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D'UN
CRUSTACE AMPHIPODE NOUVEAU
DE LA FAMILLE DES STENOTHOIDÆ
(PARAMETOPA KERVILLEI nov. gen. et Sp.)
CAPTURÉ AU MOYEN D'UNE NASSE
par M. Henri GADEAU DE KERVILLE
DANS LA RÉGION D'OMONVILLE-LA-ROGUE (MANCHE)
(avec une planche en photocollographie )
/
Par Éd. CHEVREUX
EXTRAIT
des Recherches sur les faunes marine et maritime de la Normandie
(3° voyage), par Henri GapEAu DE KERVILLE
(Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen
2 semestre 1900. — Tiré à part, Paris, J.-B. Baillière et fils, 1901 )
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ROUEN
IMPRIMERIE JULIEN LECERF
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Crustacé amphipode nouveau de la famille
des Stenothoidæ
(Parametlopa Kervillei nov. gen. et sp.)
capturé au moyen d'une nasse
par M. Henri Gadeau de Kerville, dans la région
d'Omonville-la-Roque ( Manche)
(avec une planche en photocollographie)
Par Ép. CHEVREUX
La famille des Sfenothoidæ (1) n'a longtemps compris que
les quatre genres Séfenothoe, Probolium, Melopa et Cressa.
En 1893, le Professeur Della Valle ®), reprenant la description
du type du genre Probolium ( P. polyprion Costa), conclut
du manque de palpe aux mandibules de cette espèce qu'elle
doit prendre place dans le genre Sfenothoe, et propose le
nouveau genre Proboloides pour les deux espèces norvé-
giennes ( Probolium gregarium et P. calcaratum) du Pro-
(1) Il ne m'a pas été possible de lenir compte, dans le présent
travail, de la nouvelle famille des Metopidæ, mentionnée par le
Rév. Stebbing dans une note préliminaire ( Revision of Amphi-
poda, continued ; Ann. and Mag. of Nat. Hist. (7), vol. IV).
L'important ouvrage sur les Amphipodes, que le savant zoologiste
anglais va publier dans « Das Tierreich » , en nous faisant con-
naître les caraclères de cette famille, permettra de décider si le
genre Parametopa doit en faire partie.
(2) DecLa VALLE. — Gammarini del golfo di Napoli; Fauna
und Flora des Golfes von Neapel, vol. XX, Berlin, 1893, p. 907.
pu
fesseur G.-0. Sars (1), espèces dont les mandibules portent
un palpe triarticulé. Néanmoins, il n'est pas absolument
prouvé que le genre Probolium doive disparaitre de la no-
menclature, puisque Costa (?), qui l’a créé, et M. Catta@®),
qui a repris la description du P. polyprion, ne nous disent
pas, non plus que M. Della Valle, si les lobes internes des
maxillipèdes sont séparés ou coalescents chez cette espèce.
M. Della Valle propose également le nouveau genre Meto-
poides pour les quatre espèces décrites par le Rév. Stebbing
sous les noms de Melopa magellanica, M. parallelocheir,
M. ovata et M. compacta (*, espèces caractérisées par la
présence d’un flagellum accessoire aux antennes supérieures.
Enfin, j'ai été conduit à proposer le genre Sfenothoides pour
une espèce ( S{enothoides Perrieri)®%) commensale des As-
téries, draguée par l’Hirondelle dans les parages de Terre-
Neuve. Le genre Sfenothoides est principalement caracté-
risé par le palpe uniarticulé de ses mandibules et par les
propodes subchéliformes de ses pattes des cinq dernières
paires.
(1) G.-0. Sans. — An account of the Crustacea of Norway.
Vol. I. Amplipoda. Christiania, 1890-1895, p. 245, pl. LXXXIV,
et p. 247, pl. LXXXV.
(2) Cosra. — Aicerche sui Crostacet Amfipodi del Regno di
Napoli; Mem. della R. Acad. de Scienze di Napoli, vol. I. Napoli,
1851, p:199 "pl. IT, 5-2.
(3) Carra. — Note sur quelques Crustacés erratiques ; An-
nales des Sc. nat., Zoologie (6), vol. III, Paris, 1876, p. 15,
pl Ale. 1:
(4) STEBBING. — Report on the scientific results of the voyage
of H. M.S. CHALLENGER during the years 1873-1876. Zoology,
vol. XXIX. Report on the Amphipoda. Edinburgh, 1888.
(5) CHEVREUX. — Amphipodes provenant des campagnes de
l'HironDELLE, 1885-1888. Résultats des campagnes scientifiques
accomplies sur son yacht par Albert I‘, Prince souverain de
Monaco. Fasc. XVI. Monaco, 1900, p. 55, pl. VIII, fig. 2.
or
La forme décrite ci-dessous ne peut être classée dans
aucun des genres dont il vient d'être question. Elle se
rapproche des S{enothoe par le manque de palpe aux man-
dibules et des Mefopa par le palpe uniarticulé de ses mà-
choires de la première paire, tandis qu'elle s'écarte de ce
dernier genre par les lobes internes, séparés jusqu'à la base,
de ses maxillipèdes. Enfin, elle diffère de toutes les Sfeno-
thoidæ connues par la grandeur du lobe interne de ses mà-
choires de la deuxième paire et par le développement remar-
quable de ses lamelles branchiales.
PARAMETOPA nov. gen.
Corps très-obèse, caréné sur la ligne dorsale médiane.
Antennes d'égale taille chez la femelle, les antennes supé-
rieures ne possédant pas de flagellum accessoire. Mandi-
bules sans palpe. Palpe des màchoires de là première paire
uniarticulé. Lobes des màchoires de la deuxième paire d'’é-
gale taille. Lobes internes des maxillipèdes séparés jusqu'à
la base. Article basal des pattes de la cinquième paire étroit.
Article basal des pattes des sixième et septième paires à peu
près aussi large que long. Lamelles branchiales remarqua-
blement développées. Uropodes de la dernière paire uni-
ramés. Telson ovale.
PARAMETOPA KERVILLEI nov. sp.
(PI. III)
L'unique exemplaire connu de cette espèce a été capturé
dans une nasse, placée par M. Henri Gadeau de Kerville
dans la région d'Omonville-la-Rogue (Manche), à la pro-
fondeur de 55 mètres. C'était une femelle ovifère, longue de
» millimètres dans la position où elle est figurée (fig. 1),
portant 48 œufs entre ses lamelles incubatrices.
Le corps, examiné en dessus, paraît remarquablement
obèse, sa largeur atteignant tout près de la moitié de sa
longueur. Une carène dorsale existe tout le long du méso-
— 234 —.
some et du métasome. La tête, très-courte, à peine aussi
longue que le premier segment du mésosome, ne porte pas
de projection rostrale et présente des lobes latéraux peu
saillants, arrondis à l'extrémité. Le quatrième segment du
mésosome est de beaucoup le plus long. Les segments du
métasome augmentent progressivement de longueur, du
premier au troisième. L'urosome est très-court. Les plaques
coxales de la première paire, très-petites, quadrangulaires,
sont en grande partie cachées par les plaques coxales de la
deuxième paire, qui affectent une forme à peu près trian-
gulaire. Les plaques coxales de la quatrième paire, extrê-
mement développées, régulièrement arrondies au bord pos-
térieur, se prolongent en arrière jusqu'au niveau de l'extré-
mité du sixième segment du mésosome. Les plaques épimé-
rales du troisième segment du métasome, fortement prolon-
gées en arrière, sont arrondies à l'extrémité.
Les yeux, très-grands, ovales, occupent la majeure partie
des faces latérales de la tête. Les antennes supérieures
(fig. 7) atteignent à peu près la longueur de l'ensemble de
la tête et des trois premiers segments du mésosome. Le
premier article du pédoncule, très-volumineux, beaucoup
plus long que l'ensemble des deux articles suivants, pré-
sente, à son extrémité antérieure, un prolongement obtus
qui déborde sur l'article suivant. Le second article se pro-
longe de la même façon sur le troisième, qui n'atteint pas la
longueur du premier article du flagellum. Ce flagellum
comprend douze articles beaucoup plus longs que larges.
Il n'existe pas de flagellum accessoire. Le dernier article
du pédoncule et les trois premiers articles du flagellum
portent, au bord postérieur, quelques touffes de cils assez
allongés. Les antennes inférieures sont de la longueur des
antennes supérieures. Le cinquième article du pédoncule est
plus grêle et un peu plus court que le quatrième. Le flagel-
lum comprend dix articles, garnis de quelques soies très-
courtes.
La lèvre antérieure (fig. 2) présente deux lobes d'inégale
— 239 —
taille, séparés par une petite échancrure. Les lobes internes
de la lèvre postérieure sont séparés sur un tiers environ de
leur longueur, tandis qu'il sont complètement séparés dans le
genre S/enothoe, et coalescents dans les genres Proboloides
et Melopa. Les mandibules (fig. 3) ne présentent ni palpe,
ni tubercule molaire. Le bord tranchant est armé de dix dents
aiguës; le bord interne porte une rangée de douze épines
barbelées. Le lobe externe des mâchoires de la première
paire (fig. 4) est armé de nombreuses épines assez grêles
et simples. Le lobe interne ne porte ni soies, ni épines. Le
palpe, uniarticulé, se termine par une rangée d'épines. Les
lobes des mâchoires de la deuxième paire (fig. 5) sont
d'égale taille et diffèrent à peine l'un de l’autre; ils portent
une touffe de fines épines à leur extrémité. Les lobes in-
ternes des maxillipèdes (fig. 6), séparés jusqu'à la base, se
terminent chacun par deux longue soies spiniformes. Les
lobes externes manquent, comme chez toutes les S/eno-
thoidæ. Les palpes, très-robustes, garnis de longues et nom-
breuses soies, se terminent par un article dactyliforme,
finement cilié au bord interne.
Les gnathopodes antérieurs (fig. 8) sont relativement ro-
bustes. L'article basal, large et quelque peu dilaté en son mi-
lieu, atteint à peu près la longueur de l'ensemble des quatre
articles suivants ; son bord antérieur est garni d’une rangée
d'épines. L'article méral porte, au bord postérieur, une
rangée de neuf longues épines. Le carpe, très-court, trian-
gulaire, porte quelques épines plus courtes. Le propode est
quadrangulaire ; son bord palmaire est armé d'une rangée
de six longues épines. Le dactyle, très-robuste, légèrement
courbé à l'extrémité, est finement denticulé sur la dernière
moitié de son bord interne.
Les gnathopodes postérieurs (fig. 9) sont plus robustes
et plus allongés que les gnathopodes précédents. L'article
basal, assez fortement dilaté à l'extrémité, porte une rangée
d'épines au bord antérieur. L'article méral, subtriangulaire,
se prolonge en pointe aiguë jusqu'au niveau de l'extrémité
— 236 —
du carpe. Le propode, à peu près rectangulaire, est bordé
de soies et porte quelques épines au bord postérieur. Le
dactyle, faiblement courbé, dépasse un peu le bord palmaire
en longueur.
Dans les pattes des troisième et quatrième paires, l'article
méral se prolonge antérieurement jusqu'au niveau du milieu
du carpe. Le bord postérieur du propode est garni d'une
rangée d'épines.
L'article basal des pattes de la cinquième paire (fig. 10),
assez étroit, n'est pas dilaté en arrière; son bord postérieur
est garni de nombreuses épines. L'article méral, beaucoup
plus large que les articles suivants, se termine en arrière
par un prolongement triangulaire, qui atteint presque au
niveau de l'extrémité du carpe. Ce dernier article n'a pas
plus de la moitié de la longueur du propode; tous deux
portent une rangée d'épines au bord antérieur. Le dactyle
est fort et recourbé.
Les pattes des deux dernières paires, courtes et très-
robustes, sont à peu près semblables entre elles. L'article
basal, légèrement convexe au bord antérieur, très-fortement
convexe au bord postérieur, est un peu plus long que large
dans les pattes de la sixième paire, tandis qu'il est aussi
large que long dans celles de la septième paire (fig. 11).
porte, au bord antérieur, quelques fortes épines qui existent
également dans les quatre articles suivants. L'article méral,
très-dilaté, se termine en arrière par un large lobe triangu-
laire, atteionant au niveau de l'extrémité du carpe. Le pro-
pode est plus de deux fois aussi long que le carpe. Le dac-
tyle, fort et recourbé, atteint plus de la moitié de la longueur
du propode.
Les lamelles branchiales sont beaucoup plus développées
que chez les autres formes de la famille des Stenothoidcæ. Dans
‘les snathopodes postérieurs, ces lamelles sont presque aussi
longues que l'article basal. Dans les pattes de la cinquième
paire, elles atteignent les deux tiers de la longueur de cet
oo
article et dépassent de beaucoup les dimensions des lamelles
incubatrices.
Le pédoncule des uropodes de la première paire (fig. 12)
est garni de nombreuses épines, disposées sur deux rangs.
La branche interne, un peu plus courte que le pédoncule,
dépasse légèrement la branche externe en longueur. Le pé-
doncule des uropodes de la deuxième paire (fig. 13) porte
deux rangées d'épines. La branche interne, notablement plus
longue que la branche externe, est à peu près de la longueur
du pédoncule. Dans les uropodes de Ia troisième paire
(fig. 14), le pédoncule porte cinq petites épines. La branche
unique se compose de deux articles d'égale taille, dont l’en-
semble dépasse un peu le pédoncule en longueur. Le telson
(fig. 15), ovale allongé, porte deux paires de petites épines,
situées au voisinage de la partie basale de ses bords laté-
raux.
J'ai grand plaisir à dédier cette intéressante espèce, type
d'un genre nouveau, à M. Henri Gadeau de Kerville, le zélé
naturaliste qui poursuit avec tant de succès, depuis un
certain nombre d'années, ses recherches sur les faunes ter-
restre, maritime et marine de la Normandie.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig:
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
EXPLICATION DE LA PLANCHE III
Parametopa Kerciller femelle, nov. gen., nov.
Femelle, vue du côté gauche ..........
Lovreantérieuret 2 "1e ART R Nr
Nandibiles ts Can PR TE ER
Mâchoire de la première paire..... ...
Mâchoires de la deuxième paire.... ...
Maxilhipèdes: AE CE RARE
Anlenne: supérieures: 2 11R me Let Inne
Gnathopode antérieur....... PR MATE
Gnathopode postérieur........... ....
Patte de la cinquième paire............
Patte de la septième paire .......... ..
Uropode de la première paire..... ....
Uropode de la deuxième paire .......
Uropode de la troisième paire .........
Le TS ON ER ER RE RE, LA RE ERNEST A
sp.
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Rouen. — Imprimerie J. Lecerr, rue des Bons-Enfants, 46-48
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PHOTOCOLLOGRAPHIE LECERF.
Éd. CHEVREUX del,
PARAMETOPA KERVILLEI Nov. GEN. ET sp.
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