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Full text of "Des tropes ou des diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot ..."

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D,£,,t,7P:hy Google 



hyGooj^le 



t>E§ TROPES 

o u 

DES DIFÉRENS SENS 

Dans lefqaels on peut prendre un même 
mot dans une même langue. 

i)uvrà^e utile pour timettigertce des 
Auteurs y & ipti featfirvir aintroduc- 
iioh à la Rhécàrifm & àla Logique: 

Par Monteur i>ùMAIt.sAls. 

NOUVELLE ÉDITION. 



/!.? iii'; 



A p À k is, 

fehez Dàtid i Libraire j rue dés MathurliiS- 

M. D C C. L V I 1. 

^^tc jtpfi^hatU>A if FnYiltgt4ti Roy. 



i 



p:h»Google 



.■lu Google 



LjI proté&iim éclairée, que vous M- 
ioréei(j aux Leares j <5 l'accueil favo- 
niie dont vous honon^ceux qui ks 



phyGoogle 



cultivent avècjîiccèi, vous dorment urt 
droit légitime à leurs hommages: mflis. 
ofirai-je le dire ici , Madame , 
ces hommages , quoique dûs à lajitpé- 
rior'uè de vos, lumières & de vos çpit- 
noiffances , ntfontfouyem quun conit- 
merce de V intérêt qui veut acheter les 
faveurs de lagrandeut; & de lajisrtkne^ 
Pour moi, Madame, en publiant 
fous vos aufpices le chefS œuvré tTûn 
ie nos plus profonds Grammairiens ,J» 
lie veux qu'apprendre à toute la terre 
que je dois beaucoiip à votre jitfiice ^ 
à VQS bontés. Mq voix efi trop foible 
pour fe faire entendre ; mais cet Oit. 
vragt de M, dfi Marfais la porter^ 
dans tbus If s lieu» S dans tous- les 
lems. Je le choijls comnu un marbre 
que iesjitcles rejpeâerom , & fitt (e-i 



p-^Google 



futl refteront iurneUement 
témoignages publics de ma 

Jefiifs nyeç le plus profit 



MADAM?, 



Votre trè 



D,g,t,7e:hy Google 



D,£,,t,7P:hy Google 



AVE RTI s SEMENT 

De 'la première Editiori. 

JE fais pèrfiiadé par des expérien- 
ces réitérées , que la méthode là 
plus facile & là plus fure pour co- 
inencer à apréndre It latin, cft dé 
fe fervir d'abord d urte interprétation 
interlinéaire, 'où là conftniàiôn foit 
toute faite , 5z où les mots foijs-en- 
tendùs foient fupléés. J efpcre donet 
bientôt au public qùelques-iiries de 
'ces tridùâions. 

Mais , quand les Jeunes gens font 
devenus capables de réiflexion, ori 
'doit leur inbnt'rer les règles de là , 
Gramihaite \ & faire àVec eux les ob- 
fetvatioils graitiniàticâles cjui font né-. 
ce0aïi:es pour rintelligehce du texte 
l^u'On éxpliqiie; C'eft dans cette Vue 
qiie j'ai coinpofé une Grammaire bù 
aij 



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ii> AyÈRTISSEMÈNT. 
j'ai raflémbli: ces obfervationsi 

Je .divife la Grammaire en fcpc 
parties, c'eft-à-dire, que je penfe que 
les obfervations que l'on peuc faire 
fur les mots , en tant que lignes de 
nos penfées , peuvent être réduites 
fous fept articles . qui font : 

I. La conoiflance de la propoll' 
tion Se de la période , en tant qu'elles 
font compoiees de mots, dont les 
terminaifons & l'arangement leur 
font lignifier ce qu'on a deflein qu'ils 
fignifient : 

I I. L'Orthographe. 

IIL La Profodie , c'eft-à-dire , la 
partie de la Grammaire , qui traite 
de la prononciation des mots , & de 
la quantité des fyllabes. 

IV. L'Etymologie. 

V. Les préliminaires de la Syn- 
taxe : j'apèle ainfi la partie qui traite 
de la nature des mots & de leurs 
propriétés graminaticales , c'eft-à- 



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AVERTISSEMENT. « 
idire , àei nombres, des gentes , des 
peifones , des terminaifons ; elle 
contient ce <ju'on apèle les Rudi- 
loieos. 

VI. La Syntaxe. 

VII. Enfin la conoiflànce des dï. 
férens fens dans lefquels un même 
mot eft employé dans une même lan.. 
gue. La conoiflànce de ces diférens 
fens eft néceflaire, pour avoir une 
véritable intelligence des mots , en 
tant (^ue lignes de nos penfées : ainlî 
i^'aicru qu'un traité fur ce point apar- 
tenoit à la Qrammaire ; 84 qu'il ne 
faloit pas atendre que les enfans euP 
kra pa(fé fept ou huit ans dans l'étu.. 
de du latin, pour leur aptendre ce 
que c'eft que le fens propre & le fens 
Qguré , & ce qu'on entend pat Métar 
pnoce ou par Métonymie; 

On ne peut faire aucune queftion 
fur les mots, qui ne puifle être réduite 
(b.u,s quelqu'un d^ «s fept articles.. 



e:h»Google 



■vj AyERTiSSEMENT. 
Tel eft le plan que je me fuis fak; 
il y a long-te(ns , 4e la Grammaire. 

Mais , quoique ces diKrentes fiir 
lies foient liées entre elles , de telle 
forte qu'çn les réuniffant toutes en- 
femble , elles forment un tout qu'on 
apèle Gr<«pm«(rf ; cependant chacune 
çn particulier ne fupofe néçeflàire- 
ment que les çonpiflances qu'on a 
aquifes par l'ufage de la vie. U n'y a 
guère que les preli^ninaires de la fyn- 
taxe qui doivent précéder néçeflài- 
remenc la fyntaxe ; tes autrçs parties 
peuvent aler affez indiférament l'une 
avant l'autre ; ainfi cette partie de, 
Çrammaireque je donc aujourd'hui, 
ne fupofant point les autres parties , 
& pouvant Bcilement y être ajou^ 
tée , doit çtre regardée come un, 
çraité particulier fur les tropes & fut. 
lés dilèrens fens d;ans lefquels on peut 
prendre un même mot, 
' Nous avoijs des traités particulieçst 



e:h,G00gle 



AVERTISSEMENT. _ vif 
fût l'orthographe , fur k proroHie , oi» 
quantité, fur la fyntaxft-, Çiç : en 
voici un fur les tropes. 

Je rapèle quelquefois dans ce traité 
certains points , en difant que j'en ai 
parlé plus au long ou dans la fyntaice. 
ou -dans quelqu'autre partie de la 
Grammaire j on doit me pardoner 
de renvoyer ainC à des ouvrages qui 
ne font point encore imprimés , parce 
qu'en ces ocafions je ne dis rien 
qu'on ne puiflè bien entendre fans 
avoir recours aux endroits que je ra-. 
pèle , j'ai cru que puifque les autres 
parties fuivront celle-cj , il y auroic 
plus d'ordre & de liaifon entre elles» 
i fupofer pour quelque tems ce qu*. 
j'efpère qui arivera. 



D,o,t,7p: h» Google 



A VER TISSE MENT'. 

j Eu de tems après que ce Livrei 
^ parut pour la première fois , je, 
iéhcpncrai par hazkrd qn home riche 
qui forcoit d'une maifon pour entrei;. 
dans fon caroflè. le viens , me dit-il, 
en paSànt d'entendre dire beaucoup, 
de bien de votre Hijhire ites Tropes. 
Il crut que les Tropes ^toient un peu-, 
pie. Cette aventure me fit faire ré- 
flexion à ce que bien d'autres pfcrfù- 
nes m'av9ieQt déjà dit , que le titre 
de ce Livre n'étoit pas entendu de 
tout le monde j mais après y avcir 
bien penfé, j'ai vu qu'on en pbuvoit 
dirç autant d'un grand nombre d'au- 
tres ouvrages auxquels les Auteur^ 
çnt çonfervé le nom propre de la. 
Science çu de l'Âtt dpn^ ils onç 
^raité. 
Çi'ailleuis, fc mot de "Ftopes n'efli 



p-hyGoogle 



AVEUTIS SEMENT:, bf 
pas un terme que j'aie inventé , c'eft 
iin mo^ conu de toutes les pctfctne^ 
qui ont fait Iç cquts ordin^re desi 
f cudes, & les autres qui étudient lesi 
beHes-^^ettres ftançoifes trouvent ce 
mot dans toutes nos Rhétotiques. 

Il n y a poini; de Science ni d'Art 
qui ne foiç délîgné par un ;iom par-: 
ticulier, & qui n'ait dçs termes coiv- 
façrés , ii^conus aux perfones 3, qu^ 
ces Sciences & ces Arts font étran-.. 
gers. Les termes fervent à abréger , 
^ mettre de l'ordre 8ç de la précilîon, 
quand une fois ils font expliqués S; 
entendus. Seulement la bienféance ,■ 
& ce qu'on apèle Vupropos , exigent 
qu'on nç faflè uf^ge de ces termes 
qu'avec des perfones qui font en étaç 
de les entçnare, ou qui veulent s'eij 
inftri^re , ou enfin quand il s'agir d« 
{a doârine à laquelle ils apartiènent. 
J'ai ajouté dans cette pouvelle édi,- 
trpn , l'explication des noms que les 
Qçarninaitiens 4one^( au^; autres (i~ 



e:h»Google 



Af AVERTISSEMENT. 
gures , tant à celles qu'ils apèlentj^»- 
(•« «fr MÛiom, tUdicniim pgHnt , cfx\ 
celles qu'ils noment figures de pen- 
fées , pgmf fententUmm. 

Cette addition ne fera pas inutile, 
du moins à une forte de perfones, & 
pour le prouver, je vais raconter en 
peu de mots ce qui y a doné lieu. 

l'alai voir il y a quelque-tems un 
jeune home qui % bon efptit, &!, qui 
a aquis avec l'âge alFez de lumières &; 
d'expérience pour fentir qu'il lui fe- 
roit utile de revenir fut fes pas , & d& 
telire les Auteurs clallïques. Les jeu- 
'pes gens qui comencent leurs études, 
& qui en fourniflent la carrière, n'ont 
pas encore aflez de confiflrance, du 
moins comunément., pour être tou- 
chés des beautés des. Auteurs qu'on 
leur fait lire , ni même pour en faifîr 
ie fens. Il feroit à fouhaiter que (e 
goût des plaillrs & les ocupations de^ 
ieut état leur laiflàfFent te loifir d'v 
çi.itcr le jemie honje dont je pwK 

/ 

Dij,t,7p: h, Google 



AVERTISSEMENT. x} 
Je le trouvai fur Horate, 11 avoit 
fur'fon bureau l'Horace ((e M. Da- 
çier , celui du P. Sanadon , & celui 
des Vmorm avec les notes de Jean 
Bon. Il en ëtoic à l'Ode XIIJ. du 
V'. Livre Hmrida umfcfias. Horace 
au troifièine vers mmc nuert, mmcJ^UA, 
fait ce dernier mot de trois fyllabes, 
fy-lu SB. M. Dacier ne fait aucune 
remarque fur ce vers ii le P. Sanadon 
fe contente de dire qu'HùrMe a fét 
ici ce mot tU trois fyllahes , &* cote ce t^ejl 
fas U fremihe fois que ce. Poète l'a em- 
floyéainp. Jean Bon ajoute qu'Horace 
à fait ce inoc de trois fyllabes par 
. Diërèfe , fer DUrefi». Mais qu' eft-ce 
que faire un mot de ttois fyllabes par 
Diétèfe î c'eft ce que Jean Bon n'ex, 
plique pas , me dit ce jeune home. 
Y a-t-il là quelque myftère î Ne vous 
çn dit.il pasaflèz, lui répliquai je, 
quand il vous dit que le mot eft ici 
de trois fyllabes. Oui, me répondit-il, 
^ le Comentateur en demeuroit-là j 



D,o,t,7p: h» Google 



n/f /trERTISSEMENT.^ 
jnais il ajoute que c eft par DUrèfi, Sê 
voilà ce que je n'entends point. Dans 
un autre endroit il dit que c'eA par 
Jlfhérefe, ailleurs f 31 Epemhèfi , icc. 
Je voudrois bien , ajouta le jeune 
home , que puifque ces termes font 
en ufage chez les Grammairiens, ih 
fufiènt expliqués dans quelque re-. 
çueil où je puiflè avoir recours au 
befoin. Ce fut ce qui me fit venir la 
penfée d'ajouter l'explication de ces 
termes à celle des Tropes, 

Come les Géomètres ont don4 
des noms particuliers aux diférentes 
fortes d'angles, de triangles & de fir 
gures géométriques , angle obtus, 
Angle adjacent „ angles verticaux , 
triangle ififcHe , triangli; cxy^one , 
aiiagle fiaient , triangle amtlygom, 
Çcc. de même leïGrammairiens ont 
doné des nons particuliers aux divers 
çhangçmens, qui arivent aux lettres 
& aux fyllabes des mots. Le mot ne 
j)VPÎt cas. alQrs, foiis fe forme OXM," 



e:h»G00glc 



AVERTISSEMENT, xii) 
tialre , il prend , pour ainfî dite « illili 
nouvelle figure à laquelle les Gram' 
mairiens donent un nom particulier> 
J'ai cru qu'il ne feroic pas inucile d'ex-* 
pliquer ici ces diférences figures , en 
faveur des jeunes gens, qui en trou' 
vent fouvenc les noms dans leurs lec- 
tures , fans y trouver l'explication de 
ces noms. 

On me dira peut-être que je m'ar» 
rête ici quelquefois à des chofes trop 
aifées & trop comunes. Mais les jeu- 
nes gens, pour qui principalement 
ce livre a été fait, ne viènent pas 
dans le monde avec la conoilfance 
des chofes comiines , ils ont befoin 
de les aprendte , & l'on doit les leur 
montrer avec foin, fi l'on veut les 
faire palTer à la conoilfance de celles 
qui font plus dificiles & plus ^lev&s, 
parce que celles-ci fupofent néceflai- 
reriient celles-là. C'eft dans le difcer- 
nement de la liaifon , de la dépen- 
dance, de l'enchaînement Se de la 



D,o,t,7p: h» Google 



xii/ ÀFERtlSSÈMENT. 
fubordination des conoiflanËes i qu 
confifte le talent du maître. 

D'autres au contraire trouveront 
que te Traité contient des réflexions 
qui font au-deflus de la portée des jeu- 
nes gens , hiais je les fuplie d'obfervet 
que je fupofe toujours que les jeunes 
gens ont des maîtres. Mon objet eft 
que les maîtres tirouvent dans cet ou- 
vrage les réflexions & les eiempleS 
dont ils peuvent avoir befoin ; fi ce 
h'eft pour eux-mêmes, au moinâ 
pour leurs élè'^ies. C'eft enfuite aux 
maîtres à régler l'ufage de ces réfle- 
xions &c de ces exemples , félon les 
lumières, les talens & la portée de 
l'efprit de leurs difciples. C'eft cette 
conduite qui écarte les épines , qui 
doné le goût des lettres; de là l'a- 
inour de la leâurè, d'où nait nécef- 
fairefflent l'inftruéîiori ; & l'inftriic- 
tion &t le bon citoyen , quand urt 
intérêt fordidè & mal entendu n'y 
forme pas d'bppofition. 



4:,o,t,7p: h» Google 



E R RA TA. 

JE Bc crois pas qu'il y aît^e fautes typographIc|ue$ Jani 
cet bu^r^e pSr l'attention des Imprimeurs , ou s'il y 
«□ 2 , ctlcs ne font pas bien confldéiabics. Cependant ; 
tome il n'y a point encore en Fiance de manière urifor- 
Inc d'ociheetaphiet , je ne doute pas que chacun , feloii 
fcs préjugée , ne trouve ici un gritid notnbrc de fautes. 

Mais, I. mon cher Leâeui , avez-vous jamais m^dici 
for l'Orthographe i Si vous n'avez point fait de téiïciioni 
fj rieufes Tur cette partie de la GrammAire , fi vous n'avcx 
qu'une orthographe de hazàrd Se d'habitude , pei 
tnoi de vous prier de ne point vous arfter à la i 
dont ce livre eh orthographié , vous vous y ai 
iofealîblietnent. 

1. Etes-vous pirtifan de ce qu'on àpèle anciènc ortho^ 
graphe > Prenez donc la peine de mettre des lettres don- 
nes qui ne fe prononcent point , dans tous les mots que 
Vous trouverez écrits fans ces doubles lettres. Ainli , quoi- 
que feloa vos principes il faille aVoir égatd à l'érymolo- 
gie en écrivant , Se que cous nos anciens auteurs , tels que 
VÏUehardoutQ, plus proches des fouiccs que nous, éctivif- 
fcnthDine,de^0nia, perfone de^7cn«,noneui de hentr^ 
donù de dcn*r« , nâturéle àt, nAtuTtlit , &c. cependant 
ajoutez une m à heme , Bc doublez les autres confones, 
malgré l'étymologie Si la rronunciation^ 6c danez le nonl 
de novateurs 'à ceiU qui luivent l' anciènc pratique. 

Ils vous dironf peut-être que les lettres font des Cènes , 
que loai figné doit lîgnifiet quelque chofe, qu'ainli une 
lettre double qui ne marque ni l'étymologie , ni la pro- 
nonciation d'un mot , eft un ligne qui ne lignifie rien , 
u'impoite: ajoutez-les. toujours, faiisfattes vos yeux , je 
ae reai lien qui vous bielle ; & pourvu que vous vous 
doniez la peine d'entrer dans le fens de mes paroles, vous 
pouvez faire roue ce qu'il vdus plailra des fignes qui fer- 
vent à l'exprimer. 

Vous me direz pèur-crté qiie je me fuis écané de l'u- 
ûge piélèsc : mais je rousluplic d'obfctvcr > t. Que je 



n,3,t,7P-hy Google 



E il k A T A. , . ,^ 

b'ù aocnne m^iire d'écrite qui me foit Danîculièré , t£ 
\m oc foie antotiTéd pat l'ezeiïiple de pluueuis auteurs à& 
Kputacion. 

1. Le P. Bufier prétend mf mîE que le gtlnà gombre des 
Auteun fuit aujourd'hui la ooavae oithogiaphc c'eft-à- 
dicc qù'toa ne fuit plos éxaâemenc l'iacieiie. j'«j trouvé 
i» n f uvil* erihegrfhe , dit-ii , (Grànuti. Fràn;. pàg. }S8. ) 
éUMipUuilei deuxtÙTs JeiLit/rti qui s'ivifriiÀent Jepitîs dix 
nnt. te P. Bu£er nome les Aiitcucs de ces livres. Lé P. Sâ- 
fiadon ajoute que depuis la rupucation au P. Bufier le nom- 
bre des paitifans de là nUuvèle orthographe s'tfi h'tu»c»tif 
mugmtmé (^ ikupntntt tneart tout UifBitrt, ( Potlics d'Ho- 
race. Préface . page xvii. ) AinÛ, mon cher Leacur, je 
conviens que je m'éloigne de votre ufagè ; mais félon lie 
P. Bufîec 8c It P. Sânâoii , je Iné cbnfoihic à l'dfage le 
^lus fnivL 

}. Etes-vbus partifan de la nonvéle onliogrâphe i Vous 
trouverez ici à téfoimcr. 

tt parti de t'ancièoe onhographe & celui àe la nouvèlc 
te fnbdivifent en bien desbrânchcs : de quelque cdté que 
Vous foyei , retranchez Ou ajoutez toutes les lettres qu'U 
vous plairi , & ne me coodàoez qu'après que vons auicK 
Vu incc raifoBS dam nwn Traité de t'Onhograf ht: 



bis 



hy Google 



DES TROPES 

DESDIFERENS SENS 

jpans lefquels on peut prendre tin même 
mot dans une même langiici 

PREMIERE PARTIE. 

Dis Tf'ôfes en gméraU 

ARTICLE PREMIER. 

. Idéts générales des Figures, 

JVANT que de parVei- des Troncs 
en parti çulief , je dois direnn hidt 
des figures en gériéral ; puifqué le§ 
'i ropes ne font qu'Une efpèce de figures. 

On dit comlinémcnt que Ui figura fur.t 
des manières de parler élûi^nécî de celles qaî 
A 



e:hy Google 



i JO£S TkÙPtS ' 

ftnt nâturèUs & ôrdi»*ires : qlie fefi»t dittf>- 
tdinî ttmrs df de ctrtaints fiç^m dt s*eie/>Ki-^ 
mer , tftti/éifiigttent en <f»elqme cinfi de ^ ma* 
Stère C9mu9e& fimpU de fûrlte: ce qui ne 
veat dife flw tfc cfato fe ,■ fînon que les Figu- 
res font des manières de parler éloignées 
de celles qui ne iônt pas figurées « £c qu'en 
un mot les Figures font des Figures , Se ne 
font pas ce qui n'eft pas Figures. 

D ailleurs , bien loin que les Figures 

foient des manières de parler éloignées ât 

celles qui fopt naturèles Se ofdinaiires , il 

n'y a rien de (i naturel , de fi twdïnairc , & 

de (îcomun que les Figures dans le langd- 

Xbf. d» i« gc des homes. M. de Bretteville après avoir 

^^J à- Sit que Us Figures nefint autre chofe que de 

»w««4*i/f. certains ffiUfs d'expfemon & depeafée dent on 

th. I. ïKyîycr/^«Wctfw»«fwBf/(f,ajôUce" qu'il n'y 

t) a rien de (t aifé & de fî naturel. J'ai pris 

»» fouvent plaifîr , dit-il , k entendre des 

ï» paylàfis s'entretenir avec des Figures de 

M dîlcoûrs fî variées , fî vives , fi éloignées 

*>"du vulgaire , que j'avoîs honte d'avbîf ff 

•> loBg-tems étudié l'éloquence , voyanteii 

« eux une certaine Rhétorique de nature 

w beaucoup plus perfuafivc , &: plus élo- 

» qnente que toutes nos Riiécoriqucs ar* 

»> tifîcièles. »» . 



e:h»G00J^le 



èN bÈkiRÀL 3 

En éfiît, je fthi perfuàd^ '<^*il Te fait 
feluS de Çigu'res lin jdur de Marché à la 
f-Iallé^ <ki'ii àe s'en fait eti pluficurs jburS 
;d*aÛcmbfêeS 'académiques. Ainfî \ bieà 
ioin <juc t'es rîgures S'éloignent Si ^anga- 
^e otdinairë des hômeS y ce (èrôîent ail 
conctaite le$ fiïçoni dé parler fans Figureâ 
bui s'en lélbigheroichtj s'il étoitp^Hible 
de faire un difc'ôurS bil il n'y eût que des 
■jtxpreffibnS non figurées. Cfc font encore 
îes façbns de pâÇlcr icchercfaées j les Figu- 
res déplacée^ , Sc tirée^ de loin ^ qui S'écar- 
tent Je ia lAditiire eimiijit ^ (imfl^'Ue par- 
ier i came les pai^res àfcftées s élwignent 
de la màniêtc de s'hibiller , qui tft éû 
blâge pat-nii IcS hènêtcS gén*. 
^ L,es Apôtrc's étoicnt perfêclités, àc ils 
roufrèîént ^atienmcnt les pérfécutidns. 
Qu'y â-c-il de ^lûs riatuirei 5c de mbiris 
lélbigflé dii langage ordinûre , que M pein- 
ture que fait S; Paul de cette maattbn ôc 
de cette cbndûité des Apôtres ?*>» On nous 
» maudit , Se nous l^ni0bnis : bn nbù's 
»» peH'éciité , & nous foufrons-la pcrftcii- 
>> tion : <in pronbnce des Mafflièmes Con- 

* Màleilicîmni , & bcncdicimili : pedècuiidném pàu- 

. Aii 



D,£,,t,7P:hy Google 



;^ iffES T&OPBS 

.» crc n<MS ,■ fie nous réf ottdpns par des 
M prières. «Quoiqu'il y aie dans ces paro- 
les de la fimplicité , de la naïvçté ,,& 
qu'elles nç s'éioignfinc'en rien du langa^ 
ge ortlinaire ; ce^ndant elles conciènenc 
une fort belle F^re qu'ouapèle rfB/irfKî/f , 
c'eft-à-dire; ^ oppofîclon : maitdir eft oporé 
À henir , ferficuttr à fiafrir , bUffhèmts à 
frièrci^ ■ ■ ■ , ■ 

. Il n'y A rien de plus comun qiw d'adrcC- 
fer. la parole à ceux à qui l'on parle , Se 
.de leur faire des reproches-quand on n'cll 
pas coûtent de leur copduiie. * Nathm 
-iacrédale & méchante ! s'éerie Jeftis-Cbrift , 
jufi^âes à t}ua»d ferdP-jé m/ec vous ! fufyues À 
^uand aurai'je àvfiu/JcufrirJCcîi une Fi- 
gure très-(imple qu'on ipèle aptjfrfiphe. 
Oraiffu' M. Flêchler au comepcemenc de Ton 
nib. de M. Oraifon funèbre de M. de Turène , vou- 
txfnil^'*' lanc donner une idée générale des exploits . 
de fbn Héros » dît" conduites d'armées , 
» iléges de places , prifes de villes , pa(ïà- 
M ges" de . rivières , attaques hardies , re- 
*> traites honorables i canipemcns bien or- 
M donnés , combats f<Mitenus , batailles 
" g^gfï^cS) énemis vaincus par la force , 

' , * O i^ener&tib încr^dala & pervérfa.qiio urcjuc cro 
Kobifcum; QuKufiiue pâtiat yot.'Mnic.c. 17. w. ifi. 



p:h»Google 



EN GENERAL: 5 

w^iiîpésparradrtflc, laffês parune^ige 
» & ilohie patience ; Où peuc-oo trouver 
»' lant & de fi piiiflàns cxcoiptes-, que dans 
-» les ââiions d'Un borne, 8£c; a 

■ li aie fembie <ju'il n'y a ricndans ces 
papotes-quis'éloâgne du langaec militaire 
le plus fimple; c'eft là cependant une Fi- 
pxc qd*<>n apèle tanneries , amas y aflèm- 
olage. M; FlêcKier la termine en cet exem- 
. pic , par une auire Figure qu'on apèlc w- 
umrçgMUa , <Kri '^eft encore une façon de 
paçlei^ fore triviale dans Iclangage ofdi-j 
Jiaife;.-."- - : :-?■ ■ ■ ., :-j 

■DansJ^Andriène.deTérchee, Simonie 
croyant trompé paribn fils , lui die, .^W AnJr. s»i 
*/*#»»/«)!»... Que dis-ta le pins ... vous ^' ^'* *•* 
voyeï que.la^mpiikfîtion n'eft -point eti- 
tièM,-mais le fehs: fait voit que ce père 
voujoit dire à. Ton '&\^ yQat^ dis-ta te plui 
méchant de tous Its homes ? Ces façons de 
parler dans lefqiietles il e(l' évident qu'il 
faut fupléardes mots, pour achever d'ex« 
primer une pet^fe- que la vrracieé de la 
paflîon fe contente défaire entendre , font 
forfordinaires diansle langage des Komesi 
On apèlc cette figure £/i^J*,t:'eft-à-dii!ri 



i y a.) Ma vérité , quelque^Figores quî 
A iii 



p:h»Goog[e 



ocfbot u&écs; qvie 4^.05 Iç %lp>lbblÙAeL4 

relie' cft la prpfapofée , (Çiï copfîftc ii faim 

parler un inort^uoe penQni;ic abrcoto,^ 

0;»^ f«- même lç5 (^hoftrs inâninvies. ^Ct coEobctia 

Se Moî*' "^ S>u.vrirçàt,c?soflèmensfcteioindfl9|cnc. 

tauilor. t). pouc mc dite : Pour<]uoi vienv^ niea-* 
y>. tir ptKti: iiioÀ , qui oç Qiçotii jj^m^f 
1* pour pecfoi^ief' LaiSè-moi ropqict •dam. 
V le feiti de k Vérité , . fit ne viens- pas-, 
V. croubter. nia paix,. par U âateiàe .ffl3e^ 
^ j*ai haïe, n C'cft^ ainlî quç M. Elêchicc. 
f réricnc (c^jaudiccurs , &ç lea aâbre ra<. 
cçtK/zvyê/'fl^à, que.la flajtcrie p'autapojnç^ 
' dejpatx dan^. réfogc c^a'iî v^ â^)^ (j^M*' 

IjC Duc de MQptaufiet.' 

Hors on pptii; Hprnbre dp ^iHC^JÇèian 
. bibles , iç^tvées pou» le ftylc <ilçvi * ki^ 
«içres fc trouvjçnt cqus, les jpiirs da,np, Îq 
{kyie le plys fMxiplÇj fic dans le -Un^e le. 
plu^comùn. 

l. Qu'eft^cedoncqueîcsFiguics?Ccftiot 
& pcead ici liu-mcme dans; im rcns âgu- 
cé. C'eft tmc tnétaphofcu ^f^nrr dans le. 
icns propre., eft. la forme extérieure d'un 
corps. 'ti^% les corps Tmic étendus; j mais 
oittrc cette pjopriéce. générale d'ctçc éten- 
dus, ils ont encoi;e chacun leur figujce ic 
leur fomic f^rticulière , qui fait; que çl^<' 



e:h»Goo>^le 



EN GENERAL. 7 

que corps par^t \ n«s ycax diférent d\ia 
autre corbs : il en cft de même dcs*tx^ 
preiHons lîgtttées \ eUes font d'^abcMrd co- 
noitrc Ce qu'qii penfe i elles, ont d'abord- 
cette propriéri générale qui convient à 
tontes le? phra{ès &. à cous les alTèmbla- 
ges de n^Etcs , 8c qui eonfîftc à fignifier 
quehpe choTe » en vertu d;e la c(»iftruc- 
tk>n gra.mmaticalô \ mais de plus les cx- 
ptfçffions figurées ont encore une modifi- 
cation particuliers qui leur efl; propre , fie 
t'eft en vertu de cette modification par- 
ticulière , œie l'on faie une efpèce à part 
de chaque lorte dé figure^ , 

L'antithèfe » pat exemple- ^ eft diftîh- 
guéc 'des autres, manières, de parler, en ce 
^e dans cet alîèmblagc de mots qui for- 
ment l'antithèfe , les mots font opofés les 
Hns aux autres i ainfî quand cm rencontre 
àx& exemples d« ces fortes, d'opofîtiona 
de mpts ^^ on les rapporte à. l'àntithèfe. 

JC.*apoftrophe eft diférente des autres 
énonctâtiohs , parce que ce n^éfl: que dans 
rapofirophe t^'tin adref& tout d'un coup 
fe parole à t^elc^ue perfone préfcntc, on 
ftbientc,6cc. 

Ge n'eft que danî la profbpopéc que 
ïttn. £iic çarlei:. les.mc^K , les" ^fens. , ou 
Âiiij 



D,r,,t,7P-hy Google 



3 D:E<S THOf^S^ 

î es êtres inanimés : i]..cnf;Q de çnaçoe <Uç 
augrcstîgLires,, çlles çrjc c^^acupe leuf ç^-;^ 
ractèrc paiticulier,, qui les diit^nguc. de^ 
autres afîcmblages, de mofs^, quiioci vsn, 
fcns dans le langage ordinaire des, home?, 
. Les Grammairiens éc, les ^h^tcurs ayant; 
fait des obTc^vatipns, fut- le* diféi^ntcs 
manières de parler , ih pnt fait dçs, çlafr 
fcs parûcnllèçcs de ces. difëçcpces maniç- 
res , afin, de mettre plus, d.'Qf4re 6^ d'^arap-i 
gcment dans leurs réflexions. Lesmajiiè-; 
rcs de parler dans lefqiicllçsiU n,'antre«v 
xnarcju^ d'autre propriété'guççelle défait 
rc conoitre ce qu'on penfc» fcuit apejées 
funplenwut ph/ifes , cxpuffms ^ férytdxs ,■ 
mais celles >^qi.' expriment non feulement 
dçspeoféçs , mais encore des pcnfées énon- 
cées dune manière particuuèrç qui Jeuç 
donne un carai^tère pr^rc , celles-î^ , d'ST 
Je, font ape^ées^«)-fJ,J£^rcc qu'elles pa- 
roi flent, pour aiufî dire vJfous, unc.formç 
particidière., & avec ce car?(jère propre 
fljii lesdifti-iigue Iç^ unes dés autres,, &; 
;Jc tout, ce qm n'ç(l:,)^iç,phc4rç quçxpccf- 
fi.on, 
Car^rt.Des M, de la Bfûyère dit « qu'il y a.de cet-T 
ouvraR. de „ faincs .çhofcs.dont la ■médiocrité eft in- 
^ *""* y» Tuportablç : la'poéfîe , I9. ïn.ufujue , la, 



e:hy Google 



£N:general. 9 

>» peinture, & fe diicdiirs public. « Il n'y 
]^in(là de figxirc ; c'cft- à-dirc , que toute 
ce^c. phraie nç fait autre ehofe qu'expri- 
mer la penfo? do M. de la Bruyère , ians 
avoir de. plus un dé ces toiirs qui ont un 
Cara^ère partùciilier. Mais quand il ajoute, 
j> Quel fupijce que d'ençendrc- déclamer 
>» ponupepfenient un froid dif«ours^:ou 
M prononcer dç médiocres vers. avec en>- 
V phafe Ut c'cft. la même penfée *, mais de 
plus elle eft Cîfprimçe fous la forme parti* 
,fulièrç de la (iirprift;, de l'admiraçioa , 
<;'eft:i^p&figuBÇi .■ . , : . 

^fnagiûeî-y«ms ipeur uii momcnc Una 
multitude dej&id^s, dont les ups n'ont 
<^e l'habit ordinaire qu'ils avoient avant 
leur engagement' & les autres ont i%it 
i>tf.HniTôrHilc de leur régiment: ceuXrci 
«ni: rousAin habit qui les dîlVing^e , &. qui 
;^iit_'Çonoitre de quel- régiment ils foqtfi 
' les uns font .hafciliés de. rot^c,, les autrç$ 
.de bleuj, dçbIapo,dç jaune, .&c. lien eft 
^e. même de& a^ïèmblages .de mots qui 
.fûXïlpcrfçnt le difcours; ui> ledeur inftrurt 
^aporcepatel Qiot, uneto.Uephratèà'Uae 
.fellc «(pèce de figure , félon «^u'il y recip-, 
noit la forme , le figne , .tç^earaMère^dç 
•ççE.te figMçç i les.phraiçs Çc .les mGt;s,qui 



p.:h»Googk 



lo DES TltaPES 

n'ont la marqqe d^ucutie figwc participe 
lière , fonc come les foldats qui n'onc Tha^ 
bit d'aucun régitnenc : elles n'ont d'aWïe& 
modificacions que c^Ies qui font néCêtX 
iâircs pcttjr faire conoître ce qu'on penfe, 
11 ne faut poinc s'étoner fi les fouies ^ 
quand elles, urne employées à pn^K» , do^ 
nenc de la vivacité^> de la fcrfcc ^ qu de ta., 
gtace au difcojurs > car outre la propriéeé 
d'exprimer Ics^nfëes^ come tous les att- 
très aâèmblages do motS:» elles oat en- 
core, fi j'ofe parler ainfi , l'avantage de, 
1 rfur habit , je veux dire , de leur modi& 
cation paraculière , qui tcrt à réveiller l'»- 
leacion , à plaire , ou à tpucher.^ ' 

Mais, quoique tes figures bien: ^acée&. 
«nbéli^ïènt te difcours f Se qu'elles foient ^ 
|M3Uf ainfi dire, le langage de l'imagina- 
tion &{, des pain<Hi8 ; il ne faut pas croire 
tue le difcours ne tire fes beances que des, 
gures, Nous avons plufieûrs exçnraes en 
tout genre d'écrire, cil toute la bcaut*^ 
COnfiite- dans la: penfëe exprimée faâs:!!- 
gure. Le péce des trois Horaçes.ne ^ch^nt 
^int encore te- motif de la fiiitc de fen. 

"CorneiUc. fils , aprcnd avec douleur qu'il n'a pas lié- 

^"iL ^^^^ ^"'^ "®'^ Curiaces ^ 



D,£,,t,7P:hy Google 



SN GENERAL. ii 
lui dit JuJic,^»V/i»#iM'»/, répond le pèrR • 

» Xystn* unç autre tragédie de Corneil- J^^^ 
le , Prufias dit qu'en une ocalîon dont il ^^ ,f^ 
s'agir , il YCirt fe c»nduirc en fère , en ma-^fi. i, 
ci. Ne ibyes ni i'xa^ pi V^Utrc , lui diç Hi" 

PRUSIAS 
£t que dois-je &ci« î. 
HICpMEDE 
B,(â, 
II n'y a poini \h de figure , & il y a ce- 
pendanç beaucoup de fuolime daris ce feut 
mot : voici un exemple plus fimple. 
En vain poar fatisfeite à nos lâches envies ,, 
>îous paQôns près des Rois tout le tetps denos vies* Milbofcib 
A" foufftit des mépris , i ployer Ifl! genoux : " " h^'^^ 
Ce qu'iUpeuveni; o'# tien j ils foiw ce que nous CXLT. 
fomes j 
Véritablement hoQies , 
Çc meuienc «ame nous. 
Je |w>j3Tpis faÇortcr un grand nonJïift 
d'cxcmplç^ pareils , énoncéslans figure, 
& dont la peofëc (eulc fait le prix. Ainfi , 
quand on dit «^ les figures^ êmbéliflcnc 
le dïjfêours , on tcuc dirç ^ulement, que 
dans les ocafîpns où les figures ne ferpient 
ppint 4éplaçées,ie çaêine fçnds de ^Or 



.■ lu Google 



14 VES TROPES 

fée fei'a exprînjé d'une manière oa plas 
* vive ou plus noble ^ ou plus agréable par 
le fccours des figures, <jae'fi on l'c'xpri* 
moic fans figure. ». ~ ,/ 

' De -tout- ceique fc yitns de dire, on 

r:ut former cette définition des figures,- 
Es Figures font des mahières de parler 
diftini^ement des autres par une modifi- 
cation parcicàliire , '<)ui ikit qu'on les ré- 
duit chacune>à une efpèce à part, & qui 
les rend , ou plus vives , ott plus nobles , 
ou plus agréables que les manières de' pam 
1er, qui expriment le même fonds de pen- 
fëe, fans avoir {l'autre mLCfdification parti- 
culière, ..... 

AiL-Xa CLE IL 
Divijïon des Figures* 

ON di vifè les figures en figuresdc pen- 
fées ^€gir4fmtenttântm^ S£hé$natai fic 
BK, hablti ^" figures de mots ^figm^. 'uaharum* Il y a 
atticodc. ''cette diférencc» dit Cicéron, * entre les 
figures de penfées 3c les figi^es de mofs , 

■ * Intel ctMifbrmatiénem vctb^fURi & Scnicntiàmni hoc 
iqcereft , quod verbôrumiôUieur, lï yerba qiutàns , Céa- 
lentiàram p^rmanei , quibufcAniquc vcibis ud vcUs.'Cii:^ 
dl OrAl. £. J/Zc a. t&i. nU» LU^ 



e:h»Google 



EN GENERAL. u 
<juc les figuresiië penfées dépendent uni^ 
quement da tour de l'imagination ; çlles 
ne conlîftenc que. dans la manière parct- 
-culière de penler ou de fentïr , enfprtc que 
la figure demeure toujours la mêmCj quoi- 
qu'on viène à changer les mots qui l'ex- 
primcnt. De quelque manière que M. Flê- 
chiiCr eût fait parler M. de Moncaufier 
dans la profopopëe que j'ai raportée ci- 
defl!ù$, il aurait fak une profopopée. Au 
contraire , les figures de mots font telles 
que Cl vous changez les proies , la figure 
s (évanouie i par exemplç,iorfque -panant 
d'une armée navale , je dis -'qu'elle étoic 
opmporée de cent" vtf/Zf/ic'eft une figure 
de mots dont nous parlerons dans la fui- 
te ; vûUes eft là pour vai^iaux : que lî je 
fubftitue le mot de vai/eaux à celui de 
vtilCf , j'exprime- également ma penfée j 
mais il n'y a plus de figure. ; 

• ■ ■ I. .— ^.^ 

C H A P I T R. E î I I. 
Vivijten desfgures de m9St. ' 

IL y a quatre diférentes fortes de figures 
qui regardept les mots, 
'i". Celles que les GLrammairiens api- 



p:hy Google 



U T>ÈS rHiÔTÈS 

ictitJigunsJe dtàiôin éUes^àtdcDK 1;^ 
changemens âui arirent dans les Icccreâ 
DÛ dans les f^llabes des mots » telle efV ^ 
par exemple j la ryncbpe ^ c'cft le retran- 
chement d'une lettre ou d'une fyllabe au 
n^ilieÛ d'un mot , fcuti virnm pour ij;>*- 

i^^Cell'esqtii riegardene uniquement I« 
cônftru£tiOa { par exemple ^ lorfqu'Hox^ 
i.i.oJ. race parlant de Cléopatre j dit manftritm ; 
i7.*.»t. ^jKar...nous difonâ en françois UpUp^rt 
des hcma àifcm ^ 6c non pas ^ On fait 
alors là ci^nftm£kibn félon le fens. Cette 
figure %'A^h\tjyUeffi. J'ai traité ailleurs ôé 
ces fbrtes de figtiréS , aiftfi )e n'en parlerai 
point icii 

l^. il y à quelque^ %Ui«à de mbtâ} 
dans lefauelles les mots cbnfèrVcnc leur 
fignificatibn propre , telleeft la répétition ^ 
&c. C'eft aui Knéteurs à pîitter cfc ceS for- 
tes de 6gures ^ auffi bien t|ue deis figuioi 
de penfées; I>ans les uneJS de dans leè au- 
tres , la figure ne cbtiGfte pbint dans le 
changement 'de fignifîcation deS mbts « 
ainfî cllbs ne font ^bînt de mbh fùjet. 

4°; Enfin il y d. deS figtii^s de mcib 
qu'on apèlé Trepts^ les mots prènent par 
tti figures des ng«ificattons dtférentes de 



p:h»Google 



leur figniécacibn ptttpre. Ce font là les 
figures dont j'encreprens de parler dan» 
cette paitie de la Grammaire. 

ARTICLE i V. 

L'Es Tropes foint des figures )par Icilqliel* 
les on fait ptcndrc à un mot une figni- 
fication y qui n'cft pas précïfëment la fi- 
.gnification propre de ce mot: ainfi pour 
entendre ce que cVft qu'un troi^e^ il faut 
comencer par bien comprendre ce que 
c'eft que la figntfication propre d'un mot j 
Rons rexpliquerons bien-tôt^ 

Ces figures font apeUes trfpes du grec tfi-mç 
trofts ctnvérfia » dont la racine eft trepo ^ tfi-xu* 
Vcrtb , ie tâMrne. Elles font ainfi apclees ^ 
parce que quand on prend un mot dans lé 
lèns figuré \ on le tOufne , pour ainfi dire i 
afin de lui faire fi«nifier ce qil'il ne figni- 
fie point dans le lens prOjire : voiles dans 
le (ens propre ne fignifie point véii/feaux , 
les voiles ne font qu'une partie du vaif- 
feau ; cependant voiles k dit quelquefois 
pour VAtfftAux , corne nous Tavons déjà re- 
marqué» 



D,£,,t,7P:hy Google 



i6 DES TROP ES 

Les tropes fent des figurés , puirquc cie 
font Jes manières de parler , qui, outre la. 
propriété de faire condîtce ce qu'on pcnie • 
font encore diftînguées par quelque difé- 
r rence particulière, qui fait qu'on les ra- 
porce chacune à une efpèce à parc; ■ 

II y a dans les tropes une modificatiôrl 
ou diférence générale qui les rend tropes , 
& qui les diftinguedes autres figures: elle 
confifte en ce qu'un mot eft pris danfeiine 
lignification qui n'eft pas précifément fa. 
fignification propre ^ mais de plus chaque 
trope diftre d'un autre trope , & cette ai- 
férencç particulière confifte dans la ma* 
nière dont un mot s'écarte de fa figriifî- ' 
cation propre : par exemple , // rt'ji ajfiuir 
Jt Pyrénées ^ à\t Louis XIV. d'immortèle 
mémoire , lorfque fon pecît-fils le Duc 
d'Anji)u , aujourd'hui Philippe V* fucapelé 
à la Couronne d'Efpagne. Louis XIV. 
youloit-il dire que les Pyrénées avoient 
été abimées ou anéanties ? nulement ; ' 

fierfone n'entendit cette expreffion ii la 
ettrc , & dans le fens propre ■■, elle avoiË 
un fens figuré. Boileau faifanc alluiion , 
à ce qu'en 1^64. le Roi envoya au fe- 
coufs de l'Empereur des troupes qui dé 
tirent les Turcs , 5c encore à ce. que Sa 
Majdté 



.■lu Google 



EN ^d'UNERAt. \7 

Màjefté établit ta compagnie des Iftàes j 
'dit: 

Quand je vois ia iageflè. ......'.. 

Rendre à VAîgîe éperdu fâ ptetnière vigueur; . bti*c<HiTi 

ta France fous tes lois maitrifer la Fortune , "° 

^nos vaiâèauxdoàicanc l'un Se l'aûitÊ Neptune.,:, 

Nir^/^/fhiMy^/ïf rte fep'rèilehr point 
là dans le fèns propre. Telle eft là rii'ôdifi- 
catitfn ott diférence générale j qui fait <\i\q 
Ces façons dfe parler font des tiropes. 

Maisi^uelle'efpètepartitnlièredècrope? 
cela dépend de la riianière donc iiti mot 
S'écarte dé fa figriificatiori propre poUr en 
prendre une àbcrê. Les Pyrénées dans Je 
Fensprbpre» fbntde hautes montagnes qui 
féparent la Fràrite & rEfpagrie. Il n'y à 
■plus deVjrinfè^ , "c^eft-à-dite, plus de répa- 
ration, plus de diviiloii, plus de guerre: 
il n'y aura plus à l'avenir qu'une bonc in- 
telligence entre la France Si. l'Efpagne; 
c'cft ùnfe métônyniie dix ligne , ou une mé- 
taleplè : les Pyrénées ne feront plus uà 
ligné de féparationi 

L'Aigle eft lé Tymbdle de l'Erripirëj 
l'Empereur porté lin aigle à deux têté^ 
dans fes armoiries ; âirifi , daiis l'exemple 
fcjue je viens de raporter; Xdgk fignifié 



p:h»Google' 



tf Ï)ÈS TROFÊS 

J'Alleimg-ne, C'eft ip figne pour lachofâ 
fîgnifiéc : c'eft une métonymie. 

Neptune étoit le Dieu cie \n met , il eft 
pris dans Icmêmccxemplepouri'Occan, 
pour la mer des Indes orientales Se occi- 
dentales t c'eft encore une mctonymie. 
Nous remarquerons dans la fuite ces difé- 
rcnces particulières qui font les diférenceâ 
efpèces de crêpes. 

11 y 'a autant de tropes qu'il y a de ma- 
nières diférenccs , par Icfquelies on donc ^ 
un mot une fignification qui n'cft pas pré- 
cifémentlafignificationproprede çcipoc. 
Aveugle dans le fens propre, fignifieun0 
pcrfbne qui eft privée de l'ufage de là vue i 
n je me iers de ce mot poUf marquer ceiiîi 
qui ont été guéris de leur aveuglement, 
>*•«■ f. come quand Jefus-Chrift a dit. Us avat' 
' *' ^' S,^^ "Voient , alors aveugles n'eft plus dans le 
fens propre , il eft dans un fens que les Phi- 
Jofophcs apèlcnt feas divifé : ce fens divifé 
eft un trope , puifqu'alors niieugles fignifie 
ceux qui ont été aveugles, & non pas ceux 
qui le font. AinG outre les tropes dont oi;i 
parle ordinairement, j'ai cru qu'il ne fc- 
roit pas inutile ni étrangct à mon fujcc, 
d'expliquer encore ici les autres fens dans 
lefquels un même mot peut être pris dans 
le difcours. 



D,£,-7P:hy Google 



EN GENERAL. 



A R T I C L E V. 

%.e traité dés Trépes efi du reffirt de U tjram- 
'jndirè. Oh doit eohotire Us Trofiipour bitn 
entendre lès Auteurs \ (^ pour avoir des 
fonçiffdncês èxd&ès dâmfAft de parler é" 
£ièrirè. 

A U rcftc M traite .ine paroît être une 
;f\,partic,c*lTentièle de la Grammaire, 
puiG|u'il eft du reffbrt de U Grartimairç 
de fairie ie'ntËadre la véritable fîgnifîcatioii 
des TOÔts, & en quel fens ils font employés 
'dans le difçours. - , , ■ , 
. II n'ed pas p'olEble de bien, expliquer 
ï'auteuc m,cme le plue fabile» fans avoir 
recours aux cbnôi^nces dont je parle ici. 
Les livres que l'on met d'abord critre les 
inains des cbmençans , auâî-bien que les 
, ïiutres livres , font pleins de mots pris daiis 
des fens détournés & éloignés de la pre- 
Wèrc fîgriificàtiôn de tes iiiots ; par exeni- 

Tityre; tu patulœ » tccubans fub t^gmîne fagi , Virj. EJ, 
. Sylvéftrem.réniii, miifâmmédicâris, àvénà. ''^■'' 

^i*/ jBiriifjf* «« Af/i/f i c eft- i-dirc ; ««* 



e:h»^G00gle 



ao DESTROPES 

(kanfin , vohs zvus exercez à ehâftter, Lcâ 
Muies étoienc regardées dans le Paganis- 
me comme les Déefîès qui infpiroienc les 
Poètes 6c lesMufîciens: ainfîA^nyê fe prentt 
ici pour la chanfon même, c'eft la caufe 
pour l'éfet; c'eft une métonymie parcicu- 
lière, qui étoit en ufage en latin; nous 
l'expliquerons dans la luite. 

Avénaàins lefens propre; veut dire, de 
Taveise : mais parce que les Bergers fe fcr- 
virent de petits tuyaux de blë ou.d'aveine 
pour en faire une forte de flûte, comefoiit 
encore les enfans à la campagne ; de là pair 
«xtcnfion on a apelé avéna un chalumeau , 
une flûte de Beiger. 

On trouve un grand nombre de ces (bç- 
tes de figures dans le Nouveau Teftamenc, 
dans l'Imitation de J. C. dans les fables 
de Phèdte , en un mot, dans les livres mê- 
mes qui font écrits le plus fîmplcment , Se 
parlefquels on comence: ainfî jedemeufe 
toujours convaincu que cette partie n'eft 
point étrangère à la Grammaire , & ^'^^ 
Grammairien doit avoir une conoiimnce 
détaillée des ti'opes. 
Ripoiife Je conviens , (î Ton veut , qu*on peut 
i une ob-bien parler fins jamais avoir apris les 
^' ""' noms particuliers de ces figures. Combien 



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EN GENERAL. 2t- 

Jè pèrfbnes fe fervent d'cxpreffions mém-: 
phoriques , fans Tavoir précifémenc ce que 
c'eft que métaphore ? C'eft ainfi qu'il y 
avoir plus de- 40, ans qae le Bourgeois- '^^^'^'^ 
Gentilhome difiit de U Profe , fans au il et* Gema. aft. 
fttt rien. Ces conoiffanccs ne font d aucun " i- fc. v 
iafage pour faire un comfKe , ni pour hicn 
fimduirt une maifon^ corne dit M*. Jour- ibid. aa. 
dain, mais elles font utiles Se. néccfïàires."''*^''" 
à coux qui ont befoio de l'art de parler 6t 
d'écrirej elles mettent de l'ordre dans les 
idées qu'on fe forme des mots \ elles fer- 
vent \ démêler le vrai fens des paroles , À 
Fcadre raifoaii difcours; &. doncncdc la 
précifion fie d& la judeilè. 

Les Sciences & les Arcs ne font qijc des 
obfervacions fur la- pratique : l'ufage & la 
pratique ont précédé toutes les fcïences 8d 
tous les arts i mais les fcieaces U. les arts 
ont enfuite perfeAioné la pwtùque. Si Mo- 
lière n'avait pas étudié lui-mêjjie les ob- 
fervacions détaillées de l'art de parler Se 
d'écrire, fes pièces n'auroient été <^e des 
pièces informes , où le génie , à la vérité , 
auroic paru quelquefois \ mais qu'on aur«ic 
renvoyées^ Venfance de la Comédie .• fès 
ïalens ont été perfedïonés par les ob-: 
Ç^rvacions, & c'cfl l'art même qui lui » 



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j2 DKS TROPRS 

apris àfaiflr le ridicule d'an arc déplaçif» 

On voit tous les jours des peribnes qui 
chantent agréablement, &ns conoîtrele& 
notes, les clés, ni les règles de là Mufî-" 
ç|ue, elles ont clùnté pendant bien des 
années des fei & des /j , fans le favoir j 
faut-il pour cela qu'elles rejètent les fe- 
cours qu'elles peuvent tire? de la Mufî- 
que , pour pcrfcâiioncr leur talent ? 

Nos pères ont; vécu fans conçître la cir- 
culation du fanigî faut-il négliger la co- 
noiflànce de l'Anatomie ? & ne faut-i^ 
plus étudier la Phyfiquc , parce qu'on a 
Klpiré pendant pluHeurs nècles fans fa-"' 
voir que l'air eût de la pefantcur ÔC de l'é- 
lafticité î Tout a fon tems 6c tes uiàges , 
& Molière nous déclare dans fes préfaces,^ 
qu'il ne fe moque que des abus & du ù-? 
diaile. ■ 

"article VI. 

Sens Propre y Sens Figuré, 

AVftnt que d'-entrcr dans le détail de 
chaque Trope, il eft héceffaïrc de 
bien comprendre la diférénce qii'il y a 
entre le fens propre & le fens figuré. 



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EN GENERAL. jj 

Un mot cfl: employé dans le difcours , 
ou dans le Cens propre, ou en général 
dans un fens figuré, quel que puifle être 
le nom que les Rhéceurs doncne cnfuite 
à ce fens figuré, 

JUe fens propre d'un moc, c*eft la pre- 
mière fignification du mot. Un mot eft 
pris dans le fens propre , lorfqu'il lignifie 
ce pourquoi il a été premièrement établi v 
par esemple : Le feu brûle , la lumière nous 
tclaire, tous ces moès là font dans le &ns 
propre. 

Mais, quand un mot eft pris dans un 
«utre fens , il paroît alors , pour ainfî dire , 
{bus une forme empruntée ^ fous une fi- 
gure qui n'eft pas fa figure naturèle » 
c'eft-à-dicc , celle qu'il a eue d'abord j 
»lors on dit que ce mat eft au figuré -y par 
exemple : Le feu de -vas yeux , le fea de Ci' 
■m^ginétiM , l* lumïère de Ceffrit y U cUrté 
d,im difeeurs. 

M/feftte dans le fens propre, fignîfie 
une forte de couverture de toile cirée»ti 
de *]UclcHie autre matière , qu'on fe met 
for le viîâge pour fc déguîfer ou pourfe 
garantir des injures de Tair.. Ce n'eu point 
dans ce fens propre que Malherbe prenoit 
le çiqt àGmapjue y lorfqu'il difoit qu'à la 
B iy 



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i^ . DES TROP ES 
Çovx. il y avçit plus de mafques que. (Je. 
vifages : mafques çft là dans un fens fi-n 
guré , 2c Ce prend pour^/'fr/tffffj dij^mmlées, 
pour ceux qui cachent leurs véritables fèa-' 
tiniens , qui fe démoncent , pour ainfî dire, 
le virage,' & prènepc des mines propres à. 
marquer une fîruation d'efprit & dé cœuE; 
çouce aytrç t^uç cçlle pij ils fonc éfeûivc- 
ment. 

\\\ pourl^gni^erlefon qui rottde.lïi bou-. 
che des animaux, 6c fur-tout de la bou-i 
çhç des homes. On ditd'uij home, qu'il 
a la ypi^ mâle ou fémitùoe , douce ou. 
rude, chaire ou enrouée, foibk ou forte, 
enfin aigye, fleKÏhle, grêle, cafiec, &c., 
£n coûtes ces oçca^figris , voix eH prisï dans 
r le fens propre, ç'e(t-à-dice, dans le fens 
pour Içquçl ce moç a, été A'a"bowl établi; 
mais quand on dit. qiiç le wenf^nge neftu-. 
rm étou ferla, voix de lavêrité dans, le faftdd&_ 
nos cœttrs_^ aloi'S, i^atx eil au figuré , il fe 
pcjpd poyr inffirâtion ijptétieuri , remords , 
&c, Qndit^auffi quÇLïp4f«d/tfPf«^/ff J«i/ 
écouta la v^gix de_ Dieù^ ç'eft-à.-dirCt tant 
qu'il obéit à fe? cojnmatîdemetis , Htnfuit 
djfifié. Les brehis entendent la voïx du faf^ 
teur , on ne vçut pas dire feulement qu'elles^ 



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EN GENERAL. ij 

SBConoînent fa voix , Se h diftinguent do 
la voix d'un autre home , ce qui feroic le 
iens DTOpre ; on veut marquer principale- 
mcjglInu'eUes hil obéilTent: , ce qui cl\ lo 
ièns flkré. La iioi» àufxng y U voix de U * 
»jï/«r*^'eft-à-dire, les mouvemens incé' 
rieurs que nous reHentons à l'occafion de 
-quelque accident arrivé à uti parent, &cc. 
La 'voix dit peupie efi la, vùix de. Dieu , c*eft- 
à-dire, que le fcntiment du peuple, dans 
les matières qui iont de fbji re0brc, ell; 
le véritable fentiment. 

C'eft par la voix qu'on dit fon avis dan^ 
les délibérations, dans les élc£tions , dansi 
les aflembïées où il s'agit de juger i en- 
tité, pr extenlion, on a apelé voix, te 
ièntimenc d*un particulier, d'un Juge; 
ainrïencoiens, vtf/xfignifie<n//j, epmttn, 
fufragt ^ il A eu toutes les voix , c'eft à dire , 
tc^s les fufrages j briguer- les voix , ta plu-' 
ralité des voixi il VÂudroït mieux y s'il étoit 
poflible , pefet les voix tjae de. tes compter , 
c'cft-^-dire , qu'il vaudpoic mieux mivra 
l'avis de ceux qui font les plus favans ôt 
les plus fênfés, que de fe laifîèr entraî- 
ner au fcntinient aveugle du plus grand 
nombre. 

l^9Jx lignifie. auÛî dans un fens étendu. 



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a6 DES TROT es: 

^imiffimtHt , pr'thre. Dit» * htiné h v/»r«fo 
fin ptmfle , &c. 

Tous ces difércns {êns damoc V9M(| <|ui 
ne font pas précifëmeitf le iHremieilpns ^ 
* qui feut eik le fens. propre, fom airik^C clei. 
icns SgiH-és* ^r 

ARTiCtE VII. 
J^é^exhns ginéraks far U S4.it' figttre*, 

Origwe ia Sent Figuré., 

LA Haifbn qu'il y a encre le$ idées ac-i 
cefloites , je veux dire ,. enCK les idées. 
qui onc rap^rc les, unes aux autres, eift la 
iourccSc le principe desdivers ftns figurés, 
que Ton done aux niot»^ Les objets cpii. 
font fur noui.desimpreflîons, font tou- 
jours acompagnés de diférentes circonC-. 
tances qui nous fripent, ⣠par lefquelles, 
BOUS défignons feuvent , ou its objets mê- 
mes qu'elles n'tmt fait qu'acompagner, oir 
ceux dont elles nous réveillent le.lbuve* 
nir. Le nom propre de Tidée accei^irç cft 
&uvent plus préCent à l'imagtnîicjon quq 



p-hyGaoj^le 



SN GENERAL. tr 

|e. ttotti de ridée principale , & fbuvent 
àu0i ces idées açcefloires^ d^gtiant lei 
ofa|et5 avec plus de ctrconftances c{ue ne 
feroient les noms propres de ces objets, 
les peignent on aVec ^us d'ér^e^gie , ou; 
avec plus d'agrément. De-là \ç fîgne pour, 
la chofe lîgnifîée, U caufe p(Hir T'éfet, I4 
partie pour le tout , l'antécédent pour le. 
continuent , Sc les antres tropes dont je 
i>arlerai dans la fuite. Corne Tune de ces. 
idées ne ^ui^ic être réveillée fans exciter 
Fautre » il atîve tjuc reïpreffion figurée cfli 
auilî facilement entendue <^e u l'on fe 
{"ervoit du mot propre ; elle eft même or- 
dinairement plus vive &: plus agréable 
quand elle eu employée À propos, parce 
^'elle réveille plus d'une image 1 elle ata- 
çhe ou amufe rimagination &ç done aifé- 
Ôiçnc i deviner à reipric. 



Ujages. ou ifets des Tropes. 

1. Un des plus fréquens ufages des tror 
pcs j c'cft de réveiller une idée princiirfle,- 
par le moyen deduelque idéeaccedoire: 
ç'eft airifî qu'on dit cent voiles pour cent 
vaiflf aux ( cent feux pour cent maifohs # 



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ts DES TROPES 

il aime la bouteille , c'eft-à-dirc , il aimé 
le vin I le fer. pour Tépéc ; la plume ou le 
Jlyle pour la manière d'écrire, &c. %■ 

1. Les tropes donent plus d'énergie k 
lios ejqjreflîons. Quand nous fomes vive- 
ment frapés de quelque penfée , nous nous 
exprimons rarcmentavec fimpUcité; l'ob- 

{'et qui nous ocupe fe préfcnte à nous, avec' 
es idées acceilbires qui l'acompagnenc , 
nous prononçons les noms de ces images 
qui nous frapcnt , ainfi nous avons ruturè- 
lement recours aux tropes , d'où il arrive 
que nous fefons mieux Tencir aux autres 
ce que nous Tentons nous-mêmes : de là 
viènent- ces façons de parlée , il eJL er^amé 
de coiircy il îfi tombé dans une erriur^rap- 
fiirt^fiétrir U réfutation, s\ttivrer deplai- 
fir, &c. 

3 . Les Tropes ornent le difcours. M. Fié- 
chjer voulant parler de l'inftruftion qui, 
difpofa M. le Duc de Môntaufier à faire 
abjuration de l'héréfie, au lieu de dire fîm- 
plemenc qu'il fe fit inftruire , que les mî- 
nillres de J. C. lui aprirent les dogmes dc> 
Ja Religion Catholique , $c lui découvrir 
re.it les erreurs de i'héréfie , s'exprime en 
ces termes : » Tombez , tombez , voiles 
vimportims qui luj couvrez \% vériçé de^ 



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EN GENERAL. .1» 
fe nttS myftèrcs : & vous , Prêtres dé Jélusi- 

» Chrift ,- prenez le glaive de U parole ^ 
» & coupez fagemenc jufqu'aux racines 
»de l'etreur, que U nâi0ànce & l'édiïcâ- 
'*) cion avoienc fait croître dans fon ame. 
■» Mais par combien de liens écoic-il rc* 
to tenu ? 

Outre rApoftropht: , figure de penfée , 
qui fe trbuVe dans ces paroles , les Tropes 
en font le principal ornement : Temhez. 
•voiles , (ouvrir, ^ prenez, le gUive , cattpez.jup- 
q^aux racines , croître , lie/is -, retenu ; toutes 
ces expreifions font autant de tropes qpi 
îorment des images, dont rimagiiiaÉion 
eft agréablement ocupée. 

4. Les Tropes rendent le difcours plus 
noble : les idées comunes auxquelles nous 
Ibmêsacoutumés, n'excitent point en nous 
ce fentiment d'admiration fie de furprife, 
qui élève l'ame : en ces ocafions on a re- 
coiurs aux idées acceflbiresj qui prêtent, 
pour ainfi dire, des habits plus nobles à 
ces idées cortiunes. Tûùs les homes meu~ 
rent également ,• voilà une penféc comunè » 
Horace a dit i 

, Pallida mois, xquo pulfat pede pauperiim tabécnas ^ir. u 
Kegumque tiures. ^ 



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jo. DÉS TÀOPES 

- OnfaicIaparaphrafçiimplc&fMnttèift 

ijue Malherbe a. mt de ces ven. 

La. mon a des ligueuc; i nulle atitr^ (iatçîllef ', 
On i beau la prier i 
'*■ La Ctaèle qu'elle oft fe bouche lès btftilles 
£t noiis laillè crîeri 
, ,_ c» 
Lé pattvu en fa cabane , où le cliaàmë le «oqvce i, . 

£^ fiijet i fe> loix j 
Et la g^tdti qui veillft aux bàtièiM 4b Lqiivcê» 
N'en défend pà> nos Rois, 

Au lieu de dire que c'eft Un Phénicien ; 
iqui a inventé les cara*îlèrcs de récriture j 
ce qui feroit une expreffiôn ctOp fîmplë 
pour la Poëfie i Bfébcuf à dit : 

l%aHaIe, C'eft de lui que nous vient ctt an ingénieux; 
^*- "^ Dé peindre la parole & de parler aux yeux , 
Et par les traits divers de itgnces tracées , 
Dooet de la toilleiir & dii ctirps aiix pêof^s. * 

5. Les tropes font d'un gi-and ufage 
pour déguiièrdes idées dures, défagréi- 
blès ^ trilles i ou concraires à la modellie^ 

, t Phccnlces priroi , famst lî criditur, auS 
I.tanriiraip , ràdi&tu , yoccm Ggiiàie , figûiis. tu'eah^ 
l^', iii.'v. lUi. 



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È-N GENERAL 31 

ibh en trouve» des exemples dans l'atxt* 
cle de l'eupliémirme , 6c dans celui de la 
périphrafc 

6. £nfîn lestropes enrichiflènt une lan- 
gue en multipliant IVifage d'un même 
mot, ils donent i un mbt une fîgniHca- 
tîoa nouvèle ,.ibit parce qu'on IVnic avec 
d'autres mots , auxquels fourent il ne Te 
peut joindre dans le fens propre, foie 
parce qu'on s'en fert par ejctenfion Se par 
teHèmblancc , pour fupl^r aux termes qui 
manquent dans la langue. 

Mais il ne faut pas croire avec quelques ,, ''^?«ie 
SaranSj que les tropes n'aient d ahréi étégp^rScH- 
imft^tés qiu par néctfiti , à caufe dtt défaut "dier les 
& de U difette des mon fttprcs ^ Ôc qu'ils J*^"'^* 
aient coMrAui défais à ia heauié & À Parne- u. kmn, 
ment du difcvurs . de même à te» pris atie les ""*•"■?- 
vetesmens tnt «té employés dans le Mmemc- jc Ortw- 
Mrtï/ f^wr tfmvrh U corps & le dé fondre con- «e , i». i j ;, 
ire le froid y & enftàie ont fervi à ^'^f"^'^"^ tâ^Tu. ' 
& i toraer. Je ne crois pas qu'il y ait un vojc ùô. 
afïèz grand nombre de mots qui fupléent "^^ ^ '^* 
à ceux qui manquent, pour pouvoir dire'"^*'"" '** 
que tel ait été le premier & le principal 
uTàge des tropes. D'ailleurs ce n'eft point 
ii, ce me femble, la marche, pour ainfî 
dire j de la nature y l'imagination a trop d? 



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js DES TROPES 

part dans le langage Se dans la conduite 
des homes , pour avoir été précédée -en ce 
boint par la nécellicé. Si nous difons d'im 
home qui marche avec trop de lenteur ^ 
qu';/ va flirs ienttmint ^tiitne Urtue , d'uti 
autre, quV/ i a pins vîte ^ue te vent y d'un 
paffionë , (\vCUfe laiffi emporter ait torrent dt 
fes faffiens , &:c. c'elVque la vivacité avec 
laquelle nous reÛcntons ce que nous vou- 
lons exprimer j excite en nous c« images^ 
nous en fomes bcupés les premiers ■ 6c 
nous nous en fervons enfnite pour mètre 
en quelque forte devant les yeux àt^^ au- 
tres ce que nous voulons leur faire enten- 
dre. Les Homes n'ont point confulté ^ s'ils 
avoient ou s'ils n'avoïcnt pas dès termes 
propres pour exprimer ces idées, ni û 
l'expreffion figurée fetoit pliis agréable 
" que l'expreffion propre , ils ont fuivi les 
snouvemens de leur imagination ^ & ce 
que leur irifpiroJt le defir de faire fentir 
vivement aux autres ce qu'ils fentoient 
eux-mêmes vivement. Les Rhéteurs ont 
cnfuite remarqué quetelle expréffidn étoit 
plus noble, telle autre plus énergique j 
celle-là plus agréable, celle-ci moins 
dure i en un mot , ils ont fait leurs obfcr- 
Vations fur le langage des homes; 



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î 



■^N GENERAL. 35 

Je prendrai la liberté à et fujcc , dém'â.- 
Veter un mpmetttfur «ne remarque de pcù 
d'imbortancq -, e*eft. que. pour faire voit 
qae Vo}\fabfirîu% tfiiei^nefeis des termes f- M. Roi- 
gmrés à Ua place dts.raeu propres qui '"''»- ,'1''-'^'' 
tjueftt , ce qui cft très-véritamc , Cicéron , 
Quinciliert ôc M. R-6llin , qui penfe & qui 
parle corne ces grands homes , difenç que 
c'eft pày emprunt & par metàppore qu'on a, 
'apeîé gemma h bourgeon de lu vigne : parce ', 
mfertt-ils, q»il tty avoït point de mot pro- 
repaur l'exprlnter. Mais lî nous eh croyons 
es Etymologiftes , gi^ma cft le mot pro- 
pre pour .fîgnifiçr le bourgeon de la vi- 
gne, & c'a été enfuite par figure que leS 
IJatîn*tontdone.ce nom auX perles & a«X 

Î'ierres précieufes: Eh éfct, c'eft touiouçs 
c plus comun,8c le pjus cona,qui cft le 
propre, & qui -fê prête enfiiite au feus 
figuré. Les laboureurs du pays Latin co- 
noiflbièht les bourgeons des vignes Ôc des 
arbres , ôc leur avoient doné un non! avant 
que d'avoir vu dés perles fit des pierres 
précieufes : mais corne on dôna enfuite 
par figure fie par imitation oê rriêhie norri 
aux perles fie aux pierres précieures, Se 
iju'aparêmmerit Gicérori, Quintilien fie 
Yetbi tranflâcio infl-itûta eft inôpia: caufà, fregacntati 

C ^ 

/ 



D,£,,t,7P:hy Google 



H r>Es Tropës 

-M. R.oUin ont vu phiS de pertes que <^ft 
bourgeons de vignes, ils ont cru que lè 
nom de ce qui leur étt>ic j4us conu , étoît 
le nom propre, & que le figuré éto'ft 
celui de ce qu'ils conoînoîenc moinst 



Ce qiton doit obfirver ^ é" ce qi$n d^H 
éviter dans Pufage des Trepe^ , él" fçat-- 
guoi Us pUifcnt* 

Les Tropes qui ne ptoduifent pas le* 
ëfcts que je viens de remarquer, font dé- 
feâueux. Ils doivent fur-tout être clairs , 

âele Afltiânis. Maro pmm4r» vint . liairitm «fi in tttriti ^ 
Uttufigeiti, étiam toAici dicunc C(c. dcOiacoi.t. m. 
n. ijj. aliter ixivm, 

NeccHicâte rûflici dicunt gemntâm in vicIbus.Quii} erîM 
dlccteat aliad '. QttimH. inUic. orac. Itb viii. f»f. 6. Me- 
taph. . 

Gemma eh id qaod in arboiibus [um^fcic cum pdrerc 
incjpiunt, à gcin , id eft , f^f^^o '■ litnc Margarîta Se deia- 
tcps oninis lapis prctiofus ^cinir gebim» .... quod habet 
quoque Pciàttus , cujus hxc func verba , m lapîUas ffcm- 
n mas vocavcrc à finiilitùdlne gemmirum quas in vicibui 
» five atb^ribui cémimus ( geiara* enim prijiriè funt piî- 
» pult qaos piimp vîtes cnijttunT i St eemmàre vites di- 
» cunwr , anm gemmas cmîicuni. ~ Martinii Ltxicûtt , 
voce gtmmm. 

Gemant àculut vitts propriè. \. gemma deînde genetàle 
■ nomcn eft là^idani precioràiani. Buf. Fabri Thi/itur^ r- 
itmm». 



p:h»Google 



EN G EN EH AL. bs 

1&<:Ues , fe préfentcr nicprèlemerit , & n'ê- 
tre mis en ctuvre qu'cri tems & lieu. Il 
"n'y a rien de plus ridiculfc en tout genre; 
'«que ràfei^aciou Se le défcùt de cànve- 
liaftce\ Molière daiisfesprécicufesj nbiiê 
ifourhit un gfahd nombre d'exenïpleè Ak 
CCS expreffionfe ïecherdiéeS Bc dcplacééJr. 
La convenance demande jqu on dife iîra- 
plemcht à un laquais , danez. desfiéges, l^iii 
aler chercher Iç détour de ku dire ; v'oUuf tesPr^c. 
rex^noas ici Jet' co^'odit^s de la toniferfition. ^'^ 5=- "• 
De plus, les idées acccilbires ne jôûeiit 
jpointi, fî j'ofe parler ainfî, dans lé langage 
tics Précieufes de Môlièrf , oa ne (bùent 
point bôme elles joaciit dans l'imagina-" 
tion d'un home fenfé : Le tonfeillér desgrk- and. scvi, 
V«, pour dire le' miroir : cémentez, fen-vie -^^i^^^^-^^. 
'qu'a cefauteuU'di iJOUi erf^raffir, pour dire 
aflëyez-vous; 

Toutes ces expteflîons tirées de loin & 
hors dé leur place, marquent une, trop 
grande contention d'eîprit^ Se font fentit 
toute la peine (Jn'ona eue i lés rechercher î 
cUeà ne font pas , s'il eft permis de parler 
ainfî , à l'uninbii du bon fens , je veux 
dire qu'elles font trOp éloignées delamà- 
nièrc de penfcr, de ceux qui ont l'efprit 
droit & jufte, 8c qui fcntent lescortvt- 
Cil 



e:h»GOOg[e 



36 D£6' TROP ES 

nanccs. Ceux qui cherchent trop l'oriifr- 
ment dans, le difcours, tombent fov^vcnt 
dans ce défaut, fans s'en' apercevoir ; ils 
ië tâvent bon gré d'une expreflîon qui leur 
^aroît brillante éc qui leur a coûte, fie fç 
jxerruadent que les autres en doivent êt;i;ç 
auffi fatisfaiçs. qu'ils le font eux-mêmes. . 
_ On ne doit donc le fervir de Tropcs 
qiic lorfqu'ils ù préfencent oaturèlemeot 
à l'erprit ; qu'ils font tirés tiu fujet i que 
, les idées accefïôfres les. font naître; .ou 
aue les bienféances les iufpirent i ilsplai- 
îent alors, maïs il ne fautpoïntles aler 
chercher, dans la vue de plaire. , 

Manière^ Jc ne croxidonc pas quacçs fortes .d« 

p. 147., hardujjé(juily a d'aler a» Ui» chercher tiet 
exfteffiûns écrangescs à U fUce des ndttt- 
reUs , qui font fous la main , il l'op peut par- 
ler. ainfi. Quoique ce foip Jà une pepfée 
de. Cicéron, adoptée par M. Rollin ^ je 
crois plutôt. que les exprêffiona figurées 
douent de \z. grâce au discours , paccç 
qiie , corne ces deux grands homes le 

Ib. p. 14S. remarquent, elles doaem.dM corps y four 
ainjî dire , aux chefes Us flus ffirituèks ^ C^ 
les font frefque toifcher au do'm. é" à l'œilpjt 
les. images quelles ea tracent a S imagination f 



p:h»Goog[e 



EN GENERAL. ,7 

en un raoc, par les idées fcnfibics & ac- 
ce(ïbice% 



Smte des Réflexions générales fur le- 
Sens figuré, 

I. Il n'y à peuc-êcre point de mot qui 
ne Çà prène en quelque fens figuré , c'eft-. 
à-dire, éloigné de £à lignification propre- 
& primitive. 

Les mots les plus comuns hc qui re-" 
viènenc fouvenc dans, le difcours, font 
ceux qui font pris le plus fréquemment 
dans un fens figuré , & qui ont un plus 
grand nombre de ces fortes de fens: tel» 
font corps , ame , tête y coukar , âv^Ur ^ faire , 
&c. 

II. Un mot ne confètve pas dans lai 
tradudlion tous les fens figutés qu'il a dans 
la langue originale : chaque langue a des 
expreifions figurées qui lui font parcicu- 
hères, foie parce que ces, expreflions font 
tirées de certains ulàges établis dans un 
pays. Se inconus dans un autre ; foie par 
quelque autre raifon puremisnt arbitraire.' 
Les diférens fens figurés à.\x mot 'voix , que 
nous avons remarqués , ne font pas tous 
çn uïàge ealatip , on ne dit point i/irv pour 

C ii] 



e:h»Google 



3»; BES TROPMS 

iùfragei Nous difotls^*r«r envie, ce.qui^ 
ne feroit pas entendu, çn latin Dit ferre, 
mvtdiam ; au contraire , morem genre altcai, 
eft une façon de parler latine , cjul ne iè- 
roit pas entendue tn ftançois , fî on fè, 
contentoit de la rendre mot à mot , & 
f^ue Ton craduisiç , porter U esufttme À quel- 
qu'un , au lieu de dire, faire voir à quel- 
qu'un qu'on fe conformé à Ton goût , à la 
ijianièrc dé vivre , être complaifanc , lui, 
obéit. Il en çfl; de mêijie de vicem girere , 
•ver^d dare y te d'un grand nombre d'aucreC 
façons,de padei; quç j'ai remarquées ail- 
kurs, &c que la pratique de la yerfioa. 
înterlinéaire aprendra. 

Âînll, quand il s'agit, dç traduire en^ 
une autre langue quelque exprefliga figu- 
ijçe, le tradiicieur trouve fouvent que fa 
langue n'adopte point la figure de la lan- 
gue, originale, alors il doit avoir recours, 
a qiielque. autre exprellîon figurée de (a., 
propre langue , qui réponde , s'il eft pofli- 
Ble , à celle de fon auteur, 

Lé bût de ces fortes de tradu(fHpns , 
lî'eft qjje de faire entendre ta pçnf^e d'un 
auteur.i àinfi on doit, alors \s'atachçc. à la 

fenfée fie non à- la lettre, & parjer come 
auteur lui-même auroit, parlé, fi;lala,n- 



D,£,,t,7P:hy Google 



EN GENERAL. jg 

roe dans la<jiieUc on le traduîr avoir été 
la langue nacurèîe. Mats ^land il s'agîc 
de faire enccndrc une langue étrangère , 
on doic aloirs traduire litéralemcnt , afin 
de faire compreodre le tour OTiginal dç 
cette langue, 

T. 

Oî'fenMtians fur la. DiBionaire^ Latins- 

Nos DitSionaires n'ont point affSs re- 
marqué ces diférences j je veux dire , les 
divers feus que l'on donc pat figure à un 
même mot dans une même langue; & 
tes difércntes, Significations que celui qui 
traduit efl obligé de doner % un même 
mot ou à une même cspreffion, pour faire 
entendre la penfée de ion auteur. Ce fonc 
deux idées fMC diférentes que nos Dic- 
tionaires. confondent \ ce qui les rend 
moins' utiles & fouvent nuifîbles aux co- 
meni^ans. Je vais faite entendre ma peu* 
fee pat cet exemple:. 

Porta- , fe rend en latin dans le fens 
propre ^xt-ftrre t- mais quand nous difons 
ferttf en-vie , pofttr U parole , p psrter hie» 
eu matt &c, on ne fe fert plus àc ferre 
|Oui: ccndce ces faç<Mis de parler en latin : 
C iv 



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^ lES TROPES 

U langue latine a fes exprcffions partioi- 
Ijères pour leg cxpcimcr.i .pûrfer o^à fekre, 
i^e font plgs alors 'dans l'imaginaUQn de. 
celui qui parle lacin : aioU, quand oxk. 
Qonfidèrc^artfr, cput feu] & feparé des. 
autres mots qui lui douent un fcns.figuréy 
on manqueroitd'cxa^itude dans les Die-" 
tionaircs franco! s-la.tins , fî l'on difoit d'à- . 
bord, fimplemenc que forter fè tçpd eix 
latin )^?.T ferre ^ i/iviiiére ^ dUgqui ^ va-' 
Ure^ &c. 

Ppurqupi donc tombe-t:qn dans la mê- 

ipc faute dans les Diâ;ionaires latins- 

françois, quand il s'agit de ttaduire un 

^oc latin ? Pourquoi joint-on à la figni- 

fication, propre d'un mot , quelqu'autre; 

(jgnificatiqn figurée qij'il n'a jamais tout, 

fpui en latin ?: La figure u'eft que dans nor 

tre fran,çois , parce que no*is nous fetvons 

'^^^".d'unc autre image, & pat conféquencde. 

naireia'^Q- (pots tout difërens.i pat cxempie : \Mit~ 

français , /frf fign,ifLe, d,ic" oo , envc^yct , retçuir, are-, 

S't' "^^^ ^*="'"^' n'cft-ce pas copie fi l'on dl- 

nom du R. Toit dans le DiiEtionairç 6'anC9is--latin, 

p.Tacbart, q^^ Porter Te rend en latâi? par ûrr.' , invi- 

«111717, &'"{/ ' ,/, . /' . T ■ -- I 

quelques ■ ^^''^ y allo^ut , valtre ? Jamais mtttere n a ea 
autresDic-la fignîfication de retenir^ d'arher^ Se-, 
çrire dans, l'imagination, d'yn home qui 



e:h»G00J^le 



EN GENERAL. 41 

yarlqtc latin. Quand Térencc a dit:*/4- *Adek. 
irymas mi/te , &C ** mijam iramfâdet; mtt- ^- ^ '' ' 
ure avoit toujours dans fon efprit la {jgni- ** Hcc 
ficacion d'envoyer .- envoyez loin de vous *^' J- '^ 
vos larmes , votre colère , corne on ren- *" ' ^ 
voie tout ce dont on veut (e défaire. Que 
fi en ces ocafions nous difons plutôt, 
retenez, vos Ut mes , rettmx, votre colère , c'eft 
que pcwr exprimer ce fens , nous avons 
recours à une métaphore prife de l'a^iorf 
que lV>n fait quand ou retient un cheval 
avec lefreiri, ou quand on empêche qu'une 
choie ne tombe ou ne s'écfaape. Ainfî il 
faut toujours diftinguerles deux forces de 
traduifïions dont j'ai p^rlé ailleurs. Quand 
en ne traduit que pour faire entendre la 
penfée d'un auteur, on doio rendre, s'il 
cft poflîblc , figure par figure, fans s'ata- 
cherà traduire licéralementi mais quand 
il s'agit de doner l'iiitellîgçncc d'une 
langue, ce qui ell le. but des Di£tionâi- 
■res, on doit traduire licéralement, afin do 
tiire entendre le fens figuré qui cft en 
ufage en cette langue à l'égard d'un cer- 
tain moti autrement c'eft-toutconfondre: 
les Diétlonaircs nous diront que ae^ua fi- 
gnifie le ftu^ de la même manière qu'ils 
nous difent que mttere veut dire arêter^ 



D,£,,t,7P:hy Google 



43 PES TRQPES 

retenir ,- car enfin les l^atÏBS cri&ieot à^*t^ 

* T^rrita 4HfU4S , * c'cft-à-dirc , offerte aqttas^ quanï 

T^a"û- ^^ ^^" '^'°^'^ P"* ^ '* maifan , fit nous. 

macatluas. crions alors àufiit^ c'cft-i-dire ^ aceureE, 

Prop. L. 4, au feu poup aider à r^teindre^Ainii quand 

mi^tlûZ '^ s'agit d'aprendrc la langue d'un auteur, ■. 

iuindum. il faut d'abord doncr à un mot ià fignift* 

l'c^f^' cation propre , c'eft-à-dirc , ceUe qu'il 

Toaidus. ayoic dans l'imagination 4e l'ïtiicçaf qui 

*^»'*- ïen cft fcrvi , &; enfoire on le traduit , fî. 

Von vûiit , félon la traduction des peniees, 

c'eft à-dire , à la manière àonx. on rend le 

piême fond&de penfêe , felonrulàge d.*tjne 

«utre langue. 

Mhure ne ngniâe donc point en I^cir» 
n/«rir j^non plus (YiQpéliere , qui veut dire- 
B» 1. T. ckâjfer. Si Térence^a dit làcrjmss mitte, 
'*^* Virgile a dit dans le même fens ,. idcrj-i 
mas diléBa pelle Cretife, ChaHèz, les larmes. 
de Créiife , c'eft «à-dire ,, les larmes que 
vous répandez pour l'amoiar de Créiife , 
ccflcz de plcurci; votre chère Créiifc, re- 
tenez les larmes, que vous répandez pour 
l'amour d'elle , confolet-vous., 

M'fttçft ne veut pas dire non plus e», 
latin ûTrirt .Se quand on trouve mîttert- 
iftflolam dkuiy cela veut dire dans le latin» 
(nyoyer une lettre, à ^fl^a'itn.y., Sk nffius, dj- 



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SN GENERAI. +j 

&to^ plus ordinaiFâmene , écrire aae kttr< 
4 quel^itmm. Je ne^fînirpis poinc fi fe vour 
içus rapporter ici un pjus grand nombre 
^'exemples du peu d'e:^aâicud& de noa 
meilleur^ Pi^ioaaires ; ivercts puaicion, 
ȉx {a moiTC y ^vis k bateau , &Cv 

Je voadr<wS donc que no? Diâfionairc» 
dona{Iène d'abord à i;n mot laçin I4 fignH 
fica^iom propre que ce mot avoit dans Ti- 
IQaginacion des auteprslattns: qu'enfuito 
ils ajoutaûènc les divers fens figurés, c^e 
les Latins donoient à ce mot. Mais quahd 
il arrive qu'un mot joint 3. un autre , for- 
me urte^s^preffiop figurée, un, fens, une 
peniee que nous tendons en, notre lati-» 
gue , par une image difércnte de celle qui 
^toit çnuiâge en latin; alors, je voudcois 
ditlingiier : 

I. Si l'explicasion Htéralc qu'où * déjà. 
4onéc du mot latin, fuffic pour faire en-» 
tendre à la lettre rexpreifion. figurée, ou 
Iji penfée lîtérale du laCin,- en ce cas, je 
me concenterois de rendre la penfëc à 
90tre marjiète ; par exemple ; mîttere en- 
voyer, fttitte iram^ retenez votre colère, 
mittere eftfiol^m^tikm ^ éctire une lettre à 
quelqu'un. 
' Pr0'vfpciay Province, àçpro ou /«(■«/, , 



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44 DES TROP ES 

te àcvincrre lier, obliger, ou félon d*atN. 
t«s , de wncere , vaincrt: : c'étoît le nom' 
générique que les Romains donoîent'aux 
pays dont ils s'étoicnt rendus maîtres hors 
de l'Italie. On dit dans le fens [woprc, 
j>rûvf»ciam càfere^ Jufctpere , prendre le 
gouvernement d'une province, en êtrç 
fait gouverneur j & (»t dit par méta- 
phore, frovînciam Jufc^ert ^ être dans un 
emploi , dans une fonâ:ion , faire quelque 
^r.phor. entreprife. Provmciam ctfifli âuram^wx t'es 
''■ *^'*"€hareé d'une mauvaife comiffion , d'uD 
emploi difieile. 

1 . Mais lorfque la façon de parkr latine 
eft trop éloignée de la françoifè, & que 
Ja lettre n'en çeut pas être aîfément en^-. 
tendue , les Diftionaires devroient l'ex- 
pliquer d'abord litéralcment , & cnfuite 
ajouter la phrafe françoilê qui répond à la 
latine ; par exemple ; Uteftnù;rttdum Ikvdrey 
• laver une brique crue, c'eft à-dire , per-t 
dre fon tenis Se fe peine", perdre fon la- 
tin. Qui laveri>it une brique avant qu'elle 
fût cuite , ne feroit que de la boue , & per- 
droit la brique. On ne doit pas conclure • 
de cet exemple, que jamais lavdre ait fi^ 
gnifié en latin perdre, ni iater ^ems, opi, 
peinc.^ 



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ËlS^ GÉNÉRAL. 45 
Au fefte , il eft évident que ces diverfe* 
Egnificacions qu'une langue donc à un 
imêmé mot d'une autre langue , font étran- 
gères, à ce mot dans la langue originale ; 
ainfi "elles rie font point dé mbn fujet : je 
traite feulcmetic ki des dîférens fens que 
l'on done à un même mot dan^^upe mêiDc 
langue , & non pas des diférentcs images 
donc on peut fe lervir en traduifant , pour 
«xprimer le même fonds de genféc* 



erhïGoogle 



• "1 ' I ' I I" I I V ii'unni mi l nVÎ 

DES TROP ES. 

5 E C N t) E PAR t I E; 
Dtr Trapes tn^Mrtkulkr. 

- ' . i' 

Li -CATAcIîkESÈ; - 

■Ahus^ Extenjian^ eu îmitatioa. 

n T ont point 

JL nots pont 

cxf 'e , par un 

tcri propre de 

cec nt obligé 

d'c: uelqu'au- 

tre rt à celle 

qu* iple : l'ii- 

iag rs fous le^ 

pies des chevaux , ce qui s'apèl e'/>rrfr »rf 
ihevAl\ que s'il arive qu'aii lieu de fer on 
fe ferve a'argenc , on dit alors que les che- 
v^sx^fent ftrris d* argent , plutôt que d'in- 
venter un nouveau mût qui ne feroit pas 
entendu : on ferré aiiffi cl'argcnt une caf- 
fetce, &c. alôrsyÎTMr fignificpar CXtcn- 



7P-hy Google 



tÀ CATACHRÈSE. 47 
èo*, garnir d'argent au lieu de Fer. OA 
die de même aler à chtvat fur un bâton -^ 
t'cft-à-dirc , fe mettre fur un baron de la 
même manière qu'on (ë place à cheval. 

Lsdere^[iinpii4eqijit2ceioaiàn(iiiieioii^. Hor. t. 

Dans les ports de mer on dit bâtir uo 
vdijfeau , quoique le mot de bâtir ne fe dife 
proprement que des maifons ou aurrcs 
édifices : Virgile s'eft fervi à'ddi^càre, bâ- ^n- *■ ▼- 
tir , en parlant du cheval de Troie ; fie ^\ic. pro 
Cicéron a dit» àâifcàre claffem^ bâtir une legeMani- 
flote. ■ "^^"^^ 

Dieu dit à Moïfe , je ferai pleuvoir Pour 
•vous des fains du Ciel, & ces pains c'etoït 
la mâne : Moïfè en la montrant dit aux 
Juifs , i/oilà ie pain qm Dieu vous a dené Fiod. ck 
four vivre, Ainlî la mâne fut apelëe ^-li» "'• ''^ *■ 
par cxteniîpn. *' 

Parricida , particide , fe dit en latin & 
en François, non feulement de celui- qui 
tue fon père, ce qui eftle premier ufage 
de ce motj mais il fe dit encore par ex- 
teniion de celui qUi fait moufir fa mère , 
ou quelqu'un de (es parens , ou enfin quel- 
que perfone facrée. 

Amli la Catachrëfe efl xin écart que 
certains hiots font de leur première figni- 



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48 LÀ C AT A CURE SE, 
fication , pour en prendre uneauere qui Y 
a quelque raperc, ôc c'èft aufli ce qu'on 
apèle extenfion : par exemple ; feaHle fe, dit 
par extenfion ou imitation des-chôfes qui 
Ibnt plates Se minces , corne les feuilles 
des plantes i on ait um feûUhde fafkr, hnè 
feuille de fer blanc.^une feuiUf d'eryUHe feuille 
d'étain, qu'on met derrière les miroirs,: 
une feuille deèarton.i le talc fe lé-ûe forfeml^ 
lesi les feuilles d^ait paravent , 6i.c. 

La langue \ qui elt le principal organe 
delà parole > a doné fon nom parmêco- 
hymie & par extenfion au mot générique 
dont. on fe fert.pour marqiier.-les idiomes ^ 
le.laiigage dés diférentés nations: /<«(^>i« 
latine , langue françotfe. 

Glace , dans le fcns propre , c'ciï de l'eaii 
gelée: ce mot fignîfie enfuite par imita- 
tion, par extenfion, un verre poU, une 
glace de miroir, une glace dçcaroiîè. 

Gtice fignifié encore une forte de com- 
iofition de fucre & de blanc d'œuf , que 
'on coule fur les bifcuits , ou que l'oià 
hiet fur tes fruits. confits. 
' Enfin j ^liice, fe dit encore au pluriel j 
d'une forte dcï liqueur congelée." 

Il y a même, des mots qvi onp perdu 

leUr première fignification, îk p'onrrctenij 

que 



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l 



LA CATACHRESE, 49 
l^ixc celle qu'ils ont eue par extenfion ifisriri 
jltriffam^ic difoimc autrefois 'des arbre» 
& des plantes qiiï font en âeurs ; aujour- 
d'hui on dit plus. iQrdinàircmebc/»r/V au 
fropre , & y&nrr au, iiguré î fi xe n'cft ^ 
infinitif, c'eft ad moins dans les autres- 
modes de ee verfje; alors il iignjfie être 
en crédit , en honéur , cA répucatibn : Pé- 
irur^mfioriffhit vers le milieu du XI V.fiè- 
clcT une drméeflèriffkmst un emfirt .florif^ 
fant, »> La langue grèqué^ dit Madame 
» Dàcicr, fe maii^i ne encore nScnfitrif^ 
*i faate jufqu'à la prife de Conftantinopïe; 
» en 1453. ' 

Prône, en latia^wf(yj,.fignifioLtfeu"i 
lemenc autrefois, premier ^ principal ; mais 
aujourd'hui en françbis il lignifie i un foui 
verain, ouuneperfone de niaifon fouvc- 
raine; 

Le nibc Imperàtor, Empereur,, ne fià 
d'abord qu'un titre d'honeurque les fol- ■ - 
dats donoient dans le camp k leur Géné- 
ral y quand il s'étoit diflingué par quelque 
eJEpédition memdrablé ; on n'aroir atachi 
à ce mot aucune idée de fouveraitieté ^ du 
tems même de Jules Géfarj quiavoit bicii 
la réalité de fouveraîn j mais qui gduvcr- 
h«ic ious la forme de l'anciène Républi^ 



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5.0 LA CATACHRESE. 
que. Ce mot perdit fon anciène fighrôca* 
tion vers la fin .do. règne d'Augufte, oU 
peut-êtrt; même plus tard. 

Le mot latin fuefûrrtre^ que nous tra- 

iuifous parficavrir, veut dire prôpremenc 

ceurir /ûus ou far. Cicéron s'en eft fervi 

plufîeurs fois en ce fens -, faccurram at^ut 

' Cic. Uf^è^o. Quid^uid* ftucûrritlLbctfcrtbere^ ôC 

^"n^' rt Sénèque dit , obvias . (inùmtn mn f»cc»r- 
Epift.i.fub . j\, . >• , ' -^ 1 _i- -^ 

fioem. rtt ^ Uomtncsjàtgiamuj ; n lonque nousren- 
Seaec. Ep. » controDS quclqu'uti , £c quefon nom ne 
'"* » nous viencpas dans l'efprit, nous l'ape- 
» Ions Monficur. « Cependant corne il 
faut fouveiit fe hâter & courir pour venir 
au fecours de. quelqu'un, on a doné in- 
fcnfiblement à ce mot par extenilon , le 
fens d'aider oa Jècûurir. 
^î'™ Pâere , félon Perizonius , vient du grec 
^pltiz'iof^'" ^ pcto^^h dont le premier fignifîe 
Sana-min. «witr , & l'autte vsUn enfortc que ces 
lib. 4- c. 4. verbes marquent une aftion qui fe fait 
"■ * ■ avec éfort 5c mouvement veris quelque ob- 
jet ; ainfi: 

1. Le premier fens àe pétere, c'eft akr 
vers^ fe forier avec ardeur vers un ob- 
jet ; enfuite on:done à ce mofpar exten- 
"iion plufîeurs autres icns, qui font une 
fuite du premier. 



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LA CATACHRESE. ji 

■■, \, Il C\sp\^c Jhùhaîter. '4" a-uoir ^ briguer y 
itémander j pétere confalitum , 'hri^utr le 
toufuldt î pécére tiiiptiàS iXïdx'ius/rechercbàr. 
"itne fer fine en mariage. 

, 3. AUr :preridre 'ftitiic rrtihi p^ara cï- Ter.Heiut 
ïjunr. " f-^' *i- 

4. Aler ver's^ttelqu'iin\ & en çonféquen- 
te le frkpery /'<»/rf^/«r. Virgile a dit : malo 
me Gatatêa petit ^ tic Ovîde, âfopuhfitxts^'^^-i-^-^'i- 
frxtereûate petor. ^*E- '^^ 

j. r,nnn^f««veuc dire patextefifion, 
"aler en quelque lieit , enforre que ce lieu foie 
l'objéc de nos demandes fie de nos mou- 
vemens. Les compagnons d'Enée-, après 
leur naufrage, demandciic à Didon qu'il 
îeurfoit permis de fe mètre ènétat d'aler 
tn Italie, dans le Latium, OU du moins 
d'aler trouver le Roi Acefte. 

■ ' ■ Itâliam kri Latiiitïi^ue petâmds", Virg. ^n. 

•--•...... -. ;...-.. -. ^-^-ns- 

Ac freti Sicatiiz faltem fedérque pàcâcas, 
Uiide hue advédi , regcmquè petâmus Accften, 
La réponfe deDidûn cft digne de remar- 
que : 

Seu vos Herpétiam magnam Satutniâqde àrva > 
Sive EryciS fines, regcmque optatiis Acéften; 

feu TOUS voyez <^9ftâîh explique petSmur. 
D.j 



D,£,,t,7P:hy Google 



5* LACATACHRESE: 

virg/in, Advérttrt fignific tâurner -vers: adv^rtere 

"■ V. j ; j- Mgmat urhi^ tourner fon armée vers la vill tf > 

navem advtrtere , tourner Ton vaiiTeau vers 

cjuelqucendroit, y aborder: cnfuite on 1'* 

-: dit par métaphore de refptic \ advêrtere 

animitm\ advêrtere mentem ; rourner l'eCprit 

*vers quelque objet , faire atention , faire 

réflexion , confidérer : on a même fait ua 

mot compofé àa-iKfmHm fie à'ad'vériere ; 

anim- advêrtere , confidérer, remarquer ^ 

, examiner. 

Mais parce qu'on tourne fon efprit , foii 
reffèntimcnt , vers ceux qui pous ont ofen- 
fés , Se qu'on veut punir ,• on a doné enfuitc 
par extenfion le fens de pintir k ammadvér- 
tere ; verhérihus animadvertébant in cives ; 
•Saluftc* ils tournoient leur reflèntiment , leur 
Catii. ji. colère, avec des verges contre les ci- 
toyens, c'eft-à-dire, qu'ils condanoient au 
■ fouet les citoyens. Remarquez q^Li'd»//n«j 
le prend alors dans le fens de colère. 
f'^dï.fih. * Atiimus 3 dit Faber, fe prend fouvent 
maitMt. pour cette partie de l'ame , ifua tmpetas ha- 
bet & motus. 

Hor. lit>. ï" furor bcevis eft ; aniitium rege , qui nifi paret 
i.Epift. i. Imperat ; hune frenis , hune tu compéfce catcnâ. 

Ces fortes d'extcnfions doivent être au- 



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VA CATACHRESE.' n 

tôrifëcs par rufàrgé d'une langue,& ne font 

fias toujours réciproques dans une autre 
angLic ; c'cft-à-dire , que le mot françois 
eu alerharid ,■ qui répond au mot latin ^ _ 
félon le fens^proprc , ne fe prend pas tou- 
jours en françois ou en dpnand dans le 
même fens figuré que l'^done au mot 
latin : itmanàer répond à fènn \ cepen- 
dant nous ne difons point dcma&Àer pour 
Ataqusr,m^Q\lTater4l 

O/^iiÀ dans fon origine cft le datif dVJe- 
pidutn , viUe ; opfido pour la ville , au datif.' 
Les laboureurs en s'entretenant enfemble, 
dit Fcftus , fe demandoicnt l'un à l'autre , 
avez-vûus fait bone récolte j* Sdperef^on- 
debatur ^ quantum -veC éppido fatis effèt\ j'en 
auroîs pournourir toute la ville: & de là 
cft venu qu'on a dit oppido adv.erbîalement, 
pour beaucoup ; hinc io confufitudinem venit 
ut dicefêtur , oppido pro valdè ^ molcùm. 
Fejïus', v. Oppido^ 

/3<»;îf' vient de undè, ou plutôt de dc^ 
undi , corne nous difons <^e/<ï , dedans. Ali- Tweneft. 
tjuid dêderis undè ûtatur , donez-luî un pei^^a ** fc 
a'^argent dont il puiflfè vivre en le. metant.^. v. n^ 
à profit : ce mot ne fc prend plus apjourr- 
d'hui dans fa •fignificatioa primitive v- 
on ne dit pas, \x viWç.dûfftje vkns , mai* 
iekje viens^ ' O^ii^ 



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54 h A CATACHRESE. 

Profinhty boire .à la fanté dequçlqu'uiî,, 
çft un mot purement grec, qui veut dire' 
à la lettre , bûin U premier, Quanil les an- 
ciens vouloient exciter quelqu'qn à boire, 
& faircà peu près à fon égara ce que nous, 
apelons hûtrê àJÊkfmté-^ ils prenoieni; un& 
coupe pjçine J^vin, Ils eii buvpient un 
peu les premiers, & en.fijice ils prélcn- 
toient la coupe à celui qu'ils vouloient. 
çxciter.à boire. * Cet ufage s'cft confervéi 
çn Flandre, en Holan.de, 2c dansie Nord : 
on feit l'efiai, ç'eft-à-dirc, qu'avant que 
de vous préfenter le vafe, on en boit ua 
peu , pour, vous marquer que vous pouvez, 
en boire fans rien craindre. Delà, parex- 
tienfion,. par imitation, on s'eil fervi dç. 
ptofiBare pour livrer q$tglqu'un , U, trahir 
four faire flaifir à un autre % le livrer y le . 
doner corne oh dope la coupe à boire après, 
avoir fait l'eflài. }e vous U livre , dit Té- 
rence , en fe fèrvant par extenfiçn du mot 
Tet.YMn. propiijo y moquez yous de lui tant quil voas^ 

^dtrn. • . , , ' , ,, 

* Hic Regina gravera, gemmiB aurôque propofcit, , 

Implevîtquc meropâteram ,...:.. 

—' S; in menfa làdcup libâvit hondrem , 
rrimâque libâto fijmmo tenus itcigit ore : 
Tum Bitiz dédit incrf pitans ; ilU impîger haadt 
Spomàntcm pâteram , fie pleno fc p'tdluic aWo. ^n. 1. 7 j i. 



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LA CATACHRESE. 55 
flaira^ hune vobis deridéndum propîno- 
Nqws avonç VH; dans la cinquième par»; 
tie de cette Grammaire , que la prépofi-^ 
tion fupléott'aux raporcs qu'onne faur<HC 
marquer par les terminalfons des mots ; 
qu>lle mat(pn>it un raport général ou une 
circoaftance générale « qui ét&it erïiuîte 
détenmnée.par,lo.mot;qui iùic la prépo^ 
ficion. , - - . 

Or, CCS rapQfts.ou circonftances gêné* 
raies font prefque infinies ,- 6t le nombre 
des prépoutions. ejt extrêmcmcnc borné ; 
mais pour fupléer k celles qnî tnajiquent;, 
on done divetï.:ufages à la même prépa- 
Tition.. -. - - : 

Chaque prépoUrion a fa pretnière fignî- 
fication, elle a £a dcftination-principate ^ 
fon premier fcns propre ; Se enfuite par 
exLenfion, par imitatimi,parftbos,enun 
mot par catâchrèfe, on la fait fervir à 
marquer d'atuaes taports qui ont quelque 
analogicavec Jadeftinacîon. principale dâ 
ta: prépolîtion , 6c qui font fuffifamcnc in^ 
diqués par le fens. du mot qui eft lié à 
cette |>répofiiion ; par exemple : 

La prépofition m eft une ptépofition de 
lieu ,, c'eft-à-dire » que fon premier ufagc 
«ft dp mar<juc):,l4.<ùrconftance ^énétdle 



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fi6 h A CATACHR^S È. 
4'êtçe, dans. Un liai - Ctfrrfi*t tué dans /k 
fend/, entrer 44ifs. ttne maijo»Jferrer dans»fie_^ 
féffètte. 

: £nfuit]eQji.coQitdèR:parm^ctphorcIes, 
diférentçs fîruations de l'écrit 8t du corps^ 
les difëreps ^ucs de la fortime , en an moc 
les 4i&rentç£ mjitvères. d'être, corne an- 
tgnt de Ucux oii l'iiooie peat Çt ttoaver ; 
te alors on dit par excenlign » être dans la 
f*ie, dans,i4. crdnte-, détm.iciiefemidtns la, 
k*fte ûu diuts, U, mauvéife- fortune , dans Hnâ. 
farfaiti famé .^ dans le M^etdrs ^ dansté^ée, 
dapf Urekttdans /edfiUe,èo:. 
, On fe. icn:'.aujri de. celte prépofition 
pour marquer le tems : c'eft encore panex» 
tenGpn , pax.imitacioai on conltdère le 
tems corne un lieu , aelame in tétppore hac 
videat fentk i. c'eft le dcroiet versdtrqua^. 
trièjîie aâx de l'Andcicoc de Térencc. 

UU & ihi ibnt.des advetbcs de lieu \ on 
l^s f^ic fecvir aufTi par imication pour mati 
virg.j£n. queclç cems,, hac uki.di^a^ après que ces 
ï.v. 8j. inQçg fpfçnt dits, aprè^ ces parolcs- 
j^„^'^q' l^ûtt tt ihi natftm ? {û^jurga^i} a'aliXcSf 
j. Ce. I. V. vous pas fat le champ gronder, votre filsi 
f**" ne liu dites-vous rien alors i 

On peut faire dc.pareilles obCêrvationa 
^ir les autres pr^polîtions, & fui un gcatui 
nombre d'autres mots. 



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LA CATACHRESE. ï7 
: « Là prépolltion aprh, dit M. l'Abë de ^- ., 
» Dangeau , * marque premièrement pof- volantefuc 
M bériorité de heu entre des peiïoncs on l» ptipofi, 
ïides chofes: marcher après /fueian^ua i k^'^'^'f^*'^ 
n valet court aprtsfin maàreflrs CenfeiUers 
»fent oMs après les Préjîdtns. ■ > 

£ciiuite, conlfdémnt les honeurs , les 
richcllcs,&c. cfimèdesêcrcs réels, on a .'/ 
dit par imitatiofi-, coarhr après ks- honeurs , 
Jiupirer atrès.fa iiherté. 

»> A^es. ,- jnarque auiE poftériorité de ': 
Il tems , par une efpèce d'cxcenfîon de la 
» quantité de lieu a celle du tems. Piemi 
n efi. arrivé après J-a^cs. Quand un home- 
«marche après' un antre, il: arive ordir 
» nairement plus.tard ) après detaam , aptes, ■'■ 

» Ce Tabteau efifiài ^ après le Titien. Cs 
« pcjfxge efi fait d'après nature :■ ces façons 
» de parler' ont niporc à la noftériprité dz 
V tems. Le Titien avoit fait le cableau 
» avanc que le peintre le copiât j la nature 
p avoit formé le payfagc avant que le pein^ 
'? crc le repréfentât. 

C'eft ainfî que les prépontioas latines X 
H fui' marquent auflj le tems , come je l'ai 
fait voir en parlant des prépofitlons. 

ull mefembic., die M. l'Abé de Dan- 



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5« LA CATACHRESE. 
M geau , qu*jl feroït fort utile de Éiirtf voir 
» cornent on cft venu à doner tous ce» 
M divers. u&ges à uh même mot; ce qui 
M eft coaiun à la plupart des langues. 
• Le mot à' heures iip<t , n'a iîgnifié d'abord 
que le tems j enfuite par extendon il » 
ngnifié les quatre faifons de l'année. Lorf- 
n\aA.L.v. qu'Homère dit que Jefmi le eêmejtcenua* 

TraJ. pag. ^„ ff^j /f^ htitres vtttUnt.àUgoxdt d» haut 

***' Olympe^ & que lefaindesptrusduàelieMr 

Rem. p. e^ ctnfiéi Madame Daciot remarque qn*- 

'^ ■ Homère apèlc leséfar^cequenousape- 
lons lesfuifoHs. . 

Berod.i,i. Hérodotcditouc les Grecs ont liris.des 

■Babyloniens l'ufegc de divjfer. le jaurea 

Pline , L. douze parties. Les Romains, pritoit cib- 

7. c. <o. £-^j(.g j.gj uf-jge (Jej Grecs , il ne fut intro- 
duit chez les Romains, qa^après. la pre- 
mière guerre punique : ce tue vers ce tems* 
R que par tme autre extenfion l'oo-dona 
te nom d'hearet vin douze parties da 
jour , âc aux douze parties de la nuit }. 
celles-ciétoient divifëes. en quatre veilles, 
dont chacune ccnnprcnoit trois heures. 

Dans le langage de l'Eglifc, les jairs. 
de la femairae qui fuivent le dimanche, 
font.apelés/?rKj par extenfien. 

U y avoic parmi les. ^iKÎfns des. ^CS-fiC 



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lA CATACHRESE. y? 
^es féticsilçs (êtes étpi€Ot..des. jours Sçh» 
lemnels.o.ii l'on faifoic des jeux 6t de?; i'?,- 
çrificcs avec pompe ; les fériés écoient feiih 
leiçËnt dçB |çpf3 (ie rep^?!»» l'on s'abfte-i 
no^ 4« tmvsil. .Feftuîpréten4 que ce mo| 
yïcnt à ferUnÀij vi^imis.^ . , . 

L'ànée chréciène començoîc autrefois 
çu jour de ï^ques ; ce qui étoit fondéitw 
ce panÀgç«de S. Paul •.-.QuêOMtUf.Cknfitu. Rom. c 

viu amkultHmi., - ■' ' , , \- 

yEippflt^iwi^pnftanciiiordonaquelJoti 
s'aDftifcqdroï*:d& EpiK-e ôsuvire ferjirile: pen-. 
slftni: la qujijïïijjç de Pâquçs, & qU§ cos 
quinze jours feroient-/?r/f/; cela fut çH«M-f 
té dii naojns pclur la premiète, fcipathe ; 
sinfi tous lcsj,cttirs de cette, prem.ièfe.^^ 
jmainq (wi^nt fériés^ Le lendetnain dU. dir 
tnanche d'après Pâques fot. la, féconde iér 
rie , ainfî d«8aotres. L'on donà enfùitc jwr 
excenfion, par imication ^ Je nom dejrr/r 
fecepde^ fruijSim^ i^uatrième i'&Lc. aux au- 
tres jours des femaines ftûvantes^ , pour 
éviter de lejir doneclçs noms profanes.des 
pieux des payens. ■■' , 

C'eft ainfi que chea lesJ^ifs le nom de 
fahat{fabkdtifm)çi^\ fignifie rff^^j, fut donc ' 
au (èptièmç, jopKdq.la Semaine, en mé- 



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éo LA C ATA CURE SE', 
moire de ce qu'en ce jour Diicii fe repola^ 
pour ainfr dire , en ceflaht àb ciéep de 
nouveaux êtres : enfùitc par éxrcnfion on 
dona te même nom à tous les jours de ta 
femaîne^en a\oatznt premttr^feccfui , /ni'^ 
Jîème y Sec. prima ific»tidéy èCC^y^htfrunf. 
Sabbatum fe dit atillï de ta fémaine. On 
doita encore ce norp à chaque feptièrriô 
ihniéis, qu'on apela année fabatique^ £c enfin 
' à-iVnnéc qui arivoïc après fept fois fëpÉ 
ans, c'étoit le jubilé des Juîftj tcms de 
lëmlAîon, de re/bitucion , oh chaque Mr- 
titfulièr rentroit dans les arxnens liérita- 
ges aliénés ^ 6c qù les efctaves dçvenoient 
libresk 

Notre verbe altr^ fîgnific dans le fèn» 
propre , Je tranfporter M^» Iku- i un aatre % 
mais enfuite dafls cwnbien de fens figurés 
n'eft il pas «nployé par cxtenfion ! Tout 
mouvement qui aboutit à «{uelque fin; 
toute manière de procéder, dfe ft condui- 
re , d'atcindce à quelque bot j enfin tout; 
ce ^i peut être comparé à dM voyageur» 
qiii vont enfémbk ; sexprimepa'r le verbe 
aUn )e vais, oaje vas; ster àfisfns , alet 
<^w/aubut; iCitàlùn^ c'eft-à-dire, il fera, 
dcgrands progrès , der étudier, aler lire, Sc<\, 
• pc'veir.j veuç dire dians Içl feiis propre-^ 



.■ h; GoogJc 



LA CATACHRUSE, $\ 

kn ^hli^far Ushix àp^er o» À faire qutl^ \ 

ifue chfife : ou le dicenfujce par extcnnon 
de tout ce qu'on doit faire par bienféancct 
par policef)^^ mus àevtns af rendre te qu* 
npiàs devons 4»x antres , d* c^ f *£ its Mturtt 
MUS doivent- 
Devoir fc dit encore par extenfîon de ce 
qui arivera., corne fi c'écoit une dette qui 
dût être payée : je dois finir i inftruiftz^ 
vous de ce efue ttous êtes , de ce que vous rtètei 
fASt t^ de te que vous devez, être, c'eft-i- 
dire , de ce que vous ferez , de ce à quoi 
vous êtes deftiné. 

Notre verbe auxiliaire avoir y que nous 
avons pris des Italiens , vient dans fon ori- cnf^prià. 
gine du verbe hahére , avoir , polïedcr. Ce- mijù tqm- 
lar a dit qu'il envoya au devant toute la ''*'*'*' *™" 
cavalerie qu'il avoît aflcmbléc de toute la tTtâni 
province » quem coaêium habébat-. Il dit en- f^f^inHÀ 
core dans le même fens , avoir Us fermes 'k^^Z 
tenues à bon marché, c'eft-à-dirc » avoir fris CxCar de 
Us fermes à bon marché ^ Us tenir À bas prix. fj^JJ^*^ "'' 
Dans la fiiite on s'eft écarté de cette figni- Ytatilù» 
fication propre à' avoir j ÔC on a joint ce/**"» fi- 
verbe par métaphore ÔC par abus , à u n fu- ^«"j^,, 
pin , à un participe ou adjeâif j ce Ton; tdem ibia. 
des termes abftraits dont on parle corne !|i°^^^ 
,de chofes réelles: amavi, j'ai aimé , h^eotiam l»- 



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èi LÀ CATACHRËSÈ. 

beat derpi- ttmotum i aimé efl: alors un fupin ^ un nbii) 
citain.T«-. qui marque le fentiment que le verbe fiffni- 

£ua Aa.i. 1 . ^r \ i i r ^ jt ■ '^ 

fcj.v-si. n^i )cpolsèdclcientimeni4aimerj tome 
en autre pofsède Ta montre. On eft H fore 
acoutumé à ces feçons de parler , qu'on ne 
fait plus atention à l'ancieneUgniHcation 
propre à'av»ir ; on lui en doue une autre 
qui ne Ç\^i\\^t' avoir qHcparfigurCj &qui 
marque en deux mots le même fens que 
les Latins exprimoient en un feu) mort 
Nos Grammairiens qui ont toujours ra- 

fiorté notre Grammaire à. la Grammaire 
atine, difenc qu'alors avtir eft un verbe 
auxiliaire , parce qu'il aide te fupin ou lé 
participe du verbe à marquer le même 
tems que le verbe latin fignîfie en un.feul 
mot; 

£/«, dmir ^ faire ^ font les idées les plus 
fimples , les plus cbmunes, Se les plus in- 
téreflàntcs pour l'home : or les homes par- 
lent toujours de tout par comparaifon à 
eux-mêmes ; delà vient que ces mots ont 
été le plus détouirnés à des ufages difé- 
rens ; être ^JftSy itrt aimé. Sec. avoir de l'ar- 
gent ^ avoir ^eur ^ avoir honte , avoir queltiué'^^^ 
chefe faite, Ôc en moins de mots avoir faitf 
De plus , les homes réalifent leurs abC- 
tradionsj ils en parlent par imitatienj 



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tA CJTACBRES^E. €3 

Cbtne ils parlent dés objets réels : ainfî ils Ce 
font fervis du mot 4vûir en parlant de 
diofes inanimées &c de chofes abftraices. 
On dit cefu mile a dmx lieues de tmfyCet 
iuvrsge éi des défauts î les fûj^tns ont leur 
uÇige ( il a de tefprit , il a de la vertu : fit 
enfuite par imitation &, par abus, il à 
aimé^ il a lu ^ &c. 

R.emarquei en partant que le verbe a 
eft alors au préfcnt, & que ]a fignifica- 
tron du prétérit n'cft que dans le fupin ou 
^larticjpe. 

On a fait aufli du mot f/un terme abH- 
trait , qui repréfente une idée générale , 
l'être en général ; il y a des homes qui di- 
fent^ illudqutdefi^ ibi hahet homtnes aiA 
diiunt î dans la bone latinité on prend 
un autre tour , come nous l'avons remar-* 
que ailleurs. 

Notre il dans ces façons de parler , ré-» 
pond au Tes des Latins : Prûptùs metum res T. tiv. l. 
fûtrat i la chofe avoit été proche de la'°" *^' 
crainte : c'eft-à-dire , il y avoit eu fujet 
de craindre. tUs ita je habet , il eft ainiî, 
** Rtx tua igitur , il s'agît de vps intérêts ^ 
&c. 

Ce n'eft pas feulement la propriété d'j- 
w«r, qu'on a atribuée à des êtres înaoï- 



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é4 lA CATAC^RESE-, 

mes 2c à des idées abftrakes ^ on leur s 
auili atcjtbué celle de.ivM/inr.- on die cdd 
veàt dire ^ au lieu de_ ctU fignipe ; un ni 
verbt veut un tel cas i « h»is m veut pds hû* 
ùt'y cette clé ne veut f4s itmrner^ ùd Ces 
façons de parler figurées foht lî ordinaires^ 
qu'on ne s'aperçoit pas même de la lîgure; 

La Hgnification des mots ne leur a pas 
été donée dans uneallcmbléegénéralede 
chaque peuple ^ dont le réfulcacait écé ^ 
gninée à chaque particulier qui eft venu 
dans le monde -y cela s'eft fait infenfîble-^ 
ihenc &L par l'éducation : les enfans ont 
lié la lîgnilîcacion des mots aux idéçsquo 
Tufage leur a fait conoîcré que ces mots 
fignifioient. 

Il A mefurê qu'on nous a doné dà 
pain j Se qu'on nous a prononcé le mot 
f4in ; d'un côté le pain a gravé par les 
yeux fon image dans notre cerveau ; & en 
a excité l'idée : d'un autre coté , le fdn du 
jnot paia a fait aufli Ton impreflîon par les 
oreilles ^ de forte que ces deux idées ac- 
ceflbires , c'ell-à-dire , excitées en nous eà 
même-ceras j ne fauroient fe réveiller fé- 
parément , fans que l'une excite l'autre. 

X. Mais parce que la cohoiflàncé des ati- . 
très mots qui fi^nifîent des abftra£tions ou 
* des 



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lA CATACffRES-E. C$ 
îfcs opérations de l'efprit , ne nousà pas été 
iijpnée d'une manière auffi fçhdble ,• que 
d'ailletirs la vie deS hbmes eft courcc , Sc 
qu'ils font plus.ôcupés de Ibiirs befoinâ 
éç. de leur bien être , que de cultiver leur 
drprit,.&: de peffedioner leur langage j 
corne il y a tant de variété èC d'ihconD 
feance dans leur (Ituation j dans leur écAt j 
dans leur imaginatiori , daiis les diféreh- 
tcs relations qu'ils, ont .le5 iîns avec .les 
autres 3 que par la diBculté quô Its homei 
trouvent à prendre les idées précités de 
ceux qui parlent ^ ils retrancUerit ou àjou-^ 
tent prefque toujours à (ïe qu'on letir.dic i 
hue a'aillçurs la méiribire n'eft ni aflèz fi- 
dèle, ni alïèz fcrupuleufè- pour retenir 5ê 
rendre exaftement les mêmes mots Se. IcS 
mêmes fons^ de que les bi^aiieS de M 
parole n'ont pa$ dans t;ôus les homes Une 
Conformation aflèz uniforme pour expri-* 
hier les fohs précifément de îa mêrhê ma- 
nière i çnfin cdme les langue^ lie font 
point afièz fécondes pour fournir à chaque 
idée un mot précis qui y r^onde ;. de tout 
Cela il eft arivé que les çnïans fe font ïn- 
fenfiblement écartés de lamanlère de par- 
iet de leurs pères, corne ils fe font écartés 
de leur manière de vivre Se de s'hVbiller j 
E 



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66 LA CATACHReSE. 

ils ont lié au mime mot des id^es Aïd'- ' 
rentes & éloignées , ils ont doné à ce mê» 
me mot des fignificatïons empruntées, &c 
y ont ataché un tour diférent d'imaeiaa.-t 
cion : ainfî les mots n'ont pâ -garder u>ng* 
teiris une fîmpliciié qui les rellraignîc à. 
Un feul ufagc { c'eft ce qui a oaufé plufîeurs 
irrégularités aparentes dans la Grammaire 
& dans le régime des mots j on n'en peut 
rendre raifon que par la conoi{Iàncc de 
leur première origine , U. de l'écatt} pour 
ainfî dire , qu'un root a fait de fa première 
iîgn)6cation Se defon premier ufage:, ainlî 
cette figure mérite une attention particu- 
lière, elle règne en quelque forte air toii^ 
. tes les autres figures. 

Avant que de finir cet article , je croîs 
qu*il n'eft pas inutile d'obfèrTcr que la ca- 
, tachrèfe n'eft pas toujours de la n)ême ef- 
pèce- 

M. 11 y a la cacachrèfè qui Ce fait lorl- 
qu'on done à. un mot une iîgnifîcatioti 
éloignée » qui n'eft qu'une fuite de la 
lignification primitive : c'eft alnfî que 
futct^Hre flgrtifie aider , fccourir s Pê- 
terty ataquer: Aaimadvirtere ^ punir: ce 
qui peut fouvent être raporté à la meta- 
leplê, donc nous {^trierons dans l'a fuite. 



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ÏÀ.'CATÀCkRESE. 67 

îi. Là féconde, dpècc dfc tatachrèfe 

h'eft propreiÀenc au'uiie forte de m^- 

jphôre , ceft lorfqu'il y à iifiitâtiôn & côni- 

faraifon; c'éme quand èâ dit jÊÊrer d'af- 



il. 

La kETÔNYMIE. 

T E mot de Métonymie fignîïîe trànipà- Vi$wt^>if^if, 
if-.jfition ; Ou tharigeihcnfc de nom; uo ^^^^^'^ 
nom pour un autre. nom ,éç 

. En ce fens cette figure comèrend tbus«"«, <tni 
les autres trbpeà j car dans tous les crt^ » compoif- 
^n mot h*étanc pas pris dans le fens qui ^on .mar- 
iui eft propre ; il réveille une idét qui pon- ^"^^''"ï^ 
bit être exprimée par un autre mot. Nous §^X^a ; 
Remarquerons datis la fuite ce qui dïftir»- «om, 
gtie proprement là itlétonymie des autres 
crppes. 

Les nlaîcre^ dé l'art rèÂriîgriént lÀ nié- 
konyrtiièaux uïàges fuivans. 

1. Là cause pour t'EFpti parexeni- 
^le : vivre de fon travail i c'cft-à-dîre, vi- 
vre de çé qù'ôri gàgrie en craVaillaht. 

Les Païens regardbïent Cérès cbnie la 
Déeï& bâi àvOic fait fdrcir le blé de li 
Eii 



D,£,,t,7P:hy Google 



a LA METONYMIE. 

terre , Ôc qui avoir apris aux homes la ma* 
nière d'en faire du paio : ils croyoient que 
Bacchus étoit le Dieu qui avoir trouvé 
l'ufage ^ vin ; ainfî ils donoient au blé 
le nom mjffCérh , & au vin le nom de Bac- 
chus 1 on en trouve un grand nOmbrê 
d'exemples dans lès Poètes ; Virgile a die , 
un vieux Bacchus ^ pour dire du vin vieux. 

virg. JÈ.a, împUntar vétertsBacchi. Madame des Hou- 

i.v.^is. lièresa fait une balade dont le l'efreinéft, 
L'amout languit fans Bacchus &; Céiès. 
C'eft la traduâion de ce paflage de Té- 
ra.'Eaa. rence j Jiae Cérere & Lthera frmt Venus* 

**'^*^*=-r'C'eft-à-dire, qu'on ne fonge guère à faire 
l'amour quand on n'a pas de quoi vivre. 
Virgile a dit : 
jEh. I. y. Tum Cérerem corriiptam andis ccrealiique atma 

'^** Expédiant feflirerum. 

Scfrrôn, dans fa traduction burlelque, 
fe fert d'abord de la-même figure ; maià 
voyant bien que cette façon de parler ne 
feroit point entendue en noire langue, il 
en ajoute l'explication : 
Scacron, Lors fut des vailfeaux defcendue 

Virsilc Toute la Cérès corompue ; 

travsfti.L, _ , i k ■ 

j En langags un peu plus humain > 

C'eft ce de quoi l'on fait du pain. - ' ^ . " 



p-,hy Google 



LA METONYMIE. tfg 
Ovîdc a dit, qu'une lampeprêce à s'étein- 
dre fè ralume quand on yverfe Pallas, * 
c'eft-à-dire, de l'huile: ce fut Pallas, fé- 
lon la fable, qui la prenttère fit foEcirl'o- 
livfcr de la terre, & enfeïgna aux homes 
l^art de faire de l'huile j ainfi Pallas fe- 
prend po.ur l'huile , corne Bacchus poub 
le vin. 

On rapcMte à la même efpècc de figure- 
tes façons de parler , où l"c nom des Dieux 
du Paganifme fe prend pour la chofe à 
quoi ifs préfidoiene,. quoiqu'ils n'en fuf- 
i^nt pas lesinvcnteurs. Jupiter fe prend 
pour l'air-, Vulcain pour le feu : ainfî pour 
aire, où vas-^ta avec ta lanterne ? Pjaute a 
dit, Qttff^âmhfdastu , ^iti Vulcmum in cgrnu Plaut. 
condûptm geris ? Oit vas m toi qui portes '^'^^' *'^'' 
Vulcain enfermé dans une corne? Et Vir- i8f.' 
giïe , fnTit Vtflcanas \ & encore au premier ^n. j. r. 
fivre des Géorgiques , voulant parler du ***- 
vin cuit ou du réfiné que fait une ména- 
gère de la campagne, il ditqu'elle fefefc- 
de Vulcain pour diffipep l'humidité dtt 
vin doux. 

Aut dalcis mufti Vulcâno décoquit humc«:em, Georg. t. 

"t Cuj^us ab all^quiis Soîma hxc morîbùnda reVHit, '*' 

U[ vigil iofulà rijtafle âamma folec. Ovid. Tiid. L. it. 



p-h»GoQgle 



70 LA METONYMIE. 

Neptune fc prend pour la mer -y Mats \ç^ 
Dieu de la guerre fe prend fouvènt pou.r^ 
la gueçrç même, ou pour la fortune de la . 
guerre, pour l'^ènement dqs combat?^ 
I^ardeur, l'avaixtage de; combatans. kes^ 
biïloriens difent Cuvent qu'on acp^batn. 
avec un Mars ^gal , ^^îp Marti fi^gtiatum. 
*^,c*eft-a-dire, avec un avantage égal ; 
anci^iti Msrie , avec un fiicçès douteux ^ 
variff A^i*r/p, quand Va^a^tagç eft tantÔG. 
d'un çpc^, & tantôt de l'autre. 

C'cft encore prendre la çaufe pour l'é- 
fet, q,ue de dire d'^i^n Çénéral ce qiii , à 1^ 
ktt,re;ne doit être entendu <^e 'de iJbn^ 
armée ,■ il en eft de. m.êmç Iprfqu'op dope. 
le noni de l'au]téur i Tes ouvrages : îl a lu 
Cicéron, Horace, Vireîlei c'eft-à,-dire , 
ks ouvragés de Cicéron; &ç. ' 

Jéfàs Chri,ft I^i- a^ême s'eft fervj de la 

niëtonymie en ce fens,^ loffqu'il a dit, 

I parlant des^ Juifs: ij$ ont Moïfe & les Pro;^' 

'' phètes» c'Wft-à-dire, ils ontles Ûvi?cs de, 

Moïfe'ôç. cpiix des Prophètes. 

On donc fouvépt le, nom de l'ouvrier K 
i-ouvr^e^ on dit, d'un drap qsç ç'çft un 
yaB'Rmusy qn Ro^t^tau^ un Ptgn»»\ c'cft.- 
à-dirç , uti irai) de ïa mânnf?£linede Van,- 
Ro^is , pu de celle de Rouflcau , &^ 



D,£,,t,7P:hy Google 



LA METONYMIE. 71 
Ç'eJÏ aînû qu'on doue le nom du peintre au 
tableau : on dit j'ai vu un beau Raiibrént^ 
pcHir dire un beau cableau fait par le Rem* 
orancw Oa dît d'un curieux en eilampcs, 
q^'il a un grand nombre de CdUts^ c*eft-à- 
oire, un grand nombre d'cftarapcs gra* 
vées par Calloc. 
Qq trourc TouTenc dans l'Ecriture Sainte 
J4f«^, IJraiUt Juda^ ^ui font des noms de 
Patriarches , pris dans un Jms étendu pour 
marquer tout le Peuple Juif. M. Eléchicr, 
parlanc du (âge & vaiUanE Macbabëe , JU- 
quelilcompareM. de-Turèae,adit»cec Otaifoo 
» home qui réjpuiflbic Jaeoh par fes vertus ^*jç' j^ 
» &. par les exploits. (« Ucùh , c'eft-à-dire, lène. 
le Peuple Juif. 

Au ËeK du nom del'éfet , cm {è fect fou- 
Tcnt du nom de la cau(è inftnimoncale qui 
iax à te produire : ainlî pour dire que quel- 
)]u*un écrit bien ^ c^ft-à-dire , qu'il forme 
bien \e&. c^a^tëres. de l'écriture , on die ^ 

qu'// jf mne htlie ntAÎti. 

LAaiame eft au0î ane canfc inlbumen- 
(^ oerécriçure. Se. par confëquenc de la. 
compofition i ainCtj^ume ièdit par meta" 
symse^ de la maniero de former les car»' 
«ires de l'éo'iQice ^ SC- de la manière d& 

Riv. 



e:h»Googl.e 



7* lA M^ET'ONrMlB. 

F /«HB&feprendauflî pQurl'aU^eurmâmte 
ç Vj? une kone fUtme , c*eft-à-4ire,' c^It-ur^ 
àuçeur qui ^criç bieç-. c'e^umde nos ^eii~ 
ifuresfiiimes^ c'eft-i-dire , un de nos mciU 
leurs àii.teurs. ' . - 

-, ^{yàjfignifieauffi.parfiguKlainanicrc;.' 
d'exprimer les penfées. 

Les anciens àvoienc deux manïèces de 
fermer les cara^lères d^ l'6:i;icure \ l*unâ, 
^oïtpittpendtL, en peignant les, lettrés, ou. 
fur deii feuilles d'arbres, ou fut des peaux, 
préparées, ou fur. la petite membrane inté- 
rîeure,de l'écorce de cèrtaiias arbres i cette. 
■inembra;ne s'apèlççn latin //itr, d'où vient 
livre i ou fiir de petites tablâtes faites do 
l'arbriffèau/>rf//w, ou fur de la toile , ScC; 
Ils écciùaîcnc alors av,ec de petits roseaux, 
&; danslailiiceils fe fervirent auiïï de plu-: 
mes corne nous. 

L'autre rpanière d'écrjre, des anciens , 
èto\t iscidhtdà , çix gravant les lettres fur^ 
des lames de plomb ou de cuivre ;. ou bien, 
fiir des tablâtes de bpis, entités. d^ cire. 
Or pour graver, les lettres fur ces lames , 
çu liât ce^ tablètes, ils ^. fervoient d'un; 
poinçQDi , qui étcyt pointu par un bpuli, Sc , 
aplati .par l'autre'; là pointe fcrvoit i gra-. 
yer , & l'extrémité aplatie fervoit.i çfeçcr > 



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£A MEfONYMIE. n 
fc cVft pour cela -qu'Horace a àizfiylHm. I-*-ï-&«K 
•f^értere, tom-ner le ftyle , pour dire , éfacer^ ' '' '*" 
eortgtri reifue/nr à un ùuvrage. Ce poinçon, 
s'apeloic Stylus^ * Style, tel eftle ftns; *<ïewM4 
propre de ce mot ; dans le fetis figuré , il J/^ûv 
fignifie la manière d'exprimer Içs penfées./erirt (•- * 
C'èft ei\ oe fens que l'on dit , le ityle fa- ^'"* 
blime, le ftyle fimple» le ftyle médiocre, 
le ftylé foutenu, Iç ftyle grave, le ftyle 
comique , le ftyle poétique , le ftyle de la 
converfàrion, &c. 

Outre ttmtcs ce& manières diférôntcs 
d'exprimer les penfëcs , m,anièpes qui doi- 
vent convenir aux fujets dont- oh parle , ôû 
que pour cela on apèle ftyle de comwHaît- 
çe i il y a encore le ftyle perfoneW c'eft la, 
manière particulière dont chacun'e-xprime 
fcspenfées. Onditid'uriPauteurquc foa 
ftyle çft clair & facile, ou au contraire, 
que fbn ftyle cft obfcur, embarafle, &c: 
pn reconoit un auteur à foti ftyle, c'eft- 
à-dire , à û manière d'écrire , came on. 
^ecoMoit un home à fà voix , à lès geftes ,• 
&; à fa démarche, 

StyUit prend encore pour le» difërentes 
manière» de faire les procédures félon les . 
diférens ufages établis en chaque jurifdic- 
^on : Iç ftyle d\j. Palais, le ftyle du Con- 



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74 lA M^Tf>NTM'i^' 
feU,'le%lede&Notaitcfi, &c^ Ce lasc a, 
encore plulîoics autres ufàges guî viènenc^ 
par exten(K>n 4^ ceux donc nôis, venons 
4e parler. 

Pmvm«( outre fon fèns^prç» iè die 
9uiïï quelf^uefois par mécoaymie , come^ 
fUime UJijile : an dÎK d*un hjibiie pcintce » 
^e c'eft un iàvant^ùiiTMK. 

Voici encore quelques exemples tirë& 
4e l'^çnture Sainte y rà U caufe ell: priie 

«Leviccpoupl't^rets Si ^fecc averti animM ^ ffêrtSit. 

^•^•^- HM'M/4ir«f»/lf«»,eU9porcera,fim inî^té» 
Mich. c. c'cft-à-dire^, U peine de fou kû<juité. Îr4m • 

^"'^''* Domim ffittak» ammiam fe€c.ivi-, où voua 
voyez. ^îue par U c^ère da Seigneur, il 
faut eopeadte X^feine <^i ei^ uoe ^iïe de;- 
Urh. c. b c«lèfc. A^jtu) wwâhitmr «/KM meMtiirH tni ' 

XIX. T. xj. ^^^ j^ ^^ ^^^ ^ opu«, t9ww^e% c'eft-. 
à-dire . le iàlaii^ , U. récompânifè c|ui eft; 
due K roavrier à. çaufe de fôn travail. 
Tc^iea dit la même cbofe i fêm. fils tou^ 

Tob.ci^T. Hmpleaient ^ Q^fcàm^e àbi aiujtfd êfit»- 

*"'^' iHsfmirityfiatimjitiMrti4fmrefiiiiie,_^é^r-, 

ces merctnmi tut apud'tfêmttêiùnoHrem^ 

mat. Le Prophète- Ofëe dit, qiic les Prê->. 

QcU , c. wes^ iwuïgcront les péchés do^^uck , jkc-^ 

i?. V. s. f4>i( t^puti mes cmedent « c'eâ-àrdixe ^ IçSt 
vii3;imcs oferte* ppuc les jpéché^ 



p-h»Gooj^le 



}i. L^sfET.Poua. LA çAU>c : come 
^c»r{qu*Ovidc die quo te eno.oc Pélion n*A 
point d'on^brcs, ttè^: babu félkff tfmJ^fafy Metam-L. 
Ç'eft-à-dire ^ qu'il n*a point d'arbres ,- qui *"'^* ^^^ 
' l'ont la c>u^e de l'ombre ; Comhre^ cpii efl; 
j'éfet des acbref , e pri(e ici pour les, ar< 
très mûi)e£> 

Dans \^ Qencfe » il cft dît de ^ébocca , 

fuc deux n^ons étoient en elle j • ç'cft- 
-dire , EfjUi 6c JacpK, les pères de <leux 
ii3tioâs> Jaçob, de^ Jui^s , %Ja^ àe& Idu- 
^éens, 

Les Po^^ 4i^t U pMemêTf , i(t fâUt> 
maUàk4^ u mpfc 6; le6 maladies rendent 
pâle. pAlliiimaut PjtrfMcn^ la pâle fçuitaïne Pçrfè.Ptai. 
de PyrÀoe : c ec^ic une ^taine coniàcréo 
9UX Mufe«. L'aptiçation à Ja>p,0!ëlÀe roui 
initie , come. ^ute aotçe aplication. Woleû.-* 
ce, Vsx la même FaiTon; Virgile j^ dit ù 
çriftc vieillçâiè. 

Pallentçs habitant tnort^trîAïftrae SeibEâi». .Sn.E.Yi,^ 
Et Hocacc , pHUdâ mars, ta mo«, la ma- \y,'**o4 
ladie,fcles fontaines confacrées aux Mu- 4. 
îês ne fyac poîoç pâles j mais elles produt- 
iènc la pâleur: ainiî on dene à la caufe 
vioe ëpimèee qui ne dbnviei>t qu'à l'éfct. 

* Dnx zentn Tunt in%cn> tao, 8c duo pâfuli ez rentre. 



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yA LA METONrMIE. 

III. Le COÏJTENANT pour EF CONTEtltPSt 

çome quand on die , il aime la bouteille ^ 
c'eft-à-dire ^41 aime le vin. Virgile dit qu& 
Didon ayant préfenté à Bitias une coupe 
d'or pleine de vin , Bitias la prit &yî lava^ 
s\rofa de cçt or flein ; e'eft-à-dire-, de 1^ 
liqueu^ contenue daps cçtte coupe d'or. 

■*"■■•'■•. ...... ille împiger haufii 

$puin^l«m pâieiam » & plenq, fc; piàluit aurp. 

Auro cft pris pour la coupe, c'cft la ma- 
tière pour la chofe qui en eft faite , nous 
parlerons bieii-tôt de cette efpèce de fi- 
gure , enfoite la coupe eft prifc pour le vin. 
Le ciel , où les anges & les htints jouiP 
fënt de la préfencc de Dieu , fc prend, fou- 
cii^cŒ^ vent pout Dieu même r ImfUrer-h fecourt 
Jura Bc co- à» ciel; grâce a» ciel: f ai fiché contre le ciel 
ramteXuc. ^ contre VOUS., die l'enfant prodigue à Çor%, 
siluit terra père. Le ciel fe prend auffi poup les Dieux 
ïBconfpcç- du Paganifme. 

Ma^fï^ L. •^** ttf'Tefttiit devant Alexandre ; c'-<;ft-à*. 
».ci'.v.j. dire» les peuples de lia. terre fe fournirent àî, 
lui : Keme défafrouva lacondaite d'Appius , 
ç^ft-à-dire , les Romains défaprouwereota^ 
Toute l'Europe s'eft *éjouie à la naiOÀnca 
du Dauphin., c'eft à-dïre , tous les (buvc- 
rains, tous les peuples dei'Eurc^(è (qoÇ. 
, iféJQuis^ 



f^-h»Go()j^le- 



Lucrèce a. dit. que les ehieiis i^e chafle 
tnçttoienz une forêt en mouvement j * oîi 
l-*on voit q4ll prend la forêt pour les ani- 
hiaax cjui (ont dans la forêt. 

Un nid fe prend aulTi pour \ts petits oî* 
ièaux qui font encore au nid. 

Carcer, prifon, fc diten latin d'ijn home 
tjui mérite la priïôn. • 

IV. Le nom du lieu , où une chofe fé 
fait» fe prend pour la chose mesme: oh 
dit un Caudehec , au lieu de dire , tin cha- 
peau fâicà Caudebec, ville de Normandie» 

On dit de certaines étofes, c'eft nse Mar- 
JèilU , c'eft-à~dire , une étofe de là manu- 
facture de Marfeille : c'efl une Perfe , c'eft- 
à-dire , une toile peinte qui vient de Perfe* 

A propos de ces fortes de noms , j'ob- 
ferveraiici une méprife de M. Ménage, 
qui a été ïùivie par les auteurs du DiiStio- 
naireUniverfel , apelé cômuaément Dic- 
tîonaire de Trévoux j c*efl: au fujet d'une 
forte de lame d'épée qu*on apèlé Olinde: 
les olindes nous viènentd'Alemagne, Sc 
fur-tout de la ville de SeUngeny dans le 
Cercle de Weftphalie: on prononce 5*//»- 
gae. Il y a aparence que c'eft du nom de 

* Sepjie t>ldgb.£il[iua canibûfque cifre. t^tr, L. v» 



D,£,,t,7P:hy Google 



78 LA METONYMIE. 
cette ville que les épées dont je parle, ont 
été apelées des elineUs par alus. Le nbM 
dWM</tf,nbm rbnianefque, étoffdéja ctonuj 
tbme le nom de Sjfivie s Ces fbrteâ d'abui 
FontaifîèzbrdinaireS en fàitd'écymblôgic; 
Quoi qu'il en foit, M. Ménage & les Au- 
teurs dtl Didlionaire de Trévoux n'ont 
{k>int rencontré heureufement , quand ilj 
ont dit ^«e Ut otiitdts ont hé ainfi apcUes de 
U 'vilie 4'Olinde dans ttBréJïl-^ ^où iliS nbui 
dirent que cet fines de i.âmu font venuts-. 
Les ouvrages de fer hé vièneni point de ce 
toays-là : il nous tient dû Bréfîl une forte de 
DOIS âtie hbus abcldns brifil, il en vient 
fluffi du fucrCj du tabac i da baiimË , dé 
l'br, de l'argent , &c : mais on y porte lé fer 
de l'Eurbpe ; Ôc fur-tout le fer traVàillë. 

Là ville de Dârtias en Syrife , ,au pié dû 
mbnfc Liban ^ a dotié Ton iiom à une Cowé. 
de fabres dii de céûteaux qu'dh y fait : // 
é un vrai Ddmâs \ c'eft-à-dlire , tin fflbrc où 
un cbûteau <jui a été fait à Dainai. 

Où dbne aulTi le nbm dt Damas à uHe 
forte d'éfbfe de (biéj <^ui à été fàljriquéc 
origiiîaîreinént dans là ville de Damas ; 
on a depuis iriiité cette forte d'étbfc à Ve- 
hifci à Gènes i à Lybri^ etc. ainfi on dit 
'£)aifias de f^eni/èy de Ljurit, Scc; On dbiië 



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lA MÈfoNrMiE. a 

ettCore ce nom à une ibrte de prune , ddnc 
la peau eft fleurie de façon qu'elle imi» 
i'écofe diïnt nous venons de parier. 

Fayence ç'^nna vUIe d'Italie dans la Ro^ 
magne c on y a trouvé la maniète de faire 
une forte de vâifsèlc de terre verniflee , 
*qu'on apèle de ia faïence \ on a die enfuîtè 
par mëtxftiymic , qu'on fait de fort belles 
fkyencea en Holande, à Nevers y à Rouen j 
&c. 

C'cftaî»îfîque&iy«V fe prend pour les 
difciplcs d'Ariftotc , ou pour la dodlrine '' 

qu'Ariftote cnfeignôic dans le Lycée. Li 
PtriiifMe fe prend pour la Philofophie que 
' j^énon enfeignoic à Tes difciplcs dans le 
Portique*, . 

Le Lycée étoit iiti lieii près d'Athènes , 
où Ariftote enfeignoit la Philofoplûe en 
(e promenantavecl^ difciples j ils lurent 
apelés Péripatéticie»s 4v. gtec ftripateo , je^,^,:,^,'^ 
me promène : fin ne fenfe foiat ainjîdans le ^mtuk 
Xyf«, c*cft-à-dire, que les difciples à'A-^jf '** 
tiftote ne fbntpoînt de ce fentiment. 

Les anciens avoientdc magnifiques pot* 
tiques publics oii ilB'alQicntfe promener j 
c'étoicncdes galeries baflèS| foutenues p^r 
des coiones ou par des arcades , à peu près - 
coine la Place Royale de Paris , Sc cojnt 



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tô LA METONYMIE:- 
les cloîtres de certaines gtandes niaifon» 
rcligieureSi^ 11 y en avoit tin c^itr'autrci 
Fort célèbre à Athènes , où le, philofopb© 
Zenon tenoit fon école. : ainfî par le Por- 
fi^ue on entend fouvent la philofo|>Iiie de 
Zenon , la doftrine des Stoïciens j, car4çS 
difciples de Zenon furent apeléS Smcienir 
t^- du gréc^c* i qui Ci^a'iRe portique. Le Por- 
tique k'c^ pas toujours d'accord avec, lé Lj"^^^ i 
c'eft-à-dife , que les fentimens de Zénoa 
ne font pas toujours conformes à ceux 
d'Ariftbtet 

R-OuïTèau, pdur dire (^ue Cicérôri dans! 
la maifon de campagne méditoit la philo- 
fophie d'Ariftote & celle de Zéndn ,s'ea- 
-- pliqueen ces termes i-, 

G'eft-Ii que ce Romain , ddriè l'éloquente voit i 
D'un joug prefqùe certain , fauva fa Republique i 
Forûfioit fan cœur dans l'itude des lois ; 
KoaSaa, Et ilù Lycée y^ du Pottiqiié. 

ji Acàdéiïins laifla près d'Athènes ùh hérî-^ 

• tagé où Platon enfeigna la philofophie; 
Ce lieu fut apelë Académie, du nom de 
fbn ancien polllfleuF ; de là la dodrinc de 
Platon fut apelée l'^cjdemie.Ondàne aufïï 
par extenilonle nom d'^^cV/wicà diféren- 
■<^ tes nfîcmblécs de favans qui s'apliquer\c 



.■inGtX)gle 



L^ METONYMIE. si 
"â. cuftiver tes langues , les fcicnces , ou les 
beaux aits. 

Robert Sorbon, confeflcur & aumôniel: 
de S. Louis ^ infticua dansl'Univerlitédc 
Paris cette fameufc école de Théologie-j 
qui du nom de fon fondateur eft apcléé 
Hvrbûne : le nom de Sorbenf fe prtend auiE 
parfigufe pour les Db£teurs deSorbonci 
ou pour les fentirfiens qu'on y enfeigne: 
La Sorhne tnfàgm que U-pu'tffanie Ecclé- 
jîafiiqué ne put Hir kui: Kois Us teuntnts 
■que Dieh d-m'iftsfttr leurs têies , ni diff enfer 
ieuys fujits dtt ferment de f délité. Regnum , '«^n. c-. 
irteûm n"on cfl ^ hbc mundû. ivulv-js-. 

V. Le signe pour là chose siCNIFiE'Ei 
Dans iha yîetllfiHè languïHàntet 
Le Sceptre gae je lieni pèfe à ma maiti trCinbUnce. Qnmanlr. 
C'dl-à-dire , je ne fuis plus dans un âge ^a* *u'{e. 
tonVenable pour me bien àquiter des fôips 5. 
que demande la Royauté. Ainfî le Sceft^- . 
le pfend pour i'ailroriré royale ^ le bâtû» 
de Maréchal de France ; pout la dignité de 
Matéchaljdé France ; le chapeau de Cardi- 
nal\ & même fimplêment le chafea» fe dit 
pour le Cardinalat. 

Lépée fe prend pouj la profeflîon mili- 
Icàlre f U Reh pour la Magtflrature , ôé 



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81 LA METONYMIE. , 
pour l'étAt de ceux qui fuiveat le bareau» 
A la fin j'ai quiré la Robe pour l'Epce. 
Mentcut, Ciccron a dïc que les armes doivent 
J*;'-^'=''-céderàlarobe. 

Ceddnt 4rmatùg.t iconiédat Uurea lmga.£. 
C'eft-à-dirtf, comme il rexpliqne Uii- 
mêmc , * que la paix l'emporte ibr la guer- 
re , Se que les vertus civiles & pacifiques 
font préférables aux vertus militaires. 
Meiorai. " La latice, dit Mézerai, écoit autre- 
Hift. de „ fols la plus noble de toutes les armes 
>/!rom.'î! " '^^^"^ ^*^ ferviflenrlesGentilshomesfran- 
f. joo. M çois : « la quenouille é^it auffi plus fou- 
vcnt qu'aujourd'hui entre les mains des 
femmes ; de là on dit en plulîeurs oca- 
1 fions lance , pour fignifier un home , 6c 
quenouille pour ttiarquer une femme i^ef 
^ui tombe de lance en quenouille , c'eft-à-dirc-, 
lîef qui paflè des mâles aux femmes. Le 
Royaume de France ne tombe point en que- 
nouille^ c'eft-à-dîre , qu'en France les fem- 
mes ne fuccèdenc point à la courone : mais 
les Royaumes d'Èfpagne, d'Angleterre, 
& de Suède , tombent en quenouille : les 
femmes peuvent auffi fuccéder à l'Empire 
de Mofcovic. , 

* More Poetànim locQcas hoc iQi^lligi v^lui , bcllum se 
[umùlcura paci actjue ùaa coqccITijcuii). OV. Orac ta 
Pifôn. n. 7}.aliceiX2Z. 



e:h»G00gle 



LA MÉTONYMIE. a 

'CVrî: ainft que dû tems des Rorrtains le» 
faifccaux ïe prcnoïent pour l'autorité con- 
iuiaircj les aigles romaines, pour les ar- 
ïnécs des Romains qui avoienc des aigles 
|>our cnfeigncs» L'Aigle qui eft le plus fort 
des oifeaux de proie , écoic le fymbole àt 
la. vi£boire chez les Égyptiens. 

Salufte a die que Catilina , aptes aVoîr SalulV. 
"rangé (on afmée en bataille , fie Un corps *'''• 
de réferve des autres enfelgnes , c'eft-à- 
dire , des autres troupes qui lui reftoient , 
^éliquafigna in ful^sidiif. drlîihs eèltocat. 

On trouve louvent dans les auteurs la- 
tinsP«è«, poil folet, pour dire /4);#«f^, 
tes jeunes gens \ c'eft ainfî que nous difons 
familièrement à un jeune home , vous êtes 
une jeune ^^r^ij c'eft-à-dire^ vous n'avez 
pas encore aîTez d'expérience. Canhits^ les 
. cheveux blancs, fe pf end auflî pour la vicil- 
lefïè. * Nsn dedâces canttiem ejns ad tnfergs, * ,. n^g, 
** Dedaehis canosrneôs cam dolére ad infères. '• ^- v. *. 
Les divers fymboles dont les anciens fe ^, ^^";'^" 
font lervis, ÔC dont nous nous fervons en- 
core quelquefois pour marquer ou certai- 
nes Divinités, ou certaities nations, ou 
enfin les viççs & les vertus , ces fymbolesj 
dis-je, font fouvent employés pouf mar- - 
fjuer la chofe dont ils font le (ymbole. 
Fij 



_ n,(„t,7»hyGoogle 



8+ LA METONYMIE. 

Boileaa, £„ ^^{^ ^^ i^g„ belgique 

Ode fut 11 ,, . „ -. , . 

pfife de 11 voit 1 Aigle germanique 

Namur. Uni foiis les Léopards, 

Paryf£«» belgique, le Poète entend le* 
Provinces-unies des pays bas ; par )l Aigle 
germanique , il cncend l'Allemagne ,- èc 
par Xc^Léoftards , îl défignc l'Angleterre ^ 
Tiui a des léopards dans les armoiries. 
IJ. îbid. Mais qui fait enHec la Sambtre > 
Sous les Jumeaux éfraycs ï 
Sous Us Jumeaux , c'cft-à-dirc , à là fin dii 
mois de Mai & au eomertcemertt du moii 
de Juin. Le Roi aflîéo;ea Namur le x6 de 
Mai 1^92. 2cla ville Tut prife au mois dé 
Juiti fuivant. Chaque mois de l'année eft 
dëfigné.par un ligne vis à.- vis duquel le 
folcil fe trouve depuis le 1 1 . d'un mois oïl 
environ, jufqn'au n. du mois fuivant. 
SuntAries, Taurus, Gemini, Cancer, Léo, Virgo, 
Libiàque,Sc6rpius,Areitenen5,Caper, Aoiphor», 

Pifces. 
Aricsj le Bélier comcnce vers le zi. du 
mois de Mars, ainfi de Tuire. 
HontF.An- « Lcs villes, les fleuves, les régions Se 
tôra"^ u " même les trois parties du monde avoient 
p. iS}. "autrefois leurs fymboles ,'qui ctoienc 
» Corne des armoiries par lefquelles on Ic^. 
ijdiftinguoit les unes des autres. 



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%A. METONYMIE. *$ 

Le trklent eft le fymbole de Neptune i 
te pan eft le fymbole de Junon : l'olive oa 
l'olivier eft le fymbole delà paix & de 
Minerve, Déelïè des beaux atts: le laii- 
rier étoitle fymbole de la vidjpire :- les 
vainqueurs étoicnt couronés de laurier , 
même les vainqueurs dans les arts & dans 
les {ciences, c'eft-à-ctirc, ceux qui s'ydif- 
cingucHent-au-deffiis des autres, Pcut-êtro 
«qu'on enufoit ainlî à, l'égard de ces der- 
niers, parce que le laurier étoit confacré 
à Apollon , Dieu de la poefîe & des beaux 
arts. Le^Poëtes étoient fous la proteârion. 
d.' Apolion-8c de Bacchus ; ainli ils étoient 
CGuronés, quelquefois de laurier,_& quel- 
iqucfois de lierre, deifarum éderx pr^mia Hor.f. r. 
frontium. v ' ^ T 

La palme étoit auflile fymbole de la vie- icpmWuo 
toire. On dît d'un faine , qu'il a remporté ^ Pe^c. 
la palme du martyre. Il y a d^ns cette ex- 
prelîîon une métonymie , pdmî fe prend 
pour vi£Hire , Si de- plus l'expi-eflian eft. 
métaphorique; la viàoire dont on-veuK 
parler, eft une victoire fpirituèlcv 

« ArauceldeJupitenditlePidcMbnt- Antîq.ïs- 
M faucon, on mcttoit des feuilles.de hêtre , P''^- '^°'"- 
>và celui d'Apollon^ de laurier-: à ce- 'v'"^' 
'»%\viÀ de Minerve, d-'olivier: àl'aucel de 
Ç iij 



,D,£,,t,7P:hy Google 



86 LA METONYMIE. 
« Vénus, de mytte: à celui d'Hercule, de 
» peuplier : à celui de Bacchus , de lierre 3 
«à. celui de Pan, des feuilles de pin. 

VI. Le nom abstrait pour ls 
CONCRET. J'explique dans un article ex- 
près le fcns abflraic & le fens concret ^ 
j'obfcFvcrai feulement ici que blancheur eft 
un terme abritait i mais quand je dis que 
ce fapier eft blanc y blanc en alors un terme 
<;oncret. Vn nouvel efclava^e fe fttme tous 
les jours pour vous ^ dit Horac«» c'cft-à-^ 
dire , vousavez tous les joùni de nouveaux 
Wav. Kv. 1. efclavcs. Tihi jerviius crefcit nova. Sérvitus 
.Od.a.Y.r8. çft un abftrait , au lieu de fervi , ou novi 
Hor. Kv. iftàtéres ^ui tihiferviant. Invultâ major, au- 
*. o<L 10. defîlis de l'^cnvie , c'eft-à-dire , triotnphan» 

de mes envieux. 
Xm. 1. Il, CufiSdidy garde , confèrvation, fé prend 
T. xci. en latin pour ceux qui gardent , n^m cuf 
tédia ducit infomnem. 

Spes, l'efpéfance , fe dît fouvent pour cq 
ProT. c, qu'on efpèrc^ Spes aaa dïffértur a§mt ânit 

xm. V. II. J,^„ 
mam. 

I. Rcg. c Pe/âio, demande, fe dit aufli pour \^ 

». V, »7, chofè demandée. Dedii miH elémwus ptti-^ 

/ tiûhem meam. 

Hb.4.ftb. C*eft ainfî que Phèdre a dit , taa eaMmi^ 

■ *■ tas ntHfentiret^ c'çft-à-diw^ t» eaUmiXor- 



p hyGoogle 



LA METO^NYMIE. 87 
fitsmnfentms.Tua calàmitas eft un terme ♦ibid.fab. 
abftraic, au lieu cjue tu cdamitSfuf eft le *-^^ 
concret. Credenm colU lengitudïmm ^ pourfab. ix! ' 
ccUum longitm ;. & encore cùrvifiupor ** qui 
eftl'abftrajt, ^Q\xt.cor'vus ftufidus qui eft ♦♦♦Geô- 
le concret. Vii^ile a die de même,/£ml-iv.i4). 
rigor**^ qui eft l'abftrait, au lieu àcfer- 
rum rigidum qui eft le concret. 

VII. Les parties du corps qui font re- 
gardées corne le (iègc des panions & des 
fpntimens intérieurs , fe prenent pour les 
fèntimens mêmes ; c'eft ainfî qu'on dît // 
aàucaar, c'eft-à-dlre, du courage. 

Obfervf z que les anciens regardoicnt le » Cata eft 
cœur come le fiège de la fageflc , de pcf- ? =*""*» . 
prit, de l'adrcflè : ainû habet cor * dans p/jt,«. Per 
Plaute, ne veut pas dire come parmi nous, fa. aa. 4. 
elle a du courage , mais elle a de l'efpriti sîeft^miiîi 
*vir cffrdâiMs , veut dire en latin un hame de «or. Stjai 
.fms^ qui a un bon difcernement. ^I^r^Tr 

Cornutus , philofophe Stoïcien , qui fut jrja«. 
le maître de Perfe, & qui a été enfuite leP^-'w^oC 
comencateur de ce Poète, fait cette Xt-^tcllv.i' 
marque fur ces paroles de la première fa- 
tyre \Sum'^etulàntiJflemcachinno. « Phyfici 
M dicunt Domines fplene ridére ,. fellc 
»> iriïci , jécore amâre, corde fapere & pul- 
» mdnc jaftari. « Aujourd'hui on a d'au- 
tres, lumièces., Fiv 



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«8 LA METONYMIE. 
Petfc. ■ Perfç die que le ventre , c'eft-à-dire , -fa, 
fjok.£, fgjuj ^ jg befoin , rf^/^ u^rmdre aux fits. dr 
MttX corbeaux à parler, * 

La ceryeU fe prend auffi pour l'efprir , le . 
Oqnanta jugcmeur \0 la helle îettl s écrie le renard 
fpécicsrcé- ^^ns Phèdrç , quel domage , elle ^a p'tnt de 
non hTbet. «'^'^^T ! Gn dit d'un étourdi, que c'cffunc 
rh,i.i,f3i». tête fans cer-vèle: Ulyflè dïcà Euryale, fé- 
^■. ion la tradui^on de Madame Dacier^ 

Oiyff.T.Î^'*"' ^'^e> vous avez, tout l'air ihtn écervelé: 
\-'i- ij- c'eft-à-dJre, conie elïe l'explique dans' fes 
favantes remarques, rc«j .-TT-.'iWw/WrV'ffw 
home feu fage. Au contraire , quand on dir , 
c'eft un mme de tête y c'efi une hffne tètCt on 
veut dire que celui dont on parle , eft un 
habile home, un home de jugement. La 
tète lui a tourné^ c*eft-à-dire /qu'il a perdu 
le bon fens , la préfence, d'efpnc. Avoir de 
ia tête, Ce ditaum figurément d'un opiniâ- 
tre: Té/e defir^ fe die d'un home apiiqué 
fans relâche» & encore d'un entêté. 
La langue^ qui eft le principal organe de 
• la parole, fe prend pour la parole: c\^ 
une méchante langue ^ c'eft-à-dirc,^ c'eft un 
médifançi avoir la langue bien pendue j c'eft 
avoit le talent de la parole , c'eft parler 
Èicilement. 

vn. Le nom du maître de la maifoi> 



e:h»Gobgle, 



LA METONYMIE. 89 ', 
fe pj^nd auffi pour la maifon qu'il ociipe: 
"V" irgile a dit , fam-froximus ardet Ucâlegoay Xa. u x^ 
c'eft à-dire , le feu a déjà pris à la maifon *"' 
d-'Ucaiégon. 

On donc auffi aux pièces de monoïe Ip 
jaom du Souverain dont elles portenc l'em- 
preinte. Ddcéntûs Philifpos reddat a/ireos .- PUmt.Vac- 
qu'elle rende deux cens Phitipes d'or : nous ''"^a*- 
dirions deux cens Loais d'or^ 1." 

Voilà \es principales efpèees de méto- 
nymie. Quel cjuesr uns y ajoutent la méto- 
nymie, par laquelle on nome ce qui pré-, 
cède pouf ce qui fuit, ou ce qui fuit pour 
ce qui précède ; c'eft ce qu'on apèle l'An- 
técédent POUR LE Conséquent, ou 
tE Conséquent pour l'Antécédent-, 
on en trouvera des exemples dans la mé- 
. talepfc » qui n'eft qu'unp efpèce de méto- 
nymie à laquelle pn a doné un nom par- 
ticulier : au lieu qu'à l'égard des autres 
efpèees de, métonymie , dont nous venons 
de parler, qh fe contente de dire méto- 
nytftiedc la.çaufc pourl'éfct, métonymie 
du contenant pour le contenu. , méton^- 
^te du figne , &c. 



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m. 

La Metalepse. 

Mrr<t>4/î. T A Métalepfe eft une efpèce de méco- 

2*'^"« I .1 nymie , par lacjuelle on explique ce 

trans. ><«,' qui fuic poiir faire entendre ce qui précè- 

pâratcéfi». Je j OU ce quî précède pour faire entend re 

cequtKiit: elle ouvre, pour ainÇ dire, la 

porte , dit Quintilicn , afin que vous f^C- 

' fiez d'une idée à une autre , ex dlio in àliud- 

ia&.mn.\. ^iam jrxfiat i c'eft l'antécédeot pour le 

>iii,e. 6. conféqucnc , ou le conféquenc pour l'ati- 

cécédentjSc c'éft toujours le jeu des idéesE 

acceflbires dont l'une réveille l'autre. 

Le partage des biens fe fefoit fouvenc 
£c fe fait eocore aujourd'hui , en tirant au 
fore : Jofué fe fervit de cette manière dé- 
partager. * 

■Le fort précède te partage ; de là vient 
queyîrj en latin fe prend fouvcnt pour le 
partage même , pour la portion qiji eft 
échue en partage j c'eft le nom de l'anté- 
cédent qui eft dooné.au conféquenc. 

* Cumqac fatreiiiTcQt viri , _ut pérgcrcnt aà defcribén- 
dam icriam , prxc^ptt cis Jofuc àheas, : cicci^c terrain & 
defcribtce eani ac rcveriirhini ail me ; ut hSc coram dômîr 
410,11) Silo miitam vob<bfor[cin./iVM«aCb.zvu).- v- 8« 



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LA METALEPSE. su 
. Sors fignifie encore jugement , arrêt , 
ç'étoir le fort qui décidoit chez les Ro- 
mains , du'rang dans i^uel chaque cauCe 
dévoie être plaidée : * ainfi quand on a 
Àït fors pour jugement , on a pris l'anté- 
cédent pour le confëquent. 

Sortes en latin (e prend encore pour uti 
oracle , foie parce qu'il y avoir des oracles 
qui fe rendoient par le fort , foit parce 
que les réponfcsdes oracles étoient corne 
autant de jugemens qui régloient la deftî- 
néc , le parcage , l'étac de ceux qui les 
confultoient. 

. On croit avant que de parler ; je crois ,* *CrWiJi, 
dit le Prophète , & c'eft pour cela que je^^^iLcû- 
parle. Il n'y a point là de tnécalepfe : mais ms fom, 
il y a une métalepfc quand on le fert de p^'-hj-t^- 
parier ou de dire pour lignifier croire \ di- 
rez-vDus après cela que je ne fuis pas de 
vos amis ? c'cft-à-dire, croirez-vous ? au- 
rez-vous fujet de dire ? 

Cedê veut dire dans le fens propre , je 

* El more roqiioo nonwidiebintiir cauûe , nifî pet foi~ 
Km ordinâta:- Témgore enioi <]UO caufx audiebâncuc, coo- 
Tcniébinc omncs , ucdc 8c concilium : iucT Cnne diérum 
''Ardinem accipiébani , (}uo pod dits iiigJara Tuas caufas 
cxetjacténnir , unde eft t^msm bhw/. Sctvins m iUnd K'r- 
ptii, 

Nec verqha: S/t^ force 4acK, ^e j4(Uce fejcs. Ma. Vt, _ • 



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9z tA METAhEFSE. 
cide , fe me rens : cependant par une mér^ 
lepfe de l'antécédent pour le çonféqiiçnr, 
cedo fignifie fouvcnt dans les meilleurs 
auteurs dites ou donnez, : cette fîgnification 
Tient de ce que quand quelqu'un^ veut 
nous parler , £c que nous parlons coit- 
jours nous-mêmes, nous ne lui dorlnons 
pas le tems de s'expliquer : écoMez^rnûi , 
nous dit- il ; hé bien |e vous cède , je vous 
écoute , parlez ; cedo , die. 

Quand on veut nous donner quelque 
çhofe, nousrefufons fouvent par civilité, 
on nous preflc d'accepter , & enfin nous. 
i::épondpns/f vous cède , }c vous obéis, je me^ 
rens , donnez. , ceda^ da ; cedo qui eft le plus , 
poli de ces deux mots, eft demeuré tout 
feu! dans le langage ordinaire , fans être 
fuivi àcdic ou de dâ qu'on fuprime par el- 
lipfe : cedo fignïfic alors ou l'un ou l'autre 
de CCS deux mots, fclon le fens; c'eft ce 
qui précède pour ce qui fuît; & voilà pour- 
quoi on dit également «a^tf , fbit qu'on, 
parle à une feule perfone, ou à plufieurs: 
Comel *"^'"' ^°''"^" l'ufâge de ce mot*, dît un ancien 
ïronto. Grammairxn, 'c'elt de demapder pour 
»!'^Ma6.ÇQ\^cedoJîhipofcit&e fi immobile- 
Udnx'f'p! O" raporcc de même à la Hiétalepfê ces, 
Mî^ V. façonsdc ^Z-ûçi ^ il oublie ies bienfaits jz's^. 



D,£,,t,7P:hy Google 



LA METALEPSE. 93 
^-dire, il n'eft pas reconnoiflànt. Soiive- 
aez^veits de notre fonventhn , c'eft-à-dire ^ 
obfcrvez notre convencion : Seig^tur^ ne 
vaux rejfowvenez, point de nos fautes^ c'eft-à- 
dire ^ ne trous en pûniiïèz point , acor- 
dez nous en le pardon : Je ne twts conais Qucm 6ra- 
fas , c'eft-à -dire , je ne fais aucun cas de "« monâ- 
vous , je vous méprife ^ vous êtes i mon rlnt'l:"k- 
êgatd corne n'étant point. Menât. 

Il a «/, ila vécu, veut dire fbuvent // cy? ^u'^ft 
WM/7ic'eft l'antécédent pOur le cônféquent. iv.L")* t. 

C'eneft fait. Madame, & j'ai vécu, RacMi- 

, n \ \- • tbtid.ad. 

celt-a-dire, je me meurs. v.fc. d«n. . 

Un mort eft regrecé par fes amis, ils vou- 
droienc qu'il fût encore en vie , ils fouhai- 
tent celui-qu'ils ont perdu , ils le défirent : 
ce fentiment fupofe la mort , ou du moins 
rabfèncc de la perfone qu'on regrèté. 
Àinfî la mort, la perte ou tâbftnce font l'ati- 
técédenC; 6c le defir ^ le regret font le con- 
féquent. Or, en latin dejiderari^ être fou- 
haité, fe prend ^out être mort , être perdu t 
être.ah/int ^ c'cik \e conféqu* 
técédent, c'eft une rhétale Q.Cuti. 

Alexandri trigintd »mmnh & < '■ '"■ <=• "■ 

d'autres, trecenti omnine ^ ex 
■deratifunt ; du côté d' Alexa 



p:h»GooQle 



SH LA MËTALÈPSE. 
en tout que trois cens fantaffins de tués, 
Alexandre ne perdit que trois cens homes 
^'"' d'infanterie. NttUa ndvis defidetdbatur : au- 
cun vaifleau n'étoit défire^ c'eft- à-dire , 
aucun vaifleau ne périt, il n'y eut aucun 
vaifleau de perdu. 

M Je vous avois promis que je ne ferois 
»que cinq ou fix jours à la campagne, 
M dit Horace i Mécénas , & cependant j'y 
n ai déjà pafl? tout le mois d'Août. 

Hor. 1. i. Qùinque dies tibï polUciius me tu» futurum > 
*P- 7- âextilem Eotum , mtndas > desideron 

Où vous voyei que iesUtror veut dîfe 
par métalepfe , je fuis abfent de Rome , je 
me tiens à la campagne. 

Par la même figure, âtfiâeriri (ïgaifiè 
encore manquer {defïcere) être tel que leS 
antres aient befoin de nous. « Les Thé- 
»ï bains , par des intrigues particulières , 
V n'ayant point mis Epaminondas à la 
M tête de leur armée , reconurent bien-tôc 
M le befoin qu'ils avoient de fon habileté 
g^^^P; «dans l'art militaire : « * àtfiâeràritœfta 
\l. e. j. eft Epamjaondd Mligémia. Cot-nélius Népos 
dit encore que Ménéclîde jaloux de la 
gloire d'Epaminondas , exliortoïc conti- 
nuèlement les Thébains à la paix , afiTi 



D,£,,t,7P:hy Google 



LA METALEPSE. 9i 
qu'ils ne fentillènt point le befoin qu'ils 
avoienc de ce général. Hortdri foUbatThe- 
hâ»ûs , ut facem belb aateferrent , ne illms 
imperatoris ofetA defidiraretur. 

La métalepfe fe fait donc lorfqu'on 
palIè corne par degrés d'une- fignification 
a une autre : par exemple , quand Virgile 
a die*, après quelques épis, c'eft-à-dire, Poft âli- 
après quelques années : les épis fupofent ^"*'' "^ 
le tems de la mouton , le tems de la mou- Anat mirà- 
fon fupolè l'été , & l'été fupofe la révc4u-sï«»rarift«s. 
tioa de Tannée. Les Poètes prènent les ^^f***'* 
hivers , les étés , les moiflbns , les âutones, 
& tout ce qui n'arivc qu'une fois en une 
année, pour l'année même. Nous difons \ 

dans le difcours ordinaire, c^efi un vin de 
quatre feuilles ^ pourdire, c'eft un vin de 
quatre ans ; 5c dans les coutumes on trouve Cout. de 

hois de quatre feuilles, c'eft-à-dire , bois de ^.°'"*"° ■ 

' , -' ' ' m. 14.211. 

quatre années. ,. 

Ainli le nom des diférentes opérations 

de l'agriculture fe prend pour le tems de 

ces opérations,' c'eft le conféquent pour 

l'antécédent, la moiflon fe prend pour le 

tems de la moiflon , la vendange pour le 

tenis-dc la vendange -, // eji mort pendant U 

moiffhn y c'eft-à-dire, dans le tems de la 

moinbn. La moiilbn fe fait ordinairemenc 



ï:h»Google 



95 L^À MÈTALÈPSE. 
dans le mois d'Août, ainfî par méconymie 
ou métalepfe» on apèle la moiflbn VAoùr^ 
qu'on prononce iViî, alors le tcms dans le- 
quel une chofe Te faiCjfe prend pour la chofe 
même , Se toujours à caufc de la liaifon 
que les idéc^ acceflbires ont entre elles. 

On raporte auflî à cette figure ces façons 
de parler des Poètes , par lefquéll^s ils 

f' irènent l'antécédent pour le conféquent, 
orfqu au lieu d'une tiefcrlption , ils nous 
mettent devant les yeux le fait que la des- 
cription fupofe. ' • 

»ï O Ménalqué ! (î nous vous perdions \ 
M dit Virgile , * qui émailleroit la terre de 
" fleurs ? qui feroit couler lés fontaines 
» fous un^ombre verdoyante ? ii C'eft à- 
dire, qui chanterait la terre émaillée de 
Heurs ? Qui nous en ferait des defcriprions 
àufli vives & auHi riaiites que colles que ' 
Vous en faites ? Qui nous peindroit comc 
vous ces ruillèaux qui coulent fouâ urié 
ombi-e verte? 

Le même Poète a dit, '** cjuc »i Silène 

, * Qnis câncrer nymphas î Qiïîi hanmthfloiéntibus her- 
bis Spârgeict , axa viiiili foDcn indùceierumbû) Vir^, - 
Ecl. IV. V. ij. "f.' 

** Tum Phaecbntiàdas mnfco circûindat amâr^ 
CÂRÎcît, atque folo procuras ^r^it aloos: Virg. Ecl; vt. ^ 
V. <», 

ëhvelopi 



D,£,,t,7P:hy Google 



» envelopà chacune des fœurs de Phaéton 
Wavec une écorce aitière, & fit fôrtirdç 
*» terre de grands peupliers ; « c'cft-à-dire ^ 
t^uc Silène cha'hta d'une manière fi vive 
ia mécamor^hofe des fœurs de Phaéton en, 
peuplier , qu'on CTôyoic voir ce change- 
mcnCi Ces façons de parler peuvent ëcr-ï 
tapottées à l'hypotypofc dont nous parle- 
rons dans la fuite. 



L 



Iv: * 

Là Synecdoque. * 
E terme de Synecdoijite fîgnifîe coni- tvmS-»yji 
préhenfion , conception : en éfet dans F^'^P"^'' 



la Synecdoque on fait concevoir à l'efprit 
iplus ou moins que le mot dont on fe-fcrt 
ne fignifie dans le ïens propre. 



* On izni Oc^inairemenc Synecdache -, voici les raifonf 
qui me décermineiic à écrire SjateiitifHe. 

' 1°. Ce mot n'clï poiac un mot Vulgaire qui foît dans la 
bouche des gens du tnoade , enforte qu'on puiffe les coh- 
(ultei: paur conoîcre l'ufage qu'il faut fuivre par rapoit à 
la prononciation de ce mot. 

1", Les gensdc lectics que j'ai confulcis le pronônceac 
difiireromeni , les Uns dilcnc Syntciecht à la françotfc , 
comc Reehe, & les autres founcucat avec Ricbelct , qa'oa 
doit prouoncci Synwdequt. 

^ ° . Ce moi elt ceui grec l.iir<f.S'<iyv ; il faut donc le pro' 
boaccr ta confervant au ^ ^^ pionouciaiion oiigtnaic , 

G 



e:h»Google 



5» lA SYNECDOQUE. 

Quand au lieu de dire d'un home qu'il 
aime U vin , je dis qu'il aime la bouteille , 
c'eft une fimple métonymie , c'cft un nom 
pour un autre ; mais quand je dis cent vkUcj 
pour cent vaiïlèaux, non feulement je 
prens un nom pourun autre , maïs je done 
au mot voUei une fignification plus éten- 
due que celle qu'il a dans le fens propre [ 
je prens la partie pour le tout. 

La Synecdoque eft donc une efpèce de 
métonymie ^ar laquelle on done une fi- 
gnification particulière à Un motj qui 
dans le fens propre a une fignification plus 
générale; &u au contraire, on done une 

c'eft ainlï qu'on prooonce 8f (jn'on écrit ('xb^ii i Manârif»* 
fiiraf-xni & /( 'jj-cyoç î PcDiateuquc , Tin-aTi ux,os i '!'«**• 
Htmjfit, A'iJ'pwiX* i Télént»(jite , Tnûfitx'i t *<^* O" 
confciTc la même prononciation dans Eehiy 'Hx^ i Ecole, 

Je crois donc qne rynecdoque étant un mot fcientifîqBe 
qui n'ell point dans l'uGigc vulgaire , il Faut l'écrire d'une 
manière qui n'induife pas à une prononciacioa peu conyc 
oable à ftjn origine. 

4". L'tira^e de rendre par fh le y des Grecs , a incrodaic 
une pcononcianon franiçoife dans plolîeurs mots que nous 
avons pris des Grecs. Ces mots étant devenus comuns , & 
l'ufage ayant fiié la manière de les prononcer & de les 
écrire , refpcAons l'ufage , prononçons ftichlf/n» , laatbi' 
nt , ehimire , Archidimen , ArchtiiKe , Se. corne nous pro- 
nonçons elti dans les tnots ftançois 1 mais encore uo coap 
SynecdtqHêticii point un mot vulgaire , écrivons donc 3: 
fiDuonçons Synecdoque. 



p:hy Google 



LA SYNECDOQ^UE 99 
Cgniiîcation générale à un mot qui dans 
le fcns propre n'a. qu'uije fîgnificacion par- 
ticulière. c.ti un moc, 4^ns la métonymie 
je prcns un nom, pour un autrcj au lieu 
que dans la fynecdoque , je préhs le fins 
pour le mfims^ ou le moins pour \ep/us. 

Voici les diférentes fortes de Synecdo- 
ques qùc.léS Grammairiens ont remar- 
quées. 

I. Synecdoque DU gekr.e: corné 
quand 6n dit/w mortels pour les homes j le 
ternie de mortels devroit pourtant com- 
prendre aiiili les animaux qui (ont fùjecs k 
fa mort Âûfli bien que nous : ainli y quand 
jpar les mortels on n'entend que les homes ^ 
c'eft une fynecdoque du genre : on dit le 
fias pour le moins. 

Dans l'Ecriture Sainte, tréature ne fî- EîSntésii 
Cnifie ordinairement que les homes ; e'eft ""•"^"î? . 
encore ce quôn apeie la lynecdoque dUpr»iic4te 
genre, patce qu'alors un mot générique ne evangi- ^ 
?enterid que d'une efpàcc particulière : ^^"^j^*"""' 
créature ç{k. un mot générique, puifqu'ilM^r*, 
comprend loutes les efpèces de chofes *■ ' " 
Créées j les arbres , les animaux j les mé- 
taux , &c. Ainfi lorfqu'il ne s'enterid qùé 
des homes, c'eft une fynecdoque du genre, 
c'eft-à-dire , que fous le nom du genre , 



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loo LA SrNECÙÙQUE. 
on ne conçoit, on n'exprime qu'une eï^ 
pèce particulière i on reltraint le mot gé- 
nérique à la (impie lignification d'un mot 
<jui ne marque qu'une efpèce. 

Nombre eft un mot qui fe die de tout 
allcmblage d'unités : les Lacïns £c Topt 
quelquefois ièrvis de ce mot en le reftrai* 
gnant à une efpèce particulière. 

I . Pour marquer l'harmonie , le chant : 

il y a dans ic chant une proportion qui fe 

i-ji^ii- compte. Les Grecs apèlent aufli rmhmes 

tout ce qui fe fait avec une certaine pro- 

portion-: Quidqttid ccrte moào & ratUneft, 

Virg. Ecl. . . . . Niimeros méminï , fi verba lenéiem. 

lï. V. 4î. „ Je uie fouviens de la mefure , de ^ha^ 

»jmonie, de la cadence, du chant, de 

M l'air i mais je n'ai pas retenu les paroles. 

1. Nûmerus fe prend encore en partîcu- 

licrpour les vers j parce qu'en éîtz les vefs 

font compofés d'un certain nombre do pies 

Perte fat. **" ^^ fyllabes : Scribiituts numéros ^ nous 

I. V. j. fefons des vers. •.. 

3. En fraoçôis nous nous fervons aulH 
de nombre ou de nombreux , ^ur marquer 
une certaine harmonie, certaines mefures, 
proportions ou cadences, qui rendent 
agréables à l'oreille un air, un vers, une 
période ^ un difcours. II, y a un certain 



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LA SYJ^ECDa^U^. loj 

nombre qui rend les périodes harmonieu- 
Tes. On dit d'une période qu'elle cft fori; 
no;nbrcufe, numerofa orâtio ; c'eft-à-dire, cic.Orah 
que Iç nombre des Tyliabes qgi lacompo- "/,,^'"g 
icnc efl: fi bien diftribué , que l'oreille en sec. 
eft frapée agréablemenç: ««w^rw^ a au/îî 
cette fignification en latin. Jn oratiSne nii- Cic.Ocat. 
inerus latmè^ gr-*à f.Vî,'«^£ dkititr. . '"1"'^^"^ 
.. . Ad capê^das aures, ajoute Cicéron , nu- 17». 
meri ab oratoie qnxruntur : & plus bas ïl s'ex- 
prime en ces termes : Arifiofdes verfum i^ 
oratione iJiiat ejfe , mmerumjubei. Ariftotç^ 
ne veut point qu'il fe trouve un vers dans 
Ijt, profe , ç'eft-a-dire , qu'il n,e veut point 
que lorfqu'on écrit en profe, il fe trouve 
dans le aifcours le même aflèmblage de 
pies, ou le même nombre de fyllabes qui 
forment un vers. 11 veuccependant que la 
profe ait de l'harmonie ; mais une harmo- 
nie qui lui fôit particulière, quoiqu'elle 
dépende. également du nombre des fylla- 
bes 5c de i'arangement des mots. 

1 1. Il y a au contraire la SYNECi>OQy;E 
DE 1,'espece: c'eftlorfqu'unmot.qj-tidans 
le fens propre ne lîi^nifie qu'une çfpèce 
particulière ^ fe prend pour le genre ; c'clt 
aihfî qu'on apèle quelquefois voleur un mé- 
chant home, C'eft; a\qks. pr^ndre/e m&h^ 
j»our marquer /e^/«j:. G îij 



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101 LA SYNECDOQUE. 

II y avoit dans la Theflalie, entre l* 
mont Oflà & le"monc Olympe, une fa- 
xneufe plaine apelée Ttmfé, qui paffbic 

f)our un des plus beauïQ lieux de la Grèce j 
es Poëtes grecs Se laciijs fc Cont fervis de 
ce mot particulier pour n^arqucr toutes 
forces de belles campagnes. 

»> Le dojax fomeil , dit Horace , u'aimc 
V point le trouble qui règne chez Ic^ 
»,» grands, il fe pjaît dans les petites mai- 
» Ions de bergers , à l'ombre d'un ruiffèau, 
M ou d^ns ces, agréables campagnes , dont; 
»» les arbres ne ibnc agités que par le zé-, 
» phyrc i »> & pour marquer ces. campa- 
gnes , il fc fert de Tempe : 
^r. 1, j. . . . Sompus agtéHiiiin 

^ "^ *■*: l.enis virprum , non hiimiles doinos. 

Faftidii, umbroianique ripain , 
Non zcphytis agitâra Tempe. 

Le, mo,t de corps & le mot d'ame Ce pr&- 
nent aufll quelquefois féparément ppi/r- 
tout l'home:, on dit populairement, Ijir- 
ï[ouc dans les pro.vinces, ce corps-li pour 
CCI home-là ; 'vw/i un pUifant cfirps , pour 
dire yn plaiiànt perfonage. Qn dit aiilfi, 
q^u'/7^ a cent mille âmes dans une ville , c'eft- 
à-dire , cent mille habitans. Omnes inim*- 



7.^'^f"'- D,„..- h» Google 



LA SYN'ECDOQ^VE. loj 
Jamûs Jacob , tontes les perfones de la fa- Gcn. c. 
mille de Jacob. Gênait Jéxdecim animas j il l*"/".*^, 
eue feize enfans. 

1 1 1. Synecdoque dans le nombre . 
c'eft lorfqu'on njcc un fingulicr pour ua 
pluricr, ou un plurier pour ua fingulier^ 

1, Le Germain révolté, c'eft à-dire, les. 
Germains, lesAlomans, Nnemi vient à nous^ 
c'eft-à-dirc , tes taemis. Dans les hiûtoriensi 
latins on trouve fouvent *ji/w pour pédi- 
fer -y le fantaffin pour Ics^ncaUlns, l'Ia- 
fanterie, 

1. Le plurier pour le fingiilien Souvent 
dans le ftyle férieux on dit ntmsf au lieu de 
je y &, de même , H efi écrit dans les Prephè- Qwété^t^ 
tes. c'eft-à-dire, dans un livre de qucl-îî"*,^ ^ 
qu un des Prophètes. Mact. c. i. 

3 . Un nombre certain pour un nombre ^- *' 
incertain. // me ta dit , dix fûisy vint fuis, 
centfiisy miHe fûts y. c'ei^-k-dïtc , plufteurs 
fois. 

4. Souvent pourfaire un compte rond ^ 
on ajoute ou l'on retranche ce qui empê- 
che que le compte ne foit rond : ainlî oa 
dit la verfion des feftame , au lieu de dire 
la Y€r(ion des foixante Se douze interprè- 

I tes , qui , félon les Pères de l'Eglilc , tra- 
d^iifirent l'Ecriture Sainte en grec , à la 
G iv 



D,£,,t,7P:hy Google 



i{)4 i^ SYNECDOQUE. 
prière de Ptolémée Philadclpl^ , Roî d'E-, 
' gypte , environ trois .cens ans ayant J. C. 
Vous voyez que c'cft toujours ou le plus, 
pour It moms , ou au contraire k.mmns pour 
le plus. 

IV. La partie pouh l.e tout, Sç 

lE TOUT POUR. ^A PARTIE. Ainfî /* //« 

ie prend quelquefois pour tout l'home \ 
c'eii: ainlî qu'opi dit comun^ment , on t 
fûyé tant par têu^ c'eft-à-dire, tant pour, 
chaque perfonS? utu tête Ji chlre^ c'eft-à- 
dire , une pcrfone fi précieufe , fi foiç 
aimée. 

Les Poëces difcnt après ^itelijnes mûif- 
fins , quelques étés , quelques hivers , c'eft- 
à-dire, aptes quelmics années. 

L'onde , dans le fens propre, fignifije uni^ 
vague , un flot -y cependant les Poètes prè- 
nent ce mot ou pour.la mer , ou pour Teau 
d'une rivière, ou pour la rivière même. 

QuinauU. ■ Vous \<v\ez autrefois que cette onde rebèle 
^ *" ' '■ Sç.feroit vers fa foprce une toute nouvèle^ 
Plutôt qu'on ne verroit votre cœur dégagé ; 
Voyez couler ces flots dans cette vafte plaine ; 
C'eft le même penchant qui toujours les en- 

traîne ; 
Leur cours ne changepoïnt, &c vausavez.chang0. 



D,£,,t,7P:h»Gooj^le 



LA SYNECnOQ^UE. Ï05 

Dans les Poètes latins , /.* fOMpe ou la 

pro«^d'un yaifleau, fe prènçnt pour tout 

le vaiflèau. On dit en françois cent voiles , 

Îtour dire cent vaineaux, TeéTum,\e toît , • 
.e prend en latin pour toute la maifon ; 
^nédnin régUducitteêta^ elIennèneEnée Viig.in; 
dans fon palais. i-y.tif. 

La porte , &c mèmt le /èuil de la parte y fc 
prènent aufli en latin pour toute la mai- 
ion , tour le palais , tout Iç temple. C'eft 
peut-être par cette efpèce de fynecdoque 
qu'on peut doner uti içns raifpnable à ces 
vers de Virgile : 

Tumioiûbus DîvXi média teftudîne templi, -£ii.'i.t« 
Septa airmis, Ibliôque alce fubnixa refcdic. * 

Si Didon ëtoit aflîfe à la porte du temple , 
fôrihas DfV£ y cornent pouvoit-elle être 
ainre en même-tems fous le milieu d^ la 
voûte » média teftûdine ? Ç'eft que 'Çî'cfori- 
hus Div4 , il fîmt entendre d'abord en gê- 
nerai le temple ; elle vÎAt au temple , &: ft 
plaça fous la, voûçc. 

, Lorfqu'un citoyen romain étoit fait en- 
clave, fes biens apartenoient à fes héri- 
tiers { mais s'il revenoit dans fa patrie , i| 
rentroitdans la poflèfTion & jouiflancc de 
tous fes biens : ce droit , qui eft une cfpèçe 



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lotf LA SYN'ECDOQUE, 
de droit de retour, s'apeloit en latin. ^«jr 
fofiUmmi i àcpofi^ après, & deiimen, le 
fcuil de la porte , rentrée. 

P«rfe , par fynecdoque Se par antono- 
mafe, fignifie aufli la coar du Grand Sei- 
gneur, de l'Empereur Turc, On dit faire 
un traité avec la Pû/te , c'eft-à-dire, avec la 
Cour Ottomane. C'cft une façon dépar- 
ier qui nous vient des Turcs : ils noment 
Porte par excélence la porte du férail , c'cft 
le palais du Sultan ou Empereur Turc , Se . 
ils entendent par ce mot , ce que nous ap&- 
lons ia Cour, 

Nous difons ily a cent feux dans ce wita- 
ge , c*eft-à-dire , cent familles. 

On trouve auiE des noms de villes, Ag 
Neuves , ou de pays particuliers , pour des 
. noms de provinces & de nations. • Les 
Pélafgiens , les Atgïens ,"les Doriens , peu- 
ples particuliers de la Grèce , fe prènent 
pour tous les Grecs , dans Virgile Se dani 
les autres Poètes anciens. 

On voit fouvent dans les Poètes le Ti- 
bre ** pour les Romains ; le Nil pour les 

* £urasa4aut6[3inN2bathxâ<]uc regns, recéffit. Ow4 
MAam. I. I. V. <i. 

** Cum TCbeiri , Nilo f;tiiia nalia fuat. fraf. 1, t. Elcf^ 
)). V. lo. Pec Tibetiin Komânos, p« Nilum i^ypcipc 
inccUîgico. BertMld. i» Pr^en. 



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lA SYN'ECDOQ^U'E. 107 
Egyptiens ; la Seine pour les François. 
* Chaque climat produit des favoris dç Mars , * Boikan. 
\.a. Seine ^des; Bourbons, le Tibre a des Céiàrs. ^P- '■ 
** Fonlçrauxpiés,l'orgu6il^"duTage6£duTibre. ** Ut^ 

Par le Tage il entend les Efpagnols, le ^^^^"" 
Tage cft une des plus, célèbres rivières* 
d'Efpagne. 

V. On fc fert fouvcnc du nom de la 
MATIEB.E pour marquer la chose quI 
EN EST FAITE: le pin OU quelqu'kucrc 
arbre fe prend dans les Poètes pour on 
yaiiïèau ; on die comunément lie l'argent^ 
pour des pièces d'argent, de la monoie, 
Leftrie prend "çoxitVè^èe: périr far U fer. 
Virgile s'eft ferv-i de ce mot pour le ^oc de 
la charue : 

,Atprîusignôru,niferroqBi3tnfcinclimusaxjuor. j-Gcoiig; 
M. Boileau dans Ton ode fur la prife de '" ^°' 
Namur , a dit l'airain pour dire les canons. 
Et par cent bouches horribl«$ 
Vairmn fur ces mon.ts terribles 
Vomit le fèr 6£ la mort. 
iJairain en latin ds, (ê prend auffi fréquen-, 
ment pour là monoie, les richeffès: la pre- 
mière monoie des Romains étoit de cui- 
vre: xs aliénum, le cuivre d'autrui, c'eft 



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io8 LA SYNECDOQUE. 
à-dire, le bien d'aucrui, qui eft entre nos 
mains , nos dettes , ce que nous de- 
vons. 

Enfin dra fe prend pour des vafes de 
cuivre, pour des trompètes, des armes, 
en un mot, pour tout ce qui fe fait de 
cuivre. 

Dieu dit à Adam , tu es pouHière , & tii 

Gcn-cj. retourneras en poullière, pulvis es et irt 

'• '5- fîUiierem revtrUris^ c'eft-à-dire, tu as été 

fait de pouffièce , tu as éçé formé d'un peu 

de terre. 

Virgile s'eft fervi du nom de l'éléphanp, 
pour marquer Amplement de l'ivoire ^ *; 
c'eftainfique nous difons tous les jours «» 
taftor^ pour dirç un chapeau fait de poil de 
caftor , &c. 

Le pieux Enée , dit Virgile , ** lança fâ 
Haflie, pi- hafte avec tant de force contre Mézcnce , 
v'kp^lc" 4'^'^llc perça te bouclier fait de trois pla- 
Momfau- qucs de cuivre , & qu'elle traverfa les pi- 
con, tomcquures Je toile, 6c l'ouvrage fait de trois 
"*■ **■ '■ taureaux , c'eft- à-dire , de trois cuirs. Cette 

.... *Exauro,folidôc]ueçlephânto. G«nrf. iii.v. 16. 
Dona dehÎDc aoto grâvîa reâtSqaeelephinco. JBn, ii&i 

V.,4*4- 

** Tum pius J£.nia.i haflam \k\i : illa per orbem 
An cavum trlpiici pet linea tcrga , ccibûrciue 
Xriiif'y iaî^ïtuflj tjurij çpas, M».. 1» ^ v. 7^3, 



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LA SYNECDOQUE. 109 

façon de parler ne feroit pas entendue en 
notre langue. 

Mais il ne faut pas croire qu'il foît per- 
mis de prendre indifërenment un nom 
pour un autre, foit par métonymie, foie 
par fynecdotjue : il faut, encore un coup , 
que les expreffions figurées foie nt autori- 
sées par l'ufdge ; ou du moins que le fens 
litéral qu'on veut faire entendre , fe pr^- 
fente naturèlement à l'efprit fans révolter 
la droite raifon , & fans blcffer les oreilfes 
Qcoutumées à la pureté du langage. Si l'on 
difoit qu'une armée navale étoit compofée 
At cent mais y ou de cent avirons^ au lieu 
de dire cem njoHes pour cent vaiflèaux, on 
fe rendroit ridicule : chaque partie ne fe 
prend pas pour le tout , & chaque nom 
générique ne fe prend pas pour une efpècc 
parciculière , ni tout nom dVfpèce pour le 
genre ; c'eft l'ufage feul qui donc à fon 
gré ce privilège à un mot plutôt qu'à un 
autre. 

Ainfi , quand Horace a dit que les com- 
bats font en horreur aux mères, belU ma- J***"^ 
tribus deteflatai je fuis perfuadë que ce 
Poëre n'a voulu parler précifément que 
des mères. Je vois une mère alarmée pour 
fon fils, qu'elle fait être à la guerre, ou 



D,£,,t,7P:hy Google 



HO LA SYNECDÙQVE. 
dans un combat, donc on vient de lui 
aprendre la nouvèle : Horace excite ma 
fenfibilité en me fefant penfer aux alar- 
mes où les mères font alors pour leurs en- 
fans i il me femble même que cette ccii- 
drefle des mères eft ici le feul fentiment 
qui ne foit pas furccptiblc de foibleffè ou 
ae quelqu'autre interprétation peu favo- 
rable : les alarmes d'une maîtrefle poUr foti 
amant, n'oferoient pas toujours Te mon- 
trer avec la même liberté ^ que la tendréfle 
d'une mère pour fon fils. Ainfi quelque 
déférence que j'aie pour le favant P. Sana- 
don , j'avoue que je ne faurois trouver une 
fynecdoque de l'efpèce dans belU mhri- 
hus dcttftita. Le P. Sanadon croit queTiiw- 
Poïfies tribus comprend ici , même Us jeunts filles : 
"^p^"' voici fa tradùftion : Les c^mhâts , ^i 
font four les femmes un objet d^ horreur. 'Et 
*p. II. dans les remarques il dît, que» * les 
« mères redoutent la guerre pour leurs 
*ï époux & pour leurs cnfans; mais les jeu- 
» nés filles, ajoute-t-il, ne doivent pas 
» moins la redouter pour les Objets d'unâ 
» tcndreflè légitime que la gloire leur en- 
» lève, en les rangeant fous les drapeaux 
» de Mars. Cette raifon m'a fait prendre 
-M maires dans la fignificatiou la plus éten- 



n,o,tfP:hyGot)^le 



LA SYNECDOqUE, m 
•a dac , corne les Poètes l'ont foiivcot em- 
'» ployé. Il me femble , ajoute-t-îl , que ce 
» îèns fait ici un plus bel éfèt. « 

11 ne s'agit pas de doner ici des inftruc- 
tipns aux jeunes filles , ni de leur apren^ 
dre ce qu elles doivent faire , lorfque la 
gloire leur enlève les objets dt leur undrejft , 
t» Us rangeant fous les drapeaux de Mars j 
c'eft-à-dire » lorfque leurs amans font à la 
guerre \ il s'agit de ce qu'Horace a pcnfé : 
or, il me femble que le terme de mtrts 
n'eft relatif qu'à enfami il ne l'eft pas mê- 
me à époux j encore moins aux oh]ets£une 
tendrejfe légitime, J'ajoutcrois volontiers , 
que les jeunes filles s'opofent à ce qu'on 
les confonde fous le nom de mères -^ mais 

fiour parlerplus férieufement, j'avoue que 
orfque je lis dans la traduûion du P.Sa- 
nadon , que Us combats font four les femmes 
an oèjet d'horreur , je ne vois que des fem- 
mes, épouvantées ; au lieu que les paroles 
d'Horace me font voir une mère atendric: 
ainfi je ne fcns point que l'une de ces cx- 

Preflîons puiflè jainais être l'image de 
aut;e \ Çc bien loin que la traduction du 
P. Sanadon faflè fur moi un plus bel éfet , 
je regrètc le fentiment tendre qu'elle me 
iàit perdre. Mais revenons à la fynecdo- 
quc. 



e:h»G00Qle 



m LA SfSECDO<^Vn: 

Corne il eft facile de confondre cette 
figure avec la métonymie , je crois qu'il 
ne fera pas inutile d'obfcrvcr ce qui dif*- 
tingue la (ynecdoqae de la métonymie, 
c'cit i<». Que la fynecdoque fait entendre 
le plus par un mot qui dans le fens pro^ 
pre lignifie le moins , ou au contraire elle 
t'ait entendre le moins par un mot qui 
dans le fens propre marque le plus. 

lO.Dans l'une & dans l'autre figure il y 
a une relation entre l'objet dont on veut 
parler, & celui dont on emprunte le nom ; ' 
car s'il n*y avoit point de raport entre efls 
objets , il n'y auroit aucune idée acceffbi- 
te, 6c par conféqiient point de trOpe: 
mais la relation qu'il y a entre les objets, 
dans la métonymie, elc de telle forte , que 
l'objet dont on emprunte le noni, fubnfte 
indépendament de celui dcint il réveille 
' l'idée , & ne forme point un enfemble 
avec lui. . Tel eft le raport qui fc trouve 
entre la caufe Se Véfet^ entre l'auteur H. 
I fon ouvrage , entre Cérès fie leblé \ entre le 
contenant ïc le conttnu , corne ëntfe la bou- 
teille Se le vin ; au lieu que la liaifon qui 
fe trouve entre les objets» daOs la fynec- 
doque, fupofe que ces objets forment un 
enfemble corne le tcitt & la partie i ieùr 
unien 



p:hy Google 



L'ANTONOMASE. ï'B 
Vinion n'eft point un' fimplc raport i elle 
cft plus intérieure & plus indépendante: 
t'eit ce qu'on peut remarquer dans léâ 
exemples de l'une & de l'autre de ces fi- 
gnresi 



L' A N T o N o M À s É. 

L'Antonémafeeft unéèfpèce defynec- 'Àm»oi«a- 
doqué-, par laquelle on met un nom ^^'^f/'f*" 
comutl pour un ném propre , ou bien iïn nom pour 
nom propre pour un nom comun. Dans "." a""c.dc 
le premier cas , oti veut faire ehtendte qiie tôntiè**"» 
la perforie bu là chofc dont dn parle ei-?V«';û>,y* 
cèle fur toutes celles qili petiverit être com- """*'• 
prlfes (bus le poni comuri • & dànS le fé- 
cond cas, on fait entendre que celui doAt 
bn parle rellèmblè à ceux dont le noirt 
propre eft célèbre par quelque vice OU jpàr 
■quelque vemu 

1 , VhH'àfophe i Orateur, Poeti , Rai , l^ille, '• 
Monfiair , font des noms Côniuhi ; cepen- 
dant l'atitorionlafé en fait des noms parti- 
ébliers qui ëquïvàlerlt à dés noms ptopreS. 

Quand les anciens dlfént te PhUepphei 
ils entendent Ariftdtei . 



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114 L'ANTONOMASE. 

Quand les Latins difenc i'Orauur, ils 
entendent Cicéron. 

Quand ils difent le Poète > ils entendent 
Virgile. 

Les Grecs entendoîcnt parlet de r>é- 
mofthène, quand ils difoientl'Or«««r, Se 
d'Homère qiiand ils difoïent le Poëtei 

Quand nos Théologiens difent le Doc- 
teur angéli^ue ^ ou l'Ange de l'Ecole^ ils veil- 
lent parler de S. Thomas. Scot eft apelé 
U DoBsar fubtil ^ S. Auguftin k DoBtur de 
• la grâce. 

Ainfi on donc par cxcélence & paf âri- 

tonômare , le nom de la fcience ou de 

. l'aït à ceux qui s'y font le plus diftingués. 

Dans chaque royaume ^ quand on dit 
iîmplement/e iJw, on entend le Roi du 
pays où l'on eft \ quand on dit la ville^ on 
entend la capitale du royaume , de la pro- 
[ vin ce ou du pays dans lequel on dcmeute. 
vu"* Ëci Q'^^ ^^ ' Msri f pedes \ an qu6 via ducic în ut- 
il. Y?i, '. bemî 

IJrhem en cet endroit veut dire la ville de 
Mantoue ; ces bctgers parlent par raport 
.au territoire où ils demeurent. Mais quand 
.les anciens parloient par raport à l'Em- 
pire Romain , alors par «r^cm ils enceu* 
doienc la ville de Romei 



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L'ANTONOMASE. us 
. t)àns lès Comédies grèques, ou tirées 
'du grec i là vile ( aftu ) veut dire Athènes : 
An * in afioyenit ? Efk-il venu à la ville ? J^il'"*^'' 
Cornélius Népos parlant de Thémiftocle AtUt« ma- 
8c d'Alcibiade» s'ell fervî plus d'uûc fois >>"• 
de ce mot eh ce fcns. ** 

Dans cliaque faniille , M<tnjt€itr\ veut 
dire le maînre de la maifbri. . , 

Les àdjeiïHfs ouépithèccs font dcS noms 
comuns , que l'on peut apliquer aux difé- 
rens objets auxquels ils conviènent , l'ari- 
tonônlafe en fait des noms particuliers : 
l'invincible , le conquérant, le grand , U )»fi(\ 
Ufage , fe difent par antûnûmafe , de cer- 
tains Princes ou d'autrei perfones particu- 
lières. 

Tite-Livè apèle fouvent Annibâl te TitLiT.i: 
Carthaginois \ le Càtthat^inois \ dib-il , *•■"■ *■ 
avoit un grand nombre d'homes : abknii- 
hat nutltitudine hêminum Fctnus. Didon dit 
à fa fœur ***, "vous mettre:^ fur U bûcher les 
4rmeS i^ue le perfide a LtiJJees , Si. par ce per- 
fide elle iencend Ëtiée. 

* Téren. Eun. aâ. v. fc. vi. félon Madame Daeier, & fc. j. 

y. 17. rdoulaséditîôusvol^irc^ 

** Xerxcs priStinus àcc^fllt aftu. Cw». iJep, tbemUl. 4- 

Alçibîadcs poftqiiatn aftu venu. iJ(m. Akib. S. 

***" Armavicî, châlanioquzfiiareiit^aù 

Imptus...fuferiaifiîuat. ^n. I. iv. v. 495. 

Hij 



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ïi6 L'ANTONOMASE. 

î.e DeftruBcur de Carthage é" de Na*- 
inaace^ fignifîe par anconomafe , Scipibn 
Emilien. 

.11 en eft de même des noms patronymi- 
ques dont j'ai parlé ailleurs, ce font des 
noms tirés du nom du père ou d'un aïeul , 
& qu'on donc aux defcendans -, par exem- 
An.Lv. pic, quand Virgile apèlc Enée Anchisù- 
■ *°^* desy ce nom eft doné à. Enée par antono- 
mafe, il eft ciré du nom de fon père, qui 
S'apeloit Anchife. Diomède, héros célè- 
bre dans l'antiquité fabuleufe, eft fouveoc 
apelé Tydîdes , parce qu'il écoit fils de Ty- 
dee , Roi des Étolicns. 

Nous avons un recueil ou abrégé des 
loix des anciens François, qui a pour ti* 
tre", Le X Salie a : paripl ces loix il y a un 
article • qui exclut les femmes de la fuc"* 
ceflîon aux terres faliquès, c'eft-à dire, 
aux fiefs; c'eft une loi qu'on n'a obfervée 
inviolablcment dans la fuite qu'à l'égard 
des femmes qu'on a toujours exclufes de 
la fucceflion à la courone. Cet ufage cou- 
jours obfervé, eft ce qu'on apèle aujour- 
d'hui /*?/y4//^»c par antonomafe , c"eft-à- 

• De tcrfâ verè Talicâ, nulla pirciô hircditâtis mulierl V^ 
- niât; fed ad virilem feium roia lerrx hxi^ditas pêrv^< 
uiat. Lm S4iie4. Ut. fii. de Alode. $. 6. 



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L'ANTONOMASE. 117 

dire , que nous donons à la loi particulière 
d'exclure les femmes de la courone, ua 
nom que nos pères donèrenc autrefois à 
un recueil général de loix. 

1 1. La féconde efpèce d'antonomafe, 
eft lorfqu'on prend un nom propre pour 
un nom cqmun, ou pour un adjeiftifC 

Sardanapale, dernier Roi des AfTyriens, 
vivoit dans une extrême molefle ; du 
moins tel eft le fentiment comun ; de là on 
dir d'un voluptueux, c'e^ uh SardanapaU, 
L'Empereur Nérpn fut un prince de 
njauvaifes. mçeurs , & barbare jufqu'à faire 
mourir fa propre mère j de là on a dit des 
Princes qui lui ont reflemblé , ç'eft un 
Néron. 

Caton , au contraire , fut recomanda- 
ble par l'auftérité de (es mœurs : de là S. J^"!: Y 
Jérôme a dit d'un hypocrite , c'eft un Ca- Monlêb" ' 
ton au dehors,, un Néron au dedans, «/«jfiib. fia. 

Mecenas, tavori de 1 empereur Au- rif. «dit.. 
gufte , protégeoit les gens de lettres : on '^^s. p. 
dit aujourd'hui d"un feigneur qui leur 
^corde fa protetfiioa , c'tjl un MécéuAs^ 

Mais fans un Mëcénas, à quoi fert un Augufte ? Boileau 
ç'ef^à-dire, fans un protecteur. 
Hiii 



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lis L'ANTONOMASE. , 
Homer. Jrus étoit UR pâuvrc de l'île d'Ithaqa«t, 
pdyff.LiB. qyj étoit à la fuiçe des amans de Pénélope,' 
il a doné lieu au proverbic des anciens , 
flus pauvre aitlrus. Au contraire, Créfus j 
Roi de Lydie, fut un Prince çîtcrême-J 
pienc riche ; de là on trouvç dans les Poè- 
tes Irns pour un pauvre , ôc Çréfus pour, ua 
riche. 

Qvt Trift. ^^^^ ^ ^ fabiti» qui modo Ctoefas eraç. 
in. Eleg. , . . . Non diftat Crœfus ab Iro. $ 

7. V. 41, ■ ■ " 

SPropett. Z^ïle fut un critique paffioné & jaloux : 
4. vl'fi'^' ^^^^ "**'" ^^ **'^ encore ^ d'un home qui j^ 
^ ' les mêmes défauts j Ariftarquc , au con- 
traire, fut un ciritique judicieux: l'un Se 
l'autre ont critiqué Homère : Zoïle Pa cen- 
iuré avec aigreur & avec pàffion -, mais 
Ariftarque l'a critiquéavec un fagç dilccr- 
- nement , qui l'a fart regarder corne le mo- 
dèle dès critiques : on a die de ceux qu^ 
l'ont imité , qu'ils étoïent des Ariftar- 

CJUCS. 

ç^ouflcao, ^^ de moi-même Ariftacquç incomode : 
Sliçi. ^■'" C'cft-à-dire , cenfeur. Làfez vos ouvrages,, 

*i Ipgéniom magni detréûat liv'or Homfri : 

Qutfquis es , ex il)o , ZiHiç , nomca babes. Os^ 
^emcd. ivaoï. y. iif. ... ■■■ •■■-. 



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' VANTONOMASE. ni> 

dit Worace , * à un ami judicieux : il vous 
en fera fentir les défauts , il fera pour vous 
un Arijiarque. 

Therfice fut le plus malfaît, le plus lâ- 
che, le plus ridicule de tous les Grecs: 
Homère a rendu les défauts de ce grec fi 
célèbres & fi conus, que les anciens ont 
fouvcnt <lic un Therjite^ pour un home di- 
formc, pour un home méprifable. C'cft ^.^^ ^™J^ 
dans ce dernier fens que M. de la Bruyère dcsGramis. 
a dit, M jetez-moi dans les troupes comç 
» un fîraplc foldat, je fuis Thcrfite ; me- 
>) tez-moi à ïa tête d'une armée donc j'aie 
» à répcmdce à toute l'Europe , je fuis 
« AchiUc. « 

Edîpe , cëlèbre dans les ccms fabuleux 
pour avoir deviné l'énigme du Sphinx^ a 
doné lieu à ce mcrt dç Térençe , Davus xer. Anjr. 
yîow , n»n (S^difus, • «a. i. fc \, 

Je fuis Dare, Seigneur, & ne fiiù pasEdipe. 
C'eft-à-dire, je ne fài point deviner les 
difcours ^gmatiques. I>ans notre Ai>- 

*. VÎT boons ac prn<îen! vcrfas reprchéitdet incites , 
Cxlpâbit duios , inc^nif tif Âdtmet atruni 
Traarvérfb calamo figQiim \ ambitiéf^ rccidec 
Ofnam^nca , parutn darh lucem itacc cogec ^ 
Arguct ambîtlpiè dlânm ; nuitinda noi&bit , 
Fiat Anft4fch,us. H«r<if. ait. poet. v. 444- 

tiiv 



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uo VANTONOMASB. ^ 
drjcne françoife on a traduit , 
And. tft, ï* ''^" Dave, Monlîeur , & ne fuis pas devin x 

\H' *", C-S ^^ fî^'C pcrdrç l'agrément & la i,uftefîft 
de l'opoiition entre Dave & Edipç -.je fuis 
Dave j donc Je ne fuit pas Edipe , la con- 
clufîon eft juftc j au lieu que,jefuhDave^ 
donc /^ «« fuis fa,î devin \ la conféquencc 
p'eft pas bien tirée , car il pouroit être 
Dave & devin. 

M. Saumaife a été vn fameux critique, 
dans le dix-ieptième {ièclc: c'eft ce qi-ù a, 
don.é liçu à ce vers de Boileau , 
&>tleau , Aux Saumaifes futurs préparer des tortures , 

fforit^e'cft c'eftrà-dirc , aux critiques , aux comcnia-. 

\ït' teurs à veiair. ^ ^ 

■ Xàntippe, femmcdu phi lofophe So.crate, 
étoîtd'une humeur fâcneufè & incomode : 
on a doné fon nom à plufieurs femmes. 
de ce carai^re. 

Pérjélc^e & Lucrècç fe fpnt.dïftîogijée^ 
par leur vertu , telle eft du moins leur 
■ comuhe répucation : on a doné leur nom 
aux, femmes qui kuc gnt refleixxWé : au 
contraire , les femmes débauchées ont ^é. 
apelées des ÇKrynés qu des Laïs -, ce fo.nc. 
ks noms de deux fameufes côurtifançs de^ 
l'ancièné Grècç. ' 



D,£,,t,7P:hy Google 



L'ANTONOMASE. ii' 

Aax tems les plus féconds en Phryné^ en Laïs, BoilcMt, 
plus d'une Pénélope honora fon pays. -^^ ^' 

Typhis fut le pilpte des Arffonauces^ 
Automédon fuç l'éçayer d'Achille, c'écoir 
Ipi qui menoit fon char ; de là on a doné 
les noms de Typhis 5c d'Automédon à un 
home qui, par des préceptes , mène Se con- 
duit à quelque fciencc ou à quelque art. 
C'efl: ainfî qu'Ovide a dit qu'il étoit le 
Typhis & l'Autûmédon de l'art d'aimeç. 

Typhis Se /\utômedon dicac amoris ego. Ovid. à^ 

Sous le règne dePhilt|îpc de Valois le i.lt.«."* 
Dauphiné fut réuni à là courone. * Hum- 
icr/. Dauphin de VUnneis , qui fe fît enfuitc 

*Tetmcs<lclacoDfirni3tion<iuiicïaicra£tcde traiilfiorc 
du Dauphiné , en favcuc de Charles Gis de Jean, Djicda 
Normandie. Cec aftc elt du i6 Juillet i ;4p. Voyez les 
preuves de t'hilloire du Dauphiné de M, de Valbonnay, 3c 
l'es Mémoires pour fervi: à l'faifloire du Dauphiné. A Paris, 
chez deBac;, 17T1. 

» On s'eft pcifuadé que la condition en faveur dji pte- 
>• mktnédeiios Rois , écoii tacitemenc rcnfccmée dans ces 
» paroles, quoiqu'elle n'y foie pas !i[éralem.cni exprimée, < 
corne' on le croit comunémenE. HiJlMrt du Dauphiné , pa^e 
fo}. édit. de 1711. 

Dans le lems de cette donation faite à Charles , Jeaa 
père de Charles, étoit k fils ajné dii RoiPhilîppe de Valois, 
& fut fonfucceffeur, c'cftiean II. Après la mort du Roi 
lean II. Charles Ion RU , qui étoit déjà Dauphin , lui fuc- 
céda au Royaume , c'efl Charles V. dit le Sage. Ainli ce ne. 
, £ui pas le fils aîné du Roi qui fut Iq piemiei Dauphia , ce 
^t Charles fils de l-i^n^. ' ' ' 



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ui VANTONOMASE. 
Bdigicux rie l'Ordre de S. Dominique^ 

fe deff'ttifit & devejlit dit Dalphiaê dr de fis 

dutres ttrres , é" en faijjt réèUment , corporel 

lemtnt & de fait CharUs pctît-fils du Roi , 

fréfint (^ acceptant f$»r U & fis hoirs tè" 

ficctffears ^ & plus bas, tr^nfporte aud*f 

Charles, fis hoirs &fitccejearsy & ceux qui 

auront caufi de U perpùueUment é- kéma- 

blement en faifine & ta propriété pkine kdit 

Dalphini. 

Hi(LJcU Charles devint Roi de France, cin- 

J^p j quième du nom , & dans la fu ite « il a été 

G. mmccI. » ârêté que le fils aîné de France porte- 

T. m. p, „ roit fçqi le ^ittc de 0au[^n. 

On faic allufion au Dauphin lorfque 
dans les familles des i^tticuliers on apele 
Dauphin le fils aîné de la maifon, ou 
celui qui eft le plus aimé : ou dit que c'elt 
le Dauphin par antonomafe , par atiullon,^ 
par métaphore , ou par ironie. On dit auilt 
un Benjamin , failànc ailufion au fils bxçi^ 
aimé de Jacob. 



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£ACOMUNICATION,&c. iij 

yi. 

La Comunication dans lts parolis. 

LEs Rhéteurs parlent d'une figure ape- Koirî-mç 
lée iimplcmeiTt Comunication \ c'eft '^'^l-^^ 
lôrfquc l'orateor s'adrefîànr à ceux à qui pardcipâ- 
il parle, paroît fe c^acnuniquer, s'ouvrir Â"? t«»4- 
eux, les prendre eux-mêmes pour juges ;""' 
par exempJe : £ji ^tm veut éi-je dû»i Ut» 
de voM fiaisJrei Kéfondc^mêit ^ut f»M~ 
yéis~je faire de phii} uu'auriex,-vêits fm tn 
mafUce ? 8{c. £n eeTcns la coroumcatioa 
efl une figure de penfëe , & par confé- 
qucnt elle a'çfl pas de mon lu'^. 

JU.4 figure dont: ie veux parler eft un 
trope , par lequel on fait tomber Tur foi- 
même ou fur les autres , une partie de ce. 
qu'on dit : par exemple, un maître dit 
quelquefois à fes difciplcs , nous perdons 
tout notre tems^ au lieu de dire, vousnefaU 
tes que vous amufer. QuAvons'nous fait ?. 
veut dire en ces ocaUons , tju'avez^vous 
fait l ainfi nous dans ces exemples n'elV pas 
le fens propre, il ne renferme point celui 
qui p;irie. Oa'mçnage par ces expreflîons 
l'amour prppre de ceux i qui on adrc0è 



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IZ4 LA coMumcjrriOM.é-c. 

U parole, en paroiflanc partager avec eux 
te blâme de ce qu'on leur reproche j la re- 
montrance écanc moins perlbnèle, ôc pa- 
rpiflànt comprendre celui qui la fait» er» 
eft moins aigre, & devient fouvent plus 
utile. 

Les louanges qu'on fe donc blcffent tou- 
jours l'amour propre de ceux à qui 1,'on 
parle. Il y a plus de modedie à s'énoncer 
d'une manière qui fallè retomber fur d'au- 
tres une partie du hien qu'on veut dire de 
foi : atnd uncapitaine dit quelquefois que 
fa compagnie a fait telle ou teUe aâiion, 
plutôt que d'en faire'rctombcr la gloirft 
liirfa feule perfonc. 

On peut regarder cette figure corne unç 
efpèce particulière de fynecdoque , puif- 
qu on dit U ftits pour tourner l'atention aù^ 



VII. 

tA LiTOTP. 



rJLï 



A Litote ou diminution, eftuntrope- 
^ex ■ ,jpar lequel on fe fert de mots, qui , à 

^,vili& la lettre, paroiflent afoiblir une penfée 
dont on ikic b^îen que les. idéçs acçeÛÂitcX 



D,£,,t,7P:hy Google 



bj 



LA LITOTE. I2S 

feront fentir toute la force : on dît le moins 
ar modeftie ou par. égard; mais on fait 
ien que ce moins réveillera l'idée du plus. 

Quand Chimène die à Rodrigue, va^ Com. le 
jcae te haisfviat , elle lui fait efttendte bien f^^ç'^' 
. plus que ces mots-là ne (îgnitient dans leur 
lens propre. 

Il en eft de même de ces façons de par-' 
IcT ^ je fie fuis -vous louer, c'eft-à'dire , je 
blâme votre conduite : je ne méorife fas 
V9S frêCens , fignifie que j'en fais beau- 
coup de cas: il nefl fus jot, veut dire , 
qu'il a plus d'efprit que vous ne croyeij 
il n^efi pas poltron, fait entendre qu'il a 
du courage : Pjthagore nefi fàs un aw 
teur méprifahle, * c'eft- à-dire , que Py- 
thagore eft un auteur qui mérite d'être 
cftimé. Je ne fuis pas àiforme , ** Veut dire 
modeftcment qu'on eft bien fait, ou du 
moins qu'on le croit ainfi. 

On apèle auflî cette figure exténuation t 
elle eft opofée à l'hypetbole. 

* Non fôrdidus autot natûrx verique. Hor. 1. 1. ode %%. 
♦* Nec fum âdeo informis. Virg. Ed. x. v. »;. 



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VIII. 
L' Hyperbole; 



ïV-p^m'. Ï Ôksque nbus Cames vivement frapjés 
hyperbole, j -j de quclquc idée que nbuS voulons re- 



Ctcés. 



présenter, ôc que les termes ordinâirêâ 
nous patoiflènt trOp foibles peut exprimer 
ce. que nbus voulons dire ; nous nbus fer- 
vons dé niots j qui , à les prendre à la let- 
tre, vont au-delà de la vérité, ÔC reprc- 
fentent le plus bu le moins pour faire en- 
tendre quelque eScès en grand ou en petit. 
Ceux qui nous entendent rabatent de 
notre expreffion ce qu'il en faut rabatre, 
8c il fe forme dans leur cfprît une idée 
plus conforme à celle que nous voulons y 
exciter ^ que d nous nous étions fervis de 
mots propres : par exemple , fi nous vou- 
lons faire comprendre là légèreté d'un 
cheval qui court extrêmement vite, hbuS 
diCoasc\a'il va plus vite ^ae /fue»/. Cette fi- 
guré s'apèle hjfptrhoU y inotgrec qui figrii- 
fie excès. 

Julius Solinus dit qu'un certain Lada 
étoit d'une fi grande légèreté , qu'il ne 



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VHYTÈB.BOLE. xzj 

liirtoit fiic le fable aucun veftigc de fes 
|>iés. * 

Virgile dit de la princcfle Camille, 
iqu'elle furpafloit les vents à la courfe ; ôc 
iqu'elle eût couru fur des ëpis de blé fans 
les faire plier , ou fur les flots de la mer 
fans y enfoncer, & même fans fe mouil- 
ler la plante des pies. ** 

Au contraire, li l'on veut faire enten- 
dre qu'une perfone marche avec une ex- 
trême lenteur, on dit qu'elle marche plus 
lentement qu'une tortuCi 

Il y aplufîcurs hyperboles daiis l'Ecricàfe Édicam- 
Sainte ; par exemple , ]t v§its doaerai une ram*fliiJn" 
terre sit couleat des ruiffèaux de lait e^ de miely tem lafte 
c'cft à-dire, une terre fertile : & dans la Ge- ^^^^^^ 
nèfe il eft dit , Je multiplierai tes enfans en v. 17. 
aujjî grand nombre , t^ue tes grains de pùujpere râciarafe- 
de la terre. S. Jean à là fin de fon Evangile ^^'11'^ !^"™ 
** * dit que fi l'on racontoit en détail les v«em lec- 

*Primampalmamvelocttàti5,Lad35t]uidamadéptusefti ^ 15.V.1Î. 
«juiuarapracavumpùlvcrem curlitivic, uc ari?nispendén- 
tibus nulla indicia relintjaerec Tf l^igiâiufn. SuL Saliu. c 6. 

** nia vcl iniia^ fégetis pcr Tumma vnlàccc 

Gtàmma , nec c^neras curlii IxâlTec arillas , 

Vel marc pcr médium fluâu furp^ofa tuménti 

f etrct iccr , ciieres nec tingerec ^equore plantas. jEit. 1. 

VII. V. Bo!. 

*** Sunt autcnt & âlia mulcï qax fecît Jefus, , <]ax fi 
fcribânCuc per sîngula , nec ipfum arbictor mundum capeie 
poiTe eos; qui fciibéndi func libios. Jûà. iii. v. ij. 



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128 L'HYPERBOLE. 

aâions & les miracles de Jéfus-Chfifl ^ il 
ne croit pas cjue le monde entier pût cân-i 
tenir les livres qu'on en pouroic faire. 

L'hyperbole eft^ ordinaire auK Orieo- 
tauX. Les jeunes gens en font plus fou vent 
ufagc que les. perfones avancées en âge. 
On doit ea.ufer fobremenc & avec quel- 
que corectif^ par exemple^ en ajoutant ^ 
pour ainfi dire \jiton peut pnrUr aittfi, 
CàxiSt. des '* Lcscfprits vifs, pleins ae feu, & qu'une 
ouvrages « vafte imagination emporte hors des rè- 
«isp^E* „gles & de la juftefle, ne peuvent s'aflôu- 
»ï vir d'hyperboles i dit M. de la Bruyère: 
Excepté quelques façons de parler co^ 
muncs fit proveroiale^ , nous ulôns très- 
rarement d'hyperboles en françois. on eu 
trouve quelguts exemples dans le ftylè 
fatyrique & badin , & quelquefois même 
Fi^cMer; "^^"^ le ftyle fubUme & poétique : Des 
Orairon rmjfeaax de larmes coulèrent des yeux de toui 
^^^^^\^llcs habiians. 
' t-êné.Exôr- » Lcs Grccs * avoicht iirié grande paf- 
^- »* fion pour l'hyperbole j corne on le peut 

»i voir dans leur Anthologie , qui en eft 

• Traité de Xt vraie k de la fadiré tèiriti dads I« ou- 
vrages d'cfprif. C'eft une tradudion que Richdet nous i 
donee de la dilfcrtatiun qite MefÊeuis de ^. R, onc nji£e a 
la têie de leur DiUSui Efigtiitom/itismi 



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uHrpoTyposE. ng 

«toute remplie. Cette figure eftia ref- 
*» fource des petits efprits qui écrivent 
■ » pour le bas psuple. 

Juvénal élevé dans les crïs de l'ccole , ' BoiL Art. 

PoulTa jafqu'à l'excès fa mordante hyperbole.^ Poïrique, 

» Mais quand on a du 8;énîe & de l'u- 
w iàge du monde , on ne le fent guère de 
w goût pour ces forces de penfées faufles 
» 6c outrées. 



ix. 

L* H Y P O T ï P O s E. 

T 'Hypotypofe eft un mot grec qui fî- rVm'- 
J_jgnific iW«. tMca». Ceft lof fque ^'^ !^^_ 
dans les defcriptions on peint les faits uVaruiit'c- , 
dont on parle , corne fi ce qu'on dit étoit i^' '■ 
aâuèlement devant les yeux ; on montre , "^Ij fyl^, 
pour ainfî dire , ce qu'on ne fait que ra- 
conter-, on done en quelque forte rofigi- 
nal pour la copie, les objets pour les ta- 
bleaux : vous en trouverez un bel exem- 
ple dans le récit tle la mort d'Hippolyte. 

Cependant, fur le dos de U plaine liquide, Ric. Phâ- 

S'élève i gros booillons une montagne humide ; f " j ' ^' 



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i3d VHypoTrposE. 

t'oiid« tptoche» fe biife* & vomit i nos yeux 
' Parmi les âot3 d'écume , un monftre furieux ; 
Son ftront laige ell armé de cornes menaçantes , 
Tout foncorps cft couvert d'écaitles jauniiTantesJ 
Indomtable taureau , dragon impétueux , 
Sa croupe fe recourbe en replis tortueux : 
Ses longs mugiltèmens font ttembler le rivage i 
Le ciel avec: horreur voit ce monltre fauvage , 
' La terre s'en émeut, l'ait en eft infeâé. 
Le flot qui t'aporta recule épouvanté. 

Ce defnier vers a paru afeâé ; bn a dit que 
les flots de la mer aloienc & vcnoient fans 
le motif de l'épouvante j 6c que dans une 
ocafîon aufli crifte que celle de la mort 
d'un fîls , il ne convenoic pôinc de badi- 
ner avec une ri£tion auffi peu naturèle. Il 
, eft vrai que nous avons plulîeurs exem- 
ples d'une femblable profopopée j maïs il 
eft mieux de n'en faire ufage que dans les 
ocafions où il ne s'agit que d'amlifer l'i- 
magination , Se non quand il faut toucher 
le cœur. Les figures qui plaifènt dans un 
épichalame, déplaifent cfans une oraifon 
ttar. Art.' funèbre i la triftefle doit parler fimple- 

toa.v.jT-ment» fi elle veut nous întéreflèr: mais 
revenons à l'faypotypofé. 

. . Remarquez que tous les verbes de cette 



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VHYPOTrPÔSE. tn 

iàârracioii rdnt au préfent j /VWf w^cti^ , 
Je hrife , &c. c'eft ce qui fait riiypbtyfJDfe j 
l'image ,, la peinture ; il femble t)ue l'ac- 
tion le paflè fous vos yeuîc. ■ 

M. l'Abé Ségui^ dans fon panégyrique 
de Si Louis i prononcé eh prélence de TA- 
tadémic fcançoife , nous fournit crtcore urt 
bel exemple d'hypotypore , darts U def. 
cription qu'il fait du départ de S. Louis >, 
du voyage de ce priiicCi & de foffarivéé 
en Afrique. 

"Il part baigné de pleurs, & comblé, Paneç. de 
*'>dcs bértédiaions de fon peuple: déjà^;^ J^^'*v 
*» gémirtènt les ondes fous lé poids de fa J. ^^''^ 
*» puifllnte floce ; déjà s'ofrent à fes yeux 
i> les côtes d'Afrique ; déjà fdtit rangées 
» etl bataille les innombrables troupes des 
»>Saraflns. Ciel 5c terre ^^ fbyez témoins 
" des prodiges dé ik valeur. Il fe jécce avec 
» précipitation dans les flots , fuivi de fdrl 
« armée que fon exempleerlcouragej mal- 
*> gré les cris cfroyables dé l'énemi fu- 
iiriêuS, au milieu des vagues & d'iinc 
M grêle de dards qui le couvrent : il s'a- 
» vance cbmé un géant vers les champs 
*» où la vidtoire l'apèle : il prend terré j il 
«aborde, il pénètte les bataillons épais 
udes barbares { & couvert du bouclier 



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iji VHYPOTYPOSE. 

■> ioTÎfiblc du Dieo qui fak vivre & qui 
» Ëûc imxirii , frapanc d'un bias puiflanc 
» à droîc & à gauche, écartant la mort , 
tf & ia renvoyaoc à réncmî ; il femblc en- 
u core Ce multiplier d^ns chacun de Ces 
n Ibldats. La teneur que les infidèles 
ocroyoieot pocter dans les cœurs des 
w Gens , s'empare d'eux-mêmes. Le Sara- 
n ûa épprdu , le blafphème à la bouche , 
» le deCelpoir dans le cceur, (tiit, &. lui 
u abandone le rivage. 

Je ne mets ici cette figure au rang des 
tropes , que parce qu'il y a quelque forte 
de trope à parler du paflë corne s'il étoit 
préfent ^ car fl'ailleurs les mots qui font 
employés dans cette figure, confervent 
leur fignification propre. De plus , elle efl 
lî ordinaire, que j'ai. cru qu'il n'écoîc pas 
inutile de la remarquer ici. 

• X. 

La Metaphoke. 

M«T«jH(>« , T A Méuphore eft une figure par la- 

tra«ûâtiu : J_j quelle on tcanCporte , pour ainfi dire , 

Ttinsféio. '^ lignification propre d'un nom à une 

autre (ignification qui ne lui tfonvient 



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LA METAPHORE, m 
«n'en vertn d\v\c comparaifon. qui cft 
a-ins l'efprit. Un mot pris dans un feas 
métaphorique, perd fa fignification pro- 
pre , fie en prend une nouvèlc qui ne fe 
prërencc à l'efprit que par la comparai- 
fon que l'on fait entre le feas propre de 
ce mot. Se ce qu'on lui compare : paç 
exemple^ quand on dit que le menjinge 
fi fiore fomjtnf des conleurs de la vérité^ en 
cette phrafe, r o«/e«r/ n*a plus fafignifica- 
tion propre & primitive ; ce mot ne mar- 
que plus cette lumière modifiée qui nous 
fait voir les objets ou blancs, ou rouges, 
ou jaune», ficc :. il fignifie If s dehors y Us 
aparemes ; & cela par compaeaifon entre 
le fens propre de couleurs ^ Sc les dehors 
que pcend an home qiii nous en impofe 
fous le mafque delà fmcërité. Les cou- 
leurs font conoître les objets fenfvblcs , 
■«lies en font voir les dehors Se k&aparen- 
ces : un home qui ment , imite quelque- 
fois.li bien la contenance Se les difcours 
de ceUii qui ne ment pas, que lui trou- 
vant les mêmes dehors , Se pourainG dirç 
les mêmes couleurs j nous croyons qu'il 
nous dit la vérité: ainfî corne notis \\i- 
geons qu'un objet qui nous parbît blanc 
cft blanc y, de même nous- fomcs fouvent: 

liii 



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iH lA métaphore; 
la dupe d'une fincérité aparcdte, & dao9^ 
le ccms qu'un impoftcut ne fait que pren- 
dre les dehors d'home fincèrç , nous 
croyons qu'il nous parle fincéreipent. 

Quand on dit /a inmiere de Ceffrii, ce 
meit lit lumière t^ pris mécaphoriquemenc y 
car corne la lumière dans le icps propre 
nous fait voir les objets corporels » de 
même la faculté de cdnoître àc d'aperce- 
voir éclaire refprit, Ce le met en état de 
porter des jvigemens fajos, 
Mciipho^ y-^ métaphore cft donc une efpècc de 
Mmquani tropc , le mot dont on fe fert dans la mé- 
çanT'oos taphore efl: pris dans un autre fens que 
traiacié- dans le fens propre, //^, pour aiulî dire, 
oem.Mieft, ^_,j^j. une dtmcure emprgntéè ^ ditunancien, 
tuârunt ÇC qu» cft comuo ÔC effèntiçl à tous, les 

■yerbunx ÇrOpéS. 

mu°r"'iQ- Déplus, il y a unefortedccojnpftrai- 
quit Ver- fon ou quelque raport équivalent entre le 
lïm.Ttfiu, jjjQj auquel on donc un fens métaphori- 

v. Meta- ' . 7. 1 - ï i. i^ 

çhoiî^nv, S^e» & 1 objet a quoi on veuç 1 apjiquer ; 

' yzx exemple, quand on dit d'un home en 

colère , c'efi utt lion , Utn çft pris alors dans 
un fens mécapliorique i op compare l'ho- 
in,e en colère au lion , & voilà ce qui diC 
^ingue la métaphore des autres figures. 
Ij y a cette difçrençe entre la méaphorç 



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LA METAPHORE' 13s 
te la comparaifon , qu« dans la comparai 
fou on fe fctc de termes qui font conoîtrè ' 
que l'on compare une chofc à une aatrej 
par exemple ^ fi l'on dit d'un home eti 
colère , qu'il tjt corne »n lien , c'eft une corn- 
paraifon, mais quand on dit fimptemenb 
çefi un Uon , la comparairôn n'eft alors 
que dans l'eiprit de don dans les ceraies } 
ç'eft une métaphore. 

Mefurer^ dans le fens propre , c'eft jugCB 
d'une quantité inconue par une quantité 
cçnue, (bit parle fecours du compas-, dé 
la règle , ou de quelqu'autre inftrumeric 
qu'on apèleffvf/âtr;. Cçux qui prènentbiea 
toutes leurs précautions pour ariver à leurs, 
fins, font comparés à. ceux qui melùrenç 
quelque quantité ^ ainfi tx\. dit par méta- 
phore, CKi'ils ont bien pris leurs mefures. Par 
la même raifon on dît que /m ferfonés 
^me condition médiocre ne doivent fas fè 
mtfureravec kts.grandf^ c'eft-à-dire, vivre 
corne les. grands, fe comparer à eux\ 
corne on compare une mefure a^ec ce 
qu'on veut meiurer. On doit mefurer Ça de- 
fenfe à fen revenu \ c'eft- i-ditc, qi>'il faut 
régler fa dépenfc fur fon revenu j la quan- 
tité do revenu doit être corne la mefure de 
la quantité dç la déçeiifç. 

Ht 



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n$ LA METAPHORE. 

Corne ont clé ouvre la porte d'un apaiv 
■ tcmcnt , & nous en donc rentrée, de mé-i- 
me il y A des conoiflances préliminaires 
gui ouvrent , pour aiofi dire , l'entrée au3C 
(cicnccs plus profondes : ces conoillàncesi 
ou principes font apelés clés par méta- 
phore y la Grammaire eft la clé des icien- 
çcs : la Logique eft la dé de la Philofbr 
phic. 

On dit auflï d'une ville fortifiée, <)ui eft 
fur une frontière, qu'elle eft U cléda royaur 
me, ceft-à-dirc,que réncrai qui fe ren- 
droit maître de cette ville , feroit à portée 
d'entrer enfuite avec moin&de peine dans 
le royaume dont on parle. 

Pat U même raifon l'on done te nom 
de clét en termes demufique, à certaine? 
marques ou caractères que l'on met au 
comencement des lignes de mufique : ces. 
marques font conoîcrc le nom que l'oa 
doit doner aux noKs j elles donent > pour 
ainfl dire, l'entrée du chant- 

Quand les métaphores, font r^ulièrcs.. 
il n*eft pas dificilc dç trçuvçr \s raporc dp 
comparaifon, 

La métaphore eft donc anffi étendue 
que la comparaifon ; Se lorfque la corn- 
paraifon ne feroit pas jufte ou içroit tro^ 



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LA METAPHORE. tjr 
recherchée , la métaphore ne feroit pas 
régulière. 

Nous avons déjà, remarqué que les lan- 
gues n'ont pas autant de mots que nous 
avons d'idées ^-ceteedisète demotsadoné 
lieu à pUifîeurs métaphores j par exemple : 
le cttur tendre , le carur dur , unrajfûn de miéi^ 
Us rayons d'une roue, &c: l'imagination 
vient , pour aïnfi dire , au fecours de cetta 
disite ; elle fuplée par les images & les 
idées acçefibires aux mots que la langue 
ne peut lui fournir ; £c il arive même , 
corne nous l'avons déjà dit , que ces ima- . 
gcs & ces idées acceflbires ocupent refprit 
plus agréablement que fi l'on Te fervoit 
de mots propres, £c qu'elles rendent le 
difcours plus énei^ique \ par exemple^, 
quand on dit d'un home endormi , qu'/V 
eftenfeveliddnslefimeil^ cette métaphore 
dit plus^ue n l'on difoit fimplemcnt qu'il 
dort :' Les Grecs furfrirem Troie enfevelte 
dans le vin & dans lefomeil. 

Invâduni arbem fomno vinôque feiûium. y\„ j^ 

Remarquez, i". que dans cet exemple, *"''" **'* 
Jèpûham a un fcns tout nouveau & difé- 
rent dc-Tou fens propre. i°. Sepultdm n'a , 
ce Doaveau fciîs, que parce qu'il cft joinc 

-y 



D,£,,t,7P:hy Google 



138 LA METAPHORE. 
^femnovwotiue^ avec lefquels il ne fàuroi^ 
être uni dans le fens propre >- car ce n'eft: 
que par une nouvèle union des termes , 
que les mots fc donent le fens métàpho;- 
riquc. Lumière n'eft uni dans le fens pro- 
■ pre , qii'avcç le ieu , le folei! & les autres 
objets lumineux ; celui qui le premier a. 
uni lumière à effrit , a doné à lumière un 
^ns métaphorique , Sc en a Ëtic un moc 
nouveau par ce nouveau fens. Je voadrois 
que Ton pât doner cette interprétation à 
ces paroles d'Horace : 

Hor. Art. Dixeris egrégiè , notum lî callida veibutn 
IV>ecT. ^7. Reddidçrit junaira novum. 

La ipétaphore eft très-ordinaire ; en 
voici encore quelques exemples : on die 
dans le fens propre, s'enyurer dt quelque 
liifitemr ; Je l'on ditparmétaphore, jV«7rx>rrr 
Je pUàfits : ta hue fortune e^vrt tes fois, 
c*eft-à-dire, qu'elle leur fait perdre la rai- 
fon ^ & leur fait otUslier leur premier écat. 

Boit Art. Ne yovA,tnyvre^ point d<es. éloges dateurs 
Pott.cIiant Que vous doqe un amas de vains admirateurs* 
-.j, ^^ peuple t qui jamais.n'a topu la prudence , * 
^anr 7. * S'eayvroit folemenp de ik.yaine efp^rance. 

p4»er Hn freut Àfes fAffttns; ç'eft-à-dirc. 



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LA METAPHORE. 139 

fî'en pas fuivre tous les mouvemcns, lefe 
modérer , les retenir corne on retient un 
cheïal avec le fpeïn , qui eft un morceau 
de fer qu'ori meç dans la bouche du che- 
val. 

Méaerai , parlant de Théréfie , dit qu'il M>^i ^ 
e/oir necejjaire a arachtr cette z,iz,ame , c eit- jç jraucc . 
à-dire , cette fememc de divijien , ziz^mie eft Franfoun. 
là dans un fens métaphorique : c'-eft un F* '*"• 
mot grec qui veut dire yvrote , mauvaife 
herbe qui croît parmi les blés , & qui leur 
eft nuiiîble. Ziz,anic n'eft point en ufage 
au propre , mais il fe dit par métaphore 
pour difcorde , méfinteiligence , d'ivifim :- 
femet la. z^tz^nie dans unefamUle. 

Matçria^ matière, fe die dans le fens 
propre , de la fubftance étendue confidé- 
rée corne principe de tous les corps \ en- 
suite on a z-çtlé matière ., par imitation 8c 
par métaphore, ce qui eu le fujet, l'ar- 
gumênç, le thème d'un difcours , d'un 
poëme , ou de quelqu'autçc ouvrage d'ci^ 
prit. 

JECo'pus auâoE , quam matéiiarn réppeiït , Phzd, 1. u 

Hanc ego polîvi vcrfibus Senariis. ■ 

J'ai feli ta matière ^ c'eft-à-dire, j'ai doné 
l'agrément de la poëfie aux febics qu'E- 



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140 LA METAPHORE. 
fope a inventées avant moï. Cettr mtifin 
tft biem riémtt ^ c'eft-à-dire, elle infpire la 
gaieté corne les perTones t^ui rient. La 
• flturde la icuneffet Uft» de t'4nwtr ,• taven- 
gttmem de tejfjiti Ufil d'um dipintrs j U^ 
des af sires, 

C'eft par métaphore que les diférentes 
elaflès, ou conHaératioas » auxquelles £c 
réduit tout ce qu'on peut dire d'un fujct , 
font a pelées litax comuns en Rhétorique» 
êc en Logiqite , Uci csmmmus» Le genre , 
l'efpècc, lacaufe, leséft^s^Scc. font des. 
lieux comuns, c'eft-à-dire, que ce font 
corne autant de célules où tout le monde 
peutalcr prendre, pour aînlî dire, la ma- 
tière d'un difcours, & des argumens fur 
toutes fortes de fujecs. L'atention que l'on 
£ùt fur ces diférentes claflès, réveille des 
penfëes que l'on n'autoit peut-être pas 
fans ce fecours. 

Quoique ces lieux comuos ne (bîenc 
pas d'un grand ufage dans la {uratique , il 
n'eft pourtant pas inutile de les conoîtrc; 
on en peut faire ufage pour réduire ua 
difcours i certains chefs-, mais ce qii'on 
peut dire pour & contre fur ce poiiic, ri*e(t 
pas de mon fujet. 

On apèle attffi caThéolcgie pat méC4- 



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LA METAPHORE. 141 
phore , Uci TheûUgici » les diférentes fotir- 
ccs où les Théologiens puifenc leurs ar- 
gtimens. Telles font l'Ecriture Sainte , 
la tradition contenue dans les écrits des - 
Saints Pères , les Conciles , &c. 

En terme de chymie, règne fe dît par 
métaphore , de chacune des crois claHès 
lôus lef(]uelles les Chymïftes rangent les 
êtres naturels. 

1°. Sous le règne d/ùmil i\s comprènent 
les animaux. 

2". Sous le règnt végétal ^ les végétaux , 
c'eft-à-dirc , ce qui croît , ce qui produit , 
come les arbres Se les plantes. , 

$°. Enfin , fous le -règne minerai ils com- 
prènent tout ce qui vient dans les mines. 

On dît auâl par métaphore, que la 
Géfigrafhie ^ U Chronolagie font Us deux 
ytnx dctHifiûire. On perionifie THiftoirc, 
Si on die que U Géographie & la Chro- 
nologie font à. l'égard de l'Hifloirc , ce . 
que les yeux font a l'égard d'une perfone 
vivante ; par l'une elle voit, pour ainfi 
dire, les lieux , & par l'autre les rems : 
c*cft-à-dirc, qu'un niftoricn doit s'apli- • 

3uer à faire conoitre les lieux ôc les tems 
ans Icfquels fè font pa(fês les faits donc 
il décrit l'hiftoire. 



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Ui LA .MÉTAPHORE.- 
Les tnocs primicifs d'où les autres fbiil 

dérivés ou dont ils font compofés , fonc 
apelés radius , par métaphore : il y a des 
Diâioiiaires où tes mots font rangés par 
racines. On die aulB par métaphore ^ par- 
lant des vices ou des vertus ^ /rtcr (^f prà- 
ftndes racines, pour dire s'afermir. 

Càlus;, dureté, durillon, en latin cd^ 
Um , fc prend fouvent dans un fens méta- 
CicTafc. phorique; Labor ^uafi càllum ijuodàam ohdâ' 
i-nuiD. jtf. çff doiori , die Cicéron : le travail fait corne 
iteTTT. ^^^ efpèce de calus à la douleur, c'eft-à- 
dire, qiie le travail nous rend moins feo- 
• nbles à la dôuleiir. Et au troifième livré 
des Tufculanes , il s'exprime de cette for- 
tufe. i. i- te : M agis me méveran* Corînthiféblie afféç* 
n^5).alirer tdfartettnd , quàm iffos Cerinthios ., quorum 
animis dimirna cogithU callum 'vetuftàtis ah- 
duxerat. Je fus plus touché de voir tout 
d'un coup les murailles ruinées de Cotin; 
the , que ne l'étoicnt les Coritithiéns mê- 
me , auxquels l'habitude de voir tous les 
jours depiiis long-tems leurs murailles aba- 
tues , avoir aporré le caliis de l'anciéneté ; 
* c'eft-à-dire , que les Corinthiens , actiutu- 
més à voir leurs murailles ruinées j n'é- 
toiciit plus touchés de ce nialhelir. C'eft 
ainfî que cailére^ qui dans le fens propre 



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LA METAPHORE. 143 
Veut dire avoir des durilUns ^ être endurci y 
fignifié enfuite, par extcnfîon & par mé- 
taphore, y^ow/V ^«», cvnoitre fttrfaitementy 
cnforte qu'il fe foit fait corne un cakis 
dans l'eiprit par raport à quelque conoif- 
iance. ^uo paB» idjuri Jaleat càlUo. La Tet-Hcanti 
manière dont cela fe fait , a fait un calus "■ ■"■*«• 
dans mon efpriCt j'ai médité fut cela i je *' ' *''* ' 
fai à merveille coment cela fe fait \ je fuis 
maître pafle, dit^adame Dacier. lUius H.Adeip. 
fenfum càlUo^ j'ai étudié fon humeur j je »^4-ii.i. 
fuis acoutiimé à {t% manières , je fai le ' ''* 
prendre come il faut. 

Vue ^ fedit au propre, de la faculté de 
voir , & par cxtenfion , de la manière db 
regarder les objets : enfuite on donc pat 
métaphore, le .nom de vue aux penféesj 
aux projets , aux defleifts: avoir de grandts 
•vues , perdre de vue une entrtffife , n'y plus 
penfet. 

Goût , fe dit au propre du fens par le*- 
quel nous recevons les impreflîons de fes 
faveurs. La langue eft l'ot^ane du goût^ 
avoir U goût dépravé^ c'eft-à-dire , trouvef 
bon ce que comunémenties autres trou-*- 
vent.mauvais , & trouver mauvais ce que 
les autres trouvent bon. 

Enfuite on fe fcrt du terme àegonty par 



.D,£,,t,7P-hy Google 



144 t/4 METAPHORE. 
métaphore , pour marquer le fentîmânC 
încérieur donc refpric cft afeâé à l'oca- 
lion de quelque ouvrage de la nature ou 
de l'art. L'ouvrage plaît ou déplaît ^ oa 
l'aprouve ou on le déraprouve ; c'eft le 
cerveau qui cft l'organe de ce goût-là i 
Le goût de Paris s*efl trowvé conforme am. 
goût (C Athènes^ dît Racine dans fa préface 
d'Iphigénie; c'cft-à-dire, corne il le dît 
lui-même , que les f^£tateurs ont été 
émus à Paris des mêmes chofes qui ont 
mis autrefois en larmes ie plus favant peu- 
ple de la Grèce- 

Il en cft du goût pris dans le fcns fi- 
guré, corne du goût pris dans le fèns 
propre. 

Les viandes plaifent ou déplaifent au 
goût , fans qu'on foit obligé de dire pour- 
quoi : un ouvrage d'efpnc , une penfée , 
une exprcflîon plaît ou déplaît, ùas que 
nous fuyons obligés de pénétrer la raifon 
du fcntiment dont nous fomes afet^s. 

Pour fe bien conoître en mets & avoir 
un goût fur , il faut deux chofes ; i . un or- 
gane délicat i 1, de. l'expérience, s'être 
trouvé fouvent dans les bones table», &c: 
on cft alors plus en état -de dire pourquoi 
un mets eft bon ou mauvais. Pour erre 
conoifTcur 



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La METAPHORE. ■• 14^ 
Conbiffèur en ouvragb d'cipric , il faut iih 
bon jugement ^ c'eft un préfent. de la na- 
ture } cela, dçpcnd de la difpofitibn des 
"orgânçs \ il. faut encore avoir fait des ob-, 
fervatiôns fur ce qui iplaît ou fur ce qui 
déplaît ( il faut avoir fu alier l'étude. & la 
'méditation avec le cômçrce des.pcrfoueJ- 
'éclairées : alors on cft en. état de rendre 
Taifon dés règles & du goût. _ 

Les viandes Si, les alïàtfonem^ns qui 
|>laifent aux unsj déplaifent aux autres;' 
■c'eft un éfet de la diférènte conftitution 
dés oïgahes dû goût. Il y a cependant fur 
ce point un goût générât auquel il faut 
a»oir é^rdj c'èft ■à-direi qu'il y a des 
viandies Se des.nicts qui font plus généra- 
lement ad gjoûx des perfdnes délicate^: il 
en eft dé n^fne des bùvrâgcs d'éfprit ^ un 
auteur ne doit pas fe flater d'atirét àjui 
toiiS lés fufrageis ; mais il doit fe confor- 
mer aii gdât général desperfoncs éclairées 
qui font au fait. 

Le goût, par rapbrt alix viandes, dé- 
pend beaucoup de l'habitiide & de l'édu- 
cation i il en cft de même dû goût de 
i'efprit : les idées exemplaires que nous 
avons têçuei dins hûtfe jeuriéilc, floiis 
fervent de règle dans un âge plus avancé y 



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145 LA METAPHORE.' 
telle eft la force de l'éducation , de î'ha-' 
bituda, & dwprdjiigé. Les ofgancs, aicou- 
tnmésài une telle impreffion , en font fiâ- 
tes de telle force, tju'uneimpreflîon difé- 
rente ou^ contraire lesaflige: ainfr riiaU 
gré rcxamcn ôc les difcuflions , iiolib con- 
tinuons fouvent à admirer ce qu'on nous 
a- fait admirer dans les premières années 
Àe notre vie \ Se de là- peut-être lès deux 
partis, l'un des anciens, l'autpe des mo- 
dernes. 

Remarques far le mauvais uf âge des 
métaphores. 

Les: métaphores font défeâracufes , • . 

i^.QuanaeHcsfontcioéosde fujets bas. 
Le P. de Colonia reproche- à Tcrtulitn 
d'avoir dît que It déluge mthnrfd fut. U 
Itjfivt de U ntaaré, * 

1°. Quand elles font forcées., prifes de 
loin, 6c qucleraporcn'efl: pQintalÎGZ na- 
turel, ni Ja comparaifotî aiïèz fenfîble : 
corne quand Théophile a dit : je baignerai 
mes mains dans les ondes de tes- cheveux : Sc 
dans'un autre endroit il dit queU charut- 

*,rp9nol>ilitâcis ïitio.laborâfc vîd:cfHr;C^iebtis^lIftTer--. 
IuIliâni merâphora, tjuâ dilùvium-app^Uac uaiùr^ fi*'"**. 
iiilelisiTiinu._l)*.irt<JW'»(.p. i^r. - ^ 



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lÀ METAPHORE. 147 

icûrche U pta'me. -a Théophile , dit M. de lâ 

M Bmyère > ^ chafg'e feis defei'i prions , s'a:- * Càraa. 

"pefantic Tur les deuils j il exagère * ili^fr^'**' 

is paflè lé virai dans la nature» il en feît le 

ȕ rbmari. 

On peut rapbrfcer à la iilênie éfpèéé les 
hiétaphores qui font tirées de llijetls'peU 
Conùsi 

3*. fl faiit luffi âvbir égard aux cônve- 
hances des diféreris ftyles^ il y à des mé- 
taphoreS qili cbnviènertt au llyl'c poeti- 
tjue, qrfi terbient déplacées datw Icftylë" 
feratoirc : Boileau a dit : ' < 

Acoiitez troupe favahte; . Ode îûr- 

Des fons que ma lyre ènfanrf . Jj^'^^ **« 

Cesatbres font rcjt)uis. 
On ne diroiÊ pas èn'profe i qvCi^né tyre 
tttfanie da fons. Cette pbfervatiôn a Heu' 
atifli àrégâ^d'désauttfcs'trttpfesi par exem- 
ple': L»»n!*« dans Ifc féiis prb^t'é, fignîfié 
lumière: ïe& Poètes Idfcîns- ont dôné ce norri 
à rcêil pit- niétohymié <, les yeux font- l'br- 
gand de la' lumière i &■ font, pour aihfî 
dire , le ffânibeaii dé nàfre cbrps. UA jeune tuèffâà 
earçori fort aimable étoit bbrgilé ; il avoit ^=^'", '*• 
une lœur fort belle, qui avoit le même *««. Lac: 
défaut i on leiif àftliquà de diftîqué} qUi'='*'''-J+- 
Kij 



D,£,,t,7P:hy Google 



148 ly METAPHOUE. 

fut faiti une autre ocaiion fous le règne- 
de Philippe II. Roi d'Hfpagne. 

Parvepuer, lumen quod-habes concède foiôri : 
Sic tu ccecDS Amor , fîc eiît îlla Veniis. 

Où vous voyez c^c Umett fignific/W/, il 
n'y a rien de ii ordinaire dans les t^oëces 
latins, que de trouver lummapoyxi: iesj/eux i. 
mais ce mot ne fc prend point ea ce fens 
dans la profe. 

4. On peut quelquefois adoucir une 
métaphore , en la changeant en çompa- 
raifon , ou bien en ajoutant quelque co- 
rcftif: par exemple, en AiÇznt pour dinjî 
dire, fi ton feut parler Ainfi , &c.- » L'art 
M doit être, ^our ainfi dire, enté fur la 
« nature ; la nature foutienc l'art Se lui 
M ferc de bafe ) & l'art embélit;&,peïfec- 
»» tione la nature; 

5. Lorfqu'il va plulîeurs métaphores 
de fuite, il n'eit pas toujours-néceflairê. 
qu'elles loienttirées exaâiement dp même 
iujet, corne on vient de le voir dans l'e- 
xemple précédent: enté c^ pris de lacul- 
tu re des arbres ; feutknt , hafe ,: font pris de 
l'architeûure ; mais il ne faut pas qu'on, 
les prènede fujetsopofës, ni qiie les ccr-- 
mes méuphoriques dont l'un e/l .dit de 



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lA METAPHORE. 14^ 

l'autre, excitent des idées qui ne puiflènt 
point être liées, corne fî l'on difoit d'un 
Qrateup, c'tfi un torrent qài s" dume , au lieu 
de dire, c'eft un terrent qui entraîne.. On a 
reproché à Malherbe d'avoir dit : 

l'rens ta foudrs Louis & va corne un lion. Malh. 1. *. 

Il faloit plutôt dire comt Jupiter. £11^» 

Dans les premières éditions du Cid^deM^nage^ 
Chimène difoit : ^^^ '« P"^- 

fiesdcMal- 
Malgrc des feux C\ beaux qui rompent ma colère, herbe. 

Feux & rompent ne vont point enfcmble : '" *^'*' 
c*eft une obfervation de l'Académie fur 
tes vers- du Cid. Dans les éditions fuivan- 
tes on a mis. troublent au lieu de rcmpent \ 
je ne lai fi çecte ccM:reâ:'ian répare la pre- 
mière faute. 

Ecerce, djins le fens propre, eft la pari 
tie extétieure des arbres U des fru its , c'efl: 
leur couverture: ce mot fe dit fort bien 
dans un fens métaphorique, pour mar* 
jquer les dehors, l'aparencc des chofcs ; 
ainfi l'on dit que les. ignorans sarkent i 
i'écorce , qu';// s'atackent , qu'i/v s'amujent k 
fécorce. Rcmaî-quez que tous, ces verbe* 
s'arêtent , /atachent , s^untHfent , conviènenc 
fort bien avec écorce pris au propre. ; mais 
TÇQ.ys ne diriez pas au propre , fendre C^ 
Kiij 



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(Mc(. 



ip 14 METAPHORE,, 
çorce} foiidr:e £e tiicde k glace ou du mëv 
tal , vjpus ne 4.cv€.z donc pas dire au figuré 
fendre Picerce, J'avoue que cette expreflïoni 
pic paroît trop hardie dans une ode do 
Rouïlèau : pour dire au,e l'hiver cft pafïS^ 
8c que Les glaces font fondues^ il s'exprime 
4e cette forte: 

LtT^ }. L'liiv$t,quifîlang-temsa&ithlaachît<iospUvie^ 
N'enchaîne plus le cours des pajiiWes.BjiÛèaux i 
£c les jeunes zéphics de leurs chaudes, haleines 
Ont fondu r«o«edcs eaijx. 

G. Chaque langue a de? xaétaphorcs paiv 
ijculjères qu^ pe fojif point en ufasç dansi 
les autres langues ^ par exemple; Içs ï.a-î 
fins 4,ifQient ffune armée, dextrtim &fisif- 
trum c^rnu , £c nous difons t^Up dxsitf Sf- 
Pailf gaifcbC' 

\\ v'ft à vrai que çha<}u,ç l^guc a fcs^ 
eî4p?Bh9res propres (8c confacfées par Tu- 
iâge , ijuc fi vous ,eo changez le^ terme? 
far les çm^ivalens mêmp ,(wi en apro^ . 
çh^nt le plps, yons vpus tendez ridicule, - 

Un étranger , qwi depuis devenu pn dç- 
pos çjtçyens^ s'eft rendu cdèbpp par içs^ 
puvr^ges, écrivant dans iesprenvcrs tcmj 
4c fon apivée en, Fcapw , à /on proiei^eur, 
^^^ difojt, Mapfei^^etfr f^ ve^ff, ^^(f pat 



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LA METAPHORE. iji 

moi des h^aux dtfèrti il vouloir dire dex 
entrailles. 

On die -mettre ia lumière fous U hoiffiau , 
pourdire cacher festalcns, les rendre ina- 
' tiles, Tauteur du poëme de la Madeleine Po&ae de 
ne devoit donc pas dire, »«/n-f/f/?rfiwiM«'"""'^'''* 
jous le mm., ^ 

■< I» > I iiiMiipiiM»» ' 

XI. 
La Syxï.epse Oblatoire. 

LA Syllepfe oratoire cft une efpèce de t'wAi-- 
métaphore ou de comparaifon, par^*™;"'"- 
laquelîe un mênne mot eft pris en deux ■^^' "7?-'" 
fens dans ia même phfafe , l'un au pro ■ » ^.f«'" 
prc> l'aùrtc au figuré i par exemple, Qo-'^^'*'''" 
rydon dît que Galathée cft pour lui plus 
douce que le thym du mont Hybïaj * ainll 
parle ce berger dans une égloguc de Vir- 
gile : le mot doux eft au propre par raporc 
au thym , fie il eft au figuré par raport h 
rimpreffion que ce berger die que Gala- 
thée fait fur lui, Virgile fait dire enfuite 
à un autre berger , & moi quoiqsHJe paroiffe 
Galathée plus amer quf les herbes de Sar- 

*.,,', GaUibiKa thynw mihi d#ciov Hy{>lx. V'Vf. 
ïtt 7- y- 57- 

Kiv 



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ijx LA SriLEPSE 0RAT&IR3. 
4aignè., ficc. *. Nos bcigers difent//»/ 4'^ 
quun citron verd. 

Pyrrhus, 61s d' Achille, l'un desprincî* 
paux bhcfs des Grecs, & qui eue le plus 
de parc à l'embraièmenc de la ville de 
Troie , s'exprime eti ces termes dans l'une 
des plus bçUes pièces de Racine i 

B,ac, \a~ Je roafK togs les rniux qa,e j'ai faits devant Troi^ 
^rom.aa. Vaincu, chargé de ferfl, de regretsconfum^, 
5/-«^' de plus de feux que je fi'enalumai. 
Brwfr'eft au propre par raportaux ftux que 
Pyrrhus aluma d^OS la v^Ie de Tro.iei ^ 
ilcftau figuré, piîir raport à lapaffion vio- 
lente que Pyrrhus die qu'il çcflentoitpout 
And^rômaque. II y a un pareil jeu de mots 
dans le diftidue^ qui cft gravé fur le tony 
■- beaude neff^ytèirf? 

Hic jacer unôculus vifu prsftânttor Argo ; 
Nottten Joaiine cuï ninivita fiiic. 
Vifu eft au propre par raporc à Argus, à 
qui la fable done cent yeux j & il eft au 
figuré pat raport i D^cipautcrç : l'auteur 
de l'épitaphé a voulu parler de la vue de, 
i'efpric. * ' 

* ■. • - ^9. 5*f 4ÔJS yitlear libi amâiiot betbU. fcii^ 



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VALLEGOniE, lyj 

A« rcfte, cette fieurc. joue trop (lir les 

mots pour nç pas oemander bien de h. 

circQnfpoïlioni il faut éviter Icsjjpnx do 

piocs trop afcdés & tirésde loin. 



XII. 

I-'A L L E G 6 R. I E. 

L'Allégorie a beaucoup de rapore avec a'm«7,^« , 
la métaphore i l'aHégorie n'eft même ™"itio.ft- 
qu une métaphore contmuee. ïiiud ^^ 

L'allégorie eft:un difcours , qui eft d'à- tiir,iiiiidfi- 
bord prérenté fqus un fens propre, <ï"i^'*^J^' 
parojt toute autre chofe que ce qu'on aâiiuj.àv'cr 
deffèin de faire entendre, & oui c^pen-f,"*' J'^- 
dant ne fert que de comparaitop , pour*^^'i^„^ 
douer l'inrelligence d'un a,utrc fens qu'on ààaor, vil 
n'exprime point, «»«. «Iuï 

La métaphore joint le mot ngOre a cio^oiât», 
quelque terme propre,-, par exemple , /efeu 
de "vps yeuiç i yeux eft au propre; au lieu 
que dans l'allégorie tous les mots ont d'a- 
bord un fens figuré ; c'eft-à-dire , que tous 
les mots d'une phrafe ou d'un difcours al- " 
légorique forment d'abord un fens litéral 
qui n'eft pas celui qu'on a defîein de faire 
entendre : les idées acccflbires dévoilcnç. 



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iy4 M'ALLHGORIE, 
enruicc facilement Iç véritable {èns'^u*on 
veut exciter dans refprit, elles démaf- 
quenc»pourainfî<]icc , le fens lic^l étroit, 
elles en font l'aplicacion. 

Quand on a comencé une allégorie, 
on doit conferver dans ta fuite du àÀi* 
cours, l'image donc on a emprunté les. 
premières cxprelpoiis. Madame des Hou- 
lières , fous l'image d'une bcreçre qui 
parle à fes brebis , rend compte a fes en- 
fans de tour ce qu'elle a fait pour leur 
procurer des établilïcmens j Je fc plaint 
tcndrertient fous cette image de la durçté 
* de la fortune ; 

' ﻫîfî«fc ^^"^ *^^* P"^^ fleuris 
Mad. d« Qu'arofe la Seine, 

■^^jjT " Cheichei <\a\ vous mène » 

Mes chères, brebis : 

J'ai fait pour xous tendrç 
' ' Le deftin plus doux. 

Ce qu'on peut atendic- 

D'une amitié tendre; 

Mais fon longcouEoui: 

Déttuit 1 eor^ilône 

Tous mes foins pour toos ^ 

. Et vous abandape 

Au;[ fupeutsd8s,UHi^ 



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VALIEGORIE. 155 

^rKz-vous leuE proïie, 
Aimable Troupeau i 
Vous de ce h3mea^ 
■ L'honçur & la joie , 
Vqqs qui gtas &(. beao 
Me douiez itfii çtslTè 
Sur l'herbète épaiffç 
Un plaifir nouvçftuj 
Que je vous regrète 1 
Mais il faut céderî 

Sans chien, f^BshQt)tàt9 a . ■ 

Puis-je vous garder î 
J.'in^fte fortune 
Me tés a ravis. 
Ehvatn j'importune 
Le ciel par mes cris \ 
11 tic de mes craintes, 
£t fourd à mes plaintes ^ 
Houlète,' ni chien, 
11 ne me tend tien. 
PuilÏÏez-vous contentes, ^ 

Et fans mon iècoun, 
Paflèr d'heureux fours» 
Brebis înocentes , 
Brebis mes amours. 
Que Pan vous défende , 
HéUslille&ici 



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ii<s i;allegorie. 

Je ne lui demande 
. Que ce feul bienfait. 
Oui , brebis chéries » 
Qu'avec tant de foin 
J'ai toujours nouries^ 
Je prens à témoin 
Ces bois, ces piairiçs« 
Que H les faveurs 
Du Dieu des pafteurs 
Vous gardent d'outrages ,^ 
Et vous font avoitv 
Du matin au foie 
De gras pâturages) ' 
J'en conferverai 
Tant que je vivrai 
La douce mémoire ; 
Et que mes chanfons 
En mille façons 
Porteront fa gloire, 
Du rivage heureux ^ 
Où, vif & pompeux j( 
L'aftre qui mefute 
Les nuits & les jours^ 
Començanr fon çou^ 
Rend À la nature 
"Tçuce fa pari^re î 



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L'ALLEGORIE. ij/ 

. ' Julqu'en ces cUinais^ 
Où , ikos doute , las 
D'éclairer le monde» 
Il va chez Théiis 

Raliuxific dans l'onde '-■.', 

Sesfeifx^^monis. " ; [ 

Cette allégorie çtl toujours ïbutenué 
par des images qui toutes ont raport à 
l'image çrincipaie par ôîl la figure a co- 
rtiencé : ce qui eft eflèntiel à rallégorie. 
* Vous pouvez entendre à. U lettre tout ce ' 
difcours d'une bergère,^îaai touctiée 4^ 
ne pouvoir menet fes brebis dans de bons 
pâturages, ni les préferver de Ce qiii peut 
Itur nuire , leUr adretferoit la paroHé > & fe ' 
plaindroit à elles de fon impuiftànce : mais ' 
cefens, tftut vrai qu'il paroît, n'eft paS 
celui que Madame des Houlièresavoit" 
dans l*erprir: eUeétoitocûpée desbefoins 
de fes enfans, voilà fes brebis ; le ehien 
dont elle patle^ c'en fon mafi qu'elle avoic 
perdu : le Dieu Pan c'eft le Roi. 

Cet exemple fait «oif combiçn eft peu Dader , 

Œuvres 
" * ïd quoqùe imprifnisdliuftwliifndutn , ut ijtio ei'gi- d'Horace , 
neiecŒperisitinflatiônis.hocdéfinas. Muiti enim , cùm^-i ji.ii i. 
iniriam à tentpcftàte fumprérunt , încéndio aut ruina fi- ccoiC Hk, 
ntuac; qux eft ipconfeiiatiKia rerum fcedif&ma. J^n»*»^, 1.^79^. 
E. ï. 6. AUegôria. 



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ij8 hALlÈGÙkîË. 

|ufte la remarque de Ml I)acîér j qui pt^-i \ 
tend qu'*«f allégorie ifui u^iptiroit toute 
tme fièce,tft unm6njhr(\ & qli'aiïilî l'Odô 
14. du I . livrd d'Horace', O'navis rif trente 
&c.n'eft point allégoriquej quoi qu'en aie 
Qiàti«.l.«. cru Quintilien 6c lesComcntâteUrs. Nous 
«. 6. alleg. es toutes, allégori- 

is l'oraifon de Cï- 
*" Un exemple de 
Horace ^ Cicéroo 
le Romaine à uil 
mpêi:éi , 

^n ufage dans les 
;s allégoriques onÉ 
qui cit Vrai , mais 
i veut principalc- 
on dit ïamilière- 
à l'eau, q)ià U fin _ 
;, que, quand ôrt 
s dangers, à la fin 
uand on s'expofé 
>ns de pécHer , oii 
finit par y fuccpmbèn . , ^ 

. ^.N«:que-Mmfui titniilus.ut quiiamàximisTurbimboS 
ac flùâibus Keipùblica: oareiu guberaâireni,fa1 vainque m , 
foi^tit collocàlTcm i frontîï ;ua: nub^culam ,. ium cçillég^ 
' tui wtustnipàcum fpiiitiini pertiméfcetem. Alios ego vidi 
vemos ,' aliï.! pTorpcxi.âi}imo procîUas : âliis impendenci- 
bus lempedûcibus non cclTi, fed hj; imum nie p'io àmntuiri 
f^lùcB 6btuli. Of. in Tir. ■. 11. alicu, xt>.U_tu 



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LA L LE GO RIE. ji^ 
Les filmions que l'on débite cdme des' 
hiftoires pour en tirer -quelque moralité, 
font des allégories qu'on apèle apiUgues ». 
fârabtUs KiwfàhUs morales ; telles (ont le» 
fables d'Efope. Ce fut par un apologue 
que Ménénius Agrippa rapcla autrefois la 
populure romaine, qui, mëconcetire du 
Sénat, s'écoic retirée fur une rnontagne* 
Ce que ni l'autoripé'des^loix , ni la dignité 
des Matçiftrats Romains n'avoienc pu fai- 
re, fe fit par les chârrnes de l'apologue. 

Souvent Içs anciens ont expliqué' par 
une hjftoire febuleufe lés éfets naturels 
dont ils ignoroient les caufeS j & dans la 
fuite on a doné des fëns allégoriques à 
CCS hiftoires. 

Ce ti'eft plusla vapeur qui produit le tonerre* Boileau, 

Ceft Jupiter armé pour çfr'ayer la terre; . */'' °"\^ 

Un otage lêcrtble aux yeux des matelots >, 
C'eft Neptune, en courrçux qui goucmande les 

flots i 
Echo n'ellplus un Ton qui «jans l'air retenti0è, 
C'eft une j^ymphe en pleurs qui fe plaint de 
NarcifTe. 

Cette; maiiiète dephiiofophcr flate l'ima- 
gination; -elle amufij le peuple, qui aime • 
le merveilleux j 3ÉeUa çft bien plus Éicilc 



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i6o L'ALLEGORIE. 

que les recherchés exaâes que Tcrpric mé-i 

thodiquç ï încroduiEcs dans ces derniecs 

tems. Les amateurs de la {impie yéritë ai- 

incDt bien mieux. avouer qu'ils igQOrentj 

que de fixer ainlî leur erpirit à des iliû- 

lionst 

Les chercheurs; de la pierre phiiofo- 

fihale s'expriment i^uffi par allégorie, dans 
eurs livres i ce qili. done à ceS livres un 
air de myllère Se de profondeur « que la 
(implicite de la vérité .ne pouroir jarnais 
leur concilier. Ainfî iU couvrent Tous les 
voiles myftérieux: de l'allégorie^ les uns 
leur fourberie , &c les autres leur &naxir- 
jne, |e yeux dWe^ leur fole.pei^ruaftDn. En 
éfet, là rtatùre n'a qu'une voie dans Ces 
bpérations ; voie unique que. l'art, peué 
çontfefaire , à là vérité , mais qu'il liépcut 
jamais imiter parfaitement. 11 eftàufTÎim- 
poflible de faire de l'Or par un môyeri difé- 
rtnt de celui donc la nature fe fert pour 
former l'or , qu'il çft impoflîblc dé faire 
un graidde;blé d'une manière diférènte 
de celle qu'elle emploie"pour pittduite lè 
blé. 

Le terme de matièri-^ét'die «"eft qu-tïHë 

idée abftçaitd qui n'exprime rie^f^e réel j 

c'cft-à-4ite i rien quie.xifte hors de notre 

imaginatioil. 



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L'ALLEGORIE. i6l 

ïmaginatiDn. il ify âpoîritdârislâ tlàtïiré 
une matière généfûle dont l'arc puilïè faire 
tout ce qu'il veut : c'eft ainfî qu'il n'y a 
point une blârichtfur génèràlfc d'où l'on 
puinè fornier des. objets blancs. C'eft, des 
divers objets blanc^ cju'éft venue l'idée dé 
blancheur ^ corne nous l'cxpUtluerôns d'ans- 
la fiiitei 2c c'eft deis divers corps particu- 
liers i dont nous fomeS afe£lés eh tant 4e' 
manières diférentes; que s'eft formée ert 
nous l'idée abftraitë dé matièvé générale.' 
C'eft paflèr de l'ordre idéal à l'ordi-e phy- 
fique , que d*imaginer un autre fyftème. ' 

Les énigmes font auffi urteefpècé d'al- 
légorie 1 nous en avons de fort belles en 
Vers françois. L'énigme eft un diicourî ' 
ifjui ne fait point conoîtrc l'objet: à quoi il 
convient i Se c'eft cet objet qu'on propofé 
à deviner. Ce difcôurs ne doit point ren- 
■ fermer de circonftàncè qui ne conviènâ 
.pas aii mot de l'énigme; 

Obfervcz que l'ériigme cache avec foiri 
ce qui peut la dévoiler; mais les autres 
efpèces d'allégories rie doivent point être 
des énigmes , elles doivent être exprimées 
de manière qu'on puiflè aifément en faire ■ 
raplicatidn: 



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Iffl 



XIII. 

I»* A L L U 5 1 O M. 



Aliùdere. T Ês allufioos $c les jeux de mots ont 
JLjCQcorcduraporc avec l'alléOTric: l'ai 



R. ad 
Itidcie. 



légocie préfente un fens, & en Fait enten- 
dre un autre: G'eft ce qui. arrive aufli dans 
les aUulîons> &i dans la plûpiart des jeux 
de mots , rei ttltéritfs ex. âlteri netâtio. On 
fait allufion à l'isifloire. ^ à la fable, aujt 
coutumes 1 & quelc^uefols même on joue 
liir les mots* 

ttenrta^, Ton Roi » Jeune Biron , « fauve enfin la vie î 
«liaat i. Il t'arache fangknt aux furents des foldats. 

Dont les coups redoablés achevoient ton trépas 1 
Tu vis } fonge da moins à lui reSer Hdèle. 
) 
Ce dernier vers fait allu^ou à IxmalheU'^ 
teufe confpiration du Maréchal de Biron ^ 
il en rapèlc le fouvênin 

"Voiture étoit fils d'un marchand de 

vin : un jonr qu'il jouoit aujt proverbes 

avec desDamcs, Madame des. Loges lui 

Mift, dédit , ctl»i-lk ne vmt rtea^ p:rcez.-nâits en 

lAcad. T. j'^^ aatm On voit que Cette dame fdoic 

'' ^' ' une maligne allufîon aux toneaux de vin ; 



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VALLU^ÎON,. i&5 

'cit percer, fe dit d'un tùataxx, £c non pas 
d'un^rOTcrbe j âinfi die réycilloit inaii- 
çieufêmcnt daiis l'eiCprit de l'aflèoïblée lé 
foavcnir humiliant de la haiflàncc de Voi- 
ture: C'eft en ciela que confîlïe l'allulidn j 
Elle réveille les i^^es acceiToires. 

A l'égard des allulÎQns qui ne cbnfîltenc 
<^ae dans un ^ de mots^ il Vaut niieux 
parler fie écrire fimplemenr, que de s'amu- 
îèr à des jeux de mots puérils i froids j 
8c fades : en voici un exemple dans celte 
é[iitaphe de I^efpautèrc : ^ 

Grammâttcam icîvi't» multes doeuitq'iié pet annos \ 
Dedinâre tamen Hm9 poiiiic tùmulum. 

Vous vtJyez (jne l'auteur joue fur là dou- 
ble fignificaciori de declinare. 

Il lut la Grammaire , il l'enfeigna pen- 
dant phifieurs années , Se cependant il né 
f'Ut décliner le mot tûmulus. Selon cette 
raduilion , la pcnfëe eft fauflè ; car Def- 
pautère favdit tort bien décliner tûmulus. 
Que fî l'on ne prend point trnnulus niâ- 
térièlemcnt, Ôc qu'dti le prènc pour ce 
qu'il fignifiè, c'eft-à-dife, pour le $»m- 
htâu j 5c par métoiiymie pour U mort-, alors 
il faiidra traduire que malgré toute U co- 
no^ance que Deffémtèrt avgh de ta Gram- 
Lij 



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i«4 VA t LU S 10 N, 

wuàn yii ne put émiser U mort : et qui n'a oi 

fel , ni raîion ; càir'bn fait bien que la 

GrafhfOaîceh'eXeaccpasdela néceUicé de 

mourir. 

La traduÉlion eft l'écueil de ces fortes 
de penfées : quand uue pcnfée efl: (blide , 
tout ce qu'elle a de réalité fe conferve 
dans la traduction ; mais quand toute ia. 
valeur ne confiAc que dans un jeu de 
mots , ce faux brillant fe diflîpe par U cra- 
du^on* 

Boilcaa, Ce n'eft pas Toutefois qu'une mufe un peu tîne 
Art. Poïti Sur un mot , en paflànt , ne joue & ne badine i 
Et d'un fsns détourné n'abnfe avec facccs : 
Mais fuyez fur ce point un ridicule excès. 

GHa Ro- Dans le placer que M. Robin préfenta A\ï 
du s. Ef- R-oi pour être maintenu dans la poflèllion 
prit , àc d'une île qu'il avoit dans le Rhône , il s'cx- 
dAr£'"''P"me en ces termes: 

Qu'eft-ce en éfet pour toi , Grand Monarque des 
Gaules ^ 
Qu'un peu de fable Se de gravier ; 
, Que feite 4e mon île î U n'y croît que des fauleS'; 
Et tu n'aimes que le laurier. 

Saules eft^ris dans le icns propre, & iaurier 



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l'ALLUSION. jtfy 

àÀrt& le fens figuré : niais ce jeii prifentg 
à refpntiincpenféetrès-iîneBc très folide. 
- Il faut pourtant. obfçrver qu'elle n'a de 
vérité que parmi les nations où felaTirier- 
cft regardé . cotnç Iç.fyn^boïe de Ift: vic- 
toire. 

Leiî aUufîons doivent, être- facilement; 
aperçues- Celles que nos Poëces font à la 
fable font défe£tueufes , quand, te Xi-ijeç 
auquel elles Gftt ràport ^ ïi'eft pas çonu. 
Malherbe» dans fes ftancesà M., du Pé-^ 
ricr» pour le çonfolçr de 1^ ipoïc. de fa 
Jill«,luidiiC; 

Tichon p'a'pliis les ans qui te iîrent cigate, ?olHïe!<h 

Et Platon aujourd'hui , 1, v». ' 

Sans ^gard du paOe les mérites égalt} 
. - O'Accheinore & de lui. 

îl y a pp u de Icéleuts qui conolflènt Ats 
chemore, c'cft un enfant du tems fabu-. 
leux. Sa nourice; l'ayant quitté pour quel- 
ques momens , un lerpent vint a< l'étoufa, 
Malherbe veut dire que Tithon après une 
longue vie , s'eft trouva à la mort an même; 
point qu'Arcbempce , qui ne vécut quç 
peu de jours. 

t'awçuii: dij PQëmç. cb, la. Madeleine» 
/ Liij 



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i66 l'ALLVSIOM 

dans tine'âpd1:rophc à l'amour prophann, 

die , pariant de JéruS'Chnft : 

l. T- pag. Pçifque cet jitf'fQS ('a C bien dcfarroé : 

^■ 

Le rao,t d!AHtiros n'eft guère cpnu (jua 
des fayans, c'cft un mot grec qui fienifie 
eofttre-ameur : c'ëcoit une divinité du Pa- 
gantfme y Iç ptieu vengeur à^\ia. amouç 
inéprift. ^ '" ' ■ 

■ Ce poëme de la Madeletnç eft rempli 
de ]m\ de m^cs , 5c d'allunons H reclierr 
f hées, que malgré le refpeâ du au fujec , 
^ la bone intention de l'auteur, il eft di- 
ficilc qu'en lifant cet ouvrage , on ne foit 
point afeiflé corne qh l'eft ^ la lefturc 
d'un o.uvrage burlcfque. Les figure? doi- 
venç venir, po.ur ainfi dire, d'elles mê- 
;nes ; elles doivjeoE naître dvi/nict, & Te 
préfentçc naturèlemcnç \ l'efpfic, co^nc 
nous l'avons remarqué allleiirs : quand 
ç'eft refprit qui va les ctieichers elles dé-. 
plaifcnç, elles étoncnç, 8c fou vent font 
^ire p4r l'unipa bizara dé deux idées, donc 
Vune nç devoit jamais être affbrcie avec 
Tautrc. Qui crbiroit , par exempte , que 
jamais le ïeu de piquet dut entrer dans ua 
poëme fait pour décrire ^a pénitence & U 
charité (le iair\te Madeleine j Ôc que ce 



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VALLUSîà N, i«7 

jeu dflt faire naîcrela penfçc dé fe dcutet 
ia difcîpline î ' 

A celui que î'eniens qui fe fait fani caquet i laMadctei- 

-, /-■.', ,-> ... ne, L j.p. 

' Jentensque va»s-pmn|e»part(Msla4iiÇipime, .^ ' * 

Et qu'avec ce beau jeu vous fa0teE.boQe mine. 

On nes*atend pas non plus à'crouvcr ïes 
termes de Grammaire détallfés dans un. 
ouvrage qui porte pour titre, le ncmi de 
fainte Madeleine ; ni que routeur ima-- 
gine je ne fai quel raporc entre la Grarrt- 
maire 8c les exercices de cette ■Sainte i ce- 
pendant une tête de mort & urie difci- 
plinefùfit lés iLUDlMESfs de_ Madeleine^ 

Et regardant toujours ce lêt de trépailè» . . S>j^.ha.p^ 

EUovoU IB puTuA dâM ce pRisïHf pAssi. 15.1». Sa 

Etc'eft fidifciplitie, âciousfeschânimeos, ; 
Qui lui font comencer ces rudes ruoimens. 
'Ce qui la fait trenibler pour fon grammairien» 
C'eft de voir, pat on cas du tout déraifoiinablex. 
Que fon amour llù rend la moce indéclinable^ 
Et qu'ACTir corne il ^ aulli bien qu'excedif 
Il le rend i ce point d'impafTible- passif. 
O que l'amouC' e(l grand ^ & U douleur amère ^ 
QOftnd lui YSRH PASSIF faÎMoute fâ GRAMMAiREi 
Liv 



p:hy Google 



i4& b'AlL.USlOn.^ 

La mus^ çouc cela lue dit^ noo. faas raifon^ 
Que coupurs la première eft fa cot^iircAisoN; 

Sçadwnt bien qq'en aimatit éHe peut toiu ixé- 
tentîre, ' ■ "■ 

., Çome toèt ENSEIGNER, 'leat'llRE, & tout EN'. 

■ téNurb, 
Pandanc qu'elle S 'oçupe ài^anir le forfait 
De fqn. TEMs PRETERIT qui ne fut qu'iMP^^-, 

I^IT, 

Tems de qui.'^ ^yruR réparera les pewes. 
Pat taat d'aflidions iç de peines foufertes v 
Çt le p,RESEwt eft cel_, que c'eft I'indiqatiPj, 
D'un atpout qui s'en va )ufqii'àj 'infinitif. 
Puis par up optÂtu;, ^hlplûtàPieu,<lit-ellû^ 
Que je n'eulïè jamais été C\ criminelle ! 

' prenant avec jdailfr , dans l'aideur qur lai]riMe> 
te FOVE-T pour difcipline-, &c la crois pouç. 



Yoûs voyez qu'il n'^i^bltc rien. Cet pu,- 
vrage eft rempli d'un nombre infini d'aU 
)ufions anlïï recherchées , pour ne pas 
dire, auflî puériles. Le defauc idç [uge- 
ipent qui empêche de fèntir ce qui eft ou 
ce qui n'eft pas à propos ^ & le defîr mal 
çnçcndu de mpncrçr de l'cfpric 8c dç faira 



D,£,,t,7P:hy Google 



VALhirsiaN. itf^ 

parade de ce qu'on fait , enfancetlt ces pro- 
ouclions ridicules. 

Ce ftyle figuré , dont on fait vanité^ Molière, 

" Son du bon caraiStère & delà vérité j i."ïc.i. * 

Ce n'eft que jeux de raotî, q^'^fèi^ation pute'. 

Et ce n'eftlias aihfî que pjirle la natmç. 
J'q jouterai. encore ici une remar*^ne, à 
prpposd<5 Tîtllufion : c'eft que ^liius avon^ 
en notre "iànguç un grand nombre dp 
.chanfons, dont; le fçijs litéral, fcmsunç 
(iparencé dé fi^nplicité ,-e'il' rempli d!aîlu,-. 
fions obfcènes. Lçs auteurs de " ces prp,- 
du^ipns fpnf cpupables d'une infinité 4:^ 
pçnfées dont' ils faliflènc.rimagination.i 
,& d'aillçnrs ils fe déshonorent dans l'ef- 
prit deis. honêtes gcus- Ceux qui dans des 
puvragep férieiix combenc par {implicite 
danç le même inconvinicnc que les fe- 
feurs de chanfons, ne font guère moins 
repréhenfi^blçs , & fe rendent plus ridif- 
cules. 

Quintilien , tout païen qu'il étpït, veut Qnioi.inft 
que non- feulement on évite les Paroles "^''^j^'j^i^ 
pbfcènes, mais encore tout ce qui peutRifu. 
réveiller des idées d'obfçéhité. Ohfcffnitas 
vaa non à verbis tatuùm ah^ débet, fed 
^iam àjtgnifivatione. 



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17» L'ALLUSION. 

1» On doit éviter avec foin en écrivant, 
M dit-il ailleurs , * tout ce qui peut donec 
» lieu k de$ allumons deshonetes. Je fat 
» bien que ces interprétations viiçncnt fou- 
»i venp dans refprjt plutôt par un éfet de 
» la corruption du cœur de ceux qui li- 
» fcnt , que par la mauvaife voFonEé do 
M celui qui écrit j mais un auteur fage St 
M éclairé doit avoir égard à la foiblefle 
M de fes le£teurs, & prendre garde de 
M ^ire naître de pareilles idées dans leur 
M efprit : car" enfin nous vivons aujour- 
, » d'hui dans un fièele où l'imaginatiiMi 
M des homes eft Ci fort gâtée , qu'il y a un 
M grand nombre de mots qui étoient au- 
» trefois très honêtes , dont il ne nous eft 
» plus permis de nous fervir par l'abus 

* Hoc viiium Kaiio<it!tn> vofâcuF, five in>IlconfiKt44in4 
in obrccenum tntelléâum. fccnio daidrtus eft,... dtÙa, 
fanâè Se antique ridéncut à sobh : qaara culf am non Ceci-. 
"Wntium (juidcm jûdico, Ctâ legéntium: taïuen vitân<la9 
quâtenas verba honéfta môrtbus perdîdinws , & cvîncéntU 
l»u4".3<».viciiSccddndun]eft.Sive^ai3ttt3dtfà[miierri>-. 
nat .... àliz couiunâidnes àli(]uid sîmîlc fàciuoc 
quas pérfeqiU longum eft , in «o vitio qnod vitàndum dict-. 
mm'^ çontmotàncei. Scd divîfio auaque aSèit cândem iu-. 

i'i^iam podÀii. Nec fccipcormodo id âccidit ; Cei éciain 
'enfu pleriqae obrcoenè mccUigere , nifï cÂveris , cûpiuni„ 
ac e:^ Vcrtuc qux longU&mè ab obfcaniiàtc abfîinE , occa-' 
fiànem turpicàdùis làf etc. J2<"Sf^ loft-. Qf^' ^W ^V<k ^. 
j. d^c Ocpâtu. 



p-h»Goo>^lc 



V l^& N 1 E. 171 

» qu'oit en fait j de iSbrcc que Tins uae ac- 
» tcncipn icnmuleure de la paît dç celui 
nqui écrit, ies lecteurs çrouvcnc mali- 
» gnemcDt à rire en falïflànt leur imagi-f 
" nation, avec dçs mecs , cjui , par cux-mê- 
w nies , (ont crès-éloigatEs de l'obrcénicé. 



XI V^ 

L' I K Q N I f , 

L'Ironie cft une figùfe pat la<]ueile on j^^^ 
veut faire entendre le contraire de ce ufim^ 
qu'on dit : ainfi les mots dont on fe fert *'«?•; 
dans l'ironie , qe font p^s pris dans le feos 
propre & litéral. 

M. Boileau , qui n'a pas rendw à Quir 
pauk toute la juftîce que le public lui 9, 
Tendue depuis, a dit par ironies ■ 

Je le déçlaçe donc, QuioauU eft un VitaUe, Boileaa, 

■ ■ Sat. lï. 

II voulpit dire un mauvais Poète, 

Le» id^s acccffbircs font d'u» grand 
ufage dans l'ironie j le ton de ta voix , & 
plus encore la conoilïànçe du mérite ou 
du démérite perfonel de quelqu'un , & de 
la façon de penfer de celui qui parle, 
i*ervenc plus a faire conoître rirpniè, quç 



n,r,t,7=.-^ Google 



Ï7Ï L'IRONIE. 

les paroles dont on fe ferc. Un home s'é^ 
crie , oh le bel effrit ! Parle-t-il de Cicéron , 
d'Horace ? il n'y a point là d'ironie,- les 
mots font pris dans le fens propre. Parle- 
t-il de Zoile ? C'eft une ironje. Aïnli l'i- 
ronie fait une fatyrç , avec les mêmes pa- 
roles, dqnt le difcoucs ordinaire faif un 
éloge. 

Tout le monde" fait ce vers du père dç 
Chimène dan» le Cid ; 

'Corp'. Cid A de plus hauts parris Rodtigue doit ptétendce. 

C'eft une ironie. On en peut remarquer 
{dudeurs exemples dans Balzac Se dans 
Voiture. Je, ne fai fi l'ù&ge que ces au^ 
teurs ont fait de cette figure , feroit au- 

i'ourd'hui auffi bieri reçu qu'il l'a, été de 
eur tems. 
Cicéron comçnce par unç irpuie l'orai- 
' ' jfon pour Ligarius. Ns'vum crimen , Cai 

Cdfar, df Mte hune diem inaudtium ^' bC<:. Il 
y a auffi dans l'oraifôn contre .pjfon un 
fort bel ej^emple de l'ironie : c'eft à 
l'ocafion de ce que Pifon dîfoit que s'ii 
p'avoit pas triomphé de la Macédoine^ 
c'étoït parce qu'il n'avoir jamais fouhaité 
icsh9n.eu.rs. du triçjriphe.. u.QuePom^e- 



D,r,,t,7P-hy Google 



VEVPHEMÎSME. 175 
»rfl malheureux, dit Cicéron,* de ne 
« pouvoir profiter de votre confeil ! Oh ! 
« qu'il a eu tort de n'avoir point eu de 
» goût pour votre philofophie 1 11 a eu la 
» folie de triompher trois fois. Je rougis , 
» CralTus V de votre ■conduite. Quoi ^ vous 
»> avez brigué l'honeur du triomphe avec 
» tant d'empreffèment ! &c. 

XV. 

L*EuPHEMÏSi«E* 

L'Euphémifmc eft une figure par la- sVhmiwoî, 
quelle on déguifedes idées défagréa- Jj|,"J ^'Jjj; 
blés , odieufes , ou triftes, fous des noms ûo-jifiourt 
qui ne font point les noms propres de ces * '«»/«- 
idées: ils leur fervent corne de voile, ^iun.hu- 
ils en expriment en aparcnce de plus reufcnunt , 
agréables, de moins choquantes, ou de^^-"^'' i* 
plus honêtes félon le befoin j par exem- 
ple : ce feroit reprocher à un ouvrier ou 
a un valet la bafTeffè de fon état , que de 
l'apeler ouvrier ou vaUty on leur donc 

'*NoneftintegrumCn.ro>n^io,conniioiamud tuo; 
Crtâvii enim. Non gadàrac iftam tuam philoropKiam j ter, 
jam homo ftulcus, criumphàvU. 3cc, Cic. inPifon. n, (I. 

XXJV. 



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174 VEtrpHEMisMÈ. 
d'autres noms plus bonêtes <)ui ne doi- 
vent pas être pris dans le fens propre. C'crt 
ainft que le boureau eft apcté pat honeurj 
le mahre des hautes teavres. 

C'eft par la même i-aifon qu*on donc à 
certaines étofes grbffièrcs le nom d'étbfcs 
plus fines ; par exemple : on apèlc 'uthuri 
de Maurièue une forte d'étoffe de gros 
drap qu'on fait en Mauriène y province • 
de Savoie , & dont lesbauvres Savoyards 
font habillés. îl y a auiu une forte d'érofè 
de fil dont on tait des meubles de cam- 
jpagne ; on honore cette étbfe du nom de 
tiamaj de Caux , parce qu'elle fc fabriqué 
au pays de Caux en Normandie. 

Un ouvrier qui a fait la befôghc pout 
laquelle on l'a fait venir, & qm n'atcnd 

filus que fon payement pour fe retirer , au 
ieu de à\re p4yez^moi ^ dit par euphémiC- 
me , n'avez, njousfltts rien à m'ârdêner-, 

Noiis difons auflî , Ùie» vaus àj^fie \ 
Die» voffs hemjfe:^ plutôt que de ditc^ je 
n'jii rien à vous donen 

Souventpbur congédier qucKja'tin ^ ôri 
iùi dit, voilà qui eft sien , je vçus remercie ^ 
plutôt que de lui Aire dlez vû^s-e>n 

Les Latins fe fervoîent dans le même 
fens de leur reêiè , qui , à la lettre , figniSé 



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t^t/PHEMlSME. 17J 
tûn^ aa lieu de répondre qu'ils n'avoienc 
tien à dire. » Quaod nous ne voulons pas 
» direVe que nous penfonSi de pewr de 
» (zIk de fa peine \ celui qui nous isité' 
to roge, nous nous Tervons du moc de rtffè^ 
» dit Douât. * 

Softrata , dans TéfettCe , ** dit i fon 
fils Pampbile ^pMrtfMipUiireKrVfius i Qua* 
vez,-tvus , m»n fis ? Il répondit , rtite 
mater» Tmtf tiâ hien , m* mèn. Madame 
X)acier traduit , ritn , m* mère , tel eût le 
tour françoisi 

Dans une autre comédie de Térence , 
Clitipbon dit que quand fà maîcreflè lui 
demandede l'argent, il fetire d'afaireea' 
lui répondant reBè ^ c'eft-à-dire, en lui 
donant de belles efpérances : car , dit-il , 
je n'pferm lai avâiter ^ je ndi rùfii ^ 
tKPt de rk» tfi un motfuntfit. 

Madame Dacier a mieux aimé tra- 
<luire , brfquelk me tUmMtde de C argent , pe 
tte fiùs ^Mt H^nutter entre les dents ^ ar je 

* E*3i dicimus Cum Iidc injÂria intetrogâacjc âliqBid 
tecicémus, Dcnat, in Tetenr. Hccyi. aâ. i. le. t. v. 10. 

«« S. Quia lâcryraM '. Quid «s tam reiOts l P. rcâé mé^ 
ter. Ter. Hecyr. aà. j. &. ». 

Tiun, quod dcm ei,r«dc e(V: oam nihll elfe mîhi, rcIig^S' 
efl dicere. HMii^aâ. t. Te. i.t. \6. ^ fiOtnMMl. D»titT, 
aâ. I, fc 4.r. t& 



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i?tf I'ÈVPHÈMiSMÊ, 

n^ ai garde de lui dire que je »ttifds le fiH: 

Si Madame Dacier eût été plus encens' 
due qu'elle ne l'étoit en galanterie ; elltf 
auroic bien fenti que marmoter entre lei 
dents, nétoit pas une concenajicè trop 

Propre à faire naître dans une coquèrt 
efpérance d'un préfent. 
Il y avoit toujours un verbe foUs-en- 
*Anir,aa:. tendu avec reiièi Reifè idmtnts. * Egé 
5. fc. 4. T. fji^c ffff^ ittjimt mderov ** KeBe fuides t 

i. Ce 6. V. A l'égard du reBè de la 1'. fcènc àû 

***Heaat. '^^** *^^ ^^ l'Hécyrc , il faut fous-en- 

aft. j, fc.i. tendre Ou vateo , reïti valeo ^ ou reltè mihi 

*• +*• eonfule , ou enfin qUelqu'autré mOt pareil , 

corne res henè fe havet « &c. Pamphile volj- 

loit exciter Cette idée dans l'efprit de fj 

mère pour en éluder la demandé. 

Hcaut.aft. Pour ce qui eft de l'autre «3^,Ctiti- 

». &. Il phon vOuloit faife entendre à fa maîtretîci 

3u'il avoit des refïburces pour luitronvet 
e l'argent i que tout iroit bieri^ Ôc qu« 
îts defirs feroient enfin fatisfaits. 

Ainft, quoique Madame DaCiCr nous 
*Danslcs difç * que nous n'avons point de mot en 
tenwrqucs notrc langue , qui puîflè exprimer la forcé 
duVaa'de**^^ ce re£fè , je croîs qu'il répond à ces 
l'Hécjrrc façons de parler, cela "va bien , c(U nt va 

pat 



p-hy Google 



tEUPffEMiSMÈ, l'y) 
fas fi mal tfke vem -penfez. \ c6Htage\ 'il y n 
tfféramle ^ celk efi bon -, teut iVa tfitn , &c. ce 
font-là autant d'Euphémîfincy. 

Dans toutes les nations policées >jn a 
YbuîdUrs évité les termes qui expriment 
des idées deshonêtcsij^eà petfones peu 
iîiftrUites croirehl que ^s Latins n avaient 
pas cette délicatellc i c'eft une crteut. Il 
éft vrai qu'aujourd'hui on a quelquefois 
recours au latin pour exprimer des idées 
dont on n'ofcroit dire le mot propre cri 
françois \ mais C'eft que come nous n'a- 
voDS apriS les niots lâtinis que dans les li- 
vres, ils fe préfencciit à nous avec 'une 
idée acceïlbire d'érudition & de ie£ture ^ 
^ui s'einjîaï'e d'abord àc rimagîtiation j 
elle la partage, elle envelbpé, en quel- 
que forte, l'image deshonetej elle l'é- 
carte , & ne la fait voîr^que de loin : ce 
font delîx objets que l'on préfehte alors 
à rimagination ^ dont le premier elt lé 
mot latin qui couvre l'idëc qiii le fuiti 
àinfi CCS mots fervéni corne de voile &. 
de périphrafe à ées idées peu honêtcs : aii 
lieu que tome nous fomcs acbutiimés aux 
tnéts dé nôtre langue i l'efprit n'eft pas 
partagé. Quand bn fe fert des terines pro- 
pres j il s'oçupé dJrcftemeniÉ des bbjctS 



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i-jS VEUPHEMISMS. . 
que ces termes fignifieïtt. Il en étoi,t dtf 
même.à f égard des Grecs & des Romains, 
les honêtes gens ménagcoicnt. les termes 
corne nous les ménageons en François , &C 
leur fcrupule aloit même tifuelquefols Cl 
loin, qu'ils évîcoi^F ta rencontre des fyl- 
labcs , qui , jointes Cnfemble , auroicnt pu. 
réveiller Ses idées deshonêces. Qmafi iu 
Otât. ■a.dkerétuTy ohfcesnws coitcurrerent Utter^^ dit 
ilî ^^''^'^Cicéronj ôC Quincilien a fait la mêmere- 
ioft.Orat. marque. 

1. VIII. c. j. „ [sie devrois tu point mourir de honte, 
« dit Chrêmes à fon fils , * d'avoir eu l'in- 
*j folence d'amener à mes yeux , dans nia 
M propre maifon , une . » . , je n'oie pronon- 
n cet un mot dcshonête en préfencc de 
» ta mère, & tu as bien ofé comèire une 
» ai^ion infâme dans ootre propre mai- 
ȕ fon ! 
C'étoit par la même figure qu'au lieu de 

* Non mihi per fallacias adduccre ante Âculos .... 
pudet dîccte hâc przfente vecbuin curpe ; at te t<l nuUa mo- 
do pùduit fàcere. Heanc, afl. j. fc. 4. v. i S, 

Ëgii fervo 6c fcrvàbo Platdnis vececùndUm. Ita<]ae tec-> 
tis vecbis , ex ad te fcripK , qux apCrtifTimis agunt Scoïci. 
lllf éciamcrépitusaiunt ^què liberos, ac luâus. edc opoc- 
t^re.GV.l. lï.Epift.ii. , . 

j£quf eâdem modéfliâ, pÀiins ciun muliere fuifle, guàm 
coiiculniilTc, difébant. firrre de lin^. Ut:- I. v. fub. fin. 

Mosfuic , res turpes & fcedai prolâta , tonefriéium cou-' 
vcftiriet digniiâte. Arnab. 1. V. 



e:h»G00gle 



wè^je njom ohA^êkm y]€»e *« mets foint 
e/t petue Je vojts , je vtut qitite j les anciens 
diiôient fouvent i vivez. , firtez^-vêus bien. 
Vi-veis forets , * cetto cxpreflion^ dans l'en- 
droit où Virgile s'en eu fcrvi, ne marque 
pas un fouhait que le bergçr faflç aux fo- 
rêts» il veut dire lîmplenicnc .qu'il Ici 
àbandône. 

Ils difoi'eht auffi quelquefois, avoir vècu-^ 
évpir jétéityfn être ait, avoir paffe par la vie^ 
( vîtâfii»&MS^ ** ) au. lieu de dire etremort\ 
le terme de mokrir leurparôiflbiten cer- 
tainéâ ocalions dh niôc mnefté. 

Les anciens portoient la fuperftjtîon 
jufqu'à croire qu'il v avôit des mots, donc 
la feule prononciation poiivoit atirer quel- 
que malheur : corne fi les paroles , qui né 
font qu'un air mis en mouvement,, poù- 
vôient produire, par elles-mêmes, quel- 
qu'autre éfet dans. la, nature, que celui 
d'cxcitei: dans l'air un ébranlement, qui , 
Te comunîquantàrorgàiie de l'ôuïc, fait 

• Omnta Tel médtilnl fisntoiarc, vivice fylvj:. Fny. Ec. 
vni. V. jg. , . 

Vàleant ; ^ni ÏDCcr nos diUidiOm volant. Ttr. And. aâ. 
iv.Ic. i, V. ij. ■ ,, 

Cafbipeco : yàleicqne Vernis, valciatijue pilcllx.T(t«A 
1. 1. El. <. V. «. 
, **ïiingi^got, fienifie^*^!;^, <laIlsnnfcllsm^U- 



D,£,,t,7P:hy Google 



iSo r EUPHÉMISME. 
naîtra dans l'efpric des homes tes idées 
donc- ils font convenus par l'éducation 
qu'ils ont reçoe. 

Cecte fuperftition parbilïbit cncoreplus 
dans les cérémonies <le la religion : on 
cr;^ignoit de doner aux Dieux quelque 
nom qui leur fût défagréable. On étoîc 
averti * au comencement du facrifïce ou 
de la cérémonie, de, prendre garde de 
prononcer aucun mot qui pût atircr quel* 
que malheur, de lie (lire que de bones 
paroles , bena 'vtrhA fati ^ enfin d'être favo- 
rable de la langue , fd^vite tin^uis , ou Im- 
guâ , ou 6re i & de garder plutôt le fîlence, 
que de prononcer quelque mot funeftc qui 
pût dépl.aire aux Dieux : &, c'eft de là que 
favéte litfguis , iignifie par e'xtenfion , faites 
Jileme., - 

Par -la même raîfon , ou plutôt par le 
même fanatifme, lorrqu'unoiièau avoît 

^ MaJ£ smitutis pârcice vcibîs.f éitftïe» t»Htf*t , maU 
nominâcU. lier. 1. }. od. 14. 

Favécc Unguîs. H«r, I. ;. o<!. I> 

Orc favéte omnes. Viij. Ma. 1. (. v. ^i. 

Didunus bona verba, vcnù.nat&lis , ai aras. 
Quifquis adcs, lictguâ, vir maliérijue favc. TAuU.J^ ti 
a. ». v; I. , 

Prérpctalux^ritur, linguilque aniinif(]ue favéte, 
Nunc dicéada bono , &m ban» vert», dk, Ovid. FaQ. 
I.1.T.71. . . 



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VEUFff-EMlSMB. tSt 
été de bon augur&j & que ce qa'on dévoie 
atendre de cet heureux préfage, étbit dé- 
truit parqn augure contraire, ce. fécond 
augwe ne s'apcloit peint mauvais augure-, 
mais "fimplemenc l'autre augure', ^^ou fau^ 
fre ûifèau, C'cft pourquoi , dit Fcftus , ce 
terme i*//er^ veut dice quelquefois ffl»/r4i- 
re , mauvais. - - ... ' 

11 y aVoit des mots confàcrés pour les 
fàcrinces , dont le fens propre. & licéral 
ëtoiitbiendifércnt de ce qu'ils fignifioient 
dans ces cérémonies {iiperflitticulèï'i pac 
cxpmplc vmaBâre , qui'veut dire magh auc- 
tare , augmenter davantage , fè difoir des 
viââmes qu'on fâcrifioit. On n'avoit gardé 
de fe fervir alors d'un mot qui pût fair^ 
naîô-e l'idée ftincfte de la mort ; on fc fer- 
voit par euphémifme, de malfare^ aug^ 
Hienter ; foie que les viâ;imes. atigmcntaf-^ 
fent alors en noneur, foit que leur volumç 
fût grolîi par les ornemens dont on les 
paroit i foie enfin que le facrïfice augmen- 
tât en quelque forte l'honeur qu'on ren- 
doit a«x Dieux. Nous avons fur ce point 

* ÂltVi Se pt« nOQ bono pdoitiii; , ut io augùrils, 4itirM 
cumappelUtur^viiqoxùticiue pràrpcra nou efl ; Rc *l- 
tff- noanûaqoaw.pio .ad v£nb ^KÛur & maloi fejlits , t^ 

Miii. 



e:h»Google 



un beaa ■pafiage de Varrpn , que Ton pein^ 
voir ici au bas de ia page* • 

De même , parce que cremâri^ être btûl^ 

auroit étéun mot de mauvais aueore, 8c 

que l'autel croiflbit, pour ainfi <firê , paç 

les herbes, par les entrailles des vjftimes , 

& par tout ce qu'on metoit dcfftis pour 

être brûlé; au lieii de à\xc ûnhrtUe fur les 

KioMUoDx. autels ^ \\%à\Ço\cnt ^ Us auteh frotjji/it ^ car 

fgnibus adelére & àdoUfcefe\ fignîficnt proptemene 

GMtg.'Tv. "'^y^'^' i & ce n'eft que par euphémifmci 

\' ils- que ces mots fign|fient hrâler, 

C'eftaiïifî que les perfones do peuple 
difèttt quelquefois, dans leur colètc , ^ite U 
hon Die» 'ëtus tntfirte , n'ofànt prononcer 
le nom du malin eiîwie. 
' Dans -l'Ecriture Sainte, k mac dç^jv/V 
çft mis qiiélquefois'au lieu de maud'ir^ , 
qui eft préciftmenrle contraire. Corne, il 
n'y a rien de plus afreux à conccvoiç, q^«ô. 

* iSia^m{t, yerbum eft facràrum, t?'' ?v*\uji'ii'à'ài&ara, 

Sualî mitgii auierCy ut adaUrti nndè Untagmintum<^U3L- 
majus augménium : nam h6Aix tani^ncnr molâ falsl, & 
« tum immolâu dicantar ; cum wb i&x Cuat Se ali9,uid e^ 

iUis ifi aTan; datum eft , maSAt* dicùntiir per la}idati6- 
nem,iiéhic]ue boni &minis fignifica^iénem.. Et cum îllis 
niola falfa itnp&ntcnr, dictcur mfBf tfio. Vèrr» Je viiâ 
£op. Rom. L 1- il*>u l»' frAgment ^ w fini kUfinJei ait- 
•urff dt Vtrroa , 4t fiditi»» dt J. laaCoa , Amft. ty 1 3 . p. 



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L^VP'JfÈMISME. iSj 
(J'tmaginer quelqu'un quï s'emporte jus- 
qu'à des. imprécations facrilègcs contre 
Dieamême ; au lieu du terme de maitdirct 
on a mis le contraire par euphémifme. 

Naboth n'ayant pas voulu vendre au 
Roi Achab , unç viçne qu'il poffédoit , Ce 
qui étoit l'héritage de fes pères ; la Reine 
Jézabel, femme d' Achab , fufcica deux 
faux témoins , qui déposèrent que Naboth 
avoit blafphémé contre Dieu & contre le 
Roi : or, l'Ecriture, pour exprimer ce 
blafphême, fait dire aux témoins, que 
NahetA a béni Die» & te Roi. *. 

Job dit dans le même fens , peut-être 
que mes enfans ont péché ^ (^ qu'ils ont béai ' 
Dieu dans leur c«ur. *** 

C'eft ainfî que dans ces paroles de Vir- ■*» l"ï- 
gitc , àuri ftcra fdmes , facra fe prend pour *' *'' 
execràhitis , félon Sérvius ( foit par euphé- 
mifme , foit par extenfion : car il eft à 
obferver que fôuvent par extenfion , ficer 
vouloit d\tc exécrable. Ceux que la juftice 
humaine avoit condânés, 6ç ceux qui fe 
dévouoient pour le peuple, étoie.nt regar- 

*ViriiMabôlicidîi^«nt contra eumteftimftniumcoram 
mnlticûdÎDC i beaedîxic Ns^Kuh Dcum & Rcgcm. K«;. III, 

**Nefoi(èpecc&vemt fîliinieiStbeDCcHxetiatDeo ia 



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.tM k'EUPHEMISMR. 

dés corne autjint de perfones faerées. De I^ 

dit Feftus , * toijt n^^l^a^ bo^e ç(t apelé 

facer. O le maudit h^ufon , dit Af^aiius i co. 

SrFraRm. fe fçryqnc âefacmm i^Ofacrum/çarram^ d: 

Lon/rTu '"'*'*'"* Et^laucc, parlant d'un: marchand 

p. iiiz. -d'efciaveç, s'pxpriipc çn ces teçniçs,H»- 

l'iaut.Pœn. w/»/ (j^ Icno tfl ^omo\-^//4!ftMJtf-kfPliffMHt 

Prolog. V. fgrrA fûfimet\ facérrimo, 

*°' On peut encore rapçrtcr à l'euph^inifine 

ces périphrales ou ciçeonlpctitions , dont 

un orateur délicat envclope; habilement 

une idée^ qui , toute, fmiple, exciBeroît 

peut-être dans l'erprit dç ceux, à qui il 

parle ^ une image oi^ ^s. .fcnti^,eos,.peu 

favorables à Ton deflçïn principal, Cicéfos 

u'a garde de dire ad.Séuat, q.we les, domef- 

tiqucs de' Milpn tuèrent Çlodiiïs. j '* *■ 

V ils firent ^ dit-il , ce qt^ top^ maître çût 

V voulu que fes efçlaves;. çuflenç- feit ea 

* Homo futr is ell, cfucmpoputus judîcàvicolxiiale- 
ncmm, nct^cfascll eum ironulari... . ex quoi^iTis hcv- 
ino, malus a.x.r^\k impcubus, ^c^rappcllân fojct. Vtfiu^. 

Mfi^ili^nfes , qu^es pjcAiJi^iitiiUabaràbaac , uduï Te ex 
paupéribus offerfl>at, akndu.'; inao inc^ro pûbjicis & pa,- 
çioribtts eibis. Hic pôftcà , ornâcus vcrbiiiis 3c vcftibus fa- 
cris, cKcumduoeba^ar pcT cotam civitâtem., cum eiccra- 
lionibus -, ui in iffum recîdeiçnc mala lotin^civitàtis; 8; 
iîcpfojicicbâcur. ServiusmJi.a.lll. v. jy. 

** FccéruncidrerviMilànit quod fuosquiTqiie fer- 

yosincalirefâfcreyoluiflèt. Ç«. ptoMilàiie , nuni. 19., 



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TANT l PHRASE. iM 

V^pïlreille ocifîçn.çt De même, lorfiju'oii 
jie,danc pas.à.Mn mercenaire tout l'ar- 
^enç qu'il 4einande, au lien de lui dÎDÈ:, 
je »e veux f AS- -v^K ea d^nerJ/tvàatage , foui- 
werit on iiH d^c p^p çuphéroifine , je vm? 
fit doner4i davantage ujtc ^V( ^fors \ cela Ji 
friw%>er4 : fe ^htnKerai lex ocajîms de vous 
récfffi^pefiffr^.iicç. . ..'..■■. [ 

■■' l *' " ' T ■i.i.i« t ii i i l ii-i , - 

■ ;■'; XVI, .;''■;■■ .. ..; 

\ L'A N T I P H B.A s E. 



L'Euphérhifme & ■l'Ironie ont. dané 
lieu aux Grammairiens. d'invencec 
une figure qu'ils apèleac A^i/fhrafe , c'eftr 
à-dire, contre-vérité \ par exemple : là mer 
Iipire fujèteà de fréqucns naufrages, Se 
dont .les. bocds étoicnr habités pa^ des 
liômes extrêmement féroces ,étoit apdée 

Pûttt-E»xia,c^'c{ï-k-<i'iTe,merfa%uirahle à fef e^iiwî, 
hûtes^ merhoffttaliere. C'cft pourquoi Ovide ^jf'^'^^j 
a dit quç \t nori^ de cette mer était wnUoffiMiiii. 
menteur. 

Quem leneeEuxini, cnen(lixcogn6mine,Iittus. O'I- Trift. 
£■/<!;//«(/:.( :PôntBs,EuxinifaIfonômînedîiSu5. ^J\^ ,° 

Sanilius Se quelques autres ne veuleat ei.ij^v.ÙI^ 



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isé L'A NTIP HH^S E, 

point mètre l'aMipHrafc au rang des fig^^- 
res. Il y a en^fct je ne fàï <}uoi d*Gp<^ à 
J'ordre naturel , de nomer une chofe par 
fon contraire , d'apeler tatrùneuie un o^et, 
parce qu'il eft obicur \ l'anciphrafe ne 
satisfait pas l'cfprit. 

Malgré les mauvaitès qualités des ob- 
fets, les anciens qui perfouiBoient tout, 
leur donoicat quelquefois des nonu âa- 
teurs , corne pour fe les rendre favorables , 
ou pour ie faire un bon augure , un bon 
préfagc. 

Ainlî c'étoit par euphémifme , par fu-* 
perdition ,^iS£; non par antipbraie, que 
ceux quialoient à la iner que nous ape- 
4ons aujourd'hui ta mer noire y la nomoienc 
mer hofpitaliire , c'eft-à^dire, mer qui ne 
nous fera point funelVe , qui ncms fera pro* 
picc, oiJ nous ferons bien rei^s, mer qui 
Kra pour nous une mer hofpitalière , quoi- 
qu'elle foit comunément pour les autres 
une mertùnefte. 

Les trois Déeffès infernales » filles de 
l'Erèbe & de la Nuit, qui , félon la fable ^ 
filent la trame de nos jours , étoient ape- 
lées les Farques\ de l'adjeiflff^-ircwJ, qiàa 
farci nabis vitam trîhuant. Chacun trouve 
qu'elles ne lui filent pas aCtè^ de jouçs; 



D,£,,t,7P:hy Google 



1-ANTJPHH4ÂE. m 
. P'autres difent qu'elles o.^tétç ainfî;ape- 
lécs , parce que leurs fonÂions font pw-: 

Clotho colum rétinet , Lâchefis net , & Attopo^ 
• ocçat. 
Ce n'cft donc point pa^ aptiphrafe , ^«m 
fféttini parcunt i qu'elles (nac ■été; apeUçs 
FarifHes. 

L,es Fupies, Aleâ», Tifiphppe & M^ 
gère , oflt été apelées Enwienèdes , du grec ivimi^ 
e»meneis , benévûU , douces , bienfefkaceiî. 
t.a comunti opinion cil que ce nom ne 

.leur fut donc qu'après qu'elles purent cef]^ 
de tourmenter Oreftc qui avoit tué U, 

.mère. Ce princç fut, dic-oti, le premier 

qui les apela. E'»mé»ides.' Ce fçntimenç eft =^0*»" 

:adoptépar jc P. Sanadon. D'autres pré-, |^°"*i^ 
tendent que les Furies croient apelées 4j(.' 
EawUniits long-cems avant qu'Orefte vînt . ''. 
au monde : mais d'ailleurs cette aventure' 
d'Orefte eft remplie de ta'nt de circoûC- 

:tantes fabuteufés , que j'aime mieux croire " . 

.qu'on a apelé les Furies Euménides pat cu- 
phémifme, pour fe les rendre favorables. 
C'<ft ainfi qu'on traite tous les jours de 
kones & xle btenfifantes les perfones les plus 
aigres Ôc tes. plus, dlficilcs donc on veut 



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i« L'A Ntï PHRASE'. 
apaiier l'cmporcement , ou obcenir quel- 
que bienfait, ' - , , 
"On dit encore qu'un, bois facré eft apeK 
lucus , par antiphrafe j car ces bois écoicoc 
fort fombres , & lucits vient de lucére , 
luire : mais fi lucus vient de lucér'e , c'eft par 
une raifon contraire à l'âiitiphrafe j car 
come il n'étoic pas pertiiis , par refpeÂ, de 
couper de ces bois, ils étaient fore épais, fic 
par conféqaerit fort fombres, àiftfi le be- 
iôin , autant que la fuperf^iÉtorv, âvoit in* 
trôduieruiage 'd'y âlumerdes flambeaux. 

Aftfww, !« manès jC'eft-à-dire, les amcç 
des morts , &- dans un fens plus étendu, les 
habitans des cpfers, eft encore un mot 
qui a doné Heu à l'antiphrafè. Ce moc 
* Felhu , vient de l'ancien adjcftif manus , * dont 
V. Mmnâr*, on fè fervoît au lieu de b<m»s. Ceux qui 
ftoiiâs c. p"oient les mânes , les apejoienc ainfi 
I. n. j j7. pour fe les' tendre favorables. Vos o mihi 
lae"7' ^^'^"^^ ^ft' hm; c'eft ce que Virgile fait 
^. initio. dire à Turniis. Ainfi tous les exemples 
Virg, jEa. dont on prétend aucorifer rantiplu-afè , Ce 
'*■ ^' **7* raportent , ou à l'euphémifine , ou à l'iro- 
nie i come quand on dit à Paris , c'e^ une 
muèie des haUs , c'eft-à-dire, une femme 
qui chante pouilles, une vraie harangèrc 
des haies \ mrtète eft dit alors par ii:oni<^. 



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_ . 1«^ 

XVII. 

La P e il I p h. r à s Êi 

OkUintilien met la Pécîphrafe au rang «£(■,'?,««?. 
F des CEQpes ; en éfet , puifaue les tro- c^cumio- 
pes tiènent la place des cxprcllions pro- circum. 
près, !a pérjphrafe eft un.ccope,car la ff «ïa-dk»* 
périphrafc tient la place ^ ou d'un mot ou 
d'une pfarafcv 

Nous avons expliqué dans la premiccfi 
partie de cette Grammaire , ce ope c'étoÏÉ, 
qu'une phralè : c'eft une expreflion , une 
manière de parler , un arangement dô 
mots, qui fait un fens fini ou non fini. 

La périphralè ou circonlocution efl un . 
adèmblage de mots qui expriment en plu- 
ficurs paroles ce qu'on auroit pu dire en 
moins j &. fouvent en un feul mot; par 
exemple : le vainqueur de Darius , au lieu 
de dire, Alexandre,; taftre du joar.y pour 
dire lefûkiL 

On fe fert de-périphra(*es, ou par bieh- 
féance, ou pour un plus grand éclaircif- 

Plùiibus tucera Vccbis cum iJ quod'UDO , aoi paucioj- 
ribus cerEÈ , A\c\ potell , eiplicàcur , -nsiifimiiii vocan.t , 
circûiiura loquéndi. ^iat. Inft. Or. I. viii, c, 6. As 



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I90 LA PEklPkilASE. 

femcnt, ou pour l'orncmcnc du difcours j 
lou enfin par néceflîcé. 

1. Par bienféancc , lorfqu'on a recours 
à la périphrafe , pour envelopcr les idées 
balïès ou peu honêtcs. Souvent aiiflî , au 
lieu de fc fervir d'une exprelïîon qui cxcï-' 
teroit une image trop dure, on l'adoucit 
par une périphrafe , comme nous l'avons 
remarque dans réuphémifme. 

2. On Ce fert auffi de périphrafe pour 
éclaircir ce qui cft obfcur , lés définitions 
font autant de périphrafes : come lorf- 
iqu'au lieu dé dire les Parfues, on dit, ici 
trais Déefei inftrnaies ^ qui félon la fable ^ 

fient là trame de nos jours. 

La Paxa- Remarque^ que (Quelquefois après qu'ort 

ft explique par une périphrafe un mdtob- 

fcur ou peu cbnu, on dévelope plus aii 

long la penfée d'iin auteur, en ajoutant 

des réflexions ou des circonftanceà du'i! 

àuroit pu ajouter lui-même j mais alorS 

,. ce? fortes d'explications plus anipIeS bc 

«w*?»»- conformes au fens de l'auteur, forit ce 

H eft lo^' qu'on apèle des Paraphrafes^ la paraphfafe 

^uot juïta eft une efpècè de comentaîre : on reprend 

luus^dhit '^ difcbtirs de celui qui a déji parlé i oit 

•:ia.fi, juï- l'explique , on l'étena davantage èri fui- 

ta fupra y^j^j touîours foû cfprit. Nous ivons des 

»,.«;<,, di- » f^ 



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LA PEHlFHliASÈ. m 
pàraphrafes des Pfeaumcs , du livre dd 
Johi du nipuveau Teftaiïienc j &c. NoUis 
avons aufll des paraphrafes de l'art poëci- 
que d'Horace, ôcc. La périphrafe ne fait 
i]ue tenir la place d'un moc ou d'Une ex- 
preflîon , au fond elle ne die pas davanta* 
ge ; au lieu que la paraphrafe ajoute d'au- 
tres penfées , elle explique , elle dé^elopci 
3. On fe fert de périphrafes pouf l'or- 
nemenc du difcours , 5c fur-tout en poëfîc. 
Le génie de la poëfie confifte à amufer l'i- 
inaginacion par des images qui au fond fc 
réduifent fouvent à une penfée que le dis- 
cours ordinaire exprimeroit avec plus de 
fimplicité, mais d'une manière ou trop 
sèche ou trop balle } la périphrafe poéti- 
que préfeqfe la penfée fous une forme plu$ 
graciCufe ou plus noble : c'eft ainfî qu'au 
lieu de dire limplement à U peinte dajoury 
les Poètes difent : 

L'Aurore cependant au vifage vemiei! , - Henriade, 

Ouvroic dans l'Otieiic le palais du lôleil : 'l*- ''■ 

La huÏE en d'autres lieuic portait fes voiles fombres» 
Les fonges volcigeans fuioient avec tes ombres. 

Madame Dacier comcnce le XVII'. livre 
de rOdyflee d'Homère par ce vers: 
ï>h que U belle Aurore eUt anoncc le jour. 



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192 LA FEKÏPHRASË. 
Iliade, Ec ailleurs elle dit, » la brillance Aiirbft 
•'"• » fortoit à peine du fcin dfe J'Ckéan , pdur 
*» anonccr atïx Dieux & aux h&mes le 
rt recour du fbleil. 

Pour dire que le jour finie, iqU'il eft tard; 
adveJferMfcH ^ Virgile d-ic qu'on voie déjà 
fumer de loin les cheminées, que déjà les 
ombres s'alongent & femblenc tomber 
des moncagnesL » 

fecLi.v.ïî. ^^ i*"" fumma procul villârum culmina funianti 
Maioréfque cadunt altis de m6ncibus umbra-. 

Boileaû a dîc par imitation : 

. Latiia , Les ombres cependanc fur la ville cpandues 
"• *• Du iiîce des tnaifons defcendent dans les tues: 

On pourfa iïriial-quéruh plusglund nomv 
bre d'exemples pareils dans les auceurs. Je 
me contencerai d'obferver ici qu'on ne 
doit fe fervir de périphrafes qufc quand 
elles rendent !e difcours plus noble oiJ. 
jplus vif par le fecours des images. II faut 
éviccr les périphrafes qui ne préfentenc 
rien dé nouveau, qui n'ajoutent aucune 
idée accefibire , elles ne fervent qu'à ren- 
dre le difcours languiflant : fi apfès avoir 
dit d'un hbitie acàblé dé remords j t]u'/7 
tji toujours trij}<i vous vous ferve? de 
quelque 



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LA PËRlFHnASE. ici 

Îiuelque périphràfe qui ne diib autrd chô- 
e y finon que cet home efi toMjàurs fomhre ; 
rêveur , mélancolique é" ^ mauvatfe humeur ; 
vous né rendez guère votre (lifcours plus 
vif par de celles esïpreflîons. -M, Boileau , 
fut unfujct pareil, à fait d'après Horace 
une efpècc de périphrafe qui tire tout foii 
prix de la peinture dont elle ocup e l'ima- 
gination du lefteuf. 

Cg^tempH d'erreurs que l'e iroubU atompagne*. £p. r. 
Ënmiàde à U ville ainlî qu'à U campagne , 
En vain monte à cHevàl polie tromper fon ennui ', Poft ^quî- 
Le chagrm moiicè en croupe & galofe avec lui. ' "^ ^J^ 
Le même Poëte -, au lieu de dire ; fendant ^'■- 1- "f- 
que )e fuis encore \eune , fe fertde,trbis pé- 
tiphrafes qui expriment cette même pèii- 
féc fous trois images difétentcs. 
Tandis que libre érfcbt , malgré les deftineés , sai. i: 
' Mon corps n'eft point courbé fous le faix dés 
années *, 
Qu'on nâ voit point tnCspasfotis l'âge chanceler» 
£c qu'il refte à la Parque éncor deqUoi liler; 
On doit auflî éviter les périphràfes obfcu- 
ires & trop enflées. * Celles qui ne fervent 

. * Uc ciim décorum habec, periphralls , ita cùm in vltiiini 
incidic, ■aseiaeef.eiU dîcitur : obllac enim quid<]uid non ià' 
|uvici QMtia. Iilftit. Oral. I. viii. c. (. . . 



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»9+ LA PBRIFHRASÊ. 
ni i la clarté, ni à l'ornement du diC 
cours, font défe£tueufes. C'eftiine inuti- 
lité défagréable qu'une périphrafe à lâ 
lliitc d'une penfée vive » claire, folide & 
noble. L'efprit qui a été frapé d'une pen- 
fée bien exprimée , n'aitne point à la re-- 
trouver fous d'autres formes moins agréa- 
bles, qui ne lui aprènent rien de nou- 
veau, ou rien qui l'intéreflc. Après que le 
père des trois Horaces, dans l'ex^ble 
* page lo. *î^^ i'^i *^^\^ raporté , * a dit qu'ilmû^nûl^ 
il dévoie en demeurer là, &, ne pasajoutcn 
Ou qu'un beau défefpoir enfin' le fecourôc. 
Marot, dans une de fes plus belles épî- 
tres, raconte agréablement au Roi Fran- 
çois I. le malheur qu'il a eu d'avoir été 
Volé par fon valet, qui lui avoir pris fon 
argent, fes habits, &c fon cheval j enfuite 
il dit: 

Et néanmoins ce que je vous en mande , 
N'pft pour vous faire ou reqiiète ou demande t 
Je ne veux point tant de gens renèmbler ; 
Qui n'ont fouci autre que d'ailèinbler ; 
Tant qu'ils vivront ils demanderont, eux i • 
Mais jecomence à devenir honteux. 
Et ne veux point à vos dons m'atêtet. 
Je ne dis pas , fi voulez tien prêter. 



D,£,,t,7P:hy Google 



LA PERIPHRASE. ipj 

Que De le prène : U h'eft poinr de prêteur ^ 
S'il veut placer, qu'il ^e fade On debtettr. 
Et faveï-Vôut , Siie , coioie'nc je paie , 
Nul ne le &it II premiet ne l'eiflàie. 
Vpùs me devrez , fi je pùiS , de retour j 
Ëc Vous fersi encorei un boA tour } 
A celle Sn qu'il n'y ail fàutè aoIIë; 
Je vous ferai une belle cédule > 
A Vous payer ^ fans ufilre il Veniend ; 
QuaAd àa verra tout le monde contenc'} 
Ou fi vous vodlei, â payer ce fera; 
Quand votre los & renom ceflèra. 

' Voilà où le génie condinfit Maroc i ëc 
Voilà Ôb l'art devoit Ib ftiire arêcet ; ce 
^u'il dit cnfiiitc <\ùc Us deux frinces La- 
tains le fUi^trotrt -, & encore 

Avifez donc ^ fi vous aveï défit 

De ^iên prêter ; vous ine iêrez plailîi : ' 

Tout cela, dis i'éj n'ajoute plus rièii à là Cic. ii 
Tpenfëe : c'éft ce que Cicéron apèle verbç- *^"'- ^ '• 

> -^ . --. V T . , ■h' ' -, n. ïii. ali- 

rum va eftiirorum_ at^ue orfidttjjtmorum jo- itt ,i. 

nitus inanis. Que s'il y avoic qilelcjue chbfe 

cïe plus à dire , ice font les douze derniers 

vers diii fot« lin rioiiveaii iens; & lié 

ibric plu; ime péri^rafc qui regarde rem- 

brUDt; 

Nii 



p -hyGoogle 



n>« Lji PERIPHRASE. 

Voilà le point principal de ma lettre > 
Vous favez tout, il n'y Êmiplus rienmettttt: 
Kien mettre las ( Certes, & fî ferai -, 
En ce faïËtm mon ftyle j'enfleraj , 
Difant , ô Roi amoureux des neuFMures> 
Roi, en qui font leurs fcîences infufes, 
^oi > plus que Mars , dlioneur environé, 
Roi , le plus Roi qui fut onc couroné ; 
Dieu toflc puillaiit te doînt , pour t'efttcnet * 
Les quatre coins du monde àgouvetner, * 
Tant pour le bien de ta ronde machine ^ 
Que pour autant que fut tous en es digne. 

4. On fe fercdepériphr.afe|)arnéceffiré, 
i^and il s'agit de traduire, Se que la tan- 
gue du traducteur n'a point d'expreflîon 
propre qili réponde à. la langue originale : 
par exemple , pour exprimer en latin une 
péruquC, il feut dire coma âdfcifftia^ unfi 
chevelure empruntée , des cheveux qu'on 
s'eft ajuftés. 11 y a en latin des veftes qui 
n'ont point de Tlipin ^ fie par conféquenc 
point de particij)e i ainfi au lied de s'ex- 
primer pac le participe, on cft obligé de 
tecourir i iapériphrafe"j^«»/, effefut/trum 
, ut i j'en ai doné pluiîeurs exemples dans U 
TyntaXe. 



nio,t,7P:hyGoO'^le 



'^7. 



XV m,' 

L'Hypai.i,age. 

Virgile, pour dite mettre a U 'voïU , a tV«m»7iî. 
é\t,* dare clâjfi^us aujfrùs : î^'ordre na- ""™i","*?- 
tiirel dcmand.oit qu'il dît plutôt , dare claf"^* „nd,w. 

fis auflris. aor,i.pafr, 

,Cicér<jn» dans l'oraifon pour Marccllus, *♦ ^n j 
dit à Céfar qu'on n'a jamais vu dans lati.T,ti, 
ville fqn.épéc yviide du fbureau , glâJiarn 
vagina •vScitum in itrbe non vidintHs. \l ne 
s'agit pas, du fonds de la penfée, qui eft 
de fai;;ç entendre que Céfar n'avok exercé. . 
aucurje cruauté dans la ville de Rome , il 
s'agit de la c(^,b4naifon des paroles qui - 
ne paroiflènc pas lices entre elles conie 
çUes le fûnt dans le langage ordinaire, 
car Wc««/ fedît plutôt dufçureauquq de 
rëpéc; ■ - 

Ovide començe {es méeamorphofes pas; 
CCS paroles : 

In nova fert ânimu^ mucatas diïece fdimaî, 
Côrpora. 

La conftruftîon eft animas fert me ad dtcere ' 
^rm^ m^t^t^^ i».n9y4 i^r^era. Mon génie 
î^. iij 



D,£,,t,7P:hy Google 



1^8 l'HrPAllAGE. 

^nç porte à, raconter les formçs changée^ 
ça Je nouveaux corps : il étoit plus nacu^ 
^el de dire , à raconUr les corps c'eft-à-, 
dire , à parler des corps changés en de itûuvi- 
Us formes. 

Vou5 voye? <jue dans ces foftes, d'ex;; 

preffions les mots, tie font pas conitrviit^ 

ni cojnbinés entr'cox corne ils le de- 

vroieat êtrç félon la deftinatipn des ter^ 

niinaifons ôc de la cotiftruâiion ordinai-t 

re. C'eft cette tranfpo.fition oh change- 

meiv de conftruftioa qu'oji apièle ^pal- 

hgCy mot grec qui figni^^e changement.^ 

Cette figure eft bien malheureufe : les 

fcjt Orv. Rhéteurs difent quec'çft aux Gjammai-r 

i^iv. c. iî.|.jçn5 à en, parler, Grammatkorum fotiitf 

fihtpta efi quim tropus ^ dit Voffius ; & lest 

Gramaiaiçiçns la renvoient aux Rhéteurs i 

T^iV- ^^ ^^"wnaae , diç.la Aouvèle Méthode do 
~ Pi R.^ C'eft un trope ou. une figure d^éiocujhn. 
Le changement t^i fc fait dans k conP 
truàioji des mof s p?.c. cette figure y ne re- 
garde pas leur Çgnification, ?ia(i ec ce 
'fcns cette figure n'eft point un tr^ie, 8c 
doit ^re miïe dans U clafîi des idiofifmc^ 
oja façons de parler particulières à la lan- 
gue latine » mai*, j'a; c^n qu'il n'étojc pa^. 



D,£,,t,7P:hy Google 



VHY HALLAGE. iç^ 
intitire d*cn faire mention parmi les trem- 
pes ; le changement que l'faypallage fait 
dans \z combinaifon 6c dans la conitruc- 
tion des mata, cft une forte de trope on 
de converlion. Après roue , dans- quelque 
rang qu'on juge à propos de placer rbypal- 
lage , il eft certain que c'cft une figure 
trcs-remarqua;ble. 

Souvent la vivacité de l'imagination 
nous fait parler de manière , que quand 
nous venons enfuite à confîdérer de fang 
froid Tarangement dans lequel nousavons. 
conftruit les mots dont nous nous fomes. 
fcrvis» nous trouvons que nous nous fo-, 

' mes écartés de l'ordre naturel , &; de I4 
manière dont Içs autres homes conftrui- 
fentlcs mots quand ils veulent exprimer 
lamême penfce ; c'eft un manque d'exacci- ' 
code dans les modernes ; mais les langues 
anciènes autorifent fouvent cestranfoofi-: 
tious : ainH dans les anciens la tran(pofi- 
tion dont nous parlons eft une figure rcfr 
pejftable qu'on apèle hypalU^e ,_ c'cft-à- 
dire , changement , tranfpofîtion , oli reti-. 
vetfcraent de conftruâion. Le beCoiii 

"d*une certaine mcfure dans les vers,, a 
fouvent obligé les anciens Poètes d'avoir 
teçQurs à ces façons de parler , 8c il faut' 
Niv 



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aoo L'HVPALLAGE'. 
convenir qu'elles ont quelquefois de k^ 
grace : aum les a-t-on éleyjéeS à la dignité 
aexpreffions figurées j & en ceci les an-^ 
ciens l'emportent bien fur les, modernes , à 
qui on ne fera pas de lone-tems le mêm^ 
hpneur. 

Je vai& ajouter encore ici quelques 
exemples de cette figure , pour la faire, 
mieux concâtce. Virgile fait oice à Didon ;. 

J(ji. L iT. Et cùtn frigida mots ânimâ fedû^^eric anos. 

" " Après que ia frt'tdt mort aura féfdrc de mù». 
ame les menées de mon cor fSyW^^^hxs ot- 
dinaire de A\rc aura Pf»ré mon apte de mon., 
cèrps : le corps demeure, & l'amele quite i 
ainifî Servius & la plupart des conienta- 
teurs trouvent une hypallage dans ces pa- 
roles de Virgile. 

■ Le rhême Poëte parlaoït d'Enée & de. 
la Sibylle qui conduifît ce héros dans les 
enfers , dit :. 
Ma. L VI ^^^^^ ohfcûri fpU fub noue per urobratn. 
T. »«!. Pour. dire, qu'ils marcboient tout feuls 
dans les tépèbrçE d'une nu.it fomprc. Scr-- 
vius Ôc le t*. de la R ue diifent que c'eft lc\ 
unç hypallagie pour ihaot foU fub ohfc^rs 
noue, " - ' 



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VHYFALLAGR. v?s 

Horace a dit : 

Pôcula lethseos ut fi dueéntia fomnos ^**'* ^'^' 

Traxerim. *^ '" 

Céme fi faveis'hu les îAux qui amènent le 
fimeil dtt fleuve i^éthé. Il écoit plus naturel 
de dire pocuU kthxa. les eaux du fleuve 
Léthé. 

Virgile a dit qu'Eff« taîumA des feux 
frefque éteints. 

• . . , Sppitos fiifcitat ïgnes. ■*«>. I. *- 
11 n'y a point là d'hypaflage, ç,^xfo^Uû,s^ "'*** 
félon la conftru£tion ordinaire , fe raportc 

à ignés : mais quand pour dire qu'fiwf ra-f 
luma fur i'a^atel d'Èercuk ^ fit frejque 
iteint y Virgile s'exprime en ces termes; 

• ; 1 . • Hçreî(leis. fopîias tgnibus aras S-nX-nru 
Excitât. ^' î*V 

Alors il y a une hypallage, car félon 
la cotnbinaifon ordinaire, il auroit dit, 
excitât ignés fvffiàs {n aris hercileis , îd eft , 
Hércuii facris. 

Au livre XII, pour dire ,^<i« contraire 
Mars fait tourner la viitoire de notre cêté^ il , 
s'exprime en ces termes : 

Sin noftrum annûetit nobis viâoâa Martem. jEm. L xu> 
Ce qui eft une hypall^c , félon S.erviys, ^stl^i^L 

ibid. 



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302 VHYTALLAGE. 
HjtpalU^e : fro fin noftcr Mars annileric 
nobis vi^riattv : nom M^rtem viffm-ia et- 
mitétur. 

On peut auffi regarder corne une forte 
d'hypallage y cette façon de parler feloix 
laquelle on marque par un aa[e£Uf , une 
circonIVance qui eft ordinairement cxpri- 
méc par un adverbe : c'eft ainfi qu'au lieu 
de dire qu'Ë/f« envtya fnmptement Achate^ 
Virgile dit :« 

iEn> )-!>▼•* - ■ ■ Hâpidum ad naves pnçtmctit Achateit 
*44- Afcânio. 

R^idum eft "^wt frompttment ytn diligence^ 
^i(i.T.7J>. ■ Age divtrfasy c'eft- à-dire, chaflèz-Ies 
çà & là. 

^Li.r. Jam^eafcendébam coUem qui pluiimijs'urbi 
f *• Icnoiinec. 

Plurimus y c'eft-à-dire , e» leng , une colino 
qui domine , qui çègnç tout le long de 1^ 
ville. 

Médius ^fummus^^infimus, font fbuvent 

employas en latin dans un fens.qiu^ nom 

rendons par des adverbes ^ & de même 

Ter. Eau. nuUtts pour noH : mémini , tamhjt nnllus mé^ 

Mi. 1'. fc. ^^^^ pouf ^^^ rnSneaSy corne Ppliat Ta t^ 

^''', '*■ marqué. 



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L'HYPAILAGE. ao? 
r Par tous cçs exemples on peut ob-r 
Icrver : 

.i.C^u'il ne faut point <juç ^I:^ypaUî^ 
9porte de l'obrcurité ou de l'équivoque i, 
la penfée. Il faut toujours qu'au traveis 
du dérangement de conftrut^ion « le fonds; 
de la penfëe puiffè être auffi fîiçilemenç. 
démêlé, que h l'op fc fût fervi de l'aran-^ 
genient ordina:ire. Oji ne doit parler quo 
pour être cntend^ par ceux qui conoliîeac 
le génie d'une langue. 

z. iVinH quand la conflru£kton eA équî^ 
voque , ou que les paroles exprimçnt un 
iens contraire à ce que l'auteur a voulu 
dire i on doit convenir qu'il y a équivot 
que, que Tautcur a fait un contre-fens. 
Se qu'en un moi îl s'eft mal 'exprimé. Les 
anciens étojenc homes , & par conféquent 
(ujets à faire des fautes corne nous. U y a 
de la petiteflfè & une forte de fanacifine à 
recourir aux figures pmir excufer des cx- 
preffions qu'ils condamneroient cux-mè- 
jnes, & que leurs contemporains ont fou- 
vent condânées. L'hypaîlage ne prête 
pas fon nom aux contre-fcns & aux équi- 
voques i autreçient tout feroit confondu , 
& cette 6gurc deviendroit un afyle pour 
l'erreur & pour l'obfcurité. 



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,04 L'HYPALLAGE. 

y L'hypailage ne fe fait que (juand'oil. 
ne fuie point dans les mots l'arangemenc- 
écabli dans une langue -y mais il ne faut; 
point juger de l'arangemmt & de la Ar^ 

Unification des mots d'une langue par- 
ufage établi en une autre langue pour 
exprimer la même penfécy Nous difons 
en françois, je me re^e/if^jt m'afiige de ms 
faute j Je cft le fujct de la propolîcion » 
c'eft le nominatif du verbe: en latin oi^ 
prend un autre tour, les termes de la (wo-v 
polition ont un autre arangemenc , /f, de- 
vient fe terme de l'a^on , ainfi , félon U 
dcftination des-cas, ]e femec à iSicufàtif;. 
k fanvenk de ma faute ffi^flige y m'4feBt 
de repentir-, tel e(t le tour latin , paaitett 
me caip^f cVfl-à-dire, recardâtio, ratiû ^ 
rtfpéélusy •vitium-, mgotmm ^ faHum , oa 
L}.f.s. T. >"''/<"» cmlpx pœnhet me., Phèdre a die, 
»j- mdHsnetfuâU poat ne/fuitiâ. i res cihi poup 

j: '^ ^' *■ fi^jK/. Voyez, res obfcrvations <]oe noua 
avons faites fur ce fujet. dans la fyn- 
taxe. 

Il n*y a donc point t^hypatlage dans 
fanitet me culfd , ni dans les autres façons 
de parler femblables j je ne crois pas non 
plus , quoi qu'en difenc les Comenta- 
^çurs d'Horace, qu'il y aiç ijn,e hypais^ 



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t'ÏIYFALLAGË, iès 

lage dans ces vers de l'Ode ij: du livré 
premier; 

Velox atnoctinm Cepè Luctéiîletâ 

Mutai Lf c£o Fâunus. 

C'cft-à-dire , que Faune prend fouvehl 
en échange lé Lùcrétîlfc pour le Lycée, il 
vient fouvcnt habiter le Lucrécile auprès 
de la maifon de campagne d'Horace ,6c 
^uite pour cela le Lycée ïà demeure ordi- 
naire. Tel eft le fens d'Horace , cûme la 
Juite de Code le doue nécejfsirémtnt à enteitr 
Jrtk, Ce font les paroles du P. Sanadon , xom. i. ^^ 
qui trouve dans Cette Façon de parler * S79- 
une vraie hyfallage ou un renverfemem de 
c«nfiruifion. 

Mais il me paroît que c'eft juger du 
latin pat le françois , que de trouver une 
typaÏÏage dans ces paroles d'Horace, 
LttCrétiiem mutât Ljcao Faunus, On cO- 
mence par atacker à mutare la même idée 
que nous atachons à notre Verbe changer ; 
doner ce quon a pour ce qu'on n'a pas ^ en- 
fuite , fans avoir égard à la phrafe latine ^ 
t>n traduit , Faune change le Lucrétile four 

* Voyez les tcmatquès du P. Saaadon , à l'ocaGon de 
'iLmcinM mmtt fâfenii, vers î8. Atl'Oàalbii Mmrnii.Vot- 
'&ta d'Horace , lomt I. fage lyjt 



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ào6 VHYPÀllÀ'ÛÈ. 
îe Lycée : Si cbme cette exprdlîbn fîgnii^ 
tn François , que Faune paUe du Lucréciic 
au Lycée , éc non dii Lycée au Lucrécile^ 
ce qui eA: pourtant ce qu'on fait bieii 
qu'Horace a voulu dire, on cft obligé 
de recourit à l'hypallàge pour fauverlc 
contre-rens que le ftançois felil préfentè; 
Mais Iç- renverfemcn't de conftruftibn rie 
doit jamais rcnverfer le fens, corne je 
viens de lé remarquer % c'eft la phrafé 
inême/ & non ia fuite du difcours^ 
qui doit faire entendre la penfée , fi ce 
h'eft dans toute fon étendue , c*eft au 
moins dans ce qu'elle préfcncc d'abord 'à 
l'efprit de ceux qlii favent la langue; 

Jugeons donc du latin parlé latin ihêi 
itie i fie nous ne trouverons ici ni contre- 
fens ni hypallage , nous ne verrons qu'une 
phrafe latine fort otdinaife en prtofe.ÔÊ 
en vers.' 

On dit ieri laiiti donàre murterà àïtçni; 
doner des préfefts à quelqu'un j & I"ori 
dit aufli denart aliqvem munere, gratifier 
■quelqu'un d'un frètent: on dit égalémehÉ 
tirc«^àre urhem mamhus^ & circumdafi 
PfœmU urhi > dc même , on fe fert dé w*- 
tare, foie pour doner, foit pour pteiidrié 
une chofe au lieu d'une autrci 



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l'nrpÀiLAGÉ. io7 

Mutà^ difcnt les Etymologiftes , vient*"'"*- ***•' 
>clc ntfttf i mmtSre quafî motdre. L'anciène ''* '""*' ' 
maniè're d'aquétir ce qu'on n'av«ic pas » 
fe fefoie par des échanges , de là muta fi- 
gnifie également acheter où vendre , fren- ' • 
dre <Hi dffntr quelque chôfe aii lieii d'Une 
autre , emo aut vende , dit Martinius ^ & il 
cite Columellcj qui a dit perçus Uiieùs 
dre mutindiés efi , il faut acKeter un cochoft 
de lait. 

Ainlî , mutât LuerétUem j fighifie vienic 
prendre , vient poffëder , vient habiter le 
Lucrétile , il achète^ pour ainfî dire, le 
Lucrétile par le Lycée, 

M. Dacicr , fut ce pafïage d'Horace » 
temAK[vie<^u'Iftrace parie fi^uveat dé même ^ 
t^ je/ài biea , a joute-t-il , que ^ueli^mes his- 
toriens tant imité. 

Lôrfqu'Ovide fait dire à Médée qu'elle 
voudroit avoir acheté Jalon pour toutes 
les richcfîès de l'Univers , il fe fcrt de 
mutité. 

Quemqae ego cum rébus qiias totus p60îdet orbis Mec, I, vu. 
^loniden mutâflè velim. ^' '** 

Où vous voyez que corne Horace , Ovide 
emploie mutâre dans le fens à'a^uérit ce 
^u'm nU pas , de f rendre , Cacheter uae 



p-h'y Google. 



2oS L'HYPALLAGE. 

Tom. i; chofe en e» Mitant une autre: Le P. Sana.doa 
'" *'*• remarque qu'Horace s'eft fbuvent (èrvi de 
mutârex'ci ce fens , mutavit lugubre fagum 
fûnico , * pour funicuntfagum lugubiri : m»' 
tct lucana caUbris fafcuis \ * * pôut cU'ahrA 
fâfcua lucinis ; mutât uvam JirigUi j * * # 
^awx fingilim wvâ. 

L'ufage de mutare aliquid aliquà re dans 
le fens de f rendre en échange > cft trop fré- 
quent pour être autre chofe qu'une phraie 
. latine j corne donâre aliqaem aliquà re , gra- 
tifier quelqu'un de quelque «cliore ; ÔC cir- 
xumdare mania urhi , doner deS ittilrailles 
à une ville tout autour , ç'eft-à-ditè j en- 
tourer une ville de rnurailles : l'hypàlUgè 
ne fc met pas ainfî à tous les jours. 

XIX. 

L' O N O id A T b P e' El 

o*fv«Mf- ir 'Onomatopée eft une figure par là- 
J^fiÙ' i j quelle un mot imite le fon naturel 
WitWf de ce du'il fignifie. On réduit fous cette 
fiai»: for- figure les mots formés par imitation dii 

niauoa ■^ t 

iWmot. *L.y.6d..t. 

** L. V. CM. ï. 

***t. ïi.SauYU.T. ïio; 



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ï;0SlÔMAt6PÈE. 20^ 
fen iCOmé \çghHgioitdeUhouteiiU': le cli- 
èuefif^ c*eft à-dire j ie bruit qiie font les 
boucliers, lès épées, & les autres armes 
'en le chocjualit. Lx triéfrac qli'on apeloit 
autrefois tiéfac \ forte de jeu affe* comun \ 
aînfî nomé dû bruicquç font les dénies fit 
ics dés dont 'cm fe ferc à ce jeu : Tmnitus 
«r/jj tintement ( t^eù le fon clair & aigu 
des niétaux. Bilh/re , biîbit imfhera\ la pe- 
tite boutei^je -fait glou-groii ; ton le dit 
d'une petite bouteille dont le goulot ert 
iéttoit. Taratantarâi c'eft le bruit de la 
tïompètei 

Àt tùbâ tetribili fônita taratancàra dixit. 

Ccft lin àncieri vers d'Ennîus \ au raport 
de Servius. Virgile en a changé le dernier 
hémiftichc j qu'il ïi^a pas-trOuvé aïTcz di- 
gne de la poëfie épique ; voyez Serviuâ 
fur ce vers de Virgile* 

At tuba tertlbilem fànitam ptdcul œre «nord , hn. \. ti. 
Incrcpuit; ^' î"'" 

Cachfftms ^ c^zii un rire immodéré; C4- 
vhtnne ^ ènis , fe die d'un home qui rit fans 
tecenue : ces deux .mots font formés du 
fon bu du bruit que l'on cntend.quand 
iquelqu'un rit avec éclati 

G 



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aïo VOMOMAtOPÈE. 

Il y a aqffi plufîeurs mots qui çxprimtnt 
le cri desaainviiucr cf>n)eé«^r, qui fe dit 
4es brebis. ' 

Lace. I. ;. BA$tbari ^ aboyer , Te d^ des gn>9 chiens^ 
.T.io/i. i^frJre^ abpyçr, hurlef ,cVft le mot gé- 
nérique. Mntire * parlet «nccc les 4ents ^ 
luurmuref , gronder, copie ks chiens: im 
caqum elî^ uacl< mutre^ die Chariitu>. 

Les noms de [ululîeufs animaux font 
tirés de leurs cris , Cur-çouc dans lesi Un* 
gués originales. 
(Jfit^, Hupe, Hibc«i. 
Câtmas , qu'on prononçoîc ceBC6»U»s , un 
Coucou y oifeau. 
Htriad» , une Hirondcle. 
ITiân^.Chouèce. 
£«^, Hibou. 
CrÀccmkts » un Chotica? , cfpè» de Coi^ 

neillc. 
CdUîitdf une PouICk 

Cette figure n*cft point vm ttope , puir» 
que le mot fe prend dans. le fens propre! 
mais j'ai cru qu'il n'étoit pas inutile de U 
remanjucr îci. 



D,£,,t,7P:hy Google 



■ ^ . XX. 
Qm^itH même m* -ftut être dèummeut 

IL eft à ôbferVdr glic fouirent wn-riidê 
èft doLiblemerlc figuré j «'eft-à-direj 
qu'en un certain fens il âpartienc à urf 
certain trope ^ fie qu'en Un autre fens il 
peut être rartgé Tous un autre trtope. Ort 
peut avoir fait cette i-eraarquc dans quel- 
ques exemples que j'ai déjà ïaportési 
Quand Virgile dit de Bitias , que plenofe 
froluk auro, auro^ le prend d'abord pour là 
' coupé i c'cll unefynecdoque de la matière 
jpôijr la chofe qui en eft taite; ciifuite \i 
coupe fè prend pouf la liqueur qui itoii 
^contenue dàrts cette oôiipc: c'eft ondmé' 
tonymie dû contenant ^ur le contrentr. 

Nota^ marqde , fui^ne , fè dit ert génà» 
rai de tout ce qui fert à conôîfre ou fe- 
tnarquer quelque Chofc ; ifials lôtfqué 
nota y {n»te] fe prend pour dédecùs , mar- 
<5ue d'infamie, taché dans là réputation i 
Come quand on dit d'un militaire ^ ils'eji 
enfui en ttnt telle ocafien j c'cft une netc^ il ^ 
a une métaphore fie une fynecddquie dan^ 
tecte façon de parler; 

Oij 



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ut MEME MOT, ^te 

Il y a métaphore, puifquc cette mtt 
n'eft; pas une fn^fCjiiÇ réèle , ou un lîgnâ 
fenfible ^ qui foit lur la perfone donc on 
patic ; ce n'cd <]uë pÂr compat^iron qu^on 
le fert de ce mot} on done à note un' fens 
fpirituel & métaphorique. 

Il y a fyhecdoqué , puifque nttt eft tcÇ- 
craint à la (ignification particulière de 
uche y dédecus. 

Lorfque pour dire qu'il faut faire péni- 
tence £c réprimer Tes pallions ,^on dit qu'i/ 
faut mortifier la chair ; c'eA une cxpreQïon 
figurée qui peut fe raporterà la fyncc-' 
doque & à la métaphore. Chair ne fè 
prend point alors' dans le fens propre , ni 
ciîins toute fon étendue ; il (c prend pour 
le corps humain , 8c fur-tout pour les paf- 
Jîoos, les fens: ainfî c'eft une fynecdo- 
que -y mais mortifier eft un terme métapho< 
riquc , on veut dire qu'il faut éloigner de 
nous toutes les déHcatelIès fenfibles ; t^u'il 
faut punir notre corps , le fevrçr de ce qui 
le flate, afin d'afoiblir l'apétit charnel, 
la çonvoitife, les pallions, les foumettre 
à l'efprit , & pour aînfî dire , les faire 
mourir. 

Le chang^ement d'état par lequel un ci- 
toyen romain perdpït la liberté, ou aloit 



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MEME MOT,(^c' ii> 
en exil, ou changeoit de famille, s'apc- 
loit capitis mimtio , diminution de tête : 
c'eft encore une exprcflîon mëtaphorique 
qui peut auflî être raportée à la lyneedo- 
que. Je crois qu'en ces ocafîons on peut 
s'épargner la peine d'une cxaftitadc trop 
recherchée , Se qu'il fufk de remarquer 
que l'exprcliion eft figurée, & la ranger 
tous l'cfpècc de tropc auquel elle aie plus 
de raport. 

XX. 

Ge la fithérdinatien desTropes^ au du rang- 
qu'ils doivent tenir Us uns à tégard des 
4utres , et de Ifurs, caraéfères frarticu-^ 
liers,. 

Qyintilien dit *"que tés Grammai- 
riens auffi-bien que les Philofophes 
aispurent, beaucoup entre eux pour favoîr 
combien il. y a de diférentes clailts de 
tropcs, combien chaque claflè renferme 
d'eipèces particulières, & enfin quel; eft 

* Circaquem (tiepBin)'inexplicàbilis', dcGrammâticts- 
incer ipfos , 8c Phîl6(ibptiiï pugaa cA ; qux lîni gênera , 
(]az/p jcies , quit num^nis , quis ci(i ritbjiciicur. 0ttmt^ 
Ctft. Qtm. L vm. c. «v ^ ' 

Qiij 



e:h»Goog[e 



,14 SUSORDJNATWN.&c.^ 

l'ordïe au'on doiç garder çntreces claUès^ 

Çc ces espèces.. 

in%.OrM. Voffius (outicor qu'il nV a que qùa^ 

A "^" A:^* '^"^ trppQs principaux, qyi iont la Méta- 

^.ML 1. *^ phore, la Méçoiiymic, la Synecdoque & 

rlroiiie i le? autres , à ce qu'il prétend , fe 

rapor^çnt à ceux-là come les eljpèccs aux 

genres: piais toutes, cçs difcumops Tonc 

stflèz inutJlt;!^ dans, la pratique , &: il ne- 

faut point s'amufer à des recherches <^ui 

Souvent n'ont aucun objet certain. 

Toutes les fpis qu'il y a de la diférenco 
dans le raport naturel qui done lieu à la^ 
fignifiçatipn empruntée , on pçut dire que 
^'cxprcffion qui eft fondée nir ce rapor^ 
apartient à. un tropc particulier. 

Ctft le raport de reflèmblance qui eft. 
te fondement de la catachrèfe & de la mé- 
taphotci on dit au p^iopre unefeuUie £at- 
krct & parcatachrère»/ï^^«i//e(/f jprf^ï^r, 
parce tw'une feuille de papier eft à peu, 
près auffî mince qu'une ieudle d'atbre.La 
çatachtèft *ft U première efpèçe de mé- 
taph<ïrc. On a recours à la catachrèfe par 
néceifiré, quand on ne trouve point de 
n)08 propre pour exprimer ce qu'on veut 
dire. Les autres efpèces de métaphores (& 
font par d'a«tEÇS g^puyeineç^ çlp_ l"iiçi^^i- 



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DES TROPES. iif 

«attoti qiii f>nc toujours la rèflfèinblanCcc 
pour fohdement. 

L'irortie aa contraire eft fondée fiirnK 
raport: d'dpoficion, de ccMitràriété , dedv- 
fërence , à , pour ainfi dire , lltr le con- 
tra rte tju'il y a^ ou que nous imagiftons 
entre lin ohjct &i un autres c'eft àinCt qùè 
Boileau a die, Qurnaitlt efi itrt'Virgik. satyre». 

La mdtortymie'&ik fyiiecdo<|tie^auflî- 
bien que les figures, qui ne font que deSi 
cfpècesde i'tine ou de rautre, font foft- 
dées fut- quelque autre forte de rapott qui 
n'eik ni un rapott dé reffèrtiMance , ni un 
report da contraire. Tel èft , par exem|yle, 
le taporf de Ift. càufe à l'éfet ; ainH dans 1» 
mëtooymie & dan* la fynecdoqite les ob- 
jets ne font confîdérés ni cômc fcmbla- 
oles, fit eome contraires, on les regarde 
ièulement comê ayant ehtr'eux quelque 
selation , quelque liaifon , quelque forte 
d'union ; mais il y a cttre dïférencc , doc , 
<fens la *îét»Tïymie , l'uniôft n'empêche 
pà$ ^'une cho(è lie foblîfté indépendant 
ment d'une autre ; au lieit c^ie , dans la. 
lytiecdoquc , tes objets dont fun eft dit 
pour l'autre , ôiîé une ïiatfôfi phis d^épen- page loi. 
dante , c«me ttoOs Katbtw déjà remarqué-, 
^iw, dt Côjftipïii (bus le nom de l'autre , 



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4if SUBORDINATION: 
ils forment urx enfembtc, un touî ; paï- 
çxcmplc , quand je dis dç quelqu'un, qu'/|( 
a lu Cicéra»., Hord^e., V^^iU, 4u lieu de, 
dire» Us ouvrages de Choron, &c, je prens 
la caiiie pour, l'éfet, c'eft le rapoçt qu'il y. 
a entre un auteur & fpn livrç , qui ç(l le 
fondement de cette fa^oo, de parlei: , voilà 
une relatipn, mais le livre fublîlle fans 
ion auteur,, Ôc ne forme pas un tout..a,vec. 
Jui j au Ueu que , lofCquc je dis.rf^/i'TW/ejt 

Eour cent, vaii^eaifiç , je prêtas U partie pouc 
:- tout, les voiles font nécefîaires a un 
yaiiièau : il en eft de mêtne quand je dis^ 
qu'a» a fjyé tant f^r tife^ la tête eiV unç 
partie eflèntièle a l'home. Enfin, dans la 
lynecdoque il y. a. plusd'unioii & de dé- 

fcndance entre les objets donc le niomde 
un fè met ppuy. le noni de l'autre, qu'il 
o'y en a dans la métonymie. 

L'allufion (è icrc de toutes les fortes de, 
relations, peu lui importe que les termes 
çonvjènçnt ou qe conviènent pas encre 
eux, pourvi^ que par la liaifon qu'il y a 
entre l.es idées acccflbircs,, ils réveillent 
çc|le' qu'on a, eydeflcin. dç: réveiller. Les 
ÇJrconftançe^ qui aconjp^gfient le fèn^ li- 
erai, des mots, dont on ie fètt dans l'allu^ 
^ù;ui, npus, £çMii| conoître que ce fens lit;^ 



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DES TROPES. it7 

XaX n'eft pas celui qu'on a eu denèit\ 
4' exciter dans notre efttfit , & nous dé- 
voilent facilement le (ens figuré qu'on a, 
voulu nous faire entendcc. 

L'€uphémifme eft une efpècc d'allu- 
fion , avec cette diférence , qu'on cberchç 
à éviter les mots qui pouroient exciter 
quelque idée trille , dure , ou contraire à 
1^. bicnféancc. 

Enfin chaque efpèce de trope a fon ca- 
raélèrc propre qui te diftingue d'un au- 
tre, corne il a été facile de le remarquer 
par les €>bfcrvations qui ont été faites fur 
thaque trope en particulier. Les perfoncs 
qui trouveront ces obfervations ou trop 
abftraites , ou peu utiles dans la pratique , 

ftouronc Ce conrenter de bien lentir par 
es exemples la diférence qu'il y a d'un 
trope à un autre. Les exemples les mé-r 
nerçnt Infenfîblemeqt aux Qbfervatioos^ 



;**, 
T 



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XXII. 

I . Des Trgpes daat on itd fmnt farlt. 

I I . Variété dans t* dénonÂtatiê» dtsTrtfesK 

\. ^^Ome les figures ne font que des, 
V_*i manières de parler qui ont un ca- 
raélère particulier auquel ç>n a doné utti 
nom i que d'ailleurs chaque forte de fi-, 
gurcpcuc être variée en pluGeurs manières; 
diférentes , il eft évident que fi Tm? vient: 
A obierver chacune de ces manières^ & 
à leur doner des noms particuliers , on en 
fera autant de figures. De là tes noms de 
miméjis ^ afophafîs , catàfhafis^ sfieifmus y 
mySimfmus , châritntifmus , dia(jrmits , fâr- 
eafmus^ ÔC autres pareils qu'on ne trouve 
guère que dans les oaviages de ceux qui 
les ont imaginés. 

Les exprelîions figurées qui ont donfr 
lieu à ces lortes de noms, peuvent aifé- 
ment être r.éduites fous quelqu'une des. 
clafles de tropes 4<^t j'ai déjà parlé. Le 
farcafme , par exemple , n'eft autre chofe 
qu'une ironie faite avec aigreur & avec 
emportement. * On trouve l'infini par- / 



p-h»Gooj^le 



font :■ mais (juand une fois on eft par,- 
venu au point de divifion où ce qu'on 
divife n'cft plus palpable , c'eft perdrç 
fon tcms 5ç fa peine que de s'amufer à di- 
■vifer. 

Il- Les auteur^ dohent quelquefois des 
noms diférens à la même -cfpècc d'ex;- 
preffion figurée, je veux dire, que l'un 
^ih\c f^palUge y ce qu'un autre nooie mé- 
tonymie : les noms de ces fortes de figures 
étant arbitraires , & quelques-uns ayant 
beaucoup de raport à d^aucrcs , félon leur 
étymologie , il n'eft pas étouant qu'on les 
ïiic fouvent confondus. Ariftote donc le - 
nom de métaphore à la plupart des cropes 
<)ui ctnc aujourd'hui des noms particuliers, 
Arifiôteits ifta omnU trallat'dnes vecat. Cî - Cîc. Orae. 
céron remarque aufli Que les Rhéteurs no- ^^ ^,'^ 
inent hyfaiU^e la même figure que les 
Grammairiens apèlent métonymie. * Au- 
jourd'hui que ces dénominations font plus 
détemiînées, on doic fe conformer fur ce 
pAÏnc à Tufage ordinaire des Grammaî- 

fe Ubiis fubCànnac ilhim . . . ûrîtlo aux Sm ditkâit !»• 
^b , oIleD&que dëatium cunc Yoffitit , latt. Oise. 1. it. 
C ij. DcSarcafmo. 

* Hmc, bypâUt^CD Rhétotes, quia quitfî rummutântar 
vcrba pio vccBû ; mcioaymiam Grammadci Tocani, quèd 



D,£,,t,7P:hy Google 



110 DES TRÔPES,é-c, 

riens Se des Rhéteurs; Un.de nos Poctcs; , 

adic: 

LeuEscrisretnpUfTènt t'ait (te leonten^re^iôuhatts.. 
Selon la conftruiflion ordinaire, on.diroic 
pluc&c que ce font les fouhaics qui forv 
poufTer des cris qui recenciflènc dans les. 
airs. L'auceur du Diârionaire Néologique 
done à cecte exprefiion le nom de méu- 
thife : les façons de parler femblablcs. 
qu'on trouve dans les anciens , font ape- 
Jées des hypallages : le mot de métathife 
n'eft guère d'uiage que lorfqu'il s'agit 
d'une tranfpontion de lettres. '* 

M. Giberc nous fournit encore un bel 
exemple de cette variété dans les dénomi- 
nations des figures , il apèle métaphore * * 

* M-raistiç, miicâtfo, feu tranfpofitio, ut EiMnJr* 
fio Ev»a4tr iTfiiiirt fto Tjinitrr, Ifidor. lir. i. c }4. 

MecàiheCs , ( apud Rhétoiu ) eîi figura aax aùait im- 
ftios jùdiciuD in resprxtjcicas autfutuias, hoc modo: K*- 
itacÀtt mentti »d fieSâeulHm exfa^nétt tmjirt ei-mtÀtitf 
4cc : la fucùrutn. auccm eft y.nticipàno eirum quae diâà- 
fus eft adyerfstius. Idem. I. i; c, ii. 

** M. Gibc'rr a fum en ce point ta divifioh d'Ariftote » 
il ne s'eft écarté de ce Philofophc tjuc dans les. exemples. 
Voici les paroks d'Atîftotc dans (a Poftiqae , c tïi. Se 
fekm M. Dacicr c. xiii. h me fbiviiai de la tt^nâioti 
ie M, Dacicr. 

H La métaphore, èiz Atiftote , eft nn traniport d'un nom 
•t qu'on tire de fa âgnification ordioatre. 11 y aqtutre fbnes 
^dç métaphores : celle du gooie à fc^cc, ccUede l'cf^^ 



e:h»Goog[e 



VÀklETE\è-c. ait 

Ce que Quintilien * Ôc les autres no- 
menc antenomafe. m II y a , dit M. Giberc , 
ïi quatre cfpèces de- métaphores; la pre-**'' 
M mière emprunte le nom du genre pour 
» le doner à l'efpèce , corne qiiand oii dit^ 
M VOràteur i^ùMt Ckéran , ôu le Phstofo^he 
a ^ut /iripfite. « Ce font- là cependant 
les exemples ordinaires que les Khétëurs 
donent de l'antonomafe : mais , après 
tout^ le nom ne fait rien à la chofe ; le 
principal eu de remarquer que l'exprcfiion 
cft figur<ie > ôc en quoi elle eft figurée. 

» au genre , celle de rcfpcce à l'efpèce, & celle qui eft foiH 
litige Tur l'analogie. J'apè le métaphore du genre àfefpèce^ 
■• cprae cq vxis a Homèie. ; Mm v»iffi»it > tfi mriti Uiu dt 
*• tm vilU dans hf*rt. Car le mot l'/wéitre-H un terme ^iai- 
» ticjue, K il l'a apliqué à l'efpèce pour dire itfc dans Ufsrt. 
' Voici la rïmirque que M. Dacier fait enfaice Tilr'ces ftr^ 
rôles 4'Axiftoic^ » Quelques aaciens , iit-il , ont condani 
» Ariilote de ce qu'il a mis fous le nom de mitafhori les 
*> deux preniières qui ne font ptopicment que des ffnttdo' 
u jM» i maisAriftotc parle en général , & il éctivoir dam 
w un tems on l'on n'avoic pas encore r^finé fur les figure» 
Si pour les diflînguer, tc {>our leur doner à chacune le 
» nom qui en aurait mieuï expliqué la nature. Daeitr^ 
nPoëcique d^Acif^tc, page 145. 

* A'ïTiïo/jrtoi'a, qua:âliquiflpran6niincpoDit, pottisfre- 
qDentiirima...Orit6iibusé[ianifiraiusejusr[:i, nonnul' 
lus lamen ulns cft: nam ut Tydiden & Pelîdcn non dite- 
tint , iù dixérunt everfércm Carthâeinis K Numâptis pro 
Scipi^ne ; Bc romànx eloqucnçiï Pttncjpeni pro CiceriiiC 
^aUiîâè non dAbicaai. Quinal. Inlt. Oirat. L viif. c. 6, 



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X X II I. 

^MC tufigr & Cahtis des Treptsfoat dt uui 
la ums é" de toâies Us langues: 

UNe même caufé dans les mêmes cir- 
conftances produit des éfcts fembla- 
bles. Dans tous les tems & dans tous le* 
lieux ob il y a eu des homes, il y a eu dtf 
l'imagination, des paffions, des idées ac-* 
ceflbires, & par conféquenc des cmpcs. 

Il y a eu des tropes dans la langue dés 
'Chaliléens, dans Celle des Egyptiens, dans 
celle des Grecs Se dans celle des Latins i 
bnen fait ufage aujourd'hui paritli les peu- 
ples jnêiile les plus barbares , parce qu'eil 
tin niot CCS peuples font des homes, ils 
ont de rimagination Sa des idées accef- 
foiresi 

Il eft Vrai qlie telle expfeffîbn figUfée cri 
particulier n'a pas été en ufage par-toué \ 
mais par-touc il y a eu des cxprefllons fi- 
gurées. Quoique la nature (oit uniforme 
dans le fonds des chofes, il y a urttf Va- 
riété infinie dans rexécurioii, dans l'apli- 
cacion , dlns les circonftances ^ dans Icil 
manières. 



p-hyGooj^le 



r4ÈlETE\ êr. Mj 

Ainfî nous nous fcryons de tropes , non 
Ipatce que les ^^nçicns s'eaibnt fervis ; mais 
parce que nous iomes bornes corne eux^ 

Il eu difiçile en parlant U eu écrivant^ 
d'aporter toujours Vatention & le difcer- 
nement néceflaires pour rejeter les idées 
acceffoires <jui ne coaviènelic point an fu- 
|et , aux circoaftinces , &l aux idées prin- 
cipales que l'on met en œuvre; de là il 
elt arivé dans <ous les. tems , que les écri- 
vains Te , font: «quelquefois lervis d'cxpref- 
Cons. figurées qui ne doivent pas êirê pri- 
ies pour modèles, 

Les règles ne doivent point êwe faites 
fur l'ouvfage d'aucun particulier, elles 
doirenc être puiféfs dans le bon fens èc 
dans la nature ; èc alors quiconque s'en 
éloigne ne doic point être imité en ce 
points Si l'on veut former le goût de* jeu- 
nes genSf oadoit leur faire remarquer le» 
défauts.» auâî-bien laoeles beautés des au-^ 
iceufs qu'on ieuï fait lire. H eft plus &- 
cile dadtmner, f'cn conviens; mais une 
critiqoe f^^» i:kaitéc, exemtc depaflion 
& de fanazifme , eft bien plus utile. 

A'm& L'on pntt dire que chaque tîècle 
a pu aToir. ies critiques Se Ton L>iiH*naire 
Néelsgiqut. Si quelques pecfones difenc 



p -hyGoogle 



ti4 t)ES TROPE^,èè. 
aujourd'hui avec raifon bu fans fondée 
Diâion. ment , qu'// règtte dam te langage um afec' 

Ni^ologi- tationfuérilt ; que ieftyle frivole & reckerchi 

faffe juf^'mx tribunaux les flàs grattes \ 

Cicéron à fait la même plainte àt fort 

Orat. u. tenis : Efi enim quûddam étiam ifijf^ne érfloi 

Kïi^'"" ^^»^ 9^^*'^6nis ^ fiBum ^ & expolitum geitnr i 
in quo omnes verkérum , emnes femtmiarum 
ilUgântur Upons. Hùc tstkm i frfhifiantm 
fintihiu defiâxit iafêrum, &ei 

»» Au plus beau fiècle' de- RcJmé j c'eft- 
» à dire , au fîèclc de Jules Çéfar & d'Au- 
Mgufte, un auteur a dit infantes fikuas ^ 

lcP.sàna-«pour dire des ftatues nôuvèlemcnt iai- 

dm/x'""'^" : un autre, que Jupiter craehm la 

II. p. 1^4! » nège fur les Alpeii 

L ». Sai. j. ïûpiter hibernas canâ nive conrpuit Alpes: 
'*°' Horaeé (c moque de l'un & de l'autre dé 
ct% auteurs ; mais il n'a pas été exemc lui- 
même des fautes qu'il a reprochées à i^% 

te P. sanà- contemporains. Une.refie à là plupart des 

don , Pref. Comentateùrs diantre ûètrté tiue mur lo»er. 

'^ pour admirer^ pour adorer i m2.is cetlX qui 

font ufage de leurs lumières ,:& qui ne fe 

I(Lpag.zz.conduifent point par une prévention aveu- 
gle , dtfaprouvept certains vert lyriques dont 
U cadence n'<fi foint t^s,- châtié*. Ce foni 
le* 



■'D,£,,t,7P:hy Google 



its termes dû P. Sanadony J'4/ rdévé eè. ibii 
flttfieurs endroits , pourfurt-il,, des fenfeesy 
'des fen%mens\ dis téàrs é" des exfreffiifss , • 
•qui m'ont tArur^réhmfibles', 

Quintilicn', après avoir repris dans les ïnft- c*. I. 
anciens quelqaes métaphores défeétueu- "J^^^tâ!; 
ïes, die que cfcax qui fontjnftruits du bon lïo. 
6c du mauvais ûfagc des figures , ne trou- 
veront que trop d'exemples à reprendre : 
Quorum txémpla mmikm fréquenter réfrê- 
héndtt i ^ttiftiverit hxc vttiA e£è. 

Au reftc , les fautes qui regardent les 
inots, ne font pas celles que l'on doit re- 
marquer avec le plus de foin : il eft bien 
plus utile d'ôbferver celles qui pèchent 
contre la Conduite , contre la juftcflè du. 
raifonement , contre la probité j la droi- 
ture & lés bbnes mœurs; Il fcroit à fou-^ 
hairer que les exemples de ces dernières 
fortes de fautes fufènt moins rares ^ oii 
jpluEÔt qu'ils fijflènt inconui. 



e:h»Google 



DES TROPES, 

TROISIEME PARTIE. 

Des autres fens dans lefqitels un même mût 
peut être employé dans le difceurs. 

OUtre les tropcs dont nous venons de 
parler , & donc les Grammairiens & 
les Rhéteurs traitent ordinairement, il ya 
encore d'autres fens dans leftjuels les mots 
peuvent être employés , Bc ces fens font la 
plupart autant daucres diférentes fortes 
de tropcs : il me paroît qu'il cft ttès-utile 
de les conoître pour mettre de l'ordre 
danses penfées, pour rendre raifon du 
difcours , & pour bien entendre les au- 
teurs. C'eft ce qui va faire la matière de 
cette kfoifième partie- 



■%':: 



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"SXJÈSTANTiPS, ér, ïxj 



■Suhpantifs p/is âJje^i'Omfatt ÀdjeBifs fris 

fithfianti'vemtm, Stthftamifs & Adje&tfs 

•frit àdvtrhialtmtHt, 

UN nom fubftantif Te prend queîtjuc- 
fôis adieftivement, c'eft à-dire, dans 
le fens d'un atribut-, par exemple : Un pire 
tfi toujours fèrt y cela veut dire qu'un père 
tft toujours tendre pour ies enfans-, & 
■que malgré les mauvais procédésj il a 
toujours des fentimens de pèïe à leur 
égard; alors ces fobftantïfs fe conftrui- 
fent come de y.éritablês adje^ifs. » Dîeà 
M eft notre reflburce, nôtre lumière, no=- 
^ï tre vie j ïiotrc foutien , notre tour. 
■*> L'home n^eft qu'un néîint. Etes-vous 
» Prince ? EteS-^vous Roi ? Etes-vous Ayo-" 
» cat ? « Alors Prime y Rei -, Avocat.^ font * 
adjêfStife: 

Cette î-emar<^ue fcrt i décider la qiiet 
tion qiie fout les Grammairiens , favoir fî 
ces mots Roi, Reine^ Père ^ Mire y èic^ 
font rubftàntifs où adjeâife : ils font l'un 
6c l'autre , fuivarit l'ufige qu'on en fait; 
Quand ils font le.lujec de la propolttion ^ 



D,£,,t,7P:hy Google 



1^8 . Sl/BSTA'NTIFS 
ib. font, pris fubftanchtement -y quand ïb 
font l'acribut de la propodcion , ils font pris 
adjeâivement. Quand je dis ie Rei aime 
Is peufU yU Reine a de U fihé : Roi^Rtine, 
font des fubltantifs tjuî •m.arquenc un cei 
Roi ÔC une telle Reine en particulier ; bu, 
corne parlent les Philofophcs , ces mots 
raaiiqucnt alors un inidividu qui eft le 
Roi ; mais quand je dis que Leuis qmau 
efi Rûi , Rûi cft pris alors adje<ilivement t 
je dis de Louis qu'il eft revêtu de la puif- 
iance royale. 

Il y a quelques noms Tubllancifs latins 

"qui lont quelquefois pris-adjeâivement^ 

pat màronymie , par fynccdoqacou par 

■■antonomafe. Scelus , crime , k die d'un 

fcélérat, d'un home qui eft, pour ainlî 

dire , H crime même : Scehf ^uemaam hic 

* t'ct.Àflâ.;/^^^ ;P * Le fcélérac de qui parle-t-ilï 

l^\\- ^■'■' Vbi Hlk tftfcelus aui metérdidit ? ** Où eft 

**ib.aâ..ce fcékrat qui m a perdu ? où vous voyci 

j.fcj.v.i. i;^ç,j'çgifts fe conftruit avec illic qui eft ua 

maTCuIiff; car félon les anciens Grammai* 

jricns, on diibic autrefois jfi/Vj illiecy îlliic\ 

^ lieu de ille., ilUjillud: la i^onftru£ïion 

fe fait alors felton le fens j c*eft-à-dire , 

_par raport à la perfone dont 6rj parle j fit 

non félon le mot qui eft neutre. 



e:hy Google 



TRIS A{>J^CJlVEMENTy&c. %.i^ 
' Ctreer, prifon,fcdit.auffiparmétony-, 
miç, de celui qui mérite laprifon. y^/^'^rPhornw 
rdndem, carçeriQnc dis-tu maltieureux?;^ ;^' '^•'' 
Ç'cft pquç-être dans le mêilft,fçns qu'^r. 
née, dans Virgile, 'parUnc"des Grecs à^ 
rocafiofldcla fourberie ,dc Sia<W^.dit, ef , 
crimimah atto difct ûmms.SZ^sp^ nous ne ^n. i. v. 
faurions rendre eaframfoîs en çonlèryarii; *ï- 
le même tout, un feitl fourbe , gnf Jenk <ft 
leurs ffffrheries y /vous' fera ctnettrc le iarÀf' 
tere de tous Us Gfeçs. Tércnçç a dit umm îhorm.. 
cognpjris^omKts nôrjs. . ^, 'aa.»,.fc.u 

Nex.a.y ^ , eri: un fubftantif , ijiii dans le "' ' ^* 
fcns prppre fignifie faute , peine, domagc ; ■ 
de mcére. Il eft dit dans les Inftituts de 
Juftinicn , que ce mot fe prend auffi pour 
l'efclavç même q^i a fait le domage. Noxa j„^it. j, ^^ 
a/ae7»(Ji ipfum corpus i^uod nocuit ,id efi fer- t'a s.s. i^ 
vus (néxius. ) Ce mot n'eft, pourtant paîj 
d*un ufage ordii^airç en ce feps dai>s là 
ïaneuc tàtine. 

Ur^ adjcAif fe prend auflî quelquefois 
fubftantivement; c'cft-àrdire, qu'un mot 
qiji eft ordinairement atribut, eft quel- 
quefois fufec dans.une propolîtion :,ce qui 
jic peut arivçr que parce qu'il y- a alors 
qoelqu'autre nom. fous-entendu qui eft, 
4a(VsJ'e(prit i par e^jçinple : le vrai per-r - 
P iii. 



D,é.t,7P:hy Google 



. -fuade ^ c'éft-T^-dire-i ccmii efl: vràï , Î'A«. 
■".''■''] HiTài, OLtfa Uétité. Li'tQUÏ ^itiffitnt ^ngtnt^ 

oui eft toaï*iiffànt, v<rigera les jbomes 

loibles. ' ' ,, "- '- ' ' . ' 

Nous avonis vu dans 'les prrfliriiînaires 

/ delà fyiif.iïte". qoe Tâdverbe éft un moi; 

qui rcnfcrmé-îa prépofitiori Ôc te nom qui 

la détermine. La prépofîrioii marque ime 

çirconftance gê".^''^!'^ y'<^\ ^ tnfuÏEe dé- ' 

^ terminée [iïir'le nomqMi \iùt la prépofî- 

.7; ..-çion félon l'ordre des idëe^: or l'àdvcrbe 

, rcnfcrrtiànt la prépofftion Se le nom , il 

ûiarque pné circonftah.(fe particulière du 

fujet , 011 de l'atribiit de la ptopolîtipn ; 

faftenter ^ àve'c (àgetle , avec jugement j 

,f-epèj fouvertt^ en plun'eufspcafioïlSîwi/, 

çù , en quel lieu , en quel çndi^ojt iiln ,'là\ 

en cet endroit là. ' ^' 

Il y a quelques nomsftitiftancifs qui ïbnt 
pris adverbialement, c'cft-à-dire, ■qu'ils 
n'encrent dans une propôfîcion que pour 
marquer une çirconftatice du fujet ou de. 
l'atribut, en vertu de quelque prépofition 
fous-entendue \ par csernple : domi , à la 
maifpn , au lieu de la denieure. Vida nuf- 
ââl'.{c!t *"^ <^i>w: afiparariy elle voit qu'on fe pré- 
^ i^ ' F«u% chez, nous  la noce j dûmi marquQ 



hy Google 



PRIS ADMCnVEMENT.éc, 13» 
h. circonftance du lieu oii l'on fc prépa- 
roit à la uôcc: on fous-cntetid, in adibur 
dpm\ dans les apartemenS de la maifon , 
de -la demeure \ ou bien in ali^uo locg domi. 
PlaùÊe a exprimé sdes j amnes domiftr ddès^ Plante, Ca- 
de chambre en, chambre, d'apaiTeaicntf|!^*;^^f"[; 
en apartemenr. 

Quand doriiï eïl! opofé à belli ou miïtti'ji^ 
©n fous-cntend in rehus y Qicéion l'a ex"- Cic.de ot 
primé , tjitihufcumqtte rébus vei belîi , t/eî^- h.J"°' 
domi% alors /cwïi fe prend pour U patrie :,txvi^ 
la vitie , & félon notre manière de parler , 
pour 74 paix, U tems de la piix. Nous, 
a,Voris parlé ailleurs de ces, fortes d'el- 
lïpfts. 

O/l/»*!/» le prciid aufîî adverbialement,' 
corne nous l'avons remarqué plus haut. 
Quand on fait une fois la raifon des ter- page 4^ 
minaifons de ces mots, on, peut fe con- 
tenter de dire que ce font des fubftancifs 
pris adverbialement. 

Les adjectifs fe prènencauffi fort (ôu- 
▼entadrerbialement, corne je l'ai remar- 
qué en, parlant des adverbes ; par. exem- 
ple : parler haut , parler bas^ parler grec (è" la- 
tin , gra:cè8c latine loquî : penferjit^è^ fen- 
tir bon , fentir mauvais. , marcher vite , voit 
(loir jj^a^er fort iiac^ 

pi» 



^:h»Google 



*5i j;yfîST^JVT~/F5,(^A 

Ces a,dif:â^ifs font a.hxs, au oeucrc, S& 

vii^. Ee. ç*eft une. imitation dçs Latins ;, "^rMo/k/erfa- 

y V. 8. fuétitibits hircis i kircis, tuéntibus a^ negoti*;, 

iranpvérf&. ^eçens cft très-rufîté dans les., 

fcons auteurs , au lieu de tecénter^ miina 

{è trc^uve <)ue dans Içs auteurs de la 

vi^Gcor. moyène latinité : Sole recem orto :. Pàerum, 

*■ # Plan'., recfns aafum rf^irtre, * Dans ces ocafiops^ 

çif^e^, I-/Î- n f^uc fpus entendre la prépontion ad^ oq. 

* '* jaxta y ©u M ijuxu teccns negmum , owttmi. 

fus , çptne nous dîfons , À Ufrançoife ^À>U 

inode. , 4 la renverfc^ à l'mprçviftt , à U tr.a.'. 

ytrfi i &c. Horace a" dit ad plénum Pjpur 

fient-, pleinement, abondarçeat^ à pjein:. 

V ï. 04c manahit a^flenum. On trouve auffi in pour. 

^'Hor Lt *d i.Utftt itt fpxfins animus :. Jji}is in a/t^m. 

Ode tS. Y. Ôfoli^HS. ** . 

*■'■" ' _ . . - - . - . 

** flor. L Exit in îmménfum fœcunda lîcétiTÏa vatum. *** 

j. Ode I." - ■ , ■. 

^.V'**o . . Ainfî quaqd Salufte a di^ , mejit immén- 
Araor. i. j. ■**"" édiius , § il faut fous- entendre in ; & 
tipg: li.v. avec ces adje£hifs on ibus e(»teûd un. mot 
■*SJuEurt.S'^"^"quE, negm^m., fpâtium, tet^fu^^^ 

vu 



p-h»Gooj^le 



... »J3k 

- -Il, 

Sens dftekm-ihx*, Sens inpet£ilminb\ 

CHaquc mot a une certaine fignifica-i 
tion dans le difcQurs ; autrement il 
jie lîffnifieroit rien : mais ce fens , quoi- 
4|ue a43ceFminé,. ne marque pas eoujouf^ 
prccifémcnt un tel individu, un tel parti-» 
çuliec : ainfl pp' apèlsy^xv i/idétermiaé , ou 
ini^fin^ , celvii qui'marque up^idée vague^ 
vne pçnféç générale » qu'oB n.ç. /ait point; 
tojpiîer fur un objet particulit;r s p^ç (exem-, 
pie : en crûit , ott dit j ces tet mes ne dé(i^ 
gnent perfoneenpwrticuliçr qui croie, ou 
qui diCc; ç'eft lie lens indéterminé, c'elW 
à-dire, quQ-ces mots ne marquent point 
\in tel particulier 4^ 4"i ^'^y\ ^C^ qLi*'4 
croit, ou quV<^//. 

Au çojitraire,, le fens déterminé tomba 
fur un obfct particulier ; il défigne une ou 
plufieurs perfones^ une ou pluueurs çho-.' 
fcs , corne , les Cartéfienf, croient que les atfi-\ 
maux, fort* des machfms :. Cifér^ ait dans fis L. %. n. «+; 
OJçps i que la bpKefùi efi le Hen de U fociété. al"w»»ï*- 

On peut raporter ici X&^fins étendu & le 
fim étroit. Il y a bien des prppoQtion^ qu^ 



e:h»Goo^[e 



3H SEm DÉTERMINÉ, &c^ 
font vraies dans un fehV étendu, lati, tC 
fauflès lorfque les moçs en font pris à la 
rigueur , firiSk : nous en doncrons, des 
exemples en padanc du fens littliraL 

^' • ' ' ■ ' '■■' ' , I "" '- . 'P - iiiiiii n i»iii i iw»-iw>. 

III. 

Sens Actjfj Sïns Passif, Ssns Npujre-. 

y4 C t/f y'vcnt de agerg^ poulïêr,- agir, 
_^i faire. Un mot eft pris dans un lens. 
a£tif, quànxl il marque que l'objet qu'il 
exprime, où' donc il cft dit,' fait une ac- 
tion , ou qU'Jt à un fentime'nt, tme fen- 
làtion.- '; : 

Il faut femarquer qu-'îl y a des^ âAîôns. 
& des fentimcns qui parflène fur un tAyjet 
qui en eft le terme. Les Philofoéhes apè- 
Knt pariait -y' ce qui reçoit 'Taftion' 'd'u» 
autre ( ce qui eft le terme ou l'objet du 
fentimcnt d'un autre. AinÇifatknt ne veut 
pas dire ici celui qui reflèrit de la doûrcùri 
niais ce qui eft le tërhie d'Une aftibn ou 
d'un fentifnbnt. Pierre hat Paal^batcQi pris 
'danî un fçnsa(^if, puisqu'il marque une 
aftion que je dis que Pierre fait, & cette 
àûion a Paul pour objet ou pour patietit. 
l-e.Rçi aime U '^mpUyamie eft a,ttffi. daiwï 



D,£,,t,7P:hy Google 



s E us: 'A CTIFy &c. "SM 

pnfensaâif,'£fc'/f /^*^/f-eft,lç tcrmeoii 
Vobjecxie ce jfenTÛncnt. . ::,:-j 

, Un mot e/V pris dans un Tens paflîf, 
quand ii marque que leru|^4çlaprop^ 
ircion , ou . ce xlcmt on parle , e(i le terme 
ou te paciçot de i'aâion .d'un »ucre. P.4M 
tfibatitfor.^hrft i hâta eft un ccrme.palfiii 
je juge de' Paul qu'il cft le-cermç dcl'îit- 
çion dcbatréc - r ■ : 

Jane-fuisiwint batânr',, de p'eûr 'd'être Ijaia. '"'- MoKii*,' 
' . « rt . ^ ' n ' n- /• " tocu im^* 

Ratant dk^âciï^^batiteik'^M. . ,r..^vui 
■ \X y a dœrottcffs qui marquent de fiïnh- ' 
-ple^propriétés pu manières d'être, de finv 
■ple8^tuatit>ns'i'&même désaxions, tilàis 
qui n'anF poinc de pattenc OQtl'objet.qui 
en foiç lettrancf e'eft ce qu'on apèbc;Je 
fens neutre, Neuat ïcut dire »i l'un ni tta* -■ 
<?« , Veft-i-dire , ni ac^if ni paffif. Un 
verbe qui ne marque ni aâ^ion qui ait 
un patient, ni une paâlon,. c'eft à-dire, 
qui ne marque pas que l'objet dont on 
-parle foie le terme d'une action , ce verbe,, 
dis^je, n'eft ni a£tif, ni paflifv& par coo- 
féquenc il eft apelé«tf«/rf. . 

Amare^ aïinér, chérir; i/i//^'«, avoir dé 
l'amitié', de l'afcAion , font des verbes 
- a^fs. Amdri « être aimé , être chéri \ àiligiy 



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»3« SENS ACTIF: 

être celui pour qui Ton a' dé l'amitié, foas 

des verbes paUinr: 'roAis/èJérey être aflis, 

e(t un verbe tfeucre ; ardfréy ^re aUiméj 

£cro ardent-, «ft auflî un verbe neutre. 

Souvent les verbes. a^i&-fe prènent 

. dans un ièns neutre, & quCJU^foia les 

verbes neutres Te prènent dans un fèns 

*iîlif : écrire^ u/M lettre ^ eft un Cens z€dî\ 

mais quand on demande , Que fait Mên- 

. fieurl & <)uon répond , UJcrit ^ iidert , il 

, chante , // dattfe } tous ces verbes là fonï 

yh^JEa. pris alors dans jun fens neutre. Quand Viit 

"* ^' *■ S*^* 'lit que Turnus entra dans un empctf^ 

cernent que rien ne put apaifer , <n^£tf<^*^ 

■biiis Wef ;4ri^fi eft alors un- veriïe netitret 

mais quand -te même Poëee, poifr dire 

Îiue Corrdon aimoit Alexis, ^ecdument, 
e fert de cette expre£on , G^ridêff àrdébàt 
Mexin , alors triehât eft ^neis dans un.fèn^ 
a^f ,* quoiqu'on puiHè dire, aullî ardéhat 
. )Mra Alexin , bruloiç pour Alexis. 

Re^uiéfcere , fe repofer -, être oiftf , être 
,eo repos , eft un verbe aeutre. Virgile l'a, 
prisdansunfeiip a£tif, lorfqu'il a, dit: . 

ïd «.V. 4, Eï mutâta fuos requiêtunt flumina carfus -. 

. Les fleuves changés, c-cft^àrdire, contre 
\eur uïàgc, ceatce leur . oawpç » ^rç^è-» 



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tttn \e cours de leurs eaux, retinuéruai 
fu^s çttrfus. 

Simoii> dan$rAndTiène,rapèIeàSofie 
les bien&its donc il l'a comblé : >» me re^ 
« mettre ainfi vos bienfaits devant les 
w yeux , lui dit Sofie, c'cft me reprocher 
<jue je les ai oubliés. Iftac (ommtvttritia i ^'-^^ 

fuajî exfrohraùo efi immémorit bentfîctk Les ^_ \' 
nterptètes d'acord entre eux pour le fonds 
de la penfée, ne le font pas pour le fen^ 
JCimmémoris : fe doit.-iI prendre dans un 
fèns aclif, ou dans un fens paflif ? Ma- 
dame Dacier die que ce mot peut être ex- 
pliv^ué des deux manières : exprobraiic mH 
immémoris^ £c alors mmêmaris eft aâif^ 
ou bien , txfrsbrath beneftcii mmahfiris^ le 
reproche d'un fait oublié ; & alors immé- 
moris eft paiEf. Selon cette explication, 

Suand immemor veut dire celui qui oublie ^ 
eft pris dans un fens a£fcif { au lieu <^ue 
quand il fi^nifie ce ^ui eft oublié^ il eft dans 
un fens paUÏf ^ du moins par raport à no- 
tre manière de traduire. 

Mats ne pouroic-on pas ajouter qu'en 
latin tmmemor veut dire fouvent qui n^efi 
fas demeuré dans U mémoire i Tacite a dit , 
immemor beneficium , un bienfait qui n'cft 
{>as demeutédans la mémoire, ou félon 



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i3i SENS ÀCriPy .. 

notre manière de parier (iiin bïenfait bu» 

* Horace, blié. Horacc *z dît mtmor »«« , unema^ 

*'■ que qui dure long-tems, qui fait reflbu- 

** Ma. 1. Venir. Virgile ** a dit dans le m£me feni 

(•V.4- memor ira^ une colère qui demeure long- 

tems dails le cœur , ainfi immémoris feroii 

dans un fens neutre en latin^ 

Q^ue fait Mvnfiear ? îljotu : jouer eft pris 

alors dans un fens neutre : mais quand on 

dit, a joue grosjeu-y il joue eft pris dans iio 

fens a£tif , gc gros jem eft le régime de // 

jOUti I 

Danfer eft un verbe neutre j maiis lorf- 
t^u'on dxtjdaafir. une courante^ danfer un mi' 
nu€t s danfer eft alors un veti>e aâif^ 

Les Latins ont fait le même ufagé dé 

faltare ^ qui répond à danfer. Saluftc a dit 

de Sempronia , qu'elle favoit mieux chan* 

ter & danfer qu'une honnête femme ne 

WiliÀCa- doit lé favoir, Pfaltere é" faltare eiegantius^ 

tjuam ntcéjfe tfi prohx : ( fupple ) de0a erat 

t-arit pfâUere é' f^it^e ; faltare eft pris alors 

Hor. 1. 1. dans un fens neutre : mais lorfqu'Horace 

Sa(./.¥.63. g jjj. Salure Cyclofa, danièr le CycIopCi 

faltare eft pris alors dans un fens actif; 

Remarq. » Lcs Grecs ^ les Lacîns, dit Monlîeuf 

'^^ ■>■> Dacier, ont dit danfer le Cjchpe j danftt 

t) G Une Hs y danfer G^mymède^ Léda,£urvfei 



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SENS PASSiFyétc. i3^ 
&c, c'eft-à-dire, repréfenter en danfant 
les aventures du Cyclope^ de Glaucus, 

&c. ' . , , . 

Le même Poëte à dit * Fu^tti éèrias ♦Hor.i.i. 
Iltanam edormii , le comédien Fufms , en Sât-j.Y.d. 
-repréfentant Iliorie endormie, s'endorf 
lui-même corne un home yvre qui cuve 
ion vin. Téretice a dit ** edarmifcam hoc ** Ter. 
vilU , je cuverai mon vin : & Plaiite , ***f,^',';;^J; 
edormifcam Aiww crâpuldtn , èc dans l' Am- *** Plaut, 
phitryon il a die, § edormifcat unum font- ^^^\ *^^ 
»*«!, comcnous difons dormir un Jhmme. ^'uIa^'^]^ 
Vous voyez que dans ces exemples, fi^flr-aa. t. Ic.i„ 
mire & tkçrtwifcere fe prènent dans un fens ^' *^' 
aâif. ■ 

Cette 'remarque feit à expliquer ces fa- 
çons de parler ««rj/jw/jifr, Ôcc. ces ver- 
bes neutres fe présent alors en latin dans 
un fens paffif, & marquent que l'action 

3u'ils fignifienteft faite; iteritur^ ra£kion 
'aler fe fait. Voyez ce que nous en avbnS 
dit dans la fyntaxe : l'aftion que le verbe 
(ignifie , fert alors de nominatif au verbe 
même , félon la remarque des anciens 
Grammairiens {a). 

( « ) Ur ctirritHr i me , pio cuTTo i vd fistur à u , prd 
jt^ii : fidtiuriib au, ^10 fedtt iUt '. in eispoced ip{â res iii' 
télligi volTce parsiva; m ckrritur curfui , b*ll4tur biUum, 
Pn^adaut , wt. xvii. c. de Pioadumium coii(lriiât<Sne. 



e:h»Google 



^5 ,. ^. ............. .'., 

IV. 
Sens ABsbtù,SENS rèLàtif; 

UN mot cft pris dans un fens abfolu j 
lorfqu'il exprime une chofeconfidé- 
rée en elle-même fans ^ucun rap'ort 2. une 
autre. Abfol» viertt à'abfolûtus ^ qui veut 
direache^fé, acomplij'qui ne demandé 
rien davantage j par exemple ^ quand jç 
dis que le feUU eft lumineux j cette expref- 
iîon eft dans un fens abrolu j celui à qui 
Je parle n'atend rien de plus , par raporc 
au fens de cette phrafe. 

Mais fi je difdis que le foleit tft plus 
gr«nâ ^ue la terre ^ aldrs je confidérérois le 
foleil par raport à la terre,. ce feroic un 
feps relatif ou refpeAif. Lé fens relatif ou . 
refpeftif eft donc lorfqu'on parlé d'une 
chofe par raport à quelqu'autre : c'éft pour 
cela que ce fens s'apèle auflî rej^eUif\ du 

Er Vt^itt t't'itprime en ces irt'nui , verbà accufarivanl 
habent Cax originis vel cognàcx Ûgnificaiiônis ■■ priôris gé- 
neris apud Tcrcniium eflJivi^r laéum. tan. aâ. ;. fc. f: 
V. î^. Apiid tAziàacmfmrere fiirirem Mn. I. it. v. iSgô. 
t)onà[ii« Atchâirmiuii Tocat , mallcm Atticifmuih diiiC' 

fec quia lie locûcos conÂat , non cos mndè <jui d^fïri 

8c obfoléca amant, ^ed lipniDosoDoft^iictïpciimxvifcripJ 
téres, &c. Vc^HS de ConftmâtAue , pag; 4139. 

latiil 



hy Google 



StNS ABSOLU. 24ï 

\»tini-e/f/(ere\ rcgavder.j parce qucla chofe 
dont on parle'; en regarde , fOOT îiftfi dire, 
Une a^ucVev elle çur^pH.* ridée,. elle j a 
d\i rfffwrc^eUe s'y^uporte: de là vknt 
retat'tf, ^ refifft. fapVt&r. Il y a'des mbts 
rçkcifs,.-:tels ^uq fArc\Ps\ ifo^k^ Siây 
ïious en avons parlé ailleurs. 



Sens collectif, Sens bisTRiiuxiF. 

COUiUif viehE du iatin CûUtgere , qui 
veut dire rectâefiifr^afemkUr.Diftrihti- 
tifwïtat,è^difirilm<pf\<^i vetitdiirc dif~ 

L4fm ' eÀ 

}>arl^:çl 1 le 

mot; â4:fi col- 

ie<fiifi .rfï; lanS 

Je fens.d celi 

p'eftj^ifl par- 

ticuliçri- . . ^, _ . .,.,\ 
, Vhme efi jkjét *^ la mort ; cela eli vrai 
dans le ^ep? eoiiçâû/i„&: dans le feiis diiP 
icributif. ,. . ç. J-: , 

An Ûeli de àittU-Jini i'eUeWfé- lefe'fé 



D,£,,t,7P:hy Google 



144 ^E-^5 EQVîVOQVE. 
tque cependant il le raporte à ce qui fuit i 
par exemple , dans cecte chanfon (i co-^ 
iiuc y d'un de nos ineîUeucs opéra , 

Tafaîs chartneti 
Ta fais àiùxva&i , 
Vs Dieu de U giferre ^ 
Le Oieu dUff oneric 
Se UiCfâ enHamet. 

£« D^« J» tenèrrt paroît d'abord ÊcK lé 
tcrrtïc de l'aflion de (barmer & de i/eyir- 
ffvr,'aulfi-bîcn que U Dien. de la guerre i 
repettdânt j quand on continue à lire, on 
voit aifénicnï que le Dieu d» ttnern eft le 
nominatif ou le ftijer Açfeldffè enflamer\ 
Tonte conftruâijon antbiguc , qbi peut 
figmfier deux choies en même tems , ott 
avoir deux raports diférèfiSj eft âpelcc 
iqui-vsqae , du Uacëe. LomcAt teft ohe fort* 
d'équivoque ,'ibùveni facile à démêlen 
Leuche eft ici un teiroie mécaphOTtque : car 
corne les perfones louches- paroiflènt re- 
garder d'un côté pendant qu'elles regai^ 
dent d'un antre , de même* dans les conf* 
trustions louches, les mots fendent avoir 
un certain rapOrt, pendant qà'ils en ont 
uti diitrè ; niâjs quand on ne yoit pâS ai' 
' fcnicnt quel raport on doit lénr doner, 



e:hy Google 



SENS LOUCHE. j^r 
on dit alors qu'une pro[>oficion eft équi- 
voque, plutôt que ae <iire iimpicment; 
qu'elle ell louche. ^ 

Les pronoms de la n-oi{îènie periboe 
font fouvcnt des fens équivoaues ou lou- 
ches, fur- tout quand ils ne le raporceac 
pas au ru)ec de la proportion. Je pourois 
en raporterun grand nombre d'exemples 
de nos meilleurs auteurs,, je me conjceiv 
terai de celui-ci r 

»> François 1. érigea Vendôme en' Du- 7"î^S**- 
» ché-Pairie en favenr de Charles dêBour de^Rl^ ^^ 
M bon ; 84 ï/ le mena avec U>i à la Arï^ête Rranoe. de 
»du ducl^de Milan, où //fe composa j*^^^^ 
» vaillan>ent. Quand ce Prince eut ^ boa, 
»3 pris à Pavic, //ne voulue point accepter 
» la régence cpi'on lui propofoit : il. fut; 
?» déclaré chef du confeil, i/ continua de 
»xtravaiUeiv pour la liberté du Roi ,■ Sç 
» quand ;7 fut délivré ^ H continua ^à le 
» bien fervir. 

11 n'y a que ceux qui font déjà au fait 
de l'hiftoire-, quiçuiffe démêler les divers 
rapDrtsde.« Prince^ & de tous ces il^ Je 
croi qu'il vaut mieux répéter le mot, que ' 
de fe fervir d'un pronom dont le .raport 
n'cft aperçu que parceaxqui favetri: déj^ 
ce qu'ils U(cnc. Ou évitoit facilement ces 
Qiii 



e:h»Google 



i4« SEm EQmVôQlM. 
fcns louches en latin , par }cs ufeges dîféi 
rçns Aefuus, ej«s^ hicy iîlty is, ifie. 
• Qiielquefpis pour abréger , on fc cçiir. 

tente de faire une propofitipn de deu^ 
membres , dont l'un cft négatif, ÔcVautre. 
âffirmatif^ & on Içs joiot par une C9n- 
jonâiçui : cette forte de conftrutfïion n'efli 
pas régulière, & fait fouvjenç des é<^iiTO,- 
ques ; par exen^l* : 

Crciv, ^t. L'a^nofr n'eft qn'uftplailîf , 2f l^'bon^rvndeyoiE, 

in!'fc*^. L'A,cadémie \ a rcmar<jué quç Gprneille 

's^wnççtdevflÂç #rç : 

ù,i% ç^ L*amonrn'eft qu'un pUifîr , Itoneor eft on devoit 
En éfet , ces mots n^tft que , du premieç. 
membre, marquent une négation, ainlî 
ils ne peuvent pas fc conftruire encore 
Avec uaJevoir^ qui eft dans un fcns affir- 
matif au feconcf membre ; autrement iï 
fcmbleroit que Gornéille, contre fon in- 
tention, eût voulu méprifer ëgalement 
ï'ampur 5c l'hpneur. ' ■ 

On ne fauroit aport^. trop d'ateotion 

' pour éviter tous ces défauts : on ne doit. 

écrire que pour fe faire entendre j la néteté 

& la préciîîon font la fin 8c'ïe fondcmen^ 

^ l'aftde parler & d'écrire, 



D,£,,t,7P:hy Google 



VII. 

Des ieux oc uqts et de la PARONOMAsr. 

IL y a deux fortes de jeux dc.mots. 
1. Il y a des jeux de otiots qui ne 
conCAjencque dan&un é^iiivoque ou dans 
une allufîon. Se j'en al donè des exem- 
ples. L,es bons mots qui n ortt d'autre Tel 
3UC celid qu'ils, cirent d'un équivdqueoa 
'unealluuon fadeâc puérile, oeConEpas 
du goût .des gen& fenfés, parce que ce« 
mots-là n'ont rien de vrai ni do foUde^ - 

z. 11 y adç&môts dont la unification 
eR, diféreote, & dont le {on eft prefque 
le même : ce rapoct qui Ce trouve entje le 
ion de det^x ,mors, fait une e(pèce de'jet^ 
donc les Rhéteurs ont fait une figure qu'ils xape'. jui- 
apèieat Paronomafés i mf exemple^ émaitr " ' "'l" ' 
tes fitni ament'St Ies.amanslontacs.mleni. nomjnàtio^ 
fés : le jeu qui eft dans te lafin^ncfe r& /""'?'»"* 
trouve pas dans le françois. 

AuX' fuflérailles de Marguerite d'AuT Eutteticn». 
«riche, qui mourut en couche, on firune*A"ai. & 
devife dont le corps écôit une aurore qui ^^ '* 
aport^ le- jour.aU'.naond?, âvscct;s ^avot 
les, D«».^^«^^fV«^. je'péjçisLett. douane 

Q^i^ 



p:h»Goog[e 



,4» BES MS^X DB MOTS. 

Poor marqi?ert1tmirilité d'un home â^ 
bien qui ^ ciche eiî fefant de bonesocLi- 
yrcs , on peint un yçr-à foie qui s,'cnftrme 
dans fa coqac ; Tarn ç de cctCc devile cfl; 
Vin jeu' dp 'mojES f ofh^tat dn^toperaturl 
0.ins'ce!; exemples % d^ns plufîcu;rS'aur 
t'res pareils , le fcas iHbfifté ïmiépèDda* 
incnt des rapts, 

J'oWérvetaià cette ocftrioivdeuxiautres 
£gures'qùi>i>nedu rapprt^ celle difno nous 
venons de parl«r : rutie. s'^ipèie fiw^àer 
càdmsi ceii. quand le» diférensonembres 
eu incifbs d'une péricuie'âjiitlèixc ^ï ii^s 
tas ou des tems dont la jerminaifon; eft, 

celtlorfquc les- mots <p>i finiflcnc Ici di-' 

ffrê'5s>iî;«mbre*oa.incife$ d'uïie pél>iodt. 

ont la même terminaift^ ,' mais ury; ter-^ 

' minaifoht^in'eft point une définence de: 

- cas, decènïs, ou de perCone , comç qoand 

"'énditjaco'efértiter^ Sf vrvere tûr^ûer. Ces 

deux dernières figures (ont ^opremeot;.U 

^ême i on jcn trouve un grand nombre, 

■d'esemples.dans S. Augttftin. Ondoicévi; 

; ^er les fcmc de mots qui feïit vides de fens: 

lirais quand, le fcns ftJtbltlW indiépe^a-' 

idiçnt ai* Jeudç jnow, il^^jK perdent «ea 

de, kui:, mérite, '■■.■■■■:■:' 



p-hy Google 



>4? 

rr — .J.i! ' U ■ ^. / ' ^. ■ . ' / '' ■ " 

/ yiii.;: .;.: 

Sens cb,MP05E*, Sens DivtsÉ\ 

OUand l''Evangilfc dit , les a^u^s """■ «• 
voient ^ Us hitCHK -mar^hefit i, ces t^-"*— '^ 
mes Ai- aveugles , /f j boiteuic , fc prènerit 
en cette ocâftOn 4dns le fenS divi(ë',.c'«lV 
à-dire, que-te «iooiv«g/w re*ditlàciç, 
ceux qui étôiêftt aveugla, & qui hé le 
Çont plus 5 ■ ilï font diviWj , pouraitïfidwe, 
<ic leur aV^ûglehicnt , caf les aveiiiçlcç 
ç,n tant qil'avewgles -, et tjui feroii; le lens _ 
c^npofé , ne voient pas-. 

■■■ L'Evangile parle d*Hn certain, 5^*^ Matt. it 
ape^é le U^re^x, parce quHl l'atoàt été', v. <;, 
V'éft le fens diviCé. "'■ - 

' Ainfi, qiiàftd S. Riol a dit q.«elesid<»^ i. Cor. c 
iâtres n'entreront pas -dans fe royauifte *^ '• ?^ 
'des cieuX, il a parlé des idolâtres darts le 
lens comppfé, c*cft-à-dire, de ceux qui 
■ demeureront dans l'idolâtrie. Les idoiâ- 
■^es en tant qu'idolâtres a'entrcTOnt pas 
■dans le roy^mc. des cieux : c'cft k «os 
compofe \ mais tes idolâtres qnt aatoift 

quitéridol&ae,,.&.<pii.iïurontfaft péni- 

tence , entreront dans le royaapie -des 
cieux : c'eft le fçns divifë. 



p hyGoogle 



ijo SENS DïriSE\ 

A{tell« ayane^xpofë , félon ia coutume^ 
un tableau à la critique du publie , ua 
cordonier cenfuia: ta' chauflùre d'une Bm^ 
gurc de ce tabler i Apellc réforma ce 
4|ue le cordonier avoit blâmé \ mais le 
lendemain le cordonier ayant trouvé à 
redire à une )am^, Apelle lui dît qu'un 
cordonier ne devoir juger que de la chaufr 
fuK î d'où eft venu le proverbe ne fiftot 
liltré créfidam. fupple,7M//f«r. ' 

La récufatign. qii' Apelle fit de ce cordor 
nier , étoic plus ^piquante que raifonable : 
un cordonier, ^ tant que cwdonier, ne 
^ doit juger quç de ce qui e^ de fop métier; 
mais , fi ce cordonier a d'autres lumières., 
4I ne doit point êçtc ïécufé , par cela feut 
qu'il eft cprdonicr i en tant que cordonier^ 
ce qui eft le feiis compofé , il juge fi uo 
JâUiier eft bien iax. & biea peint \ & cry 
ïant qu'il a,des ç^noilïànces fupérieures k 
fon métier, ileftjuge compéceniE fur d'au- 
tres points i'il juge alors dans le fens di- 
yifé, par rapott à fbn méùerde cordonier^ 
Ovide parUnX' du iàcrifice d'Iplugénic;^ 
disque rietéfêt f^fthlic tmtofthaae ta un^- 
4t;^ fatfiratÙt , ^R.ûi.v^ift^itf* légère : 
Otii. Mer. . . - • Poftquam pïetâtera public^ <iai)|^^ 



■i>, Google 



SENS COMPOSE'. MI 

Ces dcrnièresiparoles font dans un. fens^ . 
divifé. Agametnaon fc regardant comc 
Roi , étqqfe les femimcns qu'il teflcnt 
come père. 

Dans le fens compofé, un mot coor 
ièrve fa lignification à cous égards, & 
cette fi^nification. entre dans la compoIÎT 
tion-du fcns de tcxite la piirafe ; au lieu 
que dans le fcns divifé, ce n'eft qu'en ua 
certain fcns , Se avec rcftri£tion , qu'ua 
mbt conférvc fon anciène figoification ^ 
Us avfag/es vûientj c'cft-à^dire, ççux (^uj^ 
ont été aveugles. 

Sens Lit iRAt, SensSpiritûel^ 

ZE feas iithal efl: celui que les Qiots 
excitent d'abord dans refprit de ceux 
^ut entcmdeat tmc langue v c'çft le fens 
qui fe préfente naturèlement à Tefprit. 
Entendre une expreffion lieéralement , 
c'eft la prendre au pié de la Içiçre. Qu^ Ai^nft. 
dkBaJkm fecûadmt lifttfja^ Açctftre , iâ «/. £"«"? "v 
non aliter intelltgtrt tjuàm Uttera fhnat \ e'eft Tom. mv 
le fené que les paroles fignifiensammé' 
dUtçijï^Bt , is, qmm. vtrM immeefiaiè fignifij- 
Ç4nt. 



p:h»Google 



îiï DIVISION 

Lt f(»s ffirituel , eft cduî qticîe fcns.K-. 
téral renferme , iîeftcncé, poutaînfi dire^ 
flir le fens Ijtéral ; c'eft celui que les cho- 
fes lignifiées par le fens licéral font naîcr& 
dans Teforic. ^inft dans les paraboles ^ 
dans les fables , dans les allégories , il y a 
d'abord un fèns litéral : on dit, par exem- 
ple y qu'un loup & un agneau vinrenc 
boire à un même ruifl^au : que le loup 
ayant cherché querèlc à l'agneau, jl le 
dévora. Si vous vous atachez (implemènc 
à la lettre , vous ne.vcrreîs dans ces paro- 
les qu'une fimple aventure arivée * deux 
aniniaifx : mais çe«te narration a un au- 
tre objet; on a defîein de vous faire voir 
que les foibles font quelquefois ©priniés. 

λar ccux^qui font plus puiflàns ; & voilà 
c fens ^irituel , qui çft tCM,i|ours fond4 
Ût te ièns litéral. 

"Divifion '-^Àit fi»s titêrai^ ■ • 

Le ftns littrd eft donc iie deux fortcs:- 
I . H y a un fens l*t(ral ri^oureitii ; c*cft le 

^ns propre d'un mot ,. c'eft la lettec prifc 

à la rigftetir, fif'tS^-. 

i. Là feconde c4pèa de fens^tà-al,^ 

ç'^l celui que lesexprâflio|isi^u>éesi4ofUî 



D,£,,t,7P-hy Google 



W $Ei^S\ LITERJL iji 
ï!K>ûs avons parlé prâTerïtent riacurèlemcnt 
à refpric de ceux qtii-cntendent bien une 
langue , c'eft un jiiu- iiténii-figuré y par 
exemple, quand oh dit d'un politique 
^u'// sème d f râpes la divifion tmre fis frê- 
ftcs énemis \ fimcr ne fc àokt pas entendre 
À la rigueur feton le fens propre y &* de la 
même mariière qu'on dic^»wfr^*W/,-mais 
et moQ ne laifle pjts d'avoir unrfcns litér- 
rai , qui eA un fens figuré qui ^e préfente 
haturèlerâent à refpric, La letcœ ne doit 
|)as coujtsurs être prife à la rigueur, elle 
tue , dit S. Paul, On ne doit poioc exclure *■• Cot. j^ 
toute fignification métaphorique ôt figu- ^" *' 
irée. U faut bien ïe garder, dit S; Auguf- 
tin , ^ de prendre à la lettre une iaebn àt 
parler figurée, & c'eft i cela qu'il faut 
apliquer ce paflagè de S. Paui, U Uitre 
tue , ^ CefpTit dont la vit. 

Il Fauc s'acâchef'aù fens quie^ïes mocs 
excitent ttAturèlcmeiit dans notre eïprit., 
xjuand nous ne fonrtspoint prévenus-, âc 
que n'olifr-fomés dans l'état crjmqnile de 
la railbni vôîlà le véritable :ièiis.HtétaL- 

- * In prmcijifo tàv^ndnin eft^cfigniiidni locUtiÔDcm »<1 
ïiccràm, accipins; 3c ad hoc enim péi'tincc^upd ait ApàC- 
tolus, lietta tfciiit , ffirilus rniitm ■ai-ui^eift'. 'AHgufl. ic 
DoiSr.Cbriil, (, j.c j. I. KEPariCiïifiii;. -' -- 



;:hy Google 



i56 D^ l^iS10N 

pas.coujoiirs que la perTooQ donc on parld 
aie perdu l'efprit au point )(}u*il ne reftâ 
plus qu'à renfermer -, on vçut 4irc feuie- 
ment que c'eft une perfone qui fuie fes ca- 
prices , qui ne Te prête pas aux réâé~ 
xions des autres , qu'çUe n'ell pas joujou es 
^ïûcrellè de fon imat^ination ^ que dans 
le tenu qu'on lui parle èU« eil . bcupée 
ailleurs i & qu'ainn on ne {àuroit-avoir 
avec elle ce comÇrce réciproque de jpcn- 
Sêcs &, de fentimeas » q^i fait l'îigréfnent 
de la convecTation £c le lien de la fociécé; 
L'home fagè eft toujours en état de tout 
écoiACer » de tbut entendre y ât de. profiter 
des avis qu'on 'lui donc. r , 

Dans l'ironie , Içs paroles i>e fe prèaent 
point dans le fet)^ litéral propremeoc dici 
elles feprèncntfcionje feris litéral- figuré} 
c'cftîà-rdire, félon i^ que lîgnifiçtjc les mo|;3 
acompa^és du ton. de la^voix Se de tou- 
tes les iautres circonftaoces* 

Il y a fouventdans le langage dçis homes 
un fens.litéral qpi c(k caché» âC'que tc$ 
circoailaaces des chofes déc6uvrenti,âinfi 
il arive fouvent que la même propofîtioh 
a un tel fens dans la- bouche o&:dàns les 
écrits d'un certain homCi K-ini'êJlli: ieri à 
un autre dans lei difco^ S^ danà lej 
buvragiïi 



e:hy Google 



DV SENS Lîf'EiAL. 257 
ouvrages d'un auctehome : mais il tic fauc 
pas légèrement doner des fens défaVanta- 
geuxaux paroles de ceux qui ne penfenc 
pas en tout come nous j il faut t^ue ces 
ïcns cachés foienc fi facilement dévc- 
lopés par les cirçon'ftances; qu'un home 
debon.fens qui n'eft pas prévertu-rtepuifTe 
JpaS s'y nréprefldre. Nos préventions noua 
rendent tCHi jours injuftes, & nous font 
"fouVent prêter aux autres deS fericiniens 
qu'ils déteflent auffi fincètemàic <^e n«uS 
les déteftpns,. 

. Aurefte-, |e, viens d'obferver que le 
ïcns litéral-figuré eft celui que les pàroleS 
excitent naturètement daïis l'efprit dé 
ceux, qui entendent la langue bii l'expref- 
iion figin-éecft autorifée pat rufaffe: ainiî 
pour bien entendre Je véritable (ens lité- 
ral d'un auteur, il ne fufit paà d'entendre 
ies mots particuliers dont il s' eft fervi , il 
faut encore bien entendre les façons de 
parler ufitées dans la langue de cet au- 
teur;, fans quoi , 6û l'on n'entendra point 
le paiTagc, ou l'on tombera dans des coti- 
tfe-fény. JEn.frànçois, doner fareU^y^vit 
dire promettre \ en latin , verhA dase , figni- 
tee tromper i Panas dore dkui\, ne veut pas 
Ùicc doner de la peine à quelqu un , lui 



ffi£,,t,7P,:hy Google 



258 biP'isioN . > 

faire de la peine, il veut dire ali concmirâ 
êire p/tni ^ar quelau'ma , lui doner la fatis- 
faction qw'il exige de nous-, lui donef 
notre Tuplice en payement, comc on paye 
L. i, Eleg. une amende. Quand Propcrcc die à Cin- 
j. V. j- thie y dabh mihi ftrfii* penàs^ il ne veut 
pas dire jï^r^ijf^ , vous m'alts^ caufer bien des 
tourmens , il lui dit au contraire , qu'il la 
fera repentit de fa perfidie. 

U n'cft pas poiïîble d'entendre le fcns 
litîral de l'Ecriture Sainte, fi l'on n'a au- 
cune conoi0ànce des hébraïfmcs Se des 
Kellénifmes , c'eft- à-dite, des -façons de 

f>arler de la langue hébraïque & de la 
angue grèque. Locfqueïesintcprètcstra- 
duiient à la rigueur de la lettre , ils ren- 
dent les mots fie non le véritable fens.- 
de là vient qu'il y a, par exemple , dans 
PCaL îj.les Pfeaumcs plulieuts verfets qui ne font 
''' '' pas intelligibles en latin. Mpntes Dei^ ne 
veut pas dire des maittagmes Cênfacriet à 
Dka y mais de htutei montâgttti. 

Dans le Nouveau TeftamonE même il 
y a plufieurs pafiagçs qui ne lauroient être 
entendus, fans la conoiflancc des îdiotif- 
mes, c'eft à-dire, des façons de parler des 
auteurs originaux. Le mot hébreu qui ré- 
pond au mot laûn verbam , fe pfctid ordi- 



e:hy Google 



DU SENS LITERAL. 15-9 
'ïiaîrémenc ca hcbreù.poor ckàfe iîgnifiée 
'put la parole j c'éft lemotgéaérique qui ri*. 
pond à negettumouTes des Latins. Tranfea- tue, c. ) 
mus ufqKeSéthietim^ (^'videâmus hecverbum *' ^^* 
y«D<//4i7»»ïç/?:Pafîûnsjufqii'à Bethléem, Se 
voyons ce qui y :c&:ariiœ, Ainfildrfqu'aa 
3 =, verfec du chapitre 8 . du Deutéronomé, 
îl eft die \DtHt) deiît tihi xAum manmi 
^quid- igmribois ta, ^'fa^ts tut ; mvfténdem 
tibi quod N»n iajvtâ faïu^vat htmn^^fid in 
^mjù'otrhù.qiadtgriàUttr de ère Dît. VouS 
Voyeï que wjffawwîcerifl fignifiew tfwiw «, 
c'eft-à^dïm j dk UM 'ce ^ue Dieu. dit~,*ù\x 
'vaifj^'jfaifirvt<dt aoaritare.C'Kit- dztii ce 
jnôntdren5-que*éfiMr^Ciirift acité ce pà£- 
fage: le démoli liii.prodoffïic'dExhattger 
les piertiesen paiil ; il- nfeft pas- nécefl&/re 
det; faire ce çttai^emenci réptHld..JérLiff- 
Chrift , car rhome ne vit fas ftûUmeWt et Mjjf ^ . 
'^ain\- Uft hûgrii- encore de tmi ee qui fUh à •*. 4,. 
Dieà de lut dâner pour nottrisart ^de t»Ht ce 
jue Diiti dit mi fervira de Mb»rii4rei voilà 
é fens litéral ; celui qu'on doné comuiié- 
irnent à ces pannes j n'eft ti[u'un icns moral. 



t 



. Divifiô» d» fiks. ffiritatl'. ■ ' 

Le fens ipmciiel eft auHl de plufîeurs 



D,£,,t,7P:hy Google 



',z6o DIVISION . ■ 

fortes. i.Le/èiMsJafiraiy ku he/i/is âlié^ffù 

1. Seai màKd. . 

Le fins moral ci. arieiBtctprétfttîon fc» 
,ïoa iaquelic on i\tc quelque âoftruâion 

pour les fhœiirs. Oocircjan fcns rnoral 
-des hiftoices \ des-^lés ,v&c. 11 n'y a rien 
.de.fî ptopfaanc dont on Jie.puine cirerdes 

modalités, ni rien de-AT^^ietix qu'oa ne 
,pui⣠tourner en bntlé£^ue. TcHe eft.la 
•li^on (^ les idées ont les usés fiVec ies 
rAutre^ : le moindre rapon: réveille -.une 

idée dë:ffloralité darâ-niahoine dont le 

goâtefttbumé'durôcéideLki morale-, de 
AU cohtraireçélui dont i'Iinagiiia^Qn aime 
4c burlerque , trouv£:da burlefquo pat- 

ïout. - . .,' ^ ... . 

■. . Thômajs.'Wancis, Jacobin Artgîois,-.fit 

imprimer, vers la fin du XV'. hècle, à 
J'ufage dcrPrédicatcuts une espiication 
-inorale des métamorphofes d'Ovide. * 

Kous avons le Virgile ttirefti de Scaron. 

* Metimorphoàs Ôvidi4na motàlitet à Magillr6 Tboml 
Valleis AnèBca, Jc prâfcIIîôaË^plïë^icatâruni fub S. Ho' 
tninico^ eipianàu. C< Uvrt rartfM traduit en 14S4. V. le 
î'.Ecbard, T. i p. joS. & M, MaÛMue, Annales Typo- 
Snifhiqucr ,-Tt v. p. 17*. ' . - 



.■lu Google ■ 



DU 5EA75- SPmrrUEL %6t 

Ovide n'àvaie point pcnfé à la morale; 
que Wallcis lui ftttts & Virgile n'a^ ja-: 
mais eu les idées b»rlelqufô que Scaron 
a trouvées dans foaEnéidQ'.Ilp'lpneftipas» 
<ie même aies fables morates^j lêja-fs .^u- 
tcurs:mêmes nous en dëcQitvrerit les mo-v 
raiités:; eltes foikc tirées du texte comcî 
une confëquencc_ cft , tirée ide ft«i pcia.-; 

cipc.-"' ■'--; •' .T.. ■■;:. :::,: ', ;■':...*,■ 

. ..■' %.S^s Alièg9rkq9€k -/- , i 

, t-cfifts allégorique fe tire dian difcours^ 

2ui. / à' le pa-codre dans. fôn,£etis- propre, 
gnifiC' Boute autre chqfe : ,c'pft: une hif^ 
coire qui eft l'image d'une aiitJ:e hiftoire. ^ 
ou dc'jqaelqù'nxiitre penf^. Hqhs ^vqiis; 
déjà parlé de l'allégorifo. 

L'efprit humain a bien de ta peine k de- 
meurer indéterminé fur les eauf<ïs dont U 
voit,ûu dont.il reffè,nt Içs.éfets : ïânftIorG» 
qu'il ne con<Mt pas les caufes , il en imagi-; 
ne, 6cle voilà fatisfait.l,cs Païens inîaginè- 
rcnt d'adorddes caofes frivoles de laplû- 
part des éfecs naturels,; IVmopr fut l'éfet 
d'une, divinité particulière r. Prométhée 
vola le £eu du cict : Cétès inventa le blé : 
Bâcchus levia^-^c. I,,es recherches exac- 
ts fonc trop, pénibles y 6c ne font pas à la 
R iij 



e:h»Goog[e 



362- .'^JXimiZTON. ; 
portée dô tout lejncndc; Quoi qu^il c^ 
foie, le VMig^ire JufcrJîiueMX , dit le P. Sa-* 
* p«gfics nadon , *fift U dufn des vifiêttairts x^i, iu- 

d'Hor.T.j. Ttcncèrcnt toutes ces. fables. . 

f- Î04- . Dansla fuite, quand les Païens cômenH 
ccrent à fe policer Ôc à, fsire des réflexions 
fur ces hiftoires fabuleufcs , il fe trouva 
pacnii eux des. myftiqucs qui qq envelo-r 
pèrent les abfurdités fous le voile des allé- 
gories & des'fcns Àgurés, auxquels .le^ 
premiers auteurs de ces fables n'avoîent 
jamais penfé. 

II. y % des'pièces aUégoriquçs eti proie 
& en vers ,: ies auteurs de ces ouvrages 
. ync- prétendu qu'on leuc donit un ieos 
àîiégcMrique ;• mais dans les hiftoires, & 
dans les aucres ouifragcs dans lefquels il oo 
paroîtpasque l'auteur ait fongé à l'allégo- 
rie , il eft inutile d'y en chercher. Il faut 
que les hiftoires donc on cire eofuice.des 
allégories, ■ aient lété compofées. dans la 
vue de l'ailégoric j autrement les explica- 
tions allégoriques qu'on, leur donc, ne 
prouvent rien , & ne fonc que des aplica- 
cions arbitraires dont il ère libre à cha- 
cun de s'amufcr corne il lui plaît , pourvu 
qu'Qn n'en cite pas des cânféquences dan- 
gereulcs. ! ' . ' ■ 



D,g,t,7e;hy Google 



DU SENS SPIRITUEL. ig^ 

Quelques auteurs • ont trouvé une*in^<:uhit 
image des révolutions arivées à, la langue ''h^ouolT- 
latine, dans la ftatue ** que Nabuchodo- eicus.inta- 
ncfor vie en fonge ; ils trouvent dans ce ^^'T'^^^""- 
fonge une allégorie de ce qui dévoie ari- '^**Dam<;l 
ver à la l'angife latine. i. v. n. 

Cette ftatue étoit excraordinaîrcment* 
grande -, la langue latine n'écoit-elle pas 
répandue prefque par-tout. 

La tête de cette ftatue étoicd'or, c'eft 
le fiècle d'or de la langue latine j c'eft le 
tems de Térence , de Céfar , de Cicéron ^ 
de Virgile ; en un mot , c'cft le fiècle d'Au- 
gufte. • 

La poitrine & les bras de la ftatue 
étoient d'argent ; c'eft le fiècle d'argent 
de la langue latine ; c'eft depuis la mort 
d'Augufte jufqu'à la mort de l'Empereur 
Trajan, c'eft -à-dirc, jufqu'environ cent 
ans après Augufte. 

Le ventre ôc les cuiftcs de !a ftatue 
étoient d'airain ; c'eft le fiècle d'airain de 
la langue latine, qui comprend depuis la 
mort deTrajan, jufi^u'à la prife de Rome 
par les Gochs , en 4 1 o. 

Les jambes de la ftatue étoîent de fer , 
& les pies partie de fer & partie de terre ; 
ç'cft Iç Ûèçlç de fer de la langue latine , 
Riv 



p-hy Google 



a^4 DÎVIS 10 N~ 

pendant le<jaçl les d|fëreni;es ïncurfton^ 
des barbares plongèrent les homes. dan& 
une extrême ïgnprance j à ppine la langue, 
latine fe conlerva-t-elle dans le langage. 
deJ.'Églife.. 

Enfin une pierre abatit la ftatue^ f*^^ 
kl langue latine qui çeflà, d'être une lan- 
gue vivant?. ■ . 

C'eft ainfî qu'on raporçe tout auîç idées, 
dont on eft pj-.éoçupé. 

Les fens allëgçriques ont été aottefpis. 
fort à la. mode, Çç iU le font eriçore en, 
Oficnt ; çn en trpuvpit par-tout jufquçs, 
^M. ori-dans les nombres. MétroQOj:ç deLâmpfa- 
pi^wior. que,, au rajprt de Xàtien, a;v0it toucnè. 
ijtp^ 171! Homèrçtpui;enticrepall^oriç5.0naimc, 
Traité Ju tpleox. aujoqrd'h.ui la réalité du fcns lité- 
&"dtt''&n^^^'' ^*^^ explication? aiyftiques de l'Ecri- 
niyfti((ue, WreSaintc, qui oe font point fixées pîir. 
ftloniado-les Apôtres, ni établies claitemerit par la 
fj^j^^^_ révélation, foptfujètes à desillufipnsqui 
i}s,à>exja- mènent au fanatifme. 

sues Vin- ■ " • . 

V ' 3.. Sens Anagogi^ttc^ 

Le fetts^ anagggiéfHe n'eft guère en ufage, 
que Iprfqu'il s'agit des diférçns fens 3e, 
^'Ecriture SajfLtç. Ce Tq<x anagtgiqite vient;^ 



p -hyGoogle 



BU SENS SPIRITUEL, itfy 

^lugrcc «V«>ç»7i, qui veut dire eArwM'o» : «'■«V 
dans la compoucion des piocs, iignifiâ 
ibuvept , aif~dejfns , en haut , «^"1"' veut dire 
çc/fdffitei de âya, le cmduh : ainli le Cens ana- 
gogiqyc dç l'Ecriture Sainte eft un fens 
myftiqiiç, qui élève l'efprit aux objets ce-, 
ieftes ôc divins de la vie éteroèle dont les 
Saints jouifîèntdans. Iç ciel> 

Le fè/is liiéral eft le fondement des au-^ 
%res fensdc l'Ecriture Sainte. Si les expli- 
cations qu'on en donc ont raport aux 
mœurs, c'eft le fens moral. 

Si les explications des paflages de l'an-, 
çien Teftamenc regardent i'Eglife Çc les; 
myftèrcs de notre Religion par analogie, 
ou reOêmblahce , c'eft, le fens allégori- 
que t ainfî le facrifice de l'agneau palcal , 
le ferpent d'airaîn élevé dans le d^fert ,■ 
étoient autant de 6gûrcs du {àçrifîce de lit 
croix. 

Enfin, lorfque ces explications regar- 
dent i'Eglife triomphante & la vie dea 
bienheureux dans le ciel , c'eft le fens 
anagogiquci c'eft ainfi que le fabat des 
Juifs eft regardé come l'image du repoâ 
étemel des bienheureux. Ces difërens 
fens , qui ne font point le fens litéral , ne 
h {cas mocal , s'apèlent aulH. ça géaérai 



e:h»Google 



»66 DIVISION 

fins nûfêl$gufue\ ç'cft- à-dire, yînjj^«r^. 
Mais cotne jo l'ai déjà remarqué ^ il fauc 
fuivrc dans le fcns allégorique & dans le 
fens analogique ce que la révélation nous 
en aprend , & s'apliquer fur-tout à Tintel:- 
ligcnce du fens litéral , qui cft la règle in-, 
faillible de ce que nous devons croire 6ç 
pratiquer pour être fauves. 

X. 

Du Sens apapte'^ 
9» qut ton dont far allufion*. 

Quelquefois on fe fert des paroles de 
l'Ecriture Sainte ou de quelque au- 
teur profane, pour en faire une aplica- 
tion- partioilière qui convient au fujec 
dont on vcqt parler , mais qui n'cft pas 1& 
fens naturel 6c litéral de l'auteur dont on 
les emprunte, ç'eft ce qu'on apèle /*/»/«« 
4cc»mmodatmus y fens adapté. 

Dans les panégyriques des Saints & 
dans les Oraifons funèbres , le texte du 
difcours eft pris ordinairement dans le 
fens dont nous parions. M. Fléchier dans 
fon Oraifon funèbrç 4ç M. dç Turène y 



p-h»Gooj^le 



^pUquç à fou héK*s ce qui cft dit dans 

l'Ecriture à l'oçàijon.dc Judas Machabce 

qui fut çué dâq? une bataille. 

. X^e P, le Jeune de l'Oratoire , &meui 

nitiltcinaine , s*apeIoit Jean j il étoit dc*> 

venu avttigle ; u fut nomé pour prêcher 

Je carême à Marreillê aux Acoulcs ; ^oid 

Je texte de fon premier fcrmon i.Fuitkûma Toanp.c.i. 

pfij^s à Det , (ui Mûfwn erat Jeàrints; nm^- '- 

^rat ille lux , fed ut teftimonium ftrb'éértt et 

lûm'me. On voit qu'il fefoit allufiop à fon 

îiom 8c à fon aveuglement. ' 

Remarques fur ^qsei^aes foffkgcs adapièfi 
, .à ((Hître-fens, 

... T. 

II y a quelques paiTagei-^des auceiifs 
■profanes qui fane come paffés en prôvet- 
bes, ôc auxquels pn dqne comunémenc 
un fens détourné qui n'eft pas précifé- 
ment le même fcos que celui qu'ils ont 
dans l'auteur d'qii ils fon^ ti^és j en voici 
des exemples : 

I. Quand on veut animer un jeune 
home à faire parade de ce qu'il fait , OjU 
blâmer un favant de ce qu'il fe tient dans 
l'oblcurité , on lui dit cç vers 4c Pçrfe : 
- Scire tuum nihjl eft, nîfi te fcîce hoç fcî»t aller • ^"^- Sat-i., 



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i69 ■ DU SENS ADAPTE'. 
Toute votre fciencê ji'feft v'ita , fî leg aa* 
très ne favent pas combien vous êtes fâ- 
vant. La pciriee de Pcrfc eft pourtant dp 
blâmée ceux qui n'dtudienc que pour faire 
cnfuite parade ' de - ce qu'ils favent. O 
tems f ô mœurs l s'écrie-t-il , èfl-ce donèpour 
U ghirt ftie -voMs fâtiffix. fur Us livres t Qttôî 
donc ? croyez.- vo»s tfue U fcUnee n'efi rien , 
' À moins que Us autres M Jacbènt que •voms 
ésesfavAnt? 

Petf Sat. ^° pallor , lènii^mque : O moces t ufque adeôae 
1^ T> M' Sciie tuum nihil eft , ni(î. te fcïre hoc fcïat alter l 

Il y a une interrogation fie une furprife 
dans le texte , & L'on citelc vers dans ua 
fens abfolu. 

I. On dit d*un home qui parle avec 
citiphafe , d'un iftyle cmpoulé & recher- 
che, que 
Hor. An. PiôjiçiE ampûijas &- felquipedâUa verba .•; 

""il jète , il fait fortir de (à bouche des pjt- 
roles enflées Sç des mots d'un pjé 8c demf. 
Cependant ce vers a un fens tout con- 
traire dans Horace. »> La tragédie , dit ce 
Mpoëte, ne s'exprime pas toujours d'un 
» ftyle pompeux Sc élevé : Télèf^e Ôc 
V, pelée, togs, degx pajaMçcg., WUS dewî^ 



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t>U SENS ADAPTE', 1^9 
« thaflfe de'i4Hw$'pBys ,■ ne doivcht point 
-toïecDurir à dés termes enflés^ ni fe fer*- 
>B'vir dcarands môtsi il fauic qu'ils faflcnt 
;« parler -leur dooleuD d'un ftyie iîriiple 8c 
» nacotel ^ s'ils iveulenc xioas ijoncher , Sk 
V ^iic nouJi^ous'intérdfions'ià leur mau-» 
vi vaifeforcune^ t> si'mCi frajim i dam Ho* 
xztç , veut dire .il rejeté. , 

. Et,Kii|,k;m-f lf|;^l:pqBe 4o)et A^in^ne pftdéftr^ ;. Hor. Art. 
^ , Tâephjis .«tPeletw , çQmfraijpw & Mjil utii^ ^**'- ^-s?' 

■:-v3»«.v.:'-::i -.-:."- '■'''-,''-' ,^|" " - : 

Prôj^cit àmpùllu^ ferquipedâlia vetbs^ > , 
; Si cucac cqi Ipe^Uotis tetigillè,quetélà. - .. 

M. Boilcau nous donc le même [}ré6epte : 

■ Que dévaht Troîe en flam», Hrfcub'é' Héîôlce -kn. Poita 
Me viène pas-pôlilfeiflïîe plainte empoulée. - '' '■ , 

Cette remaMjucT qui fe tmiive dans. ;!« 
plupart des Cameptateurs cTHoracc, ne 
devoir poiqK;^fiï)ap,çr aux auEfiW^ clef Diçr 
tionaircs Cir Je mot/'r*/*'i'ȕ-.. . , ,.. .^ 

3 . Soijvenf P^^ cxçufc'r )éfe fautes d*un, 
habilje home^ pp cite, ce mot d'Horace; . 

. ' i . Quandàdue boûos èatmitai Homcms ) . ' Hor. A». 

Côme ^ Hoface avoir voulu. 4i)rc..que 1« 



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d^o bu SSI^S ÀIJ^^TE\ 
rboir Hcimère s'eridtnc cfuel^uefois. Mài^r 

les fois que ) ScêvHBi c^ pris sa booepait; 
Uje fais iâché:,. dit Hocalce^ toutes la 
«■fois quofc in'apcrçDis<}B'Hamère, ccc 
M excédent . Pacte ,. s'eniioxcf : fè néglige j 
M Ht iè ibutienc pis; .-. :: 

Indigner quand&que bânus dormîtac Homcius: 
' ' , M. Dànei: sVft tt-oiripé iîàhi l'cxplicatiod 

ïjtt'il doheâec^pafiage claAsrfoti DîfïHo- 

naire latin-françoisfurce mot ^tarrdoijue. 

4. Ehfiïi pout^ s'cxcoft'f duana on efï 

tombé dkns'fqtielqûe-fittftê-i on cité' ce 

yçj-s de Térenee:,; .,..,,;,\.,^ ; ... .;. 

j^(^^ HoiBO:fum>iH«n^ni;Hl)ilifn»*Uénumputçi 

i.fc.à».te Cora* fi TércQM aroit vouju -dire ,,jf/»it 

heme , /e nejuispoint.exempt des foibleiïes de 

fî&/rt»iSOT/fi'^^Ti'eftT»às4S'-!èTciVs'dcTéi, 

?ftiçè. CHt-érflès, tt)UGftè~de i'âfli£tiôti oâ 

, 'ii'vbk Mëhédèrtib'ftjH '.Vctifitii vient lui 

demander qnipîlc péûc èfrcla ïiauïè dé fort 

cHagfiril'^'.iidspeiries (fà'îl fëdbne': Mé- 

ne'tfème liii dit brufqrtéMàent, <^ù'il faut 

.) ., ,:i qu'jl ^ÏT.l^W "^jo^firiwHir yenir femêlcr 

X .' - des afaircs d'àutrui. »> Je fuis hÔme ; té- 

« poiid tcânqiuîemeai Chrêmes j tieà d£ 



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DU SENS. ÀDAPTE\ i?t 
M tout ce qui regarde les autres homes 
*> n'eft étranger pour moi , je m'intérefle 
M à tout ce qui regarde mon {wochaio, 
- » On doic s*étoncr , dïc Madame Da-' 
»3 cier , que ce Vers ait été ii mal enre^dui 
i>. après ce que Cicëron en a die dans le 
•f* premier livre des Ofices. 

Voici les paroles de Cic^fon,: EJ «i« i.offn.i;*v 
Âiffkilis cura Ytrmm Miin^Ytmi, i^mn^àam '^^^'- 
Terentiànus Uie Chtrmts hammi nihil d ft 
'AlUnumfMîat. J'ajouterai un paÛàge deSé-^ 
nèque , qui eib un comentaire encore pltis 
clair de cisparoles de Térence. Sénèqne, 
ce Philofophe pàïeii, explique d^ns uns 
de fes lettres , coment les homes doivent 
iionor» la raajefté des Dicftix : il dit que 
€t tiefi'qiien ërej-a»t gn etta ,^ki ftatùfUdnt 
d&hoaes awvrts ^ C^ M tâchant dt tes imiter 
4ans {eèrs^érfeBians ^tja'an^eut leur rettdrt 
un culte agre^hîe \ il parlçiÇiafiiitc de ce 
que les homes fe doivent les iins aux a«^ 
très. » Nou> devons tb'iis nous regardet', 
» dicril , G(M2K iéùnt; les membres d'un 
» grand COfpS", la -nature nous a tous ti- 
« rés dç larJoiênie fource !, 'èi par là nous a 
«tous faiR-pafortsIesunSdcsautresT c'cft 
» elle qtU,.',ïCéÇâb"!i. i!éq«it^- $t la iMAiçe. 
M Selon rinAiGQJE^on: iic la nature ,^ on e& 



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171 DU SENS adapté;. 
i> plus à plaindre c^ùând on nuit aux aa- 
» très i que quand, on en reçoit du domar 
» ^9, La nature nous a doué des mains 
» pour nous aider les tins, les autres-, ainU 
» ayons tôujoqrs dans la bouche &, dans 
» le cœur ce vers de Térence ; je/ùis hemei 
n rien de tout ce ^ui regarde Us homes nefi 
. w étranger fcnr mal.* 

Il eft vrai «n générai que les citations 
& les aplications doivent être juftes au- 
tant.qu'U.fi/^ .-poilible f puifqu'autrcmcnt 
jeJUe^ ne proityeni rjen , & ne fervent qu'à 
mqbt^îet une /aMnè. érudition* mais il y 
QurotC'lHCB'diixigor.irme à condânertout 

Il y a t^ien^ 1} diférence eiitre raportef 
un pallàge ho^qa utl^ autorité qui prouve ^ 

' ^ QuÂm'bda fitit Dn .càlértA rotec. pnecipi ; . : . Deum 
iOlii qui novit-^^: . . Pl^mus elt neiium cultus , Deot 
crcHere, deinde'rîf'ddeiè illis majëlfatêai fuam, réddeie bo- 
nitàtïM firteqnâ iluttï iriajéftis cft,: vis Dcos propitiàte; 
im^sçfto.^^atKii4dsf61ai[qaiiqgt!! imi(ii«scft. Ecccâl- 
tera.-quiftio, (]ui$nio4^ homiiiibusfit m^nijam i- - ■ ; 
])6frim bcévûci baac fènftulitn Ëunfàhi ôifVcii tr^adcte . . . 
•^ k'.>inembta fumos câtpoiifi nugili ,- n^ûâ nos cognàcos 
idjdic, cumcx/ird'^À|îii'i4cra* pipiç»!. Haec aohU 
ainiréin in^idic mùt'uum'ac fociibilet fecit j llU iquum juf- 
%iïfeqûê<*mp6ri4tï*iî((iHscônfttiQttcrne-niifiHus cftno- 
i:érfc^»Uiii,fcedi}.& il)i,ns imp^iao.parin fiini ad jutî»- 
^umjflianus. Ule verfus & in p^£lorc &■ ia ore fit , h«m» 
'fitpi, huwUni nihil » me alirhmrn piHii.'iiAhçiiat^s la cofn- 
ItmnKj^qucUl nui fuAitE. ■£(»». ^ iiV; * 6£cia. 



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Pu SENS adapte: 17J 

où fîmplemehtcôrâedcs paroles conues, 
Wikqueiles 6n donc un fens nouveau qui 
convient au Tujet dàùt on veuf parler) 
yans le ■premier cas , il faut cohfervcr le 
lens dte l'auteur ; mais âàni le fécond tas , 
les paflàg^s, auxquels on dbne un fens 
diférfeùtde celui Qu'ils ont dans leur au- 
teur, font regardés corne autant dfe paro- 
dies, & corne uiie forte de jeu dont il 
cil iôuvcnt permis de fâirfe ufagc. 

Saite du fens adafté. 

De là Parodié et i>És Centôns, 

T A Parodié eft auffi une forte de fens MUaic\ t. 
pLi adapté. Ce mot eft grec , car les Grecs '4* if. 
ont fait des. parodies. 

Parodie * fignifie à la lettre un thant 
com'pljfë à l'imitation d'Un autre, 5c par 
cxten(îon on donc le ùôrri de parodie à 



* ïfçifu/lcc , câoticum. R. wx'fi , jazta. Se (ÔJ'k', cantiis , 
carmdn. Cânticum rèl carmcn ad aliëiiuj fîmilttiidîneni 
çomp^fitum , cuin aUëiiss poiià; verCus jocàsâ in àliud 
irgumiçtum tiansfcrûntur. 

. EU ëiiam parodia , Hcimâgeni , ciim quïs , ubi pariem 
âlicjuam.veims pr6tulit , liliqniim , à Te , id cft , de fuo ; 
'orarï6ae folutâ eloijuitut , Siitri/m, Tli. îing. giic, r. 

S 



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174 ■ S a tT Ë 
. .uaoavragcen vêts, dans lequel 6û éé* 
tourne, dans tin fèns railleur, des vefs 
qu'un autre a &its dans une vue diféren- 
te. On a la libctté d*a|outcr ou de re- 
. trancher ce qui eft néce0àire au deilêin 
qu'on fe propofe j mais on doit conïcrvcf 
autant de mots qu'il eft nécclïaire pour 
rapder le fouvenir de l'original dont on 
emprunte les paroles. L'idée de cet origi- 
nal &c l'apHcation qu'on en fait à un fujet 
d'un ordre moins fërieux, forment dans 
rimat;ination un concrafte qui la fur- 
prend , & c'eft en cela que confiftc la 
plaifanterie de la parodie. Corbeille a dit 
dans le fliyle gtave, parlant du père de 
Chimène : 

tcCM.aè* Ses rides far fon front oht grave feS exploits. 
' . ' ' Racine a patodié ce vers dans les Plai- 
deurs : l'Intimé parlant de fon père qui 
étoit fcrgent , dit, plaifament : 

Les PlattL II gagnoit en un jour plus qu'un autre en (îx mois, 
ââ. I. fc. j. Ses rides fur fon front gravoient tous fes exploits' 1 

Dans Corneille, exploits figuifie dcïiam : 

mé>ier*hUi , exfhits milit4ires y &. dans les 1 

Plaideurs, exploits (c prend p6ur Us a£ies \ 

ou procédures que font les fergens^ On dit i 



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Ï>U SENS ÂVAPtE'. 1.7Î 
'que le grand Gôrrieîllc fut bfenfé de cette 
plaifafltériedu jeune Racine. , 

Au refte; rAcad<^n^ie a ôbfervè que Us sentimeni 
riJes àfMfquem Us kitoéts ': mais »e -gra^sm p' 'i-*"[ç'^ 

f9int Us expUUs. vcrsdilCiJ. 

Les vers Tes plus cbnus , font ceux qui 
font le pliii expofés à là parodie. On 
trouvp dans Icis dernières édiciiâns desœit- , 
vres de BdileaUj Uric farxjdie irigénieufe Tom. t. p. 
debuel<|ues fcèiieSdùCid. Dn peut voir J^'^"^^^^"- 
àufli dans leS Ptiëfîcs.dc Mad. des Hou- dcsHouI. 
lièreS une parodie d'une fcënè de la même ^dit. de 
tragédici Le Théâtre Italien cft riche en |7Jî- P^S* 
parodies; Le Pdëme dii Vice PuMi'eft*^ * 
rempli d'aplïcitidns heureufes de vers de 
bos meilleurs Poètes ! ces a(Jlicati6ns forte 
auranr de ^arddîçs. 

, Lcis Centons font énc'orç une forte it/tTja.. 
d'ouvragé qui à rapôrt au (èns adapcë. ""'"■ ^'j^: 
Leofo ert lacirt fignifie , dans le lenS pro- Mnniscon- 
pre, liné pièce de drap qui doit erré cou- fatctnàta. 
fue à quêiqu'aucre pièce i & pluâ foUvenc pj^g^ ' 
un niànteau ou un hîlbii: faïr de diférêntes 
pièces rapbrtécs : erifuité dn A doiié ce 
Hctni i par métaphore , à ùp ouvrage tbm- 
pofé de [jlufieiirs vers bii dé pUificurs paf- 
fages empruntés d'uii ou de plufieurS ati- 
teurSi On prend ordinairemenr la mOÏtié 
Sij 



e:h»Goog[e 



ïyi SUITE 

d'un Vers » £c on le lié par le feus ay^c \x 
moitié d'un autre vers. * On peut em- 
ployer un vers tout entier Se la méitié dû | 
fuivant, mais on défaprouve qu'il y ait 
deux vêts de fuite d'un même auteun 
Voici un exemple de cette forte d'ou- 
vrage , tiré des centons de Proba Falco- 
jiia. § Il s'agit de la défenfe que Dieu fit ' 
à Adam Se à Eve de manger du fruit 
défendu : Proba ^alconia ^t parler le 

* Variiî de ioeis , renfibûfque div^tlis , quidam càc- 
tbirài flriiâiica folidicur , iû ûnum Verrùai u.c. côeaot 
c<fi duo, aac unus Ac fequcns cum nlédio:'nam daoi 
Jubâim loclre iaeptilm eft , & tics, onà fcric , mera 
»agx ..... fcnfus divic& ut côngiaaoc ; adopiîva aux 
tant, ut câgaàta yideâncuT ; aligna ne mECtiiiceaat ; hûlcs 
fie pâicant. Â^Jiniui PxuIq. ^ilt. q»* fr^iéptmr mn* 
Edylt. xrit. 

i Piobx FalcônÏK vatls craitltimiè ï S. Hictânynid 
comprobitz cencôaes de f idei noftfz myft^tHs, c Marànû 
cannûlibus , &c. Parilïis , apud ^gldium Gorbinum i jyt. 
f. 17. tQ-g. JfM» Parilîb, apud Frandfcam Sc^pbanuni. 

hti itntMt di ^r»^ faleuù» f* treuvtnt aufi doMi Bi- 
bliochéca Patmm , Tom. 5.1.u(rdunt 1*77. Vtitittquitf 
tiit dt tttit favaittt (^ fiMft Dimtt daoi l'IndcSc Anâo- 
rum BibK Patt. Tom. i. Piloia FaiCOKia uxot 
hoa Adélpbi Ptocôarulis , ui fccibic Ifidôius , fed AdIcîî 
Pcobi Piàtéâi PrKCÔrio , po(l«à Cônfulis , mater Probîii:, 
Dlibrii , te Probi , lînliliier CàDrulum. Di qnâ multa Hic- 
rÔDymus £pl(l. S. & Baiànius , Tom^ ^. 0c ;. Aanâliuot 
5crip£c Virgilio,.ceiicôtics qui cxtaat fol. ii.ig. Ftorait 
non fub Theodôllo janiorc , u: Vuli SiiiUs Sêaénîîs , (ti 
.CibGratiiDo. 



D,£,,t,7P:h»Got)gle 



DU SENS ADAPTE*, x-jj 
Seigneur en ces termes, au chapitre xvi. 

■^.^. 7ii>. Vo.sfvnuli qiue diçam toimit adv^rùce vef- 
tris ; ' 
1, II. EHûiconrpeâa * lamîsfelicibai arbot, G i, 8i, 
7. 691. Qudni acque.fas igni cui<]ium dcc {^raerç 

fttro, 
7. tcS. ReUigi6nef2ci4''^[iunqiiainconceirajiiovéri. jr. , -r^^ 
II. J91. Hic quicumqiie facmi * dlecétpreiit ^borc f^ , . ,_ 

II. 849. Moite luci m^itâ, * ntcim ftoc^ntU vertic j 1, 14^^ 
Gj 1. ;i{. Nec tit>i lam pnidens qiiirquam ptiCu&deac 

Ec. S. 4t. Comauculâremaniu.* LtccutcTocctnon^rV j.4<i- 
G. ^ 1.X6. féaùm,* niélliiittr tl4nd».fiiffitvine*l^ 
G. !• 1^1. Si tt digna nuance divini glôii^ ntiÎL 

Nous avons auffi tes centons d'Etiène de 
Pleutre ^ & de quelques autres. L'Empe Aofoo. Bp. 
reuE Vakntînien , an raport d'Auforic ,»««^y'^- 
s'étoit auffi amuft à cette fQ.rte de jcu^."^^ 
ixiais il vaut mieux s'ocuper. à bien.penr- 
fer, 5c k bien exprimer ce qii'on penfc, 
qu'à perdre te tçms. à un travail ou l'ef- 
prit eft toujoucs-dans les entraves, où la 
pcnféc efl; fubordonée ^ux mpççj au Iiçll 

* St^hanl PIciHT» Maeis &cr« câocmens au» Dô- 
nJni N. J. C. & primônini Mârtyrum Virgilio-ceDconi- 
ttti^ confcrtpta. Pvi&il , apud AdriàwunTaupiaatc, itiiB. 

*<■ ' c ... 



p-hy-Google 



i7S S V ITE 

que ce font les mçts <^u'il faut toujours 

iubordoncr aux penféeS. 

Ce n'étoit pas âffèï pour (Quelques écri- 
vains, que la co^itrainte des centons: nous, 
avons des puvrages où l'auteur * s'ef^in- 
tcrtfic fpcceffivctnent par cfa,apitKS, , Se 
félon l'ordre de l'alphabpc l'ufage c^'une. 
lettre, c'eft-à-djre, que dans lepfcniier, 
chapitre il n'y a p9.in.t d'tf , &C dans le Se- 
çopdpointdo A^ainfîdeiciite. Unaatre§; 
a fait un Poënie dont tQus les, mots xaf 
niencent par un p. 

Plaûdite pprcéUi ; porçorum pi^a propago^ 
Progreditur, plates porcipinguédine pleni 
Pugnântes pprg,tint. Pécu JuQi pars p^odigiôfa^ 
Peccucbac pede peci6iâs plerùm(^ue platées » 
Pats porient, sèpopulàtum prata profanât. 

* Liber abrqoe lîttcTÎs, de ^i&çibiis mniult Se hâ^in» ï 
^atôrc Fàbio, Clàu^o, Gbrdîapo j Fulgéntîo. îdiÀù. P. far. 
càbi]! Hommey Auguflioiiifi'us, Piâavii. ProÂ^t Patilîts 
apad'Viduam Càroli Coîgnàrd , i6')6.Lt titre Ju lutuiuf- 
irit fnmtt ad' A ufque in Z. mais tlm^imtnr »'« tiiii a* 
}»ur jmt iiv. chgfitrti , c'ffi k-dirt , i^fya'i fO iûehi^vt- 
ment i (3> il Jtckrt ^t le cepifit » ifari U refie. Hue ufqite 
èoAtt, cujus fcriptor addic : û decem de <]ui&.us fit; mJntio. 
iniiiuio, nïfcioubi furie. ■ . ' ■ • ' 

S Pugiià Porcônira per R Pàrcinm. Çr Pt^^w tfl^ «»: 
f*fide i^i.veri. Je tai vu déuiua recueil jui'^ftiiTlittt! 
Niigx Vcnàles. iiféri MtrUut ft Feim* i Léo Placeqtius. 
y. PtAUAMf , dans iVdition de Moiéii de 1 71 8. ■ 



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DU SENS ADAPTW. 179 

Dans le IX< fiècle, Hubaud Religieux 

Bénédi£l;inde S. Amaad, dédia àrEii>pe-. 

reur Charles le Chauve un Poëme com- 

Î\c^é à rhcmeui: des chauves , dont cqus 
es mots comencen.t par la lettre c. 

Carmina, claiifonic, calvis camâte Caméiix. 

*Un antre s'eft misdat^une contrainte' 

encore plus grande^ il a fait un poemcdc 
1956. vers defix pies ^dont le dernier {èul 
elt un fpondée, les cinq autres font au- 
tant de daiflyles. Le (ècond pîé rime avec 
le quatrième , & le dernier mot d*aa vers 
rime avec le derniermotdu vers qui le fuit, 
à la manière de nos vers François à limes 
fuivîes ; en voici le comencement: 
Hoianovi^na, cémpora fhfina rant, vï^imus. 
Ecce tainkciter imminet âib/»r itie îaçtémus. 
Imroinet.t immnetïa mala tcfov'mf, squacorifiufi 
Re^a zeraimeret , ânsia Iib«r«f , xihera à»nit .- 
Aufecat kCpera, duiâque pbndtra méatit oïiùjla , 
S^bria tnÛTiiait fmprobapônûf', uiiaqae}a/7^» 
l\le pu^/nusy ille gtav'^^uj ecce venit Rex. 
Surgathomamu, in{lathc»noZ>^uj,ipatce)udcj:. 



Il Uoilancnfis, Mônactii ôitliniï Cluniacenlïs, 
ail Pctnim Cluniacearcin Abbàtcm qoi clàtuii anno 1140. 
lie Contempla Mmdi , Ubri trcs , ex vttéiibw mcmbiàiiis 
ïV^DS dcfçrif ti. Çiciçf , a/xaoïj^i, 

Sviv. 



p:h»Googlê 



iSo S U l T E ' 

Les Poëmcs dont jç viens de parler (ënc 
aujourd'hui au çiême rang que les acrof- 
tiches & les anâgrames. ^ Le g<?ât de tour 
tés ces fortes d'puvtages , heyreufement, 
eft palTé. U y a eu un.tenis où les ouvra-' 
ges d'éfprit tiroicnt Jçur principal mérite^, 
de la peine qu'il y avoit à les produire, ôç 
fouvient la mofitagnç itçit. i^écçoipcnfé© 

* L'iictoftichc cft une forte d'ouvrage eo ves^ , dont cha- 
<jie vjtn comcnce par chacuv des lettres qui forment ua" 
ccROin mot. A la réte do chaque comédie de Flauce , il y 
a DD argninciit fak en aci-ollicbç '. c"eft U nom dela^iècc 
(joi eft le triflt de lUctoftiche-; par escitiple : Amphtru» : 
le prctnicpveis de l'argamcnt «onjcnqe par un A, le fécond, 
paruDM,ainlî de fuite. Ces ai^uir.ens fopt anciens, fic 
M^d^c Daciet dans Tes rcmat-^ués fut celui de l'Amphi- 
tryon fait entendre que Plaate en cft l'aïUcur. 
' Cicéron npui aprend qu'Ennius avoit fait des acrofti- 
ches; aJtpe;i;^l{ mthùr, tum Àeinctfi ex primis xérfitum 
titttrh Àliquid fomtéSiiitr ) mf i» ^aufdtun EmnitiMii. Cic^ 
de Diviitattône -1, i. ri. lii. aliter lIv. 
' S, Augùftin,' de'C-iV. Deî, 1. xVii. c. ij, parle d'un 
acr6ftiché(fe'laSibyleErythr/-e, dont les lettres îpttiale s 
fprmôicqt ce fens , l'iwî,- Xfiîes OieûTÎjçSuTBf. • 

Aurefte, acroftiche vient de deuirooisgrecs ttepcç. f^ni- 
niBS, fNtf^ii unidtstxiTÎinittti Bc t/^oc «rfm, otdô.' 
àifmy'fi m' u ànfi^X" '•> initium verfiis,^ ' ■ 

A l'éRard AtÏMnmgrdmt, ce morèft encore grec: il cft. 
compofi! Ai la prépofîciwi 'd'à f\ai dans la compoCtîoo des 
mots, répond fouveni à«»r», rïj & dç -,f 'VW lettre: 
L'anagrame fc fait lôrft^u'en dépf a;ant les lettres d'un mot, 
on en forme un autre mot ,qui a une fignifiiatiôn diféten'^ 
c^e ; par exemple , de Ltrma* on a fiait AUrmm. 
■ Il ne paroit pas ^uc les aaagiomes aient jamais iti ax 
n/ilgc pa^n^i les Latine^ ■ ■ • . i , ■.si 



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BU SENS AI>JPTE\ xH 

de n'cnfânter qu'une fouris , pourvu qu'el- 
le eût éçé. iQng-tems en travail. iVujour- Molière; 
d'hui, le temt&ç U. difiçulté, nefopt rien à^'^'*-^^ 
(a/aire ; on ain>c cç qui cil vrai , ce qui * - •' 
inftruit y ce qui éclaite , ce quv irtterçffe , 
ce qui ai un objet raifûjuble^ 2c l'onae 
Wgarde plus les n\ots qjoe corne des fiene$ 
9^uxquel^ on tifi s'arê^ que ppuà aler droji 
à- ce qu'ik fîgnifient. î-a vie eft Ci couree., 
& il y a tant à aprendre à topt âge , que û 
l'on a le bonheur de Êirmonceclarpareflè 
Çc l'indplence naturèlç dç l'e^nt^ dn ne 
4oic pas te rn^cccre à la torcuiie. fur d^ 
^iens , ni rapUqu.eç en pure perte. 



c 



X I.- 

Sens Abstrait, Sens Concret.- 
lE mot ahfirait vient du. latîn ahj 



.:,^.tus , participe è^ahjiraher.t , qui ycHÇ 
dire tirer , aracher , féfarer de, 

Tputcorps cft réèlement étendu en lon- 
gueur,, largeur & profondeur., mais fôu^r 
vent: oji penfe à la longueur fans f^itç 
StentJon à k largeur ni à la profpndeur, 
ç!eft ce qu'on apèle faire abftra^ipa dç 
la largeur.& de la profondeur j ç'eftcon^ 



D,£,,t,7P:hy Google 



tti SENS ABSTRAIT^ 
fiàéter la longueur dans un fens abftraît; 
. c'cft ainfi <ju'cn géométrie on confidère le 
jMjint, la ligne, ïe cercle, fans avoirégard 
ni à uH'rel |KMnc , ni à une teUe ligne, nt 
À un tel cercle phyfîquc, 

Ainfi en général )e fens abftrait eft ce- 
lui par lecwcl on s'ocupe d*une îdée,^ ians 
faire atencion aux autres idées qui ont ut> 
rapQfÇ ^laturel & néccffàire atcc cette 
idée. 

Il Ott peut confîdérer Iç corps en gé-. 
néral fans penfer à la figure ni à. toutes 
]e»autt<es propriétés particulières du corps 
^ylîque ; c'eft confldérer le corps dans un 
ieas atxftraic , c'eft confidéreria chefe fans 
le mode, ccune parleiu les PhiloTophcs ,, 
tel abfyue ffW#. 

1. On peut au contraire confîdéter les. 
propriétés des objets fans faitç atenticHi à 
aucun (ùjet patticalier auquel elles foient» 
«tachées, ff(0(^«/ shf^iK rf^C'eft'atnd qu'oa 
parle de la blancheur, du mouvement » 
du repos , fins f^ire aucune atention parti- 
culière  quelque objeeblanc, ni à qqctquo 
corps qui foitenntouvementCHien reposa 

Vidée dont on s^ocupe parabfïra£bion^ 
cft^iïé<^, poueainfïdire, des autres idée» 
■^i oàcraport à «jte-là.,^ çUç en ef^ cfiini^ 



D,£,,t,7P:hy Google 



SENS CONCRBT. m 
fépirée, fiç cVft po.ur cela <|u'oa l'apèlc 
idée abf^raitc. 

L'abftraâfioa eft donc une force de fé- 
paration qui fe fait par la penféc. Sauvent 
<>n confidere un toucpar parties, c'eft une 
cfpèee d'abilr;iâieo , cXV ainll (^u'enana^ 
tomie pn fait des démon Ârations turci'- 
çuliàros de la tèxe , eoTaiw de la poicrine, 
&.C. mais c'eft plutàtdiAcife^au'ibftyairc; 
, pn apèlc plus particùlièremenc j5«fc aéjl 
trdiîioa ^ lorfque l'on confidèrc quelque 
propriécé des obiers fans faire acencton ni 
à l'objet, ni aux autres propriétés ^ on 
iorfquc l'on confidere roi>jet fans, Ws pnv 
priétés. 

Le fcns concret , au contraire, c'cft lot? 
que l'on co;ifidère lé fujet uni au modcy 
ou le mode uni au fajet y c'eft lo^fquc 
l'on r«garde un fujet tel qu'il eft, & que 
l'on penfe que ce fujet & fà quIlWté ne 
Êant enrèn:U>le qu'une même cho£e , '8c 
forment un être particulier; par exemple: 
ce papier blanc , cette t^k tjgarrée, cette voite 
rende î blanc ^tfuarrte y^rénde ^ (onçditiî alors 
dans un fens concret. 

Ce moE concret vient dw latin Cfffuritus, 
participe de coacrifcere , croître eniëmblo, 
s'épaiffiti iè coaguler, êci;c compofê de i 



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184 'SENS ABSTRAIT^ 
en é(ex y dans le Cens concret , les adjec-r 
ti& ne forment qu'un tout avec leurs fu^ 
|et9 , on ne les féparc point i*un de l'autre 
par la penfée. 

Leconcret renferme donctcoijcvusdeux 
idées, celle du fujet. Se celle de la pror 
priéeé. 

Tous les ffibftanti^ <pu {ont pris adjcc-r 
tivcmcnt, font alors. des termes concrets., 
ainfi quand on dit Fetrus eji Jbtmâ t bom». 
eft alo« un tern^; concret , P^/rj^r tfi bav 
tient bmmAftitatem. 

Obfervez qu'il y a de la difërcnce entre 
Éiire abftradion & le fenrit d'un terme 
abllrait. On peut ie fêrvir de mots qw 
expriment des objets, réels, 6c fejrc.abf- 
traâ;ton , corne quaàd on examine quel- 
que partie d'un tout « {ans avœr égard aux 
autres parties,: on peut.au. contraire fe (cr- 
vir de termes abftraits , fans faire ab(ferac-^ 
trop , come quand on dit que la foituiu^ 
eft avçuglc. 

. Des urmes ahfimts. 

Bans le langage ovdinaite, ah^àit fô. 
prend pour fubtH , vtetâfhyfitfite : ces idées 
fafft. Afiràtts , c'çft-à-ditc , qu'elles, djç^ 



p.- hy Google 



^ÉNS CONCRET. lis 
imandenc de la méditation , qu'elles tio 
Ibncpas aifées à comprendre, qu'elles nft 
tombent point (bus les fen& 

On dit aufli d^in home , qu'il ell éhfirait 
quand il ne s'Ocupe que de ce qu'il a dans 
refpric', fans fc prêtet à ce qu'on lui dit. 
Mais ce ^ue j'entens ici par ttrmts ahf- 
êraits^ ce font its.mots qui ne marquent 
aucun objet t^ui cxiftc horS de notre ima- 
gination. 

Que les homes penfent au foïéil , oU 
qu'ils ;i'y penfent point , le fdleil exifte , 
ainfî le mot de folcil n'eft point un terme 
abQfaît. 

Mais beauté^ îaiàctiry Sec. font des ter- 
nies abftrairs. Il y a des objets qui nous 
plaî{enc £c que nous trouvons beaux , il y 
en a d'autres au contraire qui nous afec- 
tent d\in'e manière dëfagréable, & que 
nous apefôns îaids ; mais il n*y a aucun 
être réel qui fbit I* beauté ou la laideur. 
11 y a des homes -, mais Phttmanité n'eft 
point, c'eft-à'dire, qu'il n'y a point urt 
erre qui foic/'&»m4»/;/. , 

Les abftraébJons ou idées abflraices fu-^ 
pofent les impredîons panicuHères des ob- 
jets, Se la méditation, c'eft-à-dire, les 
réflexions que nous fefous nacurèlement 



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i86 SENS AÉStRAITi 
fur ces iihprellÎDnSL C'cft à l'ocafion de 
ces imprefTions que nous confidéiOnS en- 
fuice {éparément » & indépendamenc des 
objec» , les difërentes afe^ons qu'elles 
ont fâic naître dans notre efprit; c'eft ce 
que nous apelôns les propriétés des objets : 
je ne conddéterois pas le mouvement eii 
uii-mênie ^ Ci }e n'avois jamais vU de corps 
en mouvement. 

Nous fomes acoùtuméà à doner deï 
noms pàrticuliets aux objets tétH Se fen- 
nblcSj nous eii donons aufll par imita- 
tion aux idées abflraices ^ come li elles rc- 
préfentoicnt des êtres réels j nousn'avoni 
}}oinc de moyen plus fzeile pour nous co- 
mimiquer nos penfées. 

Ce qui a fur-tout doné liéù ààx idées 
abftraites y c'eft l'uniformité des impref- 
fions qui ont été excitées dans notre cer- 
veau par des objets diféretis » Se pourtant 
"fembiables en Un ccrc»n point : les hdmes 
ont inventé des mots particuliers pour ex- 
primer cette rerîèmbiancc, cette uriifor- 
mité d'ioiprellîon dOnt ils fe font formé 
une idée abdraite. Les mots (|ai expriment 
ces idées nous fervent à abréger lé dif- 
cOurs-, & à nous faire entendre avec plus 
<le Milité ; par exemjile ^ nous avons tu 



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SENS CONCRET. àsr 
{»ld{îcure objets blancs , enfuite pour ex^ 
primer l'impceilioo unifijrme que ces difé* 
tem objets nous WX caufée , Ëc pour mar* 
ïjucr le fnnt dams leauel ih fe Yeffimbient -, 
nous nous fervons au mot de kïancheur. 

Nous fbmes acouttim^ dès notre en- 
fance à voir des corps qui palTent fùccef- 
iï ventent d'une place à une autre ; enfuite 
pour exprimet ccCte propriété 6C la' ré- 
duite à une foixc d'idée générale , nous 
nous fervons du terme de mtuvanegt. Ce 
que je veux dire s'entendra mieus par cec 
exemple. 

Les nomit que Ton donc i\i% tropes ou 
figures dont nous avons parlé , ne repré- 
fentcnt point deis êtres réels ; il n'y a point 
d^êtrc ^ point de fûbfUnce , qui foit une 
métaphorc, ni une métonymie j ce font 
les diférentcs cxprcŒons métaphoriques, 
&c les autres façons de patler ngurées qui 
t>nt doné lieu aux maîtres de l'att d'in- 
ventet le terme de mét^htn , Se les autres 
nonn des figures t pat: là ils réduifent 1 
une c^àce , à une cla(îc particulière les 
exprelùons qui ont un tour pareil félon . 
icquel-eUci fe rciïèmbtent^ & c'eftfous 
ce raport de lellemblance qu'elles font 
comprifes dans chaque forte particulière 



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2*8 St:NS ABSTRAIT^ 
dé figure j c*eft-à-dirc , dans la même ma- 
nifcre d'exprimer les penfées ï contes les 
expEclfîons métaphoriques font comprifeà 
ibus la métaphore , elles s'y raporcenc ; 
l'idée de métaphore eft donc une idée 
abftraite qui ne rcptéfcnce aucUnt ex- 
preHîôn métaphorique en particulier, mais 
feulemeilc Cette foae d'idée générale que 
les homes fe font faite pour réduire à une 
tlaflc à part les ëxprelBons figurées d'une 
même elpèce, ce qui met de l'Ordre & de 
la néteté dans nos penfées j & abrège nos 
difcdurs. 

11 en eft de même de tbiis \ei âutrcS 
noms d'arts Se de fciences : la phyliqué , 
par exemple, n'exifte point, c'eft-à-dire, 

Î|u'il n'y a point un être particulier qui 
oie la phyfique t mais les nomes ôqt fait 
un grand nombre de réflejciorts fur les 
difërentes opérations de la nature \ Se en- 
fuite ils ontdoné le nom dp fcience pUjrj!- 
aae aii recueil ou afièmblage de ces ré- 
âexiofis j ou plutôt à l'idée abftraite à la- 
quelle ils raporterit toutes les obfervations 
itjui regardent les êtres naturels: 

11 en eft de même de don(e*Y» ànieHame', 

hre, néant y v'tt^ mcrt^ mpuvertunty repaty 

- 6cci Chacune de ces idées générales , quoi 

qu'oti 



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SENS C0NCR:ET. 2Ȕ, 
%ù'on en dife, eft aùfli pbfîtive que l'au- 
ïre » puifqu'cUe peut être égaleilâeAc le fu- 
îcc 4'une propofitjôn. ■ , * , . 
. Corne {es diférçns objets blancs qnc 
doné lieu à notre cforïc dç fe former l'i- 
dée de bî'mfheMr , idéc.abftraîte^ qiii, ne 
marque qu'ùnç forte d'afeâibri de VeÇ- 
^rici de même, les divers objet?,.*!"! nous 
afeÂent en tant de manières diféreijtes ^ 
'nqu ont dôné lieu dç nous forn^cr l'idée 
à'être'i âx ftibjiance y è.'ekijiaitce \ fur-tout^ 
iorff^ue nous ne çpnddérbns les objçt$ que 
come e!tiftan$ ,, faiiS j^vojr.é^ard à leurs 
iiutrcs propriétés ^laniculières : c'eft \t 
point dfinis tequpl les êtres particulicts fè 
rcflènibieot IcpiusL 

, Lc$ objpts réels hé font pas toujours 
'dans la mêtpe ntuattôn , ils changent de 
^laçè^ ils di(par6i{Iènt, âc nous fe'ntdns 
ïéèlcineh't,ce changement & ccttb àbfen-^ 
tç; alors il fe paflie en n,6us une àfeâtïori 
téèle , par laquelle lious fetitons.que ndu^ 
be recevons. aucune imptefCôn d'un objet 
dont la préfencè.excicoit en nous deux 
<éfets ïèhubles \ de lîl l'idée d'ahfenct^ de 
■priv4tim i dé fiéaet : de forte qu6 quoique 
Je néant ne foit rien en lui-même , cepen- 
dant ce mot marque une affcftiori réèlé 
T 



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2^ SENS ABSTRAIT^ 
de refpfit, c'eft:une idée abftraitâ (Jue 
nous aquéfons par Tufage de la vie, à 
l'ocalion de L'abfencé des objets, te de 
tant de privations qui nous font plaifir ou 
qui poas àfligcnc. ' 

Dès que nous avons eu quel<que ùfage 
de notre faculté de confentir ou de ne' pas 
confcntir à ce qu'on nous propofoit , nous 
avons confenti , Ou nous n'avons pas côn- 
fenti, nous avons dit ffw , Ou nous avons dit 
non : enfiiice à mefurc que nouS avons réflé' 
chi fur nos propres fentimens intérieurs, ô£ 
que nous les avons réduits à certaines claf- 
les , nous avons apelé afirmathn cette ma-^ 
nière unîfbrme dont notre efprit eft afcifié 
quand il aquiefce, quand il coiifentj Se 
nous avons apelé t}ig>iti»n\A manière dont 
notre efprit eft afcâé quand il fent qu'il 
refufe de confentir à quelque jugement. 

Les termes abftraits, qui font en très- 
grand nombre , ne marquent donc que des 
afeâiions de l'entendement -, ce font des 
opérations naturèles de l'efprit, par iefquel- 
les nous nousfornwns autant ^etlaîles dif^ 
férentes des diverfes fortes d'impreffions 

farticulières, dôinÈnous fom'es afectéspar 
ufage de la vie^ïel eft l'home. Les noms 
de ces cladès diférehtes nedéfignént point 



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SENS CONCRET. zpi 

«ccesêcresréelsqùifubfîftcnchorsdenouR 
aes objets blancs font des êtrei i-écls ; mais 
la blancheur li'eft (^"unc idée abftraîte : 
-les èifpreffibns métaphorique* font couS 
ies joai^s en uï^kgê'dans le langage- des 
Komes ; mais là métaphore ri'eftque dans 
l'efprit des Gramniàitîens 6c dés RÎI\étellrs. 
Les idées abïtràites que nous aquéroriS 
^arrtïfàgt de là vie, font en noua autant 
"d'idées exemplaires qui n<ius jfervtht cn- 
ïliite dé règle Sc dé modèle pour ihgér lî 
un objet 'à bû n'a pas celle ou telle pro- 
•j)riéiSéi^'eft-ïi-diTei S'il fait bus'jl-ne fait 
pas fetf^fiôtM une ifflpreiïïgn remBlâbïc à ■ 
telle que 4'autpes bbjetS nbuS ôiif àsùfêe-^ 
-'& dont ils nous bnïlâiffé l'idée bii àifec- 
tibn hâbiîuèle. NduS réduifdns_ éhaqùé 
forte d'inripréflibn que nous recevions , à 
4a ctaflî:;à laquelle il iioûS pàrbît qu'elle 
fe rapoité v ribu^ 'taportons tbujtoûrS leà 
bouvele^ impreflibrifs aux ancî&n«s'; ' & (i 
nous ne trouvons pas qu'elleis pui(ïèrit s'y 
i-àpbiter.; nbus eii fefôris uiie clâffd nou- 
■vèle bû uhé'claflè à part , Sc c'cïl de là 
Iguc viènërit tous lés noms apcMatife , qdi 
marqùétit désgerireis bu des efpe<fès par- 
ticulières i ce loht autant détc^rftcs âbf^ 
traits quatid on a'-ù'&ii: pas i'^'^Hcatibd 
. Tij 



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i9i SENS ABSTRAIT, 
à. quelque individu particulier ; aiuâ 
quand on confîdèrc en général le cercle ^ 
une ville, cercle Se viiie font des termes 
abAraics} mais s'il s'agit d'un tel cercle^ 
ou d'une celle ville en particulier ^ le cer^ 
ine n'eft plus abftraitt 

Ce que nous venons de àkç , que nous 
ftquérons ces idées exemplaires par Tu- 
fage de la vie ^ fait bien voir qu'il ne faoC 

ftoiDt élever les jeunes gens dans des fo- 
icudesj & qu'on doit ne leur montiez 
que du bon & du beau autant qu'il c 
poflible. C'eft Un avantage que les en^« 
d^ grands ont au-deHùs des encans des 
autres homes } ils voient un plus grand 
nombre d'objets, £c il y a plus de choix 
.dans ce qu'on leur montre ', aînfî ils ont 
plus d'idées exemplaires , & c'eft; de ces 
idées que (e ferme le goûçi Un feunc 
home qui n'auroit vu que dVxcélens ta- 
bleaux, n'admireroit guère les médio- 
cres. 

En termes d'arithmétique, quand on 
dit tr»it ittùs I dix fumes , en un mot , 
quand on aplique le nombre à quelque 
lujec particulier , ce nombre eil apelé con- 
cret , au lieu que fî l'on dit deux & dt»^ 
fmt fH4trtt ce font-U des nombres ab^ 



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SEnS CONCRET. iy^ 
traits, qui ne Ibnt unis t aucun fu jetpartîcu* 
lier. On copfidèrc alors par abftra£lion le 
BoBobre esi lui-même, ou plutôt l'idée de 
nombre que ncps.avon^at^uife par Tufage 
«le la vie. 

Tous le» objets -qui nous^environcnt 8c 
dont nous recevons des ImprefEons, font- 
autanc d'êtres particuliers que les^Philo-r 
fophes apèlent des individus. Parmi cette 
multitude innombrable d'individus-, les 
tins (ont femblablcs aux autres en cer- 
tains points } de. 14 les Idées aj>llra|tes do 
genre & d'efpèce. 

Kemarques qu'un îndividtieft' un être 
réel que voijis ne fàuriez divifer en-un au^ 
tre lui-même : Platon ne peut être quo 
Platon. Va dianwnt de mille écus peut 
être divtfô en plufîeuFS autres diamans, 
mais il ne icra plus le diamant de mille 
écus : cette table , fi vous la divilêz' , no 
fera plus cette table ( de là l'idée d'unité , 
ê*eft-à-dire , Tafe^lion de rcfprit <jui con^ 
çoit l*îndividu dansun lèns aollrait. 

Obfervez encore qu'il n'eft pas néceC- 
lâire qu,e faie vu tous les objets bjanos 
pour me former l'idée abftraite de blaU'- 
cheur -, un feul objet bl»ic pouroit me 
f^ire iv^tfe çetfç idée , &; dans la fuitç ja 



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Ï94 SENS ABSTRAÎTi 
n'apèicrois blanc qgç cç <jui y fèroi^ 
conforme , cpftie le peuple natribue les 
propriétés du foleil au 'à l'aflreq^i fait le 
. fout. Ainiî il n'cft pas nécefïaire que j'aies 
Vu tous les cercles poffiblcs , pçu.r vérifier. 
fi dans tout cercle les lignes cirées du 
centre à la circonférence font ^les, ur^ 
pbjct qui n'a pas cette propriété^, n*eft 
point un cercle , parce qu'il n'eft pas con- 
forme à l'idée exemplaire que j'ai aquife 
du cercle , par l'ufage de la vie , £c par- 
les réflexions quç cet ufage a fait naitro 
dans mon efprit. 

La Fortune , le Hasard 2C la DeAinée , 
que l'on perfonifie H fouvent dans jç lan-' 
gage prdinaire^ ne font que dçs ^eçmes 
abfiraits..Gecte multitude d'éyènçmens, 
qui nous ariveat tous les )OM.r5 ^ {ans que 
ja caufe particulière qui les produit nou^ 
^it conue, a afe£ké notre cfprit de ma-. 
pière, qu'elle a excité en nous l'idée in- 
déterminée d'une caufe incopue que le 
yulgaire a apclée Fortune^ Hax^ra, oi\ 
DefifHée : ce font des idées d'imitaxioix 
formées à l'exeRiplc des id^es que nous> 
avons des caufes réèlcs. 

Les impreHions que nous recevADS des^ 
5^jets , £ç ks réAexions que npitls, fer9^,^ 



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S^ENS CONCRET. ■ i^$ 
Jfùr ces impreffiohs ()ar i'ufagc de la vie 6c 
par la méditation, font la iource de tou- 
tes nos idées, c'cft-i-dîre , de toutes- les 
afe£tions de notre cfprit quand il conçoit 
quelque chofe , de quelque manière qu'il 
la conçcMve : c'eft ainfî que l'idée de Dieu 
nous vient par les créatures qui nous anon- 
cent fon cxiftance & fes peijfe£tions j 
* Ceeli tnarrdRt gUriam Dei. * *.lwvifihiiU *PfaI. i8.. 
enim ifsius pr ca ^u.e faffa funf ^f^^^^^^^'J:.^ 
Cûitfpiciântar ^ fempiiérna tfufiéfut yus virtas j,y^^°"^ 
cf aivtnitjs.. Une noontre nous dit qil'îl y 
a un ouvrier qui l'a faite, l'idée qu'elle . ■ - 
fait naître en moi de cet ouvrier, quel- 
que indéterminée qu'elle foit , n'eft point 
l'idée d'qn être abftrait, elle eft l'idée d'ua 
être réel qui doit avoir de l'intelligence 
6cde l'adrcflè : ainfi l'Univers nous aprend- 
qu'il y a un Créateur qui l'a tiré du néant, 
jui le conferve , qu'il doit avoir des per- 
:e£fcions infinies , & qu'il exige de nous 
de la reconoinànce £c des adorations. 

Les ab(lraâ;ions fonc une faculté par- 
ticulière de notre efprit , qui doit npuS 
faire reconoître combien nous. Tomes éle- 
vés an-dellùs des êtres purement cMpo* 
sels. 

Pans Iç langage ordinaire ^ on pacle 
Tiv 



p:h»Gôogle 



l 



396 SENS ABSTRAI'P'y 
des. abftra^ions de l'efpric corne on padeC 
oks réalités , les teunes aJbftraits n'oniL 
même été invpntés qu'à rvnication dw. 
mots sjiii cxprirpcnt des êrrei phyfiques, 
C'eft peut-être, ce cpi a. doné lieu a un, 
gmnd nombre, d'erreurs où- les hproes- 
font tombtéa, &ute d'avoif recoou que ks. 
Oiots dont i^ Te feryoleot en ces ocafioDS, 
Q'étojenc que les lignes des afe^^ons àe\ 
leur efprit, ep un mot, de leurs abftrac- 
ùons, & non rexprclHon d'objets réels^ 
dejîi l'ordre idéal confondu avec-l'ordre. 

* AbCt er- phyfiqwc ; dc U enfin l'erreur, *. de ceux. 

rovopioan-qpj crpicnt fevoîr ce qu'ils ignorent > &- 

lè""duod*^'- ^^* parleni dc leurs imaginations méta^' 
. n^rciunt. phyfiques avec la même afïîirancc: que Ie&, 

Ir^id" fd' ^^^'^^ bomcs-padcnt des objets oéelk 

Uui.JeVi- Lc^ abftia«iops font ua pays où il y. 

dejSpc.fc q eocore bien des découvetirs à faite, &1. 
"^ "P* dans lequel on ieroit qaçlques progrès , 

p. lis. Pa- fi Ton ne pjrenoitpas pciu" lumière ce quî! 

'^»*f' ;• n'eft_ qu'une féduâion délicate de l'imar 
gination,) & fi l'on, pouvoicfc rapeler, 
lans prévention, la manière dont nous^ 
avons aquis nos. idées fie nos conôïf&n-v 
ces dan5 les, premières années de notrfv 
yie 4 mais, cela n'eft. pas maintenant, d^ 
ijion ftijet, -■ - 



p-'hy Google 



SEN^S CONCRET. i^T- 

l^éflexigns fur les ahftraB'têns , f^r rafert k 
U manière d'tnfiiznV; 

Corne c'cft aux Maîtres que j'adreflfe 
f et ouvrage , je ctois pouvoir ajouter ici 
Quelques ré^cxions par raport à la ma- 
nière d'ciîfeigner. Le' grand arc (ie la Dî- 
cla£^ique, * c'eft de favoir prpfitet àts 
fonoiffîtnces qui font déjà dans l'efprit 
de céiîx qu'oni veut inftruirc, pour le» 
mener à celles qu'ils n'ont point j! c'eft ce 
qu'on apèie aber du oonu à l'inconu . Tout 
fe monde convient du principe , mais 
dans la pratique on s'en écarte, ou faute 
d'atention, oit parce qu'on TupoÇe dans 
les jeunes gens des cônoiiËtnçes qu^ts. 
n'ont point encore aquifes. Un métaphy- 
ficien qui a médité kir l>'infini, fur l'êtr» 
çn général, &o. perftiadé, que te font là. 
Autant d'idées innées , parce qu'elles (ont- 
feiciles à aquérir, & qu'elles lui font fa- 
Jières, nç doute point que ces conoiffancçs: 
ne foientauffî lamilières au jeune hom& 

au*i1 ïnftruit , qu'elles le font à lui-même -y 
ir ce fondement, il parle toujours; orï 
ne l'entend point, il s'en étone ; il élève: 

* La DidaAique, c'eft l'art d'enfeigqer. ^littnrt^ii; * 
unis ad dçcéidi^m. ^jJ'Raxw, 4^co- 



n,3,t,7P-hy Google 



39» SENS ABSTRAIT. 
U,voîx, il s'épuifc, & on l'entend encore- 
inoins. Que ne fc rapèle-t-il les premières 
années de Ton enfance ? Âvoit-il à cec 
$gc des conoiûànces auxquelles, il n'a 
penfé que dans la fuite , par le fecoucs de* 
réflexions , Cc après que fon cerveau a ca • 
aquis un certain degré de confiftançe? 
Bn un mot, conoifloic-il alors ce qu'il 
ne conoiQbit pas encore , fie cc qui lui %. 
paru nouveau dans la Tuite , quelque far> 
cilité qu'il ait eue à le concevoir ? 

Nous avons befoiu d'impreflîons parti-*. 
culières, fie pour ainfi dire, préliniinai-< 
tes, pour ncois élever enCuice par le fe- 
cours de l'expérience fie des réflexions « 
jufqu'à la fublimité des idées abftraiies ;. 
panpi celles ci, les unes font plus faciles à, 
àquérir que les autres , l'ufàge de la vîe^ 
nous mène à quelques-unes prcfque fans, 
téftexion. Si, quand nous venons enfuite 
à nous apercevoir que nous les avons^ 
squifes, nous les^ regardons corne néesi. 
*vec hoiis. 

Ainfi il me paroîe qu'après (^u'on a. 
aquis un grand nombre de coQuiTânces; 
particulières, dans quelque arc ou dansi. 
quelque fcience que ce foit , on ne fauroie- 
ïien. lairç de plus ^tile pour foi,-m|niQ,» 



p-h»Go()j^le 



_SENS eONCRET.^ 199 

^ae de Ce formée des principes d'après 
ces cpnoiilances parcicuhères , ôc de met^ 
f re par cette voie , de la nèteté , de Vox- 
dre , & de l'arangement dans fcs pen-s 
fées. . 

Mais quand il s'agit d'inftniire les au-; 
très , il feue imiter la Nature i elle ne ca- 
mence .point par les principes 6c par les 
idées abiltaites \ ce Teroit c^mencee pas 
l'inconuj elle ne nous done point l'idée 
d'aaimal avant que de nous montrev des 
oifèaux , des chiens , des chevaux , 6ic, U 
faut des principes : oui fans doute j mais 
4I en faut en tems &, lieu. Sï par princi- 
pes vous entendez des règles, des maxi- 
^nes , des notions générales , des idée? 
abftraites qui renferment des conpiflances 
particulières, alors je dis qu'il ne faut poiu^ 
çomcncA par de tels principes. 

Que fi par principes vous entendez des 
notions comunes , des pratiques faciles , 
des opérations aifées qui ne lupofent dans 
votre élève d'autre pouvoir ni d'autres co- 
noiflàncesque celles que vous favezbien 
qu'il a -^déjà } alors , je conviens qu'i} faut 
des principes , & ces principes ne font au- 
tre cho{è que les idées particulières qu'il 
faut leur doner, avant que de pa0er auïç 
fègles Sç aux id^çs abfti;aites._ 



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$00 SENS ABSTRAIT, 

Les règles n'aprènent qu*à ceux quïâ- 
vcnt déjà , parce que les règle» ne font que 
des obfervacions fur l'ufage : ainlî comen- 
cez par faire Hre tes exemples des Hguira 
ftvant que d'en douer la définîcion. 

H n'y a rien de (i naturel que la Logi- 
que fie Içs principes fur Icfouels elle eft 
fondée t cependant tes jeunes Lc^iciens 
fc crouvenc corne dans un monde nou- 
veau dans les premiers t«ms qu'ils écu-^ 
dient la Logique, torfqulls ont des maî- 
tres qui comencenc par leur doner ea 
abrégé le plan général de toute là Philo- 
fopliiet qui parlent à&fcUnce, àt perce»- 
tiê»t d'idée-, àc jugement, àt f» , èo cdufi ^ 
de CAté^oriCy à^univerfaux , de degrés meut- 
fhySquts , &.C. come H c^écoieat là autant 
d'êtres réels , & non de pures abftraââons 
de refprit. je fuis perfuadé qiA c'eft fe 
conduire avec beaucoup plus de méthode^ 
de comencer par mètre, pour aînfî dire^ 
devant les yeux quelques-unes des peu- 
fëes particulières , qui ont doné lieu de 
former chacune de ces idées abftraites. 

J'cfpère traiter qiwlque jour cet areicl<& 
^lus en détail, & faire voir que la mé'- 
thode analytique eft lia vraie méthode 
<j^çn{èigaer , fic'quc celle qu'on apèle Ç>m^ 



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3^NS CONCRET. sbt 
tkétîqile ou de doctrine, qui coïnence 
par les 'principes, n*e(l bone que pour 
mètre de l'ordre dans ce qu'oïl hit aé\k , 
pu dans quelques autres ocaiîons qui n« 
font pas maintenant de mon fujet. 

XII. 

D£fi.MlE&Ë OBSiERVATibl*» ' 

S'il^ a des mets Symwfmes^ 

Nous. avons vu qu*un même mot pettÉ 
avoir par fîgured'autres fignificatronS 
que celle qu'il a dans le ferls propre fie 
primitif î voiles peut (îgnifîet vitaux. Kc 
luit-il pas de là qu'il y a des mots fyno- 
nymes , & que -uoUts eft fyoonyme à vMf- 
fenux 'i 

Monfieur l'Abbé Girard a déji examina 
cette queftion, dans le difcours prélimi- 
naire qu'il a mis à la tète de Ton Traité APaHt, 
dt U jitfiejje de U langue françoijè. Je nç jj^z d'- 
ferai guère ici qu'un extrait de tes rai-, i^^gT' 
fons y Se Je prendrai même la libené de 
me fcrvir fouvcnt de fes tctmes ^ me con- 
tenunt de tirer mes exemples de la lauT 
gue latine. Le Lcdcur trouvera dans 1« 



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J soi DERNIERE 

^ livre deM.rAbbéGitard dccjuoife fatis- 

' faire pleinement fur ce qui regarde le 

. françois; 

; - i) On entend cdmunémânt ^ztjyfibnymti 

M les mots qui ne diférant que paf l'arti- 

» culation de la voix , font femblables 

^ M par l'idée qu'ils e;ipriment. Mais y a-t-il 

ïi de ces lottes de mots ? Il faut diftinguer : 

j iJ.p:t«; «Si vous prenez fc terme à& fynonymi 

i fc»7i «dans un fens étendu pout une iîmplé 

I » relTemblance de Hgnification » il y a des 

j » termes fynonymes , c'eft-à-dite , qu'il y 

[ » à des mots qiii cXprimcrir urie même 

■ « idée principale : " Jerrt \ hajuMre^ por- 

■ tare', mlere:, fujiînitt ^gèr&e , gefiâre j feront 

: en cç fens autant dé fynonymes. 

I ^. i8i Mais (î ^TiTjynenymes, vous cnCcndezdea 

i mots qui ont « une i'eïTemblaiicc de figni- 

I » fication.fi entière & fi parfaite , que le 

' » fens pris dans toute fa forcée dans tou- 

M tes fes circonftàntcs foit tbujtjurs & ab- 

i> folumént le même, enfortfc t^u'un deS 

sj fvhoûyraes ne fignific ni plus ni moins 

« que i* autre i qu'on piiilïc les employer 

» indïférament dans toutes' les ocafîons,- 

M fie qu'il n'y ait pas plus de clioi^î à faire 

S) entré eux pour la ngnificâtion et pour 

*> l'énergie, qu'eÂtré les goûtes d'eau d'tîne 



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OÈSÈRVAtlON. . ' 303 
ttm'ême fource pour le goût & pour la 
Vi qualité : dans ce feçônd fens , il n'y a 
>» point de mots fynonymes en aucune 
«langue, v. k\nC\ ferre ^ bajulare , portare^ 
tôlière ^ fufiiffére , gérer e , geftire^ auront 
chacun leur dcftînation particulière : Cn 
éfet , 

^erre , fîgnifie porter^ tî'eft l'idée prin- 
cipale. 

Bajulhe 1 c'cft porter fur lc9 épaules du 
fiir le coui 

Portare fe dit proprement lorfqu'ôri fait 
jKjftcr quelque chofe fur des bêtes dc '' ■; 
fome, fur des charètes ou par des croche- 
teurs. Pon'ari dicimus ta ^hx ^uis juménti 
fecam dacit. Voyez le titre Xvl. du cin- '''-* 
quantième livre du Dîgeftc de ^rhorum 
Jîgmficatiâne. ; - . .- 

■ ToUtre , c'eft levèrent haut -y d'où vient Tiie-Livci 
iç fubftantif telléno, o»is\ c*eft une.ma- J|^'p**j^|" 
chine à tirer de i'eaii d'iin puits. v.Tolléno' 
. Sujîinérey c'cft foutenir , porter pour em- 
pêcher de -tomber. * 

Gérere , c'eft porter fur foi : Galtarfigérere Com. Nep. 
in capite. ■ . ^■♦' '■ 

Gefiire vient à^ gérere j c'eft faifç parade 

■ dc ce qu'ion porte. . ■ 

Aialgcéces diférenceâ^ il arîve fouvene 



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3G4 DERNIERE 

que dans la pratique on émproîe ces mbtt 
l'un pbur l'autre par figure \ en c'onfervanc 
toujours l'idée principale. Se en ayan; 
égard à l'ufagc de la langue i mais ce qui 
fait voir qu'à parler exà£^menc, ce$ mpcs 
ne iont pas fynônymeiSj c'eft qu'il n'eft 
pas toujours permit de mètre indifcra^ 
ment l'un pour l'autrei Ainfî quoiqu'on 
'à'xCé mûrim gérere j on rie dirolc pas morer^ 
ferre ou morem fvrtare , &c; Les Latins fén- 
tbient mieux que nous ces diferences délK 
cates , dans le tems même qu'ils lie poil- 
t.Ucet.5».vbicht Jcs exprimer^ nihtï ister fictum^ 
^f^ *'' gejiurn mtertfi yïket videatar qvÀdÂTnji^îiis 
iSeaificâ- ^^rirWà , dit Un ancien Jurirconililcc; 
Uonc. D'autres ont remarqué que scfa frôjrïè àd 
i^fam ffeBa»t\ gtjtét ad fntlinam. Varroii 
att que c'eit utiê erreur de confondre 
agercy/âcere èc^rere^ fie qu'ils ontchacuti 
iciir deJlinaciÔn particulière; * , , 

. Nous avons quelques recueils des an- 
ciens Grammairiens , tur la propriété des 

* Ptoptet fîmilitùdiDcni ag^Dtli , SC faci^ndi^ 8c cet^adf, 
dnidaiD errar bis (]ui puiani clTe unum : pOieft .raiiii ^ut; 
aliqilid f^ete le non àgeie : lii bàiti fkeit fibuUih Se norî 
Mfit t cdntia aâor mgit & non fmtil ,icGck poËta (abulk 
fa le non diilmr i ab ±&6ic dgifitr R aoD jf/ : concra loipc- 
râcorqui dîcitar res g^rCie , In eà neijuc agit , aeqaefseit, 
ttdftritttiieAffi&iaet: irinllàiam abhUfjuiônccagcnint 
quM iôllinenc. V»m de ling. tac. 1. v. Cab £aein. 

ÎTlbta 



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bàSERVATlON. 30Î 

inbts latins : tels font Fçftus de verhorum 
-^g^ijjciitiSae s Nonîùs Marccllus de varia 
•^gmfcatwne fèrvdnuvt^ Voyez Grammaticï 
•vé$fres\ 

On peut encore cbnfulter un autre re- 
cueil qui a pour titre : Aàtores linguk latine. 
X>eplti$^ noùS arotl^ un gràna n'ombré 
d'obfcpvationS répaftdiieS dins Varrôn de 
iimgaâ tmnâ^ danS les Cômentaires de 
Donat Se de Scrviuà : elles font v'oir les 
difértiices qu'il y à entre plùfieurs motiS 
que l'on prend comûnémeht pour fynohy- 
mes. Quelques auteurs modernes ont fait 
des réflexions fur le même fujet , teli font 
le P. Vavaflèut^ Jëfuitc, dans fes rematr 
ques fur la langue latine, ScïoppiuSi Henri 
Êtiène , de Ut'mime fdio[uffï£it i fie plU- 
jfieurs auti^s. 

Oxi. tire aùffi la même cbnfëquence de 
piufieuirs pafîàges des meilleurs auteurs j 
voici deux exemples tirés de Cicéron, qui 
font voir la difétence qu'il y a entre Amhe 
6c dUtgtre, 

Quîs erài jmî puiaret ad e»m kmprem <mem cicer. Ep: 
ergà te hahébdm ^ fèjfe âliquid accidere ? Tàn- "''/*?■ ^' 
tum accent , ut miâi nunc dénique amare w-'" ^' '** 
deàr^ a/tteà dikxtjre. >> Qui l'auroit pu croî- 
« re^ dit Cicéron ^ que l'afeftion que j'a- 
V 



n,on,7=^- lu Google 



506 DEHNIERE 

» vois pour vous eût pu recevoir quelque 
» degré de plus : cependant die eu il fort 
» augmentée , que je fens bien qu'à la vé- 
M ricé vous m'étiez cher autrefois , nuis 
SI qu'au }ou rd'hui je vous aime tendrement. 
£c au livre 1 3 . £p. 47. Off^ fg» ti^' ^iw- 
méndem eum tjutm m ipfi Migis ifeiLtâvun^ 
et fiires eum mn à me d^gi filum , veriim 
■étiam amariy eb eam rem tihi hdc fcriht* 
» Vous l'aimez , mais je l'aime encore da- 
ȕ vantage j & c'eft pour cela que je vous 
M le rccomande- n 

Voilà une diférence bien marquée CQtre 
Tttrcai. 1. ^'^^^f ^ diligere •■, Cicéron obferve ailleun 
t. D. 1 5. qu'il y a de la diférence entre dêlére & U- 
bêrirtt lors même que ce dernier mot cft 
pris dans le fens du premier : Intereft aU- 
^uid mter Uhôrem é' aolorem} funt fnhiiM 
omntno , fed tamea diffttt àliqttid : labor tfi 
fin&is qu*dam vel Miimi vel côrftris y gra- 
viéris operis vel muneris -, dclor autem mttiu 
afper in cérfwe^ . àliud inquam efi dùUre^ 
aliud lahffrare. Cum varices /ècaèdatur Cm. 
Mario t dûlébat ; eum dfiu magn» ducébat ag- 
men , iaborabat. 

Les favans ont obfcrvé de pareilles dî- 
fércnces entre plufieurs autres mots , que 
.les jeunes gens U ceux qui manquent de 



e:hy Google 



OBSERVATION. 307 

%pûc &: de réflexion re^rdeAt corne au- 
tant de fynonymes. Ce quï fait Voir qu'il 
n'eft peqt-être pas aui^ utile qu'on le penfc 
ae faire le thème en deux façons. 

M. de la Bruyère remarque » quVWe CaraÀ 
« toutes les déférentes exprejjiens éfui'fruveat f^^y^"*:. 
M rendre uiu feule 4e fufs fenjees ^ Û n'y ta i " ' ^" ' 
M qu'une ^ui fait /# Bone : t^ue, tout et '^ui »e 
M l'ejl .poiat efl ft'Me \ & nefdti^aitMs Jtn 
») hm d'e^ra. .« Alnfi ceux qui fc font 
doné la peine de traduite ies aurears la- 
icins en un autre latin ^ en af^^âant d'ëviter 
les termes dont ces auteurs fe font fetvis , 
auroient pu s'épargner uâ travail qui gâte 
plus le goût qu'il n'apoite de lumière. 
L'une 6c l'autre pmique eft une fécondité 
:flérile qui empêche de fentir la propriété 
.des tenneS) leur épergie j &. la ânçUè de là 
ianguê j cdme je l'aï remarqué ailleurs. , 

ïjtfMs Veut dire un bois confacré à qucl- 
ique divinité ( Syivâ , un bois eii çénéril ; 
Virgile ne manque pas à ceçte dîftin^qn } 
mais le /îradu^urlatin cft obligé de s'é- 
tarter de l'exaâicude de Ton original. 

Ne qiùs Gc lucu's g\io Ce plus jaâet Ap61Io'. virg. Ecl: 

-Âinlî paçlé Virgile., Voici ebmcot on le 
tt^àaixtlJtnullajît fylvÂ\ i^u& mkgis Apiitt 
^àrittur, V ij 



n(,,t,7P:hy Google 



308 DERNIERE 

Nex , Hicis , Vient de ntcâre * & Te dit 
d'une rtiorfc violente ; au lieu que mors fi- 
gnifîé Amplement la more y la ceâàtibn de 
la vie. Virgile dit parlant d'Hercule : 

£.0. S. T. .... Nece Geryotiis fpoliifque fuperbus ; j 

Mais Ton tradii(£leur elt obligé de dinJ j 
tnorte Geryonh. 

Je pourois raporter un grand nombre 
d'exemples pareils : je me contenterai 
d'obferver que plus oh fera de progrès , 
plus on reconoîtra cet ufage piropre dcj 
termes , & par confcquent l'utilité de ces 
verfîons qui ne font ni latines ni françoi* 
fes. Ce n'eft cjùe pour infplrer le goût de 
cette propriété des mots, que je fais ici , 
cette reéiarque. ■ 

Voici les principales raifons pour Irf- | 
quelles il n'y à point de îyhbhymes j^rf^ts. 

1 . S'il y avoit des fynohymes parfaits , il i 
y adroit deux langues dans Une même lan- 
gue. Quand on a trouvé le fîgne cxaft 
d'iihe idée, ion n'en cherche pas un autre. 
Les nidts anciens, &. les mots nbuveais 
d'une langue font fynonymcs: maints cft 
. fynonyme de plufieurs ; mais le premier, 
n'éft plus en ulage : c'eft la grande refîcni- 
blance de iignincatibn qui ell caufe que 



p:h»Google 



OBSERVATION. J09 
l'ulàge n'a çonfervé que l'un de ces ter- 
mes » & qu'il a rejeté l'autre corne inutile. 
L'ufage, ce tyran des langues, y opère 
fouvent des merveilles que rautoc^é''dé 
tous les fouveraias ne pouroit jamais y 
opérer. " , " 

2. ir eft fort inuti!,e dVvoîr plufieurs 
mots pour une feule idée j mais îreft très- 
avantageux d'avoir des mots particuliers 
pour toutes les Idées qui ont quelque ra- 
port entre elles. 

3. On doit juger de la richcflc d'une 
kngue par le nombre d.çspenTées qu'elle 
peut exprimer , &. no^i par le jiombre des. 
articulations de la voix. Une langue fera 
véritablement riche , fi elle a des termes 
pour diftinguer, non-feulement les idées 

Îirincipales , mais encore leurs diférences ». 
eurs délicatedès , le plus& le moins d'é 
nergic, d'étendue , de précïfion , de fim- 
plicité, & de compofîtxon. 

4. Il y a des ocafions oii il eft indifé- 
rent de fe fervir d'un de ces mots qu'on. 
apèle fynonymes , plutôt que d'un autre ; 
mais aulTi il y a des ocafions où il eft beaa^ 
coup mieux de faire un choix : il y a dcnc 
de la diférence entre ces mots ; ils ne font 
donc pas exaâ^mçot fynonymes* 

Yiii 



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^i« DERNIERE OBSERV". 

Lorfqu'il ne *'agit que de faire encenérc 
Vïç^c comune, uns y joitiiire ou ^nsea 
étclureJcs ïàéès accefllires , on peut em- 
ployer iodiftiniflement l'un ou Taucre de 
ces mots /pbifi^ii'its f^nc tous deux pro* 
près, à exprimct ce c^'oq veut faire enten- 
dre : mais cela h'tmpêcliepas que chacun 
d'eux n^it urîe force particulière qui te 
diftirigue de i^atitrej &, à laquelle ilfâuc 
avoir égard félon le plus ou le moins de 
précifîon que denjande ce^querofi veut 
exprimer. 

Ce choix eft un éfec de la fincfïè de Tefi 
prit , Se flipofe i^he grande conoiflimcc àf. 
^^labguç. - ' ' - ■ - - - ^ 

■ ■ :- FIN*- 



D,£,,t,7P:hy Google 



TABLE 

PREMIERE PARTIE. 
Des Ttopcs en générât. 

Art. L TDéegéaéraltdes^ures.'^^^, iL 

Art. II. J Divifion desf gares. 1 1-. 

Art. III. Divijtan des ^uret-de mots, 13. 

Art. IV. D^ftitn des Ttùfts,. 1 5. 

Art. V. LeTraité^dcj^Trapès efida report- 
de U Grammaire i on doit conoitre les tro^. 
pes four bien entendre Us atruar/ & pour 
avoir des conoiffàanes exaites dans Part dt 
parier & d'écrire. igu 

Réponfe à une objeBion. 10. 

Art. VII. Sens propre ^Sens figurée. x 1. 

Art. vu. Réfiexions' générales Jitr le fins 
figuré. _ iff. 

I. Origine du fins figurée ibid. 

I I . Vjages ou éfets des trepesi %j. 
m. Ce qt^on doit okferver , dr ce ^a*on doit 

éviter dans l'ufage destropes, & pomrtjuat 

ils plaifeat. 54. 

IT. Suite des réfiixiontgéhiraks fitrlû fens 

M"'^' _ 57- 

V. Obferoatitns fm. Us^-UiHiM^res latisxr 



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TABLE 

?— ..'.. ' .... ' ■ j-i | 

SECONDE PARTIE. 

ncs Tropes en particulier. 

I- f -4 Catachrîfe y abus , txttnjion 9». 

m i imitation. P^S*^ 4^'. 

II. Lt Métonymie. . ' 67. 

lu. L* MétâUffe'. . 90. 

IV. L» Sjnecdoefue, . 97. 

V. L'Anlonomiife, . . ; . 1 1 j, 
\l. LaCemunieationotMS kj.fÀrdles. 125. 
VU. ta Litotes. 114. 
Vlll. VHyperhlt. 116. 
iX. L'JifyfoffÈofi. 119. 
'K. La Métaphore. *?** 

Remarques fur te mattvtU ufage dtsfiiit*. 
phores. ■ 14^. 

XI. ta Sjllepfi Oratoire. i j i . 

'X.ïl.VAlIlgorie. 153.' 

Xllt. X'y<«.>». 161. 

XIV- L'Ironie. 171. 

XV. L'e.iifhemifme. 173.' 

XVI. VAmiphrafr. 585. 

XVII. La Pmfhafi. 189. 

XVIII. I.'f:^/4%f. 197. 

XIX. L'Onomatofée. 108. 

XX. ^»'«« xàw aw ^«t htt ektAUmenf. 
' fgiiré. JU^ 



e:h»G00glc 



T A B LE,- 

J^XI. Pf ta fubordination des tripes \, oit xkt 

- rang qu'ils doivent u»tr les uns i l'égard 

de^ autres ^ ^ de leurs çaraÛeres forticu- 

Uers. 113. 

JXXII. I. Destropet do ft on n^ a point parlé, 

1 1. Variété dans la dén»minati«n des 

■ trofes. 1 ji. 

%X\ll. Qm l'ttfage & l'aèus des irepes font 

de toits tes tems & de toutes iej: Uf^ufJi' 



. TROISIEME PARTIE, 

X^fîj ^têtus fcns dam lefyuels un même 
V J ^ww/ peut être employé datts Je difiours, 

|. SuBfiantlfs pris adjeéfivement , àdje^ifs 
pris fubftantivement yfubfiantiff xè* ai^ec- 
tifs pris advertiéiemetit. 1 27. 

II. Sens déiermfnéf Jèas indéterminé. 133. 

UI, Sens a&if^ fens p^f^fim neutre, 2 34. 

IV. Sens ahfilu ^fens reli^f^ 140. 

V. Sens coUeftif^fens diftributif. j^i. 
■VI. Sens équivoque ^ fins huche, 142. 

VII. Des jeux de mots à" de la Çarommafe. 

yill. S<»/ cùtnpofé^ Sens divifS, %J^f. 



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r A B L E. 

IX. Sens Utéral^ fetuffiritucL ij»,' 
"^ DiviJ/en dufens literal. 151. 

jyimfioH du fini ffiritutt, 159. 

Sens mcTâl, 260. 

Sens dUgsriqiu. z^k 

Sens analogique. 164. 

X. Dufens adapté ^ eu que I'm dfm pdt ai' 
lujfon. t€<r. 
Remarques fur quelques fixages adaptés i 

(Mtre-fens, 267^ 

SuUe dufens adaptée De ta Parodie é" des 

Centens, 173, 

XI. /)» Sens a^rtut , fens covcretx z8 1 ^ 
Des Termes ahftraits. 284. 
Réflexions fur les abjha^ions par rapêrt l 

la manière d'enfeigmr. i^y. 

Xn, Dernihe ohferv4tiont S'ily 4 des mets 

^mnymes,, jat^ 

Fip de la Table* 



APPIiOBATION. 

VA L 16 par ordre de Moorcignetu; Is Oiucelîerf 
Jao Livre intitula : Des Tro^s tVtdtt différens. 
pnsdans le/quels on peut prendre unmeme mot , &c^ 
leqael m'a pitra exaâ fie ioflrufHfl A Paris , ce 4^ 
décembre lyfo. ■ " 

P..QEIlfttAlÎ!U 



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PRIVILEGE pu Rai. 

T ouïs,; " . 

X^Roi PE 

a DOS amés & 
|ios Cotv? de '. 
ordÎDaires de d 
de Paris, Bail 
Civils . & autri 
Salvt, Notre 
Nous » fait ex| 
&doon,çr.?uPi 
s'il nom plaifoi 
Ic^spourcen 
^voTablement 
|)ernûi iBc perai 

imprimer. reClitcii(E(ivres autant de fois que bon 
lui feniblera > & de les (aire vendre & débiter par- 
tout notre Hoyaon^ penjJ^Ot le tems de di^ années 
çonfécuûves % 4 compter du jour de \\ date des 
Frâeotej. Faifons dëfeniêe à tous Imprimeurs- 
libraires , 8( auxres perfbanes deljpelque qualité 
(Se coQditioQ qu'elles foienc, d'enititroauired'im.- 
prellîoti étrangère dans aucun Heu de notre obéif^ 
fànce ; cQPiiae au^ d'imprimer j faire imprimer « 
vendre > feire vendre , débiter ni contrefaire lef- 
dites (ïiuvres , fous quelque prétexte que ce puiflé 
^crc, fans la permifEon expref^ $c par écrit 
dudit Expofîitit, ou, de ceux qui auront de lui \ à 
peine de confîfcation des exemplaires. cPOtre&it^> 
t^ trois içille livres d'amende t^potre çbaRi^ 



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dM contrevcoaM ) dant uo 4iers Ji Nous, M tiers 2 
l'Hôtel'Dieu de Parisi l'autre tiers audit Expofant 
ou à celui qtùcora drait^e luiy & de tous dépens» 
Esprefen? 
! Regifire 
meurs de 
iles. Que 
ans notre 
' Se beaux 
primée & 
KPnfTen- 
lauxRé* 
i celui du 
en vente, 
mpreflîoa 
ne ^tat ofi 
s'.de notre 
ii France 
le fieur pe la Moignon. Qu'il en fera enfuite 
remis devx exemplaires de chacun dans notre Bt* 
blioihèque publique > ud dans celle de notre Châ- 
teau du Lbuvre , un dans celle'de notredittf ès-cher 
& féal Chevalier Chancelier de PrapCe te fieur 
i> B L A -M o'i G ^ o !li , Se un daos celle de 
notre très-cher & féal Chancelier Garde des 
Sceaux de France le Sieur he Machault, 
Commandeur ࣠nos ordres : le tout à peintf 
de nulln^ des pré^fentes , ' du contenu detquet- 
les TOUS' mandons Se enjoignons de faire jouir 
VExpofànt 'OU fes ayans c^ufe , jiieineinent & 
painblement , Gips (buiïrir gu'ît leur foît fait aucuns, 
'troubles ou emçêcliemeos ; Yoijlooa ^w U ^OÇK: 



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des PréTetites , qui fera ioiprîmée tout au long au 
comencemeni ou à la fin defdits ouvrages , foit te- 
nue pour dûemeut ngaifiée , & qu'aux copies colla- 
Tioonées par l'un de nos amez & f^aux Confeillers 
& Secrétaires > foi y foit ajoutée coaiine à l'ori- 

final. Commandons au premier notre Huitlicr oa 
ergent fur ce requis j délire pour l'exécution 
d'icelles tous àâes requis & nécefTaires, fans de- 
mander autre permitïïon , & nonobflant clameur 
de Haro , Chartre Normande , & Lettres i ce con- 
traires î Car tel eft notre piaifir.- Donné i Ver* 
failles le vingt-deuxième jour du mois de Mars* 
l'an de grâce mil fept cens cinquante>quatre , & de 
notre règne le trente-neuvième. Par Je Roi en 
fon Coafeil. Signé, PERRIN. 

. Extrait du Rtgïjire XI IL de la ChamBrt Rayait 
C^ Syndicale des Lïbrairas & Imfrimeurs de Paris^ 
N". Jiy./p/. 159. rtgkfiri le neuf Avril 1754. ^«e 
je certifie véritable, A Paris te 28. Septembre 17 j'5. 

P. G. LE MERCIER, Syndic. 



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