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DEUXIÈME EXPÉDITION
"ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1908-1910)
COMMANDEE PAR LE
D^ Jean CHARCOT
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I.Clarenoe
,,- gT^]iê-Gf;ycot
Carte delà Cote Ouest
DE
L' Antarctide Sud-Américaine
-^^'î't-^i c C'S,
CARTE DES RÉGIONS PARCOURUES ET RELEVÉES PAR L'EXPÉDITION
MEMBRES DE L'ETAT-MAJOR DU " POURQUOI-PAS ? '
J.-B. CHARCOT
M. BONGRAIN Hydrographie, Sismographie, Gravitation terrestre, Obiervalions astronomiques.
L. Gain Zoologie (Spongiaires. EchinoJermes, Arthropodes. Oiseaux cl leurs parasites), Planklon, Botanique.
R.-E. GODFROY Marées, Topographie côtière. Chimie de l'air.
E. GOURDON .... ... Géologie, Glaciologie.
J. LiOUVILLE Médecine, Zoologie (Pinnipèdes Cétacés. Poissons. Mollusques, Cœlentérés Vermidiens, Vers
Protozoaires. Anatomic comparée, Parasitologie).
J, ROUCH Météorologie, Océanographie physique. Electricité atmosphérique.
A, SENOUOUE Magnétisme terrestre, Actinométrie, Photographie scientifique.
OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
SOUS LA DIRECTION DE L. JOUBIN, Prolesseur au Muséum d'Hisloire Nalurell,;. ^.^^^ /->/*
DEUXIÈME EXPÉDITION
ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1908-1910)
COMMANDEE PAR LE
D' Jean CHARCOT
SCIENCES NATURELLES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES
PYCNOGON I DES
Par E.-L. BOUVIER
Professeur au Muse'um. Membre de l'inslitut.
OSTRACODES
PHYLLOPODES ANOSTRACÉS
INFUSOIRES
Par E. DADAY DE DÉES
Professeur à l'Ecole Polytechnique de Buda[)c<t.
COPEPODES PARASITES
Par a. QUIDOR
DIPTERES
Par KEILIN
MASSON ET C\ ÉDITEURS
120, Bd SAINT-GERMAIN. PARIS (VI»)
1913
Tous droits de traduction et de reprcduction réserves
Made în France
LISTE DES COLLABORATEURS
MM. Trouessart Mammifères.
Anthony et Gain Documents embryogéniques.
LiouviLLE Phoques, Cétacés (Anatomie, Biologie).
Gain Oiseaux.
* Roule Poissons.
Sluiter Tuniciers.
JOUBIN Céphalopodes, Brachiopodes, Némertiens.
* Lamy Gastropodes, Scaphopodes et Pélécypodcs.
* J. Thiele Amphineures.
Vayssière Nudibranches.
* Keilin Diptères.
* IVANOF Collemboles.
Trouessart et Berlese. Acariens.
* Neumann Mallophages, Ixodides
* Bouvier Pycnogonides.
CouTiÈRE Crustacés Schizopodes et Décapodes.
* M"e RicHARDSON Isopodes.
MM. Calman Cumacés.
* De Daday Ostracodes, Phyllopodes, Infusoires.
* Chevreux Amphipodes.
CÉPÈDE Copépodes.
* Quidor Copépodes parasites.
Calvet Bryozoaires.
* Gravier Polychètes, Crustacés parasites et Ptérobranches.
HÉRUBEL Géphyriens.
* Germain Chétognathes.
* De Beauchamp Rotifères.
Railliet et Henry Helminthes parasites.
* Hallez Polyclades et Triclades niaricoles.
* Kœhler Stellérides, Ophiures et Ëchinides.
Vaney Holothuries.
Fax Actiniaires.
Billard Hydroïdes.
TOPSENT Spongiaires.
* Pénard Rhizopodes.
Fauré-Frémiet Foraminifères.
Cardot Mousses.
* M"« Lemoine Algues calcaires (Mêlobésiées).
* MM. Gain Algues.
Mangin Phyto plancton.
Peragallo Diatomées.
Hue Lichens.
Metchnikoff Bactériologie.
Gourdon Géographie physique. Glaciologie, Pétrographie,
Bongrain Hydrographie, Cartes, Chronométrie.
* Godfroy Marées.
* Mùntz , Eaux météoriques, sol et atmosphère.
* ROUCH Météorologie, Électricité atmosphérique. Océano-
graphie physique.
Senouque Magnétisme terrestre. Actinométrie.
J.-B. Charcot Journal de l'Expédition,
Les travaux marqués d'une astérisque sont déjà publiés.
PYCNOGONIDES DU '' POURQUOI PAS? " ^'^
Par M. E.-L. BOUVIER
La faune des Pycnogonides antarctiques est beaucoup plus riche et
plus intéressante qu'on n'avait pu le croire toutd'abord. Longtemps restée
inconnue comme les mers qu'elle habite, les premières tentatives faites
pour l'étudier ne remontent guère au delà d'un demi-siècle et ne firent
connaître qu'un petit nombre de formes, pour la plupart subantarctiques.
La campagne du « Challenger » accrut dans des proportions notables ce
faible contingent, sans toutefois donner l'espoir de récoltes ultérieures
très abondantes. Mais, depuis dix ans, les expéditions scientifiques se sont
multipliées dans les mers australes, et chacune d'elles a singulièrement
enrichi le catalogue des Pycnogonides antarctiques ; la dernière en date,
celle du « Pourquoi Pas? », ne le cède en rien à la plus fructueuse des
expéditions précédentes; d'un bond, elle a donné aux Pycnogonides antarc-
tiques la prépondérance sur ceux des mers boréales, si bien qu'on peut
se demander aujourd'hui où s'arrêtera les richesses dune faune que toute
campagne nouvelle accroît dans de si grandes proportions.
Pour fixer cette date et pour donner une justification à ces espoirs, je
crois utile de résumer brièvement les travaux consacrés jusqu'ici aux
Pycnogonides des mers australes. Dans cet examen historique, je suivrai
l'exemple donné par M. Hodgson [i90T, 1908i en divisant ces mers en
une région antarctique et une région subantarctique, (les deux régions
confluent à 60° de latitude sud, la seconde ayant pour limite septen-
(1) La nomenclature des diverses parties du corps et des appendices, dans le présent travail,
est celle que j'ai adoptée dans mon étude sui- les Pycnogonides du .< Français >■ (1906'', p. 5 et 6);
toutefois, pour abréger dans les tableaux de mensurations, j'ai désigné sous te nom de céphalo-
thorax la partie du corps qui comprend le cé})halon {ensemble des somiles prépédifères) et le tronc
(somitespédifères). Cette dénomination n'est pas aussi vicieuse qu'on pouirail le croire, car, chez
beaucoup de Pycnogonides, les somltes du Ironc no sont pas ailiculés et forment un tout continu
avec le c^ohalon.
Expédition Charcol. — lîdtviEn. — l'ycnogonidcs ilii o l'mmiuni l'as? ». 1
2 PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS ? ».
trionale, comme l'admet M. Buchan (1), l'isotherme de 45° F. (environ
7° C), qui passe un peu au nord d'Auckland et des îles Falkland, des Crozet
et de Kerguelen, dans une direction à très peu près parallèle àl'équateur.
Je crois bon également de diviser, comme M. Hodgson, la région suban-
tarctique en trois provinces : la province mayellanique comprise entre 20°
et 130° long. 0. G. ; \aprovince australienne, entre 13° long. 0. G. et 100°
long. E. G. ; enfin \di province africaine ou de Kerguelen, qui s'étend sur le
reste de la région subantarctique (de 100° long. E. G. à 20° long. 0. G.).
Les Pycnogonides antarctiques jusqu'à l'expédition du
« Pourquoi pas? ». — C'est par une découverte de premier ordre que
s'affirme le premier travail relatif aux Pycnogonides antarctiques. En 1834,
dans un mémoire très explicite et accompagné de figures bien nettes,
J. EiGHTs (1834, 203-206, PI. VII) décrivit sous le nom de Decolopoda aus-
Iralis un Pycnogonide nouveau et de grande taille, qui différait de toutes
les espèces jusqu'alors connues dans le groupe par la présence de cinq
paires de pattes au lieu de quatre, qui est le nombre normal. Ce mémoire
resta inaperçu jusqu'en 1905, époque où M. Hodgson (1905^) le signala
aux zoologistes. Dans son grand travail sur les Pycnogonides du « Chal-
lenger », M. HoEK (1881^, G) ne le cite que d'après l'édition anglaise du
Règne animal de Guvier et semble ne pas avoir pu se le procurer :
« Dans le Boston Journal of Natur al History (1836?), dit-il, Eights men-
tionne le genre Decolopoda, mais je n'ai pu savoir si ce genre est valable,
ni où il a été trouvé. » En fait, les exemplaires de James Eights avaient
été capturés aux Shetlands du Sud, ainsi qu'il est dit dans le mémoire de
l'auteur. On verra plus loin que l'espèce existe toujours dans cette région
et qu'elle se trouve en outre aux Orcades du Sud.
Il nous faut maintenant franchir une longue période, près d'un demi-
siècle, pour trouver d'autres documents relatifs à la faune des Pycnogo-
nides antarctiques.
En 1875, Ed. Miers signale brièvement quelques Pycnogonides suban-
tarctiques recueillis à Kerguelen par A. E. Eaton, le Nymphon gracilipes
nov. et le N. styligerwn nov. (1875'^. 76), auxquels vient s'ajouter une
(1) A. Buchan, Report on atmospheric circulation based on Ihe Observations made on board
H. ÎM. S. CI Cliallenger » (Challenger, Phys. and. Chem., vol. XI, \i
■ PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS?». 3
troisième espèce, le yV. hrevicaitdatum nov. (ISTB*^). Ces trois Pyonogo-
nides furent figurés et plus explicitement décrits en 1879 par le même
auteur (1879, 211, PI. XI), qui établit le genre Tanystijlum pour son
yV. stylificrtnn. Les deux autres espèces furent laissées dans le g<'nre
Ni/mphon, mais on verra plus loin que le N. brevic(mdatwn appartient
au genre Cheetnnymplion, plus tard établi par M. G. 0. Sars.
En même temps que le travail de Miers, R. liohiii fit paraître (4879/ un
mémoire consacré aux Pycnogonides du Muséum de Berlin et principa-
lement aux espèces recueillies par la « Gazelle ». Quelques-unes de ces
dernières proviennent de Kerguelen, le Nutiiphoti f/racilipes Miers, le
TV. horridum que M. Hoek a justement identifié avec le Cliœtonyrnphon
hrevicaudatum Miers, VArhelia Ueois Hodge qui est une Achélie pro-
bablement distincte de l'espèce établie par Hodge, enlin un prétendu
Pycnogonuni. littorale Strôni, dontMôbiusa fait, dans la suite, le type d'une
espèce nouvelle, le P. may ni rostre. Bôhm signale aussi en Patagonie et
dans le détroit de Magellan la Pallene fluminensis Krôyer, qui est une
Pallenopsis. Le mémoire de Bôhm est concis et accompagné de bonnes
figures.
Nous voici arrivés en 1881, époque où M. Hoek (1881'^) publia son
remarquable travail sur les Pycnogonides recueillis parle» Challenger ».
Cette étude passe en revue toutes les espèces du groupe jusqu'alors
signalées; elle en fixe la synonymie et les répartit en famille suivant un
système de classification proposé |)arrauteur. .lusqu'alors les espèces con-
nues dans les mers froides australes étaient au nombre de 7, toutes suban-
tarctiques à l'exception de la Decolopoda australis] du coup, ce nombre
est porté à 21 sans accroître d'ailleurs la faune de la région antarctique
vraie, toujours réduite à la seule Decolopoda. Ainsi les espèces capturées
par le « Challenger », dans les mers australes sont toutes subautarctiques ;
la plupart proviennent de la province africaine, des eaux de Kerguelen où
elles ont été prises dans la région sublittorale [Nymphon brachyrliyticlam
nov. , N. fuscum nov. , Nymphon{Chgetomjmphon)b7'evicaudattnii Miers iden-
tifié avec le iV. AomV/«/« Bôhm, Colossendeis rolmsta no\., C. megalonyx
nov. trouvée aussi dans la province de Magellan]; les autres furent prises
dans les régions abyssales, principalement au voisinage des Crozel, entre
4 PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS?».
le Cap et Kerguelen \Nympho)i hamatum nov., Asco7'/iy/ic/ms glabe)' nov.,
Colossendeia gi(jafi nov., ('. leptorhyncha nov., (\ fjigas-lepturhyncha
nov., C. gracUis nov., et PhoxichilkUum [Pallenopsis) pilosum nov., que
l'expédition a également recueilli dans la province australienne]. Les
autres provinces subantarctiques sont moins bien partagées dans les
récoltes du « Challenger » : celle de Magellan s'enrichit de deux espèces
sublittorales, le Phoxichilidium (Pallenopsis) pntagonicum nov. et la
Colossendeismegalo7iyxivo\xyéQim?,'$,\kKQV^\\e\en ; laprovince australienne,
de deux espèces abyssales, le Nymphon meiidionale nov. et le Phoxichi-
lidium [Pallenopsis) pilosum capturé aussi en province africaine. A cette
liste, il convient d'ajouter le Nymphon compactmn nov., recueilli par
1 100 brasses près d'Auckland et plus tard retrouvé par la « Scotia »
en région antarctique, et le Phoxichilidium (Pallenopsis) fluminensc
Krôyer, signalé par Bohm en Patagonie et retrouvé parle « Challenger »
à Bahia. Cette dernière espèce est sublittorale, par conséquent peu
sensible aux différences de température; toutes les autres recherchent
les eaux froides ou presque froides et, dès lors, sont capables de se
répandre dans les mers antarctiques.
Les seize espèces précédentes ne sont pas les seules capturées par le
(. Challenger » dans la région subantarctique; trois autres furent décrites et
figurées beaucoup plus tard, en 1898, dans un mémoire spécial dû encore
à la plume experte de M. Hoek (4898, 290-295, PI. II et III) : le Pycno-
gonum magellanicum nov., des parages de Magellan, la Pallene dimorpha
nov. de Kerguelen et V Anoplodactylus neglecta nov,, trouvée entre les
îles Crozet et l'île du Prince-Edwards. Les deux premières habitent la
région sublittorale, la troisième est franchement abyssale.
Les recherches du lieutenant italien G. Chierchia, effectuées à bord de
la corvette « Vettor Pisani », enrichissent la faune subantarctique d'une
espèce nouvelle, le Tanystylum Chierchiœ, signalée par M. W. Sciiimke-
wiTSCH dans une notice préliminaire (1887, 271), puis longuement décrite
^ et figurée par le même auteur dans un mémoire spécial (1889, 333,
fig. 8-H). Cette espèce fut trouvée aux îles Chonos. La même expédition
recueillit aux Abrolhos et dans le détroit de Magellan la Pallenopsis
fluminensis Krôyer, déjà signalée par Bôhm dans cette dernière région.
PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS ? ... 5
En même temps que M. Schimkewitsch publiait son mémoire, M. G.
Pfeffer consacrait une étude succincte et sans figures aux Pycnogonides
antarctiques de la Géorgie de Sud (1889, 41-49). Les espèces décrites par
l'auteur sont le Nyinphon antarcticum nos., le Nymphon [VJuetotiymphon)
hrevicaudatum Miers déjà signalé aux Kerguelen, V Ammothea grande
iiov. et VA. C/ausii nov., VA. Hoehii, dont on doit faire, ce me semble,
une Am?woM?//a, car ses palpes comprennent neuf articles ; enfin la C/ote/iia
f)n/ir/i/i, que je considère, avec M. Hodgson (1907, 1908*), comme un
Tanystylmn. 11 est bon de rappeler à ce propos que M. Schimkewitsch,
en 1887 et 1880, fit connaître sous le nom de Tanystyhon Dohmii
nov. une espèce trouvée par le lieutenant Chierchia aux îles Abrolhos ; la
Clotenia de M. Pfeffer, étant un Tnnystylum, ne saurait conserver le
qualificatif spécifique Dohntii que lui donna l'auteur ; je propose d'attri-
buer à cette espèce le nom de Tanystylum Vfefferï en souvenir du savant
qui l'a décrite.
Avec le travail de Môriis (1902)sur les Panlopodes recueillis par la «Val-
divia », le catalogue de lafauneantarctique s'accroît encore, non pourtant
dans la même proportion qu'à la suite des campagnes du « Challenger ».
M. Môbius établit le nouveau genre Leionymphon (Ammothea) pour des
formes essentiellement antarctiques, dont M. Pfeffer avait déjà signalé
deux espèces, le L. (iraiulc et le L. Clausii, rangées par lui dans le genre
Ammothea. Il convenait de distinguer ce genre des Achelia, mais non de
l'éloigner de Ammothéides pour le mettre parmi les Nymphonides, avec
lesquels il ne présente aucune affinité. M. Môbius n'attribue à ce genre
qu'une seule espèce, le Leionymphon {Ammothea) striatum nov. recueilli
par la « Valdivia » aux îles Bouvet, mais sa Colossendeia gihhosa nov.,
trouvée aux mêmes lieux, doit y prendre place, comme l'a montré plus
tard M. Hodgson, qui a en outre identifié très justement cette espèce avec
le Leionymphon [Ammothea) grande Pfeffer. Dans les eaux sublittorales
de l'île Bouvet, M. Môbius signale également le Chœtonymphon altio-
culatwn nov. identique avec le f'h. (lustralc \\oà^%on ; \es Pal/enopsis
glahra nov. et P. brevidigitata nov. et la JKseadopallene cornigera nov. ;
il retrouve aux Kerguelen quelques espèces déjà connues : le Chœto-
mymphon hrevicaudatum Miers, la Colossendeis robusta Hoek et le
6 PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS ? «.
Pycnogonum littorale Bôhm, dont il fait à juste titre une espèce nouvelle,
le P. magnirostre. Toutes ces espèces habitent les eaux sublittorales;
elles sont décrites et figurées avec soin.
Nous arrivons maintenant aux travaux exclusivement consacrés à la
faune des régions antarctiques. M. Pfeffer avait inauguré cette série que
M. HoDGsoN, grâce aux expéditions anglaises, va continuer d'une façon
brillante.
La campagne du « Southern Cross » n'offrit pourtant à ce zoologiste
qu'une seule espèce, le Nymphon australe nov. (1902, 257), identifiée dans
la suite avec le Chœtonymphon altloailatum Môbius (Hodgson, 1907^) de
la « Valdivia ».
Mais la National antarctic Expédition de la '< Discovery » fournit à
M. Hodgson la matière d'une ample revanche (1907^). Les Pycnogonides
recueillis au cours de cette campagne ne comptent pas moins de vingt-huit
espèces, dont toutes sont nouvelles à l'exception de cinq : la Pseudopallenr
cornigera Môbius et la Pallenopsis glabra Môbius découverte parla « Val-
divia » aux environs de l'île Bouvet, la Pallenopsis pilosa Hoek capturée
par le « Challenger » dans les eaux subantarctiques de la province afri-
caine, le Chœtonymphon australe Hodgson {Ch. altioculatum Môbius)
pris au cap Adai^e par le « Southern Cross » et à l'île Bouvet par la « Val-
divia », et le Leiony?nphon (Ammothea) grande Pfeffer déjà signalé dans
la Géorgie du Sud.
Parmi les captures faites au cours de l'expédition, la plus importante
est, sans contredit, celle du Pentanymphon antarcticum nov. (1904. 1905'',
397; 1907*, 36-39) ; la découverte de cette forme démontrait, avec une
pleine évidence, non seulement que le type décapode peut se réaliser chez
les Pycnogonides, mais en outre qu'iln'yestpas uneanomalie et qu'il peut
apparaître dans des groupes bien différentes : les Pentanymphon, en
effet, sont de vrais Nymphonides, alors que les Decolopoda se rapprochent
beaucoup des Colossendeis. ïi faut relever en outre dans le travail de
M. Hodgson la description de deux genres nouveaux, Austrodecus etAws-
troraptus, qui se rangent dans la famille des Amniothéides et semblent
propres aux mers antarctiques, l'abondance et la variété dans ces mers des
Leionymphon [Ammothea) et des Chœtonymphon, et la présence des
PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS ? ^>. 7
Rhynchofhomx, formes aberrantes qui semblaient jusqu'alors propres à
la Méditerranée.
Les récoltes de la « Discovery » ont été faites en province africaine,
dans la mer de Ross (baie Mac-Murdo), près de l'île Coulman, au large du
cap Adare, du mont Terror et de la Barrière ; elles sont toutes sublitto-
rales, provenantpour la pluparlde 8 à ISO brasses, rarement de 300 ou de
500 brasses. Les formes nouvelles qu'on y trouve sont les suivantes :
Pliojcichiliis australis, Pallenopsis villosa et hiemalis, C/i^toni/mphoti villo-
sum, Inarticulatiun et inendosian-, quatre espèces de Njpnphon ihiemale,
/anare, adaveanum et frigidum) ; autant d' Ammolhea [minor, australis,
spinosa et g/acialis); trois autres Ammothéides, VAiistrodccus glaciale, \<i
bizarre Austrorapfus polarité et le Rhynchofhorax aasiralis] enfin quatre
espèces dcColossendeis {riigosa, frigida, glacialis , australh), les premières
connues danslarégionantarctique proprement dite, où elles trouventà de
faibles profondeurs la basse température que recherchent la plupart des
représentants du genre.
A la même époque, M. 1I(idgsii.\ entreprenait l'étude des Pycnogonides
recueillis dans la province de Magellan par l'expédition national antarc-
tique écossaise. C'est aux Orcades que les naturalistes de l'expédition
retrouvèrent la fameuse /)eeo/o/JOf/« australis, et c'est M. Hodgson qui eut
l'heureuse fortune (1905^. 1905"^) non seulement de donner droit d'asile
à cette curieuse forme méconnue, mais encore de faire connaître le tra-
vail oublié de h Eights qui lui avait été signalé par M. Caïman (1). Les
autres espèces antarctiques capturées par la « Scotia » (Hodgson, 1908)
sont moins nombreuses que celles de la «Discovery », et toutes diffé-
rentes à l'exception du Chœtongniphoti inoiidomitn et du Pentangwphon
antarcticuni. Certaines étaient déjà connues : le Ngmplwn coniparUoii
lloek capturé par le « Challenger » aux environs d'Auckland ; le Cluelo-
ngmphoii brevkaudalurn Miers depuis longtemps connu aux Kerguelen,
signalé par Pfeffer à la Géorgie du Sud et retrouvé aux Orcades; \ Am-
mothea {Ac/ielia) coni/nu/iis Bouvier, prise par le « Français » en d'autres
points de la province magellanique; deux Leionymphon [Ammothea], le
(1) WiLsoN (1880, 407) fail entrer le genre Deco/opoda dans son tableau systématique, mais il
le caractérise seulement par ses chélicères et ses palpes.
8 PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS ? ».
grande et le Clausii signalés par Pfeffer à la Géorgie du Sud et retrouvés
aux Orcades, enfin la Colossendeis leptorhynchus Hoek, espèce abyssale
prise par le « Challenger » dans la province africaine. Les espèces
nouvelles sont les suivantes : la Pallenopsis lanata des Orcades; deux
espèces de Ny77iphon, articulare et longicoxa, cette dernière espèce abys-
sale; deux Chœtonymphon^ V orcadenfte pris aux Orcades et aux Falklands,
et Vassbnile des Orcades, enfin une Colosse?ideis, V oi^cadensis , également
des Orcades. Toutes les espèces recueillies furent capturées dans la
zone sublittorale des Orcades ou des Falklands et sont, par conséquent,
subantarctiques ; pourtant la récolte comprenait deux espèces abyssales,
l'une franchement antarctique, le Nymphon longicoxa, et l'autre suban-
tarctique, la Colossendeis leptorliyncha.
Entre temps, M. Hodgson consacrait un mémoire (4907^) aux Pycno-
gonides recueillis par l'expédition magellanique hambourgeoise.Ils com-
prennent six espèces, dont trois nouvelles : Nymphon tridentatwn^
Tanystylum longicaudatum et Colossendeis patagonica ; les autres sont :
VAustrodecus glaciale Hodgson trouvé plus au sud par la « Discovery »,
VAe/ielia Wilsoni Schimk, V Ammothea [Ammothella] Hoekii PfefTer et
V Anoplodactylus petiolatus Krôyer, une espèce que l'on croyait jus-
qu'alors localisée dans les mers septentrionales, où elle fut décrite par
Hodgson sous le nom de Pallene pygmœa et par Dohrn sous celui de
Phoxichilidium longicolle. Dans ce travail, M. Hodgson identifie, peut-
être à tort, le genre Clotenia Dohrn avec le genre Tanystylum fondé par
Miers ; il établit en outre la division, signalée plus haut, des régions antarc-
tiques et subantarctiques en trois provinces : magellanique, africaine et
australienne.
A l'époque où M. Hodgson publia ses premiers mémoires relatifs aux
Pentanymp]ion\ et aux Decolopoda, on ne croyait pas à l'existence de
Pycnogonides à dix pattes, etM. Loman (1905), quiavaiteu connaissance
du travail d'Eightssur les Decolopoda^ pensait que l'établissement de ce
genre reposait sur une erreur dans la numération des appendices.
Mais, après le travail de M. \loA^%on%viv\e Pentanymphon antarcticum,
il fallut bien se rendre à l'évidence, et M. Cole, qui avait aussi retrouvé
le travail d'Eights, publia un opuscule (1905j où il se livrait à des consi-
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?». 9
déralions phylogénétiqiies fondées sur rexistcnce de Pycnosonides déca-
podes. Pour cet autour, le genre Decolopoda est la forme actuelle la plus
primitive du groupe des Pycnogonides, et l'on peut eu faire dériver
deux séries divergentes qui constituent le groupe : la première série,
Pycnogomorpha, se rattache aux Décolopodes par le genre Pentanym-
phon et aboutit aux Pycnogonidés en passant par les Nymphonidés, Pal-
lénidés, Phoxichilidiidés et I*hoxichilidés ; la seconde, Colossendeomof-
p/ia, se rattache aux Décolopodes par les Eurycydidés et aboutit aux
Colossendéidés en passant par les Ammothéidés. Les considérations de
M. C.ole sont fort intéressantes et montrent bien l'importance des pré-
cieuses découvertes elfectuées dans les mers antarctiques ; mais, s'il est
juste de reconnaître que les Decolopoda sont les formes actuelles les plus
primitives de l'ordre des Pycnogonidés, il n'est pas possible d'y rattacher
les Penlanymphon, et moins encore de les sé|)arer des Colossendeis.
M. Ilodgson a très habilement mis en lumière (1905cj les affinités étroites
de ce dernier genre avec les Decolopoda, et M. Loman (1908, 14) s'est
élevé contre l'éloignement des deux formes.
Les études (1905, 1906»^, 1906*'; que j'ai consacrées. aux Pycnogonidés
du « Français » sont à peine postérieures aux prinnières de M. Hodgson.
Il s'en faut que je les trouve irréprochables ; faute de matériaux de com-
paraison et sans doute aussi parce que je débutais dans le groupe, elles
laissent à désirer au point de vue de la distinction des espèces et sur-
chargent fâcheusement la synonymie : ainsi (|ue l'avait supposé
M. Hodgson, le Cordylocltt'le Taniurti iiov. n'est rien nuire chose que la
Pseudopallena rorniyeru^loh'xu'i, et j'ai dû moi-mt-Mic identifier la flolos-
setîdeis? (Uiarcoti nov. avec le Lc'ioiiyitiphoii [AiiniKitlim > (irandc Pf'etrer.
J'ajoute aujourd'hui que le Le'ionymphon [Ainiiiolhca) anlarcùciun nov.
doit être identifié avec le L. Ciansii Vîcïïev, que VAinniothea [Aclielia)
curcit/io nov. est le jeune du L. (/ihhosum Môbius,et V Anuiiotliea [Achelia]
affinis nov. le jeune de l'-L com/nn/iis nov. Cette dernière espèce est la
seule espèce du « Français » qui soit vraiment nouvelle, avec une seconde
espèce de Decolopoda , la D. antarctica nov., qui se distingui» de la F), aiis-
trulis par divers caractères, entre autres, par ses palpes qui n'ont que
huit articles au lieu de neuf. Les récoltes du « Français » se bornent aux
li.ipédition C/iarcol. — BoiviEii. — Pycnogonidés du « l'ouniuoi Pasi ». -
10 PYCNOGONIDES DU ii POURQUOI PAS ? k
sept espèces précédentes et au Pentanymplion antavctlcum. llodgson ;
le tout fut capturé en pleine région antarctique, dans la province de
Magellan, à des profondeurs qui atteignaient au plus 40 mètres.
Les considérations générales qui accompagnent ces études, surtout la
dernière (4906^), me paraissent laisser beaucoup moins à désirer. A
l'exemple de M. Ray Lankester, je rattache les Pycnogonides à la classe
des Arachnides et je les groupe en deux séries évolutives, les Colossen-
déomorphes et les Pycnogonomorphes; ces deux séries, toutefois, ne
ressemblent ni à celles établies par M. Ray Lankester, ni à celles de
M. Gole; la première se limite aux Décolopodidés et aux Colossendéi-
dés ; la seconde comprend tous les autres i*ycnogonides, que je divise en
Euchelata^ CryptodieJcUa et A<:7<^/«/r/ suivant le système de M. Sars. Les
deux séries se rattachent à une forme ancestrale hypothétique assez ana-
logue à V Arcinpycnofjonum imaginé jadis par M. Hoek (1881^, 494), mais
pourvu de cinq paires de pattes ; les deux séries divergent à partir de la
forme hypothétique et débutent l'une et l'autre par un genre actuel déca-
pode, la première par les Decolopoda, qui, directement, conduisent aux
(■olossendek, c'est-à-dire à desColossendéomorphes octopodes; la seconde
par les Pentani/mphon, auxquels font suite de nombreuses familles octo-
podes, avec les Pycnogonides comme famille terminale.
L'idée dominante de ce système, empruntée à M. Hoek (1881^, 494),
est le groupement des Pycnogonides en séries évolutives, chaque série
ayant pour point de départ une forme décapode considérée comme pri-
mordiale ; cette idée me paraît juste, mais le système qui en dérive a dû
subir des modifications importantes à la suite des précieuses découvertes
effectuées par le « Pourquoi Pas? ».
Les récoltes du « Pourquoi Pas? ». — 1° Leur iMPonTAxcE ac point
DK VL'E DE LA SYSTEMATIQUE ET DE i/eVOLUTION . Dc tOUtCS leS déCOUVerteS
dont on est redevable an » Pourquoi Pas? », la plus importante est, sans
contredit, celle d'un nouveau type décapode que j'ai appelé Pe7ita-
pijcnon (IGlO^j, pour indiquer à la fois sa structure et sa position zoolo-
gique. Les Pentapycnon, en effet, sont des Pycnogonides typiques dont
la seule diff(''rence avec les Pycnogoman est la présence de cinq paires
de pattes au lieu de quatre.
PYCNOGONIDES DU u POURQUOI PAS?». ii
Si, comme je le pense, et comme on le démontrera plus loin (p. 21),
les formes décapodes doivent être considérées comme primitives, il est
impossible de placer la famille des Pycnogonidés au sommet de la série
des Nymphonomorphes, à la suite des Phoxichilidés ; les formes octo-
podos, c'est-à-dire dérivées, ne sauraient donner naissance à des formes
primitives ou décapod<>s. Au surplus, comme Ta justement observé
M. Carpenter (4894, lOS) et à sa suite M. Lomaii 1988, 0 . les Pycnogo-
nidés ont une structure spéciale fort dilférente de celle des Phoxichilidés,
de sorte qu'ils ont atteint leur état de dégradation actuel par une voie
phylogénélique indépendante. Nous sommes donc conduits à établir pour
la famille des Pycnogonidés unt* série nouvelle; j'ai attribué à cette série le
nom de Pi/cnofjonomorp/ia (i9iO-^,i9W\ 1911») proposé par M. Pocock
avec un sens, d'ailleurs, beaucoup plus étendu (Uay Lankester (4904, 22;i).
Nous voici donc en présence de trois séries évolutives qui comprennent
chacune à leur base une forme décapode : les (U)losften(leomoritlKi avec
les Becoiopodu coninir l'oriiic pitn)itive, les Njiiiipho/KiiiKifphti avec les
PentaHijniplion et les f^i/r//ofjo/io//iO)phaavec]efi Pe/iliipjjciKui. La première
série se réduit à deux familles (Décolopodidés et Colossendéidés), la troi-
sième série à une seule (Pycnogonidés), mais la seconde en renferme un
grand nombre, qui semblent évoluer suivant deux directions diffé-
rentes : les unes avec une trompe d'ordinaire assez faible et la réduction
progressive des ovigères de la femelle, des chélicèreset des palpes dans
les deux sexes, — les autres avec une lionipe toujours volumineuse,
des chélicères faibles ou atiopliii'es el des palpes persistants nuiis très
variables. Le premier gi'(tu|ie es! remarcpiable par ses enehahiements :
des PonUiiujmphini (h'capodes, eiiehélates, munis de palpes et d'ovigères
bien développés, voire de formes pins pi'imilivos encoi'e. il coniluil. d'une
part aux Nymphonidés octopodes et aux Pallénidés où les palpes satro-
phient, de l'autre, aux Phoxichilidiidés, où se fait déjà sentir la réduction
des ovigères de la femelle, et aux Phoxichilidés où disparaissent totale-
ment palpes et chélicères dans les deux sexes, en même temps que les
ovigères dans la femcdle. Le ])reinier groupe constitue la série des Sipnpho-
numorpha. Le second groupe forme une série nouvelle, les Asrorlu/n-
choniùiplui qui correspond à bien peu près aux C-ryptochélates de
12 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?».
M. Sars ; il si' limite dès lors aux Eurycydidés, dont les ovigères ont
une grifFe terminale et les palpes dix articles, et aux Ammothéidés,'
qui sont moins primitifs parce que leurs palpes comptent moins de dix
articles. Dans nne première note sur les Pycnogonides du « Pourquoi
Pas? » iidiO'^, 30), j'avais rangé les Ammothéidés avec les Nymphono-
morphes ; on verra dans la suite pourquoi il convient de leur donner une
place à la suite des Eurycydidés.
Ainsi, d'après les découvertes du « Pourquoi Pas? », /es Pi/ruof/onides se
divisent en quatre séries évolutives caractérisées chacune par des traits
morphologiques spéciaux : lesCoIossendéomorphes, par leur grande taille,
leurs orifices sexuels représentés à la base de toutes les pattes, la conti-
guïté de leurs palpes et de leurs ovigères; les Nymphonomorphes, parleur
trompe ordinairement réduite et l'atrophie progressive de tous leurs
appendices céphaliques ; les Ascorhynchomorphes, par leur trompe volu-
mineuse et leurs chélicères faibles ou bien réduites; les Py(;nogono-
morphes, par leur corps condensé, leurs pattes courtes, leurs oriiices
sexuels localisés sur les pattes postérieures et la disparition de tous
les appendices céphaliques à l'exception des ovigèi-es du mâle. Ces
quatre séries présentent toutes à leur base une forme décapode, sauf
toutefois celle des Ascorhynchomor[)hes, qui me parait moins fortement
établie que les autres, parce qu'on n'y connaît pas encore de formes à dix
pattes. Il n'est pas impossible (jue les Ascorhynchomorphes se ratta-
chent, comme les Phoxichilidiidc'-s, à des Nymphonomorphes plus primitifs
encore que les Pentanymphon et munis de chélicères à scape biarticulé,
avec des palpes de dix articles; mais cette supposition ne repose sur
aucun fait précis, et le groupe diffère à tel point des Nymphonomorphes
qu'il paraît plus juste de le considérer comme représentant à lui seul une
série indépendante. La question n'est pas résolue; elle sera tranchée si
l'on trouve quelquesjours un Ascorhynchomorphe décapode.
Quoi qu'il en soit, ces quatre séries sont fort différentes les unes des
autres et, comme trois d'entre elles nous offrent encore des représentants
de leur état primitif décapode, on peut en conclure que les Pycnogo-
nides se sont différenciés de honne heure, lorsqu'ils possédaient encore les
dix pattes de la forme tuwestrale (ISlOa, 30). Cette conclusion intéressante
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?«. 13
do iiKMiic ([Ut' la tlivisiuii des Pycnogoiiides en quatre séries évolutives
méritent d'être citées au premier rani^' parmi les i-ésultats scientifiques de
la campagne du « l'ourcpioi Pas? », du moins relativement au groupe qui
nous occu|)e.
2° Les iii;(;(ii,Ti:s ni' ■< l*ii|-|ini-iii Pas? » vr I'uint dk vi'k FArNisTiyL:K ;
PvcNdcoMiiKs \MAi{(;Tinri:s. — Grâce au zèle intelligent de M. Gain, l'un des
naturalistes de rexpi'dilidii. la campagne du <( Pour(|Uoi Pas? >> fut singu-
lièrement fructueuse ; en ce qui concerne les Pycnogonides, elle se place
sur le même rang que la plus féconde des campagnes antarctiques, celle de
la (( Discovery », ayant rapporté un nombre presque égal d'espèces (27 au
lieu de 2Sj. Il est vrai (pie celles-ci ne comiirennent pasplus de 12 formes
nouvelles, tandis qu'on en compte '2'.i dans les récoltes de la « Disco-
very > ; niiiis il ne faut pas oublier (jue la campagne du » Pourquoi Pas? »
est la deiiiière en date, de sorte quelle devait forcément capturer beau-
coup d'espèces découvertes par les expéditions précédentes. D'ailleurs, il
n'était pas sans intérêt, au point de vue faunistique, de retrouver dans la
province de Magellan les espèces découvertes en d'autres Hpux ; et la
capture du 'j^cnvr /'r/i/ajii/r/io/t ne le cède en rien, comme importance, à
celle du genre /'r/i//iiii/n/p/i(»K
Je crois iililc dr iclever ici un compte rendu très succinct que j'ai
récemment consacri' aux Pycnogonides recueillispai'le < Poiii-tiuoi Pas? »
1911'» 1; ce compte lendu met en lumièi'c rim|)(irlance iannistiqiK! des
captures faites au cours de rexpi-dilioii \ I .
« I. ('olossoiuh'oiiKiriihi's. — Go groupe est représenté par dos Pycno-
gonides ordinairement volumineux qui recherchent presque tous les eaux
froides, de sorte (pTils sont abyssaux dans les régions tropicales ou
tempérées et ne remontent au voisinage du littoral ([ue dans les régions
polaires. Le groupe conipr(Mi(l deux familles : les Dérolopodidés et les
Golossendéidés.
« Les Df'ri)/ojMx(i(/és sont les formes primitives du gi'ou|>e, car ils pré-
sentent encore des chélicères bien développées et comptent cinq paires
do pattes. La famille se réduit à deux espèces, l'une découverte par le
(1) J'ai roctifii' ceilains nombres nionlinnnés dans re coinplc rendu, et j'y ai ajouté l'.lscoWij/H-
chu.-i ijiabtv Hoek, le seul Euiycydidé propre aux uiers antarctii|ues.
14 PYCNOGONIDES DU u POURQUOI P.4S?«.
« Français» {D.a/itarc(ica\io\i\.], l'autre (/). aiistralis Eights.) ancienne-
ment connue et rapportée cette fois parle «Pourquoi Pas?», qui l'a trouvée
aux Shetlands. Cette seconde espèce paraît moins franchement antarc-
tique que la première.
« Les (jildssenilridêfi sont octopodes et dépourvus de chélicères; on
en connaît 32 espèces, dont (i arctiques et 1 i antarctiques. Os dernières
appartiennent au genre Colossendeis et, dans les collections du « Pourquoi
Pas? », ne comprennent (|ue trois formes : la (\ rohusta lÀoh'xn^ connue
seulementà Kerguelen, la (\ansfiri/is llodgson trouvée par la « Discovery »,
et une forme nouvelle, la C. (j/afi/lpes, qui, très voisine de la C. potagonica
Hodgson, s'en distingue par divers caractères, mais surtout par son
fémur plus court et seulement égal au premier tibia. De ces découvertes
il résulte que les deux premières espèces sont vraisemblablement circum-
polaires et que la C. rofnisfa est à la fois subantarctique et antarctique.
'< IT. Njiniphdiiomorphes. — Les Pycnogonides appartenant à ce groupe
sont bien plus variés que lesprécédents comme hnbitat et comme formes.
Ils comprennent quatre familles : les Nymphonidés, les Pallénidés, les
Phoxiehilidiidés et les Phoxichilidés.
« Au point de vue de l'hahitat, les .\iiiiiiliniii(h''s ressemblent beaucoup
auxColossendéomorphes, maisleurs typessont bien plus nombreux. Ils ne
comptent pas moins de 7o espèces réparties en ij genres, dont 2 purement
avc{\([nQii{Pantni/mp/ion et BoreoniimphoitK I antarctique [Pentanjjmphon)
et 2 autres d'une distribution très vaste {Nijniplion et Cliœtcmipnphon).
« La famille débute par le genre primitif Pentnni/inpJio)!, qui est déca-
pode et ne comprend qu'une seule espèce, le P. ((nfarctinan llodgson,
espèce circumpolaire. Les individus assez nonibiw'ux recueillis par 1(>
« Français » (?L le <( Pourquoi Pas? » dans la province magellanique sont
un peu didcrents de ceux trouvés par la « Discovery » dans la province de
Kerguelen ; ils ont le eau bien plus étroit, de sorte qu'ils représentent
peut-être une forme locale.
« Dans le genre Nymphon, on connaît aujourd'hui ;)9 espèces, dont 22
arctiques et 19 antarctiques. Parmi ces dernières se trouvent i espèces
nouvelles trouvées aux Shetlands par le « Potnipioi Pas? ». (les quatre
espèces sont dépourvues de griffes auxiliaires ; trois d'entre elles (sttjlops^
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?». 15
Cliarcoti, li-nuipes) se rani;oiit [jarmi les Nyinphoiis où le premier tibia
n'est pas sensiblement plus long on reste même [)lus oonrl que le second ;
la quatrième espèce ( iiroccroides) appartient au groupe où le second tibia
est beaucoup |)lns court (pie le premier et à peu près éii,al au féimn'. i.c
N. .'>////oyj.vpossèdeencoi'e des rudiments de griiïes auxiliaires; il a le tronc
court et un tubercule oculaiic haut et j^rèle où les yeux font quelquefois
défaut; c'est une espèce pullulante, à en jui^cr par les nombreux exem-
plairescapturés d'un seul coup; il se rap[troclie d'une espèce d'Auckland,
le (\ couiiiartnm lloek, où d'ailleurs le tubei'cule oculaire reste bas et
court. Le .A. ^7/r//v'o// est peut-être la plus grande espèce du genre ; son
tubercule oculaire est en dôme, et son fénuir égale le premier tibia ;
voisin du N. capense Hoek, il s'en distingue par les quatre derniers articles
subégaux de ses palpes. Le iV. tenuipei<, ainsi nommé à cause de ses
pattes grêles, est caractérisé par la longueur prédoniinante du deuxième
article de ses [)alp('s, en (|uoi il ressemble à deux es|)èces chiliennes, !<'
N. proceruiu Hoek et le .^ . loiuficolluin Hoek ; mais son tarse est aussi
long que le |)ropode, tandis (ju'il est plus court dans les deux formes
précitées. Quant an X. iniirproidrs, il ressemble au procennii par la
forte (lilalarKiii Iciininalr Ai' la deuxième coxa cluv. les femelles, ce qui
le distingue du A. Iidiintlinii lloek. de même que les pinces faibles et le
tarse plus court (pie le propode.
« Les ('li;rf(niiiiiiplii)ti sont localisés ])rès des p()les ; ils comprennent
8 espèces antarctiques, toutes caractérisées par ieui' tarse |dus long (pu;
la moitii'' (lu propode, et "i espèces arc[i(pies où le larse égale au plus la
moitié de ce derniei- article. Le «Pourquoi l'as? » a capturé en pleine zone
antarctic(ue le C h)-rri((iuil(ihnii M(ibius, oonsid<''ré jiis(prici comme sim-
plement su ban tare ti (pie.
« La famille des l^<illriii(l<':s compte 3 espèces réparties en W genres : les
Pallcnc^ répandus pai'tout et ordinairement sublittoraux; les Pdiapallpiip,
de même habitat, mais inconnus près des pôles; les ('(irdijlochrlc^ tous
arctiques; les Psendopollcnc, arctiques ou antarctiques, et les yeopallcne,
qui habitent la région méditerranéenne. Les Pallénides se rattachent
étroitement aux Nymphonides parles Parapa//e?ie\ comme l'a établi IJohm,
et comme j'ai pu m'en convaincre en étudiant les récoltes de M. Harmand
:i6 PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS P >>.
au Japon, le P. hmgiceps Bôhm ades palpes aussi longsque la trompe, mais
réduits à deux articles, dont un basilaire fort petit.
« Les espèces recueillies par le << Pourquoi Pas ? » se rangent dans le
genre Pseudopallene, qui compte quatre représentants antarctiques. Ces
espèces sont au nombre de trois : la P. cornigera Môbius {Cordylochelc
Turqueti Bouv.), déjà capturée par le « Français », et deux espèces nou-
velles, la P. hrachi/urael la P. a'istata. La première espèce est voisine de
Vamtralis Ilodgson, dont elle se dislingue par son abdomen réduit à une
légère saillie verticale et par ses pinces où le doigt lixe est largement
obtus ; la seconde est richement armée d'épines, comme une espèce arc-
tique, la /*. circularis Goodsir ; elle a d'ailleurs pour caractères propres une
trompe effilée, des pinces à doigts inermes et de hautes saillies dorsales.
« Les Phoxic h i/idii dés se rattachent aux Nymphonides, comme les Pallé-
nides, dont ils diffèrent par leur tubercule optique situé très en avant.
Leurs espèces sont au nombre de 49, distribuées en 5 genres :
2 localisés dans la zone sublittorale des régions chaudes ou tempérées
[fiigona, Halosoma) et 3 autres qui ont une distribution plus large :
Phûxichilidiimi avec 2 espèces qui sont propres à l'hémisphère boréal;
Anoplodactylm avec 19 espècesdont 2 subarctiqueset 2 subantarctiques ;
enfin Pfdlenopsis^ qui compte également 20 espèces, dont 2 arctiques et
7 antarctiques. Trois de ces dernières ont été rapportées par M. Charcot :
P. pilosa Hoek, recueillie d'abord par le « Challenger » et retrouvée par la
« Discovery»; /*. y/f//>/Y< Môbius, également capturée par la <' Discovery»
et découverte par la « Valdivia » ; enfin une forme nouvelle, la P. marro-
7iyx, ainsi nommée à cause de sa griii'e terminale à peu près aussi longue
que le propode ; à ce point de vue, notre espèce ressemble à la /'. hrecl-
digitata Môbius, dont elle se distingue d'ailleurs partous les autres carac-
tères, notamment par son corps discoïde et par ses pattes courtes, où le
fémur n'est pas plus long que le céphalothorax.
'< Reste enfin la famille des P/ioxichilidés, qui sont des Pallénides (des
Phoxichilidiidés plutôt) où les chélicères ont disparu de même que les
rudiments de palpes. La famille ne renferme qu'un genre, Phoxickilas^
avec 7 espèces littorales ou sublittorales, dont une arctique et une
antarctique. Cette dernière est le /'. ausfr(dis Ilodgson, dont on ne cou-
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI P/IS?». ï;
naissait qu'un spécimen capturé par la « Discovery » ; le « Pourquoi Pas ? »
en a recueilli plusieurs individussur lesquels j'ai pu examiner les orifices
des très nombreuses glandes cémentaires ; le diamètre de ces orifices
n'excède pas 50 [a .
« III. Ascorhytichomorphefs . — Les formes décapodes ne sont pas encore
connues dans ce groupe qui comprend deux familles, les Eurycydidés et
les Ammothéidés, cette dernière justement divisée par M. Loman en
Nymphopsinés et Ammotliéinés.
« Aucune espèce antarctique, sauf VAscor/ii/nchus rjlaher Hoek, et seu-
lement 4 arctiques parmi les 24 qui composent la famille des EurijoijcUdés;
aucune espèce polaire parmi les 10 Nymphopsinés actuellement connus,
alors que l'on trouve 17 espèces arctiques et 18 antarctiques parmi les
56 espèces de la sous- famille des Amniothéinés. Les 18 espèces d'Ammo-
théinés antarctiques appartiennent à 7 genres, parmi lesquels 3 seulement,
Leionymphon, Ammothea et Auxtroraptiix, sont représentés dans les
récoltes du « Pourquoi Pas? »
<i Le genre Leionymphon [Ammothea) compte 10 espèces toutes antarc-
tiques, à l'exception du L. carolinense Leach. Six espèces, dont une nou-
velle, ont été recueillies au cours de l'expédition : le L. striatum Môbius
et le L. (jibbosum Môbius, connus seulement à l'île Bouvet où ils furent
capturés par la « Valdivia » ; le L. grande Pfeffer et le L. Clamii Pfeffer
signalés à la Géorgie du Sud ; le L. minus Hodgson, qui est une espèce
circumpolaire, car on le retrouve aux Sandwich du Sud (exemplaire
connnuniqué par M. Lahille) et dans les parages plus antarctiques visités
au cours de l'expédition ; enlin une forme nouvelle, le L. graci/ipes , qui
se distingue du L. minus par ses pattes bien plus grêles et par sa
deuxième coxa bien plus allongée. Ces matériaux très riches m'ontpermis
d'éliihVir que VA7nmo(/iea curculio ïiou\. est le jeune du L. gihhosani et
(ju'il convient d'id(!ntifier, comme le pensait M. \\oà^?,ox\,\e L. antarcticum
Bouv. avec le L. Clausii.
« LesAw/??oM(?a(/lc/ii?/?V/)antarctiquesselimitentàtrois espèces, car l'A.
Hoekii Pfeffer est sûrement une Annnothella. Parmi ces trois espèces, deux
seulement sontbien connues etproviennentdescam|)agnes françaises. L'une
est l'.'l. rommwi/".y Bouv., espèce pullulante dans la province magellanique
ICj-lJéilition Charcot. — Bouvieii. — l'ycnogoriiiles ilu « l'ouniuoi l'as ! ». !i
i8 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS ? >k
OÙ elle fut découverte par le Fi^ançais, puis retrouvée par le « Pourquoi
Pas ? », et une espèce nouvelle que j'appellerai A.serratipalpis à cause de
ses palpes dont les articles 7, 8 et 9 se dilatent inférieurement et, par leur
ensemble, forment une sorte de scie. La même disposition s'observe dans
le Leionympho7i minus et le L. gracilipes ; au surplus, l'espèce nouvelle est
la plus primitive du genre, car son corps est peu condensé et nettement
articulé ; son armature épineuse est réduite au minimum et ses pattes
sont notablement allongées.
« Je signale, pour terminer, une espèce rarissime, le singulier Austro-
raptus glaciale Hodgson,dontle « Pourquoi Pas? » a capturé d'intéressants
exemplaires.
« IV. Pyc?iogo7}omoiyhes. — Ce groupe est représenté par 19 espèces
réparties près du littoral ou à de faibles profondeurs. Il ne comprend
qu'une seule famille avec les deux genres Pentapycuon et Pijcnogonum^
étudiés dans des Notes antérieures, ha ^^nve Pentapycnon est décapode
et se place à la base du groupe ; il est représenté par deux espèces : l'une
antarctique, le P. C /i atxot i Bouy., l'autre de la Guyane où elle fut trouvée
par Geay [P. Geayi Bouv.). La découverte des Pentapyction est cevtai-
nement l'une des plus belles etdes [»lussuggestivesparmicelles dontnous
sommes redevables aux naturalistes du « Pourquoi Pas ? » On sait que les
mêmes naturalistes ont capturé un vrai Pycnogonum, le P. Gaini, dans
les eaux antarctiques. »
En résumé, l'étude des Pycnogonides recueillis par le «Pourquoi Pas?»
conduitàcette conclusion que la faune du groupe est très riche dans les i^égioîis
antarctiques ^ beaucoup plus riche certaijiementque dans les régions arctiques .
Cetterichesseprédominanleestunfaitacquis désormais :avantla campagne
onconnaissait68espècesde Pycnogonides antarctiques et62 aulourdel'au-
tre pôle ; aujourd'hui la différence est plusgrande encore ; les Pycnogonides
des mers froides de la région australe sont au nombre de 82 espèces,
alors que ceux des mers arctiques restent au chiffre ci-dessus fixé.
Mais, comme jje l'ai fait observer (1910^, 1141), « ce n'est là qu'un
début; explorées depuis très longtemps avec beaucoup de soin par les
chercheurs des deux mondes, les régions boréales ne nous réservent
plus guère de surprises, tandis que les campagnes antarctiques, peu nom-
PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS?». 19
breuses encore, rapportent toutes des trésors insoupçonnés. Celle du
« Pourquoi Pas? », la dernière en date, ne nous donne-t-elle pas
12 formes nouvelles sur 28 et, dans ce nombre, le type des Pentapycnon,
qui justifie les modifications profondes introduites dans la phylogénie et
le classement des Pycnogonides ? Afin de montrer jusqu'à quel point on
peut compter sur les campagnes antarctiques pour étendre nos connais-
sances zoologiques, il me suffira de rapporter le fait suivant. Dans la
baie de l'Amirauté, aux Shetlands, par 420 mètres de profondeur, un
seul coup de chalut a rapporté les 4 espèces nouvelles de Nijniphon, le
Pentapycnon Charcotï, une Pallenopsis nouvelle [P. macronyx), sans
compter 2 espèces des plus rares, la Pseudopallene cornigera Mobius et
le Leinoymplion Clausii PfelTer. Une vraie pêche miraculeuse !
(( Cette richesse de la faune antarctique n'est certainement pas propre
aux Pycnogonides; elle doit s'étendre à d'autres groupes. Il convient de
l'attribuer, ce me semble, à la présence d'un continent polaire dont les
rives et les îles avoisinantes hébergent d'abondantes Diatomées et une
végétation sous-marine où peuvent trouver un aliment toutes les espèces,
quel que soit leur régime. »
La liste des espèces antarctiques et subantarctiques a été soigneu-
sement établie par M. Hodgson (1912, 162). Je relève cette liste
en la complétant avec les espèces recueillies au cours de la cam-
pagne du « Pourquoi Pas ? » (ces espèces sont indiquées par un asté-
risque) et en y établissant les divisions systématiques adoptées dans
l'ouvrage (p. 20).
Sur la signification des Pycnogonides décapodes. — Les
l'ycnogonides sont normalement pourvus de huit pattes. Malgré la décou-
verte d'une espèce du genre Decolopoda par Eights, en 1834, c'est
M. Hodgson qui a eu le mérite de faire connaître l'existence dans le groupe
de formes décapodes: il a exhumé (1905*), pour aiusi dire, le mémoire de
.1. Eights et soigneusement décrit cette espèce que la '< Scotia» redécouvrit
aux Orcades ; il a en outre signalé au monde scientifique le curieux Penta-
nymphon (mtarcticum trouvé dans les mers antarctiques par la <( Disco-
very » (1904). Après ces travaux développés dans des mémoires impor-
tants (1906, 1907) et justifiés par les découvertes de M. Jean Charcot, on
20
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?».
I. — Colossendeomorpha.
1" Decolopodid.e.
Decolopodaaustralix Eights . .
* — antarclica^ouVi&T.
2° Colossendeid.î:.
(,'ofossenrleis ffif/ns Hoek
— h'ptorhi/ncha Hoek
— ffigas /eploryttchn Hoek..
— mer/alonyx Hoek
* — robusta Hoek
— gracilis Hoek
* — ausiralis Hodgson
— glacinlis Hodgson
— frhjida Hodgson
— l'ugosa Hodgson
— 7J«^rt^o?i(c« Hodgson. .. .
* — gracilipes nov
— orcadensis Hodgson
II. — Nymphonomorpha.
1° Nymphonid.e.
' Penlanymphon antarclicum
Hodgson
Nymphon gracile Leach
— grarilipes Miers
— brachyrliyncliuin Hoek..
— Iiamatuin Hoek
— prnceroides nov
— fusr.um Hoek
— méridionale Hoek
— aîitnrcl ictnn Pfefïer
— hiemale Hodgson
— lanare Hodgson
— ndareanum }{odgson.. . .
— frigidum Hodgson
— Iridenlalnm Hodgson...
— a rticula re Yiod^son
— longicoxn Hoek
— compacium Hoek
* — stylops nov
'' — Charcoti nov
* — tenuipes nov
* Chxlonyinphon brevicaiida
lum Miers
— villosum
— biarticulatum Hodgson.
— mendosum Hodgson....
— australe Hodgson
— orcadense Hodgson
— assimile Hodgson
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
2° Pallenid.e.
Pallene dimorpha Hoek ....
* Pseudopallene cornige?'a Môb.
— auslralis Hodgson
* — bracliyura nov
* — cristata nov
3° Phoxichilidiid.e.
Pallenopsis patagonica Hoek.
* — pilosa Hoek
— /luminensis Krôyer
* — glabra Môbius. ."
— villosa Hodgson
— hiemalis Hodgson
— lanata Hodgson
* — marronyx nov
Anojilvdactylus neglectus Hoek.
— peliolu/us Krôyer
4° Phoxichilid.e.
*P/ioxichilusaustralisl{odgson.
III. — Ascorhynchomorpha.
1° Ammotiieid.e.
* Ainmothea stria fa Môbius . . . . ■
* — grande Pleller •
* — • gibbosa Môbius ■
* — m/n«r Hodgson
— gracilipes nov
— Clausii Pfeffer
— glacialis Hodgson
— spinosa Hodgson
Ammothella Hoekii Pfeffer. . .
Achelia Wilsoni Schimke-
wilsch
— serralipaljiis nov
— co/nw(i/7î /.s' Bouvier
Auslrodecus glaciale Hodg. . . .
Austroraptus polaris Hodg. . .
Tanystylum styligerum Miers
— Pf''iïeri Bouvier
— Chierchix Schimk
— longicaiidatiim Hodgson
liliyncholtiorax auslralis Hod
2° EURYGYD1D/E.
Ascorhynchus glaber Hoek..
IV. — Pycnogonomorpha.
PvCNOGONin.E.
Pentapycnon Charcoti nov. .
Pycnogonum Gaini nov
— ynagellanicuin Hoek
— magnirostre Môbius. . . ,
X
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PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS? ». 21
ne pouvait plus douter, comme avant, de l'existence de Pycnogonides à
dix pattes.
Je ne crois pas que M. llodgson ait émis une opinion au sujet de ces
formes extraordinairement curieuses, mais d'autres zoologistes se sont
montrés moins discrets. M. (".oie !l905), on Ta vu plus haut, considère
les Decolo/joda comme une forme ancestrale persistante d'où sont issus,
d'un côté les Eurycydides, Ammothéides et Colossendéides, qui consti-
tuent son groupe des Colossendeoinorpha, de l'autre les Pentanijmphon
qui, avec toutes les autres familles, forment le groupe des P/yr/i^yo/io-
nwrplia. Je crois bien qu'à l'heure actuelle, et surtout depuis la découverte
des Pentapycnoii, le savant zoologiste américain, auquel on doit de si
bonnes études sur les Pycnogonides, serait le premier à introduire des
modifications dans le précédent système. Comme l'a justement écrit
M. Loman (1908, ly),« il n'est pas possible d'établir de parenté entre
Pentanympho7i eiDecolopoda », le premier genre ayant une segmentation
très nette qui fait défaut au second, et d'ailleurs, dans toutes les parties
de son corps et de ses appendices, une structure absolument difîerente.
Ce sont deux formes primitives, qui ne peuvent dériver l'une de l'autre,
encore que la seconde soit plus ancestrale que la première, car elle est
moins différenciée dans ses ovigères comme dans ses pattes; le scape de
ses chélicères compte encore deux articles et ses palpes sont complexes.
Malgré ces observations, il faut reconnaître que M. Cole, avant tout
autre, a considéré comme un caractère essentiel la présence de cinq
paires de pattes chez les Pycnogonides.
Cetteopinion me paraît absolument justifiée, et je l'ai soutenue à diverses
reprises, d'abord dans mon étude sur les Pycnogonides du « Français »
(1906*'), puis en faisant connaître le genre Pcntopyoïon découvert parle
« Pourquoi Pas ? )> (1910^*1 elle Pcntapyrnon Geayi de la Guyane (1911*),
enfin récemment dans une note présentée au Congrès international d'ento-
mologie 1^1911'').
M. le P' d'Arcy W. Thompson (1909, 529) semble se ranger à cette
manière de voir et, en tout cas, considère les Decolojjoda, sinon les
autres formes décapodes, comme ayant un caractère ancestral. Par
contre, M. Carpenter, etplus récemment M. Caïman, émettent une opinion
22 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PASP^k
contraire et regardent les genres décapodes comme issus des genres
octopodes. A vrai dire, M. Carpenter (1905) n'est pas affirmatif, car
il dit simplement que « peut-être, la cinquième paire de pattes de ces
genres représente une acquisition relativement récente » (the fiftli
pair of legs in thèse gênera may possibly represent a comparatively
new development), par suite une acquisition qu'auraient faite, indépen-
damment, les Decolopoda et Pentanymplion^ les seuls genres décapodes
connus à l'époque où M. Carpenter écrivit son mémoire.
M. Caïman s'est prononcé nettement en faveur de l'hypothèse précé-
dente. « On doit admettre, écrit-il (4909), que la constance du nombre
des somites et des appendices au milieu des variations de structure
relativement étendues présentées par les Pycnogonides à huit pattes
suggère fortement l'idée que ce plan de structure est primitif, c'est-à-
dire « normal » dans le groupe ; par contre, le fait que la condition déca-
pode se présente dans deux genres ayant peu de traits communs per-
met de considérer celle-ci comme une modification secondaire du plan
primitif. » 11 y aurait beaucoup à dire sur ces assertions : la structure
octopode est, de toute évidence, l'état normal des Pycnogonides, mais il
n'en résulte pas qu'elle représente l'état primitif du groupe ; comme la
structure normale, c'est-à-dire actuelle, des autres groupes zoologiques,
elle résulte des modifications d'une structure primitive, dont certaines
formes (les Pycnogonides décapodes dans le cas qui nous occupe)
ont conservé des traces. A l'appui de sa thèse, M. Caïman cite l'exemple
des Polyartemia^ qui, par un accroissement métamérique secondaire,
possèdent 19 paires de pattes prégénitales, alors que les autres
Phyllopodes anostracés, plus primitifs d'après lui, n'en possèdent que 1 1 ;
mais cette opinion est manifestement contredite par M. E. Daday
dans sa belle monographie du groupe (1) : l'ancêtre des Anostracés,
observe cet auteur, « avait certainement plus de 19 paires, et ce nombre
ne s'est réduit que plus tard au nombre actuel... Les Polyartemia ayant
19 paires de pattes et les Polijartemiella 17, ces formes ont, à mon avis,
mieux conservé le type originel que les genres à 11 paires de pattes ».
(1) E. Daday de Deés, Monographie sysléinatique des Phyllopodes anostracés (Ann. des Se. nat.,
(Zool.), t. XI, p. 411, 412, 1910J.
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI P/IS?». 23
On peut en dire autant des Pycnogonides décapodes relativement aux
Pycnogonides octopodes ; toutefois, il ne convient pas d'étendre à un
groupe les considérations phylogénétiques applicables à un autre ;
l'exemple des Myriapodes, considéré au point de vue du nombre des
segments, nous en donne la preuve.
Dans un article récent, suscité par ma note préliminaire sur les Pycno-
gonides du « Pourquoi Pas? », M. Caïman (4910) observe que la décou-
verte du genre Pentapijcnon dans les mers antarctiques fortifie beaucoup
l'hypothèse qu'il a soutenue à la suite de M. Carpenter : 1° parce que les
Pycnogonides décapodes sont tous localisés dans les mers froides australes
et qu'on ne saurait admettre que les Pycnogonides ont fait exclusivement
leur évolution dans ces mers ; 2° parce que le genre Pycnogonum apparaît
comme très spécialisé et que le genre Pentapjjcnon présente une struc-
ture identique, sauf la paire de pattes supplémentaires. Sur ce dernier
point, M. Caïman ajoute très justement que la présence d'orifices sexuels
sur d'autres pattes que les dernières, si elle était réellement constatée
dans le genre Pentapi/c7ion^ serait de nature à infirmer son hypothèse et à
justifier la mienne.
Je tiens à reconnaître, tout d'abord, que ce dernier caractère fait
défaut: les orifices sexuels, dans le genre Pentapycnon^ se trouvent loca-
lisés sur les pattes de la dernière paire, comme dans les Pycnogonum^ et
ceux que j'avais cru pouvoir annoncer, dans ma note préliminaire
(1910a, 28), sur les pattes des autres paires sont tout simplement des
orifices de glandes coxales, comme il y en a chez la plupart des Pycnogo-
nides, sinon chez tous, sur la face dorsale de la deuxième coxa. Ainsi, les
Pentapycnon se distinguent seulement des Pycnogonum par la présence
d'une paire de pattes supplémentaires, et M. Caïman peut utiliser ce fait
bien établi, s'il lui trouve de la valeur. Par contre, il ne saurait mainte-
nir sa première objection depuis que j'ai fait connaître le Pentapycnon
Geayi (191 1», 49 1 ) , une espèce décapode abondante en Guyane ; il n 'est plus
exact de penser, comme je le croyais moi-même, que les Pycnogonides
à dix pattes sont propres aux mers froides australes ; en voici un qui habite
le littoral des tropiques où les eaux sont attiédies par le soleil, si bien que
la forme décapode nous apparaît indépendante du climat et des lieux.
24 PYCNOGONIDES DU f< POURQUOI PASP^k
Mais c'est ailleurs qu'il faut cliercher la preuve du caractère ancestral
des Pycnogonides à dix pattes. On ne saurait nier que les genres Decolo-
poda et Colossendeis présentent des affinités fort étroites et dérivent
sûrement l'un de l'autre ; il est de toute évidence aussi que la présence des
chélicères est un caractère primitif. Or les chélicères sont très déve-
loppées et présentent même un scape à deux articles dans les Decolopnda^
tandis qu'elles font totalement défaut chez les Colossetideis. Abstraction
faite du nombre des pattes, ce caractère est le seul qui distingue les deux
genres, de sorte qu'il est impossible de dire que les Deco/opodn sont des
Colossendeis ayant acquis récemment une paire de pattes supplémentaire,
et, par un atavisme singulier, la paire de chélicères que leurs progéniteurs
avaient perdue. N'est-il pas plus simple et parfaitement logique d'admettre
que les Colossendeis dérivent du genre Decolopoda par la perte de deux
formations primitives, les chélicères et les pattes de la paire postérieure?
Ainsi les Colossendéomorphes à dix pattes sont piùmitifs par rapport
à ceux où les pattes sont au nombre de huit, et il n'y a aucune raison pour
ne pas étendre la même règle aux Pycnogonomorphes, encore que
les types décapodes, dans ces deux groupes, ne présentent aucun
caractère primitif spécial en dehors du nombre de leurs pattes.
Au surplus si, comme le pensent M. Carpenter et M. Caïman, la paire
de pattes postérieures est une paire surajoutée dans les types décapodes,
les orifices sexuels des Pentapycnon devraient se trouver à la même place
que chez les Pjjcnogonum^ à savoir sur les pattes de la quatrième paire,
alors qu'ils sont situés sur la cinquième. Je crois d'ailleurs avoir la preuve
que la paire de pattes dont les types octopodes sont dépourvus n'est
point la dernière des types octopodes, mais la précédente ou avant-der-
nière. Comme on le verra plus loin (p. 1H6 et 139), quand on compare le
Pentapycnon Charcoti au Pycnogonum Gaini, qui en est fort voisin et peut-
être en dérive, on constate que les tubercules segnientaires dorsaux sont
en même nombre dans les deux espèces; le tubercule dorsal postérieur,
celui qui correspond à la quatrième paire de pattes du Pentapyction Char-
coti^ est encore parfaitement développé dans le Pycnogonum Geayi^ où
d'ailleurs la paire de pattes correspondante a disparu. On constate la
même persistance du tubercule chez d'autres espèces de Pycnogonum,
PYCNOGONIDES DU ^i POURQUOI PASP«. 25
notamment dans los deux espèces conimunes de nos mers, le /'. crassi-
l'osfreelle P. littorale Strom.
Ainsi les Pi/awf/rmides dècapodea sottf iirimitifn par rapport aii.r Pi/cuo-
gonides octopodes ; ils tiennent des ancêtres dx groupe un scgnu>nt sup/jlr-
mentaire, le r/uatrirnie du tro/u-, t/id pu/ult se fusionner arec le ciuiiuirnw
et perd ses appendices dans les espèces octopodes.
Il est probable que les formes primordiales de l'ordre possédaient plus
de cinq paires de pattes, et fort possible, comme je j'ai dit ailleurs
(1906*', o, 13), que dételles formes aient encore des représentants dans les
mers actuelles. En tout cas, elles étaient pour le moins décapodes, avec
des chélicères en pinces bien développées et munies d'un scape à
deux articles, des palpes richement articulés, des orifices sexuels et des
glandes coxales sur la deuxième coxa de toutes les pattes, un abdomen
articulé à sa base et des ovigères à griffe terminale. Les chélicères et les
palpes des Pycnogonides correspondent aux appendices de même nonides
Arachnides et s'en rapprochent tout à fait par leur structure ; quant aux
ovigères, ils ont certainement pour homologue les pattes antérieures des
animaux de cette dernière classe. Comme l'ont observé plusieurs zoolo-
gistes (je citerai entre autres M. Iloek et M. Loman), les ovigères ont été
primitivement locomoteurs et se sont adaptés ensuite à un rôle sexuel,
celui de jtorter les œufs, ainsi qu'on l'observe fréiiuemment chez les
Arthropodes, etenparticulierchezbeaucoup d'Araignées; ilsdevaientdonc
avoir la même structurequeles pattes et présenter, comme elles, une griffe
terminale. En fait, cette griffe est présente chez tous les Pycnogo-
nides primitifs, et si, chez ces derniers, on trouve aux ovigères deux
articles de plus que dans les pattes (10 au lieu de 8j, il faut sans doute
attribuer cette différence à une subdivision en trois parties du pro-
pode f 1).
Affinités des Pycnogonides. — Dans mon travail sur les l'ycno-
gonides du <' Français », j'ai minutieusement passé en revue les carac-
()) Les Opines modifiées qui se tiouventau buid interne des quatre derniers articles, sur les
ovigères, sont les homologues des épines situées sur le tarse et le propode des pattes dans
beaucoup de Pycnogonides. <'.ela ne semble pas douteux et justifie l'hypothèse de la subdivision
du propode dans les ovigères. D'apiès M. Loriian (1908, !',•), la piernière ada|>talion des ovigères
fut d'abord sensorielle el caractérisée parla présence d'épinesmodiliées; ellediivint ensuite pure-
ment sexuelle.
E.rpé<lilioii Charcot. — Boivikh. — l'ycnoyonides ilu " l'nui'quoi l'as ? ». 4
26 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS P ^k
tores qui permettent de rattacher le groupe à la grande classe des
Arachnides, telle que l'envisage M. Ray Lankester.
Ces considérations (1906°, 7-1 j ) n'ont rien perdu de leur valeur, et je
crois utile de les relever intégralement ici, car, on le verra plus loin, ce
problème soulève encore des litiges.
« A l'exemple de plusieurs zoologistes, et notamment de M. Ray Lan-
kester (i), je considère les Pycnogonides comme appartenant à la grande
classe des Arachnides, qui se distingue essentiellement des Crustacés
par la présence, chez l'adulte, d'une seule paire d'appendices pré-
buccaux.
(( Ainsi comprise, la classe des Arachnides s'étend depuis les Trilobiles
jusqu'aux Acariens, en passant par les Xiphosures et tous les Arachnides
normaux. Elle présente ainsi un assez grand polymorphisme, toutefois
sans être moins homogène, à ce point de vue, que la classe des Crustacés :
abstraction faite des formes très modifiées par le parasitisme ou par la
fixation, il ne me paraît pas y avoir plus de diflerence enti'C un Trilobite
et un Oribate qu'entre un Rranchipe et un Cloporte, entre un Pycnogo-
nide et un Palpigrade qu'entre une Caprelle et un Ostracode.
« Les Pycnogonides se distinguent par beaucoup de caractères qui
appartiennent également à certains Arachnides les plus normaux : ils ont
(souvent) des chélicères triarticuléeseten pince comme les Scorpions, les
l'alpigrades et les Opilionides; une trompe réduite à l'état larvaire et,
dans tous les cas, homologue de la saillie buccale des Pédipalpes, des
Chernètes, des Galéodes et surtout des Palpigrades; des palpes pluri-
articulés et vraisemblablement tactiles, comme un très grand nombre
d'Arachnides, et d'ailleurs sans aucune relation avec raj)pareil buccal,
comme ceux des Palpigrades. Leurs appendices de la troisième paire sont
modifiés et constituent des ovigères, de même qu'ils se difierencient en
appendices palpiformes chez les Pédipalpes.
(t Les ovigères des Pycnogonides servent le plus souvent à porter les
œufs, comme les appendices des paires antérieures chez les Ilclcropoday
les Pkolcus et les Dohrnedes ; il est vrai que cette fonction est dévolue
(I) E. Ray Laxkf.steh, The Sirutture and Classification of Ihe Arachnida (Qiiurl. Journ. mie.
Science, vol. XLVUI, part. II, p. 16o-20'.l, 1904).
PYCNOGONIDES DU '^POURQUOI PAS?». 27
aux mâles des l*ycnogonides, mais M. lloek (1) la vue remplie par les
femelles chez le \i/j/i/>/iii/i hi l'vicfiadatunt Miers, et, d'ailleurs, il semble
bien qu'on ne la trouve pas encore développée dans les foloasouleis (>t les
Decolopnda, ainsi que l'a observé M. llodgson (1905c).
« Le céphalon des Pycnogonides est toujours, chez l'adulte, entière-
ment fusionné avec le premier segment du tronc, pour constituer ce que
M. Sars ap\)(A\e \c se(///te/iti(//t rfji/i/i/lrii/// (d .M. lloek le cophuhthoraric
spfjinent ; or cette partie du corps a rigoureusement son homologue dans
la partie antérieure libre du céphalothorax des Palpigrades, des Tarta-
rides et des Solifuges; bien plus, chez les Solifuges, on trouve ré(iniva-
lent du céphalon des Pycnogonides dans la grande pièce tergale oculifère
qui se rattache, par une ligne de suture, autergite étroit des pattes de la
deuxième paire (2 . Ouaiit aux quatre ou cinq segments munis de pattes
loconiotrices qui constituent le tronc des Pycnogonides, ils corres-
pondent aux trois segments thoraciques postérieurs des Arachnides nor-
maux et aux segments ijui leur l'ont suite sur l'abdomen, segments (jui
sont appendiculés chez l'embryon et parfois même chez l'adulte oper-
cule génital et peignes des Scorpions). A ce point de vue encore, il y a
quelques ressemblances entre les Pycnogonides et certains Arachnides;
chez les Opilionides notamment, où le grand tergite céphalo-thoracique
(1) P. I». C. HoEK, loc. cit., p. Uâ.
(2) Dans son inU-ressant travail : On llie Uclationships bi'lwoen llie Classes of llic Ailliropoda
{l'roc. lioij. lri<h. .1,71./,, vol. X\IV, sect. 15. p. 3:20-300, l',t03), M. G.-ll. C.AiifKMrR idciililie
cftte réftion Iriappendiciilée du corps dos Solifuges avec le sciinientiiin cc/>/irt/icum (|uadri-ai'liculé
des Pycnogonides; et, d'un colé, s'ap|>uyant sur celte idenlilication, de l'autre sur la présence
d'une paire d'appendices vesligiaux entre les cliélicèi-es et les palpes des Araignées, conclut que
h'i Araciiiiiilcs normaux dilTt'M'ent esseiilieliemeiit des l'ycnogonides par ralro[)hie des palpes
qui peisistpiit chez ces derniei'S : " Les Pycnogunides, ('cril-il p. 34.'), semltlent èlre un oidre
al)t'i-ianl d'Aiacliiiidcs. Non seuk'incnl leur histoire enibryogénique. telle ipie l'a décrite Mor'-
gan, la foime en cliélicères des appendices de la paire antérieure et la présence de quatre paires
de pattes ambulatoires suggèrent des aflinités araclinidiennes, mais aussi le fait quelessegmenls
portant les trois paires de pattes postérieures, chez les diverses familles de Pycnogonides comme
chez les Solifuges, ne se fusionnent p;is avec le segment céphali(|ue qui porte les quatres paii-es
d'appendices fiontaux. ■■ .M. T.arpenter est plus que personne convaincu des étroites aflinités
aiachnidienni's des Pycnogonides. mais il a été beaucoup tiop trappe par le caractère octopode
(le ces animaux, et il accepte trop volontiers l'observation de LendI relative aux appendices ves-
ligiaux des Araignées. Quant à l'identilicalion qu'il propose, elle est sûrement moins vraisem-
lilable que celle où l'on voit dans le SiV/inrntiim rrphaliriim des Pycnogonides l'homologue de
la partie antérieure libie du céphalothorax des Solifuges, des Palpigrades et des Tartaiides. .\u
surplus, quaiiil il écrivit smi mémoiri', M. ('.arpenter ne connaissait pas les Pycnogonides déca-
podes.
28 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?».
est conlluent avec les tergites abdominaux et })arfois même se confond
avec les plus antérieurs de ces derniers.
u Les pattes des Pycnogonides me paraissent construites sur le même
plan que celles des Arachnides, mais d'un type plus primitif, en ce sens
qu'aucun de leurs articles ne devient épisternal (1) et qu'elles présentent
de ce fait trois articles basilaires bien distincts, les trois articles coxaux.
Chezles Arachnides, lesdeux premiers articles coxaux semblent fusionnés
en un seul, qui est toujours plus ou moins épistermal ; pourtant il
n'en est pas encore ainsi chez les Limules, où le premier article coxal
est encore distinct, mais réuni au suivant par une suture immobile, le
troisième article coxal jouant le rôle de trochanter. En fait il me semble
qu'on peut identifier comme il suit les divers articles des pattes chez les
Arachnides normaux et les Pycnogonides :
Pycnogonides. Arnchnides normaux.
d"'^ coxa ) ,,
,, > Hanche ou coxa.
2^ coxa )
3« coxa Trochnnier.
Fémur Fémur.
Premier libia Palella.
Deuxième tibia Tibia.
Tai-se Métatarse.
Propode Tarse.
« Ce qui donne une réelle valeur à cette interprétation, c'est le fait que
les orifices des glandes sexuelles des Pycnogonides s'observent toujours
sur le deuxième article coxa! et les orifices des glandes coxales des Arach-
nides normaux sur la hanche. En leur qualité d'organes segmenlaires né-
phridiens, les glandes coxales des Arachnides sonttrès propres à s'adapter
aux fonctions vectrices génitales, et ce qui porte à croire qu'elles rem-
plissent bien réellement ce rôle chez les Pycnogonides, c'est l'étrange
ressemblance que présentent les glandes génitales de ces Arthropodes
avec les glandes coxales des Limules. Que l'on compare à ce point de
(1) ,1'entends par arlicle épisternal un article (jui se fusionne largement avec le corps et joue
le rôle de pièce pariétale. Le premier article basilaire devient épisternal chez presque tous les
Arthropodes un peu élevés en organisation ; on l'observe encore plus ou moins apparent dans
les pattes qui ont conservé un caractère primitif (Blattes,' Argules, pattes abdominales des Crus-
tacés), mais le jilus souvent il perd toute indépendance. — Voir à ce sujet : pour les Blattes,
J. Wood-.Masox, .Morplioloixical Notes bearing on the origin of Insects (Truns. ent. Soc. London,
1879, p. 136), et pour les Crustacés, H.-J. Hansen, Zur Mor])lic)logie der C.liedmassen und Mund-
theilen bel Crustaceen und Insecten (Zoo/. .l»:ei(/er, Jahrg. .\VI, p. 193-198, 201-212, 1893).
PYCNOGONIDES DU ^i POURQUOI PAS?». 29
vue les glandes coxales de Linmhis jinlijjiliPinKs^ telles que les a figu-
rées Packard (1), avec la description et les figures des glandes génitales
données par M. Ilock (2) pour les Fycnogonidos. Abstraction faite de
l'anastomose postérieure, qui i-éunit les glandes coxales des deux côtés,
c'est l'xactement la même disposition anatomique. Il est vrai que les pores
sexuels des Pycnogonides se trouvent souvent (mais non toujours) sur
plusieurs paires de pattes, et parfois même sur toutes, tandis que les ori-
fices coxaux des Arachnides so localisent sur les appendices de la troi-
sième ou de la cinquième paire; mais on peut penser que ces orifices
étaient plus nombreux chez les Xiphosures primitifs, et d'ailleurs on sait,
depuis I(>s recherches do M. Hertkau (3), qu'ils existent simultanément
sur les troisième et cinquième n|)pendicesdans les Araignées théraphoses
du genre Afi/pifs.
« (^omme la plupart des Arachnides, les Pycnogonides présentent sur
l'intestin moyen de nombreux prolongements caecaux, qui pénètrent dans
les pattes comme ceux des Opilionides ; cette pénétration est vraisem-
blablement la conséquence de la réduction du corps dans le sens trans-
versal, mais on ne saurait en dire autant de la présence même des cKca,
et le fait que ces derniers existent chez les Pycnogonides comme chez
presque tous les Arachnides normaux semble bien indiquer, chez ces
Arthropodes, une origine commune. J'ajoute que les yeux des Pycnogo-
nides sont (lu même type (pu» les yeux médians des Arachnides nor-
maux, et (|U(' les spermatozoïdes ont la forme ordinaire tilamcntcusc dans
l'un ou l'autre group(>. On sait (pie co dernier caractère n'existe pas dans
les Crustacés, sauf toutefois dans Tordre des (lirrhipèdes.
« Faut-il ajouterqueles Pycnogonides ont des métamorphoses comme les
Acariens et que leurs larves ou formes embryonnaires libres présentent,
comme, chez certains de ces derniers, des phénomènes d'atrophie et de
régénération de membres? Chez les Gamasides et les Ixodes, ce sont les
(1) Voy. à co. sujet la figure schéinati(|ui' tir-re du mémoire de Packard par M. Itay Lankesler
dans son travail sur la struclui'c et la riassidcation des Arachnides (Quart. Jotirn. Micr. Science,
vol. XLVIII, pari. Il, tig. 28).
(2) P. P. C. HoEK, loc. cit.. p. iiS-i:i->, et l'I. .\.\l, lig. 10.
(3) Pli. Beiitkai-, Zu .1. Lcbedinsky •• Uie Entwicklung der Co.xaldrûse bei Phalangium » (Zon/.
Anzrifjn-, Hd. W, p. 177, ISO.').
30 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?^^.
pattes de la quatrième paire qui disparaissent dans la forme embryon-
naire libre pour réapparaître ensuite ; chez les Pyonogonides, l'atrophie
p;jrtesurles appendicesde ladeuxièmeet de la troisième paire, qui réappa-
raissent sous la forme de palpes et d'ovigères. D'après M. Meinert(l), qui
a bien étudié ce dernier phénomène, on ne saurait identifier les palpes
et les ovigères avec les deux paires d'appendices i|ui ont disparu; mais
cette conception me paraît sujette à critiques, et, dans tous l(!s cas, il
convient d'attribuer aux mêmes somites les membres de l'adulte et ceux
de la forme embryonnaire (2).
« Beaucoup des caractères que nous venons de passer en revue sont éga-
lement applicables à certains Crustacés, mais ce fait n'atténue en rien les
puissantes affinités arachnidiennes des Pycnogonides, et il peut seule-
ment servira prouver que les Crustacés et les Arachnides sont issus d'une
souche commune (3), les premiers avec deux paires d'appendices pré-
buccaux, les seconds avec une seule paire. »
Depuis l'époque où parurent ces lignes, M. Caïman a consacré un
intéressant article au problème des Pycnogonides (1909). Il observe jus-
tement que ces animaux ne présentent aucune affinité directe avec les
Crustacés, car ils ont une seule paire d'appendices en avant de la bouche,
deux paires dépourvues de fonctions masticatrices en arrière, alors que
les Crustacés ont deux paires d'appendices prébuccaux et au moins trois
paires d'appendices post-buccaux, dont les articles basilaires jouent un
rôle masticateur. M. Caïman semble considérer comme plus grandes les
affinités des Pycnogonides et des Arachnides, mais ne va pas toutefois
(1) Fn. Meinert, Pycnogonida ['l'hc Uniihh Ingolf Expédition, vol. III (I), 1899, ]i. 27 et
suiv.].
(2) « For my paît, dit M. Meinert (p. 28), 1 miist legarded il as a dccided fact that in ail Pyc-
nogonida Ihe enibryonal legs are quitelhrown oll'during Ihe second laival stage, and that Ihey
are in no way idenlical with the laller imaginai fore linibs, llit; [lalps and the ovigerons legs,
which latter aiso, and ol' lliis lliere is no doulit, aiise, allliougli on the same metameres. slill In
other pars oC thèse metameres. »
(3) C'est ainsi ([ue s'expliquent les ressemblances indéniables qui existent entre les Pycnogo-
nides et les Crustacés, surtout à l'état larvaire. Ces ressemblances ont été foit bien mises en
relief par M. .1. Meisenheimei- dans un intéi-essant travail [Ueber die Entwicklung der Pantopoden
iind ihi'e systematische Stellung (Verh. dcul. Z'Ol. Gcs., Xll .lalir., p. .IT-Oi, 1902) |, où sont d'ail-
leui's méconnues les affinités arachnidiennes des Pycnogonides. Il est évident (|ue la structure
en pince des chélicéres est d'origine secondaire par rapport à la souche commune des Arachno-
carides ; miis ce fait prouve seulement que les Pycnogonides et les .\rachnides se sont d'abord
adaptés dans un sens et les Crustacés dans un autie.
PYCNOGONIDES DU '< POURQUOI PAS?». 31
jusi|u"à ri'imir les deux groupes diins une même classe, à rexciiiple de
MM. ('..ii'penter et Ray Lankester. Où liouvor, en eflet, chez I(;s Aracli-
nides, les deux paires d'appendices post-buccaux (palpes et ovigères) qui
caractérisent les Pycnogonides? Kn adoi)tanl, avec M. t'.arpenler, l'obser-
vation de LendI (|ui aurait vu, chez les end)ryons d'Araignées, une paire
d'appendices embryonnaires entre les chélicères et les palpes? Mais cette
observation unique aurait grand besoin d'èlii' v('iiliée et, d'ailleurs, fùt-
elle vraie, ne résoudrait pas le problème, car les Arachnides normaux
ne possèdent jamais que quatre paires de pattes, tandis que les Pycnogo-
nides peuvent en avoir cinq. Os diflicultés disparaissent si l'on accepte
les vues de M. Ray Lankester, qui homologue les ovigères des l'ycnogo-
nidesà la première paire de patles des Arachnides et les pattes postérieures
des premiers aux api)endices antérieurs de l'abdomen des seconds. Mais
alors surgit une objection sérieuse bien mise en évidence par M. Caïman :
<( La distinction entre les segments prosomatiques et mésosomatiques,
écrit l'auteur, est fortement mar(|niM' chez tous les Arachnides qui nous
sont connus depuis le silurien jusqu'à l'r'pocpie actuelle. On peut établir
en règle générale que, dans joute subdivision des Arthropodes où s'est
bien établi un groupement des a|)pendices en séries distinctes ou « lag-
mata >', ce groupement s'oblitère rarrnienl tout à l'ait, sinon jamais, au
cours de l'évolution ultérieure du groupe... Dès lors, lidenlité absolue de
structure entre les pattes postérieures et celles des paires précédentes
chez les ]*ycnogonides semblerait inq»li(pier (dans les vues de M. Ray
l^ankester) que la distimiion eiiltr les régions prosomatiijues et mésoso-
matiques ne s'était pas encore établie quand les Pycnogonides se dét.;-
chèfciit du tronc principal des Arachnides. »
On ne saurait mieux dire. M. Caïman observe toutefois que cette con-
ception fait remonter très haut et « très loin en arrière » l'origine com-
mune des deux groupes, à uno époque où les segments du corps n'étaient
pas encore diilerenciés en tagmata comme aujourd'hui. Mais cela importe
peu, si l'on admet avec nous qu'il convient de ranger dans le phylum
des Arachnides tous les Arthropodes qui furent ou qui sont actuellement
munis d'une paire d'appendices prébuccaux avec des appendices |iost-
buccaux dontlesfonctions maxillaires sont réduitesou nulles. Ainsi caracté-
32 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?».
risé, ce phylum apparaît bien distinct de celui des Crustacés, dontil se rap-
proche certainement par l'intermédiaire desTrilobites; il est plus distinct
encorede celui des Trachéates, encore que les deuxgroupes de ce phylum,
les Insectes et les Myriapodes, aient aussi divergé de bonne heure,
c'est-à-dire avant la spécialisation segmentaire en thorax et abdomen.
Nous voici donc conduits à ranger les Pycnogonides dans la
classe des Arachnides, telle que l'envisage M. Ray Lankester. Ce savant
(1904, 213) a divisé la classe en deux séries: les Atwmoméiistif/ ues , dans
lesquels le nombre des somites est variable, et \q% Nomoméristiques^ où ce
nombre est primitivement constant. Ayant tantôt cinq, tantôt quatre seg-
ments pédifères, les Pycnogonides devraient se ranger dans la première
série, comme les Trilobites, mais ils se distinguent profondément de ces
derniers et se rapprochent davantage des Arachnides normaux à cause
de leurs chélicères, de sorte que les deux séries proposées par M. Ray
Lankester semblent peu naturelles. On peut en conserver les termes sans
leur donner une valeur systématique, ainsi que j'avais cru devoir le faire
dans mon étude sur les Pycnogonides du » Franrais ».
Comme je l'écrivais dans ce dernier travail, je ne crois pas qu'on puisse
voir dans les Pycnogonides des formes dégénérées; « ce sont tout sim-
plement des Arachnides primitifs ayant subi une adaptation spéciale ».
J'ai montré plus haut qu'ils se rapprochent des formes ancestrales du
groupe par leurs formes décapodes, mais ils présentent d'autres caractères
primitifs parmi lesquels on doit citer « la persistance de l'article basilaire
des pattes, l'indépendance de cet article par rapport aux suivants .et aux
parois du corps, la répétition métamérique des prolongements sexuels,
des pores coxaux et des ca^ca digestifs, enfin et surtout la structure
scalariforme de la chaîne nerveuse ventrale. Ce dernier caractère, à lui seul,
suffirait pour établir que les Pycnogonides sont des formes primitives ; il
diffère totalement du système nerveux condensé qu'on observe chez
tous les Arachnides, à l'exception des Xiphosures et des Scorpionides,
qui sont, eux aussi, très rapprochés delà souche commune » (1906^, 12).
PYCNOGONIDES DU <> POURQUOI PAS?«. 33
CLASSIFICATlOxN
La classification des Pycnogonides présente des difficultés sérieuses,
qui sont dues, pour une pari, à riiomogénéité apparente du groupe, pour
une autre à la valeur systématique douteuse des caractères qui diiïérencient
les familles et les genres. On se rendra compte de ces difficultés en com-
parant entre eux les divers systèmes proposés jusqu'ici par les divers zoolo-
gistes pour établir des subdivisions dans le groupe.
La plupart des auteurs anciens se sont bornés à réunir les Pycnogonides
en familles, sans s'accorder au demeurant sur les genres qui devaient entrer
dans ces dernières. A une époque plus récente, on a tenté des groupements
basés sur les caractères des chélicères et des palpes. L'un de ces sys-
tèmes est celui proposé par Wilson, qui divise les Pycnogonides comme il
suit (1880, 469) :
i Des palpes .. . XYMPiioxtD.E [A'ijinphon, Ainmotltert, Phanodemus,
Deco/opodai.
Pas de palpes. Pallesid-e tPa/lf ne, PlioxicInlUlium, Pseudopallene.
Anoplodactylus).
Des chélicères simples Achelid.e iAchelia, Tanijalylinn, Conugerl=: Lecijtlio-
rhynclius), Eurynjde. Ascuvhynchus, Parihœa).
' Des palpes . . . Pasithoid.e {Pasithoe, Endeis, Rhopalorhynchus et
, , ,,. , \ Colossendeis).
oie cnclicères /
Pasdepalpes. Pw.xoco^iid.'e {P/toxicfiil/is, Pyrnogonum).
Bien plus récemment, M. G. 0. Sars (1891) a présenté un système ana-
logue, mais très étudié, qui sert encore de guide à beaucoup de zoologistes,
etquej'ai moi-même partiellement suivi, comme on l'a vu plus haut (p. 10),
dans mes études antérieures. Dans ce système, les Pycnogonides sont
divisés en trois ordres qui comprennent les familles et les genres suivants :
1" ordre : ACHELATA ( Pycnooonid.î: {Pycnogoriuin}.
(Pas de chélicères.) ? Phoxichilid.e (P/ioxic/ii/ux).
Phoxichilidiid.k {P/ioxichi/idiuin, Anoplodactylus).
2* ordre : EUCHELA TA \ Pallenid.e {Pallene, Pseudopallene, Cordyloc/tele).
(Chélicères bien développées.) j Xympho.vid.e {Nymphon, Boreonymphon, Cheetonym-
p/ion).
3' ordre: CnyPTOCf/ELATA.\i'''''''''''^'''''j~i''''''"^^^^^^^
(Chélicères réduites.) / EuuvcvDm.-E (^.ry.yrf., Aseorhynekus).
^ ' Pasithoid.e {Colossendeis).
M. Loman a justement critiqué ces systèmes, qui s'appuient sur les
Expédition Charcot. — BouviEn. — Hycnogonides du « l'mirquoi l'as ? ». 5
34 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS ? «.
modificalions d'appendices ('iiiinemment propres aux adaptations secon-
daires. Mais, dit-il(1908, 17), « si l'on trouve chez tous les Pantopodes un
organe particulier qui présente des modiilcations en divers sens, non pas
au point de vue du nombre et de la grandeur de ses articles, mais dans
sa structure générale, ses fonctions, etc., et permette ainsi de séparer des
types différents, un tel organe doit avoir une grande valeur systématique » .
Or un seul organe lui parait actuellement répondre à ces exigences; il
s'agit des ovigères du mâle, qui sont évidemment des pattes adaptées à un
rôle spécial et qui semblent fournir la base sérieuse d'un bon groupement
systématique ; c'est ainsi que M. Loman est amené à répartir les Pycno-
gonides en deux sections : 1° ceux qui ont des ovigères munis d'une griffe
terminale, avec 10 articles dont les trois premiers sontcourts et subégaux,
comme les articles de la partie coxale des pattes ; 2° ceux où la griffe est
absente, le nombre des articles pouvant d'ailleurs se réduire et les trois
premiers étant inégaux avec une longueur assez grande. Chacune de ces
sections se subdivise en deux familles d'après la structure des palpes et
des chélicères ; la première comprend les Eurycydidés (avec trois sous-
familles : Colossendéinés, Ascorhyncliinés et Pycnogonmés) et les Nymplio-
nidés (avec les deux sous-familles des Nymplioninés et des Palléninés) ;
la deuxième embrasse les Ammolhéidés (avec deux sous-familles : Nym-
phopsinés, Ammothéinés) et les Plioxichilidés (avec les deux sous-familles
des Phoxichilidi'més et des PhoxichUinés).
Je crois bien, en effet, que les ovigères ont' une valeur systématique
supérieure à celle des chélicères ou des palpes, mais il me paraît excessif
de leur subordonner toute la classification des Pycnogonides, d'autant
qu'ils présentent des passages, d'une section à l'autre, et que leur utili-
sation exclusive conduit à rapprocher des formes manifestement très
différentes à tout autre égard, par exemple les Pycnogonides et lesColos-
sendéidés, les Phoxichilidés et les Ammothéidés.
Comme je l'ai dit plus haut (p. 11), on évite ces rapprochements inso-
lites, et l'on tient compte des modifications progressives de chaque organe
en divisant les Pycnogonides en séries évolutives ayant chacune pour point
de départ une forme décapode et, par conséquent, primitive. Cela fait trois
séries évolutives : (lolossendeomorpha^ Nympltonomorplia et Pycnogono-
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?». 35
moiyha\ mais je crois bien qu'il faut en établii' une quatrième, celle des
Ascoi'hynchomorpha, pour les Eurycydidés et Ammothéidés, encore que
la forme décapode soit actuellement inconnue dans ce groupe. La série
des Colossendeomoipha se divise en deux familles, Décolopodidés et
Colossendéidés, d'aprrs la présence ou l'absence des chélicères. Celle des
P i/cnogonomorjtlia ne comprend que la famille des Pycnogonidés ; quant
aux deux autres séries, elles se subdivisent en familles d'après les règles
établies par M. Loman, c'est-à-dire en tenant compte tout d'abord des
ovigères, et, après coup, des chélicères et des palpes, comme on le verra
plus loin, dans la partie systématique de cet ouvrage.
C'est à M. Hoek 1^1881^, i9ij, le savant zoologiste hollandais, que revient
le mérite d'avoir groupé les Pycnogonidés en séries évolutives parallèles
dérivant d'une forme ancestrale commune. LWrchipycnogontcm, ou forme
ancestrale imaginée par M. Hoek, me paraît très voisin du genre Decolo-
jHxffi, ainsi que je l'ai montré dans une élude antérieure, mais il était
supposé octopode comme tous les Pycnogonidés connus à celte époque.
Se ne sais quelle est l'opinion de M. Hoek sur les Pycnogonidés déca-
|)odes; mais, si Ton admet que VArrhipjjcnogonwn était pourvu de dix
pattes, le système du savant hollandais présente dans ses traits essentiels
les mêmes caractères que le nôtre, car il divise les Pycnogonidés en
quatre séries parallèles qui se rattachent isolément à la forme type
ancestrale. Certaines des séries établies par M. Hoek sont presque iden-
tiques aux nôtres ; celles des Ascorhynchidés et des Colossendéidés cor-
respondent, à bien peu près, à nos Ascorhijchnmorplui et Colossemleo-
morpha, mais les Nymphonidés de M. Hoek ne conqjrennent qu'une
partie de nos Xijiiphouomorplm, les Nymphonidés et Pallénidés, l'autre
partie (Phoxichilididés et Phoxiohilidés) se trouvant jointe aux Pycno-
gonidés, pour constituer la (juatrième série, celle des Phoxichilidés, qui
se trouve dès lors beaucoup plus étendue que nos Priçgnngonomnrphd .
M. Loman a suivi l'exemple de M. Hoek en séparant les Pboxichilidiidés
et les Phoxichilidés du groupe des Nymphonidés et des Pallénidés, mais
il a justement observé que les Pycnogonidés ne présentent que des rap-
ports de convergence avec les Phoxichilidés.
Il ne faut pas oublier que la classification de M. Hoek remonte à 1881 ,
36 PYCNOGONIDES DU ^i POURQUOI PAS?».
c'est-à-dire à une époque relativement ancienne, où Ton était loin de
soupçonner l'existence des Pycnogonides décapodes; elle est par consé-
quent très en avance sur son époque, et on doit la considérer comme un
essai des plus méritoires.
J'ai montré plus haut (p. 9) comment, après les belles découvertes
de M. Hodgson sur les Deculopoda et les Pentanymphon, ce groupement
en séries évolutives l'ut repris et modifié par M. Cole (1905) et par moi-
même (1906) sous des formes différentes, l'une et l'autre sujettes à cri-
tique, mais intéressantes à cause de leur pointde départ. C'est ajuste titre
que M. Caïman a qualilié ces groupements, du moins celui dont je suis l'au-
teur, de fovced and un7iatural^ mais les découvertes du « Pourquoi Pas? »
n'étaient point encore réalisées. J'espère qu'on sera plus indulgent pour
la classification sériale proposée à la suile de ces découvertes et dont je
crois devoir donner le développement.
CLASSE. — ARACHNIDA.
SO\]ii-CLASSE. — PYCNOrjONIDEA Latreille 1910 {Pantopoda Gerst.).
(Podosomata Leach 1815; Pantopoda Gerstâcker 1862.)
PREMIER ORDRE. — ('OlossendEOMORPHA L.-J. Cole [pro parte).
Le cpplialon est court et la trompe très f/rande; les chélicères ont un
scape de deux articles, mais le plus souvent font défaut chez l'adulte. Les
palpes so7it longs, formés de 8 ou 9 articles, et portés sur une saillie
ventila le. Les ovigères se composent de iO articles sans compter la griffe
terminale; ils existent dans les deux sexes, et leurs quatre derniers articles
sont munis d'épines non denticulées; chaque ovigère est inséré sur une
saillie ventrale analogue à celle des palpes ; les bases des deux ovigères
sont contiguës ou très rapprochées, de même que la base de chaciue ovigère
et celle du palpe correspondant. Les trois articles coxaux des pattes et
des ovigères sont presque toujours forts, peu allongés, et pris ensemble,
beaucoup plus courts que le fémur. Il y a, dans les deux sexes, un orifice
sexuel sur la face ventrale de la deuxième coxa de toutes les pattes; ces
der?îières -mit longues, souvent très grêles, avec le tarse et le propode
PYCNOGUNIDES DU «POURQUOI PAS?». 37
i/iermes, sans griffes auxiliaires. La taille est firesque toujours (jrande
ou fort grande.
Le groupe se distingue au premier abord par la position relative des
ovigères et des palpes, ces appendices étant très rapprochés ou contigus
à leur base, qui est formée par une saillie ventrale étranglée à la base. La
saillie basilaire des palpes est considérée comme un article par la plupart
des auteurs, M. Loman excepte, et j'ai moi-même précédemment suivi la
règle courante ; mais c'est une simple protubérance étranglée à son origine,
non un article mobile. Les Rhopalorliynchus semblent se distinguer par la
position de leurs palpes, qui sont un peu éloignés des ovigères; tel est du
moins ce qu'on observe dans une figure de M. Loman représentant de
côté le Rhop. Krëyeri Wood-Mason (1908, fig. 215); parcontre, les deux
appendices sont représentés contigus à leur base dans une figure con-
sacrée par M. Carpenter au Rh. rlaviger Carp (1893, PI. Il, fig. 3); je ne
puis trancher cette question, n'ayant pas eu sous les yeux des exemplaires
de ce genre.
L'ordre des Colossendéomorphes comprend les deux familles suivantes :
Première famille. — DECOLOPODIDAi. — Décapodes, avec de puis-
santes chélicères en pinces., dont le scape comprend deux articles. Palpes
de 9 ou 8 articles. Un seul genre : Decolopoda Eights 1834.
Deuxième famille. — COIMSSENDEID.E. — Octopodes sans 'chélicères
et à palpes de 9 ou 8 articles. La famille se divise en trois genres : Colos-
sendeis Jarzynsky 1870, Rhopalorhynchus Wood-Mason 1873 et Pipetta
Loman 1904: elle se relie aux Décolopodidés par les Colossendeis,
qui ressemblent tout à fait aux Decolopoda, sauf les chélicères et le
nombre des pattes.
DEUXIÈME ORDRE. — nymphonomorpiia \\. l. Pocok (emend.).
Le céphalon est ordinairement allongé et le cou bien distinct ; hi trompe
est courte, le plus souvent conique ou subcylindrique; les chélicères sont
presque toujours très développées, avec le scape d'un ou deux articles et la
pince ramenée en avant de la bouche. Les palpes ne sont bien développés
que dans les formes primitives, où ils comptent 5 articles, rarement 7 ;
38 PYCNOGONIDES DU n POURQUOI PAS?».
ils font défaut dans les autres ou «'// sont représentés que par wi court
bourgeon ; leur insertion se fait en avant sur une saillie légère ou nulle.
A leur base, les ovigères sont très largement séparés et éloignés des chéli-
cères ; chez les formes primitives, ils se composent de 10 articles sans
compter la grifl'e terminale, et les quatre articles qui précèdent cette
dernière portent en série des épines modifiées; à mesure qu'on s'éloigne
de ces formes, on voit la griffe terminale et les épines modifiées dispa-
raître, les ovigères se réduire dans la femelle où ils disparaissent dans
certains cas complètement. Les trois articles coxaux des pattes sont de
longueur variable, mais d'ordinaire plus longs que dans le groupe pré-
cédent. Il g a un orifice sexuel sur la face vetitrale du deuxième aiHicle coxal
de toutes les pattes dans la femelle et sur les pattes de.', deux ou trois der-
nières paires dans le mâle. Les pattes sont de longueur variable, avec le
tarse de plus en plus court et finalement très court à mesure qu'on
s'éloigne des formes primitives ; le propode est armé d'épines sur son bord
interne, et les griffes auxiliaires peuvent faille défaut. La taille est médiocre
ou petite.
Ce groupe commence par la famille des Ngmpho)iid;i% qui contient
encore une forme primitive décapode, le genre /'é'7ita«//wyVjo;«, et dont
tous les représentants sont munis de palpes et de chélicères bien déve-
loppés ; elle se continue par la famille des Pallenidee^ où les palpes
manquent presque toujours et restent rudimentaires quand ils existent. La
plupart des Pallénidés ont des ovigères normaux, munis de griffes et
d'épines modifiées ; dans la famille parallèle des Pho.virlnUdiidic, la
griffe est absente, de même que les épines modifiées, et l'on voit en
outre se réduire les ovigères chez les femelles. Les Phoxichilidœ
occupent le sommet du groupe à la suite des Phoxichilidiidés, dont ils se
distinguent par la disparition totale des chélicères dans les deux sexes,
par l'absence des ovigères chez la femelle et par la réduction de ces
appendices à sept articles chez le mâle. Les Phoxichilidiidés ne dérivent
probablement pas des Nymphonidés actuels, mais de quelque forme plus
primitive, car les chélicères de certains d'entre eux ont un scape de
deux articles.
PREMiÈnE FAMILLE. — NY MP HONI D^H . — Chélicères à scape simple;
PYCNOGONIDES DU >< POURQUOI PAS?». 39
palpes de 5 ardcles, rarement de 1 [Paranyniphon ) ; ooigères de 10 articles ( 1 )
présents dans les deux sexes, avec une griffe terminale et, sur les quatre
derniers articles, des épines denticulées ; pattes au nombre de cinq [Pen-
ianymphon) on quatre paires, à propode droit ou peu arqué, et parfois
moins long que le tarse, qui n' est jamais court . — Pentanymphon Hodgson
1905, Paranymplwn Caullery 1800, Nymphon Fabricius 1794, Chœlo-
nymphon (1. (). Sars 1888, Borconymphon G. 0. Sars 1888.
Deuxième famille. — PALLEXID.E. — (Jéphalon bien développé en
avant et avec les yeux en arrière ; cliélicères à scape simple : palpes absents
ou dans certains cas rudimentaires [Neopaltene q*, quel(|ups Pallene et
Parapallene); ovigères de II) articles, presque toujours avec une griffe
/^/•/wm«/e (absente dans la plupart des Pallene el quelques Parapallene)
et des épines modifiées sur les quatre derniers articles (sauf cbez deux
Parapallene). Octopodes ; tarse beaucoup plus court que le propode, qui est
plus ou moi/is (in/i/é. — iXcopallene \)ohvn ISS [, Pallene iohnsUm 1837,
Parapulleuii Carpenter 1892, Cordyloclwle G. O. Sars 1888, Pseudo-
pallene Wilsoii 1878.
Troisième famille. — PHOXIC IIILIDIID/E. — C.éphalon peu ou pas déve-
loppé en avant, où il porte le tubercule oculaire ; cliélicères à scape simple
ou de deux articles [Pallenopsis); palpes rudimentaires [Pallenopsis) ou
nuls; ovigères variables, 7nais sans épines ni griffe terminale , de 10 articles
dans les deux sexes [Pallenopsis, Higona) ou de ,5 à 0 articles chez le
nulle et absents chez la femelle. Octopodes. Lck pattes comuu; dans la
famille précédente. — Pallenopsis V^ihon 1881, Rigona Loman 1908,
Anoplodactylus Wilson 1878, //alosoma Gole 1904, Phoxichilidium
H.Milne-Edwai-ds 1840.
Qu.\TRiÈME famille. — P IlOXP' lll IJD.K . — Corps allongé, à céphalon
court; chélicères et palpes absents ; ovigères dr 7 articles su/is griffe ter-
minale et sans épines modifiées, toujours absents chez la femelle. Octopodes
à seconde coxa longue, à tarse court cl à propode plus ou moins arqué ; des
griffes auxiliaires. — PhoxichilusL^\\'{}\\W iSOi.
(I) C'est il loiL (ju'on alliibiiail jiiS(iu'ici aux l'aranyinphon dos ovigères de 8 articles : M. Loman
vient de montrer ^1912, •'>) ([ue ces articles sont au nombre de 10, sans compter la grilTe ter-
minale.
40 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?».
Cet ordre renferme tous les Euchélates de M. Sars, avec, en outre, les
Phoxichilidés que le même auteur rangeait dans ses Achélates à côté
des Pycnogonidés. M. Hoek {iBSi^)et M. Loman (1908) le divisent en
deux groupes, qu'ils séparent profondément l'un de l'autre; le premier
groupe comprend les Nymphonidés et les Pallénidés, qui forment pour
M. Hoek une série spéciale et que M. Loman rapproche des Eurycydi-
dés ; le second s'étend aux deux autres familles que M. Hoek réunit
dans une même série avec les Pycnogonidés et que M. Loman rapproche
des Ammothéidés. Pour justifier cette division en deux parties, M. Hoek
s'appuiesurla structure deschélicères, dont le scape se compose de deux
articles chez les Pallenopsis, et M. Loman sur la structure des ovigères,
qui sont dépourvus de griffe terminale dans les Phoxichilidiidés et les
Phoxichilidés.
On ne saurait nier l'importance de ces deux caractères, et j'ai adopté
les vues des deux excellents auteurs, mais sans aller aussi loin qu'eux:
les quatre familles présentent un faciès commun et me paraissent dériver
d'une forme primitive qui avait leschélicères des Pallenopsis et les palpes
des Nymphonidés; les Nymphonidés et les Pallénidés se rattachent à cette
forme dont ils ont conservé la griffe ovigérienne, mais non le scape à
deux articles; l'inverse s'est produit dans les Phoxichilidiidés et les
Phoxichilidés qui ont perdu la griffe des ovigères, en conservant parfois
{Pallenopsis) le scape chélicérien des deux articles.
TROISIÈME ORDRE. — ASCORHYACHOMORPHA R. I. Pocock (emend.).
Le céphalon est très variable. La trom'pe est grande et forte, souvent
aussi longue ou plus longue que le corps, presque toujours ovoide ou en înas-
sue, et fréquemment ramenée obliquement en arrière au-dessous de la face
ventrale ; les chélicèr.es sont réduites, rudimentaires ou nulles; elles dépassent
rarement le bout de la trompe, et alors leurs pinces ne sont pas ramenées en
avant de la bouche. Les palpes varient beaucoup, tantôt plus longs que la
trompe et formés de 10 articles, puis de plus en plus courts, avec de
moins en moins d'articles ; ils ne font défaut que dans un seul genre
(Bannonia). Les autres caractères comme dans les Nymphonomorphes.
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PASP^k 41
Les Ascar/ii//ir/io/iioip/ia correspondent aux (.'//jjjior/ir/aladn .M. G. U.
Sars. Ils ne forment pas un groupe aussi naturel (lue lesdeux groupes pré-
cédents, et l'on n'y connaît pas do formes décafiodes ; peut-être devra-t-on
le remanier ou le joindre au groupe des A7/////yAo/<o//i'o/y>//<^/. Les deux
familles réunies dans les Asct)//ii//ir/ioiiiorjj/in ne semblent pas absolu-
ment indéptmdanle Tune de l'autre, et les Nymjjhopsinés paraissent
établir une liaison entre elles; ces derniers se rapprochent évidemment
desAmmothéinés,et M. Loman les place justement dans lamème faniille :
pourtant ils ont d'ordinaire le corps long et étroit de bcaucouii d'Kury-
cydides, des chélicères souvent analogues avec un scape de deux articles,
des palpes à nombreux articles, et certains, tels que les Ci/itnculus, ont
la trompe et le faciès des Asror/ii/nr/ias. La grande différence, ainsi que
l'observe M. Loman, est due à la structure des ovigères, qui ont une grille
terminale et des épines modiiiécs dans les Eurycydidés, tandis que la
griffe et parfois lesé[)ines manquent aux Ammothéidés; mais on a vu que
ces caractères se modifient graduellement chez les Nymi)lionomorphes.
J'ajoute que les ovigères des Annnothéidés du genre Rliyncliothorax sont
munis d'une griffe terminale et que beaucoup de Nymphopsinés ont des
épines ovigériennes difVérenciées.
Premikre famille. — EiI(Y(.Yf)lI).E. — Corps d'ordinaire ncttoniciit ar-
ticulé; trompe ramenée en arrière, nu à i/isprtiontoutàfaitventra/e(/io/tmia).
Palpes de 10 articles, parfois de 9 {Oorlii/nc/ius) ou 7 Œohinia). Clu'Uri'res
réduites, à scape souvent de deur articles. Orif/f'res de 10 articles, arec i'inncs
modifiées et (iriffc teriiiinalf. l'as de ijriffcs au.iiliaires. — lîurijci/dc
Schiôdte 18o7 (Ze/ev Krôyer 18fô),yl.srr;rA///<c////.s (1. O.Sars i876.[6r'//w///^-
torhynchus Bôhm 1879, Scu'hnlnincliKs NN'ilsoii 1 88 1 , Barana Dohrn I SS I ,
Parazetes Slater 1879|, Oorlujnclius Hoek 1881, Biiltiuia lloeU 1881.
Deuxième lAMiLLH. — AMM(tTIIElD.E. — Corps articulé ou non. Trotnpe
dirigée en ara/it, parfois c/i arrière \Sripif)las, au o/)li(juenu'/it située
Palpes de 9 ou 10 articles . l'hèlieères réduites nu nulles. Ovigères sans griffe
terminale (sauf dans llannoaia et Hhgnehothora.r), arec ou sans épines
modifiées. Presque toujours des griffes auxiliaires.
Avec M. Loman, il convient de diviser les Ammothéidés en deux sous-
familles.
Expédition Charcot. — Bouvier. — l'ycnogonidcs ilu .. Pourquoi Pas ? ». 6
42 PYCNOGONIDES DU >i POURQUOI PAS?».
1° iXijmp/iopsifhv. — Corps étroit à prolonçieiitonls latéraux largement
séparés. Des cfiélicères. Palpes de 9 articles, rarement de 6 [Fragilia).
Pattes grêles et longues. — Fragilia Loman 1008, Scipiolus Loman 1908,
Cilunculus Loman 1908, Lecythorhgnchus Bôhni 1879, Ngmphopsis
Haswell 1881.
2" Ammotheinsp . — Corps condensé à prolong einent s latéraux plus ou
moins rapprochés; palpes de 10 à 4 articles (nulsdans Hannonia) ; chélicères
réduites on nulles; pattes médiocres à propode aniué et griffes auxiliaires
[sauï dann Hannonia). — Rhgnchothorax Costa 1881, Ammolliella Cole
1904, Animothea Leach 1814 [Leiongmphon Mobius 1899], Achelia
Hodge 1804 [Amm(9/Am des auteurs (1)], Trggœus Dohrn ['6'è\ , Austrode-
cus Ilodgson \^01 , Amtroraptu'< Hodgson 1907, Tan//stglumMievs 1879,
C lotenia Dohvn 1881, D iscoarachne Hoek \SS\, Hannonia Hoek 1881.
Il ne sera pas sans intérêt de justifier la place que j'accorde à certains
genres critiques dans l'une ou l'autre de ces deux Familles.
Les deux genres d'Eurycydidés typiques sont évidemment Eurycyde,
Ascor/ignchusQt, pour M. Loman (1908), ils méritent seuls de prendre
place dans la famille. Eurgcgde, comme l'observe M. G. 0. Sars (1891,
128) est synonyme de Zetes Krôyer ; ce dernier nom ayant été préalable-
ment donné aune « /l/Z/e*; », il convient de conserver le premier. Le même
auteur range ajuste titre, parmi les Ascorhgnrlius, le Gnamptorln/nchus
ramipes Bôhm (1879), et M. Cole (1909, 187), à l'exemple de M. Iloek
(1881, 147), \e Sœorhynchus armatus Wilson 1881. M. Cole pense njéme
que VAscorliync/ius Agasizii Schimkewitsch (1893) doit être identifié
avec cette dernière espèce, encore que M. Norman maintienne le genre
établi par Wilson. D'autre part, M. Loman a établi que le Parazetes auche-
nicus Slater devait être identifié, comme le Gnamptorhynchm ramipes, avec
V Ascorhynchus japonicus (1911, <5); en outre, l'examen des formes méditer-
ranéennes lui a récemment permis (1912, 8) de justifier les suppositions de
M. Hoek, qui soupçonnait l'identité des Barana et des Ascorhynclius.
Restent les genres Oorhgnchus et Bôkmia, l'un et l'autre représentés
par une seule espèce. Le genre Oorliynchus fut établi par M. Hoek
(1881, -H)) pour un Pycnogonide court et trapu, l'Ô. Aucklandiœ Hoek
(1) Voir p. 4j.
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PASP«. 43
(1881); M. Loinan en fait un Ammolhôidé, mais iime parait bicMi plus voi-
sin des Ancar/i/j/ir/nis, dont il diiK're surtout par ses cliélicères réduites à
un bouton et par sa trompe dépourvue do scape ; comme cIk'z h's Kurycy-
didés et contrairement à ce (|ue l'on observe chez les Ammotliéidés,
VO. Aiichiandiie est dépouvu de griffes auxiliaires et présente une griffe
ovigéricnne ; il y a une épine denticulée sur les deux articles qui précèdent
cette griffe. Ouant au genre Bolim'ifi, il fut établi par M. Iloek (1881, 24)
pour une espèce décrite par Bôhm (1879, 102-104, Taf II, iig. 5-5 d) sous
le nom de Pj/rnnç/nnKni rhdatam. Le corps et la morphologie générale de
cette espèce rappellent en effet quelque peu les l'ijcnogonum, et M. Loman
(1908) fait du genre fiidmùa un Pycnogonidé. Je dirai plus loin (p. 150)
pourquoi il ne m'est pas possible d'accepter cette manière de voir ; il suf-
lit ici d'observer que, d'après les figures de Bôhm, la Bohnùn cholatu se
rapproche des Ascor/ii/)ic/iuspar sa trompe ventrale et ramenée en arrière,
ses ovigères de dix articles avec griffe terminale et épines spéciah^s, ses
pattes dépourvues de griffes auxiliaires ; ses chélicères sont à peu près
identit|ues à celles du Bmana. La Bôhin'm dielata est un Eurycydidé dont
la trompe est conique et dont les palpes se réduisent à sept articles ; avec
VOorlii/nchus Ain'ldfmdiœ, cette espèce se range parmi les formes les
plus modifiées de la famille.
La position zoologicjue des Bhj/nrltotlinia.r est plus difUicile à établir.
A l'exemple de Dohrn (1881, 210), M. Loman (1908) place le genre dans la
famille des Pycnogonidés, sans doute en se basant sur l'aspect général du
corps, (jui rajjpellc celui des Pijcnoyonmn^ surl'atrophie complète des ché-
licères et sur la position des orifices sexuels, qui sont localisés sur les
pattes postérieures comme dans ce dernier genre.
Mais ce sont les seuls caractères qui permettentde rapprocher les lihijn-
c/ioûiorax de la famille des Pycnogonidés; les deux espèces du genre
{R. 7nediternmeiis Cosla, B. ansfra/ls llodgson), par la forme du corps,
rappellent pour le moins autant les Auunothéidés que K-s /'//ctiof/oinn/i, et
(]uant à l'absence des chélicères, elle se manifeste dans beaucoup de
familles, notamment chez les Aiislrodectis et Disrorar/ine, dans la famille
des Ammotliéidés. Les autres caractères distinguent le genre B/if/nc/io-
t/iorax des Pi/cfwgomo/i et le rapprochent des Ascorhynchomorphes :
44 PYCNOGONIDES DU <^ POURQUOI PASP^>.
les palpt's de cinq à huil articles ressemblent à ceux des Ammothéidés,
alors qu'ils disparaissent complètement chez les Pycnogonides, les ovi-
gères sont bien développés dans les deux sexes, tandis qu'ils font défaut
chez le mâle dans la famille des Pycnogonides, oùd'ailleursilssont réduits
<à neuf articles (au lieu de dix) et sont dépourvus d'épines spécialisées;
enfin les glandes cémentaires, qui n'existent pas chez les Pycnogonides,
.ont été observées par Dohrn chezle////. //f^'(///r/'/r(rieu.s{iSSi,'2,{[), où elles
ressemblent beaucoup à celles des Ammothéidés, mais s'ouvrent sur une
saillie du troisième article coxal et non sur une saillie du fémur, comme
chez les Ammothéidés. En somme, les Rltjjnchothorax présentent surtout
des affinités avec les Ascorhynchomorphes. Peut-être convient-il, comme
je l'ai proposé jadis (4906^, 18, note), de leur doimer une place dans la
famille des Eurycydidés, dont ils seraient l'une des formes terminales.
Mais ils s'éloignent des Eurycydidés par la position de leur trompe et par
la présence de griffes auxiliaires, ce qui les rapproche des Ammothéidés,
avec lesquels ils présentent, d'ailleurs, les importantes resseinblances
signalées un peu plus haut. Les Rliyncliothora.r me paraissent être des
Ammothéidés où l'évolution des divers caractères se montre fort inégale,
très avancée pour certains (réduction extrême du nombre des orifices
sexuels, disparition des chélicères), ce qui, par convergence, rapproche le
genre des Pycnogonides, — très faible pour d'autres et surtout pour les
ovigères, qui ont conservé la structure primitive (dix articles et grifte
terminale) particulière aux Eurycydidés dans la série des Ascorhyncho-
morphes. Comme les Onrhi/nchas et les Bolunia, ils montrent que les deux
familles d'Ascorhynchomorphes, Eurycydidés et Ammothéidés, sont
confluentes par certaines caractères et ne se laissent pas aisément séparer.
.T'en dirai autant du genre tiannonia Hoek (1881, 92), dont l'unique
espèce, H. typica Hoek, est rapprochée des Pycnogonides par M. Hoek
lui-même et par M. Loman, encore qu'elle présente des chélicères, voire
des chélicères dont le scape aurait deux articles d'après M. Hoek, l'un
basai court, et un second tout à fait rudimentaire (4881, 93). Avec le
corps un peu allongé, les ovigères de dix articles et munis d'une griffe
terminale, les pattes dépourvues de griffes auxiliaires, cela rappelle
surtout les Eurycydidés, mais les ovigères ne présentent pas d'épines spé-
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?». 45
ciîiles, co qui est un ('.n'aclrro d'A?/u/iot/irn. ot les palpes fout di-faul
comme dans les Pallénklés. .lavais placé le ^i^uve f/niitionin dans cette
dernière famille, mais il me semble préférable aujourd'hui de le consi-
dérer comme un Ammothéide ayant conservé certains traits des Kury-
cydidés.
J'ai maintenu, provisoirement du moins, le j^enre ('lutenia établi par
Dobrn, en 1881, pour une espèce méditerranéenne, la Cl. conitoslris
(1881, HiOj, que M. Carpenter, en 189.'), a retrouvée sur la côte
d'Irlande, et ((ue M. Norman (1908, 220) identifie justement avec une
espèce américaine décrite par Wilsonen 1879, le Taui/s/i/Iun/ orhirithnp.
(Conformément aux prévisions de Doiirn, ces deux zoologistes réunissent
le genre C/ofc/iia axi genre Tanjjstijhim, et M. Loman vient de suivre
leur exemple (1912, 12). En attendant que soit justifiée cette identi-
fication, je crois sage de maintenir les deux genres que M. Cole a bien
caractérisés dans une étude récente 1904, 277, 280) et qui se distin-
guent surtout par la structure des palpes (de (> ou 7 articles dans
Tanijstijlum, de i dans Clotenia). A l'heure actuelle, on connaît sept
espèces du premier genre \T(in. stjiVuionnn Miers (1879), D)lirni Schindc
(1887), rr///VvVr>.v//'e Schimk (1887), P fr/frii uow pour la (lotonia Dohmi
Pfeffer (1889) (Ij, Chienhim Schimk i 1889), itilmiH'dimu Colei I90i)et
Itmri'wawlatmn lloek (1907)], et trois du second \i'U>l. orbkulare Wilson
(1879), iKi'kianitni Schimk. (1887), et oi-ridrnlaHs Cole (1904)].
Pour clore ces observations relatives aux Ascorhynchomorphes, je dois
dire quelques mots sur la Irnnspositioii de nom ([uc j ai dû faire, dans les
Ammothéinés, pour me conformer aux règles de la nomcnclatuic en ce
qu'elles ont de juste : le nom de Leioni/ntiilioti, établi par .Môbius en 1899,
disparait pour céder la |)lace à celui iVAmiiiof/ifa introduit par Leach
en 1814, et (|uant aux espèces communément désignées sous le nom
A'Amniothea elles recevront la dénomination (VAfhrlia établie par llodge
en 1864. C'est M. Loman qui aura provo(|ué cette innovation, sans le
vouloir d'ailleurs, car il est loin d'avoir une admiration sans bornes pour
les règles outrées de la nomenclature ; mais en montrant (1908, p. I I 1 que
(I) \'i)ir |]lus liani, p. !i.
46 PYCNOGONIDES DU u POURQUOI PAS ?«.
respèco Atmnothoa ra/'n/l/inisis, pour latiuelle Leach (1814, V, I, p. 33,
fig. D) avait établi son genre Ammotltea, présente tous les caractères
des Leioni/mpfion, il a sûrement ouvert la voie aune réforme qui va
bouleverser quelque peu les habitudes. Je n'ai pas plus d'enthousiasme
que mon savant confrère poui- les réformes de cette sorte ; elles sont
plutôt fâcheuses quand on les justifie simplement par des comparaisons de
textes, et seules me paraissent acceptables celles qui reposent sur l'examen,
par un spécialiste compétent, des types originaux. C'est précisément le
cas pour VAmmothra cfiiolincnsis ; le type de cette espèce existe encore au
British Muséum, où il a été vu et bien examiné par M. Ilodgson, qui a
justifié complètement les suppositions de M. Loman, et a proposé (1912)
la réforme adoptée dans ce mémoire. Pourvu au moins que le nom à'Aclielia^
attribué désormais aux Ammothées, ne subisse pas trop de vicissitudes !
car il a eu de nombreux prédécesseurs, bien plus âgés que lui, sinon moins
sujets à caution : Plianodemus de Costa (1836), Pephredo et Pasitliop de
Goodsir (1842), Farihœa qXEiuMs de Philippi (1843), Plati/chelns et Alci-
nous de Costa (1861). Pour toutes ces déterminations litigieuses, voyez le
remarquable historique donné par Dohrn dans sa faune des Pantopodes
de Naples (1881, 227-239;.
QUATRIÈME ORDRE. — pyonogonoMORPUa R. 1. Pocock. iemend.).
Le céphalon est coiui et lari/e, autant pour le moins <iue le tronc, qui est
lui-même courte trapu^ d'ailleurs souvent articulé. La trompe est forte,
un |)eu plus courte que le céphalothorax, ordinairement rétrécic en avant,
rarement ovoïde ou subcylindrique. Les eltèlieères et les palpes manquent
toujours. Les o vif/ères maruptetit également chez la femelle; daîis le nu'ile
ils se composent de 8 à iO articles^ y compris la (jriffe terminale., sont
contigus ou éloignés à leur I ase et présentent quelques épines simples
sur leurs articles terminaux. Les pattes sont comtes et ''paisses: leur
partie coxale, au moi/is aussi lone/ue que le fnnur, se compose de trois
articles à peu près éyau.r;les orifices sc.ruels des deux sexes sont localisés
sur le deuxième article eoxal des pattes postérieu?'es ; tes tarses sont
courts., et les propodcs longs et arqués, munis de pnes soies spiniformes
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?». 47
sur leur boni interne; les griffes auxiliaires font généralement défaut. La
taille est mécliocro ou pctilo.
Famille rNioLi:. — l*Y(.\OGO\ID.E comprenant le genre Penta-
pj/oion Bouvier lilll, décapodo, et le genre l'ijcnofjonuin. Bruiinich
l7Gi, octopode.
On peut exprimer comme il suit la classilication et les affinités des
Pycnogonides.
Pijcaogonidés ancestraux. — Corps urliciilé, ô paires de pattes au moins,
sca[)0 'ha chùlicères de 2 articles, palpes de 9 articles, ovigères de 10 articles
à épines et griffe terniinulc
J
1 \ I ' I
l"' ordre : 2« ordre : :^« oi'dre : 4» ordre :
COLOSSENDEOMORPHA. N VMPHONOMOllPIiA. AscOIt H VNCllOMOnPIIA- PyCNOGONOMOUPIIA.
Decolopodidœ.
I
llolossendeidœ.
Type ancestral
décapodo.
i
Pentnni/in piton
(dccapdiJc)
et A'!/iiip/ionid;i' Eitrycijdid;v.
(oclopodes).
immotheidiv.
/'(il/cnif/'f. J'/i().rir/ulidii(/;v
P/iii.ric/ii/ii/:i\
Pentapi/cnon.
I
Pijcnogonum.
PREMIER ORDRl']. — COLOSSEADKOMOliPHA L.-.l. Cole {pro parte).
Première Faniiile. — DECOLOPODID.;e L.-.J. Coït- [pro parte).
Genre Decolopoda Ij^hts.
La famille des Décolopodidf's se limite actuellciiiciil ;ui seul genre
D('coli>p(>il((^ qui doit se raiiproclier beaucoup de la rormc aiiccstrale du
groupe, encore que les segments du tronc ne préseiilciil ])lus d'articula-
tions mobiles, ni même, parfois, des traces de lignes articulaires. Le
genre est représenté par deux espèces connues spiilcmenl dans b'S eaux
antarctiques de la province magellanique : la l).aii.'<traHs Kights, dont les
palpes comprennent 0 articles, et une espèce à pattes plus longues et
plus grêles, la D. anlarctica Bouvici', (|ui |)résente des palpes de
8 articles. Les naturalistes du « PourcjUGi Pas? » n'ont rapporté que la
première de ces deux espèces.
4S PYCNOGONIDES DU <i POURQUOI P.4S?».
Decolopoda australis J. Eights.
183i. Decolopoda australis J. Eights (1834), p. 203-200, PI. VII.
1902. Decolopoda australis T.-R.-R. Stehbing (1902^, p. 185-180.
1905. Decolopoda australis J.-C.-C. Loman (1905), p. 722-723.
1905. /H'colopoda australis T.-V. Hodgsori (1905"), p. :;0-i2, PI. III.
1905. Decolopoda australis T.-V. Hodgson (1905"=), p. 25i-2.5(j.
1905. Decolopoda australis L.-J. Cole (1905), p. 405.
1900. Decolopoda australis G.-H. Carpenter (1905), p.
1900. Decolopoda aus/ralis E.-L. Bouvier fl906ij, p. 10-18.
1900. Decolopoda australis E.-L. Bouvier (igoeb), p. 21-29, PI. II, (ig-. 0-9.
1908. Decolopoda australis T.-V. Ilodgson (1908), p. 181-184, PI. III, fig. 2, 2^ 2", 2^
1909. Decolopoda australis d'Arcy Thompson (1909), p. .53.
1909. Decolopoda australis W.-T. Caïman (1909).
1910. Decolopoda australis E.-L. Bouvier (1910=*), p. 27.
1911. Decolopoda australis E.-L. Bouvier (19111»), p. 1130.
1911. Decolopoda australis E.-L. Bouvier (1911''), p. 1.
Dragage n° XVllI, 27 décembre 1909; Shetlands du Sud, dans l'anse
ouest de la baie de rAmirauté (île du Roi-George) : 75 mètres, tempé-
rature de l'eau sur le fond + 0^,2 ; vase grise et cailloux. « Un exemplaire
d'un très beau rouge orangé » {n° 738).
L'exemplaire précédent est une femelle, comme le type unique de la
D. antarctica E.-L. Bouv. capturée par le « Français ». Cette coïncidcnc(î
est heureuse, car en donnant les moyens de comparer des individus de
même sexe, elle peiiiict de iixer définitivement les caractères propres
des deux espèces. La liste des caractères distinctifs que j'ai donnée
(1095*, 27)dans mon étude sur les Pycnogonides du « Français » a besoin
d'être reprise, car elle fut établie en comparant le type femelle de la
D. aidarctlca avec un mâle de B. australis capturé aux Orcades et avec le
spécimen de cette dernière espèce figuré par Hodgson (1905*, PI. III),
qui était probablement aussi un mâle, encore que le sexe n'en soit pas
indiqué.
Afin de discuter comme il convient les caractères des deux espèces,
j'ai réuni dans un même tableau les dimensions principales relevées dans
mon précédent mémoire et celles de l'exemplaire de D. australis capturé
par le « Pourquoi Pas ? ».
PYCNOGONIDES DU <i POURQUOI PAS?».
49
Longueur totale du corps (sans la trompe ).
— du tronc
Largeur maxima du tronc
— — du disque central
Longueur du céphalon
— de la trompe
— du i" article des chéiicères. . . .
; Longueur des trois coxae
,^ ,, \ — du fémur
^fe _ du tibia 1
'• ] — du tibia 2
( — des trois derniers ai'licles.
! Longueur des trois cox;p
— du fémur
- du tibia 1
— du tibia 2
— des trois derniers artirics
/Longueur des trois cox;i'
Patfel ~ du fémur
UT > — du libia 1
'"• ' — du libia 2. •..
— des trois derniers articles
DECOLOPODA AUSTRALIS.
ce (?) des
Orcades tigurt-
par
M. ïiodgson.
Millim.
16,0
6,8
10,2
5, -2
3,i
11,0
5,7
8,3)
17,0
17,0 82,3
10,0
21,0)
8,3
1!)
19,3)88,0
20,1
21,0!
8,4
18,3
10,8)87,5
■20,0'
21,0
Cf d>s
) inndt's
dnnno nu
MiistHiiii l»a
M. I.ahillv.
Millim.
14,0
6,3
8,4
4.2
3,2
10,6
4,2
6,6
14,2
16,0
16,0
7,(1
1,5,8
7,0
9 i-rise au
Siiellands
par le
Pourquoi pas.'
Millim.
11,5
5,2
7,0
;5,o
2,0
10,0
4.0
12,5
14.0 045
15,5l
17,0)
5,5]
1
15.0' 66,5
16, (A
16,.5l
5,5)
13,5
14,5'66,0
16, 0(
16,5
OECOLOPODA
anlarctica
lype 9-
Millim.
18,6
9,0
10,8
4,6
3,6
17.0
8.9
9,0)
25,0/
27,0129,01
32„5
35,5'
10,7
26,0|
28,4
33,71
36,4
i0,2\
26,0/
27,5
33,0'
35,3
135.8
132.0
D'après les dimensions relevées dans ce tableau, il semble que la
forme du tronc soit un caractère de nature
sexuelle. En effet, le rapport de la longueur
à la largeur du tronc est de 0,83 dans la Dfro-
lopoda australis q*, de 0,74 dans la Q de
même espèce (fîg. 1) et de 0,70 dans la Ç
de D. antarctica. Ainsi, chez les i)(''coloi)o-
des, le tronc serait plus étroit et moins dis-
coïde chez les femelles que chez les mâles.
Mais avant de poser en règle générique la
différence précédente, il conviendra de véri-
fier le fait sur d'autres D. australis et d'attendre
la découverte du mâle de la D. antarctica.
Abstraction faite de ce caractère, les différences qui distinguent la
Expédition Charcot. — BouviEn. — l'yciiogonides du « l'ouiquoi l'as ? ». '
Fig. I . — Decolopoda australis
Kighis, Ç ilu «l'ouiquoi pas?».
— Le coips c>l la partie basale
des appendices vus de dos. Gr. 4.
go PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?«.
D. austmlis de la D.antarctka sont exactement celles relevées dans mon
pi'écédent travail, à savoir :
1° La structure des palpes qui ont neuf articles au lieu de huit ;
2P Le développement beaucoup plus réduit des pattes, celles de la
deuxième paire égalant huit h neuf fois la largeur maxima du tronc dans
la D. australis, au lieu de douze fois comme dans la D. antarctica ;
3° La brièveté et l'épaisseur plus grandes du premier article des
chélicères, cet article égalant au plus les 35 centièmes de la longueur du
tronc et étant à peu près trois fois aussi long que large; tandis que dans
\?iD. antarctica il mesure les 48 centièmes de la longueur du tronc et sa
longueur égale six fois sa largeur ;
4° La forme des pinces des chélicères dontia portion palmaire est courte
dans la D. amtralis, où elle se termine par des doigts fortement infléchis
en arceau demi-circulaire, tandis que chez la D. antarctica la portion pal-
maire est assez longue et se termine par des doigts médiocrement
arqués;
5° Le développement de la trompe, qui est bien plus courte (les 75-85
centièmes de la longueur du corps au lieu de 91 centièmes) et notable-
ment plus étroite dans la D. australis ;
6° Le faible développement du tubercule oculaire qui est bien plus
étroit que la moitié du céphalon, tandis qu'il est plus lai'ge dans la
D. a?itarctica.
Je laisse de côté les caractères moins importants ou quelque peu
variables, tels que la longueur du 2^ article tibial et les soies spiniformes
du tronc, des pattes et de la trompe ; dans la 0. australis du « Pourquoi
Pas? » ces dernières sont particulièrement peu nombreuses sur le tronc
comme sur la trompe, beaucoup moins nombreuses que dans l'exem
plaire figuré par M. Hodgson (igOB*^, PI- III; 1908, PI. III, fig. 2).
Faut-il considérer comme un caractère spécifique la forme des orifices
sexuels femelles? Je ne saurais le dire, faute de matériel suffisant. Mais,
comme on le verra dans les figures jointes à ce mémoire, les orifices
sont ovales dans l'exemplaire de D. australis (fig. 2, 3, 4) et subtriangu-
laires dans la D. antarctica (fig. 5, 6, 7). J'ajoute qu'ils sont notablement
plus grands dans cette dernière espèce, presque le double (530 ^i. au
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?». 51
lieu de 270), mais ces différences sont peut-être dues à hi taille des
spécimens.
Lacoloration pourraithien être un caractère plus important. Elle est très
variable et proba-
blement caractéris-
tique des Algues où
se tient l'animal
chez \aD. austral is :
'< Quelques exem-
plaires, dit M. Hod-
Fifj. 2. — Decolopoda aitstra- Fig. 3. — Uecolopoda australis, nièiiie ç. FiR. i.— Dccotopoda auslra-
lis, même Ç. — Orifice — Abdomen et coxîb des pattes pos- lis, môme Q. — Oi'ifice
sexuel de la l'« patte gau- lérieures. face ventrale avec orifice sexuel de la patte posté-
che. Gr. 8. sexuel. Gr. 8. rieure gaucUe. Gr. 40.
gson (1908, 183), sont de couleur paille très légère, sans aucune
trace de pigment, sauf dans un ou deux cas où Ion trouvait un
peu de celui-ci à
l'extrémité de la
trompe. D'autres
exemplaires sont
d'une riche cou-
leur brun-olive,
(|ui est considé-
rablement plus
foncée, presque
noire, sur la
trompe, les man-
dibules (chélicères) et les palpes. Dans un spécimen, les pattes
étaient également très foncées. Les notes de couleur qui m'ont été trans-
mises et qui furent relevées au moment de la caphire montrent que
certains exemplaires étaient d'une brillante couleur écarlate, comme l'a
décrit Eights ; d'autres étaient d'un rouge très sombre, et alors, avec la
Vi^. s. — Decolopoda an- Ph^. G. — Uecolopoda an- Fig. 7. — Decolopoda
larclica Bouv. — Ori- tarclica. — Orifice anlarclica. — Orilice
fiée sexuel de la i" sexuel de la 1" patle sexuel de la 5' patte
patte gauche. Gr. 4. gauche. Gr. 46. gauche. Gr. 4.
53 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?».
trompe presque noire. La couleur écarlate paraît uniformément distribuée
sur le tronc et les membres, la trompe et les parties adjacentes étant
plus foncées que le reste. » Comme on le voit d'après ce passage, la couleur
varie notablement et paraît assez fugace dans l'alcool; l'exemplaire du
(( Pourquoi Pas? » était d'une belle couleur rouge au moment où il fut
capturé, et sa décoloration est complète à l'heure actuelle.
Au contraire, la D. antarctica est d'une teinte brun clair légèrement
olivâtre ; voici quatre ans que le type de l'espèce se trouve dans l'alcool,
et sa coloration n'a pas varié. On peut donc croire que la D. antarctica se
distingue de la D. australis par l'insolubilité de son tégument dans la
liqueur alcoolique.
Les deux espèces n'ont pas identiquement la même distribution géo-
graphique. Toutes deux appartiennent à la province magellanique telle
que l'a définie M. Hodgson, mais laZ). «?(!.s7/r///5paraîtlocalisée entre le 61°
(Orcades du Sud) et le 63° (Shetlands) de latitude sud, tandis que la D. an-
tarctica fut trouvée à Port-Gharcot par 65° de latitude sud. Cette dernière
espèce paraît donc plus franchement antarctique que la précédente.
Deuxième Famille. — COLOSSENDEID^ P. P. C. Hoek.
Cette famille se distingue de la précédente par sa structure octopode et
par la disparition des chélicères ; elle comprend les genres Colossendeis
Jarz., Rhopalorliynchm Wood-Mason et Pipetta Loman. Les deux pre-
miers genres sont des Colossendéomorphes absolument normaux, encore
que, d'après M. Loman (4908, PI. XV, fig. 215), les palpes semblent
éloignés des ovigères dans les Rhopalorhynckus ; le genre Pipetta est mi
peu aberrant en ce sens que le 2^ article coxal des pattes est très allongé
au lieu d'avoir la même longueur que les deux articles contigus. Il ne
saurait être question de faire dériver, avec M. Cole (1905, 410), les
membres de celte famille des Ammothéidés. Ainsi que l'ont montré
M. Hodgson (190 , 41) et M. Loman (1908, 15), les Colossendeis se
rattachent étroitement aux Decolopoda, et le second de ces auteurs
range même le genre Decolopoila dans la famille qui nous occupe.
Comme je l'ai fait observer antérieurement (1906'', 15), le genre dou-
teux Pasithoe Goodsir ne rentre pas dans cette famille et doit prendre
PYCNOGONIDES DU ^< POURQUOI PAS?«. 53
place parmi les Ammothéidés, même s'il est bien réellement, comme
l'adit Goodsir, dépourvu de chélicères (Voir p. 139), ce qui le rappro-
cherait des Discoarachrne. Et dès lors, le nom de Pasithoidés que M. Sars
et M. Gole attribuent aux (^olossendéidés doit disparaître de la nomen-
clature zoologique.
Le genre miopalorlujnchiis est représenté par deux espèces sublittorales
localisées dans les mers indo-pacifi(iues et le genre l'ijiclta par la P. \Ve-
heri Loman, capturée ou sud dAmboine, à 2 081 mètres de profondeur,
par la « Siboga». Les Colossendeis ont au contraire, on le verra plus
loin, une distribution fort vaste, et représentent seules la famille dans les
eaux nntarctiques.
Genre Colossendeis Jarzynsky.
Les Colo-^sendeis sont vraisemblablement issues des Decolopoda ; la
plupart, il est vrai, ont un cor[)S allongé et plus ou moins grêle, fort
différent du tronc discoïde qui caractérise les Decolopoda, mais on observe
une structure à peu près identique dans la C. proboscidea Sab. des
mers arctiques. Il est d'ailleurs certain <\ne\Q?,€olossendeh ont eu pour
progéniteurs des espèces de Decolopoda plus |)rimitives que les deux
actuellement connues, car la C. arlUnlata Loman présente un tronc
nettement articulé, alors que cette structure a disparu dans nos Decolo-
poda.
Les Colossendeis sont répandues dans toutes les mers du globe et ne se
plaisent qu'en eau froide, de sorte qu'elles sont abyssales dans les régions
chaudes et peuvent devenir littorales ou sublitlorales à mesure qu'on se
rapprochedes pôles. Leur taille est médiocre ou grande, parfois très gran-
de ; c'est parmi elles qu'on trouve les représentants les plus volumineux
de l'ordre.
Le genre est actuellement représenté par 28 espèces, qui peuvent se
répartir en deux groupes, les longitarses et les brevi/arses ; dans le premier
groupe, les trois derniers articles des pattes pris ensemble égalent au
moins les trois quarts du second tibia et .souvent même dépassent en lon-
gueur cet article; dans le second, ils présentent toujours une longueur
beaucoup plus faible.
54 ,PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS?>l
Les Colossendeis longitarses sont plus primitives que les autres, d'abord
parce qu'elles se rapprochent davantage du genre Decolopoda, ensuite parce
qu'elles comprennent deux formes très primitives du genre, la C.probos-
cidea sub. et la ('. articulatn Loman ; c'est parmi elles que se trouvent
toutes les espèces franchement arctiques et antarctiques. On compte
6 espèces de Colossendeis dans les régions arctiques ou subarctiques et
12 dans les régions antarctiques et subantarctiques; mais, à vrai dire,
le nombre des espèces franchement polaires est beaucoup plus réduit,
car plusieurs des espèces précédentes sont abyssales et se répandent
sous les tropiques ; en fait, les seules espèces localisées au voisinage du
pôle sont la (\ prohoscidea sub. et la C. clavata Meinert pour les mers
arctiques, les C. amtralis Hodgs., glacialis Hodgs., frigida Hodgs.,
7'M^05rt Hodgs., o>'cadensisîloàgs.,patagofiica Hodgs. qI gracitipes Bouv.
pour les mers antarctiques. Or toutes ces formes sont des Colossendeis
longitarses; les autres [angusta Sars, colossea^ih., macerrima Wils.
et minuta Hoek pour les régions boréales ; gigas Hoek, leptorhynchus
Hoek, megalonyx Hoek, robusta Hoek et gmcilis Hoek pour les régions
australes) sont les unes longitarses, les autres brévitarses, maisrecherchent
les abysses et peuvent se trouver fort loin des pôles. En tous cas, il ressort
de ce qui précède que les Colossendeis sont beaucoup plus nombreuses
dans les mers australes que dans celles du nord.
Les trois espèces recueillies par le « Pourquoi Pas? » sont longitarses ;
deux d'entre elles, C. rohmta Hoek et C. australis Hodgson, étaient déjà
connues; la troisième, C. gracilipes, est nouvelle pour la science.
Colossendeis robusta Hoek.
1881. Colossendeis robusta P. P. C. Hoek (1881='), p. 06, Pi. IX, fig. 4-5.
1902. Colossendeis robusta R. Môbius (1902), p. 190, Taf. XXIX, fig-. i-5.
1911. Colossendeis robusta E.-L. Bouvier (1911)^, p. 1137.
Dragage n» X, 22 janvier 1909 ; près de la Terre Alexandre I^r, latitude
sud 66° 55', longitude ouest Paris 72° 40'; chalut, 297 mètres, tempé-
rature de l'eau sur le fond, + 0° 6; roche, vase bleue. Un exemplaire mâle:
« Corps jaune brun, pattes passant du jaune brun au rouge orangé. »
(NO 280.)
Fig. 8. — Colossenrleis robusta cf. — Corps du côté gauche
.ivoc la palpe et rovigiirc. Gr. i.
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI P.l.S;». 55
L'exemplaire précédent diffère du type unique de l'espèce par les
caractères suivants :
1° Sa trompe (fig. 8
et 9j est notablement
plus allongée et plus
étroite, avec les dilata-
tions du milieu et du
bout moins accentuées ;
elle est plus courte que
le tronc dans la figure
donnée par M. HoeU, un peu plus longue dans notre exemplaire,
ainsi qu'on le verra dans le tableau comparatif donné ci-dessous ;
2° Son tubercule oculaire
(fig. 8) est un cône large à
sommet très obtus et même
arrondi, tandis qu'il est en
forme de cône étroit et très
aigu dans la figure 4 du mé-
moire de M. lloek;
30 Dans le type de M. Hoek,
le fémur et le tibia sont de
même longueur et notablement
plus longs que le tibia I ;
le fémur semble un peu plus
large que le tronc dans l'étran-
glement qui sé|)are les pattes
2 et 3; en outre, la griffe
terminale égale environ la
moitié de la longueur du
propode ; dans notre exem-
plaire, par contre, le fémur
(fig. 10) est beaucoup plus long
que b' premier tibia et légè-
rement plus allongé (]ue le deuxième ; sa largeur est plus faible
lYï'
Fig. 9. — Cotosseinleis robiisla cf. — Le corps, les palpes,
les ovigèrcs et la base des palte.s vus de dos ; on voit,
sur los pattes des deux paires antérieures, le pore coxal.
(ir. l>.
56 PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS P >k
que celle du tronc dans l'étranglenient signalé, et la griffe (fig. il) est
notablement plus longue que la moitié du propode.
40 L'abdomen est plus long et, au lieu de s'atténuer d'avant en arrière,
se dilate un peu en massue (fig. 9).
Le tableau suivant donne les di-
Fig. 10. — Colosseiideis lobusla, o". — Patio antO- Fig. 11.— Colossendeis robusla. — Les trois articles
rieure droite. Gr. nat. terminaux de la patte antérieure droite. Gr. 2.
mensionsdes diverses parties de l'animal, dans le type du «Challenger»,
d'après la figure 4 de 'SI. lloek, et dans notre spécimen (1); mais on y a
joint les dimensions d'un exemplaire mâle cnpturé par le » Valdivia » et
attribué par Môbius à la même espèce.
Long'ueur de la trompe
Diamètre maximum de la trompe
Long-ueiir du céphalothorax
Largeur du même entre les pattes 2 et 3
Longueur de Tabdomen
— des coxœ de la patte 3
— du fémur
— du tibia 1
— du tibia 2
— du tarse
— du propode
— de la griffe
Largeur du fémur
Longueur des coxae de la patte 2
— du fémur
— du tibia 1
— du tibia 2
— du tarse
— du propode
— de la griffe
Type (J
du
« Challeiicrer ii.
Millim.
30
7,.5
30
4,8
0,4
19
52,5
46
53
20,5
15
7
213
Type 5
du
l*oiiriluoi Pas ? n.
Millim.
19,2
4,2
17,7
4
4,5
10
33
29
31
13
9
7(?
3
11
36
31
35 ,
14
9,5
7,5
5 f 144,5
'lype cf
de la
« \'aldivia i
Millin
17
»
15
120
123
(1) Dans le lype du « Challenger », la seule patte complètemeiil figurée est la troisième du côté
gauche. Mais, dans notre exemplaire, cette patte fut brisée et se présente à l'état de bourgeon
repoussant, de sorte qu'il a été nécessaire de relever les dimensions sur la patte du côté droit.
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS ? ^k 57
Certaines des différences précédentes, notammenlla plus f^rando largeur
du tronc et la gracilité relative des pattes, sont peut-être dues au sexe,
mais la ()lupart correspondent à des variations individuelles. Car notre
exemplaire appartient très certainement à l'espèce du « Challenger » ; il
en a totalement le faciès et, abstraction faite des différences précédentes,
il répond jusqu'au détail à la description de M. Hoek.
On est en droit de se demander s'il en est de même du Pycnogonide
capturé dans les parages de Kerguelen par la « Valdivia » et considéré par
Mobius comme une (j)/. robusta. D'après les dimensions relevées par
Mobius, il ressemble beaucoup plus à notre spécimen qu'à celui du
« Challenger », et comme il est figuré avec un tronc fort large, des pattes
relativement grêles, il y a des raisons de penser que réellement ces deux
derniers caractères sont de nature sexuelle dans l'espèce. Par malheur, il
est difficile d'être aflirmatif sur ce point, car, avec son tronc démesurément
large, ses prolongements latéraux à peine écartés, ses hanches sans dila-
tation terminale et ses griffes presque aussi longues que le propode, la
figure d'ensemble (4902, fîg. \) donnée par Mobius devrait fort juste-
ment être rapportée à une autre espèce. Mais cette figure fut exécutée à
coup sûr sans grand souci de l'exactitude (trompe et abdomen dépourvus
de l'articulation basilaire, articles des pattes de longueurs dissemblables),
et laissée, on doit le croire, à la fantaisie du dessinateur. Une fois cette
conviction acquise, on reconnaît à certains détails (forme de la trompe,
grosseur des palpes) l'espèce du « Challenger » , et les figures de détail don-
nées par Mobius ;1902, fig.2, 3, 4, 0) viennent forlifiercetteconviclion.
Je dois ajouter que, dans la figure 1 de Mobius, le dessinateur a dû
singulièrement exagérer les lignes articulaires des segments du tronc.
Ces lignes ne sont ni figurées, ni représentées par M. Hoek; elles
existent très nettement dans l'exemplaire du « Pourquoi Pas? », où elles
se voient surtout bien quand l'évaporation a fait disparaître des tégu-
ments l'alcool superficiel. Ces lignes ne sont nullement indi(|uées par un
sillon articulaire, comme on pourrait le penser d'après la figure 1 de
Mobius; elles résultent simplement de la différenciation du revêtement
cutané, qui, en ces points, reste clair, au lieu de présenter, comme
partout ailleurs, de minuscules taches. Ces dernières paraissent jaunâtres
Expédition Charcot. — Boutier. — Pycnogonides du « Pourquoi Pas î ». 8
58 PYCNOGONIDES DU ^i POURQUOI PAS?>k
dans l'exemplaire décoloré que nous avons sous les yeux, mais elles
sont, à n'en pas douter, des centres de formations pigmenlaires.
Quoi qu'il en soit, l'exemplaire du « Pourquoi Pas? » permet de ratta-
cher sans conteste (il me semble) l'exemplaire étudié par Môbius à celui
décrit par M. Hoek sous le nom de C. robusta.
Ces trois exemplaires sont, à l'heure actuelle, les seuls représentants
connus de l'espèce : le type 9 f'u '< Challenger » fut pris par 120 brasses
de profondeur, au large de Christmas Harbour, îles Kerguelen ; — c'est
également aux Kerguelen, par 88 mètres, avec une température de fond
de 4°, que fut pris l'exemplaire çf de la " Valdivia ».
Ainsi, avant la campagne du « Pourquoi Pas ? », l'espèce était tenue
pour subantarctique et étroitement localisée. Aujourd'hui, on doit la con-
sidérer aussi comme antarctique et certainement circumpolaire, car la
Terre Alexandre l^^, où M. Gain captura notre spécimen mâle, se trouve
presque à l'opposé des Kerguelen (par 72° longitude ouest au lieu de
64° longitude est), et la température du fond où vivait l'animal ne s'('devait
pas au-dessus de -j- 0°,6.
La coloration sur le vivant était d'un « beau rouge orangé » dans le
type, « rouge-minium » dans l'exemplaire de la « Valdivia », « jaune
brun » sur le corps avec les « pattes passant du jaune brun au jaune
orangé » dans notre spécimen. Il existe donc, là aussi, des variations indi-
viduelles.
Colossendeis gracilipes E.-L. Bouvier.
19J1. Colossendeis gracilipes E.-L. Bouvier (1911"), p. 1137.
Dragage n^ X : 22 janvier 1909 ; près de la Terre Alexandre-Ier; latitude
sud 68035', longitude ouest Paris 72° 40'; chalut I, 297 mètres; tempé-
rature de l'eau sur le fond -1- Oo,0 ; roche, vase bleue. — Un mâle adulte
«orangé» à l'état vivant (N» 281).
Dragage n° XVIII : 27 décembre 1909; Shetlands du Sud, anse ouest
de la baie de l'Amirauté dans l'île du Roi-Georges; chalut I, 75 mètres,
température de l'eau sur le fond + 0°,2; vase grise, cailloux. — Une
femelle adulte « d'un bleu rougeàtre » sur le vivant (N° 741).
Cette espèce est voisine de la C. robusta, mais plus petite et avec des
PYCNUGUNIDES DU i^ POURQUOI PAS?». 59
pattes bien plus grêles ; elle se rapproche certainement aussi beaucoup
de la C. patafjomca llodgson (1907b, jg)^ dont, par malheur, on ne con-
naît pas la taille.
Par la brièveté et h; faible élargissement antérieur du cépludoii (lig. 12
et 13) dont le bord antérieur
est droit, par les dimensions du
tronc et le grand écartement
de ses prolongements latéraux
qui sont rétrécis à la base, par
la forme de l'abdomen qui se
dilate un peu en massue dans
sa partie terminale, notre es-
pèce ressemble complètement à
la C. rohusta\ le tubercule ocu-
laire est également identique
dans les deux espèces, un peu
plus large pourtant dans la
nôtre, où il envahit une plus
grande partie du céphalon ; au-
dessus des yeux, qui sont noirs
et parfaitement limités, le tu-
bercule se termine par un cône aigu très régulier. Comme dans la
C. rohusla, les yeux de la face antérieure sont beaucoup plus grands
que ceux de derrière. La face dorsale du céphalon est dépourvue
du monticule obtus que j'ai observé, à droite et à gauche, près des
angles latéraux antérieurs dans notre spécimen de C. rohusta. Toutes
ces parties du corps sont unies et sans poils, sauf quelques très courtes
soies distribuées sur la ligne médiane dorsale, dans l'exemplaire mâle.
Les lignes intersegmenlaires sont effacées conqilètement dans la femelle,
et peu sensibles dans le mâle.
Les soies sont bien plus nombreuses et sensiblement plus longues sur la
trompe (fig. 12 et 13), qui est nue, comme on sait, dans la C. robmta. Cet
organe appartient d'ailleurs au même type dans les deux espèces, en ce
sens qu'il se dilate à partir du milieu et devient ensuite beaucoup plus large
Fij,'. \i. — Colossendeis gracilipes Bouv., $, — Corps
avec les palpes, les ovigéres et la base dos pattes,
face dorsale. Gr. 4.
Fi;;
13. — Colossendeis r/mcilipes 9. — Le corps du
côte gauche avec palpe et ovigère. Gr. 4.
60 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PASP^k
jusqu'au sommet. Mais, tandis que cette partie dilatée présente, dans la
C. robusta, un renflement basilaire et un renflement terminal, elle est à
peu prèscylindriquedans notre espèce, tant ces deux renflements sontpeu
marqués. J'ajoute que la trompe est presque droite et nettement plus
courte que le céphalothorax dans notre espèce, tandis qu'elle est à peu
près aussi large ou plus large dans les deux autres espèces, et d'ailleurs
nettementrecourbée vers
le bas dans la C. rohusta.
Les palpes (fig. 12 et
13) sont presque identi-
ques à ceux de la C. ro-
husta^ mais richement
pourvus de soies raides
dans notre espèce, tan-
dis qu'elles sont plutôt
très rares dans la C. rnhusta. L'article terminal est étroit et, au
plus de la longueur du précédent chez cette dernière espèce, alors qu'il
est assez large et notablement plus long que les articles 8 et 9 dans l'espèce
du « Pourquoi Pas? ». Au surplus, dans cette espèce, les dimensions
relatives des divers articles à partir du deuxième sont exprimées par les
nombres 10 —2 — 6,5 — 2,5 — 4 — 2,7 — 2,7 — 3,4. Ces mêmes
rapports sont les suivants dans notre exemplaire de C. rohusta, où les
nombres qui les expriment représentent des millimètres: 9,5 — 1,5
— 6,2 — 2,2 — 3 — 2,4 — 2,3 — 2,1 . Dans la C. patagonka Hodgs,
espèce également très voisine, lesrapports sont exprimés parles nombres
10 — 1,5 — 5 — 3 — 3,5—1,5—2 — 3.
Par les dimensions relatives de leurs articles, dont les quatre derniers
sont subégaux, les ovigères ffig. 12 et 13) de notre espèce ressemblent tout
à fait à ceux des deux espèces précédentes. Mais la griffe terminale et
les épines spéciales sont tout autres, et d'ailleurs diffèrent considérable-
ment dans le mâle et dans la femelle. La griffe du mâle (fig. 14 et 15) est
bien développée, quoique fort étroite et égalant au plus la moitié de la
longueur de l'article précédent; quant aux épines des quatre articles ter-
minaux, elles sont très longues, étroites, obtuses ou subaiguës et sans
Fif;;. 14. — Colossendeis
ararilipes, tf. — Partie
liTiiiinale de l'ovigère
gauche. Gr. 10.
Fig. 15. — Colossendeis
gracitipes Bouv. — Ovi-
g6re gaucho du o', arti-
cle terminal et griffe.
Gr. -23.
PYCNOGONIDES DU ii POURQUOI PAS?». 6l
denticulations apparentes sur les bords. Dans la femelle (fig. 16 et 17) au
contraire, la griffe est totalement absente des deux côtés, et les épines des
quatre articles sont très courtes, arrondies en sommet, comme si elles
étaient usées et réduites à leur
base. Il y en a d'ailleurs trois
rangées fort nettes dans les
deux sexes, comme dans la
('. pataf/o?iica.
Les patles (fig. 18 et 19) sont
plus grêles que dans la C. ro-
busta; leur fémur est à peu près
de même longueur que le tibia 1 ,
beaucoup plus long que le ti-
bia 2, ce qui rappelle ainsi la
C. patagofiica, tandis que dans la C. rohusta c'est le tibia 1 qui est l'ar-
ticle le plus court, le tibia 2 et le fémur étant de longueur subégale.
Le doigt est un peu plus long que la moitié du
propode (fig. 19), lequel égale lui-même le trois
quarts du tarse. Les arti-
cles coxaux sont courts et
subégaux.
L'abdomen (lig. 1 2) égale
à peu près en longueur le
dernier segment du tronc ;
il est légèrement recourbé
de haut en bas et dilaté
en massue dans son tiers
postérieur.
Les pattes sont munies
de courtes soies spinifor-
mes disposées en rangées
longitudinales (fig. IS, 19). Les rangées |)rincipales sont au nombre
de trois au-dessus et au-dessous des lignes latérales. Entre ces rangées
essentielles on trouve d'autres saillies spinifères moins régulièrement
Fig. 16. — Colossendeis r/ra-
cillpes. Ç . — Partie termi-
nale de l'ovigère gauche,
qui est di'pourvu de grille.
Gr. 10.
Fig. 17. — Colossendeis gra-
cilipes, Ç. — Article termi-
nal des ovigéres avec ses
lîpines. Gr. 23.
62 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS ? >k
disposées, surtout chez la femelle, où elles sont particulièrement nom-
breuses et abondantes.
Les très petits orifices génitaux du mâle occupent leur position ven-
trale ordinaire, près du bord distal
un peu relevé du deuxième article
coxal. Dans la femelle, où l'orifice est
beaucoup plus grand, il occupe la
déclivité proximale d'une assez forte
Fig. 18. — Colossendeis f/racilipes,
patte. Gr. 2.
Cf. — Une
Fig. 19. — Colosneudeis yracilipes, o', — Les 3 ar-
ticles terminaux de la patte de la figure 18. Gr. 4.
bosse située distalement sur le côté ventral du même article. Par contre,
le pore glandulaire dorsal est beaucoup plus apparent dans le mâle que
dans la femelle, où d'ailleurs il occupe la même place (fig. 12),
sur la ligne médiane, à la naissance du tiers terminal de l'article.
Voici les dimensions des deux exemplaires types de l'espèce :
a
9
Longueur de la trompe
.Millim.
7
1,5
8
1,5
2,3
4
16
16
13
6
4,5
2,5
1,3
Millini.
8
10
1,8
2,0
4,7
18,4
18,3
14,5
7
4,7
2,7
1,4
Diamètre maximum de la trompe
Longueur du céphalothorax
Largeur du même entre les pattes 2 et 3
Longueur de l'abdomen
— des coxae de la patte 3
— du fémur —
— du tibia 1 —
— du tibia 2 —
— du tarse —
— du propode —
— de la griffe —
Largeur maximum du fémur
D'après les mesures précédentes, les pattes sont relativement plus
courtes chez la femelle que chez le mâle ; le rapport de leur longueur à
celle du céphalothorax est de 7,75 chez le mâle, tandis qu'il se réduit à
7,03 chez la femelle.
PYCNOGONIDES DU ii POURQUOI PASPr,. 63
Affinités. — En somme, mali^ré ses pattes plutôt prèles, l'espèce qui
nous occupe appartient bien au type des Coloasendeis longitarses. Comme
nous l'avons vu, elle se rapproche surtout de la C. rohustn et de la C. pa-
lagonica ; mais elle se distingue aisément de la première par ses pattes
bien plus grêles, sa trompe droite et plus courte, ses palpes dont le der-
nier article est plus long que le précédent, mais surtout par ses pattes,
dont le fémur et le tibia 1 sont subégaux et beaucoup plus longs que le
tibia 2 (le tibia 1 est l'article le plus court dans la C rohusta) ; elle
se distingue de la seconde par la longueur plus grande du troisième
article des palpes, la réduction extrême des griffes des ovigères et par
les dimensions plus réduites du fémur, qui, dans la C. ijutagonica^ est
beaucoup plus long que le tibia \ ; j'ajoute que le premier article coxal
est très nettement distinct du prolongement latéral qui le porte dans notre
espèce, tandis qu'il s'en distingue à peine, et seulement par une fine
ligne articulaire, dans la C. patarionica.
On sait que la C. pntagonica fut recueillie par l'expédition magellanique
hambourgeoise, dans les régions patagoniennes de l'Amérique du Sud,
sous 14° 1 i' latitude sud et61o23' longitude ouest Greenwich, la profon-
deur étant de 00 brasses.
Colossendeis australis.
1907. Colossendeis australis T. V. Hodgson (1907-), p. 59; PI. IX, fig-. 1, 1», 1"=; PI. X,
fig-. 1 et 2.
1911. — — E.-L. Bouvier (leil"), p. 1137.
Dragage \\° IX : 21 janvier 1009 ; au sud de l'île Jenny; latitude sud 68°,
longitude ouest Paris 70° 20' ; chalut 1; 270 mètres; température de l'eau
sur le fond + 0^,5 ; sable vert et roche. — Un exemplaire nifUe (fig. 20)
« jaune orangé » sur le vivant (N^ 258).
Les dimensions de ce magnifique exemplaire sont les suivantes :
.Millim.
Longueur de la trompe 35,5
Larg-eur maxima de la trompe 5,0
liOngueur du tronc -0
Largeur du tronc entre les deuxième et li'oisicmc pattes h,2
Longueur de l'abdomen 5,8
Patte droite de la dcuxiùmo paire :
Longueur totale des coxœ 9
64
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?«.
Millim.
Long-ueur totale du fémur 33
— du premier tibia 34
— du deuxième tibia 32
— du tarse 1^
— du propode ^
— de la eriffe -4,2
Fig, 20. — Colossendeis ausiralis, o'. — Cùté gauche avec le palpe cl l'ovigère. Gr. 2.
Millim.
Patte droite de la troisième paire :
Longueur totale des co.xae 8,9
du fémur 31,2
— du premier tibia 32,2
— du deuxième tibia 31,4
— du tarse 14
— du propode 7,8
— de la griffe 4,1
Cet exemplaire ressemble tout à l'ait au type décrit par M. llodgson ;
pourtant les doigts des pattes (fig. 21) égalent en longueur la moitié du
Fig. 21. — Colossendeis ausiralis Hoflgson. — Les 5 derniers arlicles rie la deuxième patte droite. Gr. 2.
propode et se distinguent d'ailleurs par un rétrécissement terminal fort
brusque, non signalé dans les types. Malgré un examen très minutieux,
je n'ai pu y reconnaître des glandes coxales.
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?^k 65
Distribution. — Les exemplaires types de la « Discovery », un mâle et
une femelle, furent capturés dans la province africaine, l'un à l'île
Coulman, au large du cap Wadworth, par 8 à 15 brasses de profondeur,
l'autre, au large des monts Erebus et Tcrror, par 500 brasses. L'espèce
semble donc être circumpolaire.
DEUXIÈME ORDRE. — nymphonomobp/JaR. l. Pocock. (emend.).
Première Famille. — NYMPHONID^ P. P. C. Iloek.
Des quatre familles que j'attribue à l'ordre des Nymphonomorphes,
celle des Nymphonidés est certainement la plus primitive, car tous les
appendices y sont bien développés. Elle se rattache aux Pycnogonides
ancestraux par l'intermédiaire de formes disparues ou qu'on ne connaît
pas encore; le scape des chélicères, en effet, ne compte qu'un article,
même dans le genre /Vw/a?iymjo/<on Hodgson, qui est décapode, et tous
les représentants de la famille ont des palpes de cinq articles, à l'exception
du genre Paranympho7i CauUery, qui en compte sept.
Outre ces deux genres, la famille comprend les Nymphoii Fabr.,
ChœtonympJion et Boreomjmphon, formes octopodes très voisines les
unes des autres et qui dérivent vraisemblablement des Pentanymphon par
l'intermédiaire des Nyniphon. On peut dire sans exagération que les
Nymplwn sont des Pentanymphon octopodes, les Chœtonymphon des
Nymphon trapus et pileux, à pinces courtes, les Boreonymphon des Chœ-
tonymphon aveugles dont les pinces sont inermes et les épines des
ovigères privées de denticules. Quant au genre Paranymphon, il dérive
d'une forme plus primitive que l'espèce actu(îllement connue du genre
Pmtanymphon, car il a des palpes de sept articles. On peut admettre que
cette forme éUitun Pentanymphon h palpes richement articulés : la varia-
tion dans le nombre des articles des palpes se manifeste dans le genre
Decolopoda\ elle a pu tout aussi bien se produire chez les PentanyinpJion.
Les genres Paranympho)i et Boreonymphon sont localisés dans les
mers arctiques ou dans leur voisinage et comptent chacun une espèce;
les trois autres genres ont des représentants dans les mers antarctiques et
fournirent quelques espèces aux naturalistes du « Pourquoi Pas? ».
Expédition Chatxol. — liouviEn. — Pyciiogonidos du « l'ouniuoi l'as ? ». 'J
66 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI P/IS ? ».
Genre Pentanymphon Hodgson.
Le genre Pentanymphoti a été fondé par M. Hodgson (1904, 4o9) pour
une espèce curieuse trouvée parla « Discovery » dans labaie Mac-Murdo.
Il présente cinq paires de pattes, mais est moins primitif que le genre
Decolopoda^ car le scape de ses chélicères est simple ; ses palpes n'ont que
cinq articles, et ses orifices sexuels sont moins nombreux, du moins chez
les mâles. Il n'offre aucune affinité avec ce dernier genre, et, en tout cas,
ne saurait en dériver, ainsi que le pensait M. Cole (1905). C'est un Nym-
phonomorphe très typique et le plus primitif de l'ordre, au moins parmi
les formes actuellement connues.
L'unique espèce du genre est le Pentanymphon ontarcticum découvert
par la « National antarclic Expédition » ; ce Pycnogonide présente des
griffes auxiliaires bien développées, et ses tarses sont à peu près de même
longueur que le propode.
Pentanymphon antarcticum T. V. Hodgson.
1904. Pentanymphon antarcticum T.-V. Hodg-son (1904), p. 459 et PI. XIV.
i905. _ _ _ (1905''), p. 35.
1905. _ _ _ (1905»), p. 397.
1905. — — L.-J. Cole (1905), p. 405.
1906. — — E.-L. Bouvier (1906'), p. 18.
1906. — — — . (1906"), p. 30, fig. 3-6.
1907. — — T.-V. Hodgson (1907"), p. 36-39, PI. V.
1908. _ _ _ (1908), p. 177.
1909. — — d'Arcy Thompson (1909), p. 537.
1910. — — E.-L.Bouvier (1910)p. 28.
1911. _ _ _ (1911''), p. 1137.
1911. _ _ _ (1911'-), p. 1.
Les spécimens recueillis par le « Pourquoi Pas? )> ressemblent à ceux du
« Français » et diffèrent du type de la « Discovery » par la forme du
céphalon, dont le cou est plus étroit (fig. 22) etla partie antérieure bien plus
dilatée, le rapport des largeurs de ces deux parties étant de 2,5 à 2,8,
tandis qu'il se réduità 1,56 dans la figure du type donné par M. Hodgson.
Les tibias 1 de ces formes sont d'ailleurs relativement plus courts, com-
parés aux tibias 2; le rapport varie entrel,42 et 1,53, tandis que, dans les
figures de M. Hodgson, ce nombre s'élève à 1,58; souvent aussi le propode
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PASP^k 67
est de même longueurou plus long que le tarse, alors que, dans le type,
il est notablement plus court.
On croirait, dès lors, se trouver en présence de deux formes géographi-
ques de la même espèce : l'une a?if/ustico/le
fig. 22), l'autre /aticolle{i\g. 23) : la première
appartenant à la province magellanique, où
elle a été trouvée par le « Pourquoi Pas? »
elle M Français », l'autre habitant les par-
ties australes de la province de Kerguelen,
où elle aété prise par la « Discovery ». D'a-
près quelques indications données par
M. Hodgson (1908, 177) sur l'exemplaire
capturé au Orcades du Sud par l'expédition
antarctique écossaise, il semble que cet
individu présente surtout des analogies
Fig. 22. — Pentanymp/ion antarclicum
Hodgson. — Trompe, céphalon et
base (les oppendiees correspondants,
avec la première forme, ce qui fortifierait '•^"'^ "° individu a k long. con.
l'hypothèse.
Il ne parait guère possible d'attribuer ces différences à la taille ni à
l'âge, encore que, dans lescollections du « Pourquoi Pas? », le seul indi-
vidu à peu près iden-
tique au type de M.
Hodgson soit plus petit
que les autres, et
presque de même taille
que l'exemplaire figuré
par l'auteur anglais.
Abstraction faite de cette
coïncidence, les carac-
Fif,'. 2:i. — l'enlinii/mphon aniarclicum. — l'artie aniiiiourc du
tèreS morpholociqueS corps dune Ç à cou brel': on voit, sur la i' coxa, les orifices
^ ^ ^ sexuels. Gr. 9.
de l'espèce nous appa-
raissent comme indépendants de la taille. M. Hodgson ne donne pas
les dimensions maxima et minima des exemplaires qu'il a étudiés,
mais il observe qu'elles « varient considérablement» sans entraîner de
modifications importantes dans les caractères spécifiques. Et, d'autre
68 PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PASP^k
part, il suffit'dejeterun coup d'œil sur le tableau relevé plus loin pour
voir qu'un exemplaire peut être franchement angusticolle, avec une taille
plus réduite que celle du type laticolle figuré par M. Ilodgson.
Ainsi le Pentamjmphon antarctkum semble bien représenté par deux
formes, l'une angusticolle, l'autre laticolle, ayant chacune dans l'Antarc-
tide une distribution propre. Il va sans dire que cette conception réclame
le bénéfice de contrôles ultérieurs.
D'après M. Hodgson (1907, 38), les orifices sexuels de la femelle se
trouvent sur la seconde coxa de toutes les pattes et sont assez distincts
chez l'adulte. Les orifices du màlo sonttoujours « difficiles à observer», et
l'auteur n'a pu les « apercevoir que sur les pattes des trois paires posté-
rieures ».
En ce qui concerne les récoltes du «Pourquoi Pas? », je considère
comme femelles tous les exemplaires où les orifices génitaux sont bien
distincts; ces orifices apparaissent ventralement sur la seconde coxa, très
peu éloignés de son bord distal. Les individus ainsi faits sont un peu plus
massifs que les autres et présentent des pattes un peu plus fortes, surtout
dans la région fémorale. Parce double caractère, ils correspondent bien
aux femelles de M. Hodgson, mais ce dernier auteur n'a pas indiqué la
position des orifices génitaux dans les exemplaires qu'il a étudiés.
Par contre, je tiens pour mâles tous les exemplaires où je n"ai pu
découvrir les orifices sexuels. Ces exemplaires ont les pattes grêles;
j'y ai découvert dorsalement, à la naissance du tiers distal delà deuxième
coxa, sur toutes les pattes, une légère saillie où s'ouvrent sans doute des
glandes coxales. Peut-être ces glandes coxales, comme les glandes
sexuelles du mâle, ne s'ouvrent-elles pas qu'à l'époque de la reproduc-
tion.
Dragage no III : 26 décembre 1908; chenal de Roosen, au nord de
l'îlot Casablanca; latitude sud 64° 48', longitude ouest Paris 65o51' :
chalut II, 129 mètres; température de l'oau sur le fond + Oo,;)5 ; cailloux,
roche, vase. Trois exemplaires (N» 22) « rouge-brique et blanc », dont
les orifices sexuels n'ont pas été aperçus. Ces trois exemplaires me pa-
raissent être des mâles; leur saillie porifère coxale est très nette, mais les
pores y sont rarement visibles. Deux de ces exemplaires sont à peu près
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?«. 69
de même taille et plus grands que le type figuré par Hodgson ; l'autre est
plus petit. Tous sont franchement argusticolles, mais l'un des premiers
a le propode très légèrement plus court que le tarse. On trouvera les
dimensions de cet exemplaire et du petit dans le tableau de la
page suivante.
Dragage no V : 29 décembre 1908; chenal Peltier, entre l'îlot Gœtschy
et l'île Doumer; chalut II, 92 mètres ; température de l'eau sur le fond
— 00,1 ; vase grise, gravier. Un exemplaire (No 48) « jaunâtre à taches
plus foncées ». Cet exemplaire est un angusticolle très net à cou allongé ;
il ressemble d'ailleurs au type de M. Hodgson par les dimensions relatives
des divers articles des pattes. Il appartient probablement au sexe mâle.
Un second exemplaire (N^ 49) était « jaune très pcàle » ; il ressemble
tout à fait au précédent par sa taille et par ses pattes, où, pourtant, certains
propodes sont aussi longs que les tarses.
Un troisièmeetdernierexemplaire(No50), «jaunâtre )),avec des« taches
plus foncées tirant sur le rouge ». Cet exemplaire est également angusti-
colle, mais son cépbalonest assez court, égalant au plus 2 millimètres, alors
que le céphalothorax mesure o^m^s ; les pattes et le tronc sont plus mas-
sifs que dans les exemplaires précédents, de sorte que l'animal ressemble
à une femelle ; pourtant je n'y ai pu voir les orifices génitaux. Les pro-
podes sont aussi longs ou plus longs que les tarses.
Dragage N» VII: 16 janvier 1909, prèsde la Terre Alexandre-I^'; atitude
sud 68» 54', longitude ouest Paris 72o 5'; chalut I, 250 mètres; tempéra-
ture de l'eau sur le fond-|- 1^,0; roche. Un exemplaire (N° 159) « jaune
pâle ».
Cet exemplaire (fig. 22) est un mâle angusticolle à très long cou, le
céphalon mesurant 3 millimètres alors que le céphalothorax atteint C^^^^S ;
le tronc et les pattes sont d'ailleurs fort grêles, de sorte que l'individu est
très probablement un mâle. Les pattes ressemblent tout à fait à celles
du type figuré par M. Hodgson, le rapport de t^ à /" étant de 1 ,57 (Voir le
tableau de la page suivante).
Un second exemplaire mâle (N» 160), de même couleur, présente les
mêmes caractères, abstraction faite du cou, qui est moins long et plus
épais, un peu moins pourtant que dans le type.
70
PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PASP^k
TYPE
figuré par
M. Hodgson
(lolicoUe).
Longueur de la trompe
Diamètre de la trompe
Longueur du céphalothorax
— du céphalon
Largeur maxima antérieure du céphalon
— minima du céphalon au cou
Rapport des deux dernières dimensions..
! Entre les prolongements
latéraux
Avec les prolongements
latéraux
Longueur totale des trois coxœ, patte 2. . . .
— de la deuxième coxa
— du fémur
— du tibia 1
— du tibia 2
— du tarse
— du propode
— de la griffe
Longueur totale de la patte 2
Rapport de la longueur du tibia 2 à celle
du tibia 1
1,83
0,00
5,3
1,82
0,83
0,53
1,56
3
3,5
1,83
4,36
5
7,93
1,45
1,15
0,50
23,89
1,58
FORMES ANGUSTICOI.LKS
du (( Pourquoi Pas ? ».
Drag. X
Drag 3
Dragag
petit ei.).
(grand ex.).
tf
i,î
2,1
2,3
0,55
0,8
1,0
4,8
G,G
7,3
1,35
2,3
2,3
1,14
1,4
1,5
0,25
0,50
0,54
2,5
2,5
2,8
0,88
1,2
1,0
2,5
3,6
3,2
2,85
4,6
5,0
1,45
2,1
2,5
3,90
5,6
6,1
4,50
6,1
6,5
6,40
9,2
10,0
1,17
1,7
2,0
1,32
1,6
1,9
0,48
0,7
0,8
20,02
29,3
32,3
1,42
1,51
1,53
2,3
1,0
7,0
2,0
1,20
0,4
3,0
1,0
2,85
4,0
2,0
5,3
5,3
7,5
1,5
1,9
0,8
26,3
1,41
Dragage n» XV : 26 novembre 1909, devant Port-Lockroy, chenal de
Roosen ; latitude sud 64» 19', longitude ouest
Paris 60049'; chalut I, 70 mètres ; vase et
cailloux. Quatre exemplaires de « colo-
ration brun jaunâtre clair avec, sur les pattes,
des raies orangées transversales et circu-
laires ». Ces exemplaires (N° 60I) sont
de grande taille, leur céphalothorax me-
surant de 7 à 8 millimètres ; trois sont des fe-
melles où les pores génitaux apparaissent fort
nettement ; le quatrième est un mâle (fig. 24)
"?' "^ <r, Exemplaire à cou bicf, où je n'ai pu découvHr d'autres pores que
du n» 6a[. Gr. 4. J r ri
ceux situés sur la face dorsale de la deuxième
coxa. Les quatre spécimens sont assez angusticolles, avec un cou de lon-
gueur médiocre (fig. 23). Les dimensions du plus grand, que je tiens
Fig. 24. — Pentanymphon aniarcti-
cum
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?yK 71
pour mâle (fig. 2 i), sont relevées dans la quatrième colonne du tableau de
la page précédente.
Un autre exemplaire (N» 653), « jaune sale pâle », est beaucoup
plus petit, son céphalothorax ne mesurant pas plus de 4 millimètres de
longueur. Cet exemplaire se distingue par la brièveté relative du cé-
phalon, qui est angusticoUe, le rapport de sa dilatation antérieure à la
partie la plus étroite du cou étant de 2,6. C'est probablement un mâle.
Je relève, dans le tableau de la page 70, les dimensions du type laticoUe
figurépar M. Ilodgïîon et cellesde troisexemplairesangusticolles recueillis
parle » Pourquoi Pas ?» :
Genre Nymphon Fabr.
Les N/pyiphon sont actuellement représentés par 08 espèces environ,
y compris les quatre nouvelles recueillies parle « Pour(|uoiPas? » au cours
de sa campagne. Ces espèces me paraissent devoir être réparties en deux
groupes : celles où les grilTes auxiliaires sont rudimentaires ou nulles et
celles où ces griffes sont bien développées.
Le second groupe est de beaucoup le plus vaste, car il comprend
toutes les espèces, à l'exception de 1 i qui seront signalées plus loin. Il se
trouve dans toutes les mers, et celles situées au nord de l'équateur n'en
renferment pas d'autres. La seule espèce qui, dans cette dernière région,
pourrait être rapprochée du premier groupe est le N. longimanum
G. 0. Sars, qui habite la mer de Kara ; dans cette forme, en effet, les
griffes auxiliaires sont très réduites et égales au plus, en longueur, au
dixième de la grille principale.
Les espèces du premier groupe se trouvent toutes dans la région aus-
trale et presque toutes dans les eaux subantarctiques ou antarctiques.
Les seules qui n'appartiennent pas à ces deux dernières régions se ren-
contrent au voisinage : le N. capensc llodgson dans les mers du Cap, le
N. procenini Hoek au large de Valparaiso et le .V. longicollum Hoek dans
les eaux chiliennes. Les griffes auxiliaires sont extrêmement réduites dans
cette dernière espèce ; elles font absolument défaut dans les deux autres.
J'ajoute que, parmi les 8 espèces subantarctiques du premier groupe,
une seule présente encore des griffes auxiliaires, qui sont d'ailleurs à
72 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?^>.
peine perceptibles, c'est le N. stf/lops, une espèce nouvelle recueillie en
abondance par le << Pourquoi Pas ? » .
Ainsi, alors que l'hémisphère austral renferme des espèces des deux
groupes, l'hémisphère boréal n'en comprend aucune sans grifies auxi-
liaires ; d'où il faut conclure que les Njjmphnn ont évolué plus vite, à ce
point de vue du moins, dans les régions australes.
Les Ni/f7îp/ion se tiennent à toutes les profondeurs et se rencontrent
fréquemment près du littoral, même dans les pays chauds, où ils semblent
d'ailleurs plus rares que dans les mers tempérées et froides. Leurs espèces
arctiques ou subantarctiques sont au nombre de 22 et celles des régions
australes au nombre de 19. Ces dernières se distribuent dans les deux
groupes et peuvent être caractérisées de la manière suivante :
Premier groupe (gTifFes auxiliaires rudimentaires ou nulles).
/. — Le tibia 1 n'est pas sensiblement plus long ou est plus court que le tibia 2.
— ' rnu • , ' Tubercule oculaire en lon^-ue colonne ordi-
" 1 ibia 11 ° .
S ; 1 I \ nairement munie d'veux (des erifîes auxi-
g- plus long- ,. . > J \ &
cl 1 f. y liaires) stulops nov.
o l que le fémur. r _, , , , . ,
" \ . lubercule oculaire court et aveug-le compactum
S \ Hoek.
S 1 Letibiala , Les 4 derniers articles des palpes sub-
f peu près de \ égaux Charcoti nov.
O, la longueur i Les 2 derniers articles des palpes bien plus
j3 \ du fémur, courts capense Hodgs.
t. 9£. /Le tarse I Le fémur est presque égal au
Ë tn Le ~« article, est plus \ tibia 1 (des griffes auxi- longicollum
2j o ^ I des palpes ^ court que liaires) Hoek.
ii §"^1 *^^' \ le i Le fémur égale les 3/4 du
_« ïj^lâ ' '^ P'*^^ / propode. ( tibia 1 proceruni Hoek.
~ ??-' I long. ;
^'£■^1 \ Le tarse est aussi long que le propode... nuipes nov.
^~ Les articles 2 et 3 des palpes subégaux; tarse plus long
'-^ ,^ que le propode lanare Hodgs.
Le2« article coxal égale environ les 2/3 du fémur, qui égale la moitié
du tibia 2 longicoxa Hoek.
//. — Le tibia 1 plus long que le tibia 2, lequel est à peu près égal au fémur.
Pinces fortes à longs doigts, 2« article coxal normal, le tarse plus
long que le propode hamatum Hoek.
Pinces médiocres à doigts médiocres; 2« article coxal très piri-
forme chez la 9 '> tarse plus court que le propode proccroides nov.
£3
s
o
c
3
bC
C
_o
©
T3
"S
y!
o
o
a}
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?».
73
Deuxième groupe (griffes auxiliaires bien développées).
/. — Tarse à peu près aussi long ou plus long (jue le propode.
Le fémiii' ot lus deux tihias suljùyaux articulare Ilodg--
SOIl.
Le 2" article des palpes nettement plus court que les sui-
vants hracliijrhynchum
lloek.
L'abdomen éj^ale la distance du front au
bord postérieur du segment 1 antarcticum
PfefTer.
2'' article des palpes plus de deux fois
aussi long que le 3' gracilipes Miers.
3
e
es cr.2
.2 o/dS
Le
2" article
des
j 3 3 palpes plus ^ l -f
J^ S.
a"
3
O
o
3
ce
aj
-Q
Le b'
article
long-
que les
autres.
<" 'l m 3
a
Fémur égalant le ti-
bia 1 et plus pelit
, , < que le tibia 2 friaiilum Ilodgs.
des palpes ) „. , -^ "
. I I ■" / J^'^'^ur plus petit que
" ' les tibias i et 2... fusrum Ilock.
^ \ 2. 'H i ^ f Le scape des chéli- \ ... ,
S I o ^ J Le 5" art. l - j. , méridionale
o -.i: c 1 , , \ ceres dépasse la ; ^t i
2 hs [des palpes t ./ \ Hoek.
'" s. plus court I , , u I- ■
i_5 0} ' I Le sca|ie des chclice-
\ i "^ '[ res égale la trompe, hieniule llodgs.
//. — Le tarse bien plus court que le projtode.
Tarse plus long que la moitié du propode ; article 2 et 3 des palpes
subégaux gracile Leach.
Tarse plus court '^'"'•^^'^^ ~' •^' ^ ^es palpes subégaux tridentaluni
que la moitié .,•,., j , ^ , , , Pfdler.
I . . j Article 3 des palpes beaucoup plus long que les adareanum
' [ autres Ilodgson .
Les quatre espèces recueillies par le « Pourquoi Pas ? » sont nouvelles
et appartiennent au premier groupe.
Nymphon stylops E.-L. Bouvier.
1011. Nymphon stylops E.-L. Bouvier (igil"), p. 1137.
Dragage no XVII : 26 décembre 1!)0!» ; SlicLlaiuls du Sud, ilc du Roi-
George, baie de l'Amirauté ; latitude sud 02° 12', longitude ouest Paris 00» o5'
environ ; chalut I, 420 mètres ; température de l'eau sur le fond-f- 0",3.
Trois lots de celte espèce, le premier (N° 723) avec 10 exemplaires munis
d'yeux et un aveugle, le second (no 721) avec 200 exemplaires environ, dont
vingt-cinq aveugles et quel(|ues mâles avec des œufs ou des larves. Les
variationsdecesexemplairessontétudiéesplusloin(p. 79) ;les mâles àpeu
Expédition Ckarcot. — BoiviEn. — l'ycnogonidcs du « Puuriiuoi Pas î ». 10
74 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?yy.
près en même nombreque lesfemelles. D'après M. Gain, ces Pycnogonides
sont « brun-marron »,etcelase voit encore trèsbien dansl'alcool, oùd'ail-
leurslacolorationn'estpastoujours uniforme, principalementsurlespattes.
Les exemplaires aveugles sont presque tous incolores, de même qu'un
très petit nombre d'exemplaires oculés. Le troisième lot(N° 735) ne com-
prend que deux spécimens, qui sont aveugles et incolores ; sur le vivant,
d'après M. Gain, ils étaient d'un « blanc sale ».
Voici les dimensions de deux exemplaires très normaux, un mâle, une
femelle.
Longueur de la trompe
Diamètre maximum de la trompe
Longueur du céphalon
— du pédoncule oculaire
Largeur du céphalon dans sa partie antérieure la plus
large
Largeur du céphalon au cou
Longueur totale du céphalothorax
Largeur du céphalothorax dans la partie antérieure du
■J^ segment
Largeur du céphalothorax avec les prolongements coxaux
(2^ segment)
Longueur des coxœ de la patte 2
— du fémur
— du tibia 1
— du tibia 2
— du tarse
— du propode
— de la griffe
Millim.
2,8
1,25
1,8
1,1
1,9
0,85
5
1,2
^'"^
3,9
5,8
5
2 2
1^8
0,9
Millim.
o o
1
1,5
1
1,7
0,75
/i
1,1
3
3,5
3,7
5
4,4
1,3
0,7
Le corps (fig. 25) est court et fort dans toutes ses parties, non sans
grande ressemblance avec celui du N. compactwn Hoek, espèce qui s'en
rapproche le plus.
La courte trompe (fig. 25, 26, 29) n'atteint pas tout à fait l'extrémité
distale du scape des chélicères ; elle atteint son maximum de largeur un
peu en avant du front, puis se rétrécit légèrement et régulièrement
jusqu'à la partie antérieure ; sa section transversale est un triangle à
faces un peu convexes et angles largement arrondis. Cette forme se
retrouve à son bout antérieur, au centre duquel se trouve une dépres-
sion en cercle ayant au centre une fente triangulaire dont les sommets
PYCNOGONIDES DU <i POURQUOI PAS?>k 75
correspondent aux milieux des faces de la trompe ; le sommet infé-
rieur est situé sur la ligne médiane, les deux autres plus haut, l'un à
droite, l'autre à gauche, sui- le
même plan horizontal. La trom-
pe est nue et à peu près deux
fois aussi longue que large.
Le cêphalon (fig. 25, 20, 29)
est court, en avant aussi large
que sa longueur, fort rétréci au
niveau du cou, qui est un sim-
ple étranglement à partir duquel
se dilatent les parties antérieure
et postérieure du cêphalon. Sur
la partie postérieure s'élève
verticalement le tubercule ocu-
laire, qui devient ici une co-
lonne subcylindrique presque
aussi haute que la longueur du
cêphalon. Cette colonne remarquable varie quelque peu dans sa forme :
tantôt elle est isodiamé-
trique depuis son épate- ^^^"^-^\j,
ment basilaire ; tantôt
elle se rétrécit un peu
jusqu'au sommet ; par-
fois, au contraire, elle se
dilate légèrement. Sa
partie terminale, très
obtuse, est couverte par
les quatre yeux noirs,
qui sont presque toujours
très rapprochés ou COn- Flg. 20. — Nijmphon slylops. o\ — Lanimal vu du cMÙ gauche
avec rovigèri' cl la base des appendices coirespondants. Gr. 10.
tigus.
Le //wic est épais et massif ; il se compose de segments courts, plus
larges que longs et nettement articulés. Les prolongements latéraux sont
Fig. 23. — Nyinp/ionsly/ops Bouv., Cf. — L'animal vu du
cùli5 dor.sal avec les ovigéros et la base des autres ap-
pendices ; les porcs coxau.x sunt ligures. Gr. (> 2/3.
76 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI P/IS?».
courts, à peu près de la longueur du deuxième segment et un peu dilatés
à partir de leur base ; la distance qui les sépare à leur origine est au plus
égale au tiers de leur propre largeur. Les seuls ornements de ces parties
du corps sont de longues soies raides et dressées, situées sur les pro-
longements latéraux ; ces soies se rencontrent au nombre de trois à cinq
ou six sur chaque prolongement latéral, accompagnées d'ordinaire de
quelques soies beaucoup plus courtes.
L'abdomen est horizontal, sans articulation basilairc et nettement
comprimé dans le sens dorso-ventral ; il égale à peu
près en longueur la moitié du tronc et, vu du côté
dorsal, présente la forme d'une large lancette à
sommet obtus. On y trouve un petit nombre de
soies menues et très courtes.
Lescapedes c//(?//cères (fîg.
27,28) se dilate un peu de la
base au sommet; il est dor-
salement orné de quelques
soies longues et raides, insé-
rées, avec des soies réduites,
sur des saillies transverses
peu marquées ; il y a notam-
ment un groupe de trois ou
quatre grandes soies près du
bord antérieur. Les pinces
(fig. 28) ne sont pas sensible-
ment plus longues que le
scape. La portion palmaire
se dilate un peu vers le milieu sans dépasser le scape en largeur;
elle n'est pas du tout comprimée et porte quelques brèves soies.
Les doigts sont à peu près aussi longs que la portion palmaire, un peu
infléchis sur elle et légèrement arqués; ils se croisent longuement à la
pointe et portent sur leur bord interne une armature continue de dents
aiguës et très inégales.
Les palpes atteignent ou dépassent à peine la*base des doigts des ché-
Fig. 27. — Ni/mp/ion slylops, Fig. 28. — Nymplion slylops,
cf. — Chélicéro giiuche. o". — La pince do la cliùli-
Gr. 16. cère gauche. Gr. 28.
PYCNOGONIDES DU >( POURQUOI PAS?». 77
licères ; leurs articles 2 et 3 sont subégaux, de même que les articles 4
et 5, qui égalent à peu près les deux tiers des précédents. Il y a quelques
soies raides sur les divers articles des palpes.
Les ovigères (fig. 26, 29) sont relativement courts, dépassantàpeinel'ex-
trémitédistale desfémurs anté-
rieurs. Leur troisième article
est un peu plus long que les
deux précédents, et les quatre
derniers sont presque sub-
égaux, encore que progressi-
vement un peu plus courts
de l'article 7 au 10^; celui-ci
se termine par une grifTe té-
nue, mais pour le moins aussi
longue que les deux tiers de
l'article lui-même et armée de
sept à huit denticules spinifor-
mes sur son bord interne. Les
épines barbelées des articles
terminaux sont longues et profondément échancrées, ce qui produit de
chaque côté trois, quatre ou cinq découpures; ces épines se trouvent au
nombre de neuf à onze sur l'article?, de six ou sept sur les deux suivants,
et de sept ou huit sur l'article 10. Il y a de nombreuses soies sur ces
articles, surtout à leur bord dislal, où elles deviennent plus longues. Les
mâles se distinguent fortement des femelles par la structure des articles
moyens de leurs ovigères ; l'article 4 est fort et arqui", l'article o un peu
plus long, rétréci et comme pédicule à sa base, fortement dilaté dans ses
deux tiers terminaux ; l'article 6 égale à peine la moitié de la longueur du
précédent et, lisse comme lui, également dépourvu de poils, se dilate
à sa base et prend la forme d'une longue poire. Dans la femelle, au con-
traire, ces articles sont tout à fait normaux; droits, munis de quelques
poils et sans dilatation aucune, l'article 6 étant à peine plus court que les
deux autres, qui sont subégaux.
Les /Jrt/to(llg. 30, 3ijontunelongueurmédiocre, ('galant au pluscinqfois
Fig. 20. — Ni/inphon sitjlops Bouv., cf. — L'animal vu du
oùIl' vi^nti-al, avec les ovigùros, la base des autres
appendices et les pores sexuels. Gr. 0 2/3.
7^ PYCNOGONIDES DU <i POURQUOI PASP>k
la longueur du céphalothorax; elles sont plutôt fortes et épaisses, surtout
dans la région fémorale. Le second article coxal se dilate régulièrement
de la hase au sommet et égale à peine en longueur les deux autres
//^(^f^..- articles coxaux réunis. Le fémur
égale en longueur les trois quarts
environ du tibia 1, lequel égale en
longueur le tibia 2, ou le dépasse
Fig. 30. — Nyniphon stylops, o'.
droite. Gr. 5.
La 2" patte Fig. 31. — Ni/mphon .lii/lops, o". — Extrémité de la
2= patte droite. Gr. 10.
quelque peu, cela variant d'une patte ou d'un individu à l'autre. Le tarse et le
propode sont beaucoup plus grêles et, au total, à peu près de la longueur du
fémur •, le propode égale à peu près les quatre cinquièmes de la longueur
du tarse. La griffe, très faible, égale au moins la moitié du propode ; à sa
base, dorsalement, sur le bord distal de ce dernier, on voit au microscope
deux griffes auxiliaires ayant environ un dixième de millimètre. La
ligne latérale n'est pas distincte, sauf sur le tarse et, à un moindre degré,
sur le tibia 2. Les longs poils dressés des prolongements latéraux du
tronc se retrouvent sur les coxa; un peu plus nombreux ; ils se retrouvent
également, d'ailleurs épars, sur les trois articles suivants ; les deux
soies de l'extrémité distale du tibia 2 sont particulièrement fortes et
presque spiniformes. Les deux articles suivants ne présentent que
des soies peu nombreuses et fort réduites.
Les orifices sexuels du mâle (fig. 29) sont extrêmement petits et très
difficiles à apercevoir ; d'après l'examen particulier des nombreux spéci-
mens de la collection, je crois pouvoir dire qu'ils sont localisés sur les
pattes des deux dernières paires, où ils se trouvent sur la ligne médiane
ventrale de la deuxième coxa, à une très petite distance du bord distal.
Même sur ces pattes, je n'ai pas toujours pu les apercevoir, et je me
demande si, dans cette espèce comme dans les Pentanymphon, ils
ne sont pas clos à certains moments. On a vu que les mâles se distin-
PYCNOGUNIDES DU u POURQUOI PASP«. 79
guent aisément des feniollcspar la dilatation remarqnajjlc des trois grands
articles moyens de leurs ovigères.
Les orifices sexuels des /hne/les sont assez grands, ovalaires et plus
éloignés du bord distal ; ils sont bien développés sur toutes les pattes. Ces
dernières se distinguent de celles du mâle par leur fémur un peu renflé.
Par contre, tous les articles des ovigères sont assez grêles; pourtant ils
étaient dilatés presque autant que ceux du mâle dans un exemplaire
femelle.
Sur plusieurs centaines d'exemplaires de cette espèce, je n'ai trouvé
que dix mâles chargés de la progéniture, huit avec des oeufs, les deux
autres avec des larves. Les œufs forment sur chaque ovigère un petit
paqa(!t frambroiséetréniforme(fig. 26, 29), qui en compte à peu près iO ; la
masse varie du bleu rougeàtre au jaune; elle se rattache à l'article 5 des
ovigères, dont elle embrasse la partie basale rétrécié en pédoncule : le
cément forme une sorte de cravate qui passe comme un pont au-dessus
du hile de la masse d'œufs réniforme et de la partie rétrécié de l'article ÎJ ;
cela constitue un collier sans aucune adhérence avec l'article et qui peut
glisser sur la partie rétrécié de ce dernier. Les œufs ont un diamètre
de 600 à 700;...
Les larves sont accrochées par leurs pattes aux lambeaux adhérents du
saccémentaire qui reliait les œufs. Je les ai toujours trouvées hexapodes,
avec une large et forte saillie oculaire dirigée en avant, et quelques grosses
épines au bout des articles des appendices. Ni palpes, ni ovigères. Le tarse
n'est pas encore séparé du propode ; les grifl'es auxiliaires et les grifTes
principales sont relativement plus longues que chez l'adulte.
Vavialiom. — De toutes les variations de cette espèce, les plus impor-
tantes de beaucoup sont celles relatives aux yeux. Nous savons déjà que
les tubercules columnaires qui les portent sont variables dans leur forme,
tantôt plus rétrécis à la base qu'au sommet, tantôt plus larges, le sommet
lui-même, ordinairement obtus, pouvant devenir aigu, ou former deux
ou quatre saillies. Quant aux yeux eux-mêmes, ils sont normalement au
nombre de quatre, mais [irésentenl des variations extraordinaires qui
conduisent à la cécité complète. Dans les exemplaires où ils sont le plus
développés, ils confluent totalement et ne présentent pas de limites
8o PYCNOGONIDES DU ^> POURQUOI PAS?».
distinctes, puis on lesvoit se séparer doux par deux, puis tous les quatre,
et alors se réduire de plus en plus jusqu'à disparaître. A vrai dire, les
exemplairesaveugles sont rares, et c'est àpeine si j'en ai trouvé 25 sur plus
de 200 individus ; mais ils représentent bien un état vers lequel semble
évoluer cette espèce. Au surplus, ils sont d'ordinaire blanchâtres, tandis
que les autres ont presque toujours une teinte brunâtre plus ou moins
foncée; d'ordinaire aussi, leurs soies sont plus longues et leur colonne
oculaire plus étroite. Mais il ne saurait être question d'en faire une variété
ou une espèce distincte.
A ce sujet, il convient de signaler deux exemplaires où les pédoncules
oculaires sont extraordinairement anormaux, en forme d'un haut et large
cône aigu, dont la base embrasse toute la largeur du céphalon ; l'un de ces
exemplaires a des yeux réduits; l'autre est complètement aveugle.
Il convient de signaler également des variations assez notables dans la
longueur relative des deux articles tibiaux et dans la position de l'abdo-
men qui s'incline assez fréquemment et se dirige alors un peu vers le
haut.
Affi7iilés. — Cette espèce est très voisine du N. compactum Hoek
(1881 , 41 , PI. II, fig. 6-8; PI. XV, fig. 10), qui s'en distingue : lo par ses
tubercules oculaires toujours aveugles et d'ailleurs réduits à un simple
bouton obtus {hhmt Ktiop):, 2° par les doigts de ses chélicères beau-
coup plus longs que la portion palmaire ; 3° par la structure des ovigères
du mâle, où, d'après lafigure de M. Ilodgson (1908, PI- I, fig. 5), l'article 5
est peu rétréci à la base et l'article G dilaté sur presque toute sa longueur
et presque aussi long que le quatrième ; 4opar l'absence de griffes auxiliaires.
Le A^. cofnpactum fut trouvé parle » Challenger », par 1 100 brasses de
profondeur, k l'est d'Auckland, latitude sud 40° 28', longitude ouest
Greenvich 177o43'; d'après M. Hodgson (1908, 168), l'expédition antarc-
tique écossaise l'a recueilli également par 62° 10' latitude sud et 41^20'
longitude ouest Greenvich, à une profondeur de 1 775 brasses. Le N. com-
pactum est donc une espèce abyssale, tandis que le N. st]ilopi< se tient à
de plus faibles profondeurs (420 mètres).
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?».
8i
Nymphon Charcoti K.-\.. Bouvier.
1011. Nymphon Chnrroli K.-L. Bouvier IGUM, p. II:;?.
Dragage 11° XVIII ; 2(1 di-Lcmbiv l'.IO!», Shetlands du Sud, île du Roi-
Georges, baie de rAinirauté ; latitude sud 62° 12', longitude ouest Paris
60° 53'; chalut I, i20 mètres; température de l'eau sur le fond -)- 0o,3;
vase,, cailloux. Trois e.vemplaires {N° 730), dont deux uiàles et lui
jeune. (Coloration sur le vivant, d'après M. Gain: «jaune légèrement
orangé » ; la pigmentation a complètement disparu dans l'alcool.
Un exemplaire mutilé de plus grande taille a été donné à M. Liouville
(N° 730) par un pêcheur norvégien, qui l'avait pris sur une Balénoptère
portant des PeneUa\ localité : Ghili austral.
Les dimensions du mâle et de la femelle types sont les suivantes :
Long'ueur de la trompe
Diamètre maximum de la trompe
Longueur du côpiialon
Largeur du céphalon dans sa partie antérieure la
plus larg-e
Largeur du céphalon au eou
Diamètre du tul^ercule oculaire
Longueur totale du céphalothorax
Largeur du céphalothorax dans la partie antérieure
du ■2« segment
Largeur du céphalothorax avec les prolong-ements
coxaux i2® segment )
Longueur du 1 «' article coxal
— du 2^ —
— du 3^ —
— du fémur
— du tibia 1
— du tibia 2
— du tarse
— du propode
— de la griffe
.Millini.
1,9
3,8
2,9
1,5
1 a|ipr
0,7
.1
ô,l
1,7
0.8
11
10,2
3,6
2,G
3,1
1,8
2.1
ô,2
'.ippr.)
0
0,0
1(1
3,1
3,8
5,3
3,8
1,4
1,3
14,2
2,8
10
3
7,2
2,8
21
22
25
5,7
5
Dans le mâle, les pattes mesurées sont la deuxième et la quatrième
du côté gauche; dans la femelle, la quatrième du côté droit, la seule à
peu près totalement intacte.
Le corps (fig. 32) est court et fort, moins condensé pourtant que dans
le N. stylops et le /V. compact um.
Expédition Charcot. — Boivieh. — l'ycnogonidea du « Pourquoi l'as? ». 11
82 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?)k
La trompe (fig. 32) ressemble beaucoup, par ses dimensions et sa forme,
à celle du N. siy/ops, mais elle est beaucoup plus nettement prismatique,
encore que ses anf;les obtus soient remplacés par des faces arrondies ;
comme dans le i\. compactum, sa partie dilatée est un peu rétrécie vers le
Fig. 32. — Ni/mphon Chnrcoti Bouv. — Exemplaire o' vu ilu côté dorsal. Gr. 3 I/o.
milieu. La face buccale de la trompe est un triangle dont les larges
sommets sont obtus et légèrement bilobés.
Le céphalon est fortement et presque également dilaté en avant et en
arrière, ces deux dilatations étant réunies par un cou plus étroit de moitié ;
il est plus large que long. La dilatation antérieure présente un
sillon médian qui s'étale et se perd entre les deux fortes saillies où
prennent base les chélicères. Le tubercule occupe la moitié postérieure
de l'autre dilatation ; il est un peu plus large que la moitié du cou et a la
forme d'un faible dôme lisse, régulièrement arrondi. Vers le sommet du
dôme se trouvent quatre petits yeux triangulaires largement séparés par
un intervalle en forme de croix. Dans l'exemplaire femelle, le dôme
oculaire est rétréci à la base.
Les segments du tronc sont un peu dilatés en arrière et très nettement
articulés; dans le deuxième, qui est le mieux développé, la longueur
PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS?». 83
est notablement plus grantle que la largeur et un peu plus l'aihle que les
prolongements latéraux, qui sont presque cylindriques. L'écartement dos
prolongements latéraux augmente de la base à la partie distale ; il est un
peu variable suivant les pattes et, dans sa pailic la plus large, il atteint
au moins la largeur des prolongements latéraux.
Vahdomen est à peu près aussi long que le segment qui le porte et
auquel il se rattache sans articulation ; cylindrique partout, sauf dans sa
partie terminale, où il se rétrécit peu à peu, il se relève très obliquement
vers le haut, formant avec l'horizontale un angle d'au moins OQo.
Outre les poils très courts et très fins, presque imperceptibles, qui se
trouvent plus ou moins nombreux sur les diverses parties du corps et des
appendices, le tronc présente dorsalement quekjues soies dressées fortes
et assez longues.
Le scape des c/«e7/mr.v(fig.32)est subcylindrique, avec un certain nombre
de fortes soies raides, les unes éparses, les autres distribuées en unrangsur
le bord distal. La pince est bien plus longue que le scape et assez forte-
ment infléchie en dedans suivant une courbe régulière ; sa portion pal-
maire se dilate un peu de la base au sommet et présente quelques soies
dorsales; elle est notablement plus courte que les doigts, qui se distin-
guent d'ailleurs par leur long entrecroisement terminal. Les dents du bord
interne des doigts sont représentées par des épines grêles, les unes longues,
les autres plus courtes, qui alternent régulièrement; il y a d'ordinaire
deux épines courtes dans l'intervalle compris entre deux longues épines
successives. A signaler l'inflexion très forte et le grand allongement du
doigt mobile dans sa partie terminale, qui prend ainsi la forme d'un
crochet.
Les palpes (fig. 32) atteignent à peu près l'extrémité des chélicères; ils
se distinguent par les dimensions presque égales de leurs quatre derniers
articles, surtout chez la femelle; dans le mâle qui nous a servi de type, les
longueurs respectives de ces articles sont 2°i"i,5, — 3 millimètres, —
2°^™, 3, ■ — 2 millimètres. Les deux premiers de ces articles sont notablement
plus forts que les articles terminaux, dont le dernier est particulière-
ment grêle, surtout chez le mâle, où il s'atténue singulièrement de la base
au sommet. H y a de petites soies raides assez nombreuses sur les
Fig. 33. — Kijinjihon Charcoti, C — \i\-
ti-émité d'un ovigùrc iGi'. lo) et une
de ses épines. Gr. 100.
84 PYCNOGONIDES DU <i POURQUOI PAS ? ^k
palpes, très peu de fortes soies et seulement sur le deuxième article.
Les oy/^^?'^s(fig. 33, 34) se distinguent par la brièveté de leurs trois articles
basilaires, surtout des deux premiers, par
la grande dimension de l'article 6, qui est
presque aussi long que l'article 4 et autant
que les articles 7 et 8 réunis, enfin pai- la
longueur à peu près identique des articles
8, 9 et 10, qui sont d'ailleurs plus courts
que l'article 7. Au surplus les différences
sexuelles ne sont guère moins accentuées
que dans le N. stylops : chez les mâles
(fig. 32), l'article 4 est large et presque
droit ; l'article 5 bien plus long, d'ailleurs
tordu, incurvé, fortement et régulièrement
rétréci à la base; l'article 6 a subi une tor-
sion en S fort sensible et d'ailleurs ne se
rétrécit pas notablementde la base au sommet. Dans la femelle (fig. 34), ces
trois articles sont droits, se dilatent régulièrement de la base à la partie
distale, et si l'article 4 présente une légère in-
flexion, les autres restent absolument droits. Les
griffes sont un peu plus courtes que l'article 10
dans les deux sexes, avec un bien plus grand
nombre de dents spiniformes chez la femelle (14)
que chez le mâle (o). Les épines barbelées des
quatre derniers articles sont analogues dans
les deux sexes, c'est-à-dire longues, grêles, tou-
tefois plus grêles chez le mâle (fig. 33) et avec des
barbelures latérales plus fines et moins nombreu-
ses. Le nombre de ces épines présente des
variations considérables ; dans l'ovigère droit
du mâle type, ces épines sont au nombre de H ,
7, 6 et 8 sur les articles respectifs 7, 8, 9 et 10,
U), 7,6, 8 ; dans l'unique ovigère intact de la
Fig. 34. — Nymphon Charcoti,
Ç. — Extrémité d'un ovigère
(Gr. 8) et une de ses épines.
Gr. 100.
dans l'ovigère gauche
femelle 10, 9, 9. H.
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?». 85
Les ;>«//?.« (fig. 32) se caractérisent par rallongement de leur partie coxale,
qui, chez le mâle, égale presque la longueur du fémur et où le second
article est sensiblement plus longque les deux autresréunis. Le fémur et le
tibia 1 sont à peu près de même longueur, aussi longs ou un peu plus courts
que le tibia 2 et d'ailleurs beaucoup plus forts. Le tarse et le propode
sont longs et plus grêles encore que le tibia 2, parfois subégaux, encore
que d'ordinaire le tarse dépasse en longueur le propode ; la grille, très
grande et presque droite, dépasse en longueur ce dernier et ne présente
pas de griffes auxiliaires. Les lignes latérales des pattes sont très nettes,
surtout à partir du fémur. On trouve sur toutes les pattes du mâle, prin-
cipalement sur leurs faces latérales et dorsales, des soies raides assez
nombreuses et inégales, dont certaines sont plutôt longues. Ces soies
paraissent moins nombreuses et d'ailleurs réduites à leur base dans la
femelle, dont les pattes se distinguent en outre de celles du mâle parla
réduction relative de leur partie coxale et par leur gracilité [)lus grande,
surtout dans la région fémorale.
11 n'est pas normal de voir, chez les Pycnogonides, les pattes et notam-
ment les fémurs plus étroits chez la femelle que chez le mâle. Et, si l'on
observe d'ailleurs que notre femelle s'écarte du mâle par ses téguments
lisses et sans grandes soies, par ses coxa? relativement réduites, par
l'égalité presque absolue des quatre derniers articles de ses palpes, et par
l'inégalité beaucoup moins grande des fines dents spiniformes de ses chéli-
cères, on est en droit de se demander si cet exemplaire femelle n'appar-
tient pas à une autre espèce que le mâle, aune espèce d'ailleurs très
voisine. Cela est bien possible ; mais il est très possible aussi, et àmonsens
plus probable, que les différences précitées sont dues aux dimensions
plutôt réduites des mâles par rapport à notre femelle. Au surplus,
l'espèce compte certainement parmi les Ni/tti/j/ion de grande taille, car le
premier exemplaire du dragage XVlll, quoique assez volumineux déjà(son
céphalothorax mesure presque 8 millimètres), n'est pas encore sexuelle-
ment différencié.
Comme dans l'espèce précédente, le mâle se distingue de la femelle
par ses ovigères et par ses orifices sexuels, qui sont très réduits, subter-
minaux et localisés sur les pattes des deux dernières paires.
86 PYCNOGONIDES DU (^ POURQUOI PAS?».
Affin'xtèsi. — Cette espèce est nettement caractérisée par ses palpes, ses
coxœ, ses très longues griffes, sa forte taille ; on ne saurait la comparer à
aucune autre, sauf pourtant au N. capense Hodgson (1908, 101, 65, PI. I
fig. 2), du Cap, dont la taille est d'ailleurs petite et où les deux derniers
articles des palpes sont bien plus courts que les deux précédents; j'ajoute
que les ovigères du N. capense sont peu différents dans les deux sexes,
avec le quatrième article plus long que le suivant, alors qu'il est beaucoup
plus court dans le N. Charcoti.
Nymphon tenuipes E.-L. Bouvier.
1911. Nymphon tenuipes E.-L. Bouvier (19Hb). P- 1187.
Dragage n» XVII : 2(3 décembre 1909; Shetlands du Sud, île du Roi-
George, baie de l'Amirauté; latitude sud 62° 12', longitude ouest Paris
60o55' : chalut I; 420 mètres ; température de l'eau sur le fond-}- Oo,.'3 ;
vase, cailloux. Un exemplaire immature, « d'un jaune pâle sale ».
Les dimensions de cet exemplaire sont les suivantes :
Mlllim.
Longueur de la trompe 0,9
Diamètre maximum de la trompe 0,33
Longueur du céphalon 1,1
Largeur du céphalon dans sa partie antérieure la plus large. . . 0,5
— au cou 0,22
Diamètre du tubercule oculaire 0,17
Longueur totale du céphalotiiorax 3,0
Largeur du céphalothorax dans la partie antérieure du 2« seg-
ment 0,3
Largeur du céphalothorax avec ses prolongements coxaux
(2' segment) 1,25
Longueur des coxae de la patte 2 gauche 2,58
— du fémur — 3,0
— du tibia 1 — 3,8
— du tibia 2 — 4,4
— du tarse — 1,1
— du propode — 1,0
— de la grifTe — 1,7
Cette espèce est grêle dans toutes ses parties, et notamment dans les
pattes, qui sont d'une ténuité extrême, surtout à partir des tibias, d'où
le nom que je lui attribue.
La trompe [û^. 35) se dilate un peu à partir de la base, puis devient à peu
Fig. 33. — Nymp/ion lenuipes
Bouv. — Vue dorsale avec la
base des appendices. Gr.
14 \li.
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS ? >^. 87
près subcylindrique ; elle estforte, courte, dépassant à peine l'article 2 des
palpes et n'atteignant pas, il s'en faut, l'extrémité
du scape des chélicères.
Le cpphalon (fig. 35) est assez allongé, avec un
cou plutôt étroit et la partie antérieure fortement
dilatée. Le tubercule oculaire forme une saillie
large assez élevée, à sommet arrondi ; sur ce som-
met on distingue deux bandes pigmentaires d'un
brun rougeàtre formant croix; mais ce ne sont
pas là des yeux, car on observe des traînées pig-
mentaires analogues en d'autres parties du corps.
Si les yeux existent, ce qui me paraît peu probable,
ils n'ont pas, dans le spécimen, une coloration qui
permette de les distinguer.
Le tronc est relativement étroit, avec des pro-
longements légèrement dilatés de la base au som-
met, et bien plus étroits que les intervalles qui les séparent. Comme les
autres parties du corps, il est assez transparent, uni, et semble totale-
ment dépourvu de poils. Ses segments sont réunis
par des articulations très nettes.
Vabdomen, par contre, ne présente pas d'articu-
lation basilaire ; il est à peine plus long que les
prolongements coxaux postérieurs et presque ver-
ticalement relevé. Cylindrique à la base, il s'atténue
en cône au sommet.
Les chélicères (lig. 36) sont faibles, mais assez
longues, avecquelques rares soies dresséessurlaface
supérieure de leur scape. Lapince est àpeuprès de
la longueur de ce dernier ; elle n'est pas sensible-
ment infléchie, ce qui est rare chez les Nymphons,
et se dilate régulièrement depuis la base jusqu'au ni-
veau des doigts; ces derniers sont de même longueur
que la portion palmaire et régulièrement recourbés en arc dans leur par-
tie distale; leurs bords internes sont armés de fines dents spiniformes.
Fig. 36. — Nymphon lenui-
pes. — Cliclicère. Gr. 30.
88 PYCNOGONIDES DU u POURQUOI P.4S?».
Les jjâ/pes ilig. 37; atteignent à peu pvrs rexti'émitr des pinces ; leurs
deux derniers articles sont subégaux ; le deuxième est de beaucoup le plus
long. Longueur des quatres derniers articles :0°i°i, 72,
Omm^57, 0'ii™,33. 0mm, 38. Les soies des palpes
sont Unes, assez nom-
breuses, d'ailleurs peu
allongées.
Les oviçières (fig. 38)
sont remarquables par
la torsion légèrement sig-
moïde et l'extrême allon-
gement de l'article .t,
qui égale plus de trois
fois le suivant et une fois
et demie le précédent.
Ce dernier est régulière-
ment arqué. Les quatre
derniers articles {fig.39j sont courts, subégaux, encore qu'ils diminuent
un peu de longueur du premier au der-
nier ; leurs épines (fig. 40) se découpent
assez longuement sur les bords; j'en ai
compté dix à
douze sur l'arti-
cle 7. La griffe
est aussi longue
Fig. 37. — Nymphon lenui- Fig. 38. — Xymphon lenuipes.
pes. — Palpe. Gr. 36. gère. Gr. 14 i/i.
Ovi-
que le dernier ar-
ticle. Les ovigè-
res sont grêles
sur toute leur
étendue, avec de
courtes soies épar-
ses.
Comme on le voit par le tableau de la page 86, lefémur(fig. 41; est un
peu plus long que les coxse, notablement plus court que le tibia 1 et
•ii^
f^^"
39. — Nymphon tenuipes. — Extro- Fig. 40. — Nymphon lenuipes. —
mité d"un ovigère. Gr. 100. Une épine des ovigèrcs. Gr. 384.
PYCNOGONIDES DU <i POURQUOI PASP^k 89
beaucoup plus que le tibia 2 ; le deuxième article coxal s'élargit régulière-
ment de la base au sommet et dépasse en longueur les deux articles con-
tigus réunis. Le tarse est à peine plus long que le propode et bien plus
court que la grille, laquelle estlégèrementarquée, sans rudiment apparent
Fig. 41. — Nymphon tenuipcx. — Palle droite, Gr. Ifi.
de griffes auxiliaires. Il y a de très longues soies raides et épaisses sur le
fémur etles tibias.
Je n'ai pu apercevoir les orifices sexuels de sorte que l'exemplaire est
peut-être un jeune.
Affinités. — Cette espèce est très voisine du N. longicoihim Hoek (1881,
40, PI. m, fig. 1-3; PI. XV, fig. U) qui s'en dislingue : 1° par son tarse
court; 2° par ses grifi'es auxiliaires <|ui sont présentes, encore que rudi-
mentaires ; 3° par le grand développement du deuxième article des palpes,
qui est plus large que les deux suivants réunis ; 4° par son tubercule
oculaire en cône aigu ; l)° par ses griffes plus courtes que le propode. Elle
s'éloigne davantage du N.procerum Hoek (1881, 30, PI. II, fig. 9-12), dont
le tarse et la grifl'e sont également bien plus courts que le propode, dont
le deuxième article coxal est court et piriforme, le cou dilaté en arrière
du milieu pour l'attache des ovigères, et dont les pinces sont très longues
et fortement infléchies, la trompe ayant d'ailleurs une autre forme. Le
Expédition Cluircot. — Bouvieh. — Pyonogonides du « Poui'nuoi Pas ? o. 12
90 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?».
N. longicolhim fut capturé par le « Challenger » au large du Chili, par
222b brasses, etleyV. j^rocer^«7^à^ouest deValparaiso, par 2 160 brasses.
Nymphon proceroides E.-L. Bouvier.
1911. Nymphon proceroides E.-L. Bouvier (1911 ), p. 2137.
Dragage n" XVII : 26 décembre 1909; Shetlands du Sud, îles du
Roi-George, baie de l'Amirauté ; latitude sud 62° 12', longitude ouest
Paris 60° o.")'; chalut I, 420 mètres ; température de l'eau sur le fond -1- 0°,3;
vase, cailloux.
Trois exemplaires femelles (N° 724) qui se trouvaient noyés dans la
masse des N. stylops.
Cinq mâles et sept femelles (N° 732) d'un « brun pâle ».
Je relève ci-dessous les dimensions d'un mule et d'une femelle types :
Longueur de la trompe
Diamètre maximum de la trompe
Long-ueur du céphalon
Largeur du céphalon dans sa partie antérieure la
plus large
Largeur du céphalon au cou
Diamètre du tubercule oculaire
Longueur totale du céphalothora.x
Largeur du céphalothorax dans la partie la plus
étroite du 2« segment
Largeur du céphalothorax avec ses prolongements
coxaux (2« segment)
Longueur des coxœ de la patte 2 droite
— du deuxième article coxal
— du fémur
— ■ du tibia 1
— du tibia 2
— du tarse
— du propode
— de la griffe
MHlini.
1,2
0,56
1,30
0,9
0,35
0,27
3,1
0,38
1,9
2,3
1,4
2,5
3,0
2,6
1,1
1,2
1,8
Milliin.
1,3
0,7
1,7
1,0
0,46
0,50
4,20
0,.50
2,35
3,2
1,9
3,2
4,7
3,3
1,35
1,45
0,7
Les pattes de ce Pycnogonide sont moins grêles que celles de l'espèce
précédente, mais le corps a une structure analogue.
La trompe (fig, 42, 43) atteint à peu près l'extrémité distale du scape
des chélicères; elle se rétrécit un peu vers la base et devient ensuite à
peu près cylindrique.
PYCNOGONIDES DU '^POURQUOI PAS?>k 91
Le cép/talon (fig. 42, 43) est moins allongé que le tronc ; sa partie antérieure
est très dilatée, son cou
étroit et long ; tout à fait
en arrière s'élève le tu-
bercule optique, dont la
base est aussi large que la
partie la plus étroite du
cou, la hauteur assez
grande et le sommet ob-
tus ; le tubercule se rétré-
cit un peu depuis la base
jusqu'à la région oculai-
re ; les yeux sont réduits
et largement séparés sur
la ligne médiane.
Le^/-onc(fig. 42, 43) est
étroit; ses articles se dila-
tent d'avant en arrière et émet-
tent des prolongements coxaux
à peu près aussi longs que le
segment qui les porte : assez
fortement rétrécis vers la base,
ces prolongements deviennent
ensuite subcylindriques (fe-
melle) ou se dilatimt légère-
ment en massue (mâle), ce qui
présente d'ailleurs quelques
variations dans l'un et l'autre
sexe; ils sont séparés par des
intervalles aussi grands ou plus
grands que leur largeur maxi-
ma. Les articulations segmen-
taireSSOnt fort nettes. pig. 43.— Ni/mphon proceroides Bouv., cf. — Laiiimal
... avec si'S chOlicèrcs, ses palpes, ses ovigères cl la base
L abdomen est cylmdrilorme, des pattes, lace aoisaie. Gr. s.
I''iK- 'i-- — Si/mp/ioii proceroides Bouv., o'. — L'animal avec ses
chijlicùres, ses palpes, ses ovigères cl la base des pattes (face
dorsale). Gr. 8.
92 PYCNOGONIDES DU i< POURQUOI PAS?».
horizontal, à sommet obtus; assez long, il ch'passe notablement l'ex-
trémité distale du prolongement coxal postérieur.
Les chélicères (fig. 42, 43) sont assez forfes. Leur scape se dilate un peu
de la base à l'extrémité distale et se recourbe un peu en dedans. Les pinces
sont à peu près de la longueur du scape ; leur portion palmaire subglobu-
leuse, ouplulôtfortementovoïde, estbeaucoup moins longue que lesdoigts.
Ces derniers sont régulièrement infléchis de dehors en dedans; leur arma-
ture se compose d'un peigne de longs denticules spiniformes largement
séparés, sans armature intermédiaire plus petite.
Lespalpes (fig. 42, 43) n'atteignent pas tout à fait l'extrémité des pinces ;
l'article 3 est à peine plus long que l'article 2 ; l'article 4 égale les deux
tiersde l'article 3 ; l'article o est plus court, plus étroit et presque atténué en
pointe. Longueurdes trois derniersarticlesdanslafemelie type : 0™iii,73 —
Omm^;jO^ — 0m™,40. Il y a quelques poils dressés et courts sur les deux
derniers articles.
Les ovigères (fig. 44, 45, 46) sont à peu près identiques dans les deux
Fig. 44. — Nymphnn proceroides, Fig. 43. — Nymphon procevoides, Fig. 46. — Nymp/ioii proceroides.
- Ovigèie gauche. Gr. 14 1/2.
cf. — Extrémité de l'ovigére
droit (Gr. 30) et trois de ses épi-
nes. Gr. 100.
Ç. — Extrémité de l'ovigére
droit (Gr. 36) et deux de ses
épines. Gr. 100.
sexes; leur article 6 égale la moitié de l'article 4, qui est lui-même égal
aux trois quarts du cinquième ; ces deux derniers articles sont un peu
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PASP^k 93
arqués. Les articles décroissent un peu en longueur de l'article 6 au der-
nier, qui porte une griffe étroite presque aussi longue que lui-même.
Longueur des quatre derniers articles avec le nombre de leurs épines
denliculées dans le type femelle (fig. i-O) :
■ 7» article : 0™™,00
8e __ On"n,40
ye _ (jmm 38
IQe _ 0™m35
8 opines.
5 —
4 —
Lrs paltes (fig. il-aO) se distinguent par la réduction de leur second
tibia, qui est à peu près de la même
longueur que le fémur et notable-
ment plus court que le tibia 1 ; leur
tarse est également un peu plus
court que le propode ; les griffes
auxiliaires font totalement défaut. Le
deuxième article coxalest à peu près
aussi long que les deux autres articles
coxaux ; il présente dorsalement une
Fig. 47. — Symphon proceroides Bouv., cf. — La Fig. 48. — Si/mp/ion pioceroidcs cf. — Les tiois
2'" \>Mi' (lroit(>. (ir. G 1/2. arlirle.s tcrjninaux do la 2'' patte droi'e. Gr. 16.
saillie subdistalc sur bicfuellc je nui pu voir des orifices glandulaires.
Cet article se dilate un peu de la base au sommet chez le mâle,
très fort, et de manière à devenir piriforme chez la femelle (fig. ')2),
où d'ailleurs le fémur est beaucoup plus renflé que chez le mâle. Il y a
un orifice sexuel sur toutes les pattes dans la femelle, et Ton voit,
chez certains mâles, une rangée de saillies à pores cémentaires sur le
bord ventral du fémur.
Le corps est dépourvu de pubescence, mais très finement granuleux ;
les pattes sont ciliées de quelques soies fort courtes.
94 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?«.
Affinités. — Cette espèce se rapproche surtout du N.hamatum Hoek, qui
s'en distinguo d'ailleurs par ses yeux obsolètes, ses pinces beaucoup plus
longues, plus arquées et plus fortes, ses pattes plus allongées et plus
grêles, ses palpes où l'article 2 est
Fig. 49. — Nymphon proceroides, Ç. — La 2" patte Fig. 50. — Nijmphon proceroides, Ç. — Les 2= et
gauche à, parlir ilu 2' article coxal. Gr. G 1/2. 3" articles coxaux avec l'oi'ifice génital. Gr. 18 1/2.
beaucoup plus long que l'article 3 ; il rappelle le IV. procerum Hoek par la
dilatation (chez la femelle) du second article coxal; mais tous ses autres
caractères l'éloignentde cette espèce. Le^V. hamatam en une espèce sub-
antarctique trouvée par le << Challenger » dans les parages des îles Crozet,
par 1 375-1 600 brasses. Le N. procerum fut également capturé par le
« Challenger »> ; c'est une espèce abyssale trouvée à l'ouest de Valparaiso.
Genre Chaetonymphon G. 0. Sars.
Le genre Chœtonymphon se rattache étroitement aux Nymphon, dont
il se distingue par le corps trapu, la pilosité abondante et la brièveté
relative des pinces des chélicères. Les 13 espèces qu'il renferme sont
toutes localisées au voisinage des pôles et descendent rarement à des
profondeurs un peu grandes; 8 d'entre elles sont antarctiques et carac-
térisées par leur tarse plus long que la moitié du propode ; les 5 autres
habitent les mers arctiques et se distinguent par leur tarse court, qui
atteint au plus la moitié du propode.
Une espèce du premiergroupe, le Ch. brevicaudatum, a été recueillie par
les naturalistes du « Pourquoi Pas? ».
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?«. 95
Chaetonymphon brevicaudatum Miers.
187."). Nymphon breincaiidatnm E.-J. Miers (1875'), p. 117.
1879. Nymphon breviraiidntum E.-J. iMiers (1879), p. 200- 1.^4, PI. XI, fig. 8.
1879. Nymphon horridum R. Bohin (1879), p. 17.5, Taf I, (ig-. 3-3 /•.
1881. Nymphon brevicaudatum P. P. C. Hoek (1881^). p. 49, PI. IV, Vig. 12-13, et PI. V,
(ig. 1-5. (.'V. hispidum dans les planches).
1888. Nymphon brevicaudatum G. Pfell'er (1888), p. il, 1889.
1902. Chœtonymphon brevicaudatum K. Moijius (1902), p. 181, Taf. XXVI, fig. 1-0.
1908. Chxtonymphon brevicaudatum T. V. Ilo.igson (1908), p. 172.
1910. Chxtonymphon brevicaudatum E.-L. Bouvier (1910''), p. 178.
1911. Chxtonymphon brevicaudatum E.-L. Bouvier (1911"), p. 1138 (191^), p. 41i.
Dragage n^ III : 26 décembre 1008 ; chenal de Roosen, au nord de l'île
Casablanca; latitude sud 04° 48', longitude ouest Paris Go» 51' ; chalut II,
129 mètres; température de l'eau sur le fond -f Oo,55 ; cailloux, roche,
vase, grès verdàtre. Deux exemplaires « brun ptile », l'un mâle avec des
œufs qui mesurent un peu plus d'un demi-millimètre (0°"»,7), le second
femelle (NO 20).
Un exemplaire mâle (N° 34), où je n'ai pu apercevoir les orifices sexuels.
Cette espèce est h. la fois antarctique et subantarctique, d'ailleurs large-
ment répandue, puisqu'on la connaît dans la province de Kerguelen (à
Kerguelen d'après Miers, Bôhm, Hoek, Môbius, Bouvier) et dans la pro-
vince de Magellan [Nouvelle-Géorgie (d'après Pfefler, Bouvier), Orcades du
Sud (d'après IIodgson)et île Casablanca (d'après les recherches du« Pour-
quoi l'as? ») I. Elle paraît surtout commune à Kerguelen, où on la trouve
sur le rivage et jusqu'à une profondeur de 450 mètres (Mobius); on l'a
prise à 15 brasses aux Orcades du Sud.
Les trois exemplaires ci-dessus sont très normaux, avec leur céphalo-
thorax concentré (long de .3ii™,5), leurs pédoncules optiques coluni-
naires et les longues soies raides qui s'élèvent sur les diverses parties de
leur corps, notamment sur les pattes. Dans la femelle du N» 20, il y a
une épine denticulée de plus sur divers articles des ovigères.
Deuxième Famille. — PALLENID.(E P. P. C. Hoek.
Les Pallénidés sont voisins desNymphonidés, ainsi que l'ont reconnu
la plupart des auteurs, entre autres M. Loman (1908, 40), quis'estappli(|ué,
non sans succès, à bien meltre en évidence les caractères distinctifs des
96 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?«.
deux genres principaux de cette famille : les Pallene Johnston et les Para-
j)pUenc Carp. Les palpes font presque toujours défaut chez les Pallénidés,
mais on en trouve encore des rudiments dans quelques espèces de
Varapallene [longiceps Bolim, langukla Hoek) et de Pallene [dimorpha
Hoek, valida Hasswell), de môme que chez les mâles du genre Neopallene
Dohrn. Ces rudiments se réduisent à un court bourgeon, sauf dans la
Parapallene longiceps^ où ils sont aussi longs que la trompe et comptent
deux articles, ainsi que j'ai pu le constater sur un exemplaire des collec-
tions du Muséum (4911''^, 1136). Les ovigères sont également un peu
variables : d'ordinaire, ils ont une structure primitive et se composent de
dix articles, avec épines difierenciées et griffe terminale; pourtant la griffe
manque à tous les Pallene^ sauf dimorpha Hoek, et à deux espèces de
Parapallene {longiceps? et languida) ; il n'y a pas d'épines spéciales aux
ovigères des Parapallene capra Loman et Gruhei\\oc^\^.
La famille comprend cinq genres : Parapallene Çi?i.v[i, Cordi/locheleG. 0.
Sars,/^5e»f/o;j«//e??eWilson,/*«//i???e Johnston et /V^jo/ja/Z^rt^ Dohrn. Les trois
premiers se distinguent par l'absence de grifies auxiliaires, tandis que les
deux autres en sont pourvus. Dans le genre Parapallene^ les doigts des
chélicères sont finement et régulièrement denticulés, comme dans les
Nymphonidés, alors que les épines sont remplacées par de grosses dents
souvent absentes chez les Cordylockele et Pseudopallene, les espèces de ce
dernier genre ayant sur le corps, ordinairementaussi sur le scape des chéli-
cères et sur les pattes, une armature épineuse qui manqueaux genres pré-
cédents. Quant aux Pallene, elles se distinguent des Neopallene par leurs
ovigères, qui sont presque toujours dé[)ourvus de griffes et dont les
épines spéciales sont obtuses au lieu d'être aiguës.
Ainsi comprise, la famille compte actuellement 31 espèces, dont 5 seu-
lement sont antarctiques, la. Pallenedi?norphalloek, et 4 espèces du genre
Pseudo pallene. Le nombre desespèces arctiques est de 9.
Les trois espèces recueillies par le « Pourquoi Pas? » appartiennent
toutes au genre Pseudo pallene; deux d'entre elles n'étaient pas connues
jusqu'alors.
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?». 97
Genre Pseudopallene Wilson.
Ce genre est propre aux régions polaires ; des 6 espèces qui le repré-
sentent, 2 habitent les mers arctiques {P. spinipes Fab. et P. circularis
Goodsir), les 4 autres sont antarctiques. A l'exception de la /*. aush^alis
llodgson, ces dernières font partie des récoltes du « Pourquoi l'as? ».
Les Pseudopallene sont très voisines des Cordijlochele, qui comptent
3 espèces toutes arctiques. J'ai indiquéplus haut(p. 90) les caractères essen-
tiels qui différencient les deux genres ; il y aurait aussi, chez les Pseu-
dopallene, des soies menues autour de la bouche, mais il ne m'a pas été
possible d'observer ces formations spéciales.
Pseudopallene cornigera Mobius.
1902. Pseudopallene cornigera K. Mobius (1902), p. 188G, Tuf. XXVII, lîg-. i4-2i).
1905. Cordijlochele Turqueti E.-L. Bouvier (1905), p. 297.
1906. Cordi/lochele Turqueti E.-L. Bouvier (1906'), p. 18.
1906. Cordijlochele Turqueti E.-L. Bouvier (1906''), p- 33-39, fig-. 7-18 bis.
1907. Pseudopallene corniyera T. V. Hodgson (1907''), p. 7, PI. I, fig-. 3.
1911. Pseudopallene cornigera E.-L. Bouvier (1911''), p. 1138.
Dragage n» XVII : 2(3 décembre 1909 ; ShetlandsduSud, île du Roi-George,
baie de l'Amirauté ; latitude sud 02° 12', longitude ouest Paris 00° '6'.V \
chalut I, 420 mètres; température de l'eau sur le fond -f 0o,3; vase,
cailloux.
Un exemplaire « brun » sur le vivant (n^ 734), aujourd'hui tout à fait
décoloré. C'est un mâle parfaitement adulte, encore qu'il ne m'ait pas été
possible d'y apercevoir les orifices sexuels. Vers le bout distal du long
articledesovigères (le cinquième), se trouve encore le manchon cémentaire
qui réunissait les œufs, et des larves sont encore agrippées au manchon. Ces
larves n'ont que deux paires de pattes bien développées, la troisième étant
réduite encore à des bourgeons; les chélicèresysont puissantes; la trompe
est réduite.
Cet exemplaire ressemble tout à fait à celui que j'ai désigné antérieu-
rement sous le nom de Cordijlochele Turqueti, notamment par sa trompe
qui est cylindrique dans la moitié basilaire etensuife franchcmentconique,
par ses protubérances céphaliques peu divergentes, par son abdomen fran-
chement horizontal et par les saillies à peine indiquées de ses prolon-
Expédiiion Charcol. — Bouvieu. — l'ycnogonides du « l'uuinuoi l'as? ». 13
98 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS P ^k
gements coxaux ; la seule difTérence, c'est que les ovigères ne se terminent
point par une petite griffe, mais par une épine denticulée. Il semble donc
bien que les deux exemplaires dus à M. Charcot se distinguent de l'espèce
de M. Môbius. Pourtant ils ont avec elle les ressemblances les plus
étroites, et je pense qu'il est sage de se ralliera l'opinion de M. Hodgson
qui tend à identifier les deux formes. Toutefois, comme on vient de le
voir, il s'en faut que cette identité soit absolue ; l'espèce ayant été capturée
dans la province de Kerguelen (aux îles Bouvet, par 450 mètres, d'après
M. Môbius), dans laprovinceaustralasienne (entre 12l5et41 brasses d'après
M. Hodgson), puis par les deux expéditions Charcot dans la pro-
vince de Magellan (Port-Charcot et Shetlands du Sud), on peut croire
qu'elle présente des variations assez importantes et que les exemplaires
de la province magollanique sont notablement différents des autres.
En tout cas, je crois que cette espèce établit un passage très net entre
les PseudojmUene et les Cordijlochcle et qu'il ne convient pas de distin-
guer les deux gemmes par la présence des soies buccales, car je n'ai pu
observer ces dernières dans les deux spécimens rapportés par M. Charcot.
Pseudopallene brachyura E.-L. Bouvier.
1911. Pseudopallene brachyura E.-L. Bouvier (1911''), p. 1138.
Dragage no VI : i5janvier 1909, entrée de la baie Marguerite, entre l'île
Jenny et la terre Adélaïde; chalut I, 254 mètres; température de l'eau
sur le fond + lo,18; roche, gravier.
Un exemplaire femelle «jaune pâle » (N° 136).
Voici les dimensions de cet exemplaire :
MiUim.
Longueur de la trompe 1,8
Diamètre maximum de la trompe (au milieu) 0,47
Longueur du céphalon 1,27
Largeur du céphalon dans sa partie antérieure la plus large. . . 1,50
— au cou 0,44
Diamètre du tubercule oculaire 0,42
Longueur totale du céphalothorax 4,00
Largeur du céphalothorax dans la partie la plus étroite du
2® segment 0,57
Largeur du céphalothorax avec ses prolongements (2° seg-
ment) 2,60
PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS?^^. 99
Millim.
Longueur des coxie de la 2« patte droite 3,40
— du 2» art. coxal — 2,00
— fémur — ^i5
— tibia 1 — -iiO
— tibia 2 — ^"',2
— tarse (fort court) avec le propode 1,0
— de la griffe 1,2
La Irompe (fig. 51 ) est un peu plus courte que le tronc ; insérée oblique-
ment et ventralement en arrière du liord anté-
rieur de la partie céphalique, elle s'étrangle no-
tablement au niveau de son premier tiers, puis
se dilate un peu et se rétrécit en cône terminal.
Sa pointe buccale, très légèrement dilatée,
porte quelques menues saillies mais no semble /^?<\<^0^
pas ornée de soies.
Le céphalon (fig. 51, 52) est médiocrement
allongé; il se dilate un peu au niveau du tuber-
cule optique, afin de donner naissance aux ovi-
gères, puis vient un cou fort étroit et une région
céphalique très large qui se prolonge en dessus,
, , ., , • 1 1- • ' 11- Fis- 51- — l'seuduiial/ene ira-
de chaque cote, en une pointe dirigée oblique- chyuva Monv., 9.— Lani.nai
, , I . 1 1 1 • i > vu lie (Ji)S avec les cliélicères,
ment eji dehors. Le tubercule oplnpie est, a sa les ovif,-. es eiia base des pattes.
base, aussi large que le cou, peu élevé et large-
ment obtus ; il porte quatre yeux d'un noir rougCoître bien séparés et
assez petits, les deux antérieurs étant d'ailleurs plusgrands que les autres.
Les segments du //w^c (fig. 51 ,52) sont peu larges, nettement articulés et
'A à_ \ 'Si- -^ I?
Fig. .ï2. — Pseudopallene brachyura, Ç. — L'exemplaire de la figure pri'-rédenle vu du coté gauche,
avec les cliélicères et la base des pattes. Gr. IG.'
rétrécis en avant; leurs prolongements coxaux sont assez longs et séparés
par de grands intervalles; rétrécis à la base, ils se dilatent ensuite légère-
100 PYCNOGONIDES DU ^i POURQUOI PAS?>k
ment et se terminent par deux pointes, l'une située en avant, l'autre en
arrière.
Vahdomen se réduit à une légère saillie subconique, d'où le nom de
hrachyura que j'attribue à l'espèce; il est à peu près vertical.
Le scape des chélicères (fig. SI , 52) n'atteint pas l'extrémité de la trompe ;
il se recourbe en dedans et se dilate assez fortement de la base au sommet.
Les pinces sont relativement réduites, un peu plus courtes que le scape,
et un peu moins larges que les parties terminales de ce dernier. A peu
près droites, c'est-à-dire sans inflexion, elles se distinguent par leurs
doigts qui sont dépourvus de dents et à peu près de la longueur de la
portion palmaire. Le doigt mobile est grêle, peu arqué et porte une
griffe aiguë ; le doigt fixe est beaucoup plus large, bien droit, et se termine
sans griffe par un bout largement obtus.
Les ovigères (fîg. 51, 53) sont forts et assez courts ; l'article 2 est plus
long que le premier, et le troisième à peu près
de même longueur que les deux précédents réu-
nis ; l'article 4 dépasse d'environ un tiers la lon-
gueur du troisième et égale le suivant, mais
il est arqué ; les autres articles sont subégaux
et se réduisent de plus en plus en largeur. On
observe une saillie sur le bord de l'article 5.
Les épines différenciées des quatre derniers
articles portent des denticules nombreux, mais
peu saillants, qui prennent une forme linéaire
dans la partie terminale. L'état des ovigères ne
c/i^m-a 9- ovigére gauche vu m'a pas pcmiis de fixer le uombrc des épines,
du côt(5 ventral (Gr. 29) et deux r r r '
de ses épines plus grossies (io3 q^i paraissent assez nombreuses. Celle qui
occupe le bout du dernier article ressemble
à une griffe dentée.
Lespattes (fig. 54) sont remarquables par les deux fortes pointes distales
de leur premier article coxal, parla forme et la dimension de l'article 2 qui
se dilate régulièrement de la base au sommet, et qui égale presque en lon-
gueur la moitié du fémur. Ce dernier est très dilaté dans notre type qui
est une femelle, à peine plus long que le tibia 1, mais beaucoup plus
53. — Pseudopallene bra-
Fig. 54. — Pseudopallene brachyura, Ç. — La 2^
patte gauche (on n'a pas figuré les soios du tarse
et du propode). Or. 6 ij2.
PYCNOGONIDES DU fi POURQUOI PAS?«. loi
court que le tibia 2. Il y a de fortes soies spiniformcs sur le bord interne
du tarse, qui est très court, et du propod<', (jui est normalement arqué ; la
grilTe est presque aussi longue
que ce dernier article. Le deuxième
article coxal (fig. 55) présente
quelques faibles saillies coniques
terminéesparunecourtesoieraide;
des saillies plus réduites mais
plus nombreuses et longitudina-
lement situées se trouvent sur les
deux tibias, où elles se terminent
aussi par de courtes soies; les
soies fémorales sont rares, plus
réduites et sans saillie basi-
laire.
Les orifices sexuels, grands et
ovalaires, se trouvent sur la face ventrale et presque à rextrémité distale
de tous les deuxièmes articles coxaux.
Affinités. — Cette espèce est voisine de la P. australis Hodgson
(1907a, 10, PI.I, lig. 2), capturée parla « Discovery »aulargede la Barrière,
latitude sud 78° 25', longitude est Greenwich 1 85° 39', à 300 brasses de pro-
fondeur. Les caractères qui distinguent cette dernière espèce de la nôtre
sont les suivants : 1° la trompe ne présente pas de rétrécissement dans sa
moitié basilaire ; 2° la partie antérieure du céplialon est relativement
beaucoup plus large ; 3° l'abdomen est assez long, fusiforme et oblique-
ment relevé ; 4° les saillies terminales aiguës des prolongements coxaux et
du picmier article coxal sont beaucoup plus réduites; 5° la pince des
chélicères est beaucoup plus large que le scape, et son doigt fixe se ter-
mine en pointe ; 6° l'article 5 des ovigères est beaucoup plus long que le
précédent, et les épines différenciées des ([uatre articles terminaux ne
sont denticulées que dans leur moitié distale ; 7o l'article tibial 2 des pattes
n'est pas plus long que le précédent. Les saillies sétifères des pattes sont
à peu près distribuées de môme dans les deux espèces.
102 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PASP>^.
Pseudopallene cristata E.-L. Bouvier.
1911. Pseudopallene cristata E.-L. Bouvier (1911"), p. 1138.
Dragage n° V : 29 décembre 1908; chenal Peltier, entre l'îlot Goetschy
et l'île Doumer; chalut II, 92 mètres; température de l'eau sur le fond
■ — 0°, 1 ; vase grise, gravier.
Un exemplaire mâle « brunâtre » (N" 45) ; un autre mâle « jaune foncé »
avec des œufs (N^ 47).
Dragage no VII : 16 janvier 1909 ; près de la Terre Alexandre ; chalut I,
250 mètres; température de l'eau sur le fond — 1°, 6 ; roche.
Un exemplaire mâle « jaune sale » avec des larves (N° 158). Voici les
dimensions de ce dernier exemplaire :
Millim.
Longueur de la trompe 2,6
Diamètre de la trompe à sa base 0,7
Longueur du céphalon 1,7
Largeur du céphalon dans sa partie antérieure la plus large. . 1,9
— — au cou 0,9
Diamètre du tubercule oculaire 0,4
Longueur totale du céphalothora.x 4
Largeur du céphalothorax dans la partie étroite du 2« segment. 1,3
Largeur du céphalothorax avec les prolongements latéraux
(2» segment) 3,2
Longueur de l'abdomen 1,3
— des coxae de la 2^ patte droite 4
— du 2« article coxal 2
— du fémur 5,3
— du tibia 1 4,8
— du tibia 2 5,5
— - du tarse avec le propode 1,9
— de la griffe 1,3
La/ram/>e(fig. 55) est longue et atteintle milieudesdoigtsdeschélicères;
elle se rétrécitun peu depuis la base dans son premier tiers, beaucoup plus
ensuite et régulièrement pour se terminer en un bord étroit et obtus, de
teinte brunâtre, qui m'a semblé dépourvu de soies.
. Le céphalon (fig. 55, 56) est beaucoup plus large que long à cause du grand
développementdesapartie antérieure qui se compose,comme d'ordinaire, de
deux lobes ; chacun de ces derniers se prolonge en une courte pointe dor-
sale. Le cou est un simple étranglement, d'ailleurs profond; en arrière, le
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?». 103
céphalon se dilate un peu et porte le tubercule oculaire, qui est un mame-
lon arrondi au sommet. Les yeux sont noirs et assez grands, surtout ceux
de la paire antérieure ; des intervalles très nets les séparent.
Lessegmontsdu/ro/?f (fig.55, 56)sontarticulésentreeuxetdorsalement
saillants, surtout au bord postérieur, où ils s'élèvent en une forte et large
pointe inclinée en arrière. Les prolongements coxaux sont presque con-
tigus, étranglés à la base et à peine aussi longs que la largeur de l'article ;
sur chacun de leurs angles dorsaux externes s'élèvent une ou deux épines
recourbées en dehors et semblables à
celles (jue nous trouverons en abon-
dance sur les pattes.
V abdomen (fig. 55, 50) est assez
long, fusiforme et notablement
relevé.
\^
"n'^-
Fig. 00. — PseudopaUeiie cristala Bouv. — Un
exeinpliure cf vu de dos avec les cliélicéres et
la base des paltes. Gr. 8.
Fig. o(i. — Pseudopallene cristala. — Un Cf vu du
coté gauclie, avec la cliélicère correspondante.
Gr. 8.
Lescapedes(?//^7/céres(fig.55,56)estpeuinfïéchi,assezétroitdanssapar-
tiebasilaire,ensuitebienpluslarge et subcylindrique. Lespinces, peupuis-
santesetsans grande inflexion, présententù peu prèslalongueur du scape;
assez étroites à la base, elles ollrenl leur largeur maxima un peu
avant la base des doigts ; ces derniers ont à peu près la longueur de la por-
tion palmaire; leurs bords internes sont incurvés; leur pointe brune est
subaiguë; le doigt mobileest légèrement arqué, le doigt fixe presque droit.
11 y a quelques faibles denticules sur laface dorsale du scape des chéli-
cères.
Les ovigères (fig. 57) sont très remarquables par la longueur et la forme de
104 PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS? ».
leur cinquième article, qui est aussi long que les quatre précédents réunis^
grêleetbacilliforme dans toute son étendue, saufà sa partie distale,oùil s'é-
largit brusquement et porte en outre
une sphérule sur sa face externe. Le
premier article est très court; le
deuxième notablement moins; le
Fig. 57. — Pseudopallene cristata, cf. — Ovigère Fig. 58. — Pseudopallene cristata, cf. — Extrémité
du coté di-oil, vu par la lace dorsale. Gr. d'un ovigère (Gr. 34) et trois de ses épines plus
4 d/2. grossies. Gr. 153.
troisième à peu près aussi long que les deux précédents réunis, mais plus
court que le quatrième, qui est arqué en sens inverse; les cinq derniers
articles sont subégaux (fig. 58). Les épines différenciées ont un bout
obtus et portent très peu de denticules ou pas du tout, comme on l'ob-
serve notamment sur celles des septième et huitième articles; à l'extré-
mité distale obtuse du dixième article j'ai observé une très légère spinule
dans le spécimen dont j'ai fait une étude approfondie. Dans cet exem-
plaire, les épines denticulées des articles 7, 8, 9 et 10 étaient au nombre
de 13, 10, 9, 13.
Lespattes (fig. 59) sont tout à fait remarquables parleurs épines serrées,
fortes et recourbées en dehors; sur le fémur et les deux tibias, ces épines
se groupent en quatre rangées longitudinales : deux dorsales, une en avant,
l'autre en arrière ; il y a en outre une rangée ventrale d'épines beaucoup
pluspetites; sur le fémur, la rangée dorsale antérieure est incomplètement
développée. Il y a simplement deux rangées latérales sur les articles
coxaux, et encore ne sont-elles bien développées que sur les deux pre-
PYCNOGONinES DU ^^ POURQUOI l'ASP». 105
iniei's tirticles, |)Oiirl;iiil une fjiiblc série vrnli'ule est iiuiniresleiiienl dillé-
renciée sur le deuxième. Il y a quelques spiiiulcs sur la face dorsale du
tarse et du propode, des soies spinifonnes
sur le bord interne de ces deux articles. La
griffe est presque aussi longue que le pio-
pode, qui est d'ailleurs assez court. Le leinur
et le tibia 2 sont à peu près de même lon-
gueur et iiotablementplus longs que letibial .
Le deuxième article coxal est un peu plus
long que les deux autres réuni s ; sur sa face
dorsale plane s'élève, à la naissance du tiers
distal, un tubercule obtus probablement glan-
dulaire. Les orifices sexuels, très difficiles
à apercevoir, m'ont |)aru localisés sur les
deux paires de pattes postérieures, où ils
occupent ventralement le bord distal de
l'article. Diamètre des onifs, 300 u..
Affinités. — Par le revêtement épineux
de ses appendices, sa crête dorsale, la
forme du corps et la nature du tubercule
optique, cette espèce présente des affinités
étroites avec la /'. circularis Goodsir, des mers boréales, excellem-
ment décrite et figurée par M. G. 0. Sars (1891, 3M, 1*1. III, fig. :^. Mais
elle s'en distingue au premier abord par sa trompe effilée (et non subcylin-
drique), les doigts inermes de ses pinces et (),ir ses tubercules dorsaux,
qui sont bien plus élevés et d'ailleurs indivises. Les ovigères des mâles
de notre espèce sont en outre très |)articuliers.
FiR. SM. — l'seudopallene crislala, O'.
— l.n 2'' patli' driiifi'. Ijr. ti 1/i
Troisième famille. — PHOXICHILIDIID^.
Les Phoxichilidiidés sont d'oi-dinaire (•loignf's des deux ramilles(|ui pré-
cèdent, et M. Loman (1908), à l'exemple di- M. Iloeki Voir plus baut, p. iOj
les place même dans une série différente, fis me paraissent présenter
l'allure spéciale et tous les caractères essentiels des Nymphonomorpbes,
Expédition Cliiircol. — U.jivikh. — ('vi.nuguiiicio Ju « l'ouniuui l'as ? ». l 'i
io6 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS ? >k
mais c'est à tort que je les ai considérés (1910», 31 ; 1911^, 350i comme
issus desPalléniclés, car leurs chélicères ont assez fréquemment un scape
de deux articles, et ce caractère ancostral fait défaut à tous les Nympho-
nidés et Pallénidés actuellement connus. En fait, les Phoxichilidiidés,
avec les Phoxichilidés qui leur font suite, constituent dans les Nym-
phonomorphes un rameau parallèle à celui desNymphonidés-Pallénidés,
et ils se rattachent à la même forme primitive. La ressemblance avec les
Pallénidés est très grande (palpes rudimentaires ou nuls, ovigères sans
griffe ni épines comme chez certains Pallénidés], mais elle provient
d'une évolution analogue, non d'une filiation entre les deux familles. Au
surplus, il est un caractère structural qui permet de distinguer au premier
abord les Phoxichilidiidés, c'est la position du tubercule oculaire qui
se trouve en avant du milieu du céphalon au lieu d'être, comme de
coutume, situé en arrière; ce caractère est le seul qui permette à coup
sûr de distinguer la famille, mais il est le résultat d'une adaptation secon-
daire et ne peut suffire pour éloigner les Phoxichilidiidés de l'ensemble des
autres Nymphonomorphes.
M. Loman (1908, 63-G5j a justement insisté sur linqjortance et les
variations des ovigères dans cette famille, où ils sont d'ailleurs toujours
dépourvus d'épines spéciales et de griffes : ils se composent de dix
articles bien distincts dans les Pal/enopsis Wilson, genre primitif, où le
scape des chélicères comprend deux articles parfois soudés et où les palpes
«
existent encore à l'état de rudiments; dans les Rigona Loman, qui sont des
Pallenopsis à scape simple et sans palpes, on trouve déjà plusieurs
articles concrescents aux ovigères de la femelle; les ovigères manquent
chez la femelle dans les trois autres genres, qui constituent le reste de la
famille, ceux du mâle comprenant six articles dans les Anoplodachjlus
Wilson et les Halosoma'l Cole, et cinq seulement chez les PhoxiclùUdium
Edwards, qui nous présentent le terme de I "évolution chez les Phoxichili-
diidés. 11 va sans dire que ces trois derniers genres sont dépourvus de
palpes et que le scape de leurs chélicères n'est pas articulé.
La famille comprend actuellement 49 espèces, dont 5 arctiques et 9 antarc-
tiques. (]es dernières appartiennent aux genres Pallenopsix et Anoplodac-
tylus. dont un seul est représenté dans les récoltes du << Pourquoi Pas ? ».
PYCNOGONIDES DU >i POURQUOI PAS?». 107
(jenre Pallenopsis Wilson.
Avec leurs chélicèros dont le scape a deux articles parfois soudés,
avec leurs palpes rudimentaires, leurs ovigères de 10 articles dans les
deux sexes et leur corps nettement segmenté, les Fallrnopsis se placent
à la base de la famille ; elles doivent se rattacher aux formes ancestrales
problablement éteintes dont les chélicères avaient un scape biarticub'.
Le genre comprend 20 espèces, les unes sublittorales, les autres
répandues à des profondeurs diverses et même abyssales. Deux seulement
sont arctiques, tandis qu'on en connaît 7 dans les régions avoisinant le pôle
■A\i%[,rs.\[flatnin('nsis I\r.,/y//o.vrt Hodgson, cillosa llodgson, /rm«/^dlodgson,
liiriiKilis llod^aon, pafrff/o/i ira lloek, f/ln/jra Môbius, /narro/fi/.r Bouvier),
dont trois ont été recueillies par le » Pourquoi Pas? ».
Pallenopsis pilosa lloel<.
18S1. PlioxicliUidtum pilnsum P. P.C. Hoek. ^1881",. y. Ofi, PI. XIII. 11--. Iii-ir5.
1883. Pallenopsis pilosn P. P. C. Hoek (1883), p. 0.
l'.iiiT. rnllenopsis pilosn T. V. Hodysoii (1907»i, p. 15, PI. II, lig-. 2.
l'.ili. Pallenopsis pilosd E.-L. Bouvier (1911''), p. 113'.!.
Dragage no Vil : l.'i janvier 1909, entrée de la baie Marguerite, entre
l'île Jenny et la Terre Adélaïde ; chalut 1, 2;ii mètres; température de
l'eau sur le fond + 1°,18 ; roche, gravier.
Un jeune exemplaire u jaune pâle », dont le céphalothorax atteint à
peine 3 millimètres de longueur (N° 136). Les ovigères n'(>xistent pas
encore, même à l'état de bourgeon ; le large tubercule oculaire forme une
colonne assez haute, qui, au-dessus des yeux, s'élève en un puissant cône
aigu séparé du sommet de la colonne, à droite et à gauche, par une légère
échancrure. L'abdomen est très fortement relevé.
Dragage n° Vil : 16 janvier 1909, près de la Terre Alexandre l^^^ ; cha-
lut I, 2oO mètres; température de l'eau sur le fond + l°,0; roche.
Une femelle adulte, de couleur brune sur le vivant (.\° l."i6); le céphalo-
thorax mesure (l^i'ïi,;) et l'abdomen i millimètres, c'est-à-dire un |)eu
plus que le tronc. Le haut tubercul(> oculaire (lig. 60) s'élève en un cône
régulier, sans échancrure aucune, de la base au sommet, (|ui est nettement
obtus. L'abdomen est dans le })rolongement de l'axe du corps.
loS PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?«.
l)i-a^af;e 11° X : 22 janvipr 1000, prt's de la Terre Alexandre l^ ; cha-
lut 1, 2!)7 nièli-es; lempérature de l'eau sur le fond + Oo,0 ; roche, vase
bleue.
Une femelle de môme taille et de même
coloration que la précédente, mais le tu-
bercule oculaire, très évasé à la base,
devient presque une colonne jusqu'au-dessus
des yeux, après quoi il se continue par une
saillie arrondie qui présente au sommet une
Fig. 60. — l'aUeiinpsis pilosa, Ç . —
Partie antérieure du céplialon
avec les appendiies du côte
^'auche et la trompe. Gr. 6 1/2.
cicatrice avec un léger mucron. L'abdomen
est très légèrement relevé (N° 283).
Comme on vient de le voir, les variations
des tubercules oculaires et de l'abdomen sont assez grandes dans ces
exemplaires, qui, d'ailleurs, partons leurs autres caractères, se rapportent
manifestement à l'espèce de M. Hoek. Il y a sûrement d'autres variations,
car, d'après M. Ilodgson, le fémur et le tibia 1 sont de longueur égale dans
les spécimens de la « Discovery », alors que le second de ces articles est
notablement plus court que
l'autre dans nos exemplaires
(fig. 61). D'après le même
auteur, le scape des chélicères
est long et formé d'un seul
article, mais il présente du
côté dorsal un élargissement
submédian ([ui indique la fu-
sion possible de deux ar-
ticles ; M. Hoek n'a point
signalé cette fusion et, dans
Fig. 61. — Pallenoijsis jjilosa, ç. — La. 2» patte gauche. |e texte COmme daUS leS
Gr. 4.
figures, signale deux articles
indépendants; nos exemplaires (fig. 60) tiennent le milieu entre ceux
qui précèdent, les deux articles y sont encore distincts, mais leur anky-
lose est totale, encore que la ligne de suture apparaisse fort nette, sur-
montée dorsalement par la saillie qu'avait décrite M. Ilodgson.
-^
PYCNOGONIDES DU « l'OU RQUOI PAS ? >k 109
Cette espèce avait été capturée |)iu' le < (^hallenf;er » dans les |)i'ofoncl('urs
subantarctiques, en province australasienne, sur fond de I HOO hrasses,
en province africaine par I O.iO brasses. C'est éj^alement dans cette dernière
province, mais dans la merde Ross, en pleine zone antarctique, que la « Dis-
covery » l'a retrouvée par 300 brasses de profondeur. Le " Pourquoi Pas? »
ayant réussi à la prendre dans les eaux antarcti(|ues de la province de
Magellan, on peut conclure (pie l'espèce est pour le moins partout répan-
due dans les océans du Sud.
La P. pilosa est évidemment très voisine dune autre espèce de la
" Discovery», la /*. «///o.srt llodgson (1907», 13, PI. 11, fig.Ol), qui s'en dis-
tingue d'ailleurs par ses pinces, dont les doigts ne sont pas courts et
contigus, mais longs, courbes et largement écartés, })ar son tubercule
oculaire en colonne inclinée en avant, par ses ovigères dont l'article (') est
plus court que l'article .'i au lieu d'être moins allongé. I);ins la P. ri/losti,
les deux articles du scape des chélicères sont bien distincts.
Pallenopsis glabra .MiWiins.
1902. Pallenopsis ginbm K. Mnbius (1902j, p. 18i,,Tar. .\.XVII, (if;-. 1-0.
100*. Pallenopsis glabru T. V. Hodf^son il907'), \^. 11.
IDU. Pallenopsis glabra K.-L. Bouvier (19^^^, p. li:!ii.
Dragage n» Vil : Kijanvier 11)09; près de la Terre Alexandre-I^r; chalutl,
2oO mètres ; température de l'eau sur le fond + lo,() ; roche.
Un exemplaire (^No Io7) 0 jaune sale », dont le céphalothorax mesure
à peu près ^) millimètres de longueur. Les ovigères y sont incon)plètement
développés, et je n'ai pu apercevoir- les orifices sexuels. C'est pres(|Ue
certainement un mâle.
Dragage n» VIII : 20 janvier lUO!» ; baie Marguei'ite ; chalul I,
200 mètres ; température de l'eau sur le fond + 1°, IH; roche, gravier,
vase.
Quatre exemplaires (Nos 132 et 183) » jaune brunâtre » : une femelle
dont le céphalothorax mesure 12"i™,.") el trois nulles immatures où la
même région ducorpsatteint environ 8 millimètres ; l'abdomen en massue
n'est pas toujours netlemeni relevé, mais toujour-s s'incurve vers le bas;
dans le grand e\eiii|ilaire, la p(jiiile du cône supra-oculaire est obtuse.
iio PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PASP^k
Dragage n°X : 2ojanvior 1900, près de la Terre Alexandre-I^""; dialut T,
2!*7 mètres; température de l'eau sur le fond + 0°,B ; roche, vase bleue.
L'n mâle « brun » (N" 282), dont le céphalothorax mesure 0 millimètres.
Le cône supra-oculaire est surbaissé et un peu obtus ; les orifices sexuels
sont absents et les ovigères incomplètement développés.
Je rapporte les exemplaires précédents à l'espèce décrite par M. Môbius,
car ils en présentent à peu près tous les caractères, entre autres : mêmes
dimensions relatives dans les diverses parties du corps, égalité du fémur
et du tibia 2 chez la femelle, longueur un peu plus grande de ce dernier
article dans le mâle, forme de l'abdomen qui est en massue et recourbé
vers le bas, structure fort typique du doigt mobile des pinces qui se pro-
longe en une saillie externe à la base de sa griffe, petites protubérances
éparses sur les téguments (notamment sur les pattes) et qui servent de
baseà des soiesinégalestoujourspeuallongées,ctc. Pourtantjedois signaler
deux ditTérences importantes, l'une relative au scape des chélicères et
l'autre à la structure des ovigères. M. Mô-
bius décrit et figure les deux articles du
scape comme bien distincts, alors qu'ils
y^^ sont complète -
ment fusionnés
danslesexemplai-
res précédents,
où le seul reste
de leur articula-
tion primitive est
un coude légère-
ment renflé, le
plus souvent sans trace de suture (fig. 62, 63). Quant aux ovigères, ils
ne sont bien développés que chez la femelle (fig. 64), où leurs articles
présentent à peu près les longueurs relatives suivantes : 1,25 — 2 — 2
— 3 — 2,5 — 2 — 1 + 1 — 1 — 1, les articles 7 et 8 étant coalescents
et séparés par un sim|)le sillon, alors qu'ils sont représentés libres
dans la liguic '.\ de M. Môbius. Je ne crois pas que ces dilVérences
soient suffisantes pour caractériser une espèce ; elles me paraissent
Fig. 62. — Pallennpuis r/labra. —
Chélicères et tubercule oculiiin
d'un immature, face dorsiile
V.v. r,.
Fig. (i3. — Pa/letiopsis glabra. —
Clii'lirère gauche ot tubercule oiu-
laire vus de cùté dans un iiiinja-
lure. Gr- 6.
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?». m
individuelles et peut-être dues à l'âge dillereiit des spéiimeiis. lui cllel,
la /'. ;//nhra est cenaincment une espèce d'assez grande taille, car, mal-
gré leur dimension respectable, tous les "C*"''''^
exemplaires que je tiens pour des mâles
sont immatures, sans orifices sexuels ap-
^^ ' \
Fifç. 114. — l'alleiiopsis ylii/ira. Ç. — Ovif^ore droit. Gr. 11 1/2.
Fig. 65. — Palleiiopsis glabru.
Ovigère d'un iiiiiualuri'. Gr. 13.
parents et avec des ovigères courts où tous les articles sont soudés à
partir du sixième (fig. 65).
Les deux exemplaires de la « Discovery » que M. lludgson rapporte à
cette espèce me paraissent bien plus dilférents des types de Môbius,
surtout à cause de la structure de leurs pattes, dont le fémur est beaucoup
plus court que le tibia ; mais il est presque certain que les mesures de
M. Hodgson ont été prises sur un mâle.
La /'. (jlahra fut capturée par la « Valdivia i» dans la |)rovince de
Magellan, à l'ouestdes îles IJouvcl, par i'iO mètres de profondeur. Les exem-
plaires de la « Discovery >• sont au contraire de la province australasienne
(Winter Quarters) et se trouvaient par ■)-20 brasses de profondeur. Ceux
du « Pourquoi Pas? » a[)partiennent, comme les premiers, à la provincede
Magellan. L'espèce paraît essentiellemeut antarctique ; il va lieu de cioii-e
(|u'elle existe aussi dans la province de Kergueleii.
Gomme l'a fait remarquer M. Môbius, la /'. (flahra est voisine de la
P. fluininenm Kr. etde la P. forficifer Wilson, mais elbMue paraît se rap-
procher surtout de la P. Ti'itoni lloek i^l885i, i|ui est, avec la /'. phiin'utc-i
Mein., la seule /V///^«o/>.'?w des régions boréales del'Atlanliipie. D'ailleurs,
la P. Tritonl a le corps très robuste, des yeux fort réduits et semble
dépourvue de saillie sur le doigt mobile des pinces.
112 PYCNOGONIDES DU u POURQUOI PAS?».
Pallenopsis macronyx E.-L. Bouvier.
i'.Ul. P((//en(i/isis murronij.r E.-l>. Bouvier (1911''!, p. 11311.
Dra;.^afi,enoXVfT: 26 décembre 1909; Shetlands du Sud, île du Roi-Goorge,
milieu de la baie de l'Amirauté ; latitude sud 62° 12', longitude ouest
Paris 60° .'j'i' ; chalut 1, 420 mètres, température de l'eau sur le fond
+ Oo,3; vase, cailloux.
Deux très jeunes exemplaires (N° 724) trouvés sous la face ventrale du
Nymphonstylops (Voir plus haut, p. 73j.
Trois mâles (N° 729) d'un " brun sale » et chai'gés de jeunes munis
presque tous de leurs huit pattes.
Treize exemplaires (N" 730), la plupart des femelles, tous d'un « brun
jaunâtre » ; certains mâles avec des œufs. Une vingtaine de jeunes, les
uns quekjue peu plus grands que ceux portés par les mâles du
No 729, les autres, plus nombreux, ayant déjà des bourgeons ovigères et
un céphalothorax de 4 à .") millimètres. Tous ces exemplaires étaient d'un
« blanc jaunâtre» (N°731). Des Cirrhipèdeset des Mollusques gastéropodes
sont fixés sur beaucoup d'exemplaires ; en outre un jeune trouvé par
M. Kœhler sur un Lopliasttef nov. sp. étiqueté 716.
Un trouvera plus loin (p. 113) les dimensions de deux exemplaires
adultes : une grande femelle et un mâle ovigère.
dette espèce a des téguments coriaces très flexibles et presque partout
recouverts d'une inflnité de poils très courts, à peine perceptibles, qui
retiennent facilement la vase. Elle a en outre des soies caractéristiques,
que nous étudierons plus loin.
La trompe (iig. 66, 67) est insérée sous la partie antérieure du cépha-
lon et se dirige un peu obliquement en avant, cachée presque tout à fait
par le scape des chélicères. Elle est à peu près de la longueur du
céphalon, cylindrique jusqu'au delà du milieu, ensuite un peu plus
étroite; son bout est arrondi.
Le f-èphalon (fig. 66, 67, 68j présente sa |iartii' la plus étroite à l'at-
tache des prolongements coxaux antérieurs, (jui sont presque appliqués
contre ses bords: il se dilate ensuite assez régulièrement et atteint en
avanl sa largeur la plus grande, qui est à peu près égale à sa longueur.
PYCNOr.ONIDES DU « roUROUOf PAS?
"3
Longueur de la tt-ompe
Diamètre inaxinium de la trompe
Longueur- du l'éplialon
Largeur du céphalon dans sa partie antér-ieure lu plus
large
Largeur du céphalon au cou
Diamètre du tubercule oculaire
Longueur totale du cé|)lialotlio;"ix
Largeur du céphalothorax dans la partie étroite
du 2« segment :
Largeur du céphalothorax avec les iirolongcini'nls laté-
raux (2« segment)
Longueur de l'abdomen
— du scape des chélicères
— de la pince
— des cox;e de la 2' patte droite
— du fémur
— du tibia 1
— du tibia 2
— du tarse avec le propode
— de la grifTe
Milliiii
2,0
2,0
2 appr.
(1,0
1
4
0
3,0
:!,o
Lr.
1,5
0
0
7
7
o.u
0,8
0,2
0..-.
1
-'i.-.i
4
'.,3
Milliiii.
3,2
1,3
2,.')
2.0.
1,7 appr.
0,7
7
Convexe du côté dorsal, il porte un peu en arrière de son bord antérieur
arrondi le tubercule optique qui est
\<'iti( al, se dilate un peu dans la
Hv-
Fig. 60. — l'altenopsis macmni/r Bouv.. ç. — Fi^. Cn. — l'ii/leiiopxis mucroni/r, Q , iniiiiiilUTe. —
Kxemplaire vu du cùtr dorsal avoc les chùli- ^xiMiiplaiiu vu ilu cùlé dorsal avec le? cliélici^res
et'Tes et la Imse des p.itles. lir. 4 1/i. et la hase des paltes. (Jr. (i 1/2.
région des yeux, puis se Iciiiiine par un petit dôme mucroiié. Il est plus
haut que large. Les yeux sont bien séparés, et les antérieurs un peu
Expédition Charcot. — Boi'VIeh. - l'ycnoguiiides du i. Pouri|uoi l'as? ». lu
ri4
l'YCNOCONlDJ-S DU .iPOVR(jUOI /MS?».
plus grands t|ue les [.oslrriciirs. Il y a quoi(|ues soies raides pfrs du bord
autérieur du céphalon.
Le traite {fi};. 60, 67, 68) est robuste et nettement articulé; ses trois
segments antérieurs s'élargissent un peu en arrière, où ils présentent une
paire de saillies larges, mais peu hautes, qui portent un faisceau de
soies raides; le segment postérieur est plus étroit; il porte en avant de
l'abdomen deux groupes de deux ou trois soies. Les prolongements
coxaux sont aussi longs, ou un peu plus, que la largeur do leur
propre segment ; ils se dilatent notablement de la base au sommet, où ils
présentent une bordure de soies raides; les deux prolongements moyens
sont latéraux ; le prolongement antérieur est presque contigu au céphalon,
et le prolongement postérieur s'applique contre l'abdomen. Les prolon-
gements sont un peu séparés les uns des autres.
Va/)domp/i est à peu près de la longueur du tronc, un peu recourbé et
infléchi vers le bas ; il se
dilate régulièrement jus-
qu'à la naissance de son
tiers terminal, après quoi
il se rétrécit un peu pour
se terminer en un bout
arrondi ou faiblement
échancré ; il est orné de
quelques soies raides.
Le scape des cht^Ucèi^es (fig. 66, 67, 68) est subcylindrique, garni dor-
salement de soies raides assez nombreuses et formé de deux articles
séparés par une ligne suturale; le second article est légèrement plus
conrt que le premier et s'incline en peu plus vers le bas. Les pinces se
dirigent en bas et un peu en arrière ; elles sont à peu près aussi longues
que le dernier article du scape, mais un peu moins larges. Leur portion
ovoïde se termine par des. doigts sensiblement plus longs, grêles, aigus,
fort arqués et écartés, d'ailleurs complètement inermes ; il y a quelques
petites soies raides sur la portion palmaire, à la base du doigt mobile.
Les />ff//>?.v (fig. 68j sont représentés par un bourgeon inarticulé assez
foi'l, mais plus long (|ue large.
Fig. 68. — l'allenopsix mao'onyjr. Ç . — Animal vu du loIi'
gaufhe avec la fliélicèrp, le ludinienl dr palpe el l'ovigèie
coi'iespon<lanls. Gr. 5 1/2.
PYCNOGONIDHS DU «POUIWUoi l'ASP".
Les ovi (/ères de la fcmollo (ii|;. <)9i s'attémuMit assez r('i;iili('r('m(Mit do
la base au sommet, les (|iia(fe derniers articles étant fort étroits; la
longueur respective de ieui-s dix articles peut être approximativement
représentée du premier au dixième par les nombres : 2 — i — 3-^6 —
7—2 — 2-1 1/2—1 1/2; il y a
quelques menues soies raides sur le
FiR. '10.
l'dlleiiopah macroni/.r, Q.
«auclif. Gr. Il !/-•
Ovii.
Fig. 70. — /'(i//fnn/)sis //uicrnn;/.'-, cf. — Ovif,'L're
ihoit. Or. Il t/i.
dernier article. — Les ovigères du mâle (fig. 70j sont assez différents,
d'abord par les dimensions respectives de leurs articles : 1 1/2 i —
31/2 — 6 — 7 — 3 — 3 — 3 — 2 — 1 1/2, ensuite par la l'orme de ces
derniers; les trois premiers articles se développent en une courbe et les
deux suivants en une courbe opposée: les autres sont moins grêles que
dans la femelle : le dixième est lancéolé, nmni d'une petite pointe, et,
sur son bord interne, de quelques soies raides; il y a aussi quelques soies
sur les articles précédents.
Les pattes (fig. 71) sont relativement courtes et fortes; leurs articles
coxaux se dilatent de la base au sommet, le deuxième étant un peu plus
long que le troisième et presque deux fois plus que le premier. Des trois
articles suivants, le fémur est le plus long et aussi le [)lus fort, surtout chez
la femelle; le tibia 1 est plus court, le tibia 2 l'est davantage. Ce dernier
article est muni dorsalement de fortes soies spiniformes qui consti-
tuent ti'ois rangées longitudinales contiguës et peu régulières; il y a de
chaque enté, et aussi sur la lace venti'ale, une rangée de soies semblables
et, entre ces rangées, quebjues autres soies plus petites et éparses. Le
Fig. 71. ^ l'atlenopshtnnrront/.r, cf.
La 3' patti' droite. Gi-. I.
ii6 PYCNOGONIDES DU <i POURQUOI- PAS?«.
tibia 1 présente une disposition semblable, mais la rangée ventrale est
remplacée par trois séries peu régulières de soies plus réduites. Sur le
fémur, les soies sont petites et moins
régulièrement distribuées. 11 y a une
bordure de fortes soies spiniformes
sur le bord antérieur de cet article et
des suivants. Au tarse très court fait
suite un assez grand propode légère-
ment arqué, beaucoup plus étroit au
sommet qu'à la base et comprimé sur
les flancs. Ces derniers sont nus,
mais le côté dorsal est garni d'un
revêtement de petites soies raides, le
bord ventral d'une dizaine d'épines
semblables aux soies spiniformes des
pattes, mais plus fortes ; il y a un
groupe des mêmes épines sur la face interne du tarse. La griffe termi-
nale est aussi longue que les deux articles précédents réunis, d'où le
nom de macronyx donné à l'animal ; elle est assez étroite et un peu
arquée.
Les orifices sexuels du mâle sont ronds et situés sur une légère saillie
ventrale, à une faible distance de l'extrémité distale de la deuxième coxa
des pattes des deux paires postérieures; une saillie et un orifice analogues
se trouvent ventralement au milieu du fémur de toutes les pattes (fig. 71).
Ces formations fémorales n'existent pas dans la femelle, (|ui présente
d'ailleurs, comme le mâle, une légère protubérance sur le milieu
du dos de la deuxième coxa de toutes les pattes. Les grands orifices
sexuels de la femelle se trouvent à peu près à la même place que ceux
du mâle, mais sur toutes les pattes. Les œufs ont un diamàtre de 600 pt.
Attachés auxovigèresde certains mâles, on trouve des jeunes à divers
stades. Les plus avancés (fig. 72) ont une trompe presque verticale,
légèrement rétrécie au milieu et ventralement située; les pinces sont déjà
normales, avec le doigtmobile un peu pluslargeque l'autre ; l'abdomen est
largement ovoïde : le tronc est articulé, disciforme, avec des prolongements
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS
117
coxanx conlij^us ; le (••'plinloii csl li'ùs lav^e avoc un liilicrciilc o|»ti(|ue
dépourvu d'yeux. Les pattes (fig. 73) sonlpartieulièr-eiueiil remarquables,
avec leurs coxce courtes et subé^^^ales, leur t'énuir un
peu plus court qu(; la totalité dos coxa-, leurs deux
articles tibiaux de longueur un jx-u moindre et leur
propode courbé, qui est aussi long {|ue ces deux der-
niers articles réunis; la grille, très arquée, est plus
courte que le propode, sans grilles auxiliaires. Les
soies spiniformes sont très peu di'veloppées. F^a
longueur totale, depuis le bord anb-rieurdu cé|)lialon
jusqu'à l'extrémité de l'abdomen, est ilc 1'"™,?.
Les immatures libres du No73i sont encore dis-
coïdes avec prolongements coxauxconligus, mais leurs
pattes se rapprochent davantage de celles de l'adulte ; certains sont
encore aveugles, mais beaucoup (nil (b'-jà des yeux qui sont grands et en
contact.
Affinités. — Cette espèce ressemble à la /*. hrcridifiitata Mobius (1902,
Kit;, -i.
marronyx. — Très
jeune exemplaire avec
ses ehélieéres. Gr. 23.
'hv
Kig. 73- — /'al/eiiojisis marrnni/.r. — l'aile d'un très jeune cxeni|ilaiie. Gr. 36.
18."), Taf. XXVII, lig. 7-13), i)ar ses propodes dép(UU'viis de grilles auxi-
liaires et par ses grilles principales très longues ; mais elle en dill'ère
par tous les autres caractères, notammeni par son corps birn plus con-
densé, ses pattes bien plus courtes, son large céphalothorax, et les
soies spiniformes ou raides des diverses parties de son corps. La /'. hre-
vidigitala fut prise par la « Valdivia » dans la mer des Indes, par
450 mètres, au large de Dar-es-Salam (Afrique orientale allemande).
Quatrième lainille. — PHOXICHILIDiE.
Les Phoxichilidés font naturellement suite aux IMioxicbiruliidés, dont
ii« PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS P «.
ils se distinguent par l'atrophie des chélicères. lis se rapprochent sur-
tout des Phoxichilidlum, c'est-à-dire des Phoxichilidiidés chez lesquels
le cou est assez bref et où les tubercules oculaires s'éloignent notable-
ment du bord frontal ; mais s'ils sont,, comme eux, dépourvus d'ovigères
chez la femelle, les ovigères du mâle sont plus primitifs et comptent
7 articles au lieu de o ; d'ailleurs, le céphalon est bien plus réduit.
Dans le système de M. Sars (1891), que j'ai suivi partiellement dans
mon étude sur les Pycnogonides du« Français» (1906^1, les Phoxichilidés
sont disjoints des Phoxichilidiidés et réunis aux Pycnogonides dans le
groupe des Achélates. Otte faute fut d'abord commise (1881^,35), mais
vite corrigée par M. lioek(1881^, 494) ;elle aété relevée comme il convient
par M. Carpenicr (1894, 198) et par M. Loman (1908, 19) : si les Phoxi-
chilidés ressemblent aux Pycnogonides par la disparition des chélicères,
ils s'en distinguent par toute leur morphologie, par la structure différente
des ovigères et par leurs orifices sexuels beaucoup plus nombreux. Ce
sont bien des Nymphonomorphes du type des Phoxichilidiidés.
La famille se réduit au seul genre Phn.richiliis Lati-.
Genre Phoxichilus Latr.
Le genre Phoxichilus est répandu dans toutes les mers du globe où ses
représentants habitent les zones littorale et sublittorale. Il comprend
7 espèces, dont une arctique (spinosns ^Mont.jet une antarctique (a«A-^/y///.S'
Hodgson). Cette dernière a été recueillie par le « Pourquoi Pas ? ".
Phoxichilus australis T. V. Hodgson.
1907. Phoxichilus australis T. V. Hodg-son (1907'M. p. 5, PI. I, lig-. 1.
1011. Phoxichilus aiis/raUsK.-L. Bouvier (1911" , [). 1139.
Dragage no V : 29 décembre 1908; chenal Peltier, entre l'îfot Gœtschy
et nie Doumer ; chalut 11,92 mètres ; température de l'eau sur le fond
— Oo,l ; vase grise, gravier.
Une femelle adulte iNo41), «jaune brunâtre ».
Dragage no VllT: 20 janvier 1909; baie Marguerite ; chalut I, 200mètres;
températun» de l'eau sur le fond |o,18 ; roche, gravier, vase.
Un mâle adulte i.\ol87), u brun pâle ■>.
PYCNUGONIDES DU "POURijUOI l'.lS?». 119
Les excinpliiircs [)i'écédonl.s ropoiick'iil tout à l'ail à la desLi'i|jtion do
l'ospèce telle que Ta donnéeM. Ilodgson. Ce dernier aiileur n'ayant pu
étudier ni les ovigères, ni les glandes cémentaires du niàlc, il ne sera
pas inutile de combler celle lacune.
Les ovigères (fig. 74) dessinent une courbe gracieuse dans laquelle
('Mirent leurs cinq derniers articles ; ils s'atténuent
assez régulièrement pour se ferniiner en pointe un
peu obtuse. Les articles i cl ."» sont les plus longs
et subégaux; les deux précédents beaucoup plus
courts et égalemenl subégaux ; l'article i se di-
date dans sa partie terminale, où il présente d'ail-
leurs un léger étranglement. A |);iit (juelques rares
soies courtes et raides situées sur le dernier ar-
ticle, les ovigères ne possèdent pas d'autre revête-
ment pileux que celui des pattes, c'est-à-dire de
nombreux et très courts poils insérés sur une légère
rugosité tégumentaire.
Fig. 74. — l'hojicliilus
auslralis Hu(lf,'suii. —
()vi;,'(.'rc fjauilii^ ilu cf.
(ir. U 1/i.
Les orifices des glandes à cément sont situés sur
de petites saillies qui forment une rangée longitudinale à la face posté-
rieure des pattes des trois dernières paires. Ces saillies ont au plus un
diamètre de 50 >j., mais leurs dimensions varient notablement, de même
que leur nombre ; on en trouve environ de 30 à 40 sur chaque patte.
Sur la face dorsale de la deuxième coxade toutes les pattes, on observe,
dans les deux sexes, unepetite saillie obtuseau sommet de la(|iielle vient
s'ouvrir une glande? coxale. La saillie s'élève un peu au delà du milieu
de l'article.
Avec le /'. //roc/Tus Loman, des îles Soulou, et le /'. (////ifa/iis Mubius
capturé par la « Valdivia » près du Imiic Agliulas, celte espèce se distin-
gue de tous les autres /*//o./7V7/ ///AS s/ii/iosus- Mont, des mers du Nord,
rliarahdœus Dohrn de la Mc'diierraïK'c, ninUis Carpenter de Ceyian
et meridionalis Bôhm de Singapour! par ses téguments totale-
ment dépourvus d'épines ou de soies spiniformes. D'ailleurs, elle n'a
point le corps condensé ni les pattes fortes du t*. ch/iteatus, mais elle
n'est pas non plus bacillit'orme à la manière exagérée du H. procenis\ ses
120 PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS?».
pattes sont moins grêles ; ses propodes ne se dilatent pas dans leur
partie distale et sa trompe siibcyiindriquo n'est point |»édifnléo comme
dans cette dernière espèce.
TROISIÈME ORDRE. — ASCORHYNCHOMORPHA R. I. Pocock.
Cet ordre correspond presque exactement aux CryptochélatesdeM. Sars
et à la série des Ascorhynchidés établie par M. Hoek dans ses Nouvelles
études sur les Pijcnogonkles. Il comprend deux familles, les Eurycydidés
et les Ammothéidés, que M. Loman (1908) sépare tout à fait et place d-ans
deux séries distinctes en se fondant sur la structure des ovigères. J'ai
donné plus haut (p. 41) les raisons qui m'ont porté à établir le groupe
et à rester dans la voie indiquée par M. Hoek (4881^, 494).
Première famille — EURYCYDID.(E.
Les Pycnogonides rangés dans cette famille se rattachent aux formes pri-
mitives de l'ordre, car ils ont des ovigères de dix articles avec griffe ter-
minale et parfois [Eunjrijde) un scape chélicérien de deux articles. Les
quatre genres qui constituent la ftnnille sont représentés par 24 espèces
pour la plupart sublittorales, dont 4 arctiques et \ antarctique. Cette
dernière est V Ooi^hynchus Aucklcmdiœ Hoek, capturée par le « Challenger »
dans les parages d'Auckland, par 700 brasses de profondeur, et non
retrouvée depuis.
Deuxième famille. — AMMOTHEID.^.
Cette vaste famille présente des variations encore plus grandes que
celle des Eurycydidés, dont elle est peut-être issue; M. Sars (1891, 12<S)
a depuis longtemps mis en évidence les affinités des Nyinphopsis avec
les Eurycyde, et, d'autre part, on trouve dans les Ammothéidés, comme
dans les Eurycydidés, un certain nombre de formes à palpes très réduits
[Discoarachne, cinq articles; (lolenia., quatre articles] ; si les chélicères
de Eurycydidés du genre Oorhijuclnis se réduisent à un simple bourgeon,
celles de certains Ammothéidés [Discouracliiie, .l^^v//7Wec«A) disparaissent
sans aucune trace.
PYCNOGONIDES DU '^POURQUOI PASP^k i2r
Il me paraît bien dlIFicile, dans l'état actuel de nos connaissances, de
relier entre eux les divers genres de la famille; à l'exemple de M. Loman
(1908), je les répartis en deux sous-familles : les Nymphopsinés et les
Ammothéinés, dont les caractères ont été relevés plus haut (p. 42). Avec
leurs chélicères dont le scape a fréquemment deux articles et avec leurs
palpes de neuf articles, les Nymphopsinés se rapprochent beaucoup des
formes primitives de l'ordre [Eiirijcj/de)^ mais les Ammothéinés du genre
Hliijnchothorax et les Hannonias'en rapprochent aussi par leurs ovigères,
(jui sont, par exception unique, armés d'une griffe terminale. 11 ne saurait
d'ailleurs être question de faire dériver les Ammothéinés des Rkynchotho-
rax, mais ce genre nous montre que la sous-famille provient, elle aussi,
de formes primitives, voisines des Eurycydidés ou des Eurycydidés eux-
mêmes.
La sous-famille des Nymphopsinés n'est pas connue en dehors du Paci-
fique, où ses représentants habitent les eaux chaudes sublittorales;
les 5 genres qui la constituent renferment en tout 10 espèces.
La sous-famille des Ammothéinés est beaucoup plus riche, car elle
compte 11 genres et 54 espèces toutes littorales ou sublittorales, dont
7 arctiques et 18 antarctiques; ces dernières se répartissent entre les
genres Rhynchothorax, Ammothea [Leionymphon] . Ammothella, Achelia
[AmmotJiea des auteurs), Austrodecus, Austroraptus, Tanystylum et Clo-
tenia. Les caractères essentiels et la place de ces genres sont indiqués
dans le tableau suivant, qui s'applique à toute la sous-famille :
Expédition Charcot. — BofViEi». — l'vonogoniilcs du « l'ourquoi Pas? ».
122
PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS
A griffe
terminale;
corps
articulé.
Orifices sexuels mâles sur toutes les pattes,
) chélicùres réduites, pjas de palpes Hannonia Hoelc
) Orifices sexuels sur une paire de pattes, ché- ^ Rhynchothorax
' licères nulles, des palpes \ Costa.
o -5
T3
O
fcD
S}
Palpes de 9 (10?) articles, ^Chélicùresàscapede2articles, pin- ) Ammothella
tronc articulé, pas de\ ce rudimentaire chez l'adulte. ) Cote,
saillie cémentaire fémo-)Chélicères à scape simple, pince ) Ammothea
raie [ rudimentaire chez l'adulte.. . . S Leach.
Palpes de 8 articles ; articulations du tronc pou ou pas dis-
tinctes ; chélicères réduites à leur scape, qui est simple ;
saillies cémentaires fémorales ; orifice mcàle sur un
tubercule
Les palpes
ont au plus
7 articles ;
articulations
du tronc
nettes
ou nulles ;
pas de tuber-
cules sexuels |
chez le mâle.
Corps non disco'ide à prolongements laté-
raux assez écartés; palpes de 6 articles. . '
Aciielîa Hodge.
A iistroraptus
Hodgson .
Corps
disco'ide
par
itig"
des
contiguïté
prolonge-
ments
latéraux.
Palpes de 7-6 articles ;
tubercule oculaire et /
abdomen peu rap- i
proches y
Palpes de 4 articles, \
tubercule oculaire et ^
o abdomen très rap- i
proches )
Chélicères nulles, palpes de
5 articles
Tanystylum
Miers.
Clotenia
Dohrn.
Discoarachne
Hoek.
Ovigères ' Palpes de 7 articles; chélicères réduites ; tuber- ) Tn/gaei/s
de 6 ou 7 articles ; ) cule oculaire normal 'i Dorhn .
articulations du j Palpes de G articles ; chélicères nulles ; tubercule ; Austrodecus
tronc fort nettes. \ oculaire prolongé on avant \ Hodgson.
Les Ammothéinés connus dans les mers antarctiques appartiennent
aux genres Rhynchothorax (2 espèces dont une antarctique), Ammothea
(10 espèces toutes antarctiques, sauf une seule), Ammothella (6 espèces,
dont une antarcti(iue, A. Hocki PfefTer), Achelin (21 espèces dont
0 arctiques et 3 antarctiques], Austroraptus (1 espèce qui est antarc-
tique), Tanystylum (7 espèces dont 3 antarctiques, parmi lesquelles le
Tanystylum Dohrni Pfeffer, que l'auteur rangeait parmi les Clotenia) et
Austrodecus (1 espèce qui est antarctique).
Les espèces recueillies parle « Pourquoi Pas? » appartiennent aux
genres Ammothea^ Achelia et Austrodecus.
PYCNOGONIDES DU ii POURQUOI PAS?».
I2j
Genre Ammothea I^each [Leionymphon Mobius).
Malgré le nom.quo leur a donné Mùhnis 1902, 1S:> cl la place qu'il leur
attribuait dans la l'aniille des Nyniphonidés, les espèces du genre Aw^//«o-
tlien sont des Aminothéides sans conteste, ainsi que l'a reconnu
M. llodgson, le savant historiographe de ces curieux Pyenogonides
(1907-'^, 30). J'ai exposé antérieurement (1906^, .) i) les raisons qui justiiient
ce classement ; il ne me reste aujourd'hui ([u'à relever, en le modifiant un
peu et en le complétant, le tableau où M. Hodgson a mis en relief les
caractères essentiels des diverses espèces antarctiques du genre :
cd <i>
C 3
O o
o
C
o
•s tu
2 s
dl 'fi
■■li .-
o —
X
dus palpes
Trompe incurvée et
rvee et )
nique.. )
.1 . slriata
Mobius.
o .
c o
o —
■sa ^
L(! 4° article uus païues i ,. ,
. , \ cvlindro-conuiue.
aussi long- ou un peu ' ,, ' . •. . • i , ■ ,■
° , . ' i Trompe droite et in- , .1 . nldcialts
plus long que le :i' f ,,. ' ' ' ,, ,
' '^ ' n orme S ii„j..^„^
llodg'son.
o
■yj
<o
^
'C
3
su
c3
r
43
r!
>
•U
C
OJ
o
.«
F
3
6n
C"
<i>
a;
m
(U
O
h
3
O
H)
J3
uj
C
3
T3
'^ a.
t/3
( — —
"S -a
_ _ ^
S S tn
P o cj
3 O
£3
Le 4« article
des palpes
presque
2 fois aussi
long que
le2«.
Un bourrelet dorsal au bout des .
prolongements co.xaux ; soies /
dos pattes très nombreuses et l
peu ou pas sériées y
Deux tubérosités dorsales au bout
des prolongements coxau.v;
soies des pattes moins nom-
breuses et long'itudinalement
sériées
■3 Trompe n'ayant pas la moitié de la longueur (tu Ironc; la \
partie médiane des bourrelets dorsau.x est une pointe ; ,
prolongements coxau.x à éperons courbes '
3 i
A . grandis
Pleller.
.1 . ijiùbosa
Mobius,
.1 . spinusa
Hodgson.
, Les pattes sont larges et égalent 7 fois j
Les articles (5, 7, 8 des | ,^ céphalothorax ; la 2' coxa plus
palpes forment une eourlequelasomme desdcuxaulros.
scie par suite de leur > ^^^ ^^^^ ^.^.j^^ ^^ .^,^^,^^^ g ^^.^
dilatation ventrale ; J ^^ ,^.,,i,;iiothorax ; la 2^ co.xa plus / .|
trompe longue et pi- f ,^^^^^^^ ^^^^^ ,^^ ^^^^^^ ^^^ ^^^^
riforine, petite taule.. ^^l|.^,s
.1 . minor
Hodgson.
i/rdcilipes
Houvicr.
Un bourrelet bas et sans j ^^domcn subvcrlical, atteint par le bord ) .1. Clausi
haute saillie médiane sur / p^si^i^-ieur du 3" segment ) Pfeiïcr.
les segments du tronc ;> ^^^^^^^^^^^ ^^j^^^^^ .,,^i„.^^ ^^^ ,^^j.^ ^^^ j „ustmlis
trompe piriforme ; petite ^.^.^^^^ ,j^ 3.. g^^.^^nt \ Hodgson.
taille /
En dehors d(! ces espèces, le genre Aiiiinotlicd n'en comprend qu'une
seule, l'^l. carolinensis, qui habite la Caroline du Sud aux État-Unis et pour
124 PYCNOGONIDES DU (^POURQUOI PASP^k
laquelle fut établie parLeach, en 1814, le genre Ammothea. On a vu plus
haut (p. 4o) comment M. Loman et M. Hodgson, à des titres divers, ont
contribué à établir l'identification de cette espèce avec les Leionym-
phon de Môbius, ce qui a conduit à remplacer ce dernier nom par celui
de Leach. VA. carolinensis est la seule espèce non antarctique du genre ;
par sa taille, la structure de ses palpes, la forme de sa trompe, la saillie
de ses bourrelets dorsaux, elle prend place à côté des A. grandis et
gibbosa.
Ammothea striata Môbius.
i902. Leionymphon striatum K. Môbius (1902), p. 1<S3, Tuf. XXVI, fig. 6-12.
1911. Leionymphon striatum E.-L. Bouvier (1911"), p. 114().
Dragage n° XVIII : 27 janvier 1909, Shetlands du Sud, anse ouest de
la baie de l'Amirauté, dans l'île du Roi-George; chalut I, 75 mètres;
température de l'eau sur le fond + 0°,2; vase grise, cailloux.
Quatre beaux exemplaires (N^ 740), femelles adultes d'un « brun sale »
dont le céphalothorax mesure environ 12 millimètres de longueur.
Un mâle adulte (No758), àpeuprès demême taille et d'unbrun jaunâtre.
Ces exemplaires répondent tout à fait à la description et aux figures
données par M. Môbius, les seules différences provenant de légères
variations individuelles. Ainsi l'article 3 des palpes est souvent presque
égal à l'article 2, et le dernier un peu plus long que les articles qui le
précèdent ; l'abdomen est plutôt ovoïde que cylindrique, avec un sommet
largement obtus. •
Les caractères les plus frappants de l'espèce sont les suivants : le
céphalon(fig. 75)n"estpasrétrécien arrière, mais s'y déprime latéralement
comme pour indiquer le cou; il est occupé en son centre parle tubercule
oculaire, qui est un large tronc de cône vertical terminé par un cône bas ; —
les saillies postéro-dorsalesmédianesdestrois segmentsantérieursdu tronc
sont légèrement inclinées en arrière, et largement obtuses au sommet, qui
porte de nombreuses spinules ; — les prolongements coxaux pré-
sentent à leur extrémité deux larges protubérances dorsales contiguës
et peu élevées, qui portent des spinules semblables aux précédentes,
mais plus réduites ; la longueur des prolongements est telle que la largeur
PYCNOGUNIDES DU ^< POURQUOI PAS?». 125
du tronc, au deuxième segment, est presque égale à la longueur du cépha-
lothorax : — rabdomenest aussi long que lecéphalon et s'infléchit vers le
'Hv
Fig. 73. — Ammothea slriala Môbius, o'. — Le corps
vu du coté gaucho, avec les appendices antérieurs
correspondants, (ir. 1 3/4.
Fig. 7C. — Ammolhea slrlata, (J.
patte droite. Gr. 1 3/4.
La 3"
haut, à 45° pour le moins ; — les chélicères sont bien développées ; — les
articles 2 et4 des palpes sont subégaux, de même que les cinq suivants, qui
ne se dilatent pas notablement à leur angle antéro-inférieur ; — le fémur
(fig. 76) est presque aussi long que le tibia 2 et l)eaucoup plus long que
le tibia 1 ; la griffe égale au plus la moitié du propode, qui est très peu
ai(|ur' et sans fortes soies spiniformes
sur son bord interne ; les griffes auxi-
liaires qui raccompagnent égalent au
plus sa moitié, enfin les spinuies
des pattes se groupent en séries nette-
ment séparées par des espaces nus, les
séries latérales se composant presque
d'uneseule rangée de spinuies. J'ajoute
que la trompe est légèrement plus
longue que le Ironc ; M. Môbius la décrit et la ligure cylindrique avec
rétrécissement basilaire, tandis qu'elle se cciréc'it qiœ/que jtcit ri très régu-
lièrement de la base au sommet (sur sa face supérieure) dans tous les
exemplaires du « Pourquoi Pas? » ; au surplus, elle est nettement arquée
et infléchie vers le bas, comme dans les types de M. Môbius, de sorte
que j'attribue les différences précédentes à un examen superficiel et à
une faute du dessinateur de la « Valdivia ».
7. — Ammothea ulriala, cf. — Ovigére
droit. Ur. 6 1/2.
136 PYCNUGONIDES DU ^i POURQUOI PAS?>>.
VA. slriatd lut trouvée par 567 mètres de profondeur, à l'île Bouvet,
c'est-à-dire dans la province africaine subantarctique ; les découvertes du
« Pourquoi Pas » ? montrent que c'est également une espèce delaprovince
magellanique et des eaux antarctiques.
Ammothea grandis PfelTur.
1880. Ammothea grandis G . Pfeiïer (1889), [i. 43.
1005. Colossendeis {■?) C/i«/'co<« E.-L. Bouvier (1905 1, p. 29G.
190G. Colussendeis (?) C/iarcoli E.-L. Bouvier (1906' , ]). l'J.
1907. Leionymphon grande T. V. Hodgson (1907"), p. 41, PI. VI, (ig. 1.
1907. Leionymphon grande E.-L. Bouvier (1906'>), p. 00, PI. [II, fig-. G et fig-. 30-44
du texte.
1908. Leionymphon grande T. V. Hodgson (1908), p. 179.
1911. Leionmyphon grande E.-L. Bouvier (1911**), p. 1140.
Dragage n° V : 29 décembre 1908, chenal Peltier, entre l'îlot Gœtschy
et l'île Doumer ; chalut 1 ; 92 mètres, température de l'eau sur le fond
— 0°,1 ; vase grise, gravier.
Un mâle « jaune orangé » (N°37), où les pinces sont encore parfaitement
normales, encore que le céphalothorax mesure déjà 11 millimètres; cet
exemplaire n'est sans doute pas encore adulte, car je n'ai pu y voir
les orifices sexuels, et les ovigères n'ont pas tout à fait leur forme défi-
nitive. L'exemplaire est d'ailleurs un peu anormal.
L'il.^râ!/?(//.s est voisine de la précédente, mais elle s'en distingue par sa
taille plus grande, sa trompe droite et rétrécie à la base, son tubercule
oculaire plus étroit, ses saillies beaucoup plus hautes et légèrement inflé-
chies en avant; son abdomen court, à peine oblique, est précédé d'un
tubercule en cône; ses palpes sont remarquables par leur gracilité et par la
longueur de l'article 4, qui égale presque deux fois celle du deuxième. Les
pattes ne sont pas moins caractéristiques : leur tibia 2 est très notable-
ment plus long que le fémur ; leur propode armé de soies spiniformes est
plus recourbé que celui de l'A. slriata ; les griffes principales sont ])oiir
le moins aussi longues que ce dernier article, et les griffes auxiliaires en
égalent au moins la moitié ; les téguments présentent un aspect chagriné,
grâce à des spinules nombreuses, qui, sur les pattes, ont parfois une
légère tendance à la sériation longitudinale.
Cette belle espèce compte parmi les grands Pycnogonides; son corps
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?>k 127
peut atteindre 13 millimètres de lon-^ueur, abstraction faite de la trom|)e et
de l'abdomen. Elle semble localisée dans les eaux franchemcntantarctiqnes,
surtout dans la province maj^ellanique, où elle l'ut signalée par M. PlefFer
(Géorgie du Sud, 12 brasses), et retrouvée par la « Scotia » (Orcades du
Sud, 1 i brasses), puis par les naturalistes du " Français » (Port-Charcot,
20-25 mètres; île Booth-Wandel, 30 mètres); on a vu plus haut qu'elle
y a été capturée par le ■< J*ourquoi Pas? ». On la rencontre aussi dans la
pioviiice australasienne, où elle lut prise par la « Discovery « dans les
parages de l'île Coulman (S à 15 brasses).
La coloration sur le vivant varie du jaune-soufre ou orangé au rouge
brun.
Ammothea gibbosa Miibius.
1902. Colnsxenileh f/ihhona K. Mobiiis (1902), p. 1!»2, Taf. XXX, fig-. 1-5.
1900. Ammolheii rurculio E.-I.. Bouvier (1906-»), p. 20.
i'M). Ammolhea rurculio E.-L. Bouvier (1906''), p. 40, fig-. 19-22.
1907. /A'iomjmp/ioii ffibhosuin T.-V. Hodgson (1907"), p. ■iO.
1911. Leionijmplion gibbosuin E.-L. Bouviei- (1911''), p. lliO.
Dragage n» VT : 15 janvier 1009; entrée de la baie Marguerite, entre
l'îleJennyetla Terre Adélaïde; latitude sud 07° 45', longitude ouest Paris
70° 15' ; chalut I, 254 mètres; température de l'eau sur le fond 4- 1°,18;
roche, gravier.
Un exemplaire « roug<; bi-un » (No I3i), immature comme les types de
M. Mobiuset h très peu près de la même taille, le céphalothorax et la
Fi-î. 'S. — Arnmiillicii f)ibbosa Pfeiïer. — Iiniiialure vu du ciJté gauche avec les cliélicùres. palpe et saillie
ovigérienne (lu même coté. Gi'. 8.
trompe mesurant chacun près de 0 millimètres ; ovigères réduits à de
courts bourgeons. Cet individu (fig. 78, 70) répond tout à fait à la dia-
gnose et aux ligures de l'espèce, mais 1(> lubei-mle (icul.iire se Icriiiiiie
128 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?>^.
par un cône mucroné. Les soies spinuliformes des pattes sont assez
nombreuses et disposées en séries, presque comme dans VA. s tria fa.
La trompe ressemble à celle de cette dernière
espèce, mais elle est fort peu arquée et pré-
sente la vague indication d'un étranglement à
quelque distance de sa base.
Dragage no VIII : 20 janvier 1909, baie
Marguerite ; chalut I, 200 mètres ; tempéra-
ture de l'eau sur le fond + lo,18; roche, gra-
vier vase.
Un exemplaire « jaune tirant sur l'orangé »
(N° 186), immature comme le précédent, mais de
taille un peu plus réduite; la structure est d'ail-
leurs la même, toutefois le tubercule oculaire
est arrondi au sommet avec un léger mucron, le
Fig. 79. — Ammoihea gibboxn. fémur u'égale pas tout à fait le tibia 1, et les
— Partie antérieure du eorps
et ses appendices dans un spiuules dcs paltcs sout moins nombreuscs
immature, face dorsale. Gr.8.
et plus distinctement sériées.
Dragage n° Vil :'16 janvier 1909, près de la Terre Alexandre ; latitude
sud 68'3 31', longitude ouest Paris 72o0o'; chalut I, 250 mètres; tem-
pérature de l'eau sur le fond + 1°,G ; roche.
Un grand mâle de couleur « jaune sale » (N°149), qui pointe quatre
paquets d'œufs (fig. 80) en forme de man-
chon, deux sur chaque ovigère; l'un de ces
manchons entoure l'article 4, l'autre la partie
distale de cet article et la partie basale du
suivant; les œufs sont très nombreux et
mesurent à peu près 1 millimètre de dia-
Fig. 80. — Ammoihea gibbosa, cf. — niètre
Ovigère gauche. Gr. 3.
Cet exemplaire (fig. 81) diffère des deux
précédents et des types immatures de M. Môbius par sa trompe, qui res-
semble à celle de l'A. gtYuide (à peu près droite, rétrécie et avec un
léger étranglement dans son tiers basilaire, d'ailleurs bien plus large
dans ses deux tiers terminaux), par ses petites chélicères où la pince
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?)). 129
ost réduite à un bourgeon, par son tul)ei'cule optique en colonne
dilatée et arrondie au sommet, par ses saillies dorsales segmentaires
qui s'épaississent beaucoup en
haut, leur petite pointe peu appa-
Fig. 81. — Ammolhea gibbosa. (3. — Le corps vu du Fig. 82. — Ainiuolhca gibbosa, o'. — La 3" palle
c6U; gauche avec les appendices céplialinues cor- gauche avec l'orilice sexuel et la saillie coxale.
respondanls. Gr. 1 3/4. Gr. 1 3/4.
rente étant située en avant, et par les fémurs (fig. 82) qui sont très légè-
rement plus longs que les tibias 1.
L'exemplaire offre d'étranges ressemblances avec VA. fjra/idiv, mais
il s'en distingue et ressemble aux types immatures de l'espèce par
quelques caractères importants: 1° la plus grande hauteur des saillies
dorsales segmentaires ; 2° la plus grande longueur et la direction très
oblique de l'abdomen ; 3° le développement de deux lubérosités
arrondies à l'extrémité distale des prolongements coxaux et du premier
article coxal, tubérosité qui remplace un léger bourrelet continu dans
l'A. grandis ; 4*' les spinules des pattesqui sontbeaucoupmoinsnombreuses
et régulièrementsériées (notamment sur lestibias), au lieu d'être disposées
sans ordre. Pour le reste, les deux espèces me paraissent absolument
identiques, et j'en suis encore à me demander, comme je le faisais
en 1907 (p. 64), si elles ne sont pas identiques et ne devront pas être
réunies dans la suite (1).
Je crois utile de relever ci-dessous les dimensions du mâle adulte
précédent et d'un mâle ovigère de l'^l. r/randis.
(Il Dans la Q. de l'.l. ijrnniiis prise par la « Discovery » et très bien figurée pai' M. Hodg-
son (1908, PI. NI, fig. 1), les spinules du tibia sont nettement sériées, l'abdomen est oblique, et
la trompe cylindiique semble rétrécie à la base.
Expédition Ckarcol. — Bouvier. — Pycnogonides du « Pourquoi Pas ? ■
17
130
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?>k
Lonyuour de la trompe
Diainèlrc maximum de la trompe
— de la trompe à re.xtrémité dislale
Longueur du céphalon
Largeur du céphalon en avant
Longueur totale du céphalothorax
Largeur du céphalothorax dans sa partie étroite (2" seg-
ment)
Largeur du céphalothorax avec les prolongements coxaux
(2" segment)
Longueur de l'abdomen
— des coxse de la 2" patte droite
— du fémur r
— du tibia 1
— du tibia 2
— du tarse avec le propode
— de la gi-ifle principale
— des griiïes auxiliaires
" A. GIBUOSA ».
« A. i^handis ".
Milliiii.
MllIlMI.
15,8
i(),i;
4,2
4,5
3,2
4
3,9
4
'1,5
4,8
14,8
10
O
/,
12,2
12
4,8
3,0
13,5
14,5
15
1.5,5
14,5
15,2
19
19,2
5
6,8
2,7
3,0
1,5
2,1
On voit par co tableau que les adultes des deux espèces diffèrent non
seulement par la longueur de l'abdomen, mais par celle des griffes
et du propode, qui sont plus longs dans l'A. grandis. Ces différences ne
se montrent pas encore dans les jeunes, non plus que l'arceau creux et
lisse qui se trouve en avant sur les protubérances dorsales, au-dessous
delà dilatation qui termine ces saillies.
Les deux exemplaires jeunes qui servaient de type à l'espèce ont été
pris par la « Valdivia )),dans la province subantarctique de Kerguelen,
aux îles Bouvet, fond de 567 mètres. Les campagnes de M. Jean Gharcot
montrent qu'elle se trouve aussi dans les eaux antarctiques de la province
de Magellan ; c'est ce qui ressort non seulement des captures faites par
le « Pourquoi Pas? », mais aussi de celles effectuées antérieurement par
le « Français ». En comparant les types d'Ache/ia curculio Bouvier (1906'',
p. iO, lig. 19-21) recueillis au cours de cette dernière campagne avec les
jeunes Ammothca gibbosa du <> Pourquoi Pas? », j'ai acquis la certitude
presque entière que tous ces individus appartiennent à la même espèce et
que les types cVAchelia curculio sont en réalité de très jeunes Aminotlioa
gibbosa, beaucoup plus jeunes et plus petits que ceux du « Pourquoi Pas ? » .
En tout cas, l'espèce subit avec l'âge des modifications profondes:
jeune, elle a une longue trompe conique très caractérisée, des protubé-
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?y>. 131
rances dorsales en ((iiic dès aigu ot des saillies coxales acuminées;
adulte, elle ac(|uiert une trompe pcklonculée et subcylindrique, des protu-
bérances dorsales larges, obtuses et dilatr-es au soiimiel. en iiièiiie temps
que ses saillies coxales se réduisent et cessent d'être en pointe. Alors
elle ressemble beaucoup à VA. yraiidis, dont elle se distingue p;ir les
caractères indiqués plus baul.
Ammothea minor T. \'. [loil^son.
1907. Leioiu/mp/wn minu.'<T. V. Hodgson (1907'), vol. III, [,. i'i, i>l. \l, liy. >.
l'.ill. Leiotïijmp/ion minus E.-L. Bouvier (1911''), ji. 11 'lU.
l'.)ll. l.i'iDHijmiihnn minus E.-T.,. Bouvier (1911''), p. ili. •
Dragage no III : 20 décembre 1906, chenal de Roosen, au nord deTlle
Casabianca; latitude sud Gi°48', longitude ouest Paris 05° iJl'; chalut 11,
120 mètres; température de l'eau sur le fond + 0°,55; cailloux, roche,
vase, grès verdàtre.
Un exemplaire (fig. 83) « ocre » {N°24), privé d'une partie de ses pattes
et d'ailleurs en bon état. Cet exem-
plaire est immature, mais ses
ovigères peu allongés comptent déjà
tous leurs articles ; son céphalothorax
mesure 2'"'^,o, c'est-cà-dire 1 milli-
mètre de moins que les types de
l'espèce. Les difTérences avec ces
types sont rares et minimes : le
tubercule oculaire forme un cône
aigu et élevé au-dessus des yeux,
non une simple pointe; l'abdomen est
j)Ius allongé que dans le tyj)e, car il dépasse nolablenieiil b^s prolonge-
ments coxaux postérieurs. Les pinces S(tnl di'jà réduites à un bour-
geon (1).
Comme les précédentes, celle espèce appartient au groupe des A?h/>/o-
//irr/ où le corps est condensé et où les segments du tronc forment, en
arrière, des saillies dorsales. Elle se distingue (lig. 83j par sa taille réduite,
Fig. 8:i. — Ammothea minor Hodgson. — Le
corps d'un iiiiniature vu du cotr: gaudie avi'C
les appendices correspondants. Gr. H i/i.
(1) Les diiDcnsions de cet e.xemiilaire sont iiuiiijuéi's à la page l.'î.-i.
132 PYCNOGONIDES DU « POURQUOI PAS ? ^^.
par la forme conique de ses saillies dorsales, par sa trompe piriforme ou
plutôt longuement ovoïde, à peu près droite en dessous et nettement
arquée en dessus, par ses pattes
(fig. 84) qui sont médiocrement
longues mais comprimées latéra-
lement et, par suite, plutôt larges,
enfin et surtout par la structure
de ses palpes, dont les articles 6
à 8 sont égaux et très dilatés infé-
rieurement, ce qui donne à cette
Fig. Si. — A mmoiJiea w/hoc. — La 3' patte droite partie de l'appeudice uu aspcct
d'un iiiiiiiature. Gr. 7. . . .
serratiforme très caractéristique.
Le dernier article des palpes est plus long que les précédents et ovoïde;
les téguments sont partout recouverts de granulations microscopiques,
avec çàetlà quelques courtes soies.
Le type de l'espèce fut capturé par la « Discovery » dans la région
antarctique de la province australasienne, aux Winlers Quarters, par
129 brasses et à l'île Coulman par 8-15 brasses ; elle habite également la
province deMagellan, comme le montre la découverte du « Pourquoi pas?».
Elle s'y trouve mémo dans la zone subantarctique : M. Lahille, en effet,
m'a soumis un Pycnogonide des Sandwichs du Sud (1911*, 414) qui
appartient sûrement à cette espèce ; l'exemplaire est un immature
de lataille du précédent, mais qui porte encore des pinces bien dévelop-
pées; il fut pris par M. C.-A. Larsen à Visokoi, le 13 novembre 1908.
Ammothea gracilipes E.-L. Bouvier.
1911. Leionymphon gracilipes E.-L. Bouvier (1911'), p. 1140.
Dragage no VI : 15 janvier 1909, entrée de la baie Marguerite, entre
l'île Jersey et la Terre Adélaïde, latitude sud 67° 45', longitude ouest
Paris 70° 45; chalut 1,254 mètres ; température de l'eau sur le fond
-|-1°, 18; roche, gravier.
Une femelle adulte, «jaune sale », dont les dimensions se trouvent
relevées plus loin (no 135).
PYCNOGONIDES DU '' POURQUOI PAS P >>. 133
Dragage n^ VHI : 20 Janvifi- lOOD, baie Marguerite; chalul I,
200 mètres, température de l'eau sur le fond + l°j'^i foche, gravier,
vase.
Un mâle ovigère «jaune sale " (No 188) et un jeune « brun sale »
(N°256), où les ovigèrcs sont incomplètement développés.
La trompe (fig. 85) est identique à celle de l'/l. ininor^ c'est-à-dire
piriforme, très peu sensiblement
infléchie et un ])eu plus longue que
le céphalothorax ; elle atteint sa
largeur maxima (qui ne dépasse pas
celle du tronc dans sa partie mé-
diane la plus étroite), un peu au
delà du milieu, celui-ci étant indi-
qué par les traces fort vagues d'un
étranglement; à partir de ce point
des lignes longitudinales se mani-
festent assez nombreuses sur les
parois de l'organe.
Le cèphdhm (fig. 85) est un peu plus long que large et à peine plus
étroit en arrière; son bord antérieur, carrément tronqué, porte un léger
denticule à la base de chaque chélicère. La tubercule oculaire est verti-
cal, assez haut et large ; il se termine par un cône aigu, ou par une pointe,
au-dessus des yeux. Ces derniers sont largement séparés, très nets, peu
étendus et ovales ; ceux de la paire antérieure sont sensiblement plus
grands que les autres.
Le tronc (fig. 85) ressemble tout à fait à celui de XA. m\nùr\ tou-
tefois ses saillies dorsales s'infléchissent très légèrement en arrière, et
les deux saillies qu'on trouve dorsalement au bout de chaque prolonge-
ment coxal sont moins arrondies, plus anguleuses.
V abdomen (fig. 85) se dilate peu vers sa partie terminale ou ne se dilate
pas du tout; dans le jeune exemplaire il est même rétréci. Sa longueur
est à peu près celle du dernier prolongement coxal ; il est beaucoup plus
relevé que dans X \. minor, vertical ou presque.
Les chélicè?'es (fig. 85) ne présentent rien de particulier; leur pince,
,,-v^
Fif,'. 83. — Àmmothea //racilipes Bouv., cS. —
Animal vu du côté f;.iu<-l\i' avec les appendices
antérieurs correspondants. Gr. 9.
134 PYCNOGONIDES DU k POURQUOI PASP^.
qui est encore parfaite dans le jeune immature, se réduit à un bouri;eon
chez les deux adultes.
Les pa/jjes (fig. S5) sont presque identiques à ceux de l'A. riiinor;
pourtant l'article 4 est légèrement moins
• long que le deuxième ; les articles 0-8 sont
dilatés et donnent à cette région du palpe
une apparence serratiforme.
Les oingères sont également presque
identiques dans les deux sexes ; chez le
mâle (fig. 86), les articles 8 et 9 sont les plus
courts et l'article 5 est plus étroit que le
quatrième, contrairement à ce que Ton ob-
serve dans les figures de VA. minor données
par M. Hodgson (1907^, PI. VI, fig. 2«) ;chez
v\g. w-,. - Ammoihea nraciiipes, a . - \^ femelle (fiii,'. 86), le dernier article est
Ovigèrc gauche. Gr. IG. ^ *^ ''
toujours plus long que le précédent, tandis
qu'il est représenté plus court par M. Ilodgson (fig. 2 c). Dans notre
type, le dernier article de l'ovigère gauclie est étroit et ovalaire, tandis
qu'il est arrondi (comme
dans la figure de M. Hodg-
son) dans l'ovigère op-
posé.
Les pattes (fig. 87) sont
fort dissemblables dans
les deux espèces : leur
deuxième article coxal est
plus long que la somme
des deux articles avoisi-
nants ; leur longueur égale
huit fois celle du cépha-
Fig. ^.-.-Ammolheaçiracnipes cf - La 4» patte du colù gauclie lothoraX, et c'cst à pcinC
avec lunlice sexuel ut la saillie coxale. Gr. 6 1/2. ' ^
si elles sont comprimées
latéralement, de sorte qu'elles restent fort étroites ; la longueur du
deuxièmelibia égale treize fois sa plus grande largeur; dans VA. mmor, au
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?». 135
contrains le deiixiôinc article coxal est plus coiiil (juc la somme des
deux arliclcs rontigus ; la loii{j;ucur des pattes éj:,ale se|)t fois celle du
céphalothorax et la loiif^ueur du deuxième liliia huit fois seulemeut sa
plus grande largeur. Ces dillérenccs, et (|uek]ues autres, apparaissent
très l^ien dans le tableau suivant, où j'ai relevé les dimensions du jeune
immature de VA. mi/ior, du type de la même espèce figuré par M.Hodgson
et du ty[)e femelle de l'espèce (|ui nous occupe.
Longueur de la trompe
— du céplialon
I^argeur du cé|)lialon en avant
Longueur du cé]ilialoUiora.\
— de l'abdomen
Largeur du cé|ilialolhora.\ avec les prolongements
coxau.x du 2'^ segment
Longueur des coxh' de la 2"^ patte droite
— de la 2" coxa
— du fémur
— du tibia 1
Largeur du libia 1
fjongueur du tibia 2
Largeur à la base
Long-ueur du tarse avec le propode
<< A. MINOR ».
Imni.itur
.Milliiii.
2,.S
1
0,8
2Jy
[,2
2X>
1,5
4,3
/.
(t,'.l
4.'.)
0,75
Type.
1,2
3, S
•> ;[
^4
5,3
»
(■•,1
« A. GBACI-
LIl'ES ».
Millini.
:!,3
1,1
0,87
3,0
1,1
5,3
2, S
7,2
G,î)
0,85
8,5
0,65
2,G
Les téguments sont granuleux avec quelques petites soies, comme dans
VA. nii/i»}'. La saillie dorsale delà deuxième coxa est bien développée.
Ainsi VA. gracilipes peut être considérée connue une .1. ininor dont
les pattes sont allongées et (rès grêles et où rabdomen plus court se
redresse presque verticalenuMit. Il fait le passage à V A. ylacUilis Woà'^'&on,
qui s'en distingue surtout par son coi'ps moins condensé, sa trompe |)lus
large, ses palpes non serratiformes et les soies disposées en séries longi-
tudinales de ses appendices.
Ammothea Clausi ITeller.
1880. Ammotliea C/aitsi fi. PIVllur (1889 , p. 45.
l'.)05. Ammotliea tiii/arctica E.-L. Bouvier (1905), p. 296.
lOOC). Ammotliea aniarctica E.-L. Bouvier (1906'), p. 10.
1007. Leioni/mphon Cluu.'ii T.-V. Ilodgson (1907a), p. 40.
136 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?>k
1907. Leionymphon antarctkitm E.-L. Bouvier (1906''), p. 56, fig. 37-39, et PI. III,
(ip-. 'i, 5.
1911. Leionymphon Clausi E.-L. Bouvier (1911''), p. 1140.
Dragage n° \\\ : 26 décembre 1908, chenal de Roosen, au nord de l'îlot
Casablanca; chalut II, 129 mètres; température de l'eau sur le fond
-f- 0o,55; cailloux, roche, vase, grèsverdàtre.
Une femelle adulte, couleur « ocre » (N» 24). Le tubercule oculaire est
un cône vertical très aigu, l'abdomen un cône obtus légèrement incurvé
en arrière; les pattes sont un peu comprimées latéralement.
Dragage n° V : 29 décembre 1908, chenal Peltier, entre l'îlot Gœtschy
et l'île Doumer; chalut II, 92 mètres ; température de l'eau sur le fond
— 0° 1 ; vase grise, gravier.
Une femelle « brun jaune » (No 44) où les orifices sexuels sont assez
nets elles ovigères bien développés. Le tubercule oculaire se rétrécit en
cône très aigu au-dessus des yeux; l'abdomen est vertical, les pattes sont
assez comprimées latéralement.
Dragage n° XVII : 26 décembre 1909, baie de l'Amirauté, dans l'île du
Roi-George, aux Shetlands du Sud; chalut I, 420 mètres; température
de l'eau sur le fond -|- 0o,3; vase, cailloux.
Une femelle adulte « brun grisâtre » (N" 733) et restée telle dans
l'alcool (comme d'ailleurs le type de VA. antarctica)^ alors que les autres
exemplaires sont complètement décolorés. Trompe remarquablement
dilatée et assez fortement trifaciale, tubercule oculaire en cône vertical
très aigu et assez régulier, abdomen vertical, cylindrique à la base, en
cône obtus au sommet; les pattes ne sont pas sensiblement comprimées.
Je relève ici quelques dimensions des trois exemplaires précédents,
du type de l'A. Clausi (d'après Pfeffer) et du type de VA. antarctica.
"A. CLAUSI 1».
«A. ANTARC-
TICA ».
N» 24.
K' 44.
îV 733.
Longueur de la trompe
Diamètre maximum de la
trompe
Millim.
1,5
»
»
5
Millim.
5,1
1,9
5,1
4,8
Millim.
5,9
2 2
4,3
f Millm.
5,3
2
3,8
3,9
Millim.
5,2
2 2
4;î
4,2
Long-ueur du céphalothorax. ...
Largeur maxima du 2" seg-
ment
PYCNOGONIDES DU <i POURQUOI PAS?». 137
C'est dans le type de l'A. Clausiquc la trompe atteintsa longueur la plus
faible ; mais cet organe n'est pas sans présenter des variations et, comme
les autres parties du corps, on l'a vu plus haut, ne sont pas sans varier
elles-mêmes, les différences que j'avais relevées jadis 1907,59) entre
VA. antarcticaeiVA. Clami ne sont pas de nature spécilique. Ainsi, comme
le pensait M. llodgson (1907*, iO), il y a lieu d'idt'iililiiM' les deux formes
et de conserver à l'espèce le nom donné par Pfeffer.
L'A. Clau-si appartient au groupe où les segments du tronc ne présentent
pas de protubérance dorsale; pourtant cette dernière y est encore indiquée
par une saillie médiane aiguë des plus nettes. L'espèce est remarquable
(fig. 88) parla grande condensation de son corps, par son abdomen vertical
et presque atteint à sa base par le bord postérieur du troisième segment,
Fig. 88. — .li/iiHo/Ziea CVausi Pl'eCTcr, 9. — Le corps du Fie. 89. — Ammo/hfii Clmisi ITellfi-, Ç. —
cùti' j^auclio, avec la cliélicère, le palpe et l'ovigèrc La 3' palle t'auehr avci' l'cirillce sevueL
correspondants. Gr. 9. Gr. 4.
par sa forte trompe piriforme, où le tiers basilairc moins large forme une
sorte de pédoncule qu'un sillon d'étranglement sépare de la partie dilatée,
par ses palpes où le deuxième article est d'un quart plus long que le
(|uatrième, par les deux angles saillanls et aigus de ses prolongements
coxaux dans leur bord distal, et i)ar la grande dimension des griffes
auxiliaires qui égalent au moins les deux tiers de la griffe principale. Les
palpes ne sont pas serratiform'es dans leur partie terminale, et la partie
dilatée delà trompe est plus oumoinstrifaciale. Il y a sur les pattes (fig. 89)
quelques fortes soies éparses et d'autres très petites, très nombreuses en
Expédition Charcot. — Biuviek. — l'ycnogonides du « Pourquoi l'as f ». 18
138 PYCNOGONIDES DU h POURQUOI PAS ? ^k
dehors de certaines bandes longitudinales absolument nues. Le premier
article coxal est beaucoup plus, court que le troisième, le deuxième éga-
lant en longueur les deux autres. Comme dans toutes les Ammothea, la
saillie médiane dorsale de cet article est fort apparente. Le fémur est un
peu plus long que le tibia 1 et beaucoup plus court que le tibia 2. Le
front est carrément tronqué avec une saillie aiguë à chacun de ses angles;
le tubercule oculaire se termine toujours en un cône haut et très pointu.
L'espèce n'est pas connue jusqu'ici en dehors de la province de Magellan ;
elle y fut découverte à la Géorgie du Sud, et M. Charcot l'a retrouvée aux
Shetlands; mais elle est également antarctique, ainsi que le montrent
les captures du « Français » (Port-Charcot) et du « Pourquoi Pas? ».
L'espèce n'est pas sans affinités avec l'A. rjlacialis Hodgson, mais elle
se rapproche surtout de VA. austratù Hodgson (1907'^, 46, PI. VII, fig. 1),
qui s'en distingue toutefois par son tubercule optique arrondi, par son
abdomen oblique et éloigné du troisième segment du tronc, en outre par
son revêtement sétifère bien plus riche. L'A. aiinh^alis îxxi prise par la
« Discovery » dans les eaux antarctiques de la province australienne.
Genre Achelia Hodge [Ammothea des auteurs).
Les Achelia se distinguent des Ammothea par leur petite taille, leur
corps où les articulations segmentaires disparaissent à divers degrés, par
leurs palpes de huit articles (1), par leur fémur qui présente dista-
lement une protubérance où s'ouvrent des glandes cémentaires, et par
le tubercule au sommet duquel s'ouvre le pore génital des mâles. Elles
ressemblent par leur petite taille QxxxAmmothella, qui présentent d'ailleurs
des chélicères dont le scape a deux articles, avec les articulations seg-
mentaires, les palpes de neuf articles (dix peut-être d'après M. Cole)
(1904, 273) et les fémurs non glandulaires des Ammothea. C'est, par suite,
avec raison, que M. Verrill, en 1900, a établi le genre Ammothella, dont
M. Cole (1904, 273) a donné une excellente diagnose.
L'espèce type du genre Ammothel/aesl l'A. rugi(/osa\evv\ll, qui semble
bien identique à une espèce plus ancienne, V Ammothea appendiculata
(1) Les palpes n'auraient que 7 articles dans VAchclia gracilis \'tM-iill, ilonl les mâles présentent
d'ailleurs des tubercules sexuels comme ceux des Achelia.
PYCNOGONIDHS DU a POURQUOI PAS?». 139
Dohrn, que M. Cole place justement dans le genre AmmothcUn ; M. Cole a
réuni aux Ammothelles V Ammothea biunguiculata du même auteur, mais
je croisqu'il a eu tort d'étendre la même règle à 1,4. uniunguiculata Dohrn,
dont le corps n'est pas complètement segmenté et dont les palpes ne
comptent que sept ou huit articles. Comme il a décrit d'ailleurs (1904)
deux espèces (ÏAmmothella, VA. tuberculata et VA. spmifera, le genre
établi par M. Verrill comprend à coup sûr quatre espèces. A celles-ci on
doit ajouter, il me semble, V Ammothea hispida Dohrn [A. magnirostris
Dohrn) et V Ammothea Hoeki Pfeffer ; cette dernière espèce provient de la
Géorgie du Sud et représente à elle seule la forme antarctique du genre.
On a vu plus haut que V Ammothea curcidin Bouvier, du « Français »,
est le jeune d'une A»««oMra (presque certainement de VA. gih/josa), et je
montrerai plus loin que l'A. affinis Bouvier, de la même expédition, doit
être considéré comme l'état jeune de VAchelia communis.
La dénomination de ce genre a subi des vicissitudes nombreuses :
Dohrn (1881) a montré que les genres Phanodemus Costa, Pephredo
Goodsir, Endcis Philippi, Platijchcles Costa, Alcinons Costa et les Ammo-
hea des auteurs (Leach excepté) sont synonymes iVAchelia Hodge ; il
• ensait même, et peut-être ajuste titre, que cette synonymie doit s'éten-
dre au genre Pasithoe Goodsir, encore que l'unique espèce de ce genre,
a P. vesiculosa Goodsir, soit dépourvue de chélicères. Depuis lors
M. Loman et M. Hodgson ont établi que (Voir p. iC») le type du genre
Ammothea., VA. c«/'o/?Men5W (1814) Leach, est un Lr/n/nj/i/iihon, si bien
que le nom d' A7nmothea doit être donné a\i\Leiony??iphon et remplacé par
celui d'Achelia.
M. Hodgson (1910, 436) adopte cette nouvelle dénomination, mais il
me semble réunir en un même genre les Ammothrlht et Ammothea, car il
attribue à ses Achelia des palpes de huit ou iieul' articles.
Dans le genre Achclia lui-même, les dilllcultés sont nombreuses à
cause de la synonymie des espèces; autant ([u'on en |)euf juger, ces der-
nières se réduisant actuellement ii 17 :
,1. viilgaris Costu 18G1 ifraiiriscana Dorhn 1881). Naples.
A. uniunguiculata Dohrn 1881 —
A . Langi Dohrn 1881 —
A. echinata Hodg'o, 18G3 \ùreiu/ies Hodg-e,
140 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?».
achelioides Wilson, spinosa Wilson, ftbu-
lifera Dohrn, pycnogonoides Quatref., spini-
palpis PhilippiJ Méditerranée à Norvège.
.4. setulosa Loman 1912 Iles du Cap-Vert.
A. gracilis Verrill 1900 Bermudes.
A. Ixvis Hodg-e 18G4 Mer du Nord, Kerguelen ?
A . scabra Wilson 1878 N.-E. de l'Amérique.
A . bnrealis Schimkewitsch 1895 Mer Blanche.
A . latifrons Cole 1904 Mer de Behring-.
A. pribilofensis Cole 1904 —
A. a/askensis Cole 1904 Alaska.
A. (jrucilipes Cole 1904 Californie .
A. superba Loman 1911 Japon.
A. assimilis Haswell 1865 Port-Jackson .
A. brevicauda Loman 1908 Port-Élisabeth.
A . nana Loman 1908 Malaisie .
A . socoi's Loman 1008 > —
.4. WUsoni Schimkewitsch 1890 Porto-Lagunas et île Chonos.
.4. magniceps Thomson 1884 Nouvelle-Zélande.
A. communis Bouvier 1906 Antarctique.
A. serratipalpis Bouvier 1911 —
Toutes ces espèces sont littorales ou sublittorales. Deux espèces
habitent les mers subantarctiques : l'A. lœvis Hodge, qui se trouverait,
d'après Bôhm (1879, 180), aux Kerguelen, et VA. WUsoni de la province
magellanique ; et deux les mers antarctiques, l'A. communis à VA. serrati-
palpis. Ces deux dernières ont été recueillies par le « Pourquoi Pas? ».
Achelia serratipalpis E.-L. Bouvier.
1911. Ammothea serratipalpis E.-L. Bouvier (1911''), p. 1140.
Dragage n° III : 26 décembre 1908, chenal de Roosen, au nord de l'îlot
Casablanca, latitude sud (54° 48', longitude ouest Paris 65° 51' ; chalut II,
129 mètres; température de l'eau sur le fond-|- 0o,55; cailloux, roche,
vase, grès verdâtre.
Un mâle adulte (no 21) dont l'abdomen est légèrement relevé et l'épine
coxale remarquablement longue, bien plus longue que le premier article
coxal où elle est placée. L'orifice glandulaire, situé dorsalement au
milieu de l'article coxal suivant, est des plus nets.
Dragage n° V : 29 décembre 1908, chenal Peltier, entre l'îlot Gœtschy
et l'île Doumer; chalut II, 92 mètres : température de l'eau sur le fond
— 0°,1 ; vase grise, gravier.
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PASP^k 141
Une femelle udulle « jaune » (No 42); l'épine coxale n'est pas plus
longue que l'article qui la porte; l'abdomen est à peu près horizontal; les
orifices glandulaires dorsaux de la deuxième coxa sont très apparents.
Une autre femelle à peu près identi(iue à la préciklente, mais d'un
<ij aune brunâtre » (N» 40] ; enfin une autre troisième femelle « jaunâtre »
(i\o 43), où l'abdomen est rudimentaire, tous les autres caractères étant
normaux.
Les dimensions de l'espèce sont les suivantes :
Cf N» 21.
Longueur de la trompe,
Diamètre maximum de la trompe
Longueur du céplialon
Largeur du céjihalon en avant
Longueur du céphalothorax
Largeur du ~« segment du céphalothorax en avant
— du 2« segment du céphalothorax avec ses prolon
gements coxaux
Longueur de l'abdomen
— des cox;v de la 2« patte droite
— de la 2« coxa
— du fémur
— du tibia 1 . . . ,
— du tibia 2
— du tarse-propode
— de la griire principale
— des grilles auxiliaires
Millini.
1,90
0,55
0,50
0,75
2,10
0,07
1,10
1,70
1,30
3,30
3,30
3,70
1,02
0,88
0,i0
9 N« 42.
Millini.
1,9
0,62
0,45
0,78
2,10
0,5G
1,65
1,30
2,50
1,50
3,10
3,30
3,70
1,02
(1,86
0,44
Cette espèce est remarquable par son corps peu condensé et ses pattes
plutôt grêles, surtout par la partie terminale de ses palpes, qui est forte-
ment serratiforme.
La(rom/je(i[g. 00,91) est un {)eu moins longue que le céphalothorax, piri-
forme avec sa partie basilaire un peu rétrécie en pédoncule ; son diamètre
maximum se trouve un peu avant le milieu et n'oflre que des dimensions
médiocres, surtout chez le mâle ; la |)artie terminale est assez étroite et
obtuse.
Le c('phal<m (iig. 00, 01) est plus large que long, surtout en avant, où
il se termine [)ar un boi'd arqué ; un peu rélrt'ci en ai'i-ière. il est séparé
par un intervalle des prolongements coxaux antérieurs. I.f IiiImmciiIc
oculaire, assez large, esta peu jjrès aussi haut que l.i idiigucui- du cépha-
Fig. 90. — Achclia serratipiilpis Bouv., cf. —
Exemplaire vu ilu cùlù dorsal avec le.s chélicéros,
les palpes et la base des pattes. Gr. 11 1/2.
142 PYCNOGONIDES DU <^ POURQUOI PAS?».
Ion; dilaté à la base, il devient ensuite subcylindrique, puis se termine
par une voussure basse et mucronée. Les yeux sont petits et largement
séparés. Le tubercule est presque
vertical ; il se trouve immédiate-
ment en arrière du bord antérieur
du céphalon.
Le tt'onc (fig. !)0, 91) se rétrécit
régulièrement d'avant en arrière ;
ses segments sont séparés, très net-
tement articulés et à peine con-
vexes dorsalement. Les prolonge-
ments coxaux sont plus longs que
la largeur des segments qui les
porte, assez éloignés les uns des
autres et étranglés à la base ; du
côté dorsal, ils présentent distale-
ment une paire de tubercules inégaux, plus développés chez le màlc.
Vabdofnen (fig. 90, 91) est long et étroit ; il se dilate un peu de la base
au sommet, puis se rétrécit en un bout obtus. Horizontal ou un peu
relevé, il atteint et parfois même dépasse l'extrémité distale de la pre-
mière coxa. Dans la fe-
melle du N° 43, l'abdomen
est réduit à une simple
saillie.
Les ckélicères (fig. 90,
91) n'atteignent pas tout
à fait le milieu de la
trompe ; leur scape est
un peu dilaté en avant,
leur pince réduite à un
bouton.
Les palpes (fig. 90, 91)
dépassent la trompe presque de la longueur do leurs quatre derniers
articles. Les articles 2 et 4 sont subégaux ; les trois articles suivants
l'ig. 91. — Achclia serratipalpis, ç. — Animal vu du côt
gauche avec les appendices céphaliques correspondants.
Gr. 11 1/2.
PYCNOGONIDES DU ^i POURQUOI PAS?». 143
sont courts, étroits à Icui- Ikisc, puis dilatés en languette sétifère en
avant et en dessous, ce qui donne aux palpes une apparence serrati-
forme très caractéristique ; le huilièine est un peu plus long que les pré-
cédents, étroit, ovalaire et également muni de courtes soies.
Les ovigères (fig. 92, 03) ne présentent rien de p;itli(iili<'r ; leurs deux
articles les plus allon-
gés, les quatrième et
cinquième, sont à peu
près égaux ; vient en-
suite le deuxième ; les
sixième et septième
sont subégaux, les au-
tres plus réduits, sur-
tout le dernier, qui
est tuberculiforme. Les
épines différenciées des
quatre articles terminaux sont toutes fortement et longuement denticu-
lées chez le mâle (fig. 92), sauf la dernière, qui a l'aspect d'une griffe.
Au surplus, les ovigères du mâle sont beaucoup plus robustes que ceux
de la femelle (fig. 93).
Sauf une forte saillie spiniforme qui occupe en dessus l'extrémité
Fig. 92. — Achelia .leiratipalpix, Fig. 93. — Ac/icliti serralipalpis,
o". — Ovigère di-uil, Gr. 4i. ç. — Ovigrrc droit. Gr. 42.
Fig. 94. — Achelia serralipalpis, cf. — La Fig. 95. — Achelia serralipalpis. Ç. — La 3' patte
3'' patte droite. Gr. 7. droite avec l'orifice sctucl et la saillie coxalc. Gr. 7.
distale de la première coxa, les pattes (fig. 9i, O.'i) sont complètement
inermes et d'ailleurs plutôt longues et grêles. La deuxième coxa est assez
144 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS ? >k
fortement rétrécie à la base et aussi longue ou un peu plus longue que les
deux articles coxaux contigus ; son orifice glandulaire dorsal se trouve
un peu au delà du milieu de l'article, sur une petite saillie. Le fémur
et le tibia 1 sont subégaux, le tibia 2 étant un peu plus allongé. Au tarse
très court fait suite un propode arqué assez long et peu rétréci distale-
ment ; il y a une épine sur le tarse et deux ou trois analogues dans la par-
tie avoisinante du propode. La griffe principale égale à peu près les deux
tiers de ce dernier article ; elle est accompagnée de deux fortes griffes
auxiliaires moins longues de moitié. De courtes soies éparses ou peu
régulièrement distribuées se trouvent en assez grand nombre sur les
divers articles des pattes ; la brièveté et la finesse de ces soies sont
telles que les pattes semblent nues au premier examen.
Les pattes des mâles (fig. 04) se distinguent de celles des femelles
(fig. 93) : 1° par la saillie obtuse, assez développée, au sommet de
laquelle s'ouvre l'orifice sexuel sur la deuxième coxa des deux pattes
postérieures; 2° par l'épine dorsale beaucoup plus forte de la première
coxa ; 3° par la dilatation un peu plus grande du fémur. La saillie dorso-
distale de ce dernier article est un cône à la pointe duquel s'ouvrent les
glandes cémentaires.
Affinités. — Cette espèce est évidemment l'une des plus primitives et
peut-être la plus primitive du genre Achelia, car elle a les pattes plus
grêles et plus longues, le corps plus étroit, la segmentation plus parfaite
et l'armature épineuse plus réduite que toute autre espèce. La forme par-
ticulière de ses palpes lui donne, en outre, une place à part dans le genre
et la rapproche des Animothées à palpes serratiformes.
Achelia communis.
1900. Ammothea communis E.-L. Bouvier (1906'), p. 20.
i907. Ammothea communis E.-L. Bouvier (1906 ), p. 44.
1707. Ammothea af/inis E.-L. Bouvier (1908 ), p. 50, fig-. 33-30 (juv.), PI. IH, fig-. 3
cl fig-. 23, 32 du texte.
1908. Ammothea communis T.-V. Hodgson (1906), p. 172, IM. II, lig. 1 et 1 «.
1911. Ammothea communis E.-L. Bouvier (1911»), p. 1140.
Dragage no III : 26 décembre 1908, chenal de Roosen, au nord de
Tilol Casablanca; latitude sud 64° 48', longitude ouest Paris 65°5r;
PYCNOGONIDES DU ^i POURQUOI PAS?». 145
chalut II, 129 mètres ; température de l'eau sur le fond + 0*^05 ; cailloux,
roche, vase, grès vcrdàtre.
Une femelle adulte (N° 21) en compagnie d'une A. serratipalpis.
10 octobre 1909, Port-Circoncision, dans lile Pctermann. Une femelle
adulte trouvée sur une Algue brune { Desmarestia) par 4 mètres de
fond ; les glandes dorsales de la deuxième coxa y sont très apparentes
(NO 453).
16 octobre 1909 : plage des Rookeries, dans l'Ile Petermann.
Deux jeunes « trouvés à marée basse, sur les galets d'une petite plage ;
couleur d'un jaune légèrement orangé » (No 492). — Un jeune « trouvé
sur un gros galet, à marée basse, en un endroit de la plage qui ne décou-
vre pas (O^ijBO d'eau) » (No 493). — Un mâle « trouvé à marée basse
sur un galet, sous une colonie de Bryozoaires (0'",60 d'eau). Couleur
» orangé pâle » (No 494). Qe" mâle porte des œufs qui mesurent un peu
plus de 100 i^-.
30 octobre 1909 : même localité. Une trentaine d'exemplaires « récoltés
à marée basse... Ils se trouvent principalement, et en grande quantité,
sur les cailloux qui ont de nombreuses colonies de Bryozoaires et d'Antho-
zoaircs. Couleur brun jaunâtre pâle » (iNo ol.j). Il y a là des jeunes, des
femelles et beaucoup de mâles ovigères dont les œufs mesurent 100 ;j..
31 octobre 1909 : plage de l'île Petermann. Une trentaine d'exemplaires
des deux sexes. Ces Pycnogonides, observe M. Gain, sont « nombreux
à la partie inférieure des cailloux et galets, sur lesquels sont fixés des
Bryozoaires et Coralliaires. Couleur jaunâtre » (No 537).
1er novembre 1909 : deux femelles et un mâle ovifère << rapportés par
M. Liouville de la plage de l'île Petermann ; trouvés à la face inférieure
des cailloux, parmi les Spongiaires » (No 566).
29 décembre 1909 : baie de l'Amirauté, dans l'île du Roi-George, aux
Shethlands du Sud. Ouarantc exemplaires environ, dont la moitié de
mâles pour la plupart ovifères. « Trouvés sur les rochers d'une plage de
l'anse est de la baie » (No 706).
Cette espèce est nettement caractérisée par ses palpes un peu serrati-
fonnes, où le dernier article est étroit et plus long que les précédents; par
la segmentation du tronc, qui est toujours fort nette entre les trois pre-
Expédition Charcol. — Bouvieh. — Pycnogonides du « Pourquoi Pas ? ». 19
146 PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS ? ^k
miers segments, mais variable et parfois nulle entre les deux derniers ;
parles deux tubercules situés dorsalement au bout des prolongements
coxaux et par les deux saillies spiniformes qui occupent dorsalement
l'extrémité distale de la première coxa. Les autres parties du corps et des
appendices sont dépourvues de saillies; le deuxième article coxal est
court, presque globuleux chez la femelle et en massue chez le mâle ; on
peut assez fréquemment y apercevoir du côté dorsal Torifice glandulaire,
qui n'est point porté sur une saillie.
VA. co/?w?m«',s mérite largement le nom que je lui ai donné, car elle
pullule aux points où elle fut découverte par le « Français » (baie des
Flandres, île Booth-Wandel et île Wiencke) et où l'ont trouvée à leur tour
les naturalistes du « Pourquoi Pas? ». On a vu plus haut que ces derniers
l'ont prise en abondance, non seulement en pleine zone antarctique, mais
aux Shetlands du Sud, qui s'éloignent davantage du pôle. L'espèce est donc
largement représentée dans les eaux antarctiques de la province magel-
lanique, où elle se trouve à la côte, rarement à une certaine profondeur
(129 mètres, N° 21). Elle paraît très rare dans la province de Kerguelen,
où l'expédition écossaise n'en prit que deux exemplaires (à Scotia Bay, par
10 brasses de profondeur) ; on ne l'apas trouvée jusqu'ici dans la province
australienne, et M. Hodgson ne la mentionne pas dans sa belle étude sur
lesPycnogonides de la « Discovery ».
Celte espèce présente quelques variations, entre autres dans ses pro-
longements coxaux, qui peuvent être contigus ou séparés, dans la saillie
des tubercules qui se trouvent au bout de ces prolongements et dans la
direction de l'abdomen, qui peut être plus ou moins relevé. Ces variations
se manifestentde bonne heure, et je suis persuadé maintenant que l'A. a^-
?iis Bouvier du « Français » représente simplement un stade jeune de
l'A. communis.
Genre Austrodecus Hodgson.
Dans ce genre, l'atrophie des chélicères est complète comme dans les
Pmithoe, Discoarachne et Hh//?ichothorax ; les palpes ont six articles,
comme dans les Austrorapius, elle tronc présente des articulations très
nettes commedans les Trygeeus.
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?^^. 147
On ne connaît qu'une espèce d'Aus/indecits, VA. t/larid/e Ilodgson,
remarquable par sa taille minuscule et j)ar le pédoncule oculaire, qui est
fort long et dirigé en avant. Cette espèce fait partie des collections du
« Pourquoi Pas ? ».
Austrodecus glaciale Hodgson.
1907. Austrodecus glaciale T. V. llod-snn (lOOV-), p. r,:',, l'I. VIH, lif,-. 1.
1007. Anstrodecus glaciale 'V. V. lloriysoii (1907"), p. 10.
1011. Austrodecus glaciale VjAj. Bouvior (1911"), p. H iO.
Dragage n^ 111 : 26 décembre 1908, chenal de Roosen, au nord de l'ilol
Casablanca ; latitude sud Ui" 18', longitude ouest Paris 6Îjo 51'; chalut II,
129 mètres, température de l'eau sur le fond + Oo,oo; cailloux,
rocher, grès verdâtre.
Une femelle àovigères,mais où les orifices sexuels ne sont pasdistincts ;
le céphalothorax mesure environ l^m^S (^o 33^^
Dragage no VI : 15 janvier 1909, entrée delà baie Marguerite, entre
l'île Jenny et la Terre Adélaïde ; latitude sud 67° 4;!', longitude ouest Paris
70° 45' ; chalut T, 254 mètres, température de l'eau sur le fond
-|- 1°,18 ; roche, gravier.
Un mâle de couleur «jaune pâle », à peu près de même taille (|ue le
précédent ; les ovigères mesurent de 300 à 400 [j. et paraissent normaux,
mais je n'ai pu apercevoir les orifices sexuels (N^ 137).
1" novembre 1909, île Petermann : sept exemplaires dont (|uatre
adultes, ou presque, ayant la taille des précédents, et trois jeunes bien plus
petits. Ces exemplaires furent « ra[)portés par M. Liouville de la plage
et trouvés à la face inférieure des cailloux, parmi les Spongiaires », en
compagnie àçVAchelia communis (N°5G6). Deuxdesfemellessont adultes,
carj'ai pu y apercevoir les orifices génitaux, (|ui sont ti-ès grands, arron-
dis, et situés vers le milieu de la face ventrale de la deuxième coxades
pattes I, 2, 3; les deux autres adull(>s sont des mâles, encore qu'il ne
n)'ait pas été possible d'y apercevoir les orifices sexuels ; leurs ovigères
ont une largeur plus grande que ceux des femelles et portent un ])lns
grand nombre d'épines.
Cette espèce n'était jus((u'ici représentée que par deux exemplaires :
148 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?».
une femelle (type) trouvée parla u Discovery » aux Winter Quarters de
la baie Mac-Murdo, par moins de 10 brasses, — et un jeune sans ovi-
gcre trouvé par l'expédition hambourgeoise de Magellan dans la baie
Uschaia, canal du Beagle, au niveau le plus bas de la marée. Beaucoup
plus riches, les captures du « Pourquoi Pas ? » permettent de combler
certaines lacunes laissées par M. Hodgson dans la description de
ce curieux Pycnogo-
nide.
J'observerai tout
d'abord que les exem-
plaires du « Pourquoi
Pas? » (fig. 96) pré-
sentent tous les ca-
Fifi;. 96. — Aiislrodecus glaciale Hodgson 9 . — Animal vu du coté gau-
che avec les palpes correspondants.
ractères essentiels de
l'espèce
allonge-
ment bizarre des pédoncules oculaires, qui ressemblent à un rostre de
charançon et portent à leur sommet quatre petits yeux très rapprochés,
tubercules dorsaux segmentaires, gracilité de la trompe dans sa partie
terminale qui est infléchie vers le bas et nettement annelée, structure
particulière des palpes, où le deuxième article est très long, tandis que
les deux derniers restent fort petits, présence dedeuxforts éperonsspini-
formes sur la première coxa et grand
allongenient des propodes qui sont un peu
arqués et dépourvus de grandes épines.
Les ovigères (fig. 97) se composent tou-
jours de six articles, comme ceux de la
femelle étudiée par M. Hodgson, mais on
peut se demander, avec ce dernier auteur,
si le pédoncule assez long qui les porte n'a
pas la signification d'un article. Dans les
deux sexes, les trois articles basilaires sont
courts mais inégaux, le deuxième étant de
beaucoup le plus grand ; le quatrième
article est un peu plus court (|ue les trois précédents réunis, le cin-
Fig. 97. — Austrodecus r/laciale. — Ovi-
gère gauche du cf et de la Ç . lir. 28.
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?>u 149
quiènie est petit, le' sixième est toujours le plus développé. Chez
les mâles, les ovigères sont robustes et présentent sur la moitié terminale
de leur dernier article une douzaine de petites épines artjuécs ; chez les
femelles, ils sont aussi longs, mais plus grêles, etieur armature se limite
à deux épines terminales. En tout cas, les ovigères sont fort petits dans
lun et l'autre sexe et n'attcignentjamais un demi-millimétre de longueur.
Étant données ces faibles dimensions, on peut se demander, avec
M. llodgson, si lesovigèresont bien acquis leur développement définitif et si
lesreprésentants connus de l'espèce sont bien adultes. Laquestionn'estpas
encore résolue : si, dunepart, les ovigères ont une forme propre à chaque
sexe, et si l'on aperçoit les orifices sexuels chez les femelles, il est bon
de noter qu'il m'a été impossible d'apercevoir ces derniers chez les mâles
et que, même chez les femelles, où ils sont très grands, jamais je n'ai
pu constater leur présence sur les pattes de la dernière paire, où, pourtant,
les signale M. llodgson. Je crois, en fait, que les exemplaires dont j'ai pu
fixer le sexe, de même (|ue lafemellede M. Hodgson, sont des individus
bien près d'être adultes.
Comme on l'a vu plus haut, V Austrodecus glaciale est une espèce litto-
rale ou sublittorale, antarctique et subantarctique; elle est probablement
répandue partout autour du pôle Sud, bien qu'on ne l'ait pas encore
signalée dans la [irovince de Kerguelen. Elle n'est sans doute pas rare,
mais sa très faible taille el sa gracilité la rendent peu visible ; c'est en
triant avec soin un \oi A'Aclielia cowm?^;?/.s> que j'ai pu trouver les sept
exemplaires du N" îiGO.
QUATRIÈME ORDRE. — l'YCNOGONOMûRPUA R. T. Vocock{pro parte).
Famille unique. — PYCNOGONID^.
Tel que je l'ai défini |)lus haut (p. 40), l'ordre des Pycnogononiorphes
ne l'enferme qu'une faniilb', (('Ile des Pijcnogonidœ, et cette famille ne
comprend ({ue les deux genres Pentapijcnon Bouvier et Pi/cnogonum
Rrùnnich. Comme l'ont observé récemment les meilleurs spécialistes
(Voir p. 1 1 , 3M) et comme le pressentait déjà M. Hock(4881''), il convient
150 PYCNOGONIDES DU (^POURQUOI PAS?«.
d'attribuer à unphénomcne de convergence la disparition des chélicères,
des palpes et des ovigères dans les Phoxichilidés et les Pycnogonidcs ; c'est
à tort que j'ai réuni jadis les deux familles (1906^, 10), à l'exemple de
M. G.-O. Sars, dans le groupe des Achélates; elles sont fort éloignées
l'une de l'autre et appartiennent sans conteste à deux ordres différents.
Est-il naturel de réunir aux Pycnogonidés, comme l'a fait M. Loman
(4908), les genres BoJmiia Hoek, Rhynchothorax Costa et Hannonia Iloek ?
Quand on examine les caractères que M. Loman attribue à la famille
des Pycnogonidés (I), un seul paraît général et ne présente qu'une impor-
tance médiocre, puisqu'il est simplement relatif à la forme du corps, une
forme qu'on retrouve au surplus ailleurs et notamment chez beaucoup
d'Ascorhynchomorphes. Il est vrai qu'on pourrait considérer la famille
des Pycnogonidés, ainsi conçue, comme une famille par enchaînements,
où l'on partirait de formes primitives, telles que les Dolnnia, pour arriver
aux Pycnogonwn par l'intermédiaire des Hhynchothorax et des Hannonia ;
mais alors, quelle serait la place des Pentapyaion dans cette famille s'il est
exact, comme je crois l'avoir établi plus haut (p. 21-2o), quelesformesdéca-
podes sont plus primitives que les formes octopodes ? Les Bô/miia, Rhyn-
chothorax et Hannonia se rapprochent surtout, il me semble (Voirp. 42-43)
des Ascorhynchomorphes ; et, dans tous les cas, il me paraît sage de
caractériser la famille par les traits fort nets que lui attribuent presque
tous les auteurs ; elle se limitera ainsi aux deux genres Pentapycnon et
Pyctiogonimi. y ai montré, dans une note récente (1911^), que les espèces
appartenant à l'un et l'autre genre peuvent se diviser en deux groupes
suivant que leur surface chitineuse est chagrinée, ou lisse avec des lignes
tégumentaires différemment pigmentées qui dessinent un réseau.
Genre Pentapycnon Bouvier.
Le genre Pentapycnon est aux Pycnoyonutn ce que le genre Pentanym-
phon est aux Nymphon^ c'est-à-dire décapode, sans autres caractères
disLinctifs. C'est à tort que j'avais cru apercevoir des orifices sexuels sur
(1) Voici les caractères attribués par M. Loman à la famille des Pycnogonidés : « Corps épais,
fort, à courts et hauts segments. Ciiélicères rudimentaires ou 0. Palpes avec peu d'articles ou 0.
Ovigères avec H articles ou moins, leurs articles terminaux munis d'épines ou de poils {1908).
PYCNOGONIDES DU ^< POURQUOI PAS?«. 151
les pattes qui précèdent celles de la paire postérieure ; dans les Pe}ila-
yi?/f;«on, ils sont localisés sur ces dernières pattes, qui Ibrmentune cinquième
paire, etnon sur la quatrième, comme dansles Pi/ctwgommi, desorte qu'on
ne peut aisément croire, avec MM. Carpenter et Caïman, que cette cin-
([uième [)aire est surajoutée. Pour cette raison et pour d'autres signalées
plus haut (p. 21-25), il convient de regarder les Petifapijaioîi comme des
types primitifs qui ont conservé le caractère ancestral décapode.
Ce curieux genre a été découvert parle « Pourquoi Pas? » dans les mers
antarctiques, où il est représenté par une forme géante, le P. Chai^coti
Bouvier (1940=^, 20) ; mais, contrairementàce que j'avais cru tout d'abord, il
est également répandu dans la zone littorale des mers chaudes ; sous le nom
de /'. Geaiji, j'ai signalé, en ell'et (4911'^j, une petite espèce de Pcnlapijcnon
(pic le regretté Geay a recueillie en abondance sur les côtes de la Guyane
française. Les téguments du /'. Charcoli sont chagrinés , ceux du P. Geayi
réticulés.
Pentapycnon Charcoti E.-L. Bouvier.
l'.IIO. /'cnlfipi/rnon Charcoti E.-L. Bouvier (1910"), p. 29.
l'.)li. /'cittapijcnon Charcoti E.-L. Bouvier (1911»), p. iOl.
l'.M L /'cnta/iijcuon Charcoli E.-L. Bouvier (1911"), p. 1140.
lUll. Pentapi/cnon Charcoti E.-L. Bouvier (1911'-'), p. 345, 33G.
Dragage no XVII : Shetlands du Sud, île du Roi-George, baie de
l'Amirauté; chalut I, 420 mètres; température de l'eau sur le fond
+ 0°,o; vase, cailloux.
Un jeune dont le céphalothorax dépasse à peine (> inilliniètres de
longueur et où les ovigères se réduisent à une li'ès légère saillie; '> cou-
leur jaune légèrement orangé très pâle » (N» 72G), complètement dépig-
mentée dans l'alcool.
Un second jeune un peu plus avancé que le précédent : le céphalothorax
atteint 10 millimètres, mais les ovigères ne sont pas plus développés.
La coloration, d'un <i bleu pâle », s'est quelque peu conservée dans
l'alcool (NO 727).
Un mâle adulte avec des œufs; sa coloration, d'un » brun-marron
foncé », est persistante dans l'alcool.
Les dimensions de cetexemi)laire sont les suivantes :
152 PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PASP^k
Millim.
Longueur de la trompe 7,7
Diamètre maximum de la trompe 3,6
Longueur du cépiiaion ■ 2,8
Diamètre maximum du céphalon 4,0
Longueur du céphalothorax 17,0
Largeur du (ronc entre la base des prolongements coxaux
(pattes 2) -4,6
Largeur du tronc avec les prolongements coxaux (pattes 2). . . . 10,0
Longueur de l'abdomen 4,0
Longueur totale des coxœ de la patte 2 droite 6,2
— du fémur 0,0
— du tibia 1 6,0
— du tibia 2 4,8
— du tarse-propode 4,0
— de la griffe 2,5
Cette remarquable espèce est de beaucoup la plus grande forme de toute
la famille; même ses deux jeunes mentionnés plus haut présentent des
dimensions qui dépassent notablement celles de presque tous les autres
Pycnogonidés. Nous allons d'abord décrire le mâle adulte, après quoi
nous indiquerons les différences observées chez les jeunes.
L'animal est partout recouvert -de granules irréguliers et contigus
qui donnent à ses téguments, vus sous la loupe, une apparence finement
chagrinée ; les griffes seules restent dépourvues de ces granules. On
n'observe pas la moindre trace de réticulation dans les téguments.
La trompe (fig. 98, 99) est aussi longue que les trois premiers segments
du tronc réunis et, quoique large et puissante, plus étroite que le
céphalon. Elle est un peu recourbée vers le bas, ovoïde dans ses deux
tiers basilaires, puis munie de trois gros tubercules obtus, un sur la face
dorsale et deux autres aux angles latéro-inférieurs dans son tiers terminal ,
qui est assez nettement trifacié ; vu d'en haut, le borddistal paraît arrondi
et noirâtre, au contraire des autres parties du corps, qui sont d'un brun
jaunâtre; vu de face, il montre un vaste orifice buccal triangulaire,
au centre duquel la fente de la bouche apparaît triradiéc.
Le céphalon (fig. 98, 99) est fort large ; très peu en arrière de son
bord antérieur régulièrement arrondi, il devient contigu avec les prolon-
gements coxaux antérieurs, puis se fusionne'avec eux. Derrière le tuber-
cule oculaire, il présente une saillie dorsale plus réduite qui indique,
Fig. 98. — Ppiilapi/cii'Dt Clinrcoli Bouv.
— Exoiiiplain; iiiàlc vu du côte dorsal.
Gr. 2.
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?>k 153
à mon sens, sa limite postérieure et correspond sans doute au segment
ovigérien. Le tubercule oculaire occupe à sa base environ le cinquième
de la largeur du céphalon ; à peu près
aussi haut que large, il se rétrécit jus-
qu'au sommet, qui est largement obtus ;
il est un peu convexe en arrière et
s'incline légèrement en avant. Les youx
y sont largement séparés, mais peu dis-
tincts, leur pigment noir étant localisé sur
un petit arceau terminal fort étroit.
Le tronc iûg. 98, 99) est fort nettement
articulé; ses quatre segments antérieurs
se terminent en arrière par un bourre-
let obtus, au centre du(|uel s'élève un
très fort tubercule arrondi ; les trois pre-
miers segments sont à \)vn j)rès d(> lar-
geur égale ; le quatrième est un peu plus étroit et le cinquième beaucoup
plus, sa largeur n'étant guère que la moitié de celle du segment précé-
dent. La face ventrale est presque plaie, sans tubercule, avec un fort sillon
longitudinal sur toute la longueur du dernier segment, et un bourrelet
transverse sur le bord postérieur des deux segments qui précèdent. Les
prolongements coxaux sont bien plus larges que longs, faiblemciil dila-
tés dans leur partie terminale et munis dorsalemenl d'un lubercule
arrondi près de leur bord. Sur les prolongements coxaux postérieurs, qui
sont très courts, les deux tubercules présentent des dimensions |)lus
fortes et ne sont séparés l'un de l'autre que par une dé])ression étroite,
mais profonde.
Voklomon (fig. 98, 99) jjrend naissance à la limite [)OsLérieure de cetLc
dépression, au contact des deux tubercules; la face dorsale du corps
se continue régulièrement sur la sienne propre, mais en dessous il
est bien loin d'atteindre la face ventrale du corps. Vu par cette face,
l'abdomen semble nettement articulé, mais il n'en est rien, comme on
peut s'en convaincre en examinant l'animal du côlt' du dos. L'abdomen est
un peu plus long que le deuxième segment du tronc ; il dépasse beaucoup la
Expédition Charcol. — Bouvieu. — rycnn;joiiidi s ilu 0 Piiun(uoi l'as? ». 20
Fig. 99. — Pentapi/cnon Charcoli. — Exem
plaire mâlo vu du côté inférieur. Gr. 2.
154 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?y>.
première coxa ; très fortement dilaté en massue, il est beaucoup plus
étroit à sa base que dans sa partie anale, qui est tronquée ; sa plus grande
largeur est au niveau du bord distal de la première coxa.
Les ovigères (fig. 99) se fixent à la face ventrale du céphalon, sur une
paire de larges mais légères saillies con-
tiguës à leur base ; leur longueur est de
Hmm^; leurs articles basilaires sont
assez larges, mais, à partir du troi-
sième, qui se dilate beaucoup en avant
du côté interne, leur diamètre se ré-
trécit graduellement, et le dixième ou
xr^^ js^ / ^ ' "^V dernier a la forme d'un stylet. Les ar-
ticles sont de longueur subégale ; pour-
_/-rf^*i/ l^^'^^Vw tant le troisième, le cinquième et le
_^^ ^ -*«4i sixième sont légèrement plus longs
que les autres ; et le stylet terminal est
un peu plus court que l'article précé-
dent. Il y a encore autour des ovigères les restes froissés du cément qui
englobait les œufs.
Les pattes (fig. 98, 99, 100) sont fortes
et assez longues. Leurs trois articles
coxauxont des longueurs à peu près égales,
mais leur largeur va en décroissant du
premier au troisième. Près de son bord
distal, le premier présente deux larges
saillies obtuses, l'une antérieure assez
faible, l'autre postérieure plus élevée ; le
deuxième est analogue, mais son tubercule
antérieur, fort réduit, présente à son
sommet une teinte claire qui paraît indi-
quer l'orifice d'une glande (fig. 98); il en
est ainsi du moins dans les quatre premières
paires de pattes; sur la dernière, les saillies font défaut, mais la tache
claire reste fort nette; au surplus, on observe sur la face ventrale de
Fig. 100. — Pentupijcnon Charcoli. —
La 5« patte gauclie, face inférieure
vue un peu obliquement en avant
pour montrer l'orifice sesuel. Gr. 3.
PYCNOGONIDES DU i^ POURQUOI PAS?>k 155
ce dernier article coxal une forte voussure antéro-externe, où l'on
aperçoit en avant l'orifice reproducteur, qui est petit et subtriangulaire
(fig. 99, iOOj. Ainsi, contrairement à ce que j'avais pensé tout d'abord,
les orifices sexuels màlcs sont localisés, comme dans les Pycnoijonimi,
sur les pattes postérieures. Le troisième article coxal ne présente rien
de remarquable.
Le fémur est à peu près aussi long que les coxse, mais plus fort; il est
sensiblement infléchi en S, le sommet de la première inflexion étant
dilaté en arrière et un peu tuberculiforme ; à ce niveau, le fémur montre
ventralcment une large surface plus unie et plus claire. Le tibia 1 est sen-
siblement de même longueur, plus étroit, d'ailleurs rétréci à la base. Le
tibia 2 est plus court que le précédent, plus étroit aussi et isodiamé-
trique. Le tarse est très court, surtout du côté dorsal ; le propode est
légèrement arqué, à peine plus étroit au sommet qu'à la base et complè-
tement inermc comme le tarse. La forte griffe terminale est arquée et
plus longue que la moitié du propode ; il n'y a pas de griffes auxiliaires.
Telle est la structure du mâle adulte. Dans le plus petit des jeunes
(N° 726), le corps est bien plus condensé d'avant en arrière, presque dis-
coïde; ses bourrelets dorsaux sont bien plus saillants et ses prolongements
contigus ; les tubercules du dernier segment du corps se présentent sous
la forme de simples voussures très larges ; ceux des prolongements
coxaux, des coxse et de la trompe apparaissent à peine, mais la saillie
fémorale est tuberculiforme; enfin les divers articles des pattes sont plus
courts que chczl'adulte; l'abdomen est moins nettement en massue et plus
vaguement tronqué en arrière. L'autre jeune (N^ 727), un peu plus grand,
se rapproche davantage de l'adulte ; les orifices glandulaires de la
deuxième coxa sont bien nets, et la Irompe présente en avant ses trois
tubercules; l'abdomen, toutefois, est subcylindrique, avec une légère
saillie postérieure où s'ouvre l'anus. Dans une note antérieure, j'avais à
tort regardé ces deux jeunes comme des femelles.
Cette espèce appartient au groupe des Pycnogonidés à téguments cha-
grinés, ce qui la distingue, de même que sa grande taille et la plupart de
ses caractères spécifiques, du Pcntapycnon Geayi Bouvier (Voir p. 101),
trouvé sur le littoral de la Guyane française. Elle peut être considérée
156 PYCNOGONIDES DU ii POURQUOI PAS ? ^k
comme la plus belle trouvaille faite au cours de la campagne et méritait
à ce titre d'être dédiée à M. Charcot.
Genre Pycnogonum Briinnich.
Les Pjicnogomim sont octopodes, avec les orifices sexuels sur les pattes
de la paire postérieure, qui est la quatrième. A part cela, rien ne les dis-
tingue des Pentapycnon. On ne saurait douter, à mon sens, qu'ils dérivent
de ce dernier genre, et, chez certains d'entre eux, on peut même constater
que le quatrième segment des Penlapijcnon s'est fusionné avec le cinquième
en perdant ses appendices ; cette fusion semble manifeste dans le Pycno-
gonum Gaini (Voir plus loin, p. 159 et fig. 101, 102) et justifie encore
le caractère primitif que nous attribuons aux Pycnogonidés décapodes ;
elle apparaît môme dans d'autres espèces, notamment dans le P. littorale
Strôm.
Les Pf/cnogomim sont répandus dans toutes les mers, où ils habitent la
région littorale ou sublittorale, rarement àdcs profondeurs un peu grandes.
On en connaît 17 espèces, dont 13 à téguments chagrinés et 4 à
téguments réticulés. C'est parmi les premières que se trouvent les espèces
qui fréquentent le voisinage des pôles : 2 arctiques et subarctiques,
notre P. littorale Strôm et le P. crassirostre G. 0. Sars ; 2 espèces
subantarctiques, leP.?/««^?i«>os/reMôbius(P.////om/fc'Bôhm)desKerguelen,
et le P. magellanicimi Hoek, des parages de Magellan, sans compter le
P. Gmwî Bouvier, espècedegrandetailledécouvei'teparle « PourquoiPas? »
dans les eaux franchement antarctiques, où d'ailleurs le genre Pycnogonum
n'était pas connu jusqu'ici.
Pycnogonum Gaini E.-L. Bouvier.
1910. Pijcnogoimm Gaini E.-L. Bouvier (1910'), p. 30.
1911. Pycnogonum Gaini E.-L. Bouvier (191 1'^), p. 493.
1911. Pijcnofjonuni Gaini E.-L. Bouvier (1911''), p. 1140.
1911. Pycnogonum Gaini E.-L. Bouvier (1911'), p. 353.
Dragage n» XV: devant Port-Lockroy, chenal de Roosen; latitude nord
64° 49', longitude ouest 65° 49' ; chalut 1, 70 mètres ; vase et cailloux.
Une femelle adulte, d'un « brun jaunâtre sale »,qui s'est conservée dans
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS?». 157
l'alcool (No 6o2). Les dimensions de cet exemplaire sont les suivantes :
Millim.
Longueur de la trompe ^,'~
Diamètre maximum de la trompe 2,1
Longueur du céphaion 2,5
Largeur maxima du céplialon 3,0
Long-ueur du céphalothorax 10,2
Larg-eur du tronc entre la base des prolongements coxaux
(pattes 2) 4,2
Largeur du tronc avec les prolongements coxaux (pattes 2). . . . 7,0
Longueur de l'abdomen 3,0
Longueur totale des coxae de la patte 2 droite 5,0
— du fémur 5,2
— du tibia 1 '1,8
— du tibia 2 3,8
— du tarse-propode 3,0
— de la grille . 1,7
Cette belle espèce me paraît être, de beaucoup, la plus grande du genre
Pi/cnogonum ; comme on le verra plus loin, elle présente des affinités assez
étroites avec le Pentapi/ouni C/iarcofi, ce qui lui donne un vif intérêt.
Comme dans cette dernière espèce, les téguments sont chagrinés par-
tout, sauf sur les griffes et au bout de lu trompe, mais les granules qui
produisent la rugosité sont peut-être
un peu plus forts ; au surplus, la co-
loration est presque la même, un peu
moins brune toutefois dans notre spé-
cimen. Vi V-'jii ^S
La trompe (lig. 101-103) est toutefois
très différente dans les adultes des deux
espèces; elle se dilate à peine d'ar- ^^^ — '^^W^'\-^
rière en avant sur sa moitié basilaire _r^. ysT^'^'^^jE /
dans le P. Gaini, puis se rétrécit jus-
qu'à l'extrémité antérieure, ([ui est ^ « >!)
étroite ; elle est par conséquent dé-
pourvue de la dilatation terminale mu-
l'if,'. lui. — l'ijrnogonum Garni Uouv., ç. —
nie de trois tubercules qui caractérise Animai vu <iu aUé dorsal avec ks orinces
' sexuels. Gr. 3 l/i.
si nettement la trompe du Pentapijcnon
Charcoti, mais il faut observer (juc cette dilatation est réduite, dans
158 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?>k
le plus jeune immature de l'espèce décapode, où d'ailleurs les tubercules
sont à peine indiqués.
Le céphalofi (fig. 101-103) est à peu près identique dans les deux
espèces, toutefois un peu moins saillant en avant dans le P. Gaini, car
il se fusionne plus vite avec les
prolongements latéraux de la pre-
mière paire. Les principales dillé-
rences relatives à cette partie du
corps sont l'atrophie presque com-
Fig. iO-2. — Pycnogonum Gaini, 9 .— Animal vu du plète, daUS le P. Guini, du tuber-
côté gauclie sans les pattes. Gr. 3 1/2.
cule céphalique postérieur et la
structure tout autre du tubercule oculaire. Ce dernier est plus large dans
le P. Gaini, ayant à peu près le quart de la largeur du céphalon ; il
s'élargit un peu à la base parallèlement au bord céphalique, puis
conserve le même calibre pour se terminer en dôme au-dessus des
yeux, qui sont petits et largement séparés, comme dans le Pe7itapyc7i07i
Charcoti. Ici encore, les jeunes de cette dernière espèce ressemblent
davantage au P. Gaini, tant par la forme ou le développement de leur
tubercule oculaire que par la dilatation basale qu'ils présentent parallè-
lement au bord antérieur.
Le tro7ic (fig. 101, 103) est constitué de même dans les deux espèces,
avec un fort bourrelet arrondi sur le bord postérieur de tous les segments
(à l'exception du dernier) et un tubercule dorsal au milieu de ce bourrelet.
Les prolongements coxaux sont également identiques, avec un gros
tubercule dorsal arrondi près de leur bord externe. La différence essen-
tielle entre les deux espèces a trait aux tubercules dorsaux médiaux,
qui sont en cône à sommet obtus dans le P. Gaini et largement arrondis
dans le Pentapijcnon Charcoti. Un autre caractère distinctif est la pré-
sence, dans le P. Gaini, d'un tubercule dorsal médian sur le segment
postérieur du corps (fig. 101, 102), un peu en avant des deux tubercules
qui s'élèvent sur les prolongements latéraux ; ce tubercule est certai-
nement l'homologue du tubercule des segments qui précèdent et
représente vraisemblablement le quatrième tubercule du Pentapycnon
Charcoti (fig. 98). De sorte que le Pycnofjonum Gaini posséderait en
Fig. 403. — Pycnorjonum Gaini, Ç. — Animal vu
du cùlé venlral, sans les pattes. Gr. 3 1/2.
PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?«. 159
rôalité cinq segments, comme les PetUapycnrm, seulement le quatrième
est réduit, tout à fait confondu avec le cinquième et indiqué seulement
par son tubercule dorsal métamé-
rique. Une disposition identique
s'observe dans iVautresPijc?wgo7iu7n,
notamment dans nos deux espèces
arctiques, P. crassirostre Sars et
/'. Utlorale Strom ; dans ce der-
nier, le souvenir métamérique des
Pentapycnoti est même poussé plus
loin que dans notre espèce, car on
retrouve le tubercule du segment
ovigérien situé en arrière du tu-
bercule oculaire. Ces constatations
paraissent de nature à montrer
que les Pi/cnogonum, espèces oc-
topodes, dérivent des Pentapi/cfw?i, qui sont décapodes (Voir p. 21-25).
Vahdomen (fig. 101, 103) de notre espèce dépasse le milieu de la
deuxième coxa des pattes postérieures ; il
est notablement comprimé dans le sens
dorso-ventral, et à peu près de même lar-
geur sur toute son étendue ; son extrémité
postérieure est carrément tronquée, avec
une légère saillie à chaque angle. On sait
que sa dilatation terminale est très faible
dans le grand immature de Pentaprjcnon
Charcoti.
Les pattes (fig. 104) sont peu différentes
dans les deux espèces ; la première coxa
porte deux tubercules dorsaux, mais la
deuxième, qui est un peu plus longue, n'a
qu'un seul tubercule où se voit, sur certaines pattes, une tache claire ;
le grand orifice femelle, arrondi, est situé en arrière de ce tubercule,
sur les pattes postérieures. Le fémur est tordu en S, avec une très légère
Fig. 104. — Pijcnogortxim Oaini. Ç. —
La 4" i)att(' droito avec l'oriUcc
sexuel. Gr. 3 1/2.
i6o PYCNOGONIDES DU ^i POURQUOI PAS?y^.
dilatation postérieure au niveau de la première courbure, et une assez
forte saillie obtuse dans la partie dorsale, au-dessus de l'articulation
du tibia 1 . Les autres articles sont de môme forme que ceux du Penta-
pycnon Charcoti et présentent des longueurs à peu près analogues.
Notre espèce appartient au groupe des Pycnogonum où les téguments
ne présentent pas de dessins en réseaux, mais sont chagrinés. Elle se
rapproche surtout d'une espèce arctique, le P. crassirosf7^e Sars, qui s'en
distingue surtout par sa petite taille, son abdomen arrondi en arrière,
ses tubercules dorsaux moins élevés et la saillie plus forte du fémur.
Il y a un léger tubercule post-oculaire sur le céphalon dans cette
dernière espèce (Voir Sars, 1891, fig. 2^); ce tubercule est beaucoup
moins saillant que dans une autre espèce arctique voisine, le P. litlorale
Strôm, mais il a totalement disparu dans notre espèce. En tout cas,
comme je l'ai dit plus haut, les trois espèces se rapprochent du Penta-
■pxjcnon Charcoti par la présence d'un tubercule médian sur le segment
qui paraît terminal (fig. 101, 102). Ce tubercule fait défaut dans une espèce
californienne également très voisine, le P. Sfear7isiY\es.
En fait, malgré des différences assez grandes dansla forme de la trompe,
le P. Gaini paraît dériver du Pentafycnon CJiarcoti par suppression des
appendices du quatrième segment de cette espèce, réduction et fusion
de ce segment avec le dernier. Les deux formes se rapprochent non
seulement par leur structure, mais aussi par leur grande taille, qui les
fait placer parmi les géants dans la famille des Pycnogonidés.
APPENDICE
Afin de mettre au courant nos connaissances sur le genre Pentapjjcnon
découvert par le '< Pourquoi Pas? », je crois utile de décrire ici une
seconde espèce du même genre trouvée en 1900 à la Guyane par mon vieil
ami, M. Geay, que la mort a fauché brusquement, l'année dernière, sur
le continent australien, où il poursuivait ses belles et fructueuses explora-
tions scientifiques. J'ai fait connaître cette espèce sous le nom de Penta-
pycnon Geajji (1911''^) en mémoire du très regretté explorateur ; elle est
petite, de la taille des /'ycvjo^ro/?^/^ ordinaires, et fut considérée pour une
PYCNOGONIDES DU ^^ POURQUOI PAS.>^k r6i
forme de ce dernier ^enre quand elle entra dans les collections du
Muséum ; je regrette vivement cette confusion, qui a privé mon vieil ami
du grand plaisir de voir son nom attaché à la découverte du premier
Pycnogonide décapode véritablement incontesté. Sans doute, le genre
Decolopoda fut décrit par Eights à une date bien plus ancienne (1834), mais
il était resté méconnu, et c'est en 1905 seulement que M. Hodgson,sur les
indications de M. Caïman, révéla aux savants la découverte d'Eights.
L'année précédente, en 1904, le même naturaliste fit connaître le genre
Pentanijmphon, trouvé par la h Uiscovery » dans la baie Mac-Murdo, et
c'est en 1900 que M. Geay captura en Guyane la curieuse espèce dont
on va lire la description.
Pentapycnon Geayi E.-L. Bouvier.
1911. Pentapycnon Geayi E.-L. Bouvier, 1911", p. 491.
1911. Pentapycnon Geayi E.-L. Bouvier, 1911', \). UiO.
1911. Pentapycnon Geayi E.-L. Bouvier, 1911^, p. 353.
Cette espèce fut trouvée par Geay à la Guyane française, « parmi les
Hydraires », où elle doit être plutôt commune, les spécimens recueillis
étant assez nombreux. Ouclques-uns ont été capturés à « l'îlot la Mère »,
qui se trouve au large de l'embouchure du Mahury, vers le sud-est de
Cayenne ; les autres proviennent sûrement de la côte dans la région de
Cayenne, encore que leur étiquette d'origine porte tout simplement pour
mention « Guyane française ».
L'espèce présente la taille et l'aspect des Pijcnogonum les plus nor-
maux. Voici les dimensions principales d'une femelle.
Millim.
Longueur de la trompe 2,5
Diamètre maximum de la trompe 0,9
Longueur du céphalon 0,65
Diamètre maxinuun du céphalon 1,2
Longueur du céphalothorax 2,7
— de l'abdomen 0,8
Largeur du tronc entre la base des prolongements coxaux
(patte 2) 1,1
Largeur du tronc avec les prolongements coxaux (patte 2). . . . 2,2
Longueur totale des coxœ de la 2« patte droite 1,45
— du fémur de cette patte 1,25
— du tibia 1 1,30
Expédition Charcot. — Bouvier. — Pycnogonidcs du « l'ourquoi Pas? ». 21
102
PYCNOGONIDES DU if POURQUOI PASP^k
Millim.
Longueur du tibia 2 0,75
— du tarse-propode 0,98
— de la griffe 9,42
Les mâles sont en général un peu plus petits que les femelles.
Les téguments de l'animal paraissent unis au premier abord, mais ils
ont, en fait, la surface finement irrégulière et présentent une infinité de
légères saillies étroitement contiguës; les griffes seules sont à peu près
lisses. Une riche réticulation (fig. IO0-IO8) apparaît dans toules les
parties du corps, sauf sur le tarse, le propode et la griffe des pattes, sauf
également sur une partie do l'abdomen. Cette réticulation varie quelque
peu suivant les exemplaires, mais ses principaux dessins restent constants.
L?i fro/npc{û'^. 105, 106) est presque aussi longue que le céphalothorax;
elle a la forme d'un tronc de cône à sommet obtus et se rétrécit régulière-
ment de la base à l'extrémité distale. Les mailles de sa réticulation se rétré-
cissent et deviennent vagues ou nulles dans sa moitié la plus étroite, pour
disparaître sur la
ligne médiane dans
cette région ; à la
base,ellessonttrès
nettes et disposées
à droite et à gau-
che d'une ligne
dorsale médiane.
Le céphalofi (fig.
105, 106) est un
[)cu' plus large que
la partie basale de
la trompe ; son
bord antérieur et
ses côtés sont lé-
gèrement convexes; il se rétrécit un peu en arrière et se sépare à peine
du premier segment. La tubercule oculaire est largement conique, obtus
au sommet et un peu comprimé d'avant en arrière ; les yeux sont vague-
ment différenciés et à peu près contigus ; ceux de la paire postérieure
Fig. 103.
Pentai>ijcnon Geayi Bouv., Ç . — Animal vu du cùtO dorsal
avec l'orifice sexuel. Gr. 0 1/2.
PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?». 163
se trouvent séparés des antérieurs par un étroit hiatus, il n'y a pas de
tubercule, même iiidimenlaire, en arrière des yeux. Le réseau tégu-
mentaire présente trois mailles principales, Tune impaire, polygonale,
qui entoure le tubercule, et deux mailles latérales arrondies.
Le Ironc (fig. 105, 106) ne paraît pas articulé, les segments ipii le
composent n'étant pas
mobiles les uns sur
les autres. Du côté
dorsal, le bord posté-
rieur de chaque seg-
ment s'élève un peu
en bourrelet transver-
sal et présente au mi-
lieu un tubercule coni-
que à sommet obtus;
en avant et en arrière
du bourrelet, la réti-
Culation forme une Fig. IW. — Penlapycnon Gea>/i. Ç. — Animal vu du coté venlral.
(ir. (il/2.
ligne transversale sur
tous les segments, h l'exception du premier; il y a également une
ligne en arrière, ot celle-ci pourrait être prise, sur les animaux des-
séchés, pour une ligne d'articulation. Le dernier segment, fort étroit, est
dépourvu de bourrelet, de tubercule et de ligne. Les prolongements
coxaux sont contigus et se dilatent un peu de la base au sommet ; leurs
lignes réticulaires forment deux aires séparées par une ligne longi-
tudinale qui se continue jusqu'à une légère échancrure du bord dislal.
Du côté ventral, on observe deux lignes d'épaississement transversales sur
chacun des quatre segments antérieurs et, sur les prolongements coxaux,
un dessin à peu près analogue à celui de la face supérieure.
L'abdomen est ovoïde, un peu réticulé et sans articulation basale ; il
se dirige horizontalement en arrière et dépasse le premier article coxal
des pattes postérieures.
Los pattes [ii^. 105-108) des cinq paires sont subégales et semblables,
sauf ([uelques différences dans la disposition des mailles du réseau ;
Fig. 107. — Pentapyrnon pjg. los. — Penlapijcnon
Geayi, Ç. ~ F.ici' anli'- (;ea'ji, Ç. — Face iiosté-
rieure de la 2" ijattc lieuie de la 2« patte
droite. Gr. G l/i. droite. Gr. 6 1/2.
164 PYCNOGONIDES DU a POURQUOI PAS?^^
leur surface n'est pas très régulière, mais on n'y observe pas de tubercules,
sauf une paire de très légers au bout supérieur distal du fémur et du
premier tibia, et quelques faibles
saillies aiguës sur le bord infé-
rieur du fémur. Leur région
coxale est un peu plus longue
que le fémur, lequel est lui-
même légèrement plus court
que le premier tibia ; ces deux
, derniers articles sont plus dilatés
que les suivants; le tarse est très court, le propode un peu plus long que
le tibia 2, lequel égale environ les deux tiers du tibia 1. La griffe est un
peu plus longue que la moitié du propode et dépourvue de griffes
auxiliaires. Le réseau de ces articles se compose de grandes mailles
plus ou moins quadrangulaires que sépare une ligne longitudinale dor-
sale, de chaque côté une ligne latérale et, sur plusieurs articles, une
ligne ventrale; ces lignes sont irrégulières, comme les mailles, et se
compliquent un peu sur la face dorsale du second tibia. Le réseau dis-
paraît totalement sur le tarse, le propode et la griffe.
V orifice sexuel {J\^. 105) de la femelle est situé dorsalement près du
bord postérieur de l'article 2 coxal de la dernière paire de pattes.
L'orifice du mâle, plus petit, occupe la face ventrale du même article.
Les ovigères (fig. 109) sont courts et se composent de huit articles y
compris la griffe terminale ; très éloignés l'un de
l'autre à leur base, ils prennent naissance au bord
postéro-externe du céphalon, contre le prolonge-
ment coxal des pattes antérieures. Leur article basai
est ovoïde et beaucoup plus grand que le suivant ;
il est sans doute formé par la fusion de deux ar-
ticles, car j'y ai vu, dans un spécimen, les traces
d'une ligne articulaire ; l'article 4 est un peu plus
long que les articles 3, 5, 6 et 7; ce dernier pré-
sente une soie sur son bord interne. La griffe est un'peu plus courte que
l'article?. Le diamètre des œufs varie autour de 100 a.
Fig. 109. — renlapycnon
Geayi, o'. — Ovigùre droit
d'un adulte. Gr. 4(i.
PYCNOGONIDES DU k POURQUOI PAS ? ^k 165
I^a drcuuwvU' du /'c/i/aj/i/r/io/i (irai// a eu des conséquenceszoologiques
intéressantes. Elle a montré: l0([ue les Pycnogonicles décapodes ne
sont pas localisés dans les mers arctiques, comme je le pensais moi-
même et comme on le croyait jusqu'alors ; 2° que les deux espèces du
genre Pefilapi/aiofine sont pas au même degré d'évolution, le P. Geai/i,
comme je le montrerai plus bas, étant moins primitif que le /'. C/iarcod;
3° que les Pentapt/cuon se diflérencient de la même manière (|ue leurs
descendants les Pi/owgonta/i, soit par leurs téguments (|ui peuvent être
chagrinés ou réticulés, soit p;ir la ])Osition de leurs ovigères, dont les
bases peuvent être contiguës ou très largement séparées.
Le /'. Gcai/i a les téguments réticulés et les ovigères très distants à
leur base, et cela suffirait pour le distinguer du P. Clinrcofi, dont les
téguments chagrinés sont dépourvus de réticulations et les ovigères
pres([ue contigus. Mais on peut relever, entre les deux espèces, d'autres
différences, et celles-ci présentent une signification plus grande, parce
qu'elles tiennent à l'évolution propre de chaque espèce. Le P. ('harcoti
est remarquable par ses caractères primitifs très évidents : ses segments
pédifères sont articulés et très mobiles les uns sur les autres; son
segment ovigère, quoique certainement fusionné aveclatête et le premier
segment pédifère, rappelle encore les segments du tronc par la présence
d'un petit tubercule dorsal situéen arrière du tubercule oculaire ; enfin les
ovigères eux-mêmes sont primitifs en ce sens qu'ils comptent un grand
nombre d'articles, 10 en tout, y compris la griffe terminale. Dans le
/*. Gmi/i^ tous ces caractères primitifs ont dis[)aru : les segments ne sont
plus articulés; le tubercule ovigère a disparu, et les ovigères ne com-
prennent plus que huit articles ; l'espèce se trouve par conséquent à un
stade évolutif plus avancé que sa congénère antarctique. Au point do vue
des ovigères, elle se trouve môme en retard sur la plupart des Pijcnocjo-
nuiii, puisque ces derniers présentent généralement, sinon toujours, neuf
articles ovigériens au lieu de huit.
Le P. Charcnti est en outre remarquable par sa grande taille, tandis
que le P. Gmyi a des dimensions réduites et ressemble en cela aux
Pt/cfiogonn/H. En faut-il conclure (|ue les l'ycnogonomorphes ont été pri-
mitivement des animaux assez volumineux c'est bien possible, surtout si
i66 PYCNOGONIDES DU «POURQUOI PAS?».
l'on observe que le Pycnogonuin Gaini, très voisin du Pentapi/cnoi} f'Iiar-
coti, csl beaucoup plus grand que les autres espèces du genre. Mais on
sait que le gigantisme affecte assez souvent les animaux des mers gla-
ciales, et cela nous oblige à n'avancer qu'avec précaution la conclusion
qui précède.
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*1891. S.\RS (G. 0.). — The Norwegian North Atlantic Expédition 1870-1878 ; Pycno-
gonida, 1891.
1887. ScHiMKEWiTSCH (W.). — Sur les Pantopodes de l'expédition du « Vcttoi' Pisani »,
[Zool. .lni:.,.lalirg. X, p. 271, 272, 1887).
1889. Id. — Sur les Panto[>odes recueillis par M. le lieutenant G. Chierchia pendant le
voyage de la corvette « Vellor Pisani » en 1882-1885 [Alli IL Accnd. dei Lincei
(IV), vol. VI, p. ;«0-347, une pi., 1880J.
1902-03. STEBniNG (V. R. R.). — The Nohodies, a Sea-faring b'aiiiiiy [Knoirlcdge,
vol. XXV (1902), p. 37-40, 73-70, 1.37-140, 185-189 ; vol. XXVI (1903), p. 14-17,
145-1481.
*1900. Verhu.i. (A. E.). — Additions lo the Crustacea and Pycnogonida of the Bermudas
[Trans. Connecticut Acad., vol. X, part 2 : Pycnogonida, p. 580-582).
1880. WiLsoN (E. B.). — Report on the Pycnogunids of New Englaml and adjacent
W'aters {/ii'p. f. S. Comin. Fish and Fis /w ri es, part. 0, [>. 4o3-50(), PI. 1- VII,
1880).
Expédilion Charroi — Boivier. — l'ycnogonides ilii « Pourquoi l'as i ».
OSTRACODES MARINS
Par E. Daday de DEÉS
PROFESSEUR A LIX.CJLE l'OLyTECHNIQUE bl'PÊRIElHE DE BUDAPEST
M. L. Gain, membre de la seconde expédition antarctique française
(1908-1!(09), dirigée par M. le D' Jean Gharcot, a recueilli desOstracodes
marins sur les rivages de l'île Petcrmann (05°10'34" de latitude sud et
60° 32' 30" de longitude occidentale) et de l'île du Roi-George, dans l'ad-
mirality bay (62° 12' de latitude sud et 60° 55' de longitude occidentale).
M. le P' E.-L. BdiiviEii m'a remis cette petite collection pour l'étude;
elle ne comptait que trois espèces, dont on trouvera ci-dessous la des-
cription.
1. Paradoxostoma Gaini Dad.
(PI. I, fig. 1-20.)
Mâle : PI. 1, fig-. 1-3, 5, G, 0-12, 15-20.
Vues de côté, les deux valves ont à peu près la forme d'un œuf; leur
plus grande hauteur surpasse un peu la moitié de leur longueur; les
lignes de leurs bords sont presque identiques, et elles ne diffèrent sensi-
blement que par la manière dont s'effectue le contact des bords dorsal
et postérieur (PI. I, lig. 1-2).
Le bord antérieur est assez prolongé, arrondi, celui de la valve gauche
un peu plus long que celui delà valve droite. Le même bord est plus bas
que le bord postérieur et passe insensiblement aux bords dorsal d ven-
tral; pas de canaux |)orifères, mais sur le bord antérieur une très étroite
zone transparente qui se continue sur les bords ventral et postérieur
(PI. I, fig. 1-2).
Le bord dorsal est recourbé, obtus; il s'incline vers les bords antérieur
et postérieur, passant insensiblement au premier, mais formant avec le
second un angle assez accentué. A leur jonction, les bords dorsal et pos-
Expcdition Charcol. — Daday. — Ostracodes uianns. 22
172 OSTRACODES MARINS.
térieur de la valve droite produisent une colline arrondie, assez obtuse
(PI. I, fig. 1), tandis que les bords dorsal et postérieur de la valve gauche
forment ensemble un angle obtus (PI. I, fig. 2).
Le bord postérieur est courbe et passe par degrés insensibles au bord
ventral ; sur son trajet, il renferme des canaux porifères formant des
saillies coniques (PI. I, fig. 1-2).
Le bord ventral est, un peu avant le milieu, largement mais à peine
sensiblement excavé ; avant cet enfoncement, il est presque droit, ensuite
un peu courbé ; des canaux porifères n'y existent point (PI. I, fig. 1-2).
Vues d'en haut ou d'en bas, les valves présentent à peu près la forme
d'unœuf, dontlesdeux extrémités sont pointues, mais l'antérieure estplus
étroite que la postérieure (PI. I, fig. 3) ; les deux bords latéraux sont
arqués, obtus; le diamètre devient maximum après le milieu.
La paroi des valves esta peine sensiblement granuleuse ; on pourrait
même dire lisse; sa couleur est pâle, jaune brunâtre, sans tache remar-
quable ; à la surface on trouve épars les orifices des canaux porifères.
Longueur des valves, 1 millimètre; hauteur, Omm^O; le plus grand
diamètre, Omn\ 35.
Les huit impressions musculaires se groupent en quatre lignes parallèles,
rangées l'une au-dessus de l'autre, une paire entrant dans chaque groupe
(PI. I, fig. 5).
l^La partie frontale de la tête est saillante et arrondie (PI. I,fig. H). —
2° L'orifice de la bouche est circulaire, ayant au bord un col saillant conique,
dont le fond est pourvu de soies à l'intérieur (PI. I, fig. 6-11). Près du
bout antérieur de la lèvre inférieure, il y a une saillie conique, derrière
laquelle se trouvent de fines soies touilucs (PI. 1, fig. M). — 3° La
mandibule est longue et a pris la forme d'un poignard tournant sa pointe
vers l'orifice de la bouche, comme c'est le cas chez toutes les espèces de
ce genre. Le palpe mandibulaire est composé de trois articles, l'article
basai étant plus long et plus épais que les autres, tandis que les deux sui-
vants sont presque de même longueur. La pointe de l'article apical porte
cinq longues soies fines (PI. I, fig. 11). — i» Le palpe de la maxille n'est
qu'une petite soie.
Parmi les prolongements masticatoires de la maxille, le premier est très
OSTRACODES MARINS. 173
court, avec deux longues soies à la pointe ; le deuxième (;t le troisième
sont deux fois aussi longs que le premier et portent à leur pointe plusieurs
soies Unes. Les deux soies proximales de l'appendice branchial s'élèvent
d'une base connnune en forme de doigt et sont beaucoup plus longues
que les autres (PI. I, fig. 1 1 , 15).
Les deux antennes supérieures sont remarquablement minces. Le
bord inférieur de leur troisième article est pourvu de soies disposées sui-
vant une ligne ; le bout distal supérieur est surmonté d'une soie plus forte.
Le Ixnil distal supérieur du (juatrième article porte une soie, celui du
cin(|uième en porte deux ; il y a aussi une soie au bout distal inférieur du
cinquième article. La pointe de l'article apical est pourvue d'une soie
sensorielle et d'une soie simple (IM. I, fig. 9).
Les deux antennes inférieures sont plus courtes, mais plus fortes que
les premières. La soie fileuse correspondant àl'exopodite a trois articles,
l'article dislal étant beaucoup plus court que les deux autres avec la
pointecoupée obli((uement (1*1. I, lig. 10). Parmi les articles de labranchc
correspondant à l'endopodite, l'avant-dernier est plus long que tous les
autres, mais il est plus mince que les deux articles qui le précèdent et
seulement un peu plus gros que le suivant ; son bord et son bout sont
pourvus d'une soie. Le bout de l'article apical porte deux petites grifFes
et une petite soie (PI. I, fig. 10).
L'organe pénicilliforme est assez gros, en forme de do'gl ; il porte au
bout une houppe de soies; près de sa base, il présente un appendice latéral
en forme de faucille, a[)pendic(! cylindrique dont les deux bouts sont mu-
nis de deux soies longues et d'une soie courte (PI. I, lig. 12).
Dans l('cor{)s, les bandes du squelette intérieur des trois paires de pattes
se sont soudées en croissant et forment en queUjue soile un ri'>.raii ; delà
base (le ce réseau surgit le S(|uelette spécial de chaque patte (PI. I,lig. 10).
En passant du boutantérieur au bout postéri(!ur, nous trouvons que les
pattes grandissent de telle sorte que la première paire est la plus courte
et la troisième lapins bjngue. De courtes soies se rangent suivant une
ligne au bord antérieur du deuxième article pénullième de toutes les j)attes.
Une couronne de |)etites dents s'élève à la base de la grille qui se
trouve à la |»oint(^ du dernier article de la troisième |iaire de pattes (PI. I,
174 OSTRACODES MARINS.
fig, 20). La griffe qui se trouve à la pointe de chaque patte est un peu
courbée en faucille avec une partie basale et une partie apicale (PI. I,
fig. 16-19).
L'organe de copulation se divise en une partie basale et en une partie
apicale. La partie basale ressemble un peu à un quadrilatère aux angles
arrondis, dont le bord antérieur est droit, presque perpendiculaire, le
bord postérieur recourbé en s'inclinant; au milieu, il y a une petite
soie ; près de l'angle supéro-externe surgit un prolongement en forme de
poignard qui s'incline en haut et en arrière; la pointe distale inférieure
sert d'origine à la partie apicale, dont la base porte aussi une soie senso-
rielle. Au côté externe de la partie basale, non loin du bord postérieur, il
y a des collines caractéristiques dont les contours sont bien accentués
(PI. I, fig. 14). La partie apicale forme deux prolongements séparés :
un prolongement antérieur presque droit, en forme de doigt, et un pro-
longement s'inclinant en arrière en forme de faucille ; ce prolongement
a une base large et droite, mais s'amincit par degrés et se termine par
une pointe (PI. I, fig. 14). L'organe de copulation est d'une grandeur
telle qu'il sort de la coquille et que, par suite, on peut reconnaître le
mâle déjà sous un faible grossissement.
Femelle : PI. I, fig. 4, 7, 8, 13.
Vues de côté, les valves ressemblent beaucoup à celles des mâles, et
seul le bord postérieur diffère sensiblement; il est beaucoup plus bas que
celui des mâles et forme avec le bord dorsal un angle beaucoup plus
pointu, — mais l'angle de la valve droite est arrondi (PI. I, fig. 7), pen-
dant que celui de la valve gauche est pointu (PI. I, fig. 8) ; enfin le bord
dorsal est, à la base des angles, sensiblement enfoncé (PI. I, fig. 7, 8).
Sur le bord interne, parallèle au bord dorsal, près du tiers antérieur et
postérieur des valves, il y a un appareil d'occlusion conique (PI. L fig- 7,
8), mais qui ne peut être vu qu'en regardant les valves du côté interne.
Vues d'en haut ou d'en bas, les valves présentent la forme d'un œuf
avec le bout antérieur pointu et le bout postérieur fortement arrondi ;
les bords latéraux sont courbés, obtus; le plus grand diamèlre se trouve
au milieu (PI. I, fig. 4).
OSTRACODES MARINS. 175
Les mesures des valves correspondent à celles des valves des mâles ;
la structur<> ilo la paroi des valves et l'arrangement des impressions mus-
culaires sont également identiques à celles des mâles.
[1 n'y a pas non plus de différence entre les mâles et les femelles con-
cernant la structure de la bouche et des extrémités.
Le prolongement supra-anal, en forme de poignard, est recouvert de
petites soies touffues et se redresse directement en arrière (PI. T, fig. 13).
Les lames furcales sont représentées par 1-1 grande soie pennée et 1-1
petite soie lisse.
Plusieurs mâles, des femelles et des jeunes exemplaires furent trouvés
le 4 octobre 1909, sur le rivage de l'île Petermann, par une profondeur
de 3 mètres, collés sur une algue brune [Desmarestia) .
Celte espèce, que je nomme en l'honneur de M. L. Gai?i, rappelle beau-
coup V espèce Paradoxostoma Ket^guelense G. W. Miill., surtout par la
structure de l'organe de copulation du mâle ; mais elle en dillV-i-c par la
structure des valves des mâles et des femelles, si bien que, par cette
différence, on peut tout de suite et aisément distinguer les deu.\ espèces
l'une de l'autre (cf. G. W. Millier, Die Ostmcoden der deutschen Siid-
polar-Expediliofi, 1901-1993, p. 120, fig. 1-4).
2. Cythereis consors Dad.
(IM. I, tig-. 21-28; PI. 11, lig-. 1-5.)
Les deux valves, vues de côté, sont un |>ou réniformes, mais elles
diffèrent l'une de l'autre aussi bien par leur grandeur que par la direc-
tion de leurs bords (PI. I, lig. 21 , 22).
La longueur de la valve droite est presque le double de sa plus grande
hauteur. Le bord antérieur est plus haut que le bord postérieur, égale-
ment courbé, obtus; il est un peu ondulé et passe par des transitions
imperceptibles aux bords dorsal et ventral (PI. 1, fig. 21 ; PI. II, fig. 1 ); il
n'a pas de zone cuticulaire, mais est pourvu de deux sortes de soies. Les
soies appartenant à l'une des sortes sont petites, minces et lisses, —
pendant que celles qui appartiennent à l'autre sorte sont épaisses, falci-
formes, s'amincissant peu à peu vers la pointe ; le bord supérieur est
pourvu de poils fins, ou près de sa i)ointe de soies fendues en deux ou
176 OSTRACODES MARTNS.
trois branches (PI. II, fig. 1), surtout clans le quart supérieur du bord de
la valve (PI. I, fig. 21). Les deux sortes de soies se suivent alternative-
ment, les ondulations marginales portent les soies fortes et, entre les
ondulations, dans les vallées, se trouvent les soies minces. Intérieure-
ment et parallèlement au bord, il y a une zone assez grossièrement granu-
leuse, percée de canaux porifères. La zone des canaux porifères est d'une
largeur considérable ; les canaux porifères sont fusiformes, droits, sans
branches, ordinairement renflés au milieu (PI. Il, fig. 1).
Le bord dorsal de la valve forme, près de l'œil, une saillie arrondie
considérable ; à partir de ce point, il s'incline vers le bord antérieur,
mais, en arrière, il suit une ligne à peine courbe, presque droite et
inclinée ; dans son quart postérieur, il forme un coin arrondi, obtus, puis
fortement incliné, il descend jusqu'au bord postérieur (PI. I, fig. 21).
Le bord postérieur est arrondi, mais assez pointu ; il passe ]»ar des
transitions imperceptibles au bord ventral ; la zone cuticulaire manque;
les soies du bord sont égales, à pointes fendues, un peu pénicilliformes.
La zone des canaux porifères est identique à celle du bord antérieur
(PI. I, fig. 21).
Le bord ventral est, avant le milieu, sensiblement enfoncé; avant cet
enfoncement, il est assez courbe, puis presque droit ; il est courbé et
remarquablement obtus après l'enfoncement ; ce ne sont que ses quarts
antérieur et postérieur qui portent des soies (PI. I, fig. 21).
La hauteur de la valve gauche surpasse de beaucoup la moitié de
sa longueur; elle est plus haute que la valve droite, mais un peu plus
courte (PI. I, fig. 22).
La courbe du bord intérieur de la valve gauche est plus large et plus
obtuse que celle de la valve droite et ne paraît pas être plus haute que
la courbe postérieure ; nous n'y trouvons pas de zone cuticulaire,
mais elle est onduleuse et munie- de soies identiques à celles de la valve
droite. La zone des canaux porifères correspond, sous tous les rapports,
à celle de la valve droite (PI. I, fig. 22).
Le bord dorsal ne forme pas de saillie près de l'œil, mais s'incline en
courbe vers le bord antérieur, auquel il passe par degrés insensibles.
A partir de la région de l'œil, le bord dorsal est courbé, obtus; en s'incli-
OSTRACODES MARINS. 177
liant, il passe au bord postérieur et forme un anj^le en pointe obtuse avec
ce dernier (PI. I, fig. 22).
Dans sa moitié' supérieure, le bord postérieur s'incline en dehors ; sous
la ligne médiane de la valve, il est courbé, mais assez pointu, et là il |)asse
par degrés insensibles au bord ventral ; il est dépourvu de zone cuticulaire ;
ses soies sont houppées (IM. I, fig. 22).
Le bord ventral, vers son milieu, est à peine sensiblement enfoncé,
presque droit, — mais, vers le bord antérieur, il paraît un peu courbe et
obtus ; ses premier et dernier quarts seuls portent des soies qui sont
minces, lisses et simples (FI. I, fig. 22).
Vues d'en haut ou d'en bas, les deux valves présentent la forme d'un
œuf, dont les deux bouts sont pointus; mais le bout antérieur est plus
étroit que le bout postérieur ; les bords latéraux sont courbes, obtus ; le
plus grand diamètre se trouve derrière le milieu (PI. I,fig. 28).
La paroi des valves est finement granuleuse et pourvue des orifices
de canaux porifères irrégulièrement dispersés, couleur jaune brunâtre
pâle.
11 y a sept impressions musculaires rangées en deux groupes, dont
l'un embrasse cinq, l'autre deux impressions musculaires (PI. I, fig. 27).
L'article basai de la paire supérieure d'antennes est. un peu recourbé
en forme d'S ; au bord inféiieur, il présente des soies très fines en deux
hou[)[)es, dont l'une se trouve juste au milieu de l'article, l'autre au tiers
proximal. Le deuxième article est, vers le milieu, un peu renllé (;t là,
aux bords inférieur et supérieur, présente de fines soies en houppes, —
en outre, une longue et forte soie surgit de la pointe distale infé-
rieure (PI. l, fig. 2o).
Le deuxième article pénultième est très court, pas plus long que l'ar-
. ticle apical ; il porte à la [)oiiile distale supérieure une courte soie forte
etspiniforme. L'article pénultièmeest presque aussi long que le deuxième
article basai ; au bord supérieur, vers le milieu, il présente deux longues
soies fortes et deux courtes soies moins fortes ; la pointe distale supé-
rieure est pourvue de deux longues soies fines et d'une épine dentelée.
A la pointe de l'article apical s'élèvent trois soies fines, une épine et une
soie sensorielle (IM. I, fig. 25).
Expédition Charcot. — Dadaï. — Osliacodcs marins. 23
lyS OSTRACODES MARINS.
Près de sa base, au bord interne, l'article basai du protopodite de
la paire inférieure des antennes présente des soies fines suivant une
ligne demi-circulaire ; le bord extérieur du deuxième article porte trois
petites soies et, à sa pointe distale inférieure, a une longue soie plumeuse.
La soie fileuse correspondant à l'exopodite a deux articles; elle est pointue
et beaucoup plus longue quel'endopodite (PI. II, fîg. 2).
Le bord supérieur du premier article de l'endopodite est pourvu d<'
soies et porte à sa pointe distale supérieure deux longues soies
simples ; l'article distal inférieur présente une longue soie plumeuse et
une soie sensitive. A la pointe distalc inférieure de l'article pénultième
s'élèvent deux courtes soies fines. L'article apical est très court ; il atteint
à peine un quart de l'article précédent ; au milieu de son bord interne
se trouvent deux soies moins grandes ; sa pointe est munie d'une grande
épine en forme de griffe (PI. II, fig. 2).
La lame branchiale du palpe mandibulairc est représentée par deux
longues soies (PI. I, fig. 26) ; le bord extérieur du deuxième article proxi-
mal a, vers son milieu, une houppe transversale composée de courtes
soies fines. A la pointe distale supérieure de l'article pénultième, outre
les soies simples, une longue et forte soie sensorielle s'élève sur une
saillie en forme de colline. L'article apical est aussi long (jue l'article
pénultième, mais il atteint à peine la moitir- de l'épaisseur de ce dernier ;
à la pointe, près des soies fines, il y a aussi une soie sensorielle (PI. I,
fig. 26).
La longueur de l'article apical du palpe maxillaire ne surpasse que de
peu la largeur ; parmi lès soies de la pointe, l'une est plus forte que les
autres et présente à peu près la forme d'une grilTe (PI. I, fig. 23).
Les prolongements masticatoires s'allongent par degrés de l'intérieur
vers l'extérieur ; parmi les soies des pointes, l'une est plus forte que les
autres et a à peu près la forme de griffe. Les soies du bord extérieur de la
lame branchiale sont très grandes et ont entre elles de beaucoup plus
grands intervalles que les autres soies (PI. I, fig. 23).
Les paires de pattes s'agrandissent de telle sorte que la première est la
plus courte et la dernière la plus longue. Le bord antérieur du dernier
article de la troisième paire de pattes est recouvert de courtes soies
OSTRACODES MARINS. 179
disposées suivant une ligne. La grill'c qui sl' trouve au bout de chaque
paire de pattes est à peine sensiblementcourbée, presque droite, finement
dentelée (PI. Il, lîg. 3, 4, 5).
Au-dessus de l'ouverture anale, s'élève un prolongement lisse en forme
de poignard qui se dresse directement en arrière. L'appendice furcal est
représenté par 2-2 soies plumeuses assez courtes (PI. 1, iîg. 24).
Habitat : iie du Hoi-tleorge, Shetlands du Sud, où — le 26 dé-
cembre 1909 — M. L. Gain a trouvé deux femelles.
Par sa forru(>, cette espèce rappelle beaucoup l'espèce Ci/f/tcreis
Bourifri Dad., qui fut recueillie parM.J. Charcot, lors de sa |)rcmière
expédition, près du rivage de Tîle Booth-Wandel. Mais la structure des
bords antérieui' el ])ostérieur des valves, des soies des bords, aussi bien
qu(! des canaux porifères présente une telle dillV-rence entre les deux
espèces qu'il est impossiide de contester i"indt''[)endance mutuelle de
celles-ci.
3. Cythereis devexa G. W. Miill.
(l'I. II, fig. G-20.)
Ci/t/tcrcis dcrcxa Miillor G. W., Die Ostracoden der deutschen Siidpolar-Expedi-
tion K)0I-1'.)II3, p. i:;7, Tuf. 17, fi-, -'j, S.
Les deux valves, vues de côté (PI. II, fig. 7, 8), resseniltienl un peu à un
quadrilatère irrégulier el allongé ; leur plus grande hauleui' sur-
passe la nioiti('' de leur longueur et, quant à leur structure, il y a entre
elles une assez grand*' dilVérence.
Le bord aniérieur de la valve droile est beaucoup plus haul (pic le bord
postérieur; il suit une eourbe assez régulière et passe par degrés insen-
sibles aux bords dorsal el venli-al ; il présente aussi une zone culiculaire
el une zone de ranaux porifères 1 PI. 11, lig. 7, 10). La zone cuticulaire est
assez large ; son bord libre est dcnleli' el recouvert de courtes soies
lisses, assez fortes. A l'intérieur de la zone cuticulaire, nous voyons une
zone grisâtre, grossièrement granuleuse, en dedans de laquelle se trouve
la zone des canaux porifères (PI. Il, fig. 10). Les canaux porifères sont
allongés, fusifornies, lenlb'-s le plus vers le milieu; ils paraissent abou-
tir à la limite intérieure de la zone culiculaii-e.
i8o OSTRACODES MARINS.
Lo bord dorsal des valves forme, dans la région des yeux, une saillie
pointue, puis il descend, fortement incliné, vers le bord antérieur. Der-
rière la saillie, le bord dorsal s'incline suivant une courbe, de telle façon
qu'au milieu il est convexe et obtus ; près de la saillie et du bord posté-
rieur, il est concave et penché, formant avec le bord postérieur un angle
arrondi (PI. Il, fig. 7).
Le bord postérieur des valves est fortement incliné dans sa moitié
supérieure et fortement recourbé dans sa moitié inférieure ; à la limite de
sa contingence avec le bord ventral, il y a un petit cône pointu. Ce n'est
que dans la partie courbée du jjord que la zone cuticulaire s'est déve-
loppée, formant trois saillies arrondies se trouvant très près l'une de
l'autre et entre lesquelles nous trouvons 1-1 fine soie (PI. II, fig. 7). Il
n'y a pas de différence entre la structure de la zone des canaux porifères
de ce bord et celle du bord antérieur des valves.
Le bord ventral des valves ne peut être vu que par dedans, car en
dehors la plus grande partie en est cachée par la paroi de la valve (Pi. IL
fig. 7). Pour le reste, le bord ventral des valves est droit.
Le bord antérieur de la valve gauche ne paraît pas être plus haut que
le bord postérieur; il est courbé, assez obtus et passe par des transi-
tions imperceptibles au bord dorsal, mais, avec le bord ventral, il forme
un angle largement arrondi (PI. II, fig. 8). En ce qui concerne les struc-
tures de la zone cuticulaire, des soies des bords, de la zone des canaux
porifères, ce bord ne diffère pas du bord antérieur de la valve droite.
Le bord dorsal des valves forme, près des yeux, une colline saillante,
large et courl)e, un peu obtuse; puis il descend fortement penché vers le
bord antérieur. On peut dire que, partant de cette colline, le bord dor-
sal suit, en général, une ligne inclinée, mais il forme, dans son milieu,
une saillie largement arrondie en forme de colline, avant et après laquelle
il est faiblement concave (PI. II, fig. 8). Le bord dorsal et le bord posté-
rieur forment, l'un avec l'autre, un angle largement arrondi et obtus.
La moitié supérieure du bord postérieur des valves est presque perpen-
diculaire et droite, mais sa moitié inférieure paraît être un peu courbée, et
la zone cuticulaire y forme cinq saillies assez larges et arrondies. Parmi
les saillies de la zone cuticulaire, (piatrc sont rapprochées l'une de
OSTRACODES MARINS. i8i
l'autre ol regardent dirccleincnt en arrière; la cin(|uiènie se trouve plus
loin, à la limite de contact des bords postérieur et ventral. Entre les sail-
lies des bords se trouvent des soies fines (PI. II, fig. 8). La structure de la
zone des canaux porifères ne diffère pas de celle du bord postérieur de la
valve droite.
Le bord ventral est, vers le milieu, largement et (aii)lenient enfoncé,
mais il n'est visible ([n'en dedans, parce que la j)ar()i (l<; la valve le
recouvre. Vu en dehors, le bord ventral de la valve gauche parait courbe
conmie celui de la valve droite, obtus au milieu à cause de la pai-oi (jui
descend assez profondément sur le côté ventral (PI. II, fig. 7, 8).
Le bord interne des valves est relativement large et partout parallèle
aux bords extérieurs. Au bord interne dorsal de la valve droite, sous la
saillie antérieure et l'angle postérieur du bord externe, nous trouvons un
fort prolongement d'occlusion ; au bord interne dorsal de la valve gauche,
il y a un enfoncement d'occlusion correspondant au prolongement (|ue
nous venons de mentionner.
Vues d'en haut ou d'en bas, les valves ressemblent à un chaland, dont
la pointe antérieure est plus j)ointue que la pointe postérieure et dont les
bords latéraux sont un peu déprimés au milieu (PI. II, fig. 6).
Longueur des valves : Inm^,!") ; la plus grande hauteur : G"*"", 7.
La paroi des valves est doublement réticulée, car elle j)résente de
grandes aires à contours prononcés qui ne font pas saillie à la surface —
et, dans ces aires, d'autres plus petites avec des contours indécis, entre
lesquels on voit, çà et là, des embouchures de canaux porifères (PI. II,
lig. OS, II, 12).
Chaque valve a quinze impressions musculaires, (|ui, sur cluupie valve,
sont dispersées d'une façon |)articulière et ne sont pas toutes de la
même grandeur (PI. 2, fig. Il, 12).
Au bord inférieur de j'arlicle basjii de la paire supérieure desantennes,
près de la base, s'élève une houppe de fines soies. La paroi du deuxième
article est très épaisse; le bord inférieur est, au milieu, courbé, saillant,
avec une houppe de fines soies; le bord supérieur en est droit et porte
des soies fines, rangées en trois lignes transversales que séparent des
intervalles égaux (PI. II, lig. \',\j. La pointe distale supérieure du
i83 OSTRACODES MARINS.
deuxième article pénultième est munie d'une forte soie spinifornie. Au
milieu du bord externe de l'article pénultième, aussi bien qu'à son extré-
mité supérieure distale, s'élèvent deux longues soies fines et une longue
soie spiniforme. La pointe de l'article apical est surmontée de trois soies
minces et d'une forte griffe (PI. II, fig. 1 3).
L'article basai, un peu falciforme, de la paire inférieure des antennes
s'incline en haut. La soie fileuse correspondant à l'exopodite a deux
articles ; son article basai est beaucoup plus court que l'article apical ; il
est remarquablement large, tandis que l'article apical a la forme d'un
fouet et surmonte de beaucoup la pointe de l'endopodite de l'antenne
(PI. II, fig. 14). La pointe distale intérieure du premier article de l'endo-
podite porte une longue et forte soie. Le deuxième article est remar-
quablement long; vers le milieu de son bord extérieur, il présente des
soies fines transversales et deux longues soies vers son tiers distal.
Vers le milieu du bord interne, nous trouvons deux soies simples et une
soie sensorielle ; à la pointe distale interne, il y a une petite soie simple.
L'article apical est muni d'une petite griffe latérale et d'une plus grande
griffe, à sa pointe (PI. II, fig. 14).
La lame branchiale du palpe mandibulaire est représentée par deux
longues soies surgissant d'une petite saillie. Près de la pointe distale
interne de l'article basai s'élèvent une soie et une épine sensorielle. Le
deuxième article porte deux soies plumeuses, le troisième une.
L'article apical n'atteint que la moitié de l'épaisseur du précédent et
est muni de deux longues soies en forme de griffes (PI. II, fig. 16).
La pointe distale externe de l'article basai du palpe maxillaire est
pourvue d'une courte soie lisse et d'une soie remarquablement longue,
assez forte et plumeuse d'un côté. L'article apical est très court,
presque aussi épais que long; à sa pointe, se trouve, parmi des soies
courtes, une forte épine en forme de griffe (PI. II, fig. 15, 17), Les
prolongements masticatoires maxillaires sont minces et presque de même
longueur ; la pointe du prolongement supérieur possède — outre les
soies — deux griffes lisses. Les soies de l'appendice branchial sont, à
l'exception de deux, également fortes (PI. Il, fig. 15).
Les trois paires de pattes grandissent de telle sorte que la première
OSTRACODES MARINS. 183
est la plus courte, la Iroisièinc la plus longue, cette dernière étant pour-
vue d'une couronne de soies au bord apical des deux derniers articles
(PI. II, fig. 18-20). La grille qui se trouve à la pointe de chaque patte est
faiblement recourbée, falciforme, lisse..
Au-dessus de l'orifice anal, il y a deux petites épines lisses. L'appendice
furcal est représenté par 2-2 soies, dont Tune est longue, l'autre moins
(PI. II, fig. 9).
Habitat : Port-Circoncision, île Petermann, où, le 10 octobr<> I90!>,
M. L. Gfii/t n captur»' une femelle, par une profondeur de ('» mètres.
Cette femelle uni([ue fut mise à ma disposition, et j'y ai trouvé deux
exemplaires des Colhufnidjisis suhglohosa Dad. collés à rinléricnr di'
ses valves.
Le mâle de cette espèce, recueilli par la Deutsclio Siidpolar-E.tpedi-
fio/i /90l-lf>0:] dans les environs de la Gaussstation (O.jo de latitude
sud <'t 90° de longitude), fut décrit par M. G. W. Mïdler (Cf. « Vorkom-
meu : Gaussstation, ein (^f, dt<'i leere Schalen, diverse Larv<>n », dans
Oslnirodender (lentschen SudpoUir Expédition 10QI-I903, p. 138).
P.ir la forme de ses valves, il est évident que la femelle dont nous
venons de faire la description correspond au mâle décrit par G. W. Mïdler
el n'en dilÏÏMi^ ([ue par certains détails. D'abord il y aune difterence entre
les deux exem|)laires au point de vue des saillies du bord postérieur des
valves, car les pointes des saillies des mâles sont dentées, tandis que
cell(>s des femelles que nous venons de décrire ont une pointe lisse. Une
autre différence consiste en ce que la paroi des valves du mâle (>st seule-
mentsimplement réticulée, ayant des aires à des contours indécis ; la paroi
des valves de la femelle est, au contraire, doublement réticulée et, parmi
ses aires, les grandes ont des contours bien ()rononcés. En outre, la paroi
des valves du ui.Ue ne descend — de côté — pas autant que celle de la
femelle et ne recouvre pas le bord ventral. Les différences que je viens
de citer ne sont, à mon avis, (|ue des traits caractéristicpies se rapportant
au sexe.
EXPLICATION DES PLANCHES
Fig. 1.
Fis
PLANCHE I
Pamdoxostoma Galni Dud. cf. Valve droite, face externe. Reich., Oc. G,
obj. 2.
— cf. Valve gauche, l'ace externe. Reich., Oc. G,
obj. 2.
_ — — cf. Valve vue d'en haut. Reich., Oc. G, obj. 2
_ _ _ 9. Valve vue d'en haut. Reich., Oc. G, obj. 2
— — (f. Impressions musculaires. Reich., Oc. G, obj. 4
_ —cf. Ouverture de la bouche. Reich., Oc. G, obj. 4
_ _ — Ç. Valve droite, intérieur. Reich., Oc. G, obj. 2
— _ 9. Valve gauche, intérieur. Reich., Oc. G, obj. 2
— — (f. Antenne supérieure. Reich., Oc. G, obj. 4
— — cf. Antenne intérieure. Reich., Oc. G, obj. 4
_ — — cf. Tête, mandibule et maxille. Reich., Oc. G,
obj. 4.
_ — — (f. Organe pénicilliforme. Reich., Oc. G, obj. 4.
_ _ _ 9. Partie anale. Reich., Oc. 6, obj. 4.
— ^. Organe de copulation. Reich., Oc. 0, obj. 4.
_. — — cf. Maxille., Reich., Oc. G, obj. 4.
lg_ _ — — cf. Trois paires de pattes. Reich., Oc. G, obj. 4.
_ — — (f. Endosquelette des trois paires de f)attes.
Reich., Oc. G, obj. 4.
pjo-. 20. — — — cf • Grille apicale de la troisième paire de pattes.
Reich , Oc. G, obj. 7.
Cythereis consors Dad. 9. Valve droite, extérieur. Reich., Oc. 0, obj. 2.
_ — 9 . Valve gauche, extérieur. Reich., Oc. G, obj. 2.
_ — — 9. Maxille. Reich., Oc. G, obj. 4.
_ — — 9. Partie anale. Reich., Oc. G, obj. 4.
— — 9- Antenne supérieure. Reich., Oc. G, obj. 4.
_ _ — 9. Mandibule. Reich., Oc. G, obj. 4.
_ — — 9- Impressions musculaires. Reich., Oc. G,
obj. 4.
_ _ — 9- Valve vue d'en haut. Reich., Oc. G, obj. 2.
PLANCHE H
Cythereis consors Dad. 9. Rord antérieur de la valve droite, côté
interne. Reich., Oc. i, obj. 7.
— 9. Antenne inférieure. Reich., Oc. G, obj. 4.
9. Trois paires de pattes. Reich., Oc. G, obj. 4.
. 9. Valve vue d'en haut. Reich., Oc. 7, obj. 1.
9. Valve droite, extérieur. Reich., Oc. 2,
obj. 2.
Fig.
3.
Fig.
4.
Fig.
5.
Fig.
6.
Fig.
7.
Fig.
8.
Fig.
9.
Fig.
10.
Fig.
11.
Fig.
12.
Fig.
13.
Fig.
14.
Fig.
15.
Fig.
IG-
Fig.
19.
Fig.
21.
Fig.
22
Fig.
23.
Fig.
24
Fig.
25
Fig.
26
Fig.
27
Fig. 28.
Fis
Fig.
Fig.
Fig.
Fig.
3-5. — — —
G. Cyl/iereis devexa G.-W. Mlii
7. — — —
EXPLICATION DES PLANCHES. 185
Fig-. 8. Cyt/iereis devexa G.-W. Mïdï. Ç. Valve gauche, exlérieur. Reich., Oc. G,
obj. 2.
Fig'. 0. — — — 9- Partie anale. Reicli., Oc. (5, obj. 4.
Fig'. 10. — — — 9- Bord antérieur de la valve droite, côté
interne. Reich., Oc. 1, obj. 7.
Fig. 11. — — — 9- Impressions nnusculaires de la valve droite.
Reich., Oc. 0, obj. 'i.
— . — 9- Impressions musculaires de la valve
g'auche. Reich., Oc. 6, obj. 4.
— — 9- -Vntcnne supérieure. Reich., Oc. 0, obj. 4.
— — 9- Antenne inférieure. Reich., Oc. G, obj. 4.
— — 9. iMaxille. Reich., Oc. G, obj. 4.
— - 9- Mandibule. Reich., Oc. G, obj. 4.
— — 9- Palpe de la niaxille. Reich., Oc. G, obj. 7.
— — 9 • Trois paires de pattes. Reich., Oc. G, obj. 4.
Fig.
12.
Fig.
13.
Fig:.
14.
Fig.
15.
Fig-.
IG.
Fig.
17.
Fig.
IS-'.^O.
Expédition Charcot. — Daday. — Oslraoodcs iiiaiiiis. a-i
Deuxième Expédition (TiarcoL < E Daday de DeéS
PI 1
E Dadav" del.
Imp L Lafontaine.Pans
BoiscTOTitiei" lit>i
Ostracodes marins
Masson & C" Editeurs
Deuxième Expédition (liarcot ( E DadâV de Deés )
PI 11
E. Daday cLel
Imp L Lafontaine Pans
BoïBcrontier hth
Ostracodes marins
Maason 8c C" Editeurs
PHYLLOPODES ANOSTRACÉS
Par E. Daday de DEÉS.
Sp. Branchinecta Gaini. l)a<i.
(Kig. I, "-7.1
Jlraiuliinecla Gaini Daihiy K. de, Quelques Phyllopodcs anosliacés nouveaux.
Ann. Se. A'a/. ZuuL, !)« séiie, l. XII, p. 242, fig. 1.
Mas. — (lorpus subcrassuni, dimonsionilnis s<'cundiuii loralitates sat
vîiriabililjus. Ti'uncus loni^itiulinc abdominis sino corcopodilms plus
niiiiiisvc brcvior, sei;rnentis in su|)erlicio politis. Abdomen novom segmen-
taluin, Irunco multo gracilius, sognicntis cylindricis, diverse longis.
Segmenta (i-H abdominis multo longiora quam lata, longitudiiiem segmen-
toruni reterorum nnillo s<'pcr;iiitia. Segmenta i-8 pro|)re marginem poste-
riorem in lalere utroquc diseo verrucoso, seta sensoria armato vestita
(fig. I, l). Segmenlum ullimum abdominale in medio marginis posterioris
l)ilobatuni.
(lercopodes cnsiformes, artieulatione distincta a segmenlo abdominali
ultimo disjuncti, longitiulinem articuii abdominis ultimi nnillosuperantes,
sed longitudinem arlicuiorum anlecedenlium duorum, simul junclorum
Miullo non attingentes, sat angusti, apicem distaleni vei'sus sensim attc-
niiali, marginibus dense u'ijualilerque setosis (fig. I, h.
(laput tVonte inermi, late arouata. Antenn;e superiores liliroi'ines, l'ère
longiludine artieuli basalis anteiinaruni inferiorum in margine interiore
ulcinKpie serrubilie (lig. I, a\, apice subclavaceo, setis \ longiusculis
marginalibus l)aciilis(pie minutis sensoriis ;ipicalibus armato (fig. \, g).
Articulus i>asalisanleniiai'iim inreiidiiiin subcrassns, in parte proxiinali
subgeiiicuialus, in margine inleriore vel aiiteriore cai'inatus, carina in
latere dorsali et in margine denticulata (tig. I, a, r . Ai'liciiliis apicalis
antennarum inferiorum arliculd basali brevioi-, siil)labiriiriiiis. apice
E.rprUition Charcol. — Uviiav. — l'li\ llujiOili's iino.>tiaci'S. 2i'
i88 PHYLLOPODES ANOSTRACÉS.
acuminato, acuiiiinc inirni-sum curvato (fig. 1, (i,r}, in laterc cxteriore vel
Fig. 1. — lirancliiiii'cld (iiiiiii — a, o' eapul supra visuiii, 1-S: b, Ç caput supra visuiii, 1-8 ; c, cf dinii-
diuni capilis suprii visurii, lioich. Oc. I, Obj. o; d. o' anlenna inlciiur a lafeie, Reich. Oc. 1, Obj.o;
e, o" antenna iufei-ior a latcre inlerioi-o, Reich. Oc. I, Obj. o ; /", cJ labruin, Ri/ich. Oc. I, Obj. o ;
g, C pars apicalis antenn.i' superioris. Reich. Oc. I, Obj. 1. ; /*, o' pes primi paris, Reich. Oc. I, Obj. o:
i, cf pes 7 paris, Reicli. Oc. I, Obj. o : A-, o' pes 11 paris, Reicli. Oc. I, Obj. o ; ^ cf segmenta duo
abdominis ulliraa cuiii cercopodibus, 1-8; m, cf pénis, Reich. Oc. I, Obj. o ; «, cf pes prinii paris,
Reich. Oc. I, Obj. o : o. ç pes 0 paris, Reich. Oc. 1, Obj. o; p, Ç pes 11 paris, Reich. Oc. I, Obj. o;
7, 9 abdomen cuni sacrulo ovigero el cercopodibus a latere diirsali. 1-8.
posterioro convexus, in iatero inleriore vel antoriore concavus, sicut
excavatus (fig. 1, e), in silu diverse forma variabili (fig. 1, c-e), superficie
dilule graniilosa.
PHYLI.OPODES ANOSTRACÉS. 189
Oculi |»i'(liinfulati ïvrr lonii,itu(lin<' dimiclia antcnii.iniiii su|)('ii(iruin,
ca[)itul() in siipcrlicic hi'vi. Labruiii in lalei'ibus valdc sliniialinn, ;ini;iilis
posticis l'otiuidatis, supciTiiic dense sotosa, processii niari^inis postei'ioris
breviusculo, inernii (lig. 1, /).
Podos structura suhsiniili. l'edes 1-10 paris lamina branchiali majus-
cula, in niarj^inibus rotundatis seri-alo-donticulata lif;. 1, />. /'), |)edes
vercj 11 paris lamina brancliiali r-ndinienlaria, solnm liiliei'cnluin parvuni
formante. i*edes 1-10 paris sacrulo lirandiiali liene evolnto in marjuinibus
integro, digitiformi, coiniilanato ( lig. 1, //, />, pedes voro I 1 paris sacculo
brancliiali rudimentario ^iig. 1, /,). Endopoditum pedum {trimi paris
exlrorsum reirorsumqne prodnctum, utcunque cunéiforme, angulo acuto
rolnndalo, marginibus redis, declivibns. iMargo poslerior v<'l inferior
endopoditi aculeatus, acnb'is sensini crescenlibus, in latere inleriore
minute selosis. Angulus endopoditi selis i longiusculis, acub'iformibus
in margino inferiore minute setosis. Margo exlerior endopodili setosus.
solissimplicibus, sensim decrescentibus. Exopodilum latiusculum, longi-
tudinem dimidiam pailis cetera' non attingens, marginibus crenulalis,
sat dense setosis (fig. 1, //). Enditatria late coniformia, in apice aculeata,
in marginibus setis 2-3 longis armata.
Pedes ceteri (2-10) pedibus aiilei'ioi'ibns posterioriliusque (11 paris)
majores, structura parinn divergente. Endopoditum nb inupie iiineiforme
postice producluni. margine posteriore declivi, acub'alo, aiigubi acntius-
cub) rotundato, margin<' exh-rioïc recio, setoso. l'ixopodilnm in niecUo
vakb' dilatatum, apice cbslali sal bile rolundab), niai'giniiius ( rennbilis sat
dense setosis, bjngitudine diniidia partis cetera' (tig. 1, /).
Endopoditum pedum I 1 paris eeb'ris ninlto minorum parnm produclum,
angulo disb-ili bilinscub) rdliMKhilo, margine exb'riore in pai'le superiore
|tarum sinnalo. Exopodilum aciile leiiiiinalnm, bjugilnibnem dimidiam
partis cetera' nuilto supcrans (lig. 1 , /,|.
l'enis basin inins lidx-rcnb) conifoi'nn, bdo, in a|>ice rotundato. Arti-
cnbis l)asalis pénis in paiMe b'rlia proximab marginis inl(>i'ioris processu
coniformi parvo. in mai'gine exb'iinre [irope .-ipiceni Inbercnii» acnb'is
minutis veslito armalns Jig.-l, /// .
Longiliido totalis a fronte usqne ad a(jiceni cercopo(him I 1-1.S,2 mm. :
igo PHYLLOrODES ANOSTRACES.
loiii^itudo triinci 0-8 mm. ; lonyitudo abdominis 5-9 mm,; longitudo c&v-^
copodum 1-1 ..2 mm.
Femina. — (lorpus dimonsionibus maris superans. Triincus luiif^iludine
abdominis sine cercopodibus paiiim brevior. Sc5j;menta 9-1 1 thoracalia
in angulo posteriore utrinque processu parvo pleiirali, coniformi. Abdo-
men trunco gracilius, cylindricum, superficie dilate granulosa. Segmenta
abdominis anteriora fere œquilonga.Segmentum génitale prinmm angulo
posteriore utrinque producto, lobum conicum formante. Segmentum
génitale secundum in lateribus postice extrorsumque productum, et in
processu brevi, coniformi, granuloso exeuns (fig. 1, y). Segmentum abdo-
minale tertium in margine posteriore supra in processum brevem,
utcunque aculeiformem, granulosum productum. Segmenta 'ô-l prope
marginem posteriorem utrinque disco verrucoso, setam sensoriamgerente
vestita. Segmentum abdominale ultimum longitudineni dimidiam arti-
culiantecendentis multo superante, in medio marginis posterioris bilo-
batum.
Cercopodes ensiformes, apicem versus sensim atlenuati, longitudinem
segmenti antecedentis multo superantes, articulatione distincta a seg-
inento abdominis ultimo disjuncti, marginibus dense aH|ualiterque
setosis(tig. i, c/;.
Caput fronte late rotundata, inermi. Antennœ superiores longitudine
antcnnarum inferiorum, filiformes. Antenna; inferiores coniformes,
acuteterminatff', in medio marginis interioris lobo rotundato, in margine
exteriore utcun(]ue unduiata- in latere dorsali parum inflata>. Oculi
pedunculati longitudinem dimidiam antennarum superiorum mullo supe-
rantes (fig. 1, h).
Pedes structura maris subsimili. Lamina branchialis sacculusque
branchialis peduni 1-10 paris pcdnm maris similes, pedes 11 pa-
ris sacculo brancbiali rudimentario, lamina liranchiali carentes
Endopoditum pednm ommium postice soluni mediocriler productum.
Endopoditum pediim primi paris extrorsum productum, margine pos-
teriore in medio sinuato, setoso (fig. 1, //). Endopoditum pedum
medioi'um (2-10 paris) marginibus late rotundatis (fig. 1, 0), pedum
PHYLLOPODES ANOSTRACÉS. 191
deniquc 1 1 paris nuiii;ii)(' interiore rotuiidalo, exteriore vero subrecte
(fig-i,y>).
Exopoditum pcdiiin primi paris longitudinc tortia partis cetera*, peduin
medioruni lougitudiiic diinidia |)artis (('tera'. pcduiii d('ni(]iic ] I paris
longitudinein diinidiam paris cetoraî supcrans (fii;. I, n, o,p].
Sacculiis ovigor laie fusiformis, apicc posloriorc acuto, loiii^itudine
fere scgmcntoruni ii alidoniinis aiileriorum sirnul junctoruin ffii:,. I, yi.
Ova iiitra \ itam virosceiitia.
Longiludo totalisa IVontc usquc ad apiceni cercopodum 18-20 mm.;
loni^itiido h'unci 8 min.; loiii^itudo abdominis 9-10 mm.; ioiif^itiido
corcopodum l,;}-l,.> mm.; longitudo sacculi ovif^eri '> mm.
Patiua : liisula l'etennami (Siind) et insula» parvji' propo insulam
Petermann in regione polari antarctica. Specimina numerosa collegit
D. L. Gain, memhrnm expeditionis antarctica^ a Uomino ./. Chm'rot
directee, anno 1!M)!I, diebus 7-12 mensis februarii, preeterea dicbus
1, î), 7, 13 mensis Martii.
Cette nouvelle espèce est dédiée à M. L. Gain, qui l'a découverte au
cours de la campagne du u Pourquoi l*as? » dirigée par M. .Ican Charcot.
C'est la seule du sous-ordre des Phyllopoda anostraca comuie (l(> nos
jours dans la régione antarctique ; elle lut trouvée par fio» 10' 31" de lati-
tude méridionale et OO» 32' 30" de longitude; occidentale (méridien de
Paris). Elle semble être bien fréquente là-bas, car M. (iain en recueillit
de nombreux exemplaires dans diverses localités, et ces exemplaires
ne présentaient entre eux que des diiïérences de grandeur. Les exem-
plaires provenant df l'île Petermann sont les plus grands, ceux des
îlots voisins les plus petits. D'après les notes de M. Gain, la vie de cette
espèce dure deux mois (février, mars), et des exemplaires vivants furent
pris dans les îlots environnant l'île Perlermann sous une couche de glace
de i à 7 millimètres d'épaisseur. LaBranchinecta Gaini re|)résente, dans
la /oneantarclique, deux espèces arctiques, Artemiella Skorikowi et la
Branchinecta Tolli, dont la première vit au 67», la seconde au 08° de
latitude septentrionale.
La Branchinecta Gaini nous rappelle, [)ar la structure de l'article basi-
ir)2 PHYLLOPUDES ANOSTRACES.
lairc (les antennes inférieures du mâle, la Branchinecta païudosa
(0. F. U.) ; par la structure de l'article apical des antennes du mâle, la
Branchinecta Lindahli Pack et la Branchinecta coloradensis Pack ; enfui
les petits prolongements pleuraux des sej^ments !>-l 1 du tronc de la
femelle nous rappellent la Branchinecta ToUi iCi. 0. Sars).
DEUX IM l SOIRES NOUVEAUX
DE LA i;i:(iroi\ ANTAUcrrouE
Par E. Daday de DEÉS.
.M. .). (lliarcol ;i recueilli peiidjinl ses voyaf;os l'.-iils (mi I!M):5-I1)0"i ol
li)OS-l!>00,daiislaréj;ioii aiil;u(ti(iiic, aussi quol(|ues( ►slracodesque M. L.
liouvior, profosscur au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, a hieii voulu
communiquer à l'auteur. En étudiant ces Ostracodes, i'auteura eu la chance
de découvrir sur deux individus deux nouveaux Infusoires provenant de
la l'aune antai'cli(|ue et doni voici les descriplions.
1. Cothurniopsis antarctica iJail.
(l-'i^-. I, rt, C.)
Co//iunii(i/isis inihirrlicd Dmlay, !•'. île, Deux Inlusoires nouveaux ilc la réjiioii aiitaro
li(|iii'. Alla/. /\o:/n/i. l'.tll, I. XI, \>. HT, lis-. 1.
La logctte a la foi-me d'un entonnoir se rétrécissant fi;radueliement vers
la liase ; sesdeux laces sunl laiilôt pr(>s(puMiniformémentdroites (Tig. 1, a),
tauldl l'une esl ;i peu près droite el l'autre, [xMil-èlic la l'ace dorsale,
pkisou nidiiis légèrenienl ai'cpn'e (ii:;. I , h, r ,. L'ouverture de la loi;etle est
tronquée, circulaire, avec un diamètr<' de Onin\03. Sa base est excavée, et
cette excavation sei't à l'iusertiou du pédoncule (lii'-. 1, //, li, '■); I:' paroi
de la loj^ette y esl [)rolon^('e iiu peu en arrière ets'appTHpie sur les deux
côtés du pédoncule.
La paroi de la logette est décolorée, lrans|)arente, sans aucune structure ;
sa moitié ajjicale présente^ des iuq)ressions annulaires, dont le nomlire
varie d<> I à \. Elles sont assez larges, (Vi"»,(KMi à ()">'", 0()!l.
La loi;elte est de ()">m,0;') l-0"i">,()() (U? lonj;, avec uu diamètre niaxiniuni
de 0'"m,03, mais à la hase, près de l'insertion du pédoncule, son diamètre
n'atteint que Om"i,OUS-0>nm,01 .
Erpédition Charcof. — Du»av. — Ul-ux Iiit'tisoiies nouveaux. ■-'''
jg^ DEUX INFUSOIRES NOUVEAUX.
Le pédoncule est partout d'égale épaisseur et paraît être formé de libres
lont^itudinnl(<s. droHes, mais ilexil^les, tandis qu'à sa surface on remarque
de très fines fibres circulaires disposées
à dillërentes distances. La longueur du
pédoncule est un peu variable, 0n^'n,04-
0mm o;; ; son épaisseur varie entre
0mm^007et0mm^00().
La structure du corps ne présente rien
de remarquable. On peut reconnaître
cependant b' noyau plus ou moins
arrondi (fifi,. 1 , n, r).
Fig. 1. — Colhurniopsis aiilarclica Dad.
L'auteur a trouvé neuf logettes de cette
espèce fixées sur le corps et les extrémités d'un Ostracode marin [Plulo-
medes lœvipes Dad.) récolté près de l'îb^ Rootb-Wandel.
2. Cothurniopsis subglobosa Dad.
(Fig-, :.^ a, h.)
Cothurniopsis suhglohnsa Daday E. de, loc. cit., p. 98, fig. 2.
La lo}i,ette ressemble à une outre arrondie, plus sensiblement rétrécie
un peu avant l'ouverture (fig. 2, a) ousans un tel rétrécissement anté-apical
(fig. 2, b). L'ouverture est circulaire, droite avec un diamètre variant entre
Qmm 028 et Qn^nijOGi. Lcsdeux faces de lalogette sont faiblement arquées;
sa base ne présente qu'une faible excavation, où est inséré le pédoncule.
La paroi de la logetteest transparente, sans aucune structure ; sa longueur
est 0inm,04:i à 0mm, o:j avec un diamètre de O^m^Oifi à O^m^OoS.
Le pédoncule est partout d'égale épaisseur (fig. 2, h) ou un peu plus
épais près de son insertion à la logette (fig. 2, a) ; il paraît être formé de
fibres longitudinales flexibles et peu arquées et présente à sa surface de
très fines fibres circulaires qui se trouvent à dillërentes distances. Sa lon-
gueur est de Oinm,035 à 0mm^037,avec une épaisseur de O^m^oO-'j.
L'auteur a trouvé dans une logette deux individus assez petits et, dans
une seconde logetle, un seul individu beaucoup plus grand (fig. 2, a, h).
Il n'est pas impossible que les deux premiers individus enchâssés dans la
même logelte soient les produits d'une division complètement terminée.
DEUX INFUSOIRES NOUVEAUX. 195
tandis que le second individu solitaire soit un exeniplaiie |jrèt à se diviser.
Le plasma inégalement granulé renferme un noyau falciforme
(fig. 2, a, h).
Les deux exemplaires (iiii ont servi à cette description ont été trouvé
dans l'intérieur de la carapace d'un nouvel
Ostracode marin appartenant au genre
Cyllierds et capturé près de Port-diroonci-
sion (île F^eterman), dans uik' profondeur
de 6 mètres.
Les deux nouvelles espèces décrites ci-
dessus sont tellement caractérisées par la
forme de la logette et par la longueur du
pédoncule qu'on ne peut les comparer avec aucune espèce connue jusqu'à
présent. La ('ofharnioiisis anffu'rf'ufi , avec sa logetteannelée, se rapproche
un peu de C ('ohni (S. K.); mais les impressions annulaires de la première
espèce sont situées dans la partie apicale et celles de la seconde dans la
partie basale de la logette.
On n'a connu jusqu'à présent que 8 espèces (6 d'eau douce et 2 de la
mer) du genre Cothurniopsis Entz, qui se trouvent à peu près toutes sur
des Entomostracés ou d'autres animaux aquatiques (AslacHs) et y vivent
en symbiose ou en commensalisme. Avec les deux espèces décrites ci-des-
sus, le nombre total drs ('of/iurniojisls monte à 10 t^t (m'Uh des espèces
marines à i.
Fis. 2.
Cothurniopsis subr/tohosa Dad.
COPEPODES PARASITES
Par A. QUIDOR:
Les (;o|)(''|)()d('s païasilcs recueillis |)ai' le IK Jacques Liouville dans
rAntat(ti(|ue ajipartienneiil aux fleures l'enella, Lerun-n et lha<hi<'lia,
représentés tous trois par des espèces nouvelles :
Peiu'lla antarctifd : /'. Chtircdll : P. lÀouv^Uci.
L. Go(lf'rt)i/i.
IL (iauii.
Mais /'. nnlarctica est à |)eu près identique à une Penelle recueillie
jjar }\. Loiauchet sur un llun]|)l)ack capturé à Kerguelen et décrit dans
une note préliminaire comme /'. halœnoiitcni' ( K. et I).^.
La diversité et l'ahondance des récoltes faites par le W J. Liouville
nous ont permis, en ellet, de préciser les idées exposées dans cette note
et de tenter une revision partielle du j^enre Penella.
FAMILLE DLS LERNzEI/LE.
Genre Penella (Oken),
Le f;enre Poirlht conq)rend les Lermr'idœ^ caractérisés par la division
du corps en trois jiarties : tèt(!, thorax, ahdomen nettement dilVérenciés.
La tète, à peu près sphérique, présente ventralenient deux antennes
rudimentaires et une réj^ion buccale couverte d'appendices chitineux plus
ou moins ramifiés. Elle porte en arrière des appendices désignés sous le
nom (le cornes céphaliques. Il existe toujours des cornes latérales dirigées
le plus soiivciil d'avaiil eu anièic l't doiil li' (lt''\('l(i(i|iciiicnl varie non
seiilciiicnt avec l'csprcr, mais ciicniT avec l'individu ((insidcic. Il peut
exister dorsalemeul une corne iiurali'.
Expédition Charcot. — Ouinoii. — CopOpodcs parasilis. 2-)
igS COPÉPODES PARASITES.
La région thoracique présente trois ou quaire paires de pattes nageuses
rudimentaires généralement biramées. Cette région se prolonge par une
partie grêle, le cou, dépourvu de toute trace de segmentation et d'appen-
dices. Puis vient le segment génital, également cylindrique, mais dun
diamètre beaucoup plus grand. 11 porte en arrière, sur la l'ace dorsale, les
orifices de ponte d'où sortent deux longs sacs ovigères filiformes.
Le segment génital peut êtr<' considéré comme le premier segment de
l'abdomen. Celui-ci se rétrécit brusquement en arrière des orifices de
ponte et se termine par deux jjetites pointes coniques, entre lesquelles
s'ouvre l'anus. Il porte latéralement des appendices simples ou ramifiés
qui recouvrent plus ou moins sa face dorsale. La région abdominale
rappelle assez bien l'aspect d'une plume dont l'abdomen serait le rachis et
les appendices ramifiés les barbes et les barbules.
Les barbes sont fixées directement sur l'abdomen ; elles portent les
barbules primaires sur lesquelles s'insèrent les barbules secondaires,
donnant elles-mêmes naissance aux barbules tertiaires.
Le mâle (?) serait très petit, presque sphi'rique et porterait sur sa face
inférieure deux paires de mains subcbéliformes qui le fixeraient à la
femelle.
DU DÉVELOPPEMENT DES PENELLES
Lûtken considère comme une jeune Penelle la forme pélagique décrite
par Lubbock sous le nom de Bnculus ehmjatas. Celte opinion fut d'ailleurs
reprise ultérieurement par Mrâzek.
A l'appui de cette hypothèse, Lûtken cite la grande ressemblance qui
existe entre Bacidas elonqatm et les jeunes Penelles qu'il a décrites en
collaboration avec Steenstrup. 11 invoque en outre la vie pélagique de
Baralas et de PeneUa., qu'il oppose à la vie littorale des jeunes
lernées.
Quanta Mrâzek, il constate l'identité de UesseUu (■ijlnidnca (Brady) et
de Bnculus elongatus (Lubbock) et conclut comme Lûtken que l'une et
l'autre forme sont de jeunes Penelles.
Il convient d'observer cependant que le caractère tiré de la vie pela-
COPÉPODES PARASITES. 199
^i(|iie de cos doux larvns ne |)Out touriiir (|u'iiii ;irjj;nm('nt n'Ialif.
Los courants peuvent entiainer loin de leur lieu d'orij-ine les lat'ves
litlorales, qui deviennent alors accidenlellenient pélagi(|ues.
D'autre part, Liitken et Steenslrup ont donné des jeunes i'enelles une
description à peu près identique à celle d'une jeune Ppiiella filosa longue
de \'l millimètres, trouvée sur Xlpliias g/m/ias et décrite par I$rian
(iillO).
Cette dernière rappelle assez bien le jeune Ler/uen hrattclùalis. Mais ses
premières antennes ont deux articles <'t non quatre, et les secondes sont
mieux développées. Le siphon est cylindrique au lieu d'être conique et
abrite deux mandibules. Le céphalothorax porte les maxilles et deux
paiies de maxillipèdes, alors qu'il n'existe qu'une paire de maxillipèdes
chez la Lernée et chez Racuias. Les maxillipèdes n'ont d'ailleurs pas été
observés ch(^z HesseUacjjlindrica.
Enfin les quatre paires de pattes nageuses de la jeune Penelle sont
biramées, et chaque rame comprend deux articles, landis que les deux
premières paires seules sont biramées chez Lermva liroitcliialis, linculus
chitifiatiis et Hp>tseU(i ciil'uulrird.
Il en résulte donc que IJi'ssella (ijUndrica et liaccithta rlongatiis^ iden-
tiliés par Mrâzek, sont fort voisins de Lpnuea hranr/iia/is et dilFèrent
sensiblement de la jeune Penelle. Les premières antennes de celle-ci étant
formées d'un plus petit nombi-e d'articles, deux au lieu de cin(|, il paraît
diflicile de considérer Hpssplhi ri/lindrica et Bandus eUmijalus comme
des formes larvaires de Penelles.
D'autre part, l'étude d une jeune l'i'ni'lladiodontis, longue de 1 \ milli-
inèlres environ, nous permet de donner un aperçu du développement des
appendices de la n'-gion iuiccale et de montrer que, contrairement à l'opi-
nion émise par (^arl Vogt et reprise récemment par M. le 1*"" Wilson,
la régression des appendices, tout au moins chez les Lernéidés, ne se
fait pas dans un ordre inverse à celui de leur apparition.
Les secondes antennes, les mandibules et les premiers maxillipèdes
persistent en ellet alors (|ue les premières antennes, les maxilles et les
seconds maxillipèdes soni dégénérés et remplacés par des appendices
(pii recdiivi'eiit la i'(''gi(iii buccale de l'adidle. Les appendices qui dispa-
200 roPÉPODES PARASITES.
raissent les premiers ne sont pas cenx qui sont a|)parus les derniers chez
la larve, mais bien ceux qui sont devenus inutiles. Si les secondes antennes
persistent ainsi que les premiers maxillipèdes, c'est qu'ils contribuent
à la iixation proConde du jeune parasite sur son hôte. Quant aux mandi-
bules, leur présence prouve (|iie le régime aliinenlaire du Jeune est
durèrent de celui de l'adulte.
La persistance des pattes thoraciques chez les femelles adultes des
Lrrnœklœ justifie d'ailleurs notre objection au princijje de C.arl ^'oJ;t. Il
est vrai qu'on pourrait aussi, à première vue, y trouver une otjjcclion
sérieuse contre le principe fi;énéral (pic nous avons rap|)elé. Les pattes
thoraciques, devenues inutiles, auraient dû disparaître.
Mais les observations de Wierzeijski sur' Priidla raiians monti'cnt que
ce C-opépode est parasite successif de deux hôtes dillerents. Le A'(it//)/ii(s^
ou plutôt la forme cyclopoïde (|ui en df'-rive se iix<' sur les branchies
de la Seiche ou du Calmar, et abandonne son hôte au moment d(,>
l'accouplement. Les femelles fécondées se fixent dans les téguments du
Dauphin et y achèvent leur existence.
Si l'on considère que ces observations sont analogues à celles de Claus
surle développement de Z6^?7?tT«^/Y//*/^'A/V///.v, il estpermisde les généraliser
► et d'attribuer la persistance des paltes thoraciques au rôle im|)ortant
qu'ellesavaient à remplir chez la femelle, alors que celle-ci, en changeant
d'hôte, traversait une période critique de son existence.
L'importance fonctionnelle des appendices paraît donc bien dominer
les faits de régression constatés cliez les Lormeidir.
DES CARACTÈliES SPÉCIFIQUES DANS LE GE.M'iE l' EXELLA
Les observations de Steenstrup et de Liitken, reprises par Claus, ont
montré que la longueur du cou, la taille et le nombre des appendices
céphaliques, thoraciques et abdominaux, ne pouvaient fournir de carac-
tères spécifiques certains.
Pour Sir William Purncr, la longueur relative du segment thoracique
et du segment génito-abdominal fournirait un caractère spécifique impor-
lanl. 'Le premier serait deux fois plus long que le second chez /'. hiihmo-
COPÉPODES PARASITES. 201
pterse (K. et D.), aussi long chez P. Iiktiopliori (Th. ) et deux fois moins long
chez /*. (Undonlis (Okcn).
L"»Hudc comparée des Penellcs provenant de la seconde Mission Charcot,
des collections du Muséum et du Laboratoire de Roscofl", nous permet
d'appuyer les observations de Steenstrup, de Li'ilken et de Claus et de
montrer, en outre, l'importance que peut avoir le caractère spécifique
proposé par W. Tiirner.
Le tableau suivant résume dans ce buL les observalions de W. Turner,
de JJrian et les nôtres :
Turner.
Nord m an 11.
Thomson.
Pcrceval Wright.
»
Chamisso
et Eysenhardt. )
A. Brian.
A. Qiiidoi-,
/'. Iialivnopterœ . .
I'. stiijil/a
P. Iiistiophori . . .
/'. orthaf/nrisri . .
P. cxurœll
P. d union tis
( a
P. fil osa . 1 ■
/'. crossirorni:
/'. (inUirclirii.
\ a.
'■I 1,
\ a .
' 1).
P. lialn'iwpd'rx . .
P. Charcoli
/'. c.roro'/i
/•". Lioiiril/t'i
\ a. Iloscoff. i
' b. Canilinilijc
/'. dioflonlis. . 1 " '
/*. fil osa.
Xi/ihias (jlaillus
Xoiirrntcsiliu'lor
Hal.i'no|ilùie.
/;. Siljhaldi.
lialaMiiiplrrr.
Kxocct.
Kxnccl.
Or.liiij|niis(iis iiiolii.
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Uiodon.
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(),'ii".
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Il l'ésulle de rexamen de ce tableau (|ue le rapport euhiî la longueur
relative du segment thoraci(|ue et génito-abdominal est variable, pour
une espèce donnée, avec le développement de l'individu considéré. Le
segment thoracique n'atteint en ellet (pie tardivement sa longueur défi-
nitive, alors que le segment génito-abdominal parvient rapidement à son
complet développement.
Alors même que ce caractère spécifique seiait limilc aux parasites
Expédition Charcot. — QuiiMin. — CopOpodos parasites. 20
2(52 COPÉPODES PARASITES.
adultes, il n'aurait qu'une importance relative. Comme le reconnaît
Sir William Turner lui-même, le rapport entre la longueur du segment
thoracique et la longueur du segment génito-abdominal est parfois le
même pour des espèces dillérentes. Il en est ainsi, en particulier, pour les
Penelles parasites des BaUenoptères. C'est donc lorsque la diagnose est
la plus délicate que ce caractère ne fournit aucune indication. Une autre
cause, toute matérielle il est vrai, rend encore ce caractère peu pratique.
La récolte des Penelles, dans les conditions où elle s'opère, n'est pas sans
difficultés, et le plus souvent la diagnose doit être faite sur des individus
incomplets.
Si, d'auli'c part, nous avons reconnu comme Steenstrup, Liitkcn et
Claus, (|ue la longueur des diverses régions du corps, la taille et le
nomlue des appendices céphaliques, thoraciques et abdominaux variaient
dans une même espèce et ne pouvaient, par conséquent, fournir aucun
caractère spécifique précis, nous avons trouvé dans le mode d'insertion
et de ramification des appendices abdominaux un caractère spécifique
iHq)ortant.
La longueur et la complexité de ces appendices varient bien avec la
taille du parasite, mais comme ils se développent librement dans le milieu
ambiant, ils paraissent échapper aux variations pouvant provenir d'un
changement d'hôte. Leurs modes d'insertion et de ramification seraient
donc soumis à des lois variables avec l'espèce considérée, mais identiques
pour les individus d'une même espèce.
C'est ainsi que des Penelles de taille dilTérente et d'origines diverses
présentent un même mode de ramification, ce que nous avons constaté
pour les Penelles du Môle et pour celles des Bala^ioptères antai-ctiques.
Ce caractère spécifique permet d'ailleurs une diagnose précise, alors
même que le parasite est incomplet.
La détermination de jeunes Penelles dépourvues encore d'appendices
abdominaux reste seule incertaine, mais il en est de même pour tous les
parasites dont le développement nous est inconnu.
D'autre part, les Penelles présentent les phénomènes de torsion et
de flexion qu'on ne retrouve que chez lesLernœidw. Les uns et les autres
résultent du mode de fixation profonde du parasite, de l'action du milieu
COPÉPODÉ's parasites. 203
ambiant et des mœurs do riiôto. La torsion est dirocto ou inverse selon
qu'elle se fait dorsalemenl de la i;auche à la droite du parasite et
d'avant en arrière dii en sens contraire. Or nous avons montré (|iie les
parasites d'une niènie espèce, fixés symétriquement de |)art et d'autre
d'un Ilote déterminé, présentaient une torsion de sens conlraire. 11 élait
donc nécessaire de d(''linii' la loi'sion sp(''citique, et nous avons convenu
que celle-ci serait celle du parasite llxé sur le côté droit de l'hôte.
Le sens de la torsion jieut fournir un caractère spécilicpie impoi-tant.
(j'est ainsi que deux (espèces de l'enelles, parasites d<' TKxocet, pré-
sentent une torsion spéciliipie de sens contraire. Toutes deux étant lixées
sur le côté gauche de leur liôle respectif, l'une, Ppiiclld Lioitrillei, pré-
sente une torsion directe et, l'autre, Pcuclla p.rocœti, une torsion inverse.
La torsion spécifique est donc inverse pour la première et directe pour la
seconde.
La torsion est d'ailleurs mesurée par l'angle compris entre les rayons
mem's parles projections, dans un même cercle, des orilicos buccal et
anal. Taxe longitudinal de l'aiiinial étant toujours supi)os('' l'octiligne et
le (•enlr(^ du cercle à égale dislance des antennes et de l'orilice buccal.
La valeur île l'angb^ de torsion die/ l'adulte peut fournir des caractères
spéciiiqnes très précis; mais il convient de dét<M'iiiiiiei- si cette valeur est
la nièiiie chez le jeune ipie chez Tadulte. Hien (pi'il jiai'aisse eu èli'e ainsi
(oui au moins clii'z certaines espèces où la torsicju serait précoce et
s'accomplirait alors (|ue les légumenls sont minces et peu l'ésislants, de
nouvelles recherches, bas(''es sur l'observation de parasiles en place, sont
ici nécessaires. Elles fourniront sans doute \\n crili'iiuni pr(''cis pour la
diagnos(\ Il est [lermis d'esi^M'er (ju'elles perinellronl de considérer
cei'taiiies espèces actuelles comme d(;s variétés d'une espèce iiiiiipie (>f,
par cela même, d'établir les lois physi(pies (|ui |>araissenl dnniiiier les
variati(nis des caractères secondaires.
Lu longueur des cornes céphaliques, par exemple, parait fonction de
la vitesse du déplacement de l'hôte, alors que la longueur relative du cou,
la longueur et la complexité des appendices alidominaux seraient, pour
une espèce donnée, fonction de la taille du parasite.
On ne saurait donc présenter actnellenienl une classification définitive
204 COPÉPODES PARASITES.
des Penelles. Toutefois, nous rapporterons à deux espèces distinctes les
Penelles recueillies par M. Anthony sur un Balénoptère échoué à Cette
et décrites sous le nom de P. halœno/jterœ. Mais on ne peut affirmer que
l'une et l'autre soient des espèces distinctes ou simplement des variétés de
deux espèces distinctes modifiées par un changement d'hôte.
Ces réserves faites, le tableau suivant résume notre étude des Penelles
provenant de la lAIission Charcot, des collections du Muséum ou du Labo-
ratoii'c do Roscofï'.
COPÉPODES PARAFilTES.
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2o6 COPÉPODES PARASITES.
Penella antarctica (n. s.).
Dans une note préliminaire publiée dans le Bulletin du Musèimi, nous
avons rapporté à P. halœnopterœ (K. et U.) deux Penelles d'origine diffé-
rente. L'une, dépourvue des régions céphaliquc et thoracique, provenait
d'un lluin[)back capturé à Kerguelen et l'autre d'un lialienoptera^Uiltaldl
dont nous ignorons l'origine.
Mais le mode d'insertion et de ramification des appendices abdominaux
diffère nettement cbez ces deux parasites. Il est d'ailleurs le même chez la
Penelle de Kerguelen que chez de nombreuses Penelles recueillies par
la mission Charcot. Il caractérise une espèce nouvelle, Penella antarctica.
P. antarctica diffère d'ailleurs de P. halœnopterx du Bahenoptera
Sihhaldi par une région thoracique plus grêle. Le diamètre de cette
région, nettement inférieur à celui de la région céphaliqué dans la pre-
mière espèce, lui devient égal ou supérieur dans la seconde.
Le plus petit des individus recueillis par la Mission Charcot mesure
185 millimètres et le plus grand 224. Nous décrirons tout d'abord le
premier |)Our donner ensuite le tableau comparatif des dimensions des
diverses régions du corps des deux parasites.
La tète est globuleuse, d'un jaune brun, et mesure 3 millimètres de
long et 5 de large. Elle comprend deux masses renflées séparées par un
sillon longitudinal et présente, en outre, quelques traces d'appendices :
une paire d'antennes et des appendices chitineux courts et trapus, assez
nombreux, disposés symétriquement autour de l'orifice buccal. Enfin, sur
la face ventrale, s'observent deux saillies dont l'extrémité porte des
appendices rudimentaires, qu'on peut considérer comme secondes pattes-
màchoires. Deux éminences chitineuses placées latéralement dans le
sillon qui sépare les régions dorsale et ventrale représenteraient les
premières paires de pattes-màchoires.
En arrière de la tête se trouvent deux cornes latérales longues de
22 millimètres. La partie basalea 2 millimètres de diamètre et la partie
terminale environ 3. La corne dorsale est sectionnée. Elle na que
10 millimètres de long et 1 millimètre de diamètre.
L'examen d'autres individus montre que les cornes latérales sont près de
COPÉPODES PARASITES. 207
deux fois plus longues que la corne dorsale et tjiie rcxtiéiuilé de celle-ci,
recourbée en avant, est également renflée.
Le thorax présente trois paires de pattes rudinientaires séparées par
des intervalles |)roportionnels aux nombres 2 et 1. La longueur du cou
atteint 120 millimètres et son diamètre 2 millimètres environ. Comme la
tète et le thorax, le cou est d'un jaune brun dans sa région antérieure.
11 devient brunàti-e dans sa région postérieure.
Le segment génital mesure iO millimètres de long et son diamèhe
3°^°!,;}. Sa face ventrale présente une striation très nette qui limite une
trentaine de segments (\i se retrouve sur l'abdomen . Ce dernier, long de
21 millimètres, porte les barbes et les barbules (|ui forment des houppes
disposées dorsalement en deux rangées séparées par un sillon profond.
Chaque houppe comprend une barbe courte formée plus ou moins nette-
ment par la réunion de deux l)arl)ulcs primaires dont I une présente une
ramitication bilatérale avec barbules secondaires simples et l'autre une
ramification unilatérale dont les barbules sont comprises entre les deux
barbules primaires. — Enfin la torsion est ici inverse et mesure 13.")0,
alors (ju'elle est directe et de 135° pour le plus grand des deux parasites.
Penella anlayctïca est parasite des genres Balœnoptera et Mpijaptovd.
Le ))lus grand des individus observés provient de li. borealis [Lesson)
capturé sur la côte sud du Chili oriental.
Dimensiomt romparées de deux <> Pcnclla anldixtica ».
Longueur totale
Tête
Cou ;
Segment génilid
Abdomen ._
Cornes lalurales
Corne dorsale
Penella Charcoti (n. s.).
Pcnelln r/ff/?-!^»// est parasite d'un Rala-noptère antarctique La tète et
le cou sont dun jaune lu un ; le segment g(''iiital, I alidoinen et les appen-
dices noirâtres. Vue dorsalement, la tète est |)lus large eu avant (pien
A.
B.
185
224
4
\
120
14ô
40
50
21
2ô
22
■45
10
25
2o8 COPÉPODES PARASITES
arrière et rappelle assez bien la forme d'un clou de girofle. Les diamètres
antérieur et postérieur mesurent respectivement 6 et i millimètres, tandis
que la longueur atteint i'"™,ri de Textrémité antérieure à la naissance
des cornes céphaliques postérieures. Les cornes latérales sont bien
développées. Leur longueur est de 17 millimètres et leur diamètre, qui
est uniforme, de 2 millimètres. Mais la corne nucale est réduite à une
simple protubérance de 2'""\."J de long sur 2 de large.
Ventralement, la tête a la forme d'une ellipse dont l'axe transversal
mesure 7 millimètres et l'axe longitudinal o. Elle présente un disque
Ijuccal central où s'observent des appendices aplatis, digités, disposés
symétriquement par rapport au petit axe. Les deux appendices antérieurs
sont tridentés et peuvent être considérés comme les secondes antennes.
II existe en outre trois paires d'appendices centraux plus ou moins
digités et trois paires d'appendices latéraux. Les uns et les autres
représentent des appendices buccaux dégénérés.
En dehors du disque buccal se trouvent deux antennes frontales rudi-
mentaires et les vestiges de deux pattes-mâchoires. Le thorax a 3 milli-
mètres de largeur à la naissance des cornes latérales. Il porte quatre
paires d'appendices locomoteurs atrophiés séparés par des intervalles
proportionnels aux nombres 1 , 3 et \. Il se continue par un cou grêle,
long de 20o millimètres, dont le diamètre mesure environ 2 millimètres
et qui, en certains points, ne dépasse pas 1 millimètre. La formation de
ces étranglements s'explique sans doute par la présence d'Algues li-
néaires enroulées autour de ce parasite. Les Algues se seraient fixées
avant que le parasite n'eût atteint son complet développement. Cette
région n'atteint donc que tardivement son diamètre définitif. Cette obser-
vation confirme d'ailleurs celles que nous avons faites précédemment sur
le développement tardif de cette région.
Le segment génital atteint 4i millimètres de long et son diamètre i. Tl
présente dans sa moitié antérieure dessillons circulaires (jui limitent une
dizaine d'anneaux et, dorsalement, les orifices de ponte avec deux ovisacs
longs et grêles, d'un jaune brun.
L'abdomen a 20 millimètres de long et son diamètre mesure 3 milli-
mètres à la base et 2 à son extrémité terminale. Il porte latéralement
COPÉPODES PARASITES. 209
seize touffes d'appendices rigides, noirs, longs de 10 millimètres. Chaque
houppe comprend une barbe formée plus ou moins nellement par l'union
de deux barbules primaires. La bar])ule interne porte des ramifications
bilatérales et la barbule externe des ramifications unilatérales. Ces der-
nières ne sont pas d'ailleurs comprises entre les barbules primaires.
Enfin la torsion est inverse et mesure 180°.
Penella Liouvillei n. s.
Ponella Liouvillei est parasite de l'Exocet. Sa région céplialique, enl'ouie
de 9 millimètres environ dans les tissus de l'hôte au point d'insertion de
la nageoire pectorale gauche, mesure ti millimètres de largeur et 3 milli-
mètres de longueur. Elle j)résente dorsalement deux protubérances
hémisphériques latérales reliées par une partie plane. L'hémisphère
gauche porte deux petites saillies coniques, dont la plus grande est
externe, et l'hémisphère droit deux petites saillies à partie terminale
élargie et plus ou moins bifide.
En arrière et dans le plan médian, une corne longue de 2™"^, 5 se dirige
obliquement vers la région postérieure. A gauche, un second appendice
long de G millimètres se dirige vers l'arrière en faisant avec le cou un
angle de 40° environ. 11 porte sur la face ventrale un rameau de i milli-
mètres environ. Enfin, sur la droite, une deuxième corne à partie ant('-
rieure convexe, longue de ."> millimètres, sedirige versia partie ant<''rieui'e
de l'animal et fait avec le cou un angle de 90° environ . Elle porte également,
mais sur face dorsale, un rameau secondaire de 2 millimètres environ.
La région céphalique, vue par la face ventrale, est plus ou moins ovoïde
et présente un assez grand nombre de productions chitineuses blanchâtres
aplaties, disposées à l'intérieur d'une ellipse. Les bords latéraux [Ktrtent
des expansions chitineuses élargies.
Le cou mesure le millimètres de long et son diamètre 1""",,"). 11 porte
les traces de quatre paires de pattes nageuses, dont les intervalles sont
sensiblement proportionnels à 2, 2 et 1 .
Le segment génital atteint 8 millimètres de long et son diamètre 2 milli-
mètres. Il se termine par un abdomen large de 1 millimètre, long de
10 et sur Iripiel s'insèrent latéralement les barbes dont les deux premières
Expédition C/iarcot. — Qlidoh. — CopOpodes parasites. 27
210 COPÉPODES PARASITES.
et les trois dernières sont simples. Les autres, longues de 5 milli-
mètres, portent une barbule primaire dont la longueur est d'autant plus
petite que la barbe considérée est plus voisine de l'extrémité de
l'abdomen.
Enfin la torsion est directe et mesure 90° chez l'individu observé. La
torsion spécifique de /'. Li'))/ri/lei est donc inverse.
Genre Lernsea (Linné).
Lernaea Godfroyi 9 "• s.
Lernœa Goclfroyi provient d'un Cottoperca Do//oi[?) péché au tramai I,
dans la baie Tuesday.
La fixation du parasite provoque la formation de petites tumeurs à la
partie supérieure des arcs branchiaux. Sa région céphalique comprend
une partie antérieure, le mufle buccal, saillie conique de Inini,!) environ,
et trois appendices cornus, un postérieur et deux latéraux, légèrement
infléchis de haut en bas. L'appendice postérieur, long de 2'ii'",o, est
bifide, et les deux pointes qui le terminent sont inégales et divergentes.
L'appendice gauche, bilide et légèrement rétréci à la base, atteint 2°im^5,
Celui de droite est multifide et ne dépasse pas 2 millimètres.
La région céphalique porte les vestiges de trois paires de pattes nageuses
dont les deux premières sont les plus rapprochées. Elle se continue par
un cou chitineux, rigide, de 1 millimètre de diamètre et dont la longueur
totaleatteint 16 millimètres. Ce cou est enfoncé verticalement de <î milli-
mètres environ dans l'axe branchial et se dirige ensuite obliquement
sur une longueur de 10 millimètres à travers les filaments branchiaux
qui l'enserrent et lui forment une véritable gaine. Il atteint alors le
segment génital long de T™™,;] et dont le diamètre mesure 3 millimètres
dans la région antérieure et 3™™, 5 dans la région postérieure. Convexe
en avant, il est continué par un abdomen dont le diamètre atteint 2 milli-
mètres et la longueur 7.
Enfin la torsion mesure 90° chez Lermi'fi Gndfroiii, (|ui présente d'ailleurs
des phénomènes de flexion très nets.
COPÉPODES PARASITES. 2il
ricnroBrachiella (Cuvier).
Brachiella Gaini a. s.
nrarJtirlla iifiini a été tiouvéo sur les Itrancliies cl sur les parois de la
cavité branchiale d'un 7"/ r/nnfodtts capturé h l*orl-Lockroy.
La longueur totale, ovisacs compris, est de 12 millinièlres. Le cou, le
segment génital et les ovisacs mesurent respectivement 4, 3 et ."i milli-
mètres de longueur.
I^e cou a 1 millimètre de largeur. Il porte à son extrémité la région
céphalique. Les antennes sont coniques et formées de trois articles d(»nt
le dernier porte un crochet terminal. Les secondes anlcmies sont vigou-
reuses et à trois articles. Le dernier comprend une branche supérieure
élargie et denté»' et une branche inférieure deux fois plus petite, terminée
par de petites dents coniques. Ces antennes forment donc, comme chez
tous les LeriK'opodidés, un organe de fixation temporaire cl puissant.
Entre les premières aiilciiiics se place un rostre i)uccal ayant la foi'iiie
d'un tronc de cône. Il compi'ciul une lèvre supérieure très pelile, recou-
verte latéralement par une lèvre inférieure bien développée, dont les bords
portent des cils nombreux dirigés vers le centre de l'orifice buccaL Le
rostre renferme deux stylets aigus ei deux mandibules lermim'-es par un
partie élargie et dentée.
L'n |)eu en ai'rièie du lostre se i)laceiit deux maxilles lamelleuses dans
lesquelles on retrouve la iorme typi(pie delà patte nageuse desCopépodes :
un exopodite bii'auié et un endopuditi' simple. Enfin, la première paire d(î
patles-màchoires est foi-UK-e |)ar une pièce basale vigoureuse dont le bord
interne est finement denté dans sa partie terminale et se termine par
un crochet aigu, recourbé, dont l'extri-miti' att(Mnl la base de l'appendice.
Le cou présente des nodosités j)lus ou moins nettes, visibles par traiis-
l)arence, variables d'un individu à l'autre et (|ui donnent à cet le ri'gion une
apparence articulée.
O'tle région |)()rle des traces évidentes d'une segineiiiation primitive
accusée par desreplis chilineux très nets. Les segments seraient au nombre
de quatre, et le troisième paraîtrait plus dévelopjié (pie les autres. Le cou
212 COPÉPODES PARASITES.
est en effet un peu plus large au-dessus du point d'insertion des bras ; son
diamètre y atteint I,o. Il se rétrécit ensuite brusquement pour atteindre
le segment génital.
Les bras formés par les secondes pattes-mâchoires ont S""", 5 de long.
Ils sont épaissis à la base et dans leur partie médiane. Leurs extrémités
sont sphériques et distinctes, bien que légèrement fusionnées.
Le segment génital estcordiforme. Il mesure 3 millimètres de longueur
et 2"i°i, 5 d'épai sseur . La plus grande largeur est de 3°^™, 5 , mais il ne dépasse
pas 2™™, 5 dans sa partie antérieure. Il présente un abdomen piriforme
rudimentaire, de chaque côté duquel s'observent deux petites lamelles
chitineuses Iniides. Les ovisacssont des cylindres de 1 millimètre de dia-
mètre et longs de 4'»°», 5. Les œufs sont nombreux et petits. Leur diamètre
n'atteint pas un tiers de millimètre.
Le mâle est inconnu.
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE I
Dkssins schématiques des appendices abdominaux de Penelles.
Fig'. I. — l'enella Lionvi/let {n. s.] de VEsocol.
Fig. '^. — /-•. diof/otUis (lu Diodon.
Fig-. 3. — /'. exocœti de l'Exocet.
Fig-. i. — P. sar/itta de Lio/i/ius liu/uJns.
Fig-. 5. — /'. filosd de OrthfKjuriscux in<il(i.
Fig-. 0. — P. filosa (hôte ?j du Musée de Cambridge, \." spécimen.
Fig. 7. — /'. filout du Musée de Cambridge, 2« spécimen.
Fig. S. — /'. fUosd du Musée de Cambridge, 2® spécimen.
Fig. '.). — /'. Anthoniji [n. s.) Ae Baleenoptera physalus.
Fig. Kl. — /'. /llosa de Xiphias (sp ?).
Fig. 11 el \2. — /'. Cetteiin. s.) de Bafasnoptern physalus.
Fig. 13. — P. Charcoti {n. s.).
Fig-. 14. — P. balnniopteree de lialamoplera Sibbaldi.
Fig. l.j. — P. antarctica de lialœiwplera borealis, ler spécimen.
Fig-. 10. — P. anlfirr/ica de Bahrnoptrni bori'dlix. 2* spécimen.
Fig. 17. — P. aniarclica de Balœnoptera buri'dlis, 5^ spécimen.
Fig. IS. — P. anlarctica du Humpback de Kerguelen.
PL.\NCHE II
Fig-. 10. — Pi'ndffi (lindoîitis. Région céphalique, face dorsale. X 15.
Fig. 20. — — Abdomen, face ventrale, x 15.
Fig-. 21. — — Région tlioraci(|ue, face ventrale. X 35.
Fig-. 22. — — Région céphalique antérieure, face ventrale, x 50.
Fig. 23 «. — Lornaea Godfroyi. n. s. Région céphalique antérieure, face ventrale. X 2,5.
Fig. 23 6. — — Tète et cornes céphaliques projetées horizontalement.
X 2,5.
Fig. 24. — Brachiella Gaini (n. s.). Région céphalique. x60.
Fig. 25. — Penella Charcoti (n. s.). Face ventrale, x 3.
Fig. 26. — Llouinllei (n. s.). Face ventrale, x 8.
PLANCHE III
Clichés stéréoscopiques.
Fig. 27. — Brachiella Gaini (n. s.), x 4.
3
Fig. 28. — Penella Liouvillei (n. s.). Face dorsale, x ^.
214
Fig:.
20.
Fig:.
30.
Fig-.
31.
Fig-.
32.
Fig.
33.
Fig.
34.
Fig.
35.
Fig.
30.
Fig.
37.
Fig.
38.
Fig.
39.
EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE IV.
1
Echelle _-.
20. — Penelln nntarrtica 9 (i- s.).
— Ci'itei 9 (n. s.). {Balœnoplera p/ii/t'aliis de Celle).
— Ani/iomji 9 (n. s.). {Dahvnopteru /t/ii/sa/us de Celte).
— baUvnopterx (K et D.). {lialœnopteru Sibbiildi).
— Cliarcoli (n. s.).
— nntarctica 9 (n. s.). (Humpback de Kerguelen).
— l'dosa 9 Linn. [Orthagoriscns inola de Roscoll).
— filosa 9 Linn. (hôte? — Musée de Cambridge).
— lAoncilli'i 9 ('1- s.)- i Exocet).
— <//o(/a/i//s 9 Oken (Diodoii).
— r.vocœti 9 Hoiten (Exocet).
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pi
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Boxsgontier lith
Schémas des appendices abdominaux de Penelles.
Deuxième Expédition Chavcoi. ( Qzddor Copépodes )
V' y
20
24?
9.6
\y
hTip. L. Lafontainâ. Paris
BciscionuOT iith
Penella diodontis.^Lerneea Godfroyi._Bpachiella Gaini
Penella Charcoti et Penella Liouvillei.
Deuxième Expédition Charcot. (Quidor. - Copépodes).
PL UI
Fig. 27. — Brachiella Gaini (n. s.) X ^*
Fig. 28. — Penella lAouvUlei (n. s.) face tlorsalc ( y(^'ii2).
Penella Liouvillei et Brachiella Gaini.
Massoix S: Cie, Editeum
Deuxième Expédition Charcot. (Quidor. - Copépodes).
PI. IV
39
Demi-grandeur naturelle
Divers types de Penelles.
.tfasson et Cit. Éditeurs
DIPTERES
BIX&ICA AMARCTICA JACOBS "
Par D. KEILIN
Lo matériel d<> l)i|)t('i'es recueilli par M. Gain au cours do l'expédition
du « l*our(|uoi Pas ? » renferme exclusivement des individus de lielgirâ
nnlarclha Jacobs aux diverses phases de leur développement.
neU/ira (iiitdrttird Jacobs, ainsi que Jacobsiella ïmujeUunicu^ Diptères
antarctiques à ailes réduites, ont été découverts par Uacovitza, au cours
de l'expédition antarcticpic de S. Y. « IJelgica » (1897-18U8I.
Le premier de ces Diptères, toujours accompagné de larves d'un
('biionomide, a été trouvéau niveau du détroit de Gerlache; le tleuxième
beaucoup |)lus au nord, sur la côte de la baie du Grand-Glacier (Terre de
Feu). Ces deux Diptères ont été décrits par Jachhs (2i et étudiés avec
beaucoup de soin par IUibsaamkn (3).
L'Expédition Antarctique française (l903-l!K)')j et l'cxijédition du
« l'ourtpioi Pas? )> ont recueilli des llclfilcd (uitarrlica Jacobs avec les
larves de (Ihiiouomides (pii les acconjpayiient, mais elles n'ont pas
retrouvé Jambsirlla. Cela tient sans doute à ce que les endroits habités
par Jacolisirlhi n'ont pas été explorés. En cil'et, on l'a cherché dans les
régions où vit llrlijlid (inidniird, c'est-à-dire au niveau du détroit d(!
Gerlache, tandis que Racovitza ne la Irouvé qu'il 10° au nord de ce
détroit.
La station de ./«co/ys/VV^/ est séparée de celle de BcUiicn par une dis-
tance de I 000 kilomètres de l'océan Antarctique. Si on se rapporte à la
(Il Les résultats principaux de ce travail ont été publiés dans la C. U. Ac. des Se, 1912, 1. GLIV,
p. 72a.
(2) Ann. Soc. entoinolo<jique belg . , 1900, I. XL1\', p. 106.
(3) Résultats du voyage du S. V. « Belpica », 1906, Ivsectex, p. T.'i-S.ï.
Ejcpédilion Charcot. — Keilin. — Diptères. 28
2i8 DIPTÈRES.
etirto z()0-g(''ogTa])hiqiie ciu'Endkrlkin (1j a dressée d'aju-rs rélude du
matériel recueilli |);ir la » Dpulsche siidpolar Expédition » et par les
expéditions antarcti(|U('s précédentes, on voit que .A/ro/w/cV/c/ nmfiellanica
appartient à la région subantarctique, tandis ([ue BoJçfini tmhnrtkà est
localisé dans la zone antarctique.
M. Rac(ivitz\, ti-ouvant partout des imagos de Belçjica nntarctira accom-
pagnées de larves d'iiii Cliironomide, les a inscrites dans son registre sous
la rubrique : « Adultes elleur-s larves » . Ruhsaamkn a reproché à Rac(ivitza
celte inscription non légitimée par l'élevage ; et, quanta lui, l'étude de
radulle et des larves (ju'il a faite l'aurait amené à la conclusion (jue les
larves n'appartiennent pas à fielfiica antarcticu ; les larves sont incontes-
tablement des Chironomides, tandis (|ue BoUficn (mUirctica serait, à son
dire, plutôt des Sciarides. Une objection analogue a été faite à Racovitza
par Skvriun dans l'introduction du fascicule des Insectes de Hhidtat du
\'oi/a(je (In S. ) « /Ir/f/ira ». Racovitza a accepté ces conclusions et, dans
la remarque (|u'il a ajoutée au travail de lîiutSAAMEN, on lit : « J'ai
donc trouvé au même endroit, dans et autour des mêmes llaques d'eau,
un Diptère némocère adulte et une larve de Moustique. Je n'ai capturé ni
vu, d'autre part, aucun autre Diptère dans l'Antarctique. J'en ai conclu,
sans d'ailleurs examiner les animaux de plus près (l'unique naturaliste de
la « Relgica » avait bien d'autres choses à faire à ce moment-là) que la larve
étaitla progéniture del'adulte, et j'ai inscrit sur mon registre : « Adultes et
l(Mirs larves ». Les belles et consciencieuses recherches de M. Rubsaamen
démontrent que j'ai eu tort de formuler cette conclusion...
... Mon erreur démontre une fois de plus qu'en sciences naturelles la
logique est mauvaise conseillère et que seule l'expérience peut conduire
à d'impeccables résultats. Comme le fait observer avec raison
M. l»iil!SA.\^u:^, l'élevage des larves aurait été le seul moyen, dans le
cas qui nous occupe, d'ai'river à une certitude. (Jr cet élevage, je n'ai pu
l'effectuer. »
Le matériel de Diptères recueillis au cours de l'Expédition antarctique
IVaiiçaise (lî)J3-l 0!) l) n'a pxspi^rmis à RoiiuvrD(2) d'ajouterde faits nou-
(1) Deulsche sûdpolar Expédition (1901-1903), 1909, Bd. X.
(2) Expédition anlarcliqno française (I903-I00!j), Arthropodes, p. 10-11.
DIPTÈRES. 219
veaux ni (TiMlan'cr les lappoils culic la larve dr (iliironomidv; ii[ lirhjird
anUircticd. En se basant sur les recherches de l{iM!SA.\Mi:N,il dil: " Si, comiiiic
paraissciil le démontrer les recherches de Rub^aamf.n, les Diptères en
question appartionncnl hicii à la raniillc des Sciaridcs, les larves qui les
accompafj;nent laissent su|)poser la présence d'un Cliiinnoniide encore
inconnu dans les iM'^ions anlarctiques. » Or, les études (|ue j'ai laites
me |ieiinellent d'aliimier (|ne les larvesde C-hironotnides sont liien celh-s
de /ic/(/ira/t/il(i)t//rfi .];\c<)\)ii, et (pie, par conséquent, celui-ci esl un Clii-
ronomideel non un Sciaride; |)ar contre, il n "existe aucun lait (|ui indique
" la pr(>seuce tl'un ('liirouomide encore* incomin dans les i-i'-gions
antarcti(|ues ".
Le seul lait cjue cette larve a été exclusivement renconlr<''e à côt<'' de
nrlfiicfumlardira au cours de trois expéditions successives, et eu noiidue
considi-rahle durant la dernière, peut suggérer l'idée qu'elle appartient
à //. (inldvclird. C'est d'ailleurs l'opinion exprimée par M. (Iai.n dans la
note (pii accompagne le maté-
riel : " Les larves de l)i|)tères,
dit-il, (lécrit(>s dans les publications
de la « lîelgica » et retrouvées au
cours de notre (>xp(''dilion doivent,
selon moi, èti'e attril)uées à BeUficd
dnldiclicd. Malgré toutes mes re-
cbercbes, je n'ai pu trouver trace
d'aucnn autre Diptère dans la i-é-
gion antarctique explorée par le
" l'oui'ipioi l'as? )i.
Au surplus, le mal(''i'iel abondant
recueilli pimdant la dernière expé-
dition m'a permis de l'aire des cons-
tatations précises, .l'ai pu trouver
quebines individus (iig. 1) chez
lescpu'ls la nymphe ('tant enfermée
dans la peau larvaire, dontellen'a pas [msedébarrasser, loutau moinsd'une
façon c(Hiiplèl(\renrerniail l'iusecle adulte prêt àéclore et parfaitement re-
V\\i. 1. — Les trois slailrs, larvaire, ii\ iiiiilial et
imaginai, supeiposOs. — a, U'-ir di' l.i larve ;
/, |)oau larvaire ; n. poau tlo la nyiiipho ; i, l'ar-
iiiature Kt^nitali-' "làle ('<-' l'imago. X 3:t.
220 DIPTÈRES.
connaissable. En étudiant avec beaucou|) de soin la peau larvaire (/ et a,
ïvj^. l I, j'ai pu laramener sans aucune difficulté à la larve de Chironomide qui
accompagne toujours les fi. (nilardicd, tandis que l'adulte (/) s'est laissé
facilement identifier à //. (inhirctud. J'ai trouvé aussi quelques nymphes
libres, pareilles à la précédente, et renfermant les différentes phases de la
formation de l'imago ; j'ai trouvé un mâle de B. antarctica en train d'éclore,
déjà presque libre, ayant l'extrémité postérieure de l'abdomen et les
extrémités des pattes engagées dans la peau nymphale. Enfin ce matériel
ieiif(>rmait quelques peaux nymphales. Tous ces faits m'ont permis de
raccorder d'une façon incontestable, stade par stade, la larve deChirono-
mide h l'insecte parfait /?. antarctica Jacobs.
D'aufres faits, et ceux-ci d'ordre anatomique, permettent de ramener
la Belgicu antarctica aux Chironomides : d'abord les cerques de la
femelle, comme l'a bien remarqué RiinsAAMEN, présentent chez Belgica un
seul article, au lieu de deux comme chez les Sciarides; ensuite la
dissection et les coupes des femelles adultes montrent que les
organes génitaux appartiennent au type de ceux des Chironomides ;
comme chez ces derniers, ils possèdent une énorme glande à mucus
(w, iig. 11) qui donne aux pontes de Chironomides leur aspect si parti-
culier. Enfin, la ponte de Belgica antarctica, qu(> M. Gain a pu trouver,
est tout à fait du type de celle des Chironomides. Voici la description qu'il
en donne : « .') janvier 1909 : en examinant les amas de Belgica antarctica
j'ai trouvé la ponte. Je me suis aperçu qu'il y avait entre les individus de
longs filaments ayant jusqu'à lOà 15 millimètres de longueur sur0in™,3de
largeur, filaments incolores avec dans l'axe
des œufs blanchâtres disposés en chapelet.»
J'ai pu vérifier cette observation sur le maté-
riel fixé (fig. 2j ; j'ai trouvé, en effet, plusieurs
Fig. 2. — Un fragment iJe la pontu de n ii ™ , ,. ., „ ,,
Belgica (intavciica. imcohs. x 31,5, icmelles gontlees remplies d œuts ; d autres
avaient leurs pontes en forme de longs
filaments, renfermant plus de soixante-dix œufs, accrochés à l'abdomen
ou aux pattes ; certains groupes étaient formés de deux ou trois mâles
accrochés sur une femelle et des morceaux de filaments de la ponte prise
entre les pattes et les abdomens de ces individus. Le bocal renfermait
DIPTÈRES. 221
eiilin plusieurs filaments de la ponte ou morceaux de filauieiils lihies.
La /arve de Helgica anhirclica est une laive typique de Chironomide.
L'étude de celte larve a été faite pai' lîiir.sA ami.n. .le m'arrêterai seulement
dans le [)résent travail
sur celles de mes obser-
vations qui ne sont pas
en accord avec celles de
RiJBSAAMEN, et je décrirai
les or{i;anes dont il n'a
point parlé.
La tête (ilg. 3). — Avec
beaucoup de soin, Uuit-
SAAMEN a étudié la réparti-
tion des ori;anes sensoriels
(le la tète ; il en compte
jus(|u"à dix-huit paires ;
j'ai retrouvé la plupart de
ces poils sensitils, mais ils
sont beaucoup plus longs
(|U(' ne les icprc'sente
KUBSAAMICN et ne sont pas ^^'^- ^rT'''" ''•;'" ''1'^ '''' ""• '""""■';™ ^"'^ ''"' l.rolil ...onlrant
1 la ilisposition îles organes scnsilifs. — m. niaxille. x -"J3.
toujoursaux endr()its(pril
indique. Celte dillerence dans les dimensions est probablement due à
ce que IJuiîsaamicn a étudié la tète préparée dans un liquide caustique quel-
conque (|ui a dissous en partie la chitine des poils. Je n'ai pas trouvé les
poils 13 et //, et le poil S est beaucoup plus rapproché de I'omI que
ne le représente Huiîsaamkn.
L{i//re{iii^. i). — Les figures et la descri[»tion de KiiitsAAMi-N relatives à la
lèvre supérieure sont en partie inexactes cl très incomplètes. .Je ne m'arrê-
terai donc pas sur sa description. La figure i montre le labre vu de trois
quarts par sa face ventrale. On voit, au sommet de la lèvre et du côté
dorsal, une zone plus claire moins chitinisée o. (\u\ présente un certain
nombre d'organes sensoriels : d'abord une paire de bâtonnets épais un
Fii;. i. — La fiice viMilralu du lahii' viiu tic ti'ois qiiarts
montrant la disposition des oiganus sensilifs et prélien-
siles. (l'our explir. des lettres, voir le texte.) x "^0.
222 DIPTÈRES.
peu recourbés eu forme de corues [a) ; à cùlé de clinctiii d'eux, se trouve
un petit bâtonnet [h] ; en avant, ou plus près du bord antérieur ventral,
on voit une paire de poils [c
dont l'extrémité est laciniée;
extérieurement par i-apporl à
ces ])(>ils, se trouvent cinq
poils ordinaires qui se re-
coiiriient sur la face ventrale.
Les plaques chitineuses (rf),
(|iii limilent en avant la zone»
claire, ne se réunissent pas sur
la ligne ni(''diane ventrale.
Kn arrière et ventralement
par rapport à la plaque il, la
lèvre présente une bande transversale cliitinisée et dentée [f). L'oryane
énigmatique qui se trouve sur la face ventrale de la lèvre, — organe qui
existe chez toutes les larves encéphales de Diptères, ■ — est formé des
pièces suivantes : trois dents médianes (/.j, une paire de dents ou
crochets chitinisés (/) ; deux paires de crochets transparents, dont le bord
postérieur est découpé en brosse (y) et une paire de crochets [h)
analogues à ceux de /'. Toutes ces formations sont entourées par un anneau
chitineux (7) qui se prolonge» en arrière par une petite surface quadran-
gulaire de chiliiK! plus foncée \n). Les parties latérales élargies des
pièces il s'articulent avec une paire des pièces chitineuses (m), très
fortes eu forme de main, dont le bord libre élargi est découpé en doigt.
Ces pièces sont mobiles et jouent probablement le rôle d'organes
préhensiles.
Maxille (fig. îi). — Les maxilles sont à peine indiqués par lîtiiiSAAMEN :
il les représente comme étant internes par rapportaux mandibules ; or ceci
est inexact; les maxilles des larves de BeUjka (ininri-l'icd, comme d'ailleurs
de toutes les autres larves, sont extérieures aux mandibules. Elles sont
formées de deux parties : maxilles proprement dites et les palpes maxil-
laires. La maxille preqjrement dite présente ime large base («) avec deux
longs poils sensitifs très raj)prochés (//) ; le bord libre de la maxille
DfPTÈRES.
Fis. 0.
Maxille (Iroito
la lar-M'. x "io.
(j ni |irôs(MitP l:i |iaili(' liaiicli;mle |M)i'lt' plusieurs poils di' diuirusiiin
variable ; iei, eelte pailie u'i-lanl pas fortement chitinisée, no permet [)as
h la maxillo dojouci' un rôle autre ipu' |)réhensile. I.a uiaxille présonfo
eueore un liàtouiui sensitiC
('urour(' daus une sorte de
eapsulf^ (V/i, un poil sensilif (f)
et une sorte de fossette {e).
Le [)alpe maxillaire présente
à sa base une paire de poils ana-
logues aux [)oils basilaires [h)
de la maxille. Le sommet du
palpe présente plusieurs bâ-
tonnets (0 à lOi et trois poils
ordiiuiires.
On peut enfin signaler la
présence d'un endolabium sous forme d'une pièce médiane charnue
cachée par le luentum et couverte par un grand nombre de poils en forme
de palette, à bord libre découpé.
Les s('(jments thoiaciiiiics ne présentent, comme organes sensitifs, qu'un
bouquet de trois poils en face de chaque disque imaginai de pattes (fig. 7).
Os formations sensitives existent chez toutes les larves de Diptères
sans exception.
Les seçimentsdhthiiiiiiiiiu.r ne présentent rien de particulier-, et le dernier
segment caractéristique des larves de Chironomides est conforme à la
description de UiiiiSAwiKN.
Analdiiiie. — Le tube digestif avec ses annexes, le système nerveux
sont tout à fait com|)arabl(>s à ceux des autres (Miironomides. Ce
sont surtout les (lis(|u(>s imaginaux (|ui pn'senteut un inli-rèl parti-
culier chez les larves àQ BpUj'h <i. Si on prend une larve âgée (fig. 0),
à disques imaginaux visibles par Iranspaiciice, on voit (juau moment
où les disques imaginaux de la tète, ceux des pattes et ceux de
l'armature génilah; sont bien développés, les discpies imaginaux des
ailes sont encore petits, ceux des balanciers à peine prononcés et
cntin ceux des cornes prothoraciques nymphales complètement
224
DIPTÈRES.
absents. Si on étudie les coupes (fig. 7), on arrive au même
résultat.
La Ny//ip/ie {û^. M). — L'expé-
dition du « Pourquoi Pas? » est la
première qui ait rapporté des
nymphes de Belgica antàrctica. Leur
■^/^
O
■p-
a^-
Fig. 6. — La partie antérieure du corps de la larve.
— a, disque imaginai de Taile droite ; A, disque
imaginai du balancier ; n, système nerveux ;
0, œsophage; \p, Sp,Spi disques iiuaginaux des
1'», 2= et 3« paires de pattes ; s, glande sali-
vairo. X 87.
^
Fig. 7. — A, coupe transversale de la larve de
B. antàrctica passant par le disque imaginai de
la 2« paire de pattes p, et par le disque imaginai
de l'aile n ; B, coupe transversale passant par le
disque imaginai do la 3° paire de pattes p et par
le balancier b. x 277.
aspect général ne présente rien de particulier; on peut facilement distinguer
les nymphes mâles des femelles, grâce à la forme du dernier segment, qui,
bien que rudimentaire, est déjà celle de l'armature génitale adulte mâle ou
femelle. La nymphe ne présente de traces ni des cornes, ni des branchies
prothoraciques ; à ce point de vue, on peut les rapprocher des Orthocladim
diversus ou (' amptorlodius hyssi7nis Schrank. Les ailes de la nymphe, bien
qu'un peu réduites si on les compare à celles des autres nymphes, sont
cependant encore assez grandes. Les neuvièmes sternite et tergite sont
séparés par un sillon complet, ce qui laisse supposer que cette séparation
DIPTÈRES. 225
existe aussi chez radulte. Enfin, si on feii,ard<' la lèle de la nyini)hf, on
remarque, en bas et extérieurement par rapport à cha(jue œil iinai;inal, tin
pclit d'il larvaire très pigmenté. Ces yeux lar-
vaires persistent chez l'imago et occupent la
même |jlace. En ellet, si on regarde une imago
de flrliilcd, 1res jeune encore, au moment oùhx
peau est fnil peu pigmentée, l'œil larvaire tran-
che bien sur le fond jaune clair de la tête. A
mesure que la coloration foncée de l'animal
s'accuse et tourne presque au noir, il devient
dillicile à voir. Mais il suffit de rendre l'ani-
mal transparent, pour que cet œil redevienne
bien visible.
Cette persistance des yeux larvaires chez
l'imago n'est pas un fait isolé. Elle a déjà été
signalée chez d'autres Diptères par Radl (1) (lOOOi, J. Z.wiux (^1007) (2) et
DiETHiciu 1900) (3), chez les Lépidoptères par,IuHANNSEN( 1803) (4) et chez les
Coléoj)tères par Karl Gûntiikii (1012) (5).
Mais, dans la coexistence de ces deux
paires d'yeux, il ne faut point chercher la
confirmation de rhypothèsedeRADL( 1 000)
sur rorigiiie double des yeux dArthro-
|)(i(les, hypothèse qui était acceptée par
ZAviiEL. En eflel, un grand nombre de I
l''ig. S. — Partie posti'i'icui'u i\k la
nyiiiplio l'emelle de II. nnlarctica.
— Vue ilo côté gauche : 9s,
9= sternitc ; 9/, 9» tcrgite. X 07.
Fi.^. il. — T('lc lit! li. aiitarctka adulte,
(le lar- iiKiiiliant la position de l'uil accessoir
(larvaire), x 9S..Ï.
dans ce cas, l'hypothèse de la
ves de Diptères orthorhapbesn'onl qu'une
seule paire d'yeux simples (\e/)enauf/e)
duplicité [Duplicitàt) serait basée sur l'apparition ch<!z la larve âgée ou chez
la nymplie d'une autre paire d'yeux composé [HaHptdiaje)^ plus ou moins
éloignée de la première. Or celle dernière pair(> n'est qu'une paire d'yeux
1) Kludc sur les yeux doubles des Arlliropodcs [Actn. Soc. Enlom. IMwiuiiv , l!d. III).
(2) Die Augcn der Diploronlarven und Puppen {7.ool. Anz., [îd. XXXI, 1907).
(3) Die Faceltenaugên der Diplei-en {'/.ctischr. f. nm. ï.noL, Rd. XCIII, 1909).
(l) Die Eiilwickliiiiic (li'< linai,'nauKes von Vanessii uriir.i' V.ool. Juhrli. .\ht.f. Anat., lid. XI,
189:1).
(:>) Die Sehofgane der Larve und linaiio von Dvti^cus inarginalis [leitschr.f. irisn. ZooL, 1912,
1 lleft).
Ji^rpediliuii Charcul. — Kkilix. — Diptères. 29
226 DIPTÈRES.
imaginaux, dont le rapport avec les yeux larvaires doit être couru de la
mênie manière (|ue le rapport entre un orfj;ane imaginai (pielconquc cl
l'organe larvaire qui lui corr(>spond. .le pense que chez tous les Insectes à
métamorphose complète, dontla larve possède des yeux simples, ces yeux
persistent chez l'imago. Us peuvent ètreplusou moins déplacés et masqués
par les yeux imagina ux qui gagnent en surface. Dans notre cas, les yeux
composés imaginaux n'étant pas très grands ont laissé suhsister les yeux
larvaires tout près d<' la surface, grâce à quoi ils sont bien visibles.
Je n'entrerai pas dans la description de Bchjira aniarcùcd adulte,
description (|ui est suffisamment bien faite par Ruusaamen.
lit'diirlittii (IcsaJIcs. — Les ailes de HeJgiai (m(arc(icfi,aïn^ï que celles de
Jarohsie//fi maf/r/fanicft^ sont, à l'état adulte, extn^Mnement réduites. Nous
avons vu plus haut que, chez les larves de /?. a/i/a/r/ira^ les disques ima-
ginaux des ailes sont un peu réduits, que l'aile nymphale de Belgica est
Fig. 10. — L'aile nyinplialo n-nlVMinanl à son intérieur l'aile imaginalo. x KÎO.
plus petite que celle des autres Chironomides. Mais la réduclion de l'aile
imaginale ne résullc pas seulcuieni de la réduction des disques imaginaux
des ailes chez les larves. (Test au moment de la nymphose (jue se |)roduit
le véritable processus de réduclion. L'aile imaginale, au lieu de proliférer
à l'intérieur du sac chitiu<'u\ constituant l'aile nymphale, se réduit au
contraire, probablement par résorption, de telle sorte qu'elle devient beau-
couj) plus petite que celle de la Nymphe. Les muscles alaires qui comblent,
chez tous les Insectes ailés, la cavité du thorax, sont tout à fait réduits.
On connaît depuis longtemps un grand nombre d'Insectes, appartenant
à des ordres diilérents, ayant des ailes très réduites, ou qui les ont perdues
d'une façon complète. Ces Insectes sont pour la plupart localisés dans les
îles comme Madère et Kerguelen. La première explication de cette conver-
DIPTÈRES 227
f^ence inlôressantc a <'lé donnée par (lli. Dauwin i IS.'iO, De rmifiiuc des
osiiéres, cliap. \ . 11 , (|ui. en se basant snr les l'cchcrches de Wollaslon,
envisagea le vent, — ractcur prépondt'rant |)onr tontes ces régions, —
comme tactenr de la sélection : les Insectes qni voleiil ixancoup sont
emportés [nw le vent cl noy<''s dans la mut, tandis que ceux (piiontles ailes
moins développées ne donnent pas prise au vent et se repi'oduisenl entre
eux. Lèvent peut agir aussi, d'après Daiîwin. directement sur l'individu
en enipèchanl les Insectes de voler, ce (jui
entrainciail ralrnpliic d(^s ailes [)ar iion-usage.
Au coui's de ses études sur les Insectes
d(; Kerguelen, Endkrlein (1) a ctc .amené à
une nouvelle interprétation d<> l'aptérisme.
En étudian! V Aiaildldnla foiiiiKifonnis, un
liorhnrinir aptère, l'auteur a remarqué que les
femelles adultes avaient des ovaires très rudi-
mentaires, il en conclut que les Insectes de
Kergueh-n, à ailes réduites ou complètement
dépourvus d'ailes, écloraient à l'état non par-
fait, et c'est seulement pendant la vie iniaginale
qu'ils arriveraient à la maturité génitale, tan-
dis que les ailes resteraient rudimentaires par
non-usage cl manque de matériaux niiliiiil's.
L'hérédité et la sélection auraient renforcé ce
processus.
Il me semble qu'il n'y a aucun rapport de
cause à elFet entre la maturité génitale et l'éclo-
sion de l'imago; en elVet, les femelles (riiii
grand nombre de Miptères de nos régions, par
exemple (UiU\jihiir(t, I'hIIchki et autres Musci-
dées, éclosent en état inmialure, bien <pie leurs
ailes soient parfaitement (b'velnppées ; ils n'arrivent à In mafui'ilc que
(I ) Ans ilii'si'ti ('■iihkIcii eischciiil es mir sclir «uliisilicinlicli. dass tlii' ln>i'ktrn il ci- ki'tfjuplen
mit rMulimciit.iicii odci' (t'IilciKlfii l'liif;('ln sicli in eiiieni i)ij;.inis('li unrt'i'lii;(Mi SUidiiiin ans diT
Piippe zuni lma,i,'() imd ei'sl iin lmai,'enall('l)('n v.w (iesclilechslt-eife enlwickcln. wobei die nocii
uiienUvickidten Kluijel diiirh .M(litl)iaui'li iind dnirli die infidirp der iiiin nidifr ".'ewocdciii'n
- Nymphe femelle de
/)'. antarctica jacolis, vue de
prolil. — 1 et 2, 1" cl 2» seg-
mrnls alidoiiiinaux ; il^ il» tei-
gile : 'Js, !•'■ stérilité: w. {glande
à mucus ; 0, ovaire ; r, récep-
tacle siMiiiiial. X 33.
228 DIPTÈRES.
du quinzième au vinjj;tième jour après l'éclosion. La maturité génitale est
en rapport immédiat avec la quantité de substance de réserves emmaga-
sinée pendant la vie larvaire ; si ces réserves ne sont pas suffisantes, les
ovaires ne se développent que lorsque l'imago a absorbé une certaine
quantité de nourriture.
D'autre part, dans le matériel du « Pourquoi Pas? », j'ai trouvé quelques
lidgica antarctica femelles très jeunes (fig. H), encore enfermées dans
la peau nymphale et dont l'ovaire (o) développé remplissait l'abdomen,
envahissait même la cavité du thorax, et pourtant Belgka présente les
ailes très réduites (1).
Il serait intéressant de préciser dans quelle mesure la réduction des ail es
coïncide avec celle de muscles alaires. Il est fort possible que les muscles
subissent l'influence de facteurs externes et commencent à s'atrophier
avant même que les ailes ne se réduisent. Malheureusement on n'a pas
encore étudié les Insectes qui ne volent pas ou volent très peu, bien (|u'ils
possèdent des ailes.
Belgka anktrctka Jacobs habite la région antarctique, au niveau du
détroit de Gerlache, entre 64° et 65° 27' de latitude sud.
Les larves vivent dans de petites mares parmi les Algues vertes ou sous
la mousse immergée dans l'eau; sous la mousse vivent des adultes que
l'on rencontre également sur la terre elrochershumides; sous les coquilles,
des Patelles ou tous autres débris. Parfois ils forment de vraies agglomé-
rations qui flottent à la surface dune mare ; à ce sujet, M. Gain s'exprime
ainsi : « Le 5 janvier 1909, sur les petites flaques d'eau (provenant de la
Ergiinzung der Entwickelung der Sexualoi-gane boiliiigte Atrophie dei'selben, unenlw ickell blei-
ben. Durch Vererbuns; und Auswalil wurde dies verstarkt (WissenschafWchc Ertjebitisse der Deut-
schen Tiff-See Expédition Wuldivia IS9S-iS'J9, p. iU2-20:)).
(d)Tout récemment De\vitz(C. R. Ac. des Se, 1912, p. 386) a essayé d'éluciiler expéri mentalement
le phénomène de l'aptéii'^mc. 11 a soumis des nymphes de quelques Diptéies à l'action de dill'é-
rents facteurs, froid, chaleur, air conQné, acide cyanhydrique, et il a obtenu un certain pour-
centage d'individus aptères. Il me semble que Uewitz n'a ainsi obtenu que des modilications
d'ordre paliiologique; en elfet il dit lui-même : « 11 arrive aussi que les Insectes dont les pupes
ont subites traitements indi(iués ou dautres(entre autres, l'influence de l'acide acétique) marchent
diflicilemenl ou sonl inca]ialiles de prendre leur vol malgré la présence d'ailes parfaitement
développées. »
11 n'est pas étonnant qu'un facteui' agissant sur une nymidie d'une façon assez intense pour
amener un état pathologique général se traduise extérieurement sur un organe en voie de pro-
lifération, ce qui est le cas de l'aile chez la nymphe du Diptère.
niPTËRES.
229
fonlo dos neiges) du sommet do lilc PeU^vm^n, poussées par /r /yv</, fonuaiit
radeau, des quantités de Mouclies antarfti(|ues étaient accumulées, les
unes à côté des autres [j'ai évalué à près d'un millier le nombre de mouches
antarctiques formant l'un de ces radeaux (1)]. Ce radeau avait environ
6 à 7 centimètres de longueur sur ;) à 6 centimètres de largeur. Les réu-
nions de ces Diptères ne semblent se former (ju'au moment de l'accou-
plement et de la ponte. Je n'en ai jamais remarqué en aucun autre moment.
« Les Diptères enfermés dans les bocaux nos 101 , 102 et 103 formaient
environ un tiers de ce radeau. Ces petites mares, pendant la période froide
d(! la journée , se recouvraient parfois d'une couche de glace qui fondait aux
heures chaudes de la journée pour se reformer de nouveau le soir. »
En effet les bocaux 101, 102 et 103 renfermaient de nombreuses pontes
et des individus accouplés.
Quant au nombre des indi-
vidus formant ce << radeau ".
M. Gain était bien au-dessous
du chiffre réel : ces bocaux
renferment environ 2 000 in-
dividus, et, s'ils ne consti-
tuent qu'un tiers de l'agglomé-
ration, il faut supposer qu'elle
était composée d'au moins o à
()000 individus. Si on compte;
le nombre des individus de
chaque sexe, on est frappé
par la disproportion. En eiïet,
sur 1 (»G7o^, iln'yai|ue361 Ç ,
c'est-à-dire que les femelles ne font t|U(^ 18 p. 100 environ du total.
(I) Il ust iiiirMi'ssant de iDniparci- aux l'oiinatioiis de ces >< radeaux » les aggloméi'ations
cuiieusi's d'un Tipulide, Dicfunoiiinia iiiodesla, que ('iIaiu> a observé sur les côtes dc^ Winiereux
(l'as-de-Calais). «Certaines années, àrairière-saison, quand les premières gelées nocturnes com-
mencent à se faire sentir, ces Insectes, engourdis par le froid et poussés par le vent, volent avec
diflieullé, s'accrochent les uns aux aulies par leurs longues pattes et forment ainsi de grosses
pelotes (souvent aussi volumiiumscs (|ue la tète d'un enfant), (|ue la brise fait rouler sur les
pentes gazonnées et (|ui vont jiai lois s'accumuler en énormes amas dans quelque coin mieux
abrité. [Curieuses agglomérulions de Dicranomuia modeslu Wind. (F. des jeunes y<ittir., \XXIV,
p. 107, 1904)J. *
Fig. 12.
parasite intestinal do la larve de lielgira aiilarclica.
{.\ LtB) X lOGO; (C et D) x 906.
230 DIPTÈRES.
Les larves de /ieh/ica antarctica vivent aux dépens de détritus végé-
taux ; on les retrouve dans leurs tubes digestifs.
Ea étudiant les coupes des larves, j'ai constaté, à plusieurs reprises, la
présence d'une grégarine monocystidée (fig. 12) dans leur intestin. N'ayant
pas retrouvé les kystes et les spores, il m'est impossible de l'attribuer à un
genre quelconque. 11 me semble pourtant qu'elle a une ressemblance avec
Stjjlorystis que Léger a trouvé chezles larves d'un Chironomide, Tnnjijms.
Les grégarines se trouvent localisées dans le tronçonpostérieur de l'in-
testin moyen. La figure 12 donne une idée suffisante des différentes formes
de cette grégarine à l'état végétatif, depuis l'état jeune, presque sporo-
zoïte, jusqu'à la forme adulte.
LISTE DES STATIONS
94 (28 décembre 1908). — Ilot Gondier, Porl-Lockroy, clienal de Rooscn : environ
'lOÔ larves grandes, prèles à se translornu'i' rt |ieliles (l™'",5), SA arliiltes cf et 3 9 •
dans lu mousse el la lerrc humide.
9.J (30 décembre 1908). — Dans la mi)us-,c cl lerrc liinnidc, a'i dclili' <\r la lla:'lic, |,i
i-olline Jeanne. Ile Booth-Wandel : lô larves grandes el petites.
98 (3 janvier 1909). — Mousses, terre, rochers. Colline Jeanne. Ile Bunlli-Wandel,
7 (^ et 4 9 [^ 9 "^'1 l'idn de pondre).
100 (o janvier 1909). — Dans une mousse de la colline ilu (Aiirn. Ile lionlh-Wandel :
1 nym|>he 9-
101 + 102+103 (."> janvier 1909i. — Surface de ilai|ues d'can du sommel de l'ile
de l'etcrmann (12.') mètres), mâles el femelles accoujtlés, |iiinle. Il \ a 1 .■)8() (f et 348 9 •
ces individus loi niaient le radeau dont il était question plus haut.
:î5(j(i7 IV^vrier lOUÔ!. — Algues vertes des peliles mares du sommet do Pelermami.
.\llilude : 125 mètres. Un très grand nond)r(! de larves de taille variable : il y a au
moins 3 000 individus. Les radeaux n'exislaieni plus à la surface des ])eliles niai'es.
.■i.")8 (21 février 1900 1. — Mo\isses humides sur les rochers de l'ilc Pclcrnianu : :!(• Inrves;
40 d* et 10 9 ; 18 nymphes : 9 cf et 11 9.
372 (4 mars 1909). — Dans les petites mares sur les ilols au sml de l'ih^ Peleiinann.
d"uu brun violacé, 4(1 larves grancles cl ]ieliles.
L.\ « liEMJICA ANT.VUCTIC.V » .V KTK VIK \l.\ KMllidITS SIIVANTS '.
Ilot Casablanca, ilôt Condier [Porl-Loclu'oy (ilc ViencUci larves el ailullesj:
L. 04°49'.S3",:î s. : n. 0r)<'49'18'' W. P.
IleBfJolb-Wandeladulleset larvesdaus la mousse luiniidi', : L.ri.-)"(i:;'S ; ( i.(i;i"22' W. P.
Ile Pelermaiiu ( — — — ) : L.05» 10' S.; (LOO" 32 W. P.
(îap Tu.xeii, S janvier 190!) i larv(<s ailulles) fjusqu'à ail. 200 m.;: L. (15» 15' S. ;
(1. ()0o30 W. P.
Iles Argentines, février 1909 (adulte ; au Sml de l'ile Pelermami.
Cap des 3-Pérez, février 1909 adullc, ; L. (;5"27'S. : G. G0''28' W. P.
COliBEIL. — IMITiIMElUE CRETE.
OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LES AUSPICES
DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBUQUE
Sous LA Direction de L. JOUBIN
PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
DEUXIÈME EXPÉDITION
ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1908-1910)
COMMANDÉE PAR LE
D' Jean CHARCOT
SCIENCES NATURELLES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES
PYCNOGONIDES
Par E-L. BOUVIER
ProfciwHir au Mui^um, Membre de l'Injiiiai,
OSTRACODES
PHYLLOPODES ANOSTRACÉS
INFUSOIRES
Par E. DADAY DE DÉES
ProfMMur i rÊcoU Polyiechnfque de Bud«(v.i,
COPÉPODES PARASITES
Par a. QUIDOR
DIPTÈRES
Par KEILIN
MASSON ET a\ ÉDITEURS
120, Bd SAINT-GERMAIN, PARfS (VI')
1913
-- ~ •ir-' -■■>■ —
Commission CHARGÉE par l'Académie des Sciknces
d'élaborer le programme scientifique de VExpédition
MM. les Membres de l'Institu;
^UQUKT DE LA GrYE. I GURD.
BORNÎT. 1 GlïOU.
Bouvier. i Lacroix.
Gaudry. I
DS Lappabent.
Manoin.
Mascabt.
MÙNTZ.
Ed. Pbrwer.
Roux.
ComiISSION ;t^QMMÉE PAR_LE j MINISTÈRE DE L INSTRUCTION PuBLIQUE
^07/r examiner les résultats scientifiques de r Expédition
MM. Ed. Pebrier Membre de l'Institut, Directeur du Muséum d'Histoire
" - naturelle, Président.
Vice-Amiral Fournikr, Membre du Bureau des Longitudes, Vice-Président.
An,,ot Directeur du Bureau central météorologique.
Bayet Correspondant de l'Institut. Directeur de l'Enseignement
supérieur.
DiGQURDAK Merobre.dcrinstitut, Astronome à l'Observatoire de Paris.
Colonel Bourgeois. .. . Directeur du Service géographique de l'Armée.
Bouvier...... ..Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire
naturelle.
Ghaviek Assistant au Muséum d'Histoîcé naturelle.
Commandant Guyoc. Membre de l'Institut, Membre du Bureau des Longitudes.
Hanusse Directeur du Service 'hydrographique au Ministère de la
iMarine.
Jo^;bi^ Professeur au Muséum .d'Histoire naturelle et à l'Institut
Océanographique.
£acroi.\ Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire
naturelle.
Lallemand Membre de l'Institut, Membre du Bureau des Longitudes,
Inspecteur général des mines.
LiPPiUKN Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences
de l'Université de Paris.
viuNTZ Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut agronomique.
R^BOT Membre de la Commission des Voyages et Missions
scientifiques et littéraires.
RoLx Membre de l'Institut, Directeur de l'Institut Pasteur,
ViLAiN Professeur àla Faculté des Sciences de l'Université de Paris.
DEUXIÈME EXPÉDITION ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1908-Î910)
Fascicules publiés
CARTES. . Onze caries eu couleurs dressées par M. Bongrain
* et R.-E. PionFROy, pli<''*"« pi r/oini-^-^ 34 //•
RHIZOPOOES D'EAU DOUCS, par E, PÉNAru.
/ fascicule de i 6 pages 2 />■ ■
ÉCHINOOERMES. . Astéries, Ophiures et Écbinides, par R. KœHLEn.
i fascicule de S70 pages {{ 6 planches doubles). 3i fr.
VERS Polyciadea et Triclades maricoles, par P. FIallez ; Ptéro-
brancbes, parCu. Gravier; Cbétogaatbee, parL. Germain-
Rotifères, par P. de Beauoump. '
/ fas<ici;le de llti pages {9_ plfiii. 15 fr,
Annélides Polycbètes, par Ch. Gh^her.
1 fascicule de i 65 pages {12 planches) 24 /"r.
CRUSTACÉS Crustacés isopodes, par H. Richardson ; Crustacés parasites
par Ch. Gravier; Amphipodes, par Ed. Cbevhelx ; Mallo-
pbaga et ixodidœ, par 1,-0 \e, mann- : CoJlemboles par
/ fascicule de ■■iUi pages 16 />
PVCNOQONIDES . Par E.-L. Bouvier ; Ostracodes marins, par îi. Daimï i,e
Dees ; Pbyllopodes anostracés, par E. Daday de' Diîes •
Infusou-es nouveaux, par E. Daday de Dées ; Copépodes
parasites, par A. Quidor ; Diptères, par Keilin. "^^^°°**
/ fascicule de 232 jHiges avec fîg. {6. plancfies). 18 fr.
MOLLUSQUES Gastropodes prosobrancbes, Scapbopodes et Pélécypodes
par Ld. Lamy ■ AmîJhineures, par Jeu. Thiele.
/ fascicule de 34 pages ( / planche) 4 />..
•^'^^^"^^ ''"'■ L- Houle, avec la collaboration de JfM. A.vgei. el R. Des.-ai
/ fascicule de $2 pages {4 planches en noir el
en couleurs} g .
BOTANIQUE Flore jlgologique antarctique et subantarctique^ pv.r
i fascicule de 218 pages {8 planche . 24 /,-.
Révision des Mélobésiées antarctiques, j>nr .M»>» Palx
/ fascicule de 72 pages {2plancht^ 7 />.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, par J. Rouen. "
/ fascicule de 260 pages {16 planch,-^ 34 a,
ÉTUDE SUR LES MAREES, par R.-E. Godfrûv.
/ fascicule de 74 pages (11 planch 16 fr
OBSERVATIONS D'ÉLECTRICITÉ ATMOSPHÉRIQUE, par J. Rouui.
/ fascicule de 40 pages { 1 pUinclus) .. 9 /,.
OCÉANOQRAPHIE PHYSIQUE, par J.Rooch.
i fascicule de 46 pages [8 planc/ic. 8 fr
EAUX MÉTÉORIQUES. SOL ET ATMOSPHÈRE, par A. M, nt^ et i; L.,>É
/ fascicule de 47 pa.jes avec figures 6 /r.
i;838.-» CoRDBiL. Imi>rimerie CnÉTÉ.
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