle , formé  de  trois  à qnatre  fo- 
lioles linéaires  fléchies  en  bas  et  pendantes,  la  font  aisément  reconnaître, 
ainsi  que  son  odeur  désagréable,  quand  on  en  froisse  les  feuilles  entre 
les  mains. 


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LA  RENONCULE  SCÉLÉRATE. 


Latin  , Ranunculus  sceleratm  L. 

/ Allemand,  Blasenzïehmder  Hahnenfuss,  Frosch-Pfeffer. 


Si  les  plantes  de  la  famille  des  Solanées  sont  remarquables  par  leurs  pro- 
priétés narcotiques , celles  de  la  famille  des  Renonculacées  se  distinguent 
plus  ou  moins  par  un  principe  vénéneux  âcre  et  corrosif  très  - marqué  , 
surtout  dans  quelques  espèces  du  genre  Renoncule,  et  plus  particulièrement 
parmi  nos  espèces  indigènes , dans  celle  dont  il  est  ici  question. 

La  Renoncule  scélérate  croît  sur  le  bord  des  mares  et  des  étangs  de- 
puis juin  jusqu’en  septembre.  Elle  est  assez  rare  chez  nous,  et  on  ne  l’a  en- 
core rencontrée  que  dans  les  environs  du  Pont-de-Thielle  , du  Landeron  et 
au  Val-de-Ruz , près  de  St. -Martin. 

C’est  une  plante  annuelle  , dont  la  racine  composée  d’un  grand  nombre 
de  fibres  alongées  , donne  naissance  à des  tiges  plus  ou  moins  droites , fis- 
tuleuses , glabres  et  rameuses  , souvent  d’un  demi-pied , quelquefois  de  2 
à 3 pieds  de  haut.  Ses  feuilles  sont  glabres , lisses , un  peu  succulentes;  les 
radicales  pétiolées,  divisées  en  3 ou  5 segments  dentés,  qui  n’atteignent 
point  la  base  de  la  feuille , les  supérieures  divisées  jusqu’à  la  base  et  plus 
petites.  Les  fleurs  sont  jaunes  , à peine  plus  grandes  que  le  calice  réfléchi , 
pédonculées  et  terminant  les  rameaux.  Les  fruits  forment,  par  leur  réunion, 
un  petit  épi  ovale  , un  peu  conique  ; ils  sont  glabres  , légèrement  compri- 
més et  se  détachent  facilement  de  leur  axe  à l’époque  de  la  maturité. 

Le  nom  de  scélérate  donné  à cette  espèce , est  justifié  par  l’énergie  de 
ses  propriétés  vénéneuses.  Son  suc  frais  irrite  les  yeux  et  le  nez  et  provo- 
que l’écoulement  des  larmes  et  l’éternuement  ; appliqué  sur  la  peau , il  fait 
naître  des  ulcères  douloureux  et  difficiles  à guérir.  C’est  un  moyen  que  les 
mendians  (*)  emploient  dans  quelques  pays  pour  exciter  la  commisération 


(*)  Ils  font  aussi  usage  dans  ce  but  de  la  Clématite  des  bois  (Clemalis  vitalba  L. 
vuigairement  Herbe  aux  Gueux),  buisson  à tiges  grimpantes  et  à fleurs  blanches,  assez 
commun  le  long  des  chemins  dans  les  haies.  Les  enfans  la  connaissent  sous  le  nom  de 
bois  à fumer.  Le  suc  de  cette  plante  produit  les  mêmes  effets  que  celui  de  la  Renoncule 
scélérate. 


publique.  Prise  intérieurement , ses  effets  ne  sont  pas  moins  dangereux  ; 
mais  elle  perd  toutes  ses  propriétés  délétères  par  la  dessiccation  et  T ébulli- 
tion. Les  feuilles  mâchées  produisent  dans  la  bouche  une  chaleur  brûlante  , 
Tulcération  de  la  langue  et  l’abolition  passagère  du  goût. 

Parmi  [les  autres  espèces  de  Renoncules , indigènes  dans  notre  canton  , 
celles  dont  il  faut  le  plus  se  défier  , à cause  de  leur  âcreté  brûlante , sont 
1°  la  Renoncule  langue  (R.  lingua  L.)  qui  croît  au  bord  de  quelques-uns  de 
nos  marais  et  qui  se  distingue  par  ses  feuilles  alongées , lancéolées  et  en- 
tières et  par  sa  grande  fleur  jaune  ; 2^  la  Renoncule  flammette  (R.  flam- 
mula  L.  \u]Qïi\vement petite  Douve),  assez  commune  dans  les  prés  humides 
et  sur  les  bords  de  notre  lac  et  dont  les  feuilles  sont  aussi  indivises  et  la 
fleur  petite  , etc.  etc. 

Une  seule  de  nos  espèces  indigènes  est  dépourvue  d’âcreté  : c’est  la  Re- 
noncule rampante  (R.  repens  L.  vulg.  Rassinet  ou  Pied  de  poule)  dont  on  ’ 
peut  manger  les  jeunes  feuilles  comme  herbe  potagère.  La  plus  vénéneuse 
de  toutes  les  espèces  d’Europe  est  la  R.  thoi'a  , qui  croît  à la  Dole,  mais 
qui  n’a  point  encore  été  trouvée  sur  notre  Jura  neuchatelois. 

A la  famille  suspecte  des  Renonculacées  appartiennent  encore  ces  jolies 
Anémones,  qui  ornent , au  printems  , de  leurs  fleurs  élégantes  nos  rochers  ; 
et  nos  forêts^  les  Clématites,  les  Pieds-d’ Alouette,  etc  etc.  Toutes  ces  plantes  ’ 
participent  plus  ou  moins  aux  propriétés  caustiques  de  la  famille,  et  il  faut  1 
s’en  défier. 


Atutti  maculatum  L. 


LE  GOÜET  COMMUN. 


Latin  , Arum  mamlatum  L. 

Allemand,  Aronswurz  ^ Zehrwurz,  Aromtah  etc. 
Vulgairement,  Draconie , Pied  de  Veau,  Girou  etc. 


Le  Gouet  qui  appartient  à la  famille  des  Aroïdes , croît  assez  communé- 
ment chez  nous  dans  les  lieux  couverts  et  ombragés , au  bord  des  haies  , 
aux  environs  de  Neuchâtel , de  Boudry  , aux  Gorges  du  Seyon  et  surtout  en 
grande  abondance  aux  Côtes  du  Doubs.  Il  fleurit  en  mai  et  juin  , et  son  épi 
de  baies  d’un  rouge  écarlate  mûrit  en  juillet  et  août. 

Sa  racine  est  un  tubercule  charnu  , de  forme  ovale  poussant  des  fibres 
alongées  et  qui  donne  naissance  d’abord  à 2 ou  3 feuilles  longuement  pé- 
tiolées,  glabres  et  luisantes,  souvent  tachetées  de  brun,  ayant  la  forme  d’un 
fer  de  flèche , c’est-à-dire  prolongées  de  chaque  côté  de  la  base  en  deux 
oreillettes  et  figurant  grossièrement  l’empreinte  sur  le  sol  d’un  pied  de 
veau , d’où  lui  vient  son  nom  vulgaire.  La  tige  est  nue,  d’abord  courte,  s’a- 
longeant  ensuite  et  développant  à son  sommet  une  espèce  de  cornet  d’un 
blanc  verdâtre  un  peu  coloré  en  dehors  (spathe) , ouvert  d’un  côté,  enroulé 
à sa  base,  pointu  au  sommet  et  enveloppant  un  chaton  ou  spadice  en  forme 
de  massue  qui  porte  les  fleurs  ; celles-ci  n’ont  ni  calice  ni  corolle  et  se  ré- 
duisent aux  étamines  formées  des  seules  anthères  placées  sur  la  partie 
moyenne  du  chaton  et  aux  pistils  placés  au  dessous;  au  dessus  des  anthè- 
res se  trouvent  des  filaments  qui  représentent  des  anthères  avortées  , 
et  au-dessus  des  pistils  , deux  ou  trois  rangées  de  glandes  qui  sont  des 
germes  avortés.  Il  ne  reste  de  ce  châton,  après  la  fructification,  qu’un  épi 
de  baies  rouges  arrondies  et  serrées,  à une  loge  et  à une  ou  deux  graines- 

Toutes  les  parties  de  cette  plante,  surtout  la  racine  fraîche,  contiennent 
un  suc  laiteux  âcre  et  brûlant  qui  détermine  sur  les  parties  qu’il  touche  une 
irritation  que  l’huile  d’olive  ne  tarde  pas  à adoucir  : ce  suc  agit  également 
comme  purgatif  et  comme  émétique  et  doit  être  employé  avec  précaution. 
Quand  la  racine  est  sèche , elle  perd  beaucoup  de  son  âcreté , et  réduite  en 
pâte , elle  offre  dans  plusieurs  contrées  un  aliment  très-nourrissant  qui  peut 
être  converti  en  pain  , aussi  sain  que  la  pomme-de-terre  et  qui  pourrait  de- 
venir une  ressource  précieuse  en  temps  de  disette.  Dans  les  pays  chauds. 


quelques  grandes  espèces  de  Gouet  sont  régulièrement  cultivées  pour  leurs 
racines , qui , bouillies  ou  rôties  , offrent  comme  le  Manioc , un  excellent 
aliment.  On  a fait  en  France  des  essais  de  culture  du  Gouet  commun  ; mais 
on  y a bientôt  renoncé , parce  qu’il  faut  trois  ans  pour  que  les  tubercules 
acquièrent  une  grosseur  convenable,  et  que  cette  plante  exige  un  sol  humide 
et  ombragé.  Tous  ces  essais , intéressants  en  eux-mêmes  , n’ont  servi  qu’à 
faire  ressortir  davantage  l’excellence  du  don  que  le  Créateur  a fait  aux 
hommes  en  leur  donnant  la  pomme-de-terre , qui  répond  à tous  les  besoins 
et  à toutes  les  exigences. 

Dans  quelques  contrées , on  fait , avec  la  racine  du  Gouet , une  pâte  qui 
remplace  le  savon  et  sert  à blanchir  le  linge. 


La  Cioutaire  TèiièiTe\ise 


CicLTta  viTOsa  . 


LA  GIGUE  VIREUSE. 


Latin , Cicuta  vïrosa  L (Cicutaria  aquatica  Lam.). 
Allemand,  Wasaerschierling  ^ giftiger  WathericÂ. 
Vulgairement,  Ciguë  aquatique. 


Nous  avons  dit  (à  l’article  consacré  à la  grande  Ciguë  dans  la  première 
livraison  de  cet  ouvrage)  que  la  Ciguë  aquatique  n’avait  point  encore  été 
trouvée  dans  notre  pays.  Nous  l’avons  découverte , cette  année , sur  le  bord 
septentrional  du  petit  lac  d’Etalières , près  de  la  Brévine  , où  elle  fleurit  à la 
fin  de  juillet. 

Cette  plante , de  2 à 4 pieds  de  haut,  est  glabre,  à tige  cannelée,  dressée, 
rameuse  et  feuillée.  Sa  racine  est  épaisse,  charnue  et  divisée  intérieurement 
en  cellules  transversales  plus  ou  moins  régulières  ; elle  répand , quand  on 
l’entame , un  suc  jaunâtre  très-vénéneux  comme  tout  le  reste  de  la  plante. 
Les  feuilles  sont  grandes , deux  ou  trois  fois  découpées  en  divisions  lancéo- 
lées ou  lancéolées-linéaires,  dentelées  sur  leurs  bords , à dents  terminées  en 
pointes  blanchâtres;  elles  sont  d’un  vert  foncé  en  dessus,  un  peu  glauque  en 
dessous,  et  portées  sur  des  pétioles  fistuleux.  Les  ombelles , composées  de 
dix  à vingt  rayons  et  plus,  manquent  ordinairement  de  collerette  générale 
(involucre),  ou  n’ont  à leur  base  qu’une  ou  deux  folioles.  Les  ombellules  sont 
assez  denses,  et  portent  à leur  base  un  involucelle  de  dix  à douze  folioles 
très-étroites  et  à la  fin  réfléchies.  Les  fleurs  sont  petites  et  blanches , à 
pétales  échancrés  au  sommet.  Le  fruit,  formé  de  deux  coques  à cinq  côtes 
ondulées,  est  arrondi , comprimé  et  couronné  par  les  cinq  dents  du  calice. 

Cette  ombellifère , qui  ne  croît  qu’au  bord  des  ruisseaux  ou  des  étangs , 
est  tout  aussi  vénéneuse  que  la  grande  Ciguë  ; sa  racine , qui  a quelque  res- 
semblance avec  celle  du  Céleri , a quelquefois  causé  des  empoisonnements 
mortels.  Elle  est  employée , en  certaines  contrées , soit  comme  narcotique, 
soit  en  cataplasmes  contre  les  douleurs  rhumatismales  et  contre  plusieurs 
maladies  de  la  peau. 


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Latin,  Taxm  baccata  L. 
Allemand,  liotheibe. 


L’If,  assez  commun  sur  les  pentes  de  noire  Jura,  croît  épars,  solitaire  et 
jamais  en  forêts  ; il  se  plaît  particulièrement  dans  les  gorges  de  nos  monta- 
gnes et  atteint  jusqu’à  30  pieds  de  haut.  C’est  un  arbre  à rameaux  étalés , 
à feuilles  linéaires,  planes  et  aiguës,  à une  seule  nervure^  d’un  vert  luisant 
en  dessus  , rangées  sur  deux  rangs,  comme  celles  du  sapin  blanc.  Les  cha- 
tons mâles  sont  petits , plus  courts  que  les  feuilles  et  disposés  en  épis  le  long 
des  rameaux  ; la  fleur  femelle  se  transforme  en  une  espèce  de  baie  écarlate, 
de  la  grosseur  d’un  gros  pois  , ouverte  au  sommet  et  contenant  un  noyau 
osseux  et  luisant. 

Il  est  peu  de  végétaux  qui  aient  été  aussi  maltraités  par  les  anciens  bota- 
nistes , que  l’If.  Sa  docilité  à revêtir  toutes  les  formes  sous  le  ciseau  du  jar- 
dinier ne  lui  a point  fait  trouver  grâce  à leurs  yeux , et  il  n’est  pas  de  mé- 
faits dont  ils  ne  l’aient  accusé.  Son  ombre  seule  passait  pour  donner  la  mort 
à l’imprudent  qui  s’endormait  sous  son  feuillage  ; le  jardinier , occupé  à le 
tondre  , ne  pouvait  se  livrer  long-temps  à cette  occupation  sans  s’exposer  à 
de  violents  maux  de  tête  ; ses  baies  tuaient , sans  distinction  , enfants , hom- 
mes et  animaux  ; et  il  n’est  pas  jusqu’aux  poissons  qui  ne  fussent  énivrés  , 
étourdis  et  ne  se  laissassent  prendre  à la  main  , pour  peu  qu’un  de  ses  ra- 
meaux fût  tombé  dans  l’élément  liquide  qu’ils  habitaient. 

Les  modernes  ont  fait  justice  de  toutes  ces  exagérations.  Des  observations 
directes  ont  constaté  que  , quoique  les  jeunes  rameaux  et  les  feuilles  aient 
une  propriété  purgative  assez  énergique;,  ils  sont  mangés  sans  accident , du 
moins  par  les  bœufs  et  les  porcs , et  que  les  baies  , qui  ont  une  saveur  dou- 
ceâtre , peuvent  être  avalées  sans  suites  fâcheuses  par  les  hommes  et  même 
par  les  enfants , du  moins  en  petite  quantité.  Peut-être  faut-il  se  défier  da- 
vantage du  principe  amer  contenu  dans  le  noyau  de  la  baie.  Il  serait  cepen- 
dant possible  que  sous  des  latitudes  plus  méridionales  et  plus  chaudes  , les 
propriétés  de  l’If  fussent  plus  actives  , comme  cela  arrive  pour  beaucoup  de 
poisons  animaux  et  végétaux  , qui  deviennent  d’autant  plus  énergiques 
(ju’ils  se  développent  sous  l’influence  d’une  température  atmosphérique  plus 
élevée. 


Cet  arbre  s’avance  vers  le  nord  jusqu’au  55^^  — 60®  de  latitude.  C’est  le 
plus  précieux  de  nos  bois  indigènes  par  sa  dureté,  son  élasticité  et  son  in- 
corruptibilité ; mais  sa  croissance  est  très-lente.  Nos  ancêtres  s’en  servaient 
pour  fabriquer  leurs  arcs.  Son  bois , élégamment  veiné  et  marbré , peut 
prendre  le  plus  beau  poli  ; il  n’est  jamais  attaqué  par  les  insectes. 


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DU 


CANTON  DE  NEUCHATEL. 


A L USAGE  DES  ECOLES. 


Troüième  livraison. 


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‘ NEUCHATEL , 

IMPRIMERIE  DE  HENRI  WOLFRATH. 


i8^6 


Le  Seigle  ergoté. 

Secale  coTri-utiim  ( SperTtiœdia  clawis) 


LE  SEIGLE  ERGOTÉ. 


Lalin , Secale  cornutum. 

Allemand , Mutterkorn , gehôrntes  Korn. 
Vulgairement,  Seigle  cornu. 


L’ergot  est  une  [maladie  qui  attaque  principalement  le  seigle  dans  les  an- 
nées pluvieuses , celui  surtout  qui  a été  frappé  par  la  grêle  ou  qui  a été 
semé  dans  des  terrains  humides. 

C'est  à tort  que  quelques  naturalistes  l’ont  considéré  comme  produit  par 
la  piqûre  d’un  insecte;  il  provient  d’un  petit  [champignon  (Spermodium 
clavus^Ç..)  analogue  àcelui  qui  cause  la  carie  ou  la  rouille  du  blé,  et  qui 
se  développe  d’abord  sous  l’apparence  d’un  fluide  visqueux , sur  l’ovaire 
non  fécondé , puis  dénature  celui-ci  au  point  de  lui  faire  prendre  la  forme 
I alongée , cylindrique  et  'souvent  recourbée  qui  caractérise  cette  maladie. 

[ V ergot  est  marqué  d’un  sillon  longitudinal  et  dépasse  de  beaucoup  la  balle  ; 

1 sa  couleur  est  extérieurement  d’un  brun-violacé  ou  noirâtre  plus  ou  moins 
j foncé  et  d’un  blanc  jaunâtre  à l’intérieur.  Il  exhale  une  odeur  désagréable, 

I qui  augmente  d’intensité , quand  il  est  réduit  en  poudre , et  sa  saveur  est 
! âcre  et  désagréable.  On  trouve  quelquefois  sur  un  épi  de  seigle  jusqu’à  15  er- 
I gots  et  plus,  souvent  séparés  les  uns  des  autres  par  des  grains  très-sains. 

V ergot,  dont  les  elfets,  comme  substance  vénéneuse,  ne  sont  pas  encore 
: bien  constatés , paraît  surtout  exercer  son  action  sur  la  fibre  musculaire , 
l dont  il  excite  la  contractilité  ; aussi  est-il  prescrit  comme  remède  dans  cer- 
|f  laines  maladies  des  femmes  ; mais  il  ne  doit  être  employé  qu’avec  une  grande 
I prudence  et  sur  l’ordonnance  d’un  habile  praticien. 

I En  cas  d’empoisonnement  par  celte  substance,  en  attendant  le  secours 
d’un  médecin  éclairé,  on  donnera  au  malade  une  boisson  acidulée,  de  la 
limonade,  par  exemple,  et  l’on  provoquera  des  vomissemens. 

Quelques  médecins  allemands,  à tort  ou  à raison,  ont  attribué  à V ergot 
la  cause  de  la  maladie  connue  sous  le  nom  de  danse  de  St.-Guy,  à cause 
de  son  action  sur  la  fibre  musculaire,  maladie  qui,  disent-ils,  devient  surtout 
épidémique  dans  les  années  pluvieuses,  celles  précisément  où  V ergot  se 
, développe  en  plus  grande  quantité. 


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La  grande  Chélidoine. 

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CHÉLIDOINE  ÉCLAIRE. 


Latin  , Chelidonium  majus  L. 

Allemand,  SchôUkraut , Goldwurz,  Schwalbenkraui . 
Vulgairement,  grande  Chèlidoine^  Eclaire,  Felouque. 


C’est  une  plante  à suc  narcotique , acre , de  la  famille  des  Papavéracées 
■ et  qu’on  rencontre  fréquemment  le  long  des  roules , au  bord  des  haies , 
sur  les  murs  et  les  décombres  : elle  fleurit  depuis  le  mois  de  mai  jusqu’à  la 
fin  de  l’automne.  A la  même  famille  appartient  aussi  le  pavot , dont  on  ex- 
trait le  suc  si  connu  sous  le  nom  à'opmm. 

Sa  racine  est  vivace,  assez  épaisse,  roussâtre  extérieurement,  d’un  jaune 
orange  à l’intérieur  ; ses  tiges  sont  hautes  d’un  à 3 pieds , cylindriques , cas- 
! santés,  plus  ou  moins  poilues  et  souvent  très-rameuses  ; les  feuilles à divi- 
sions plus  ou  moins  profondément  découpées  en  lobes  arrondis , incisés  et 
dentés , sont  en  dessous  d’un  vert  glauque  très-prononcé.  Les  fleurs  sont 
disposées  en  une  ombelle  simple  de  4 à 8 fleurs , portée  sur  un  long  pédon- 
cule qui  naît  de  la  dichotomie  des  rameaux.  Elles  représentent  un  petit  pa- 
vot jaune , à calice  à 2 sépales  qui  se  détachent  aussitôt  après  l’épanouisse- 
ment de  la  corolle  formée  de  pétales  ovales^  étalés,  avec  de  nombreuses  éta- 
mines et  un  pistil,  qui  s’alonge  en  une  silique  (fruit)  étroite  , longue  d’un 
à deux  pouces,  à 2 valves,  contenant  de  nombreuses  graines  noirâtres  et  fi- 
nement ponctuées. 

Toutes  les  parties  de  la  Chélidoine  exhalent , quand  on  les  froisse , une 
odeur  désagréable  ; et  il  en  découle , quand  on  les  entame , un  suc  abondant, 
jaune,  âcre  et  corrosif,  qui  avait  autrefois  une  grande  réputation  en  méde- 
cine , mais  dont  on  ne  fait  plus  guère  usage  aujourd’hui  qu’extérieurement, 
pour  extirper  les  cors  et  les  verrues.  Pris  intérieurement,  le  suc  peut  devenir 
mortel  à forte  dose.  Il  est  à remarquer  que  celte  plante  n’est  jamais  broutée 
par  les  bestiaux. 


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♦. 


Actée  en  épis  , 

Actæa.  spicaCi . 


L ACTÉE  EN  ÉPI. 


Latin,  Actœa  spicata  L. 

Allemand,  gememes  Chnstophskraut , Wolftvurz^  Schwarzwurz. 
Vulgairement , Herbe  de  St. -Christophe. 


Cette  plante  paraît  parliciper  aux  propriétés  suspectes  de  la  famille  des 
Renonculacées , à laquelle  elle  appartient , sans  cependant  que  la  toxicologie 
moderne  lui  attribue  des  effets  bien  dangereux.  Si  nous  lui  donnons  une 
place  dans  ce  recueil , c’est  plutôt  à cause  de  son  ancienne  réputation  ; au- 
jourd’hui elle  est  presque  hors  d’usage  dans  la  médecine. 

Elle  est  assez  commune  dans  les  gorges  et  les  forêts  humides  de  nos  mon- 
tagnes , par  ex.  aux  gorges  du  Seyon , et  elle  fleurit  en  juin. 

Sa  racine  brunâtre  est  vivace , oblique , un  peu  noueuse , écailleuse  à son 
sommet  et  garnie  inférieurement  de  longs  filets  fibreux  ; elle  donne  nais- 
sance à une  tige  droite , cylindrique , peu  rameuse , souvent  nue  à sa  base , de 
2à3  pieds  de  haut.  Les  feuilles  radicales  sont  très-grandes , triternées  (trois 
fois  ailées)  ; le  pétiole  des  feuilles  de  la  tige  se  divise  d’abord  à son  sommet 
en  trois  branches,  qui  portent  chacune  3 à 5 folioles  glabres,  ovales,  acu- 
minées , à dents  aiguës  et  plus  ou  moins  profondément  incisées  ; la  feuille 
terminale  et  impaire  de  la  branche  intermédiaire  est  souvent  divisée  en  3 lobes 
profonds.  Les  fleurs  sont  petites,  blanches  et  ramassées  en  une  grappe 
courte , qui  s’alonge  à mesure  que  le  fruit  mûrit.  Le  calice  est  partagé  en 
4 sépales  d’un  blanc  purpurin,  et  la  corolle  en  4 pétales  ; tous  deux  tombent 
de  bonne  heure  ; alors  les  étamines , au  nombre  de  30  à 40 , paraissent 
former  la  fleur  à elles  seules.  Le  fruit  est  une  baie  ovale,  noirâtre,  de 
la  grosseur  d’un  pois  ; et  les  pédicelles  qui  le  soutiennent , munis  à leur 
base  de  petites  folioles  (bractées) , prennent  à la  fin  une  direction  hori- 
zontale. 

La  racine  de  cette  plante,  quoique  sans  odeur  bien  prononcée,  est  d’une 
grande  âcreté  et  passe  pour  purgative.  Les  feuilles,  dont  on  employait 
autrefois  la  décoction  contre  les  maladies  scrofuleuses , ont  une  saveur  amère 
et  une  odeur  désagréable.  Le  fruit,  d’une  odeur  nauséabonde,  passe  pour 
vénéneux  ; bouilli  avec  l’alun , il  donne  une  couleur  noire.  o 


Une  autre  espèce  de  ce  genre  (Actœa  racemosa  L.),  indigène  dans  l’A- 
mérique septentrionale , mais  quelquefois  cultivée  dans  les  jardins , passe , 
à tort  ou  à raison , pour  le  remède  le  plus  efficace  contre  la  morsure  du 
serpent  à sonnette;  aussi  y est-elle  connue  sous  le  nom  vulgaire  de  Snake 
root,  c’est-à-dire,  racine  à serpent. 


L’Enpliopte  petil-eypvès 

ÊiiplioTbia-  Cypanssias. 


L’EUPHORBE  PETIT-CYPRÈS. 


Latin,  Eupliorbüi  Cyparissias  L. 

Allemand,  cypressenartige  f^olfsmilcli. 

Vulgairement,  Tiihymale  (ainsi  que  les  autres  espèces). 


Parmi  les  nombreuses  espèces  d’Euphorbe  qui  croissent  dans  notre  pays, 
les  unes  dans  les  terrains  cultivés  ou  au  bord  des  chemins , d’autres  dans  les 
marais , d’autres  encore  dans  les  forêts , et  qui , presque  toutes , se  font  re- 
marquer , à la  première  vue , par  leur  inflorescence  singulière  et  par  le  suc 
laiteux  qu’elles  distillent,  nous  en  choisissons  une  des  plus  communes  sur  nos 
coteaux  secs  et  arides , parce  que  toutes  ayant , à des  degrés  différens  sans 
doute,  les  mêmes  propriétés,  celle-ci  suffira  pour  faire  distinguer  ce  genre 
de  tous  ceux  de  la  famille  des  Euphorbiacées , à laquelle  appartiennent  en- 
core parmi  nos  plantes  indigènes  le  Buis  et  la  Mercuriale.  — Elle  fleurit 
en  Mai. 

L’Euphorbe  Cyprès  a une  racine  vivace , rampante , assez  longue  et  ra- 
meuse , qui  pousse  une  ou  plusieurs  tiges  droites , cylindriques , d’un  pied 
de  haut  environ^  souvent  rougeâtres  à leur  base,  et  garnies  en  tout  sens  de 
feuilles  étroites,  linéaires , glabres  et  très-entières.  Vers  le  sommet  delà  tige 
et  sous  l’ombelle,  il  se  développe  ordinairement  quelques  rameaux  stériles  qui 
portent  des  feuilles  plus  étroites  et  plus  serrées , et  quelques  branches  flori- 
fères sortant  de  l’aisselle  des  feuilles  supérieures.  La  tige,  à son  sommet,  se 
divise  en  8 à 10  rayons,  formant  une  ombelle,  munie  d’une  collerette  com- 
posée d’un  certain  nombre  de  folioles  semblables  à celles  de  la  tige.  Au  som- 
met de  chaque  rayon , cpii  se  divise  encore  en  2 ou  3 branches , se  trouve 
un  involucelle  formé  de  deux  bractées  jaunâtres , plus  larges  que  les  autres 
feuilles , en  formes  de  cœur  à la  base , ovales-triangulaires  et  légèrement 
acuminées.  La  fleur,  d’une  jaune  verdâtre,  d’une  composition  assez  com- 
pliquée , mais  dans  le  détail  de  laquelle  nous  ne  pouvons  entrer , présente  en 
apparence  8 à 10  divisions,  dont  les  4 ou  5 externes  ont  la  forme  d’un 
croissant  et  renferme  10  à 12  étamines;  de  son  centre,  s’élève  sur  un  pédi- 
celle  , une  petite  capsule  à 3 coques  soudées , légèrement  verruqueuses  ou 
chagrinées  sur  les  angles  et  renfermant  chacune  une  petite  graine  lisse, 
ovoïde  et  grisâtre.  — Toute  la  plante , en  vieillissant , tend  souvent  à prendre 
un  teinte  plus  ou  moins  rougeâtre. 


Le  suc  laiteux  qui  découle  des  Euphorbes  est  un  purgatif  violent  et  dan- 
gereux, en  ce  qu’il  détermine  des  ulcérations  sur  les  parois  du  canal  intesti- 
nal ; appliqué  sur  la  peau , il  la  rougit  et  y provoque  des  ulcères.  En  Po- 
logne, quelques  espèces  d’Euphorbe  sont  employées  par  les  paysans,  comme 
le  meilleur  remède  contre  l’hydrophobie.  On  se  sert  communément  avec  suc- 
cès du  lait  d’Eupliorbe  pour  faire  disparaître  les  verrues.  — Dans  certains 
pays , les  liabitans  de  la  campagne  font  usage  de  ce  suc  en  guise  de  purgatif 
et  de  vomitif,  ce  qui  lui  a fait  donner  le  nom  de  Rhubarbe  des  paysans; 
mais  on  doit  déconseiller  l’emploi  de  ce  remède , s’il  n’est  prescrit  par  un 
médecin  éclairé  et  à dose  convenable. 

V Euphorbe  Epurge  (Eupliorbia  lathyris  L.)  qui,  de  toutes  les  espèces 
d’Europe , paraît  être  la  plus  active , se  rencontre  quelquefois , comme  spon- 
tanément, dans  nos  jardins  et  dans  nos  terrains  cultivés,  mais  elle  n’y  est 
point  réellement  spontanée.  Les  Euphorbes  des  pays  chauds  ont  des  pro- 
priétés encore  plus  énergiques  et  dangereuses  que  les  nôtres , et  la  plupart 
sont  de  véritables  poisons , même  à très-faible  dose , entr’ autres  l’Euphorbe 
officinale^  originaire  d’Afrique,  et  l’Euphorbe  des  Canaries, 

A cette  famille  appartiennent  encore  : le  Ricin,  dont  l’huile,  préparée 
à l’eau  bouillante , perd  une  partie  de  son  âcreté  et  devient  un  purgatif  doux 
fréquemment  employé;  le  Manioc,  originaire  d’Amérique,  dont  les  tuber- 
cules, bouillis  ou  grillés,  présentent  un  aliment  généralement  en  usage  dans 
les  pays  chauds , et  dont  on  prépare  un  pain  qui  a l’avantage  de  se  con- 
server plusieurs  années,  pourvu  qu’on  le  préserve  de  l’humidité  ; le  Hevea 
guianensis  Aubl.  qui  donne  le  suc  si  connu  sous  le  nom  de  Caoutchouc , 
et  le  Mancenillier , l’un  de  végétaux  connus  le  plus  vénéneux,  dont  les 
Caraïbes  se  servent  pour  empoisonner  leurs  flèches,  et  dont  l’ombrage  seul, 
au  dire  des  voyageurs , suffit  pour  donner  la  mort. 


La  Gpatiole  officinale. 


Gratiola  officinalis . 


GRATIOLE  OFFICINALE. 


Latin  , Gratiola  officinalts,  L, 

Allemand  , Gnadenkraut,  Purgirkraut , wüder  Aurin. 
Vulgairement,  Herbe  au  pauvre  homme,  Grâce  à Dieu. 


Il  est  des  plantes  qu’on  range  à regret  parmi  les  espèces  suspectes  : telle 
est  notre  modeste  Gratiole , qui  porte  extérieurement  tous  les  caractères 
de  l’innocence,  mais  dont  il  faut  cependant  se  défier  jusqu’à  un  certain 
point. 

Elle  n’est  pas  commune  dans  notre  pays , et  ne  se  rencontre  guères  qu’aux 
allées  de  Colombier  et  dans  les  prés  humides  près  de  la  Thielle.  Elle  fait 
partie  de  la  famille  des  Scrophularinées  et  fleurit  en  juillet. 

Sa  racine  est  vivace , rampante , et  pousse  des  fibres  aux  articulations  ; sa 
tige  est  droite,  de  12  à 18  pouces  de  haut,  cylindrique  ou  un  peu  tétra- 
gone  vers  le  haut,  glabre,  ordinairement  simple,  avec  les  entre-nœuds  plus 
courts  que  les  feuilles.  Celles-ci  sont  opposées,  sessiles,  ovales-lancéolées, 
dentées  en  scie , à 3 nervures  longitudinales  : de  leur  aisselle  sortent  des 
pédoncules,  longs  d’une  pouce  environ,  portant  à leur  sommet  une  fleur 
blanche  légèrement  rosée,  à tube  jaunâtre,  divisé  à son  sommet  en  4 lobes, 
dont  le  supérieur  est  un  peu  échancré.  Le  calice  est  à 5 divisions,  avec  deux 
bractées  à sa  base.  Les  étamines  sont  au  nombre  de  4 , dont  2 inférieures 
plus  courtes,  stériles,  et  deux  supérieures  plus  longues  et  fertiles.  La  capsule 
est  partagée  en  deux  loges  contenant  chacune  un  grand  nombre  de  petites 
graines. 

La  Gratiole  est  sans  odeur;  mais,'  quand  on  la  mâche,  elle  laisse  sur  la 
langue  une  forte  amertume.  Son  action  est  surtout  énergique  sur  l’appareil 
de  la  digestion  ; elle  purge  violemment  et  excite  en  même  temps  de  pénibles 
vomissemens.  Elle  détermine , dit-on , un  notable  amaigrissement  chez  les 
animaux  qui  en  mangent  avec  le  foin.  Elle  entre  d’ailleurs  dans  presque 
tous  les  remèdes  que  les  charlatans  débitent  au  peuple  ; et  comme  on  lui  at- 
tribuait anciennement  des  vertus  extraordinaires,  elle  jouissait  d’une  grande 
renommée  ; mais  elle  est  maintenant  presque  hors  d’usage  en  pharmacie. 


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L’ Ivi^aie  ènivraii  te  . 


LoliiiTO  teniTileiitiim  . 


LIVRAIS  ENIVRANTE. 


Latin,  Lolium  tcmulentum.  L. 

Allemand,  Gifilolch,  Taumellolch,  Schwindelliafer , etc. 
Vulgairement , Herbe  d’ivrogne. 


Le  genre  Ivraie  appartient  à la  famille  des  Graminées , comme  la  plupart 
des  herbes  qui  composent  nos  pâturages , comme  le  blé , le  seigle , l’orge , 
l’avoine,  etc.  — Ce  genre  se  distingue  par  un  épi  formé  de  petits  épillets 
sessiles,  multiflores,  solitaires  sur  chaque  dent  de  l’axe  qui  est  comme  creusé, 
et  rangés  alternativement  sur  deux  rangs  opposés;  ils  sont  munis  extérieu- 
rement d’une  bractée , tantôt  de  moitié  plus  courte , tantôt  aussi  longue 
ou  même  plus  longue  que  l’épillet  ; l’épillet  supérieur  seul  a ordinaire- 
ment deux  bractées. 

Deux  espèces  d’ivraie  méritent  surtout  l’attention  des  agriculteurs;  l’une, 
par  l’excellence  des  pâturages  artificiels  qu’elle  fournit  et  l’abondance  de 
ses  produits;  c’est  V Ivraie  vivace , généralement  connue  sous  le  nom  de 
Raygrass;  l’autre  par  le  tort  qu’elle  fait  aux  moissons  et  les  funestes  effets 
qu’elle  peut  produire  quand  ses  graines  se  trouvent  mêlées  en  certaine 
quantité  à celles  des  Céréales;  c’est  V Ivraie  enivrante,  dont  il  est  ici 
question. 

Elle  se  distingue  assez  facilement  de  l’Ivraie  vivace , en  ce  que  sa  racine 
est  annuelle  (et  non  vivace) , ses  tiges  droites  (et  non  couchées  à leur  base)  ; 
en  ce  que  la  bractée  égale  ou  surpasse  l’épillet  (tandis  qu’elle  est  de  moitié 
plus  courte  dans  V Ivraie  vivace);  enfin  en  ce  que  les  glumes  de  V Ivraie 
enivrante  sont  munies  de  barbe  ou  d’arêtes  plus  ou  moins  longues.  Elle 
fleurit  en  été , et  les  graines  mûrissent  en  même  temps  que  celles  des  Cé- 
réales, dont  les  champs  en  sont  infestés  en  certains  endroits. 

Quands  ses  graines  sont  récoltées  avec  celles  des  Céréales  et  moulues 
avec  elles , le  pain  qui  résulte  de  ce  mélange  acquiert  des  qualités  dange- 
reuses, surtout  lorsqu’il  est  chaud.  Il  agit  alors  avec  violence  sur  l’estomac, 
(|u’il  affaiblit  au  point  que  ce  n’est  qu’après  de  longs  ménagemens  qu’on  lui 
rend  son  action  digestive.  Cette  plante  agit  d’ailleurs  diversement  suivant 
les  différens  tempéramens  : généralement  elle  affecte  la  vue  qu’elle  trouble, 
cause  des  étourdissemens , des  vertiges  (ce  qui  lui  a valu  son  nom  d’herhe 
d’ivrogne),  plus  tard  des  convulsions  suivies  de  paralysie  et  (pielcpiefois 


d’une  mort  douloureuse.  On  ne  manque  pas  d’exemples  de  brasseurs,  qui 
l’ont  mêlée  frauduleusement  au  malte  ou  moût  de  bière,  pour  rendre  la 
bière  plus  forte  et  plus  enivrante. 

Cette  plante  nuisible  portail  chez  les  anciens  le  nom  de  Zizanie;  de  là 
le  proverbe  : semer  la  zizanie.  — Dans  la  nomenclature  moderne,  ce  nom 
a été  donné  à un  autre  genre  de  graminée  exotique , dont  les  espèces  n’ont 
aucune  qualité  malfaisante. 

L’Ivraie  enivrante  est  heureusement  encore  peu  répandue  dans  nos  champs  ; 
il  est  d’autant  plus  important  de  la  signaler  aux  cultivateurs,  afin  qu’ils 
l’extirpent  soigneusement  partout  où  elle  viendrait  à se  montrer.  On  peut , 
au  reste , avec  un  peu  d’attention  , reconnaître  sa  présence  dans  les  alimens 
farineux,  en  ce  qu’elle  leur  communique  une  odeur  nauséabonde  et  une 
teinte  noirâtre.  Elle  paraît  d’ailleurs , comme  d’autres  plantes  vénéneuses , 
avoir  des  propriétés  plus  dangereuses  dans  les  climats  chauds , que  dans 
, les  zones  froides  ou  tempérées. 


Helleboi’e  fedde  . 


Helletorus  fcetidus . 


L’ELLÉBORE  FÉTIDE. 


Latin,  llelleborus  fœtïdusL, 

Allemand , stinkender  Niessivurz , Lâusekraut. 
Vulgairement,  Pied  de  Griffon. 


Celle  planle , qui  apparlient  à la  famille  des  Renonculacées , esl  li  ès-com- 
mune  dans  les  lieux  pierreux , arides  el  décou verls  de  noire  Jura  ; elle  fleu- 
ril  jusqu’à  la  fin  de  l’automne. 

Sa  racine  est  vivace,  noirâtre  et  donne  naissance  à des  tiges  épaisses, 
dressées , d’un  à deux  pieds  de  haut , feuillées  et  à rameaux  divergens  ; les 
feuilles  radicales  et  les  inférieures  sont  glabres , coriaces , portées  sur  de 
longs  pétioles  et  partagées  jusqu'à  la  base  en  7 ou  9 segments  lancéolés  et 
dentés  en  scie  ; les  suivantes  n’ont  plus  que  3 à 6 segments , et  les  supé- 
rieures prennent  la  forme  de  larges  gaines  entières  ou  à 2 ou  3 divisions 
pointues  à leur  sommet.  Les  fleurs  se  composent  d’un  calice  persistant  à 6 
folioles  arrondies  verdâtres  et  bordées  de  rouge , d’une  rangée  de  petits 
cornets  intérieurs  qui  représentent  les  pétales,  et  d’étamines  nombreuses, 
au  centre  desquelles  se  trouve  le  fruit,  composé  d’environ  3 carpelles  secs, 
comprimés,  un  peu  velus  et  renfermant  un  grand  nombre  de  graines  dispo- 
sées sur  deux  rangs. 

Cette  plante  mérite  son  nom  de  fétide  par  l’odeur  désagréable  qu’elle  ex- 
hale; ainsi  que  les  autres  espèces  d’Ellébore,  elle  agit  comme  violent  pur- 
gatif sur  les  animaux  qui  en  mangent,  par  le  principe  âcre  qu’elle  contient. 
On  se  sert  avec  avantage  de  la  décoction  pour  délivrer  de  la  vermine  les 
chevaux  et  le  bétail  ; les  vétérinaires  emploient  sa  racine  en  guise  de  séton  ; 
et  de  célèbres  médecins  anglais  l’ont  recommandée  comme  un  excellent  ver- 
mifuge; toutefois  il  ne  faut  l’employer  qu’avec  précaution. 

Une  autre  espèce  d’Ellébore  {Helleborus  niger  L.)  fréquemment  cultivée, 
orne  nos  parterres  de  ses  grandes  fleurs  blanches  épanouies,  même  au  milieu 
des  neiges,  dans  une  saison  où  toutes  les  autres  plantes  semblent  ensevelies 
dans  le  sommeil  de  la  mort  ; c’est  ce  qui  lui  a fait  donner  le  nom  de  Rose 
de  Noël,  Rose  de  Jéricho.  On  a cru  longtemps  que  c’était  à elle  qu’il  fallait 
rapporter  V Ellébore  noir  d’Hippocrate , si  célèbre  chez  les  anciens  comme 


remède  souverain  contre  la  manie , l’épilepsie  et  la  folie;  mais  il  est  hors  de 
doute  maintenant  que  l’Ellébore  des  anciens  est  V Hellehorus  orientalis  ^ 
commun  en  Grèce  et  dans  l’Orient.  Son  suc  purge  violemment  les  chèvres 
qui  en  broutent  ; et  c’était  surtout  le  lait  de  ces  animaux  ainsi  purgés  qui  pas- 
sait pour  acquérir  la  propriété  de  guérir  de  la  manie. 


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LaMorelle  doiice-amêre . 


S olaraim  Dulcamara . 


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LA  DOUCE-AMÈRE. 


Latin,  Solanam  Dulcamara  L. 

Allemand  , THrsclikraut , BiUersüssholz. 

Vulgairement,  Vigne-Vierge  , Vigne  de  Judée ^ Lor/ue  etc. 


Cette  espèce  de  Morelle  {Solanum)  n’est  point  rare  chez  nous  sur  les 
rochers  qui  bordent  le  lac  , dans  les  buissons  humides , les  haies  et  au  bord 
des  ruisseaux  ; elle  fleurit  en  été. 

Sa  racine  est  vivace , rampante  ; ses  tiges  sont  ligneuses  dans  le  bas , 
flexueuses , grimpantes  et  sarmenteuses , si  elles  trouvent  un  appui , ram- 
pantes sur  le  sol , si  elles  en  manquent  ; les  jeunes  rameaux  sont  anguleux  ; 
les  feuilles  sont  pétiolées , ovales , à bord  entier , souvent  en  forme  de  cœur 
à leur  base , d’un  vert  foncé  ; les  supérieures  souvent  munies  à leur  base  de 
deux  oreillettes , qui  se  détachent  quelquefois  tout-à-fait , de  manière  à for- 
mer deux  folioles  latérales  à la  base  d’une  feuille  intermédiaire  plus  grande. 
Les  fleurs  sont  violettes , disposées  en  ^gTappes  latérales , opposées  aux 
feuilles  et  pédonculées , auxquelles  succèdent  des  baies  pendantes , plus  ou 
moins  ovales , d’un  rouge  écarlate  à leur  maturité. 

Cette  plante  fait  partie  de  la  nombreuse  famille  de  Solanées , dont  nous 
avons  parlé  à l’article  Belladone  : elle  appartient  au  même  genre  que  la 
pomme-de-terre ; elle  est  fréquemment  employée  dans  les  pharmacies, 
comme  sudorifique , dans  les  maladies  de  la  peau , pour  rappeler  la  trans- 
piration arrêtée,  et  comme  diurétique,  pour  favoriser  la  sécrétion  des  urines. 
A l’état  frais , toute  la  plante  a une  odeur  désagréable  et  une  saveur  dou- 
ceâtre, qui  se  change  bientôt  en  amertume  ; ce  qui  lui  a fait  donner  le  nom 
de  douce-amère. 

On  doit  mettre  les  enfants  en  garde  contre  l’usage  des  baies , qui  ne  sont 
pas  sans  attrait  pour  eux , par  leur  ressemblance  extérieure  avec  le  fruit  du 
Groseiller  à grappes. 


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