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DEUXIÈME EXPÉDITION
ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1908-1910)
COMMANDEE PAR LE
D^ Jean CHARCOT
CARTE DES RÉGIONS PARCOURUES ET RELEVÉES PAR L'EXPÉDITION
MEMBRES DE LETAT-MAJOR DU " POURQUOI-PAS" ■
J.-B. CHARCOT
M. BONGRAIN Hydrographie, Sismographie, Gravitation terrestre, Observations astronomiques.
L. Gain . . Zoologie (Spongiaires. EchinoJermes, Arthropodes, Oiseaux et leurs parasites), Plankton, Botanique.
R.-E. GODFROY Marées, Topographie côliere. Chimie de l'air.
E. GOURDON Géologie, Glaciologie.
J. LIOUVILLE Médecine, Zoologie (Pinnipèdes Cétacés, Poissons, Mollusques, Cœlentérés lermidiens. Vers et
Protozoaires, Anatomie comparée, Parasilologie).
J. ROUCH Météorologie, Océanographie physique. Electricité atmosphérique.
A. SENOUQUE. .... Magnétisme terrestre, Actinométrie, Photographie scientifique.
OUVRAGE PUBLIE SOUS LES AUSPICES DU MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
SOUS LA DIRECTION DE L. JOUBIN, Professeur au Muséum d'Hisloire Naturelle.
•cA
DEUXIÈME EXPÉDITION
ANTARCTIQUE FRANÇAISE
(1908-1910)
COMMANDEE PAR LE
D' Jean CHARCOT
SCIENCES NATURELLES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES
NEMERTIENS
CÉPHALOPODES
BRACHIOPODES
PAR
J. JOUBIN
Professeur au Muséum el à l'Institul Océanographique.
ALCYONAIRES
MADRÉPORAIRES
PAR
CH. GRAVIER
Assistant au Muséum d'Histoire naturelle.
HYDROIDES
PAR
ARMAND BILLARD
Agrégé, Docteur es sciences
OISEAUX
ANTARCTIQUES
PAR
L. GAIN
Docteur es sciences. Lauréat de l'Institut,
Naturaliste de l'Expédition.
WOCDDÇ
MASSON ET C'% EDITEURS
120, Bd SAINT-GERMAIN, PARIS (VI«)
1914
Tous droits de traduction et de reproduction réservés
IJat^e ia France
LISTE DES COLLABORATEURS
MM. Trouessart Mammifères.
Anthony et Gain Documents emhryogémques.
* LiouviLLE Cétacés (Baleinoptères, Ziphiidés, Delphinidcs).
* Gain Oiseaux.
LiouviLLE Phoques.
* Roule Poissons.
* Sluiter Tuniciers.
* JoUBiN Céphalopodes, Brachiopodes, N émertiens.
* Lamy Gastropodes, Scaphopodes et Pélécypodes.
* J. Thiele Amphiiieures.
Vayssière Nudibranches.
* Keilin Diptères.
* Ivanof Collemboles .
* Trouessart Acariens.
* Neumann Mallophages. Ixodides.
* Bouvier Pycnogonides.
Coutière Crustacés Schizopodes et Décapodes.
* M'i® Richardson Isopodes.
MM. Calman Cumacés.
* De Daday Ostracodes, Phyllopodes, Infusoires.
* Chevreux Amphipodes.
CÉPÈDE Copépodes.
* QuiDOR Copépodes parasites.
Calvet Bryozoaires.
* Gravier Polychètes, Crustacés parasites et Ptérobranches.
HÉRUBEL Géphyriens.
* Germain '. Chétognathes.
* De Beauchamp Rolijèrcs.
Railliet et Henry Helminthes parasites.
* Hallez Polyclades et Triclades maricoles.
* Kœhler Stellérides, Ophiures et Échinides.
* Vaney Holothuries.
Pax Actiniaires.
* Billard Hydroides.
Topsent Spongiaires.
* PÉNARD Rhizopodes.
* Fauré-Frémiet Foraminifères.
* Cardot Mousses.
* M"^ Lemoine Algues calcaires (Mélobésiées).
* MM. Gain Algues.
Mangîx Phytoplancton.
Peragallo Diatomées.
* Hue Lichens.
Metchnikoff Bactériologie.
Gourdon Géographie physique, Glaciologie, Pétrographie.
* BoNGRAiN Hydrographie, Cartes, Chronométrie.
* Godfroy Marées.
* MÙNTZ Eaux météoriques, sol et atmosphère.
* RoucH Météorologie, Électricité atmosphérique, Océano-
graphie physique.
Senouque Magnétisme terrestre. Actinométrie.
J.-B. Charcot Journal de l'Expédition.
Les travaux marqués d'un astérisque sont déjà publiés
NÉMERTIENS
Par L. JOUBIN
PROFESSEUR AU MUSÉUM ET A l.'l.NSTITUT 0(.l:A\Or.RAI'IIH.UE
La pelile collection de Némertiens récoltée par MM. les l)^ Liouville
et Gain contient cjuelcjues espèces intéressantes. Les unes sont connues
depuis plusieurs années, les autres sont nouvelles, et deux d'entre elles
t'ournisseni des exemples d'incubation encore inédits chez les Némer-
tiens.
La plupart de ces animaux sont des habitants du littoral et les autres
des petites profondeurs. Nous y retrouvons les grands re?Y'A/Y//<^Awr//f/?ro//
et C. corrugatiis, qui pullulent sur certaines plages ; à la saison d'été, on
peut en trouver jusqu'à une vingtaine sous le même bloc de pierre.
Les autres appartiennent au genre Arnphiporus et vivent généralement
sous les pierres de la côte. ("<omme on peut le voir sur les photographies
de la planche IV, c'est surtout à l'île Petermann qu'elles sont abondantes.
Là se trouvent des plages formées d'amoncellements de blocs de pierres
qui, pendant l'hiver, sont en contact avec les glaces qui les frottent et les
polissent. Aussi n'est-ce pas sous la première couche de ces blocs que
Ion trouve des animaux, c'est sous la deuxième et même sous la troi-
sième qu'ils pullulent, étant protégés contre les chocs par les couches supé-
rieures de l'amoncellement. Il faut donc, pour trouver ces Némertiens et
bien d'autres animaux, déblayer tout ce qui est superficiel.
En examinant la zone inférieure des pierres ainsi mises à nu, les natu-
ralistes de l'expédition ont rencontré non seulement les animaux, mais
leurs pontes, et c'est ainsi que j'ai pu étudier les nids AecQ?, Arnphiporus
contenant leurs jeunes, qui sont extrêmement délicats et très intéressants.
Il est à remarquer que, sur nos côtes granitiques de Bretagne éboulées
par le choc des vagues, on trouve des amas de roches polies de même
Expédition Charcot. — Joubin. — Némertiens. i
46013
2 NÉMERTIENS.
aspect. Au premier examen, elles semblent azoïques, mais, quand on dé-
couvre^ les rangées inférieures, on y trouve une faune très spéciale, et en
particulier des Némertiens, qui, les glaces mises à part, ont un genre
d'existence comparable à ceux de rAntarctique pendant Tété.
Genre CE RE BU A TU LUS.
Cerebratulus corrugatus Mac Intosh.
[Lineus corruyaliis Mac Iiilosh, 1870.)
Station 13. — Drag-ag-e II. :>Ij mètres. Ile Déception. — Une dizaine d'échantillons en
mauvais état. Pond de petit gravier et de vase.
Station 1 18, — Dragage IX. 230 mètres. Sable vert et roche. Sud de l'ile .lenny ; 1 joinie.
Station :^08. — Chenal de Roosen, décembre i'.lOS. Fragments.
Stalion 2'ii. — Région nord de l'ile Petermann, 20 mars IflU!). Krhantillons caplurés à
la senne.
Station 2'i2. — Plage nord-est de l'île Petermann. Basse marée du 15 novemlire 19U9,
sous de grosses pierres. — Environ il échantillons.
Stalion 370. — Ile Petermann, 17 novemlire lUOO. 1 jeune de i cenlimètres.
Stalion 7iU. — Dragage .\MI. i20 mètres. Vase et cailloux. — Deux exemplaires
monstrueux. Chalut au milieu de la baie de r.Vmiraulé.
Je ne vois rien de particulier à noter sur les divers échantillons de celte
espèce ; ils sont semblables à ceux qui ont été rapportés et décrits précé-
demment.
.le dois faire cependant une exception pour les deux échantillons de la
station 740.
Les deux seuls exemplaires recueillis dans cette localité, par une sin-
gulière coïncidence, sont tous deux monstrueux. L'un a la queue bifide,
l'autre possède un grand appendice grefte au milieu du corps, presque
à angle droit avec lui.
Les Némertiens monstrueux sont excessivement rares, et il est très
curieux d'en trouver deux dans la même localité. Malgré le nombre con-
sidéral)le de Némertiens que j'ai examinés depuis de longues années,
je n'avais jamais rencontré d'individus bifides.
Echantillon A (PI. I, lig. 1). — Le bourgeon s'est produit tout près
de l'extrémité caudale; il a 7 millimètres de long environ ; il a la même
taille et le même aspect que la queue |)rincipale. Son axe est oblique par
rapport à celui du corps. La longueur totale de l'animal est d'environ
NËMI'RTflîNS. 3
I S r(>iirnii("'| les. Il es! iiii|Hissilil<', d^iillciiis, d fil don lier une iii('iisui;ili(iii
iii;(iiiiiMisi', ('11 niisoii du iii;iiiv;iis ('[ni de coiiscrvalioii ou il se trouve. I.c
bouriii'oii est creux; la cavité iutesliuale s'y [iroloiii^c, mais je ne puis
dire s'il y a un anus à rextréniité.
Erli(iiili/liiii II \V\. 1, lii;. 2 et '^']. — Il est un |)eu plus yrèlo que le
prcmicM"; sa longueur tolale osl de Kl à 17 centimètres. Le point où
s'insère le bourij,(M)n est situé à 73 milliniètres de l'extrémité caudale. I.e
bourgeon, qui est de même aspect et de même l'orme que la portion
caudale principale, part latéralement, à angle droit du corps, et se
recourl)e ensuite vers Parrière. Il a 'ï^ millimètres de long sur G de largo
à son insertion ; il parait exister un oriiice anal à son extrémité. La peau
osl rugueuse, chagrinée, plissée transversalement de la même manière
dans les deux parties de l'aninuil.
Ceretaratulus Charcoti Joubin.
Ccrebralidiix Charcoti .luiibin. Uullrtin du Muséum d'Jiisloirc nalurc//(\ n" G, p. -iyl,
1905. — Expédition antarctique française. Sciences naluretles, Némerlicns,
juillet 1008.
Slnlion 03. — Dragage IX. 2'-'àS mèlres. Sable vert cl roche au sud de l'Ile Jenny.
Clialul. — Un grand échantillon en mauvais élal, i?'i janvier 10(10.
Station 0.5. — Baie Ma»'gaierite. — Deux grands (.''chanlillnns de couleni' blanche,
capturés à la senne, le 2i janvier 10(1!).
Stations 737 et 7:)<S. — Dragage XMI. 'i"J() mètres. Fond de vase et cailloux. Clialut.
Baie de l'Aniirauté. Ile du l{oi-( leorge. — Six grands échantillons en assez
mauvais état.
Ces grands Némertiens, de couleurblanche ou légèrement rosée, repré-
sentent la forme antarcti(|ue des espèces du type ('pichrahdus corrugatus.
.Je n'ai rien de spécial à ajouter à ce que j'en ai dit dans les publications
relatives;! la preini(''ic exp(''diti(m du D^ (lliaicot.
Cerebratulus sp.
Station 311. — Ile l'elcrmann, tin novemljre lODO.
Cet échantillon est un jeune assez mal conservé, long d'environ 2 cen-
timèti'os, complètement d(''coloré. Sa peau ridée le rapproche de ('ri'c-
hratalus corriiga/ifs, mais la tête est plus courte. C'est peut-être du à la
contraction des tissus. Cet échantillon a été trouvé avec |)lusieurs Aiuphi-
4 NÉMERTIENS.
poriis Michae/seni dans une baille où avaient macéré des pierres couvertes
d'Alti,ues et d'Ascidies.
Genre UNEIS.
Lineus Turqueti .louhiii.
Station 703. — Dragage XVIII. 27 décembre lOO'.l. Vase grise et cailloux. Ile du
Roi-George, 7."'> mètres.
Un exemplaire en mauvais état, complètement décoloré, rempli d'œufs,
long d'une dizaine de centimètres. La forme de sa tète rappelle exacte-
ment celle du Li/ieas Tarqucli (jue j'ai décrit dans mon travail sur les
Némertiens de la première Ea^nlilidit du D^ i'harrot. Je ne puis malheu-
reusement pas préciser davantage la description préliminaire que j'ai
donnée alors. La taille seule diffère, celui-ci étant beaucoup plus grand.
Genre À M PB /PO [{TS.
Amphiporus incubator ii. sp.
Station 147. — lie Petermann. 15 février 10(K». Piofondeui- .") mèlres ; autour de
Tile Lunde, parmi les crampons de toull'es d'Algues.
Station 233. — Ile Petermann. Un jeune ('?).
Stations 038 et 030. — Pontes venant d'éclorc.
Station 703. — Baie de l'Amirauté, Ile du Roi-George. Basse mer du 20 décem-
bre 1909. 2 individus, 8 ]iiin(es.
Station 700. — Même localité. [C> individus cl .'^> pontes.
CclÀrn/ihiporas rappelle tellement ÏA/z/jj/i/po/us Mir/uielsenide Bûrger,
dont j'ai donné une description dans la première expédition du IKCharcot,
que j'ai cru tout d'abord avoir affaire à cette même espèce. C'est la même
forme plate ou légèrement concave de la face inférieure du corps, la même
taille. Malgré cela, je crois devoir les sé[)arer en nie hasant sur les carac-
tères suivants. La teinte du corps, chez ^4. Mkhoelseni, est violette; elle
est brune chez/\ . incahatur ; chez le premier, la trompe est courte et grosse ;
chez le second, elle est beaucoup plus longue. Chez A. J//fAfl^/.sm/, la ponte
s'effectue dans un tube membraneux, transparent, où la bête ne subit pas
de transformations. Dans .1. i/iru/xt/or, la ponte est complètement close,
opaque, et la mère y subit de nombreuses transformations, qui seront
MiMHRTIENS. 5
(léoi'itcs plus loin. Knliin hi disposition des sillons ci'phaliqncs iTost |)ns
sonihlnMe sur l;i l'îice vcnirnic de l;i {(Me (IM. I, ii}^. il.
Ces diflV'rcuccs, suiloul cclli's de la ponte, me pai'aiss(Mit suflisanles
pour les séparer. 11 est probable (|ue, sur dos échantillons vivants, on pour-
rait trouver (juel(|ues nouveaux détails difterentiels qui ne se voient plus
sur ces animaux mal conservés. Ouoi qu'il en soit, ces deux espèces sont
évidemment li'ès voisines.
lu des l'ails les plus intéressants relatifs à cette espèce est qu'elle se
présente sous trois l'ormes diiïérentes par leur extérieur et leur structun».
Tantôt l'animal est platel même sensiblement concave sur sa face ven-
trale; tantôt il est, an contraire, presque cylindrique; la forme de la tète
est la même dans les deux cas. Celte diUerence lient à ce (jue les premières
sont soit des mâles soit des femelles immatures, tandis que les secondes
sont des femelles bourrées d'o'ufs que l'on distinj^ue par transparence à
travers la peau, surtout celle du ventre.
l'ne fois la ponte etTectuée, les femelles prennent une forme plate mais
très singulièrement i)lissée, qu'elles conservent pendant le temps qu'elles
incubent leurs œufs pondus à l'abri d'un toit (pi'elles sécrètent et sous
lequel elles s'enferment.
Ceci étant dit, voici la description des caractères que présent(Mit ces
trois états différents :
1° Forme ituiinalc jdalr. — Comme il vient d'être dit, ce sont des mâles
ou des femelles immatures.
Le corps de cette Némertc est plat et mèni(> b'gèrement concave à la
face ventrale. 11 est pointu aux deux bouts, élargi au milieu, peu strié
transversalement, et même ces stries peuvent être mises sur le compte
du liquide conservateur. J'en ai examiné plusieurs (exemplaires ayant de
loàS.'J millimètres de long; malheureusement la couleur, sur la plupart
d'entre eux, a disparu par suite du défaut de fixation faite sur l'animal
frais et du manque de note de couleur. Sur ce qui reste de fragments
cutanés, notamment dans les exemplaires enfermés dans le nid dont il va
être question plus loin, on voit une coloration brune qui concorde avec
les renseignements oraux qui m'ont été donnés.
Le seul exemplaire trouvé à la station 1 17 avait conservé sa coloration
6 . NÉMERTIENS.
hrunc |)rcsquo intacte; elle était uniforme sur la face dorsale, sans aucune
urncinenlation linéaii'e. La face ventrale était blanche, rosée ou grisâtre;
au niveau du cou, le pigment brun dorsal débordait un peu sous les
côtés. A travers la peau ventrale on voit des lignes longitudinales de petites
vésicules, toutes de même dimension, sphériques, opaques, qui me
paraissent être les testicules, dont la description histologique, faite sur
d'autres individus, sera indi(|uée plus loin. Sur des échantillons de
même taille et de même l'orme j'ai trouvé des glandes mâles
actives (IM. I, lig. 4).
Sur la tète, on distingue un sillon ti'ansversal dorsal, passant sur les
côtés et venant rejoindre la bouche sur la face ventrale (PI. I, lig. 4) en
un angle dont le sommet est dirigé vers la [)ointe antérieure du corps
I IM. II, lig. 8). Sur la ligne médiane dorsale, les deux sillons ne semblent
pas se fusionner; c'est assez diffîcile à préciser, en raison des nombreux
plis do ri'pilhélium cutané contracté par le li(|uide conservateur. Sui' le
bord de la tète, de chaque côté, près du commencement du sillon, est
une petite tache blanche cutanée.
Contrairement à ce qu'on ohsQrwc chez Amp/t /par irs Micharlsrjii , qui a
sur la face ventrale de la tète deux sillons parallèles, il n'y en a ici qu'un
seul faisant un angle obtus au sommet duquel aboutit une ligne verticale
descendant de l'orifice commun à la tronq)e et k la bouche. Les sillons
ventraux sont profonds et probablement pigmentés de brun.
La trompe n'était sortie chez aucun de ces individus adultes, contrai-
rement à ce (juc l'on voit dans V AiHpIiiporas Micliaelsrni. On la retrouve
pelotonnée dans sa gaine, qui est fort grosse comparativement à la masse
générale du corps. Sur la photographie reproduite dans la planche II,
ligure 7, on peut voir une saillie longitudinale dorsah^ 1res prnnonc(''e
et flexueuse ; elle est produite par la trompe d'un bout à l'autre du
corps. Les coupes montrent qu'elle s'étend dans sa gaine presquejusqu'à
l'orifice anal, étant en certains points pelotonnée sur elle-même. Les
coupes montrent trois ou quatre sections transversales juxtaposées;
quelquefois cet organe est à peu près aussi long que l'animal entier, ce
qui est tout ditfV'rent chez Amphiportis Michaelseni, où il est beaucoup
plus court.
NËMERTIENS. y
2^ Fdi'iiiP cnlinilrKiup. — (le sont des rciiicllcs i'('m|>li('s (rd'iifs ;i iiialii-
rilô.
On rclronve à peu près les mêmes caractères de taille et de l'orme de la
lète; mais raspecti;énéral du corps est trèsmodifié ; il est tellement liourn-
d'cùufs que Ton voit par transparence (juil ]»ren(l la l'orme d'une pelile
baguette cylindrique (Pi. II, fig. (i). Le pigment des deux échantillons que
j'ai observés avait disparu ; je ne peux dire s'il change dans cet état. Il n'y a
pas de doute qu(^ Ion soit ici en présence de femelles près de pondre,
ainsi (pie l'élude des coupes me l'a jirouvé.
Ouandon examine à la loupe la face ventrale dn cor'ps, on y remar(|ue
un grand nombre de petites fossettes grises dispiisi'es en lignes longitudi-
nales, assez irrégulières, allant d'un bouta l'autre du corps et commen-
çant dès en arrière de la tète. C-ertaines de ces fossettes sont vides, tandis
(ju'au milieu de certaines d'entre elles on voit un [lelit bouton jannàtre.
Sur les coupes^ on retrouve ces fossettes, qui correspondent à un amin-
cissement circulaire de la peau, à travers lecpiel on voit un (cuf sous-
jacent; quand on a perçoit un petit bouton au centre de la fossette, c'est (pi'un
œuf est engagé dans le canal de sortie, par sa point(\ Les œufs sont sphé-
riques, mais, au moment de leur expulsion, ils sont |)iriformes. Chacun
d'eux est renfermé dans un sac distinct.
11 est à remarquer que ces fossettes sont formées par l'amincissement
du tissu cutané, dû à la dilatation consécutive au grossissement de l'œuf.
Il faut encore noter que ces orifices ne se ferment pas chez la Némerte
après sa ponte, pendant qu'elle incube ses œufs. Ce sont donc des orifices
devenus définitifs et qui jouent ai)rès l'expulsion de l'œuf un rôle tout
dill'érent dont il va être question plus loin.
La figure 0 (PI. II) représente une de ces femelles pleines d'omis; elle
montre une échancrure dans la région caudale sur le bord du corps;
c'est vraisemblablement le premier indice des lobes qui vont se former
dans l'état suivant après la ponte, pendant l'incubation.
3° Forme incubante (PI. I, fig. o). — Lorsipie l'on ouvre un nid
de cette Némerte construit comme il va être dit plus loin, on Irouve
l'animal en train d'incuber ses omis : il est étroitement appliqué sur eux
par sa face ventrale et, par sa face dorsale, contre un toit solide qu'il
8 NEMERTIENS.
s'est sécrété sous forme cYun vernis lisse, comme il a été dit plus haut.
Les espaces vides entre les œufs, entre eux et l'animal, entre lui et son
toit sont bourrés d'une sorte de sécrétion spongieuse, qui emballe tout
le contenu de la ponte de façon à en faire une seule masse (iig. Ij. Sa
nature sera expliquée plus loin. Si l'on fend la ponte et que l'on en retire
r^. ^
Fiy. 1. — Ampliiporiis incuhalor. — Coupe à Iravers une ponte montrant la feniolle sur ses «'uls, la lui'in-
brane vernie qui recouvre la ponle et la matière grenue qui comble les interstices de tout l'ensemble.
— 0E|. couche inférieure d'œufs ; OEj, couche supérieure d'œufs; I, intestin histolysé ; B, orifice de
sortie ; N, nerl's latéraux; A, couche cotonneuse en contact avec le l'ocber ; L, lobes latéraux ; R, ma-
tière grenue intcrstilielle; V, couche de vernis enfernianl toute la ponte; V, L, bourrelet intérieur de
vernis; ïi.To, deux replis de la trojupe. Gross. : 30 diamètres.
la Némerte, on lui trome un aspect très singulier, tout différent des deux
premiers (PI. I, fig. ii).
On remarque que l'animal est j)lissé profondément et comme recouvert
de grands lobes qui, partant de son bord, se retroussent lesuns par-dessus
son dos (fig. 3), les autres par-dessous son ventre (fig. 2). Ces lobes se
recourbent, s'imbriquent, se recouvrent les uns les autres, de sorte que
Ion a beaucoup de mal à les identifier; il fau[, avec de fines aiguilles,
soulever les bords et les débarrasser de la matière grenue qui les empâte.
On se trouve alors en présence d'un animal qui, par suite de l'évacuation
de ses œufs, s'est raccourci, s'est aplati, et en même temps sensiblement
élargi, car les lobes retroussés, réunis à plat, doivent presque doubler la
largeur de la Némerte primitive. Quand on dissèque l'animal, on remarque
NÉMERTIENS.
<)
que la i;aiiio de la ti'i)iiij)e, voluiniiieuse, est restée droite, et que c'est
elle qui, en quel(|ue sorte, est l'axe fixe du corps, autour duquel les
tissus mous se sont plus ou moins rétractés, tandis qu'elle ne se modifiait
pas.
La surface dorsale de l'animal, celle qui est appliquée contre la face
J?.
.T.
-î->'^i:ï:^S4iJVs< ' G. T.
L.-
JV.
I.
Fiiî. 2. — Amp/iiporus incubalor. — Coupi'à Iravers'le corps^d'une femelle ineubante monlrant ilrus lobes
venlraux. — 1. intestin; L, lobes ventraux; N, nerl's latéraux ; 0, orifiec de sortie d'un leul' puis de
l'épitliélium intestinal ; T, tiompc; R, épidémie détaclié: G. T. gaine de la tronjpo ; Mj, couche muscu-
laire externe; Mo, couche musculaire interne. Gross. : 40 diamètres.
inférieure de la toiture de la ponte, est lisse, un peu pigmentée, et diffère
par ce caractère de la face ventrale ; celle-ci, couchée sur les œufs, porte
sur ses plis leur empreinte sous forme de petites cupules hémisphériques
(PI. T, lîg. 5); ces petites fossettes sont rangées en lignes régulières
longitudinales sur tout le dessous de l'animal, de même que les œufs
sont alignés dans la [)onte qui va être décrite.
On remarque encore sur les lobes et sur la face ventrale do l'animal
de nombreux pores béants (B, fig. 1), qui ne sont autre chose que les
orifices par lesquels sont sortis les œufs et qui ne se sont pas refermés
après la ponte. Primitivement, ils ne s'ouvraient que dans le follicule
Expédilion CItarcot. — Joddi.n. — Némerliens. *
10
NEMERTIENS.
ovarien ; mais celui-ci s'est déchiré après la ponte, et le conduit s'ouvre
dans la cavité du tube digestif de l'animal, ayant subi lui-même une 1res
curieuse transformation, qui sera décrite plus loin.
Si on se contentait d'examiner les coupes sans avoir au préalable dis-
Fig. 3. — Ainphiporus vicubator. — Coupe à travers le corps d'une femelle incuijanti! iiionti'iril un lobe
dorsal. — I, intestin histolysé; 1), dos: T, trompe; GT, gaine de la trompe; N, nerf latéral ; W,, eouulie
musculaire externe; Mo, couche musculaire interne; L, lobe dorsal. Gross. : 'i'i diamètres.
séqué d'animal, on ne pourrait comprendre sa structure, tant ces plis, les
uns dorsaux, les autres ventraux, modifient son aspect.
Les coupes montrent l'extrême aplatissement de l'animal, dontles parois
dorsale et ventrale ne sont plus séparées que par une membrane d'un tissu
très singulier qui sera décrit plus loin (fig. 1 , 2, 3).
Voici comment j'explique cette transformation.
Les œufs sortis de l'animal représentent, tant ils sont gros et nom-
breux, un volume supérieur à celui qu'occupe dans sa ponte la
femelle vidée qui les a pondus; son corps n'est plus que le sac devenu
trop grand qui les a contenus jeunes, puis mûrs, puis les a évacués.
Us occupaient dans la mère à maturité les deux tiers de la masse de
son corps. Celui-ci, ainsi llasque et plissé, se loge contre la face supé-
NËMERTIENS. ii
riciire du nid incul)al(Hir <>t foniii^ un niatolas protecteur au-dessus des
u'ufs.
Mais ce ne sont pas seulement les (eufs qui sont sortis du corps de la
mère, c'est encore une autre production fort singulière qui va être décrite
.plus loin, et dont la perte contribue encoi-e à l'aplatissement de l'animal
incubateur. Cette Némerte dans cet état a donc subi de profondes modi-
licalions ; mais la trompe et le sac qui la renferme n'ont pas été touchés ;
ils restent intacts et semblent en quelque sorte l'axe fixe autour duquel
les autres organes se sont transformés.
(-es indications générales étant données, nousallons maintenant étudier
le nid dans lequel se fait l'incubation des œufs par la femelle qui lésa })on-
dus et ainsi abrités. Nous reviendrons ensuite sur la structure de ces di-
verses parties pour en expliquer le fonctionnement.
Le nid incubaleuf (IM. Il, fig. 1 à i). Cet An/p/iiporifs est très remar-
quable par la manière dont il dépose ses o'ufs pour leur faire subir une
véritable incubation. Il construit une sorte de nid solidement fixé à un
rocher, recouvert d'un toit complet, entouré par une muraille de même
nature, le tout formant une cloche hermétiquement close sous laquelle
il se cache étalé sur ses œufs.
Si l'on examine une ponte bien intacte, on lui trouve une longueur de
2 à 3 centimètres sur 6 à 8 millimètres de large. Sa forme est allongée,
pointue aux deux bouts; elle ressemble à une '-ourte gousse de haricot
dont les deux extrémités pointues auraient été un peu tordues
(PI. Il, fig. 1 à 4). La surface supérieure bombée (PI. II, fig. 1 et 4)
est parfaitement lisse et a l'aspect d'un enduit de porcelaine vernie
blanche ou grisâtre, brillante. Sur les pontes un ])eu déchirées, on
reconnaît que ce revêtement est formé de plusieurs couches de matière
superposées comme des couches de vernis ; sui' le bord de la ponte, les
couches forment une sorte de bourrelet, et elles ne sont plus adhérentes
les unes aux autres; on peut en compter cinq ou six (Voir V. L. fig. 1
dans le texte).
Cette couche protectrice dorsale et latérale est opaque et ne permet
pas de voir la disposition du contenu, contrairement à ce qui s'observe
dans une autre espèce. Les pontes détachées avec soin du rocher qui les
12 NÉMERTIENS.
supportait permettent au contraire de voir sur leur face adhérente ainsi
mise à nu (PI. 11, fig. 2 et 3) les œufs qui n'étaient séparés du rocher
que par une mince couche de la matière grenue dont il va être question
plus loin et une lame très fine de vernis, très mince, mais semblable à
celui du dessus et des côtés de la ponte. L'adhérence de la ponte à la
roche est assurée j)ar le bord épaissi de la croûte vernissée, et elle est si
parfaite que les moindres aspérités sont moulées en creux sur la couche
des œufs ; on peut voir sur une des figures (PI. II, fig. 2) l'empreinte d'un
Spirorhis.
Les œufs sont noyés dans une substance très spéciale, d'aspect coton-
neux, grenue, grisâtre; on la trouve aussi entre le dos de l'animal et la
coque de la ponte en une même lame rendue brune par les cellules |)ig-
mentées de la peau, qui se sont détachées et qui se sont mêlées à leurs
éléments. Il en est de même entre la face ventrale de la Némerte et la
première couche d'œufs. Enfin on trouve la substance cotonneuse disposée
en coussins, intercalée entre les lobes retroussés et le corps de la Némerte
(fig. 1). 11 en résulte que tout l'animal, tous ses lobes, tous ses œufs sont
emballés dans cette substance cotonneuse, et le tout remplit herméti-
quement la ponte, qui n'a pas le moindre espace vide intérieur. Il y en a
aussi une mince lame entre le rocher et la membrane vernie inférieure
(fig. I).
On trouve deux couches d'œufs superposées, l'inférieure appliquée
contre la roche, dont le vernis et la couche cotonneuse la séparent, la su-
périeure contre le ventre de la Némerte, le tout entouré de la matière
cotonneuse isolante. Le nombre des œufs contenus dans la ponte est
assez variable, car les pontes n'ont pas toutes la même dimension, bien que
les œufs soient toujours de même volume. .T'estime à 150 à 200 environ
le nombre moyen des œufs, qui ont environ 1 millimètre de diamètre.
Dans certaines pontes brisées, l'animal manquait; il est possible qu'il
en ait été arraché au moment de la capture. Je ne crois pas, en effet, que
cette absence de l'animal soit normale, car, dans les pontes intactes que
j'ai examinées, l'animal était toujours sur ses œufs sous son toit-.
J'ai photographié (PI. lll, fig. 1 et 2) une ponte où la Némerte,
surprise par le contact de l'alcool, avait commencé à sortir par une petite
NÉMERTIENS. 13
déchirure entre le liord du toit et les onifs à l'une des extrémités. Cette
petite fente était accidentelle ; ses bords sont en effet déchiquetés.
Jamais je n'ai trouvé aucun oriiice naturel dans le nid incubateur.
L'animal s'y enferme; lui et les jeunes ne peuvent en sortir qu'après
l'incubation terminée, peut-être par usure du toit ou décollement de la
ponte de la paroi de la roche qui la supporte.
J'ai trouvé des pontes dont les œufs étaient à divers états de dévelop-
pement. Dans les unes, les œufs jeunes, sans trace de segmentation,
devaient être fraîchement pondus. Dans les autres, j'ai trouvé les œufs en
voie de segmentation. Enfin j'en ai vu d'autres à demi déchirées et usées
où les embryons, ayant la forme de petits vers allongés, étaient pelotonnés
sui- eux-mêmes. J'en ai trouvé une dans laquelle les jeunes Vers déroulés
pouvaient se mouvoir librement ; ils n'avaient plus l'air d'être emprisonnés
dans les alvéoles cotonneuses, mais de se promener dans une masse spon-
gieuse largement lacuneuse. Dans cette dernière, déchirée, d'apparence
usée, la mère était absente.
Enfin j'ai photographié (PI. 111, fig. 3) une ponte en mauvais état, dont
presque tous les jeunes étaient sortis; on en voit quelques-uns restés
dans le mucus de la capsule ovigère, roulés en spirale.
N'ayant pas fait d'observations sur l'animal vivant, n'ayant pas eu de
renseignements, ni de croquis de couleur, sur ces bêtes en train de cons-
truire leur nid, je suis obligé, pour expliquer le mécanisme de la construc-
tion du nid, de la ponte et de la fécondation, de m'en rapporter aux
déductions que j'ai pu tirer du matériel conservé que j'ai eu à ma dispo-
sition. Voici donc comment, selon moi, les choses ont dû se passer.
La Némerte, lorsque ses œufs sont mûrs, est très gonflée et dilatée par
ses sacs ovigères qui la rendent à peu près cylindrique, probablement
aussi par une hypertrophie de ses glandes à mucus cutanées (PI. 11, fig. 6).
Lorsqu'elle a trouvé un emplacement convenable, elle s'y applique et
dépose sur la roche une menue couche de matière cotonneuse, ovale,
allongée, qui est peut-être formée par l'épithélium de sa peau ventrale,
peut-être aussi par un mélange de cet épithélium et du contenu de son
intestin, qu'elle expulse par son orifice anal. Quand ce premier matelas
mince et étroit, destiné à niveler le lieu de sa ponte, est construit, la
14 NÉMERTIENS.
Néniertc sécrète, probablement au moyen do glandes cutanées, une mince
lamelle de vernis isolant, recouvrant le matelas comme d'un drap, et ayant
une forme ovale allongée exactement semblable au contour de son corps.
Sur le pourtour de cette lamelle, un bourrelet plus épais est sécrété,
limitant cette sole comme d"uu rebord. C'est là, sur ce bourrelet, ([ue se
souciera la muraille sur la([uelle reposera le toit couvrant la ponte; la
paroi et la toiture sont plus épaisses que le plancher et sécrétées \)Hv la
peau du dos de Tanimal. Cette membrane devait être élastique quand elle
était Fraîchement sécrétée, d'où est résulté son aspect lisse et distendu;
puis elle sCsl durcie au contact de l'eau, c'est ce qui explique la façon si
intime dont la loiture et la muraille sont applit|uées contre la Némerte
et sa ponte, sans laisser aucun espace vide à l'intérieur.
11 est jjrobable que la sécrétion du vernis superiiciel ne se fait pas d'un
seul coup; ou pc'ut constater en efl'et que le toit est formé de plusieui's
lamellrs adln'rant intimement les unes aux autres (iig. I, ^^ Li; on ne
|)eut les séparer quau moyen de fines aiguilles et par petits fiagincnts.
Mais on voit ces couches séparées les unes des autres sur le bord de la
ponte, dans le bourrelé) marginal, où on peut distinguer cinq ou six lames
emboîtées constituant ce revêtement en bourrelet entourant le plancher.
La sécrétion du vernis ne peut se faire par l'animal que quand il est
enfermé dans le cocon, puisqu'il ne comporte aucun orifice lui permet-
tant d'y entrer après qu'il l'aurait construit. Cela doit se passer un peu
comme chez les chenilles, qui épaississent leur cocon par l'intérieur.
Ce nid étant construit, partiellement ou totalement, quant à son enve-
loppe protectrice extérieure, la Némerte qui yest enfermée se meten devoir
d'évacuer ses onifs. Elle en expulse un certain nombre qui viennent se
déposer sur le plancher en une couche continue^ le recouvrant entièrement ;
puis elle en dépose une seconde couche, moins nondu-euse et laissant
quelques vides entre eux; elle est superposée à la première. Mais tous les
espaces vides entre les ceufs, l'espace compris entre leur seconde couche
et la Némerte, entre celle-ci et son cocon, sont exactement l)Ouchés par
la matière cotonneuse de remplissage, dont il a déjà été (piestion et qui,
par conséquent, ne peut être formée que simultanément ou consécutive-
ment à l'expulsion des œufs.
NÉMERTIENS. 15
C'est uno (lucslioii (|iii m'a fort eml)cii'r;iss('' (|iii se [loso inaiiitciKuil.
Oircsl-cc (|ii(' cette matière cotonneuse (|iii emhalle si exactement les œufs
et les moindres replis de leur mère el ne laisse pas le plus petit espace
inoccuix' dans l(> cocon, si l)ien (pic la .\('merle ne peut plus y faire aucun
mouvement?
L'ex|ilicati(iii cpu' je vais donner me parait vraie, mais je suis oblii;('' d<'
laisser un doute planer sur elle, faute d'avoir eu du matériel étudié
vivant et sutllsanmient bien préparé.
Lorsqu'on examine à un fort grossissement cette matière, on constate
d'abord cpie ce n'est [)as un tissu, car tons les éb'ments qui le composent
sont isdb's les uns des autres; ils ressemblent à de petites fdirilles court(>s
mêlées à des cellules flétries contenant souvent un gros noyau; souvent
les noyaux sont isolés; ailleurs la partie librillaire est sans noyau. Cela
ressemble aux (déments flétris d'un épithélium cylindrique cjue l'on aurait
raclés et accumulés par paquets tassés dans tous les interstices de la ponte.
Aupr<>mier examen, j'aipenséque c'était 1 "épithélium cutané de la Némerte
qui s'('tait ainsi détaché et que l'animal employait comme isolant de ces
œufs; c'était comparable à ce que font certains papillons qui fabriquent
leur ponte en agglutinant les poils de leur abdomen avec leurs œufs.
Cette explication est certainement exacte pour une partie de cette
matière; elle s'ai»pliqu(^ notamment à la partie de la peau qui était
pigmentée en brun et que l'on retrouve, détachée du corps, presque en
place, sur le dos et sous le ventre de la Némerte. Si c'était uniquement
l'épithélium cutané In-un qui se d(''tachait, on devrait en trouver partout
dans le nid; or ce n'est pas le cas; la matière est grise entre les œufs,
entre les lobes, sur les côtés de la ponte. Ue plus, la peau ne fournirait
pas une quantité sutfisante de matière pour former la masse qui remplit
les interstices du contenu du nid.
C'est ici qu'il faut rappeler que, sur le corps des femelles pleines, on voit
de nombreuses fossettes grises qui correspondent à des œufs (IM. Il,
lig. (Ji; au moment de la maturité, ces cents prennent une disposition
piriforme et sortent par leur pointe en dilatant fortement l'orifice de
sortie. Connue ils tiennent une grantle place (Œ,, fig. i) dans la masse
du corps, comme ils ne sont séparés de l'intestin que par une membi'ane
l6 NÉMERTIENS.
excessivement fine, cette brusque sortie des œufs déchire les minces
poches qui les enferment, ce qui met en communication la cavité intesti-
nale avec le dehors par l'intermédiaire des orifices de ponte. Ceux-ci, en
.AI. T.
'O. Iv
Fig. 4. — Amphipovus incubator. — Coupe transversale à travers le corps d'une femelle prête à pondre.
— MT, musculature de la trompe; ET, épitludium interne de la trompe; GT, gaine de la trompe;
I, inlestin histolysé; N, nerf latéral; CE. œuf; V, vaisseau; 0, pointe de l'œuf prêt à être fécondé;
E, base de l'épiderme exfolié; CT, cavité du sac de la tiompe. Gross. : 42 diamètres.
effet, ne s'obturent pas après l'expulsion des œufs, et l'on peut voir sur
les coupes les débris de l'épithélium intestinal passant par un orifice,
alors que les embryons sont déjà parfaitement formés dans le nid (B, fig. 1
et2).
On trouve, sur la bête lobée, ratatinée, enfermée sous son toit, une
foule de ces petits orifices restés béants.
11 faut intercaler ici une courte explication de la structure de l'intestin.
Un va voir un peu plus loin sa structure étudiée chez des jeunes immatures.
NÉMERTIENS. 17
Clioz l'adulto, on Irouvo (|U(' rorilicr de la bouche et âo la tronipo sont
fusionnés, c'est un caractère (\\\//t/)/iij)o/its; puis vient un court œsophage
dont l'épithélium ghuKhdaiic se colore i)i(Mi par rhcmatoxyHne; lia la
structure plisséeeldonnanlsur les coupes l'aspect en bouquets de cellules
calicirormes, connn<' d'habitude chez les Amphiparus (fig. 'i). Mais
yi:c.
7: M. T.
I.-
JY.-'
Fig. 5. — Amphipovus incuhator. — Coupe ii Iravei'S la région antOi-ieure du c-orps d'une femelle incu-
banle ; l'oesophage avant la communication avec les deux premiers lobes latéraux liistolysés. — D, dos;
iM.T. musculature de la trompe; T, trompe; I, intestin histolysé ; N, nerfs latéraux; CE, oesophage;
iMi, couche musculaire externe; M,, couche musculaire interne ;N.c, lacunes sanguines et organe sensitif
sous le lobe cérébral. Gross. : tO diamètres.
bientôt commence l'intestin (fig. (3), dont les bords sont découpés en
lobes. Chez le jeune, l'épithélium intestinal est bien caractérisé, mais,
chez les adultes en activité reproductrice, il y a une véritable destruction
de cet épithélium. Aussi bien chez les mâles que chez les femelles,
toutes les cellules épithéliales se détachant de la paroi mince et mem-
braneuse qui les supporte, il n'en reste intactes que sous l'entrée de la
trompe, dans ce qui formait l'œsophage (fig. 6); un peu plus loin, on
trouve dans le plafond de la dernière partie de cet a^sophage une partie
fort intéressante (fig. 7j, où se forment, à mon avis, les cellules phago-
cytes, dont il sera parlé plus loin. Le plancher et les cornes de cette
première portion du tube digestif sont complètement dépourvus de
leur épithélium (fig. 6) ; il n'en reste plus aucune trace, et il en est
Expédition Charcot. — Jolbin. — Némerliens. 3
i8 NÉMERTIENS.
ainsi clans toute retondue de Tintestin et de ses appendices, jusqu'au
l)Oul du eorps. Il est transformé en une vaste poche membraneuse, à
bords découpés en une foule de culs-de-sac séparés par des trabécules
conjonciifs. déchi(|uetés, inéi^aux ; la ligure d'ensemble de Tinlcstin du
jeune fl'l. I, fig. 6) donne une bonne idée de ce qu'est cette complexité
T. .Z.
/.
3/2. Ah.
Fif,'. 6. — Ainiihi/iorus iiicubator. — Gouiio il li'avors la ri'gioii .ink^i'iourc (lu corps il'unr fi'jiirllo incu-
banlc. Coiiiinuiiiciition ilo la cavilù n'sopliagicnno avec l'inlcslin. Comiiionccmont clos pi-eiuk'rs lobes
latéraux ilors.iux. — 1), dcis ; ï, trompe: L, lobes dorsaux; 1, intestin liistolysé ; N, niirl's latéraux;
Os, épitlii'liuiM ilorsal lie l'intestin; iMi, couclie niuseulaire externe; Mo. eouebe niusrulaire interne.
Groas. ; 40 diauiètres.
des culs-dc-sac intestinaux avant l'époque de la maturité sexuelle. Mais,
tandis que cbe/ le jeune ces cnis-de-sac sont réguliers, ici, ( hez la
femelle à maturité, la présence des gros œufs a complètement fait dis-
paraître leur symétrie.
Cet intestin n'est plus qu'un sac très irrégulier i'em[)li d'un magma de
cellules libres, qui n'ont plus absolument rien d'épithélial et qui se sont
probabbnnent formées en utilisant les anciens épitbéliums pariétaux.
Il s'est produit, pour arriver à ce résultat, un véritable phénumène
d'histolyse ; une phagocytose intense, dont j'ai surpris la trace encore
active au [ilafond de l'arrière-œsophage (l'ig. 7), a utilisé l'épithélium
NËMFRTrr^NS. ig
oomniP îiliinciit poiii' I'iuiikm' des cellules libr'es, de ruriiie ét(/il(''t>, se
ciildi'anl rorleiiieiil |i;ii' riii'iiKiloxN liiie, ;i noyaux iiels, sans raj)|iort de
continuité les nnes avec les anli'es et loules de mêmes dinionsions. On
y trouve mélaugés quelques éléments conjonctils, mais <'n petite
quantité.
La figure 7 nuM'ite (|nelf|nrs mots d'explication spéciale; elle repré-
Fig. 7. — Ainphiponis inrubalor. — l'iiotograpliic d'une coupo nionliaiU la ii'yicjii a'SO|jli,-i<;ienne liisto-
lysùe. lin haut, truinpc: en dessous, le eroissanl. blanc repiésentc la cavil<' de la gaine de la trempe ;
en bas, à gauelie.un ceuf ; à dinile, cellules liistolysées intestinales ; au milieu, la masse de l'épillirlium
œsophagien dorsal avec nombreux phagocytes. Gross. : 200 diamètres.
sente la photographie fortement grossie d'une portion de coupe
passant par le milieu de la région (esophagienne, reproduite sans aucune
retouche. Le segment snp(''ri<'ur est la partie ventrale de la trompe; la
bande blanche en l'orme de portion d'anneau, située en dessous, est la
cavité de la gaine de la trompe. Au coin gauche inférieur de la figure est
la coupe d'un ouif. Au coin droit inférieur, un cul-de-sac intestinal
montre sa cavité remplie de cellules détachées. La grosse niasse centrale
en forme de croissant compact est la portion dorsale de l'tesophage 014
se forment les cellules phagocytes. La structure épithéliab» lobée nor-
niale a complètement disparu ; on voit une foule de noyaux se détachant
20
NËMERTIENS.
de l'amas compact et venant se libérer à la surface du tissu dans la cavité
œsophagienne ; la paroi inférieure de cet œsophage n'a plus d'épithé-
liuni; elle est réduite à une mince lame conjonctive adhérente, à gauche,
au follicule ovulaire avec lequel elle se confond en une lame très mince
Fis- 8. — Amphiporus incubator. — Coupe passant par un orifice de ponte dune feniille incubante. Par
rorifîce intérieur, on voit sortir des cellules provenant de l'inleslin. Les trabéeules conjonctifs liorizon-
taus séparent les divcriicules intestinaux pleins de cellules liislolysées. Ai -dessus de l'orifice de ponte,
on distingue des fibres musculaires striées. Gross. : 223 diamètres.
et très fragile. Ces cellules libérées détruisent l'épithélium intestinal et
détachent des fibres conjonctives de sa paroi.
C'est ce contenu de l'intestin que l'on voit sortir par les orifices laissés
sur la peau de l'animal, comme des femelles après la sortie des œufs et
que l'on trouve sur les coupes pratiquées dans la Némerte en train d'in-
cuber ses œufs. On voit ces cellules engagées dans le conduit dîg. 8)
passant à travers les méandres des trabéeules conjonctifs jusqu'à
l'intestin. La iigure 8 montre ce courant de matière allant de l'intestin
à la cavité du nid, où il se mélange aux débris épithi'diaux cutanés. Cette
matière complexe ressemble assez bien à du pus.
Primitivement, avant la ponte, les sacs à œufs n'avaient naturellement
aucune communication avec l'intestin. Ils se trouvaient entremêlés aux
culs-de-sac de celui-ci ; mais, lorsque la destruction par phagocytose
de l'intestin épithélial a eu lieu, sa paroi se trouve réduite à une mince
couche conjonctive. Les sacs à œufs sont aussi extrêmement minces ;
NÉMERTIENS. 21
il n'est pas étonnant qu'au nionuMit de la ])onl(' la sortie de ces très
gros (eul's amène des déchirures de ces frêles parois, accentuées encore
par 1(^ ramollissement général des tissus de l'animal. (Vest ainsi que
s'explique la sortie par les nondireux orifices de ponte du contenu de la
poche intestinale.
L'ouverture des orifices cutanés s'est faite pai' la pression des gros œufs
(jui ont écarté les fibres musculaires pariétales sans les rompre et leur
ont donné l'apparence d'un oritice entouré d'un sphincter. J'en ai représenté
plusieurs (fig. 2, 8, 0, 10). On y voit bien nettement des fibres circulaires
et longitudinales striées; ces orifices restent béants après la ponte.
Nous sommes donc là en présence d'un phénomène très curieux d'his-
tolyse, tel qu'on le voit chez divers animaux. Mais c'est, à ma connaissance,
la première fois qu'on h^ signale chez les Néniertiens.
Mais une dernière remarque reste encore à faire. J'ai dit que, dans les
pontes âgées, on voit de petites Némertes allongées, sorties de leur alvéole,
et semblant libres dans la cavit*' du nid, qui ne contient plus (ju'un tissu
lâche et caverneux. La figure 3 de la planche III est la photographie d'un
de ces nids et des jeunes qu'il contenait. A cet état, le tissu de remplissage
ne semble plus formé que par un peu de mucus durci mêlé aux restes
des membranes d'enveloppes, minces coques des onifs, déchirées par
l'éclosion des jeunes ; mais il ne paraît presque plus exister de cellules
cutanées ou intestinales phagocytées. Que sont-elles devenues? Je pré-
sume, sans être en état de le démontrer, qu'elles ont servi d'aliment aux
petites Némertes. Celles-ci, enfermées dans leur nid, dont elles ne
peuvent sortir, n'ont pu aller chercher de la nourriture au dehors; d'autre
part, elles ont un volume au moins double de l'oîuf qui les a formées.
Je pense que c'est la matière cotonneuse d'emballage cjui les protégeait
pendant les premiers temps de leur développement qui a été utilisée
comme aliment; une fois qu'elle a été consommée, l'époque de l'éclo-
sion arrive par déchirure naturelle du nid usé.
Ceci n'est, bien entendu, qu'une explication théorique cjui manque de
base faute d'observation directe sur les animaux vivants.
Quant à la Némerte mère, je ne puis dire ce qu'elle devient; il est pro-
bable qu'elle ne doit pas survivre à Téclosion de sa progéniture. Son intes-
22 NÉMERTIENS.
tin est dans un tel état de dilacération aprrs qu'il a évacué ses cellules,
sa peau est si complètenimt détruite par exl'oliation de son é|)iderme.,
les énormes ])Oches à (ruts ont tellcnii'iil coMipfinH' avant de se vider
J/j.
Fif;, '.I. — Aiiiplii/torus iiicuhalor. — Coupo ii travers Ir cnips criiiio IViUflIt' piiHc :ï ]ion(1i'(\ — 0. orifice
lie iiiinle; G/J |, (i-po. sIdI'IiIos pol.iires: li^.ljaso |)i^iiii_'iiléL' île ré|iiileinie : OE, pùle prolnplasiuiquo (le
l'ii^ul' ; V, vitclliis ; M,, e rirlie iniiseulairi' exieriir ; M,, roiirlir iiiUM-iiliilir iiilei'ne. Gross. :
2^0 diaiiiélres.
tous les organes, (pie vraiment je ne puis croire à la régénération de
l'organisuH^^ presque entier de la iiièi'e. .je ne vois pas comment elle
|)Ourrait déplisser tons ses tégiimeids pour leur leiidre la l'orme primi-
tive et reconstituer son intestin, didiuire les adhérences et les lolies,
rcdjoucher les orifices, etc.. Elle doit jx-rir après l'éclosion des jeunes,
et par conséquent sa vie complète doit évoluer en une saison. Les jeunes
Fi^. 10- — Aiiiphijiorus iiicuhalor. — Coupe à travers Ick eorps ilune Irnielli' prèle à p.imire. RupUirr île
la mince laraellv épidermii|ue à la suite de laquelle le pi'ile protoplasuiiiiue de Foeur est à nu. — OE, leul';
E(/, épidémie déclaré: K, base de répideruie ; Al,, mouclie musculaire externe; Al-j. couclie musiuluiru
interne: O, orilice de ponte. Gross. : 225 diamètres.
sortis de la ponte à l'été grandiront et se reproduiront vraisenihlaLde-
nient au printemps de l'année suivante.
NEMERTIENS. .23
Je iiir suis (IfMiiandi' coiiiini'iil |i(Mit se passor la fécondât ion. On sait
(|ii(^ les NcnicrlicMs, dt'poni'viis d'organes d'accouplement, se contentent
d'émettr'c Iriii's |ii'()(Uiils i;(''nilau\ cl de laissci'au iiasard le soin de faire se
renconli'cr les ('h'iiicnts sexuels. I)"auli'(> [lart, lorsque la Némerte femelle
pond SCS icul's, ceux-ci se trouvent di\\h enfermés sous la cloche imper-
méable (pu l'oi'uie la toiture et les côtés du nid ; le uiàle ne peut aller sous
cette cloch(> verser ses spermatozoïdes. Je présume que cette fécon-
dation a li<'u au moment où les (cui's nnu-s laiss(mt passer leur pointe par
l'orllice central des fossettes cutanées de la mère; celle disposition ne
doit avoir (pi'une courte durée. Ce bouton transparent, saillant, est
tout désigné [lour recevoir réh-nient iiiUe, et quand, ensuite, la Né-
merte construit son nid, s'y enfei'uie et dépose ses (eufs, ceux-ci sont
déjà fécondés, probablement depuis très peu de temps. Ce fait est uniqne
chez les Némertiens.
Etude (h's rtnipos. — .Vai fait de nombreuses coupes sur ces Némei'tiens
à divers états, et j'ai pu y faire quelques constatations intéressantes.
Chez le mâle, la partie antérieure du corps est plus cylindrique que la
r.
JV.-'
G. m-
j\:
G. rrt
Fig. H. — Amphiporus iiicuhator. — Coupe à ti-avers le coi-ps d'un niàle passant au milieu de l'animal.
N, nei'l's latéraux : (\.m, glandes mâles ; I, intestin liistolysé; T, tromiic. Gross. : iO diauiètres.
postérieure, qui est plate et concave ventralement. Les glandes sexuelles
consistent en un grand nombre de petites capsules (G. /y?, fig. 11) ou
poches sphériques qui sont disposées en un plan, les unes à côté des
24 NEMERTIENS.
autres, contre la peau ventrale de l'aninial. Ces poches contiennent de
nombreux spermatozoïdes mûrs, qui se colorent admirablement par
l'hématoxyline. Ces poches me paraissent presque arrivées à maturité,
car, à côté des cellules mères, on voyait les spermatozoïdes mûrs.
Comme elles ne sont pas grosses, elles ne font pas une grande saillie
dans l'intérieur et compriment peu l'intestin. Dans celui-ci on retrouve
la portion œsophagienne à épithélium glandulaire net et le reste trans-
formé, comme chez la femelle, en une bouillie en voie d'hislolyse, dont
les éléments ont l'aspect de cellules amiboïdes. Je n'ai vu chez le mâle
aucun conduit s'ouvrant au dehors et permettant à cette bouillie de
sortir. La trompe est très bien développée, à peu près aussi longue
que le corps, et forme une saillie prononcée sous la peau d'un bout à
l'autre du dos. En certains points la coupe, à cause du repli de cet
organe, en fournit deux ou trois sections.
Coupes de la femelle. ■ — J'ai fait des coupes chez plusieurs exem-
plaires, notamment chez la femelle qui a été représentée en photo-
graphie sur la figure 6 (PI. II). Elle était presque mûre et bourrée
d'œufs. Ceux-ci sont disposés en un rang sous la peau ventrale et com-
priment complètement l'intestin (fig. 1), dont la lumière et les diverli-
cules sont oblitérés, réduits à des amas de cellules isolés non disposés
en épithélium. Ainsi que je l'ai déjà fait remarquer, on constate que,
dans cet état, la paroi intestinale est accolée aux œufs et tellement
mince qu'il est souvent impossible de la retrouver. Les œufs paraissent
alors faire saillie dans l'intestin même. La membrane de la poche ova-
rienne qui les enferme est encore plus mince que la paroi conjonctive
de l'intestin contre laquelle elle est accolée. On comprend que, dans les
efTorls et les contractions musculaires que fait la Némerte pour expulser
ses œufs, ces membranes presque virtuelles cèdent et qu'il n'y ait
aucune difficulté à ce que le contenu pâteux de l'intestin 'sorte par les
trous de ponte qui ne se referment pas. On remarquera, dans les figures
représentant les coupes faites sur la Némerte après la ponte, que, dans
les lobes retroussés, le tissu conjonctif paraît avoir augmenté; cela
lient probablement à la diminution du volume du corps dû à l'expulsion
des œufs et du contenu intestinal. Il s'est fait des adhérences de la paroi
NÊMERTIENS. 25
dorsale et de la |)aroi ventrale du corps (|ui n'existaient pas dans la femelle
avant la ponte. En divers points, la peau du ventre adhère au sac de la
trompe, ce qui n'existait pas non |)lus avant la ponte. Toutes ces défor-
mations, ces expulsions d'oeufs et de tissu intestinal ont profondément
modifié la structure de l'animal; son intestin est en grande partie obli-
téré, et sa moitié droite parait, en maints points, ne plus communiquer
avec la moitié gauche.
.J'ai pu suivre sur les coupes de la femelle arrivée à maturité la trans-
formation graduelle de la paroi épithéliale de l'intestin en cellules iso-
lées. Malheureusement le manque de matériel bien lîxé laisse de nom-
breuses lacunes dans mes observations. Voici, en etïet, ce que j'ai ])U
observer.
La trompe et l'intestin ont un orifice commun tout près de la pointe de la
tète; puis l'œsophage commence, d'abord très étroit, sous forme d'un très
mince conduit à paroi épithéliale. Aussitôt qu'il a franchi le niveau du
système nerveux central, il se dilate, son épithélium se dispose sur des
supports conjonciifs en forme de plis, si bien que leur coupe donne l'aspect
connu de cellules caliciformes en bouquets; ce premier segment intes-
tinal est grand, en forme de croissant sur les coupes, dans la concavité
duquel se loge la trompe. Mais bientôt on voit la disposition épithéliale
perdre de sa netteté; à la base, les cellules sont encore distinctes, mais
tous les sommets sont fusionnés en une sorte de magma muqueux, dans
lequel on voit des cellules à gros noyau devenir plus nombreuses vers la
périphérie des bouquets; puis on voit quelques-unes de ces cellules qui
s'isolent du magma avec leur noyau et un contour irrégulier. Plus loin
encore, à peu près au point où commencent les premiers culs-de-sac intes-
tinaux, cet amas de cellules œsophagiennes diminue, puis se réduit à une
bandelette située sous la gaine de la trompe, qui, enfin, disparaît. 11 n'y
a plus alors de l'intestin que son enveloppe conjonctive, plus ou moins
remplie de cellules isolées, polygonales, probablement amiboïdes facile-
ment colorées par l'hématoxyline. Il n'y a plus trace de l'épithéliumintes-
tinal primitif.
11 a été déjà question un peu plus haut (p. 19j de cette curieuse
disposition qui a été photographiée (fig. 7).
Expédition Cliarcol. — Joubin. — Némerlieiis. 4
26 NEMERTIENS. .
Cette disposition peut s'interpr(''t('i' de deux manières: ou bien le pro-
cessus de destruction de l'épitliélium intestinal a commencé dans le lube
digestif, se propageant vers l'oesophage, à répo(|ue de la formation des
œufs.
Dans cette hypothèse, ce que je viens de décrire est la période
ultime de la transformation; il ne reste plus que l'œsophage à phagocyter,
tout le reste y ayant passé. Ou bien on peut penser t|ue ce sontles grosses
cellules en bouquets de l'épithélium o'sophagien qui, dès le commence-
ment du plK'noniène, ont produit les amibocytes chargées d'aller détruire
ré|)itliélium dans tout le reste de l'intestin. Cette émission active de
cellules amiboïdes chargé(»s de la destruction épithéliale serait alors
localisée dans la région dilatée de l'iesophage, entre le cerveau et le premier
cul-de-sac intestinal.
.Te ne sais (jucllc est celle de ces deux hypothèses qui répond à la réa-
lité. La question ne pourrait être élucidée que |)ai' l'étude- d'animaux
vivants et la fixation sur place, par des procédés histologiques perfec-
tionnés, de nombreux fragments à divers âges et à diverses périodes de
la maturité sexuelle. On peut cependant remai-quer que, dans la femelle
ayant pondu et enfermée dans son nid, l'iiilcslin est entièrement histolysé,
mais l'cesophage est resté intact; il ne subit donc pas la phagocytose.
C'est sa partie postérieure qui a émis les phagocytes, lesquels n'agissent
que sur l'épithélium intestinal et non sur l'épithélium œsophagien. On
peut constater que les poches à œufs commencent tout de suite après
la tète; même le voisinage des orifices rénaux est modifié, et les canaux
urinaires, de chaque côté, se trouvent intercalés entre les onifs, par con-
séquent très près delà pointe antérieure du corps.
On remarquera sur les coupes la disposition piriforme des œufs (fig. 4,
*.), 10;; c'est leur petite pointe qui forme au centre des fossettes le
bouton grisâtre saillant qui a été indiqué ])lus haut. Dans ceux-là le
phénomène de l'expulsion est commencé; dans d'autres, il y a encore
une toute petite membrane, tendue comme un tympan, qui ferme l'ori-
fice (fig. 9 et fOj. Ces oeufs se colorent assez ditficilement ; cependant on
y arrive en employant le carmin d'indigo picrique, concuiremment avec
l'hématoxyline, qui colore en violet foncé les tilamenls chromatiques au
NÉMliRTlENS. 27.
centre dos nnifs; ils sont lii sous loriiK' d"i'toil»'s parfaitement nettes qui
donnent do nia!j,nili(|ues préparations.
On i'(Mnai'(|uri'a encore (pic la niusciilalure est |)uissante et n'a pas été
touchée par la desirnclion liistolytique. (^l'est évidemment en rapport
avee la nécessité des contractions poui- l'expulsion des œufs et la construc-
tion du nid. Les deux neil's latéraux sont, eux aussi, restés intacts.
.le ne |)uis rien dire d(> l'épithélium cutané, (|ui a presque partout dis-
paru, soit que les écliantillons n'aient pas ét('' bien tixés, soit que la des-
quamation ait été o|)ér(M' naturellement dans le nid au moment de laponte.
Dans divei's points de la réii,ion céplialique, les coupes m'ont montré la
Fi^'. 12. — Ampliipot'us iacuhalor. — Coupe à travers le corps (Vunft femelle prèle W pondre. Orifice, canal
et ampoule urinaires. — 0, orifien ; E, base de l'épiderme; M,, couche musculaire externe: Mj. couche
musculaii'C interne; G, canal excrrleur ; V, ampoule urinairc ; Cm. tissu lyniphoïde Rrar.uleux ; S, lila-
hients ondulés; U, granulations uiinaires; I, couche conjonctive Jiiiiilanlc de l'inlcslin. Gross. :
22.T diauiélrcs.
disposition très curieuse des conduits urinaires. Ceux ci sont nombreux,
étroits et semblent se grou|)er pour aboutir dans des ampoules sous-
cutanées (tip,. 12). De chacune d'elles part un canal aboutissant au dehors
28 NÉMERTIENS.
par un pore rond. La coupe donne l'aspect d'une carafe avec un goulot
étroit très régulier. L'ampoule est à demi pleine de cellules d'aspect lym-
phoïde (fig. 12, C.'/ii) à contenu granuleux, laissant entre elles des espaces
vides. Çà et là on aperçoit des granulations, peut-être des urates, qui se
concrètent et se dirigent en file vers le goulot, mêlées à du mucus (G).
Quand on examine le goulot de cet appareil excréteur, on voit qu'il est
finement plissé longitudinalement; mais, en outre, on en voit sortir des
filaments onduleux, analogues comme forme à des spermatozoïdes fixés
par leur tète dans la paroi du conduit (^S, lig. 12). Ils semblent sortir
d'une cellule plate granuleuse; ils sont tous disposés de manière à avoir
leur point de fixation dans la direction de l'orifice excréteur et leur
pointe libre flexueuse vers la cavité de l'ampoule ; on en trouve aussi
de plus courts dans l'ampoule, au voisinage de l'entrée du goulot. Donc
tous ces fouets onduleux et probablement vibratiles sont disposés
« à rebrousse poil » du conduit excréteur. Cela n'empêche pourtant pas
les granulations excrétées de sorlir; j'en ai vu une file engagée avec du
mucus dans le conduit, au centre du revêtement de cils. Ceux-ci n'ont
de spermatozoïdes que l'aspect; ils n'dut pas la taille conforme, n'étant
d'ailleurs pas tous de même longueur, et leur fouet ondulant est beau-
coup trop épais. J'ignore le rôle de cet appareil cilié qui n'occupe pas la
situation (|iie d'ordinaire, chez les Némertes, ont les flammes vibratiles
excrétrices et qui a aussi quelque apparence parasitaire.
Etude d'un indwidu immature. — J'ai trouvé parmi ces Némertes un
lot de petits individus que j'ai pris tout d'abord pour des représentants
d'une autre espèce. Voici le texte de la note que M. Gain m'a remise à leur
sujet; elle fut prise au moment de leur capture :
« Ile Petermann. Station 3ol. 30 Décembre 1009. Sous des roches à
marée basse. Coloration rose. Je crains que leur couleur saumon avant
leur passage dans le sublimé ne provienne de la desquamation de l'épi-
thélium superficiel de la peau dorsale, car, pour la morphologie externe,
elles sont semblables à la variété que j'ai notée comme pourprée, laquelle,
en effet, est d'un rouge pourpré sur le dos et d'un rose saumoné a granu-
lations orange sur le ventre. ^>
Cette note de couleur est intéressante, car c'est le seul document que
NÉMERTIENS. 29
je possède sur ces jeunes. Je crois que les granulations oranges des adultes
doivent être des anifs jaunes vus à travers la peau chez des femelles prêtes
à|)ondre.
Quoi qu'il en soit, ces jeunes ont de 10 à l'i millimètres de long; leur
forme est la même que celle des adultes. Mais j'ai pu distinguer nettement
leur organisation en éclaircissant un exemplaire par la glycérine. Comme
ils sontassez minces, on peut voir facilement parce procédé ladisposition
du tube digestif et de la trompe. De plus, comme les organes génitaux
n'existent pas encore, ces appareils ne sont pas déformés.
Le tube digestif est très divisé en lobes, et chacun d'eux est digité en
3 ou 4 lobules secondaires périphériques (PI. I, fig. 0). 11 s'ensuit que
le tube proprement dit est moins important que ses appendices.
(l'est entre ces divers appendices que se logeront plus tard les u'ufs,
dont le développement les comprime et les rend méconnaissables.
Un cordon cellulaire plus épais se voit dans l'axe de chacun de ces
appendices, partant du tube principal. Un diverticule
antérieur se voit à droite dans la tète; je n'ai pas
trouvé son symétrique de gauche.
La trompe dévaginée laisse voir le noyau contenant
un très petit stylet central, monté sur un manche
presque cylindre, un peu plus gros en bas qu'à la
jonction avec le stylet. Il n'y a pas d'aileron au manche ;
je n'ai pu trouver de stylets de réserve (fig. 13).
La trompe de l'individu représenté était presque com-
plètement dévaginée; son épithélium superficiel est
presque lisse et ne présente pas les nodosités que
l'on trouve dans Atnnhiporus Michaelseni.
... Fi^'. \i. — Stylet .l'un
En résumé, cet intéressant Anipluporus est le individu jeune <vAm-
phiporus incubalor,
premier Némertien chez lequel un tel phénomène gioss. 300.
d'incubation ait été constaté. Il est remarquable
que cette adaptation se produise chez un Némertien antarctique, ce qui
rentre bien dans la règle habituelle qui veut que les animaux antarctiques
soient fréquemment incubateurs. C'est aussi la première Némerte chez
laquelle on trouve la construction d'un nid complètement clos où la mère
•30 NÊMERTIENS.
s'cnfermo avec ses (inifs. Enfin c'est la première fois que Ton voit chez
ces animaux, les œufs isolés dans une matière formée d'un mélange de
mucus, de cellules pigmentées cutanées et de cellules intestinales, trans-
formées par histolyse, émises par des orifices de ponte (jui persistent
a[)rès cette opération spécialement pour cet usage complémentaire.
Dans une note prise sur place, M. le D'" Liouville signale la présence
constante d'un petit Polychète vert brunâtre à côté des cocons.
Amphiporus Michaelseni Buryer.
Slaliiiii (•.;?'.). — (Jclohre l'.HiU. Ile l'clrnnunii.
SUilion ;'.7r>. — Ile Petermann. Février lUO'.i.
Sliiliiui SU. — Ile Pclcrmunn. Fin Tiovomhrc l'.lOU, après décanlalion rruiie Imillod'eau
iiù avaient s(''j()iinié des ]iiei'res couvertes d'Alênes et de colonies de Tiinieiers.
Les exemplaires de l'ile Petermann (pie j'ai éludiés sont cumplètenienl
décolorés ; ils difïercnt donc beaucoup, sous ce ra|)port, de ceux qui sont
décrits comme ayant une coloration dorsale pourprée. Mais je n'ai [lU
savoir si ces animaux avaient été lixi's par un réactif violent, par exemple
du sublimé corrosif, ce ipii expliquerait bnir décoloration pigmentaire.
Leur é|)iderme est très bien conservé, ce qui permet de voir nettement
les sillons céphaliques. Sur la face ventrale, il y en a deux parallèles, trans-
versaux, reliés sur la ligue médiane par un petit sillon vertical à leur som-
met. C'est du milieu du sillon supérieur que sort la trompe. Il est re-
marquable (jue presi|ue t<nis les exemplaires que j'ai éludiés ont leur
trompe sortie (PI. lU, fig. 4). Elle est toute couverte de grosses papilles,
et chez toutes elle n'atteint pas la moitié de la longueur du corps ; elle est
large, robuste, solidement implantée sur la tète. Je n'ai pas pu y voir de
stylets; ils ont dû être détruits par le réactif fixateur. .Je ne veux pas
entrer dans les détails relatifs à l'aspect de celte iNémerle; je renvoie
à mon mémoire précédent.
Dans ce mémoire, j'ai dit que l'animal pond une centaine d'omfs dans
un tube parcheminé, .le n'avais eu qu'un seul de ces tubes, très détérioré,
et je n'avais pu en donn(M' une description. J'ai, cette fois, des matériaux
plus complets, etje puis donner quelques renseignements nouveaux. Le
tube en question n'est pas cylindrique ; il a la forme générale en gousse
de haricot décrite pour ^4?/</;/f/y;o/7<.s incuhator. Mais cette ponte est ouverte
NË.UHRTir.NS. 31
aux deux hniils. cl ranimai |i('iit eu sortir, coimiih^ ou le voit, sur l'uuc des
|)li()l<i^ra|)liii's (]U('j(Mli)nu(' plus loin I IM. III, lig. Ij. Déplus le tube par-
rlicmiiu', lraus|)ai'ent, est heaucoup plus mince que dans A. l/ici/hafor.
L'animal y pond ses (puI's eu phujue contre la paroi concave de son corps.
Ils sont colli's ensemble par un mucus transparent, peu abondant, qui ne
ressemble pas du tout à celui de .1. iiicKhiitor. Il n'y a pas de matière
cotonneuse entre l'animal et ses œufs, ni entre l'animal et son tube, sur le
dos et les côtés. Il est donc beaucoup plus libre que lui et peut même quitter
sa ponte en sortant facilement dé son tube. Enfin je n'ai pas observé les lobes
du corps qui sont si remarquables chez .4. innihator ; les deux échantillons
en train d'incuber leurs (cufs que j'ai examini'S sont de même forme et de
même aspect que ceux qui out été recueillis en dehors des pontes. On dis-
tingue dans les anifs de l'une des pontes l'embryon roulé en spirale sur lui-
même ; quelques-uns même se sont libérés dans l'autre ponte; ou peut les
voir par trans|)arence sous forme de petits vers dans la ligure I [VX. IIlj,
à travers la paroi transparente de la ponte.
En résumé, cetteponte est plus simple que C(Mle A' A.incalKihir, et l'ani-
mal n'y subit pas les singulières transform liions di'ri'ites précédemment,
l'aile se l'éduit à un tube membraneux ouvert aux deux Ijouts, renflé en
une sorte de loge où la Némerte pond ses o^ufs et les co.ive, tout en
restant en comnuinication avec le dehors. .
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE I
Pig'. 1. — Extrémils postérieure du corps d'un Co-cl/ni/uliis rorriif/atits monslrucux.
Grossi 4 fois environ.
Fig-. 2. — Cerebra/u/us corriir/atus monstrueux de grandeur naturelle.
Fig. o. — Cerebralttlus cormgalitx. — Région bifide de l'échantillon représenté ])ai' la
figure 2. Grossi un peu moins de i fois.
Fig. 4. — Amjihipot'us incubalor. — La tète vue par la face ventrale. L'individu
complet avait 22™™, 5 de long.
Fig. T). — Amphiporiis incuhutor. — Moitié antérieure d'un individu en incubation,
extrait du nid. Face ventrale maintenant les plis du corps et les fossettes dues à la
compression par les œufs. Grossi environ 10 fois.
Fig'. (i. — Amphiporus incubalor, jeune. — Les deux tiers antérieurs du corps, vu par
transparence. Grossi environ 18 fois.
PIANGHE II
Fig. 1. — AiJip/iiporus incubalor. — Nid vu par sa face libre, long de 20™™,."). L'échan-
crure en haut, à droite, laisse passer un peu des lobes de l'animai.
Fig. 2. — Aniji/tifKirus incabator. — Même nid, vu par sa face afi|ilii[uée contre le
rocher. En haut, à gauche, par la déchirure, apparaissent les lobes de la Némerte et
quelques œufs. Au tiers moyen apparaissent deux empreintes de Spirorbis.
Fig. 3. — Ai/iji/iiporiis innthalnr. — Une autre ponte plus courte, d'environ IS mil-
limètres de long, vue par la face adliérenle au l'ocher.
Fig. 4. — Amphiporus incubalor. — Même ponte vue par sa face libre.
Fig. 5. — • Amp/iipoj'u.s incubalor. — Un màle vu par la face ventrale. Grossi environ
T) fois.
Fig. 0. — Amjt/iiporu.'i incubalor. — Une femelle bourrée d'œufs, vue par la face
ventrale. Boutons saillants dans les fossettes. Grossi .5 fois environ.
Fig. 7. — Amphiporus incubalor. — Individu immature, vu ]iar la face dorsale,
montrant la saillie de la trompe, long de 20 millimètres environ.
Fig. 8. — Amphiporus incubalor. — Autre individu immature, vu par la face ventrale,
long de 17 millimètres environ.
Fig. 9. — Amp/upo?'tis incubalor. — Autre individu màle ou immature, long de
1.') millimètres, vu par la face dorsale.
Fig. 1(1. — Amphijiorus incubalor. — Jeune, d'environ 13 millimètres de long. Le
même que celui de la ligure (1, planche I.
PLANCHE III
Fig. 1. — Amphiporus Michaelseni. — Individu incubateur grossi environ 12 lois,
montrant sa moitié postérieure. La région antérieure est sortie du nid.
Fig. 2. — Amp/iijiorus Michaelseni. — Autre individu incubateur. La région antérieure
sortie du nid, sa trompe projetée. Grossi 10 fois environ.
Nf:i\!ERriI:NS. 33
Fig'. o. — Amphiponix inrn/io/nr. — Xid iITtIhim'' inonlranl les jiMiiifs snriis tels (lu'ils
onl été préparés sur le viviinl.
Fig. 4. — Amphiporux Mir/uir/si'ni. — Doux individus grossis envirnu II) luis, l'un vu
de dos, l'autre de iirolil, mnnlraul l.i lr(iin|)e sortie.
l'LAXCIlF IV
Photog'rnphics des régions où se trouvcnl les Némortiens décrits dans ce mémoire.
Fig. 1. — La baie Marguerile entre l'Ile .Jenny cl la côle sud do la terre .Vdélaïde.
Vue prise d'un sommet de l'île Jenny.
Fig. 2. — Ile Déception. Aspect de l'anse de Port FosLer et des plages de la baie inté-
rieure et de Pendulum cove.
Fig. ^. — Ile Petermann. La côte à marée basse montrant les galets ]iolis par les
glaces.
Fig. 4. — Ile Petermann. La côte à marée basse. — Nombreuses frondes de Gracildria
siwpJex.
(Clichés de M. le D' Cain.l
E.i/jcdilion Chaicol. — Joubin. — Némertiens.
CÉPHALOPODES
Par L. JOUBIN
PROFESSEUll AU Ml'SEUM DHISTOIUE NMTIlfM.l.E El A I.'iNSIlTUT OCEANOlJRAPHlQUE
Les (céphalopodes récoltés au cours de l'expédition antarctique se
réduisent malheureusement à quelques échantillons appartenant au genre
Eledone. Il est regrettable que des recherches plus complètes n'aient pas
été faites, car la faune des Céphalopodes antarctiques est presque inconnue;
il existe cependant d'autres espèces, notamment des Décapodes, puisque
des débris de plumes de Calmar ont été trouvés dans l'estomac de Poissons
ou de Crétacés par l'expédition antarctique anglaise. Les deux espèces
qui m'ont été rapportées sont les mêmes que celles de la première expé-
dition; aussi je ne donnerai que de brèves indications sur leur compte.
Genre ELEBOSE.
Eledone Charcoti Joubin.
Mémoires de la Société zoolorjUiUP de France, l'.Klo, t. XVIIl, p. 22.
Station 735. — Dragage XVII. .\u milieu de la baie de rAmirauté. Ile du Roi-George.
Profondeur: 420 mètres. Chalut sur fond de vase et cailloux. Température de
l'eau du fond + ()°;6. 26 décembre 100'.).
Deux petits échantillons ont été trouvés dans ce dragage XYIL Ds ne
dilfèrent pas sensiblement de celui que j'ai décrit en 1905, si ce n'est par
la taille. La disposition des granulations est tout à fait la même, et je n'ai
aucun détail à ajouter à ceux que j'ai déjà donnés.
Les ligures ci-jointes montrent un des échantillons de cette espèce
photographiée pour (ju'nn puisse la comparer à une autre de même taille
à' Eledone Tariiaetï ; on peut voir ainsi la ressemblance de forme géné-
rale des deux espèces; leur seule différence importante est que, A-awa Ele-
done Charcoti^ le dos et le dessus des bras dorsaux sont couvei^ts de fins
36
CÉPHALOPODES.
tubercules cutanés dont j'ai décrit la structure, tandis que Eledone Titr-
qiieti est lisse.
Je n'ai trouvé chez ces deux Céphalopodes aucune trace d'hectocotyle.
Fig. 1 et 2. — Eledone Chnrcoli. — EL-haritillon lie oo iiiilliiiiotres, grossi d'ensircin un tiers. La ligure
de gauche représente la l'ace dorsale, celle de droite la lace ventrale.
On peut aussi remarquer que la fente de la membrane interbrachiale
sur la ligne médiane ventrale est plus accentuée chez E. l'Iiarcoti que
E . Turqueti^ où elle s'approche moins du siphon.
Les deux échantillons sont plus petits que celui que j'ai décrit en l!)0'i;
ils dépassent à peine 35 millimètres.
Chez l'un d'eux, le second bras dorsal gauche a été coupé au ras de la
membrane interbrachiale, et il repoussait sous forme d'un petit tubercule
à ventouses rudimentaires. Au premier aspect, cela ressemble à une hecto-
cotylisation très spéciale.
L'alignement des ventouses sur les bras est remarquable par leur régu-
larité sur un seul rang, sans qu'aucune se trouve déplacée.
CÉPHALOPODES.
37
Eledone Turqueti .louhin.
Mémoires de l<i Soriélc coolvgique île /■'/■(iiice, l'.Hi."), 1. XVllI, ]i. 'J'.).
Slalions 73i et 735. — Drajj;ag'e XVII. Même localité que ci-dessus.
J'ai eu à examiner trois petits échantillons de la station 73') et un seul,
beaucoup plus gros, de la station 734.
Ils correspondent bien tous deux à la description que j'ai donnée de cette
espèce en I90.'i. La peau violacée paraît lisse ; quand elle se dessèche, on
voit apparaître sur le dos, entre les yeux et sur la base dorsale des bras,
des tubercules rudinientaires ne faisant pour ainsi dire aucune saillie sur
la peau.
Fi-. 3 ft 4. .
Etedone Turqueti. — lii;liantilloii de 60 millimètres grossi ifun tiers environ. La li-iire
de gauche représente la face dorsale, celle do droite la face ventrale.
Le plus grand échantillon a environ 14 centimètres de longueur totale;
les trois petits ont environ 6 centimètres. Sur les petits, les ventouses sont
réunies sur une ligue régulière, quoique moins nettement que chez
Eledone Cliarcoti. Sur le grand échantillon, on voit nettement les ventouses
^s CÉPHALOPODES.
se comprimer çà et là el chevaucher de façon à donner l'apparence de
deux rangées que j'ai signalée dans mon premier mémoire.
Je n'ai irouvé aucune trace d'hectocotyle dans ces quatre individus.
HRACllIPODES
Par L. JOUBIN
ITldl'KSSErR KV MlSia M Hills IdIKr. NMI HF.I.I.i: KT A l'iNSTITlT Dr.KVNoCIHpnim'K ■
La collection d(> Bracliiopodes antarctiques que j'ai examinée comprend
un petit nomi)re d'espèces; mais l'une d'entre elles, Liothyriiia ara, est
représentée par un très grand nombre d'individus, plusieurs centaines, de
toutes tailles. Les autres sont au contraire réduites à quelques unités.
Ces espèces de Brachiopodes sont toutes connues; mais deux d'entre
elles sont encore extrêmement rares.
Liothyrina antarctica Blochmiinn.
Station 837. — Dragage XVIII. '^7 décembre i0:j9, 75 mètres, vase grise et cailloux.
. Température de l'eau au lond : + 0o,2. Anse ouest de la baie de l'Amirauté (île
du Roi-(jeorge).
Celte détermination n'est pas certaine.'. Les échantillons que j'ai exa-
minés avaient malheureusement été conservés dans le formol, de sorte
qu'ils sont arrivés totalement décalcifiés. Je n'ai donc pu voir aucune partie
de l'appareil brachial, ni de la charnière, ni du manteau. C'est seulement
par analogie de forme extérieure et de dimensions que je suis arrivé
à cette détermination. Il y avait 6 échantillons de 3 à 7 millimètres de
diamètre, assez plats.
Magellania sulcata E.-A. Smith.
Station .30. — Dragage VI. 1.5 janvier lUilU. 2ô'i mètres, roche et gravier. Tempéra-
ture de l'eau au fond: l°,i(). Entrée de la baie Marguerite, entre l'ile Jenny et
la Terre Adélaïde.
Smith (E.-A.). — Nat. hislorij of tlie National anlarctir Expédition (« Dis-
covery «) 190I-I9O4. Zoology, vol. II. Brachiopoda, p. 1, fig. 3 cl i.
Je n'ai eu qu'un seul échantillon en mauvais état de cette espèce. Sa
forme est plus globuleuse et le bord libre de la valve ventrale moins régu-
lier que dans celui ligure par E.-A. Smith. On remarque en elfet sur ce
40 BRACHIPODES.
bord deux sinus (fig. I) qui inti'rronipent la courbe. La valve ventrale est
1 2
Fig. 1 et 2. — Magellaiiia sulrala. — l'Aliantillon à peu près do grandeur naturelle. — Fig. 1 : La
valve ventrale vue par l'extérieur. — Fig. :J : Lécliantillon vu de prolil. La valve dorsale est brisée,
mais monti'e la crête luédiaae épaisse, fortement saillante.
aussi plus profonde que dans le type. Mais je crois que mon échantillon
était plus âgé, voisin peut-être de la
sénescence, et c'est ce qui a causé
ces différences. Les stries circulaires
tie la valve ventrale sont extrême-
ment nettes, au moins aussi accen-
tuées que dans les figures de Smith
(fig. 1 et 2).
On remarque la grande régularité
des perforations circulaires du lest.
Son aspect en écailles de cuirasse est
très régulier, plus que dans M. fra-
f/i/is (fig. 3).
Le test est fort mince, fragile, nacré,
à demi translucide. La valve dorsale
beaucoup plus plate. Une crête
saillante très bien marquée (fig. 2)
s'étend jusqu'au milieu de la valve. Je n'ai vu que les deux branches
dorsales de l'appareil brachial, la boucle ventrale manque. Le foramen
est grand.
Magellania fragilis E.-A. Smith.
Dragage XVIII ':^7 décembre 1000). — Clialul.Vasegiise et cailloux. Température : + 0°,'2.
Ile du Roi Georsre.
Fig. 3. — Magellania sulcata. — Fragment de
la coquille grossi 22a fois.
BRACHIPODES.
41
Smilli (E.-A.).— A'ot. f/is/ori/ n/' ilif Ndtiaiuil (iiiturilir Expédition (<< Dis-
rnvcri/ >>) l!H)l-J901. Zoolo^y, \u\. II. Br;icliiii|inil,i, li'^. 1 ot 'J, p. i.
,!(' r;ill;icho ;i ccUe ospèce incomplètement décrite par Smith les trois
échantillons que J"ai trouvés.
Je crois vraisemblable d'admettre que c'est une adaptation de la
Mafiolhinia rp/Kisft h la ré!.;ion antarcticpu». Les échantillons ((ue j'ai obser-
vés diflerent surtout de M. venom par la minceur de leur test et la réduc-
tion sensible de l'appareil brachial. Les caractères que cette disposition
spéciale donne à l'animal ont paru à K.-A. Smith sulTisants pour créer
une espèce nouvelle. Je pense qu'il eût été plus prudent de la nommer
Ma<jollania venoi^o var. anlarctl(a\ mais mon matériel est trop insuflisant
pour me permettre d'adopter cette détermination, et je préfère m'en tenir
à la dénomination de E. -A. Smith.
Les bras de l'appareil brachial sont extrêmement grêles; dans les deux
échantillons où j'ai pu les observer, ils étaient brisés; on peut cependant
les voir partiellement sur les photographies que j'en donne (fîg. a et 6).
Les perforations de la coquille sont nombreuses ; irrégulièrement dissé-
minéesentrc elles, on peut voir des lignes courbes très fines qui forment un
4 8 0
Fip. t, 0, «. — Marielhinia friigilis. — Giandcui- riaturelli'. — Fig. 4 : Vue extérieure do la valve
ventrale. — Ki". ri el 6 : Vue intérieure (h^- la valve dorsale des deux échantillons.
réseau serré d'écaillés imbriquées (fig. 7). Le septum médian de la valve
dorsale est à peine distinct, tant il est peu développé.
Dragag-e XX ^1"J janvier i'.Hiij. — 'iHn inèli'es, vase sableuse, cailldux, Ijordure delà
Banquise. Latitude : 70° lu' S. ; longitude : 780 30'W.
Je considère comme appartenant à cette espèce un échantillon trouvé
seul à cette station ; il a une coquille transparente et nacrée, très mince.
Expédilion Charçol. — Jolbi.n. — Biachipode.s. 0
42
BRACHIPODES.
Mais ses bras sont brisés, et il est impossible de déterminer avec précision
à quelle espèce il appartient. C'est vraisem-
blablement un jeune.
Stalion 70. — Drag-ag'e VIII. 170 mètres, ::?0 janvier
1009. Fond de roche, firavier, vase. Baie
Marjiuefite.
Un échantillon adulte semldable à ceux du
dragage W'ill.
Lioths rina uva.
Drni^nye XVIII (:^7 décembre 1000). — 75 mètres,
vase grise, cailloux. Chalut. Temiiérature
de l'eau au fond + 0°.:?. Anse ouest de la
baie do l'Arniiaulè. Ile ihi Roi-George.
Fig. T. — Mat/ellutiia ffci'jilit. — Frag-
luenl (le la coiiuilio gros?! 2i5 fois.
Ce di'agage est remarquable par l'extrême abondance d'échantillons de
Liothi/rina ura qu'il a fournis. Une faible partie seulement en a élé rap-
portée, et cependant j'en ai examiné plusieurs centaines d'exemplaires de
toutes tailles. Souvent les individus sont fixés les uns sur les autres de
façon à former des grap])es de dix à douze exemplaires. Quelquefois ils
sont si serrés qu'ils se trouvent dans la nécessité d'allonger iléuK'surément
leurs pédoncules pour ne pas être étouflés par leurs voisins.
Les plus gros individus ont un test assez épais, opaque, d'aspect rugueux
et de consislance de calcaire compact. Les plus jeunes sont presque trans-
parents; entre les deux on peut placer tous les individus à coquille légère-
ment translucide, permettant de distinguer le contour des organes, ce
qui n'est pas possible chez les plus gros.
Les jeunes sont plus plats et plus ronds que lesplusàgés, qui sont plus
épais et plus allongés (fig. 8 et 9).
J'ai photographié deux groupes qui donnent une bonne idée de l'aspect
général des individus à divers âges et de leur mode d'association.
Dragage YII (16 janvier 1000). — 250 mètres, fond rocheux, près de la Terre Alexandre.
Température de l'eau au fond: 1°,0. Latitude : 08° .54' S. ; longitude : 72''05 W.
Paris environ.
Deux jeunes exemplaires appartenant probablement à cette espèce.
BRACHIPODES.
43
Dragag-e XX (1"2 janvier lOKl). — ("lialiil. i(')() iru''lr(>s. Vase sableuse, uomhi'Ciix
eailloiix.
^8 9
l'ig. 8 cl 9. — Lwlhyi'ina iica. — Deu.v groupes cl'individu.s fix('s sur dos coquilles mortes do la nioiiio
espùce. — Kig. 8 : Individus de moyenne . taille. — l'-ig. 9 : Individus de grande taille. Ces deux
pholograiihies sont réduites d'un qunil environ.
Trois ou quatre échantillous de'grande taille, qui, ayant été conservés
dans le formol, sont complètement'décalciOés.
Deuxième Expédition Charcot
Pl.I.
LJouiiin del
Imjt L Lafonlaine Pans
Reiqnier lith.
Nemer "tiens .
Masson&C^.éditeurs.
Deuxième Expédition Ghavcot (L. Joubin , Nciuenieus]
PI. II
Clichés L. Joubin
Pliototjpie G. Chivot
Némertiens Antarctiques
Masson & Cie, éditeurs
Deuxième Expédition Charcot (L. Joubin, Némenkns)
PL III
Clicliés L. Joubin
Phototypie G. Cliivot
Nemertiens Antarctiques
Mas son & Ci=, Editeurs
g
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01
EO
ALCYON AIRES
Par CH. GRAVIER
I
PARTIE GÉNÉRALE
A. — ALCYONAIRES RECUEILLIS
PAR LE « POURQUOI PAS? ».
La seconde expédili(jn antarctique française (1908-1910) n'a pas rap-
|)Oil(' moins de 13 espèces d'Alcyonaires recueillies par M. le D"^ J. Liou-
villc, attaché à la mission en qualité de médecin et de naturaliste. Ces
13 espèces, dont 8 sont nouvelles, appartiennent à 10 genres, dont
un nouveau, et se rangent dans ii familles bien distinctes. Si l'on compare
ces résultats à ceux des expéditions antarctiques antérieures à la croisière
du " Pourquoi Pas ? » et qui sont actuellement publiés, on constate qu'ils
apportent une très importante contribution à nos connaissances concer-
nant la faune d'Alcyonaires des mers antarctiques.
Ces Alcyonaires sont indiqués dans la liste suivante, où les espèces
nouvelles sont en italiques :
I. — Ordre des ALCyfhXArEA.
I. — F.iinille des CLA VULARIID.^ Hikcson.
Sympodium anlarclicum Gravier.
II. — Famille des NEPHTHYID.E (Verrill).
Eunephlhya Hicksoni Gravier.
Expédition Charcot. — GnAviER. — Alcyonaires. i
ALCYONAIRES.
H. —Ordre des GOHGONACEA.
111. — Famille des ISIILE Grav.
Primnoisis anlarclica (Studer).
— formosa Gravier.
Mopsea elongala Roule.
Mopsea gracilis Gravier.
Nolisis n. g. fragilis Gravier.
IV. — Famille dos PRlMNOID.i: (Milne-Edwards).
Tlwiiarella variabilis Wrio;ht et Studer. Primnoella Kiikenlhali Gravier.
— longispinosa Kiikenthal.
Stenella (Dasyslenella) Lionvillei Gra-
Caligorgia ventilabrum Studer.
V. — Famille des MUIUCEID.^ Verrill.
Acanlhogorgia Thomsoni Gravier.
Ainsi que le montre la liste précédente, les Gorgonacea ont une large
prédominance dans cette faune d'Alcyonaires, puisqu'ils comptent à eux
seuls 1 1 espèces sur les 13 rapportées parle « Pourquoi Pas? », et parmi
eux, les deux familles des I.sidce et des Primnoida;, puisqu'elles ont
chacune 5 espèces, soit 10 espèces en tout. Ce sont là des remarques
qui s'appliquent, à des degrés divers, aux autres expéditions antarctiques.
Ce qui donne à la collection d'Alcyonaires du << Pourquoi Pas?» une phy-
sionomie spéciale, c'est qu'elle renferme des exemplaires de deux espèces
appartenant à deux familles qui, jusqu'ici, n'avaient aucun représentant
connu dans l'Antarctique, celle des Nephthyidœ et celle des Muriceidœ.
Au point de vue zoogéographique, r£'^?y/?/>^/////«/^/V'/iAon/, qui appartient
à la première de ces deux familles, offre un intérêt spécial. Des 14 espèces
de ce genre maintenues par Kûkenlhal, après sa revision approfondie des
A'(?/j/iM// /(/«', 13 proviennent desrégions arc tiques ou subarctiques. Une seule
espèce, V Eunephthija antarctica KiikenLhal, a été recueillie par la « Val-
divia » dans les parages de l'île Bouvet, à .")('»7 mètres de profondeur
(latitude : o6°29',3S. ; longitude : 3° 48'E.), c'est-à-dire dans les eaux sub-
antarctiques. En ce qui concerne le genre Acanthocjorcjia, de la famille
desMiiriceidœ, le « Challenger » a fait connaître 3 espèces sur les côtes de
l'Amérique du Sud ou dans les mers subantarctiques : A. Ridleyi Wright
et Studer, de Port-Grappler en Patagonie (profondeur : 252 mètres) ;
ALCVONAIRES. 3
A. /axa Wrif^ht et Stiidor, tlo Torn Ray en 1 atagonio (profondeur :
31 .") mètres) ; A. raniosissima Wright et Studer, de l'île du Prince-Edouard
(profondeur : bo8 mètres). De plus, outre le genre nouveau lYotisis (de
la tribu de Mopse/nœ), le genre Si/mpodiKni parmi les Clavulariidœ et le
genre Stenella parmi les l'rinDionhi' n'ont Jamais été signalés dans les
mêmes mers.
r/examen des espèces du genre Tlionnrella (V'aienciennes) m'a conduit
cà faire l'étude approfondie du type du genre, appartenant aux collections
du Muséum d'histoire naturelle de i'aris, rapporté des îles Malouincs ou
Falkland par l'illustre capitaine du Petit-Thouars, type que Valenciennes
nomma et figura sans la plus sommaire indication et qui n'a jamais été
décrit jusqu'ici, bien qu'il ait servi de base à la classification du groupe des
ThouarelUnœ.
Chez un certainnombre de GaniniKirra du » Pourquoi Pas ? » , qui , comme
leurs congénères, sont tout enveloppés d'une épaisse cuirasse de spicides
calcaires :
Mopsea gracilis Gravier. | Mopsea elongala Roule.
j'ai puobserverde curieux fails d'incubation (Ij. J'ai découvert égale-
ment, chez quelques types :
/'rimnoisis ramosa Thomson et Ritchie Mopsea grarilia Gravier.
— • formosa Gravier.
de véritables galles causées par un C.rustacé parasite qui est étudié à
la fin de ce mémoire (2). Grâce à la complaisance de M. L. Uoule. j'ai
pu comparer les matériaux de la deuxième expédition antarctique fran-
çaise à ceux de la première; chez la R/iopalo/iel/a pf:'/tdi(linaY\ou\(\yd\
retrouvé, sous une forme spéciale, un fait d'incubation analogue à celui
que j'avais conslaté chez la Mo/isfa e/o/if/a/a Houle et chez la Mopsea
f/rari/is Gravier du « Pourquoi Pas ? ". J'ai été ainsi amené à étudier
les caractères morphologiques de cet Alcyonaire, type d'un genre nou-
veau créé par Roule.
(1) Ces faits sont à rapproclier des divers cas de viviparité signalés chez certains Alcyonaires
par plusieurs auteurs, et nutanunent par Laca/.e-Duthiers, Marion et Ku\vule\\>ky, Koren et
Danielssen. S. .1. Hiclvson, .1. A. Tiiomson et \V. D. llendeison.
(2) Voir l'appendice à la suite du mémoire sur les Alcyonaires.
4 ALCYON AIRES.
Tous ces Alcyonairos proviennent de dragages exécutés en divers
points de la croisière du « Pourquoi Pas? » et qui ont donné les résultats
suivants :
Dragage IV. — 28 décembre 1 008. Profondeur : 53 mètres. Fond : roches
et gravier. Température de l'eau au fond : Oo,0 G. Chenal Peltier, le long
de l'ile Wiencke, près de l'îlot Gœtschy. Latitude : 64ojO'S. ; longitude:
630^0' W. (1) :
Primnoella Kiikenihali Gravier.
Dragage VF. — 1 ojanvier 1 009. Profondeur : 254mètres. Fond : roches et
gravier. Température de l'eau au fond : — -lo,18 C. Baie Marguerite, entre
l'ile Jenny et laTerre Adélaïde. Latitude: 67° 4.H' S. ;longitude: 68o33o\V.:
Primnoisis anlarclica (Stuilcr).
— - jormosa Gravier.
Mopsea gracilis Gravier.
Notisis fragilis Gravier.
Thouarella variabilis Wright et Studer.
— • longispinosa Kùkenthal.
Dragage VIIL — 20 janvier 1009. Profondeur : 170 mètres. Baie Mar-
guerite. Température de l'eau au fond : 0^,2 C. :
Primnoisis forinosa Gravier.
Thouarella variabilis Wright et Studer.
Stenella [Dasyslenella) Lioiivillei Gra-
vier.
Caligorgia venlilabruin Studer.
Acanihogorgia Thomsoni Gravier.
Dragage IX. — 21 janvl(M' 1000. Profondeur: 230 mètres. Fond : sable
vert et roches. Température de l'eau au fond :0o,l C Au sud de l'île
Jenny. Latitude : OSoOl' S. ; longitude 68° 00' W. :
Eunephlhya Hicksoni Gravier. | Caligorgia venlilabruin Studer.
Dragage XV. — 26 novembre 1000. Profondeur: 50 mètres. Fond:
vase et cailloux. Température de l'eau au fond : 0°,! C. Devant Port-
Lockroy ; chenal de Roosen. Latitude : ()4o 40'S. ; longitude : 63° 30'W. :
Sympodium anlarcliaun Gravier. | T/iouareZ/a uarf a 6 j7js Wright et Studer
Dragage XVL — 9 décembre 1909. Profondeur : 150 mètres. Fond :
(1) Les longitudes et les latitudes, les profondeurs, la température de l'eau aux diverses
profondeurs sont conformes aux données du mémoire de M. .1. lioicn : Deuxirme Expédition
ant'trctiqne françainc (1938-1910). OciJaiwijraphic physique (1913). Les longitudes sont comptées
à partir du méridien de Green^v ich.
ALCYON AIRES. 5
vase. Tompi'i'afiire do l'eau au l'oud : — |o,!{ C. Ilr Déceptimi ; milieu de
Port-Forster. i.;itilu(lc : {^2° 'V.V S. : l(.ni;ilu(le : {W^'X.V \V. :
Mnpsfii cltin<i<!la Roulo.
Dragages XIX et XX. — 12 janvier l'.MO. Profondeur : 4(i0 mèlies.
Fond: vase sableuse, nombreux cailloux. I^ii bordure de la bancjuise.
Latitude : 70° 1 0' S.; longitude : 7.So30'\V. :
F'rimnoisis forinosa Gravier. i Acanlhogorgia Thoinsoni Gravier.
Thouarella variabilis Wright et Studer. '
B. — ALCYON AIRES RFXUEILLIS PAR LE « FRANÇAIS «
(I'^ EXPÉDnioN ANTARCTIQUE FRANÇAISE, 1903-
1905). — ALCYON AIRES CONNUS ACTUELLEMENT
BANS L'ANTARCTIQUE SUD-AMÉRICAINE.
Lapremièreexpédition antarctique française (1903-1905) avait rapporté
les espèces suivantes, étudiées par L. Roule (1908; et qui appartiennent
toutes à l'ordre des Gorgonacea.
I. — Familip des PI{IMNOID.E (Milne-Edwards).
|o Tkoimrella%^. — N° 8 il. Quelques fragments de colonie. Ile Anvers,
baie Biscoë. Dragage par 110 mètres. 11 février 190o.
La comparaison des exemplaires du « Français » à ceux du » Pourquoi
Pas? » m'a montré qu'il s'agissait, ainsi qu'on le verra plus loin, de la
Thouarella vuriahUis Wright et Studer, dont la seconde expédition
antarctique française a rapporté de nombreuses colonies.
2'' Rhopalonella pendul'ma Roule. — Not)38. Deux grands échantillons
complets. Nos (",39 ,4 (^40. Fragments de colonie. Ile Booth-Wandel.
Ces exemplaires et les précédents furent recueillis frais dans des nids
de Cormorans.
Il s'agissait là d'un type nouveau, tant au point de vue générique qu'au
point de vue spécifique.
II. — I-"amiile des ISIDjE Gray.
3° Mopxea dichotonia Lamouroux. — N° 6 il. Un échantillon. Ile
Booth-Wandel.
6 ALCYONAIRES.
i° Mopsea elongafaWoiûe. — N" 641. Un échantillon. Ile Booth-Wandel.
Cette espèce se retrouve dans la collection du « Pourquoi Pas ? ».
li° Priiniinisis rainosa Thomson et Ritchie. — N" 841. Plusieurs échan-
tillons. Ile Anvers; baie Biscoë. Dragage, par 1 10 mètres, 1 1 février 1905.
Cette espèce doit très vraisemblablement être identifiée, comme le
présumait Roule, et ainsi qu'on le verra plus loin, à la Primnoisis anUivc-
tica (Studer), que le « Pourquoi Pas ?» a recueillie dans la baie Margue-
rite.
Il peut paraître surprenant que ni l'une ni l'autre des deux expéditions
antarctiques françaises n'aient rapporté de représentants de l'ordre des
Pennatnlacea, d'autant que, dans les mêmes régions, la « Belgica » a
recueilli des exemplaires de VUmhoIlKla l'arpenteri Kôlliker, quiaétééga-
ement récoltée par la « Discovery » au Victoria Land et par le « Gauss »
au voisinage de la Terre de rEmpereur-Guillaume II. L'expédition antarc-
tique suédoise, commandée par 0. Nordenskjôld, a dragué deux exem-
plaires d'Um/wl/ ((/(!, l'un dans le détroit de Rranslield, l'autre dans le
canal d'Orléans ; malheureusement, ils furent perdus avec le bateau qui
qui fut détruit au milieu des glaces. Les esquisses coloriées du plus petit
exemplaire, reproduites dans l'ouvrage de Nordenskjôld, n'oll'rent pour
a détermination aucune indication sûre. Le plus grand des spécimens,
provenant du détroit de Bransfield (profondeur : 840 mètres; température
du fond: — lo,5o C.) avait 2™, 55 de hauteur; le plus petit, celui du canal
d'Orléans (profondeur : 710 mètres ; température du fond : — lo,05
C. 0m,06).
D'après Jungersen, les dimensions colossales du premier exemplaire
sembleraient indicpier qu'il s'agissait de Vlhnhellula niagiiiflora Kôlliker;
cependant il ne paraît pas impossible au savant zoologiste danois que
VUmhel/ula Carpenteri, trouvée dans les mêmes parages, puisse atteindre
la même taille.
La « Belgica » a ramené de la profondeur de 2 860 mètres (position
estimée, latitude : 70° 40' S. ; longitude : 102ol5'W. ; température du
fond : 0°,5 C.) huit exemplaires cV Unthe/lu/n Carpentet^i detaiWe médiocre,
puisqu'ils n'avaient que de 105 à 173 millimètres de longueur totale.
L'exemplaire de la «Discovery » trouvé près de la Barrière de Glace (lati-
ALCYONAIRES. 7
lude : 78° environ^), à 300 brasses (i)40 mètres) de profondeur, avait
700 millimètres de loiii^ueur totale. En revanche, les d(>ux exemplaires
du " dauss», qui vivaient respectivement aux profondeurs de 2 72o et
2 4o0 mètres, étaient de petite taille.
D'après les données précédentes, il semble bien que l'absence à'Um-
hellula dans la collection du » Pourquoi Pas ? » tient très vraisembla-
blement au fait que ce bateau n'a pu faire de dragages à des profondeurs
suffisantes. La non-existence, dans la même collection, de tout repré-
sentant des genres Callozoxtrdn Wright etStuder e[Sfachi/odes Studer est,
peut-être, imputable à la même cause. Jusqu'ici, Vlnihellida Carprn/cri a
été trouvée aux points suivants de rAntarcticjue :
Latitude : 62*' 20' ; longitude : 95° 44' E. Profondeur : 3 555 mètres («Challenger»).
— 53055' — 108o45'E. — 3 510 — —
— 78oenv. — 174° 0. — 540 — («Discovery»).
— 70° 40' — 1020 15' 0. — 2 860 — («Belgica»).
En outre, le " Gauss » en a dragué un exemplaire le 24 février 1003, à
2 723 mètres de profondeur, et, un autre, le l^' mars 1903, à 2 450 mètres.
Kùkenthal n'indique pas les coordonnées des stations où ces exemplaires
ont été pris. Mais, d'après la marche du << Gauss», ces stations doivent
être situées entre le 80« et le 90^ degré de longitude E. De sorte que ïUm-
hellula Carpentfsi a été trouvée aux longitudes suivantes dans les mers
antarctiques :
Du 80e au 90e E. ;9&o44'e. ;108o45'E. ; 102o 15 W. ; 174° W.
Tout porte à croire, dans ces conditions, qu'il s'agit ici d'une forme
circumpolaire.
Quoi qu'il en soit, VfJmhellala Carppnteri Kôlliker ayant été recueillie
par la <( Belgica », — et peut-être aussi par l'expédition suédoise, — dans
les parages fréquentés par le «Pourquoi Pas? », il y a trois espèces à
ajouter à la liste des Alcyonaires rapportés par celui-ci pour avoir
celle des animaux de ce groupe connus actuellement dans l'Antarctique
sud-américaine :
Rhopalonella pendulina Roule, du « Français ».
Mopsea dicholoma Lamouroux, du «Français».
Umbellula Carpenleri Kôlliker, de la « Belgica»,
8 ALCYONAIRES. ■
Soit, en tout, l(j espèces, dont 2 A/rijanarra, ["iGnrgonacea et 1 Pruna-
talacea.
C. — ALCYONAIRES RECUEILLIS PAR LES AUTRES
EXPÉDITIONS ANTARCTIQUES RÉCENTES.
De nombreuses et importantes missions ont sillonné rAntarclique dans
ces quinze dernières années. Celles dont les études sur les Alcyonaires
ont été publiées jusqu'à ce jour sont les suivantes, les deux expéditions
françaises mises à part :
«Southern Cross», 1898-1'JOO.
National Antarctic Expédition 1901-1904 (« Discovery »).
Scottish National Antarctic Expédition 1901-1904 (« Scotia »).
Deutsche Sudpolar Expédition 1901-1903 (« Gauss »).
De la " Beli;ica », les Pcnudlnldrpd seuls ont ét(' étudiés [Uinhellala
(Uirprnteri Kôlliker). On ne coiuiaît |)as encore actuellement lesrésultats,
en ce qui concerne les Alcyonaires, de l'expédition suédoise, quia exploré
éi;alement l'Antarctique sud-américaine.
I._ ,, SOUTH KHN CROSS ...
La " Southern ('ross » n'a recueilli que deux espèces (Tx^lcyonaires :
1° Clavnlnria frankliniana Roule. Ile Franklin. Profondeur : 18 mètres.
2" Alcyoniain Picssleri W. May. Ile Franklin. Profondeur : 43 mètres.
II. — « DISCOVERY...
La « Discovery », qui aexploi'é les mêmes parafées (Victoria Land) que
la « Southern Cross », a retrouvé les deux espèces précédentes et, déplus,
6 autres espèces, soit en tout 8 espèces, dont 3 étaient nouvelles pour la
science, et qui appartiennent à 6 genres différents.
1. — ALrrO.YACEA.
Famille des CLA VULARIID.E Hickson.
Clauiilaria Frankliniana Roule. Ouartier d'hiver. 8-12 brasses3/4 (1411,50-23 mètres).
Alcyoniain l'xssleri May. Erebus. 12 brasses 3/4-124 brasses (23mètres-223 mètres).
ALCYON AIRES.
II. — ('.(lliliONArEA.
Famill.' des ISILLE Gray.
Primnoa dclicalnla Hickson. Ouarticr d'hiver. 25-30 brasses (45-54 mètres).
— anlarclica Studer. Mac-Murdo Bay. 20-120 brasses (36-216 mètres).
— si>icala Hickson. Mac-Murdo Bay. 96-120 brasses (173-216 mètres).
Famille des PRIMNOIDE.
Thoiiarella anlarclica (Valenciennes). Quartier d'hiver. Coulman Island, Mac-Murdo
Bay. Station 290, 96-252 brasses (173-457 mètres).
Primnoella 'divergens Hickson. Extrémité est de la Barrière. 100 brasses (180 mètres).
///. — PENNATULACEA.
Umbellula Carpenieri Kôlliker. Près de la Barrière. 300 brasses (540 mètres).
III. — « SCOTIA ».
La '( Scotia », qui s'est dirigée aussi vers le Victoria Land, a rapporté
9 espèces d'Alcyonaires, dont (i nouvelles. De ces espèces, une seule pro-
vient des mers antarctiques proprement dites, c'est la Primnoi.^is ramosa
Thomson et Ritchie, prise à la station 4H [latitude : 174orS. ; longi-
tude : 22° W. ;profondeur : KVl brasses (290 mètres)]. Les autres espèces
ont été draguées dans les régions subantarctiques [Burdwood Bank (au
sud des îles Falkland) ; île Gough (au sud de Tristan d'Acunha), qui est
à l'extrême limite des mers subantarctiques], ou même à des latitudes plus
rapprochées de l'équateur.
IV. — « GAUSS ».
I^'expédition antarctique allemande est celle qui, avec le «Pourquoi Pas?»,
a apporté la plus riche moisson d'Alcyonaires des mers antarctiques.
Le « Gauss » a recueilli, en eflet, 14 espèces (dont une indéterminable)
appartenant à 8 genres, et qui se rangent dans 4 familles; 10 de ces espèces
étaient nouvelles. Ce sont :
E.rpéililion Charcot. — Gravier. — Alcyonaires. 2
to Alcyonaires.
I. — ALCYON ACE A.
Famille d.s CLA VULARIID.E Hickson.
Clavularia sp. Gauss-Station. 380 mètres. Fragments.
//. _ GORGOXACEA.
Famille des PRIMNOID.E (Milne-EdwarJs).
Thoiiardla lonçiispinosa Kûkcnthal. Gauss-Station (385 mètres).
— alî. variabilis Wright et Studer. Gauss-Station (350-385 mètres).
— rjrandiflora Kukenthal. Gauss-Station (385 mètres).
Primmoella vaiihôffeni Kukenthal. Gauss-Station (385 mètres).
Caligorgia anlarclica Kukenthal. Gauss-Station (385 mètres).
Slachyodes gaussi Kukenthal. Antarctique (2 450 mètres).
Callozoslron horridum Kukenthal. Antarctique (2 450 mètres).
— carlollœ Kùkcntlial. Antarctique (3 397 mètres).
Famille des ISID^ Gray.
Primnoisis anlarclica (Studer). Gauss-Station (350 mètres).
■ — ■ fragilis Kukenthal, Gauss-Station (350-385 mètres).
— arniala Kukenthal. Gauss-Station (350-385 mètres).
///. — PENNATULACEA.
Umbellula Carpenleri KôUiker. Antarctique (2450 à 2725 mètres).
En récapitulant — sous les réserves faites au cours de ce mémoire —
l'ensemble des collections d'Alcyonaires recueillies dans les mers
antarctiques par les expéditions récentes, on obtient le tableau sui-
vant :
ALCYONAIRES.
tx
5 .d
1 =-
O J^
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S 2
3
O-
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C
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5
I. — ALCYONACEA.
Famille des Clavulariidae Hickson.
Clni^uldi'ia franhlinionn Roule
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+
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+
+
+
+
+
+
Si/mpui/ium nntarrtinnn Gravier
Alcijimiutn Pxsslfri Mav
Famille des Nephthyidae (Verrill).
Eunephthya Nickaotii (iravier
II. — GORGONACEA.
Famille des Isidae Gray.
Priinnoisis ntitarctica (Studer)
— dellcdtula Hickson
— spicdtci Hickson
— ramosd Thomson et Riteliie. .
— fragi/is Kiikenlhal
— (irmatd Kiikenlhal
— fonnoKd Gravier
Mopxcd elongdtd Roule
— dichotomd (Linné)
— qracilis Gravier
A'dlixis ffddilh Gravier
Famille des Primnoidae (Milne-Edwards).
TiKtHdi'clla dnldi'ctird (Valencicnnes). . . .
— ail'. Vdi'ia/ji/is Wright et Slu-
der
— longispinosn Kiikenlhal ....
— gram/i/Iord Kiikenlhal
— c/ispcrsd Kijkenthal
S/cnelld (Ddni/stmc/fd) lAonvillei Gravier.
/î/iopdlli)iii'l/d pendd/iiid Roule
l'rtinniicUd diferiiciix llicksnn
— ran/K'i/p'iii Kiikenlhal
— KukcnlIidU Gravier
Caligorgia antdrnird Kiikenlhal
— venlildhrdin Studer
Stdc/njode.s gditssi Kiikenlhal
Cdllozoslron Iiorridiiin Kijkenthal
— cdrlottœ Kiikenlhal
Famille des Muriceidse Verrill.
Acanthogorgia Thomsoni Gravier
III. — PENNATULACEA.
Famille des Umbellulidae Gray.
12 ALCYONAIRES.
Soil, au total, 32 espèces, dont 4 Alctjonacea^ 27 Gorgonacea et 1 (^^w-
belltilacea. Parmi les Alcijonacea^ figurent 3 espèces de Claouhiriidci' et
1 de iXephtliyidœ. Parmi les Gorf/onacea, on compte 1 1 espèces cVfxidw,
15 de Primnoidœ et 1 de Muriccidie. Enfin les Pennatidacea sont unique-
ment représentées par Ylinhelluld ('ar[)Pnteri Kolliker. Ces nombres
affirment la prépondérance très accusée des Gorgonacea dans la faune
d'Alcyonaires des mers antarctiques et, chez les Gorgonacea, celle des
Isidœ et du Prhnnoidœ. Les genres les plus riches en formes, variées
sont les genres Primnoisi.s, avec 7 espèces; T/toi/arella, avec 5 espèces ;
Mopsea et Primnoella avec chacun 3 espèces.
Si maintenant, comme Ta suggéré Kiikenthal, on supprime de la liste
précédente les formes retirées des grandes profondeurs, qu'on ne peut
considérer comme caractéristiques de lafauneantarctique, parce qu'on les
retrouvera peut-être dans les abysses, à des latitudes beaucoup plus rap-
prochées de l'équateur, c'est-à-dire :
Thouarella dispersa Kukenthal.
Stachijodes gaussi Kukenthal.
Callozoslron horridiun Kukenthal.
Callozoslron carlollœ Kukenthal.
Umbellnla Carpenleri Kolliker.
il reste 27 espèces propres à l'Antarctique, dont 2 ont été rapportées
par la « Southern Cross », 7 par la « Discovery », 1 parla « Scolia »,
9 par le « Gauss », o par le « Français » et 13 par le « Pourquoi Pas ? »
3 espèces étant communes aux collections des deux dernières- expédi-
tions, il en résulte qu'on possède aujourd'hui 16 espèces d'Alcyonaires
(y compris VUndjellula Carpenten de la « Belgica ») provenant de l'An-
tarctique sud-américaine, qui est, à ce point de vue, la région la moins
imparfaitement connue dans ces parages.
En jetant un coup d'œil sur le tableau précédent, on peut remarquer
que, si l'on considère les trois régions explorées dans l'Antarctique, le
Victoria Land, la Terre de rEmpereur-Guillaume II et l'Antarctique sud-
américaine, il n'existe qu'une seule forme commune parmi les Alcyonaires
actuellement connus, c'est la Primnoisis unlarctka (Sluder), qui est peut-
être une forme circumpolaire ; d'autant que cette forme est connue en
outre aux Kerguelen et à l'île du Prince-Edouard. On ne peut citer
aujourd'hui aucun Alcyonaire circumpolaire arctique ; il est vrai qu'au sud
ALCYONAIRES. 13
de rAIVii|ii('. (le l'Auslralic cl de rAiii(''ri(jue du Sud, les trois Océans
Atlantique, Indien et Pacilii|uc c(unniuni(|ucnt beaucon|) plus largement
que ne le l'ont les mers arcli(|ucs.
D. — REMARQUES GÉNÉRALES ET CONCLUSIONS.
Parmi les A/ci/n/Kirm des mers subantarctiques, W. May (1000) cite
9espèces, dont 2 Cl(iviil(irii(hr idonl, unedudétroit de Magellan et une des
parages des Kerguelen) et 7 A/ci/onida' [dont A de la région de Magellan,
2 de la Géorgie du Sud et I de la région de Kerguelen). Les 9 espèces
d'A/cf/o/i fiera se rapportent aux trois genres : C/rty«</fl/vV/, Aki/oniwnet
}[etalrtjonh(iii ; les deux premiers se retrouvent dans les mers antarctiques ;
le second y est même représenté par une espèce découverte au détroit de
Smyth, VAIrijiiniiiiii Pœssleri May, qui a été recueillie par la « Southern
Cross » et par la « Discovery )> au Victoria Land.
Il serait prématuré de comparer la faune d'Alcyonaires des mers arc-
tiques à celle des mers antarctiques; celles-ci commencent à peine à être
explorées en quelques points seulement, aloi's que celles-là ont été sillon-
nées depuis fort longtemps par de nombreuses expéditions scientifiques.
Néanmoins, en ce qui concerne lenAlci/onacea, des quatre familles des mers
arctiques : ('lavulariidci'^ O/ya/iidœ, Alcjjojiidœ, Nephthjjidœ^ la première
et les deux dernières sont représentées dans les eaux de l'Antarctique;
seule la seconde famille, qui ne compte d'ailleurs qu'une seule espèce (?)
dans le Nord, n'est pas connue dans le Sud.
Lesrecherchesfuturesprocureronlsùrement beaucoup d'autres foi'uies;
la diversité des trouvailles des expéditions qui ont dragué en des points
très distants l'un de l'autre, comme la « Discovery », le « Gauss » et le
« Pourquoi Pas » ? le fait prévoir; on peut rappeler aussi, au même point
de vue que, dans un seul di'agage, entre l'ile Jenny et la Terre Adélaïde,
le « Pourquoi Pas ? » a ramené à la surface 6 espèces, dont 3 nouvelles,
l'une de celles-ci devenant le type d'un genre nouveau et que, des 14 es-
pèces du u Gauss », 9 jjrovicMnent de la même station. Ceux qui, comme
l'auteur de ce mémoire, ont été témoins du fourmillement intense des
animaux dans les eaux tro[)icales s'imaginaient volontiers que la vie
14 ALCYONAIRES.
devait graduellement s'éteindre, à mesure qu'on s'approchait des régions
glacées de l'Antarctique, où ne se montre aucun courant chaud compa-
rable au Gulf Stream (1). Ce ne sera pas l'une des moindres révélations
faites par les expéditions antarctiques, que de nous avoir montré la diver-
sité des formes existant dans les mers glacées australes, où la température
des eaux est constamment voisine de 0°C soitau-dessus, soit au-dessous
de ce point critique et où cependant certains groupes, comme les Pycno-
gonides, ainsi que l'a montré E.-L. Bouvier (2), sont plus riches en espèces
que dans les mers arctiques. Il est établi qu'une température perpétuel-
lement basse n'est nullement incompatible avec l'existence d'une foule
d'organismes variés. En outre, pour certains animaux, comme les Alcyo-
naires, la pression et la lumière paraissent n'avoir qu'une importance
insignifiante. Ainsi, par exemple, le T/ionarella tjjpica Kinoshita a été
trouvé à des profondeurs variant do 180 à 2 200 mètres, le Pavonaria fin-
viarchha M. Sars, de 40 à 1 710 mètres, et le Kophobeleiimon stelUferum
0. F. Millier, de 36 à 3 0IJ0 mètres.
)
(I) Cela ne veut pas dire qu'il n'y ait aucune circulation d'eau relativement chaude dans les
meis aniarcliques. Ainsi ,1. Rouch (1913), dans un mémoire consacré là VOiéandgniphic physique,
rajiporte, entie autres faits du même ordie, que, à fcntiéo de la haie Maiguerite, il a ohservé
plusieurs l'ois des îlols d'eau relativement chaude, de 0",!>C. à Oo,8(;., alors que la leni|)éraluie de
l'eau de la baie et au sud était inférieure à O». Les faits très intéressants signalés par J. Rouch
dans le mémoire en question montrent comhien il serait désirable de faire, dans ces régions de
l'Antarcllque, une étude mélhodiiiue des courants qui conduirait à l'exj)licalion d'apiiaientes
anomalies et éciairciiait ceiiains points énigmatiqucs de zoogéographie.
[■2} E.-L. RoL'viEit, Les Pycnogonides du « Pourquoi Pas'?»|//' Expédition anlarclique franniisc
{1908-1910}].
Alcyon AIRES. i5
II
PARTIE SPÉCIALE
I. — ALCyO.YACEA.
Famille des CLA VULAIUID.E Hickson.
Genre S)\U('U/)//r.U Ehrenberg-.
Sympodium antarcticum (iravier.
(FM. I, fig. 1-2; PI. IX, fig. -13-44.)
1913. — Sympodium anlnrrlicum Gravier. Deuxième Expédition antarctique française
(1908-1910). Alcyonaires (1^ note préliminaire) [Bail, du Mus. d'hisl. nalur.,
t. XIX, p. 451).
La seconde expédilionantarctu]ue française a rapporté deux exemplaires
de Sympodium provenant d'un dragai:;e fait le 26 novembre 1000, devant
l*ort-Lockroy, chenal de Roosen (latitude : 64° iO'S. ; longitude :
63°30'W.), à oO mètres de profondeur, sur un fond de vase grise et de
cailloux. L'un d'eux est un tout petit fragment de colonie tîxé sur un mor-
ceau d'Épongé siliceuse ; l'autre, d'un gris clair, occupe, avec quelques
lacunes, une longueur de 6^°^ 5 environ sur l'axe nu d'un Gorgonidœ
(Pl.I, fig. 1).
Dans le sarcosome mince de ce Sijmjiodii/m, les spicules, orientés dans
toutes les directions, se montrent de taille très inégale. Ce sont des spi-
cules fusiformes tantôt droits (fig. 1), tantôt arqués (fig. 2), à surface
très irrégulière, couverte de verrues ; les plus gros ont de 0"im^30 à
Oinni^35 de longueur et de Omm,0o à 0^^,06 dans leur plus grande lar-
geur.
Insérés isolément, sans régularité, les polypes, assez distants les uns
des autres (PI. I, fig. 1 et 2) ne forment pas de groupes compacts. Com-
plètement étendus (PL IX, fig. 43), ils se montrent composés de trois par-
ties : 1° une partie basilaire saillante, le calice, présentant à sa surface huit
sillons longitudinaux équidistants et, à son bord libre, autant de festons
saillants ; 2° une partie plus étroite, invaginable ; 3° le corps du polype
i6 ALCYONAIRES.
avec les tentacules au sommet. Ces polypes ont des dimensions variées;
les plus développés ont de 3 à 4 millimètres au-dessus du calice. Sur
celui-ci, qui peut avoir 2 millimètres de hauteur, les spicules sont de
même forme que ceux du sarco-
some ; ceux de la surface sont de
grande taille, et leur disposition
générale est parallèle aux sil-
lons séparant les 'lobes, comme
Fif;. 1 et 2. — Spicules ilu sarcosome.
«fÛ^
Fig. 3 et 4. — Spicules de la partie intermé-
diaire des polypes.
le montre la ligure 43 (PI. IX). Les spicules de la paitie iiilcrniédiaire
sont, pour la plupart, orientés transversalement. Ils ont la forme de
bâtonnets à extrémité mousse (fig. 3 et 4), et leurs dimensions sont
moindres que celles des grands spicules du sarcosome ; la longueur des
plus grands excède rarement O^^^ijlb à 0™"!, 10. Chez un certain nombre
de polypes, cette collerette est plus ou moins complètement invaginée
dans le calice. Dans la troisième partie couronnée par les tentacules, la
disposition des spicules y est particulière. 11 y ahuitgroupes longitudinaux
de spicules (PI. IX, fig. 44) ; à la base, ces spicules sont en chevron ; dans la
partie supérieure, au-dessous des tentacules, l'angle des spicules, dans cha-
cun des groupes, devient de plus en plus petit, et ces spicules, finalement
ALCYONAIRES.
17
se disposoiil [tarallèlciiient les uns aux autres. Leur lailltî est comparable
àeelle des spirales de récorce (fig. 5 et 0); de couliyui'alion assez variée,
ils sont plus ou moins arqués ou coudés, et leur surface est couverte d<^
verrues. Les 8 groupes de spicules laissent au-dessous des tentacules des
parties à nu, où il existe en-
core, disposés longitudinale-
ment, des spicules semblables
à ceuxdes huit groupes. (Juant
aux tentacules, ils sontpourvus
de spicules de forme très
irrégulière (fig. 7 et 8), dont
la longueur ne dépasse guère
O"""^,!. La paroi du polype et
même celle des calices sont
peu consistantes ; plusieurs
calices à Tétat d'extension
sont repliés sur le support
corné de la colonie.
\VrightetStuder(1889j, dans
leur étude des Alcyonaires du
« Challenger », distinguaient
deux groupes d'espèces chez
les Sijinpodimn : v\«
1° Ceux chez lesquels
les polypes sont distribués à peu près à égale distance les uns
des autres sur le sarcosome; la rétraction des polypes à l'inté-
rieur des calices est plus ou moins complète; les spicules sont len-
ticulaires, circulaires ou fusiformes; ce groupe est constitué par des
espèces toutes tropicales : ^J. cxndeum Ehrenberg, .S', fulvum Forskal,
8. f'uUginoston Ehrenberg^ ^î. purpwascenfi Ehrenberg.
2° Ceux chez lesquels les polypes ont une tendance à former des groupes
saillants ra])pelanl les Aleyotiium ; les calices, comparativement grands,
sont armés de spicules fusiformes, épineux ou claviformes ; dans ce
groupe, figurent des espèces septentrionales et de mer profonde :S'. ahijs-
Ej-pcitition Chai'col. — Gravieb. — Aleyonairos. o
L-t (i. — Spicules [le la pai-lio supérieure des polypes.
Fig. 7 et 8. — Spicules (les tentacules.
i8 ALCYON AIRES.
so}'i(m Danielssen (1 100 brasses); S. norvegiciim Koren et Danielssen ;
-S. coralloidcs'PixWii-è et, en outre, les espèces suivantes du « (àhallenger » :
S. Verrilli Wright et Studer (600 brasses) ; 8. armahan Wright et Studer
(1 07o brasses) ; .S. glomerahmi Wright et Studer (100-150 brasses).
Cette classification ne s'adapte pas aux Sympodium dragués par Vlnves-
tigatar dans l'Océan indien, à des profondeurs variant de 238 à o06 brasses
(430-910 mètres), et dont les uns appartiennent au premier groupe et les
autres au second .
La comparaison des spicules de la forme antarctique sud-américaine
à ceux des autres espèces décrites jusqu'ici conduit à la considérer
comme le type d'une espèce nouvelle que j'ai proposé d'appeler N. an-
Idicticniii. Les Siiiiiiioirniiii vivent surtout dans l'Océan Atlantique et dans
l'Océan Indien. Jusqu'ici, on n'a signalé aucune espèce de Si/mpodium
ni dans l'Antarctique, ni dans les mers subantarctiques. Un autre repré-
sentant de la famille des Clavid(iiiid;p^\?iClavidariaFranldiniana Roule, a
été recueilli parla « Southern Cross » et par la « Discovery » dans la région
du Victoria Land et peut-être aussi par le d Gauss » à la Gauss-Station.
Ainsi que le font remarquer Arthur J. Thomson et W. T. Henderson,
les espèces du genre Si/n/podium présentent une grande variabilité en
rapport, sans doute, avec les conditions de milieu et notamment avec la
nature du substratum : débris végétaux, axe d'Antipathaire, spicules
d'Épongés, etc. Une revision approfondie des types décrits, — dont un
certain nombre le sont insuffisamment, — mettrait en évidence l'impor-
tance relative des caractères qui, vraisemblablement, comme pour les
autres Alcyonaires, doivent être, avant tout, tirés des calices et aboutirait
sans doute à la réduction du nombre des espèces nommées.
Famille des NEPIITHYOLi. Vcrrill.
Genre EUNEPHTHYA (Verrill).
Eunephthya Hicksoni Gravier.
(PI. II, fig. 7-8; PI. IX, fig. 45-48.)
1913. — • Eanephihya Hicksoni Gravier, Deuxième Expédition antarctique française
(1908-1'JlO). Alcyonaires (l^e note préliminaire) [Bull, du Mus. d'hid. nalur.,
t. XIX, p. 452).
ALCYON AI RE.^. 19
Le gonre Ea/iep/il/iija [\'cn'\[[j est représenté clans les colleclions du
« Pourquoi Pas? » par une colonie draguée le 21 janvier 1909, au sud de
nie Jenny (latitude : OSo Ol'S. ; longitude : OSoQO' W.), à230 mètresdepro-
fondeur, sur un fond de sable vert et de roches; la température de l'eau,
au fond, était de 0°,'-') C. Cette colonie, de couleur rose pâle à l'état
vivant, d'après les notes de M. le D' J. Liouville, a pris maintenant une
teinte jaune d'ambre paie ; elle a été un peu racornie par un long séjour
dans un récipient trop étroit ; elle mesure environ 9 centimètres de hau-
teur et près de 5 centimètres dans sa plus grande largeur. Elle a une
forme arborescente, non comprimée comme chez plusieurs espèces du
genre Eunephthi/a ; les ramifications ne tendent pas à s'orienter dans un
même plan (PI. II, fig. 7).
Détaché du support sur lequel il s'était fixé, le disque pédieux, gaufré
sur les bords, de forme un p(Hi allongée, a 23 millimètres dans sa plus
grande dimension. Le tronc, un peu aplati, mesure à la base 12 milli-
mètres dans son grand axe, 8 millimètres dans son petit axe. Il donne
naissance de chaque côté à des branches qui sont de plus en plus fortes à
mesure qu'elles s'éloignent de la base, et dont les plus proches de celles-ci
s'insèrent à 1 centimètre à peine au-dessus du disque pédieux. Il se
partage, à ."i centimètres environ de ce dernier, en deux maîtresses
branches qui se divisent abondamment à leur tour, de sorte que c'est
dans cette partie terminale que la colonie prend son maximum de largeur.
Une notable partie de la surface du tronc et des principales branches
reste à nu et présente de grosses cannelures, elles-mêmes toutes plissées
et comme couvertes, en certains points, de grosses verrues de dimensions
assez uniformes. Les polypes sont surtout concentrés au sommet des
ramifications de divers ordres, où ils sont contigus, mais restent indé-
pendants les uns des autres ; sur toutes les branches, ils existent aussi,
isolément ou groupés par petits bouquets de 2, 3, 4. De dimensions
variées, les polypes, un peu renflés dans leur région moyenne, ont excep-
tionnellement Smm^g de hauteur etOn"",:j de largeur maximum (PI. II,
lig. 8).
Aucun polype n'est épanoui ; les extrémités seules de quelques tenta-
cules sont visibles ; c'est l'une d'elles qui est représentée (fig. 12) par la
20
ALCYONAIRES.
face externe. Rabattus Tun vers l'autre, les tentacules t'ernient complète-
men t l'orifice buccal des polypes. Comme le montre la figure 45 (PI. IX), une
large bande médiane, sur la face externe de chaque tentacule, est couverte
de spicules disposés parallèlement à l'axe de symétrie de celui-ci. Dans les
sillons de séparation, sur les faces latérales des tentacules, il y a quelques-
uns de ces spicules orientés dans le même sens. Les spicules s'étendent
jusqu'à l'extrémité des tentacules, comme on le voit dans la figure 12 ; ils
pénètrent même dans la région basilaire des pinnules, dont je n'ai pu
compter le nombre avec certitude. Ils ont une forme allongée, un peu
ûTi
/o
Fig. U. — Spicule d'un tentacule. — Fig. 10. — Fi^. 12. — Extrémité dun tentacule avec les spi-
Spicule du corps du polype. — Fig. 11. — Spiculc cules i|ui pénétrent dans la partie basilaire des
de la région basilaire d'un polype. pinnules.
.incurvée ; ils sont grêles et couverts de nodosités (fig. 9). D'une extré-
mité à l'autre, ils mesurent rarement plus de 0™"\35. Sur le corps du
polype, les spicules se disposent transversalement, plus ou moins distinc-
tement en deux rangées, dont l'une est un ])eu oblique par rapport à
l'autre ; de même asjjcct que ceux des tentacules, ils sont, en général,
un peu moins grêles et sensiblement de la même longueur (fig. 10). Les
spiculesde la base des pinnulesont, au plus, 0™"^,17 de longueur, et leur
forme est un peu plus trapue. Dans la région inférieure du polype, où la
surface se montre déjà verruqueuse, les spicules, ici également transver-
saux, sont plus épais et couverts de nodosités plus développées que dans
la |)artie supéi'ieure (fig. 1 \). Enfin, tout à l'ait à la base du polype et à la
sui'face des branches de divers ordres, les verrues sont plus développées,
ALCYON AIRES.
21
l(>s sillons plus proroiuls. cl les siiiciilcs ont do loiit aulros caraclOres.
Ceux-ci sont beaucoup plus li apus ; leur surface est couverte de courtes
branches ramifiées ; leur longueur ne dépasse guère 0"i'",l-'J \ ^'^ largeur
la plus grande (ramifications y comprises) excède rarement 0™i°,060.
Us couvrent absolument toute la surface libre, qu'ils rendent rugueuse,
âpre au toucher. La figure 46 (PI. IX) se rapporte à un spicule de la partie
basilairc d'un polype ; les figures 47 et 48 (PI. IX), à des spicules du tronc
principal.
Dans lune des grosses branches de la colonie, j'ai fait [)lusieurs coupes
transversales ; je n'ai
trouvé aucun spicule
dans les parois des
canaux dont elle est
creusée ; s'il en existe,
ce dont je doute très
fort, ils doivent être
bien clairsemés. Ces
grosses branches sont
parcourues par des tu-
bes de calibres variés,
séparés par des parois
peu épaisses ; quel-
ques-uns sont relative-
Fif,'. 13. — rartic d'une section transversale Je l'une des branches de
la colonie; au niveau de la section, un ovule est fixé sur le bord
libre d'une cloison.
ment très grands (Voir à la base de la fig. 8, PI. II, où l'on dis-
tingue les sections de ces tubes). A l'intérieur de ces tubes, se continuent,
plus ou moins développées, certaines cloisons des polypes avec lesquels
ils sont en communication. Çà et là, on trouve, à l'intérieur de ces
canaux, des ovules encore attachés à la cloison qui les a produits (fig. \ 3) ;
quelques-uns de ces ovules sont libres dans la cavité du canal.
En somme, dans l'espèce antarctique décrite ci-dessus, les polypes sont
dépourvus de faisceaux de spicules de soutien groupés ou isolés ; ils n'ont
pas de calices distincts et ne sont pas rétractiles. Ce sont là les caractères
fondamentaux du genre Ea/if'/)/i(hi/a {YerriW) . Dans cette famille, dont la
synonymie est si embrouillée, comme le dit avec raison Kûkenthal (1907),
22 ALCYON AIRES.
col auteura fait des coupes sombres, non seulement dans les nombreuses
espèces décrites souvent d'une façon insuffisante, mais également dans
les genres. C'est ainsi qu'au genre Eunephthjjn Verrill, il incorpoi'e les
genres Gorgotiia WdXhko, (pavs), /Vephlhija Ehrenberg (pars), GersemiaMa-
renzeller {\)ars), Diwa Danielssen, Vœringia Danielssen, /'^(^Z/rt Daniel ssen,
Barathfobius Danielssen, Ger.seiniopsis Danielssen, Dr/ fa Danielssen,
Nannodendron Danielssen, Parmpongodes liûkenthal [pars). De toutes
les espèces décrites, Kiikcnthal n'en conserve que 14, (ju'il divise en
deux groupes : les Alcyoniformes, avec 8 espèces^ et les Nephthyiformes,
avec () espèces. C'est au premier de ces groupes qu'appartient l'espèce
rapportée de l'Antarctique sud-nméricaine. Parmi les Alcyoniformes
de Kiikenthal, il est justement une espèce rapportée par la Valdicia
(Station : 127 ; latitude : 54° 29', 3 S. ; longitude : 3° 43' E., à l'est de File
Bouvet; 2o novembre 1898; sable volcanique; 567 mètres de pro-
fondeur), YEunephtlti/a antarctica Kiikenthal, dont les polypes les
plus grands ont 9 millimètres de longueur, dépassant ainsi de beaucoup,
à ce point de vue, les plus développés de VEimcphtJnja du « Pourcjuoi
Pas?». Les Sjjicules de V Euncphtlnja afdarrtica sont de couleur rouge-
brique, comme la colonie entière ; seuls, les tentacules restentblancs. Les
spicu'les de l'espèce de l'Antarctique sud-américainesonttous incolores. 11
n'y a sans doute là qu'une dillerence d'ordre secondaire, mais qui a
cependant une certaine valeur. La coloration des spicules persiste dans
l'alcool et dans le formol, au moins chez certaines espèces, sinon chez
toutes. J'ai rapporté en 190 i, de la Côte des Somalis, des Alcyonaires du
genre Dendronep/illiya, qui doivent leur coloration — intense chez quel-
ques-unes — uniquement à leurs spicules ; aucune teinte n'a faibli jus-
qu'ici, n existe, dans les collections du Muséum, des Alcyonaires rap[)ortés
par d'anciensvoyageurs naturalistes, il y a cinquante, soixante ans et plus,
etqui ont conservé, grâce à leurs spicules, une teinte très vive. En outre,
il n'y a, dans l'espèce du « Pourcjuoi Pas?», aucun spiculedans les parois
des canaux, tandis que, chezV Eimep/it/ii/a a/ifarc/ica, il existe, dans celles-
ci, des spicules avec de grosses épines, de 0"^'", l'i i\o long et de Onini^28
de large. Il y a également des dillerences dans l'anatomie des polypes ; le
pharynx, chez l'espèce de l'Antarctiquesud-américaine, remplit beaucoup
ALCYONAIRES. 23
plus romplètomont In mvitr cireonscrito par la colonne du polype que
chez V/:if/if'p/i//nj(i (i/i/firrf/f/t ; en outre, ciiez la première, il n'y a pas de
spicules non plus dans le [)liarynx, tandis que, chez la seconde, il y en a
d(! 0"i'",70 de largeur avec quehjues grosses épines.
Au sujet de VEunephthyd antarctica,\\\ Kùkenthal mentionne le l'ail
curieux qu'il a trouvé, dans la partie inférieure des polypes, sur les
mêmes cloisons, les éléments génitaux des deux sexes. Cet hermaphro-
disme est, jusqu'ici, tout à fait exceptionnel chez les Alcyonaires. Dans
l'unique exemplaire dont je dis[)0se, — et que je désire conserver aussi
intact que possible, ce qui m'empêche de l'étudier aussi complètement
que je le voudrais, — jen'aivuquedes ovules, de diverses tailles d'ailleurs.
Il n'yenajamais (|a'uns(Mil au m^'oie niveau; certaines cloisons en portent
des séries superposées.
De l'examen des figures et des diagnoses données par les auteurs,
il semble bien résulter que l'exmplaire étudié ici ne peut être identifié à
aucune des espèces conservées par Kùkenthal, après la revision appro-
fondie qu'il a faite du genre EimcpJillijja. Il s'agit d'une espèce nouvelle
que j'ai proposé d'appeler ^?</i(°;j//M//rt///tV..soy?/, la dédiant à M. le P' Sydney
J. llickson, le savant et vénéré professeur de l'Université de Manchester.
Du reste, alors même que l'espèce ne serait pas nouvelle, V Eane[jhthfja
de la seconde expédition antarctique française présente un intérêt spécial
au point de vue zoogéographique. En effet, des 14 espèces maintenues
par W. Kùkenthal, 13 proviennent des régions arctiques et subarctiques,
une seule de la région subantarctique, V Eanepidiuja antarctica^ dont il a
été question plus haut. Aucune espèce n'est encore connue existant à la
fois dans les contrées arctiques et dans l'Antarctique. Une seule espèce,
VEimephtliya clavata Studer, a été trouvée dans une région chaude, aux
Açores, mais en profondeur. Il n'y a pas moins de 9 espèces provenant du
Spitzberg. D'après ces données, il semble qu'on doive considérer, comme
centre d'origine du genre Euneplithija, l'Arctique, d'où se seraient
répandues 3 espèces dans le Pacifique Nord et 5 espèces dans les mers
de l'Europe septentrionale, l'une d'elles ayant descendu jusqu'aux Açores.
L'existence d'une espèce CCEunephtlnja dans l'Antarctique proprement
dite est un fait très intéressant, jusqu'ici isolé.
24 ALCYONAIRES.
If. — iiOlKiONACEA.
Famille des ISIDjE Gray.
Les Alcyonaires de la famille des /sidci% caractérisés essentiellement
par leur axe formé d'entre-nœuds calcaires et de nœuds cornés alternant
régulièreme"nt, ont été divisés par Wright et Studer (1889) <'n trois
sous-familles ou tribus, d'après la forme prédominante de leurs spicules,
(jui sont fusiformes chez les Cetriloifiidinie, en écailles chez les iMopsei/uT,
rayonnes chez les Isidinœ.
Trois genres constituaient la tribu des Mo/isfi/icV :
1° Le genre Priinnolsif! Wright et Studer, chez lequel la colonie se
ramiiic dans plusieurs plans ; les polypes relativement de grande taille
sont assez distants les uns des autres, et les spicules du calice sont bien
développés ;
2° Le genre J/oy^raLamouroux, chez lequel la colonie se ramifie dans
un plan ; les polypes sont petits, claviformes et disposés généralement
en spires serrées ; les spicules du calice sont petits ;
3° Le genre Acanthoisis Wright et Studer, ch(>z lequel la colonie se
ramifie également dans un plan ; les polypes, tout petits, sont cylin-
driques ; leur partie supérieure plane est comme tronquée ; les spicules
du calice sont petits ; les entre-nœuds calcaires présentent des côtes
dentelées.
A ces trois genres sont venus s'en ajouter trois autres. D'abord le genre
6'A^/«/oyîw/s Studer (1891-1901), dont la colonie se ramifie égalementdans
un plan ; l'axe est composé d'entre-nœuds calcaires et de noeuds cornés
toujours placés à la base des branches, qui se divisent dichotomiquement;
les entre-nœuds calcaires ont des côtes parallèles, dont les bords sont
finement dentelés ; les spicules des polypes (^t ceux du cœnenchyme
sont très semblables à ceux de V [sis //i/jj)f/ris (L.). Puis le genre Pe/la-
.v//.s/.s- (1910), que Nutting, qui la décrit, rattache aux Mopfseific'e, à cause
surtout des spicules du corps des polypes et des caractères de l'axe qui
est identi(|ue à celui des Isidimc, mais qui s'écarte des autres types de ce
groupe par ses calices unisériés et par ses écailles operculaires. Enfin le
ALCYON AIRES.
25
j^ciiri' .\o/isis Gravier (1913), tiiii se ramilic cgalemont dans un plan en
fausse dichotomio, dont les entre-nœuds calcaires do l'axe portent des
pointes en séries longitudinales, mais non réunies par des crêtes sail-
lantes, dont les polypes assez espacés sont revêtus de spicules en écailles
l'enforcées par de grosses verrues et dont les bords sont profondément
découpés, les spicules du ccenenchyme étant de forme allongée, en bâton-
nets noueux.
D'après ce que nous savons aujourd'hui, ces six genres de la tribu des
Mopse'uuv peuvent être ainsi distingués les uns des autres :
dans plusieurs plans ; polypes bien développés, assez
distants les uns des auti'es Primnoisis
\Vrir|bl cl Studcr.
Lisses ou cannelés," sans épines, au moins sur
les branches Mopsca
Lamouroux.
MOPSEINiE.
Colonie
ramifiée
dans
un seul
plan.
Entre-
nœuds
calcaires
Spicules
en
écailles
à bords
Calices \ crénelés.
non {
lunisériés. j
Polypes relative-
ment bien déve-
loppés ; cœnen-
chyme mince. . .
Polypes de taille
très l'ciluite ; cœ-
nenchyme relati-
vement épais.. . .
Gravier.
Avec
des
épines.
Acanthoisis
Wright
[ et Studcr.
' Spicules en double roue ou
en double massue C/ielidoni-
sis Studer.
Calices unisériés ; opercule formé par
huit grands spicules Peltantisis
Nutting-.
Avec son mode de i^amification et la taille de ses polypes, le geni-e
Primnoisis Wright et Studer est nettement séparé des autres Mapseinœ.
Dans son mémoire sur les Alcyonaires de la « National Antarctic Expé-
dition )), S. J. Hickson (1907j, auteur de nombreux et importants travaux
sur ces animaux, s'est élevé contre la division des Isidie proposée par
Wright et Studer. Il fait observer que la variabilité de forme des spicules
chez certaines espèces est (elle (jue la séparation des genres, fondée uni-
quement sur les spicules, peut devenir impossible. La difficulté est parti-
Expédilion Ch/ircol. — Giuvieh. — Alcyonaires. ■!
26 ALCYON AIRES.
culièrement grande en coqui concerne les genres (V'/r//o/,s7'.s et l'riiiunnsis^
placés par Wright et Stnder dans deux sous-familles distinctes, l'arnii
les Aicyonaires du cap de Bonne-Espérance examinés par l'éminent zoo-
logiste anglais, il en est un qu'il désigne sous le nom de Cpraloisis idiuosa
et qui a cependant des caractères très nets de l'riiitnoisjs. L'étude des
animaux du même groupe rapportés de l'Antarctique par la « Discovery »
l'a mis à même de constater encore rinconv(''nient résullant de la sépa-
ration des deux genres. Le Ceratoisis {Pr'nniKiisis) a/Uarrtica aété trouvé
dans la même localité que le Ceratoisis (Pfi////tois/.s) spicala. Le premier,
indiscutablement, appartient au gi-oupe de nom générique ['/■/////loisis, car
aucun de ses spicules n'est en saillie à la surface du calice ; le dernier,
au contraire, a de très longs spicules saillants à la partie supérieure du
calice. Ces spicules du Ccralnish spicala^ avec leur base bifide, ressendilent
à ceux du Ceratoisis (jifuidifloid Sludi'r ; mais ceux du Ceratoisis (jraiati-
florfiQwi leur surface presque unie, tandis que ceux du Ceratoisis spieata
sont couverts de verrues. D'après S. J. Hickson, les spicules saillants
des calices du Ceratoisis spieata sont caractc-ristiques du genre Ceratoisis ;
mais, par les verrues de leur surface, ils sont aussi caractéristiques du
genre Priiiuîoisis. On pourrait songera créer un genre intermédiaire; mais
les caractères de Taxe sont les mêmes de part et d'autre. S. J. Hickson
est ainsi amené à proposer la fusion des deux genres, le plus ancien, le
genre Ceratoisis E. P. Wright, étant seul conservé.
C.C.^'utting(4910), dans son étude des /v/f/c^de l'expédition du «cSiboga»,
rappelle que les spicules des Ceratoisis sont de deux types généraux :
1° en fuseaux véritables, avec ou sans verrues, bifurques ou non à une
extrémité ; 2^ en fuseaux aplatis, quelquefois en baiTes avec extrémités
arrondies ou en biscuits. La foi'uie de ces spicules peut s'approcher de
celle d'écaillés ; mais, dans ce cas, leurs bords ne sont pas pectinc's, ni
garnis de processus branchus, mais ils sont quelquefois garnis de [letites
pointes. Ces spicules paraissent être à C. C. Nutting bien distincts de
ceux des /'/■i//iaoisis, et cet auteur signale à ce sujet la dill'érence fra|)-
pante que chacun peut constater dans la planche IX du mémoire de
Wright et Studer sur les Aicyonaires du » Challenger », entre les
liL^ui'cs l-)i représentant des spicules cVAca/irtfa (tribu des CeratoisifUiiœ)
ALCYONAIRES. 27
t't les liiiures (i-l I rchitivos à des Mupsciiue. D'après le savant zoolojj|iste
américain, lo Ce/yi/a/s/s sjtirofa de llickson n'est f|n'a|ipai'emnient inter-
médiaire entre les deux genres ('eratoisis et Prl/i/noisis. En réalité, les
spicules de cette espèce n'ont pas véritablement la foi'nie des spicules
caractéristiques du genre Cri'a/o/sis cl, pai' les caractères de l'axe, ainsi
([ue le déclare très nettement llickson, le ('fivi/nisis spirafa se relie étroi-
tement au genre Priiinioisis. Pour (^. V,. Nutting, le ('/■ivloi.sis spica/a doit
èlr(^ rangé parmi les esj)èces du genre Priiinioisis.
A la même conclusion parai! se rallier W. Kiikentlial il912) dans son
travail sur les Alcyonaires l'ccueillis jiar la « Deutsche Si'idpolar Expé-
dition » à la station du « Oauss ». I^e Priiiinaisis (tniidla de cet auteur
rappelle le Ccraloisis spicafa de llickson par les grands spicules saillants
de la partie supérieure des calices ; mais, si l'on considère les autres
spicules qui constituent l'armature des polypes, l'Alcyonaire en question
ne peut être détaché dugenre Prh7inoisis.
Il est hors de doute, ainsi que Dickson le mentionne, qu'on observe
fréquemment de grandes variations dans la forme des spicules chez une
même espèce; mais, d'autre part, il est certain que, si l'on examine atten-
tivement non pas seulement les grands spicules saillants du sommet des
calices, chez certaines (>spèces do Pr/////i>i/sis, mais aussi les autres spicules
formant la cuirasse des poly[)es. on peut parvenir à séparer les espèces
de ce genre de celles du genre ('eratoisis \ dans l'état actuel de nos
connaissances, il est plus sage de conserver les deux genres.
Le {^enre Prirmwisis mis à |)arl, les autres Mopaei/ue se ramifient très
généralement dans un miMue plan. Le genre Mopsea Lamouroux, ipii
donne son nom à la tribu, paraît se séparer nettement des autres par les
caractères de l'axe, dont les entre-nœuds calcaires sont lisses ou can-
nelés et dépourvus d"(''pines (I) ; c'est celui qui compte le plus d'espèces,
et il semble l)ien hél(''r()gène d'ailleurs, par la variété de son port, de
son mode de ramilication, et aussi de celle de l'épaisseur du coMien-
chyme et de la disposition des polypes. Par ses espèces à ramifications
(1) Toutefois, chez la ,1/opsca dickotoma L., d'a|ii-ès Wuk.iiï et Sti'her (toc. cU., p. 42) : « In the
slem, llie calcaieous joints aie slii,'lilly compresseJ in one plane and disUnctly lluled longiUidi-
nally ; sometinies tiie lil»^ l)et\veen tlie longitudinal luiriius sho« sliarp indenled edges. »
28 ALCYONAIRES.
nombreuses, à cœnenchyme relativement épais, à polypes serrés les uns
contre les autres, comme le Mopsea flahelhun Thomson et Mackinnon,
il se rattache au genre Arantlion^is "Wright et Studer. Par ses espèces à
ramifications très réduites, à ccenenchyme mince, à polypes assez lar-
gement espacés comme le Mopsea alba Nutting, il se relie au genre Notisis
Gravier. Les deux autres genres Peltastisis Nutting et ('hclidnnisis Studer
ont moins d'affinité avec les précédents que ceux-ci n'en ont entre eux.
Le premier, par les spicules de ses calices, se classe parmi les Mopsriiue.
Mais, avec ses polypes unisériés et ses opercules formés chacun de
8 grandes plaques triangulaires ou quadrangulaires, il a une physionomie
tout à fait à part. Quant au genre i'Iielidonish, il ne se relie guère aux
Mopsemœ que par les côtes dentelées de ses entre-nœuds calcaires qui
rappellent celles des Ara/i/iio/sis et aussi, quoique à un moindre degré,
par la minceur du cœnenchyme et l'écartement des jKjlypes; par ses
spicules, il appartient indiscutablement à la Irilni di's Isidiuœ. Il est à
noter qu'on ne connaît aujourd'hui qu'une seule espèce de chacun des
genres Acanthoisis, Chelidoiiisis et ISntisis et deux es[)èces du genre Poilu-
stisis. Il est fort possible que, lorsqu'on aura trouvé d'autres formes de
chacun de ces genres, on soit conduit à remanier complètement les coupes
génériques de cette tribu, dans laipieUe s'accuse déjà fortement l'hétéro-
généité du genre Mopsea Lamouroux.
Genre PIUMNOISIS Wright et Studer.
Primnoisis antarctica (Studer).
(PI. III, fig. 1-2.)
1878. — Isis anlarclica Stider, Ueliersicht der Anihozoa Alcijonarin, welche wâhrend
der Reise S. M. S. Gazelle, um die Erde gesammelt wuiden (Monalsber. der
Akad. der IV/sse/isr/i., Berlin, p. G61, Taf. V, fitr. 32).
1889. — Primnoisis anlarclica Wright et Studkr, Report on the Alnjonnria (Hepoi-l
on the scienlific Besnlls of llie Voiiaye af H. M. S. Challenger. Zool., vol. XXXI,
p. 30, PI. VIII, fig. 2, 2% 2" ; PI. IX, fig. 8).
1907. — Caraloisis (Primnoisis) anlarclica IIickson, Cœlentera Alcyonaria [Nulional
Anlarclic Expédition, Naliiral Hislonj, vol. III, p. 6, PI. Il, fig. 13, M, là).
1912. — Primnoisis anlarclica Klkenthal, Die Alcyonaria {Deutsche Siidpolar Expé-
dition 1901-190.3, Bd. XIII, Zoologie, V, p. 340, PI. XXIII, fig. 18 et 19, Text.,
fig. 55-57).
A l'entrée de la baie Marguerite, entre l'île Jennv et la Terre Adélaïde
ALCYON AIRES.
29
1 lalitiult' : (17° i))'S.; lonj^iluclr : 08o33' W.), le » l'ourquoi Pas? » aramené
(11111 fond (If roches et cl(^ i^ravior, à '251 mètres de profondeur, un oxeiii-
[)laire en bon (Mat et (rois Cragnieiils mal eonserv(''S de l'iiniiii)isi.s aidaritira
(Studer). Le jtremier nest probablement (|u'une branche détachée d'une
colonie d'assez grandes dimensions l'I. III, Hj;. 12). L'axe principal, qui
présente deux coudes bien marqués, mesure 1 1 c(Mitim('tres de longueur.
Assez largement espacés
sur certaines branches,
plus serrés sur certaines
autres, les polypes sont
particulièrement denses
dans la région distale
des ramifications, comme
chez beaucoup d'Alcyo- c^^%jv^
naires.Nullepart,jen'ob- (1 ° t .° '^
serve la disposition spi- 7 nf^l ' '' /7'"V
raléedont parlent Wright \^
et Studer. Leur inclinai-
son sur l'axe qui les porte
est variable ; ils sont
tantôt normaux à l'axe,
tantôt plus ou moins recourbés sur ce dernier ; ce caractère n'a d'ailleurs
qu'une importance très relative. L'écorce et les polypes présentent bien la
spiculation figurée par Wrightet Studeretpar W. KiikenthaKfig. 14-20).
Ainsi ([ue ce dernier auteur l'indique, les polypes sont, en général,
renflés au sommet et un peu élargis à la base. Les branches s'insèrent
sur les entre-nœuds suivant deux diversions rectangulaires en général.
Dans son ensemble, la colonie est principalement développée dans un
plan, parce que, dans ce plan, toutes les branches sont beaucoup plus
grandes que dans le plan perpendiculaire à ce dernier et passant par l'axe.
Chaque entre-nœud porte fréquemment quatre branches orientées dans
deux directions normales l'une à l'autre, mais sur certains entre-nœuds,
qui ont de 9 à 10 millimètres de longueur, on compte cinq, six, sept et
mihne huit bi'anches, dont la [)lu|»art restent indivises.
m.
Jô.
J9.
20.
W\«
l'i-20. — Spicules dos polypes et de rOcorce de Pritniioisis
antarclica (Studer).
30 ALCYOKAIRES.
Sur deux points, les ubservations que j'ai pu iairc l'elativenieiit à ces
Primnoisix du » Tourquoi Pas ? n diffèrent de celles de Wrii'ht et Studer.
1° Le nombre des branches Issues d'un même entre-nœud n'est pas
constamment quatre; il est même généralement supéiieurà quatre et peut
s'élever à huit;
2° Les branches ne sont pas toutes orientées suivant quati'e directions ;
dans certains entre-nœuds, il y en a cimi ou six.
W.Kïikenthal (1912ja fait remarquerque, chezla riinniorlld antarrlira
du " Gauss » qu'il a étudiée, certains entre-nœuds plus longs que les
autres donnent naissance à plus de quatre branches; il est fort probable
que dans ces entre-noMids les Ijranehes ne s'orientent pas toutes suivant
quatre directions. Je suis porté à croire, avec le savant zoologiste de IJres-
lau, que les deux dill'érences signalées plus haut ne suIRsent pas à justitier
la séparation tb" la l'r'unnnis'isa/ifdrdicd et de la l'/uiiiidisis raïuosd Thom-
son et Kitcbie. Les caractères tirés des polypes et surtout de leur spicu-
lation ont plus de fixité' et doivent avoir la prééminence.
Grâce à la complaisance de M. L. lioule, j'ai pu examiner les P/'it/inoisis
recueillies par le Français et qu'il avait rappportées avec réscM've à la Prim-
iidisis /d/dosa Thomson et Ritchie, ajoutant que <> cette espèce se ra|)proche
loi't de Prininoisis antarclica Wright et Stucb^r ». (les exemplaires sont
d'ailleurs en mauvais état de conservation. La plupart sont r<Mliiits à leur
axe ; les spicules de presque tous les polypes restants ont disparu, vrai-
semblablement parce que ces Alcyonaires ont séjourné quelque temps
dans un liquide à réaction acide. D'après ce qu'on peut voirsuries polypes
qui ont conservé plus ou moins complètement leur aianature, il send>le
incontestable qu'il s'agit bien ici de la Piiutnoisis antdicticd, ce que con-
firme d'ailleurs l'examen attentif du S(]uelette de ces Isidu' de la première
expédition antarctique française. Lu certain nombre d'exemplaires — tous
incomplets — sont de véritables hôtelleries ; on ti-ouve fixés sur eux de
• gros Foraminifères, des Eponges, des Bryozoaires, des Annélides Poly-
chètes (des Térébelliens surtout), des Tuniciers, etc., sans compter des
Algues et des galles de Crustacés parasites. En quelques points, on voit
des anomalies de croissance des entre-nœuds calcaires dues probablement
aussi à l'action de quelques parasites.
ALCYON AIRES. 31
Lm /'r//ii//o/s/s (Dilarrtirn a. été (lécouvorto nu cours do rexpédilioii do
l;i « (jtizoUe I) aux Korguelon, à OU Ijrasscs ( 1 OSmètros j de profondeur ; puis
elle fut recueillie par le « Challenger)) à lîle du Prince-Edouard, àSiObras-
ses(560 mètres) do profondeur. Elle a été également trouvée par plusieurs
expéditions récentes dans les eaux antarctiques pro[)reiuent dites : |iar
la M Discovery », à Mac-Murdo lîay, à des profondeurs variant do iO à
120 brasses (3(3 mètresà 216 mètres), par le <■ Gauss », à la station dumème
nom, à 350 mètres do profondeur ; par le " Pourquoi Pas ? » entre File
Jouiiy vi la Terre Adélaïde, à TW moti'os de profondeur, et auparavant,
dans les mêmes parages, par le » Français », à l'île Anvers et à la haie
Biscoë, à 110 mètres do profondoui', et aussi par la '< Scotia » à la sta-
tion m (latitude : 1 \o \' S. ; longitude : 22° W.), à la profondeur de
101 brasses (200 mètres).
Étant donnée retendue de cette aire de distribution géographique, il
n'est pas invraisemblable de penser que la Pr'nnnnisis ((/i/{ncl/ca'èiudQr('s[
une forme circumpolaire antarcliquo.
Primnoisis formosa Gravier.
(PI. I,fig.3-5.)
1913. — Primnoisis formosa Gravier, Deuxième Expédition anlarctique française
19(J8-1910, Alcyonaires (F^ note pr('liniinaire) {Bull, dit Mus. d'hisl. naliir.,
t. XIX, p. 453).
Cotte bellees])èce de /^/v'yy^/^o/.s/.saétédraguéepar le « Pourquoi Pas? >■ on
plusieurs points de l'Antarctique sud-américaine. Une colonie entière, imi
bon état, ayant 12 centimètres de hauteur, provient dun dragage fait le
20 janvier lOO'J. dans la baie Marguerite, à 170 mètr(>s de profondeur,
sur un fond de roches, gravier, vase, .le rapporte avec quelque réserve à
la même espèce deux exemplaires de petite taille, dépourvus de leurs po-
lypes, réduits à leur squelette par conséquent, et qui ont été trouvés dans
lesmatériauxd'un dragage faitle 12janvier 1910, 01 bordure de la banquise
(latitude: 70° lO'S.; longitude: 78^30' W.), à iOO mètres de profondeur,
sur un fond de sable vaseux avec de nombreuxcailloux. Knlin, à l'entrée de
la baie Marguerite, entre l'ileJenny et la Terre Adélaïde (latitude:67o45'S. ;
longitude : 68° 33' W. ) , un dragage à 254 mètres de profondeur, sur un fond
derocheset de gravier, a ramené deuxexemplairesdelamème espèce. L'un
32 ALCYONAIRES.
d'eux est un fragment de 10 centimètres de hauteur, auquel il manque les
deux extrémités ; le second est une superbe colonie à laquelle la base man-
que (PI. I, fig. 3). L'axe principal, ([ui présente des cannelures longilu-
dinalesbien marquées, a 2o centimètres environ de longueur ; le diamètre
à la base est de J™™,5. L'ensemble a la forme d'un fuseau dont la plus
grande largeur est de 4'='", 5.
Les branches insérées tout autour de Taxe sont également développées
dans toutes les directions ; elles forment un angle aigu avec la portion
de l'axe principal (|ui les surmonte. Deux d'entre elles, particulièrement
grandes, ont, l'une 7, l'auti'e 8 centimètres de longueur ; mais la plupart
d'entre elles ont, au plus, 3 centimètres. Elles se ramifient au second et
même au troisième degré. Certains entre-nœuds portent de douze à
quinze branches ; à cause de leur gracilité, elles ne forment j)as un en-
semble compact. A labasede l'axe principal, les entre-nœuds calcaires ont
3 millimètres de hauteur ; plus haut, ils s'allongent sans dépasseï' 7 mil-
limètres ; sur les branches principales, les plus grands entre-nœuds ont
de 0 à 7 millimètres. Les polypes s'insèrent tout autour des branches
(PI. I, lig. 4 et ">), non seulement sur les ramifications du second ou du
troisième degré, mais, en outre, sur les branches principales et sur l'axe
principal lui-même. Ces polypes sont de petite taille, la plupart ayant de
0mm 5 à 0"i"i,8 de hauteur; ils sont incurvés sur l'axe qui les porte
2
(fig. 21). Sur beaucoup de branches, ils sont disposés suivant le cycle ^
On en compte au moins une vingtaine par centimètre de longueur sur les
ramifications du second et du troisième ordre.
Une forte cuirasse enveloppe ces polypes. Les spicules qui la consti-
tuent ont la forme d'écaillés allongées, à bord antérieur assez régulière-
ment convexe, avec des dents fort développées (fig. 22 et 23) ; le bord
postérieur est très irrégulièrement et |)rofondément découpé ; on observe
des verrues assez clairsemées à leur surface. La forme et la taille de ces
écailles sont fort variées ; les plus grandes n'ont pas plus de O'^''^,2o à
à 0"'"\28 de longueur et 0™"\ 1 de largeur. Les spicules de l'c-corce
ont des formes également diverses; la plupart sont en bâtonnets droits ou
arqués, plus ou moins trapus, de largeur tantôt uniforme, tantôt variée
ALCYONAIRES.
33
(^tig. 24et2o), avec des contours très ii'ré!i,ulièi('m(Mit lobés et des verrues
éparses à leur surface. Les plus grands sont
presque aussi longs que ceux des polypes,
nuus leur largeur est toujour's notablement
moindre. Les tentacules sont également
protégés par des spicules de mêmes carac-
tères que ceux des polypes et qui dessinent
un opercule presque aussi nettement indiqué
que chez [a Prl/tuioisis (iiilarctica (Studer).
A la base de beaucoup de polypes, on
voit un œuf unique et volumineux. En
outre, certains polypes, moins hauts, mais
fréquemment plus larges que les autres,
en forme de dôme, sont presque com-
plètement rem|)lis par un u-uf beaucoup
plus gros que ceux des polypes normaux
et libre dans la cavité qui le contient. Il y a là, sans doute, un mode d'in-
6?"-^
27.
Fig. -\. — Un polype, avec son
armature tic spicules.
22
Fig. 22-23. — Spicules des polypes. — Fig. 24-2
Expédition Chavcot. — Guavieh. — Alcyonaires.
Spicules de l'écorce.
34 ALCYONAIRES.
cubation analogue à celui que présente la Mopstea (jrdclth (îravicr et dont
il esl question plus loin.
Chez quelques colonies, j'ai observé la présence de galles d'aspect el
de dimensions variés ; colle qui est
représentée figure 20 est la plus grande
de celles que j'ai examinées; elle mesu-
rait 3""", 6 de longueur et elle englobait
la base de plusieurs branches issues de
l'axe principal. J'ai trouvé à son intérieur
trois Crustacés, dont un beaucoup plus
grand que les deux autres. La surface
de la galle en question est à peu près
unie extérieurement et présente une
grosse saillie sur le côté. D'autres galles
du même ordre ont leur surface toute
bosselée et comme formée par la paroi
de plusieurs polypes soudés ; ce sont
2Q même les plus fréquentes. Elles con-
Fig. i<s. - Galle pioduili- par un Ciustaco tiennent le plus souvent deux (et parfois
parasite [Isklicola anlttrrtica Gravier).
davantage) parasites ; quand il se trouve
plusieurs parasites à l'intérieur d'une galle, il n'y en a jamais qu'un seul
de grande taille.
La Priiiuvtisiis décrite ci-dessus, que j'ai proposé d'appeler Priinnoisis
formosa, se distingue nettement de toutes celles qui ont été décrites
jusqu'ici par Studer et Wright, llickson, Thomson etllitchieetKiikenthal.
Genre 3I0PSEA I.amouroux.
Mopsea elongata Roule.
(l'I. IV, fis. 17-19.)
190S. — • Mopsea elonijala Roule. Expédition antarctique française, 1903-1905. Alcyo-
naires, p. 5, PI. I, fig. 1,2,3,4.
Ti'ois fragments, — qui appartenaient peut-être à la même colonie, — de
cette espèce ont été dragués par le « Pourquoi Pas? » le 9 décembre 1909
ALCYON AIRES. 35
à l'ilc l)LH'('|)li()n ( l'oi't-h'ostcr), ;i I .'iO iiiMrcs de proroiulciir, sui' un l'oiul
vaseux; la l('in[)éi'aliiro de Tcau au lu u cl l' Lait, do — [°,'i. Le plus f;i"uid
crentro eux mesure l(»cm^;; de hauteur ; la pai'tie basilaire, détachée du
support, se ramifie en fausse dichotomie ; les hranches, longues et grêles,
paraissent se développer dans un même plan et presque parallèlement les
unes aux autres (PI. W, lîg. 17).
A la base, i'entre-nœud calcaire a 3'ii'«,5 de longueur et 0™"',7 de dia-
(PT^
l'i;,'. '2'. — L'n cnliv-nu'ud ilu l'axo calcairr, avec ses saillies ilisposocs en séiics lonf,'iluilinalcs. — Fig. 28.
— l'ai'lic inlL-rieiiro d'un eriti'i.'-iHfiKl, plus l'ortciiR'iil grossie. — Fiç. 2!). — IJisposiUon ilrs polypes
clans la région inoycnni' des lii-ani.lies. — Fig. 30. — Un polype avec son arnialui-e do spicules.
mètre^, la longueur de cette partie de squelette varie peu, mais le diamètre
décroit dans les branches issues du tronc basilaire. Ces entre-nœuds cal-
caires présentent des cannelures longitudinales peu profondes ; sur les
36 ' ALCYONAIRES.
saillies qui séparent les dépressions, se dressent des épines (fig. 27), iné-
galement espacées, alignées en s(''ries longitudinales et beaucoup plus
marquées sur les entre-nœuds des branches que sur ceux de la base. Sur
les plus petites ramifications, ces épines sont insérées sur de véritables
crêtes (fig. 28), comme dans le genre Acanthoisis Studer,mais moins nom-
breuses que chez ce dernier.
Les polypes sont insérés isolément en spires ; leur nombre, par unité
de longueur, varie : dans la région moyenne des branches (fig. 29j, il y en
a une quinzaine par centimètre de longueur ; ce nombre devient plus
élevé dans la partie terminale des branches, comme c'est généralement
le cas chez les Alcyonaires ramifiés. Le parenchyme parait être relative-
ment épais, surtout en certains points ; les branches sont noueuses : la
cause de cet aspect sera expliquée plus loin. Les polypes sont assez for-
tement inclinés, en général, sur l'axe qui les porte ; ils sont peu saillants
(fig. 29 et 30), car leur hauteur, au-dessus du parenchyme, dépasse rare-
ment 0'"'^,5. Ils sont recouverts complètement d'une solide cuirasse de
spicules ; les tentacules, relativement bien développés, sont protégés, sur
leur face externe, par dessclérites des mêmes types que ceux des polypes,
mais plus petits et qui constituent une sorte de large opercule au calice.
Les spicules (fig. 31,32,33 et 3'(i ont la forme d'écaillés à contour très
profondément incisé et déchiqueté par endroits. La plupart d'entre eux
sont considérablement renforcés par des saillies coniques, dont le déve-
loppement est comparable aux dents du bord externe ; quelques-uns
(fig. 34) sont moins fortement armés. Les plus grands ont jusqu'à 0™°^,2()
de longueur et 0™'", 1 0 dans leur plus grande largeur. Dans le cœnenchyme,
on trouve surtout des s})icules de forme très allongée, en bâtonnets plus
ou moins arqués ou coudés (fig. 35, 30 et 37 1, avec des saillies de déve-
loppement très inégal : la répartition de ces saillies est très irrégulière.
La longueur de ces bâtonnets noueux |)eut atteindre 0™™,4.
Cet Alcyonaire est à identifier avec la forme décrite par L. Roule sous
le nom de Mopsea eloiujnta rapportée par le "Français » de la première
expédition antarctique française et provenant i)robablement de file lîooth-
Wandel. L'exemplaire étudié par Roule était aussi un fragment de colonie
mesurant de 20 à 2o centimètres de hauteur (PI. IV, fig, 18 et 19), bien
ALCYON AIRES. 37
moins incoin[)lol ccpeiuhuil (jik- les loul polils Iraf^inciiis provenaiil du
« Pourquoi Pas? ». J'ai pu m'assurer, sur rexemplairc du « Français »,
Fig. 31-34. — Divers types de spicules recouvrant les polypes. — Fi;,'. 3o-37.
chyme.
Spicules (lu cœnen-
que les entre-nieuds calcaires de la base, comme ceux des branches,
présentent des épines disposées en séries longitudinales assez nombreuses
dans la région basilaire, mais non inséréessur des crêtes saillantes, comme
chez les Acanthoisis. D'après L. Roule, le port de la Mopsea elongata
dillere de celui de la Mopsea cUchotoma Lamouroux ;en outre, les polypes
sont beaucoup moins serrés chez la première que chez la dernière. Ce
caractère et celui qui est tiré de la présence d'épines en séries longitu-
dinales sur les entre-nœuds calcaires rapprochent l'Alcyonaire en ques-
tion de celui qui est décrit plus loin sous le nom de Notisis firuiilis Gra-
vier ; peut-être ces deux espèces doivent-elles être rangées dans le même
38 ALCYONAIRES.
i;enr(\ On no pourra avoir d'opinion ferme à ce sujet que lorsqu'on aura
jiu faire la revision de la Iriliu des Mopsci/ue. Provisoirement, le Goryo-
nidé des iles Booth-Waiidel et Déception
peut rester incorporé au genre Mopsea,
([ui paraît être bien hétérogène. D'ailleurs
on manque de renseignements touchant
la présence ou l'absence d'épines sur les
entre-nceuds de l'axe de diverses espèces
de Mopsea. Toutefois, chez la Mnpsen
(lirhotonid, d'après Wright et Studer
(1889i : " In lln' stnii, llie calearcous Joints
(irr sUfilitlji conip/'css/'d iit oiic plane luul
(lislincth/ jliilrd loiifiilinrutd/h/ : .saii/e-
/////('s, IId' r'ihs belirceii tlic litn(jUii(ii){(il
fil murs s/iuir s/iar/) indented edges. »
Dans les parties renllées des branches
qui ont, comme on l'a dit plus haut, un
aspect noueux, on trouve toujours un,
parfois ileux leufs volumineux à chat(ue
polype ; (piand il y en a deux, l'un d'eux
est beaucoup moins dévelo|)pé que l'au-
tre. Ces (cufs (tig. 38) sont libres de toute
adhérence ; quelques-uns d'entre eux ont
jusqu'à 0""",70 de diamètre ; ils ont
parfois une forme allongée. Leurs dimensions sont considérables par
rappoi't à celles des polypes qui, à peu près aussi larges que hauts, ne s'(''-
lèvent guère au-dessus du parenchyme à [dus de 0""",."). Il s'agit ici
d'un |)hénomène d'incubation. L'œuf ne reste pas à l'intérieur du polype
dont il provient et qui ne peut plus l'abriter, faute de place, dans la der-
nière phase de sa croissance.
3S.
Fig. 38. — Un œuf en pUici', à la bii^c d'un
polype, visible giàce à une dOcliiruie
(lu cœnenchvnie.
Mopsea gracilis Gravier.
(PI. VI, fig. 26-27.)
1913. — • Mopsea gracilis Gravier. Deuxième Expédition antarctiiiue française, 19US-
ALCYON AIRES.
39
l'.UO. Ali-yonaires [l'"^' nule prrliiuinaire) {Bull, du Mus. d'hisl. nalur., l. XIX
p. 154).
F'Iusiciirs exemplaires de celte MopseltLr provieiiiieiil <ruii draf^a^c l'ait
à l'eiitriMMle la l^aie MargiKM'ile, entre rîlr'Jenny et la Terre Adi''iaïde(lati-
fiidc :(')7° iii'S. ;longitude : 0So;{;5'W.), à 2oi mètres de profondeur, sur un
fond do roches et de gravier. Aucun de ces exemplaires, qui ont tous pris
dans l'alcool une couleur Idanc jaunâtre, n'es! intact. Le inoins incom[)let
a (i centimètres de hauteur et (i'^^^o dans sa plus
grande largeur il*l. VI, iîg. 2()). La colonie s;:* dé-
veloppe dans un plan. L'axe principal, didaché
de son support, a ()'"'", 0 de diamètre à sa hase ;
il porte de chaque côté des Ijranches plus grêles
encore, assez largement espacées et n'alternant
pas régulièrement ; l'une des branches principales
se ramilie de la même laron. In entre-mend ne
porte (pi'uni^ ou deux liranches, et tous n'en ont
pas ; on ne voit nulle part le nanid hasilaire d'une
ramification se fusionner avec le nœud le plus voi-
sin de la branche rpii la porte. L'ensemble est très
grêle, très lâche, etcependant il peut s'établir des
anastomoses entre les branches, (IM. VI, fig. 2ij].
Les entre-nœuds calcaires, dont la surface est
unie, ont, à la base, i"™,!) de longueur et, dans
les branches, G millimètres an plus.
Une autre colonie, dont la ramification n'est
conservée que d'un côté seulement, a 5''"^,5 de
hauteur; deux autres fragments encore plus réduits
ont la même provenance que les précédents.
Les polypes sont insérés tout autour de l'axe
(l'I. VI, fig. 27) et assez serrc'-s les uns contre les
autres, plus dans la partie terminale que dans la
iV'gion moyenne des branches (fig. 39). Les plus grands d'entre eux ne
dépassent guère 1 millimèlre de hauteur ; ils sont renllés au-dessous de
leur sommet et élargis également à leur hase. Un grand nombre d'entre
59-
Fif,'. 39. — I)is|iosilion lies
jiolypu-i dans l;i rûgioii
iiiovenne des Ijianclics.
40
ALCYONAIRES.
eux sont incurvés fortement vers l'axe qui les porte. Ils sont entièrement
recouverts par nne cuirasse de spicules calcaires imbriqués qui, dans la
partie supérieure seulement, sont disposés en séries lont;itudinales cor-
respondant respectivement aux tentacules, formantainsi un opercule octo-
radié au calice (fig. 40). Les écailles dn corps des polypes (lig. 40 et 41 ) ont
plus ou moins la forme d'un croissant; leur bord antérieur est nettement
Fig. 40-41. — Spicules recouvrant les polypes. — Fig. 42. — Spicule des tentacules. — Fig. 43-45. —
Spicules du cœncnchynie. — Fig. 46. — Un polype avec son ai-niature de spicules.
convexe; leur contour est profondément (U irrégulièrement (h'chiqueté ;
leur face externe est renforcée do verrues plus ou moins nombreuses,
de taille pou considérable, en gén(''ral. Do dimensions très variées, les plus
grands ne dépassent guère 0'"'n,22 en longueur et 0"^"i,07;) en largeur.
Sur les tentacules, ces écailles deviennent des croissants étroits et forte-
ment arqués, à contour crénelé (iîg. 42), régulièrement emboîtés, à bord
antérieur convexe.
Dans le cœnenchyme, l'armature est constituée par des spicules de
ALCYONAIRES. 41
foriiu' ;illong(''e, dont la surface esl louLeiR'rissée de grosses saillies elles-
mêmes couvertes de petites verrues qui leur donnent un aspect cliaj^riué
(tîg. 44 et 4o) ; quelques-uns sont arqués et grêles (fig. 43). De tailles très
diverses, ces spicules peuvent mesurer jusqu'à 0"i«i,2a de longueur et
de Ornm^o? à 0nim^08 de largeur maxima.
Outre les polypes dont il vient d'être question et qu'on peut qualifier
Fi^'. 47. — Galle à surface unie, qu'on oliserve sur certaines brandies. — Fig. IS, — Aulretype de galle,
à surlace mamelonnée. — Fig. 49. — Autre type de galle, dans laquelle chaque .saillie correspond à
un polype. — Fig. 50. — L'une des saillies de la galle de la figure 49, ouverte à sa base pour faire voir
l'iiuf cpi'elle contient. — Fig. 51. — UEuf enveloppé dans un polype clos.
de normaux, on voit çà et là, stii' les branches (fig. 39), d'autres polypes
clos, en forme de dôme (fig. 51) sans tentacules apparents et dans lesquels
on aperçoit, par transparence, un œuf très volumineux qui remplit presque
entièrement la cavité correspondante. D'ailleurs, à la base de certains
polypes normaux, il existe un œuf unique, bien moindre cependant ([ue
Expédition C/iarcot. — Graviku. — .\lcyonaires. 0
42 ALCYONAIRES.
ceux des polypes en dùiiie, que l'on doit considérer comme des polypes
incubateurs. Il y a donc ici, parmi les polypes, un dimorphisme très net,
qui n'est pas sans analogie avec celui qu'on observe chez certains polypes
bydraires.
(^e dimorphisme parait être réalisé chez d'autres Isidœ de la tribu des
Muijse'mœ. Ainsi Nuttini^ (1910) mentionne que, chez le Peltastisis uni.se-
ria/is Nutting, il y a, dans le cœnenchyme des branches, comme dans
celui de l'axe de la colonie, des renflements alternant régulièrement avec
les polypes et contenant des œufs. Ue même, chez le Peltdstisis conuda
Nutting, il existe des saillies arrondies recouvrant des œufs. 11 est à pré-
sumer que ces renflements et ces saillies remplis d'œufs ne sont autre
chose que des polypes incubateurs.
Sur certaines branches de la colonie, on remarque des excroissances
]ilus ou moins volumineuses correspondant à l'emplacement de plusieurs
polypes. L(>s unes (fig. 47) ont leur surface assez régulièrement convexe;
les autres présentent des saillies qui paraissent correspondre, au moins
en partie, aux polypes originellement formés sur l'emplacement de la
galle (fig. 18). Les plus grandes de ces excroissances ont 3 millimètres
de longueur et 1""",^) dans leur plus grande largeur. Quelle que soit leur
forme, on trouve, à l'intérieur de la cavité circonscrite par une paroi
mince, tantôt deux, tantôt trois (et parfois davantage) Copépodes parasites
qui sont de tailles diflférentes dans les deux derniers cas. On trouve
même, en certains points, des saillies de même ordre, où les polypes con-
stituants sont encore plus nettement distincts que dans la galle figure 18.
Ainsi, dans la galle représentée par la figure 49, chaque saillie cor-
respond visiblement à un polype clos; si Ton fait une section transversale
dans l'une de ces saillies, on y trouve un œuf très gros (fig. 'iO) ayant
jusqu'à 0™",i."j de diamètre, remplissant presque complètement la
cavité qu'il occupe, quiest comme modelée sur lui, et apparemment iden-
tique à ceux qu'on trouve dans les polypes incubateurs dont il est
question plus haut. Dans ce groupement de polypes, je trouve au fond, du
côté externe, trois Copépodes parasites de différentes grandeurs et de
même type que ceux doni il vient d'être question. Le parasite ne semble
nuire en aucune façon au développement des organes reproducteurs des
ALCYONAFRES. 43
polypes. Ces Cw'ustacés, très dillereiils îles nutces Lan/ip/i/iin' connus
actuellement i]ui vivent dans les canaux du cœnosar([ue de certains Alcyo-
naires, font l'objet do l'appendice publié à la fin de ce mémoire sur les
Alcyonaires provenant de la deuxième expédition antarctique française.
Au point de vue du mode de i-amiQcation, la Mopsea de l'Antarctique
sud-américaine rappelle, dans une faible mesure, la Mapseti flabeUuin
.1. A. Thomson et 1). L. Mackinnon (4911) ; elle ressendjle davantage à
la Mopsea alba Nutting (1910). Elle diffère de ces deux espèces par la dis-
position des i)olypes et les caractères des spicules, et elle se sépare de
toutes les autres espèces de Mopsea par le petit nombre el la gracilité de
ses branches, (pii lui donnent un faciès particulier. Elle prend une place à
part dans ce genre, qui paraitètre fort hétérogène, tant au point de vue
du port que de l'épaisseurdu cœnenchymeetdeladispositiondes polypes.
En ce qui concerne le mode de ramification, il est hors de doute qu'il y a
de profondes différences entre la Mopsea encrinala (Lamarck), la Mopsea
White/eggei Thomson et Mackinnon, la Mopsea elegans Thomson et Mac-
kinnon et la Mopsea alba Nutting. Chez la plupart des espèce , les polypes
sont tellement serrés les uns contre les autres qu'ils forment presque
des verticilles; chez la Mopsea décrite ici et à laquelle j'ai proposé de
donner le nom de Mopsea graci/is, ils sont un peu plus distants les uns des
autres ; ils le sont beaucoup plus chez la Mopsea alba Nutting. Enfin le
cœnenchyme est habituellement épais chez les Mopsea ; ici, il est très
mince. La revision approfondie des diverses espèces du genre Mopsea
conduirait probablement à le diviser en plusieurs sous-genres.
Genre NOTISIS Gravier.
Notisis fragilis Gravier.
(PI. VI, fig. 28-29; PI. IX, fig. 49; PI. X, fig.51.)
1913. — Nolisis fragilis Ch. Gravier. Deuxième Expédition anla relique française,
1908-1910. Alcyonaires (l''^ note préliminaire) {Bull, du Mus. d'hisl. nalnr.,
t. XIX, p. 454).
Au point de vue de la faune d'Alcyonaires, l'un des dragages les plus
fructueux fut celui du 15 janvier 1009, à l'entrée de la baie Marguerite,
entre l'île Jenny et la Terre Adélaïde (latitude : 67° i5'S, ; longitude : 68°
44 ALCYON AIRES.
33' W.), à 25-i mètres de profondeur, sur un fond de roches et de graviers ;
la température de l'eau au fond était de — lo,18. Dans les matériaux de ce
dragage, se trouvaient deux exemplaires d'un type nouveau d'Alcyonaire,
dont l'un était presque entièrement dépourvu de polypes ; une petite
éponge siliceuse s'était établie sur l'une de ses branches. L'autre exem-
plaire, de couleur blanc jaunâtre, est en bien meilleur état de conservation ;
cependant la base manque (PI. VI, fig. 28). La colonie se développe dans
un plan ; la ramification est pseudo-dichotomique. La hauteur de la colo-
nie est de 7cm, 5 ; sa plus grande largeur, de 7 centimètres. La partie
conservée de l'axe basilaire, de 13 millimètres de hauteur, se divise en
deux branches. Celle de gauche, à lo millimètres du point de bifurcation,
donne naissance, en dehors, à une branche latérale presque aussi déve-
loppée qu'elle-même et qui reste indivise, tandis qu'elle-même se bifurque
danssapartieterminale. Celle de droiteporteextérieurementdeuxbranches
qui se divisent à leur tour. Les ramifications de divers ordres s'incurvent
vers le prolongement de l'axe principal de la colonie. Les entre-nœuds,
clans l'axe basilaire, ont moins de 2 millimètres de longueur; ils
s'accroissent graduellement vers la partie supérieure de la colonie, où ils
atteignent 4 millimètres de longueur. Ils présentent des saillies coniques
dont la distribution n'est pas régulière, mais qui sont disposés en séries
longitudinales qui semblent être au nombre de six en général. Inégalement
espacées dans une même fde longitudinale, ces saillies n'ont pas des
dimensions en relation avec le diamètre des entre-nœuds correspondants ;
elles sont relativement plus développées dans les ramifications terminales
(lig. 51, PI. X) qu'à la base de la colonie. Aucun entre-nœud ne porte
plus d'une branche; la plupart d'entre eux n'en ont pas. Nulle part, le
nœud corné basilaire d'une ramification, toujours situé à quelque distance
de l'origine de cette dernière, ne se fusionne avec le nœud le plus proche
de la branche sur laquelle s'insère la ramification en question. H n'existe
aucune cannelure à la surface des entre-nœuds; à peine discerne-t-on une
légère saillie correspondant à la ligne d'insertion des saillies coniques.
Les polypes, à de rares exceptions près, s'insèrent isolément, en dispo-
sition apparemment alterne (PI. Al, fig. 29). A la partie inférieure des
branches principales, ils sont relativement distants les uns des autres; on
ALCYONAIRES.
45
vn compte cinq ou six j)ar centimètre de longueur; ils deviennent pins nom-
breux dans les parties ultimesdesramilications, oùonen voit jnsqu'à treize
ou quatorze par centimètre de longueur. Un peu renflés, en général, dans
->2:
-Li • J .
rjf!.
57.
rj8.
Fig. 52. — Disposition iJus ijolyjics sur les lirancias. — Fig. 53-5b. — Spicules do l'ariuaUiic des poIyiies_
— Fig. 56-58. — Spicules du cœnenchyme.
leurpartie supérieure, ils sont, toutes proportions gardées, bien développés
et de taille inégale (fig. o2i; les plus grands n'ont guère que 1 millimètre de
hauteur; la plupart ne dépassent pas 0"^i",8 de hauteurffig. 49, PI. IX). Ils
sont inclinés sur Taxe qui les porte, sans jamais s'incurver vers ce dernier
et se disposer parallèlement à lui. lis sont envelop{)és d'une très forte cui-
46
ALCYON AIRES.
rasse de spicules(lif;^'. W, PI. IX). Ces derniers, à la base, ne sont pas régu-
lièrement disposés; mais, dans la partie supérieure, ils s'alignent nettement
en huit rangées correspondant res-
pectivement aux huit tentacules.
En forme d'écaillés, les spicules
ont leur bord antérieur convexe pro-
fondément crénelé ; les crénelures
ont d'ailleurs des dimensions et des
formes très variées (fig. o3, 54 et
'.')'}) ; en outre, leur face externe est
renforcée de grosses saillies elles-
mêmes mamelonnées, de même que
les crénelures marginales ; certains
spicules ont leur face externe pres-
que entièrement recouverte de ces
verrues. Les plus grandes de ces
écailles ont On^n^lS de longueur et
0mm 08 (le largeur. Les tentacules
ont leur partie externe protégée par
des plaques de même caractère que
les précédents, mais dont les dimen-
sions diminuent de la base au som-
met de ces appendices. Le cœnen-
chyme, qui est très mince, est bourré
de spicules de forme plus allongée,
en bâtonnets droits ou arqués, les
uns grêles, les autres très gros, à
surface couverte de verrues volu-
mineuses semblables à celles des
écailles des polypes. Ouelques-
uns de ces bâtonnets atteignent
0mm^20 de longueur (lig. ."iO, 'M et 58).
Je rapporte avec quelque doute à la même espèce un petit fragment de
colonie que j'ai trouvé fixé sur un tube de Serjia/a ve/niicii/a/is (L.), pro-
Fig. 59. — Disposition des polypes sur les
brandies. — F"ig. 60. — Axe calcaire avec
ses épines en séries longitudinales. — Fig. 01.
— Axe calcaire au niveau d'une ramification.
ALCYOXAIRES. 47
venant de lile l'clcniiann. L'axccalcaire, avec ses entre-nœuds à épines
alignées en séries longitudinales, n'est recouvert par les polypes que sur
une longueur de 1 centimètre environ (lîg. ;)0 et GO). Les polypes ont bien
les mêmes caractères et la même spiculation que chez l'exemplaire pré-
cédent; ici, les polypes, un peu moins distants les uns des autres,
2
alternent suivant une spir(> du type tt. Au lieu d'être incolores, les polypes
ont conserv('' une coul(Hir l)run-chocolat clair qui doit se rapprocher de la
teinte de la colonie à l'état vivant. 11 n'y avait là qu'une seule branche
conservée (iîg. 61 ). On retrouve dans l'écorce les mômes bâtonnets noueux
que dans celle de l'exemplaire décrit ci-dessus.
L'Alcyonaire en question, qui se range parmi \es Mopseinœ Wright et
Studer, a, de même qu(^ les genres Mopsea Lamouroux, Acanthoisis
Wright et Studer et Chetidonisis Studer (4901), ses ramifications situées
dans un même plan et, en outre, comme les genres Acanthoisis et Clirli-
donisis, des épines sur les entre-nœuds calcaires. Par ses polypes assez
distants les uns des autres, son cœnenchyme mince, son mode de
ramification, il se sépare nettement du genre Acwî/^o/s/â; son port rappelle
davantage celui AwClipUdoiiisisauranliaca Studer, dont il diffère fortement
par les spicules, qui, chez ce dernier, ressemblent beaucoup à ceux de
r/y/.s /lipptrris L. Ouant au genre Peltastisis Nutting, il a une place tout à
fait à part dans les Mopseinœ, avec ses calices unisériés et ses écailles
operculaires. L'Alcyonaire de l'Antarctique ne peut être classé dans aucun
des genres actuellement connus des Mopseinœ ; il "nécessite la création
d'un genre nouveau, \otisis (1), qui peut être ainsi caractérisé : colonie
ramifiée dans un plan à branches grêles et peu nombreuses. Axe constitué
par des nœuds cornés et des entre-nœuds calcaires portant des saillies
coniques en séries longitudinales, mais non insérées sur des côtes
saillantes. ("-oMicnchyme mince. Polypes relativement bien développés,
assez écartés les uns des autres. Spicules du calice en écailles renforcées
par de grosses verrues, à bords profondément découpés. Spicules du
cœnenchyme de forme plus allongée, en bâtonnets noueux.
(1) De vo'-o:, Sud.
48 ALCYON AIRES.
L'espèce rapportée par le « Pourquoi Pas ? », dont les ramifications
sont si grêles, sera le Notisis fragilis;.
Famille dos PlilMNOI b.K (Milne-Edwards).
Genre TIlOUATiELLA Gray.
Thouarella antarctica (Valenciennes).
(PL VII, fig. 31-31 ; PI. X, fig. 52-55.)
184G. — Primiioa anlardica Valenciennes. Voyage sur la Vénus ; Atlas, Zoophyte«,
PI. XII, fig. 2 et 2a (aucun texte).
]857. — Primnoa anlardica Milne-Edwards. Histoire naturelle des Coralliaires, t. I,
p. 140.
1857. — Primnoa anlardica Gray. Synopsis of the Familles of axiferous Zoophytes
or barked Corals [Proceed. of Ihe Roy. Soc, Part XXV, p. 286).
1859. — Primnoa anlardica Gray. Descriptions of some new Gênera of Lithophytcs
or Stony Zoophytes, Part. XXVII, p. 683.
1865. — Primnoa anlardica Kolliker. Icônes histologicœ, 2''" Al:ith., Leipzig, p. 135.
1870. — Thouarella anlardica Gray. Catalogue of Lithophytes, p. 45.
1878. — Thouarella anlardica Studer. Uebersicht der Anlhozoa Alcyonaria, welrhe,
wâhrend derReiseS. M. S. «Gazelle» um die Erde gesammelt wurden [Monalsber.
Akad. Wiss. Berlin, p. 649).
1889. — Thouarella anlardica Wright et Studer. Report on the Alcyonaria {Beporls
on Ihe scienlific Besulls of Ihe Voyage of H. M. S. « Challenrjer », Zoology,
vol. XXXI, p. 65, PI. XXI, fig, 6,)
1906. — Thouarella anlardica Versluys, Die Gorgoniden der Siboga-Expedition, II,
Die Primnoid», p, 35,
1907, — Thouarella anlardica Hickson, Cœlentera, Alcyonaria [Nalional Anlarclic
Expedilion, p, 9, PI. II, fig, 19 et 24).
L'expédition de la « Vénus » (1836-1839), counnandéeparle capitaine du
Pelit-Thouars, recueillit aux îles Malouines ou Falkland deux exem-
plaires d'un Alcyonaire que Valenciennes appela Pfiinnod imiai'ctica. L'un
de ces exemplaires est représenté planche XII, figure 2 iZonphtjtos) dans
l'atlas, — que n'accompagne aucun texte, — consacré aux animaux
rapportés par la » Vénus ». Ilsexistent tous doux encore dans les collections
du Muséum d'histoire naturelle de Paris, où ils ont été conservés à sec
depuis le retour de l'expédition (1839) ; cette circonstance explique l'état
de délabrementde ces deux types historiques. Je les ai placés dans l'alcool,
où ils ne continueront pas à se détériorer. Dans le bocal qui contient l'un
des exemplaires, se trouve une étiquette manuscrite sur laquelle on lit :
ALCYOXAIRES. 49
Malouines.
M. du Petit-Thouars.
Expo" de la «\'énus».
Ce bocal et celui (jui ronfennc le second exemplaire portent chacun
une étiquette donnant les indications suivantes '.
Primnoa anlarclica.
«Vénus», Zoophytes. l'I. XII, fig. 2.
Iles Malouines.
M. du Petit-Thouars.
La colonie qui nie paraît avoir été figurée par Valenciennes est celle
qui est cassée en deux (PI. VII, fig. 32), parce que c'est la seule qui
possède encore une partie de sa base élargie servant à la fixation sur le
support qui a disparu. L'image est un peu plus grande que nature, car
elle mesure 16^'",o de longueur, alors que l'axe principal de la colonie en
question n'a que 13cm^5, Lasilhouette delà Thouarella antarctica est assez
fidèlement représentée ; cependant les ramifications sont un peu plus
denses que ne l'indique la figure 1. Quant aux calices grossis de la
figure 2 r/, ils ne sont pas, il s'en faut, d'une exactitude irréprochable,
surtout en ce qui concerne les écailles marginales, qui nesontqu'approxi-
mativement dessinées. La couleur jaune de la figure 2 est encore très
sensiblement celle qui s'est maintenue jusqu'ici.
Dans son Histoire naturelle des Coralliaires{t. L 1857, p. 140), H. Milne-
Edwards donne de \a Primnoa antarctica Va diagnose suivante : << Polypié-
roïde extrêmement délicat, dont les branches, presque filiformes, sont
disposées irrégulièrement tout autour de la tige principale, de façon à
constituer une touffe en forme de goupillon. Papilles calicifères petites,
mais très fortes, comparativement au diamètre de l'axe qui les porte. »
Sous le même nom de Primnoa antarctica, J. E. Gray, en 1857, men-
tionne simplement :
P. anlarclica Valenciennes. Voy. « Vénus », t. XII, fig. 2.
South Polar Sea and Falkland Islands.
Il n'est pas plus explicite, deux ans plus tard (1859 1 :
P. anlarclica Valenciennes. Voy. « Vénus », t. XII, fig. 2.
Hab. Falkland Islands.
A. Kôlliker (1865), dans ses Icônes histiologicœ , indique pour lesspicules
Expédition Charcot. — Gravier. — Alcyonaires, 7
50 ALCYON A IRES.
des calices les dimensions 0""",l!^ à 0'""\(J3 ; il ne mentionne rien pour
les spicules de l'opercule ni pour ceux du cœnenchyme ; il ne dit pas,
d'ailleurs, où il a pris ses mesures; dans le texte qui précède, il déclare
qu'il n'a étudié exactement lui-même que les calices de la Primnoa lopa-
f///e?'«Lamouroux ; il donne cependant, dans laplancheXVII, figures 10-14,
les images de spicules des Primnoo Ippodifera, P. fahellum, P. ver-
ficil/aris, P. regularh et P. rni/Kra.
S'armant de la description très sommaire de Milno Edwards et des
figures données par Valenciennes, J. E. Gi-ay (1870), sans fournir aucun
autre détail, fonde le genre Thoiiarella. Correctement, le genre créé en
mémoire de l'illustre marin eût dû s'appeler Thouarsella et non Thoua-
rella.
Un très grand nombre de i)olypes des types rapportés par du Petit-
Thouars se sont détachés de leurs branches et sont tombés au fond des
bocaux. Dans la partie moyenne seule, les polypes sont restés en place ;
au-dessus comme au-dessous de cette région, les branches sont à nu,
réduites à leur axe corné, très grêle, d'un jaune assez vif. L'axe principal
de l'un des exemplaires (PI. "N'III. fig. 31 ), fortement incurvé à sa base,
mesure 9'^°i,'i de longueur; il est incomplet à sa partie inf(''rieure ; la plus
grande largeur n'excède pas 3 centimètres ; il est vi'ai que les extr('Mnités
de la plupart des branches sont brisées. L'autre exemplaire (PI. \\\,
fig. 32), figuré par Valenciennes, mesure environ 13°"",^) de longueur; il
est divisé endeux fragments, et il possède une partie de la plaque basilaire
qui le fixait au support.
Les branches, peu inclinées sur l'axe principal, s'insèrent tout autour
de ce dernier et sont assez rapprochées les unes d<'s autres ; beaucou[)
d'entre elles restent indivises ; celles qui se ramifient, à de très rares
exceptions près, ne donnent naissance qu'à une seule branche de second
ordre, généralement près de leur origine. Un grand nombre d'entre elles
n'ont plus leur extrémité distale, qui s'est détachée, sans doute, avec
le groupe de polypes qu'elles portaient; les plus longues n'ont pas plus
de 2 centimètres de longueur.
Assez fortement inclinés sur l'axe, les polyp(»s dont le diamètre va en
croissant de la base au sommet, en général, sont insérés isolément. Les
ALCYON AIRES. 51
plus yraiuls d'(Mitr(> eux ont au plus 2 niiH'mii'Ircs do longueur et le
plus souvent moins. Ils sont beau(ou|i moins tlenses dans la partie proxi-
niale des hranehe^ ([ue dans la partie dislale, où ils masquent complè-
tement l'axe qui les porte (PI. Vil, lig. 33 et 31), ce qui donne lieu à des
branches élargies à rextrémilé libre, en massue, dont la silhouette
rappelle celle qu'on observe chez la Rhopa/onella pendulina Roule, où se
retrouve une disposition très analogue des polypes.
Les calices sont complètement enveloppés de spicules en écailles de
grande taille, plutôt disposés en spires qu'en séries longitudinales (fig. 62) .
Les écailles marginales, au nombre de huit, ont une forme toute spéciale
(fig. 63) ; elles présentent leur maximum de largeur dans la région
moyenne et se rétrécissent graduellement en avant, de façon à se terminer
en pointe mousse. Sur la face intérieure tournée vers le polype, elles sont
munies d'une arête médiane longitudinale sur laquelle sont fixées des
plates-formes transversales (parallèles à l'écaillé), à divers niveaux, à
bords dentés et de largeur décroissant graduellement d'avant en arrière.
Ces plaques transversales prennent, sur certaines écailles, des dimensions
relativement considérables (fig. 64). L'arête médiane reste généralement
saillante, en une ou deux pièces, au-dessus de la plate-forme supérieure,
comme dans la figure 63 ; parfois aussi, l'on voit deux arêtes divergeant
vers le sommet de l'écaillé (fig. 64). La face intérieure est couverte de
petites verrues nombreuses, de faibles dimensions et de disposition
rayonnante, à partir d'un nucléus très apparent. Le bord postérieur de
ces écailles est épaissi, très déchiqueté, avec de profondes échancrures.
Les verrues de la face inférieure ne sont pas dessinées dans la
figure 64, ni dans la figui'e 60, qui représente une écaille semblable à celle
de la figure 63 et vue par la face extérieure. Les plus grandes des écailles
marginales ont jusqu'à O'^m^g Jc longueur et 0'""^,6 dans leur plus grande
largeur; l'arête médiane, avec ses plates-formes, jusqu'à Oi"°i, 56 de lon-
gueur elO°^°^23 de largeur maxima. Les écailles de l'opercule sont éga-
-lement au nombre de huit (fig. 52, PI. X). Elles ont une forme foliaire et
allongée, terminée en poiiile mousse en avant, avec une échancrure
médiane très accusée en arrière (fig. o3, PI. Xi; elles sont fortement
repliées suivant leur plan de symétrie, de sorte (ju'elles forment une sorte
52
ALCYON AIRES.
de gouttière marquée sur la face opposée par une quille très saillante à
bord crénelé (fig. 54, PI. X) ; chacune des moitiés est d'ailleurs une
û'-J
6Ù-.
Fig. fiî;. — Un |>oly|ie avec snn arinalurc ilc spiciiles. — Kig. 6;i. — Un spicule do la l'angéo marginale du
calice, vu par la face intéiieure. — Fig. 64. — Un spicule de la même rangée avec deux arêtes verli-
calcs divergentes sur la plate-forme ti-ansversale. — Fig. 65.— Extrémité antérieure d'un spicule
marginal, vue par la face extérieure.
surface gauche à allure très tourmentée; en outre, la (juille dorsale est
recourbée en S allongée. Les plus grandes ont jusqu'à 0"i"\67 de lon-
gueur et O'nin,3o de largeur maxima. Elles présentent leur cavité vers
l'extérieur et, par conséquent, leur arête vers le polype ; dans leur en-
ALCYONAÎRES. 53
semble, elles forment un opercule bombé, à convexité tournée vers
l'extérieur. Les autres écailles des polypes ont leur partie antérieure
fortement plissée, ce qui donne lieu à des crêtes rayonnantes bien
marquées (fig. Tiii, PI. X); immédiatement en arrière des marginales, ces
crêtes s<^ continuent en avant, de façon à former une pointe saillante
médiane qui s'atténue beaucoup en arrière. De chaque côté des crêtes,
le bord antérieur est denté assez régulièrement ; la partie postérieure
des écailles est fortement ondulée, avec un bord épaissi, échancré pro-
fondément et à contour très sinueux. Ue nombreuses verrues sont assez
régulièrement disposées en séries rayonnantes autour d'un gros nucléus
très marqué. Au voisinage du bord antérieur, on remarque quelques
pointes aiguës, en épines. Les plus grandes de ces écailles ont 0"i"^,() de
longueur et 0'»"i^(j5 jg largeur maxima.
Dans l'écorce, lesspicules sont de formes etde dimensions extrêmement
variées (fig. 6(3 et 07); le bord antérieur est denté; le bord postérieur,
épaissi, échancré et déchiqueté; les verrues de la face intérieure sont
assez petites, nombreuses, plus ou moins distinctement alignées en files
convergeant vers un nucléus très visible.
La base un peu renflée de beaucoup de polypes laisse voir par trans-
parence un corps orangé de teinte assez vive ; quand on ouvre un de ces
polypes, on trouve, à la base, une calotte à fond un peu déprimé contenant
quelquefois un peu de substance de même couleur (fig. 08). 11 est difficile,
à première vue, de savoir exactement ce à quoi correspond cette calotte,
étant donné que les deux exemplaires du capitaine du Petit-Thouars ont
été conservés à sec pendant plus de soixante-dix ans. Mais, à cause de la
couleur, de la taille, de la situation de ces corps orangés, je suis porté
à croir(> qu'il s'agit là d'un mode d'incubation analogue à celui (juej'ai
observé chez la Rhopahmella pendutiita Houle. L'axe principal et les
branches qu'il fournit, et qui sont grêles et souples, sont de nature
cornée; leur couleur est d'un jaune assez clair.
L"exenq)laire type de l'espèce dont il est question ici fut recueilli,
comme on l'a dit plus haut, par le capitaine du Petit-Thouars aux iles
Malouines ou Falkland. La même espèce a été rapportée par le
«Challenger » des ilesCrozet,à la profondeur de IkïO brasses (990 mètres),
54 ALCYONAIRES.
de profondeur, d'un fond dur formé de graviers et de coquilles ; elle fut
décrite pour la première fois par M' rii;ht etStuder (1889 1. (^-es auteurs n'ont
Fig. CG-67. — Spiculcs du cirncnchyiiie. — Fig. 68. — Corps orangé situù à la base de certains polypes.
pas donné la figure d'ensemble d'une colonie, ni celle d'un calice; ils
n'ont pas sulfisamment insisté sur les caractères spéciaux des écailles
marginales des calices et, à ce point de vue, la figure (i (PI. XXI i de leur
mémoire correspondant à ces spicules n'est pas assez explicite.
J. Versluys (1906), dans sa monographie des l^rimnoida' du >■ Siboga »,
a ajouté quelques détails relatifs à la Thminrclla anttnct'ua, d'après un
exemplaire sec qu'il a examiné au British Muséum et qui a été rapporté,
A LC y ON, {{RE s. 55
coiiimc los types oiif^iiiaux, des îles Falkland |)ai' le capitaine (liaik. Le
zoologistehollandaisfaitobserverquelesexeinplaires du <( Challenger » ont
un tout autre faciès que cet exemplaire sec, qui est absolument conforme
au type dessiné par Yalenciennes. Il se demande s'il ne s'agit pas de deux
espèces distinctes, ou bien si l'aspect particulier des exemplaires du
« C-hallenger » ne tient pas à ce fait qu'ils proviennent de ÎIOO mètres de pro-
loïKleui', alors qu(^ l(>s autres vivaient beaucoup plus près de la surface.
Sydney J. llickson (1907), dans son étude des Alcyonaires de la
« National Antarctic Expédition », mentionne que la lltouarplladiilai'dicd
a été recueillie par la « l)iscov(^ry » en quatre stations dillerentes, à des
profondeurs comprisesentreOGet 254 brasses(de I73mètresà4ij7mètres).
Je me demande si, là encore, il s'agit bien de la llioaareUa antarctka. La
ligure 19, planche II, représente une écaille marginale, (|ui me paraît se
rapprocher davantage des correspondantes de l'espèce décrite par
W. KûUenlhal (1912) sous le nom de ThouardJa alî". vavkibilh que de celles
que j'ai observées chez la ThouarelUi (inlantira authentique, dont l'arête
médiane, avec ses vastes plates-formes, est si frappante. D'autre part, la
figure 24, planche II, d'une portion de branche d'un spécimen sec,
d'après une photographie, laisse dans le même doute, sans parler du
nombre des écailles des polypes, beaucoup plus grand que ne l'indique
la ligure; les polypes eux-mêmes n'ont pas le même aspect, et ils sont
plus rapprochés les uns des autres dans le type de l'espèce que dans la
figure en question.
Dans sa revision du genre ThoïKifclla^ J. Versluys (1906 1 divise les
espèces de ce dernier en deux groupes, l'un d'eux ayant pour type la
TltoïKirella Hilypndorfl Studer et l'autre la ThouarcUa (uilaidica. Les
espèces de ce dernier groupe, fait-il remarquer, n'ont été, jusqu'ici,
trouvées qu'au sud du ?>~^ degré de latitude sud, aux îles Falkland, au
Burdwood Bank (au sud de ces îles), aux îles Gough (au sud de Tristan
d'Acunhaj, du Prince-Édoiiai-d cl ileard, loutes situées dans les parties
sud des océans Atlantique et Indien.
Le genre TJioaareUa a été divisé par K. Kinoshita il908) en deux sous-
genres : Tlioiiarella^. st. et D'iphx-nlijiitra ; le premier a un mode de division
pennée, avec branches secondaires, tandis que le second se divise dicho-
56 ALCYONAIRES
tomiquement el n'a point de branches secondaires ; les caractères des
polypes sont exactement les mêmes dans les deux sous-genres.
W. Kûkenthal (1912) a entrepris une nouvelle revision du genre
Thouarella à la suite de son étude des espèces de ce genre provenant
de l'expédition antarctique allemande, ll'fusionne le genre Atnphilaphis
Wright et Studer avec le genre ThouareUa\ il admet les deux groupes
fondés par Verslu.ys, auxquels il en ajoute deux autres, de sorte que le
genre Thoudrelhi se trouve partagé en quatre groupes ayant respecti-
vement pour types : ThouareUa Hilgendorfi Studer, 7'//. antarctica (Valen-
ciennes), Th. KolUkeri Wright et Studer et Th. regularis (Wright et Studer) .
W. Kiikenthal établit ses divisions, moins d'après le mode de ramification
que d'après la dis|)Osition, le mode d'insertion et la configuration des
polypes. Il fait observer que, dans rarchitecture de la colonie, intervient
fortement la valeur du mode de ramification. C(»lui-ci peut subir fortement,
croyons-nous, linlluence du milieu.
On peut se demander si, en présence de données plus complètes sur le
type pour l<>quel on a créé le genre ThouarpJla^ on ne sera pas encore
amené à un nouveau remaniement des coupes sous-génériques de ce
dernier. Il est incontestable, en tout cas, que les écailles marginales de
la Thouavella antarctica authentique ont, avec leur arête médiane à
plates-formes, un faciès tout spécial qu'on ne retrouve pas du tout chez
la Thoaarella chilensis, par exemple, que Kiikenthal place dans le groupe
antarctica.
Le plus grand nombre des espèces du genre Thoaarella sont antarc-
tiques ou subantarctiques. C'est un genre de mer profonde, dont quelques
représentants s'élèvent cependant dans les eaux du littoral. Si, — ce que
l'avenir nousapprendra, — lesespècesdu« Challeng*er»etdela(( Discovery »
appartiennent réellement à la forme que Valenciennes a décrite en premier
lieu, la ThouareUa antarctica aurait une aire très vaste de répartition dans
les mers antarctiques.
ThouareUa variabilis Wright et Studer.
(PI. I, fig. G ; PI. III, fig. 13 et 14.)
1889. — ThouareUa l'ariabilis Wright et Studer. Report on the Alcyonaria [Reports
ALCYON AIRES. 57
on ihe acii'nltpr rtpitiill'i of Ihe Voyage of H. M. S. « Clinllrnger », Zoology,
vol. XXXI, p. (IS, l'I. XXI, fit;. 1).
1905. • — 'riinunri'lld riiriiihili^ iMenneking. Ucbiu' die Anonliuing der Schuppen und das
Kanalsyslein liri SlacluinJes anihigiia (S(iider), Caligorgin flabelluni (Ehrcn-
herg), Amphildphis abielina (StiidiM-) und ThouareUa variabilis (Studer) [Arcliic
fiir Nalnrgesch., Jahrg. LXXI, Bd. I, Ilcft 3, p. 2^0, Taf. 9, fig. 9, 10, 11,
21 et 22).
190G. — ThouareUa variabilis Versluys. Die Gorgoniden der Siboga-Expedilion. II.
Die Primnoidœ, p. 37.
1912. — Tlionarella aff. rariabilis Kûkenthal. Deutsche Siidpolar Expédition 1901-
1903. Die Alcyonaria, Bd. XIII, Zool. V, p. 305, Taf. XX, fig. 2 et 3, Text-
fig. 9-12.
Le « Pourquoi Pas? » a rapporté une vingtaine crox(Mnplairos,laplupart
incomplots, de cet Alcyonaire. Le dragage du 15 janvier 1900, à l'entrée
de la haie Marguerite, entre Tîle Jenny et la Terre Adélaïde (latitude : 67°
45' S. ; longitude : 68°33'W.) a ramené, de 25 1 mètres de profondeur, trois
exemplaires séparés de leur support ; l"uu d'eux, auquel manque toute la
partie inférieure, a 1 9*^^,5 de longueur et était vraisemblablement de belle
taille. Tout près de là, dans la baie Marguerite, un autre coup de drague
(20 janvier 1909) a arraché du même fond (profondeur : 176 mètres)
de roches et de graviers deux autres exemplaires incomplets. L'un d'eux,
en assez mauvais état, a 22cm J5 de longu<nir; une branche latérale, longue
de 8 centimètres, est ramifiée, tout comme l'axe qui la porte. Un autre
exemplaire, dragué le 26 novembre 1909, à 50 mètres de profondeur,
devant Port-Lockroy, chenal de Roosen (latitude : 64° 49' S. ; longitude :
63° 30'W.) est dans un état très médiocre de conservation (PI. I, fig. 6) ; il a
dû macérer pendant quelque temps dans un liquide à réaction acide, caries
spicules sont en partie dissous ou, en tout cas, altérés ; peut-être la colonie
était-elle morte quand elle fut prise par la drague. Enfin, dans les matériaux
de deuxautresdragagesfaits en bordure delà banquise(latitudc : 70° 10' S. ;
longitude : 78° 30' W.) surun fond de vase sableuse, avec de nombreux cail-
loux, à 460 mètres de profondeur, se trouvaient 17 autres exemplaires
fragmentaires de la même espèce ; 5 de ces exemplaires étaient encore
•fixés sur leur support par leur base élargie.
Ces Tlionarella se présentent sous deux faciès qui ont tous la forme
ty[)ique d'écouvillons.Chezlesuns (PI. II, fig. 14), peu de branches restent
indivises ; la plupart d'entre elles, surtout dans la pai-tie supérieure de la
Expédition Cluircot. — Gravier. — Alcyonaires. 8
58 ALCYONAIRES.
colonie, se divisent en rameaux qui, fréquemment, se ramifient à leur
tour, de façon à former de petites arborescences; cinq on six rameaux et
même plus, parfois, proviennent ainsi d'une partie basilaire relativement
courte, insérée sur le tronc et qui porte elle-même un ou deux polypes.
Comme l'a fait remarquer Versluys (1906), les polypes sont moins nom-
breux à la base qu'à l'extrémité des branches, qui se renfle un peu, à cause
de l'accumulation des polypes dans la partie terminale. Chez les autres
(PI. III, fig. 1 3) , les branches latérales sont plus longues et moins ramifiées ;
l'ensemble est moins compact, d'autant que l'accroissement du nombre
des polypes vers l'extrémité distale des rameaux est aussi beaucoup moins
marqué et que, par suite, les branches ont, beaucoup moins que les j)ré-
cédentes, l'aspect de massue allongée. Ces deux aspects correspondent
peut-être à des différences dans les conditions de milieu, différences
toutes locales, d'ailleurs, puisqu'on les observe sur des colonies provenant
(l'un même coup de drague. Chez les uns comme chez les autres, tantôt
l'axe principal présente peu ou point de polypes isolés, tantôt il en a
d'assez nombreux. L'axe de l'un des exemplaires porte à deux niveaux
assez distants l'un de l'autre de véritables nids de c(>s polypes, dont la
formation est peut-être due à quelque traumatisme.
Sur les branches de quelques colonies, on trouve un certain nombre de
commensaux. Ce sont surtout des Annélides Polychètes de la famille des
Polynoïdiens ; j'y ai également trouvé un Phyllodocien ; on y voit aussi
quelques Pycnogonides. Nulle part je n'observe de déformations sem-
blables à celle qu'a signalée C. C. Nutting (1908) chez la Stonrlla hehnin-
thophora Nutting.
Les polypes, un peu évasés au sommet, sont tous isolés; on en compte
une dizaine par centimètre de longueur. Les écailles qui les recouvrent
entièrement sont, en général, au nombre de 4 dans chaque rangée longi-
tudinale. Les écailles marginales, dont la base est quadrangulaire, se
prolongent en avant en une longue pointe foliaire, abord denté (fig. 09) ;
cette |)oinle est beaucoup plus développée sur la face abaxiale que sur
la face opposée; il est, d'ailleurs, souvent difficile d'en juger, parce que
la [)lu[)art de ces prolongements sont brisés dans beaucoup de calices.
Les plus longues d'entre elles ont O'^^n^So de longueur, dont O'»'^,3o pour
ALCYON A IRES.
59
Im [K)iiit<' sculcim'iil. Les écailles tle ru|)ercule sont étroites et [lourvues
sur leiu' laee interne d'une forte carène (fig. 70). En arrière des écailles
marginales, celles de la première rangée ont encore une ])ointe antérieure,
mais beaucoup plus courte. A la base des polypes, cette pointe disparait
(Jû.
Fig. 69. — S|nculo lie la i-ang(je marfjiiialo du calice.
Fig. 71. — Spiculc delà base des polypes. — Fi^i
Fif
7P
. 70. — Spicule de l'opercule.
Spicidi' du co'iieiiiliyiiie.
complètement (fig. 71). Le bord antérieur de ces écailles basilaires est
convexe et finement crénelé ; la face interne est couverte de verrues de
ditierentes tailles et déformes très variées. Le bord postérieur de toutes
ces écailles est épaissi, déchiqueté. La partie de l'axe comprise entre les
polypes est couverte d'écaillés de formes diverses, les unes déforme assez
allongée, les autres plus arrondies (iîg. 72), avec des verrues plutôt moins
drues que sur les écailles des polypes et sans bord postérieur épaissi.
Toutes ont un nucléus bien apparent.
Je rapporte, avec réserve, ces Thouarflla à la Thouarclla raria/u/is
6o ALCYONAIRES.
Wright ol Sfucler,d('cri((' un peu soinmiiircmenl par ces auteurs, qui n'ont
donné aucune iigure d'ensemble de la colonie. Dans la figure I,
planche XM de leur uiéiiioire, la ligure particulière correspondant aux
écailles marginales est loin de présenter une aussi longue épine que
chez l'espèce antarctique ; mais les caractères généraux et en particulier
la forme rhombique ou parfois presque triangulaire de la partie basilaire
des écailles marginales s'appliquent aux formes l'apportées par le
(( Pourquoi Pas? ». Les auteurs disent du reste, — ce que je constate
également ici, — tpie les épines des écailles marginales ont des longueurs
très variables. Le nom rappelle d'ailleurs la variabilité de l'espèce, dans
laquelle Wright et Studer distinguent (rois variétés : ti/pica, hrevisphiosa
et rprici/is.
Ce qui m'incite surtout à rapporter l'Alcyonaire en question à l'espèce
de Wright et Studer, c'est la description et plus encore les ligures
données par W. Kiikenthal, dans son mémoire sur les A/ci/onaires de
r ExpéditÙM antarct\(iue allemande.
L'exemplaire du << Pourquoi Pas?» (fig. 13, PI. III) ressemble beaucoup
à celui qui est figuré planche X, figure 3, dans le travail de Kiikenthal.
La ressemblance s'accuse si l'on considère altentivement la figure 9 du
texte, relative aupolype et aussi, quoique àun moindre degré, lesfigures 10
(écaille marginale), 11 (écaille du corps des polypes) et 12 (écailles de
l'écorce). Malgré la variabilité des caractères de cette espèce, — rappelée
par son nom spécifique, — il est certain qu'à première vue on n'hésiterait
pas à séparer spécifiquement des formes telles que celles des figures 13
et I i (PI. 111), qui représentent les deux termes extrêmes de la série de
formes de cette espèce que j'ai pu étudier. Et cependant, la similitude,
dans ces deux colonies, de l'armature des polypes, — à laquelle on attache
aujourd'hui la plus grande importance, — ne justifie pas cette séparation.
Je considère les formes compactes, en écouvillon typique, comme celle
de la figure 14 (PI. lll) comme une variété de la forme typique qui serait
celle de l'exemplaire correspondant à la figure 13 (PI. 111). Les colonies de
ThouareUa rapportées par le « Français » sont dans un état de conser-
vation qui laisse fort à désirer, car les spicules ne sont plus intacts; il
I)arait incontestable, toutefois, qu'on doive les identifier à la ThouareUa
ALCYONAIRES. 6i
rariabilis ; elles se l'atliicheiit |)liil(>l à la variété coiii|)acle qu'à la l'orme
considérée comme typique (IM. III, liy. 13;.
Cette espèce appartient au groupe de la ThoimrcJla KuUikrri^ fondé par
W. Kiikenthal, groupe entièrement antarctique ou suhantarctique. Elle
a été trouvée à l'île du Prince-Edouard et à lile Ileard à des profondeurs
variant de 270 à o(30 mètres; à la station du « Gauss », de 3."J0 à
385 mètres de profondeur; en divers points de l'Antarctique sud-améri-
caine, de 85 à 254 mètres de profondeur. Par suite des distances consi-
dérables qui séparent ces diverses stations, il est à présumer que la
Thoaarella variahil/s; a une aire très vaste de distribution dans les eaux
antarctiques et subantarctiques, et il ne serait pas impossible qu'elle fût
même circumpolaire.
Thouarella longispinosa Kiikenthal.
(l'I. VII, iig. 35-36.)
1912. — Thouarella longispinosa Kiikenthal. Die Alcyonaria der deutschen Siidpolar-
Expedition IWl-l'JUS, p. 299, Taf. XX, fig. 1, Textfig. 1-3.
La Thouarella longispinosa Kiikenthal est représentée dans la collec-
tion du « Pourquoi Pas? » par un seul exemplaire en bon état (PI. VII,
fig. 35) provenant du dragage fait le 15 janvier 1900, à l'entrée de la baie
Marguerite, entre l'île Jenny et la Terre Adélaïde (latitude : 67° 45' S. ;
longitude : 08° 33' W.), à 254 mètres de profondeur, sur un fond de roches
et de graviers ; la température de l'eau au fond était de — lo,18 G. L'axe
principal de cet exemplaire, dont la plus grande largeur est de 3 centi-
mètres, mesure lO^m^y de longueur ;ce n'est, peut-être, (ju'une branche
d'une colonie de taille plus considérable, car la base manque. Les
branches grêles, toutes indivises, sont insérées tout autour de l'axe,
à des niveaux différents, en général, mais très près les unes des autres ;
l'ensemble qu'elles constituent est lâche, à cause de leur gracilité. La
plus longue, dans la région moyenne de lapartie couverte débranches, est
de 28 à 30 millimètres. Elles forment un angle aigu assez grand avec la
partie de l'axe principal qui les surmonte.
Disposés le plus fréquennnent par vcrticilles de 3, plus rarement de
2 ou de 4, les polypes prennent toutes les inclinaisons sur les branches
62 ALCYON AIRES.
qui les portent, de 1)0° à U° ; on compte Li ouO vorticillospar centimètre de
lonj^ueur (PI. VII, fig. 30). L'axe principal portequelquespolypesisolés, qui
deviennent plus nombreux dans la partie terminale. Il existe quatre écailles
Fig. 73-74. — Deux spicules de tailk' clillV'rente, ilc la ranftco opcrculaire. — Fij;
base des poly|ies. — Fig. 70. — Spiculc du eœnoncliynie.
75. — Spicule de la
dans chaque rangée longitudinale aijaxiale de la cuirasse qui enveloppe
le polype. Les écailles marginales (fig. 73) décroissent régulièrement de
largeur de la base au sommet ; elles sont munies, sur la base interne,
d'une forte carène médiane antérieure, et, en arrière, de verrues assez
clairsemées; les plus grandes ont jusqu'à Omm^() de longueur et 0^^,3
dans leur plus grande largeur ; les plus petites (fig. 7i^ ont respective-
ment pour les mêmes dimensions Q^^^\i2, et 0m°',12; le bord postérieur
ALCYON AIRES. 63
csl. cIk'z toutes, j»roroiul(''iii(Mil (l(''(lii(|uo(é. Los plaques de rdjx'i'ciilc sont
triaiii;ulaires, plus petites et n'ont pas plus de Oni"M}0 de loni^ueur. Les
écailles de la base des polypes (fii^. 7,)) ont le bord aiilérieur convexe et
le bord postérieur déchicpieté et épaissi ; les plus dc'veloppées ont
()mm 42 de longueur et 0"^"\1i) d(> largeur. Celles de l'écorce, entre les
verticilles, ont les mêmes caractères (fig. 76), mais leurs dimensions sont
variées.
,lo rapporte cet Alcyonaire à la Thouarella lonfji^jiinom Kûkcnthal. Il y
a concordance presque parfaite entre les données de la diagnose de Kû-
kenthal elles précédentes. Cependant, chez l'exemplaire de l'Antarctique
sud-américaine, la distinction entre une face antérieure et une face posté-
rieure de la colonie manque absolument de netteté.
Cet exemplaire du » Pourquoi Pas? » est plus grand que celui du
(( Gauss », qui n'avait que ;)7 millimètres de hauteur. Cependant les
branches de celui-ci paraissent être plus longues que celles de l'exem-
plaire de la baie Marguerite. Ainsi que le fait observer Kûkenthal, cet
Alcyonaire rentre dans le groupe de la Thonarella Hil<iP)ulnrfi (Studer)
et se range près de la Thoiinirlla la.ia Versiuys et de la ThouavcJla Tijdr-
iiicnii Versiuys.
Il est intéressant de trouver dans l'Antarctique sud-américaine une
forme connue seulement jusqu'ici à la station du << Gauss » (l'rofondeur :
38o mètres).
Genre STENELLA Gray.
Sous-Genre DASTSTEiVELtA Versiuys.
Stenella (Dasystenella) Liouvillei Gravier.
(l'I. II, fig. 9-11; PI. IV, fig. 20.)
1913. — Slenella [Dasijslenella) Liouvillei Ch. Gravier. Deuxième Expinlitidn antarc-
tique française, Alcyonaires (2«' note préliminaire) [Bull, du Mus. d'Iiisl. nalur.,
t. XIX, p.""r390).
, Un seul exemplaire de cette espèce a été dragué le 20 janvier 1000 à
170 mètres de profondeur, sur un fond déroches, de graviers et de vase,
dans la baie Marguerite ; la température de l'eau au fond était de 0o,2 C.
Cet exemplaire unique n'est malheureusement pas entier; la base et la
64 ALCYONAIRES.
partie supérieure manquent. La colonie se compose d'un axe principal
dont la longueur est de 2.7 centimètres environ, tout autour duquel sin-
sèrent des branches grêles et indivises (PI. II, iig. il). L'axe ])rincipal est
à nu dans sa région basilaire et aussi dans la partie terminale, où plusieurs
branches également sont dépouillées de leur écorce vivante qui j)orte les
polypes. La plupart des branches s'insèrent presque à angle droit sur l'axe
principal ; dans la partie supérieure de la colonie, l'angle de l'axe princi-
pal et de celui des branches diminue progressivement à mesui'e qu'on
s'approche du sommet, pour devenir finalement un peu inférieur à i'')°.
Ces branches sont attachées isolément sur la tige à tous les niveaux et non
très uniformément ; cependant la densité de la ramiiication est assez
homogène dans toute l'étendue de la colonie. Les branches de la partie
inférieure de l'axe principal sont brisées à peu de distance de leur inser-
tion ; celles qui sont restées entières, dans la région basilaire, ont 26 mil-
limètres de longueur; dans la région moyenne, elles en ont une quaran-
taine ; près de l'extrémité libre, à 2 centimètres du sommet, elles ont
21 millimètres de longueur. Ces dimensions montrent que l'ensemble a
la forme d'un fuseau très allongé, d'autant que les branches moyennes
sont presque normales à l'axe principal, tandis que celles de la partie
supérieure se relèvent vers le sommet de la colonie. Avec ses grandes
branches indivises, grêles, peu serrées les unes contre les autres, étalées
presque horizontalement dans les régions inférieures et moyennes, la
colonie a un faciès particulier, bien difl'érent de celui des autres espèces
du même genre. L'ensemble, avec ses ramifications si peu denses, a une
physionomie qui rappelle celle de la Thouarella lata Versluys et aussi
celle de la Thouafclhi Ti/dernani Versluys.
Les poly|)es sont incurvés vers la tige et disposés très généralement
en verticilles (PI. II, Iig. 10 et M ; PI. IV, fig. 20). Dans certains verti-
cilles, les polypes sont tangents intérieurement à l'axe ; dans d'autres, ils
s'en écartent notablement, tout en s'incurvant vers le sommet de la colo-
nie. Ces diverses manières d'êlre des polypes se voient nettement dans
les iigures 77 et 7S. Il y a parfois des difl'érences notables de taille parmi
les polypes d'un même verticille. La disposition verticillée n'est d'ailleurs
pas la règle absolue; quelques rares polypes demeurent isolés ; en outre.
ALCrOXAIRES. 65
corlains vcriicillcs. surtout à la luiso des l)r;iiiehos, sont inoomiilcls et.
n"('uvflo|)|i('nt i»as cntièi-t^mcut l'axo. Il va, en j^énéral, i- ou li verti-
cilles par oenlimèlre de louî^ueur sur les branches. Chacun d'eux est
composé de 4 ou li polypes
de dimensions variées ;
les plus grands ont 2^^,2
Fig. 77. — Région distalc d'unu bi'anclio avec ses polypes Fi?
verticillés. — Fig. 78. — Région proxiniale de la nicme
branclip.
7'J. — Un polype av( c son arnia-
tuic (le siiicules en écailles.
de longueur. Sur la rangée abaxiale, on compte sept écailles, y compris la
marginale.
Toute la face CNterne, coavexe ou abaxiale, est couverte par deux ran-
gées de grands sclérites en écailles (lîg. 19 j ; sur la face interne concave,
.dont aucune portion ne reste à nu, on remarque de chaque côté deux
rangées de plaques semblables de forme à celles de la face abaxiale, mais
plus petites. 11 eu résulte que, sur une section transversale du polype, il
existe G écailles, 2 grandes abaxialeset4autres, de dimensions moindres.
Expédition Charcol. — Gbavieu. — Alcyunairus.
66 ALCYON AIRES.
lat(M'o-adaxiales. Surlo l)ord, je ne distingue que (i i;randes écailles mar-
ginales et quelquefois o seulement. J'ai cherché, sur de très nombreux
polypes, à fixer ce nombre ; mais la chose est très difficile, car il n'y a
qu'un petit nombre de polypes dont l'extrémilé lijjre soit bien intacte.
A la partie antérieure des écailles marginales (fig. 80) est une pointe
acérée ; la face interne est armée, dans la région distale, aiguë, de l'écaillé,
d'une carène médiane située dans le plan de symétrie, très développée, à
boi'd libre tranchant. La partie moyenne et la partie inférieure sont cou-
vertes sur la même face de verrues mamelonnées, de forme irrégulière,
très serrées les unes contre les autres. Tandis que le bord de la partie
antérieure est très mince et faiblement ondulé, celui de la partie posté-
rieure est plus épais et présente de grandes échancrures avec des lobes
ou des pointes de grande taille relativement. Ces écailles marginales
sont, en général, plus saillantes sur lafaceabaxialequesurlafacc opposée;
les plus développées ont, en moyenne, 0'^"",8") de longueur et Omm ;;()
dans leur plus grande largeur. Elles peuvent se rapprocher par la pointe,
de façon à former au polype un toit conique ouvert dans la région cen-
trale. En dedans de ces écailles marginales, il existe un opercule ; chez
aucun des polypes, je n'ai pu discerner plus de '.\ écailles operculaires qui
ne paraissent pas, d'ailleurs, recouvrir entièrement le polype ; il est
assez difficile d'en juger, parce que ces sclérites sont presque toujours
relevés vers le haut dans les polypes où ils sont restés en place; mais je
ne crois pas, en tout cas, qu'il yen ait plus de 6. Ces écailles operculaires
sont aussi plus développées du côté abaxial que du côté opposé. Elles
ont une forme plus allongée que les marginales (fig. 81 ) ; leurs bords
latéraux sont presque rectilignes. Elles se terminent en pointe et sont
munies également d'une carène interne moins étendue relativement (|ue
celle des marginales. Elles ont aussi, sur leur face interne, de nom-
breuses saillies verruqueuses, et leur bord postérieur est épaissi et irré-
gulier. Chez les plus grandes, la longueur est, en moyenne, deO"i™,i)o et
leur largeur maxima, 0"i™,25.
En arrière des écailles marginales, les sclérites sont encore étirées en
avant et possèdent une petite carène tranchante sur la face interne ; cette
pointe médiane antérieure s'atténue d'arrière en avant. Les écailles delà
ALCYONAIRES. 67
région moyenne du polypeprennenl la forme représentée parlafigure 82.
I'rcs(|ue deiiii-olliptii|iies, leur hord .udi'iirur est régulièrement et fine-
ment denté ; leurs bords latéraux présentent quelques faibles sinuosités;
FifT. 80. — Une écaille do la rangée niai-ginalc. — Fig. 81. — Une écaille île la rangée opercuîaire. —
Fig. 82. — Écaille île la région moyenne des polypes. — Fig. 83-8a. — Divers types d'écaillés du
cœnencliyiiiç.
leur bord poslérieurest déchiqueté et épaissi. Une Ijandemarginale seule
conserve une épaisseur uniforme ; tout le reste de l'écaillé, à la face in-
terne, est armé de nombreuses saillies à contour irrégulier, très varié,
plus grandes que celles des écailles marginales. La plus grande largeur
de ces écailles est Qn^i^jôO; leur plus grande hauteur, 0'"™,45. Les écailles
64 ALCYON AIRES.
ùo la face ndaxiair oui Irs niôinos caractères, mais sont notablement plus
pelilcs.
Sur Taxe principal, les écailles imbriquées ont des formes diverses;
elles sont, en général, de forme allongée (lig. 83,. 84 et 85), avec leur l>ord
antérieur assez régulièrement dcnlé et légèremenl cannelé sur une bande
marginale. Leur face interne est rcnfoi'céf^ par des verrues abondannnciit
mamelonnées, beaucoup plus étendues que dans les écailles précédentes.
Leurs dimensions, assez variées, oscillent, en général, entre 0™"\3o et
0mm, 50 en longueur et entre O^m^^:; et Onim,^:; on largeur. L'axe, de
couleur jaune assez clair, surtout dans la rc'gion distale, est iiiiemeut
cannelé à la surface ; il mesure à la base, dans la partie conservée,
2mm 2 (le diamètre; il a été rompu à une distance du point d'attache
([uil est impossible d'indiquer.
Par le fait que les polypes sont ici groupc'-s en verlicilles de i ou 5,
que les écailles marginales ne sont pas en nombre supérieur à 0, l'Alcyo-
naire de l'Antarctique décrit ci-dessus se classe dans le genre Stenella
Gray. Ce genre a étédivisé par J. Versluys (1906) en cjuatre sous-genres :
Pteroslenella., Sitonella s. st., Parastenelln et Dasystmella. Le dernier de
ces sous-genres est ainsi caractérisé [)ar l'auteur : \'pi'zirp/f/i(/if/ nirht feder-
(trt'ni, soiulrrn uni (J'iclil (jestellten., alheitig gewcndelen Karzzirrigcn, und
dddiinh ('OUI Hahitiisdrr T/toianelladerA?itair/ira-G}'uppe.LeGov^on\([é du
« Pourquoi Pas?» se range dans ce sous-genre Dasj/fttonclla, qui, jusqu'ici,
n'est représent('' (|ue par une seule espèce : D. acanthina, draguée par le
« Challenger » au large de Rio-de-la-Plata, sur un fond sableux, à 1 080 m.
de jirofondeur. Le zoologiste hollandais qui a vu l'exemplaire du British
Muséum, sansr(''tudier complètement, dit que, par son aspect, Xa^ Stenella
acanthiiia Wright et Studer rappelle beaucoup la TlunKiroUa l'nrkdiUh^
mais que, par ses verticillesde 3 à 5 polypes, elle se distingue très nette-
ment de ce groupe de Thodurella^ dont les polypes sontisolés. D'après les
figures du mémoire de Wright et Studer, il n'y a pas 8 écailles margi-
nales, mais seulement 6, 4 ou o. C'est là une différence importante vis-à-
vis du genre Tltnnarrlln^Q.ommo lefait remarquer .L Versluys, qui est d'ac-
cord avec Wright et Studer pour placer l'Alcyonaire en <piestion dans le
genre Stenella.
AU VON A IRES. 69
Il y a ('i^alcmciil, dans les |m)I\|i('s de rAlcymiaiiN' di' rAiitarcliquc sud-
anii''ii('aiil('. (1 (''cailles iii;iii;iiialrs sciilciiiciil. l'iii (tiilrc, ces (''caillos, sans
avoir la inèiiK^ foniK^ (dioz la Slnu'llii (iraiilliiiui ot chez rAlryonaire do la
liaic Mari^uerito, ont les mômos caractères dans les doux forinos. Il suffit,
l)our s'en convaincr(% do coniparor la (ii;ui'o donnée ci-dessus à la i^rando
écaille do la fii;ure 10, plancheXX du mémoire do \Vrii;lit e( Studor (1889i
r(datit"aux Alcyonaires du << r.halleni;or ».
On reconnaît fort bien \o d(''V(do|)pement si frappant de la carène tran-
chante,à la face interne. Maisla physionomie de la coloniede l'Antarctique
est très diflerente do colle do la Tlioitarclla rarifi/>i/is^ à on jui;or d'après
les figures 2 et 3, Taf. XX du mémoire de ^\'. Kûkenthal concernant les
Alcyonaires de ro\[)édition antarcliquo Mllemande; d'après J. Vorsiuys,
Qciie Tkouarella ressemble à hx Dani/stonolla acanthina. D'abord, la rami-
fication est beaucoup moins dense ici que chez la Thouarella rariahili^t ;
dans l'espèce antarctique, les branches sont assez distantes les unes des
autres, et l'ensemble est lâche. De plus, les polypes sont, en général,
rabattus vers les axes des ramifications et non pas placés obliquement par
rapport à ces axes, nettement séparés d'eux, comme l'indique la figure 3,
planche XIV, du mémoire de Wright et Studer. Il est vrai que ces auteurs
disent (p. iJO) : Tito sjiiculrs on lltc hoili/ aftlic poli/p vanj (iicatlii in size,
l/iose (in tlir sidc noaro^t tlir a. ris hi'iny uiarkedly srnnller, and onuldinrj tlie
jtohjji to he folded in on itxolf^ c'est ce qui est réalisé ici. En outre, il n'y
a que a spicules dans chaque série, y compris l'écaillo marginale, au lieu
do 7. Il y a également des diltorences très nettes dans la forme des écailles.
Il s'agit donc ici d'une Dasystenelln nettement difl'éronte delà seule espèce
connue jusqu'ici de ce sous-genre, la Dasystenella acanthina Wright et
Studer. Je propose d'appeler cet Alcyonaire nouveau de l'Antarctique
Dasijstcnclla Liouvillei, la dédiant à M. leD^J. Liouville, qui a recueilli
l'intéressante collection d'Alcyonaires du « Pourquoi Pas? >-. Un peut
remarquer que les deux seules formes aujourd'hui connues du sous-genre
Dasf/sfrne/la ont été trouvées, la première au voisinage de Rio-de-la-
Plata, la seconde dans l'Antarctique sud-américaine. On n'a signalé
jusqu'ici aucune autre espèce de Stenella dans les mers antarctiques.
70 ALCYONAIRES.
Cenre lUiOPÀLOXELLA Roule.
Rhopalonella pendulina Roule.
(PI. III, fig. 15-16 ; PI. V, fig. 21-25 ; PI. X, fig. 56-57.)
1908. — Rhopalonella pendulina Roule, Expédition antarctique française (1903-1905),
Alcyonaires, p. 4, PI. I, fig. 5, 6, 7, 8.
L'examen des Alcyonairos rapportés par le « Pourquoi Pas ? » m'obli-
geait à voir ceux de la première expédition dont l'étude a été confiée à
L. Roule. En regardant de près les exemplaires de Rhopalonella pendu-
lina, une particularité biologique a attiré vivement mon attention et m'a
conduit à examiner les caractères morphologiques de cet Alcyonaire, type
du genre nouveau créé par L. Roule.
Toutes les colonies de la Rhopalonella antarctique ont été recueillies
dans un nid de Cormoran, à l'île Rooth-Wandel, de sorte que leur |)rove-
nance exacte estrestée inconnue, mais le bon étatde conservation de tous
les exemplaires fait supposer, comme Roule lecrit avec raison, que les
Cormorans les avait péchés dans le voisinage, non loin du littoral. Le seul
qui soit entier mesure 34ij millimètres de hauteur et 00 millimètres envi-
ron dans sa plus grande largeur, au niveau où les ramifications sont les
plus fournies (PI. V, fig. 21). Certaines colonies peuvent prendre de bien
plus grandes dimensions. Ainsi, l'un des fragments, de 2o centimètres de
hauteur, porte encore de longues branches à son extrémité inférieure ;
il lui manque une notable partie de la région basilaire ; il appartenait à
une colonie de taille beaucoup plusconsidérable que la précédente. Laxe
unique de celle-ci est de couleur brune, avec de Unes cannelures à sa sur-
face, là où il est dénudé ; il est assez souple et de nature cornée: il mesure
2 millimètres de diamètre à sa base. La plaque adhérant au support sur
lequel vivait la colonie a (j millimètres dans sa plus grande dimension.
Sur plus d'un tiers de sa longueur à partir de la base, l'axe porte des
sortes d'épines qui ne sont que les parties inférieures des branches tom-
bées. Le reste estcouvert de branches dont la longueurdécroît lentement
et régulièrement de la partie moyenne, d'une part, vers le sommet de la
colonie, d'autre part, vers la base de la région couverte par les branches,
de sorte que l'ensemble a la forme d'un fuseçiu très allongé et, comme les
ALCYON AIRES. 71
ramifications sont très denses, l'aspect de la colonie rappelle, comme
le (lil Houle, celui d'une brosse rince-flacon. Les branches s'insèrent tout
autour de l'axe, à tous les niveaux et sans régularité ; on n'observe aucune
constance dans l'alternance.
Dans les régions inférieure et moyenne de la colonie, les branches s'in-
sèrentpresque normalementàl'axe ; les ramifications flexueusesretombent
vers le bas dans la partie distale ; à la partie supérieure de la colonie,
l'angle des branches et de la partie de l'axe principal qui les surmonte,
(b^vicnt df^plusen plus aigu, et les branches se redressent vers le sommet.
Au voisinage de ce dernier, les branches sont indivises ; il en est de
même d'un certain nombre de branches à des niveaux très variés dans la
colonie ; mais, dans la région moyenne surtout, la plupart des branches
se ramifient plus ou moins abondamment. La branche principale est très
courte et donne naissance à deux, trois, quatre branches du second degré
(|uipeuvent se ramifier elles-mêmes une ou deux fois. Ladistancedupoint
d'insertion de cette branche principale à l'extrémité des ramifications de
divers ordres, supposées étendues en ligne droite, n'excède pas 5 centi-
mètres. Ces branches de divers ordres, ramifiées ou non, ont des aspects
variés (PL III, fig. 15-16; PL V, fig. 22-25). Quelques-unes sont unifor-
mément grêles et conservent sensiblement le même calibre dans toute leur
étendue ; mais la plupart d'entre elles se renflent plus ou moins fortement
dans leur région basilaire, quelquefois même dans leur moitié inférieure, et
prennent la forme de massue, fait que Roule a exprimé dans le nom donné
à cet Alcyonaire, Rhopalonella, de pô-9t),ov, massue. Beaucoup d'entre elles
aussi se renflent dans leur région distale; l'accroissement de diamètre
tient ici à l'accumulation des polypes dans la partie dilatée ; celui de la
base est dû à une tout autre cause, comme on le verra plus loin. Aussi,
le nombre des polypes, sur une longueur donnée, varie-t-il notablement
suivant la région considérée de la branche. Il est d'ailleurs extrêmement
diflicile à indiquer d'une façon très i)récise, à cause de la superposition
partielle des polypes dans les parties renflées. Ainsi j'ai compté 70 po-
lypes environ sur 1 centimètre de longueur dans la région dilatée du
sommet (fig. 86) et une quarantaine dans certaines parties grêles (fig. 8/).
Les deux élargissements, proximal et distal, se rencontrent, du reste.
72 ALCYONAIRES.
assez fréquemment sur les mêmes branches. Les polypes s'insèrent tout
autour des branches de divers ordres, très serrés les uns contre les
autres, particulièrement danslesrégionsrenfléesdu sommet des branches,
à des niveaux très voisins les uns des autres, au point de former parfois
S&.
8 7.
Fig. 86. — Disposition des polypes dans la région Ui iiiiii.ili' dt,-- lnancliLS. — Kig. 87. — Disposition des
polypes dans la partie moyenne des branches. — Fig. 8S. — Un polype avee son armature de
spieules.
presque des verticilles ; mais, nulle part, la disj)Osition complètement
verticillée n'est réalisée.
La plupart des polypes sont incurvés sur leui' face adaxiale, de façon à
se redresser le long de la branche, parfois même às'orienterparallèlt'iiiciil
à celle-ci, sans la toucher. Les plus grands atteignent à iiciiic l""",o de
longueur, la plus grande largeur n'excédant pas 0"^ni,6. Les tailles de ces
polypes sont très variées le long dune même branche, et même dans une
portion localisée de celle-ci (iîg. S7). Ils s'évasent un peu, en général, vers
le haut(lig. 88j. Le bord libre des calices est constitué par 6 sclérites en
forme d'écaillés; sur la face abaxiale ou externe, convexe et sur les côtés,
il y a 4 écailles du type représenté par la ligure 89 pour la face interne ;
les 2 écailles de la face adaxiale sont du même type, mais un peu moins
ALCYONAIRES. 73
saillantes que les précédontos. C(>s ('cailleB, {h^ l'nrme allongée, ont une
longueur moyenne (leO'nm,;)."), leur plus grande lai'geui' étani. de Omm,:*)0.
¥a\ avant, elles si^ rétrécissent graduellement pour se terminer en pointe
93.
95.
92.
96.
3 7.
Fig. 8'J. — Une écaille do la rangée marginale du calice . l'ace intérieure. — ■ F'ig. 90. — L'ne écaille de la
seconde rangée, immédiatement en arrière des marginales, vue par la face extérieure. — Fig. 91. — Une
écaille de la rangée operculaire. — Fig. 92. — Une écaille de la région moyenne des polypes. —
Fig. 93-94. — Petits scléritesdes polypes, situés sous les écailles de la surface. — Fig. 9o-97. — Divers
types de sclérites du cœnencliyme.
mousse. Le bord libre, dans cette partie antérieure, avec de fines dents,
présente de légères cannelures ayant ces dents pour points de départ. vSur
la face interne de la région antérieure, est insérée une carène très sail-
lante ; celle-ci, sur son bord libre, porte une plaque disposée presque
parallèlement à la surface de l'écaillé et dont la forme rappelle le profil
d'une poire très allongée. Dentelée sur tout son pourtour, cette plaque
déborde un peu en avant de la pointe terminale mousse de l'écaillé et se
Expédition Charcot. — GiiAViEn. — Alcyonaires. 10
74 ALCYONAIRES.
termine en arrière, en se rétrécissant graduellement, avec la carène (|ui
la porte. La partie postérieure de l'écaillé, dont le l)ord est déchiqueté et
épaissi, est couverte de verrues de formes et de dimensions variées,
serrées les unes contre les autres. Immédiatement en arrière des margi-
nales, les écailles ont une forme un peu différente de celle des précédentes,
représentée par la ligure 90 vue par la face externe lisse. Elles sont pour-
vues, comme les autres, sur la face interne, d'une carène à plate-forme
et de verrues à contour irrégulier ; mais elles sont plus larges et un peu
jdus courtes, leurs dimensions moyennes étant de 0i"°i,48 do longueur et
de 0°!"% iO de largeur. Dans les nombreux polypes que j'ai étudiés, je n'ai
jamais trouvé plus de 6 écailles à l'opercule ; mais il est fort possible qu'il
y en ait S, à en juger par leurs dimensions, qui sont inégales; les plus
grandes ont O'"'",3o de longueur et 0'"'",20 de largeur (fig. 91). Leui-
forme rappelle celle des écailles marginales. La partie antérieure, rétré-
cie, a ses bords crénelés. La face externe est lisse ; la face interne est
armée d'une cari'ne médiane, antérieure,;! bord libre denté, tressaillante
en avant et de très nombreuses verrues de configurations diverses à la
partie postérieure qui est déchiquetée sur son pourtour.
Il est à remarquer qu'ici les écailles qui recouvrent le corps du polype,
imbriquées comme d'ordinaire, ne sont pas disposées en ^séries longitu-
dinales, comme chez les Stenella et les Thouavella^m en séries transver-
sales, mais plutôt en spires. En arrière des écailles, à carène et à plate-
forme, la pointe antérieure disparaît (fig. 92). Le bord antéri(>ur et
surtout les bords latéraux sont sinueux et légèrement cannelés ; en arrière,
le bord est plus épais et découpé irrégulièrement. A part une bande mar-
ginale étroite qui reste unie, toute la face interne est couverte de saillies
de formes très variées présentant, en certaines régions, une disposition
rayonnée autour d'un nucléu* central. Toute la surface du polype est cou-
verte d'écaillés ; celles-ci, sur la face adaxiale, sont sensiblement plus
petites dans tous les sens, ce qui donne une certaine souplesse à cette
face du polype concave du côté de l'axe. Une coupe transversale du po-
lype peut intéresser 7 ou 8 écailles; on trouve, en outre, sous ces der-
nières, de petits scléritesà contour très irrégulier, avec des saillies peu
nombreuses à la face interne (fig. 93 et 94),; leurs dimensions moyennes
ALCYON A IRES. 75
sont, CM IdiigiKMii', (11' "iO à ('»();;., Cil largeur de 30 à 35 ;7.. Enfin l'écorce de
l'axe est consolidée par des sclériles de taille et de conliguration très
diverses, à contour irrégulier, couverts presque entièrement, sur la face
interne, de verrues de dimensions variées (fîg. 9"i, 06 et 07).
Le genre R/io/)a/onp//a Houle peut être actuellement caractérisé ainsi :
Coloniesavecaxeprincipal; branches insérées tout autour de ce dernier,
isolées, les unes indivises, les autres portantdes rameaux de deuxième et
mèmede troisième ordre. Polypesfixés tout autour des branches, incurvés
versla ramification qui les porte, très serrés les uns contre les autres, sur-
tout au sommet des branches, mais non verticillés. Écailles des polypes
non disposées en séries longitudinales, plus grandes sur la face abaxiale que
sur la l'ace opposée, dont aucun point ne reste à nu. Une coupe transver-
sale de la région transversale du polype, dans la région moyenne, ren-
contre 7 ou 8 écailles. Écailles des polypes à bord denté et légèrement
cannelé, avec de nombreuses verrues sur la face interne. Marginales
uiiinies d'une carène médiane antérieure très saillante soutenant, sur son
bord libre, une plate-forme effilée en arrière. Écailles de l'opercule, de
tailles inégales, de forme allongée, rappelant celle des marginales, avec
une forte carène antérieure sur la face interne. Écailles de l'écorce, im-
briquées, comme celles des polypes, de formes très variées, mais plus
petites que celles-ci.
Avec son opercule et ses polypes isolés, le genre Blmpalonella Roule
appartient à la sous-famille du P runno'uiœ Versluys. Par ses branches
insérées do tous les côtés sur l'axe, par ses polypes isolés, par son aspect
général, cet Alcyonaire rappelle, comme Roule l'a dit avec raison, les
ThoanreUa du groupe de la Thoiiarella antarclica., plus par le faciès géné-
ral que par la forme et par l'armature des polypes ; la disposition de
ses écailles et les caractères tout particuliers des écailles marginales à
plate-forme ne sont pas sans analogie avec ce que l'on observe chez la
Tlinuarella antarctka (Valenciennes), dont l'arête médiane des mêmes
écailles porte des plates-formes multiples et dont la disposition des
polypes sur l'axe rappelle également celle qui est réalisée chez la Hhopa-
hmella penduVma Roule.
Par ses branches serrées les unes contre les autres et insérées de tous
76 ALCYONAIRES.
les côtés sur Faxo principal, par ses (5 écailles marginales, il paraît se
rapproch(>r aussi clés Stenella du sous-genre Dasystenella^ dont les po-
lypes sont verticillés, ce qui n'est pas le cas ici. La disposition des écailles
sur les polypes n'est d'ailleurs pas du tout la même dans les deux types.
Un grand nombre de branches, avons-nous dit, présentent des renfle-
ments généralement situés dans la partie basilaire, ce qui leur donne une
forme de massue. La dilatation occupe une portion très variable de la
longueur des branches ; elle diminue à la base, parce que, dans cette
r.'gion, les polypes ne sont pas répartis tout autour des branches, mais
seulement sur la moitié environ du pourtour. Les parties élargies ont une
teinte jaune orangé assez marquée, tandis
que les régions distales sont incolores. Si
l'on enlève le cœnenchyme dans ces régions
renflées, on voit de chaque côté de l'axe de
la branche, à la base des polypes, des
corps globuleux de contour varié, le plus
souvent elliptique, dont la couleur, d'un
jaune orangé très vif, se laisse voir ])ar
transparence à travers le cœnenchyme et
les spicules qu'il porte. Certains de ces
corps ont jusqu'à 1 millimètre de longueur
et Omm^75 de largeur (fig. 98). Tous ces
corps jaunes se montrent composés de deux
parties de volume très inégal. A la surface,
en un point dont la position n'a rien de
Fig. 98. — OEufs situes à la Ijase des , ., , , ,
polypes, à la partie inférieure COUStaut, OU VOlt, daUS UUe deprCSSlOn eU
renlléo de certaines branches. r. i • i i i
forme de cuvette, une petite masse blanche,
formant une légère saillie à la surface, enveloppée dans une membrane à tra-
vers laquelle on voit très nettement un corps sphérique opaque (hg. 50,
PI. X). Cette cellule est simplementposée dans la cuvette, à laquelle elle ne
tient que très faiblement, car, lorsqu'on cherche à extraire le tout de la
cavité correspondante, très fréquemment elle se détache de son support
et reste adhérente; à la paroi qui la recouvrait. Si l'on fait une coupe
intéressant à la fois la cellule superficielle e.t la masse jaune qui la sup-
£>s.
ALCYONATRES. 77
porte (tii; 'i?, IM. X"), on constate que le noyau sphérique est composé
d'une très line substance granuleuse homogène ; la cavité qui le contient
se montre vide dans toutes les coupes que j'ai examinées. Quant à la
masse jaune qui est entourée par une membrane assez épaisse, dans
laquelle on distingue plusieurs couches superposées, elle se montre entiè-
rement composée de sphérules réfringentes et ne possède pas de noyau.
L'ensemble est donc constitué par l'ovule accompagné d'une masse
relativement considérable de vitellus qui sert vraisemblablement à ali-
menter les premiers phénomènes de développement. On se trouve, ici, en
présence d'un phénomène d'incubation qui offre à signaler cette particu-
larité, que l'oHif est pourvu d'une énorme réserve extérieure à lui de
vitellus nutritif. Il serait intéressant de suivre le processus de formation
de cette réserve et aussi la marche du développement aux dépens de cette
matière de réserve. Malheureusement le matériel recueilli doit être
conservé aussi intact que possible et n'a pas été préparé en vue de
recherches histologiques approfondies. Exceptionnellement, il existe
deux de ces corps jaunes correspondant à un même polype, mais, dans
ce cas, l'un d'eux est beaucoup moins développé que l'autre.
Il est à remarquer aussi que, dans les régions où se développent les
cellules sexuelles femelles, les polypes ont la même armature que les
polypes normaux ; mais, au lieu de s'évaser vers le haut et d'avoir leurs
écailles marginales saillantes, ils sont fermés à leur partie supérieure, en
forme de dôme, les écailles marginales rabattues les unes vers les autres ;
c'est une attitude qu'on observe, en général, chez les polypes incubateurs.
Des faits semblables d'incubation sont, jusqu'ici, tout à fait exception-
nels chez les Gorgonidés. J. Versluys (1006) a cependant décrit une cavité
incubatrice située entre les polypes et la branche qui les porte, — d'un
tout autre caractère, par conséquent, que celle de la RlKiiHilonellapemhdina
Roule — chez la IHumarella deUcatissima Wright et Studer, que le «Chal-
lenger » dragua près de Port-Grappler (côte ouest de Patagonie), à 252 m.
de profondeur.
Genre PRIMNOELLA Gray.
PI. VII, fig. 37; PI. VIII, fig. 38; PL X, fig. 58-59.)
Primnoella Kukenthali Gravier.
1913. — • Primnoella Kûkenlhali Ch. Gravier. Deuxième Expédition antarctique fran-
jè ALCYONAIRES.
çaise (190S-1910), Alcyonaires (2^ note préliminaire) {Bull, du Mus. d'hisl.
nalur., t. XIX, p. 591).
Dans le Port-Lockroy (chenal Peltier, le long de l'île Wiencke. Lati-
tude : 64° 50' S. ; longitude : 03° 30' W.), le dragage du 28 décembre 1008,
par 53 mètres de profondeur, sur un fond de roches et de graviers, la
température du fond étant 0°, a ramené à la surface une colonie de
Primnoella (PI. VII, fig. 37). A la partie inférieure, l'exemplaire est com-
plet; on voit, en effet, à la base, l'amorce de la plaque par laquelle il était
fixé à son support, dont il a été séparé vraisemblablement |tar la dragne.
En quelques points, la partie vivante a été détachée, ce qui a mis à nu
l'axe qui est ferme, mais sou|>l('. A l'autre extrémité de Taxe, les verti-
cilles ont de 12 à 15 polypes, ce qui semble indiquer ipie l'on est encore
assez loin de la partie terminale. La colonie, à laquelle manque la [tarlie
supérieure, mesure 31 centimètres de longueur.
Un autre exemplaire provenant de la première expi'dilion antarctique
française (1903-1905), de dimensions moindres ({ue le précédent, a sa
partie inférieure en bon état; le premier verticille, cpii compte 0 polypes,
se montre à 0 centimètres environ au-dessus de la |)laque basilaire de
fixation. Au-dessous de ce verticille, on voit plusieurs renflements de
plus en plus distants et de moins en moins marqués, à mesure qu'on se
rapproche de la base , et qui étaient les amorces de verticillcs futurs. Au
lieu de se recouvrir partiellement les uns les autres, les verticilles infé-
rieurs sont absolument distincts les uns des autres; ils se rapprochent
graduellement et rapidement à mesure qu'on s'éloigne de la base.
Autant qu'on en peut juger d'après l'exemplaire de Port-Lockroy, dont
l'état de conservation laisse à désirer, les premiers verticilles commencent
à 7 centimètres environ de la base; quant au nombre des verticilles, il
dépasse 100, bien que la partie supérieure fasse défaut. La colonie a la
forme d'un fuseau longuement étiré; le diamètre de la région moyenne
ne dépasse pas 5 millimètres; l'ensemble est très grêle. Dans cette région,
la hauteur des verticilles est de 2"i"%5 à 3 millimètres au plus ; ces ver-
ticilles, qui se recouvrent partiellement lun l'autre, ne laissentvoiraucun
point de la tige qui les porte. Dans la région supérieure^ et surtout dans
la région inférieure de la colonie, les verticilles sont moins serrés.
ALCYON AIRES. 79
L";i\(' (lii^. ."iS et aO, IM. ,\ 1 est tr('s i^rrle; ;i la baso de la colonio, son
(liainrli'c ii'cxcrdc |)as 0'""',8 ; co dernier est de 0™'",;»' à l'exlrémité
su|i(Ti('iii('. l/axc est parcoui'u [lar des sillons lont;itudinanx superficiels
assez irréyiiliers, tant en largeur (ju'cn })rofondeur ; il est flexible dans
toute sou étendue.
Dans les verlicilles les plus développés, on comj)te d(^ 16 à 20 polypes.
On conslalc de IVéqucutes inégalités dans la taille des polypes d'un même
verticillc ; cei'tains polypes sont notablement plus petits que les autres,
comme s'ils s'étaient formés postérieurement à leurs voisins qui les
recouvrent pres(|ue complètement, ou comme s'ils avaient été arrêtés
dins leur accroissement. Quoi qu'il cm soit, ils sont tous fortement incur-
vés vers l'axe, avec lequel la plupart d'entre eux
ne sont cependant pas en contact direct, ce
qui donne aux verticilles un aspect globuleux
(fig. m).
Sur la face abaxiale convexe et sur le seiH s,
chaque polype est pourvu de quatre rangées de
sclérites en forme d'écaillés (fig. 09), au nombre
de 18 à 20 dans chaque rangée. La forme typi-
que des écailles des rangées médianes est re-
présent(''e dans la figure 100; elles ont, en
nioyenni', 2""",o dans bnir plus grande largeur
et |i"'",7 dans leur plus grande longueur, avec
de très fortes dents simples ou niultilobées, de
sorte que le contour est irrégulièrement et pro-
fondément dentelé. En outre, sur la face externe,
cessclérites,relativementtrès épais, présententde
grosses sailliesdontun certain nombre sont ramifiées. Ces sclérites imbri-
qués ont leur boi'd libre très saillant, ce |<|ui donne un caractère hirsute
très spécial à l'ai'mature du polype. Dans la partie basilaire d<»s polypes,
et surtout sur les côtés, ces sclérites abaxiaux sont plus irréguliers ;
quelques-uns ont, de chaque côté, des prolongements plus ou moins divi-
sés dans leur partie terminale (fig. 101 et 102). En revanche, à la rangée
marginale supi'rieure, les écailles ont un contour plus régulier (fig. 101}],
l'-i
99. — Polype vu latt'i-alo-
iiient. avec son aniiaturo de
spiciiles en formé dV'cailles à
boids irrégulièrement denlelês
8o
ALCYONAIRES.
avec dos saillies relativement insignifiantes sur la face interne. En général,
l'alignement des rangées d'écaillés est moins parfait à la base que dans
la partie supérieure des polypes. Sur la face adaxiale concave, il y a
JO/
^ûA
Fig. 100. — Kcaille île la région moyenne des polypes. — Fig. 101-102. — Écaille^ de la partie basilaire
des polypes.
également quatre rangées d'écaillés, deux de chaque côté. Les deux ran-
gées internes ne sont pas au contact immédiat l'une de l'autre ; il y a une
bande médiane ventrale qui reste à nu. Ces écailles adaxiales sont beau-
coup plus minces et plus petites que les autres et n'ont que de très
légères saillies sur la face interne (llg. lOi). Les plaques operculaires
sont de taille exiguë, de forme plus allongée que les précédentes, minces,
à contour presque entier, avec de toutes petites saillies à la face interne
(fig. 105). Elles n'obturent, dans aucun polype, l'ouverture supérieure,
comme elles le font, par exemple, chez la Primnoella ausfralie/tsis, d'après
la figure oO, page o3 du mémoire de J. Versluys (4906) sur les Pr/mnoidr
de l'expédition du '( Siboga ». Au sommet d'un très grand nombre de
polypes, on voit poindre le faisceau de tentacules pennés.
L'écorce de la tige porte des sclérites de'taille et de forme très variées
ALCYON AIRES. 8i
(fig. IO(i('l 107), qui ont leur face interne gai-nie de très grosses saillies
mamelonnées, de mêmes caractères que celles des sclérites des polypes.
jos.
so/*.
lOâ.
Fig. 103. — Écaille de la rangce raar^'inalc des ealicos. — Fig. 104. — Ecaille de la l'ace adaxiale des
polypes. — Fig. 105, — Écaille de la rangée coperculairc. — Fig. 106-107. — Ecailles de l'écorce de la
lige.
On trouve, en outre, dans l'écorce, comme dans le polype, de nombreux
sclérites de petite taille et de configurations diverses.
Dans la partie supérieure de la colonie, on voit, fixées sur elle à divers
niveaux, un certain nombre de Crustacés Décapodes (PI. VIII, fig. 38). La
plupart ont leurs pattes céphalo-thoraciques antérieures enserrées entre
les polypes d'un verticille, ou entre ces polypes et l'axe qui les porte ;
quelques-uns sont pris de la même façon par leur abdomen. 11 semble
bien que ces Crustacés ont été ca})turés par l'Alcyonaire.
Cn second exemplaire ou plutôt un simple fragment d'une colonie qui
devait être de grande taille, à en juger par le diamètre des verticilles, qui
Expédition Ckarcol. — Gbavier. — Alcyonaiies. il
82
ALCYON AIRES.
atteint près de 5 millimètres, a la iikmik' |»iovenance que le précédent;
il mesure li^^,'.^ de longueur. II a dû séjourner dans un liquide à
réaction acide, car toute l'armature de spicules a disparu, et ^l'axe a
perdu une partie de sa consis-
tance. Sur ce fragment qui ap-
partenait probablement à la ré-
gion moyenne d'une colonie,
s'est fixée une éponge siliceuse
qui recouvre presque entière-
ment 0 verticilles consécutifs. Le
même fragment possède 3 verti-
cilles intercalés entre de plus
anciens. La figure 108 représente
l'un de ces verticilles. D'après
W. Kukentbal, la formation de
nouveaux verticilles se fait parti-
culièrement dans la partie supé-
l'ieure de la colonie, mais ne fait
pas défaut dans les parties infé-
rieures. Comme dans la colonie
décrite précédemment, on ol)-
serve de fréquentes inégalités
-70S . -1^^- dans le développement des poly-
Fig. 108. — Un vtrtiriU,. jeuno iiilorcalc untre deux ppg^ OuclqueS-UnS, atropbiés OU
vorticillos de taille normale. , ' "^
nouveaux venus, n'arrivent pas
à la moitié de la hauteur des plus grands.
Par sa forme, la disposition de ses polypes et son armature de spicules,
l'Alcyonaire décrit ci-dessus se |)lace dans le genre Primnoelln Gray. Il
est toutefois un caractère général chez les Primnoellida', indiqué jjar
J. Versluys et par W. Kûkenthal, non réalisé ici, concernant les caractères
des sclérites des polypes. J. Versluys (1906) dit, dans la diagnose du
genre : l'dli/iiensclutppeii iiniiiPr zart unrhiiclitqrosz. W . Kiikenthal (1912)
dit, à ce sujet : Die Poh/ijeiisclnippeii siiid iiirist. zart, tandis qu'ici ces
écailles sont robustes et épaisses. Par la section prc'sque circulaire des
ALCYONAIRES. 83
polypes, par la disposition do ses rangées dorsales de spicules, par l'exis-
tence de |>lus de deux rangées de spicules visibles dorsalement, cette
Primnnella se rattache au groupe des conccxœ, admis j)ar J. Versluys et
par W. Kukenthal, dans lequel ce dernier réunit les espèces suivantes :
Prhiinoellafluiji'lliiin Studer, Pninnodhi aiitaictica Kukenthal, /'r/m/Kje//«
inagcllanica Studer, Priinnorlla Murrayi ^\'righl et Studer, PrhnnoeUa
divaricatn (Studer) et P/i/nnoel fn distmis StiidQv. Elle ressemble assez à la
PrimnneUa auxtralasiiv Gray [telle que la représentent Wright et Studer
(1889), PI. XVIII, fig. 1 et 1 «], par son aspect, par sa taille et aussi i)ar
le nombre de ses polypes, de 16 à 20 à chaque verticille. Mais elle s'en
éloigne par le nombre des écailles à chaque rangée abaxiale : 9 dans
l'espèce du « Challenger », de 18 à 20 dans l'espèce de l'Antarctique
sud-américaine. De cette espèce, comme de toutes les îmive^[Car'matœ de
Wright et Studer; Compressa' de Kukenthal i, elle se distingue nettement
par l'armature de sclérites des polypes qui, avec leurs crénelures pro-
fondes, hérissent la surface d'autant de pointes mousses et lui donnent
une physionomie toute spéciale et môme une place à part dans la famille.
W. Kukenthal a fait observer avec raison qu'on peut considérer comme
général chez les Primnoella ce caractère des spicules des polypes indiqués
par J. Versluys (4906j : Iliro Auszpnflâche ohne Skulpturon, ohne stachel-
artigo Leisten mn freicii Jiandp. Ce caractère ne s'applique pas à la
Primnoella Murraiji, dont les s])icules abaxiaux sont armés d'une pointe
antérieure très saillante, et pas davantage à la Primnoella décrite ci-dessus.
Le savant zoologiste de Breslau fait remarquer que, chez les ('omjjressœ,
les spicules abaxiaux sont toujours beaucoup plus larges que hauts et
d'une forme plutôt rectangulaire ; chez les Convexa', ils sont plutôt en
forme de disque. Ici, les écailles sont plus larges que hautes, comme chez
les <'iij//j)jrss;e, Ijien que, par d'autres côl(''s, l'Alcyonaii'O de l'Antarctique
soit plutôt à classer parmi les ('o//vrj\'e. 11 y a d'ailleurs, comme l'indique
Kukenthal, un(> autre forme de passage réalisée dans la Primnoella dista/is
Studer, qui a|)pai"[ieiil aux Conce.ra' ])ar la forme circulaire delà section
transversale des polypes et qui se range dans les Compressa? par ses deux
seules rangées de spicules visibles dorsalement.
Pour la nouvelle espèce de Primnoella de l'Antarctique, j'ai proposé
84 ALCYUNAIRES.
le nom do Kukentliali, la dédiant au P' W. Kûkenthal, autour do tant do
travaux importants sur les Alcyonaires.
Au point de vue zoogéographiquo, Kûkenthal rappelle que la plupart
des espèces de Prhnnoella proviennent do la pointe sud de l'Amérique,
d'où quelques-unes ont remonté vers lo nord le long de la côte orientale.
L'une d'elles, la Primnoelln distansi^ s'est môme avancée au delà de
l'équateur, jusque dans les Antilles. En outre, deu\ espèces, Prhnnoella
biser/a/is et Primnoellaaustralasix, vivent sur les côtes sud de l'Australie,
en Tasmanie, en Nouvelle-Zélande. Entre ces deux régions, à l'île Bouvet,
existe la Prinmoel/a antarctica Kiikenlhal. Les Prhnnoella ne paraissent
pas être de véritables animaux de profondeur. Du groupe des Compressai
aucune n'a été trouvée au delà de 315 mètres. Deux espèces [Pr. hiserialis
Wright et Studer et Pr, australasiœ Gray) ont été draguées à moins de
35 brasses (63 mètres) de la surface. Dans les Convexœ, deux espèces
vivent au-dessous de 100 mètres [Pr. mafiellanica et Pr. divaricata) ; les
deux espèces qui ont été retirées des profondeurs les plus considérables
(1 100 mètres) sont la Pr. înagellanica Studer et la Pr. Mitrrayi Wright
et Studer. En général, dans les régions antarctiques ou subantarctiques,
la profondeur où les Prhnnoella sg fixent est moindre que dans les contrées
plus rapprochées de l'équateur et plus chaudes, ce qui ne leur est pas
particulier, car il en est do même pour d'autres animaux, pour les
Annélides Polychètes, par exemple. Ainsi, la Rliodine Lovèni ^\ii\m^ven^
que l'on trouve dans les mers antarctiques, non loin de la surface, a été
recueillie parla » Valdivia » en pleine région équatoriale (latitude : 2° 58' N. ;
longitude : ■46o50'E.), près de la Somalie italienne, à 1362 mètres de
profondeur.
La (< Scotia » a rapporté du Burdwood Bank la Prhnnoella Scotiœ
Thomson et Ritchie et la Prhnnoella magellamca Studer. La « Discovery »
a ramené du Victoria Land la l'rhnnoella dwergens Dickson, qui parait
être une forme intermédiaire entre les genres Prhnnoella et Caligorgia.
Enfin le <( Gauss » a dragué à 385 mètres de pi'ofondour la Pr'niDioella
vanhôffeniK\\kGX\i\m\, qui a plusieurs traits de ressemblance avec la Prini-
noella mngellanica Studer.
ALCYONAIRES. 85
Genre CALIGORGIA Gray.
Caligorgia ventilabrum Sluder.
(PI. VI, fig. 30.)
1878. — Caligorgia venlilabruin Studer, Uebersicht der Anlhozoa Alcyonaria wciche
wâhrend der RciseS.M.S. «Gazella»um die Erdegcsammelt v,urdcn {Monalsber,
derkônigl. preufts. Akml. der Wissensch. zii Berlin, p. G47).
1889. — Caligorgia ventilabrum Wright and Studer, Report on the Alcyonaria. /?epor/s on
Ihe scienlif. Besnlls of Ihe Vogage of H. M. S. « Challenger », Zoology, vol. XXXI ,
p. 78.
1906. — Caligorgia ventilabrum N'ersluys, Die Gorgoniden der Siboga-Expedition. II,
Die Primnoidse, p. 74, fig. 83 et 84 dans le texte.
Deux colonies de celte espèce ont été recueillies par le « Pourquoi
Pas? » ; toutes deux sont ramifiées presque dès leur base, régulièrement,
suivant le mode dichotomique, sensiblement dans le même plan, en
éventail. L'une d'elles (PI. VI, fig. 30) provient d'un dragage dans la
baie Marguerite, au sud de l'île Jenny (latitude: 68° 01' S.; longitude:
68oOO'W.) à 230 mètres de profondeur, la température de l'eau au fond étant
0o,4 C. ; elle a une hauteur de 1 1 centimètres; sa largeur maxima a sensi-
blement la même étendue. L'autre colonie a été extraite dans les mômes
parages (dans la baie Marguerite), à 176 mètres de profondeur, sur un fond
de roches, de graviers et de vase, la température de l'eau au fond étant de
0o,2 C. Le tronc de la première colonie donne naissance à deux branches
principales, dont l'une se bifurque presque à son origine ; l'autre, cà
12 millimètres du point de séparation avec la précédente, se comporte de
même. La première branche présente, dans certaines de ses ramilications,
cinq bifurcations successives; dans celles de l'autre, il n'y en a jamais
plus de quatre. Les ramifications ultimes, dans les branches les moins
divisées, ont jusqu'à 5 centimètres de longueur; dans les plus divisées,
cette longueur s'abaisse à moins de 2'^"^,o. La diminution de calibre
est peu considérable du tronc aux dernières ramifications qui chevauchent
légèrement l'une sur l'autre dans la région moyenne.
La disposition des polypes est verticillée. Dans les dernières ramifi-
cations, le nombre des polypes, à chaque verticille, est le plus généralement
de .') ; ce nombre passe à 8, 9 et même 10 dans les ramifications de la base,
notamment au niveau des bifurcations et immédiatement au-dessous de
86 ALCYONAIRES.
celles-ci. Sur les branches terminales, il y a on moyenne 6 verticilles par
centimètre de longueur. Même dans les ramifications ultimes, cette dis-
position n'a rien d'absolu ; on y rencontre d'assez fréquentes anomalies.
7/0.
JOS
Fig. 109-110. — Anoiiialios dans la disposition verticillùe des polypes; dans la figure 110, deux polvpcs
accolés forment un verlicille intercalaire incomplet.
Deux de ces dernières sont représentées dans les figures 109 et 110.
Dans la figure 109, on voit un polype isolé s'intercaler entre deux verti-
cilles voisins; dans la figure 110, deux polypes accolés appartenant à un
verlicille intercalaire incomplet. Les mêmes figures montrent les inégalités
de développement dans les polypes d'un même verlicille. Au-dessus du
point de bifurcation, le verlicille de l'une des branches est fréquemment
incomplet sur la face qui regarde la seconde branche. Sur les grosses
branches de la base, la disposition verticillée n'est pas plus altérée que
sur les ramifications terminales. La portion- conservée du tronc est très
ALCYON Aï RËS.
87
couiie. Dans ce premier exemplaire, elle est réduite à son axe ; la couche
vivante des polypes n'a pas été conservée.
Oiiant à la seconde colonie, elle mesure 11 centimètres de hauteur, et
elle devait avoir sensiblement la même largeur à l'état vivant ; elle est un
peu déformée et repliée sur les côtés, par suite d'un long séjour dans un
0""r2.
JJJ-
ÔOf^.
■■■" y4?
112.
Fig. Ul.
— Calice vu par le sommet silué au contuct iraniéiiial, de la lif,'e, dont la section est ici couverte
de liachuies. — l''ig. 112. — Un des sclérites du sommet du calice.
récipient cylindrique trop étroit. Les ramifications de ce second exem-
plaire sont relativement moins nombreuses, en général, que celles du
premier ; l'une des ramifications ultimes a plus de 7 centimètres de lon-
gueur. Une partie du tronc, longue de 3 centimètres, est conservée et
recouverte de polypes. Les verticilles ont les mêmes caractères, sur les
ramifications de divers ordres, que dans l'exemplaire précédent ; il en est
de même sur le tronc, où ils sont toutefois un peu plus distants les uns
des autres que dans les autres parties de la colonie. En contact immédiat
les uns avec les autres dans toute leur étendue, les polypes d'un même
verticille, à symétrie bilatérale très nette, se recourbent vers la tige, de
sorte que les verticilles qu'ils constituent sont renflés dans la partie
moyenne. Vus par la face supérieure, les polypes sont recouverts par des
88 ALCYONAIRES.
plaques oblongues qui forment une sorte d'opercule (fig. 111). Cessclérites
(fig. 112), dont les plus grands ont Omm,'2.") de longueur et 0mm j 4 j^
largeur maxima, se terminent en pointe
mousse à l'extrémité supérieure ; leur
face externe est armée de crêtes très
saillantes, longitudinales, à bord libre
fortement et irrégulièrement crénelé.
A leur base, sur la face interne, on
voit de grosses verrues de formes et
de dimensions très variées, couvertes
elles-mêmes d'aspérités orientées dans
tous les sens. Le bord postérieur est
très déchiqueté.
De section circulaire, le corps du
polype est recouvert sur sa face ex-
terne ou abaxiale d'écaillés imbriquées
disposées en séries longitudinales
assez régulières (fig. 113), dont on
compte habituellement 6 rangées com-
de ces écailles dessine comme une
Fig. 113. — Un calice avec son armature
de sclériles.
plètes. La partie antérieure
âo/^.
Fig. 114. — Une tles écailles recouvrant le corps îles polypes.
sorte de coupe fortement comprimée, à i)ord irrégulièrement ondulé ; en
ALCYON AIRES. 89
arrirro, la l'ace inlonic est couverte de grosses verrues de même faciès
que celles des sclérites de l'opercule, mais beaucoup plus drues, qu'on
n'aperçoit pas dans l'écaillé de la ligure
1 1 4. vue par sa face externe ; le bord
postérieur est profondément et très
irrégulièrement découpé; elles ont en
moyenne 0"^'", 21 de longueur et 0™™,30
de largeur.
Les écailles marginales, qui ont leur
bord antérieur jjIus saillant que celle
des autres rangées, ne recouvrent pas
celles de l'opercule. La face interne ou 7/5.
adaxiale du polype (fig. 115) reste en fî;^
partie à nu. En arrière des plaques
operculaires, il existe des plaques de mêmes caractères que les pré-
Ho.
OT^
Face interne ou adaxiale
d'un polype.
J/Û.
Fig. 111). — Écaille de IVcoicc, vui' par la face interne.
cédentes, mais qui se réduisent à partir du sommet et qui paraissent
se disposer en deux rangées incomplètes, de sorte qu'il y a, seulement
au sommet du polyite, 8 rangées de sclérites. La séparation entre les
Expédition Charcol. — Graviek. — Alcyonaires. i-
90 ALCYON AIRES.
polypes ot l'écorre, au-dessous dos verticilles, manque eu général de
netteté; on peut dire que le nombre des écailles de chaque rangée du
corps des polypes est d'une dizaine.
Les écailles corticales ne sont pas disposées en rangées longitudinales ;
elles sont imbriquées également, mais
de tailles diverses; les plus grandes ont
des dimensions supérieures à celles du
corps du polype ; elles ont jusqu'à 0""",2()
de longueur et 0™"\34 de largeur. Leur
bord antérieur convexe est à bord irrégu-
lièrement lobé (fig. 110); sur leur l'ace
interne, elles ont de nombreuses verrues
très serrées les unes conti'e les autres, de
dimensions très variées, qui se réduisent
de (aille dans la région avoisinant le nu-
cléus. Outre ces (''cailles, on trouve dans
l'écorce des sclérites d'un tout autre fa-
ciès : ce sont tantôt des bâtonnets plus ou
moins tordus (lig. 1 17), tantôt des scléi'ites
otl'rant l'aspect de deux l)àtoMnels i'usioii-
nés plus ou moins complètement (fig. 1 18),
tantôt des sclérites sans l'orme délinie,
avec des bras orii'utés dans tous les sens
(fig. 119). Tous sont pourvus de grosses
verrues inégalement réparties, cpii
ne dill'èrent pas essentiellement de celles
des sclérites dont il a été question plus
haut.
Avec sa forme nettement ramifiée
dans mi |ibni, ses polypes disposés
généralement en verticilles, parfois isoles ou groupés en verlicilles
incomplets, sesécailles operculairesbien développées, à extrémité distale
arrondie, non surplombées par les écailles marginales, ses sclérites cor-
ticaux dill'érents de ceux du corps des polypes, irrégulièrement imbriqués,
JJ9.
Fig. 117-11'J.
lilc
Divers lypcs de srli5-
(lo rOcorco.
ALCYONAIRES. 91
(lo taillos iii(\!;;il('s, l"Alcyonair(« di-eiil ci-dossus se rango dans le^genre
('/i//(/iir(//a (Ir.'iy. Il me |)araîl devoir r\vo ra|)|iorl('' au (\i//(/(uf/ia Vfnti-
/(ihrin//S[udcv déoi'it on prciiiicr lieu pai' Sludcr cl ("iisiiilc par .1. N'ersluys,
d'après un frai^mont du type consci-vé à IScrIiii. Au point de vue de l'aspect
de renseiidd(>, il y a quelque diflerence entre le type de l'espèce et les
deux exemjdaii-es provenant d(> la seconde expédition antarctique fran-
çaise, ce qui tient peut-être au moindre développement de ceux-ci, vrai-
semblablementplusjeunesque lespécimen étudié ])ar les auteursprécités.
D'après Studer, la colonie type du Ca//(/()////f/ rcitlildlinnii a de 30 à
35 centimètres de hauteur. La ramification est typiquement dichotome
dans les deux formes. Le nombre des polypes d'un verticille, sur les
branches les ])lus minces, est de \ ou 'i ; sur les plus fortes, de (i ; suivant
Versluys, sur les dernières, il s'élèverait à 8; c'est ce que je trouve ici.
iSi l'un ni l'antre de ces auteurs ne signalent de polypes isolés, ni de ver-
ticilles incomplets, comme ilenexiste sur lesexeniplairesderAntarctique.
J. Versluys rappelle que, sur les branches les plus fortes, la disposition
reste verticillée, ce qui est propre au Caligoffjia ventilaJniiiii. Chez les
autres espèces tin même genre, la disposition devient tout à fait irrégu-
lière sur les grosses branches. Sur 1 centimètre de longueur, on compte
7 ou 8 verticilles chez le type de l'espèce ; ici, je n'en li'ouve que 6.
Versluys indi(|ne la présence de 7 scb'rites sur chacune des \ rangées
abaxiales complètes. Studer (mi mentionne 9, c'est ce que j'observe chez
les deux exemplaires de l'Antarctique. Chez l'exemplaire type, comme
chez ceux du » Pourquoi Pas? », ro])ercule peu saillant compte 8 plaques,
les adaxiales étant plus petites (pie les autres. 11 y a également concor-
dance dans la forme gi'uérale et l'armature de verrues des sclérites. Un
trait caract(''risli(pH' du l'alifinrfiia vrntildhnou type qui se retrouve chez
les colonies de l'Antarctique est la |)résence, sous les grandes écailles
corticales, tle scb'riles de taille moindre. Ces petits sclérites corticaux
sontexceplionnels chezles Calkjoryid ;ils sontsurtout développés chezles
l'ruiuiiiidox et les Primnodla. J. Versluys dit qu'ils sont plus arrondis et
plus régulièrement variqueux chez le Caligorgia ventihthnnn que chez la
l'iiiiinorlld <n/s/ra/fisiu', pai' exemple. Ici, ces sclérites prennent les aspects
les plus divers ; il en existe même de fort allongés (fig. I 17 et 1 18).
3AJ4.
92 ALCYON AIRES.
Malgré ces quelques différences, qui n'ont qu'une importance relative,
je crois devoir rattacher les deux Ca/ifjorgiri de l'Antarctique au Ca/if/orgia
venfi/ahrum, dont l'aire de répartition se trouve singulièrement élargie.
Le type a été recueilli par la « Gazelle » au nord de la Nouvelle-Zélande,
à la profondeur de 162 mètres, sur un fond de sable. Aucune espèce du
môme genre n'a été rapportée par les ex|)éditions antarctiqu(»s récentes,
sauf par le " Gauss » , qui a dragué, à la station du même nom , à 385 mètres
de profondeur, une autre forme, le ('a/if/o/'f/ia a/i/a/r/ica Kûkenthal, bien
différente de la précédente et de tontes les autres Caligorgia par son mode
de ramification qui lui donne l'aspect d'un buisson et par les caractères
de ses spicules. La plupart des espèces de Caligorgia vivent dans les eaux
profondes de l'océan Indien et de l'océan Pacifique. On ne connaît jus-
qu'ici que deux espèces des mers antarctiques : celle du » Gauss » et
celle du « Pourquoi Pas? ».
Famille (les MURICEIILE Verrill.
Genre ACANTHOGOnGIA Gray.
Acanthogorgia Thomsoni Gravier.
(PI. VIII, fifï. 39-42; PI. IX, fig. 50.)
1913. — Acanthogorgia Thomsoni Ch. Gravier. Deuxième Expédition antarctique
française (1908-1910). Alcyonaires (2^ note préliminaire) [Bull, du Mus. crhisl.
nalnr., t. XIX, p. 592).
Le « Pourquoi l^as ? « a rapporté deux exemplaires de cet Acantho-
gorgia. Une première colonie se trouvait dans les matériaux du dragage
du 12 janvier 19i0, fait à 400 mètres de profondeur, sur un fond de vase
sableuse avec de nombreux cailloux, en bordure de la banquise (lati-
tude : 70° 10' S. ; longitude : 78^30' W.) ; sahauteurest de31 millimètres ;
sa plus grande largeur, de 27 millimètres (PI. VII, fig. 30). Getexemplaire
bien intact, se compose d'un axe principal sur lequel se sont développées,
d'un côté, deux branches, de l'autre, une branche unique, toutes situées
presque dans le même plan. Les polypes, relativement très grands, sont
distants les uns des autres, à jk'u près également répartis, plus serrés à
l'extrémité des branches que le long de celles-ci. Ge qui donne à cette
ALCYON AIRES. 93
colonie une physioiKunie très s|)(''(:iale, c'est que presque tous les polypes
pi'rscnicnl la iikmiic oi'iciilatioii, (•oiiiiiic si quelque tropisme puissant et
pcnnanenl les avait obligés à croil rc dans une direction unique (PI. Vlfl,
fig. 30 et iO). Connue ils sont inséi-és tout autour de l'axe qui les porte,
quelques-uns denire eux, pour prendre la même direction que les autres,
se sont fortement coudés. Au point de vue des tropismes, on ne peut
songer ici à l'aclion de la lumière, qui, à 100 nièlres de profondeur, ne
saurait être agissante, même si certaines radiations pénètrentà ces profon-
deurs, comme le donneraient à penserles récentes mesures de B. llelland-
Hansen sur le « Michael Sars ». Il s'agit vraisemblablement ici d'une
adaptation aux conditions spéciales du milieu où vivait la colonie en ques-
tion.
La seconde colonie provenait du dragage du 20 janvier 1909, dans la
baie Marguerite, à 170 mètres de profondeur, sur un fond de roclies, de
gravier et de vase; de beaucoup plus grande taille que la précédente, une
partie restreinte de cet exemplaire était vivante au moment où il fut
recueilli (PI. V]II,fig.i2). L'une des ramifications de second ordre, brisée
au sommet, a plus de 15 centimètres de longueur. Sur la base très élargie,
détachée de son support, se sont développées trois branches principales
soiidéesà leurorigineetdeuxautres, moins importantes. L'une des grandes
branches a ses ramifications principales sensiblement disposées dans le
même plan ; elle est l'ompue dans sa |)artie terminale, de même que ses
ramifications principales. Tout est mort et couvert de polypes hydraires.
La branche extérieure à celle-ci, moins forte, est cassée tout près de sa
base et complètement morte aussi. La troisième grande branche princi-
pale a également ses ramifications de premier ordre orientées presque
dans un même plan et d'un côté uniquement. La base seule de ces rami-
fications est vivante : le reste est mort depuis longtemps et envahi par des
Eponges, des Polypes hydraires, des Bryozoaires. Les ramifications ter-
tiaires prennent toutes les directions, notamment dans des plans perpen-
diculaires au plan des ramifications de premier ordre et toutes presque
du même côté. L'une des deux autres branches, beaucoup plus courte,
présente des ramifications de premier ordre et toutes presque du même
côté. L'autre branche enfin, beaucoup plus courte, présente des ramifica--
94
ALCYON AIRES.
lions dons diversesorientationsetse soudopardeux branches transversales
avec l'une des ramifications de la branche iirincipule voisine. Les polypes
ont les mêmes caractères que dans Taulre colonie de dimensions plus
restreintes ; très larj^ement isolés les uns des autres, leur partie ter-
minale est de teinte plus foncée, presque noire, ce qui tient surtout à
la couleur des tentacules ; ils sont aussi un peu plus courts que dans l'autre
colonie, car lesplus grands n'ont pas plusde i niillimèlres de hauteur.
Ceux delà première colonie'(l*l. VIII, liy. il,, non rétractiles, ont une
forme grêle ; ils peuvent atteindre Ti millimètres de
hauteur, la largeur maxima étant de I millimètre. De
forme cylindrique, ils s'élargissent un peu dans leur
partie terminale, au niveau des tentacules qui sont ra-
battus,vers le centre, mais non de lacou à Innner un
opercule régulier à 8 lobes. Sur l'axe pi'incipal, on voit
deux ébauches de bourgeons en voie de développement;
il en existe une autre sur la |)lus grande l)ranche. Leur
paroi mince laisse voir les cloisons par transparence.
Les spicules du corps des polypes sont disposés ohli-
quemenl ;i la surface du corps de ce dernier, qu'ils ne
recouvrent pas entièrement (fig. 50, IM. 1\). Certaines
parties de la paroi restent à nu; à la j)artie su|)érieure,
ces spicules s'alignenl de plus en plus nettement vers
le haut, de manière à former, à la base des tentacules,
8 crêtes séparées par des vallées assez profondes. A
chaque arête, il existe, en gi-néral, ',\ ou 1 grands sjù-
J20. cules à extrémité distale très saillante (fig. 120j. Ces
Fig. 1-20. — Un des ^j,.„^jg spicnlcs, uou aplatis, sont coudés ; les i)lus
granils spicules cou- r> l ' l ' ' i
dés du sommet du j^vcloppés out 1 mm 30 de longneur et 0mm 09 aaiis
calice. 1 ' *-^ '
leur plus grande largeur, au niveau du coude. La
partie distale. la plus longue (Omm^gO), présente de petites sail-
lies assez peu nombreuses ; la partie proximale (Omm^yOj, des
verrues plus grosses et plus nombreuses. In grand nombre de
ces spicules coudés sont brisés dans la plupart des polypes, de
sorte qu'il est difficile d'indiquer d'une, manière certaine le nom-
ALCYONATRES.
95
brc iionnal de ces spicules dans chacun des 8 groupes qu'ils cons-
tiliiciil. I^es tentaciiies sont couverts de spicules incurvés, à surface
beaucoup plus raboteuse que celle des précédents, avec des verrues
nombreuses, de (ailles diverses, qui donnent un profd très irrégulier à la
/P^.
ypy.
c^'rs
J24^
J2:.
127.
/2S.
126.
123.
Fi^'. lil-12-. — Spiculps ariiué> recouviaiU l.i face oxleine de» lenlaciilcs. — 'Fig. 12.'>-I2i. — S|iicule.s Je
la partie supiTieure îles calices. — Fig. l:!d-12G. — Spicules de la partie inférieure des calices. —
Fig. 127. — Spicule reeliligne de l'écorce. — Fig. 12S-li9. — Autres formes de spicules, à trois ou quatre
branches, de l'écorce.
plupart d'entre eux (fig. 121 et 122); les plus grands d'entre eux ont
0^1™, 35 d'une extrémité h. l'autre, en ligne droite.
A la partie supérieure du corps des polypes, les spicules sont incurvés
irrégulièrement (jii pinson iiioins tortueux, avec de nombreuses saillies
assez volumineuses sur toute leur surface. Leurs dimensions sont très
variées ; les plus grands ne dépassentguère 0""",8:j et leur largeur 0n^ni,06
(fig. 123 et 124). A la partie inférieure du polype, les spicules conservent
les mêmes caractères généraux, mais ils sont, en géni'ral, un peu plus
grands et un peu plus larges (fig. 123 et 120). Il en est, parmi eux, un
certain nombre qui sont liifurquésàl'une des extn'inités, ce qui tient pro-
bablement à la soudure précoce de deux spicules.
Enfin, dans l'écorce mince de l'axe principal et des branches, la plupart
des spicules sont rectilignes ou plus ou moins incurvés ou coudés. Leurs
96 ALCYONAIRES.
dimensions sont très diverses; quelques-uns ont jusqu'à 0°i°\73 et
même 0°»™, 80 de longueur et O^ï^jOS de largeur (fig. 127) ; ils sont cou-
verts de très grosses saillies simples ou divisées, à la surface desquelles
on distingue de petites verrues ; mais, en général, ces spicules corticaux
sont nettement plus petits et plus serrés les uns contre les autres que ceux
des corps du polype. On rencontre aussi, çàet là, mais exceptionnellement,
des spicules plus petits à 3 (fig. 128) ou à 4 branches (fig. 129).
L'axe corné de la colonie s'étale largement à la surface du support sur
lequel il est fixé ; sa couleur, d'un jaune brun à la base, devient de plus
en plus claire à mesure qu'on se rapproche du sommet. Le corps des
polypes est blanc; les tentacules, d'une teinte légèrement brunâtre.
Dans la première partie de leur mémoire sur les Gorgonidés du Japon,
W. Kiikenthal et II. Gorzawsky (4908i font remarquer qu^ les espèces du
genre Acanthof/orgia ne peuvent enti'er dans la famille des Muriceidœ,
telle que la définissent Wright et Studer (1889), parce que chez ce genre
et chez le voisin, Acalwigo7-(/ia (créé par Kûkenthal et Gorzawsky pour des
espèces japonaises), les polypes ne sont pas divisés en trois parties, comme
l'indiquent Wright et Studer, qu'ils sont dépourvus de l'anneaudespicules
caractéristique du groupe, qu'ils sont médiocrement contractiles et nulle-
ment rétractiles (1). Les deux derniers auteurs ont fondé provisoirement
pour ces deux genres une nouvelle famille, celle des Acanthogorgiidx ,
(pi'ils définissent ainsi : « Holaxonien mit fast rein horniger Achse. Die
l'dbjiien siml nicht in einem Kelclilril und einem zarïickzichharen
(isoidtagealen Tcil gesondert, sonder n einheitliclœ Bildungeîi. Die
Pohjpen sind im Verliàltniss zur Aehse rdaf.ir grosz. Ihre Bewelwung
besteht aas ne/it Winkelreilien hedornter Spindeln. Ein Halskrage feldl.
Die Tenlakel ki'mnen sirJi ùher die Mundscheihe einse/dagen. » Division
toute provisoire, disent Kûkenthal et Gorzawsky, jusqu'à ce que les
rajiports des Acanthogorgiidœ avec les genres voisins aient été élucidés.
J. A. Thomson et W. D. Henderson (1906), dans leur beau travail sur
les Alcyonaires de mer pi^ofoiule, pi'ovenant de la croisière de Vlnves-
(1 II l'aiil (liic (|iu' ci'l anneau do spicules (colleielle), à la hase des tentacules, n'esl [las carac-
l('ri-li(iue des Muriccithv. puisque certaines espèces de S(/niiiodiiiin, nulaniment le Sijiiifiodiuin
iinnalum Wriglit et Studer, le Symjiodiuin gtomeratum Wright et Studer, en possèdentégalement un.
ALCYONAIRES. 97
//i/ri/<ir (Ijiiis rOcr.iii Indien, ont drcssi'', pdiir clLicunc dos espèces du
i^eni'c .\tri/if/i()(/(i/y/{/ i\i'cy\[os jus(|u'('ii l'.MMi, un lahicau conteuanl les
indications relatives au modo do ramilîcation, au cœnenchyme et aux
polypes, à rax(\ aux spicules, à la couleur et aux particularités notables.
Autant (|u"()n on [loul jui^or par les ligures souvent insuffisantes données
par divers auteurs, res|)ècc de l'Antarctique décrite ci-dessus se distingue
de toutes les autres par sa physionomie, par l'écartement de ses polypes,
l(Mir longueur, hnir gracilité, leur spiculation, notammentpar les spicules
du ((eneuchyme, où les l'ormes ramifiées à 3 et à \ hras paraissent être
beaucoup moins fréquentes que chez les autres espèces du même genre.
Dans la seconde partie de leur œuvre relative aux Alcyonaires littoraux
de r()c('an Indien (1909), les mémos auteurs reviennent sur le genre
Arant/iof/orf/la, si riche en espèces. Ils montrent qu'un certain nombre
de caractères sur lesquels est fondée la séparation des espèces ont une;
valeur douteuse. Ils insisLent sur l'importance du rôle joué par l'habitat
dans le modelé, dans la pliysionomie générale de la colonie chez les
iVlcyonaires. C'est aux |)()lypes et aux spicules que doivent être empruntés
les éli'menls de la diagnose. Et encore observe-t-on à ce point de vue des
dillV'rences considérables à l'intérieur d'une même colonie. Chez un spé-
cimen étudié par ces auteurs, il y avait '.\ grands spicules coudés à cha-
cun des 8 groupes correspondant aux tentacules des polypes à l'état de
complet*' oxionsion. L(ii'S(|ue le calice était un peu rétracté, les branches
saillantes de ces spicules devenaient horizontales, et le nombre des pointes
saillantes, à chaque groupe, s'abaissait à un. Enfin, et ce n'est pas là la
moindre source dedifficultés, beaucoup de ces spicules fragiles sont brisés
dans la plupart des polypes. C'est ainsi que VAcant/iogorgia spinosa Ililes
nodilTère de VA. niuiiraidNomW qu'en ce que, dans le premier, il y a deux
ou trois spicules saillants dans chacun des huit groupes, tandisque, dans
le second, iln'y on a (pi'un. Or, en étudiantun grand noml)re de spécimens
de chacune dos deux soi-disant espèces, on constate que ces deux espèces
n'en font qu'une. De mémo, VAcanf/iof/orr/ia spi/tosYi et l'A. aspera Pour-
talès n'olfrent que des dillerences insignifiantes l'une vis-à-vis de l'autre,
et les deux zoologistes anglais ont fusionné les trois espèces en question.
Sous les l'éserves qui ressortent des considérations précédentes, je
Expédition Cliarcot. — Giiavier. — Alcyonuires. 13
g8 . ALCYONAIRES.
rci^ai'dc Tespèce antarctique coininr nouvi'llc. et j'ai proposé de l'appeler
Ac(intltO(jor<iia Tlimnsoiii, en l'honneur du l*r J.-A. Thomson, auteur
de travaux de haute importance relatifs aux Alcyonaires.
Parmi les espèces cVAcanfho;/orgia qui ont été trouvées sur les côtes de
l'Amérique du Sud ou dans les mers subantarctiques, il en faut citer trois :
VAcantliogorgia Iii(lf/>ijiyVvii:,hl and Studer de Port-Grappleren Patagonie
(profondeur: 1 40 brasses, soit 2o2 mètres environ) ;VAca/if/iogorgia In ai
Wright et Studer, de Torn lîay, Patagonie (profondeur : 17o brasses, soit
315 mètres), et VAra/i/hogorf/ia ramosissima Wright <'t SIndev. ile du
Prince-Edouard (profondeur : 310 bi-asses, soit i)."»8 nièlresj. Jusqu'ici
on n'a signalé aucun Araitthogorgid dans les mers antarctiques propre-
ment dites.
On ne sera vraiment \x\(' sur la validité des espèces Araiitltngoigia que
lorsqu'on pourra faire la revision approfondie — autant que possible des
types — de toutes les formes décrites. Par le fait qu'un certain nombre
d'entre elles peuvent vivre à des profondeurs assez variées, il est fort
po'Ssible qu'il y ait, chez les Acanthogorgia, quelque chose qui ressemble
à ce qu'on observe chez les Coraux des l'écifs, où certaines espèces ont des
formes vivant au voisinage de la surface, d'autres croissant à une certaine
profondeur ; des formes de résistance, ti'apues, plus ou moins rabougries,
luttant contre le mouvement des tlolsdans les eaux agitées et des form(>s
de prospérité se développant dans les eaux calmes. Il paraît fort probable
que, parmi les nombreuses espèces d'Alcyonaires décrites, il en est de
même que pour celles des Coraux, c'est-à-direque beaucoup d'enti'e elles
ne sontque des formes correspondant à des habitats variés, et c'est là une
des grosses difficultés du travail d(> revision à entreprendre.
APPENDICE
ISIDICOLA ANTARCTICA (liavici.
CitUSTACI-: PARASITE DE QIELQUES IS/D.E DE i/AnTAUCTIQUE SKD-AMÊlilC AINE.
1^11. — Isidicula anlarclica Gravier. Sur un type nouveau de Crustacé parasite
d'Alcyonaires de l'Antarctique sud-américaine [C. R. .le. Se, t. 158, p. 354).
I
(liiez la /'/■///t/toisis /(////wsa (iniw'iQV cl clicz la Mojisra f/r/i/i/is Gravier,
il existe des excroissances, des sortes de galles plus ou moins volumi-
neuses correspondant à remplacement de plusieurs polypes. Les unes ont
leur surface assez régulièrement convexe (fig. 26, 3iet 47, p. il j; les autres^
plus nomr)reuses (fig. iS et
49, p. il), présentent des
saillii's (|ui rorrespondent
aux poly|)es originellement
formés sur la région eouverlc
par la galle. Si on l'ait une
seclion transversale dans
l'un (le ces polypes, on le
trouve presque entièrement
l'empli |)ai' un «euf dont le
diamètre atteint parfois
O^^.V.). Quel que soit l'as-
pect de ces galles, on
découvre toujours, à l'inté-
/3J.
0""^ô.
I50
rieur de la cavité à paroi l'ii;. l.iO-lSl. — Les doux moitiés dune gallo, vues liai- la face
iiilcrne, luontrant lus parasiles en pUn'e. Lindividu de
externe mince (ju'elles cir- ^auelic est un màlc, celui dola fijîUie m est une IViiiellc:
une partie des œul's pondus par cette dernière et demeurés
COnSCriveut, des (jl'UStacés dans la salle ouverte sont visibles à la partie postérieure
lies deux liyures 130 et 131.
parasites en nombre va-
riable; il y en a toujours au moins deux et souvent davantage.
100 CRUSTACÉ PARASITE.
Ces Crustacés sont de taille inryalc : les plus grands sont des
femelles ; les petits sont génc-ralement mâles ; il y a aussi parfois, parmi
eux, des jeunes dont le sexe n'est pas encore apparent; certaines galles
abritent une femelle et plusieurs mâles. Ainsi ([iie le montrent les
figures 130 et 131, les parasites ont leur face ventrale tournée vers l'in-
térieur de la cavité et la face dorsale appliquée contre la paroi externe de
celle-ci. Dans quelques galles, oùla femelleapondu,lesoHifsdesCrustacés
occupent une partie de la cavité; dans les figures 130 et 131, ne sont
représentés que les (eul's demeurés dans la galle, après l 'ouverture -tle
celle-ci et qui ne représentent qu'une fraction de la ponte. Ces œufs, dans
les galles que j'ai examinées, étaient à divers états de développement ;
dans certaines, ils n'avaient encore subi aucune segmentation; dans l'une
d'elles, il y avait des Nauplim encore enfermés dans la mend)rane d'en-
veloppe de l'ceuf ; mais je n'ai trouvé aucun Nauplias libre. Ouoi qu'il en
soit, le parasite ne parait pas entraver le développement de l'Alcyonaire,
puisque, dans certaines galles, coexistent les œufs de l'hôte et ceux des
Crustacés.
La femelle représentée dans la figure 132, prise dans une galle de
Primnoisis funiKisd dravier, a une forme trapue ; elle est bourrée d'œufs.
La segmentation est assez nette dans la région thoracique ; elle est iné-
galement indiquée suivantles individus. Fréquemment, la séparation entre
le thorax et l'abdomen n'est pas très accusée et la démarcation entre la
région céphalique et le thorax manque de netteté. Deux sillons toujours
présents et profonds délimitent le segment porteur de la deuxième paire
d'appendices locomoteurs. Les figures 132 et 133 se rapportent à des
individus chezlesquels lessillonsintersegmentaii'es étaient très apparents.
Les dimensions de ces parasites sont assez variées ; les femelles, à l'état
de maturité, ont, en général, de 1™"^,30 à D"™,00 de longueur et de
Omm^50 à 0'^™,83 de largeur maxima ; celle-ci correspond au segment
pourvu de la seconde paire d'appendices locomoteurs qui forme une
saillie notable de chaque côté du corps. Les dimensions dépendent de
l'état de contraction du corps, dont le tégument est mince et facilement
(b'formalilc. Le naturaliste (]ui a étudié le premiei' les Crustacés parasites
des Alcyonaires, R. Hruzelius (1858), dit(|u'Ha constaté, chez le Laiii'ippr
C RUS TAC É PARASITE.
lOI
riilirti lînizclius, do grandes variations de taille, dcO'"'",OI à |n"",82i) de
longueur.
A la partie antérieure, le corps est ari-ondi ; sa largeur croît graduelle-
jj::-
Fig. \Si. — Une femollc, vue pai- la lace ventrale on aperçoit les ceiifs pai' liansparence ; àliMvers le
téfj;unient. — Fig. 133. — Partie antérieure de la même femelle (l'ace ventrale), vue à un plus tort gros-
sisseiriont.
ment en arrirrc. Sur la face ventrale, on voit, tout en avant, insérées tout
près runc de l'autre, de chaque côté de la ligne médiane, les antennules
non divisées en articles, de longueur moyenne ; elles se terminent en
pointe mousseet ne présentent à leur surface que quelques petites papilles
cornées, pleines, simples épaississements de la cuticule, au nombre de
quatre, au voisinage de leur extrémité (fîg. 134). In peu en arrière de
celles-ci et moins rapprochées l'un de l'autre à la base, sont les antennes,
(|ui ne sont pas non plus segmentées et qui se terminent chacune par
un crochet (fig. 133 et 135). Puis vient l'armature buccale, qui est très
réduite. La bouche (fig. 133) s'ouvre assez loin en arrière, au voisinage
de la première paire de pattes ; elle a la forme d'une fente enaccent circon-
flexe renversé. Elle est bordée en arrière |)ar ini bourrelet dont la partie
médiane s'étend jusqu'à la première paire d'appendices ambulatoires. Kn
102 CRUSTACÊ PARASITE.
avant, elle estlimitéo par une grosse languette médiane, sur ]a(]ueile on
distingue deux ou trois bandes longitudinales épaissies et entourée elie-
nième d'un cadre chitineuxqui se rétrécit en avant, où il se termine entre
les bases des antennes. De chaque côté de la bouche, au sommet de la
branche de l'accent circonflexe qu'elle dessine, on discerne un appendice
en forme de crochet légèrement recourbé et qui n'est pas très visible chez
tous les exemplaires. Je n'ai aperçu aucun autre appendice chez les indi-
vidus que j'ai examinés attentivement à ce point de vue. Peut-être ce
crochet esL-ilà rapprocher des appendices de la seconde paire figurés par
/.ulueta (1940l chez le Lamipjie sjiiiipodii Zulueta, parasite du ^j/iDjindhini
coralloides (Pallas). Peut-être trouvera-t-on d'autres appendices rudimen-
taires sur des matériaux frais ou très bien conservés. Il y a, en tout cas,
deux paires d'appendices thoraciques faiblement développés, semblables
entre eux, mais de dimensions différentes ; ilssont, dans une même paire,
réunis par une pièce médiane qui les rend solidaires l'un de l'autre ; ils
n'occupent qu'une place restreinte au milieu de la face ventrale. Ces
appendices ne sont pas non plusnettemenlarticulés. Leur partie basilaire,
qui correspondrait au protopodite, est relativement large; leur partie libre
est tel minée par deux crochets disposés l'un à côté de l'autre ; l'interne
est un peu plus petit que l'externe (fig. 130) ; en dedans des crochets, il
existe de chaque côté une saillie qui correspond peut-être à l'endopodite,
la partie externe armée de griffes étant l'exopodite. La seconde paire
d'appendices estbâtie surle mêmemodèle, maiselleest sensiblement plus
grande que la précédente. Il est visible que ces appendices ne ijeuvcnt
servir qu'à ramper le long de la paroi de la galle ou de celle des canaux
du cuMienchyme ; grâce à leur crochet terminal, les antennes doivent agir
dans le même sens que les deux paires d'appendices locomoteurs. Ces
Oustacés peuvent d'ailleurs se déplacer sur une assez grande étendue.
//. liritz-pHiis ^1858) l'apporte que, au cours de ses études sur le développe-
ment de la /Vv;//^//;//^ ;7^/;/^/ (1), il remarqua, un matin, surle fond du
(1) A. lie Ziiluela (lOOSi pense que la Vcnnulula riihra, diml parle Druzeliiis, est proliablemenl.
d'après les indications zouyéograplii(iues de KoUiker, la Pcnnolula pliospltorra Linné. Suivant
Kuivenllia! {Prnii'jliildciu ilrr (/cul!irkeii Tricfsec-Expcdiliini, l'.lll!, \a. l'ciniatuld iidnae^i localisée
dans la Méditerranée. (Juantà la l'eimatiila phosphorea Linné, elle a, avec sesditléicntes variétés,
une aire de distribution beaucoup i)lus vaste : Atlantique, .Méditerranée, Océan Indien, Japon,
Antarcli(|ue. >
CRUSTACÉ PARASITE.
103
vases 011 nliisicurs o\(Mn|>laii('s de col Alcyonaire étaient morts pondant lu
imit. les doux premiers Ld/zn/ipr qu'il vil ohjui étaient sortis deleurhôto.
/J^.
OT^
Fig. 13 i. — Antennule vue à un fort grossissomenl. — Fig. 135. — Antenne avec son ciochel leiininal. —
Fig. 136. — Les deux appentlicus anibulaloires d'un mémo cùté du corps. — Fig. 137. — Cadre iliiti-
neux autour do rorillce vulvaire. — Fig. 138. — Los doux appondioos de la l'uica, avec lours papUles
cornées. — Fig. 13;i. — Eïtroiuité postoriouro d'une roiiiollo. avec un speriiialoplioro lixo à l'un dos nri-
lioes vulvaii'es. — Fig. 140. — Mile (face ventrale), avec les deux tentacules \ isililcs p;ir transparence.
— Fig. 141. — Le iiièiMO, \ ii de prolU.
Sur la face vontrale, les orifices vulvaires(fig. 132 et 139) sont entourés
par uu cadre chitiuoux de forme ovale, assez épais, avec une pointe interne
cl un prolongement sur chacun des côtés (fig. 137). On voit, par transpa-
rence, que les ovaires s'étendent jusqu'au niveau de la [seconde paire d'ap-
104 CRUSTACÉ PARASITE.
pendicos Ihoraciques. Les onifs qu'ils contiennent, dont le diamètir esl
notablement sn|)érieur au i;rand axe des orifices génitaux, doivent
subir une lamination assez intense au passage à travers ces derniers. 11
n'y a pas de sacs ovigères chez la femelle qui pond ses nnifs directement
dans la cavité de la galle où elle s'abr-ite. La furca est constituée par deux
moignons présentant à leur surface trois papilles terminales, deux dor-
sales et une ventrale, simples saillies cuticulaires semidables à celles des
antennules (fig. 138). Ces papilles rappellent — mais plus réduites —
celles du Lamippe alhida Zulueta (1908), parasite du P/p/-oides grisemn
(Bohadsch), et aussi celles du Lamippe sympodii Zulueta i4910), parasites
du Sjinipodiuni co)'al/oides (Pallas). Sur l'une des femelles du parasite de
la Primfioisis formom Gravier, je trouve, attaché à l'un des orifices vul-
vaires, un spermatophore vide en forme de cylindre allongé continué par
un canal assez fin; il avait déjà déversé son contenu dans le corps de la
femelle (fig. 139). Sur l'une des femelles parasites de la Mnpsea (/raci/is
Gravier, chacun des oi-ifices était muni dun spermatophore; l'un d'eux
était rempli de sperme, l'autre s'était détaché du conduit, qui était resté
seul en place.
Il n'y a pas ici de dimorphisme sexuel. Le mâle est tout semblable exté-
rieurement à la femelle, mais il est de laille plus réduite (fig. 1 10 et 141).
Celui qui élait dans la même galle que la femelle représentée par la fi-
gure 130 mesurait 0™"i,8o de longueur et 0™'",27 de largeur maxima,
tandis que les dimensions correspondantes de la femelle étaient res|jecli-
vement lmm^38 et 0mni,50 ; la femelle (fig. 139) et le mâle ffig. 1 iOi, qui
étaient aussi ensemble dans le même kyste, mesuraient respectivement
lmm^(50 et 1 millinièfre de longueur; 0™m,r)0 et G'"n\3:) de largeur maxi-
ma. On distingue par transparence les deux testicules qui viennent s'ou-
vrir à la surface, près l'un de l'autre, au voisinage de la ligne médiane
ventrale, sans qu'on puisse voir ces orifices eux-mêmes. Tous les autres
caractères morphologiques sont les mêmes que chez la femelle ; la lèvre
supérieure qui limiteen avant la bouche est, chez quelques individus tout
au moins, un peu plus saillante que chez la femelle, et les papilles des
antennules et de la furca peuvent être un j)eu plus inaïquées.
Chez la Mopsea gracilis Gravier, les parasites ne présentent aucune
CRUSTACÉ PARASITE.
105
différence appréciable, même spécilu|uenieiit, par rapporta ceux que jai
trouvés clii'/ la l'iiiiiiKiisis Ihi-mosa Gravier cl (pii sont décrits ci-dessus.
C-hczla Priiiindisifi raiiiosn Thomson el Hilcliie de la première expédition
antarctique française, j'ai observé
des galles de même apparence que
c'.iez les deux espèces d'/svV/.p dési-
gnées plus haut et qui contenaient
des Crustacés que l'on doit vrai-
semblablement identifier aux |)ré-
cédents. Malheureusement, leur
état de conservation était très mé-
diocre, comme celui de toute la
colonie, qui a été probablement
traitée à l'acide acétique, ("est de
l'une de ces galles que j'ai extrait
la femelle la plus grande de toutes
celles que j'ai vues chez ces Alcyo-
naires ffig. 1 i2). Elle avait 2""", 25
de longueur et Omni,88 de largeur,
et elle présentait une légère pig- ^ w yz-p
mentation sur toute la surface du i.-i„. 14.. _ Fem.lle vue par la face dorsale. -
.. 1 ■~^ If 1 ro 1 l'ifî- 143. — Màli' vu île profil.
corps; 1 un des maies (ng. 143) de
la même galle avait lmm,42 de longueur et O'^m^iO de largeur, de forme
un peu plus grêle (|ue les autres, par conséquent. D'autre |)art, les pa-
rois des galles enveloppant les parasites étaient beaucoup plus épaisses
que celles des galles do h\ Prir/u/nisis fonnom et de la Mopsea graci/if^.
S"il ne s'agit pas de la même espèce, ce serait, en tout cas, une forme
très voisine de celle dont il a été question plus haut et que je n'ai pas
étudiée suffisamment, à cause du mauvais état des matériaux.
D'après les recherches de A. Zulueta (1908-1910;, si un même Alcyo-
naire peut héberger 3 espèces de Lomijjpidci', comme [oSi/mpndhim coral-
hides (Pallas), VAhyonimn digitatum [.inné, la Pentiatida phospliorea
Linné, ou même 4 espèces différentes, comme VAlcyoniuin palmatmn
(Pallas), en revanche, chaque espèce de Lamippidœ n'iiabiterait qu'une
Expédition Charcot. — Ghavieb. — Alcyonaircs. 1 '
1^3.
û^'-é'
io6 CRUSTACÉ PARAS ITE.
seule espère d'Ah^yonaire ; en d'autres termes, le parasitisme des Lainip-
pidœ serait spécitique. Il ne paraît pas en être de même pour le parasite
décrit plus haut, car je ne trouve aucune dilTérence spécifique entre les
individus qui habitent la l'riinnuixix forinosa Gravier et ceux qui vivent
chez la Mopsr/f r/rricl/is Ciy;\\\ov.
Par ses caractères i^énéraux, notamment par les antennes uniramées,
à crochet terminal et dépourvues de soies, par l'appareil buccal très ré-
gressé, par les deux paires d'appendices thoraciques semblables, sans
articles distincts, mais Miunis chacun d'un double crochet, par la furca
formant comme deux lobes terminaux du corps, par les vulves ventrales
et l'absence de sacs ovigères, ainsi que de tout dimorphisme sexuel, le
Crustacé décrit ci-dessus se range incontestablement dans la famille des
Lamippidœ Zulueta.
Il se distingue très nettement de tous ceux qui ont été décrits jusqu'ici par
la segmentation du corps, qui ne laisse aucune trace chez les deux genres
dont se compose actuellement la famille : La/Ni/jpr Bruzelius et Linuresia
^J Zulueta. De plus, ses antennulesne sont pas divisées en articles, à ladill'é-
rence de ce qu'on observe chez les deux genres précédents, et la deuxième
paire d'appendices est, chez notre parasite, notablement plus développée
que la première, ce qui n'est pas le cas ni chez les Lamippe^ ni chez le
genre Linaresia. Il s'écarte encore des autres LamippuUe par l'habitat.
Tandis que ceux-ci vivent dans les canaux du camosarque des Alcyonaires,
celui de l'Antarctique passe une partie au moins de son existence à l'inté-
rieur degalles,dont il provoque la formation, et à l'intérieur desquelles les
femelles pondent leurs and's.
C'est du premier de ces deux genres. La/nippe Bruzelius, que le Crus-
tacé en question s'éloigne le moins par les caractères de la furca. Sa furca
n'est même pas très diflerente de celle qu'on observe chez le Lamippe
alb Ida Zn\uotH, qui vit chez le P/e7'oides f/rlseimi [BoYindsch) ; maislessoies
Uncinées sont ici moins développées et disposées autrement. D'autre
part, ses antennes non articulées rappellent .celles du mâle du Linaresia
CRU STAC 11 PARASITE. lô?
HKunillifera Ziilueta, dont la H'iuelle est inconnue et qui est le seul repré-
sentant du !;enre.
Il est un peu moins dégradé à certains égards que les deux autres
genres, puisqu'il présente encore des traces de segmentation, et cepen-
dant son armature buccale est très réduite. Les appendices loconioleurs
sont également rudimeutaires dans les trois genres. 11 semble (pic la dé-
gradation va croissant du Crustacé de l'Antarctique au genre L(uiiipi)P.i
puisau genre Liiairrsid, dont la bouche est dépourvue d(^ toute armature.
•le |)ropose d"a|>peler ce nouveau genre de Crustacé, (jue je n'ai trouvé
que dans les hiibc de l'Antarctique, Isidicnta, qui peutètre ainsi caracté-
risé :
Corps trapu., sefjiueiitr, à tôgaincnf num. Antcnniilcs et antennes non
divisées en artirirs i ! i, les dernirres terniinres par an rroeltef. U'vre supé-
rieure très dérclojipée entourée par un cadre cltitineax ; terre inférieure bor-
dée êejalenient par un épaississe nient ckitineu.r. In seul appendice en forme
de pointe légèrement recourbée de cluKjue côté de la bouche. Deu.r j)ai)'çs
d'appendices loccnnoteurs pc\i déceloppés., dont cluuun est terminé par un
double crochet ;la seconde , un peu pbis déreloppée tjue la première. Branches
de la f'urca très c(nirtes. Chez la fenndle, orifices rulcaires ent<n(rés d'un
cadre chitine u.x :, pas de sacs ociyércs .• jias de fl//iui/-phisme se.ruel. Le mâle
a les mentes caractt'res extérieurs <pie lu feinclli', mais est de taille /)lus
faible.
Lorsqu'on connaîtra un [)lus grand nombre d'espèces du UK-nie genre,
on discernera aisément quels sont, |)armi ces caractères, ceux qui sont
vraiment génériques. L'espèce (pii vit dans les /sidic de l'Antarctique sera
V/sidico/a atitarctica.
Les trois genres constituant la famille des Lamippidai peuvent être très
facilement séparés les uns des autres, comme l'indicjue le tableau suivant :
segmenté ; antennes nuii divisées en articles Isidicola Gravier.
à trois ou quatre articles; cuticule
Lamippidfp. ^ ,. \ lisse ou hérissi'e de poils fins Laniiiitie BiuieVius.
" ' non segmente; ) , '
Corps , < non divisées en articles ; cuticule
^ J riTirnnncc 1
^ {'
' non segmenté; )
j antennes j""" ■••>'>'■ ■ ■■ .......... ^^.^..^^..^
I f couverte de noinhrcuses papilles
1 \ en forme de mamelons
en forme de mamelons Liiiaresia Zulucto.
(1) (liiez le lamippc suDijiodii, Zuluela 19U1) ii'iiiilii|ue aucune division nelte, en ailicles.
de l'antenne, dans la lii;uie 2. |)ase 140, relative à la ivLrIon céphalique de cette espèce.
io8 CRUSTACÉ PARASITE.
En 1902, J. Versluys, chez le (-hri/sof/orf/ia cupressa (Wriylil et Stu-
der), a signalé de grands polypes ayant jusqu'à 3 millimèlies de hauteur
(les polypes normaux ayantOi"°^,7 de hauteur), contenantdes Copépodes
parasites, peut-èlre cause, dit-il, du développement anormal des polypes
qui les abritent. Chez le Cluijsoyorgia flexilis (Wright etStuder), il a vu
aussi des polypes énormes à l'intérieur desquels viennent des Annélides
et, dans certains, des Copépodes parasites apparentés aux Lamiiype. En
outre, Nutting (1905-1908) a observé, chez le Clirysofjorgia arborescens
Nutting, à côlé des polypes normaux de 1 à 2 millimètres de hauteur,
iioml)re de grands polypes ayant jusqu'à 12 milliiuètres de hauteur et
2 millimètres de diamètre et infestés de petits Crustacés sur lesquels il
ne donne pas d'autres renseignements.
En somme, les Laniippidv ont été signalés jusqu'ici dans les Alcyo-
naires suivants :
I. — Alcyunace.v.
( Lamippe seligera Zulueta.
Sympodium coralloides (Pallas) ) — aiimpodii Zulueta.
( • — papillifera Zulueta.
Lamippe rubicunda (OIsson).
,, . , , ,,, ,, , \ — aciciili fera Zulueta.
Alcyoniuin palinaliun Pallas , ' ,,
I — proleus Llaparede.
\ — Bremenii Zulueta.
/ Lamippe riilncuiula (OIsson).
Alcyonium digitalum Linné _ Qlssoni Zulueta. .
( — Forbesi T. Scott.
Paralcyonium elegans (Milne-Edwards) Lamippe Dalhiersii Joliet.
II. CiOliGdNACEA.
Chrysogorgia' flexilis (Wright et Studer) , Lamippe.
— cupressa (Wright et Studer) ?
-^ arborescens Nutting ?
Primnoisis formosa Gravier Isidicola anlarclica Gravier.
— ■ ramusa Thonisun el liilcliie Isidicola sp. ?
Mopsea grncilis Gravier Isidicola anlarclica Gravier.
Mnricca chamœleon Koch Linarcsiamamillifera Zulueta.
Gorgonia verrucosa Pallas Lamippe af finis Zulueta.
Gorgonella sarmenlosa ? (Laniarck) Lamippe pusilla Zulueta.
III. — rKNNATIT.ACKA.
Verelillum cynomorium (Pallas) Lamippe pallida Zulueta.
CRUSTACÉ PARASITE. 109
Lamiiipe Chaltoni Zulueta.
„,,,,,•. \ — rnhra Biuzclius.
Pcnnalula pliospliorra Luine , ,
' ■ — ~ var. decolor
Zulueta.
^, ., . ,r^ , , , < : Lamippe albidnYMhiclsi.
Pieroides (irisciiin {Bohadsch) , •>• v , .
•^ ^ ' ( — pleroidis Zulueta.
III
Dans l'une dos galles, ai-je dit plus haut, il existait de nombreux Xau-
plius encore enveloppés dans la membrane de l'ieul'. D'autre part,
Joliet (1882), en étudiant le Lamippc Dnt/iiersii, a recueilli, dans les canaux
du Cienosarque du Para/ri/onim/i r/rgans (Milne-Edwards), un certain
nombre de lYatip/itts librt^s. Le dévelo|)pement du [)arasite se poursuit
donc, chez l'Alcyonaire, jusqu'à la formation des Naiiplius qui s'accom-
plit à l'intérieur de l'o'uf. C'est alors, vraisendDiablement, que s'introduit
la phase de vie libre. Le .\riif/t//i/s loii le Mchouniplius observé par A. de
Zulueta) sort facilement pai' l'orilice des polypes épanouis; c'est parla
même voie, la seule qui soit accessible, — car l'épaisse cuirasse calcaire
des Isidœne fournit aucun autre point de pénétration, — que le parasite,
après avoir évolué quelque temps en liberté, entre dans son hôte défi-
nitif pour y poursuivre son développement. Le Crustacé peut se mouvoir
en rampant à l'intérieur di- l'Alcyonaire grâce à ses deux paires d'appen-
dices et à ses antennes munis de crochets; ceux-ci servent à fixer la partie
antérieure du corps, pendant que la partie postérieure se déplace dans un
sens ou dans l'autre, la mollesse du tégument se prêtant à toutes lesdéfor-
mations. Joliet, qui a étudiésur le vivant \c Lamippc Dathiersii^ l'a vuchan-
ger incessamment de contour, le corps prenant la forme cylindrique à l'état
d'extension et la forme globuleuse à l'état de contraction. Lorsque la
maturité sexuelle va se réaliser, vraisemblablement les individus des deux
sexes se rapprochent et déterminent la formation de galles spacieuses. La
fécondation se fait par l'intermédiaire des spermatophores qu'on trouve
attachés aux orifices vulvaires de la femelle. Les œufs fécondés se déve-
loppent sur place, dans la galle habitée par les progénileurs, jusqu'au
stade Nauplius, qui est atteint à l'intérieur de l'o'uf. l'uis vient la phase
de liberté, et le cycle recommence.
iiO CRUSTACÉ PARASITE. ♦
Quant aux affinités des Laiiiippif/;i\ il est impossible actuellement de les
préciser, dans l'ignorance où nous sommes d'une grande partie de leur
développement. Si on peut songer à les rapprocher de certains Crustacés
asridicoles des genres E/ifpropsis Aurivillius, Aplostoina Canu, Opliio-
t;c Ides liesse, par exemple, il faut remarquer, comme le fait avec raison
A. de Zulueta 1908 . qu'il n'y a très vraisemblablement, entre ces para-
sites qui vivent à l'intérieur de cavilc'S naturelles de leur hcMe, que des
rapports de convergence.
26 Décembre 1013.
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Expédition Cliarcot. — Gbamsr. — Alcyonaires. 15
EXPLICATION DES PLANCHES
PLANCHE I
Fig. 1-2. — Sijinpodinm anlarcticiim Gravier.
1 . — La colonie, en vraie grandeur, fixée sur l'axe nu d'un Gorgonidé.
2. — Un fragment grossi de la même colonie. Gr. : 5.
Fig. 3-5. — Primnoisis forinosa Gravier.
3. — La colonie entière en grandeur naturelle.
4 et 5. — ■ Deux fragments de branche grossis. Gr. : 5.
Fig. 6. — Thouarella variahilis Wright et Studer.
6. — Une colonie en vraie grandeur, provenant du chenal de Roosen et dont l'état de
conservation est médiocre.
PLANCHE II
Fig. 7-8. — Ennephlhija Hicksoni Gravier.
7 . ■ — -La colonie entière, en vraie grandeur.
8. — Une partie de la même colonie, grossie 5 fois.
Fig. 9-11. — Stenella Liouvillei Gravier.
9. — La colonie entière, en grandeur naturelle.
10 et 11 . — Deux jjranches de la même colonie. Gr. : 5.
>
PLANCHE III
Fig. 12. — Primnoisis anlarclica Studer.
12. — Colonie entière, en vraie grandeur.
Fig. 13-14. — Thouarella variabilis Wright et Studer.
13. — Colonie entière, en vraie grandeur ; forme typique.
14. — Variété compacte de la même espèce ; en vraie grandeur.
Fig. 15-16. — Rhopalonella pendulina Roule.
15 et 16. — Deux branches abondamment ramifiées, montrant, surtout dans la
figure 15, l'élargissement basilaire dû à la présence d'œufs en incubation et très
riches en vitellus.
PLANCHE IV
Fig. 17-19. — Mopsea elongala Roule.
17. — Un fragment de colonie, en vraie grandeur, rapporté par le « Pourquoi Pas ? ».
18. — Un fragment d'une colonie, en vraie grandeur, rapporté par la première expé-
dition antarctique française (1903-1905).
19. — Un fragment grossi d'une branche de la colonie représentée par la figure 18.
Gr. : 5.
Fig. 20. — Stenella Liouvillei Gravier.
20. Base d'une branche de la colonie représentée PI. 'II, fig. 9. Gr. ; 5,
Deuxième Expédition Charcot {Ch. Gravier, Alcyonaires.
l'i. I
(Clichés Cintracll
I^holotypie G. ( liivot
Fig. t-2. : Sympodium antarcticum Gravier - Fig 3-ri. : Piimnoisis formosa Gravier
Fig. 6. : Thouarella variabîlis Wright et Studer
Masson & G'*>, Editeurs
Deuxième Expédition Charcot {Ch. Grai'ier. Alcyonaires-,
PI. Il
( Clichés Cinliuctl
Pllolol.vple (;. Chivot
Fig. 7-8 : Euneplitliya Htcksonî Gravier. - Fig. 9-11. : StenelLi Llomillei Gravier.
Masson & C", Editeurs
Deuxième Expédition Charcot iCh. Gravier- Alcyonaires )
PI. III
(Clichés Cîntructl
Phototypie G, Chivot
Fig. I*>. : Primnoisis antarctica (Studer) - Fig. 13-14 : Thouarella variabilis Wright et Studer.
Fig. 15-16: Rhopalonella pendulina Roule.
Mnsson & C'- , Editevirs
Deuxième Expédition Ciiarcot ^Ch. Gravier, Alcyonaires.)
PI. IV
(Clichés Cinlract)
Plîotolypie (t. Chivot
F!g.l7-I9. : Mopsea elongata Roule. - Fig. 20. : Stenella Liouvillei Gravier.
Deuxième Expédition Charcot {Ch. Gravier, Alcyonaires)
PI. V
(Clichés CintracU
Phototypie G. Chivot
Fig. 2!-25. : Rhopalonella pentluHna Roule.
ÏVlasson & G'". Editeurs
Deuxième Expédition Charcot (Ch. Gravier- Alcyonaires.)
PI. VI
(Clichés Cintract)
Pliutotypie G. Lhivot
Fig. Ify-Ti. : Mopsea gracilis Gravier. - Fig. 28-29. : Notisis fragilis Gravier. - Fig. 30. : Caligorgia ventilabrum Studer.
Deuxième Expédition Charcot iCh. Gravier, Alcyonaires)
PI. VII
(Clichés (^inlructl
Pliulolvpie G. Chivol
Fig. 31-34 : Thouarella antarctica (Valenciennes) - Fig. 35-3C : Thouarella longispinosa Kiikenthal
Fig. 37. : Primnoella Kûkenthali Gravier.
Masson & C', Editeui-s
Deuxième Expédition Charcot (Ch, Gravier. Aicyonaires J
PI. Vlll
I Clichés Cintract)
Pholol^pie G. Chivot
Fig. 38. : Primnoella Kukenthalt Gravier - Fig. 39-42 : Acanthogorgia Thomsoni Gravier.
"K/ri=>ccrM-i A C^:>* F.H itF'iir*«
Deuxième Expédition Charcot [Cli- Gravier, Alc-)onaires ■)
PI. IX
^n^.
43
'f^%'.
\è=i
V~~
i^^iïf ?'Â*îa» s'SSf.'iët
iCh Gravier del.)
Phototj'pie G. <;hivot
Fig. 43-44 : Sympodium antarcticum Gravier - Fig. 45-48 : Eunephtyha Hicksoni - Fig. 49. : Notisis fragilis Gravier.
Fig .50. : Acanthogorgia Thomsoni.
Masson & C". Editeurs
Deuxième Expédition Charcot iCh. Gravier- Alcyonaires.)
PI. X
- ■■•• ■ " '\ '•/:••' v- '>vH i «;; î'- -' " '^ '. ' - ^- - ; -^^
^ ..1- -.^•••••*'^o.-.0'»fv**'o -la.' C- *. * s
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53
54
(Ch. Gravier tlel.)
t*hoto1ypie G. Chivot
Fig. 51. : Notisis fragilis Gravier. - Fig. 52-55. ; thouarella antarctica i Valenciennes).
Fig. 56-50. : Rhopalonella pendiiMna Roule.
ËXPLICATÏON DES PLANCHES. 11$
PLANCHE V
Fig. 21-25. — Rhopalonella pendulina Roule.
21 . — Une colonie entière en vraie grandeur.
22. — Une branche non ramifiée. Gr. : 2 1/2.
23. — Une branche simplement bifurquée, près de sa base. Gr. : 2 1/2.
24-25. — Deux branches plus abondamment ramifiées. Gr. : 2 1/2. On peut remar-
quer, sur plusieurs rameaux, l'élargissement basilaire dû à la présence d'œufs
en incuV)ation.
PLANCHE VI
Fig. 26-27. — Mopsea gracilis Gravier.
26. — La colonie entière, en vraie grandeur.
27. — Une branche grossie de la colonie précédente. Gr. : 5.
Fig. 28-29. — Noiisis fragilis Gravier.
28. — La colonie entière, en grandeur naturelle.
29. — Branches grossies de la colonie précédente. Gr. : 5.
Fig. 30. — Caligorgia uentilabruin Studer.
30. — Une colonie entière, en vraie grandeur.
PLANCHE VII
Fig. 31-34. — Thouarella aiilarclica (Valenciennes).
31 . Une des deux colonies rapportées par du Petit-Thouars des îles Malouines. Grandeur
naturelle.
32. — Le second exemplaire type de l'espèce rapportée par du Petit-Thouars, des
Malouines, avec la partie basilaire qui manque au précédent. Grandeur natu-
relle.
33 et 34. — Deux branches grossies de la colonie représentée par la figure 31. On re-
marque le nombre croissant des polypes, de la base à l'extrémité libre. Gr. : 5.
Fig. 35-36. — Thouarella longispinosa Kiikenthai.
35. — Une colonie entière, en vraie grandeur.
36. — Une partie grossie de cette colonie. Gr. : 5.
Fig. 37. — Primnoella KiïkenUiali Gravier.
37. ■ — La colonie entière, en vraie grandeur.
PLANCHE VIII
Fig. 38. — Primnoella Kùkenlhali Gravier.
38. ■ — Une partie grossie de la colonie représentée par la figure 37, PI. VIL — • On
remarque, sur le côté gauche de la figure, deux Crustacés capturés par les
Polypes. Gr. : 5.
Fig. 39-42. — Acanlhogorgia Thomsoni Gravier.
39. — L'une des colonies vue par la face vers laquelle sont tournés presque tous les
polypes. Grandeur naturelle.
40. — La même colonie, vue par la face opposée. Grandeur naturelle.
41 . — Une partie grossie de la même colonie. Gr. : 5.
42. ■ — Une autre colonie, de beaucoup plus grande taille, dont une partie seulement
ii6 EXPLICATION DES PLANCHES.
était restée vivante, au moment où elle fut draguée. Le reste est couvert d'or-
ganismes étrangers : Éponges, Polypes hydraires, Bryozoaires, etc.
PLANCHE IX
Fig. 43-44. — Sympodium anlarcticum Gravier.
43. — Un polype complètement étendu. Gr. : 29.
44. — Un polype partiellement rétracté. Gr. : 36.
Fig. 45-48. — Eiinephthya Hicksoni Gravier.
45. — Un des polypes de la partie supérieure de la colonie. Gr. : 36.
46. — ■ Un spicule de la partie basilaire d'un polype. Gr. : 535.
47. — Un spicule du tronc principal de la colonie. Gr. : 535.
48. — Une autre forme de spicule du tronc principal de la colonie. Gr. : 535.
Fig. 49. — Nolisis fragilis Gravier.
49. — Un polype avec son armature de spicules. Gr. : 63.
Fig. 50. — Acanlhogorgia Thomsoni Gravier.
50. — Un polype recouvert de ses spicules. Gr. : 29.
PLANCHE X
Fig. 51. — Nolisis fragilis Gravier.
51. — Une partie de l'axe calcaire, avec ses saillies en séries longitudinales. Gr. : 36.
Fig. 52-55. — Thouarella aiilarclica (Valenciennes).
52. — Les huit spicules de l'opercule. Gr. : 38.
53. — Une écaille de l'opercule, vue par la face extérieure. Gr. : 152.
54. — Une autre écaille de l'opercule vue par la face intérieure. Gr. : 152.
55. — • Une écaille de la région moyenne des polypes. Gr. : 152.
Fig. 56-57. — Rhopalonella pendulina Roule.
56. — Un œuf à la base d'un polype, à la partie inférieure du rameau. Gr. : 18.
57. — Coupe transversale d'un des œufs, passant par le centre du noyau. Gr. : 385.
Fig. 58-59. ■ — Primnoella Kiikenlhali Gravier.
58. — Section transversale de l'axe, à la partie inférieure de la colonie. Gr. : 14.
59. — Une partie de l'axe corné de la colonie, avec ses cannelures longitudinales. Gr. : 14.
TABLE DES MATIERES
I
PARTIE GÉNÉRALE
A. — Alcyonaires recueillis par le « Pourquoi Pas ? » 1
B. — Alcyonaires recueillis par le « Français » (I'''^ Expédition antarctique française,
1003-1905). — ■ Alcyonaires connus actuellement dans l'Antarctique sud-
américaine 5
C. — Alcyonaires recueillis par les autres expéditions antarctiques récentes 8
D. — Remarques générales et conclusions 13
II
PARTIE SPÉCIALE
1. ALCYONACEA.
Famille des Clavulariidse Hickson.
Sympodium aniarclicum Gravier, PI. I, fig. 1-2 ; PI. IX, fig. 43-44; fig. 1-8 dans le
texte 15
Famille des Neplithyidae Verrill.
Eunepidhya Hicksoni Gravier, PI. II, fig. 7-8; PI. IX, fig. 45-48; fig. 9-13 dans le
texte 18
2. GORGONACEA.
Famille des Isidae (îray.
Primnoisis anlarclica (Studer), PI. III, fig. 12 ; fig. 14-20 dans le texte 28
Primnoisis jormosa Gravier, PI. I, fig. 3-5 ; fig. 21-26 dans le texte 31
Mopsea eloivjala Roule, PI. IV, fig. 17-19 ; fig. 27-38 dans le texte 34
Mopsea gracilis Gravier, PI. VI, fig. 20-27 ; fig. 39-51 dans le texte 38
Noiisis fragilis Gravier, PL VI, fig. 28-29; PL IX, fig. 49; PI. X, fig. 51 ; fig. 52-61
dans le texte 43
Famille des Primnoidae (Milne-Edwards).
Thoiiarella anlarclica (Valenciennes), PL VII, fig. 31-34; PL X, fig. 52-55; fig. 62-68
dans le texte 48
Thouarella variabilis Wright et Studer, PL I, fig. 6 ; PL III, fig. 13-14 ; fig. 69-72
dans le texte 56
Thouarella longispinosa Kûkenthal, PL VII, fig. 35-36 ; fig. 73-76 dans le texte. . . 61
Slenella (Dasyslenella) Liouvillei Gravier, PL II, fig. 9-11 ; PI. IV, fig. 20; fig. 77-85
dans le texte 63
ii8 Table des matiêèes.
Rhopalonella pendulina Roule, PI. III, fig. 15-lG ; PI. V, fig. 21-25 ; PI. X, 56-57;
fig. 86-98 dans le texte 70
Prinmoclla Kiikenlhali Gravier, PI. VII, fig. 35 ;P1. VIII, fig. 36 ; PL X, fig. 58-59;
fig 99-108 dans le texte 77
Caligorgia venlilabnim Studer, PI. VI, fig. 30 ; fig. 109-119 dans le texte 85
Famille des Murlcsidae Vcrrill.
Acaiilhogorgia Thomsoni Gravier, PI. VIII, fig. 39-42; PI. IX, fig. 50 ; fig. 120-129
da ns le texte 92
APPExNDICE
Isidirola anlarxlica Gravier, Crustacé parasite de quelques Isidee de l'Antarctique
Eud-am('ricaine ; fig. 130-142 dans le texte 99
MADREPORAIRES
Par Ch. GRAVIER.
La seconde expédition antarctique française (1908-1910), commandée
par M. le D'" J. Charcot, arapporté, de la région qu'elle a explorée, quatre
espèces de Madréporaires recueillies par M. le D' J. Lion ville. L'une
d'elles, le Desmophj/Uum antarcticum Gravier, est nouvelle. Une seconde,
le Flahellum Thouarsii M. Edwards et Ilaime, n'a pas été relrouvée depuis
l'expédition de la « Vénus » (1836-1839) dirigée par le capitaine du
Petit-Thouars, qui la découvrit aux îles Malouines ou Falkand, c'est-à-
dire bien au norddela zone parcourue par le " Pourquoi Pas? ». Une troi-
sième, la Cnrijophyllia antarctica Marenzeller, a été récoltée en premier lieu
par la « Valdivia » [Tiefsee-Expeditio/t), à l'est de l'île Bouvet, dans les
mers subantarctiques, par conséquent. Enfin, la quatrième forme est
représentée par deux exemplaires en mauvais état de conservation, morts
depuis longtemps lorsqu'ils furent dragués; elle appartient probable-
ment au même genre Caryopliijllia et est indéterminable spécifique-
ment.
Ces Madréporaires, dont les deux premières espèces ont été recueillies en
excellent état, avec leurs parties vivantes, ont un squelette mince et ti'ès
fragile, qu'il est difficile de conserver intact. Les septes calcaires ne sont
pas plans ; leur surface est plus ou moins irrégulièrement ondulée et par-
fois sillonnée par des bourrelets et des crêtes. M. le D' J. Liouville les a
recueillis aux points suivants :
Dragage IV. — 28 décembre 1908. Profondeur: iiS mètres. Fond:
roches et gravier. Température de l'eau an fond : 0° C. Chenal Peltier.
le long de l'île Wiencke, près de l'îlot Gœtschy. Latitude : (viooO' S.;
longitude: 63o30'W.
120 MADRÉPORAIRES.
Desmophyllum anlarclicum Gravier.
Dragage VIII. — 20 janvier 1909. Profondeur : 170 mètres. Baie Mar-
guerite. Température de l'eau au fond : 0°,2 G.
? Desmophyllum anlarclicum Gravier.
Dragage XX. — 12 janvier 1010. Profondeur : iOO mètres. Fond: vase
sableuse, nombreux cailloux. En bordure de la banquise. Latitude :
70° 10' S. ; longitude: 78° 30' W.
Flabellum Thouarsii Milnc-Edwards et Hairae.
Caryophyllia anlarclica Marenzeller.
Caryophyllia sp. ? ■
Dans les mêmes parages, la « Belgica » avait trouvé préalablement :
l°rn exemplaire jeune, non intact, indéterminable, appartenant au
<^enre Des/nophi/Zhan, le28mai 1898, par 71-5 18' latitude S. ; 88° 02' lon-
gitude W. ; .
2° Quelques exemplaires brisés de Caryopltyllia antarrtica (que
E. von Marenzeller ne put déterminer que grâce aux matériaux de la
(' Valdivia ») aux points suivants : 71° 09' latitudeS. ; 89" 1.")' longitude W.
(1 1 mai 1898j; 70" 23' latitude S. ; 82^47' longitude W. (8 octobre 1898) ;
3° Un Ilydrocoralliaire nouveau, V Errina (jracHis^im'Qmc\\ç\\ en (juatre
points situés entre les latitudes 71° 1 i' et 71° 19' S. et entre les longi-
tudes 87^37' et 89° 1 i'W. Parmi les exemplaires de cet Ilydrocoralliaire
était une belle colonie mâle, trouvaille intéressante, caries autres espèces
du même genre ne sont connues que par la colonie femelle.
L'expédition antarctique allemande (1901-1903! rapporta delà station
du <( Gauss i> et du pied du mont « Ganss » trois espèces de Madréporaires,
dont une indéterminable :
Caryophyllia anlarclica Marenzeller.
Flabellum iiiconslans Marenzeller.
Flabellum sp.?
Gomme les autres expéditions antarctiques n'ont pas encore
fait connaître les Madréporaires qu'elles ont ramenés des mers
australes où elles ont séjourné, on ne connaît, en somme, que les
MADRÉrORAIRES. i2i
espèces suivantes dans les eaux antarctiques proprement dites :
Desmophijllum sp? «Belgica».
— unlarclinim Grayier. — « Pourquoi Pas? »
Flahcllum inconslans Marenzcller. — «Gauss».
— Thoiiarsii Milnc-Edwards et Haimo. — «Pourquoi Pas?»
— sp.? «Gauss».
Canjophijllia anlarclica Marenzeller. — « Belgica», « Gauss », « Pourquoi Pas? »
— sp.? « Pourquoi Pas ?»
Soit, en tout, septespèces,donttroisindéterminées, appartenantaux trois
genres Desmophyliam, F/abelh(?n ei Car;/ophyIlia, delà famille des Tur-
hinolides de H. Milne-Edvvards et Ilaime.
La CarijopItijUia antarctica, qui a été récoltée en trois points fort éloignés
les uns des autres, à l'est de l'île Bouvet, dans l'Antarctique sud-améri-
caine et au voisinage de la Terre de Guillaume II, est vraisemblablement
circumpolaire. On peut ajouter à ces sept espèces purement antarctiques,
jusqu'ici du moins, les espèces suivantes prises par le " Challenger » dans
les eaux subantarctiques :
Caryophyllia c/acus Scacchi, var. Sinilhi Duncan. — Tom Bay, Patagonie (175 brasses).
(Aux Açores, la même variété a été draguée à 450 brasses.)
Desmophyllum ingens Moseley. Fjords de Patagonie.
Cette espèce, dont les grands exemplaires ont jusqu'à 82 millimètres de
grand axe au l)orddu calice et 13o millimètres de longueur, esta identifier,
d'après Marenzeller, au Drstmopln/lhim cristarjalli .Milne-Edwards etHaime .
Desmopliijlliiin ebiirneiun Moseley. — Middle Island, Patagonie.
Flahelliim palacjonichuni JMoseley. — Penguin Island, Patagonie.
Leplopenus discus Moseley. — Grozet Islands, à 1 600 brasses.
Aslrangia sp. — Patagonie.
A part les deux dernières espèces [et encoi'e le Leptopenus discus ne
peut être considéré à proprement parler comme une espèce subantarc-
lique, puisqu'il a été dragué à 1 600 brasses (2 880 mètres) près de Hog
Island, dans le groupe des iles Crozet, et doit plutôt être regardé comme
une forme d'eau profonde], les autres formes, comme on le voit, appar-
tiennent aux mêmes genres que celles de l'Antarctique proprement dite.
La faune des Coraux de l'Antarctique est très pauvre, en genres comme
en espèces. Elle paraît l'être également en individus, car les diverses
Expédition Charcot. — Gravier. — iMadréporaiies. IC)
122 MA D R EPU RA I RE S.
expéditions n'ont rapporté que quelques spécimens de chaque espèce. Il
semble d'ailleurs peu probable que les autres expéditions enrichissent
beaucoup nos connaissances sur ce sujet. Les basses températures des eaux
des mers australes sont très défavorables à l'immense majorité des Ma-
dréporaires. Onnetrouve, dans l'Antarctique, (juc des espèces semblables
à celles qui existent dans les grandes profondeurs, à toutes les latitudes,
et qui sont aptes à vivre dans un milieu à une température voisine de 0° C.
Ce sont des formes solitaires qui peuvent atteindre une grande taille et qui
fournissent d'ailleurs le contingent le plus varié à la faune corallienne des
abysses. De telles formes ne participent en aucune façon à rédification des
récifs ; les espèces coloniales constituées par des milliers de polypes de
taille très réduite, en général, ne prospèrent que dans les eaux tropicales
de la surface, traversées par les radiations d'un soleil lorride.
Famille des TURBINOLIDES Milne-Edwards et Haime.
Genre DESMOPHYLLCM Ehrenberg.
Desmophyllum antarcticum.
(l'I. I, fig. 1-4.)
DesinophijUum anlarclicnm Gravier, Seconde expédition antarctiijue française (1908-1910),
Sur une espèce nouvelle de Madréporaire [Desmophyllum anlaniiciim {Bull.
Mus. Hist. liai., t. XX, n" 4, 1914)].
Le '< Pourquoi Pas? » a recueilli le 28 décembre 1908, dans le chenal
Peltier, le long de l'ib^ Wiencke, i)rès de l'îlot Goetschy (latitude
04° 50' S. ; longitude : 63° 30' W. ; profondeur : 53 mètres ; fond : roches
et gravier ; température de Teau au fond : 0° C), deux exemplaires en bon
état, avec leurs parties vivantes, de cette nouvelle espèce de Desmophyl-
lum. La forme de ces polypes coralliaires est très allongée (PI. I, fig. 1);
l'axe est un peu arqué. Le bord libre du calice est oblique par rapport à
Taxedu pédicelle. La hauleurduplus grand des deux spécimens, comptée
du plan de base du pédicelle au centre du calice, est de 65 millimètres;
les deux axes de l'ouverture du calice qui est elliptique ont respectivement
44 et 38 millimètres (PI. I, fig. 2 et 3). La hauteur du plus petit, qui est
décrit ci-dessous, est de 00 millimètres; le grand axe du calice a 31 milli-
mètres et le plus petit 20. Le s(|uelette est très fragile et la muraille,
MA D R ÉPO RA I RES. 123
(Ml ]);ii'liciili('r, rsl lorl niinco. L'cMari^issomont l)asilaire du pédicelle
inesui'c 12 niilliiiiMres de diaiiu-tre. Lo calice se renfle assez Ijnisque-
iiient au soinuiet du pédicelle, qui n'a que 0'"°',5 de diamètre, puis très
i^raduellement jusqu'à son bord libre. 11 présente à sa surface quelques
bourrelets transversaux peu saillants et queUiues pointes plus nombreuses
cl plus proéminentes dans la région voisine du pédicelle que partout
ailleurs; la face externe de la muraille montre également des côtes fines
s'acccntuant peu à peu vers le bord libre du calice, qui n'est malheureuse-
ment intact qu'en quelques points. Ce bord est denté ; car, si l'on examine
attentivement la muraille, on discerne les séries de crénelures emboîtées
qui correspondent aux zones d'accroissement.
Des cinq cycles de septes qui sont eux-mêmes très minces, le cinquième
est incomplet, car le nombre des septes est de 90. Les 12 septes des deux
premiers cycles sont sensiblement de même grandeur. La plupart ont leur
bord supérieur brisé ; lorsque ce bord est intact, il dépasse un peu celui
du calice. L'épaisseur des septes s'accroît au voisinage de leur bord libre,
autour de la partie centrale du calice, où ils délimitent une fosse étroite
et tiès profonde. Leurs faces latérales sont parcourues par des bourrelets
orientés comme leur bord libre qui correspondent à des zones d'accrois-
sement, et elles sont ponctuées de petites saillies inégalement espacées.
Les bords épaissis et légèrement ondulés des septes des deux premiers
cycles se fusionnent en une masse compacte tout au fond du calice. Les
septes du troisième cycle sont encore fort développés, mais leur largeur
décroît brusquement au niveau où les bords libres des septes des deux
premiers cycles arrivent au contact les uns des autres ; ils ont les mêmes
caractères que les précédents, mais leur surface est encore plus irrégu-
lière, plus bosselée. Ceux du quatrième cycle sont plus étroits, et leur
largeur décroît à une assez courte distance du bord libre du calice ; ceux
du cinquième cycle sont réduits à de simples bourrelets. Par suite de
l'allure tourmentée de ces septes des quatre premiers cycles, l'ensemble
parait être fortement denté quand on regarde le squelette par l'ouverture
du calice.
Les parties vivantes sont de couleur jaune clair. La surface des tenta-
cules est toute couverte de verrues de forme et de taille inégales; l'orifiçe
124 MADREPORAIRES.
Iiucccil est largement ouvert. Ces vernies sont vraisemblablement à rap-
procher des saillies du même ordre étudiées chez le Flahcllum inconstans
Marenzeller par F. Fax (1910) et qui sont des batteries de némalocystes.
Au sujet des exemplaires de Desmopliyllwn crhtcujalll recueillis par la
(( Valdivia », E. von Marenzeller (1904) dit qu'un exemplaire typique de
cette espèce, de 10 à 12 millimètres de diamètre, possède déjà ses cinq
cycles de septes entièrement développés ; il faut remarquer qu'il y a là une
particularité — signalée nulle part — de ce Polypier (jui produittous ses
septes de très bonne heure et qui n'en présente pas davantage, lorsqu'il
parvient au maximum de taille, avec un diamètre de 80 millimètres. Or,
les dimensions de l'exemplaire décrit ci-dessus, (jui n'est pas sans analogie
avec le Desnioiilijilhdii criKtaçjaJli^ sont telles qu'il devrait avoir depuis
longtemps ses cinq cycles complets. Tenant à conserver les parties
vivantes du second spécimen, je n'ai pu compter exactement le nombre de
ses septes. En parlant des septes du Dpsmoplujlhnn cristaga//i, Milne-
Edwards et Ilaime disent : « Leurs faces paraissent glabres ; on y remarque
seulement des lignes non distinctement granuleuses, parallèles au bord
supérieur. » Dans l'exemplaire de l'Antarctique, les lignes en question
sont nettement granuleuses, et les faces des septes sont fort loin d'être
glabres. Malheureusement, je n'ai pu comparer l'exemplaire de l'Antarc-
tique avec les types du Muséum, dont aucun calice n'est resté en place ;
les pédicelles seuls ont été conservés.
Malgré l'extrême variabilité du DesmopJn/lhmi crislagalli signalée
notamment par Duncan et Lacaze-Duthiers (1897), je crois que le polype
coralliaire du même genre rapporté de l'Antarctique en est bien distinct,
et j'ai proposé de l'appeler DesmopJiyllinii antarctïcum.
E. von Marenzeller, dans son étude des Madréporaires et Ilydrocoral-
liaires recueillis par la <i Belgica » (1903), mentionne un DesmophjjUiiin
jeune, avec quatre cycles de septes seulementetdont le bord ducalice était
brisé. Ne voulant pas, dans la circonslance, faute de documents suffisants,
créer une espèce nouvelle, il affirme cependant qu'il ne saurait être
question ici du Destnophyllum cristagalli. Il est impossible de dire,
d'après les très brèves indications fournies ])ar l'auteur, s'il s'agissail de
la même espèce que celle du « Pourquoi P'as? » ,
MADRÉPORAIRES. ' 125
On ost d'autant plus porlô à rapprochor le Desmophijlhiin du « Pourquoi
Pas? » du DesnioplujUam cfislayalli Mil ne-Edwards et llainieque, d'après
E. von Marenzeller, cette dernière espèce est l'une des plus répandues
parmi les Coraux de profondeur et en outre que, d'après le même auteur,
le DesmophijUum ingem Moseley récolté par le « Challenger », en grande
abondance dans les fjords de la Patagonie occidentale, ne difl'ère pas spé-
ciliqucinent du Desmophyllunt cristagalU.
Sous toutes réserves, je rapporte au Desinophyllum antarctician un
exemplaire dragué le 20 janvier 1000, à 170 mètres de profondeur, dans
la baie Marguerite, sur un fond de roches, gravier, vase ; cet exemplaire
fut recueilli mort et en partie brisé (PI. I, lig. i) ; il servait de support à une
colonie de Priiimohis foniuna Gravier. Ce spécimen, fortement incurvé,
avait changé, à plusieurs reprises, de direction de croissance ; la muraille
et les septes, qui sont au nombre de 75, sont minces et fragiles et offrent
les mêmes caractères que chez le premier exemplaire décrit ci-dessus.
Genre FLAUELLUM Lesson,
Flabellum Thouarsii M il ne-Edwards et Ilaimc.
(l'I. I, fig. 5-6.)
1848. — Flabellum Thouarsii II. Milne-Edwards et J. Haimc, Recherches sur les Poly-
piers, 2*^ mémoire, Monographie des Turbinolides {Ann. des Sciei^ces nalur.,
3e série, t. IX, p. 265, pi. VIII, fig. 5).
1857. — Flabellum Thouarsii H. Milne-Edvards, Histoire naturelle des Coralliaircs,
t. II, p. 89.
En bordure de la banquise (latitude : 70° 10' S. ; longitude : 78o30' W. ;
fond : sable vaseux, nombreux cailloux), le « Pourquoi Pas? » a ramené
à la surface, de la profondeur de 460 mètres, 7 exemplaires vivants de ce
Madréporaire ; deux seulement étaient intacts ; la muraille et la plupart
des septes des autres étaient plus ou moins complètement brisés.
L'un des exemplaires les mieux conservés, bien intact, mesure 20 milli-
mètres de hauteur ; l'axe de symétrie estun peu incurvé (PI. I,fig.o). Le
pédicelleservantàla fixation a 4'n°i,5dediamètreet3°*'", 15 de hauteur. Au-
dessus de ce pédicelle, la muraille, qui est mince, de même que les septes,
sedéveloppe assez régulièrement en tronc decône. L'ouverture du calice,
de forme elliptique, mesure 20 millimètres de grand axe et 23™™, 5 de
126 MADRÉPORAIRES.
petit axe ; le bord presque uni ne montre (jne de très légères ondulations
en rapport avec l'insertion des septes (PI. I, iig. 0).
Sur la face externe de la muraille qui est translucide, on voit des bour-
relets ti'ansversaux correspondant sans doute à des périodes d'accrois-
sement du polype et, en outre, des côtes peu saillantes, mais nettement
délimitées, en rapport avec les septes de divers ordres, dont 12 se
prolongent sur le pédicelle. Les 12 septes constituant les deux premiers
cycles sont de b('aacou|) les plus tléveloppés et les seuls qui s'étendent
du bord libre du calice au fond de ce dernier ; ils ne prennent leur largeur
maxima qu'un |)eu au-dessous du niveau du bord du calice. Leur bord
interne libre est parallèle à l'axe du Polypier, et l'ensemble de ces
12 septes circonscrit dans la région centrale une fosse étroite et profonde,
au fond de laquelle on discerne une pseudo-colurnelle. Ce même bord
libre irrégulièrement denté s'épaissit graduellement vers le fond du calice,
et ce sont les diverticules (trabiculins spiniformes de H. Milne-Edwards)
diversement orientés de ce bord qui forment la pseudo-columelle en
question. E. von Marenzeller et J. Stanley (lar-diner ont très justement fait
observer ( 1904) qu'il n'existe pas de cohnnel le v(''ri table cliez \i^sFlahi'lluin.
Sur les faces latérales de ces septes des deux [)remiers ordres, il existe
des bourrelets parallèles au bord libre supérieur et couverts de petites
pointes assez drues, en général, et contiguës même en certains points,
de sorte que, lorsqu'on regarde le calice par en haut, ces septes paraissent
hérissés de pointes nombreuses.
Quant aux septes du troisième cycle, ils oITrent les mêmes caractères
généraux que les précédents; ils s'étendent aussi sur presijue [miW la
longueur du calice, mais leur largeur, moindre que celle des 1 2 premiers
septes, se réduit graduellement, en s'éloignsuit du bord libr(> du calice;
leur bord interne est plus fortement denté, en général, que celui des grands
septes et reste bien distinct de la pseudo-columelle. La réduction dans
tous les sens s'accentue dans les septes du (piatrième et dans ceux du
cinquième cycle, qui ne forment que de courtes lames très étroites. Le
cinquième cycle est, du reste, fort incomplet, puisque, dans l'exemplaire
en question, il n'existe que 66 septes. Un autre exemplaire de même
provenance, en moins bon état de conservation, mais un peu plus petit,
MADRÉPORAIRES. 127
avec 27 milliinètres de liautour et 24 et 20 millimètres de i;i'aiitl et de
pelil axe, n'a (]iie ."»<) septes. Le plus yi'and de tous les spécimens,
malheureusement tout brisé, a près do iO millimètres de hauteur.
Les parties vivantes, encore en place, sont d'une couleur brun foncé ;
leur état de conservation est iiKuliocre. Les tentacules sont couverts de
verrues, sauf dans la région apicale ; en certaines régions de ces organes,
la surface présente une sorte de mosaïque, à l'intérieur des mailles de
laquelle sont situées les verrues. Celles-ci sont vraisemblablement, d'après
les recherches de F. Pax sur les formations senjblables des tentacules du
Flabelliim i/iro/isfans Marenzeller, des batteries de nématocystes. Suivant
le même auteur, il existe des verrues de même apparence et de même
structure chez une Actinie du Japon, Diifleinia annala^ — à part que les
parois des nématocystes sont minces chez le Flahellam inconstant et
épaisses chez la Do/leinia armata. Dans l'un des exemplaires à\x Flahellum
de l'Antarctique, les cloisons fertiles sont chargées d'ovules très
volumineux.
Je crois devoir rapporter ce Flabellani au Flahellum 7'lioua7\sii Milne-
Edwardset J. Haime. Le type de l'espèce qui se trouve dans les collections
du Muséum a été recueilli aux îles Malouines par le capitaine du l\'tit-
Thouars. Les deux exemplaires de ce type dont l'état de conservation
laisse à désirer sont fixés sur un socle qui porte l'inscription manuscrite
suivante :
Flabclluin Thoiiarsii Milnc-Edwards ut J. Iluiine. Polypiers, t. IX, PI. VIII, fig. 5.
Des îles Malouines. M. du Petit-Thouars.
Les dimensions de ces deux spécimens sont moindres que celles des
exemplaires du « I^ourquoi Pas? »; le squelette est moins régulier, plus
comprimé. Le plus grand des deux spécimens possède cinqcycles complets
de septes ; mais le plus petit n'a que 80 septes. D'autre part, le premier
des types de IMilne-Edwards a la paroi de sa muraille recouverte par une
épithèque « pelliculaire », comme le dit Milne-Edwards, que je ne
retrouve ni sur le plus petit exemplaire, ni sur les deux spécimens du
« Pourquoi Pas? ».
Sous le même nom, il v a dans la collection du Muséum deux autres
128 MADRÉPORAIRES.
exemplaires de la même espèce et de la même provenance, mais en plus
mauvais état, dont le socle porte deux étiquettes surla premièredesquelles
on lit :
Flabellum Thouarsii Milne-Edwards et J. Haime, îles Malouines.
et sur la seconde, d'une autre écriture :
Trouvé dans une Éponge.
Ce qui explique le mauvais état des échantillons qui étaient morts
depuis longtemps quand fut recueillie l'Éponge qui les contenait.
Ainsi que le l'ait remarquer Moseley (1880), le Flabellum patagonichum
est très voisin au. Flabellum Thouarsii, mais, tandis que dans cette espèce
il y a 5 cycles de septes, il n'y a pas trace d'un septe du cinquième cycle
dans les plus grands spécimens du Flahellum patagonichum. D'autre
part, parmi les nombreux spécimens vivants recueillis par le « ( 'challenger » ,
tous les jeunes ont un court pédicelle bien distinct; chez les adultes, les
uns ont encore leur pédicelle, les autres se terminent par une pointe
mousse. Le plus grand spécimen de Flahellum patagonichum Moseley du
« Challenger »avaitcommedimensions : hauteur, 23 millimètres; diamètres,
28 millimètres x 21 millimètres. Les s'^écimen?, Aq Flabellum Thouarsii.,
de taille au moins égale, sont tous munis d'un pédicelle bien développé.
Malgré le nombre moindre des septes, les caractères généraux du
Flabellum de l'Antarctique sont tellement semblables à ceux du Flahellum
Thouarsii que ie l'identifie à ce dernier. Le Flabellum patagonichum paraît
être une forme très voisine de la précédente et peut-être même une
simple variété. Cependant Moseley dit que, chez cette dernière, le nombre
définitif des septes est atteint à un stade précoce. Apparemment, il y a
moins de différences entre le Flabellum Tliouarsii et le Flabellum pata-
gonichum qu'entre le Des/nophgllu/n cristagalli Milne-Edwards et Haime
(à 5 cycles complets) et le Desmophyllum vitreum Alcock (à 4 cycles) que
E. von Marenzeller (1904) est disposé à fusionner. J. Stanley Gardiner
(1904), se fondant uniquement sur la description sommaire de Milne-
Edwards et Haime, s'est demandé si le Flahellum Thouarsii ne devait pas
être identifié au Flabellum rubrum (Quoy et Gaimard).
MA D R ÉPO RA I RE S. 129
Genre CAnrOPIIYLUA Stokes.
Caryophyllia antarctica Marenzellor.
l'I. I. lig. 7-S.)
1903. — Carijo[ili[illia anlarctica E. \on Maipiizell<;r, ]\Iaclreporaiia und Ilydiocorallia,
Rrsiiltats du voyage du S. Y. « Bolgica » en 1897-98-99, Zoologie, p. 1.
1S99. — Carijophijllia anlarclica, E. von Marcnzeller, Steinkorallen, Wissenschafll.
Ergebn. der deuhehen Tiefsee-Expedilion aiif dem Dampfer « Vnldivia « 189S-
1899. Bd. VII, 3to Lief., p. 293, Taf. XVI, fig. 7.
1910. — CarijoiihiiUia anlarclica Pax, Die Slcinkorallen. Dcuhche-Sûdpolar Expedilion
1901-1903, Bd. XII, Zoologie, lY, p. 65, Taf. XI, fig. 1.
Un seul exemplaire, en partie brisé, de cette espèce et don! la hauteur
est de 33 millimètres, provient du dragage XX (12 janvier 1910. Profon-
deur : 460 mètres, l'ond : vase sableuse, nombreux cailloux. En bordure
de la banquise. Latitude : 70° 10' S. ; longitude : 78° 30' W. 1.
Le p(klicelle qui s élargit graduellement, de la plaque basilaire à la base
du calice, a j millimètres de hauteur; son diamètre, dans la région
moyenne, est de 3 millimètres. Sur la muraille recouverte de fines granu-
lations, les côtes ne sont visibles (|ue dans la partie supérieure du calice,
où elles constituent des séries transversales de saillies inégalement déve-
loppées (IM. I, fig. 7). Le bord libre du calice est fortement denté ; les
pointes saillantes correspondent aux côtes et ne présentent pasentre elles
de grandes inégalités de développement. Les septes sont très serrés les
uns contre les autres ; lorsqu'on regai'de l'ouverture du calice, on
n'observe pas de difTérence appréciable de développement, dans le sens du
rayon entre les septes des quatre premiers cycles; seul, le cinquième cycle
est beaucoup plus réduit que les autres dans ce sens. Ces septes sont très
irréguliers de forme, avec de grosses crêtes transversales particulièrement
développées au voisinage de la columelle, où il se constitue ainsi de
petites cavités délimitées de tous côtés, sauf vers le bord libre du septe.
Dans le voisinage de la muraille, on observe surtout de grosses granula-
tions alignées transversalement, parallèlementaux zones d'accroissement.
La columelle est fort développée et appartient au type chicoracé(Pl.I,iig. 8),
et elle est soudée aux septes des quatre premiers cycles'; son sommet s'a-
vance jusqu'à 0 millimètres du plan du bord lil)re du calice; on ne dis-
tingue pas nettement les lobes seplaux.
Expedilion Charcot. — Gravier. — Minlivporairu.s. 17
130 MA D R ÉPO RA 1 RE S.
Bien quo cet exemplaire soit très mutilé, qu'il ait été recueilli mort
depuis assez longtemps vraisemblablement, je crois devoir le rai)porter à
\a Cari/ophi/llia antarrticaMarenzeWer , à cause de l'ensemble de ses carac-
tères et particulièrement à cause du peu de consistance du squelette, de
la forme irrégulière du calice, du grand développement de la columelle,
dont certaines parties s'intercalententre lesseptes et dont la partie supé-
rieure est à 0 millimètres seulement du plan du bord libre du calice et,
enlin, à cause des crêtes si développées sur les septes des trois premiers
cycles.
Des fragments de spécimens decette espèce ont été trouvés en premier
lieu par la a Belgica », en deux stations :
10 j 1 mai 1898; 71° 09' latitude S. ; 89° 15' longitude \V.;
20 8 octobre 1878; 70o 23' latitude S.; 82o 47' longitude W.
La même espèce a été draguée par la « Valdivia », à l'est de l'île Bou-
vet, à 567 mètres de profondeur. Elle a été également rapportée parle
« Gauss », qui la recueillit au Gaussberg, à des profondeurs comprises
entre 46 et 170 mètres. L'existence de la CaiijQplujllia antarctica Maren-
zeller à des latitudes aussi largement dillérentes les unes des autres
porte à croire que cette espèce est circumpolaire.
Caryophyllia sp.?
^l'l. K lig. y-io.)
Deux squelettes de Coraux morts depuis longtemps quand ils furent
dragués, en très médiocre état de conservation, ont été recueillis par le
<( Pourquoi Pas ? » en bordure de la banquise (latitude : 70° 10' S. ; lon-
gitude : 780 30' ^v. ; fond : vase sableuse, nombreux cailloux), le 12 jan-
vier 1910, il la profondeur de 460 mètres.
Le plusgranddesdeuxexemplairesa une hauteurde21millimètres(PI.I,
tig. 9). L'ouverture presque circulaire du calice a 18 millimètres de dia-
mètre. Le pédicelle est brisé à son sommet, où il mesure 2in'",o de dia-
mètre. L'axe de symétrie du Polypierest un peu incuivé. La muraille pré-
sente des côtesdélimitées par des sillons assez profonds, en partie condjlés
parla vase dans laquelle le Polypier a séjourné, et des bourrelets transver-
saux séparés par des dépressions peu profondes correspondant à des
MADRÉPORAIRES. 131
pi'i'iodos (raccroissement. Le bord libre du calice, (Mici'oùté en (juelques
points de lîryozôaires, parait être sensiblement plan. A l'intérieur, il ne
reste plus des septes, an nombre de 50, que les bases d'insertion; le
cinquième cycle est donc fort incomplet. Les septes des trois premiers
cycles au moins se fusionnent avec la columelle très développée et de
type chicoracé (PI. I, fij;. 10).
Dans le second exemplaire, un peu moins mal conservé, l'axe est plus
fortement incurvé que dans le précédent. Le pédicelle a o millimètres de
grand axe à sa Ijase d'attache et 2™'n,o de hauleur. La hauteur totale de
ce spécimen est de 1 i millimètres ; le diamètre de l'ouverture du calice est
de 16 millimètres. La partie supérieure du calice est recouverte, sur la
face interne, d'undépôtqui masque les septes les plus récemment formés,
de sorte que 28 seulement d'entre eux sont apparents. La plupart d'entre
eux s'attachent à la columelle, qui tient une très grande place dans le
calice et qui se montre constituée de lames à surface ondulée, présentant
entre elles des points de soudure. La paroi de la muraille partiellement
couverte de Bryozoaires est ici notablement plus mince que celle de
l'exemplaire précédent.
L'état très médiocre de conservation de ces matériaux rend impossible
toute détermination précise, étant donné surtout qu'il ne r(>s(e pi'csque
plus rien des septes. Toutefois, à cause du développement énorme de la
columelle etde ses annexes, il est probable qu'il s'agit ici d'une Carijuphyl-
lia, mais très probablement pas de la Caryopltylliaoïitarctica Marenzeller,
dont le squelette est[)eu consistant. Cependant il y a une certaine ressem-
blance entre la forme du plus petit spécimen du « Pourquoi Pas? » et celle
de l'exemplaire de la « Valdivia >• figuré sous leno7c/, Planche X^'l, dans
le mémoire de E. von Marenzeller ; mais cette similitude est sans impor-
tance, à cause du polymorphisme delà i\tri/opln/llia nntarctira.
29 ianviei- (914.
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PI. I
(Clichés Cintract)
Piiototypie G. Chivot
Fig. 1-i. : Desmophyllum antarcticum Gravier - Fig. 5-6.: Flabellum Thouarsii Milne Edwards & Haime
Fig. 7-8.: Caryophyllia antarctica Marenzeller. - Fig. lJ-10. :Caryophy llia sp?.
Masson & C''. Editeurs
EXPLICATION DE LA PLANCHE
Fig. l-I. — Dcsmophijlliim anlarclicum Gravier.
1. — Le calice, vu de profil, avec la couronne de tentacules à la partie supérieure. Gran-
deur naturelle.
2. — Partie supérieure àuDesmophijlhim anlarclicum, avec la couronne de tentacules;
on aperçoit les parties internes de quelques septes, à l'intérieur du péristome.
Grandeur naturelle.
3. — Le calice, vu en dessus, sans les parties molles, avec les divers cycles de septes. Gros-
sissement : 2.
4. — Autre exemplaire recueilli mort et en partie brisé. Grossissement : 2.
Fig. 5-6. — Flabelhiin Thoiiarsii Milne-Edwards et Haime.
5. — Le calice, vu de profil. Grossissement : 2.
6. — Le même, vu en dessus, avec les divers cycles de septes. Grossissement : 2.
Fig. 7-8. — Canjophyllia anlarciica Marenzeller.
7. — Le calice, vu de profil. Grossissement : 2.
8. — Le même, vu en dessus ; une notable partie de cette partie inférieure du calice
manque. Grossissement : 2.
Fig. 9-10. — Caryophyllia sp.?
9. — Le calice, vu ds profil. Grossissement : 2.
10. — Le même, vu par la face supérieure. Grossissement : 2.
CORBEIL. — IMPRIMERIE CRÉTÉ,
HYDROIDES
Par Armand BILLARD
AGi\Éi;É, iioc.TErn Es sciem'.ks
Los Ilydroïdcs récoltés par M. le D" J. Liouville pendant la deuxième
expédition française dans l'Antarctique, commandée par M. le D'Cliarcot,
et faite à bord du « Pourquoi Pas? », comptent 17 espèces, dont 4
nouvelles. Parmi celles-ci, il existe une forme très curieuse, le Sacco/nj-
dra jirnJileniatica^ pour laquelle j'ai été obligé de créer un genre nouveau
et dont la place dans la systématique est incertaine.
A part ces espèces nouvelles et une forme à laquelle j'ai donné le nom
de Sertularella Naffi/);/!, toules ont été déjà trouvées dans les mers antarc-
tiques par les expéditions étrangères précédentes. Le So'tularel/a Nuftinr/i
a été antérieurement recueilli une seule fois, loin de l'Antarctique, dans
le golfe du Mexique, au voisinage des côtes.
Une seule espèce, le Polyplammia antarctka Jiiderh., est commune
aux deux expéditions françaises antarctiques.
Voici la liste des espèces recueillies avec l'indication des expéditions
qui les ont précédemment trouvées :
Eudendrium ramosum (L.) (« Gauss » et « Nimrod »).
Tubularla antarctlca n. sp.
Saccohydra problematica n. g., ii. sp.
Halecium antarcticiim Vanhôffen (« Gauss »).
Ophiodes arborens (AUm.) (« Discovery » et « Nimrod »).
Rebella striata (Allm.) (« Scotia » et « Gauss »).
Lafœa gracillima (Aider) (« Scotia » et « Gauss »).
Filellum serpens (Hassall) (« Gauss »).
CampamiUna belgicee Hartl. (« Belgica », « Gauss » et « Nimrod »).
Laja-ina longitheca Jaderh. (Expéd. suédoise, « Discovery » et « Nimrod »).
Staurotheca antarctica Hartl. (« Belgica », « Gauss »).
Sertularella antarctica (Allm.) (Expéd. suédoise, « Discovery » et « Gauss »).
Sertularella bifurca n. sp.
SertnlareUii gUivialis .laclcrh. (Expéd. suédoise, « Nimrod^»).
Sertularella Llouvlllei n. sp.
Expédition Cfiarcot. — Billaud. — Hyilroldes. ^
HYDROÏDES.
Sertularella Niittingi n. nom.
Polypliimaria antarctka Jaderh. (Expéd. suédoise, «Français», «Gauss»?).
GYMNOBLASTIQUES
Fam. EUDENDRIID^.
Eudendrium ramosum (Linné).
Tubidaria ramosum Linnk [1738], p. 80'i.
Eudendrium ramosum (L.) Ehrenberg [ISo'!], p. 296.
Eudendrium ramosum (L.) Hincks [1868], p. 82, PI. XIII.
Eudendrium ramosum (L.) Allman [1871-1872], p. 332, PI. XIII.
Eudendrium ramosum (L.) Hartlaub [1904], p. 9, Taf. I, fig. 3.
Eudendrium ramosum (L.) Vanhôffen [1909], p. 288, fig. 13.
Eudendrium ramosum (L.) Ritchie [1913], p. 12.
Les colonies qui ont été récoltées sont dépourvues de leurs liydranthcs,
mais elles répondent à la description qu'en a donnée Vanhôffen, et, si les
rameaux présentent des annulations à leur base, celles-ci sont très rares
sur les tiges ; ces annulations ne sont d'ailleurs pas aussi régulières que
dans la forme de la IVIanche. Les colonies du dragage XVI, qui atteignent
jusqu'à 4 centimètres, sont faiblement polysiphoniques à la base, comme
dans la forme des côtes européennes d'ailleurs, tandis que les colonies du
dragage VIII, qui ne dépassent pas 3 centimètres, montrent une poly-
siphonie plus marquée et correspondraient alors à la forme E. raivoiim^
qui n'est qu'une variété de l'^". ramosum.
Le diamètre de l'hydrocaule varie entre 1 lU et 135 <j.\ il est plus failjle
que celui de la forme de la Manche, où il est de 135 à 255 [>. ; dans l'échan-
tillon de la « Belgica » il atteint 185 [j. et dans celui du « Gauss » 120 [/.
environ (Ij.
Loc.\LiTÉ. — N° 87. — Dragage VIII, 20 janvier 1909. Baie Marguerite,
Profondeur : 170 mètres. Température : -\- 0'\2 au fond.
(1) Vanhôffen pense que VEikIuikIi ium de l'expédition du •' Français » doit être attribué à
l'espèce E. ramosum et non à l'espèce E. capillaie. J'ai revu ces échantillons; ils sont petits
et ne dépassent pas 1"",5; leui' tige ne présente aucune trace de polysiphonie à leur base;
le diamètre de l'hydrocaule varie aussi entre 110 et 13o <j.. l'eut-ètie s'agit-il de jeunes colonies
d'Eudendriuin riimosum (L.); mais il est dil'licile d'être affirmatif en l'absence d'individus sexués;
il n'y a cependant aucune impossibilité à ce ((ue VEudendrium capitlare soit représenté dans les
régions antarrliques. '
HYDROIDES. 3
N« 721. — nragai;p XVI. 9 décombro 1!»09. Port-Forster (île
Déception), <)2o 00' S..«j3oO()' W. Paris. Profondeur: 170 à 1 iO mètres.
Vase. Température : -\- lo,Oii' au Ibnd.
DisTiuBiTioN GKOGRAPHiQCE. — Cette cspècc est connue dans les mers du
Nord de l'Europe et sur la côte atlantique, où elle a été citée par de nom-
breux auteurs; elle a été signalée au Nord de la Sibérie : Framsund et
mer de Nordenskjôld [Jadehholm (1908)]; dans la Méditerranée (Heller
1I8O8), Mark TANNER (1890), Motz (190oj]; dans la mer Noire [Kudelin
(1909)j; dans la mer Rouge [Thornely (1908)]; sur la côte atlantique,
américaine [NrrriNc. (1901), Iïargitt(1908), Fraser (1912)] ; aux Bermudes
rCoNGDON (1907)]; enfin dans les régions antarctiques [IlARTLAru (1904),
en différents points; Vanhôffen (1909), à Gauss-Station, 38o mètres;
RiTCHiE (1913), à Capo Royds et Mac-Murdo Sound, 7-00 fath.].
Jaderholm (lOOo) a signalé la forme E. rameum à la Géorgie du Sud et
a donné la répartition géographique de cette variété dans un de ses
mémoires (1909).
Fam. TUBULARIID^.
Tubularia antarctica 11. sp.
Les individus récoltés étaient séparés de leur hydrorhize ; aussi ne
puis-je indiquer leur disposition d'ensemble ; maisje pense qu'ils naissent
isolément ; ils atteignent au maximum 4 centimètres ; les hydranthophores
(fig. \) ne sont pas ramifiés et sont plus étroits à la base (420-500 p.)
(|u"à leur partie distale ( 1 350-1 400 ;j.)( 1 ) . Ces hydranthophores présentent
j)()ui' la plupart, de distancée en distance, des lignes d'articulation
transversale, visibles à l'œil nu ; d'après leur aspect, ce sont manifes-
tement les lignes suivant l<>sqaelles dilVérents hydranthes se sont
détachés; elles indicpient ainsi des régénérations successives. Le
périsarque est épais, rigide, sauf immédiatement au-dessous de l'hy-
dranthe, où, sur une longueur de 1 300 à 1600 y., il est mince et défor-
mable, de sorte que le poids de l'hydranthe détermine sa courbure,
et l'hydranthe est penché vers le bas.
(1) H s'agit (le la partie rigide du périsar(iue Voir |)ius loin).
4 HYDROÏDES.
Le périsarque rigide est en partie lisse, en partie pourvu d'annulations,
ou mieux présente des ondulations irrégulièros séparées par des sillons;
le dessin à la plume et avec un faible
grossissement ne rend pas parfaitement
compte de cette particularilé ; les sil-
lons sont plus larges que la simple
ligne transversale qui permet de les
représenter.
La partie amincie du périsarque
se termine distalement par un léger
Fis
I. — Tuhii/(iri(t antaictica, n. sp. x 4-
Fis.
Gonophores du TuhiiUiria tminrriico,
n. sp. X 30.
bourrelet séparé de l'hydranthe par une constriction linéaire circiilaire.
L'hydrantlie est pourvu de 2o tentacules proximaux environ, ayant
0 à 6 millimètres de longueur; les tentacules distaux, (pii atteignent
jusqu'à 1"^™,7, sont au nombre d'une cinquantaine, difficiles à compter,
car ils sont serrés les uns contre les autres et insérés en dedans les
uns des autres; à la base on en trouve parfois quelques-uns qui sont plus
courts.
On compte environ huit blastostyles portant des g<uiophores; ceux-ci
sont sphériques ; mais les gonophores 9 adultes peuvent être légèrement
renflés à l'équateur (fig. 2); de plus, ils montrent en outre, à leur pôle
distal, trois, quatre ou même cinq tentacules, tout à fait rudimentaires,
tandis que les gonophores çf en sont dépourvus ou présentent seulement
de faibles saillies distales. Les blasosttyle^ dressés atteignent 3 à 4 mil-
HYDROÏDES. 5
liiiir'li'cs tic hauleiii', avec 10 ;i 17 i^onopliorcs, donl les plus gros ont de
(iOO à 800 y. de diamètre. A lintérieur des gros gonophores 9 ^ on voit au
plus deux gros œufs, et les territoires peu nettement délimités qu'onaper-
eoit à l'intérieur des gonophores après éclaircissement par la glycérine
acétique sont constitués par les œufs, par la masse d'oogonies non en-
cor(^ incorporées et par le spadice, comme on peut s'en rendre compte à
l'aide découpes.
IficKSiiN et GuAVFj,Y 1 1 007) ont décrit quelques Tubulaires de l'Antarc-
ti(jue, mais notre espèce est diiïérenle ; elle se rapproche de l'espèce
décrite par ses auteurs sous le nom de Tiihnkma Ralplii Baie, dont les
hydranthophoressont semblahlement rétrécis à la base; elle lui ressemble
aussi par le nombre et la disposition des tentacules ; mais, chez le
Tuhular'ia aniaictka, les hydranthophores sont finement anneb's, et les
gonophores sont sphériques au lieu d'être [Mriformes.
Localité. — N^s 077 et 083. Basse mer du 26 décembre 1909. Baie
de l'Amirauté, 62° 12' S., 00° ;i:i' W. Paris.
INCERT^ SEDIS.
Saccohydra problematica n.g-., n. sp.
Sous ce nom, je décrirai une forme très spéciale que je l'apporte avec
doute aux Hydroïdes gymnoblastiques; je ne peux, en effet, la caractériser
complètement, à cause de l'insuffisance du matériel en ma possession.
Celte espèce se présente sous la forme de |)olypes isolés, dressés sur une
hydrorhize rampant à la surface d'un fragment de coquille de Lamelli-
branche. A la base de l'hydranthophore (fig. 3, A) se voit un renflement
cylindrique pourvu de fines stries longitudinales et circulaires ; il se con-
tinue par une partie conique, striée aussi, et qui graduellement passe à
l'hydranthophore proprement dit; cette dernière partie, cylindrique
aussi, séparée de la partie conique par une sorte de diaphragme, est
allongée, rigide sur sa plus grande longueur, mais mince et déformable
dans sa partie supérieure. Enfin, à une petite distance de la base de
l'hydranthophore, se trouve dans l'hydrorhize des diaphragmes qui
isolent ainsi chaque polype.
6 HYDROIDES.
L'hydranthe f^lobuloux (fig. 3, 15) (L'Imlc par une |)artie rétrécie ; les
grands liydraiilhes sont pourvus de 18 à 22 tentacules; ce nondjre
s'abaisse à 12 chez les petits. Les deuxgros hydranthes que j'ai examinés
montrent, à la base des tentacules, des sacs
creux et allongés, vraisendjiablement au
nombre de quatre ; on aperçoit aussi à
l'intérieur des replis, mais lacoupe optique
ne p{M'ni("t pas d'en apercevoir plus. Aussi
ai-jc sacfilicr un de ces gi'os polypes p(mr
en taire uni- coupe longitudinaic ('etie
coupe (lig. 'i) montre la réaliti'' de <'es sacs
situés à la base des tentacules, mais de plus
elle montre la présence d'une cavité digeslive
divisée en deux étages : un inférieur, indi-
I''ig. 3. — Saccntnjdra /trolj/ciiidlicn , n. sp.
A, base de riiyilranllio|iliuii' ; I!. Iiyilr.nillir
(un peu aplati) x H-'j.
I'"i^^ l. — Coupe loiiKitudinale ilc riiyilranllie ilii
Saccolujdru prob/e/iialica, n. sp. x 100 (pei'peinli-
euliiiieiuenl au sens de l'aplalisseinenl acci-
dentel).
vis, limité par une rangée de cellules endodei'miques régulièrement dis-
posées, et un étage supérieur à la paroi ducjuel sont appendus les sacs
tentaculaires ; de plus, cet étage supérieur montre des prolongements
compliqués de la paroi endodermique.
Kn suivant la séi'ie des ct)Upes, j'ai obsqrvé un canal faisant communi-
HvnRoïDns. 7
qiifM' ('(>l (''tai;(' sii|)(''i'm'ui' iivrc la cavili' iiircricni'c ; 11 y en a sans dwitc
plusieurs. Los sacs sout pourvus d'une cavité centrale; la ligure ne le
uionlre pas, la coupe étant tangentielle; maiscette cavit('' peul ('Ire oltser-
\ée (juand ou suit la série des coupes. .l'ai vu de plus, pour un de ces sacs,
cpie sa cavité communique par un canal étroit avec la cavité digostive
inférieure; dans celle-ci, comme dans la cavité des sacs, existent des
suiîslances eu voie de digestion on iirovenant de la digestion. Sur une
partie i)lus ou moins grande de leur étendue, ces sacs sont séparés tle la
paroi et entourés par un (''pith('dium aplati.
La bouche, autant qu'on puisse en juger, est infundiinditorme et située
entre ces sacs.
Dimensions :
Largeur de l'hydrorhize 70-95 ;x
Hauteur de la partie cylindro-eoniqui' basai de riiydranthophore.. . . 3i0-780 y.
Diamètre de la partie cylindrique de riiydraiithophore 200-285 a
Longueur de la partie étroite et allongée de l'iiydranthopliore 2""", 5-7'"™, 3
Diamètre de la partie étroite et allongée de l'hydranthophore 55-70 a
Hauteur des grands hydrantlics (1) 755-875 a
Largeur des grands hydranlhes (maximum) (2) (J75-740 [a
Cette forme curieuse montre des afiinités avec les Acalèplies par la
présence des sacs tentaculaires comparables aux poches gastriques et par
l'existence de prolongements endodermiques à l'intérieur de l'étage supé-
rieur de la cavité gastrique ; c'est peut-être à ce groupe que cette forme
sera rattachée, quand de nouvelles recherches, portant sur des individus
mieux conservés et sur des coupes dans les deux sens, transversal et
longitudinal, auront permis de compléter les données quej'apporte dans
cette contribution.
LocALiTK. — No ~'.)H, provient prol)al)lemeiit d'une opération laite entre
le dragage XVlll [()2.o 1 1' S., (iO» oii'W. I\) et ledragage XX(70o 10' S.,
80° 50' W. P.j.
Fam. HALECIID.^.
Halecium antarjticum Vanhôllen.
Halecium antarcticum Vanhôffen [1910], p. 317, fig. 31.
(1) De la base jusqu'au sommet des sacs.
(21 11 faut tenir compte que l'hydranlhe a été un peu aplati dans la préparation.
HYDROIDES.
J'attribue h cette espèce une colonie de 15 centimètres de hauteur irré-
gulièrement ramifiée, dont la tige et les
branches sont polysi])iioniqiîes, sauf à leur
extrémité. Les entre-nœuds et les hydrantho-
phores concordent avec ce qu'en dit Vaniiôi--
l'EN , et leurs dimensions sont les mêmes,
mais je pense que cet auteur n'a pas remar-
qué que les hydranthophores annelés ne sont
pas primaires; leur base représente, en efTet,
l'hydranthophore primitif, tandis que leur
partie dislale plus allongée est née, par
régénération après la mort de l'hydranthe,
au fond de i'hydrothèque primaire, dont on
aperçoit les restes, parfois peu apparents
(fig. 5); à l'origine, les pédoncules ainsi nés
par régénération sont annelés; en général,
il y a deux annulations irrégulières, mais il
peut aussi y en avoir davantage. Cet allongement des hydranthophores
par régénérations successives est d'ailleurs un fait très fréquent chez
les espèces du genre Halcciuin.
Des annulations du même genre existent au-dessus de la cassure d'un
entre-nœud suivie de régénération, comme on peut le voir (fig. 5).
Les gono[)hores manquaient à notre exemplaire.
Fifï- •"i. — Hiileciiim aitlurrlicuin
Vaiiliiill l'iiîlic il'un laiiieau x 31.
Localité. — N^ S7. Dragage VIII. lîaie Marguerite. Profondeur :
17() mètres. Température : + Oo,2 au fond.
Ophiodes arboreus (AH mon).
Haiccium robusium Allman [1888], p. 10, PI. I, fig. i-3 (1).
Hakcium arboreiim (Allm.) Hickson et Gravely [1907], p. 27, Pi. IV, fig. 27-29.
Opltioilcs (irhorcus (Allm.) Bii.laud [1910], p. 4.
Ophiodes arboreus (Allm.) Ritciiie [19l;J], p. 15, fig. 2-3.
(^ette espèce est représentée dans la collection provenant du « Pourquoi
(1) Ai.i.MVN lui-même a [•ompiacé ce |iieinicf nom par celui de Uakcium arboreum dans une
noie de l'explication de la planche. '
HYDROÏDES. 9
Pas? » par quelques fragments parl'aitementreconnaissables à la présence
des dactylothèques et des dactylozoïdes. Ritchie a observé, ce que je puis
confirmer, que l(> plus souvent seule l'hydrothèque est libre et que par-
fois, généralement à la base de l'hydroclade, il existe un court hydran-
lliopliore.
Dans certains cas, on peut croire que l'hydrothèque est même soudée
au rameau, mais ceci n'est peut-être qu'une illusion et tient sans doute à ;
l'inclinaison sous laquelle on la voit. j|E
Les dimensions données par Ritchie pour la largeur des hydrolhèques
sont plus grandes que celles que j'ai indiquées pour l'espèce type; mais ;:
ces dimensionsparaissentvarierdans des limites assez étendues, puisque,
sur un même fragment, j'ai trouvé comme largeur de la plus petite hydro-
thèque 200 ix, tandis que la plus grande avait 300 y..
Localité. — N^ iO. Dragage V. 29 décembre 1008. Milieu du chenal
Peltier, entre l'îlot Gœtschy et l'île Doumer, Profondeur : 92 mètres, vase
grise et gravier. Température : + 0°, 1 au fond.
Fam. LAFCEID.<E.
Hebella striata .Vllman var. plana Rilchie.
Hebdla striata Allman [18S8], p. 30, PI. XV, fig. 3, 3 a.
Hebella striata AUm. var. plana Ritchie [1907J, p. 530, PI. I, fig. 8.
Les spécimens recueillis sont fixés sur le Staurotheca antarctka et pos-
sèdent les caractères de l'espèce, mais il s'agit de la variété à hydrolhèques
lisses décrite par Ritchie. Les dimensions se trouvent dans les limites
indiquées par cet auteur et par V.v.\hôiten (1910). Le bord des hydro-
thè(iues montre aussi des stries d'accroissement.
Dimensions :
Longueur des hydrothèques 1 050-i 225 (i
Largeur des hydrothèques à l'orifice 280-300 \t.
Longueur des hydranthophores 260-610 jx
L(»CALiTÉ. — Dragage VTIL 20 janvier 1909. Raie Marguerite. Profon-
deur : 170 mètres. Température : -}- 0^,2 au fond.
Expédition Charroi. — Uiilahh. — llydroïdes. ~
16 HYDROÏDES.
Distribution GÉOGRAPHIQUE. — l'ort-Famino, détroit, de Magollan, IO-K;
falh. [Allman]; Bahia Inutile, 20-30 Faden [Jaderikh.m (1003), p. 275j-,
île Longue, Smith canal^ 8 Faden; îles F'alklands, Port-Stanley [Haiitlaub
(1905), p. 1)88, %. K2j; Ikirdwoodbank; au sud des îles Falklands, 137-
150 mètres [Jaderiiol.m (1905), p. 19^, et Ritciue (1907), p. 539 1; au
large de la Terre Coat : lat. : 71° 9' S.; long. : 22° W., KU fatli. [Ritciue
(1907), var. plana]: île Kerguelen, baie de robservatoire [Vamiôfeen
(1910j, p. 313J. Près de Gauss-Station [ Vamiôffen (1910j, p. 31 i, var.
plana] .
Lafœa gracillima (AMer).
Campanularia gracillima Alder [1857], p. 39, fig. 5-6.
Lafœa gracillima Aider, Sars [1873], p. 27, Taf. IV, fig. 19-21.
Lafœa gracillima Aider, Jaderiiolm [1905], p. 21, Taf. IX, fig. 2-3.
Lafœa gracillima Aider, Broch [1907], p. G, Taf. I, fig. 2.
Lafœa gracillima Aider, Broch [1908], p. 33, fig. 5.
Lafœa gracillima Aider, Broch [1909], p. 156, fig. 17-18.
Lafœa gracillima Aider, Jaderholm [1909], p. 71, Taf. VII, fig. 6-8.
Quelques petites colonies ne dépassant pas 12 millimètres de hauteur,
fixées sur une coquille de Lamellibranche ; une seule montre le début
de la polysiphonie ; les autres possèdent une tige monosiphonique.
Les hydrothèques présentent les caractères de Tespèce qui ont été bien
mis en évidence par Broch; elle se distingue du Laftra fndicosaM. Sars
non par le nombre d'annulations obliques de Thydranthophore, mais par
la forme des hydrothèques; chez L. gracillima, l'hydrothèque, presque
cylindrique, est fortement ou à peine concave du côté inférieur, tandis que,
chez le L. frnlicosa, l'hydrothèque, renflée dans son tiers inférieur, va en
se rétrécissant un peu vers la partie distale et, en outre, elle est plus
nettement séparée del'hydranthophore. Baocii a de plus montré les varia-
tions de ces deux espèces; chez le L. gracillima il distingua une forme
typica et une elegantala ; la première est cosmopolite et la seconde connue
seulement dans les régions arctiques; c'est à la première que je rapporte
les échantillons du » Pourquoi Pas? » ; les annulations de rhydranllio-
phore sont bien marquées et au nombre de deux à trois.
Dimensions :
HYDROIDES.
II
Hautpur dos Iiydrolliôquos (1) 675-780 ja
Largeur des hydrullu'cjues (à rorificp) 190-200 \x
LocAi.iTi:. — N'oTilS. l'i'ovit'iit pi'oh;il)loiii('nt d'iino opération faito entre
le dragage XVIII (()2o 1 1' S., OOo 5o' W. \\) et dragage XX (70° 10' S.,
SUooO'W. IM.
DisTKiiuTKiN i;i;im;uai'iiiqle. — Je renvoie ponr celte question à l'ouvrage
de.Um-KiiOLM (1009) et au mémoire de Ritchie [(1910), p. 8]. Cette espèce
a été déjà signalée dans ces régions antarctiques par Ritchie (1909) et par
YAXHÔFtEN (1910).
Filellum serpens (Hassall).
Campanularia serpens Hassall [1S'i8], p. 222.1.
Fili'Iliim scrpciis (Has.sall) Hincks [18G8], p. 21i, PI. XLI, lig. 4.
Je rattache à cette espèce (2) très répandue une
forme croissant sur le Sei'lukwcllu Nutùngl ; je ferai
remarquer cependant que la partie libre est plus
allongée; mais cette espèce est très variable sous
ce rapport, comme l'a montré Bnucn (190!)). De
plus certaines hydrothèques montrent des stries
d'accroissement ; ce fait a aussi été signalé par
IlARILAri! (190jj.
Dimensions :
f=^
Fiy;. C. — Filellum ser-
pens (Hassall) x iiO.
Hauteur des hydrothèques (:!) 470-540 [j.
Largeur des hydrothèques (à l'orifice) 1(30-190 a
Ces dimensions sont plus fortes que celles de l'espèce de nos côtes de
la jManche; elles rem|)0itenl aussi sur les dimensions déduites delà
(Il CeUe longtieu]'. non compris rhyilianliiophore, est ccjmptée à partir de la dernière annu-
lation et du cnlô ventral.
(2) .\ propos de cette espice, je leclilierai une erreur que j'ai commise dans mes premières
reclierches. .le cite, en cU'et, (1904, p. 104), comme Laf'œu ((îrammarici) abictiiia une forme qui
apparlienl manireslomcnt au FilcUtun serpens, tandis que (p. lôil) l'espèce appelée Lafœa serpens
doit être rapportée au lulelluiii cxpansuin Levinsen; mais cette forme avait été à tort placée
dans les llydioidi's ut diirérents auteurs [Brocii (I909i, Dons (I9l0i, Kuamp (1011)] ont montré
qu'il s'agit ilf tubes ciiilineux vides d'un Infusoire cilié du genre Fulliculiiia; Dons [l'Hi, p. 81)
considère celle espèce comme éunt le Fulliculina ampulla (l).-!'. Mullei).
(3) Il s'agit de la partie dressée, mesurée à partir du stolon. (Juand il y a des slries d'accrois-
se nant, cette hauteur peut atteindre jusqu'à 740 a pour ies hydrothèques examinées.
12 HYDROIDES.
ligure de Jadeiukilm (190a) ; mais elles concordent assez Ijien avec celles
tirées de la figure de Hartl.vub [(190"3), p. 590, exemplaire de Juan-Fer-
nandez].
Localité. — N» 87. Dragage VIII, 20 janvier 1909. Baie Marguerite.
Profondeur : 170 mètres. Température : + 0o,2 au fond. Sur Serlularel/a
Nutthigi.
Distribution géographique. — Jadebholm |(i909), p. 70] donne la répar-
tition géographiqu(î de cette espèce très répandue. Elle était d'ailleurs
connue dans les régions subantarctiques, où J^deriiolm (190o) la signale
(p. 22) à la Terre do Feu (embouchure du canal du Beegle) et au Hurd-
woodbank (au sud des îles Falklands). Vanhôffen [(1910). p. 311] est
le premier qui la signale dans les régions antarctiques, à Gauss-Station
(Profondeur : 350-385 mètres).
Fam. CAMPANULINID^.
Campanulina Belgicae Hartiaiib.
Campanularia Belgicœ Hartlaub [1904], p. 10, PI. I, fig. 8-9.
Campanulina Belgicœ HarLl. Vanhôffen [1910], p. 308, fig. 28, a, b, c.
Campanulina Belgicae Hartl. Ritchie [1913], p. 24.
L'espèce recueillie dans l'oxpédition du « Pourquoi Pas ? » recouvrait
la basede l'hydranthophore du TuhuJaria antarctica. Elle correspond par
ses dimensions et ses caractères à la forme dessinée par Vanhôffen
(dans sa fig. 28, h). Il s'agit sans doute d'individus jeunes ou nains, car
Vanhôffen a trouvé côte à côte avec eux des exemplaires normaux.
Localité : N°677. Basse mer du 20 décembre 1909. Baie de l'Amirauté.
02° 12' S., 00" 55' W. P.
Lafœina longitheca Jaderholm.
Lajœina longitheca Jaderholm [19G'i], p. iv.
Lajœina longitheca Jaderholm [1905], p. 20, Taf. VIII, fig. 1-2.
Lafœina longitheca Jâderh., Hickson et Gravely [1907], p. 29, PI. IV, fig. 31.
Lafœina longitheca Jâderh., Ritchie [1913], p. 25,
s
HYDKO'iDES. 13
Quelques hydrothèquos do cette espèce antarctique se dressent sur une
colonie de lîryozoaires (n° 7o8); elles possèdent les caractères (|ui ont été
donnés par J.vdeiukilm. UiTciiii:a indiqué les variations présentées par cette
espèce sous le rapport des dimensions, et il a montré qu'elle n'était pas
aussi grandement séparée du Lapri/i/i tenuis Sars des régions arctiques
(|ue Jadekikilm le croyait, d'après l'examen des premiers exemplaires.
Sous le rapport des dimensions, les échantillons du << Pourquoi Pas? »
se rapprochent de ceux de l'expédition suédoise par la longueur des
hydrolhèques et la longueur des dactylothèques, mais par la largeur des
hydrothèques ils ressemblent à ceux de la « Discovery » et du « Nimrod ».
Dimensions :
Longueur des hydrothèques et hydranthophores 675-1400 |jl
Largeur des hydrothèques (partie moyenne) 135-175 a
Longueur des dactylothèques 95-190 <j.
Diamètre des dactylothèques (partie moyenne) 20-25 jx
Localité. — N° 87. Dragage VIII. Baie Marguerite, Profondeur :
170 mètres. Température : 0o,2 au fond (sur Haleciimi antarcticum).
No 7;)8. — Provient probablement d'une opération faite entre le dra-
gage XVIII (02° H' S., fiOoîiS' \V. P.) et le dragage XX (70° 10' S.,
800 50'W. P.).
Fam. SERTULARIIDiE.
Staurotheca antarctica Harllaub.
Staurotheca antarctica Hartlaub [1904], p. 16, Taf. I, fig. 4, Taf. II, fig. 4.
Staurotheca antarctica Hartl. Vanhôffen [1910], p. 329, fig. 43.
Cette espèce est représentée dans la collection du « Pourquoi Pas? » par
une belle touffe; elle forme une masse enchevêtrée parce que ses rameaux
s'unissent les uns aux autres grâce aux stolons qui les prolongent et qui
vont se fixer sur les rameaux voisins ; l'ensemble des ramifications figure
donc un réseau compliqué (fig. 7). Il n'y a pas trace de polysiphonie dans
les colonies observées, et le cœnosarque forme à l'intérieur un tube simple.
Par ses caractères comme par ses dimensions, elle correspond bien à
l'espèce décrite par Hartlaub ; les hydrothèques sont disposées en paires
décussées; leur partie libre est plus prolongée que chez le Staurotheca
14 HYDROÏDES.
diclwtoma Allm., et elles sont nettement plus petites (fig. 8); quand il
n'y a pas de stries d'accroissement, le bord est net, non évasé; quand il
Fig. 7. — Hluuvolheca anlarctica Hartl. Gi'. nat. Fig. 8. — Slauvollieca aniitrclica ilarti. Partie
d'iiydrocaule avec l'oiigine d'une faiiiillralion.
X 22,5.
y a des stries d'accroissement, il est rare que les bords soient très
légèrement retroussés, mais ce fait peut se rencontrer. Dans une vue de
profil, la partie libre des hydrothèques est plus élroile que la partie
soudée.
Dimensions :
Diamètre de l'hydrocaule (entre tes hydrothèques) 2.30-280 "ij.
Longueur de la partie soudée des hydrothèques 350 -'120 a
— — hbre des hydrothèques (1) 2,30-310 u.
Largeur des hydrothèques (à l'orifice) 150-190 |x
Ldc.vuTÉ. — No 87. Dragage VIII. 20 janvier 1909. Baie Marguerite.
Profondeur : 176 mètres. Température: -\- 0^,2 au fond.
CuMP.vu.visoN DES DIVERSES ESPÈCES DE » ST.vnutTiiEc.v ». — D'abopd jc défi-
nirai le genre Staurotheca en modifiant légèrement la diagnuse donnée
par RiTcniE (1907) : Ilydrocaule polysiphonique ou monosiphonique,
portant des hydrotlu'qiies dépourvues d'opercule^ disposées cii rangées
longitudinales et généralement groupées au môme niveau par deux ou
par trois, les hydrothèques d'un groupe allernant avec celles des groupes
situés au-dessous et au-dessus. Les gonanges sont de simples capsules
naissant de l'hydrocaule et sans marsupium externe.
(1) Il s'agit de la partie libre, sans tenir compte des stries d'accroissement ; autrement, dans ce
cas, elle peut atteindre jusqu'à 340 ;j., du moins pour les 'hydrothèques observées.
HYDROÏDES. 15
Le Slfun-othcrn (lirhoinimi Ai.i.man [( 1 888), p. 76, PI. XXXVI , tig. 1 , 1 «] ( 1 )
diffère du St. a)il(irrli<-(i, d'abord parce que ses colonies ont une indi-
vidualité mieux définie (le St. antarct'ica formant des touffes où il est
impossible d<' distinguer les unités) ; ensuite son hydrocaule est polysi-
phonique sur une étendue plus ou moins grande ; les hydrolhèques dis-
posées aussi par paires décussées sont plus fortes (fig. 0) ; vues de
Fig. 9. — Stuuiotheca dic/ioloina Alliii. rartie ilhyilrocaulc avec l'oiiginc dune ramification x 2i,5.
profil, elles paraissent cylindriques ; leur partie libre est moins saillante ;
je n'ai jamais vu dans le type d'hydrothèques sans stries d'accroissement;
ces stries sont très fines, souvent peu visibles; les bords de ces hydro-
thèques sont légèrement retroussés. Le ca^nosarque ne paraît pas cons-
titué par plusieurs canaux, autant qu'on en peut juger, les parties molles
étant mal conservées.
Allman dit que les branches se ramifient dichotomiquement, mais il n'y
a pas vraiment une dichotomie; la branche se courbe à l'origine d'un
rameau et les deux axes s'écartent l'un de l'autre. Les gonothèques sont
fusiformes et telles que je les ai figurées [(1910), p. 28, fig. 11]; elles se
détachent par paires au-dessous des hydrothèques ; on trouve le plus
souvent à la base des branches un orifice au-dessous de chacune des
deux premières hydrothèques, et ces orifices représentent le point
d'insertion des gonothèques.
Pour la comparaison, je donne ci-dessous les dimensions du Staarotheca
dichotonia Allm. type :
(1) Voir aussi BiiXARn [(1910), p. 27, fis- II. 12].
i6 HYDROIDES.
Diamètre de l'hydrocaule (partie polysiphonique) 875-1295 |j.
— (partie monosiphonique) (1) 490-630 [x
Longueur de la partie soudée des hydrotlièqucs 700-740 |j.
— — libre des hydrotlièques (2) 110-190 jx
Largeur des hydrotlièques (à l'orifice) 290-325 ;x
Longueur des gonotlièques 1400-1500 u.
Largeur des gonothèques (maximum) 740-780 \>.
Largeur des gonothèques (à l'orifice) 130-160 a
Jaderholm [(1 905) , p. 33, ïaf . XIV, fig. 1 2] adécrit sous le nom de St. dicho-
toma une forme qui, par son hydrocaule composée, ses hydrotlièques
peu saillantes extérieurement, correspond lùon à l'espèce d'ALMAX, mais
les dimension déduites de la figure donnée par Jadeuiiolm, en lenantcompte
du grossissement indiqué, sont plus faibles que celles de l'espèce type;
j'ai fait la supposition (1910) (|u'il y avait peut-être eu erreur dans l'indi-
calion du grossissement; si cette supposition n'est pas justifiée, à part la
saillie moins grande des hydrothèques à l'extérieur, les dimensions sont
voisines de celles du St. antarctica typique.
RiTcniE[(1907),p. 538, PI. I, fig. 1 a, 1 b] a créé une espèce, \eStaurot/ieca
reticu/ata, qui offre des caractères intermédiaires entre les ^7. dickotonia
etSt. antarctica:, comme cette dernière espèce, elle aune tige monosipho-
nique, mais d'un diamètre plus grand (500 ;i.) ; la partie soudée des hydro-
thèques et leur largeur ont des dimensions analogues; mais, comme chez
le.S/.c//V"/<«tom«,lapartie libre des hydrothèques est courte; les gonothèques
sont semblables à celles du 5»/. dichotoma type ; cependant leurs dimensions
sont plus faibles ; de plus, la tige du St. rcticulata olTre parfois des hydro-
thèques vcrticillées par trois, ce qui est très rare chez le St. dichotoma et
n'ajamais été observé chez le St. antarctica. Il est, je crois, possible de con-
server cette forme comme espèce distincte.
Vamiôffen (1910) rattache nwSt. antarctica une forme dont les hydro-
thèques ont des dimensions nettement plus grandes, tendant vers celles
^\xSt. dichotoma kWm. type ; mais la partie libre est beaucoup plus allongée
et, pour cette raison, il l'a rangée avec l'espèce de Harti-aii! ; la partie
soudée est moins longue que dans le St. dichotoma Allm. type ; les gono-
(1) Il s'agit encore là de la partie libre, sans tenir compte des stries d'accroissement ; autrement
dans ce cas elle atteint dans les hydrothèques observées jusqu'à 525 [x.
(2) Cette dimension est prise dans l'intervalle des paires d'hydrolhèques ; le plus souvent elle
varie entre 500 et iJOO \>..
HYDROIDES.
17
tlièqucs ont dos dimensions un |m'ii plus faibles aussi; inailieuiMnisement
N'amiuiikn n'indique pas si riiydrocaulr de ses éoiiantillons est polysipho-
niqueou non. C-etauteur place cnoutreen synonymie avec le Si. a/i/arrfira
\GsSrrlttlare//afa//av Hartl. et Sortidariaslolonifcva Tlartl. ; mais en accor-
dantqueces formes sont voisines, il vaut peut-être mieux attendre que des
découvertes ultérieures permettent de les faire mieux connaître ou de
les rayer définitivement.
En 1010, j'avais cru devoir rattacher au Slaiiiolhrai dicliohiiiKi Allm.
une forme qui n'avait pas été décrite par Allman et avait été cependant
récoltée par le <( (Challenger », à l'île du Prince-Edward (310 falh.),
tandisque \eSt.dichot()ma kWvw. provenaitde l'île Marion, qui est voisine
de la première. J'avais fait l'hypothèse hasardée que les différences
pouvaient être dues à une différence sexuelle; je crois maintenant
qu'il s'agit d'une forme distincte que je vais décrire tout d'abord (1),
avant de discuter sa place dans la systématique.
L'un des échantillons examinés est polysiphonique, mais il est frag-
mentaire; l'autre échantillon, qui
atteint 7 centimètres, est dépourvu
de sa partie basale polysiphoni-
que; la hauteur à laquelle alleint
la polysiphonie paraît plus faible
que dans le St. (Uchotoma type ; ses
rameaux se terminent par des sto-
lons, qui viennent se fixer aux
rameaux voisins ; les ramifications
forment donc un réseau qui s'étale
dans un plan. Les hydrothèques
sont disposées le plus souvent par
, . . Fii,'. 10. — Staurolheca aflitiist Jiiilcrii.
trois, presqu au même niveau .., , , , .k, ,■
'ri ^ |iailio dliyilrocaule avec hydrothèques verti-
(fig. 10, A); rarement les trois hv- cill.Vs ,, a. trois-, B, partie d'hydroeaule avec hydm.
^ o ' ' •' ihi'.iiie s décussées (dans le bas) et alternes (dans le
(Irothèques sont distantes les unes l'iut), x22,.i.
des autres et alternes (fig. 10, B, en hautV, cependant on peut aussi trou-
(1) Deux échantillons mont été obligeammenl lonirnuniiiués par If IJ' Kirkpalrifk du lUitish
Muséum, ce dont je lui suis infiniment leconnaissanl.
o
Expédition Cliarcot. — Uillahd. — llydruides. '-'
i8 HYDROIDES.
ver des hydrolhèques en paires décussées (fig. 10, B, en bas] : c'est ce qui
arrive d'une façon constante à la base d'une branche ou d'un rameau
(lig. M, A) et rarement à leur extrémité (l).Ces hydrothèc|ues sont com-
plètement immergées dans l'hydrocaule et sans opercule; il n'y a pas de
partie saillante au dehors, ou, si elle existe, elle est tout à fait faible, sauf
dans lecas où il existe des stries d'accroissement ; l'ouverture est arrondie
et son bord est légèrement retourné vers le dehors, du côté adcauli-
naire, ce bord étant plus mince que le bord opposé (fig. 11 , B). Il existe
souvent des stries d'accroissement, ce qui in<lique des régénérations
successives d'hydranthes.
Le coMiosarque est constitué par plusieurs tubes anastomosés
Fig. 11. — Staurotheca affinist Jadeili. Fig. 12. — Gonotlirc|uc ç du
A, partie d'hydrocaule avec l'origine d'un rameau, x 22,5; B, coupe Slaurolheca af/iiiisi Jiiderli.
o|ilii]uc' di' riiydroUiè([UC et de l'Iiydranthe, x 37,5. x 22,5.
(fig. 1 1 , A); dans les échantillons soumis à monexamen, on peut voir de
gros œufs qui y sont inclus. L'hydranthe est conservé dans certaines hydro-
thèques; la figure H, B, en représente un dont les tentacules contractés
sont ramassés à l'orifice, et Ion voit le corps de l'hydranthe s'attachera
la base par deux prolongements non situés au même niveau.
Les gonothèques (fig. 12) sont différentes de celles du St. (Uchotoma\
elles ont la forme d'une urne, pourvue d'un col cylindrique court; l'ori-
(1) C'est celle disposition des hydrolhèques semblable à celle réalisée chez le Staumtheca
(lichotoma qui m'avait incité à réunir ces deux formes, et de plus le Slauiotheca dichotoma type
m'avait montré aussi une fois un verticille de trois hydrolhèques.
HYDROÏDES. 19
fice est large et le boni de ré|);uileinent est ondulé; rintérieur est vide,
mais on y remarque souvent un marsupium interne sphéricjue vide aussi.
Je rappelle que les colonies sont du sexe femelle, car il y a des œufs bien
nettement visibles dans le cœnosarque. Ces gonothèques sont placées
par paires au-dessous des hydrothèques, comme chez le S(. clichotonKi, et
il existe aussi à la base de chaque branche deux orifices qui peuvent être
considérés comme l'insertion de deux gonothèques.
Je donne ci-dessous les dimensions de cette forme du " Challenger »
(île Prince-Edward) :
Diamètre de l'hydrocaule (partie polysiplionique) '..... 1 140-1 400 |x
— — • (partie monosiphonique) (!) 680-880 |jl
Longueur de la partie soudée des hydrothèques 770-860 a
— — libre des hydrothèques (2) 0-135 ia
— des gonothèques 1 500-1 700 jx
Largeur des gonothèques (maximum) 1 150-1 250 [i.
— — (à l'orilice) 550-590 ij.
D'après cette description, on peut voir que cette forme se rapproche
beaucoup dnSe/aginop.sis a/j^/iis i ndcvholm ; c'est d'ailleurs ce que j'ai anté-
rieurementexprimé [(1910), p. 28]. Les analogiesles plus grandes existent
entre ces deux formes : ressemblance dans l'aspect et la ramification des
colonies, polysiphonie de l'hydrocaule (3), forme des hydrothèques dont
le bord seul émerge de l'hydrocaule, disposition et dimensions de ces
hydrothèques, tout concorde ; les seules différences qui restent, ce sont
l'écartemcnt un peu plus grand des verticilles d'hydrothèques, l'absence
d'union entre les rameaux, chez le Sclarjinopsis affinis Jaderholm type ;
les gonothèques y sont aussi absentes, et il manque de ce fait un carac-
tère important pour la détermination. Pour ces raisons, je rattache cette
forme du « Challenger » à l'espèce de Jadkiuiolm sous le nom de Stauro-
thcca affinis?, le point de doute signifiant (|u'il y a cependant une légère
incertitude ; celle-ci sera levée quand on aura trouvé des colonies prove-
(1) Le plus souvent, tetle dimension alleint 780-8S0 ;j-; elle est prise dans l'intervalle des
hydrothèques.
(2) Il est rare que cette partie atteigae 13o ;j. ; cependant exceptionnellement, dans un cas
seulement, elle avait une ionf,'ueur de 2ti0 a; quand il y a des stries d'accroissement, celte
longueur peut aller jusqu'à 190 a.
(3) L'auteur n'indique jias que l'hydrocaule estpolysiphonique, mais ceci ressort de son dessin.
20 HYDROIDES.
nant de la Géorji;ie du Sud, connue l'espèce type, ou do régions très voi-
sines, possédant des gonothèques.
Je place celte espèce dans le genre Slainvt/icca et non Sekigi/wpsis à
cause de l'absence d'opercule aux liydrothèques.
Vamiôf1'Ex[(1910), p. 331, iîg. 4i] décrit, sous le nom do Dictyoc/ad/um
affine (Jaderh.), une forme du genre Staurotheca aussi (1), qui peut-être
constitue une espèce distincte. Les hydrothèques paraissent en effet pré-
senter unepartie plus saillante en dehors de i'hydrocaule, d'après le dessin
de l'auteur, qui ne rend pas suffisamment compte de ce caractère. L'auteur
ne nous dit pas si ses colonies sont polysiphoni([ues ou non, mais il semble
qu'elles sont monosiphoniques d'après sa description; il est vrai que la
plus grande colonie manque de la partie basale à laquelle peut se réduire
la polysiphonie. Les gonothèques diffèrent de celles de la forme du
M Challenger » ; elles sont plus larges que hautes et de plus elles sont
terminées par un orifice hilobé. Y aurait-il dans ce caractère, cette
fois-ci, un dimorphisme sexuel?
Le Dictyocladiinii fascumliicKsoy et Guavely [(1007), p. 21 , IM. 111, fig. 22]
semble avoir aussi les hydrothèques plus saillantes que l'espèce de
Jadehholm et serait identique alors à la l'orme décrite par Vanhôffex.
Enfin KmcHENPAUEit [(1884), p. 14, Taf. XI, fig. oj décrit sous le nom de
Selaginopsis urceolifcra une espèce qui se rapproche ausïi de la l'orme du
<( Challenger» (île du Prince-Edward); les hydrothèques sont cependant
plus saillantes au dehors; la forme des gonothèques est analogue, mais le
col va en s'élargissant à partir de la base, il est plus long. Kii!Ciienpaueu a
aussi observé, fixés sur la colonie, de petits tubes, et il émet l'idée que
ce sont peut-cire des gonothèques jeunes. Je pense qu'il s'agit de tubes
de petits Crustacés Amphipodes, conmie il en existait fixés en grand
nombre sur la forme du « (Challenger ».
Sertularella articulata (Allinan).
Sertulana artimlala Allman [1888], p. 61, PI. XXIX, fig. 3-3 a.
Sertularella articulata (Allin.) Hahtlaub [1900], p. 24.
Sertularella elongata Jaderiiolm [1904], p. x.
(1) J'estime ((ue le genre Dictyocladiuin neslpas justifié; l'espèce rangée sous ce nom par
Allman est à mon avis un Setaninopxh, et le Dktyocladium jlnhcltiiin .NuUing est un Sertuluretla.
HYDROIDES. 21
? Sertiilarella articulata (Allm.) Jadkriiolm [1905], p. 29, Taf. XI, fig. 4; Taf. XII,
fig. 1-3.
Sertidarella spiralis Hickson et Gravely [1907], p. 19, PI. III, fig. 19-20.
Sertularella arlieulata (Allm.) Vanhôffen [1910], p. 328, fig. 42 a-d.
Serlularella articulata (Allm.) Billard [1910], p. 10.
Les grandes colonies atteignent jusqu'à 13 et 14 centimètres et pré-
sentent une ramification abondante, la tige donnant naissance à des
branches; celles-ci ressemblent à la tige par les rameaux qui en
naissent et par leurs entre-nœuds dépourvus d'hydrothèques, du moins
dans leur partie distale; dans leur partie proximale, les entre-nœuds des
branches portent bien trois hydrolhèques, ainsi que l'ont indiqué Hickson
et Gn.wELY pour leur espèce Sertu/arella spiraJ/s, identicjue au S.arficu-
lata, comme l'a reconnu Vanhôffen; l'hydrothèque distale de l'entre-
nœud est en même temps la première du rameau né sur la branche ; la
ramification des tiges et des branches constitue un sympode hélicoïde.
Les hydrothèques possèdent les caractères de l'espèce; leurs dimen-
sions (oiO à 570 [j. pour leur hauteur et 150 à 175 y. pour leur largeur à
l'orifice) sont comparables à celles déduites des dessins de Jaderholm;
elles sont un peu plus longues, mais moins larges à l'orifice que les
hydrothèques du type [V. Billaiui (1900), p. 10 1 et de la forme étudiée
par HicKsuN et Giuvely; les dimensions données par V.vnhôfken sont plus
élevées, et il s'agit sans doute dune variété à hydrothèques plus grandes.
Un grand nombre de rameaux se terminent par des stolons qui sont
susceptibles de se fixer sur les corps voisins et de donner lieu à de nou-
velles colonies.
Localités. — Nos (jOO^ 721 et 724. Dragage XVL 9 décembre 1909,
Port-Foster (île Déception); «2° 55' S., 63° 00' W. P. Profondeur : 170-
140 mètres. Vase. Température : -f 1^,05 au fond.
Distribution GÉOGRAPHiQiE. — lie Kerguelen, 28 à 60 fath. (Allman) ; région
de Graham : golfe d'Erebus et Terror, Géorgie du Sud, 175 à 360 mètres
(Jaderholm); Mac-Murdo Bay, 130 fath. (IIickson et Gravely) ; Gauss-
Station (Vanhôffen),
22
HYDROÏDES.
Sertularella bifurca n. sp.
Les échantillons de la collection comprennent quelques petites colonies
fragmentaires, dont la plus grande atteint 3 centimètres environ. A la base,
immédiatement au-dessus de l'hydrorhize, se voient quelques annulations,
puis vient une région sans hydrothèques, suivie d'une région comptant
de 4 à 5 hydrothèques ; enfin on trouve la partie ramifiée, qui est légèrement
en zigzag et dont les entre-nœuds possèdent généralement 2 hydro-
thèques (exceptionnellement un entre-nœud portait <) hydrothèques). Les
rameaux naissent par deux à l'extrémité distale de chaque entre-nonid, et
ils sont tous les deux dirigés du même côté de l'hydrocaule (fig. 13, Aj ;
l''i;,'. 13. — Sertularella lii/'iirca n. sp.
A. parlie triiydiocaulc avec l'origine dune Ijilureation; B, partie d'un rameau, x 42-
dans la bifurcation se trouve une hydrothèque; ces doubles rameaux sont
alternes.
Les hydrothèques sont alternes; sur les rameaux, elles sont situées à
l'extrémité d'articles assez allongés, et les lignes d'articulation obliques
sont plus ou moins neltement marquées (fig. 13, B). Les hydrothèques
sont subcylindriques; cependant elles sont i)lus renflées au milieu et
vont en s'atténuant légèrement vers leur base et vers leur extrémité
distale; la partie libre est à peu près aussi longue que la partie soudée.
Leur orifice est pourvu de trois faibles dents et d'un orifice à trois valves ;
correspondant au milieu de chaque valve, existent trois saillies internes
du périsarque.
HYDROÏDES. 23
Les gonothèques sont inconnues.
P;ii- sa ramification, par ses articles allongés, cette espèce se rapproche
du Sertularrlla articulala (Allm.); mais elle en diffère par le faible déve-
loppement des dents des hydrothècjues et par la présence des trois saillies
internes. On pourrait croire qu'il s'agit de colonies jeunes du N. aiùculata
et que les caractères différentiels sont dus à l'âge ; cette objection tombe,
car les colonies jeunes du ^'. articulata provenant des autres stations ne
présentent pas ces caratères.
Dimensions :
Longueur clo la partie externe des liydrothèques 420-525 |ji
— — souddée es hydrothèques 245-340 |x
— — libre des hydrothèques 270-350 ia
Largeur des hydrothèques (à l'orifice) 150-190 [x
Longueur des articles des rameaux 650-1080 <j.
Largeur des articles des rameaux 110-160 a
— de l'hydrocaule 200-270 jx
LocALiTK. — No 758 : provient probablement d'une opération faite
entre le dragage XVIII (62° M' S., OO» o'i' W. P.) et le dragage XX
(70° 10' S., SOooO'W. P.).
Sertularella glacialis Jaderholm.
Sertularella glacialis Jaderholm [1904], p. ix.
Sertularella glacialis Jaderholm [1905], p. 26, Taf. X, fig. 3-7.
Sertularella glacialis Jaderli. Ritchie [1913], p. 29-31, fig. 10.
Los colonies sont fixées sur une tige d'Antipathaire et forment à sa
partie supérieure des masses plus ou moins enchevêtrées, elles atteignent
de 2 à 3 centimètres de hauteur; elles présentent le même mode de
ramification irrégulier indiqué par Jadeuiiolm, elles rameaiix se terminent
souvent par des stolons (|ui se fixent aux rameaux voisins.
Les hydrothèques montrent les caractères de l'espèce : la partie libre
est à peu près égale ou légèrement plus grande que la partie soudée, du
moins pour les hydrothèques jeunes, car les hydrothèques âgées sont
prolongées par une partie plus ou moins allongée, montrant des stries
d'accroissement; l'hydrothèque est aussi munie de trois dents à son
bord libre et fermée par un opercule à trois valves.
24 HYDROIDES.
Malheureusement les colonies du a Pourquoi Pas? » ne possèdent pas
de gonothèques ; de plus, leur couleur est jaune brun clair et non brune
ou brun foncé comme dans les échantillons types et dans ceux de l'expé-
dition Shacklelon, mais je ne pense pas que cette question de couleur soit
réellement importante pour la spécification, car elle tient, je crois, àl'habitat
et aussi, dans une certaine mesure, au mode de conservation. Je crois avec
RiTcuiE que le Settularolla g/aein/is et le S.plecti/is Hickson et Gravely for-
ment bien deux espèces distinctes, non pas tant à cause de leur couleur
différente que par les caractères de leurs hydrothèques.
Dimensions :
Longueur des articles 610-840 p.
Largeur des articles 135-160 [jl
Longueur de la partie soudée des hydrothèques 2.30-270 [a
— ■ — libre des hydrothèques (1) 215-270 jx
Largeur des hydrothèques (à l'orifice) 135-150 u.
Ces dimensions concordent avec celles déduites des dessins de
Jadeuholm; elles diffèrent peu de celles indiquées par Ritchie.
Localité. — N» 62. Dragage \l. lo janvier 1909. 07° 45° S., 70° 15°
42" W, P. Entrée de la baie Marguerite, entre l'île Jenny et la Terre
Adélaïde. Profondeur : 253 mètres. Roches et gravier. Température :
+ 10,18 au fond.
Sertularella Liouvillei n. sp.
La colonie unique atteint 7 centimètres de hauteur, et sa tige est poly-
siphonique et légèrement en zigzag (fig. 14). Les rameaux prennent nais-
sance dans différents plans suivant une hélice et sont polysiphoniques
à la base, au moins les plus importants; ces rameaux se subdivisent
par une fausse dichotomie en rameaux plus petits, mais en réalité chaque
rameaud'ordre plus élevé naît au-dessous d'une hydrothèque(tîg. 15, A),
et le plan médian des hydrothèques du nouveau rameau est perpendi-
culaire au plan médian des hydrothèques du rameau qui lui a donné
naissance.
Les rameaux sont divisés en articles (lîg. 1 5, B);mais leslignesd'articu-
(1) Cette partie peut atteindre 420 [j. dans les hydrothèques âgées prolongées munies de
stries d'accroissement. ,
HYDROIDES. 25
hilion no sont ji;is ioujours nctl(>s ; le plus souvent, au-dessous d'une arti-
culalioii, existe un iiourrelel du |)érisiu'((ue (|ui est earactérislique. Typi-
I'"ig. 14. — Serlularella Liouciltei 11. sp.
Gr. nat.
Fi^'. lo. — Sertiilarella Liouvillei n. s|i.
A, origine d'un rameau, x 43: B, partie rf'un rameau,
X 58: C. liydrothèque vue de l'ace, X 58.
quement, il existe une hydrothèque par article; sa partie soudée est en-
viron deux fois plus longue que sa partie libre; généralement la cloison
de séparation d'avec le rameau se pi'olonge légèrement au-dessous du
fond de l'hydrothèque ; le bord libre présente trois dents moyennement
saillantes : une adcaulinaire et deux latérales; l'hydrothèque est fermée
par un opercule à trois valves (fig. 15, A et C).
Les gonothèques sont inconnues.
Dimensions :
Longueur des articles (1) 525-570 \i.
Largeur des articles 200-255 y.
Longueur de la partie soudée des hydrothèques 335-405 jx
— — libre des hydrothèques 190-215 a
Largeur des hydrothèques à l'orilice 160-175 ij.
(1) il s'agit de l'intervalle compris entre deux échancrures consécutives.
" Expédition Charcol. — lin laiu'. — llydroïdes. "*
26 HY DRUIDES.
Cette espèce est yois'me du S. ai//'>fifornus Mai!kt.vnneiî [(IHOOi, p. 2'!^,
Taf. IV, fig. o], mais elle en diffère d'abord par le port, car, chez l'espèce
de Mauktanneh, les tiges naissent serrées les unes contre les auties et
forment un épais buisson ; d'après la figure donnée par Marktannku, les
hydrothèques des différents rameaux sont dans un même plan, tandis
que dans notre espèce, d'un rameau à l'autre, elles sont placées dans deux
plans perpendiculaires; de plus, on n'aperçoit pas chez le^'. arlxnifnniiis
ce bourrelet situé au-dessus de l'articulation et qui est caractéristique du
>'. Lh)uvillei\ enfin Marktanner ne signale pas le prolongement de la [)aroi
hydrothécale au-dessous du fond, et son dessin ne montre pascelte parti-
cularité ; les hydrothèques sont semblables avec leurs trois dents mar-
ginales, mais leur partie libre
est plus allongée.
LdCAUTi;. — Xor>87. Dragage
XVII. 2(3 décembre 1000. Ile du
Roi-George, baie de l'Amirauté
(Shetlands duSudi. 62° 12' S.,
OOo "j'j' ^^'. p. environ. Profon-
deur: i20 mètres. Vase et cail-
loux. Température: -)- 0°,3 au
fond.
Sertularella Nuttingi n. nom.
ScrtdlarelUi uinplwiijera Nutting
[190'i], p. 88, PI. XX, lig. 1-2 [nec
.Vll.m.vn).
Je ne crois pas que Nitting
ait eu raison d'attribuer au Ser-
tularella amplinrifera (Allm.)
l'échantillon qu'il décrit et
figure ; la présence de quatre
dents et le développement considérable de la partie striée qui surmonte lliy-
drothèque permettent, à mon avis, de sépar.er cesdeux formes; pour cette
Fig. 16. — Sertularella SiUtinyi n. nom. Partie
(i'hydrocaule, x 57,5.
H YD ROI DES. 27
raison, je donne à celle décrite par Nutting le nomâe Sert u /m r //a Nuttingi.
.r.ii trouvé dans la collection du « Pourquoi Pas ? » deux échantillons frag-
mentaires qui doivent être rapportés à cette espèce. La taille du plus grand
fragment est de l<^m •_ j^pg ramifications naissent à la base des hydrothè-
ques sous un angle de 00° environ ; les entre-nœuds sont allongés, mais
les lignes d'articulation sont peu ou pas marquées et simplement indi-
quées par uneconstriction au-dessusdes liydrothèques. Les hydrothèques
(fig. 16) répondent à la description qu'en donne Nutting et correspondent
à son dessin; il y a bien, dans la forme antarctique, quatre dents et un
opercule à quatre valves; ce qui caractérise essentiellement ces hydro-
thèques, c'est qu'elles sont longuement prolongées par une partie due à
des régénérations successives et montrant des stries d'accroissement
tiès fines, peu marquées, moins même que ne le représente mon dessin
qui, étant à la plume, ne peut pas rendre iidelement cet aspect, et à ce
point de vue celui de Nutting est meilleur, (les hydrothèques sont libres
pour les deux tiers de leur longueur, si l'on tient compte de la partie
striée, mais la partie libre de l'hydrothèque primitive ne comprend envi-
ron que la moitié de la longueur totale.
Le gonosome est inconnu.
Dimensions (1 ) :
Longiii'iir ili' la partie soudée des hydrothèques 230-270 [a
— — libre des hydrothèques primitives 200-270 [x
— — — des hydrothèques après régénération 470-540 u.
Largeur des hydrothèques (orifice primitif) 120-130 a
— — ( — secondaire) 110-120 [a
Intervalle de deux hydrothèques successives (2) 325-540 ja
Largeur de rhydrocaule 95-105 \s.
■ Malheureusement Ai.i.man [(^1877), p. 20, f^l. XV', iîg. 8-lOj n'a pas
fourni toutes les indications nécessaires pour la détermination ultérieure
de son q%\w('Q Sertulaiella aiiiplioiifora^ et il manque principalement l'in-
dication du grossissement Clahici- (1879), qui a trouvé cette espèce en
abondance, ne nous fixe pas non plus sur ce point. J'ai rencontré dans
(1. Malheureusement Nitti.nu ne donne pas les dimensions, pas plus qu'il n'indique le grossis-
sement de ses dessins, et pour cette raison il y a dans ma déteiminalion une part d'incertitude.
(2) Du point où ime hydrolliùque devient lihie jusqu'au fond de celle qui est située immédia-
tement au-dessus du coté opposé.
28 HY DRUIDES.
lacollertion du '■ Talismnn » une lormo quo j'ai altribuée | (1906), p. iS3j
au S. amphori fera AWiniin; cependant, dans l'ant^lo formé par une bifur-
cation, ou voit une hydrothèque, qui manque dans le dessin d'Ai-LMAs; de
plus les gonothèques sont moins aliongéos que dans le type, quoique étant
annelées sur toute leui' longueur, ce qui les distingue de celles du Sr/iit-
lardla tropica Harllaub, espèce décrite primitivement par Cl.vrke [(1894),
p. 75, PI. IV, y, fig. 17-22] sous le nom de Srrluhirio varia1)ilix. Les
dimensions de la forme du Talisman sont un peu plus faibles que celles
déduites des figures de Clauki; [)Our son espèce S. vanalu/is.
Localité. —No S7. Dragage VIII. 20 janvier lOOll. haie Marguerile.
Profondeur: I 7(» mètres. Température : -f 0^,2 au fond.
Distribution r.EOGisAPiiinri.. — Lat. N., 20o:)l>'30"; long. W., HO" 2;)' 33".
101 fath. (Nutting),
Polyplumaria antarctica? i.Jiiderholini.
Schizotricha antarctica Jaderholm [1904], p. xii.
Schizotricha antarctica Jaderholm [1905], p. .lo, Taf. XI\', fig. G-8.
Schizotricha antarctica Jaderh., Billard [190G a], p. 14.
Schizotricha antarctica Jâdorli., Vaniiôffen [1910], p. iiSlî, fig. 48.
La colonie unique n'-coltée a une taille de 7 ceiiLimètres avec des
hydroclades de 12 millimètres au plus; sa partie basalo, dépourvue
d'hydroclades sur une bauteur de 2 centimètres, est renforcée par
quelques tubes secondaires. La partie de la tige [>ortant des bydroclades
est monosiphonique et ne comporte pas de division en articles. A l'aisselle
de ebaque hydroclade on aperçoit un dactylotrème, c'est-à-dire l'orifice
desortie d'un dactylozoïde ; il n'est pas supporté par un mamelon, et il
est assez dllficile à mettre en évidence.
Chaque bydroclade primaire donne naissance à un hydroclade secon-
daire ; celui-ci se détache au-dessous de la première hydrothèque et ven-
tralement ; il est concresccnt avec cette hydrothèc[ue jusqu'à la moitié
de la hauteur de celle-ci environ ; les hydrothèques de ces deux hydro-
clades sont placées en regard. Il est rare (1) que l'hyclroclade secondaire
forme aussi au niveau de sa première hydrothèque un hydroclade tertiaire ;
une fois, l'hydroclade primaire supportait deux hydroclades secondaires;
(i) Ce cas s'est présenté trois fois dans la colonie considérée.
H Y 1) ROI DES. 29
(liits un autre cas, on voyait, au sommet d'un court rameau, analogue à la
linsc (ruii liyih'ocladc ordiiiairo, nnilro trois hydrocladcs, entre l('Sf|uels
existait une h\drotliè(|ne alriipliirc.
Les hydrocladcs, coiniiie dans le type, sont formés uni(|uemcnl d'ar-
ticles hydrotliécaux (lig. 17, A, 15)
avec une hydrolliè(|ue pres(|ue
cylindrique libre dislalenient sur
une faible étendue; il exisie une
dartylothèque rudimentaii'c pla-
cée à une certaine distance an-
dessous de riiydrothèque sur un
bourrelet saillant. J'ajouterai i]ue
l'hydrothèque est un peu ri'drécie
à son orifice et que son bord est
()bli(|ue vers l'arrière. J.u»i:iui()1.m
dit (|u"il n'y a pas de dactylo-
thèques latérales, ce qui est vrai ;
mais il existe, ce (|u'il n'indi'un'
pas, un dactylotrème situé en
arrière de rhydro.thèque et |)ar
li'(ju(d devait passer un dactylozo'ide ; ce dactylotrème a un orifice
externe jtlus étroit que l'interne ; il n'est visible que dans de bonnes con-
ditions, quand le cœnosarque est resté clair ou quand le périsarque existe
seul. C'est sans doute pour celte raison que Jaderuolm n'a pas observé ce
détail ; moi-même, je ne l'avais pas remarqué chez la forme récoltée par
le « Français », bien qu'il existe, ainsi que j'ai pu le constater avec diffi-
culté d'ailleurs par un nouvel examen de cette forme. Mais, connue il peut
subsister un doute quant à sa présence chez les échantillons types étu-
diés par Jaderiiolm, j'indique cette part d'incertitude par un point
d"interrofj,ation ; de plus, les hydrothèques n'ont pas été dessinées avec
un assez fort grossissement par cet auteur et pourraient peut-être bien
différer de celles de notre forme.
L'unique colonie récoltée par le « Pourquoi Pas? » porte des gono-
thèques de forme conique, comme le montre la figure 17, B; elles
Fig. 17. — Poli/pliimaria aniarclica ? (JiuliTli.l.
A et B, articles de l'iÉVilroilade vus de prolil ; C,
liydrotliùquo vue piesiiue de luce, X 73.
30 HYDROÏDES.
s'insèrontau-dessous de l'hydrothèque, taiil sur riiydrocladoprimaiio que
sur riiydroclade secondaire.
Il n'est pas rare de trouver des cassures soit à la base, soit au sommet
d'un article; ces cassures sont suivies d'un court article de réparation;
dans le premier cas il semble y avoir deux articles intermédiaires.
Dimensions :
Intervalle des hydroclades d'un même côté (I) 820-1 IIO [i.
Diamètre de l'hydroeaule 330-385 u.
Longueur des articles de l'hydroclade 795-970 ix
Largeur des articles de l'hydroclade (à la base) 70-140 \j.
— — — (au sommet) 110-175 ja
Hauteur des hydrotlièques (partie externe ou ventrale) 280-325 y-
Largeur des hydrothèques (à l'orifice et vue de profil) 120-135 [j.
Longueur des gonolhèques 420-460 |j.
Largeur maximum des gonothèques 255-285 tj.
LocALiTic. — No 722. Dragage XV. 20 novembre 1 !)()!). Devant l'oit-
LocUroy, chenal de Roosen. 04° 49' :i5"S., (jjo 'iW 18" W. P. Prolou-
deur : 70 mètres. Vase et cailloux.
Par les détails des hydroclades, par la conformation des hydrothèques
et In disposition des dactylothèques, les échantillons antérieurement
, récoltés par l'expédition du « Français » sont semblables à ceux du
» Pourquoi Pas? » ; cependant le dactylotrème médian supérieur est très
difficile à observer chi*z les premiers; de plus, la dactylolhè(pip ludimen-
taire inférieure est absente; mais il s'agit d'exemplaires en mauvais état
qui ont été roulés et n'ont pas été récoltés en place ; les colonies
forment une touffe naissant sur une même hydrorhize; les grandes
colonies (10 centimètres au maximum) sont dépourvues d'hydroclades ;
leur base est renforcée par des stolons enchevêtrés plutôt que par des
tubes secondaires groupés en faisceaux réguliers ; leur tige est divisi'c en
articles qui portaient avant leur arrachement en général deux hydrorlades
et rarement un. Seules trois petites colonies de 3 centimètres environ
possèdent de courts hydroclades, qui permettent leur identification ;
commejel'ai indiqué à la base de chaque hydroclade, existent deux dacty-
lotrèmes au sommet d'un petit mamelon bifurqué.
(1) Il s'agit de l'intervalle compris entre les sommets des angles fuiinéspar les liydroclades
el la lige.
II y D ROI DES. 3t
\'AMi()Fi-t;N a rallaolu' aussi à follc espèce les deux colonies qu'il a étu-
diées ; elles diflerent de celles des expéditions françaises par leurs
hydrothèques plus courtes légèrement évasées à l'oriiice et par la pré-
sence de deux daclylotrèmes latéraux. II serait donc à désirer d'être
fixé exactement sur la présence d'un ou de deux dactylotrèmes, ou bien
sur leur absence ce^taine chez le type, pour pouvoir rattacher avec
certitude soit la forme récoltée par le « Gauss », soit celle des expéditions
françaises.
Paris, le 21 avril 1914.
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concordance entre la date de présentation du niéuioire et celle du volume, cette dernière est
donnée après le numéro du volume. Je n'ai pu consulter les mémoires marqués d'un astérisque.
(2) Le volume renfermant ce travail est daté de 1906 et n'est pas numéroté, tandis que les tirages
à part d'auteur portent à tort la date de 1907 et sont indiqués comme extraits du tome VII L
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1909. Id. — Supplementary report on the Hydroids ol' the scottish national Expédition
(Trans. Roy. Soc. Ediiib., vol. XLVII, p. 65-101. 11 fig.).
1910. Id. — The Hydroids of the Indian Muséum {Rec. uf the Ind. Mus., vol. V, 30 p., PI. IV).
1913. II). — The Hydroid Zoophytes collected by the British Antarctic Expédition of Sir
Shackleton, 1908 {Proc. roij. Soc. EJinburgh, vol. XXXIII, p. 9-34, 11 fig.).
1873. Sars (G.-O.). — Bidrag til Kundskaben om Norges Hydroider {Forh. Selsk. Christia-
nia, p. 91-150, Tab. II-V).
1908. Thornely (Miss L.-R.). — Reports on the marine biology of the Sudanese Red Sea.
X. Hydroida collected by Mr. C. Crossland (Journ. Linn. Soc, vol. XXXI,
p. 80-85, PI. IX).
1910. Vanhoffen (E.). — Hydroiden der Deutschcn Sudpolar-Expedition 1901-1903
{Deutsche Sudpol. E.vp., Bd. XI; Zool. Bd. III, p. 269-340, 49 fig.).
OISEAUX ANTARCTIQUES
Par Louis GAIN
niicrKUR Ks s(;iE>rES, i.vuhkat he i.'i>STrTi'T, naturaliste de l'expéciition
AVANT-PROPOS
A. — Nous n'avons pas voulu donner dans ce mémoire un travail d'en-
semble, aussi complet que possible, relatant tous les faits biologiques
actuellement connus, observés au cours de toutes les expéditions sur la
faune ornithologique antarctique : ceci nous aurait entraîné beaucoup trop
loin et fait sortir complètement du but que nous nous sommes imposé.
Suivant le principe de cette publication, qui se rapporte uniquement
aux documents scientifiques provenant delà Deuxième Expédition antarc-
tique française, nous nous en tiendrons presque exclusivement aux études
biologiques que nous avons faites surplace au cours de la campagne du
« Pourquoi Pas? » (de décembre 1008 à février 1910 ). 11 ne sera question
que des Oiseaux rencontrés dans la région antarctique proprement dite,
c'est-à-dire au-dessous du 00° de lat. S.
B. — Étantchargé, comme naturaliste, de l'étude relative aux Oiseaux,
nous nous sommes particulièrement occupé de recueillir le plus de docu-
ments et de renseignements sur les conditions de vie et de distribution de
la faune avienne, le long de la côte ouest de l'Antarctide sud-améri-
caine, et en bordure du pack-ice, depuis le Tio» jusqu'au 125° de long. W.
(Paris).
Les séjours prolongés du « Pourquoi Pas? » dans les Shetlands du Sud
(îles Déception etdu Roi-George) et sur la côte ouest des Terres deGraham
(îles Booth-Wandel, Petermann, etc.) et Loubet (baie Matha, îles Webb,
Léonie, .lenny) nous ont permis de nous documenter sur toutes les
espèces habitant ces régions. Mais c'est principalement à l'île Petermann,
où l'expédition a séjourné près de dix mois, que certains Oiseaux, et
Expédition Charcot. — Gain. — Oisoaux antarctiiiucs.
1 OISEAUX ANTARCTIQUES.
notamment deux espèces de Sp/iéniscidés, ont put (Hre étudies en détails.
Les Oiseaux que nous avons observés au-dessous du 00° lat. S. se
rapportent aux 24 espèces suivantes :
SPHENISCIDES.
* Pygoscelis Adeliœ (Hombr. et Jacq.}.
* — papua (Forsl.).
— aniardica (Fnrsf.).
* Calarrhacles c/iri/so/op/niK (Brandi).
PHALACROCORACIDÉS.
Plialucrocorax alricepa (Kiiig).
LARIDÉS.
* Slenuuvitlata iUm.).
* Luî'us dominicanus (Lic.ht.).
STERCORARIIDÉS.
* Mcijah'sirh antarclica (Lessoii).
* — Maccormir/,i (Saund.).
PROCELLARIIDÉS.
* Oceanitcs océaniens (Kuhl).
PUFFINIDES.
Prio/tniis cincreus lUm.).
T/inlassœca antarctica ((im.).
PrUuvIla qUirUilo'UU's. (Smilh).
Majaquoiis wi/iiiiioc/ialis iL.).
Payoïlromn nivea (Gm.)
Ossifruffo giganU'd (Gm.).
Dapiiun cupensis (L.).
Prion desolatus (Gm.)?
lldlobxita civrulca ((îni.).
DIOMÉDÉIDÉS.
' Dioiitcdca exnlans (L.).
— incinnnji/irijs (Boic) Tcmm.
'J7i(itassof/i'roii cu/mindh/s {J. Gouldj.
/'/iir/ie/riii /'ii/ii/inoxa (Gm.).
CHIONIIDÉS.
* C/iionLs albn (Gm.).
C. — Les collections ornithologiqiies préparées par nous comportent
185 spécimens d'Oiseaux en peau, se rapportant aux 17 espèces qui, sur
la liste ci-dessus, sont précédées d'une astérisque. (Chaque fois (|u'il
nous a été possible de le faire, les peaux ont été prises de façon à former
dos séries depuis les poussins jusqu'aux adultes.
Lesœufsconservés sont au nombre de 170. Ils proviennent des 1 1 espèces
suivantes: Pjjg. Adc/ia', P/jg. papua, P//f/. antarctica^ Cat. c/irijso/op/ias,
Pli. atricep^, L. dominicanus. St. rittafa, M. Maccornùcki, M. antarctica,
D. capensis, 0. occanicus.
En vue d'études ultérieures, de nombreux Oiseaux ont été conservés
dans le sel ou l'alcool, — ainsi que des pièces anatomiques, dessquelettes
et des systèmes nerveux.
Lesdocumentsembryogéniques tiennent aussi une part très importante
dans les collections. Nous avonsrecueilli et fixé âSOendjryons formant des
séries aussi complètes que pr^sible, aux différents stades de l'incubation,
OISEAUX ANTARCTIQUES. 3
des espèces suivantes : /'. Ade/iw, /'. papi/a, P. antarctica, ('. chrii^olo-
pliKs^ PIt. a/rirrps, A. il(,„ii)tir(iinis, St.rittataJJ . Maccorinichi, M.antarc-
tiid, D. cape/isis, 0. ocranirus. Alin de compléter nos documents, nous
avons essayé, et nous sommes parvenus, en nous servant d'une étuve,
à faire couver des (eufs dont nous n'aurions pu, faute de temps, nous
procurer les embryons (1 ),
Tous ces embryons seront l'objet d'études spéciales que nous nous
proposons de faire par la suite.
I). — Nous avons divisé ce mémoire en trois parties :
1° Dans un premier chapitre, nous mentionnerons toutes nos études
sur les Oiseaux observés au cours de l'expédition.
Pour chaque espèce, après avoir dressé une liste des collections rappor-
tées, nous donnons une vue d'ensemble des observations faites sur place
et des difTérentes conclusions que nous pouvons en tirer. Puis nous termi-
nons par une sorte de « journal » qui relate, au jour le jour, les renseigne-
ments, les faits intéressant la vie de l'Oiseau.
2° Dans une seconde partie, nous examinons brièvement la distribution
géographique, les lieux do ponte,... de la faune ornithologique habitant
l'Antarctide sud-américaine.
'^^ Enfin le dernier chapitre est réservé à une vue d'ensemble sur la
distribution géographique de la faune avienne qui habite ou se rencontre
occasionnellement dans les régions glacées de l'hémisphère austral.
E. — Nous n'avons pas cru devoir terminer ce travail par un Index
bibliographique. Noire but n'étant pas de faire une revision des études
ornithologiques de la région antarctique, nous avons simplement con-
signé nos observations personnelles, en y joignant un court résumé de
la distribution géographique actuellement connue, de toutes les espèces
observées dans les mers froides australes.
Chaque fois (pi'il nous a été donné de rapporter des renseignements
étrangers à nos observations, nous avons toujours renvoyé à l'original.
Pour les lecteurs qui désireraient se rapporter à une bibliographie
plus complète, ils trouveront en note les principaux mémoires dans
lesquels cette bibliographie existe.
(1) Voir p. 1S2.
4 OISEAUX ANTARCTIQUES.
D'ailleurs cet Index bibliographique ne ferait que reproduire ce
que d'autres auteurs avant nous, et notamment Reichenow (1) en 1908,
ont déjà fait d'une manière très complète.
F. — Nous tenons à rendre hommage à ceux qui ont bien voulu nous
aider dans nos recherches, soit de leurs conseils, soit de leurs efl'orts
personnels.
Que S. A. S. le Prince de Monaco veuille bien accepter l'hommage de
notre profonde gratitude pour nous avoir fait l'honneur de donner place,
dans Son Musée Océanographique de Monaco, à une partie de nos col-
lections, en reconstituant un coin de ces terres antarctiques avec
quelques-uns des Oiseaux qui les habitent.
Nous ne saurions oublier, en cette occasion, que M. le D^ Richard,
directeur du Musée Océanographique de Monaco, a toujours été pour
nous le plus amical des guides, et nous le remercions vivement de son
appui.
M. le D'" Pennetier, directeur du Muséum de Rouen, a lui aussi
consacré une vitrine aux Oiseaux que nous nous étions fait un plaisir
et un devoir de lui donner, en très faible témoignage de la reconnaissance
quenouslui devons, pour rintérètbienveillant qu'il nous a toujours porté.
Nous remercions M. le l'r Trouessart, du Muséum national d'Histoire
naturelle, qui nous a ouvert son laboratoire avant le départ de l'ex-
pédition et facilité l'étude et la pratique de la technique taxidermique.
Nous sommes très reconnaissant à M. Émile-G. Racovitza, l'éminent
naturaliste de l'expédition de la « Relgica » (1897-1899), qui a bien
voulu mettre ses notes à notre disposition, alin de nous permettre de
donner une carte aussi complète que possible des principales colonies
de Pingouins et de Cormorans habitant le détroit de Gerlache.
Enfin nous voulons exprimer ici notre afî'ectueuse reconnaissance au
D'" J.-R. Charcot, chef de l'expédition, et à tous nos camarades du
(( Pourquoi Pas? » pour le concours dévoué ((u'ils nous ont apporté sans
cesse.
Paris, le 31 mars 1914.
(1) Reichenow, Vogol des Wellmeeres {Deutsche SiUlp. Exp.. 1901-1903, P.il. l.\, Zuologie, lid. I,
Heit IV, Berlin, 1908, p. li43-^4oj. .
Deuxième Expédition Charcot. (L. Gain. - Otseaujc.)
CARTE D'ITINÉRAIRE
DES CAMPAGNES DU' POURQUOI PAS e^OSOBlO)
avec l'indication des différents oiseaux rencontrés
J)res.spe d'après les dccuments
de M. L.GAIN.Docteurès-sciences, Naturaliste de l'Expédition.
LEGENDE
W
A Pygoscelis Adeliae
B à° papua
C d" antarciiCB
D Catsrrhactes chrysolophus
E Phalscrocarax atriceps
F Sterna vittata
G Larus dommicaniis
H Megalestris antartica
I d' Maccormichi
j Oceanites oceanicus
K PrioFinus cinereus
L Thalassœca antarctica
M Pnocelh glaciahides
N Majaqueus œquinoctialis
0 Pàgodroma nivea
P Ossifraga gigantea
" Daption capensis
, /î'/o/' dcsolatus ^
Morieu Del.
OISEAUX ANTARCTIQUES.
CHAPITRE PREMIER
DOCUMEMS niOI.OdlQUES RECUEILLIS AU COURS
DE LA CAMPAGNE DU « J'OURQUOI PAS? n ( 1008-19 10)
SPHÉNISCIDÉS
1. Pygoscelis Adeliae (lluiii)jron et Jue(|uinol).
Collection :
N° 93. — cf, île Petermann, G-II-1909. Iris marron; avant la mue. Estomac: vide, quel-
ques petits cailloux.
L. T. : 665. - A. : 190. - 0. : 182. - B. : 36. -T. : 23. - D. M. : 78-24 (1).
N" 94. — 9 juv., île Petermann, 6-II-1909. Agé d'environ deu.x mois : il ne reste plus
que quelques plaques de duvet : toutes les parties ventrales sont blanches, la région
dorsale noire avec extrémité des plumes bleu-ardoise; paupière noire, bord interne
de l'aileron blanc. Les dernières régions où le duvet brunâtre persiste sont
le vertex, l'occiput et la nuque, la partie supérieure des ailerons. Iris brun. Esto-
mac : Crustacés Schizopodes et Décapodes, petits cailloux.
L. T. : 585. - A. : 179. - 0. : 101. - B. : 33. - T. : 21. - D. M. : 08-21.
N° 95. — 9 juv., île Petermann, G-II-1909. Sept à huit semaines. En duvet, sauf le cou,
la poitrine où il est en partie tombé, le front, le vertex, les parties latérales du
corps au-dessus des ailerons. Le duvet est grisâtre dans la région ventrale, plus
foncé et légèrement brunâtre sur les parties dorsales. Iris brun clair. Estomac :
Crustacés Schizopodes et Décapodes.
L. T. : 570. - A. : 171. - O. : 90. - B. : 31. - T. : 22. - D. M. : 70-22.
N" 97. — 9 juv., île Petermann, 6-II-1909. Deux mois. Duvet sur le dessus de la tête et
la nuque, sur les parties latérales du bas du dos et de la région sus-caudale, sur
les parties postérieures des ailerons. La frange blanche interne de l'aileron com-
mence à apparaître. Iris brun verdâtre. Estomac : Euphausies, petits cailloux.
Parasites : quelques Acariens parmi les plumes du cou.
L. T. : 580. - A. : 184. - Q. : 94. - B. : 33. - T. : 22. - D. M. : 70-21.
N" 98. — 9 juv. (deux mois), île Petermann, 6-II-1909. Le duvet est tombé sur le menton
et la gorge, le devant du cou, la partie antérieure des ailerons. Iris brun. Estomac :
Euphausies, petits cailloux.
L.T. : 520. - A. : 177. - Q. : 67. - B. : 28. - T. : 21. — D. M. : 68-21.
N° 166. — cT juv. (quatre mois), île Petermann, 3-IV-1909. Iris marron, paupières noires,
gorge blanche. Estomac : Schizopodes et Décapodes (370 grammes).
L.T.:670. -E.:500. - A.: 188. - Q.: 140. — B.: 32. - T. : 24. - D. M.: 7.3-18.
N" 197. — Q , île Petermann, 18-V-1909. Iris brun marron, paupières blanches. Estomac :
Décapodes, Schizopodes.
L. T. : 720. - E. : 510. - A. : 190. - Q. : 165. - B. : 35. - T. : 23. - D. M. : 7.3-17.
(1) Les mensurations sont données en milli mètres. — L. T. = Longueur totale, E = Enver-
gure, A = Ailes, Q = Queue, I! = Bec, T = Tarse, 0. M. = Doigt médian (celui-ci coinpiend la lon-
gueur du doigt et celle de la grille; exemple : 73-17 veut dire que le doigt médian, y compris la
grifl'e, a 73 millimètres et la griflo 17 millimètres).
6 OISEAUX ANTARCTIQUES.
N" 198. — ^, île Prtormann, 21-\'-1900. Iris brun. E tomac : St'hizopodps et Décapodes
(420 grammes-).
N° 199. — çf, île Petermanii, 21-V-1909. Iris brun. Estomac : Schizopodes, Décapodes
et une quantité de petits Poispons en partie digérés.
L.T. : 730. - E.:520.— A. : 190. - Q. : 172.- B. : 38. - T. : 28. - D.M. : 75-19.
N° 208. — cf , île Petermann, 22-V-1909. Iris brun. Estomac : petits Poissons, Schizo-
podes, Décapodes.
N" 22.'). — 9i îls Petermann, 16-VI-1909. lî'is marron. Estomac: deux Poissons, nom-
breux Schizopodes et Décapodes.
L. T. : G70. - E. : 480. - A. : 176. - 0. : 167. - B. : 33. - T. : 27. - D. M. : 67-19.
N° 229. — c?, île Petermann, 19-VI-1909. Iiis brun. Estomac : petits cailloux, nombreux
Poissons en partie digérés.
L. T. : 750. - E. : 535. - A. : 194. - 0. : 185. - B. : 38. - T. : 29. - D. M. : 7.3-17.
N° 228. — ô*, île Petermann, 16-VI-1909. Iris Lrun-marron. Estomac : vide, gravier.
L. T. : 725. - E. : 520. - A. : 190. - 0. : 175. - B. : .37. — T. : 26. - D. M. : 70-15.
N° 232. — d',île Petermann, 19-VI-1909. Iris brun-marrori. Estomac: petits Poissons en
partie digérés.
L. T. : 740. - E. : .520. - A. : 193. - O. : 170. - B. : 34. - T. : 28. - D. M. : 72-17.
N° 233. — 9, île Petermann, 19-VI-1909. Iris brun. Estomac: quantité de petits Poissons.
L. T. : 7.35. - E. 515 - A. : 192. - 0. : 170. - B. : 39. - T. : 26. - D. M. : 72-18.
N° 238. — cf, île Petermann, 3-VII-1900. Iris brun. Estomac: petits Poissons, Schizopodes,
Décapodes.
L.T. : 750. - E. : 530. - A. : 192. - O. : 170. - B. : 46. - T. : .30. - D.I\I. : 77-19.
N° 239. — 9^ îl'^ Petermann, 3-VII-1909. Iris brun Umcé. Estomac : petits Poissons.
No 240. — rf, île Petermann, 3-MI-1009. Iri^ lirun l'oncé. E tnmac : quelques Poissons,
Euphausics.
L. T. : 720. - E. : 530. - A. : 200. - 0. : 175. - B. : ,38. - T. : 33. - D. M. : 72-18.
N» 241. — o*, île Petermann, 3-VII-1909. Lis brun. E:=tomac : vide.
L. T. : 695. - E. : 505. - A. : 188. - 0. : 155. - B. : 36. - T. : 32. — D. M. :
73-16.
N" 244. — cf, île Petermann, 25-VII-1909. Iris ])run foncé. Estomac : Schizopodes, Déca-
podes, quelques petits cailloux.
N" 251. — 9i 'le Petermann, 25-VII-1909. Iris marrqn. Estomac: quelques Poiscons,
Euphausies, Décapodes. Ovaire assez développé : 30 millimètres de long sur
14 millimètres dans sa plus grande largeur ; les ovules les plus gi'os ont un dia-
mètre de 3 millimètres.
L. T. : 690. - E. : 500. - A. : 185. - 0. : 185. - B. : 34. - T. : 28. - D. I^I. : 70-16.
N« 253. - çf, île Petermann, 25-VII-1909. Lis brun. Estomac : vide.
L.T. : 725. - E. 530. - A. 196. - 0. : 184. - B. : 39. - T. : ,30. - D. M. : 74-18.
N" 254. — çf, île Petermann, 25-VII-1909. Iris brun. Estomac : petits Poissons, Euphau-
sies, Décapodes, Ampbipodes [Eurisas microps A.-O. Walker (1)], gravier.
L. T. : 740. - E. : 520. - A. : 190. - O. : 199. - B. : 36. - T. : 28. - D. M. : 75-17.
N" 256. — 9i île Petermann, 29-VII-1909. Iris marron. Estomac : petits Poissons,
Eupliausies, Décapodes, quelques Amphipodes. L'ovaire mesure une longueur de
30 centimètres sur 7 à 9 centimètres en largeur; l'ovule le plus gros atteint déjà
3""", 5.
L. T. : 720. - E. : 520. - A. : 190. - Q. : 185. - B. : 37. - T. : 28. - D. M. : 77-17.
(1) Ed. CiiEvuEix, Amiiliipodes (Deuxième Exp. anti fr., Duc. scienlilique?, ji. lii'i. Paris, 1913).
OISEAUX ANTARCTIQUES. 7
N° 257. — cf, île PeliMmaiiii, 2it-7-i'J0n. Iris brun. Estomac: Poissons, Euphausics, Déca-
podes.
Pièces conservées dans le sel.
Nos ggg à 891. — Poussins âgés de trois semaines à un mois. Baie de l'Amirauté, île du Roi-
Goorgc (Shetlands du Sud), 26-XI1-1909. Duvet gris brunâtre, tarses et pattes
d'un rose jaiuiâtro, iris gris brunâtre.
N°s 892-893. — Pousfins âgés de deux à trois fcmainos. Même provenance que les précé-
dents.
N" 894. — Poussin de dix jours environ. Même provenance.
N" .345. - o*- - N» 346 : 9, île Petermann, 22-XI-1909.
Sijslèmc nerveux. - N^^ 348-349 : (f , île Petermann, 22-XI-1909.
No 899. - 9. Baie de l'Amirauté, 26-XII-1909.
De plus nous avons recueilli une collection de pièces anatomiques et de squelettes.
En outre, nous avons rapporté une collection de 44 embryons aux différents stades de
l'incubation (1).
Cii'àce aux nomlireusps observations (iiii oui élu laili's depuis la iin du
xix*^ siècle au cours des dinerentes expédilions dans les régions polaires
australes, la vie de rAdélie nous est aujourd'hui assez bien connue.
Cette intéressante espèce attire particulièrement Tattention de tous
ceux ([ui pi'nètrent dans ces régions glacées. De quelque côté que l'on
aborde TAntarctique, aussi bien par le sud de l'Amérique que par les
longitudes de l'Afrique ou de l'Australie, rx\délie, sur tout le j)Ourtour
de ce vaste continent polaire, est toujours l'un des aniuîaux que le
navigateur rencontre sur sa roule.
Dès les premières glaces de dérive, sur les premiers ice-blocks, il est
là, en sentinelle avancée, observant le nouveau venu avec la curiosité qui
lui est habituelle. Dès loi's, plus le navire s'enfonce vers le Sud, plus il
pénètre dans l'épaisse banquise (pii défend l'accès des terres australes,
plus nombreux sont les Adélies qui l'entourent.
C'est l)ien lui, mélangé à ses congénères, le Pi/g. antarclica et le Pijfi.
papua, le principal habitant de toute la lisière du continent antarctique :
par sa présence continuelle, il anime les glaces de ses allées et venues.
Ses kaah-kaaii., souvent répétés, jettent une note, ])eu harmonieuse, il est
vrai, mais une note de vie qui tranche avec le souffle continu, avec la
respiration monotone des glaces qui se frôlent sous rintluence de la houle.
N'abandonnant jamais ces régions, ne dépassant |)as, vers le Nord, le
(I) Voir Documenis einhnjnijcniqiws (l{. Antikinv et L. Gain).
8 OISEAUX ANTARCTIQUES.
60° de lai. Sud, il peuple les îles d'avant-garde, les pointes basses du
continent antarctique, sur lesquelles, pendant quelques mois de l'année,
les neiges, en fondant, laissent apparaître des lambeaux du sol.
Sur des emplacements peu accidentés, il s'installe en nombreuses
colonies pour la durée de la ponte et l'élevage dos jeunes, — formant
alors ces sortes de villes bruyantes, ces u rookeries » qui comptent
des milliers, souvent même des dizaines de milliers, et quelquefois aussi
des centaines de milliers d'individus : colonies qui se trouvent aussi
bien au sud qu'au nord du cercle polaire.
Rencontré pour la première fois, en 18il, ])ar l'expédition de Dumont
d'L'rville, au voisinage de la Terre Adélie, décrit par llombron et Jac-
quinot (1), il fut retrouvé depuis cette épocpie par tous ceux qui visitèrent
les régions froides australes.
Nous ne donnerons que pour mémoire la liste successive des expé-
ditions qui ont contribué, dans ces dix-huit dernières années, à faire
connaître non seulement cette intéressante espèce, mais aussi tous les
autres Oiseaux des régions antarctiques.
Ce fut d'abord l'expédition de la « Belgica », sous le commandement
de Ue Gerlache (1897-1 899), dans l'ouest de l'Antarctide sud-américaine,
puis les expéditionsde la « Stella Polare " avec Borchgrevink (1898-19001,
au cap Adare ; du « Gauss », avec le P^" von Drygalski (1901-1903), au
sud de Kerguelen (Terre Guillaume II i; de 1' « Antarctic », avec le
DrOttoNordenskjôld (1901-1903), vers les Shetlands du Sud ot la mer
deGeorge-IV; de la « Scotia » avec le IK William Bruce (1902-1904),
vers les Orcades et la Terre de Coats ; de la « Discovery » et du «. Mor-
ning II avec Scott, vers les Terres Édouard-VII et Victoria et la baie de
Mac-iMurdo ; du « Français », avec le D'' Charcot (1903-1905), en- bor-
dure des Terres Palmer, Danco et Graham ; du « Nimrod », avec sir
Ernest Shakleton (1907-1909), dans la mer de Ross et la baie de Mac-
Murdo ; du « Pourquoi Pas? » (1908-1910), dans la région située à
l'ouest de l'Antarctide sud-américaine; du « Terra Nova » (1910-1913),
dans la merde Ross, expédition où son commandant, le capitaine Scott,
trouva une mort sublime après son retour du Pôle ; du k Deutschiand »
(1) HoMiiRcix et J.vr.Qf iNoi, AiDi. se. mit. (2), t. XVI,' 1841, p. 320.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 9
(191 1-11)13), avec Filchner, dans l»>s parages de la terre de Coals, et
enfin de 1' « Aurora » (1911-1914), avec Douglas Mawson, dans la région
de la Terre Adélie.
Au cours de rExpédition du « Pourquoi Pas ? <>, nous avons rencontré
à plusieurs reprises de nombreuses colonies d'Adélies, notamment à
l'île du l^oi-George (Shetlands du Sud), à Port-Lockroy (île Wiencke),
aux îles Booth-Wandel, Pelermann (PI. V, fig. 22), Argentine, et à l'îlot
Détaille, dans la baie Matha, au sud du cercle polaire.
Nous ne nous étendrons pas sur cet être bizarre, admirablement décrit
par Racovitza (1), haut de 60 centimètres, à la tète noire sur laquelle
tranche le cercle blanc de chaque paupière, au dos d'un noir bleuté,
tandis que les parties ventrales sont d'un beau blanc luisant (PI. I, tig. 1).
Nous ne voulons que résumer les observations qui ont été faites par les
naturalistes des diverses expéditions et par nous-même, et donner' une
monographie du genre dévie et des mœurs de cet intéressant Oiseau.
L'Adélie pèse, en moyenne, de 4 à o kilogrammes ; sa température,
d'après les quelques observations que nous avons prises, est de 39°, 2 à
39°, 3. Une numération des globules du sang prélevé sur un adulte capturé
à l'île Petermann, le 3 avril 1909, nous a donné une moyenne de
2 150000 hématies par millimètre cube, les dimensions de celles-ci étant
de 16 à 17 ^. sur 10 ij..
L'Adélie est à la fois curieux et naïf. Venant inspecter tout ce qui lui
paraît étrange, il s'avance en se dandinant de droite et de gauche, puis
s'arrête à quelques pas du personnage ou de l'objet qui attire son atten-
tion, et, planté sur ses pattes, il étudie, cherche à com[)rendre, tout en
poussant de petits cris interrogatifs ou étonnés, et en agitant lentement
ses ailerons.
Quand il n'est pas pressé, en terrain plat, il marche sur les pattes,
dans la position verticale (fig. ii), la tète portée en avant, les ailerons
légèrement ouverts ou pendant le long du corps. Veut-il gagner du temps
ou prendre la fuite, alors sa façon d'avancer est tout autre : il se laisse
(1) E.-G. Racovitza, Résultais généraux de rexpédition antarctiquf Ijelge ICaaserics scient, delà
Soc. zool. de France, 1900, 8l-'.12i ; \'ers le Pùle Sud (Causeries scient, de la Soc. zoot. de France, 1900,
175-242) ; La vie des animaux el des plantes dans l'Antarctique [Exp. ant. belge, sous le com-
mandement de A. de Gerlache, 1897-99 [Soc. roy. belge de géographie), Bruxelles, 1900, 177-230].
Expédition Charcot. — Gain. — Oiseaux antarctiques.
10
OISEAUX ANTARCTIQUES.
tomber sur le ventre et glisse clans cette position, se poussant avec les
pattes (fig. 1). Vient-il à rencontrer une légère montée, pattes et ailerons
lui servent alors à aller de l'avant (fig. 2); rencontre-t-il. au contraire,
une descente, il s'y laisse simplement glisser (PI. Il, fig. 10), se servant
des ailerons en guise de balanciers (fig. 3). Poursuivi, TAdélie peut aller
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Fig. 1 à 5. — Empreintes de Pingouins sur la neige. — Fig. 1 : Progression sur le ventre, avee l'aide
des pattes, en terrain plat. — Fig. :îî : Progression sur le ventre, avec l'aide des pattes et des ailerons,
en montée légère. — Fig. 3 : Progression sur le ventre, avee aide légère des pattes, en descente douce.
— Fig. 4 : Progression sur le ventre, à liane de cule.iu, en montée légère. — Fig. ji : Progression
en position verticale ; empreintes des jiattes et traces laites par la queue. (Les Uéclies indiquent la
direction de la pente.)
assez vite dans cette position, pour t[u"il soit difficile à un homme de
l'attraper à la course : pattes et ailerons agissent rapidement sur la neige
pour augmenter sa vitesse et servent aussi, par des poussées plus vio-
lentes d'un côté ou de l'autre, à sa direction.
Ces Oiseaux arrivent souvent à parcourir de grandes distances sur la
banquise : au cours d'une excursion, en janvier 1909, dans la baie Mar-
guerite, nous avons trouvé des traces dAdélies, à plus de 22 kilomt'tres
de la mer libre. Parfois, ils font aussi de sérieuses ascensions, grimpant
dans les rochers, sautant de pierre en pierre, et, dans les endroits diffi-
OISEAUX ANTARCTIQUES. it
cilos, s'aidant des ailos ot du bec, ils |tarviennont à f.tiro do véritahlos
rétablissements.
Le 12 novembre lOUO, le L)'" Charcot nous fit remaïquer des traces de
Pingouins que l'on apercevait distinctement sur le glacier de la Terre de
Grahani faisant, à 2 milles de distance, face à l'île Pelermann. Ces traces
étaient visibles jusqu'à une hauteur de liiO mètres. A la longue vue, on
distinguait de nombreuses empreintes placées les unes à côté des autres.
En suivant cette piste, nous avons découvert, près du cap Rassmussen,
en bordure d'une crevasse qu'ils ne pouvaient franchir, 31 Adélies,
la plupart couchés. Ces Oiseaux étaient alors à 30 ou 40 mètres au-dessus
de la mer. D'une part, la trop grande largeur de la crevasse, d'autre
part, la pente très forte du glacier en cet endroit, les avaient empêchés
de continuer leur chemin pour arriver à rejoindre la lianquise.
Que signifiait la présence de ces Oiseaux en cet endroit? Après de
longues recherches, nous avons retrouvé leurs traces à leur arrivée sur
le glacier. Ils étaient grimpés en un point où le front du glacier, suivant
la déclivité du sous-sol qui s'enfonçait assez profondément, s'abaissait à
environ l°i,50 au-dessus du niveau de la mer. C'était d'ailleurs l'un des
très rares endroits de toute cette côte par lequel il nous était possible,
dans nos excursions, d'accéder sur les glaciers de la Terre de Graham.
Quel but poursuivaient ces Adélies en allant sur le glacier ? 11 est vrai-
sendjlable qu'ils s'étaient perdus. Peut-être la formation subite de la
banquise, par suite de la reprise du froid, puis une chute abondante de
neige, les avaient-ils déroutés? Peut-être étaient-ils grimpés sur ce gla-
cier dans l'espoir de retrouver plus loin la mer libre, ce qui nous parait
invraisemblable, — la marche sur la banquise leur étant moins pénible et
plus favorable. Il faut certainement attribuer leurs ascensions successives
à une erreur de direction.
Après avoir fait près de 2 kilomètres sur le glacier et grimpé à lùO mè-
tres pour redescendre vers la mer, après avoir longé et contourné
maintes crevasses, ils sont arrivés en l'endroit où nous les avons
trouvés, ne pouvant pousser plus loin leur excursion involontaire, arrêtés
et par une crevasse, et par ià-picdu glacier tombant dans la mer.
Le 13 novembre, la petite troupe a essayé vainement de gagner la mer
12 OISEAUX ANTARCTIQUES.
en loi];j,eant !a crevasse, mais renti-eprise lui parut sans doute trop har-
die, car elle est revenue sur ses pas pour camper au môme point que la
veille. Le 14, les Adélies n'ont pas bougé. Enfin, le 15, il n'y a plus trace
d'Adélies sur le glacier : le chenal, à la suite d'un violent coup de vent
de N.-E., s'est dégagé : après un jeûne de plusieurs jours, tiraillés par
la faim, les Adélies auront employé les grands moyens ; peut-être se
seront-ils laissés glisser dans la mer, le long de la l'alaise de glace, ou
bien encore, suivant leurs anciennes traces, seront-ils revenus à l'endroit
où ils avaient abordé le glacier.
Toujours assez lourdauds d'allure sur terre, les Adélies ont dans la
mer, où ils prennent leur nourriture, une agiliti' et aussi une sûreté
de mouvements extraordinaires. Nageurs merveilleux, ils vont à la
recherche de petits Crustacés Schizopodes appartenant au genre
Eup/iat/sia (Eup/iansia suprrha), qui vivent par énormes bancs, fréquen-
tant le plus souvent la lisière du pack, le voisinage des icebergs et celui
des glaciers en bordure du continent. Fréquemment aussi, ils se nour-
rissent de Crustacés Décapodes. Parfois, et principalement au printemps
et en été, on trouve dans leur estomac des petits Poissons longs de quel-
ques centimètres, — et môme, mais plus rarement, quelques Amphipodes
et des becs de Céphalopodes.
On les voit alors fendre l'eau, à grands coups d'ailerons, filant souvent
en zigzags, pour se dérober plus facilement à leurs redoutables ennemis,
les Phoques (1) et les Orques. La queue et les pattes, dans cette façon de
progresser, sont seulement employées comme gouvernail. Mais, si l'Oi-
seau vient à se reposer à la surface de la mer, alors, au lieu des ailes, les
pattes lui servent pour avancer. Arrivés sur le lieu de pêche, ils bondissent
hors de l'eau, à intervalles réguliers, pareils à de petits Dauphins, et
faisant des saiîts qui dépassent 50 centimètres au-dessus de la mer.
Lorsqu'ils sont en pleine mer, loin des côtes, il leur arrive fréquem-
ment de se reposer sur un floë ou débris de banquise (PI. II, fig. 12). Ils
reconnaissent tout d'abord l'emplacement où ils veulent sauter, puis,
(I) Le Phoque crabier [Lobodon cardnophmjm Gray), le Phoque de Weddell {Leplowjc hôtes
Weddelli Lesson) et suitout le Léopard de mer {Hydiuii/a leplonyx Blainville) font une ample
consommation de ces Oiseaux, ainsi que des autres espèces de Sphéniscidés.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 13
décrivaiil un vnsto cercle, ils prennenl ieui' éhiii <'t bondissent hors de
l'ean, vers l;i |)la(|ue de glace sur la(|uelle ils retombent le corps droit,
sur les pattes. Ils arrivent à l'aire ainsi des bonds (jui atteignent plus de
2 mètres de hauteur. Parfois l'élan est insuffisant et le coup manqué : ils
recommencent alors, sans découragement, jusqu'à ce qu'ils réussissent.
L'Adélic est brave et fuit rarement devant le danger. Vient-il à
être tourmenté, il fait face à son agresseur, hérisse les plumes noires
qui recouvrent la région cervicale; puis il prend sa position de combat :
le corps droit, la tète haute, le bec en l'air, les ailerons redressés, ne
perdant pas de vue le provocateur. 11 fait alors entendre une sorte de ron-
ronnement, de grognement sourd, pour bien prouver qu'il n'est pas con-
tent et ne laisser aucun doute sur la ferme résolution qu'il a de se
défendre. En cette mise en garde, il attend. L'ennemi bat-il en retraite,
alors le Pingouin abandonne son altitude menaçante. Souvent il reste
sur place, parfois il se retourne et fuit ventre à terre, se poussant de
toute la force de ses pattes et de ses ailerons. Vient-il à être rejoint, au
lieu de chercher à augmenter de vitesse, il s'arrête, se retourne, fait face
de nouveau au péril et revient à sa position de combat. Parfois aussi il
prend l'oftensive, se jetant sur son agresseur, qu'il maltraite fort à coups
de bec et d'ailerons.
L'arrivée des Adé/ies à la raokerie. — Vers la fin de l'hiver ou le
début du printemps, les Adélies abandonnent la lisière du pack, où ils ont
passé la mauvaise saison, pour se porter vers le Sud, avançant avec la
mer libre qui gagne de plus en plus sur la banquise. Celle-ci, en
effet, sous l'induence des températures plus élevées auxquelles se
joignent, dans l'œuvre de destruction, le vent et la houle, se débite peu à
peu en plaques, en floës, qui sont emportés par les courants et vont
former ces glaces de dérive qui se trouvent en abondance sur tout le
pourtour de l'Antarctique.
Les Pingouins, avec la mer libre, reviennent peu à peu vers les lieux
où ils ont, chaque année, l'habitude de construire leurs nids. Ils y
reviennent soit les uns après les autres, par petites troupes, comme
cela eut lieu à l'île Petermann, — soit au contraire, mais ce cas est
plus rare, en colonnes compactes, tous à la fois, comme nous
14 OISEAUX ANTARCTIQUES.
ravons constaté pour la colonie placée sur l'une des iles Argentine.
Les colonies de ces Oiseaux sont presque toujours situées en des
points du continent ou des îles qui le bordent, assez faciles d'accès,
sur les pentes basses ou les rochers peu escarpés bien exposés aux
rayons du soleil, là où le sol se débarrasse de la couche annuelle de
neige. Ces rookeries sont surtout nombreuses en bordure des Terres
de Graham, Danco, Louis-Philii)pe et du Roi-Oscar, des iles de
l'Archipel Palmer, dans l'Est des Shetlands du Sud, aux iles Orcades,
puis vers la Terre Adélie et la partie Nord de la Terre Victoria.
C'est dans l'Antarctide sud-américaine, près de la Terre de Graham,
sur l'ile Petermann, située par 65° 10' 32" de lat. S. et ()Go30' 30" long. W.
Paris, que j'ai pu examiner en détail ces intéressantes bêles, et les
observations suivantes sont le résumé des éludes ixiursuivies en
cette ib' pendant près d'une année, du mois de janvier à la fin do
novembre 1900.
L'emplacement de la rookerie est restreint : voisin de la côte, il
s'étale sur une longueur de quelque 200 ou 300 mètres jusqu'à une
hauteur de 2o mètres, divisé en plusieurs ilôts. A la fin de l'hiver,
après les nombreuses chutes de neige, la surface du sol est recouverte
d'une couche uniformément blanche que tache çà et là quelques poinle-
ments de roches.
Mais la venue des Pingouins ne va pas tarder à faire prendre un
aspect tout dillerent à celte parlie de l'ile. C'est au mois d'octobre que
les premiers Adélies ont fait leur apparition. Dans le chenal de Lemaire,
qui sépare Pelermann de la Terre de Graham, la l)anquise se frag-
mente peu à peu, les plaques de glace s'en vont à la dérive, laissant
de grandes flaques d'eau libre qui s'augmentent journellement. De
cette direction partent quelques cris de Pingouins, animaux d'avant-
garde qui commencent à venir rôder autour de leurs anciennes rookeries.
Le 12 octobre, le premier Adélie vitMit rendre visite à son ancienne
patrie, puis il disparait les jours suivants.
Le 15 octobre, les deux premiers Oiseaux se fixent sur l'île. Il
y en a i le 10, V) le 20; puis le 21 tous ont disparu.
C'est à partir du 22 qu'ils prennent vraiment possession de leur
OISEAUX AXT ARCTIQUES. 15
rit('' ahan(lonn<''(> dcimis huit mois. A !> hciiros du m;ilin, ils smil 10:
pliisiours voiil. vicniHMit, somhiant d(''j;i clicpclicr les cailloux indispon-
saLlc à la oonslfuclinii de leur nid; mais coux-ci sont encore recou-
verts de neii;e. A 2 heures de l'après-midi, 2(1 oiseaux sont ari'ivés :
3 commencent leur nid. A (i heures du soir, ils sont .'33. La tem|)é-
ralure de l'air est voisine de -j- 1° : avec les allées et venues des Adélies,
la neige fond vite, aussi les cailloux qui avaient servi l'année
précédente pour la confection des nids apparaissent-ils de tous côtés.
Le 23 octobre, les Pingouins sont 'M) à \) heures du malin, 61 à I heure
de l'après-midi, Oti à 0 heures du soir. La plupart construisent leur
nid : l'un, plus heureux ou plus travailleur que les autres, a déjà
terminé le sien. Les querelles de propriété commencent, chacun
défend son bien.
Et tous les jours, d'heure en heure, le nombre des habitants de
la colonie augmente.
Il semble, et ceci m'a été confirmé par la suite, cpie ces Oiseaux
retrouvent un pays connu. Ils arrivent tranquillement, les uns après
les autres, nullement étonnés, comme s'ils s'étaient donné rendez-
vous. Aucune surprise chez eux, aucune hésitation : on perçoit faci-
lement que ce coin de l'île leur est familier. — A peine arrivés
beaucoup se couchent sur la neige comme pour se reposer des
fatigues d'un long voyage; quelques-uns, plus résistants ou moins
paresseux, cherchent les cailloux nécessaires à la construction de
leur nid iPI. I, fig. 7 et 8) ; mais il règne encore peu d'entrain
dans la colonie.
Le blanc de leur plastron commence à se maculer de la boue
rouge caractéristique de leurs rookeries. Avec les températures voi-
sines de zéro dues au vent de N.-E. qui souffle presque sans arrêt,
la neige fond rapidement, et cette fusion est encore facilitée par
l'apport continuel d'eau salée que ces animaux transportent sur
eux en venant de la mer, et dont, avec leurs allées et venues conti-
nuelles, ils imprègnent le sol. Le guano des années précédentes fait bien-
tôt, avec la neige à demi fondue, une sorte de bouillie lie de vin, dont
les habitants de la cité ne tardent pas à être souillés (PI. 1, fig. 2).
i6 OISEAUX ANTARCTIQUES.
A quoi faut-il attribuer la couleur spéciale que prend le sol des rookerios
du Pingouin Adélie? Cela tient à Talimentation presque exclusive de
l'Oiseau en Ëup/taiisies, Crustacés dont la matière colorante rouge s'altère
peu dans son passage à travers le tube digestif et donne aux excréments
une couleur rouge-brique ou lie devin. C-etto particularité permet d'ailleurs
de reconnaître de très loin l'emplacement d'une colonie d'Adélies.
Une autre circonstance permet aussi de s'orienter pour découvrir les
rookeries qui ne sont pas visibles, cachées parfois derrière quelque mou-
vement de terrain : c'est l'odeur très persistante et fort désagréable qui
s'en dégage, odeur à la fois de poisson et d'ammoniaque, que les
courants aériens transportent souvent à une distance ti'ès grande.
La vie de la rookerie devient plus active. Ce sont surtout les mâles qui
arrivent les premiers. La plupart commencent la construction du nid.
Celui-ci se compose uniquement de petites pierres en plus ou moins
grande quantité, suivant la peine que s'est donnée le constructeur. Pres-
que toujours le niàle se charge de la recherche des cailloux : il les apporte
à lafemelle qui les range, les dispose en cercle de manière aménager au
centre une dépression dans laquelle seront déposés les œufs. Pour faire
ce travail, la femelle est le plus souvent couchée dans le nid : elle tourne
et retourne les pierres qui sont près d'elle, les déplace, les arrange à sa
façon, tandis que le mâle continue les allées et venues, apportant chaque
fois un nouveau caillou.
Parfois aussi la femelle, comme le montre l'observation suivante, con-
tribue à la recherche des matériaux de construction. Une femelle, le
plastron rougi par la boue des rookeries, a beaucoup travaillé à la confec-
tion du nid; lassée par ce dur labeur, elle a besoin de repos. Le mâle, au
contraire, est alerte, propre : à son plastron blanc immaculé, on devine
qu'il revient de la pèche. La femelle vient de le mettre au courant de ses
fatigues, et, tandis qu'elle se couche sur le nid, en bon mai'i, le mâle
rattrape le temps perdu : il court plutôt qu'il ne marche, les ailerons
déployés, chercher les petites pierres à une cinquantaine de mètres de
là: puis il revient aussi vite, passant hors de portée des auti'es couples,
de façon à ne pas troubler l'ordre de la cité, il va déposer sa charge sur
le nid ; la femelle examine si le caillou a été mis en bonne place, puis elle
OISEAUX ANTARCTIQUES. 17
reprend son sommeil l<''i^er, tandis que le mâle part pour un nouveau
voyage.
Et les Adélies arrivent toujours plus noiubreux. Sur la hancjuise du
chenal de Lemaire (26 octobre), on voit partout des petites troupes :
Tune d'elles, sur un floë, est composée de 80 individus : tous dormant,
sauf cinq sentinelles qui entourent le groupe et veillent.
A Petermann, sur la rookerie, il y a \ 17 Oiseaux le 24 octobre, 194
le 25, 281 le 26, 387 le 27, 448 le 28, 696 le 29.
Le dégel continue, le moindre rocher dt'couvert est aussitôt occupé;
plusieurs nids sont déjà terminés.
Les petites pierres se font de |)lus en plus rares; il devient difficile aux
nouveaux arrivants de s'en procurer : aussi les derniers venus usent-ils
de ruse pour en voler aux nids voisins.
Voici, par exemple, un Adélie qui reste au centre d'un amas de cailloux
(plus qu'il ne lui en faut pour faire son nid) et le défend contre un voisin
qui cherche, par tous les procédés, à lui en soustraire :1a querelle s'anime
et le voisin est obligé de battre en retraite. Mais, pendant tout le temps
que dure la dispute, un troisième larron profile du relâchement dans la
surveillance exercée sur les autres points du tas de cailloux et enlève au
possesseur tout ce qu'il peut de ses précieux matériaux.
Les querelles de propriété augmentent, chacun travaille pour soi:
l'égoïsme règne en maître. La méfiance est partout. On se méfie du
voisin qui, dès qu'il approche, est soupçonné : cherche-t-il, malgré les
cris, les menaces, à avancer encore, il est reçu à coups de bec (PI. 111,
fig. 15) ; vient-il à voler un caillou et à être surpris, il est poursuivi et
corrigé d'importance. A tout moment, des querelles, des comljats de ce
genre éclatent. Et souvent une dispute entre deux individus, dégéné-
rant en bataille, finit parjeter le trouble dans tout un coin de la rookerie
(Pl.llljfig. 16). L'Adélie estun farouche individualiste, constamment en
conflit pour défendre sa propriété.
La population devient de plus en plus dense : il y a 852 Oiseaux le
30 octobre, 1 152 le 31, 1295 le 1" novembre, 1575 le 3, 1850 le 6.
Si à file. Petermann les Adélies viennent les uns après les autres sur
le lieu de ponte, il peut se faire aussi que tous les Oiseaux d'une même
Expédition Chai'cot. — Gain. — Oiseaux aiiUicliiiues. 3
i8 OISEAUX ANTARCTIQUES.
rookerie arrivent on même temps. Ce cas s'est présenté pour les
Pingouins ([ui nichent sur l'une des îles Jallours, au sud de Petermann,
à la hauteur du cap Tuxen. Le 26 octobre, le chenal de Lemaire était
couvert de glaces de dérive jusqu'à la hauteur de l'île Petermann, tandis
que vers le Sud et dans l'Ouest la l)anquise compacte s'étendait à perle
de vue.
Or, à cette date, à 8 h. 30 du matin, une troupe de plusieurs milliers
d'Adélies (4000 à 5 000 environ) montait sur la banquise près des îles
situées au sud de Petermann et faisait route dans la direction des îles
Argentine. Elle était précédée à quelque distance par une centaine
d'individus qui semblaient marcher en éclaireurs et former comme une
sorte d'avant-garde.
Le lendemain 27 octobre je constatai, à la longue-vue, la présence des
Adélies sur les rookeries des îles Jallours, et il m'a été facile d'en compter
plus d'un millier. Je voyais nettement leurs allées et venues à la recherche
des cailloux et la construction des nids. A cette date, ces îles étaient
encore entièrement cernées par la ban(|uise.
Sur les rookeries de Petermann, la neige continue à fondre, mais
beaucoup de rochers sont encore ensevelis et les Oiseaux obligés de
rester sur place en attendant qu'elle disparaisse pour laisser à découvert
le rocher qu'elle cache (PI. III, fig. 13).
L'instinct de ces animaux, joint à la connaissance des lieux, est fort
curieux : on les voit, par petites troupes, se coucher à la surface de cette
neige en un point déterminé. Ils semblent prévoir que, en cet endroit
seulement, la neige, en fondant, leur rendra le rocher et les petits
cailloux qu'ils savent être au-dessous. A force de stationner à la même
place, sous l'influence de la chaleur qu'ils dégagent, ils finissent par se
creuser un trou dans lequel ils déposent les quelques pierres qu'ils ont
pu trouver; et peu à peu, chaque jour la dépression se creusant davan-
tage, ils parviennent au rocher tant désiré.
Les iMégalestris [Mocjalef^tris Maccormicki) et les Goélands dominicains
[Larus fIo}/iiniea?n(s) commencent à renier au-dessus des rookeries, à la
recherche des nmfs. Mais les Adélies n'ont encore aucune occasion de
s'en émouvoir, et la présence de ces Oiseaux de rapine les laisse indifl'é-
OISEAUX ANTARCTIQUES. Ig
rcnts. TI n'en sera pas de MK'iur dans quelques jours, lors(|U(' les pre-
miers œufs seront pondus.
Lfi rie à la rookerie avant la ponte. — Dès que les Pingouins arrivent
à la rookerie, les mâles se mettent à la recherche d'une femelle avec
laquelle ils resteront jusqu'à ce que les jeunes soient assez âgés pour se
débrouiller seuls. Pleins d'entrain devant les femelles, les mâles font une
cour assidue.
l'arfois deux mâles, ayant les mêmes goùls-, font la cour à la même
femelle. 11 faut alors les voir rivaliser de prévenances. La femelle, enca-
drée de ses deux prétendants (PI. III, fig. 13) qui font probablement
assaut de belles paroles, nose pas trop vite se prononcer : elle est inti-
midée. Et ces assauts d<' galanterie se terminent, en général, pour les
deux prétendants, par une bataille en règle : mais je ne puis dire avec
certitude si le vainqueur de la lutte engagée devient fatalement le com-
pagnon de la dame Adélie.
Lorsqu'un mâle est agréé, le nouveau couple mène la vie en commun
et ne se quitte plus. Malheur à celui qui essaierait de séduire la com-
pagne officielle. Le mari vient-il à s'en apercevoir, il tombe sur l'intrus à
coups de bec et d'ailerons (PI. III, lig. 10). Mais ils sont lun et l'autre
courageux : aucun ne veut avoir le dessous, d autant que la femelle est là,
qui assiste à la lutte. Les coups pleuvent, les combattants se roulent
dans la boue rougeâtre; enlin l'audacieux flirteur finit presque toujours
par battre en retraite, poursuivi par le mari ofïensé. Tout le quartier de
la cité, témoin de cette querelle intime, entre en effervescence. Dans sa
fuite précipitée, le coupable court au plus près, sans se soucier de ce
qu'il rencontre, dérangeant tout sur son passage. En cherchant à le
rattraper, l'outragé fait de même : les cailloux des nids roulent de tous
côtés, et les voisins, tout à l'heure si tranquilles, maintenant bousculés,
font entendre un brouhaha assourdissant : au calme succède la tempête,
dans ce coin de rookerie mis on désordre par la fuite de l'un et la pour-
suite de l'autre.
Il en résulte une mêlée générale : les coups pleuvent de tous côtés,
accompagnés de vociférations nombreuses. Et le calme ne renaît qu'après
le départ des fauteurs de désordre, quand les différents couples se sont
20 OISEAUX ANTARCTIQUES
enfui iTlrouvés, chose qui parait au premier abord fort dillicile, mais que
j'ai toujours constatée.
Alors pour exprimer sans doute la satisfaction de se revoir sain et sauf,
chaque couple, les deux Oiseaux se faisant face, lèvent le bec en l'air,
puis font osciller la tète et le cou, alternativement de droite et de gauche,
tout en faisant entendre une sorte de coassement ininterrompu (1*1. I,
fig. 5).
Mais si les flirts existent parfois dans le monde pingouin, les ménages
unis sont cependant la très grande majorité. Le 29 octobre, j'ai marqué
plusieurs de ces ménages, et jai constaté pour chacun d'eux que le même
mâle et la même femelle restaient ensemble pendant toute la période de
l'incubation et les premières semaines de l'élevage des jeunes. Pour un
seul couple, cependant, l'un des conjoints, le mâle, a été abandonné par
sa femelle et mis à l'index de la rookerie. Je fus involontairement,
je dois l'avouer, l'auteur de ce pénible exil. J'avais l'habitude de marquer
les couples en expérience d'une tache de couleur rouge ou blanche faite
au pinceau. Mais ce n'est pas chose facile que de badigeonner ces Oiseaux
à la place prévue d'avance, elle mâle en question reçut mon coup de pin-
ceau en pleine figure : une superbe tache rouge recouvrait tout le fi'ont
et la tempe droite. L^n tel déguisement ne plut nullement à la femelle du
Pingouin, non plus qu'au reste de la colonie qui le chassa sans pitié et
lui interdit l'accès de la rookerie. Et je le vis les jours suivants, sur la
neige, à l'écart de ses semblables, en quarantaine, puis il disparut subite-
ment. Alors je me suis demandé avec peine si je n'avais pas un suicide
sur la conscience!... ]*ar contre, la femelle, moins triste, avait repris un
nouveau compagnon.
Les femelles sont en général plus craintives que les mâles. Elles
attaquent rarement. De taille légèrement plus petite, le bec moins épais,
elles hérissent moins les plumes de la tète quand elles sont en colère.
Leur cri est plus sourd que celui du mâle.
Lorsqu'on se promène au voisinage des rookeries, on remarque cer-
tains Oiseaux, des mâles qui prennent une pose particulière : debout sur
les pattes, ils allongent le cou, le bec en l'air, verticalement, et ils l'ont
entendre une sorte de gloussement, en même temps qu'ils battent des
OISEAUX A \T ARCTIQUES. 21
ailes avoc drs mouvements Iciils el i-ythmés (IM. I, (ii;. 6). Ce semble être
chez eux une l'aron de se divcitii', une manière de prouver leur salis-
faction, qui se reproduit surtout pendant la durée des appartements et de
la ponte.
Commencée le 2(S octobre, la période des appariements se continua
jusque vers la fin de novembre.
L'appariement donne lieu à une curieuse cérémonie. La femelle est
généralement couchée sur le nid; le mâle, lui faisant face, s'approche
lentement, avec précaution, la tête basse. Subitement, il monte sur le
dos de la femelle et se tourne pour se présenter dans le même sens que
celle-ci. Pendant tout le temps qu'il est ainsi perché, il cherche constam-
ment, en déplaçant ses pattes et en étendant ses ailerons, à garder un
équilibre qu'il finit bien souvent par perdre. Quand il peut conserver cet
équilibre, il se penche en avant, sans doute pour exciter la femelle qui
redresse la tête de manière à rapprocher son ix-c de celui du mâle
(PI. III, fig. 14); les deux becs restent ainsi en contact jusqu'à ce qu'une
éjaculation rapide mette fin à la cérémonie. Aussitôt le mâle abandonne
le dos de la femelle ; alors, face à face, les tètes basses, les deux Oiseaux
restent un moment immobiles. Enfin, la femelle remue la queue, secoue
ses plumes, tandis que le mâle se tient debout, près du nid.
Durant les chutes de neige et les fortes tempêtes (nous l'avons constaté
à mnintes reprises, et notamment le 3novembre), lesAdélies se couchent
le plus souvent le dos au vent, et ils attendent la fin de la bourrasque. Si
la neige ou le chasse-neige sont abondants, il peut arriver que les Oiseaux
se trouvent en partie et même complètement recouverts. Parfois cette
neige, au contact du corps de l'animal, fond à demi et forme de petites
boules de glace pareilles à de grosses larmes, qui se fixent aux plumes ;
et, lorsque l'animal remue, ces petits glaçons produisent, en se heurtant
les uns contre les autres, une sorte de tintement, comme un bruit de
verres qui se choquent.
Si les Pingouins sont pris par ces bourrasques, lorsqu'ils vont à la
pêche ou en reviennent, ils attendent la fin de la rafale, ou ils continuent
leur route, marchant les uns derrière les autres, eu longues processions.
Le 9 novembre, des Oiseaux arrivent encore sur l'île. Les retardataires,
i2. OISEAUX ANTARCTIQUES.
et ils sont nombreux, cherchent des cailloux pour leurs nids : mais les
pierres se font de plus en plus rares. J'ai remarqué un Adélie (jui faisait
à chaque voyage plus de 100 mètres pour aller chercher des cailloux :
ils se trouvaient assez abondants sur des rochers élevés d'une dizaine
de mètres au-dessus des dernières rookeries actuellement habitées. 11 y
avait eu là probablement une ancienne colonie abandonnée sans doute
par suite de la diminution des habitants de la cité. Notre Pingouin, à
chaque voyage, transportait un caillou à son futur nid, lequel caillou
était le plus souvent volé par un de ses semblables, dès qu'il partait faire
un nouveau voyage, et cela malgré lafemelle qui essayait de défendre son
bien. Il se donnait un mal inouï pour n'arriver à aucun résultat, .l'eus
pitié de lui : et, tandis qu'il était absent, ayant fait au préalable une
ample provision de ces cailloux si rares et tant recherchés, je lui confec-
tionnai un nid superbe, comme nul de ses collègues n'en possédait. A son
retour, son premier mouvement fut agressif, et il me gratifia d'un coup
d'aileron. Puis, comprenant que je ne lui voulais aucun mal, il s'adoucit,
et me regarda remplir de cailloux le trou (ju'il était péniblement parvenu
à faire dans la neige. Alors il s'installa, rangea les cailloux à leur place
définitive, se laissant caresser sans aucun mouvement de révolte, tandis
que la femelle, calme à côté du nid, regardait son compagnon, en pous-
sant de temps en temps des ronronnements de satisfaction.
La ponte, l incubation, f élevage des Poussins. — Les Adélies pondent
deux œufs, très rarement trois. Si on enlève les œufs du nid, on peut
encore arriver à faire pondre deux ou trois œufs, mais ceux-ci sont de
plus en plus petits et ne renferment souvent que de l'albumine.
Les œufs, d'un blanc légèrement verdàtre, ont en moyenne un grand
diamètre de (38 à 72 millimètres sur 55 à o8 millimètres (PL IX, fig. 38, A ).
Leur poids moyen varie entre 125 et 135 grammes. Le plus petit ceuf
trouvé (un o'uf de quatrième ponte dépourvu de vitellus) mesurait
17 sur il millimètres et pesait 53 granmies. Le vitellus est jaunâtre
comme celui des œufs de poule.
Le tableau suivant donne la liste de la collection des nnifs d'Adélies que
nous avons rapportés de l'Antarctique, avec pour chacun d'eux la prove-
nance, la dimension, le poids et l'indication de la ponte.
OISEAUX ANTARCTIQUES.
23
NUMERO
■rur.iio.
528
529
530
531
550
551
552
553
554
555
550
557
558
559
500
561
5(i2
563
504
565
506
507
5(')8
569
570
571
Ht
2
57:î
574
575
570
577
578
579
581)
581
582
583
584
585
586
587
588
589
590
591
592
593
594
595
590
PONTE.
{■"■
UJN(iUEUK
LAUUKlIlt
en
fil
POIDS.
PHOVENANCE.
DATE.
iiiillinu-lros.
millimètres.
77
50,5
■)
Ile Booth-Wandel.
30-XH-190S.
()1,5
48
■>
—
— •
02
47
•1
—
—
73
55
•}
—
—
75
59
148
Ile Petermann.
19-XI-1900.
70
59,3
144
—
—
72
58,5
143
—
—
70,5
08,5
140
—
—
73
58
138
—
—
73,5
57,5
138
—
—
73,5
57,5
138
—
—
70
58
137
—
—
70
50
130
—
—
74,5
55,5
133
—
—
77,5
54,5
127
—
—
74,5
54,5
12()
—
70
57
126
—
—
73,5
55
125
—
—
08,5
50,5
124
—
—
70
55,5
119
—
—
07
55,5
117
—
—
74
53
116
—
—
09,5
54
113
—
—
00,5
54
113
—
—
73
52,5
112
—
—
05,5
55
111
—
—
07
52,5
102
—
—
07
52
101
—
—
00,5
49
90
—
—
GO
49
89
—
—
70
58
1:33
—
20-XI-1909.
77
58
146
—
—
72,5
58,5
140
—
—
71
50
120
—
—
7'i
53
117
—
—
75
53
119
—
—
07
55
116
—
—
04
52,5
100
—
—
64
50,5
93
—
—
05,5
51
97
—
—
08
49,5
96
—
—
02
50,5
90
—
—
05
40
7,5
—
—
53,5
47
08
—
—
51 ,5
43,5
57
—
22-XI-1909.
08
55
126
—
—
(J7
51
90
—
21-XM909.
09,5
52
109
—
22-XI-1909.
74,5
52
115
—
—
05,5
54
110
—
■ —
47,5
41
53
—
23-XI-1909.
24
OISEAUX ANTARCTIQUES.
NUMÉRO
LONGUEUR
LARUEUn
PONTE.
en
en
POIDS.
PROVENANGE.
DATE.
d'ordre.
millimètres.
millimêli-es.
()(»:i
0.'
O'i
50,5
110
Ile Petermann.
25-XI-1009.
00-i
—
77
5:3
124
—
—
605
—
51,5
41,5
.50
—
—
0(X>
:',<•
m
48
80
—
—
007
—
05,5
48
80
—
—
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—
01,5
50
88
—
—
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—
01,5
51
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—
—
010
—
C()
48
83
—
—
61 r
—
00,5
52,5
107
—
—
012
Irc
08,5
58
130
Jléme
20-Xl-l'.iO(t.
013
Oe
07,5
57,5
120
21-Xl-IOO'.).
014
3<-
05
50,5
118
'
2'i-Xl-l'.)0!l.
015
Oe
75,5
54,5
12'i
(l"'|?poiite.K».5(;0.i
Les deux premiers œufs furent pondus le !) novenibce. Tui(]uet signale
le déijut de la ponte à l'île Booth-Wandel, le A novembre 1904.
C'est l'époque tant attendue des explorateurs qui, réduits bien souvent
à une alimentation presque exclusive de conserves durant les mois
d'hiver, voient avec plaisir arriver cette période. Ces ti'ufs sont comes-
tibles jusqu'au huitième jour d'incubation.
Le 13 novembre, nous avons trouvé Oœufs, 10 le 14, 341e 16, 801e 17,
76 le 19. Et c'est bientôt par centaines que se comptent journellepient les
œufs pondus, dans la rookerie de Petermann qui se compose de 3 000 à
4000 individus. On trouve 134 œufs le 20 novembre, 181 le 21 , 122 le 22,
135 le 23, 240 le 24, 30o le 25. A cette époque, beaucoup d'œufs sont
déjà plus petits que les autres. Ils proviennent de troisièmes pontes. La
ponte décroît vers la tin de novembre, pour se terminer au début de
décembre.
Tous les chiffres donnés plus haut, et principalement ceux des pre-
miers jours de ponte, sont bien inférieurs à la réalité. Malgré des protes-
tations journellement réitérées, nous n'avons pu obtenir que l'on
empêchât les visites secrètes de certains hommes aux rookeries et la
disparition de nombreux œufs. C'est ainsi (nous l'avons appris depuis)
que les réserves de l'équipage se montaient à un millier d'a-ufs : naturel-
lement ceux-ci ne figurent pas dans nos statistiques précédentes.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 25
Dès les premières pontes, il est facile de recuimaitrc les nids renfer-
mant des œufs. A notre approclie, l'Oiseau qui est dessus ne se dresse
pas ; il se contente, si c'est une femelle, de se défendre à coups de Itec : il
faut l'enlever de force. Si le mâle est proche, il vient au secours du nid,
se jette sur le ravageur qu'il harcèle à coups de bec et d'ailerons, et ce
dernier a beaucoup de peine à s'en défaire.
Mâle et femelle couvent alternativement. Quand l'un quitte, l'autre se
couche immédiatement sur les œufs.
Même à l'époque de la ponte, il y a toujours des ([uerelles et des
batailles dans la colonie. Un Pingouin, en passant, bouscule-l-il un
Oiseau en train de couver, celui-ci, furieux, se jette sur l'étourdi, et une
lutte s'ensuit, souvent néfaste pour les œufs. Le calme rétabli, l'Adélie
revient à son nid et ne semble pas s'émouvoir du mal occasionné : un œuf
est-il cassé, il ne s'en occupe pas; un autre a-t-il roulé hors du nid, son
propriétaire l'abandonne. Un Pingouin quelconque, passant près de l'œuf
égaré, se contente de le casser d'un coup de bec, sans jamais le manger.
Ces querelles font presque toujours le bonheur des pilleurs que sont
les Mégalestris [MegalestrisMaccormickiei M. antarctica). Ces Goélands
attendent avec impatience la ponte des Adélies. Oiseaux de rapine, ils
s'emparent de tout ce qui, n'étant pas surveillé, peut leur servir de nour-
riture.
Un Pingouin étourdi quitte-t-il son nid, aussitôt un Mégalestris, venu
on ne sait d'où, mais qui se trouvait quelque part, en sentinelle, s'abat
sur celui-ci, prend un (inif danssonbec etl'emporte |)0ur aller le manger
au repos, hors de la rookerie. H ai'rive même à ces (Jiseaux, comme
nous avons pu le constater, de voler de jeunes Poussins. Aussi, autour
des nids de Mégalestris, trouve-t-on toujours une quantité de débris de
coquilles, d'os et de duvet, qui témoignent des nombreux larcins de ces
Goélands.
Dès le début de la ponte, les Adélies se méfient de ces redoutables
ennemis. Un Mégalestris vient-il à passer au-dessus de la colonie, en
recherche de quelque proie, aussitôt tous se tiennent sur la défensive,
levant la tête, le bec en l'air, n*^ perdant pas de vue celui qu'ils savent
être à l'affût d'un mauvais coup à faire.
Expédition Charcot. — Gain. — Oiseaux antarctiques. 4
26 OISEAUX ANTARCTIQUES.
La femelle prend grand soin de ses œufs : plusieurs fois par jour, elle
les retourne avec le bec, puis elle se couche sur eux, de manière à mettre
en contact avec la coquille la région de l'abdomen qui, sur une surface
longitudinale médiane, est dépourvue de plumes. La partie inférieure des
œufs repose sur les pattes de l'Oiseau. Femelle et mâle couvent alterna-
tivement.
L'incubation dure de trente-trois à trente-six jours. Valette (I), aux
Orcades du Sud, a constaté une durée de trente-six jours.
Même à l'époque de la ponte, une grande partie des rochers sont
encore recouverts de neige, et nombreux sont les couples qui ont été
obligés de faire leur nid sur celle-ci, en attendant que leur présence con-
tinuelle à la même place ait dégagé la roche de la neige qui la cachait.
Mais les froids sont encore vifs en novembre : le 13 et le 1 1, par exemple,
il y eut des minimums de — 15°. Parle stationnement prolongé des
Oiseaux, il se forme des creux dans la neige. Et souvent les ceufs sont
déposés au fond de ces poches et couvés avec peine, avant que la neige
ait disparu. Ce procédé d'incubation est d'ailleurs fort nuisible au déve-
loppement des embryons. Il arrive fréquemment, si la température de
l'air monte au-dessus de 0°, que l'eau provenant de la fonte de la neige,
envahit ces excavations, s'y accumule et recouvre le ou les onifs. Alors
l'un des adultes procède au sauvetage de sa future progéniture : s'aidant
du bec et des pattes, il retire les onifs, les place à côté de l'excavation, à
la surface de la neige, et les couve à nouveau, tandis que l'autre adulte,
n'abandonnant pas le trou, prend un bain de pied forcé : mais ainsi il
continue à faire fondre la neige, espérant toujours arriver au rocher
qu'elle recouvre.
Les premiers Poussins éclosentdansla seconde quinzaine de décembre.
Au début, ils sont couverts d'un duvet uniformément noirâtre, plus foncé
sur la tète. Puis, lui fait suite un second duvet d'un brun sale, qui le
recouvre entièrement. Au bout de sept à huit semaines, les Poussins le
perdent pour prendre la parure qu'ils garderont pendant une année,
jusqu'à la prochaine nuie, à l'été suivant.
(I) L.-H. Valette, Viage a las Islas Orcadas australes [Anal, dcl Minifil. (/<• Aijiic, (. III, n" 2,
Buenos-Ayies, 1906). '
OISEAUX ANTARCTIQUES. 27
Ouand IV'closioii des oniCs est torniiiKM', dans la première (juinzaine
de janvier, la cité ])résente une grande animation. Les parents doivent
assumer la lourde mission de nourrir les Poussins qui vont rapidement se
développer. Au début, à lourde l'ùle, niàle et femelle abandonnent le nid
pour aller à la pècbe.
On voit alors les Adéiies quitter la rookerie par petites troupes qui,
suivant toujours la même route, finissent par ti-acer de véritables sen-
tiers dans la neige (PI. TI, fîg. 9), pouratleindr(i quelque point de la côte,
d'où il sera facile de se lancer à la mer. Dans chacun de ces groupes, il
semble qu'il y ait un chef auquel les autres Oiseaux ont confié la mission
de les diriger. Arrivée près du rivage, la troupe s'arrête, se concerte.
Après quelques hésitations, probablement au cri du chef répété par la
bande entière, tous piquent une tète et filent rapidement à la recherche
des Eaphaasics (PI. TI, iig. llj.
Suivant l'emplacement de la rookerie, plus ou moins éloignée de la
mer, les Adéiies sont quelquefois obligés de faire des trajets de plusieurs
kilomètres avant de rencontrer l'eau libre.
Les Pingouins ne restent en mer que le temps nécessaire à la pêche.
Ils hésitent toujours à se mettre à l'eau; s'il leur arrive, par exemple,
d'être poursuivis sur terre, ils éviteront le rivage pour s'enfuir vers
l'intérieur de l'ile ou sur la banquise. Et c'est seulement sur le point
d'être pris, quand ils ne peuvent faire autrement, qu'ils se lancent ta la
mer, mais pour en sortir le plus rapidement possible. Là, en elTet, ils
rencontrent leurs redoutables ennemis les Orques et les Phoques. Le
Phoque crabier, le Phoque de Weddell, et surtout le terrible Léopard de
mer font, })our leur nourriture, une ample consommation de Sphénis-
cidés, et chaque fois qu'on capture l'un quelconque de ces Pinnipèdes^
on est presque certain de trouver dans l'estomac du Phoque une grande
quantité de plumes de Pingouin.
La pêche terminée, toujours par bandes, les Oiseaux rentrent à la
rookerie, où ils sont impatiemment attendus par les Poussins.
L'estomac de l'Adélie forme une large poche musculaire, sans divi-
sion, capalde d'une grande distension, dont la capacité au repos est
de 130 à loO centimètres cubes, et contient au minimum de 250 à
28 OISEAUX ANTARCTIQUES.
210 grammes d'Eup/iausies, ce qui représente plusieurs centaines de ces
crustacés. Chez un jeune çf de quatre mois, nous avons trouvé jusqu'à
370grammesde ces Schizopodes(3 avril lOO'J), et l'estomac d'un adulte çf
capturé sur l'île Petermann le 21 mai 1909 en contenait 420 grammes.
Ceci donne une idée de l'abondance de ces Crustacés dans les mers
antarctiques. Il faut, en effet, songer que, pendant toute la durée de
l'élevage des jeunes, c'est-à-dire durant plus de deux mois, les parents
font un continuel va-et-vient entre la mer et la rookerie, — et qu'il y a,
comme nous l'avons déjà indiqué, certaines colonies dont la population
arrive à plusieurs centaines de mille d'individus.
Un peut évaluer sans crainte de se tromper à des centaines de millions,
les Ëiiphausies qui, chaque jour, servent à la nourriture des Pingouins
Adélie dans la zone antarctique. Or, la plu])art des autres Sphéniscidés,
teh que Pi/gosce/is jja/jua, P. r/nfair/ica, Ap/p/ioiJij/es For-s/»"//, font aussi
leur nourriture de ce Crustacé.
Outre les Euphausies et quelques Crustacés Décapodes, on trouve
encore dans l'estomac de l'Adélie des petits Poissons, rarement quelques
becs de Céphalopodes. C'est surtout à partir du mois de mai, et pendant
les mois d'hiver, que nous avons rencontré une assez grande proportion
de petits Poissons. Parfois même ceux-ci formaient la presque totalité
du contenu stomacal : ce fut le cas pour quatre animaux examinés le
21 mai 1909, et trois le 19 juin 1909. On y trouve aussi des petits
cailloux avalés sans doute dans le but de réduire en une masse molle
toutes les parties indigestes des Crustacés.
La digestion du Pingouin est lente, c'est pourquoi l'on peut trouver
dans son estomac, même plusieurs heures après son retour de la pêche,
des Crustacés à peine attaqués par les sucs digestifs.
L'abandon des rookeries. — Dès le i janvier, les jeunes sont déjà assez
développés. De place en place, sur la rookerie, il reste quelques œufs de
retardataires. Plus les Poussins grandissent, plus ils sont avides de nour-
riture ; les habitudes de la colonie changent alors complètement.
Les Poussins abandonnent peu à peu leurs nids ; les cailloux, par suite
des allées et venues incessantes, sont éparpillés sur le sol de la cité. Les
jeunes n'ont plus besoin de la surveillance continuelle de leurs parents.
OISEAUX AXTARCTIÇUES. 29
C'est à |i.irtii' (le celle ("'itoiiuc (iiic l'uiiidii i|iii ikiiis a loujours pai'u
exister entre les couples semble cesser. H se produit coiiinic une sorte
dcconimunisnie: il n'existe plus de propriétés gardées, et les parents nour-
rissent tous les jeunes sans distinction aucune. Les Poussins se ras-
semblent ; ils se tiennent maintenant par petites troupes, grouillant,
pataugeant au milieu de la boue rougeàtre dont ils sont couverts des
pieds à la tête : l'odeur fort désagréable qui s'en dégage laisse quelques
doutes sur la bonne hygiène de ces animaux.
Chaque groupe est conlié à la surveillance de quelques adultes qui
veillent avec soin sur toute cette jeunesse bruyante et déjà curieuse.
Dans les endroits dangereux de la rookerie, il est bon de redoubler de
surveillance ; des anciens se placent en sentinelles. Malheur à celui qui,
trop curieux, tente de s'approcher des limites défendues : il est vive-
ment sermonné par l'Oiseau de garde, et, si les paroles ne suffisent pas,
un coup de bec ou d'aileron rappelle notre jeune imprudent au sentiment
de l'obéissance ; poussant des cris aigus, le bambin va retrouver ses com-
pagnons plus sages (PI. IV, fig. 17).
Et toujours les adultes vont à la pèche et en reviennent. Cette période
est pour eux sans repos.
Avec son gros ventre qui tombe sur ses pattes, le poussin est très
lourdaud d'aspect. Tantôt complètement repu, il reste sur place sans
pouvoir bouger ; tantôt enlranié par la faim, il court après quelque adulte
revenu de la mer, l'estonaac bourié de butin : il harcèle \r malheureux
jusqu'à ce qu'il se soit exécuté. Par une sorte de régurgitation, l'Oiseau
fait revenir une partie des aliments dans le gosier où le jeune glouton,
enfonçant presque entièrement sa tète dans le bec de l'adulle, va les
chercher (PI. IV, fig. 19).
En février, les Oiseaux perdent peu à peu le duvet, pour prendre la
livrée qu'ils garderont pendant une année, jusqu'à la prochaine mue. Le
6 février, les jeunes, âgés de six à huit semaines, atteignent presque la
taille des adultes. Beaucoup ont perdu leur second duvet; d'autres en
sont encore complètement couverts; certains ont la région ventrale
blanche, tandis que le duvet persévère encore sur les parties dorsales. Ils
ont alors un aspect des plus comiques. Celui-ci conserve sur la tête
m
30 OISEAUX ANTARCTIQUES.
comme une sorte de houppette qui, parfois placée de travers, lui donne un
air « goguenard » ; — cet autre, avec ses plaques de duvet roux sur le
bord des ailerons ou dans le dos, fait penser à un malheureux dont
l'habit s'eifiloche. Les dernières régions du corps où le duvet persiste le
plus longtemps sont : le vertex, l'occiput et la nuque, les parties latérales
du bas du dos et de la région sus-caudale, le bord postérieur des ailerons.
Débarrassés de leur «duvet, les jeunes se distinguent des adultes par
l'absence des paupières blanches, ainsi que parla couleur de la gorge qui
est blanche au lieu d'être noire, la limite du blanc et du noir traversant la
joue au-dessous de l'œil (IM. W, fig. 20). Ce n'est qu'a la prochaine mue,
au bout d'une année, fin février, ou mars, qu'ils prendront alors la livrée
de l'adulte.
Dès le 15 février, les jeunes peuvent maintenant se sulfire à eux-mêmes
(PI. IV, tîg. 18). Les rookeries sont abandonnées. Il ne reste plus que
quelques chétifs attendant, sous la protection des parents, le jour où la
vigueur leur permettra de se tirer d'affaire (PI. V, fig. 24). .
On voit alors, vers la fin de février, les jeunes rassemblés par troupes
le long de la côte de Petermann. Beaucoup sont déjà allés à la mer : ils
sont facilement reconnaissables à leur plastron blanc immaculé, tandis
que les parties ventrales de ceux qui n'ont pas encore osé se jeter à l'eau
sont complètement souillées de boue (PI. IV, iig. 20).
A ce propos, nous devons dire que le jeune Adélie n'a besoin d'aucun
apprentissage pour se jeter à la mer et nager; il le fait d'instinct. Il ne se
trouve pas sous la surveillance des adultes, lorsqu'il se met à Feau pour
la première fois. Nous l'avons souvent constaté, et même nous avons fait
à ce sujet l'expérience suivante : le 12 février 1009, nous avons capturé
quatre jeunes Adélies ; leur saleté caractéristique nous permettait d'affir-
mer qu'ils n'avaient pas encore pris contact avec l'eau. Sans aucune pré-
caution préalable, nous les avons mis à la mer. Après quelques secondes
d'hésitation, il y eut au début un peu de gaucherie dans leurs mouve-
ments, puis ils se mirent bientôt à nager comme s'ils en avaient eu une
longue habitude.
Le 1er niars, les rookeries sont complètement abandonnées. Les
jeunes sont disséminés sur lîle, le long de la côte : ils vont à
OISEAUX ANTARCTIQUES. 31
l'eau. r,(M'(;iiiis ont (Micorc une politc tourte de duvet sur l;i IcMe.
De joui' en joui-, leur nondjre diminue sur l'ile, et Ijienlôt il n'y
en a plus. 1mi mars, ils sont partis, remontant vers le Nord pour
r(>st<'r eu coiilact avec la mer libre.
Les parents ont accompli leur nnivre. Après avoir, pendant quatre
mois, travaillé pour leur })rogéniture, ils vont maintenant penser à
eux.
L'hiver a[)proclie. Aussi les AdfMies vont-ils prendre le nouvel
habit qui leur permettra de supporter les mauvais jours. Ils aban-
donnent la rookcrie et se retirent à l'écart, sur la neige ou dans
quelque anfractuosité de rocher, autant que possible à l'abi'i des vents
dominants (PI. V, fig. 21). Ils resteront là, à la même place, sans
bouger, durant tout le temps de la mue, c'est-à-dire une vingtaine
de jours. Pendant cette période, ne pouvant aller chercher leur nourri-
ture, ils en sont réduits à vivre sur leurs réserves. Ils deviennent
laids, ressend^lenl à des Oiseaux mal empaillés, mangés par les mites.
Immobiles, grelottants, très amaigris, la tète rentrée dans les épaules,
ils ont l'air fort malheureux (PI. I, lig. 3).
La mue commença vers le 0 février lilOO, mais c'est surtout à
partir du 15 qu'elle devint générale. Entre les rochers, par suite de
la grande fusion des neiges due à une période de températures éle-
vées (la moyenne du 20 février fut de + i°,9 et celle du 28 de + 5°),
se voient des amas de plumes, produit des mues successives des
années précédentes (PI. V, fig. 23).
Partout on assiste à la mue des adultes. Dans une ej^cursion
faite le 6 mars à la baie Beascochea, sur tous les îlots et les terres
assez faciles d'accès près desquelles nous passons, nous avons vu des
Pingouins en train de muer, soit isolés, soit réunis par petites
troupes. Tous sont très maigres. Mis à la mer, ils en sortent aus-
sitôt et semblent avoir très froid; leur couche de graisse a disparu;
ils ne sont plus protégés contre la rigueur du climat. Ils choisissent,
pour s'exiler, les rochers ([ui les abritent des vents dominants.
A la lin de mars, la mue est complètement terminée. Peu à peu,
les Oiseaux, par petites bandes, quittent l'île, abandonnant leur cité
32 OISEAUX ANTARCTIQUES.
qu'ils viendront à nouveau retrouver, l'hiver passé, après sept mois
d'absence.
Nous nous sommes en effet assuré que les Adélies revenaient dune
année à l'autre à la même rooUerie.
Lors du premier passage du <i Pourquoi Pas? » à l'île Petermann
(12 janvier 1909), nous avons mis au tarse droit de quelques Pin-
gouins jeunes et adultes des bagues en celluloïd de couleurs diverses
suivant l'àge de l'Oiseau : des bagues violettes à 50 adultes et des
bagues jaunes à 75 jeunes.
En octobre et novembre 1909, au retour des Oiseaux à la
rookerie, nous avons eu la bonne fortune de retouver 1 1 des adultes
marqués neuf mois auparavant (PI. I, fig. 1). Le 7 novembre nous
avons aperçu trois Adélies et le 22 novembre huit autres Adélies
ayant les bagues violettes que nous leur avions mises le 12 janvier
au tarse droit. Peut-être y en avait-il d'autres, mais il faut dire que
la recherche des bagues était très difficile, rendue pénible par
l'abondance des coups de bec et d'aileron dont nous fûmes gratifié.
Nous avons de plus constaté que les Oiseaux Ltagués avaient refait
leurs nids sur les mêmes rochers que l'année précédente.
Nous n'avons retrouvé aucune bague jaune, ce qui semble bien
indiquer que les jeunes d'une année ne reviennent pas encore sur
leur lieu de naissance et ne s'accouplent qu'à l'âge de deux ans.
Si quelque expédition polaire future devait passer dans les parages
de File Petermann, il serait intéressant qu'elle recherche s'il n'exis-
terait pas encore, parmi les Adélies de la rookerie, quelques Oiseaux
bagués, en ayant soin de bien noter la couleur des bagues trouvées.
Depuis le retour du « Pourquoi Pas? » en France, nous avons appris
que, en novembre et décembre 1910, cjuelques Oiseaux bagués ont été ren-
contrés par des baleiniers qui, pendant les mois d'été, vont chasser les
Cétacés dans ces régions. — Il est malheureusement à craindre que les
baleiniers, par suite de la récolte de tous les œufs de certaines
rookeries (comme cela a eu lieu, nous l'avons constaté, pendant
plusieurs années de suite aux îles Déception et Wiencke), et aussi
par le massacre de nombreux Oiseaux, n'arrivent à détruire peu à
OISEAUX ANTARCTIQUES. 33
peu ou à dimiuuei' daus de grandes proportions la pojjulalion de
cerlaines colonies. Le i^ouvernement des îles Falkiand, dont dépend
une partie des terres antarctiques sud-américaines, prit en 19H des
mesures pour protéger les habitants ailés de ces régions antarctiques :
la délivrance des licences de pèche dans ces parages est subor-
donnée à la promesse de respecter les Oiseaux.
La rie des Adélies pendant l'hiver. — Il reste à voir ce que deviennent
les Adélies durant la mauvaise saison.
Il est certain, nous pouvons même dire prouvé, que ces animaux
ne remontent pas loin vers le Nord. Ils recherchent seulement la
lisière de la banquise, afin d'être toujours assurés de pouvoir rester
en communication avec la mer libre, où ils trouvent leur nourriture.
Il est prob.able que si, pendant l'hiver, il y avait toujours de l'eau
libre à proximité des rookeries, ces Oiseaux ne les abandonneraient
pas et resteraient sur les glaces, dans leur voisinage.
Au cours de l'hivernage, j'ai en effet remarqué que, chaque fois
que le chenal de Lemaire, entre l'Ile et la côte de la Terre de Gra-
ham, se trouvait dégagé de glaces, par suite des violents coups
de vent de N.-E. qui avaient vite fait, sous l'influence d'une légère
houle et surtout de l'énorme pression des icebergs emprisonnés, de
disloquer la banquise, on était presque certain d'entendre, venant
de la direction de l'eau libre, les cris de quelques Pingouins.
Souvent même, pendant que durait la bourrasque, de petites troupes
d'Oiseaux grimpaient sur l'ile et se couchaient, laissant passer la rafale
pour reprendre ensuite leur voyage à travers les glaces.
C'est ainsi que le 12 avril 1909, tandis qu'une tempête de N.-E.
souffle avec violence, une bande d'une centaine d'Oiseaux est venue
sur l'île attendre une accalmie; ils étaient tous réunis, la plupart
couchés le dos au vent, couverts en grande parlie de neige : il y avait
parmi eux six Papous. La bourrasque s'étant calmée dans la nuit,
les Oiseaux disparurent.
Quand le froid revint, la banquise se reforma. Sur le chenal couvert
déglace, on ne vit plus trace d'Adélics. Le 17 avril, nouvelle tempête
de N.-E : la glace du chenal se disloque encore, de grands cordons
Expédition C/iarcol. — Gain. — Oiseaux anlaicliciues. -^
34 OISEAUX ANTARCTIQUES.
de incr libre s'ouvrent de toutes parts. Aussi le 18, uouvelle visite
des Adélies : des Oiseaux sont un peu dans tous les coins de l'île,
couchés à l'abri du vent, derrière les rochers ; le chasse-neige étant
violent, l'accumulation de la neige est sulTisante pour recouvrir
entièrement les Adélies.
Mais le froid reprend de plus belle; les animaux repartent, et le 19
la banquise s'est de nouveau formée.
Le 20, la grande houle qui vient dii large brise la jeune glace, et des
chenaux de mer libre se reforment. Aussi |(>s Pingouins reviennent-ils
assez nombreux sur l'ile. Puis ils dispai'aissenl.
Le 30 avril souflleune autre tempête qui disloque à nouveaules glaces.
Le vent continue le \^^ mai : nous avons vu un Adélie.Toujourslatempèie
le 2 : le chenal est libre, aussi des petites-troupes de Pingouins circulent-
elles sur l'île. Le mauvais temps durant, il y a, le 5 mai, beaucoup d'Adé-
lies sur lîle Petermann : l'équipage en a tué 200. 11 en est ainsi par
intervalle jusqu'au 22 mai, jour où les Oiseaux ont disparu, la ban-
quise s'étant reformée.
Le /juin, nouveau coup devent, nouvelle tlaques d'eau libre : les Adélies
réapparaissent. H en est de môme les 13, 16 et 19 juin. Puis la banquise
se reforme; les Oiseaux s'en vont, pour revenir le 3 juillet, date à laquelle,
toujours à la suite d'un coup de vent, labanquise s'esta nouveau disloquée.
MêmesconstatationslcslO, 25, 27 (jour où l'on voit des centaines d'Adélies
sur les petits îlots au sud de Petermann), 29 juillet et 2 août.
Le 23 juillet, après de continuelles tempêtes de N.-E., et par suite
d'une période de températures élevées, voisines de zéro, une dizaine de
Pingouins sont venus aux rookeries, et deux cherchent déjà des cailloux,
comme s'ils allaient faire leur nid. A coup sûr, ces Oiseaux sont des
membresdela colonie de l'ile Petermann. Et ce fait semble bien dtmiontrer
que les Adélies, en prenant la mer, restent toujours proches de l'eau
libre, à la limite de la banquise, avançant et reculant avec elle, demeurant,
quand il leur est possible, au voisinage de leur« rookeries.
Après la première semaine d'août, la bancjuise se maintenant, nous
n'avons vu aucun animal au voisinage de l'île.
Le 30 août, nous avons aperçu sur la ban(|uise, entre l'île Ilowgaard et
OISEAUX ANTARCTIQUES. 35
Petermann, une troupe d'une quarantaine d'Adélies. La mer libre lU' devait
pas être loin de ce côté.
Le 2 septemiire, devant Petermann, les glaces ont cédé sous la force
du vent. Le 3 septembre, le clienal se dégage et les Pingouins réappa-
raissent jusqu'au o, ])uis nouvelle période de froid, formation de la ban-
(|uise, disparition des Adélies. Dans la seconde quinzaine de septembre, de
nouvelles tempêtes contrilnient à dislo([uer la banquise. La présence des
Oiseaux est constatée les 21 , 25, 27 septembre. Puis une nouvelle période
de froid sévit, la mer se prend : il n'y a plus trace d' Adélies.
Ceux-ci ne reviennent définitivement que le 12 octobre.
Et tandis qu'à l'approche du printemps les glaces se fragmentent
et la mer se dégage, les Pingouins ne quittent plus la région et reviennent
chaque jour, en grand nombre, cette fois pour ne plus repartir.
Ils retrouvent leur rookerie abandonnée par eux sept mois auparavant,
et dans la cité, qui reprend peu à peu son activité d'autrefois, vont se
renouveler les différentes {)hases, (|ui viennent d'être décrites, de la vie
familiale de TAdélie.
Avant de terminer ce que nous avons à dire sur l'Adélie, rendons un
double hommage à cet intéressant Oiseau, ainsi d'ailleurs qu'aux autres
espèces de Sphéniscidès antarctiques. En effet, tout explorateur antarctique
conserve à ces Oiseaux une double reconnaissance. D'aboi'd il leur sait
gré d'avoir été pour lui des amis qui lui ont fait agréablement passer de
longs mois d'hivernage. La réciproque, d'ailleurs, ne peut pas être vraie.
Car l'explorateur a aussi envers ces animaux une autre reconnaissance,
qu'assurément ils ne doivent pas apprécier, mais que, pour ne rien oublier
de nos observations sur ces Oiseaux, nous ne pouvons passer sous silence:
c'est la reconnaissance de l'estomac. Les Pingouins, en effet, ont, en leurs
muscles pectoraux, de quoi faire, en ces pays lointains, d'excellents bif-
ieks polaires, qui fournissent une heureuse variété à la désagréable
monotonie des repas de conserves.
En dehors de l'île Petermann, nous avons, à plusieurs reprises, observé
l'Adélie au cours de nosexcursions onde la navigation d'été le long de la côte
ouest de l'Antarctide sud-américaine l't dans le détroit de Bransfield. Nous
donnons un résumé de ces observations dans notre ■Journal ormthulo(juiu(\
36 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Présence du lihosphate iVahumne sar les rorkers des rookeries. — Non
a vons constaté, à plusieurs reprises, et notre ami Gourdon a décrit le
phénomène (1) après les études qu'il en fit au cours de la « Première
Expédition antarctique française », la présence, à la surface des rochers
voisins des rookeries de Pingouins, dune mince pellicule d'un blanc
grisâtre de phosphate d'alumine. Cette pellicule, qui nous semble ne pas
dépasser 1 millimètre d'épaisseur, forme à la surface de certains rochers
un poli caractéristique ; sa présence rend la roche très glissante. Nous
avons trouvé ces formations de phosphate d'alumine à Port-Lockroy,
à la surface de basaltes, à l'île Petermann sur des diorites, ainsi qu'à
l'île du Roi-George sui- certaines rookeries de la baie de l'Amirauté et à
Déception, sur des tufs volcaniques. En 1913, au cours d'une campagne
océanographique faite dans la région des îles du Gap-Vert, nous avons
aussi constaté ces formations de phosphate d'alumine sur les rochers
des îlots Seccos, voisins des îles Fogo et Brava. Sur ces rochers d'ori-
gine volcanique niche une quantité d'Oiseaux de mer appartenant à
l'espèce Sula leucogaster, et les dépôts de guano y sont assez importants.
« Ce mode d'altération (écrit Gourdon) paraît devoir être rapporté à
l'action chimique provoquée par les déjections des innombrables Oiseaux
qui vivent sur ces rochers. »
M. Lacroix (2), qui a étudié une formation analogue sur les roches vol-
caniques de l'île de Cabras, près de San-Thomé, dit :
« L'examen microscopique de sections minces, taillées perpendiculai-
rement aux surfaces exposées à l'air, montre à l'examen (pellicule grise
et couche mince) une région possédant une structure concrétionnée,
riche en ponctuations biréfringentes. La cristallinité augmente dans la
zone blanche sous-jacente, où abondent des sphérolites et desconcrétions
tibreuses, dont la biréfringence est supérieure à celle du quartz et dont
les libres (biaxes) ont un allongement négatif. Dans cette zone, la struc-
ture du trachyte est encore distincte, mais les phénocristaux et les mi-
crolithes feldspathiques ne sont plusque des squelettes autour desquelset
(1) E. Goi'nDON, Géographie physique, glaciologie, pétrographie [Exp. ani. fi\, )903-190o.
Documents scientifiques, p. 195).
(2) A. Lacroix, Comptes rendus Acud. des se., I^aiis, I90G, t. GXLIII, p. 6G1.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 37
dans Ios{|uols osl venu so concicHionner le phosphate d'alumine. On |)asse
ensuite insensiblement à hi roche intacte. »
M. Lacroix attribue celte attaque des roches volcaniques à l'action
chimiciue (les déjections, probablement aidée elle-même par des actions
microbiennes. « Le rôle ca[)ital est joué par le phosphate biammoniacal.
Tous les alcalis qui existaient dans la roche originelle, de même que les
bases terreuses, ont été éliminés ; de telle sorte qu'il n'y a aucune diffé-
rence entre le phosphate produit aux dépens d'un trachyte riche en
potasse, pauvre en chaux et en magnésie (îlots de Cabras), ou d'une
andésite, riche en chaux et en magnésie, médiocrement pourvue en
alcalis, parmi lesquels domine la soude (Martinique). Dans ces îlots, sou-
mis au lavage intense des pluies tropicales, les sels solublessont entraînés
à la mer, au fur et à mesure de leur production. »
Mais cette action microbienne, venant aider l'action chimique du guano
dans les pays tropicaux, peut-elle exister dans les régions froides antarc-
tiques? Au cours de l'Expédition allemande du << Gauss », les études entre-
prises sur le phénomène de la nitritication montrent que les bactéries
existent aussi dans l'eau de mer des régions polaires, mais elles agissent
avec beaucoup plus de lenteur. 11 a été trouvé des bactéries nitrifiantes
dans toutes les zones.
« Des bactéries analogues, dit Gourdon, ayant une part dans le phéno-
mène qui nous occupe, peuvent donc être apportées par les embruns. Ne
peut-on penser également qu'elles proviennent des déjections mêmes des
Oiseaux? »
JouiiNAL oiîNiTHoLOGiQUE (Voir cartc II, A). — '27 et '28 Janvier 1908. —
Port-Lockroy, île Wiencke, chenal de Roosen. Nous avons retrouvé la
colonie d'Adélies, forte environ d'un millier d'individus, qui avait déjà
été rencontrée en février 1904 par l'Expédition du « Français ». Les
Oiseaux nichent sur les rochers les plus élevés, à une cinquantaine de
mètres au-dessus du niveau de la mer. La plupart des œufs sont
éclos.
/ à S. Janvier 1909. — lie Booth-Wandel. La rookerie d'Adélies, installée
sur les rochers, près de l'anse du " Français » , est forte d'un millier d'in-
dividus. Elle fut étudiée en détail par le D^ Turquet, naturaliste de la
■»♦
38 OISEAUX ANTARCTIQUES.
première Expédition antarctique française (1 ). A notre passage, il y avait
deux Poussins dans presque tous les nids. Trouvé cinq œufs seulement.
Sur la colline du (^airn, observé entre les rochers une quantité de
duvet et de plumes, qui proviennent des mues des années précédentes
(1>1. V, iig. 22).
i Janvier. — Ile Peterniann. Surles rochers, près de Port-Circoncision,
en bordure du chenal de Lcmaire, quelques milliers d'Adélies. Les
jeunes sont assez âgés, mais encore en duvet. Encore quelques œufs.
L'Adélie est très batailleur. L'un m'a cherché querelle et s'est jeté sur
moi à coups de bec et d'ailerons ; après quoi, il est parti.
7 Janvier. — Aperçu une grande rookeric sur l'une des îles Jallours :
plusieurs milliers d'individus. Les Adélies sont nombreux sur les glaçons,
au voisinage des terres.
/t? Janvier. — Peterniann. Mis 50 bagues violettes aux Adélies adultes
et 75 jaunes aux jeunes.
I() Janvier. — Au large de la Terre Alexandre : quelques Adélies
aperçus sur les iloës.
// Janvier. — Baie Marguerite : quelques Adélies sur labanquise. Leurs
traces sont assez nombreuses.
'Jl Janvier. — 20 milles au Sud de l'ile Jenny : que](|ues Pingouins sur
les lïoés.
'25 Janvier. — Dans une excursion sur la banquise de la Baie Mai'gue-
rite, nous avons rencontré quelques traces d'Adélies, les dernières à une
distance de 22 kilomètres de la mer libre.
/er Février. — Baie Matha. Débarqué sur l'îlot Détaille, haut d'envi-
ron 60 à 80 mètres. A sa partie supérieure, formant comme une sorte de
plateau, nous avons trouvé une importante rookerie, dont nous estimons
la population à 20 000 individus. C'est la plus puissante que nous ayons
trouvée sur toute cette côte. Les jeunes perdent leur duvet, qui tombe par
plaques. Ils ont abandonné leurs nids et sont déjà réunis en groupes, gar-
dés par les parents, quiformenl une ligne de sentinelles le long de la falaise.
6 Février. — Ile Pelermaun. Les jeunes sont d(''jii grands, beaucoup
ont perdu leur duvet. Les vieux commeiiceul à unier.
(1) Voir Ménegaux, Oiseaux (Ej/). (int. fr.. 1003-190o, iJouumeuls scientiques. p. 19, Paris, liiOTJ.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 39
10 Fèrrier. — Imi allani aux rookiM'ics, un Piiii^diiin s'fst jolé sur moi
et m'a hMlll liMc iiiS(Hi"à ce (|ii(' je iircii aille. A Inrcc de iiir ddiiiKT (h^S
coups d'ailci'on, il s'osi lail des hlcssuros assez sérieuses à railei'on
gauche, blessures qui ont provoqué une forte hémorragie. Son plaslron
était couvert de sang. A son retour dans la i'ook<>rie, jeunes et vieux se
sont éloignés de lui : c'est une singulière façon de reconnaître son
courage.
13 Févrirr. — Tu('' deux Oiseaux revenant de la pèche. L'un d'eux avait
2o5 grammes de Schizopodes et quelques Décapodes dans l'estomac.
// Fénier. — Depuis quelques jours, les jeunes qui se trouvent sur le
rocher, près du bateau, restent seuls, taudis que les parents vont à la
pèche. Ils sont sages, très prudents, et les querelles entre eux sont assez
rares.
15 Février. — Les Pingouins délaissent de plus en plus leurs rookeries.
La plupart des jeunes pouvant se suffire à eux-mêmes, on les voit sur la
neige, en bordure de la côte, par troupes nombreuses, mélangés à quel-
ques adultes. La mue des adultes augmente.
Les jeunes nés sur le rocher, près du Itateau, ont disparu [)our la pre-
mière fois : il n'en restait que trois que j'ai jetés à l'eau (leur premier
bain), afin de voir comment ils s'y comportaient. Ilss'ensont fort bien tirés,
hésitant d'abord un instant, ])uis plongeant et nageant avec vivacité et
souplesse, comme s'ils avaient fait un long apprentissage.
16 Février. — Ile Booth-Wandel. L'île est couverte de traces de Pin-
gouins; il y en a partout, jusqu'au Cairn (6ÎJ mètres), où quatre adultes
sont en train de muer. Jeunes avancés comme à Petermann. Les anciens
muent.
W Février. — Petermann. La mue des adultes se continue. Rookeries
abandonnées. Seuls, quelques i-etardataires de place en place.
/er Man^. — Jeunes disséminés sur l'île, le long de la côte. Ils vont à la
mer.
0 Mars. — Excursion à la Ijaie Beascochea. Des Adélies, par petits
groupes ou isolés, muent sui- tous les îlots et les terres assez faciles
d'accès.
W Mars. — Petermann. La mue touche à sa fin. Par suite d(^ la diète
40 OISEAUX ANTARCTIQUES.
lorcéc des adultes qui muent, leurs excréments ont changé de couleur :
rouge-brique en temps normal, ils deviennent verts ou jaune verdàtre,
pendant la mue.
99 Mars. — La mue est terminée.
3 Avril. — Prise de sang sur un adulte. Numération des hématies :
trouvé une moyenne de 21o0(t00par millimètre cube. Leurs dimensions
sont de 16 à 17 >j. sur 10 y.. Température du corps : -j- 39°, 3.
/!? Avril. - — Tempête de N.-E., neige. Sorti à cinq heures, observer
une bande d'une centaine d'Oiseaux, venus sur l'ib» pour se reposer et
attendre un temps plus favorable avant de continuer leur route. La plu-
part étaient couchés le dos au vent, couverts en grande partie de neige.
Parmi eux, quelques Pi/goscelis papiia. En me voyant arriver, un Adélie,
épouvanté sans doute, se mit à fuir à toute vitesse, incertain cependant
de la direction à prendre. 11 s'arrêta enfin, et toute la bande alla le
rejoindre.
.le la laissai se coucher. Puis, de nouveau, je marchai vers les Oiseaux,
voulant voir si le Pingouin dont le sang-froid me paraissait douteux allait
encore courir, et surtout s'il allait prendre une fois de plus l'initiative de
filer le premier. Peut-être était-ce le chef de la bande qui, ti'ès prudent,
trouvait qu'il valait mieux battre en retraite devant un être étrange dont
il ne pouvait soupçonner les intentions.
11 recommença, en elfet, sa même marche indécise et rapide, s'arrêtant
enfin, tandis que ses... sujets venaient le rejoindre.
Malheureusement, ma constatation s arrêta là. L^ne troisième tentative
de ma part anéantit mon hypothèse, car si les Pingouins se mirent à fuir
de nouveau, le soi-disant chef était devenu un vulgaire sujet perdu dans
la bande. Il en fut de môme des deux dernières tentatives.
i8 Avril. — Violent vent du Sud. Des Oiseaux un peu dans tous les
recoins de l'île, couchés, à l'abri du vent, derrière les rochers. Plusieurs
étaient complètement recouverts par la neige.
Vu des Adélies^ qui se posaient sur un lloë, faire hors de la mer un
saut de 2 mètres de hauteur.
W Avril. — IMngouins assez nombreux sur l'île.
27 Avril. — Plus d'Oiseaux.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 41
/6r }Jai. — c;a[)tui'é un Adélie.
"2 Mai. — Dégel, chenal libre, petites ti'oupcs d'Oiseaux sur File.
0 Mai. — Mer libre. Nombreux Adélies.
IS, 21, 22 Mai. — Quelques Adélies.
S Juin. — Depuis que le chenal est pris, on ne voit plus d'Oiseaux.
7 Juin. — Flaques d'eau libre, quelques Adélies dans le chenal.
t:]-l() Juin. — Chenal libre. Adélies autour de l'île.
/,'/ Juin. — Chenal libre ; toujours des Adélies. Pris la température de
l'un d'eux : + 39o,2.
20Juiii. — La glace se reforme. Les Adélies sont plus rares.
:i Juillet. — Vent violent de S.-S.-W., larges flaques d'eau libre dans le
chenal. Des troupes de Pingouins pèchent le long de la côte. Quehfues
Oiseaux sur l'île.
19 Juillet. — Chenal en partie dégagé. Quelques Adélies.
25 Juillet. — Chenal libre. Par suite des températures élevées, quel-
ques Oiseaux viennent sur les rookeries et cherchent des cailloux comme
s'ils allaient faire leurs nids.
27 Juillet. — Des centaines d'Oiseaux sur les îlots au sud de Petermann.
29 Juillet. — Adélies sur l'île.
2 Août. — Chenal libre, petites troupes de Pingouins à Petermann.
30 Août. — Sur la banquise, entre Hovgaard et Petermann, une troupe
d'une quarantaine de Pingouins. Des traces de ces Oiseaux sur la côte
nord de l'île. Ces Adélies auront été probablement surpris par la prise
subite de toute la mer.
3 Septembre. — Chenal dégagé. Quelques Oiseaux vers Hovgaard.
5 Septembre. — Chenal dégagé. Des Oiseaux dans le chenal; vu un
Adélie sur l'île.
12 Septembre. — Traversé la banquise couvrant le chenal. Vu un Adélie
non loin du glacier de la Terre de Graham : par les nombreuses traces
relevées sur la banquise, j'ai constaté que cette bête, surprise par la for-
mation de la glace, errait à la recherche d'eau libre.
2i Septembre. — Quelques Oiseaux vers les îlots du Sud.
2,5 Sej item bre. — Tempête, mer libre. Adélies sur l'île.
27 Septembre. — Pingouins sur les glaçons ; dans les flaques d'eau
Expédition Charcot. — Gain. — Oiseaux antarctiques. '>
42 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Jibre au sud de Petermann, une centaine d'Adélies et de Papous sont en
train de pêcher.
l'iOctohrr. — Un Adélie du côté des rookeries.
iôOcfoli/r. — Deux Adélies sur les rookeries.
18 Octobre. — Ile Booth-Wandel. Quelques traces d'Adélies sur l'île.
Dans une flaque d'eau libre située au N.-E. de Booth-Wandel, vu d(^
nombreuses bandes d'Oiseaux (Adélies et Papousj, composées peut-ètie
de 200 individus chacune. Partout ailleurs, il y a de la banquise. Ces
Oiseaux restent-ils dans l'eau libre et sur la banquise du voisinage, en
attendant une dislocation des glaces pour aller à leurs rookeries?... Il y a
cinq ans, en 1904, ils arrivaientà partir du 15 sur les rochersquisont aujour-
d'hui complètement déserts, eni;loutis sous une épaisse couche de neige.
J9 Octohrr. — lie Petermann. i Adélies sur les rookeries.
W Octohfe. — .") Adélies sur les rochers.
5/ Octobre. — Plus de Pingouins sur l'ile.
a Octobre. — l(j Adélies sur les rochers à 9 heures, 20 à 1 i heures,
33 à 18 heures.
'■23 Octobre. — 59 Pingouins à 9 heur(>s, 64 à 13 h. 30, 96 à 18 h. 30.
Les querelles de propriété commencent.
^24 Octobre. — 117 Oiseaux à 9 heures, 129 à 14 heures, 147 à
1 8 h. 30. Pres(jue tous travaillent à leur nid ; les querelles sont plus nom-
breuses, les vols de cailloux réprimés sévèrement.
2.5 Octobre. — A 9 heures du matin 172 Adélies; 173 à 15 heures,
194 à 18 h. 30.
26 Octobre. — 194 Adélies à 8 heures, 208 à 14 heures, 281 à 18 h. 30.
De nombreuses petites troupes dans le chenal.
4 à 5 000 Adélies de la rookerie des îles Jallours sont passés en uiassc
près de l'île Petermann et ont gagné par la banquise leur lieu de ponte.
S7 Octobre. — 300 Oiseaux à 8 heures, 387 à 18 h. 30.
Il est arrivé un Adélie de la petite rookerie établi près du bateau. Le
malheureux semble tout dépaysé, car un cadavre de Phoque encombre
son rocher. Je fais enlever cette dépouille.
28 Oc/o/;re. — 4150iseauxà 8 h. 30, 448 à 18 h. 30. On en aperçoit une
cinquantaine par petites troupes, sur la banquise.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 43
Plusieurs nids sont Iciiiiiurs ; obsorvé deux appariemenls.
'■29 Octobre. — Rookeries de |)lns en plus aclives; les moindres rochers
sont occupés. Beaucoup d'Oiseaux n'ont pas encor(> lrouv(' de place et en
sont réduits à coucher sur la neige en attendant mieux. Les appariements
sont de plus en plus nonihi-eux. (i!MÎ Adélies à 18 h. 30.
Le rocher près du bateau i^st habit»'" par 3 Pingouins. Je suis allé leur
chercher des pierres avec lesipielles j'ai fait deux nids et un tas de
cailloux. Lorsque les Oiseaux sont revenus au rocher, celui qui était en
tête s'est arrêté, tout étonné, à contempler cette aubaine, puis il a pris
aussitôt possession de l'un des nids, le défendant contre ses deux col-
lègues, couïme s'il en était le constructeur et depuis longtemps le posses-
seur. Les deux autres n'ont pas encore fait leur choix.
30 Octohie. — 852 Adélies à 18 h. 30. Période de querelles et de
batailles qui se terminent souvent avec ell'usion de sang. L'accouplement
en est la cause. Nombreux appariements.
31 Octobre. — Allé au petit îlot près de Petermann sur lequel est
une colonie de 22 Adélies. 1 152 Oiseaux sur la rookerie.
i^^ XorniilirP. — 1 295 Adélies.
3 Noreiiihre. — 1 .")75 Adélies à IS h. 30. Le chasse-neige produit par
le vent violent de N.-K. recouvre les Pingouins. Beaucoup sont couchés;
les autres circulent, se querellent, se battent, s'apparient.
6 Novembre. — l S50 Adélies sur les rookeries.
7 Noveuihre. — Aperçu à 3 Pingouins les bagues violettes que je leur
avais mises le 12 janvier. Ces oiseaux ont refait leurs nids sur le même
rocher qu'ils occupaient l'été précédent.
8 Nocenibre. — La petite colonie, près du l)ateau, se compose de
5 individus, dont 2 couples.
9 Novembre. — Trouv('' les deux premiers œufs. Ils devaient provenir
du même nid, car l'un était près du nid, cassé, le jaune répandu sur les
cailloux : à la suite d'une violente querelle, un maladroit sans doute
aura bousculé en passant les deux œufs, et l'un se sera cassé à la suite des
mauvais traitements subis. Les Adélies sont de plus en plus agressifs.
}(( Novembre. — Il y a un nouveau couple près du bateau, ci; cpii porte
à 7 les habitants de ce rocher isolé.
44 OISEAUX ANTARCTIQUES.
jj jyovemJtre. — Lo second des deux autres œufs pondus le 9 était
cassé.
j<2NovemJ>re. — Certains couples ne font encore que s'installer. L'ap-
pariement continue. Trouvé deux œufs.
Aperçu une troupe d'une trentaine de Pingouins sur le glacier de la
Terre de Graham ; retrouvé leurs traces jusqu'à une altitude de 1 oO mètres
(y. p. 11).
13 Nocriiihrc — Trouvé G œufs à 9 heures, trois autres à 18 h. 30.
/-/ Noveinhrc. — 9 œufs. Au petit îlot, il y a 55 Adélies.
15 Novemliir. — Visite aux Pingouins à 10 heures : trouvé 4 œufs sur
les rochers que je m'étais réservé pour les observations, pas un seul anif
sur l'ensemble des autres rookeries : ils ont été sans aucun doute pris
par les marins.
16 Novemhrc. — 13 anifs à la rookerie réservée et 21 sur les autres
rochers. Ce nombre est certainement bien inférieur à la réalité.
n Novembre — Récolté 71 œufs.
18 Novembre. — 44 œufs, sans parler de ceux qui ont été pris malgré
nos réclamations, et dont nous ignorons le nombre, ont été pondus depuis
Jiier,
19 Novembre. — 76 œufs.
W Novembre. — 13i œufs. Certains Oiseaux ont déjà pondu leur
second œuf. Nous avons constaté cette seconde ponte 1, 2, 3, 0 jours
après la première. H y a une énorme différence dans la grandeur et le
l)oids des œufs : celui-ci varie de plus du double. Sur 40 onifs pesés, les
extrêmes trouvés sont de 68 grammes et 148 grammes.
!?/ Novembre. — 189 anifs. Cette proporlioii devait être normale.
5^ Novembre. — 122 œufs, nombre certainement inférieur à la réalité.
Aperçu 8 Adélies ayant des bagues violettes au tarse droit, ce qui
porte à 1 1 sur un total de 25 le nombre des adultes bagués retrouvés.
J'ai retrouvé ces 8 Adélies sur le rocher de cairns, là où je les avais
marqués dix mois auparavant.
Encore quelques appariements.
'33 Novembre. — 135 onifs. L'un, de quatrième ponte, pesait
53 grammes.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 45
'■2f Xnt'c/i/hrr. — 2 10 (l'ul's.
i'J XorPiiihrc. — 30a (luifs. lîeaiiooii|) d"(i'iirs soiil, plus petits que dans
les premiers jdui's : ce sont des troisièmes et uKMne des quatrièmes
pontes.
'iC) Nnrrnihrr. ^En mer. Sur les floës, nii nord de l'île Bootli-Wandel,
devant le cap Renard, quelques Adélies.
Port-Lockroy, île Wiencke. — Les rookeries d'Adélies sont très ani-
mées : 2 œufs dîins la plupart des nids. Il y a environ un millier d'Adélies.
10 Dfk-rrnhrr. — Nous avons essayé de faire convoi' des œufs dans une
étuve : l'incubation s'est arrêtée veis le quinzième jour.
t^'? Décembre. — Nous avions perdu les Adélies de vue depuis le Détroit
de Bismarck et Port-Lockroy. Nous les retrouvons aujourd'hui, sur les
floës, en bordure du pack, dans l'est du Détroit de Branslîeld, au nord de
l'île Joinville.
^24 Décembre. — Ile Bridgniann. 2 Adélies vus sur la plage.
Ile du Roi-George (Shetlands du Sud), baie de l'Amirauté. — Près de
la pointe est de la baie, sur un rocher ayant une trentaine de mètres
de hauteur, nous apercevons une rookerie d'Adélies: il semble y avoir
quelques centaines d'Oiseaux.
Nous avons aperru deux autres rookeries dans l'intérieur de la l)aie,
sur la côte ouest, près de la pointe Thomas.
^26 Décembre. — Baie de l'Amirauté. Les rookeries de la poinic Tho-
mas sont situées en un endroit très pittoresque. On débarque sur une
plage basse qui pendant une centaine de mètres de profondeur nionl*' en
pente très douce. Une première rookerie d'Adélies composée de 8 000 à
lOOOO individus occupe une partie de cette plage basse, directement
en bordure de la mer. Celte plage est entourée à droite et à gauche par
des rochers assez élevés. Elle est fermée par des falaises basaltiques Un
rocher isolé forme une pyramide qui se dresse verticalement à une ving-
taine de mètres de hauteur : son sommet est occupé par des nids de
Mégalestris. Les falaises basaltiques qui ferment la plage sont verticales
en plusieurs endroits, tandis que sur le côté des pentes d'éboulis per-
mettent d'accéder assez facilement au sommet. A leur partie supérieure,
qui atteint 30 à 40 mètres d'altitude, se trouve une sorte de plateau assez
46 OISEAUX ANTARCTIQUES.
vaste, occupé par une seconde colonie d'Adélies au moins égale en
nombre à celle fixée sur la platée. Il y a certainement dans toute celte
région 20 000 Adélies.
Les jeunes sont âgés de 2 à5 semaines. La ponte a dû commencer
plus tôt qu'à l'île Petermann, dans les derniers jours d'octobre.
Nous avons trouvé quelques roufs, dont la plupart étaient mauvais et
n'avaient pas couvé.
// jdjiripr 1910. — (i<)o 1 V lat. 8., 7So 10' long. W. Paris. — Navi-
gation dans le pack : quelques Adclie sui- les glaces.
Il janripr. — 68o 30' lat. S., 8!)° iO' long. W. P. — Au large de l'île
Pierr<' I" aperru quelques Adélies sur les floës. Ce sont les dei'niers
que nous avons vus au cours de notre navigation le long de la banquise.
2. Pygoscelis papua (Forster).
Collection :
N" 109. — 9 j"^'- (s'^ semaines environ). Ile Petermann, 17-11-1909. Iris brun verdâlre,
bec rouge orangé, extrémité plus foncée. Duvet d'un beau blanc dans les parties
inférieures du corps. Ailerons on partie dépouillés de leur duvet sur la face infé-
rieure, surtout latéralement, laissant voir le liséré blanc qui le borde, liséré blanc
qui existe aussi chez le Poussin. Partie inférieure de l'aileron sans duvet, blanche,
avec tache d'un noir bleuté à l'extrémité antérieure. La tache blanche du vertex
apparaît au-dessus de l'œil. Culottes blanches. Joues et gorge gris très pâle. Tarses
et pattes d'un rose orangé, griffes brun noirâtre. Estomac : Poisson en partie digéré,
algues, petits cailloux. Parasites : NématQdes dans l'estomac : ils étaient proba-
1 lement parasites des Poissons ayant servi à sa nourriture.
L. T. : 625. - E. : 535. - A. : 202. - Q. : 99. - B. : 41. - T. : 25 . - D. M. : 82-22.
N^llO. — cf juv., Petermann, 17-11-1909. Iris brun verdâtre. La mue est plus prononcée que
chez le N" 109. Duvet encore abondant dans la région ventrale ; il n'y en a plus
que latéralement dans la région dorsale, sauf vers le dessus du cou. Le menton,
la gorge et le dessus de la tête en sont presque entièrement débarrassés. La tache
blanche du vertex est bien marquée. Estomac : Poissons. Parasites : Nématodes
dans l'estomac.
L. T. : 650. — E.: 565. -A.: 207. -0.: 108. - B. : 42. -T.: 26. -D. M.: 82-22.
N° 111. — cT juv., île Petermann, 17-11-1909. Iris brun. Estomac : Euphausies et qiiclqiiiM
Décapodes. Parasites : Nématodes dans l'estomac.
L. T. : 023. - E. : 570. - A. : 212. — O. : 94. - B. : 42. - T. : 25. - D. M. :
83-22.
N" 112. — cf juv., île Petermann, 17-11-1909. Iris brun verdâtre. Estomac : Euphausies
(284 grammes), petits cailloux.
L.T. : 160. - EJ: 560. - A. : 213. - Q. : 91. - B. : 43. - T. : 24. - D.M. : 83-22.
N° 270. — 9) J'c Petermann, 6-VIII-1909. Iris brun-marron. Bec: mandibule supérieure,
culmen brun noirâtre, bord de la mandibule rouge violacé, mandibule inférieure
(l'iiu rouge violacé passant au brun noirâtre à la pointe. Tarses et pattes jaune-
OISEAUX ANTARCTIQUES. 4?
capinini'. Estomac : Eiipluuisios, Crevettes. Parasites : nonilirrux kystes intes-
tinaux avec Ccstodes.
L. T. : 740. - E. : 580. - A. : 2.30. - (J- : 183. - B. : 48. - T. : 28. - D. M. :
81-18.
N" 272. — çf, île Petermann, 6-VIII-lfl09. Iris l)run. Estomac: Euphausies, Crevettes,
quelques petits Poissons. Parasites : kystes intestinaux avec Cestodes.
L. T. : 795. - E. : 590. - A. : 227. - 0. : 194. - B. 50. - T. : 29. - D.M. : 84-21.
N° 273. — cf, ile Petermann, 6-VIII-1909. Iri? brun. Estomac : Schizopodes, Décapodes,
quelques Poissons. Parasites : kystes intestinaux avec Cestodes.
L.T. : 800. - E. : 590. - A. : 232. - 0. : 178. -B.:49. - T. : 30. - D.M. : 86-20.
N" 275. — o*, île Petermann, 6-VIIi-1909. Iris marron. Estomac: Schizopodej, Décapodes,
Parasites : Cestodes dans l'intestin antéi ieur et moyen, nombreux kystes.
L. T. : 700. - E. : 595. - A. : 232. - O. : 169. - B. : 50. - T. : 28. - D. M. : 86-20.
N° 270. — 9» île Petermann, 6-VIII-1909. Iris brun-marron. Estomac : Schizopodes, Déca-
podes, quelques PoisEons. Parasites : Cestodes dans l'intestin avec nombreux kystes.
L.T. : 745. - E. : 55.5. - A. : 213. -0.: 181. -B.:45. - T.: 25. -D.M. : 80-19.
No 277. — 9i île Petermann, 6-VIII-1909. Iris brun. Estomac: Euphausies, Crevettes,
quelques petits Poissons. Parasites : Cestodes dans l'intestin antérieur et moyen
avec kystes.
L.T. : 715. - E. : 550. - A. : 212. - O. : 155. - B. : 46. - T. : 26. - D. M. : 76-17.
N° 279. — 9 ) 'le Petermann, 6-Vni-1909. Iris brun-marron. Estomac : Schizopodes, Déca-
podes. Parasites : kystes intestinaux avec Cestodes.
L. T. : 810. - E. : 580 - A. : 217. - 0. : 195. - B. : 47. - T. : 29. - D.M. : 75-21.
No 280. — 9 1 'le Petermann, 6-VIII-1909. Iris brun. Estomac : Schizopodes, Décapodes,
quelques petits Poissons. Parasites : kystes intestinaux avec Cestodes.
L.T. : 790.- E. : 600. - A. :231. -O.: 172. - B. :50. -T.: 29. - D.M. : 88-19.
N" 325. — cf , île Petermann, 5-1 X-1909. Iris brun. Estomac : Euphausies, petits cailloux.
Parasites : kystes intestinaux avec Cestodes.
L. T. : 770. - E. : 575. - A. : 220. - 0. : 184. - B. : 51. - 1 . : 26. - D. M. : 79-17.
N" 326. — 9- île Petermann, 5-IX-1909. Iris marron. Estomac : vide, gravier. Parasites :
nombreux kystes avec Cestodes dans l'intestin antérieur et moyen.
L.T. : 760. - E. : 590. - A. : 224. - 0. : 178. - B. : 50. - T. : 29. - D. M. : 85-19.
No 329. — 9, île Petermann, ll-Xl-1909. Iris marron. Parasites: kystes intestinaux.
Estomac : Euphausies.
L.T. : 720. - E. : 546. - A. : 213. - O. : 195. - B. : 48. - T. : 26. - D. M. : 78-19.
No 330. — 9) île Petermann, ll-XI-69. Iris marron. Pris sur la rookcrie.
L. T. : 765. — E. : 560. — A. : 216. —0. : 178. — B. : 45. — T. : 25. — D. M.
81-21.
N" 334. — 9, île Petermann, 13-XI-1909. Pris sur la rookerie. Iris marron. Estomac
vide. Parasites : kystes intestinaux avec Cestodes.
L. T. : 775. — E. : 570. —A. : 228. — 0. : 193. — B. : 46. — T. : 29. — D. .Al.
82-20.
N° 335. — 9, île Petermann, 13-XI-1909. Pris sur la rookerie. Iris marron. Estomac : vide.
Parasites : kystes intestinaux avec Cestodes.
L. T. : 763. - E. : 550. - A. : 223. - 0. : 194. - B. : 44. - 1. : 24. - D. M. : 74-19.
No 338. — cf , île Petermann, 15-XI-190J. Pris sur la rookerie. Iris marron. Estomac :
Euphausies. Parasites : kystes intestinaux avec Cestodes.
L. T. : 795. — E. : 600. — A. : 227. — Q. : 200. — B. : 53. — T. : 26.— D. M. :
80-20.
48 OISEAUX ANTARCTIQUES.
N" 339. — 9, île Petermann, 15-XJ-1909. Iris marron.
L.T. : 725. - E. : 550. - A. : 216. - 0. : 178. - B. : 44. - T. : 24. - D. M. : 79-19.
No 350. — 9i îls Petermann, 22-XI-1909. Iris marron. Estomac : vide. Parasites : kystes,
intestinaux avec Gestodes.
L. 1 . : 755. - E. : 560. - A. : 210. - 0. : 198. - B. : 47. - T. : 25. - D.M. : 81-21.
N° 351. — Q,î\e Petermann, 22-XI-1909. Iris marron. Estomac : vide. Parasites : kystes
intestinaux avec Gestodes.
L.T. : 740. - E. : 555. - A. : 219. - 0. : 188. - B. : 46. - T. : 27. - D. M. : 79-22.
Des pièces anatomiques, notamment des appareils génitaux 9 (n°^331, 332, 336, 337),
un appareil génital çf (n° 340) provenant d'un Oiseau capturé sur l'île Petermann le
15 février 1909 pendant la période des appariements : le testicule droit mesurait 35 milli-
mètres de long sur 17 millimètres et le testicule gauche 55 millimètres de long sur 24 milli-
mètres.
— Plusieurs squelettes {n°' 162, 167, 178).
En outre nous avons préparé et conservé 24 embryons aux différents stades de l'incu-
bation et 14 Poussins depuis l'éclosion de l'œuf jusqu'à la quatrième semaine.
La collection comprend aussi quelques Oiseaux conservés dans le sel.
Le Pijrjoscelis papua est facilement reconnaissable à la tache blanche
triangulaire qu'il porte au-dessus de chac|u<' d'il et passe sur le vertex,
aussi qu'à son bec rouge violacé. Ses colonies, moins importantes que
celles de FAdélie, sont situées au nord du cercle polaire, et l'aire de dis-
persion de cette espèce s'étend à certaines régions circumantarctiques,
comme nous le verrons lorsque nous passerons rapidement en revue la
distribution géographique des Oiseauxfréquentantles régions antarctiques.
Un peu plus grands que les Adélies, très différents de caractère, les
Papous sont beaucoup plus calmes, moins batailleurs. Ils vivent entre
eux en meilleure harmonie. Ils reçoivent les visites humaines avec moins
de protestations, mais plus d'inquiétude, et la plupart ne tardent pas,
quand ces visites se renouvellent, à prendre la fuite. Us sont assez
soigneux de leur personne et de leur cité; leur nid est aussi mieux con-
fectionné, d'un diamètre plus grand, fait le plus souvent de pierres aux-
quelles sont ajoutées quelques plumes de la queue trouvées au voisinage
de la rookerie, et qui proviennent des mues antérieures (PI. VIII, fig. 35).
Comme pour les Adélies, ce sont les Eup/iausies qui font la base de la
nourriture de ces Oiseaux; mais on trouve aussi dans leur estomac quel-
ques Décapodes (Crevettes), et des petit sPoissons de la même espèce que
ceux trouvés chez P. Adeliœ et qui nous ont paru devoir être rangés dans
la famille de Scopelidœ. Souvent encore on y rencontre des cailloux qui
doivent servir à brasser et broyer plus facilement les aliments.
" OISEAUX ANTARCTIQUES. 49
Les excréments sont blancs. Cette particularité permet de différencier
de loin une rookerie de Papous d'une rookerie d'Adélies.
Nous avons rencontré des colonies de Papous aux îles Déception et
(lu Roi-George (Shetlands du Sud), sur divers points dans le détroit de
Gerlache, à Port-Lockroy (île Wiencke), aux îles Booth-Wandcl, llov-
gaard et Petermann, qui semble être dans cette région ouest de l'An larctide
sud-américaine le point le plus méridional où ils nichent.
La colonie de Petermann ne se composait que de 150 Oiseaux. Ceux-ci
nicbent par petits groupes sur des l'ochers assez retirés à environ
40 mètres de hauteur. Us semblent avoir quelque crainte des Adélies, et
comme dans tous les difTérents points où nous avons pu examiner les
colonies de ces deux espèces d'Oiseaux, nous avons presque toujours
constaté que les Adélies prennent les meilleures places au détriment des
Papous. Mais il faut dire aussi que les Adélies arrivent le plus souvent
sur leurs rookeries quelques jours avant les Papous : ils auraient donc
sur ces derniers le droit du premier occupant. Ainsi à l'île Petermann,
tandis que les premiers Adélies arrivaient le 15 octobre lllOl), les premiers
Papous revenaient seulement le 29 octobre (PI. VUI, fig. 33).
Le genre de vie des Papous est à peu près identique à celui des Adélies,
aussi ne reviendrons-nous pas sur ce sujet.
A notre premier passage à Petermann, le 4 janvier 1900, les Oiseaux
couvent : il ne semble pas qu'il y ait encore des jeunes. Les premiers
œufs éclosent quelques jours après, car le 11 janvier nous trouvons
2 poussins dans pres(jue tous les nids : certains sont âgés de 3 à i jours.
A sa sortie de l'œuf, le poussin est couvert d'un court duvet plus
fourni sur les régions dorsales que sur les parties ventrales, rappelant
déjà ce qui existe chez l'adulte. Le dessus de la tète, la nuque et les
tempes sont d'un noir brunâtre, tandis que le derrière du cou et la région
du dos sont d'un gris brunâtre qui s'éclaircit et passe au gris pâle vers le
coccyx. La région abdominale et la face intérieure des ailerons est
aussi d'un gris pâle; la face extérieure des ailerons, d'un gris brunâtre
assez foncé sur une bande médiane, passe au gris pâle sur le pourtour
(PI. VIII, fig. 30 1.
. Puis peu à peu le duvet accuse plus nettement ce qui existe chez
Expédition Charcot. — G.un. — Oiseaux antarctiques. '
50 OiSEAUX AXTARCTIQUES.
radiilte. Chez un poussin d'une dizaine de jours (no907), les parties supé-
rieures du corps prennent une teinte noire à reflets brunâtres, à contours
bien délimités. Seule la face extérieure des ailerons est un peu moins
foncée, d'un gris brunâtre, mais le liséré blanc marginal est très nettement
accusé :1a tache noire de l'extrémité intérieure commence à se marquer.
Les régions ventrales s'éclaircissent encore et sont d'un blanc grisâtre.
Les joues, la gorge, les tempes et la région pariétale, qui sont noires chez
l'adulte, sont d'un gris très pâle. La limite claire de régions inférieures
du corps, et foncée des régions dorsales, passe au-dessous de I'omI. de là
an niveau des épaules, puis se dirige obliquement en arrière pour passer
du côté du genou, croiser la jambe et se terminer au-dessus du
coccyx.
Le second duvet, qui se conserve jusqu'à 6 ou 7 semaines, âge auquel
il tombe par plaques pour faire place à la livrée que le jeune gardera
pendant une année, présente les caractères suivants : les régions dorsales
du corps sont d'un noir brunâtre, tandis que les parties ventrales sont
duu blanc pur. Les limites entre les deux zones de duvet foncé et clair
sont très nettement marquées : elles sont pareilles à celles que nous avons
données dans la description du Poussin précédent. Région dorsale noir
brunâtre, ainsi que la face externe de l'aileron qui présente un liséré
blanc sur ses bords, tandis qu'à sa face intérieure, qui est d'un blanc
pur, la tache noire de l'extrémité est nettement marquée. Au-dessus des
yeux, quelques traces de duvet blanc sur l'emplacement des futures
taches triangulaires blanches.
Enfin lorsque le duvet tombe apparaissent les taches triangulaires
blanches placées au-dessus de chaque œil et se rejoignant sur le vertex.
Après leur retour du «Pourquoi Pas? » à Tile Petermann, vers le milieu
de février, nous constatons que les poussins ont presque atteint la taille
de leurs parents : ils commencent à perdre leur duvet.
Cependant nous trouvons quelques retardataires sur un rocher isolé que
la neige, en fondant, a découvert depuis peu. Il y a quatre nids. Un couple
couve 2 œufs ; un autre nid a deux Poussins dont l'un venait de sortir de
l'œuf. Les deux autres nids ont chacun un Poussin âgé de quelques jours,
et un œuf. Ce sont des retardataires de plus d'un mois : mais ils n'ont pas
OISEAUX ANTARCTIQUES. 51
voiilu laii^s(M' pnssor la lioiiiip saison, et ils ont couvé malgré l'approche de
l'hiver. Les jeunes seront dilliciles à élever.
Au début de mars, la plupart desjeuncs Papous sont assez avancés pour
se tirer d'afl'aire. Ils n'ont plus besoin du secours de leurs parents. Aussi
la mue des adultes a-t-elle commencé aussitôt ; elle est à son maximum
vers le 20 mars, et elle se termine dans la première semaine d'avril, donc
en retard sur celle desAdélies.
Le 2 avril, nous avons t'ait une prise de sang sur un animal (mi train
dt» muer. Nous avons trouvé une moyennede 1 500000 hématies par milli-
mètre cube : leurs dimensions sont de 10 à 17 [j. de long sur une
largeur de 10 a. En comparant ce sang à celui d'un animal sain,
c'est-à-dire d'un Oiseau qui n'était pas influencé par l'état morbide dans
lequel le plonge la mue, nous avons constaté une leucocythémie dans
l'examen du sang de l'animal en train de muer.
Peu à peu, la mue tei'minée, les animaux abandonnent l'ile.
Les Papous sont i)lus frileux que les Adélies, et pendant l'hiver ils
remontent davantage vers le Nord, en des régions plus clémentes.
Leurs visites à Petermann sont beaucoup plus rares que celles des
Adélies.
Le 12 avril, à la suite d'un violent coup de vent de N.-K., quelques
Papous, mélangés à une bande d'Adélies, viennent sur l'île. Puis ils dis-
paraissent pendant de longues semaines. Ils se tiennent i»r()bablement
non loin des glaces, en des lieux où pendant l'hiver ils sont toujours cer-
tains de trouverune mer libre.
Ce n'est que le 29 juillet, à la suite d'un violent coup de vent qui brise
la glace du chenal, que j'aperçois sur Petermann un P.papua senddant
égaré. Il grimpe la grande colline de l'ile, haute de plus de 100 mètres,
dans l'intention possible de gagner la mer libre du côté du large.
Le 0 août, un autre Oiseau est vu sur la côte de l'Ile, non loin de Port-
Circoncision.
Le 6 août, toujours après une tempête de N.-E. qui a disloqué les
glaces du chenal de Lemaire, il est passé de nombreuses troupes de
Papous. Certaines viennent se reposer sur l'île. Peut-être ces Oiseaux se
rendent-ils compte de la venue prochaine du printemps et ont-ils aban-
52 OISEAUX ANTARCTIQUES.
donné leurs quartiers d'hiver pour redescendre plus au Sud, dans le voi-
sinage de leurs anciennes rookeries.
Les troupes de Papous sont encore visibles le 7 et le 8 août, mais les
Oiseaux sont moins nombreux. Le 10 août, près de la pointe sud de Vi\r
Hovgaard, il y a un groupe de 25 Pingouins.
Jusqu'au o septembre, date à laquelle la ban(|uise, après s'être refor-
mée, a de nouveau cédé, on aperçoit quelques Papous sur Petermann.
Puis, avec une nouvelle période de froid, les Oiseaux disparaissent et ne
reviennent que le 23 et le 27 septembre.
Le 3 octobre, une forte troupe pêche dans le chenal et vient passer la
nuit sur l'île : il y a 70 Oiseaux. Puis la banquise se reforme à nouveau.
Nouvelle disparition des Papous, jusqu'au 29 octobre, date à laquelle les
Oiseaux prennent possession de leur ancienne rookerie.
Le 18 octobre, avec le EirCharcot, nous sommes allés en skis, à l'ile
Booth-Wandel suivant la banquise qui, dans le Nord, s'étendait à perte
de vue, et vers le large s'étendait jusqu'aux ilesLemire-de-Villers.
Nous avons constaté que les rochers des rookeries de Booth-Wandel
étaient complètement recouverts de neige. Au nord de l'île, dans une
grande flaque d'eau libre, j'ai vu pêcher deux nombreuses bandes de Pin-
gouins, probablement des Papous et aussi des Adélies des rookeries
anciennes. En dehors de cette eau libre, partout ailleurs on n'apercevait
(jue la banquise. Ces Oiseaux attendent peut-être une dislocation des
glaces pour regagner les rochers où ils ont l'habitude de nicher. 11 y a
cinq ans, d'après les observations du W Turquet, les Papous arrivaient
à partir du 15 sur les rochers qui aujourd'hui, 18 octobre, sont encore
abandonnés, enfouis sous la neige.
Sur l'île on aperçoit simplement çà et là quelques rares traces qui
sont celles d'Adélies.
A Petermann, les premiers Papous arrivent à leurs rookeries le
29 octobre, en retard de deux semaines sur les Adélies. Ils viennent len-
tement, les uns après les autres : ils sont 11 le 29 octobre, 19 le 31 , 391e
is' novembre, 71 le 3, 81 le 4, 9o le 3, 1 12 le 9 (PI. VIII, fig. 33 1. Aussi-
tôt sur les rochers, ils commencent leurs nids.
Les accouplements se font à l'arrivée des Oiseaux. Ils provoquent moins
OISEAUX ANTARCTIQUES. 53
de t|uoreIlos et de Icitaillcs fiucclicz les Adôlios. Le niAlo et la rciiicllo, se
faisant vis-à-vis, se saluenl jiisinrà \ovvi\ Imil en prolV'rant nn cii plus
ou moins sourd que Ton peut raj)procher du Ijraiement deTàne.
Les appai'iements commencent le 3 noveml)Pe.
Parfois, mais je dois dire que la chose est très rare, les l'apous, malgré
leur air peu batailleur et leur timidil('', ont de grandes querelles. Il faut
croire alors que les raisons qui les poussent à une telle extrémité sont
des plus sérieuses. — Le 9 novembre, j'assistai à l'un de ces combats
entre deux mâles : il dura plus de ciiK] minutes. Les lutteurs s'acharnè-
rent l'un sur l'autre à coups de bec et d'ailerons, se roulant dans la boue ;
méconnaissables sous la saleté qui avait entièrement recouvert leurs
plumes, l'on distinguait seulement deux masses grises qui se démenaient
et cherchaient chacune à prendre l'avantage. Enfin, succombant sous les
coups, étourdi, l'un d'eux resta surplace « knock ont », — tandis que le
vainqueur, mal en point lui aussi, s'en allait d'un pas hésitant chercher
le repos à l'abri d'un rocher. Tous deux étaient couverts de blessures
sanglantes, notamment aux ailerons et au cou. Le vaincu, avant de repren-
dre connaissance, resta plus d'un quart d'heure à terre ; puis, pénible-
ment, il se releva, se traîna plutôt qu'il ne marcha au dehors de la roo-
kerie, pour aller se reposer, à l'écart, des mauvais moments qu'il venait
de passer.
Le premier œuf est pondu le 18 novembre. Il yen a 2 le 19, 7 le 22,
81e2.'i, 12 le 2 4. C'est à cette date que le « Pourquoi Pas? » abandonna ses
quartiers d'hiver pour reprendre sa navigation dans les mers antarctiques.
Ces œufs, dont la coquille est d'un blanc très légèrement azuré et le
vitellus vermillon clair, sont plus globuleux que ceux des Adélies. Le
tableau suivant donne les renseignements de dimensions et de poids des
26 exemplaires que nous avons conservés (PI. IX, fig. 38, B).
54
OISEAUX ANTARCTIQUES.
NUMÉHO
LONGUEUli
LARGEUR
PONTE.
en
e:l
POIDS.
PROVEN.\NCE.
DATE.
d "ordre.
millimètre^.
niilliiiufreb.
519
1 "" OU 2'^'
7);
55,5
I'orl-loi'kroy,ilp\ViiD"kc
28-XII-1008.
520
70
50
—
—
521
—
73
5. )
—
—
522
07,5
5/ ,5
—
—
523
08
57,5
—
—
524
05
50,5
—
—
525
—
011,5
55,5
—
—
52(')
04
55
—
—
545
00
5'f
Ile Peterniaiin.
7-II-1000.
507
ire
71
5C>
12'i
—
22-XMO(iO.
59S
2''
('(0,5
58
125
—
—
(UC.
—
00,5
57,5
12i
—
20-XI-10()0.
017
;;<■
04
51 1,5
118
—
24-Xl-lOOO.
OIS
ire
00
53
1(10
—
23-Xl-lOOO.
010
—
72
57,5
133
—
—
020
Oe
70,5
57,5
130
—
2'i-XI-lOOO.
024
ire
70
01
145
l'oil-Lofkrii), ilc Wiciirkc
20-XI-lOUO.
025
71,5
58,5
138
—
—
020
—
70
58
131
—
—
027
—
00
58,5
133
—
—
028
07,5
50,5
120
—
—
020
■Je
07,5
55,5
115
—
—
(;:;(!
Tre
08,5
53,5
108
—
—
(«1
—
07
55,5
114
—
—
032
—
08,5
57
127
—
—
551
70
50,5
lil
Ile Petermanii.
10-xi-iouo.
Nous voyons donc, par les observations suivantes, que les Papous
abandonnent le moins possible les régions dans lesquelles ils ont Thabi-
tude de nicher. Et chaque fois que, avec l'aide des tempêtes, il se fait une
dislocation des glaces, chaque fois que l'eau libre réapparaît, on peut,
même en plein hiver, apercevoir des Oiseaux dans le voisinage plus ou
moins immédiat de leurs rookeries. Leurs visites, aux alentours de
Petermann, étaient cei>endant plus espacées que celles des Adélies, mais
il faut dire que la position de cette île coïncide à peu près avec la limite
extrême à laquelle niche le Papou et que de plus, à celle luliUide, les
colonies sont très peu importantes. Aussi est-il bien compréhensible que
lenombre de ces Pingouinsdans celte région soit bien moins considérable
que celui des Adélies, qui ont de puissantes rookeries jusqu'au sud
du cercle polaire, .
OISEAUX ANTARCTIQUES. 53
(-oinmc |>(iiii' los Ad«''lies, nous avons voulu nous assurer que los Papous
revenaient (rnne anm-e à l'aulre à la même rookeric. Dans ce but, en
deux |)oinls dillerents, dans deux colonies de Papous éloit^nées l'une de
l'autre déplus de :!00 kilomètres, nous avons marqué quelques Oiseaux,
jeunes et adultes, de bagues de couleurs différentes.
1 0 A notre premier passage à Port-Lockroy (île Wiencke), le 28 décembre
1008, nous avons mis 50 bagnes v(^rt pâle aux Papous adultes; 2° le
12 janvier HIUO, à l'ile Petermann, nous avons mis: 20 bagues brunes
aux Papous adultes ; 20 bagues roses aux jeunes.
Or, au retour des Oiseaux en octobre et novembre 1009 sur l'ile Peter-
mann, nous avons retrouvé, malgré la difficulté des recherches, o adultes
ayant des bagues brunes au tarse droit, soit le quart des Oiseaux marqués
dix mois auparavant. Mais je n'ai |)U observer facilement tous les Pingouins
de la rookerie, ceux-ci étant devenus très farouches à mon approche. 11
se peut que d'autres Oiseaux bagués aient échappé à mes recherches. Puis,
à l'époque où le « Pourquoi Pas? » (juilta l'île Petermann (1.^5 novembre),
tous les Papous n'étaient pas encore revenus sur la rookerie. Enfin, en
dehors des morts naturelles (jui peuvent se produire, il y a chaque
année une assez grande quantité de ces Oiseaux qui servent à l'alimen-
tation des Phoques et des Oi'ques.
Les résultats précédents montrent avec certitude que les mêmes
Oiseaux reviennent d'une année à l'autre à leurs anciennes rookeries.
Nous n'avons retrouvé aucun des Oiseaux à bagues roses, c'est-à-dire
déjeunes, ce qui })rouve l)ien (|ue ces jeunes ne reviennent pas sur leur
rookerie avant la seconde année.
Enfin, le 20 novembre 1000, pendant notre trop court passage à Port-
Lockroy, et malgré la diiïicult(' d'appi'oche des Oiseaux, nous avons
retrouvé deux Papous porteurs de bagues vertes, deux adultes marqués
onze mois auparavant.
Dej)uis notre retour en France nous avons appris que, au début
de 1011, des baleiniers, ayant abandonné leur ancienne station de pêche
(île Déception), pour s'installer à Port-Lockroy, avaient retrouvé, parmi
les animaux qu'ils avaient massacrés, quelques Oiseaux porteurs de
bagues, ceux mêmes cjue nous avions marqués le 28 décembre 1008. Il
' m^<''
56 OISEAUX ANTARCTIQUES.
est regrettable que ces intéressantes bêtos ne soient pas mieux respectées.
Nous ne reviendrons pas sur la nourriture du P/jr/oscclis papua : elle
est identi(|ue à colle du P. Adeliœ.
Porasilolofjie. — En faisant l'autopsie des nombreux Oiseaux que nous
avons dû sacrifier pour la nourriture et les collections, nous avons cons-
taté que tous, jeunes et adultes, présentaient sur toute la longueur de
rintestin_, et principalement de l'intestin antérieur et moyen, de nom-
breux kystes dus à la présence de Cestodes.
Ces kystes variaient d'aspect suivant la pé-
riode de l'année à laquelle les Oiseaux étaient
examinés.
Le 0 août, comme il avait fallu sacrifier
;' pour les l)esoiiis du bord une cinquantaine
d'Oiseaux, nous avons passé en revue les
dépouilles. Les intestins de tous les Papous,
sans exception, ju'ésentaient une quantité
de ces kystes d'origine parasitaire (fig. 6). Ils
formaient sur la face externe des intestins
des excroissances globuleuses, certaines
atteignant jusqu'à 1 centimètre d'épaisseur.
Fi^'. 6.— Appareil digestif de P^ffo-
sceiis papua avec kystes intesti- Eu ouvraut 1 mtestm pour examiner sa paroi
naux. — A, estomac; I, intestin;
K. kystes. interne, on apercevait de place en place l'ou-
verture des kystes, ouverture étroite, circu-
laire, bordée d'un anneau jaunâtre, de laquelle s'écbappe un bouquet
de Cestodes, ceux-ci en nombre variable, jusqu'à une dizaine par kyste.
Si l'on ouvre un kyste, on constate qu'il est creusé de logettes indépen-
dantes, contenant cbacune l'extrémité antérieure d'un Ver.
MM. A. Railliet et A. Henry, qui ont étudié nos documents parasi-
tologiques, ont rapporté cette intéressante espèce hX Anomotœnui Zederi
(Baird, 1853), recueilli pour la première fois par une expédition antarc-
tique anglaise dans l'estomac d'un Pingouin antarctique.
Au mois de novembre 1909, sur une dizaine de Papous étudiés, nous
(1) A. Raii.uet el A. IIemiy, Helminthes recueillis par l'Exp. ant. fr. du « Pourquoi Pas?», I :
Cestodes dXtiseaux [lUill. Mus. Ilist. mit., 1012, 11° 1, ji. 35).
OISEAUX ANTARCTIQUES. 57
a\ (MIS constaté que les kystes tendaient à se l'ésorbci, à entrer en régression,
cl la paroi iiilcMMie (I(^ l'intestin présentait un bouquet de Cestodcs adultes
])rofondénient fixés en un même point delà muqueuse, sur l'emplacement
(lu kyste. D'après MM. RaillietetHenry, ' cette réunion si curieuse d'indi-
vidus porte à penser que chaque colonie a pu prendre naissance par le
développement sur place d'un Cysticercoïde à scolex multiple » .
Puis peu à peu ces Cestodes disparaissent de l'intestin du Pingouin, et
pendant les mois de janvier, février et mars, nous n'en avons pas trouvé.
Les kystes, en se résorbant de plus en plus, semblent se détacher de la
paroi intestinale pour former des résidus consistants qui resteraient
fixés aux parois intestinales par de nombreuses adhérences, puis finiraient
par disparaître. Nous nous souvenons en effet avoir très nettement constaté
en janvier 1909, chez des Papous adultes, des corps noirâtres assez nom-
breux pouvant atteindre jusqu'à 5 millimètres de longueur, adhérents au
mésentère, sans aucune relation directe avec l'intestin.
Outre les Cestodes, nous avons trouvé, mais très rarement, quelc[ues
Nématodes dans l'intestin de quelques individus.
Journal omithologiqw. (Voir Carte II, B).
'■27 Décembre 1908. — Détroit de Gerlache. Aperçu vers le cap Osterrieth
une rookerie qui me semble être habitée par des Papous.
'21 et 28 Décembre 1908. — Poit-Lockroy (île Wiencke). Il y a deux
rookeries de Papous. Luneprèsdu mouillage, comprendprèsde 2000 indi-
vidus. L'autre, beaucoup plus réduite, se trouve en face l'îlot Casablanca,
le long du chenal de Roosen. Les Oiseaux sont en train de couver : il y a
deux œufs dans chaque nid. Nous avons marqué oO adultes. Ils vivent en
bonne intelligence avec les Cormorans (PI. X, fig. 39).
1^^ au 3 Janvier 1909. — lie Booth-Wandel. Importantes colonies de
Papous réparties sur plusieurs Ilots de rochers : 3000 à 4000 individus.
Ces Oiseaux furent étudiés par le D' Turquet au cours de l'expédition du
« Français » (1903-1905). Les Oiseaux couvent leurs œufs; il n'y a pas
encore de poussins.
4 Janvier. — Ile Petermann. Une petite rookerie de Papous. Deuxo'ufs
dans chaque nid, pas de Poussins.
Kxpéililion Charcot. — Gain. — Oiseaux antarctiques. "
58 OISEAUX ANTARCTIQUES.
1^ Janvier. — La plupart des nids ont deux Poussins. Marqué des
Oiseaux, jeunes et adultes (Voir p. 19).
J6 Février. — Les jeunes ont presque atteint la taille de leurs parents.
Leur duvet commence à tomber.
Ile Booth-Wandel. — L'île est couverte de traces de Pingouins. Les
jeunes Papous sont avancés comme à Petermann.
// Février. — Ile Petermann. Examiné quelques cadavres de Papous :
dans l'estomac, de nombreuses Eupliausies. Quelques Décapodes et
Poissons. En outre des Gestodes parasites.
20 Mars. — La mue des adultes, qui a débuté vers la fin de février,
commence à décroître.
29 Mars. — La mue n'est pas encore terminée.
1^"^ Avril. ■ — Fait une numération des globules de sang sur un animal
sain. Trouvé environ 1 500 000 hématies par millimètre cube. Celles-ci
sont elliptiques, ayant 1(3 à 17 <j. de long sur 10 y- de large.
2 Avril. — Une numération des globules sur un animal en Irain de
muer nous a donné la même proportion d'hématies. Mais les leucocytes
paraissaient en plus grand nombre.
5 Avril. — La mue est terminée. LesOiseauxabandonnentl'île peuàpeu.
12 Avril. -. — i\.près une disparition de quelques jours, des Papous sont
passés sur l'île, mélangés à une bande d'Adélies.
27 Avril. — Plus d'Oiseaux.
'i Juin. — Les Papous ont complètement disparu.
W Juillet. — Un Papou a été vu sur l'île grimpant la grande pente du
sommet.
5 Août. — Un Papou se repose près de Port-Circoncision.
6 Août. — Il est passé dans le chenal de Lemaire plusieurs troupes
de Papous. Adeux heures de l'après-midi, une cinquantaine ont débarqué
sur l'île, près des cairns. Malheureusement il a fallu les massacrer pour
les besoins du bord. Quelque temps après, une nouvelle troupe, moins
nombreuse que la première, attirée par les cris des marins imitant ceux
des Pingouins, vient à terre et subit le sort de la première. Un troisième
groupe passe au large. Sur un petit îlot en face les cairns, il y a une tren-
taine d'individus. ,•
OISEAUX ANTARCTIQUES. 59
7 Ao/}/. — Une troupe d'uiK' dizaine d'iiulividus siii' l'ilc
10 Août. — Uc Hovgaard. Près de la pointe sud de l'île, au pied de la
falaise de glace, vu un groupe de 25 Papous.
5 Septembre. — lie Petermann. Quelques Oiseaux sur l'île.
SS Sejjfc//tl)re. — Papous et Adélies sur l'île.
'27 Septeiiiinc. — Des petites troupes dans le chenal de Lemaire.
a Octohrc. — Dans l'après-midi est arrivée sur l'île une troupe de
70 Papous : il y avait parmi eux (]uel(|ues AdtMies. Le matin, ces Papous
péchaient dans le chenal.
W Ortobre. — Les premiers Oiseaux arrivent sur leurs rookeries. Il y
en avait onze à neuf heures.
M Ortoln'c. — Dans la matinée, un seul Oiseau sur les rochers. Ils sont
0 à 18 h. 30 ; ils commencent leurs nids.
SI Octobre. — li Papous à 13 heures; 19 à 18 h. 30. Ils sout très
craintifs ; aperçu à l'un deu.K une bague brune mise en janvier.
/er A'orembre. — 39 Papous.
:> A'orrinhre. — 05 Oiseaux à 13 h. 30, 71 à 18 h. 30. Vu deux autres
Oiseaux avec des bagues brunes. Les appariements commencent.
i Xoreiithre. — 81 Papous.
9 Soreinhrr. — 95 Pingouins.
8 Novembre. — 101 Oiseaux.
9 lYoeembre. — 112 Papous. Assisté à un violent combat entre deux
mâles (Voir p. 53).
13 Xoremlire. — Plusieurs nids sont terminés : ils sont i)lus soigneu-
sement faits que ceux des Adélies, et aux cailloux, mieux disposés, ils
ajoutent quelques plumes de la queue qui proviennent des anciennes
mues.
16 Novemh^e. — Examiné plusieurs dépouilles de Papous: les kystes
intestinaux semblent se résorber.
18 Novembre. — Trouvé le |)remier onif de Papou.
19 Novembre. — Deux onifs.
s?/ Novembre. — Un œuf.
^'■2 Novembre . — Sept œufs.
'2S Novembre. — Huit œufs.
6o OISEAUX ANTARCTIQUES.
S4 Novembre. — Douze œufs.
55 Novembre. — Huit œufs.
'iô Novembre. — En mer. Aperçu (|uclques Papous auN. alentours de
l'île Booth-Wandel, dans les détroits de Bismarck et de Gerlache.
Port-Lockroy (île Wiencke). — Les Papous (2 000 à 3 000) sont sui-
leurs rookeries; peu de nids sont complètement finis; les (cufs sont rares
(50 environ). Les Oiseaux sont très peureux ; j'en ai aperçu deux qui
avaient des bagues vertes au tarse droit, bagues que je leur avais
mises en décembre 1 908.
4 Décembre. — lie Déception. Sur la côte ouest de l'entrée de l'île
Déception, près delà passe, j'ai trouvé une petite rookerie d'une cinquan-
taine d'individus. Oiseaux très craintifs. Par les nombreux nids trouvés
abandonnés, j'ai pu constater que la colonie devait être auparavant trois
ou quatre fois plus nombreuse. Sans doute les Papous auront été effrayés
par les visites trop fréquentes des Baleiniers, et leur diminution doit être
due à l'impossibilité de se reproduire pendant les dernières années, par
suite de la capture de tous leurs œufs.
^4 Décembre. — Ile Bridgmann. Aperçu deux Papous sur la plage.
'26 Décembre. — Baie de l'Amirauté (île du Roi-George). 11 y a une
colonie d'environ 200 Papous, sur la plage basse, non loin de la pointe
Thomas. Les Poussins sont plus avancés que ceux que nous avons trouvés
sur l'île Petermann en janvier 1009. (k'rtains ont trois semaines. Trouvé
quek|ues œufs, mais la plupart étaient mauvais (PI. VIII, fig. 34).
3. Pygoscelis antarctica (Forster).
Collection :
N° 355. — cf jiiv. (onze mois). Capturée sur un floë dans le chenal de Lemaire en face l'île
Petermann, 24-XI-1909. Iris brun pâle, bec noir, jugulaire noirâtre, doigts et
palmure d'un rose légèrement grisâtre devenant plus foncés vers l'extrémité ;
griffes gris noirâtre.
L. T. : 655. - E. : 485. - A. : 194. - Q. : 162. - B. : 45. - 1 . : 25. - D. M. : 75-18.
N° 488. — cf, île Déception, 13-XII-1909. Capturé sur une rookerie. Iris brun jaunâtre,
paupières noires, front, vevtex, occiput, nuque d'un noir bleuté, dos bleu-ardoise,
jugulaire noire, bec noir, tempes, joues, côtés du cou, menton, gorge et parties
ventrales blanches ; tarses et pattes rose grisâtre, griffes gris-ardoise foncé laté-
ralement et légèrement rosé sur le dessus. Estomac : vide, petits cailloux. Para-
sites : Cestodes dans l'intestin ; deux Aptères trouvés dans la région du cou.
L. T. : 740. - E. : 520. - A. : 197. - Q. : 192. - B. : 49. - T. : 23. - D. M. : 77-23.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 6l
N" 489. — 9 juv., île Déception, 13-XII-1909. Iris brun jaunâtre. Estomac : Euphausies.
Parasites : kystes intestinaux avec Ccstodos.
L. T. : 665. - E. : 510. - A. : 193. - 0. : 160. - B. : 45. - T. : 22. - D. M. : 74-17.
N" 494. — 9î îlo Déception, 13-XII-1909. Iris brun jaunâtre. Estomac : vide. Parasites :
quelques kystes intestinaux avec Cestodes ; deux Aptères dans la région du cou.
L.T. :710. — E.: 500. -A.: 197. - 0.: 194. - B. : 48. - T. : 22. - D.M. : 77-21.
N° 495. — Q, ih Déception, 13-XII-1909. Iris marron clair. Estomac: Eupliausies. Para-
sites : quelques kystes intestinaux avec Cestodes.
L. T. : 735. - E. : 520. - A. : 197. - Q. : 188. - B. : 52. - T. : 23. - D. M. : 80-23.
N" 496. — 9, île Déception, 13-XII-1909. Iris brun jaunâtre. Estomac: Euphausies. Para-
sites : Cestodes dans l'intestin antérieur.
L.T. : 695. - E. : 480. -A.: 175.-0.: 168. - B. : 42. - T. : 22. - D.M. : 74-20.
N° 497. — cf, île Déception, 13-XII-1909. Iris brun jaunâtre. Estomac: Euphausies. Para-
sites : nombreux Cestodes dans l'intestin antérieur.
L. T. : 675. - E. : 510. - A. : 195. - 0. : 141. - B. : 47. - T.: 22. - D. M.: 76-19.
N° 498. — 9i 'Is Déception. Iris brun jaunâtre. Estomac: Euphausies. Parasites : quelques
kystes intestinaux avec Cestodes.
L.T. : 710. -E.: 515. - A.: 198. - 0. : 178. - B. : 45. - T. : 21. - D. M. : 75-19.
N° 499. — çf, Déception. Iris marron clair. Estomac: Euphausies. Parasites : kystes intes-
tinaux avec Cestodes.
L. T. : 765. - E. : 545. - A. : 207. - 0. : 210. - B. : 56. - T. : 23. - D. M. : 84-23.
N" 500. — 9i île Déception. Iris marron clair. Estomac: Euphausies. Parasites : kystes
intestinaux avec Cestodes.
L.T. : 730. - E.: 530. - A.: 199. - Q.: 190. - B.: 48. - T.: 23. - D. M.: 82-24
N° 800. — o*, île Déception. Iris brun jaunâtre. Estomac: vide :
L. T. : 715. - E. : 515. - A.: 197. - Q.: 172. - B.: 44. - T.: 22. - D. M.: 75-19.
N°801. — 9i'le Déception. Iris brun jaunâtre. Estomac : Euphausies. Parasites : kystes
intestinaux avec Cestodes.
L. T. : 750. - E. : 520. - A. : .iOl. - O. : 199. - B.:52. - T. : 23. - D. M.: 78-22.
N° 835 — cf, île Déception. Iris marron clair. Estomac: Euphausies. Longueur de l'intes-
tin 2"\90 ; diamètre : 10 millimètres.
L. T. : 775. - E. : 530. - A. : 200. - 0. : 202. - B. : 49. - T. : 24. - D. M.: 77-22.
Nos ( ollections comprennent en outre des Oiseaux conservés dans le sel, des squelettes
et des systèmes nerveux.
Nous avons préparé et conservé 42 embryons aux différents stades de l'incubation et
15 Poussins.
Le Pijgoscei/s antarclka, légèrement plus petit que l'Aclélie, se dis-
tingue facilement des autres espèces par sa gorge blanche que traverse
une jugulaire noire (PI. VI, fig. 26). Racovitza, le distingué naturaliste
de la « Belgica », en a donné une description très exacte, et il a très
nettement fait ressortir les mœurs spéciales de cette intéressante
espèce (1) ; aussi ne reviendrons-nous pas sur ce sujet.
L'Antarctique est un animal bruyant et batailleur. Il vil en énormes
(1) lUcoviTZA, loc. cit.
62 OISEAUX AXTARCTIQUES.
rookpries. localisées surtout dans le nord du détroit de Gerlache et l'ouest
du détroit de Bransfîeld. aussi bien dans les ilesdu détroit et des Shetlands
du Sud qu'en bordure de la côte des Terres Louis-Philippe. Palmer et
Danco. Ses colonies ne dépassent pas. vers le Sud. le 65° de latitude.
Au delà, on aperçoit, de temps en temps, des individus isolés ou de
petites troupes. Ce sont le plus souvent des jeunes, comme nous
l'avon.*! constaté plusieurs fois à l'ile Petermann, pendant le mois de
novembre 1900.
C'est sur l'île Déception, en novembre et décembre 1909, que nous
avons pu examiner et étudier les importantes colonies de celte espèce. Il
y avait là quatre colonies d'Antarctiques, représentant certainement un
total de plusieurs centaines de milliers d'individus.
L'ile Déception est un ancien volcan dont les dernières périodes
d'activité sont toutes récentes. Les phénomènes éruptifs conlinut-nt
d'ailleurs à se manifester dans cette région, et il paraîtrait même, suivant
les dires de quelques baleiniers, que. depuis le retour du << Pourquoi
Pas? •> 1916), l'activité volcanique aurait repris : différentes bouches à
feu se seraient ouvertes en divers points de l'île. L'ancien cratère, cerclé
de montagnes dont quelques sommets atteignent près de 600 mètres, est
envahi par la mer et communique par une étroite passe avec le détroit
de Branstield. Il constitue un magnitique port naturel 'Port-Fosteri
mesurant environ 1 1 kilomètres de profondeur sur 8 en largeur. C'est en
certains points des côtes de Déception, soit au voisinage de la baie Port-
Fosler , soit au voisinage des plages extérieures, que sont situées les
différentes colonies de Pingouins PI. VI. fig. 28).
La ponte des Antarctiques a dû commencer vers le o novembre pour
devenir générale au milieu du mois et se terminer dans les derniers jours
de novembre. Elle est plus tardive que chez les autres espèces.
Quand, pendant la saison de l'incubation, on pénètre dans une de ces
villes, on est aussitôt accueilli par un brouhaha assourdissant de croasse-
ments inharmonieux, ou de souffles prolongés, accompagnés de voies de
fait, coups de bec ou d'aileron, donnant à réfléchir à celui qui forme le
projet de s'engager au milieu de cette foule hostile.
Dans chaque nid. au début de décembre^ on trouve en général deux
OISEAUX ANTARCTIQUES. 63
reufs. ('es œufs sont de l;i iiuMiie couleur que ceux des Adélies, iii;iis ils
sont plus petits dM. 1\, lii;. 38 c).
NUMÉRO
PONTE
LONGUEIR
en
LAROKCn
POIDS.
LOCALITli.
DATE.
d'ordre.
milliliirtres.
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47
35
Les Antarctiques placent parfois leurs rookeries à des hauteurs qui
peuvent d(''passer une centaine de mètres, comme nous l'avons constaté
sur deux points de la côte sud et ouest de Di'ception. Et pour aller à la
mer chercher les Crustacés du genre Eup/tai>sia dont ils se nourrissent,
il leur faut faire souv(Mit un long trajet, parfois même de sérieuses ascen-
sions ou des descentes mouvementées. Ils partent par petites troupes,
en file indienne, suivant de véritables sentiers creusés dans la neige par
leurs continuels passages, et cherchent, pour descendre vers la plage, les
endroits de la falaise les plus propices et les moins périlleux (IM. VU,
fig.29).
Sur les plages accessibles des rookeries, par les belles journées, c'est
le plus souvent une fde d'Oiseaux rassemblés là par milliers (IM. VII,
fig. 31). Ils font penser aux cohues humaines que les beaux jours d'été
attirent sur nos grandes plages de France. On y cause peu : simplement
quelques réflexions chuchotées à voix basse, tandis qu'au-dessus de la
grève, dans le lointain, on entend la rum<nir de la cité bruyante. Par
petites troupes, les Pingouins profitent d'une accalmie de la vague pour
se lancer à l'eau et partir en chasse (PI. VII, fig. 30), tandis que d'autres
bandes reviennent du large en faisant entendre des /••««/.■, /.w//.' joyeux,
64 OISEAUX ANTARCTIQUES.
et cherchent l'endroit le plus favorable pour revenir à terre : des tètes
qui sortent de l'eau, un dernier plongeon, et la vague, en déferlant et en
envahissant la plage, y déverse des troupes d'Antarctiques qui revien-
nent de la pèche i PI. VII, fig. 32). Alors c'est pour ceux-ci l'ascension
difficile de la falaise de glace, le retour à la rookerie où ils vont prendre
leur poste de gardien du nid et permettre à ceux qui les attendaient de
partir à leur tour pour la mer.
En effet, à l'époque où nous avons le mieux étudié les colonies de
ces Oiseaux, c'est-à-dire vers le milieu de décembre, la vie de la cité est
très active. C'est le moment où la plnpnit des œufs sont parvenus au
terme de l'incubidion, et nombreux déjà sont les nids dans lesquels
apparaissent un et même deux Poussins. C'est la période pénible pour
les adultes qui devront, sans arrêt, aller chercher la nourriture pour
tous ces jeunes difficiles à rassasier.
A sa sortie de l'onif, le Poussin a un duvet soyeux, gris argenté très
clair ; l)ec noir, Ijrunàtre vers l'extrémité, tache blanche subterniinale
sur la mandibule supérieure dans la région de la dent (lui sert à briser la
coquille. Paupières noires. Tarses et pattes d'un rose violacé pâle ; les
pattes passent insensiblement au gris vers leur extrémité antérieure.
Griffes gris brunâtre (1).
Tandis que, comme nous l'avons vu, le sol des rookeries d'Adélies est
caractérisé par une couleur ronge-lie de vin et celui de rookeries de
Papous par une teinte générale blanche ou grisâtre, dues aux excréments,
le sol des colonies d'Antarctitjues est, lui aussi, bien caractéristique des
Oiseaux qui l'habitent. En effet ces Pingouins ont l'habitude, quand ils
sont sur leur nid, de ne pas le quitter pour satisfaire à certaines néces-
sités de la vie. Ils se contentent, sans bouger de place, de projeter violem-
ment leurs déjections en dehors de leur nid. A la longue, ces excréments
finissent par former une auréole de longs rayons blancs autour de
chaque nid (PI. VI, fig. 26).
Depuis plusieurs années, des compagnies de baleiniers faisaient de
l'île Déception leur station de pèche, les Cétacés étant abondants dans
le voisinage des îles Shetlands du Sud et du détroit de Bransfîeld. Pcn-
(1) Voir Pi. Anthony et L. Gain, Docwnenls embr!/o(jcniiiiies.
OISE A UX A NT A RC TIO UES. 65
dîiiil (l(Mi\ à trois mois de l'année, l'ort-Fostcr tlonnait asile à une nom-
lirense ilollille : gi'os cargos de 3000 à ^l 000 tonnes, bateaux usines
servant au traitement du lard pour en extraire l'huile, — ou baleiniers,
canonnières à vapeur servant à la capture des Baleines, représentant au
total un personnel d'environ 300 hommes.
Comme nous avons pu le constater, la présence de ces hommes, pen-
dant plusieurs années de suite, à l'époque de la ponte des Oiseaux, fut
néfaste au développement de quelques cités d'Antarctiques. Le 28 novem-
bre 1909, nous sommes allé visiter la rookerie placée sur la côte ouest
de la baie intérieure de Déception (l*ort-Foster). La colonie occupait les
rochers et les collines dépourvues de neige sur une longueur de près
d'un kilomètre, jusqu'à une hauteur d'une centaine de mètres. Il y avait
là 30 000 à iOOOO Oiseaux, devenus très farouches, à la suite de la visite
journalière des baleiniçrs récoltant tous les œufs. Il nous a été facile de
constater, parles nombreux nids abandonnés, par l'aspect aussi du terrain
aujourd'hui désert, auparavant occupé par les Oiseaux, que cette cité
d'Antarctiques doit péricliter chaque année, et qu'elle est en voie rapide
de disparition. Cette grande diminution des habitants de la colonie estdue
à ce que leur reproduction ne se fait plus normalement depuis plusieurs
années, tous leurs œufs étant pris par les baleiniers.
D'après la place qu'occupaient les Oiseaux en novembre 1900, par rap-
port à la superficie totale que devait avoir eu la colonie, nous pouvons
certainement affirmer qu'elle avait perdu la moitié de sa population. Il ne
faudrait que quelques années d'un môme régime pour la voir disparaître
complètement.
Nous ne saurions, une fois de |)lus, trop nous élever contre de sembla-
bles procédés qui consistent à enlever tous les œufs des nids, et à empê-
cher, parce moyen radical, le repeuplement de ces intéressants S/>///''«/sc/fMç
(pii sont déjà, à cause de tous leurs ennemis marins, appelés à diminuri
en nombre chaque année.
Parasitologio. — Comme chez P. papua, nous avons constaté chez de
nombreux P. antarctica la présence de kystes intestinaux dus à la même
espèce de Cestode, YAnonioUonia Zedorl Baird.
Nous avons en outre trouvé une seconde espèce d'Helminthe parasite,
'Expédition Chavrot. — Gain. — Oiseaux antarctiques. U
66 OISEAUX ANTARCTIQUES.
dans l'intestin givlo de quelquos Antarcti(|U('s. (Test une nouvelle espèce,
décrite par IVOl. A. llaiiliet et A. Henry sous le nom de Trtrtdinflir'ni-t
Jouhini (1).
JoiirnaJ inidtJiolofjiqac (Voir carte II, C).
^2''2 Dècenilirc IHOS. — A quelques milles au nord de l'île Smith, aperçu
une dizaine d'Antarctiques sur une ylace llottante.
Vu deux r(»()k(MMes d'Antarctiques sur la côte W.-N.-W. de l'île Décep-
tion. Dans la baie intérieure de Déception, (pielques Antarctiques sur les
plages.
il Dpcruiln'c lUOS. — Détroit de Gerlache. H nous a semblé voir une
grande colonie d'Antarctiques.
il et iS Dcccmlirc 1008. — Port-Lockroy (île Wiencke). Aperçu quel-
ques Oiseaux épars. Pas de rookeries.
3 ./foirier 1!>0{l. — Ile Booth-Wandel. Sur les rochers delà côte ouest,
près de la colline du Cairn, une dizaine d'Oiseaux semblent se reposer.
-/ ./anr/f'r 1909. — Ile Petermann. Un Antarctique se promène parmi les
rookeries d'Adélics.
/5 Novembre 1909. — Un jeune Antarctique (onze mois) près des colo-
nies d'Adélies.
18 Novrrnlirc 1909. — Aperçu 6 Antarctiques nageant dans le chenal
de Lemaire, au voisinage de Petermann. Un Oiseau a été capturé : c'est
un jeune (onze mois).
a Noveiiihrr 1909. — M. Boland m'apporte un jeune Antarctique qu'il
a attrapé sur un Ooë. L'intestin de cet Oiseau est garni de kystes iden-
tiques à ceux des Papous.
% Norembre 1909. — En mer, sur les floës, dans le détroit de Bismarck,
aperçu quelques Oiseaux.
27 N(iv( fahre 1909. — Antarctiques assez nombreux sur les glaces, dans
le détrod de Gerlache. Vu une énorme rookerie située à plus de 100 mètres
d'altitude sur l'île qui se trouve au sud du cap Kaiser (île Brabant), ainsi
que deux autres rookeries sur des îlots au sud de l'île des Deux-Hum-
mocks. Une autre colonie sur l'île Auguste.
(Il Voir A. Haii.i.iet et A. Henry, /oc. cit.
OlSIïArX AXTARCTIQUES. 67
'21^ Xovomhre 1909. — Ile Dôcoptioii. Visilc de hi rôokcrit' silure le
lonj^ de la l)aie inlérimire di' l'ile ( l'orl-Foster) (Voir p. ()2j.
/er Dècciiihre 1909. — Examiné la plupart des Oiseaux tués le 28 no-
vembre. Sur 22 Antarctiques (7Q et \',\ç^),î{ ont ou ont eu des kystes
intestinaux d'origine parasitaire ; un seul n'en présentait aucune trace.
Tous ces kystes semblent à l'état de régression, comme nous l'avons aussi
constaté chez les Papous examinés à la même ('pcupie ; ils se résorbent,
formant de petites masses noirâtres de quelques millimètres qui se déta-
chent de l'intestin et se fixent au mésentère par de nombreuses adhé-
rences. Ces kystes sont en général moins nombreux que chez les Papous.
'2 Décembre 1909. — Retourné à la rookerie examinée le 28 novembre.
Trouvé 200 œufs, tous de petite taille : ce sont des œufs de quatrième ou
cinquième pontes qui n'auraient pas couvé.
4 Décembre 1909. — Kxcursionné sur la côte ouest de l'entrée de Dé-
ception. Près de la colonie de Papous, il y a rà et là sur les rochers des
petits groupes d'Antarctiques; une centaine ont installé leurs nids à
50 mètres d'altitude et à près d'un kilomètre de la côte. Une autre petite
rookerie de quelques individus sur un rocher, à 12."> mètres d'altitude.
7 Décembre 1909. — Visité la grande rookerie qui se trouve près de la
côte extérieure de Déception vers le détroit de Uransfield, à l'est de la
passe. Il y a là, sur i)rès de 2 kilomètres de long, divisée en plusieurs
groupes, une énorme rookerie d'Antarctiques comprenant près de 100000
individus. W y avait 2 (euls dans chaque nid. Aux Antarctiques, sont mé-
langés quelques groupes de Catarrliaetes chri/solop/ius (PI. VI,fig. 27, 28).
La côte présente en cet endroit un cap formé de tufs volcaniques qui
sortent de la mer en des falaises atteignant une centaine de mètres de
hauteur. De chaque côté de ce promontoire sont deux plages. Celle qui
se trouve à l'ouest est demi-circulaire et exiguë, large seulement de quel-
(|ues mètres, resserrée entre des pentes abruptes de neige et de tufs
volcaniques qui s'élèvent à une grande hauteur. La place située à l'est est
plus étendue; assez vaste sur quelques centaines de mètres de longueur,
elle se continue, plus resserrée, devant un front de glacier que le flot
ronge à la haute mer. >'ers l'intérieur de l'ile, la plage grimpe en pente
douce d'abord, puis cette pente s'accentue peu à peu. Les tufs volcaniques
68 OISEAUX A.WTARCriQUES.
qui fornionl le promontoire, se continuent vers l'intérieur de l'île pour se
confondre peu à peu avec les montagnes voisines et disparaître sous la
glace. C'est sur la pente assez douce de ces tufs volcaniques qui descend vers
la plage de l'est que sont établies les principales rookeries. Une autre cité
très importante occupe les flancs et la crête de deux collines qui s'étagent
au fond de cette même plage de l'est, entre loO et 200 mètres de hauteur.
Les nids des Antarctiques sont faits soit d'une dépression dans le sol,
lorsque celui-ci est meuble, dépression entourée de cailloux en plus ou
moins grand nombre, — soit de cailloux disposés eu cuvette, lorsqu'ils se
trouvent sur un sol dur. Quelques plumes de la queue dans chaque nid.
13 Décembre 190!}. — Visite à la rookerie de Port-Foster. 11 ne reste
plus d'd'ufs dans les nids; il n'y aura pas un Poussin cette année.
15 Décembre 1909. — Retourné à la grande rookerie (|ui regarde le
détroit de Bransfield.
Deux œufs dans les nids, rarement un. L'incubation est très avancée,
et dans quelques nids nous avons trouvé 1 oi même 2 Poussins. Les
Antarctiques ne fuient pas à notre approche, il faut les enlever de force du
nid pour voir leurs œufs : ils se défendent énergiquement à coups de bec.
De loin le bruit qui vient de la colonie ressemble à celui que font
les Corbeaux, le soir, lorsqu'ils survolent les arbres dans lesquels ils
nichent, ("e sont des « Ah Kuak Kuak Kuak... Ah Kuak Kuak Kuak »
ininterrompus.
'21 Décembre 1909. — Trouvé une forte rookerie sur la côte ouest de
Déception, en regard de l'île Smith. Il y a là environ 100000 individus.
L'emplacement de la colonie couvre près de 2 kilomètres en longueur
sur 1 kilomètre de large, jusqu'à une hauteur de 100 mètres. Ils sont ins-
tallés sur des collines de tufs volcaniques et de cendres, dominant la
mer. Dans tous les nids quelques plumes de la queue.
Deux œufs par nid, le quart environ est éclos. Les Poussins les plus
vieux sont âgés de 4 ou 5 jours.
Les parents ne quittent pas leur nid à mon approche, mais ils me
reçoivent avec méfiance. Ce sont chez tous des souffles prolongés, des
« heeeein, licceein ), (pii donnent à réfléchira cchii (jui a l'intention de
travcrscM' la cité. Les mâles ou les femelles qui couvent cherchent à me
OISEAUX ANTARCTIQUES. 69
clonnci' (It'S coups do l)oc. Ceux i|Ni ue couvent pas, et surtout les mâles,
se jelleiit sur le pauvre passant qu'ils labourent de coups de l»ec et
d'ailcrdu. — Les Antarctiques me paraissent cependant moins agressifs
et moins querelleurs que les Adéiies. Ils semblent vivre en une commu-
nauté plus intime, moins méfiante.
Pour aller des rookeries à la mer, le trajet est long. 11 leur faut souvent
faire plus d'un kilomètre en bordure de la falaise de glace qui surplombe
la plage à une cinquantaine de mètres de hauteur, pour redescendre ensuite
par des sentiers accidenti'S et assez difficiles. N'ayant pas le pied très
montagnard, les chutes sont fréquentes. Beaucoup glissent et roulent au
bas de la pente; ils en sont quittes pour recommencer leur ascension
s'ils rentrent à la rookerie, ou alors arrivent plus rapidement sur la plage,
s'ils vont à la pèche.
La plage se divise en deux parties : l'une est formée d'une ancienne
coulée de basalte. Les rochers sont remplis de Pingouins qui vont,
viennent, sautent de roche en roche : puis les basaltes cessent subite-
ment pour faire place à une belle plage de gravier fin longue d'un kilo-
mètre, dominée par la falaise de glace que suit une procession inin-
terrompue d'Antarctiques qui vont à la plage ou en reviennent. Outre les
Antarctiques qui, sur c<Hle plage, se comptent par milliers, il y a quelques
Papous et Pingouins à crête, ainsi qu'une trentaine de Phoques de Weddell
qui sommeillent.
£'? Dpcetnhri' 1009. — Détroit de Bransfield. Croisé quelques troupes
d'Antarctiques en train de pécher ou de se reposer sur les floës.
6 .Jimrier 1910. — Vers 8 heures du soir, en passant entre les îles Low
et lloscason, croisé des bandes d'Antarctiques qui pèchent.
Aperçu le long de la côte S.-E. de l'île Low deux rookeries d'Antarc-
tiques.
4. Catarrhactes chrysolophus (Brandt).
N° 413. — 9) îl*^ Déception, 4-XII-l'J09. Capturé sur une rookerie. Parties supérieure
du corps d'un gi'is bleuté foncé velouté. Sur le dessus de la tête, des bandes de
sourcils jaune d'or, à extrémité noire chez les plus courtes, tandis que les plumes
situées le plus en arrière sont entièrement jaune d'or et d'une longueur presque
double aux premières. Iris gi-enat, bec brun rougeàtre, commissure des mandi-
).M.
: 77-21.
).M.
: 7[)-20.
).M.
: 79-18.
.IM.
: 78-20.
70 OISEAUX ANTARCTIQUES.
billes pourpre pâle. Joue, menton, gorge noirs à reflets veloutés. Région ventrale
blanche. Tarses et pattes d'un rose jaunâtre. Griffes claires sur le dessus, brun
foncé latéralement. Estomac : vide.
L.T. : 700. - E. : 505. - A. : 188. - O. : 154. - B. : 53. - T. : 25. -D.M. : 78-19.
N" 414. — 9i île Déception, 4-XII-1909. Prise sur le nid. Estomac : vide.
L.T.: 695. - E. : 500. - A. : 186. - 0. : 151. - B. : .55. - T. : 23. - D.M. : 75-19.
N" 415. — 9, île Déception, 4-XII- 1909. Prise sur le nid. Estomac : vide.
L. T. : 700. - E. : 530. - A. : 198. - 0. : 154. - B. : 52. - T. : 22. - D. M. : 78-18.
N» 422. — cf , île Déception, 4-Xn-1909. Pris sur le nid. Estomac vide. Bec plus fort, corps
d'apparence plus robuste que celui des femelles.
L.T. : 705. - E. : 535. - A. : 200. - Q. : 160. - B. : 59. - T. : 24. - D.M. : 78-1!-'.
,\o 4(34. _ Q<^ île Déception. 4-XII-1909. Pris sur le nid. Estomac : vide.
L.T.:670. -E. :490. -A.: 188. - Q. : 148. - B. : 57. - T. : 22. - D. M.: 72-10.
N" 465. — cf , île Déception. 7-XII-1909. Pris sur le nid. Estomac : vide.
L.T. : 695. - E. : 510. - A. : 195. - O. : 150. - B. : 57. - 1. : 24. - D.M. : 70-19.
No 466. — Q,'ûe Déception, 7-Xn-1909. Prise sur le nid. Estomac : vide.
L.T.: 700. - E.: 515. - A. : 196. - 0. : 165. - B. : 52. - T. : 23. -
N" 469. — ?, île Déception, 7-XII-1909. Prise sur le nid. Estomac : vide.
L.T. : 675. - E. : 505. - A. : 180. - 0. : 145. - B. : 51. - T. : 24. -
N" 470. — cf. île Déception. 7-XII-1909. Pris sur le nid. Estomac : vide.
L.T. : 705. - E. : 530. - A. : 200. - 0. : 157. - B. : 58. - T. : 24. -
N" 484. - cf, île Déception. 7-XII-1909. Pris sur le nia. Estomac: vide.
L. T. : 725. - E. : 550. - A. : 206. - Q. : 162. - B. : 61. - T. : 23. -
N" 485. — cf 1 ile Déception. 7-XII-1909. Pris sur le nid. Estomac : vide. Longueur de
l'intestin : 5"', 90 ; diamètre : 5 millimèlres.
L.T. : 720. - E. : 540. - A. : 206. - 0. : 162. - B. : 61. - T. : 23. - D. M. : 78-20.
N° 843. — 9 juv. Capturée sur une plage de la côte ouest de Déception. 21-Xn-1909.
Douze mois. Les plumes jaunes du sommet de la tête sont encore très peu mar-
quées : elles sont à peine plus développées que les plumes ordinaires. Iris grenat
légèrement brunâtre. Estomac : vide.
L.T.: 670. - E. : 500. - A. : 189. - Q. : 132. - B. : 49. - T. : 24. - D. M. : 75-19.
Quelque* Oiseaux conservé j dans le sel, de., squelettes, des systèmes nerveux.
Nous avons préparé et conservé vingt-huit embryons au.x. différents stades de l'iac li-
bation.
Le l'ingouin " huppé » est aussi calme que l'Antarctique est liruyant,
aussi pacifique que l'autre est batailleur.
Avant l'expédition du « Pourquoi l'as? », la présence de cet Oiseau
n'avait pas encore été constatée dans la région antarctique proprement
dite, c'est-à-dire au-dessous de 60" de lat. S.
Cependant, [)0ur être tout ù fait exact, K. A. Andersson (1 ) signale,
dans son ouvrage sur les Oiseaux rencontrés au cours de l'expédilion
suédoise commandée par Nordenskjôld ( lOOl-lOO;]), la présence d'une
colonie de J'ingouins qu'il rapporte à l'espèce C. chrysocome Forster
1) K. A. .\>DEnssoN, loc. cit.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 71
sur la côfo oucsl de l'ilc Nelson, landis quo eos mêmes Oiseaux ont été
parfois aperçus isoléuieut eu iKU'diirede la cote de laTerre Louis-l'hilippe.
Dans son tahleau sur la i'é|)artitiou des Oiseaux des régions antarc-
tiques, Reichenow (I) fait figurer, d'ailleurs avec doute (?), en se basant
sur les observations de K. A. Andersson, la présence du U . rlirnsocnine à
la Terre Louis- Phi lippe et aux Shetlands du Sud.
Or nous pouvons aiHinier ([u'il y a eu erreur de détermination de la
pai-l de K. A. Anderssou, et que la rookerie de lile Nelson, aperçue
(Failleurs d'assez loin, est certainement hahili'e non par le (' . chrijsocome,
mais par l'espèce (\ rltn/snlopltus, dont nous avons trouvé plusieurs
colonies sur l'île Déception, qui est assez proche de l'île Nelson.
D'autre part, il est plus naturel de trouver dans ces régions antarctiques
septentrionales sud-amcM'icaines le ('. clirijsolitphiis (|ui S(» rencontre aux
Orcades du Sud et niche à la G(''orgie du Sud ; tandis que les premiers
individus isoh'-s de ('. clinjsiH-innc se rencontrent dans l'ouest seulemeni
à partir de l'île du Prince-Edouard, puis sur les îles Marion, Crozet,
Heard, et les lieux de ])onte aux îles Kerguclen, Amsterdam, Heard.
C'est à l'île Déception, en décembre 1901), que nous avons trouvé
quelques colonies du U . (■Iirijsolophus (Voir carte II, D).
Un peu plus grand et plus épais que l'Antarctique, le Pingouin huppé
a le dos et la tète d'un noir bleuté à reflets veloutés; au-dessus des yeux,
des bandes de longs sourcils jaune d'or se rejoignent sur le front. L'iris
est grenat, le bec brun rougeàtre avec la commissure des mandibules
})Ourpre pâle.
C'est un animal tranquille, pacifique, confiant, se laissant facilement
approcher quand il est sur son nid, et mêmecaresser, cherchant rarement
à donner un coup de bec ou d'aileron (PI. VI, fig. 25).
Les colonies de ces Oiseaux sont souvent mélangées à celles des
Antarctiques, avec lesquels ils vivent en bonne iulelligence, comme nous
l'avons constaté sur la côte sud de Décej)lion PI. Vî, fig. 27).
Dans leur nid, fait d'une simple dépression du sol ou de petits cailloux,
suivant la nature du terrain, il y a un seul œuf d'un blanc légèrement
(I) llEir.iiENdw, Vr.ïrel (les Wellmeere-i (Deutsche Siidpolar-Expedition, 1901-03, IX Band. Zoologie,
f' Cand, Hel't VI, p. 342 et 549).
72 OISEAUX ANTARCTIQUES.
bleuâtre. Les œufs sont un peu plus f^ros que ceux de P. papwi (IM. I\,
fig. 37, D). Les parents couvent alternativement.
NUMÉRO
LONGUEUR
LARGEUR
l'n
en
POIDS.
LOC.VLITE.
DATE.
d'ûrdre.
iiiillimrlifî..
niillimrlies-
041
80,5
58,5
1 45
Ile Déception.
4-XII-lOOO.
(V'i2
80,5
57,5
l 'rj
—
—
043
80
58
1 40
—
—
G4'i
78,5
01
153
—
—
045
80
50,5
1 40
—
—
O'iO
75,5
00
148
—
—
047
80
57
142
—
—
048
78
50,5
134
—
—
040
78,5
53,5
120
—
—
ono
70
50
120
—
—
o:.i
7:^.
57,5
120
—
—
ù:r2
71,5
40
83
D'après l'âge approximatif des embryons que nous avons trouvés dans
les anifs pris les 4, 15 et 17 décembre 1000 sur les rookeries de l'île
Déception, nous pouvons en déduire que la ponte a dû avoir lieu du
15 au 30 novembre. L'incubation doit durer de trente-deux à trenle-cinq
jours, et les premiers œufs ont dû éclore entre le 20 et le 30 décembre.
Les embryons les plus âgés avaient environ 4 semaines, ils présentaient
une région ventrale d'un blanc légèrement grisâtre; le cou, la tète et les
parties dorsales étaient dun noir brunâtre.
i Décembre 1H09. — Ile Déception. Sur la côte ouest de l'entrée de
Port-Foster, trouvé, vers la pointe, à 30 mètres au-dessus de la mer,
une rookerie d'une cinquantaine d'individus. Les Oiseaux sont rassemblés
sur un petit espace. Les nids sont rapprochés les uns des autres. Ce sont
des Oiseaux calmes, peu batailleurs, ayant un cri sourd, assez désa-
gréable, ressemblant à celui du Papou.
Les Ois(;aux se laissent facilement approcher et même toucher.
Après m'ètre emparé d'un couple dont, alors, le nid restait al)andonné,
un autre couple est venu s'y installer. Mais, avant (pu» j'aie eu le temps
d'intervenir, l'un des nouveaux propriétaires, \o nuile, d'un coup de bec,
OISEAUX ANTARCTIQUES. 73
envoyait l'œuf hors du nid et le laissait rouler sur la pente sans s'en
occuper davantage.
Ce sont les seuls Pini^^ouins quej'aic vus vraiment manifester du regret,
quand on s'empare de leurs œufs. Les autres espèces les défendent, mais
après leur disparition ne semblent plus s'en préoccuper. Tandis que les
couples de C. chnjsolopJtus, dont on a pris les œufs, reviennent sur leurs
nids et semblent chercher, tout en poussant des cris plaintifs.
7 et 1 5 Décembre lOO'J. — Dans l'après-midi, visite cà la grande rookerie
d'Antarctiques qui se trouve à l'est de l'entrée de Port-Foster, sur la
côte regardant le détroit de Bransfield. Nous avons décrit l'emplacement
de cette rookerie à propos du P. antarctka (Voir p. 60).
Les Pingouins huppés vivent là en bonne harmonie avec les Antarc-
tiques. Ils sont environ 1500 à 2000, divisés en petits groupes de
quelques centaines au moins d'individus. Ils se trouvent soit isolés
comme nous l'avons constaté pour un groupe nichant sur des rochers,
non loin de la plage, — soit le plus souvent groupés au milieu des
Antarctiques, mélangeant sur les limites de ces groupes leurs nids avec
ceux de l'autre espèce.
De loin, les colonies de C chrysoIopJms se différencient assez nette-
ment de la masse des P. antardica. Elles forment, parmi tout l'ensemble
de la rookerie, des taches plus sombres dues à ce que, à distance, l'accu-
mulation de ces Oiseaux a une teinte d'un noir velouté, tandis que
l'ensemble des Antarctiques est d'un gris bleuté beaucouj» plus terne.
Un seul œuf dans chaque nid.
19 Décembre 1909. -r- Mesuré un intestin : sa longueur est de 5™, 90,
son diamètre de 0°i,003.
''21 Décembre 1909. — Sur la côte ouest de Déception, en regard de
l'île Smith, surla plage, parmi les Antarctiques, aperçu 2 C. c/iri/.so/ophus
adultes et 1 jeune. Celui-ci, âgé de l'2 mois, se dill'érencie des adultes
parles sourcils jaunes qui sont encore très peu marqués, à peine plus
développés que les autres plumes.
5. Aptenodytes Forsteri. Or.
A aucun moment, ni ])endant notre séjour dans le détroit de Brans-
Expédition Chcircot. — Gain. — Oiseaux antarctii[ues. 10
74 OISEAUX ANTARCTIQUES.
field et le long de la côte ouest de l'antarctide sud-américaine, ni
pendant la navigation du « Pourquoi Pas? » en bordure du pack-ice,
Fig. 7. — l'rolil lies quatre espèces do Sp/irnis<-î//i'S (de j,'auclii' à droite: l'i/g. A(/e/i,'p, P>jtj. pnpua,
Pyg- antarriictt. Cal. c/irysolojihus). iiionlr.int la limite du blanc et du noir sur les parties latérales
du corps, ainsi i|ue sur la i'aoe interne des ailerons.
jusqu'au ISo^ de longitude ouest de Paris, nous n'avons aperçu le Pin-
gouin Empereur.
PHALACROCORACIDES
6. Phalacrocorax atriceps (King).
Collection :
N" 113. — 9 juv.,île Booth-Wandel, 17-11-1909. Capturée près du nid; âgée de deux mois
environ. Iris gris brunâtre. Estomac : Poissons, petits cailloux. Parasites : Néma-
todes.
L.T. : 815. - E.:l 320. - A. : 324. - 0. : 208. - B. : 58. - T. : 48. - D. IV. : 113-12.
N" 114. — o* ju^'-i île Bootli-Wandel, 17-11-1909. Iris gris brunâtre. Estomac : Poissons,
petits caillou.x. Parasites : quelques Nématodes.
L.T. : 805. - E. : 1 220. - A. : 305. - Q. : 196. - B. : 60. - T. : 47. - D. IV :
114-13.
N" 115. — 9 juv., île Booth-Wandel, 17-11-1909. Iris brun. Estomac: Poissons, Euphau-
sies, quelques Décapodes. Parasites : Nématodes.
L. T. : 820. - E. : 1 260. - A. : 316. - 0. : 198. - B. : 59. - T. : 52. - D. IV :
113-14.
No 124. - cf juv., île Booth-Wandel, 17-11-1909. Iris brun grisâtre.
L. T. : 790. - E. : 1 250. - A. : 308. - Q. : 196. - B. : 57. - T. : 47. - D. IV :
106-13.
No 125. — 9 jiiv., île Booth-Wandel, 17-11-1909. Iris brun. Estomac: Poissons. Parasites :
Nématodes et un Isopode (^ga anlarclica Ricliurdson) qui était parasite sur l'un
des Poissons.
L. T. : 835. - E. : 1 290. - A. : 330. - 0. : 205. - B. : 62. - T. : 52. - D. IV :
115-14.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 75
N° 126. — cfjuv.,îli' Booth-Wantlpl, 17-11-1909. Iris gi-is brunâtre. Parties inférieures du
corps blanches. Caroncules peu prononcées, encore séparées par quelques plumes.
Le dessus do la tète, le derrière du cou et le dos sont brunâtres, à reflets bleu;;,
verdâtres et mordorés. Tache blanche sur ledos. Ailes brunâtres: la tache blanche
existant sur les ailes de l'adulte est seulement indiquée : les plumes des petites
couvertures sont en effet d'un brun clair allant en se dégradant jusqu'au blanc
à leur extrémité. Queue brunâtre. Bec noir à reflet rougeâtre. Estomac : Poissons,
débris de quelques Crustacés Schizopodes et Amphipodes. Parasites : Nématodes
dans l'estomac.
L. T. : 842. - E. : 1 310. - A. : 322. - 0. : 208. - B. : 61. - T. : 51. - D. IV :
114-14.
N" 127. — ^,iie Booth-Wandol, 17-11-1909. Capturée au moment où elle revenait de la
pêche. Iris brun ; bec noir et rouge brunâtre foncé, tarses rose orangé, pattes rose
orangé allant en se fonçant vers les extrémités des doigts, griffes noires. Caroncules
rouge orangé, paupières bleu outremer. Parties inférieures du corps blanches,
dessus de la tête, derrière du cou, dos noirs à reflets bleu violacé, vert et mordoré,
tache blanche. Ailes noir brunâtre à reflets mordorés, avec une tache blanche dans
la région des petites et des moyennes couvertures.
L. T. : 725. — E. : 1230. - A.": 302. — 0. : 172. — B. : 51. — T. : 45. — D. IV:
99-13.
No 373. — Ç, Port-Lockroy (île Wienckc), 26-XI-1909. Iris brun-marron. Bec noir bru-
nâtre passant à l'extrémité au brun violacé. Estomac : Poissons, Crustacés Schizo-
podes et Décapodes, un Isopode parasite de l'un des Poissons, petits cailloux.
Parasites : Nématodes dans l'estomac.
( IV. 105-11.
L.T.:735. - E. : 1170. -A.: 300. - Q.: 162. - B.:.54. - T. : 50. - D^ 111.84-13,5.
( 11.62-12.
N" 374. — 9, Port-Lockroy, 26-XI-1909. Iris marron. Estomac : Poissons, Euphausies,
petits cailloux. Parasites : Nématodes.
/ IV.108-11.
L. T. : 755. - E. :1 200.- A.:305. - Q.:178. - B.:56. - T.:58. - DO III. 82-13.
( II. 61-12.
N° 375. — 9, Port-Lockroy, 26-XI-1909. Estomac: Poissons, Schizopodes, petits cail-
loux. Parasites : Ni'matodcs dans l'estomac.
/ IV. 105-11.
L.T.:745. -E.:l 150. - A. : 302. -0.:172.-B.:55.5.-T.:51.-Ds III.80-13.
( 11.60-12,5.
No 376. — 9, Port-Lockroy, 26-XI-1909. Iris brun-marron, paupières bleu outremer,
caroncules orangé, huppe un peu moins longue que celle du cf. Estomac : Poissons,
Schizopodes. Parasites : quelques Nématodes dans l'estomac.
No 391. — cf juv. (douze mois), Port-Lockroy, 26-XI-1909. Iris brun, paupières d'un noir
légèrement bleuté, caroncules orangé foncé sale (encore quelques petites plumes),
bec noir brunâtre. Front, vertex, occiput, derrière du cou brunâtres, avec un
léger reflet violet sur les extrémités des plumes. Crête bien marquée ; le manteau
brun a un léger reflet verdàtre : la tache dorsale blanche se précise. Tarses et
pattes rose pâle légèrement violacé, passant au brun vers les extrémités ; griffes
brun violacé. Estomac : Poissons, Euphausies. Parasites : Nématodes dans l'es-
tomac.
76 OISEAUX ANTARCTIQUES.
I 1I.U8-14.
L.T. :830. — E.:1320. — A.:320. — Q.:179. — B.:61.— T.:G2. — dOiII. 91-15.
( IV. 121-14.
N" 45G. — cf, Port-Lockroy, 26-XI-1909. Iris brun-marron. Estomac : vide. Parasites :
quelques Nématodes dans l'estomac.
( II. 67-12.
L.T. : 800. — E.: 1 260. —A.: 315. — Q.: 183. — B. : 57. — T:54. — D^ III. 92-13.
( IV. 116-12.
N" 457. — cf, Port-Lockroy, 2G-XI-1909. Iris hrun-marron. Estomar : Poissons, Euphau-
sies, quelques Décapodes. Parasites : Nématodes.
( II. 62-11.
L.T.:785. — E.:l 210. — A.:305. — 0. : 185. — B.:.55. — T.:51. — nO III. 85-11.
{ IV. 108-11.
Embryons et Poussins :
Nos 50 à 52. — Port-Lockroy, 28-XII-190S. Poussins âgés de quelques jours pris dans les
nids.
N" 54. — Un embryon, de quinze à vingt jours.
Les embryons suivants proviennent d'œufs pris sur la rookerie de Port-Lockroy,
le 26-XI-1909.
N°s 378 : un blastoderme, premier ou deuxième jour d'incubation. — 379 : 2 embryons
de cinq à six jours. ■ — 380 : 1 embryon de sept à huit jours. — 381 : 3 embryons
d'une dizaine de jours. ■ — 382 : 3 embryons de douze jours environ. — 383 : 2 em-
bryons de quinze jours environ. — 384 : 2 embryons de quinze à dix-huit jours. —
385 : 1 embryon de douze à quatorze jours.
En outre nous avons conservé quelques Oiseaux dans le sel, des squelettes, des systèmes
nerveux et des pièces anatomiques.
C'est le seul représentant de la famille des Phulacrocorackhv dans les
régions antarctiques, où on le trouve localisé à l'Antarctide sud-améri-
caine jusqu'au voisinage du cercle polaire.
Fort gracieux, souples et à la fois très dignes dans Ions leurs mouve-
ments, ces Cormorans sont d'aimables bêtes d'allure fort distinguée.
Pas farouches, très sociables, pacifiques, ils vivent parfois en commu-
nauté avec des S[)he7}iscidés, comme nous l'avons constaté à Port-Loc-
kroy, où leurs nids sont mélangés à ceux du /'ijf/oscc//s /xijt/ta (PI. X,
fig. 39), à Petermann, où leurs quelques nids sont voisins de ceux du
P. Adeliœ, etc.
Nous avons trouvé leurs nids aux îles Shetlands du Sud (île du
Roi-George), en diflférents points du détroit de Gerlache, à Port-Lockroy
(île Wiencke), et sur les îles Booth-Wandel, Ilovgaard, Petermann,
Berthelot.
Au cours de la première expédition antarcticiue française (1903-1905),
OISEAUX ANTARCTIQUES. 77
le Y)^ Turquct eut l'occasion crétudier ces Oiseaux. Il y avait en effet
sur l'île Roolh-Wandel, lieu d'hivernage de l'expédition, une importante
colonie de ces Cormorans.
Ces Oiseaux construisent un nid fait d'Algues agglutinées avec de la
boue, mélangées de Mousses et de Lichens, de plumes, sorte de socle
atteignant de 20 à 'iO centimètres de hauteur; chaque nid renferme deux
ou trois reufs : la couleur de ces œufs est d'un bleu azuré, très pâle; le
vitellus est d'un beau rouge orangé (PI. X, fig. 41).
Les quelques exemplaires ci-dessous proviennent des rookeries de
Port-Lockroy. Les n°^ 621, 622, 623 proviennent du même nid; deux
d'entre eux venaient d'être pondus ; le troisième (621) avait un embryon
d'une quinzaine de jours (PI. LX, fig. 38, E).
NUMÉRO
PONTE.
longuel:r
en
LARGEUIl
eu
POIDS.
PROVENANCE.
DATE.
d'ordre.
iiiilliiiR-tres.
niillimOtres.
527
■)
Ci
:!'.)
Porl-Lockrov.
28-XII-l'.l(lS.
021
iro
C)8,r)
i2,r,
iX^
—
2(i-XI-i'.i(i'.).
0-22
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(il)
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—
—
G23
2^
r.i,."j
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(U
Nous avons constaté, e( Turquet l'avait déjà remarqué pendant
l'hiver 1904 à Booth-Wandel, ainsi que Clarke aux Orcades, que les Cor-
morans n'abandonnent pas certaines de leurs rookeries durant l'hiver.
Ils sont alors souvent obligés de parcourir de grandes distances avant
de trouver l'eau lil>re nécessaire à la capture des Poissons qui cons-
tituent la base de leur alimentation. Ils se nourrissent encore de Schizo-
podes et de quelques Décapodes. Nous avons en outre trouvé à plusieurs
reprises quelques exemplaires d'un Isopode, V/Ega antarctica Richard-
son (1), qui est en général fixé sur le corps des Poissons capturés par
les Cormorans.
A notre premier passage à l'ile Petermann, au début de janvier 1000,
(1) IIarrieï liiciiAROSoN, Isopoilcs (Dcuxiémc Exp. aitt. fr., Sciences iialuielles, Documenis scien-
tifiques, p. 4, Paris, 1913).
78 OISEAUX ANTARCTIQUES.
il n'y avait que trois couples de Cormorans. Les nids, voisins les uns
des autres, étaient placés parmi la rookerie d'Adélies, sur les
rochers en bordure de la mer. Il n'y avait desPoussins que dans deux
nids : trois dans un nid et deux dans l'aulre.
Afin de nous rendre compte, comme pour les Pingouins, si les
mêmes Cormorans reviennent d'une année à l'autre nicher dans les
mômes Houx, nous avons, le 12 janvier 1909, marqué ces Oiseaux de
la façon suivante :
3 bagues bleues aux Cormorans adulles (les [] femelles qui étaient les
plus faciles à appi-ocher) et 5 bagues vertes aux jeunes.
De même à notre passage à Port-Lockroy, le 28 décembre 1908, nous
avions mis :
10 bagues rouge brun à 10 Cormorans adultes et 10 bagues roses
à 10 Cormorans jeunes.
Lorsque les jeunes furent assez développés pour se suffire à eux-
mêmes, en mars et avril, après quelques visites de plus en plus espacées,
ces Oiseaux ont définitivement abandonné leurs nids de Petermann pour
remonter vers le Nord.
11 est probable qu'ils ont dû se rendre dans les parages de l'île Booth-
Wandel, où la colonie de Cormorans, forte de 400 à 500 individus, n'aban-
donne pas ses rookeries durant les mois d'hiver, comme Turquet l'avait
déjà constaté en 1904 (1), et comme nos observations suivantes vont
nous permettre de le montrer pour l'année 1909.
A plusieurs reprises, au cours de l'hiver, nous avons vu passer dans le
chenal de Lemaire ou au-dessus de Petermann des individus le plus
souvent isolés qui se dirigeaient vers le Sud. On peut présumer que,
dans celte direction, soit sur les îles Jallours, soit à l'île Berlhclot,
où nous savons qu'en été il existe une colonie de Cormorans, ceux-ci,
pendant l'hiver, n'abandonnent pas leurs rookeries. Et ces Oiseaux,
que bien souvent, dans les mois d'hiver, nous avons vus passer au
voisinage de Petermann et se diriger soit vers le Sud, soit vers le Nord,
devaient être des sortes d'estafettes, d'agents de liaison, mettant pres-
(1) Voir MÉNÉr.xrx, Oiseaux {Exp. ant. f'r., Sciences naturelles, Documents scientifiques, p. 29,
Paris, 1907).
OISEAUX ANTARCTIQUES. '/()
(|U0 joiirnrlltMnciit rii toiiiinunicalioii les lookoi'ics do Bootli-Wnndcl
avec les colonies liiveriuuit plus loin dans \r Sud.
Peut-être aussi laut-il voir dans ces Oiseaux des sortes d'éclaireurs,
venant de la rookerie de Cormorans de l'île Booth-Wandel et chargés
d'aller à la découverte des flaques d'eau lil)re où la troupe entière pour-
rait se rendre pour pêcher. Mais, à l'encontre de celle hypothèse, nous
devons objecter le fait suivant : nous avons vu à maintes reprises ces
Cormorans se diriger vers le Sud, tandis que le chenal, en face l'île
Petermann, était libre de glaces. Il se peut aussi que les Poissons
se déplacent avec les glaces, se localisent en certains endroits suivant
certaines conditions qui elles-mêmes peuvent varier (température, inten-
sité des courants, changement dans la composilion du plancton ou
abondance plus ou moins grande de celui-ci, etc.). Ces Oiseaux pourraient
alors être chargés de rechercher les points où les conditions de pèche
sont les plus favorables.
Il est probable que les jours où, devant Petermann, le chenal était libre
de glaces, si les Oiseaux ne s'y arrêtaient pas, c'est que les Poissons
n'étaient pas en quantité suffisante dans celte région. Mais il est arrivé
fréquemment, vers la fin de l'hiver, que des Oiseaux isolés fréquentaient
le chenalprès de Petermann, et que presque journellement des troupes
nombreuses de Cormorans y venaient pêcher.
On peut penser encore que les Poissons vivent dans les endroits
où le plancton est le plus abondant, c'est-à-dire dans les points où la
mer est peu agitée, le long de la côte, à l'abri des glaces et de la banquise.
Les faits suivants que nous allons relater correspondent aux obser-
vations que nous avons pu faire : mais il est bien certain que ces obser-
vations sont incomplètes, toutes les allées et venues des Oiseaux autour
de Petermann n'ayant pu être notées par nous.
Le 5 et le 0 mai, tandis que le chenal est libre devant Petermann, nous
voyons deux Oiseaux se diriger vers le Sud. Le 20 juin et jours suivants,
un Cormoran se dirige vers le Sud ou remonte au Nord (se reporter au
Journal oni'Uliologiqw pour les différentes dates). Le 26, deux Cormo-
rans passent au large de l'île, c'est-à-dire du côté de l'Océan.
Le 12 juillet, c'est un vol de Cormorans qui passe vers II h. 30,
8o • OISEAUX ANTARCTIQUES.
Le 24 août, par un vent de N.-E. violent, un vol de JOO à 200 Cormorans
traverse le chenal. 11 en est de même le 28 et le 29 août, du côté de l'île
Ilovgaard.
A partir du mois de septembre, des flaques d'eau libre persistent aux
environs de l'île. Ce sont alors des allées et venues de bandes d'Oiseaux
qui passent, soit vers le large, dans l'ouest de Petermann, soit par le
chenal de Lemaire, et viennent même à plusieurs reprises, péchant à
proximité, se reposer sur Petermann (j, 11, 27 septembre, premiers
jours d'octobre) (PI. X, fig. 42). Ces Cormorans sont venus presque jour-
nellement au voisinage de l'île, parfois même s'y reposer, et pêcher dans
les flaques d'eau du chenal, jusque vers le milieu d'octobre. 11 est pro-
bable qu'à cette époque la ban([uise se sera disloquée aux alentours de
l'île Booth-Wandel, dans le détroit de Bismarck, et que les Oiseaux
auront péché dans ces parages.
C'est le 7 octobre 1909 que l'un des couples nichant à l'île Petermann
(PI. X, fig. 40) est revenu à son ancien nid. La femelle portait au tarse
droit la bague bleue que nous lui avions mise le 12 janvier. 11 est donc
certain que les anciens Oiseaux reviennent chaque année aux mêmes
rookeries. Quant aux jeunes, que le D^'ïurquet avait pris pour de « vieux
adultes » (1 ), ils ne prennent le plumage de l'adulte que dans leur seconde
année, et ils ne sont capables de se reproduire qu'à l'âge de deux
ans.
Pour compléter cette première observation, disons tout de suite que, le
26 novembre 1909, à notre second passage à Port-Lockroy (île Wiencke),
nous avons retrouvé sur la même rookerie neuf sur dix des adultes bagués
par nous le 28 décembre 1908. Les adultes seuls étaient accouplés. Nous
n'avons pu voir d'assez nombreux jeunes de près pour retrouver les
quelques Oiseaux bagués par nous en 1908. Mais nous ne craignons pas
d'affirmer que ces jeunes, n'abandonnant pas les rochers où ils sont nés,
y feront certainement leurs nids l'année suivante.
Pour en revenir au couple de Petermann, celui-ci, jusqu'au 23 octobre,
fut très irrégulier dans sa présence sur l'île, s'absentant journellement,
restant parfois une journée entière sans revenir.
(1) Voir ^hiNÉGAix, loc. cit., p. 27, n"' 86 et 112.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 8i
Le 23 octobre, çj* eX Ç s'étahlissont d(Tiiiitivement sur lour nid
qu'ils commencent à refaire, apportant soit des Algues (notamment
des PlocamiKin corcinrum, Gracilaria simplex et Desmarestia anceps),
soit des Glousses, des Lichens, sans dédaigner tout ce qu'ils peu-
vent prendre autour du bateau : c'est ainsi que j'ai trouvé dans le
nid du crin, de l'étoupe, de la ouate, de la ficelle, quelques copeaux
de bois.
Deux jeunes (onze mois), soit isolément, soit ensemble, viennent de
temps en tempsprèsdunid. Malheureusement, ils étaientassez farouches,
et je n'ai pu les approcher d'assez près pour constater s'ils étaient bagués
au tarse droit. Ce devaient être probablement deux des cinq jeunes de
l'année précédente.
Le 4 novembre a eu lieu le premier appariement.
Le 6 novembre, un second couple est revenu. Le même que celui
de 1908, car la femelle a une bague bleue au tarse droit. Aussitôt arrivés,
ils travaillent à remettre leur nid en état.
Le 22 novembre, le premier œuf est pondu dans le nid du premier
couple. Le second œuf est pondu le 25.
A cette date, l'hivernage étant terminé, le « Pourquoi Pas? » leva
l'ancre pour entreprendre sa seconde campagne d'été. Avec regret, nous
dûmes abandonner les observations ornithologiques que nous avions
poursuivies à Petermann depuis dix mois.
En janvier 1000, nous avions trouvé trois couples de Cormorans sur
l'île Petermann. Ce troisième couple, d'ailleurs, occupait un nid qui ne
renfermait ni n^ufs ni poussins. Nous n'avons pas revu ce couple en
novembre 1000. Mais, si l'on songe que les Orques et certains /'/;?»/jjèffe,
notamment le Léopard de mer, font une grande hécatombe de ces ani-
maux, afin de pourvoir à leur nourriture, il n'y a rien d'étonnant à ce
que certains de ces Oiseaux manquent à l'appel l'année suivante. Nous
avons d'ailleurs, à deux reprises, été témoins de la capture de deux Cor-
morans par des Léopards de mer.
Parasites. — En dehors des nombreux Nématodes rencontrés dans
l'estomac, ces Oiseaux sont en général peu parasités.
Comme Parasites externes, nous n'avons trouvé que quelques Acariens
Expédition Charcot. — Gain. — Oiseaux antarctiques. 11
82 OISEAUX ANTARCTIQUES.
appartenant à l'espèce Ixodes [Ceratixodes) putus (Canibridge) (1), sur
un P. atriceps Q tué à Port-Lockroy, le 26 décembre 1909.
•loiirnaJ ornitholofjique (Voir carte II, E).
i:] ati 'J.") Décoiiihi'e 1!H)8. — Quelques individus isolés pèchent dans la
baie intérieure de l'île Déception.
26^ Décembre 1008. — Rencontré quelques Cormorans dans le détroit
de Gerlache.
t^/ Déceinhre 1908. — Port-Lockroy (île Wiencke). Une vingtaine de
nids, souvent placés aux endroits où le rocher est le plus abrupt, sont
mélangés à ceux du /'. papua. D'autres nids sont rassemblés à côté dune
autre colonie de Papous. Dans chaque nid, deux et plus souvent trois
j)oussins. Le plupart sont âgés d'une à deux semaines.
iS Décembre Iil08. — Port-Lockroy. Mis dix bagues rouge brun aux
Oiseaux adultes, dix bagues roses aux poussins. Aperçu une petite
rookerie de Cormorans sur l'ilol Gœtschi, dans le chenal Peltier.
f au 3 .lancier 1909. — Ile Booth-Wandel. Importante colonie dans les
falaises du défdé de la Hache. Environ aOO individus. Deux ou trois pous-
sins dans chaque nid. Ils ont d'une à trois semaines.
4 .lancier 1909. — Ile Petermann. Trois nids de Cormorans parmi la
rookerie d'Adélies.
l'i Jancier 1909. — Mis trois bagues bleues aux Oiseaux adultes, cinq
bagues vertes aux Oiseaux jeunes.
8 Fécrier 1909. — Aperçu quelques Cormorans au voisinage des îles
Argentine. Il doit y en avoir des nids sur les îles Jallours.
16 Fécrier 1909. — Ile Booth-Wandel. Clolonie d'environ îiOO (lormo-
rans. Les jeunes ont abandonné leurs nids, mais ils ne vont pas encore
à la mer. Les parents continuent à les nourrir.
5 Mai 1909. — Ile Petermann. Chenal de Lemaire libre. Vu un Cormoran
se diriger vers le Sud.
0 Mai 1909. — Chenal libre. Deux Oiseaux sont allés vers le Sud.
(1) L.-O. NmMAN.N, IxodUld' {Deuxième Exp. ani. f'r., 1008-10, Sciences naturelles, Doc. scien-
tifiques, p. 197).
OISEAUX ANTARCTIQUES. 83
'JO .hiln 1909. — La glace de iiior se rd'ormo. Un (Cormoran se clirigoanl
vers le Sud.
'il Juin li)00. — Un Cormoran allant vers le Sud.
'■25 Juin 1009. — Un Cormoran allant vers le Nord.
26 Juin i909. — Un Oiseau allant au Sud.
,10 Juin 1909. — Vu passer deux Oiseaux au large de Petermann.
t~2 Juillet 1909. — Chenal libre. Il est passé vers 11 h. 30 du matin un
V(il formé en triangle d'une centaine de Cormorans. Il faisait route au
Sud.
17 Juillet 1909. — Deux Oiseaux se dirigent vers le Sud.
19 Juillet 1909. — Un Cormoran faisant route au Nord.
2'} Juillet 1909. — Chenal libre. Aperçu quelques Oiseaux.
// Xoùt 1909. — Un Cormoran venant du Sud.
24 Août 1909. — Vent de N.-E. violent. 11 est passé, vers huit heures
du matin, dans le chenal, un vol de 100 à 200 Oiseaux.
28 Août 1909. — Du côté de l'île llovgaard, il est passé, vers 8 heures
du matin, plusieurs centaines de Cormorans.
29 A(n(t 1909. — La banquise s'étend à perte de vue. A 9 heures du
matin, il est passé dans le chenal une bande de Cormorans, rangés en
triangle, comprenant une centaine d'individus. Les Oiseaux venaient
du Sud.
1^^ Septen/hre 1909. — Banquise dans le chenal. A II h. ;50 du matin,
un vol de 20 Cormorans se dirigeait vers le S.-W. Ce sont probablement
des Oiseaux de l'ile IJooth-Wandel qui vont pécher dans quelque flaque
d'eau libre se trouvant au Sud de Petermann.
2 Septembre 1909. — Chenal dégagé à la suite d'un coup de vent de
N.-E. Passé une vingtaine d'Oiseaux.
3 Septe?nhre 1909. — Passé une vingtaine d'Oiseaux.
5 Septembre 1909. — (Ihenal lil)re. Vers 1 i h. 30, est arrivé de l'ile
Booth-Wandel un vol de 10() C^ormorans. Disposés à peu près en
triangle, ces Oiseaux se sont dirigés sur les rochers des caii'us de
Petermann, puis, à une petite distance de la côte, ils se divisèrent en
deux groupes qui évoluèrent quelques minutes dans le chenal. Ensuite,
ils vinrent tous atterrir à la colline des cairns, sur le liane regardant le
S4 OISEAUX ANTARCTIQUES.
N.-E., à l'abri du vent de S. -AV., qui soufflait assez violemment. L'un des
Oiseaux de la bande, un (^f, se posa même, isolé, sur remplacement dos
anciens nids de Petermann. C'était peut-être un Oiseau de la petite
colonie qui habite l'île en été.
Les Cormorans sont restés sur la neige pour prendre du repos, la plu-
part dans l'attitude du sommeil, la tète cachée sous une aile. Une dizaine,
placés autour de la troupe, et un peu en avant, semblaient veiller, faisant
office de sentinelles. A mon approche, tous se mirent sur le qui-vive
(Pl.X,fig. 42).
Sur ces 196 Oiseaux, il y en avait la moitié déjeunes, facilement recon-
naissables à leur tête et manteau de couleur brunâtre, à leur crête peu
développée, ainsi qu'aux caroncules rudimentaires. L'autre moitié était
composée d'adultes çj' g[ Ç .
Les Q* adultes étaient reconnaissables à leur plumage plus brillant
(|U(' celui des Ç , tandis que leurs paupières étaient d'un bleu plus intense
et la caroncule à la fois plus développée et d'un rouge orangé plus
vif. Leur huppe atteint aussi un plus grand développement.
Ma présence aura gêné sans doute ces aimables bêtes. Car, tandis
que je leur rendais visite, à plusieurs reprises des individus isolés se sont
détachés du groupe, s'envolant vers le Nord, disparaissant derrière la-
pointe N. de Petermann. Au terme de mon entrevue, tous les Cormorans
se sont envolés versleNordet ont pris la direction de ceux qui avaient
dû partir en éclaireurs pour chercher un lieu de repos plus isolé, moins
sujet aux visites humaines.
1 1 Sei)tembre 1009. — Vers 17 heures, il est arrivé de l'Ouest, c'est-à
dire du large, une centaine d'Oiseaux qui ont atterri sur la pointe sud de
P(>termann. Ils prennent leur vol de temps en temps, puis reviennent à
leur point de départ. Ils sont partis dans la soirée.
'■26 Septembre 190i). — Dans le chenal, au ras de l'eau, un vol d'une
cinquantaine d'Oiseaux faisant route au Nord.
"27 Septembre 1909. — Une troupe de plus de 200 Oiseaux est passée
dans le chenal.
S Octobre 1909. — Vers 10 h. 30, en face de Port-Circoncision, est
arrivé, venant du Nord, un vol de 200 à 300 Oiseaux. Ce sont les Cormo-
OISEAUX ANTARCTIQUES. 85
rails de l'île Booth-Wandel qui profitent des quelques flaques de mer
libre se trouvant au voisinage de Petermann, pour venir y pêcher. A
1 1 h. 30, la troupe est repartie vers le Nord.
5 Octobre f'JOlK — Même constatation. Troupe moins nombreuse.
6 Ocfobrc l'J09. — Même constatation. Une cinquantaine d'Oiseaux
seulement.
7 Octobre 1909. — Un couple de Cormorans est revenu sur l'ile Peter-
mann. La 9 avait une bague bleue au tarse droit. Le mâle a des couleurs
plus brillantes que la femelle, une crête un peu plus fournie. C'est la
période des amours : souvent les Oiseaux, posés sur le rebord du nid,
se tiennent par le bec, ondulent gracieusement leur cou de droite et de
gauche en penchant la tête, — ou bien encore le mâle entre sa tête dans
le l)ec grand ouvert de la femelle.
Il est passé toute la journée des Oiseaux isolés.
i'2 Octobre 1909. — Le couple est toujours sur le nid.
/ / Octobre 1909. — Les Cormorans sont absents.
15 Octobre 1909. — Le màle est sur le nid.
1b Octobre 1909. — 8 h. 30 : o^ sur le nid; 1 1 h. 30 : (f et Q sur le
nid; 14 h. 9 seule.
18 Octobre 1909. — Ile Booth-Wandel. Sur les falaises du défilé de la
Hache il y a environ 400 à 500 Oiseaux. Ils vont, viennent, parlent à la
mer, reviennent avec des Algues dans le bec, surtout des Desmarestia.
D'autres couples restent isolés, se font des grâces. Les nids sont remis en
état. — Il y a quelques jeunes sur la rookerie, mais ils ne sont pas
accouplés et se tiennent à l'écart des adultes. Ces jeunes commencent
à prendre la livrée de l'adulte : les caroncules sont d'un gris orangé, la
crête se forme, le plumage des régions dorsales est moins brun.
19 Octobre 1909. — Ile Petermann : à 1 1 heures, nid abandonné. Dans
la soirée cf et 9 sont sur le nid.
W Octobre 1909. — A 13 h. 30, o* et 9 absents.
'21 Octobre 1909. — Le couple n'a pas paru de la journée.
3^2 Octobre 1909. — A 0 heures, le màle est sur le nid. A 14 heures, h's
Oiseaux sont absents.
2S Octobre 1909. — A 0 heures, çf et Ç sont sur leur nid. A côté d'eux
86 OISEAUX ANTARCTIQUES.
étaient deux jeunes qui sont partis à notre approche, aussi n'avons-nous
pu observer s'ils étaient bagués. A 13 h. 30, le nid est désert; à 18 h. 30,
le cou[)le est revenu : il refait son nid.
34 Oclohrc 1909. — cf S"i" '<" nid.
1^5 Octobre 1909. — Le couple est sur le nid.
?7 Ortobre 1909. — In jeune Cormoran est venu près des adultes.
Ceux-ci n'abandonnent plus leur nid.
/ Norenihrc 1909. — Assisté à Tapparicment des Cormorans. Les
Oiseaux continuent à remettre leur nid en état. Ils apportent surtout des
Desmarefitia.
5 Noreti/lire 1909. — La 9 t'st seule sur le nid; elle va de temps en
temps à la mer, plonge et rapporte au nid des fragments de Desindredia.
6 Novembre 1909. — Un nouveau couple est revenu; la 9 porte une
bague bleue au tarse droit. Le nid est aussitôt remis en état.
7 Niirt'iiilirp 1909. — La 9 ^'" premier couple est seule sur le nid ; à
quelques mètres d'elle est un antre Cormoran qui doit être le çf du
second nid.
8 Noveiiihrr 1909. — 9 *^^''i pi'^'mici' couple couchée sur le nid; le çf
rapporte des Algues ou prend des matériaux sur deux anciens nids qui se
trouvent à proximité.
9 Noreiiibre 1909. — Vu nu jeune Cormoran sur les rookeries de Sternes.
10 Novembre 1909. — Les deux couples sont sur leur nid.
'2'2 NorPtiiJirc J909. — Trouvé le pi-emier œuf.
S5 Norf//tbre 1909. — Le second œuf a été pondu. Le ç^ couvait, la 9
se tenait près du nid.
'■26 Novembre 1909. — Port-Lockroy.Les Cormorans sont sur leurs nids.
La plupart des nids ont un ou deux ceufs; trois nids avaient 3 œufs.
Retrouvé 9 adultes (sur lOmarqués) ayant des baguesbrunes au tarse droit.
En passant devant l'îlot Gœtschi (chenal Peltier), aperçu une trentaine
de jeunes Cormorans posés sur les rochers.
'"26 et '21 Novembre 1909. — Vu de nombreux Cormorans aller et venir
dans la traversée du détroit d(^ Cerlache.
21 Dfkembre 1909. — Baie de l'Amirauté, ile du Roi-George (Shetlands
du Sud). Près de la pointe est de la baie, sur un rocher d'une trentaine
OISEAUX ANTARCTIQUES. 87
m
de inMrcs dr li.iutcui', pivs d'nno rookorif d'Adc'lios, so ti-ouvo viiio colonie
assoz iiiipuiljinlc de Cormorans.
LARIDÉS
7. Sterna vittata ((iinelin).
1788. — Sicrnii vittata Gmdin, Sjist. nat., I, p. (309; Latli., Ind. Onu, II, p. 807 (1790) ;
Vioill., .V. Dict. cVHist. Nat., XXXII, p. 166 (1819);Gray, Gcn., Bd. III, p. 659
(1846) ; Pplzorn, Reise Noi'ara, Vôgel, p. 152 (1685 : adulte do Saint-Paul)
Saunders, P. Z. S., 187(3, p. 147 (Revision Storninœ) ; id, op. cit. 1877, p. 795 ;
Sharpe, Phil. Trans., CLXVllI, p. 113 (1878, Rep. trans. «Venus"; Kerguelen);
Saunders, yoi*/7i. Lm«. 5of., XIV, p. 402(1878) ;id., Voy.H. M. S. «Challenger», II,
Birds, p. 134 (Tristan da Cunha et Kerguelen) ; id., Antarctic Manual, p. 233
(1901) ; Saunders, Cat. Birds. Brit. Mas., XXV, p. 51 (1898) ; Sharpe, Rep.
Coll. South. Cross, 1902, p. 165; Menegaux, Exp. Ant. Fr., Oiseaux, 1907, p. 30 ;
Reichenow, Deutsch. Siidp. Exp., Vôgel des Weltmeeres, p. 462 et 563 (1908).
1790. — Ster>ia coronata Bonn. Enc. Meth., I, p. 95 (En Latham, supra).
1844. — Hydrocecropis coronata, Boie, Isis, p. 179.
1844. — Hydrocecropis vittata, Boie, Isis, p. 179.
1844. — Sterna niacrtira (part.) Gray, List Auseres Bril. 3Ius., p. 178 (Kerguelen); Van-
hofîen, Journ. f. Ornith., p. 312 (1901) ; Reichenow, Wissensch. Ergeb. Deutsch.
Tiefsee Exp., VU, p. 350 (1904) ; Clarke, Bull. Brit. 0. C, CXXVIll, nov. 1906 ;
Clarke, Uns, p. 345 (1907); Reiclienow, Deutsch. Siidp. Exp., loc. cit., p. '62,
563 (1908).
1865. — Sterna melanoryncha (part.) Gnuld, Ilandh. B. Austr., II, p. 398 (ile Saint-Paul) ;
Pelzern, Reise Novara, Vôgel, p. 154 (jeune, ile Saint-Paul).
1865. — Sterna Sancti Pauli. Guuld, Ilandh. B. Austr., II, p. 399 (lie Saint-Paul).
1877. — Sterna melanoptera. Vélain, Arch. Zool. Expér. et Gén., VI, p. 53 (ile Saint-Paul).
1885. — Sterna virgata (non Cab.) Pageestecher. Jahrb. Wissensch. Aust. Hamhurg, II.
p. 25 ; Steinen, hUern. Polarf. d. Exp., II, p. 265 (1890); Lônnljcrg, Wiss.'nsch.
Ergsb. Schiv.'d. Siilpolarexp., V, Lief 5, p. 7 (1905).
1901. — Sterna hiriindinacca (von Lesson) Saunders, Antarct. Man., p. 233, 238. — An-
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Valette, Viaje a las Islas Orcadas [Anal, del Minist. de agric, t. III, n° 2,
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1904. — Sterna vittata Georgise Reichenow, Orn. Mntsh., p. 47 ; Lônnberg, Sv. Vilensk.
Handl., p. 64 (1906) ; Reichenow, Deutsch. Siidp. Exp., loc. cit., p. 562 (1908).
1904. — Sterna macrura antistropha Reichenow, Orn. Mnlsb., p. 47 ; Vanlu'jffen, lourn.
Ornilh, p. 507 (1905) ; Reichenow, Deutsch. Siidp. Exp., loc. cit., p. 563 (1908).
1908. — Sterna antistropha Reichenow, Deutsch. Siidp. Exp., Vôgel des Weltmeeres, p. 463.
N° 2. — Pullus, île Déception, 23-X11-1908. Pris sur la rookerie : il était couché sur un
rocher.
L. T.: 180. — E. : 390. — A. : 93. — B. : 18. — T. : 17. — D. M. : 22-5.
88 OISEAUX ANTARCTIQUES.
N° 60. — Adulto, île Booth-Wandel, 2-1-1909. Pris sur un nid à la colline du Caiin. Iris
marron.
L. T. : 357. — E. : 750. — A. : 2i;5. — O. : 150. — B. : 35. — T. : 18. — D. M. : 26-7.
N° 87. — a* pull., île Petermann, 3-II-1909. Pris à la main sur les rochers de la rookerie.
Iris marron. Quatre semaines environ. Parasites externes : Aptères.
L.T.: 295. — E. : 605. — A. : 194. — O. : 79. — B. : 25. — T. : 17. — D. M. : 23-6.
N° 90. ■ — cf juv. (cinq à six semaines environ), île Petermann, 3-II-1909. Iris marron.
Estomac : Poisson, petits cailloux. Parasites externes : Aptères.
L. T. : 263. — E. : 530. — A. : 162. — 0. : 57. — B. : 23. — T. : 17. — D. M. : 23-7.
N° 180. — cf juv. (trois mois), capturé dans le chenal de Lemaire, en face l'île Petermann,
lO-IV-1909. Iris brun.
L. T. : 350.— E. : 760. — A. : 275. — 0. : 122. — B. : 33. — T. : 17. — D. M. : 27-8.
N" 181. — 9 ju'^- (trois à quatre mois), chenal de Lemaire, lO-IV-1909. Iris marron. Le
plumage se rapproche davantage de celui de l'adulte. Parties ventrales encore
blanches, dorsales grises. Front blanc, vertex et nuque presque noirs. Bec, tarses,
pattes, noirs à reflets rouge violacé. Estomac : Euphausies, Poissons^ quelque
Amphipodes.
L. T. : 360. — E. : 750. — A. : 272. — 0. : 145. — B. : 35. — T. : 17. — D. M. : 28-7.
N° 182. — cf juv., chenal do Lemaire, lO-IV-1909. Iris brun. Estomac : Euphausies.
L. T. :350.— E.: 760. —A. : 280.— Q. : 127. — B.: 34. —T.: 17.— D. M. : 28-8.
N» 183. — cf juv., chenal de Lemaire, lO-IV-1909. Iris brun. Bec et pattes en grande partie
rouge violacé. Estomac : Euphausies.
L. T. : 360.— E. : 780. — A. : 282. - 0. ; 130. — B. : 37. — T. : 16. — D. M. 26-8 :
N° 188. — Même provenance.
L. T. : 330. — E. : 730. — A. : 256. — 0. : 1 10. — B. : 33. — T. : 18. — D. M. : 27-8.
N° 189. — Ç juv., Même provenance. Iris brun-marron. Estomac : Euphausies.
L. T. : 360.— E. 740. — A. : 265. — Q. : 138. — B. : 33. —T. : 18. — D. M. : 27-7.
Embryons et poussins :
Nos 5 à 27. ■ — Embryons à différents stades de l'incubation. Pris sur la rookerie de Pendu-
lum-Cove, île Déception, 23-XII-1908.
N" 61. — Deux embryons. Colline Jeanne, île Booth-Wandel, 3-1-1909.
Nos 75-76. — Deux embryons, dont l'un était au terme de l'incubation : île Petermann,
10-1-1909. ■ — 77: Poussin capturé quelques heures après la sortie de l'œuf. L'extré-
mité du bec est noire ; la mandibule supérieure présente une tache blanche sub-
terminale ; extrémité postérieure du bec rose orangé. Iris brun foncé. Duvet tigré
noir brun et brun jaunâtre. Tarses légèrement rosés. Longueur 78 millimètres
(10-1-1909).- — 78: Poussin de trois ou quatre jours. Bec un peu plus rose; tête,
dos et ailes tigrées noir brun et brun jaunâtre. Parties ventrales d'un brun très
pâle (10-1-1909). ■ — 79 : Poussin de cinq à sept jours : longueur 107 (10-1-1909).
Nos 352. — Un embryon de deux jours (île Petermann, 21-XI-1909). • — 3 blastodermes,
premier jour (21-XI-1909). ■ — 389 : 1 embryon de neuf jours : œuf pris sur le nid
le 21-XI, mis à l'étuve le même jour et retiré le ;!0-XI-1909.
IVjns 447_ — Poussin de deux ou trois jours, rookerie de Pendulum-Cove, île Déception
5-XII-1909. — 448: Poussin venant de sortir de l'œuf (5-XII-1909).
N''^ 426. — 2 embryons de dix jours environ provenant du même œuf. — 427 : 1 embryon
de dix jours. ■ — 428 : 1 embryon de sept à huit jours. — 429 : premiers jours d'in-
cubation. — 430 : 2 embyrons de cinq à six jours. — 431 : 3 embryons de huit
jours. — 432 : embryon de neuf jours. — 433 : 2 embryons de dix à onze jours.
— 434 : embryon de douze jours environ. — 435 : quatorze jours environ. —
OISEAUX ANTARCTIQUES. 89
436 : 2 embryons : seize jours environ. — 437 ; sept jours. — 4i>.S : huit jours.
— 439: 2 embryons de dix-huit jours environ. — 440: embryon de dix-neuf
jours environ. — Tous ces embryons proviennent d'œufs pris sur une rookeric do
l'île Déception, 1909, le 28-XI-1909.
N" 441. — Embryon de onze jours provenant d'un œuf pondu sur l'île Pétermann le 2i-XI-
1909, mis le même jour à l'étuve et retiré le 2-X1I-1909.
N»^ 4G7. — Embryon de quinze à dix-sept jours. — 468 : embryon d'une vingtaine de
jours. Ile Déception, 5-XII-1909.
No 471. — Embryon de dix-sept jours. Pondu sur l'île Pétermann le 21-XI-1909, mis à
l'étuve et retiré le 8-XH-1909.
N" 482. — Embryon de dix-huit à dix-neuf jours (mais il y a eu arrêt dans son développe-
ment). Pondu à Pétermann le 20 ou 21-XI-i909, mis à l'étuve et retiré le 9-XII-
1909.
N" 486. — Embryon dont le développement semble s'être arrêté vers le quinzième jour
de l'incubation. Œuf pondu à Pétermann le 20 ou 21-XI-1909, mis à l'étuve et
retiré le 12-XII-1909.
N"' 869. — Poussin de six à sept jours, tué par un Larus dominicanus d'un coup de bec. —
870 : 2 embryons d'une quinzaine de jours. — 871 : embryon de douze jours
environ. — 872 : dix-huit jours environ. — 873: dix-huit à vingt jours. —
874 : vingt jours environ. — 87.5 : vingt-deux jours environ. — 876 : quelques
jours avant l'éelosion. — 877 : avant l'éclosion. — Œufs pris sur la rookerie
de Pendulum-Cove, île Déception, le 22-XII-1909.
N^ 882. — Poussin pris dans un nid d'une rookerie située à 200 mètres d'altitude, parmi
des éboulis et des rochers, au fond de l'anse E. de la baie de l'Amirauté, île du Roi-
George, Shetlands du Sud, 25-XlI-1909.
N° 43. — Œuf : dimension 33 X 25. Éclosion du jeune, île Pétermann, iO-I-1909.
Nous avons en outre conservé des Oiseaux dans le sel, ainsi que des pièces anato-
miques, des systèmes nerveux et dos squelettes.
Les divers auteurs qui ont étudié les Sternes se rencontrant dans les
régions antarctiques, au-dessous do ()0° de lat. S., ne s'accordent pas
en général dans la détermination spécifique de ces Oiseaux. C'est ainsi
que lieichenow a cru devoir rattacher le Sterne de la Géorgie du Sud à une
sous-espèce du Ster)ia vlttata Gmelin sous le nom de S. vittata Georgise.,
espèce à laquelle il rapporte les Oiseaux vivant au voisinage des Shetlands
du sud, des terres Louis-Philippe et Palmer (1); d'autre part, il rapportait
l'Oiseau trouvé plus au Sud, vers la terre du Roi-Guillaume, à une sous-
espèce du 6'. macruva Nauni, sous le nom de S. macrura anlistropha\ puis
il en fit une espèce distincte qu'il appela S', antistrop/ia (2). Valette (3)
rang'e sous le nom de S. /ii/undi/iacraVes[)èce qui fréquente les îles Orcades
(1) Reiciienow, Deutsch. Sûdp. Bxp., loc. cit., p. ri62.
(2) Reichenow, loc. cit., p. 463, o62.
(3) V.\LETrE, loc. cit., p. 54.
Expédition Charcot. — Uaix. — Oiseaux autarctiques. 1~
go OISEAUX ANTARCTIQUES.
du Sud. Enfin, sans vouloir entrer dans plus de détails, disons seulement
que, suivant les auteurs, les Sternes de l'Antarctique sont classés parmi
]e& espèces S. ri tfataGm., S. hirumlinacoa Less., :>terna vittalu Gronjhe
Reichenow, Stevnd macrura Naum., Slmia antistraplia Reichenow,
St. arclica.
Mais toutes ces déterminations, croyons-nous, sont un peuailiitraires.
Elles ne portent le plus souvent que sur quelques individus capturés au
hasard au cours des difTérentes expéditions antarctiques souvent en pleine
mer loin des côtes. Parfois aussi les déterminations spécifujucs ont été
faites simplement au cours de la navip;ation, d'après les Oiseaux apeii.us à
des distances plus ou moins grandes. Or, dans ce dernier cas, il peut être
très difficile de se faire une idée exacte des caractères de l'animal ; il est
même presque impossible, en pareil cas, de savoir si l'on a alfaire à des
animaux adultes ou à des jeunes. Et ces déterminations sont encore ren-
dues plus compliquées lorsqu'il s'agit d'Oiseaux comme les Sternes, qui
présentent de nombreuses espèces, espèces qui parfois ont des caractères
très peu différentiels, impossibles à constater si l'on ne peut examiner
longuement et de près les différents Oiseaux.
Nous avons eu la bonne fortune, au cours de l'expédition du « Pourquoi
Pas? », d'étudier en détail les Laridés qui fréquentent l'Antarctide sud-
américaine, notamment dans les parages du détroit de Bransfield. le long
de la côte Ouest des terres de Danco, Graliam, Loubet, ainsi qu'en bor-
dure de la banquise, jusqu'au 122° de long. W. Nous avons pu
assister à la ponte, à l'éclosion des œufs, au développement des Poussins
et dos jeunes, et rapporter une collection d'Oiseaux en peau dans leurs
différentes livrées. •
D'après nos observations, nous pensons que les Sternes qui nichent ou
se rencontrent dans la zone antarctique, au-dessous du 00° de lat. S.,
se rapportent aune espèce qui ne peut être séparée du Sterna vittata Gme-
lin, laquelle se rencontre notamment aux îles Kerguelen, Saint-Paul,
Amsterdam, Gough, Tristan d'Acunha, au cap de Bonne-Espérance et
remonte vers Sainte-Hélène, l'Ascension, ainsi que vers la côte sud du
Brésil.
C'est surtout aux îles Déception etPetei'mapn que nous avons puexami-
OISEAUX ANTARCTIÇUES. 91
iKM' cl (''(udiei' ces Sternes. Nous allons passer en revue les Oiseaux à
(lillcrenls stades de leur développement et d(''crire les j)articularités et
les variations de |duniage depuis le INnissin jusqu'à l'adullc.
I. — Le uo 77, qui est un Poussin capturé quelques heures après sa
sortie de l'œuf (lies Fetermann, 10 janvier 1!)09), présente les caractères
suivants : base du bec rose orangé plus marqué sur la mandibule inférieure ;
extrémité antérieure du bec noire : la mandibule? supérieure présente une
tache blanche subterminale à l'emplacement de la dent (dont le Poussin
se sert jiour briser la coquille de l'œul'). Les plumes constituant le duvet
sont panachées noir biun et brun jaunâtre : région ventrale plus claire,
iris brun foncé; les tarses sont légèrement rosés, ainsi que les pattes;
les doigts passent au noir losé à leur extrémité'' antérieure.
Les n°s 7(S et 7!), qui sont des Poussins âgés de \ h (i jours, offrent à
peu près les mêmes caractères.
Le passage du duvet au plumage do l'adulte se l'ait progressivement.
IL — Le no 90 est âgé de i à ii semaines fPl. XI, fig. 43, A). Il a
les caractères suivants : le front, le vertex, la nuque et les tempes ont des
plumes tigrées brun noirâtre et jaune brunâtre, plumes qui passent à un
gris très pâle sur les barbes internes. La couleur de ces plumes va en
s'atténuant sur le derrière du cou et dans la région du demi-collier : elles
passent au blanc grisâtre, l'extrémité seule des barbes présentant une
couleur jaune brunâtre très [làle avec quelques taches noires. Les lores
sont légèrement plus paies (jue le front, tandis que la joue, la région
pariétale, le côté du cou, les flancs et les |)arties inférieures du corps
présentent les caractères du demi- collier, c'est-à-dire des plumes 1res
légèrement grisâtres dont les barbes extrêmes ont une teinte d'un jaune
brunâtre très pâle (teinte encor(>pliis all'aifilie sur la poitrine postérieure,
le ventie et le bas-ventre) piquetée de taches brun foncé.
Le bas et le haut du dos sont tigrés brun noirâtre et jaune brunâtre,
tanilis (|ue le croupion est gris légèrement stiié de brun noirâtre et jaune
bi'uufdre, puis sur la région sus-caudale les plumes sont blanc gris,
(^es sus-caudales présentent, près de leur extrémité, une frange brun
Hoirâtre, frangée elle-même de jaune brunâtre clair. Les sous-caudales
sont gris clair, très légèrement jaunâtres vers leur extrémité. Les rec-
92 OISEAUX ANTARCTIQUES.
trices externes ont les barbes externes d'un gris assez foncé, tandis que
les barbes internes sont beaucoup plus pâles : cette couleur gris foncé
s'atténue de plus en plus sur les autres rectrices ; lesrectrices présen-
tent une frange noire près de leur extrémité, que borde un liséré clair
d'un jaune sale.
Les rémiges primaires sont près de la pointe, d'un gris foncé légè-
rement brunâtre sur le pourtour, et bordées de blanc sur une partie des
barbes internes; la hampe est blanche. Les secondaires sont en général
d'un gi'is plus clair; elles on( les barbes externes plus foncées que les
barbes internes, celles-ci étant d'un gris très paie vers leur extrémité.
Les tertiaires sont grises, frangées à leur extrémité d'une bande interne
brun noirâtre et d'une bande externe jaune brunâtre pâle. Les tectrices,
les couvertures et les scapulaires sont grises à leur liase, tandis qu'elles
présentent, vers leur extrémité, les franges brun noirâtre et jaune
brunâtre, franges qui sont de plus en plus marquées en allant des grandes
couvertures vers les scapulaires où elles se fusionnent avec les plumes
tigrées de la région dorsale. — 11 subsiste quelques traces de duvet sur
le fi'ont, les tempes, la nuque, le demi-collier, le devant et les côtés du
cou, le croupion et la région anale. — Les tarses et les pattes sont
dun brun violacé, la membrane palmaire plus claire ; bec de la couleur
des tarses, plus foncé vers l'a pointe.
IlL — Le n° 87 est un jeune mâle âgé d'environ 5 semaines (PI. XI,
lîg. 13, 13). Il présente à peu près les mêmes caractères que le n" 90.
Il n'y a plus trace de duvet, sauf sur le front. Les parties claires du corps
sontplus nettement blanches, tandis que les taches jaunâtres du dessus
de la tète, du dos et des couvertures s'atténuent et passent au gris
jaunâtre.
IV. — Le n° 180 est un jeune cf de 3 mois environ (PI. XI, fig. 43, Cj. Il
a pris la taille et les dimensions de l'adulte. Les parties inférieures du
corps sont d'un blanc très légèrement grisâtre; les barbes externes des
plumes présentent encore çà et là quelques taches jaunâtres ou brun jau-
nâtre très indécises. Le front est d'un blanc grisâtre, levertex et l'occiput
deviennent graduellement de plus en plus foncés, tandis que la nuque est
noire b'gèrement lirunâtre, tachetée de gris pâle. Lores noirâtres; demi-
OISEAUX ANTARCTIQUES. 93
collier i;ris ])n\o ; le liiuil cl l(> lias du dos sont (ruii gris argenté. Vers le
croupion, les |ilnni('s sout encore tacln'h'es de slries noir brunâtre qui
tendeni à s'estomper. Les sus-caudales soni d'un hianc grisâtre; les rec-
trices, qui ont presque atteint leur longueur normale, présentent encore
les caractères du n° 90 avec leurs bandes terminales noir brunâtre et gris
jaunâtre. — Ailes d'un gris argenté : quebiues scapulaires et les couver-
tures sont tigrées de brun noirâtre et de gris jaunâtre. Les primaires sont
plus foncées près de la pointe et bordées de blanc sur les barbes in-
ternes; hampe blanche ; barbes externes des primaires externes noi-
râtres. — Bf c noir à reflets rouges, ainsi que les tarses et les pattes.
— Iris i»run.
\. — Le n" 187 est une? âgé d'environ i mois (PL XI, fig. 4-i-D).
H a la taille de l'adulte. Les plumes striées de brun noirâh'e et de jaune
brunâtre très pâle ont disparu. Les parties inférieures du corps sont
d'un blanc presque pur. Front blanc ; sur le vertex, l'occiput et la nuque,
le noirdomine ; lores noirâtres. Demi-collier blanc très légèrement gri-
sâtre, tandis que le bas et le haut du dos sont d'un gris argenté. Sus-
caudales et rectrices blanches. Ailes d'un gris argenté ; primaires plus
foncées près de la pointe et plus ou moins bordées de blanc sur les barbes
internes : hampe blanche; barbes externes des primaires externes d'un
noir grisâtre. Bec noir à reflets rouge violacé ; tarses et pattes rouge
violacé très foncé.
VI.- — Le n" 183 offre à peu près les mêmes caractères que le pré-
cédent. Mais les parties inférieures du corps tendent à devenir grisâtres.
Les taches noires du dessus de la nuque tendent à s'uniformiser; le
bec, les tarses et les pattes sont en grande partie rouge violacé (IM. XI,
. fig. 44, E).
VII. — Enfin le no (30 est un adulte en plumage de noces (PL XT,
fig. 44, F). Il présente exactement les caractères que Reichenow a
donnés dans sa description du Slerna anthtiopha (1). La figure en cou-
leurs qui représente la tête et la patte de cette espèce coïncide exactement
avec les caractères du S. r///f//^/ adulte, et nous ne voyons aucune utilité
à faire une espèce distincte des Sternes qui nichent dans les régions
(i) Reichenow, loc. cit.
94 OISEAUX ANTARCTIQUES.
glacées antarctiques. — Le dessus de la tète et la nuque sont noii' fonoé;
les lores en partie blancs, car une bande blanche étroite longe le bord di»
la mandibule supérieure et se poursuit sur les tempes. Corps gris argenté
à peu près aussi foncé dessous que dessus, sauf dans la région du venire,
qui est un peu plus pâle. Sus et sous-caudales blanches. Les rectrices
ont leurs barbes externes d'un gris argenté très paie. Rémiges primaires
plus foncées près de la pointe et plus ou moins l)ordées de blanc sur les
barbes inleriies : les barbes externes de la iiremière sont noirâtres. Bec,
tirses et palli's d'un l)ean rouge-ccrisc
La courte de.srrij)lion que Valette (i j donne, sous le nom de S. Itinui-
r///(wm, des Oiseaux dont il trouva les nids aux Orcades, montre qu'il avait
alVaire non à Kespèce S. Iiindidiiuicra, mais au >'. citlata. Il donne comme
longueur totale 3^0 millimètres, et comme envergure 750 millimètres,
dimensions (]ui correspondent à celles du S. ritlahi. Les dimensions du
.S. hinutdinacpa sont i)lus grandes ; sa longueur totale est environ de
400 millimètres, les ailes mesurent 300 millimètres, le culmen 40 à 4;j,
la queue 105 à 21.5, le tarse 20, — dimensions supérieures à toutes celles
des Oiseaux (jue nous avons rencontrés.
En mars lOOi, par 07° 30' S. et 170'^ long. Iv Greenwich, au cours
de l'expédition anglaise de la < Discovery », Wilson rencontra quelques
troupes de ces Sternes en bordure du pack (2). Il ne put débM'miner avec
CL'rlitude l'espèce à laquelle ils apparlenaient, mais il cra[ |)Oiivoir les
rapporter soit au ^^. cittata, soit pluLôl au N. liiridiiliiKicea. Il est probable
que ces Oiseaux étaient de même espèce (|ue ceux (|ue nous avons trouvi's
en bordure des glaces jusqu'au 120° de long. W., et que nous ne
pouvons séparer de l'espèce Stcma alldtd.
Les Sternes nichent l'été dans l'Anfarclide sud-américaine, où ils
forment de peliles colonies très bruyantes sur les rochers dépourvus de
neige, lisse contentent comme nid, de simples dépressions dans le sol,
ou encore de fentes (Miti'c les rochers, in'ofitant aussi parfois des co([uilles
de Patelles qui se trouvent souvent amassées en abondance par les Loriis
(Ij \Al.ETrF., /(.C. cit.
(2) E.-A. Wii.siiN, iV<((. ant. E.vp.. Nat. llistory, Aves, vol. 11, Zuolot.'y, p. 63.
OrSHAUX AXTARCrinUES. 93
iliiii'iiiicdnns i\\\\ (Ml luiil leur iKiun'ilurc. Ils poiidriit ciciix (ni ii'dis n'iils
iruii hi'uii (ilivàlrc à taches plus foncées, œufs qu'ils défciidcul à i;rau(['-
pcine, ainsi (|uc les Poussins, contre leui's ennemis les Mouettes et
les Mét^alestris. Nous avons été témoins, à plusieurs reprises, des vols
commis |)ar ces Oiseaux de rapine.
Les Sternes ont uiu' teinp(''rature de iî!)°, i. La longueur de rœsophage
est de 1 10 à I 20 millimètres, celle de l'estomac, de 30 h 35 millimètres,
celle de riid(>stin de 580 à 020 ndilimètres. Une énumération des héma-
ties d'un jeune Oiseau (3 à \ mois) sacrilii' le 10 avril 100!) nous a donné
une moyenne de 215000D par millimètre cube de sang: les dimensions
des luMuaties sont de 14 h 15 [i. sur 8 à 0 <j.. Les Sternes se nourrissent
surlouL d'Euphausies [Eupliausia superlia), de petils Poissons, parfois
aussi d'Ampliipodes, comme nous l'avons constaté à l'îh^ Déception,
où les Oiseaux capturaient des Crustacés appartenant à l'espèce Clici-
rimedon dentimanus Chevreux, abondants au voisinage de la côte.
Au cours de la navigation du « Pourqucd Pas? », nous avons rencontré
plusieurs colonies de Sterna vitlata^ notamment sur les Shetlands du
Sud (iles Déception, du Roi-George, Uridgman), puis sur la côte ouest de
l'Antarctide sud-américaine, sur les iles AViencke,Doumer, Hooth-Wandel,
Petermann, Argentine, Berlhelot, Li'onie, cette dernière à l'intérieur du
cercle polaire. Nous avons aussi trouvé ces Oiseaux, en bordure de la
banquise ou du pack, vers la latitude de 70° jusqu'au 120° de long. W. Us
viennent à la rencontre du navire en faisant entendre leurs petits cris
perçants, comme pour lui souhaiter la bienvenue ; puis ils décrivcMit au-
dessus de la mâture des courbes gracieuses, accompagnent le bateau
quelques instants et retournent prendre leur poste de veille en bordure
des glaces. Plus loin c'est la visite d'une nouvtdle bande (jui repart à son
tour, laissant la place aux autres troupes que le bateau rencontrera au
cours de son voyage le long de la banquise.
A notre arrivée à l'île Petermann (10 janvier 1909), nous avons trouvé
une colonie de 150 à 200 individus établie sur la ])ointe sud de l'îhv
La plupart des nids avaient deux œufs, rarement trois ; dans certains, il
y avait un et même deux poussins. Kn février, les jeunes sont assez
avancés, et en mars les rookeries sont |)eu à peu abandonnées. Les jeunes
96
OISEAUX ANTARCTIQUES.
volent dans le chenal, au voisinage di
lie
En avril et mai, on aporroit
encore, par intervalles, des Oiseaux en assez grand nombre, — puis, vers
la fin de mai, avec le froid et la banquise qui se forme, les Sternes dispa-
raissent, remontant vers le Nord.
C'est seulement plus de trois mois après, le 5 septembre, que les deux
premiers Oiseaux sont aperçus de nouveau dans le chenal de Lemaire.
Mais c'est surtout en octobre qu'ils reviennent nombreux. Le 22 octobre,
les Sternes sont de retour sur leur rookerie. Au début de novembre, ils
préparent leurs nids ; les dépressions dans le sol sont bientôt prêtes.
Le premier œuf a été pondu le 1 i novembre. Le 21 novembre il y avait
1 1 œufs ; 3 nids renfermaient chacun 2 œufs. Le 24 novembre, 8 nou-
veaux œufs avaient été pondus (PI. IX, fig. 38, F).
Le tableau suivant, qui comprend les a^ufs que nous avons conservés,
donne les dimensions et le poids de ceux-ci :
NUMÉRO
LONGUEUR
LARGEUR
fn
en
POIDS.
LOCALITE.
DATE.
(lurdre.
millimêlres.
millimètres.
.50 1
17,5
;!2
Ile Drception.
23-XIl-iU08.
502
43
33,5
—
—
.j03
45
33
—
—
504
43
33
—
^
582
47
32,5
Ile Boolh-^Vnndel.
3-I-inO!).
.5'i2
47
33
Ile Peleiinann.
lO-1-l'.IOU.
.5;i'.l
45
31
31
—
21-XI-l'.Ki'.).
(>00
48
35
:>5
—
23-XI-l'.iOU.
()()1
4C.
34,5
28
—
—
002
43
34
27
Parmilolofjie. — Ces Oiseaux sont en général peu parasités. Nous
avons trouvé chez des jeunes quelques Mallophages appartenant à deux
espèces [Philopteras luelanocephulus Nitzsch et Degeeriella fipllnta Bur-
meister), qui font partie de la famille des Flnlnpteridx (1).
(1) Voir L.-G. Neum\>n, ilallophwja. Deuxième Exp. ant. fr., Sciences nat., Docum. scient.,
p. 187 et 191, Paris, 1913.
OISEAUX AXTARCTIQUES. 97
.hnirnal oniUhnlogitiue (N'oir carto 11, ¥).
?5 Décciiihic iUOS. — Au voisinage de l'île Smith, quelques individus
sont venus voler autour du bateau.
^3 Décembre tOOS. — Ile Déception, Pendulum-Cove. Les Sternes ont
un(> rookerie sur un éboulis de tufs volcaniques, entre 60 et 80 mètres
d'altitude. Œufs déposés en général entre les cailloux, dans une légère
excavation. Il y a loO à 200 individus. Les Oiseaux n'aiment pas les
visiteurs : dès mon approche, les Sternes sont venus à ma rencontre, se
sont groupés autour de moi, criant, piaillant, dans l'intention de m'inti-
mider. Us paraissaient de mauvaise humour, poussant des cris très aigus.
Je ne me lis aucune illusion sur la signification du grand intérêt qu'ils
semblaient me porter. Arrivé parmi les nids, les Oiseaux devinrent agres-
sifs; planant au-dessus de ma tète, ils se laissent tomber à quelques cen-
timètres en faisant claquer leur bec ; certains Oiseaux se livrent à des
voies de fait en donnant des coups de bec sur mon bonnet. Aussi je dois
avouer qu'un peu inquiet pour mes oreilles je les ai prudemment cou-
vertes de ma toque.
Subitement, un silence complet se fait autour de moi : quelle surprise
désagréable les Sternes me réservent-ils. Une dizaine d'entre eux seule-
ment sont restés à me surveiller. Je vis alors toute la troupe se diriger
vers un Megalestris qui avait l'intention de profiter de l'ardeur de la
manifestation des Sternes à mon égard pour venir tranquillement voler
quelque onif dans les nids. Malheureusementson approche fut remarquée,
et il dut fuir, chassé à coups de bec par la bande d'Oiseaux.
Le même fait se reproduisit contre VLaLanis Dominicanus . Alors, débar-
rassés de leurs ennemis du dehors, les Sternes reprirent contre moi,
avec autant de violence, leur campagne d'intimidation.
Il y avait deux a?ufs par nid (PI. Xll, fig. 4fi) ; vu un seul Poussin,
âgé d'un ou deux jours.
Les Sternes viennent pécher dans la baie de Pendulum-Cove (Port-
Foster), où ils se nourrissent de petits Poissons, de quelques Euphausies
et d'Amphipodes.
Expédilion Charcot. — Gain. — Oiseaux antarctiques. 13
g§ OISEAUX ANTARCTIQUES.
'■27 Décembre I90S. — Port-Lockroy (île Wiencke). Des Sternes volent
dans la baie el le chenal de Roosen. Il y a quelques nids.
3 Janvier 1909. — Ile Bootli-Wandel. Trouvé quelques œufs sur
les rochers de la colline duCairn ; il y a une colonie d'une centaine dindi-
vidus. Vu un nid avec trois œufs. Tous ces Sternes, qui, comme nous
l'avons aussi constaté à Déception, se solidarisent pour défendre leurs
intérêts, sont constamment tenus en éveil par les voisins dangereux
que sont les Goélands Dominicains.
W Janvier 1909. — Colonie de loO à 200 individus sur les rochers au
sud de l'île.
// Janvier 1909. — lie Léonie, située par 67° 37' de lat. S. et 70° i4'
de long. W. Paris. (Juelques nids de Sternes.
'21 Janvier 1909. — A 20 milles dans le Sud de l'ilc Jenny, quelques
Oiseaux rencontrés en mer.
2.^ Janvier 1909. — IleWebb(L. = 070 27' S.; G. = 70° 18' W. P.). Acette
époque, l'île, entourée de banquise, se trouvait à 40 kilomètres de la mer
libre. Il y avait quelques nids de Sternes.
/er frrrier 1909. — Baie Matha. Quelques Oiseaux autour du bateau :
il y a certainement des rookeries aux environs.
3 Février 1909. — lie Petermann. Les Poussins perdent leur duvet ;
ils abandonnent les nids.
8 Février 1909. — Iles Argentine : quelques rookeries de Sternes.
,9 Avri/ 1909. — Les jeunes Sternes sont nombreux dans le chenal.
30 Avril 1909. — -Sternes en grand nombre dans le chenal. Les jeunes
ont la taille de l'adulte, mais ils sont facilement reconnaissables à leur
bec sombre, à leurs parties ventrales blanches et à la tache noire et
blanche du dessus de la tète.
12 Mai 1909. — Chenal libre ; nombreux Sternes.
!21 Mai 1909. — Aperçu quelques Oiseaux tous les jours.
2 Juin 1909. — Depuis que le chenal de Lemaire est complètement
pris, on ne voit plus de Sternes.
5 Septcinhre 1909. — Revu deux Sternes passer dans le chenal.
7 Octobre 1909. — Les Sternes reviennent; j'en ai aperçu trois péchant
dans le chenal.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 99
15 Oclolne IHOH. — Quelques Sternes.
18 Octohro liHHK — 11 est passé sept Sternes au-dessus de Petermann ;
ils semblaient se diriger vers leur ancienne rookerie.
Sur Tile Hovgaard, près de la pointe Ouest, il y a quelques Oiseaux.
'2'-2 Octobre 1909. — Les Sternes sont arrivés à la rookerie de Peter-
mann : ils volent aux alentours, par couples.
"25 Ocfnhi'o 1909. — Dans le chenal, en face la pointe nord de Peter-
mann, une cinquantaine de Sternes volent autour de quatre Goélands, en
poussant des cris perçants. Ceux-ci probablement se seront rendus cou-
pables de quelque méfait.
9 Norcmbre 1909. — Les nids sont prêts ; il n'y a pas encore d'œufs.
14 Nocemhrc 1909. — Trouvé le premier œuf.
'21 Nocemhre 1909. — Visite à la rookerie : accueil très antipathique,
cris aigus, coups de bec, ce qui prouve que la ponte est assez avancée.
Trouvé onze œufs ; trois nids avaient chacun deux œufs.
23 Novembre 1909. — Huit (eufs.
26 Novembre 1909. — En mer. Aperçu quelques Sternes autour du
bateau dans le chenal de Lemaire, les détroits de Bismarck <^t de
Gerlache.
Aperçu deux rookeries de Sternes sur des rochers de la côte nord de
l'île Doumer.
27 Novembre 1909. — Ile Déception. Sternes nombreux.
28 Novembre 1909. — Déception. Une colonie forte de 400 à .'JOO indi-
vidus habite le sommet des falaises qui bordent dans l'Est l'entrée de
Port-Foster. Les nids sont assez éloignés les uns des autres, difficiles à
trouver. La plupart avaient deux œufs, quelques-uns trois œufs.
22 Décembre 1909. — Déception, Pendulum-Gove. Suis allé à la
rookerie de Sternes. Vu une trentaine d'œufs et quelques Poussins. Un
Poussin a été tué devant moi d'un coup de bec par un Larus] mais, C(mime
je suis arrivé, le Goéland n'a pas eu le temps de s'en emparer. Trouvé
plusieurs cadavres de poussins,- — ceux-ci en partie dévorés, — ainsi que
des débris de coquilles d'œufs. Plusieurs nids, par suite des larcins des
Goélands et des Mégalestris, étaient vides; dans les autres il y avait
un ou deux œufs. Parmi les œufs que nous avons recueillis, la plupart
100 OISEAUX ANTARCTIQUES.
avaient des embryons assez âgés, tandis que les autres étaient des n-ufs
frais ou dans les premiers jours d'incubation. Ils provenaient cerlainc-
ment de pontes supplémentaires, les premiers œufs ayant été soit cassés,
soit pillés par les autres Laridés.
t^/ Décemhre 1909. — Ile Bridgman. De nombreux Sternes nichent
sur l'île.
!?■> Décemhre 1',HH>. — lie du Roi-George, baie de l'Amirauté. Au cours
d'une excursion sur les glaciers qui dominent l'anse est de la baie de
l'Amirauté, trouvé à 200 mètres d'altitude, sur un pointement de roches,
une colonie de 200 à 300 Oiseaux. Quelques nids étaient vides; dans les
autres, un ou deux œufs. Vu un seul Poussin. Quelques Larus et Megn-
lestris rôdent autour de la rookerie, pourchassés par les Sternes.
W Décemhre 1909. —Une petite colonie de Sternes (œufs dans les nids,
pas encore de Poussins), dans l'anse ouest de la baie de l'Amirauté.
10 Janvier 1910. — En mer, par 68° 30', S. et 73° long. W. P. environ,
dans l'ouest de la Terre Alexandre, avant de rencontrer le pack-ice, une
bande d'une trentaine de Sternes sont venus voler autour du <( Pourquoi
Pas? », puis ils sont partis vers l'Ouest.
Dans la soirée, en longeant la banquise, on retrouve des bandes de
Sternes de 12, 15 individus.
La plupart nous paraissent être des jeunes de l'année précédente
(douze mois).
1lJanvier1910.—L. = Gyoli'S..G. =78° lO'W. P. Pénétrationdansun
pack-ice très épais. Il est passé une bande d'une quinzaine de Sternes se
dirigeant vers le Sud-Est. Peut-être des Oiseaux nichent-ils sur les terres
qui doivent se trouver dans le Sud, et notamment sur la Terre Charcot,
qui venait d'être découverte.
Le« Pourquoi Pas?», dégagé de la banquise, longe celle-ci vers l'Ouest.
Aperçu quelques bandes de Sternes.
1'2Ja7ivier 1910. — L. = 70° 1 3' S.; G. = 81° W. P. Vu dans la soirée
une troupe de 11 Sternes.
13 Janvier 1910. — L. = 09° 18' S.; G. = 88° 40' W. P. environ. Vers
8 heures du soir, en longeant la banquise, aperçu plusieurs bandes de
Sternes qui se tiennent à la lisière des glaces ; compté des groupes
OISEAUX ANTARCTIQUES. loi
de 24, '.1, i(», M, 'M Ois<'<m\. Ils se posent siii- les débi-is de glaces, puis
lorsque le <( Pourquoi l'as ? » arrive à leur hauteur, ils prennent leur vol,
dépassent le bateau et se pos(Mit de nouveau sur la glace. Ils nous
attendent pour reprendre leur vol et recommencer la même tactique.
Une troupe fit cette man(euvre (juatre fois de suite, puis nous abandonna.
Et plus loin c'est une autre bande qui nous accompagne, puisa son tour
nous laisse seuls poursuivre noire roule. C'est encore une nouvelle
troupe qui manœuvre comme les précédentes. Je vis ainsi cinq troupes
de Sternes (les cinq citées i)lus haut), espacées à la lisière des glaces,
donnant l'impression de petits postes placés là en sentinelles, chaque
bande semblant avoir une zone spéciale de banquise à surveiller.
Il se pourrait que ces Oiseaux, jeunes et adultes, soient les habitants
de colonies nichant peut-être sur des terres situées plus au Sud, venant
à la lisière des glaces chercher leur nourriture dans la mer libre.
/ / Janvier 1910. — Au large de l'île Pierre-Je' ; vent violent. Aperçu
quelques Oiseaux.
15. Janvier 1910. — L. : 68° 23' S.; G. : 90° 50' W. P. Bandes de Sternes
près de la banquise.
16. Janvier 1910. — L. : 69° 20' S.; G. : 102° 09' W. P. Nombreux Sternes
à sept heures du matin.
/; .Janvier 1910.— L. : 09° 00' S. ; G : 104° 54' \V. P. Aperçu un groupe
d'une quarantaine d'Oiseaux posés sur un glaçon.
18. Janvier 1910. — L. : ()!lo 15' S.; G. : 108° 05' W. P. Toujours des
Sternes.
19 Janvier 1910. — L. : 70° S.; G. : 112° W. P. Quelques Sternes en
bordure de la banquise.
W Janvier 1910. — L. : 68o30' S.; G. : 115° ^Y. P. environ. Abandonné
la lisière de la banquise. Il n'a pas été vu de Sternes.
-21 .Janvier 1910.— L. : 69o 53' S.; G. : 121° 15' W. P. Longé la banquise.
Bandes de Sternes.
'^'-2 Janvier 1910. — A partir de cette date, le « Pourquoi Pas ? » faisant
route au Nord et abandonnant définitivement la banquise, nous n'avons
plus revu de Slerna vitlata.
102 OISEAUX ANTARCTIQUES.
8. Larus dominicanus (Lichstenstein).
Collection :
isjo g2. — Q^ pull, (deux à trois semaines), trouvé sur un rocher, près du nid, à la pointe
sud de Petermann, 8-1-1909. Iris brun grisâtre.
L. T. : 298. - A. : 96. - B. : 31. - T. : 51. - D. M. : 54-6.
N° 145. — 9 Ju"^'- (trois mois), île Petermann, 14-III-1909. Iris brun foncé. Parties infé-
rieures du corps blanches mouchetées de brun grisâtre ; parties supérieures
brunâtres, par suite de la présence de grandes taches brunes vers l'extrémité
des barbes dos plumes, avec liséré plus clair jaimc brunâtre. Vers le bas du dos
et la région sus-caudale, les plumes sont alternativement blanc grisâtre et brunes,
donnant l'impression d'un fond pâle moucheté de taches brunes ; il en est de
même pour les sous-caudales. Rectrices blanches à la base, puis marbrées blanc et
brun noirâtre, passant au brun noirâtre uni jusque vers l'extrémité, qui est
bordée de blanc. Le bord des ailes a un liséré blanchâtre. Couvertures brun foncé,
bordées de jaune brunâtre ; rémiges secondaires brun noirâtre, à extrémités
jaune pâle ou brun pâle ; rémiges primaires brun foncé. Sous-alaires brun pâle et
gris brunâtre. Bec noir, tarses et pattes d'un brun jaunâtre pâle, griffes noires.
Estomac : Patelles, Mousses, petits cailloux.
L.T. : 580. - E. : 1320. - A. : 430. - Q. : 180. - B. : 45. - T. : 54. - D.M. : 59-10.
N° 146. — çj' juv. (trois mois), île Petermann, 14-III-1909. Iris brun. Estomac : Mousses,
Algues, petits cailloux.
L.T. : 620. - E. : 1 440. - A. : 445. - 0. : 194. - B. : 50. - T. : 63. - D.M. : 65-10.
N'^ 147. — cf j^i"^'- (trois mois en^iron), île Petermann, 18 III-1909. Iris gris brunâtre, bec
noir. Estomac : une coquille de Patelle, quelques Mollusques, plumes de Pin-
gouin.
L. .: 635. - E. : 1460. - A. : 435. - Q. : 195. - B. : 51. - T. : 61. - D. M. : 66-11.
N" 148. — 9 juv. (3 mois environ), île Petermann, 18-111-1909. Iris gris brunâtre.
Estomac : duvet de Pingouin.
L. T. : 620. — E. : 1 480.— A. : 440. —0. : 20."î. — B. : 49. — T. : 61 . — D. M. : 66-10.
N" 149. — cf , île Petermann, 21-III-1909. Iris gris jaunâtre, paupières rouge vif. Estomac :
Patelles, coquilles, duvet de Pingouin. Parasites : Cestodes dans l'intestin.
L. T. : 600. - E. : 1380. - A. : 420. - Q. : 180. - B. : 50. - T. : 52. - D. M. : 63-10.
N° 289. — 9 juv. (huit mois), île Petermann, 31-VIII-1909. Iris brun jaunâtre, bec brun
très foncé, tarses et pattes bistre à reflets bleutés. Estomac : fragments d'os de
Pagodroma nivea. Parasites externes : Aptères.
L. T. : 575. - E. : 1 400. - A. : 400. - O. : 163. - B. : 46. - T. : 58. - D. M. : 59-10.
N° 290. — cf, île Petermann, 31-VIII-1909. Iris brun jaunâtre, bec jaune d'or, gonys
rouge écarlate, paupières rouge écarlate, tarses et pattes jaune verdâtre pâle.
Estomac : quelques petits cailloux. Parasites : Aptères.
L. T. : 630. - E. : 1465. - A. : 440. - Q. : 203. - B. : 54. - T. : 62. - D. M. : 65-11.
Embryons et poussins :
N°s 3-4. — Embryons provenant de deux œufs trouvés dans un nid près de Pendulum-Cove,
île Déception, 23-XII-1908.
Ivjos 28-29. — Deux embryons. — 30 : 1 embryon ; quelques jours avant l'éclosion. —
31-32 : 2 embryons. Ilot Goudier, Port-Lockroy (île Wiencke), 27-XII-1908.
N°^ 63-64. — Embryons provenant d'œufs pris sur le nid de la colline du Cairn (50 mètres),
île Booth-Wandel, 3-1-1909.
N°^ 377. — Embryon de deux à trois jours. — 461 : 2 embryons dans les premiers jours
OISEAUX ANTARCTIQUES. 103
d'iiuubatidn. Ilol Ciuiulicp, Port-Loïkidy, 2G-XI-1909. — 9: mémo provenance;
un embryon parvenu au terme de l'iiu ulialinn, conservé dans sa coquille (27-XII-
1908).
Nos 462. — 3 embryons provenant de trois œufs trouvés dans le même nid. — 463 : 1 em-
bryon, derniers jours d'incubation. Ile Déception, '4-XII-1909.
En outre nous avons conservé quelques Oisoau.x, jeunes et adultes, dans le sel, ainsi que
des squelettes et des systèmes nerveux.
Le Larus domiiiicamis est de la laillo de nos Mouetles. La livrée de
l'adulle présente des caractères un peu différents de ceux signalés par
Ménégaux (1) [« dessus des ailes brun, lo bec et les pattes jaunes »
(iMénégaux)]. Cet Oiseau est d'un blanc pur, sauf le dessus des ailes, qui
est noir; le bec est jaune avec une tache rouge orangé ou rouge écarlate
vers l'extrémité de la mandibule inférieure; les paupières sont d'un beau
rouge carminé, les tarses et les pattes jaune olivâtre. Le jeune, jusqu'à
douze à quatorze mois, est brun grisâtre et blanc avec le bec noir ou brun
noirâtre : il prend peu à peu le plumage de l'adulte; ce sont les régions
ventrales qui s'éclaircissent d'abord, puis la région dorsale, tandis que
le dessus des ailes se fonce et passe au noir. C'est alors que le bec, les
paupières, les tarses et les pattes prennent leurs couleurs vives.
Ce Goéland élit doinicib^ sur les îles basses ou les pointes rocheuses
du continent antarctique sud-américain. Son nid est assez soigneuse-
ment fait d'un amas de Mousses et de Lichens, auxquels il joint quelques
plumes (PI. Xll, fig. 47). Il pond deux ou trois œufs de couleur vert
olivâtre ou brun noirâtre à taches brunes, difficiles à différencier des
œufs de Megalesti-is (PI. L\, fig. .37, G).
Le tableau suivant donne les dimensions et le poids de quelques œufs.
(1) A. Ménégaix, toc. cil., |i. U.
104
OISEAUX ANTARCTIQUES.
NUMÉRO
LONGUEUR
L.\RGEUR
PONTE.
en
en
POIDS.
LOCALITE.
DATE.
d'ordre.
inillînulifs.
niillimt-lres.
niii
i''\
i8,5
llol (jûudier, Port-
LocUrov(ilc Wieiickci.
•J7-XI 1-1008.
511
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48
—
—
51.'.
7S
4(1,5
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7-J
51,5
Ile Booth-Wandel.
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87
Ilot Goudier.
20-XI-lOOO.
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Ile Déception.
4-XII-lOOO.
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50,5
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|rc
7.5
.50,5
■ — ■
—
(15S
7(1
.50
00
Ce Goéland fait sa principale nourriture des Oursins et surtout des
Patelles. Il les va chercher à la côte, à marée basse, les détachant des
rochers d'un coup de bec; puis il les transporte près de son nid, où il
les déguste à loisir. C'est à ces Oiseaux que sont dues les accumulations,
parfois considérables, de coquilles de Patelles, près des endroits où ils
nichent, amas qui finissent par combler les interstices entre les rochers
[ilôts Casablanca et Goudier (Port-Lockroy), Petermann, etc.].
Très méfiant, cet Oiseau craint toujours l'homme qui ne peut s'en
approcher que par surprise. Grand pilleur, amateur aussi de viande
fraîche, c'est, comme nous l'avons indiqué, un ennemi redouté des
Sternes, dont il va voler les œufs et les Poussins dans les nids, quand
la surveillance se trouve relâchée. Autour de la station d'hivernage, nous
avons, à maintes reprises, aperçu ces Oiseaux autour des cadavres de
Phoques et des dépouilles de Pingouins, dont ils se nourrissaient.
Nous avons trouvé des colonies de ces Goélands aux îles Déception, du
Roi-George, Wiencke, Booth-Wandel, Hovgaard, Petermann, Argentine
et en divers points du détroit de Gerlache, de la côte de la Terre de Gra-
ham et jusqu'au sud du cercle polaire, vers la baie Marguerite (îles Webb,
Léonie et Jenny).
A Petermann, une quinzaine de couples nichent sur les rochers du
OISEAUX ANTARCTIQUES. 105
sud (lo Vi\o. Mais c'est princi|)aIomenl sur les ilôts du Sud (Charlat,
Tliiébaull et [{oudel) (ju'ils sont les plus nouibreux.
Le 10 jauvier 1009, uous avous trouvé dans les nids quelques poussins
âgés d'une dizaine de jours. Au début de mars, les jeunes pouvaient se
suffire à eux-mêmes et abandonnaient leurs nids.
Dès le mois d'avril, beaucoup de Goélands remontent vers le Nord. Mais
il reste toujours dans les glaces des individus isolés. En eil'et, un cadavre
de Phoque vient-il aétre abandonné sur la banquise, quelques Mouettes,
douées probablement d'un odorat très développé, ne tardent pas avenir
partager la dépouille avec les grands Pétrels [Ossifraga gigantea).
Le 25 août, afTamés sans doute par le manque de nourriture dû aux
chutes abondantes de neige qui ont recouvert les cadavres de Phoques
près de la station d'hivernage, les Goélands chassent les Pétrels des
neiges. Mais ceux-ci, beaucoup plus agiles que les Larus, déjouent leurs
attaques.
Dès le début d'octobre, les Goélands reviennent en plus grand nombre
dans le chenal de Lemaire. Ils se posent fréquemment sur les rochers de
l'île, les adultes sont accouplés (PI. XIIl, fig. iil, 52). Leur nombre
augmente de jour en jour, et nous en avons constaté près de 200 rassemblés
autour des dépouilles de Phoques abandonnées sur la banquise.
Le 14 novembre, les Larm commencent leurs nids, et nous avons
trouvé les premiers œufs le 20 novembre.
Nous avons constaté à plusieurs reprises que ces Oiseaux volent par-
fois à de grandes hauteurs. En septembre, tandis que nous nous trouvions
à 900 mètres d'altitude, en excursion sur im glacier de la Terre de Gra-
ham, nous avons vu passer, allant vers le Nord, à une hauteur d'environ
1 500 mètres, deux Lai us. De même, le 13 novembre, au-dessus de l'ile
Petermann, nous avons aperçu deux Oiseaux qui volaient vers GOO à
800 mètres de hauteur.
Une numération des globules du sang faite sur un jeune âgé de 4 mois
(10 avril) nous a donné une moyenne de 2 160000 hématies par milli-
mètre cube : leurs dimensions étaient de 17 à 18 -7. sur 9 à 10 a ; tem-
pérature de l'oiseau: 4-39°, 2.
Parasites. — Les parasites que nous avons trouvés sur le Larus doiiii-
Expédition C/iarcot. — Gain. — Oiseaux anlaictiques. i/4
io6 OISEAUX ANTARCTIQUES.
tiicmnis sont des parasites internes (Cestodosj et des parasites externes
(Aptères).
Les Cestodes rencontrés dans lintestin d'un Oiseau adulte (n° 149)
appartiennent à une espèce nouvelle que MM. A. Raillietet A. Henry ont
appelée C hoanotœniadomi/i iccma ( ï ) : c'est un Ilelmintlie voisin du C/innno-
tœnia rhynchoph Fuhrm, parasite d'un Laridè de l'Amérique du Sud.
Les Mallophages recueillis, qui étaient surtout localisés au voisinage
de la tète et du cou, appartiennent à 2 espèces : le Philoptenis lari
(0. Fabricius) et le Derjeericlhi lineolnla atrïmarci'mata (Kellogg et Chap-
man) (2) : cette dernière espèce fut trouvée en grande quantité.
■Inurnal (niùtholoçi'iquo (Voir carte II, G).
t^.'? Décembre 19I)S. — Ile Déception. Aperçu des Goélands et des nids
assez nombreux sur le pourtour de Pori-Foster.
i?7 et "^8 Décembre 1908. — Port-Lockroy (île Wienckei. Une vingtaine
de nids dont 7 trouvés sur l'îlot Goudier. Sur cet îlot, il y a une grande
accumulation de coquilles de Patelles. Les nids sont surtout faits de
Mousses, Lichens, Algues et plumes. Deux œufs par nid ; un seul en avait
trois.
Les Oiseaux sont peureux. Ils ne défendent pas leurs nids ; ils se con-
tentent de voler à une assez grande hauteur au-dessus du visiteur. Trouvé
quelques jeunes en duvet qui s'étaient cachés, blottis dans des creux
de rochers.
S Janrier 1909. — lie Booth-Wandel. Ouolques couples sur File.
Trouvé quelques o^ufs sur les rochers de la colline du Cairn ; les nids sont
éloignés les uns des autres, peu abrités et peu confortables : deux avaient
trois œufs, les autres deux œufs. Ils ne sont |)as mélangés avec les nids
de Sternes qui se trouvent dans la même région. Aperçu quelques débris
d'œufs de Sternes près d'un nid de Larus.
lO.Jniirlcr 1909. — Ile Petermann. Nidsasseznombreux, principalement
sur les îlots du Sud. Heaucoup de coquilles de Patelles sur les rochers.
(1) A. Raii.i.iet et A. IIenuy, loc. cit.. p. 37.
(2i L.-C. Neiminn, /oc. cit., p. 18S, nu.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 107
/.■; ./(i/ir/rr HKHI. — lie J('iiiiy. 11 y a pliisieui-s couples sur Til*'. Les
nuls suiil [ilacés dans des ébouiis, jusqu'à une centaine de mètres de
hauteur. Les Poussins sont avancés; chez certains, le duvet tombe.
/; Jfmricr 1909. — Ile Léonie (L. : (i?» 36' S. ; G. 70o 44' W. P. environ).
Aperçu quelques nids de Larus.
'25 Jaiir/cr 1909. — lie VVi'id). Dans une excursion sur la banquise de
la baie Marj-uerite, vu (pielques Lariis sur les petites îles basses
rocheuses, ainsi que sur Tilc Wcbl), qui est encore prisonnière dans la
banquise et se trouve à cette époque à 40 kilomètres de la mer libre.
8 Février //^/^'/. — lies Argentine. Les Goélands nichent nombreux sur
tous les rochers bas, au voisinage de la mer. De même sur les îles Jallours.
Il y en a certainement plusieurs centaines dans toute cette région.
iO Avril 1909. — Ile Peterniann. Numération des hématies chez un
Oiseau de 4 mois. Environ 1 100000 par millimètre cube.
l'-2 Mai 1909. — Chenal libre, nombreux Larm.
"21 Mai 1909. — Aperçu quelques Larus tous ces jours,
t^ Juin 1909. — Depuis (jue le chenal est complètement pris, on ne voit
plus de Goélands.
:] Juin 1909. — Ouelques Oiseaux autour d'un cadavre de Phoque.
16 .lai/i 1909. — Des Goélands sont venus en assez grand nombre sur
un cadavre de Phoque abandonné sur la banquise.
'■2'i .Juin 1909. — Tandis que je venais de tuer un C/iio/tis, un jeune
Larus (6 mois) s'est aussitôtabaltu sur le cadavre qu'il allait s'approprier
sans ma prompte intervention.
19 Juillel 1909. — Quelques Oiseaux autour de la station d'hivernage.
8 Août 1909. — Des cadavres de Papous, abandonnés sur l'île, ont
attiré une cinquantaine de Larus.
'25 Août 1909. — Les Goélands sont affamés : ils poursuivent les
Pétrels des neiges.
'26 Septembre 1909. — Nombreux Larus dans le chenal de Lemaire ; la
plupart portent la livrée des jeunes.
4 Oetohre 1909. — Goélands de plus en plus nombreux aux environs de
Peterniann. Les adultes sont accouplés. Ils semblent se préparer à faire
leurs nids.
io8 OISEAUX ANTARCTIQUES.
7 Octobre l'JO'J. — Ilots du Sud de Petermann. Les Goélands sont reve-
nus. De place en place, sur les rochers, des amas do coquilles fraîches
de Patelles laissées par les Oiseaux. Les jeunes Lar.us (10 mois) com-
mencent à prendre la livrée de Tadulte.
Aperçu 42 Lan/s sur un cadavre de Phoque.
10 Octobre 1909. — Ile Petermann. Une centaine de Larus aux alen-
tours de Port-Circoncision, sur les glaces (PI. XII, fig. 51 , 52).
15 Octobre 1909. — Goélands toujours en grand nombre.
18 Octobre 1909. — Ile Rooth-Wandel. Aperçu quelques Lari(s au voi-
sinage de l'île.
Ile Hovgaard. De nombreux Goélands sur les rochers de la pointe ouest
et les îlots avoisinants.
52 Octobre 1909. — Ile Petermann. Les Lfous commencent leurs nids.
2,9 Octobre 1909. — Les Oiseaux rôdent autour des rookeries de Pin-
gouins, en quête d'un mauvais coup à faire.
:>0 Octobre 1909. — A marée basse, sur les quelques plages de l'île
Petermann, les Larus vont manger des Oursins.
SI Octobre 1909. — Assisté à la poursuite d'une Mouette par une
autre Mouette. Celle-ci a rattrapé la première et s'est jetée sur elle. L'Oi-
seau a reçu un violent coup de bec sur le crâne, et il est tombé tout étourdi
sur la neige. Il lui a fallu un assez long repos avant (ju'il reprenne son
vol.
:i NovemJire 1909. — Sur les cadavres de six Phoques crabiers abandon-
nés sur un floë, il y a plus de 200 Larus.
4 i\ore?n/)re 1909. — Les Oiseaux sont toujours très nombreux autour
des Phoques.
1S Novembre 1909. — Il est passé deux Larus à plusieurs centaines de
mètres au-dessus de Petei^mann.
/ / Novetnbre 1909. — Aux îlots du Sud, les Oiseaux font leur nids.
'26 Novembre 1909. — Port-Lockroy. Trouvé 5 œufs sur l'îlot Goudier :
deux nids en avaient chacun deux.
/ Déceinlrre 1909. — Ile Déception. Sur les rochers situés à l'ouest de
la liasse, en face la baie des Baleiniers, trouvé entre 40 et 100 mètres de
hauteur, une forte rookerie de Larus. Il y adà 200 à 300 Oiseaux. Trouvé
OISEAUX ANTARCTIQUES. 109
plusieurs nids; l'un d'eux renlVi'iiuiil 3 cruls. (Juelques Larus habitent
aussi les falaises de la pointe ouest de l'entrée de Port-Foster.
6 Dècemhic HKI'J. — Détroit de Bransfield. Aperçu de nombreux Larux.
7 Décembre iHIHK — Ile Déception. Aperçu des nids de Larus sur les
rochers en regard du détroit de Branslîed, près des colonies d'Antarctiques.
'■J^Décrm/iref'JO!). — Sur la rookerie de Sternes de Penduluni-Cove, aperçu
un Larus qui est allé tuer d'un cou[) de bec un poussin de Sterne.
t^/ Drcoiiliip l'.HW. — Baie de l'Anuraulé (île du Roi-George). Aperçu
quelques Goélands.
'25 Décetnhrp iHIHK — Baie de l'Amirauté. Des Goélands tournaient au-
dessus d'une rookerie de Sternes située à .^00 mètres de hauteur. Quelques-
uns nichent dans les environs.
29 Décetnhrp 1909. — Quelques nids de Larus dans l'anse ouest de la
baie de l'Amirauté.
STERCORARIIDÉS
9. Megalestris Maccormicki Saunders.
Collection :
N° 81. — 9i tu^6 à la suite d'un combat avec un cf, rochers du cap Tuxen, 8-1-1909.
Iris brun. Collier jaune-paille bien marqué. Estomac : Mousses, Lichens, Poissons.
L. T. : 570. - E. : 1 310. - A. : 393. - O. : 170. - B. : 42. - T. : 58. - D. M. :
71-13.
No 89. — cf, tué sur la banquise près du cadavre d'un Phoque, baie Marguerite, 30-1-1909.
Iris brun. Collier jaune-paille bien marqué ; taches blanches sur le manteau.
Estomac : viande de Phoque.
L. T. : 575. - E. : 1 320. - A. : 380. - Q. : 175. - B. : 49. - T. : 55. - D. M. :
66-13.
N° 99. — 9 pull, (quatre à cinq semaines), île Peterraann, 7-II-1909. Iris brun ; en duvet,
couleur générale gris brunâtre. Tarses et pattes d'un beau gris bleuté. Estomac :
Euphausies, Mousses, petits caillou.x.
L. T. : 320. - E. : 480. - A. : 95. - B. : 31. - T. : 47. - D. M. : 55-9.
N° 100. — 9 pull, (cinq à six semaines), même provenance. Iris brun clair. Estomac :
Mousses, Algues, Poisson.
L. T. : 400. - E. : 805. - A. : 193. - Q. : 7G. - B. : 34. - T. : 53. - D. M. : 63-11.
N'J 101. — cf pull. Habitat du 99. Iris brun clair. Estomac : Mousses, petits cailloux.
Duvet gris brun, encore abondant sur la tête, le cou, le ventre, le bas-ventre et la
région anale. Ailes d'un noir-marron. Tarses et doigts gris foncé et bleu.
N° 104. — cf, lie Petermann, 9-II-1909. Iris brun foncé. Estomac: Mousses. Collier jaune-
paille légèrement marqué, quelques plumes du manteau à extrémités blanches.
L. T. : 539. -- E. : 1 323. - A. : 384. - 0. : 162. - B. : 50. - T. : 54. - D. M. :
65-13.
lio OISEAUX ANTARCTIQUES.
N" 105. — cf, île Petermann, 9-11-1909. Iris brun. Estomac : vide, un caillou.
L. T. : 562. - E. : 1 334. ~- A. : 410. - cf- : 190. - B. : 50. - T. : 54. - D. M. :
70-14.
N" 137. — cf juv. (deux mois), pris à la main sur les rochers du nord de Petermann,
21-11-1909. Iris brun clair. La couleur générale est celle de l'adulte ; il reste un peu
de duvet sur le jugulum, la poitrine antérieure et les parties postérieures du
corps. Estomac : Mousses, petits cailloux.
L. T. : 440. - E. : 1 120. - A. : 288. - Q. : 112. - B. : 43. - T. : 57. - D. M. :
71-13.
N" 138. — cf juv. Habitat du 137. Iris brun. Quelques petites touffes de duvet dans les
régions postérieures du corps. Estomac : petits cailloux.
L. T. : 505. - E. : 1 190. - A. : 320. - Q. : 123. - B. : 43. - T. : 56. - D.M. :
70-15.
N° 139. — rf, île Petermann, 28-11-1909. Iris brun. Collier peu marqué. Estomac : plumes
d: Pingouin.
L. T. : 537. - E. : 1 290. - A. : 377. - 0. : 170. - B. : 50. - T. : 57. - D. M.:
69-12.
N° 140. — Ç. Habitat du 139. Iris brun ; collier jaune-paille bien marqué, manteau brun.
Estomac : plumes de Pingouin, Mousses, petits cailloux.
L. T. : 546. - E. : 1 300. - A. : 392. - 0. : 163. - B. : 47. - T. : 56. - D. M. :
70-15.
'N" 141. — 9- Habitat du 139. Iris brun-marron: quelques plumes jaune-paille dans h
région du cou, manteau bruri foncé. C'est probablement un jeune de l'année précé-
dente (treize à quatorze mois). Estomac : plumes de Pingouin, Poisson.
L. T. : 500. - E. : 1 320. - A. : 394. - Q. : 162. - B. : 46. - T. : 54. - D. M.:
68-14.
N° 142. — Ç. Habitat du 139. Iris brun foncé; collier jaune-paille très peu marqué; man-
teau brun foncé. Probablement un Oiseau âgé de treize à quatorze mois.
L. T. : 582. - E. : 1 310. - A. : 390. - Q. : 176. - B. : 50. - T. : 53. - D. M. :
68-14.
Embryons et poussins :
No>* 33 et 34. — 2 embryons de dix à quinze jours. — 35 et 36: 2 embryons de vingt et un
à vingt-trois jours. Port-Lockroy, lie Wiencke, 27-XII-1908.
N»^ 55-56. — 2 embryons de trois semaines. Ile Booth-Wandel, rochers de la colline Jeanne,
30-XII-1908.
N" 62. — 1 embryon provenant d'un nid placé au sommet de Petermann (130 mètres).
4-1-1909.
N°s 65-66. — Poussins âgés de quelques jours capturés dans lenid (4-1-1909). — 67 : Pous-
sin d'une dizaine de jours (5-1-1909).
I,. T. : 206. - E. : 198. - B. : 19. - T. : 29. - I-. M. : 38-8.
Nos 68-70. — 3 embryons de deux semaines (5-1-1909). — 71 : embryon au terme de l'incu-
bation (5-1-1909). -- 72 : 1 embryon de seize à dix-huit jours (5-1-1909). — 73 : 1
embryon de vingt-deux à vingt-quatre jours (5-1-1909). Ile Petermann.
N» 41. — Un œuf 71 X 47, au moment de l'éclosion ; île Petermann, 5-1-1909.
Nos 883. — Poussin âgé d'un ou deux jours ; bec gi-is bleuté, tarses et pattes de même
couleur ; iris brun. Filoplumes d'un brun soyeux. — 884 : un embryon au terme
de l'incubation, provenant d'un œuf trouvé dfns le même nid que lePoustin
précédent. Le nid était placé sur une pointe rocluHise de l'extrémité est de la baie
de l'Amii-auté, lie du Roi-George (25-XIM909).
OISEAUX ANTARCTIQUES. m
Nous aviHis on outri' cousi'rvi' da Oiseaux dans ]o snl, des squelettes et des systèmes
nerveux.
Le .yegalestris Marroruiirhi psl ua Oiseau localisé aux régions glacées
ansli'aies. Dans VAuldrlic Manuel., 11. Saunders (1) fixe les limites
exlrèmes d(> répartition de cette espèce entre les 70" et 78° de latitude
Sud. Mais ces limites sont bien inférieures à la réalité. Vers le Nord, cet
Oiseau peut remonter jusqu'au (»0" de lat. S., et c'est actuellement l'Oi-
seau qui a été rencontré le plus loin, au Sud. Au cours de l'expédition de
la « Discovery » (1 1)01-1 *.l04i pendant un raid sur la grande barrière de
Glace, le W E. A. Wilson et le capitaine Scott ont rencontré deux
ou trois individns par 80° 20' S. à 170 milles de l'eau libre (10 décembre).
L'un des Chiens du traîneau ayant été tué pour servir de nourriture aux
autres animaux, l'odeur du sang transportée par un vent du Sud avait
seule pu guider les Mégalestris pour franchir cette énorme distance. Ces
animaux ont certainement, avec une très bonne vue, le sens de l'odorat
des plus développé.
Ces Skuas, très voisins de l'espèce M. antarctica (Lesson) qui habite
plus au nordets'étend sur les régions circumantarctiques,ontchez l'adulte
une teinte générale brune qui peut, comme nous allons le voir, présenter
quelques variations suivant l'âge et l'époque de l'année. Ces différences
dans la livrée de l'adulte ont été très bien étudiées par Wilson (2) ; nous
avons vérifié ses observations pendant la campagne du « Pourquoi Pas? »
et nous donnons rapidement la description des différentes livrées que
peuvent présenter ces Oiseaux.
Lavariétéde coloration du Skua s'étend de la teinte chamois très clairou
presque blanche au brun foncé. Je dois dire cependant que jamais nous
n'avons trouvé, parmi les nombreux Oiseaux observés sur toute la côte
ouest de l'Antarctique sud-américaine, de livrées très pâles. Mais on put
trouver tous les intermédiaires entre les Oiseaux à plumage presque uni-
formément brun noirâtre et les individus très pâles. Ces variations n'ont
rien à voir avec le sexe ; elles ne dépendent que de l'âge de l'Oiseau ou
(1) H. Saumiers. Birds, in G. M^rrav, TIw Aniarctic iwLnual for Ihe Use of Exjiciliiion of 1901,
London, 1001, 2^>-%i%.
(2) E. A. Wn.soN, Aves, in Nalionat mit. E.vp. 1!>0 l-tt)(l'i, 'Sn\uidl llisloiy, vol. Il, Zoology,
London, 1907, p. 74.
112 OISEAUX ANTARCTIQUES.
do la mue. Ce changement de couleur dépend surtout du hlanchiement des
plumes, lequel est très grand pendanlles mois d'été, jusqu'à la période
de la mue, qui se produit fin janvier ou février. Cette mue, dans laquelle
les plumes usées et blanchies sont remplacées par d'autres, est certaine-
ment plus complète et plus rapide chez les jeunes que chez les vieux
adultes. En effet ces derniers, même après la mue, conservent souvent, et
principalement sur le manteau, des plumes dont les extrémités sont
blanches.
Ouand, au mois d'octobre, les Oiseaux viennent du Nord pour retrou-
ver leurs lieux de ponte, presque tous ont un plumage brun foncé. Puis
peu à peu, vers le mois de décembre, la livrée des Oiseaux s'éclaircit et le
cas le plus fréquent qui se présente est celui des Oiseaux d'un brun
foncé ayant sur les régions dorsales quelques plumes qui se fanent et
blanchissent. En janvier, ce blanchiment des plumes s'accentue, et
certains présentent une teinte générale pâle, d'un brun jaunâtre.
Puis en févriei', la mue ayant commencé chez quelques Oiseaux, on
retrouve un mélange d'Oiseaux clairs et d'Oiseaux foncés, ceux-ci
paraissant être les plus nombreux, car beaucoup ont perdu les plumes
usées blanchâtres qu'ils avaient en décembre et janvier. En mars, les
Oiseaux sombres sont en majorité.
Après la mue, les plus vieux adultes sont brun foncé et rien ne les dif-
férencie des jeunes, si ce n'est le collier coloré de jaune-paille qui inté-
resse plus ou moins la gorge, le jugulum, et surtout les côtés et le der-
rière du cou. L'intensité de ce collier varie beaucoup. Chez quelques
Oiseaux il est très net, tandis qu'il est absent chez d'autres, et c'est chez
les Oiseaux les plus vieux, dans la phase du plumage blanchâtre, que la
teinte jaune-paille des plumes, teinte qui ne disparaît pas, semble être
le plus accentuée.
Enfin il arrive assez fréquemment que les tarses des Skuas adultes sont
d'un gris bleuté dans la partie supérieure, tandis qu'ils passent graduel-
lement au noir franc vers le bas. Cette teinte bleutée est un reste de la
coloration du premier âge ; mais ce n'est pas dans l'âge adulte une carac-
téristique de l'espèce, car elle djsparait le plus souvent. Il peut même
arriver que l'on constate pareille coloratign chez des formes jeunes de
OISEAUX ANTARCTIQUES. 113
M. (tnl'ircl'ua. Donc nous voyons, par ce qui suit, que les variations indivi-
duelles sont très grandes chez cetle espèce, aussi bien dans la couleur des
plumes que dans celles des tarses et dos pattes. Les grifies sont noires
à tous les âges.
Ces Skuas sont surtout caractérisés par leur vie de véritables carnas-
siers, toujours prêts à faire le mal, non seulement aux autres Oiseaux,
mais encore à eux-mêmes. Ils se livrent entre eux de violents combats
qui se terminent souvent par la mort de l'un des adversaires.
Ces Mêgalestris habitent nombreux aux Shetlands du Sud, sur les îles
et les terres du détroit de Bransfield, où ils sont mélangés au M. antarctica.^
et sur toute la côte ouest de TAntarctidc sud-américaine, probablement
jusqu'à la Terre Alexandre, par environ 70° de lat. S.
Sur les plages de l'ile Déception, parmi les cadavres de Baleines, au
voisinage de l'île Petermann et sur la banquise de la baie Marguerite,
dans les endroits où ils ne nichaient pas, et où ils n'avaient pas à défendre
leurs nids, autour des cadavres de Phoques, ils étaient peu craintifs et
pas agressifs : on pouvait les approcher de tout près, tandis qu'ils dévo-
raient la graisse de Phoque ou se nourrissaient des dépouilles de Pin-
gouins. Ils se UK^lient les uns des autres et sont ennemis de la
communauté. On voit parfois les couples se rapprocher, les deux Oiseaux
l'un en face de l'autre, les ailes déployées et la tête haute, poussant des
cris aigus, avant de reployer leurs ailes. Ces poses et ces cris corres-
pondent-ils à de la joie ou à de la colère? A de la mauvaise humeur,
croyons-nous, car nous avons plusieurs fois assisté à des luttes après ce
premier engagement.
C'estsurtout à l'île Petermann que nous avons pu étudier ces Oiseaux.
A notre premier passage nous avons trouvé une colonie de 200 à 300 in-
dividus sur la face nord de l'île s'étendant du niveau de la mer au sonmiet
(130 mètres) en un endroit bien exposé au soleil, où la fonte dé la neige
est rapide.
Le nidest simple : aucun a})prèt, une dépression dans le sol ou un creux
dans la roche. Mais sur cette face de l'île, qui était en grande partie
couverte de touffes épaisses de mousses, beaucoup d'Oisfeaux en avaient
profité et fait leur nid notamment sur des toufTes de Dijniiu a/gens
El pédilion l'haiTot. — Cain. — Oiseaux ;inl;irctiqucs. 15
114 OISEAUX ANTARCTIQUES.
(Cardot) (PI. XII, fii;. i8). Les nids sont assez espacés les uns dos autres
pour éviter les querelles qui, entre Oiseaux aussi batailleurs et voleurs,
ne peuvent manquer de se produire.
Dans les nids nous avons trouvé un, le plus souvent deux a^ufs (PI. XII,
fig. io). Les Poussins étaient encore rares : un nid en avait deux.
Les œufs sont en général bruns ou l)run verdàtre à taches plus foncées
(PI. IX, fig. 37, T). Le tableau suivant donne les dimensions de ceux que
nous avons conservés :
NUMKIïO
LONG r EU U
I.AIUiELn
l'ONTK.
en
fti
LOCALITÉ.
DATE.
donire.
niillinit'lrt"-.
inilliim'ties.
.-)i'i
71,5
il
Porl-Lockroy, baie Dorinn
(île ^^'ienckc').
27-XII-iU08.
51.-,
(15.5
iS
—
—
.-)ir,
i-j.r>
i'.l
Ilot (ioudicr fPort-Loc-
lo-iivK
—
.-)17
71
i<.).5
—
—
."• M.-)
ire
i .)
5(1.5
Ile Pclerniann.
'i-l-ioon.
:m
■)c
74,5
52
—
.5-1 l'.MI'.l.
T)'.','!
—
72
iS.5
—
—
538
ire
7-J
V.1.5
—
—
530
i .)
51.5
—
—
5i0
7(1
50
Les Skuas savent par leurs menaces intimider les visiteurs qui s'ap-
[)rochent de leurs nids. En décrivant de grands cercles, un Oiseau tour-
billonne au-dessus de leur tète, tout en poussant des cris peirants; puis
il fonce di'oit sur eux connue s'il voulait leur porter un cou[) à la tète.
Il prend alors un nouvel élan et charge à nouveau. Ce manège continue
jusqu'àce qu'on se soit éloigné du nid. Parfois, mais rarement cependant,
le coup porte : coup de bec ou coup d'aile. Pendant qu'un Oiseau essaye
ainsi d'ell'rayer l'intrus, l'Oiseau qui couve pousse sans arrêt des cris
perçants et très rauques signalant ainsi la place de son nid : il n(> (|uitte
celui-ci que lorsqu'on est prêt à le toucher. Mais alors il se joint à l'autre,
et les deux parents foncent à qui mieux mieux sur le visiteur jjoiir lui
faire abandonner la place.
OISE Al' X ANTARCTIQUES. 115
Ces Oiseaux, sans mil ddiite, sont très courageux; mais ils ne sav(Mii
|>asap|)récier le daniicr on Iciii' voracité dépasse l'instinct de la conser-
valioii. l'ii Skua esl-il lin'' d'un couii d(> l'eu, aussitôt les Mégaleslris des
alentours ariixcnl (>t voltigent au-dessus du cadavre. Un second Oiseau
esl-il abattu, le - auli-es ne se sauvent ])as. Est-ce la cui-iosité ([ui les
pousse à voler ainsi au-dessus des cadavr(»s de hnirs congénères, ou bien
l'attrait d'un bon rei»as? Nous opinons pour cette dernière version, car
nous avons fait l'expérience suivante : après avoir tué d'un couj) de pio-
let un Mégalestris qui nous pourcliassait, nous avons abandonné son
cadavre, tandis que les autres Oiseaux tournoyaient au-dessus de lui ; dès
notre dépai't, lesSkuas sesont abattus sur l'Oiseau mort et se sont disputé
sa dépouille.
L'incubation dure environ quatre semaines. Dans les derniers jours de
l'incubation et à sa sortie de l'onif, le Poussin a un duvet gris bleuté,
tandis que le bec, les tarses et les pattes sont d'un bleu grisâtre clair.
Cette couleur gris bleuté du duvet est remplacée au bout de quelques
jours par une tonalité brune jaunâtre qui résulte, comme l'a constaté
Wilson, d'une absorption par ce duvet d'une certaine quantité de graisse
de la peau. Après le développement des plumes, des ailes et du corps,
les tarses, les doigts et les palmures noircissent graduellennnit, la teinte
foncée s'étendant peu à peu d'abord sur les doigts et les palmures, puis
gagnant lentement la région supérieure des tarses. Entîn, lorsque l'Oiseau
a presque atteint la taille de l'adulte, les tarses et les pattes sont noirs, à
l'exception d'une jjartie qui est restée d'une bleu clair vers le talon. Chez
l'adulte, \c tout est entièrement noir.
Les Poussins (PI. Xll, fig. 50) sont capables de courir, de chercher et
de prendre eux-mêmes leur nourriture dès la sortie de l'ceuf. Nous
n'avons jamais vu les parents nourrir directement les jeunes : les adultes
déposent sui' le sol, près du nid, d<'s fragments de Poisson ou de Crustacés
que li'S Poussins mangent, agissant en cela exactement comme le fait
une Poule avec ses petits. Très tôt, les parents abandonnent b^s jeunes,
ou tout au moins ne leur prodiguent pas des soins empressés, vou-
lant sans doute les habituer à supporter de bonne heure le climat
riy;oureux de ces régions. Ils abritent peu les Poussins, et ceux-ci, par les
ii(, OISEAUX ANTARCTIQUES.
belles journées, se chaufl'ent au soleil, tandis que, les jours de neige ou
de vent, ils se nieltent à Tal)!'! dans un creux de rocher.
Ils sont peureux il notre approche et se mettent alors à courir pour
aller se cacher.
Los nids de ces Skuasrenfernientengénéraldeuxœufs(Pl. XIÏ, fig. 45).
Mais fréquemment l'un des œufs est mangé par les parenis ou par un
autre Oiseau delà colonie. Le iJ janvier, tandis que je visitais lacolonie de
Petermann, il m'est arrivé de casser un (euf par mégarde : la femelle Ta
aussitôt dévoré.
Lorsqu'il y a d(Hix Poussins par nid, ceux-ci s'accordent mal entre
eux. Et des deux, pres(|ue toujours un seul survit, l'autre ayant été tué
soit par ses parents, soit par d'autres Oiseaux, soit par son voisin. .l'en
ai vu, quelques jours après leur naissance, se battre avec acharnement,
accrochés l'un à l'autre par leurs grilles, et se frappant de leur petit bec,
tout en poussant des cris. D'ailleurs, pres(ju(» toujours, l'un des deux
Poussins est de meilleure venue et paraît plus robuste que l'auti-e.
A la suite des batailles qu'ils se livrcnl, comme conséquence aussi
du manque de soins de leurs parents, les deux Poussins d'un même nid
tendent à s'éloigner l'un de l'autre. Aussi abandonnent-ils vite leur nid,
pour courir dans les rochers. L'un des deux vient-il à s'éloigner de la
surveillance des parents, il est fatalement volé et tué par un voisin all'amé.
C'est ainsi que, le 10 janvier, près d'un nid abandonné, nous avons trouvé
un poussin mort; il était àg(' de six à huit jours : les yeux avaient été
arrachés, le ventre ouvert et vidé.
A la fin de février, les jeunes ont presque atteint la taille des adultes.
Certains commencent à voler. Au mois de mars, ils ont abandonné leur
rookerie, et on en voit autour des cadavres de Phoques près de Port-Cir-
concision. Ils se distinguent facilement des adultes, gràceà leur plumage
uniformément brun, la région du cou ne présentant aucune teinte jaune.
Toujours sur le (jui-vive, les Mégalestris sont constamment prêts à la
lutte et à la rapine. Ils se livrent de très violents combats, qui se ter-
minent souvent par de graves blessures ( L'J décembre) et même par la
mort de l'un des combattants (8 janvier). Véritables malfaiteurs, ces
Oiseaux mènent une vie de pirates.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 117
Tout est l)(ni |M)ur li'iii' iioiiri'ilui'c : au Ixird de laiiier, ils ramassent ce
([u'ils |i(Miv(Mil li'oiivci' (■oiiiinc Poissons cl ili-uslacés; (|iiaiKl ils n'ont |»as
autre chose, ils nedédaii:,iienl ni les Alignes, ni les Mousses, ni les Lieln'ns.
Ils savent hai'celcr les (lorniorans (|ui reviennent de la pèche et leur faire
dégori:,('r ce (ju'ils ont avalé. Ils l'ont de (Véquentes visites aux cadavres
de Phoques et de Pingouins. VA ils n'oublient pas en octobre et novembre
d(> surveiller la ban(|uise : c'est l'époque où les Phoques de Weddell et
les Phoques Crabiers mettent bas lenrs petits ; et les Skuas ont vile fait
disparaîti'e tous les d(''bris de placenta.
iMais ils s"atta(|uent aussi à d'autres Oiseaux. Ils sont particulièrement
friands des œufs et des poussins de Pingouins, et cette préférence les
guide souvent dans le choix de l'emplacement de leur nid.
Aussi à tous les points où nous avons rencontré des colonies soit
d'Adélies, de Papous, d'Antarctiques ou de Pingouins huppés, toujours
nous avons trouvé des nids de Mégalestris dansleurs environs immédiats.
Dès que les Pingouins ont |)ondu, les Mégalestris veillent. Malheur
au pauvre Oiseau qui surveille mal son teuf ou son poussin; le Skua
n'a pas de pitié : il se précipite sur le nid et, tout en passant, vole l'œuf
ou le jioussin qu'il enqjorte au loin pour le déguster ou le dévorer tout
à son aise. Autour du nid de ce (loéland, ce ne sont que débris d'œufs et
dépouilles de poussins ravis dans le voisinage.
Plusieurs fois, notamment sur les rookeries de P. antarctica deVile
Déception ( lo décembre), nous avons assisté au vol d'œufs par des Méga-
lestris nichant dans le voisinage.
Ils se jettent aussi sur les jeunes Pingouinsde plusieurs semaines, qu'ils
attaquent aux yeux et réduisent à leur merci.
Nous rapportons à cet effet une observation faite par A\Mlson sur la
rookerie des Adélies du cap Crozier, située dans l'est de l'île Uoss.
« Hanging round the rookery, with the unmistakable look of a thief,
the Skua will run up to a Chicken almost as big as himself, drag it by
degress away from the more crovvded part of the rookery, and tlien gra-
dually worry it to death : eventually tearing a ragged hole in the skin of
the back over the Kidneys, with are generally the fîrst, and often the
. only parts that are touched. The Penguin Chick pipes his loudest, but
U8 OISEAUX ANTARCTIQUES.
the oitl Birds standinjj, roiiiul takc voi'v liltic notice. Occasionally one in
passing \\\\[ niake a niii at Ihc Skiia and drive him ofV for a niomont, hnt
the Chick is separated IVoni the rest, and the oidrenguin has no mind lo
stop and shelior him, so back the Skua cornes to complète his \voi'k.
Literaliy, in a rookery such as that of Copo Crozicr, one cannot walk tcn
yards withont coming on a dead Penguin (Ihick. Many of thèse, as one
would expeet in a cHmate where decay is very slow, are dried and flat-
tened mnmmies, trodden down and tranii)led into Ihc stoncs and guano
that cover llie ground. Ikit an enornions })roporlion are seen to be fresh
\ictims, if one visits a rookery in January, when the Skuas havenot only
themselves luil their young to feed (1). »
Nous avons anssi constaté la présence de cadavres de jeunes Poussins
dans le voisinage des principales rookeries de Pingouins que nous avons
visitées.
A la fin de l'été, les Mégalestris quittent peu à ]jeu leurs lieux de ponte
et remontent \ers le Nord. A Peterniann, les dci'uiei's Oiseaux abandon-
nèrent l'ile entre le lli et le ^0 avril.
Ils ne revinrent que six mois après. Le premier Skua fut aperçu le
23 octobre. Vers la tin de novembre, les Oiseaux sont revenus sur leurs
anciennes rookeries.
Les premiers œufs sont trouvés au débnl de décembre et les premiers
poussins au début de janvier.
Ces dates coïncident avec les suivantes que Wilson enregistre pendant
les années 1002-11)03, au détroit de Mac-Murdo, par 77° 30' environ de
lat. S.
(1) Iv-A. Wii.sox, loc. cit., p. 73:
SmvL'illaiil la ruokeiio avec le retrard peiçanl d'un voleur, le Skua rouit sur un poussin,
l'enl raine iJiesque en deliors de la zone habitée de la cité, et le tourmente cruellement; eniin il
lui perce la peau du dos et atteint les reins, qui sont souvent les premières et les seules pailies
vitales touchées. Le jeune Pingouin pousse alors des cris perçants, mais les Oiseaux adultes n'en
tiennent nul coniple et restent à leur place. Par hasard, un Oiseau, en passant, poursuit le .Skua et
l'éloigné un instant de sa proie ; mais le poussin est sépaié des liabilants de la colonie, et
comme le vieux Pingouin n'a pas l'idée de s'arrêter pour le protéger, le Mégalestris rebiousse
chemin et achève son (cuvre. 11 n'est pas exagéré de dire que, dans une rookerie comme celle du
cap Crozier, on ne peut pas faire 10 mètres sans trouver un cadavre de poussin. Beaucoup,
ainsi qu'on peut s'y attendre dans un pays où la corruption est très lente, sont séchés et momiliés,
foulés aux pieds et écrasés jiaimi les pierres et le guano ijui couvrent le sol. Mais on rencontre
une proportion énorme de cadavres fraîchement tués, si on visite une roida'rie en janviei-. alois
que les Skuas doivent aussi nourrir leurs jeunes (Trad.j).
OISE A UX A X TA RC TIQUES.
119
PrLMuier Oiseau ajiLTeu
A])[iaiMements
Plumier œuf
Premier poussin
Jeunes eapables de voler
La [ilus grande parlic tlesOiseaiix iiLiilriil \ci-.s !,■ Noii
Derniers oiseaux vus
1902.
l'.MC.
:! liovemlii'e.
'■^7) oetobre.
9
'St novembre.
!) décemln-e.
2 ilécembre.
'?
l"^' janvier.
.) mars.
2'i février.
■^."5 mars.
20 mars.
30 mars.
7 avril.
Il est probable i|ii(> b's Oiseaux rencontrés par le Dr ïurquet au cours
de rcxpédition du « i'ranrais » et décrits par Ménégaux sous le nom de
^17. antarctica doivent èli-e rapportés au M. MdrcormJcki .
Lv .ycga/rslris Macriu/itif/,i scnMc être un Oiseau très propre. Nous
n'avons trouvé ni parasites internes ni parasites externes sur tous les
Oiseaux que nous avons examinés.
JoufiKil onulhohtijinuc (Voir carte II, 1).
'23 Décrinbre 190S. — Ile Héception. Aperru ((uebpies nids de Méga-
lestris aux alentours de i'oi't-Foster. Les Oiseaux ne forment pas de
colonies ; les nids sont toujours isolés.
t'7 pf-^S DéremhiP lUOS. — Port-Lockrov. Trouvé un nid avec deux œufs
sur Tilot ("loudier ; trois autres nids reufermant cliacnn deux oHifs sur les
rochers, en boi'dure de laccMe de l'île Wiencke, en face l'îlot (lasabianca.
Les couples sont très méfiants les uns des autres : assisté à une bataille
entre deux mâles.
S Janvier 1900. — Ile Uooth-Wandel. Trouvé trois nids sur les rochers
de la colline Jeanne ; près de ces nids il y avait quatre cadavres de
poussins d'Adélies et de Pa[)ons en partie dévorés et de nombreuses
coquilles d'œufs.
Les Oiseaux attaquent violemment le visiteur.
1mi traversant la colonie de I\ pajuta^ vu un Skua s'emparer d'un jeune
i'ingouin mal surveillé par ses pai-ents et remporter dans son lire.
i .lancier IQOD. — Ile Petermann. Il va quelques nids sur les rochers
au sud de l'île : l'un contenait deux poussins.
120 OISEAUX ANTARCTIQUES.
5 Janvier 1909. — Sur tout le versant nord de l'ile, parmi les rochers,
les Mousses et les Lichens, les nids de Skuas sont nombreux. Ces nids
sont distants les uns des autres, car les Mégalestris se craii:,nent entre eux.
Cassé un o3uf par mégarde : les parents en ont aussitôt av.dé le con-
tenu. 200 à 300 Oiseaux habitent cette colonie.
8 Janvier 1909. — Cap ïuxen (Terre de Graliam). Quelques nids parmi
les Mousses : œufs et poussins. Assisté à un combat entre un ç^ et
une 9 : pendant cinq minutes, ils se sont acharnés l'un sur l'autre à
coups de bec et d'ailes, jusqu'à ce que l'un des deux (la femelle) eût suc-
combé à la suite des blessures reçues. L'Oiseau tué avait ou l'aile cassée,
les pattes déchirées par les coups de bec et d'aile, l'œil droit crevé : il
avait en'outi'C reçu différents coups de bec sur la poitrine.
S5 Janvier 1909. — Dans une excursion sur la banquise de la baie
Marguerite, au sud du cercle polaire, nous avons vu un peu [jarlout des
Mégalestris qui viennent voler au-dessus de nous. Trouvé leurs nids sur
les iles et îlots près desquels nous sommes passés, notamment sur les Iles
Léonie et Webl). Plusieurs nidsavaientdeuxjeunes. D'autres nids ('"laieiit
déjà abandonnés par les poussins, ceux-ci fuyant à notre approche pour
aller se cacher dans des creux de rochers.
'28 Janvier 1909. — lie Jenny ; nids assez nombreux, mais très clair-
semés, jusqu'à près de 300 mètres de hauteur.
Sur la banquise, une vingtaine de Skuas entourent un cadavre de
Phoque; les querelles et les batailles sont fi'r(|uentes : les coups de fusil
ne les effraient pas.
7 Février 1909. — lie Petermann. Les Poussins ont abandonné leurs
nids : on les voit courir sur les Mousses entre les rochers.
21 Février 1909. — Les jeunes ont en partie perdu leur duvet ; ils
atteignent presque la taille des adultes.
37 Mars 1909. — Jeunes et adultes mélangés rendent de fréquentes
visites aux cadavres de Phoques proches de Port-Circoncision.
27 Avril 1909. ■ — Les Mégalestris ont complètement disparu depuis
quelques jours.
55 Octobre 1909. — Le premier Mégalestris venant du Nord est passé
au-dessus de Petermann
OJSEAUX AXTARCTKJUES. 121
'■JS Octohrr l'.IO'.l. — In Môgalestris est resté |)()sé sur un l'oclirr, au
voisilKii;c (k' la colouir d'AdiMics.
W Octolni' liHHK — Le uiènio Oiseau rôde toujours du côté des Adélies.
30 Octobre HIO'J. — Le Skua n'a pas t|uillé son poste d'observation. Il
doit attendre impatiemment les premiers ceufs d'Adélies pour chercher à
s'en emparer.
:>/ Ihiohrc 1901). — Deux Mégalestris au voisinage de la colonie de
Pingouins.
// Xotciiihre 1009. — A 0 Innires du soir, il est passé au-dessus de
Petermann, se dirigeant vers le Sud, 7 Mégalestris.
5?^ Noi'emhre 1900. — Skuas nombreux sur la pente nord de l'ile.
iÔ Xoceinhrr 1009. — Ile Doumer. Une petite colonie d'Oiseaux sur
les rochers au nord de l'ile : ils sont établis au voisinage d'une rookerie
do Sternes.
'il Novembre 1900. — lie Déception. Les Skuassontnombreux dans l'anse
des Baleiniers sur les cadavres de (létacés. Les deux espèces, M. Maccor-
michi et .1/. antarctica., sont mélangées, ceux-ci en moins grand nombre.
Par suite de la grande quantité de (létacés tués chaque année, de
novemlire à lévrier, par les baleiniers, les cadavres de Baleines, une fois
le lard enlevé, sont abandonnés. Beaucoup s'échouent sur les plages de
l'ile, et, parmi ces accumulations de carcasses énormes, vivent des
Mégalestris.
15 Décetnhre 1000. — Visite aux grandes rookeries de P. antarctica et
('. chrysolophifs, sur la côte est de Déception, en bordure du détroit de
Bransfield.
Les colonies do Pingouins sont cornées par dos nids do Mégalestris ;
tous ces Skuas vivent du produit de leurs vols ; aussi leurs nids sont-ils
entourés de nombreuses coquilles d'œufs. Beaucoup d'Oiseaux on
maraude, au milieu des Antarctiques. Malheur au Pingouin qui abandonne
son nid : un Skua arrive aussitôt, saisit l'œuf dans son bec, puis reprend
son vol avec la proie qu'il transporte en Hou sûr, pour la déguster à
l'aise. Nous avons assisté par trois fois à ces larcins.
A la suite d'un combat entre deux Mégalestris, un Oiseau a eu l'aile
droite cassée d'un coup de bec de son adversaire.
Expédition Charcot. — Gaix. — Oiseaux antaiTliijues. 16
122 OISEAUX ANTARCTIQUES.
'■24. t^j et '■26 Décembre 1909. — Bai(> de rAmirautr ( îl<' du H()i-noori;oV
(jLielqiies nids de Mégaleslris sur li^s l'ochcrs do l'anso est.
L'espèce /)/. antarctica semble ddiiiiner dans cette l'éyion.
Nous avons trouvé les nids les [)lus nombreux au voisinage des
rookeries d'Adélies. I ou 2 œufs dans tous les nids.
6' Janvier 1910. — En mer. Aperçu un Mégalestris à mi-cbemin entre
les îles Déception et Iloseason.
7 Janvier 1910. — Aperçu un Mégalestris au large de l'archipel de
Palmer.
8 Janviei' 1910. — En mer. Vu un Mégalestris. Le « Pourquoi Pas? »
se trouvait alors à plus de 10 milles de toute côte.
l.-iJanrin- 1910. — Eu mer: L. ^68° 23'S.; G. r=00°50'W. P. Aperçu
un Mégalesti'is à 70 milles dans l'ouest de l'ile Pierre-I".
Il est probal)le ([ue des Skuas nichent sur cette île.
10. Mégalestris antarctica (Ijcsson).
Collection :
N° 411. — 9i '''' Décoptio.i, 2-XII-190n. Iris marron; bec, tarses, pattes, griffes, noirs.
Corps d'un brun plus foncé (]ue celui des Oiseaux trouvés plus au Sud. Dimen-
sions plus grandes. Collier à peine visible ; extrémités des plumes du manteau
blanches. Estomac : graisse de Baleine.
L.T. : 645. - E. : 1 460. - A. : 420. - O. : 204. - B. : .56. - T. : 72. - D.M. :
88-16.
N" 412. — cf 1 î'i^ Déception. 2-XII-1900. Iris marron. Collier peu marqué ; queUiues plume3
blanches sur le dos. Estomac : vide.
L.T. : 630. - E. : 1 380. - A. : 400. - O. : 104. - B. : 55. - T. : 68. - D. M.:
79-15.
N» 848. — 9, baie de l'Amirauté, île du Roi-George, 25-XI 1-1909. Iris brun foncé. Collier
peu marqué ; plumes du manteau à taches blanches terminales. Estomac : vide.
L. T. : 010. - E. : 1 260. - A. : 395. - 0. : 177. - B. : 52. - T. : 63. - D. M. :
76-14.
Embryons et poussins :
N°s 803. — Embryon de dix à douze jours. — 804 : 2 embryons de seize jours environ. —
805 : 1 embryon de dix-huit à vingt jours. — 800 : 1 embryon de dix-huit à vingt
jours (provient du même nid que le 804). — 807 : 1 embryon de vingt-deux jours
environ. — 808 : 1 embryon de vingt-trois à vingt-quatre jours. Ces embryons
proviennent d'œufs trouvés dans (juelques nids au voisinage de la colonie d'An-
tarctiques, ile Déception, 15-XII-1909.
N°^ 923. — Un œuf (81 X 55) au terme de l'incubation. — 924 : 1 l'mbryon (un ou deux
jours avant l'éclosion). — 925: ilem. — 926: 1 embryon de vingt-quatre à
vingt-cinq jours (provenant du même nid que le 925). Baie de l'Amirauté, île
du Roi-George, 26-X1I-1909.
OlSl-.iCX AXTARCTIQUES. 123
Ce SUiia, Iri'S voisin de rcsprco précédeiilc, est surlotit un li;il>iliinl de
la zone circumaiilai'cliiiuc. Dans les régions glacéos anshalrs, il ne
IVtHjiH'Mte que le nord de l'Antarctide sud-américaine, cl nolannncnt les
îles Shetlands du Sud, les ilcs du détroit de Bransfield, la Terre Louis-
IMiili[)[)e, les îles Joinville, l'aulcl, Seyniour. IJans toutes ces régions,
il est mélange au V. MacoiniiicLi .
Dans le détroit de (ierladie, jusqu'à la hauteur de l'ilc W iencke,
nous avons rencontré quelques individus isolés de M. (iiihtrdica, mais
pas de nids. C'est sur les iles Déception et du Roi-Ceorge, cl prin-
cipalement au voisinage des rookeries de Pingouins, que nous avons
trouvé les nids de cette espèce (PI. XII, fig. iOi. Un aud' pris le
26 décembre 1*.)0ÎI snr l'ilc du Hoi-George mesurait (SI sur W.') milli-
mètres.
Ces Oiseaux ont les mœurs comparables à celles du .)/. M(i(((ii miihi]
aussi ne reviendrons-nous pas sui' leur étude.
Parasites. — Les seuls trouvés sont quel([ues Cestodcs provenant de
l'intestin grêle, qui appartiennent au genre Trllirahotrius.
.loHiiial ninilliohxi'KjKc {\o'\v carte II, II).
W Déccinhre l!)(tS. — Ile Déception. Trouvé (pudipies nids de ces
Skuas, plus ou moins isolés les uns des autres, sur les |)ointenienls de
roches, jusqu'à une bailleur de 200 à oOO mètres.
îl) et l?7 Bécenihre /DOS. — ^'u ipielques Oiseaux isolés dans la traversée
du détroit de Bransfudd el le nord dud(''li'oit de (ïerlache.
^7 Xnrenihre llllHL — Ile D('M'eption. Les Skuas sont nond)i'eux,
mélangés aux Maccormicks, sur les cadavres de Haleines échoués sur
les plages de la baie des Baleiniers.
1.) Décembre 1909. — Au voisinage de la grande rookerie de
f/yy. antarctiea qui se Irouve sur la côte est de Déceplion, en regard du
détroit de Bransiield, il y a plusieurs nids de M. anlaretieu. Nond)reu\
sont les débris de co(piilles d'œut's de Pingouins (|ni jonchent le sol
autour de leurs nids.
'26 Décembre 1909. — l'aie de l'Amirauté (île du Iloi-Ceorge^ ; nids
124 OISEAUX ANTARCTIQUES.
assez nombreux près de la pointe Thomas, dans le voisinage des Pin-
gouins Adélies et l'a[)0us.
PROCELLARIIDÉS
11. Oceanites oceanicus (KuliH.
N" 91. — Ç, prise sur le nid îiir les rochers au sud de Pelermaiin, O.-II-1909. Iris brun.
Couleur générale du corps noire à reflets marron. Rectrices noires. Région sus-cau-
dale blanche ainsi que h's parties latérales do la région anale. Bec, tarses, doigts
noirs ; membrane palmaire jaune.
L.T. : 174. - E. : 386. - A. : 152. - O. : 75. - B. : 13. - T. : 34. - D. M. : 26-5.
No 92. — cf , habitat du n^ 91. Iris marron.
L. T. : 175. - E. : 390. - A. : 154. - O. : 78. - B. : 13. - T. : 33,5. - D. M. : 26-5.
N° 850. — cf, pris sAir le nid, sous un rocher, île Déception, 21-XI1-1909. Iris 1 rua foncé.
Estomac : liquide huileux jaunâtre.
L. T.: 173. - E. : .383. - A. : 147. - O. : 71. - B. : 11,5. - T. : 33. - D.M. : 28-6.
Embryons et poussins :
Nos 80. — 1 embryon (lU-I-1909). ^ 88 : 1 embryon (3-II-1909). - 108 : poussin de quel-
ques jours : L. T. : 78. - B. : 7. - T. :"9. - D. M. : li-2 (14-11-1909). - 117 ;
1 embryon provenant d'un œuf trouvé dans un nid fait de Mousses et do plumes,
caché sous de grosses pierres (17-11-1909). - 118 et 119 : 1 embryon (17-11-1909).
— 120 : un poussin de quelques jours (17-11-1909). - 129, 130 et 131 : 3 pous-
sins âgés de quelques jours (21-11-1909). - 143 : 1 poussin (5-III-1909). Ile Peter-
mann.
0. occanicas est voisin de l'espèce de nos côtes. De te taille d'une
Hirondelle, il a le corps noir brunâtre avec une tache Idanche dans la
région du croupion. Les pattes sont noires, la membrane palmaire
jaune.
Ces Procellariens arrivent en novembre dans les régions glacées. On
les rencontre partout, en pleine mer, le long des continents, rasant de
leur vol rapide la surface des eaux. Us nichent sur les terres basses,
rocheuses, libres de glaces, abritant leur O'ul' unique dans des
creux de rochers ou sous de grosses pierres, toujours en des endroits
difficiles à trouver et qui le plus souvent passeraient inaperçus, si les
Oiseaux ne décelaient leur présence à l'approche d'un visiteur en faisant
entendre de petits cris.
rsous avons trouvé ces Oiseaux dans tous les points de l'.intarctide sud-
américaine que nous avons visités.
A l'ile Petermann, en janvier 1!>09, nous sonnnes arrivé, après de
OISEAUX ANTARCTIQUES. 125
longues roclioiM'lics, à th'iom rir im(> vingtiiine de nids iiai-nii les rochers
vers la pointe sud de l'île. La pluparl riaient [)lacés soit sous de grosses
pierres, soit dans des fentes de rocliers, au fond de fissures longues et
étroites entre deux blocs, toujours à l'abri des cliutes de neige, et aussi
des Oiseaux pilleurs connue les Larus et les Mega/esfris.
Ces Oiseaux pondent beaucoup plus tardivement que les autres espèces
qui habitent les contrées glacées australes. C'est seulement au début de
janvier l!»()ll que les premiers œufs furent trouvés. Valette avait df'-jà
signalé qu'aux Orcades du Sud, en 1901, les premiers leul's n'avaient pas
été pondus avant la fin de décembre (1 ).
Les nids sont très difficiles à découvrir : la seule chose qui puisse les
faire pressentir, c'est l'entrée ou la sortie des adultes, — ou encore leurs
cris lorsque, les œufs étant éclos, ils entendent du bruit près d'eux.
Ce nid est fait en général d'une simple dépression dans le sol avec quel-
ques plumes, parfois aussi quelques Mousses et Lichens. Près de ces nids
on retrouve presque toujours des débris de coquilles des œufs n'ayant
pas couvé et parfois les cadavres déjeunes Poussins séchés et momifiés,
ce qui montre que ces Oiseaux viennent nicher d'une année à l'autre dans
les mêmes endroits.
Les œufs sont blancs (PI. L\, fig. 38, J). Nous avons trouvé le premier
œuf le 10 janvier: il reiilermait un embryon âgé de quelques jours. In
autre ceuf fut découvert le .'î février, (^inq œufs furent trouvés dans cinq
nids le 10 février. Ce mèiue jour, je trouvais le premier poussin dans un
autre nid. D'autres poussins ont encore été capturés le 21 février et
le o mars. L'incubation doit durer de trois à quatre semaines.
Voici les dimensions des quelques o'ufs que nous avons conservés :
(1) L.-ll. VAi.EriE, loc. cit., ]). (il.
126
OISEAUX ANTARCTIQUES.
1
NUMÉaO
d'oi-drc.
LONGUEUR
en
milliiiiitrcs.
LAIiClEUR
en
niillinu-lFfS.
LOCALITÉ.
DATE.
544
.-)4(1
.-)'i7
r)4<S
54!) Cl)
•et
• )•)
25
24.r,
24
2'i
2: '..5
Ile PolL'i-manii.
10-1-1009.
7-II-l!109.
(1) Cl^ufde l'aimée précédente tiouvé dans un nid à côlé d'un œuf frais nouvi-llemeut pondu.
Lorsqu'ils couvent, les Oiseaux ne sont pus farouches.
Le 17 février, étant allé à la recherche de nids de Procellaires, je me
souviens avoir été avei'ti de la j)i'ésence d'un nid par de petits cris ([ui
venaient de sous une dalle : fragment de rocher phd long de SO centi-
mètres, large de 00, que l'influence du gel et du dégel avait didaclu' du
rocher voisin. Cette dalle (Hait probablement tombée depnis plusieurs
années, reposant à [)lat sur un sol assez rugueux (PI. XIH, lîg. 54) ; sa
face inférieure n'était pas directement en contact avec le sol dans toute
son étendue, et entre les deux se trouvait un vide de quelques centi-
mètres. Une seule ouverture de 0'",10 di' large sur U'",0(j de hauteur
faisait communiquer cette cavité avec l'exléiieur. En soulevant la pierre,
j'ai trouvé un couple de Procellaires, le mâle couché jji'ès du nid, tandis
que la femelle couvait. Le mâle s'est envob'- après quebpic In-sitation,
mais il m'a fallu enlever la femelle pour constater la [irésence d'un
œuf dans le nid PL XUI, fig. TiG).
Donc, d'après nos observations, nous pouvons dire que les Procellaires
pondent depuis la fin de décembre jusqu'aux pr-emiers jours de mars. Les
jeunes sontaptes à se tirer d'affaire dès le début d'avril, et tous les Oiseaux
remontent vers le Nord dans la première quinzaine d'avril, les derniers
ayant été aperçus à Petermann le 20 avril.
Ce n'est que sept mois après, le 23 novendjre, que nous avons revu le
premier (Useau. Deux autres étaient aperçus le 2 i novembre.
Après avoir quitté Petermann, pour remonter à l'ile Déception, le
26 novembre et les jours suivants, nous avons aperçu de nombreux Oiseaux
OISEAIW AXTARCriQUES. 127
d;ins le (It'tioil de Ki'.iiislicid. Il en lui ilc iikmiii' iicmljinl l.i sccoiulc cam-
|iai;iir dt'h' du » l'<)iii(|iini l'as ? •■ en linnkiir de la liaii(iuis<\ par (J!l à 70°
de lat. S.
Joi(r/i(t/ oj'/n//ii//')(//i/ir' iN'nii' carte II, J).
/,'/ fil/ ->2 Di'criiïlue 1908. — Uaiis toute la traversée du driroit de Di'akc,
eulie le cap lloru et les premières terres antarctiques, nous avons aperçu
des Procellaires volant autour du hafeau.
t^> au '■25 Di'cenihrc I90S. — Ile Déception : Oiseaux volant dans Poi't-
Foster. Pas trouvé de nids.
1^6' rt '■27 Déco/i/'if l'.IOS. — (Juelques Oiseaux aperçus dans la traversée
des détroits de Bransfield (>t de Gerlaclie.
'■29 Df'cemhio 190S. — Oiseaux aperçus dans le détroit de Bismarck et aux
environs de l'île Bootlî-\^'andel.
II) ./aiirii'r 1909. — lie Petermann : des Oiseaux ont fait leurs nids
dans les rochers près de la pointe sud t\o l'île. Trouvé 1 œuf.
14 .Janvier 1909. — En mer, au large de la Terre Adélaïde, aperçu quel-
ques Procellaires dans le sillage du bateau.
21 .lanviPr /909. — A 20 milles au sud de l'île Jenny, en naviguant entre
les plaques de banquise, vu plusieurs Oiseaux.
!25 Ja/H'ier 1909. — Pendant une excursion sur la banquise de la baie
Marguerite, vu quel(|ues Oiseaux. Trouvé plusieurs nids sur les îles Jenny
et Léonie.
1^"^ Février 1909. — Baie Matha. (juelques Oiseaux autour du bateau.
S Février 1909. — Ile Petermann : trouvé plusieurs nids, chacun ayant
un o'ul'.
IGFévrier 1909. — Trouvé '.') nouveaux nids de l'rocellaires ; découvert
le premier Poussin âgé d un à deux jours.
n Février 1909. — Trouvé quatre nids : trois avaient chacun un (euf,
le quatrième un Poussin. Sur trois de ces nids étaient soit le cf soit la 9,
soit les deux adultes.
21 Février 1909. — Visite des nids : trouvé trois Poussins âgésd'environ
une semaine.
128 OISEAUX ANTARCTIQUES.
5 Mars Iil09. — Le chien du bord est rentré fciiant un jeune Poussin
danssagueulc. H a pris la mauvaisehabitude d'allcrdéniclier ces Oiseaux
et de les manger.
52 Avril 1909. — Les derniers Procellaires, jeunes et adultes, viennent
de remonter dans le Nord.
i*,» Novemirre 1909. — Notre camarade Godfroy a aperçu le premier
Oiseau.
^24 Novembre 1909. — Vu deux Procellaires dans le chenal de Lemaire.
^26 Noventhre 1909. — Détroit de Bransfield : ces Oiseaux sont nom-
breux autour du <> Pom-quoi Pas? ».
'27 .\oveinbre1909. — Nombreux Procellaires à l'île Déception.
2S \ovenihre 1909. — Trouvé quelques nids de Procellaires dans les
rochers qui sont à l'est de l'entrée de Déception : il n'y a pas encore
d'œufs.
C) Di'cemhre 1909. — Nonibi'eux Procellaires dansledétroilde Bransfield.
2S DpceinJ)re 1909. — Même constatation.
2,3 au 27 Décembre 1909. — Trouvéquehjues nids sur l'île du Roi-George,
aux environs de la baie de l'Amirauté. Il n'y avait pasencore d'œufs, mais
les adultes étaient sur les nids. Les premicu's œufs ont dû être pondus
quelques jours après.
Janvier 1910. — Départ de Déception ; les Oiseaux sont de moins en
moins noml)reux en abandonnant le détroit de Bransfield.
S.Janvirr 1910. — L. : 61° S.; G. : 09° AV. P. environ. OuelquesOcmw//M.
9 Janvier 1910. — L. : G(ioS.; G. : 72° 30' W. P. Quelques Pétrels.
lOJa/ivirr 1910. — L. : 68° 30' S.: G. : 73° W. P. Arrivée à la banquise.
Toujours des Pétrels.
// ./anrier 1910. — L. : 09° 1 i' S. ; G. : 78° 10' W. P. Aperçu quelques
Pétrels en bordure du pack.
12 Janvier 1910. — L. : 70° 13' S. ; G. : 81o\V. V. Quelques Oiseaux.
/ / Janvier 1910. — L. : <i8o 30' S. ; G. : 89° 10' W. P. Nonil)reux Pétrels.
/.37w^/vV'//.'^/(^;— L.:G8o23'S.;G. : !)Oo;iO'W. P. Toujours des Procel-
laires.
16 Janvier 1910. — L. : 09° 10' S.; G. : 102° 09' W. P. l'étrels assez nom-
breux.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 129
W Janmer 19 10. — L. : 68° 32' S.; G. : 1 l.'io lij' W. P. l>rocellaires.
iMifin les Oisoau\ sont de moins en moins nombreux et disparaissent
en remontant vers le Nord.
PUFFINIDÉS
12. Priofinus cinereus (Gm.).
Plus grand que le Pétrel antarctique, les parties supérieures de son corps
sont grises ou gris bleuté, tandisque les parties inférieuressontbianches.
Le bec jaune pâle passe au gris vers la pointe : tarses et pattes grises.
Ces Oiseaux n'babitentpasla région antarctique proprement dite. C'est
seulement par hasard qu'on les rencontre au-dessous de 60° de lat. S.
C'est surtout une espèce caractéristique do la zone circumantarctique.
Le 26 janvier 1910, par 60" S. et 107° l"j" W. P., nous avons aperçu
quelques individus volant autour du « Pourquoi Pas ? ». Nous vîmes ces
Pétrels en plus grand nombre vers le oij° de lat. S. ; ils étaient rassemblés
par petites bandes (Voir carte II, K).
13. Thalassœca antarctica (Gm.).
Collection :
N° 246. — cf , chenal de Lemaire, en face Petermann, 20-VII-1909. Iris brun foncé ; bec
noir grisâtre, tarses et pattes gris ardoisé pâle, griffes brun noirâtre. Estomac :
fragments de Méduses.
L. T. : 460. - E. : 1 060. - A. : 330. - 0. : 114. - B. : 40. - T. : 47. - D.M. :
67-14.
No 247. — cf, chenal de Lemaire, 20-VII-1909. Iris brun foncé. Estomac : fragments de
Méduses.
L.T.:460. - E. : 1050. - A.: 315. - 0. : 142. - B.:35.- T. : 46. - D.M. : 71-15.
N" 248. — cf, chenal de Lemaire, 20-VII-1909. Iris brun foncé. Estomac : débris de Mé-
duses. Parasites externes : Aptères parmi les plumes de la région céphalique.
L. T. : 445. - E. : 1 040. - A. : 315. - 0. : 132. - B. : 37. - T. : 44. - D. M. :
67-15.
No 261. — cfi chenal de Lemaire, 25-VII-1909. Iris marron. Estomac: fragments de
Méduses. Parasites externes : Aptères.
L. T. : 445. - E. : 1 060. - A. : 330. - Q. : 128. - B. : 39. - T. : 44. - D. U. :
65-16.
N° 262. — cfi chenal de Lemaire, 25-VII-1909. Iris brun. Estomac : fragments de Méduses,
deux Euphausies. Parasites externes : Aptères.
L.T. : 470. - E. : 1 080. - A. : 335. - 0. : 144. - B. : 39. - T. : 43. - D.M. :
67-15.
N" 263. — cf , chenal de Lemaire, 25-VII-1909. Iris brun foncé. Estomac : fragments de
Méduses.
Expédition Chaicol. — Gain. — Oiseaus aniarctiques. 1'
130 OISEAUX ANTARCTIQUES.
L.T. :4r.O. - E. : 1 050. - A. : 320. - 0. : 133. - B. : 36. - T. : 45. - D.M. :
65-14.
IV[o 271. — o<, île Petermann, 3-Vin-1900. Iris brun. Estomac : fragments de Méduses.
L.T. : 460. - E. : 1 030. - A. : 310. - O. : 138. - B. : 37. - T. : 46. - D.M. :
68-16.
N» 274. — cf, île Petermann, 3-VIII-1909. Iris brun foncé. Tarses et pattes gris violacé.
Parasites externes : Aptères.
L. T. ; 460. - E. : 1 060. - A. : 330. - 0- : 1^'2. - B. : 37. - T. : 45. - D. M. :
71-14.
No 281. — çf, lie Petermann, 3-VIII-1909. Iris brun. Estomac : vide. Parasites externes :
Aptères.
L.T. : 435. - E. : 1 010. - A. : 315. - O. : 1.38. - B. : 36. - T. : 41. - D. M. :
59-13.
Nous avons de plus cnnservé des Oiseaux dans li^ sel et dans l'alcool.
Nous n'avons pu trouver les localités de ponte de ces Pétrels; celles-ci
sont encore inconnues. Au cours de la première campagne d'été du
«Pourquoi-Pas?» le long de la côte ouest de l'Antarctide sud-amé-
ricaine, nous avons aperçu quelques Oiseaux à partir de la latitude du cercle
polaire au large de la Terre Adélaïde ; ces Oiseaux devinrent plus nombreux
vers le Sud dans la baie Marguerite, et notamment dans le pack au voisi-
nage de la Terre Alexandre.
Pendant l'hiver les 77ia/as.s(i-ra remontent vers le Nord. A l'île Peter-
mann, à jtaitii' du mois de mai, ilfirent de fréquentes visites, chaque fois
([u'une tempête du Nord-Est avait désuni la glace du chenal et formé dans
la banquise de grandes lagunes d'eau libre. Rares au début, passant isolé-
ment d'un vol rapide, ces Oiseaux se montrèrent en plus grand nombre
versle mois dejuilletet on lesvit assez souventpar bandes. Ils remontaient
certainement vers le Nord à la recherche de la mer libre dans laquelle ils
trouvent leur nourriture.
Sillonnant la mer, ils péchaient à sa surface et capturaient surtout des
fragments d'une grande Méduse de la famille des (h/anéides appavienani à
l'espèce ContlKniya Gaiidichaudii Lesson(l). Tous les Pétrels antarctiques
que nous avons capturés et examinés avaient l'estomac rempli de frag-
ments de Cœlentérés. A cette époque de l'année, ils semblaient en faire
leur nourriture exclusive. Ces Méduses furent d'ailleurs trouvées en
abondance, pendant les mois de juin et juillet, dans le chenal de Lemaire.
(I) (I. Maas, Méduses {Exp. uiit. t'r..!ic. nat., Documents scientiliques, Spongiaires et Creleiitérés,
p. ii, PI. 1, Paris, 1908).
OISEAUX AXTARCTIQUES. 131
(Iliaque fois (|ii(' la haïKiuisc se reformai!, les l'élreis antarctiques
redevenaient rares au voisinai^e de J'eterniann et revenaient nombreux
dès (jue les glaces se dislo(|uaient {\o\v .lonrixtl ornilliohHi'Kiiic).
Comme exception à cette nourriture exclusive de Méduses, je vis un
Pétrel (') septembre) s'approprier un morceau de graisse de Phoque (pu-
trois « Pétrels des neiges » étaient en train de se disputer. Peut-être cet
Oiseau était-il afl'amé !
Avec le retour du printenqjs, dès la lin de septembre, les Oiseaux se
firent de plus en plus rares au voisinage de Petermann. Ils étaient redes-
cendus vers le Sud, où nous les avons retrouvés nombreux au mois de
janvier pendant la navigation en bordure de la banquise (Voir Joiuiinl
ornilhohxjique).
Parasites. — Nous n'avons trouvé que des Parasites externes, des
Aptères, appartenant à l'espèce l'Iùloptcnis ntelanurcphulas Nitzsch (1 ).
Juufiial oniitJtolofjique (Voir carte II, L).
13 Janrier lilOU. — Au large de la l)aie Matha : quelques Oiseauxpassent
près du « Pounjuoi Pas ? ».
/-/ Janrier lifOO. — Quelcpies Oiseaux dans l'Ouest de la Terre Adélaïde.
'ii Janrh'v IDIID. — A^OmillesauSuddel'îleJenny, aperçndeuxOiseaux.
'■2'2. Janrier IDDII. — Ouelqucs Oiseaux au voisinage dela'l'erre Alexandre.
a Mai 11)09. — Ile Petermann. Chenal libre : aperçu une di/aine de
Pétrels.
// et 1'^ Mai l'JOÙ. — (Chenal liltre, quelques Oiseaux.
y .tain tl)l)!>. In 7'//r//r^v.s7/vr/ est venu voler autour du l)ateau.
'■2 Juin 1909. — Pétrels rares.
16 Juin 1909. — Chenal libre, aperçu quelques Pétrels.
/i* .Juillet 1909. — Chenal libre, quelques Oiseaux.
ta .Juillet 1909. — Chenal libre, Pétrels.
IS .Juillet 1909. — Kn faisant le tour do l'île, aperçu de nombreux Oiseaux
vei's la mer lil)re, entre Ilovgaard et Petermann.
m .Juillet 1909. — Chenal libre; Oiseaux nombreux.
(1) L. ('.. i\euma>n, loc. cil., p. 187.
132 OISEAUX ANTARCTIQUES.
'JO Juillet 1909. — Chenal libre: Tlialassœca nombreux. Lorsque les
Oiseaux sont blessés, ils vomissent un liquide épais, huileux, de couleur
orange.
'iSJuïUet J909. — Chenal libre, Pétrels nombreux. Capturé un Oiseau
qui nageait près du bateau; blessé, il avait toutes les plumes et la peau
du côté droit du cou enlevées : cette blessure avait dû être faite d'un coup de
bec d'un autre Oiseau.
Lorsqu'un Oiseau est blessé d'un coup de l'eu et tombe à la mer ou sur
un glaçon, un autre Pétrel, semblant faire officede gardien, vient presque
toujours se poser à côté de lui, ets'envole seulementlorsque l'embarcation
arrive à une petite distance. Nous l'avons observé quatre fois sur quatre.
S5 et 26 Juillet 1909. — Chenaux d'eau libre ; Pétrels en grand nombre ;
beaucoup sont posés sur la jeune glace de mer. A la surface de la mer
de nombreuses Méduses; beaucoup sont déchiquetées parles Oiseaux (|ui
s'en nourrissent. La plupart sont de grande dimension : nous en avons
vu plusieurs dont le disque de couleur pourpre violacé et rouge-lie de vin
sur les bords avait un diamètre atteignant 0™,70.
2 et 3 Août 1909. — Chenal libre. Nombreux Pétrels.
// Août 1909. — La glace se reforme ; les Pétrels sont rares.
13 Août 1909. — Chenal pris. Aperçu un seul Oiseau.
t^O Août 1909. — Vu passer quelques Oiseaux.
23 au 25 Août 1909. — Chenal libre ; Thalassœca assez nombreux.
29 Août 1909. — Banquise à perte de vue. Il est passé, venant du Sud,
à une assez grande hauteur, de nombreux Pétrels. Ces Oiseaux auront
sans doute été surpris par la formation subite de la glace de mer, et ils
remontent vers le Nord en quête d'eau libre.
5 Septembre 1909. — Chenal libre; nombreux Oiseaux. Assisté à une
scène de pillage de la part d'un Thalussaxa. Trois Pagodroma nivea
se disputaient un morceau de graisse de Phoque. L'un d'eux, plus agile
que les autres, s'en était emparé et volait à tire d'ailes vers un lieu calme
où il pourrait, à son aise, déguster sa proie. Mais bientôt ses deux confrères
le rattrapèrent, l'assaillirent à coups de bec, si bien qu'il dut lâcher prise.
Le morceau de Phoque tomba sur la neige, suivi dans sa chute par les
trois Pétrels recommençant leur bataille. Mais un Thalassœca qui
OISEAUX ANTARCTIQUES. 133
passait à ce niomeiil, mil fin à la dispute en s'emparant de la proie.
Scptemhre. — Vers la fin du mois, les Pétrels abandonnent peu à jteu
le chenal de Lemaire et on les voit partir vers le Sud.
31 Octobre 190i). — Chenal libre. Vu passer un Pétrel.
26 Novembre iOOi). — Quelques Oiseaux dans le détroit de Branslîeld, au
voisinage de l'île du Roi-George.
6 Décembre 1909. — Ouelques Oiseaux dans le délroil de Bransfield.
lOJanrier 1910.— L. : 08° 30'S. ; G. : 73° W. P. LesPétrelsantarctiques,
d'abord rares, deviennent plus nombreux en approchant de la lisière de
la banquise.
// Janrirr 1910. — L. : 69° li' S. ; G. : 78° 10' W. P. Thakmœca assez
nombreux; on les voit fréquemment par bandes de plusieurs individus.
1^2 Janvier 1910. — L. : 70° 13' S. ; G. -.SloW. P. Nombreux Pélrels.
13 Janvier 1910. — L. : OOolii'S. ; G. : 89° W. P. Nombreux Pétrels.
1i Janvier 1910. — Près de l'île Pierre-I^r, Pétrels nombreux, sui'tout
au voisinage du pack.
15 Janvier 1910. — L. : G8o23' S. ; G. : 96o50' Vv^ P. Pélrels nombreux.
16 Janvier 1910. — L. : 09° 20' S. ; G. : 102o09'W. P. Pélrels nombreux.
// Janvier 1910. — L. : 09o00' S. ; G. : 101° il W. P. Pétrels nombreux.
18 Janvier 1910. — L. (39° 15' S. ; G. : 108» 05' W. P. Pétrels nombreux.
19 Janvier 1910.— L. 70o30'S.; G. : 1 10° W. P. environ. Pélrels nom-
breux.
W Janvier 1910. — L. : (38 «32' S. ; G. : 1 1 ii^ 1 5' W. P. Pétrels nombreux.
^21 Janvier 19 10.— h. : 70° 05'S. ; G. : 12i°i5'W.P. Pélrels nombreux.
'2^2 Janvier 1910. — L. : 68o26'S. ;G. : 1 23° 36'. W. P. Pétrels nombreux.
'23 Janvier 1910. — L. : 6Go22' S. ; G. : 121° 47' W. P. Le « Pourquoi
Pas? -> a mis le cap au Nord et abandonné la lisière du pack-ice; peu
d'Oiseaux : ils deviennent de plus en plus rares.
|. 24 Janvier 1910. — L. : 6io07' S. ; G. : 1 16° 06' W. P. Disparition des
Pétrels antarctiques.
14. Priocella glacialoïdes (Smith).
Collection :
1^0 848. — 9, île Déception, 20-XIM909. Iris brun trùs foncé. Bec rose passant au noirâtre
vers la pointe ; narine et base de la mandibule gris-lilas repassant au rose pâle
latéralement. Tarses et pattes gris rosé ; griffes gris noirâtre.
134 OISEAUX ANTARCTIQUES.
L. T. : 460. — E. : 1 120. — A. : 320. — O. : 150. — B. : 44. — T. : 49. — D. M:.
71-14.
N» 489. — cf, île Déception, 20-XII-1909. Iris brun foncé. Estomac : graisse de baleine,
liquide orangé huileux, d'une odeur très désagréable. Parasites : quelques Gostodcs
dans "intestin antérieur.
L. T. : 480. — E. : 1 150. — A. : 335. — 0. : 155. — B. : 48. — T. : 45. — D.M, .
71-16.
(Quelques Oiseaux conservés dans le sel, ain' i que des squelettes et des systèmes nerveux:
L(> Priocella <jlacialoidei< osL un trrs bel Oiseau au plumage gris pàlo,
blanc sur la région ventrale, au bec dun rose éteint, aux tarses et
pattes gris rosé. On le trouve, comme son proche parent le Pétrel an-
tarctique, dans le Sud, au voisinage de la banquise. Mais c'est surtout
aux Shetlands du Sud, à l'île Déception, attirés là par les cadavres de
Haleines abandonnés par les baleiniers au gré des vents et des courants,
(|u'en décembre 1008 et I !)()!) nous les avons vus en grande quantité,
par bandes de plusieurs milliers.
Andersson (1) a trouvé le 27 décembre 11)02 quelques nids de ce Pétrel
sur le cap Rocquemaurel (Terre Louis-Philippe), (^es nids sont, en géné-
ral, placés en des endroits très dilFiciles d'accès, soit sur les rochers éle-
vés, soit sur les falaises. Le seul œuf qu'il ait pu atteindre avait un grand
diamètre de 70 millimètres : il renfermait un embryon assez âgé. Malheu-
reusement nous n'avons pu trouver les œufs de ces Oiseaux. Nous som-
mes cependant persuadé qu'ils nichent dans les hautes falaises qui
sont dans l'est de l'entrée de Port-Foster, sur le détroit de IJransfield.
Mais ces falaises, élevées de plus de 150 mètres, presque verticales,
sont complètement inaccessibles, et malgré notre ardent désir de nous
procurer des œwh de ces Pétrels, ils nous a été impossible de les
rechercher.
En outre, lors de la première campagne d'été du « Pourquoi Pas? »,
dui'ant nos courts séjours près de l'île Jenny (baie Marguerite) en janvier
IÎI09, nous avons aperçu une bande d'une vingtaine de P. (jlacialnïdes
volant autour de l'un des sommets à l'est de l'île, à 400 mètres de hauteur
environ. Vers ce point, l'île se présente sous la forme d'une falaise verti-
ticale très déchiquetée, d'aspect ruiniforme, formée de roches granitoïdes
(H Iv. .\. Andersson, WUscmQh. Erijc.b. Schwed. Sndpolar-E.cp.; Ildlicri'. ■rioricben in anlaïk-
tischen (lebiete, i!d. \', Lief. 2, Stockholm, 190b, p. l'i.
OISEAUX A Xr ARCTIQUES. 135
aux crcMos aif;u('s vl (rrs ih'lid'cs. Au iiicd do ces falaises li;iules de plus
de 100 mèlros. des talus d'éljoulis. Nous avons fail l'aseeusiou de
celle île; mais, iuali;r('' (ouïes les recherches que nous avons pu faire du
sonunelde la fahxise. il nous a élc' impossible de découvrir aucun nid. H
est probable que ceux-ci étaient placés en des endroits abrités.
Durant notre séjour à File Pelerniann, nous n'avons aperçu qu'une
seule fois, au mois de septembre, un Pétrel gris, l'ar contre, au cours de
la seconde campagne d'été du « l^ourquoi Pas? », nous avons vu nombre de
ces Oiseaux dans le détroit de Bransfield, principalement au voisinage
de l'île Déception, et en bordure du pack-ice au voisinage du 70° de
lat. S.
Paraxitps. — • Nous n'avons trouvé que quelques Cestodes localisés à
l'intestin grêle.
MM. A. lîaillietet A. Henry, qui en ont fait l'étude, les ont rapportés
à l'espèce Telhrdholhriiis ItPteroclilKs Dies \\).
Journal ornithologiqiœ (Voir carte II, M).
'■2:] (U( '■J.'} Itrcciiihrp liH)8. — Ile r)éceplion : nomljreux Pétrels gris
sur les cadavres de Haleines dans l'ort-Foster.
14 Janvier 190V. — Eu mer, par 67° S., au large de la Terie Adélaïde.
Quelques Oiseaux autour du bateau.
15 Janvier tifO'J. — lie Jenny. Une bande d'une vingtaine d'Oiseaux
volent au-d(>ssus des falaises à l'est de l'île.
30 Janvier IIIIHI. — Ile Jenny, même observation. Nous n'avons pu, à
cause de l'inaccessibilité des falaises, découvrir les nids.
5 Septembre i !)(}',). — Ile Petermann. Un Pétrel est passé dans le chenal
de Lemaire.
% Nuvenihre 1909. — Deux Pétrels suivent le «Pourquoi Pas? » dans
le détroit de Gerlache.
27 Novembre 1909. — Détroit d(> IJransfield. Nombreux Oiseaux. Ils
sont en grandes bandes dans l'anse des Baleiniers (île Déception), autour
des dépouilles de Baleines.
(1) A. RAiLi-iEret A. IIe>rï, loc. cit., p. 38.
136 OISEAUX ANTARCTIQUES.
6 Décembre 1909. — Nombreux Oiseaux dans le détroit de Bransfield.
25 Décembre 1909. — Quelques rares l'riocella dans l'est du détroit
de Bransfield.
6 Janvier 1910. — Départ de Déception. Les Pétrels gris sont de moins
en moins nombreux en se dirigeant vers le large.
7 Janvier 1910. — En mer, quelques Pétrels gris.
8 Janvier 1910. — L. : 61° 15' S. ; G : 09° W. P. Ouelques Oiseaux..
9 Janvier 1910. — L. : OlioS. ; G. : 73° W. P. On voit surtout des Prio-
eella, avec quelques damiers.
10. Janvier 1910. — L. : 68° 30' S. ; G. : 73° W. P. Prineella assez nom-
breux.
// Janvier 1911). — L. : 0!)° 1 i' S. ; G. : 78° 10' W. P. Pétrels en assez
grand nombre à la sortie du paok-icc.
1^2 .Janvier 1910. — L. : 70° 13' S. ; G. : 81o W. V. Prioee/Ui.
i 3 Janvier 1910. — L. : 01)° l.j'S.; G. : 89° W. P. Nombreux Oiseaux.
14 Janvier 1910. — Au voisinage de l'île Pierre-I^'^. Toujours des Prio-
ce/la, surtout au voisinage des glaces.
15.Pinvier1910. — L. : ()8o23'S.; G. : 96oo0' W. P. Pétrels.
16. Janvier 1910. — L. : 69° 20' S ; G. : 102° 09' W. P. Pétrels.
// Janvier 1910. — L. : 09° 06 ; S. ; G. : 104° 44' W. P. Pétrels.
18 Janvier 1910. — L. : 09° lîi'S. ; G. : 108° Oo' W. P. Pétrels.
19 Janvier 1910. — L. : 70° T.V S. ; G. : 1 1 1° W. P. Pétrels.
20 .Janvier 1910. — L. : 08° 32' S. ; G. : 1 15° lo' W. P. Pétrels.
'21 .Janvier 1910. — L. : 70° S. ; G. : 121° 30' W. P. Quelques Oiseaux.
A partir de cette date, le << Pourquoi Pas? » remonte vers le Nord ; les
Pétrels gris disparaissent.
15. Majaqueus sequinoctialis 'Linné).
Cet Oiseau est facilement reconnaissable au vol, grâce à son bec jaune
et à sa livrée entièrement noire, sauf une tacbe blanche qu'il présente
sous le menton. Dans le vol, il a un profil très allongé, le bec étant rela-
tivement long et mince et les tarses et pattes noirs s'étendant plus loin
que la queue. De môme les ailes paraissent longues et étroites.
Cette espèce habite surtout les région's subantarctiques et principale-
OISEAUX AXTAKCTinUES. I37
menl rAtlanli(|U(> Sud. Nous eu avons r(Mi('()ulr('' un individu |i;n' (tIo2!i'dc
lat. S., ot I 10" IV.y de lonj;. \V. I'. ; nous ;ivons vu en (iiilic d'assez nom-
breux Oiseaux au sud île i"AUauli(|ue, à la hauleur de la côte patai;,o-
nienn(\ et dans le détroit de M;ii;ellau (\'oir carie II, Nj.
16. Pagodroma nivea ^(Jinclin).
Colkrlio» (1) :
No 179. — cf juv. (li'dis à qiialro mois), chonnl do Lemairc, 9-IV-1909. Iris marron ; corps
blanc (les pliimrs di' la région dorsale présentent encore quelques taches d'un
noir grisâtre clair vers leur extrémité) ; bec et paupières noirs, tarses et pattes
gris cendré. Parasites externes : Aptères (2).
L.T. : 375. — E. : 810. —A. : 280. — 0. : 133. — B. : 21. — T. : 34. — D. M. : 44-11.
NO 185. — 9, 18-IV-1909. Iris brun. Estomac : Poisson.
L. T. : 340. — E. : 770. —A. : 255. — 0. : 122.— B. : 21. —T. : .30. — D. M. : 45-11.
N" 191. — cf, 3-V-I909. Iris brun. Estomac : vide.
L. T. : 395. — E. : 850. — A. : 272. — 0. : 132. — B. : 21. — T. : 35. — D. M. : 48-12.
N" 192. — cf juv. (quatre mois environ), 3-V-1909. Iris brun-marron. Quelques plumes
du dos ont encore des taches grisâtres. Estomac : Euphausics.
L. T. : 350. — E. : 740. — A. : 255. — 0. : 109. — B. : 21. — T. : 31. — D. M. : 44-11.
N° 204. — cf juv. (quatre mois environ), 6-V-1909. Iris brun ; tarses et pattes brun noirâtre.
L.T. : 380. — E. : 780. — A. : 275.— 0. : 125. — B. : 21.— T. : 35. — D. M. : 49-12.
N" 213. — a* juv. (cinq mois environ), 7-VI-1909. Iris brun. Tarses et doigts gris-ardoise
brunâtre, palmure gris bleuté. Estomac : Euphausics.
L.T. : 350. — E. : 760. —A. : 250. — Q. : 117. — B. : 18. —T. : 31. — D. M. : 4(3-11.
No 214. — 9 j"'^'- (cinq mois environ), 9- VI-1909. Iris brun. Estomac : Euphausics, Poisson.
L. T. : 370. — E. : 780. —A. : 260. — O. : 126. — B. : 21. — T. : 32. — D. M. : 44-11.
N" 218. — cf juv., tué près d'un cadavre de Phoque dont il se nourrissait, 14-VI-1909.
Iris marron.
L:T. :342. — E. :720.— A. :226. — 0. : 115. — B. : 19. —T. :33. — D.M. : 45-11.
N" 219. — 9 juv., 14-VI-1909. Iris brun-marron. Estomac : graisse de Phoque.
L. T. : 350. — E. : 760. — A. : 265. — O. : 132. — B. : 19. — T. : 34. — D. M. : 45-12.
No 223. — o*, pris à la main, 17-VI-1909. Iris brun. Estomac : vide, gravier.
L.T. :395. — E. :840. — A. : 270. — O. : 127. — B. : 23. — T. : 37. — D. M. : 45-12.
No 226. — cf , pris à la main près d'un cadavre de Phoque, 16-VI-1909. Iris brun. Estomac :
graisse de Phoque.
L. T. : 360. — E. : 800. — A. : 255. — O- : l'"'Ô. — B. : 20. — T. : 32.— D.M. : 46-12.
N" 227. — cf juv., pris à la main à la nuit sur L- pont du « Pourquoi Pas?» 15-VI-1909.
Iris brun. Estomac : Euphausics.
L. T. : 355. — E. : 770. — A. : 260. — O. : 128. — B. : 19. — T. : 33. — D. M. : 43-11 .
No 230. — cf, 16 VI-1909. Iris brun. Estomac : viande de Phoque.
L. T. : 370. — E. : 805. — A. : 260. — Q. : 132. — B. : 20. — T. : 34. — D. M. :
47-11.
(1) Tous les Oiseaux capturés ont été pris suit sur l'ilc Petermann, soit dans ses environs
(L. Gain'i.
1,2) Tous les « Pétrels des neiges >j (jue nous avons examinés avaient de nuitilireux parasites
e.xternes (Aptères) surtout localisés surMa région céphaliqueel le cou (L. Cain) iN'nirPI. .\V,lig.Gtii.
Erfiédition Chiirrot. — Gain. — Discaux anlaicli(|ues. I'*^
138 OISEAUX ANTARCTIQUES.
No 231. — cf , pris à la main, 16-VI-1909. Iris brun-marron. Estomac : chair de Phoque.
Parasites intestinaux : Ncmatodcs dans l'intestin postérieur.
L. T. : 410.— E. : 900. — A. : 285. — 0. : 147. — B. : 22. — T. : 37. — D. M. : 47-12.
N° 243. — rf juv. (sept mois environ), 6-VII-1909. Iris brun. Estomac : chair de Phoque.
L. T. : 37.5. — E. : 780. — A. : 274. — 0. : 132. — B. : 21. — T. : 32. — D. M. : 49-12.
No 2G5. — cf, pris au filet près des cadavres de Phoques, 2-VIII-1909. Iris brun-marron.
Estomac : graisse de Phoque. Parasites internes: Gestodes dans l'intestin antérieur
et moyen.
L. T. : 380. — E. : 865. —A. : 278. —0. : 129. — B. : 23. — T. : 37. — D. M. : 50-13.
N° 266. — cf , pris au fdet près des cadavres de Phoques, 2-VIII-1909. Iris brun. Estomac :
viande de Phoque. Parasites internes : Gestodes dans l'intestin antérieur et moyen.
L. T. : 415. — E. : 920. — A. : 292. — 0. : 142. — B. : 23. — T. : 39. — D. M. : 53-12.
No 267. — cf , 3-VIII-1909. Mêmes observations que pour le no 266.
L. T. : 400. — E. : 890. — A. : 285. — 0. : 140. — B. : 23. — T. : 40. — D. M. : 52-1-2.
N° 268. — 9, prise à la main, la nuit, sur le pont du « Pourquoi Pas ? », 5-VI1I-1909. Le
membre postérieur droit est complètement atrophié.
L. T. : 380. — E. : 885. — A. : 285. — 0. : 135. — B. : 22. — T. : 37. — D. M. : 53-13.
N° 269. — d*i pris au filet, 3-VIII-1909. Iris brun foncé. Estomac : viande de Phoque.
L. T. : 370. — E. : 815. — A. : 270. — 0. : 123. — B. : 22. — T. : 33. — D. M. : 49-11.
No 282. — cf, pris au filet, 15-VIII-1909. Iris brun-marron. Estomac : viande de Phoque.
L. T. : 400. — E. : 890. —A. : 290. — Q. : 137. — B. : 23. — T. : 36. — D.M. : 51-12.
No 283. — cf, pris au filet, 15-VIII-1909. Iris marron. Estomac : viande de Phoque. Para-
sites internes : Gestodes dans l'intestin.
L. T. : 380. — E. : 860. —A. : 280. — 0. : 133. — B. : 22. — T. : 36. — D. M. : 49-12.
Oiieaux conservés dan; le sel et l'alcool, pièces anatomiques, systèmes nerveux.
Le l^(i(jO(lfOiiKi nicea est un des plus jolis Oiseaux des régions aid;i re-
liques. Il est d'un blanc pur, sauf le bec, les paupières, les tarses et les
pattes, qui sont noirs, taches qui seules permettent de le distinguer lors-
qu'il se profile sur le fond immaculé des neiges.
Nous avons aperçu ces élégants Oiseaux au cours de la première cam-
pagne d'été en janvier 1900. Ils étaient assez nombreux au-dessous du
Cercle polaire, et tous les jours nous en avons rencontré dims les parages
de la Terre Adélaïde, de la baie Marguerite et aux alentours de la Terre
Alexandre.
Nous n'avons pas trouvé leurs lieux de ponte dans les parages explo-
rés par le <f Pourquoi Pas? ».
Au début de l'hiver, les Oiseaux remontent vers le Nord, pour rester
en contact avec la mer libre dans laquelle ils capturent les petits animaux
indispensables, en temps ordinaire, à leur nourriture.
Mais rencontrent-ils sur h^ur l'oule une expédition passant l'hiver dans
les pays glacés, nombreux sont ceux qui restent lui tenir compagnie.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 139
A l'cicrmnnn, los l'rti'ols ont fail lour aj)|)nrilion lo *,l avril : tous
venaient tiu Sud, eiiass(''s probablement j)ai' hibauquise qui s'était formée.
Ils passent dans le clieual et au-dessus de l'ile d'un vol rapide. Ils volent
souvent à la surface de l'eau, à la recherche des Euphausies., dont ils se
nourrissent. Us sont alors amusants à voir quand ils se laissent tomber
soudain sous l'eau, avec leurs ailes déployées ; ils disparaissent fom-
plètement et ressortent de la mer, ayant toujours leurs ailes ou-
vertes.
Pendant les premières [jériodes de froid, lorsque la banquise envahis-
sait le chenal, les Pétrels disparaissaient, restant vers le large près de la
mer libre. Puis, dès que les glaces se disloquaient, des quantités d'()i-
seaux passaient chaque jour.
Ai)artir du mois de juin, beaucoup d'Oiseaux, profitant de notre pré-
sence à Petermann, et suiMoul de l'abondance de vivres qui leur était
offerte, restèrent à la station d'hivernage (PI. W\\ fig. 57).
Nullementfarouchcs, les Pétrels vécurent presque en communauté avec
les hivernants, faisant leur nouri'iture des débris qui provenaient de la
cuisine et du laboratoire. Il n'(Hait pas rare de les trouver, par dizaines,
autour des cadavres de Pho(jues, mélangés aux C/tionis dont ils étaient un
peu jaloux, et dont ils cherchaieni vainement à se déliarrasser (PI. Xl\',
fig. m.
A Port-Circoncision, les PagodruiiKi sont restés nomin-eux autour du
bateau, se posant Èi la surface de l'eau quand la mer était libre (PI. XIV,
lig. 62, 58), venant même jusque sur le pont. Ils se nourrissaient de tout
ce qu'ils trouvaient : riz, pain trempé dans l'eau, soupe, viande cuite
même, etc., tout leur semblait bon. Lorsque la banquise couvrait la baie,
ils se couchaient sur celle-ci ou ex[»loraient les alentours du bateau
(PI. XIV, fig. 61,63).
Leur hardiesse et surtout leur voracité leur étaient parfois funestes.
Mentionnons simplement les nombreux Oiseaux que, pour les collections,
nous avons pu capturer soit à la main, soit au filet, autour des cadavres de
Phoques. Des Pétrels avaient pris la mauvaise lial)itude de se grouper,
en vue de copieux repas, sur la banquise, sous la manche de vidange des
eaux de la cuisine : et malgré les soins (pie nous |>renions pour éviter de
140 OISEAUX ANTARCTIQUES.
pareilles catastrophes, il est arriv('' que maintes fois des Oiseaux reiiiient
des douches d'eau bouillante qui en tuèrent |)lusieurs.
Au début du })rintemps, àpartir de septembre, les « Pétrels des nei}i,es))
quittèrent peu à peu notre station d'hivernage pour redescendre vers le
Sud. Les Oiseaux étaient devenus très rares en octobre, et nous n'en vîmes
plus en novembre.
Ces Pétrels peuvent fournir des renseignements aux navigateurs, car
leur présence, en pleine mer, est presque toujours l'annonce que la bau-
quise est proche. Nous l'avons constaté souvent. Le 23 décembre 1909,
tandis que le « Pourquoi Pas? » faisait route dans l'est du détroit de
Bransfield pour chercher à atteindre l'île Joinville, il rencontra les pre-
miers Prt^ro^/ro?//!^ par 6.3° de lat. S. et61°0.^' de long. W. P., tandis que
quelques milles plus à l'est il trouvait un pack dense qui l'empêchait de
continuer plus avant dans cette direction. De même, après avoir perdu
de vue les Pagor/roj/ta, naviguant en mer libre à 60 ou 80 milles dans
l'ouest du continent antarctique sud-américain, nous retrouvions
suintement ces Oiseaux le 10 janvier 1910 par environ (iHo 30' de lat. S.
et 70° 50' de long W. P., à quelques milles seulement au nord de la
banquise.
Au cours de cette navigation, (jui se continua en bordure des glaces
entre le 76^ et 124° de long. W. P., nous aperçûmes constamment des
<( Pétrels des Neiges ». Les Oiseaux disparurent lorsque le <> Pourquoi
Pas? », ayant mis le cap au Nord, laissa derrière lui les dernières glaces
de dérive.
Le IC) juin 1909, nous avons fait, sur un individu âgé de six mois, une
prise de sang pour la numération des hématies : nous avons trouvé une
moyenne de 3 000 000 par millimètre cube : leurs dimensions étaient de
14 à lîj ;y. sur 7 à 8 ;y. ; l'Oiseau avait une température de + 39°, 8.
Parasites. — Les parasites externes sont fort nombreux chez tous les
individus que nous avons capturés : ils sont presque toujours localisés
vers la région céphalique et le cou. Ces Mallophages se rapportent aux
deux espèces suivantes : Philoj)terus nielaiKxejilialus Nitzsch et Degee-
riella Cliarcoti Neumann (1) (i'I. XV, tig. Oli).
(l) L. ('.. .Neumann, foc. cit., p. 1H7, 191.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 141
\,r^ Ccsiddos l'enconln-s (l;uis riiilcslin ont parfois uim vini;laiiu' de
cenliiuMros de loni;iuMir. !>(' M) aoùl, nous avons fronvi' un /'. /i/rra
mort sur la Ijauquiso : uu aniic l'rlrcl ôtait couché à cùlé du cadavre
qu'il semblait garder (IM. \l\', lif;. 00). En faisant Tautopsie de l'Oiseau,
nous avons constaté ((u'un C.estode obstruait complètement Tinlestin
moyen sur une loni^ueur d(^ i centimètres.
(ies Helminthes se rapportent au i:,enre Tethrabothrius et notamment à
l'espèce 7'. hcterorliiii^ Dies (1).
Journal ornilhobxjiqKP (Voir carte II, Oj.
13 Janvier i909. — En mer, au large des îles Biscoë ; par 66° de lat. S. ,
aperçu deux Parjodronia.
U Janvier JiKH). — A ((uelques milles dans l'ouest de la Terre Adé-
laïde : quelques Pétrels des neiges.
Il) Janripr 1909. — Au large de la Terre Alexandre : des Oiseaux volent
au-dessus du pack.
'Ji Janciei' 1909. — \hm>^](- N.-W. de la Terre Alexandre : Pétrels
autour du bateau.
1"' Février 1909. — Baie Matha : Pétrels assez nondireux. 11 doit y avoir
des nids sur quelques falaises rocheuses.
9 Avril 1909. — Ile Petermann. Les Pétrels des neiges font leur appa-
rition dans le chenal de Lemaire. Les Oiseaux viennent du Sud.
18 Avril 1909. — Les Pétrels passent nombreux au-dessus de l'île. Il
y en a beaucoup dans le chenal : on les voit plonger pour atlrapei' les
Eu[)hausies.
19 Avril 1909. — Plus de Pétrels dans le chenal. Leur absence tient à
ce que la banquise s'est formée.
'23 Avril 1909. — Revu deux Pétrels.
'24 Avril 1909. — Deux Pétrels,
t^'y /Ir/vV /.mv. — Deux Pétrels.
3 Mai 1909. — Chenal libre; il est passé des quantités de Pétrels, tous
venant du Sud.
(1) A. IIaili.iet et A. Henry, lor. cit.. \i. 30.
142 OISEAUX ANTARCTIQUES.
4 Mai l!l(>!>. — Chenal libre : nombreux Pétrels.
5 Mai 1909. — Chenal libre : nombreux PiMicls.
6 Mai 1909. — Chenal libi'c : il est passé toute la journée une quantité
de Pétrels des neigesvenant du Sud.
7 M<ti 1909. — Chenal rempli de petites glaces : peu de Pétrels.
/ / M/tf 1909. — Chenal libre : nombreux Oiseaux.
t^i? Mai 1909. — Ouelques Oiseaux.
"28 Mai 1909. — Banquise : Pagodro/i/a rares.
"2 .litin 1909. — Des Oiseaux semblent s'établir sur l'île, dans le voisi-
nage de la station d'hivernage.
/,5 Juin 1909. — Nombreux sont les Pétrels restés à Port-Circoncision.
il) Juin 1909. — Tempête de N.-E. ; les glaces sont brisées. Autour du
« Pourcjuoi Pas? » volent de nombreux Pétrels ; ils se posent à tout mo-
ment sur l'eau et sur les morceaux de glace où ils trouvent des Crustacés
rejetés avec l'embrun.
Sous les rafales de neige et par la tempête, les Oiseaux restent près de
terre, planant surtout à peu de distance du sol.
Les Pétrels marchent disgracieusemcnt sur la neige ; ils semblent même
avoir quelque difficulté à progresser, se tenant sur les tarses au lieu de
marcher les jambes droites. Beaucoup se nourrissent de la dépouille d'un
Phoque, et pour l'atteindre on voit les Oiseaux voler face au vent, puis se
rapprocher peu à peu de terre et avancer, les ailes étendues, en s'aidanl
de leurs pattes, dont seule l'extrémité des doigts touche le sol. Sans aucun
bruit, frôlant plutôt la neige qu'ils ne la touchent, ils avancent ainsi jus-
(|u';i la carcasse du Phoque. Alors, ils s'arrêtent, et, les ailes toujours
déployées, ils avalent gloutonnement de gros quartiers de viande Si on
vient à les déranger, ils s'écartent en marchant gauchement de côté,
s'arrêtent, plient leurs ailes et se couchent sur la neige, attendant le mo-
ment favorable })0ur recommencer le repas interrompu.
Pour reprendre leur vol, ils se mettent face au vent, les ailes étendues,
courent quelques instants, puis s'envolent.
Capturés à la main, ils sont furieux, crient peu, mais ne ménagent pas
les coups de bec.
18 Juin 1909. — Pétrels nombreux. '
OISEAUX ANTARCTIQUES. 14J
In /'/if/of/ifui/!/ csl venu surir poul : pas l'ai-oiiche, il se laisse [)i'eiuli'e
sans manilcstei' le moiiuli'i' iiK^'oiilciilciiiciil. Il était sans doiilo aU'aiiu'',
car il a alisoi'bé du ri/, du pain trempé dans l'eau, même de la viande
cuile. Malheureusement, dans la soii-ée, le pauvre Pétrel s'est l'ôti sous
le fourneau de la cuisine.
"28 Juin 191)9. — Quelt|ues Oiseaux.
/''" Juillet 1909. — Observé un Pdf/ndro/Jia f[ui se nourrissait sur une
cai'casse de IMîoque; un OssilVai;(>, l'ayant a[)erçu, vola droit sur lui. Il
n'en était plus qu'à une petite distance lorsque le Pé.trel, eiïrayé, s'envola
eu faisant des détours, échappant ainsi, grâce à la vivacité de ses mouve-
menls,aux poursuites de l'Ossifrage.
•■J ./aillrt 1909. — Noiidireux Oiseaux; ils viennent chercher leur nour-
riture autour du bateau, dans les déchets de la cuisine et du labora-
toire.
4 Juillet 1909. — Les /'tif/dilro/i/n sonl -assez égoïstes : ils n'aiment pas
partager leur nourriture avec les Chionis qu'ils chasseni, quand iisnesont
pas chassés par eux.
19 Juillet 1909. — Pétrels nondjr(Hix.
t^> Juillet 1909. — Les Pétrels ont une façon toute particulière de
plonger pour prendre dans la mer les petits Oustacés dont ils se nourris-
sent. Posés sur l'eau, ils sautent en se [)oiissant vivement avec leurs pattes,
décrivent une courbe hors de l'eau, puis l'etombent dans la mer la tète la
première ; ils recommencent ainsi plusieurs fois de suite.
'■2 Août 1909. — Les Pétrels sont toujoui's en grand nombre à Peter-
mann. Autour des carcasses de Phoques, il y en avait une cin(|uantaine
couchés sur la neige.
If Août 1909. — Pétrels nombreux.
2:) Août 1909. — Toujours beaucoup d'Oiseaux.
iO Sejiteûihre 1909. — Les Oiseaux sont moins nombreux à Pctcrmann.
Ils commencent à regagnei' le Sud.
Il Septemhre 1909. — Pétrels rai'es.
:] (hitiJire 1909. — l'rès peu d'Oiseaux aux abords de Petermann.
Presque tous sont repartis dans le Sud.
3i Octobre 1909. — Aperçu un Pétrel.
144 OISEAUX ANTARCTIQUES.
35 Déccnihrr 1909. — Détroit de Bransficld, en bordure du pack. Aperçu
deux Pagodroma.
JO Janvier 1910. — L. : 08° "iO'S. ; G. : 7 io W. P. environ. Nous retrou-
vons les « Pétrels des neiges » en arrivant en vue de la banquise.
// Jancier 1910. — L. : (39o J4'S. ; G. : 78° 10' W. P. Pénétration dans
un pack très dense. Nombreux Pétrels des neiges.
1'2 Janvier 1910. — L. : 70° 13' S.; G. : 81° W. P. Nombreux Pa;jo-
droma.
13 Janvier 1910. — L. : (iOo lii'S. ; G. : 89° W. P. Les Pétrels, assez
nombreux lorsque nous longeons les glaces, deviennent rares dès que
nous nous en écartons.
14 Janvier 1910. — Près de l'île Pierre-Ier. Pétrels nombreux.
16 Janvier 1910. — L. : 69o 20' S. ; G. : 102° 09' W. P. Plusieurs Pétrels
volent autour dune plage de drift-ice qui s'est détachée de la lisière du
pack.
// .lanvicr 1910. — L. : G9o 00' S. ; G. : iOioji'W. P. Nombreux
Oiseaux.
18 Janvier 1910. — L. : 69° 15' S. ; G. : 108o05' W. P. Pagodroma.
19 Janvier 1910. — L. : 70° 2'^' S. ; G. : 111° W. P. Nombreux Pétrels.
•21 Janvier 1910. — L. : 70o0:i' S. ; G. : 121° la' AV. P. Pagodroma.
t^i» .hiJirier 1910. — L. : 08° 26' S.; G. : 125° 30' W. P. Nombreux
Oiseaux. Mais, dès que le << Pourquoi Pas? » fait route au Nord et aban-
donne les glaces, les Oiseaux disparaissent.
17. Ossifraga gigantea (Gm.).
Collection :
N° 85. — 9, tuée sur la banquise près de l'Ile Jenny (baie Marguerite), 29-1-1909. Iris brun
grisâtre avec taches brunes. Estomac : chair de Phoque.
L.T. : 835. — E. : 1 950.— A. : 515. — O. : 205. — B. : 88. — T. : 79. — D. M. :
113-20.
N° 86. — 9î prise à la main près do l'île Jenny, 30-1-1909. Iris blanc grisâtre et brun.
Estomac : graisse de Phoque.
N" 136. — cf , tué à coups de bâton sur un cadavre de Phoque, lie Petermann, 21-11-1909.
Iris blanc grisâtre avec taches brunes. Estomac : plumes de Pingouin, viande de
Phoque. Région ventrale gris clair, dorsale plus foncée.
L. T. : 945. — E. : 2 080. — A. : 540. — O. : 262. — B. : 103. —T. : 88. — D. M. :
143-24.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 145
N" 144. — cf, pris à la main près de carcasses de Pingouins, Potermann, 11-III-1909.
Iris i;ris jaunâtre clair avec tai'lii's lii'iiii fimi'é. Kstnniac : plumes de Pingouin
(290 grammes).
L.T. : 910. — E. : 2 050. — A. : 530. — Q. : 245. — B. : 102. — T. : Vfi. — D. M. :
142-26.
N" 150. — 9i tuée sur un cadavre de Phoque, île Petermann, 21-III-1909. Iris gris jau-
nâtre pâle tacheté de brun. Estomac : viande de Phoque.
L. T. : 840. — E. : 2 040. — A. : 510. — 0. : 220. — B. : 92. — T. : 75. — D. M. :
1,38-22.
N° 278. — cf , tué au fusil sur un cadavre de Pyg. papim, île Petermann, 8-VI 11-1909. Iris
jaune très pâle au.x; taches gris-fusain. Corps blanc. Estomac : viande de Phoque,
plumes de Pingouin. Parasites externes : quelques Aptères.
L.T. : 920.— E. : 2 100. — A. : 525. — Q. : 250. — B. : 100. — T. : 92. — D. M.
147-27.
No 914. — cf , baie de l'Amirauté, île du Roi-George (Shetlands du Sud), 30-XII-1909. Iris
gris légèrement brunâtre avec taches blanc jaunâtre. Couleur générale du corps
brun grisâtre clair. Estomac : graisse de Baleine.
L. T. : 870. — E. : 2 000. — A. : 510. — Q. : 240. — B. : 97. — T. : 74. — D. M. :
l;.i9-20.
Conservé en outre des Oiseaux dans le sel, des squelettes, des systèmes nerveux et
des pièces anatoraiques.
Nous avons trotivé, chez ces « Pùtrols géants d, tous les intermédiaires
de plumage, depuis le blanc pur jusqu'au brun noirâtre foncé.
Nous n'avons pu examiner directement leurs nids, mais, le 2i dé-
cembre 1909, à notre départ de la baie de l'Amirauté, nous avons
aperçu une grande quantité de ces Oiseaux qui devaient nicher près des
falaises, à l'est de l'entrée de la baie.
Nous avons rencontré ces Pétrels sur toute la côte ouest de l'Antarc-
tide sud-américaine. Ce sont de vraies charognards se nourrissant de
toutes les dépouilles qu'ils peuvent trouver, ainsi d'ailleurs que d'œufs
et de Poussins qu'ils volent dans les nids.
A l'île Petermann, ils n'ont jamais abandonné la région pendant l'hiver.
Il ne s'est pas passé de mois, pas même de semaine, sans qu'il nous ait
été donné d'en apercevoir, parfois en assez grand nombre.
Doués d'une vue et surtout d'un odorat extraordinaire, il n'est pas
rare, en plein hiver, alors que l'oeil humain ne perçoit aucun animal
jusqu'à l'horizon, devoir arriver en quelques heures, sur un cadavre de
Phoque nouvellement tué ou sur des dépouilles de Pingouins, une ving-
taine de ces Oiseaux. Avec leur bec puissant, ils déchirent de gros
lambeaux de chair et de graisse qu'ils avalent gloutonnement, au point
Ejcpédition Charcol. — Gain. — Oiseaux antarctiques. 19
146 OISEAUX ANTARCTIQUES.
qu'ils ont une grande difficulté à s'envoler après un pareil repas et qu'ils
sont le plus souvent obligés de se débarrasser du contenu de leur estomac
avant de reprendre leur vol. C'est le moment choisi par le naturaliste
pour capturer ces animaux.
Quand ils sont à terre, ils ont peine à s'envoler : ils prennent des
allures grotesques avec leurs ailes déployées, courant lourdement sur la
neige, jusqu'à ce qu'ils aient aci[uis une assez grande vitesse pour se
lancer dans l'air.
A l'ile Déception, bien qu'ils ne nichent pas dans les environs, nous
avons vu des centaines d'Ossifrages, attirés par les nombreux cadavres
de Cétacés.
Parasites. — Les Aptères que nous avons recueillis sur la tète, le cou
elle ventre de deux individus tués sur l'ile Petermann, les 13 septembre
etSnovembre 1009, appartenaient à deux espèces nouvelles. M. L.G. Neu-
mann, qui a étudié nos collections de Mallophages, a donné à ces deux
espèces les noms de P/iilopterus Gaini et Lipeurus Gaini[\).
Journal ornithologique (Voir carte II, P).
"iB rt 30 Janvinr 1909. — Baie Marguerite. Quelques Ossifrages sur les
cadavres de Phoques, près de l'île Jenny.
16 Mars 1909. — Petermann. Nombreux Oiseaux autour de l'île.
3 Avril 1909. — Aperçu deux Ossifrages blancs.
'■24 cri/ 1909. — Vu un Ossifrage blanc.
?/ Mai 1909. — Plusieurs Pétrels géants rôdent autour de l'île.
î Juin 1909. — Les Ossifrages sont rares : quelques individus isolés
de temps en temps.
3 Juiîï 1909. — Une dizaine de Pétrels sont rassemblés autour d'un
cadavre de Phoque.
16 Juin 1909. — Tempête de N.-E., banquise en dérive. Nombreux
Oiseaux près des carcasses de Phoques.
19 Juillet 1909. — Toujours quelques Pétrels dans les environs de
Petermann.
M) L. G. Nei-mann, loc. cit., p. 189 et suiv.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 147
(V Aon/ 1909. — Nous avons lui' de noiubi'ciix Piiii^ouiiis Papous. Los
dôpouilles de ces Oiseaux, abandonnées sur l'île, ont attiré une vingtaine
dOssifrages, parmi les([uels il y a un individu blanc.
.5 Septembre IUDII. — Vu un Ossifrage blanc.
Pendant les mois de septembre et d'octobre, des Pétrels sont venus
constamment à Petermann ou sur les glacesdu chenal, autour des cadavres
de Phoques.
% Octobre i'JOO. — Vu un Ossifrage blanc.
/ Novembre IHOIK — Toujours des Oiseaux sur les carcasses de
Phoques.
1^7 NovewJire 1909. — Nombreux Oiseaux aux alentours de l'île
Déception, ainsi que dans la baie intérieure, autour des cadavres de
Baleines. Vu deux individus blancs.
6 Décembre 1909. — Nombreux Oiseaux dans le détroit de lîransfield.
7 Dècentbre i909. — lie Déception. Vu d<'ux Ossifrages blancs.
13 Décembre 1909. — 11 est passé toute la journée dans Port-Foster des
centaines d'Ossifrages. Nous avons remarqué une dizaine d'individus
blancs.
il Décembre 1909. — Vu une colonie d'Ossifrages près des falaises, à
l'est de l'entrée de la baie de l'Amirauté (île du Roi-George). Une centaine
d'Oiseaux étaient couchés sur la neige.
6 Janvier 19/0. — Départ de l'île Déception. Les Ossifrages deviennent
de plus en plus rares, à mesure que nous faisons route vers l'Ouest.
/5 Janvier 1910. — L. : 6O0 I V S. ; G. : ()8o 10' W. P. Aperçu deux
Ossifrages dans l'ouest de la Terre Alexandre.
13 Janvier 1910. — L. : (30o 15' S. ; G. : 80° W. P. Vers onze heures du
soir, nous avons vu voler un Ossifrage au-dessus du pack.
18. Daption capensis (Linné).
Collection :
N" 1. — Pris à la ligne à rarrièro du bateau, près de l'Ile Smith, 22-XI 1-1908.
L. T. : 395. — E. : 890. — A. : 270. — Q. : 130. — B. : 33. — T. : 44. — D. M. : 59-11.
N" 327. — cf. île Petermann, 7-Xl-inn9. Iris brun, bec noir, paupières brun foncé avec
une petite tache longitudinale blanche sous la paupière inférieure ; tarses et pattes
noires avec plusieurs taches blanches (une tache blanche allongée sur le bord
interne du doigt II, ainsi que sur le bord interne de chacune des phalanges des
148 OISEAUX ANTARCTIQUES.
doigts III et IV ; les taches blanches du doigt III se continuent sur la palmure.
Estomac : Euphausies en partie digérées. Parasites externes : Aptères.
L. T. : 395. — E. : 890. — A. : 270. — Q. : 127. — B. : 29. —T. : 42. — D. M. : 03-11.
Embryons :
1\'° 399. — 2 embryons dans les premiers jours d'incubation. Œufs trouvés dans les nids
situés sur les falaises est de l'entrée de l'île Déception, 28-XI-1909.
Les embryons suivants proviennent d'œufs pondus le 2 ou le 3 décembre 1909.
Ils ont été mis dans l'étuve (1) le 3 décembre et retirés aux dates suivantes :
Nos 483. — Embryon de sept à huit jours (fixé le lO-XII-1909). — 487 : neuf à dix jours
(fixé le 12-X1I-1909). — 802 : retiré de l'étuve le lG-XII-1909 : il y a eu arrêt
dans le développement. — 855 et 880 : dix-neuf jours (fixés le 22-XII-1909).
■ — 881 et 886 : l'incubation s'est arrêtée vers le dixième jour. — 887 et 888 : 2
embryons de vingt-trois jours (fixés le 2(3-XII-1909).
Quelques Oiseaux conservés dans le sel, des squelettes et des systèmes nerveux.
Les « Damiers du Cap » sont ainsi nommés à cause des taches qua-
drangulaires alternantes, brunes et blanches, qui recouvrent leurs
ailes.
Dès la côte américaine, au sud du cap Horn, ces Pétrels accompagnent
souvent en troupes nombreuses les bateaux qui descendent vers le Sud.
Nous les avons trouvés en décembre 1908, à l'Ile Déception, et notamment
dans l'anse des Baleiniers, où ils sont par bandes de plusieurs centaines.
Nous avons aperru en mer quelques individus, au cours de la première
campagne d'été, au large de la Terre de Graham.
Pendant Ihivernage à l'île Petermann, ce n'est que très rarement que
nous avons vu des Oiseaux isolés en mai, juin et novembre.
Par contre, ils étaient nombreux en novembre et décembre, dans les
détroits de Gerlache et de Bransfield.
Pendant la seconde campagne d'été, ces Pétrels ont surtout été
observés aux environs du cercle polaire ; le long de la banquise, par
69o de lat. S., nous n'avons rencontré que de rares individus.
C'est à l'ile Déception, en décembre 1909, que nous avons trouvé leurs
nids. Ces nids étaient placés dans les falaises les plus escarpées de l'île, à
l'est de l'entrée de Port-Foster. Malheur à celui (|ui leur va rendre
visite, s'il ne connaît à l'avance les mœurs déplorables et malpropres du
Damier. Il laisse approcher le visiteur sans paraître s'en soucier, mais,
lorsque ce dernier se trouve à portée, il projette sur lui, à plusieurs
(Ij Voir p. 132 (L. Gain). ,
OISE A UX A NT A RCTI{) UES. 149
it'|iris('s, ol ;ivcc une adresse l'omarquable, le contenu de son estomac :
liquide huileux, de couieui' orangée, à odeur infecte, qui ne laisse pas que
de surprendre désagréablement et de provoquer, parfois, chez le malheu-
reux visiteur, une manifestation analogue à celle de l'Oiseau, mais chez
lui, (oui à fait involontaire ; seulement alors, lorsque ce moyen de défense
leur vient à manquer, les Damiers consentent à abandonner leui' nid.
Les nids sont faits soit dune simple dépression dans le sol, avec quelques
petits cailloux, soit d'une excavation dans le rocher. Ils sont toujours
dilliciles à trouver, placés le long de falaises abru[)tes (PI. XV, fig. 68,
69,70,71).
Il y a un seul n^uf d'un blanc pur (PI. XV, fig. 71). J'ai cependant
observé un nid qui avait deux œufs : il est presque certain que deux
femelles avaient pondu dans le même nid. La |)ontc commence dans les
derniers jours de novembre ; elle atteint son maximum au début de
décembre. Le tableau suivant donne les dimensions et les poids des
œufs (PI. IX, fig. 37, Q) :
NUMÉRO
LONGUEUR
LARGEUR
en
en
POIDS.
LOCALITÉ.
DATE.
d'ordre.
luillitnèlrcs.
millitnètres.
G.7.»
(•)7
17
SI)
llo Déception.
3-XII-190'.).
(•>(•)()
1)8,.")
45
75
—
—
(Kil
(11,5
42
58
—
—
01 y
iVJ
iC),.-)
53
—
—
(k;:!
fj'i
m,',
53
—
—
(ICii
(>0,5
42
55
—
—
(jr.r>
(12
42.5 •
OU
—
—
(JC)(i
08
4i..")
70
~
N'ayant pu suivre le développement des œufs de D. capensis sur place,
nous sommes arrivés à en faire couver un certain nombre, ce qui nous a
permis d'avoir une série d'embryons de cette espèce aux diflférents stades
de l'incubation. Nous attribuons à cette incubation une durée d'environ
quatre semaines.
Parasites. — Les quelques Cestodes que nous avons trouvés dans
150 OISEAUX ANTARCTIQUES.
l'intestin do D. capensis se rapportent à l'espèor Tethrahothrius hcleid-
clitus Dies (1).
Les parasites externes sont assez rares sur D. capensis. Les deux Mal-
lophages trouvés appartiennent à respèce Lipetirus (iarlti Tasohen-
berg(2).
Journal oyviithologiqiœ (Voir carte II, Q).
W au '21 Octobre 1908. — Pendant la traversée de Rio-de-Janeiro ù
Buenos-Ayres, nous avons rencontré quelques rares Damiers qui nous
ont suivis.
^24 Novembre au i" Dècemhre J!)l)8. — Les Pétrels sont plus communs
entre Ikienos-Ayres et Punta-Arenas, surtout vers la fin de la traversée,
au voisinage du détroit de Magellan.
t^i* Décembre 1Q08. — Les Damiers sont très nombreux au sud du cap
llorn. Une troupe d'une centaine accompagne le « Pourquoi Pas? ». Ils
se tiennent surtout à l'arrière du bateau. Ils sont faciles à prendre à la
ligne. Quand des débris de la cuisine sont jetés du bord, les Oiseaux se
posent sur l'eau, chercbent leur nourriture, puis toute la bande s'envole
et rejoint le navire.
i*.'? au 25 Bccemhro f908. — Ile Déception. — Les Oiseaux sont par
milliers au voisinage de l'Ile, attirés par les nombreuses carcasses de
Baleines que la mer transporte de tous côtés.
26 Décembre 1908. — Rencontré des Damiers dans les détroits de
Bransfield et de Gerlacbe. Je n'en ai ])lus revu à partir du chenal de
Roosen.
13 .lancier 1909. — En mer, au large de la baie Matba et de la lerrc
Adélaïde : aperçu quelques Pétrels.
6 Mai 1909. — lie Petermann. Chenal libre : vu quelques Damiers.
iô Juin 1909. — (Ihenal libre : il est passé un Damier.
27 Juin 1909. — Deux Damiers sont passés près de la côte nord de
Petermann.
(1) A. Railiikt et A. Henry, loc. cit., p. 38.
(2) L. C. Neumann, loc. cit., p. 192.
OIS EA UX A N TA KC TIQUES. 151
;>' Xniu'iiiluc /.W.V. — l'ii Dîiniier vciinnt du Sud est pnssé dans le
chenal.
7 .\(ir('/i//iir 1909. — Vu un Pélrel qui se reposait sur Tt-au, près de
Port- Circoncision.
•■H) .\nrrj//hrr 1909. — Un Damier est passé dans le chenal.
'■26 .\orr//tl>/(' 1909. — En niei- : ajierru de nombreux Oiseaux dans le
détroit de Gerlache.
'27 Xovemhro 1909. — Détroit de Rransfield : plus le « Pourquoi Pas? »
approche de l'île Déception, plus les Damiers sont nombreux.
Dans l'anse des Baleiniers (île Déception), les Pétrels sont posés sur
l'eau : ils forment des bandes de plusieurs centaines d'individus.
28 iVovembre 1909. — lie Déception. Visite aux rochers situés dans
Test de la passe : ils sont formés de tufs Yolcanicjues qui atteignent près
de 200 mètres de hauteur. C'est dans ces falaises, le plus souvent très
escarpées et difficiles d'accès, que les Damiers font leurs nids. Trouvé
4 œufs sur 22 nids rencontrés.
3 Décembre i909. — Cherché des œufs dans les falaises de Déception.
Trouvé 43 nids dont 20 avaient des o'ufs.
4 Dècemhip 1909. — Trouvé quelques nids de Pétrels dans les falaises
de la pointe ouest de l'entrée de l'île.
6 Décembre i909. — Chasse à la Baleine dans le détroit de Bransfield :
aperçu beaucoup d'Oiseaux.
7 Décembre 1909. — Déception ; il y a d'autres colonies de Damiers
qui nichent dans les falaises de la pointe de rochers formant cap, sur la
côte est de l'île, en bordure du détroit de Bransfield.
21 Décembre 1909. — Baie de l'Amirauté (île du Roi-George). Aperçu
d'assez nombreux Damiers.
6 Janvier 1910. — Départ de Déception. A la sortie de l'île, des bandes
d'Oiseaux qui deviennent de moins en moins nombreuses en allant dans
l'Ouest.
7 Janvier 1910. — Au large de l'archipel de Palmer. Quelques
Oiseaux.
8 Janvier 1910. — L. : (34° lo'S. ; G. : 69» W. P. Quelques Oiseaux.
,9 Janvier 1910. — L. : 06° S. ; G. : 73° W. P. Dans la soirée nous
152 OISEAUX ANTARCTIQUES.
avons dépassé le cercle polaire; ce sont surtout des Damiers, avec quel-
ques Priocella glacuihidon ^ (|ui sont en vue.
10 Janvier 1910. — L. : 68o30'S. ; G. : 73° W. P. Les Damiers sont de
moins en moins fréquents ; ils disparaissent dans la soirée.
14 Janvier 1910. — Au large de l'île Pierre-Ier. Aperçu quelques
Damiers.
15 Janvier 1910. — L. : 68o23'S.; G. : 96° 50' W. P. Quelques
Damiers.
COUVEUSE
Dans la liste des embryons que nous avons mentionnés pour cha-
que espèce, il y en a certains qui sont notés comme ayant été
obtenus en couveuse (notamment pour les Oiseaux suivants : Pij<i. Ade/ix,
Pjig. papua, Sterna vittata et surtout Daption capensis).
Nous ne pouvions attendre sur place l'incubation de certains œufs, par
suite de lanavigation que le « Pourquoi Pas? » était obligé d'entreprendre
pendant l'été, pour continuer son exploration et ses r(>cherches océano-
graphiques. Nous avons donc dû chercher un moyen qui nous permît
d'obtenir les embryons de certains Oiseaux dont nous avons pu recueillir
les œufs au moment de la ponle.
Nous disposions à jjord d'une petite étuve à eau, composée d'un
cylindre en cuivre à double i)aroi, terminé en cône à la base ; dans la
chambre intérieure, nous avions disposé trois tablettes superposées sur
lesquelles nous rangions les onifs. Le dessus de l'étuve fermait au moyen
d'un couvercle : dans celui-ci, était ménagée une ouverture qui laissait
passer un thermomètre allant dans la chambre intérieure. Un(^ lamjx'
nous servait de source calorifique. Le réglage de l'appareil dul se faire
i»ar tâtonnement, en cherchant à quelle distance du fond de l'étuve il fallait
placer la source de chaleur pour obtenir la température désirée.
Les moyens rudimentaires dont nous disposions, la place presque
impossible à trouver où cette étuve pût être garantie contre les nom-
breuses causes extérieures pouvant inlluencer sa température et la faii(^
varier, les allées et venues continuelles, les courants d'air inévitables.
OISEAUX ANTARCTIQUES. I53
forniiiiciil ;mUiiil de racleurs (jui nous permettaionl de luctlro en doulc la
bonne marche de rappjireil cl riiiti-rèt des résultats à obtenir.
Dès le début de novembre lOO'.t, nous avions placé cette étuve dans un
angle du carré, derrière le poêle, le seul endroit où il se trouvât quelque
chance d'arriver à un fonctionnement pas trop défectueux de l'appareil.
Mais les courants d'air incessants, la chaleur du poêle, et forcément aussi
le manque desoins nous obligèrent à chercher un emplacement plus isolé.
Quoique la place fût des plus restreintes, nous avons logé l'étuve dans
un coin de notre cabine. Après avoir constaté qu'une simple lampe à
essence ne pouvait nous donner une chaleur suffisante, la chambre inté-
rieure ne dépassant pas + 23°, nous avons abandonné celle-ci. pour une
lampe à pétrole. Après plusieurs jours de tâtonnements, nous sommes
arrivés à assurer une température moyenne de + 37° à + 39° (nous
avions constaté que la température de divers Oiseaux variait aux environs
de + 39°).
Pour éviter les grands écarts de température qui avaient lieu conti-
nuellement à l'intérieur du bateau, aux variations aussi qui se produi-
saient constamment dans la source de chaleur, il nous a fallu, pendant
sept semaines (du 14 novembre au 27 décembre 1909), exercer une sur-
veillance de tous les instants. Chaque jour, matin et soir, les œufs
étaient mis à l'air quelques instants et retournés!
Malgré tous les multiples inconvénients impossibles cà éliminer dans
les circonstances où nous nous trouvions, les résultats dépassèrent
ce que nous attendions. Et si certains œufs, après avoir couvé quelques
jours, s'arrêtèrent dans leur développement (notamment les œufs de
/'. papua), chez d'autres l'incubation se poursuivit normalement
(S. vittata, et surtout D. caprnsis).
Mais il est certain que la température de 37o à 39° à laquelle étaient
soumis les œufs appartenant à des espèces différentes d'Oiseaux ne con-
venait probablement pas à tous. Trop forte pour certains, elle ne l'était
peut-être pas assez pour d'autres. De plus les conditions dans lesquelles
couvaient ces œufs étaient très différentes des conditions ordinaires.
Cependant, grâce à ce procédé, nous avons pu notamment nous pro-
curer une collection d'embryons de D. capensis aux différents stades de
Expédition Charcot. — Gain. — Oiseaux antarctiques. 20
154 OISEAUX ANTARCTIQUES.
rincubation, depuis les premiers jours jusqu'au vingt-troisième, c'est-à-
dire quelques jours seulement (4 ou 5) avant l'éclosion du Poussin.
En nous basantsur ces résultats, acquis dans des conditions déplorables,
nous ne saurions trop recommander aux expéditions futures l'usage de
couveuses pour se procurer des séries d'embryons. On arriverait, avec ce
procédé, à combler une lacune pour certaines espèces, dont l'embryogé-
nie est fort peu connue ou même totalement ignorée.
19. Prion desolatus (Gm.).
Les (< Pétrels bleus » ou « Oiseaux des baleines » ne nichent pas dans
les régions antarctiques. On les rencontre seulement dans les Océans
polaires, volant par petites troupes, d'un vol très rapide, à la surface de
la mer, faisant leur nourriture dos petits animaux qui forment le plancton.
Nous les avons vus presque journellement pendant la navigation d'été
depuis le détroit do Bransfiold, et plus au sud on bordure de la banquise,
entre le 58° et le 125" de long. W. P., jusqu'au 55° de lat. S.; mais ils
ne furent nombreux qu'entre le 60'*^ et le 65° de lat. S.
Nous ne pouvons dire avec certitude si les Oiseaux aperçus apparte-
naient au P. desolatus ou au P. Bcinksi.
Les espèces de « Prions » se distinguent difficilement au vol. Toutes
nos observations relatives à ces Oiseaux ont été faites au cours de la navi-
gation, et toujours aune certaine distance du bord; aussi sont-elles dou-
teuses au point de vue spécifique.
Journal ornithologique (Voir carte II, H).
?7 Novembre WOI>. — Détroit de Bransfiold : rencontré un « Prion ».
6' Déceinho 1909. — Aperçu deux Oiseaux.
7 Janvier 1910. — Au large de l'archipel de Palmer. Quelques Oiseaux.
8 .Janvier 1910. — L. : 61° 15' S. ; G. : 69° W. P. Quelques Oiseaux.
.'/ Janvier 1910. — L. : 0(3° S. ; G. : 73° W. P. Aperçu deux « Prions ».
14 Janvier 1910. — L. : OSo 30' S. ; G. = 80° 48' W. P. Vu trois Oiseaux.
15 Janvier 1910. — L. : (38o23 'S. ; G. : 96° 50' W. P. Quelques Oiseaux.
17 .Janvier 1910. — L. : C»!»» 06' S. ; G. : 404° 44' W. P. Deux Pétrels.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 155
19 Janvier 1910. — L. : 70° 2;i' S. ; G. : M 1° W. V. lu l'rlicl.
n, laurier 1910. — L. : r.(>o 22' S.; G. : 121° 17' W. I'. Vu un Oiseau.
'21 Janrirr 1910. — L. : (iio 7' S. ; G. : I lO" ."id' W. V. ., Prions » assez
nombreux autour du bateau.
'25 Janrirr 1910. ^L. : (i|o23' S. ; G. : 1 10° 39' W. P. Prions nombreux;
aperçu à plusieurs reprises une bande d'une trentaine d'individus.
'K) Janrirr 1910. — L. : OS" S.; G. : 107» 20' W. P. Observé moins
d'Oiseaux.
27 Janrirr 1910. — L. : 'M¥ :J2'S. ; G. : I02o30' W. P. Quelques Oiseaux.
28 Janrirr 1910. — L. : 55° ai' S. ; G. : 07° \2' W. P. Les « Prions .. ont
disparu.
20. Halobaena caerulea (Gm.).
On arrive assez facilement à distinguer ces Oiseaux des J'/ions grâce
à hi couleur blanche d(^ rextrémité de la cjueue.
Nous en avons rencontré quelques individus en janvier 1910, tandis
(|ue le « Pourquoi Pas? » faisait route au Nord. Nous vîmes trois de ces
Oiseaux par environ 61° 23' de lat. S., et 1 16° 56' de long. W. P. ; l'un
volait de compagnie avec une troupe de Prions (Voir carte II, S).
Le 27 janvier, par 36° 32' S. et 102° 30' long. W. P., nous avons vu
d'assez nombreux individus. Nous avons croisé plusieurs Oiseaux de cette
espèce jusqu'au cap Pilar, à l'entrée du détroit de Magellan, du côté du
Pacifique.
L'Expédition de la « Discovery » s'était procui^é un spécimen de celte
espèce par 62° S. et 1 10° de long. W. Gr.
DIOMÉDÉIDÉS
21. Diomedea exulans (L.).
Collection.
N° 290. — 5 juv. (douze mois), tuée dans Port-Foster (île Déception), 2-1-1910. Bec
mauve légèrement rosé très pâle, passant au jaunâtre vers la pointe. Paupières
laque carminée rose ; iris brun grisâtre. Tarses et pattes d'un bleu légèrement gri-
sâtre très pâle avec un peu de violacé. Corps blanchâtre ; partie supérieure des ailes
brun grisâtre. Estomac : graisse de Baleine. Parasites externes : I.xode et de nom-
breux Aptères.
156 OISEAUX ANTARCTIQUES.
L. T. : 1 100. — E. : 2 880. — A. : 670. — Q. : 265. — B. : 164. — T. : 96. — D. M. :
160-20.
Nous vîmes quelques-uns de ces Albatros clans les parages de l'ile Décep-
tion, attirés vers cette région par les nombreuses dépouilles de Baleines.
Vers le Sud, ils étaient rares au voisinage dupack-ice : cependant quelques
individus furent aperçus jusqu'à la latitude de 08° 30' S.
Parasites. — Nous avons trouvé une nymphe d'un Ixode appartenant à
l'espèce Ixodes [Cerali rodes) putus (Cambridge), et de nombreux
Aptères localisés sur la tête, le cou et le ventre. L'un de ces Aplères
appartenait à l'espèce Lipeuriis fero.v Giebel, tous les auti'es à l'espèce
Ta-ichenherfjiella brevis (Dufour).
Journal ormthoJogiqiie (Voir carte II, T).
6 Déeemhre HKHI. — Aperçu un Albatros dans le détroit de Branslield.
^ Janvier 1910. — Deux Albatros ont été vus dans la baie intérieure de
Déception : un a été tué.
7 Janvier Uiid. — Au large de l'archipel de Palmer, quelques Albatros
volent autour du bateau.
8 Janvier 1910. — L. : 6 i° I :.' a S. ; G. : 69° W. P. Quelques Albatros.
9 Janvier 19 Kf. — L. : 00° S. ; G. : 73° W. 1». Vu trois Albatros; presque
toute la journée, ils ont volé autour du « Pourquoi Pas ?» en décrivant de
grandes courlx^s.
Le corps était blanc, l'extrémité de la queue d'un noir brunâtre; la
partie supérieure des ailes noir brunâtre avec épaulettes blanches con-
tinuées par quelques taches blanches : elles présentent une frangeblanche
sur la région antérieure. La partie inférieure des ailes est blanche,
frangée en arrière de noir brunâtre.
1i Janvier 1910. — h. : 0So30'S. ;G. -.SGoiO' \V. P. AperçudeuxAlbatros.
i5 Janvier 1910. — L. : 61° 23' S. ; G. : 1 10o39'W. P. Vu deux Albatros.
% Janvier 1910. — L. 60° S. ; G. : 107o 1 5' W. P. Vu deux Albatros.
Aperçu des individus plus nombreux entre le 00° et le 55° de lat. S.,
jusqu'à l'entrée du détroit de Magellan.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 157
22. Diomedea melanophrys (I^oic) Tenim.
Nous avons aperçu quelques individus de celte espèce au cours de la
seconde campagne d'été du » Pourquoi Pas?, » en janvier l'.MO. Les adultes
ont la tète blanche, le bec d'un jaune-citron clair avec la pointe de la man-
dibule supérieure d'un beaurouf^e orangé ; l'iris est brun, les tarses et les
pattes gris rose.
Wilson, qui a observé à maintes reprises cette espèce au cours de
l'expédition de la « Discovery», note diverses transformations de couleur
chez cet Oiseau.
i. Oiseaux ayant la tèle cl le cou blancs, bec jaune orang-é, pointe orangée.
2. — — — — — citron, — — foncé.
.'1 — — — — — — — brune.
-'1. — — — — — terne, — noirâtre.
7). — — — gris, bec brun foncé, pointe plus sombre (1).
Ces remarques concordent avec les quelques notes que nous avons pu
prendre sur cette espèce. Aussi, dans les observations suivantes, nous
donnons entre parenthèses les numéros dans lesquels rentraient les indi-
vidus que nous avons rencontrés.
Journal ornitltolo(ji([iie {\o\v carte II, l).
6 Janvier 19 10. — Dé])artde Déception. Aperçu un Oiseau dans le détroit
de Bransfield (5).
8 Janvier 19 fO. — L. : 64° \ 5' S. ; G. : 69° W. P. Quelques Oiseaux nous
accompagnent : l'un appartenait certainement à la forme n° 5, les autres
aux variétés 3 ou 4.
14 Janvier 1910. — Au large de l'île Pierre. I^r. Vu un Oiseau.
13 .Ja?ivier 1910. — L. : 08023' S. ; G. : OOo^O' W. P. Un Oiseau.
16 Janvier 1910. — L. : 69° 20' S. ; G. : 102o09' W. P. Un Oiseau.
20 Janvier 1910. — L. :6So32'S. ;G. : Hool5'W.P. Un Oiseau.
'24 Janvier 1910. — L. : GloQ/'S. ; G. : 1 10oo6'W. P. Deux Oiseaux.
Au voisinage du déiroit de iMngellan et dans le détroit, ces Oiseaux
étaient assez nombreux.
(11 E. A. Wilson, Ioc. cit.
5i8 OISEAUX ANTARCTIQUES.
23. Thalassogeron culminatus (Gould).
Cet Oiseau est surtout roconnaissable par la disposition des plaques
jaunes et noires, sur le bec.
La mandibule supérieure est entièrement noire, sauf une bande
jaune pâle qui se trouve sur toute la longueur du culmen ; vers la pointe
le jaune pâle passe au rose oranj4,é. La mandibule inférieure, noire le long
du bord, est partout ailleurs d'un jaune vif; elle se continue par une étroite
raie rouge orangé à la base du bec, qui intéresse aussi la commissure des
mandibules: pointe noire.
Nous avons trouvé quelques individus isolés de cette espèce jusqu'à la
lisière du pack-ice (Voir carte II, V).
9 Janvier 1910. — L. : ti6o S. ; G. : 73° W. P. Aperçu deux Oiseaux.
10 Janvier 1910. — L. : 08o30' S. ; (".. : 73° W. P. Arrivée àla banquise.
Vu un Oiseau.
^25 Janvier 1910. — L. :61o23'S. ; G. :1 10o39'\V. P. Un Oiseau.
'■26 Janvier 1910. — L. : fiOoS. ;G. : 107° 1 5'\V. P. environ. Un Oiseau.
2S Janvier 1910. — L. : 5f')0S. ; 97o30' W. P. environ. Un Oiseau.
24. Phœbetria fuliginosa (Gm.).
Nous l'avons trouvé presque journellement pendant la navigation d'été
à la lisière de la banquise. Certains Oiseaux avaient un plumage beaucoup
plus clair que les autres : ils semblent d'ailleurs y avoir tous les termes de
passage entre les individus pâles et les individus foncés.
Journal ornithologiqae (Voir carte II, W).
// Janvier 1910 — Par67oS., au large de la Terre Adélaïde : vu deux
Oiseaux.
6 Janvier 1910. — Départ de Déception. Aperçu un A/Z/^/ziei/j- dans le
détroit de Bransfield.
7 Ja/ivier 1910. — Au large de l'archipel Palmer, quelques Albatros
volent autour du « Pourquoi Pas ? ».
OtSEAUX ANTARCrîÇUÈS. 159
cS' Jfuirirr l!H(). — L. : (i 1° I IV S. ; G. : 09° W. P. Oiielques Albatros.
.9 Janrirr 1910. — L. : 00° S. ; G. : 7;5o\V. P. Aperçu six Albatros, deux
avaient une livrée claire.
10. Janvier 1910. — L. : 68o30'S.; G. : 73° \V. P., dans l'ouest de laTerre
Alexandre. Trois Albatros.
1'-> Janvier 1910. — L. : 70° 13' S. ; G. : Slo\V. P. Deux Oiseaux.
i3 Janvier 1910. — L. : 69° 13' S. ; G. : 89° W. P. Un Oiseau.
15 Janvier 1910. — L. : 08° 23' S. ; G. : 9(jo30' W. P. Deux Albatros.
17' Janvier 1910. — L. : 69° 06' S. ; G. : lOi» W W . P. Un Albatros au
plumage clair.
19 .Janvier 1910. — L. : 70° 23' S. ; G. : I I |oW. P. Deux Albatros.
W .lanvier 1910. — L. : 68^32' S. ; G. : 1 1 3^03' W. P. Un Fuligineux.
'21 Janvier 1910. — L. :69o33'S. ;G. : 121ol3'W. P. Un Fuligineux.
^3 Janvier 1910. — L. : (j6o22'S. ; G. : 121o47' W. P. Deux Oiseaux.
Î5 Janvier 1910. — L. : 01° 23' S. ; G. : 1 IOo39'W. P. Trois Albatros.
'■27 Janvier 1910. — L. : 30032' S. ;G. : 102^30' W. P. Trois Albatros.
CHIONIIDÉS
25. Chionis alba (Gm.).
Collection :
N" 190. — 9i île Petermann, 20-IV-1909. Iris brun. Estomac : Amphipodes, petit gravier.
Paupières et parties nues lie de vin pâle ; bec jaune, culmen et gonys violacés,
pointe brunâtre.
L. T. :400. — E. : 790. —A. : 238. — Q. : 118. — B. : .32. — T. : 39. — D. M. : 48-12.
N° 195. — 9 1 île Petermann, 6-V-1909. Bec jaune pâle, plus foncé vers le milieu. Paupières et
parties nues lie de vin très pâle. Iris brun. Tarses, pattes grises. Estomac : vide,
petit gravier. Parasites : Néraatodes dans l'estomac.
L. T. : 400. — E. : 770. — A. : 24.5. — g. : 124. — B. : 28. — T. : 38. — D. M. : 49-11.
N° 205. — cfiile Petermann, 23-V-1909. Iris brun; bec jaune pâle passant au brun noirâtre
vers la pointe. Estomac : vide, petit gravier.
L. T.: 430. — E. : 830. — A. : 255. — Q. : 135. — B. : 34. — T. : 44. — D. M. : 51-13.
N° 209. — cf , tué près des cadavres de Phoques, île Petermann, 24-V-1909. Iris brun. Bec :
ton général jaunâtre, avec des parties brunes et verdâtres. Parasites externes :
Aptères localisés dans la région céphalique. Estomac : viande de Phoque, petit
gravier.
L.T. : 420. — E. : 820. —A. : 260.-0. : 130. — B. : 33. —T. : 44. — D. M. : 51-12.
N° 210. — Ç juv. (cinq mois), île Petermann, 25-V-1909. Iris brun pâle. Estomac : chair de
Phoque, petit gravier.
L. T. : 380. — E. : 7.30. — A. : 240. — Q. : 120. — B. : 30. — T. : 39. — D. M. : 50-10.
i6o OISEAUX ANTARCTIQUES.
N° 211. — cf, ile Petermann, 27-V-1909. Iris brun-marron. Estomac: vide, petit gravier.
L. T. : 435. — E. : 810. — A. : 260. — O. : 128. — B. : .33. — T. : 47. — D. M. : 52-13.
N" 212. — cf , île Petermann, 27-V-1909. Iris brun. Estomac : vide, petit gravier.
L. T. : 430. — E. : 800. — A. : 260. — 0. : 130. — B. : 33. — T. : 46. — D. M. : 52-12.
N° 216. — cf , île Petermann, 9-VI-1909. Iris brun foncé. Estomac : chair de Phoque, gra-
vier. Parasites externes : nombreux Aptères.
L. T. : 430. — E. : 840. — A. : 260. — O. : 130. — B. : 33. — T. : 47. — D. M. : 52-12.
N°217. — 9 Ju^"- (*i^ mois), île Petermann, 13-VI-1909. De place en place on trouve encore
quelques taches grises vers les extrémités des plumes. Estomac : Phoque, gravier.
Parasites externes : Aptères.
L. T. : 415. —E. : 800. — A. : 250. — Q. : 128. — B. : 30. — T. : 44. — D. M. : 51-12.
N" 234. — 9 : île Petermann, 22-VI-1909. Iris brun. Estomac : viande de Phoque.
L. T. : 410. — E. : 800. — A. : 240. — 0. : 120. — B. : 30. — T. : 39. — D. M. : 52-12.
N° 236. ■ — cfi île Petermann, 27-VII-1909. Iris brun foncé. Estomac: chair de Phoque.
Parasites externes : Aptères.
L. T. : 405. — E. : 817. — A. : 246. — Q. : 112. — B. : 30. — T. : 42. — D. M. : 52-13.
N° 237. — cf , île Petermann, l-VII-1909. Iris brun. Estomac : chair de Phoque.
L.T.: 420. — E. : 820. — A. : 252.— 0.: 122. — B. : 34. — T.:45. - D.M. : 53-13.
N° 285. — 9> île Petermann, 23-VIII-1909. Iris brun jaunâtre. Bec vert jaunâtre à la base
passant sur la mandibule inférieure au jaune brunâtre, puis au jaune verdâtre,
bords de cette mandibule brun noirâtre. Au vert jaunâtre de la base de la mandi-
bule supérieure, fait suite un culmen brun noir ; latéralement la couleur passe
au jaune verdâtre, tandis que le bord de la mandibule est brun foncé. Estomac :
chair de Phoque. Parasites externes : Aptères.
L.T. :400. — E. :760. — A. :245. — Q. : 133. — B. : 30.— T. : 44. — D. M. : 51-13.
N" 286. — 9) île Petermann, 23-VIII-1909. Iris marron clair. Estomac : chair de Phoque,
petit gravier.
L. T. : 400. — E. : 825. — A. : 253. — 0. : 128. — B. : 32. — T. : 43. —
D. M. : 50-10.
N° 287. — 9i île Petermann, 23-VI1I-1909. Iris brun. Estomac: vide, petit gravier.
Parasites externes : Aptères, Acariens sur la région céphalique.
L. T. : 400. — E. : 805. — A. : 248. — Q. : 122. — B. : 30. — T. : 42. — D. M. : 49-12.
Nous avons en outre conservé des Oiseaux dans le sel et l'alcool, ainsi que des sque-
lettes et des systèmes nerveux.
Le Chionis alha est Tunique Oiseau antarctique qui n'ait pas les pattes
palmées. De la taille du Pigeon, blanc, il a les lores et les paupières lie
de vin, le bec d'un jaune plus ou moins verdâtre passant au l)run vers
l'extrémité.
Pas farouches, bien vus des autres Oiseaux, les « liées en fourreau »
semblent fréquenter surtout les colonies de Cormorans, où ils trouvent
toujours quelque chose à manger, comme nous l'avons constaté en février
à l'île Booth-Wandel.
Le C/iionis fait son nid sans grande préparation, à l'abri de quelque
roche. Nous en avons trouvé deux à l'île lîooth-Wandel, vers la fin de
OISEAUX AXTARCTIQUES. i6i
février 190t> : l'un était si halMJcmont placé à une assez grande profon-
deur dans des creux entre les rochers, et l'ouverture lui donnant accès
si peu large qu'il nous a été impossible de voir et do prendre les pous-
sins que nous entendions pousser de petits cris.
Le second nid était plusaccessible, placésous desrochersen surplomb ;
les jeunes, à notre approche, l'avaient abandonné pour se cacher en
quelque recoin de l'ocher où nous n'avons pu les surprendre. Les
parents très confiants étaient sortis des nids à notre approche, et restés
à petite distance à nous examiner.
Plusieurs nids furent aussi aperçus sur les îles Déception et Bridginan.
A Petermann, les ('/lionis ne nichaient pas. Vers la fin de l'automne, en
avril et mai, ils vinrent des lies du voisinage pour passer la mauvaise
saison aux abords de notre station d'hivernage, où ils trouvèrentles aliments
nécessaires à leur nourriture : déchets de la cuisine, du laboratoire,
dépouilles de Phoques et de Pingouins, Mousses, Lichens, Algues, sou-
vent même excréments d'animaux qu'ils absorbent quand ils n'ont pas
autre chose à manger; tout leur est bon : ce sont des omnivores.
Les Oiseaux, au nombre d'une trentaine, n'abandonnaient pas les
abords du bateau (PI, XV, fig. 64, 05) ; ils semblaient avoir établi leur
campement, les jours de tempête, à l'entrée nord de Port-Circoncision,
à l'abri de la corniche de neige formée le long de la banquette de glace
côtière par l'apport successif de la neige dû au chasse-neige presque
permanent venant du Nord-Est.
Les Oiseaux abandonnèrent l'île au début de novembre et retournèrent
vers leurs lieux de ponte (pii devaient être les îles Lemire-de-Villers,
Hovgaard et Booth-Wandel.
Les ('/lionis ne s'éloignent pas à de grandes distances des points où ils
construisent leurs nids. Nous n'en avons jamais rencontré en pleine mer.
Une numération des hématies provenant du sang d'un adulte (23 août
1909^ nous a donné une moyenne de 3 600 000 globules rouges par mil-
limètre cube. Leurs dimensions sont de 14 à 13 y. de long sur 7 à 8 ;x de
large.
Parasites. — Les parasites externes sont nombreux chez les
Chionis.
Expédition Charcol. — Gain. — Oiseaux antarctiques. •»!
i62 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Les Mallopliages que nous avons trouvés comprennent trois espèces :
Philopterus melmioccphalm Nitzsch, Degeeriella lineulata atrimarghmtu
(Kellogg et Chapman), D. C /i n rcol i ^eumaim (1). Les Acariens, localisés
au voisinage du bec, se rapportent à quatre espèces, dont une nouvelle,
Trouessartia chionidis Trouessart; les trois autres sont : Alloptes cras-
sipes Canestrini, Muyninia centropodos forcipata Berlese, PteroUchus
sp.?(2).
Journal ornithologique (Voir carte II, X).
16 Février t909. — Ile Booth-Wandel. Trouvé un nid de Chionis.
'i'-i Février 1900. — Trouvé un nid au voisinage de la colonie de Cor-
morans.
''2'-2 Avril 1909. — Ile Petermann. Un Chionis est venu rôder toute la
journée autour du bateau.
26 Avril 1909. — Aperçu deux Chionis.
30 avril 1909. — Vu un Chionis.
6 Mai 1909. — Un Oiseau près du bateau.
S Mai 1909. — Plusieurs << Becs en fourreau » sont au voisinage de
Port-t'irconcision.
''25 Mai 1909. — Quelques Oiseaux ontélé aperçus tous ces jours.
28 Mai 1909. — Dans une excursion sur la banquise, j'ai trouvé des
Chionis qui se nourrissaient des excréments d'un Phoque.
2 Juin 1909. — Les Chionis restent en permanence près de notre poste
d'hivernage.
15 Juin 1909. — Les Oiseaux nous tiennent toujours compagnie; ils
ne sont pas farouches et se laissent facilement approcher.
4 Juillet 1909. — Les Oiseaux se nourrissent des déchets du bord.
Ils sont très égoïstes et n'aiment pas partager la nourriture avec \esPago-
droma nivea, qu'ils chassent, quand ils ne sont pas chassés par eux.
19 Juillet 1909. — Chionis toujours assez nombreux à Petermann.
8 Août 1909. — Une vingtaine d'Oiseaux sur les cadavres de Papous.
(1) Neuma.nn, loc. cit.
(2) E.-L, Troukssart, Acariens (//«^ F.xp. Ant. Fr., Se. Nat., Doc. Scient., Paris, 1914),
OISEAUX ANTARCTIQUES. 163
t^l^ A>u// IIUH). — Tdiijours des C/iionis sur l;i l)am|uis(' (|ni entoure le
bateau.
iO Scpteiithrc liUHK — 11 y a moins d'Oiseaux près de la station dhi-
vernage.
S Octohrc l!)(>l>. — Ouelques r'A/V>/?/,s nous tiennent encore compagnie.
15 Octobre 1909. — Une dizaine d'Oiseaux près du bateau.
18 Octobre 1909. — Ile Hooth-W'andel. \'u voler deux C/iion/s.
'■21) Octobre 1909. — Ile Petermann. Vu r///on/A est resté toute la journée
près du nid de Cormorans.
'■J9 Octobre 1909. — Le Chimiis rôde toujours dans les l'ookeries
d'Adélies, près des Cormorans.
5 Novembre 1909. — Les Chionis ont abandonné l'île Petermann.
// Décemlire f9(f9. — lie Déception : quelques nids dans les rochers à
l'ouest de l'entrée de la baie de Port-Foster.
''24 Décetnbre 1909. — lie Bricigman : des C/iionls ont été vus sur l'île.
CHAPITIU] Il
DISTRIBUTION DE LA FAUNE AVIENNE DANS LANTAUCTIDE
SUD-AMÉRIUAINE
I
L'Antarctide sud-américaine peut se diviser en deux régions n'offrant
pas de caractères bien différents au point de vue de la composition de
leur faune ornithologique, mais qui cependant, grâce à des conditions
météorologiques assez dissemblables, présentent des variations de climat,
lesquelles intluent sur la distribution, en latitude, de certaines espèces.
Dans le détroit de Branstield et sur la bordure ouest du Continent
(Terres Palmer, Danco, Graham, Loubet, Fallières), les vents dominants
soufflent des régions Nord et Nord-Est et donnent des températures
élevées, voisines de 0°: il en résulte que les banquises, les glaces de
dérive, sont arrêtées à des latitudes assez basses. Au contraire, sur la
TR^
164 OISEAUX ANTARCTIQUES.
côte est de ce continent (Terres du Roi-Oscar, Louis-Philippe, îles Ross,
Joinville, Orcades du Sud), dominent les vents des régions sud qui
amènent toujours des températures de beaucoup inférieures ; il s'ensuit
que, dans toute la zone soumise à l'influence de ces vents, la banquise et
le pack-ice remontent plus avant dans le Nord : chaque hiver, en effet,
les glaces entourentl'archipel des Orcades duSud, situé par environ 60° 43'
de lat. S. et 44° 30' de long. W. Greenwich.
Et pendant l'été, à latitude égale, le pack-ice se rencontre beaucoup
plus au nord le long de la côte est (jusque vers le 61° de latitude) que
vers la côte ouest, où il ne dépasse guère le 65° ou le 06° de lat. S.).
— De même la glaciation des Terres est beaucoup plus intense vers les
Terres du Roi-Oscar et Louis-Philippe que vers les Terres Palmer et
Danco.
Si maintenant nous nous reportons à la carte I qui donne la position
des différentes rookeriesde Pingouins connues en bordure de ce continent,
nous constatons que leur répartition en latitude diffère suivant chaque
espèce. Certains Oiseaux sont plus habitués que d'autres aux basses
températures et se localisent davantage dans les points où le climat est
plus rigoureux, et par suite la glaciation plus intense.
Nous allons successivement examiner la distribution, dans cette partie
des régions glacées australes, des cinq espèces de Sphéniscklés qui s'y
rencontrent.
1. Aptenodytes Forsteiu. — Pendant notre séjour sur la côte ouest du
continent antarctique sud-américain, nous n'avonsjamais aperçu, malgré
toutes nos recherches, d'individus appartenant à cette espèce. C'est un
Oiseau qui se localise dans les zones les plus froides, et nous sommes
persuadé qu'il ne se rencontre pas vers le Nord, ni dans l'Ouest du détroit
de Rransfield, ni le long des Terres de Palmer, Danco et Graham.
Jamais un Pingouin « Empereur » n'a été trouvé dansées régions, et nous
sommes persuadé que l'A. Forsterl, sur cette côte ouest de l'Antarctide
sud-américaine, ne dépasse pas, vers le Nord, les latitudes de la baie
Marguerite ou de la baie Matha. Au cours de son hivernage dans la
banquise (1898-1899), dans l'ouest de la Terre Alexandre et au sud de
l'ile Pierre-I*"!", par dos latitudes variant de' 68° à 70°, l'expédition de la
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OISEAUX AXT ARCTIQUES. 165
« Belgica » a vu d'assez nombreux individus d\\. Forstrri. Mais jamais
Racovilza, le naturaliste de l'expédition, n'avait aperçu celte espèce plus
au nord, en bordure des Terres que nous avons mentionnées.
Examinons maintenant la côte est de ce continent, vers la mer de
George-lV et jusqu'aux Orcades : comme nous l'avons déjà indiqué, le
climat y est plus rude par suite de la prédominance des vents des régions
sud, et les glaces, plus abondantes, remontent beaucoup plus loin dans
le Nord, le « drit't-ice i>, pendant l'été, pouvant atteindre le 60° de lati-
tude.
Aussi, dans cette région, l'A. Forsteri a-t-il été aperçu au cours de
l'expédition d'Otto Nordenskjoldi 1(101-1903), non seulement au voisinage
des îles Ross et Joinville, du détroit de l'Antarctic, mais encore jusqu'aux
Orcades, au sud du 60°, où des individus isolés ont été vuspendant l'automne
et l'hiver. Sur ces îles, en 1907, Paulsen capturait deux individus le
4 et le 31 mai .
Dans cette région, on n'a pas encore trouvé les lieux de ponte de cet
Oiseau.
2. Pygoscelis Adelij:. — Une distribution analogue, mais plus étendue,
se retrouve chez cette espèce. Le P. Ade/iœ, qui est le véritable habitant
de ces Terres antarctiq.ues, vit en colonies, parfois très nombreuses,
composées souvent de dizaine de milliers d'individus. Mais, tandis qu'en
bordure des glaces, vers la Terre Alexandre etla baie Marguerite, on ne
rencontre que des individus isolés ou en petites troupes, les Oiseaux
nichent en bordure du continent, sur les parties accessibles, dégarnies
de neige pendant l'été. Leurs rookeries sont toujours placées au voisinage
de la mer libre, ce qui oblige ces Pingouins à se reproduire assez au nord.
Cette espèce se localise aussi dans les points les plus froids de la zone
antarctique. Sur la côte ouest, nous avons trouvé les premières rookeries
dans la baie Matha, au sud du cercle polaire, par 07°. Puis ces rookeries
s'échelonnent en bordure de la côte de la Terre de Graham, où elles ne
dépassent pas, vers le Nord, le 6io45' de latitude. En effet, la colonie la
plus septentrionale nous parait être celle de Port-Lockroy (île Wiencke).
Il n'existe aucune colonie de ces Oiseaux ni dans le détroit de Gerlache,
ni dans l'ouest du détroit de Bransfield (côte nord-ouest de la
i66 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Terre Louis-Philippe, Terres Palmer, Danco, îles Smith, Low, Déception,
Livingston, Greenwich, Roberts, Nelson).
Les premières rookeries de cette espèce ne se retrouvent que dans
la baie de l'Amirauté, île du Roi-George, la plus est des Shetlands du Sud,
dont le climat est plus vif que celui des autres îles. Enlin les colonies
d'Adélies se rencontrent de nouveau sur toute la côte est de l'Antarctide
sud-américaine, dansla mer deGeorge-lV (ilesSeymour, Cockburn, Vega,
Paulet), le détroit de l'Antarctic et les Orcades du Sud.
3. Pygoscelis Papua. — Le Papou, moins que l'Adélie, aime les gi'ands
froids; aussi descend-il moins au Sud que celui-ci. Sur la côte ouest du
continent, les colonies extrêmes de cette espèce ne dépassent pas la lati-
tude de 65" 30' S. A l'inverse de l'Adélie, les rookeries les plus méri-
dionales sont les moins importantes.
C'est principalement au voisinage des détroits de Rismarck (îles Peter-
mann, Hovgaard, Rooth-Wandel, baie des Flandres) et de Gerlache (au
sud du canal de SchoUaertj que les rookeries sont les plus nom-
breuses.
Au nord du 64° 30' de latitude, il n'a plus été trouvé de colonies de
cette espèce dans le détroit de Gerlache. — Sur les terres et les îles
qui bordent le détroit de Rransfield, les colonies font défaut ou sont très
réduites : il n'est actuellement connu que quelques petites rookeries sur
les îles Déception, Nelson et du Roi-George (Shetlands du Sud),
Sur la côte est, vers la mer de George-IV, les rookeries manquent ;
dans toute cette région, le climat est trop excessif pour ces Oiseaux. On
retrouve les colonies au nord du 63° 30' de latitude, vers le détroit de
l'Antarctic et jusqu'aux îles Orcades : leur population est alors abondante.
Le Papou, moins amateur des grands froids que l'Adélie, forme le trait
d'union entre P. Adeliie et P. nntarctica. Tandis que, dans les plus mé-
ridionales de ses rookeries, il voisine avec des colonies d'Adélies, en
d'autres points il niche à côté de Pingouins antarctiques. Le P. antarc-
tica, au contraire, a toujours ses lieux de ponte en des points différents
de ceux de l'Adélie. Aux îles Orcades, exceptionnellement, on en trouve
une petite colonie.
4. Pygosceus ANTAUCTicA. — Cette espèce se localise vers les régions
OISEAUX ANTARCTIQUES. 167
les |)lus septentrionales do l'Antarctide sud-uméricaine. Ses rookeries
sont situées dans les points où le climat et la température sont le moins
rigoureux, en des endroits où l'Oiseau est presque toujours certain de
trouver la mer libre.
Vers l'ouest, les colonies ne dépassent pas dans le Sud Ol' 45' de lati-
tude : elles sont nombreuses sur les côtes et les îles du détroit de Ger-
lache, aux îles Trinité et lloseason et sur la côte ouest de la Terre Louis-
Pbilippe.
Mais c'est principalement sur les Shetlands du Sud occidentales (îles
Low, Déception, Livingston, Nelson), etc., que P. anlarctica vit en
énormes agglomérations dont certaines peuvent comprendre plus de
100 000 individus (comme nous l'avons constaté à l'île Déception).
N'aimant pas les grands froids, les lieux de ponte du P. nntarctica ne
dépassent pas, dans l'Est, l'île Nelson, II n'a aucune rookerie de cette
espèce ni vers la merde George-IV, ni dans le détroit de l'Antarctic. Une
colonie peu importante habite les Orcades du Sud.
5. CvTARHHACTES ciiRYsoLnPHiis. — Aux espècos précédentes qui étaient
déjà connues comme nichant dans les régions antarctiques, nous devons
ajouter le C. chrijmlophus., dont nous avonstrouvé des colonies de quelques
centaines d'individus sur l'île Déception.
Mentionnons encore une autre rookerie aperçue par Andersson sur la
côte ouest de l'île Nelson.
On n'a jamais vu des individus isolés de cette espèce dans le Sud, en
dehors du détroit de Bransfield.
Avec les cinq espèces de Sp/iéniscidés dont nous venons de parler, les
Oiseaux qui nichent dans l'Antarctide sud-américaine appartiennent aux
onze espèces suivantes : Phalacrocorax atriceps, Sterna cittata., Laïas
dominicanus , Megalestrk antarctica., M. Maccormicki., Oceanites ocea-
nieus, Priocella qlac'mloides ^ Pagodroma nivea, Ossifraga gigaiitiui,
Daption capensis., Chionis alha.
Phalacrocorax atriceps (Voir carte I). — Sur la côte ouest, il niche
depuis le 65° 30' de lat. S. (îles Berthelot, Argentine, Petermann,
Hovgaard,Booth-Wandel,Wiencke, détroits de Gerlacheetde Bransfield).
Sur la côte est, ses colonies ne semblent pas dépasser 640 20' (îles
i68 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Cockburn, Paulet, Irizar, etc.). On les trouve aussi aux Orcades.
Stenia v'tttala et Lariis (Jommicatnis. — Ces deux Larklés ont à peu
près la même aire de distribution. lisse trouvent sur toute la bordure
occidentale du continent, depuis la baie Marguerite, par environ 68° de la-
titude, ainsi que sur la côte est dans les points visités par l'expédition
d'Otto Nordenskjôld (1901-1003). Peut-être même ces Oiseaux nichent-ils
plus bas encore.
Tandis que L. dominiconm ne s'écarte jamais beaucoup du conti-
nent, .S. v'ittuta se rencontrependantles mois d'été assez loin dans le Sud,
au voisinage du pack-ice.
Des deux espèces de Stercoraires, le Meridlestris antarctiea doit être
plutôt regardé comme une espèce subanlarctique qui niche dans les
régions les moins froides de l'Antarctide sud-américaine (Orcadesdu Sud,
Shetlands du Sud, Terre Louis-Philippe et peut-être le nord du détroit de
Gerlache). — Le M. Maccormicki, au contraire, est nettement un Oiseau
antarctique. On trouve ses nids à proximité des côtes dans les zones
glacées les plus reculées. Nous les avons rencontrés sur toute la côte
ouest du continent, depuis la baie Marguerite jusqu'aux îles Shetlands
du Sud, où il est mélangé avec le Skua antarctique. Ses nids n'ont pas été
aperçus par l'expédition de 1' « Antarctic )> vers la côte est : peut-être
auront-ils été confondus avec ceux du J/. antarctiea.
Aux îles Orcades, il n'a été aperçu que des individus isolés du
M. Macconnicki.
Les lieux de ponte de Ocea/iites occanicus présentent à peu près la même
distribution que ceux du S. cittata. On en a rencontré sur le pourtour du
continent, depuis la baie Marguerite jusqu'à la mer de George-lV, et })lus
au nord, aux Orcades.
Ossifraga (/ifiantea et Daption capensix ont une dispersion à peu près
égale. Tandis que des individus isolés se trouvent un peu partout en
regard des terres, le long du continent, les lieux de ponte sont localisés
dans les régions septentrionales, aux Orcades du Sud, dans l'archipel des
Shetlands, en bordure des Terres Louis-Philippe, Palmer et Danco, et
probablement sur quelques îles de l'archipel de Palmer.
Les points où niche Priocella giacialoides nous sont encore peu connus.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 169
Cette espèce aime surtout les reliions froides. Des nids ont été trouvés
dans le détroit de Bransfieldsur un point de la Terre Louis-Philippe; nous
pensons qu'il en existe dans les falaises de Tile Déception, ainsi que sur
l'île .lenny, dans la baie Marguerite. Nous avons vu maintes fois des indi-
vidus isolés de celte espèce en assez grand nombre, mais non rassem-
blés, en pleine mer et surtout au voisinage du pack-ice.
Les f*a(/o(h'(inin nirra sont caractéristiques des régions glacées aus-
trales, lis nichent aux Orcades, à laTerre Louis-Philippe et probablement
vers les Terres de Danco, Graham et Loubet. Ils sont toujours nom-
breux à la lisière des glaces. Pendant l'été, ces Pétrels sont abondants au-
dessous ducercle polaire, aux environs des Terres Adélaïde et Alexandre,
dans la baie Marguerite et dans l'Ouest en bordure du pack-ice. On les
trouve aussi dans la mer defieorge-IV et dans l'est du détroit de Bransfield,
au voisinage des glaces de dérive.
Pendant l'hiver, les Oiseaux remontent vers le Nord pour rester
toujours en contact avec la mer libre : ils sont aloi's nombreux aux envi-
rons des Terres de Graham et Danco et de l'archipel de Palmer.
Enfin le Thalassœca antarctica., dont on ne connaît pas encore les lieux
de ponte, est aussi presque localisé aux régions froides australes. Cette
espèce vit toujours à la lisière du pack. Il remonte pendant l'hiver le long
de la côte ouest de l'Antartide sud-américaine pour rester en contact avec
la mer libre. En été, cesOiseaux, rares dans l'ouest dudétroit de Bransfield,
dans le détroit de Gerlache etau large de laTerre de Graham, deviennent
nombreux au-dessous du cercle polaire, vers la baie Marguerite et vers
l'Ouest, à la lisière de la banquise (Voir carte II, L).
Enfin le Chionis alha, le seul Oiseau non palmé qui habite ces terres
antarctiques, ne s'écarte jamais des endroits où il fait son nid. Il niche
jusque vers le 05° 30' de lat. S., le long de la Terre de Graham, dans les
détroits de Gerlache et Bransfield, sur les Shetlands du Sud, au voisinage
du détroit de l'Antarctic, ainsi qu'aux Orcades du Sud. (\ alba ne se ren-
contre pas en grande quantité.
Quant aux espèces suivantes, elles ne se reproduisent pas dans l'Antarc-
tide sud-américaine. Au voisinage du détroit de Bransfield et au large de
Palmer, on trouve quelques Prions qui peuvent appartenir aux espèces
Erpédilion Cliarcot. — Gain. — Oiseaux anlarcliques. 22
170 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Prion vittatus, Pr. Banksi^ P. detiolatm, ainsi que quelques rares indi-
vidus de l'espèce Majaqiiem œquinoctialis.
Enfin on rencontre aussi Thnlassidroma melanogaster (principalement
vers les Orcades), Diomedea exulans, D. melanophrijf< et Phwbotria fuJi-
ginosa (vers le large, surtout dans l'ouest du continent).
II
Avant de terminer ce qui a trait à la distribution de la faune avienne
dans l'Antarctide sud-américaine, nous donnons quelques cartes de cer-
tains points de cette région; nous les devons aux travaux de nos cama-
rades, MM. les lieutenants de vaisseaux Matha, Bongrain et Godfroy.
Pour chacun des différents points que nous avons pu étudier en détails,
nous avons figuré par une teinte grise l'emplacement et l'importance des
diverses colonies dOiseaux qui s'y reproduisent et représenté chaque
espèce par une majuscule. Les diiïérentes majuscules correspondent aux
espèces suivantes ;
A. Pygoscelix Adelix.
B. — papun.
C. — anfarrticri.
D. dotarrlioctes clinjsolojihiis
E. Phalacrocora.r ntricejis.
F. Sterna vit ta ta .
(j. Larus domuiirmius.
H. Megalcslris antarctica.
I. — Macrormirki.
J. Ocpanite.t oretinicus.
M. Priocella glucialo'ides.
P. Ossifrag<t giganleo.
Q. Daption capensis.
X. Chionis alba.
Nous allons passer rapidement en revue la répartition de la faune
avienne dans les cinq localités suivantes : baie de l'Amirauté (île du Roi-
George), île Déception, Port-Lockroy (île Wiencke), île Booth-Wandol
(environs de Port-Charcot), ile Petermann.
1. Baie de l'Amirauté ('i-e ihi Roi-George).
(Lat. : O^ooC.'lirS. — Long. : 00° ôOTid' W. Paris).
Comme nous lavons vu, cette île, située au débouché de la mer de
George-IV, au nord du détroit de l'Antarctic, est soumise à un climat
rude. Aussi la glaciation y est-elle intense : ce ne sont partout que gla-
ciers dont les hautes falaises abruptes tombent dans la mer. De place en
OISEAUX ANTARCTIQUES. 17I
place, vers les pointes ou les endroits les plus bas, la roche et le sol sont
mis à nu pendant l'été. C'est sur ces emplacements que nous avons ti'ouvé
les nids de 8 espèces d'Oiseaux.
Afooiller Ternjck
BAIE DE L'AMIRAUTÉ
JiûcAffTj Jll Telf/ôn
Fis. 8.
A cause de la rigueur de la température, on ne trouve ni P. antarctka.,
ni (l. chrijmloijhiis. Par contre, les P. Adr/tH' (A), qui manquent dans les
Shetlands occidentales, font leur réapparition datis cette baie, où se
trouvent deux colonies : Tune, réduite, située sur un îlot près du cap
172 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Vauréal ; l'autre, qui comprend plus de 20000 individus, près de la pointe
Thomas. Au voisinage de cette dernière, il y a une petite colonie de
P.jjajjiia (B). Les 3f. Maccormicki (I) sont répartis un peu sur tous les
points de la baie, partout où il y a du rocher; nous avons aussi
aperçu quelques nids de M. antarctica (H) sur l'île du fjord Ezcurra : ils ne
doivent pas être les seuls. Enfin quelques nids de Cormorans (E) existent
sur l'îlot près de la pointe est de l'entrée de la baie, tandis que sur la
côte, en regard, vit une colonie à^Ossifraga gigantea (P). Nous avons vu
des nids de L. dominicanm (G) sur la pointe de la Plaza et trouvé une
rookerie de S. viltata (F) sur un pointement do rochers entouré de gla-
ciers, à une altitude de 200 mètres.
2. Ile Déception.
(Lat. : G:?" 55' 25' S. — Long-. : ('.20 58' IS' W. Paris).
L'île Déception, l'une des plus occidentales du groupe des Shetlands
du Sud, est soumiseà un climat moins rigoureux que l'île du Roi-George.
Ancien volcan, presque entièrement recouvert de glace et de neige,
elle offre l'aspect d'un anneau lu'isé, dont les sommets ont une hauteur
variant de 300 à 600 mètres : par une passe étroite, la mer a envahi l'in-
térieur du cratère et forme une vaste baie qui porte le nom de Port-
Foster.
C'est sur les parties basses de l'île, sur les falaises, dépourvues de
neige en été, soit au voisinage de Port-Foster, soit en bordure de la côte
extérieure, que nichent \'l espèces d'Oiseaux.
Il n'y a pas de P. Adelïee ; il existe une seule colonie très réduite de
P. papua (B). Par contre P. antarctica vit en énormes rookeries (C), dont
certaines, celles qui sont situées sur la côte est de l'île, comprennent ])lus
de 100000 individus. On y trouve aussi un millier de C. chnjsolophns (D);
une autre petite colonie de ces Oiseaux est située sur la falaise, au sud
de la passe du « Challenger ».
Quelques Cormorans (Ej ont leurs nids sous les rochers en bordure de
Port-Foster, au voisinage d'une colonie d'Antarctiques. Nous avons
trouvé plusieurs colonies de Sternes (F) au sommet des falaises nord de
OISEAUX ANTARCTIQUES. I73
rentri'^o do l'ort-Foslor, au voisinai;^ do Pondiiluin-Covc ot sur la oôlo
ouost iW nio. Los L(irt<^ iC.i, ainsi (|u<' W^ Mpga/es/r/s iH, 1) sontivparlis
I'"ig. !(. — Ile Déception.
un pou pai'tuut, los derniors sui"tf)ut à proximité des rookeries de Pin-
gouins. Il existe dos nids A'Oceditites océaniens (J) sur la cote ouest do
Port-Foster ainsi que dans des rochers de la côte sud-est de l'ile. Les
174 OISEAUX ANTARCTIQUES.
P. g/acia/oïdes (M) doivent nicher dans les falaises abruptes de la côte est;
mais, par suite de l'impraticabilité de ces falaises, nous n'avons pu nous
en assurer.
De nombreux Damiers du Gap (Q) ont élu domicile le long des falaises
situées à proximité de la passe du « Challenger ». Enfin nous avons trouvé
quelques nids de Chionis alba (X) sur la côte ouest de Port-Foster ainsi
que dans les rochers de la côte sud-est.
Malgré l'abondance, dans cette région, des Ossifrages, attirés par les
nombreuses dépouilles de Cétacés abandonnées par les baleiniers, nous
ne pensons pas que ces Oiseaux se reproduisent sur File Déception.
3. Port-Lockroy, île Wiencke.
(Lat. : OioiO'air S. — Long-. : 05° iU' 18" W. Paris).
Les Oiseaux sont localisés sur les pointes basses, faciles d'accès, tou-
ABORDS ae PORT LOCKROï
Jiot C^.'nKri/a-
Cal,
n de
l'Ile Goudier
tu^.
f"S-
ss-i-«a
S-
«••)
r-m'Ou«w-%u*
Fig. 10.
jours dans les endroits où la neige fait défaut pendant l'été. Partout
ailleurs une carapace de glace recouvre le rocher.
Près de la pointe Lécuyer, une colonie d'Adélies (A) est installée sur les
rochers les plus élevés, à une trentaine de mètres de hauteur, tandis que
OISEAUX ANTARCTIQUES. 175
du côté do la baie, en contre-bas, |)lnsieurs milliers de Papous (B) voi-
sinent avec de nombreux Cormorans (E). Sur les îlots, il y a des nids de
Larus et de Megaleslris. Près de l'ilot de Casablanca, se trouve une autre
colonie de Papous, et dans le voisinage des nids de Megalestris (I). Enfin
deux colonies de Sternes (F) sont établies sur l'île Donner.
4. Ile Booth-'Wandel : environs de Port-Charcot.
(Lat. : G5<'n3'4r)" S. — Long-. : Cii" ifl'ôS" W. Paris).
A part la colline du Cairn, les rochers de la pointe de Vanssay, la face
nord-ouest de la colline Jeanne et quelques pointements de rochers
ILE BOOTU-WANDEL
FiK. II.
épars, toute cette partie ouest, peu élevée, de l'île Booth-Wandel est, en
été, recouverte de neige et de glace.
Les Adélies ont une rookerie de quelques centaines d'individus près de
la pointe de Vanssay (A). Dans le voisinage, sur les rochers dominant la
mer, se tient une colonie importante de Cormorans (E) : on y trouve aussi
quelques nids de Chionis alba (X). Les Papous (B), assez nombreux,
occupent les rochers à découvert entre la colline du Cairn et la colline
Jeanne. Sur la colline Jeanne, des J/. Maccormicki (I), puis en bordure
de la mer, des Oceanites (Jj et des Sternes (F). Ceux-ci forment encore
176
OISEAUX ANTARCTIQUES.
J'" LmmiDr.
•'iff. 11'.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 177
une petite colonie près de la baie Libois. l^^nfin sur la colline du (laiiu, on
trouve des nids de Larus: (G), Mpf/f//esfi'is (I) et Orranifrs (J).
5. Ile Petermann.
(Lat. : (r)OlO':a'S. — Long-. : COolM'lîO' W. Paris).
L'île est divisée par un islbme étroit en deux massifs : l'un est une
croupe de glace haute de 130 mètres, aux parois raides, dont la face qui
regarde le nord est dépourvue de neige en été; l'autre, qui ne dépasse
pas iO mètres, descend vers la mer en pente douce : de place en place
surgissent des petits massifs rocheux sur lesquels les Oiseaux construisent
leurs nids.
Les Pingouins Adélies (A), au nombre de quelques milliers, ainsi que
quelques Papous (B) et trois couples de Cormorans (E) ont leurs nids en
bordure du chenal de Lemaire, entre le fjord du Nord et Port-Circoncision.
Deux colonies de Sternes (F) sont établies près des pointes Senouque et
Rouch. Près de cette dernière pointe, on trouve aussi des nids de Larus
(G); mais ces Oiseaux sont plus nombreux dans la partie sud de l'île, ainsi
que sur les îlots Charlatet Boudet. Beaucoup de M. Maccormicki (I) nichent
sur le versant nord de Petermann, où l'on rencontre leurs nids jusqu'au
sommet de Tib' : d'autres se tiennent aux alentours du fjord du Sud. Eidni
nous avons trouvé des nids de procellaires (J) vers la pointe Godfroy et
sur les rochers voisins du fjord du Sud.
CHAPITRE m
DISTRIBUTION GÉOGRAPIIIOUE DE LA FAUNE ORNITIIOLOGIOUE
RENCONTRÉE DANS LES RÉGIONS ANTARCTIQUES GLACÉES
Si nous examinons la région antarctique au point de vue de la répar-
tition de la vie, nous constatons tout d'abord que, sur les terres, presque
uniformément recouvertes de leur manteau de glaces, la tlore est à peu
près nulle : quant à la faune terrestre, elle n'existe pour ainsi dire pas.
Eipédilion Charcul. — Gain. — Oiseaux anlarilii|ues. '~'j
178 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Par contre, dans les océans, la végétation sous-marine est assez abon-
dante, et le plankton, surtout pendant les mois d'été, se trouve en grande
quantité vers la surface de la nier.
Cette circonstance permet de comprendre comment il se fait que la
région antarctique, inhabitable pour des animaux et des Oiseaux habitués
à se nourrir des produits du sol, puisse être peuplée non seulement d'une
grande quantité d'Invertébrés marins, mais aussi, en plus des Poissons et
des Vertébrés nageurs représentés par les Baleines et les Phoques, — par
des Oiseaux, la plupart grands voiliers, qui vivent presque tous des pro-
duits de leur pêche.
La faune avienne antarctique, riche en individus, est pauvre en espèces.
Elle est répartie non seulement dans les contrées glacées, mais encore
dans les parties plus tempérées de ces régions australes.
Sur les32 espèces qui ont été rencontrées au-dessous du 00° de lat. S.,
il y en a près de la moitié qui ne sont pas caractéristiques de ces régions
glacées proprement dites, soit qu'elles ne descendent que très peu au-
dessous du 60°, soit que leur présence, en des latitudes plus extrêmes, ne
constitue qu'une rare exception. Elles font surtout [)ai'tie de la région
subantarctique, dont elles sont, pour la plupart, caractéristiques.
Mais ces deux régions, antarctique et subantarctique, ne peuvent être,
en réalité, séparées l'une de l'autre. Elles ont en effet beaucoup de traits
communs; la plupart des Oiseaux qui vivent dans l'une se rencontrent
dans l'autre. Et parfois aussi la dissémination de plusieurs des
espèces antarctiques s'est étendue non seulement à la zone subantarc-
tique, mais encore à des régions plus tempérées et môme tropicales.
Alphonse Milne-Edwards, dans ses remarquables travaux sur la faune
des régions austra!es( 1 ), a fort bien décrit, en se basant sur toutes les don-
nées qui existaient à celte époque, les caractères, la nature, étudié la
dispersion et recherché les origines de cette faune avienne.
Si nousexaminons, parexemple, les Pingouins et les Albatros, ces deux
types aviens si différents par leur organisation et leurs facultés loco-
motrices, nous constatons, comme l'a fort bien montré Milne-Edwards,
« qu'ils ont In même patrie et les mêmes stations de reproduction ; mais
(1) Ami. se. nat.. Zoologie, t. I.\, ai(. n« 9; t. Xll, ail. n" 7 ; t. XIII, art. n° 4, Paris, 1880.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 179
Tim clo ci^s types, couronné poui- la iiai^v scuh'aiont, n'n l'épandii sesdéri-
vt's (lue dans le voisinage de la i'éi:;ion ([ui scndjic avoir été le berceau
commun de leurs races, tandis que l'autre, doué d'organes de vol d'une
puissance extraordinaire, a envahi une portion plus considérable de la
surface du globe ». Si, dans l'océan Atlantique, les Albatros ne se sont
avancés que très peu dans la zone torride, dans l'océan Pacifique, cer-
taines espèces, par suite d'une réunion de circonstances favorables àleurs
migrations, ont abordé les régions chaudes et peuplé les mers entre la
Chine et la Californie.
De même le type avien, dont les Stcrcorariidés [Mefjalestris) sont des
dérivés, appartenait originairement à la faune antarcticjue, et ses repré-
sentants auraient émigré vers le Nord en longeant la côte américaine de
l'océan Pacifique.
Au contraire lesLaridés (Goélands et Sternes) de la région antarctique
ne présentent rien qui puisse caractériser la faune de cette partie du
globe : les espèces ou races qui y vivent sont probablement des dérivés des
(3iseaux du même genre, qui abondent dans l'hémisphère nord. Certaines
espèces sont même plus ou moins cosmopolites.
La faune antarctique est très riche en Procpllariidés, et « la plupart des
espèces ou races propres à la région boréale s'y trouvent représentées
approximativement, tandis que beaucoup d'espèces bien caractérisées, qui
ont pour patrie la zone australe, n'ont pas d'analogue sur d'autres parties
de globe (1) ». Et nous pensons, avec Milne-Edwardset llutton (2), que le
type avien dont dérivent tous ces Palmipèdes est originaire des régions
australes, et que c'est par l'émigration de cette partie du globe vers le
nord que certaines espèces sont arrivées dans nos mers.
. Nous pouvons conclure avec Milnc-Edwards que « la région antarctique
possède une faune avienne spéciale, caractérisée par plusieurs types zoo-
logiques fort remarquables et offrant à peu de chose près une composi-
tion similaire tout autour du globe. Mais divers membres de cette faune
s'étendent à des distances très variables sur certaines parties adjacentes,
(1) A. .MiiNE-EhWAnDS, loc. cit., t. XIII, p. 22.
(2) HuTToN, N'oies on Some Bitdsinliabiting Ihe SouHiein Océan (Ibis. ISGIi, p. 290).
i8o OISEAUX ANTARCTIQUES.
de manière à exercer une influence plus ou moins grande sur les carac-
tères de la population ornithologitjue de ces dernières régions.
« Des mélanges en sens inverse ont eu lieu aussi, mais ils sont en géné-
ral de minime importance, et leur nature varie avec les relations géogra-
phiques qui existent entre les différentes parties de la zone antarctique et
les terres habitées par des faunes aviennes particulières, avec notamment
TAmérique du Sud, avec l'Afrique, avec l'Australie et avec la Nouvelle-
Zélande. »
Nous tenant exclusivement aux seuls Oiseaux rencontrés, fréquemment
ou par hasard, au-dessous du (30° de lat. S., nous allons passer succes-
sivement en revue leurs différentes espèces (au nombre de 32), et donner
rapidement la distribution géograjjhique de chacune d'elles. Nous nous
contenterons de mentionner les localités où elles ont été rencontrées,
soit à l'état isolé, soit en colonies pendant la période do reproduction,
par les navigateurs ou les diverses expéditions qui ont parcouru les
régions australes.
Pour simplifier et ne pas nous exposer à des redites, nous donnons
en note une liste des auteurs et des principaux ouvrages qui ont contribué
à faire connaître la distribution des diverses espèces rencontrées dans la
zone antarctique (1). Chacun de ces ouvrages porte un numéro d'ordre
(I) 1. K. A. Amiersson, WUsensch. Ergeb. Schwcd. Sihlpolar-E.ipuL, V, Lief. 2, IW.'>. — 2. L. Bek-
NAcr.m, South Polar Rcg., 1901. — 3. C. E. BoRtirr.nEviNK, Verhandl. Ges. Erdkwide, 189ii. — 4. Fhs«
on ant. Cont., 1901. — 5. Brandt, Bull. Ac. St-Petcrsb., II, 1837. — 6. J. Cab.vms et A. Reichenow,
Journ. f. Orn., 1876. — 7. .). Cassin, Un. St. E.rpl. Expvd., Atlas, 42. — 8. W. E. Clarke, Ibis,
1906-1907. — 9. E. CoiES, Bull. Mn. St. mit. Mus., 1875. — 10. C. W. Donald, Pr. Roy. Phys. Soc.
EJimt.,XII, 1894. — 11. Dresser, B. Europe, VIII.— 12. FiNscii, Proc. zuol. Soc, 1870, t. XXV. —
13. F. FoRSïER, Comment. Societ. Gdltimj., III, 1780. — 14. L. C.ain, /A'<= Congr. de zool., Monaco,
1914. — 15. Garnot, Ann. se. nat., VII, 1826. — 16. (".meli.n, Sysl. nat. Linn., 11. 1788. — J. Gouu),
17. DirJsofAusIr., 186S. — 18. .\nn. and Mag. of nat. kist., t. XIII, 1844. — 19. Proc. '/.oui. Soc,
1855. — 20. G. B.Gray, Gen. Uirds, 111. -21.Gray, List. B.,Brit. Mus., III, 1844. - 22. G. H. Gray
and R. B. Siiarpe, Zool. Voy. « Erebus » and « Tcrror », Birds, 1875. — 23. R. Hall, Ibis. 1900. —
24. lIusKER, Zcitschr. Ges. Erdkunde, 1876. — 25. IlrrroN, Ibis, 1865. — Hombron et .Iacquinut,
26. Arm. se. nat., XVI, 1841. — 27. Voy. au Pôle Sud, Zool., 111, 1844. — 28. Kiin,, Beitr. Kennin.
Proc, 1820. — 29. Laïham, Ind. iVOrn., II, 1790. — 30. F. L. Layard, Ibis, 1867. — 31. Lessun,
Traité d'orn., 1831. — 32. Licirr, Doser, anim., 1844. — 33. Verz. Doubl., 1823. — 34. Linné, Sysi.
Nat., X, 1758. — 35. Lonnberi;, Se. Vetensk. Handl., 1906. -- 36. Wissenseh. Ergeb. Schwed. Siidpo-
larcxp., V, Lief 5, 1905. — 37. Mac Cormick, Voy. Disc. Antarct., I, 1884. — 38. A. MENErarx, Exp.
ant. F r., Oiseaux, 1907. — 39. PA(;ENSTECiiER, J«//)/<. Wissenscli. anst. Ihimburg, II, 1885. —40. Peai.e,
Vn. St. E.rpt. E.cp., Birds, 1848. —41. E.-G. Racciviï/a, Exp. ant. bilgc. 1900. - 42. A. Remiie-
Nûw, Wissenseh. Ergeb. Deutsck.Ticffee Exp., VII, 1904. —43. Oivi. Mntsb. ,l')Oi. — Ai. Deulsch.Siiilp.
Exp. ant. Yôgcl des Weltm., 1908. —45. Uh.hm., Proc. biol. Soc, Washington, 1906. — 46. Salven,
OISEAUX ANTARCTIQUES. i8i
on caractères gras. Nous nous contenterons de mentionner, après le nom
spécifique, les numéros correspondant aux divers travaux contenus dans
la liste ci-dessous, dans lesquels Tespèce est signalée : le lecteur n'aura
qu'à s'y reporter
1. Aptenodytes Forsteri (1-2-3-4-8-10-18-20-22-36-38-41-44-50-52-54-62-63-64-66-
67-68) (lig-. i:i).
Le Pingouin Empereur est localisé à la région antarctique proprement
dite : côte est de la Terre Louis-Philippe, îles du Roi-Oscar II, îles Join-
ville, Cockburn (Ross), Seymour, Paulet, Snow (Andersson), Orcades du
Sud (Valette, Mossmann, Pirie), est de la Terre Alexandre (Racovitza) sur
le pack-ice et la banquise entre 82° et 97° long. W., voisinage de la
Terre de Coats (Rruce), Terre de l'Empereur-Guillaume II (VanhôfTen),
Terre Adélie(Mawson), cap Adare (Rernacchi), pack-ice de la mer de Ross
(Exp. de Scott et Shakieton) ; Terre de Victoria (Rorchgrevinck) ; îles
Ross, près du cap Crozier, rookerie, œufs et poussins (Wilson).
2. Pygoscelis Adelise(l -4-8-10-12-14-21-22-26-27-36-38-40-41-44-50-54-62 à 68)
Rookeries sur la côte ouest des Terres de Graham et le sud de la Terre
de Danco, île Anvers (Racovitza, Turquet, Gain), île du Roi-George,
Shetlands du Sud (Gain), côte est de la Terre Louis-Philippe (Ross,
Nordenskjôld), Terre du Roi-Oscar II, îles Paulet, Seymour, Cockburn,
Teufel, Irizar (Andersson) ; Joinville, Danger (Donald) ; Orcades du Sud
(Valette, Mossmann, Pirie), mer de George-IV ; — Terres de Goats
(Exp. « Scotia .)), de l'Empereur-Guillaume (VanhôfTen), Adélie (Dumont
d'Urville), île Possession (Mac Cormick), cap Adare, Terre Victoria
fi'oc.zool.Soc, 1878. —47. Voy. " ChalUwjcr ,>//,ool., 11, Vlll, 1881 .— 48. Cat. llirds, llrit., Mus., XXV,
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i82 OISEAUX ANTARCTIQUES.
(Exp. de « Stella Polare », « Discovery », « Nimi'od », « Terra Nova ») ; —
pack-icc vers la Terre Édouard-VII (" Discovery», « Nimrod », « Terra
Nova»), l'île Pierre-I^^'et la Terre Alexandre (Racovitza, Gain).
3. Pygoscelis papua (1-6-8-9-10-13-22-23 35 36-38-39 40-41 42-50-57-59-60 63-65)
(lig-. i:i).
fiéf/ion a/ifarctif/ur. — Nids aux Orcades du Sud (Valette, Pirie), aux
. ZvTtiCû nardj d& la, urne airotOTtaniarctufUA
• • • • Lijiiito nord île Aplenodyles Forsteri.
— ■ — J'i/f/osce/is AdelUr.
— — — papua.
-|--f— t— f — — — anlarctiva.
r^ r\ rs r\ — — CaUirrliacle.i chri/solopltus.
Shetlands du Sud: lies du Koi-George, Nelson, Déception (Audersson,
Gain), sur la côte est de la Terre Louis-Philippe et les iles voisines du
OISEAUX ANTARCTIQUES. 183
détroit do lAtlantic (Andersson), dôtcoit de (Ici'Iaclic, île WicncUo ( Uaco-
vitza, Tur(|uet, Gain), Terre de (Iraham, îles Boolh-Wandel, llovyaard
(ïurquet, Gain), Peterniann, Argentine, baie Matha (Gain).
liégious stfhantarctiijuf's. — l'alkland, nids à la Géorgie du Snd (Kxp.
allemande etsuédoiso), île Marion, nidssur les îles Ileard (« Challenger »],
Grozet et Kerguelen (Eaton, Ilûsker, VanholFen, Kidder, llall), cjiielques
individus aperçus sur l'île Macquarie.
4. Pygoscelis antarctica (1-8-10-13-22-35-38-39-41-42-44-50-57-62-65-66) (fig. l-î.
Région antarctiqw\ — Nids dans le Di'troit de Gerlache (Racovitza,
Turquet, Gain) et le détroit de lîransfield. Terres Palmer et Louis-
Philippe, îles Seymour, Bouvet (Andersson), îles Low, Déception (Gain),
Nelson (Andersson), îl(\s Orcades du Sud (Valette, Pirie). Individus isolés
vers la Terre de Graham (Turquet, Gain), lepack-ice au nord de la Tei're
de Coats (Exp. d(» la <( Soolia »).
Régions subantarctiques. — Iles FalUland, Géorgie du Sud (Exp.
allemande et suédoise). Bouvet (VanhoUVn).
5. Catarrhactes chrysolophus (5-6-8-9-35-39-44-50-53-55-57-59) ifig-. i?,).
Rrgion^ antarctiques. — Individus isolés aux îles Orcades du Sud
(Exp. de la « Scotia »), nids aux îles Déception (Gain) et Nelson (Andersson)
dans les Shetlands du Sud, i|uelques individus isolés dans le détroit de
Bransfield.
Régions su/ianfarctiqucs. — Nids aux îles Falkland, Géorgie du Sud
(v. d. Steinen), Prince-Edouard (Saunders), Heardet Kerguelen (Moseh^y,
Kidder).
6. Phalacrocorax atriceps (1-8-35-36-38-39-44-57-62-66) (lig. lA).
Région antarctique. — Nids aux Orcades du Sud (Valette, Bruce,
Pirie), aux îles Shetlands, îles du Roi-George, Nelson, Déception (Gain),
Terre Louis-Philippe, îles .I.-Ross, Gockburn, Paulet, Uruguay, Trinilé
(Andersson), détroit de Gerlache (Racovitza, Gain), îles ^^'iencke, Booth-
Wandcl, llovgaard (Turquet, Gain), Peterniann, Argenline, Berthelot
(Gain).
i84 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Région mJiantarctique. — Nids à la Géorgie du Sud (v. d. Steincn,
Andersson).
7. Sterna vittata (1-8-16-17-35 36-38-39-43-44-50-54-55-57-62-63-65-66) (liy . 14).
Région antarct'uiue . — Nids aux Orcados du Sud(l}ruce, Pirio, Valotto),
Shetlands du Sud (Andersson, Gain), Terre Louis-Philippe, îles Seymour,
«..it.Zunîte' Tiard, de. laj banau
f-i-idiumie. noni des qIoc&s d& dérii>&
■Xùnit» Twrd, de. la. xone CLraurumiarctujue
TTTTTT
T T TT
Fig. 14.
Liniili' du (listiibution du Phalacrocova.r airiceps.
— — — Lat'us domiiiicaniis.
— — — Sterna villata.
^\
Snow, .loinviile, Paulet (Andersson), détroit de Gerhiche (Racovitza),
Terre de Grahnni, îles Doumer, Booth-Wandel, Hovgaard, Petermann,
Turquet, Gain], Terres Adélaïde, Loub,et, Fallières, îles Jenny, Léonie
OISEAUX ANTARCTIQUES. 185
(Gain), sur le pack-icc vers 70° do lat. S., entre 70° et I2.'ô° de long. W.
(Gain), au nord des Terres Edouard-VH, Victoria (Wilson), Adélie,
Guillaume-Il (VanhôfFen).
Héfjion subantarctique, etc. — Géorgie du Sud (v. d. Sleinen, Andcrs-
son), Tristan d'Acunha, Sainte-Hélène, côte du Brésil, Ascension, Gough,
Saint-Paul, Amsterdam, Kerguclen, côte africaine.
8. Larus dominicanus (1-6-8-9-21-23-24-30-32-33-35-36-38-39-41-42-44-50-52-55-57-59-
60-62-65-66) (lig-. 14).
Région antarcti([ue. — Nids aux Orcades du Sud (Bruce, Pirie,
Valette), îles Shetlands du Sud (Gain), Terre Louis-Philippe, îles Trinité
(Andersson), Cockburn (Saunders), Ross (Nordenskjôld), détroit de Ger-
lache (Racovitza), îles Wiencke, Petermann, Booth-Wandel (Turquet,
Gain), Terres de Graham, Loubet, îles Adélaïde, Webb, Léonie, Jenny,
baie Marguerite (Gain).
Ih'fi'ions subanfarcti(/ues. — Nids à la Géorgie du Sud (v. d. Steinen,
Andersson), aux îles Grozet et Kerguelen (Armson. Kidder, Eaton,
Vanhôiïen). Iles du Prince-Edouard et Heard (Saunders). Des individus
isolés sont aperçus sur les côtes sud de l'Amérique du Sud et de l'Afrique,
vers la Nouvelle-Zélande et les îles Auckland, Macquarie, Campbell,
Bounty.
9. Megalestris antarctica (1-6-8-9-23-24-25-30-31-35-36-38-39-42-44-50-54-55-57-59-60-
62-65-66) (li^. l.-)).
Région antarctique. — Nids aux Orcades du Sud (Exp. écossaise),
Shetlands du Sud (Gain, Andersson), Terre Louis-Philippe (Andersson) et
nord du détroit de Gerlache.
Région suhantarctique. — Nids aux îles Grozet (Armson), Kerguelen
(Hall, Kidder, lliisker, Eaton), Campbell, Auckland. Espèce aperçue aux
îles Bouvet, Prince-Edouard, Heard, Amsterdam, Saint-Paul, Macquarie.
Ouelques individus aperçus vers les îles Falkland, la côte Sud-Ouest
d'Afrique, Madagascar et la Nouvelle-Zélande.
Expédition Charcot. — Gain. — Oiseaus antarctiques.
i86
OISEAUX ANTARCTIQUES.
10. Megalestris Maccormicki (8-37-41-44-48-51-54-62-63-65 à 68) (lig-. 15).
Localisé dans les régions antarctiques. Iles Oreadcs du Sud. H niche
prol)ablenient vers la mer de George-IV, sur la côte des Terres Louis-
Fig. IS.
T T T T Limite île disliibution du Mei/alcslris Maccormicki.
I I I I I I — — — — antarctica.
— — — Cliionis atljii.
Philippe et Oscar-II, où ses nids ont dû être confondus par l'expédition de
Nordenskjold avec ceux du M. antarctica. Nids aux Shetlands du Sud
(Gain), détroit de Gerlache, ilcs Wiencke, Booth-Wandel, Petermann,
Terres de Graham, Adélaïde, Loubet, Fallières, baie Marguerite, îles
Léonie, Webb, .Tenny (Gain), Terres 'de Guillaume-II (Vanhofien),
OISEAUX ANTARCTIQUES. 187
Niclori.i (Wilson), cap Adare (Ilanson, Evans), Torros Rdouard-Vll,
ltaii(|iiis<' à l'ouest de la Tcrro Alexandre (Racovitza, Gain).
11. Ossifraga gigantea (1-6-8-9-16-17 24-25-30-32-35-36-38-39-41-42 44 45-S0-54-55-57-
59 60 62-63 à 68) (liy. 17).
Jié(/io/i a/ilar<ii(iiic. — Nids aux Urcados du Sud (Valette, l'irie), Shet-
lands du Sud i^Andei'sson, Gain\ Nord du détroit de Gerlache, Terre
Louis-Philippe, îles Suow, Paulet (Andersson). Individus isolés vers les
Terres de Grahain (Racovitza, Turquet, Gain), Loubet et Fallières
(Gain), le cap Adare (Evans), les Terres Victoria, Édouard-Vll (Wil-
son), Guillaume 11 (Vanhôffen), C.oats (Bruce).
Rcf/io/t suhaiilarclique. — Nids à la Géori;ie du Sud (Exp. suédoise),
Grozel (Armson), Kerguelen et Prince-Edouard (Marris, Kidder, Eaton,
lliisker. Hall). Individus isolés aux îles Bouvet, Ileard (Vanhôffen),
Amsterdam, Nouvelle-Zélande et le groupe des îles situées au Sud.
L'espèce remont»^ jusqu'à la côte sud-australienne, la côte ouest de
l'Amérique jusqu'au territoire de Washington, les Falkland et la côte
sud de l'Afrique.
12. Priocella glacialoïdes (1-8-25-26-35-38-42-44-50-54-55-56-59-63 à 68) (fi-. Kl).
H/'f//(i/t a/ifa/Ttùjae. — Les nids n'ont été trouvés que sur la côte de la
Tcri'c Louis-Philippe (Andersson), probablement à l'île Déception (Gain)
et peut-être sous le cercle jjolaire, à l'île Jenny, dans la baie Marguerite
(Gain). Les diverses expéditions ont trouvé des Oiseaux isolés surtout à
la lisière du pack-ice.
Réfjum sithaniarctiiiuc. — Cette espèce remonte sur la côte sud de
l'Alrique, sur la côte orientale américaine jusqu'au Brésil et sur la côle
occidentale de l'Amérique jusqu'au territoire de Washington. Les nids
ne sont connus qu'à la Géorgie du Sud, île Bouvet, Kerguelen (Mac Cor-
mick).
13. Daption capensis (1-6-8 17-23-24-25-34-35-36-38-39-41-42-50-54-55-57-59-63-
64-65-68) (liy. 17).
Région (mtarctique. — Nids aux îles Orcades du Sud (Pirie, Bruce).
i88 OISEAUX ANTARCTIQUES.
aux Shetlands du Sud, ile Déception (Gain) et le nord du détroit de
Gerlache (Andersson). Individus isolés près des Terres de Graham
(Racovitza, Turquet, Gain), Loubet, Fallières, Terre Alexandre (Gain), le
M-hAt^i^imile nord, des ahicùs do dérwe/
X imita nord de, îa^ xone arcumantoTvù^piB
Fis. 16.
I I I I ( I Limite nord du Pviocella glacialoïdes.
T T T T — — TItalassœca antarclica.
détroit de Bransfield et la mer de George-IV (Nordenskjold), les Terres
Guillaume-II (VanhôfTen), Victoria (Ross, Wilson), le pack-ice à l'ouestde
la Terre Alexandre, au sud de la Nouvelfe-Zélande.
Région suhanta/ctifjue. — Nids à la Géorgie du Sud (v. d. Steinen)
et à Kerguelen (Hall,Hûsker, Eaton). — Iles Bouvet, Crozet, Possession,
Ileard Tasmanie, côte sud australienne, Nouvelle-Zélande, Macquarie,
Auckland, etc., côtes de l'Amérique du Sild et côte sud de l'Afrique.
OISEAUX ANTARCTIQUES. 189
14. Majaqueus cequinoctialis (6-9-17 18-23 24-25-30-32-34-35-36-38 39-42-44 50-54-55-
57-59-63-65-66-68).
[{('•(l'ion antarctique. — Détroit do (^lerlache et mers j-laciales par ôl^S.
otIlOo de long. Ouest (Gain); (>3o 20' S. et \^ 07' W_. (Klinckows-
trom), 62° 29' S. et 57° W. (Andersson).
Ii('(/i(Vis ahantarcfitjac — Nids à la Géorgie du Sud, Crozet (Arnison)
et Kerguelen (Kidder, Eaton, lliisUor, VanhôlTen). — Vers le Nord, cette
espèce remonte jusque vers le 30° de lat. S. : Australie, Nouvelle-Zélande
et Chili.
15. Priofinus cinereus (8-16-17-23-25-32-42-44-54-56 65-66-68).
Ré(jiun antarctique. — Quelques individus au voisinage du (10° de
lat. S. par 107» de long. W. (Gain).
Région suliantarctique. — Niche à Kerguelen (Ilarris, Moseley, Hall).
Cette espèce ne dépasse pas vers le Nord 3oo de lat. S. Elle est suiout abon-
dante dans les océans entre SB^ et 55» de lat. S., Sud-Pacifique entre 60°
et 5oo (Gain), côtes du Chili, Patagonie, Sud- Afrique, Australie, Nou-
velle-Zélande et îles avoisinantes.
16. Thalassoca antarctica (8-16-22 35-38-41-42-44-50-54-63 à 68) (lig. Kl).
Région antarctique. — Les lieux de ponte de cette espèce ne sont pas
connus. Elle a été trouvée surtout le pourtour des terres antarctiques et
et à la lisière du pack-ice par les expéditions qui ont parcourûtes régions
glacées.
Région suliantarctique. — Géorgie du Sud (Andersson), île Bouvet,
cap llorn (Salvin).
17. Œstrelata brevirostris (8-9-23-31-44-54-55-59-65).
Région antarctique. — Au nord de la Terre de Coats (Bruce), par
09° 33' S. et loo 19' de long. W.
Région antarctique." — Se reproduit à Kerguelen (Kidder, Eaton, Van-
hollen, Hall), Tristan d'Acunha; sud de l'océan Atlantique et de l'océan
Indien.
igo OISEAUX ANTARCTIQUES.
18. Œstrelata Lessoni (6-9-15-17-23-31 32-44-55-59 65-66-68).
Région antarctiqup. — 03° S. ot 178° do long. E., (iT^S. et 15")0cle
long. E. (Wilson).
Région sabantarctique. — Nids à K(M'guelen (Kidder, Eaton, Vanhôften,
Hall), îles Macquarie, tlampbell, Auckland, mers d'Australie et de la
Nouvelle-Zélande, sud de Tocéan Indien, C(Me sud de l'Afrique.
19. Prion vittatus (16-17-25-29-44-55-68).
Région anlarcfif/iœ. — Nord de l'Antarclide sud-américaine? (Gain).
Surtout les mersdu Sud entre 10° et (30° de latitude : îles Marion, Crozet,
Suint-Paul i " Challenger»), Kerguelen ( Eaton), Stewarl, Nouvelle-Zélande.
20. Prion Banksi (6-8-18-35-42-44-54-55-56-59-65-68).
Région antarctique. — Iles Orcadesdu Sud, Sandwich E\p. suédoise),
détroit de Branstield ? (Gain), mer de Ross (Wilsonl.
Région suhantarctiqup. — Géorgie du Sud, Kerguelen (lliisker, Van-
hôtFen), Crozet (Arinson). Cette espèce renioatc en général jusque vers 3"»°
de latitude ; mais on la rencontre aussi dans l'archipel Malais. Sud de
l'océan Atlantique, mers du Cap, côte d'Australie (Grey\ Nouvelles-
Hébrides (Salvin), Nouvelle-Zélande, île Auckland (Mac Cormick):
21. Prion desolatus (6-9-16-17-22-23-28-36-38-39 42-44-50-55-57-59-65).
Région antarctique. — Archipel Palmer ? (Turquet), détroit de
Bransfield? (Gain), mer de George-IV? (Nordenskjold).
Région sulxintarctiquc — Mers du Sud jasciu'au 3.'»° de lai. N.
Nids à Kerguelen (Eaton, Hall), Géorgie du Sud (Exp. allemande et
suédoise), ile ileard, côte de Madagascar (Salvin), côte d'Australie
(Macgillivray).
22. Prion brevirostris (6 18-19-44).
Quelques spécimens ont été aperçus au voisinage du GO». Cet Oiseau
remonte jusque vers le 30° de latitude. Il en a été aperçu à Madère. Côte
OISEA rx A NT A RC TIQUES.
191
ouest (le rAmériquo du Sud, mors du (lap, Iverguelon, sud de rocéan
Indien, Australie^ Nouvelle-Zélande, île C-liathani.
23. Halobaena caerulea (1 8-9 16-17-32-42-44-55-56-59-65 66-68).
ni>fjion witarrfiqi(e. — m<>'33' S., 22° 88' W. (Bruce), GloS. et 1 lO" W.
(Gain).
liri/lon suhanfarcl/f/HO. — Mers du Sud jusqu'au 10°. Nids sur l'ile
•.-rXinvUe narxZ des qIclcb^ d& dérioe-
ji f...XimiiB Twvd/der ireb&^s
limite rujrd de Icl xane ârcu/nmiarctupm
FiL'. 17
• o • • Limilo noril du Pagodroma nivea.
T T T T — — Ossifrarja r/igantea.
— — Daplion tujiensis.
I I I I I I
Kerguelen (Kidder, Eaton). Ile Bouvet, mers du Cap, océan Pacilique,
près du cap Horn (Salvin, Gain).
ig2 OISEAUX ANTARCTIQUES.
24. Pagodroma nivea (1-4-7-8 16-22-.35-36-38 à 42-44-50-54-57-62 à 68) (fig. 17).
Région anlarctiqur. — Nids aux îles Orcades du Sud (Andersson,
Piriej, Cockburn etLockery (Andersson), ïerreGuillaume-II (Vanhôffen).
Nombreux individus dans les détroits de Bransfield et de Gerlache
(Racovitza, Gain), on bordure des Terres Louis-Philippe, Oscar-ll (Nor-
denskjôld), Danco, Graham (ïurquet, Gain), Adélaïde, Loubet, Fallières,
baie Marguerite (Gain), et dans toute la zone polaire au voisinage des
glaces et du pack-ice, Terre de Coats (Ik'uce), Terre Adélie, détroit de
Mac-Murdo (Wilson), Terre Victoria, cap Adare.
Région subantarclique. — Nids à la Géorgie du Sud (v. d. Steinen),
iles Bouvet (VanhôlVen), Falkland (Macgillivray).
25. Oceanites oceanicus (1-8-9-11-23 28 35-36-38 41-42-44-50-54-55-59-62 à 68).
Région antarctique. — Les nids ont été trouvés sur tout le pourtour
des terres antarctiques, sauf vers les Terres de Coats, Wilkes et Adélie.
Orcades du Sud (Valette, Ex|). Écossaise), Shetlands du Sud (Saunders,
Gain], Terre Louis-Philippe et îlesscptentrionalesde lamerdeGeorge-IV
(Nordenskjôld), détroit de Gerlache, Terres de Graham (Racovitza,
Turquet, Gain), Terres Loubet, Fallières, baie Marguerite (Gain), Terre
Victoria, détroit de Mac-Murdo (Wilson), cap Adare (Ilanson), Terre
Guillaume-ll (Vanhôffen), mers du Sud.
Région suhantarctique. — Nids à la Géorgie du Sud(Exp. suédoise) et
à Kerguelen (Kidder, Eaton, Saunders). Getteespèce remonte dans l'Atlan-
tiquejusqu'à l'Angleterre etlacôtedu Labrador ;dansrocéan Indien, ainsi
que dans les mers de l'Australie, au voisinage delà Nouvelle-Zélandeetde
la Nouvelle-Calédonie.
26. Thalassidroma melanogaster (6-8-17-18-23-35-39-42-44-54-55-57-59-65-66-68).
Région antarctique. — Nids aux îles Orcades du Sud (Pirie).
Région suhantarctique. — Géorgie du Sud (Exp. allemande et suédoise),
nids à l'île Crozet (Armson), îles Bouvet (Vanhôffen), Kerguelen (Hiisker,
Eaton, Hall), Saint-Paul et Amsterdam (Gould), Nouvelle-Zélande, Sud-
OISEAUX ANTARCTIQUES. iqj
Afrique. Cotte espèce remonte dans rAllantique jusqu'au tro|)i(iu(' du
Cancer et dans l'océan Indien jusque vers le 30° de lat. S.
27. Diomedea exulans (1-8-17-25 34-35-36-38-42 44-66-68).
Hé;//(i/i anlarctifjup. — Individus isolés rencontrés au sud des Orcades
(^Exp. suédoise), détroit de Bransfield (Gain), archipel de Palmer (Tur-
quet) ; un Oiseau capturé à lile I>éce])tion (Gain). Quelques Oiseaux
aperçus au large de la Terre de Grahaui, ainsi que par Ol^ S. et 110° de
long. W.
Réf/ion sii/)f//iff//c/i(/ue. — Géorgie du Sud (Exp. suédoise), Prince-
Edouard, Kerguelen, Auckland, Campbell, Chatham, Nouvelle-Zélande.
Dans les mers du Sud jusque vers le 30° de latitude. Côte ouest de
l'Amérique.
28. D. chionoptera (6-9-23-24-30-44-46-47-48-50-55 59-63-65-66-68).
Au Sud de l'océan Indien jusque vers 63° do latitude.
Niche à Kerguelen (Kidder, HiisUer], Marion {« Challenger »], Crozet
(Armson, Vanhôllen), océan Atlantique par 34° S. et \° 20' de long. E.,
mais principalement le sud de l'océan Indien.
29. D. melanophrys (9-17 23-25-36-38-39-42-44-54-55-57-59-61-65-66-68).
Hi'fi'nui (intarctlijKo. — Archipel Pahiier (Turquet), détroit de liransfield
(Gain), 68° 30' S. et 00° de long. AV., (iSo30'S. ot 115° de long. W.
(Gain), 64» S et 117° de long. 0. (Gain), 61° 42' S. et a/o 3o'. W.
(Klinckowstrôm).
Région suhantarcthiue. — Géorgie du Sud (Exp. suédoise et allemande),
Falkland, Prince-Edouard, Crozet ; nids à Kerguelen (<( Challenger »,
Vanhôllen, Hall), Auckland, Chalham, Nouvelle-Zélande, côted'Auslralie,
côte de l'Amérique du Sud, mers du Cap.
30. Thalassogeron culminatus (6-8-17-18-23-35-42-44-54-55-65-68).
Région antarctique. — Orcades du Sud? (Exp. écossaise), au large de
la Terre de Graham (Gain) et par 60° S. et 1 10° de long. W.
Expédition Chaicol. — G.\i.n. — Oiseaux aiilaictiques. $0
194 OISEAUX ANTARCTIQUES.
Région mliantarctique. — Crozet, Saint-Paul, Amsterdam, Tasmanie,
Nouvelle-Zélande, côte sud de l'Australie.
31. Phœbetria fuliginosa (6-8-9 16-17-23-24-25-30-31-32-35-36-38-39-42-44-49-50-54-
55-57-59-60-61-63-65-66-68).
Région anfaictiquc. — lies Orcades du Sud (Pirie), mers antarctiques
(Vanhôfl'en, Wilson), archipel de Palmer (Turquet), ouest de l'Antarc-
tide sud-américaine et (lu (l(Hroitde Hransfield ((lain). par (>8o à 70° S.,
entre le 70° et le 120° de lonji. W. (Gain).
Région suhanfarcti(/t(e. — Géorgie du Sud (Andersson), Bouvet, Tristan
d'Acunha, nids sur les îles Prince-Edouard (llarris), Marion, Crozet
(Armson ), Kerguelen (Mac-Cormick, llûsker, Eaton, llarris, Kidder, llall),
iles Saint-Paul, Amsterdam, Tasmanie, Gampbell, Nouvelle-Zélande.
Cette espèce remonte sur la côte ouest de l'Amérique.
32. Chionis alba (1-8-16-20-29-32-35-36-38-39-44-52-57-58-62-66) ^tig. lô).
Région anlnrctique. — Espèce localisée à lAntarclide sud-américaine
où elle niche; Orcades du Sud (Bruce, Pirie, Valette), iles Sandwich,
Shetlands du Sud (Gainj, Terre Louis-Philippe, îles Paulet, Cockburn
(Andersson), d(Hroit de Gerlache, iles Booth-Wandel (Turquet, Gain),
Petermann, Lemire-de-Villers (Gain).
Région sKha/tkirctit/tfe. — Géorgie du Sud, Ealklands, côti^ sud de
l'Amérique du Sud.
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(1) X Oiseau,\ isolés.
(2) Lieux de reproduction.
ABRÉVIATIONS
L. T. =Lonsaeur totale.
E. = Envergure.
A. = Ailes.
Q. = Queue.
B.=Bec.
T. = Tarse.
D. M. = Doigt médian.
D. = Doigts.
cf. =Màle adulte.
9.=F'emelle adulte.
(-f \u\'. = cf Jiirenis (jeune).
9juv.= 9 -
Cf l)u\\. = cf piilltt-s (poussui).
9 pull. = 9 —
EXPLICATION I)i:s PLANCHES
PLANCHE I
Pygoscelis Adelise. — Fig. 1 : Oiseau adulte ; il porte une bague au tarse droit. — Fig. 2 :
Adélie faisant son nid : son plastron blanc est maculé par la bouc qui recouvre le sol
de la cité (cliché Senouque). — Fig. 3 : Mue de l'adulte. — Fig. 4 : Adélie s'étirant. —
Fig. 5 : o' et 9 manifestant leur joie de se retrouver. — Fig. 6 : Mâle battant des ailes. —
Fig. 7 : A la recherche des cailloux pour le nid. — Fig. 8 : Transport du caillou.
PLANCHE II
Pygoscelis Adeliœ (suite). — • Fig. 9: Traces de Pingouins sur la neige en terrain plat. —
Fig. 10 : i(l., à la descente. — Fig. 11 : Le plongeon. — Fig. 12 : Troupe d'Adélies sur un
floë.
PLANCHE III
Pygoscelis Adeliœ (suite). — Fig. 13 : Les Oiseaux qui n'ont pu trouver de place sur les
rochers attendent que la neige, en fondant, mette la roche à nu ; au dernier plan, deux
mâles s'empressent auprès de la même femelle. — Fig. 14 : Un appariement. — Fig. 15 :
Deux mâles se querellent pour une femelle. — Fig. 16 : Une bataille.
PLANCHE IV
Pygoscelis Adelise (suite). — Fig. 17 : Dans les endroits dangereux de la rookerie, les adultes
se placent en sentinelles et surveillent les poussins. — Fig. 18 : Jeunes Adélies sur le point
d'abandonner leur rookerie (île Booth-Wandel). — Fig. 19 : Jeune Adélie prenant sa
nourriture. — Fig. 20 : Groupe d'Oiseaux quittant la rookerie : les trois Oiseaux du pre-
mier plan sont des jeunes dont l'un, portant encore une touffe de duvet sur la tête, est déjà
allé à la mer ; au second plan un Adélie adulte et sur la droite un Pygoscelis antarctica.
PLANCHE V
Pygoscelis Adeliœ (suite et fin). — Fig. 21 : La mue des adultes ; la surface de la neige, est
couverte de plumes. — Fig. 22 : Un coin de la colonie des Adélies (ile Petermann). —
Fig. 23 : Entre les rochers, amas de plumes, provenant des mues précédentes. — Fig. 24 :
Au début de mars, la rookerie est abandonnée (île Petermann).
PLANCHE VI
Fig. 25 : Un couple de Catarrhactes chrysolophus sur son nid (ile Déception). — Fig. 26 :
Pygoscelis antarctica couvant (ile Déception). — Fig. 27 : Une colonie de catarrhactes
chrysolophus sur l'île Déception. — Fig. 28 : Partie d'une immense rookerie de Pygoscelis
antarctica sur l'île Déception.
PLANCHE VII
Pygoscelis antarctica. — Fig. 29 : Le départ des Oiseaux pour la plage et le retour vers la
rookerie. — Fig. 30 : Une troupe d'Antarctiques partant à la pêche. — Fig. 31 : Une
plage de l'île Déception un jour de beau temps : dans le lointain, sur la falaise, on aper-
çoit les Oiseaux qui vont à la pêche ou en reviennent. — Fig. 32 : Retour de la pêche :
la Sortie de l'eau.
198 EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE VIII
Pygoscelis papua. — Fig. 33 : Retour des Oiseaux à la rookerie. — Fig. 34 : Colonie de Pa-
pous au voisinage de la baie de l'Amirauté. — Fig. 35 : Papou sur son nid (cliché Senou-
que). — Fig. 3G : Nids de Papous avec poussins (île Petermann).
PLANCHE IX
QEufs de : — Fig. 37 : D : C Chrysolophiis. — G : Larus ilominicanus. — I : Meg. Macrormicki.
— Q : Daption Cape isis. — X : Chioiis alba.
Fig. 3S : A : Pygoscelis Add'.ss. — B : Pyg. papua. — C : P?/?. antarctica. — E :
Phalacrocorax atrlceps. — F : Sterita {■ittata. — J : Oaanit s oc:anicus.
PLANCHE X
Phalacrocorax atrlceps. — Fig. 39 : Cormorans et Papous à Port-Lockroy (île Wiencke). —
Fig. 40 : Couple de Cormorans sur son nid à l'île Petermann. — Fig. 41 : Nid de Cormo-
rans à Port-Lockroy. — Fig. 42 : Troupe de Cormorans au repos sur l'île Petermann.
PLANCHE XI
Sterna cittata à différents stades de développement. — Fig. 43 : A : 4 à 5 semaines. — B :
5 semaines environ. — G : 3 mois environ.
Fig. 44 : D : 4 mois environ. — E : Première année. — F : Adulte en plumage de
noces.
PLANCHE XII
Fig. 45 : Nid et œufs de Megalestris Maccormicki (Port-Lockroy). — Fig. 46 : Nid et œufs
de Sterna vitlala (île Déception). — Fig. 47 : Nid et œufs de Larus dominicanns (Port-
Lockroy). — Fig. 48 : Nid de Megalestris Maccormicki dans les Mousses : il renferme
im poussin et un œuf (île Petermann). — Fig. 49: Megalestris antarctica couvant (île
Déception). — Fig. 50 : Poussins de Megalestris Maccormicki.
PLANCHE XIII
Fig. 51 : Larus dominicanus au repos sur un floë (île Petermann). — Fig. 52 : Vol de
Goélands dominicains à Port-Circoncision (île Petermann). — Fig. 53 : Un vol de Mega-
lestris Maccormicki (îles Argentine). — Fig. 54 : Dalle sous laquelle se trouve un nid de
Oceanites oceanicus. — Fig. 55 : La dalle étant soulevée, on aperçoit le nid et la femelle
qui couve. — Fig. 50 : Entrée d'un nid de Procellaires.
PLANCHE XIV
Pagodroma nivea. — Fig. 57 : Vol de Pétrels à Port-Circoncision (île Petermann). — Fig. 58 :
Pétrel au repos sur un glaçon. — Fig. 59 : Oiseaux autour des dépouilles de Phoques
(cliché Senouque). — Fig. 60 : Pagodroma mourant et son gardien. — Fig. 61 : Pétrel
couché sur la banquise. — Fig. 62 : Un Oiseau nageant (Port-Circoncision). — Fig. 63 :
Oiseaux au repos sur l'île Petermann.
PLANCHE XV
Fig. 64 : Groupe de Chionis alba le long de la côte de l'île Petermann. — Fig. 65 : Chionis
près de la station d'hivernage (Port-Circoncision). — Fig. 66 : Tète de Pagodroma nivea
avec de nombreux mallophages parasites (cliché Senouque). — Fig. 67 : Chionis cher-
chant sa nourriture sur la banquise, près du « Pourquoi Pas? » — Fig. 68 à 71 : Nids de
Daption capensis dans les falaises de l'île Déception.
TABLE DES MATIERES
Avant-propos l
CHAPITRE PREMIER
Documents biologiques recueillis au cours de la campagne du « Pourquoi Pas ? >)
(1908-1910) 5
Sphéniscidés.
Pygoscelis Adeliœ (Hombr. et Jacq.) 5
— papua (Forst .) 4G
— unlarclica (Forst.) 60
Catarrhactes chrysolophiis (Braiidt ) G9
Aptenodytes Forsteri (Gr.) 73
Phalacrocoracidés.
Phalacrocorax atriceps (Ring.) 74
Lahidés.
Sterna vittata (Gm.) 87
Larus dominicanus (Licht.) 102
Stercorariidés.
Megalestris Maccormicki (Saund.) 109
— antarctica (Lesson) 122
Procellariidés.
Oceanites océaniens (Kuhl) 124
PUFFINIDÉS.
Priofinus cinereus (Gm.) 129
Priocella glacialoides (Smith) 133
Majaqueiis eequinociialis (L.) 136
Pagodroma nivea (Gm.) 137
Ossifraga gigantea (Gm.) 144
Daplion capensis (L.) 147
Prioii desolatus (Gm.) 154
Halobœna cxrulea (Gm.) 155
DiOMÉDÉIDÉS.
Diomedea exulans (L.) 155
— melanophrys (Boie) Temm 157
Thalassogeroii culminatiis (J. Gould) 158
Phœbetria fuliginosa (Gm.) 158
Chioniidés.
Chionis alba (Gm.) 159
*» 5
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200 TABLE DES MATIÈRES:
CHAPITRE II
Distribution de la fauno avienne dans l'Antarctide sud-aniérlcaiiu' 163
Baie de rAmirauté (ile du Rni-George) 170
Ile Déception 172
Port-Lockroy (ile Wiencke) 174
Environs de Port-Charcot (île Booth-Wandel) 175
Ile Petermann 176
CHAPITRE III
Distribution géographique de la faune ornithologique rencontrée dans les régions
antarctiques glacées 176
Tableau donnant la distribution de la faune avienne rencontrée dans les régions
antarctiques 195
Abréviations 196
Explication des planches 197
Deuxième Expcdilioii Charcot. (Gain. Oiseaux).
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Fig. 2 : Cliché Senouque. — Fig. 1 et ,3 à 7 : Clicliés L. Gain.
Masson et Cie, Editeurs
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Dcuxicnie Kxpédition CIkucoI. [Cain. Oiseaux).
PI. IX
Œufs de : D : C. chrysoloplnis.
Fig. 37
G : L. dominicamis. — l : M. Maccormicki. — A : Dnption Capensis.
X : Chiunis alba.
pjo. 38 Clicliés L. Gain
Œufs de : A : Pijg. Adeliae. — B : Pyg. papiia. — jC : Pijg. antarctica. — E : Ph. atriceps.
F : St. vitlata. — ,1 : Oc. océaniens.
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Fig. 43
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Sterna vittata (Gm.) à différents stades de développement.
Clichés L. Gain
Masson & Cie, Éditeurs
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Fig. 52
Fig. 55
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Fig. 51, 52 : L. dominicanus. — Fig. 53 : Vol de M. Maccormicki.
Masson & Cie, Editeurs
Fig. 5G
Fig. 54 à 56 : Nids de Oceanites océaniens.
Clichés L. Gain
Deuxième Expédition Charcot. (Gain. Oiseaux).
PI. XIV
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Fig. 57
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Pagodroma nivea (Gm.).
Fig. 59 (Cliclié Senouque). — Fig. 57, 58 et 60 à 63 (Clichés L. Gain).
Masson et Cie, Editeurs
Phololypie Berthiiud, Paris
Ueuxième Expédition Cliarcol. {^Gain. Uiscanx).
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Fig. 64, 65 et 67 : Chionis alha (Clichés L. Gain). — Fig. 66 : Tête de Pagodroma niuea avec parasites aptères
(Cliché Senouque). — Fig. 68 à 75 : Daptiion capensis (Clichés L. Gain).
Masson & Cie, Éditeurs
OUVRAGE PUBLIE SOUS LES AUSPICES
DU MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBUQUE
Sous LA Direction de L. JOUBIN
PROFESSEUR AU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE
DEUXIÈME EXPÉDITION
ANTARCTIQUE FRANÇAISE
1908-1910)
COMMANDEE PAR LE
D-^ Jean CHARCOT
SCIENCES NATURELLES : DOCUMENTS SCIENTIFIQUES
NEMERTIENS
CÉPHALOPODES
BRACHIOPODES
Par J. JOUBIN
Professeur sa Muséum et à l'Insblut Océanographique.
ALCYONAIRES
MADRÉPORAIRES
Par CH. GRAVIER
Assistant au Muséum d'Histoire naturelle.
HYDROiDES
par
ARMAND BILLARD
Agrégé, Docteur is sciences.
OISEAUX
ANTARCTIQUES
par
L. GAIN 1
Docteur ii sciences, Lauréat de l'Institut,
Naturaliste de l'Expédition.
MASSON ET C^ , EDITEUR?
120, Bà SAINT-GERMAIN. PARIS (VI«)
1914
25 JANVIER 1927
PRIX SANS MAJORATION
85 FR.
M A s s O N <fe C"
Commission chargée par l'Académie des Sciences
d'élaborer le programme scientifique de l'Expédition
MM. les Membres de l'Institut :
Bouquet de la Grye.
GlARD.
DE Lapparent.
MÛNTZ.
BORNET.
GUYOU.
Mangin.
Ed. Perbier
Bouvier.
Lacroix .
Mascart.
Roux.
Gaudrt.
Commission nommée par le Ministère de l'Instruction Publique
pour examiner les résultats scientifiques de l'Expédition
AITM. Ed. Perrier Membre de l'Institut, Directeur du Muséum d'Histoire
naturelle, Président.
Vice-Amiral Foueniish. Membi'e du Bureau des Longitudes, Vice-Président.
Angot Directeur du Bureau central météorologique.
Bayet Correspondant de l'Institut, Directeur de l'Enseignement
supérieur.
Bigourdan Membre de l'Institut, Astronome à l'Observatoire de Paris.
Colonel Bourgeois. . . . Directeur du Service géographique de l'Armée.
Bouvier Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire
naturelle.
Gravier Assistant au Muséum d'Histoire naturelle.
Commandant Guyou. . Membre de l'Institut, Membre du Bureau des Longitudes.
Hanusse Directeur du Service hydrographique au Ministère de la
Marine.
JouBiN Professeur au Muséum d'Histoire naturelle et à l'Institut
Océanographique.
Lacroix Membre de l'Institut, Professeur au Muséum d'Histoire
naturelle.
Lallemand Membre de l'Institut, Membre du Bureau des Longitudes,
Inspecteur général des Mines.
LiPPMANN . . ..... Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences
de l'Université de Paris.
MuNTz Membre de l'Institut, Professeur à l'Institut agronomique.
Rabot Membre de la Commission des Voyages et Missions
scientifiques et littéraires.
Roux Membre de l'Institut, Directeur de l'Institut Pasteur.
VÉLAiN Professeur à la Faculté des Sciences de l'Université de Paris.
Fascicules publiés
CARTES. — 11 cartes en couleurs, par M. Bongrain et K.-E. Godproy 34 /r.
NÉMERTIENS, CÉPHALOPODES, BRACHIOPODES, par J. Joubin. — ALCYONAIRES.
MADRÉPORAIHES, par Ch. Gravier. — HYDROIDES, par Armand Billard. — OISEAUX
ANTARCTIQUES, par L. Gain. — / fasc. de 418 pages (32 pi.) 50 />.
RHIZÔPODES D'EAU DOUCE, par E. Pénard. — / fasc. de 16 pages 2 /?.
PORAMINIFÈRES, par E. Fauré-Fremiet. 16 pages (/ planche). — ARTHROPODES, jîcar/ens,
par E.-L. Trouessart. 16 pages. Ensemble, ' 1 fascicule 3 />•.
ÉCHINODERMES. — Astéries, Ophiures et Écbinides, par R. Kœhler. / fasc. de 270 pages
(16 planches doubles) . 34 /r.
Holothuries, par Cl. Vaney. / fasç. de 54 pages (5 planches) 8 />•.
VERS. — Polyclades et Triclades maricoles, par Hallez ; Ptérobrancbes, par Ch. Gravier ;
Cbétogaatbes, par L. Germain; Rotitères, par P. de^ Beauchamp. / fasc. de 116 pages
(.9 planches) 15 fr.
Annélides Polychètes, par Ch. Gravier. / fasc. de 165 pages {12 planches) U fr.
CRUSTACÉS. — Crustacés isopod^s, par H. Ricii ardson ; Crustacés parasites, par Ch. Gravier ;
Amphipodes, par Ed. Chevrevx ; Mallophaga et Ixodidae, par L.-G. Neumanx ; Collemboles,
par IvANOF. / fasc. de 20i pages 1 6 /r.
PYCJSOQONIDES, par E.-L. Bouvier ; Ostracodes marins, par E. Daday de Dées ; Phyllopodes
anostracés, par E. Daday de Dées ; Intusoires nouveaux, par E. Daday de Dées ; Copé-
podes parasites, par A. Quidoh ; Diptères, par Keilin. / fasc. de 232 pages avec fîg.
(6 planches) iS fr.
MOLLUSQUES. — Gastropodes prosobrancbes, Scaphopodes et Pélécypodes, par Ed. Lamy ;
Ampbineures, par Joh» Thiele. / fasc. de 34 pages (/ planche) 4 /r.
PROTOCORDÉS. — Tuniciers, par le D' C.-Ph. Sluiter. / fasc. de 39 pages (4 planches). 7 fr.
POISSONS, par L. Roule, avec la collaboration de MM. .\ngel et R. Despax. / fasc. de 32 p.
{4 planches en noir el en couleurs). . , 8 fr.
CÉTACÉS. — Baleinoptères, Zipbiidés, Delpbinidés, par le D' J. Liouville. / fasc. de 276 p.
{15 planches) 30 fr.
BOTANIQUE. — Flore algologique antarctique et subantarctique, par L. jSain. — / fasc.
de 218 pages {8 planches) U fr.
Révision des Mélobésiées antarctiques, par }\<^<'Vkv'l Lemoine. 1 fasc.de 72 p. {2 pi.). 7 fr.
Mousses, par J. Cardot. / fasc. de 32 pages (5 planches) 6 fr.
OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, par J. Rcuch. / fasc. de 260 p. {16 planches). 34 fr.
ÉTUDES SUR LES MARÉES, par R.-E. Godfrov. / fasc. de 74 pages {1 1 pi.) 16 fr.
OBSERVATIONS D'ÉLECTRICITÉ ATMOSPHÉRIQUE, par J. RoiCH. 1 fasc. de 40 pages
(7 planches) : 9 fr.
OCÉANOGRAPHIE PHYSIQUE, par J. Rouch. / fasc. de 46 pages {2 pi.) 8 /r.
EAUX MÉTÉORIQUES. SOL ET ATMOSPHÈRE, par A. Muntz et E. Lai.nê. / fasc.
de 47 pages 6 fr.
i.
CoiiBEiL. -~ Imprimerie Cukrt.
vm,jt^