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Full text of "Deuxième expédition antarctique francaise (1908-1910)"

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DEUXIÈME   EXPÉDITION 
ANTARCTIQUE  FRANÇAISE 

(1908-1910) 


COMMANDEE    PAR    LE 

D^   Jean   CHARCOT 


CARTE  DES  RÉGIONS  PARCOURUES  ET  RELEVÉES  PAR  L'EXPÉDITION 


MEMBRES  DE  LETAT-MAJOR  DU  "  POURQUOI-PAS"    ■ 

J.-B.    CHARCOT 

M.  BONGRAIN Hydrographie,  Sismographie,  Gravitation  terrestre,  Observations  astronomiques. 

L.    Gain .     .  Zoologie  (Spongiaires.  EchinoJermes,  Arthropodes,  Oiseaux  et  leurs  parasites),   Plankton,   Botanique. 

R.-E.  GODFROY Marées,  Topographie  côliere.  Chimie  de  l'air. 

E.  GOURDON Géologie,  Glaciologie. 

J.     LIOUVILLE Médecine,    Zoologie    (Pinnipèdes    Cétacés,    Poissons,    Mollusques,   Cœlentérés    lermidiens.    Vers    et 

Protozoaires,  Anatomie  comparée,  Parasilologie). 

J.    ROUCH Météorologie,  Océanographie  physique.  Electricité  atmosphérique. 

A.  SENOUQUE.  ....  Magnétisme  terrestre,  Actinométrie,  Photographie  scientifique. 


OUVRAGE  PUBLIE  SOUS  LES  AUSPICES  DU  MINISTERE  DE   L'INSTRUCTION    PUBLIQUE 

SOUS   LA    DIRECTION  DE    L.  JOUBIN,    Professeur  au    Muséum    d'Hisloire    Naturelle. 


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DEUXIÈME     EXPÉDITION 
ANTARCTIQUE    FRANÇAISE 

(1908-1910) 


COMMANDEE     PAR    LE 


D'  Jean  CHARCOT 


SCIENCES  NATURELLES  :   DOCUMENTS  SCIENTIFIQUES 


NEMERTIENS 
CÉPHALOPODES 
BRACHIOPODES 

PAR 

J.    JOUBIN 

Professeur  au  Muséum  el  à  l'Institul  Océanographique. 


ALCYONAIRES 
MADRÉPORAIRES 

PAR 

CH.  GRAVIER 

Assistant  au   Muséum  d'Histoire  naturelle. 


HYDROIDES 

PAR 

ARMAND    BILLARD 

Agrégé,    Docteur  es  sciences 


OISEAUX 
ANTARCTIQUES 

PAR 

L.    GAIN 

Docteur  es  sciences.  Lauréat  de  l'Institut, 
Naturaliste  de  l'Expédition. 


WOCDDÇ 


MASSON    ET  C'%    EDITEURS 

120,    Bd    SAINT-GERMAIN,    PARIS    (VI«) 

1914 

Tous  droits  de  traduction  et  de  reproduction  réservés 


IJat^e  ia  France 


LISTE    DES    COLLABORATEURS 


MM.  Trouessart Mammifères. 

Anthony  et  Gain Documents  emhryogémques. 

*  LiouviLLE Cétacés   (Baleinoptères,   Ziphiidés,   Delphinidcs). 

*  Gain Oiseaux. 

LiouviLLE Phoques. 

*  Roule Poissons. 

*  Sluiter Tuniciers. 

*  JoUBiN Céphalopodes,    Brachiopodes,   N émertiens. 

*  Lamy Gastropodes,   Scaphopodes  et  Pélécypodes. 

*  J.   Thiele Amphiiieures. 

Vayssière Nudibranches. 

*  Keilin Diptères. 

*  Ivanof Collemboles . 

*  Trouessart Acariens. 

*  Neumann Mallophages.  Ixodides. 

*  Bouvier Pycnogonides. 

Coutière Crustacés  Schizopodes  et  Décapodes. 

*  M'i®  Richardson Isopodes. 

MM.  Calman Cumacés. 

*  De  Daday Ostracodes,  Phyllopodes,   Infusoires. 

*  Chevreux Amphipodes. 

CÉPÈDE Copépodes. 

*  QuiDOR Copépodes  parasites. 

Calvet Bryozoaires. 

*  Gravier Polychètes,   Crustacés  parasites   et   Ptérobranches. 

HÉRUBEL Géphyriens. 

*  Germain '. Chétognathes. 

*  De    Beauchamp Rolijèrcs. 

Railliet  et  Henry Helminthes  parasites. 

*  Hallez Polyclades  et   Triclades  maricoles. 

*  Kœhler Stellérides,  Ophiures  et  Échinides. 

*  Vaney Holothuries. 

Pax Actiniaires. 

*  Billard Hydroides. 

Topsent Spongiaires. 

*  PÉNARD Rhizopodes. 

*  Fauré-Frémiet Foraminifères. 

*  Cardot Mousses. 

*  M"^  Lemoine Algues  calcaires  (Mélobésiées). 

*  MM.  Gain Algues. 

Mangîx Phytoplancton. 

Peragallo Diatomées. 

*  Hue Lichens. 

Metchnikoff Bactériologie. 

Gourdon Géographie  physique,  Glaciologie,  Pétrographie. 

*  BoNGRAiN Hydrographie,    Cartes,    Chronométrie. 

*  Godfroy Marées. 

*  MÙNTZ Eaux  météoriques,  sol  et  atmosphère. 

*  RoucH Météorologie,    Électricité    atmosphérique,    Océano- 

graphie physique. 

Senouque Magnétisme  terrestre.  Actinométrie. 

J.-B.  Charcot Journal  de  l'Expédition. 

Les  travaux  marqués  d'un  astérisque  sont  déjà  publiés 


NÉMERTIENS 

Par  L.  JOUBIN 

PROFESSEUR    AU    MUSÉUM    ET   A    l.'l.NSTITUT   0(.l:A\Or.RAI'IIH.UE 


La  pelile  collection  de  Némertiens  récoltée  par  MM.  les  l)^  Liouville 
et  Gain  contient  cjuelcjues  espèces  intéressantes.  Les  unes  sont  connues 
depuis  plusieurs  années,  les  autres  sont  nouvelles,  et  deux  d'entre  elles 
t'ournisseni  des  exemples  d'incubation  encore  inédits  chez  les  Némer- 
tiens. 

La  plupart  de  ces  animaux  sont  des  habitants  du  littoral  et  les  autres 
des  petites  profondeurs.  Nous  y  retrouvons  les  grands  re?Y'A/Y//<^Awr//f/?ro// 
et  C.  corrugatiis,  qui  pullulent  sur  certaines  plages  ;  à  la  saison  d'été,  on 
peut  en  trouver  jusqu'à  une  vingtaine  sous  le  même  bloc  de  pierre. 

Les  autres  appartiennent  au  genre  Arnphiporus  et  vivent  généralement 
sous  les  pierres  de  la  côte.  ("<omme  on  peut  le  voir  sur  les  photographies 
de  la  planche  IV,  c'est  surtout  à  l'île  Petermann  qu'elles  sont  abondantes. 
Là  se  trouvent  des  plages  formées  d'amoncellements  de  blocs  de  pierres 
qui,  pendant  l'hiver,  sont  en  contact  avec  les  glaces  qui  les  frottent  et  les 
polissent.  Aussi  n'est-ce  pas  sous  la  première  couche  de  ces  blocs  que 
Ion  trouve  des  animaux,  c'est  sous  la  deuxième  et  même  sous  la  troi- 
sième qu'ils  pullulent,  étant  protégés  contre  les  chocs  par  les  couches  supé- 
rieures de  l'amoncellement.  Il  faut  donc,  pour  trouver  ces  Némertiens  et 
bien  d'autres  animaux,  déblayer  tout  ce  qui  est  superficiel. 

En  examinant  la  zone  inférieure  des  pierres  ainsi  mises  à  nu,  les  natu- 
ralistes de  l'expédition  ont  rencontré  non  seulement  les  animaux,  mais 
leurs  pontes,  et  c'est  ainsi  que  j'ai  pu  étudier  les  nids  AecQ?,  Arnphiporus 
contenant  leurs  jeunes,  qui  sont  extrêmement  délicats  et  très  intéressants. 

Il  est  à  remarquer  que,  sur  nos  côtes  granitiques  de  Bretagne  éboulées 
par  le  choc  des  vagues,  on  trouve  des  amas  de  roches  polies  de  même 

Expédition  Charcot.  —  Joubin.  —  Némertiens.  i 


46013 


2  NÉMERTIENS. 

aspect.  Au  premier  examen,  elles  semblent  azoïques,  mais,  quand  on  dé- 
couvre^ les  rangées  inférieures,  on  y  trouve  une  faune  très  spéciale,  et  en 
particulier  des  Némertiens,  qui,  les  glaces  mises  à  part,  ont  un  genre 
d'existence  comparable  à  ceux  de  rAntarctique  pendant  Tété. 

Genre  CE  RE  BU  A  TU  LUS. 

Cerebratulus  corrugatus   Mac  Intosh. 
[Lineus  corruyaliis  Mac  Iiilosh,   1870.) 

Station     13.  —  Drag-ag-e  II.  :>Ij  mètres.  Ile  Déception.  —  Une  dizaine  d'échantillons  en 

mauvais  état.  Pond  de  petit  gravier  et  de  vase. 
Station  1 18,  —  Dragage  IX.  230  mètres.  Sable  vert  et  roche.  Sud  de  l'ile  .lenny  ;  1  joinie. 
Station  :^08.  —  Chenal  de  Roosen,  décembre  i'.lOS.  Fragments. 
Stalion  2'ii.  —  Région  nord  de  l'ile  Petermann,  20  mars  IflU!).  Krhantillons  caplurés  à 

la  senne. 
Station  2'i2.  —  Plage  nord-est  de  l'île  Petermann.  Basse  marée  du  15  novemlire  19U9, 

sous  de  grosses  pierres.  —  Environ  il  échantillons. 
Stalion  370.  —  Ile  Petermann,  17  novemlire  lUOO.   1  jeune  de  i  cenlimètres. 
Stalion  7iU.  —  Dragage  .\MI.    i20   mètres.   Vase  et   cailloux.   —  Deux    exemplaires 

monstrueux.  Chalut  au  milieu  de  la  baie  de  r.Vmiraulé. 

Je  ne  vois  rien  de  particulier  à  noter  sur  les  divers  échantillons  de  celte 
espèce  ;  ils  sont  semblables  à  ceux  qui  ont  été  rapportés  et  décrits  précé- 
demment. 

.le  dois  faire  cependant  une  exception  pour  les  deux  échantillons  de  la 
station  740. 

Les  deux  seuls  exemplaires  recueillis  dans  cette  localité,  par  une  sin- 
gulière coïncidence,  sont  tous  deux  monstrueux.  L'un  a  la  queue  bifide, 
l'autre  possède  un  grand  appendice  grefte  au  milieu  du  corps,  presque 
à  angle  droit  avec  lui. 

Les  Némertiens  monstrueux  sont  excessivement  rares,  et  il  est  très 
curieux  d'en  trouver  deux  dans  la  même  localité.  Malgré  le  nombre  con- 
sidéral)le  de  Némertiens  que  j'ai  examinés  depuis  de  longues  années, 
je  n'avais  jamais  rencontré  d'individus  bifides. 

Echantillon  A  (PI.  I,  lig.  1).  —  Le  bourgeon  s'est  produit  tout  près 
de  l'extrémité  caudale;  il  a  7  millimètres  de  long  environ  ;  il  a  la  même 
taille  et  le  même  aspect  que  la  queue  |)rincipale.  Son  axe  est  oblique  par 
rapport  à  celui  du  corps.  La  longueur  totale  de  l'animal  est  d'environ 


NËMI'RTflîNS.  3 

I  S  r(>iirnii("'|  les.  Il  es!  iiii|Hissilil<',  d^iillciiis,  d  fil  don  lier  une  iii('iisui;ili(iii 
iii;(iiiiiMisi',  ('11  niisoii  du  iii;iiiv;iis  ('[ni  de  coiiscrvalioii  ou  il  se  trouve.  I.c 
bouriii'oii  est  creux;  la  cavité  iutesliuale  s'y  [iroloiii^c,  mais  je  ne  puis 
dire  s'il  y  a  un  anus  à  rextréniité. 

Erli(iiili/liiii  II  \V\.  1,  lii;.  2  et  '^'].  —  Il  est  un  |)eu  plus  yrèlo  que  le 
prcmicM";  sa  longueur  tolale  osl  de  Kl  à  17  centimètres.  Le  point  où 
s'insère  le  bourij,(M)n  est  situé  à  73  milliniètres  de  l'extrémité  caudale.  I.e 
bourgeon,  qui  est  de  même  aspect  et  de  même  l'orme  que  la  portion 
caudale  principale,  part  latéralement,  à  angle  droit  du  corps,  et  se 
recourl)e  ensuite  vers  Parrière.  Il  a  'ï^  millimètres  de  long  sur  G  de  largo 
à  son  insertion  ;  il  parait  exister  un  oriiice  anal  à  son  extrémité.  La  peau 
osl  rugueuse,  chagrinée,  plissée  transversalement  de  la  même  manière 
dans  les  deux  parties  de  l'aninuil. 

Ceretaratulus  Charcoti  Joubin. 

Ccrebralidiix  Charcoti  .luiibin.  Uullrtin  du  Muséum  d'Jiisloirc  nalurc//(\  n"  G,  p.  -iyl, 
1905.  —  Expédition  antarctique  française.  Sciences  naluretles,  Némerlicns, 
juillet  1008. 

Slnlion     03.  —  Dragage  IX.  2'-'àS  mèlres.  Sable    vert  cl  roche  au  sud  de  l'Ile  Jenny. 

Clialul.  —  Un  grand  échantillon  en  mauvais  élal,  i?'i  janvier  10(10. 
Station     0.5.  —  Baie   Ma»'gaierite.  —    Deux   grands  (.''chanlillnns  de    couleni'    blanche, 

capturés  à  la  senne,  le  2i  janvier  10(1!). 
Stations  737  et  7:)<S.  —  Dragage  XMI.    'i"J()  mètres.  Fond  de  vase  et  cailloux.  Clialut. 

Baie  de  l'Aniirauté.   Ile  du  l{oi-(  leorge.  —  Six  grands  échantillons  en  assez 

mauvais  état. 

Ces  grands  Némertiens,  de  couleurblanche  ou  légèrement  rosée,  repré- 
sentent la  forme  antarcti(|ue  des  espèces  du  type  ('pichrahdus  corrugatus. 
.Je  n'ai  rien  de  spécial  à  ajouter  à  ce  que  j'en  ai  dit  dans  les  publications 
relatives;!  la  preini(''ic  exp(''diti(m  du  D^  (lliaicot. 

Cerebratulus  sp. 
Station  311.  —  Ile  l'elcrmann,  tin  novemljre  lODO. 

Cet  échantillon  est  un  jeune  assez  mal  conservé,  long  d'environ  2  cen- 
timèti'os,  complètement  d(''coloré.  Sa  peau  ridée  le  rapproche  de  ('ri'c- 
hratalus  corriiga/ifs,  mais  la  tête  est  plus  courte.  C'est  peut-être  du  à  la 
contraction  des  tissus.  Cet  échantillon  a  été  trouvé  avec  |)lusieurs  Aiuphi- 


4  NÉMERTIENS. 

poriis  Michae/seni  dans  une  baille  où  avaient  macéré  des  pierres  couvertes 

d'Alti,ues  et  d'Ascidies. 

Genre  UNEIS. 

Lineus  Turqueti  .louhiii. 

Station  703.  —  Dragage  XVIII.  27  décembre  lOO'.l.  Vase  grise  et  cailloux.  Ile  du 
Roi-George,  7."'>  mètres. 

Un  exemplaire  en  mauvais  état,  complètement  décoloré,  rempli  d'œufs, 
long  d'une  dizaine  de  centimètres.  La  forme  de  sa  tète  rappelle  exacte- 
ment celle  du  Li/ieas  Tarqucli  (jue  j'ai  décrit  dans  mon  travail  sur  les 
Némertiens  de  la  première  Ea^nlilidit  du  D^  i'harrot.  Je  ne  puis  malheu- 
reusement pas  préciser  davantage  la  description  préliminaire  que  j'ai 
donnée  alors.  La  taille  seule  diffère,  celui-ci  étant  beaucoup  plus  grand. 

Genre  À  M  PB /PO  [{TS. 

Amphiporus  incubator  ii.  sp. 

Station  147.  —  lie  Petermann.  15  février  10(K».  Piofondeui-  .")  mèlres  ;  autour  de 
Tile  Lunde,  parmi  les  crampons  de  toull'es  d'Algues. 

Station  233.  —  Ile  Petermann.  Un  jeune  ('?). 

Stations  038  et  030.  —  Pontes  venant  d'éclorc. 

Station  703.  —  Baie  de  l'Amirauté,  Ile  du  Roi-George.  Basse  mer  du  20  décem- 
bre 1909.  2  individus,  8  ]iiin(es. 

Station  700.  —  Même  localité.  [C>  individus  cl  .'^>  pontes. 

CclÀrn/ihiporas  rappelle  tellement  ÏA/z/jj/i/po/us  Mir/uielsenide  Bûrger, 
dont  j'ai  donné  une  description  dans  la  première  expédition  du  IKCharcot, 
que  j'ai  cru  tout  d'abord  avoir  affaire  à  cette  même  espèce.  C'est  la  même 
forme  plate  ou  légèrement  concave  de  la  face  inférieure  du  corps,  la  même 
taille.  Malgré  cela,  je  crois  devoir  les  sé[)arer  en  nie  hasant  sur  les  carac- 
tères suivants.  La  teinte  du  corps,  chez  ^4.  Mkhoelseni,  est  violette;  elle 
est  brune  chez/\ .  incahatur  ;  chez  le  premier,  la  trompe  est  courte  et  grosse  ; 
chez  le  second,  elle  est  beaucoup  plus  longue.  Chez  A.  J//fAfl^/.sm/,  la  ponte 
s'effectue  dans  un  tube  membraneux,  transparent,  où  la  bête  ne  subit  pas 
de  transformations.  Dans  .1.  i/iru/xt/or,  la  ponte  est  complètement  close, 
opaque,  et  la  mère  y  subit  de  nombreuses  transformations,  qui  seront 


MiMHRTIENS.  5 

(léoi'itcs  plus  loin.  Knliin  hi  disposition  des  sillons  ci'phaliqncs  iTost  |)ns 
sonihlnMe  sur  l;i  l'îice  vcnirnic  de  l;i  {(Me  (IM.  I,  ii}^.  il. 

Ces  diflV'rcuccs,  suiloul  cclli's  de  la  ponte,  me  pai'aiss(Mit  suflisanles 
pour  les  séparer.  11  est  probable  (|ue,  sur  dos  échantillons  vivants,  on  pour- 
rait trouver  (juel(|ues  nouveaux  détails  difterentiels  qui  ne  se  voient  plus 
sur  ces  animaux  mal  conservés.  Ouoi  qu'il  en  soit,  ces  deux  espèces  sont 
évidemment  li'ès  voisines. 

lu  des  l'ails  les  plus  intéressants  relatifs  à  cette  espèce  est  qu'elle  se 
présente  sous  trois  l'ormes  diiïérentes  par  leur  extérieur  et  leur  structun». 
Tantôt  l'animal  est  platel  même  sensiblement  concave  sur  sa  face  ven- 
trale; tantôt  il  est,  an  contraire,  presque  cylindrique;  la  forme  de  la  tète 
est  la  même  dans  les  deux  cas.  Celte  diUerence  lient  à  ce  (jue  les  premières 
sont  soit  des  mâles  soit  des  femelles  immatures,  tandis  que  les  secondes 
sont  des  femelles  bourrées  d'o'ufs  que  l'on  distinj^ue  par  transparence  à 
travers  la  peau,  surtout  celle  du  ventre. 

l'ne  fois  la  ponte  etTectuée,  les  femelles  prennent  une  forme  plate  mais 
très  singulièrement  i)lissée,  qu'elles  conservent  pendant  le  temps  qu'elles 
incubent  leurs  œufs  pondus  à  l'abri  d'un  toit  (pi'elles  sécrètent  et  sous 
lequel  elles  s'enferment. 

Ceci  étant  dit,  voici  la  description  des  caractères  que  présent(Mit  ces 
trois  états  différents  : 

1°  Forme  ituiinalc  jdalr.  —  Comme  il  vient  d'être  dit,  ce  sont  des  mâles 
ou  des  femelles  immatures. 

Le  corps  de  cette  Némertc  est  plat  et  mèni(>  b'gèrement  concave  à  la 
face  ventrale.  11  est  pointu  aux  deux  bouts,  élargi  au  milieu,  peu  strié 
transversalement,  et  même  ces  stries  peuvent  être  mises  sur  le  compte 
du  liquide  conservateur.  J'en  ai  examiné  plusieurs  (exemplaires  ayant  de 
loàS.'J  millimètres  de  long;  malheureusement  la  couleur,  sur  la  plupart 
d'entre  eux,  a  disparu  par  suite  du  défaut  de  fixation  faite  sur  l'animal 
frais  et  du  manque  de  note  de  couleur.  Sur  ce  qui  reste  de  fragments 
cutanés,  notamment  dans  les  exemplaires  enfermés  dans  le  nid  dont  il  va 
être  question  plus  loin,  on  voit  une  coloration  brune  qui  concorde  avec 
les  renseignements  oraux  qui  m'ont  été  donnés. 

Le  seul  exemplaire  trouvé  à  la  station  1 17  avait  conservé  sa  coloration 


6  .  NÉMERTIENS. 

hrunc  |)rcsquo  intacte;  elle  était  uniforme  sur  la  face  dorsale,  sans  aucune 
urncinenlation  linéaii'e.  La  face  ventrale  était  blanche,  rosée  ou  grisâtre; 
au  niveau  du  cou,  le  pigment  brun  dorsal  débordait  un  peu  sous  les 
côtés.  A  travers  la  peau  ventrale  on  voit  des  lignes  longitudinales  de  petites 
vésicules,  toutes  de  même  dimension,  sphériques,  opaques,  qui  me 
paraissent  être  les  testicules,  dont  la  description  histologique,  faite  sur 
d'autres  individus,  sera  indi(|uée  plus  loin.  Sur  des  échantillons  de 
même  taille  et  de  même  l'orme  j'ai  trouvé  des  glandes  mâles 
actives   (IM.    I,  lig.  4). 

Sur  la  tète,  on  distingue  un  sillon  ti'ansversal  dorsal,  passant  sur  les 
côtés  et  venant  rejoindre  la  bouche  sur  la  face  ventrale  (PI.  I,  lig.  4)  en 
un  angle  dont  le  sommet  est  dirigé  vers  la  [)ointe  antérieure  du  corps 
I  IM.  II,  lig.  8).  Sur  la  ligne  médiane  dorsale,  les  deux  sillons  ne  semblent 
pas  se  fusionner;  c'est  assez  diffîcile  à  préciser,  en  raison  des  nombreux 
plis  do  ri'pilhélium  cutané  contracté  par  le  li(|uide  conservateur.  Sui'  le 
bord  de  la  tète,  de  chaque  côté,  près  du  commencement  du  sillon,  est 
une  petite  tache  blanche  cutanée. 

Contrairement  à  ce  qu'on  ohsQrwc  chez  Amp/t /par irs  Micharlsrjii ,  qui  a 
sur  la  face  ventrale  de  la  tète  deux  sillons  parallèles,  il  n'y  en  a  ici  qu'un 
seul  faisant  un  angle  obtus  au  sommet  duquel  aboutit  une  ligne  verticale 
descendant  de  l'orifice  commun  à  la  tronq)e  et  k  la  bouche.  Les  sillons 
ventraux  sont  profonds  et  probablement  pigmentés  de  brun. 

La  trompe  n'était  sortie  chez  aucun  de  ces  individus  adultes,  contrai- 
rement à  ce  (juc  l'on  voit  dans  V AiHpIiiporas  Micliaelsrni.  On  la  retrouve 
pelotonnée  dans  sa  gaine,  qui  est  fort  grosse  comparativement  à  la  masse 
générale  du  corps.  Sur  la  photographie  reproduite  dans  la  planche  II, 
ligure  7,  on  peut  voir  une  saillie  longitudinale  dorsah^  1res  prnnonc(''e 
et  flexueuse  ;  elle  est  produite  par  la  trompe  d'un  bout  à  l'autre  du 
corps.  Les  coupes  montrent  qu'elle  s'étend  dans  sa  gaine  presquejusqu'à 
l'orifice  anal,  étant  en  certains  points  pelotonnée  sur  elle-même.  Les 
coupes  montrent  trois  ou  quatre  sections  transversales  juxtaposées; 
quelquefois  cet  organe  est  à  peu  près  aussi  long  que  l'animal  entier,  ce 
qui  est  tout  ditfV'rent  chez  Amphiportis  Michaelseni,  où  il  est  beaucoup 
plus  court. 


NËMERTIENS.  y 

2^  Fdi'iiiP  cnlinilrKiup.  —  (le  sont  des  rciiicllcs  i'('m|>li('s  (rd'iifs  ;i  iiialii- 
rilô. 

On  rclronve  à  peu  près  les  mêmes  caractères  de  taille  et  de  l'orme  de  la 
lète;  mais  raspecti;énéral  du  corps  est  trèsmodifié  ;  il  est  tellement  liourn- 
d'cùufs  que  Ton  voit  par  transparence  (juil  ]»ren(l  la  l'orme  d'une  pelile 
baguette  cylindrique  (Pi.  II,  fig.  (i).  Le  pigment  des  deux  échantillons  que 
j'ai  observés  avait  disparu  ;  je  ne  peux  dire  s'il  change  dans  cet  état.  Il  n'y  a 
pas  de  doute  qu(^  Ion  soit  ici  en  présence  de  femelles  près  de  pondre, 
ainsi  (pie  l'élude  des  coupes  me  l'a  jirouvé. 

Ouandon  examine  à  la  loupe  la  face  ventrale  dn  cor'ps,  on  y  remar(|ue 
un  grand  nombre  de  petites  fossettes  grises  dispiisi'es  en  lignes  longitudi- 
nales, assez  irrégulières,  allant  d'un  bouta  l'autre  du  corps  et  commen- 
çant dès  en  arrière  de  la  tète.  C-ertaines  de  ces  fossettes  sont  vides,  tandis 
(ju'au  milieu  de  certaines  d'entre  elles  on  voit  un  [lelit  bouton  jannàtre. 

Sur  les  coupes^  on  retrouve  ces  fossettes,  qui  correspondent  à  un  amin- 
cissement circulaire  de  la  peau,  à  travers  lecpiel  on  voit  un  (cuf  sous- 
jacent;  quand  on  a  perçoit  un  petit  bouton  au  centre  de  la  fossette,  c'est  (pi'un 
œuf  est  engagé  dans  le  canal  de  sortie,  par  sa  point(\  Les  œufs  sont  sphé- 
riques,  mais,  au  moment  de  leur  expulsion,  ils  sont  |)iriformes.  Chacun 
d'eux  est  renfermé  dans  un  sac  distinct. 

11  est  à  remarquer  que  ces  fossettes  sont  formées  par  l'amincissement 
du  tissu  cutané,  dû  à  la  dilatation  consécutive  au  grossissement  de  l'œuf. 
Il  faut  encore  noter  que  ces  orifices  ne  se  ferment  pas  chez  la  Némerte 
après  sa  ponte,  pendant  qu'elle  incube  ses  œufs.  Ce  sont  donc  des  orifices 
devenus  définitifs  et  qui  jouent  ai)rès  l'expulsion  de  l'œuf  un  rôle  tout 
dill'érent  dont  il  va  être  question  plus  loin. 

La  figure  0  (PI.  II)  représente  une  de  ces  femelles  pleines  d'omis;  elle 
montre  une  échancrure  dans  la  région  caudale  sur  le  bord  du  corps; 
c'est  vraisemblablement  le  premier  indice  des  lobes  qui  vont  se  former 
dans  l'état  suivant  après  la  ponte,  pendant  l'incubation. 

3°  Forme  incubante  (PI.  I,  fig.  o).  —  Lorsipie  l'on  ouvre  un  nid 
de  cette  Némerte  construit  comme  il  va  être  dit  plus  loin,  on  Irouve 
l'animal  en  train  d'incuber  ses  omis  :  il  est  étroitement  appliqué  sur  eux 
par  sa  face  ventrale  et,  par  sa  face  dorsale,  contre  un   toit  solide  qu'il 


8  NEMERTIENS. 

s'est  sécrété  sous  forme  cYun  vernis  lisse,  comme  il  a  été  dit  plus  haut. 
Les  espaces  vides  entre  les  œufs,  entre  eux  et  l'animal,  entre  lui  et  son 
toit  sont  bourrés  d'une  sorte  de  sécrétion  spongieuse,  qui  emballe  tout 
le  contenu  de  la  ponte  de  façon  à  en  faire  une  seule  masse  (iig.  Ij.  Sa 
nature  sera  expliquée  plus  loin.  Si  l'on  fend  la  ponte  et  que  l'on  en  retire 


r^.  ^ 


Fiy.  1.  —  Ampliiporiis  incuhalor.  — Coupe  à  Iravers  une  ponte  montrant  la  feniolle  sur  ses  «'uls,  la  lui'in- 
brane  vernie  qui  recouvre  la  ponle  et  la  matière  grenue  qui  comble  les  interstices  de  tout  l'ensemble. 
—  0E|.  couche  inférieure  d'œufs  ;  OEj,  couche  supérieure  d'œufs;  I,  intestin  histolysé  ;  B,  orifice  de 
sortie  ;  N,  nerl's  latéraux;  A,  couche  cotonneuse  en  contact  avec  le  l'ocber  ;  L,  lobes  latéraux  ;  R,  ma- 
tière grenue  intcrstilielle;  V,  couche  de  vernis  enfernianl  toute  la  ponte;  V,  L,  bourrelet  intérieur  de 
vernis;  ïi.To,  deux  replis  de  la  trojupe.  Gross.  :  30  diamètres. 

la  Némerte,  on  lui  trome  un  aspect  très  singulier,  tout  différent  des  deux 
premiers  (PI.  I,  fig.  ii). 

On  remarque  que  l'animal  est  j)lissé  profondément  et  comme  recouvert 
de  grands  lobes  qui,  partant  de  son  bord,  se  retroussent  lesuns  par-dessus 
son  dos  (fig.  3),  les  autres  par-dessous  son  ventre  (fig.  2).  Ces  lobes  se 
recourbent,  s'imbriquent,  se  recouvrent  les  uns  les  autres,  de  sorte  que 
Ion  a  beaucoup  de  mal  à  les  identifier;  il  fau[,  avec  de  fines  aiguilles, 
soulever  les  bords  et  les  débarrasser  de  la  matière  grenue  qui  les  empâte. 
On  se  trouve  alors  en  présence  d'un  animal  qui,  par  suite  de  l'évacuation 
de  ses  œufs,  s'est  raccourci,  s'est  aplati,  et  en  même  temps  sensiblement 
élargi,  car  les  lobes  retroussés,  réunis  à  plat,  doivent  presque  doubler  la 
largeur  de  la  Némerte  primitive.  Quand  on  dissèque  l'animal,  on  remarque 


NÉMERTIENS. 


<) 


que  la  i;aiiio  de  la  ti'i)iiij)e,  voluiniiieuse,  est  restée  droite,  et  que  c'est 
elle  qui,  en  quel(|ue  sorte,  est  l'axe  fixe  du  corps,  autour  duquel  les 
tissus  mous  se  sont  plus  ou  moins  rétractés,  tandis  qu'elle  ne  se  modifiait 


pas. 


La  surface  dorsale  de  l'animal,  celle  qui  est  appliquée  contre  la  face 


J?. 


.T. 


-î->'^i:ï:^S4iJVs<  '  G.  T. 


L.- 


JV. 


I. 


Fiiî.  2.  —  Amp/iiporus  incubalor.  — Coupi'à  Iravers'le  corps^d'une  femelle  ineubante  monlrant  ilrus  lobes 
venlraux.  —  1.  intestin;  L,  lobes  ventraux;  N,  nerl's  latéraux  ;  0,  orifiec  de  sortie  d'un  leul'  puis  de 
l'épitliélium  intestinal  ;  T,  tiompc;  R,  épidémie  détaclié:  G.  T.  gaine  de  la  tronjpo  ;  Mj,  couche  muscu- 
laire externe;  Mo,  couche  musculaire  interne.  Gross.  :  40  diamètres. 

inférieure  de  la  toiture  de  la  ponte,  est  lisse,  un  peu  pigmentée,  et  diffère 
par  ce  caractère  de  la  face  ventrale  ;  celle-ci,  couchée  sur  les  œufs,  porte 
sur  ses  plis  leur  empreinte  sous  forme  de  petites  cupules  hémisphériques 
(PI.  T,  lîg.  5);  ces  petites  fossettes  sont  rangées  en  lignes  régulières 
longitudinales  sur  tout  le  dessous  de  l'animal,  de  même  que  les  œufs 
sont  alignés  dans  la  [)onte  qui  va  être  décrite. 

On  remarque  encore  sur  les  lobes  et  sur  la  face  ventrale  do  l'animal 
de  nombreux  pores  béants  (B,  fig.  1),  qui  ne  sont  autre  chose  que  les 
orifices  par  lesquels  sont  sortis  les  œufs  et  qui  ne  se  sont  pas  refermés 
après  la  ponte.  Primitivement,  ils  ne  s'ouvraient  que  dans  le  follicule 

Expédilion  CItarcot.  —  Joddi.n.  —  Némerliens.  * 


10 


NEMERTIENS. 


ovarien  ;  mais  celui-ci  s'est  déchiré  après  la  ponte,  et  le  conduit  s'ouvre 
dans  la  cavité  du  tube  digestif  de  l'animal,  ayant  subi  lui-même  une  1res 
curieuse  transformation,  qui  sera  décrite  plus  loin. 

Si  on  se  contentait  d'examiner  les  coupes  sans  avoir  au  préalable  dis- 


Fig.  3.  —  Ainphiporus  vicubator.  —  Coupe  à  travers  le  corps  d'une  femelle  incuijanti!  iiionti'iril  un  lobe 
dorsal.  —  I,  intestin  histolysé;  1),  dos:  T,  trompe;  GT,  gaine  de  la  trompe;  N,  nerf  latéral  ;  W,,  eouulie 
musculaire  externe;  Mo,  couche  musculaire  interne;  L,  lobe  dorsal.  Gross.  :  'i'i  diamètres. 


séqué  d'animal,  on  ne  pourrait  comprendre  sa  structure,  tant  ces  plis,  les 
uns  dorsaux,  les  autres  ventraux,  modifient  son  aspect. 

Les  coupes  montrent  l'extrême  aplatissement  de  l'animal,  dontles  parois 
dorsale  et  ventrale  ne  sont  plus  séparées  que  par  une  membrane  d'un  tissu 
très  singulier  qui  sera  décrit  plus  loin  (fig.  1 ,  2,  3). 

Voici  comment  j'explique  cette  transformation. 

Les  œufs  sortis  de  l'animal  représentent,  tant  ils  sont  gros  et  nom- 
breux, un  volume  supérieur  à  celui  qu'occupe  dans  sa  ponte  la 
femelle  vidée  qui  les  a  pondus;  son  corps  n'est  plus  que  le  sac  devenu 
trop  grand  qui  les  a  contenus  jeunes,  puis  mûrs,  puis  les  a  évacués. 
Us  occupaient  dans  la  mère  à  maturité  les  deux  tiers  de  la  masse  de 
son  corps.  Celui-ci,  ainsi  llasque  et  plissé,  se  loge  contre  la  face  supé- 


NËMERTIENS.  ii 

riciire  du  nid  incul)al(Hir  <>t  foniii^  un  niatolas  protecteur  au-dessus  des 
u'ufs. 

Mais  ce  ne  sont  pas  seulement  les  (eufs  qui  sont  sortis  du  corps  de  la 
mère,  c'est  encore  une  autre  production  fort  singulière  qui  va  être  décrite 
.plus  loin,  et  dont  la  perte  contribue  encoi-e  à  l'aplatissement  de  l'animal 
incubateur.  Cette  Némerte  dans  cet  état  a  donc  subi  de  profondes  modi- 
licalions  ;  mais  la  trompe  et  le  sac  qui  la  renferme  n'ont  pas  été  touchés  ; 
ils  restent  intacts  et  semblent  en  quelque  sorte  l'axe  fixe  autour  duquel 
les  autres  organes  se  sont  transformés. 

(-es  indications  générales  étant  données,  nousallons  maintenant  étudier 
le  nid  dans  lequel  se  fait  l'incubation  des  œufs  par  la  femelle  qui  lésa  })on- 
dus  et  ainsi  abrités.  Nous  reviendrons  ensuite  sur  la  structure  de  ces  di- 
verses parties  pour  en  expliquer  le  fonctionnement. 

Le  nid  incubaleuf  (IM.  Il,  fig.  1  à  i).  Cet  An/p/iiporifs  est  très  remar- 
quable par  la  manière  dont  il  dépose  ses  o'ufs  pour  leur  faire  subir  une 
véritable  incubation.  Il  construit  une  sorte  de  nid  solidement  fixé  à  un 
rocher,  recouvert  d'un  toit  complet,  entouré  par  une  muraille  de  même 
nature,  le  tout  formant  une  cloche  hermétiquement  close  sous  laquelle 
il  se  cache  étalé  sur  ses  œufs. 

Si  l'on  examine  une  ponte  bien  intacte,  on  lui  trouve  une  longueur  de 
2  à  3  centimètres  sur  6  à  8  millimètres  de  large.  Sa  forme  est  allongée, 
pointue  aux  deux  bouts;  elle  ressemble  à  une  '-ourte  gousse  de  haricot 
dont  les  deux  extrémités  pointues  auraient  été  un  peu  tordues 
(PI.  Il,  fig.  1  à  4).  La  surface  supérieure  bombée  (PI.  II,  fig.  1  et  4) 
est  parfaitement  lisse  et  a  l'aspect  d'un  enduit  de  porcelaine  vernie 
blanche  ou  grisâtre,  brillante.  Sur  les  pontes  un  ])eu  déchirées,  on 
reconnaît  que  ce  revêtement  est  formé  de  plusieurs  couches  de  matière 
superposées  comme  des  couches  de  vernis  ;  sui'  le  bord  de  la  ponte,  les 
couches  forment  une  sorte  de  bourrelet,  et  elles  ne  sont  plus  adhérentes 
les  unes  aux  autres;  on  peut  en  compter  cinq  ou  six  (Voir  V.  L.  fig.  1 
dans  le  texte). 

Cette  couche  protectrice  dorsale  et  latérale  est  opaque  et  ne  permet 
pas  de  voir  la  disposition  du  contenu,  contrairement  à  ce  qui  s'observe 
dans  une  autre  espèce.  Les  pontes  détachées  avec  soin  du  rocher  qui  les 


12  NÉMERTIENS. 

supportait  permettent  au  contraire  de  voir  sur  leur  face  adhérente  ainsi 
mise  à  nu  (PI.  11,  fig.  2  et  3)  les  œufs  qui  n'étaient  séparés  du  rocher 
que  par  une  mince  couche  de  la  matière  grenue  dont  il  va  être  question 
plus  loin  et  une  lame  très  fine  de  vernis,  très  mince,  mais  semblable  à 
celui  du  dessus  et  des  côtés  de  la  ponte.  L'adhérence  de  la  ponte  à  la 
roche  est  assurée  j)ar  le  bord  épaissi  de  la  croûte  vernissée,  et  elle  est  si 
parfaite  que  les  moindres  aspérités  sont  moulées  en  creux  sur  la  couche 
des  œufs  ;  on  peut  voir  sur  une  des  figures  (PI.  II,  fig.  2)  l'empreinte  d'un 
Spirorhis. 

Les  œufs  sont  noyés  dans  une  substance  très  spéciale,  d'aspect  coton- 
neux, grenue,  grisâtre;  on  la  trouve  aussi  entre  le  dos  de  l'animal  et  la 
coque  de  la  ponte  en  une  même  lame  rendue  brune  par  les  cellules  |)ig- 
mentées  de  la  peau,  qui  se  sont  détachées  et  qui  se  sont  mêlées  à  leurs 
éléments.  Il  en  est  de  même  entre  la  face  ventrale  de  la  Némerte  et  la 
première  couche  d'œufs.  Enfin  on  trouve  la  substance  cotonneuse  disposée 
en  coussins,  intercalée  entre  les  lobes  retroussés  et  le  corps  de  la  Némerte 
(fig.  1).  11  en  résulte  que  tout  l'animal,  tous  ses  lobes,  tous  ses  œufs  sont 
emballés  dans  cette  substance  cotonneuse,  et  le  tout  remplit  herméti- 
quement la  ponte,  qui  n'a  pas  le  moindre  espace  vide  intérieur.  Il  y  en  a 
aussi  une  mince  lame  entre  le  rocher  et  la  membrane  vernie  inférieure 
(fig.  I). 

On  trouve  deux  couches  d'œufs  superposées,  l'inférieure  appliquée 
contre  la  roche,  dont  le  vernis  et  la  couche  cotonneuse  la  séparent,  la  su- 
périeure contre  le  ventre  de  la  Némerte,  le  tout  entouré  de  la  matière 
cotonneuse  isolante.  Le  nombre  des  œufs  contenus  dans  la  ponte  est 
assez  variable,  car  les  pontes  n'ont  pas  toutes  la  même  dimension,  bien  que 
les  œufs  soient  toujours  de  même  volume.  .T'estime  à  150  à  200  environ 
le  nombre  moyen  des  œufs,  qui  ont  environ  1  millimètre  de  diamètre. 

Dans  certaines  pontes  brisées,  l'animal  manquait;  il  est  possible  qu'il 
en  ait  été  arraché  au  moment  de  la  capture.  Je  ne  crois  pas,  en  effet,  que 
cette  absence  de  l'animal  soit  normale,  car,  dans  les  pontes  intactes  que 
j'ai  examinées,  l'animal  était  toujours  sur  ses  œufs  sous  son  toit-. 

J'ai  photographié  (PI.  lll,  fig.  1  et  2)  une  ponte  où  la  Némerte, 
surprise  par  le  contact  de  l'alcool,  avait  commencé  à  sortir  par  une  petite 


NÉMERTIENS.  13 

déchirure  entre  le  liord  du  toit  et  les  onifs  à  l'une  des  extrémités.  Cette 
petite  fente  était  accidentelle  ;  ses  bords  sont  en  effet  déchiquetés. 
Jamais  je  n'ai  trouvé  aucun  oriiice  naturel  dans  le  nid  incubateur. 
L'animal  s'y  enferme;  lui  et  les  jeunes  ne  peuvent  en  sortir  qu'après 
l'incubation  terminée,  peut-être  par  usure  du  toit  ou  décollement  de  la 
ponte  de  la  paroi  de  la  roche  qui  la  supporte. 

J'ai  trouvé  des  pontes  dont  les  œufs  étaient  à  divers  états  de  dévelop- 
pement. Dans  les  unes,  les  œufs  jeunes,  sans  trace  de  segmentation, 
devaient  être  fraîchement  pondus.  Dans  les  autres,  j'ai  trouvé  les  œufs  en 
voie  de  segmentation.  Enfin  j'en  ai  vu  d'autres  à  demi  déchirées  et  usées 
où  les  embryons,  ayant  la  forme  de  petits  vers  allongés,  étaient  pelotonnés 
sui-  eux-mêmes.  J'en  ai  trouvé  une  dans  laquelle  les  jeunes  Vers  déroulés 
pouvaient  se  mouvoir  librement  ;  ils  n'avaient  plus  l'air  d'être  emprisonnés 
dans  les  alvéoles  cotonneuses,  mais  de  se  promener  dans  une  masse  spon- 
gieuse largement  lacuneuse.  Dans  cette  dernière,  déchirée,  d'apparence 
usée,  la  mère  était  absente. 

Enfin  j'ai  photographié  (PI.  111,  fig.  3)  une  ponte  en  mauvais  état,  dont 
presque  tous  les  jeunes  étaient  sortis;  on  en  voit  quelques-uns  restés 
dans  le  mucus  de  la  capsule  ovigère,  roulés  en  spirale. 

N'ayant  pas  fait  d'observations  sur  l'animal  vivant,  n'ayant  pas  eu  de 
renseignements,  ni  de  croquis  de  couleur,  sur  ces  bêtes  en  train  de  cons- 
truire leur  nid,  je  suis  obligé,  pour  expliquer  le  mécanisme  de  la  construc- 
tion du  nid,  de  la  ponte  et  de  la  fécondation,  de  m'en  rapporter  aux 
déductions  que  j'ai  pu  tirer  du  matériel  conservé  que  j'ai  eu  à  ma  dispo- 
sition. Voici  donc  comment,  selon  moi,  les  choses  ont  dû  se  passer. 

La  Némerte,  lorsque  ses  œufs  sont  mûrs,  est  très  gonflée  et  dilatée  par 
ses  sacs  ovigères  qui  la  rendent  à  peu  près  cylindrique,  probablement 
aussi  par  une  hypertrophie  de  ses  glandes  à  mucus  cutanées  (PI.  11,  fig.  6). 

Lorsqu'elle  a  trouvé  un  emplacement  convenable,  elle  s'y  applique  et 
dépose  sur  la  roche  une  menue  couche  de  matière  cotonneuse,  ovale, 
allongée,  qui  est  peut-être  formée  par  l'épithélium  de  sa  peau  ventrale, 
peut-être  aussi  par  un  mélange  de  cet  épithélium  et  du  contenu  de  son 
intestin,  qu'elle  expulse  par  son  orifice  anal.  Quand  ce  premier  matelas 
mince  et  étroit,  destiné  à  niveler  le  lieu  de  sa  ponte,  est  construit,  la 


14  NÉMERTIENS. 

Néniertc  sécrète,  probablement  au  moyen  do  glandes  cutanées,  une  mince 
lamelle  de  vernis  isolant,  recouvrant  le  matelas  comme  d'un  drap,  et  ayant 
une  forme  ovale  allongée  exactement  semblable  au  contour  de  son  corps. 
Sur  le  pourtour  de  cette  lamelle,  un  bourrelet  plus  épais  est  sécrété, 
limitant  cette  sole  comme  d"uu  rebord.  C'est  là,  sur  ce  bourrelet,  ([ue  se 
souciera  la  muraille  sur  la([uelle  reposera  le  toit  couvrant  la  ponte;  la 
paroi  et  la  toiture  sont  plus  épaisses  que  le  plancher  et  sécrétées  \)Hv  la 
peau  du  dos  de  Tanimal.  Cette  membrane  devait  être  élastique  quand  elle 
était  Fraîchement  sécrétée,  d'où  est  résulté  son  aspect  lisse  et  distendu; 
puis  elle  sCsl  durcie  au  contact  de  l'eau,  c'est  ce  qui  explique  la  façon  si 
intime  dont  la  loiture  et  la  muraille  sont  applit|uées  contre  la  Némerte 
et  sa  ponte,  sans  laisser  aucun  espace  vide  à  l'intérieur. 

11  est  jjrobable  que  la  sécrétion  du  vernis  superiiciel  ne  se  fait  pas  d'un 
seul  coup;  ou  pc'ut  constater  en  efl'et  que  le  toit  est  formé  de  plusieui's 
lamellrs  adln'rant  intimement  les  unes  aux  autres  (iig.  I,  ^^  Li;  on  ne 
|)eut  les  séparer  quau  moyen  de  fines  aiguilles  et  par  petits  fiagincnts. 
Mais  on  voit  ces  couches  séparées  les  unes  des  autres  sur  le  bord  de  la 
ponte,  dans  le  bourrelé)  marginal,  où  on  peut  distinguer  cinq  ou  six  lames 
emboîtées  constituant  ce  revêtement  en  bourrelet  entourant  le  plancher. 

La  sécrétion  du  vernis  ne  peut  se  faire  par  l'animal  que  quand  il  est 
enfermé  dans  le  cocon,  puisqu'il  ne  comporte  aucun  orifice  lui  permet- 
tant d'y  entrer  après  qu'il  l'aurait  construit.  Cela  doit  se  passer  un  peu 
comme  chez  les  chenilles,  qui  épaississent  leur  cocon  par  l'intérieur. 

Ce  nid  étant  construit,  partiellement  ou  totalement,  quant  à  son  enve- 
loppe protectrice  extérieure,  la  Némerte  qui  yest  enfermée  se  meten  devoir 
d'évacuer  ses  onifs.  Elle  en  expulse  un  certain  nombre  qui  viennent  se 
déposer  sur  le  plancher  en  une  couche  continue^  le  recouvrant  entièrement  ; 
puis  elle  en  dépose  une  seconde  couche,  moins  nondu-euse  et  laissant 
quelques  vides  entre  eux;  elle  est  superposée  à  la  première.  Mais  tous  les 
espaces  vides  entre  les  ceufs,  l'espace  compris  entre  leur  seconde  couche 
et  la  Némerte,  entre  celle-ci  et  son  cocon,  sont  exactement  l)Ouchés  par 
la  matière  cotonneuse  de  remplissage,  dont  il  a  déjà  été  (piestion  et  qui, 
par  conséquent,  ne  peut  être  formée  que  simultanément  ou  consécutive- 
ment à  l'expulsion  des  œufs. 


NÉMERTIENS.  15 

C'est  uno  (lucslioii  (|iii  m'a  fort  eml)cii'r;iss(''  (|iii  se  [loso  inaiiitciKuil. 
Oircsl-cc  (|ii('  cette  matière  cotonneuse  (|iii  emhalle  si  exactement  les  œufs 
et  les  moindres  replis  de  leur  mère  el  ne  laisse  pas  le  plus  petit  espace 
inoccuix'  dans  l(>  cocon,  si  l)ien  (pic  la  .\('merle  ne  peut  plus  y  faire  aucun 
mouvement? 

L'ex|ilicati(iii  cpu'  je  vais  donner  me  parait  vraie,  mais  je  suis  oblii;(''  d<' 
laisser  un  doute  planer  sur  elle,  faute  d'avoir  eu  du  matériel  étudié 
vivant  et  sutllsanmient  bien  préparé. 

Lorsqu'on  examine  à  un  fort  grossissement  cette  matière,  on  constate 
d'abord  cpie  ce  n'est  [)as  un  tissu,  car  tons  les  éb'ments  qui  le  composent 
sont  isdb's  les  uns  des  autres;  ils  ressemblent  à  de  petites fdirilles  court(>s 
mêlées  à  des  cellules  flétries  contenant  souvent  un  gros  noyau;  souvent 
les  noyaux  sont  isolés;  ailleurs  la  partie  librillaire  est  sans  noyau.  Cela 
ressemble  aux  (déments  flétris  d'un  épithélium  cylindrique  cjue  l'on  aurait 
raclés  et  accumulés  par  paquets  tassés  dans  tous  les  interstices  de  la  ponte. 
Aupr<>mier  examen,  j'aipenséque  c'était  1  "épithélium  cutané  de  la  Némerte 
qui  s'('tait  ainsi  détaché  et  que  l'animal  employait  comme  isolant  de  ces 
œufs;  c'était  comparable  à  ce  que  font  certains  papillons  qui  fabriquent 
leur  ponte  en  agglutinant  les  poils  de  leur  abdomen  avec  leurs  œufs. 

Cette  explication  est  certainement  exacte  pour  une  partie  de  cette 
matière;  elle  s'ai»pliqu(^  notamment  à  la  partie  de  la  peau  qui  était 
pigmentée  en  brun  et  que  l'on  retrouve,  détachée  du  corps,  presque  en 
place,  sur  le  dos  et  sous  le  ventre  de  la  Némerte.  Si  c'était  uniquement 
l'épithélium  cutané  In-un  qui  se  d(''tachait,  on  devrait  en  trouver  partout 
dans  le  nid;  or  ce  n'est  pas  le  cas;  la  matière  est  grise  entre  les  œufs, 
entre  les  lobes,  sur  les  côtés  de  la  ponte.  Ue  plus,  la  peau  ne  fournirait 
pas  une  quantité  sutfisante  de  matière  pour  former  la  masse  qui  remplit 
les  interstices  du  contenu  du  nid. 

C'est  ici  qu'il  faut  rappeler  que,  sur  le  corps  des  femelles  pleines,  on  voit 
de  nombreuses  fossettes  grises  qui  correspondent  à  des  œufs  (IM.  Il, 
lig.  (Ji;  au  moment  de  la  maturité,  ces  cents  prennent  une  disposition 
piriforme  et  sortent  par  leur  pointe  en  dilatant  fortement  l'orifice  de 
sortie.  Connue  ils  tiennent  une  grantle  place  (Œ,,  fig.  i)  dans  la  masse 
du  corps,  comme  ils  ne  sont  séparés  de  l'intestin  que  par  une  membi'ane 


l6  NÉMERTIENS. 

excessivement  fine,  cette  brusque  sortie  des  œufs  déchire  les  minces 
poches  qui  les  enferment,  ce  qui  met  en  communication  la  cavité  intesti- 
nale avec  le  dehors  par  l'intermédiaire  des  orifices  de  ponte.  Ceux-ci,  en 

.AI.  T. 


'O.      Iv 


Fig.  4.  —  Amphipovus  incubator.  —  Coupe  transversale  à  travers  le  corps  d'une  femelle  prête  à  pondre. 
—  MT,  musculature  de  la  trompe;  ET,  épitludium  interne  de  la  trompe;  GT,  gaine  de  la  trompe; 
I,  inlestin  histolysé;  N,  nerf  latéral;  CE.  œuf;  V,  vaisseau;  0,  pointe  de  l'œuf  prêt  à  être  fécondé; 
E,  base  de  l'épiderme  exfolié;  CT,  cavité  du  sac  de  la  tiompe.  Gross.  :  42  diamètres. 

effet,  ne  s'obturent  pas  après  l'expulsion  des  œufs,  et  l'on  peut  voir  sur 
les  coupes  les  débris  de  l'épithélium  intestinal  passant  par  un  orifice, 
alors  que  les  embryons  sont  déjà  parfaitement  formés  dans  le  nid  (B,  fig.  1 
et2). 

On  trouve,  sur  la  bête  lobée,  ratatinée,  enfermée  sous  son  toit,  une 
foule  de  ces  petits  orifices  restés  béants. 

11  faut  intercaler  ici  une  courte  explication  de  la  structure  de  l'intestin. 
Un  va  voir  un  peu  plus  loin  sa  structure  étudiée  chez  des  jeunes  immatures. 


NÉMERTIENS.  17 

Clioz  l'adulto,  on  Irouvo  (|U('  rorilicr  de  la  bouche  et  âo  la  tronipo  sont 
fusionnés,  c'est  un  caractère  (\\\//t/)/iij)o/its;  puis  vient  un  court  œsophage 
dont  l'épithélium  ghuKhdaiic  se  colore  i)i(Mi  par  rhcmatoxyHne;  lia  la 
structure  plisséeeldonnanlsur  les  coupes  l'aspect  en  bouquets  de  cellules 
calicirormes,    connn<'    d'habitude    chez    les  Amphiparus   (fig.    'i).   Mais 


yi:c. 


7:        M.  T. 


I.- 


JY.-' 


Fig.  5.  —  Amphipovus  incuhator.  —  Coupe  ii  Iravei'S  la  région  antOi-ieure  du  c-orps  d'une  femelle  incu- 
banle  ;  l'oesophage  avant  la  communication  avec  les  deux  premiers  lobes  latéraux  liistolysés.  —  D,  dos; 
iM.T.  musculature  de  la  trompe;  T,  trompe;  I,  intestin  histolysé  ;  N,  nerfs  latéraux;  CE,  oesophage; 
iMi,  couche  musculaire  externe;  M,,  couche  musculaire  interne  ;N.c,  lacunes  sanguines  et  organe  sensitif 
sous  le  lobe  cérébral.  Gross.  :  tO  diamètres. 

bientôt  commence  l'intestin  (fig.  (3),  dont  les  bords  sont  découpés  en 
lobes.  Chez  le  jeune,  l'épithélium  intestinal  est  bien  caractérisé,  mais, 
chez  les  adultes  en  activité  reproductrice,  il  y  a  une  véritable  destruction 
de  cet  épithélium.  Aussi  bien  chez  les  mâles  que  chez  les  femelles, 
toutes  les  cellules  épithéliales  se  détachant  de  la  paroi  mince  et  mem- 
braneuse qui  les  supporte,  il  n'en  reste  intactes  que  sous  l'entrée  de  la 
trompe,  dans  ce  qui  formait  l'œsophage  (fig.  6);  un  peu  plus  loin,  on 
trouve  dans  le  plafond  de  la  dernière  partie  de  cet  a^sophage  une  partie 
fort  intéressante  (fig.  7j,  où  se  forment,  à  mon  avis,  les  cellules  phago- 
cytes, dont  il  sera  parlé  plus  loin.  Le  plancher  et  les  cornes  de  cette 
première  portion  du  tube  digestif  sont  complètement  dépourvus  de 
leur  épithélium  (fig.   6)  ;  il  n'en  reste  plus  aucune  trace,  et  il  en  est 

Expédition  Charcot.  —  Jolbin.  —  Némerliens.  3 


i8  NÉMERTIENS. 

ainsi  clans  toute  retondue  de  Tintestin  et  de  ses  appendices,  jusqu'au 
l)Oul  du  eorps.  Il  est  transformé  en  une  vaste  poche  membraneuse,  à 
bords  découpés  en  une  foule  de  culs-de-sac  séparés  par  des  trabécules 
conjonciifs.  déchi(|uetés,  inéi^aux  ;  la  ligure  d'ensemble  de  Tinlcstin  du 
jeune  fl'l.  I,  fig.  6)  donne  une  bonne  idée  de  ce  qu'est  cette  complexité 

T.  .Z. 


/. 


3/2.     Ah. 


Fif,'.  6.  —  Ainiihi/iorus  iiicubator.  —  Gouiio  il  li'avors  la  ri'gioii  .ink^i'iourc  (lu  corps  il'unr  fi'jiirllo  incu- 
banlc.  Coiiiinuiiiciition  ilo  la  cavilù  n'sopliagicnno  avec  l'inlcslin.  Comiiionccmont  clos  pi-eiuk'rs  lobes 
latéraux  ilors.iux.  —  1),  dcis  ;  ï,  trompe:  L,  lobes  dorsaux;  1,  intestin  liistolysé  ;  N,  niirl's  latéraux; 
Os,  épitlii'liuiM  ilorsal  lie  l'intestin;  iMi,  couclie  niuseulaire  externe;  Mo.  eouebe  niusrulaire  interne. 
Groas.  ;  40  diauiètres. 

des  culs-dc-sac  intestinaux  avant  l'époque  de  la  maturité  sexuelle.  Mais, 
tandis  que  cbe/  le  jeune  ces  cnis-de-sac  sont  réguliers,  ici,  (  hez  la 
femelle  à  maturité,  la  présence  des  gros  œufs  a  complètement  fait  dis- 
paraître leur  symétrie. 

Cet  intestin  n'est  plus  qu'un  sac  très  irrégulier  i'em[)li  d'un  magma  de 
cellules  libres,  qui  n'ont  plus  absolument  rien  d'épithélial  et  qui  se  sont 
probabbnnent  formées  en  utilisant  les  anciens  épitbéliums  pariétaux. 

Il  s'est  produit,  pour  arriver  à  ce  résultat,  un  véritable  phénumène 
d'histolyse  ;  une  phagocytose  intense,  dont  j'ai  surpris  la  trace  encore 
active  au  [ilafond  de  l'arrière-œsophage   (l'ig.  7),   a  utilisé  l'épithélium 


NËMFRTrr^NS.  ig 

oomniP  îiliinciit  poiii'  I'iuiikm'  des  cellules  libr'es,  de  ruriiie  ét(/il(''t>,  se 
ciildi'anl  rorleiiieiil  |i;ii'  riii'iiKiloxN  liiie,  ;i  noyaux  iiels,  sans  raj)|iort  de 
continuité  les  nnes  avec  les  anli'es  et  loules  de  mêmes  dinionsions.  On 
y  trouve  mélaugés  quelques  éléments  conjonctils,  mais  <'n  petite 
quantité. 

La  figure  7  nuM'ite  (|nelf|nrs  mots  d'explication  spéciale;  elle  repré- 


Fig.  7.  — Ainphiponis  inrubalor.  —  l'iiotograpliic  d'une  coupo  nionliaiU  la  ii'yicjii  a'SO|jli,-i<;ienne  liisto- 
lysùe.  lin  haut,  truinpc:  en  dessous,  le  eroissanl.  blanc  repiésentc  la  cavil<'  de  la  gaine  de  la  trempe  ; 
en  bas,  à  gauelie.un  ceuf  ;  à  dinile,  cellules  liistolysées  intestinales  ;  au  milieu,  la  masse  de  l'épillirlium 
œsophagien  dorsal  avec  nombreux  phagocytes.  Gross.  :  200  diamètres. 


sente  la  photographie  fortement  grossie  d'une  portion  de  coupe 
passant  par  le  milieu  de  la  région  (esophagienne,  reproduite  sans  aucune 
retouche.  Le  segment  snp(''ri<'ur  est  la  partie  ventrale  de  la  trompe;  la 
bande  blanche  en  l'orme  de  portion  d'anneau,  située  en  dessous,  est  la 
cavité  de  la  gaine  de  la  trompe.  Au  coin  gauche  inférieur  de  la  figure  est 
la  coupe  d'un  ouif.  Au  coin  droit  inférieur,  un  cul-de-sac  intestinal 
montre  sa  cavité  remplie  de  cellules  détachées.  La  grosse  niasse  centrale 
en  forme  de  croissant  compact  est  la  portion  dorsale  de  l'tesophage  014 
se  forment  les  cellules  phagocytes.  La  structure  épithéliab»  lobée  nor- 
niale  a  complètement  disparu  ;  on  voit  une  foule  de  noyaux  se  détachant 


20 


NËMERTIENS. 


de  l'amas  compact  et  venant  se  libérer  à  la  surface  du  tissu  dans  la  cavité 
œsophagienne  ;  la  paroi  inférieure  de  cet  œsophage  n'a  plus  d'épithé- 
liuni;  elle  est  réduite  à  une  mince  lame  conjonctive  adhérente,  à  gauche, 
au  follicule  ovulaire  avec  lequel  elle  se  confond  en  une  lame  très  mince 


Fis-  8.  —  Amphiporus  incubator.  —  Coupe  passant  par  un  orifice  de  ponte  dune  feniille  incubante.  Par 
rorifîce  intérieur,  on  voit  sortir  des  cellules  provenant  de  l'inleslin.  Les  trabéeules  conjonctifs  liorizon- 
taus  séparent  les  divcriicules  intestinaux  pleins  de  cellules  liislolysées.  Ai  -dessus  de  l'orifice  de  ponte, 
on  distingue  des  fibres  musculaires  striées.  Gross.  :  223  diamètres. 

et  très  fragile.  Ces  cellules  libérées  détruisent  l'épithélium  intestinal  et 
détachent  des  fibres  conjonctives  de  sa  paroi. 

C'est  ce  contenu  de  l'intestin  que  l'on  voit  sortir  par  les  orifices  laissés 
sur  la  peau  de  l'animal,  comme  des  femelles  après  la  sortie  des  œufs  et 
que  l'on  trouve  sur  les  coupes  pratiquées  dans  la  Némerte  en  train  d'in- 
cuber ses  œufs.  On  voit  ces  cellules  engagées  dans  le  conduit  dîg.  8) 
passant  à  travers  les  méandres  des  trabéeules  conjonctifs  jusqu'à 
l'intestin.  La  iigure  8  montre  ce  courant  de  matière  allant  de  l'intestin 
à  la  cavité  du  nid,  où  il  se  mélange  aux  débris  épithi'diaux  cutanés.  Cette 
matière  complexe  ressemble  assez  bien  à  du  pus. 

Primitivement,  avant  la  ponte,  les  sacs  à  œufs  n'avaient  naturellement 
aucune  communication  avec  l'intestin.  Ils  se  trouvaient  entremêlés  aux 
culs-de-sac  de  celui-ci  ;  mais,  lorsque  la  destruction  par  phagocytose 
de  l'intestin  épithélial  a  eu  lieu,  sa  paroi  se  trouve  réduite  à  une  mince 
couche  conjonctive.  Les  sacs  à  œufs  sont  aussi   extrêmement  minces  ; 


NÉMERTIENS.  21 

il  n'est  pas  étonnant  qu'au  nionuMit  de  la  ])onl('  la  sortie  de  ces  très 
gros  (eul's  amène  des  déchirures  de  ces  frêles  parois,  accentuées  encore 
par  1(^  ramollissement  général  des  tissus  de  l'animal.  (Vest  ainsi  que 
s'explique  la  sortie  par  les  nondireux  orifices  de  ponte  du  contenu  de  la 
poche  intestinale. 

L'ouverture  des  orifices  cutanés  s'est  faite  pai'  la  pression  des  gros  œufs 
(jui  ont  écarté  les  fibres  musculaires  pariétales  sans  les  rompre  et  leur 
ont  donné  l'apparence  d'un  oritice  entouré  d'un  sphincter.  J'en  ai  représenté 
plusieurs  (fig.  2,  8,  0,  10).  On  y  voit  bien  nettement  des  fibres  circulaires 
et  longitudinales  striées;  ces  orifices  restent  béants  après  la  ponte. 

Nous  sommes  donc  là  en  présence  d'un  phénomène  très  curieux  d'his- 
tolyse,  tel  qu'on  le  voit  chez  divers  animaux.  Mais  c'est,  à  ma  connaissance, 
la  première  fois  qu'on  h^  signale  chez  les  Néniertiens. 

Mais  une  dernière  remarque  reste  encore  à  faire.  J'ai  dit  que,  dans  les 
pontes  âgées,  on  voit  de  petites  Némertes  allongées,  sorties  de  leur  alvéole, 
et  semblant  libres  dans  la  cavit*'  du  nid,  qui  ne  contient  plus  (ju'un  tissu 
lâche  et  caverneux.  La  figure  3  de  la  planche  III  est  la  photographie  d'un 
de  ces  nids  et  des  jeunes  qu'il  contenait.  A  cet  état,  le  tissu  de  remplissage 
ne  semble  plus  formé  que  par  un  peu  de  mucus  durci  mêlé  aux  restes 
des  membranes  d'enveloppes,  minces  coques  des  onifs,  déchirées  par 
l'éclosion  des  jeunes  ;  mais  il  ne  paraît  presque  plus  exister  de  cellules 
cutanées  ou  intestinales  phagocytées.  Que  sont-elles  devenues?  Je  pré- 
sume, sans  être  en  état  de  le  démontrer,  qu'elles  ont  servi  d'aliment  aux 
petites  Némertes.  Celles-ci,  enfermées  dans  leur  nid,  dont  elles  ne 
peuvent  sortir,  n'ont  pu  aller  chercher  de  la  nourriture  au  dehors;  d'autre 
part,  elles  ont  un  volume  au  moins  double  de  l'oîuf  qui  les  a  formées. 
Je  pense  que  c'est  la  matière  cotonneuse  d'emballage  cjui  les  protégeait 
pendant  les  premiers  temps  de  leur  développement  qui  a  été  utilisée 
comme  aliment;  une  fois  qu'elle  a  été  consommée,  l'époque  de  l'éclo- 
sion arrive  par  déchirure  naturelle  du  nid  usé. 

Ceci  n'est,  bien  entendu,  qu'une  explication  théorique  cjui  manque  de 
base  faute  d'observation  directe  sur  les  animaux  vivants. 

Quant  à  la  Némerte  mère,  je  ne  puis  dire  ce  qu'elle  devient;  il  est  pro- 
bable qu'elle  ne  doit  pas  survivre  à  Téclosion  de  sa  progéniture.  Son  intes- 


22  NÉMERTIENS. 

tin  est  dans  un  tel  état  de  dilacération  aprrs  qu'il  a  évacué  ses  cellules, 
sa  peau  est  si  complètenimt  détruite  par  exl'oliation  de  son  é|)iderme., 
les  énormes  ])Oches  à  (ruts  ont  tellcnii'iil  coMipfinH'  avant  de  se  vider 


J/j. 


Fif;,  '.I.  —  Aiiiplii/torus  iiicuhalor. —  Coupo  ii  travers  Ir  cnips  criiiio  IViUflIt'  piiHc  :ï  ]ion(1i'(\  — 0.  orifice 
lie  iiiinle;  G/J  |,  (i-po.  sIdI'IiIos  pol.iires:  li^.ljaso  |)i^iiii_'iiléL'  île  ré|iiileinie  :  OE,  pùle  prolnplasiuiquo  (le 
l'ii^ul' ;  V,  vitclliis  ;  M,,  e  rirlie  iniiseulairi'  exieriir  ;  M,,  roiirlir  iiiUM-iiliilir  iiilei'ne.  Gross.  : 
2^0  diaiiiélres. 

tous  les  organes,  (pie  vraiment  je  ne  puis  croire  à  la  régénération  de 
l'organisuH^^  presque  entier  de  la  iiièi'e.  .je  ne  vois  pas  comment  elle 
|)Ourrait  déplisser  tons  ses  tégiimeids  pour  leur  leiidre  la  l'orme  primi- 
tive et  reconstituer  son  intestin,  didiuire  les  adhérences  et  les  lolies, 
rcdjoucher  les  orifices,  etc..  Elle  doit  jx-rir  après  l'éclosion  des  jeunes, 
et  par  conséquent  sa  vie  complète  doit  évoluer  en  une  saison.  Les  jeunes 


Fi^.  10-  —  Aiiiphijiorus  iiicuhalor. —  Coupe  à  travers  Ick  eorps  ilune  Irnielli'  prèle  à  p.imire.  RupUirr  île 
la  mince  laraellv  épidermii|ue  à  la  suite  de  laquelle  le  pi'ile  protoplasuiiiiue  de  Foeur  est  à  nu.  —  OE,  leul'; 
E(/,  épidémie  déclaré:  K,  base  de  répideruie  ;  Al,,  mouclie  musculaire  externe;  Al-j.  couclie  musiuluiru 
interne:  O,  orilice  de  ponte.  Gross.  :  225  diamètres. 

sortis  de  la  ponte  à  l'été  grandiront  et  se  reproduiront   vraisenihlaLde- 
nient  au  printemps  de  l'année  suivante. 


NEMERTIENS.  .23 

Je  iiir  suis  (IfMiiandi'  coiiiini'iil  |i(Mit  se  passor  la  fécondât  ion.  On  sait 
(|ii(^  les  NcnicrlicMs,  dt'poni'viis  d'organes  d'accouplement,  se  contentent 
d'émettr'c  Iriii's  |ii'()(Uiils  i;(''nilau\  cl  de  laissci'au  iiasard  le  soin  de  faire  se 
renconli'cr  les  ('h'iiicnts  sexuels.  I)"auli'(>  [lart,  lorsque  la  Némerte  femelle 
pond  SCS  icul's,  ceux-ci  se  trouvent  di\\h  enfermés  sous  la  cloche  imper- 
méable (pu  l'oi'uie  la  toiture  et  les  côtés  du  nid  ;  le  uiàle  ne  peut  aller  sous 
cette  cloch(>  verser  ses  spermatozoïdes.  Je  présume  que  cette  fécon- 
dation a  li<'u  au  moment  où  les  (cui's  nnu-s  laiss(mt  passer  leur  pointe  par 
l'orllice  central  des  fossettes  cutanées  de  la  mère;  celle  disposition  ne 
doit  avoir  (pi'une  courte  durée.  Ce  bouton  transparent,  saillant,  est 
tout  désigné  [lour  recevoir  réh-nient  iiiUe,  et  quand,  ensuite,  la  Né- 
merte construit  son  nid,  s'y  enfei'uie  et  dépose  ses  (eufs,  ceux-ci  sont 
déjà  fécondés,  probablement  depuis  très  peu  de  temps.  Ce  fait  est  uniqne 
chez  les  Némertiens. 

Etude  (h's  rtnipos.  — .Vai  fait  de  nombreuses  coupes  sur  ces  Némei'tiens 
à  divers  états,  et  j'ai  pu  y  faire  quelques  constatations  intéressantes. 

Chez  le  mâle,  la  partie  antérieure  du  corps  est  plus  cylindrique  que  la 

r. 


JV.-' 


G.  m- 


j\: 


G.  rrt 


Fig.  H.  —  Amphiporus  iiicuhator. —  Coupe  à  ti-avers  le  coi-ps  d'un  niàle  passant  au  milieu  de  l'animal. 

N,  nei'l's  latéraux  :  (\.m,  glandes  mâles  ;  I,  intestin  liistolysé;  T,  tromiic.  Gross.  :  iO  diauiètres. 

postérieure,  qui  est  plate  et  concave  ventralement.  Les  glandes  sexuelles 
consistent  en  un  grand  nombre  de  petites  capsules  (G. /y?,  fig.  11)  ou 
poches  sphériques  qui  sont  disposées  en  un  plan,  les  unes  à  côté  des 


24  NEMERTIENS. 

autres,  contre  la  peau  ventrale  de  l'aninial.  Ces  poches  contiennent  de 
nombreux  spermatozoïdes  mûrs,  qui  se  colorent  admirablement  par 
l'hématoxyline.  Ces  poches  me  paraissent  presque  arrivées  à  maturité, 
car,  à  côté  des  cellules  mères,  on  voyait  les  spermatozoïdes  mûrs. 
Comme  elles  ne  sont  pas  grosses,  elles  ne  font  pas  une  grande  saillie 
dans  l'intérieur  et  compriment  peu  l'intestin.  Dans  celui-ci  on  retrouve 
la  portion  œsophagienne  à  épithélium  glandulaire  net  et  le  reste  trans- 
formé, comme  chez  la  femelle,  en  une  bouillie  en  voie  d'hislolyse,  dont 
les  éléments  ont  l'aspect  de  cellules  amiboïdes.  Je  n'ai  vu  chez  le  mâle 
aucun  conduit  s'ouvrant  au  dehors  et  permettant  à  cette  bouillie  de 
sortir.  La  trompe  est  très  bien  développée,  à  peu  près  aussi  longue 
que  le  corps,  et  forme  une  saillie  prononcée  sous  la  peau  d'un  bout  à 
l'autre  du  dos.  En  certains  points  la  coupe,  à  cause  du  repli  de  cet 
organe,  en  fournit  deux  ou  trois  sections. 

Coupes  de  la  femelle.  ■ —  J'ai  fait  des  coupes  chez  plusieurs  exem- 
plaires, notamment  chez  la  femelle  qui  a  été  représentée  en  photo- 
graphie sur  la  figure  6  (PI.  II).  Elle  était  presque  mûre  et  bourrée 
d'œufs.  Ceux-ci  sont  disposés  en  un  rang  sous  la  peau  ventrale  et  com- 
priment complètement  l'intestin  (fig.  1),  dont  la  lumière  et  les  diverli- 
cules  sont  oblitérés,  réduits  à  des  amas  de  cellules  isolés  non  disposés 
en  épithélium.  Ainsi  que  je  l'ai  déjà  fait  remarquer,  on  constate  que, 
dans  cet  état,  la  paroi  intestinale  est  accolée  aux  œufs  et  tellement 
mince  qu'il  est  souvent  impossible  de  la  retrouver.  Les  œufs  paraissent 
alors  faire  saillie  dans  l'intestin  même.  La  membrane  de  la  poche  ova- 
rienne qui  les  enferme  est  encore  plus  mince  que  la  paroi  conjonctive 
de  l'intestin  contre  laquelle  elle  est  accolée.  On  comprend  que,  dans  les 
efTorls  et  les  contractions  musculaires  que  fait  la  Némerte  pour  expulser 
ses  œufs,  ces  membranes  presque  virtuelles  cèdent  et  qu'il  n'y  ait 
aucune  difficulté  à  ce  que  le  contenu  pâteux  de  l'intestin 'sorte  par  les 
trous  de  ponte  qui  ne  se  referment  pas.  On  remarquera,  dans  les  figures 
représentant  les  coupes  faites  sur  la  Némerte  après  la  ponte,  que,  dans 
les  lobes  retroussés,  le  tissu  conjonctif  paraît  avoir  augmenté;  cela 
lient  probablement  à  la  diminution  du  volume  du  corps  dû  à  l'expulsion 
des  œufs  et  du  contenu  intestinal.  Il  s'est  fait  des  adhérences  de  la  paroi 


NÊMERTIENS.  25 

dorsale  et  de  la  |)aroi  ventrale  du  corps  (|ui  n'existaient  pas  dans  la  femelle 
avant  la  ponte.  En  divers  points,  la  peau  du  ventre  adhère  au  sac  de  la 
trompe,  ce  qui  n'existait  pas  non  |)lus  avant  la  ponte.  Toutes  ces  défor- 
mations, ces  expulsions  d'oeufs  et  de  tissu  intestinal  ont  profondément 
modifié  la  structure  de  l'animal;  son  intestin  est  en  grande  partie  obli- 
téré, et  sa  moitié  droite  parait,  en  maints  points,  ne  plus  communiquer 
avec  la  moitié  gauche. 

.J'ai  pu  suivre  sur  les  coupes  de  la  femelle  arrivée  à  maturité  la  trans- 
formation graduelle  de  la  paroi  épithéliale  de  l'intestin  en  cellules  iso- 
lées. Malheureusement  le  manque  de  matériel  bien  lîxé  laisse  de  nom- 
breuses lacunes  dans  mes  observations.  Voici,  en  etïet,  ce  que  j'ai  ])U 
observer. 

La  trompe  et  l'intestin  ont  un  orifice  commun  tout  près  de  la  pointe  de  la 
tète;  puis  l'œsophage  commence,  d'abord  très  étroit,  sous  forme  d'un  très 
mince  conduit  à  paroi  épithéliale.  Aussitôt  qu'il  a  franchi  le  niveau  du 
système  nerveux  central,  il  se  dilate,  son  épithélium  se  dispose  sur  des 
supports  conjonciifs  en  forme  de  plis,  si  bien  que  leur  coupe  donne  l'aspect 
connu  de  cellules  caliciformes  en  bouquets;  ce  premier  segment  intes- 
tinal est  grand,  en  forme  de  croissant  sur  les  coupes,  dans  la  concavité 
duquel  se  loge  la  trompe.  Mais  bientôt  on  voit  la  disposition  épithéliale 
perdre  de  sa  netteté;  à  la  base,  les  cellules  sont  encore  distinctes,  mais 
tous  les  sommets  sont  fusionnés  en  une  sorte  de  magma  muqueux,  dans 
lequel  on  voit  des  cellules  à  gros  noyau  devenir  plus  nombreuses  vers  la 
périphérie  des  bouquets;  puis  on  voit  quelques-unes  de  ces  cellules  qui 
s'isolent  du  magma  avec  leur  noyau  et  un  contour  irrégulier.  Plus  loin 
encore,  à  peu  près  au  point  où  commencent  les  premiers  culs-de-sac  intes- 
tinaux, cet  amas  de  cellules  œsophagiennes  diminue,  puis  se  réduit  à  une 
bandelette  située  sous  la  gaine  de  la  trompe,  qui,  enfin,  disparaît.  11  n'y 
a  plus  alors  de  l'intestin  que  son  enveloppe  conjonctive,  plus  ou  moins 
remplie  de  cellules  isolées,  polygonales,  probablement  amiboïdes  facile- 
ment colorées  par  l'hématoxyline.  Il  n'y  a  plus  trace  de  l'épithéliumintes- 
tinal  primitif. 

11  a  été  déjà  question  un  peu  plus  haut  (p.  19j  de  cette  curieuse 
disposition  qui  a  été  photographiée  (fig.  7). 

Expédition  Cliarcol.  —  Joubin.  —  Némerlieiis.  4 


26  NEMERTIENS.       . 

Cette  disposition  peut  s'interpr(''t('i'  de  deux  manières:  ou  bien  le  pro- 
cessus de  destruction  de  l'épitliélium  intestinal  a  commencé  dans  le  lube 
digestif,  se  propageant  vers  l'oesophage,  à  répo(|ue  de  la  formation  des 
œufs. 

Dans  cette  hypothèse,  ce  que  je  viens  de  décrire  est  la  période 
ultime  de  la  transformation;  il  ne  reste  plus  que  l'œsophage  à  phagocyter, 
tout  le  reste  y  ayant  passé.  Ou  bien  on  peut  penser  t|ue  ce  sontles  grosses 
cellules  en  bouquets  de  l'épithélium  o'sophagien  qui,  dès  le  commence- 
ment du  plK'noniène,  ont  produit  les  amibocytes  chargées  d'aller  détruire 
ré|)itliélium  dans  tout  le  reste  de  l'intestin.  Cette  émission  active  de 
cellules  amiboïdes  chargé(»s  de  la  destruction  épithéliale  serait  alors 
localisée  dans  la  région  dilatée  de  l'iesophage,  entre  le  cerveau  et  le  premier 
cul-de-sac  intestinal. 

.Te  ne  sais  (jucllc  est  celle  de  ces  deux  hypothèses  qui  répond  à  la  réa- 
lité. La  question  ne  pourrait  être  élucidée  que  |)ai'  l'étude- d'animaux 
vivants  et  la  fixation  sur  place,  par  des  procédés  histologiques  perfec- 
tionnés, de  nombreux  fragments  à  divers  âges  et  à  diverses  périodes  de 
la  maturité  sexuelle.  On  peut  cependant  remai-quer  que,  dans  la  femelle 
ayant  pondu  et  enfermée  dans  son  nid,  l'iiilcslin  est  entièrement  histolysé, 
mais  l'cesophage  est  resté  intact;  il  ne  subit  donc  pas  la  phagocytose. 
C'est  sa  partie  postérieure  qui  a  émis  les  phagocytes,  lesquels  n'agissent 
que  sur  l'épithélium  intestinal  et  non  sur  l'épithélium  œsophagien.  On 
peut  constater  que  les  poches  à  œufs  commencent  tout  de  suite  après 
la  tète;  même  le  voisinage  des  orifices  rénaux  est  modifié,  et  les  canaux 
urinaires,  de  chaque  côté,  se  trouvent  intercalés  entre  les  onifs,  par  con- 
séquent très  près  delà  pointe  antérieure  du  corps. 

On  remarquera  sur  les  coupes  la  disposition  piriforme  des  œufs  (fig.  4, 
*.),  10;;  c'est  leur  petite  pointe  qui  forme  au  centre  des  fossettes  le 
bouton  grisâtre  saillant  qui  a  été  indiqué  ])lus  haut.  Dans  ceux-là  le 
phénomène  de  l'expulsion  est  commencé;  dans  d'autres,  il  y  a  encore 
une  toute  petite  membrane,  tendue  comme  un  tympan,  qui  ferme  l'ori- 
fice (fig.  9  et  fOj.  Ces  oeufs  se  colorent  assez  ditficilement  ;  cependant  on 
y  arrive  en  employant  le  carmin  d'indigo  picrique,  concuiremment  avec 
l'hématoxyline,  qui  colore  en  violet  foncé  les  tilamenls  chromatiques  au 


NÉMliRTlENS.  27. 

centre  dos  nnifs;  ils  sont  lii  sous  loriiK'  d"i'toil»'s  parfaitement  nettes  qui 
donnent  do  nia!j,nili(|ues  préparations. 

On  i'(Mnai'(|uri'a  encore  (pic  la  niusciilalure  est  |)uissante  et  n'a  pas  été 
touchée  par  la  desirnclion  liistolytique.  (^l'est  évidemment  en  rapport 
avee  la  nécessité  des  contractions  poui-  l'expulsion  des  œufs  et  la  construc- 
tion du  nid.  Les  deux  neil's  latéraux  sont,  eux  aussi,  restés  intacts. 

.le  ne  |)uis  rien  dire  d(>  l'épithélium  cutané,  (|ui  a  presque  partout  dis- 
paru, soit  que  les  écliantillons  n'aient  pas  ét(''  bien  tixés,  soit  que  la  des- 
quamation ait  été  o|)ér(M'  naturellement  dans  le  nid  au  moment  de  laponte. 

Dans  divei's  points  de  la  réii,ion  céplialique,  les  coupes  m'ont  montré  la 


Fi^'.  12.  —  Ampliipot'us  iacuhalor.  —  Coupe  à  travers  le  corps  (Vunft  femelle  prèle  W  pondre.  Orifice,  canal 
et  ampoule  urinaires.  —  0,  orifien  ;  E,  base  de  l'épiderme;  M,,  couche  musculaire  externe:  Mj.  couche 
musculaii'C  interne;  G,  canal  excrrleur  ;  V,  ampoule  urinairc  ;  Cm.  tissu  lyniphoïde  Rrar.uleux  ;  S,  lila- 
hients  ondulés;  U,  granulations  uiinaires;  I,  couche  conjonctive  Jiiiiilanlc  de  l'inlcslin.  Gross.  : 
22.T  diauiélrcs. 

disposition  très  curieuse  des  conduits  urinaires.  Ceux  ci  sont  nombreux, 
étroits  et  semblent  se  grou|)er  pour  aboutir  dans  des  ampoules  sous- 
cutanées  (tip,.  12).  De  chacune  d'elles  part  un  canal  aboutissant  au  dehors 


28  NÉMERTIENS. 

par  un  pore  rond.  La  coupe  donne  l'aspect  d'une  carafe  avec  un  goulot 
étroit  très  régulier.  L'ampoule  est  à  demi  pleine  de  cellules  d'aspect  lym- 
phoïde  (fig.  12,  C.'/ii)  à  contenu  granuleux,  laissant  entre  elles  des  espaces 
vides.  Çà  et  là  on  aperçoit  des  granulations,  peut-être  des  urates,  qui  se 
concrètent  et  se  dirigent  en  file  vers  le  goulot,  mêlées  à  du  mucus  (G). 

Quand  on  examine  le  goulot  de  cet  appareil  excréteur,  on  voit  qu'il  est 
finement  plissé  longitudinalement;  mais,  en  outre,  on  en  voit  sortir  des 
filaments  onduleux,  analogues  comme  forme  à  des  spermatozoïdes  fixés 
par  leur  tète  dans  la  paroi  du  conduit  (^S,  lig.  12).  Ils  semblent  sortir 
d'une  cellule  plate  granuleuse;  ils  sont  tous  disposés  de  manière  à  avoir 
leur  point  de  fixation  dans  la  direction  de  l'orifice  excréteur  et  leur 
pointe  libre  flexueuse  vers  la  cavité  de  l'ampoule  ;  on  en  trouve  aussi 
de  plus  courts  dans  l'ampoule,  au  voisinage  de  l'entrée  du  goulot.  Donc 
tous  ces  fouets  onduleux  et  probablement  vibratiles  sont  disposés 
«  à  rebrousse  poil  »  du  conduit  excréteur.  Cela  n'empêche  pourtant  pas 
les  granulations  excrétées  de  sorlir;  j'en  ai  vu  une  file  engagée  avec  du 
mucus  dans  le  conduit,  au  centre  du  revêtement  de  cils.  Ceux-ci  n'ont 
de  spermatozoïdes  que  l'aspect;  ils  n'dut  pas  la  taille  conforme,  n'étant 
d'ailleurs  pas  tous  de  même  longueur,  et  leur  fouet  ondulant  est  beau- 
coup trop  épais.  J'ignore  le  rôle  de  cet  appareil  cilié  qui  n'occupe  pas  la 
situation  (|iie  d'ordinaire,  chez  les  Némertes,  ont  les  flammes  vibratiles 
excrétrices  et  qui  a  aussi  quelque  apparence  parasitaire. 

Etude  d'un  indwidu  immature.  — J'ai  trouvé  parmi  ces  Némertes  un 
lot  de  petits  individus  que  j'ai  pris  tout  d'abord  pour  des  représentants 
d'une  autre  espèce.  Voici  le  texte  de  la  note  que  M.  Gain  m'a  remise  à  leur 
sujet;  elle  fut  prise  au  moment  de  leur  capture  : 

«  Ile  Petermann.  Station  3ol.  30  Décembre  1009.  Sous  des  roches  à 
marée  basse.  Coloration  rose.  Je  crains  que  leur  couleur  saumon  avant 
leur  passage  dans  le  sublimé  ne  provienne  de  la  desquamation  de  l'épi- 
thélium  superficiel  de  la  peau  dorsale,  car,  pour  la  morphologie  externe, 
elles  sont  semblables  à  la  variété  que  j'ai  notée  comme  pourprée,  laquelle, 
en  effet,  est  d'un  rouge  pourpré  sur  le  dos  et  d'un  rose  saumoné  a  granu- 
lations orange  sur  le  ventre.  ^> 

Cette  note  de  couleur  est  intéressante,  car  c'est  le  seul  document  que 


NÉMERTIENS.  29 

je  possède  sur  ces  jeunes.  Je  crois  que  les  granulations  oranges  des  adultes 
doivent  être  des  anifs  jaunes  vus  à  travers  la  peau  chez  des  femelles  prêtes 
à|)ondre. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  jeunes  ont  de  10  à  l'i  millimètres  de  long;  leur 
forme  est  la  même  que  celle  des  adultes.  Mais  j'ai  pu  distinguer  nettement 
leur  organisation  en  éclaircissant  un  exemplaire  par  la  glycérine.  Comme 
ils  sontassez  minces,  on  peut  voir  facilement  parce  procédé  ladisposition 
du  tube  digestif  et  de  la  trompe.  De  plus,  comme  les  organes  génitaux 
n'existent  pas  encore,  ces  appareils  ne  sont  pas  déformés. 

Le  tube  digestif  est  très  divisé  en  lobes,  et  chacun  d'eux  est  digité  en 
3  ou  4  lobules  secondaires  périphériques  (PI.  I,  fig.  0).  11  s'ensuit  que 
le  tube  proprement  dit  est  moins  important  que  ses  appendices. 

(l'est  entre  ces  divers  appendices  que  se  logeront  plus  tard  les  u'ufs, 
dont  le  développement  les  comprime  et  les  rend  méconnaissables. 

Un  cordon  cellulaire  plus  épais  se  voit  dans  l'axe  de  chacun  de  ces 
appendices,  partant  du  tube  principal.  Un  diverticule 
antérieur  se   voit    à  droite  dans  la  tète;  je  n'ai  pas 
trouvé  son  symétrique  de  gauche. 

La  trompe  dévaginée  laisse  voir  le  noyau  contenant 
un  très  petit  stylet  central,  monté  sur  un  manche 
presque  cylindre,  un  peu  plus  gros  en  bas  qu'à  la 
jonction  avec  le  stylet.  Il  n'y  a  pas  d'aileron  au  manche  ; 
je  n'ai  pu  trouver  de  stylets  de  réserve  (fig.  13). 
La  trompe  de  l'individu  représenté  était  presque  com- 
plètement dévaginée;  son  épithélium  superficiel  est 
presque  lisse  et  ne  présente  pas  les  nodosités  que 
l'on  trouve  dans  Atnnhiporus  Michaelseni. 

...  Fi^'.  \i.    —   Stylet    .l'un 

En   résumé,   cet   intéressant    Anipluporus   est    le       individu  jeune  <vAm- 

phiporus       incubalor, 

premier  Némertien  chez   lequel  un   tel  phénomène       gioss.  300. 
d'incubation    ait    été    constaté.    Il  est    remarquable 
que  cette  adaptation  se  produise  chez  un  Némertien  antarctique,  ce  qui 
rentre  bien  dans  la  règle  habituelle  qui  veut  que  les  animaux  antarctiques 
soient  fréquemment  incubateurs.  C'est  aussi  la  première  Némerte  chez 
laquelle  on  trouve  la  construction  d'un  nid  complètement  clos  où  la  mère 


•30  NÊMERTIENS. 

s'cnfermo  avec  ses  (inifs.  Enfin  c'est  la  première  fois  que  Ton  voit  chez 
ces  animaux,  les  œufs  isolés  dans  une  matière  formée  d'un  mélange  de 
mucus,  de  cellules  pigmentées  cutanées  et  de  cellules  intestinales,  trans- 
formées par  histolyse,  émises  par  des  orifices  de  ponte  (jui  persistent 
a[)rès  cette  opération  spécialement  pour  cet  usage  complémentaire. 

Dans  une  note  prise  sur  place,  M.  le  D'"  Liouville  signale  la  présence 
constante  d'un  petit  Polychète  vert  brunâtre  à  côté  des  cocons. 

Amphiporus  Michaelseni  Buryer. 

Slaliiiii  (•.;?'.).  —  (Jclohre  l'.HiU.  Ile  l'clrnnunii. 
SUilion  ;'.7r>.  —  Ile  Petermann.  Février  lUO'.i. 

Sliiliiui  SU.  —  Ile  Pclcrmunn.  Fin  Tiovomhrc  l'.lOU,  après  décanlalion  rruiie  Imillod'eau 
iiù  avaient  s(''j()iinié  des  ]iiei'res  couvertes  d'Alênes  et  de  colonies  de  Tiinieiers. 

Les  exemplaires  de  l'ile  Petermann  (pie  j'ai  éludiés  sont  cumplètenienl 
décolorés  ;  ils  difïercnt  donc  beaucoup,  sous  ce  ra|)port,  de  ceux  qui  sont 
décrits  comme  ayant  une  coloration  dorsale  pourprée.  Mais  je  n'ai  [lU 
savoir  si  ces  animaux  avaient  été  lixi's  par  un  réactif  violent,  par  exemple 
du  sublimé  corrosif,  ce  ipii  expliquerait  bnir  décoloration  pigmentaire. 
Leur  é|)iderme  est  très  bien  conservé,  ce  qui  permet  de  voir  nettement 
les  sillons  céphaliques.  Sur  la  face  ventrale,  il  y  en  a  deux  parallèles,  trans- 
versaux, reliés  sur  la  ligue  médiane  par  un  petit  sillon  vertical  à  leur  som- 
met. C'est  du  milieu  du  sillon  supérieur  que  sort  la  trompe.  Il  est  re- 
marquable (jue  presi|ue  t<nis  les  exemplaires  que  j'ai  éludiés  ont  leur 
trompe  sortie  (PI.  lU,  fig.  4).  Elle  est  toute  couverte  de  grosses  papilles, 
et  chez  toutes  elle  n'atteint  pas  la  moitié  de  la  longueur  du  corps  ;  elle  est 
large,  robuste,  solidement  implantée  sur  la  tète.  Je  n'ai  pas  pu  y  voir  de 
stylets;  ils  ont  dû  être  détruits  par  le  réactif  fixateur.  .Je  ne  veux  pas 
entrer  dans  les  détails  relatifs  à  l'aspect  de  celte  iNémerle;  je  renvoie 
à  mon  mémoire  précédent. 

Dans  ce  mémoire,  j'ai  dit  que  l'animal  pond  une  centaine  d'omfs  dans 
un  tube  parcheminé,  .le  n'avais  eu  qu'un  seul  de  ces  tubes,  très  détérioré, 
et  je  n'avais  pu  en  donn(M'  une  description.  J'ai,  cette  fois,  des  matériaux 
plus  complets,  etje  puis  donner  quelques  renseignements  nouveaux.  Le 
tube  en  question  n'est  pas  cylindrique  ;  il  a  la  forme  générale  en  gousse 
de  haricot  décrite  pour  ^4?/</;/f/y;o/7<.s  incuhator.  Mais  cette  ponte  est  ouverte 


NË.UHRTir.NS.  31 

aux  deux  hniils.  cl  ranimai  |i('iit  eu  sortir,  coimiih^  ou  le  voit,  sur  l'uuc  des 
|)li()l<i^ra|)liii's  (]U('j(Mli)nu(' plus  loin  I  IM.  III,  lig.  Ij.  Déplus  le  tube  par- 
rlicmiiu',  lraus|)ai'ent,  est  heaucoup  plus  mince  que  dans  A.  l/ici/hafor. 
L'animal  y  pond  ses  (puI's  eu  phujue  contre  la  paroi  concave  de  son  corps. 
Ils  sont  colli's  ensemble  par  un  mucus  transparent,  peu  abondant,  qui  ne 
ressemble  pas  du  tout  à  celui  de  .1.  iiicKhiitor.  Il  n'y  a  pas  de  matière 
cotonneuse  entre  l'animal  et  ses  œufs,  ni  entre  l'animal  et  son  tube,  sur  le 
dos  et  les  côtés.  Il  est  donc  beaucoup  plus  libre  que  lui  et  peut  même  quitter 
sa  ponte  en  sortant  facilement  dé  son  tube.  Enfin  je  n'ai  pas  observé  les  lobes 
du  corps  qui  sont  si  remarquables  chez  .4.  innihator  ;  les  deux  échantillons 
en  train  d'incuber  leurs  (cufs  que  j'ai  examini'S  sont  de  même  forme  et  de 
même  aspect  que  ceux  qui  out  été  recueillis  en  dehors  des  pontes.  On  dis- 
tingue dans  les  anifs  de  l'une  des  pontes  l'embryon  roulé  en  spirale  sur  lui- 
même  ;  quelques-uns  même  se  sont  libérés  dans  l'autre  ponte;  ou  peut  les 
voir  par  trans|)arence  sous  forme  de  petits  vers  dans  la  ligure  I  [VX.  IIlj, 
à  travers  la  paroi  transparente  de  la  ponte. 

En  résumé,  cetteponte  est  plus  simple  que  C(Mle  A' A.incalKihir,  et  l'ani- 
mal n'y  subit  pas  les  singulières  transform  liions  di'ri'ites  précédemment, 
l'aile  se  l'éduit  à  un  tube  membraneux  ouvert  aux  deux  Ijouts,  renflé  en 
une  sorte  de  loge  où  la  Némerte  pond  ses  o^ufs  et  les  co.ive,  tout  en 
restant  en  comnuinication  avec  le  dehors.  . 


EXPLICATION  DES  PLANCHES 


PLANCHE  I 

Pig'.  1.  —  Extrémils  postérieure  du  corps  d'un  Co-cl/ni/uliis  rorriif/atits  monslrucux. 

Grossi  4  fois  environ. 
Fig-.  2.  —  Cerebra/u/us  corriir/atus  monstrueux  de  grandeur  naturelle. 
Fig.  o.  —  Cerebralttlus  cormgalitx.  —  Région  bifide  de  l'échantillon  représenté  ])ai'  la 

figure  2.  Grossi  un  peu  moins  de  i  fois. 
Fig.  4.   —  Amjihipot'us  incubalor.  —   La   tète  vue   par  la   face   ventrale.    L'individu 

complet  avait  22™™, 5  de  long. 
Fig.   T).  —  Amphiporiis  incuhutor.  —  Moitié  antérieure  d'un  individu  en  incubation, 

extrait  du  nid.  Face  ventrale  maintenant  les  plis  du  corps  et  les  fossettes  dues  à  la 

compression  par  les  œufs.  Grossi  environ  10  fois. 
Fig'.  (i.  —  Amphiporus  incubalor,  jeune.  —  Les  deux  tiers  antérieurs  du  corps,  vu  par 

transparence.  Grossi  environ  18  fois. 

PIANGHE    II 

Fig.  1.  —  AiJip/iiporus  incubalor.  —  Nid  vu  par  sa  face  libre,  long  de  20™™,.").  L'échan- 
crure  en  haut,  à  droite,  laisse  passer  un  peu  des  lobes  de  l'animai. 

Fig.  2.  —  Aniji/tifKirus  incabator.  —  Même  nid,  vu  par  sa  face  afi|ilii[uée  contre  le 
rocher.  En  haut,  à  gauche,  par  la  déchirure,  apparaissent  les  lobes  de  la  Némerte  et 
quelques  œufs.  Au  tiers  moyen  apparaissent  deux  empreintes  de  Spirorbis. 

Fig.  3.  —  Ai/iji/iiporiis  innthalnr.  —  Une  autre  ponte  plus  courte,  d'environ  IS  mil- 
limètres de  long,  vue  par  la  face  adliérenle  au  l'ocher. 

Fig.  4.  —  Amphiporus  incubalor.  —  Même  ponte  vue  par  sa  face  libre. 

Fig.  5.  — •  Amp/iipoj'u.s  incubalor.  —  Un  màle  vu  par  la  face  ventrale.  Grossi  environ 
T)  fois. 

Fig.  0.  —  Amjt/iiporu.'i  incubalor.  —  Une  femelle  bourrée  d'œufs,  vue  par  la  face 
ventrale.  Boutons  saillants  dans  les  fossettes.  Grossi  .5  fois  environ. 

Fig.  7.  —  Amphiporus  incubalor.  —  Individu  immature,  vu  ]iar  la  face  dorsale, 
montrant  la  saillie  de  la  trompe,  long  de  20  millimètres  environ. 

Fig.  8.  —  Amphiporus  incubalor.  —  Autre  individu  immature,  vu  par  la  face  ventrale, 
long  de  17  millimètres  environ. 

Fig.  9.  —  Amp/upo?'tis  incubalor.  —  Autre  individu  màle  ou  immature,  long  de 
1.')  millimètres,   vu   par  la  face  dorsale. 

Fig.  1(1.  —  Amphijiorus  incubalor.  —  Jeune,  d'environ  13  millimètres  de  long.  Le 
même  que  celui  de  la  ligure  (1,  planche  I. 

PLANCHE  III 

Fig.  1.  —  Amphiporus  Michaelseni.  —  Individu  incubateur  grossi  environ  12  lois, 
montrant  sa  moitié  postérieure.  La  région  antérieure  est  sortie  du  nid. 

Fig.  2.  —  Amp/iijiorus  Michaelseni.  —  Autre  individu  incubateur.  La  région  antérieure 
sortie  du  nid,  sa  trompe  projetée.  Grossi  10  fois  environ. 


Nf:i\!ERriI:NS.  33 

Fig'.  o. — Amphiponix  inrn/io/nr.  —  Xid  iITtIhim''  inonlranl  les  jiMiiifs  snriis  tels  (lu'ils 

onl  été  préparés  sur  le  viviinl. 
Fig.  4.  —  Amphiporux  Mir/uir/si'ni.    —   Doux  individus  grossis  envirnu  II)  luis,  l'un  vu 

de  dos,  l'autre  de  iirolil,  mnnlraul  l.i  lr(iin|)e  sortie. 

l'LAXCIlF  IV 
Photog'rnphics  des  régions  où  se  trouvcnl  les  Némortiens   décrits  dans  ce   mémoire. 

Fig.  1.  —  La  baie  Marguerile  entre  l'Ile  .Jenny  cl  la  côle  sud  do  la  terre  .Vdélaïde. 
Vue  prise  d'un  sommet  de  l'île  Jenny. 

Fig.  2.  —  Ile  Déception.  Aspect  de  l'anse  de  Port  FosLer  et  des  plages  de  la  baie  inté- 
rieure et  de  Pendulum  cove. 

Fig.  ^.  —  Ile  Petermann.  La  côte  à  marée  basse  montrant  les  galets  ]iolis  par  les 
glaces. 

Fig.  4.  —  Ile  Petermann.  La  côte  à  marée  basse.  —  Nombreuses  frondes  de  Gracildria 
siwpJex. 

(Clichés  de  M.  le  D'  Cain.l 


E.i/jcdilion  Chaicol.  —  Joubin.  —  Némertiens. 


CÉPHALOPODES 

Par  L.  JOUBIN 

PROFESSEUll    AU    Ml'SEUM    DHISTOIUE    NMTIlfM.l.E    El     A    I.'iNSIlTUT   OCEANOlJRAPHlQUE 


Les  (céphalopodes  récoltés  au  cours  de  l'expédition  antarctique  se 
réduisent  malheureusement  à  quelques  échantillons  appartenant  au  genre 
Eledone.  Il  est  regrettable  que  des  recherches  plus  complètes  n'aient  pas 
été  faites,  car  la  faune  des  Céphalopodes  antarctiques  est  presque  inconnue; 
il  existe  cependant  d'autres  espèces,  notamment  des  Décapodes,  puisque 
des  débris  de  plumes  de  Calmar  ont  été  trouvés  dans  l'estomac  de  Poissons 
ou  de  Crétacés  par  l'expédition  antarctique  anglaise.  Les  deux  espèces 
qui  m'ont  été  rapportées  sont  les  mêmes  que  celles  de  la  première  expé- 
dition; aussi  je  ne  donnerai  que  de  brèves  indications  sur  leur  compte. 

Genre  ELEBOSE. 

Eledone  Charcoti  Joubin. 

Mémoires  de  la  Société  zoolorjUiUP  de  France,  l'.Klo,  t.   XVIIl,  p.  22. 

Station  735.  —  Dragage  XVII.  .\u  milieu  de  la  baie  de  rAmirauté.  Ile  du  Roi-George. 
Profondeur:  420  mètres.  Chalut  sur  fond  de  vase  et  cailloux.  Température  de 
l'eau  du  fond  +  ()°;6.  26  décembre  100'.). 

Deux  petits  échantillons  ont  été  trouvés  dans  ce  dragage  XYIL  Ds  ne 
dilfèrent  pas  sensiblement  de  celui  que  j'ai  décrit  en  1905,  si  ce  n'est  par 
la  taille.  La  disposition  des  granulations  est  tout  à  fait  la  même,  et  je  n'ai 
aucun  détail  à  ajouter  à  ceux  que  j'ai  déjà  donnés. 

Les  ligures  ci-jointes  montrent  un  des  échantillons  de  cette  espèce 
photographiée  pour  (ju'nn  puisse  la  comparer  à  une  autre  de  même  taille 
à' Eledone  Tariiaetï  ;  on  peut  voir  ainsi  la  ressemblance  de  forme  géné- 
rale des  deux  espèces;  leur  seule  différence  importante  est  que,  A-awa Ele- 
done Charcoti^  le  dos  et  le  dessus  des  bras  dorsaux  sont  couvei^ts  de  fins 


36 


CÉPHALOPODES. 


tubercules  cutanés  dont  j'ai  décrit  la  structure,  tandis  que  Eledone  Titr- 
qiieti  est  lisse. 

Je  n'ai  trouvé  chez  ces  deux  Céphalopodes  aucune  trace  d'hectocotyle. 


Fig.  1  et  2.  —  Eledone  Chnrcoli.  —  EL-haritillon  lie   oo   iiiilliiiiotres,  grossi  d'ensircin    un  tiers.  La    ligure 
de  gauche  représente  la  l'ace  dorsale,  celle  de  droite  la  lace  ventrale. 

On  peut  aussi  remarquer  que  la  fente  de  la  membrane  interbrachiale 
sur  la  ligne  médiane  ventrale  est  plus  accentuée  chez  E.  l'Iiarcoti  que 
E .  Turqueti^  où  elle  s'approche  moins  du  siphon. 

Les  deux  échantillons  sont  plus  petits  que  celui  que  j'ai  décrit  en  l!)0'i; 
ils  dépassent  à  peine  35  millimètres. 

Chez  l'un  d'eux,  le  second  bras  dorsal  gauche  a  été  coupé  au  ras  de  la 
membrane  interbrachiale,  et  il  repoussait  sous  forme  d'un  petit  tubercule 
à  ventouses  rudimentaires.  Au  premier  aspect,  cela  ressemble  à  une  hecto- 
cotylisation  très  spéciale. 

L'alignement  des  ventouses  sur  les  bras  est  remarquable  par  leur  régu- 
larité sur  un  seul  rang,  sans  qu'aucune  se  trouve  déplacée. 


CÉPHALOPODES. 


37 


Eledone  Turqueti  .louhin. 
Mémoires  de  l<i  Soriélc  coolvgique  île  /■'/■(iiice,    l'.Hi."),   1.  XVllI,  ]i.  'J'.). 

Slalions  73i   et  735.  —  Drajj;ag'e   XVII.   Même   localité   que   ci-dessus. 

J'ai  eu  à  examiner  trois  petits  échantillons  de  la  station  73')  et  un  seul, 
beaucoup  plus  gros,  de  la  station  734. 

Ils  correspondent  bien  tous  deux  à  la  description  que  j'ai  donnée  de  cette 
espèce  en  I90.'i.  La  peau  violacée  paraît  lisse  ;  quand  elle  se  dessèche,  on 
voit  apparaître  sur  le  dos,  entre  les  yeux  et  sur  la  base  dorsale  des  bras, 
des  tubercules  rudinientaires  ne  faisant  pour  ainsi  dire  aucune  saillie  sur 
la  peau. 


Fi-.  3  ft  4. . 


Etedone  Turqueti.   —  lii;liantilloii  de   60  millimètres  grossi  ifun  tiers   environ.    La  li-iire 
de  gauche  représente  la  face  dorsale,  celle  do  droite  la  face  ventrale. 


Le  plus  grand  échantillon  a  environ  14  centimètres  de  longueur  totale; 
les  trois  petits  ont  environ  6  centimètres.  Sur  les  petits,  les  ventouses  sont 
réunies  sur  une  ligue  régulière,  quoique  moins  nettement  que  chez 
Eledone  Cliarcoti.  Sur  le  grand  échantillon,  on  voit  nettement  les  ventouses 


^s  CÉPHALOPODES. 

se  comprimer  çà  et  là  el  chevaucher  de  façon  à  donner  l'apparence  de 

deux  rangées  que  j'ai  signalée  dans  mon  premier  mémoire. 

Je  n'ai  irouvé  aucune  trace  d'hectocotyle  dans  ces  quatre  individus. 


HRACllIPODES 

Par  L.  JOUBIN 

ITldl'KSSErR   KV   MlSia  M   Hills  IdIKr.  NMI  HF.I.I.i:   KT    A    l'iNSTITlT  Dr.KVNoCIHpnim'K  ■ 


La  collection  d(>  Bracliiopodes  antarctiques  que  j'ai  examinée  comprend 
un  petit  nomi)re  d'espèces;  mais  l'une  d'entre  elles,  Liothyriiia  ara,  est 
représentée  par  un  très  grand  nombre  d'individus,  plusieurs  centaines,  de 
toutes  tailles.  Les  autres  sont  au  contraire   réduites  à  quelques  unités. 

Ces  espèces  de  Brachiopodes  sont  toutes  connues;  mais  deux  d'entre 
elles  sont  encore  extrêmement  rares. 

Liothyrina  antarctica  Blochmiinn. 

Station  837.  —  Dragage  XVIII.  '^7  décembre  i0:j9,  75  mètres,  vase  grise  et  cailloux. 
.   Température  de  l'eau  au  lond  :  +  0o,2.  Anse  ouest  de  la  baie  de  l'Amirauté  (île 
du  Roi-(jeorge). 

Celte  détermination  n'est  pas  certaine.'.  Les  échantillons  que  j'ai  exa- 
minés avaient  malheureusement  été  conservés  dans  le  formol,  de  sorte 
qu'ils  sont  arrivés  totalement  décalcifiés.  Je  n'ai  donc  pu  voir  aucune  partie 
de  l'appareil  brachial,  ni  de  la  charnière,  ni  du  manteau.  C'est  seulement 
par  analogie  de  forme  extérieure  et  de  dimensions  que  je  suis  arrivé 
à  cette  détermination.  Il  y  avait  6  échantillons  de  3  à  7  millimètres  de 
diamètre,  assez  plats. 

Magellania  sulcata  E.-A.  Smith. 

Station  .30.  —  Dragage  VI.  1.5  janvier  lUilU.  2ô'i  mètres,  roche  et  gravier.  Tempéra- 
ture de  l'eau  au  fond:  l°,i().  Entrée  de  la  baie  Marguerite,  entre  l'ile  Jenny  et 
la  Terre  Adélaïde. 

Smith  (E.-A.).  —  Nat.  hislorij  of  tlie  National  anlarctir  Expédition  («  Dis- 
covery  «)  190I-I9O4.  Zoology,  vol.  II.  Brachiopoda,  p.   1,  fig.  3  cl  i. 

Je  n'ai  eu  qu'un  seul  échantillon  en  mauvais  état  de  cette  espèce.  Sa 
forme  est  plus  globuleuse  et  le  bord  libre  de  la  valve  ventrale  moins  régu- 
lier que  dans  celui  ligure  par  E.-A.  Smith.  On  remarque  en  elfet  sur  ce 


40  BRACHIPODES. 

bord  deux  sinus  (fig.  I)  qui  inti'rronipent  la  courbe.  La  valve  ventrale  est 


1  2 

Fig.  1  et  2.  —  Magellaiiia  sulrala.  —  l'Aliantillon  à  peu  près  do  grandeur  naturelle.  —  Fig.  1  :  La 
valve  ventrale  vue  par  l'extérieur.  —  Fig.  :J  :  Lécliantillon  vu  de  prolil.  La  valve  dorsale  est  brisée, 
mais  monti'e  la  crête  luédiaae  épaisse,  fortement  saillante. 


aussi  plus  profonde  que  dans  le  type.  Mais  je  crois  que  mon  échantillon 

était  plus  âgé,  voisin  peut-être  de  la 
sénescence,  et  c'est  ce  qui  a  causé 
ces  différences.  Les  stries  circulaires 
tie  la  valve  ventrale  sont  extrême- 
ment nettes,  au  moins  aussi  accen- 
tuées que  dans  les  figures  de  Smith 
(fig.  1  et  2). 

On  remarque  la  grande  régularité 
des  perforations  circulaires  du  lest. 
Son  aspect  en  écailles  de  cuirasse  est 
très  régulier,  plus  que  dans  M.  fra- 
f/i/is  (fig.  3). 

Le  test  est  fort  mince,  fragile,  nacré, 
à  demi  translucide.  La  valve  dorsale 
beaucoup  plus  plate.  Une  crête 
saillante  très  bien   marquée   (fig.   2) 

s'étend  jusqu'au  milieu  de  la  valve.  Je  n'ai  vu  que  les  deux  branches 

dorsales  de  l'appareil  brachial,  la  boucle  ventrale  manque.  Le  foramen 

est  grand. 

Magellania  fragilis  E.-A.  Smith. 

Dragage  XVIII  ':^7  décembre  1000).  —  Clialul.Vasegiise  et  cailloux. Température  :  +  0°,'2. 
Ile  du  Roi  Georsre. 


Fig.  3.  —  Magellania  sulcata.  —  Fragment  de 
la  coquille  grossi  22a  fois. 


BRACHIPODES. 


41 


Smilli  (E.-A.).—  A'ot.  f/is/ori/  n/'  ilif  Ndtiaiuil  (iiiturilir  Expédition  (<<  Dis- 
rnvcri/   >>) l!H)l-J901.  Zoolo^y,  \u\.  II.    Br;icliiii|inil,i,  li'^.  1  ot  'J,  p.  i. 

,!('  r;ill;icho  ;i  ccUe  ospèce  incomplètement  décrite  par  Smith  les  trois 
échantillons  que  J"ai  trouvés. 

Je  crois  vraisemblable  d'admettre  que  c'est  une  adaptation  de  la 
Mafiolhinia  rp/Kisft  h  la  ré!.;ion  antarcticpu».  Les  échantillons  ((ue  j'ai  obser- 
vés diflerent  surtout  de  M.  venom  par  la  minceur  de  leur  test  et  la  réduc- 
tion sensible  de  l'appareil  brachial.  Les  caractères  que  cette  disposition 
spéciale  donne  à  l'animal  ont  paru  à  K.-A.  Smith  sulTisants  pour  créer 
une  espèce  nouvelle.  Je  pense  qu'il  eût  été  plus  prudent  de  la  nommer 
Ma<jollania  venoi^o  var.  anlarctl(a\  mais  mon  matériel  est  trop  insuflisant 
pour  me  permettre  d'adopter  cette  détermination,  et  je  préfère  m'en  tenir 
à  la  dénomination  de  E. -A.  Smith. 

Les  bras  de  l'appareil  brachial  sont  extrêmement  grêles;  dans  les  deux 
échantillons  où  j'ai  pu  les  observer,  ils  étaient  brisés;  on  peut  cependant 
les  voir  partiellement  sur  les  photographies  que  j'en  donne  (fîg.  a  et  6). 

Les  perforations  de  la  coquille  sont  nombreuses  ;  irrégulièrement  dissé- 
minéesentrc  elles,  on  peut  voir  des  lignes  courbes  très  fines  qui  forment  un 


4  8  0 

Fip.   t,    0,  «.  —  Marielhinia  friigilis.  —  Giandcui-   riaturelli'.  —   Fig.  4  :  Vue    extérieure  do  la   valve 
ventrale.  —  Ki".  ri  el  6  :  Vue  intérieure  (h^-  la  valve  dorsale  des  deux  échantillons. 


réseau  serré  d'écaillés  imbriquées  (fig.  7).  Le  septum  médian  de  la  valve 
dorsale  est  à  peine  distinct,  tant  il  est  peu  développé. 

Dragag-e  XX  ^1"J  janvier  i'.Hiij.  —  'iHn  inèli'es,  vase  sableuse,  cailldux,   Ijordure  delà 
Banquise.  Latitude  :  70° lu' S.  ;  longitude  :  780  30'W. 

Je  considère  comme  appartenant  à  cette  espèce  un  échantillon  trouvé 
seul  à  cette  station  ;  il  a  une  coquille  transparente  et  nacrée,  très  mince. 

Expédilion  Charçol.  —  Jolbi.n.  —  Biachipode.s.  0 


42 


BRACHIPODES. 


Mais  ses  bras  sont  brisés,  et  il  est  impossible  de  déterminer  avec  précision 

à  quelle  espèce  il  appartient.  C'est  vraisem- 
blablement un  jeune. 

Stalion  70.  —  Drag-ag'e  VIII.  170  mètres,  ::?0  janvier 
1009.  Fond  de  roche,  firavier,  vase.  Baie 
Marjiuefite. 

Un  échantillon  adulte  semldable  à   ceux  du 

dragage  W'ill. 

Lioths  rina  uva. 

Drni^nye  XVIII  (:^7  décembre  1000).  —  75  mètres, 
vase  grise,  cailloux.  Chalut.  Temiiérature 
de  l'eau  au  fond  +  0°.:?.  Anse  ouest  de  la 
baie  do  l'Arniiaulè.  Ile  ihi  Roi-George. 


Fig.  T.  — Mat/ellutiia  ffci'jilit.  —  Frag- 
luenl  (le  la  coiiuilio  gros?!  2i5  fois. 


Ce  di'agage  est  remarquable  par  l'extrême  abondance  d'échantillons  de 
Liothi/rina  ura  qu'il  a  fournis.  Une  faible  partie  seulement  en  a  élé  rap- 
portée, et  cependant  j'en  ai  examiné  plusieurs  centaines  d'exemplaires  de 
toutes  tailles.  Souvent  les  individus  sont  fixés  les  uns  sur  les  autres  de 
façon  à  former  des  grap])es  de  dix  à  douze  exemplaires.  Quelquefois  ils 
sont  si  serrés  qu'ils  se  trouvent  dans  la  nécessité  d'allonger  iléuK'surément 
leurs  pédoncules  pour  ne  pas  être  étouflés  par  leurs  voisins. 

Les  plus  gros  individus  ont  un  test  assez  épais,  opaque,  d'aspect  rugueux 
et  de  consislance  de  calcaire  compact.  Les  plus  jeunes  sont  presque  trans- 
parents; entre  les  deux  on  peut  placer  tous  les  individus  à  coquille  légère- 
ment translucide,  permettant  de  distinguer  le  contour  des  organes,  ce 
qui  n'est  pas  possible  chez  les  plus  gros. 

Les  jeunes  sont  plus  plats  et  plus  ronds  que  lesplusàgés,  qui  sont  plus 
épais  et  plus  allongés  (fig.  8  et  9). 

J'ai  photographié  deux  groupes  qui  donnent  une  bonne  idée  de  l'aspect 
général  des  individus  à  divers  âges  et  de  leur  mode  d'association. 

Dragage  YII  (16  janvier  1000).  —  250  mètres,  fond  rocheux,  près  de  la  Terre  Alexandre. 
Température  de  l'eau  au  fond:  1°,0.  Latitude  :  08°  .54' S.  ;  longitude  :  72''05  W. 
Paris  environ. 


Deux  jeunes  exemplaires  appartenant  probablement  à  cette  espèce. 


BRACHIPODES. 


43 


Dragag-e  XX  (1"2  janvier    lOKl).  —    ("lialiil.     i(')()    iru''lr(>s.    Vase   sableuse,   uomhi'Ciix 
eailloiix. 


^8  9 

l'ig.  8  cl  9.  —  Lwlhyi'ina  iica.  —  Deu.v  groupes  cl'individu.s  fix('s  sur  dos  coquilles  mortes  do  la  nioiiio 
espùce.  —  Kig.  8  :  Individus  de  moyenne .  taille.  —  l'-ig.  9  :  Individus  de  grande  taille.  Ces  deux 
pholograiihies  sont  réduites  d'un  qunil  environ. 

Trois  ou  quatre  échantillous  de'grande  taille,  qui,  ayant  été  conservés 
dans  le  formol,  sont  complètement'décalciOés. 


Deuxième  Expédition  Charcot 


Pl.I. 


LJouiiin  del 


Imjt  L  Lafonlaine  Pans 


Reiqnier  lith. 


Nemer "tiens  . 


Masson&C^.éditeurs. 


Deuxième   Expédition  Ghavcot  (L.  Joubin ,  Nciuenieus] 


PI.  II 


Clichés  L.  Joubin 


Pliototjpie  G.  Chivot 


Némertiens  Antarctiques 


Masson  &  Cie,  éditeurs 


Deuxième  Expédition  Charcot  (L.  Joubin,  Némenkns) 


PL  III 


Clicliés  L.  Joubin 


Phototypie  G.  Cliivot 


Nemertiens  Antarctiques 


Mas  son  &  Ci=,  Editeurs 


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ALCYON AIRES 

Par  CH.  GRAVIER 


I 
PARTIE   GÉNÉRALE 

A.    —    ALCYONAIRES  RECUEILLIS 
PAR  LE   «  POURQUOI  PAS?  ». 

La  seconde  expédili(jn  antarctique  française  (1908-1910)  n'a  pas  rap- 
|)Oil('  moins  de  13  espèces  d'Alcyonaires  recueillies  par  M.  le  D"^  J.  Liou- 
villc,  attaché  à  la  mission  en  qualité  de  médecin  et  de  naturaliste.  Ces 
13  espèces,  dont  8  sont  nouvelles,  appartiennent  à  10  genres,  dont 
un  nouveau,  et  se  rangent  dans  ii  familles  bien  distinctes.  Si  l'on  compare 
ces  résultats  à  ceux  des  expéditions  antarctiques  antérieures  à  la  croisière 
du  "  Pourquoi  Pas  ?  »  et  qui  sont  actuellement  publiés,  on  constate  qu'ils 
apportent  une  très  importante  contribution  à  nos  connaissances  concer- 
nant la  faune  d'Alcyonaires  des  mers  antarctiques. 

Ces  Alcyonaires  sont  indiqués  dans  la  liste  suivante,  où  les  espèces 
nouvelles  sont  en  italiques  : 

I.  —  Ordre  des  ALCyfhXArEA. 

I.  —  F.iinille  des  CLA  VULARIID.^  Hikcson. 
Sympodium  anlarclicum  Gravier. 

II.   —  Famille    des    NEPHTHYID.E  (Verrill). 

Eunephlhya  Hicksoni  Gravier. 

Expédition  Charcot.  —  GnAviER.  —  Alcyonaires.  i 


ALCYONAIRES. 


H.  —Ordre  des  GOHGONACEA. 


111.  —  Famille  des  ISIILE  Grav. 


Primnoisis  anlarclica  (Studer). 

—        formosa  Gravier. 
Mopsea  elongala  Roule. 


Mopsea  gracilis  Gravier. 
Nolisis  n.  g.  fragilis  Gravier. 


IV.   —    Famille  dos  PRlMNOID.i:  (Milne-Edwards). 
Tlwiiarella  variabilis  Wrio;ht  et  Studer.  Primnoella  Kiikenlhali  Gravier. 


—        longispinosa  Kiikenthal. 
Stenella  (Dasyslenella)  Lionvillei  Gra- 


Caligorgia  ventilabrum  Studer. 


V.  —  Famille    des  MUIUCEID.^  Verrill. 

Acanlhogorgia   Thomsoni   Gravier. 

Ainsi  que  le  montre  la  liste  précédente,  les  Gorgonacea  ont  une  large 
prédominance  dans  cette  faune  d'Alcyonaires,  puisqu'ils  comptent  à  eux 
seuls  1 1  espèces  sur  les  13  rapportées  parle  «  Pourquoi  Pas?  »,  et  parmi 
eux,  les  deux  familles  des  I.sidce  et  des  Primnoida;,  puisqu'elles  ont 
chacune  5  espèces,  soit  10  espèces  en  tout.  Ce  sont  là  des  remarques 
qui  s'appliquent,  à  des  degrés  divers,  aux  autres  expéditions  antarctiques. 
Ce  qui  donne  à  la  collection  d'Alcyonaires  du  <<  Pourquoi  Pas?»  une  phy- 
sionomie spéciale,  c'est  qu'elle  renferme  des  exemplaires  de  deux  espèces 
appartenant  à  deux  familles  qui,  jusqu'ici,  n'avaient  aucun  représentant 
connu  dans  l'Antarctique,  celle  des  Nephthyidœ  et  celle  des  Muriceidœ. 

Au  point  de  vue  zoogéographique,  r£'^?y/?/>^/////«/^/V'/iAon/,  qui  appartient 
à  la  première  de  ces  deux  familles,  offre  un  intérêt  spécial.  Des  14 espèces 
de  ce  genre  maintenues  par  Kûkenlhal,  après  sa  revision  approfondie  des 
A'(?/j/iM// /(/«',  13  proviennent  desrégions  arc  tiques  ou  subarctiques.  Une  seule 
espèce,  V Eunephthija  antarctica  KiikenLhal,  a  été  recueillie  par  la  «  Val- 
divia  »  dans  les  parages  de  l'île  Bouvet,  à  .")('»7  mètres  de  profondeur 
(latitude  :  o6°29',3S.  ;  longitude  :  3°  48'E.),  c'est-à-dire  dans  les  eaux  sub- 
antarctiques. En  ce  qui  concerne  le  genre  Acanthocjorcjia,  de  la  famille 
desMiiriceidœ,  le  «  Challenger  »  a  fait  connaître  3  espèces  sur  les  côtes  de 
l'Amérique  du  Sud  ou  dans  les  mers  subantarctiques  :  A.  Ridleyi  Wright 
et  Studer,  de  Port-Grappler  en  Patagonie    (profondeur  :  252  mètres)  ; 


ALCVONAIRES.  3 

A.  /axa  Wrif^ht  et  Stiidor,  tlo  Torn  Ray  en  1  atagonio  (profondeur  : 
31 .")  mètres)  ;  A.  raniosissima  Wright  et  Studer,  de  l'île  du  Prince-Edouard 
(profondeur  :  bo8  mètres).  De  plus,  outre  le  genre  nouveau  lYotisis  (de 
la  tribu  de  Mopse/nœ),  le  genre  Si/mpodiKni  parmi  les  Clavulariidœ  et  le 
genre  Stenella  parmi  les  l'rinDionhi'  n'ont  Jamais  été  signalés  dans  les 
mêmes  mers. 

r/examen  des  espèces  du  genre  Tlionnrella  (V'aienciennes)  m'a  conduit 
cà  faire  l'étude  approfondie  du  type  du  genre,  appartenant  aux  collections 
du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  i'aris,  rapporté  des  îles  Malouincs  ou 
Falkland  par  l'illustre  capitaine  du  Petit-Thouars,  type  que  Valenciennes 
nomma  et  figura  sans  la  plus  sommaire  indication  et  qui  n'a  jamais  été 
décrit  jusqu'ici,  bien  qu'il  ait  servi  de  base  à  la  classification  du  groupe  des 
ThouarelUnœ. 

Chez  un  certainnombre  de  GaniniKirra  du  »  Pourquoi  Pas  ?  » ,  qui ,  comme 
leurs  congénères,  sont  tout  enveloppés  d'une  épaisse  cuirasse  de  spicides 
calcaires  : 

Mopsea  gracilis  Gravier.  |  Mopsea  elongala  Roule. 

j'ai  puobserverde  curieux  fails  d'incubation  (Ij.  J'ai  découvert  égale- 
ment, chez  quelques  types  : 

/'rimnoisis  ramosa  Thomson  et  Ritchie  Mopsea  grarilia  Gravier. 

— •        formosa  Gravier. 

de  véritables  galles  causées  par  un  C.rustacé  parasite  qui  est  étudié  à 
la  fin  de  ce  mémoire  (2).  Grâce  à  la  complaisance  de  M.  L.  Uoule.  j'ai 
pu  comparer  les  matériaux  de  la  deuxième  expédition  antarctique  fran- 
çaise à  ceux  de  la  première;  chez  la  R/iopalo/iel/a  pf:'/tdi(linaY\ou\(\yd\ 
retrouvé,  sous  une  forme  spéciale,  un  fait  d'incubation  analogue  à  celui 
que  j'avais  conslaté  chez  la  Mo/isfa  e/o/if/a/a  Houle  et  chez  la  Mopsea 
f/rari/is  Gravier  du  «  Pourquoi  Pas  ?  ".  J'ai  été  ainsi  amené  à  étudier 
les  caractères  morphologiques  de  cet  Alcyonaire,  type  d'un  genre  nou- 
veau créé  par  Roule. 

(1)  Ces  faits  sont  à  rapproclier  des  divers  cas  de  viviparité  signalés  chez  certains  Alcyonaires 
par  plusieurs  auteurs,  et  nutanunent  par  Laca/.e-Duthiers,  Marion  et  Ku\vule\\>ky,  Koren  et 
Danielssen.  S.  .1.  Hiclvson,  .1.  A.  Tiiomson  et  \V.  D.  llendeison. 

(2)  Voir  l'appendice  à  la  suite  du  mémoire  sur  les  Alcyonaires. 


4  ALCYON  AIRES. 

Tous  ces  Alcyonairos  proviennent  de  dragages  exécutés  en  divers 
points  de  la  croisière  du  «  Pourquoi  Pas?  »  et  qui  ont  donné  les  résultats 
suivants  : 

Dragage  IV.  —  28  décembre  1 008.  Profondeur  :  53  mètres.  Fond  :  roches 
et  gravier.  Température  de  l'eau  au  fond  :  Oo,0  G.  Chenal  Peltier,  le  long 
de  l'ile  Wiencke,  près  de  l'îlot  Gœtschy. Latitude  :  64ojO'S.  ;  longitude: 
630^0' W.  (1)  : 

Primnoella  Kiikenihali  Gravier. 

Dragage  VF.  —  1  ojanvier  1 009.  Profondeur  :  254mètres.  Fond  :  roches  et 
gravier.  Température  de  l'eau  au  fond  :  — -lo,18  C.  Baie  Marguerite,  entre 
l'ile  Jenny et laTerre  Adélaïde.  Latitude: 67° 4.H'  S.  ;longitude:  68o33o\V.: 


Primnoisis  anlarclica  (Stuilcr). 

— -        jormosa  Gravier. 
Mopsea  gracilis  Gravier. 


Notisis  fragilis  Gravier. 
Thouarella  variabilis  Wright  et  Studer. 
— •        longispinosa  Kùkenthal. 


Dragage  VIIL —  20  janvier  1009.  Profondeur  :  170  mètres.  Baie  Mar- 
guerite. Température  de  l'eau  au  fond  :  0^,2  C.  : 


Primnoisis  forinosa  Gravier. 
Thouarella  variabilis  Wright  et  Studer. 
Stenella  [Dasyslenella)  Lioiivillei  Gra- 
vier. 


Caligorgia  venlilabruin  Studer. 
Acanihogorgia  Thomsoni  Gravier. 


Dragage  IX.  —  21  janvl(M'  1000.  Profondeur:  230  mètres.  Fond  :  sable 
vert  et  roches.  Température  de  l'eau  au  fond  :0o,l  C  Au  sud  de  l'île 
Jenny.  Latitude  :  OSoOl'  S.  ;  longitude  68°  00'  W.  : 

Eunephlhya  Hicksoni  Gravier.  |  Caligorgia  venlilabruin  Studer. 

Dragage  XV.  —  26  novembre  1000.  Profondeur:  50  mètres.  Fond: 
vase  et  cailloux.  Température  de  l'eau  au  fond  :  0°,!  C.  Devant  Port- 
Lockroy  ;  chenal  de  Roosen.  Latitude  :  ()4o  40'S.  ;  longitude  :  63°  30'W.  : 

Sympodium  anlarcliaun  Gravier.  |  T/iouareZ/a  uarf  a 6 j7js  Wright  et  Studer 

Dragage  XVL  — 9  décembre  1909.  Profondeur  :  150  mètres.   Fond  : 

(1)  Les  longitudes  et  les  latitudes,  les  profondeurs,  la  température  de  l'eau  aux  diverses 
profondeurs  sont  conformes  aux  données  du  mémoire  de  M.  .1.  lioicn  :  Deuxirme  Expédition 
ant'trctiqne  françainc  (1938-1910).  OciJaiwijraphic  physique  (1913).  Les  longitudes  sont  comptées 
à  partir  du  méridien  de  Green^v  ich. 


ALCYON  AIRES.  5 

vase.  Tompi'i'afiire  do  l'eau  au  l'oud  :  —  |o,!{  C.  Ilr  Déceptimi  ;  milieu  de 
Port-Forster.   i.;itilu(lc  :  {^2°  'V.V  S.  :  l(.ni;ilu(le  :  {W^'X.V  \V.  : 

Mnpsfii    cltin<i<!la  Roulo. 

Dragages  XIX  et  XX. —  12  janvier  l'.MO.  Profondeur  :  4(i0  mèlies. 
Fond:  vase  sableuse,  nombreux  cailloux.  I^ii  bordure  de  la  bancjuise. 
Latitude  :  70°  1 0' S.;  longitude  :  7.So30'\V.  : 

F'rimnoisis  forinosa  Gravier.  i  Acanlhogorgia  Thoinsoni  Gravier. 

Thouarella  variabilis  Wright  et  Studer.  ' 

B.  —  ALCYON  AIRES  RFXUEILLIS  PAR  LE  «  FRANÇAIS  « 
(I'^  EXPÉDnioN  ANTARCTIQUE  FRANÇAISE,  1903- 
1905).  —  ALCYON  AIRES  CONNUS  ACTUELLEMENT 
BANS   L'ANTARCTIQUE  SUD-AMÉRICAINE. 

Lapremièreexpédition  antarctique  française  (1903-1905)  avait  rapporté 
les  espèces  suivantes,  étudiées  par  L.  Roule  (1908;  et  qui  appartiennent 
toutes  à  l'ordre  des  Gorgonacea. 

I.  —  Familip  des  PI{IMNOID.E  (Milne-Edwards). 

|o  Tkoimrella%^.  —  N°  8  il.  Quelques  fragments  de  colonie.  Ile  Anvers, 
baie  Biscoë.  Dragage  par  110  mètres.    11  février  190o. 

La  comparaison  des  exemplaires  du  «  Français  »  à  ceux  du  »  Pourquoi 
Pas?  »  m'a  montré  qu'il  s'agissait,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin,  de  la 
Thouarella  vuriahUis  Wright  et  Studer,  dont  la  seconde  expédition 
antarctique  française  a  rapporté  de  nombreuses  colonies. 

2''  Rhopalonella  pendul'ma  Roule.  —  Not)38.  Deux  grands  échantillons 
complets.  Nos  (",39  ,4  (^40.  Fragments  de  colonie.  Ile  Booth-Wandel. 

Ces  exemplaires  et  les  précédents  furent  recueillis  frais  dans  des  nids 
de  Cormorans. 

Il  s'agissait  là  d'un  type  nouveau,  tant  au  point  de  vue  générique  qu'au 
point  de  vue  spécifique. 

II.  —   I-"amiile   des   ISIDjE  Gray. 

3°  Mopxea  dichotonia  Lamouroux.  —  N°  6 il.  Un  échantillon.  Ile 
Booth-Wandel. 


6  ALCYONAIRES. 

i° Mopsea elongafaWoiûe.  — N"  641.  Un  échantillon.  Ile  Booth-Wandel. 

Cette  espèce  se  retrouve  dans  la  collection  du  «  Pourquoi  Pas  ?  ». 

li°  Priiniinisis  rainosa  Thomson  et  Ritchie.  — N"  841.  Plusieurs  échan- 
tillons. Ile  Anvers;  baie  Biscoë.  Dragage,  par  1 10  mètres,  1 1  février  1905. 

Cette  espèce  doit  très  vraisemblablement  être  identifiée,  comme  le 
présumait  Roule,  et  ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin,  à  la  Primnoisis  anUivc- 
tica  (Studer),  que  le  «  Pourquoi  Pas  ?»  a  recueillie  dans  la  baie  Margue- 
rite. 

Il  peut  paraître  surprenant  que  ni  l'une  ni  l'autre  des  deux  expéditions 
antarctiques  françaises  n'aient  rapporté  de  représentants  de  l'ordre  des 
Pennatnlacea,  d'autant  que,  dans  les  mêmes  régions,  la  «  Belgica  »  a 
recueilli  des  exemplaires  de  VUmhoIlKla  l'arpenteri  Kôlliker,  quiaétééga- 
ement  récoltée  par  la  «  Discovery  »  au  Victoria  Land  et  par  le  «  Gauss  » 
au  voisinage  de  la  Terre  de  rEmpereur-Guillaume  II.  L'expédition  antarc- 
tique suédoise,  commandée  par  0.  Nordenskjôld,  a  dragué  deux  exem- 
plaires d'Um/wl/ ((/(!,  l'un  dans  le  détroit  de  Rranslield,  l'autre  dans  le 
canal  d'Orléans  ;  malheureusement,  ils  furent  perdus  avec  le  bateau  qui 
qui  fut  détruit  au  milieu  des  glaces.  Les  esquisses  coloriées  du  plus  petit 
exemplaire,  reproduites  dans  l'ouvrage  de  Nordenskjôld,  n'oll'rent  pour 
a  détermination  aucune  indication  sûre.  Le  plus  grand  des  spécimens, 
provenant  du  détroit  de  Bransfield  (profondeur  :  840  mètres;  température 
du  fond:  — lo,5o  C.)  avait  2™,  55  de  hauteur;  le  plus  petit,  celui  du  canal 
d'Orléans  (profondeur  :  710  mètres  ;  température  du  fond  :  —  lo,05 
C.  0m,06). 

D'après  Jungersen,  les  dimensions  colossales  du  premier  exemplaire 
sembleraient  indicpier  qu'il  s'agissait  de  Vlhnhellula  niagiiiflora  Kôlliker; 
cependant  il  ne  paraît  pas  impossible  au  savant  zoologiste  danois  que 
VUmhel/ula  Carpenteri,  trouvée  dans  les  mêmes  parages,  puisse  atteindre 
la  même  taille. 

La  «  Belgica  »  a  ramené  de  la  profondeur  de  2  860  mètres  (position 
estimée,  latitude  :  70°  40' S.  ;  longitude  :  102ol5'W.  ;  température  du 
fond  :  0°,5  C.)  huit  exemplaires  cV Unthe/lu/n Carpentet^i detaiWe  médiocre, 
puisqu'ils  n'avaient  que  de  105  à  173  millimètres  de  longueur  totale. 
L'exemplaire  de  la  «Discovery  »  trouvé  près  de  la  Barrière  de  Glace  (lati- 


ALCYONAIRES.  7 

lude  :  78°  environ^),  à  300  brasses  (i)40  mètres)  de  profondeur,  avait 
700  millimètres  de  loiii^ueur  totale.  En  revanche,  les  d(>ux  exemplaires 
du  "  dauss»,  qui  vivaient  respectivement  aux  profondeurs  de  2  72o  et 
2 4o0  mètres,  étaient  de  petite  taille. 

D'après  les  données  précédentes,  il  semble  bien  que  l'absence  à'Um- 
hellula  dans  la  collection  du  »  Pourquoi  Pas  ?  »  tient  très  vraisembla- 
blement au  fait  que  ce  bateau  n'a  pu  faire  de  dragages  à  des  profondeurs 
suffisantes.  La  non-existence,  dans  la  même  collection,  de  tout  repré- 
sentant des  genres  Callozoxtrdn  Wright  etStuder  e[Sfachi/odes  Studer  est, 
peut-être,  imputable  à  la  même  cause.  Jusqu'ici,  Vlnihellida  Carprn/cri a 
été  trouvée  aux  points  suivants  de  rAntarcticjue  : 

Latitude  :  62*'  20'  ;  longitude  :  95°  44'  E.  Profondeur  :  3  555  mètres  («Challenger»). 

—  53055'  —  108o45'E.        —  3  510      —  — 

—  78oenv.    —  174°   0.    —     540   —   («Discovery»). 

—  70°  40'     —  1020 15' 0.    —    2  860   —   («Belgica»). 

En  outre,  le  "  Gauss  »  en  a  dragué  un  exemplaire  le  24  février  1003,  à 
2  723  mètres  de  profondeur,  et,  un  autre,  le  l^'  mars  1903,  à  2  450  mètres. 
Kùkenthal  n'indique  pas  les  coordonnées  des  stations  où  ces  exemplaires 
ont  été  pris.  Mais,  d'après  la  marche  du  <<  Gauss»,  ces  stations  doivent 
être  situées  entre  le  80«  et  le  90^  degré  de  longitude  E.  De  sorte  que  ïUm- 
hellula  Carpentfsi  a  été  trouvée  aux  longitudes  suivantes  dans  les  mers 
antarctiques  : 

Du  80e  au  90e  E.  ;9&o44'e.  ;108o45'E.  ;  102o  15  W.  ;  174°  W. 

Tout  porte  à  croire,  dans  ces  conditions,  qu'il  s'agit  ici  d'une  forme 
circumpolaire. 

Quoi  qu'il  en  soit,  VfJmhellala  Carppnteri  Kôlliker  ayant  été  recueillie 
par  la  <(  Belgica  »,  —  et  peut-être  aussi  par  l'expédition  suédoise,  —  dans 
les  parages  fréquentés  par  le  «Pourquoi  Pas?  »,  il  y  a  trois  espèces  à 
ajouter  à  la  liste  des  Alcyonaires  rapportés  par  celui-ci  pour  avoir 
celle  des  animaux  de  ce  groupe  connus  actuellement  dans  l'Antarctique 
sud-américaine  : 

Rhopalonella  pendulina  Roule,  du  «  Français  ». 
Mopsea  dicholoma  Lamouroux,  du   «Français». 
Umbellula  Carpenleri  Kôlliker,  de  la  «  Belgica», 


8  ALCYONAIRES.  ■ 

Soit,  en  tout,  l(j  espèces,  dont  2  A/rijanarra,  ["iGnrgonacea  et  1  Pruna- 
talacea. 

C.  —  ALCYONAIRES  RECUEILLIS  PAR  LES  AUTRES 
EXPÉDITIONS  ANTARCTIQUES  RÉCENTES. 

De  nombreuses  et  importantes  missions  ont  sillonné  rAntarclique  dans 
ces  quinze  dernières  années.  Celles  dont  les  études  sur  les  Alcyonaires 
ont  été  publiées  jusqu'à  ce  jour  sont  les  suivantes,  les  deux  expéditions 
françaises  mises  à  part  : 

«Southern  Cross»,  1898-1'JOO. 

National  Antarctic  Expédition  1901-1904  («  Discovery  »). 
Scottish  National  Antarctic  Expédition  1901-1904  («  Scotia  »). 
Deutsche  Sudpolar  Expédition  1901-1903  («  Gauss  »). 

De  la  "  Beli;ica  »,  les  Pcnudlnldrpd  seuls  ont  ét(' étudiés  [Uinhellala 
(Uirprnteri  Kôlliker).  On  ne  coiuiaît  |)as  encore  actuellement  lesrésultats, 
en  ce  qui  concerne  les  Alcyonaires,  de  l'expédition  suédoise,  quia  exploré 
éi;alement  l'Antarctique  sud-américaine. 

I._  ,,  SOUTH KHN  CROSS  ... 

La  "  Southern  ('ross  »  n'a  recueilli  que  deux  espèces  (Tx^lcyonaires  : 

1°  Clavnlnria  frankliniana  Roule.  Ile  Franklin.  Profondeur  :  18  mètres. 
2"  Alcyoniain  Picssleri  W.  May.  Ile  Franklin.  Profondeur  :  43  mètres. 

II. —  «  DISCOVERY... 

La  «  Discovery  »,  qui  aexploi'é  les  mêmes  parafées  (Victoria  Land)  que 
la  «  Southern  Cross  »,  a  retrouvé  les  deux  espèces  précédentes  et,  déplus, 
6  autres  espèces,  soit  en  tout  8  espèces,  dont  3  étaient  nouvelles  pour  la 
science,  et  qui  appartiennent  à 6  genres  différents. 

1.   —   ALrrO.YACEA. 

Famille   des    CLA  VULARIID.E  Hickson. 

Clauiilaria  Frankliniana  Roule.  Ouartier  d'hiver.  8-12  brasses3/4  (1411,50-23 mètres). 
Alcyoniain  l'xssleri  May.  Erebus.  12  brasses  3/4-124  brasses  (23mètres-223  mètres). 


ALCYON  AIRES. 


II.  —  ('.(lliliONArEA. 

Famill.'    des  ISILLE  Gray. 

Primnoa  dclicalnla  Hickson.  Ouarticr  d'hiver.  25-30  brasses  (45-54  mètres). 

—  anlarclica  Studer.  Mac-Murdo  Bay.  20-120  brasses  (36-216  mètres). 

—  si>icala  Hickson.  Mac-Murdo  Bay.  96-120  brasses  (173-216  mètres). 

Famille   des  PRIMNOIDE. 

Thoiiarella  anlarclica  (Valenciennes).  Quartier  d'hiver.  Coulman  Island,  Mac-Murdo 

Bay.  Station  290,  96-252  brasses  (173-457  mètres). 
Primnoella  'divergens  Hickson.  Extrémité  est  de  la  Barrière.  100  brasses  (180  mètres). 


///.  —   PENNATULACEA. 

Umbellula  Carpenieri  Kôlliker.  Près  de  la  Barrière.  300  brasses  (540  mètres). 

III.  —   «   SCOTIA  ». 

La  '(  Scotia  »,  qui  s'est  dirigée  aussi  vers  le  Victoria  Land,  a  rapporté 
9  espèces  d'Alcyonaires,  dont  (i  nouvelles.  De  ces  espèces,  une  seule  pro- 
vient des  mers  antarctiques  proprement  dites,  c'est  la  Primnoi.^is  ramosa 
Thomson  et  Ritchie,  prise  à  la  station  4H  [latitude  :  174orS.  ;  longi- 
tude :  22°  W.  ;profondeur  :  KVl  brasses  (290  mètres)].  Les  autres  espèces 
ont  été  draguées  dans  les  régions  subantarctiques  [Burdwood  Bank  (au 
sud  des  îles  Falkland)  ;  île  Gough  (au  sud  de  Tristan  d'Acunha),  qui  est 
à  l'extrême  limite  des  mers  subantarctiques],  ou  même  à  des  latitudes  plus 
rapprochées  de  l'équateur. 

IV.    —  «    GAUSS   ». 

I^'expédition  antarctique  allemande  est  celle  qui, avec  le  «Pourquoi  Pas?», 
a  apporté  la  plus  riche  moisson  d'Alcyonaires  des  mers  antarctiques. 
Le  «  Gauss  »  a  recueilli,  en  eflet,  14  espèces  (dont  une  indéterminable) 
appartenant  à  8  genres,  et  qui  se  rangent  dans  4  familles;  10  de  ces  espèces 
étaient  nouvelles.  Ce  sont  : 

E.rpéililion  Charcot.  —  Gravier.  —  Alcyonaires.  2 


to  Alcyonaires. 

I.  —  ALCYON  ACE  A. 

Famille  d.s   CLA  VULARIID.E  Hickson. 
Clavularia  sp.  Gauss-Station.  380  mètres.  Fragments. 

//.  _  GORGOXACEA. 

Famille  des  PRIMNOID.E  (Milne-EdwarJs). 

Thoiiardla  lonçiispinosa  Kûkcnthal.  Gauss-Station  (385  mètres). 

—  alî.  variabilis  Wright  et  Studer.  Gauss-Station  (350-385  mètres). 

—  rjrandiflora  Kukenthal.  Gauss-Station  (385  mètres). 
Primmoella  vaiihôffeni  Kukenthal.  Gauss-Station  (385  mètres). 
Caligorgia  anlarclica  Kukenthal.  Gauss-Station  (385  mètres). 
Slachyodes  gaussi  Kukenthal.  Antarctique  (2  450  mètres). 
Callozoslron  horridum  Kukenthal.  Antarctique  (2  450  mètres). 

—  carlollœ  Kùkcntlial.  Antarctique  (3  397  mètres). 

Famille  des  ISID^  Gray. 

Primnoisis  anlarclica  (Studer).  Gauss-Station  (350  mètres). 

■ — ■        fragilis  Kukenthal,  Gauss-Station  (350-385  mètres). 

—  arniala  Kukenthal.  Gauss-Station  (350-385  mètres). 

///.  —  PENNATULACEA. 

Umbellula  Carpenleri  KôUiker.  Antarctique  (2450  à  2725  mètres). 

En  récapitulant  —  sous  les  réserves  faites  au  cours  de  ce  mémoire  — 
l'ensemble  des  collections  d'Alcyonaires  recueillies  dans  les  mers 
antarctiques  par  les  expéditions  récentes,  on  obtient  le  tableau  sui- 
vant : 


ALCYONAIRES. 


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5 

I.  —  ALCYONACEA. 

Famille  des  Clavulariidae  Hickson. 
Clni^uldi'ia  franhlinionn  Roule 

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+ 

+ 
+ 

+ 

Si/mpui/ium  nntarrtinnn  Gravier 

Alcijimiutn  Pxsslfri  Mav 

Famille  des  Nephthyidae  (Verrill). 
Eunephthya  Nickaotii  (iravier 

II.  —  GORGONACEA. 

Famille  des  Isidae  Gray. 

Priinnoisis  ntitarctica  (Studer) 

—          dellcdtula  Hickson 

—          spicdtci  Hickson 

—  ramosd  Thomson  et  Riteliie.  . 

—  fragi/is  Kiikenlhal 

—  (irmatd  Kiikenlhal 

—          fonnoKd  Gravier 

Mopxcd  elongdtd  Roule 

—  dichotomd  (Linné) 

—  qracilis  Gravier 

A'dlixis  ffddilh  Gravier 

Famille  des  Primnoidae  (Milne-Edwards). 

TiKtHdi'clla  dnldi'ctird  (Valencicnnes). . . . 

—          ail'.  Vdi'ia/ji/is  Wright  et  Slu- 

der 

—  longispinosn  Kiikenlhal    .... 

—  gram/i/Iord  Kiikenlhal 

—  c/ispcrsd  Kijkenthal 

S/cnelld  (Ddni/stmc/fd)  lAonvillei  Gravier. 

/î/iopdlli)iii'l/d  pendd/iiid  Roule 

l'rtinniicUd  diferiiciix  llicksnn 

—  ran/K'i/p'iii  Kiikenlhal 

—  KukcnlIidU  Gravier 

Caligorgia  antdrnird  Kiikenlhal 

—  venlildhrdin  Studer 

Stdc/njode.s  gditssi  Kiikenlhal 

Cdllozoslron  Iiorridiiin  Kijkenthal 

—  cdrlottœ  Kiikenlhal 

Famille  des  Muriceidse  Verrill. 
Acanthogorgia  Thomsoni  Gravier 

III.  —  PENNATULACEA. 

Famille  des  Umbellulidae  Gray. 

12  ALCYONAIRES. 

Soil,  au  total,  32  espèces,  dont  4  Alctjonacea^  27  Gorgonacea  et  1  (^^w- 
belltilacea.  Parmi  les  Alcijonacea^  figurent  3  espèces  de  Claouhiriidci'  et 
1  de  iXephtliyidœ.  Parmi  les  Gorf/onacea,  on  compte  1 1  espèces  cVfxidw, 
15  de  Primnoidœ  et  1  de  Muriccidie.  Enfin  les  Pennatidacea  sont  unique- 
ment représentées  par  Ylinhelluld  ('ar[)Pnteri  Kolliker.  Ces  nombres 
affirment  la  prépondérance  très  accusée  des  Gorgonacea  dans  la  faune 
d'Alcyonaires  des  mers  antarctiques  et,  chez  les  Gorgonacea,  celle  des 
Isidœ  et  du  Prhnnoidœ.  Les  genres  les  plus  riches  en  formes,  variées 
sont  les  genres  Primnoisi.s,  avec  7  espèces;  T/toi/arella,  avec  5  espèces  ; 
Mopsea  et  Primnoella  avec  chacun  3  espèces. 

Si  maintenant,  comme  Ta  suggéré  Kiikenthal,  on  supprime  de  la  liste 
précédente  les  formes  retirées  des  grandes  profondeurs,  qu'on  ne  peut 
considérer  comme  caractéristiques  de  lafauneantarctique,  parce  qu'on  les 
retrouvera  peut-être  dans  les  abysses,  à  des  latitudes  beaucoup  plus  rap- 
prochées de  l'équateur,  c'est-à-dire  : 


Thouarella  dispersa  Kukenthal. 
Stachijodes  gaussi  Kukenthal. 
Callozoslron  horridiun  Kukenthal. 


Callozoslron  carlollœ  Kukenthal. 
Umbellnla  Carpenleri  Kolliker. 


il  reste  27  espèces  propres  à  l'Antarctique,  dont  2  ont  été  rapportées 
par  la  «  Southern  Cross  »,  7  par  la  «  Discovery  »,  1  parla  «  Scolia  », 
9  par  le  «  Gauss  »,  o  par  le  «  Français  »  et  13  par  le  «  Pourquoi  Pas  ?  » 
3  espèces  étant  communes  aux  collections  des  deux  dernières-  expédi- 
tions, il  en  résulte  qu'on  possède  aujourd'hui  16  espèces  d'Alcyonaires 
(y  compris  VUndjellula  Carpenten  de  la  «  Belgica  »)  provenant  de  l'An- 
tarctique sud-américaine,  qui  est,  à  ce  point  de  vue,  la  région  la  moins 
imparfaitement  connue  dans  ces  parages. 

En  jetant  un  coup  d'œil  sur  le  tableau  précédent,  on  peut  remarquer 
que,  si  l'on  considère  les  trois  régions  explorées  dans  l'Antarctique,  le 
Victoria  Land,  la  Terre  de  rEmpereur-Guillaume  II  et  l'Antarctique  sud- 
américaine,  il  n'existe  qu'une  seule  forme  commune  parmi  les  Alcyonaires 
actuellement  connus,  c'est  la  Primnoisis  unlarctka  (Sluder),  qui  est  peut- 
être  une  forme  circumpolaire  ;  d'autant  que  cette  forme  est  connue  en 
outre  aux  Kerguelen  et  à  l'île  du  Prince-Edouard.  On  ne  peut  citer 
aujourd'hui  aucun  Alcyonaire  circumpolaire  arctique  ;  il  est  vrai  qu'au  sud 


ALCYONAIRES.  13 

de  rAIVii|ii('.  (le  l'Auslralic  cl  de  rAiii(''ri(jue  du  Sud,  les  trois  Océans 
Atlantique,  Indien  et  Pacilii|uc  c(unniuni(|ucnt  beaucon|)  plus  largement 
que  ne  le  l'ont  les  mers  arcli(|ucs. 

D.  —  REMARQUES  GÉNÉRALES  ET  CONCLUSIONS. 

Parmi  les  A/ci/n/Kirm  des  mers  subantarctiques,  W.  May  (1000)  cite 
9espèces,  dont  2  Cl(iviil(irii(hr  idonl,  unedudétroit  de  Magellan  et  une  des 
parages  des  Kerguelen)  et  7  A/ci/onida' [dont  A  de  la  région  de  Magellan, 
2  de  la  Géorgie  du  Sud  et  I  de  la  région  de  Kerguelen).  Les  9  espèces 
d'A/cf/o/i fiera  se  rapportent  aux  trois  genres  :  C/rty«</fl/vV/,  Aki/oniwnet 
}[etalrtjonh(iii  ;  les  deux  premiers  se  retrouvent  dans  les  mers  antarctiques  ; 
le  second  y  est  même  représenté  par  une  espèce  découverte  au  détroit  de 
Smyth,  VAIrijiiniiiiii  Pœssleri  May,  qui  a  été  recueillie  par  la  «  Southern 
Cross  »  et  par  la  «  Discovery  )>  au  Victoria  Land. 

Il  serait  prématuré  de  comparer  la  faune  d'Alcyonaires  des  mers  arc- 
tiques à  celle  des  mers  antarctiques;  celles-ci  commencent  à  peine  à  être 
explorées  en  quelques  points  seulement,  aloi's  que  celles-là  ont  été  sillon- 
nées depuis  fort  longtemps  par  de  nombreuses  expéditions  scientifiques. 
Néanmoins,  en  ce  qui  concerne  lenAlci/onacea,  des  quatre  familles  des  mers 
arctiques  :  ('lavulariidci'^  O/ya/iidœ,  Alcjjojiidœ,  Nephthjjidœ^  la  première 
et  les  deux  dernières  sont  représentées  dans  les  eaux  de  l'Antarctique; 
seule  la  seconde  famille,  qui  ne  compte  d'ailleurs  qu'une  seule  espèce  (?) 
dans  le  Nord,  n'est  pas  connue  dans  le  Sud. 

Lesrecherchesfuturesprocureronlsùrement  beaucoup  d'autres  foi'uies; 
la  diversité  des  trouvailles  des  expéditions  qui  ont  dragué  en  des  points 
très  distants  l'un  de  l'autre,  comme  la  «  Discovery  »,  le  «  Gauss  »  et  le 
«  Pourquoi  Pas  »  ?  le  fait  prévoir;  on  peut  rappeler  aussi,  au  même  point 
de  vue  que,  dans  un  seul  di'agage,  entre  l'ile  Jenny  et  la  Terre  Adélaïde, 
le  «  Pourquoi  Pas  ?  »  a  ramené  à  la  surface  6  espèces,  dont  3  nouvelles, 
l'une  de  celles-ci  devenant  le  type  d'un  genre  nouveau  et  que,  des  14  es- 
pèces du  u  Gauss  »,  9  jjrovicMnent  de  la  même  station.  Ceux  qui,  comme 
l'auteur  de  ce  mémoire,  ont  été  témoins  du  fourmillement  intense  des 
animaux  dans   les  eaux  tro[)icales  s'imaginaient  volontiers  que  la  vie 


14  ALCYONAIRES. 

devait  graduellement  s'éteindre,  à  mesure  qu'on  s'approchait  des  régions 
glacées  de  l'Antarctique,  où  ne  se  montre  aucun  courant  chaud  compa- 
rable au  Gulf  Stream  (1).  Ce  ne  sera  pas  l'une  des  moindres  révélations 
faites  par  les  expéditions  antarctiques,  que  de  nous  avoir  montré  la  diver- 
sité des  formes  existant  dans  les  mers  glacées  australes,  où  la  température 
des  eaux  est  constamment  voisine  de  0°C  soitau-dessus,  soit  au-dessous 
de  ce  point  critique  et  où  cependant  certains  groupes,  comme  les  Pycno- 
gonides,  ainsi  que  l'a  montré  E.-L.  Bouvier  (2),  sont  plus  riches  en  espèces 
que  dans  les  mers  arctiques.  Il  est  établi  qu'une  température  perpétuel- 
lement basse  n'est  nullement  incompatible  avec  l'existence  d'une  foule 
d'organismes  variés.  En  outre,  pour  certains  animaux,  comme  les  Alcyo- 
naires,  la  pression  et  la  lumière  paraissent  n'avoir  qu'une  importance 
insignifiante.  Ainsi,  par  exemple,  le  T/ionarella  tjjpica  Kinoshita  a  été 
trouvé  à  des  profondeurs  variant  do  180  à  2  200  mètres,  le  Pavonaria  fin- 
viarchha  M.  Sars,  de  40  à  1  710  mètres,  et  le  Kophobeleiimon  stelUferum 
0.  F.  Millier,  de  36  à  3  0IJ0  mètres. 


) 


(I)  Cela  ne  veut  pas  dire  qu'il  n'y  ait  aucune  circulation  d'eau  relativement  chaude  dans  les 
meis  aniarcliques.  Ainsi  ,1.  Rouch  (1913),  dans  un  mémoire  consacré  là  VOiéandgniphic  physique, 
rajiporte,  entie  autres  faits  du  même  ordie,  que,  à  fcntiéo  de  la  haie  Maiguerite,  il  a  ohservé 
plusieurs  l'ois  des  îlols  d'eau  relativement  chaude,  de  0",!>C.  à  Oo,8(;.,  alors  que  la  leni|)éraluie  de 
l'eau  de  la  baie  et  au  sud  était  inférieure  à  O».  Les  faits  très  intéressants  signalés  par  J.  Rouch 
dans  le  mémoire  en  question  montrent  comhien  il  serait  désirable  de  faire,  dans  ces  régions  de 
l'Antarcllque,  une  étude  mélhodiiiue  des  courants  qui  conduirait  à  l'exj)licalion  d'apiiaientes 
anomalies  et  éciairciiait  ceiiains  points  énigmatiqucs  de  zoogéographie. 

[■2}  E.-L.  RoL'viEit,  Les  Pycnogonides  du  «  Pourquoi  Pas'?»|//'  Expédition  anlarclique  franniisc 
{1908-1910}]. 


Alcyon  AIRES.  i5 

II 
PARTIE    SPÉCIALE 

I.  —  ALCyO.YACEA. 

Famille   des    CLA  VULAIUID.E  Hickson. 

Genre  S)\U('U/)//r.U  Ehrenberg-. 

Sympodium  antarcticum  (iravier. 
(FM.  I,  fig.  1-2;  PI.  IX,  fig.  -13-44.) 

1913.  —  Sympodium  anlnrrlicum  Gravier.  Deuxième  Expédition  antarctique  française 
(1908-1910).  Alcyonaires  (1^  note  préliminaire)  [Bail,  du  Mus.  d'hisl.  nalur., 
t.  XIX,  p.  451). 

La  seconde  expédilionantarctu]ue  française  a  rapporté  deux  exemplaires 
de  Sympodium  provenant  d'un  dragai:;e  fait  le  26  novembre  1000,  devant 
l*ort-Lockroy,  chenal  de  Roosen  (latitude  :  64°  iO'S.  ;  longitude  : 
63°30'W.),  à  oO  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond  de  vase  grise  et  de 
cailloux.  L'un  d'eux  est  un  tout  petit  fragment  de  colonie  tîxé  sur  un  mor- 
ceau d'Épongé  siliceuse  ;  l'autre,  d'un  gris  clair,  occupe,  avec  quelques 
lacunes,  une  longueur  de   6^°^  5  environ  sur  l'axe  nu  d'un   Gorgonidœ 

(Pl.I,  fig.  1). 

Dans  le  sarcosome  mince  de  ce  Sijmjiodii/m,  les  spicules,  orientés  dans 
toutes  les  directions,  se  montrent  de  taille  très  inégale.  Ce  sont  des  spi- 
cules fusiformes  tantôt  droits  (fig.  1),  tantôt  arqués  (fig.  2),  à  surface 
très  irrégulière,  couverte  de  verrues  ;  les  plus  gros  ont  de  0"im^30  à 
Oinni^35  de  longueur  et  de  Omm,0o  à  0^^,06  dans  leur  plus  grande  lar- 
geur. 

Insérés  isolément,  sans  régularité,  les  polypes,  assez  distants  les  uns 
des  autres  (PI.  I,  fig.  1  et  2)  ne  forment  pas  de  groupes  compacts.  Com- 
plètement étendus  (PL  IX,  fig.  43),  ils  se  montrent  composés  de  trois  par- 
ties :  1°  une  partie  basilaire  saillante,  le  calice,  présentant  à  sa  surface  huit 
sillons  longitudinaux  équidistants  et,  à  son  bord  libre,  autant  de  festons 
saillants  ;  2°  une  partie  plus  étroite,  invaginable  ;  3°  le  corps  du   polype 


i6  ALCYONAIRES. 

avec  les  tentacules  au  sommet.  Ces  polypes  ont  des  dimensions  variées; 
les  plus  développés  ont  de  3  à  4  millimètres  au-dessus  du  calice.  Sur 
celui-ci,  qui  peut  avoir  2  millimètres  de  hauteur,  les    spicules  sont  de 

même  forme  que  ceux  du  sarco- 
some  ;  ceux  de  la  surface  sont  de 
grande  taille,  et  leur  disposition 
générale  est  parallèle  aux  sil- 
lons séparant    les 'lobes,    comme 


Fif;.   1  et    2.  —  Spicules  ilu   sarcosome. 


«fÛ^ 


Fig.   3  et  4.  —  Spicules   de     la    partie   intermé- 
diaire des   polypes. 


le  montre  la  ligure  43  (PI.  IX).  Les  spicules  de  la  paitie  iiilcrniédiaire 
sont,  pour  la  plupart,  orientés  transversalement.  Ils  ont  la  forme  de 
bâtonnets  à  extrémité  mousse  (fig.  3  et  4),  et  leurs  dimensions  sont 
moindres  que  celles  des  grands  spicules  du  sarcosome  ;  la  longueur  des 
plus  grands  excède  rarement  O^^^ijlb  à  0™"!,  10.  Chez  un  certain  nombre 
de  polypes,  cette  collerette  est  plus  ou  moins  complètement  invaginée 
dans  le  calice.  Dans  la  troisième  partie  couronnée  par  les  tentacules,  la 
disposition  des  spicules  y  est  particulière.  11  y  ahuitgroupes  longitudinaux 
de  spicules  (PI.  IX,  fig.  44)  ;  à  la  base,  ces  spicules  sont  en  chevron  ;  dans  la 
partie  supérieure,  au-dessous  des  tentacules,  l'angle  des  spicules,  dans  cha- 
cun des  groupes,  devient  de  plus  en  plus  petit,  et  ces  spicules,  finalement 


ALCYONAIRES. 


17 


se  disposoiil  [tarallèlciiient  les  uns  aux  autres.  Leur  lailltî  est  comparable 
àeelle  des  spirales  de  récorce  (fig.  5  et  0);  de  couliyui'alion  assez  variée, 
ils  sont  plus  ou  moins  arqués  ou  coudés,  et  leur  surface  est  couverte  d<^ 
verrues.  Les  8  groupes  de  spicules  laissent  au-dessous  des  tentacules  des 
parties  à  nu,  où  il  existe  en- 
core, disposés  longitudinale- 
ment,  des  spicules  semblables 
à  ceuxdes  huit  groupes.  (Juant 
aux  tentacules,  ils  sontpourvus 
de  spicules  de  forme  très 
irrégulière  (fig.  7  et  8),  dont 
la  longueur  ne  dépasse  guère 
O"""^,!.  La  paroi  du  polype  et 
même  celle  des  calices  sont 
peu  consistantes  ;  plusieurs 
calices  à  Tétat  d'extension 
sont  repliés  sur  le  support 
corné  de  la  colonie. 

\VrightetStuder(1889j,  dans 
leur  étude  des  Alcyonaires  du 
«  Challenger  »,  distinguaient 
deux  groupes  d'espèces  chez 
les  Sijinpodimn  :  v\« 

1°  Ceux  chez  lesquels 
les  polypes  sont  distribués  à  peu  près  à  égale  distance  les  uns 
des  autres  sur  le  sarcosome;  la  rétraction  des  polypes  à  l'inté- 
rieur des  calices  est  plus  ou  moins  complète;  les  spicules  sont  len- 
ticulaires, circulaires  ou  fusiformes;  ce  groupe  est  constitué  par  des 
espèces  toutes  tropicales  :  ^J.  cxndeum  Ehrenberg,  .S',  fulvum  Forskal, 
8.  f'uUginoston  Ehrenberg^  ^î.  purpwascenfi  Ehrenberg. 

2°  Ceux  chez  lesquels  les  polypes  ont  une  tendance  à  former  des  groupes 
saillants  ra])pelanl  les  Aleyotiium  ;  les  calices,  comparativement  grands, 
sont  armés  de  spicules  fusiformes,  épineux  ou  claviformes  ;  dans  ce 
groupe,  figurent  des  espèces  septentrionales  et  de  mer  profonde  :S'.  ahijs- 

Ej-pcitition  Chai'col.  — Gravieb.  —  Aleyonairos.  o 


L-t  (i.  —  Spicules  [le  la  pai-lio  supérieure  des  polypes. 
Fig.  7  et  8.  —  Spicules  (les  tentacules. 


i8  ALCYON  AIRES. 

so}'i(m  Danielssen  (1  100  brasses);  S.  norvegiciim  Koren  et  Danielssen  ; 
-S.  coralloidcs'PixWii-è  et,  en  outre,  les  espèces  suivantes  du  «  (àhallenger  »  : 
S.  Verrilli  Wright  et  Studer  (600  brasses)  ;  8.  armahan  Wright  et  Studer 
(1  07o  brasses)  ;  .S.  glomerahmi  Wright  et  Studer  (100-150  brasses). 

Cette  classification  ne  s'adapte  pas  aux  Sympodium  dragués  par  Vlnves- 
tigatar  dans  l'Océan  indien,  à  des  profondeurs  variant  de  238  à  o06  brasses 
(430-910  mètres),  et  dont  les  uns  appartiennent  au  premier  groupe  et  les 
autres  au  second . 

La  comparaison  des  spicules  de  la  forme  antarctique  sud-américaine 
à  ceux  des  autres  espèces  décrites  jusqu'ici  conduit  à  la  considérer 
comme  le  type  d'une  espèce  nouvelle  que  j'ai  proposé  d'appeler  N.  an- 
Idicticniii.  Les  Siiiiiiioirniiii  vivent  surtout  dans  l'Océan  Atlantique  et  dans 
l'Océan  Indien.  Jusqu'ici,  on  n'a  signalé  aucune  espèce  de  Si/mpodium 
ni  dans  l'Antarctique,  ni  dans  les  mers  subantarctiques.  Un  autre  repré- 
sentant de  la  famille  des  Clavid(iiiid;p^\?iClavidariaFranldiniana  Roule,  a 
été  recueilli  parla  «  Southern  Cross  »  et  par  la  «  Discovery  »  dans  la  région 
du  Victoria  Land  et  peut-être  aussi  par  le   d  Gauss  »  à  la  Gauss-Station. 

Ainsi  que  le  font  remarquer  Arthur  J.  Thomson  et  W.  T.  Henderson, 
les  espèces  du  genre  Si/n/podium  présentent  une  grande  variabilité  en 
rapport,  sans  doute,  avec  les  conditions  de  milieu  et  notamment  avec  la 
nature  du  substratum  :  débris  végétaux,  axe  d'Antipathaire,  spicules 
d'Épongés,  etc.  Une  revision  approfondie  des  types  décrits,  —  dont  un 
certain  nombre  le  sont  insuffisamment,  —  mettrait  en  évidence  l'impor- 
tance relative  des  caractères  qui,  vraisemblablement,  comme  pour  les 
autres  Alcyonaires,  doivent  être,  avant  tout,  tirés  des  calices  et  aboutirait 
sans  doute  à  la  réduction  du  nombre  des  espèces  nommées. 

Famille  des    NEPIITHYOLi.    Vcrrill. 

Genre   EUNEPHTHYA  (Verrill). 

Eunephthya  Hicksoni  Gravier. 
(PI.  II,  fig.  7-8;  PI.  IX,  fig.  45-48.) 

1913.  — •  Eanephihya  Hicksoni  Gravier,  Deuxième  Expédition  antarctique  française 
(1908-1'JlO).  Alcyonaires  (l^e  note  préliminaire)  [Bull,  du  Mus.  d'hid.  nalur., 
t.  XIX,  p.  452). 


ALCYON  AI  RE.^.  19 

Le  gonre  Ea/iep/il/iija  [\'cn'\[[j  est  représenté  clans  les  colleclions  du 
«  Pourquoi  Pas?  »  par  une  colonie  draguée  le  21  janvier  1909,  au  sud  de 
nie  Jenny  (latitude  :  OSo  Ol'S.  ;  longitude  :  OSoQO'  W.),  à230  mètresdepro- 
fondeur,  sur  un  fond  de  sable  vert  et  de  roches;  la  température  de  l'eau, 
au  fond,  était  de  0°,'-')  C.  Cette  colonie,  de  couleur  rose  pâle  à  l'état 
vivant,  d'après  les  notes  de  M.  le  D'  J.  Liouville,  a  pris  maintenant  une 
teinte  jaune  d'ambre  paie  ;  elle  a  été  un  peu  racornie  par  un  long  séjour 
dans  un  récipient  trop  étroit  ;  elle  mesure  environ  9  centimètres  de  hau- 
teur et  près  de  5  centimètres  dans  sa  plus  grande  largeur.  Elle  a  une 
forme  arborescente,  non  comprimée  comme  chez  plusieurs  espèces  du 
genre  Eunephthi/a  ;  les  ramifications  ne  tendent  pas  à  s'orienter  dans  un 
même  plan  (PI.  II,  fig.  7). 

Détaché  du  support  sur  lequel  il  s'était  fixé,  le  disque  pédieux,  gaufré 
sur  les  bords,  de  forme  un  p(Hi  allongée,  a  23  millimètres  dans  sa  plus 
grande  dimension.  Le  tronc,  un  peu  aplati,  mesure  à  la  base  12  milli- 
mètres dans  son  grand  axe,  8  millimètres  dans  son  petit  axe.  Il  donne 
naissance  de  chaque  côté  à  des  branches  qui  sont  de  plus  en  plus  fortes  à 
mesure  qu'elles  s'éloignent  de  la  base,  et  dont  les  plus  proches  de  celles-ci 
s'insèrent  à  1  centimètre  à  peine  au-dessus  du  disque  pédieux.  Il  se 
partage,  à  ."i  centimètres  environ  de  ce  dernier,  en  deux  maîtresses 
branches  qui  se  divisent  abondamment  à  leur  tour,  de  sorte  que  c'est 
dans  cette  partie  terminale  que  la  colonie  prend  son  maximum  de  largeur. 
Une  notable  partie  de  la  surface  du  tronc  et  des  principales  branches 
reste  à  nu  et  présente  de  grosses  cannelures,  elles-mêmes  toutes  plissées 
et  comme  couvertes,  en  certains  points,  de  grosses  verrues  de  dimensions 
assez  uniformes.  Les  polypes  sont  surtout  concentrés  au  sommet  des 
ramifications  de  divers  ordres,  où  ils  sont  contigus,  mais  restent  indé- 
pendants les  uns  des  autres  ;  sur  toutes  les  branches,  ils  existent  aussi, 
isolément  ou  groupés  par  petits  bouquets  de  2,  3,  4.  De  dimensions 
variées,  les  polypes,  un  peu  renflés  dans  leur  région  moyenne,  ont  excep- 
tionnellement Smm^g  de  hauteur  etOn"",:j  de  largeur  maximum  (PI.  II, 
lig.  8). 

Aucun  polype  n'est  épanoui  ;  les  extrémités  seules  de  quelques  tenta- 
cules sont  visibles  ;  c'est  l'une  d'elles  qui  est  représentée  (fig.  12)  par  la 


20 


ALCYONAIRES. 


face  externe.  Rabattus  Tun  vers  l'autre,  les  tentacules  t'ernient  complète- 
men  t  l'orifice  buccal  des  polypes.  Comme  le  montre  la  figure  45  (PI.  IX),  une 
large  bande  médiane,  sur  la  face  externe  de  chaque  tentacule,  est  couverte 
de  spicules  disposés  parallèlement  à  l'axe  de  symétrie  de  celui-ci.  Dans  les 
sillons  de  séparation,  sur  les  faces  latérales  des  tentacules,  il  y  a  quelques- 
uns  de  ces  spicules  orientés  dans  le  même  sens.  Les  spicules  s'étendent 
jusqu'à  l'extrémité  des  tentacules,  comme  on  le  voit  dans  la  figure  12  ;  ils 
pénètrent  même  dans  la  région  basilaire  des  pinnules,  dont  je  n'ai  pu 
compter  le  nombre  avec  certitude.  Ils  ont  une  forme  allongée,  un  peu 


ûTi 


/o 


Fig.  U.  —  Spicule  d'un  tentacule.  —  Fig.  10.  —  Fi^.  12.  —  Extrémité  dun  tentacule  avec  les  spi- 
Spicule  du  corps  du  polype.  — Fig.  11.  —  Spiculc  cules  i|ui  pénétrent  dans  la  partie  basilaire  des 
de  la  région  basilaire  d'un  polype.  pinnules. 

.incurvée  ;  ils  sont  grêles  et  couverts  de  nodosités  (fig.  9).  D'une  extré- 
mité à  l'autre,  ils  mesurent  rarement  plus  de  0™"\35.  Sur  le  corps  du 
polype,  les  spicules  se  disposent  transversalement,  plus  ou  moins  distinc- 
tement en  deux  rangées,  dont  l'une  est  un  ])eu  oblique  par  rapport  à 
l'autre  ;  de  même  asjjcct  que  ceux  des  tentacules,  ils  sont,  en  général, 
un  peu  moins  grêles  et  sensiblement  de  la  même  longueur  (fig.  10).  Les 
spiculesde  la  base  des  pinnulesont,  au  plus,  0™"^,17  de  longueur,  et  leur 
forme  est  un  peu  plus  trapue.  Dans  la  région  inférieure  du  polype,  où  la 
surface  se  montre  déjà  verruqueuse,  les  spicules,  ici  également  transver- 
saux, sont  plus  épais  et  couverts  de  nodosités  plus  développées  que  dans 
la  |)artie  supéi'ieure  (fig.  1  \).  Enfin,  tout  à  l'ait  à  la  base  du  polype  et  à  la 
sui'face  des  branches  de  divers  ordres,  les  verrues  sont  plus  développées, 


ALCYON  AIRES. 


21 


l(>s  sillons  plus  proroiuls.  cl  les  siiiciilcs  ont  do  loiit  aulros  caraclOres. 
Ceux-ci  sont  beaucoup  plus  li  apus  ;  leur  surface  est  couverte  de  courtes 
branches  ramifiées  ;  leur  longueur  ne  dépasse  guère  0"i'",l-'J  \  ^'^  largeur 
la  plus  grande  (ramifications  y  comprises)  excède  rarement  0™i°,060. 
Us  couvrent  absolument  toute  la  surface  libre,  qu'ils  rendent  rugueuse, 
âpre  au  toucher.  La  figure  46  (PI.  IX)  se  rapporte  à  un  spicule  de  la  partie 
basilairc  d'un  polype  ;  les  figures  47  et  48  (PI.  IX),  à  des  spicules  du  tronc 
principal. 

Dans  lune  des  grosses  branches  de  la  colonie,  j'ai  fait  [)lusieurs  coupes 
transversales  ;  je  n'ai 
trouvé  aucun  spicule 
dans  les  parois  des 
canaux  dont  elle  est 
creusée  ;  s'il  en  existe, 
ce  dont  je  doute  très 
fort,  ils  doivent  être 
bien  clairsemés.  Ces 
grosses    branches   sont 


parcourues  par  des  tu- 
bes de  calibres  variés, 
séparés  par  des  parois 
peu  épaisses  ;  quel- 
ques-uns sont  relative- 


Fif,'.  13.  —  rartic  d'une  section  transversale  Je  l'une  des  branches  de 
la  colonie;  au  niveau  de  la  section,  un  ovule  est  fixé  sur  le  bord 
libre  d'une  cloison. 


ment  très  grands  (Voir  à  la  base  de  la  fig.  8,  PI.  II,  où  l'on  dis- 
tingue les  sections  de  ces  tubes).  A  l'intérieur  de  ces  tubes,  se  continuent, 
plus  ou  moins  développées,  certaines  cloisons  des  polypes  avec  lesquels 
ils  sont  en  communication.  Çà  et  là,  on  trouve,  à  l'intérieur  de  ces 
canaux,  des  ovules  encore  attachés  à  la  cloison  qui  les  a  produits  (fig.  \  3)  ; 
quelques-uns  de  ces  ovules  sont  libres  dans  la  cavité  du  canal. 

En  somme,  dans  l'espèce  antarctique  décrite  ci-dessus,  les  polypes  sont 
dépourvus  de  faisceaux  de  spicules  de  soutien  groupés  ou  isolés  ;  ils  n'ont 
pas  de  calices  distincts  et  ne  sont  pas  rétractiles.  Ce  sont  là  les  caractères 
fondamentaux  du  genre  Ea/if'/)/i(hi/a  {YerriW) .  Dans  cette  famille,  dont  la 
synonymie  est  si  embrouillée,  comme  le  dit  avec  raison  Kûkenthal  (1907), 


22  ALCYON  AIRES. 

col  auteura  fait  des  coupes  sombres,  non  seulement  dans  les  nombreuses 
espèces  décrites  souvent  d'une  façon  insuffisante,  mais  également  dans 
les  genres.  C'est  ainsi  qu'au  genre  Eunephthjjn  Verrill,  il  incorpoi'e  les 
genres  Gorgotiia  WdXhko,  (pavs), /Vephlhija  Ehrenberg  (pars),  GersemiaMa- 
renzeller  {\)ars),  Diwa  Danielssen,  Vœringia  Danielssen,  /'^(^Z/rt  Daniel ssen, 
Barathfobius  Danielssen,  Ger.seiniopsis  Danielssen,  Dr/ fa  Danielssen, 
Nannodendron  Danielssen,  Parmpongodes  liûkenthal  [pars).  De  toutes 
les  espèces  décrites,  Kiikcnthal  n'en  conserve  que  14,  (ju'il  divise  en 
deux  groupes  :  les  Alcyoniformes,  avec  8 espèces^  et  les  Nephthyiformes, 
avec  ()  espèces.  C'est  au  premier  de  ces  groupes  qu'appartient  l'espèce 
rapportée  de  l'Antarctique  sud-nméricaine.  Parmi  les  Alcyoniformes 
de  Kiikenthal,  il  est  justement  une  espèce  rapportée  par  la  Valdicia 
(Station  :  127  ;  latitude  :  54°  29', 3  S.  ;  longitude  :  3°  43'  E.,  à  l'est  de  File 
Bouvet;  2o  novembre  1898;  sable  volcanique;  567  mètres  de  pro- 
fondeur), YEunephtlti/a  antarctica  Kiikenthal,  dont  les  polypes  les 
plus  grands  ont  9  millimètres  de  longueur,  dépassant  ainsi  de  beaucoup, 
à  ce  point  de  vue,  les  plus  développés  de  VEimcphtJnja  du  «  Pourcjuoi 
Pas?».  Les  Sjjicules  de  V  Euncphtlnja  afdarrtica  sont  de  couleur  rouge- 
brique,  comme  la  colonie  entière  ;  seuls,  les  tentacules  restentblancs.  Les 
spicu'les  de  l'espèce  de  l'Antarctique sud-américainesonttous incolores.  11 
n'y  a  sans  doute  là  qu'une  dillerence  d'ordre  secondaire,  mais  qui  a 
cependant  une  certaine  valeur.  La  coloration  des  spicules  persiste  dans 
l'alcool  et  dans  le  formol,  au  moins  chez  certaines  espèces,  sinon  chez 
toutes.  J'ai  rapporté  en  190 i,  de  la  Côte  des  Somalis,  des  Alcyonaires  du 
genre  Dendronep/illiya,  qui  doivent  leur  coloration  —  intense  chez  quel- 
ques-unes —  uniquement  à  leurs  spicules  ;  aucune  teinte  n'a  faibli  jus- 
qu'ici, n  existe,  dans  les  collections  du  Muséum,  des  Alcyonaires  rap[)ortés 
par  d'anciensvoyageurs  naturalistes,  il  y  a  cinquante,  soixante  ans  et  plus, 
etqui  ont  conservé,  grâce  à  leurs  spicules,  une  teinte  très  vive.  En  outre, 
il  n'y  a,  dans  l'espèce  du  «  Pourcjuoi  Pas?»,  aucun  spiculedans  les  parois 
des  canaux,  tandis  que,  chezV  Eimep/it/ii/a  a/ifarc/ica,  il  existe,  dans  celles- 
ci,  des  spicules  avec  de  grosses  épines,  de  0"^'",  l'i  i\o  long  et  de  Onini^28 
de  large.  Il  y  a  également  des  dillerences  dans  l'anatomie  des  polypes  ;  le 
pharynx,  chez  l'espèce  de  l'Antarctiquesud-américaine,  remplit  beaucoup 


ALCYONAIRES.  23 

plus  romplètomont  In  mvitr  cireonscrito  par  la  colonne  du  polype  que 
chez  V/:if/if'p/i//nj(i  (i/i/firrf/f/t  ;  en  outre,  ciiez  la  première,  il  n'y  a  pas  de 
spicules  non  plus  dans  le  [)liarynx,  tandis  que,  chez  la  seconde,  il  y  en  a 
d(!  0"i'",70  de  largeur  avec  quehjues  grosses  épines. 

Au  sujet  de  VEunephthyd  antarctica,\\\  Kùkenthal  mentionne  le  l'ail 
curieux  qu'il  a  trouvé,  dans  la  partie  inférieure  des  polypes,  sur  les 
mêmes  cloisons,  les  éléments  génitaux  des  deux  sexes.  Cet  hermaphro- 
disme est,  jusqu'ici,  tout  à  fait  exceptionnel  chez  les  Alcyonaires.  Dans 
l'unique  exemplaire  dont  je  dis[)0se,  —  et  que  je  désire  conserver  aussi 
intact  que  possible,  ce  qui  m'empêche  de  l'étudier  aussi  complètement 
que  je  le  voudrais, — jen'aivuquedes  ovules,  de  diverses  tailles  d'ailleurs. 
Il  n'yenajamais  (|a'uns(Mil  au  m^'oie niveau;  certaines  cloisons  en  portent 
des  séries  superposées. 

De  l'examen  des  figures  et  des  diagnoses  données  par  les  auteurs, 
il  semble  bien  résulter  que  l'exmplaire  étudié  ici  ne  peut  être  identifié  à 
aucune  des  espèces  conservées  par  Kùkenthal,  après  la  revision  appro- 
fondie qu'il  a  faite  du  genre  EimcpJillijja.  Il  s'agit  d'une  espèce  nouvelle 
que  j'ai  proposé  d'appeler  ^?</i(°;j//M//rt///tV..soy?/,  la  dédiant  à  M.  le  P' Sydney 
J.  llickson,  le  savant  et  vénéré  professeur  de  l'Université  de  Manchester. 
Du  reste,  alors  même  que  l'espèce  ne  serait  pas  nouvelle,  V Eane[jhthfja 
de  la  seconde  expédition  antarctique  française  présente  un  intérêt  spécial 
au  point  de  vue  zoogéographique.  En  effet,  des  14  espèces  maintenues 
par  W.  Kùkenthal,  13  proviennent  des  régions  arctiques  et  subarctiques, 
une  seule  de  la  région  subantarctique,  V Eanepidiuja  antarctica^  dont  il  a 
été  question  plus  haut.  Aucune  espèce  n'est  encore  connue  existant  à  la 
fois  dans  les  contrées  arctiques  et  dans  l'Antarctique.  Une  seule  espèce, 
VEimephtliya  clavata  Studer,  a  été  trouvée  dans  une  région  chaude,  aux 
Açores,  mais  en  profondeur.  Il  n'y  a  pas  moins  de  9  espèces  provenant  du 
Spitzberg.  D'après  ces  données,  il  semble  qu'on  doive  considérer,  comme 
centre  d'origine  du  genre  Euneplithija,  l'Arctique,  d'où  se  seraient 
répandues  3  espèces  dans  le  Pacifique  Nord  et  5  espèces  dans  les  mers 
de  l'Europe  septentrionale,  l'une  d'elles  ayant  descendu  jusqu'aux  Açores. 
L'existence  d'une  espèce  CCEunephtlnja  dans  l'Antarctique  proprement 
dite  est  un  fait  très  intéressant,  jusqu'ici  isolé. 


24  ALCYONAIRES. 

If.  —  iiOlKiONACEA. 

Famille  des  ISIDjE  Gray. 

Les  Alcyonaires  de  la  famille  des  /sidci%  caractérisés  essentiellement 
par  leur  axe  formé  d'entre-nœuds  calcaires  et  de  nœuds  cornés  alternant 
régulièreme"nt,  ont  été  divisés  par  Wright  et  Studer  (1889)  <'n  trois 
sous-familles  ou  tribus,  d'après  la  forme  prédominante  de  leurs  spicules, 
(jui  sont  fusiformes  chez  les  Cetriloifiidinie,  en  écailles  chez  les  iMopsei/uT, 
rayonnes  chez  les  Isidinœ. 

Trois  genres  constituaient  la  tribu  des  Mo/isfi/icV  : 
1°  Le  genre  Priinnolsif!  Wright  et  Studer,  chez  lequel  la  colonie  se 
ramiiic  dans  plusieurs  plans  ;  les  polypes  relativement  de  grande  taille 
sont  assez  distants  les  uns  des  autres,  et  les  spicules  du  calice  sont  bien 
développés  ; 

2°  Le  genre  J/oy^raLamouroux,  chez  lequel  la  colonie  se  ramifie  dans 
un  plan  ;  les  polypes  sont  petits,  claviformes  et  disposés  généralement 
en  spires  serrées  ;  les  spicules  du  calice  sont  petits  ; 

3°  Le  genre  Acanthoisis  Wright  et  Studer,  ch(>z  lequel  la  colonie  se 
ramifie  également  dans  un  plan  ;  les  polypes,  tout  petits,  sont  cylin- 
driques ;  leur  partie  supérieure  plane  est  comme  tronquée  ;  les  spicules 
du  calice  sont  petits  ;  les  entre-nœuds  calcaires  présentent  des  côtes 
dentelées. 

A  ces  trois  genres  sont  venus  s'en  ajouter  trois  autres.  D'abord  le  genre 
6'A^/«/oyîw/s  Studer  (1891-1901),  dont  la  colonie  se  ramifie  égalementdans 
un  plan  ;  l'axe  est  composé  d'entre-nœuds  calcaires  et  de  noeuds  cornés 
toujours  placés  à  la  base  des  branches,  qui  se  divisent  dichotomiquement; 
les  entre-nœuds  calcaires  ont  des  côtes  parallèles,  dont  les  bords  sont 
finement  dentelés  ;  les  spicules  des  polypes  (^t  ceux  du  cœnenchyme 
sont  très  semblables  à  ceux  de  V [sis  //i/jj)f/ris  (L.).  Puis  le  genre  Pe/la- 
.v//.s/.s- (1910),  que  Nutting,  qui  la  décrit,  rattache  aux  Mopfseific'e,  à  cause 
surtout  des  spicules  du  corps  des  polypes  et  des  caractères  de  l'axe  qui 
est  identi(|ue  à  celui  des  Isidimc,  mais  qui  s'écarte  des  autres  types  de  ce 
groupe  par  ses  calices  unisériés  et  par  ses  écailles  operculaires.  Enfin  le 


ALCYON  AIRES. 


25 


j^ciiri'  .\o/isis  Gravier  (1913),  tiiii  se  ramilic  cgalemont  dans  un  plan  en 
fausse  dichotomio,  dont  les  entre-nœuds  calcaires  do  l'axe  portent  des 
pointes  en  séries  longitudinales,  mais  non  réunies  par  des  crêtes  sail- 
lantes, dont  les  polypes  assez  espacés  sont  revêtus  de  spicules  en  écailles 
l'enforcées  par  de  grosses  verrues  et  dont  les  bords  sont  profondément 
découpés,  les  spicules  du  ccenenchyme  étant  de  forme  allongée,  en  bâton- 
nets noueux. 

D'après  ce  que  nous  savons  aujourd'hui,  ces  six  genres  de  la  tribu  des 
Mopse'uuv  peuvent  être  ainsi  distingués  les  uns  des  autres  : 

dans    plusieurs    plans  ;    polypes    bien   développés,    assez 

distants   les  uns    des    auti'es Primnoisis 

\Vrir|bl  cl  Studcr. 
Lisses  ou   cannelés,"  sans  épines,  au  moins   sur 

les  branches Mopsca 

Lamouroux. 


MOPSEINiE. 

Colonie 
ramifiée 


dans 
un  seul 
plan. 
Entre- 
nœuds 
calcaires 


Spicules 

en 
écailles 
à  bords 
Calices  \  crénelés. 
non      { 
lunisériés.  j 


Polypes  relative- 
ment bien  déve- 
loppés ;  cœnen- 
chyme  mince. . . 

Polypes  de  taille 
très  l'ciluite  ;  cœ- 
nenchyme  relati- 
vement épais.. . . 


Gravier. 


Avec 

des 

épines. 


Acanthoisis 
Wright 

[  et  Studcr. 

'  Spicules    en    double    roue  ou 

en  double  massue C/ielidoni- 

sis  Studer. 
Calices  unisériés  ;    opercule    formé   par 

huit  grands  spicules Peltantisis 

Nutting-. 


Avec  son  mode  de  i^amification  et  la  taille  de  ses  polypes,  le  geni-e 
Primnoisis  Wright  et  Studer  est  nettement  séparé  des  autres  Mapseinœ. 
Dans  son  mémoire  sur  les  Alcyonaires  de  la  «  National  Antarctic  Expé- 
dition )),  S.  J.  Hickson  (1907j,  auteur  de  nombreux  et  importants  travaux 
sur  ces  animaux,  s'est  élevé  contre  la  division  des  Isidie  proposée  par 
Wright  et  Studer.  Il  fait  observer  que  la  variabilité  de  forme  des  spicules 
chez  certaines  espèces  est  (elle  (jue  la  séparation  des  genres,  fondée  uni- 
quement sur  les  spicules,  peut  devenir  impossible.  La  difficulté  est  parti- 

Expédilion  Ch/ircol.  —  Giuvieh.  —  Alcyonaires.  ■! 


26  ALCYON  AIRES. 

culièrement  grande  en  coqui  concerne  les  genres  (V'/r//o/,s7'.s  et  l'riiiunnsis^ 
placés  par  Wright  et  Stnder  dans  deux  sous-familles  distinctes,  l'arnii 
les  Aicyonaires  du  cap  de  Bonne-Espérance  examinés  par  l'éminent  zoo- 
logiste anglais,  il  en  est  un  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  Cpraloisis  idiuosa 
et  qui  a  cependant  des  caractères  très  nets  de  l'riiitnoisjs.  L'étude  des 
animaux  du  même  groupe  rapportés  de  l'Antarctique  par  la  «  Discovery  » 
l'a  mis  à  même  de  constater  encore  rinconv(''nient  résullant  de  la  sépa- 
ration des  deux  genres.  Le  Ceratoisis  {Pr'nniKiisis)  a/Uarrtica  aété  trouvé 
dans  la  même  localité  que  le  Ceratoisis  (Pfi////tois/.s)  spicala.  Le  premier, 
indiscutablement,  appartient  au  gi-oupe  de  nom  générique  ['/■/////loisis,  car 
aucun  de  ses  spicules  n'est  en  saillie  à  la  surface  du  calice  ;  le  dernier, 
au  contraire,  a  de  très  longs  spicules  saillants  à  la  partie  supérieure  du 
calice.  Ces  spicules  du  Ccralnish  spicala^  avec  leur  base  bifide,  ressendilent 
à  ceux  du  Ceratoisis  (jifuidifloid  Sludi'r  ;  mais  ceux  du  Ceratoisis  (jraiati- 
florfiQwi  leur  surface  presque  unie,  tandis  que  ceux  du  Ceratoisis  spieata 
sont  couverts  de  verrues.  D'après  S.  J.  Hickson,  les  spicules  saillants 
des  calices  du  Ceratoisis  spieata  sont  caractc-ristiques  du  genre  Ceratoisis  ; 
mais,  par  les  verrues  de  leur  surface,  ils  sont  aussi  caractéristiques  du 
genre  Priiiuîoisis.  On  pourrait  songera  créer  un  genre  intermédiaire;  mais 
les  caractères  de  Taxe  sont  les  mêmes  de  part  et  d'autre.  S.  J.  Hickson 
est  ainsi  amené  à  proposer  la  fusion  des  deux  genres,  le  plus  ancien,  le 
genre  Ceratoisis  E.  P.  Wright,  étant  seul  conservé. 

C.C.^'utting(4910),  dans  son  étude  des /v/f/c^de  l'expédition  du  «cSiboga», 
rappelle  que  les  spicules  des  Ceratoisis  sont  de  deux  types  généraux  : 
1°  en  fuseaux  véritables,  avec  ou  sans  verrues,  bifurques  ou  non  à  une 
extrémité  ;  2^  en  fuseaux  aplatis,  quelquefois  en  baiTes  avec  extrémités 
arrondies  ou  en  biscuits.  La  foi'uie  de  ces  spicules  peut  s'approcher  de 
celle  d'écaillés  ;  mais,  dans  ce  cas,  leurs  bords  ne  sont  pas  pectinc's,  ni 
garnis  de  processus  branchus,  mais  ils  sont  quelquefois  garnis  de  [letites 
pointes.  Ces  spicules  paraissent  être  à  C.  C.  Nutting  bien  distincts  de 
ceux  des  /'/■i//iaoisis,  et  cet  auteur  signale  à  ce  sujet  la  dill'érence  fra|)- 
pante  que  chacun  peut  constater  dans  la  planche  IX  du  mémoire  de 
Wright  et  Studer  sur  les  Aicyonaires  du  »  Challenger  »,  entre  les 
liL^ui'cs  l-)i  représentant  des  spicules  cVAca/irtfa  (tribu  des  CeratoisifUiiœ) 


ALCYONAIRES.  27 

t't  les  liiiures  (i-l  I  rchitivos  à  des  Mupsciiue.  D'après  le  savant  zoolojj|iste 
américain,  lo  Ce/yi/a/s/s  sjtirofa  de  llickson  n'est  f|n'a|ipai'emnient  inter- 
médiaire entre  les  deux  genres  ('eratoisis  et  Prl/i/noisis.  En  réalité,  les 
spicules  de  cette  espèce  n'ont  pas  véritablement  la  foi'nie  des  spicules 
caractéristiques  du  genre  Cri'a/o/sis  cl,  pai'  les  caractères  de  l'axe,  ainsi 
([ue  le  déclare  très  nettement  llickson,  le  ('fivi/nisis  spirafa  se  relie  étroi- 
tement au  genre  Priiinioisis.  Pour  (^.  V,.  Nutting,  le  ('/■ivloi.sis  spica/a  doit 
èlr(^  rangé  parmi  les  esj)èces  du  genre  Priiinioisis. 

A  la  même  conclusion  parai!  se  rallier  W.  Kiikentlial  il912)  dans  son 
travail  sur  les  Alcyonaires  l'ccueillis  jiar  la  «  Deutsche  Si'idpolar  Expé- 
dition »  à  la  station  du  «  Oauss  ».  I^e  Priiiinaisis  (tniidla  de  cet  auteur 
rappelle  le  Ccraloisis  spicafa  de  llickson  par  les  grands  spicules  saillants 
de  la  partie  supérieure  des  calices  ;  mais,  si  l'on  considère  les  autres 
spicules  qui  constituent  l'armature  des  polypes,  l'Alcyonaire  en  question 
ne  peut  être  détaché  dugenre  Prh7inoisis. 

Il  est  hors  de  doute,  ainsi  que  Dickson  le  mentionne,  qu'on  observe 
fréquemment  de  grandes  variations  dans  la  forme  des  spicules  chez  une 
même  espèce;  mais,  d'autre  part,  il  est  certain  que,  si  l'on  examine  atten- 
tivement non  pas  seulement  les  grands  spicules  saillants  du  sommet  des 
calices,  chez  certaines  (>spèces  do  Pr/////i>i/sis,  mais  aussi  les  autres  spicules 
formant  la  cuirasse  des  poly[)es.  on  peut  parvenir  à  séparer  les  espèces 
de  ce  genre  de  celles  du  genre  ('eratoisis \  dans  l'état  actuel  de  nos 
connaissances,  il  est  plus  sage  de  conserver  les  deux  genres. 

Le  {^enre  Prirmwisis  mis  à  |)arl,  les  autres  Mopaei/ue  se  ramifient  très 
généralement  dans  un  miMue  plan.  Le  genre  Mopsea  Lamouroux,  ipii 
donne  son  nom  à  la  tribu,  paraît  se  séparer  nettement  des  autres  par  les 
caractères  de  l'axe,  dont  les  entre-nœuds  calcaires  sont  lisses  ou  can- 
nelés et  dépourvus  d"(''pines  (I)  ;  c'est  celui  qui  compte  le  plus  d'espèces, 
et  il  semble  l)ien  hél(''r()gène  d'ailleurs,  par  la  variété  de  son  port,  de 
son  mode  de  ramilication,  et  aussi  de  celle  de  l'épaisseur  du  coMien- 
chyme  et  de  la  disposition  des  polypes.  Par  ses  espèces  à  ramifications 

(1)  Toutefois,  chez  la  ,1/opsca  dickotoma  L.,  d'a|ii-ès  Wuk.iiï  et  Sti'her  (toc.  cU.,  p.  42)  :  «  In  the 
slem,  llie  calcaieous  joints  aie  slii,'lilly  compresseJ  in  one  plane  and  disUnctly  lluled  longiUidi- 
nally  ;  sometinies  tiie  lil»^  l)et\veen  tlie  longitudinal  luiriius  sho«  sliarp  indenled  edges.  » 


28  ALCYONAIRES. 

nombreuses,  à  cœnenchyme  relativement  épais,  à  polypes  serrés  les  uns 
contre  les  autres,  comme  le  Mopsea  flahelhun  Thomson  et  Mackinnon, 
il  se  rattache  au  genre  Arantlion^is  "Wright  et  Studer.  Par  ses  espèces  à 
ramifications  très  réduites,  à  ccenenchyme  mince,  à  polypes  assez  lar- 
gement espacés  comme  le  Mopsea  alba  Nutting,  il  se  relie  au  genre  Notisis 
Gravier.  Les  deux  autres  genres  Peltastisis  Nutting  et  ('hclidnnisis  Studer 
ont  moins  d'affinité  avec  les  précédents  que  ceux-ci  n'en  ont  entre  eux. 
Le  premier,  par  les  spicules  de  ses  calices,  se  classe  parmi  les  Mopsriiue. 
Mais,  avec  ses  polypes  unisériés  et  ses  opercules  formés  chacun  de 
8  grandes  plaques  triangulaires  ou  quadrangulaires,  il  a  une  physionomie 
tout  à  fait  à  part.  Quant  au  genre  i'Iielidonish,  il  ne  se  relie  guère  aux 
Mopsemœ  que  par  les  côtes  dentelées  de  ses  entre-nœuds  calcaires  qui 
rappellent  celles  des  Ara/i/iio/sis  et  aussi,  quoique  à  un  moindre  degré, 
par  la  minceur  du  cœnenchyme  et  l'écartement  des  jKjlypes;  par  ses 
spicules,  il  appartient  indiscutablement  à  la  Irilni  di's  Isidiuœ.  Il  est  à 
noter  qu'on  ne  connaît  aujourd'hui  qu'une  seule  espèce  de  chacun  des 
genres  Acanthoisis,  Chelidoiiisis  et  ISntisis  et  deux  es[)èces  du  genre  Poilu- 
stisis.  Il  est  fort  possible  que,  lorsqu'on  aura  trouvé  d'autres  formes  de 
chacun  de  ces  genres,  on  soit  conduit  à  remanier  complètement  les  coupes 
génériques  de  cette  tribu,  dans  laipieUe  s'accuse  déjà  fortement  l'hétéro- 
généité du  genre  Mopsea  Lamouroux. 

Genre  PIUMNOISIS  Wright  et  Studer. 

Primnoisis  antarctica  (Studer). 
(PI.  III,  fig.  1-2.) 

1878.  —  Isis  anlarclica  Stider,  Ueliersicht  der  Anihozoa  Alcijonarin,  welche  wâhrend 
der  Reise  S.  M.  S.  Gazelle,  um  die  Erde  gesammelt  wuiden  (Monalsber.  der 
Akad.  der  IV/sse/isr/i.,  Berlin,  p.  G61,  Taf.  V,  fitr.  32). 

1889.  —  Primnoisis  anlarclica  Wright  et  Studkr,  Report  on  the  Alnjonnria  (Hepoi-l 
on  the  scienlific  Besnlls  of  llie  Voiiaye  af  H.  M.  S.  Challenger.  Zool.,  vol.  XXXI, 
p.  30,  PI.  VIII,  fig.  2,  2%  2"  ;  PI.  IX,  fig.  8). 

1907.  —  Caraloisis  (Primnoisis)  anlarclica  IIickson,  Cœlentera  Alcyonaria  [Nulional 
Anlarclic  Expédition,  Naliiral  Hislonj,  vol.  III,  p.  6,  PI.  Il,  fig.  13,  M,  là). 

1912.  —  Primnoisis  anlarclica  Klkenthal,  Die  Alcyonaria  {Deutsche  Siidpolar  Expé- 
dition 1901-190.3,  Bd.  XIII,  Zoologie,  V,  p.  340,  PI.  XXIII,  fig.  18  et  19,  Text., 
fig.  55-57). 

A  l'entrée  de  la  baie  Marguerite,  entre  l'île  Jennv  et  la  Terre  Adélaïde 


ALCYON  AIRES. 


29 


1  lalitiult'  :  (17°  i))'S.;  lonj^iluclr  :  08o33' W.),  le  »  l'ourquoi  Pas?  »  aramené 
(11111  fond  (If  roches  et  cl(^  i^ravior,  à '251  mètres  de  profondeur,  un  oxeiii- 
[)laire  en  bon  (Mat et  (rois  Cragnieiils  mal  eonserv(''S  de  l'iiniiii)isi.s  aidaritira 
(Studer).  Le  jtremier  nest  probablement  (|u'une  branche  détachée  d'une 
colonie  d'assez  grandes  dimensions  l'I.  III,  Hj;.  12).  L'axe  principal,  qui 
présente  deux  coudes  bien  marqués,  mesure  1 1  c(Mitim('tres  de  longueur. 
Assez  largement  espacés 
sur  certaines  branches, 
plus  serrés  sur  certaines 
autres,  les  polypes  sont 
particulièrement  denses 
dans  la  région  distale 
des  ramifications,  comme 
chez  beaucoup  d'Alcyo-  c^^%jv^ 
naires.Nullepart,jen'ob-  (1  °  t .° '^ 
serve  la  disposition  spi-  7  nf^l  '  ''  /7'"V 
raléedont  parlent  Wright  \^ 

et  Studer.  Leur  inclinai- 
son sur  l'axe  qui  les  porte 
est  variable  ;  ils  sont 
tantôt  normaux  à  l'axe, 

tantôt  plus  ou  moins  recourbés  sur  ce  dernier  ;  ce  caractère  n'a  d'ailleurs 
qu'une  importance  très  relative.  L'écorce  et  les  polypes  présentent  bien  la 
spiculation  figurée  par  Wrightet  Studeretpar  W.  KiikenthaKfig.  14-20). 
Ainsi  ([ue  ce  dernier  auteur  l'indique,  les  polypes  sont,  en  général, 
renflés  au  sommet  et  un  peu  élargis  à  la  base.  Les  branches  s'insèrent 
sur  les  entre-nœuds  suivant  deux  diversions  rectangulaires  en  général. 
Dans  son  ensemble,  la  colonie  est  principalement  développée  dans  un 
plan,  parce  que,  dans  ce  plan,  toutes  les  branches  sont  beaucoup  plus 
grandes  que  dans  le  plan  perpendiculaire  à  ce  dernier  et  passant  par  l'axe. 
Chaque  entre-nœud  porte  fréquemment  quatre  branches  orientées  dans 
deux  directions  normales  l'une  à  l'autre,  mais  sur  certains  entre-nœuds, 
qui  ont  de  9  à  10  millimètres  de  longueur,  on  compte  cinq,  six,  sept  et 
mihne  huit  bi'anches,  dont  la  [)lu|»art  restent  indivises. 


m. 


Jô. 


J9. 


20. 


W\« 


l'i-20.   —  Spicules  dos  polypes  et  de  rOcorce  de  Pritniioisis 
antarclica  (Studer). 


30  ALCYOKAIRES. 

Sur  deux  points,  les  ubservations  que  j'ai  pu  iairc  l'elativenieiit  à   ces 

Primnoisix  du  »  Tourquoi  Pas  ?  n  diffèrent  de  celles  de  Wrii'ht  et  Studer. 

1°  Le  nombre  des  branches  Issues  d'un   même  entre-nœud    n'est   pas 

constamment  quatre;  il  est  même  généralement  supéiieurà  quatre  et  peut 

s'élever  à  huit; 

2°  Les  branches  ne  sont  pas  toutes  orientées  suivant  quati'e  directions  ; 
dans  certains  entre-nœuds,  il  y  en  a  cimi  ou  six. 

W.Kïikenthal  (1912ja  fait  remarquerque,  chezla  riinniorlld  antarrlira 
du  "  Gauss  »  qu'il  a  étudiée,  certains  entre-nœuds  plus  longs  que  les 
autres  donnent  naissance  à  plus  de  quatre  branches;  il  est  fort  probable 
que  dans  ces  entre-noMids  les  Ijranehes  ne  s'orientent  pas  toutes  suivant 
quatre  directions.  Je  suis  porté  à  croire,  avec  le  savant  zoologiste  de  IJres- 
lau,  que  les  deux  dill'érences  signalées  plus  haut  ne  suIRsent  pas  à  justitier 
la  séparation  tb"  la  l'r'unnnis'isa/ifdrdicd  et  de  la  l'/uiiiidisis raïuosd  Thom- 
son et  Kitcbie.  Les  caractères  tirés  des  polypes  et  surtout  de  leur  spicu- 
lation  ont  plus  de  fixité'  et  doivent  avoir  la  prééminence. 

Grâce  à  la  complaisance  de  M.  L.  lioule,  j'ai  pu  examiner  les  P/'it/inoisis 
recueillies  par  le  Français  et  qu'il  avait  rappportées  avec  réscM've  à  la  Prim- 
iidisis  /d/dosa  Thomson  et  Ritchie,  ajoutant  que  <>  cette  espèce  se  ra|)proche 
loi't  de  Prininoisis  antarclica  Wright  et  Stucb^r  ».  (les  exemplaires  sont 
d'ailleurs  en  mauvais  état  de  conservation.  La  plupart  sont  r<Mliiits  à  leur 
axe  ;  les  spicules  de  presque  tous  les  polypes  restants  ont  disparu,   vrai- 
semblablement parce  que  ces  Alcyonaires  ont  séjourné  quelque  temps 
dans  un  liquide  à  réaction  acide.  D'après  ce  qu'on  peut  voirsuries  polypes 
qui  ont  conservé  plus  ou  moins  complètement  leur  aianature,  il    send>le 
incontestable  qu'il  s'agit  bien  ici  de  la  Piiutnoisis  antdicticd,  ce  que  con- 
firme d'ailleurs  l'examen  attentif  du  S(]uelette  de  ces  Isidu'  de  la  première 
expédition  antarctique  française.  Lu  certain  nombre  d'exemplaires  —  tous 
incomplets  — sont  de  véritables  hôtelleries  ;  on  ti-ouve  fixés  sur  eux  de 
•    gros  Foraminifères,  des  Eponges,    des  Bryozoaires,  des  Annélides  Poly- 
chètes  (des  Térébelliens  surtout),  des  Tuniciers,  etc.,  sans  compter  des 
Algues  et  des  galles  de  Crustacés  parasites.  En  quelques  points,    on  voit 
des  anomalies  de  croissance  des  entre-nœuds  calcaires  dues  probablement 
aussi  à  l'action  de  quelques  parasites. 


ALCYON  AIRES.  31 

Lm  /'r//ii//o/s/s  (Dilarrtirn  a. été  (lécouvorto  nu  cours  do  rexpédilioii  do 
l;i  «  (jtizoUe  I)  aux  Korguelon,  à  OU  Ijrasscs  (  1  OSmètros j  de  profondeur  ;  puis 
elle  fut  recueillie  par  le  «  Challenger))  à  lîle  du  Prince-Edouard,  àSiObras- 
ses(560  mètres)  do  profondeur.  Elle  a  été  également  trouvée  par  plusieurs 
expéditions  récentes  dans  les  eaux  antarctiques  pro[)reiuent  dites  :  |iar 
la  M  Discovery  »,  à  Mac-Murdo  lîay,  à  des  profondeurs  variant  do  iO  à 
120 brasses (3(3  mètresà  216  mètres), par  le  <■  Gauss  »,  à  la  station dumème 
nom,  à  350  mètres  do  profondeur  ;  par  le  "  Pourquoi  Pas  ?  »  entre  File 
Jouiiy  vi  la  Terre  Adélaïde,  à  TW  moti'os  de  profondeur,  et  auparavant, 
dans  les  mêmes  parages,  par  le  »  Français  »,  à  l'île  Anvers  et  à  la  haie 
Biscoë,  à  110  mètres  do  profondoui',  et  aussi  par  la  '<  Scotia  »  à  la  sta- 
tion m  (latitude  :  1  \o  \'  S.  ;  longitude  :  22°  W.),  à  la  profondeur  de 
101  brasses  (200  mètres). 

Étant  donnée  retendue  de  cette  aire  de  distribution  géographique,  il 
n'est  pas  invraisemblable  de  penser  que  la  Pr'nnnnisis  ((/i/{ncl/ca'èiudQr('s[ 
une  forme  circumpolaire  antarcliquo. 

Primnoisis  formosa  Gravier. 
(PI.  I,fig.3-5.) 

1913.  —  Primnoisis  formosa  Gravier,  Deuxième  Expédition  anlarctique  française 
19(J8-1910,  Alcyonaires  (F^  note  pr('liniinaire)  {Bull,  dit  Mus.  d'hisl.  naliir., 
t.  XIX,  p.  453). 

Cotte  bellees])èce  de  /^/v'yy^/^o/.s/.saétédraguéepar  le  «  Pourquoi  Pas?  >■  on 
plusieurs  points  de  l'Antarctique  sud-américaine.  Une  colonie  entière,  imi 
bon  état,  ayant  12  centimètres  de  hauteur,  provient  dun  dragage  fait  le 
20  janvier  lOO'J.  dans  la  baie  Marguerite,  à  170  mètr(>s  de  profondeur, 
sur  un  fond  de  roches,  gravier,  vase,  .le  rapporte  avec  quelque  réserve  à 
la  même  espèce  deux  exemplaires  de  petite  taille,  dépourvus  de  leurs  po- 
lypes, réduits  à  leur  squelette  par  conséquent,  et  qui  ont  été  trouvés  dans 
lesmatériauxd'un  dragage  faitle  12janvier  1910, 01  bordure  de  la  banquise 
(latitude:  70°  lO'S.;  longitude:  78^30' W.), à  iOO  mètres  de  profondeur, 
sur  un  fond  de  sable  vaseux  avec  de  nombreuxcailloux.  Knlin,  à  l'entrée  de 
la  baie  Marguerite,  entre  l'ileJenny  et  la  Terre  Adélaïde  (latitude:67o45'S.  ; 
longitude  :  68°  33'  W.  ) ,  un  dragage  à  254  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond 
derocheset  de  gravier,  a  ramené  deuxexemplairesdelamème  espèce.  L'un 


32  ALCYONAIRES. 

d'eux  est  un  fragment  de  10  centimètres  de  hauteur,  auquel  il  manque  les 
deux  extrémités  ;  le  second  est  une  superbe  colonie  à  laquelle  la  base  man- 
que (PI.  I,  fig.  3).  L'axe  principal,  ([ui  présente  des  cannelures  longilu- 
dinalesbien  marquées, a  2o  centimètres  environ  de  longueur  ;  le  diamètre 
à  la  base  est  de  J™™,5.  L'ensemble  a  la  forme  d'un  fuseau  dont  la  plus 
grande  largeur  est  de  4'='", 5. 

Les  branches  insérées  tout  autour  de  Taxe  sont  également  développées 
dans  toutes  les  directions  ;  elles  forment  un  angle  aigu  avec  la  portion 
de  l'axe  principal  (|ui  les  surmonte.  Deux  d'entre  elles,  particulièrement 
grandes,  ont,  l'une  7,  l'auti'e  8  centimètres  de  longueur  ;  mais  la  plupart 
d'entre  elles  ont,  au  plus,  3  centimètres.  Elles  se  ramifient  au  second  et 
même  au  troisième  degré.  Certains  entre-nœuds  portent  de  douze  à 
quinze  branches  ;  à  cause  de  leur  gracilité,  elles  ne  forment  j)as  un  en- 
semble compact.  A  labasede  l'axe  principal,  les  entre-nœuds  calcaires  ont 
3  millimètres  de  hauteur  ;  plus  haut,  ils  s'allongent  sans  dépasseï'  7  mil- 
limètres ;  sur  les  branches  principales,  les  plus  grands  entre-nœuds  ont 
de  0  à  7  millimètres.  Les  polypes  s'insèrent  tout  autour  des  branches 
(PI.  I,  lig.  4  et  ">),  non  seulement  sur  les  ramifications  du  second  ou  du 
troisième  degré,  mais,  en  outre,  sur  les  branches  principales  et  sur  l'axe 
principal  lui-même.  Ces  polypes  sont  de  petite  taille,  la  plupart  ayant  de 
0mm  5  à  0"i"i,8  de  hauteur;    ils   sont  incurvés  sur  l'axe  qui  les  porte 

2 

(fig.  21).  Sur  beaucoup  de  branches,  ils  sont  disposés  suivant  le  cycle  ^ 

On  en  compte  au  moins  une  vingtaine  par  centimètre  de  longueur  sur  les 
ramifications  du  second  et  du  troisième  ordre. 

Une  forte  cuirasse  enveloppe  ces  polypes.  Les  spicules  qui  la  consti- 
tuent ont  la  forme  d'écaillés  allongées,  à  bord  antérieur  assez  régulière- 
ment convexe,  avec  des  dents  fort  développées  (fig.  22  et  23)  ;  le  bord 
postérieur  est  très  irrégulièrement  et  |)rofondément  découpé  ;  on  observe 
des  verrues  assez  clairsemées  à  leur  surface.  La  forme  et  la  taille  de  ces 
écailles  sont  fort  variées  ;  les  plus  grandes  n'ont  pas  plus  de  O'^''^,2o  à 
à  0"'"\28  de  longueur  et  0™"\  1  de  largeur.  Les  spicules  de  l'c-corce 
ont  des  formes  également  diverses;  la  plupart  sont  en  bâtonnets  droits  ou 
arqués,  plus  ou  moins  trapus,   de  largeur  tantôt  uniforme,  tantôt  variée 


ALCYONAIRES. 


33 


(^tig.  24et2o),  avec  des  contours  très  ii'ré!i,ulièi('m(Mit  lobés  et  des  verrues 
éparses  à  leur  surface.  Les  plus  grands  sont 
presque  aussi  longs  que  ceux  des  polypes, 
nuus  leur  largeur  est  toujour's  notablement 
moindre.  Les  tentacules  sont  également 
protégés  par  des  spicules  de  mêmes  carac- 
tères que  ceux  des  polypes  et  qui  dessinent 
un  opercule  presque  aussi  nettement  indiqué 
que  chez  [a  Prl/tuioisis  (iiilarctica  (Studer). 
A  la  base  de  beaucoup  de  polypes,  on 
voit  un  œuf  unique  et  volumineux.  En 
outre,  certains  polypes,  moins  hauts,  mais 
fréquemment  plus  larges  que  les  autres, 
en  forme  de  dôme,  sont  presque  com- 
plètement rem|)lis  par  un  u-uf  beaucoup 
plus  gros  que  ceux  des  polypes  normaux 
et  libre  dans  la  cavité  qui  le  contient.  Il  y  a  là,  sans  doute,  un  mode  d'in- 


6?"-^ 


27. 


Fig.  -\.  —  Un  polype,  avec  son 
armature  tic  spicules. 


22 


Fig.  22-23.  —  Spicules  des  polypes.  —  Fig.  24-2 
Expédition  Chavcot.  —  Guavieh.  —  Alcyonaires. 


Spicules  de  l'écorce. 


34  ALCYONAIRES. 

cubation  analogue  à  celui  que  présente  la  Mopstea  (jrdclth  (îravicr  et  dont 

il  esl  question  plus  loin. 

Chez  quelques  colonies,  j'ai  observé  la  présence  de  galles  d'aspect  el 

de  dimensions  variés  ;  colle  qui  est 
représentée  figure  20  est  la  plus  grande 
de  celles  que  j'ai  examinées;  elle  mesu- 
rait 3""", 6  de  longueur  et  elle  englobait 
la  base  de  plusieurs  branches  issues  de 
l'axe  principal.  J'ai  trouvé  à  son  intérieur 
trois  Crustacés,  dont  un  beaucoup  plus 
grand  que  les  deux  autres.  La  surface 
de  la  galle  en  question  est  à  peu  près 
unie  extérieurement  et  présente  une 
grosse  saillie  sur  le  côté.  D'autres  galles 
du  même  ordre  ont  leur  surface  toute 
bosselée  et  comme  formée  par  la  paroi 
de  plusieurs  polypes  soudés  ;  ce  sont 
2Q  même    les    plus  fréquentes.  Elles    con- 

Fig.  i<s.  -  Galle  pioduili-  par  un  Ciustaco    tiennent  le  plus  souvent  deux  (et  parfois 

parasite  [Isklicola  anlttrrtica  Gravier). 

davantage)  parasites  ;  quand  il  se  trouve 
plusieurs  parasites  à  l'intérieur  d'une  galle,  il  n'y  en  a  jamais  qu'un  seul 
de  grande  taille. 

La  Priiiuvtisiis  décrite  ci-dessus,  que  j'ai  proposé  d'appeler  Priinnoisis 
formosa,  se  distingue  nettement  de  toutes  celles  qui  ont  été  décrites 
jusqu'ici  par  Studer  et  Wright,  llickson,  Thomson  etllitchieetKiikenthal. 

Genre   3I0PSEA   I.amouroux. 


Mopsea  elongata  Roule. 

(l'I.  IV,  fis.  17-19.) 

190S.   — •  Mopsea  elonijala  Roule.  Expédition  antarctique  française,  1903-1905.  Alcyo- 
naires,  p.  5,  PI.  I,  fig.  1,2,3,4. 

Ti'ois  fragments,  — qui  appartenaient  peut-être  à  la  même  colonie,  —  de 
cette  espèce  ont  été  dragués  par  le  «  Pourquoi  Pas?  »  le  9  décembre  1909 


ALCYON  AIRES.  35 

à  l'ilc  l)LH'('|)li()n  (  l'oi't-h'ostcr),  ;i  I  .'iO  iiiMrcs  de  proroiulciir,  sui'  un  l'oiul 
vaseux;  la  l('in[)éi'aliiro  de  Tcau  au  lu u cl  l' Lait,  do  —  [°,'i.  Le  plus  f;i"uid 
crentro  eux  mesure  l(»cm^;;  de  hauteur  ;  la  pai'tie  basilaire,  détachée  du 
support,  se  ramifie  en  fausse  dichotomie  ;  les  hranches,  longues  et  grêles, 
paraissent  se  développer  dans  un  même  plan  et  presque  parallèlement  les 
unes  aux  autres  (PI.  W,  lîg.  17). 

A  la  base,  i'entre-nœud  calcaire  a  3'ii'«,5  de  longueur  et  0™"',7  de  dia- 


(PT^ 


l'i;,'.  '2'. —  L'n  cnliv-nu'ud  ilu  l'axo  calcairr,  avec  ses  saillies  ilisposocs  en  séiics  lonf,'iluilinalcs.  —  Fig.  28. 
—  l'ai'lic  inlL-rieiiro  d'un  eriti'i.'-iHfiKl,  plus  l'ortciiR'iil  grossie.  —  Fiç.  2!).  —  IJisposiUon  ilrs  polypes 
clans  la  région  inoycnni'  des  lii-ani.lies.  —  Fig.  30.  —  Un  polype  avec  son  arnialui-e  do  spicules. 


mètre^,  la  longueur  de  cette  partie  de  squelette  varie  peu,  mais  le  diamètre 
décroit  dans  les  branches  issues  du  tronc  basilaire.  Ces  entre-nœuds  cal- 
caires présentent  des  cannelures  longitudinales  peu  profondes  ;  sur  les 


36  '  ALCYONAIRES. 

saillies  qui  séparent  les  dépressions,  se  dressent  des  épines  (fig.  27), iné- 
galement espacées,  alignées  en  s(''ries  longitudinales  et  beaucoup  plus 
marquées  sur  les  entre-nœuds  des  branches  que  sur  ceux  de  la  base.  Sur 
les  plus  petites  ramifications,  ces  épines  sont  insérées  sur  de  véritables 
crêtes  (fig.  28),  comme  dans  le  genre  Acanthoisis  Studer,mais  moins  nom- 
breuses que  chez  ce  dernier. 

Les  polypes  sont  insérés  isolément  en  spires  ;  leur  nombre,  par  unité 
de  longueur,  varie  :  dans  la  région  moyenne  des  branches  (fig.  29j,  il  y  en 
a  une  quinzaine  par  centimètre  de  longueur  ;  ce  nombre  devient  plus 
élevé  dans  la  partie  terminale  des  branches,  comme  c'est  généralement 
le  cas  chez  les  Alcyonaires  ramifiés.  Le  parenchyme  parait  être  relative- 
ment épais,  surtout  en  certains  points  ;  les  branches  sont  noueuses  :  la 
cause  de  cet  aspect  sera  expliquée  plus  loin.  Les  polypes  sont  assez  for- 
tement inclinés,  en  général,  sur  l'axe  qui  les  porte  ;  ils  sont  peu  saillants 
(fig.  29  et  30),  car  leur  hauteur,  au-dessus  du  parenchyme,  dépasse  rare- 
ment 0'"'^,5.  Ils  sont  recouverts  complètement  d'une  solide  cuirasse  de 
spicules  ;  les  tentacules,  relativement  bien  développés,  sont  protégés,  sur 
leur  face  externe,  par  dessclérites  des  mêmes  types  que  ceux  des  polypes, 
mais  plus  petits  et  qui  constituent  une  sorte  de  large  opercule  au  calice. 

Les  spicules  (fig.  31,32,33  et  3'(i  ont  la  forme  d'écaillés  à  contour  très 
profondément  incisé  et  déchiqueté  par  endroits.  La  plupart  d'entre  eux 
sont  considérablement  renforcés  par  des  saillies  coniques,  dont  le  déve- 
loppement est  comparable  aux  dents  du  bord  externe  ;  quelques-uns 
(fig.  34)  sont  moins  fortement  armés.  Les  plus  grands  ont  jusqu'à  0™°^,2() 
de  longueur  et  0™'",  1 0  dans  leur  plus  grande  largeur.  Dans  le  cœnenchyme, 
on  trouve  surtout  des  s})icules  de  forme  très  allongée,  en  bâtonnets  plus 
ou  moins  arqués  ou  coudés  (fig.  35,  30  et  37 1,  avec  des  saillies  de  déve- 
loppement très  inégal  :  la  répartition  de  ces  saillies  est  très  irrégulière. 
La  longueur  de  ces  bâtonnets  noueux  |)eut  atteindre  0™™,4. 

Cet  Alcyonaire  est  à  identifier  avec  la  forme  décrite  par  L.  Roule  sous 
le  nom  de  Mopsea  eloiujnta  rapportée  par  le  "Français  »  de  la  première 
expédition  antarctique  française  et  provenant  i)robablement  de  file  lîooth- 
Wandel.  L'exemplaire  étudié  par  Roule  était  aussi  un  fragment  de  colonie 
mesurant  de  20  à  2o  centimètres  de  hauteur  (PI.  IV,  fig,  18  et  19),   bien 


ALCYON  AIRES.  37 

moins  incoin[)lol   ccpeiuhuil  (jik-  les  loul  polils  Iraf^inciiis   provenaiil  du 
«  Pourquoi  Pas?  ».  J'ai  pu  m'assurer,  sur  rexemplairc  du  «  Français  », 


Fig.  31-34.  —    Divers  types  de   spicules  recouvrant   les  polypes.   —  Fi;,'.  3o-37. 

chyme. 


Spicules  (lu   cœnen- 


que  les  entre-nieuds  calcaires  de  la  base,  comme  ceux  des  branches, 
présentent  des  épines  disposées  en  séries  longitudinales  assez  nombreuses 
dans  la  région  basilaire,  mais  non  inséréessur  des  crêtes  saillantes,  comme 
chez  les  Acanthoisis.  D'après  L.  Roule,  le  port  de  la  Mopsea  elongata 
dillere  de  celui  de  la  Mopsea  cUchotoma  Lamouroux  ;en  outre,  les  polypes 
sont  beaucoup  moins  serrés  chez  la  première  que  chez  la  dernière.  Ce 
caractère  et  celui  qui  est  tiré  de  la  présence  d'épines  en  séries  longitu- 
dinales sur  les  entre-nœuds  calcaires  rapprochent  l'Alcyonaire  en  ques- 
tion de  celui  qui  est  décrit  plus  loin  sous  le  nom  de  Notisis  firuiilis  Gra- 
vier ;  peut-être  ces  deux  espèces  doivent-elles  être  rangées  dans  le  même 


38  ALCYONAIRES. 

i;enr(\  On  no  pourra  avoir  d'opinion  ferme  à  ce  sujet  que  lorsqu'on  aura 
jiu  faire  la  revision  de  la  Iriliu  des  Mopsci/ue.  Provisoirement,  le  Goryo- 

nidé  des  iles  Booth-Waiidel  et  Déception 
peut  rester  incorporé  au  genre  Mopsea, 
([ui  paraît  être  bien  hétérogène.  D'ailleurs 
on  manque  de  renseignements  touchant 
la  présence  ou  l'absence  d'épines  sur  les 
entre-nceuds  de  l'axe  de  diverses  espèces 
de  Mopsea.  Toutefois,  chez  la  Mnpsen 
(lirhotonid,  d'après  Wright  et  Studer 
(1889i  :  "  In  lln'  stnii,  llie  calearcous  Joints 
(irr  sUfilitlji  conip/'css/'d  iit  oiic  plane  luul 
(lislincth/  jliilrd  loiifiilinrutd/h/  :  .saii/e- 
/////('s,  IId'  r'ihs  belirceii  tlic  litn(jUii(ii){(il 
fil  murs  s/iuir  s/iar/)  indented  edges.  » 

Dans  les  parties  renllées  des  branches 
qui  ont,  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  un 
aspect  noueux,  on  trouve  toujours  un, 
parfois  ileux  leufs  volumineux  à  chat(ue 
polype  ;  (piand  il  y  en  a  deux,  l'un  d'eux 
est  beaucoup  moins  dévelo|)pé  que  l'au- 
tre. Ces  (cufs  (tig.  38)  sont  libres  de  toute 
adhérence  ;  quelques-uns  d'entre  eux  ont 
jusqu'à  0""",70  de  diamètre  ;  ils  ont 
parfois  une  forme  allongée.  Leurs  dimensions  sont  considérables  par 
rappoi't  à  celles  des  polypes  qui,  à  peu  près  aussi  larges  que  hauts,  ne  s'(''- 
lèvent  guère  au-dessus  du  parenchyme  à  [dus  de  0""",.").  Il  s'agit  ici 
d'un  |)hénomène  d'incubation.  L'œuf  ne  reste  pas  à  l'intérieur  du  polype 
dont  il  provient  et  qui  ne  peut  plus  l'abriter,  faute  de  place,  dans  la  der- 
nière phase  de  sa  croissance. 


3S. 

Fig.  38. —  Un  œuf  en  pUici',  à  la  bii^c  d'un 
polype,  visible  giàce  à  une  dOcliiruie 
(lu  cœnenchvnie. 


Mopsea  gracilis  Gravier. 
(PI.  VI,  fig.  26-27.) 

1913.    — •  Mopsea  gracilis  Gravier.  Deuxième  Expédition   antarctiiiue  française,  19US- 


ALCYON  AIRES. 


39 


l'.UO.  Ali-yonaires  [l'"^'  nule  prrliiuinaire)  {Bull,  du  Mus.  d'hisl.  nalur.,  l.  XIX 
p.  154). 

F'Iusiciirs  exemplaires  de  celte  MopseltLr  provieiiiieiil  <ruii  draf^a^c  l'ait 
à  l'eiitriMMle  la  l^aie  MargiKM'ile,  entre  rîlr'Jenny  et  la  Terre  Adi''iaïde(lati- 
fiidc  :(')7°  iii'S.  ;longitude  :  0So;{;5'W.),  à  2oi  mètres  de  profondeur,  sur  un 
fond  do  roches  et  de  gravier.  Aucun  de  ces  exemplaires,  qui  ont  tous  pris 
dans  l'alcool  une  couleur  Idanc  jaunâtre,  n'es!  intact.  Le  inoins  incom[)let 
a  (i  centimètres  de  hauteur  et  (i'^^^o  dans  sa  plus 
grande  largeur  il*l.  VI,  iîg.  2()).  La  colonie  s;:*  dé- 
veloppe dans  un  plan.  L'axe  principal,  didaché 
de  son  support,  a  ()'"'", 0  de  diamètre  à  sa  hase  ; 
il  porte  de  chaque  côté  des  Ijranches  plus  grêles 
encore,  assez  largement  espacées  et  n'alternant 
pas  régulièrement  ;  l'une  des  branches  principales 
se  ramilie  de  la  même  laron.  In  entre-mend  ne 
porte  (pi'uni^  ou  deux  liranches,  et  tous  n'en  ont 
pas  ;  on  ne  voit  nulle  part  le  nanid  hasilaire  d'une 
ramification  se  fusionner  avec  le  nœud  le  plus  voi- 
sin de  la  branche  rpii  la  porte.  L'ensemble  est  très 
grêle,  très  lâche,  etcependant  il  peut  s'établir  des 
anastomoses  entre  les  branches,  (IM.  VI,  fig.  2ij]. 
Les  entre-nœuds  calcaires,  dont  la  surface  est 
unie,  ont,  à  la  base,  i"™,!)  de  longueur  et,  dans 
les  branches,  G  millimètres  an  plus. 

Une  autre  colonie,  dont  la  ramification  n'est 
conservée  que  d'un  côté  seulement,  a  5''"^,5  de 
hauteur;  deux  autres  fragments  encore  plus  réduits 
ont  la  même  provenance  que  les  précédents. 

Les  polypes  sont  insérés   tout  autour  de   l'axe 
(l'I.  VI,  fig.  27)   et  assez  serrc'-s  les  uns  contre  les 
autres,  plus  dans  la  partie   terminale  que  dans  la 
iV'gion  moyenne  des  branches  (fig.  39).  Les  plus  grands  d'entre  eux  ne 
dépassent  guère  1  millimèlre  de  hauteur  ;  ils  sont   renllés  au-dessous  de 
leur  sommet  et  élargis  également  à  leur  hase.  Un  grand  nombre   d'entre 


59- 

Fif,'.  39.  —  I)is|iosilion  lies 
jiolypu-i  dans  l;i  rûgioii 
iiiovenne  des  Ijianclics. 


40 


ALCYONAIRES. 


eux  sont  incurvés  fortement  vers  l'axe  qui  les  porte.  Ils  sont  entièrement 
recouverts  par  nne  cuirasse  de  spicules  calcaires  imbriqués  qui,  dans  la 
partie  supérieure  seulement,  sont  disposés  en  séries  lont;itudinales  cor- 
respondant respectivement  aux  tentacules,  formantainsi  un  opercule  octo- 
radié  au  calice  (fig.  40).  Les  écailles  dn  corps  des  polypes  (lig.  40  et  41  )  ont 
plus  ou  moins  la  forme  d'un  croissant;  leur  bord  antérieur  est  nettement 


Fig.  40-41.  —  Spicules  recouvrant  les   polypes.  —   Fig.  42.  —  Spicule   des  tentacules.  —  Fig.    43-45.  — 
Spicules  du  cœncnchynie.  —  Fig.  46.  —  Un  polype  avec  son  ai-niature  de  spicules. 

convexe;  leur  contour  est  profondément  (U  irrégulièrement  (h'chiqueté  ; 
leur  face  externe  est  renforcée  do  verrues  plus  ou  moins  nombreuses, 
de  taille  pou  considérable,  en  gén(''ral.  Do  dimensions  très  variées,  les  plus 
grands  ne  dépassent  guère  0'"'n,22  en  longueur  et  0"^"i,07;)  en  largeur. 
Sur  les  tentacules,  ces  écailles  deviennent  des  croissants  étroits  et  forte- 
ment arqués,  à  contour  crénelé  (iîg.  42),  régulièrement  emboîtés,  à  bord 
antérieur  convexe. 

Dans  le  cœnenchyme,  l'armature  est  constituée  par  des  spicules  de 


ALCYONAIRES.  41 

foriiu'  ;illong(''e,  dont  la  surface  esl  louLeiR'rissée  de  grosses  saillies  elles- 
mêmes  couvertes  de  petites  verrues  qui  leur  donnent  un  aspect  cliaj^riué 
(tîg.  44  et  4o)  ;  quelques-uns  sont  arqués  et  grêles  (fig.  43).  De  tailles  très 
diverses,  ces  spicules  peuvent  mesurer  jusqu'à  0"i«i,2a  de  longueur  et 
de  Ornm^o?  à  0nim^08  de  largeur  maxima. 

Outre  les  polypes  dont  il  vient  d'être  question  et  qu'on  peut  qualifier 


Fi^'.  47.  —  Galle  à  surface  unie,  qu'on  oliserve  sur  certaines  brandies.  —  Fig.  IS,  —  Aulretype  de  galle, 
à  surlace  mamelonnée.  —  Fig.  49.  —  Autre  type  de  galle,  dans  laquelle  chaque  .saillie  correspond  à 
un  polype. —  Fig.  50.  —  L'une  des  saillies  de  la  galle  de  la  figure  49,  ouverte  à  sa  base  pour  faire  voir 
l'iiuf  cpi'elle  contient.  —  Fig.  51.  —  UEuf  enveloppé  dans  un  polype  clos. 

de  normaux,  on  voit  çà  et  là,  stii'  les  branches  (fig.  39),  d'autres  polypes 
clos,  en  forme  de  dôme  (fig.  51)  sans  tentacules  apparents  et  dans  lesquels 
on  aperçoit,  par  transparence,  un  œuf  très  volumineux  qui  remplit  presque 
entièrement  la  cavité  correspondante.  D'ailleurs,  à  la  base  de  certains 
polypes  normaux,  il  existe  un  œuf  unique,  bien  moindre  cependant  ([ue 

Expédition  C/iarcot.  —  Graviku.  —  .\lcyonaires.  0 


42  ALCYONAIRES. 

ceux  des  polypes  en  dùiiie,  que  l'on  doit  considérer  comme  des  polypes 
incubateurs.  Il  y  a  donc  ici,  parmi  les  polypes,  un  dimorphisme  très  net, 
qui  n'est  pas  sans  analogie  avec  celui  qu'on  observe  chez  certains  polypes 
bydraires. 

(^e  dimorphisme  parait  être  réalisé  chez  d'autres  Isidœ  de  la  tribu  des 
Muijse'mœ.  Ainsi  Nuttini^  (1910)  mentionne  que,  chez  le  Peltastisis  uni.se- 
ria/is  Nutting,  il  y  a,  dans  le  cœnenchyme  des  branches,  comme  dans 
celui  de  l'axe  de  la  colonie,  des  renflements  alternant  régulièrement  avec 
les  polypes  et  contenant  des  œufs.  Ue  même,  chez  le  Peltdstisis  conuda 
Nutting,  il  existe  des  saillies  arrondies  recouvrant  des  œufs.  11  est  à  pré- 
sumer que  ces  renflements  et  ces  saillies  remplis  d'œufs  ne  sont  autre 
chose  que  des  polypes  incubateurs. 

Sur  certaines  branches  de  la  colonie,  on  remarque  des  excroissances 
]ilus  ou  moins  volumineuses  correspondant  à  l'emplacement  de  plusieurs 
polypes.  L(>s  unes  (fig.  47)  ont  leur  surface  assez  régulièrement  convexe; 
les  autres  présentent  des  saillies  qui  paraissent  correspondre,  au  moins 
en  partie,  aux  polypes  originellement  formés  sur  l'emplacement  de  la 
galle  (fig.  18).  Les  plus  grandes  de  ces  excroissances  ont  3  millimètres 
de  longueur  et  1""",^)  dans  leur  plus  grande  largeur.  Quelle  que  soit  leur 
forme,  on  trouve,  à  l'intérieur  de  la  cavité  circonscrite  par  une  paroi 
mince,  tantôt  deux,  tantôt  trois  (et  parfois  davantage)  Copépodes  parasites 
qui  sont  de  tailles  diflférentes  dans  les  deux  derniers  cas.  On  trouve 
même,  en  certains  points,  des  saillies  de  même  ordre,  où  les  polypes  con- 
stituants sont  encore  plus  nettement  distincts  que  dans  la  galle  figure  18. 
Ainsi,  dans  la  galle  représentée  par  la  figure  49,  chaque  saillie  cor- 
respond visiblement  à  un  polype  clos;  si  Ton  fait  une  section  transversale 
dans  l'une  de  ces  saillies,  on  y  trouve  un  œuf  très  gros  (fig.  'iO)  ayant 
jusqu'à  0™",i."j  de  diamètre,  remplissant  presque  complètement  la 
cavité  qu'il  occupe,  quiest  comme  modelée  sur  lui,  et  apparemment  iden- 
tique à  ceux  qu'on  trouve  dans  les  polypes  incubateurs  dont  il  est 
question  plus  haut.  Dans  ce  groupement  de  polypes,  je  trouve  au  fond,  du 
côté  externe,  trois  Copépodes  parasites  de  différentes  grandeurs  et  de 
même  type  que  ceux  doni  il  vient  d'être  question.  Le  parasite  ne  semble 
nuire  en  aucune  façon  au  développement  des  organes  reproducteurs  des 


ALCYONAFRES.  43 

polypes.  Ces  Cw'ustacés,  très  dillereiils  îles  nutces  Lan/ip/i/iin'  connus 
actuellement  i]ui  vivent  dans  les  canaux  du  cœnosar([ue  de  certains  Alcyo- 
naires,  font  l'objet  do  l'appendice  publié  à  la  fin  de  ce  mémoire  sur  les 
Alcyonaires  provenant  de  la  deuxième  expédition  antarctique  française. 
Au  point  de  vue  du  mode  de  i-amiQcation,  la  Mopsea  de  l'Antarctique 
sud-américaine  rappelle,  dans  une  faible  mesure,  la  Mapseti  flabeUuin 
.1.  A.  Thomson  et  1).  L.  Mackinnon  (4911)  ;  elle  ressendjle  davantage  à 
la  Mopsea alba  Nutting  (1910).  Elle  diffère  de  ces  deux  espèces  par  la  dis- 
position des  i)olypes  et  les  caractères  des  spicules,  et  elle  se  sépare  de 
toutes  les  autres  espèces  de  Mopsea  par  le  petit  nombre  el  la  gracilité  de 
ses  branches,  (pii  lui  donnent  un  faciès  particulier.  Elle  prend  une  place  à 
part  dans  ce  genre,  qui  paraitètre  fort  hétérogène,  tant  au  point  de  vue 
du  port  que  de  l'épaisseurdu  cœnenchymeetdeladispositiondes  polypes. 
En  ce  qui  concerne  le  mode  de  ramification,  il  est  hors  de  doute  qu'il  y  a 
de  profondes  différences  entre  la  Mopsea  encrinala  (Lamarck),  la  Mopsea 
White/eggei  Thomson  et  Mackinnon,  la  Mopsea  elegans  Thomson  et  Mac- 
kinnon et  la  Mopsea  alba  Nutting.  Chez  la  plupart  des  espèce  ,  les  polypes 
sont  tellement  serrés  les  uns  contre  les  autres  qu'ils  forment  presque 
des  verticilles;  chez  la  Mopsea  décrite  ici  et  à  laquelle  j'ai  proposé  de 
donner  le  nom  de  Mopsea  graci/is,  ils  sont  un  peu  plus  distants  les  uns  des 
autres  ;  ils  le  sont  beaucoup  plus  chez  la  Mopsea  alba  Nutting.  Enfin  le 
cœnenchyme  est  habituellement  épais  chez  les  Mopsea  ;  ici,  il  est  très 
mince.  La  revision  approfondie  des  diverses  espèces  du  genre  Mopsea 
conduirait  probablement  à  le  diviser  en  plusieurs  sous-genres. 

Genre  NOTISIS  Gravier. 

Notisis  fragilis  Gravier. 
(PI.  VI,  fig.  28-29;  PI.  IX,  fig.  49;  PI.  X,  fig.51.) 

1913.  —  Nolisis  fragilis  Ch.  Gravier.  Deuxième  Expédition  anla relique  française, 
1908-1910.  Alcyonaires  (l''^  note  préliminaire)  {Bull,  du  Mus.  d'hisl.  nalnr., 
t.  XIX,  p.  454). 

Au  point  de  vue  de  la  faune  d'Alcyonaires,  l'un  des  dragages  les  plus 
fructueux  fut  celui  du  15  janvier  1009,  à  l'entrée  de  la  baie  Marguerite, 
entre  l'île  Jenny  et  la  Terre  Adélaïde  (latitude  :  67°  i5'S,  ;  longitude  :  68° 


44  ALCYON  AIRES. 

33' W.),  à  25-i  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond  de  roches  et  de  graviers  ; 
la  température  de  l'eau  au  fond  était  de  —  lo,18.  Dans  les  matériaux  de  ce 
dragage,  se  trouvaient  deux  exemplaires  d'un  type  nouveau  d'Alcyonaire, 
dont  l'un  était  presque  entièrement  dépourvu  de  polypes  ;  une  petite 
éponge  siliceuse  s'était  établie  sur  l'une  de  ses  branches.  L'autre  exem- 
plaire, de  couleur  blanc  jaunâtre,  est  en  bien  meilleur  état  de  conservation  ; 
cependant  la  base  manque  (PI.  VI,  fig.  28).  La  colonie  se  développe  dans 
un  plan  ;  la  ramification  est  pseudo-dichotomique.  La  hauteur  de  la  colo- 
nie est  de  7cm, 5  ;  sa  plus  grande  largeur,  de  7  centimètres.  La  partie 
conservée  de  l'axe  basilaire,  de  13  millimètres  de  hauteur,  se  divise  en 
deux  branches.  Celle  de  gauche,  à  lo  millimètres  du  point  de  bifurcation, 
donne  naissance,  en  dehors,  à  une  branche  latérale  presque  aussi  déve- 
loppée qu'elle-même  et  qui  reste  indivise,  tandis  qu'elle-même  se  bifurque 
danssapartieterminale.  Celle  de  droiteporteextérieurementdeuxbranches 
qui  se  divisent  à  leur  tour.  Les  ramifications  de  divers  ordres  s'incurvent 
vers  le  prolongement  de  l'axe  principal  de  la  colonie.  Les  entre-nœuds, 
clans  l'axe  basilaire,  ont  moins  de  2  millimètres  de  longueur;  ils 
s'accroissent  graduellement  vers  la  partie  supérieure  de  la  colonie,  où  ils 
atteignent  4  millimètres  de  longueur.  Ils  présentent  des  saillies  coniques 
dont  la  distribution  n'est  pas  régulière,  mais  qui  sont  disposés  en  séries 
longitudinales  qui  semblent  être  au  nombre  de  six  en  général.  Inégalement 
espacées  dans  une  même  fde  longitudinale,  ces  saillies  n'ont  pas  des 
dimensions  en  relation  avec  le  diamètre  des  entre-nœuds  correspondants  ; 
elles  sont  relativement  plus  développées  dans  les  ramifications  terminales 
(lig.  51,  PI.  X)  qu'à  la  base  de  la  colonie.  Aucun  entre-nœud  ne  porte 
plus  d'une  branche;  la  plupart  d'entre  eux  n'en  ont  pas.  Nulle  part,  le 
nœud  corné  basilaire  d'une  ramification,  toujours  situé  à  quelque  distance 
de  l'origine  de  cette  dernière,  ne  se  fusionne  avec  le  nœud  le  plus  proche 
de  la  branche  sur  laquelle  s'insère  la  ramification  en  question.  H  n'existe 
aucune  cannelure  à  la  surface  des  entre-nœuds;  à  peine  discerne-t-on  une 
légère  saillie  correspondant  à  la  ligne  d'insertion  des  saillies  coniques. 
Les  polypes,  à  de  rares  exceptions  près,  s'insèrent  isolément,  en  dispo- 
sition apparemment  alterne  (PI.  Al,  fig.  29).  A  la  partie  inférieure  des 
branches  principales,  ils  sont  relativement  distants  les  uns  des  autres;  on 


ALCYONAIRES. 


45 


vn  compte  cinq  ou  six  j)ar  centimètre  de  longueur;  ils  deviennent  pins  nom- 
breux dans  les  parties  ultimesdesramilications,  oùonen  voit  jnsqu'à  treize 
ou  quatorze  par  centimètre  de  longueur.  Un  peu  renflés,  en  général,  dans 


->2: 


-Li  •  J . 


rjf!. 


57. 


rj8. 


Fig.  52.  —  Disposition  iJus  ijolyjics  sur  les  lirancias.  —  Fig.  53-5b.  —  Spicules  do  l'ariuaUiic  des  poIyiies_ 

—  Fig.  56-58.  —  Spicules  du  cœnenchyme. 

leurpartie  supérieure,  ils  sont,  toutes  proportions  gardées,  bien  développés 
et  de  taille  inégale  (fig.  o2i;  les  plus  grands  n'ont  guère  que  1  millimètre  de 
hauteur;  la  plupart  ne  dépassent  pas  0"^i",8  de  hauteurffig.  49,  PI.  IX).  Ils 
sont  inclinés  sur  Taxe  qui  les  porte,  sans  jamais  s'incurver  vers  ce  dernier 
et  se  disposer  parallèlement  à  lui.  lis  sont  envelop{)és  d'une  très  forte  cui- 


46 


ALCYON  AIRES. 


rasse  de  spicules(lif;^'.  W,  PI.  IX).  Ces  derniers,  à  la  base,  ne  sont  pas  régu- 
lièrement disposés;  mais,  dans  la  partie  supérieure,  ils  s'alignent  nettement 

en  huit  rangées  correspondant  res- 
pectivement aux  huit  tentacules. 

En  forme  d'écaillés,  les  spicules 
ont  leur  bord  antérieur  convexe  pro- 
fondément crénelé  ;  les  crénelures 
ont  d'ailleurs  des  dimensions  et  des 
formes  très  variées  (fig.  o3,  54  et 
'.')'})  ;  en  outre,  leur  face  externe  est 
renforcée  de  grosses  saillies  elles- 
mêmes  mamelonnées,  de  même  que 
les  crénelures  marginales  ;  certains 
spicules  ont  leur  face  externe  pres- 
que entièrement  recouverte  de  ces 
verrues.  Les  plus  grandes  de  ces 
écailles  ont  On^n^lS  de  longueur  et 
0mm  08  (le  largeur.  Les  tentacules 
ont  leur  partie  externe  protégée  par 
des  plaques  de  même  caractère  que 
les  précédents,  mais  dont  les  dimen- 
sions diminuent  de  la  base  au  som- 
met de  ces  appendices.  Le  cœnen- 
chyme,  qui  est  très  mince,  est  bourré 
de  spicules  de  forme  plus  allongée, 
en  bâtonnets  droits  ou  arqués,  les 
uns  grêles,  les  autres  très  gros,  à 
surface  couverte  de  verrues  volu- 
mineuses semblables  à  celles  des 
écailles  des  polypes.  Ouelques- 
uns  de  ces  bâtonnets  atteignent 
0mm^20  de  longueur  (lig.  ."iO,  'M   et  58). 

Je  rapporte  avec  quelque  doute  à  la  même  espèce  un  petit  fragment  de 
colonie  que  j'ai  trouvé  fixé  sur  un  tube  de  Serjia/a  ve/niicii/a/is  (L.),  pro- 


Fig.  59.  —  Disposition  des  polypes  sur  les 
brandies.  —  F"ig.  60.  —  Axe  calcaire  avec 
ses  épines  en  séries  longitudinales.  —  Fig.  01. 
—  Axe  calcaire  au  niveau  d'une    ramification. 


ALCYOXAIRES.  47 

venant  de  lile  l'clcniiann.  L'axccalcaire,  avec  ses  entre-nœuds  à  épines 
alignées  en  séries  longitudinales,  n'est  recouvert  par  les  polypes  que  sur 
une  longueur  de  1  centimètre  environ  (lîg.  ;)0  et  GO).  Les  polypes  ont  bien 
les  mêmes  caractères  et  la  même  spiculation  que  chez  l'exemplaire  pré- 
cédent; ici,   les   polypes,   un  peu    moins  distants   les   uns  des  autres, 

2 
alternent  suivant  une  spir(>  du  type  tt.  Au  lieu  d'être  incolores,  les  polypes 

ont  conserv(''  une  coul(Hir  l)run-chocolat  clair  qui  doit  se  rapprocher  de  la 
teinte  de  la  colonie  à  l'état  vivant.  11  n'y  avait  là  qu'une  seule  branche 
conservée  (iîg.  61  ).  On  retrouve  dans  l'écorce  les  mômes  bâtonnets  noueux 
que  dans  celle  de  l'exemplaire  décrit  ci-dessus. 

L'Alcyonaire  en  question,  qui  se  range  parmi  \es  Mopseinœ  Wright  et 
Studer,  a,  de  même  qu(^  les  genres  Mopsea  Lamouroux,  Acanthoisis 
Wright  et  Studer  et  Chetidonisis  Studer  (4901),  ses  ramifications  situées 
dans  un  même  plan  et,  en  outre,  comme  les  genres  Acanthoisis  et  Clirli- 
donisis,  des  épines  sur  les  entre-nœuds  calcaires.  Par  ses  polypes  assez 
distants  les  uns  des  autres,  son  cœnenchyme  mince,  son  mode  de 
ramification,  il  se  sépare  nettement  du  genre  Acwî/^o/s/â;  son  port  rappelle 
davantage  celui  AwClipUdoiiisisauranliaca  Studer,  dont  il  diffère  fortement 
par  les  spicules,  qui,  chez  ce  dernier,  ressemblent  beaucoup  à  ceux  de 
r/y/.s  /lipptrris  L.  Ouant  au  genre  Peltastisis  Nutting,  il  a  une  place  tout  à 
fait  à  part  dans  les  Mopseinœ,  avec  ses  calices  unisériés  et  ses  écailles 
operculaires.  L'Alcyonaire  de  l'Antarctique  ne  peut  être  classé  dans  aucun 
des  genres  actuellement  connus  des  Mopseinœ  ;  il  "nécessite  la  création 
d'un  genre  nouveau,  \otisis  (1),  qui  peut  être  ainsi  caractérisé  :  colonie 
ramifiée  dans  un  plan  à  branches  grêles  et  peu  nombreuses.  Axe  constitué 
par  des  nœuds  cornés  et  des  entre-nœuds  calcaires  portant  des  saillies 
coniques  en  séries  longitudinales,  mais  non  insérées  sur  des  côtes 
saillantes.  ("-oMicnchyme  mince.  Polypes  relativement  bien  développés, 
assez  écartés  les  uns  des  autres.  Spicules  du  calice  en  écailles  renforcées 
par  de  grosses  verrues,  à  bords  profondément  découpés.  Spicules  du 
cœnenchyme  de  forme  plus  allongée,  en  bâtonnets  noueux. 

(1)  De  vo'-o:,  Sud. 


48  ALCYON  AIRES. 

L'espèce  rapportée  par  le  «  Pourquoi  Pas  ?  »,  dont  les  ramifications 
sont  si  grêles,  sera  le  Notisis  fragilis;. 

Famille  dos  PlilMNOI b.K  (Milne-Edwards). 

Genre   TIlOUATiELLA   Gray. 

Thouarella  antarctica  (Valenciennes). 
(PL  VII,  fig.  31-31  ;  PI.  X,  fig.  52-55.) 

184G.   —  Primiioa  anlardica  Valenciennes.   Voyage  sur  la  Vénus  ;  Atlas,   Zoophyte«, 

PI.  XII,  fig.  2  et  2a  (aucun  texte). 
]857.   —  Primnoa  anlardica  Milne-Edwards.  Histoire   naturelle  des   Coralliaires,  t.    I, 

p.  140. 
1857.   —  Primnoa  anlardica  Gray.  Synopsis  of  the  Familles  of  axiferous  Zoophytes 

or  barked  Corals  [Proceed.  of  Ihe  Roy.  Soc,  Part  XXV,  p.  286). 
1859.   —  Primnoa  anlardica  Gray.  Descriptions  of  some  new  Gênera  of   Lithophytcs 

or  Stony  Zoophytes,  Part.  XXVII,  p.  683. 
1865.  —  Primnoa  anlardica  Kolliker.    Icônes   histologicœ,   2''"  Al:ith.,  Leipzig,   p.  135. 
1870.   —  Thouarella  anlardica  Gray.  Catalogue  of  Lithophytes,  p.  45. 
1878.   —  Thouarella   anlardica   Studer.  Uebersicht   der   Anlhozoa   Alcyonaria,  welrhe, 

wâhrend  derReiseS.  M.  S.  «Gazelle»  um  die  Erde  gesammelt  wurden  [Monalsber. 

Akad.  Wiss.  Berlin,  p.  649). 
1889.   —  Thouarella  anlardica  Wright  et  Studer.  Report  on  the   Alcyonaria  {Beporls 

on  Ihe  scienlific   Besulls   of  Ihe   Voyage  of  H.   M.    S.    «  Challenrjer  »,   Zoology, 

vol.  XXXI,  p.  65,  PI.  XXI,  fig,  6,) 

1906.  —  Thouarella  anlardica   Versluys,  Die   Gorgoniden    der  Siboga-Expedition,  II, 

Die  Primnoid»,  p,  35, 

1907,  —    Thouarella    anlardica   Hickson,   Cœlentera,    Alcyonaria    [Nalional   Anlarclic 

Expedilion,  p,  9,  PI.  II,  fig,  19  et  24). 

L'expédition  de  la  «  Vénus  »  (1836-1839),  counnandéeparle  capitaine  du 
Pelit-Thouars,  recueillit  aux  îles  Malouines  ou  Falkland  deux  exem- 
plaires d'un  Alcyonaire  que  Valenciennes  appela  Pfiinnod  imiai'ctica.  L'un 
de  ces  exemplaires  est  représenté  planche  XII,  figure  2  iZonphtjtos)  dans 
l'atlas,  —  que  n'accompagne  aucun  texte,  —  consacré  aux  animaux 
rapportés  par  la  »  Vénus  ».  Ilsexistent  tous  doux  encore  dans  les  collections 
du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  où  ils  ont  été  conservés  à  sec 
depuis  le  retour  de  l'expédition  (1839)  ;  cette  circonstance  explique  l'état 
de  délabrementde  ces  deux  types  historiques.  Je  les  ai  placés  dans  l'alcool, 
où  ils  ne  continueront  pas  à  se  détériorer.  Dans  le  bocal  qui  contient  l'un 
des  exemplaires,  se  trouve  une  étiquette  manuscrite  sur  laquelle  on  lit  : 


ALCYOXAIRES.  49 

Malouines. 

M.  du  Petit-Thouars. 

Expo"  de  la  «\'énus». 

Ce  bocal  et  celui  (jui  ronfennc  le  second  exemplaire  portent  chacun 
une  étiquette  donnant  les  indications  suivantes  '. 

Primnoa  anlarclica. 

«Vénus»,  Zoophytes.  l'I.  XII,  fig.  2. 

Iles  Malouines. 

M.  du  Petit-Thouars. 

La  colonie  qui  nie  paraît  avoir  été  figurée  par  Valenciennes  est  celle 
qui  est  cassée  en  deux  (PI.  VII,  fig.  32),  parce  que  c'est  la  seule  qui 
possède  encore  une  partie  de  sa  base  élargie  servant  à  la  fixation  sur  le 
support  qui  a  disparu.  L'image  est  un  peu  plus  grande  que  nature,  car 
elle  mesure  16^'",o  de  longueur,  alors  que  l'axe  principal  de  la  colonie  en 
question  n'a  que  13cm^5,  Lasilhouette  delà  Thouarella  antarctica  est  assez 
fidèlement  représentée  ;  cependant  les  ramifications  sont  un  peu  plus 
denses  que  ne  l'indique  la  figure  1.  Quant  aux  calices  grossis  de  la 
figure  2  r/,  ils  ne  sont  pas,  il  s'en  faut,  d'une  exactitude  irréprochable, 
surtout  en  ce  qui  concerne  les  écailles  marginales,  qui  nesontqu'approxi- 
mativement  dessinées.  La  couleur  jaune  de  la  figure  2  est  encore  très 
sensiblement  celle  qui  s'est  maintenue  jusqu'ici. 

Dans  son  Histoire  naturelle  des  Coralliaires{t.  L  1857,  p.  140),  H.  Milne- 
Edwards  donne  de  \a  Primnoa  antarctica  Va  diagnose  suivante  :  <<  Polypié- 
roïde  extrêmement  délicat,  dont  les  branches,  presque  filiformes,  sont 
disposées  irrégulièrement  tout  autour  de  la  tige  principale,  de  façon  à 
constituer  une  touffe  en  forme  de  goupillon.  Papilles  calicifères  petites, 
mais  très  fortes,  comparativement  au  diamètre  de  l'axe  qui  les  porte.  » 

Sous  le  même  nom  de  Primnoa  antarctica,  J.  E.  Gray,  en  1857,  men- 
tionne simplement  : 

P.  anlarclica  Valenciennes.  Voy.  «  Vénus  »,  t.  XII,  fig.  2. 
South  Polar  Sea  and  Falkland  Islands. 

Il  n'est  pas  plus  explicite,  deux  ans  plus  tard  (1859 1  : 

P.  anlarclica  Valenciennes.  Voy.  «  Vénus  »,  t.  XII,  fig.  2. 
Hab.  Falkland  Islands. 

A.  Kôlliker  (1865),  dans  ses  Icônes  histiologicœ ,  indique  pour  lesspicules 

Expédition  Charcot.  —  Gravier.  —  Alcyonaires,  7 


50  ALCYON  A  IRES. 

des  calices  les  dimensions  0""",l!^  à  0'""\(J3  ;  il  ne  mentionne  rien  pour 
les  spicules  de  l'opercule  ni  pour  ceux  du  cœnenchyme  ;  il  ne  dit  pas, 
d'ailleurs,  où  il  a  pris  ses  mesures;  dans  le  texte  qui  précède,  il  déclare 
qu'il  n'a  étudié  exactement  lui-même  que  les  calices  de  la  Primnoa  lopa- 
f///e?'«Lamouroux  ;  il  donne  cependant,  dans  laplancheXVII,  figures  10-14, 
les  images  de  spicules  des  Primnoo  Ippodifera,  P.  fahellum,  P.  ver- 
ficil/aris,  P.  regularh  et  P.  rni/Kra. 

S'armant  de  la  description  très  sommaire  de  Milno  Edwards  et  des 
figures  données  par  Valenciennes,  J.  E.  Gi-ay  (1870),  sans  fournir  aucun 
autre  détail,  fonde  le  genre  Thoiiarella.  Correctement,  le  genre  créé  en 
mémoire  de  l'illustre  marin  eût  dû  s'appeler  Thouarsella  et  non  Thoua- 
rella. 

Un  très  grand  nombre  de  i)olypes  des  types  rapportés  par  du  Petit- 
Thouars  se  sont  détachés  de  leurs  branches  et  sont  tombés  au  fond  des 
bocaux.  Dans  la  partie  moyenne  seule,  les  polypes  sont  restés  en  place  ; 
au-dessus  comme  au-dessous  de  cette  région,  les  branches  sont  à  nu, 
réduites  à  leur  axe  corné,  très  grêle,  d'un  jaune  assez  vif.  L'axe  principal 
de  l'un  des  exemplaires  (PI.  "N'III.  fig.  31  ),  fortement  incurvé  à  sa  base, 
mesure  9'^°i,'i  de  longueur;  il  est  incomplet  à  sa  partie  inf(''rieure  ;  la  plus 
grande  largeur  n'excède  pas  3  centimètres  ;  il  est  vi'ai  que  les  extr('Mnités 
de  la  plupart  des  branches  sont  brisées.  L'autre  exemplaire  (PI.  \\\, 
fig.  32),  figuré  par  Valenciennes,  mesure  environ  13°"",^)  de  longueur;  il 
est  divisé  endeux  fragments,  et  il  possède  une  partie  de  la  plaque  basilaire 
qui  le  fixait  au  support. 

Les  branches,  peu  inclinées  sur  l'axe  principal,  s'insèrent  tout  autour 
de  ce  dernier  et  sont  assez  rapprochées  les  unes  d<'s  autres  ;  beaucou[) 
d'entre  elles  restent  indivises  ;  celles  qui  se  ramifient,  à  de  très  rares 
exceptions  près,  ne  donnent  naissance  qu'à  une  seule  branche  de  second 
ordre,  généralement  près  de  leur  origine.  Un  grand  nombre  d'entre  elles 
n'ont  plus  leur  extrémité  distale,  qui  s'est  détachée,  sans  doute,  avec 
le  groupe  de  polypes  qu'elles  portaient;  les  plus  longues  n'ont  pas  plus 
de  2  centimètres  de  longueur. 

Assez  fortement  inclinés  sur  l'axe,  les  polyp(»s  dont  le  diamètre  va  en 
croissant  de  la  base  au  sommet,  en  général,  sont  insérés  isolément.  Les 


ALCYON  AIRES.  51 

plus  yraiuls  d'(Mitr(>  eux  ont  au  plus  2  niiH'mii'Ircs  do  longueur  et  le 
plus  souvent  moins.  Ils  sont  beau(ou|i  moins  tlenses  dans  la  partie  proxi- 
niale  des  hranehe^  ([ue  dans  la  partie  dislale,  où  ils  masquent  complè- 
tement l'axe  qui  les  porte  (PI.  Vil,  lig.  33  et  31),  ce  qui  donne  lieu  à  des 
branches  élargies  à  rextrémilé  libre,  en  massue,  dont  la  silhouette 
rappelle  celle  qu'on  observe  chez  la  Rhopa/onella  pendulina  Roule,  où  se 
retrouve  une  disposition  très  analogue  des  polypes. 

Les  calices  sont  complètement  enveloppés  de  spicules  en  écailles  de 
grande  taille,  plutôt  disposés  en  spires  qu'en  séries  longitudinales  (fig.  62) . 
Les  écailles  marginales,  au  nombre  de  huit,  ont  une  forme  toute  spéciale 
(fig.  63)  ;  elles  présentent  leur  maximum  de  largeur  dans  la  région 
moyenne  et  se  rétrécissent  graduellement  en  avant,  de  façon  à  se  terminer 
en  pointe  mousse.  Sur  la  face  intérieure  tournée  vers  le  polype,  elles  sont 
munies  d'une  arête  médiane  longitudinale  sur  laquelle  sont  fixées  des 
plates-formes  transversales  (parallèles  à  l'écaillé),  à  divers  niveaux,  à 
bords  dentés  et  de  largeur  décroissant  graduellement  d'avant  en  arrière. 
Ces  plaques  transversales  prennent,  sur  certaines  écailles,  des  dimensions 
relativement  considérables  (fig.  64).  L'arête  médiane  reste  généralement 
saillante,  en  une  ou  deux  pièces,  au-dessus  de  la  plate-forme  supérieure, 
comme  dans  la  figure  63  ;  parfois  aussi,  l'on  voit  deux  arêtes  divergeant 
vers  le  sommet  de  l'écaillé  (fig.  64).  La  face  intérieure  est  couverte  de 
petites  verrues  nombreuses,  de  faibles  dimensions  et  de  disposition 
rayonnante,  à  partir  d'un  nucléus  très  apparent.  Le  bord  postérieur  de 
ces  écailles  est  épaissi,  très  déchiqueté,  avec  de  profondes  échancrures. 
Les  verrues  de  la  face  inférieure  ne  sont  pas  dessinées  dans  la 
figure  64,  ni  dans  la  figui'e  60,  qui  représente  une  écaille  semblable  à  celle 
de  la  figure  63  et  vue  par  la  face  extérieure.  Les  plus  grandes  des  écailles 
marginales  ont  jusqu'à  O'^m^g  Jc  longueur  et  0'""^,6  dans  leur  plus  grande 
largeur;  l'arête  médiane,  avec  ses  plates-formes,  jusqu'à  Oi"°i, 56  de  lon- 
gueur elO°^°^23  de  largeur  maxima.  Les  écailles  de  l'opercule  sont  éga- 
-lement  au  nombre  de  huit  (fig.  52,  PI.  X).  Elles  ont  une  forme  foliaire  et 
allongée,  terminée  en  poiiile  mousse  en  avant,  avec  une  échancrure 
médiane  très  accusée  en  arrière  (fig.  o3,  PI.  Xi;  elles  sont  fortement 
repliées  suivant  leur  plan  de  symétrie,  de  sorte  (ju'elles  forment  une  sorte 


52 


ALCYON  AIRES. 


de  gouttière  marquée  sur  la  face  opposée  par  une  quille  très  saillante  à 
bord  crénelé  (fig.  54,  PI.  X)  ;  chacune  des   moitiés  est   d'ailleurs  une 


û'-J 


6Ù-. 


Fig.  fiî;. —  Un  |>oly|ie  avec  snn  arinalurc  ilc  spiciiles.  —  Kig.  6;i.  —  Un  spicule  do  la  l'angéo  marginale  du 
calice,  vu  par  la  face  intéiieure.  —  Fig.  64.  —  Un  spicule  de  la  même  rangée  avec  deux  arêtes  verli- 
calcs  divergentes  sur  la  plate-forme  ti-ansversale.  —  Fig.  65.—  Extrémité  antérieure  d'un  spicule 
marginal,  vue  par  la  face  extérieure. 

surface  gauche  à  allure  très  tourmentée;  en  outre,  la  (juille  dorsale  est 
recourbée  en  S  allongée.  Les  plus  grandes  ont  jusqu'à  0"i"\67  de  lon- 
gueur et  O'nin,3o  de  largeur  maxima.  Elles  présentent  leur  cavité  vers 
l'extérieur  et,  par  conséquent,  leur  arête  vers  le  polype  ;  dans  leur  en- 


ALCYONAÎRES.  53 

semble,  elles  forment  un  opercule  bombé,  à  convexité  tournée  vers 
l'extérieur.  Les  autres  écailles  des  polypes  ont  leur  partie  antérieure 
fortement  plissée,  ce  qui  donne  lieu  à  des  crêtes  rayonnantes  bien 
marquées  (fig.  Tiii,  PI.  X);  immédiatement  en  arrière  des  marginales,  ces 
crêtes  s<^  continuent  en  avant,  de  façon  à  former  une  pointe  saillante 
médiane  qui  s'atténue  beaucoup  en  arrière.  De  chaque  côté  des  crêtes, 
le  bord  antérieur  est  denté  assez  régulièrement  ;  la  partie  postérieure 
des  écailles  est  fortement  ondulée,  avec  un  bord  épaissi,  échancré  pro- 
fondément et  à  contour  très  sinueux.  Ue  nombreuses  verrues  sont  assez 
régulièrement  disposées  en  séries  rayonnantes  autour  d'un  gros  nucléus 
très  marqué.  Au  voisinage  du  bord  antérieur,  on  remarque  quelques 
pointes  aiguës,  en  épines.  Les  plus  grandes  de  ces  écailles  ont  0"i"^,()  de 
longueur  et  0'»"i^(j5  jg  largeur  maxima. 

Dans  l'écorce,  lesspicules  sont  de  formes  etde  dimensions  extrêmement 
variées  (fig.  6(3  et  07);  le  bord  antérieur  est  denté;  le  bord  postérieur, 
épaissi,  échancré  et  déchiqueté;  les  verrues  de  la  face  intérieure  sont 
assez  petites,  nombreuses,  plus  ou  moins  distinctement  alignées  en  files 
convergeant  vers  un  nucléus  très  visible. 

La  base  un  peu  renflée  de  beaucoup  de  polypes  laisse  voir  par  trans- 
parence un  corps  orangé  de  teinte  assez  vive  ;  quand  on  ouvre  un  de  ces 
polypes,  on  trouve,  à  la  base,  une  calotte  à  fond  un  peu  déprimé  contenant 
quelquefois  un  peu  de  substance  de  même  couleur  (fig.  08).  11  est  difficile, 
à  première  vue,  de  savoir  exactement  ce  à  quoi  correspond  cette  calotte, 
étant  donné  que  les  deux  exemplaires  du  capitaine  du  Petit-Thouars  ont 
été  conservés  à  sec  pendant  plus  de  soixante-dix  ans.  Mais,  à  cause  de  la 
couleur,  de  la  taille,  de  la  situation  de  ces  corps  orangés,  je  suis  porté 
à  croir(>  qu'il  s'agit  là  d'un  mode  d'incubation  analogue  à  celui  (juej'ai 
observé  chez  la  Rhopahmella  pendutiita  Houle.  L'axe  principal  et  les 
branches  qu'il  fournit,  et  qui  sont  grêles  et  souples,  sont  de  nature 
cornée;  leur  couleur  est  d'un  jaune  assez  clair. 

L"exenq)laire  type  de  l'espèce  dont  il  est  question  ici  fut  recueilli, 
comme  on  l'a  dit  plus  haut,  par  le  capitaine  du  Petit-Thouars  aux  iles 
Malouines  ou  Falkland.  La  même  espèce  a  été  rapportée  par  le 
«Challenger  »  des  ilesCrozet,à  la  profondeur  de  IkïO  brasses  (990  mètres), 


54  ALCYONAIRES. 

de  profondeur,  d'un  fond  dur  formé  de  graviers  et  de  coquilles  ;  elle  fut 
décrite  pour  la  première  fois  par  M' rii;ht  etStuder  (1889 1.  (^-es auteurs  n'ont 


Fig.  CG-67.  —  Spiculcs  du  cirncnchyiiie.  —  Fig.  68.  —  Corps  orangé  situù  à  la  base  de  certains  polypes. 

pas  donné  la  figure  d'ensemble  d'une  colonie,  ni  celle  d'un  calice;  ils 
n'ont  pas  sulfisamment  insisté  sur  les  caractères  spéciaux  des  écailles 
marginales  des  calices  et,  à  ce  point  de  vue,  la  figure  (i  (PI.  XXI  i  de  leur 
mémoire  correspondant  à  ces  spicules  n'est  pas  assez  explicite. 

J.  Versluys  (1906),  dans  sa  monographie  des  l^rimnoida'  du  >■  Siboga  », 
a  ajouté  quelques  détails  relatifs  à  la  Thminrclla  anttnct'ua,  d'après  un 
exemplaire  sec  qu'il  a  examiné  au  British  Muséum  et  qui  a  été  rapporté, 


A  LC  y  ON, {{RE  s.  55 

coiiimc  los  types  oiif^iiiaux,  des  îles  Falkland  |)ai'  le  capitaine  (liaik.  Le 
zoologistehollandaisfaitobserverquelesexeinplaires  du  <(  Challenger  »  ont 
un  tout  autre  faciès  que  cet  exemplaire  sec,  qui  est  absolument  conforme 
au  type  dessiné  par  Yalenciennes.  Il  se  demande  s'il  ne  s'agit  pas  de  deux 
espèces  distinctes,  ou  bien  si  l'aspect  particulier  des  exemplaires  du 
«  C-hallenger  »  ne  tient  pas  à  ce  fait  qu'ils  proviennent  de  ÎIOO  mètres  de  pro- 
loïKleui',  alors  qu(^  l(>s  autres  vivaient  beaucoup  plus  près  de  la  surface. 

Sydney  J.  llickson  (1907),  dans  son  étude  des  Alcyonaires  de  la 
«  National  Antarctic  Expédition  »,  mentionne  que  la  lltouarplladiilai'dicd 
a  été  recueillie  par  la  «  l)iscov(^ry  »  en  quatre  stations  dillerentes,  à  des 
profondeurs comprisesentreOGet  254  brasses(de  I73mètresà4ij7mètres). 
Je  me  demande  si,  là  encore,  il  s'agit  bien  de  la  llioaareUa  antarctka.  La 
ligure  19,  planche  II,  représente  une  écaille  marginale,  (|ui  me  paraît  se 
rapprocher  davantage  des  correspondantes  de  l'espèce  décrite  par 
W.  KûUenlhal  (1912)  sous  le  nom  de  ThouardJa  alî".  vavkibilh  que  de  celles 
que  j'ai  observées  chez  la  ThouarelUi  (inlantira  authentique,  dont  l'arête 
médiane,  avec  ses  vastes  plates-formes,  est  si  frappante.  D'autre  part,  la 
figure  24,  planche  II,  d'une  portion  de  branche  d'un  spécimen  sec, 
d'après  une  photographie,  laisse  dans  le  même  doute,  sans  parler  du 
nombre  des  écailles  des  polypes,  beaucoup  plus  grand  que  ne  l'indique 
la  ligure;  les  polypes  eux-mêmes  n'ont  pas  le  même  aspect,  et  ils  sont 
plus  rapprochés  les  uns  des  autres  dans  le  type  de  l'espèce  que  dans  la 
figure  en  question. 

Dans  sa  revision  du  genre  ThoïKifclla^  J.  Versluys  (1906 1  divise  les 
espèces  de  ce  dernier  en  deux  groupes,  l'un  d'eux  ayant  pour  type  la 
TltoïKirella  Hilypndorfl  Studer  et  l'autre  la  ThouarcUa  (uilaidica.  Les 
espèces  de  ce  dernier  groupe,  fait-il  remarquer,  n'ont  été,  jusqu'ici, 
trouvées  qu'au  sud  du  ?>~^  degré  de  latitude  sud,  aux  îles  Falkland,  au 
Burdwood  Bank  (au  sud  de  ces  îles),  aux  îles  Gough  (au  sud  de  Tristan 
d'Acunhaj,  du  Prince-Édoiiai-d  cl  ileard,  loutes  situées  dans  les  parties 
sud  des  océans  Atlantique  et  Indien. 

Le  genre  TJioaareUa  a  été  divisé  par  K.  Kinoshita  il908)  en  deux  sous- 
genres  :  Tlioiiarella^.  st.  et  D'iphx-nlijiitra  ;  le  premier  a  un  mode  de  division 
pennée,  avec  branches  secondaires,  tandis  que  le  second  se  divise  dicho- 


56  ALCYONAIRES 

tomiquement  el  n'a  point  de  branches  secondaires  ;  les  caractères   des 
polypes  sont  exactement  les  mêmes  dans  les  deux  sous-genres. 

W.  Kûkenthal  (1912)  a  entrepris  une  nouvelle  revision  du  genre 
Thouarella  à  la  suite  de  son  étude  des  espèces  de  ce  genre  provenant 
de  l'expédition  antarctique  allemande,  ll'fusionne  le  genre  Atnphilaphis 
Wright  et  Studer  avec  le  genre  ThouareUa\  il  admet  les  deux  groupes 
fondés  par  Verslu.ys,  auxquels  il  en  ajoute  deux  autres,  de  sorte  que  le 
genre  Thoudrelhi  se  trouve  partagé  en  quatre  groupes  ayant  respecti- 
vement pour  types  :  ThouareUa  Hilgendorfi  Studer,  7'//.  antarctica  (Valen- 
ciennes),  Th.  KolUkeri  Wright  et  Studer  et  Th.  regularis  (Wright  et  Studer) . 
W.  Kiikenthal  établit  ses  divisions,  moins  d'après  le  mode  de  ramification 
que  d'après  la  dis|)Osition,  le  mode  d'insertion  et  la  configuration  des 
polypes.  Il  fait  observer  que,  dans  rarchitecture  de  la  colonie,  intervient 
fortement  la  valeur  du  mode  de  ramification.  C(»lui-ci  peut  subir  fortement, 
croyons-nous,  linlluence  du  milieu. 

On  peut  se  demander  si,  en  présence  de  données  plus  complètes  sur  le 
type  pour  l<>quel  on  a  créé  le  genre  ThouarpJla^  on  ne  sera  pas  encore 
amené  à  un  nouveau  remaniement  des  coupes  sous-génériques  de  ce 
dernier.  Il  est  incontestable,  en  tout  cas,  que  les  écailles  marginales  de 
la  Thouavella  antarctica  authentique  ont,  avec  leur  arête  médiane  à 
plates-formes,  un  faciès  tout  spécial  qu'on  ne  retrouve  pas  du  tout  chez 
la  Thoaarella  chilensis,  par  exemple,  que  Kiikenthal  place  dans  le  groupe 
antarctica. 

Le  plus  grand  nombre  des  espèces  du  genre  Thoaarella  sont  antarc- 
tiques ou  subantarctiques.  C'est  un  genre  de  mer  profonde,  dont  quelques 
représentants  s'élèvent  cependant  dans  les  eaux  du  littoral.  Si,  — ce  que 
l'avenir nousapprendra, — lesespècesdu«  Challeng*er»etdela((  Discovery  » 
appartiennent  réellement  à  la  forme  que  Valenciennes  a  décrite  en  premier 
lieu,  la  ThouareUa  antarctica  aurait  une  aire  très  vaste  de  répartition  dans 
les  mers  antarctiques. 

ThouareUa  variabilis  Wright  et  Studer. 
(PI.  I,  fig.  G  ;  PI.  III,  fig.  13  et  14.) 

1889.   —   ThouareUa   l'ariabilis  Wright  et  Studer.  Report  on   the  Alcyonaria  [Reports 


ALCYON  AIRES.  57 

on    ihe   acii'nltpr   rtpitiill'i   of   Ihe  Voyage  of   H.   M.  S.   «  Clinllrnger  »,   Zoology, 

vol.  XXXI,  p.  (IS,  l'I.  XXI,  fit;.  1). 
1905.   • —   'riinunri'lld  riiriiihili^  iMenneking.  Ucbiu'  die  Anonliuing  der  Schuppen  und  das 

Kanalsyslein   liri   SlacluinJes   anihigiia   (S(iider),   Caligorgin   flabelluni   (Ehrcn- 

herg),  Amphildphis  abielina  (StiidiM-)  und  ThouareUa  variabilis  (Studer)  [Arcliic 

fiir  Nalnrgesch.,  Jahrg.  LXXI,    Bd.  I,  Ilcft    3,  p.  2^0,  Taf.  9,  fig.  9,  10,  11, 

21  et  22). 
190G.   —  ThouareUa   variabilis  Versluys.   Die    Gorgoniden  der  Siboga-Expedilion.  II. 

Die  Primnoidœ,  p.  37. 
1912.   —  Tlionarella  aff.    rariabilis  Kûkenthal.   Deutsche  Siidpolar  Expédition  1901- 

1903.  Die  Alcyonaria,  Bd.  XIII,  Zool.  V,  p.  305,  Taf.  XX,  fig.  2  et  3,  Text- 

fig.  9-12. 

Le  «  Pourquoi  Pas?  »  a  rapporté  une  vingtaine  crox(Mnplairos,laplupart 
incomplots,  de  cet  Alcyonaire.  Le  dragage  du  15  janvier  1900,  à  l'entrée 
de  la  haie  Marguerite,  entre  Tîle  Jenny  et  la  Terre  Adélaïde  (latitude  :  67° 
45' S.  ;  longitude  :  68°33'W.)  a  ramené,  de  25 1  mètres  de  profondeur,  trois 
exemplaires  séparés  de  leur  support  ;  l"uu  d'eux,  auquel  manque  toute  la 
partie  inférieure,  a  1 9*^^,5  de  longueur  et  était  vraisemblablement  de  belle 
taille.  Tout  près  de  là,  dans  la  baie  Marguerite,  un  autre  coup  de  drague 
(20  janvier  1909)  a  arraché  du  même  fond  (profondeur  :  176  mètres) 
de  roches  et  de  graviers  deux  autres  exemplaires  incomplets.  L'un  d'eux, 
en  assez  mauvais  état,  a  22cm  J5  de  longu<nir;  une  branche  latérale,  longue 
de  8  centimètres,  est  ramifiée,  tout  comme  l'axe  qui  la  porte.  Un  autre 
exemplaire,  dragué  le  26  novembre  1909,  à  50  mètres  de  profondeur, 
devant  Port-Lockroy,  chenal  de  Roosen  (latitude  :  64°  49'  S.  ;  longitude  : 
63°  30'W.)  est  dans  un  état  très  médiocre  de  conservation  (PI.  I,  fig.  6)  ;  il  a 
dû  macérer  pendant  quelque  temps  dans  un  liquide  à  réaction  acide,  caries 
spicules  sont  en  partie  dissous  ou,  en  tout  cas,  altérés  ;  peut-être  la  colonie 
était-elle  morte  quand  elle  fut  prise  par  la  drague.  Enfin,  dans  les  matériaux 
de  deuxautresdragagesfaits  en  bordure  delà  banquise(latitudc  :  70°  10'  S.  ; 
longitude  :  78°  30'  W.)  surun  fond  de  vase  sableuse,  avec  de  nombreux  cail- 
loux, à  460  mètres  de  profondeur,  se  trouvaient  17  autres  exemplaires 
fragmentaires  de  la  même  espèce  ;  5  de  ces  exemplaires  étaient  encore 
•fixés  sur  leur  support  par  leur  base  élargie. 

Ces  Tlionarella  se  présentent  sous  deux  faciès  qui  ont  tous  la  forme 
ty[)ique  d'écouvillons.Chezlesuns  (PI.  II,  fig.  14),  peu  de  branches  restent 
indivises  ;  la  plupart  d'entre  elles,  surtout  dans  la  pai-tie  supérieure  de  la 

Expédition  Cluircot.  —  Gravier.  —  Alcyonaires.  8 


58  ALCYONAIRES. 

colonie,  se  divisent  en  rameaux  qui,  fréquemment,  se  ramifient  à  leur 
tour,  de  façon  à  former  de  petites  arborescences;  cinq  on  six  rameaux  et 
même  plus,  parfois,  proviennent  ainsi  d'une  partie  basilaire  relativement 
courte,  insérée  sur  le  tronc  et  qui  porte  elle-même  un  ou  deux  polypes. 
Comme  l'a  fait  remarquer  Versluys  (1906),  les  polypes  sont  moins  nom- 
breux à  la  base  qu'à  l'extrémité  des  branches,  qui  se  renfle  un  peu,  à  cause 
de  l'accumulation  des  polypes  dans  la  partie  terminale.  Chez  les  autres 
(PI.  III,  fig.  1 3) ,  les  branches  latérales  sont  plus  longues  et  moins  ramifiées  ; 
l'ensemble  est  moins  compact,  d'autant  que  l'accroissement  du  nombre 
des  polypes  vers  l'extrémité  distale  des  rameaux  est  aussi  beaucoup  moins 
marqué  et  que,  par  suite,  les  branches  ont,  beaucoup  moins  que  les  j)ré- 
cédentes,  l'aspect  de  massue  allongée.  Ces  deux  aspects  correspondent 
peut-être  à  des  différences  dans  les  conditions  de  milieu,  différences 
toutes  locales,  d'ailleurs,  puisqu'on  les  observe  sur  des  colonies  provenant 
(l'un  même  coup  de  drague.  Chez  les  uns  comme  chez  les  autres,  tantôt 
l'axe  principal  présente  peu  ou  point  de  polypes  isolés,  tantôt  il  en  a 
d'assez  nombreux.  L'axe  de  l'un  des  exemplaires  porte  à  deux  niveaux 
assez  distants  l'un  de  l'autre  de  véritables  nids  de  c(>s  polypes,  dont  la 
formation  est  peut-être  due  à  quelque  traumatisme. 

Sur  les  branches  de  quelques  colonies,  on  trouve  un  certain  nombre  de 
commensaux.  Ce  sont  surtout  des  Annélides  Polychètes  de  la  famille  des 
Polynoïdiens  ;  j'y  ai  également  trouvé  un  Phyllodocien  ;  on  y  voit  aussi 
quelques  Pycnogonides.  Nulle  part  je  n'observe  de  déformations  sem- 
blables à  celle  qu'a  signalée  C.  C.  Nutting  (1908)  chez  la  Stonrlla  hehnin- 
thophora  Nutting. 

Les  polypes,  un  peu  évasés  au  sommet,  sont  tous  isolés;  on  en  compte 
une  dizaine  par  centimètre  de  longueur.  Les  écailles  qui  les  recouvrent 
entièrement  sont,  en  général,  au  nombre  de  4  dans  chaque  rangée  longi- 
tudinale. Les  écailles  marginales,  dont  la  base  est  quadrangulaire,  se 
prolongent  en  avant  en  une  longue  pointe  foliaire,  abord  denté  (fig.  09)  ; 
cette  |)oinle  est  beaucoup  plus  développée  sur  la  face  abaxiale  que  sur 
la  face  opposée;  il  est,  d'ailleurs,  souvent  difficile  d'en  juger,  parce  que 
la  [)lu[)art  de  ces  prolongements  sont  brisés  dans  beaucoup  de  calices. 
Les  plus  longues  d'entre  elles  ont  O'^^n^So  de  longueur,  dont  O'»'^,3o  pour 


ALCYON  A  IRES. 


59 


Im  [K)iiit<'  sculcim'iil.  Les  écailles  tle  ru|)ercule  sont  étroites  et  [lourvues 
sur  leiu'  laee  interne  d'une  forte  carène  (fig.  70).  En  arrière  des  écailles 
marginales,  celles  de  la  première  rangée  ont  encore  une  ])ointe  antérieure, 
mais  beaucoup  plus  courte.  A  la  base  des  polypes,  cette  pointe  disparait 


(Jû. 


Fig.    69.    —   S|nculo    lie  la  i-ang(je   marfjiiialo    du  calice. 
Fig.  71.  —  Spiculc  delà  base  des  polypes.  —  Fi^i 


Fif 


7P 


.    70.    —    Spicule    de  l'opercule. 
Spicidi'  du  co'iieiiiliyiiie. 


complètement  (fig.  71).  Le  bord  antérieur  de  ces  écailles  basilaires  est 
convexe  et  finement  crénelé  ;  la  face  interne  est  couverte  de  verrues  de 
ditierentes  tailles  et  déformes  très  variées.  Le  bord  postérieur  de  toutes 
ces  écailles  est  épaissi,  déchiqueté.  La  partie  de  l'axe  comprise  entre  les 
polypes  est  couverte  d'écaillés  de  formes  diverses,  les  unes  déforme  assez 
allongée,  les  autres  plus  arrondies  (iîg.  72),  avec  des  verrues  plutôt  moins 
drues  que  sur  les  écailles  des  polypes  et  sans  bord  postérieur  épaissi. 
Toutes  ont  un  nucléus  bien  apparent. 

Je  rapporte,  avec  réserve,  ces  Thouarflla  à  la    Thouarclla  raria/u/is 


6o  ALCYONAIRES. 

Wright  ol  Sfucler,d('cri(('  un  peu  soinmiiircmenl  par  ces  auteurs,  qui  n'ont 
donné  aucune  iigure  d'ensemble  de  la  colonie.  Dans  la  figure  I, 
planche  XM  de  leur  uiéiiioire,  la  ligure  particulière  correspondant  aux 
écailles  marginales  est  loin  de  présenter  une  aussi  longue  épine  que 
chez  l'espèce  antarctique  ;  mais  les  caractères  généraux  et  en  particulier 
la  forme  rhombique  ou  parfois  presque  triangulaire  de  la  partie  basilaire 
des  écailles  marginales  s'appliquent  aux  formes  l'apportées  par  le 
((  Pourquoi  Pas?  ».  Les  auteurs  disent  du  reste,  —  ce  que  je  constate 
également  ici,  —  tpie  les  épines  des  écailles  marginales  ont  des  longueurs 
très  variables.  Le  nom  rappelle  d'ailleurs  la  variabilité  de  l'espèce,  dans 
laquelle  Wright  et  Studer  distinguent  (rois  variétés  :  ti/pica,  hrevisphiosa 
et  rprici/is. 

Ce  qui  m'incite  surtout  à  rapporter  l'Alcyonaire  en  question  à  l'espèce 
de  Wright  et  Studer,  c'est  la  description  et  plus  encore  les  ligures 
données  par  W.  Kiikenthal,  dans  son  mémoire  sur  les  A/ci/onaires  de 
r ExpéditÙM  antarct\(iue  allemande. 

L'exemplaire  du  <<  Pourquoi  Pas?»  (fig.  13,  PI.  III)  ressemble  beaucoup 
à  celui  qui  est  figuré  planche  X,  figure  3,  dans  le  travail  de  Kiikenthal. 
La  ressemblance  s'accuse  si  l'on  considère  altentivement  la  figure  9  du 
texte,  relative  aupolype  et  aussi,  quoique  àun  moindre  degré,  lesfigures  10 
(écaille  marginale),  11  (écaille  du  corps  des  polypes)  et  12  (écailles  de 
l'écorce).  Malgré  la  variabilité  des  caractères  de  cette  espèce,  —  rappelée 
par  son  nom  spécifique,  —  il  est  certain  qu'à  première  vue  on  n'hésiterait 
pas  à  séparer  spécifiquement  des  formes  telles  que  celles  des  figures  13 
et  I  i  (PI.  111),  qui  représentent  les  deux  termes  extrêmes  de  la  série  de 
formes  de  cette  espèce  que  j'ai  pu  étudier.  Et  cependant,  la  similitude, 
dans  ces  deux  colonies,  de  l'armature  des  polypes,  —  à  laquelle  on  attache 
aujourd'hui  la  plus  grande  importance,  —  ne  justifie  pas  cette  séparation. 
Je  considère  les  formes  compactes,  en  écouvillon  typique,  comme  celle 
de  la  figure  14  (PI.  lll)  comme  une  variété  de  la  forme  typique  qui  serait 
celle  de  l'exemplaire  correspondant  à  la  figure  13  (PI.  111).  Les  colonies  de 
ThouareUa  rapportées  par  le  «  Français  »  sont  dans  un  état  de  conser- 
vation qui  laisse  fort  à  désirer,  car  les  spicules  ne  sont  plus  intacts;  il 
I)arait  incontestable,  toutefois,  qu'on  doive  les  identifier  à  la  ThouareUa 


ALCYONAIRES.  6i 

rariabilis  ;  elles  se  l'atliicheiit  |)liil(>l  à  la  variété  coiii|)acle  qu'à  la  l'orme 
considérée  comme  typique  (IM.  III,  liy.  13;. 

Cette  espèce  appartient  au  groupe  de  la  ThoimrcJla  KuUikrri^  fondé  par 
W.  Kiikenthal,  groupe  entièrement  antarctique  ou  suhantarctique.  Elle 
a  été  trouvée  à  l'île  du  Prince-Edouard  et  à  lile  Ileard  à  des  profondeurs 
variant  de  270  à  o(30  mètres;  à  la  station  du  «  Gauss  »,  de  3."J0  à 
385  mètres  de  profondeur;  en  divers  points  de  l'Antarctique  sud-améri- 
caine, de  85  à  254  mètres  de  profondeur.  Par  suite  des  distances  consi- 
dérables qui  séparent  ces  diverses  stations,  il  est  à  présumer  que  la 
Thoaarella  variahil/s;  a  une  aire  très  vaste  de  distribution  dans  les  eaux 
antarctiques  et  subantarctiques,  et  il  ne  serait  pas  impossible  qu'elle  fût 
même  circumpolaire. 

Thouarella  longispinosa  Kiikenthal. 
(l'I.  VII,  iig.  35-36.) 

1912.  —  Thouarella  longispinosa  Kiikenthal.  Die  Alcyonaria  der  deutschen  Siidpolar- 
Expedition  IWl-l'JUS,  p.  299,  Taf.  XX,  fig.  1,  Textfig.  1-3. 

La  Thouarella  longispinosa  Kiikenthal  est  représentée  dans  la  collec- 
tion du  «  Pourquoi  Pas?  »  par  un  seul  exemplaire  en  bon  état  (PI.  VII, 
fig.  35)  provenant  du  dragage  fait  le  15  janvier  1900,  à  l'entrée  de  la  baie 
Marguerite,  entre  l'île  Jenny  et  la  Terre  Adélaïde  (latitude  :  67°  45' S.  ; 
longitude  :  08°  33'  W.),  à  254  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond  de  roches 
et  de  graviers  ;  la  température  de  l'eau  au  fond  était  de  —  lo,18  G.  L'axe 
principal  de  cet  exemplaire,  dont  la  plus  grande  largeur  est  de  3  centi- 
mètres, mesure  lO^m^y  de  longueur  ;ce  n'est,  peut-être,  (ju'une  branche 
d'une  colonie  de  taille  plus  considérable,  car  la  base  manque.  Les 
branches  grêles,  toutes  indivises,  sont  insérées  tout  autour  de  l'axe, 
à  des  niveaux  différents,  en  général,  mais  très  près  les  unes  des  autres  ; 
l'ensemble  qu'elles  constituent  est  lâche,  à  cause  de  leur  gracilité.  La 
plus  longue,  dans  la  région  moyenne  de  lapartie  couverte  débranches,  est 
de  28  à  30  millimètres.  Elles  forment  un  angle  aigu  assez  grand  avec  la 
partie  de  l'axe  principal  qui  les  surmonte. 

Disposés  le  plus  fréquennnent   par  vcrticilles  de   3,  plus  rarement  de 
2  ou  de  4,  les  polypes  prennent  toutes  les  inclinaisons  sur  les  branches 


62  ALCYON  AIRES. 

qui  les  portent,  de  1)0°  à  U°  ;  on  compte  Li  ouO  vorticillospar  centimètre  de 
lonj^ueur  (PI.  VII,  fig.  30).  L'axe  principal  portequelquespolypesisolés,  qui 
deviennent  plus  nombreux  dans  la  partie  terminale.  Il  existe  quatre  écailles 


Fig.  73-74.  —  Deux  spicules  de  tailk'  clillV'rente,  ilc  la  ranftco  opcrculaire.  —  Fij; 
base  des  poly|ies.  —  Fig.  70.  —  Spiculc  du  eœnoncliynie. 


75.  —  Spicule  de  la 


dans  chaque  rangée  longitudinale  aijaxiale  de  la  cuirasse  qui  enveloppe 
le  polype.  Les  écailles  marginales  (fig.  73)  décroissent  régulièrement  de 
largeur  de  la  base  au  sommet  ;  elles  sont  munies,  sur  la  base  interne, 
d'une  forte  carène  médiane  antérieure,  et,  en  arrière,  de  verrues  assez 
clairsemées;  les  plus  grandes  ont  jusqu'à  Omm^()  de  longueur  et  0^^,3 
dans  leur  plus  grande  largeur  ;  les  plus  petites  (fig.  7i^  ont  respective- 
ment pour  les  mêmes  dimensions  Q^^^\i2,  et  0m°',12;  le   bord  postérieur 


ALCYON  AIRES.  63 

csl.  cIk'z  toutes,  j»roroiul(''iii(Mil  (l(''(lii(|uo(é.  Los  plaques  de  rdjx'i'ciilc  sont 
triaiii;ulaires,  plus  petites  et  n'ont  pas  plus  de  Oni"M}0  de  loni^ueur.  Les 
écailles  de  la  base  des  polypes  (fii^.  7,))  ont  le  bord  aiilérieur  convexe  et 
le  bord  postérieur  déchicpieté  et  épaissi  ;  les  plus  dc'veloppées  ont 
()mm  42  de  longueur  et  0"^"\1i)  d(>  largeur.  Celles  de  l'écorce,  entre  les 
verticilles,  ont  les  mêmes  caractères  (fig.  76),  mais  leurs  dimensions  sont 
variées. 

,lo  rapporte  cet  Alcyonaire  à  la  Thouarella  lonfji^jiinom  Kûkcnthal.  Il  y 
a  concordance  presque  parfaite  entre  les  données  de  la  diagnose  de  Kû- 
kenthal  elles  précédentes.  Cependant,  chez  l'exemplaire  de  l'Antarctique 
sud-américaine,  la  distinction  entre  une  face  antérieure  et  une  face  posté- 
rieure de  la  colonie  manque  absolument  de  netteté. 

Cet  exemplaire  du  »  Pourquoi  Pas?  »  est  plus  grand  que  celui  du 
((  Gauss  »,  qui  n'avait  que  ;)7  millimètres  de  hauteur.  Cependant  les 
branches  de  celui-ci  paraissent  être  plus  longues  que  celles  de  l'exem- 
plaire de  la  baie  Marguerite.  Ainsi  que  le  fait  observer  Kûkenthal,  cet 
Alcyonaire  rentre  dans  le  groupe  de  la  Thonarella  Hil<iP)ulnrfi  (Studer) 
et  se  range  près  de  la  Thoiinirlla  la.ia  Versiuys  et  de  la  ThouavcJla  Tijdr- 
iiicnii  Versiuys. 

Il  est  intéressant  de  trouver  dans  l'Antarctique  sud-américaine  une 
forme  connue  seulement  jusqu'ici  à  la  station  du  <<  Gauss  »  (l'rofondeur  : 
38o  mètres). 

Genre  STENELLA  Gray. 

Sous-Genre   DASTSTEiVELtA   Versiuys. 

Stenella  (Dasystenella)  Liouvillei  Gravier. 

(l'I.  II,  fig.  9-11;  PI.  IV,  fig.  20.) 

1913.  —  Slenella  [Dasijslenella)  Liouvillei  Ch.  Gravier.  Deuxième  Expinlitidn  antarc- 
tique française,  Alcyonaires  (2«'  note  préliminaire)  [Bull,  du  Mus.  d'Iiisl.  nalur., 
t.  XIX,  p.""r390). 

,  Un  seul  exemplaire  de  cette  espèce  a  été  dragué  le  20  janvier  1000  à 
170  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond  déroches,  de  graviers  et  de  vase, 
dans  la  baie  Marguerite  ;  la  température  de  l'eau  au  fond  était  de  0o,2  C. 
Cet  exemplaire  unique  n'est  malheureusement  pas  entier;  la  base  et  la 


64  ALCYONAIRES. 

partie  supérieure  manquent.  La  colonie  se  compose  d'un  axe  principal 
dont  la  longueur  est  de  2.7  centimètres  environ,  tout  autour  duquel  sin- 
sèrent  des  branches  grêles  et  indivises  (PI.  II,  iig.  il).  L'axe  ])rincipal  est 
à  nu  dans  sa  région  basilaire  et  aussi  dans  la  partie  terminale,  où  plusieurs 
branches  également  sont  dépouillées  de  leur  écorce  vivante  qui  j)orte  les 
polypes.  La  plupart  des  branches  s'insèrent  presque  à  angle  droit  sur  l'axe 
principal  ;  dans  la  partie  supérieure  de  la  colonie,  l'angle  de  l'axe  princi- 
pal et  de  celui  des  branches  diminue  progressivement  à  mesui'e  qu'on 
s'approche  du  sommet,  pour  devenir  finalement  un  peu  inférieur  à  i'')°. 
Ces  branches  sont  attachées  isolément  sur  la  tige  à  tous  les  niveaux  et  non 
très  uniformément  ;  cependant  la  densité  de  la  ramiiication  est  assez 
homogène  dans  toute  l'étendue  de  la  colonie.  Les  branches  de  la  partie 
inférieure  de  l'axe  principal  sont  brisées  à  peu  de  distance  de  leur  inser- 
tion ;  celles  qui  sont  restées  entières,  dans  la  région  basilaire,  ont  26  mil- 
limètres de  longueur;  dans  la  région  moyenne,  elles  en  ont  une  quaran- 
taine ;  près  de  l'extrémité  libre,  à  2  centimètres  du  sommet,  elles  ont 
21  millimètres  de  longueur.  Ces  dimensions  montrent  que  l'ensemble  a 
la  forme  d'un  fuseau  très  allongé,  d'autant  que  les  branches  moyennes 
sont  presque  normales  à  l'axe  principal,  tandis  que  celles  de  la  partie 
supérieure  se  relèvent  vers  le  sommet  de  la  colonie.  Avec  ses  grandes 
branches  indivises,  grêles,  peu  serrées  les  unes  contre  les  autres,  étalées 
presque  horizontalement  dans  les  régions  inférieures  et  moyennes,  la 
colonie  a  un  faciès  particulier,  bien  difl'érent  de  celui  des  autres  espèces 
du  même  genre.  L'ensemble,  avec  ses  ramifications  si  peu  denses,  a  une 
physionomie  qui  rappelle  celle  de  la  Thouarella  lata  Versluys  et  aussi 
celle  de  la   Thouafclhi  Ti/dernani  Versluys. 

Les  poly|)es  sont  incurvés  vers  la  tige  et  disposés  très  généralement 
en  verticilles  (PI.  II,  Iig.  10  et  M  ;  PI.  IV,  fig.  20).  Dans  certains  verti- 
cilles,  les  polypes  sont  tangents  intérieurement  à  l'axe  ;  dans  d'autres,  ils 
s'en  écartent  notablement,  tout  en  s'incurvant  vers  le  sommet  de  la  colo- 
nie. Ces  diverses  manières  d'êlre  des  polypes  se  voient  nettement  dans 
les  iigures  77  et  7S.  Il  y  a  parfois  des  difl'érences  notables  de  taille  parmi 
les  polypes  d'un  même  verticille.  La  disposition  verticillée  n'est  d'ailleurs 
pas  la  règle  absolue;  quelques  rares  polypes  demeurent  isolés  ;  en  outre. 


ALCrOXAIRES.  65 

corlains  vcriicillcs.  surtout  à  la  luiso  des  l)r;iiiehos,  sont  inoomiilcls  et. 
n"('uvflo|)|i('nt  i»as  cntièi-t^mcut  l'axo.  Il  va,  en  j^énéral,  i-  ou  li  verti- 
cilles  par   oenlimèlre  de  louî^ueur  sur  les  branches.   Chacun    d'eux  est 

composé  de  4  ou  li  polypes 
de  dimensions  variées  ; 
les  plus  grands  ont  2^^,2 


Fig.  77.  —  Région  distalc    d'unu    bi'anclio  avec    ses    polypes       Fi? 
verticillés.  —  Fig.    78.    —    Région    proxiniale    de  la  nicme 
branclip. 


7'J.  —  Un  polype  av(  c  son   arnia- 
tuic  (le  siiicules  en  écailles. 


de  longueur.  Sur  la  rangée  abaxiale,  on  compte  sept  écailles,   y  compris  la 
marginale. 

Toute  la  face  CNterne,  coavexe  ou  abaxiale,  est  couverte  par  deux  ran- 
gées de  grands  sclérites  en  écailles  (lîg.  19 j  ;  sur  la  face  interne  concave, 
.dont  aucune  portion  ne  reste  à  nu,  on  remarque  de  chaque  côté  deux 
rangées  de  plaques  semblables  de  forme  à  celles  de  la  face  abaxiale,  mais 
plus  petites.  11  eu  résulte  que,  sur  une  section  transversale  du  polype,  il 
existe  G  écailles,  2  grandes  abaxialeset4autres,  de  dimensions  moindres. 

Expédition  Charcol.  —  Gbavieu.  —  Alcyunairus. 


66  ALCYON  AIRES. 

lat(M'o-adaxiales.  Surlo  l)ord,  je  ne  distingue  que  (i  i;randes  écailles  mar- 
ginales et  quelquefois  o  seulement.  J'ai  cherché,  sur  de  très  nombreux 
polypes,  à  fixer  ce  nombre  ;  mais  la  chose  est  très  difficile,  car  il  n'y  a 
qu'un  petit  nombre  de  polypes  dont  l'extrémilé  lijjre  soit  bien  intacte. 

A  la  partie  antérieure  des  écailles  marginales  (fig.  80)  est  une  pointe 
acérée  ;  la  face  interne  est  armée,  dans  la  région  distale,  aiguë,  de  l'écaillé, 
d'une  carène  médiane  située  dans  le  plan  de  symétrie,  très  développée,  à 
boi'd  libre  tranchant.  La  partie  moyenne  et  la  partie  inférieure  sont  cou- 
vertes sur  la  même  face  de  verrues  mamelonnées,  de  forme  irrégulière, 
très  serrées  les  unes  contre  les  autres.  Tandis  que  le  bord  de  la  partie 
antérieure  est  très  mince  et  faiblement  ondulé,  celui  de  la  partie  posté- 
rieure est  plus  épais  et  présente  de  grandes  échancrures  avec  des  lobes 
ou  des  pointes  de  grande  taille  relativement.  Ces  écailles  marginales 
sont,  en  général,  plus  saillantes  sur  lafaceabaxialequesurlafacc  opposée; 
les  plus  développées  ont,  en  moyenne,  0'^"",8")  de  longueur  et  Omm  ;;() 
dans  leur  plus  grande  largeur.  Elles  peuvent  se  rapprocher  par  la  pointe, 
de  façon  à  former  au  polype  un  toit  conique  ouvert  dans  la  région  cen- 
trale. En  dedans  de  ces  écailles  marginales,  il  existe  un  opercule  ;  chez 
aucun  des  polypes,  je  n'ai  pu  discerner  plus  de  '.\  écailles  operculaires  qui 
ne  paraissent  pas,  d'ailleurs,  recouvrir  entièrement  le  polype  ;  il  est 
assez  difficile  d'en  juger,  parce  que  ces  sclérites  sont  presque  toujours 
relevés  vers  le  haut  dans  les  polypes  où  ils  sont  restés  en  place;  mais  je 
ne  crois  pas,  en  tout  cas,  qu'il  yen  ait  plus  de  6.  Ces  écailles  operculaires 
sont  aussi  plus  développées  du  côté  abaxial  que  du  côté  opposé.  Elles 
ont  une  forme  plus  allongée  que  les  marginales  (fig.  81  )  ;  leurs  bords 
latéraux  sont  presque  rectilignes.  Elles  se  terminent  en  pointe  et  sont 
munies  également  d'une  carène  interne  moins  étendue  relativement  (|ue 
celle  des  marginales.  Elles  ont  aussi,  sur  leur  face  interne,  de  nom- 
breuses saillies  verruqueuses,  et  leur  bord  postérieur  est  épaissi  et  irré- 
gulier. Chez  les  plus  grandes,  la  longueur  est,  en  moyenne,  deO"i™,i)o  et 
leur  largeur  maxima,  0"i™,25. 

En  arrière  des  écailles  marginales,  les  sclérites  sont  encore  étirées  en 
avant  et  possèdent  une  petite  carène  tranchante  sur  la  face  interne  ;  cette 
pointe  médiane  antérieure  s'atténue  d'arrière  en  avant.  Les  écailles  delà 


ALCYONAIRES.  67 

région  moyenne  du  polypeprennenl  la  forme  représentée  parlafigure  82. 
I'rcs(|ue  deiiii-olliptii|iies,  leur  hord  .udi'iirur  est  régulièrement  et  fine- 
ment denté  ;  leurs  bords  latéraux  présentent  quelques  faibles  sinuosités; 


FifT.  80.  —  Une  écaille  do  la  rangée  niai-ginalc.  —  Fig.  81.  —  Une  écaille  île  la  rangée  opercuîaire.  — 
Fig.  82.  —  Écaille  île  la  région  moyenne  des  polypes.  —  Fig.  83-8a.  —  Divers  types  d'écaillés  du 
cœnencliyiiiç. 


leur  bord  poslérieurest  déchiqueté  et  épaissi.  Une  Ijandemarginale  seule 
conserve  une  épaisseur  uniforme  ;  tout  le  reste  de  l'écaillé,  à  la  face  in- 
terne, est  armé  de  nombreuses  saillies  à  contour  irrégulier,  très  varié, 
plus  grandes  que  celles  des  écailles  marginales.  La  plus  grande  largeur 
de  ces  écailles  est  Qn^i^jôO;  leur  plus  grande  hauteur,  0'"™,45.  Les  écailles 


64  ALCYON  AIRES. 

ùo  la  face  ndaxiair  oui  Irs  niôinos  caractères,  mais  sont  notablement  plus 
pelilcs. 

Sur  Taxe  principal,  les  écailles  imbriquées  ont  des  formes  diverses; 
elles  sont,  en  général,  de  forme  allongée  (lig.  83,. 84  et  85),  avec  leur  l>ord 
antérieur  assez  régulièrement  dcnlé  et  légèremenl  cannelé  sur  une  bande 
marginale.  Leur  face  interne  est  rcnfoi'céf^  par  des  verrues  abondannnciit 
mamelonnées,  beaucoup  plus  étendues  que  dans  les  écailles  précédentes. 

Leurs  dimensions,  assez  variées,  oscillent,  en  général,  entre  0™"\3o  et 
0mm, 50  en  longueur  et  entre  O^m^^:;  et  Onim,^:;  on  largeur.  L'axe,  de 
couleur  jaune  assez  clair,  surtout  dans  la  rc'gion  distale,  est  iiiiemeut 
cannelé  à  la  surface  ;  il  mesure  à  la  base,  dans  la  partie  conservée, 
2mm  2  (le  diamètre;  il  a  été  rompu  à  une  distance  du  point  d'attache 
([uil  est  impossible  d'indiquer. 

Par  le  fait  que  les  polypes  sont  ici  groupc'-s  en  verlicilles  de  i  ou  5, 
que  les  écailles  marginales  ne  sont  pas  en  nombre  supérieur  à  0,  l'Alcyo- 
naire  de  l'Antarctique  décrit  ci-dessus  se  classe  dans  le  genre  Stenella 
Gray.  Ce  genre  a  étédivisé  par  J.  Versluys  (1906)  en  cjuatre  sous-genres  : 
Pteroslenella.,  Sitonella  s.  st.,  Parastenelln  et  Dasystmella.  Le  dernier  de 
ces  sous-genres  est  ainsi  caractérisé  [)ar  l'auteur  :  \'pi'zirp/f/i(/if/  nirht  feder- 
(trt'ni,  soiulrrn  uni  (J'iclil  (jestellten.,  alheitig  gewcndelen  Karzzirrigcn,  und 
dddiinh  ('OUI  Hahitiisdrr  T/toianelladerA?itair/ira-G}'uppe.LeGov^on\([é  du 
«  Pourquoi  Pas?»  se  range  dans  ce  sous-genre  Dasj/fttonclla,  qui,  jusqu'ici, 
n'est  représent(''  (|ue  par  une  seule  espèce  :  D.  acanthina,  draguée  par  le 
«  Challenger  »  au  large  de  Rio-de-la-Plata,  sur  un  fond  sableux,  à  1  080  m. 
de  jirofondeur.  Le  zoologiste  hollandais  qui  a  vu  l'exemplaire  du  British 
Muséum,  sansr(''tudier  complètement,  dit  que,  par  son  aspect,  Xa^  Stenella 
acanthiiia  Wright  et  Studer  rappelle  beaucoup  la  TlunKiroUa  l'nrkdiUh^ 
mais  que,  par  ses  verticillesde  3  à  5  polypes,  elle  se  distingue  très  nette- 
ment de  ce  groupe  de  Thodurella^  dont  les  polypes  sontisolés.  D'après  les 
figures  du  mémoire  de  Wright  et  Studer,  il  n'y  a  pas  8  écailles  margi- 
nales, mais  seulement  6,  4  ou  o.  C'est  là  une  différence  importante  vis-à- 
vis  du  genre  Tltnnarrlln^Q.ommo  lefait  remarquer .L  Versluys,  qui  est  d'ac- 
cord avec  Wright  et  Studer  pour  placer  l'Alcyonaire  en  <piestion  dans  le 
genre  Stenella. 


AU  VON  A  IRES.  69 

Il  y  a  ('i^alcmciil,  dans  les  |m)I\|i('s  de  rAlcymiaiiN'  di'  rAiitarcliquc  sud- 
anii''ii('aiil('.  (1  (''cailles  iii;iii;iiialrs  sciilciiiciil.  l'iii  (tiilrc,  ces  (''caillos,  sans 
avoir  la  inèiiK^  foniK^  (dioz  la  Slnu'llii  (iraiilliiiui  ot  chez  rAlryonaire  do  la 
liaic  Mari^uerito,  ont  les  mômos  caractères  dans  les  doux  forinos.  Il  suffit, 
l)our  s'en  convaincr(%  do  coniparor  la  (ii;ui'o  donnée  ci-dessus  à  la  i^rando 
écaille  do  la  fii;ure  10,  plancheXX  du  mémoire  do  \Vrii;lit  e(  Studor  (1889i 
r(datit"aux  Alcyonaires  du  <<  r.halleni;or  ». 

On  reconnaît  fort  bien  \o  d(''V(do|)pement  si  frappant  de  la  carène  tran- 
chante,à  la  face  interne.  Maisla  physionomie  de  la coloniede  l'Antarctique 
est  très  diflerente  do  colle  do  la  Tlioitarclla  rarifi/>i/is^  à  on  jui;or  d'après 
les  figures  2  et  3,  Taf.  XX  du  mémoire  de  ^\'.  Kûkenthal  concernant  les 
Alcyonaires  de  ro\[)édition  antarcliquo  Mllemande;  d'après  J.  Vorsiuys, 
Qciie  Tkouarella  ressemble  à  hx  Dani/stonolla  acanthina.  D'abord,  la  rami- 
fication est  beaucoup  moins  dense  ici  que  chez  la  Thouarella  rariahili^t  ; 
dans  l'espèce  antarctique,  les  branches  sont  assez  distantes  les  unes  des 
autres,  et  l'ensemble  est  lâche.  De  plus,  les  polypes  sont,  en  général, 
rabattus  vers  les  axes  des  ramifications  et  non  pas  placés  obliquement  par 
rapport  à  ces  axes,  nettement  séparés  d'eux,  comme  l'indique  la  figure  3, 
planche  XIV,  du  mémoire  de  Wright  et  Studer.  Il  est  vrai  que  ces  auteurs 
disent  (p.  iJO)  :  Tito  sjiiculrs  on  lltc  hoili/  aftlic  poli/p  vanj  (iicatlii  in  size, 
l/iose  (in  tlir  sidc  noaro^t  tlir  a. ris  hi'iny  uiarkedly  srnnller,  and  onuldinrj  tlie 
jtohjji  to  he  folded  in  on  itxolf^  c'est  ce  qui  est  réalisé  ici.  En  outre,  il  n'y 
a  que  a  spicules  dans  chaque  série,  y  compris  l'écaillo  marginale,  au  lieu 
do  7.  Il  y  a  également  des  diltorences  très  nettes  dans  la  forme  des  écailles. 
Il  s'agit  donc  ici  d'une  Dasystenelln  nettement  difl'éronte  delà  seule  espèce 
connue  jusqu'ici  de  ce  sous-genre,  la  Dasystenella  acanthina  Wright  et 
Studer.  Je  propose  d'appeler  cet  Alcyonaire  nouveau  de  l'Antarctique 
Dasijstcnclla  Liouvillei,  la  dédiant  à  M.  leD^J.  Liouville,  qui  a  recueilli 
l'intéressante  collection  d'Alcyonaires  du  «  Pourquoi  Pas?  >-.  Un  peut 
remarquer  que  les  deux  seules  formes  aujourd'hui  connues  du  sous-genre 
Dasf/sfrne/la  ont  été  trouvées,  la  première  au  voisinage  de  Rio-de-la- 
Plata,  la  seconde  dans  l'Antarctique  sud-américaine.  On  n'a  signalé 
jusqu'ici  aucune  autre  espèce  de  Stenella  dans  les  mers  antarctiques. 


70  ALCYONAIRES. 

Cenre  lUiOPÀLOXELLA  Roule. 

Rhopalonella  pendulina  Roule. 

(PI.  III,  fig.  15-16  ;  PI.  V,  fig.  21-25  ;  PI.  X,  fig.  56-57.) 

1908.   —  Rhopalonella  pendulina  Roule,  Expédition  antarctique  française  (1903-1905), 
Alcyonaires,  p.  4,  PI.  I,  fig.  5,  6,  7,  8. 

L'examen  des  Alcyonairos  rapportés  par  le  «  Pourquoi  Pas  ?  »  m'obli- 
geait à  voir  ceux  de  la  première  expédition  dont  l'étude  a  été  confiée  à 
L.  Roule.  En  regardant  de  près  les  exemplaires  de  Rhopalonella  pendu- 
lina, une  particularité  biologique  a  attiré  vivement  mon  attention  et  m'a 
conduit  à  examiner  les  caractères  morphologiques  de  cet  Alcyonaire,  type 
du  genre  nouveau  créé  par  L.  Roule. 

Toutes  les  colonies  de  la  Rhopalonella  antarctique  ont  été  recueillies 
dans  un  nid  de  Cormoran,  à  l'île  Rooth-Wandel,  de  sorte  que  leur  |)rove- 
nance  exacte  estrestée  inconnue,  mais  le  bon  étatde  conservation  de  tous 
les  exemplaires  fait  supposer,  comme  Roule  lecrit  avec  raison,  que  les 
Cormorans  les  avait  péchés  dans  le  voisinage,  non  loin  du  littoral.  Le  seul 
qui  soit  entier  mesure  34ij  millimètres  de  hauteur  et  00  millimètres  envi- 
ron dans  sa  plus  grande  largeur,  au  niveau  où  les  ramifications  sont  les 
plus  fournies  (PI.  V,  fig.  21).  Certaines  colonies  peuvent  prendre  de  bien 
plus  grandes  dimensions.  Ainsi,  l'un  des  fragments,  de  2o  centimètres  de 
hauteur,  porte  encore  de  longues  branches  à  son  extrémité  inférieure  ; 
il  lui  manque  une  notable  partie  de  la  région  basilaire  ;  il  appartenait  à 
une  colonie  de  taille  beaucoup  plusconsidérable  que  la  précédente.  Laxe 
unique  de  celle-ci  est  de  couleur  brune,  avec  de  Unes  cannelures  à  sa  sur- 
face, là  où  il  est  dénudé  ;  il  est  assez  souple  et  de  nature  cornée:  il  mesure 
2  millimètres  de  diamètre  à  sa  base.  La  plaque  adhérant  au  support  sur 
lequel  vivait  la  colonie  a  (j  millimètres  dans  sa  plus  grande  dimension. 
Sur  plus  d'un  tiers  de  sa  longueur  à  partir  de  la  base,  l'axe  porte  des 
sortes  d'épines  qui  ne  sont  que  les  parties  inférieures  des  branches  tom- 
bées. Le  reste  estcouvert  de  branches  dont  la  longueurdécroît  lentement 
et  régulièrement  de  la  partie  moyenne,  d'une  part,  vers  le  sommet  de  la 
colonie,  d'autre  part,  vers  la  base  de  la  région  couverte  par  les  branches, 
de  sorte  que  l'ensemble  a  la  forme  d'un  fuseçiu  très  allongé  et,  comme  les 


ALCYON  AIRES.  71 

ramifications  sont  très  denses,  l'aspect  de  la  colonie  rappelle,  comme 
le  (lil  Houle,  celui  d'une  brosse  rince-flacon.  Les  branches  s'insèrent  tout 
autour  de  l'axe,  à  tous  les  niveaux  et  sans  régularité  ;  on  n'observe  aucune 
constance  dans  l'alternance. 

Dans  les  régions  inférieure  et  moyenne  de  la  colonie,  les  branches  s'in- 
sèrentpresque  normalementàl'axe  ;  les  ramifications  flexueusesretombent 
vers  le  bas  dans  la  partie  distale  ;  à  la  partie  supérieure  de  la  colonie, 
l'angle  des  branches  et  de  la  partie  de  l'axe  principal  qui  les  surmonte, 
(b^vicnt  df^plusen  plus  aigu,  et  les  branches  se  redressent  vers  le  sommet. 
Au  voisinage  de  ce  dernier,  les  branches  sont  indivises  ;  il  en  est  de 
même  d'un  certain  nombre  de  branches  à  des  niveaux  très  variés  dans  la 
colonie  ;  mais,  dans  la  région  moyenne  surtout,  la  plupart  des  branches 
se  ramifient  plus  ou  moins  abondamment.  La  branche  principale  est  très 
courte  et  donne  naissance  à  deux,  trois,  quatre  branches  du  second  degré 
(|uipeuvent  se  ramifier  elles-mêmes  une  ou  deux  fois.  Ladistancedupoint 
d'insertion  de  cette  branche  principale  à  l'extrémité  des  ramifications  de 
divers  ordres,  supposées  étendues  en  ligne  droite,  n'excède  pas  5  centi- 
mètres. Ces  branches  de  divers  ordres,  ramifiées  ou  non,  ont  des  aspects 
variés  (PL  III,  fig.  15-16;  PL  V,  fig.  22-25).  Quelques-unes  sont  unifor- 
mément grêles  et  conservent  sensiblement  le  même  calibre  dans  toute  leur 
étendue  ;  mais  la  plupart  d'entre  elles  se  renflent  plus  ou  moins  fortement 
dans  leur  région  basilaire,  quelquefois  même  dans  leur  moitié  inférieure,  et 
prennent  la  forme  de  massue,  fait  que  Roule  a  exprimé  dans  le  nom  donné 
à  cet  Alcyonaire,  Rhopalonella,  de  pô-9t),ov,  massue.  Beaucoup  d'entre  elles 
aussi  se  renflent  dans  leur  région  distale;  l'accroissement  de  diamètre 
tient  ici  à  l'accumulation  des  polypes  dans  la  partie  dilatée  ;  celui  de  la 
base  est  dû  à  une  tout  autre  cause,  comme  on  le  verra  plus  loin.  Aussi, 
le  nombre  des  polypes,  sur  une  longueur  donnée,  varie-t-il  notablement 
suivant  la  région  considérée  de  la  branche.  Il  est  d'ailleurs  extrêmement 
diflicile  à  indiquer  d'une  façon  très  i)récise,  à  cause  de  la  superposition 
partielle  des  polypes  dans  les  parties  renflées.  Ainsi  j'ai  compté  70  po- 
lypes environ  sur  1  centimètre  de  longueur  dans  la  région  dilatée  du 
sommet  (fig.  86)  et  une  quarantaine  dans  certaines  parties  grêles  (fig.  8/). 
Les  deux  élargissements,  proximal  et  distal,  se  rencontrent,   du  reste. 


72  ALCYONAIRES. 

assez  fréquemment  sur  les  mêmes  branches.  Les  polypes  s'insèrent  tout 
autour  des  branches  de  divers  ordres,  très  serrés  les  uns  contre  les 
autres,  particulièrement  danslesrégionsrenfléesdu  sommet  des  branches, 
à  des  niveaux  très  voisins  les  uns  des  autres,  au  point  de  former  parfois 


S&. 


8  7. 


Fig.  86.  —  Disposition  des  polypes  dans  la  région  Ui  iiiiii.ili'  dt,--  lnancliLS.  —  Kig.  87.  —  Disposition  des 
polypes  dans  la  partie  moyenne  des  branches.  —  Fig.  8S.  —  Un  polype  avee  son  armature  de 
spieules. 

presque  des  verticilles  ;  mais,  nulle  part,  la  disj)Osition  complètement 
verticillée  n'est  réalisée. 

La  plupart  des  polypes  sont  incurvés  sur  leui'  face  adaxiale,  de  façon  à 
se  redresser  le  long  de  la  branche,  parfois  même  às'orienterparallèlt'iiiciil 
à  celle-ci,  sans  la  toucher.  Les  plus  grands  atteignent  à  iiciiic  l""",o  de 
longueur,  la  plus  grande  largeur  n'excédant  pas  0"^ni,6.  Les  tailles  de  ces 
polypes  sont  très  variées  le  long  dune  même  branche,  et  même  dans  une 
portion  localisée  de  celle-ci  (iîg.  S7).  Ils  s'évasent  un  peu,  en  général,  vers 
le  haut(lig.  88j.  Le  bord  libre  des  calices  est  constitué  par  6  sclérites  en 
forme  d'écaillés;  sur  la  face  abaxiale  ou  externe,  convexe  et  sur  les  côtés, 
il  y  a  4  écailles  du  type  représenté  par  la  ligure  89  pour  la  face  interne  ; 
les  2  écailles  de  la  face  adaxiale  sont  du  même  type,  mais  un  peu  moins 


ALCYONAIRES.  73 

saillantes  que  les  précédontos.  C(>s  ('cailleB,  {h^  l'nrme  allongée,  ont  une 
longueur  moyenne  (leO'nm,;)."),  leur  plus  grande  lai'geui'  étani.  de  Omm,:*)0. 
¥a\  avant,  elles  si^  rétrécissent  graduellement  pour  se  terminer  en  pointe 


93. 


95. 


92. 


96. 


3  7. 


Fig.  8'J.  —  Une  écaille  do  la  rangée  marginale  du  calice  .  l'ace  intérieure.  — ■  F'ig.  90.  —  L'ne  écaille  de  la 
seconde  rangée,  immédiatement  en  arrière  des  marginales,  vue  par  la  face  extérieure.  —  Fig.  91.  —  Une 
écaille  de  la  rangée  operculaire.  —  Fig.  92.  —  Une  écaille  de  la  région  moyenne  des  polypes.  — 
Fig.  93-94.  —  Petits  scléritesdes  polypes,  situés  sous  les  écailles  de  la  surface.  —  Fig.  9o-97.  —  Divers 
types  de  sclérites  du  cœnencliyme. 

mousse.  Le  bord  libre,  dans  cette  partie  antérieure,  avec  de  fines  dents, 
présente  de  légères  cannelures  ayant  ces  dents  pour  points  de  départ.  vSur 
la  face  interne  de  la  région  antérieure,  est  insérée  une  carène  très  sail- 
lante ;  celle-ci,  sur  son  bord  libre,  porte  une  plaque  disposée  presque 
parallèlement  à  la  surface  de  l'écaillé  et  dont  la  forme  rappelle  le  profil 
d'une  poire  très  allongée.  Dentelée  sur  tout  son  pourtour,  cette  plaque 
déborde  un  peu  en  avant  de  la  pointe  terminale  mousse  de  l'écaillé  et  se 

Expédition  Charcot.  —  GiiAViEn.  —  Alcyonaires.  10 


74  ALCYONAIRES. 

termine  en  arrière,  en  se  rétrécissant  graduellement,  avec  la  carène  (|ui 
la  porte.  La  partie  postérieure  de  l'écaillé,  dont  le  l)ord  est  déchiqueté  et 
épaissi,  est  couverte  de  verrues  de  formes  et  de  dimensions  variées, 
serrées  les  unes  contre  les  autres.  Immédiatement  en  arrière  des  margi- 
nales, les  écailles  ont  une  forme  un  peu  différente  de  celle  des  précédentes, 
représentée  par  la  ligure  90  vue  par  la  face  externe  lisse.  Elles  sont  pour- 
vues, comme  les  autres,  sur  la  face  interne,  d'une  carène  à  plate-forme 
et  de  verrues  à  contour  irrégulier  ;  mais  elles  sont  plus  larges  et  un  peu 
jdus  courtes,  leurs  dimensions  moyennes  étant  de  0i"°i,48  do  longueur  et 
de  0°!"%  iO  de  largeur.  Dans  les  nombreux  polypes  que  j'ai  étudiés,  je  n'ai 
jamais  trouvé  plus  de  6  écailles  à  l'opercule  ;  mais  il  est  fort  possible  qu'il 
y  en  ait  S,  à  en  juger  par  leurs  dimensions,  qui  sont  inégales;  les  plus 
grandes  ont  O'"'",3o  de  longueur  et  0'"'",20  de  largeur  (fig.  91).  Leui- 
forme  rappelle  celle  des  écailles  marginales.  La  partie  antérieure,  rétré- 
cie,  a  ses  bords  crénelés.  La  face  externe  est  lisse  ;  la  face  interne  est 
armée  d'une  cari'ne  médiane,  antérieure,;!  bord  libre  denté,  tressaillante 
en  avant  et  de  très  nombreuses  verrues  de  configurations  diverses  à  la 
partie  postérieure  qui  est  déchiquetée  sur  son  pourtour. 

Il  est  à  remarquer  qu'ici  les  écailles  qui  recouvrent  le  corps  du  polype, 
imbriquées  comme  d'ordinaire,  ne  sont  pas  disposées  en  ^séries  longitu- 
dinales, comme  chez  les  Stenella  et  les  Thouavella^m  en  séries  transver- 
sales, mais  plutôt  en  spires.  En  arrière  des  écailles,  à  carène  et  à  plate- 
forme, la  pointe  antérieure  disparaît  (fig.  92).  Le  bord  antéri(>ur  et 
surtout  les  bords  latéraux  sont  sinueux  et  légèrement  cannelés  ;  en  arrière, 
le  bord  est  plus  épais  et  découpé  irrégulièrement.  A  part  une  bande  mar- 
ginale étroite  qui  reste  unie,  toute  la  face  interne  est  couverte  de  saillies 
de  formes  très  variées  présentant,  en  certaines  régions,  une  disposition 
rayonnée  autour  d'un  nucléu* central.  Toute  la  surface  du  polype  est  cou- 
verte d'écaillés  ;  celles-ci,  sur  la  face  adaxiale,  sont  sensiblement  plus 
petites  dans  tous  les  sens,  ce  qui  donne  une  certaine  souplesse  à  cette 
face  du  polype  concave  du  côté  de  l'axe.  Une  coupe  transversale  du  po- 
lype peut  intéresser  7  ou  8  écailles;  on  trouve,  en  outre,  sous  ces  der- 
nières, de  petits  scléritesà  contour  très  irrégulier,  avec  des  saillies  peu 
nombreuses  à  la  face  interne  (fig.  93  et  94),;  leurs  dimensions  moyennes 


ALCYON  A  IRES.  75 

sont,  CM  IdiigiKMii',  (11'  "iO  à  ('»();;.,  Cil  largeur  de  30  à  35  ;7..  Enfin  l'écorce  de 
l'axe  est  consolidée  par  des  sclériles  de  taille  et  de  conliguration  très 
diverses,  à  contour  irrégulier,  couverts  presque  entièrement,  sur  la  face 
interne,  de  verrues  de  dimensions  variées  (fîg.  9"i,  06  et  07). 

Le  genre  R/io/)a/onp//a  Houle  peut  être  actuellement  caractérisé  ainsi  : 
Coloniesavecaxeprincipal;  branches  insérées  tout  autour  de  ce  dernier, 
isolées,  les  unes  indivises,  les  autres portantdes  rameaux  de  deuxième  et 
mèmede  troisième  ordre.  Polypesfixés  tout  autour  des  branches,  incurvés 
versla  ramification  qui  les  porte,  très  serrés  les  uns  contre  les  autres,  sur- 
tout au  sommet  des  branches,  mais  non  verticillés.  Écailles  des  polypes 
non  disposées  en  séries  longitudinales,  plus  grandes  sur  la  face  abaxiale  que 
sur  la  l'ace  opposée,  dont  aucun  point  ne  reste  à  nu.  Une  coupe  transver- 
sale de  la  région  transversale  du  polype,  dans  la  région  moyenne,  ren- 
contre 7  ou  8  écailles.  Écailles  des  polypes  à  bord  denté  et  légèrement 
cannelé,  avec  de  nombreuses  verrues  sur  la  face  interne.  Marginales 
uiiinies  d'une  carène  médiane  antérieure  très  saillante  soutenant,  sur  son 
bord  libre,  une  plate-forme  effilée  en  arrière.  Écailles  de  l'opercule,  de 
tailles  inégales,  de  forme  allongée,  rappelant  celle  des  marginales,  avec 
une  forte  carène  antérieure  sur  la  face  interne.  Écailles  de  l'écorce,  im- 
briquées, comme  celles  des  polypes,  de  formes  très  variées,  mais  plus 
petites  que  celles-ci. 

Avec  son  opercule  et  ses  polypes  isolés,  le  genre  Blmpalonella  Roule 
appartient  à  la  sous-famille  du  P runno'uiœ  Versluys.  Par  ses  branches 
insérées  do  tous  les  côtés  sur  l'axe,  par  ses  polypes  isolés,  par  son  aspect 
général,  cet  Alcyonaire  rappelle,  comme  Roule  l'a  dit  avec  raison,  les 
ThoanreUa  du  groupe  de  la  Thoiiarella  antarclica.,  plus  par  le  faciès  géné- 
ral que  par  la  forme  et  par  l'armature  des  polypes  ;  la  disposition  de 
ses  écailles  et  les  caractères  tout  particuliers  des  écailles  marginales  à 
plate-forme  ne  sont  pas  sans  analogie  avec  ce  que  l'on  observe  chez  la 
Tlinuarella  antarctka  (Valenciennes),  dont  l'arête  médiane  des  mêmes 
écailles  porte  des  plates-formes  multiples  et  dont  la  disposition  des 
polypes  sur  l'axe  rappelle  également  celle  qui  est  réalisée  chez  la  Hhopa- 
hmella penduVma  Roule. 

Par  ses  branches  serrées  les  unes  contre  les  autres  et  insérées  de  tous 


76  ALCYONAIRES. 

les  côtés  sur  Faxo  principal,  par  ses  (5  écailles  marginales,  il  paraît  se 
rapproch(>r  aussi  clés  Stenella  du  sous-genre  Dasystenella^  dont  les  po- 
lypes sont  verticillés,  ce  qui  n'est  pas  le  cas  ici.  La  disposition  des  écailles 
sur  les  polypes  n'est  d'ailleurs  pas  du  tout  la  même  dans  les  deux  types. 
Un  grand  nombre  de  branches,  avons-nous  dit,  présentent  des  renfle- 
ments généralement  situés  dans  la  partie  basilaire,  ce  qui  leur  donne  une 
forme  de  massue.  La  dilatation  occupe  une  portion  très  variable  de  la 
longueur  des  branches  ;  elle  diminue  à  la  base,  parce  que,  dans  cette 
r.'gion,  les  polypes  ne  sont  pas  répartis  tout  autour  des  branches,  mais 
seulement  sur  la  moitié  environ  du  pourtour.  Les  parties  élargies  ont  une 

teinte  jaune  orangé    assez  marquée,  tandis 
que  les  régions  distales  sont  incolores.  Si 
l'on  enlève  le  cœnenchyme  dans  ces  régions 
renflées,  on  voit  de  chaque  côté  de  l'axe  de 
la  branche,   à    la    base    des   polypes,    des 
corps  globuleux  de   contour  varié,   le    plus 
souvent  elliptique,    dont  la   couleur,  d'un 
jaune  orangé  très  vif,   se    laisse    voir    ])ar 
transparence  à   travers  le  cœnenchyme  et 
les  spicules    qu'il  porte.   Certains    de  ces 
corps  ont  jusqu'à  1  millimètre  de  longueur 
et  Omm^75  de    largeur  (fig.  98).  Tous   ces 
corps  jaunes  se  montrent  composés  de  deux 
parties  de  volume  très  inégal.  A  la  surface, 
en  un  point  dont  la  position    n'a  rien  de 

Fig.  98.  —  OEufs  situes  à   la    Ijase  des  ,  .,        ,  ,  , 

polypes,     à      la     partie     inférieure       COUStaut,    OU    VOlt,     daUS  UUe    deprCSSlOn    eU 
renlléo  de  certaines  branches.  r.  i  •  i  i  i 

forme  de  cuvette,  une  petite  masse  blanche, 
formant  une  légère  saillie  à  la  surface,  enveloppée  dans  une  membrane  à  tra- 
vers laquelle  on  voit  très  nettement  un  corps  sphérique  opaque  (hg.  50, 
PI.  X).  Cette  cellule  est  simplementposée  dans  la  cuvette,  à  laquelle  elle  ne 
tient  que  très  faiblement,  car,  lorsqu'on  cherche  à  extraire  le  tout  de  la 
cavité  correspondante,  très  fréquemment  elle  se  détache  de  son  support 
et  reste  adhérente;  à  la  paroi  qui  la  recouvrait.  Si  l'on  fait  une  coupe 
intéressant  à  la  fois  la  cellule  superficielle  e.t  la  masse  jaune  qui  la  sup- 


£>s. 


ALCYONATRES.  77 

porte  (tii;    'i?,  IM.  X"),  on  constate  que  le  noyau  sphérique  est  composé 
d'une  très  line  substance  granuleuse  homogène  ;  la  cavité  qui  le  contient 
se  montre  vide  dans  toutes  les  coupes  que  j'ai  examinées.  Quant  à  la 
masse  jaune  qui  est  entourée  par  une  membrane  assez   épaisse,  dans 
laquelle  on  distingue  plusieurs  couches  superposées,  elle  se  montre  entiè- 
rement composée  de  sphérules  réfringentes  et  ne  possède  pas  de  noyau. 
L'ensemble  est  donc    constitué  par    l'ovule   accompagné  d'une  masse 
relativement  considérable  de  vitellus  qui  sert  vraisemblablement  à  ali- 
menter les  premiers  phénomènes  de  développement.  On  se  trouve,  ici,  en 
présence  d'un  phénomène  d'incubation  qui  offre  à  signaler  cette  particu- 
larité, que  l'oHif  est  pourvu  d'une  énorme  réserve  extérieure  à  lui  de 
vitellus  nutritif.  Il  serait  intéressant  de  suivre  le  processus  de  formation 
de  cette  réserve  et  aussi  la  marche  du  développement  aux  dépens  de  cette 
matière  de   réserve.   Malheureusement  le  matériel    recueilli  doit  être 
conservé  aussi  intact  que  possible  et  n'a  pas  été  préparé  en  vue  de 
recherches  histologiques   approfondies.    Exceptionnellement,   il   existe 
deux  de  ces  corps  jaunes  correspondant  à  un  même  polype,  mais,  dans 
ce  cas,  l'un  d'eux  est  beaucoup  moins  développé  que  l'autre. 

Il  est  à  remarquer  aussi  que,  dans  les  régions  où  se  développent  les 
cellules  sexuelles  femelles,  les  polypes  ont  la  même  armature  que  les 
polypes  normaux  ;  mais,  au  lieu  de  s'évaser  vers  le  haut  et  d'avoir  leurs 
écailles  marginales  saillantes,  ils  sont  fermés  à  leur  partie  supérieure,  en 
forme  de  dôme,  les  écailles  marginales  rabattues  les  unes  vers  les  autres  ; 
c'est  une  attitude  qu'on  observe,  en  général,  chez  les  polypes  incubateurs. 

Des  faits  semblables  d'incubation  sont,  jusqu'ici,  tout  à  fait  exception- 
nels chez  les  Gorgonidés.  J.  Versluys  (1006)  a  cependant  décrit  une  cavité 
incubatrice  située  entre  les  polypes  et  la  branche  qui  les  porte,  —  d'un 
tout  autre  caractère,  par  conséquent,  que  celle  de  la  RlKiiHilonellapemhdina 
Roule —  chez  la  IHumarella  deUcatissima  Wright  et  Studer,  que  le  «Chal- 
lenger »  dragua  près  de  Port-Grappler  (côte  ouest  de  Patagonie),  à  252  m. 

de  profondeur. 

Genre  PRIMNOELLA  Gray. 

PI.  VII,  fig.  37;  PI.  VIII,  fig.  38;  PL  X,  fig.  58-59.) 

Primnoella  Kukenthali  Gravier. 

1913.   — •  Primnoella  Kûkenlhali  Ch.  Gravier.  Deuxième  Expédition  antarctique  fran- 


jè  ALCYONAIRES. 

çaise   (190S-1910),  Alcyonaires   (2^   note  préliminaire)    {Bull,  du   Mus.  d'hisl. 
nalur.,  t.  XIX,  p.  591). 

Dans  le  Port-Lockroy  (chenal  Peltier,  le  long  de  l'île  Wiencke.  Lati- 
tude :  64°  50'  S.  ;  longitude  :  03°  30'  W.),  le  dragage  du  28  décembre  1008, 
par  53  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond  de  roches  et  de  graviers,  la 
température  du  fond  étant  0°,  a  ramené  à  la  surface  une  colonie  de 
Primnoella  (PI.  VII,  fig.  37).  A  la  partie  inférieure,  l'exemplaire  est  com- 
plet; on  voit,  en  effet,  à  la  base,  l'amorce  de  la  plaque  par  laquelle  il  était 
fixé  à  son  support,  dont  il  a  été  séparé  vraisemblablement  |tar  la  dragne. 
En  quelques  points,  la  partie  vivante  a  été  détachée,  ce  qui  a  mis  à  nu 
l'axe  qui  est  ferme,  mais  sou|>l('.  A  l'autre  extrémité  de  Taxe,  les  verti- 
cilles  ont  de  12  à  15  polypes,  ce  qui  semble  indiquer  ipie  l'on  est  encore 
assez  loin  de  la  partie  terminale.  La  colonie,  à  laquelle  manque  la  [tarlie 
supérieure,  mesure  31  centimètres  de  longueur. 

Un  autre  exemplaire  provenant  de  la  première  expi'dilion  antarctique 
française  (1903-1905),  de  dimensions  moindres  ({ue  le  précédent,  a  sa 
partie  inférieure  en  bon  état;  le  premier  verticille,  cpii  compte  0  polypes, 
se  montre  à  0  centimètres  environ  au-dessus  de  la  |)laque  basilaire  de 
fixation.  Au-dessous  de  ce  verticille,  on  voit  plusieurs  renflements  de 
plus  en  plus  distants  et  de  moins  en  moins  marqués,  à  mesure  qu'on  se 
rapproche  de  la  base  ,  et  qui  étaient  les  amorces  de  verticillcs  futurs.  Au 
lieu  de  se  recouvrir  partiellement  les  uns  les  autres,  les  verticilles  infé- 
rieurs sont  absolument  distincts  les  uns  des  autres;  ils  se  rapprochent 
graduellement  et  rapidement  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  la  base. 

Autant  qu'on  en  peut  juger  d'après  l'exemplaire  de  Port-Lockroy,  dont 
l'état  de  conservation  laisse  à  désirer,  les  premiers  verticilles  commencent 
à  7  centimètres  environ  de  la  base;  quant  au  nombre  des  verticilles,  il 
dépasse  100,  bien  que  la  partie  supérieure  fasse  défaut.  La  colonie  a  la 
forme  d'un  fuseau  longuement  étiré;  le  diamètre  de  la  région  moyenne 
ne  dépasse  pas  5  millimètres;  l'ensemble  est  très  grêle.  Dans  cette  région, 
la  hauteur  des  verticilles  est  de  2"i"%5  à  3  millimètres  au  plus  ;  ces  ver- 
ticilles, qui  se  recouvrent  partiellement  lun  l'autre,  ne  laissentvoiraucun 
point  de  la  tige  qui  les  porte.  Dans  la  région  supérieure^  et  surtout  dans 
la  région  inférieure  de  la  colonie,  les  verticilles  sont  moins  serrés. 


ALCYON  AIRES.  79 

L";i\('  (lii^.  ."iS  et  aO,  IM.  ,\  1  est  tr('s  i^rrle;  ;i  la  baso  de  la  colonio,  son 
(liainrli'c  ii'cxcrdc  |)as  0'""',8  ;  co  dernier  est  de  0™'",;»' à  l'exlrémité 
su|i(Ti('iii('.  l/axc  est  parcoui'u  [lar  des  sillons  lont;itudinanx  superficiels 
assez  irréyiiliers,  tant  en  largeur  (ju'cn  })rofondeur  ;  il  est  flexible  dans 
toute  sou  étendue. 

Dans  les  verlicilles  les  plus  développés,  on  comj)te  d(^  16  à  20  polypes. 
On  conslalc  de  IVéqucutes  inégalités  dans  la  taille  des  polypes  d'un  même 
verticillc  ;  cei'tains  polypes  sont  notablement  plus  petits  que  les  autres, 
comme  s'ils  s'étaient  formés  postérieurement  à  leurs  voisins  qui  les 
recouvrent  pres(|ue  complètement,  ou  comme  s'ils  avaient  été  arrêtés 
dins  leur  accroissement.  Quoi  qu'il  cm  soit,  ils  sont  tous  fortement  incur- 
vés vers  l'axe,  avec  lequel  la  plupart  d'entre  eux 
ne  sont  cependant  pas  en  contact  direct,  ce 
qui  donne  aux   verticilles  un  aspect  globuleux 

(fig.  m). 

Sur  la  face  abaxiale  convexe  et  sur  le  seiH  s, 
chaque  polype  est  pourvu  de  quatre  rangées  de 
sclérites  en  forme  d'écaillés  (fig.  09),  au  nombre 
de  18  à  20  dans  chaque  rangée.  La  forme  typi- 
que des  écailles  des  rangées  médianes  est  re- 
présent(''e  dans  la  figure  100;  elles  ont,  en 
nioyenni',  2""",o  dans  bnir  plus  grande  largeur 
et  |i"'",7  dans  leur  plus  grande  longueur,  avec 
de  très  fortes  dents  simples  ou  niultilobées,  de 
sorte  que  le  contour  est  irrégulièrement  et  pro- 
fondément dentelé.  En  outre,  sur  la  face  externe, 
cessclérites,relativementtrès  épais,  présententde 

grosses  sailliesdontun  certain  nombre  sont  ramifiées.  Ces  sclérites  imbri- 
qués ont  leur  boi'd  libre  très  saillant,  ce  |<|ui  donne  un  caractère  hirsute 
très  spécial  à  l'ai'mature  du  polype.  Dans  la  partie  basilaire  d<»s  polypes, 
et  surtout  sur  les  côtés,  ces  sclérites  abaxiaux  sont  plus  irréguliers  ; 
quelques-uns  ont,  de  chaque  côté,  des  prolongements  plus  ou  moins  divi- 
sés dans  leur  partie  terminale  (fig.  101  et  102).  En  revanche,  à  la  rangée 
marginale  supi'rieure,  les  écailles  ont  un  contour  plus  régulier  (fig.  101}], 


l'-i 


99.  —  Polype  vu  latt'i-alo- 
iiient.  avec  son  aniiaturo  de 
spiciiles  en  formé  dV'cailles  à 
boids  irrégulièrement  denlelês 


8o 


ALCYONAIRES. 


avec  dos  saillies  relativement  insignifiantes  sur  la  face  interne.  En  général, 
l'alignement  des  rangées  d'écaillés  est  moins  parfait  à  la  base  que  dans 
la  partie  supérieure  des  polypes.  Sur  la  face  adaxiale  concave,  il  y  a 


JO/ 


^ûA 


Fig.  100.  —  Kcaille  île  la  région  moyenne  des  polypes.  —  Fig.  101-102.  —  Écaille^  de  la  partie  basilaire 

des   polypes. 

également  quatre  rangées  d'écaillés,  deux  de  chaque  côté.  Les  deux  ran- 
gées internes  ne  sont  pas  au  contact  immédiat  l'une  de  l'autre  ;  il  y  a  une 
bande  médiane  ventrale  qui  reste  à  nu.  Ces  écailles  adaxiales  sont  beau- 
coup plus  minces  et  plus  petites  que  les  autres  et  n'ont  que  de  très 
légères  saillies  sur  la  face  interne  (llg.  lOi).  Les  plaques  operculaires 
sont  de  taille  exiguë,  de  forme  plus  allongée  que  les  précédentes,  minces, 
à  contour  presque  entier,  avec  de  toutes  petites  saillies  à  la  face  interne 
(fig.  105).  Elles  n'obturent,  dans  aucun  polype,  l'ouverture  supérieure, 
comme  elles  le  font,  par  exemple,  chez  la  Primnoella  ausfralie/tsis,  d'après 
la  figure  oO,  page  o3  du  mémoire  de  J.  Versluys  (4906)  sur  les  Pr/mnoidr 
de  l'expédition  du  '(  Siboga  ».  Au  sommet  d'un  très  grand  nombre  de 
polypes,  on  voit  poindre  le  faisceau  de  tentacules  pennés. 

L'écorce  de  la  tige  porte  des  sclérites  de'taille  et  de  forme  très  variées 


ALCYON  AIRES.  8i 

(fig.  IO(i('l  107),  qui  ont  leur  face  interne  gai-nie  de  très  grosses  saillies 
mamelonnées,  de  mêmes  caractères  que  celles  des  sclérites  des  polypes. 


jos. 


so/*. 


lOâ. 


Fig.  103.  —  Écaille  de  la  rangce  raar^'inalc  des  ealicos.  —  Fig.  104.  —  Ecaille  de  la  l'ace  adaxiale  des 
polypes.  —  Fig.  105,  —  Écaille  de  la  rangée  coperculairc.  —  Fig.  106-107.  —  Ecailles  de  l'écorce  de  la 
lige. 

On  trouve,  en  outre,  dans  l'écorce,  comme  dans  le  polype,  de  nombreux 
sclérites  de  petite  taille  et  de  configurations  diverses. 

Dans  la  partie  supérieure  de  la  colonie,  on  voit,  fixées  sur  elle  à  divers 
niveaux,  un  certain  nombre  de  Crustacés  Décapodes  (PI.  VIII,  fig.  38).  La 
plupart  ont  leurs  pattes  céphalo-thoraciques  antérieures  enserrées  entre 
les  polypes  d'un  verticille,  ou  entre  ces  polypes  et  l'axe  qui  les  porte  ; 
quelques-uns  sont  pris  de  la  même  façon  par  leur  abdomen.  11  semble 
bien  que  ces  Crustacés  ont  été  ca})turés  par  l'Alcyonaire. 

Cn  second  exemplaire  ou  plutôt  un  simple  fragment  d'une  colonie  qui 
devait  être  de  grande  taille,  à  en  juger  par  le  diamètre  des  verticilles,  qui 

Expédition  Ckarcol.  —  Gbavier.  —  Alcyonaiies.  il 


82 


ALCYON  AIRES. 


atteint  près  de  5  millimètres,  a  la  iikmik'  |»iovenance  que  le  précédent; 
il  mesure  li^^,'.^  de  longueur.  II  a  dû  séjourner  dans  un  liquide  à 
réaction  acide,  car  toute  l'armature  de  spicules  a   disparu,   et  ^l'axe   a 

perdu  une  partie  de  sa  consis- 
tance. Sur  ce  fragment  qui  ap- 
partenait probablement  à  la  ré- 
gion moyenne  d'une  colonie, 
s'est  fixée  une  éponge  siliceuse 
qui  recouvre  presque  entière- 
ment 0  verticilles  consécutifs.  Le 
même  fragment  possède  3  verti- 
cilles intercalés  entre  de  plus 
anciens.  La  figure  108  représente 
l'un  de  ces  verticilles.  D'après 
W.  Kukentbal,  la  formation  de 
nouveaux  verticilles  se  fait  parti- 
culièrement dans  la  partie  supé- 
l'ieure  de  la  colonie,  mais  ne  fait 
pas  défaut  dans  les  parties  infé- 
rieures. Comme  dans  la  colonie 
décrite  précédemment,  on  ol)- 
serve  de  fréquentes  inégalités 
-70S  .  -1^^-  dans  le  développement  des  poly- 

Fig.  108.  —  Un    vtrtiriU,.   jeuno    iiilorcalc  untre    deux      ppg^    OuclqueS-UnS,   atropbiés  OU 
vorticillos  de  taille  normale.  ,  '  "^ 

nouveaux  venus,  n'arrivent  pas 
à  la  moitié  de  la  hauteur  des  plus  grands. 

Par  sa  forme,  la  disposition  de  ses  polypes  et  son  armature  de  spicules, 
l'Alcyonaire  décrit  ci-dessus  se  |)lace  dans  le  genre  Primnoelln  Gray.  Il 
est  toutefois  un  caractère  général  chez  les  Primnoellida',  indiqué  jjar 
J.  Versluys  et  par  W.  Kûkenthal,  non  réalisé  ici,  concernant  les  caractères 
des  sclérites  des  polypes.  J.  Versluys  (1906)  dit,  dans  la  diagnose  du 
genre  :  l'dli/iiensclutppeii  iiniiiPr  zart  unrhiiclitqrosz.  W .  Kiikenthal  (1912) 
dit,  à  ce  sujet  :  Die  Poh/ijeiisclnippeii  siiid  iiirist.  zart,  tandis  qu'ici  ces 
écailles  sont  robustes  et  épaisses.  Par  la  section  prc'sque  circulaire  des 


ALCYONAIRES.  83 

polypes,  par  la  disposition  do  ses  rangées  dorsales  de  spicules,  par  l'exis- 
tence de  |>lus  de  deux  rangées   de  spicules   visibles  dorsalement,  cette 
Primnnella  se  rattache  au  groupe  des  conccxœ,  admis  j)ar  J.  Versluys  et 
par  W.  Kukenthal,  dans  lequel  ce  dernier  réunit  les  espèces  suivantes  : 
Prhiinoellafluiji'lliiin  Studer,  Pninnodhi  aiitaictica  Kukenthal, /'r/m/Kje//« 
inagcllanica  Studer,  Priinnorlla  Murrayi  ^\'righl  et  Studer,   PrhnnoeUa 
divaricatn  (Studer)  et  P/i/nnoel fn  distmis  StiidQv.  Elle  ressemble  assez  à  la 
PrimnneUa  auxtralasiiv  Gray  [telle  que  la  représentent  Wright  et  Studer 
(1889),  PI.  XVIII,  fig.  1  et  1  «],  par  son  aspect,  par  sa  taille  et  aussi  i)ar 
le  nombre  de  ses  polypes,  de  16  à  20  à  chaque  verticille.  Mais  elle  s'en 
éloigne  par  le  nombre  des  écailles  à  chaque  rangée  abaxiale  :  9  dans 
l'espèce  du  «  Challenger  »,  de  18  à  20  dans  l'espèce  de  l'Antarctique 
sud-américaine.  De  cette  espèce,  comme  de  toutes  les  îmive^[Car'matœ  de 
Wright  et  Studer;  Compressa'  de  Kukenthal i,  elle  se  distingue  nettement 
par  l'armature  de  sclérites  des  polypes  qui,  avec  leurs  crénelures  pro- 
fondes, hérissent  la  surface  d'autant  de  pointes  mousses  et  lui  donnent 
une  physionomie  toute  spéciale  et  môme  une  place  à  part  dans  la  famille. 
W.  Kukenthal  a  fait  observer  avec  raison  qu'on  peut  considérer  comme 
général  chez  les  Primnoella  ce  caractère  des  spicules  des  polypes  indiqués 
par  J.  Versluys  (4906j  :  Iliro  Auszpnflâche  ohne  Skulpturon,  ohne  stachel- 
artigo   Leisten  mn  freicii  Jiandp.   Ce   caractère  ne  s'applique  pas   à  la 
Primnoella  Murraiji,  dont  les  s])icules  abaxiaux  sont  armés  d'une  pointe 
antérieure  très  saillante,  et  pas  davantage  à  la  Primnoella  décrite  ci-dessus. 
Le  savant  zoologiste  de  Breslau  fait  remarquer  que,  chez  les  ('omjjressœ, 
les  spicules  abaxiaux  sont  toujours  beaucoup  plus  larges  que  hauts  et 
d'une  forme  plutôt  rectangulaire  ;  chez  les  Convexa',  ils  sont  plutôt  en 
forme  de  disque.  Ici,  les  écailles  sont  plus  larges  que  hautes,  comme  chez 
les  <'iij//j)jrss;e,  Ijien  que,  par  d'autres  côl(''s,  l'Alcyonaii'O  de  l'Antarctique 
soit  plutôt  à  classer  parmi  les  ('o//vrj\'e.  11  y  a  d'ailleurs,  comme  l'indique 
Kukenthal,  un(>  autre  forme  de  passage  réalisée  dans  la  Primnoella  dista/is 
Studer,  qui  a|)pai"[ieiil  aux  Conce.ra'  ])ar  la  forme  circulaire  delà  section 
transversale  des  polypes  et  qui  se  range  dans  les  Compressa?  par  ses  deux 
seules  rangées  de  spicules  visibles  dorsalement. 

Pour  la  nouvelle  espèce  de  Primnoella  de  l'Antarctique,  j'ai  proposé 


84  ALCYUNAIRES. 

le  nom  do  Kukentliali,  la  dédiant  au  P'  W.  Kûkenthal,  autour  do  tant  do 
travaux  importants  sur  les  Alcyonaires. 

Au  point  de  vue  zoogéographiquo,  Kûkenthal  rappelle  que  la  plupart 
des  espèces  de  Prhnnoella  proviennent  do  la  pointe  sud  de  l'Amérique, 
d'où  quelques-unes  ont  remonté  vers  lo  nord  le  long  de  la  côte  orientale. 
L'une  d'elles,  la  Primnoelln  distansi^  s'est  môme  avancée  au  delà  de 
l'équateur,  jusque  dans  les  Antilles.  En  outre,  deu\  espèces,  Prhnnoella 
biser/a/is  et  Primnoellaaustralasix,  vivent  sur  les  côtes  sud  de  l'Australie, 
en  Tasmanie,  en  Nouvelle-Zélande.  Entre  ces  deux  régions,  à  l'île  Bouvet, 
existe  la  Prinmoel/a  antarctica  Kiikenlhal.  Les  Prhnnoella  ne  paraissent 
pas  être  de  véritables  animaux  de  profondeur.  Du  groupe  des  Compressai 
aucune  n'a  été  trouvée  au  delà  de  315  mètres.  Deux  espèces  [Pr.  hiserialis 
Wright  et  Studer  et  Pr,  australasiœ  Gray)  ont  été  draguées  à  moins  de 
35  brasses  (63  mètres)  de  la  surface.  Dans  les  Convexœ,  deux  espèces 
vivent  au-dessous  de  100  mètres  [Pr.  mafiellanica  et  Pr.  divaricata)  ;  les 
deux  espèces  qui  ont  été  retirées  des  profondeurs  les  plus  considérables 
(1  100  mètres)  sont  la  Pr.  înagellanica  Studer  et  la  Pr.  Mitrrayi  Wright 
et  Studer.  En  général,  dans  les  régions  antarctiques  ou  subantarctiques, 
la  profondeur  où  les  Prhnnoella  sg  fixent  est  moindre  que  dans  les  contrées 
plus  rapprochées  de  l'équateur  et  plus  chaudes,  ce  qui  ne  leur  est  pas 
particulier,  car  il  en  est  do  même  pour  d'autres  animaux,  pour  les 
Annélides  Polychètes,  par  exemple.  Ainsi,  la  Rliodine  Lovèni  ^\ii\m^ven^ 
que  l'on  trouve  dans  les  mers  antarctiques,  non  loin  de  la  surface,  a  été 
recueillie  parla  »  Valdivia  »  en  pleine  région  équatoriale  (latitude  :  2°  58'  N.  ; 
longitude  :  ■46o50'E.),  près  de  la  Somalie  italienne,  à  1362  mètres  de 
profondeur. 

La  (<  Scotia  »  a  rapporté  du  Burdwood  Bank  la  Prhnnoella  Scotiœ 
Thomson  et  Ritchie  et  la  Prhnnoella  magellamca  Studer.  La  «  Discovery  » 
a  ramené  du  Victoria  Land  la  l'rhnnoella  dwergens  Dickson,  qui  parait 
être  une  forme  intermédiaire  entre  les  genres  Prhnnoella  et  Caligorgia. 
Enfin  le  <(  Gauss  »  a  dragué  à  385  mètres  de  pi'ofondour  la  Pr'niDioella 
vanhôffeniK\\kGX\i\m\,  qui  a  plusieurs  traits  de  ressemblance  avec  la  Prini- 
noella  mngellanica  Studer. 


ALCYONAIRES.  85 


Genre   CALIGORGIA    Gray. 


Caligorgia  ventilabrum  Sluder. 


(PI.  VI,  fig.  30.) 


1878.   —  Caligorgia  venlilabruin    Studer,  Uebersicht  der  Anlhozoa  Alcyonaria  wciche 

wâhrend  der  RciseS.M.S.  «Gazella»um  die  Erdegcsammelt  v,urdcn {Monalsber, 

derkônigl.  preufts.  Akml.  der  Wissensch.  zii  Berlin,  p.  G47). 
1889.   —  Caligorgia  ventilabrum  Wright  and  Studer,  Report  on  the  Alcyonaria. /?epor/s  on 

Ihe  scienlif.  Besnlls  of  Ihe  Vogage  of  H.  M.  S.  «  Challenger  »,  Zoology,  vol.  XXXI , 

p.  78. 
1906.   —  Caligorgia  ventilabrum  N'ersluys,  Die  Gorgoniden  der  Siboga-Expedition.  II, 

Die  Primnoidse,  p.  74,  fig.  83  et  84  dans  le  texte. 

Deux  colonies  de  celte  espèce  ont  été  recueillies  par  le  «  Pourquoi 
Pas?  »  ;  toutes  deux  sont  ramifiées  presque  dès  leur  base,  régulièrement, 
suivant  le  mode  dichotomique,  sensiblement  dans  le  même  plan,  en 
éventail.  L'une  d'elles  (PI.  VI,  fig.  30)  provient  d'un  dragage  dans  la 
baie  Marguerite,  au  sud  de  l'île  Jenny  (latitude:  68°  01' S.;  longitude: 
68oOO'W.)  à  230  mètres  de  profondeur,  la  température  de  l'eau  au  fond  étant 
0o,4  C.  ;  elle  a  une  hauteur  de  1 1  centimètres;  sa  largeur  maxima  a  sensi- 
blement la  même  étendue.  L'autre  colonie  a  été  extraite  dans  les  mômes 
parages  (dans  la  baie  Marguerite),  à  176  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond 
de  roches,  de  graviers  et  de  vase,  la  température  de  l'eau  au  fond  étant  de 
0o,2  C.  Le  tronc  de  la  première  colonie  donne  naissance  à  deux  branches 
principales,  dont  l'une  se  bifurque  presque  à  son  origine  ;  l'autre,  cà 
12  millimètres  du  point  de  séparation  avec  la  précédente,  se  comporte  de 
même.  La  première  branche  présente,  dans  certaines  de  ses  ramilications, 
cinq  bifurcations  successives;  dans  celles  de  l'autre,  il  n'y  en  a  jamais 
plus  de  quatre.  Les  ramifications  ultimes,  dans  les  branches  les  moins 
divisées,  ont  jusqu'à  5  centimètres  de  longueur;  dans  les  plus  divisées, 
cette  longueur  s'abaisse  à  moins  de  2'^"^,o.  La  diminution  de  calibre 
est  peu  considérable  du  tronc  aux  dernières  ramifications  qui  chevauchent 
légèrement  l'une  sur  l'autre  dans  la  région  moyenne. 

La  disposition  des  polypes  est  verticillée.  Dans  les  dernières  ramifi- 
cations, le  nombre  des  polypes,  à  chaque  verticille,  est  le  plus  généralement 
de .')  ;  ce  nombre  passe  à  8,  9  et  même  10  dans  les  ramifications  de  la  base, 
notamment  au  niveau  des  bifurcations  et  immédiatement  au-dessous  de 


86  ALCYONAIRES. 

celles-ci.  Sur  les  branches  terminales,  il  y  a  on  moyenne  6  verticilles  par 
centimètre  de  longueur.  Même  dans  les  ramifications  ultimes,  cette  dis- 
position n'a  rien  d'absolu  ;  on  y  rencontre  d'assez  fréquentes  anomalies. 


7/0. 


JOS 


Fig.  109-110.  —  Anoiiialios  dans  la  disposition  verticillùe  des   polypes;  dans  la  figure  110,  deux   polvpcs 
accolés  forment  un  verlicille  intercalaire  incomplet. 

Deux  de  ces  dernières  sont  représentées  dans  les  figures  109  et  110. 
Dans  la  figure  109,  on  voit  un  polype  isolé  s'intercaler  entre  deux  verti- 
cilles voisins;  dans  la  figure  110,  deux  polypes  accolés  appartenant  à  un 
verlicille  intercalaire  incomplet.  Les  mêmes  figures  montrent  les  inégalités 
de  développement  dans  les  polypes  d'un  même  verlicille.  Au-dessus  du 
point  de  bifurcation,  le  verlicille  de  l'une  des  branches  est  fréquemment 
incomplet  sur  la  face  qui  regarde  la  seconde  branche.  Sur  les  grosses 
branches  de  la  base,  la  disposition  verticillée  n'est  pas  plus  altérée  que 
sur  les  ramifications  terminales.  La  portion-  conservée  du  tronc  est  très 


ALCYON  Aï  RËS. 


87 


couiie.  Dans  ce  premier  exemplaire,  elle  est  réduite  à  son  axe  ;  la  couche 
vivante  des  polypes  n'a  pas  été  conservée. 

Oiiant  à  la  seconde  colonie,  elle  mesure  11  centimètres  de  hauteur,  et 
elle  devait  avoir  sensiblement  la  même  largeur  à  l'état  vivant  ;  elle  est  un 
peu  déformée  et  repliée  sur  les  côtés,  par  suite  d'un  long  séjour  dans  un 


0""r2. 


JJJ- 


ÔOf^. 


■■■"  y4? 


112. 


Fig.  Ul. 


—  Calice  vu  par  le  sommet  silué  au  contuct  iraniéiiial,  de  la  lif,'e,  dont  la  section  est  ici  couverte 
de  liachuies.  —  l''ig.  112.  —  Un  des  sclérites  du  sommet  du  calice. 


récipient  cylindrique  trop  étroit.  Les  ramifications  de  ce  second  exem- 
plaire sont  relativement  moins  nombreuses,  en  général,  que  celles  du 
premier  ;  l'une  des  ramifications  ultimes  a  plus  de  7  centimètres  de  lon- 
gueur. Une  partie  du  tronc,  longue  de  3  centimètres,  est  conservée  et 
recouverte  de  polypes.  Les  verticilles  ont  les  mêmes  caractères,  sur  les 
ramifications  de  divers  ordres,  que  dans  l'exemplaire  précédent  ;  il  en  est 
de  même  sur  le  tronc,  où  ils  sont  toutefois  un  peu  plus  distants  les  uns 
des  autres  que  dans  les  autres  parties  de  la  colonie.  En  contact  immédiat 
les  uns  avec  les  autres  dans  toute  leur  étendue,  les  polypes  d'un  même 
verticille,  à  symétrie  bilatérale  très  nette,  se  recourbent  vers  la  tige,  de 
sorte  que  les  verticilles  qu'ils  constituent  sont  renflés  dans  la  partie 
moyenne.  Vus  par  la  face  supérieure,  les  polypes  sont  recouverts  par  des 


88  ALCYONAIRES. 

plaques  oblongues  qui  forment  une  sorte  d'opercule  (fig.  111).  Cessclérites 
(fig.  112),  dont  les  plus  grands  ont  Omm,'2.")  de  longueur  et  0mm j 4  j^ 

largeur  maxima,  se  terminent  en  pointe 
mousse  à  l'extrémité  supérieure  ;  leur 
face  externe  est  armée  de  crêtes  très 
saillantes,  longitudinales,  à  bord  libre 
fortement  et  irrégulièrement  crénelé. 
A  leur  base,  sur  la  face  interne,  on 
voit  de  grosses  verrues  de  formes  et 
de  dimensions  très  variées,  couvertes 
elles-mêmes  d'aspérités  orientées  dans 
tous  les  sens.  Le  bord  postérieur  est 
très  déchiqueté. 

De  section  circulaire,  le  corps  du 
polype  est  recouvert  sur  sa  face  ex- 
terne ou  abaxiale  d'écaillés  imbriquées 
disposées  en  séries  longitudinales 
assez  régulières  (fig.  113),  dont  on 
compte  habituellement  6  rangées  com- 
de     ces     écailles   dessine   comme    une 


Fig.   113.    —  Un  calice  avec  son  armature 
de   sclériles. 


plètes.    La    partie    antérieure 


âo/^. 


Fig.  114.  —  Une  tles  écailles  recouvrant  le  corps  îles  polypes. 

sorte  de  coupe  fortement  comprimée,  à  i)ord  irrégulièrement  ondulé  ;  en 


ALCYON  AIRES.  89 

arrirro,  la  l'ace  inlonic  est  couverte  de  grosses  verrues  de  même  faciès 
que  celles  des  sclérites  de  l'opercule,  mais  beaucoup  plus  drues,  qu'on 
n'aperçoit  pas  dans  l'écaillé  de  la  ligure 
1 1  4.  vue  par  sa  face  externe  ;  le  bord 
postérieur  est  profondément  et  très 
irrégulièrement  découpé;  elles  ont  en 
moyenne  0"^'", 21  de  longueur  et  0™™,30 
de  largeur. 

Les  écailles  marginales,  qui  ont  leur 
bord  antérieur  jjIus  saillant  que  celle 
des  autres  rangées,  ne  recouvrent  pas 
celles  de  l'opercule.  La  face   interne  ou  7/5. 

adaxiale   du  polype   (fig.  115)  reste  en      fî;^ 
partie   à  nu.   En    arrière    des  plaques 
operculaires,  il   existe   des   plaques  de  mêmes  caractères   que  les  pré- 


Ho. 


OT^ 


Face    interne    ou    adaxiale 
d'un  polype. 


J/Û. 

Fig.   111).  —  Écaille  de  IVcoicc,  vui'  par  la  face  interne. 

cédentes,  mais  qui  se  réduisent  à  partir  du  sommet  et  qui  paraissent 
se  disposer  en  deux  rangées  incomplètes,  de  sorte  qu'il  y  a,  seulement 
au  sommet  du  polyite,  8  rangées  de  sclérites.  La  séparation  entre  les 

Expédition  Charcol.  —  Graviek.  —  Alcyonaires.  i- 


90  ALCYON  AIRES. 

polypes  ot  l'écorre,  au-dessous  dos  verticilles,  manque  eu  général  de 
netteté;  on  peut  dire  que  le  nombre  des  écailles  de  chaque  rangée  du 
corps  des  polypes  est  d'une  dizaine. 

Les  écailles  corticales  ne  sont  pas  disposées  en  rangées  longitudinales  ; 

elles    sont  imbriquées    également,    mais 
de   tailles    diverses;    les  plus  grandes  ont 
des   dimensions  supérieures  à    celles  du 
corps  du  polype  ;  elles  ont  jusqu'à  0""",2() 
de  longueur  et  0™"\34   de   largeur.   Leur 
bord  antérieur  convexe  est  à  bord  irrégu- 
lièrement  lobé    (fig.    110);    sur    leur  l'ace 
interne,  elles  ont   de    nombreuses  verrues 
très  serrées  les  unes  conti'e  les  autres,  de 
dimensions  très  variées,  qui   se  réduisent 
de  (aille  dans   la    région  avoisinant  le  nu- 
cléus.  Outre  ces  (''cailles,  on  trouve  dans 
l'écorce  des  sclérites  d'un   tout  autre  fa- 
ciès :  ce  sont  tantôt  des  bâtonnets  plus  ou 
moins  tordus  (lig.  1  17),  tantôt  des  scléi'ites 
otl'rant  l'aspect  de  deux  l)àtoMnels  i'usioii- 
nés  plus  ou  moins  complètement  (fig.  1 18), 
tantôt   des   sclérites   sans    l'orme    délinie, 
avec  des  bras  orii'utés  dans  tous  les  sens 
(fig.   119).  Tous  sont  pourvus  de  grosses 
verrues        inégalement      réparties,      cpii 
ne  dill'èrent  pas  essentiellement  de  celles 
des  sclérites  dont  il  a  été   question  plus 
haut. 

Avec  sa  forme  nettement  ramifiée 
dans  mi  |ibni,  ses  polypes  disposés 
généralement  en  verticilles,  parfois  isoles  ou  groupés  en  verlicilles 
incomplets,  sesécailles  operculairesbien  développées,  à  extrémité  distale 
arrondie,  non  surplombées  par  les  écailles  marginales,  ses  sclérites  cor- 
ticaux dill'érents  de  ceux  du  corps  des  polypes,  irrégulièrement  imbriqués, 


JJ9. 


Fig.  117-11'J. 


lilc 


Divers    lypcs    de    srli5- 
(lo   rOcorco. 


ALCYONAIRES.  91 

(lo  taillos  iii(\!;;il('s,  l"Alcyonair(«  di-eiil  ci-dossus  se  rango  dans  le^genre 
('/i//(/iir(//a  (Ir.'iy.  Il  me  |)araîl  devoir  r\vo  ra|)|iorl(''  au  (\i//(/(uf/ia  Vfnti- 
/(ihrin//S[udcv  déoi'it  on  prciiiicr  lieu  pai'  Sludcr  cl  ("iisiiilc  par  .1.  N'ersluys, 
d'après  un  frai^mont  du  type  consci-vé  à  IScrIiii.  Au  point  de  vue  de  l'aspect 
de  renseiidd(>,  il  y  a  quelque  diflerence  entre  le  type  de  l'espèce  et  les 
deux  exemjdaii-es  provenant  d(>  la  seconde  expédition  antarctique  fran- 
çaise, ce  qui  tient  peut-être  au  moindre  développement  de  ceux-ci,  vrai- 
semblablementplusjeunesque  lespécimen  étudié  ])ar  les  auteursprécités. 
D'après  Studer,  la  colonie  type  du  Ca//(/()////f/  rcitlildlinnii  a  de  30  à 
35  centimètres  de  hauteur.  La  ramification  est  typiquement  dichotome 
dans  les  deux  formes.  Le  nombre  des  polypes  d'un  verticille,  sur  les 
branches  les  ])lus  minces,  est  de  \  ou  'i  ;  sur  les  plus  fortes,  de  (i  ;  suivant 
Versluys,  sur  les  dernières,  il  s'élèverait  à  8;  c'est  ce  que  je  trouve  ici. 
iSi  l'un  ni  l'antre  de  ces  auteurs  ne  signalent  de  polypes  isolés,  ni  de  ver- 
ticilles incomplets,  comme  ilenexiste  sur  lesexeniplairesderAntarctique. 
J.  Versluys  rappelle  que,  sur  les  branches  les  plus  fortes,  la  disposition 
reste  verticillée,  ce  qui  est  propre  au  Caligoffjia  ventilaJniiiii.  Chez  les 
autres  espèces  tin  même  genre,  la  disposition  devient  tout  à  fait  irrégu- 
lière sur  les  grosses  branches.  Sur  1  centimètre  de  longueur,  on  compte 
7  ou  8  verticilles  chez  le  type  de  l'espèce  ;  ici,  je  n'en  li'ouve  que  6. 
Versluys  indi(|ne  la  présence  de  7  scb'rites  sur  chacune  des  \  rangées 
abaxiales  complètes.  Studer  (mi  mentionne  9,  c'est  ce  que  j'observe  chez 
les  deux  exemplaires  de  l'Antarctique.  Chez  l'exemplaire  type,  comme 
chez  ceux  du  »  Pourquoi  Pas?  »,  ro])ercule  peu  saillant  compte  8  plaques, 
les  adaxiales  étant  plus  petites  (pie  les  autres.  11  y  a  également  concor- 
dance dans  la  forme  gi'uérale  et  l'armature  de  verrues  des  sclérites.  Un 
trait  caract(''risli(pH'  du  l'alifinrfiia  vrntildhnou  type  qui  se  retrouve  chez 
les  colonies  de  l'Antarctique  est  la  |)résence,  sous  les  grandes  écailles 
corticales,  tle  scb'riles  de  taille  moindre.  Ces  petits  sclérites  corticaux 
sontexceplionnels  chezles  Calkjoryid  ;ils  sontsurtout  développés  chezles 
l'ruiuiiiidox  et  les  Primnodla.  J.  Versluys  dit  qu'ils  sont  plus  arrondis  et 
plus  régulièrement  variqueux  chez  le  Caligorgia  ventihthnnn  que  chez  la 
l'iiiiinorlld  <n/s/ra/fisiu',  pai'  exemple.  Ici,  ces  sclérites  prennent  les  aspects 
les  plus  divers  ;  il  en  existe  même  de  fort  allongés  (fig.  I  17  et  1 18). 


3AJ4. 


92  ALCYON  AIRES. 

Malgré  ces  quelques  différences,  qui  n'ont  qu'une  importance  relative, 
je  crois  devoir  rattacher  les  deux  Ca/ifjorgiri  de  l'Antarctique  au  Ca/if/orgia 
venfi/ahrum,  dont  l'aire  de  répartition  se  trouve  singulièrement  élargie. 
Le  type  a  été  recueilli  par  la  «  Gazelle  »  au  nord  de  la  Nouvelle-Zélande, 
à  la  profondeur  de  162  mètres,  sur  un  fond  de  sable.  Aucune  espèce  du 
môme  genre  n'a  été  rapportée  par  les  ex|)éditions  antarctiqu(»s  récentes, 
sauf  par  le  "  Gauss  » ,  qui  a  dragué,  à  la  station  du  même  nom ,  à  385  mètres 
de  profondeur,  une  autre  forme,  le  ('a/if/o/'f/ia  a/i/a/r/ica  Kûkenthal,  bien 
différente  de  la  précédente  et  de  tontes  les  autres  Caligorgia  par  son  mode 
de  ramification  qui  lui  donne  l'aspect  d'un  buisson  et  par  les  caractères 
de  ses  spicules.  La  plupart  des  espèces  de  Caligorgia  vivent  dans  les  eaux 
profondes  de  l'océan  Indien  et  de  l'océan  Pacifique.  On  ne  connaît  jus- 
qu'ici que  deux  espèces  des  mers  antarctiques  :  celle  du  »  Gauss  »  et 
celle  du  «  Pourquoi  Pas?  ». 

Famille   (les  MURICEIILE  Verrill. 

Genre  ACANTHOGOnGIA  Gray. 

Acanthogorgia  Thomsoni  Gravier. 
(PI.  VIII,  fifï.  39-42;  PI.  IX,  fig.  50.) 

1913.  —  Acanthogorgia  Thomsoni  Ch.  Gravier.  Deuxième  Expédition  antarctique 
française  (1908-1910).  Alcyonaires  (2^  note  préliminaire)  [Bull,  du  Mus.  crhisl. 
nalnr.,  t.  XIX,  p.  592). 

Le  «  Pourquoi  l^as  ?  «  a  rapporté  deux  exemplaires  de  cet  Acantho- 
gorgia. Une  première  colonie  se  trouvait  dans  les  matériaux  du  dragage 
du  12  janvier  19i0,  fait  à  400  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond  de  vase 
sableuse  avec  de  nombreux  cailloux,  en  bordure  de  la  banquise  (lati- 
tude :  70°  10'  S.  ;  longitude  :  78^30'  W.)  ;  sahauteurest  de31  millimètres  ; 
sa  plus  grande  largeur,  de  27  millimètres  (PI.  VII,  fig.  30).  Getexemplaire 
bien  intact,  se  compose  d'un  axe  principal  sur  lequel  se  sont  développées, 
d'un  côté,  deux  branches,  de  l'autre,  une  branche  unique,  toutes  situées 
presque  dans  le  même  plan.  Les  polypes,  relativement  très  grands,  sont 
distants  les  uns  des  autres,  à  jk'u  près  également  répartis,  plus  serrés  à 
l'extrémité  des  branches  que  le  long  de  celles-ci.  Ge  qui  donne  à  cette 


ALCYON  AIRES.  93 

colonie  une  physioiKunie  très  s|)(''(:iale,  c'est  que  presque  tous  les  polypes 
pi'rscnicnl  la  iikmiic  oi'iciilatioii,  (•oiiiiiic  si  quelque  tropisme  puissant  et 
pcnnanenl  les  avait  obligés  à  croil rc  dans  une  direction  unique  (PI.  Vlfl, 
fig.  30  et  iO).  Connue  ils  sont  inséi-és  tout  autour  de  l'axe  qui  les  porte, 
quelques-uns  denire  eux,  pour  prendre  la  même  direction  que  les  autres, 
se  sont  fortement  coudés.  Au  point  de  vue  des  tropismes,  on  ne  peut 
songer  ici  à  l'aclion  de  la  lumière,  qui,  à  100  nièlres  de  profondeur,  ne 
saurait  être  agissante,  même  si  certaines  radiations  pénètrentà  ces  profon- 
deurs, comme  le  donneraient  à  penserles  récentes  mesures  de  B.  llelland- 
Hansen  sur  le  «  Michael  Sars  ».  Il  s'agit  vraisemblablement  ici  d'une 
adaptation  aux  conditions  spéciales  du  milieu  où  vivait  la  colonie  en  ques- 
tion. 

La  seconde  colonie  provenait  du  dragage  du  20  janvier  1909,  dans  la 
baie  Marguerite,  à  170  mètres  de  profondeur,  sur  un  fond  de  roclies,  de 
gravier  et  de  vase;  de  beaucoup  plus  grande  taille  que  la  précédente,  une 
partie  restreinte   de   cet  exemplaire  était  vivante  au  moment  où  il  fut 
recueilli  (PI.  V]II,fig.i2).  L'une  des  ramifications  de  second  ordre,  brisée 
au  sommet,  a  plus  de  15  centimètres  de  longueur.  Sur  la  base  très  élargie, 
détachée  de  son  support,  se  sont  développées  trois  branches  principales 
soiidéesà  leurorigineetdeuxautres,  moins  importantes.  L'une  des  grandes 
branches  a  ses  ramifications  principales  sensiblement  disposées  dans  le 
même  plan  ;  elle  est  l'ompue  dans  sa  |)artie  terminale,  de  même  que  ses 
ramifications  principales.  Tout  est  mort  et  couvert  de  polypes  hydraires. 
La  branche  extérieure  à  celle-ci,  moins  forte,  est  cassée  tout  près  de  sa 
base  et  complètement  morte  aussi.  La  troisième  grande  branche  princi- 
pale a  également  ses  ramifications  de  premier  ordre  orientées  presque 
dans  un  même  plan  et  d'un  côté  uniquement.  La  base  seule  de  ces  rami- 
fications est  vivante  :  le  reste  est  mort  depuis  longtemps  et  envahi  par  des 
Eponges,  des  Polypes  hydraires,  des  Bryozoaires.  Les  ramifications  ter- 
tiaires prennent  toutes  les  directions,  notamment  dans  des  plans  perpen- 
diculaires au  plan  des  ramifications  de  premier  ordre  et  toutes  presque 
du  même  côté.   L'une  des  deux  autres  branches,   beaucoup  plus  courte, 
présente  des  ramifications  de  premier  ordre  et  toutes  presque  du  même 
côté.  L'autre  branche  enfin,  beaucoup  plus  courte,  présente  des  ramifica-- 


94 


ALCYON  AIRES. 


lions  dons  diversesorientationsetse  soudopardeux  branches  transversales 
avec  l'une  des  ramifications  de  la  branche  iirincipule  voisine.  Les  polypes 
ont  les  mêmes  caractères  que   dans  Taulre  colonie  de  dimensions  plus 
restreintes  ;  très  larj^ement  isolés  les  uns  des  autres,  leur  partie  ter- 
minale est   de  teinte   plus  foncée,  presque  noire,  ce  qui  tient  surtout  à 
la  couleur  des  tentacules  ;  ils  sont  aussi  un  peu  plus  courts  que  dans  l'autre 
colonie,  car  lesplus  grands  n'ont  pas  plusde  i  niillimèlres  de  hauteur. 
Ceux  delà  première  colonie'(l*l.  VIII,  liy.  il,,  non  rétractiles,  ont  une 
forme    grêle  ;    ils  peuvent    atteindre    Ti  millimètres  de 
hauteur,  la  largeur  maxima  étant   de  I    millimètre.  De 
forme  cylindrique,    ils  s'élargissent  un   peu    dans  leur 
partie  terminale,  au  niveau  des  tentacules  qui  sont  ra- 
battus,vers  le  centre,    mais  non   de  lacou  à  Innner  un 
opercule  régulier  à  8  lobes.  Sur  l'axe  pi'incipal,    on  voit 
deux  ébauches  de  bourgeons  en  voie  de  développement; 
il  en  existe   une  autre  sur  la  |)lus  grande  l)ranche.    Leur 
paroi  mince  laisse   voir  les   cloisons  par  transparence. 
Les  spicules  du  corps  des  polypes  sont  disposés  ohli- 
quemenl  ;i    la  surface  du  corps  de  ce  dernier,  qu'ils  ne 
recouvrent  pas  entièrement  (fig.  50,  IM.  1\).  Certaines 
parties  de  la  paroi  restent  à  nu;  à  la  j)artie  su|)érieure, 
ces  spicules  s'alignenl   de  plus  en  plus  nettement  vers 
le  haut,   de  manière  à  former,  à  la  base  des  tentacules, 
8  crêtes  séparées  par  des  vallées  assez  profondes.   A 
chaque  arête,  il  existe,  en   gi-néral,   ',\  ou    1  grands  sjù- 
J20.  cules  à  extrémité  distale  très  saillante  (fig.   120j.   Ces 

Fig.  1-20.   —  Un  des    ^j,.„^jg   spicnlcs,    uou    aplatis,   sont    coudés  ;   les  i)lus 

granils  spicules   cou-     r>  l  '  l  '  '  i 

dés  du  sommet  du    j^vcloppés  out    1  mm  30  de  longneur   et  0mm  09   aaiis 

calice.  1  '  *-^  ' 

leur  plus  grande  largeur,  au  niveau  du  coude.  La 
partie  distale.  la  plus  longue  (Omm^gO),  présente  de  petites  sail- 
lies assez  peu  nombreuses  ;  la  partie  proximale  (Omm^yOj,  des 
verrues  plus  grosses  et  plus  nombreuses.  In  grand  nombre  de 
ces  spicules  coudés  sont  brisés  dans  la  plupart  des  polypes,  de 
sorte    qu'il    est   difficile   d'indiquer    d'une,   manière   certaine     le  nom- 


ALCYONATRES. 


95 


brc  iionnal  de  ces  spicules  dans  chacun  des  8  groupes  qu'ils  cons- 
tiliiciil.  I^es  tentaciiies  sont  couverts  de  spicules  incurvés,  à  surface 
beaucoup  plus  raboteuse  que  celle  des  précédents,  avec  des  verrues 
nombreuses,  de  (ailles  diverses,  qui  donnent  un  profd  très  irrégulier  à  la 


/P^. 


ypy. 


c^'rs 


J24^ 


J2:. 


127. 


/2S. 


126. 


123. 


Fi^'.  lil-12-.  —  Spiculps  ariiué>  recouviaiU  l.i  face  oxleine  de»  lenlaciilcs.  — 'Fig.  12.'>-I2i.  —  S|iicule.s  Je 
la  partie  supiTieure  îles  calices.  —  Fig.  l:!d-12G.  —  Spicules  de  la  partie  inférieure  des  calices.  — 
Fig.  127.  —  Spicule  reeliligne  de  l'écorce.  —  Fig.  12S-li9.  —  Autres  formes  de  spicules,  à  trois  ou  quatre 
branches,  de  l'écorce. 

plupart  d'entre  eux  (fig.  121  et  122);  les  plus  grands  d'entre  eux  ont 
0^1™, 35  d'une  extrémité  h.  l'autre,  en  ligne  droite. 

A  la  partie  supérieure  du  corps  des  polypes,  les  spicules  sont  incurvés 
irrégulièrement  (jii  pinson  iiioins  tortueux,  avec  de  nombreuses  saillies 
assez  volumineuses  sur  toute  leur  surface.  Leurs  dimensions  sont  très 
variées  ;  les  plus  grands  ne  dépassentguère  0""",8:j  et  leur  largeur  0n^ni,06 
(fig.  123  et  124).  A  la  partie  inférieure  du  polype,  les  spicules  conservent 
les  mêmes  caractères  généraux,  mais  ils  sont,  en  géni'ral,  un  peu  plus 
grands  et  un  peu  plus  larges  (fig.  123  et  120).  Il  en  est,  parmi  eux,  un 
certain  nombre  qui  sont  liifurquésàl'une  des  extn'inités,  ce  qui  tient  pro- 
bablement à  la  soudure  précoce  de  deux  spicules. 

Enfin,  dans  l'écorce  mince  de  l'axe  principal  et  des  branches,  la  plupart 
des  spicules  sont  rectilignes  ou  plus  ou  moins  incurvés  ou  coudés.  Leurs 


96  ALCYONAIRES. 

dimensions  sont  très  diverses;  quelques-uns  ont  jusqu'à  0°i°\73  et 
même  0°»™, 80  de  longueur  et  O^ï^jOS  de  largeur  (fig.  127)  ;  ils  sont  cou- 
verts de  très  grosses  saillies  simples  ou  divisées,  à  la  surface  desquelles 
on  distingue  de  petites  verrues  ;  mais,  en  général,  ces  spicules  corticaux 
sont  nettement  plus  petits  et  plus  serrés  les  uns  contre  les  autres  que  ceux 
des  corps  du  polype.  On  rencontre  aussi,  çàet  là,  mais  exceptionnellement, 
des  spicules  plus  petits  à  3  (fig.  128)  ou  à  4  branches  (fig.  129). 

L'axe  corné  de  la  colonie  s'étale  largement  à  la  surface  du  support  sur 
lequel  il  est  fixé  ;  sa  couleur,  d'un  jaune  brun  à  la  base,  devient  de  plus 
en  plus  claire  à  mesure  qu'on  se  rapproche  du  sommet.  Le  corps  des 
polypes  est  blanc;  les  tentacules,  d'une  teinte  légèrement  brunâtre. 

Dans  la  première  partie  de  leur  mémoire  sur  les  Gorgonidés  du  Japon, 
W.  Kiikenthal  et  II.  Gorzawsky  (4908i  font  remarquer  qu^  les  espèces  du 
genre  Acanthof/orgia  ne  peuvent  enti'er  dans  la  famille  des  Muriceidœ, 
telle  que  la  définissent  Wright  et  Studer  (1889),  parce  que  chez  ce  genre 
et  chez  le  voisin,  Acalwigo7-(/ia  (créé  par  Kûkenthal  et  Gorzawsky  pour  des 
espèces  japonaises),  les  polypes  ne  sont  pas  divisés  en  trois  parties,  comme 
l'indiquent  Wright  et  Studer,  qu'ils  sont  dépourvus  de  l'anneaudespicules 
caractéristique  du  groupe,  qu'ils  sont  médiocrement  contractiles  et  nulle- 
ment rétractiles  (1).  Les  deux  derniers  auteurs  ont  fondé  provisoirement 
pour  ces  deux  genres  une  nouvelle  famille,  celle  des  Acanthogorgiidx , 
(pi'ils  définissent  ainsi  :  «  Holaxonien  mit  fast  rein  horniger  Achse.  Die 
l'dbjiien  siml  nicht  in  einem  Kelclilril  und  einem  zarïickzichharen 
(isoidtagealen  Tcil  gesondert,  sonder n  einheitliclœ  Bildungeîi.  Die 
Pohjpen  sind  im  Verliàltniss  zur  Aehse  rdaf.ir  grosz.  Ihre  Bewelwung 
besteht  aas  ne/it  Winkelreilien  hedornter  Spindeln.  Ein  Halskrage  feldl. 
Die  Tenlakel  ki'mnen  sirJi  ùher  die  Mundscheihe  einse/dagen.  »  Division 
toute  provisoire,  disent  Kûkenthal  et  Gorzawsky,  jusqu'à  ce  que  les 
rajiports  des  Acanthogorgiidœ  avec  les  genres  voisins  aient  été  élucidés. 
J.  A.  Thomson  et  W.  D.  Henderson  (1906),  dans  leur  beau  travail  sur 
les  Alcyonaires  de  mer  pi^ofoiule,  pi'ovenant  de  la  croisière  de  Vlnves- 

(1  II  l'aiil  (liic  (|iu'  ci'l  anneau  do  spicules  (colleielle),  à  la  hase  des  tentacules,  n'esl  [las  carac- 
l('ri-li(iue  des  Muriccithv.  puisque  certaines  espèces  de  S(/niiiodiiiin,  nulaniment  le  Sijiiifiodiuin 
iinnalum  Wriglit  et  Studer,  le  Symjiodiuin  gtomeratum  Wright  et  Studer,  en  possèdentégalement  un. 


ALCYONAIRES.  97 

//i/ri/<ir  (Ijiiis  rOcr.iii  Indien,  ont  drcssi'',   pdiir  clLicunc  dos    espèces  du 
i^eni'c  .\tri/if/i()(/(i/y/{/  i\i'cy\[os   jus(|u'('ii    l'.MMi,    un    lahicau  conteuanl    les 
indications   relatives  au  modo  do  ramilîcation,    au  cœnenchyme   et  aux 
polypes,  à  rax(\  aux  spicules,  à  la  couleur  et  aux  particularités  notables. 
Autant  (|u"()n  on  [loul  jui^or  par  les  ligures  souvent  insuffisantes  données 
par  divers  auteurs,  res|)ècc  de  l'Antarctique  décrite  ci-dessus  se  distingue 
de  toutes  les  autres  par  sa  physionomie,  par  l'écartement  de  ses  polypes, 
l(Mir  longueur,  hnir  gracilité,  leur  spiculation,  notammentpar  les  spicules 
du  ((eneuchyme,  où  les  l'ormes  ramifiées  à  3  et  à  \  hras   paraissent  être 
beaucoup  moins  fréquentes  que  chez  les  autres  espèces  du  même  genre. 
Dans  la  seconde  partie  de  leur  œuvre  relative  aux  Alcyonaires   littoraux 
de  r()c('an   Indien  (1909),  les  mémos  auteurs  reviennent  sur  le  genre 
Arant/iof/orf/la,  si  riche  en  espèces.    Ils  montrent  qu'un  certain  nombre 
de  caractères  sur  lesquels  est  fondée  la  séparation  des  espèces  ont  une; 
valeur  douteuse.  Ils  insisLent   sur  l'importance  du  rôle  joué  par  l'habitat 
dans  le  modelé,  dans  la    pliysionomie  générale  de  la  colonie    chez  les 
iVlcyonaires.  C'est  aux  |)()lypes  et  aux  spicules  que  doivent  être  empruntés 
les  éli'menls  de  la  diagnose.  Et  encore  observe-t-on  à  ce  point  de  vue  des 
dillV'rences  considérables  à  l'intérieur  d'une  même  colonie.  Chez  un  spé- 
cimen étudié  par  ces  auteurs,  il  y  avait  '.\  grands  spicules  coudés  à  cha- 
cun des  8  groupes  correspondant  aux  tentacules  des  polypes   à  l'état  de 
complet*'  oxionsion.  L(ii'S(|ue  le  calice  était  un  peu  rétracté,  les  branches 
saillantes  de  ces  spicules  devenaient  horizontales,  et  le  nombre  des  pointes 
saillantes,  à  chaque  groupe,  s'abaissait  à  un.  Enfin,  et  ce  n'est  pas  là  la 
moindre  source  dedifficultés,  beaucoup  de  ces  spicules  fragiles  sont  brisés 
dans  la  plupart  des  polypes.  C'est  ainsi  que  VAcant/iogorgia  spinosa  Ililes 
nodilTère  de  VA.  niuiiraidNomW  qu'en  ce  que,  dans  le  premier,  il  y  a  deux 
ou  trois  spicules  saillants  dans  chacun  des  huit  groupes,  tandisque,  dans 
le  second,  iln'y  on  a  (pi'un.  Or,  en  étudiantun  grand  noml)re  de  spécimens 
de  chacune  dos  deux  soi-disant  espèces,  on  constate  que  ces  deux  espèces 
n'en  font  qu'une.  De  mémo,  VAcanf/iof/orr/ia  spi/tosYi  et  l'A.  aspera  Pour- 
talès  n'olfrent  que  des  dillerences  insignifiantes  l'une  vis-à-vis  de  l'autre, 
et  les  deux  zoologistes  anglais  ont  fusionné  les  trois  espèces  en  question. 
Sous  les  l'éserves  qui  ressortent  des  considérations  précédentes,  je 

Expédition  Cliarcot.  —  Giiavier.  —  Alcyonuires.  13 


g8  .  ALCYONAIRES. 

rci^ai'dc  Tespèce  antarctique  coininr  nouvi'llc.  et  j'ai  proposé  de  l'appeler 
Ac(intltO(jor<iia  Tlimnsoiii,  en  l'honneur  du  l*r  J.-A.  Thomson,  auteur 
de  travaux  de  haute  importance  relatifs  aux  Alcyonaires. 

Parmi  les  espèces  cVAcanfho;/orgia  qui  ont  été  trouvées  sur  les  côtes  de 
l'Amérique  du  Sud  ou  dans  les  mers  subantarctiques,  il  en  faut  citer  trois  : 
VAcantliogorgia  Iii(lf/>ijiyVvii:,hl  and  Studer  de  Port-Grappleren  Patagonie 
(profondeur:  1 40  brasses,  soit  2o2  mètres  environ)  ;VAca/if/iogorgia  In  ai 
Wright  et  Studer,  de  Torn  lîay,  Patagonie  (profondeur  :  17o  brasses,  soit 
315  mètres),  et  VAra/i/hogorf/ia  ramosissima  Wright  <'t  SIndev.  ile  du 
Prince-Edouard  (profondeur  :  310  bi-asses,  soit  i)."»8  nièlresj.  Jusqu'ici 
on  n'a  signalé  aucun  Araitthogorgid  dans  les  mers  antarctiques  propre- 
ment dites. 

On  ne  sera  vraiment  \x\('  sur  la  validité  des  espèces  Araiitltngoigia  que 
lorsqu'on  pourra  faire  la  revision  approfondie  —  autant  que  possible  des 
types  —  de  toutes  les  formes  décrites.  Par  le  fait  qu'un  certain  nombre 
d'entre  elles  peuvent  vivre  à  des  profondeurs  assez  variées,  il  est  fort 
po'Ssible  qu'il  y  ait,  chez  les  Acanthogorgia,  quelque  chose  qui  ressemble 
à  ce  qu'on  observe  chez  les  Coraux  des  l'écifs,  où  certaines  espèces  ont  des 
formes  vivant  au  voisinage  de  la  surface,  d'autres  croissant  à  une  certaine 
profondeur  ;  des  formes  de  résistance,  ti'apues,  plus  ou  moins  rabougries, 
luttant  contre  le  mouvement  des  tlolsdans  les  eaux  agitées  et  des  form(>s 
de  prospérité  se  développant  dans  les  eaux  calmes.  Il  paraît  fort  probable 
que,  parmi  les  nombreuses  espèces  d'Alcyonaires  décrites,  il  en  est  de 
même  que  pour  celles  des  Coraux,  c'est-à-direque  beaucoup  d'enti'e  elles 
ne  sontque  des  formes  correspondant  à  des  habitats  variés,  et  c'est  là  une 
des  grosses  difficultés  du  travail  d(>  revision  à  entreprendre. 


APPENDICE 


ISIDICOLA  ANTARCTICA   (liavici. 

CitUSTACI-:   PARASITE  DE  QIELQUES   IS/D.E  DE  i/AnTAUCTIQUE  SKD-AMÊlilC AINE. 

1^11.   —   Isidicula   anlarclica   Gravier.   Sur   un   type   nouveau    de   Crustacé    parasite 
d'Alcyonaires  de  l'Antarctique  sud-américaine  [C.  R.  .le.  Se,  t.  158,  p.  354). 


I 

(liiez  la  /'/■///t/toisis /(////wsa  (iniw'iQV  cl  clicz  la  Mojisra  f/r/i/i/is  Gravier, 
il  existe  des  excroissances,  des  sortes  de  galles  plus  ou  moins  volumi- 
neuses correspondant  à  remplacement  de  plusieurs  polypes.  Les  unes  ont 
leur  surface  assez  régulièrement  convexe  (fig.  26, 3iet  47,  p.  il  j;  les  autres^ 
plus  nomr)reuses  (fig.  iS  et 
49,  p.  il),  présentent  des 
saillii's  (|ui  rorrespondent 
aux  poly|)es  originellement 
formés  sur  la  région  eouverlc 
par  la  galle.  Si  on  l'ait  une 
seclion  transversale  dans 
l'un  (le  ces  polypes,  on  le 
trouve  presque  entièrement 
l'empli  |)ai'  un  «euf  dont  le 
diamètre  atteint  parfois 
O^^.V.).  Quel  que  soit  l'as- 
pect de  ces  galles,  on 
découvre  toujours,  à  l'inté- 


/3J. 


0""^ô. 


I50 


rieur  de     la     cavité     à     paroi       l'ii;.  l.iO-lSl.  — Les  doux  moitiés  dune  gallo,    vues  liai-  la  face 

iiilcrne,    luontrant    lus    parasiles    en    pUn'e.    Lindividu     de 

externe   mince  (ju'elles    cir-  ^auelic  est  un  màlc,  celui  dola    fijîUie    m  est  une   IViiiellc: 

une  partie  des  œul's  pondus  par    cette   dernière  et  demeurés 

COnSCriveut,    des    (jl'UStacés         dans  la  salle   ouverte    sont  visibles   à  la   partie   postérieure 

lies    deux  liyures  130  et  131. 

parasites    en    nombre    va- 
riable;   il    y     en    a     toujours    au    moins    deux   et  souvent  davantage. 


100  CRUSTACÉ  PARASITE. 

Ces    Crustacés    sont    de    taille    inryalc   :    les    plus    grands    sont   des 
femelles  ;  les  petits  sont  génc-ralement  mâles  ;  il  y  a  aussi  parfois,  parmi 
eux,  des  jeunes  dont  le  sexe  n'est  pas  encore  apparent;  certaines  galles 
abritent  une   femelle    et  plusieurs   mâles.  Ainsi   ([iie   le   montrent    les 
figures  130  et  131,  les  parasites  ont  leur  face  ventrale  tournée  vers  l'in- 
térieur de  la  cavité  et  la  face  dorsale  appliquée  contre  la  paroi  externe  de 
celle-ci.  Dans  quelques  galles,  oùla  femelleapondu,lesoHifsdesCrustacés 
occupent  une  partie  de  la  cavité;  dans  les  figures   130  et  131,    ne   sont 
représentés  que  les  (eul's  demeurés  dans  la  galle,  après  l 'ouverture -tle 
celle-ci  et  qui  ne  représentent  qu'une  fraction  de  la  ponte.  Ces  œufs,  dans 
les  galles  que  j'ai  examinées,  étaient  à  divers  états  de  développement  ; 
dans  certaines,  ils  n'avaient  encore  subi  aucune  segmentation;  dans  l'une 
d'elles,  il  y  avait  des  Nauplim  encore  enfermés  dans  la  mend)rane  d'en- 
veloppe de  l'ceuf  ;  mais  je  n'ai  trouvé  aucun  Nauplias  libre.  Ouoi  qu'il  en 
soit,  le  parasite  ne  parait  pas  entraver  le  développement  de  l'Alcyonaire, 
puisque,  dans  certaines  galles,  coexistent  les  œufs  de  l'hôte  et  ceux  des 
Crustacés. 

La  femelle  représentée  dans  la  figure  132,  prise  dans  une  galle  de 
Primnoisis  funiKisd  dravier,  a  une  forme  trapue  ;  elle  est  bourrée  d'œufs. 
La  segmentation  est  assez  nette  dans  la  région  thoracique  ;  elle  est  iné- 
galement indiquée  suivantles  individus.  Fréquemment,  la  séparation  entre 
le  thorax  et  l'abdomen  n'est  pas  très  accusée  et  la  démarcation  entre  la 
région  céphalique  et  le  thorax  manque  de  netteté.  Deux  sillons  toujours 
présents  et  profonds  délimitent  le  segment  porteur  de  la  deuxième  paire 
d'appendices  locomoteurs.  Les  figures  132  et  133  se  rapportent  à  des 
individus  chezlesquels  lessillonsintersegmentaii'es  étaient  très  apparents. 
Les  dimensions  de  ces  parasites  sont  assez  variées  ;  les  femelles,  à  l'état 
de  maturité,  ont,  en  général,  de  1™"^,30  à  D"™,00  de  longueur  et  de 
Omm^50  à  0'^™,83  de  largeur  maxima  ;  celle-ci  correspond  au  segment 
pourvu  de  la  seconde  paire  d'appendices  locomoteurs  qui  forme  une 
saillie  notable  de  chaque  côté  du  corps.  Les  dimensions  dépendent  de 
l'état  de  contraction  du  corps,  dont  le  tégument  est  mince  et  facilement 
(b'formalilc.  Le  naturaliste  (]ui  a  étudié  le  premiei'  les  Crustacés  parasites 
des  Alcyonaires,  R.  Hruzelius  (1858),  dit(|u'Ha  constaté,  chez  le  Laiii'ippr 


C  RUS  TAC  É  PARASITE. 


lOI 


riilirti  lînizclius,  do  grandes  variations  de  taille,  dcO'"'",OI  à  |n"",82i)  de 
longueur. 

A  la  partie  antérieure,  le  corps  est  ari-ondi  ;  sa  largeur  croît  graduelle- 


jj::- 


Fig.  \Si.  —  Une  femollc,  vue  pai-  la  lace  ventrale  on  aperçoit  les  ceiifs  pai'  liansparence  ;  àliMvers  le 
téfj;unient.  —  Fig.  133.  —  Partie  antérieure  de  la  même  femelle  (l'ace  ventrale),  vue  à  un  plus  tort  gros- 
sisseiriont. 

ment  en  arrirrc.  Sur  la  face  ventrale,  on  voit,  tout  en  avant,  insérées  tout 
près  runc  de  l'autre,  de  chaque  côté  de  la  ligne  médiane,  les  antennules 
non  divisées  en  articles,  de  longueur  moyenne  ;  elles  se  terminent  en 
pointe  mousseet  ne  présentent  à  leur  surface  que  quelques  petites  papilles 
cornées,  pleines,  simples  épaississements  de  la  cuticule,  au  nombre  de 
quatre,  au  voisinage  de  leur  extrémité  (fîg.  134).  In  peu  en  arrière  de 
celles-ci  et  moins  rapprochées  l'un  de  l'autre  à  la  base,  sont  les  antennes, 
(|ui  ne  sont  pas  non  plus  segmentées  et  qui  se  terminent  chacune  par 
un  crochet  (fig.  133  et  135).  Puis  vient  l'armature  buccale,  qui  est  très 
réduite.  La  bouche  (fig.  133)  s'ouvre  assez  loin  en  arrière,  au  voisinage 
de  la  première  paire  de  pattes  ;  elle  a  la  forme  d'une  fente  enaccent  circon- 
flexe renversé.  Elle  est  bordée  en  arrière  |)ar  ini  bourrelet  dont  la  partie 
médiane  s'étend  jusqu'à  la  première  paire  d'appendices  ambulatoires.  Kn 


102  CRUSTACÊ    PARASITE. 

avant,  elle  estlimitéo  par  une  grosse  languette  médiane,  sur  ]a(]ueile  on 
distingue  deux  ou  trois  bandes  longitudinales  épaissies  et  entourée  elie- 
nième  d'un  cadre  chitineuxqui  se  rétrécit  en  avant,  où  il  se  termine  entre 
les  bases  des  antennes.  De  chaque  côté  de  la  bouche,  au  sommet  de  la 
branche  de  l'accent  circonflexe  qu'elle  dessine,  on  discerne  un  appendice 
en  forme  de  crochet  légèrement  recourbé  et  qui  n'est  pas  très  visible  chez 
tous  les  exemplaires.  Je  n'ai  aperçu  aucun  autre  appendice  chez  les  indi- 
vidus que  j'ai  examinés  attentivement  à  ce  point  de  vue.  Peut-être  ce 
crochet  esL-ilà  rapprocher  des  appendices  de  la  seconde  paire  figurés  par 
/.ulueta  (1940l  chez  le  Lamipjie  sjiiiipodii  Zulueta,  parasite  du  ^j/iDjindhini 
coralloides  (Pallas).  Peut-être  trouvera-t-on  d'autres  appendices  rudimen- 
taires  sur  des  matériaux  frais  ou  très  bien  conservés.  Il  y  a,  en  tout  cas, 
deux  paires  d'appendices  thoraciques  faiblement  développés,  semblables 
entre  eux,  mais  de  dimensions  différentes  ;  ilssont,  dans  une  même  paire, 
réunis  par  une  pièce  médiane  qui  les  rend  solidaires  l'un  de  l'autre  ;  ils 
n'occupent  qu'une  place  restreinte  au  milieu  de  la  face  ventrale.  Ces 
appendices  ne  sont  pas  non  plusnettemenlarticulés.  Leur  partie  basilaire, 
qui  correspondrait  au  protopodite,  est  relativement  large;  leur  partie  libre 
est  tel  minée  par  deux  crochets  disposés  l'un  à  côté  de  l'autre  ;  l'interne 
est  un  peu  plus  petit  que  l'externe  (fig.  130)  ;  en  dedans  des  crochets,  il 
existe  de  chaque  côté  une  saillie  qui  correspond  peut-être  à  l'endopodite, 
la  partie  externe  armée  de  griffes  étant  l'exopodite.  La  seconde  paire 
d'appendices  estbâtie  surle  mêmemodèle,  maiselleest  sensiblement  plus 
grande  que  la  précédente.  Il  est  visible  que  ces  appendices  ne  ijeuvcnt 
servir  qu'à  ramper  le  long  de  la  paroi  de  la  galle  ou  de  celle  des  canaux 
du  cuMienchyme  ;  grâce  à  leur  crochet  terminal,  les  antennes  doivent  agir 
dans  le  même  sens  que  les  deux  paires  d'appendices  locomoteurs.  Ces 
Oustacés  peuvent  d'ailleurs  se  déplacer  sur  une  assez  grande  étendue. 
//.  liritz-pHiis  ^1858)  l'apporte  que,  au  cours  de  ses  études  sur  le  développe- 
ment de  la /Vv;//^//;//^  ;7^/;/^/  (1),  il  remarqua,  un   matin,   surle  fond  du 

(1)  A.  lie  Ziiluela  (lOOSi  pense  que  la  Vcnnulula  riihra,  diml  parle  Druzeliiis,  est  proliablemenl. 
d'après  les  indications  zouyéograplii(iues  de  KoUiker,  la  Pcnnolula  pliospltorra  Linné.  Suivant 
Kuivenllia!  {Prnii'jliildciu  ilrr  (/cul!irkeii  Tricfsec-Expcdiliini,  l'.lll!,  \a.  l'ciniatuld  iidnae^i  localisée 
dans  la  Méditerranée.  (Juantà  la  l'eimatiila  phosphorea  Linné,  elle  a,  avec  sesditléicntes  variétés, 
une  aire  de  distribution  beaucoup  i)lus  vaste  :  Atlantique,  .Méditerranée,  Océan  Indien,  Japon, 
Antarcli(|ue.  > 


CRUSTACÉ    PARASITE. 


103 


vases  011  nliisicurs  o\(Mn|>laii('s  de  col  Alcyonaire  étaient  morts  pondant  lu 
imit.  les  doux  premiers  Ld/zn/ipr  qu'il  vil  ohjui  étaient  sortis  deleurhôto. 


/J^. 


OT^ 


Fig.  13 i.  —  Antennule  vue  à  un  fort  grossissomenl.  —  Fig.  135. —  Antenne  avec  son  ciochel  leiininal.  — 
Fig.  136.  —  Les  deux  appentlicus  anibulaloires  d'un  mémo  cùté  du  corps.  —  Fig.  137.  —  Cadre  iliiti- 
neux  autour  do  rorillce  vulvaire.  —  Fig.  138.  —  Los  doux  appondioos  de  la  l'uica,  avec  lours  papUles 
cornées.  —  Fig.  13;i.  —  Eïtroiuité  postoriouro  d'une  roiiiollo.  avec  un  speriiialoplioro  lixo  à  l'un  dos  nri- 
lioes  vulvaii'es.  —  Fig.  140.  —  Mile  (face  ventrale),  avec  les  deux  tentacules  \  isililcs  p;ir  transparence. 
—  Fig.  141.  —  Le  iiièiMO,  \  ii  de  prolU. 

Sur  la  face  vontrale,  les  orifices  vulvaires(fig.  132  et  139)  sont  entourés 
par  uu  cadre  chitiuoux  de  forme  ovale,  assez  épais,  avec  une  pointe  interne 
cl  un  prolongement  sur  chacun  des  côtés  (fig.  137).  On  voit,  par  transpa- 
rence, que  les  ovaires  s'étendent  jusqu'au  niveau  de  la  [seconde  paire  d'ap- 


104  CRUSTACÉ    PARASITE. 

pendicos  Ihoraciques.  Les  onifs  qu'ils  contiennent,  dont  le  diamètir  esl 
notablement  sn|)érieur  au  i;rand  axe  des  orifices  génitaux,  doivent 
subir  une  lamination  assez  intense  au  passage  à  travers  ces  derniers.  11 
n'y  a  pas  de  sacs  ovigères  chez  la  femelle  qui  pond  ses  nnifs  directement 
dans  la  cavité  de  la  galle  où  elle  s'abr-ite.  La  furca  est  constituée  par  deux 
moignons  présentant  à  leur  surface  trois  papilles  terminales,  deux  dor- 
sales et  une  ventrale,  simples  saillies  cuticulaires  semidables  à  celles  des 
antennules  (fig.  138).  Ces  papilles  rappellent —  mais  plus  réduites  — 
celles  du  Lamippe  alhida  Zulueta  (1908),  parasite  du  P/p/-oides  grisemn 
(Bohadsch),  et  aussi  celles  du  Lamippe  sympodii  Zulueta  i4910),  parasites 
du  Sjinipodiuni  co)'al/oides  (Pallas).  Sur  l'une  des  femelles  du  parasite  de 
la  Primfioisis  formom  Gravier,  je  trouve,  attaché  à  l'un  des  orifices  vul- 
vaires,  un  spermatophore  vide  en  forme  de  cylindre  allongé  continué  par 
un  canal  assez  fin;  il  avait  déjà  déversé  son  contenu  dans  le  corps  de  la 
femelle  (fig.  139).  Sur  l'une  des  femelles  parasites  de  la  Mnpsea  (/raci/is 
Gravier,  chacun  des  oi-ifices  était  muni  dun  spermatophore;  l'un  d'eux 
était  rempli  de  sperme,  l'autre  s'était  détaché  du  conduit,  qui  était  resté 
seul  en  place. 

Il  n'y  a  pas  ici  de  dimorphisme  sexuel.  Le  mâle  est  tout  semblable  exté- 
rieurement à  la  femelle,  mais  il  est  de  laille  plus  réduite  (fig.  1 10  et  141). 
Celui  qui  élait  dans  la  même  galle  que  la  femelle  représentée  par  la  fi- 
gure 130  mesurait  0™"i,8o  de  longueur  et  0™'",27  de  largeur  maxima, 
tandis  que  les  dimensions  correspondantes  de  la  femelle  étaient  res|jecli- 
vement  lmm^38  et  0mni,50  ;  la  femelle  (fig.  139)  et  le  mâle  ffig.  1  iOi,  qui 
étaient  aussi  ensemble  dans  le  même  kyste,  mesuraient  respectivement 
lmm^(50  et  1  millinièfre  de  longueur;  0™m,r)0  et  G'"n\3:)  de  largeur  maxi- 
ma. On  distingue  par  transparence  les  deux  testicules  qui  viennent  s'ou- 
vrir à  la  surface,  près  l'un  de  l'autre,  au  voisinage  de  la  ligne  médiane 
ventrale,  sans  qu'on  puisse  voir  ces  orifices  eux-mêmes.  Tous  les  autres 
caractères  morphologiques  sont  les  mêmes  que  chez  la  femelle  ;  la  lèvre 
supérieure  qui  limiteen  avant  la  bouche  est,  chez  quelques  individus  tout 
au  moins,  un  peu  plus  saillante  que  chez  la  femelle,  et  les  papilles  des 
antennules  et  de  la  furca  peuvent  être  un  j)eu  plus  inaïquées. 

Chez  la  Mopsea  gracilis    Gravier,   les  parasites  ne  présentent  aucune 


CRUSTACÉ    PARASITE. 


105 


différence  appréciable,  même  spécilu|uenieiit,  par  rapporta  ceux  que  jai 
trouvés  clii'/  la  l'iiiiiiKiisis  Ihi-mosa  Gravier  cl  (pii  sont  décrits  ci-dessus. 
C-hczla  Priiiindisifi  raiiiosn  Thomson  el  Hilcliie  de  la  première  expédition 
antarctique  française,  j'ai  observé 
des  galles  de  même  apparence  que 
c'.iez  les  deux  espèces  d'/svV/.p  dési- 
gnées plus  haut  et  qui  contenaient 
des  Crustacés  que  l'on  doit  vrai- 
semblablement identifier  aux  |)ré- 
cédents.  Malheureusement,  leur 
état  de  conservation  était  très  mé- 
diocre, comme  celui  de  toute  la 
colonie,  qui  a  été  probablement 
traitée  à  l'acide  acétique,  ("est  de 
l'une  de  ces  galles  que  j'ai  extrait 
la  femelle  la  plus  grande  de  toutes 
celles  que  j'ai  vues  chez  ces  Alcyo- 
naires  ffig.  1  i2).  Elle  avait  2""", 25 
de  longueur  et  Omni,88  de  largeur, 
et  elle   présentait  une  légère  pig-  ^  w     yz-p 

mentation    sur  toute    la    surface     du      i.-i„.  14..   _   Fem.lle  vue   par  la  face  dorsale.  - 
..  1  ■~^         If  1   ro         1  l'ifî-  143.  —   Màli'  vu    île  profil. 

corps;  1  un  des  maies  (ng.  143)  de 

la  même  galle  avait  lmm,42  de  longueur  et  O'^m^iO  de  largeur,  de  forme 
un  peu  plus  grêle  (|ue  les  autres,  par  conséquent.  D'autre  |)art,  les  pa- 
rois des  galles  enveloppant  les  parasites  étaient  beaucoup  plus  épaisses 
que  celles  des  galles  do  h\  Prir/u/nisis  fonnom  et  de  la  Mopsea  graci/if^. 
S"il  ne  s'agit  pas  de  la  même  espèce,  ce  serait,  en  tout  cas,  une  forme 
très  voisine  de  celle  dont  il  a  été  question  plus  haut  et  que  je  n'ai  pas 
étudiée  suffisamment,  à  cause  du  mauvais  état  des  matériaux. 

D'après  les  recherches  de  A.  Zulueta  (1908-1910;,  si  un  même  Alcyo- 
naire  peut  héberger  3  espèces  de  Lomijjpidci',  comme  [oSi/mpndhim  coral- 
hides  (Pallas),  VAhyonimn  digitatum  [.inné,  la  Pentiatida  phospliorea 
Linné,  ou  même  4  espèces  différentes,  comme  VAlcyoniuin  palmatmn 
(Pallas),  en  revanche,  chaque  espèce  de  Lamippidœ  n'iiabiterait  qu'une 

Expédition  Charcot.  —  Ghavieb.  —  Alcyonaircs.  1  ' 


1^3. 


û^'-é' 


io6  CRUSTACÉ    PARAS  ITE. 

seule  espère  d'Ah^yonaire  ;  en  d'autres  termes,  le  parasitisme  des  Lainip- 
pidœ  serait  spécitique.  Il  ne  paraît  pas  en  être  de  même  pour  le  parasite 
décrit  plus  haut,  car  je  ne  trouve  aucune  dilTérence  spécifique  entre  les 
individus  qui  habitent  la  l'riinnuixix  forinosa  Gravier  et  ceux  qui  vivent 
chez  la  Mopsr/f  r/rricl/is  Ciy;\\\ov. 


Par  ses  caractères  i^énéraux,  notamment  par  les  antennes  uniramées, 
à  crochet  terminal  et  dépourvues  de  soies,  par  l'appareil  buccal  très  ré- 
gressé, par  les  deux  paires  d'appendices  thoraciques  semblables,  sans 
articles  distincts,  mais  Miunis  chacun  d'un  double  crochet,  par  la  furca 
formant  comme  deux  lobes  terminaux  du  corps,  par  les  vulves  ventrales 
et  l'absence  de  sacs  ovigères,  ainsi  que  de  tout  dimorphisme  sexuel,  le 
Crustacé  décrit  ci-dessus  se  range  incontestablement  dans  la  famille  des 
Lamippidœ  Zulueta. 

Il  se  distingue  très  nettement  de  tous  ceux  qui  ont  été  décrits  jusqu'ici  par 
la  segmentation  du  corps,  qui  ne  laisse  aucune  trace  chez  les  deux  genres 
dont  se  compose  actuellement  la  famille  :  La/Ni/jpr  Bruzelius  et  Linuresia 
^J  Zulueta.  De  plus,  ses  antennulesne  sont  pas  divisées  en  articles,  à  ladill'é- 

rence  de  ce  qu'on  observe  chez  les  deux  genres  précédents,  et  la  deuxième 
paire  d'appendices  est,  chez  notre  parasite,  notablement  plus  développée 
que  la  première,  ce  qui  n'est  pas  le  cas  ni  chez  les  Lamippe^  ni  chez  le 
genre  Linaresia.  Il  s'écarte  encore  des  autres  LamippuUe  par  l'habitat. 
Tandis  que  ceux-ci  vivent  dans  les  canaux  du  camosarque  des  Alcyonaires, 
celui  de  l'Antarctique  passe  une  partie  au  moins  de  son  existence  à  l'inté- 
rieur degalles,dont  il  provoque  la  formation,  et  à  l'intérieur  desquelles  les 
femelles  pondent  leurs  and's. 

C'est  du  premier  de  ces  deux  genres.  La/nippe  Bruzelius,  que  le  Crus- 
tacé en  question  s'éloigne  le  moins  par  les  caractères  de  la  furca.  Sa  furca 
n'est  même  pas  très  diflerente  de  celle  qu'on  observe  chez  le  Lamippe 
alb Ida Zn\uotH,  qui  vit  chez  le  P/e7'oides  f/rlseimi [BoYindsch)  ;  maislessoies 
Uncinées  sont  ici  moins  développées  et  disposées  autrement.  D'autre 
part,  ses  antennes  non  articulées  rappellent  .celles  du  mâle  du  Linaresia 


CRU  STAC  11   PARASITE.  lô? 

HKunillifera  Ziilueta,  dont  la  H'iuelle  est  inconnue  et  qui  est  le  seul  repré- 
sentant du  !;enre. 

Il  est  un  peu  moins  dégradé  à  certains  égards  que  les  deux  autres 
genres,  puisqu'il  présente  encore  des  traces  de  segmentation,  et  cepen- 
dant son  armature  buccale  est  très  réduite.  Les  appendices  loconioleurs 
sont  également  rudimeutaires  dans  les  trois  genres.  11  semble  (pic  la  dé- 
gradation va  croissant  du  Crustacé  de  l'Antarctique  au  genre  L(uiiipi)P.i 
puisau  genre  Liiairrsid,  dont  la  bouche  est  dépourvue  d(^  toute  armature. 

•le  |)ropose  d"a|>peler  ce  nouveau  genre  de  Crustacé,  (jue  je  n'ai  trouvé 
que  dans  les  hiibc  de  l'Antarctique,  Isidicnta,  qui  peutètre  ainsi  caracté- 
risé : 

Corps  trapu.,  sefjiueiitr,  à  tôgaincnf  num.  Antcnniilcs  et  antennes  non 
divisées  en  artirirs  i  !  i,  les  dernirres  terniinres  par  an  rroeltef.  U'vre  supé- 
rieure très  dérclojipée  entourée  par  un  cadre  cltitineax  ;  terre  inférieure  bor- 
dée êejalenient  par  un  épaississe  nient  ckitineu.r.  In  seul  appendice  en  forme 
de  pointe  légèrement  recourbée  de  cluKjue  côté  de  la  bouche.  Deu.r  j)ai)'çs 
d'appendices  loccnnoteurs  pc\i  déceloppés.,  dont  cluuun  est  terminé  par  un 
double  crochet  ;la  seconde , un  peu  pbis  déreloppée  tjue  la  première.  Branches 
de  la  f'urca  très  c(nirtes.  Chez  la  fenndle,  orifices  rulcaires  ent<n(rés  d'un 
cadre  chitine u.x  :,  pas  de  sacs  ociyércs  .•  jias  de  fl//iui/-phisme  se.ruel.  Le  mâle 
a  les  mentes  caractt'res  extérieurs  <pie  lu  feinclli',  mais  est  de  taille  /)lus 
faible. 

Lorsqu'on  connaîtra  un  [)lus  grand  nombre  d'espèces  du  UK-nie  genre, 
on  discernera  aisément  quels  sont,  |)armi  ces  caractères,  ceux  qui  sont 
vraiment  génériques.  L'espèce  (pii  vit  dans  les  /sidic  de  l'Antarctique  sera 
V/sidico/a  atitarctica. 

Les  trois  genres  constituant  la  famille  des  Lamippidai  peuvent  être  très 
facilement  séparés  les  uns  des  autres,  comme  l'indicjue  le  tableau  suivant  : 

segmenté  ;  antennes  nuii  divisées  en  articles Isidicola  Gravier. 

à  trois  ou  quatre  articles;  cuticule 

Lamippidfp.  ^  ,.    \      lisse  ou  hérissi'e  de  poils  fins Laniiiitie  BiuieVius. 

"  '  non  segmente;  )  ,  ' 

Corps  ,  <  non    divisées    en   articles  ;   cuticule 

^  J  riTirnnncc  1 


^  {' 

'  non  segmenté;  ) 

j       antennes        j"""   ■••>'>'■     ■  ■■   ..........   ^^.^..^^..^ 

I                             f      couverte  de  noinhrcuses  papilles 
1  \      en  forme  de  mamelons 


en  forme  de  mamelons Liiiaresia  Zulucto. 

(1)   (liiez   le    lamippc  suDijiodii,  Zuluela    19U1)   ii'iiiilii|ue   aucune  division    nelte,   en    ailicles. 
de  l'antenne,  dans  la  lii;uie  2.  |)ase  140,  relative  à  la  ivLrIon  céphalique  de  cette  espèce. 


io8  CRUSTACÉ  PARASITE. 

En  1902,  J.  Versluys,  chez  le  (-hri/sof/orf/ia  cupressa  (Wriylil  et  Stu- 
der),  a  signalé  de  grands  polypes  ayant  jusqu'à  3  millimèlies  de  hauteur 
(les  polypes  normaux  ayantOi"°^,7  de  hauteur),  contenantdes  Copépodes 
parasites,  peut-èlre  cause,  dit-il,  du  développement  anormal  des  polypes 
qui  les  abritent.  Chez  le  Cluijsoyorgia  flexilis  (Wright  etStuder),  il  a  vu 
aussi  des  polypes  énormes  à  l'intérieur  desquels  viennent  des  Annélides 
et,  dans  certains,  des  Copépodes  parasites  apparentés  aux  Lamiiype.  En 
outre,  Nutting  (1905-1908)  a  observé,  chez  le  Clirysofjorgia  arborescens 
Nutting,  à  côlé  des  polypes  normaux  de  1  à  2  millimètres  de  hauteur, 
iioml)re  de  grands  polypes  ayant  jusqu'à  12  milliiuètres  de  hauteur  et 
2  millimètres  de  diamètre  et  infestés  de  petits  Crustacés  sur  lesquels  il 
ne  donne  pas  d'autres  renseignements. 

En  somme,  les  Laniippidv  ont  été  signalés  jusqu'ici  dans  les  Alcyo- 
naires  suivants  : 

I.  —  Alcyunace.v. 

(  Lamippe  seligera  Zulueta. 

Sympodium  coralloides  (Pallas) )        —       aiimpodii  Zulueta. 

(        • —       papillifera  Zulueta. 

Lamippe  rubicunda  (OIsson). 

,,         .  ,      ,       ,,,  ,,     ,  \        —       aciciili fera  Zulueta. 

Alcyoniuin  palinaliun  Pallas ,     '   ,, 

I        —       proleus  Llaparede. 

\        —       Bremenii  Zulueta. 

/  Lamippe  riilncuiula  (OIsson). 

Alcyonium  digitalum  Linné _       Qlssoni  Zulueta.  . 

(        —      Forbesi  T.  Scott. 
Paralcyonium  elegans  (Milne-Edwards) Lamippe  Dalhiersii  Joliet. 

II.    CiOliGdNACEA. 

Chrysogorgia'  flexilis  (Wright  et   Studer) ,  Lamippe. 

—  cupressa  (Wright  et  Studer) ? 

-^  arborescens  Nutting ? 

Primnoisis  formosa  Gravier Isidicola  anlarclica  Gravier. 

— ■         ramusa  Thonisun  el    liilcliie Isidicola  sp.  ? 

Mopsea  grncilis  Gravier Isidicola  anlarclica  Gravier. 

Mnricca  chamœleon  Koch Linarcsiamamillifera  Zulueta. 

Gorgonia  verrucosa  Pallas Lamippe  af finis  Zulueta. 

Gorgonella  sarmenlosa  ?  (Laniarck) Lamippe  pusilla  Zulueta. 

III.  —    rKNNATIT.ACKA. 
Verelillum  cynomorium  (Pallas) Lamippe  pallida  Zulueta. 


CRUSTACÉ  PARASITE.  109 

Lamiiipe  Chaltoni  Zulueta. 

„,,,,,•.  \         —       rnhra  Biuzclius. 

Pcnnalula  pliospliorra  Luine ,        , 

'         ■ —  ~     var.     decolor 

Zulueta. 

^,      .,         .  ,r^  ,     ,    ,  <  :  Lamippe  albidnYMhiclsi. 

Pieroides  (irisciiin  {Bohadsch) ,      •>•    v   ,     . 

•^  ^  '  (        —       pleroidis  Zulueta. 


III 

Dans  l'une  dos  galles,  ai-je  dit  plus  haut,  il  existait  de  nombreux  Xau- 
plius  encore  enveloppés  dans  la  membrane  de  l'ieul'.  D'autre  part, 
Joliet  (1882),  en  étudiant  le  Lamippc  Dnt/iiersii,  a  recueilli,  dans  les  canaux 
du  Cienosarque  du  Para/ri/onim/i  r/rgans  (Milne-Edwards),  un  certain 
nombre  de  lYatip/itts  librt^s.  Le  dévelo|)pement  du  [)arasite  se  poursuit 
donc,  chez  l'Alcyonaire,  jusqu'à  la  formation  des  Naiiplius  qui  s'accom- 
plit à  l'intérieur  de  l'o'uf.  C'est  alors,  vraisendDiablement,  que  s'introduit 
la  phase  de  vie  libre.  Le  .\riif/t//i/s  loii  le  Mchouniplius  observé  par  A.  de 
Zulueta)  sort  facilement  pai'  l'orilice  des  polypes  épanouis;  c'est  parla 
même  voie,  la  seule  qui  soit  accessible,  — car  l'épaisse  cuirasse  calcaire 
des  Isidœne  fournit  aucun  autre  point  de  pénétration,  —  que  le  parasite, 
après  avoir  évolué  quelque  temps  en  liberté,  entre  dans  son  hôte  défi- 
nitif pour  y  poursuivre  son  développement.  Le  Crustacé  peut  se  mouvoir 
en  rampant  à  l'intérieur  di-  l'Alcyonaire  grâce  à  ses  deux  paires  d'appen- 
dices et  à  ses  antennes  munis  de  crochets;  ceux-ci  servent  à  fixer  la  partie 
antérieure  du  corps,  pendant  que  la  partie  postérieure  se  déplace  dans  un 
sens  ou  dans  l'autre,  la  mollesse  du  tégument  se  prêtant  à  toutes  lesdéfor- 
mations.  Joliet,  qui  a  étudiésur  le  vivant  \c Lamippc Dathiersii^  l'a  vuchan- 
ger  incessamment  de  contour,  le  corps  prenant  la  forme  cylindrique  à  l'état 
d'extension  et  la  forme  globuleuse  à  l'état  de  contraction.  Lorsque  la 
maturité  sexuelle  va  se  réaliser,  vraisemblablement  les  individus  des  deux 
sexes  se  rapprochent  et  déterminent  la  formation  de  galles  spacieuses.  La 
fécondation  se  fait  par  l'intermédiaire  des  spermatophores  qu'on  trouve 
attachés  aux  orifices  vulvaires  de  la  femelle.  Les  œufs  fécondés  se  déve- 
loppent sur  place,  dans  la  galle  habitée  par  les  progénileurs,  jusqu'au 
stade  Nauplius,  qui  est  atteint  à  l'intérieur  de  l'o'uf.  l'uis  vient  la  phase 
de  liberté,  et  le  cycle  recommence. 


iiO  CRUSTACÉ    PARASITE.  ♦ 

Quant  aux  affinités  des  Laiiiippif/;i\  il  est  impossible  actuellement  de  les 
préciser,  dans  l'ignorance  où  nous  sommes  d'une  grande  partie  de  leur 
développement.  Si  on  peut  songer  à  les  rapprocher  de  certains  Crustacés 
asridicoles  des  genres  E/ifpropsis  Aurivillius,  Aplostoina  Canu,  Opliio- 
t;c Ides  liesse,  par  exemple,  il  faut  remarquer,  comme  le  fait  avec  raison 
A.  de  Zulueta  1908  .  qu'il  n'y  a  très  vraisemblablement,  entre  ces  para- 
sites qui  vivent  à  l'intérieur  de  cavilc'S  naturelles  de  leur  hcMe,  que  des 
rapports  de  convergence. 

26  Décembre  1013. 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE 


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Agassizi  (Studer),  Amphilaphis  abietina  (Studer),  und  Thonarella  variabilis 
(Studer)  (Archiv  fiir  Nahirgesch.,  Jahrg.  LXXI,  Bd.  I,  Hett  3). 

1857.    Milne-Edwards  (H.).  —  Histoire  naturelle  des  Coralliaires. 

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1908.  Roule  (L.).  —  Alcyonaires.  [Expédilion  anlarcliqiie  française  (1903-1905)]. 
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1891 .    Studer  (Th.).  ■ —  Note  préliminaire  sur  les  Alcyonaires  provenant  des  campagnes 

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vol.  IV,  Paris). 
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1909.  Thomson  (.J.-A.)  and  Hendeuson  (W.-D.).  — •  The  Alcyonarians  of  the   littoral 

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1911.  Thomson  (.J.-A.)  and  Mackinnon  (D.  L.). — •  The  Alcyonarians  ot  the  «Thetis» 

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1911.   Thomson  (.J.  St.).  —  The  Alcyonarians  ol  the  Cape  of  Good  Hope  and  Natal. 

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pendant  les  années  1836-1839,  publié  par  ordre  du  Roi,  sous  les  auspices  du 

ministre  de  la  Marine,  par  M.  Aliel  du  Petit-Thouars  {Allas  de  zoologie,  Zoo- 

phytes,  PI.  XII,  fig.  2,  2a,  Paris). 
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1885.    Verrill  (A.  E.).  —  Report  on  the  Anlhozoa  and  on  some  species  dredged  by  the 
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Hawk»  in  18S0-1882  {Bull.  Mus.   Compar.  Zool.  al  Harvard  Collège,  vol.  XI, 

n°l). 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE.  113 

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II.    -  CRUSTACÉS   PARASITES  DES  ALCYONAIRES. 

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1859.  Bruzelius  (R.).  — •  Ueber  einen  in  der  Pennalula   rubra  lebenden  Schmarotzer 

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dent traduit  en  allemand  par  Creplin). 

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troisième  espèce  du  genre  Lamippe,  Lamippe  Diilhiersii,  parasite  de  Paral- 
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of  Fisherics  Steamer  «  Albatross  »  in  the  vicinity  of  the  Hawaian  Islands  in  1902 
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p.  iii-iv). 

1902.  Versluys  (J.).  —  Die  Gorgoniden  der  Siboga-Expedition.  I.DieChrysogorgiidae 
(Siboga  Expeditie),  Monogr.  XIII. 

1908.  ZuLUETA  (A.).  —  Note  préliminaire  sur  la  famille  des  Lamippidee,  Gopédodes  para- 
sites des  Alcyonaires  {Arcli.  de  zoot.  expér.  el  génér.,  IV<^  série,  t.  IX  (on 
trouve  dans  ce  travail  la  bibliographie  complète  concernant  les  Lamippidse). 

1910.  ZuLUETA  (A.).  ■ —  Deuxième  note  sur  la  famille  des  Lamippidœ,  Gopédodes  para- 
sites des  Alcyonaires  (Arch.  de  zoot.  expér.  et  génér.,  S''  série,  t.  VI). 


Expédition  Cliarcot.  —  Gbamsr.  —  Alcyonaires.  15 


EXPLICATION    DES    PLANCHES 


PLANCHE  I 
Fig.   1-2.  —  Sijinpodinm  anlarcticiim  Gravier. 

1 .  —  La  colonie,  en  vraie  grandeur,  fixée  sur  l'axe  nu  d'un  Gorgonidé. 

2.  —  Un  fragment  grossi  de  la  même  colonie.  Gr.  :  5. 

Fig.  3-5.  —  Primnoisis  forinosa  Gravier. 

3.  —  La  colonie  entière  en  grandeur  naturelle. 

4  et  5.    — ■  Deux  fragments  de  branche  grossis.  Gr.  :  5. 

Fig.  6.  —  Thouarella  variahilis  Wright  et  Studer. 

6.  —  Une  colonie  en  vraie  grandeur,  provenant  du  chenal  de  Roosen  et  dont  l'état  de 

conservation  est  médiocre. 

PLANCHE  II 

Fig.  7-8.  —  Ennephlhija  Hicksoni  Gravier. 

7 .  ■ — -La  colonie  entière,  en  vraie  grandeur. 

8.  —  Une  partie  de  la  même  colonie,  grossie  5  fois. 

Fig.  9-11.  —  Stenella  Liouvillei  Gravier. 

9.  —  La  colonie  entière,  en  grandeur  naturelle. 

10  et  11 .  —  Deux  jjranches  de  la  même  colonie.  Gr.  :  5. 

> 

PLANCHE  III 

Fig.  12.  —  Primnoisis  anlarclica  Studer. 

12.  —  Colonie  entière,  en  vraie  grandeur. 

Fig.  13-14.  —  Thouarella  variabilis  Wright  et  Studer. 

13.  —  Colonie  entière,  en  vraie  grandeur  ;  forme  typique. 

14.  —  Variété  compacte  de  la  même  espèce  ;  en  vraie  grandeur. 

Fig.  15-16.  —  Rhopalonella  pendulina  Roule. 
15  et  16.   —  Deux    branches    abondamment    ramifiées,    montrant,    surtout    dans    la 
figure  15,  l'élargissement  basilaire  dû  à  la  présence  d'œufs  en  incubation  et  très 
riches  en  vitellus. 

PLANCHE  IV 
Fig.  17-19.  —  Mopsea  elongala  Roule. 

17.  —  Un  fragment  de  colonie,  en  vraie  grandeur,  rapporté  par  le  «  Pourquoi  Pas  ?  ». 

18.  —  Un  fragment  d'une  colonie,  en  vraie  grandeur,  rapporté  par  la  première  expé- 

dition antarctique  française  (1903-1905). 

19.  —  Un  fragment  grossi  d'une  branche  de  la  colonie  représentée  par  la  figure  18. 

Gr.  :  5. 

Fig.  20.  —  Stenella  Liouvillei  Gravier. 

20.  Base  d'une  branche  de  la  colonie  représentée  PI. 'II,  fig.  9.  Gr.  ;  5, 


Deuxième    Expédition   Charcot   {Ch.    Gravier,    Alcyonaires. 


l'i.  I 


(Clichés  Cintracll 


I^holotypie  G.  (  liivot 


Fig.  t-2.    :    Sympodium  antarcticum  Gravier   -  Fig     3-ri.   :   Piimnoisis  formosa  Gravier 
Fig.   6.    :  Thouarella  variabîlis  Wright  et  Studer 


Masson  &  G'*>,   Editeurs 


Deuxième    Expédition   Charcot   {Ch.    Grai'ier.    Alcyonaires-, 


PI.  Il 


( Clichés  Cinliuctl 


Pllolol.vple  (;.    Chivot 


Fig.  7-8  :  Euneplitliya  Htcksonî  Gravier.  -  Fig.  9-11.  :  StenelLi  Llomillei  Gravier. 


Masson    &   C",    Editeurs 


Deuxième    Expédition    Charcot   iCh.  Gravier-   Alcyonaires  ) 


PI.  III 


(Clichés  Cîntructl 


Phototypie  G,   Chivot 


Fig.  I*>.  :  Primnoisis  antarctica  (Studer)  -  Fig.  13-14  :  Thouarella  variabilis  Wright  et  Studer. 
Fig.  15-16:   Rhopalonella  pendulina   Roule. 


Mnsson    &    C'- ,    Editevirs 


Deuxième    Expédition    Ciiarcot  ^Ch.    Gravier,  Alcyonaires.) 


PI.  IV 


(Clichés  Cinlract) 


Plîotolypie  (t.  Chivot 


F!g.l7-I9.  :  Mopsea  elongata  Roule.  -  Fig.  20.  :  Stenella  Liouvillei  Gravier. 


Deuxième   Expédition    Charcot   {Ch.  Gravier,  Alcyonaires) 


PI.  V 


(Clichés   CintracU 


Phototypie  G.   Chivot 


Fig.  2!-25.  :  Rhopalonella  pentluHna  Roule. 


ÏVlasson  &  G'".  Editeurs 


Deuxième   Expédition    Charcot   (Ch.    Gravier-    Alcyonaires.) 


PI.  VI 


(Clichés  Cintract) 


Pliutotypie  G.    Lhivot 


Fig.  Ify-Ti.  :  Mopsea  gracilis  Gravier.  -  Fig.  28-29.  :  Notisis  fragilis  Gravier.  -  Fig.  30.  :  Caligorgia  ventilabrum  Studer. 


Deuxième    Expédition    Charcot   iCh.   Gravier,    Alcyonaires) 


PI.  VII 


(Clichés  (^inlructl 


Pliulolvpie  G.   Chivol 


Fig.  31-34  :  Thouarella  antarctica  (Valenciennes)  -  Fig.  35-3C  :  Thouarella  longispinosa  Kiikenthal 
Fig.     37.  :  Primnoella  Kûkenthali  Gravier. 


Masson  &  C',   Editeui-s 


Deuxième    Expédition    Charcot     (Ch, Gravier.  Aicyonaires J 


PI.  Vlll 


I  Clichés  Cintract) 


Pholol^pie  G.  Chivot 


Fig.  38.  :  Primnoella  Kukenthalt  Gravier  -  Fig.  39-42  :  Acanthogorgia  Thomsoni  Gravier. 


"K/ri=>ccrM-i     A     C^:>*      F.H  itF'iir*« 


Deuxième  Expédition  Charcot   [Cli-    Gravier,  Alc-)onaires ■) 


PI.  IX 


^n^. 


43 


'f^%'. 


\è=i 


V~~ 


i^^iïf  ?'Â*îa»  s'SSf.'iët 


iCh  Gravier  del.) 


Phototj'pie  G.  <;hivot 


Fig.  43-44    :  Sympodium  antarcticum  Gravier  -  Fig.  45-48  :   Eunephtyha  Hicksoni  -  Fig.  49.  :  Notisis  fragilis  Gravier. 

Fig  .50.  :  Acanthogorgia  Thomsoni. 


Masson  &   C".     Editeurs 


Deuxième   Expédition    Charcot   iCh.    Gravier-   Alcyonaires.) 


PI.  X 


-  ■■••  ■  "  '\  '•/:••'  v-  '>vH  i  «;;  î'-  -'  "  '^  '.  '  -  ^-  -  ;  -^^ 

^      ..1-  -.^•••••*'^o.-.0'»fv**'o      -la.'       C-  *.  *       s 


.  -    -.-4; 


53 


54 


(Ch.  Gravier  tlel.) 


t*hoto1ypie  G.  Chivot 


Fig.  51.  :  Notisis  fragilis  Gravier.  -  Fig.  52-55.  ;  thouarella  antarctica  i  Valenciennes). 
Fig.  56-50.  :  Rhopalonella  pendiiMna  Roule. 


ËXPLICATÏON   DES  PLANCHES.  11$ 

PLANCHE  V 
Fig.  21-25.  —  Rhopalonella  pendulina  Roule. 

21 .  —  Une  colonie  entière  en  vraie  grandeur. 

22.  —  Une  branche  non  ramifiée.  Gr.  :  2  1/2. 

23.  —  Une  branche  simplement  bifurquée,  près  de  sa  base.  Gr.  :  2  1/2. 

24-25.  —  Deux  branches  plus  abondamment  ramifiées.  Gr.  :  2  1/2.  On  peut  remar- 
quer, sur  plusieurs  rameaux,  l'élargissement  basilaire  dû  à  la  présence  d'œufs 
en  incuV)ation. 

PLANCHE  VI 
Fig.  26-27.  —  Mopsea  gracilis  Gravier. 

26.  —  La  colonie  entière,  en  vraie  grandeur. 

27.  —  Une  branche  grossie  de  la  colonie  précédente.  Gr.  :  5. 

Fig.  28-29.  —  Noiisis  fragilis  Gravier. 

28.  —  La  colonie  entière,  en  grandeur  naturelle. 

29.  —  Branches  grossies  de  la  colonie  précédente.  Gr.  :  5. 

Fig.  30.  —  Caligorgia  uentilabruin  Studer. 

30.  —  Une  colonie  entière,  en  vraie  grandeur. 

PLANCHE  VII 
Fig.  31-34.  —  Thouarella  aiilarclica  (Valenciennes). 

31 .  Une  des  deux  colonies  rapportées  par  du  Petit-Thouars  des  îles  Malouines.  Grandeur 

naturelle. 

32.  —  Le  second  exemplaire  type  de  l'espèce  rapportée  par  du  Petit-Thouars,  des 

Malouines,  avec  la  partie  basilaire  qui  manque  au  précédent.  Grandeur  natu- 
relle. 
33  et  34.   —  Deux  branches  grossies  de  la  colonie  représentée  par  la  figure  31.  On  re- 
marque le  nombre  croissant  des  polypes,  de  la  base  à  l'extrémité  libre.  Gr.  :  5. 
Fig.  35-36.  —  Thouarella  longispinosa  Kiikenthai. 

35.  —  Une  colonie  entière,  en  vraie  grandeur. 

36.  —  Une  partie  grossie  de  cette  colonie.  Gr.  :  5. 

Fig.  37.  —  Primnoella  KiïkenUiali  Gravier. 

37.  ■ —  La  colonie  entière,  en  vraie  grandeur. 

PLANCHE  VIII 
Fig.  38.  —  Primnoella  Kùkenlhali  Gravier. 

38.  ■ —  Une  partie  grossie  de  la  colonie  représentée  par  la  figure  37,   PI.    VIL  — •  On 

remarque,  sur  le  côté  gauche  de  la  figure,  deux  Crustacés  capturés  par  les 
Polypes.  Gr.  :  5. 

Fig.  39-42.  —  Acanlhogorgia  Thomsoni  Gravier. 

39.  —  L'une  des  colonies  vue  par  la  face  vers  laquelle  sont  tournés  presque  tous  les 

polypes.  Grandeur  naturelle. 

40.  —  La  même  colonie,  vue  par  la  face  opposée.  Grandeur  naturelle. 

41 .  —  Une  partie  grossie  de  la  même  colonie.  Gr.  :  5. 

42.  ■ —  Une  autre  colonie,  de  beaucoup  plus  grande  taille,  dont  une  partie  seulement 


ii6  EXPLICATION  DES  PLANCHES. 

était  restée  vivante,  au  moment  où  elle  fut  draguée.  Le  reste  est  couvert  d'or- 
ganismes étrangers  :  Éponges,  Polypes  hydraires,  Bryozoaires,  etc. 

PLANCHE  IX 
Fig.  43-44.  —  Sympodium  anlarcticum  Gravier. 

43.  —  Un  polype  complètement  étendu.  Gr.  :  29. 

44.  —  Un  polype  partiellement  rétracté.  Gr.  :  36. 

Fig.  45-48.  —  Eiinephthya  Hicksoni  Gravier. 

45.  —  Un  des  polypes  de  la  partie  supérieure  de  la  colonie.  Gr.  :  36. 

46.  — ■  Un  spicule  de  la  partie  basilaire  d'un  polype.  Gr.  :  535. 

47.  —  Un  spicule  du  tronc  principal  de  la  colonie.  Gr.  :  535. 

48.  —  Une  autre  forme  de  spicule  du  tronc  principal  de  la  colonie.  Gr.  :  535. 

Fig.  49.  —  Nolisis  fragilis  Gravier. 

49.  —  Un  polype  avec  son  armature  de  spicules.  Gr.  :  63. 

Fig.  50.  —  Acanlhogorgia  Thomsoni  Gravier. 

50.  —  Un  polype  recouvert  de  ses  spicules.  Gr.  :  29. 

PLANCHE  X 

Fig.  51.  —  Nolisis  fragilis  Gravier. 

51.  —  Une  partie  de  l'axe  calcaire,  avec  ses  saillies  en  séries  longitudinales.  Gr.  :  36. 

Fig.  52-55.  —  Thouarella  aiilarclica  (Valenciennes). 

52.  —  Les  huit  spicules  de  l'opercule.  Gr.  :  38. 

53.  —  Une  écaille  de  l'opercule,  vue  par  la  face  extérieure.  Gr.  :  152. 

54.  —  Une  autre  écaille  de  l'opercule  vue  par  la  face  intérieure.  Gr.  :  152. 

55.  — •  Une  écaille  de  la  région  moyenne  des  polypes.  Gr.  :  152. 

Fig.  56-57.  —  Rhopalonella  pendulina  Roule. 

56.  —  Un  œuf  à  la  base  d'un  polype,  à  la  partie  inférieure  du  rameau.  Gr.  :  18. 

57.  —  Coupe  transversale  d'un  des  œufs,  passant  par  le  centre  du  noyau.  Gr.  :  385. 

Fig.  58-59.  ■ —  Primnoella  Kiikenlhali  Gravier. 

58.  —  Section  transversale  de  l'axe,  à  la  partie  inférieure  de  la  colonie.  Gr.  :  14. 

59.  —  Une  partie  de  l'axe  corné  de  la  colonie,  avec  ses  cannelures  longitudinales.  Gr.  :  14. 


TABLE    DES    MATIERES 


I 
PARTIE   GÉNÉRALE 

A.  —  Alcyonaires  recueillis  par  le  «  Pourquoi  Pas  ?  » 1 

B.  —  Alcyonaires  recueillis  par  le  «  Français  »  (I'''^  Expédition  antarctique  française, 

1003-1905).  — ■  Alcyonaires  connus  actuellement  dans  l'Antarctique  sud- 
américaine  5 

C.  —  Alcyonaires  recueillis  par  les  autres  expéditions  antarctiques  récentes 8 

D.  —  Remarques  générales  et  conclusions 13 

II 

PARTIE    SPÉCIALE 

1.  ALCYONACEA. 

Famille  des  Clavulariidse  Hickson. 

Sympodium  aniarclicum  Gravier,  PI.  I,  fig.  1-2  ;  PI.  IX,  fig.  43-44;  fig.  1-8  dans  le 
texte 15 

Famille  des  Neplithyidae  Verrill. 

Eunepidhya  Hicksoni  Gravier,  PI.  II,  fig.  7-8;  PI.  IX,  fig.  45-48;  fig.  9-13  dans  le 
texte 18 

2.  GORGONACEA. 

Famille   des   Isidae    (îray. 

Primnoisis  anlarclica  (Studer),  PI.  III,  fig.  12  ;  fig.  14-20  dans  le  texte 28 

Primnoisis  jormosa  Gravier,  PI.  I,  fig.  3-5  ;  fig.  21-26  dans  le  texte 31 

Mopsea  eloivjala  Roule,  PI.  IV,  fig.  17-19  ;  fig.  27-38  dans  le  texte 34 

Mopsea  gracilis  Gravier,  PI.  VI,  fig.  20-27  ;  fig.  39-51  dans  le  texte 38 

Noiisis  fragilis  Gravier,  PL  VI,  fig.  28-29;  PL  IX,  fig.  49;  PI.  X,  fig.  51  ;  fig.  52-61 

dans  le  texte 43 

Famille  des  Primnoidae  (Milne-Edwards). 

Thoiiarella  anlarclica  (Valenciennes),  PL  VII,  fig.  31-34;  PL  X,  fig.  52-55;  fig.  62-68 
dans  le  texte 48 

Thouarella  variabilis  Wright  et  Studer,  PL  I,  fig.  6  ;  PL  III,  fig.  13-14  ;  fig.  69-72 
dans  le  texte 56 

Thouarella  longispinosa  Kûkenthal,  PL  VII,  fig.  35-36  ;  fig.  73-76  dans  le  texte. . .       61 

Slenella  (Dasyslenella)  Liouvillei  Gravier,  PL  II,  fig.  9-11  ;  PI.  IV,  fig.  20;  fig.  77-85 
dans  le  texte 63 


ii8  Table  des  matiêèes. 

Rhopalonella  pendulina  Roule,  PI.  III,  fig.  15-lG  ;  PI.  V,  fig.  21-25  ;  PI.  X,  56-57; 

fig.  86-98  dans  le  texte 70 

Prinmoclla  Kiikenlhali  Gravier,  PI.  VII,  fig.  35  ;P1.  VIII,  fig.  36  ;  PL  X,  fig.  58-59; 

fig    99-108  dans   le  texte 77 

Caligorgia  venlilabnim  Studer,  PI.  VI,  fig.  30  ;  fig.  109-119  dans  le  texte 85 

Famille  des  Murlcsidae  Vcrrill. 

Acaiilhogorgia  Thomsoni  Gravier,  PI.  VIII,  fig.  39-42;  PI.  IX,  fig.  50  ;  fig.  120-129 
da  ns  le  texte 92 


APPExNDICE 

Isidirola  anlarxlica  Gravier,  Crustacé  parasite  de  quelques  Isidee  de  l'Antarctique 
Eud-am('ricaine  ;  fig.  130-142  dans  le  texte 99 


MADREPORAIRES 

Par   Ch.    GRAVIER. 


La  seconde  expédition  antarctique  française  (1908-1910),  commandée 
par  M.  le  D'"  J.  Charcot,  arapporté,  de  la  région  qu'elle  a  explorée,  quatre 
espèces  de  Madréporaires  recueillies  par  M.  le  D'  J.  Lion  ville.  L'une 
d'elles,  le  Desmophj/Uum  antarcticum  Gravier,  est  nouvelle.  Une  seconde, 
le  Flahellum  Thouarsii  M.  Edwards  et  Ilaime,  n'a  pas  été  relrouvée  depuis 
l'expédition  de  la  «  Vénus  »  (1836-1839)  dirigée  par  le  capitaine  du 
Petit-Thouars,  qui  la  découvrit  aux  îles  Malouines  ou  Falkand,  c'est-à- 
dire  bien  au  norddela  zone  parcourue  par  le  "  Pourquoi  Pas?  ».  Une  troi- 
sième, la  Cnrijophyllia  antarctica  Marenzeller,  a  été  récoltée  en  premier  lieu 
par  la  «  Valdivia  »  [Tiefsee-Expeditio/t),  à  l'est  de  l'île  Bouvet,  dans  les 
mers  subantarctiques,  par  conséquent.  Enfin,  la  quatrième  forme  est 
représentée  par  deux  exemplaires  en  mauvais  état  de  conservation,  morts 
depuis  longtemps  lorsqu'ils  furent  dragués;  elle  appartient  probable- 
ment au  même  genre  Caryopliijllia  et  est  indéterminable  spécifique- 
ment. 

Ces  Madréporaires,  dont  les  deux  premières  espèces  ont  été  recueillies  en 
excellent  état,  avec  leurs  parties  vivantes,  ont  un  squelette  mince  et  ti'ès 
fragile,  qu'il  est  difficile  de  conserver  intact.  Les  septes  calcaires  ne  sont 
pas  plans  ;  leur  surface  est  plus  ou  moins  irrégulièrement  ondulée  et  par- 
fois sillonnée  par  des  bourrelets  et  des  crêtes.  M.  le  D'  J.  Liouville  les  a 
recueillis  aux  points  suivants  : 

Dragage  IV. —  28  décembre  1908.  Profondeur:  iiS  mètres.  Fond: 
roches  et  gravier.  Température  de  l'eau  an  fond  :  0°  C.  Chenal  Peltier. 
le  long  de  l'île  Wiencke,  près  de  l'îlot  Gœtschy.  Latitude  :  (viooO'  S.; 
longitude:  63o30'W. 


120  MADRÉPORAIRES. 

Desmophyllum  anlarclicum  Gravier. 

Dragage  VIII.  —  20  janvier  1909.  Profondeur  :  170  mètres.  Baie  Mar- 
guerite. Température  de  l'eau  au  fond  :  0°,2  G. 

?  Desmophyllum  anlarclicum  Gravier. 

Dragage  XX.  —  12  janvier  1010.  Profondeur  :  iOO  mètres.  Fond:  vase 
sableuse,  nombreux  cailloux.  En  bordure  de  la  banquise.  Latitude  : 
70°  10'  S.  ;  longitude:  78°  30'  W. 

Flabellum    Thouarsii  Milnc-Edwards  et  Hairae. 

Caryophyllia  anlarclica  Marenzeller. 

Caryophyllia  sp.  ?  ■ 

Dans  les  mêmes  parages,  la  «  Belgica  »  avait  trouvé  préalablement  : 

l°rn  exemplaire  jeune,  non  intact,  indéterminable,  appartenant  au 
<^enre  Des/nophi/Zhan,  le28mai  1898,  par  71-5  18'  latitude  S.  ;  88°  02'  lon- 
gitude W.  ;   . 

2°  Quelques  exemplaires  brisés  de  Caryopltyllia  antarrtica  (que 
E.  von  Marenzeller  ne  put  déterminer  que  grâce  aux  matériaux  de  la 
('  Valdivia  »)  aux  points  suivants  :  71°  09'  latitudeS.  ;  89"  1.")'  longitude  W. 
(1 1  mai  1898j;  70"  23'  latitude  S.  ;  82^47'  longitude  W.  (8  octobre  1898)  ; 

3°  Un  Ilydrocoralliaire  nouveau,  V Errina (jracHis^im'Qmc\\ç\\  en  (juatre 
points  situés  entre  les  latitudes  71°  1  i'  et  71°  19'  S.  et  entre  les  longi- 
tudes 87^37'  et  89°  1  i'W.  Parmi  les  exemplaires  de  cet  Ilydrocoralliaire 
était  une  belle  colonie  mâle,  trouvaille  intéressante,  caries  autres  espèces 
du  même  genre  ne  sont  connues  que  par  la  colonie  femelle. 

L'expédition  antarctique  allemande  (1901-1903!  rapporta  delà  station 
du  <(  Gauss  i>  et  du  pied  du  mont  «  Ganss  »  trois  espèces  de  Madréporaires, 
dont  une  indéterminable  : 

Caryophyllia  anlarclica  Marenzeller. 
Flabellum  iiiconslans  Marenzeller. 
Flabellum  sp.? 

Gomme  les  autres  expéditions  antarctiques  n'ont  pas  encore 
fait  connaître  les  Madréporaires  qu'elles  ont  ramenés  des  mers 
australes  où  elles  ont  séjourné,  on   ne  connaît,   en   somme,  que   les 


MADRÉrORAIRES.  i2i 

espèces    suivantes    dans    les   eaux    antarctiques    proprement    dites   : 

Desmophijllum  sp?  «Belgica». 

—  unlarclinim  Grayier.  —  «  Pourquoi  Pas?  » 

Flahcllum  inconslans  Marenzcller.  —  «Gauss». 

—  Thoiiarsii  Milnc-Edwards  et  Haimo.  —  «Pourquoi  Pas?» 

—  sp.?  «Gauss». 

Canjophijllia  anlarclica  Marenzeller.  —  «  Belgica»,  «  Gauss  »,  «  Pourquoi  Pas?  » 
—        sp.?  «  Pourquoi  Pas  ?» 

Soit,  en  tout,  septespèces,donttroisindéterminées,  appartenantaux  trois 
genres  Desmophyliam,  F/abelh(?n  ei  Car;/ophyIlia,  delà  famille  des  Tur- 
hinolides  de  H.  Milne-Edvvards  et  Ilaime. 

La  CarijopItijUia  antarctica,  qui  a  été  récoltée  en  trois  points  fort  éloignés 
les  uns  des  autres,  à  l'est  de  l'île  Bouvet,  dans  l'Antarctique  sud-améri- 
caine et  au  voisinage  de  la  Terre  de  Guillaume  II,  est  vraisemblablement 
circumpolaire.  On  peut  ajouter  à  ces  sept  espèces  purement  antarctiques, 
jusqu'ici  du  moins,  les  espèces  suivantes  prises  par  le  "  Challenger  »  dans 
les  eaux  subantarctiques  : 

Caryophyllia  c/acus  Scacchi,  var.  Sinilhi  Duncan.  —  Tom  Bay,  Patagonie  (175  brasses). 

(Aux  Açores,  la  même  variété  a  été  draguée  à  450  brasses.) 

Desmophyllum   ingens   Moseley.   Fjords   de   Patagonie. 

Cette  espèce,  dont  les  grands  exemplaires  ont  jusqu'à  82  millimètres  de 
grand  axe  au  l)orddu  calice  et  13o  millimètres  de  longueur,  esta  identifier, 
d'après  Marenzeller,  au Drstmopln/lhim  cristarjalli .Milne-Edwards  etHaime . 

Desmopliijlliiin  ebiirneiun  Moseley.  —  Middle  Island,  Patagonie. 
Flahelliim  palacjonichuni  JMoseley.  —  Penguin  Island,  Patagonie. 
Leplopenus  discus  Moseley.  —  Grozet  Islands,  à  1  600  brasses. 
Aslrangia  sp.  —  Patagonie. 

A  part  les  deux  dernières  espèces  [et  encoi'e  le  Leptopenus  discus  ne 
peut  être  considéré  à  proprement  parler  comme  une  espèce  subantarc- 
lique,  puisqu'il  a  été  dragué  à  1  600  brasses  (2  880  mètres)  près  de  Hog 
Island,  dans  le  groupe  des  iles  Crozet,  et  doit  plutôt  être  regardé  comme 
une  forme  d'eau  profonde],  les  autres  formes,  comme  on  le  voit,  appar- 
tiennent aux  mêmes  genres  que  celles  de  l'Antarctique  proprement  dite. 

La  faune  des  Coraux  de  l'Antarctique  est  très  pauvre,  en  genres  comme 
en  espèces.  Elle  paraît  l'être  également  en  individus,  car  les  diverses 

Expédition  Charcot.  —  Gravier.  —  iMadréporaiies.  IC) 


122  MA  D  R  EPU  RA I  RE  S. 

expéditions  n'ont  rapporté  que  quelques  spécimens  de  chaque  espèce.  Il 
semble  d'ailleurs  peu  probable  que  les  autres  expéditions  enrichissent 
beaucoup  nos  connaissances  sur  ce  sujet.  Les  basses  températures  des  eaux 
des  mers  australes  sont  très  défavorables  à  l'immense  majorité  des  Ma- 
dréporaires.  Onnetrouve,  dans  l'Antarctique,  (juc  des  espèces  semblables 
à  celles  qui  existent  dans  les  grandes  profondeurs,  à  toutes  les  latitudes, 
et  qui  sont  aptes  à  vivre  dans  un  milieu  à  une  température  voisine  de  0°  C. 
Ce  sont  des  formes  solitaires  qui  peuvent  atteindre  une  grande  taille  et  qui 
fournissent  d'ailleurs  le  contingent  le  plus  varié  à  la  faune  corallienne  des 
abysses.  De  telles  formes  ne  participent  en  aucune  façon  à  rédification  des 
récifs  ;  les  espèces  coloniales  constituées  par  des  milliers  de  polypes  de 
taille  très  réduite,  en  général,  ne  prospèrent  que  dans  les  eaux  tropicales 
de  la  surface,  traversées  par  les  radiations  d'un  soleil  lorride. 

Famille   des    TURBINOLIDES   Milne-Edwards   et   Haime. 

Genre  DESMOPHYLLCM  Ehrenberg. 

Desmophyllum  antarcticum. 

(l'I.   I,  fig.  1-4.) 

DesinophijUum  anlarclicnm  Gravier,  Seconde  expédition  antarctiijue  française  (1908-1910), 
Sur  une  espèce  nouvelle  de  Madréporaire  [Desmophyllum  anlaniiciim  {Bull. 
Mus.  Hist.  liai.,  t.  XX,  n"  4,  1914)]. 

Le  '<  Pourquoi  Pas?  »  a  recueilli  le  28  décembre  1908,  dans  le  chenal 
Peltier,  le  long  de  l'ib^  Wiencke,  i)rès  de  l'îlot  Goetschy  (latitude 
04°  50'  S.  ;  longitude  :  63°  30'  W.  ;  profondeur  :  53  mètres  ;  fond  :  roches 
et  gravier  ;  température  de  Teau  au  fond  :  0°  C),  deux  exemplaires  en  bon 
état,  avec  leurs  parties  vivantes,  de  cette  nouvelle  espèce  de  Desmophyl- 
lum. La  forme  de  ces  polypes  coralliaires  est  très  allongée  (PI.  I,  fig.  1); 
l'axe  est  un  peu  arqué.  Le  bord  libre  du  calice  est  oblique  par  rapport  à 
Taxedu  pédicelle.  La  hauleurduplus grand  des  deux  spécimens,  comptée 
du  plan  de  base  du  pédicelle  au  centre  du  calice,  est  de  65  millimètres; 
les  deux  axes  de  l'ouverture  du  calice  qui  est  elliptique  ont  respectivement 
44  et  38  millimètres  (PI.  I,  fig.  2  et  3).  La  hauteur  du  plus  petit,  qui  est 
décrit  ci-dessous,  est  de  00  millimètres;  le  grand  axe  du  calice  a  31  milli- 
mètres et  le  plus  petit  20.  Le  s(|uelette  est  très  fragile  et  la  muraille, 


MA  D  R ÉPO  RA I RES.  123 

(Ml  ]);ii'liciili('r,  rsl  lorl  niinco.  L'cMari^issomont  l)asilaire  du  pédicelle 
inesui'c  12  niilliiiiMres  de  diaiiu-tre.  Lo  calice  se  renfle  assez  Ijnisque- 
iiient  au  soinuiet  du  pédicelle,  qui  n'a  que  0'"°',5  de  diamètre,  puis  très 
i^raduellement  jusqu'à  son  bord  libre.  11  présente  à  sa  surface  quelques 
bourrelets  transversaux  peu  saillants  et  queUiues  pointes  plus  nombreuses 
cl  plus  proéminentes  dans  la  région  voisine  du  pédicelle  que  partout 
ailleurs;  la  face  externe  de  la  muraille  montre  également  des  côtes  fines 
s'acccntuant  peu  à  peu  vers  le  bord  libre  du  calice,  qui  n'est  malheureuse- 
ment intact  qu'en  quelques  points.  Ce  bord  est  denté  ;  car,  si  l'on  examine 
attentivement  la  muraille,  on  discerne  les  séries  de  crénelures  emboîtées 
qui  correspondent  aux  zones  d'accroissement. 

Des  cinq  cycles  de  septes  qui  sont  eux-mêmes  très  minces,  le  cinquième 
est  incomplet,  car  le  nombre  des  septes  est  de  90.  Les  12  septes  des  deux 
premiers  cycles  sont  sensiblement  de  même  grandeur.  La  plupart  ont  leur 
bord  supérieur  brisé  ;  lorsque  ce  bord  est  intact,  il  dépasse  un  peu  celui 
du  calice.  L'épaisseur  des  septes  s'accroît  au  voisinage  de  leur  bord  libre, 
autour  de  la  partie  centrale  du  calice,  où  ils  délimitent  une  fosse  étroite 
et  tiès  profonde.  Leurs  faces  latérales  sont  parcourues  par  des  bourrelets 
orientés  comme  leur  bord  libre  qui  correspondent  à  des  zones  d'accrois- 
sement, et  elles  sont  ponctuées  de  petites  saillies  inégalement  espacées. 
Les  bords  épaissis  et  légèrement  ondulés  des  septes  des  deux  premiers 
cycles  se  fusionnent  en  une  masse  compacte  tout  au  fond  du  calice.  Les 
septes  du  troisième  cycle  sont  encore  fort  développés,  mais  leur  largeur 
décroît  brusquement  au  niveau  où  les  bords  libres  des  septes  des  deux 
premiers  cycles  arrivent  au  contact  les  uns  des  autres  ;  ils  ont  les  mêmes 
caractères  que  les  précédents,  mais  leur  surface  est  encore  plus  irrégu- 
lière, plus  bosselée.  Ceux  du  quatrième  cycle  sont  plus  étroits,  et  leur 
largeur  décroît  à  une  assez  courte  distance  du  bord  libre  du  calice  ;  ceux 
du  cinquième  cycle  sont  réduits  à  de  simples  bourrelets.  Par  suite  de 
l'allure  tourmentée  de  ces  septes  des  quatre  premiers  cycles,  l'ensemble 
parait  être  fortement  denté  quand  on  regarde  le  squelette  par  l'ouverture 
du  calice. 

Les  parties  vivantes  sont  de  couleur  jaune  clair.  La  surface  des  tenta- 
cules est  toute  couverte  de  verrues  de  forme  et  de  taille  inégales;  l'orifiçe 


124  MADREPORAIRES. 

Iiucccil  est  largement  ouvert.  Ces  vernies  sont  vraisemblablement  à  rap- 
procher des  saillies  du  même  ordre  étudiées  chez  le  Flahcllum  inconstans 
Marenzeller  par  F.  Fax  (1910)  et  qui  sont  des  batteries  de  némalocystes. 

Au  sujet  des  exemplaires  de  Desmopliyllwn  crhtcujalll  recueillis  par  la 
((  Valdivia  »,  E.  von  Marenzeller  (1904)  dit  qu'un  exemplaire  typique  de 
cette  espèce,  de  10  à  12  millimètres  de  diamètre,  possède  déjà  ses  cinq 
cycles  de  septes  entièrement  développés  ;  il  faut  remarquer  qu'il  y  a  là  une 
particularité  — signalée  nulle  part  —  de  ce  Polypier  (jui  produittous  ses 
septes  de  très  bonne  heure  et  qui  n'en  présente  pas  davantage,  lorsqu'il 
parvient  au  maximum  de  taille,  avec  un  diamètre  de  80  millimètres.  Or, 
les  dimensions  de  l'exemplaire  décrit  ci-dessus,  (jui  n'est  pas  sans  analogie 
avec  le  Desnioiilijilhdii  criKtaçjaJli^  sont  telles  qu'il  devrait  avoir  depuis 
longtemps  ses  cinq  cycles  complets.  Tenant  à  conserver  les  parties 
vivantes  du  second  spécimen,  je  n'ai  pu  compter  exactement  le  nombre  de 
ses  septes.  En  parlant  des  septes  du  Dpsmoplujlhnn  cristaga//i,  Milne- 
Edwards  et  Ilaime  disent  :  «  Leurs  faces  paraissent  glabres  ;  on  y  remarque 
seulement  des  lignes  non  distinctement  granuleuses,  parallèles  au  bord 
supérieur.  »  Dans  l'exemplaire  de  l'Antarctique,  les  lignes  en  question 
sont  nettement  granuleuses,  et  les  faces  des  septes  sont  fort  loin  d'être 
glabres.  Malheureusement,  je  n'ai  pu  comparer  l'exemplaire  de  l'Antarc- 
tique avec  les  types  du  Muséum,  dont  aucun  calice  n'est  resté  en  place  ; 
les  pédicelles  seuls  ont  été  conservés. 

Malgré  l'extrême  variabilité  du  DesmopJn/lhmi  crislagalli  signalée 
notamment  par  Duncan  et  Lacaze-Duthiers  (1897),  je  crois  que  le  polype 
coralliaire  du  même  genre  rapporté  de  l'Antarctique  en  est  bien  distinct, 
et  j'ai  proposé  de  l'appeler  DesmopJiyllinii  antarctïcum. 

E.  von  Marenzeller,  dans  son  étude  des  Madréporaires  et  Ilydrocoral- 
liaires  recueillis  par  la  <i  Belgica  »  (1903),  mentionne  un  DesmophjjUiiin 
jeune,  avec  quatre  cycles  de  septes  seulementetdont  le  bord  ducalice  était 
brisé.  Ne  voulant  pas,  dans  la  circonslance,  faute  de  documents  suffisants, 
créer  une  espèce  nouvelle,  il  affirme  cependant  qu'il  ne  saurait  être 
question  ici  du  Destnophyllum  cristagalli.  Il  est  impossible  de  dire, 
d'après  les  très  brèves  indications  fournies  ])ar  l'auteur,  s'il  s'agissail  de 
la  même  espèce  que  celle  du  «  Pourquoi  P'as?  » , 


MADRÉPORAIRES.  '  125 

On  ost  d'autant  plus  porlô  à  rapprochor  le  Desmophijlhiin  du  «  Pourquoi 
Pas?  »  du  DesnioplujUam  cfislayalli  Mil  ne-Edwards  et  llainieque,  d'après 
E.  von  Marenzeller,  cette  dernière  espèce  est  l'une  des  plus  répandues 
parmi  les  Coraux  de  profondeur  et  en  outre  que,  d'après  le  même  auteur, 
le  DesmophijUum  ingem  Moseley  récolté  par  le  «  Challenger  »,  en  grande 
abondance  dans  les  fjords  de  la  Patagonie  occidentale,  ne  difl'ère  pas  spé- 
ciliqucinent  du  Desmophyllunt  cristagalU. 

Sous  toutes  réserves,  je  rapporte  au  Desinophyllum  antarctician  un 
exemplaire  dragué  le  20  janvier  1000,  à  170  mètres  de  profondeur,  dans 
la  baie  Marguerite,  sur  un  fond  de  roches,  gravier,  vase  ;  cet  exemplaire 
fut  recueilli  mort  et  en  partie  brisé  (PI.  I,  lig.  i)  ;  il  servait  de  support  à  une 
colonie  de  Priiimohis  foniuna  Gravier.  Ce  spécimen,  fortement  incurvé, 
avait  changé,  à  plusieurs  reprises,  de  direction  de  croissance  ;  la  muraille 
et  les  septes,  qui  sont  au  nombre  de  75,  sont  minces  et  fragiles  et  offrent 
les  mêmes  caractères  que  chez  le  premier  exemplaire  décrit  ci-dessus. 

Genre  FLAUELLUM  Lesson, 

Flabellum   Thouarsii   M  il  ne-Edwards   et  Ilaimc. 
(l'I.  I,   fig.  5-6.) 

1848.  —  Flabellum  Thouarsii  II.  Milne-Edwards  et  J.  Haimc,  Recherches  sur  les  Poly- 
piers, 2*^  mémoire,  Monographie  des  Turbinolides  {Ann.  des  Sciei^ces  nalur., 
3e  série,  t.  IX,  p.  265,  pi.  VIII,  fig.  5). 

1857.  —  Flabellum  Thouarsii  H.  Milne-Edvards,  Histoire  naturelle  des  Coralliaircs, 
t.  II,  p.  89. 

En  bordure  de  la  banquise  (latitude  :  70°  10'  S.  ;  longitude  :  78o30' W.  ; 
fond  :  sable  vaseux,  nombreux  cailloux),  le  «  Pourquoi  Pas?  »  a  ramené 
à  la  surface,  de  la  profondeur  de  460  mètres,  7  exemplaires  vivants  de  ce 
Madréporaire  ;  deux  seulement  étaient  intacts  ;  la  muraille  et  la  plupart 
des  septes  des  autres  étaient  plus  ou  moins  complètement  brisés. 

L'un  des  exemplaires  les  mieux  conservés,  bien  intact,  mesure  20  milli- 
mètres de  hauteur  ;  l'axe  de  symétrie  estun  peu  incurvé  (PI.  I,fig.o).  Le 
pédicelleservantàla  fixation  a  4'n°i,5dediamètreet3°*'",  15  de  hauteur.  Au- 
dessus  de  ce  pédicelle,  la  muraille,  qui  est  mince,  de  même  que  les  septes, 
sedéveloppe  assez  régulièrement  en  tronc  decône.  L'ouverture  du  calice, 
de  forme  elliptique,  mesure  20  millimètres  de  grand  axe  et  23™™, 5  de 


126  MADRÉPORAIRES. 

petit  axe  ;  le  bord  presque  uni  ne  montre  (jne  de  très  légères  ondulations 
en  rapport  avec  l'insertion  des  septes  (PI.  I,  iig.  0). 

Sur  la  face  externe  de  la  muraille  qui  est  translucide,  on  voit  des  bour- 
relets ti'ansversaux  correspondant  sans  doute  à  des  périodes  d'accrois- 
sement du  polype  et,  en  outre,  des  côtes  peu  saillantes,  mais  nettement 
délimitées,  en  rapport  avec  les  septes  de  divers  ordres,  dont  12  se 
prolongent  sur  le  pédicelle.  Les  12  septes  constituant  les  deux  premiers 
cycles  sont  de  b('aacou|)  les  plus  tléveloppés  et  les  seuls  qui  s'étendent 
du  bord  libre  du  calice  au  fond  de  ce  dernier  ;  ils  ne  prennent  leur  largeur 
maxima  qu'un  |)eu  au-dessous  du  niveau  du  bord  du  calice.  Leur  bord 
interne  libre  est  parallèle  à  l'axe  du  Polypier,  et  l'ensemble  de  ces 
12  septes  circonscrit  dans  la  région  centrale  une  fosse  étroite  et  profonde, 
au  fond  de  laquelle  on  discerne  une  pseudo-colurnelle.  Ce  même  bord 
libre  irrégulièrement  denté  s'épaissit  graduellement  vers  le  fond  du  calice, 
et  ce  sont  les  diverticules  (trabiculins  spiniformes  de  H.  Milne-Edwards) 
diversement  orientés  de  ce  bord  qui  forment  la  pseudo-columelle  en 
question.  E.  von  Marenzeller  et  J.  Stanley  (lar-diner  ont  très  justement  fait 
observer  (  1904)  qu'il  n'existe  pas  de  cohnnel le  v(''ri  table  cliez  \i^sFlahi'lluin. 
Sur  les  faces  latérales  de  ces  septes  des  deux  [)remiers  ordres,  il  existe 
des  bourrelets  parallèles  au  bord  libre  supérieur  et  couverts  de  petites 
pointes  assez  drues,  en  général,  et  contiguës  même  en  certains  points, 
de  sorte  que,  lorsqu'on  regarde  le  calice  par  en  haut,  ces  septes  paraissent 
hérissés  de  pointes  nombreuses. 

Quant  aux  septes  du  troisième  cycle,  ils  oITrent  les  mêmes  caractères 
généraux  que  les  précédents;  ils  s'étendent  aussi  sur  presijue  [miW  la 
longueur  du  calice,  mais  leur  largeur,  moindre  que  celle  des  1  2  premiers 
septes,  se  réduit  graduellement,  en  s'éloignsuit  du  bord  libr(>  du  calice; 
leur  bord  interne  est  plus  fortement  denté,  en  général,  que  celui  des  grands 
septes  et  reste  bien  distinct  de  la  pseudo-columelle.  La  réduction  dans 
tous  les  sens  s'accentue  dans  les  septes  du  (piatrième  et  dans  ceux  du 
cinquième  cycle,  qui  ne  forment  que  de  courtes  lames  très  étroites.  Le 
cinquième  cycle  est,  du  reste,  fort  incomplet,  puisque,  dans  l'exemplaire 
en  question,  il  n'existe  que  66  septes.  Un  autre  exemplaire  de  même 
provenance,  en  moins  bon  état  de  conservation,  mais  un  peu  plus  petit, 


MADRÉPORAIRES.  127 

avec  27  milliinètres  de  liautour  et  24  et  20  millimètres  de  i;i'aiitl  et  de 
pelil  axe,  n'a  (]iie  ."»<)  septes.  Le  plus  yi'and  de  tous  les  spécimens, 
malheureusement  tout  brisé,  a  près  do  iO  millimètres  de  hauteur. 

Les  parties  vivantes,  encore  en  place,  sont  d'une  couleur  brun  foncé  ; 
leur  état  de  conservation  est  iiKuliocre.  Les  tentacules  sont  couverts  de 
verrues,  sauf  dans  la  région  apicale  ;  en  certaines  régions  de  ces  organes, 
la  surface  présente  une  sorte  de  mosaïque,  à  l'intérieur  des  mailles  de 
laquelle  sont  situées  les  verrues.  Celles-ci  sont  vraisemblablement,  d'après 
les  recherches  de  F.  Pax  sur  les  formations  senjblables  des  tentacules  du 
Flabelliim  i/iro/isfans  Marenzeller,  des  batteries  de  nématocystes.  Suivant 
le  même  auteur,  il  existe  des  verrues  de  même  apparence  et  de  même 
structure  chez  une  Actinie  du  Japon,  Diifleinia  annala^  —  à  part  que  les 
parois  des  nématocystes  sont  minces  chez  le  Flahellam  inconstant  et 
épaisses  chez  la  Do/leinia  armata.  Dans  l'un  des  exemplaires  à\x  Flahellum 
de  l'Antarctique,  les  cloisons  fertiles  sont  chargées  d'ovules  très 
volumineux. 

Je  crois  devoir  rapporter  ce  Flabellani  au  Flahellum  7'lioua7\sii  Milne- 
Edwardset  J.  Haime.  Le  type  de  l'espèce  qui  se  trouve  dans  les  collections 
du  Muséum  a  été  recueilli  aux  îles  Malouines  par  le  capitaine  du  l\'tit- 
Thouars.  Les  deux  exemplaires  de  ce  type  dont  l'état  de  conservation 
laisse  à  désirer  sont  fixés  sur  un  socle  qui  porte  l'inscription  manuscrite 
suivante  : 

Flabclluin  Thoiiarsii  Milnc-Edwards  ut  J.  Iluiine.  Polypiers,  t.  IX,  PI.  VIII,  fig.  5. 
Des  îles  Malouines.  M.  du  Petit-Thouars. 

Les  dimensions  de  ces  deux  spécimens  sont  moindres  que  celles  des 
exemplaires  du  «  I^ourquoi  Pas?  »;  le  squelette  est  moins  régulier,  plus 
comprimé.  Le  plus  grand  des  deux  spécimens  possède  cinqcycles  complets 
de  septes  ;  mais  le  plus  petit  n'a  que  80  septes.  D'autre  part,  le  premier 
des  types  de  IMilne-Edwards  a  la  paroi  de  sa  muraille  recouverte  par  une 
épithèque  «  pelliculaire  »,  comme  le  dit  Milne-Edwards,  que  je  ne 
retrouve  ni  sur  le  plus  petit  exemplaire,  ni  sur  les  deux  spécimens  du 
«  Pourquoi  Pas?  ». 

Sous  le  même  nom,  il  v  a  dans  la  collection  du  Muséum  deux  autres 


128  MADRÉPORAIRES. 

exemplaires  de  la  même  espèce  et  de  la  même  provenance,  mais  en  plus 
mauvais  état,  dont  le  socle  porte  deux  étiquettes  surla  premièredesquelles 
on  lit  : 
Flabellum  Thouarsii  Milne-Edwards  et  J.  Haime,  îles  Malouines. 

et  sur  la  seconde,  d'une  autre  écriture  : 

Trouvé  dans  une  Éponge. 

Ce  qui  explique  le  mauvais  état  des  échantillons  qui  étaient  morts 
depuis  longtemps  quand  fut  recueillie  l'Éponge  qui  les  contenait. 

Ainsi  que  le  l'ait  remarquer  Moseley  (1880),  le  Flabellum patagonichum 
est  très  voisin  au.  Flabellum  Thouarsii,  mais,  tandis  que  dans  cette  espèce 
il  y  a  5  cycles  de  septes,  il  n'y  a  pas  trace  d'un  septe  du  cinquième  cycle 
dans  les  plus  grands  spécimens  du  Flahellum  patagonichum.  D'autre 
part,  parmi  les  nombreux  spécimens  vivants  recueillis  par  le  «  (  'challenger  » , 
tous  les  jeunes  ont  un  court  pédicelle  bien  distinct;  chez  les  adultes,  les 
uns  ont  encore  leur  pédicelle,  les  autres  se  terminent  par  une  pointe 
mousse.  Le  plus  grand  spécimen  de  Flahellum  patagonichum  Moseley  du 
«  Challenger  »avaitcommedimensions  :  hauteur,  23  millimètres;  diamètres, 
28  millimètres  x  21  millimètres.  Les  s'^écimen?,  Aq  Flabellum  Thouarsii., 
de  taille  au  moins  égale,  sont  tous  munis  d'un  pédicelle  bien  développé. 

Malgré  le  nombre  moindre  des  septes,  les  caractères  généraux  du 
Flabellum  de  l'Antarctique  sont  tellement  semblables  à  ceux  du  Flahellum 
Thouarsii  que  ie  l'identifie  à  ce  dernier.  Le  Flabellum  patagonichum  paraît 
être  une  forme  très  voisine  de  la  précédente  et  peut-être  même  une 
simple  variété.  Cependant  Moseley  dit  que,  chez  cette  dernière,  le  nombre 
définitif  des  septes  est  atteint  à  un  stade  précoce.  Apparemment,  il  y  a 
moins  de  différences  entre  le  Flabellum  Tliouarsii  et  le  Flabellum  pata- 
gonichum qu'entre  le  Des/nophgllu/n  cristagalli  Milne-Edwards  et  Haime 
(à  5  cycles  complets)  et  le  Desmophyllum  vitreum  Alcock  (à  4  cycles)  que 
E.  von  Marenzeller  (1904)  est  disposé  à  fusionner.  J.  Stanley  Gardiner 
(1904),  se  fondant  uniquement  sur  la  description  sommaire  de  Milne- 
Edwards  et  Haime,  s'est  demandé  si  le  Flahellum  Thouarsii  ne  devait  pas 
être  identifié  au  Flabellum  rubrum  (Quoy  et  Gaimard). 


MA  D  R  ÉPO  RA I  RE  S.  129 

Genre  CAnrOPIIYLUA  Stokes. 

Caryophyllia  antarctica  Marenzellor. 
l'I.    I.  lig.  7-S.) 

1903.  —  Carijo[ili[illia  anlarctica  E.  \on  Maipiizell<;r,  ]\Iaclreporaiia  und  Ilydiocorallia, 

Rrsiiltats  du  voyage  du  S.  Y.  «  Bolgica  »  en  1897-98-99,  Zoologie,  p.  1. 
1S99.    —    Carijophijllia    anlarclica,    E.    von    Marcnzeller,    Steinkorallen,    Wissenschafll. 

Ergebn.  der  deuhehen   Tiefsee-Expedilion  aiif  dem  Dampfer  «  Vnldivia  «  189S- 

1899.  Bd.  VII,  3to  Lief.,  p.  293,  Taf.  XVI,  fig.  7. 
1910.  —  CarijoiihiiUia  anlarclica  Pax,  Die  Slcinkorallen.  Dcuhche-Sûdpolar  Expedilion 

1901-1903,  Bd.  XII,  Zoologie,  lY,  p.  65,  Taf.  XI,  fig.  1. 

Un  seul  exemplaire,  en  partie  brisé,  de  cette  espèce  et  don!  la  hauteur 
est  de  33  millimètres,  provient  du  dragage  XX  (12  janvier  1910.  Profon- 
deur :  460  mètres,  l'ond  :  vase  sableuse,  nombreux  cailloux.  En  bordure 
de  la  banquise.  Latitude  :  70°  10'  S.  ;  longitude  :  78°  30'  W.  1. 

Le  p(klicelle  qui  s  élargit  graduellement,  de  la  plaque  basilaire  à  la  base 
du  calice,  a   j  millimètres  de  hauteur;   son  diamètre,  dans    la  région 
moyenne,  est  de  3  millimètres.  Sur  la  muraille  recouverte  de  fines  granu- 
lations, les  côtes  ne  sont  visibles  (|ue  dans  la  partie  supérieure  du  calice, 
où  elles  constituent  des  séries  transversales  de  saillies  inégalement  déve- 
loppées (IM.  I,  fig.  7).  Le  bord  libre  du  calice  est  fortement  denté  ;  les 
pointes  saillantes  correspondent  aux  côtes  et  ne  présentent  pasentre  elles 
de  grandes  inégalités  de  développement.  Les  septes  sont  très  serrés  les 
uns  contre    les     autres  ;   lorsqu'on  regai'de  l'ouverture    du   calice,    on 
n'observe  pas  de  difTérence  appréciable  de  développement,  dans  le  sens  du 
rayon  entre  les  septes  des  quatre  premiers  cycles;  seul,  le  cinquième  cycle 
est  beaucoup  plus  réduit  que  les  autres  dans  ce  sens.  Ces  septes  sont  très 
irréguliers  de  forme,  avec  de  grosses  crêtes  transversales  particulièrement 
développées  au  voisinage  de  la  columelle,  où  il  se   constitue  ainsi  de 
petites  cavités  délimitées  de  tous  côtés,  sauf  vers  le  bord  libre  du  septe. 
Dans  le  voisinage  de  la  muraille,  on  observe  surtout  de  grosses  granula- 
tions alignées  transversalement,  parallèlementaux  zones  d'accroissement. 
La  columelle  est  fort  développée  et  appartient  au  type  chicoracé(Pl.I,iig.  8), 
et  elle  est  soudée  aux  septes  des  quatre  premiers  cycles';  son  sommet  s'a- 
vance jusqu'à  0  millimètres  du  plan  du  bord  lil)re  du  calice;  on  ne  dis- 
tingue pas  nettement  les  lobes  seplaux. 

Expedilion  Charcot.  —  Gravier.  —  Minlivporairu.s.  17 


130  MA  D  R  ÉPO  RA 1  RE  S. 

Bien  quo  cet  exemplaire  soit  très  mutilé,  qu'il  ait  été  recueilli  mort 
depuis  assez  longtemps  vraisemblablement,  je  crois  devoir  le  rai)porter  à 
\a  Cari/ophi/llia  antarrticaMarenzeWer ,  à  cause  de  l'ensemble  de  ses  carac- 
tères et  particulièrement  à  cause  du  peu  de  consistance  du  squelette,  de 
la  forme  irrégulière  du  calice,  du  grand  développement  de  la  columelle, 
dont  certaines  parties  s'intercalententre  lesseptes  et  dont  la  partie  supé- 
rieure est  à  0  millimètres  seulement  du  plan  du  bord  libre  du  calice  et, 
enlin,  à  cause  des  crêtes  si  développées  sur  les  septes  des  trois  premiers 
cycles. 

Des  fragments  de  spécimens  decette  espèce  ont  été  trouvés  en  premier 
lieu  par  la  a  Belgica  »,  en  deux  stations  : 

10  j  1  mai  1898;  71°  09'  latitude  S.  ;  89°  15' longitude  \V.; 

20  8  octobre  1878;  70o  23'  latitude  S.;  82o  47'  longitude  W. 

La  même  espèce  a  été  draguée  par  la  «  Valdivia  »,  à  l'est  de  l'île  Bou- 
vet, à  567  mètres  de  profondeur.  Elle  a  été  également  rapportée  parle 
«  Gauss  »,  qui  la  recueillit  au  Gaussberg,  à  des  profondeurs  comprises 
entre  46  et  170  mètres.  L'existence  de  la  CaiijQplujllia  antarctica  Maren- 
zeller  à  des  latitudes  aussi  largement  dillérentes  les  unes  des  autres 
porte  à  croire  que  cette  espèce  est  circumpolaire. 

Caryophyllia  sp.? 

^l'l.  K  lig.  y-io.) 

Deux  squelettes  de  Coraux  morts  depuis  longtemps  quand  ils  furent 
dragués,  en  très  médiocre  état  de  conservation,  ont  été  recueillis  par  le 
<(  Pourquoi  Pas  ?  »  en  bordure  de  la  banquise  (latitude  :  70°  10'  S.  ;  lon- 
gitude :  780  30'  ^v.  ;  fond  :  vase  sableuse,  nombreux  cailloux),  le  12  jan- 
vier 1910,   il  la  profondeur  de  460  mètres. 

Le  plusgranddesdeuxexemplairesa  une  hauteurde21millimètres(PI.I, 
tig.  9).  L'ouverture  presque  circulaire  du  calice  a  18  millimètres  de  dia- 
mètre. Le  pédicelle  est  brisé  à  son  sommet,  où  il  mesure  2in'",o  de  dia- 
mètre. L'axe  de  symétrie  du  Polypierest  un  peu  incuivé.  La  muraille  pré- 
sente des  côtesdélimitées  par  des  sillons  assez  profonds,  en  partie  condjlés 
parla  vase  dans  laquelle  le  Polypier  a  séjourné,  et  des  bourrelets  transver- 
saux séparés  par  des  dépressions  peu  profondes  correspondant  à  des 


MADRÉPORAIRES.  131 

pi'i'iodos  (raccroissement.  Le  bord  libre  du  calice,  (Mici'oùté  en  (juelques 
points  de  lîryozôaires,  parait  être  sensiblement  plan.  A  l'intérieur,  il  ne 
reste  plus  des  septes,  an  nombre  de  50,  que  les  bases  d'insertion;  le 
cinquième  cycle  est  donc  fort  incomplet.  Les  septes  des  trois  premiers 
cycles  au  moins  se  fusionnent  avec  la  columelle  très  développée  et  de 
type  chicoracé  (PI.  I,  fij;.  10). 

Dans  le  second  exemplaire,  un  peu  moins  mal  conservé,  l'axe  est  plus 
fortement  incurvé  que  dans  le  précédent.  Le  pédicelle  a  o  millimètres  de 
grand  axe  à  sa  Ijase  d'attache  et  2™'n,o  de  hauleur.  La  hauteur  totale  de 
ce  spécimen  est  de  1  i  millimètres  ;  le  diamètre  de  l'ouverture  du  calice  est 
de  16  millimètres.  La  partie  supérieure  du  calice  est  recouverte,  sur  la 
face  interne,  d'undépôtqui  masque  les  septes  les  plus  récemment  formés, 
de  sorte  que  28  seulement  d'entre  eux  sont  apparents.  La  plupart  d'entre 
eux  s'attachent  à  la  columelle,  qui  tient  une  très  grande  place  dans  le 
calice  et  qui  se  montre  constituée  de  lames  à  surface  ondulée,  présentant 
entre  elles  des  points  de  soudure.  La  paroi  de  la  muraille  partiellement 
couverte  de  Bryozoaires  est  ici  notablement  plus  mince  que  celle  de 
l'exemplaire  précédent. 

L'état  très  médiocre  de  conservation  de  ces  matériaux  rend  impossible 
toute  détermination  précise,  étant  donné  surtout  qu'il  ne  r(>s(e  pi'csque 
plus  rien  des  septes.  Toutefois,  à  cause  du  développement  énorme  de  la 
columelle  etde  ses  annexes,  il  est  probable  qu'il  s'agit  ici  d'une  Carijuphyl- 
lia,  mais  très  probablement  pas  de  la  Caryopltylliaoïitarctica  Marenzeller, 
dont  le  squelette  est[)eu  consistant.  Cependant  il  y  a  une  certaine  ressem- 
blance entre  la  forme  du  plus  petit  spécimen  du  «  Pourquoi  Pas?  »  et  celle 
de  l'exemplaire  de  la  «  Valdivia  >•  figuré  sous  leno7c/,  Planche  X^'l,  dans 
le  mémoire  de  E.  von  Marenzeller  ;  mais  cette  similitude  est  sans  impor- 
tance, à  cause  du  polymorphisme  delà  i\tri/opln/llia  nntarctira. 

29  ianviei-  (914. 


INDEX    BIBLIOGRAPIIIOUE 


1898.  Alcock  (A.).  —  An  Account  o[  the  deep-sea  Madrcporaria  collcctcd  by  the  R.  I. 
M.  S.  S.  «  Investigator  ».  Calcutta. 

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London. 

1894.  DuNC.\N  (M.).  —  A  Description  of  the  Madrcporaria  dredged  during  the  Expé- 
dition of  H.  M.  S.  «  Porcupinc  «in  18G9  and  1870,  Trans.  Zool.  Soc,  Vol.  VIII, 
London). 

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of  their   anatomy    and    development    {Mar.    Inveslig.    Soulh    Africa,  Vol.  II, 
Gape-Town). 

1905.  Gardiner  (J.-S.).  —  The  Turbinolid  Corals  of  South  Africa,  with  notes  on  their 

anatomy  and  variation  [Mar.  Invest.  Soulh  Africa,  vol.  III,  Cape-Town). 
1914.  Gravier  (Ch.).  —  Seconde  expédition  antarctique  française  (1908-1910).  Sur  une 

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natur.,  t.  XX,  n°  4). 
1897.  Lacaze-Duthiers  (II.  de).  —  Coralliaires.  Zoanthaires  sclérodermcs  (2'^  mémoire) 

{Arch.  de  zool.  expérim.  el  génér.,  3°  série,  t.  V). 
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{Zool.  .Jahrb.  Ahl.  jiir  Syslem.,  Bd.  III). 

1903.  ÎMarenzelleh  (E.  von).    —  Madrcporaria    und    Hydrocorallia    {Resullals   Voij. 

«  Belgica  ».  Rapporls  scienlifiques,  Zoologie,  Anvers). 

1904.  Marenzeller  (E.  von).  ■ —  Steinkorallen  {Wissensch.  Ergebn.  dculsch.   Tiefsee. 

Exped.  auf  deni  Dampjer  «  Valdivia  »,  Bd.  VII). 
1848.   Milne-Edwards  (H.)  et  Haime  (.J.).  —  Recherches  sur  les  Polypiers,  2<=mémoire. 

Monographie  des  Turbinolides  {Ann.  Se.  iialur.,  3''  série,  t.  IX). 
1857.  Milne-Edwards  (H.).  —  Histoire  naturelle  des  Coralliaires,  t.  II. 
1880.  MosELEY  (H.-N.).  — Report  on  certain  Hydroïd,  Alcyonarian  and  Madrcporarian 

Corals  procured  duringthe  Voyage  of  II.  M.  S.  o  Challenger  »  in  the  years  1873- 

187G  {Repolis  scicnlif.  Rcsulls.,  Zooloyy,  vol.  II). 
1910.  Pax  (F.).  —  Die  Steinkorallen  der  deutschcn  Sudpolar-Expedition  (1901-1903), 

Bd.  XII,  Zool.,  IV. 


Deuxième    Expédition    Charcot     (Ch.Cravier-  Madréporaires) 


PI.  I 


(Clichés  Cintract) 


Piiototypie  G.  Chivot 

Fig.  1-i.  :    Desmophyllum  antarcticum  Gravier  -  Fig.  5-6.:  Flabellum  Thouarsii  Milne  Edwards  &  Haime 
Fig.  7-8.:  Caryophyllia  antarctica  Marenzeller.  -  Fig.  lJ-10.  :Caryophy  llia  sp?. 


Masson  &   C''.  Editeurs 


EXPLICATION   DE  LA    PLANCHE 


Fig.    l-I.   —  Dcsmophijlliim  anlarclicum  Gravier. 

1.  —  Le  calice,  vu  de  profil,  avec  la  couronne  de  tentacules  à  la  partie  supérieure.  Gran- 

deur naturelle. 

2.  —  Partie  supérieure  àuDesmophijlhim  anlarclicum,  avec  la  couronne  de  tentacules; 

on  aperçoit  les  parties  internes  de  quelques  septes,  à  l'intérieur  du  péristome. 
Grandeur  naturelle. 

3.  —  Le  calice,  vu  en  dessus,  sans  les  parties  molles,  avec  les  divers  cycles  de  septes.  Gros- 

sissement :  2. 

4.  —  Autre  exemplaire  recueilli  mort  et  en  partie  brisé.  Grossissement  :  2. 

Fig.  5-6.  —  Flabelhiin  Thoiiarsii  Milne-Edwards  et  Haime. 

5.  —  Le  calice,  vu  de  profil.  Grossissement  :  2. 

6.  —  Le  même,  vu  en  dessus,  avec  les  divers  cycles  de  septes.  Grossissement  :  2. 

Fig.  7-8.  —  Canjophyllia  anlarciica  Marenzeller. 

7.  —  Le  calice,  vu  de  profil.  Grossissement  :  2. 

8.  —  Le  même,  vu  en  dessus  ;  une  notable  partie  de  cette  partie  inférieure  du  calice 

manque.  Grossissement  :  2. 

Fig.  9-10.  —  Caryophyllia  sp.? 

9.  —  Le  calice,  vu  ds  profil.  Grossissement  :  2. 

10.  —  Le  même,  vu  par  la  face  supérieure.  Grossissement  :  2. 


CORBEIL.     —    IMPRIMERIE     CRÉTÉ, 


HYDROIDES 

Par   Armand  BILLARD 

AGi\Éi;É,  iioc.TErn  Es  sciem'.ks 


Los  Ilydroïdcs  récoltés  par  M.  le  D"  J.  Liouville  pendant  la  deuxième 
expédition  française  dans  l'Antarctique,  commandée  par  M.  le  D'Cliarcot, 
et  faite  à  bord  du  «  Pourquoi  Pas?  »,  comptent  17  espèces,  dont  4 
nouvelles.  Parmi  celles-ci,  il  existe  une  forme  très  curieuse,  le  Sacco/nj- 
dra  jirnJileniatica^  pour  laquelle  j'ai  été  obligé  de  créer  un  genre  nouveau 
et  dont  la  place  dans  la  systématique  est  incertaine. 

A  part  ces  espèces  nouvelles  et  une  forme  à  laquelle  j'ai  donné  le  nom 
de  Sertularella  Naffi/);/!,  toules  ont  été  déjà  trouvées  dans  les  mers  antarc- 
tiques par  les  expéditions  étrangères  précédentes.  Le  So'tularel/a  Nuftinr/i 
a  été  antérieurement  recueilli  une  seule  fois,  loin  de  l'Antarctique,  dans 
le  golfe  du  Mexique,  au  voisinage  des  côtes. 

Une  seule  espèce,  le  Polyplammia  antarctka  Jiiderh.,  est  commune 
aux  deux  expéditions  françaises  antarctiques. 

Voici  la  liste  des  espèces  recueillies  avec  l'indication  des  expéditions 

qui  les  ont  précédemment  trouvées  : 

Eudendrium  ramosum  (L.)  («  Gauss  »  et  «  Nimrod  »). 

Tubularla  antarctlca  n.  sp. 

Saccohydra  problematica  n.  g.,  ii.  sp. 

Halecium  antarcticiim  Vanhôffen  («  Gauss  »). 

Ophiodes  arborens  (AUm.)  («  Discovery  »  et  «  Nimrod  »). 

Rebella  striata  (Allm.)  («  Scotia  »  et  «  Gauss  »). 

Lafœa  gracillima  (Aider)  («  Scotia  »  et  «  Gauss  »). 

Filellum  serpens  (Hassall)  («  Gauss  »). 

CampamiUna  belgicee  Hartl.  («  Belgica  »,  «  Gauss  »  et  «  Nimrod  »). 

Laja-ina  longitheca  Jaderh.  (Expéd.  suédoise,  «  Discovery  »  et  «  Nimrod  »). 

Staurotheca  antarctica  Hartl.  («  Belgica  »,  «  Gauss  »). 

Sertularella  antarctica  (Allm.)  (Expéd.  suédoise,  «  Discovery  »  et  «  Gauss  »). 

Sertularella  bifurca  n.  sp. 

SertnlareUii  gUivialis  .laclcrh.  (Expéd.  suédoise,  «  Nimrod^»). 

Sertularella  Llouvlllei  n.  sp. 

Expédition  Cfiarcot.  —  Billaud.  —  Hyilroldes.  ^ 


HYDROÏDES. 

Sertularella  Niittingi  n.  nom. 

Polypliimaria  antarctka  Jaderh.  (Expéd.  suédoise,  «Français»,  «Gauss»?). 


GYMNOBLASTIQUES 

Fam.   EUDENDRIID^. 

Eudendrium  ramosum  (Linné). 

Tubidaria  ramosum  Linnk  [1738],  p.  80'i. 
Eudendrium  ramosum  (L.)  Ehrenberg  [ISo'!],  p.  296. 
Eudendrium  ramosum  (L.)  Hincks  [1868],  p.  82,  PI.  XIII. 
Eudendrium  ramosum  (L.)  Allman  [1871-1872],  p.  332,  PI.  XIII. 
Eudendrium  ramosum  (L.)  Hartlaub  [1904],  p.  9,  Taf.  I,  fig.  3. 
Eudendrium  ramosum  (L.)  Vanhôffen  [1909],  p.  288,  fig.  13. 
Eudendrium  ramosum  (L.)  Ritchie  [1913],  p.  12. 

Les  colonies  qui  ont  été  récoltées  sont  dépourvues  de  leurs  liydranthcs, 
mais  elles  répondent  à  la  description  qu'en  a  donnée  Vanhôffen,  et,  si  les 
rameaux  présentent  des  annulations  à  leur  base,  celles-ci  sont  très  rares 
sur  les  tiges  ;  ces  annulations  ne  sont  d'ailleurs  pas  aussi  régulières  que 
dans  la  forme  de  la  IVIanche.  Les  colonies  du  dragage  XVI,  qui  atteignent 
jusqu'à  4  centimètres,  sont  faiblement  polysiphoniques  à  la  base,  comme 
dans  la  forme  des  côtes  européennes  d'ailleurs,  tandis  que  les  colonies  du 
dragage  VIII,  qui  ne  dépassent  pas  3  centimètres,  montrent  une  poly- 
siphonie  plus  marquée  et  correspondraient  alors  à  la  forme  E.  raivoiim^ 
qui  n'est  qu'une  variété  de  l'^".  ramosum. 

Le  diamètre  de  l'hydrocaule  varie  entre  1  lU  et  135  <j.\  il  est  plus  failjle 
que  celui  de  la  forme  de  la  Manche,  où  il  est  de  135  à  255  [>.  ;  dans  l'échan- 
tillon de  la  «  Belgica  »  il  atteint  185  [j.  et  dans  celui  du  «  Gauss  »  120  [/. 
environ  (Ij. 

Loc.\LiTÉ.  —  N°  87.  —  Dragage  VIII,  20  janvier  1909.  Baie  Marguerite, 
Profondeur  :  170  mètres.  Température  :  -\-  0'\2  au  fond. 

(1)  Vanhôffen  pense  que  VEikIuikIi  ium  de  l'expédition  du  •'  Français  »  doit  être  attribué  à 
l'espèce  E.  ramosum  et  non  à  l'espèce  E.  capillaie.  J'ai  revu  ces  échantillons;  ils  sont  petits 
et  ne  dépassent  pas  1"",5;  leui'  tige  ne  présente  aucune  trace  de  polysiphonie  à  leur  base; 
le  diamètre  de  l'hydrocaule  varie  aussi  entre  110  et  13o  <j..  l'eut-ètie  s'agit-il  de  jeunes  colonies 
d'Eudendriuin  riimosum  (L.);  mais  il  est  dil'licile  d'être  affirmatif  en  l'absence  d'individus  sexués; 
il  n'y  a  cependant  aucune  impossibilité  à  ce  ((ue  VEudendrium  capitlare  soit  représenté  dans  les 
régions  antarrliques.  ' 


HYDROIDES.  3 

N«  721.  —  nragai;p  XVI.  9  décombro  1!»09.  Port-Forster  (île 
Déception), <)2o  00'  S..«j3oO()'  W.  Paris.  Profondeur:  170  à  1  iO  mètres. 
Vase.  Température  :  -\-  lo,Oii'  au  Ibnd. 

DisTiuBiTioN  GKOGRAPHiQCE.  —  Cette  cspècc  est  connue  dans  les  mers  du 
Nord  de  l'Europe  et  sur  la  côte  atlantique,  où  elle  a  été  citée  par  de  nom- 
breux auteurs;  elle  a  été  signalée  au  Nord  de  la  Sibérie  :  Framsund  et 
mer  de  Nordenskjôld  [Jadehholm  (1908)];  dans  la  Méditerranée  (Heller 
1I8O8),  Mark  TANNER  (1890),  Motz  (190oj];  dans  la  mer  Noire  [Kudelin 
(1909)j;  dans  la  mer  Rouge  [Thornely  (1908)];  sur  la  côte  atlantique, 
américaine  [NrrriNc.  (1901),  Iïargitt(1908),  Fraser  (1912)]  ;  aux  Bermudes 
rCoNGDON  (1907)];  enfin  dans  les  régions  antarctiques  [IlARTLAru  (1904), 
en  différents  points;  Vanhôffen  (1909),  à  Gauss-Station,  38o  mètres; 
RiTCHiE  (1913),  à  Capo  Royds  et  Mac-Murdo  Sound,  7-00  fath.]. 
Jaderholm  (lOOo)  a  signalé  la  forme  E.  rameum  à  la  Géorgie  du  Sud  et 
a  donné  la  répartition  géographique  de  cette  variété  dans  un  de  ses 
mémoires  (1909). 

Fam.  TUBULARIID^. 

Tubularia  antarctica  11.  sp. 

Les  individus  récoltés  étaient  séparés  de  leur  hydrorhize  ;  aussi  ne 
puis-je  indiquer  leur  disposition  d'ensemble  ;  maisje  pense  qu'ils  naissent 
isolément  ;  ils  atteignent  au  maximum  4  centimètres  ;  les  hydranthophores 
(fig.  \)  ne  sont  pas  ramifiés  et  sont  plus  étroits  à  la  base  (420-500  p.) 
(|u"à  leur  partie  distale  (  1  350-1  400  ;j.)(  1  ) .  Ces  hydranthophores  présentent 
j)()ui'  la  plupart,  de  distancée  en  distance,  des  lignes  d'articulation 
transversale,  visibles  à  l'œil  nu  ;  d'après  leur  aspect,  ce  sont  manifes- 
tement les  lignes  suivant  l<>sqaelles  dilVérents  hydranthes  se  sont 
détachés;  elles  indicpient  ainsi  des  régénérations  successives.  Le 
périsarque  est  épais,  rigide,  sauf  immédiatement  au-dessous  de  l'hy- 
dranthe,  où,  sur  une  longueur  de  1  300  à  1600  y.,  il  est  mince  et  défor- 
mable,  de  sorte  que  le  poids  de  l'hydranthe  détermine  sa  courbure, 
et  l'hydranthe  est  penché  vers  le  bas. 

(1)  H  s'agit  (le  la  partie  rigide  du  périsar(iue    Voir  |)ius  loin). 


4  HYDROÏDES. 

Le  périsarque  rigide  est  en  partie  lisse,  en  partie  pourvu  d'annulations, 
ou  mieux  présente  des  ondulations  irrégulièros  séparées  par  des  sillons; 

le  dessin  à  la  plume  et  avec  un  faible 
grossissement  ne  rend  pas  parfaitement 
compte  de  cette  particularilé  ;  les  sil- 
lons sont  plus  larges  que  la  simple 
ligne  transversale  qui  permet  de  les 
représenter. 

La    partie     amincie    du     périsarque 

se    termine  distalement  par   un    léger 


Fis 


I.    —   Tuhii/(iri(t     antaictica,    n.  sp.    x    4- 


Fis. 


Gonophores    du    TuhiiUiria    tminrriico, 
n.  sp.  X  30. 


bourrelet  séparé  de  l'hydranthe  par  une  constriction  linéaire  circiilaire. 
L'hydrantlie  est  pourvu  de  2o  tentacules  proximaux  environ,  ayant 
0  à  6  millimètres  de  longueur;  les  tentacules  distaux,  (pii  atteignent 
jusqu'à  1"^™,7,  sont  au  nombre  d'une  cinquantaine,  difficiles  à  compter, 
car  ils  sont  serrés  les  uns  contre  les  autres  et  insérés  en  dedans  les 
uns  des  autres;  à  la  base  on  en  trouve  parfois  quelques-uns  qui  sont  plus 
courts. 

On  compte  environ  huit  blastostyles  portant  des  g<uiophores;  ceux-ci 
sont  sphériques  ;  mais  les  gonophores  9  adultes  peuvent  être  légèrement 
renflés  à  l'équateur  (fig.  2);  de  plus,  ils  montrent  en  outre,  à  leur  pôle 
distal,  trois,  quatre  ou  même  cinq  tentacules,  tout  à  fait  rudimentaires, 
tandis  que  les  gonophores  çf  en  sont  dépourvus  ou  présentent  seulement 
de  faibles  saillies  distales.  Les  blasosttyle^  dressés  atteignent  3  à  4  mil- 


HYDROÏDES.  5 

liiiir'li'cs  tic  hauleiii',  avec  10  ;i  17  i^onopliorcs,  donl  les  plus  gros  ont  de 
(iOO  à  800  y.  de  diamètre.  A  lintérieur  des  gros  gonophores  9  ^  on  voit  au 
plus  deux  gros  œufs,  et  les  territoires  peu  nettement  délimités  qu'onaper- 
eoit  à  l'intérieur  des  gonophores  après  éclaircissement  par  la  glycérine 
acétique  sont  constitués  par  les  œufs,  par  la  masse  d'oogonies  non  en- 
cor(^  incorporées  et  par  le  spadice,  comme  on  peut  s'en  rendre  compte  à 
l'aide  découpes. 

IficKSiiN  et  GuAVFj,Y  1 1 007)  ont  décrit  quelques  Tubulaires  de  l'Antarc- 
ti(jue,  mais  notre  espèce  est  diiïérenle  ;  elle  se  rapproche  de  l'espèce 
décrite  par  ses  auteurs  sous  le  nom  de  Tiihnkma  Ralplii  Baie,  dont  les 
hydranthophoressont  semblahlement  rétrécis  à  la  base;  elle  lui  ressemble 
aussi  par  le  nombre  et  la  disposition  des  tentacules  ;  mais,  chez  le 
Tuhular'ia  aniaictka,  les  hydranthophores  sont  finement  anneb's,  et  les 
gonophores  sont  sphériques  au  lieu  d'être  [Mriformes. 

Localité.  —  N^s  077  et  083.  Basse  mer  du  26  décembre  1909.  Baie 
de  l'Amirauté,  62°  12'  S.,  00°  ;i:i'  W.  Paris. 

INCERT^   SEDIS. 

Saccohydra  problematica  n.g-.,  n.  sp. 

Sous  ce  nom,  je  décrirai  une  forme  très  spéciale  que  je  l'apporte  avec 
doute  aux  Hydroïdes  gymnoblastiques;  je  ne  peux,  en  effet,  la  caractériser 
complètement,  à  cause  de  l'insuffisance  du  matériel  en  ma  possession. 

Celte  espèce  se  présente  sous  la  forme  de  |)olypes  isolés,  dressés  sur  une 
hydrorhize  rampant  à  la  surface  d'un  fragment  de  coquille  de  Lamelli- 
branche.  A  la  base  de  l'hydranthophore  (fig.  3,  A)  se  voit  un  renflement 
cylindrique  pourvu  de  fines  stries  longitudinales  et  circulaires  ;  il  se  con- 
tinue par  une  partie  conique,  striée  aussi,  et  qui  graduellement  passe  à 
l'hydranthophore  proprement  dit;  cette  dernière  partie,  cylindrique 
aussi,  séparée  de  la  partie  conique  par  une  sorte  de  diaphragme,  est 
allongée,  rigide  sur  sa  plus  grande  longueur,  mais  mince  et  déformable 
dans  sa  partie  supérieure.  Enfin,  à  une  petite  distance  de  la  base  de 
l'hydranthophore,  se  trouve  dans  l'hydrorhize  des  diaphragmes  qui 
isolent  ainsi  chaque  polype. 


6  HYDROIDES. 

L'hydranthe  f^lobuloux  (fig.  3,  15)  (L'Imlc  par  une  |)artie  rétrécie  ;  les 
grands  liydraiilhes  sont  pourvus  de  18  à  22  tentacules;  ce  nondjre 
s'abaisse  à  12  chez  les  petits.  Les  deuxgros  hydranthes  que  j'ai  examinés 
montrent,  à  la  base  des  tentacules,  des  sacs 
creux  et  allongés,  vraisendjiablement  au 
nombre  de  quatre  ;  on  aperçoit  aussi  à 
l'intérieur  des  replis,  mais  lacoupe  optique 
ne  p{M'ni("t  pas  d'en  apercevoir  plus.  Aussi 
ai-jc  sacfilicr  un  de  ces  gi'os  polypes  p(mr 
en  taire  uni-  coupe  longitudinaic  ('etie 
coupe  (lig.  'i)  montre  la  réaliti''  de  <'es  sacs 
situés  à  la  base  des  tentacules,  mais  de  plus 
elle  montre  la  présence  d'une  cavité  digeslive 
divisée  en  deux  étages  :  un  inférieur,   indi- 


I''ig.  3.  —  Saccntnjdra  /trolj/ciiidlicn ,  n.  sp. 
A,     base     de    riiyilranllio|iliuii' ;     I!.     Iiyilr.nillir 
(un  peu  aplati)  x  H-'j. 


I'"i^^  l.  —  Coupe  loiiKitudinale  ilc  riiyilranllie  ilii 
Saccolujdru  prob/e/iialica,  n.  sp.  x  100  (pei'peinli- 
euliiiieiuenl  au  sens  de  l'aplalisseinenl  acci- 
dentel). 


vis,  limité  par  une  rangée  de  cellules  endodei'miques  régulièrement  dis- 
posées, et  un  étage  supérieur  à  la  paroi  ducjuel  sont  appendus  les  sacs 
tentaculaires  ;  de  plus,  cet  étage  supérieur  montre  des  prolongements 
compliqués  de  la  paroi  endodermique. 

Kn  suivant  la  séi'ie  des  ct)Upes,  j'ai  obsqrvé  un  canal  faisant  communi- 


HvnRoïDns.  7 

qiifM'  ('(>l  (''tai;('  sii|)(''i'm'ui'  iivrc  la  cavili'  iiircricni'c  ;  11  y  en  a  sans  dwitc 
plusieurs.  Los  sacs  sout  pourvus  d'une  cavité  centrale;  la  ligure  ne  le 
uionlre  pas,  la  coupe  étant  tangentielle;  maiscette  cavit('' peul  ('Ire  oltser- 
\ée  (juand  ou  suit  la  série  des  coupes.  .l'ai  vu  de  plus,  pour  un  de  ces  sacs, 
cpie  sa  cavité  communique  par  un  canal  étroit  avec  la  cavité  digostive 
inférieure;  dans  celle-ci,  comme  dans  la  cavité  des  sacs,  existent  des 
suiîslances  eu  voie  de  digestion  on  iirovenant  de  la  digestion.  Sur  une 
partie  i)lus  ou  moins  grande  de  leur  étendue,  ces  sacs  sont  séparés  tle  la 
paroi  et  entourés  par  un  (''pith('dium  aplati. 

La  bouche,  autant  qu'on  puisse  en  juger,  est  infundiinditorme  et  située 
entre  ces  sacs. 

Dimensions  : 

Largeur  de    l'hydrorhize 70-95  ;x 

Hauteur  de  la  partie  cylindro-eoniqui'  basai  de  riiydranthophore..  .  .  3i0-780  y. 

Diamètre  de  la  partie  cylindrique  de  riiydraiithophore 200-285  a 

Longueur  de  la  partie  étroite  et  allongée  de  l'iiydranthopliore 2""", 5-7'"™, 3 

Diamètre  de  la  partie  étroite  et  allongée  de  l'hydranthophore 55-70  a 

Hauteur  des  grands  hydrantlics  (1)  755-875  a 

Largeur  des  grands  hydranlhes  (maximum)  (2) (J75-740  [a 

Cette  forme  curieuse  montre  des  afiinités  avec  les  Acalèplies  par  la 
présence  des  sacs  tentaculaires  comparables  aux  poches  gastriques  et  par 
l'existence  de  prolongements  endodermiques  à  l'intérieur  de  l'étage  supé- 
rieur de  la  cavité  gastrique  ;  c'est  peut-être  à  ce  groupe  que  cette  forme 
sera  rattachée,  quand  de  nouvelles  recherches,  portant  sur  des  individus 
mieux  conservés  et  sur  des  coupes  dans  les  deux  sens,  transversal  et 
longitudinal,  auront  permis  de  compléter  les  données  quej'apporte  dans 
cette  contribution. 

LocALiTK.  —  No  ~'.)H,  provient  prol)al)lemeiit  d'une  opération  laite  entre 
le  dragage  XVlll  [()2.o  1 1'  S.,  (iO»  oii'W.  I\)  et  ledragage  XX(70o  10'  S., 
80°  50'  W.  P.j. 

Fam.   HALECIID.^. 

Halecium   antarjticum  Vanhôllen. 

Halecium  antarcticum  Vanhôffen  [1910],  p.  317,  fig.  31. 

(1)  De  la  base  jusqu'au  sommet  des  sacs. 

(21  11  faut  tenir  compte  que  l'hydranlhe  a  été  un  peu  aplati  dans  la  préparation. 


HYDROIDES. 


J'attribue  h  cette  espèce  une  colonie  de  15  centimètres  de  hauteur  irré- 
gulièrement ramifiée,  dont  la  tige  et  les 
branches  sont  polysi])iioniqiîes,  sauf  à  leur 
extrémité.  Les  entre-nœuds  et  les  hydrantho- 
phores  concordent  avec  ce  qu'en  dit  Vaniiôi-- 
l'EN  ,  et  leurs  dimensions  sont  les  mêmes, 
mais  je  pense  que  cet  auteur  n'a  pas  remar- 
qué que  les  hydranthophores  annelés  ne  sont 
pas  primaires;  leur  base  représente,  en  efTet, 
l'hydranthophore  primitif,  tandis  que  leur 
partie  dislale  plus  allongée  est  née,  par 
régénération  après  la  mort  de  l'hydranthe, 
au  fond  de  i'hydrothèque  primaire,  dont  on 
aperçoit  les  restes,  parfois  peu  apparents 
(fig.  5);  à  l'origine,  les  pédoncules  ainsi  nés 
par  régénération  sont  annelés;  en  général, 
il  y  a  deux  annulations  irrégulières,  mais  il 

peut  aussi  y  en  avoir  davantage.  Cet  allongement   des    hydranthophores 

par   régénérations   successives   est  d'ailleurs  un  fait  très  fréquent  chez 

les  espèces  du  genre  Halcciuin. 

Des  annulations  du  même  genre  existent  au-dessus  de  la  cassure  d'un 

entre-nœud  suivie  de  régénération,  comme  on  peut  le  voir  (fig.  5). 
Les  gono[)hores  manquaient  à  notre  exemplaire. 


Fifï-     •"i.    —     Hiileciiim    aitlurrlicuin 
Vaiiliiill  l'iiîlic  il'un  laiiieau  x  31. 


Localité.  —  N^  S7.   Dragage   VIII.  lîaie   Marguerite.    Profondeur  : 
17()  mètres.  Température  :  +  Oo,2  au  fond. 


Ophiodes  arboreus  (AH mon). 

Haiccium  robusium  Allman  [1888],  p.  10,  PI.  I,  fig.  i-3  (1). 

Hakcium  arboreiim  (Allm.)  Hickson  et  Gravely  [1907],  p.  27,  Pi.  IV,  fig.  27-29. 

Opltioilcs  (irhorcus  (Allm.)  Bii.laud  [1910],  p.  4. 

Ophiodes  arboreus  (Allm.)  Ritciiie  [19l;J],  p.  15,  fig.  2-3. 

(^ette  espèce  est  représentée  dans  la  collection  provenant  du  «  Pourquoi 

(1)  Ai.i.MVN  lui-même  a  [•ompiacé  ce  |iieinicf  nom   par  celui  de  Uakcium  arboreum  dans  une 
noie  de  l'explication  de  la  planche.  ' 


HYDROÏDES.  9 

Pas?  »  par  quelques  fragments  parl'aitementreconnaissables  à  la  présence 
des  dactylothèques  et  des  dactylozoïdes.  Ritchie  a  observé,  ce  que  je  puis 
confirmer,  que  l(>  plus  souvent  seule  l'hydrothèque  est  libre  et  que  par- 
fois, généralement  à  la  base  de  l'hydroclade,  il  existe  un  court  hydran- 
lliopliore. 

Dans  certains  cas,  on  peut  croire  que  l'hydrothèque  est  même  soudée 
au  rameau,  mais  ceci  n'est  peut-être  qu'une  illusion  et  tient  sans  doute  à  ; 

l'inclinaison  sous  laquelle  on  la  voit.  j|E 

Les  dimensions  données  par  Ritchie  pour  la  largeur  des  hydrolhèques 
sont  plus  grandes  que  celles  que  j'ai  indiquées  pour  l'espèce  type;  mais  ;: 

ces  dimensionsparaissentvarierdans  des  limites  assez  étendues,  puisque, 
sur  un  même  fragment,  j'ai  trouvé  comme  largeur  de  la  plus  petite  hydro- 
thèque  200  ix,  tandis  que  la  plus  grande  avait  300  y.. 

Localité.  —  N^  iO.  Dragage  V.  29  décembre  1008.  Milieu  du  chenal 
Peltier,  entre  l'îlot  Gœtschy  et  l'île  Doumer,  Profondeur  :  92  mètres,  vase 
grise  et  gravier.  Température  :  +  0°,  1  au  fond. 

Fam.    LAFCEID.<E. 

Hebella  striata  .Vllman  var.  plana  Rilchie. 

Hebdla  striata  Allman  [18S8],  p.  30,  PI.  XV,  fig.  3,  3  a. 

Hebella  striata  AUm.  var.  plana  Ritchie  [1907J,  p.  530,  PI.  I,  fig.  8. 

Les  spécimens  recueillis  sont  fixés  sur  le  Staurotheca  antarctka  et  pos- 
sèdent les  caractères  de  l'espèce,  mais  il  s'agit  de  la  variété  à  hydrolhèques 
lisses  décrite  par  Ritchie.  Les  dimensions  se  trouvent  dans  les  limites 
indiquées  par  cet  auteur  et  par  V.v.\hôiten  (1910).  Le  bord  des  hydro- 
thè(iues  montre  aussi  des  stries  d'accroissement. 

Dimensions  : 

Longueur  des  hydrothèques 1  050-i  225  (i 

Largeur  des  hydrothèques  à  l'orifice 280-300  \t. 

Longueur  des  hydranthophores 260-610  jx 

L(»CALiTÉ.  —  Dragage  VTIL  20  janvier  1909.  Raie  Marguerite.  Profon- 
deur :  170  mètres.  Température  :  -}-  0^,2  au  fond. 

Expédition  Charroi.  —  Uiilahh.  —  llydroïdes.  ~ 


16  HYDROÏDES. 

Distribution  GÉOGRAPHIQUE.  —  l'ort-Famino,  détroit,  de  Magollan,  IO-K; 
falh.  [Allman];  Bahia  Inutile,  20-30  Faden  [Jaderikh.m  (1003),  p.  275j-, 
île  Longue,  Smith  canal^  8  Faden;  îles  F'alklands,  Port-Stanley  [Haiitlaub 
(1905),  p.  1)88,  %.  K2j;  Ikirdwoodbank;  au  sud  des  îles  Falklands,  137- 
150  mètres  [Jaderiiol.m  (1905),  p.  19^,  et  Ritciue  (1907),  p.  539 1;  au 
large  de  la  Terre  Coat  :  lat.  :  71°  9'  S.;  long.  :  22°  W.,  KU  fatli.  [Ritciue 
(1907),  var.  plana]:  île  Kerguelen,  baie  de  robservatoire  [Vamiôfeen 
(1910j,  p.  313J.  Près  de  Gauss-Station  [  Vamiôffen  (1910j,  p.  31  i,  var. 
plana] . 

Lafœa  gracillima  (AMer). 

Campanularia  gracillima  Alder  [1857],  p.  39,  fig.  5-6. 

Lafœa  gracillima  Aider,  Sars  [1873],  p.  27,  Taf.  IV,  fig.  19-21. 

Lafœa  gracillima  Aider,  Jaderiiolm  [1905],  p.  21,  Taf.  IX,  fig.  2-3. 

Lafœa  gracillima  Aider,  Broch  [1907],  p.  G,  Taf.  I,  fig.  2. 

Lafœa  gracillima  Aider,  Broch  [1908],  p.  33,  fig.  5. 

Lafœa  gracillima  Aider,  Broch  [1909],  p.  156,  fig.  17-18. 

Lafœa  gracillima  Aider,  Jaderholm  [1909],  p.  71,  Taf.  VII,  fig.  6-8. 

Quelques  petites  colonies  ne  dépassant  pas  12  millimètres  de  hauteur, 
fixées  sur  une  coquille  de  Lamellibranche  ;  une  seule  montre  le  début 
de  la  polysiphonie  ;  les  autres  possèdent  une  tige  monosiphonique. 

Les  hydrothèques  présentent  les  caractères  de  Tespèce  qui  ont  été  bien 
mis  en  évidence  par  Broch;  elle  se  distingue  du  Laftra  fndicosaM.  Sars 
non  par  le  nombre  d'annulations  obliques  de  Thydranthophore,  mais  par 
la  forme  des  hydrothèques;  chez  L.  gracillima,  l'hydrothèque,  presque 
cylindrique,  est  fortement  ou  à  peine  concave  du  côté  inférieur,  tandis  que, 
chez  le  L.  frnlicosa,  l'hydrothèque,  renflée  dans  son  tiers  inférieur,  va  en 
se  rétrécissant  un  peu  vers  la  partie  distale  et,  en  outre,  elle  est  plus 
nettement  séparée  del'hydranthophore.  Baocii  a  de  plus  montré  les  varia- 
tions de  ces  deux  espèces;  chez  le  L.  gracillima  il  distingua  une  forme 
typica  et  une  elegantala  ;  la  première  est  cosmopolite  et  la  seconde  connue 
seulement  dans  les  régions  arctiques;  c'est  à  la  première  que  je  rapporte 
les  échantillons  du  »  Pourquoi  Pas?  »  ;  les  annulations  de  rhydranllio- 
phore  sont  bien  marquées  et  au  nombre  de  deux  à  trois. 

Dimensions  : 


HYDROIDES. 


II 


Hautpur  dos  Iiydrolliôquos  (1) 675-780  ja 

Largeur  des  hydrullu'cjues  (à  rorificp) 190-200  \x 

LocAi.iTi:.  —  N'oTilS.  l'i'ovit'iit  pi'oh;il)loiii('nt  d'iino  opération  faito  entre 
le  dragage  XVIII  (()2o  1 1'  S.,  OOo  5o'  W.  \\)  et  dragage  XX  (70°  10'  S., 
SUooO'W.  IM. 

DisTKiiuTKiN  i;i;im;uai'iiiqle.  — Je  renvoie  ponr  celte  question  à  l'ouvrage 
de.Um-KiiOLM  (1009)  et  au  mémoire  de  Ritchie  [(1910),  p.  8].  Cette  espèce 
a  été  déjà  signalée  dans  ces  régions  antarctiques  par  Ritchie  (1909)  et  par 
YAXHÔFtEN  (1910). 


Filellum  serpens   (Hassall). 

Campanularia  serpens  Hassall  [1S'i8],  p.  222.1. 

Fili'Iliim  scrpciis  (Has.sall)  Hincks  [18G8],  p.  21i,  PI.  XLI,  lig.  4. 

Je  rattache  à  cette  espèce  (2)  très  répandue  une 
forme  croissant  sur  le  Sei'lukwcllu  Nutùngl  ;  je  ferai 
remarquer  cependant  que  la  partie  libre  est  plus 
allongée;  mais  cette  espèce  est  très  variable  sous 
ce  rapport,  comme  l'a  montré  Bnucn  (190!)).  De 
plus  certaines  hydrothèques  montrent  des  stries 
d'accroissement  ;    ce    fait   a   aussi   été    signalé    par 

IlARILAri!    (190jj. 

Dimensions  : 


f=^ 


Fiy;.  C.    —  Filellum  ser- 
pens (Hassall)  x  iiO. 


Hauteur  des  hydrothèques  (:!) 470-540  [j. 

Largeur  des  hydrothèques  (à  l'orifice) 1(30-190  a 

Ces  dimensions  sont  plus  fortes  que  celles  de  l'espèce  de  nos  côtes  de 
la  jManche;   elles  rem|)0itenl   aussi  sur   les  dimensions  déduites  delà 

(Il  CeUe  longtieu]'.  non  compris  rhyilianliiophore,  est  ccjmptée  à  partir  de  la  dernière  annu- 
lation et  du  cnlô  ventral. 

(2)  .\  propos  de  cette espice,  je  leclilierai  une  erreur  que  j'ai  commise  dans  mes  premières 
reclierches.  .le  cite,  en  cU'et,  (1904,  p.  104),  comme  Laf'œu  ((îrammarici)  abictiiia  une  forme  qui 
apparlienl  manireslomcnt  au  FilcUtun  serpens,  tandis  que  (p.  lôil)  l'espèce  appelée  Lafœa  serpens 
doit  être  rapportée  au  lulelluiii  cxpansuin  Levinsen;  mais  cette  forme  avait  été  à  tort  placée 
dans  les  llydioidi's  ut  diirérents  auteurs  [Brocii  (I909i,  Dons  (I9l0i,  Kuamp  (1011)]  ont  montré 
qu'il  s'agit  ilf  tubes  ciiilineux  vides  d'un  Infusoire  cilié  du  genre  Fulliculiiia;  Dons  [l'Hi,  p.  81) 
considère  celle  espèce  comme  éunt  le  Fulliculina  ampulla  (l).-!'.   Mullei). 

(3)  Il  s'agit  de  la  partie  dressée,  mesurée  à  partir  du  stolon.  (Juand  il  y  a  des  slries  d'accrois- 
se  nant,  cette  hauteur  peut  atteindre  jusqu'à  740  a  pour  ies  hydrothèques  examinées. 


12  HYDROIDES. 

ligure  de  Jadeiukilm  (190a)  ;  mais  elles  concordent  assez  Ijien  avec  celles 
tirées  de  la  figure  de  Hartl.vub  [(190"3),  p.  590,  exemplaire  de  Juan-Fer- 
nandez]. 

Localité.  —  N»  87.  Dragage  VIII,  20  janvier  1909.  Baie  Marguerite. 
Profondeur  :  170  mètres.  Température  :  +  0o,2  au  fond.  Sur  Serlularel/a 
Nutthigi. 

Distribution  géographique.  —  Jadebholm  |(i909),  p.  70]  donne  la  répar- 
tition géographiqu(î  de  cette  espèce  très  répandue.  Elle  était  d'ailleurs 
connue  dans  les  régions  subantarctiques,  où  J^deriiolm  (190o)  la  signale 
(p.  22)  à  la  Terre  do  Feu  (embouchure  du  canal  du  Beegle)  et  au  Hurd- 
woodbank  (au  sud  des  îles  Falklands).  Vanhôffen  [(1910).  p.  311]  est 
le  premier  qui  la  signale  dans  les  régions  antarctiques,  à  Gauss-Station 
(Profondeur  :  350-385  mètres). 

Fam.  CAMPANULINID^. 

Campanulina  Belgicae  Hartiaiib. 

Campanularia  Belgicœ  Hartlaub  [1904],  p.  10,  PI.  I,  fig.  8-9. 
Campanulina  Belgicœ  HarLl.  Vanhôffen  [1910],  p.  308,  fig.  28,  a,  b,  c. 
Campanulina  Belgicae  Hartl.  Ritchie  [1913],  p.  24. 

L'espèce  recueillie  dans  l'oxpédition  du  «  Pourquoi  Pas  ?  »  recouvrait 
la  basede  l'hydranthophore  du  TuhuJaria  antarctica.  Elle  correspond  par 
ses  dimensions  et  ses  caractères  à  la  forme  dessinée  par  Vanhôffen 
(dans  sa  fig.  28,  h).  Il  s'agit  sans  doute  d'individus  jeunes  ou  nains,  car 
Vanhôffen  a  trouvé  côte  à  côte  avec  eux  des  exemplaires  normaux. 

Localité  :  N°677.  Basse  mer  du  20  décembre  1909.  Baie  de  l'Amirauté. 
02°  12' S.,  00"  55' W.  P. 

Lafœina  longitheca  Jaderholm. 

Lajœina  longitheca  Jaderholm  [19G'i],  p.  iv. 

Lajœina  longitheca  Jaderholm  [1905],  p.  20,  Taf.  VIII,  fig.  1-2. 

Lafœina  longitheca  Jâderh.,  Hickson  et  Gravely  [1907],  p.  29,  PI.  IV,  fig.  31. 

Lafœina  longitheca  Jâderh.,  Ritchie  [1913],  p.  25, 


s 


HYDKO'iDES.  13 

Quelques  hydrothèquos  do  cette  espèce  antarctique  se  dressent  sur  une 
colonie  de  lîryozoaires  (n°  7o8);  elles  possèdent  les  caractères  (|ui  ont  été 
donnés  par  J.vdeiukilm.  UiTciiii:a  indiqué  les  variations  présentées  par  cette 
espèce  sous  le  rapport  des  dimensions,  et  il  a  montré  qu'elle  n'était  pas 
aussi  grandement  séparée  du  Lapri/i/i  tenuis  Sars  des  régions  arctiques 
(|ue  Jadekikilm  le  croyait,  d'après   l'examen  des  premiers   exemplaires. 

Sous  le  rapport  des  dimensions,  les  échantillons  du  <<  Pourquoi  Pas?  » 
se  rapprochent  de  ceux  de  l'expédition  suédoise  par  la  longueur  des 
hydrolhèques  et  la  longueur  des  dactylothèques,  mais  par  la  largeur  des 
hydrothèques  ils  ressemblent  à  ceux  de  la  «  Discovery  »  et  du  «  Nimrod  ». 

Dimensions  : 

Longueur  des  hydrothèques  et  hydranthophores 675-1400  |jl 

Largeur  des  hydrothèques  (partie  moyenne) 135-175  a 

Longueur   des  dactylothèques 95-190  <j. 

Diamètre  des  dactylothèques  (partie  moyenne) 20-25  jx 

Localité.  —  N°  87.  Dragage  VIII.  Baie  Marguerite,  Profondeur  : 
170  mètres.  Température  :  0o,2  au  fond  (sur  Haleciimi  antarcticum). 

No  7;)8.  — Provient  probablement  d'une  opération  faite  entre  le  dra- 
gage XVIII  (02°  H'  S.,  fiOoîiS'  \V.  P.)  et  le  dragage  XX  (70°  10'  S., 
800  50'W.  P.). 

Fam.    SERTULARIIDiE. 

Staurotheca  antarctica  Harllaub. 

Staurotheca  antarctica  Hartlaub  [1904],  p.  16,  Taf.  I,  fig.  4,  Taf.  II,  fig.  4. 
Staurotheca  antarctica  Hartl.  Vanhôffen  [1910],  p.  329,  fig.  43. 

Cette  espèce  est  représentée  dans  la  collection  du  «  Pourquoi  Pas?  »  par 
une  belle  touffe;  elle  forme  une  masse  enchevêtrée  parce  que  ses  rameaux 
s'unissent  les  uns  aux  autres  grâce  aux  stolons  qui  les  prolongent  et  qui 
vont  se  fixer  sur  les  rameaux  voisins  ;  l'ensemble  des  ramifications  figure 
donc  un  réseau  compliqué  (fig.  7).  Il  n'y  a  pas  trace  de  polysiphonie  dans 
les  colonies  observées,  et  le  cœnosarque  forme  à  l'intérieur  un  tube  simple. 

Par  ses  caractères  comme  par  ses  dimensions,  elle  correspond  bien  à 
l'espèce  décrite  par  Hartlaub  ;  les  hydrothèques  sont  disposées  en  paires 
décussées;  leur  partie  libre  est  plus  prolongée  que  chez  le  Staurotheca 


14  HYDROÏDES. 

diclwtoma  Allm.,  et  elles  sont  nettement  plus  petites  (fig.  8);  quand  il 

n'y  a  pas  de  stries  d'accroissement,  le  bord  est  net,  non  évasé;  quand  il 


Fig.  7.  —  Hluuvolheca  anlarctica  Hartl.  Gi'.    nat.        Fig.   8.    —   Slauvollieca    aniitrclica  ilarti.    Partie 

d'iiydrocaule    avec    l'oiigine    d'une   faiiiillralion. 
X  22,5. 

y  a  des  stries  d'accroissement,  il  est  rare  que  les  bords  soient  très 
légèrement  retroussés,  mais  ce  fait  peut  se  rencontrer.  Dans  une  vue  de 
profil,  la  partie  libre  des  hydrothèques  est  plus  élroile  que  la  partie 
soudée. 

Dimensions  : 

Diamètre  de  l'hydrocaule  (entre tes  hydrothèques) 2.30-280  "ij. 

Longueur  de  la  partie  soudée  des  hydrothèques 350 -'120  a 

—                —         hbre  des  hydrothèques  (1) 2,30-310  u. 

Largeur  des  hydrothèques  (à  l'orifice) 150-190  |x 

Ldc.vuTÉ.  —  No  87.  Dragage  VIII.  20  janvier  1909.  Baie  Marguerite. 
Profondeur  :  176  mètres.  Température:  -\-  0^,2  au  fond. 

CuMP.vu.visoN  DES  DIVERSES  ESPÈCES  DE  »  ST.vnutTiiEc.v  ».  —  D'abopd  jc  défi- 
nirai le  genre  Staurotheca  en  modifiant  légèrement  la  diagnuse  donnée 
par  RiTcniE  (1907)  :  Ilydrocaule  polysiphonique  ou  monosiphonique, 
portant  des  hydrotlu'qiies  dépourvues  d'opercule^  disposées  cii  rangées 
longitudinales  et  généralement  groupées  au  môme  niveau  par  deux  ou 
par  trois,  les  hydrothèques  d'un  groupe  allernant  avec  celles  des  groupes 
situés  au-dessous  et  au-dessus.  Les  gonanges  sont  de  simples  capsules 
naissant  de  l'hydrocaule  et  sans  marsupium  externe. 

(1)  Il  s'agit  de  la  partie  libre,  sans  tenir  compte  des  stries  d'accroissement  ;  autrement,  dans  ce 
cas,  elle  peut  atteindre  jusqu'à  340  ;j.,  du  moins  pour  les 'hydrothèques  observées. 


HYDROÏDES.  15 

Le  Slfun-othcrn (lirhoinimi  Ai.i.man [(  1 888),  p.  76,  PI.  XXXVI ,  tig.  1 ,  1  «]  (  1  ) 
diffère  du  St.  a)il(irrli<-(i,  d'abord  parce  que  ses  colonies  ont  une  indi- 
vidualité mieux  définie  (le  St.  antarct'ica  formant  des  touffes  où  il  est 
impossible  d<'  distinguer  les  unités)  ;  ensuite  son  hydrocaule  est  polysi- 
phonique  sur  une  étendue  plus  ou  moins  grande  ;  les  hydrolhèques  dis- 
posées aussi   par  paires  décussées  sont  plus  fortes  (fig.   0)  ;    vues  de 


Fig.  9.  —  Stuuiotheca  dic/ioloina  Alliii.  rartie  ilhyilrocaulc  avec  l'oiiginc  dune  ramification  x  2i,5. 

profil,  elles  paraissent  cylindriques  ;  leur  partie  libre  est  moins  saillante  ; 
je  n'ai  jamais  vu  dans  le  type  d'hydrothèques  sans  stries  d'accroissement; 
ces  stries  sont  très  fines,  souvent  peu  visibles;  les  bords  de  ces  hydro- 
thèques  sont  légèrement  retroussés.  Le  ca^nosarque  ne  paraît  pas  cons- 
titué par  plusieurs  canaux,  autant  qu'on  en  peut  juger,  les  parties  molles 
étant  mal  conservées. 

Allman  dit  que  les  branches  se  ramifient  dichotomiquement,  mais  il  n'y 
a  pas  vraiment  une  dichotomie;  la  branche  se  courbe  à  l'origine  d'un 
rameau  et  les  deux  axes  s'écartent  l'un  de  l'autre.  Les  gonothèques  sont 
fusiformes  et  telles  que  je  les  ai  figurées  [(1910),  p.  28,  fig.  11];  elles  se 
détachent  par  paires  au-dessous  des  hydrothèques  ;  on  trouve  le  plus 
souvent  à  la  base  des  branches  un  orifice  au-dessous  de  chacune  des 
deux  premières  hydrothèques,  et  ces  orifices  représentent  le  point 
d'insertion  des  gonothèques. 

Pour  la  comparaison,  je  donne  ci-dessous  les  dimensions  du  Staarotheca 
dichotonia  Allm.  type  : 

(1)  Voir  aussi  BiiXARn  [(1910),  p.  27,  fis-  II.  12]. 


i6  HYDROIDES. 

Diamètre  de  l'hydrocaule  (partie  polysiphonique) 875-1295  |j. 

—            (partie  monosiphonique)  (1)   490-630  [x 

Longueur  de  la  partie  soudée  des  hydrotlièqucs 700-740  |j. 

—               —         libre  des  hydrotlièques  (2) 110-190  jx 

Largeur  des  hydrotlièques  (à  l'orifice) 290-325  ;x 

Longueur  des  gonotlièques 1400-1500  u. 

Largeur  des  gonothèques  (maximum) 740-780  \>. 

Largeur  des  gonothèques  (à  l'orifice) 130-160  a 

Jaderholm  [(1 905) ,  p.  33,  ïaf .  XIV,  fig.  1 2]  adécrit  sous  le  nom  de  St.  dicho- 
toma  une  forme  qui,  par  son  hydrocaule  composée,  ses  hydrotlièques 
peu  saillantes  extérieurement,  correspond  lùon  à  l'espèce  d'ALMAX,  mais 
les  dimension  déduites  de  la  figure  donnée  par  Jadeuiiolm,  en  lenantcompte 
du  grossissement  indiqué,  sont  plus  faibles  que  celles  de  l'espèce  type; 
j'ai  fait  la  supposition  (1910)  (|u'il  y  avait  peut-être  eu  erreur  dans  l'indi- 
calion  du  grossissement;  si  cette  supposition  n'est  pas  justifiée,  à  part  la 
saillie  moins  grande  des  hydrothèques  à  l'extérieur,  les  dimensions  sont 
voisines  de  celles  du  St.  antarctica  typique. 

RiTcniE[(1907),p.  538,  PI.  I,  fig.  1  a,  1  b]  a  créé  une  espèce,  \eStaurot/ieca 
reticu/ata,  qui  offre  des  caractères  intermédiaires  entre  les  ^7.  dickotonia 
etSt.  antarctica:,  comme  cette  dernière  espèce,  elle  aune  tige  monosipho- 
nique, mais  d'un  diamètre  plus  grand  (500  ;i.)  ;  la  partie  soudée  des  hydro- 
thèques et  leur  largeur  ont  des  dimensions  analogues;  mais,  comme  chez 
le.S/.c//V"/<«tom«,lapartie  libre  des  hydrothèques  est  courte;  les  gonothèques 
sont  semblables  à  celles  du  5»/.  dichotoma  type  ;  cependant  leurs  dimensions 
sont  plus  faibles  ;  de  plus,  la  tige  du  St.  rcticulata  olTre  parfois  des  hydro- 
thèques vcrticillées  par  trois,  ce  qui  est  très  rare  chez  le  St.  dichotoma  et 
n'ajamais  été  observé  chez  le  St.  antarctica.  Il  est,  je  crois,  possible  de  con- 
server cette  forme  comme  espèce  distincte. 

Vamiôffen  (1910)  rattache  nwSt.  antarctica  une  forme  dont  les  hydro- 
thèques ont  des  dimensions  nettement  plus  grandes,  tendant  vers  celles 
^\xSt.  dichotoma kWm.  type  ;  mais  la  partie  libre  est  beaucoup  plus  allongée 
et,  pour  cette  raison,  il  l'a  rangée  avec  l'espèce  de  Harti-aii!  ;  la  partie 
soudée  est  moins  longue  que  dans  le  St.  dichotoma  Allm.  type  ;  les  gono- 

(1)  Il  s'agit  encore  là  de  la  partie  libre,  sans  tenir  compte  des  stries  d'accroissement  ;  autrement 
dans  ce  cas  elle  atteint  dans  les  hydrothèques  observées  jusqu'à  525  [x. 

(2)  Cette  dimension  est  prise  dans  l'intervalle  des  paires  d'hydrolhèques  ;  le  plus  souvent  elle 
varie  entre  500  et  iJOO  \>.. 


HYDROIDES. 


17 


tlièqucs  ont  dos  dimensions  un  |m'ii  plus  faibles  aussi;  inailieuiMnisement 
N'amiuiikn  n'indique  pas  si  riiydrocaulr  de  ses  éoiiantillons  est  polysipho- 
niqueou  non.  C-etauteur place  cnoutreen  synonymie  avec  le  Si.  a/i/arrfira 
\GsSrrlttlare//afa//av  Hartl.  et  Sortidariaslolonifcva  Tlartl.  ;  mais  en  accor- 
dantqueces  formes  sont  voisines,  il  vaut  peut-être  mieux  attendre  que  des 
découvertes  ultérieures  permettent  de  les  faire  mieux  connaître  ou  de 
les  rayer  définitivement. 

En  1010,  j'avais  cru  devoir  rattacher  au  Slaiiiolhrai  dicliohiiiKi  Allm. 
une  forme  qui  n'avait  pas  été  décrite  par  Allman  et  avait  été  cependant 
récoltée  par  le  <(  (Challenger  »,  à  l'île  du  Prince-Edward  (310  falh.), 
tandisque  \eSt.dichot()ma kWvw.  provenaitde l'île Marion,  qui  est  voisine 
de  la  première.  J'avais  fait  l'hypothèse  hasardée  que  les  différences 
pouvaient  être  dues  à  une  différence  sexuelle;  je  crois  maintenant 
qu'il  s'agit  d'une  forme  distincte  que  je  vais  décrire  tout  d'abord  (1), 
avant  de  discuter  sa  place  dans  la  systématique. 

L'un  des  échantillons  examinés  est  polysiphonique,  mais  il  est  frag- 
mentaire; l'autre  échantillon,  qui 
atteint  7  centimètres,  est  dépourvu 
de  sa  partie  basale  polysiphoni- 
que; la  hauteur  à  laquelle  alleint 
la  polysiphonie  paraît  plus  faible 
que  dans  le  St.  (Uchotoma  type  ;  ses 
rameaux  se  terminent  par  des  sto- 
lons, qui  viennent  se  fixer  aux 
rameaux  voisins  ;  les  ramifications 
forment  donc  un  réseau  qui  s'étale 
dans  un  plan.  Les  hydrothèques 
sont  disposées   le  plus  souvent  par 

,  .  .  Fii,'.   10.  —  Staurolheca  aflitiist  Jiiilcrii. 

trois,     presqu  au     même      niveau  ..,    ,       ,  ,   .k,  ,■ 

'ri  ^    |iailio  dliyilrocaule  avec  hydrothèques  verti- 

(fig.  10,  A);   rarement     les   trois    hv-     cill.Vs  ,, a.  trois-,  B,  partie  d'hydroeaule  avec  hydm. 

^    o  '       '  •'        ihi'.iiie s  décussées  (dans  le  bas)  et  alternes  (dans  le 

(Irothèques  sont  distantes  les  unes    l'iut),  x22,.i. 

des  autres  et  alternes  (fig.  10,  B,  en  hautV,  cependant  on  peut  aussi  trou- 

(1)  Deux  échantillons  mont  été  obligeammenl   lonirnuniiiués  par  If  IJ'  Kirkpalrifk  du  lUitish 
Muséum,  ce  dont  je  lui  suis  infiniment  leconnaissanl. 

o 

Expédition  Cliarcot.  —  Uillahd.  —  llydruides.  '-' 


i8  HYDROIDES. 

ver  des  hydrolhèques  en  paires  décussées  (fig.  10,  B,  en  bas]  :  c'est  ce  qui 
arrive  d'une  façon  constante  à  la  base  d'une  branche  ou  d'un  rameau 
(lig.  M,  A)  et  rarement  à  leur  extrémité  (l).Ces  hydrothèc|ues  sont  com- 
plètement immergées  dans  l'hydrocaule  et  sans  opercule;  il  n'y  a  pas  de 
partie  saillante  au  dehors,  ou,  si  elle  existe,  elle  est  tout  à  fait  faible,  sauf 
dans  lecas  où  il  existe  des  stries  d'accroissement  ;  l'ouverture  est  arrondie 
et  son  bord  est  légèrement  retourné  vers  le  dehors,  du  côté  adcauli- 
naire,  ce  bord  étant  plus  mince  que  le  bord  opposé  (fig.  11 ,  B).  Il  existe 
souvent  des  stries  d'accroissement,  ce  qui  in<lique  des  régénérations 
successives  d'hydranthes. 

Le    coMiosarque   est    constitué    par    plusieurs    tubes    anastomosés 


Fig.   11.  —  Staurotheca  affinist  Jadeili.  Fig.    12.  —    Gonotlirc|uc     ç  du 

A,  partie  d'hydrocaule  avec  l'origine  d'un  rameau,  x  22,5;  B,  coupe  Slaurolheca  af/iiiisi  Jiiderli. 

o|ilii]uc'  di'  riiydroUiè([UC  et  de   l'Iiydranthe,  x  37,5.  x  22,5. 

(fig.  1 1 ,  A);  dans  les  échantillons  soumis  à  monexamen,  on  peut  voir  de 
gros  œufs  qui  y  sont  inclus.  L'hydranthe  est  conservé  dans  certaines  hydro- 
thèques;  la  figure  H,  B,  en  représente  un  dont  les  tentacules  contractés 
sont  ramassés  à  l'orifice,  et  Ion  voit  le  corps  de  l'hydranthe  s'attachera 
la  base  par  deux  prolongements  non  situés  au  même  niveau. 

Les  gonothèques  (fig.  12)  sont  différentes  de  celles  du  St.  (Uchotoma\ 
elles  ont  la  forme  d'une  urne,  pourvue  d'un  col  cylindrique  court;  l'ori- 

(1)  C'est  celle  disposition  des  hydrolhèques  semblable  à  celle  réalisée  chez  le  Staumtheca 
(lichotoma  qui  m'avait  incité  à  réunir  ces  deux  formes,  et  de  plus  le  Slauiotheca  dichotoma  type 
m'avait  montré  aussi  une  fois  un  verticille  de  trois  hydrolhèques. 


HYDROÏDES.  19 

fice  est  large  et  le  boni  de  ré|);uileinent  est  ondulé;  rintérieur  est  vide, 
mais  on  y  remarque  souvent  un  marsupium  interne  sphéricjue  vide  aussi. 
Je  rappelle  que  les  colonies  sont  du  sexe  femelle,  car  il  y  a  des  œufs  bien 
nettement  visibles  dans  le  cœnosarque.  Ces  gonothèques  sont  placées 
par  paires  au-dessous  des  hydrothèques,  comme  chez  le  S(.  clichotonKi,  et 
il  existe  aussi  à  la  base  de  chaque  branche  deux  orifices  qui  peuvent  être 
considérés  comme  l'insertion  de   deux  gonothèques. 

Je  donne  ci-dessous  les  dimensions  de  cette  forme  du  "  Challenger  » 
(île  Prince-Edward)  : 

Diamètre  de  l'hydrocaule  (partie  polysiplionique) '.....      1 140-1  400  |x 

—  — •  (partie monosiphonique)  (!)   680-880  |jl 

Longueur  de  la  partie  soudée  des  hydrothèques 770-860  a 

—  —         libre  des  hydrothèques  (2) 0-135  ia 

—  des  gonothèques 1  500-1  700  jx 

Largeur  des  gonothèques  (maximum)  1  150-1  250  [i. 

—  —  (à  l'orilice)  550-590  ij. 

D'après  cette  description,  on  peut  voir  que  cette  forme  se  rapproche 
beaucoup  dnSe/aginop.sis a/j^/iis i ndcvholm  ;  c'est  d'ailleurs  ce  que  j'ai  anté- 
rieurementexprimé  [(1910),  p.  28].  Les  analogiesles  plus  grandes  existent 
entre  ces  deux  formes  :  ressemblance  dans  l'aspect  et  la  ramification  des 
colonies,  polysiphonie  de  l'hydrocaule  (3),  forme  des  hydrothèques  dont 
le  bord  seul  émerge  de  l'hydrocaule,  disposition  et  dimensions  de  ces 
hydrothèques,  tout  concorde  ;  les  seules  différences  qui  restent,  ce  sont 
l'écartemcnt  un  peu  plus  grand  des  verticilles  d'hydrothèques,  l'absence 
d'union  entre  les  rameaux,  chez  le  Sclarjinopsis  affinis  Jaderholm  type  ; 
les  gonothèques  y  sont  aussi  absentes,  et  il  manque  de  ce  fait  un  carac- 
tère important  pour  la  détermination.  Pour  ces  raisons,  je  rattache  cette 
forme  du  «  Challenger  »  à  l'espèce  de  Jadkiuiolm  sous  le  nom  de  Stauro- 
thcca  affinis?,  le  point  de  doute  signifiant  (|u'il  y  a  cependant  une  légère 
incertitude  ;  celle-ci  sera  levée  quand  on  aura  trouvé  des  colonies  prove- 

(1)  Le  plus  souvent,  tetle  dimension  alleint  780-8S0  ;j-;  elle  est  prise  dans  l'intervalle  des 
hydrothèques. 

(2)  Il  est  rare  que  cette  partie  atteigae  13o  ;j.  ;  cependant  exceptionnellement,  dans  un  cas 
seulement,  elle  avait  une  ionf,'ueur  de  2ti0  a;  quand  il  y  a  des  stries  d'accroissement,  celte 
longueur  peut  aller  jusqu'à  190  a. 

(3)  L'auteur  n'indique  jias  que  l'hydrocaule  estpolysiphonique,  mais  ceci  ressort  de  son  dessin. 


20  HYDROIDES. 

nant  de  la  Géorji;ie  du  Sud,  connue  l'espèce  type,  ou  do  régions  très  voi- 
sines, possédant  des  gonothèques. 

Je  place  celte  espèce  dans  le  genre  Slainvt/icca  et  non  Sekigi/wpsis  à 
cause  de  l'absence  d'opercule  aux  liydrothèques. 

Vamiôf1'Ex[(1910),  p.  331,  iîg.  4i]  décrit,  sous  le  nom  do Dictyoc/ad/um 
affine  (Jaderh.),  une  forme  du  genre  Staurotheca  aussi  (1),  qui  peut-être 
constitue  une  espèce  distincte.  Les  hydrothèques  paraissent  en  effet  pré- 
senter unepartie  plus  saillante  en  dehors  de  i'hydrocaule,  d'après  le  dessin 
de  l'auteur,  qui  ne  rend  pas  suffisamment  compte  de  ce  caractère.  L'auteur 
ne  nous  dit  pas  si  ses  colonies  sont  polysiphoni([ues  ou  non,  mais  il  semble 
qu'elles  sont  monosiphoniques  d'après  sa  description;  il  est  vrai  que  la 
plus  grande  colonie  manque  de  la  partie  basale  à  laquelle  peut  se  réduire 
la  polysiphonie.  Les  gonothèques  diffèrent  de  celles  de  la  forme  du 
M  Challenger  »  ;  elles  sont  plus  larges  que  hautes  et  de  plus  elles  sont 
terminées  par  un  orifice  hilobé.  Y  aurait-il  dans  ce  caractère,  cette 
fois-ci,  un  dimorphisme  sexuel? 

Le Dictyocladiinii  fascumliicKsoy  et  Guavely  [(1007),  p.  21 ,  IM.  111,  fig.  22] 
semble  avoir  aussi  les  hydrothèques  plus  saillantes  que  l'espèce  de 
Jadehholm  et  serait  identique  alors  à  la  l'orme  décrite  par  Vanhôffex. 

Enfin  KmcHENPAUEit  [(1884),  p.  14,  Taf.  XI,  fig.  oj  décrit  sous  le  nom  de 
Selaginopsis  urceolifcra  une  espèce  qui  se  rapproche  ausïi  de  la  l'orme  du 
<(  Challenger»  (île  du  Prince-Edward);  les  hydrothèques  sont  cependant 
plus  saillantes  au  dehors;  la  forme  des  gonothèques  est  analogue,  mais  le 
col  va  en  s'élargissant  à  partir  de  la  base,  il  est  plus  long.  Kii!Ciienpaueu  a 
aussi  observé,  fixés  sur  la  colonie,  de  petits  tubes,  et  il  émet  l'idée  que 
ce  sont  peut-cire  des  gonothèques  jeunes.  Je  pense  qu'il  s'agit  de  tubes 
de  petits  Crustacés  Amphipodes,  conmie  il  en  existait  fixés  en  grand 
nombre  sur  la  forme  du  «  (Challenger  ». 

Sertularella  articulata  (Allinan). 

Sertulana  artimlala  Allman  [1888],  p.  61,  PI.  XXIX,  fig.  3-3  a. 
Sertularella  articulata  (Allin.)  Hahtlaub  [1900],  p.  24. 
Sertularella  elongata  Jaderiiolm  [1904],  p.  x. 

(1)  J'estime  ((ue  le  genre  Dictyocladiuin  neslpas  justifié;  l'espèce  rangée  sous  ce  nom  par 
Allman  est  à  mon  avis  un  Setaninopxh,  et  le  Dktyocladium  jlnhcltiiin  .NuUing  est  un  Sertuluretla. 


HYDROIDES.  21 

? Sertiilarella  articulata  (Allm.)  Jadkriiolm  [1905],   p.  29,  Taf.  XI,  fig.  4;  Taf.  XII, 

fig.  1-3. 
Sertidarella  spiralis  Hickson  et  Gravely  [1907],  p.  19,  PI.  III,  fig.  19-20. 
Sertularella  arlieulata  (Allm.)  Vanhôffen  [1910],  p.  328,  fig.  42  a-d. 
Serlularella  articulata  (Allm.)  Billard  [1910],  p.  10. 

Les  grandes  colonies  atteignent  jusqu'à  13  et  14  centimètres  et  pré- 
sentent une  ramification  abondante,  la  tige  donnant  naissance  à  des 
branches;  celles-ci  ressemblent  à  la  tige  par  les  rameaux  qui  en 
naissent  et  par  leurs  entre-nœuds  dépourvus  d'hydrothèques,  du  moins 
dans  leur  partie  distale;  dans  leur  partie  proximale,  les  entre-nœuds  des 
branches  portent  bien  trois  hydrolhèques,  ainsi  que  l'ont  indiqué  Hickson 
et  Gn.wELY  pour  leur  espèce  Sertu/arella  spiraJ/s,  identicjue  au  S.arficu- 
lata,  comme  l'a  reconnu  Vanhôffen;  l'hydrothèque  distale  de  l'entre- 
nœud  est  en  même  temps  la  première  du  rameau  né  sur  la  branche  ;  la 
ramification  des  tiges  et  des  branches  constitue  un  sympode  hélicoïde. 

Les  hydrothèques  possèdent  les  caractères  de  l'espèce;  leurs  dimen- 
sions (oiO  à  570  [j.  pour  leur  hauteur  et  150  à  175  y.  pour  leur  largeur  à 
l'orifice)  sont  comparables  à  celles  déduites  des  dessins  de  Jaderholm; 
elles  sont  un  peu  plus  longues,  mais  moins  larges  à  l'orifice  que  les 
hydrothèques  du  type  [V.  Billaiui  (1900),  p.  10 1  et  de  la  forme  étudiée 
par  HicKsuN  et  Giuvely;  les  dimensions  données  par  V.vnhôfken  sont  plus 
élevées,  et  il  s'agit  sans  doute  dune  variété  à  hydrothèques  plus  grandes. 

Un  grand  nombre  de  rameaux  se  terminent  par  des  stolons  qui  sont 
susceptibles  de  se  fixer  sur  les  corps  voisins  et  de  donner  lieu  à  de  nou- 
velles colonies. 

Localités.  —  Nos  (jOO^  721  et  724.  Dragage  XVL  9  décembre  1909, 
Port-Foster  (île  Déception);  «2°  55'  S.,  63° 00'  W.  P.  Profondeur  :  170- 
140  mètres.  Vase.  Température  :  -f  1^,05  au  fond. 

Distribution GÉOGRAPHiQiE.  —  lie  Kerguelen,  28 à 60  fath.  (Allman)  ;  région 
de  Graham  :  golfe  d'Erebus  et  Terror,  Géorgie  du  Sud,  175  à  360  mètres 
(Jaderholm);  Mac-Murdo  Bay,  130  fath.  (IIickson  et  Gravely)  ;  Gauss- 
Station  (Vanhôffen), 


22 


HYDROÏDES. 


Sertularella  bifurca  n.  sp. 

Les  échantillons  de  la  collection  comprennent  quelques  petites  colonies 
fragmentaires,  dont  la  plus  grande  atteint  3  centimètres  environ.  A  la  base, 
immédiatement  au-dessus  de  l'hydrorhize,  se  voient  quelques  annulations, 
puis  vient  une  région  sans  hydrothèques,  suivie  d'une  région  comptant 
de  4  à  5  hydrothèques  ;  enfin  on  trouve  la  partie  ramifiée,  qui  est  légèrement 
en  zigzag  et  dont  les  entre-nœuds  possèdent  généralement  2  hydro- 
thèques (exceptionnellement  un  entre-nœud  portait  <)  hydrothèques).  Les 
rameaux  naissent  par  deux  à  l'extrémité  distale  de  chaque  entre-nonid,  et 
ils  sont  tous  les  deux  dirigés  du  même  côté  de  l'hydrocaule  (fig.  13,  Aj  ; 


l''i;,'.    13.  —  Sertularella    lii/'iirca    n.     sp. 
A.  parlie  triiydiocaulc  avec  l'origine  dune  Ijilureation;  B,  partie  d'un  rameau,  x  42- 

dans  la  bifurcation  se  trouve  une  hydrothèque;  ces  doubles  rameaux  sont 
alternes. 

Les  hydrothèques  sont  alternes;  sur  les  rameaux,  elles  sont  situées  à 
l'extrémité  d'articles  assez  allongés,  et  les  lignes  d'articulation  obliques 
sont  plus  ou  moins  neltement  marquées  (fig.  13,  B).  Les  hydrothèques 
sont  subcylindriques;  cependant  elles  sont  i)lus  renflées  au  milieu  et 
vont  en  s'atténuant  légèrement  vers  leur  base  et  vers  leur  extrémité 
distale;  la  partie  libre  est  à  peu  près  aussi  longue  que  la  partie  soudée. 
Leur  orifice  est  pourvu  de  trois  faibles  dents  et  d'un  orifice  à  trois  valves  ; 
correspondant  au  milieu  de  chaque  valve,  existent  trois  saillies  internes 
du  périsarque. 


HYDROÏDES.  23 

Les  gonothèques  sont  inconnues. 

P;ii- sa  ramification,  par  ses  articles  allongés,  cette  espèce  se  rapproche 
du  Sertularrlla  articulala  (Allm.);  mais  elle  en  diffère  par  le  faible  déve- 
loppement des  dents  des  hydrothècjues  et  par  la  présence  des  trois  saillies 
internes.  On  pourrait  croire  qu'il  s'agit  de  colonies  jeunes  du  N.  aiùculata 
et  que  les  caractères  différentiels  sont  dus  à  l'âge  ;  cette  objection  tombe, 
car  les  colonies  jeunes  du  ^'.  articulata  provenant  des  autres  stations  ne 
présentent  pas  ces  caratères. 

Dimensions  : 

Longueur  clo  la  partie  externe  des  liydrothèques  420-525  |ji 

—  —         souddée  es  hydrothèques 245-340  |x 

—  —         libre  des  hydrothèques 270-350  ia 

Largeur  des  hydrothèques  (à  l'orifice) 150-190  [x 

Longueur  des  articles  des  rameaux 650-1080  <j. 

Largeur  des  articles  des  rameaux 110-160  a 

—      de  l'hydrocaule 200-270  jx 

LocALiTK.  —  No  758  :  provient  probablement  d'une  opération  faite 
entre  le  dragage  XVIII  (62°  M'  S.,  OO»  o'i'  W.  P.)  et  le  dragage  XX 
(70°  10' S.,  SOooO'W.  P.). 

Sertularella  glacialis  Jaderholm. 

Sertularella  glacialis  Jaderholm  [1904],  p.  ix. 

Sertularella  glacialis  Jaderholm  [1905],  p.  26,  Taf.  X,  fig.  3-7. 

Sertularella  glacialis  Jaderli.  Ritchie  [1913],  p.  29-31,  fig.  10. 

Los  colonies  sont  fixées  sur  une  tige  d'Antipathaire  et  forment  à  sa 
partie  supérieure  des  masses  plus  ou  moins  enchevêtrées,  elles  atteignent 
de  2  à  3  centimètres  de  hauteur;  elles  présentent  le  même  mode  de 
ramification  irrégulier  indiqué  par  Jadeuiiolm,  elles  rameaiix  se  terminent 
souvent  par  des  stolons  (|ui  se  fixent  aux  rameaux  voisins. 

Les  hydrothèques  montrent  les  caractères  de  l'espèce  :  la  partie  libre 
est  à  peu  près  égale  ou  légèrement  plus  grande  que  la  partie  soudée,  du 
moins  pour  les  hydrothèques  jeunes,  car  les  hydrothèques  âgées  sont 
prolongées  par  une  partie  plus  ou  moins  allongée,  montrant  des  stries 
d'accroissement;  l'hydrothèque  est  aussi  munie  de  trois  dents  à  son 
bord  libre  et  fermée  par  un  opercule  à  trois  valves. 


24  HYDROIDES. 

Malheureusement  les  colonies  du  a  Pourquoi  Pas?  »  ne  possèdent  pas 
de  gonothèques  ;  de  plus,  leur  couleur  est  jaune  brun  clair  et  non  brune 
ou  brun  foncé  comme  dans  les  échantillons  types  et  dans  ceux  de  l'expé- 
dition Shacklelon,  mais  je  ne  pense  pas  que  cette  question  de  couleur  soit 
réellement  importante  pour  la  spécification,  car  elle  tient,  je  crois,  àl'habitat 
et  aussi,  dans  une  certaine  mesure,  au  mode  de  conservation.  Je  crois  avec 
RiTcuiE  que  le  Settularolla  g/aein/is  et  le  S.plecti/is  Hickson et Gravely for- 
ment bien  deux  espèces  distinctes,  non  pas  tant  à  cause  de  leur  couleur 
différente  que  par  les  caractères  de  leurs  hydrothèques. 

Dimensions  : 

Longueur  des  articles 610-840  p. 

Largeur  des  articles 135-160  [jl 

Longueur  de  la  partie  soudée  des  hydrothèques 2.30-270  [a 

— ■  —         libre  des  hydrothèques  (1)     215-270  jx 

Largeur  des  hydrothèques  (à  l'orifice) 135-150  u. 

Ces  dimensions  concordent  avec  celles  déduites  des  dessins  de 
Jadeuholm;  elles  diffèrent  peu  de  celles  indiquées  par  Ritchie. 

Localité.  —  N»  62.  Dragage  \l.  lo  janvier  1909.  07°  45°  S.,  70°  15° 
42"  W,  P.  Entrée  de  la  baie  Marguerite,  entre  l'île  Jenny  et  la  Terre 
Adélaïde.  Profondeur  :  253  mètres.  Roches  et  gravier.  Température  : 
+  10,18  au  fond. 

Sertularella  Liouvillei  n.   sp. 

La  colonie  unique  atteint  7  centimètres  de  hauteur,  et  sa  tige  est  poly- 
siphonique  et  légèrement  en  zigzag  (fig.  14).  Les  rameaux  prennent  nais- 
sance dans  différents  plans  suivant  une  hélice  et  sont  polysiphoniques 
à  la  base,  au  moins  les  plus  importants;  ces  rameaux  se  subdivisent 
par  une  fausse  dichotomie  en  rameaux  plus  petits,  mais  en  réalité  chaque 
rameaud'ordre  plus  élevé  naît  au-dessous  d'une  hydrothèque(tîg.  15,  A), 
et  le  plan  médian  des  hydrothèques  du  nouveau  rameau  est  perpendi- 
culaire au  plan  médian  des  hydrothèques  du  rameau  qui  lui  a  donné 
naissance. 

Les  rameaux  sont  divisés  en  articles  (lîg.  1 5,  B);mais  leslignesd'articu- 

(1)  Cette  partie  peut  atteindre  420  [j.  dans  les  hydrothèques  âgées  prolongées  munies  de 
stries  d'accroissement.  , 


HYDROIDES.  25 

hilion  no  sont  ji;is  ioujours  nctl(>s  ;  le  plus  souvent,  au-dessous  d'une  arti- 
culalioii,  existe  un  iiourrelel  du  |)érisiu'((ue  (|ui  est  earactérislique.  Typi- 


I'"ig.  14.    —   Serlularella    Liouciltei    11.   sp. 
Gr.  nat. 


Fi^'.  lo.  —  Sertiilarella  Liouvillei  n.  s|i. 
A,  origine  d'un  rameau,  x  43:  B,  partie  rf'un  rameau, 
X  58:  C.  liydrothèque  vue  de  l'ace,  X  58. 


quement,  il  existe  une  hydrothèque  par  article;  sa  partie  soudée  est  en- 
viron deux  fois  plus  longue  que  sa  partie  libre;  généralement  la  cloison 
de  séparation  d'avec  le  rameau  se  pi'olonge  légèrement  au-dessous  du 
fond  de  l'hydrothèque  ;  le  bord  libre  présente  trois  dents  moyennement 
saillantes  :  une  adcaulinaire  et  deux  latérales;  l'hydrothèque  est  fermée 
par  un  opercule  à  trois  valves  (fig.  15,  A  et  C). 
Les  gonothèques  sont  inconnues. 

Dimensions  : 

Longueur  des  articles  (1) 525-570  \i. 

Largeur  des  articles 200-255  y. 

Longueur  de  la  partie  soudée  des  hydrothèques 335-405  jx 

—  —  libre  des  hydrothèques 190-215  a 

Largeur  des  hydrothèques  à  l'orilice 160-175  ij. 

(1)  il  s'agit  de  l'intervalle  compris  entre  deux  échancrures  consécutives. 

"  Expédition  Charcol.  —  lin  laiu'.  —  llydroïdes.  "* 


26  HY  DRUIDES. 

Cette  espèce  est  yois'me  du  S.  ai//'>fifornus  Mai!kt.vnneiî  [(IHOOi,  p.  2'!^, 
Taf.  IV,  fig.  o],  mais  elle  en  diffère  d'abord  par  le  port,  car,  chez  l'espèce 
de  Mauktanneh,  les  tiges  naissent  serrées  les  unes  contre  les  auties  et 
forment  un  épais  buisson  ;  d'après  la  figure  donnée  par  Marktannku,  les 
hydrothèques  des  différents  rameaux  sont  dans  un  même  plan,  tandis 
que  dans  notre  espèce,  d'un  rameau  à  l'autre,  elles  sont  placées  dans  deux 
plans  perpendiculaires;  de  plus,  on  n'aperçoit  pas  chez  le^'.  arlxnifnniiis 
ce  bourrelet  situé  au-dessus  de  l'articulation  et  qui  est  caractéristique  du 
>'.  Lh)uvillei\  enfin  Marktanner  ne  signale  pas  le  prolongement  de  la  [)aroi 
hydrothécale  au-dessous  du  fond,  et  son  dessin  ne  montre  pascelte  parti- 
cularité ;  les  hydrothèques  sont  semblables  avec  leurs  trois  dents  mar- 
ginales, mais  leur  partie  libre 
est  plus  allongée. 

LdCAUTi;.  —  Xor>87.  Dragage 
XVII.  2(3  décembre  1000.  Ile  du 
Roi-George,  baie  de  l'Amirauté 
(Shetlands  duSudi.  62°  12' S., 
OOo  "j'j' ^^'.  p.  environ.  Profon- 
deur: i20  mètres.  Vase  et  cail- 
loux. Température:  -)- 0°,3  au 
fond. 


Sertularella  Nuttingi  n.   nom. 

ScrtdlarelUi  uinplwiijera  Nutting 
[190'i],  p.  88,  PI.  XX,  lig.  1-2  [nec 
.Vll.m.vn). 


Je  ne  crois  pas  que  Nitting 
ait  eu  raison  d'attribuer  au  Ser- 
tularella amplinrifera  (Allm.) 
l'échantillon  qu'il  décrit  et 
figure  ;  la  présence  de  quatre 
dents  et  le  développement  considérable  de  la  partie  striée  qui  surmonte  lliy- 
drothèque  permettent,  à  mon  avis,  de  sépar.er  cesdeux formes;  pour  cette 


Fig.  16.  —  Sertularella  SiUtinyi  n.  nom.  Partie 
(i'hydrocaule,  x  57,5. 


H  YD  ROI  DES.  27 

raison,  je  donne  à  celle  décrite  par  Nutting  le  nomâe  Sert u /m  r //a  Nuttingi. 
.r.ii  trouvé  dans  la  collection  du  «  Pourquoi  Pas  ?  »  deux  échantillons  frag- 
mentaires qui  doivent  être  rapportés  à  cette  espèce.  La  taille  du  plus  grand 
fragment  est  de  l<^m  •_  j^pg  ramifications  naissent  à  la  base  des  hydrothè- 
ques  sous  un  angle  de  00°  environ  ;  les  entre-nœuds  sont  allongés,  mais 
les  lignes  d'articulation  sont  peu  ou  pas  marquées  et  simplement  indi- 
quées par  uneconstriction  au-dessusdes  liydrothèques.  Les  hydrothèques 
(fig.  16)  répondent  à  la  description  qu'en  donne  Nutting  et  correspondent 
à  son  dessin;  il  y  a  bien,  dans  la  forme  antarctique,  quatre  dents  et  un 
opercule  à  quatre  valves;  ce  qui  caractérise  essentiellement  ces  hydro- 
thèques, c'est  qu'elles  sont  longuement  prolongées  par  une  partie  due  à 
des  régénérations  successives  et  montrant  des  stries  d'accroissement 
tiès  fines,  peu  marquées,  moins  même  que  ne  le  représente  mon  dessin 
qui,  étant  à  la  plume,  ne  peut  pas  rendre  iidelement  cet  aspect,  et  à  ce 
point  de  vue  celui  de  Nutting  est  meilleur,  (les  hydrothèques  sont  libres 
pour  les  deux  tiers  de  leur  longueur,  si  l'on  tient  compte  de  la  partie 
striée,  mais  la  partie  libre  de  l'hydrothèque  primitive  ne  comprend  envi- 
ron que  la  moitié  de  la  longueur  totale. 

Le  gonosome  est  inconnu. 

Dimensions  (1  )  : 

Longiii'iir  ili'  la  partie  soudée  des  hydrothèques 230-270  [a 

—  —  libre  des  hydrothèques  primitives 200-270  [x 

—  —  —  des  hydrothèques  après  régénération 470-540  u. 

Largeur  des  hydrothèques  (orifice  primitif) 120-130  a 

—  —  (    —    secondaire) 110-120  [a 

Intervalle  de  deux  hydrothèques  successives  (2) 325-540  ja 

Largeur  de  rhydrocaule 95-105  \s. 

■  Malheureusement  Ai.i.man  [(^1877),  p.  20,  f^l.  XV',  iîg.  8-lOj  n'a  pas 
fourni  toutes  les  indications  nécessaires  pour  la  détermination  ultérieure 
de  son  q%\w('Q Sertulaiella  aiiiplioiifora^  et  il  manque  principalement  l'in- 
dication du  grossissement  Clahici-  (1879),  qui  a  trouvé  cette  espèce  en 
abondance,  ne  nous  fixe  pas  non  plus  sur  ce  point.  J'ai  rencontré  dans 

(1.  Malheureusement  Nitti.nu  ne  donne  pas  les  dimensions,  pas  plus  qu'il  n'indique  le  grossis- 
sement de  ses  dessins,  et  pour  cette  raison  il  y  a  dans  ma  déteiminalion  une  part  d'incertitude. 

(2)  Du  point  où  ime  hydrolliùque  devient  lihie  jusqu'au  fond  de  celle  qui  est  située  immédia- 
tement au-dessus  du  coté  opposé. 


28  HY  DRUIDES. 

lacollertion  du '■  Talismnn  »  une  lormo  quo  j'ai  altribuée  |  (1906),  p.  iS3j 
au  S.  amphori fera  AWiniin;  cependant,  dans  l'ant^lo  formé  par  une  bifur- 
cation, ou  voit  une  hydrothèque,  qui  manque  dans  le  dessin  d'Ai-LMAs;  de 
plus  les  gonothèques  sont  moins  aliongéos  que  dans  le  type,  quoique  étant 
annelées  sur  toute  leui'  longueur,  ce  qui  les  distingue  de  celles  du  Sr/iit- 
lardla  tropica  Harllaub,  espèce  décrite  primitivement  par  Cl.vrke  [(1894), 
p.  75,  PI.  IV,  y,  fig.  17-22]  sous  le  nom  de  Srrluhirio  varia1)ilix.  Les 
dimensions  de  la  forme  du  Talisman  sont  un  peu  plus  faibles  que  celles 
déduites  des  figures  de  Clauki;  [)Our  son  espèce  S.  vanalu/is. 

Localité. —No  S7.  Dragage  VIII.  20  janvier  lOOll.  haie  Marguerile. 
Profondeur:   I  7(»  mètres.  Température  :  -f  0^,2  au  fond. 

Distribution  r.EOGisAPiiinri..  — Lat.  N.,  20o:)l>'30";  long.  W.,  HO"  2;)' 33". 
101  fath.  (Nutting), 

Polyplumaria  antarctica?  i.Jiiderholini. 

Schizotricha  antarctica  Jaderholm  [1904],  p.  xii. 
Schizotricha  antarctica  Jaderholm  [1905],  p.  .lo,  Taf.  XI\',  fig.  G-8. 
Schizotricha  antarctica  Jaderh.,  Billard  [190G  a],  p.  14. 
Schizotricha  antarctica  Jâdorli.,  Vaniiôffen  [1910],  p.  iiSlî,  fig.  48. 

La  colonie  unique  n'-coltée  a  une  taille  de  7  ceiiLimètres  avec  des 
hydroclades  de  12  millimètres  au  plus;  sa  partie  basalo,  dépourvue 
d'hydroclades  sur  une  bauteur  de  2  centimètres,  est  renforcée  par 
quelques  tubes  secondaires.  La  partie  de  la  tige  [>ortant  des  bydroclades 
est  monosiphonique  et  ne  comporte  pas  de  division  en  articles.  A  l'aisselle 
de  ebaque  hydroclade  on  aperçoit  un  dactylotrème,  c'est-à-dire  l'orifice 
desortie  d'un  dactylozoïde  ;  il  n'est  pas  supporté  par  un  mamelon,  et  il 
est  assez  dllficile  à  mettre  en  évidence. 

Chaque  bydroclade  primaire  donne  naissance  à  un  hydroclade  secon- 
daire ;  celui-ci  se  détache  au-dessous  de  la  première  hydrothèque  et  ven- 
tralement  ;  il  est  concresccnt  avec  cette  hydrothèc[ue  jusqu'à  la  moitié 
de  la  hauteur  de  celle-ci  environ  ;  les  hydrothèques  de  ces  deux  hydro- 
clades sont  placées  en  regard.  Il  est  rare  (1)  que  l'hyclroclade  secondaire 
forme  aussi  au  niveau  de  sa  première  hydrothèque  un  hydroclade  tertiaire  ; 
une  fois,  l'hydroclade  primaire  supportait  deux  hydroclades  secondaires; 

(i)  Ce  cas  s'est  présenté  trois  fois  dans  la  colonie  considérée. 


H  Y 1)  ROI  DES.  29 

(liits  un  autre  cas,  on  voyait,  au  sommet  d'un  court  rameau,  analogue  à  la 
linsc  (ruii  liyih'ocladc  ordiiiairo,  nnilro  trois  hydrocladcs,  entre  l('Sf|uels 
existait  une  h\drotliè(|ne  alriipliirc. 

Les  hydrocladcs,  coiniiie  dans  le  type,  sont  formés  uni(|uemcnl  d'ar- 
ticles hydrotliécaux  (lig.  17,  A,  15) 
avec  une  hydrolliè(|ue  pres(|ue 
cylindrique  libre  dislalenient  sur 
une  faible  étendue;  il  exisie  une 
dartylothèque  rudimentaii'c  pla- 
cée à  une  certaine  distance  an- 
dessous  de  riiydrothèque  sur  un 
bourrelet  saillant.  J'ajouterai  i]ue 
l'hydrothèque  est  un  peu  ri'drécie 
à  son  orifice  et  que  son  bord  est 
()bli(|ue  vers  l'arrière.  J.u»i:iui()1.m 
dit  (|u"il  n'y  a  pas  de  dactylo- 
thèques  latérales,  ce  qui  est  vrai  ; 
mais  il  existe,  ce  (|u'il  n'indi'un' 
pas,  un  dactylotrème  situé  en 
arrière  de  rhydro.thèque  et  |)ar 
li'(ju(d  devait  passer  un  dactylozo'ide  ;  ce  dactylotrème  a  un  orifice 
externe  jtlus  étroit  que  l'interne  ;  il  n'est  visible  que  dans  de  bonnes  con- 
ditions, quand  le  cœnosarque  est  resté  clair  ou  quand  le  périsarque  existe 
seul.  C'est  sans  doute  pour  celte  raison  que  Jaderuolm  n'a  pas  observé  ce 
détail  ;  moi-même,  je  ne  l'avais  pas  remarqué  chez  la  forme  récoltée  par 
le  «  Français  »,  bien  qu'il  existe,  ainsi  que  j'ai  pu  le  constater  avec  diffi- 
culté d'ailleurs  par  un  nouvel  examen  de  cette  forme.  Mais,  connue  il  peut 
subsister  un  doute  quant  à  sa  présence  chez  les  échantillons  types  étu- 
diés par  Jaderiiolm,  j'indique  cette  part  d'incertitude  par  un  point 
d"interrofj,ation  ;  de  plus,  les  hydrothèques  n'ont  pas  été  dessinées  avec 
un  assez  fort  grossissement  par  cet  auteur  et  pourraient  peut-être  bien 
différer  de  celles  de  notre  forme. 

L'unique  colonie  récoltée  par  le  «  Pourquoi  Pas?  »  porte  des  gono- 
thèques  de  forme  conique,  comme  le   montre   la  figure   17,    B;  elles 


Fig.  17.  —  Poli/pliimaria  aniarclica  ?  (JiuliTli.l. 
A  et  B,  articles  de  l'iÉVilroilade  vus  de  prolil  ;  C, 
liydrotliùquo  vue  piesiiue  de  luce,    X  73. 


30  HYDROÏDES. 

s'insèrontau-dessous  de  l'hydrothèque,  taiil  sur  riiydrocladoprimaiio  que 
sur  riiydroclade  secondaire. 

Il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  cassures  soit  à  la  base,  soit  au  sommet 
d'un  article;  ces  cassures  sont  suivies  d'un  court  article  de  réparation; 
dans  le  premier  cas  il  semble  y  avoir  deux  articles  intermédiaires. 

Dimensions  : 

Intervalle  des  hydroclades  d'un  même  côté  (I) 820-1  IIO  [i. 

Diamètre  de  l'hydroeaule 330-385  u. 

Longueur  des  articles  de  l'hydroclade 795-970  ix 

Largeur  des  articles  de  l'hydroclade  (à  la  base) 70-140  \j. 

—              —                    —            (au  sommet) 110-175  ja 

Hauteur  des  hydrotlièques  (partie  externe  ou  ventrale) 280-325  y- 

Largeur  des  hydrothèques  (à  l'orifice  et  vue  de  profil)  120-135  [j. 

Longueur  des  gonolhèques 420-460  |j. 

Largeur  maximum  des  gonothèques 255-285  tj. 

LocALiTic.  —  No  722.  Dragage  XV.  20  novembre  1  !)()!).  Devant  l'oit- 
LocUroy,  chenal  de  Roosen.  04°  49'  :i5"S.,  (jjo  'iW  18"  W.  P.  Prolou- 
deur  :  70  mètres.  Vase  et  cailloux. 

Par  les  détails  des  hydroclades,  par  la  conformation  des  hydrothèques 
et  In  disposition  des  dactylothèques,  les  échantillons  antérieurement 
,  récoltés  par  l'expédition  du  «  Français  »  sont  semblables  à  ceux  du 
»  Pourquoi  Pas?  »  ;  cependant  le  dactylotrème  médian  supérieur  est  très 
difficile  à  observer  chi*z  les  premiers;  de  plus,  la  dactylolhè(pip  ludimen- 
taire  inférieure  est  absente;  mais  il  s'agit  d'exemplaires  en  mauvais  état 
qui  ont  été  roulés  et  n'ont  pas  été  récoltés  en  place  ;  les  colonies 
forment  une  touffe  naissant  sur  une  même  hydrorhize;  les  grandes 
colonies  (10  centimètres  au  maximum)  sont  dépourvues  d'hydroclades  ; 
leur  base  est  renforcée  par  des  stolons  enchevêtrés  plutôt  que  par  des 
tubes  secondaires  groupés  en  faisceaux  réguliers  ;  leur  tige  est  divisi'c  en 
articles  qui  portaient  avant  leur  arrachement  en  général  deux  hydrorlades 
et  rarement  un.  Seules  trois  petites  colonies  de  3  centimètres  environ 
possèdent  de  courts  hydroclades,  qui  permettent  leur  identification  ; 
commejel'ai  indiqué  à  la  base  de  chaque  hydroclade,  existent  deux  dacty- 
lotrèmes  au  sommet  d'un  petit  mamelon  bifurqué. 

(1)  Il  s'agit  de  l'intervalle  compris  entre  les  sommets  des  angles  fuiinéspar  les  liydroclades 
el  la  lige. 


II  y  D  ROI  DES.  3t 

\'AMi()Fi-t;N  a  rallaolu'  aussi  à  follc  espèce  les  deux  colonies  qu'il  a  étu- 
diées ;  elles  diflerent  de  celles  des  expéditions  françaises  par  leurs 
hydrothèques  plus  courtes  légèrement  évasées  à  l'oriiice  et  par  la  pré- 
sence de  deux  daclylotrèmes  latéraux.  II  serait  donc  à  désirer  d'être 
fixé  exactement  sur  la  présence  d'un  ou  de  deux  dactylotrèmes,  ou  bien 
sur  leur  absence  ce^taine  chez  le  type,  pour  pouvoir  rattacher  avec 
certitude  soit  la  forme  récoltée  par  le  «  Gauss  »,  soit  celle  des  expéditions 
françaises. 

Paris,  le  21   avril  1914. 


INDEX    BIRLIOGRAPHIOUE  (1) 


1871-1872.  Allman  (G.-J.).  —  A  monograph  of  Ihe  gymnoblastic  or  tiibularian  Hydroid? 

(London,  Ray  Society,  in-4°,  450  p.,  23  PI.). 
1877.  Id.  —  Report  on  tlie  Hydroida  collocted  during  tlie  Exploration  of  tlio  Gulf  Sircam 

by  L.  F.  de  Pourtalès  (Mérn.  Mus.  Harvard,  vol.  V,  no  2,  GQ  p.,  34  PL). 
1888.  Id.  —  Report  on  the  Hydroida  dredged  by  H.  M.  S.  «Challenger  »  IL  The  Tubu- 

larinm,  Corymorphiiiœ,   CampanuJarinœ,  Sertiilarinœ,  and    Thalamophora  (Rcp. 

Scient.  Rcsnlls  Chall.  ZooL,  vol.  XXIII,  90  p.,  39  PL,  1  carte). 
*1857.  Alder  (J.).  —  A  catalogue  of  the  Zoophytes  of  Northumberland  and  Diirliam 

{Trans.    Tyneside  Natur.  Field  Club,  Newastle,  vol.   III  [1854-58],  p.    93-1G2, 

PL  III-X.  Résumé  dans  :  Quart.  Journ.  micr.  se,  vol.  V,  1857,  p.  242-249). 

1904.  Billard  (A.). — Contribution  à  l'étude  des  Hydroïdes  (Multiplication,  régénération, 

greffes,  variations)  {Thèses  Paris  cl  Ann.  se.  nat.  zool.  [8],  t.  XX,  p.  1-251,  PL  I-VI). 
1906  (2).  Id.  —  Expéditions  scientifiques  du  «  Travailleur  »  et  du  «  Talisman  ».  Hydroïdes 

{Paris,  Masson,  in-40,  p.  153-244,  21  fig.). 
1906  a.  Id.  —  Expédition  antarctique  française  (1903-1905).  Hydroïdes  {Paris,  Masson, 

in-4",  20  p.,  5  lig.). 
1910.  Id.  —  Revision  d'une  partie  des  Llydroïdes  du  British  Muséum  {Ami.  se.  nui.  Zool.  [9], 

t.  XI,  65  p.,  24  fig.). 

1907.  Broch  (H.).  —  Hydroiden  und  Medusen  {Rep.  second  norweg.  Exped.  in  the  «  Fram  », 

Up.,  TaLMI)." 

1908.  Id.  • —  Hydroiduntersuchungen.  I.Thecaphore  Hydroiden  von  dem  nôrdlichen  Nor- 

wegennebst  Bemerkungen  iiber  die  Variation  und  .\rtbegrenzung  der  nordischen 
La/œa-arten  {Troinso  Muséums,  Aarsheft  29,  p.  27-40,  6  fig.). 

1909.  Id.  —  Die  Hydroiden  der  arktischen  Meere  {Fauna  arctica,  Bd.  V,  p.  129-248,  Taf. 

II-IV,  46  Textfig.). 

1879.  Clarke  (S.  F.).  —  Report  on  the  Hydroida  collected  during  the  exploration  of  the 

Gulf  Stream  and  Gulf  of  Mexico  by  A.  Agassiz  {Rull.  Mus.  Harvard,  vol.  V,  p.  239- 

255,  PI.  I-V). 
1894.  Id.  —  Report  on  the  dredgings  opération  of  the  W.  Coast  of  Central  America,  etc. 

XI.  The  Hydroids  {Bull.  Mus.  Comp.  Zool.,  vol.  XXV,  p.  71-77,  PL  I-V). 
1907.  CoNGDON   (E.  D.).  —  The   Hydroida  of   Bermuda   {Proc.   Amer.   Acad.  Arts,   Se., 

vol.  XLII,  p.  463-485,  37  fig.). 

1910.  Dons  (C).  —  Zoologiske  Notizer  I.  Bemerkungen  om  forveksling  av  Folliculina 

med  Filellum  {Tromso  Muséums,  Aarsheft  31-32,  p.  189-192,  1  PL). 

(1)  Le  chiffre  placé  à  la  gauche  du  nom  d'auteur  indique  la  date  du  mémoire,  et,  s'il  n'y  a  pas 
concordance  entre  la  date  de  présentation  du  niéuioire  et  celle  du  volume,  cette  dernière  est 
donnée  après  le  numéro  du  volume.  Je  n'ai  pu  consulter  les  mémoires  marqués  d'un  astérisque. 

(2)  Le  volume  renfermant  ce  travail  est  daté  de  1906  et  n'est  pas  numéroté,  tandis  que  les  tirages 
à  part  d'auteur  portent  à  tort  la  date  de  1907  et  sont  indiqués  comme  extraits  du  tome  VII L 


INDEX    lUBUOCrRAPHlQUE.  33 

I0I2.  Ii>.  —  F(;///V(//(«rt-Studirn  l-IU.  (Arrh.  j.  ProlisU-iikundr,  P.ii.  XXVII,  p.  73-9;!, 
Textiig.  A-F,  Taf.  \). 

183i.  Ehrenberg  ((L-G.)-  —  Uip  Corallonthiert'  des  Rothen  Meeres  physiologiscli  iintnr- 
sucht  und  systematisch  verzeichnet  {Ahhandl.  d.  k.  AMd.  d.  Wissens.,  Berlin, 
p.  225-380  et  à  part,  1"). 

1912.  Fraser  (C.  McLean).  —  Some  Hydroids  of  Bcaiifort,  North  Carolina  {Bull,  of  thc 
Bureau  of  Fisheries,  vol.  XXX,  1910,  p.  3;î7-387,  52  fig.). 

1912.   Hargitt  ((^h.-\V.).  —  Notes  on  a  few  Cœlenterates  of  Woods  Holl  (Biol.  Bull, 

vol.  XIV,  p.  95-120,  17  fig.). 
l'.tOd.  Hartlaub  {(].).  —  Revision  der  Scriularella-Aiten  (Abh.  Ver.  Haniburg,  Bd.  XVI, 

l'i3  p.,  G  Taf.,  5(i  fig.). 
190'i.  Id.  —  Hydroidcn  der  Antarcliselien  Expédition  der  «  Belgica  »,  1897-1899  {Rés.  Voyage 

«  Belgica  »,  ZooL,  Anvers,  19  p.,  4  Taf.). 
1905.  In.  —  Die  Hydroiden  der  magalliaensischen  Région  und  chilenischen  Ktiste  (Fauna 

Chilensis,  Bd.  III,  p.  497-702;  Zool.  Juhrb.  Sijst.,  Supplément  VI). 
*1848.  Hassall  (A. -II.).  —  Définition  of  three  new  british  Zoophytes  (T/ie  Zoologist,  vol.  VI, 

p.  2223,  London,  in-8''). 
18G8.  Heller.  —  Die  Zoophyten  und  Eehinodermen  des  Adriatischen  Meeres  {l'crh.  il.  k, 

Zool.  Bolan.  Ges.  Wien.,  Bd.  XLIII,  Beilage,  88  p.,  3  f>l.,  et  Wien,  1868,  in-4o). 

1907.  HiCKSON  (J-S.)  et  Gravely  (F-H.).  —  Hydroid  Zoophytes  {Nation,  antaret.  E.ipcd., 

Nat.  HisU,  vol.  III,  p.  1-34,  PI.  I-IV). 
18G8.  HiNCKs  (Th.).  —  A  history  of  the  british  hydroid  Zoophytes  {Lan  'on,  Van    Voorst, 
in-S»,  3.38  p.,  42  fig.,  67  PI.). 

1903.  Jaderholm  (E.).  —  Aussereuropaische  Hydroiden  in  schwedischen  Reichsniuseum 

{Ark.  Zool.,  Bd.  I,  p.  259-312,  4  Taf.). 

1904.  Id.  —  Mitteilungen  Uber  einige  von  der  schwedischen  Antarctic-Expedition  1901-1903, 

eingesammelte  Hydroiden  {Areh.  Zool.  exp.  [4],  t.  III,  p.  i-xiv). 

1905.  Id.  —  Hydroiden  aus  antarctischen  und  subantarctischen  Meeren  gesamnielt  \un 

der    schwedischen    Sudpolarexpedition    (IF;',s.ç.    Ergehn.    schwed.    Sudpolarexp., 
1901-1903,  Bd.  V,  Lief.  8,  41  p.,  14  Taf.). 

1908.  Id.  —  Die  Hydroiden  des  sibirischen  Eismeeres  gesammelt  von  der  russischen  Polar- 

Expedition  1900-1903 (Méw.. !(■«(/.  A>.  Saint-Pétersbourg\%'\,  t.  XVIII,  28  p.,  3  Taf). 

1909.  Id.  —  Northern  and  arctic  Invertebrates   in  the   collection   of  the  Swedish  State 

Muséum  (Riksmuseum).  IV   Hydroiden  {Kungl.  S^venska    Vetenskapsakad.  Han- 
dlingar,  Bd.  XL\,  124  p.,  12  PL). 

188 '1.   KiRCHENPAUER.  —  Nordischc  Gattungen  und  Arten  von  Sertulariden  {Abhandl. 

Natur^v.  Verein,  Hamburg,  Bd.  VIII,  p.  1-54,  Taf.  11-15). 
1911.  Kramp  (P.).  —  Report  on  the  Hydroids  collected  by  the  Danmark  Expédition  at 

North  East  Greenland  {Meddel.  Grônland,  Kjobenhavn,  Bd.  XL\',  p.  339-396, 

8  Textfig.,  PI.  XX-XXV). 
1909.  Kudelin  (N.).  —  Die  Hydroiden  des  Schwarzen  Meeres  {Mciu.  Soc.  Nouv.   Huisie, 

t.  XXXIII,  p.  45-71,  en  russe). 

1758.  Linné  (C).  —  Systema  Natur;e  {Holmiee,  edit.  10,  rejonnatu,  2  vol.  in-8). 

1890.  .Marktanneh-Tirneretscheu  (G.).  - —  Die  Hydroiden  des  k.  k.  naturhistorischen 
Expédition  Churcot.  —  Biliabd.  —  Hyflroïile.s.  ^ 


34  INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE. 

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A.  Ilolder,  gr.  in-8o). 
1905.  MoTZ-KossowsK.v  (M"i"  S.).  —  Contribution  à  la  connaissance  des  Hydraires  de  la 
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génér.  [4],  t.  III,  p.  39-98,  13  Toxtfig.,  i  PI.). 

1901.  NuTTiNG  (C.C.).  — The  Hydroids  of  the  Woods  Holo  Région  {Bull.  U.  S.  Fish.  Com., 

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1904.  Id.  — •  American  Hydroids.  II.  The  Sertiilaridœ  {Sinitlisoii.  Inst.  U.  S.  Nat.  Mus. 

Spécial  BullHin,  in-4°,  151  p.,  139  fig.,  41  PI.). 
1907.  RiTCHiE  (J.).  —  The  Hydroids  of  the  scottish  national  Expédition  {Trans.  R.  Soc. 

Edinbargh,  vol.  XLV,  p.  519-545,  3  PL). 

1909.  Id.  —  Supplementary  report  on  the  Hydroids  ol'  the  scottish  national  Expédition 

(Trans.  Roy.  Soc.  Ediiib.,  vol.  XLVII,  p.  65-101.  11  fig.). 

1910.  Id.  —  The  Hydroids  of  the  Indian  Muséum  {Rec.  uf  the  Ind.  Mus.,  vol.  V,  30  p., PI.  IV). 
1913.  II).  —  The  Hydroid  Zoophytes  collected  by  the  British  Antarctic  Expédition  of  Sir 

Shackleton,  1908  {Proc.  roij.  Soc.  EJinburgh,  vol.  XXXIII,  p.  9-34,  11  fig.). 

1873.  Sars  (G.-O.).  —  Bidrag  til  Kundskaben  om  Norges  Hydroider  {Forh.  Selsk.  Christia- 
nia, p.  91-150,  Tab.  II-V). 

1908.  Thornely  (Miss  L.-R.).  — Reports  on  the  marine  biology  of  the  Sudanese  Red  Sea. 
X.  Hydroida  collected  by  Mr.  C.  Crossland  (Journ.  Linn.  Soc,  vol.  XXXI, 
p.  80-85,  PI.  IX). 

1910.  Vanhoffen  (E.).  —  Hydroiden  der  Deutschcn  Sudpolar-Expedition  1901-1903 
{Deutsche  Sudpol.  E.vp.,  Bd.  XI;  Zool.  Bd.  III,  p.  269-340,  49  fig.). 


OISEAUX  ANTARCTIQUES 

Par  Louis  GAIN 

niicrKUR  Ks  s(;iE>rES,  i.vuhkat  he  i.'i>STrTi'T,   naturaliste  de  l'expéciition 


AVANT-PROPOS 

A.  —  Nous  n'avons  pas  voulu  donner  dans  ce  mémoire  un  travail  d'en- 
semble, aussi  complet  que  possible,  relatant  tous  les  faits  biologiques 
actuellement  connus,  observés  au  cours  de  toutes  les  expéditions  sur  la 
faune  ornithologique  antarctique  :  ceci  nous  aurait  entraîné  beaucoup  trop 
loin  et  fait  sortir  complètement  du  but  que  nous  nous  sommes    imposé. 

Suivant  le  principe  de  cette  publication,  qui  se  rapporte  uniquement 
aux  documents  scientifiques  provenant  delà  Deuxième  Expédition  antarc- 
tique française,  nous  nous  en  tiendrons  presque  exclusivement  aux  études 
biologiques  que  nous  avons  faites  surplace  au  cours  de  la  campagne  du 
«  Pourquoi  Pas?  »  (de  décembre  1008  à  février  1910  ).  11  ne  sera  question 
que  des  Oiseaux  rencontrés  dans  la  région  antarctique  proprement  dite, 
c'est-à-dire  au-dessous  du  00°  de  lat.  S. 

B.  —  Étantchargé,  comme  naturaliste,  de  l'étude  relative  aux  Oiseaux, 
nous  nous  sommes  particulièrement  occupé  de  recueillir  le  plus  de  docu- 
ments et  de  renseignements  sur  les  conditions  de  vie  et  de  distribution  de 
la  faune  avienne,  le  long  de  la  côte  ouest  de  l'Antarctide  sud-améri- 
caine, et  en  bordure  du  pack-ice,  depuis  le  Tio»  jusqu'au  125°  de  long.  W. 
(Paris). 

Les  séjours  prolongés  du  «  Pourquoi  Pas?  »  dans  les  Shetlands  du  Sud 
(îles  Déception  etdu  Roi-George)  et  sur  la  côte  ouest  des  Terres  deGraham 
(îles  Booth-Wandel,  Petermann,  etc.)  et  Loubet  (baie  Matha,  îles  Webb, 
Léonie,  .lenny)  nous  ont  permis  de  nous  documenter  sur  toutes  les 
espèces  habitant  ces  régions.  Mais  c'est  principalement  à  l'île  Petermann, 
où  l'expédition  a  séjourné  près  de   dix  mois,  que  certains  Oiseaux,  et 

Expédition  Charcot.  —  Gain.  —  Oisoaux  antarctiiiucs. 


1  OISEAUX   ANTARCTIQUES. 

notamment  deux  espèces  de  Sp/iéniscidés,  ont  put  (Hre  étudies  en  détails. 
Les  Oiseaux  que  nous  avons  observés  au-dessous  du  00°  lat.  S.  se 
rapportent  aux  24  espèces  suivantes  : 


SPHENISCIDES. 

*  Pygoscelis  Adeliœ  (Hombr.  et  Jacq.}. 

*  —         papua  (Forsl.). 

—         aniardica  (Fnrsf.). 

*  Calarrhacles  c/iri/so/op/niK  (Brandi). 

PHALACROCORACIDÉS. 

Plialucrocorax  alricepa  (Kiiig). 

LARIDÉS. 

*  Slenuuvitlata  iUm.). 

*  Luî'us  dominicanus  (Lic.ht.). 

STERCORARIIDÉS. 

*  Mcijah'sirh  antarclica  (Lessoii). 

*  —  Maccormir/,i  (Saund.). 

PROCELLARIIDÉS. 

*  Oceanitcs  océaniens  (Kuhl). 


PUFFINIDES. 

Prio/tniis  cincreus  lUm.). 

T/inlassœca  antarctica  ((im.). 

PrUuvIla  qUirUilo'UU's.  (Smilh). 
Majaquoiis  wi/iiiiioc/ialis  iL.). 

Payoïlromn  nivea  (Gm.) 

Ossifruffo  giganU'd  (Gm.). 

Dapiiun  cupensis  (L.). 
Prion  desolatus  (Gm.)? 
lldlobxita  civrulca  ((îni.). 

DIOMÉDÉIDÉS. 

'  Dioiitcdca  exnlans  (L.). 

—         incinnnji/irijs  (Boic)  Tcmm. 
'J7i(itassof/i'roii  cu/mindh/s  {J.  Gouldj. 
/'/iir/ie/riii  /'ii/ii/inoxa  (Gm.). 

CHIONIIDÉS. 

*  C/iionLs  albn  (Gm.). 


C.  —  Les  collections  ornithologiqiies  préparées  par  nous  comportent 
185  spécimens  d'Oiseaux  en  peau,  se  rapportant  aux  17  espèces  qui,  sur 
la  liste  ci-dessus,  sont  précédées  d'une  astérisque.  (Chaque  fois  (|u'il 
nous  a  été  possible  de  le  faire,  les  peaux  ont  été  prises  de  façon  à  former 
dos  séries  depuis  les  poussins  jusqu'aux  adultes. 

Lesœufsconservés  sont  au  nombre  de  170.  Ils  proviennent  des  1 1  espèces 
suivantes:  Pjjg.  Adc/ia',  P/jg.  papua,  P//f/.  antarctica^  Cat.  c/irijso/op/ias, 
Pli.  atricep^,  L.  dominicanus.  St.  rittafa,  M.  Maccornùcki,  M.  antarctica, 
D.  capensis,  0.  occanicus. 

En  vue  d'études  ultérieures,  de  nombreux  Oiseaux  ont  été  conservés 
dans  le  sel  ou  l'alcool,  — ainsi  que  des  pièces  anatomiques,  dessquelettes 
et  des  systèmes  nerveux. 

Lesdocumentsembryogéniques  tiennent  aussi  une  part  très  importante 
dans  les  collections.  Nous  avonsrecueilli  et  fixé  âSOendjryons  formant  des 
séries  aussi  complètes  que  pr^sible,  aux  différents  stades  de  l'incubation, 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  3 

des  espèces  suivantes  :  /'.  Ade/iw,  /'.  papi/a,  P.  antarctica,  ('.  chrii^olo- 
pliKs^  PIt.  a/rirrps,  A.  il(,„ii)tir(iinis,  St.rittataJJ .  Maccorinichi,  M.antarc- 
tiid,  D.  cape/isis,  0.  ocranirus.  Alin  de  compléter  nos  documents,  nous 
avons  essayé,  et  nous  sommes  parvenus,  en  nous  servant  d'une  étuve, 
à  faire  couver  des  (eufs  dont  nous  n'aurions  pu,  faute  de  temps,  nous 
procurer  les  embryons  (1  ), 

Tous  ces  embryons  seront  l'objet  d'études  spéciales  que  nous  nous 
proposons  de  faire  par  la  suite. 

I).  —  Nous  avons  divisé  ce  mémoire  en  trois  parties  : 

1°  Dans  un  premier  chapitre,  nous  mentionnerons  toutes  nos  études 
sur  les  Oiseaux  observés  au  cours  de  l'expédition. 

Pour  chaque  espèce,  après  avoir  dressé  une  liste  des  collections  rappor- 
tées, nous  donnons  une  vue  d'ensemble  des  observations  faites  sur  place 
et  des  difTérentes  conclusions  que  nous  pouvons  en  tirer.  Puis  nous  termi- 
nons par  une  sorte  de  «  journal  »  qui  relate,  au  jour  le  jour,  les  renseigne- 
ments, les  faits  intéressant  la  vie  de  l'Oiseau. 

2°  Dans  une  seconde  partie,  nous  examinons  brièvement  la  distribution 
géographique,  les  lieux  do  ponte,...  de  la  faune  ornithologique  habitant 
l'Antarctide  sud-américaine. 

'^^  Enfin  le  dernier  chapitre  est  réservé  à  une  vue  d'ensemble  sur  la 
distribution  géographique  de  la  faune  avienne  qui  habite  ou  se  rencontre 
occasionnellement  dans  les  régions  glacées  de  l'hémisphère  austral. 

E.  —  Nous  n'avons  pas  cru  devoir  terminer  ce  travail  par  un  Index 
bibliographique.  Noire  but  n'étant  pas  de  faire  une  revision  des  études 
ornithologiques  de  la  région  antarctique,  nous  avons  simplement  con- 
signé nos  observations  personnelles,  en  y  joignant  un  court  résumé  de 
la  distribution  géographique  actuellement  connue,  de  toutes  les  espèces 
observées  dans  les  mers  froides  australes. 

Chaque  fois  (pi'il  nous  a  été  donné  de  rapporter  des  renseignements 
étrangers  à  nos  observations,  nous  avons  toujours  renvoyé  à  l'original. 

Pour  les  lecteurs  qui  désireraient  se  rapporter  à  une  bibliographie 
plus  complète,  ils  trouveront  en  note  les  principaux  mémoires  dans 
lesquels  cette  bibliographie  existe. 

(1)  Voir  p.  1S2. 


4  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

D'ailleurs  cet  Index  bibliographique  ne  ferait  que  reproduire  ce 
que  d'autres  auteurs  avant  nous,  et  notamment  Reichenow  (1)  en  1908, 
ont  déjà  fait  d'une  manière  très  complète. 

F.  —  Nous  tenons  à  rendre  hommage  à  ceux  qui  ont  bien  voulu  nous 
aider  dans  nos  recherches,  soit  de  leurs  conseils,  soit  de  leurs  efl'orts 
personnels. 

Que  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  veuille  bien  accepter  l'hommage  de 
notre  profonde  gratitude  pour  nous  avoir  fait  l'honneur  de  donner  place, 
dans  Son  Musée  Océanographique  de  Monaco,  à  une  partie  de  nos  col- 
lections, en  reconstituant  un  coin  de  ces  terres  antarctiques  avec 
quelques-uns  des  Oiseaux  qui  les  habitent. 

Nous  ne  saurions  oublier,  en  cette  occasion,  que  M.  le  D^  Richard, 
directeur  du  Musée  Océanographique  de  Monaco,  a  toujours  été  pour 
nous  le  plus  amical  des  guides,  et  nous  le  remercions  vivement  de  son 
appui. 

M.  le  D'"  Pennetier,  directeur  du  Muséum  de  Rouen,  a  lui  aussi 
consacré  une  vitrine  aux  Oiseaux  que  nous  nous  étions  fait  un  plaisir 
et  un  devoir  de  lui  donner,  en  très  faible  témoignage  de  la  reconnaissance 
quenouslui  devons,  pour  rintérètbienveillant  qu'il  nous  a  toujours  porté. 

Nous  remercions  M.  le  l'r  Trouessart,  du  Muséum  national  d'Histoire 
naturelle,  qui  nous  a  ouvert  son  laboratoire  avant  le  départ  de  l'ex- 
pédition et  facilité  l'étude  et  la  pratique  de  la  technique  taxidermique. 

Nous  sommes  très  reconnaissant  à  M.  Émile-G.  Racovitza,  l'éminent 
naturaliste  de  l'expédition  de  la  «  Relgica  »  (1897-1899),  qui  a  bien 
voulu  mettre  ses  notes  à  notre  disposition,  alin  de  nous  permettre  de 
donner  une  carte  aussi  complète  que  possible  des  principales  colonies 
de  Pingouins  et  de  Cormorans  habitant  le  détroit  de  Gerlache. 

Enfin  nous  voulons  exprimer  ici  notre  afî'ectueuse  reconnaissance  au 
D'"  J.-R.  Charcot,  chef  de  l'expédition,  et  à  tous  nos  camarades  du 
((  Pourquoi  Pas?  »  pour  le  concours  dévoué  ((u'ils  nous  ont  apporté  sans 
cesse. 

Paris,  le  31  mars  1914. 

(1)  Reichenow,  Vogol  des  Wellmeeres  {Deutsche  SiUlp.  Exp..  1901-1903,  P.il.  l.\,  Zuologie,  lid.  I, 
Heit  IV,  Berlin,  1908,  p.  li43-^4oj.  . 


Deuxième  Expédition  Charcot.  (L.  Gain.  -  Otseaujc.) 


CARTE    D'ITINÉRAIRE 

DES  CAMPAGNES  DU' POURQUOI  PAS e^OSOBlO) 
avec  l'indication  des  différents  oiseaux  rencontrés 

J)res.spe    d'après  les  dccuments 

de  M.  L.GAIN.Docteurès-sciences,  Naturaliste  de  l'Expédition. 


LEGENDE 


W 


A  Pygoscelis  Adeliae 
B  à°  papua 
C         d"        antarciiCB 

D  Catsrrhactes  chrysolophus 

E  Phalscrocarax  atriceps 

F  Sterna  vittata 

G  Larus  dommicaniis 

H  Megalestris  antartica 
I  d'       Maccormichi 

j  Oceanites  oceanicus 

K  PrioFinus  cinereus 

L  Thalassœca  antarctica 

M  Pnocelh  glaciahides 

N  Majaqueus  œquinoctialis 

0  Pàgodroma  nivea 

P  Ossifraga  gigantea 

"  Daption  capensis 

,  /î'/o/'  dcsolatus  ^ 


Morieu  Del. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 


CHAPITRE    PREMIER 

DOCUMEMS    niOI.OdlQUES   RECUEILLIS   AU  COURS 
DE   LA  CAMPAGNE   DU   «  J'OURQUOI    PAS?  n   (  1008-19 10) 

SPHÉNISCIDÉS 

1.  Pygoscelis  Adeliae   (lluiii)jron  et  Jue(|uinol). 

Collection  : 

N°  93.  —  cf,  île  Petermann,  G-II-1909.  Iris  marron;  avant  la  mue.  Estomac:  vide,  quel- 
ques petits  cailloux. 
L.  T.  :  665.  -  A.  :  190.  -  0.  :  182.  -  B.  :  36.  -T.  :  23.  -  D.  M.  :  78-24  (1). 
N"  94.  —   9  juv.,  île  Petermann,  6-II-1909.  Agé  d'environ  deu.x  mois  :  il  ne  reste  plus 
que  quelques  plaques  de  duvet  :  toutes  les  parties  ventrales  sont  blanches,  la  région 
dorsale  noire  avec  extrémité  des  plumes  bleu-ardoise;  paupière  noire,  bord  interne 
de  l'aileron  blanc.  Les  dernières  régions   où  le   duvet  brunâtre  persiste    sont 
le  vertex,  l'occiput  et  la  nuque,  la  partie  supérieure  des  ailerons.  Iris  brun.  Esto- 
mac :  Crustacés  Schizopodes  et  Décapodes,  petits  cailloux. 
L.  T.  :  585.  -  A.  :  179.  -  0.  :  101.  -  B.  :  33.  -  T.  :  21.  -  D.  M.  :  08-21. 
N°  95.  —  9  juv.,  île  Petermann,  G-II-1909.  Sept  à  huit  semaines.  En  duvet,  sauf  le  cou, 
la  poitrine  où  il  est  en  partie  tombé,  le  front,  le  vertex,  les  parties  latérales  du 
corps  au-dessus  des  ailerons.  Le  duvet  est  grisâtre  dans  la  région  ventrale,  plus 
foncé  et  légèrement  brunâtre  sur  les  parties  dorsales.  Iris  brun  clair.  Estomac  : 
Crustacés  Schizopodes  et  Décapodes. 
L.  T.  :  570.  -  A.  :  171.  -  O.  :  90.  -  B.  :  31.  -  T.  :  22.  -  D.  M.  :  70-22. 
N"  97.  —  9  juv.,  île  Petermann,  6-II-1909.  Deux  mois.  Duvet  sur  le  dessus  de  la  tête  et 
la  nuque,  sur  les  parties  latérales  du  bas  du  dos  et  de  la  région  sus-caudale,  sur 
les  parties  postérieures  des  ailerons.  La  frange  blanche  interne  de  l'aileron  com- 
mence à  apparaître.  Iris  brun  verdâtre.  Estomac  :  Euphausies,  petits  cailloux. 
Parasites  :  quelques  Acariens  parmi  les  plumes  du  cou. 
L.  T.  :  580.  -  A.  :  184.  -  Q.  :  94.  -  B.  :  33.  -  T.  :  22.  -  D.  M.  :  70-21. 
N"  98.  —  9  juv.  (deux  mois),  île  Petermann,  6-II-1909.  Le  duvet  est  tombé  sur  le  menton 
et  la  gorge,  le  devant  du  cou,  la  partie  antérieure  des  ailerons.  Iris  brun.  Estomac  : 
Euphausies,  petits  cailloux. 
L.T.  :  520.  -  A.  :  177.  -  Q.  :  67.  -  B.  :  28.  -  T.  :  21.  —  D.  M.  :  68-21. 
N°  166.  —  cT  juv.  (quatre  mois),  île  Petermann,  3-IV-1909.  Iris  marron,  paupières  noires, 
gorge  blanche.  Estomac  :  Schizopodes  et  Décapodes  (370  grammes). 
L.T.:670. -E.:500.  -  A.:  188.  -  Q.:  140.  — B.:  32.  -  T.  :  24.  -  D.  M.:  7.3-18. 
N"  197.  —  Q ,  île  Petermann,  18-V-1909.  Iris  brun  marron,  paupières  blanches.  Estomac  : 
Décapodes,  Schizopodes. 
L.  T.  :  720.  -  E.  :  510.  -  A.  :  190.  -  Q.  :  165.  -  B.  :  35.  -  T.  :  23.  -  D.  M.  :  7.3-17. 

(1)  Les  mensurations  sont  données  en  milli mètres.  —  L.  T.  =  Longueur  totale,  E  =  Enver- 
gure, A  =  Ailes,  Q  =  Queue,  I!  =  Bec,  T  =  Tarse,  0.  M.  =  Doigt  médian  (celui-ci  coinpiend  la  lon- 
gueur du  doigt  et  celle  de  la  grille;  exemple  :  73-17  veut  dire  que  le  doigt  médian,  y  compris  la 
grifl'e,  a  73  millimètres  et  la  griflo  17  millimètres). 


6  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

N"  198.  —  ^,  île  Prtormann,  21-\'-1900.  Iris  brun.  E  tomac  :  St'hizopodps  et  Décapodes 

(420  grammes-). 
N°  199.  —  çf,  île  Petermanii,  21-V-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Schizopodes,   Décapodes 
et  une  quantité  de  petits  Poispons  en  partie  digérés. 
L.T.  :  730.  -  E.:520.— A.  :  190.  -  Q.  :  172.-  B.  :  38.  -  T.  :  28.  -  D.M.  :  75-19. 
N°  208.  —  cf ,  île  Petermann,  22-V-1909.   Iris  brun.  Estomac  :   petits  Poissons,  Schizo- 
podes, Décapodes. 
N"  22.').  —    9i  îls  Petermann,  16-VI-1909.  lî'is  marron.  Estomac:  deux  Poissons,  nom- 
breux Schizopodes  et  Décapodes. 
L.  T.  :  G70.  -  E.  :  480.  -  A.  :  176.  -  0.  :  167.  -  B.  :  33.  -  T.  :  27.  -  D.  M.  :  67-19. 
N°  229.  —  c?,  île  Petermann,  19-VI-1909.  Iiis  brun.  Estomac  :  petits  cailloux,  nombreux 
Poissons  en  partie  digérés. 
L.  T.  :  750.  -  E.  :  535.  -  A.  :  194.  -  0.  :  185.  -  B.  :  38.  -  T.  :  29.  -  D.  M.  :  7.3-17. 
N°  228.   —    ô*,  île  Petermann,   16-VI-1909.   Iris  Lrun-marron.  Estomac  :  vide,  gravier. 
L.  T.  :  725.  -  E.  :  520.  -  A.  :  190.  -  0.  :  175.  -  B.  :  .37.  —  T.  :  26.  -  D.  M.  :  70-15. 
N°  232.  —  d',île  Petermann,  19-VI-1909.  Iris  brun-marrori.  Estomac:  petits  Poissons  en 
partie  digérés. 
L.  T.  :  740.  -  E.  :  .520.  -  A.  :  193.  -  O.  :  170.  -  B.  :  34.  -  T.  :  28.  -  D.  M.  :  72-17. 
N°  233.  —  9,  île  Petermann,  19-VI-1909.  Iris  brun.  Estomac:  quantité  de  petits  Poissons. 
L.  T.  :  7.35.  -  E.  515  -  A.  :  192.  -  0.  :  170.  -  B.  :  39.  -  T.  :  26.  -  D.  M.  :  72-18. 
N°  238.  —  cf,  île  Petermann,  3-VII-1900.  Iris  brun.  Estomac:  petits  Poissons,  Schizopodes, 
Décapodes. 
L.T.  :  750.  -  E.  :  530.  -  A.  :  192.  -  O.  :  170.  -  B.  :  46.  -  T.  :  .30.  -  D.I\I.  :  77-19. 
N°  239.  —  9^  îl'^  Petermann,  3-VII-1909.  Iris  brun  Umcé.  Estomac  :  petits  Poissons. 
No  240.  —  rf,  île  Petermann,  3-MI-1009.  Iri^  lirun  l'oncé.  E  tnmac  :  quelques  Poissons, 
Euphausics. 
L.  T.  :  720.  -  E.  :  530.  -  A.  :  200.  -  0.  :  175.  -  B.  :  ,38.  -  T.  :  33.  -  D.  M.  :  72-18. 
N»  241.  —  o*,  île  Petermann,  3-VII-1909.  Lis  brun.  E:=tomac  :  vide. 

L.  T.  :  695.  -  E.  :  505.  -  A.  :  188.  -  0.  :  155.  -  B.  :  36.  -  T.  :  32.  —  D.  M.  : 
73-16. 
N"  244.  —  cf,  île  Petermann,  25-VII-1909.  Iris  ])run  foncé.  Estomac  :  Schizopodes,  Déca- 
podes, quelques  petits  cailloux. 
N"  251.   —    9i  'le  Petermann,  25-VII-1909.   Iris  marrqn.  Estomac:  quelques  Poiscons, 
Euphausies,  Décapodes.  Ovaire  assez   développé  :   30  millimètres  de  long  sur 
14  millimètres  dans  sa  plus  grande  largeur  ;  les  ovules  les  plus  gi'os  ont  un  dia- 
mètre de  3  millimètres. 
L.  T.  :  690.  -  E.  :  500.  -  A.  :  185.  -  0.  :  185.  -  B.  :  34.  -  T.  :  28.  -  D.  I^I.  :  70-16. 
N«  253.  -  çf,  île  Petermann,  25-VII-1909.  Lis  brun.  Estomac  :  vide. 

L.T.  :  725.  -  E.  530.  -  A.  196.  -  0.  :  184.  -  B.  :  39.  -  T.  :  ,30.  -  D.  M.  :  74-18. 
N"  254.  —  çf,  île  Petermann,  25-VII-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  petits  Poissons,  Euphau- 
sies, Décapodes,  Ampbipodes  [Eurisas  microps  A.-O.  Walker  (1)],  gravier. 
L.  T.  :  740.  -  E.  :  520.  -  A.  :  190.  -  O.  :  199.  -  B.  :  36.  -  T.  :  28.  -  D.  M.  :  75-17. 
N"  256.  —    9i  île  Petermann,   29-VII-1909.     Iris   marron.    Estomac  :   petits   Poissons, 
Eupliausies,  Décapodes,  quelques  Amphipodes.  L'ovaire  mesure  une  longueur  de 
30  centimètres  sur  7  à  9  centimètres  en  largeur;  l'ovule  le  plus  gros  atteint  déjà 
3""", 5. 
L.  T.  :  720.  -  E.  :  520.  -  A.  :  190.  -  Q.  :  185.  -  B.  :  37.  -  T.  :  28.  -  D.  M.  :  77-17. 

(1)  Ed.  CiiEvuEix,  Amiiliipodes  (Deuxième  Exp.  anti  fr.,  Duc.  scienlilique?,  ji.  lii'i.  Paris,  1913). 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  7 

N°  257.  —  cf,  île  PeliMmaiiii,  2it-7-i'J0n.  Iris  brun.  Estomac:  Poissons,  Euphausics,  Déca- 
podes. 

Pièces  conservées  dans  le  sel. 

Nos  ggg  à  891.  —  Poussins  âgés  de  trois  semaines  à  un  mois.  Baie  de  l'Amirauté,  île  du  Roi- 
Goorgc  (Shetlands  du  Sud),  26-XI1-1909.  Duvet  gris  brunâtre,  tarses  et  pattes 
d'un  rose  jaiuiâtro,  iris  gris  brunâtre. 
N°s  892-893.  —  Pousfins  âgés  de  deux  à  trois  fcmainos.  Même  provenance  que  les  précé- 
dents. 
N"  894.  —  Poussin  de  dix  jours  environ.  Même  provenance. 
N"  .345.  -  o*-  -  N»  346  :  9,  île  Petermann,  22-XI-1909. 
Sijslèmc  nerveux.  -  N^^  348-349  :  (f ,  île  Petermann,  22-XI-1909. 
No  899.  -  9.  Baie  de  l'Amirauté,  26-XII-1909. 

De  plus  nous  avons  recueilli  une  collection  de  pièces  anatomiques  et  de  squelettes. 
En  outre,  nous  avons  rapporté  une  collection  de  44  embryons  aux  différents  stades  de 
l'incubation  (1). 

Cii'àce  aux  nomlireusps  observations  (iiii  oui  élu  laili's  depuis  la  iin  du 
xix*^  siècle  au  cours  des  dinerentes  expédilions  dans  les  régions  polaires 
australes,  la  vie  de  rAdélie  nous  est  aujourd'hui  assez  bien  connue. 

Cette  intéressante  espèce  attire  particulièrement  Tattention  de  tous 
ceux  ([ui  pi'nètrent  dans  ces  régions  glacées.  De  quelque  côté  que  l'on 
aborde  TAntarctique,  aussi  bien  par  le  sud  de  l'Amérique  que  par  les 
longitudes  de  l'Afrique  ou  de  l'Australie,  rx\délie,  sur  tout  le  j)Ourtour 
de  ce  vaste  continent  polaire,  est  toujours  l'un  des  aniuîaux  que  le 
navigateur  rencontre  sur  sa  roule. 

Dès  les  premières  glaces  de  dérive,  sur  les  premiers  ice-blocks,  il  est 
là,  en  sentinelle  avancée,  observant  le  nouveau  venu  avec  la  curiosité  qui 
lui  est  habituelle.  Dès  loi's,  plus  le  navire  s'enfonce  vers  le  Sud,  plus  il 
pénètre  dans  l'épaisse  banquise  (pii  défend  l'accès  des  terres  australes, 
plus  nombreux  sont  les  Adélies  qui  l'entourent. 

C'est  l)ien  lui,  mélangé  à  ses  congénères,  le  Pi/g.  antarclica  et  le  Pijfi. 
papua,  le  principal  habitant  de  toute  la  lisière  du  continent  antarctique  : 
par  sa  présence  continuelle,  il  anime  les  glaces  de  ses  allées  et  venues. 
Ses  kaah-kaaii.,  souvent  répétés,  jettent  une  note,  ])eu  harmonieuse,  il  est 
vrai,  mais  une  note  de  vie  qui  tranche  avec  le  souffle  continu,  avec  la 
respiration  monotone  des  glaces  qui  se  frôlent  sous  rintluence  de  la  houle. 

N'abandonnant  jamais  ces  régions,  ne  dépassant  |)as,  vers  le  Nord,  le 

(I)  Voir  Documenis  einhnjnijcniqiws  (l{.  Antikinv  et  L.  Gain). 


8  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

60°  de  lai.  Sud,  il  peuple  les  îles  d'avant-garde,  les  pointes  basses  du 
continent  antarctique,  sur  lesquelles,  pendant  quelques  mois  de  l'année, 
les  neiges,  en  fondant,  laissent  apparaître  des  lambeaux  du  sol. 

Sur  des  emplacements  peu  accidentés,  il  s'installe  en  nombreuses 
colonies  pour  la  durée  de  la  ponte  et  l'élevage  dos  jeunes,  —  formant 
alors  ces  sortes  de  villes  bruyantes,  ces  u  rookeries  »  qui  comptent 
des  milliers,  souvent  même  des  dizaines  de  milliers,  et  quelquefois  aussi 
des  centaines  de  milliers  d'individus  :  colonies  qui  se  trouvent  aussi 
bien  au  sud  qu'au  nord  du  cercle  polaire. 

Rencontré  pour  la  première  fois,  en  18il,  ])ar  l'expédition  de  Dumont 
d'L'rville,  au  voisinage  de  la  Terre  Adélie,  décrit  par  llombron  et  Jac- 
quinot  (1),  il  fut  retrouvé  depuis  cette  épocpie  par  tous  ceux  qui  visitèrent 
les  régions  froides  australes. 

Nous  ne  donnerons  que  pour  mémoire  la  liste  successive  des  expé- 
ditions qui  ont  contribué,  dans  ces  dix-huit  dernières  années,  à  faire 
connaître  non  seulement  cette  intéressante  espèce,  mais  aussi  tous  les 
autres  Oiseaux  des  régions  antarctiques. 

Ce  fut  d'abord  l'expédition  de  la  «  Belgica  »,  sous  le  commandement 
de  Ue  Gerlache  (1897-1  899),  dans  l'ouest  de  l'Antarctide  sud-américaine, 
puis  les  expéditionsde  la  «  Stella  Polare  "  avec  Borchgrevink  (1898-19001, 
au  cap  Adare  ;  du  «  Gauss  »,  avec  le  P^"  von  Drygalski  (1901-1903),  au 
sud  de  Kerguelen  (Terre  Guillaume  II i;  de  1'  «  Antarctic  »,  avec  le 
DrOttoNordenskjôld  (1901-1903),  vers  les  Shetlands  du  Sud  ot  la  mer 
deGeorge-IV;  de  la  «  Scotia  »  avec  le  IK  William  Bruce  (1902-1904), 
vers  les  Orcades  et  la  Terre  de  Coats  ;  de  la  «  Discovery  »  et  du  «.  Mor- 
ning  II  avec  Scott,  vers  les  Terres  Édouard-VII  et  Victoria  et  la  baie  de 
Mac-iMurdo  ;  du  «  Français  »,  avec  le  D''  Charcot  (1903-1905),  en-  bor- 
dure des  Terres  Palmer,  Danco  et  Graham  ;  du  «  Nimrod  »,  avec  sir 
Ernest  Shakleton  (1907-1909),  dans  la  mer  de  Ross  et  la  baie  de  Mac- 
Murdo  ;  du  «  Pourquoi  Pas?  »  (1908-1910),  dans  la  région  située  à 
l'ouest  de  l'Antarctide  sud-américaine;  du  «  Terra  Nova  »  (1910-1913), 
dans  la  merde  Ross,  expédition  où  son  commandant,  le  capitaine  Scott, 
trouva  une  mort  sublime  après  son   retour  du  Pôle  ;  du  k  Deutschiand  » 

(1)  HoMiiRcix  et  J.vr.Qf  iNoi,  AiDi.  se.  mit.  (2),  t.  XVI,'  1841,  p.  320. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  9 

(191 1-11)13),  avec  Filchner,  dans  l»>s  parages  de  la  terre  de  Coals,  et 
enfin  de  1'  «  Aurora  »  (1911-1914),  avec  Douglas  Mawson,  dans  la  région 
de  la  Terre  Adélie. 

Au  cours  de  rExpédition  du  «  Pourquoi  Pas  ?  <>,  nous  avons  rencontré 
à  plusieurs  reprises  de  nombreuses  colonies  d'Adélies,  notamment  à 
l'île  du  l^oi-George  (Shetlands  du  Sud),  à  Port-Lockroy  (île  Wiencke), 
aux  îles  Booth-Wandel,  Pelermann  (PI.  V,  fig.  22),  Argentine,  et  à  l'îlot 
Détaille,  dans  la  baie  Matha,  au  sud  du  cercle  polaire. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  cet  être  bizarre,  admirablement  décrit 
par  Racovitza  (1),  haut  de  60  centimètres,  à  la  tète  noire  sur  laquelle 
tranche  le  cercle  blanc  de  chaque  paupière,  au  dos  d'un  noir  bleuté, 
tandis  que  les  parties  ventrales  sont  d'un  beau  blanc  luisant  (PI.  I,  tig.  1). 
Nous  ne  voulons  que  résumer  les  observations  qui  ont  été  faites  par  les 
naturalistes  des  diverses  expéditions  et  par  nous-même,  et  donner'  une 
monographie  du  genre  dévie  et  des  mœurs  de  cet  intéressant  Oiseau. 

L'Adélie  pèse,  en  moyenne,  de  4  à  o  kilogrammes  ;  sa  température, 
d'après  les  quelques  observations  que  nous  avons  prises,  est  de  39°, 2  à 
39°, 3.  Une  numération  des  globules  du  sang  prélevé  sur  un  adulte  capturé 
à  l'île  Petermann,  le  3  avril  1909,  nous  a  donné  une  moyenne  de 
2  150000  hématies  par  millimètre  cube,  les  dimensions  de  celles-ci  étant 
de  16  à  17  ^.  sur  10  ij.. 

L'Adélie  est  à  la  fois  curieux  et  naïf.  Venant  inspecter  tout  ce  qui  lui 
paraît  étrange,  il  s'avance  en  se  dandinant  de  droite  et  de  gauche,  puis 
s'arrête  à  quelques  pas  du  personnage  ou  de  l'objet  qui  attire  son  atten- 
tion, et,  planté  sur  ses  pattes,  il  étudie,  cherche  à  com[)rendre,  tout  en 
poussant  de  petits  cris  interrogatifs  ou  étonnés,  et  en  agitant  lentement 
ses  ailerons. 

Quand  il  n'est  pas  pressé,  en  terrain  plat,  il  marche  sur  les  pattes, 
dans  la  position  verticale  (fig.  ii),  la  tète  portée  en  avant,  les  ailerons 
légèrement  ouverts  ou  pendant  le  long  du  corps.  Veut-il  gagner  du  temps 
ou  prendre  la  fuite,  alors  sa  façon  d'avancer  est  tout  autre  :  il  se  laisse 

(1)  E.-G.  Racovitza,  Résultais  généraux  de  rexpédition  antarctiquf  Ijelge  ICaaserics  scient,  delà 
Soc.  zool.  de  France,  1900,  8l-'.12i  ;  \'ers  le  Pùle  Sud  (Causeries  scient,  de  la  Soc.  zoot.  de  France,  1900, 
175-242)  ;  La  vie  des  animaux  el  des  plantes  dans  l'Antarctique  [Exp.  ant.  belge,  sous  le  com- 
mandement de  A.  de  Gerlache,  1897-99  [Soc.  roy.  belge  de  géographie),  Bruxelles,  1900,  177-230]. 
Expédition  Charcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques. 


10 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

tomber  sur  le  ventre  et  glisse  clans  cette  position,  se  poussant  avec  les 
pattes  (fig.  1).  Vient-il  à  rencontrer  une  légère  montée,  pattes  et  ailerons 
lui  servent  alors  à  aller  de  l'avant  (fig.  2);  rencontre-t-il.  au  contraire, 
une  descente,  il  s'y  laisse  simplement  glisser  (PI.  Il,  fig.  10),  se  servant 
des  ailerons  en  guise  de  balanciers  (fig.  3).  Poursuivi,  TAdélie  peut  aller 


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Fig.  1  à  5.  —  Empreintes  de  Pingouins  sur  la  neige.  —  Fig.  1  :  Progression  sur  le  ventre,  avee  l'aide 
des  pattes,  en  terrain  plat.  —  Fig.  :îî  :  Progression  sur  le  ventre,  avec  l'aide  des  pattes  et  des  ailerons, 
en  montée  légère.  —  Fig.  3  :  Progression  sur  le  ventre,  avee  aide  légère  des  pattes,  en  descente  douce. 
—  Fig.  4  :  Progression  sur  le  ventre,  à  liane  de  cule.iu,  en  montée  légère.  —  Fig.  ji  :  Progression 
en  position  verticale  ;  empreintes  des  jiattes  et  traces  laites  par  la  queue.  (Les  Uéclies  indiquent  la 
direction  de  la  pente.) 


assez  vite  dans  cette  position,  pour  t[u"il  soit  difficile  à  un  homme  de 
l'attraper  à  la  course  :  pattes  et  ailerons  agissent  rapidement  sur  la  neige 
pour  augmenter  sa  vitesse  et  servent  aussi,  par  des  poussées  plus  vio- 
lentes d'un  côté  ou  de  l'autre,  à  sa  direction. 

Ces  Oiseaux  arrivent  souvent  à  parcourir  de  grandes  distances  sur  la 
banquise  :  au  cours  d'une  excursion,  en  janvier  1909,  dans  la  baie  Mar- 
guerite, nous  avons  trouvé  des  traces  dAdélies,  à  plus  de  22  kilomt'tres 
de  la  mer  libre.  Parfois,  ils  font  aussi  de  sérieuses  ascensions,  grimpant 
dans  les  rochers,  sautant  de  pierre  en  pierre,  et,  dans  les  endroits  diffi- 


OISEAUX     ANTARCTIQUES.  it 

cilos,  s'aidant  des  ailos  ot  du  bec,  ils  |tarviennont  à  f.tiro  do  véritahlos 
rétablissements. 

Le  12  novembre  lOUO,  le  L)'"  Charcot  nous  fit  remaïquer  des  traces  de 
Pingouins  que  l'on  apercevait  distinctement  sur  le  glacier  de  la  Terre  de 
Grahani  faisant,  à  2  milles  de  distance,  face  à  l'île  Pelermann.  Ces  traces 
étaient  visibles  jusqu'à  une  hauteur  de  liiO  mètres.  A  la  longue  vue,  on 
distinguait  de  nombreuses  empreintes  placées  les  unes  à  côté  des  autres. 
En  suivant  cette  piste,  nous  avons  découvert,  près  du  cap  Rassmussen, 
en  bordure  d'une  crevasse  qu'ils  ne  pouvaient  franchir,  31  Adélies, 
la  plupart  couchés.  Ces  Oiseaux  étaient  alors  à  30  ou  40  mètres  au-dessus 
de  la  mer.  D'une  part,  la  trop  grande  largeur  de  la  crevasse,  d'autre 
part,  la  pente  très  forte  du  glacier  en  cet  endroit,  les  avaient  empêchés 
de  continuer  leur  chemin  pour  arriver  à  rejoindre  la  lianquise. 

Que  signifiait  la  présence  de  ces  Oiseaux  en  cet  endroit?  Après  de 
longues  recherches,  nous  avons  retrouvé  leurs  traces  à  leur  arrivée  sur 
le  glacier.  Ils  étaient  grimpés  en  un  point  où  le  front  du  glacier,  suivant 
la  déclivité  du  sous-sol  qui  s'enfonçait  assez  profondément,  s'abaissait  à 
environ  l°i,50  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  C'était  d'ailleurs  l'un  des 
très  rares  endroits  de  toute  cette  côte  par  lequel  il  nous  était  possible, 
dans  nos  excursions,  d'accéder  sur  les  glaciers  de  la  Terre  de  Graham. 

Quel  but  poursuivaient  ces  Adélies  en  allant  sur  le  glacier  ?  11  est  vrai- 
sendjlable  qu'ils  s'étaient  perdus.  Peut-être  la  formation  subite  de  la 
banquise,  par  suite  de  la  reprise  du  froid,  puis  une  chute  abondante  de 
neige,  les  avaient-ils  déroutés?  Peut-être  étaient-ils  grimpés  sur  ce  gla- 
cier dans  l'espoir  de  retrouver  plus  loin  la  mer  libre,  ce  qui  nous  parait 
invraisemblable,  —  la  marche  sur  la  banquise  leur  étant  moins  pénible  et 
plus  favorable.  Il  faut  certainement  attribuer  leurs  ascensions  successives 
à  une  erreur  de  direction. 

Après  avoir  fait  près  de  2  kilomètres  sur  le  glacier  et  grimpé  à  lùO  mè- 
tres pour  redescendre  vers  la  mer,  après  avoir  longé  et  contourné 
maintes  crevasses,  ils  sont  arrivés  en  l'endroit  où  nous  les  avons 
trouvés,  ne  pouvant  pousser  plus  loin  leur  excursion  involontaire,  arrêtés 
et  par  une  crevasse,  et  par  ià-picdu  glacier  tombant  dans  la  mer. 

Le  13  novembre,  la  petite  troupe  a  essayé  vainement  de  gagner  la  mer 


12  OISEAUX  ANTARCTIQUES. 

en  loi];j,eant  !a  crevasse,  mais  renti-eprise  lui  parut  sans  doute  trop  har- 
die, car  elle  est  revenue  sur  ses  pas  pour  camper  au  môme  point  que  la 
veille.  Le  14,  les  Adélies  n'ont  pas  bougé.  Enfin,  le  15,  il  n'y  a  plus  trace 
d'Adélies  sur  le  glacier  :  le  chenal,  à  la  suite  d'un  violent  coup  de  vent 
de  N.-E.,  s'est  dégagé  :  après  un  jeûne  de  plusieurs  jours,  tiraillés  par 
la  faim,  les  Adélies  auront  employé  les  grands  moyens  ;  peut-être  se 
seront-ils  laissés  glisser  dans  la  mer,  le  long  de  la  l'alaise  de  glace,  ou 
bien  encore,  suivant  leurs  anciennes  traces,  seront-ils  revenus  à  l'endroit 
où  ils  avaient  abordé  le  glacier. 

Toujours  assez  lourdauds  d'allure  sur  terre,  les  Adélies  ont  dans  la 
mer,  où  ils  prennent  leur  nourriture,  une  agiliti'  et  aussi  une  sûreté 
de  mouvements  extraordinaires.  Nageurs  merveilleux,  ils  vont  à  la 
recherche  de  petits  Crustacés  Schizopodes  appartenant  au  genre 
Eup/iat/sia  (Eup/iansia  suprrha),  qui  vivent  par  énormes  bancs,  fréquen- 
tant le  plus  souvent  la  lisière  du  pack,  le  voisinage  des  icebergs  et  celui 
des  glaciers  en  bordure  du  continent.  Fréquemment  aussi,  ils  se  nour- 
rissent de  Crustacés  Décapodes.  Parfois,  et  principalement  au  printemps 
et  en  été,  on  trouve  dans  leur  estomac  des  petits  Poissons  longs  de  quel- 
ques centimètres,  — et  môme,  mais  plus  rarement,  quelques  Amphipodes 
et  des  becs  de  Céphalopodes. 

On  les  voit  alors  fendre  l'eau,  à  grands  coups  d'ailerons,  filant  souvent 
en  zigzags,  pour  se  dérober  plus  facilement  à  leurs  redoutables  ennemis, 
les  Phoques  (1)  et  les  Orques.  La  queue  et  les  pattes,  dans  cette  façon  de 
progresser,  sont  seulement  employées  comme  gouvernail.  Mais,  si  l'Oi- 
seau vient  à  se  reposer  à  la  surface  de  la  mer,  alors,  au  lieu  des  ailes,  les 
pattes  lui  servent  pour  avancer.  Arrivés  sur  le  lieu  de  pêche,  ils  bondissent 
hors  de  l'eau,  à  intervalles  réguliers,  pareils  à  de  petits  Dauphins,  et 
faisant  des  saiîts  qui  dépassent  50  centimètres  au-dessus  de  la  mer. 

Lorsqu'ils  sont  en  pleine  mer,  loin  des  côtes,  il  leur  arrive  fréquem- 
ment de  se  reposer  sur  un  floë  ou  débris  de  banquise  (PI.  II,  fig.  12).  Ils 
reconnaissent  tout  d'abord  l'emplacement  où  ils  veulent  sauter,  puis, 

(I)  Le  Phoque  crabier  [Lobodon  cardnophmjm  Gray),  le  Phoque  de  Weddell  {Leplowjc hôtes 
Weddelli  Lesson)  et  suitout  le  Léopard  de  mer  {Hydiuii/a  leplonyx  Blainville)  font  une  ample 
consommation  de  ces  Oiseaux,  ainsi  que  des  autres  espèces  de  Sphéniscidés. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  13 

décrivaiil  un  vnsto  cercle,  ils  prennenl  ieui'  éhiii  <'t  bondissent  hors  de 
l'ean,  vers  l;i  |)la(|ue  de  glace  sur  la(|uelle  ils  retombent  le  corps  droit, 
sur  les  pattes.  Ils  arrivent  à  l'aire  ainsi  des  bonds  (jui  atteignent  plus  de 
2  mètres  de  hauteur.  Parfois  l'élan  est  insuffisant  et  le  coup  manqué  :  ils 
recommencent  alors,  sans  découragement,  jusqu'à  ce  qu'ils  réussissent. 

L'Adélic  est  brave  et  fuit  rarement  devant  le  danger.  Vient-il  à 
être  tourmenté,  il  fait  face  à  son  agresseur,  hérisse  les  plumes  noires 
qui  recouvrent  la  région  cervicale;  puis  il  prend  sa  position  de  combat  : 
le  corps  droit,  la  tète  haute,  le  bec  en  l'air,  les  ailerons  redressés,  ne 
perdant  pas  de  vue  le  provocateur.  11  fait  alors  entendre  une  sorte  de  ron- 
ronnement, de  grognement  sourd,  pour  bien  prouver  qu'il  n'est  pas  con- 
tent et  ne  laisser  aucun  doute  sur  la  ferme  résolution  qu'il  a  de  se 
défendre.  En  cette  mise  en  garde,  il  attend.  L'ennemi  bat-il  en  retraite, 
alors  le  Pingouin  abandonne  son  altitude  menaçante.  Souvent  il  reste 
sur  place,  parfois  il  se  retourne  et  fuit  ventre  à  terre,  se  poussant  de 
toute  la  force  de  ses  pattes  et  de  ses  ailerons.  Vient-il  à  être  rejoint,  au 
lieu  de  chercher  à  augmenter  de  vitesse,  il  s'arrête,  se  retourne,  fait  face 
de  nouveau  au  péril  et  revient  à  sa  position  de  combat.  Parfois  aussi  il 
prend  l'oftensive,  se  jetant  sur  son  agresseur,  qu'il  maltraite  fort  à  coups 
de  bec  et  d'ailerons. 

L'arrivée  des  Adé/ies  à  la  raokerie.  —  Vers  la  fin  de  l'hiver  ou  le 
début  du  printemps,  les  Adélies  abandonnent  la  lisière  du  pack,  où  ils  ont 
passé  la  mauvaise  saison,  pour  se  porter  vers  le  Sud,  avançant  avec  la 
mer  libre  qui  gagne  de  plus  en  plus  sur  la  banquise.  Celle-ci,  en 
effet,  sous  l'induence  des  températures  plus  élevées  auxquelles  se 
joignent,  dans  l'œuvre  de  destruction,  le  vent  et  la  houle,  se  débite  peu  à 
peu  en  plaques,  en  floës,  qui  sont  emportés  par  les  courants  et  vont 
former  ces  glaces  de  dérive  qui  se  trouvent  en  abondance  sur  tout  le 
pourtour  de   l'Antarctique. 

Les  Pingouins,  avec  la  mer  libre,  reviennent  peu  à  peu  vers  les  lieux 
où  ils  ont,  chaque  année,  l'habitude  de  construire  leurs  nids.  Ils  y 
reviennent  soit  les  uns  après  les  autres,  par  petites  troupes,  comme 
cela  eut  lieu  à  l'île  Petermann,  —  soit  au  contraire,  mais  ce  cas  est 
plus  rare,     en    colonnes    compactes,    tous    à    la    fois,   comme    nous 


14  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

ravons  constaté  pour  la  colonie  placée  sur  l'une  des  iles  Argentine. 

Les  colonies  de  ces  Oiseaux  sont  presque  toujours  situées  en  des 
points  du  continent  ou  des  îles  qui  le  bordent,  assez  faciles  d'accès, 
sur  les  pentes  basses  ou  les  rochers  peu  escarpés  bien  exposés  aux 
rayons  du  soleil,  là  où  le  sol  se  débarrasse  de  la  couche  annuelle  de 
neige.  Ces  rookeries  sont  surtout  nombreuses  en  bordure  des  Terres 
de  Graham,  Danco,  Louis-Philii)pe  et  du  Roi-Oscar,  des  iles  de 
l'Archipel  Palmer,  dans  l'Est  des  Shetlands  du  Sud,  aux  iles  Orcades, 
puis  vers   la  Terre   Adélie  et  la   partie   Nord   de   la   Terre  Victoria. 

C'est  dans  l'Antarctide  sud-américaine,  près  de  la  Terre  de  Graham, 
sur  l'ile  Petermann,  située  par  65°  10' 32"  de  lat.  S.  et  ()Go30'  30"  long.  W. 
Paris,  que  j'ai  pu  examiner  en  détail  ces  intéressantes  bêles,  et  les 
observations  suivantes  sont  le  résumé  des  éludes  ixiursuivies  en 
cette  ib'  pendant  près  d'une  année,  du  mois  de  janvier  à  la  fin  do 
novembre   1900. 

L'emplacement  de  la  rookerie  est  restreint  :  voisin  de  la  côte,  il 
s'étale  sur  une  longueur  de  quelque  200  ou  300  mètres  jusqu'à  une 
hauteur  de  2o  mètres,  divisé  en  plusieurs  ilôts.  A  la  fin  de  l'hiver, 
après  les  nombreuses  chutes  de  neige,  la  surface  du  sol  est  recouverte 
d'une  couche  uniformément  blanche  que  tache  çà  et  là  quelques  poinle- 
ments  de  roches. 

Mais  la  venue  des  Pingouins  ne  va  pas  tarder  à  faire  prendre  un 
aspect  tout  dillerent  à  celte  parlie  de  l'ile.  C'est  au  mois  d'octobre  que 
les  premiers  Adélies  ont  fait  leur  apparition.  Dans  le  chenal  de  Lemaire, 
qui  sépare  Pelermann  de  la  Terre  de  Graham,  la  l)anquise  se  frag- 
mente peu  à  peu,  les  plaques  de  glace  s'en  vont  à  la  dérive,  laissant 
de  grandes  flaques  d'eau  libre  qui  s'augmentent  journellement.  De 
cette  direction  partent  quelques  cris  de  Pingouins,  animaux  d'avant- 
garde  qui  commencent  à  venir  rôder  autour  de  leurs  anciennes  rookeries. 

Le  12  octobre,  le  premier  Adélie  vitMit  rendre  visite  à  son  ancienne 
patrie,   puis  il  disparait   les  jours  suivants. 

Le  15  octobre,  les  deux  premiers  Oiseaux  se  fixent  sur  l'île.  Il 
y  en  a  i  le  10,    V)   le  20;    puis   le   21    tous   ont  disparu. 

C'est   à   partir   du   22   qu'ils  prennent  vraiment   possession  de  leur 


OISEAUX     AXT  ARCTIQUES.  15 

rit(''  ahan(lonn<''(>  dcimis  huit  mois.  A  !>  hciiros  du  m;ilin,  ils  smil  10: 
pliisiours  voiil.  vicniHMit,  somhiant  d(''j;i  clicpclicr  les  cailloux  indispon- 
saLlc  à  la  oonslfuclinii  de  leur  nid;  mais  coux-ci  sont  encore  recou- 
verts de  neii;e.  A  2  heures  de  l'après-midi,  2(1  oiseaux  sont  ari'ivés  : 
3  commencent  leur  nid.  A  (i  heures  du  soir,  ils  sont  .'33.  La  tem|)é- 
ralure  de  l'air  est  voisine  de  -j-  1°  :  avec  les  allées  et  venues  des  Adélies, 
la  neige  fond  vite,  aussi  les  cailloux  qui  avaient  servi  l'année 
précédente  pour   la  confection  des  nids  apparaissent-ils  de  tous  côtés. 

Le  23  octobre,  les  Pingouins  sont  'M)  à  \)  heures  du  malin,  61  à  I  heure 
de  l'après-midi,  Oti  à  0  heures  du  soir.  La  plupart  construisent  leur 
nid  :  l'un,  plus  heureux  ou  plus  travailleur  que  les  autres,  a  déjà 
terminé  le  sien.  Les  querelles  de  propriété  commencent,  chacun 
défend    son   bien. 

Et  tous  les  jours,  d'heure  en  heure,  le  nombre  des  habitants  de 
la  colonie  augmente. 

Il  semble,  et  ceci  m'a  été  confirmé  par  la  suite,  cpie  ces  Oiseaux 
retrouvent  un  pays  connu.  Ils  arrivent  tranquillement,  les  uns  après 
les  autres,  nullement  étonnés,  comme  s'ils  s'étaient  donné  rendez- 
vous.  Aucune  surprise  chez  eux,  aucune  hésitation  :  on  perçoit  faci- 
lement que  ce  coin  de  l'île  leur  est  familier.  —  A  peine  arrivés 
beaucoup  se  couchent  sur  la  neige  comme  pour  se  reposer  des 
fatigues  d'un  long  voyage;  quelques-uns,  plus  résistants  ou  moins 
paresseux,  cherchent  les  cailloux  nécessaires  à  la  construction  de 
leur  nid  iPI.  I,  fig.  7  et  8)  ;  mais  il  règne  encore  peu  d'entrain 
dans  la  colonie. 

Le  blanc  de  leur  plastron  commence  à  se  maculer  de  la  boue 
rouge  caractéristique  de  leurs  rookeries.  Avec  les  températures  voi- 
sines de  zéro  dues  au  vent  de  N.-E.  qui  souffle  presque  sans  arrêt, 
la  neige  fond  rapidement,  et  cette  fusion  est  encore  facilitée  par 
l'apport  continuel  d'eau  salée  que  ces  animaux  transportent  sur 
eux  en  venant  de  la  mer,  et  dont,  avec  leurs  allées  et  venues  conti- 
nuelles, ils  imprègnent  le  sol.  Le  guano  des  années  précédentes  fait  bien- 
tôt, avec  la  neige  à  demi  fondue,  une  sorte  de  bouillie  lie  de  vin,  dont 
les  habitants  de  la  cité  ne  tardent  pas  à  être  souillés  (PI.  1,  fig.  2). 


i6  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

A  quoi  faut-il  attribuer  la  couleur  spéciale  que  prend  le  sol  des  rookerios 
du  Pingouin  Adélie?  Cela  tient  à  Talimentation  presque  exclusive  de 
l'Oiseau  en  Ëup/taiisies,  Crustacés  dont  la  matière  colorante  rouge  s'altère 
peu  dans  son  passage  à  travers  le  tube  digestif  et  donne  aux  excréments 
une  couleur  rouge-brique  ou  lie  devin.  C-etto  particularité  permet  d'ailleurs 
de  reconnaître  de  très  loin  l'emplacement  d'une  colonie  d'Adélies. 
Une  autre  circonstance  permet  aussi  de  s'orienter  pour  découvrir  les 
rookeries  qui  ne  sont  pas  visibles,  cachées  parfois  derrière  quelque  mou- 
vement de  terrain  :  c'est  l'odeur  très  persistante  et  fort  désagréable  qui 
s'en  dégage,  odeur  à  la  fois  de  poisson  et  d'ammoniaque,  que  les 
courants  aériens  transportent  souvent  à  une  distance  ti'ès  grande. 

La  vie  de  la  rookerie  devient  plus  active.  Ce  sont  surtout  les  mâles  qui 
arrivent  les  premiers.  La  plupart  commencent  la  construction  du  nid. 
Celui-ci  se  compose  uniquement  de  petites  pierres  en  plus  ou  moins 
grande  quantité,  suivant  la  peine  que  s'est  donnée  le  constructeur.  Pres- 
que toujours  le  niàle  se  charge  de  la  recherche  des  cailloux  :  il  les  apporte 
à  lafemelle  qui  les  range,  les  dispose  en  cercle  de  manière  aménager  au 
centre  une  dépression  dans  laquelle  seront  déposés  les  œufs.  Pour  faire 
ce  travail,  la  femelle  est  le  plus  souvent  couchée  dans  le  nid  :  elle  tourne 
et  retourne  les  pierres  qui  sont  près  d'elle,  les  déplace,  les  arrange  à  sa 
façon,  tandis  que  le  mâle  continue  les  allées  et  venues,  apportant  chaque 
fois  un  nouveau  caillou. 

Parfois  aussi  la  femelle,  comme  le  montre  l'observation  suivante,  con- 
tribue à  la  recherche  des  matériaux  de  construction.  Une  femelle,  le 
plastron  rougi  par  la  boue  des  rookeries,  a  beaucoup  travaillé  à  la  confec- 
tion du  nid;  lassée  par  ce  dur  labeur,  elle  a  besoin  de  repos.  Le  mâle,  au 
contraire,  est  alerte,  propre  :  à  son  plastron  blanc  immaculé,  on  devine 
qu'il  revient  de  la  pèche.  La  femelle  vient  de  le  mettre  au  courant  de  ses 
fatigues,  et,  tandis  qu'elle  se  couche  sur  le  nid,  en  bon  mai'i,  le  mâle 
rattrape  le  temps  perdu  :  il  court  plutôt  qu'il  ne  marche,  les  ailerons 
déployés,  chercher  les  petites  pierres  à  une  cinquantaine  de  mètres  de 
là:  puis  il  revient  aussi  vite,  passant  hors  de  portée  des  auti'es  couples, 
de  façon  à  ne  pas  troubler  l'ordre  de  la  cité,  il  va  déposer  sa  charge  sur 
le  nid  ;  la  femelle  examine  si  le  caillou  a  été  mis  en  bonne  place,  puis  elle 


OISEAUX     ANTARCTIQUES.  17 

reprend  son  sommeil  l<''i^er,  tandis  que  le  mâle  part  pour  un  nouveau 
voyage. 

Et  les  Adélies  arrivent  toujours  plus  noiubreux.  Sur  la  hancjuise  du 
chenal  de  Lemaire  (26  octobre),  on  voit  partout  des  petites  troupes  : 
Tune  d'elles,  sur  un  floë,  est  composée  de  80  individus  :  tous  dormant, 
sauf  cinq  sentinelles  qui  entourent  le  groupe  et  veillent. 

A  Petermann,  sur  la  rookerie,  il  y  a  \  17  Oiseaux  le  24  octobre,  194 
le  25,  281  le  26,  387  le  27,  448  le  28,  696  le  29. 

Le  dégel  continue,  le  moindre  rocher  dt'couvert  est  aussitôt  occupé; 
plusieurs  nids  sont  déjà  terminés. 

Les  petites  pierres  se  font  de  |)lus  en  plus  rares;  il  devient  difficile  aux 
nouveaux  arrivants  de  s'en  procurer  :  aussi  les  derniers  venus  usent-ils 
de  ruse  pour  en  voler  aux  nids  voisins. 

Voici,  par  exemple,  un  Adélie  qui  reste  au  centre  d'un  amas  de  cailloux 
(plus  qu'il  ne  lui  en  faut  pour  faire  son  nid)  et  le  défend  contre  un  voisin 
qui  cherche,  par  tous  les  procédés,  à  lui  en  soustraire  :1a  querelle  s'anime 
et  le  voisin  est  obligé  de  battre  en  retraite.  Mais,  pendant  tout  le  temps 
que  dure  la  dispute,  un  troisième  larron  profile  du  relâchement  dans  la 
surveillance  exercée  sur  les  autres  points  du  tas  de  cailloux  et  enlève  au 
possesseur  tout  ce  qu'il  peut  de  ses  précieux  matériaux. 

Les  querelles  de  propriété  augmentent,  chacun  travaille  pour  soi: 
l'égoïsme  règne  en  maître.  La  méfiance  est  partout.  On  se  méfie  du 
voisin  qui,  dès  qu'il  approche,  est  soupçonné  :  cherche-t-il,  malgré  les 
cris,  les  menaces,  à  avancer  encore,  il  est  reçu  à  coups  de  bec  (PI.  111, 
fig.  15)  ;  vient-il  à  voler  un  caillou  et  à  être  surpris,  il  est  poursuivi  et 
corrigé  d'importance.  A  tout  moment,  des  querelles,  des  comljats  de  ce 
genre  éclatent.  Et  souvent  une  dispute  entre  deux  individus,  dégéné- 
rant en  bataille,  finit  parjeter  le  trouble  dans  tout  un  coin  de  la  rookerie 
(Pl.llljfig.  16).  L'Adélie  estun  farouche  individualiste,  constamment  en 
conflit  pour  défendre  sa  propriété. 

La  population  devient  de  plus  en  plus  dense  :  il  y  a  852  Oiseaux  le 
30  octobre,  1 152  le  31,  1295  le  1"  novembre,  1575  le  3, 1850  le  6. 

Si  à  file. Petermann  les  Adélies  viennent  les  uns  après  les  autres  sur 
le  lieu  de  ponte,  il  peut  se  faire  aussi  que  tous  les  Oiseaux  d'une  même 

Expédition  Chai'cot.  —  Gain.  —  Oiseaux  aiiUicliiiues.  3 


i8  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

rookerie  arrivent  on  même  temps.  Ce  cas  s'est  présenté  pour  les 
Pingouins  ([ui  nichent  sur  l'une  des  îles  Jallours,  au  sud  de  Petermann, 
à  la  hauteur  du  cap  Tuxen.  Le  26  octobre,  le  chenal  de  Lemaire  était 
couvert  de  glaces  de  dérive  jusqu'à  la  hauteur  de  l'île  Petermann,  tandis 
que  vers  le  Sud  et  dans  l'Ouest  la  l)anquise  compacte  s'étendait  à  perle 
de  vue. 

Or,  à  cette  date,  à  8  h.  30  du  matin,  une  troupe  de  plusieurs  milliers 
d'Adélies  (4000  à  5  000  environ)  montait  sur  la  banquise  près  des  îles 
situées  au  sud  de  Petermann  et  faisait  route  dans  la  direction  des  îles 
Argentine.  Elle  était  précédée  à  quelque  distance  par  une  centaine 
d'individus  qui  semblaient  marcher  en  éclaireurs  et  former  comme  une 
sorte  d'avant-garde. 

Le  lendemain  27  octobre  je  constatai,  à  la  longue-vue,  la  présence  des 
Adélies  sur  les  rookeries  des  îles  Jallours,  et  il  m'a  été  facile  d'en  compter 
plus  d'un  millier.  Je  voyais  nettement  leurs  allées  et  venues  à  la  recherche 
des  cailloux  et  la  construction  des  nids.  A  cette  date,  ces  îles  étaient 
encore  entièrement  cernées  par  la  ban(|uise. 

Sur  les  rookeries  de  Petermann,  la  neige  continue  à  fondre,  mais 
beaucoup  de  rochers  sont  encore  ensevelis  et  les  Oiseaux  obligés  de 
rester  sur  place  en  attendant  qu'elle  disparaisse  pour  laisser  à  découvert 
le  rocher  qu'elle  cache  (PI.  III,  fig.  13). 

L'instinct  de  ces  animaux,  joint  à  la  connaissance  des  lieux,  est  fort 
curieux  :  on  les  voit,  par  petites  troupes,  se  coucher  à  la  surface  de  cette 
neige  en  un  point  déterminé.  Ils  semblent  prévoir  que,  en  cet  endroit 
seulement,  la  neige,  en  fondant,  leur  rendra  le  rocher  et  les  petits 
cailloux  qu'ils  savent  être  au-dessous.  A  force  de  stationner  à  la  même 
place,  sous  l'influence  de  la  chaleur  qu'ils  dégagent,  ils  finissent  par  se 
creuser  un  trou  dans  lequel  ils  déposent  les  quelques  pierres  qu'ils  ont 
pu  trouver;  et  peu  à  peu,  chaque  jour  la  dépression  se  creusant  davan- 
tage, ils  parviennent  au  rocher  tant  désiré. 

Les  iMégalestris  [Mocjalef^tris  Maccormicki)  et  les  Goélands  dominicains 
[Larus  fIo}/iiniea?n(s)  commencent  à  renier  au-dessus  des  rookeries,  à  la 
recherche  des  nmfs.  Mais  les  Adélies  n'ont  encore  aucune  occasion  de 
s'en  émouvoir,  et  la  présence  de  ces  Oiseaux  de  rapine  les  laisse  indifl'é- 


OISEAUX   ANTARCTIQUES.  Ig 

rcnts.  TI  n'en  sera   pas  de  MK'iur  dans  quelques  jours,   lors(|U('  les  pre- 
miers œufs  seront  pondus. 

Lfi  rie  à  la  rookerie  avant  la  ponte.  —  Dès  que  les  Pingouins  arrivent 
à  la  rookerie,  les  mâles  se  mettent  à  la  recherche  d'une  femelle  avec 
laquelle  ils  resteront  jusqu'à  ce  que  les  jeunes  soient  assez  âgés  pour  se 
débrouiller  seuls.  Pleins  d'entrain  devant  les  femelles,  les  mâles  font  une 
cour  assidue. 

l'arfois  deux  mâles,  ayant  les  mêmes  goùls-,  font  la  cour  à  la  même 
femelle.  11  faut  alors  les  voir  rivaliser  de  prévenances.  La  femelle,  enca- 
drée de  ses  deux  prétendants  (PI.  III,  fig.  13)  qui  font  probablement 
assaut  de  belles  paroles,  nose  pas  trop  vite  se  prononcer  :  elle  est  inti- 
midée. Et  ces  assauts  d<'  galanterie  se  terminent,  en  général,  pour  les 
deux  prétendants,  par  une  bataille  en  règle  :  mais  je  ne  puis  dire  avec 
certitude  si  le  vainqueur  de  la  lutte  engagée  devient  fatalement  le  com- 
pagnon de  la  dame  Adélie. 

Lorsqu'un  mâle  est  agréé,  le  nouveau  couple  mène  la  vie  en  commun 
et  ne  se  quitte  plus.  Malheur  à  celui  qui  essaierait  de  séduire  la  com- 
pagne officielle.  Le  mari  vient-il  à  s'en  apercevoir,  il  tombe  sur  l'intrus  à 
coups  de  bec  et  d'ailerons  (PI.  III,  lig.  10).  Mais  ils  sont  lun  et  l'autre 
courageux  :  aucun  ne  veut  avoir  le  dessous,  d  autant  que  la  femelle  est  là, 
qui  assiste  à  la  lutte.  Les  coups  pleuvent,  les  combattants  se  roulent 
dans  la  boue  rougeâtre;  enlin  l'audacieux  flirteur  finit  presque  toujours 
par  battre  en  retraite,  poursuivi  par  le  mari  ofïensé.  Tout  le  quartier  de 
la  cité,  témoin  de  cette  querelle  intime,  entre  en  effervescence.  Dans  sa 
fuite  précipitée,  le  coupable  court  au  plus  près,  sans  se  soucier  de  ce 
qu'il  rencontre,  dérangeant  tout  sur  son  passage.  En  cherchant  à  le 
rattraper,  l'outragé  fait  de  même  :  les  cailloux  des  nids  roulent  de  tous 
côtés,  et  les  voisins,  tout  à  l'heure  si  tranquilles,  maintenant  bousculés, 
font  entendre  un  brouhaha  assourdissant  :  au  calme  succède  la  tempête, 
dans  ce  coin  de  rookerie  mis  on  désordre  par  la  fuite  de  l'un  et  la  pour- 
suite de  l'autre. 

Il  en  résulte  une  mêlée  générale  :  les  coups  pleuvent  de  tous  côtés, 
accompagnés  de  vociférations  nombreuses.  Et  le  calme  ne  renaît  qu'après 
le  départ  des  fauteurs  de  désordre,  quand  les  différents  couples  se  sont 


20  OISEAUX     ANTARCTIQUES 

enfui  iTlrouvés,  chose  qui  parait  au  premier  abord  fort  dillicile,  mais  que 
j'ai  toujours  constatée. 

Alors  pour  exprimer  sans  doute  la  satisfaction  de  se  revoir  sain  et  sauf, 
chaque  couple,  les  deux  Oiseaux  se  faisant  face,  lèvent  le  bec  en  l'air, 
puis  font  osciller  la  tète  et  le  cou,  alternativement  de  droite  et  de  gauche, 
tout  en  faisant  entendre  une  sorte  de  coassement  ininterrompu  (1*1.  I, 

fig.  5). 

Mais  si  les  flirts  existent  parfois  dans  le  monde  pingouin,  les  ménages 
unis  sont  cependant  la  très  grande  majorité.  Le  29  octobre,  j'ai  marqué 
plusieurs  de  ces  ménages,  et  jai  constaté  pour  chacun  d'eux  que  le  même 
mâle  et  la  même  femelle  restaient  ensemble  pendant  toute  la  période  de 
l'incubation  et  les  premières  semaines  de  l'élevage  des  jeunes.  Pour  un 
seul  couple,  cependant,  l'un  des  conjoints,  le  mâle,  a  été  abandonné  par 
sa  femelle  et  mis  à  l'index  de  la  rookerie.  Je  fus  involontairement, 
je  dois  l'avouer,  l'auteur  de  ce  pénible  exil.  J'avais  l'habitude  de  marquer 
les  couples  en  expérience  d'une  tache  de  couleur  rouge  ou  blanche  faite 
au  pinceau.  Mais  ce  n'est  pas  chose  facile  que  de  badigeonner  ces  Oiseaux 
à  la  place  prévue  d'avance,  elle  mâle  en  question  reçut  mon  coup  de  pin- 
ceau en  pleine  figure  :  une  superbe  tache  rouge  recouvrait  tout  le  fi'ont 
et  la  tempe  droite.  L^n  tel  déguisement  ne  plut  nullement  à  la  femelle  du 
Pingouin,  non  plus  qu'au  reste  de  la  colonie  qui  le  chassa  sans  pitié  et 
lui  interdit  l'accès  de  la  rookerie.  Et  je  le  vis  les  jours  suivants,  sur  la 
neige,  à  l'écart  de  ses  semblables,  en  quarantaine,  puis  il  disparut  subite- 
ment. Alors  je  me  suis  demandé  avec  peine  si  je  n'avais  pas  un  suicide 
sur  la  conscience!...  ]*ar  contre,  la  femelle,  moins  triste,  avait  repris  un 
nouveau  compagnon. 

Les  femelles  sont  en  général  plus  craintives  que  les  mâles.  Elles 
attaquent  rarement.  De  taille  légèrement  plus  petite,  le  bec  moins  épais, 
elles  hérissent  moins  les  plumes  de  la  tète  quand  elles  sont  en  colère. 
Leur  cri  est  plus  sourd  que  celui  du  mâle. 

Lorsqu'on  se  promène  au  voisinage  des  rookeries,  on  remarque  cer- 
tains Oiseaux,  des  mâles  qui  prennent  une  pose  particulière  :  debout  sur 
les  pattes,  ils  allongent  le  cou,  le  bec  en  l'air,  verticalement,  et  ils  l'ont 
entendre  une  sorte  de  gloussement,  en  même  temps  qu'ils  battent  des 


OISEAUX    A  \T  ARCTIQUES.  21 

ailes  avoc  drs  mouvements  Iciils  el  i-ythmés  (IM.  I,  (ii;.  6).  Ce  semble  être 
chez  eux  une  l'aron  de  se  divcitii',  une  manière  de  prouver  leur  salis- 
faction,  qui  se  reproduit  surtout  pendant  la  durée  des  appartements  et  de 
la  ponte. 

Commencée  le  2(S  octobre,  la  période  des  appariements  se  continua 
jusque  vers  la  fin  de  novembre. 

L'appariement  donne  lieu  à  une  curieuse  cérémonie.  La  femelle  est 
généralement  couchée  sur  le  nid;  le  mâle,  lui  faisant  face,  s'approche 
lentement,  avec  précaution,  la  tête  basse.  Subitement,  il  monte  sur  le 
dos  de  la  femelle  et  se  tourne  pour  se  présenter  dans  le  même  sens  que 
celle-ci.  Pendant  tout  le  temps  qu'il  est  ainsi  perché,  il  cherche  constam- 
ment, en  déplaçant  ses  pattes  et  en  étendant  ses  ailerons,  à  garder  un 
équilibre  qu'il  finit  bien  souvent  par  perdre.  Quand  il  peut  conserver  cet 
équilibre,  il  se  penche  en  avant,  sans  doute  pour  exciter  la  femelle  qui 
redresse  la  tête  de  manière  à  rapprocher  son  ix-c  de  celui  du  mâle 
(PI.  III,  fig.  14);  les  deux  becs  restent  ainsi  en  contact  jusqu'à  ce  qu'une 
éjaculation  rapide  mette  fin  à  la  cérémonie.  Aussitôt  le  mâle  abandonne 
le  dos  de  la  femelle  ;  alors,  face  à  face,  les  tètes  basses,  les  deux  Oiseaux 
restent  un  moment  immobiles.  Enfin,  la  femelle  remue  la  queue,  secoue 
ses  plumes,  tandis  que  le  mâle  se  tient  debout,  près  du  nid. 

Durant  les  chutes  de  neige  et  les  fortes  tempêtes  (nous  l'avons  constaté 
à  mnintes reprises,  et  notamment  le  3novembre),  lesAdélies  se  couchent 
le  plus  souvent  le  dos  au  vent,  et  ils  attendent  la  fin  de  la  bourrasque.  Si 
la  neige  ou  le  chasse-neige  sont  abondants,  il  peut  arriver  que  les  Oiseaux 
se  trouvent  en  partie  et  même  complètement  recouverts.  Parfois  cette 
neige,  au  contact  du  corps  de  l'animal,  fond  à  demi  et  forme  de  petites 
boules  de  glace  pareilles  à  de  grosses  larmes,  qui  se  fixent  aux  plumes  ; 
et,  lorsque  l'animal  remue,  ces  petits  glaçons  produisent,  en  se  heurtant 
les  uns  contre  les  autres,  une  sorte  de  tintement,  comme  un  bruit  de 
verres  qui  se  choquent. 

Si  les  Pingouins  sont  pris  par  ces  bourrasques,  lorsqu'ils  vont  à  la 
pêche  ou  en  reviennent,  ils  attendent  la  fin  de  la  rafale,  ou  ils  continuent 
leur  route,  marchant  les  uns  derrière  les  autres,  eu  longues  processions. 

Le  9  novembre,  des  Oiseaux  arrivent  encore  sur  l'île.  Les  retardataires, 


i2.  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

et  ils  sont  nombreux,  cherchent  des  cailloux  pour  leurs  nids  :  mais  les 
pierres  se  font  de  plus  en  plus  rares.  J'ai  remarqué  un  Adélie  (jui  faisait 
à  chaque  voyage  plus  de  100  mètres  pour  aller  chercher  des  cailloux  : 
ils  se  trouvaient  assez  abondants  sur  des  rochers  élevés  d'une  dizaine 
de  mètres  au-dessus  des  dernières  rookeries  actuellement  habitées.  11  y 
avait  eu  là  probablement  une  ancienne  colonie  abandonnée  sans  doute 
par  suite  de  la  diminution  des  habitants  de  la  cité.  Notre  Pingouin,  à 
chaque  voyage,  transportait  un  caillou  à  son  futur  nid,  lequel  caillou 
était  le  plus  souvent  volé  par  un  de  ses  semblables,  dès  qu'il  partait  faire 
un  nouveau  voyage,  et  cela  malgré  lafemelle  qui  essayait  de  défendre  son 
bien.  Il  se  donnait  un  mal  inouï  pour  n'arriver  à  aucun  résultat,  .l'eus 
pitié  de  lui  :  et,  tandis  qu'il  était  absent,  ayant  fait  au  préalable  une 
ample  provision  de  ces  cailloux  si  rares  et  tant  recherchés,  je  lui  confec- 
tionnai un  nid  superbe,  comme  nul  de  ses  collègues  n'en  possédait.  A  son 
retour,  son  premier  mouvement  fut  agressif,  et  il  me  gratifia  d'un  coup 
d'aileron.  Puis,  comprenant  que  je  ne  lui  voulais  aucun  mal,  il  s'adoucit, 
et  me  regarda  remplir  de  cailloux  le  trou  (ju'il  était  péniblement  parvenu 
à  faire  dans  la  neige.  Alors  il  s'installa,  rangea  les  cailloux  à  leur  place 
définitive,  se  laissant  caresser  sans  aucun  mouvement  de  révolte,  tandis 
que  la  femelle,  calme  à  côté  du  nid,  regardait  son  compagnon,  en  pous- 
sant de  temps  en  temps  des  ronronnements  de  satisfaction. 

La  ponte,  l incubation,  f élevage  des  Poussins.  —  Les  Adélies  pondent 
deux  œufs,  très  rarement  trois.  Si  on  enlève  les  œufs  du  nid,  on  peut 
encore  arriver  à  faire  pondre  deux  ou  trois  œufs,  mais  ceux-ci  sont  de 
plus  en  plus  petits  et  ne  renferment  souvent  que  de  l'albumine. 

Les  œufs,  d'un  blanc  légèrement  verdàtre,  ont  en  moyenne  un  grand 
diamètre  de  (38  à  72  millimètres  sur  55  à  o8  millimètres  (PL  IX,  fig.  38,  A ). 
Leur  poids  moyen  varie  entre  125  et  135  grammes.  Le  plus  petit  ceuf 
trouvé  (un  o'uf  de  quatrième  ponte  dépourvu  de  vitellus)  mesurait 
17  sur  il  millimètres  et  pesait  53  granmies.  Le  vitellus  est  jaunâtre 
comme  celui  des  œufs  de  poule. 

Le  tableau  suivant  donne  la  liste  de  la  collection  des  nnifs  d'Adélies  que 
nous  avons  rapportés  de  l'Antarctique,  avec  pour  chacun  d'eux  la  prove- 
nance, la  dimension,  le  poids  et  l'indication  de  la  ponte. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 


23 


NUMERO 

■rur.iio. 


528 
529 
530 
531 
550 
551 
552 
553 
554 
555 
550 
557 
558 
559 
500 
561 
5(i2 
563 
504 
565 
506 
507 
5(')8 
569 
570 
571 


Ht 


2 

57:î 

574 
575 
570 
577 
578 
579 
581) 
581 
582 
583 
584 
585 
586 
587 
588 
589 
590 
591 
592 
593 
594 
595 
590 


PONTE. 


{■"■ 


UJN(iUEUK 

LAUUKlIlt 

en 

fil 

POIDS. 

PHOVENANCE. 

DATE. 

iiiillinu-lros. 

millimètres. 

77 

50,5 

■) 

Ile  Booth-Wandel. 

30-XH-190S. 

()1,5 

48 

■> 

— 

— • 

02 

47 

•1 

— 

— 

73 

55 

•} 

— 

— 

75 

59 

148 

Ile  Petermann. 

19-XI-1900. 

70 

59,3 

144 

— 

— 

72 

58,5 

143 

— 

— 

70,5 

08,5 

140 

— 

— 

73 

58 

138 

— 

— 

73,5 

57,5 

138 

— 

— 

73,5 

57,5 

138 

— 

— 

70 

58 

137 

— 

— 

70 

50 

130 

— 

— 

74,5 

55,5 

133 

— 

— 

77,5 

54,5 

127 

— 

— 

74,5 

54,5 

12() 

— 

70 

57 

126 

— 

— 

73,5 

55 

125 

— 

— 

08,5 

50,5 

124 

— 

— 

70 

55,5 

119 

— 

— 

07 

55,5 

117 

— 

— 

74 

53 

116 

— 

— 

09,5 

54 

113 

— 

— 

00,5 

54 

113 

— 

— 

73 

52,5 

112 

— 

— 

05,5 

55 

111 

— 

— 

07 

52,5 

102 

— 

— 

07 

52 

101 

— 

— 

00,5 

49 

90 

— 

— 

GO 

49 

89 

— 

— 

70 

58 

1:33 

— 

20-XI-1909. 

77 

58 

146 

— 

— 

72,5 

58,5 

140 

— 

— 

71 

50 

120 

— 

— 

7'i 

53 

117 

— 

— 

75 

53 

119 

— 

— 

07 

55 

116 

— 

— 

04 

52,5 

100 

— 

— 

64 

50,5 

93 

— 

— 

05,5 

51 

97 

— 

— 

08 

49,5 

96 

— 

— 

02 

50,5 

90 

— 

— 

05 

40 

7,5 

— 

— 

53,5 

47 

08 

— 

— 

51 ,5 

43,5 

57 

— 

22-XI-1909. 

08 

55 

126 

— 

— 

(J7 

51 

90 

— 

21-XM909. 

09,5 

52 

109 

— 

22-XI-1909. 

74,5 

52 

115 

— 

— 

05,5 

54 

110 

— 

■ — 

47,5 

41 

53 

— 

23-XI-1909. 

24 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 


NUMÉRO 

LONGUEUR 

LARUEUn 

PONTE. 

en 

en 

POIDS. 

PROVENANGE. 

DATE. 

d'ordre. 

millimètres. 

millimêli-es. 

()(»:i 

0.' 

O'i 

50,5 

110 

Ile  Petermann. 

25-XI-1009. 

00-i 

— 

77 

5:3 

124 

— 

— 

605 

— 

51,5 

41,5 

.50 

— 

— 

0(X> 

:',<• 

m 

48 

80 

— 

— 

007 

— 

05,5 

48 

80 

— 

— 

r>()8 

— 

01,5 

50 

88 

— 

— 

(i(  )0 

— 

01,5 

51 

8!) 

— 

— 

010 

— 

C() 

48 

83 

— 

— 

61  r 

— 

00,5 

52,5 

107 

— 

— 

012 

Irc 

08,5 

58 

130 

Jléme            

20-Xl-l'.iO(t. 

013 

Oe 

07,5 

57,5 

120 

21-Xl-IOO'.). 

014 

3<- 

05 

50,5 

118 

'                         

2'i-Xl-l'.)0!l. 

015 

Oe 

75,5 

54,5 

12'i 

(l"'|?poiite.K».5(;0.i 

Les  deux  premiers  œufs  furent  pondus  le  !)  novenibce.  Tui(]uet  signale 
le  déijut  de  la  ponte  à  l'île  Booth-Wandel,  le  A  novembre  1904. 

C'est  l'époque  tant  attendue  des  explorateurs  qui,  réduits  bien  souvent 
à  une  alimentation  presque  exclusive  de  conserves  durant  les  mois 
d'hiver,  voient  avec  plaisir  arriver  cette  période.  Ces  ti'ufs  sont  comes- 
tibles jusqu'au  huitième  jour  d'incubation. 

Le  13  novembre,  nous  avons  trouvé  Oœufs,  10  le  14,  341e  16,  801e  17, 
76  le  19.  Et  c'est  bientôt  par  centaines  que  se  comptent  journellepient  les 
œufs  pondus,  dans  la  rookerie  de  Petermann  qui  se  compose  de  3  000  à 
4000  individus.  On  trouve  134  œufs  le  20  novembre,  181  le  21 ,  122  le  22, 
135  le  23,  240  le  24,  30o  le  25.  A  cette  époque,  beaucoup  d'œufs  sont 
déjà  plus  petits  que  les  autres.  Ils  proviennent  de  troisièmes  pontes.  La 
ponte  décroît  vers  la  tin  de  novembre,  pour  se  terminer  au  début  de 
décembre. 

Tous  les  chiffres  donnés  plus  haut,  et  principalement  ceux  des  pre- 
miers jours  de  ponte,  sont  bien  inférieurs  à  la  réalité.  Malgré  des  protes- 
tations journellement  réitérées,  nous  n'avons  pu  obtenir  que  l'on 
empêchât  les  visites  secrètes  de  certains  hommes  aux  rookeries  et  la 
disparition  de  nombreux  œufs.  C'est  ainsi  (nous  l'avons  appris  depuis) 
que  les  réserves  de  l'équipage  se  montaient  à  un  millier  d'a-ufs  :  naturel- 
lement ceux-ci  ne  figurent  pas  dans  nos  statistiques  précédentes. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  25 

Dès  les  premières  pontes,  il  est  facile  de  recuimaitrc  les  nids  renfer- 
mant des  œufs.  A  notre  approclie,  l'Oiseau  qui  est  dessus  ne  se  dresse 
pas  ;  il  se  contente,  si  c'est  une  femelle,  de  se  défendre  à  coups  de  Itec  :  il 
faut  l'enlever  de  force.  Si  le  mâle  est  proche,  il  vient  au  secours  du  nid, 
se  jette  sur  le  ravageur  qu'il  harcèle  à  coups  de  bec  et  d'ailerons,  et  ce 
dernier  a  beaucoup  de  peine  à  s'en  défaire. 

Mâle  et  femelle  couvent  alternativement.  Quand  l'un  quitte,  l'autre  se 
couche  immédiatement  sur  les  œufs. 

Même  à  l'époque  de  la  ponte,  il  y  a  toujours  des  ([uerelles  et  des 
batailles  dans  la  colonie.  Un  Pingouin,  en  passant,  bouscule-l-il  un 
Oiseau  en  train  de  couver,  celui-ci,  furieux,  se  jette  sur  l'étourdi,  et  une 
lutte  s'ensuit,  souvent  néfaste  pour  les  œufs.  Le  calme  rétabli,  l'Adélie 
revient  à  son  nid  et  ne  semble  pas  s'émouvoir  du  mal  occasionné  :  un  œuf 
est-il  cassé,  il  ne  s'en  occupe  pas;  un  autre  a-t-il  roulé  hors  du  nid,  son 
propriétaire  l'abandonne.  Un  Pingouin  quelconque,  passant  près  de  l'œuf 
égaré,  se  contente  de  le  casser  d'un  coup  de  bec,  sans  jamais  le  manger. 
Ces  querelles  font  presque  toujours  le  bonheur  des  pilleurs  que  sont 
les  Mégalestris  [MegalestrisMaccormickiei  M.  antarctica).  Ces  Goélands 
attendent  avec  impatience  la  ponte  des  Adélies.  Oiseaux  de  rapine,  ils 
s'emparent  de  tout  ce  qui,  n'étant  pas  surveillé,  peut  leur  servir  de  nour- 
riture. 

Un  Pingouin  étourdi  quitte-t-il  son  nid,  aussitôt  un  Mégalestris,  venu 
on  ne  sait  d'où,  mais  qui  se  trouvait  quelque  part,  en  sentinelle,  s'abat 
sur  celui-ci,  prend  un  (inif  danssonbec  etl'emporte  |)0ur  aller  le  manger 
au  repos,  hors  de  la  rookerie.  H  ai'rive  même  à  ces  (Jiseaux,  comme 
nous  avons  pu  le  constater,  de  voler  de  jeunes  Poussins.  Aussi,  autour 
des  nids  de  Mégalestris,  trouve-t-on  toujours  une  quantité  de  débris  de 
coquilles,  d'os  et  de  duvet,  qui  témoignent  des  nombreux  larcins  de  ces 
Goélands. 

Dès  le  début  de  la  ponte,  les  Adélies  se  méfient  de  ces  redoutables 
ennemis.  Un  Mégalestris  vient-il  à  passer  au-dessus  de  la  colonie,  en 
recherche  de  quelque  proie,  aussitôt  tous  se  tiennent  sur  la  défensive, 
levant  la  tête,  le  bec  en  l'air,  n*^  perdant  pas  de  vue  celui  qu'ils  savent 
être  à  l'affût  d'un  mauvais  coup  à  faire. 

Expédition  Charcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  4 


26  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

La  femelle  prend  grand  soin  de  ses  œufs  :  plusieurs  fois  par  jour,  elle 
les  retourne  avec  le  bec,  puis  elle  se  couche  sur  eux,  de  manière  à  mettre 
en  contact  avec  la  coquille  la  région  de  l'abdomen  qui,  sur  une  surface 
longitudinale  médiane,  est  dépourvue  de  plumes.  La  partie  inférieure  des 
œufs  repose  sur  les  pattes  de  l'Oiseau.  Femelle  et  mâle  couvent  alterna- 
tivement. 

L'incubation  dure  de  trente-trois  à  trente-six  jours.  Valette  (I),  aux 
Orcades  du  Sud,  a  constaté  une  durée  de  trente-six  jours. 

Même  à  l'époque  de  la  ponte,  une  grande  partie  des  rochers  sont 
encore  recouverts  de  neige,  et  nombreux  sont  les  couples  qui  ont  été 
obligés  de  faire  leur  nid  sur  celle-ci,  en  attendant  que  leur  présence  con- 
tinuelle à  la  même  place  ait  dégagé  la  roche  de  la  neige  qui  la  cachait. 
Mais  les  froids  sont  encore  vifs  en  novembre  :  le  13  et  le  1 1,  par  exemple, 
il  y  eut  des  minimums  de  —  15°.  Parle  stationnement  prolongé  des 
Oiseaux,  il  se  forme  des  creux  dans  la  neige.  Et  souvent  les  ceufs  sont 
déposés  au  fond  de  ces  poches  et  couvés  avec  peine,  avant  que  la  neige 
ait  disparu.  Ce  procédé  d'incubation  est  d'ailleurs  fort  nuisible  au  déve- 
loppement des  embryons.  Il  arrive  fréquemment,  si  la  température  de 
l'air  monte  au-dessus  de  0°,  que  l'eau  provenant  de  la  fonte  de  la  neige, 
envahit  ces  excavations,  s'y  accumule  et  recouvre  le  ou  les  onifs.  Alors 
l'un  des  adultes  procède  au  sauvetage  de  sa  future  progéniture  :  s'aidant 
du  bec  et  des  pattes,  il  retire  les  onifs,  les  place  à  côté  de  l'excavation,  à 
la  surface  de  la  neige,  et  les  couve  à  nouveau,  tandis  que  l'autre  adulte, 
n'abandonnant  pas  le  trou,  prend  un  bain  de  pied  forcé  :  mais  ainsi  il 
continue  à  faire  fondre  la  neige,  espérant  toujours  arriver  au  rocher 
qu'elle  recouvre. 

Les  premiers  Poussins  éclosentdansla  seconde  quinzaine  de  décembre. 
Au  début,  ils  sont  couverts  d'un  duvet  uniformément  noirâtre,  plus  foncé 
sur  la  tète.  Puis,  lui  fait  suite  un  second  duvet  d'un  brun  sale,  qui  le 
recouvre  entièrement.  Au  bout  de  sept  à  huit  semaines,  les  Poussins  le 
perdent  pour  prendre  la  parure  qu'ils  garderont  pendant  une  année, 
jusqu'à  la  prochaine  nuie,  à  l'été  suivant. 

(I)  L.-H.  Valette,  Viage  a  las  Islas  Orcadas  australes  [Anal,  dcl  Minifil.  (/<•  Aijiic,  (.  III,  n"  2, 
Buenos-Ayies,  1906).  ' 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  27 

Ouand  IV'closioii  des  oniCs  est  torniiiKM',  dans  la  première  (juinzaine 
de  janvier,  la  cité  ])résente  une  grande  animation.  Les  parents  doivent 
assumer  la  lourde  mission  de  nourrir  les  Poussins  qui  vont  rapidement  se 
développer.  Au  début,  à  lourde  l'ùle,  niàle  et  femelle  abandonnent  le  nid 
pour  aller  à  la  pècbe. 

On  voit  alors  les  Adéiies  quitter  la  rookerie  par  petites  troupes  qui, 
suivant  toujours  la  même  route,  finissent  par  ti-acer  de  véritables  sen- 
tiers dans  la  neige  (PI.  TI,  fîg.  9),  pouratleindr(i  quelque  point  de  la  côte, 
d'où  il  sera  facile  de  se  lancer  à  la  mer.  Dans  chacun  de  ces  groupes,  il 
semble  qu'il  y  ait  un  chef  auquel  les  autres  Oiseaux  ont  confié  la  mission 
de  les  diriger.  Arrivée  près  du  rivage,  la  troupe  s'arrête,  se  concerte. 
Après  quelques  hésitations,  probablement  au  cri  du  chef  répété  par  la 
bande  entière,  tous  piquent  une  tète  et  filent  rapidement  à  la  recherche 
des   Eaphaasics  (PI.  TI,  iig.  llj. 

Suivant  l'emplacement  de  la  rookerie,  plus  ou  moins  éloignée  de  la 
mer,  les  Adéiies  sont  quelquefois  obligés  de  faire  des  trajets  de  plusieurs 
kilomètres  avant  de  rencontrer  l'eau  libre. 

Les  Pingouins  ne  restent  en  mer  que  le  temps  nécessaire  à  la  pêche. 
Ils  hésitent  toujours  à  se  mettre  à  l'eau;  s'il  leur  arrive,  par  exemple, 
d'être  poursuivis  sur  terre,  ils  éviteront  le  rivage  pour  s'enfuir  vers 
l'intérieur  de  l'ile  ou  sur  la  banquise.  Et  c'est  seulement  sur  le  point 
d'être  pris,  quand  ils  ne  peuvent  faire  autrement,  qu'ils  se  lancent  ta  la 
mer,  mais  pour  en  sortir  le  plus  rapidement  possible.  Là,  en  elTet,  ils 
rencontrent  leurs  redoutables  ennemis  les  Orques  et  les  Phoques.  Le 
Phoque  crabier,  le  Phoque  de  Weddell,  et  surtout  le  terrible  Léopard  de 
mer  font,  })our  leur  nourriture,  une  ample  consommation  de  Sphénis- 
cidés,  et  chaque  fois  qu'on  capture  l'un  quelconque  de  ces  Pinnipèdes^ 
on  est  presque  certain  de  trouver  dans  l'estomac  du  Phoque  une  grande 
quantité  de  plumes  de  Pingouin. 

La  pêche  terminée,  toujours  par  bandes,  les  Oiseaux  rentrent  à  la 
rookerie,  où  ils  sont  impatiemment  attendus  par  les  Poussins. 

L'estomac  de  l'Adélie  forme  une  large  poche  musculaire,  sans  divi- 
sion, capalde  d'une  grande  distension,  dont  la  capacité  au  repos  est 
de   130  à   loO  centimètres  cubes,   et  contient   au  minimum  de  250  à 


28  OISEAUX     ANTARCTIQUES. 

210  grammes  d'Eup/iausies,  ce  qui  représente  plusieurs  centaines  de  ces 
crustacés.  Chez  un  jeune  çf  de  quatre  mois,  nous  avons  trouvé  jusqu'à 
370grammesde  ces  Schizopodes(3  avril  lOO'J),  et  l'estomac  d'un  adulte  çf 
capturé  sur  l'île  Petermann  le  21  mai  1909  en  contenait  420  grammes. 

Ceci  donne  une  idée  de  l'abondance  de  ces  Crustacés  dans  les  mers 
antarctiques.  Il  faut,  en  effet,  songer  que,  pendant  toute  la  durée  de 
l'élevage  des  jeunes,  c'est-à-dire  durant  plus  de  deux  mois,  les  parents 
font  un  continuel  va-et-vient  entre  la  mer  et  la  rookerie,  —  et  qu'il  y  a, 
comme  nous  l'avons  déjà  indiqué,  certaines  colonies  dont  la  population 
arrive  à  plusieurs  centaines  de  mille  d'individus. 

Un  peut  évaluer  sans  crainte  de  se  tromper  à  des  centaines  de  millions, 
les  Ëiiphausies  qui,  chaque  jour,  servent  à  la  nourriture  des  Pingouins 
Adélie  dans  la  zone  antarctique.  Or,  la  plu])art  des  autres  Sphéniscidés, 
teh  que  Pi/gosce/is  jja/jua,  P.  r/nfair/ica,  Ap/p/ioiJij/es  For-s/»"//,  font  aussi 
leur  nourriture  de  ce  Crustacé. 

Outre  les  Euphausies  et  quelques  Crustacés  Décapodes,  on  trouve 
encore  dans  l'estomac  de  l'Adélie  des  petits  Poissons,  rarement  quelques 
becs  de  Céphalopodes.  C'est  surtout  à  partir  du  mois  de  mai,  et  pendant 
les  mois  d'hiver,  que  nous  avons  rencontré  une  assez  grande  proportion 
de  petits  Poissons.  Parfois  même  ceux-ci  formaient  la  presque  totalité 
du  contenu  stomacal  :  ce  fut  le  cas  pour  quatre  animaux  examinés  le 
21  mai  1909,  et  trois  le  19  juin  1909.  On  y  trouve  aussi  des  petits 
cailloux  avalés  sans  doute  dans  le  but  de  réduire  en  une  masse  molle 
toutes  les  parties  indigestes  des  Crustacés. 

La  digestion  du  Pingouin  est  lente,  c'est  pourquoi  l'on  peut  trouver 
dans  son  estomac,  même  plusieurs  heures  après  son  retour  de  la  pêche, 
des  Crustacés  à  peine  attaqués  par  les  sucs  digestifs. 

L'abandon  des  rookeries.  —  Dès  le  i  janvier,  les  jeunes  sont  déjà  assez 
développés.  De  place  en  place,  sur  la  rookerie,  il  reste  quelques  œufs  de 
retardataires.  Plus  les  Poussins  grandissent,  plus  ils  sont  avides  de  nour- 
riture ;  les  habitudes  de  la  colonie  changent  alors  complètement. 

Les  Poussins  abandonnent  peu  à  peu  leurs  nids  ;  les  cailloux,  par  suite 
des  allées  et  venues  incessantes,  sont  éparpillés  sur  le  sol  de  la  cité.  Les 
jeunes  n'ont  plus  besoin  de  la  surveillance  continuelle  de  leurs  parents. 


OISEAUX     AXTARCTIÇUES.  29 

C'est  à  |i.irtii'  (le  celle  ("'itoiiuc  (iiic  l'uiiidii  i|iii  ikiiis  a  loujours  pai'u 
exister  entre  les  couples  semble  cesser.  H  se  produit  coiiinic  une  sorte 
dcconimunisnie:  il  n'existe  plus  de  propriétés  gardées,  et  les  parents  nour- 
rissent tous  les  jeunes  sans  distinction  aucune.  Les  Poussins  se  ras- 
semblent ;  ils  se  tiennent  maintenant  par  petites  troupes,  grouillant, 
pataugeant  au  milieu  de  la  boue  rougeàtre  dont  ils  sont  couverts  des 
pieds  à  la  tête  :  l'odeur  fort  désagréable  qui  s'en  dégage  laisse  quelques 
doutes  sur  la  bonne  hygiène  de  ces  animaux. 

Chaque  groupe  est  conlié  à  la  surveillance  de  quelques  adultes  qui 
veillent  avec  soin  sur  toute  cette  jeunesse  bruyante  et  déjà  curieuse. 
Dans  les  endroits  dangereux  de  la  rookerie,  il  est  bon  de  redoubler  de 
surveillance  ;  des  anciens  se  placent  en  sentinelles.  Malheur  à  celui  qui, 
trop  curieux,  tente  de  s'approcher  des  limites  défendues  :  il  est  vive- 
ment sermonné  par  l'Oiseau  de  garde,  et,  si  les  paroles  ne  suffisent  pas, 
un  coup  de  bec  ou  d'aileron  rappelle  notre  jeune  imprudent  au  sentiment 
de  l'obéissance  ;  poussant  des  cris  aigus,  le  bambin  va  retrouver  ses  com- 
pagnons plus  sages  (PI.  IV,  fig.  17). 

Et  toujours  les  adultes  vont  à  la  pèche  et  en  reviennent.  Cette  période 
est  pour  eux  sans  repos. 

Avec  son  gros  ventre  qui  tombe  sur  ses  pattes,  le  poussin  est  très 
lourdaud  d'aspect.  Tantôt  complètement  repu,  il  reste  sur  place  sans 
pouvoir  bouger  ;  tantôt  enlranié  par  la  faim,  il  court  après  quelque  adulte 
revenu  de  la  mer,  l'estonaac  bourié  de  butin  :  il  harcèle  \r  malheureux 
jusqu'à  ce  qu'il  se  soit  exécuté.  Par  une  sorte  de  régurgitation,  l'Oiseau 
fait  revenir  une  partie  des  aliments  dans  le  gosier  où  le  jeune  glouton, 
enfonçant  presque  entièrement  sa  tète  dans  le  bec  de  l'adulle,  va  les 
chercher  (PI.  IV,  fig.  19). 

En  février,  les  Oiseaux  perdent  peu  à  peu  le  duvet,  pour  prendre  la 
livrée  qu'ils  garderont  pendant  une  année,  jusqu'à  la  prochaine  mue.  Le 
6  février,  les  jeunes,  âgés  de  six  à  huit  semaines,  atteignent  presque  la 
taille  des  adultes.  Beaucoup  ont  perdu  leur  second  duvet;  d'autres  en 
sont  encore  complètement  couverts;  certains  ont  la  région  ventrale 
blanche,  tandis  que  le  duvet  persévère  encore  sur  les  parties  dorsales.  Ils 
ont  alors   un  aspect  des  plus  comiques.  Celui-ci  conserve  sur  la  tête 


m 


30  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

comme  une  sorte  de  houppette  qui,  parfois  placée  de  travers,  lui  donne  un 
air  «  goguenard  »  ;  —  cet  autre,  avec  ses  plaques  de  duvet  roux  sur  le 
bord  des  ailerons  ou  dans  le  dos,  fait  penser  à  un  malheureux  dont 
l'habit  s'eifiloche.  Les  dernières  régions  du  corps  où  le  duvet  persiste  le 
plus  longtemps  sont  :  le  vertex,  l'occiput  et  la  nuque,  les  parties  latérales 
du  bas  du  dos  et  de  la  région  sus-caudale,  le  bord  postérieur  des  ailerons. 
Débarrassés  de  leur  «duvet,  les  jeunes  se  distinguent  des  adultes  par 
l'absence  des  paupières  blanches,  ainsi  que  parla  couleur  de  la  gorge  qui 
est  blanche  au  lieu  d'être  noire,  la  limite  du  blanc  et  du  noir  traversant  la 
joue  au-dessous  de  l'œil  (IM.  W,  fig.  20).  Ce  n'est  qu'a  la  prochaine  mue, 
au  bout  d'une  année,  fin  février,  ou  mars,  qu'ils  prendront  alors  la  livrée 
de  l'adulte. 

Dès  le  15  février,  les  jeunes  peuvent  maintenant  se  sulfire  à  eux-mêmes 
(PI.  IV,  tîg.  18).  Les  rookeries  sont  abandonnées.  Il  ne  reste  plus  que 
quelques  chétifs  attendant,  sous  la  protection  des  parents,  le  jour  où  la 
vigueur  leur  permettra  de  se  tirer  d'affaire  (PI.  V,  fig.  24).   . 

On  voit  alors,  vers  la  fin  de  février,  les  jeunes  rassemblés  par  troupes 
le  long  de  la  côte  de  Petermann.  Beaucoup  sont  déjà  allés  à  la  mer  :  ils 
sont  facilement  reconnaissables  à  leur  plastron  blanc  immaculé,  tandis 
que  les  parties  ventrales  de  ceux  qui  n'ont  pas  encore  osé  se  jeter  à  l'eau 
sont  complètement  souillées  de  boue  (PI.  IV,  iig.  20). 

A  ce  propos,  nous  devons  dire  que  le  jeune  Adélie  n'a  besoin  d'aucun 
apprentissage  pour  se  jeter  à  la  mer  et  nager;  il  le  fait  d'instinct.  Il  ne  se 
trouve  pas  sous  la  surveillance  des  adultes,  lorsqu'il  se  met  à  Feau  pour 
la  première  fois.  Nous  l'avons  souvent  constaté,  et  même  nous  avons  fait 
à  ce  sujet  l'expérience  suivante  :  le  12  février  1009,  nous  avons  capturé 
quatre  jeunes  Adélies  ;  leur  saleté  caractéristique  nous  permettait  d'affir- 
mer qu'ils  n'avaient  pas  encore  pris  contact  avec  l'eau.  Sans  aucune  pré- 
caution préalable,  nous  les  avons  mis  à  la  mer.  Après  quelques  secondes 
d'hésitation,  il  y  eut  au  début  un  peu  de  gaucherie  dans  leurs  mouve- 
ments, puis  ils  se  mirent  bientôt  à  nager  comme  s'ils  en  avaient  eu  une 
longue  habitude. 

Le    1er    niars,   les    rookeries    sont  complètement   abandonnées.    Les 
jeunes    sont   disséminés   sur  lîle,    le   long   de    la  côte    :    ils   vont   à 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  31 

l'eau.    r,(M'(;iiiis    ont    (Micorc    une     politc    tourte    de  duvet    sur   l;i    IcMe. 

De  joui'  en  joui-,  leur  nondjre  diminue  sur  l'ile,  et  Ijienlôt  il  n'y 
en  a  plus.  1mi  mars,  ils  sont  partis,  remontant  vers  le  Nord  pour 
r(>st<'r  eu  coiilact  avec   la    mer  libre. 

Les  parents  ont  accompli  leur  nnivre.  Après  avoir,  pendant  quatre 
mois,  travaillé  pour  leur  })rogéniture,  ils  vont  maintenant  penser  à 
eux. 

L'hiver  a[)proclie.  Aussi  les  AdfMies  vont-ils  prendre  le  nouvel 
habit  qui  leur  permettra  de  supporter  les  mauvais  jours.  Ils  aban- 
donnent la  rookcrie  et  se  retirent  à  l'écart,  sur  la  neige  ou  dans 
quelque  anfractuosité  de  rocher,  autant  que  possible  à  l'abi'i  des  vents 
dominants  (PI.  V,  fig.  21).  Ils  resteront  là,  à  la  même  place,  sans 
bouger,  durant  tout  le  temps  de  la  mue,  c'est-à-dire  une  vingtaine 
de  jours.  Pendant  cette  période,  ne  pouvant  aller  chercher  leur  nourri- 
ture, ils  en  sont  réduits  à  vivre  sur  leurs  réserves.  Ils  deviennent 
laids,  ressend^lenl  à  des  Oiseaux  mal  empaillés,  mangés  par  les  mites. 
Immobiles,  grelottants,  très  amaigris,  la  tète  rentrée  dans  les  épaules, 
ils   ont  l'air  fort  malheureux  (PI.    I,    lig.    3). 

La  mue  commença  vers  le  0  février  lilOO,  mais  c'est  surtout  à 
partir  du  15  qu'elle  devint  générale.  Entre  les  rochers,  par  suite  de 
la  grande  fusion  des  neiges  due  à  une  période  de  températures  éle- 
vées (la  moyenne  du  20  février  fut  de  +  i°,9  et  celle  du  28  de  +  5°), 
se  voient  des  amas  de  plumes,  produit  des  mues  successives  des 
années  précédentes  (PI.  V,  fig.   23). 

Partout  on  assiste  à  la  mue  des  adultes.  Dans  une  ej^cursion 
faite  le  6  mars  à  la  baie  Beascochea,  sur  tous  les  îlots  et  les  terres 
assez  faciles  d'accès  près  desquelles  nous  passons,  nous  avons  vu  des 
Pingouins  en  train  de  muer,  soit  isolés,  soit  réunis  par  petites 
troupes.  Tous  sont  très  maigres.  Mis  à  la  mer,  ils  en  sortent  aus- 
sitôt et  semblent  avoir  très  froid;  leur  couche  de  graisse  a  disparu; 
ils  ne  sont  plus  protégés  contre  la  rigueur  du  climat.  Ils  choisissent, 
pour  s'exiler,    les  rochers  ([ui  les  abritent  des  vents   dominants. 

A  la  lin  de  mars,  la  mue  est  complètement  terminée.  Peu  à  peu, 
les    Oiseaux,  par  petites  bandes,  quittent  l'île,  abandonnant  leur  cité 


32  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

qu'ils  viendront  à  nouveau  retrouver,  l'hiver  passé,  après  sept  mois 
d'absence. 

Nous  nous  sommes  en  effet  assuré  que  les  Adélies  revenaient  dune 
année   à  l'autre  à  la  même   rooUerie. 

Lors  du  premier  passage  du  <i  Pourquoi  Pas?  »  à  l'île  Petermann 
(12  janvier  1909),  nous  avons  mis  au  tarse  droit  de  quelques  Pin- 
gouins jeunes  et  adultes  des  bagues  en  celluloïd  de  couleurs  diverses 
suivant  l'àge  de  l'Oiseau  :  des  bagues  violettes  à  50  adultes  et  des 
bagues  jaunes  à  75  jeunes. 

En  octobre  et  novembre  1909,  au  retour  des  Oiseaux  à  la 
rookerie,  nous  avons  eu  la  bonne  fortune  de  retouver  1 1  des  adultes 
marqués  neuf  mois  auparavant  (PI.  I,  fig.  1).  Le  7  novembre  nous 
avons  aperçu  trois  Adélies  et  le  22  novembre  huit  autres  Adélies 
ayant  les  bagues  violettes  que  nous  leur  avions  mises  le  12  janvier 
au  tarse  droit.  Peut-être  y  en  avait-il  d'autres,  mais  il  faut  dire  que 
la  recherche  des  bagues  était  très  difficile,  rendue  pénible  par 
l'abondance  des  coups  de  bec  et  d'aileron  dont  nous  fûmes   gratifié. 

Nous  avons  de  plus  constaté  que  les  Oiseaux  Ltagués  avaient  refait 
leurs  nids  sur  les  mêmes  rochers   que  l'année  précédente. 

Nous  n'avons  retrouvé  aucune  bague  jaune,  ce  qui  semble  bien 
indiquer  que  les  jeunes  d'une  année  ne  reviennent  pas  encore  sur 
leur  lieu  de  naissance  et  ne  s'accouplent  qu'à  l'âge  de  deux  ans. 
Si  quelque  expédition  polaire  future  devait  passer  dans  les  parages 
de  File  Petermann,  il  serait  intéressant  qu'elle  recherche  s'il  n'exis- 
terait pas  encore,  parmi  les  Adélies  de  la  rookerie,  quelques  Oiseaux 
bagués,  en  ayant  soin  de  bien  noter  la  couleur  des  bagues  trouvées. 

Depuis  le  retour  du  «  Pourquoi  Pas?  »  en  France,  nous  avons  appris 
que,  en  novembre  et  décembre  1910,  cjuelques  Oiseaux  bagués  ont  été  ren- 
contrés par  des  baleiniers  qui,  pendant  les  mois  d'été,  vont  chasser  les 
Cétacés  dans  ces  régions.  —  Il  est  malheureusement  à  craindre  que  les 
baleiniers,  par  suite  de  la  récolte  de  tous  les  œufs  de  certaines 
rookeries  (comme  cela  a  eu  lieu,  nous  l'avons  constaté,  pendant 
plusieurs  années  de  suite  aux  îles  Déception  et  Wiencke),  et  aussi 
par  le   massacre   de   nombreux    Oiseaux,    n'arrivent   à   détruire    peu   à 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  33 

peu  ou  à  dimiuuei'  daus  de  grandes  proportions  la  pojjulalion  de 
cerlaines  colonies.  Le  i^ouvernement  des  îles  Falkiand,  dont  dépend 
une  partie  des  terres  antarctiques  sud-américaines,  prit  en  19H  des 
mesures  pour  protéger  les  habitants  ailés  de  ces  régions  antarctiques  : 
la  délivrance  des  licences  de  pèche  dans  ces  parages  est  subor- 
donnée à  la  promesse  de  respecter  les  Oiseaux. 

La  rie  des  Adélies  pendant  l'hiver.  —  Il  reste  à  voir  ce  que  deviennent 
les  Adélies  durant  la  mauvaise  saison. 

Il  est  certain,  nous  pouvons  même  dire  prouvé,  que  ces  animaux 
ne  remontent  pas  loin  vers  le  Nord.  Ils  recherchent  seulement  la 
lisière  de  la  banquise,  afin  d'être  toujours  assurés  de  pouvoir  rester 
en  communication  avec  la  mer  libre,  où  ils  trouvent  leur  nourriture. 
Il  est  prob.able  que  si,  pendant  l'hiver,  il  y  avait  toujours  de  l'eau 
libre  à  proximité  des  rookeries,  ces  Oiseaux  ne  les  abandonneraient 
pas  et  resteraient  sur  les  glaces,   dans  leur  voisinage. 

Au  cours  de  l'hivernage,  j'ai  en  effet  remarqué  que,  chaque  fois 
que  le  chenal  de  Lemaire,  entre  l'Ile  et  la  côte  de  la  Terre  de  Gra- 
ham,  se  trouvait  dégagé  de  glaces,  par  suite  des  violents  coups 
de  vent  de  N.-E.  qui  avaient  vite  fait,  sous  l'influence  d'une  légère 
houle  et  surtout  de  l'énorme  pression  des  icebergs  emprisonnés,  de 
disloquer  la  banquise,  on  était  presque  certain  d'entendre,  venant 
de  la   direction  de  l'eau  libre,  les  cris  de  quelques  Pingouins. 

Souvent  même,  pendant  que  durait  la  bourrasque,  de  petites  troupes 
d'Oiseaux  grimpaient  sur  l'ile  et  se  couchaient,  laissant  passer  la  rafale 
pour  reprendre  ensuite  leur  voyage  à    travers  les   glaces. 

C'est  ainsi  que  le  12  avril  1909,  tandis  qu'une  tempête  de  N.-E. 
souffle  avec  violence,  une  bande  d'une  centaine  d'Oiseaux  est  venue 
sur  l'île  attendre  une  accalmie;  ils  étaient  tous  réunis,  la  plupart 
couchés  le  dos  au  vent,  couverts  en  grande  parlie  de  neige  :  il  y  avait 
parmi  eux  six  Papous.  La  bourrasque  s'étant  calmée  dans  la  nuit, 
les  Oiseaux  disparurent. 

Quand  le  froid  revint,  la  banquise  se  reforma.  Sur  le  chenal  couvert 
déglace,  on  ne  vit  plus  trace  d'Adélics.  Le  17  avril,  nouvelle  tempête 
de  N.-E  :   la  glace  du  chenal  se  disloque  encore,  de  grands  cordons 

Expédition  C/iarcol.  —  Gain.  —  Oiseaux  anlaicliciues.  -^ 


34  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

de  incr  libre  s'ouvrent  de  toutes  parts.  Aussi  le  18,  uouvelle  visite 
des  Adélies  :  des  Oiseaux  sont  un  peu  dans  tous  les  coins  de  l'île, 
couchés  à  l'abri  du  vent,  derrière  les  rochers  ;  le  chasse-neige  étant 
violent,  l'accumulation  de  la  neige  est  sulTisante  pour  recouvrir 
entièrement  les  Adélies. 

Mais  le  froid  reprend  de  plus  belle;  les  animaux  repartent,  et  le  19 
la   banquise  s'est  de  nouveau  formée. 

Le  20,  la  grande  houle  qui  vient  dii  large  brise  la  jeune  glace,  et  des 
chenaux  de  mer  libre  se  reforment.  Aussi  |(>s  Pingouins  reviennent-ils 
assez  nombreux  sur  l'ile.  Puis  ils  dispai'aissenl. 

Le  30  avril  souflleune  autre  tempête  qui  disloque  à  nouveaules  glaces. 
Le  vent  continue  le  \^^  mai  :  nous  avons  vu  un  Adélie.Toujourslatempèie 
le  2  :  le  chenal  est  libre,  aussi  des  petites-troupes  de  Pingouins  circulent- 
elles  sur  l'île.  Le  mauvais  temps  durant,  il  y  a,  le  5  mai,  beaucoup  d'Adé- 
lies  sur  lîle  Petermann  :  l'équipage  en  a  tué  200.  11  en  est  ainsi  par 
intervalle  jusqu'au  22  mai,  jour  où  les  Oiseaux  ont  disparu,  la  ban- 
quise s'étant  reformée. 

Le  /juin,  nouveau  coup  devent,  nouvelle  tlaques  d'eau  libre  :  les  Adélies 
réapparaissent.  H  en  est  de  môme  les  13,  16  et  19  juin.  Puis  la  banquise 
se  reforme;  les  Oiseaux  s'en  vont,  pour  revenir  le  3  juillet,  date  à  laquelle, 
toujours  à  la  suite  d'un  coup  de  vent,  labanquise  s'esta  nouveau  disloquée. 
MêmesconstatationslcslO,  25,  27  (jour  où  l'on  voit  des  centaines  d'Adélies 
sur  les  petits  îlots  au  sud  de  Petermann),  29  juillet  et  2  août. 

Le  23  juillet,  après  de  continuelles  tempêtes  de  N.-E.,  et  par  suite 
d'une  période  de  températures  élevées,  voisines  de  zéro,  une  dizaine  de 
Pingouins  sont  venus  aux  rookeries,  et  deux  cherchent  déjà  des  cailloux, 
comme  s'ils  allaient  faire  leur  nid.  A  coup  sûr,  ces  Oiseaux  sont  des 
membresdela  colonie  de  l'ile  Petermann.  Et  ce  fait  semble  bien  dtmiontrer 
que  les  Adélies,  en  prenant  la  mer,  restent  toujours  proches  de  l'eau 
libre,  à  la  limite  de  la  banquise,  avançant  et  reculant  avec  elle,  demeurant, 
quand  il  leur  est  possible,  au  voisinage  de  leur«  rookeries. 

Après  la  première  semaine  d'août,  la  bancjuise  se  maintenant,  nous 
n'avons  vu  aucun  animal  au  voisinage  de  l'île. 

Le  30  août,  nous  avons  aperçu  sur  la  ban(|uise,  entre  l'île  Ilowgaard  et 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  35 

Petermann,  une  troupe  d'une  quarantaine  d'Adélies.  La  mer  libre  lU' devait 
pas  être  loin  de  ce  côté. 

Le  2  septemiire,  devant  Petermann,  les  glaces  ont  cédé  sous  la  force 
du  vent.  Le  3  septembre,  le  clienal  se  dégage  et  les  Pingouins  réappa- 
raissent jusqu'au  o,  ])uis  nouvelle  période  de  froid,  formation  de  la  ban- 
(|uise,  disparition  des  Adélies.  Dans  la  seconde  quinzaine  de  septembre,  de 
nouvelles  tempêtes  contrilnient  à  dislo([uer  la  banquise.   La  présence  des 
Oiseaux  est  constatée  les  21 ,  25,  27  septembre.  Puis  une  nouvelle  période 
de  froid  sévit,  la  mer  se  prend  :  il  n'y  a  plus  trace  d' Adélies. 
Ceux-ci  ne  reviennent  définitivement  que  le  12  octobre. 
Et  tandis  qu'à  l'approche  du    printemps  les  glaces   se  fragmentent 
et  la  mer  se  dégage,  les  Pingouins  ne  quittent  plus  la  région  et  reviennent 
chaque  jour,  en  grand  nombre,  cette  fois  pour  ne  plus  repartir. 

Ils  retrouvent  leur  rookerie  abandonnée  par  eux  sept  mois  auparavant, 
et  dans  la  cité,  qui  reprend  peu  à  peu  son  activité  d'autrefois,  vont  se 
renouveler  les  différentes  {)hases,  (|ui  viennent  d'être  décrites,  de  la  vie 
familiale  de  TAdélie. 

Avant  de  terminer  ce  que  nous  avons  à  dire  sur  l'Adélie,  rendons  un 
double  hommage  à  cet  intéressant  Oiseau,  ainsi  d'ailleurs  qu'aux  autres 
espèces  de  Sphéniscidès  antarctiques.  En  effet,  tout  explorateur  antarctique 
conserve  à  ces  Oiseaux  une  double  reconnaissance.  D'aboi'd  il  leur  sait 
gré  d'avoir  été  pour  lui  des  amis  qui  lui  ont  fait  agréablement  passer  de 
longs  mois  d'hivernage.  La  réciproque,  d'ailleurs,  ne  peut  pas  être  vraie. 
Car  l'explorateur  a  aussi  envers  ces  animaux  une  autre  reconnaissance, 
qu'assurément  ils  ne  doivent  pas  apprécier,  mais  que,  pour  ne  rien  oublier 
de  nos  observations  sur  ces  Oiseaux,  nous  ne  pouvons  passer  sous  silence: 
c'est  la  reconnaissance  de  l'estomac.  Les  Pingouins,  en  effet,  ont,  en  leurs 
muscles  pectoraux,  de  quoi  faire,  en  ces  pays  lointains,  d'excellents  bif- 
ieks  polaires,  qui  fournissent  une  heureuse  variété  à  la  désagréable 
monotonie  des  repas  de  conserves. 

En  dehors  de  l'île  Petermann,  nous  avons,  à  plusieurs  reprises,  observé 
l'Adélie  au  cours  de  nosexcursions  onde  la  navigation  d'été  le  long  de  la  côte 
ouest  de  l'Antarctide  sud-américaine  l't  dans  le  détroit  de  Bransfield.  Nous 
donnons  un  résumé  de  ces  observations  dans  notre  ■Journal  ormthulo(juiu(\ 


36  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Présence  du  lihosphate  iVahumne  sar  les  rorkers  des  rookeries.  —  Non 
a  vons  constaté,  à  plusieurs  reprises,  et  notre  ami  Gourdon  a  décrit  le 
phénomène  (1)  après  les  études  qu'il  en  fit  au  cours  de  la  «  Première 
Expédition  antarctique  française  »,  la  présence,  à  la  surface  des  rochers 
voisins  des  rookeries  de  Pingouins,  dune  mince  pellicule  d'un  blanc 
grisâtre  de  phosphate  d'alumine.  Cette  pellicule,  qui  nous  semble  ne  pas 
dépasser  1  millimètre  d'épaisseur,  forme  à  la  surface  de  certains  rochers 
un  poli  caractéristique  ;  sa  présence  rend  la  roche  très  glissante.  Nous 
avons  trouvé  ces  formations  de  phosphate  d'alumine  à  Port-Lockroy, 
à  la  surface  de  basaltes,  à  l'île  Petermann  sur  des  diorites,  ainsi  qu'à 
l'île  du  Roi-George  sui-  certaines  rookeries  de  la  baie  de  l'Amirauté  et  à 
Déception,  sur  des  tufs  volcaniques.  En  1913,  au  cours  d'une  campagne 
océanographique  faite  dans  la  région  des  îles  du  Gap-Vert,  nous  avons 
aussi  constaté  ces  formations  de  phosphate  d'alumine  sur  les  rochers 
des  îlots  Seccos,  voisins  des  îles  Fogo  et  Brava.  Sur  ces  rochers  d'ori- 
gine volcanique  niche  une  quantité  d'Oiseaux  de  mer  appartenant  à 
l'espèce  Sula  leucogaster,  et  les  dépôts  de  guano  y  sont  assez  importants. 

«  Ce  mode  d'altération  (écrit  Gourdon)  paraît  devoir  être  rapporté  à 
l'action  chimique  provoquée  par  les  déjections  des  innombrables  Oiseaux 
qui  vivent  sur  ces  rochers.  » 

M.  Lacroix  (2),  qui  a  étudié  une  formation  analogue  sur  les  roches  vol- 
caniques de  l'île  de  Cabras,  près  de  San-Thomé,  dit  : 

«  L'examen  microscopique  de  sections  minces,  taillées  perpendiculai- 
rement aux  surfaces  exposées  à  l'air,  montre  à  l'examen  (pellicule  grise 
et  couche  mince)  une  région  possédant  une  structure  concrétionnée, 
riche  en  ponctuations  biréfringentes.  La  cristallinité  augmente  dans  la 
zone  blanche  sous-jacente,  où  abondent  des  sphérolites  et  desconcrétions 
tibreuses,  dont  la  biréfringence  est  supérieure  à  celle  du  quartz  et  dont 
les  libres  (biaxes)  ont  un  allongement  négatif.  Dans  cette  zone,  la  struc- 
ture du  trachyte  est  encore  distincte,  mais  les  phénocristaux  et  les  mi- 
crolithes  feldspathiques  ne  sont  plusque  des  squelettes  autour  desquelset 

(1)  E.   Goi'nDON,   Géographie  physique,    glaciologie,    pétrographie  [Exp.  ani.   fi\,   )903-190o. 
Documents  scientifiques,  p.  195). 

(2)  A.  Lacroix,  Comptes  rendus  Acud.  des  se.,  I^aiis,  I90G,  t.  GXLIII,  p.  6G1. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  37 

dans  Ios{|uols  osl  venu  so  concicHionner  le  phosphate  d'alumine.  On  |)asse 
ensuite  insensiblement  à  hi  roche  intacte.  » 

M.  Lacroix  attribue  celte  attaque  des  roches  volcaniques  à  l'action 
chimiciue  (les  déjections,  probablement  aidée  elle-même  par  des  actions 
microbiennes.  «  Le  rôle  ca[)ital  est  joué  par  le  phosphate  biammoniacal. 
Tous  les  alcalis  qui  existaient  dans  la  roche  originelle,  de  même  que  les 
bases  terreuses,  ont  été  éliminés  ;  de  telle  sorte  qu'il  n'y  a  aucune  diffé- 
rence entre  le  phosphate  produit  aux  dépens  d'un  trachyte  riche  en 
potasse,  pauvre  en  chaux  et  en  magnésie  (îlots  de  Cabras),  ou  d'une 
andésite,  riche  en  chaux  et  en  magnésie,  médiocrement  pourvue  en 
alcalis,  parmi  lesquels  domine  la  soude  (Martinique).  Dans  ces  îlots,  sou- 
mis au  lavage  intense  des  pluies  tropicales,  les  sels  solublessont  entraînés 
à  la  mer,  au  fur  et  à  mesure  de  leur  production.  » 

Mais  cette  action  microbienne,  venant  aider  l'action  chimique  du  guano 
dans  les  pays  tropicaux,  peut-elle  exister  dans  les  régions  froides  antarc- 
tiques? Au  cours  de  l'Expédition  allemande  du  <<  Gauss  »,  les  études  entre- 
prises sur  le  phénomène  de  la  nitritication  montrent  que  les  bactéries 
existent  aussi  dans  l'eau  de  mer  des  régions  polaires,  mais  elles  agissent 
avec  beaucoup  plus  de  lenteur.  11  a  été  trouvé  des  bactéries  nitrifiantes 
dans  toutes  les  zones. 

«  Des  bactéries  analogues,  dit  Gourdon,  ayant  une  part  dans  le  phéno- 
mène qui  nous  occupe,  peuvent  donc  être  apportées  par  les  embruns.  Ne 
peut-on  penser  également  qu'elles  proviennent  des  déjections  mêmes  des 
Oiseaux?  » 

JouiiNAL  oiîNiTHoLOGiQUE  (Voir  cartc  II,  A).  —  '27  et  '28  Janvier  1908.  — 
Port-Lockroy,  île  Wiencke,  chenal  de  Roosen.  Nous  avons  retrouvé  la 
colonie  d'Adélies,  forte  environ  d'un  millier  d'individus,  qui  avait  déjà 
été  rencontrée  en  février  1904  par  l'Expédition  du  «  Français  ».  Les 
Oiseaux  nichent  sur  les  rochers  les  plus  élevés,  à  une  cinquantaine  de 
mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  La  plupart  des  œufs  sont 
éclos. 

/  à  S. Janvier  1909.  —  lie  Booth-Wandel.  La  rookerie  d'Adélies,  installée 
sur  les  rochers,  près  de  l'anse  du  "  Français  » ,  est  forte  d'un  millier  d'in- 
dividus. Elle  fut  étudiée  en  détail  par   le  D^  Turquet,  naturaliste  de  la 


■»♦ 


38  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

première  Expédition  antarctique  française  (1  ).  A  notre  passage,  il  y  avait 
deux  Poussins  dans  presque  tous  les  nids.  Trouvé  cinq  œufs  seulement. 

Sur  la  colline  du  (^airn,  observé  entre  les  rochers  une  quantité  de 
duvet  et  de  plumes,  qui  proviennent  des  mues  des  années  précédentes 
(1>1.  V,  iig.  22). 

i  Janvier.  —  Ile  Peterniann.  Surles  rochers,  près  de  Port-Circoncision, 
en  bordure  du  chenal  de  Lcmaire,  quelques  milliers  d'Adélies.  Les 
jeunes  sont  assez  âgés,  mais  encore  en  duvet.  Encore  quelques  œufs. 

L'Adélie  est  très  batailleur.  L'un  m'a  cherché  querelle  et  s'est  jeté  sur 
moi  à  coups  de  bec  et  d'ailerons  ;  après  quoi,  il  est  parti. 

7  Janvier.  — Aperçu  une  grande  rookeric  sur  l'une  des  îles  Jallours  : 
plusieurs  milliers  d'individus.  Les  Adélies  sont  nombreux  sur  les  glaçons, 
au  voisinage  des  terres. 

/t?  Janvier.  —  Peterniann.  Mis  50  bagues  violettes  aux  Adélies  adultes 
et  75  jaunes  aux  jeunes. 

I()  Janvier.  —  Au  large  de  la  Terre  Alexandre  :  quelques  Adélies 
aperçus  sur  les  iloës. 

//  Janvier.  —  Baie  Marguerite  :  quelques  Adélies  sur  labanquise.  Leurs 
traces  sont  assez  nombreuses. 

'Jl  Janvier.  —  20  milles  au  Sud  de  l'ile  Jenny  :  que](|ues  Pingouins  sur 
les  lïoés. 

'25  Janvier.  —  Dans  une  excursion  sur  la  banquise  de  la  Baie  Mai'gue- 
rite,  nous  avons  rencontré  quelques  traces  d'Adélies,  les  dernières  à  une 
distance  de  22  kilomètres  de  la  mer  libre. 

/er  Février.  —  Baie  Matha.  Débarqué  sur  l'îlot  Détaille,  haut  d'envi- 
ron 60  à  80  mètres.  A  sa  partie  supérieure,  formant  comme  une  sorte  de 
plateau,  nous  avons  trouvé  une  importante  rookerie,  dont  nous  estimons 
la  population  à  20  000  individus.  C'est  la  plus  puissante  que  nous  ayons 
trouvée  sur  toute  cette  côte.  Les  jeunes  perdent  leur  duvet,  qui  tombe  par 
plaques.  Ils  ont  abandonné  leurs  nids  et  sont  déjà  réunis  en  groupes,  gar- 
dés par  les  parents,  quiformenl  une  ligne  de  sentinelles  le  long  de  la  falaise. 

6  Février.  —  Ile  Pelermaun.  Les  jeunes  sont  d(''jii  grands,  beaucoup 
ont  perdu  leur  duvet.  Les  vieux  commeiiceul  à  unier. 

(1)  Voir  Ménegaux,  Oiseaux  (Ej/).  (int.  fr..  1003-190o,  iJouumeuls  scientiques.  p.  19,  Paris,  liiOTJ. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  39 

10  Fèrrier.  —  Imi  allani  aux  rookiM'ics,  un  Piiii^diiin  s'fst  jolé  sur  moi 
et  m'a  hMlll  liMc  iiiS(Hi"à  ce  (|ii('  je  iircii  aille.  A  Inrcc  de  iiir  ddiiiKT  (h^S 
coups  d'ailci'on,  il  s'osi  lail  des  hlcssuros  assez  sérieuses  à  railei'on 
gauche,  blessures  qui  ont  provoqué  une  forte  hémorragie.  Son  plaslron 
était  couvert  de  sang.  A  son  retour  dans  la  i'ook<>rie,  jeunes  et  vieux  se 
sont  éloignés  de  lui  :  c'est  une  singulière  façon  de  reconnaître  son 
courage. 

13  Févrirr.  —  Tu(''  deux  Oiseaux  revenant  de  la  pèche.  L'un  d'eux  avait 
2o5  grammes  de  Schizopodes  et  quelques  Décapodes  dans  l'estomac. 

//  Fénier.  —  Depuis  quelques  jours,  les  jeunes  qui  se  trouvent  sur  le 
rocher,  près  du  bateau,  restent  seuls,  taudis  que  les  parents  vont  à  la 
pèche.  Ils  sont  sages,  très  prudents,  et  les  querelles  entre  eux  sont  assez 
rares. 

15  Février.  —  Les  Pingouins  délaissent  de  plus  en  plus  leurs  rookeries. 
La  plupart  des  jeunes  pouvant  se  suffire  à  eux-mêmes,  on  les  voit  sur  la 
neige,  en  bordure  de  la  côte,  par  troupes  nombreuses,  mélangés  à  quel- 
ques adultes.  La  mue  des  adultes  augmente. 

Les  jeunes  nés  sur  le  rocher,  près  du  Itateau,  ont  disparu  [)our  la  pre- 
mière fois  :  il  n'en  restait  que  trois  que  j'ai  jetés  à  l'eau  (leur  premier 
bain),  afin  de  voir  comment  ils  s'y  comportaient.  Ilss'ensont  fort  bien  tirés, 
hésitant  d'abord  un  instant,  ])uis  plongeant  et  nageant  avec  vivacité  et 
souplesse,  comme  s'ils  avaient  fait  un  long  apprentissage. 

16  Février.  — Ile  Booth-Wandel.  L'île  est  couverte  de  traces  de  Pin- 
gouins; il  y  en  a  partout,  jusqu'au  Cairn  (6ÎJ  mètres),  où  quatre  adultes 
sont  en  train  de  muer.  Jeunes  avancés  comme  à  Petermann.  Les  anciens 
muent. 

W  Février.  —  Petermann.  La  mue  des  adultes  se  continue.  Rookeries 
abandonnées.  Seuls,  quelques  i-etardataires  de  place  en  place. 

/er  Man^.  —  Jeunes  disséminés  sur  l'île,  le  long  de  la  côte.  Ils  vont  à  la 
mer. 

0  Mars.  —  Excursion  à  la  Ijaie  Beascochea.  Des  Adélies,  par  petits 
groupes  ou  isolés,  muent  sui-  tous  les  îlots  et  les  terres  assez  faciles 
d'accès. 

W  Mars.  —  Petermann.  La  mue  touche  à  sa  fin.  Par  suite  d(^  la  diète 


40  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

lorcéc  des  adultes  qui  muent,  leurs  excréments  ont  changé  de  couleur  : 
rouge-brique  en  temps  normal,  ils  deviennent  verts  ou  jaune  verdàtre, 
pendant  la  mue. 

99  Mars.  — La  mue  est  terminée. 

3  Avril.  —  Prise  de  sang  sur  un  adulte.  Numération  des  hématies  : 
trouvé  une  moyenne  de  21o0(t00par  millimètre  cube.  Leurs  dimensions 
sont  de  16  à  17  >j.  sur  10  y..  Température  du  corps  :  -j-  39°, 3. 

/!?  Avril.  - — Tempête  de  N.-E.,  neige.  Sorti  à  cinq  heures,  observer 
une  bande  d'une  centaine  d'Oiseaux,  venus  sur  l'ib»  pour  se  reposer  et 
attendre  un  temps  plus  favorable  avant  de  continuer  leur  route.  La  plu- 
part étaient  couchés  le  dos  au  vent,  couverts  en  grande  partie  de  neige. 
Parmi  eux,  quelques  Pi/goscelis papiia.  En  me  voyant  arriver,  un  Adélie, 
épouvanté  sans  doute,  se  mit  à  fuir  à  toute  vitesse,  incertain  cependant 
de  la  direction  à  prendre.  11  s'arrêta  enfin,  et  toute  la  bande  alla  le 
rejoindre. 

.le  la  laissai  se  coucher.  Puis,  de  nouveau,  je  marchai  vers  les  Oiseaux, 
voulant  voir  si  le  Pingouin  dont  le  sang-froid  me  paraissait  douteux  allait 
encore  courir,  et  surtout  s'il  allait  prendre  une  fois  de  plus  l'initiative  de 
filer  le  premier.  Peut-être  était-ce  le  chef  de  la  bande  qui,  ti'ès  prudent, 
trouvait  qu'il  valait  mieux  battre  en  retraite  devant  un  être  étrange  dont 
il  ne  pouvait  soupçonner  les  intentions. 

11  recommença,  en  elfet,  sa  même  marche  indécise  et  rapide,  s'arrêtant 
enfin,  tandis  que  ses...  sujets  venaient  le  rejoindre. 

Malheureusement,  ma  constatation  s  arrêta  là.  L^ne  troisième  tentative 
de  ma  part  anéantit  mon  hypothèse,  car  si  les  Pingouins  se  mirent  à  fuir 
de  nouveau,  le  soi-disant  chef  était  devenu  un  vulgaire  sujet  perdu  dans 
la  bande.  Il  en  fut  de  môme  des  deux  dernières  tentatives. 

i8  Avril.  — Violent  vent  du  Sud.  Des  Oiseaux  un  peu  dans  tous  les 
recoins  de  l'île,  couchés,  à  l'abri  du  vent,  derrière  les  rochers.  Plusieurs 
étaient  complètement  recouverts  par  la  neige. 

Vu  des  Adélies^  qui  se  posaient  sur  un  lloë,  faire  hors  de  la  mer  un 
saut  de  2  mètres  de  hauteur. 

W  Avril. — IMngouins  assez  nombreux  sur  l'île. 

27  Avril.  —  Plus  d'Oiseaux. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  41 

/6r  }Jai.  —  c;a[)tui'é  un  Adélie. 

"2  Mai.  —  Dégel,  chenal  libre,  petites  ti'oupcs  d'Oiseaux  sur  File. 

0  Mai.  —  Mer  libre.  Nombreux  Adélies. 

IS,  21,  22  Mai.  —  Quelques  Adélies. 

S  Juin.  —  Depuis  que  le  chenal  est  pris,  on  ne  voit  plus  d'Oiseaux. 

7  Juin.  —  Flaques  d'eau  libre,  quelques  Adélies  dans  le  chenal. 

t:]-l()  Juin.  —  Chenal  libre.  Adélies  autour  de  l'île. 

/,'/  Juin.  —  Chenal  libre  ;  toujours  des  Adélies.  Pris  la  température  de 
l'un  d'eux  :  +  39o,2. 

20Juiii.  —  La  glace  se  reforme.  Les  Adélies  sont  plus  rares. 

:i  Juillet.  —  Vent  violent  de  S.-S.-W.,  larges  flaques  d'eau  libre  dans  le 
chenal.  Des  troupes  de  Pingouins  pèchent  le  long  de  la  côte.  Quehfues 
Oiseaux  sur  l'île. 

19  Juillet.  —  Chenal  en  partie  dégagé.  Quelques  Adélies. 

25  Juillet.  —  Chenal  libre.  Par  suite  des  températures  élevées,  quel- 
ques Oiseaux  viennent  sur  les  rookeries  et  cherchent  des  cailloux  comme 
s'ils  allaient  faire  leurs  nids. 

27  Juillet.  —  Des  centaines  d'Oiseaux  sur  les  îlots  au  sud  de  Petermann. 

29  Juillet.  —  Adélies  sur  l'île. 

2  Août.  —  Chenal  libre,  petites  troupes  de  Pingouins  à  Petermann. 

30  Août.  —  Sur  la  banquise,  entre  Hovgaard  et  Petermann,  une  troupe 
d'une  quarantaine  de  Pingouins.  Des  traces  de  ces  Oiseaux  sur  la  côte 
nord  de  l'île.  Ces  Adélies  auront  été  probablement  surpris  par  la  prise 
subite  de  toute  la  mer. 

3  Septembre.  —  Chenal  dégagé.  Quelques  Oiseaux  vers  Hovgaard. 

5  Septembre.  — Chenal  dégagé.  Des  Oiseaux  dans  le  chenal;  vu  un 
Adélie  sur  l'île. 

12  Septembre.  — Traversé  la  banquise  couvrant  le  chenal.  Vu  un  Adélie 
non  loin  du  glacier  de  la  Terre  de  Graham  :  par  les  nombreuses  traces 
relevées  sur  la  banquise,  j'ai  constaté  que  cette  bête,  surprise  par  la  for- 
mation de  la  glace,  errait  à  la  recherche  d'eau  libre. 

2i  Septembre.  —  Quelques  Oiseaux  vers  les  îlots  du  Sud. 

2,5  Sej item bre.  — Tempête,  mer  libre.  Adélies  sur  l'île. 

27  Septembre.  —  Pingouins  sur  les  glaçons  ;  dans  les  flaques   d'eau 

Expédition  Charcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  '> 


42  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Jibre  au  sud  de  Petermann,  une  centaine  d'Adélies  et  de  Papous  sont  en 
train  de  pêcher. 

l'iOctohrr.  —  Un  Adélie  du  côté  des  rookeries. 

iôOcfoli/r.  —  Deux  Adélies  sur  les  rookeries. 

18 Octobre.  — Ile  Booth-Wandel.  Quelques  traces  d'Adélies  sur  l'île. 
Dans  une  flaque  d'eau  libre  située  au  N.-E.  de  Booth-Wandel,  vu  d(^ 
nombreuses  bandes  d'Oiseaux  (Adélies  et  Papousj,  composées  peut-ètie 
de  200  individus  chacune.  Partout  ailleurs,  il  y  a  de  la  banquise.  Ces 
Oiseaux  restent-ils  dans  l'eau  libre  et  sur  la  banquise  du  voisinage,  en 
attendant  une  dislocation  des  glaces  pour  aller  à  leurs  rookeries?...  Il  y  a 
cinq  ans, en  1904, ils  arrivaientà  partir  du  15  sur  les  rochersquisont  aujour- 
d'hui complètement  déserts,  eni;loutis  sous  une  épaisse  couche  de  neige. 

J9  Octohrr.  —  lie  Petermann.  i  Adélies  sur  les  rookeries. 

W  Octohfe.  —  .")  Adélies  sur  les  rochers. 

5/  Octobre.  —  Plus  de  Pingouins  sur  l'ile. 

a  Octobre.  —  l(j  Adélies  sur  les  rochers  à  9  heures,  20  à  1  i  heures, 
33  à  18  heures. 

'■23  Octobre.  —  59  Pingouins  à  9  heur(>s,  64  à  13  h.  30,  96  à  18  h.  30. 
Les  querelles  de  propriété  commencent. 

^24  Octobre.  —  117  Oiseaux  à  9  heures,  129  à  14  heures,  147  à 
1 8  h.  30.  Pres(jue  tous  travaillent  à  leur  nid  ;  les  querelles  sont  plus  nom- 
breuses, les  vols  de  cailloux  réprimés  sévèrement. 

2.5  Octobre.  —  A  9  heures  du  matin  172  Adélies;  173  à  15  heures, 
194  à  18  h.  30. 

26  Octobre.  —  194  Adélies  à  8  heures,  208  à  14  heures,  281  à  18  h.  30. 
De  nombreuses  petites  troupes  dans  le  chenal. 

4  à  5  000  Adélies  de  la  rookerie  des  îles  Jallours  sont  passés  en  uiassc 
près  de  l'île  Petermann  et  ont  gagné  par  la  banquise  leur  lieu  de  ponte. 

S7  Octobre.  —  300  Oiseaux  à  8  heures,  387  à  18  h.  30. 

Il  est  arrivé  un  Adélie  de  la  petite  rookerie  établi  près  du  bateau.  Le 
malheureux  semble  tout  dépaysé,  car  un  cadavre  de  Phoque  encombre 
son  rocher.  Je  fais  enlever  cette  dépouille. 

28  Oc/o/;re.  —  4150iseauxà  8  h.  30,  448  à  18  h.  30.  On  en  aperçoit  une 
cinquantaine  par  petites  troupes,  sur  la  banquise. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  43 

Plusieurs  nids  sont  Iciiiiiurs  ;  obsorvé  deux  appariemenls. 

'■29  Octobre.  —  Rookeries  de  |)lns  en  plus  aclives;  les  moindres  rochers 
sont  occupés.  Beaucoup  d'Oiseaux  n'ont  pas  encor(>  lrouv('  de  place  et  en 
sont  réduits  à  coucher  sur  la  neige  en  attendant  mieux.  Les  appariements 
sont  de  plus  en  plus  nonihi-eux.  (i!MÎ  Adélies  à  18  h.  30. 

Le  rocher  près  du  bateau  i^st  habit»'"  par  3  Pingouins.  Je  suis  allé  leur 
chercher  des  pierres  avec  lesipielles  j'ai  fait  deux  nids  et  un  tas  de 
cailloux.  Lorsque  les  Oiseaux  sont  revenus  au  rocher,  celui  qui  était  en 
tête  s'est  arrêté,  tout  étonné,  à  contempler  cette  aubaine,  puis  il  a  pris 
aussitôt  possession  de  l'un  des  nids,  le  défendant  contre  ses  deux  col- 
lègues, couïme  s'il  en  était  le  constructeur  et  depuis  longtemps  le  posses- 
seur. Les  deux  autres  n'ont  pas  encore  fait  leur  choix. 

30  Octohie.  —  852  Adélies  à  18  h.  30.  Période  de  querelles  et  de 
batailles  qui  se  terminent  souvent  avec  ell'usion  de  sang.  L'accouplement 
en  est  la  cause.  Nombreux  appariements. 

31  Octobre.  —  Allé  au  petit  îlot  près  de  Petermann  sur  lequel  est 
une  colonie  de  22  Adélies.  1  152  Oiseaux  sur  la  rookerie. 

i^^  XorniilirP.  —  1  295  Adélies. 

3  Noreiiihre.  —  1  .")75  Adélies  à  IS  h.  30.  Le  chasse-neige  produit  par 
le  vent  violent  de  N.-K.  recouvre  les  Pingouins.  Beaucoup  sont  couchés; 
les  autres  circulent,  se  querellent,  se  battent,  s'apparient. 

6  Novembre.  —  l  S50  Adélies  sur  les  rookeries. 

7  Noveuihre.  —  Aperçu  à  3  Pingouins  les  bagues  violettes  que  je  leur 
avais  mises  le  12  janvier.  Ces  oiseaux  ont  refait  leurs  nids  sur  le  même 
rocher  qu'ils  occupaient  l'été  précédent. 

8  Nocenibre.  —  La  petite  colonie,  près  du  l)ateau,  se  compose  de 
5  individus,  dont  2  couples. 

9  Novembre.  —  Trouv(''  les  deux  premiers  œufs.  Ils  devaient  provenir 
du  même  nid,  car  l'un  était  près  du  nid,  cassé,  le  jaune  répandu  sur  les 
cailloux  :  à  la  suite  d'une  violente  querelle,  un  maladroit  sans  doute 
aura  bousculé  en  passant  les  deux  œufs,  et  l'un  se  sera  cassé  à  la  suite  des 
mauvais  traitements  subis.  Les  Adélies  sont  de  plus  en  plus  agressifs. 

}((  Novembre.  —  Il  y  a  un  nouveau  couple  près  du  bateau,  ci;  cpii  porte 
à  7  les  habitants  de  ce  rocher  isolé. 


44  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

jj  jyovemJtre.  —  Lo  second  des  deux  autres  œufs  pondus  le  9  était 

cassé. 

j<2NovemJ>re.  —  Certains  couples  ne  font  encore  que  s'installer.  L'ap- 

pariement  continue.  Trouvé  deux  œufs. 

Aperçu  une  troupe  d'une  trentaine  de  Pingouins  sur  le  glacier  de  la 
Terre  de  Graham  ;  retrouvé  leurs  traces  jusqu'à  une  altitude  de  1  oO  mètres 

(y.  p.  11). 

13  Nocriiihrc  — Trouvé  G  œufs  à  9  heures,  trois  autres  à  18  h.  30. 
/-/  Noveinhrc.  —  9  œufs.  Au  petit  îlot,  il  y  a  55  Adélies. 

15  Novemliir.  —  Visite  aux  Pingouins  à  10  heures  :  trouvé  4  œufs  sur 
les  rochers  que  je  m'étais  réservé  pour  les  observations,  pas  un  seul  anif 
sur  l'ensemble  des  autres  rookeries  :  ils  ont  été  sans  aucun  doute  pris 

par  les  marins. 

16  Novemhrc.  —  13  anifs  à  la  rookerie  réservée  et  21  sur  les  autres 
rochers.  Ce  nombre  est  certainement  bien  inférieur  à  la  réalité. 

n  Novembre  —  Récolté  71  œufs. 

18  Novembre.  —  44  œufs,  sans  parler  de  ceux  qui  ont  été  pris  malgré 
nos  réclamations,  et  dont  nous  ignorons  le  nombre,  ont  été  pondus  depuis 
Jiier, 

19  Novembre.  —  76  œufs. 

W  Novembre.  —  13i  œufs.  Certains  Oiseaux  ont  déjà  pondu  leur 
second  œuf.  Nous  avons  constaté  cette  seconde  ponte  1,  2,  3,  0  jours 
après  la  première.  H  y  a  une  énorme  différence  dans  la  grandeur  et  le 
l)oids  des  œufs  :  celui-ci  varie  de  plus  du  double.  Sur  40  onifs  pesés,  les 
extrêmes  trouvés  sont  de  68  grammes  et  148  grammes. 

!?/  Novembre.  —  189  anifs.  Cette  proporlioii  devait  être  normale. 

5^  Novembre.  —  122  œufs,  nombre  certainement  inférieur  à  la  réalité. 

Aperçu  8  Adélies  ayant  des  bagues  violettes  au  tarse  droit,  ce  qui 
porte  à  1 1  sur  un  total  de  25  le  nombre  des  adultes  bagués  retrouvés. 

J'ai  retrouvé  ces  8  Adélies  sur  le  rocher  de  cairns,  là  où  je  les  avais 
marqués  dix  mois  auparavant. 

Encore  quelques  appariements. 

'33  Novembre.  —  135  onifs.  L'un,  de  quatrième  ponte,  pesait 
53  grammes. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  45 

'■2f  Xnt'c/i/hrr.  —  2  10  (l'ul's. 

i'J  XorPiiihrc.  —  30a  (luifs.  lîeaiiooii|)  d"(i'iirs  soiil,  plus  petits  que  dans 
les  premiers  jdui's  :  ce  sont  des  troisièmes  et  uKMne  des  quatrièmes 
pontes. 

'iC)  Nnrrnihrr.  ^En  mer.  Sur  les  floës,  nii  nord  de  l'île  Bootli-Wandel, 
devant  le  cap  Renard,  quelques  Adélies. 

Port-Lockroy,  île  Wiencke.  —  Les  rookeries  d'Adélies  sont  très  ani- 
mées :  2  œufs  dîins  la  plupart  des  nids.  Il  y  a  environ  un  millier  d'Adélies. 

10  Dfk-rrnhrr.  —  Nous  avons  essayé  de  faire  convoi'  des  œufs  dans  une 
étuve  :  l'incubation  s'est  arrêtée  veis  le  quinzième  jour. 

t^'?  Décembre.  —  Nous  avions  perdu  les  Adélies  de  vue  depuis  le  Détroit 
de  Bismarck  et  Port-Lockroy.  Nous  les  retrouvons  aujourd'hui,  sur  les 
floës,  en  bordure  du  pack,  dans  l'est  du  Détroit  de  Branslîeld,  au  nord  de 
l'île  Joinville. 

^24  Décembre.  —  Ile  Bridgniann.  2  Adélies  vus  sur  la  plage. 

Ile  du  Roi-George  (Shetlands  du  Sud),  baie  de  l'Amirauté.  —  Près  de 
la  pointe  est  de  la  baie,  sur  un  rocher  ayant  une  trentaine  de  mètres 
de  hauteur,  nous  apercevons  une  rookerie  d'Adélies:  il  semble  y  avoir 
quelques  centaines  d'Oiseaux. 

Nous  avons  aperru  deux  autres  rookeries  dans  l'intérieur  de  la  l)aie, 
sur  la  côte  ouest,  près  de  la  pointe  Thomas. 

^26  Décembre.  —  Baie  de  l'Amirauté.  Les  rookeries  de  la  poinic  Tho- 
mas sont  situées  en  un  endroit  très  pittoresque.  On  débarque  sur  une 
plage  basse  qui  pendant  une  centaine  de  mètres  de  profondeur  nionl*'  en 
pente  très  douce.  Une  première  rookerie  d'Adélies  composée  de  8  000  à 
lOOOO  individus  occupe  une  partie  de  cette  plage  basse,  directement 
en  bordure  de  la  mer.  Celte  plage  est  entourée  à  droite  et  à  gauche  par 
des  rochers  assez  élevés.  Elle  est  fermée  par  des  falaises  basaltiques  Un 
rocher  isolé  forme  une  pyramide  qui  se  dresse  verticalement  à  une  ving- 
taine de  mètres  de  hauteur  :  son  sommet  est  occupé  par  des  nids  de 
Mégalestris.  Les  falaises  basaltiques  qui  ferment  la  plage  sont  verticales 
en  plusieurs  endroits,  tandis  que  sur  le  côté  des  pentes  d'éboulis  per- 
mettent d'accéder  assez  facilement  au  sommet.  A  leur  partie  supérieure, 
qui  atteint  30  à  40  mètres  d'altitude,  se  trouve  une  sorte  de  plateau  assez 


46  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

vaste,  occupé  par  une  seconde  colonie  d'Adélies  au  moins  égale  en 
nombre  à  celle  fixée  sur  la  platée.  Il  y  a  certainement  dans  toute  celte 
région  20  000  Adélies. 

Les  jeunes  sont  âgés  de  2  à5  semaines.  La  ponte  a  dû  commencer 
plus  tôt  qu'à  l'île  Petermann,  dans  les  derniers  jours  d'octobre. 

Nous  avons  trouvé  quelques  roufs,  dont  la  plupart  étaient  mauvais  et 
n'avaient  pas  couvé. 

//  jdjiripr  1910.  —  (i<)o  1  V  lat.  8.,  7So  10'  long.  W.  Paris.  —  Navi- 
gation dans  le  pack  :  quelques  Adclie  sui-  les  glaces. 

Il  janripr.  —  68o  30'  lat.  S.,  8!)°  iO'  long.  W.  P.  —  Au  large  de  l'île 
Pierr<'  I"  aperru  quelques  Adélies  sur  les  floës.  Ce  sont  les  dei'niers 
que  nous  avons  vus  au  cours  de  notre  navigation  le  long  de  la  banquise. 

2.  Pygoscelis  papua  (Forster). 

Collection  : 

N"  109.  —  9  j"^'-  (s'^  semaines  environ).  Ile  Petermann,  17-11-1909.  Iris  brun  verdâlre, 
bec  rouge  orangé,  extrémité  plus  foncée.  Duvet  d'un  beau  blanc  dans  les  parties 
inférieures  du  corps.  Ailerons  on  partie  dépouillés  de  leur  duvet  sur  la  face  infé- 
rieure, surtout  latéralement,  laissant  voir  le  liséré  blanc  qui  le  borde,  liséré  blanc 
qui  existe  aussi  chez  le  Poussin.  Partie  inférieure  de  l'aileron  sans  duvet,  blanche, 
avec  tache  d'un  noir  bleuté  à  l'extrémité  antérieure.  La  tache  blanche  du  vertex 
apparaît  au-dessus  de  l'œil.  Culottes  blanches.  Joues  et  gorge  gris  très  pâle.  Tarses 
et  pattes  d'un  rose  orangé,  griffes  brun  noirâtre.  Estomac  :  Poisson  en  partie  digéré, 
algues,  petits  cailloux.  Parasites  :  NématQdes  dans  l'estomac  :  ils  étaient  proba- 
1  lement  parasites  des  Poissons  ayant  servi  à  sa  nourriture. 
L.  T.  :  625.  -  E.  :  535.  -  A.  :  202.  -  Q.  :  99.  -  B.  :  41.  -  T.  :  25 .  -  D.  M.  :  82-22. 
N^llO.  —  cf  juv.,  Petermann,  17-11-1909.  Iris  brun  verdâtre.  La  mue  est  plus  prononcée  que 
chez  le  N"  109.  Duvet  encore  abondant  dans  la  région  ventrale  ;  il  n'y  en  a  plus 
que  latéralement  dans  la  région  dorsale,  sauf  vers  le  dessus  du  cou.  Le  menton, 
la  gorge  et  le  dessus  de  la  tête  en  sont  presque  entièrement  débarrassés.  La  tache 
blanche  du  vertex  est  bien  marquée.  Estomac  :  Poissons.  Parasites  :  Nématodes 
dans  l'estomac. 
L.  T.  :  650.  — E.:  565.  -A.:  207.  -0.:  108.  -  B.  :  42.  -T.:  26. -D.  M.:  82-22. 
N°  111.  —  cT  juv.,  île  Petermann,  17-11-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Euphausies  et  qiiclqiiiM 
Décapodes.  Parasites  :  Nématodes  dans  l'estomac. 
L.  T.  :  023.  -  E.  :  570.  -  A.  :  212.  —  O.  :  94.  -  B.  :  42.  -  T.  :  25.  -  D.  M.  : 
83-22. 
N"  112.  —  cf  juv.,  île  Petermann,  17-11-1909.  Iris  brun  verdâtre.  Estomac  :  Euphausies 
(284  grammes),  petits  cailloux. 
L.T.  :  160.  -  EJ:  560.  -  A.  :  213.  -  Q.  :  91.  -  B.  :  43.  -  T.  :  24.  -  D.M.  :  83-22. 
N°  270.  —  9)  J'c  Petermann,  6-VIII-1909.  Iris  brun-marron.  Bec:  mandibule  supérieure, 
culmen  brun  noirâtre,  bord  de  la  mandibule  rouge  violacé,  mandibule  inférieure 
(l'iiu  rouge  violacé  passant  au  brun  noirâtre  à  la  pointe.  Tarses  et  pattes  jaune- 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  4? 

capinini'.   Estomac  :  Eiipluuisios,  Crevettes.  Parasites  :  nonilirrux  kystes  intes- 
tinaux avec  Ccstodes. 
L.  T.  :  740.  -  E.  :  580.  -  A.  :  2.30.  -  (J-  :  183.  -  B.  :  48.  -  T.  :  28.  -  D.  M.  : 
81-18. 
N"  272.  —   çf,  île  Petermann,  6-VIII-lfl09.  Iris  l)run.  Estomac:  Euphausies,  Crevettes, 
quelques  petits  Poissons.  Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.  T.  :  795.  -  E.  :  590.  -  A.  :  227.  -  0.  :  194.  -  B.  50.  -  T.  :  29.  -  D.M.  :  84-21. 
N°  273.  —  cf,  ile  Petermann,  6-VIII-1909.  Iri?  brun.  Estomac  :  Schizopodes,  Décapodes, 
quelques  Poissons.  Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.T.  :  800.  -  E.  :  590.  -  A.  :  232.  -  0.  :  178.  -B.:49.  -  T.  :  30.  -  D.M.  :  86-20. 
N"  275.  —  o*,  île  Petermann,  6-VIIi-1909.  Iris  marron.  Estomac:  Schizopodej,  Décapodes, 
Parasites  :  Cestodes  dans  l'intestin  antéi  ieur  et  moyen,  nombreux  kystes. 
L.  T.  :  700.  -  E.  :  595.  -  A.  :  232.  -  O.  :  169.  -  B.  :  50.  -  T.  :  28.  -  D.  M.  :  86-20. 
N°  270.  —  9»  île  Petermann,  6-VIII-1909.  Iris  brun-marron.  Estomac  :  Schizopodes,  Déca- 
podes, quelques  PoisEons.  Parasites  :  Cestodes  dans  l'intestin  avec  nombreux  kystes. 
L.T.  :  745.  -  E.  :  55.5.  -  A.  :  213.  -0.:  181.  -B.:45.  -  T.:  25.  -D.M.  :  80-19. 
No  277.  —    9i  île  Petermann,  6-VIII-1909.  Iris  brun.  Estomac:  Euphausies,  Crevettes, 
quelques  petits  Poissons.  Parasites  :  Cestodes  dans  l'intestin  antérieur  et  moyen 
avec  kystes. 
L.T.  :  715.  -  E.  :  550.  -  A.  :  212.  -  O.  :  155.  -  B.  :  46.  -  T.  :  26.  -  D.  M.  :  76-17. 
N°  279.  —  9  )  'le  Petermann,  6-Vni-1909.  Iris  brun-marron.  Estomac  :  Schizopodes,  Déca- 
podes. Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.  T.  :  810.  -  E.  :  580  -  A.  :  217.  -  0.  :  195.  -  B.  :  47.  -  T.  :  29.  -  D.M.  :  75-21. 
No  280.  —   9 1 'le  Petermann,  6-VIII-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Schizopodes,  Décapodes, 
quelques  petits  Poissons.  Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.T.  :  790.-  E.  :  600.  -  A.  :231.  -O.:  172.  -  B.  :50.  -T.:  29.  -  D.M.  :  88-19. 
N"  325.  —  cf ,  île  Petermann,  5-1 X-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Euphausies,  petits  cailloux. 
Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.  T.  :  770.  -  E.  :  575.  -  A.  :  220.  -  0.  :  184.  -  B.  :  51.  -  1 .  :  26.  -  D.  M.  :  79-17. 
N"  326.  —  9-  île  Petermann,  5-IX-1909.  Iris  marron.  Estomac  :  vide,  gravier.  Parasites  : 
nombreux  kystes  avec  Cestodes  dans  l'intestin  antérieur  et  moyen. 
L.T.  :  760.  -  E.  :  590.  -  A.  :  224.  -  0.  :  178.  -  B.  :  50.  -  T.  :  29.  -  D.  M.  :  85-19. 
No  329.   —    9,  île  Petermann,  ll-Xl-1909.  Iris  marron.  Parasites:  kystes  intestinaux. 
Estomac  :  Euphausies. 
L.T.  :  720.  -  E.  :  546.  -  A.  :  213.  -  O.  :  195.  -  B.  :  48.  -  T.  :  26.  -  D.  M.  :  78-19. 
No  330.  —   9)  île  Petermann,  ll-XI-69.  Iris  marron.  Pris  sur  la  rookcrie. 

L.  T.  :  765.  —  E.  :  560.  —  A.  :  216.  —0.  :  178.  —  B.  :  45.  —  T.  :  25.  —  D.  M. 
81-21. 
N"  334.  —   9,  île  Petermann,  13-XI-1909.  Pris  sur  la  rookerie.  Iris  marron.  Estomac 
vide.  Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.  T.  :  775.  —  E.  :  570.  —A.  :  228.  —  0.  :  193.  —  B.  :  46.  —  T.  :  29.  —  D.  .Al. 
82-20. 
N°  335.  —  9,  île  Petermann,  13-XI-1909.  Pris  sur  la  rookerie.  Iris  marron.  Estomac  :  vide. 
Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.  T.  :  763.  -  E.  :  550.  -  A.  :  223.  -  0.  :  194.  -  B.  :  44.  -  1.  :  24.  -  D.  M.  :  74-19. 
No  338.  —  cf ,  île  Petermann,  15-XI-190J.  Pris  sur  la  rookerie.  Iris  marron.  Estomac  : 
Euphausies.  Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.  T.  :  795.  —  E.  :  600.  —  A.  :  227.  —  Q.  :  200.  —  B.  :  53.  —  T.  :  26.—  D.  M.  : 
80-20. 


48  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

N"  339.  —  9,  île  Petermann,  15-XJ-1909.  Iris  marron. 

L.T.  :  725.  -  E.  :  550.  -  A.  :  216.  -  0.  :  178.  -  B.  :  44.  -  T.  :  24.  -  D.  M.  :  79-19. 
No  350.  —  9i  îls  Petermann,  22-XI-1909.  Iris  marron.  Estomac  :  vide.  Parasites  :  kystes, 
intestinaux  avec  Gestodes. 
L.  1 .  :  755.  -  E.  :  560.  -  A.  :  210.  -  0.  :  198.  -  B.  :  47.  -  T.  :  25.  -  D.M.  :  81-21. 
N°  351.  —  Q,î\e  Petermann,  22-XI-1909.  Iris  marron.  Estomac  :  vide.  Parasites  :  kystes 
intestinaux  avec  Gestodes. 
L.T.  :  740.  -  E.  :  555.  -  A.  :  219.  -  0.  :  188.  -  B.  :  46.  -  T.  :  27.  -  D.  M.  :  79-22. 
Des  pièces  anatomiques,  notamment  des  appareils  génitaux  9  (n°^331,  332,  336,  337), 
un  appareil  génital  çf  (n°  340)  provenant   d'un  Oiseau  capturé  sur   l'île  Petermann  le 
15  février  1909  pendant  la  période  des  appariements  :  le  testicule  droit  mesurait  35  milli- 
mètres de  long  sur  17  millimètres  et  le  testicule  gauche  55  millimètres  de  long  sur  24  milli- 
mètres. 
—  Plusieurs  squelettes  {n°'  162, 167,  178). 

En  outre  nous  avons  préparé  et  conservé  24  embryons  aux  différents  stades  de  l'incu- 
bation et  14  Poussins  depuis  l'éclosion  de  l'œuf  jusqu'à  la  quatrième  semaine. 
La  collection  comprend  aussi  quelques  Oiseaux  conservés  dans  le  sel. 

Le  Pijrjoscelis  papua  est  facilement  reconnaissable  à  la  tache  blanche 
triangulaire  qu'il  porte  au-dessus  de  chac|u<'  d'il  et  passe  sur  le  vertex, 
aussi  qu'à  son  bec  rouge  violacé.  Ses  colonies,  moins  importantes  que 
celles  de  FAdélie,  sont  situées  au  nord  du  cercle  polaire,  et  l'aire  de  dis- 
persion de  cette  espèce  s'étend  à  certaines  régions  circumantarctiques, 
comme  nous  le  verrons  lorsque  nous  passerons  rapidement  en  revue  la 
distribution  géographique  des  Oiseauxfréquentantles  régions  antarctiques. 

Un  peu  plus  grands  que  les  Adélies,  très  différents  de  caractère,  les 
Papous  sont  beaucoup  plus  calmes,  moins  batailleurs.  Ils  vivent  entre 
eux  en  meilleure  harmonie.  Ils  reçoivent  les  visites  humaines  avec  moins 
de  protestations,  mais  plus  d'inquiétude,  et  la  plupart  ne  tardent  pas, 
quand  ces  visites  se  renouvellent,  à  prendre  la  fuite.  Us  sont  assez 
soigneux  de  leur  personne  et  de  leur  cité;  leur  nid  est  aussi  mieux  con- 
fectionné, d'un  diamètre  plus  grand,  fait  le  plus  souvent  de  pierres  aux- 
quelles sont  ajoutées  quelques  plumes  de  la  queue  trouvées  au  voisinage 
de  la  rookerie,  et  qui  proviennent  des  mues  antérieures  (PI.  VIII,  fig.  35). 

Comme  pour  les  Adélies,  ce  sont  les  Eup/iausies  qui  font  la  base  de  la 
nourriture  de  ces  Oiseaux;  mais  on  trouve  aussi  dans  leur  estomac  quel- 
ques Décapodes  (Crevettes),  et  des  petit  sPoissons  de  la  même  espèce  que 
ceux  trouvés  chez  P.  Adeliœ  et  qui  nous  ont  paru  devoir  être  rangés  dans 
la  famille  de  Scopelidœ.  Souvent  encore  on  y  rencontre  des  cailloux  qui 
doivent  servir  à  brasser  et  broyer  plus  facilement  les  aliments. 


"       OISEAUX    ANTARCTIQUES.  49 

Les  excréments  sont  blancs.  Cette  particularité  permet  de  différencier 
de  loin  une  rookerie  de  Papous  d'une  rookerie  d'Adélies. 

Nous  avons  rencontré  des  colonies  de  Papous  aux  îles  Déception  et 
(lu  Roi-George  (Shetlands  du  Sud),  sur  divers  points  dans  le  détroit  de 
Gerlache,  à  Port-Lockroy  (île  Wiencke),  aux  îles  Booth-Wandcl,  llov- 
gaard  et  Petermann,  qui  semble  être  dans  cette  région  ouest  de  l'An  larctide 
sud-américaine  le  point  le  plus  méridional  où  ils  nichent. 

La  colonie  de  Petermann  ne  se  composait  que  de  150  Oiseaux.  Ceux-ci 
nicbent  par  petits  groupes  sur  des  l'ochers  assez  retirés  à  environ 
40  mètres  de  hauteur.  Us  semblent  avoir  quelque  crainte  des  Adélies,  et 
comme  dans  tous  les  difTérents  points  où  nous  avons  pu  examiner  les 
colonies  de  ces  deux  espèces  d'Oiseaux,  nous  avons  presque  toujours 
constaté  que  les  Adélies  prennent  les  meilleures  places  au  détriment  des 
Papous.  Mais  il  faut  dire  aussi  que  les  Adélies  arrivent  le  plus  souvent 
sur  leurs  rookeries  quelques  jours  avant  les  Papous  :  ils  auraient  donc 
sur  ces  derniers  le  droit  du  premier  occupant.  Ainsi  à  l'île  Petermann, 
tandis  que  les  premiers  Adélies  arrivaient  le  15  octobre  lllOl),  les  premiers 
Papous  revenaient  seulement  le  29  octobre  (PI.  VUI,  fig.  33). 

Le  genre  de  vie  des  Papous  est  à  peu  près  identique  à  celui  des  Adélies, 
aussi  ne  reviendrons-nous  pas  sur  ce  sujet. 

A  notre  premier  passage  à  Petermann,  le  4  janvier  1900,  les  Oiseaux 
couvent  :  il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  encore  des  jeunes.  Les  premiers 
œufs  éclosent  quelques  jours  après,  car  le  11  janvier  nous  trouvons 
2  poussins  dans  pres(jue  tous  les  nids  :  certains  sont  âgés  de  3  à  i  jours. 

A  sa  sortie  de  l'œuf,  le  poussin  est  couvert  d'un  court  duvet  plus 
fourni  sur  les  régions  dorsales  que  sur  les  parties  ventrales,  rappelant 
déjà  ce  qui  existe  chez  l'adulte.  Le  dessus  de  la  tète,  la  nuque  et  les 
tempes  sont  d'un  noir  brunâtre,  tandis  que  le  derrière  du  cou  et  la  région 
du  dos  sont  d'un  gris  brunâtre  qui  s'éclaircit  et  passe  au  gris  pâle  vers  le 
coccyx.  La  région  abdominale  et  la  face  intérieure  des  ailerons  est 
aussi  d'un  gris  pâle;  la  face  extérieure  des  ailerons,  d'un  gris  brunâtre 
assez  foncé  sur  une  bande  médiane,  passe  au  gris  pâle  sur  le  pourtour 
(PI.  VIII,  fig.  30 1. 
.    Puis  peu  à  peu  le  duvet  accuse    plus  nettement  ce   qui  existe  chez 

Expédition  Charcot.  —  G.un.  —  Oiseaux  antarctiques.  ' 


50  OiSEAUX    AXTARCTIQUES. 

radiilte.  Chez  un  poussin  d'une  dizaine  de  jours  (no907),  les  parties  supé- 
rieures du  corps  prennent  une  teinte  noire  à  reflets  brunâtres,  à  contours 
bien  délimités.  Seule  la  face  extérieure  des  ailerons  est  un  peu  moins 
foncée,  d'un  gris  brunâtre,  mais  le  liséré  blanc  marginal  est  très  nettement 
accusé  :1a  tache  noire  de  l'extrémité  intérieure  commence  à  se  marquer. 
Les  régions  ventrales  s'éclaircissent  encore  et  sont  d'un  blanc  grisâtre. 
Les  joues,  la  gorge,  les  tempes  et  la  région  pariétale,  qui  sont  noires  chez 
l'adulte,  sont  d'un  gris  très  pâle.  La  limite  claire  de  régions  inférieures 
du  corps,  et  foncée  des  régions  dorsales,  passe  au-dessous  de  I'omI.  de  là 
an  niveau  des  épaules,  puis  se  dirige  obliquement  en  arrière  pour  passer 
du  côté  du  genou,  croiser  la  jambe  et  se  terminer  au-dessus  du 
coccyx. 

Le  second  duvet,  qui  se  conserve  jusqu'à  6  ou  7  semaines,  âge  auquel 
il  tombe  par  plaques  pour  faire  place  à  la  livrée  que  le  jeune  gardera 
pendant  une  année,  présente  les  caractères  suivants  :  les  régions  dorsales 
du  corps  sont  d'un  noir  brunâtre,  tandis  que  les  parties  ventrales  sont 
duu  blanc  pur.  Les  limites  entre  les  deux  zones  de  duvet  foncé  et  clair 
sont  très  nettement  marquées  :  elles  sont  pareilles  à  celles  que  nous  avons 
données  dans  la  description  du  Poussin  précédent.  Région  dorsale  noir 
brunâtre,  ainsi  que  la  face  externe  de  l'aileron  qui  présente  un  liséré 
blanc  sur  ses  bords,  tandis  qu'à  sa  face  intérieure,  qui  est  d'un  blanc 
pur,  la  tache  noire  de  l'extrémité  est  nettement  marquée.  Au-dessus  des 
yeux,  quelques  traces  de  duvet  blanc  sur  l'emplacement  des  futures 
taches  triangulaires  blanches. 

Enfin  lorsque  le  duvet  tombe  apparaissent  les  taches  triangulaires 
blanches  placées  au-dessus  de  chaque  œil  et  se  rejoignant  sur  le  vertex. 

Après  leur  retour  du  «Pourquoi  Pas?  »  à  Tile  Petermann,  vers  le  milieu 
de  février,  nous  constatons  que  les  poussins  ont  presque  atteint  la  taille 
de  leurs  parents  :  ils  commencent  à  perdre  leur  duvet. 

Cependant  nous  trouvons  quelques  retardataires  sur  un  rocher  isolé  que 
la  neige,  en  fondant,  a  découvert  depuis  peu.  Il  y  a  quatre  nids.  Un  couple 
couve  2  œufs  ;  un  autre  nid  a  deux  Poussins  dont  l'un  venait  de  sortir  de 
l'œuf.  Les  deux  autres  nids  ont  chacun  un  Poussin  âgé  de  quelques  jours, 
et  un  œuf.  Ce  sont  des  retardataires  de  plus  d'un  mois  :  mais  ils  n'ont  pas 


OISEAUX     ANTARCTIQUES.  51 

voiilu  laii^s(M'  pnssor  la  lioiiiip  saison,  et  ils  ont  couvé  malgré  l'approche  de 
l'hiver.  Les  jeunes  seront  dilliciles  à  élever. 

Au  début  de  mars,  la  plupart  desjeuncs  Papous  sont  assez  avancés  pour 
se  tirer  d'afl'aire.  Ils  n'ont  plus  besoin  du  secours  de  leurs  parents.  Aussi 
la  mue  des  adultes  a-t-elle  commencé  aussitôt  ;  elle  est  à  son  maximum 
vers  le  20  mars,  et  elle  se  termine  dans  la  première  semaine  d'avril,  donc 
en  retard  sur  celle  desAdélies. 

Le  2  avril,  nous  avons  t'ait  une  prise  de  sang  sur  un  animal  (mi  train 
dt»  muer.  Nous  avons  trouvé  une  moyennede  1  500000  hématies  par  milli- 
mètre cube  :  leurs  dimensions  sont  de  10  à  17  [j.  de  long  sur  une 
largeur  de  10  a.  En  comparant  ce  sang  à  celui  d'un  animal  sain, 
c'est-à-dire  d'un  Oiseau  qui  n'était  pas  influencé  par  l'état  morbide  dans 
lequel  le  plonge  la  mue,  nous  avons  constaté  une  leucocythémie  dans 
l'examen  du  sang  de  l'animal  en  train  de  muer. 

Peu  à  peu,  la  mue  tei'minée,  les  animaux  abandonnent  l'ile. 

Les  Papous  sont  i)lus  frileux  que  les  Adélies,  et  pendant  l'hiver  ils 
remontent  davantage  vers  le  Nord,  en  des  régions  plus  clémentes. 
Leurs  visites  à  Petermann  sont  beaucoup  plus  rares  que  celles  des 
Adélies. 

Le  12  avril,  à  la  suite  d'un  violent  coup  de  vent  de  N.-K.,  quelques 
Papous,  mélangés  à  une  bande  d'Adélies,  viennent  sur  l'île.  Puis  ils  dis- 
paraissent pendant  de  longues  semaines.  Ils  se  tiennent  i»r()bablement 
non  loin  des  glaces,  en  des  lieux  où  pendant  l'hiver  ils  sont  toujours  cer- 
tains de  trouverune  mer  libre. 

Ce  n'est  que  le  29  juillet,  à  la  suite  d'un  violent  coup  de  vent  qui  brise 
la  glace  du  chenal,  que  j'aperçois  sur  Petermann  un  P.papua  senddant 
égaré.  Il  grimpe  la  grande  colline  de  l'ile,  haute  de  plus  de  100  mètres, 
dans  l'intention  possible  de  gagner  la  mer  libre  du  côté  du  large. 

Le  0  août,  un  autre  Oiseau  est  vu  sur  la  côte  de  l'Ile,  non  loin  de  Port- 
Circoncision. 

Le  6  août,  toujours  après  une  tempête  de  N.-E.  qui  a  disloqué  les 
glaces  du  chenal  de  Lemaire,  il  est  passé  de  nombreuses  troupes  de 
Papous.  Certaines  viennent  se  reposer  sur  l'île.  Peut-être  ces  Oiseaux  se 
rendent-ils  compte  de  la  venue  prochaine  du  printemps  et  ont-ils  aban- 


52  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

donné  leurs  quartiers  d'hiver  pour  redescendre  plus  au  Sud,  dans  le  voi- 
sinage de  leurs  anciennes  rookeries. 

Les  troupes  de  Papous  sont  encore  visibles  le  7  et  le  8  août,  mais  les 
Oiseaux  sont  moins  nombreux.  Le  10  août,  près  de  la  pointe  sud  de  Vi\r 
Hovgaard,  il  y  a  un  groupe  de  25  Pingouins. 

Jusqu'au  o  septembre,  date  à  laquelle  la  ban(|uise,  après  s'être  refor- 
mée, a  de  nouveau  cédé,  on  aperçoit  quelques  Papous  sur  Petermann. 
Puis,  avec  une  nouvelle  période  de  froid,  les  Oiseaux  disparaissent  et  ne 
reviennent  que  le  23  et  le  27  septembre. 

Le  3  octobre,  une  forte  troupe  pêche  dans  le  chenal  et  vient  passer  la 
nuit  sur  l'île  :  il  y  a  70  Oiseaux.  Puis  la  banquise  se  reforme  à  nouveau. 
Nouvelle  disparition  des  Papous,  jusqu'au  29  octobre,  date  à  laquelle  les 
Oiseaux  prennent  possession  de  leur  ancienne  rookerie. 

Le  18  octobre,  avec  le  EirCharcot,  nous  sommes  allés  en  skis,  à  l'ile 
Booth-Wandel  suivant  la  banquise  qui,  dans  le  Nord,  s'étendait  à  perte 
de  vue,  et  vers  le  large  s'étendait  jusqu'aux  ilesLemire-de-Villers. 

Nous  avons  constaté  que  les  rochers  des  rookeries  de  Booth-Wandel 
étaient  complètement  recouverts  de  neige.  Au  nord  de  l'île,  dans  une 
grande  flaque  d'eau  libre,  j'ai  vu  pêcher  deux  nombreuses  bandes  de  Pin- 
gouins, probablement  des  Papous  et  aussi  des  Adélies  des  rookeries 
anciennes.  En  dehors  de  cette  eau  libre,  partout  ailleurs  on  n'apercevait 
(jue  la  banquise.  Ces  Oiseaux  attendent  peut-être  une  dislocation  des 
glaces  pour  regagner  les  rochers  où  ils  ont  l'habitude  de  nicher.  11  y  a 
cinq  ans,  d'après  les  observations  du  W  Turquet,  les  Papous  arrivaient 
à  partir  du  15  sur  les  rochers  qui  aujourd'hui,  18  octobre,  sont  encore 
abandonnés,  enfouis  sous  la  neige. 

Sur  l'île  on  aperçoit  simplement  çà  et  là  quelques  rares  traces  qui 
sont  celles  d'Adélies. 

A  Petermann,  les  premiers  Papous  arrivent  à  leurs  rookeries  le 
29  octobre,  en  retard  de  deux  semaines  sur  les  Adélies.  Ils  viennent  len- 
tement, les  uns  après  les  autres  :  ils  sont  11  le  29  octobre,  19  le  31 ,  391e 
is'  novembre,  71  le  3,  81  le  4,  9o  le  3,  1 12  le  9  (PI.  VIII,  fig.  33 1.  Aussi- 
tôt sur  les  rochers,  ils  commencent  leurs  nids. 

Les  accouplements  se  font  à  l'arrivée  des  Oiseaux.  Ils  provoquent  moins 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  53 

de  t|uoreIlos  et  de  Icitaillcs  fiucclicz  les  Adôlios.  Le  niAlo  et  la  rciiicllo,  se 
faisant  vis-à-vis,   se  saluenl  jiisinrà  \ovvi\  Imil  en  prolV'rant  nn  cii  plus 
ou  moins  sourd  que  Ton  peut  raj)procher  du  Ijraiement  deTàne. 
Les  appai'iements  commencent  le  3  noveml)Pe. 

Parfois,  mais  je  dois  dire  que  la  chose  est  très  rare,  les  l'apous,  malgré 
leur  air  peu  batailleur  et  leur  timidil('',  ont  de  grandes  querelles.  Il  faut 
croire    alors   que   les  raisons  qui  les  poussent  à  une  telle  extrémité  sont 
des   plus  sérieuses.   —  Le  9  novembre,  j'assistai  à  l'un  de  ces  combats 
entre  deux  mâles  :  il  dura  plus  de  ciiK]  minutes.  Les  lutteurs  s'acharnè- 
rent l'un  sur  l'autre  à  coups  de  bec  et  d'ailerons,  se  roulant  dans  la  boue  ; 
méconnaissables   sous  la  saleté  qui    avait    entièrement  recouvert  leurs 
plumes,  l'on  distinguait  seulement  deux  masses  grises  qui  se  démenaient 
et  cherchaient  chacune  à  prendre  l'avantage.  Enfin,  succombant  sous  les 
coups,  étourdi,  l'un  d'eux  resta  surplace  «  knock  ont  »,  — tandis  que  le 
vainqueur,  mal  en  point  lui  aussi,  s'en  allait  d'un  pas  hésitant  chercher 
le  repos  à  l'abri  d'un  rocher.  Tous  deux  étaient  couverts  de  blessures 
sanglantes,  notamment  aux  ailerons  et  au  cou.  Le  vaincu,  avant  de  repren- 
dre connaissance,  resta  plus  d'un  quart  d'heure  à  terre  ;  puis,  pénible- 
ment, il   se  releva,  se  traîna  plutôt  qu'il  ne  marcha  au  dehors  de  la  roo- 
kerie,  pour  aller  se  reposer,  à  l'écart,  des  mauvais  moments  qu'il  venait 
de  passer. 

Le  premier  œuf  est  pondu  le  18  novembre.  Il  yen  a  2  le  19,  7  le  22, 
81e2.'i,  12  le  2  4.  C'est  à  cette  date  que  le  «  Pourquoi  Pas?  »  abandonna  ses 
quartiers  d'hiver  pour  reprendre  sa  navigation  dans  les  mers  antarctiques. 
Ces  œufs,  dont  la  coquille  est  d'un  blanc  très  légèrement  azuré  et  le 
vitellus  vermillon  clair,  sont  plus  globuleux  que  ceux  des  Adélies.  Le 
tableau  suivant  donne  les  renseignements  de  dimensions  et  de  poids  des 
26  exemplaires  que  nous  avons  conservés  (PI.  IX,  fig.  38,  B). 


54 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 


NUMÉHO 

LONGUEUli 

LARGEUR 

PONTE. 

en 

e:l 

POIDS. 

PROVEN.\NCE. 

DATE. 

d  "ordre. 

millimètre^. 

niilliiiufreb. 

519 

1  ""  OU  2'^' 

7); 

55,5 

I'orl-loi'kroy,ilp\ViiD"kc 

28-XII-1008. 

520 



70 

50 

— 

— 

521 

— 

73 

5.  ) 

— 

— 

522 



07,5 

5/  ,5 

— 

— 

523 



08 

57,5 

— 

— 

524 



05 

50,5 

— 

— 

525 

— 

011,5 

55,5 

— 

— 

52(') 



04 

55 

— 

— 

545 



00 

5'f 

Ile  Peterniaiin. 

7-II-1000. 

507 

ire 

71 

5C> 

12'i 

— 

22-XMO(iO. 

59S 

2'' 

('(0,5 

58 

125 

— 

— 

(UC. 

— 

00,5 

57,5 

12i 

— 

20-XI-10()0. 

017 

;;<■ 

04 

51 1,5 

118 

— 

24-Xl-lOOO. 

OIS 

ire 

00 

53 

1(10 

— 

23-Xl-lOOO. 

010 

— 

72 

57,5 

133 

— 

— 

020 

Oe 

70,5 

57,5 

130 

— 

2'i-XI-lOOO. 

024 

ire 

70 

01 

145 

l'oil-Lofkrii),  ilc  Wiciirkc 

20-XI-lOUO. 

025 



71,5 

58,5 

138 

— 

— 

020 

— 

70 

58 

131 

— 

— 

027 

— 

00 

58,5 

133 

— 

— 

028 



07,5 

50,5 

120 

— 

— 

020 

■Je 

07,5 

55,5 

115 

— 

— 

(;:;(! 

Tre 

08,5 

53,5 

108 

— 

— 

(«1 

— 

07 

55,5 

114 

— 

— 

032 

— 

08,5 

57 

127 

— 

— 

551 

70 

50,5 

lil 

Ile  Petermanii. 

10-xi-iouo. 

Nous  voyons  donc,  par  les  observations  suivantes,  que  les  Papous 
abandonnent  le  moins  possible  les  régions  dans  lesquelles  ils  ont  Thabi- 
tude  de  nicher.  Et  chaque  fois  que,  avec  l'aide  des  tempêtes,  il  se  fait  une 
dislocation  des  glaces,  chaque  fois  que  l'eau  libre  réapparaît,  on  peut, 
même  en  plein  hiver,  apercevoir  des  Oiseaux  dans  le  voisinage  plus  ou 
moins  immédiat  de  leurs  rookeries.  Leurs  visites,  aux  alentours  de 
Petermann,  étaient  cei>endant  plus  espacées  que  celles  des  Adélies,  mais 
il  faut  dire  que  la  position  de  cette  île  coïncide  à  peu  près  avec  la  limite 
extrême  à  laquelle  niche  le  Papou  et  que  de  plus,  à  celle  luliUide,  les 
colonies  sont  très  peu  importantes.  Aussi  est-il  bien  compréhensible  que 
lenombre  de  ces  Pingouinsdans  celte  région  soit  bien  moins  considérable 
que  celui  des  Adélies,  qui  ont  de  puissantes  rookeries  jusqu'au  sud 
du  cercle  polaire,  . 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  53 

(-oinmc  |>(iiii'  los  Ad«''lies,  nous  avons  voulu  nous  assurer  que  los  Papous 
revenaient  (rnne  anm-e  à  l'aulre  à  la  même  rookeric.  Dans  ce  but,  en 
deux  |)oinls  dillerents,  dans  deux  colonies  de  Papous  éloit^nées  l'une  de 
l'autre  déplus  de  :!00  kilomètres,  nous  avons  marqué  quelques  Oiseaux, 
jeunes  et  adultes,  de  bagues  de  couleurs  différentes. 

1 0  A  notre  premier  passage  à  Port-Lockroy  (île  Wiencke),  le  28  décembre 
1008,  nous  avons  mis  50  bagnes  v(^rt  pâle  aux  Papous  adultes;  2°  le 
12  janvier  HIUO,  à  l'ile  Petermann,  nous  avons  mis:  20  bagues  brunes 
aux  Papous  adultes  ;  20  bagues  roses  aux  jeunes. 

Or,  au  retour  des  Oiseaux  en  octobre  et  novembre  1009  sur  l'ile  Peter- 
mann, nous  avons  retrouvé,  malgré  la  difficulté  des  recherches,  o  adultes 
ayant  des  bagues  brunes  au  tarse  droit,  soit  le  quart  des  Oiseaux  marqués 
dix  mois  auparavant.  Mais  je  n'ai  |)U  observer  facilement  tous  les  Pingouins 
de  la  rookerie,  ceux-ci  étant  devenus  très  farouches  à  mon  approche.  11 
se  peut  que  d'autres  Oiseaux  bagués  aient  échappé  à  mes  recherches.  Puis, 
à  l'époque  où  le  «  Pourquoi  Pas?  »  (juilta  l'île  Petermann  (1.^5  novembre), 
tous  les  Papous  n'étaient  pas  encore  revenus  sur  la  rookerie.  Enfin,  en 
dehors  des  morts  naturelles  (jui  peuvent  se  produire,  il  y  a  chaque 
année  une  assez  grande  quantité  de  ces  Oiseaux  qui  servent  à  l'alimen- 
tation des  Phoques  et  des  Oi'ques. 

Les  résultats  précédents  montrent  avec  certitude  que  les  mêmes 
Oiseaux  reviennent  d'une  année  à  l'autre  à  leurs  anciennes  rookeries. 

Nous  n'avons  retrouvé  aucun  des  Oiseaux  à  bagues  roses,  c'est-à-dire 
déjeunes,  ce  qui  })rouve  l)ien  (|ue  ces  jeunes  ne  reviennent  pas  sur  leur 
rookerie  avant  la  seconde  année. 

Enfin,  le  20  novembre  1000,  pendant  notre  trop  court  passage  à  Port- 
Lockroy,  et  malgré  la  diiïicult('  d'appi'oche  des  Oiseaux,  nous  avons 
retrouvé  deux  Papous  porteurs  de  bagues  vertes,  deux  adultes  marqués 
onze  mois  auparavant. 

Dej)uis  notre  retour  en  France  nous  avons  appris  que,  au  début 
de  1011,  des  baleiniers,  ayant  abandonné  leur  ancienne  station  de  pêche 
(île  Déception),  pour  s'installer  à  Port-Lockroy,  avaient  retrouvé,  parmi 
les  animaux  qu'ils  avaient  massacrés,  quelques  Oiseaux  porteurs  de 
bagues,  ceux  mêmes  cjue  nous  avions  marqués  le  28  décembre  1008.  Il 


'  m^<'' 


56  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

est  regrettable  que  ces  intéressantes  bêtos  ne  soient  pas  mieux  respectées. 
Nous  ne  reviendrons  pas  sur  la  nourriture  du  P/jr/oscclis  papua  :  elle 
est  identi(|ue  à  colle  du  P.  Adeliœ. 

Porasilolofjie.  —  En  faisant  l'autopsie  des  nombreux  Oiseaux  que  nous 
avons  dû  sacrifier  pour  la  nourriture  et  les  collections,  nous  avons  cons- 
taté que  tous,  jeunes  et  adultes,  présentaient  sur  toute  la  longueur  de 
rintestin_,  et  principalement  de  l'intestin  antérieur  et  moyen,  de  nom- 
breux kystes  dus  à  la  présence  de  Cestodes. 
Ces  kystes  variaient  d'aspect  suivant  la  pé- 
riode de  l'année  à  laquelle  les  Oiseaux  étaient 
examinés. 

Le  0  août,  comme  il  avait  fallu  sacrifier 
;'  pour  les  l)esoiiis  du  bord  une  cinquantaine 
d'Oiseaux,  nous  avons  passé  en  revue  les 
dépouilles.  Les  intestins  de  tous  les  Papous, 
sans  exception,  ju'ésentaient  une  quantité 
de  ces  kystes  d'origine  parasitaire  (fig.  6).  Ils 
formaient  sur  la  face  externe  des  intestins 
des  excroissances  globuleuses,  certaines 
atteignant  jusqu'à  1  centimètre  d'épaisseur. 

Fi^'.   6.—   Appareil  digestif  de  P^ffo- 

sceiis  papua  avec  kystes  intesti-    Eu  ouvraut  1  mtestm  pour  examiner  sa  paroi 

naux.   —  A,  estomac;  I,  intestin; 

K.  kystes.  interne,  on  apercevait  de  place  en  place  l'ou- 

verture des  kystes,  ouverture  étroite,  circu- 
laire, bordée  d'un  anneau  jaunâtre,  de  laquelle  s'écbappe  un  bouquet 
de  Cestodes,  ceux-ci  en  nombre  variable,  jusqu'à  une  dizaine  par  kyste. 
Si  l'on  ouvre  un  kyste,  on  constate  qu'il  est  creusé  de  logettes  indépen- 
dantes, contenant  cbacune  l'extrémité  antérieure  d'un  Ver. 

MM.  A.  Railliet  et  A.  Henry,  qui  ont  étudié  nos  documents  parasi- 
tologiques,  ont  rapporté  cette  intéressante  espèce  hX Anomotœnui  Zederi 
(Baird,  1853),  recueilli  pour  la  première  fois  par  une  expédition  antarc- 
tique anglaise  dans  l'estomac  d'un  Pingouin  antarctique. 

Au  mois  de  novembre  1909,  sur  une  dizaine  de  Papous  étudiés,  nous 

(1)  A.  Raii.uet  el  A.  IIemiy,  Helminthes  recueillis  par  l'Exp.  ant.  fr.  du  «  Pourquoi  Pas?»,  I  : 
Cestodes  dXtiseaux  [lUill.  Mus.  Ilist.  mit.,  1012,  11°  1,  ji.  35). 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  57 

a\  (MIS  constaté  que  les  kystes  tendaient  à  se  l'ésorbci,  à  entrer  en  régression, 
cl  la  paroi  iiilcMMie  (I(^  l'intestin  présentait  un  bouquet  de  Cestodcs  adultes 
])rofondénient  fixés  en  un  même  point  delà  muqueuse,  sur  l'emplacement 
(lu  kyste.  D'après  MM.  RaillietetHenry,  '  cette  réunion  si  curieuse  d'indi- 
vidus porte  à  penser  que  chaque  colonie  a  pu  prendre  naissance  par  le 
développement  sur  place  d'un  Cysticercoïde  à  scolex  multiple  » . 

Puis  peu  à  peu  ces  Cestodes  disparaissent  de  l'intestin  du  Pingouin,  et 
pendant  les  mois  de  janvier,  février  et  mars,  nous  n'en  avons  pas  trouvé. 
Les  kystes,  en  se  résorbant  de  plus  en  plus,  semblent  se  détacher  de  la 
paroi  intestinale  pour  former  des  résidus  consistants  qui  resteraient 
fixés  aux  parois  intestinales  par  de  nombreuses  adhérences,  puis  finiraient 
par  disparaître.  Nous  nous  souvenons  en  effet  avoir  très  nettement  constaté 
en  janvier  1909,  chez  des  Papous  adultes,  des  corps  noirâtres  assez  nom- 
breux pouvant  atteindre  jusqu'à  5  millimètres  de  longueur,  adhérents  au 
mésentère,  sans  aucune  relation  directe  avec  l'intestin. 

Outre  les  Cestodes,  nous  avons  trouvé,  mais  très  rarement,  quelc[ues 
Nématodes  dans  l'intestin  de  quelques  individus. 

Journal  omithologiqw.  (Voir  Carte  II,  B). 

'■27  Décembre  1908.  —  Détroit  de  Gerlache.  Aperçu  vers  le  cap  Osterrieth 
une  rookerie  qui  me  semble  être  habitée  par  des  Papous. 

'21  et  28  Décembre  1908.  —  Poit-Lockroy  (île  Wiencke).  Il  y  a  deux 
rookeries  de  Papous.  Luneprèsdu  mouillage,  comprendprèsde  2000  indi- 
vidus. L'autre,  beaucoup  plus  réduite,  se  trouve  en  face  l'îlot  Casablanca, 
le  long  du  chenal  de  Roosen.  Les  Oiseaux  sont  en  train  de  couver  :  il  y  a 
deux  œufs  dans  chaque  nid.  Nous  avons  marqué  oO  adultes.  Ils  vivent  en 
bonne  intelligence  avec  les  Cormorans  (PI.  X,  fig.  39). 

1^^  au  3  Janvier  1909.  — lie  Booth-Wandel.  Importantes  colonies  de 
Papous  réparties  sur  plusieurs  Ilots  de  rochers  :  3000  à  4000  individus. 
Ces  Oiseaux  furent  étudiés  par  le  D'  Turquet  au  cours  de  l'expédition  du 
«  Français  »  (1903-1905).  Les  Oiseaux  couvent  leurs  œufs;  il  n'y  a  pas 
encore  de  poussins. 

4  Janvier.  —  Ile  Petermann.  Une  petite  rookerie  de  Papous.  Deuxo'ufs 
dans  chaque  nid,  pas  de  Poussins. 

Kxpéililion  Charcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  " 


58  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

1^  Janvier.  —  La  plupart  des  nids  ont  deux  Poussins.  Marqué  des 
Oiseaux,  jeunes  et  adultes  (Voir  p.  19). 

J6  Février.  —  Les  jeunes  ont  presque  atteint  la  taille  de  leurs  parents. 
Leur  duvet  commence  à  tomber. 

Ile  Booth-Wandel.  —  L'île  est  couverte  de  traces  de  Pingouins.  Les 
jeunes  Papous  sont  avancés  comme  à  Petermann. 

//  Février.  —  Ile  Petermann.  Examiné  quelques  cadavres  de  Papous  : 
dans  l'estomac,  de  nombreuses  Eupliausies.  Quelques  Décapodes  et 
Poissons.  En  outre  des  Gestodes  parasites. 

20  Mars.  —  La  mue  des  adultes,  qui  a  débuté  vers  la  fin  de  février, 
commence  à  décroître. 

29  Mars.  —  La  mue  n'est  pas  encore  terminée. 

1^"^  Avril.  ■ —  Fait  une  numération  des  globules  de  sang  sur  un  animal 
sain.  Trouvé  environ  1  500 000  hématies  par  millimètre  cube.  Celles-ci 
sont  elliptiques,  ayant  1(3  à  17  <j.  de   long  sur  10  y-  de  large. 

2  Avril.  —  Une  numération  des  globules  sur  un  animal  en  Irain  de 
muer  nous  a  donné  la  même  proportion  d'hématies.  Mais  les  leucocytes 
paraissaient  en  plus  grand  nombre. 

5  Avril.  —  La  mue  est  terminée.  LesOiseauxabandonnentl'île  peuàpeu. 

12  Avril.  -. —  i\.près  une  disparition  de  quelques  jours,  des  Papous  sont 
passés  sur  l'île,  mélangés  à  une  bande  d'Adélies. 

27  Avril.  —  Plus  d'Oiseaux. 

'i  Juin.  —  Les  Papous  ont  complètement  disparu. 

W  Juillet.  —  Un  Papou  a  été  vu  sur  l'île  grimpant  la  grande  pente  du 
sommet. 

5  Août.  —  Un  Papou  se  repose  près  de  Port-Circoncision. 

6  Août.  —  Il  est  passé  dans  le  chenal  de  Lemaire  plusieurs  troupes 
de  Papous.  Adeux  heures  de  l'après-midi,  une  cinquantaine  ont  débarqué 
sur  l'île,  près  des  cairns.  Malheureusement  il  a  fallu  les  massacrer  pour 
les  besoins  du  bord.  Quelque  temps  après,  une  nouvelle  troupe,  moins 
nombreuse  que  la  première,  attirée  par  les  cris  des  marins  imitant  ceux 
des  Pingouins,  vient  à  terre  et  subit  le  sort  de  la  première.  Un  troisième 
groupe  passe  au  large.  Sur  un  petit  îlot  en  face  les  cairns,  il  y  a  une  tren- 
taine d'individus.  ,• 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  59 

7  Ao/}/.  —  Une  troupe  d'uiK'  dizaine  d'iiulividus  siii'  l'ilc 

10  Août.  —  Uc  Hovgaard.  Près  de  la  pointe  sud  de  l'île,  au  pied  de  la 
falaise  de  glace,  vu  un  groupe  de  25  Papous. 

5  Septembre.  —  lie  Petermann.  Quelques  Oiseaux  sur  l'île. 

SS Sejjfc//tl)re.  —  Papous  et  Adélies  sur  l'île. 

'27  Septeiiiinc.  —  Des  petites  troupes  dans  le  chenal  de  Lemaire. 

a  Octohrc.  —  Dans  l'après-midi  est  arrivée  sur  l'île  une  troupe  de 
70  Papous  :  il  y  avait  parmi  eux  (]uel(|ues  AdtMies.  Le  matin,  ces  Papous 
péchaient  dans  le  chenal. 

W  Ortobre.  —  Les  premiers  Oiseaux  arrivent  sur  leurs  rookeries.  Il  y 
en  avait  onze  à  neuf  heures. 

M  Ortoln'c.  —  Dans  la  matinée,  un  seul  Oiseau  sur  les  rochers.  Ils  sont 
0  à  18  h.  30  ;  ils  commencent  leurs  nids. 

SI  Octobre.  —  li  Papous  à  13  heures;  19  à  18  h.  30.  Ils  sout  très 
craintifs  ;  aperçu  à  l'un  deu.K  une  bague  brune  mise  en  janvier. 

/er  A'orembre.  —  39  Papous. 

:>  A'orrinhre.  —  05  Oiseaux  à  13  h.  30,  71  à  18  h.  30.  Vu  deux  autres 
Oiseaux  avec  des  bagues  brunes.  Les  appariements  commencent. 

i  Xoreiithre.  —  81  Papous. 

9  Soreinhrr.  —  95  Pingouins. 

8  Novembre.  —  101  Oiseaux. 

9  lYoeembre.  —  112  Papous.  Assisté  à  un  violent  combat  entre  deux 
mâles  (Voir  p.  53). 

13  Xoremlire.  —  Plusieurs  nids  sont  terminés  :  ils  sont  i)lus  soigneu- 
sement faits  que  ceux  des  Adélies,  et  aux  cailloux,  mieux  disposés,  ils 
ajoutent  quelques  plumes  de  la  queue  qui  proviennent  des  anciennes 
mues. 

16  Novemh^e.  —  Examiné  plusieurs  dépouilles  de  Papous:  les  kystes 
intestinaux  semblent  se  résorber. 

18  Novembre.  —  Trouvé  le  |)remier  onif  de  Papou. 

19  Novembre.  —  Deux  onifs. 
s?/  Novembre.  —  Un  œuf. 

^'■2  Novembre .  —  Sept  œufs. 
'2S  Novembre.  —  Huit  œufs. 


6o  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

S4 Novembre.  —  Douze  œufs. 

55  Novembre.  —  Huit  œufs. 

'iô  Novembre.  — En  mer.  Aperçu  (|uclques  Papous  auN.  alentours  de 
l'île  Booth-Wandel,  dans  les  détroits  de  Bismarck  et  de  Gerlache. 

Port-Lockroy  (île  Wiencke).  —  Les  Papous  (2  000  à  3  000)  sont  sui- 
leurs  rookeries;  peu  de  nids  sont  complètement  finis;  les  (cufs  sont  rares 
(50  environ).  Les  Oiseaux  sont  très  peureux  ;  j'en  ai  aperçu  deux  qui 
avaient  des  bagues  vertes  au  tarse  droit,  bagues  que  je  leur  avais 
mises  en  décembre  1 908. 

4  Décembre.  —  lie  Déception.  Sur  la  côte  ouest  de  l'entrée  de  l'île 
Déception,  près  delà  passe,  j'ai  trouvé  une  petite  rookerie  d'une  cinquan- 
taine d'individus.  Oiseaux  très  craintifs.  Par  les  nombreux  nids  trouvés 
abandonnés,  j'ai  pu  constater  que  la  colonie  devait  être  auparavant  trois 
ou  quatre  fois  plus  nombreuse.  Sans  doute  les  Papous  auront  été  effrayés 
par  les  visites  trop  fréquentes  des  Baleiniers,  et  leur  diminution  doit  être 
due  à  l'impossibilité  de  se  reproduire  pendant  les  dernières  années,  par 
suite  de  la  capture  de  tous  leurs  œufs. 

^4  Décembre.  —  Ile  Bridgmann.  Aperçu  deux  Papous  sur  la  plage. 
'26  Décembre.  —  Baie  de  l'Amirauté  (île  du  Roi-George).  11  y  a  une 
colonie  d'environ  200  Papous,  sur  la  plage  basse,  non  loin  de  la  pointe 
Thomas.  Les  Poussins  sont  plus  avancés  que  ceux  que  nous  avons  trouvés 
sur  l'île  Petermann  en  janvier  1009.  (k'rtains  ont  trois  semaines.  Trouvé 
quek|ues  œufs,  mais  la  plupart  étaient  mauvais  (PI.  VIII,  fig.  34). 

3.  Pygoscelis  antarctica  (Forster). 

Collection  : 

N°  355.  —  cf  jiiv.  (onze  mois).  Capturée  sur  un  floë  dans  le  chenal  de  Lemaire  en  face  l'île 

Petermann,  24-XI-1909.  Iris  brun  pâle,  bec  noir,  jugulaire  noirâtre,  doigts  et 

palmure  d'un  rose  légèrement  grisâtre  devenant  plus  foncés  vers  l'extrémité  ; 

griffes  gris  noirâtre. 

L.  T.  :  655.  -  E.  :  485.  -  A.  :  194.  -  Q.  :  162.  -  B.  :  45.  -  1 .  :  25.  -  D.  M.  :  75-18. 

N°  488.  —  cf,  île  Déception,  13-XII-1909.  Capturé  sur  une  rookerie.  Iris  brun  jaunâtre, 
paupières  noires,  front,  vevtex,  occiput,  nuque  d'un  noir  bleuté,  dos  bleu-ardoise, 
jugulaire  noire,  bec  noir,  tempes,  joues,  côtés  du  cou,  menton,  gorge  et  parties 
ventrales  blanches  ;  tarses  et  pattes  rose  grisâtre,  griffes  gris-ardoise  foncé  laté- 
ralement et  légèrement  rosé  sur  le  dessus.  Estomac  :  vide,  petits  cailloux.  Para- 
sites :  Cestodes  dans  l'intestin  ;  deux  Aptères  trouvés  dans  la  région  du  cou. 
L.  T.  :  740.  -  E.  :  520.  -  A.  :  197.  -  Q.  :  192.  -  B.  :  49.  -  T.  :  23.  -  D.  M.  :  77-23. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  6l 

N"  489.  —  9  juv.,  île  Déception,  13-XII-1909.  Iris  brun  jaunâtre.  Estomac  :  Euphausies. 
Parasites  :  kystes  intestinaux  avec  Ccstodos. 
L.  T.  :  665.  -  E.  :  510.  -  A.  :  193.  -  0.  :  160.  -  B.  :  45.  -  T.  :  22.  -  D.  M.  :  74-17. 
N"  494.  —  9î  îlo  Déception,  13-XII-1909.  Iris  brun  jaunâtre.  Estomac  :  vide.  Parasites  : 
quelques  kystes  intestinaux  avec  Cestodes  ;  deux  Aptères  dans  la  région  du  cou. 
L.T.  :710.  — E.:  500.  -A.:  197.  -  0.:  194.  -  B.  :  48.  -  T.  :  22.  -  D.M.  :  77-21. 
N°  495.  —  Q,  ih  Déception,  13-XII-1909.  Iris  marron  clair.  Estomac:  Eupliausies.  Para- 
sites :  quelques  kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.  T.  :  735.  -  E.  :  520.  -  A.  :  197.  -  Q.  :  188.  -  B.  :  52.  -  T.  :  23.  -  D.  M.  :  80-23. 
N"  496.  —  9,  île  Déception,  13-XII-1909.  Iris  brun  jaunâtre.  Estomac:  Euphausies.  Para- 
sites :  Cestodes  dans  l'intestin  antérieur. 
L.T.  :  695.  -  E.  :  480.  -A.:  175.-0.:  168.  -  B.  :  42.  -  T.  :  22.  -  D.M.  :  74-20. 
N°  497.  —  cf,  île  Déception,  13-XII-1909.  Iris  brun  jaunâtre.  Estomac: Euphausies.  Para- 
sites :  nombreux  Cestodes  dans  l'intestin  antérieur. 
L.  T.  :  675.  -  E.  :  510.  -  A.  :  195.  -  0.  :  141.  -  B.  :  47.  -  T.:  22.  -  D.  M.:  76-19. 
N°  498.  —  9i  'Is  Déception.  Iris  brun  jaunâtre.  Estomac:  Euphausies.  Parasites  :  quelques 
kystes  intestinaux  avec  Cestodes. 
L.T.  :  710. -E.:  515.  -  A.:  198.  -  0.  :  178.  -  B.  :  45.  -  T.  :  21.  -  D.  M.  :  75-19. 
N°  499.  —  çf,  Déception.  Iris  marron  clair.  Estomac:  Euphausies.  Parasites  :  kystes  intes- 
tinaux avec  Cestodes. 
L.  T.  :  765.  -  E.  :  545.  -  A.  :  207.  -  0.  :  210.  -  B.  :  56.  -  T.  :  23.  -  D.  M.  :  84-23. 
N"  500.  —   9i  île  Déception.  Iris  marron  clair.  Estomac:  Euphausies.  Parasites  :  kystes 
intestinaux  avec  Cestodes. 
L.T.  :  730.  -  E.:  530.  -  A.:  199.  -  Q.:  190.  -  B.:  48.  -  T.:  23.  -  D.  M.:  82-24 
N°  800.  —  o*,  île  Déception.  Iris  brun  jaunâtre.  Estomac:  vide  : 

L.  T.  :  715.  -  E.  :  515.  -  A.:  197.  -  Q.:  172.  -  B.:  44.  -  T.:  22.  -  D.  M.:  75-19. 
N°801.  —  9i'le  Déception.  Iris  brun  jaunâtre.  Estomac  :  Euphausies.  Parasites  :  kystes 
intestinaux  avec  Cestodes. 
L.  T.  :  750.  -  E.  :  520.  -  A.  :  .iOl.  -  O.  :  199.  -  B.:52.  -  T.  :  23.  -  D.  M.:  78-22. 
N°  835   —  cf,  île  Déception.  Iris  marron  clair.  Estomac: Euphausies.  Longueur  de  l'intes- 
tin 2"\90  ;  diamètre  :  10  millimètres. 
L.  T.  :  775.  -  E.  :  530.  -  A.  :  200.  -  0.  :  202.  -  B.  :  49.  -  T.  :  24.  -  D.  M.:  77-22. 
Nos  (  ollections  comprennent  en  outre  des  Oiseaux  conservés  dans  le  sel,  des  squelettes 
et  des  systèmes  nerveux. 

Nous  avons  préparé  et  conservé  42  embryons  aux  différents  stades  de  l'incubation  et 
15  Poussins. 

Le  Pijgoscei/s  antarclka,  légèrement  plus  petit  que  l'Aclélie,  se  dis- 
tingue facilement  des  autres  espèces  par  sa  gorge  blanche  que  traverse 
une  jugulaire  noire  (PI.  VI,  fig.  26).  Racovitza,  le  distingué  naturaliste 
de  la  «  Belgica  »,  en  a  donné  une  description  très  exacte,  et  il  a  très 
nettement  fait  ressortir  les  mœurs  spéciales  de  cette  intéressante 
espèce  (1)  ;  aussi  ne  reviendrons-nous  pas  sur  ce  sujet. 

L'Antarctique  est  un  animal  bruyant  et  batailleur.  Il  vil  en  énormes 

(1)  lUcoviTZA,  loc.  cit. 


62  OISEAUX     AXTARCTIQUES. 

rookpries.  localisées  surtout  dans  le  nord  du  détroit  de  Gerlache  et  l'ouest 
du  détroit  de  Bransfîeld.  aussi  bien  dans  les  ilesdu  détroit  et  des  Shetlands 
du  Sud  qu'en  bordure  de  la  côte  des  Terres  Louis-Philippe.  Palmer  et 
Danco.  Ses  colonies  ne  dépassent  pas.  vers  le  Sud.  le  65°  de  latitude. 
Au  delà,  on  aperçoit,  de  temps  en  temps,  des  individus  isolés  ou  de 
petites  troupes.  Ce  sont  le  plus  souvent  des  jeunes,  comme  nous 
l'avon.*!  constaté  plusieurs  fois  à  l'ile  Petermann,  pendant  le  mois  de 
novembre  1900. 

C'est  sur  l'île  Déception,  en  novembre  et  décembre  1909,  que  nous 
avons  pu  examiner  et  étudier  les  importantes  colonies  de  celte  espèce.  Il 
y  avait  là  quatre  colonies  d'Antarctiques,  représentant  certainement  un 
total  de  plusieurs  centaines  de  milliers  d'individus. 

L'ile  Déception  est  un  ancien  volcan  dont  les  dernières  périodes 
d'activité  sont  toutes  récentes.  Les  phénomènes  éruptifs  conlinut-nt 
d'ailleurs  à  se  manifester  dans  cette  région,  et  il  paraîtrait  même,  suivant 
les  dires  de  quelques  baleiniers,  que.  depuis  le  retour  du  <<  Pourquoi 
Pas?  •>  1916),  l'activité  volcanique  aurait  repris  :  différentes  bouches  à 
feu  se  seraient  ouvertes  en  divers  points  de  l'île.  L'ancien  cratère,  cerclé 
de  montagnes  dont  quelques  sommets  atteignent  près  de  600  mètres,  est 
envahi  par  la  mer  et  communique  par  une  étroite  passe  avec  le  détroit 
de  Branstield.  Il  constitue  un  magnitique  port  naturel  'Port-Fosteri 
mesurant  environ  1 1  kilomètres  de  profondeur  sur  8  en  largeur.  C'est  en 
certains  points  des  côtes  de  Déception,  soit  au  voisinage  de  la  baie  Port- 
Fosler  ,  soit  au  voisinage  des  plages  extérieures,  que  sont  situées  les 
différentes  colonies  de  Pingouins    PI.  VI.  fig.  28). 

La  ponte  des  Antarctiques  a  dû  commencer  vers  le  o  novembre  pour 
devenir  générale  au  milieu  du  mois  et  se  terminer  dans  les  derniers  jours 
de  novembre.  Elle  est  plus  tardive  que  chez  les  autres  espèces. 

Quand,  pendant  la  saison  de  l'incubation,  on  pénètre  dans  une  de  ces 
villes,  on  est  aussitôt  accueilli  par  un  brouhaha  assourdissant  de  croasse- 
ments inharmonieux,  ou  de  souffles  prolongés,  accompagnés  de  voies  de 
fait,  coups  de  bec  ou  d'aileron,  donnant  à  réfléchir  à  celui  qui  forme  le 
projet  de  s'engager  au  milieu  de  cette  foule  hostile. 

Dans  chaque  nid.  au  début  de  décembre^  on  trouve  en  général  deux 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  63 

reufs.  ('es  œufs  sont   de  l;i  iiuMiie  couleur  que  ceux  des  Adélies,  iii;iis  ils 
sont  plus  petits  dM.  1\,  lii;.  38  c). 


NUMÉRO 

PONTE 

LONGUEIR 
en 

LAROKCn 

POIDS. 

LOCALITli. 

DATE. 

d'ordre. 

milliliirtres. 

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44 

30,5 

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^ 

47 

35 

Les  Antarctiques  placent  parfois  leurs  rookeries  à  des  hauteurs  qui 
peuvent  d(''passer  une  centaine  de  mètres,  comme  nous  l'avons  constaté 
sur  deux  points  de  la  côte  sud  et  ouest  de  Di'ception.  Et  pour  aller  à  la 
mer  chercher  les  Crustacés  du  genre  Eup/tai>sia  dont  ils  se  nourrissent, 
il  leur  faut  faire  souv(Mit  un  long  trajet,  parfois  même  de  sérieuses  ascen- 
sions ou  des  descentes  mouvementées.  Ils  partent  par  petites  troupes, 
en  file  indienne,  suivant  de  véritables  sentiers  creusés  dans  la  neige  par 
leurs  continuels  passages,  et  cherchent,  pour  descendre  vers  la  plage,  les 
endroits  de  la  falaise  les  plus  propices  et  les  moins  périlleux  (IM.  VU, 
fig.29). 

Sur  les  plages  accessibles  des  rookeries,  par  les  belles  journées,  c'est 
le  plus  souvent  une  fde  d'Oiseaux  rassemblés  là  par  milliers  (IM.  VII, 
fig.  31).  Ils  font  penser  aux  cohues  humaines  que  les  beaux  jours  d'été 
attirent  sur  nos  grandes  plages  de  France.  On  y  cause  peu  :  simplement 
quelques  réflexions  chuchotées  à  voix  basse,  tandis  qu'au-dessus  de  la 
grève,  dans  le  lointain,  on  entend  la  rum<nir  de  la  cité  bruyante.  Par 
petites  troupes,  les  Pingouins  profitent  d'une  accalmie  de  la  vague  pour 
se  lancer  à  l'eau  et  partir  en  chasse  (PI.  VII,  fig.  30),  tandis  que  d'autres 
bandes  reviennent  du  large  en  faisant  entendre  des  /••««/.■, /.w//.' joyeux, 


64  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

et  cherchent  l'endroit  le  plus  favorable  pour  revenir  à  terre  :  des  tètes 
qui  sortent  de  l'eau,  un  dernier  plongeon,  et  la  vague,  en  déferlant  et  en 
envahissant  la  plage,  y  déverse  des  troupes  d'Antarctiques  qui  revien- 
nent de  la  pèche  i  PI.  VII,  fig.  32).  Alors  c'est  pour  ceux-ci  l'ascension 
difficile  de  la  falaise  de  glace,  le  retour  à  la  rookerie  où  ils  vont  prendre 
leur  poste  de  gardien  du  nid  et  permettre  à  ceux  qui  les  attendaient  de 
partir  à  leur  tour  pour  la  mer. 

En  effet,  à  l'époque  où  nous  avons  le  mieux  étudié  les  colonies  de 
ces  Oiseaux,  c'est-à-dire  vers  le  milieu  de  décembre,  la  vie  de  la  cité  est 
très  active.  C'est  le  moment  où  la  plnpnit  des  œufs  sont  parvenus  au 
terme  de  l'incubidion,  et  nombreux  déjà  sont  les  nids  dans  lesquels 
apparaissent  un  et  même  deux  Poussins.  C'est  la  période  pénible  pour 
les  adultes  qui  devront,  sans  arrêt,  aller  chercher  la  nourriture  pour 
tous  ces  jeunes  difficiles  à  rassasier. 

A  sa  sortie  de  l'onif,  le  Poussin  a  un  duvet  soyeux,  gris  argenté  très 
clair  ;  l)ec  noir,  Ijrunàtre  vers  l'extrémité,  tache  blanche  subterniinale 
sur  la  mandibule  supérieure  dans  la  région  de  la  dent  (lui  sert  à  briser  la 
coquille.  Paupières  noires.  Tarses  et  pattes  d'un  rose  violacé  pâle  ;  les 
pattes  passent  insensiblement  au  gris  vers  leur  extrémité  antérieure. 
Griffes  gris  brunâtre  (1). 

Tandis  que,  comme  nous  l'avons  vu,  le  sol  des  rookeries  d'Adélies  est 
caractérisé  par  une  couleur  ronge-lie  de  vin  et  celui  de  rookeries  de 
Papous  par  une  teinte  générale  blanche  ou  grisâtre,  dues  aux  excréments, 
le  sol  des  colonies  d'Antarctitjues  est,  lui  aussi,  bien  caractéristique  des 
Oiseaux  qui  l'habitent.  En  effet  ces  Pingouins  ont  l'habitude,  quand  ils 
sont  sur  leur  nid,  de  ne  pas  le  quitter  pour  satisfaire  à  certaines  néces- 
sités de  la  vie.  Ils  se  contentent,  sans  bouger  de  place,  de  projeter  violem- 
ment leurs  déjections  en  dehors  de  leur  nid.  A  la  longue,  ces  excréments 
finissent  par  former  une  auréole  de  longs  rayons  blancs  autour  de 
chaque  nid  (PI.  VI,  fig.  26). 

Depuis  plusieurs  années,  des  compagnies  de  baleiniers  faisaient  de 
l'île  Déception  leur  station  de  pèche,  les  Cétacés  étant  abondants  dans 
le  voisinage  des  îles  Shetlands  du  Sud  et  du  détroit  de  Bransfîeld.    Pcn- 

(1)  Voir  Pi.  Anthony  et  L.  Gain,  Docwnenls  embr!/o(jcniiiiies. 


OISE  A  UX     A  NT  A  RC  TIO  UES.  65 

dîiiil  (l(Mi\  à  trois  mois  de  l'année,  l'ort-Fostcr  tlonnait  asile  à  une  nom- 
lirense  ilollille  :  gi'os  cargos  de  3000  à  ^l  000  tonnes,  bateaux  usines 
servant  au  traitement  du  lard  pour  en  extraire  l'huile, —  ou  baleiniers, 
canonnières  à  vapeur  servant  à  la  capture  des  Baleines,  représentant  au 
total  un  personnel  d'environ  300  hommes. 

Comme  nous  avons  pu  le  constater,  la  présence  de  ces  hommes,  pen- 
dant plusieurs  années  de  suite,  à  l'époque  de  la  ponte  des  Oiseaux,  fut 
néfaste  au  développement  de  quelques  cités  d'Antarctiques.  Le  28  novem- 
bre 1909,  nous  sommes  allé  visiter  la  rookerie  placée  sur  la  côte  ouest 
de  la  baie  intérieure  de  Déception  (l*ort-Foster).  La  colonie  occupait  les 
rochers  et  les  collines  dépourvues  de  neige  sur  une  longueur  de  près 
d'un  kilomètre,  jusqu'à  une  hauteur  d'une  centaine  de  mètres.  Il  y  avait 
là  30  000  à  iOOOO  Oiseaux,  devenus  très  farouches,  à  la  suite  de  la  visite 
journalière  des  baleiniçrs  récoltant  tous  les  œufs.  Il  nous  a  été  facile  de 
constater,  parles  nombreux  nids  abandonnés,  par  l'aspect  aussi  du  terrain 
aujourd'hui  désert,  auparavant  occupé  par  les  Oiseaux,  que  cette  cité 
d'Antarctiques  doit  péricliter  chaque  année,  et  qu'elle  est  en  voie  rapide 
de  disparition.  Cette  grande  diminution  des  habitants  de  la  colonie  estdue 
à  ce  que  leur  reproduction  ne  se  fait  plus  normalement  depuis  plusieurs 
années,  tous  leurs  œufs  étant  pris  par  les  baleiniers. 

D'après  la  place  qu'occupaient  les  Oiseaux  en  novembre  1900,  par  rap- 
port à  la  superficie  totale  que  devait  avoir  eu  la  colonie,  nous  pouvons 
certainement  affirmer  qu'elle  avait  perdu  la  moitié  de  sa  population.  Il  ne 
faudrait  que  quelques  années  d'un  môme  régime  pour  la  voir  disparaître 
complètement. 

Nous  ne  saurions,  une  fois  de  |)lus,  trop  nous  élever  contre  de  sembla- 
bles procédés  qui  consistent  à  enlever  tous  les  œufs  des  nids,  et  à  empê- 
cher, parce  moyen  radical,  le  repeuplement  de  ces  intéressants  S/>///''«/sc/fMç 
(pii  sont  déjà,  à  cause  de  tous  leurs  ennemis  marins,  appelés  à  diminuri 
en   nombre  chaque  année. 

Parasitologio.  —  Comme  chez  P.  papua,  nous  avons  constaté  chez  de 
nombreux  P.  antarctica  la  présence  de  kystes  intestinaux  dus  à  la  même 
espèce  de  Cestode,  YAnonioUonia  Zedorl  Baird. 

Nous  avons  en  outre  trouvé  une  seconde  espèce  d'Helminthe  parasite, 

'Expédition  Chavrot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  U 


66  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

dans  l'intestin  givlo  de  quelquos  Antarcti(|U('s.  (Test  une  nouvelle  espèce, 
décrite  par  IVOl.  A.  llaiiliet  et  A.  Henry  sous  le  nom  de  Trtrtdinflir'ni-t 
Jouhini  (1). 

JoiirnaJ  inidtJiolofjiqac  (Voir  carte  II,  C). 

^2''2  Dècenilirc  IHOS.  —  A  quelques  milles  au  nord  de  l'île  Smith,  aperçu 
une  dizaine  d'Antarctiques  sur  une  ylace  llottante. 

Vu  deux  r(»()k(MMes d'Antarctiques  sur  la  côte  W.-N.-W.  de  l'île  Décep- 
tion. Dans  la  baie  intérieure  de  Déception,  (pielques  Antarctiques  sur  les 
plages. 

il  Dpcruiln'c  lUOS.  —  Détroit  de  Gerlache.  H  nous  a  semblé  voir  une 
grande  colonie  d'Antarctiques. 

il  et  iS Dcccmlirc  1008.  —  Port-Lockroy  (île  Wiencke).  Aperçu  quel- 
ques Oiseaux  épars.  Pas  de  rookeries. 

3  ./foirier  1!>0{l.  —  Ile  Booth-Wandel.  Sur  les  rochers  delà  côte  ouest, 
près  de  la  colline  du  Cairn,  une  dizaine  d'Oiseaux  semblent  se  reposer. 

-/  ./anr/f'r  1909.  —  Ile  Petermann.  Un  Antarctique  se  promène  parmi  les 
rookeries  d'Adélics. 

/5  Novembre  1909.  —  Un  jeune  Antarctique  (onze  mois)  près  des  colo- 
nies d'Adélies. 

18  Novrrnlirc  1909.  —  Aperçu  6  Antarctiques  nageant  dans  le  chenal 
de  Lemaire,  au  voisinage  de  Petermann.  Un  Oiseau  a  été  capturé  :  c'est 
un  jeune  (onze  mois). 

a  Noveiiihrr  1909.  —  M.  Boland  m'apporte  un  jeune  Antarctique  qu'il 
a  attrapé  sur  un  Ooë.  L'intestin  de  cet  Oiseau  est  garni  de  kystes  iden- 
tiques à  ceux  des  Papous. 

%  Norembre  1909.  —  En  mer,  sur  les  floës,  dans  le  détroit  de  Bismarck, 
aperçu  quelques  Oiseaux. 

27  N(iv(  fahre  1909.  —  Antarctiques  assez  nombreux  sur  les  glaces,  dans 
le  détrod  de  Gerlache.  Vu  une  énorme  rookerie  située  à  plus  de  100  mètres 
d'altitude  sur  l'île  qui  se  trouve  au  sud  du  cap  Kaiser  (île  Brabant),  ainsi 
que  deux  autres  rookeries  sur  des  îlots  au  sud  de  l'île  des  Deux-Hum- 
mocks.  Une  autre  colonie  sur  l'île  Auguste. 

(Il  Voir  A.  Haii.i.iet  et  A.  Henry,  /oc.  cit. 


OlSIïArX    AXTARCTIQUES.  67 

'21^  Xovomhre  1909.  — Ile  Dôcoptioii.  Visilc   de  hi   rôokcrit'  silure  le 
lonj^  de  la  l)aie  inlérimire  di'  l'ile  (  l'orl-Foster)  (Voir  p.  ()2j. 

/er  Dècciiihre  1909.  —  Examiné  la  plupart  des  Oiseaux  tués  le  28  no- 
vembre. Sur  22  Antarctiques  (7Q  et  \',\ç^),î{  ont  ou  ont  eu  des  kystes 
intestinaux  d'origine  parasitaire  ;  un  seul  n'en  présentait  aucune  trace. 
Tous  ces  kystes  semblent  à  l'état  de  régression,  comme  nous  l'avons  aussi 
constaté  chez  les  Papous  examinés  à  la  même  ('pcupie  ;  ils  se  résorbent, 
formant  de  petites  masses  noirâtres  de  quelques  millimètres  qui  se  déta- 
chent de  l'intestin  et  se  fixent  au  mésentère  par  de  nombreuses  adhé- 
rences. Ces  kystes  sont  en  général  moins  nombreux  que  chez  les  Papous. 
'2  Décembre  1909.  —  Retourné  à  la  rookerie  examinée  le  28  novembre. 
Trouvé  200  œufs,  tous  de  petite  taille  :  ce  sont  des  œufs  de  quatrième  ou 
cinquième  pontes  qui  n'auraient  pas  couvé. 

4  Décembre  1909.  —  Kxcursionné  sur  la  côte  ouest  de  l'entrée  de  Dé- 
ception. Près  de  la  colonie  de  Papous,  il  y  a  rà  et  là  sur  les  rochers  des 
petits  groupes  d'Antarctiques;  une  centaine  ont  installé  leurs  nids  à 
50  mètres  d'altitude  et  à  près  d'un  kilomètre  de  la  côte.  Une  autre  petite 
rookerie  de  quelques  individus  sur  un  rocher,  à  12.">  mètres  d'altitude. 

7  Décembre  1909.  —  Visité  la  grande  rookerie  qui  se  trouve  près  de  la 
côte  extérieure  de  Déception  vers  le  détroit  de  Uransfield,   à  l'est  de  la 
passe.  Il  y  a  là,  sur  i)rès  de  2  kilomètres  de  long,  divisée  en  plusieurs 
groupes,  une  énorme  rookerie  d'Antarctiques  comprenant  près  de  100000 
individus.  W  y  avait  2  (euls  dans  chaque  nid.  Aux  Antarctiques,  sont  mé- 
langés quelques  groupes  de  Catarrliaetes  chri/solop/ius  (PI.  VI,fig.  27,  28). 
La  côte  présente  en  cet  endroit  un  cap  formé  de  tufs  volcaniques  qui 
sortent  de  la  mer  en  des  falaises  atteignant  une   centaine  de   mètres  de 
hauteur.  De  chaque  côté  de  ce  promontoire  sont  deux  plages.   Celle  qui 
se  trouve  à  l'ouest  est  demi-circulaire  et  exiguë,  large  seulement  de  quel- 
(|ues  mètres,   resserrée  entre  des  pentes  abruptes  de  neige  et  de  tufs 
volcaniques  qui  s'élèvent  à  une  grande  hauteur.  La  place  située  à  l'est  est 
plus  étendue;  assez  vaste  sur  quelques  centaines  de  mètres  de  longueur, 
elle  se  continue,  plus  resserrée,  devant  un   front  de  glacier  que   le  flot 
ronge  à  la  haute  mer.  >'ers  l'intérieur  de  l'ile,   la  plage  grimpe  en  pente 
douce  d'abord,  puis  cette  pente  s'accentue  peu  à  peu.  Les  tufs  volcaniques 


68  OISEAUX    A.WTARCriQUES. 

qui  fornionl  le  promontoire,  se  continuent  vers  l'intérieur  de  l'île  pour  se 
confondre  peu  à  peu  avec  les  montagnes  voisines  et  disparaître  sous  la 
glace.  C'est  sur  la  pente  assez  douce  de  ces  tufs  volcaniques  qui  descend  vers 
la  plage  de  l'est  que  sont  établies  les  principales  rookeries.  Une  autre  cité 
très  importante  occupe  les  flancs  et  la  crête  de  deux  collines  qui  s'étagent 
au  fond  de  cette  même  plage  de  l'est,  entre  loO  et  200  mètres  de  hauteur. 

Les  nids  des  Antarctiques  sont  faits  soit  d'une  dépression  dans  le  sol, 
lorsque  celui-ci  est  meuble,  dépression  entourée  de  cailloux  en  plus  ou 
moins  grand  nombre,  —  soit  de  cailloux  disposés  eu  cuvette,  lorsqu'ils  se 
trouvent  sur  un  sol  dur.  Quelques  plumes  de  la  queue  dans  chaque  nid. 

13  Décembre  190!}.  —  Visite  à  la  rookerie  de  Port-Foster.  11  ne  reste 
plus  d'd'ufs  dans  les  nids;  il  n'y  aura  pas  un  Poussin  cette  année. 

15  Décembre  1909.  —  Retourné  à  la  grande  rookerie  (|ui  regarde  le 
détroit  de  Bransfield. 

Deux  œufs  dans  les  nids,  rarement  un.  L'incubation  est  très  avancée, 
et  dans  quelques  nids  nous  avons  trouvé  1  oi  même  2  Poussins.  Les 
Antarctiques  ne  fuient  pas  à  notre  approche,  il  faut  les  enlever  de  force  du 
nid  pour  voir  leurs  œufs  :  ils  se  défendent  énergiquement  à  coups  de  bec. 

De  loin  le  bruit  qui  vient  de  la  colonie  ressemble  à  celui  que  font 
les  Corbeaux,  le  soir,  lorsqu'ils  survolent  les  arbres  dans  lesquels  ils 
nichent,  ("e  sont  des  «  Ah  Kuak  Kuak  Kuak...  Ah  Kuak  Kuak  Kuak  » 
ininterrompus. 

'21  Décembre  1909.  —  Trouvé  une  forte  rookerie  sur  la  côte  ouest  de 
Déception,  en  regard  de  l'île  Smith.  Il  y  a  là  environ  100000  individus. 
L'emplacement  de  la  colonie  couvre  près  de  2  kilomètres  en  longueur 
sur  1  kilomètre  de  large,  jusqu'à  une  hauteur  de  100 mètres.  Ils  sont  ins- 
tallés sur  des  collines  de  tufs  volcaniques  et  de  cendres,  dominant  la 
mer.  Dans  tous  les  nids  quelques  plumes  de  la  queue. 

Deux  œufs  par  nid,  le  quart  environ  est  éclos.  Les  Poussins  les  plus 
vieux  sont  âgés  de  4  ou  5  jours. 

Les  parents  ne  quittent  pas  leur  nid  à  mon  approche,  mais  ils  me 
reçoivent  avec  méfiance.  Ce  sont  chez  tous  des  souffles  prolongés,  des 
«  heeeein,  licceein  ),  (pii  donnent  à  réfléchira  cchii  (jui  a  l'intention  de 
travcrscM'  la   cité.  Les  mâles  ou  les  femelles  qui  couvent  cherchent  à  me 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  69 

clonnci'  (It'S  coups  do  l)oc.  Ceux  i|Ni  ue  couvent  pas,  et  surtout  les  mâles, 
se  jelleiit  sur  le  pauvre  passant  qu'ils  labourent  de  coups  de  l»ec  et 
d'ailcrdu.  —  Les  Antarctiques  me  paraissent  cependant  moins  agressifs 
et  moins  querelleurs  que  les  Adéiies.  Ils  semblent  vivre  en  une  commu- 
nauté plus  intime,  moins  méfiante. 

Pour  aller  des  rookeries  à  la  mer,  le  trajet  est  long.  11  leur  faut  souvent 
faire  plus  d'un  kilomètre  en  bordure  de  la  falaise  de  glace  qui  surplombe 
la  plage  à  une  cinquantaine  de  mètres  de  hauteur,  pour  redescendre  ensuite 
par  des  sentiers  accidenti'S  et  assez  difficiles.  N'ayant  pas  le  pied  très 
montagnard,  les  chutes  sont  fréquentes.  Beaucoup  glissent  et  roulent  au 
bas  de  la  pente;  ils  en  sont  quittes  pour  recommencer  leur  ascension 
s'ils  rentrent  à  la  rookerie,  ou  alors  arrivent  plus  rapidement  sur  la  plage, 
s'ils  vont  à  la  pèche. 

La  plage  se  divise  en  deux  parties  :  l'une  est  formée  d'une  ancienne 
coulée  de  basalte.  Les  rochers  sont  remplis  de  Pingouins  qui  vont, 
viennent,  sautent  de  roche  en  roche  :  puis  les  basaltes  cessent  subite- 
ment pour  faire  place  à  une  belle  plage  de  gravier  fin  longue  d'un  kilo- 
mètre, dominée  par  la  falaise  de  glace  que  suit  une  procession  inin- 
terrompue d'Antarctiques  qui  vont  à  la  plage  ou  en  reviennent.  Outre  les 
Antarctiques  qui,  sur  c<Hle  plage,  se  comptent  par  milliers,  il  y  a  quelques 
Papous  et  Pingouins  à  crête,  ainsi  qu'une  trentaine  de  Phoques  de  Weddell 
qui  sommeillent. 

£'?  Dpcetnhri'  1009.  —  Détroit  de  Bransfield.  Croisé  quelques  troupes 
d'Antarctiques  en  train  de  pécher  ou  de  se  reposer  sur  les  floës. 

6  .Jimrier  1910.  —  Vers  8  heures  du  soir,  en  passant  entre  les  îles  Low 
et  lloscason,  croisé  des  bandes  d'Antarctiques  qui  pèchent. 

Aperçu  le  long  de  la  côte  S.-E.  de  l'île  Low  deux  rookeries  d'Antarc- 
tiques. 

4.  Catarrhactes  chrysolophus  (Brandt). 

N°  413.  —  9)  îl*^  Déception,  4-XII-l'J09.  Capturé  sur  une  rookerie.  Parties  supérieure 
du  corps  d'un  gi'is  bleuté  foncé  velouté.  Sur  le  dessus  de  la  tête,  des  bandes  de 
sourcils  jaune  d'or,  à  extrémité  noire  chez  les  plus  courtes,  tandis  que  les  plumes 
situées  le  plus  en  arrière  sont  entièrement  jaune  d'or  et  d'une  longueur  presque 
double  aux  premières.  Iris  gi-enat,  bec  brun  rougeàtre,  commissure  des  mandi- 


).M. 

:  77-21. 

).M. 

:  7[)-20. 

).M. 

:  79-18. 

.IM. 

:  78-20. 

70  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

billes  pourpre  pâle.  Joue,  menton,  gorge  noirs  à  reflets  veloutés.  Région  ventrale 
blanche.  Tarses  et  pattes  d'un  rose  jaunâtre.  Griffes  claires  sur  le  dessus,  brun 
foncé  latéralement.  Estomac  :  vide. 
L.T.  :  700.  -  E.  :  505.  -  A.  :  188.  -  O.  :  154.  -  B.  :  53.  -  T.  :  25.  -D.M.  :  78-19. 
N"  414.  —  9i  île  Déception,  4-XII-1909.  Prise  sur  le  nid.  Estomac  :  vide. 

L.T.:  695.  -  E.  :  500.  -  A.  :  186.  -  0.  :  151.  -  B.  :  .55.  -  T.  :  23.  -  D.M.  :  75-19. 
N"  415.  —  9,  île  Déception,  4-XII-  1909.  Prise  sur  le  nid.  Estomac  :  vide. 

L.  T.  :  700.  -  E.  :  530.  -  A.  :  198.  -  0.  :  154.  -  B.  :  52.  -  T.  :  22.  -  D.  M.  :  78-18. 
N»  422.  —  cf ,  île  Déception,  4-Xn-1909.  Pris  sur  le  nid.  Estomac  vide.  Bec  plus  fort,  corps 
d'apparence  plus  robuste  que  celui  des  femelles. 
L.T.  :  705.  -  E.  :  535.  -  A.  :  200.  -  Q.  :  160.  -  B.  :  59.  -  T.  :  24.  -  D.M.  :  78-1!-'. 
,\o  4(34.  _  Q<^  île  Déception.  4-XII-1909.  Pris  sur  le  nid.  Estomac  :  vide. 

L.T.:670. -E.  :490.  -A.:  188.  -  Q.  :  148.  -  B.  :  57.  -  T.  :  22.  -  D.  M.:  72-10. 
N"  465.  —  cf ,  île  Déception.  7-XII-1909.  Pris  sur  le  nid.  Estomac  :  vide. 

L.T.  : 695.  -  E.  :  510.  -  A.  :  195.  -  O.  :  150.  -  B.  :  57.  -  1.  :  24.  -  D.M.  :  70-19. 
No  466.  —  Q,'ûe  Déception,  7-Xn-1909.  Prise  sur  le  nid.  Estomac  :  vide. 

L.T.:  700.  -  E.:  515.  -  A.  :  196.  -  0.  :  165.  -  B.  :  52.  -  T.  :  23.  - 
N"  469.  —  ?,  île  Déception,  7-XII-1909.  Prise  sur  le  nid.  Estomac  :  vide. 
L.T.  :  675.  -  E.  :  505.  -  A.  :  180.  -  0.  :  145.  -  B.  :  51.  -  T.  :  24.  - 
N"  470.  —  cf.  île  Déception.  7-XII-1909.  Pris  sur  le  nid.  Estomac  :  vide. 

L.T.  :  705.  -  E.  :  530.  -  A.  :  200.  -  0.  :  157.  -  B.  :  58.  -  T.  :  24.  - 
N"  484.  -  cf,  île  Déception.  7-XII-1909.  Pris  sur  le  nia.  Estomac:  vide. 

L.  T.  :  725.  -  E.  :  550.  -  A.  :  206.  -  Q.  :  162.  -  B.  :  61.  -  T.  :  23.  - 
N"  485.  —  cf  1  ile  Déception.  7-XII-1909.  Pris  sur   le  nid.  Estomac  :  vide.  Longueur  de 
l'intestin  :  5"', 90  ;  diamètre  :  5  millimèlres. 
L.T.  :  720.  -  E.  :  540.  -  A.  :  206.  -  0.  :  162.  -  B.  :  61.  -  T.  :  23.  -  D.  M.  :  78-20. 
N°  843.  —   9  juv.  Capturée  sur  une  plage  de  la  côte  ouest  de  Déception.  21-Xn-1909. 
Douze  mois.  Les  plumes  jaunes  du  sommet  de  la  tête  sont  encore  très  peu  mar- 
quées :  elles  sont  à  peine  plus  développées  que  les  plumes  ordinaires.  Iris  grenat 
légèrement  brunâtre.  Estomac  :  vide. 
L.T.:  670.  -  E.  :  500.  -  A.  :  189.  -  Q.  :  132.  -  B.  :  49.  -  T.  :  24.  -  D.  M.  :  75-19. 
Quelque*  Oiseaux  conservé j  dans  le  sel,  de.,  squelettes,  des  systèmes  nerveux. 
Nous  avons  préparé  et  conservé  vingt-huit  embryons  au.x.  différents  stades  de  l'iac li- 
bation. 

Le  l'ingouin  "  huppé  »  est  aussi  calme  que  l'Antarctique  est  liruyant, 
aussi  pacifique  que  l'autre  est  batailleur. 

Avant  l'expédition  du  «  Pourquoi  l'as?  »,  la  présence  de  cet  Oiseau 
n'avait  pas  encore  été  constatée  dans  la  région  antarctique  proprement 
dite,  c'est-à-dire  au-dessous  de  60"  de  lat.  S. 

Cependant,  [)0ur  être  tout  ù  fait  exact,  K.  A.  Andersson  (1  )  signale, 
dans  son  ouvrage  sur  les  Oiseaux  rencontrés  au  cours  de  l'expédilion 
suédoise  commandée  par  Nordenskjôld  (  lOOl-lOO;]),  la  présence  d'une 
colonie   de    J'ingouins  qu'il  rapporte  à   l'espèce  C.  chrysocome  Forster 

1)  K.  A.  .\>DEnssoN,  loc.  cit. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  71 

sur  la  côfo  oucsl  de  l'ilc  Nelson,  landis  quo  eos  mêmes  Oiseaux  ont  été 
parfois  aperçus  isoléuieut  eu  iKU'diirede  la  cote  de  laTerre  Louis-l'hilippe. 

Dans  son  tahleau  sur  la  i'é|)artitiou  des  Oiseaux  des  régions  antarc- 
tiques, Reichenow  (I)  fait  figurer,  d'ailleurs  avec  doute  (?),  en  se  basant 
sur  les  observations  de  K.  A.  Andersson,  la  présence  du  U .  rlirnsocnine  à 
la  Terre  Louis- Phi  lippe  et  aux  Shetlands  du  Sud. 

Or  nous  pouvons  aiHinier  ([u'il  y  a  eu  erreur  de  détermination  de  la 
pai-l  de  K.  A.  Anderssou,  et  que  la  rookerie  de  lile  Nelson,  aperçue 
(Failleurs  d'assez  loin,  est  certainement  hahili'e  non  par  le  (' .  chrijsocome, 
mais  par  l'espèce  (\  rltn/snlopltus,  dont  nous  avons  trouvé  plusieurs 
colonies  sur  l'île  Déception,  qui  est  assez  proche  de  l'île  Nelson. 

D'autre  part,  il  est  plus  naturel  de  trouver  dans  ces  régions  antarctiques 
septentrionales  sud-amcM'icaines  le  ('.  clirijsolitphiis  (|ui  S(»  rencontre  aux 
Orcades  du  Sud  et  niche  à  la  G(''orgie  du  Sud  ;  tandis  que  les  premiers 
individus  isoh'-s  de  ('.  clinjsiH-innc  se  rencontrent  dans  l'ouest  seulemeni 
à  partir  de  l'île  du  Prince-Edouard,  puis  sur  les  îles  Marion,  Crozet, 
Heard,  et  les  lieux  de  ])onte  aux  îles  Kerguclen,  Amsterdam,  Heard. 

C'est  à  l'île  Déception,  en  décembre  1901),  que  nous  avons  trouvé 
quelques  colonies  du  U .  (■Iirijsolophus  (Voir  carte  II,  D). 

Un  peu  plus  grand  et  plus  épais  que  l'Antarctique,  le  Pingouin  huppé 
a  le  dos  et  la  tète  d'un  noir  bleuté  à  reflets  veloutés;  au-dessus  des  yeux, 
des  bandes  de  longs  sourcils  jaune  d'or  se  rejoignent  sur  le  front.  L'iris 
est  grenat,  le  bec  brun  rougeàtre  avec  la  commissure  des  mandibules 
})Ourpre  pâle. 

C'est  un  animal  tranquille,  pacifique,  confiant,  se  laissant  facilement 
approcher  quand  il  est  sur  son  nid,  et  mêmecaresser,  cherchant  rarement 
à  donner  un  coup  de  bec  ou  d'aileron  (PI.  VI,  fig.  25). 

Les  colonies  de  ces  Oiseaux  sont  souvent  mélangées  à  celles  des 
Antarctiques,  avec  lesquels  ils  vivent  en  bonne  iulelligence,  comme  nous 
l'avons  constaté  sur  la  côte  sud  de  Décej)lion   PI.  Vî,  fig.  27). 

Dans  leur  nid,  fait  d'une  simple  dépression  du  sol  ou  de  petits  cailloux, 
suivant  la  nature  du  terrain,  il  y  a  un  seul  œuf  d'un   blanc  légèrement 

(I)  llEir.iiENdw,  Vr.ïrel  (les  Wellmeere-i  (Deutsche  Siidpolar-Expedition,  1901-03,  IX  Band.  Zoologie, 
f'  Cand,  Hel't  VI,  p.  342  et  549). 


72  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

bleuâtre.  Les  œufs  sont  un  peu  plus  f^ros  que  ceux  de  P.  papwi  (IM.  I\, 
fig.  37,  D).  Les  parents  couvent  alternativement. 


NUMÉRO 

LONGUEUR 

LARGEUR 

l'n 

en 

POIDS. 

LOC.VLITE. 

DATE. 

d'ûrdre. 

iiiillimrlifî.. 

niillimrlies- 

041 

80,5 

58,5 

1 45 

Ile  Déception. 

4-XII-lOOO. 

(V'i2 

80,5 

57,5 

l 'rj 

— 

— 

043 

80 

58 

1 40 

— 

— 

G4'i 

78,5 

01 

153 

— 

— 

045 

80 

50,5 

1 40 

— 

— 

O'iO 

75,5 

00 

148 

— 

— 

047 

80 

57 

142 

— 

— 

048 

78 

50,5 

134 

— 

— 

040 

78,5 

53,5 

120 

— 

— 

ono 

70 

50 

120 

— 

— 

o:.i 

7:^. 

57,5 

120 

— 

— 

ù:r2 

71,5 

40 

83 

D'après  l'âge  approximatif  des  embryons  que  nous  avons  trouvés  dans 
les  anifs  pris  les  4,  15  et  17  décembre  1000  sur  les  rookeries  de  l'île 
Déception,  nous  pouvons  en  déduire  que  la  ponte  a  dû  avoir  lieu  du 
15  au  30  novembre.  L'incubation  doit  durer  de  trente-deux  à  trenle-cinq 
jours,  et  les  premiers  œufs  ont  dû  éclore  entre  le  20  et  le  30  décembre. 
Les  embryons  les  plus  âgés  avaient  environ  4  semaines,  ils  présentaient 
une  région  ventrale  d'un  blanc  légèrement  grisâtre;  le  cou,  la  tète  et  les 
parties  dorsales  étaient  dun  noir  brunâtre. 

i  Décembre  1H09.  — Ile  Déception.  Sur  la  côte  ouest  de  l'entrée  de 
Port-Foster,  trouvé,  vers  la  pointe,  à  30  mètres  au-dessus  de  la  mer, 
une  rookerie  d'une  cinquantaine  d'individus.  Les  Oiseaux  sont  rassemblés 
sur  un  petit  espace.  Les  nids  sont  rapprochés  les  uns  des  autres.  Ce  sont 
des  Oiseaux  calmes,  peu  batailleurs,  ayant  un  cri  sourd,  assez  désa- 
gréable, ressemblant  à  celui  du  Papou. 

Les  Ois(;aux  se  laissent  facilement  approcher  et  même  toucher. 

Après  m'ètre  emparé  d'un  couple  dont,  alors,  le  nid  restait  al)andonné, 
un  autre  couple  est  venu  s'y  installer.  Mais,  avant  (pu»  j'aie  eu  le  temps 
d'intervenir,  l'un  des  nouveaux  propriétaires,  \o  nuile,  d'un  coup  de  bec, 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  73 

envoyait  l'œuf  hors  du  nid  et  le  laissait  rouler  sur  la  pente  sans  s'en 
occuper  davantage. 

Ce  sont  les  seuls  Pini^^ouins  quej'aic  vus  vraiment  manifester  du  regret, 
quand  on  s'empare  de  leurs  œufs.  Les  autres  espèces  les  défendent,  mais 
après  leur  disparition  ne  semblent  plus  s'en  préoccuper.  Tandis  que  les 
couples  de  C.  chnjsolopJtus,  dont  on  a  pris  les  œufs,  reviennent  sur  leurs 
nids  et  semblent  chercher,  tout  en  poussant  des  cris  plaintifs. 

7  et  1 5  Décembre  lOO'J.  —  Dans  l'après-midi,  visite  cà  la  grande  rookerie 
d'Antarctiques  qui  se  trouve  à  l'est  de  l'entrée  de  Port-Foster,  sur  la 
côte  regardant  le  détroit  de  Bransfield.  Nous  avons  décrit  l'emplacement 
de  cette  rookerie  à  propos  du  P.  antarctka  (Voir  p.  60). 

Les  Pingouins  huppés  vivent  là  en  bonne  harmonie  avec  les  Antarc- 
tiques. Ils  sont  environ  1500  à  2000,  divisés  en  petits  groupes  de 
quelques  centaines  au  moins  d'individus.  Ils  se  trouvent  soit  isolés 
comme  nous  l'avons  constaté  pour  un  groupe  nichant  sur  des  rochers, 
non  loin  de  la  plage,  —  soit  le  plus  souvent  groupés  au  milieu  des 
Antarctiques,  mélangeant  sur  les  limites  de  ces  groupes  leurs  nids  avec 
ceux  de  l'autre  espèce. 

De  loin,  les  colonies  de  C chrysoIopJms  se  différencient  assez  nette- 
ment de  la  masse  des  P.  antardica.  Elles  forment,  parmi  tout  l'ensemble 
de  la  rookerie,  des  taches  plus  sombres  dues  à  ce  que,  à  distance,  l'accu- 
mulation de  ces  Oiseaux  a  une  teinte  d'un  noir  velouté,  tandis  que 
l'ensemble  des  Antarctiques  est  d'un  gris  bleuté  beaucouj»  plus  terne. 

Un  seul  œuf  dans  chaque  nid. 

19  Décembre  1909.  -r-  Mesuré  un  intestin  :  sa  longueur  est  de  5™, 90, 
son  diamètre  de  0°i,003. 

''21  Décembre  1909.  —  Sur  la  côte  ouest  de  Déception,  en  regard  de 
l'île  Smith,  surla  plage,  parmi  les  Antarctiques,  aperçu  2  C.  c/iri/.so/ophus 
adultes  et  1  jeune.  Celui-ci,  âgé  de  l'2  mois,  se  dill'érencie  des  adultes 
parles  sourcils  jaunes  qui  sont  encore  très  peu  marqués,  à  peine  plus 
développés  que  les  autres  plumes. 

5.   Aptenodytes  Forsteri.  Or. 
A   aucun  moment,   ni  ])endant  notre  séjour  dans  le  détroit  de  Brans- 

Expédition  Chcircot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctii[ues.  10 


74  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

field  et  le    long    de  la  côte   ouest  de  l'antarctide  sud-américaine,    ni 
pendant  la  navigation   du  «  Pourquoi  Pas?  »  en  bordure  du  pack-ice, 


Fig.  7.  — l'rolil  lies  quatre  espèces  do  Sp/irnis<-î//i'S  (de  j,'auclii'  à  droite:  l'i/g.  A(/e/i,'p,  P>jtj.  pnpua, 
Pyg-  antarriictt.  Cal.  c/irysolojihus).  iiionlr.int  la  limite  du  blanc  et  du  noir  sur  les  parties  latérales 
du  corps,  ainsi  i|ue  sur  la  i'aoe  interne  des  ailerons. 

jusqu'au  ISo^  de  longitude  ouest  de  Paris,  nous  n'avons  aperçu  le  Pin- 
gouin Empereur. 


PHALACROCORACIDES 

6.  Phalacrocorax  atriceps  (King). 

Collection  : 

N"  113.  —  9  juv.,île  Booth-Wandel,  17-11-1909.  Capturée  près  du  nid;  âgée  de  deux  mois 
environ.  Iris  gris  brunâtre.  Estomac  :  Poissons,  petits  cailloux.  Parasites  :  Néma- 
todes. 
L.T.  :  815.  -  E.:l  320.  -  A.  :  324.  -  0.  :  208.  -  B.  :  58.  -  T.  :  48.  -  D.  IV.  :  113-12. 
N"  114.  —  o*  ju^'-i  île  Bootli-Wandel,  17-11-1909.  Iris  gris  brunâtre.  Estomac  :  Poissons, 
petits  caillou.x.  Parasites  :  quelques  Nématodes. 
L.T.  :  805.  -  E.  :  1  220.  -  A.  :  305.  -  Q.  :  196.  -  B.  :  60.  -  T.  :  47.  -  D.  IV  : 
114-13. 
N"  115.  —  9  juv.,  île  Booth-Wandel,  17-11-1909.  Iris  brun.  Estomac:  Poissons,  Euphau- 
sies,  quelques  Décapodes.  Parasites  :  Nématodes. 
L.  T.  :  820.  -  E.  :  1  260.  -  A.  :  316.  -  0.  :  198.  -  B.  :  59.  -  T.  :  52.  -  D.  IV  : 
113-14. 
No  124.  -  cf  juv.,  île  Booth-Wandel,  17-11-1909.  Iris  brun  grisâtre. 

L.  T.  :  790.  -  E.  :  1  250.  -  A.  :  308.  -  Q.  :  196.  -  B.  :  57.  -  T.  :  47.  -  D.  IV  : 
106-13. 
No  125.  —  9  jiiv.,  île  Booth-Wandel,  17-11-1909.  Iris  brun.  Estomac:  Poissons.  Parasites  : 
Nématodes  et  un  Isopode  (^ga  anlarclica  Ricliurdson)  qui  était  parasite  sur  l'un 
des  Poissons. 
L.  T.  :  835.  -  E.  :  1  290.  -  A.  :  330.  -  0.  :  205.  -  B.  :  62.  -  T.  :  52.  -  D.  IV  : 
115-14. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  75 

N°  126.  —  cfjuv.,îli' Booth-Wantlpl,  17-11-1909.  Iris  gi-is  brunâtre.  Parties  inférieures  du 
corps  blanches.  Caroncules  peu  prononcées,  encore  séparées  par  quelques  plumes. 
Le  dessus  do  la  tète,  le  derrière  du  cou  et  le  dos  sont  brunâtres,  à  reflets  bleu;;, 
verdâtres  et  mordorés.  Tache  blanche  sur  ledos.  Ailes  brunâtres:  la  tache  blanche 
existant  sur  les  ailes  de  l'adulte  est  seulement  indiquée  :  les  plumes  des  petites 
couvertures  sont  en  effet  d'un  brun  clair  allant  en  se  dégradant  jusqu'au  blanc 
à  leur  extrémité.  Queue  brunâtre.  Bec  noir  à  reflet  rougeâtre.  Estomac  :  Poissons, 
débris  de  quelques  Crustacés  Schizopodes  et  Amphipodes.  Parasites  :  Nématodes 
dans  l'estomac. 
L.  T.  :  842.  -  E.  :  1  310.  -  A.  :  322.  -  0.  :  208.  -  B.  :  61.  -  T.  :  51.  -  D.  IV  : 
114-14. 

N"  127.  —  ^,iie  Booth-Wandol,  17-11-1909.  Capturée  au  moment  où  elle  revenait  de  la 
pêche.  Iris  brun  ;  bec  noir  et  rouge  brunâtre  foncé,  tarses  rose  orangé,  pattes  rose 
orangé  allant  en  se  fonçant  vers  les  extrémités  des  doigts,  griffes  noires.  Caroncules 
rouge  orangé,  paupières  bleu  outremer.  Parties  inférieures  du  corps  blanches, 
dessus  de  la  tête,  derrière  du  cou,  dos  noirs  à  reflets  bleu  violacé,  vert  et  mordoré, 
tache  blanche.  Ailes  noir  brunâtre  à  reflets  mordorés,  avec  une  tache  blanche  dans 
la  région  des  petites  et  des  moyennes  couvertures. 
L.  T.  :  725.  —  E.  :  1230.  -  A.":  302.  —  0.  :  172.  —  B.  :  51.  —  T.  :  45.  —  D.  IV: 
99-13. 

No  373.  —  Ç,  Port-Lockroy  (île  Wienckc),  26-XI-1909.  Iris  brun-marron.  Bec  noir  bru- 
nâtre passant  à  l'extrémité  au  brun  violacé.  Estomac  :  Poissons,  Crustacés  Schizo- 
podes et  Décapodes,  un  Isopode  parasite  de  l'un  des  Poissons,  petits  cailloux. 
Parasites  :  Nématodes  dans  l'estomac. 

(  IV.  105-11. 
L.T.:735.  -  E.  :  1170. -A.:  300.  -  Q.:  162.  -  B.:.54.  -  T.  :  50.  -  D^    111.84-13,5. 

(   11.62-12. 

N"  374.  —    9,  Port-Lockroy,  26-XI-1909.  Iris  marron.  Estomac  :  Poissons,  Euphausies, 

petits  cailloux.  Parasites  :  Nématodes. 

/  IV.108-11. 

L.  T.  :  755.  -  E.  :1  200.- A.:305.  -  Q.:178.  -  B.:56.  -  T.:58.  -  DO  III.  82-13. 

(    II.  61-12. 
N°  375.  —   9,  Port-Lockroy,  26-XI-1909.  Estomac:  Poissons,  Schizopodes,  petits  cail- 
loux. Parasites  :  Ni'matodcs  dans  l'estomac. 

/  IV.  105-11. 
L.T.:745. -E.:l  150.  -  A.  :  302. -0.:172.-B.:55.5.-T.:51.-Ds    III.80-13. 

(  11.60-12,5. 
No  376.  —  9,  Port-Lockroy,  26-XI-1909.  Iris  brun-marron,  paupières  bleu  outremer, 
caroncules  orangé,  huppe  un  peu  moins  longue  que  celle  du  cf.  Estomac  :  Poissons, 
Schizopodes.  Parasites  :  quelques  Nématodes  dans  l'estomac. 
No  391.  —  cf  juv.  (douze  mois), Port-Lockroy,  26-XI-1909.  Iris  brun,  paupières  d'un  noir 
légèrement  bleuté,  caroncules  orangé  foncé  sale  (encore  quelques  petites  plumes), 
bec  noir  brunâtre.  Front,  vertex,  occiput,  derrière  du  cou  brunâtres,  avec  un 
léger  reflet  violet  sur  les  extrémités  des  plumes.  Crête  bien  marquée  ;  le  manteau 
brun  a  un  léger  reflet  verdàtre  :  la  tache  dorsale  blanche  se  précise.  Tarses  et 
pattes  rose  pâle  légèrement  violacé,  passant  au  brun  vers  les  extrémités  ;  griffes 
brun  violacé.  Estomac  :  Poissons,  Euphausies.  Parasites  :  Nématodes  dans  l'es- 
tomac. 


76  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

I     1I.U8-14. 
L.T.  :830.  —  E.:1320.  —  A.:320.  — Q.:179.  — B.:61.— T.:G2.  — dOiII.  91-15. 

(  IV.  121-14. 
N"  45G.  —  cf,  Port-Lockroy,  26-XI-1909.  Iris  brun-marron.  Estomac  :  vide.  Parasites  : 
quelques  Nématodes  dans  l'estomac. 

(    II.  67-12. 
L.T.  :  800.  —  E.:  1  260.  —A.:  315.  —  Q.:  183.  —  B.  :  57.  — T:54.  —  D^    III.  92-13. 

(  IV.  116-12. 
N"  457.  —  cf,  Port-Lockroy,  2G-XI-1909.  Iris  hrun-marron.  Estomar  :  Poissons,  Euphau- 
sies,  quelques  Décapodes.  Parasites  :  Nématodes. 

(    II.  62-11. 
L.T.:785.  — E.:l  210.  —  A.:305.  —  0.  :  185.  —  B.:.55.  — T.:51.  — nO  III.  85-11. 

{  IV.  108-11. 
Embryons  et  Poussins  : 
Nos  50  à  52.  —  Port-Lockroy,  28-XII-190S.  Poussins  âgés  de  quelques  jours  pris  dans  les 

nids. 
N"  54.  —  Un  embryon,  de  quinze  à  vingt  jours. 

Les  embryons  suivants  proviennent  d'œufs  pris  sur  la  rookerie  de  Port-Lockroy, 
le  26-XI-1909. 
N°s  378  :  un  blastoderme,  premier  ou  deuxième  jour  d'incubation.  —  379  :  2  embryons 
de  cinq  à  six  jours.  ■ —  380  :  1  embryon  de  sept  à  huit  jours.  —  381  :  3  embryons 
d'une  dizaine  de  jours.  ■ —  382  : 3  embryons  de  douze  jours  environ.  —  383  :  2  em- 
bryons de  quinze  jours  environ.  —  384  :  2  embryons  de  quinze  à  dix-huit  jours.  — 
385  :  1  embryon  de  douze  à  quatorze  jours. 
En  outre  nous  avons  conservé  quelques  Oiseaux  dans  le  sel,  des  squelettes,  des  systèmes 
nerveux  et  des  pièces  anatomiques. 

C'est  le  seul  représentant  de  la  famille  des  Phulacrocorackhv  dans  les 
régions  antarctiques,  où  on  le  trouve  localisé  à  l'Antarctide  sud-améri- 
caine jusqu'au  voisinage  du  cercle  polaire. 

Fort  gracieux,  souples  et  à  la  fois  très  dignes  dans  Ions  leurs  mouve- 
ments, ces  Cormorans  sont  d'aimables  bêtes  d'allure  fort  distinguée. 
Pas  farouches,  très  sociables,  pacifiques,  ils  vivent  parfois  en  commu- 
nauté avec  des  S[)he7}iscidés,  comme  nous  l'avons  constaté  à  Port-Loc- 
kroy, où  leurs  nids  sont  mélangés  à  ceux  du  /'ijf/oscc//s  /xijt/ta  (PI.  X, 
fig.  39),  à  Petermann,  où  leurs  quelques  nids  sont  voisins  de  ceux  du 
P.  Adeliœ,  etc. 

Nous  avons  trouvé  leurs  nids  aux  îles  Shetlands  du  Sud  (île  du 
Roi-George),  en  diflférents  points  du  détroit  de  Gerlache,  à  Port-Lockroy 
(île  Wiencke),  et  sur  les  îles  Booth-Wandel,  Ilovgaard,  Petermann, 
Berthelot. 

Au  cours  de  la  première  expédition  antarcticiue  française  (1903-1905), 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  77 

le  Y)^  Turquct  eut  l'occasion  crétudier  ces  Oiseaux.  Il  y  avait  en  effet 
sur  l'île  Roolh-Wandel,  lieu  d'hivernage  de  l'expédition,  une  importante 
colonie  de  ces  Cormorans. 

Ces  Oiseaux  construisent  un  nid  fait  d'Algues  agglutinées  avec  de  la 
boue,  mélangées  de  Mousses  et  de  Lichens,  de  plumes,  sorte  de  socle 
atteignant  de  20  à  'iO  centimètres  de  hauteur;  chaque  nid  renferme  deux 
ou  trois  reufs  :  la  couleur  de  ces  œufs  est  d'un  bleu  azuré,  très  pâle;  le 
vitellus  est  d'un  beau  rouge  orangé  (PI.  X,  fig.  41). 

Les  quelques  exemplaires  ci-dessous  proviennent  des  rookeries  de 
Port-Lockroy.  Les  n°^  621,  622,  623  proviennent  du  même  nid;  deux 
d'entre  eux  venaient  d'être  pondus  ;  le  troisième  (621)  avait  un  embryon 
d'une  quinzaine  de  jours  (PI.  LX,  fig.  38,  E). 


NUMÉRO 

PONTE. 

longuel:r 

en 

LARGEUIl 
eu 

POIDS. 

PROVENANCE. 

DATE. 

d'ordre. 

iiiilliiiR-tres. 

niillimOtres. 

527 

■) 

Ci 

:!'.) 

Porl-Lockrov. 

28-XII-l'.l(lS. 

021 

iro 

C)8,r) 

i2,r, 

iX^ 

— 

2(i-XI-i'.i(i'.). 

0-22 

3'^ 

(il) 

'.2 

57 

— 

— 

G23 

2^ 

r.i,."j 

'.2 

(U 

Nous  avons  constaté,  e(  Turquet  l'avait  déjà  remarqué  pendant 
l'hiver  1904  à  Booth-Wandel,  ainsi  que  Clarke  aux  Orcades,  que  les  Cor- 
morans n'abandonnent  pas  certaines  de  leurs  rookeries  durant  l'hiver. 
Ils  sont  alors  souvent  obligés  de  parcourir  de  grandes  distances  avant 
de  trouver  l'eau  lil>re  nécessaire  à  la  capture  des  Poissons  qui  cons- 
tituent la  base  de  leur  alimentation.  Ils  se  nourrissent  encore  de  Schizo- 
podes  et  de  quelques  Décapodes.  Nous  avons  en  outre  trouvé  à  plusieurs 
reprises  quelques  exemplaires  d'un  Isopode,  V/Ega  antarctica  Richard- 
son  (1),  qui  est  en  général  fixé  sur  le  corps  des  Poissons  capturés  par 
les  Cormorans. 

A  notre  premier  passage  à  l'ile  Petermann,  au  début  de  janvier  1000, 

(1)  IIarrieï  liiciiAROSoN,  Isopoilcs  (Dcuxiémc  Exp.  aitt.  fr.,  Sciences  iialuielles,  Documenis  scien- 
tifiques, p.  4,  Paris,  1913). 


78  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

il  n'y  avait  que  trois  couples  de  Cormorans.  Les  nids,  voisins  les  uns 
des  autres,  étaient  placés  parmi  la  rookerie  d'Adélies,  sur  les 
rochers  en  bordure  de  la  mer.  Il  n'y  avait  desPoussins  que  dans  deux 
nids  :  trois  dans  un  nid  et  deux  dans  l'aulre. 

Afin  de  nous  rendre  compte,  comme  pour  les  Pingouins,  si  les 
mêmes  Cormorans  reviennent  d'une  année  à  l'autre  nicher  dans  les 
mômes  Houx,  nous  avons,  le  12  janvier  1909,  marqué  ces  Oiseaux  de 
la  façon  suivante  : 

3  bagues  bleues  aux  Cormorans  adulles  (les  []  femelles  qui  étaient  les 
plus  faciles  à  appi-ocher)  et  5  bagues  vertes  aux  jeunes. 

De  même  à  notre  passage  à  Port-Lockroy,  le  28  décembre  1908,  nous 
avions  mis  : 

10  bagues  rouge  brun  à  10  Cormorans  adultes  et  10  bagues  roses 
à  10  Cormorans  jeunes. 

Lorsque  les  jeunes  furent  assez  développés  pour  se  suffire  à  eux- 
mêmes,  en  mars  et  avril,  après  quelques  visites  de  plus  en  plus  espacées, 
ces  Oiseaux  ont  définitivement  abandonné  leurs  nids  de  Petermann  pour 
remonter  vers  le  Nord. 

11  est  probable  qu'ils  ont  dû  se  rendre  dans  les  parages  de  l'île  Booth- 
Wandel,  où  la  colonie  de  Cormorans,  forte  de  400  à  500  individus,  n'aban- 
donne pas  ses  rookeries  durant  les  mois  d'hiver,  comme  Turquet  l'avait 
déjà  constaté  en  1904  (1),  et  comme  nos  observations  suivantes  vont 
nous  permettre  de  le  montrer  pour  l'année  1909. 

A  plusieurs  reprises,  au  cours  de  l'hiver,  nous  avons  vu  passer  dans  le 
chenal  de  Lemaire  ou  au-dessus  de  Petermann  des  individus  le  plus 
souvent  isolés  qui  se  dirigeaient  vers  le  Sud.  On  peut  présumer  que, 
dans  celte  direction,  soit  sur  les  îles  Jallours,  soit  à  l'île  Berlhclot, 
où  nous  savons  qu'en  été  il  existe  une  colonie  de  Cormorans,  ceux-ci, 
pendant  l'hiver,  n'abandonnent  pas  leurs  rookeries.  Et  ces  Oiseaux, 
que  bien  souvent,  dans  les  mois  d'hiver,  nous  avons  vus  passer  au 
voisinage  de  Petermann  et  se  diriger  soit  vers  le  Sud,  soit  vers  le  Nord, 
devaient  être  des  sortes  d'estafettes,  d'agents  de  liaison,  mettant  pres- 

(1)  Voir  MÉNÉr.xrx,  Oiseaux  {Exp.  ant.  f'r.,  Sciences  naturelles,  Documents  scientifiques,  p.  29, 
Paris,  1907). 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  '/() 

(|U0  joiirnrlltMnciit  rii  toiiiinunicalioii  les  lookoi'ics   do    Bootli-Wnndcl 
avec  les  colonies  liiveriuuit  plus  loin  dans  \r  Sud. 

Peut-être  aussi  laut-il  voir  dans  ces  Oiseaux  des  sortes  d'éclaireurs, 
venant  de  la  rookerie  de  Cormorans  de  l'île  Booth-Wandel  et  chargés 
d'aller  à  la  découverte  des  flaques  d'eau  lil)re  où  la  troupe  entière  pour- 
rait se  rendre  pour  pêcher.  Mais,  à  l'encontre  de  celle  hypothèse,  nous 
devons  objecter  le  fait  suivant  :  nous  avons  vu  à  maintes  reprises  ces 
Cormorans  se  diriger  vers  le  Sud,  tandis  que  le  chenal,  en  face  l'île 
Petermann,  était  libre  de  glaces.  Il  se  peut  aussi  que  les  Poissons 
se  déplacent  avec  les  glaces,  se  localisent  en  certains  endroits  suivant 
certaines  conditions  qui  elles-mêmes  peuvent  varier  (température,  inten- 
sité des  courants,  changement  dans  la  composilion  du  plancton  ou 
abondance  plus  ou  moins  grande  de  celui-ci,  etc.).  Ces  Oiseaux  pourraient 
alors  être  chargés  de  rechercher  les  points  où  les  conditions  de  pèche 
sont  les  plus  favorables. 

Il  est  probable  que  les  jours  où,  devant  Petermann,  le  chenal  était  libre 
de  glaces,  si  les  Oiseaux  ne  s'y  arrêtaient  pas,  c'est  que  les  Poissons 
n'étaient  pas  en  quantité  suffisante  dans  celte  région.  Mais  il  est  arrivé 
fréquemment,  vers  la  fin  de  l'hiver,  que  des  Oiseaux  isolés  fréquentaient 
le  chenalprès  de  Petermann,  et  que  presque  journellement  des  troupes 
nombreuses  de  Cormorans  y  venaient  pêcher. 

On  peut  penser  encore  que  les  Poissons  vivent  dans  les  endroits 
où  le  plancton  est  le  plus  abondant,  c'est-à-dire  dans  les  points  où  la 
mer  est  peu  agitée,  le  long  de  la  côte,  à  l'abri  des  glaces  et  de  la  banquise. 
Les  faits  suivants  que  nous  allons  relater  correspondent  aux  obser- 
vations que  nous  avons  pu  faire  :  mais  il  est  bien  certain  que  ces  obser- 
vations sont  incomplètes,  toutes  les  allées  et  venues  des  Oiseaux  autour 
de  Petermann  n'ayant  pu  être  notées  par  nous. 

Le  5  et  le  0  mai,  tandis  que  le  chenal  est  libre  devant  Petermann,  nous 
voyons  deux  Oiseaux  se  diriger  vers  le  Sud.  Le  20  juin  et  jours  suivants, 
un  Cormoran  se  dirige  vers  le  Sud  ou  remonte  au  Nord  (se  reporter  au 
Journal  oni'Uliologiqw  pour  les  différentes  dates).  Le  26,  deux  Cormo- 
rans passent  au  large  de  l'île,  c'est-à-dire  du  côté  de  l'Océan. 

Le   12  juillet,    c'est   un  vol  de  Cormorans  qui  passe  vers  II  h.  30, 


8o  •  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Le  24  août,  par  un  vent  de  N.-E.  violent,  un  vol  de  JOO  à  200  Cormorans 
traverse  le  chenal.  11  en  est  de  même  le  28  et  le  29  août,  du  côté  de  l'île 
Ilovgaard. 

A  partir  du  mois  de  septembre,  des  flaques  d'eau  libre  persistent  aux 
environs  de  l'île.  Ce  sont  alors  des  allées  et  venues  de  bandes  d'Oiseaux 
qui  passent,  soit  vers  le  large,  dans  l'ouest  de  Petermann,  soit  par  le 
chenal  de  Lemaire,  et  viennent  même  à  plusieurs  reprises,  péchant  à 
proximité,  se  reposer  sur  Petermann  (j,  11,  27  septembre,  premiers 
jours  d'octobre)  (PI.  X,  fig.  42).  Ces  Cormorans  sont  venus  presque  jour- 
nellement au  voisinage  de  l'île,  parfois  même  s'y  reposer,  et  pêcher  dans 
les  flaques  d'eau  du  chenal,  jusque  vers  le  milieu  d'octobre.  11  est  pro- 
bable qu'à  cette  époque  la  ban([uise  se  sera  disloquée  aux  alentours  de 
l'île  Booth-Wandel,  dans  le  détroit  de  Bismarck,  et  que  les  Oiseaux 
auront  péché  dans  ces  parages. 

C'est  le  7  octobre  1909  que  l'un  des  couples  nichant  à  l'île  Petermann 
(PI.  X,  fig.  40)  est  revenu  à  son  ancien  nid.  La  femelle  portait  au  tarse 
droit  la  bague  bleue  que  nous  lui  avions  mise  le  12  janvier.  11  est  donc 
certain  que  les  anciens  Oiseaux  reviennent  chaque  année  aux  mêmes 
rookeries.  Quant  aux  jeunes,  que  le  D^'ïurquet  avait  pris  pour  de  «  vieux 
adultes  »  (1  ),  ils  ne  prennent  le  plumage  de  l'adulte  que  dans  leur  seconde 
année,  et  ils  ne  sont  capables  de  se  reproduire  qu'à  l'âge  de  deux 
ans. 

Pour  compléter  cette  première  observation,  disons  tout  de  suite  que,  le 
26  novembre  1909,  à  notre  second  passage  à  Port-Lockroy  (île  Wiencke), 
nous  avons  retrouvé  sur  la  même  rookerie  neuf  sur  dix  des  adultes  bagués 
par  nous  le  28  décembre  1908.  Les  adultes  seuls  étaient  accouplés.  Nous 
n'avons  pu  voir  d'assez  nombreux  jeunes  de  près  pour  retrouver  les 
quelques  Oiseaux  bagués  par  nous  en  1908.  Mais  nous  ne  craignons  pas 
d'affirmer  que  ces  jeunes,  n'abandonnant  pas  les  rochers  où  ils  sont  nés, 
y  feront  certainement  leurs  nids  l'année  suivante. 

Pour  en  revenir  au  couple  de  Petermann,  celui-ci,  jusqu'au  23  octobre, 
fut  très  irrégulier  dans  sa  présence  sur  l'île,  s'absentant  journellement, 
restant  parfois  une  journée  entière  sans  revenir. 

(1)  Voir  ^hiNÉGAix,  loc.  cit.,  p.  27,  n"'  86  et  112. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  8i 

Le  23  octobre,  çj*  eX  Ç  s'étahlissont  d(Tiiiitivement  sur  lour  nid 
qu'ils  commencent  à  refaire,  apportant  soit  des  Algues  (notamment 
des  PlocamiKin  corcinrum,  Gracilaria  simplex  et  Desmarestia  anceps), 
soit  des  Glousses,  des  Lichens,  sans  dédaigner  tout  ce  qu'ils  peu- 
vent prendre  autour  du  bateau  :  c'est  ainsi  que  j'ai  trouvé  dans  le 
nid  du  crin,  de  l'étoupe,  de  la  ouate,  de  la  ficelle,  quelques  copeaux 
de   bois. 

Deux  jeunes  (onze  mois),  soit  isolément,  soit  ensemble,  viennent  de 
temps  en  tempsprèsdunid.  Malheureusement,  ils  étaientassez  farouches, 
et  je  n'ai  pu  les  approcher  d'assez  près  pour  constater  s'ils  étaient  bagués 
au  tarse  droit.  Ce  devaient  être  probablement  deux  des  cinq  jeunes  de 
l'année  précédente. 

Le  4  novembre  a  eu  lieu  le  premier  appariement. 
Le  6  novembre,  un  second  couple  est  revenu.   Le  même  que  celui 
de  1908,  car  la  femelle  a  une  bague  bleue  au  tarse  droit.  Aussitôt  arrivés, 
ils  travaillent  à  remettre  leur  nid  en  état. 

Le  22  novembre,  le  premier  œuf  est  pondu  dans  le  nid  du  premier 
couple.  Le  second  œuf  est  pondu  le  25. 

A  cette  date,  l'hivernage  étant  terminé,  le  «  Pourquoi  Pas?  »  leva 
l'ancre  pour  entreprendre  sa  seconde  campagne  d'été.  Avec  regret,  nous 
dûmes  abandonner  les  observations  ornithologiques  que  nous  avions 
poursuivies  à  Petermann  depuis  dix  mois. 

En  janvier  1000,  nous  avions  trouvé  trois  couples  de  Cormorans  sur 
l'île  Petermann.  Ce  troisième  couple,  d'ailleurs,  occupait  un  nid  qui  ne 
renfermait  ni  n^ufs  ni  poussins.  Nous  n'avons  pas  revu  ce  couple  en 
novembre  1000.  Mais,  si  l'on  songe  que  les  Orques  et  certains /'/;?»/jjèffe, 
notamment  le  Léopard  de  mer,  font  une  grande  hécatombe  de  ces  ani- 
maux, afin  de  pourvoir  à  leur  nourriture,  il  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce 
que  certains  de  ces  Oiseaux  manquent  à  l'appel  l'année  suivante.  Nous 
avons  d'ailleurs,  à  deux  reprises,  été  témoins  de  la  capture  de  deux  Cor- 
morans par  des  Léopards  de  mer. 

Parasites.  —  En  dehors  des  nombreux  Nématodes  rencontrés  dans 
l'estomac,  ces  Oiseaux  sont  en  général  peu  parasités. 

Comme  Parasites  externes,  nous  n'avons  trouvé  que  quelques  Acariens 

Expédition  Charcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  11 


82  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

appartenant  à  l'espèce  Ixodes  [Ceratixodes)  putus  (Canibridge)  (1),  sur 
un  P.  atriceps  Q  tué  à  Port-Lockroy,  le  26  décembre  1909. 

•loiirnaJ  ornitholofjique  (Voir  carte  II,  E). 

i:]  ati  'J.")  Décoiiihi'e  1!H)8.  —  Quelques  individus  isolés  pèchent  dans  la 
baie  intérieure  de  l'île  Déception. 

26^  Décembre  1008.  —  Rencontré  quelques  Cormorans  dans  le  détroit 
de  Gerlache. 

t^/  Déceinhre  1908.  —  Port-Lockroy  (île  Wiencke).  Une  vingtaine  de 
nids,  souvent  placés  aux  endroits  où  le  rocher  est  le  plus  abrupt,  sont 
mélangés  à  ceux  du  /'.  papua.  D'autres  nids  sont  rassemblés  à  côté  dune 
autre  colonie  de  Papous.  Dans  chaque  nid,  deux  et  plus  souvent  trois 
j)oussins.  Le  plupart  sont  âgés  d'une  à  deux  semaines. 

iS  Décembre  Iil08.  —  Port-Lockroy.  Mis  dix  bagues  rouge  brun  aux 
Oiseaux  adultes,  dix  bagues  roses  aux  poussins.  Aperçu  une  petite 
rookerie  de  Cormorans  sur  l'ilol  Gœtschi,  dans  le  chenal  Peltier. 

f  au  3  .lancier  1909.  —  Ile  Booth-Wandel.  Importante  colonie  dans  les 
falaises  du  défdé  de  la  Hache.  Environ  aOO  individus.  Deux  ou  trois  pous- 
sins dans  chaque  nid.  Ils  ont  d'une  à  trois  semaines. 

4  .lancier  1909.  —  Ile  Petermann.  Trois  nids  de  Cormorans  parmi  la 
rookerie  d'Adélies. 

l'i  Jancier  1909. —  Mis  trois  bagues  bleues  aux  Oiseaux  adultes,  cinq 
bagues  vertes  aux  Oiseaux  jeunes. 

8  Fécrier  1909.  —  Aperçu  quelques  Cormorans  au  voisinage  des  îles 
Argentine.  Il  doit  y  en  avoir  des  nids  sur  les  îles  Jallours. 

16  Fécrier  1909.  —  Ile  Booth-Wandel.  Clolonie  d'environ  îiOO  (lormo- 
rans.  Les  jeunes  ont  abandonné  leurs  nids,  mais  ils  ne  vont  pas  encore 
à  la  mer.  Les  parents  continuent  à  les  nourrir. 

5 Mai  1909.  — Ile  Petermann.  Chenal  de  Lemaire  libre.  Vu  un  Cormoran 
se  diriger  vers  le  Sud. 

0  Mai  1909.  —  Chenal  libre.  Deux  Oiseaux  sont  allés  vers  le  Sud. 

(1)  L.-O.  NmMAN.N,  IxodUld'  {Deuxième  Exp.  ani.  f'r.,  1008-10,  Sciences  naturelles,   Doc.  scien- 
tifiques, p.  197). 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  83 

'JO  .hiln  1909.  —  La  glace  de  iiior  se  rd'ormo.  Un  (Cormoran  se  clirigoanl 
vers  le  Sud. 

'il  Juin  li)00. —  Un  Cormoran  allant  vers  le  Sud. 

'■25  Juin  1009.  —  Un  Cormoran  allant  vers  le  Nord. 

26  Juin  i909.  —  Un  Oiseau  allant  au  Sud. 

,10  Juin  1909.  —  Vu  passer  deux  Oiseaux  au  large  de  Petermann. 

t~2  Juillet  1909.  —  Chenal  libre.  Il  est  passé  vers  11  h.  30  du  matin  un 
V(il  formé  en  triangle  d'une  centaine  de  Cormorans.  Il  faisait  route  au 
Sud. 

17  Juillet  1909.  —  Deux  Oiseaux  se  dirigent  vers  le  Sud. 

19  Juillet  1909.  —  Un  Cormoran  faisant  route  au  Nord. 

2'}  Juillet  1909.  —  Chenal  libre.  Aperçu  quelques  Oiseaux. 

//  Xoùt  1909.  —  Un  Cormoran  venant  du  Sud. 

24  Août  1909.  —  Vent  de  N.-E.  violent.  11  est  passé,  vers  huit  heures 
du  matin,  dans  le  chenal,  un  vol  de  100  à  200  Oiseaux. 

28  Août  1909.  —  Du  côté  de  l'île  llovgaard,  il  est  passé,  vers  8  heures 
du  matin,  plusieurs  centaines  de  Cormorans. 

29  A(n(t  1909.  —  La  banquise  s'étend  à  perte  de  vue.  A  9  heures  du 
matin,  il  est  passé  dans  le  chenal  une  bande  de  Cormorans,  rangés  en 
triangle,  comprenant  une  centaine  d'individus.  Les  Oiseaux  venaient 
du  Sud. 

1^^  Septen/hre  1909.  —  Banquise  dans  le  chenal.  A  II  h.  ;50  du  matin, 
un  vol  de  20  Cormorans  se  dirigeait  vers  le  S.-W.  Ce  sont  probablement 
des  Oiseaux  de  l'ile  IJooth-Wandel  qui  vont  pécher  dans  quelque  flaque 
d'eau  libre  se  trouvant  au  Sud  de  Petermann. 

2  Septembre  1909.  —  Chenal  dégagé  à  la  suite  d'un  coup  de  vent  de 
N.-E.  Passé  une  vingtaine  d'Oiseaux. 

3  Septe?nhre  1909.  —  Passé  une  vingtaine  d'Oiseaux. 

5  Septembre  1909.  —  (Ihenal  lil)re.  Vers  1  i  h.  30,  est  arrivé  de  l'ile 
Booth-Wandel  un  vol  de  10()  C^ormorans.  Disposés  à  peu  près  en 
triangle,  ces  Oiseaux  se  sont  dirigés  sur  les  rochers  des  caii'us  de 
Petermann,  puis,  à  une  petite  distance  de  la  côte,  ils  se  divisèrent  en 
deux  groupes  qui  évoluèrent  quelques  minutes  dans  le  chenal.  Ensuite, 
ils  vinrent  tous  atterrir  à  la  colline  des  cairns,  sur  le  liane  regardant  le 


S4  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

N.-E.,  à  l'abri  du  vent  de  S. -AV.,  qui  soufflait  assez  violemment.  L'un  des 
Oiseaux  de  la  bande,  un  (^f,  se  posa  même,  isolé,  sur  remplacement  dos 
anciens  nids  de  Petermann.  C'était  peut-être  un  Oiseau  de  la  petite 
colonie  qui  habite  l'île  en  été. 

Les  Cormorans  sont  restés  sur  la  neige  pour  prendre  du  repos,  la  plu- 
part dans  l'attitude  du  sommeil,  la  tète  cachée  sous  une  aile.  Une  dizaine, 
placés  autour  de  la  troupe,  et  un  peu  en  avant,  semblaient  veiller,  faisant 
office  de  sentinelles.  A  mon  approche,  tous  se  mirent  sur  le  qui-vive 
(Pl.X,fig.  42). 

Sur  ces  196  Oiseaux,  il  y  en  avait  la  moitié  déjeunes,  facilement  recon- 
naissables  à  leur  tête  et  manteau  de  couleur  brunâtre,  à  leur  crête  peu 
développée,  ainsi  qu'aux  caroncules  rudimentaires.  L'autre  moitié  était 
composée  d'adultes  çj'  g[  Ç  . 

Les  Q*  adultes  étaient  reconnaissables  à  leur  plumage  plus  brillant 
(|U('  celui  des  Ç  ,  tandis  que  leurs  paupières  étaient  d'un  bleu  plus  intense 
et  la  caroncule  à  la  fois  plus  développée  et  d'un  rouge  orangé  plus 
vif.  Leur  huppe  atteint  aussi  un  plus  grand  développement. 

Ma  présence  aura  gêné  sans  doute  ces  aimables  bêtes.  Car,  tandis 
que  je  leur  rendais  visite,  à  plusieurs  reprises  des  individus  isolés  se  sont 
détachés  du  groupe,  s'envolant  vers  le  Nord,  disparaissant  derrière  la- 
pointe  N.  de  Petermann.  Au  terme  de  mon  entrevue,  tous  les  Cormorans 
se  sont  envolés  versleNordet  ont  pris  la  direction  de  ceux  qui  avaient 
dû  partir  en  éclaireurs  pour  chercher  un  lieu  de  repos  plus  isolé,  moins 
sujet  aux  visites  humaines. 

1 1  Sei)tembre  1009.  —  Vers  17  heures,  il  est  arrivé  de  l'Ouest,  c'est-à 
dire  du  large,  une  centaine  d'Oiseaux  qui  ont  atterri  sur  la  pointe  sud  de 
P(>termann.  Ils  prennent  leur  vol  de  temps  en  temps,  puis  reviennent  à 
leur  point  de  départ.  Ils  sont  partis  dans  la  soirée. 

'■26  Septembre  190i).  —  Dans  le  chenal,  au  ras  de  l'eau,  un  vol  d'une 
cinquantaine  d'Oiseaux  faisant  route  au  Nord. 

"27  Septembre  1909.  —  Une  troupe  de  plus  de  200  Oiseaux  est  passée 
dans  le  chenal. 

S  Octobre  1909.  —  Vers  10  h.  30,  en  face  de  Port-Circoncision,  est 
arrivé,  venant  du  Nord,  un  vol  de  200  à  300  Oiseaux.  Ce  sont  les  Cormo- 


OISEAUX     ANTARCTIQUES.  85 

rails  de  l'île  Booth-Wandel  qui  profitent  des  quelques  flaques  de  mer 
libre  se  trouvant  au  voisinage  de  Petermann,  pour  venir  y  pêcher.  A 
1 1  h.  30,  la  troupe  est  repartie  vers  le  Nord. 

5  Octobre  f'JOlK  —  Même  constatation.  Troupe  moins  nombreuse. 

6  Ocfobrc  l'J09.  —  Même  constatation.  Une  cinquantaine  d'Oiseaux 
seulement. 

7  Octobre  1909.  —  Un  couple  de  Cormorans  est  revenu  sur  l'ile  Peter- 
mann. La  9  avait  une  bague  bleue  au  tarse  droit.  Le  mâle  a  des  couleurs 
plus  brillantes  que  la  femelle,  une  crête  un  peu  plus  fournie.  C'est  la 
période  des  amours  :  souvent  les  Oiseaux,  posés  sur  le  rebord  du  nid, 
se  tiennent  par  le  bec,  ondulent  gracieusement  leur  cou  de  droite  et  de 
gauche  en  penchant  la  tête,  —  ou  bien  encore  le  mâle  entre  sa  tête  dans 
le  l)ec  grand  ouvert  de  la  femelle. 

Il  est  passé  toute  la  journée  des  Oiseaux  isolés. 
i'2  Octobre  1909.  —  Le  couple  est  toujours  sur  le  nid. 
/  /  Octobre  1909.  —  Les  Cormorans  sont  absents. 
15  Octobre  1909.  —  Le  màle  est  sur  le  nid. 

1b  Octobre  1909.  —  8  h.  30  :  o^  sur  le  nid;  1 1  h.  30  :  (f  et  Q  sur  le 
nid;  14  h.  9  seule. 

18  Octobre  1909.  —  Ile  Booth-Wandel.  Sur  les  falaises  du  défilé  de  la 
Hache  il  y  a  environ  400  à  500  Oiseaux.  Ils  vont,  viennent,  parlent  à  la 
mer,  reviennent  avec  des  Algues  dans  le  bec,  surtout  des  Desmarestia. 
D'autres  couples  restent  isolés,  se  font  des  grâces.  Les  nids  sont  remis  en 
état.  —  Il  y  a  quelques  jeunes  sur  la  rookerie,  mais  ils  ne  sont  pas 
accouplés  et  se  tiennent  à  l'écart  des  adultes.  Ces  jeunes  commencent 
à  prendre  la  livrée  de  l'adulte  :  les  caroncules  sont  d'un  gris  orangé,  la 
crête  se  forme,  le  plumage  des  régions  dorsales  est  moins  brun. 

19  Octobre  1909.  —  Ile  Petermann  :  à  1 1  heures,  nid  abandonné.  Dans 
la  soirée  cf  et  9  sont  sur  le  nid. 

W  Octobre  1909.  —  A  13  h.  30,  o*  et  9  absents. 
'21  Octobre  1909.  —  Le  couple  n'a  pas  paru  de  la  journée. 
3^2  Octobre  1909.  —  A  0  heures,  le  màle  est  sur  le  nid.  A  14  heures,  h's 
Oiseaux  sont  absents. 

2S  Octobre  1909.  —  A  0  heures,  çf  et  Ç  sont  sur  leur  nid.  A  côté  d'eux 


86  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

étaient  deux  jeunes  qui  sont  partis  à  notre  approche,  aussi  n'avons-nous 
pu  observer  s'ils  étaient  bagués.  A  13  h.  30,  le  nid  est  désert;  à  18  h.  30, 
le  cou[)le  est  revenu  :  il  refait  son  nid. 

34  Oclohrc  1909.  —  cf  S"i"  '<"  nid. 

1^5  Octobre  1909.  —  Le  couple  est  sur  le  nid. 

?7  Ortobre  1909.  —  In  jeune  Cormoran  est  venu  près  des  adultes. 
Ceux-ci  n'abandonnent  plus  leur  nid. 

/  Norenihrc  1909.  —  Assisté  à  Tapparicment  des  Cormorans.  Les 
Oiseaux  continuent  à  remettre  leur  nid  en  état.  Ils  apportent  surtout  des 
Desmarefitia. 

5  Noreti/lire  1909.  —  La  9  t'st  seule  sur  le  nid;  elle  va  de  temps  en 
temps  à  la  mer,  plonge  et  rapporte  au  nid  des  fragments  de  Desindredia. 

6  Novembre  1909.  —  Un  nouveau  couple  est  revenu;  la  9  porte  une 
bague  bleue  au  tarse  droit.  Le  nid  est  aussitôt  remis  en  état. 

7  Niirt'iiilirp  1909.  —  La  9  ^'"  premier  couple  est  seule  sur  le  nid  ;  à 
quelques  mètres  d'elle  est  un  antre  Cormoran  qui  doit  être  le  çf  du 
second  nid. 

8  Noveiiihrr  1909.  —  9  *^^''i  pi'^'mici'  couple  couchée  sur  le  nid;  le  çf 
rapporte  des  Algues  ou  prend  des  matériaux  sur  deux  anciens  nids  qui  se 
trouvent  à  proximité. 

9  Noreiiibre  1909.  —  Vu  nu  jeune  Cormoran  sur  les  rookeries  de  Sternes. 

10  Novembre  1909.  —  Les  deux  couples  sont  sur  leur  nid. 
'2'2  NorPtiiJirc  J909.  —  Trouvé  le  pi-emier  œuf. 

S5  Norf//tbre  1909.  —  Le  second  œuf  a  été  pondu.  Le  ç^  couvait,  la  9 
se  tenait  près  du  nid. 

'■26  Novembre  1909.  —  Port-Lockroy.Les  Cormorans  sont  sur  leurs  nids. 
La  plupart  des  nids  ont  un  ou  deux  ceufs;  trois  nids  avaient  3  œufs. 
Retrouvé  9  adultes  (sur  lOmarqués)  ayant  des  baguesbrunes  au  tarse  droit. 

En  passant  devant  l'îlot  Gœtschi  (chenal  Peltier),  aperçu  une  trentaine 
de  jeunes  Cormorans  posés  sur  les  rochers. 

'"26  et  '21  Novembre  1909.  —  Vu  de  nombreux  Cormorans  aller  et  venir 
dans  la  traversée  du  détroit  d(^  Cerlache. 

21  Dfkembre  1909.  —  Baie  de  l'Amirauté,  ile  du  Roi-George  (Shetlands 
du  Sud).  Près  de  la  pointe  est  de  la  baie,  sur  un  rocher  d'une  trentaine 


OISEAUX   ANTARCTIQUES.  87 

m 

de  inMrcs  dr  li.iutcui',  pivs  d'nno  rookorif  d'Adc'lios,  so  ti-ouvo  viiio  colonie 
assoz  iiiipuiljinlc  de  Cormorans. 

LARIDÉS 

7.  Sterna  vittata  ((iinelin). 

1788.  —  Sicrnii  vittata  Gmdin,  Sjist.  nat.,  I,  p.  (309;  Latli.,  Ind.  Onu,  II,  p.  807  (1790)  ; 

Vioill.,  .V.  Dict.  cVHist.  Nat.,  XXXII,  p.  166  (1819);Gray,  Gcn.,  Bd.  III,  p.  659 

(1846)  ;   Pplzorn,    Reise  Noi'ara,    Vôgel,  p.   152   (1685  :   adulte  do  Saint-Paul) 

Saunders,  P.  Z.  S.,  187(3,  p.  147  (Revision  Storninœ)  ;  id,  op.  cit.  1877,  p.  795  ; 

Sharpe,  Phil.  Trans.,  CLXVllI,  p.  113  (1878,  Rep.  trans.  «Venus";  Kerguelen); 

Saunders,  yoi*/7i.  Lm«.  5of.,  XIV,  p.  402(1878)  ;id.,  Voy.H.  M. S.  «Challenger», II, 

Birds,  p.  134  (Tristan  da  Cunha  et  Kerguelen)  ;  id.,  Antarctic  Manual,  p.  233 

(1901)  ;  Saunders,  Cat.    Birds.    Brit.  Mas.,  XXV,  p.  51  (1898)  ;  Sharpe,   Rep. 

Coll.  South.  Cross,  1902,  p.  165;  Menegaux,  Exp.  Ant.  Fr.,  Oiseaux,  1907,  p.  30  ; 

Reichenow,  Deutsch.  Siidp.  Exp.,  Vôgel  des  Weltmeeres,  p.  462  et  563  (1908). 
1790.  —  Ster>ia  coronata  Bonn.  Enc.  Meth.,  I,  p.  95  (En  Latham,  supra). 
1844.  —  Hydrocecropis  coronata,  Boie,  Isis,  p.  179. 
1844.  —  Hydrocecropis  vittata,  Boie,  Isis,  p.  179. 
1844.  —  Sterna  niacrtira  (part.)  Gray,  List  Auseres  Bril.  3Ius.,  p.  178  (Kerguelen);  Van- 

hofîen,  Journ.  f.  Ornith.,  p.  312  (1901)  ;  Reichenow,  Wissensch.  Ergeb.  Deutsch. 

Tiefsee  Exp.,  VU,  p.  350  (1904)  ;  Clarke,  Bull.   Brit.  0.  C,  CXXVIll,  nov.  1906  ; 

Clarke,  Uns,  p.  345  (1907);    Reiclienow,  Deutsch.   Siidp.  Exp.,  loc.  cit.,  p.  '62, 

563  (1908). 
1865.  —  Sterna  melanoryncha  (part.)  Gnuld,  Ilandh.  B.  Austr.,  II,  p.  398  (ile  Saint-Paul)  ; 

Pelzern,  Reise  Novara,  Vôgel,  p.  154  (jeune,  ile  Saint-Paul). 
1865.  —  Sterna  Sancti  Pauli.  Guuld,  Ilandh.  B.  Austr.,  II,  p.  399  (lie  Saint-Paul). 
1877.  —  Sterna  melanoptera.  Vélain,  Arch.  Zool.  Expér.  et  Gén.,  VI,  p.  53  (ile  Saint-Paul). 
1885.  —  Sterna  virgata  (non  Cab.)  Pageestecher.  Jahrb.  Wissensch.  Aust.  Hamhurg,  II. 

p.  25  ;  Steinen,  hUern.  Polarf.  d.  Exp.,  II,  p.  265  (1890);  Lônnljcrg,  Wiss.'nsch. 

Ergsb.  Schiv.'d.  Siilpolarexp.,  V,  Lief  5,  p.  7  (1905). 
1901.  —  Sterna  hiriindinacca  (von  Lesson)  Saunders,  Antarct.  Man.,  p.  233,  238.  —  An- 

dersson,  Wissensch.  Ergeb.  Schwed.Siidpolarexp.,  V,  Lief  2,  p.  52  (1905)  ;  Clarke, 

Ibis  (1906),  p.  177;  —  VanhofTen,  Veroff.  Inst.  Meereskunde,B.ei\,  5,  p.  153  (1903)  ; 

Valette,  Viaje  a   las  Islas  Orcadas  [Anal,  del    Minist.  de    agric,   t.  III,  n°    2, 

p.  54,  Buenos-Ayres  (1906);  Scottish  nat.    Ant.   Exp.,  Scient.   Results,  vol.    IV, 

Zoology,  Edimburgh,  1908]. 
1904.  —  Sterna  vittata  Georgise  Reichenow,  Orn.  Mntsh.,  p.  47  ;  Lônnberg,  Sv.    Vilensk. 

Handl.,  p.  64  (1906)  ;  Reichenow,  Deutsch.  Siidp.  Exp.,  loc.  cit.,  p.  562  (1908). 
1904.  —  Sterna  macrura  antistropha  Reichenow,  Orn.  Mnlsb.,  p.  47  ;  Vanlu'jffen,  lourn. 

Ornilh,  p.  507  (1905)  ;  Reichenow,  Deutsch.  Siidp.  Exp.,  loc.  cit.,  p.  563  (1908). 
1908.  —  Sterna  antistropha  Reichenow,  Deutsch.  Siidp.  Exp.,  Vôgel  des  Weltmeeres,  p.  463. 


N°  2.  —  Pullus,  île  Déception,  23-X11-1908.  Pris  sur  la  rookerie  :  il  était  couché  sur  un 
rocher. 
L.  T.:  180.  —  E.  :  390.  —  A.  :  93.  —  B.  :  18.  —  T.  :  17.  —  D.  M.  :  22-5. 


88  OISEAUX   ANTARCTIQUES. 

N°  60.  —  Adulto,  île  Booth-Wandel,  2-1-1909.  Pris  sur  un  nid  à  la  colline  du  Caiin.  Iris 
marron. 
L.  T.  :  357.  —  E.  :  750.  —  A.  :  2i;5.  —  O.  :  150.  —  B.  :  35.  —  T.  :  18.  —  D.  M.  :  26-7. 
N°  87.  —  a*  pull.,  île  Petermann,  3-II-1909.  Pris  à  la  main  sur  les  rochers  de  la  rookerie. 
Iris  marron.  Quatre  semaines  environ.  Parasites  externes  :  Aptères. 
L.T.:  295.  —  E.  :  605.  —  A.  :  194.  —  O.  :  79.  —  B.  :  25.  —  T.  :  17.  —  D.  M.  :  23-6. 
N°  90.  ■ —  cf  juv.  (cinq  à  six  semaines  environ),  île  Petermann,  3-II-1909.  Iris  marron. 
Estomac  :  Poisson,  petits  cailloux.  Parasites  externes  :  Aptères. 
L.  T.  :  263.  —  E.  :  530.  —  A.  :  162.  —  0.  :  57.  —  B.  :  23.  —  T.  :  17.  —  D.  M.  :  23-7. 
N°  180.  —  cf  juv.  (trois  mois),  capturé  dans  le  chenal  de  Lemaire,  en  face  l'île  Petermann, 
lO-IV-1909.  Iris  brun. 
L.  T.  :  350.—  E.  :  760.  —  A.  :  275.  —  0.  :  122.  —  B.  :  33.  —  T.  :  17.  —  D.  M.  :  27-8. 
N"  181.  —  9  ju'^-  (trois  à  quatre  mois), chenal  de  Lemaire,  lO-IV-1909.  Iris  marron.  Le 
plumage  se  rapproche  davantage  de  celui  de  l'adulte.  Parties  ventrales  encore 
blanches,  dorsales  grises.  Front  blanc,  vertex  et  nuque  presque  noirs.  Bec,  tarses, 
pattes,  noirs  à  reflets  rouge  violacé.  Estomac  :    Euphausies,  Poissons^  quelque 
Amphipodes. 
L.  T.  :  360.  —  E.  :  750.  —  A.  :  272.  —  0.  :  145.  —  B.  :  35.  —  T.  :  17.  —  D.  M.  :  28-7. 
N°  182.  —  cf  juv.,  chenal  do  Lemaire,  lO-IV-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Euphausies. 

L.  T.  :350.— E.:  760. —A.  :  280.— Q.  :  127.  — B.:  34.  —T.:  17.— D.  M.  :  28-8. 
N»  183.  —  cf  juv.,  chenal  de  Lemaire,  lO-IV-1909.  Iris  brun.  Bec  et  pattes  en  grande  partie 
rouge  violacé.  Estomac  :  Euphausies. 
L.  T.  :  360.—  E.  :  780.  —  A.  :  282.  -  0.  ;  130.  —  B.  :  37.  —  T.  :  16.  —  D.  M.  26-8  : 
N°  188.  —  Même  provenance. 

L.  T.  :  330.  —  E.  :  730.  —  A.  :  256.  —  0.  :  1 10.  —  B.  :  33.  —  T.  :  18.  —  D.  M.  :  27-8. 
N°  189.  —  Ç  juv.,  Même  provenance.  Iris  brun-marron.  Estomac  :  Euphausies. 

L.  T.  :  360.— E.  740.  —  A.  :  265.  —  Q.  :  138.  —  B.  :  33.  —T.  :  18.  —  D.  M.  :  27-7. 
Embryons  et  poussins  : 
Nos  5  à  27.  ■ —  Embryons  à  différents  stades  de  l'incubation.  Pris  sur  la  rookerie  de  Pendu- 

lum-Cove,  île  Déception,  23-XII-1908. 
N"  61.  —  Deux  embryons.  Colline  Jeanne,  île  Booth-Wandel,  3-1-1909. 
Nos  75-76.  —  Deux  embryons,  dont  l'un  était  au  terme  de  l'incubation  :  île  Petermann, 
10-1-1909.  ■ —  77:  Poussin  capturé  quelques  heures  après  la  sortie  de  l'œuf.  L'extré- 
mité du  bec  est  noire  ;  la  mandibule  supérieure  présente  une  tache  blanche  sub- 
terminale ;  extrémité  postérieure  du  bec  rose  orangé.  Iris  brun  foncé.  Duvet  tigré 
noir  brun  et  brun  jaunâtre.  Tarses  légèrement  rosés.  Longueur  78  millimètres 
(10-1-1909).- —  78:  Poussin  de  trois  ou  quatre  jours.  Bec  un  peu  plus  rose;  tête, 
dos  et  ailes  tigrées  noir  brun  et  brun  jaunâtre.  Parties  ventrales  d'un  brun  très 
pâle  (10-1-1909).  ■ — 79  :  Poussin  de  cinq  à  sept  jours  :  longueur  107  (10-1-1909). 
Nos  352.  —  Un  embryon  de  deux  jours  (île  Petermann,  21-XI-1909).  • —  3  blastodermes, 
premier  jour  (21-XI-1909).  ■ —  389  :  1  embryon  de  neuf  jours  :  œuf  pris  sur  le  nid 
le  21-XI,  mis  à  l'étuve  le  même  jour  et  retiré  le  ;!0-XI-1909. 
IVjns  447_  —  Poussin  de  deux  ou  trois  jours,  rookerie  de  Pendulum-Cove,  île  Déception 

5-XII-1909.  —  448:  Poussin  venant  de  sortir  de  l'œuf  (5-XII-1909). 
N''^  426.  —  2  embryons  de  dix  jours  environ  provenant  du  même  œuf.  —  427  :  1  embryon 
de  dix  jours.  ■ —  428  :  1  embryon  de  sept  à  huit  jours.  —  429  :  premiers  jours  d'in- 
cubation. —  430  :  2  embyrons  de  cinq  à  six  jours.  —  431  :  3  embryons  de  huit 
jours.  —  432  :  embryon  de  neuf  jours.  —  433  :  2  embryons  de  dix  à  onze  jours. 
—  434  :  embryon  de  douze  jours  environ.  —  435  :  quatorze  jours  environ.  — 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  89 

436  :  2  embryons  :  seize  jours  environ.  —  437  ;  sept  jours.  —  4i>.S  :  huit  jours. 
—  439:  2  embryons  de  dix-huit  jours  environ.  —  440:  embryon  de  dix-neuf 
jours  environ.  —  Tous  ces  embryons  proviennent  d'œufs  pris  sur  une  rookeric  do 
l'île  Déception,  1909,  le  28-XI-1909. 

N"  441.  —  Embryon  de  onze  jours  provenant  d'un  œuf  pondu  sur  l'île  Pétermann  le  2i-XI- 
1909,  mis  le  même  jour  à  l'étuve  et  retiré  le  2-X1I-1909. 

N»^  4G7.  —  Embryon  de  quinze  à  dix-sept  jours.  —  468  :  embryon  d'une  vingtaine  de 
jours.  Ile  Déception,  5-XII-1909. 

No  471.  —  Embryon  de  dix-sept  jours.  Pondu  sur  l'île  Pétermann  le  21-XI-1909,  mis  à 
l'étuve  et  retiré  le  8-XH-1909. 

N"  482.  —  Embryon  de  dix-huit  à  dix-neuf  jours  (mais  il  y  a  eu  arrêt  dans  son  développe- 
ment). Pondu  à  Pétermann  le  20  ou  21-XI-i909,  mis  à  l'étuve  et  retiré  le  9-XII- 
1909. 

N"  486.  —  Embryon  dont  le  développement  semble  s'être  arrêté  vers  le  quinzième  jour 
de  l'incubation.  Œuf  pondu  à  Pétermann  le  20  ou  21-XI-1909,  mis  à  l'étuve  et 
retiré  le  12-XII-1909. 

N"'  869.  —  Poussin  de  six  à  sept  jours,  tué  par  un  Larus  dominicanus  d'un  coup  de  bec.  — 
870  :  2  embryons  d'une  quinzaine  de  jours.  —  871  :  embryon  de  douze  jours 
environ.  —  872  :  dix-huit  jours  environ.  —  873:  dix-huit  à  vingt  jours.  — 
874  :  vingt  jours  environ.  —  87.5  :  vingt-deux  jours  environ.  —  876  :  quelques 
jours  avant  l'éelosion.  —  877  :  avant  l'éclosion.  —  Œufs  pris  sur  la  rookerie 
de  Pendulum-Cove,  île  Déception,  le  22-XII-1909. 

N^  882.  —  Poussin  pris  dans  un  nid  d'une  rookerie  située  à  200  mètres  d'altitude,  parmi 
des  éboulis  et  des  rochers,  au  fond  de  l'anse  E.  de  la  baie  de  l'Amirauté,  île  du  Roi- 
George,  Shetlands  du  Sud,  25-XlI-1909. 

N°  43.  —  Œuf  :  dimension  33  X  25.  Éclosion  du  jeune,  île  Pétermann,  iO-I-1909. 

Nous  avons  en  outre  conservé  des  Oiseaux  dans  le  sel,  ainsi  que  des  pièces  anato- 
miques,  des  systèmes  nerveux  et  dos  squelettes. 

Les  divers  auteurs  qui  ont  étudié  les  Sternes  se  rencontrant  dans  les 
régions  antarctiques,  au-dessous  do  ()0°  de  lat.  S.,  ne  s'accordent  pas 
en  général  dans  la  détermination  spécifique  de  ces  Oiseaux.  C'est  ainsi 
que  lieichenow  a  cru  devoir  rattacher  le  Sterne  de  la  Géorgie  du  Sud  à  une 
sous-espèce  du  Ster)ia  vlttata  Gmelin  sous  le  nom  de  S.  vittata  Georgise., 
espèce  à  laquelle  il  rapporte  les  Oiseaux  vivant  au  voisinage  des  Shetlands 
du  sud,  des  terres  Louis-Philippe  et  Palmer  (1);  d'autre  part,  il  rapportait 
l'Oiseau  trouvé  plus  au  Sud,  vers  la  terre  du  Roi-Guillaume,  à  une  sous- 
espèce  du  6'.  macruva  Nauni,  sous  le  nom  de  S.  macrura  anlistropha\  puis 
il  en  fit  une  espèce  distincte  qu'il  appela  S',  antistrop/ia  (2).  Valette  (3) 
rang'e  sous  le  nom  de  S.  /ii/undi/iacraVes[)èce  qui  fréquente  les  îles  Orcades 

(1)  Reiciienow,  Deutsch.  Sûdp.  Bxp.,  loc.  cit.,  p.  ri62. 

(2)  Reichenow,  loc.  cit.,  p.  463,  o62. 

(3)  V.\LETrE,  loc.  cit.,  p.  54. 

Expédition  Charcot.  —  Uaix.  —  Oiseaux  autarctiques.  1~ 


go  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

du  Sud.  Enfin,  sans  vouloir  entrer  dans  plus  de  détails,  disons  seulement 
que,  suivant  les  auteurs,  les  Sternes  de  l'Antarctique  sont  classés  parmi 
]e& espèces  S.  ri tfataGm.,  S.  hirumlinacoa  Less.,  :>terna  vittalu  Gronjhe 
Reichenow,  Stevnd  macrura  Naum.,  Slmia  antistraplia  Reichenow, 
St.  arclica. 

Mais  toutes  ces  déterminations,  croyons-nous,  sont  un  peuailiitraires. 
Elles  ne  portent  le  plus  souvent  que  sur  quelques  individus  capturés  au 
hasard  au  cours  des  difTérentes  expéditions  antarctiques  souvent  en  pleine 
mer  loin  des  côtes.  Parfois  aussi  les  déterminations  spécifujucs  ont  été 
faites  simplement  au  cours  de  la  navip;ation,  d'après  les  Oiseaux  apeii.us  à 
des  distances  plus  ou  moins  grandes.  Or,  dans  ce  dernier  cas,  il  peut  être 
très  difficile  de  se  faire  une  idée  exacte  des  caractères  de  l'animal  ;  il  est 
même  presque  impossible,  en  pareil  cas,  de  savoir  si  l'on  a  alfaire  à  des 
animaux  adultes  ou  à  des  jeunes.  Et  ces  déterminations  sont  encore  ren- 
dues plus  compliquées  lorsqu'il  s'agit  d'Oiseaux  comme  les  Sternes,  qui 
présentent  de  nombreuses  espèces,  espèces  qui  parfois  ont  des  caractères 
très  peu  différentiels,  impossibles  à  constater  si  l'on  ne  peut  examiner 
longuement  et  de  près  les  différents  Oiseaux. 

Nous  avons  eu  la  bonne  fortune,  au  cours  de  l'expédition  du  «  Pourquoi 
Pas?  »,  d'étudier  en  détail  les  Laridés  qui  fréquentent  l'Antarctide  sud- 
américaine,  notamment  dans  les  parages  du  détroit  de  Bransfield.  le  long 
de  la  côte  Ouest  des  terres  de  Danco,  Graliam,  Loubet,  ainsi  qu'en  bor- 
dure de  la  banquise,  jusqu'au  122°  de  long.  W.  Nous  avons  pu 
assister  à  la  ponte,  à  l'éclosion  des  œufs,  au  développement  des  Poussins 
et  dos  jeunes,  et  rapporter  une  collection  d'Oiseaux  en  peau  dans  leurs 
différentes  livrées.    • 

D'après  nos  observations,  nous  pensons  que  les  Sternes  qui  nichent  ou 
se  rencontrent  dans  la  zone  antarctique,  au-dessous  du  00°  de  lat.  S., 
se  rapportent  aune  espèce  qui  ne  peut  être  séparée  du  Sterna  vittata  Gme- 
lin,  laquelle  se  rencontre  notamment  aux  îles  Kerguelen,  Saint-Paul, 
Amsterdam,  Gough,  Tristan  d'Acunha,  au  cap  de  Bonne-Espérance  et 
remonte  vers  Sainte-Hélène,  l'Ascension,  ainsi  que  vers  la  côte  sud  du 
Brésil. 

C'est  surtout  aux  îles  Déception  etPetei'mapn  que  nous  avons  puexami- 


OISEAUX   ANTARCTIÇUES.  91 

iKM'  cl  (''(udiei'  ces  Sternes.  Nous  allons  passer  en  revue  les  Oiseaux  à 
(lillcrenls  stades  de  leur  développement  et  d(''crire  les  j)articularités  et 
les  variations  de  |duniage  depuis  le  INnissin  jusqu'à  l'adullc. 

I.  —  Le  uo  77,  qui  est  un  Poussin  capturé  quelques  heures  après  sa 
sortie  de  l'œuf  (lies  Fetermann,  10  janvier  1!)09),  présente  les  caractères 
suivants  :  base  du  bec  rose  orangé  plus  marqué  sur  la  mandibule  inférieure  ; 
extrémité  antérieure  du  bec  noire  :  la  mandibule?  supérieure  présente  une 
tache  blanche  subterminale  à  l'emplacement  de  la  dent  (dont  le  Poussin 
se  sert  jiour  briser  la  coquille  de  l'œul').  Les  plumes  constituant  le  duvet 
sont  panachées  noir  biun  et  brun  jaunâtre  :  région  ventrale  plus  claire, 
iris  brun  foncé;  les  tarses  sont  légèrement  rosés,  ainsi  que  les  pattes; 
les  doigts  passent   au  noir  losé  à  leur  extrémité''  antérieure. 

Les  n°s  7(S  et  7!),  qui  sont  des  Poussins  âgés  de  \  h  (i  jours,  offrent  à 
peu  près  les  mêmes  caractères. 

Le  passage  du  duvet  au  plumage  do  l'adulte  se  l'ait  progressivement. 
IL  —  Le  no  90  est  âgé  de  i  à  ii  semaines  fPl.  XI,  fig.  43,  A).  Il  a 
les  caractères  suivants  :  le  front,  le  vertex,  la  nuque  et  les  tempes  ont  des 
plumes  tigrées  brun  noirâtre  et  jaune  brunâtre,  plumes  qui  passent  à  un 
gris  très  pâle  sur  les  barbes  internes.  La  couleur  de  ces  plumes  va  en 
s'atténuant  sur  le  derrière  du  cou  et  dans  la  région  du  demi-collier  :  elles 
passent  au  blanc  grisâtre,  l'extrémité  seule  des  barbes  présentant  une 
couleur  jaune  brunâtre  très  [làle  avec  quelques  taches  noires.  Les  lores 
sont  légèrement  plus  paies  (jue  le  front,  tandis  que  la  joue,  la  région 
pariétale,  le  côté  du  cou,  les  flancs  et  les  |)arties  inférieures  du  corps 
présentent  les  caractères  du  demi- collier,  c'est-à-dire  des  plumes  1res 
légèrement  grisâtres  dont  les  barbes  extrêmes  ont  une  teinte  d'un  jaune 
brunâtre  très  pâle  (teinte  encor(>pliis  all'aifilie  sur  la  poitrine  postérieure, 
le  ventie  et  le  bas-ventre)  piquetée  de  taches  brun  foncé. 

Le  bas  et  le  haut  du  dos  sont  tigrés  brun  noirâtre  et  jaune  brunâtre, 
tanilis  (|ue  le  croupion  est  gris  légèrement  stiié  de  brun  noirâtre  et  jaune 
bi'uufdre,  puis  sur  la  région  sus-caudale  les  plumes  sont  blanc  gris, 
(^es  sus-caudales  présentent,  près  de  leur  extrémité,  une  frange  brun 
Hoirâtre,  frangée  elle-même  de  jaune  brunâtre  clair.  Les  sous-caudales 
sont   gris  clair,  très  légèrement  jaunâtres  vers  leur  extrémité.  Les  rec- 


92  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

trices  externes  ont  les  barbes  externes  d'un  gris  assez  foncé,  tandis  que 
les  barbes  internes  sont  beaucoup  plus  pâles  :  cette  couleur  gris  foncé 
s'atténue  de  plus  en  plus  sur  les  autres  rectrices  ;  lesrectrices  présen- 
tent une  frange  noire  près  de  leur  extrémité,  que  borde  un  liséré  clair 
d'un  jaune  sale. 

Les  rémiges  primaires  sont  près  de  la  pointe,  d'un  gris  foncé  légè- 
rement brunâtre  sur  le  pourtour,  et  bordées  de  blanc  sur  une  partie  des 
barbes  internes;  la  hampe  est  blanche.  Les  secondaires  sont  en  général 
d'un  gi'is  plus  clair;  elles  on(  les  barbes  externes  plus  foncées  que  les 
barbes  internes,  celles-ci  étant  d'un  gris  très  paie  vers  leur  extrémité. 
Les  tertiaires  sont  grises,  frangées  à  leur  extrémité  d'une  bande  interne 
brun  noirâtre  et  d'une  bande  externe  jaune  brunâtre  pâle.  Les  tectrices, 
les  couvertures  et  les  scapulaires  sont  grises  à  leur  liase,  tandis  qu'elles 
présentent,  vers  leur  extrémité,  les  franges  brun  noirâtre  et  jaune 
brunâtre,  franges  qui  sont  de  plus  en  plus  marquées  en  allant  des  grandes 
couvertures  vers  les  scapulaires  où  elles  se  fusionnent  avec  les  plumes 
tigrées  de  la  région  dorsale.  —  11  subsiste  quelques  traces  de  duvet  sur 
le  fi'ont,  les  tempes,  la  nuque,  le  demi-collier,  le  devant  et  les  côtés  du 
cou,  le  croupion  et  la  région  anale.  —  Les  tarses  et  les  pattes  sont 
dun  brun  violacé,  la  membrane  palmaire  plus  claire  ;  bec  de  la  couleur 
des  tarses,  plus  foncé  vers  l'a  pointe. 

IlL  —  Le  n°  87  est  un  jeune  mâle  âgé  d'environ  5  semaines  (PI.  XI, 
lîg.  13,  13).  Il  présente  à  peu  près  les  mêmes  caractères  que  le  n"  90. 
Il  n'y  a  plus  trace  de  duvet,  sauf  sur  le  front.  Les  parties  claires  du  corps 
sontplus  nettement  blanches,  tandis  que  les  taches  jaunâtres  du  dessus 
de  la  tète,  du  dos  et  des  couvertures  s'atténuent  et  passent  au  gris 
jaunâtre. 

IV.  — Le  n°  180  est  un  jeune  cf  de  3  mois  environ  (PI.  XI,  fig.  43,  Cj.  Il 
a  pris  la  taille  et  les  dimensions  de  l'adulte.  Les  parties  inférieures  du 
corps  sont  d'un  blanc  très  légèrement  grisâtre;  les  barbes  externes  des 
plumes  présentent  encore  çà  et  là  quelques  taches  jaunâtres  ou  brun  jau- 
nâtre très  indécises.  Le  front  est  d'un  blanc  grisâtre,  levertex  et  l'occiput 
deviennent  graduellement  de  plus  en  plus  foncés,  tandis  que  la  nuque  est 
noire  b'gèrement  lirunâtre,  tachetée  de  gris  pâle.  Lores  noirâtres;  demi- 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  93 

collier  i;ris  ])n\o  ;  le  liiuil  cl  l(>  lias  du  dos  sont  (ruii  gris  argenté.  Vers  le 
croupion,  les  |ilnni('s  sout  encore  tacln'h'es  de  slries  noir  brunâtre  qui 
tendeni  à  s'estomper.  Les  sus-caudales  soni  d'un  hianc  grisâtre;  les  rec- 
trices,  qui  ont  presque  atteint  leur  longueur  normale,  présentent  encore 
les  caractères  du  n°  90  avec  leurs  bandes  terminales  noir  brunâtre  et  gris 
jaunâtre.  —  Ailes  d'un  gris  argenté  :  quebiues  scapulaires  et  les  couver- 
tures sont  tigrées  de  brun  noirâtre  et  de  gris  jaunâtre.  Les  primaires  sont 
plus  foncées  près  de  la  pointe  et  bordées  de  blanc  sur  les  barbes  in- 
ternes; hampe  blanche  ;  barbes  externes  des  primaires  externes  noi- 
râtres. —  Bf  c  noir  à  reflets  rouges,  ainsi  que  les  tarses  et  les  pattes. 
—  Iris  i»run. 

\.  —  Le  n"  187  est  une?  âgé  d'environ  i  mois  (PL  XI,  fig.  4-i-D). 
H  a  la  taille  de  l'adulte.  Les  plumes  striées  de  brun  noirâh'e  et  de  jaune 
brunâtre  très  pâle  ont  disparu.  Les  parties  inférieures  du  corps  sont 
d'un  blanc  presque  pur.  Front  blanc  ;  sur  le  vertex,  l'occiput  et  la  nuque, 
le  noirdomine  ;  lores  noirâtres.  Demi-collier  blanc  très  légèrement  gri- 
sâtre, tandis  que  le  bas  et  le  haut  du  dos  sont  d'un  gris  argenté.  Sus- 
caudales  et  rectrices  blanches.  Ailes  d'un  gris  argenté  ;  primaires  plus 
foncées  près  de  la  pointe  et  plus  ou  moins  bordées  de  blanc  sur  les  barbes 
internes  :  hampe  blanche;  barbes  externes  des  primaires  externes  d'un 
noir  grisâtre.  Bec  noir  à  reflets  rouge  violacé  ;  tarses  et  pattes  rouge 
violacé  très  foncé. 

VI.- — Le  n"  183  offre  à  peu  près   les  mêmes  caractères  que  le  pré- 
cédent. Mais  les  parties  inférieures  du  corps  tendent  à  devenir  grisâtres. 
Les  taches  noires  du   dessus  de   la  nuque  tendent  à  s'uniformiser;  le 
bec,  les  tarses  et  les  pattes  sont  en  grande  partie  rouge  violacé  (IM.  XI, 
.  fig.  44,  E). 

VII.  —  Enfin  le  no  (30  est  un  adulte  en  plumage  de  noces  (PL  XT, 
fig.  44,  F).  Il  présente  exactement  les  caractères  que  Reichenow  a 
donnés  dans  sa  description  du  Slerna  anthtiopha  (1).  La  figure  en  cou- 
leurs qui  représente  la  tête  et  la  patte  de  cette  espèce  coïncide  exactement 
avec  les  caractères  du  S.  r///f//^/ adulte,  et  nous  ne  voyons  aucune  utilité 
à  faire  une  espèce  distincte  des  Sternes  qui  nichent  dans  les   régions 

(i)  Reichenow,  loc.  cit. 


94  OISEAUX     ANTARCTIQUES. 

glacées  antarctiques.  —  Le  dessus  de  la  tète  et  la  nuque  sont  noii'  fonoé; 
les  lores  en  partie  blancs,  car  une  bande  blanche  étroite  longe  le  bord  di» 
la  mandibule  supérieure  et  se  poursuit  sur  les  tempes.  Corps  gris  argenté 
à  peu  près  aussi  foncé  dessous  que  dessus,  sauf  dans  la  région  du  venire, 
qui  est  un  peu  plus  pâle.  Sus  et  sous-caudales  blanches.  Les  rectrices 
ont  leurs  barbes  externes  d'un  gris  argenté  très  paie.  Rémiges  primaires 
plus  foncées  près  de  la  pointe  et  plus  ou  moins  l)ordées  de  blanc  sur  les 
barbes  inleriies  :  les  barbes  externes  de  la  iiremière  sont  noirâtres.  Bec, 
tirses  et  palli's  d'un  l)ean  rouge-ccrisc 

La  courte  de.srrij)lion  que  Valette  (i  j  donne,  sous  le  nom  de  S.  Itinui- 
r///(wm,  des  Oiseaux  dont  il  trouva  les  nids  aux  Orcades,  montre  qu'il  avait 
alVaire  non  à  Kespèce  S.  Iiindidiiuicra,  mais  au  >'.  citlata.  Il  donne  comme 
longueur  totale  3^0  millimètres,  et  comme  envergure  750  millimètres, 
dimensions  (]ui  correspondent  à  celles  du  S.  ritlahi.  Les  dimensions  du 
.S.  hinutdinacpa  sont  i)lus  grandes  ;  sa  longueur  totale  est  environ  de 
400  millimètres,  les  ailes  mesurent  300  millimètres,  le  culmen  40  à  4;j, 
la  queue  105  à  21.5,  le  tarse  20,  —  dimensions  supérieures  à  toutes  celles 
des  Oiseaux  (jue  nous  avons  rencontrés. 

En  mars  lOOi,  par  07°  30'  S.  et  170'^  long.  Iv  Greenwich,  au  cours 
de  l'expédition  anglaise  de  la  <  Discovery  »,  Wilson  rencontra  quelques 
troupes  de  ces  Sternes  en  bordure  du  pack  (2).  Il  ne  put  débM'miner  avec 
CL'rlitude  l'espèce  à  laquelle  ils  apparlenaient,  mais  il  cra[  |)Oiivoir  les 
rapporter  soit  au  ^^.  cittata,  soit  pluLôl  au  N.  liiridiiliiKicea.  Il  est  probable 
que  ces  Oiseaux  étaient  de  même  espèce  (|ue  ceux  (|ue  nous  avons  trouvi's 
en  bordure  des  glaces  jusqu'au  120°  de  long.  W.,  et  que  nous  ne 
pouvons  séparer  de  l'espèce  Stcma  alldtd. 

Les  Sternes  nichent  l'été  dans  l'Anfarclide  sud-américaine,  où  ils 
forment  de  peliles  colonies  très  bruyantes  sur  les  rochers  dépourvus  de 
neige,  lisse  contentent  comme  nid,  de  simples  dépressions  dans  le  sol, 
ou  encore  de  fentes  (Miti'c  les  rochers,  in'ofitant  aussi  parfois  des  co([uilles 
de  Patelles  qui  se  trouvent  souvent  amassées  en  abondance  par  les  Loriis 

(Ij   \Al.ETrF.,    /(.C.  cit. 

(2)  E.-A.  Wii.siiN,  iV<((.  ant.  E.vp..  Nat.  llistory,  Aves,  vol.  11,  Zuolot.'y,  p.  63. 


OrSHAUX    AXTARCrinUES.  93 

iliiii'iiiicdnns  i\\\\  (Ml  luiil  leur  iKiun'ilurc.  Ils  poiidriit  ciciix  (ni  ii'dis  n'iils 
iruii  hi'uii  (ilivàlrc  à  taches  plus  foncées,  œufs  qu'ils  défciidcul  à  i;rau(['- 
pcine,  ainsi  (|uc  les  Poussins,  contre  leui's  ennemis  les  Mouettes  et 
les  Mét^alestris.  Nous  avons  été  témoins,  à  plusieurs  reprises,  des  vols 
commis  |)ar  ces  Oiseaux  de  rapine. 

Les  Sternes  ont  uiu'  teinp(''rature  de  iî!)°,  i.  La  longueur  de  rœsophage 
est  de  1  10  à  I  20  millimètres,  celle  de  l'estomac,  de  30  h  35  millimètres, 
celle  de  riid(>stin  de  580  à  020  ndilimètres.  Une  énumération  des  héma- 
ties d'un  jeune  Oiseau  (3  à  \  mois)  sacrilii'  le  10  avril  100!)  nous  a  donné 
une  moyenne  de  215000D  par  millimètre  cube  de  sang:  les  dimensions 
des  luMuaties  sont  de  14  h  15  [i.  sur  8  à  0  <j..  Les  Sternes  se  nourrissent 
surlouL  d'Euphausies  [Eupliausia  superlia),  de  petils  Poissons,  parfois 
aussi  d'Ampliipodes,  comme  nous  l'avons  constaté  à  l'îh^  Déception, 
où  les  Oiseaux  capturaient  des  Crustacés  appartenant  à  l'espèce  Clici- 
rimedon  dentimanus  Chevreux,  abondants  au  voisinage  de  la  côte. 

Au  cours  de  la  navigation  du  «  Pourqucd  Pas?  »,  nous  avons  rencontré 
plusieurs  colonies  de  Sterna  vitlata^  notamment  sur  les  Shetlands  du 
Sud  (iles  Déception,  du  Roi-George,  Uridgman),  puis  sur  la  côte  ouest  de 
l'Antarctide  sud-américaine, sur  les  iles  AViencke,Doumer,  Hooth-Wandel, 
Petermann,  Argentine,  Berlhelot,  Li'onie,  cette  dernière  à  l'intérieur  du 
cercle  polaire.  Nous  avons  aussi  trouvé  ces  Oiseaux,  en  bordure  de  la 
banquise  ou  du  pack,  vers  la  latitude  de  70°  jusqu'au  120°  de  long.  W.  Us 
viennent  à  la  rencontre  du  navire  en  faisant  entendre  leurs  petits  cris 
perçants,  comme  pour  lui  souhaiter  la  bienvenue  ;  puis  ils  décrivcMit  au- 
dessus  de  la  mâture  des  courbes  gracieuses,  accompagnent  le  bateau 
quelques  instants  et  retournent  prendre  leur  poste  de  veille  en  bordure 
des  glaces.  Plus  loin  c'est  la  visite  d'une  nouvtdle  bande  (jui  repart  à  son 
tour,  laissant  la  place  aux  autres  troupes  que  le  bateau  rencontrera  au 
cours  de  son  voyage  le  long  de  la  banquise. 

A  notre  arrivée  à  l'île  Petermann  (10  janvier  1909),  nous  avons  trouvé 
une  colonie  de  150  à  200  individus  établie  sur  la  ])ointe  sud  de  l'îhv 
La  plupart  des  nids  avaient  deux  œufs,  rarement  trois  ;  dans  certains,  il 
y  avait  un  et  même  deux  poussins.  Kn  février,  les  jeunes  sont  assez 
avancés,  et  en  mars  les  rookeries  sont  |)eu  à  peu  abandonnées.  Les  jeunes 


96 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 


volent  dans  le  chenal,  au  voisinage  di 


lie 


En  avril  et  mai,  on  aporroit 


encore,  par  intervalles,  des  Oiseaux  en  assez  grand  nombre,  —  puis,  vers 
la  fin  de  mai,  avec  le  froid  et  la  banquise  qui  se  forme,  les  Sternes  dispa- 
raissent, remontant  vers  le  Nord. 

C'est  seulement  plus  de  trois  mois  après,  le  5  septembre,  que  les  deux 
premiers  Oiseaux  sont  aperçus  de  nouveau  dans  le  chenal  de  Lemaire. 
Mais  c'est  surtout  en  octobre  qu'ils  reviennent  nombreux.  Le  22  octobre, 
les  Sternes  sont  de  retour  sur  leur  rookerie.  Au  début  de  novembre,  ils 
préparent  leurs  nids  ;  les  dépressions  dans  le  sol  sont  bientôt  prêtes. 
Le  premier  œuf  a  été  pondu  le  1  i  novembre.  Le  21  novembre  il  y  avait 
1 1  œufs  ;  3  nids  renfermaient  chacun  2  œufs.  Le  24  novembre,  8  nou- 
veaux œufs  avaient  été  pondus  (PI.  IX,  fig.  38,  F). 

Le  tableau  suivant,  qui  comprend  les  a^ufs  que  nous  avons  conservés, 
donne  les  dimensions  et  le  poids  de  ceux-ci  : 


NUMÉRO 

LONGUEUR 

LARGEUR 

fn 

en 

POIDS. 

LOCALITE. 

DATE. 

(lurdre. 

millimêlres. 

millimètres. 

.50 1 

17,5 

;!2 

Ile  Drception. 

23-XIl-iU08. 

502 

43 

33,5 

— 

— 

.j03 

45 

33 

— 

— 

504 

43 

33 

— 

^ 

582 

47 

32,5 

Ile  Boolh-^Vnndel. 

3-I-inO!). 

.5'i2 

47 

33 

Ile  Peleiinann. 

lO-1-l'.IOU. 

.5;i'.l 

45 

31 

31 

— 

21-XI-l'.Ki'.). 

(>00 

48 

35 

:>5 

— 

23-XI-l'.iOU. 

()()1 

4C. 

34,5 

28 

— 

— 

002 

43 

34 

27 

Parmilolofjie.  —  Ces  Oiseaux  sont  en  général  peu  parasités.  Nous 
avons  trouvé  chez  des  jeunes  quelques  Mallophages  appartenant  à  deux 
espèces  [Philopteras  luelanocephulus  Nitzsch  et  Degeeriella  fipllnta  Bur- 
meister),  qui  font  partie  de  la  famille  des  Flnlnpteridx  (1). 

(1)  Voir  L.-G.  Neum\>n,  ilallophwja.  Deuxième  Exp.    ant.  fr.,  Sciences  nat.,  Docum.  scient., 
p.  187  et  191,  Paris,  1913. 


OISEAUX    AXTARCTIQUES.  97 

.hnirnal  oniUhnlogitiue  (N'oir  carto  11,  ¥). 

?5  Décciiihic  iUOS.  —  Au  voisinage  de  l'île  Smith,  quelques  individus 
sont  venus  voler  autour  du  bateau. 

^3  Décembre  tOOS.  —  Ile  Déception,  Pendulum-Cove.  Les  Sternes  ont 
un(>  rookerie  sur  un  éboulis  de  tufs  volcaniques,  entre  60  et  80  mètres 
d'altitude.  Œufs  déposés  en  général  entre  les  cailloux,  dans  une  légère 
excavation.  Il  y  a  loO  à  200  individus.  Les  Oiseaux  n'aiment  pas  les 
visiteurs  :  dès  mon  approche,  les  Sternes  sont  venus  à  ma  rencontre,  se 
sont  groupés  autour  de  moi,  criant,  piaillant,  dans  l'intention  de  m'inti- 
mider.  Us  paraissaient  de  mauvaise  humour,  poussant  des  cris  très  aigus. 
Je  ne  me  lis  aucune  illusion  sur  la  signification  du  grand  intérêt  qu'ils 
semblaient  me  porter.  Arrivé  parmi  les  nids,  les  Oiseaux  devinrent  agres- 
sifs; planant  au-dessus  de  ma  tète,  ils  se  laissent  tomber  à  quelques  cen- 
timètres en  faisant  claquer  leur  bec  ;  certains  Oiseaux  se  livrent  à  des 
voies  de  fait  en  donnant  des  coups  de  bec  sur  mon  bonnet.  Aussi  je  dois 
avouer  qu'un  peu  inquiet  pour  mes  oreilles  je  les  ai  prudemment  cou- 
vertes de  ma  toque. 

Subitement,  un  silence  complet  se  fait  autour  de  moi  :  quelle  surprise 
désagréable  les  Sternes  me  réservent-ils.  Une  dizaine  d'entre  eux  seule- 
ment sont  restés  à  me  surveiller.  Je  vis  alors  toute  la  troupe  se  diriger 
vers  un  Megalestris  qui  avait  l'intention  de  profiter  de  l'ardeur  de  la 
manifestation  des  Sternes  à  mon  égard  pour  venir  tranquillement  voler 
quelque  onif  dans  les  nids.  Malheureusementson  approche  fut  remarquée, 
et  il  dut  fuir,  chassé  à  coups  de  bec  par  la  bande  d'Oiseaux. 

Le  même  fait  se  reproduisit  contre  VLaLanis  Dominicanus .  Alors,  débar- 
rassés de  leurs  ennemis  du  dehors,  les  Sternes  reprirent  contre  moi, 
avec  autant  de  violence,  leur  campagne  d'intimidation. 

Il  y  avait  deux  a?ufs  par  nid  (PI.  Xll,  fig.  4fi)  ;  vu  un  seul  Poussin, 
âgé  d'un  ou  deux  jours. 

Les  Sternes  viennent  pécher  dans  la  baie  de  Pendulum-Cove  (Port- 
Foster),  où  ils  se  nourrissent  de  petits  Poissons,  de  quelques  Euphausies 
et  d'Amphipodes. 

Expédilion  Charcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  13 


g§  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

'■27  Décembre  I90S.  —  Port-Lockroy  (île  Wiencke).  Des  Sternes  volent 
dans  la  baie  el  le  chenal  de  Roosen.  Il  y  a  quelques  nids. 

3  Janvier  1909.  —  Ile  Bootli-Wandel.  Trouvé  quelques  œufs  sur 
les  rochers  de  la  colline  duCairn  ;  il  y  a  une  colonie  d'une  centaine  dindi- 
vidus.  Vu  un  nid  avec  trois  œufs.  Tous  ces  Sternes,  qui,  comme  nous 
l'avons  aussi  constaté  à  Déception,  se  solidarisent  pour  défendre  leurs 
intérêts,  sont  constamment  tenus  en  éveil  par  les  voisins  dangereux 
que  sont  les  Goélands  Dominicains. 

W  Janvier  1909.  — Colonie  de  loO  à  200  individus  sur  les  rochers  au 
sud  de  l'île. 

//  Janvier  1909.  —  lie  Léonie,  située  par  67°  37'  de  lat.  S.  et  70°  i4' 
de  long.  W.  Paris.  (Juelques  nids  de  Sternes. 

'21  Janvier  1909.  —  A  20  milles  dans  le  Sud  de  l'ilc  Jenny,  quelques 
Oiseaux  rencontrés  en  mer. 

2.^ Janvier  1909.  —  IleWebb(L.  =  070  27'  S.;  G.  =  70°  18' W.  P.).  Acette 
époque,  l'île,  entourée  de  banquise,  se  trouvait  à  40  kilomètres  de  la  mer 
libre.  Il  y  avait  quelques  nids  de  Sternes. 

/er  frrrier  1909.  —  Baie  Matha.  Quelques  Oiseaux  autour  du  bateau  : 
il  y  a  certainement  des  rookeries  aux  environs. 

3  Février  1909.  —  lie  Petermann.  Les  Poussins  perdent  leur  duvet  ; 
ils  abandonnent  les  nids. 

8  Février  1909.  —  Iles  Argentine  :  quelques  rookeries  de  Sternes. 

,9  Avri/ 1909.  —  Les  jeunes  Sternes  sont  nombreux  dans  le  chenal. 

30  Avril  1909.  — -Sternes  en  grand  nombre  dans  le  chenal.  Les  jeunes 
ont  la  taille  de  l'adulte,  mais  ils  sont  facilement  reconnaissables  à  leur 
bec  sombre,  à  leurs  parties  ventrales  blanches  et  à  la  tache  noire  et 
blanche  du  dessus  de  la  tète. 

12  Mai  1909.  —  Chenal  libre  ;  nombreux  Sternes. 

!21  Mai  1909.  —  Aperçu  quelques  Oiseaux  tous  les  jours. 

2  Juin  1909.  —  Depuis  que  le  chenal  de  Lemaire  est  complètement 
pris,  on  ne  voit  plus  de  Sternes. 

5  Septcinhre  1909.  —  Revu  deux  Sternes  passer  dans  le  chenal. 

7  Octobre  1909.  —  Les  Sternes  reviennent;  j'en  ai  aperçu  trois  péchant 
dans  le  chenal. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  99 

15  Oclolne  IHOH.  —  Quelques  Sternes. 

18  Octohro  liHHK  —  11  est  passé  sept  Sternes  au-dessus  de  Petermann  ; 
ils  semblaient  se  diriger  vers  leur  ancienne  rookerie. 

Sur  Tile  Hovgaard,  près  de  la  pointe  Ouest,  il  y  a  quelques  Oiseaux. 

'2'-2  Octobre  1909.  —  Les  Sternes  sont  arrivés  à  la  rookerie  de  Peter- 
mann :  ils  volent  aux  alentours,  par  couples. 

"25  Ocfnhi'o  1909.  —  Dans  le  chenal,  en  face  la  pointe  nord  de  Peter- 
mann, une  cinquantaine  de  Sternes  volent  autour  de  quatre  Goélands,  en 
poussant  des  cris  perçants.  Ceux-ci  probablement  se  seront  rendus  cou- 
pables de  quelque  méfait. 

9  Norcmbre  1909.  —  Les  nids  sont  prêts  ;  il  n'y  a  pas  encore  d'œufs. 

14  Nocemhrc  1909.  —  Trouvé  le  premier  œuf. 

'21  Nocemhre  1909.  —  Visite  à  la  rookerie  :  accueil  très  antipathique, 
cris  aigus,  coups  de  bec,  ce  qui  prouve  que  la  ponte  est  assez  avancée. 
Trouvé  onze  œufs  ;  trois  nids  avaient  chacun  deux  œufs. 

23 Novembre  1909.  —  Huit  (eufs. 

26  Novembre  1909.  —  En  mer.  Aperçu  quelques  Sternes  autour  du 
bateau  dans  le  chenal  de  Lemaire,  les  détroits  de  Bismarck  <^t  de 
Gerlache. 

Aperçu  deux  rookeries  de  Sternes  sur  des  rochers  de  la  côte  nord  de 
l'île  Doumer. 

27  Novembre  1909.  —  Ile  Déception.  Sternes  nombreux. 

28  Novembre  1909.  —  Déception.  Une  colonie  forte  de  400  à  .'JOO  indi- 
vidus habite  le  sommet  des  falaises  qui  bordent  dans  l'Est  l'entrée  de 
Port-Foster.  Les  nids  sont  assez  éloignés  les  uns  des  autres,  difficiles  à 
trouver.  La  plupart  avaient  deux  œufs,  quelques-uns  trois  œufs. 

22  Décembre  1909.  —  Déception,  Pendulum-Gove.  Suis  allé  à  la 
rookerie  de  Sternes.  Vu  une  trentaine  d'œufs  et  quelques  Poussins.  Un 
Poussin  a  été  tué  devant  moi  d'un  coup  de  bec  par  un  Larus]  mais,  C(mime 
je  suis  arrivé,  le  Goéland  n'a  pas  eu  le  temps  de  s'en  emparer.  Trouvé 
plusieurs  cadavres  de  poussins,- —  ceux-ci  en  partie  dévorés,  — ainsi  que 
des  débris  de  coquilles  d'œufs.  Plusieurs  nids,  par  suite  des  larcins  des 
Goélands  et  des  Mégalestris,  étaient  vides;  dans  les  autres  il  y  avait 
un  ou  deux  œufs.  Parmi  les  œufs  que  nous  avons  recueillis,  la  plupart 


100  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

avaient  des  embryons  assez  âgés,  tandis  que  les  autres  étaient  des  n-ufs 
frais  ou  dans  les  premiers  jours  d'incubation.  Ils  provenaient  cerlainc- 
ment  de  pontes  supplémentaires,  les  premiers  œufs  ayant  été  soit  cassés, 
soit  pillés  par  les  autres  Laridés. 

t^/  Décemhre  1909.  —  Ile  Bridgman.  De  nombreux  Sternes  nichent 
sur  l'île. 

!?■>  Décemhre  1',HH>.  —  lie  du  Roi-George,  baie  de  l'Amirauté.  Au  cours 
d'une  excursion  sur  les  glaciers  qui  dominent  l'anse  est  de  la  baie  de 
l'Amirauté,  trouvé  à  200  mètres  d'altitude,  sur  un  pointement  de  roches, 
une  colonie  de  200  à  300  Oiseaux.  Quelques  nids  étaient  vides;  dans  les 
autres,  un  ou  deux  œufs.  Vu  un  seul  Poussin.  Quelques  Larus  et  Megn- 
lestris  rôdent  autour  de  la  rookerie,  pourchassés  par  les  Sternes. 

W  Décemhre  1909.  —Une  petite  colonie  de  Sternes  (œufs  dans  les  nids, 
pas  encore  de  Poussins),  dans  l'anse  ouest  de  la  baie  de  l'Amirauté. 

10  Janvier  1910.  —  En  mer,  par  68°  30',  S.  et  73°  long.  W.  P.  environ, 
dans  l'ouest  de  la  Terre  Alexandre,  avant  de  rencontrer  le  pack-ice,  une 
bande  d'une  trentaine  de  Sternes  sont  venus  voler  autour  du  <(  Pourquoi 
Pas?  »,  puis  ils  sont  partis  vers  l'Ouest. 

Dans  la  soirée,  en  longeant  la  banquise,  on  retrouve  des  bandes  de 
Sternes  de  12,  15  individus. 

La  plupart  nous  paraissent  être  des  jeunes  de  l'année  précédente 
(douze  mois). 

1lJanvier1910.—L.  =  Gyoli'S..G.  =78°  lO'W.  P.  Pénétrationdansun 
pack-ice  très  épais.  Il  est  passé  une  bande  d'une  quinzaine  de  Sternes  se 
dirigeant  vers  le  Sud-Est.  Peut-être  des  Oiseaux  nichent-ils  sur  les  terres 
qui  doivent  se  trouver  dans  le  Sud,  et  notamment  sur  la  Terre  Charcot, 
qui  venait  d'être  découverte. 

Le«  Pourquoi  Pas?»,  dégagé  de  la  banquise,  longe  celle-ci  vers  l'Ouest. 
Aperçu  quelques  bandes  de  Sternes. 

1'2Ja7ivier  1910.  —  L.  =  70°  1 3'  S.;  G.  =  81°  W.  P.  Vu  dans  la  soirée 
une  troupe  de  11   Sternes. 

13  Janvier  1910.  —  L.  =  09°  18'  S.;  G.  =  88° 40'  W.  P.  environ.  Vers 
8  heures  du  soir,  en  longeant  la  banquise,  aperçu  plusieurs  bandes  de 
Sternes  qui  se  tiennent  à  la  lisière   des  glaces  ;   compté    des  groupes 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  loi 

de  24,  '.1,  i(»,  M,  'M  Ois<'<m\.  Ils  se  posent  siii-  les  débi-is  de  glaces,  puis 
lorsque  le  <(  Pourquoi  l'as  ?  »  arrive  à  leur  hauteur,  ils  prennent  leur  vol, 
dépassent  le  bateau  et  se  pos(Mit  de  nouveau  sur  la  glace.  Ils  nous 
attendent  pour  reprendre  leur  vol  et  recommencer  la  même  tactique. 
Une  troupe  fit  cette  man(euvre  (juatre  fois  de  suite,  puis  nous  abandonna. 
Et  plus  loin  c'est  une  autre  bande  qui  nous  accompagne,  puisa  son  tour 
nous  laisse  seuls  poursuivre  noire  roule.  C'est  encore  une  nouvelle 
troupe  qui  manœuvre  comme  les  précédentes.  Je  vis  ainsi  cinq  troupes 
de  Sternes  (les  cinq  citées  i)lus  haut),  espacées  à  la  lisière  des  glaces, 
donnant  l'impression  de  petits  postes  placés  là  en  sentinelles,  chaque 
bande  semblant  avoir  une  zone  spéciale  de  banquise  à  surveiller. 

Il  se  pourrait  que  ces  Oiseaux,  jeunes  et  adultes,  soient  les  habitants 
de  colonies  nichant  peut-être  sur  des  terres  situées  plus  au  Sud,  venant 
à  la  lisière  des  glaces  chercher  leur  nourriture  dans  la  mer  libre. 

/  /  Janvier  1910.  —  Au  large  de  l'île  Pierre-Je'  ;  vent  violent.  Aperçu 
quelques  Oiseaux. 

15. Janvier  1910.  —  L.  :  68° 23' S.;  G.  :  90°  50' W.  P.  Bandes  de  Sternes 
près  de  la  banquise. 

16. Janvier  1910.  —  L.  :  69°  20' S.;  G.  :  102°  09' W.  P.  Nombreux  Sternes 
à  sept  heures  du  matin. 

/;  .Janvier  1910.—  L.  :  09°  00' S.  ;  G  :  104°  54'  \V.  P.  Aperçu  un  groupe 
d'une  quarantaine  d'Oiseaux  posés  sur  un  glaçon. 

18. Janvier  1910.  —  L.  :  ()!lo  15' S.;  G.  :  108° 05'  W.  P.  Toujours  des 
Sternes. 

19  Janvier  1910.  —  L.  :  70°  S.;  G.  :  112°  W.  P.  Quelques  Sternes  en 
bordure  de  la  banquise. 

W  Janvier  1910.  — L.  :  68o30'  S.;  G.  :  115°  ^Y.  P.  environ.  Abandonné 
la  lisière  de  la  banquise.  Il  n'a  pas  été  vu  de  Sternes. 

-21  .Janvier  1910.—  L.  :  69o  53'  S.;  G.  :  121°  15'  W.  P.  Longé  la  banquise. 
Bandes  de  Sternes. 

'^'-2  Janvier  1910.  —  A  partir  de  cette  date,  le  «  Pourquoi  Pas  ?  »  faisant 
route  au  Nord  et  abandonnant  définitivement  la  banquise,  nous  n'avons 
plus  revu  de  Slerna  vitlata. 


102  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

8.   Larus  dominicanus   (Lichstenstein). 

Collection  : 

isjo  g2.  —  Q^  pull,  (deux  à  trois  semaines),  trouvé  sur  un  rocher,  près  du  nid,  à  la  pointe 
sud  de  Petermann,  8-1-1909.  Iris  brun  grisâtre. 
L.  T.  :  298.  -  A.  :  96.  -  B.  :  31.  -  T.  :  51.  -  D.  M.  :  54-6. 

N°  145.  —  9  Ju"^'-  (trois  mois),  île  Petermann,  14-III-1909.  Iris  brun  foncé.  Parties  infé- 
rieures du  corps  blanches  mouchetées  de  brun  grisâtre  ;  parties  supérieures 
brunâtres,  par  suite  de  la  présence  de  grandes  taches  brunes  vers  l'extrémité 
des  barbes  dos  plumes,  avec  liséré  plus  clair  jaimc  brunâtre.  Vers  le  bas  du  dos 
et  la  région  sus-caudale,  les  plumes  sont  alternativement  blanc  grisâtre  et  brunes, 
donnant  l'impression  d'un  fond  pâle  moucheté  de  taches  brunes  ;  il  en  est  de 
même  pour  les  sous-caudales.  Rectrices  blanches  à  la  base,  puis  marbrées  blanc  et 
brun  noirâtre,  passant  au  brun  noirâtre  uni  jusque  vers  l'extrémité,  qui  est 
bordée  de  blanc.  Le  bord  des  ailes  a  un  liséré  blanchâtre.  Couvertures  brun  foncé, 
bordées  de  jaune  brunâtre  ;  rémiges  secondaires  brun  noirâtre,  à  extrémités 
jaune  pâle  ou  brun  pâle  ;  rémiges  primaires  brun  foncé.  Sous-alaires  brun  pâle  et 
gris  brunâtre.  Bec  noir,  tarses  et  pattes  d'un  brun  jaunâtre  pâle,  griffes  noires. 
Estomac  :  Patelles,  Mousses,  petits  cailloux. 
L.T.  :  580.  -  E.  :  1320.  -  A.  :  430.  -  Q.  :  180.  -  B.  :  45.  -  T.  :  54.  -  D.M.  :  59-10. 

N°  146.  —  çj'  juv.  (trois  mois),  île  Petermann,  14-III-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Mousses, 
Algues,  petits  cailloux. 
L.T.  :  620.  -  E.  :  1  440.  -  A.  :  445.  -  0.  :  194.  -  B.  :  50.  -  T.  :  63.  -  D.M.  :  65-10. 

N'^  147.  —  cf  j^i"^'-  (trois  mois  en^iron),  île  Petermann,  18  III-1909.  Iris  gris  brunâtre,  bec 
noir.  Estomac  :  une  coquille  de  Patelle,  quelques  Mollusques,  plumes  de  Pin- 
gouin. 
L.     .:  635.  -  E.  :  1460.  -  A.  :  435.  -  Q.  :  195.  -  B.  :  51.  -  T.  :  61.  -  D.  M.  :  66-11. 

N"  148.  —    9  juv.   (3  mois  environ),  île   Petermann,    18-111-1909.    Iris  gris   brunâtre. 
Estomac  :  duvet  de  Pingouin. 
L.  T.  :  620.  —  E.  :  1  480.— A.  : 440.  —0.  :  20."î.  —  B.  :  49.  —  T.  :  61 .  —  D.  M.  :  66-10. 

N"  149.  —  cf ,  île  Petermann,  21-III-1909.  Iris  gris  jaunâtre,  paupières  rouge  vif.  Estomac  : 
Patelles,  coquilles,  duvet  de  Pingouin.  Parasites  :  Cestodes  dans  l'intestin. 
L.  T.  :  600.  -  E.  :  1380.  -  A.  :  420.  -  Q.  :  180.  -  B.  :  50.  -  T.  :  52.  -  D.  M.  :  63-10. 

N°  289.  —  9  juv.  (huit  mois),  île  Petermann,  31-VIII-1909.  Iris  brun  jaunâtre,  bec  brun 
très  foncé,  tarses  et  pattes  bistre  à  reflets  bleutés.  Estomac  :  fragments  d'os  de 
Pagodroma  nivea.  Parasites  externes  :  Aptères. 
L.  T.  :  575.  -  E.  :  1 400.  -  A.  :  400.  -  O.  :  163.  -  B.  :  46.  -  T.  :  58.  -  D.  M.  :  59-10. 

N°  290.  —  cf,  île  Petermann,  31-VIII-1909.  Iris  brun  jaunâtre,  bec  jaune  d'or,  gonys 
rouge  écarlate,  paupières  rouge  écarlate,  tarses  et  pattes  jaune  verdâtre  pâle. 
Estomac  :  quelques  petits  cailloux.  Parasites  :  Aptères. 
L.  T.  :  630.  -  E.  :  1465.  -  A.  :  440.  -  Q.  :  203.  -  B.  :  54.  -  T.  :  62.  -  D.  M.  :  65-11. 

Embryons  et  poussins  : 

N°s  3-4.  —  Embryons  provenant  de  deux  œufs  trouvés  dans  un  nid  près  de  Pendulum-Cove, 
île  Déception,  23-XII-1908. 

Ivjos  28-29.  —  Deux  embryons.  —  30  :  1  embryon  ;  quelques  jours  avant  l'éclosion.  — 
31-32  :  2  embryons.  Ilot  Goudier,  Port-Lockroy  (île  Wiencke),  27-XII-1908. 

N°^  63-64.  —  Embryons  provenant  d'œufs  pris  sur  le  nid  de  la  colline  du  Cairn  (50  mètres), 
île  Booth-Wandel,  3-1-1909. 

N°^  377.  —  Embryon  de  deux  à  trois  jours.  —  461  :  2  embryons  dans  les  premiers  jours 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  103 

d'iiuubatidn.  Ilol  Ciuiulicp,  Port-Loïkidy,  2G-XI-1909.  —  9:  mémo  provenance; 
un  embryon  parvenu  au  terme  de  l'iiu  ulialinn,  conservé  dans  sa  coquille  (27-XII- 
1908). 

Nos  462.  —  3  embryons  provenant  de  trois  œufs  trouvés  dans  le  même  nid.  —  463  :  1  em- 
bryon, derniers  jours  d'incubation.  Ile  Déception,  '4-XII-1909. 

En  outre  nous  avons  conservé  quelques  Oisoau.x,  jeunes  et  adultes,  dans  le  sel,  ainsi  que 
des  squelettes  et  des  systèmes  nerveux. 

Le  Larus  domiiiicamis  est  de  la  laillo  de  nos  Mouetles.  La  livrée  de 
l'adulle  présente  des  caractères  un  peu  différents  de  ceux  signalés  par 
Ménégaux  (1)  [«  dessus  des  ailes  brun,  lo  bec  et  les  pattes  jaunes  » 
(iMénégaux)].  Cet  Oiseau  est  d'un  blanc  pur,  sauf  le  dessus  des  ailes,  qui 
est  noir;  le  bec  est  jaune  avec  une  tache  rouge  orangé  ou  rouge  écarlate 
vers  l'extrémité  de  la  mandibule  inférieure;  les  paupières  sont  d'un  beau 
rouge  carminé,  les  tarses  et  les  pattes  jaune  olivâtre.  Le  jeune,  jusqu'à 
douze  à  quatorze  mois,  est  brun  grisâtre  et  blanc  avec  le  bec  noir  ou  brun 
noirâtre  :  il  prend  peu  à  peu  le  plumage  de  l'adulte;  ce  sont  les  régions 
ventrales  qui  s'éclaircissent  d'abord,  puis  la  région  dorsale,  tandis  que 
le  dessus  des  ailes  se  fonce  et  passe  au  noir.  C'est  alors  que  le  bec,  les 
paupières,  les  tarses  et  les  pattes  prennent  leurs  couleurs  vives. 

Ce  Goéland  élit  doinicib^  sur  les  îles  basses  ou  les  pointes  rocheuses 
du  continent  antarctique  sud-américain.  Son  nid  est  assez  soigneuse- 
ment fait  d'un  amas  de  Mousses  et  de  Lichens,  auxquels  il  joint  quelques 
plumes  (PI.  Xll,  fig.  47).  Il  pond  deux  ou  trois  œufs  de  couleur  vert 
olivâtre  ou  brun  noirâtre  à  taches  brunes,  difficiles  à  différencier  des 
œufs  de  Megalesti-is  (PI.  L\,  fig.  .37,  G). 

Le  tableau  suivant  donne  les  dimensions  et  le  poids  de  quelques  œufs. 

(1)  A.  Ménégaix,  toc.  cil.,  |i.  U. 


104 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 


NUMÉRO 

LONGUEUR 

L.\RGEUR 

PONTE. 

en 

en 

POIDS. 

LOCALITE. 

DATE. 

d'ordre. 

inillînulifs. 

niillimt-lres. 

niii 

i''\ 

i8,5 

llol  (jûudier,  Port- 
LocUrov(ilc  Wieiickci. 

•J7-XI 1-1008. 

511 

t  t 

48 

— 

— 

51.'. 

7S 

4(1,5 

— 

— 

5.  >•  ! 

7-J 

51,5 

Ile  Booth-Wandel. 

;i-l-io(iu. 

Ci:!:; 

ir. 

7'i,5 

4S 

87 

Ilot  Goudier. 

20-XI-lOOO. 

(i:îi 

— 

/.),.j 

4;).5 

O'i 

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50,5 

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— 

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(15 'i 

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71,5 

50,5 

Hi? 

— 

— 

(155 

^i"' 

/ 1 

50 

88  ,3 
<S8    i 
88  i| 

Ile  Déception. 

4-XII-lOOO. 

(15(1 

->c 

74 

50,5 

— 

— 

(157 

|rc 

7.5 

.50,5 

■ — ■ 

— 

(15S 

7(1 

.50 

00 

Ce  Goéland  fait  sa  principale  nourriture  des  Oursins  et  surtout  des 
Patelles.  Il  les  va  chercher  à  la  côte,  à  marée  basse,  les  détachant  des 
rochers  d'un  coup  de  bec;  puis  il  les  transporte  près  de  son  nid,  où  il 
les  déguste  à  loisir.  C'est  à  ces  Oiseaux  que  sont  dues  les  accumulations, 
parfois  considérables,  de  coquilles  de  Patelles,  près  des  endroits  où  ils 
nichent,  amas  qui  finissent  par  combler  les  interstices  entre  les  rochers 
[ilôts  Casablanca  et  Goudier  (Port-Lockroy),  Petermann,  etc.]. 

Très  méfiant,  cet  Oiseau  craint  toujours  l'homme  qui  ne  peut  s'en 
approcher  que  par  surprise.  Grand  pilleur,  amateur  aussi  de  viande 
fraîche,  c'est,  comme  nous  l'avons  indiqué,  un  ennemi  redouté  des 
Sternes,  dont  il  va  voler  les  œufs  et  les  Poussins  dans  les  nids,  quand 
la  surveillance  se  trouve  relâchée.  Autour  de  la  station  d'hivernage,  nous 
avons,  à  maintes  reprises,  aperçu  ces  Oiseaux  autour  des  cadavres  de 
Phoques  et  des  dépouilles  de  Pingouins,  dont  ils  se  nourrissaient. 

Nous  avons  trouvé  des  colonies  de  ces  Goélands  aux  îles  Déception,  du 
Roi-George,  Wiencke,  Booth-Wandel,  Hovgaard,  Petermann,  Argentine 
et  en  divers  points  du  détroit  de  Gerlache,  de  la  côte  de  la  Terre  de  Gra- 
ham  et  jusqu'au  sud  du  cercle  polaire,  vers  la  baie  Marguerite  (îles  Webb, 
Léonie  et  Jenny). 

A  Petermann,  une  quinzaine  de  couples  nichent  sur  les  rochers  du 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  105 

sud  (lo  Vi\o.    Mais  c'est   princi|)aIomenl  sur  les   ilôts  du   Sud  (Charlat, 
Tliiébaull  et  [{oudel)  (ju'ils  sont  les  plus  nouibreux. 

Le  10  jauvier  1009,  uous  avous  trouvé  dans  les  nids  quelques  poussins 
âgés  d'une  dizaine  de  jours.  Au  début  de  mars,  les  jeunes  pouvaient  se 
suffire  à  eux-mêmes  et  abandonnaient  leurs  nids. 

Dès  le  mois  d'avril,  beaucoup  de  Goélands  remontent  vers  le  Nord.  Mais 
il  reste  toujours  dans  les  glaces  des  individus  isolés.  En  eil'et,  un  cadavre 
de  Phoque  vient-il  aétre  abandonné  sur  la  banquise,  quelques  Mouettes, 
douées  probablement  d'un  odorat  très  développé,  ne  tardent  pas  avenir 
partager  la  dépouille  avec  les  grands  Pétrels  [Ossifraga  gigantea). 

Le  25  août,  afTamés  sans  doute  par  le  manque  de  nourriture  dû  aux 
chutes  abondantes  de  neige  qui  ont  recouvert  les  cadavres  de  Phoques 
près  de  la  station  d'hivernage,  les  Goélands  chassent  les  Pétrels  des 
neiges.  Mais  ceux-ci,  beaucoup  plus  agiles  que  les  Larus,  déjouent  leurs 
attaques. 

Dès  le  début  d'octobre,  les  Goélands  reviennent  en  plus  grand  nombre 
dans  le  chenal  de  Lemaire.  Ils  se  posent  fréquemment  sur  les  rochers  de 
l'île,  les  adultes  sont  accouplés  (PI.  XIIl,  fig.  iil,  52).  Leur  nombre 
augmente  de  jour  en  jour,  et  nous  en  avons  constaté  près  de  200  rassemblés 
autour  des  dépouilles  de  Phoques  abandonnées  sur  la  banquise. 

Le  14  novembre,  les  Larm  commencent  leurs  nids,  et  nous  avons 
trouvé  les  premiers  œufs  le  20  novembre. 

Nous  avons  constaté  à  plusieurs  reprises  que  ces  Oiseaux  volent  par- 
fois à  de  grandes  hauteurs.  En  septembre,  tandis  que  nous  nous  trouvions 
à  900  mètres  d'altitude,  en  excursion  sur  im  glacier  de  la  Terre  de  Gra- 
ham,  nous  avons  vu  passer,  allant  vers  le  Nord,  à  une  hauteur  d'environ 
1  500  mètres,  deux  Lai  us.  De  même,  le  13  novembre,  au-dessus  de  l'ile 
Petermann,  nous  avons  aperçu  deux  Oiseaux  qui  volaient  vers  GOO  à 
800  mètres  de  hauteur. 

Une  numération  des  globules  du  sang  faite  sur  un  jeune  âgé  de  4  mois 
(10  avril)  nous  a  donné  une  moyenne  de  2  160000  hématies  par  milli- 
mètre cube  :  leurs  dimensions  étaient  de  17  à  18  -7.  sur  9  à  10  a  ;  tem- 
pérature de  l'oiseau:  4-39°,  2. 

Parasites.  —  Les  parasites  que  nous  avons  trouvés  sur  le  Larus  doiiii- 

Expédition  C/iarcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  anlaictiques.  i/4 


io6  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

tiicmnis  sont  des  parasites  internes  (Cestodosj  et  des  parasites  externes 
(Aptères). 

Les  Cestodes  rencontrés  dans  lintestin  d'un  Oiseau  adulte  (n°  149) 
appartiennent  à  une  espèce  nouvelle  que  MM.  A.  Raillietet  A.  Henry  ont 
appelée  C hoanotœniadomi/i iccma  (  ï  )  :  c'est  un  Ilelmintlie  voisin  du  C/innno- 
tœnia  rhynchoph  Fuhrm,  parasite  d'un  Laridè  de  l'Amérique  du  Sud. 

Les  Mallophages  recueillis,  qui  étaient  surtout  localisés  au  voisinage 
de  la  tète  et  du  cou,  appartiennent  à  2  espèces  :  le  Philoptenis  lari 
(0.  Fabricius)  et  le  Derjeericlhi  lineolnla  atrïmarci'mata  (Kellogg  et  Chap- 
man)  (2)  :  cette  dernière  espèce  fut  trouvée  en  grande  quantité. 

■Inurnal  (niùtholoçi'iquo  (Voir  carte  II,  G). 

t^.'?  Décembre  19I)S.  — Ile  Déception.  Aperçu  des  Goélands  et  des  nids 
assez  nombreux  sur  le  pourtour  de  Pori-Foster. 

i?7  et  "^8  Décembre  1908.  —  Port-Lockroy  (île  Wienckei.  Une  vingtaine 
de  nids  dont  7  trouvés  sur  l'îlot  Goudier.  Sur  cet  îlot,  il  y  a  une  grande 
accumulation  de  coquilles  de  Patelles.  Les  nids  sont  surtout  faits  de 
Mousses,  Lichens,  Algues  et  plumes.  Deux  œufs  par  nid  ;  un  seul  en  avait 
trois. 

Les  Oiseaux  sont  peureux.  Ils  ne  défendent  pas  leurs  nids  ;  ils  se  con- 
tentent de  voler  à  une  assez  grande  hauteur  au-dessus  du  visiteur.  Trouvé 
quelques  jeunes  en  duvet  qui  s'étaient  cachés,  blottis  dans  des  creux 
de  rochers. 

S  Janrier  1909.  —  lie  Booth-Wandel.  Ouolques  couples  sur  File. 
Trouvé  quelques  o^ufs  sur  les  rochers  de  la  colline  du  Cairn  ;  les  nids  sont 
éloignés  les  uns  des  autres,  peu  abrités  et  peu  confortables  :  deux  avaient 
trois  œufs,  les  autres  deux  œufs.  Ils  ne  sont  |)as  mélangés  avec  les  nids 
de  Sternes  qui  se  trouvent  dans  la  même  région.  Aperçu  quelques  débris 
d'œufs  de  Sternes  près  d'un  nid  de  Larus. 

lO.Jniirlcr  1909.  — Ile  Petermann.  Nidsasseznombreux,  principalement 
sur  les  îlots  du  Sud.  Heaucoup  de  coquilles  de  Patelles  sur  les  rochers. 

(1)  A.  Raii.i.iet  et  A.  IIenuy,  loc.  cit..  p.  37. 
(2i  L.-C.  Neiminn,  /oc.  cit.,  p.  18S,  nu. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  107 

/.■;  ./(i/ir/rr  HKHI.  —  lie  J('iiiiy.  11  y  a  pliisieui-s  couples  sur  Til*'.  Les 

nuls  suiil  [ilacés  dans  des  ébouiis,  jusqu'à  une  centaine  de  mètres  de 

hauteur.   Les    Poussins    sont  avancés;   chez  certains,  le  duvet  tombe. 

/;  Jfmricr  1909.  —  Ile  Léonie  (L.  :  (i?»  36'  S.  ;  G.  70o  44'  W.  P.  environ). 

Aperçu  quelques  nids  de  Larus. 

'25  Jaiir/cr  1909.  —  lie  VVi'id).  Dans  une  excursion  sur  la  banquise  de 
la  baie  Marj-uerite,  vu  (pielques  Lariis  sur  les  petites  îles  basses 
rocheuses,  ainsi  que  sur  Tilc  Wcbl),  qui  est  encore  prisonnière  dans  la 
banquise  et  se  trouve  à  cette  époque  à  40  kilomètres  de  la  mer  libre. 

8  Février  //^/^'/.  —  lies  Argentine.  Les  Goélands  nichent  nombreux  sur 
tous  les  rochers  bas,  au  voisinage  de  la  mer.  De  même  sur  les  îles  Jallours. 
Il  y  en  a  certainement  plusieurs  centaines  dans  toute  cette  région. 

iO  Avril  1909.  —  Ile  Peterniann.   Numération  des  hématies  chez  un 
Oiseau  de  4  mois.  Environ  1  100000  par  millimètre  cube. 
l'-2  Mai  1909.  — Chenal  libre,  nombreux  Larm. 
"21  Mai  1909.  —  Aperçu  quelques  Larus  tous  ces  jours, 
t^  Juin  1909.  —  Depuis  (jue  le  chenal  est  complètement  pris,  on  ne  voit 
plus  de  Goélands. 

:]  Juin  1909.  —  Ouelques  Oiseaux  autour  d'un  cadavre  de  Phoque. 
16  .lai/i  1909.  —  Des  Goélands  sont  venus  en  assez  grand  nombre  sur 
un  cadavre  de  Phoque  abandonné  sur  la  banquise. 

'■2'i  .Juin  1909.  —  Tandis  que  je  venais  de  tuer  un  C/iio/tis,  un  jeune 
Larus  (6  mois)  s'est  aussitôtabaltu  sur  le  cadavre  qu'il  allait  s'approprier 
sans  ma  prompte  intervention. 

19  Juillel  1909.  —  Quelques  Oiseaux  autour  de  la  station  d'hivernage. 
8  Août  1909.   —  Des  cadavres  de  Papous,  abandonnés  sur  l'île,  ont 
attiré  une  cinquantaine  de  Larus. 

'25  Août  1909.  —  Les  Goélands  sont  affamés  :  ils  poursuivent  les 
Pétrels  des  neiges. 

'26  Septembre  1909.  —  Nombreux  Larus  dans  le  chenal  de  Lemaire  ;  la 
plupart  portent  la  livrée  des  jeunes. 

4  Oetohre  1909.  —  Goélands  de  plus  en  plus  nombreux  aux  environs  de 
Peterniann.  Les  adultes  sont  accouplés.  Ils  semblent  se  préparer  à  faire 
leurs  nids. 


io8  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

7  Octobre  l'JO'J.  —  Ilots  du  Sud  de  Petermann.  Les  Goélands  sont  reve- 
nus. De  place  en  place,  sur  les  rochers,  des  amas  do  coquilles  fraîches 
de  Patelles  laissées  par  les  Oiseaux.  Les  jeunes  Lar.us  (10  mois)  com- 
mencent à  prendre  la  livrée  de  Tadulte. 

Aperçu  42  Lan/s  sur  un  cadavre  de  Phoque. 

10  Octobre  1909.  —  Ile  Petermann.  Une  centaine  de  Larus  aux  alen- 
tours de  Port-Circoncision,  sur  les  glaces  (PI.  XII,  fig.  51 ,  52). 
15  Octobre  1909.  — Goélands  toujours  en  grand  nombre. 

18  Octobre  1909.  —  Ile  Rooth-Wandel.  Aperçu  quelques  Lari(s  au  voi- 
sinage de  l'île. 

Ile  Hovgaard.  De  nombreux  Goélands  sur  les  rochers  de  la  pointe  ouest 
et  les  îlots  avoisinants. 

52  Octobre  1909.  —  Ile  Petermann.  Les  Lfous  commencent  leurs  nids. 

2,9  Octobre  1909.  —  Les  Oiseaux  rôdent  autour  des  rookeries  de  Pin- 
gouins, en  quête  d'un  mauvais  coup  à  faire. 

:>0  Octobre  1909.  —  A  marée  basse,  sur  les  quelques  plages  de  l'île 
Petermann,  les  Larus  vont  manger  des  Oursins. 

SI  Octobre  1909.  —  Assisté  à  la  poursuite  d'une  Mouette  par  une 
autre  Mouette.  Celle-ci  a  rattrapé  la  première  et  s'est  jetée  sur  elle.  L'Oi- 
seau a  reçu  un  violent  coup  de  bec  sur  le  crâne,  et  il  est  tombé  tout  étourdi 
sur  la  neige.  Il  lui  a  fallu  un  assez  long  repos  avant  (ju'il  reprenne  son 
vol. 

:i  NovemJire  1909.  —  Sur  les  cadavres  de  six  Phoques  crabiers  abandon- 
nés sur  un  floë,  il  y  a  plus  de  200  Larus. 

4  i\ore?n/)re  1909.  —  Les  Oiseaux  sont  toujours  très  nombreux  autour 
des  Phoques. 

1S  Novembre  1909.  —  Il  est  passé  deux  Larus  à  plusieurs  centaines  de 
mètres  au-dessus  de  Petei^mann. 

/  /  Novetnbre  1909.  —  Aux  îlots  du  Sud,  les  Oiseaux  font  leur  nids. 

'26  Novembre  1909.  —  Port-Lockroy.  Trouvé  5  œufs  sur  l'îlot  Goudier  : 
deux  nids  en  avaient  chacun  deux. 

/  Déceinlrre  1909.  —  Ile  Déception.  Sur  les  rochers  situés  à  l'ouest  de 
la  liasse,  en  face  la  baie  des  Baleiniers,  trouvé  entre  40  et  100  mètres  de 
hauteur,  une  forte  rookerie  de  Larus.  Il  y  adà  200  à  300  Oiseaux.  Trouvé 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  109 

plusieurs  nids;  l'un  d'eux  renlVi'iiuiil  3  cruls.  (Juelques  Larus  habitent 
aussi  les  falaises  de  la  pointe  ouest  de  l'entrée  de  Port-Foster. 

6  Dècemhic  HKI'J.  —  Détroit  de  Bransfield.  Aperçu  de  nombreux  Larux. 

7  Décembre  iHIHK  —  Ile  Déception.  Aperçu  des  nids  de  Larus  sur  les 
rochers  en  regard  du  détroit  de  Branslîed,  près  des  colonies  d'Antarctiques. 

'■J^Décrm/iref'JO!). —  Sur  la  rookerie  de  Sternes  de  Penduluni-Cove, aperçu 
un  Larus  qui  est  allé  tuer  d'un  cou[)  de  bec  un  poussin  de  Sterne. 

t^/  Drcoiiliip  l'.HW.  —  Baie  de  l'Anuraulé  (île  du  Roi-George).  Aperçu 
quelques  Goélands. 

'25  Décetnhrp  iHIHK  —  Baie  de  l'Amirauté.  Des  Goélands  tournaient  au- 
dessus  d'une  rookerie  de  Sternes  située  à  .^00  mètres  de  hauteur.  Quelques- 
uns  nichent  dans  les  environs. 

29  Décetnhrp  1909.  —  Quelques  nids  de  Larus  dans  l'anse  ouest  de  la 
baie  de  l'Amirauté. 

STERCORARIIDÉS 

9.  Megalestris  Maccormicki   Saunders. 

Collection  : 

N°  81.  —   9i  tu^6  à  la  suite  d'un  combat  avec  un  cf,  rochers  du  cap  Tuxen,    8-1-1909. 
Iris  brun.  Collier  jaune-paille  bien  marqué.  Estomac  :  Mousses,  Lichens,  Poissons. 
L.  T.  :  570.  -  E.  :  1  310.  -  A.  :  393.  -  O.  :  170.  -  B.  :  42.  -  T.  :  58.  -  D.  M.  : 
71-13. 
No  89.  —  cf,  tué  sur  la  banquise  près  du  cadavre  d'un  Phoque,  baie  Marguerite,  30-1-1909. 
Iris  brun.  Collier  jaune-paille   bien  marqué  ;  taches  blanches  sur  le   manteau. 
Estomac  :  viande  de  Phoque. 
L.  T.  :  575.  -  E.  :  1  320.  -  A.  :  380.  -  Q.  :  175.  -  B.  :  49.  -  T.  :  55.  -  D.  M.  : 
66-13. 
N°  99.  —  9  pull,  (quatre  à  cinq  semaines),  île  Peterraann,  7-II-1909.  Iris  brun  ;  en  duvet, 
couleur  générale  gris  brunâtre.  Tarses  et  pattes  d'un  beau  gris  bleuté.  Estomac  : 
Euphausies,  Mousses,  petits  caillou.x. 
L.  T.  :  320.  -  E.  :  480.  -  A.  :  95.  -  B.  :  31.  -  T.  :  47.  -  D.  M.  :  55-9. 
N°  100.  —   9  pull,  (cinq  à  six  semaines),  même  provenance.  Iris  brun  clair.  Estomac  : 
Mousses,  Algues,  Poisson. 
L.  T.  :  400.  -  E.  :  805.  -  A.  :  193.  -  Q.  :  7G.  -  B.  :  34.  -  T.  :  53.  -  D.  M.  :  63-11. 
N'J  101.  —  cf  pull.  Habitat  du  99.  Iris  brun  clair.  Estomac  :  Mousses,  petits  cailloux. 
Duvet  gris  brun,  encore  abondant  sur  la  tête,  le  cou,  le  ventre,  le  bas-ventre  et  la 
région  anale.  Ailes  d'un  noir-marron.  Tarses  et  doigts  gris  foncé  et  bleu. 
N°  104.  —  cf,  lie  Petermann,  9-II-1909.  Iris  brun  foncé.  Estomac:  Mousses.  Collier  jaune- 
paille  légèrement  marqué,  quelques  plumes  du  manteau  à  extrémités  blanches. 
L.  T.  :  539.  --  E.  :  1  323.  -  A.  :  384.  -  0.  :  162.  -  B.  :  50.  -  T.  :  54.  -  D.  M.  : 
65-13. 


lio  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

N"  105.  —  cf,  île  Petermann,  9-11-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  vide,  un  caillou. 

L.  T.  :  562.  -  E.  :  1  334.  ~-  A.  :  410.  -  cf-  :  190.  -  B.  :  50.  -  T.  :  54.  -  D.  M.  : 
70-14. 
N"  137.  —  cf  juv.  (deux  mois),  pris  à  la  main  sur  les  rochers  du  nord  de  Petermann, 
21-11-1909.  Iris  brun  clair.  La  couleur  générale  est  celle  de  l'adulte  ;  il  reste  un  peu 
de  duvet  sur  le  jugulum,  la  poitrine  antérieure  et  les  parties  postérieures  du 
corps.  Estomac  :  Mousses,  petits  cailloux. 
L.  T.  :  440.  -  E.  :  1  120.  -  A.  :  288.  -  Q.  :  112.  -  B.  :  43.  -  T.  :  57.  -  D.  M.  : 
71-13. 
N"  138.  —  cf  juv.  Habitat  du  137.  Iris  brun.  Quelques  petites  touffes  de  duvet  dans  les 
régions  postérieures  du  corps.  Estomac  :  petits  cailloux. 
L.  T.  :  505.  -  E.  :  1  190.  -  A.  :  320.  -  Q.  :  123.  -  B.  :  43.  -  T.  :  56.  -  D.M.  : 
70-15. 
N°  139.  —  rf,  île  Petermann,  28-11-1909.  Iris  brun.  Collier  peu  marqué.  Estomac  :  plumes 
d:   Pingouin. 
L.  T.  :  537.  -  E.  :  1  290.  -  A.  :  377.  -  0.  :  170.  -  B.  :  50.  -  T.  :  57.  -  D.  M.: 
69-12. 
N°  140.  —  Ç.  Habitat  du  139.  Iris  brun  ;  collier  jaune-paille  bien  marqué,  manteau  brun. 
Estomac  :  plumes  de  Pingouin,  Mousses,  petits  cailloux. 
L.  T.  :  546.  -  E.  :  1  300.  -  A.  :  392.  -  0.  :  163.  -  B.  :  47.  -  T.  :  56.  -  D.  M.  : 
70-15. 
'N"  141.  —   9-  Habitat  du  139.  Iris  brun-marron:  quelques  plumes  jaune-paille  dans  h 
région  du  cou,  manteau  bruri  foncé.  C'est  probablement  un  jeune  de  l'année  précé- 
dente (treize  à  quatorze  mois).  Estomac  :  plumes  de  Pingouin,  Poisson. 
L.  T.  :  500.  -  E.  :  1  320.  -  A.  :  394.  -  Q.  :  162.  -  B.  :  46.  -  T.  :  54.  -  D.  M.: 
68-14. 
N°  142.  —  Ç.  Habitat  du  139.  Iris  brun  foncé;  collier  jaune-paille  très  peu  marqué;  man- 
teau brun  foncé.  Probablement  un  Oiseau  âgé  de  treize  à  quatorze  mois. 
L.  T.  :  582.  -  E.  :  1  310.  -  A.  :  390.  -  Q.  :  176.  -  B.  :  50.  -  T.  :  53.  -  D.  M.  : 
68-14. 
Embryons  et  poussins  : 
No>*  33  et  34.  —  2  embryons  de  dix  à  quinze  jours.  —  35  et  36:  2  embryons  de  vingt  et  un 

à  vingt-trois  jours.  Port-Lockroy,  lie  Wiencke,  27-XII-1908. 
N»^  55-56.  —  2  embryons  de  trois  semaines.  Ile  Booth-Wandel, rochers  de  la  colline  Jeanne, 

30-XII-1908. 
N"  62.  —  1  embryon  provenant  d'un  nid  placé  au  sommet  de  Petermann  (130  mètres). 

4-1-1909. 
N°s  65-66.  —  Poussins  âgés  de  quelques  jours  capturés  dans  lenid  (4-1-1909).  —  67  :  Pous- 
sin d'une  dizaine  de  jours  (5-1-1909). 
I,.  T.  :  206.  -  E.  :  198.  -  B.  :  19.  -  T.  :  29.  -  I-.  M.  :  38-8. 
Nos  68-70.  —  3  embryons  de  deux  semaines  (5-1-1909).  —  71  :  embryon  au  terme  de  l'incu- 
bation (5-1-1909).  --  72  :  1  embryon  de  seize  à  dix-huit  jours  (5-1-1909).  —  73  :  1 
embryon  de  vingt-deux  à  vingt-quatre  jours  (5-1-1909).  Ile  Petermann. 
N»  41.  —  Un  œuf  71  X  47,  au  moment  de  l'éclosion  ;  île  Petermann,  5-1-1909. 
Nos  883.  —  Poussin  âgé   d'un   ou  deux  jours  ;  bec  gi-is  bleuté,  tarses  et  pattes  de  même 
couleur  ;  iris  brun.  Filoplumes  d'un  brun  soyeux.  —  884  :  un  embryon  au  terme 
de  l'incubation,  provenant  d'un  œuf  trouvé  dfns  le  même  nid  que  lePoustin 
précédent.  Le  nid  était  placé  sur  une  pointe  rocluHise  de  l'extrémité  est  de  la  baie 
de  l'Amii-auté,  lie  du  Roi-George  (25-XIM909). 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  m 

Nous  aviHis  on  outri'  cousi'rvi'  da  Oiseaux  dans  ]o  snl,  des  squelettes  et  des   systèmes 
nerveux. 

Le  .yegalestris  Marroruiirhi  psl  ua  Oiseau  localisé  aux  régions  glacées 
ansli'aies.  Dans  VAuldrlic  Manuel.,  11.  Saunders  (1)  fixe  les  limites 
exlrèmes  d(>  répartition  de  cette  espèce  entre  les  70"  et  78°  de  latitude 
Sud.  Mais  ces  limites  sont  bien  inférieures  à  la  réalité.  Vers  le  Nord,  cet 
Oiseau  peut  remonter  jusqu'au  (»0"  de  lat.  S.,  et  c'est  actuellement  l'Oi- 
seau qui  a  été  rencontré  le  plus  loin,  au  Sud.  Au  cours  de  l'expédition  de 
la  «  Discovery  »  (1 1)01-1  *.l04i  pendant  un  raid  sur  la  grande  barrière  de 
Glace,  le  W  E.  A.  Wilson  et  le  capitaine  Scott  ont  rencontré  deux 
ou  trois  individns  par  80°  20'  S.  à  170  milles  de  l'eau  libre  (10  décembre). 
L'un  des  Chiens  du  traîneau  ayant  été  tué  pour  servir  de  nourriture  aux 
autres  animaux,  l'odeur  du  sang  transportée  par  un  vent  du  Sud  avait 
seule  pu  guider  les  Mégalestris  pour  franchir  cette  énorme  distance.  Ces 
animaux  ont  certainement,  avec  une  très  bonne  vue,  le  sens  de  l'odorat 
des  plus  développé. 

Ces  Skuas,  très  voisins  de  l'espèce  M.  antarctica  (Lesson)  qui  habite 
plus  au  nordets'étend  sur  les  régions  circumantarctiques,ontchez  l'adulte 
une  teinte  générale  brune  qui  peut,  comme  nous  allons  le  voir,  présenter 
quelques  variations  suivant  l'âge  et  l'époque  de  l'année.  Ces  différences 
dans  la  livrée  de  l'adulte  ont  été  très  bien  étudiées  par  Wilson  (2)  ;  nous 
avons  vérifié  ses  observations  pendant  la  campagne  du  «  Pourquoi  Pas?  » 
et  nous  donnons  rapidement  la  description  des  différentes  livrées  que 
peuvent  présenter  ces  Oiseaux. 

Lavariétéde  coloration  du  Skua  s'étend  de  la  teinte  chamois  très  clairou 
presque  blanche  au  brun  foncé.  Je  dois  dire  cependant  que  jamais  nous 
n'avons  trouvé,  parmi  les  nombreux  Oiseaux  observés  sur  toute  la  côte 
ouest  de  l'Antarctique  sud-américaine,  de  livrées  très  pâles.  Mais  on  put 
trouver  tous  les  intermédiaires  entre  les  Oiseaux  à  plumage  presque  uni- 
formément brun  noirâtre  et  les  individus  très  pâles.  Ces  variations  n'ont 
rien  à  voir  avec  le  sexe  ;  elles  ne  dépendent  que  de  l'âge  de  l'Oiseau  ou 

(1)  H.  Saumiers.  Birds,  in  G.  M^rrav,  TIw  Aniarctic  iwLnual  for  Ihe  Use  of  Exjiciliiion  of  1901, 
London,  1001,  2^>-%i%. 

(2)  E.  A.  Wn.soN,  Aves,  in  Nalionat  mit.  E.vp.  1!>0 l-tt)(l'i,  'Sn\uidl  llisloiy,  vol.  Il,  Zoology, 
London,  1907,  p.  74. 


112  OISEAUX     ANTARCTIQUES. 

do  la  mue.  Ce  changement  de  couleur  dépend  surtout  du  hlanchiement  des 
plumes,  lequel  est  très  grand  pendanlles  mois  d'été,  jusqu'à  la  période 
de  la  mue,  qui  se  produit  fin  janvier  ou  février.  Cette  mue,  dans  laquelle 
les  plumes  usées  et  blanchies  sont  remplacées  par  d'autres,  est  certaine- 
ment plus  complète  et  plus  rapide  chez  les  jeunes  que  chez  les  vieux 
adultes.  En  effet  ces  derniers,  même  après  la  mue,  conservent  souvent,  et 
principalement  sur  le  manteau,  des  plumes  dont  les  extrémités  sont 
blanches. 

Ouand,  au  mois  d'octobre,  les  Oiseaux  viennent  du  Nord  pour  retrou- 
ver leurs  lieux  de  ponte,  presque  tous  ont  un  plumage  brun  foncé.  Puis 
peu  à  peu,  vers  le  mois  de  décembre,  la  livrée  des  Oiseaux  s'éclaircit  et  le 
cas  le  plus  fréquent  qui  se  présente  est  celui  des  Oiseaux  d'un  brun 
foncé  ayant  sur  les  régions  dorsales  quelques  plumes  qui  se  fanent  et 
blanchissent.  En  janvier,  ce  blanchiment  des  plumes  s'accentue,  et 
certains  présentent  une  teinte  générale  pâle,  d'un  brun  jaunâtre. 

Puis  en  févriei',  la  mue  ayant  commencé  chez  quelques  Oiseaux,  on 
retrouve  un  mélange  d'Oiseaux  clairs  et  d'Oiseaux  foncés,  ceux-ci 
paraissant  être  les  plus  nombreux,  car  beaucoup  ont  perdu  les  plumes 
usées  blanchâtres  qu'ils  avaient  en  décembre  et  janvier.  En  mars,  les 
Oiseaux  sombres  sont  en  majorité. 

Après  la  mue,  les  plus  vieux  adultes  sont  brun  foncé  et  rien  ne  les  dif- 
férencie des  jeunes,  si  ce  n'est  le  collier  coloré  de  jaune-paille  qui  inté- 
resse plus  ou  moins  la  gorge,  le  jugulum,  et  surtout  les  côtés  et  le  der- 
rière du  cou.  L'intensité  de  ce  collier  varie  beaucoup.  Chez  quelques 
Oiseaux  il  est  très  net,  tandis  qu'il  est  absent  chez  d'autres,  et  c'est  chez 
les  Oiseaux  les  plus  vieux,  dans  la  phase  du  plumage  blanchâtre,  que  la 
teinte  jaune-paille  des  plumes,  teinte  qui  ne  disparaît  pas,  semble  être 
le  plus  accentuée. 

Enfin  il  arrive  assez  fréquemment  que  les  tarses  des  Skuas  adultes  sont 
d'un  gris  bleuté  dans  la  partie  supérieure,  tandis  qu'ils  passent  graduel- 
lement au  noir  franc  vers  le  bas.  Cette  teinte  bleutée  est  un  reste  de  la 
coloration  du  premier  âge  ;  mais  ce  n'est  pas  dans  l'âge  adulte  une  carac- 
téristique de  l'espèce,  car  elle  djsparait  le  plus  souvent.  Il  peut  même 
arriver  que  l'on  constate  pareille  coloratign  chez  des  formes  jeunes  de 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  113 

M.  (tnl'ircl'ua.  Donc  nous  voyons,  par  ce  qui  suit,  que  les  variations  indivi- 
duelles sont  très  grandes  chez  cetle  espèce,  aussi  bien  dans  la  couleur  des 
plumes  que  dans  celles  des  tarses  et  dos  pattes.  Les  grifies  sont  noires 
à  tous  les  âges. 

Ces  Skuas  sont  surtout  caractérisés  par  leur  vie  de  véritables  carnas- 
siers, toujours  prêts  à  faire  le  mal,  non  seulement  aux  autres  Oiseaux, 
mais  encore  à  eux-mêmes.  Ils  se  livrent  entre  eux  de  violents  combats 
qui  se  terminent  souvent  par  la  mort  de  l'un  des  adversaires. 

Ces  Mêgalestris  habitent  nombreux  aux  Shetlands  du  Sud,  sur  les  îles 
et  les  terres  du  détroit  de  Bransfield,  où  ils  sont  mélangés  au  M.  antarctica.^ 
et  sur  toute  la  côte  ouest  de  TAntarctidc  sud-américaine,  probablement 
jusqu'à  la  Terre  Alexandre,  par  environ  70°  de  lat.  S. 

Sur  les  plages  de  l'ile  Déception,  parmi  les  cadavres  de  Baleines,  au 
voisinage  de  l'île  Petermann  et  sur  la  banquise  de  la  baie  Marguerite, 
dans  les  endroits  où  ils  ne  nichaient  pas,  et  où  ils  n'avaient  pas  à  défendre 
leurs  nids,  autour  des  cadavres  de  Phoques,  ils  étaient  peu  craintifs  et 
pas  agressifs  :  on  pouvait  les  approcher  de  tout  près,  tandis  qu'ils  dévo- 
raient la  graisse  de  Phoque  ou  se  nourrissaient  des  dépouilles  de  Pin- 
gouins. Ils  se  UK^lient  les  uns  des  autres  et  sont  ennemis  de  la 
communauté.  On  voit  parfois  les  couples  se  rapprocher,  les  deux  Oiseaux 
l'un  en  face  de  l'autre,  les  ailes  déployées  et  la  tête  haute,  poussant  des 
cris  aigus,  avant  de  reployer  leurs  ailes.  Ces  poses  et  ces  cris  corres- 
pondent-ils à  de  la  joie  ou  à  de  la  colère?  A  de  la  mauvaise  humeur, 
croyons-nous,  car  nous  avons  plusieurs  fois  assisté  à  des  luttes  après  ce 
premier  engagement. 

C'estsurtout  à  l'île  Petermann  que  nous  avons  pu  étudier  ces  Oiseaux. 
A  notre  premier  passage  nous  avons  trouvé  une  colonie  de  200  à  300  in- 
dividus sur  la  face  nord  de  l'île  s'étendant  du  niveau  de  la  mer  au  sonmiet 
(130  mètres)  en  un  endroit  bien  exposé  au  soleil,  où  la  fonte  dé  la  neige 
est  rapide. 

Le  nidest  simple  :  aucun  a})prèt,  une  dépression  dans  le  sol  ou  un  creux 
dans  la  roche.  Mais  sur  cette  face  de  l'île,  qui  était  en  grande  partie 
couverte  de  touffes  épaisses  de  mousses,  beaucoup  d'Oisfeaux  en  avaient 
profité   et  fait  leur  nid   notamment  sur  des  toufTes   de    Dijniiu  a/gens 

El pédilion   l'haiTot.  —  Cain.  —  Oiseaux  ;inl;irctiqucs.  15 


114  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

(Cardot)  (PI.  XII,  fii;.  i8).  Les  nids  sont  assez  espacés  les  uns  dos  autres 
pour  éviter  les  querelles  qui,  entre  Oiseaux  aussi  batailleurs  et  voleurs, 
ne  peuvent  manquer  de  se  produire. 

Dans  les  nids  nous  avons  trouvé  un,  le  plus  souvent  deux  a^ufs  (PI.  XII, 
fig.  io).  Les  Poussins  étaient  encore  rares  :  un  nid  en  avait  deux. 

Les  œufs  sont  en  général  bruns  ou  l)run  verdàtre  à  taches  plus  foncées 
(PI.  IX,  fig.  37,  T).  Le  tableau  suivant  donne  les  dimensions  de  ceux  que 
nous  avons  conservés  : 


NUMKIïO 

LONG r EU U 

I.AIUiELn 

l'ONTK. 

en 

fti 

LOCALITÉ. 

DATE. 

donire. 

niillinit'lrt"-. 

inilliim'ties. 

.-)i'i 

71,5 

il 

Porl-Lockroy,  baie  Dorinn 
(île  ^^'ienckc'). 

27-XII-iU08. 

51.-, 

(15.5 

iS 

— 

— 

.-)ir, 

i-j.r> 

i'.l 

Ilot  (ioudicr  fPort-Loc- 
lo-iivK 

— 

.-)17 

71 

i<.).5 

— 

— 

."•  M.-) 

ire 

i  .) 

5(1.5 

Ile  Pclerniann. 

'i-l-ioon. 

:m 

■)c 

74,5 

52 

— 

.5-1  l'.MI'.l. 

T)'.','! 

— 

72 

iS.5 

— 

— 

538 

ire 

7-J 

V.1.5 

— 

— 

530 

i .) 

51.5 

— 

— 

5i0 

7(1 

50 

Les  Skuas  savent  par  leurs  menaces  intimider  les  visiteurs  qui  s'ap- 
[)rochent  de  leurs  nids.  En  décrivant  de  grands  cercles,  un  Oiseau  tour- 
billonne au-dessus  de  leur  tète,  tout  en  poussant  des  cris  peirants;  puis 
il  fonce  di'oit  sur  eux  connue  s'il  voulait  leur  porter  un  cou[)  à  la  tète. 
Il  prend  alors  un  nouvel  élan  et  charge  à  nouveau.  Ce  manège  continue 
jusqu'àce  qu'on  se  soit  éloigné  du  nid.  Parfois,  mais  rarement  cependant, 
le  coup  porte  :  coup  de  bec  ou  coup  d'aile.  Pendant  qu'un  Oiseau  essaye 
ainsi  d'ell'rayer  l'intrus,  l'Oiseau  qui  couve  pousse  sans  arrêt  des  cris 
perçants  et  très  rauques  signalant  ainsi  la  place  de  son  nid  :  il  n(>  (|uitte 
celui-ci  que  lorsqu'on  est  prêt  à  le  toucher.  Mais  alors  il  se  joint  à  l'autre, 
et  les  deux  parents  foncent  à  qui  mieux  mieux  sur  le  visiteur  jjoiir  lui 
faire  abandonner  la  place. 


OISE  Al' X    ANTARCTIQUES.  115 

Ces  Oiseaux,  sans  mil  ddiite,  sont  très  courageux;  mais  ils  ne  sav(Mii 
|>asap|)récier  le  daniicr  on  Iciii'  voracité  dépasse  l'instinct  de  la  conser- 
valioii.  l'ii  Skua  esl-il  lin''  d'un  couii  d(>  l'eu,  aussitôt  les  Mégaleslris  des 
alentours  ariixcnl  (>t  voltigent  au-dessus  du  cadavre.  Un  second  Oiseau 
esl-il  abattu,  le  -  auli-es  ne  se  sauvent  ])as.  Est-ce  la  cui-iosité  ([ui  les 
pousse  à  voler  ainsi  au-dessus  des  cadavr(»s  de  hnirs  congénères,  ou  bien 
l'attrait  d'un  bon  rei»as?  Nous  opinons  pour  cette  dernière  version,  car 
nous  avons  fait  l'expérience  suivante  :  après  avoir  tué  d'un  couj)  de  pio- 
let un  Mégalestris  qui  nous  pourcliassait,  nous  avons  abandonné  son 
cadavre,  tandis  que  les  autres  Oiseaux  tournoyaient  au-dessus  de  lui  ;  dès 
notre  dépai't,  lesSkuas  sesont  abattus  sur  l'Oiseau  mort  et  se  sont  disputé 
sa  dépouille. 

L'incubation  dure  environ  quatre  semaines.  Dans  les  derniers  jours  de 
l'incubation  et  à  sa  sortie  de  l'onif,  le  Poussin  a  un  duvet  gris  bleuté, 
tandis  que  le  bec,  les  tarses  et  les  pattes  sont  d'un  bleu  grisâtre  clair. 
Cette  couleur  gris  bleuté  du  duvet  est  remplacée  au  bout  de  quelques 
jours  par  une  tonalité  brune  jaunâtre  qui  résulte,  comme  l'a  constaté 
Wilson,  d'une  absorption  par  ce  duvet  d'une  certaine  quantité  de  graisse 
de  la  peau.  Après  le  développement  des  plumes,  des  ailes  et  du  corps, 
les  tarses,  les  doigts  et  les  palmures  noircissent  graduellennnit,  la  teinte 
foncée  s'étendant  peu  à  peu  d'abord  sur  les  doigts  et  les  palmures,  puis 
gagnant  lentement  la  région  supérieure  des  tarses.  Entîn,  lorsque  l'Oiseau 
a  presque  atteint  la  taille  de  l'adulte,  les  tarses  et  les  pattes  sont  noirs,  à 
l'exception  d'une  jjartie  qui  est  restée  d'une  bleu  clair  vers  le  talon.  Chez 
l'adulte,  \c  tout  est  entièrement  noir. 

Les  Poussins  (PI.  Xll,  fig.  50)  sont  capables  de  courir,  de  chercher  et 
de  prendre  eux-mêmes  leur  nourriture  dès  la  sortie  de  l'ceuf.  Nous 
n'avons  jamais  vu  les  parents  nourrir  directement  les  jeunes  :  les  adultes 
déposent  sui'  le  sol,  près  du  nid,  d<'s  fragments  de  Poisson  ou  de  Crustacés 
que  li'S  Poussins  mangent,  agissant  en  cela  exactement  comme  le  fait 
une  Poule  avec  ses  petits.  Très  tôt,  les  parents  abandonnent  b^s  jeunes, 
ou  tout  au  moins  ne  leur  prodiguent  pas  des  soins  empressés,  vou- 
lant sans  doute  les  habituer  à  supporter  de  bonne  heure  le  climat 
riy;oureux  de  ces  régions.  Ils  abritent  peu  les  Poussins,  et  ceux-ci,  par  les 


ii(,  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

belles  journées,  se  chaufl'ent  au  soleil,  tandis  que,  les  jours  de  neige  ou 
de  vent,  ils  se  nieltent  à  Tal)!'!  dans  un  creux  de  rocher. 

Ils  sont  peureux  il  notre  approche  et  se  mettent  alors  à  courir  pour 
aller  se  cacher. 

Los  nids  de  ces  Skuasrenfernientengénéraldeuxœufs(Pl.  XIÏ,  fig.  45). 
Mais  fréquemment  l'un  des  œufs  est  mangé  par  les  parenis  ou  par  un 
autre  Oiseau  delà  colonie.  Le  iJ  janvier,  tandis  que  je  visitais  lacolonie  de 
Petermann,  il  m'est  arrivé  de  casser  un  (euf  par  mégarde  :  la  femelle  Ta 
aussitôt  dévoré. 

Lorsqu'il  y  a  d(Hix  Poussins  par  nid,  ceux-ci  s'accordent  mal  entre 
eux.  Et  des  deux,  pres(|ue  toujours  un  seul  survit,  l'autre  ayant  été  tué 
soit  par  ses  parents,  soit  par  d'autres  Oiseaux,  soit  par  son  voisin.  .l'en 
ai  vu,  quelques  jours  après  leur  naissance,  se  battre  avec  acharnement, 
accrochés  l'un  à  l'autre  par  leurs  grilles,  et  se  frappant  de  leur  petit  bec, 
tout  en  poussant  des  cris.  D'ailleurs,  pres(ju(»  toujours,  l'un  des  deux 
Poussins  est  de  meilleure  venue  et  paraît  plus  robuste  que  l'auti-e. 

A  la  suite  des  batailles  qu'ils  se  livrcnl,  comme  conséquence  aussi 
du  manque  de  soins  de  leurs  parents,  les  deux  Poussins  d'un  même  nid 
tendent  à  s'éloigner  l'un  de  l'autre.  Aussi  abandonnent-ils  vite  leur  nid, 
pour  courir  dans  les  rochers.  L'un  des  deux  vient-il  à  s'éloigner  de  la 
surveillance  des  parents,  il  est  fatalement  volé  et  tué  par  un  voisin  all'amé. 
C'est  ainsi  que,  le  10  janvier,  près  d'un  nid  abandonné,  nous  avons  trouvé 
un  poussin  mort;  il  était  àg('  de  six  à  huit  jours  :  les  yeux  avaient  été 
arrachés,  le  ventre  ouvert  et  vidé. 

A  la  fin  de  février,  les  jeunes  ont  presque  atteint  la  taille  des  adultes. 
Certains  commencent  à  voler.  Au  mois  de  mars,  ils  ont  abandonné  leur 
rookerie,  et  on  en  voit  autour  des  cadavres  de  Phoques  près  de  Port-Cir- 
concision. Ils  se  distinguent  facilement  des  adultes,  gràceà  leur  plumage 
uniformément  brun,  la  région  du  cou  ne  présentant  aucune  teinte  jaune. 

Toujours  sur  le  (jui-vive,  les  Mégalestris  sont  constamment  prêts  à  la 
lutte  et  à  la  rapine.  Ils  se  livrent  de  très  violents  combats,  qui  se  ter- 
minent souvent  par  de  graves  blessures  (  L'J  décembre)  et  même  par  la 
mort  de  l'un  des  combattants  (8  janvier).  Véritables  malfaiteurs,  ces 
Oiseaux  mènent  une  vie  de  pirates. 


OISEAUX     ANTARCTIQUES.  117 

Tout  est  l)(ni  |M)ur  li'iii'  iioiiri'ilui'c  :  au  Ixird  de  laiiier,  ils  ramassent  ce 
([u'ils  |i(Miv(Mil  li'oiivci'  (■oiiiinc  Poissons  cl  ili-uslacés;  (|iiaiKl  ils  n'ont  |»as 
autre  chose,  ils  nedédaii:,iienl  ni  les  Alignes,  ni  les  Mousses,  ni  les  Lieln'ns. 
Ils  savent  hai'celcr  les  (lorniorans  (|ui  reviennent  de  la  pèche  et  leur  faire 
dégori:,('r  ce  (ju'ils  ont  avalé.  Ils  l'ont  de  (Véquentes  visites  aux  cadavres 
de  Phoques  et  de  Pingouins.  VA  ils  n'oublient  pas  en  octobre  et  novembre 
d(>  surveiller  la  ban(|uise  :  c'est  l'époque  où  les  Phoques  de  Weddell  et 
les  Phoques  Crabiers  mettent  bas  lenrs  petits  ;  et  les  Skuas  ont  vile  fait 
disparaîti'e  tous  les  d(''bris  de  placenta. 

iMais  ils  s"atta(|uent  aussi  à  d'autres  Oiseaux.  Ils  sont  particulièrement 
friands  des  œufs  et  des  poussins  de  Pingouins,  et  cette  préférence  les 
guide  souvent  dans  le  choix  de  l'emplacement  de  leur  nid. 

Aussi  à  tous  les  points  où  nous  avons  rencontré  des  colonies  soit 
d'Adélies,  de  Papous,  d'Antarctiques  ou  de  Pingouins  huppés,  toujours 
nous  avons  trouvé  des  nids  de  Mégalestris  dansleurs  environs  immédiats. 
Dès  que  les  Pingouins  ont  |)ondu,  les  Mégalestris  veillent.  Malheur 
au  pauvre  Oiseau  qui  surveille  mal  son  teuf  ou  son  poussin;  le  Skua 
n'a  pas  de  pitié  :  il  se  précipite  sur  le  nid  et,  tout  en  passant,  vole  l'œuf 
ou  le  jioussin  qu'il  enqjorte  au  loin  pour  le  déguster  ou  le  dévorer  tout 
à  son  aise.  Autour  du  nid  de  ce  (loéland,  ce  ne  sont  que  débris  d'œufs  et 
dépouilles  de  poussins  ravis  dans  le  voisinage. 

Plusieurs  fois,  notamment  sur  les  rookeries  de  P.  antarctica  deVile 
Déception  (  lo  décembre),  nous  avons  assisté  au  vol  d'œufs  par  des  Méga- 
lestris nichant  dans  le  voisinage. 

Ils  se  jettent  aussi  sur  les  jeunes  Pingouinsde  plusieurs  semaines,  qu'ils 
attaquent  aux  yeux  et  réduisent  à  leur  merci. 

Nous  rapportons  à  cet  effet  une  observation  faite  par  A\Mlson  sur  la 
rookerie  des  Adélies  du  cap  Crozier,  située  dans  l'est  de  l'île  Uoss. 

«  Hanging  round  the  rookery,  with  the  unmistakable  look  of  a  thief, 
the  Skua  will  run  up  to  a  Chicken  almost  as  big  as  himself,  drag  it  by 
degress  away  from  the  more  crovvded  part  of  the  rookery,  and  tlien  gra- 
dually  worry  it  to  death  :  eventually  tearing  a  ragged  hole  in  the  skin  of 
the  back  over  the  Kidneys,  with  are  generally  the  fîrst,  and  often  the 
.    only  parts  that  are  touched.  The  Penguin  Chick  pipes  his  loudest,    but 


U8  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

the  oitl  Birds  standinjj,  roiiiul  takc  voi'v  liltic  notice.  Occasionally  one  in 
passing  \\\\[  niake  a  niii  at  Ihc  Skiia  and  drive  him  ofV  for  a  niomont,  hnt 
the  Chick  is  separated  IVoni  the  rest,  and  the  oidrenguin  has  no  mind  lo 
stop  and  shelior  him,  so  back  the  Skua  cornes  to  complète  his  \voi'k. 
Literaliy,  in  a  rookery  such  as  that  of  Copo  Crozicr,  one  cannot  walk  tcn 
yards withont  coming  on  a  dead  Penguin  (Ihick.  Many  of  thèse,  as  one 
would  expeet  in  a  cHmate  where  decay  is  very  slow,  are  dried  and  flat- 
tened  mnmmies,  trodden  down  and  tranii)led  into  Ihc  stoncs  and  guano 
that  cover  llie  ground.  Ikit  an  enornions  })roporlion  are  seen  to  be  fresh 
\ictims,  if  one  visits  a  rookery  in  January,  when  the  Skuas  havenot  only 
themselves  luil  their  young  to  feed  (1).  » 

Nous  avons  anssi  constaté  la  présence  de  cadavres  de  jeunes  Poussins 
dans  le  voisinage  des  principales  rookeries  de  Pingouins  que  nous  avons 
visitées. 

A  la  fin  de  l'été,  les  Mégalestris  quittent  peu  à  ]jeu  leurs  lieux  de  ponte 
et  remontent  \ers  le  Nord.  A  Peterniann,  les  dci'uiei's  Oiseaux  abandon- 
nèrent l'ile  entre  le  lli  et  le  ^0  avril. 

Ils  ne  revinrent  que  six  mois  après.  Le  premier  Skua  fut  aperçu  le 
23  octobre.  Vers  la  tin  de  novembre,  les  Oiseaux  sont  revenus  sur  leurs 
anciennes  rookeries. 

Les  premiers  œufs  sont  trouvés  au  débnl  de  décembre  et  les  premiers 
poussins  au  début  de  janvier. 

Ces  dates  coïncident  avec  les  suivantes  que  Wilson  enregistre  pendant 
les  années  1002-11)03,  au  détroit  de  Mac-Murdo,  par  77°  30'  environ  de 
lat.  S. 

(1)  Iv-A.  Wii.sox,  loc.  cit.,  p.  73: 

SmvL'illaiil  la  ruokeiio   avec  le  retrard  peiçanl  d'un  voleur,  le  Skua  rouit   sur  un   poussin, 

l'enl raine  iJiesque  en  deliors  de  la  zone  habitée  de  la  cité,  et  le  tourmente  cruellement;  eniin  il 

lui  perce  la  peau  du  dos  et  atteint  les  reins,  qui  sont  souvent  les  premières  et  les  seules  pailies 

vitales  touchées.  Le  jeune  Pingouin  pousse  alors  des  cris  perçants,  mais  les  Oiseaux  adultes  n'en 

tiennent  nul  coniple  et  restent  à  leur  place.  Par  hasard,  un  Oiseau,  en  passant,  poursuit  le  .Skua  et 

l'éloigné  un  instant  de  sa  proie  ;   mais  le  poussin  est    sépaié   des  liabilants  de   la  colonie,   et 

comme  le  vieux  Pingouin  n'a  pas  l'idée  de  s'arrêter  pour  le  protéger,  le  Mégalestris  rebiousse 

chemin  et  achève  son  (cuvre.  11  n'est  pas  exagéré  de  dire  que,  dans  une  rookerie  comme  celle  du 

cap  Crozier,  on  ne  peut  pas  faire  10  mètres  sans  trouver  un  cadavre  de  poussin.    Beaucoup, 

ainsi  qu'on  peut  s'y  attendre  dans  un  pays  où  la  corruption  est  très  lente,  sont  séchés  et  momiliés, 

foulés  aux  pieds  et  écrasés  jiaimi  les  pierres  et  le  guano  ijui  couvrent  le  sol.  Mais  on  rencontre 

une  proportion  énorme  de  cadavres  fraîchement  tués,  si  on  visite  une  roida'rie  en  janviei-.  alois 

que  les  Skuas  doivent  aussi  nourrir  leurs  jeunes  (Trad.j). 


OISE  A  UX    A  X  TA  RC  TIQUES. 


119 


PrLMuier  Oiseau  ajiLTeu 

A])[iaiMements 

Plumier  œuf 

Premier  poussin 

Jeunes  eapables  de  voler   

La  [ilus  grande  parlic  tlesOiseaiix  iiLiilriil  \ci-.s  !,■  Noii 
Derniers  oiseaux  vus 


1902. 


l'.MC. 


:!  liovemlii'e. 

'■^7)  oetobre. 

9 

'St  novembre. 

!)  décemln-e. 

2  ilécembre. 

'? 

l"^' janvier. 

.)  mars. 

2'i  février. 

■^."5  mars. 

20  mars. 

30  mars. 

7  avril. 

Il  est  probable  i|ii(>  b's  Oiseaux  rencontrés  par  le  Dr  ïurquet  au  cours 
de  rcxpédition  du  «  i'ranrais  »  et  décrits  par  Ménégaux  sous  le  nom  de 
^17.  antarctica  doivent  èli-e  rapportés  au  M.  MdrcormJcki . 

Lv  .ycga/rslris  Macriu/itif/,i  scnMc  être  un  Oiseau  très  propre.  Nous 
n'avons  trouvé  ni  parasites  internes  ni  parasites  externes  sur  tous  les 
Oiseaux  que  nous  avons  examinés. 

JoufiKil  onulhohtijinuc  (Voir  carte  II,  1). 

'23  Décrinbre  190S.  —  Ile  Héception.  Aperru  ((uebpies  nids  de  Méga- 
lestris  aux  alentours  de  i'oi't-Foster.  Les  Oiseaux  ne  forment  pas  de 
colonies  ;  les  nids  sont  toujours  isolés. 

t'7  pf-^S  DéremhiP  lUOS.  —  Port-Lockrov.  Trouvé  un  nid  avec  deux  œufs 
sur  Tilot  ("loudier  ;  trois  autres  nids  reufermant  cliacnn  deux  oHifs  sur  les 
rochers,  en  boi'dure  de  laccMe  de  l'île  Wiencke,  en  face  l'îlot  (lasabianca. 
Les  couples  sont  très  méfiants  les  uns  des  autres  :  assisté  à  une  bataille 
entre  deux  mâles. 

S  Janvier  1900.  —  Ile  Uooth-Wandel.  Trouvé  trois  nids  sur  les  rochers 
de  la  colline  Jeanne  ;  près  de  ces  nids  il  y  avait  quatre  cadavres  de 
poussins  d'Adélies  et  de  Pa[)ons  en  partie  dévorés  et  de  nombreuses 
coquilles  d'œufs. 

Les  Oiseaux  attaquent  violemment  le  visiteur. 

1mi  traversant  la  colonie  de  I\  pajuta^  vu  un  Skua  s'emparer  d'un  jeune 
i'ingouin  mal  surveillé  par  ses  pai-ents  et  remporter  dans  son  lire. 

i  .lancier  IQOD.  —  Ile  Petermann.  Il  va  quelques  nids  sur  les  rochers 
au  sud  de  l'île  :  l'un  contenait  deux  poussins. 


120  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

5  Janvier  1909.  —  Sur  tout  le  versant  nord  de  l'ile,  parmi  les  rochers, 
les  Mousses  et  les  Lichens,  les  nids  de  Skuas  sont  nombreux.  Ces  nids 
sont  distants  les  uns  des  autres,  car  les  Mégalestris  se  craii:,nent  entre  eux. 

Cassé  un  o3uf  par  mégarde  :  les  parents  en  ont  aussitôt  av.dé  le  con- 
tenu. 200  à  300  Oiseaux  habitent  cette  colonie. 

8  Janvier  1909.  —  Cap  ïuxen  (Terre  de  Graliam).  Quelques  nids  parmi 
les  Mousses  :  œufs  et  poussins.  Assisté  à  un  combat  entre  un  ç^  et 
une  9  :  pendant  cinq  minutes,  ils  se  sont  acharnés  l'un  sur  l'autre  à 
coups  de  bec  et  d'ailes,  jusqu'à  ce  que  l'un  des  deux  (la  femelle)  eût  suc- 
combé à  la  suite  des  blessures  reçues.  L'Oiseau  tué  avait  ou  l'aile  cassée, 
les  pattes  déchirées  par  les  coups  de  bec  et  d'aile,  l'œil  droit  crevé  :  il 
avait  en'outi'C  reçu  différents  coups  de  bec  sur  la  poitrine. 

S5  Janvier  1909.  —  Dans  une  excursion  sur  la  banquise  de  la  baie 
Marguerite,  au  sud  du  cercle  polaire,  nous  avons  vu  un  peu  [jarlout  des 
Mégalestris  qui  viennent  voler  au-dessus  de  nous.  Trouvé  leurs  nids  sur 
les  iles  et  îlots  près  desquels  nous  sommes  passés,  notamment  sur  les  Iles 
Léonie  et  Webl).  Plusieurs  nidsavaientdeuxjeunes.  D'autres  nids  ('"laieiit 
déjà  abandonnés  par  les  poussins,  ceux-ci  fuyant  à  notre  approche  pour 
aller  se  cacher  dans  des  creux  de  rochers. 

'28  Janvier  1909.  —  lie  Jenny  ;  nids  assez  nombreux,  mais  très  clair- 
semés, jusqu'à  près  de  300  mètres  de  hauteur. 

Sur  la  banquise,  une  vingtaine  de  Skuas  entourent  un  cadavre  de 
Phoque;  les  querelles  et  les  batailles  sont  fi'r(|uentes  :  les  coups  de  fusil 
ne  les  effraient  pas. 

7  Février  1909.  —  lie  Petermann.  Les  Poussins  ont  abandonné  leurs 
nids  :  on  les  voit  courir  sur  les  Mousses  entre  les  rochers. 

21  Février  1909.  —  Les  jeunes  ont  en  partie  perdu  leur  duvet  ;  ils 
atteignent  presque  la  taille  des  adultes. 

37  Mars  1909.  —  Jeunes  et  adultes  mélangés  rendent  de  fréquentes 
visites  aux  cadavres  de  Phoques  proches  de  Port-Circoncision. 

27  Avril  1909.  ■ —  Les  Mégalestris  ont  complètement  disparu  depuis 
quelques  jours. 

55  Octobre  1909.  —  Le  premier  Mégalestris  venant  du  Nord  est  passé 
au-dessus  de  Petermann 


OJSEAUX     AXTARCTKJUES.  121 

'■JS  Octohrr  l'.IO'.l.  —  In  Môgalestris  est  resté  |)()sé  sur  un  l'oclirr,  au 
voisilKii;c  (k'  la  colouir  d'AdiMics. 

W  Octolni'  liHHK  —  Le  uiènio  Oiseau  rôde  toujours  du  côté  des  Adélies. 

30  Octobre  HIO'J.  —  Le  Skua  n'a  pas  t|uillé  son  poste  d'observation.  Il 
doit  attendre  impatiemment  les  premiers  ceufs  d'Adélies  pour  chercher  à 
s'en  emparer. 

:>/  Ihiohrc  1901).  —  Deux  Mégalestris  au  voisinage  de  la  colonie  de 
Pingouins. 

//  Xotciiihre  1009.  —  A  0  Innires  du  soir,  il  est  passé  au-dessus  de 
Petermann,  se  dirigeant  vers  le  Sud,  7  Mégalestris. 

5?^  Noi'emhre  1900.  —  Skuas  nombreux  sur  la  pente  nord  de  l'ile. 

iÔ  Xoceinhrr  1009.  —  Ile  Doumer.  Une  petite  colonie  d'Oiseaux  sur 
les  rochers  au  nord  de  l'ile  :  ils  sont  établis  au  voisinage  d'une  rookerie 
do  Sternes. 

'il  Novembre  1900.  —  lie  Déception.  Les Skuassontnombreux  dans  l'anse 
des  Baleiniers  sur  les  cadavres  de  (létacés.  Les  deux  espèces,  M.  Maccor- 
michi  et  .1/.  antarctica.,  sont  mélangées,  ceux-ci  en  moins  grand  nombre. 

Par  suite  de  la  grande  quantité  de  (létacés  tués  chaque  année,  de 
novemlire  à  lévrier,  par  les  baleiniers,  les  cadavres  de  Baleines,  une  fois 
le  lard  enlevé,  sont  abandonnés.  Beaucoup  s'échouent  sur  les  plages  de 
l'ile,  et,  parmi  ces  accumulations  de  carcasses  énormes,  vivent  des 
Mégalestris. 

15  Décetnhre  1000.  —  Visite  aux  grandes  rookeries  de  P.  antarctica  et 
('.  chrysolophifs,  sur  la  côte  est  de  Déception,  en  bordure  du  détroit  de 
Bransfield. 

Les  colonies  do  Pingouins  sont  cornées  par  dos  nids  do  Mégalestris  ; 
tous  ces  Skuas  vivent  du  produit  de  leurs  vols  ;  aussi  leurs  nids  sont-ils 
entourés  de  nombreuses  coquilles  d'œufs.  Beaucoup  d'Oiseaux  on 
maraude,  au  milieu  des  Antarctiques.  Malheur  au  Pingouin  qui  abandonne 
son  nid  :  un  Skua  arrive  aussitôt,  saisit  l'œuf  dans  son  bec,  puis  reprend 
son  vol  avec  la  proie  qu'il  transporte  en  Hou  sûr,  pour  la  déguster  à 
l'aise.  Nous  avons  assisté  par  trois  fois  à  ces  larcins. 

A  la  suite  d'un  combat  entre  deux  Mégalestris,  un  Oiseau  a  eu  l'aile 
droite  cassée  d'un  coup  de  bec  de  son  adversaire. 

Expédition  Charcot.  —  Gaix.  —  Oiseaux  antaiTliijues.  16 


122  OISEAUX     ANTARCTIQUES. 

'■24.  t^j  et  '■26  Décembre  1909.  —  Bai(>  de  rAmirautr  (  îl<'  du  H()i-noori;oV 
(jLielqiies  nids  de  Mégaleslris  sur  li^s  l'ochcrs  do  l'anso  est. 

L'espèce  /)/.  antarctica  semble  ddiiiiner  dans  cette  l'éyion. 

Nous  avons  trouvé  les  nids  les  [)lus  nombreux  au  voisinage  des 
rookeries  d'Adélies.    I  ou  2  œufs  dans  tous  les  nids. 

6'  Janvier  1910.  —  En  mer.  Aperçu  un  Mégalestris  à  mi-cbemin  entre 
les  îles  Déception  et   Iloseason. 

7  Janvier  1910.  —  Aperçu  un  Mégalestris  au  large  de  l'archipel  de 
Palmer. 

8  Janviei'  1910.  —  En  mer.  Vu  un  Mégalestris.  Le  «  Pourquoi  Pas?  » 
se  trouvait  alors  à  plus  de  10  milles  de  toute  côte. 

l.-iJanrin-  1910.  —  Eu  mer:  L.  ^68°  23'S.;  G.  r=00°50'W.  P.  Aperçu 
un  Mégalesti'is  à  70  milles  dans  l'ouest  de  l'ile  Pierre-I". 
Il  est  probal)le  ([ue  des  Skuas  nichent  sur  cette  île. 

10.  Mégalestris  antarctica  (Ijcsson). 

Collection  : 

N°  411.  —  9i  ''''  Décoptio.i,  2-XII-190n.  Iris  marron;  bec,  tarses,  pattes,  griffes,  noirs. 
Corps  d'un  brun  plus  foncé  (]ue  celui  des  Oiseaux  trouvés  plus  au  Sud.  Dimen- 
sions plus  grandes.  Collier  à  peine  visible  ;  extrémités  des  plumes  du  manteau 
blanches.  Estomac  :  graisse  de  Baleine. 
L.T.  :  645.  -  E.  :  1  460.  -  A.  :  420.  -  O.  :  204.  -  B.  :  .56.  -  T.  :  72.  -  D.M.  : 
88-16. 

N"  412.  —  cf  1  î'i^  Déception.  2-XII-1900.  Iris  marron.  Collier  peu  marqué  ;  queUiues  plume3 
blanches  sur  le  dos.  Estomac  :  vide. 
L.T.  :  630.  -  E.  :  1  380.  -  A.  :  400.  -  O.  :  104.  -  B.  :  55.  -  T.  :  68.  -  D.  M.: 
79-15. 

N»  848.  —  9,  baie  de  l'Amirauté,  île  du  Roi-George,  25-XI 1-1909.  Iris  brun  foncé.  Collier 
peu  marqué  ;  plumes  du  manteau  à  taches  blanches  terminales.  Estomac  :  vide. 
L.  T.  :  010.  -  E.  :  1  260.  -  A.  :  395.  -  0.  :  177.  -  B.  :  52.  -  T.  :  63.  -  D.  M.  : 
76-14. 

Embryons  et  poussins  : 

N°s  803.  —  Embryon  de  dix  à  douze  jours.  —  804  :  2  embryons  de  seize  jours  environ.  — 
805  :  1  embryon  de  dix-huit  à  vingt  jours.  —  800  :  1  embryon  de  dix-huit  à  vingt 
jours  (provient  du  même  nid  que  le  804).  —  807  :  1  embryon  de  vingt-deux  jours 
environ.  —  808  :  1  embryon  de  vingt-trois  à  vingt-quatre  jours.  Ces  embryons 
proviennent  d'œufs  trouvés  dans  (juelques  nids  au  voisinage  de  la  colonie  d'An- 
tarctiques, ile  Déception,  15-XII-1909. 

N°^  923.  —  Un  œuf  (81  X  55)  au  terme  de  l'incubation.  —  924  :  1  l'mbryon  (un  ou  deux 
jours  avant  l'éclosion).  —  925:  ilem.  —  926:  1  embryon  de  vingt-quatre  à 
vingt-cinq  jours  (provenant  du  même  nid  que  le  925).  Baie  de  l'Amirauté,  île 
du  Roi-George,  26-X1I-1909. 


OlSl-.iCX    AXTARCTIQUES.  123 

Ce  SUiia,  Iri'S  voisin  de  rcsprco  précédeiilc,  est  surlotit  un  li;il>iliinl  de 
la  zone  circumaiilai'cliiiuc.  Dans  les  régions  glacéos  anshalrs,  il  ne 
IVtHjiH'Mte  que  le  nord  de  l'Antarctide  sud-américaine,  cl  nolannncnt  les 
îles  Shetlands  du  Sud,  les  ilcs  du  détroit  de  Bransfield,  la  Terre  Louis- 
IMiili[)[)e,  les  îles  Joinville,  l'aulcl,  Seyniour.  IJans  toutes  ces  régions, 
il  est  mélange  au  V.  MacoiniiicLi . 

Dans  le  détroit  de  (ierladie,  jusqu'à  la  hauteur  de  l'ilc  W  iencke, 
nous  avons  rencontré  quelques  individus  isolés  de  M.  (iiihtrdica,  mais 
pas  de  nids.  C'est  sur  les  iles  Déception  et  du  Roi-Ceorge,  cl  prin- 
cipalement au  voisinage  des  rookeries  de  Pingouins,  que  nous  avons 
trouvé  les  nids  de  cette  espèce  (PI.  XII,  fig.  iOi.  Un  aud'  pris  le 
26  décembre  1*.)0ÎI  snr  l'ilc  du  Hoi-George  mesurait  (SI  sur  W.')  milli- 
mètres. 

Ces  Oiseaux  ont  les  mœurs  comparables  à  celles  du  .)/.  M(i(((ii miihi] 
aussi  ne  reviendrons-nous  pas  sui'  leur  étude. 

Parasites. —  Les  seuls  trouvés  sont  quel([ues  Cestodcs  provenant  de 
l'intestin  grêle,  qui  appartiennent  au  genre  Trllirahotrius. 

.loHiiial  ninilliohxi'KjKc  {\o'\v  carte    II,  II). 

W  Déccinhre  l!)(tS.  —  Ile  Déception.  Trouvé  (pudipies  nids  de  ces 
Skuas,  plus  ou  moins  isolés  les  uns  des  autres,  sur  les  |)ointenienls  de 
roches,  jusqu'à  une    bailleur  de  200  à  oOO  mètres. 

îl)  et  l?7  Bécenihre  /DOS.  —  ^'u  ipielques  Oiseaux  isolés  dans  la  traversée 
du  détroit  de    Bransfudd  el  le  nord  dud(''li'oit  de  (ïerlache. 

^7  Xnrenihre  llllHL  —  Ile  D('M'eption.  Les  Skuas  sont  nond)i'eux, 
mélangés  aux  Maccormicks,  sur  les  cadavres  de  Haleines  échoués  sur 
les  plages  de  la  baie  des  Baleiniers. 

1.)  Décembre  1909.  —  Au  voisinage  de  la  grande  rookerie  de 
f/yy.  antarctiea  qui  se  Irouve  sur  la  côte  est  de  Déceplion,  en  regard  du 
détroit  de  Bransiield,  il  y  a  plusieurs  nids  de  M.  anlaretieu.  Nond)reu\ 
sont  les  débris  de  co(piilles  d'œut's  de  Pingouins  (|ni  jonchent  le  sol 
autour  de  leurs  nids. 

'26  Décembre   1909.  —   l'aie  de   l'Amirauté  (île  du  Iloi-Ceorge^  ;  nids 


124  OISEAUX     ANTARCTIQUES. 

assez  nombreux   près  de  la  pointe   Thomas,   dans  le  voisinage  des  Pin- 
gouins Adélies  et   l'a[)0us. 

PROCELLARIIDÉS 

11.   Oceanites  oceanicus  (KuliH. 

N"  91.  —  Ç,  prise  sur  le  nid  îiir  les  rochers  au  sud  de  Pelermaiin,  O.-II-1909.  Iris  brun. 
Couleur  générale  du  corps  noire  à  reflets  marron.  Rectrices  noires.  Région  sus-cau- 
dale blanche  ainsi  que  h's  parties  latérales  do  la  région  anale.  Bec,  tarses,  doigts 
noirs  ;  membrane  palmaire  jaune. 
L.T.  :  174.  -  E.  :  386.  -  A.  :  152.  -  O.  :  75.  -  B.  :  13.  -  T.  :  34.  -  D.  M.  :  26-5. 
No  92.  —  cf ,  habitat  du  n^  91.  Iris  marron. 

L.  T.  :  175.  -  E.  :  390.  -  A.  :  154.  -  O.  :  78.  -  B.  :  13.  -  T.  :  33,5.  -  D.  M.  :  26-5. 
N°  850.  —  cf,  pris  sAir  le  nid,  sous  un  rocher,  île  Déception,  21-XI1-1909.  Iris  1  rua  foncé. 
Estomac  :  liquide  huileux  jaunâtre. 

L.  T.:  173.  -  E.  :  .383.  -  A.  :  147.  -  O.  :  71.  -  B.  :  11,5.  -  T.  :  33.  -  D.M.  :  28-6. 
Embryons  et  poussins  : 

Nos  80.  —  1  embryon  (lU-I-1909).  ^  88  :  1  embryon  (3-II-1909).  -  108  :  poussin  de  quel- 
ques jours  :  L.  T.  :  78.  -  B.  :  7.  -  T.  :"9.  -  D.  M.  :  li-2  (14-11-1909).  -  117  ; 
1  embryon  provenant  d'un  œuf  trouvé  dans  un  nid  fait  de  Mousses  et  do  plumes, 
caché  sous  de  grosses  pierres  (17-11-1909).  -  118  et  119  :  1  embryon  (17-11-1909). 
—  120  :  un  poussin  de  quelques  jours  (17-11-1909).  -  129,  130  et  131  :  3  pous- 
sins âgés  de  quelques  jours  (21-11-1909).  -  143  :  1  poussin  (5-III-1909).  Ile  Peter- 
mann. 

0.  occanicas  est  voisin  de  l'espèce  de  nos  côtes.  De  te  taille  d'une 
Hirondelle,  il  a  le  corps  noir  brunâtre  avec  une  tache  Idanche  dans  la 
région  du  croupion.  Les  pattes  sont  noires,  la  membrane  palmaire 
jaune. 

Ces  Procellariens  arrivent  en  novembre  dans  les  régions  glacées.  On 
les  rencontre  partout,  en  pleine  mer,  le  long  des  continents,  rasant  de 
leur  vol  rapide  la  surface  des  eaux.  Us  nichent  sur  les  terres  basses, 
rocheuses,  libres  de  glaces,  abritant  leur  O'ul'  unique  dans  des 
creux  de  rochers  ou  sous  de  grosses  pierres,  toujours  en  des  endroits 
difficiles  à  trouver  et  qui  le  plus  souvent  passeraient  inaperçus,  si  les 
Oiseaux  ne  décelaient  leur  présence  à  l'approche  d'un  visiteur  en  faisant 
entendre  de  petits  cris. 

rsous  avons  trouvé  ces  Oiseaux  dans  tous  les  points  de  l'.intarctide  sud- 
américaine  que  nous  avons  visités. 

A  l'ile  Petermann,  en  janvier   1!>09,  nous   sonnnes  arrivé,  après  de 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  125 

longues  roclioiM'lics,  à  th'iom  rir  im(>  vingtiiine  de  nids  iiai-nii  les  rochers 
vers  la  pointe  sud  de  l'île.  La  pluparl  riaient  [)lacés  soit  sous  de  grosses 
pierres,  soit  dans  des  fentes  de  rocliers,  au  fond  de  fissures  longues  et 
étroites  entre  deux  blocs,  toujours  à  l'abri  des  cliutes  de  neige,  et  aussi 
des  Oiseaux  pilleurs  connue  les  Larus  et  les  Mega/esfris. 

Ces  Oiseaux  pondent  beaucoup  plus  tardivement  que  les  autres  espèces 
qui  habitent  les  contrées  glacées  australes.  C'est  seulement  au  début  de 
janvier  l!»()ll  que  les  premiers  œufs  furent  trouvés.  Valette  avait  df'-jà 
signalé  qu'aux  Orcades  du  Sud,  en  1901,  les  premiers  leul's  n'avaient  pas 
été  pondus  avant  la  fin  de  décembre  (1  ). 

Les  nids  sont  très  difficiles  à  découvrir  :  la  seule  chose  qui  puisse  les 
faire  pressentir,  c'est  l'entrée  ou  la  sortie  des  adultes,  —  ou  encore  leurs 
cris  lorsque,  les  œufs  étant  éclos,  ils  entendent  du  bruit  près  d'eux. 

Ce  nid  est  fait  en  général  d'une  simple  dépression  dans  le  sol  avec  quel- 
ques plumes,  parfois  aussi  quelques  Mousses  et  Lichens.  Près  de  ces  nids 
on  retrouve  presque  toujours  des  débris  de  coquilles  des  œufs  n'ayant 
pas  couvé  et  parfois  les  cadavres  déjeunes  Poussins  séchés  et  momifiés, 
ce  qui  montre  que  ces  Oiseaux  viennent  nicher  d'une  année  à  l'autre  dans 
les  mêmes  endroits. 

Les  œufs  sont  blancs  (PI.  L\,  fig.  38,  J).  Nous  avons  trouvé  le  premier 
œuf  le  10  janvier:  il  reiilermait  un  embryon  âgé  de  quelques  jours.  In 
autre  ceuf  fut  découvert  le  .'î  février,  (^inq  œufs  furent  trouvés  dans  cinq 
nids  le  10  février.  Ce  mèiue  jour,  je  trouvais  le  premier  poussin  dans  un 
autre  nid.  D'autres  poussins  ont  encore  été  capturés  le  21  février  et 
le  o  mars.  L'incubation  doit  durer  de  trois  à   quatre  semaines. 

Voici  les  dimensions  des  quelques  o'ufs  que  nous  avons  conservés  : 

(1)  L.-ll.  VAi.EriE,  loc.  cit.,  ]).  (il. 


126 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 


1 

NUMÉaO 

d'oi-drc. 

LONGUEUR 

en 
milliiiiitrcs. 

LAIiClEUR 

en 
niillinu-lFfS. 

LOCALITÉ. 

DATE. 

544 
.-)4(1 
.-)'i7 
r)4<S 
54!)  Cl) 

•et 
•  )•) 

25 

24.r, 

24 
2'i 
2: '..5 

Ile  PolL'i-manii. 

10-1-1009. 
7-II-l!109. 

(1)  Cl^ufde  l'aimée  précédente  tiouvé  dans  un  nid  à  côlé  d'un  œuf  frais  nouvi-llemeut  pondu. 

Lorsqu'ils  couvent,  les  Oiseaux  ne  sont  pus  farouches. 

Le  17  février,  étant  allé  à  la  recherche  de  nids  de  Procellaires,  je  me 
souviens  avoir  été  avei'ti  de  la  j)i'ésence  d'un  nid  par  de  petits  cris  ([ui 
venaient  de  sous  une  dalle  :  fragment  de  rocher  phd  long  de  SO  centi- 
mètres, large  de  00,  que  l'influence  du  gel  et  du  dégel  avait  didaclu'  du 
rocher  voisin.  Cette  dalle  (Hait  probablement  tombée  depnis  plusieurs 
années,  reposant  à  [)lat  sur  un  sol  assez  rugueux  (PI.  XIH,  lîg.  54)  ;  sa 
face  inférieure  n'était  pas  directement  en  contact  avec  le  sol  dans  toute 
son  étendue,  et  entre  les  deux  se  trouvait  un  vide  de  quelques  centi- 
mètres. Une  seule  ouverture  de  0'",10  di'  large  sur  U'",0(j  de  hauteur 
faisait  communiquer  cette  cavité  avec  l'exléiieur.  En  soulevant  la  pierre, 
j'ai  trouvé  un  couple  de  Procellaires,  le  mâle  couché  jji'ès  du  nid,  tandis 
que  la  femelle  couvait.  Le  mâle  s'est  envob'-  après  quebpic  In-sitation, 
mais  il  m'a  fallu  enlever  la  femelle  pour  constater  la  [irésence  d'un 
œuf  dans  le  nid    PL  XUI,  fig.  TiG). 

Donc,  d'après  nos  observations,  nous  pouvons  dire  que  les  Procellaires 
pondent  depuis  la  fin  de  décembre  jusqu'aux  pr-emiers  jours  de  mars.  Les 
jeunes  sontaptes  à  se  tirer  d'affaire  dès  le  début  d'avril,  et  tous  les  Oiseaux 
remontent  vers  le  Nord  dans  la  première  quinzaine  d'avril,  les  derniers 
ayant  été  aperçus  à  Petermann  le  20  avril. 

Ce  n'est  que  sept  mois  après,  le  23  novendjre,  que  nous  avons  revu  le 
premier  (Useau.  Deux  autres  étaient  aperçus  le  2  i  novembre. 

Après  avoir  quitté  Petermann,  pour  remonter  à  l'ile  Déception,  le 
26  novembre  et  les  jours  suivants,  nous  avons  aperçu  de  nombreux  Oiseaux 


OISEAIW     AXTARCriQUES.  127 

d;ins  le  (It'tioil  de  Ki'.iiislicid.  Il  en  lui  ilc  iikmiii'  iicmljinl  l.i  sccoiulc  cam- 
|iai;iir  dt'h'  du  »  l'<)iii(|iini  l'as  ?  •■  en  linnkiir  de  la  liaii(iuis<\  par  (J!l  à  70° 
de  lat.  S. 

Joi(r/i(t/ oj'/n//ii//')(//i/ir'  iN'nii' carte  II,  J). 

/,'/  fil/  ->2 Di'criiïlue  1908.  —  Uaiis  toute  la  traversée  du  driroit  de  Di'akc, 
eulie  le  cap  lloru  et  les  premières  terres  antarctiques,  nous  avons  aperçu 
des  Procellaires  volant  autour  du  hafeau. 

t^>  au  '■25  Di'cenihrc  I90S.  —  Ile  Déception  :  Oiseaux  volant  dans  Poi't- 
Foster.  Pas  trouvé  de  nids. 

1^6'  rt  '■27  Déco/i/'if  l'.IOS.  —  (Juelques  Oiseaux  aperçus  dans  la  traversée 
des  détroits  de  Bransfield  (>t  de  Gerlaclie. 

'■29  Df'cemhio  190S.  — Oiseaux  aperçus  dans  le  détroit  de  Bismarck  et  aux 
environs  de  l'île  Bootlî-\^'andel. 

II)  ./aiirii'r  1909.  —  lie  Petermann  :  des  Oiseaux  ont  fait  leurs  nids 
dans  les  rochers  près  de  la  pointe  sud  t\o  l'île.  Trouvé  1  œuf. 

14  .Janvier  1909.  —  En  mer,  au  large  de  la  Terre  Adélaïde,  aperçu  quel- 
ques Procellaires  dans  le  sillage  du  bateau. 

21  .lanviPr  /909.  — A  20  milles  au  sud  de  l'île  Jenny,  en  naviguant  entre 
les  plaques  de  banquise,  vu  plusieurs  Oiseaux. 

!25  Ja/H'ier  1909.  —  Pendant  une  excursion  sur  la  banquise  de  la  baie 
Marguerite,  vu  quel(|ues  Oiseaux.  Trouvé  plusieurs  nids  sur  les  îles  Jenny 
et  Léonie. 

1^"^ Février  1909.  —  Baie  Matha.  (juelques  Oiseaux  autour  du  bateau. 

S  Février  1909.  —  Ile  Petermann  :  trouvé  plusieurs  nids,  chacun  ayant 
un  o'ul'. 

IGFévrier  1909.  —  Trouvé  '.')  nouveaux  nids  de  l'rocellaires  ;  découvert 
le  premier  Poussin  âgé  d  un  à  deux  jours. 

n Février  1909.  —  Trouvé  quatre  nids  :  trois  avaient  chacun  un  (euf, 
le  quatrième  un  Poussin.  Sur  trois  de  ces  nids  étaient  soit  le  cf  soit  la  9, 
soit  les  deux  adultes. 

21  Février  1909.  — Visite  des  nids  :  trouvé  trois  Poussins  âgésd'environ 
une  semaine. 


128  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

5  Mars  Iil09.  —  Le  chien  du  bord  est  rentré  fciiant  un  jeune  Poussin 
danssagueulc.  H  a  pris  la  mauvaisehabitude  d'allcrdéniclier  ces  Oiseaux 
et  de  les  manger. 

52  Avril  1909.  —  Les  derniers  Procellaires,  jeunes  et  adultes,  viennent 
de  remonter  dans  le  Nord. 

i*,»  Novemirre  1909.  —  Notre  camarade  Godfroy  a  aperçu  le  premier 
Oiseau. 

^24  Novembre  1909.  —  Vu  deux  Procellaires  dans  le  chenal  de  Lemaire. 

^26  Noventhre  1909. —  Détroit  de  Bransfield  :  ces  Oiseaux  sont  nom- 
breux autour  du  <>  Pom-quoi  Pas?  ». 

'27  .\oveinbre1909.  —  Nombreux  Procellaires  à  l'île  Déception. 

2S  \ovenihre  1909.  —  Trouvé  quelques  nids  de  Procellaires  dans  les 
rochers  qui  sont  à  l'est  de  l'entrée  de  Déception  :  il  n'y  a  pas  encore 
d'œufs. 

C)  Di'cemhre  1909.  —  Nonibi'eux Procellaires  dansledétroilde  Bransfield. 

2S  DpceinJ)re  1909.  —  Même  constatation. 

2,3  au  27  Décembre  1909.  —  Trouvéquehjues  nids  sur  l'île  du  Roi-George, 
aux  environs  de  la  baie  de  l'Amirauté.  Il  n'y  avait  pasencore  d'œufs,  mais 
les  adultes  étaient  sur  les  nids.  Les  premicu's  œufs  ont  dû  être  pondus 
quelques  jours  après. 

Janvier  1910.  —  Départ  de  Déception  ;  les  Oiseaux  sont  de  moins  en 
moins  noml)reux  en  abandonnant  le  détroit  de  Bransfield. 

S.Janvirr  1910.  — L.  :  61°  S.;  G.  :  09° AV.  P. environ.  OuelquesOcmw//M. 

9  Janvier  1910.  —  L.  :  G(ioS.;  G.  :  72°  30'  W.  P.  Quelques  Pétrels. 

lOJa/ivirr  1910.  —  L.  :  68°  30' S.:  G.  :  73°  W.  P.  Arrivée  à  la  banquise. 
Toujours  des  Pétrels. 

//  ./anrier  1910.  —  L.  :  09°  1  i'  S.  ;  G.  :  78°  10'  W.  P.  Aperçu  quelques 
Pétrels  en  bordure  du  pack. 

12  Janvier  1910.  —  L.  :  70°  13'  S.  ;  G.  :  81o\V.  V.  Quelques  Oiseaux. 

/  /  Janvier  1910.  —  L.  :  <i8o  30' S.  ;  G.  :  89°  10'  W.  P.  Nonil)reux  Pétrels. 

/.37w^/vV'//.'^/(^;— L.:G8o23'S.;G.  :  !)Oo;iO'W.  P.  Toujours  des  Procel- 
laires. 

16 Janvier  1910.  —  L.  :  09°  10'  S.;  G.  :  102°  09' W.  P.  l'étrels  assez  nom- 
breux. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  129 

W  Janmer  19 10.  —  L.  :  68°  32'  S.;  G.  :  1  l.'io  lij'  W.  P.  l>rocellaires. 
iMifin  les  Oisoau\  sont  de  moins  en  moins  nombreux  et  disparaissent 
en  remontant  vers  le  Nord. 

PUFFINIDÉS 

12.   Priofinus   cinereus   (Gm.). 

Plus  grand  que  le  Pétrel  antarctique,  les  parties  supérieures  de  son  corps 
sont  grises  ou  gris  bleuté,  tandisque  les  parties  inférieuressontbianches. 
Le  bec  jaune   pâle  passe  au  gris  vers  la  pointe  :  tarses  et  pattes  grises. 

Ces  Oiseaux  n'babitentpasla  région  antarctique  proprement  dite.  C'est 
seulement  par  hasard  qu'on  les  rencontre  au-dessous  de  60°  de  lat.  S. 
C'est  surtout  une  espèce  caractéristique  do  la  zone  circumantarctique. 

Le  26  janvier  1910,  par  60"  S.  et  107°  l"j"  W.  P.,  nous  avons  aperçu 
quelques  individus  volant  autour  du  «  Pourquoi  Pas  ?  ».  Nous  vîmes  ces 
Pétrels  en  plus  grand  nombre  vers  le  oij°  de  lat.  S.  ;  ils  étaient  rassemblés 
par  petites  bandes  (Voir  carte  II,  K). 

13.   Thalassœca  antarctica  (Gm.). 

Collection  : 

N°  246.  —  cf ,  chenal  de  Lemaire,  en  face  Petermann,  20-VII-1909.  Iris  brun  foncé  ;  bec 
noir  grisâtre,  tarses  et  pattes  gris  ardoisé  pâle,  griffes  brun  noirâtre.  Estomac  : 
fragments  de  Méduses. 
L.  T.  :  460.  -  E.  :  1  060.  -  A.  :  330.  -  0.  :  114.  -  B.  :  40.  -  T.  :  47.  -  D.M.  : 
67-14. 
No  247.  —  cf,  chenal  de  Lemaire,  20-VII-1909.  Iris  brun  foncé.  Estomac  :  fragments  de 
Méduses. 
L.T.:460.  -  E.  :  1050.  -  A.:  315.  -  0.  :  142.  -  B.:35.- T.  :  46.  -  D.M.  :  71-15. 
N"  248.  —  cf,  chenal  de  Lemaire,  20-VII-1909.  Iris  brun  foncé.  Estomac  :  débris  de  Mé- 
duses. Parasites  externes  :  Aptères  parmi  les  plumes  de  la  région  céphalique. 
L.  T.  :  445.  -  E.  :  1  040.  -  A.  :  315.  -  0.  :  132.  -  B.  :  37.  -  T.  :  44.  -  D.  M.  : 
67-15. 
No  261.   —   cfi  chenal  de  Lemaire,  25-VII-1909.  Iris  marron.  Estomac:  fragments  de 
Méduses.  Parasites  externes  :  Aptères. 
L.  T.  :  445.  -  E.  :  1  060.  -  A.  :  330.  -  Q.  :  128.  -  B.  :  39.  -  T.  :  44.  -  D.  U.  : 
65-16. 
N°  262.  —  cfi  chenal  de  Lemaire,  25-VII-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  fragments  de  Méduses, 
deux  Euphausies.  Parasites  externes  :  Aptères. 
L.T.  :  470.  -  E.  :  1  080.  -  A.  :  335.  -  0.  :  144.  -  B.  :  39.  -  T.  :  43.  -  D.M.  : 
67-15. 
N"  263.  —  cf ,  chenal  de  Lemaire,  25-VII-1909.  Iris  brun  foncé.  Estomac  :  fragments  de 
Méduses. 
Expédition  Chaicol.  —  Gain.  —  Oiseaus  aniarctiques.  1' 


130  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

L.T.  :4r.O.  -  E.  :  1  050.  -  A.  :  320.  -  0.  :  133.  -  B.  :  36.  -  T.  :  45.  -  D.M.  : 
65-14. 
IV[o  271.  —  o<,  île  Petermann,  3-Vin-1900.  Iris  brun.  Estomac  :  fragments  de  Méduses. 

L.T.  :  460.  -  E.  :  1  030.  -  A.  :  310.  -  O.  :  138.  -  B.  :  37.  -  T.  :  46.  -  D.M.  : 
68-16. 
N»  274.  —  cf,  île  Petermann,  3-VIII-1909.  Iris  brun  foncé.  Tarses  et  pattes  gris  violacé. 
Parasites  externes  :  Aptères. 
L.  T.  ;  460.  -  E.  :  1  060.  -  A.  :  330.  -  0-  :   1^'2.  -  B.  :  37.  -  T.  :  45.  -  D.  M.  : 
71-14. 
No  281.  —  çf,  lie  Petermann,  3-VIII-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  vide.  Parasites  externes  : 
Aptères. 
L.T.  :  435.  -  E.  :  1  010.  -  A.  :  315.  -  O.  :  1.38.  -  B.  :  36.  -  T.  :  41.  -  D.  M.  : 
59-13. 
Nous  avons  de  plus  cnnservé  des  Oiseaux  dans  li^  sel  et  dans  l'alcool. 

Nous  n'avons  pu  trouver  les  localités  de  ponte  de  ces  Pétrels;  celles-ci 
sont  encore  inconnues.  Au  cours  de  la  première  campagne  d'été  du 
«Pourquoi-Pas?»  le  long  de  la  côte  ouest  de  l'Antarctide  sud-amé- 
ricaine, nous  avons  aperçu  quelques  Oiseaux  à  partir  de  la  latitude  du  cercle 
polaire  au  large  de  la  Terre  Adélaïde  ;  ces  Oiseaux  devinrent  plus  nombreux 
vers  le  Sud  dans  la  baie  Marguerite,  et  notamment  dans  le  pack  au  voisi- 
nage de  la  Terre  Alexandre. 

Pendant  l'hiver  les  77ia/as.s(i-ra  remontent  vers  le  Nord.  A  l'île  Peter- 
mann, à  jtaitii'  du  mois  de  mai,  ilfirent  de  fréquentes  visites,  chaque  fois 
([u'une  tempête  du  Nord-Est  avait  désuni  la  glace  du  chenal  et  formé  dans 
la  banquise  de  grandes  lagunes  d'eau  libre.  Rares  au  début,  passant  isolé- 
ment d'un  vol  rapide,  ces  Oiseaux  se  montrèrent  en  plus  grand  nombre 
versle  mois  dejuilletet  on  lesvit  assez souventpar bandes.  Ils  remontaient 
certainement  vers  le  Nord  à  la  recherche  de  la  mer  libre  dans  laquelle  ils 
trouvent  leur  nourriture. 

Sillonnant  la  mer,  ils  péchaient  à  sa  surface  et  capturaient  surtout  des 
fragments  d'une  grande  Méduse  de  la  famille  des  (h/anéides  appavienani  à 
l'espèce  ContlKniya  Gaiidichaudii  Lesson(l).  Tous  les  Pétrels  antarctiques 
que  nous  avons  capturés  et  examinés  avaient  l'estomac  rempli  de  frag- 
ments de  Cœlentérés.  A  cette  époque  de  l'année,  ils  semblaient  en  faire 
leur  nourriture  exclusive.  Ces  Méduses  furent  d'ailleurs  trouvées  en 
abondance,  pendant  les  mois  de  juin  et  juillet,  dans  le  chenal  de  Lemaire. 

(I)  (I.  Maas,  Méduses  {Exp.  uiit.  t'r..!ic.  nat.,  Documents  scientiliques,  Spongiaires  et  Creleiitérés, 
p.  ii,  PI.  1,  Paris,  1908). 


OISEAUX    AXTARCTIQUES.  131 

(Iliaque  fois  (|ii('  la  haïKiuisc  se  reformai!,  les  l'élreis  antarctiques 
redevenaient  rares  au  voisinai^e  de  J'eterniann  et  revenaient  nombreux 
dès  (jue  les  glaces  se  dislo(|uaient  {\o\v  .lonrixtl  ornilliohHi'Kiiic). 

Comme  exception  à  cette  nourriture  exclusive  de  Méduses,  je  vis  un 
Pétrel  (')  septembre)  s'approprier  un  morceau  de  graisse  de  Phoque  (pu- 
trois  «  Pétrels  des  neiges  »  étaient  en  train  de  se  disputer.  Peut-être  cet 
Oiseau  était-il  afl'amé  ! 

Avec  le  retour  du  printenqjs,  dès  la  lin  de  septembre,  les  Oiseaux  se 
firent  de  plus  en  plus  rares  au  voisinage  de  Petermann.  Ils  étaient  redes- 
cendus vers  le  Sud,  où  nous  les  avons  retrouvés  nombreux  au  mois  de 
janvier  pendant  la  navigation  en  bordure  de  la  banquise  (Voir  Joiuiinl 
ornilhohxjique). 

Parasites.  —  Nous  n'avons  trouvé  que  des  Parasites  externes,  des 
Aptères,  appartenant  à  l'espèce  l'Iùloptcnis  ntelanurcphulas  Nitzsch  (1  ). 

Juufiial oniitJtolofjique  (Voir  carte  II,  L). 

13  Janrier  lilOU.  —  Au  large  de  la  l)aie  Matha  :  quelques  Oiseauxpassent 
près  du  «  Pounjuoi  Pas  ?  ». 

/-/  Janrier  lifOO.  — Quelcpies  Oiseaux  dans  l'Ouest  de  la  Terre  Adélaïde. 

'ii  Janrh'v  IDIID.  —  A^OmillesauSuddel'îleJenny,  aperçndeuxOiseaux. 

'■2'2. Janrier  IDDII.  —  Ouelqucs  Oiseaux  au  voisinage  dela'l'erre  Alexandre. 

a  Mai  11)09.  —  Ile  Petermann.  Chenal  libre  :  aperçu  une  di/aine  de 
Pétrels. 

//  et  1'^  Mai  l'JOÙ.  —  (Chenal  liltre,  quelques  Oiseaux. 

y  .tain  tl)l)!>.  In  7'//r//r^v.s7/vr/ est  venu  voler  autour  du  l)ateau. 

'■2  Juin  1909.  —  Pétrels  rares. 

16  Juin  1909.  —  Chenal  libre,  aperçu  quelques  Pétrels. 

/i*  .Juillet  1909.  —  Chenal  libre,  quelques  Oiseaux. 

ta  .Juillet  1909.  —  Chenal  libre,  Pétrels. 

IS  .Juillet  1909.  —  Kn  faisant  le  tour  do  l'île,  aperçu  de  nombreux  Oiseaux 
vei's  la  mer  lil)re,  entre  Ilovgaard  et  Petermann. 

m  .Juillet  1909.  — Chenal  libre;  Oiseaux  nombreux. 

(1)  L.  ('..  i\euma>n,  loc.  cil.,  p.  187. 


132  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

'JO  Juillet  1909.  —  Chenal  libre:  Tlialassœca  nombreux.  Lorsque  les 
Oiseaux  sont  blessés,  ils  vomissent  un  liquide  épais,  huileux,  de  couleur 


orange. 


'iSJuïUet  J909.  — Chenal  libre,  Pétrels  nombreux.  Capturé  un  Oiseau 
qui  nageait  près  du  bateau;  blessé,  il  avait  toutes  les  plumes  et  la  peau 
du  côté  droit  du  cou  enlevées  :  cette  blessure  avait  dû  être  faite  d'un  coup  de 
bec  d'un  autre  Oiseau. 

Lorsqu'un  Oiseau  est  blessé  d'un  coup  de  l'eu  et  tombe  à  la  mer  ou  sur 
un  glaçon,  un  autre  Pétrel,  semblant  faire  officede  gardien,  vient  presque 
toujours  se  poser  à  côté  de  lui,  ets'envole  seulementlorsque  l'embarcation 
arrive  à  une  petite  distance.  Nous  l'avons  observé  quatre  fois  sur  quatre. 
S5  et  26  Juillet  1909.  —  Chenaux  d'eau  libre  ;  Pétrels  en  grand  nombre  ; 
beaucoup  sont  posés  sur  la  jeune  glace  de  mer.  A  la  surface  de  la  mer 
de  nombreuses  Méduses;  beaucoup  sont  déchiquetées  parles  Oiseaux  (|ui 
s'en  nourrissent.  La  plupart  sont  de  grande  dimension  :  nous  en  avons 
vu  plusieurs  dont  le  disque  de  couleur  pourpre  violacé  et  rouge-lie  de  vin 
sur  les  bords  avait  un  diamètre  atteignant  0™,70. 
2  et  3  Août  1909.  —  Chenal  libre.  Nombreux  Pétrels. 
//  Août  1909.  —  La  glace  se  reforme  ;  les  Pétrels  sont  rares. 
13  Août  1909.  —  Chenal  pris.  Aperçu  un  seul  Oiseau. 
t^O  Août  1909.  —  Vu  passer  quelques  Oiseaux. 
23 au  25  Août  1909.  —  Chenal  libre  ;  Thalassœca  assez  nombreux. 
29  Août  1909.  —  Banquise  à  perte  de  vue.  Il  est  passé,  venant  du  Sud, 
à  une  assez  grande  hauteur,  de  nombreux  Pétrels.  Ces  Oiseaux  auront 
sans  doute  été  surpris  par  la  formation  subite  de  la  glace  de  mer,  et  ils 
remontent  vers  le  Nord  en  quête  d'eau  libre. 

5  Septembre  1909.  —  Chenal  libre;  nombreux  Oiseaux.  Assisté  à  une 
scène  de  pillage  de  la  part  d'un  Thalussaxa.  Trois  Pagodroma  nivea 
se  disputaient  un  morceau  de  graisse  de  Phoque.  L'un  d'eux,  plus  agile 
que  les  autres,  s'en  était  emparé  et  volait  à  tire  d'ailes  vers  un  lieu  calme 
où  il  pourrait,  à  son  aise,  déguster  sa  proie.  Mais  bientôt  ses  deux  confrères 
le  rattrapèrent,  l'assaillirent  à  coups  de  bec,  si  bien  qu'il  dut  lâcher  prise. 
Le  morceau  de  Phoque  tomba  sur  la  neige,  suivi  dans  sa  chute  par  les 
trois    Pétrels  recommençant     leur    bataille.    Mais    un   Thalassœca  qui 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  133 

passait  à  ce   niomeiil,    mil  fin  à  la  dispute    en  s'emparant  de  la  proie. 
Scptemhre.  —  Vers  la  fin  du  mois,  les  Pétrels  abandonnent  peu  à  jteu 
le  chenal  de  Lemaire  et  on  les  voit  partir  vers  le  Sud. 
31  Octobre  190i).  —  Chenal  libre.  Vu  passer  un  Pétrel. 

26  Novembre  iOOi).  —  Quelques  Oiseaux  dans  le  détroit  de  Branslîeld,  au 
voisinage  de  l'île  du  Roi-George. 

6  Décembre  1909.  —  Ouelques  Oiseaux  dans  le  délroil  de  Bransfield. 

lOJanrier  1910.— L.  :  08°  30'S.  ;  G.  :  73°  W.  P.  LesPétrelsantarctiques, 
d'abord  rares,  deviennent  plus  nombreux  en  approchant  de  la  lisière  de 
la  banquise. 

//  Janrirr  1910.  —  L.  :  69°  li'  S.  ;  G.  :  78°  10'  W.  P.  Thakmœca  assez 
nombreux;  on  les  voit  fréquemment  par  bandes  de  plusieurs  individus. 

1^2  Janvier  1910.  —  L.  :  70°  13' S.  ;  G.  -.SloW.  P.  Nombreux  Pélrels. 

13  Janvier  1910.  —  L.  :  OOolii'S.  ;  G.  :  89°  W.  P.  Nombreux  Pétrels. 

1i  Janvier  1910.  —  Près  de  l'île  Pierre-I^r,  Pétrels  nombreux,  sui'tout 
au  voisinage  du  pack. 

15  Janvier  1910.  —  L.  :  G8o23'  S.  ;  G.  :  96o50' Vv^  P.  Pélrels  nombreux. 

16  Janvier  1910.  —  L.  :  09°  20' S.  ;  G.  :  102o09'W.  P.  Pélrels  nombreux. 
//  Janvier  1910.  —  L.  :  09o00'  S.  ;  G.  :  101°  il  W.  P.  Pétrels  nombreux. 

18  Janvier  1910.  —  L.  (39°  15' S.  ;  G.  :  108»  05'  W.  P.  Pétrels  nombreux. 

19  Janvier  1910.— L.  70o30'S.;  G.  :  1 10°  W.  P.  environ.  Pélrels  nom- 
breux. 

W  Janvier  1910.  — L.  :  (38  «32'  S.  ;  G.  :  1 1  ii^  1 5'  W.  P.  Pétrels  nombreux. 

^21  Janvier  19 10.— h.  :  70°  05'S.  ;  G.  :  12i°i5'W.P.  Pélrels  nombreux. 

'2^2  Janvier  1910.  — L.  :  68o26'S.  ;G.  :  1 23° 36'.  W.  P.  Pétrels  nombreux. 

'23  Janvier  1910.  —  L.  :  6Go22'  S.  ;  G.  :  121°  47' W.  P.  Le  «  Pourquoi 
Pas?  ->  a  mis  le  cap  au  Nord  et  abandonné  la  lisière  du  pack-ice;  peu 
d'Oiseaux  :  ils  deviennent  de  plus  en  plus  rares. 

|.   24  Janvier  1910.  —  L.  :  6io07'  S.  ;  G.  :  1 16°  06'  W.  P.  Disparition  des 
Pétrels  antarctiques. 

14.  Priocella  glacialoïdes  (Smith). 

Collection  : 

1^0  848.  —  9,  île  Déception,  20-XIM909.  Iris  brun  trùs  foncé.  Bec  rose  passant  au  noirâtre 
vers  la  pointe  ;  narine  et  base  de  la  mandibule  gris-lilas  repassant  au  rose  pâle 
latéralement.  Tarses  et  pattes  gris  rosé  ;  griffes  gris  noirâtre. 


134  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

L.  T.  :  460.  —  E.  :  1  120.  —  A.  :  320.  —  O.  :  150.  —  B.  :  44.  —  T.  :  49.  —  D.  M:. 
71-14. 
N»  489.  —  cf,  île  Déception,  20-XII-1909.  Iris  brun  foncé.  Estomac  :  graisse  de  baleine, 
liquide  orangé  huileux,  d'une  odeur  très  désagréable.  Parasites  :  quelques  Gostodcs 
dans  "intestin  antérieur. 
L.  T.  :  480.  —  E.  :  1  150.  —  A.  :  335.  —  0.  :  155.  —  B.  :  48.  —  T.  :  45.  —  D.M, . 
71-16. 
(Quelques  Oiseaux  conservés  dans  le  sel,  ain'  i  que  des  squelettes  et  des  systèmes  nerveux: 

L(>  Priocella  <jlacialoidei<  osL  un  trrs  bel  Oiseau  au  plumage  gris  pàlo, 
blanc  sur  la  région  ventrale,  au  bec  dun  rose  éteint,  aux  tarses  et 
pattes  gris  rosé.  On  le  trouve,  comme  son  proche  parent  le  Pétrel  an- 
tarctique, dans  le  Sud,  au  voisinage  de  la  banquise.  Mais  c'est  surtout 
aux  Shetlands  du  Sud,  à  l'île  Déception,  attirés  là  par  les  cadavres  de 
Haleines  abandonnés  par  les  baleiniers  au  gré  des  vents  et  des  courants, 
(|u'en  décembre  1008  et  I  !)()!)  nous  les  avons  vus  en  grande  quantité, 
par  bandes  de  plusieurs  milliers. 

Andersson  (1)  a  trouvé  le  27  décembre  11)02  quelques  nids  de  ce  Pétrel 
sur  le  cap  Rocquemaurel  (Terre  Louis-Philippe),  (^es  nids  sont,  en  géné- 
ral, placés  en  des  endroits  très  dilFiciles  d'accès,  soit  sur  les  rochers  éle- 
vés, soit  sur  les  falaises.  Le  seul  œuf  qu'il  ait  pu  atteindre  avait  un  grand 
diamètre  de  70  millimètres  :  il  renfermait  un  embryon  assez  âgé.  Malheu- 
reusement nous  n'avons  pu  trouver  les  œufs  de  ces  Oiseaux.  Nous  som- 
mes cependant  persuadé  qu'ils  nichent  dans  les  hautes  falaises  qui 
sont  dans  l'est  de  l'entrée  de  Port-Foster,  sur  le  détroit  de  IJransfield. 
Mais  ces  falaises,  élevées  de  plus  de  150  mètres,  presque  verticales, 
sont  complètement  inaccessibles,  et  malgré  notre  ardent  désir  de  nous 
procurer  des  œwh  de  ces  Pétrels,  ils  nous  a  été  impossible  de  les 
rechercher. 

En  outre,  lors  de  la  première  campagne  d'été  du  «  Pourquoi  Pas?  », 
dui'ant  nos  courts  séjours  près  de  l'île  Jenny  (baie  Marguerite)  en  janvier 
IÎI09,  nous  avons  aperçu  une  bande  d'une  vingtaine  de  P.  (jlacialnïdes 
volant  autour  de  l'un  des  sommets  à  l'est  de  l'île,  à  400  mètres  de  hauteur 
environ.  Vers  ce  point,  l'île  se  présente  sous  la  forme  d'une  falaise  verti- 
ticale  très  déchiquetée,  d'aspect  ruiniforme,  formée  de  roches  granitoïdes 

(H  Iv.  .\.  Andersson,    WUscmQh.   Erijc.b.  Schwed.  Sndpolar-E.cp.;  Ildlicri'.  ■rioricben   in   anlaïk- 
tischen  (lebiete,  i!d.  \',  Lief.  2,  Stockholm,  190b,  p.  l'i. 


OISEAUX     A  Xr  ARCTIQUES.  135 

aux  crcMos  aif;u('s  vl  (rrs  ih'lid'cs.  Au  iiicd  do  ces  falaises  li;iules  de  plus 
de  100  mèlros.  des  talus  d'éljoulis.  Nous  avons  fail  l'aseeusiou  de 
celle  île;  mais,  iuali;r(''  (ouïes  les  recherches  que  nous  avons  pu  faire  du 
sonunelde  la  fahxise.  il  nous  a  élc'  impossible  de  découvrir  aucun  nid.  H 
est  probable  que  ceux-ci  étaient  placés  en  des  endroits  abrités. 

Durant  notre  séjour  à  File  Pelerniann,  nous  n'avons  aperçu  qu'une 
seule  fois,  au  mois  de  septembre,  un  Pétrel  gris,  l'ar  contre,  au  cours  de 
la  seconde  campagne  d'été  du  «  l^ourquoi  Pas?  »,  nous  avons  vu  nombre  de 
ces  Oiseaux  dans  le  détroit  de  Bransfield,  principalement  au  voisinage 
de  l'île  Déception,  et  en  bordure  du  pack-ice  au  voisinage  du  70°  de 
lat.  S. 

Paraxitps.  — •  Nous  n'avons  trouvé  que  quelques  Cestodes  localisés  à 
l'intestin  grêle. 

MM.  A.  lîaillietet  A.  Henry,  qui  en  ont  fait  l'étude,  les  ont  rapportés 
à  l'espèce  Telhrdholhriiis  ItPteroclilKs  Dies  \\). 

Journal  ornithologiqiœ  (Voir  carte  II,  M). 

'■2:]  (U(  '■J.'}  Itrcciiihrp  liH)8.  —  Ile  r)éceplion  :  nomljreux  Pétrels  gris 
sur  les  cadavres  de  Haleines  dans  l'ort-Foster. 

14  Janvier  190V.  —  Eu  mer,  par  67°  S.,  au  large  de  la  Terie  Adélaïde. 
Quelques  Oiseaux  autour  du  bateau. 

15  Janvier  tifO'J.  —  lie  Jenny.  Une  bande  d'une  vingtaine  d'Oiseaux 
volent  au-d(>ssus  des  falaises  à  l'est  de  l'île. 

30  Janvier  IIIIHI.  —  Ile  Jenny,  même  observation.  Nous  n'avons  pu,  à 
cause  de  l'inaccessibilité  des  falaises,  découvrir  les  nids. 

5  Septembre  i !)(}',).  —  Ile  Petermann.  Un  Pétrel  est  passé  dans  le  chenal 
de  Lemaire. 

%  Nuvenihre  1909.  —  Deux  Pétrels  suivent  le  «Pourquoi  Pas?  »  dans 
le  détroit  de  Gerlache. 

27  Novembre  1909.  —  Détroit  d(>  IJransfield.  Nombreux  Oiseaux.  Ils 
sont  en  grandes  bandes  dans  l'anse  des  Baleiniers  (île  Déception),  autour 
des  dépouilles  de  Baleines. 

(1)  A.  RAiLi-iEret  A.  IIe>rï,  loc.  cit.,  p.  38. 


136  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

6  Décembre  1909.  —  Nombreux  Oiseaux  dans  le  détroit  de  Bransfield. 
25  Décembre  1909.   —  Quelques  rares  l'riocella  dans  l'est  du  détroit 

de  Bransfield. 

6 Janvier  1910.  —  Départ  de  Déception.  Les  Pétrels  gris  sont  de  moins 
en  moins  nombreux  en  se  dirigeant  vers  le  large. 

7  Janvier  1910.  —  En  mer,  quelques  Pétrels  gris. 

8  Janvier  1910.  —  L.  :  61°  15'  S.  ;  G  :  09°  W.  P.  Ouelques  Oiseaux.. 

9  Janvier  1910.  —  L.  :  OlioS.  ;  G.  :  73°  W.  P.  On  voit  surtout  des  Prio- 
eella,  avec  quelques  damiers. 

10. Janvier  1910.  —  L.  :  68°  30'  S.  ;  G.  :  73°  W.  P.  Prineella  assez  nom- 
breux. 

//  Janvier  1911).  —  L.  :  0!)°  1  i'  S.  ;  G.  :  78°  10'  W.  P.  Pétrels  en  assez 
grand  nombre  à  la  sortie  du  paok-icc. 

1^2  .Janvier  1910.  —  L.  :  70°  13'  S.  ;  G.  :  81o  W.  V.  Prioee/Ui. 

i 3  Janvier  1910.  —  L.  :  01)°  l.j'S.;  G.  :  89°  W.  P.  Nombreux  Oiseaux. 

14  Janvier  1910.  — Au  voisinage  de  l'île  Pierre-I^'^.  Toujours  des  Prio- 
ce/la,  surtout  au  voisinage  des  glaces. 

15.Pinvier1910.  —  L.  :  ()8o23'S.;  G.  :  96oo0' W.  P.  Pétrels. 

16. Janvier  1910.  —  L.  :  69°  20'  S  ;  G.  :  102° 09'  W.  P.  Pétrels. 

//  Janvier  1910.  —  L.  :  09°  06  ;  S.  ;  G.  :  104°  44'  W.  P.  Pétrels. 

18  Janvier  1910.  —  L.  :  09°  lîi'S.  ;  G.  :  108°  Oo'  W.  P.  Pétrels. 

19  Janvier  1910.  —  L.  :  70°  T.V  S.  ;  G.  :  1 1 1°  W.  P.  Pétrels. 

20  .Janvier  1910.  —  L.  :  08°  32'  S.  ;  G.  :  1 15°  lo'  W.  P.  Pétrels. 

'21  .Janvier  1910.  —  L.  :  70°  S.  ;  G.  :  121°  30'  W.  P.  Quelques  Oiseaux. 
A  partir  de  cette  date,  le  <<  Pourquoi  Pas?  »  remonte  vers  le  Nord  ;  les 
Pétrels  gris  disparaissent. 

15.  Majaqueus  sequinoctialis  'Linné). 

Cet  Oiseau  est  facilement  reconnaissable  au  vol,  grâce  à  son  bec  jaune 
et  à  sa  livrée  entièrement  noire,  sauf  une  tacbe  blanche  qu'il  présente 
sous  le  menton.  Dans  le  vol,  il  a  un  profil  très  allongé,  le  bec  étant  rela- 
tivement long  et  mince  et  les  tarses  et  pattes  noirs  s'étendant  plus  loin 
que  la  queue.  De  môme  les  ailes  paraissent  longues  et  étroites. 

Cette  espèce  habite  surtout  les  région's  subantarctiques  et  principale- 


OISEAUX     AXTAKCTinUES.  I37 

menl  rAtlanli(|U(>  Sud.  Nous  eu  avons  r(Mi('()ulr(''  un  individu  |i;n'  (tIo2!i'dc 
lat.  S.,  ot  I  10"  IV.y  de  lonj;.  \V.  I'.  ;  nous  ;ivons  vu  en  (iiilic  d'assez  nom- 
breux Oiseaux  au  sud  île  i"AUauli(|ue,  à  la  hauleur  de  la  côte  patai;,o- 
nienn(\  et  dans  le  détroit  de  M;ii;ellau  (\'oir  carie  II,  Nj. 

16.  Pagodroma  nivea  ^(Jinclin). 

Colkrlio»  (1)  : 

No  179.  —  cf  juv.  (li'dis  à  qiialro  mois),  chonnl  do  Lemairc,  9-IV-1909.  Iris  marron  ;  corps 

blanc  (les  pliimrs  di'  la  région  dorsale  présentent  encore  quelques  taches  d'un 

noir  grisâtre  clair  vers  leur  extrémité)  ;  bec  et  paupières  noirs,  tarses  et  pattes 

gris  cendré.  Parasites  externes  :  Aptères  (2). 

L.T.  :  375.  —  E.  :  810.  —A.  :  280.  —  0.  :  133.  —  B.  :  21.  —  T.  :  34.  —  D.  M.  :  44-11. 

NO  185.  —  9,  18-IV-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Poisson. 

L.  T.  :  340.  —  E.  :  770.  —A.  :  255.  —  0.  :  122.—  B.  :  21.  —T.  :  .30.  —  D.  M.  :  45-11. 
N"  191.  —  cf,  3-V-I909.  Iris  brun.  Estomac  :  vide. 

L.  T.  :  395.  —  E.  :  850.  —  A.  :  272.  —  0.  :  132.  —  B.  :  21.  —  T.  :  35.  —  D.  M.  :  48-12. 
N"  192.  —  cf  juv.  (quatre  mois  environ),  3-V-1909.  Iris  brun-marron.  Quelques  plumes 
du  dos  ont  encore  des  taches  grisâtres.  Estomac  :  Euphausics. 
L.  T.  :  350.  —  E.  :  740.  —  A.  :  255.  —  0.  :  109.  —  B.  :  21.  —  T.  :  31.  —  D.  M.  :  44-11. 
N°  204.  —  cf  juv.  (quatre  mois  environ),  6-V-1909.  Iris  brun  ;  tarses  et  pattes  brun  noirâtre. 
L.T.  :  380.  —  E.  :  780.  — A.  :  275.— 0.  :  125.  —  B.  :  21.— T.  :  35.  — D. M.  :  49-12. 
N"  213.  —  a*  juv.  (cinq  mois  environ),  7-VI-1909.  Iris  brun.  Tarses  et  doigts  gris-ardoise 
brunâtre,  palmure  gris  bleuté.  Estomac  :  Euphausics. 
L.T.  :  350.  — E.  :  760.  —A.  :  250.  —  Q.  :  117.  —  B.  :  18.  —T.  :  31.  —  D.  M.  :  4(3-11. 
No  214. —  9  j"'^'-  (cinq  mois  environ),  9- VI-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Euphausics, Poisson. 
L.  T.  :  370.  —  E.  :  780.  —A.  :  260.  —  O.  :  126.  —  B.  :  21.  —  T.  :  32.  —  D.  M.  :  44-11. 
N"  218.  —  cf  juv.,  tué  près  d'un  cadavre  de  Phoque  dont  il  se  nourrissait,  14-VI-1909. 
Iris  marron. 
L:T.  :342.  —  E.  :720.— A.  :226.  —  0.  :  115.  —  B.  :  19. —T.  :33.  —  D.M.  :  45-11. 
N"  219.  —  9  juv.,  14-VI-1909.  Iris  brun-marron.  Estomac  :  graisse  de  Phoque. 

L.  T.  :  350.  —  E.  :  760.  —  A.  :  265.  —  O.  :  132.  —  B.  :  19.  —  T.  :  34.  —  D.  M.  :  45-12. 
No  223.  —  o*,  pris  à  la  main,  17-VI-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  vide,  gravier. 

L.T.  :395.  —  E.  :840.  — A.  :  270.  —  O.  :  127.  —  B.  :  23.  — T.  :  37.  —  D.  M.  :  45-12. 
No  226.  —  cf ,  pris  à  la  main  près  d'un  cadavre  de  Phoque,  16-VI-1909.  Iris  brun.  Estomac  : 
graisse  de  Phoque. 
L.  T.  :  360.  —  E.  :  800.  —  A.  :  255.  — O-  :  l'"'Ô.  —  B.  :  20.  —  T.  :  32.—  D.M.  :  46-12. 
N"  227.  —  cf  juv.,  pris  à  la  main  à  la  nuit  sur  L-  pont  du  «  Pourquoi  Pas?»  15-VI-1909. 
Iris  brun.  Estomac  :  Euphausics. 
L.  T.  :  355.  —  E.  :  770.  —  A.  :  260.  —  O.  :  128.  —  B.  :  19.  —  T.  :  33.  —  D.  M.  :  43-11 . 
No  230.  —  cf,  16  VI-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  viande  de  Phoque. 

L.  T.  :  370.  —  E.  :  805.  —  A.  :  260.  —  Q.  :  132.  —  B.  :  20.  —  T.  :  34.  —  D.  M.  : 
47-11. 

(1)  Tous  les  Oiseaux  capturés  ont  été  pris  suit  sur  l'ilc  Petermann,  soit  dans  ses  environs 
(L.  Gain'i. 

1,2)  Tous  les  «  Pétrels  des  neiges  >j  (jue  nous  avons  examinés  avaient  de  nuitilireux  parasites 
e.xternes  (Aptères)  surtout  localisés surMa  région  céphaliqueel  le  cou  (L.  Cain)  iN'nirPI.  .\V,lig.Gtii. 
Erfiédition  Chiirrot.  —  Gain.   —  Discaux  anlaicli(|ues.  I'*^ 


138  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

No  231.  —  cf ,  pris  à  la  main,  16-VI-1909.  Iris  brun-marron.  Estomac  :  chair  de  Phoque. 
Parasites  intestinaux  :  Ncmatodcs  dans  l'intestin  postérieur. 
L.  T.  :  410.—  E.  :  900.  —  A.  :  285.  —  0.  :  147.  —  B.  :  22.  —  T.  :  37.  —  D.  M.  :  47-12. 
N°  243.  —  rf  juv.  (sept  mois  environ),  6-VII-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  chair  de  Phoque. 
L.  T.  :  37.5.  —  E.  :  780.  —  A.  :  274.  —  0.  :  132.  —  B.  :  21.  —  T.  :  32.  —  D.  M.  :  49-12. 
No  2G5.  —  cf,  pris  au  filet  près  des  cadavres  de  Phoques,  2-VIII-1909.  Iris  brun-marron. 
Estomac  :  graisse  de  Phoque.  Parasites  internes:  Gestodes  dans  l'intestin  antérieur 
et  moyen. 
L. T.  :  380.  —  E.  :  865.  —A.  :  278.  —0.  :  129.  —  B.  :  23.  —  T.  :  37.  —  D.  M.  :  50-13. 
N°  266.  —  cf ,  pris  au  fdet  près  des  cadavres  de  Phoques,  2-VIII-1909.  Iris  brun.  Estomac  : 
viande  de  Phoque.  Parasites  internes  :  Gestodes  dans  l'intestin  antérieur  et  moyen. 
L.  T.  :  415.  —  E.  :  920.  —  A.  :  292.  —  0.  :  142.  —  B.  :  23.  —  T.  :  39.  —  D.  M.  :  53-12. 
No  267.  —  cf ,  3-VIII-1909.  Mêmes  observations  que  pour  le  no  266. 

L.  T.  :  400.  —  E.  :  890.  —  A.  :  285.  —  0.  :  140.  —  B.  :  23.  —  T.  :  40.  —  D.  M.  :  52-1-2. 
N°  268.  —  9,  prise  à  la  main,  la  nuit,  sur  le  pont  du  «  Pourquoi  Pas  ?  »,  5-VI1I-1909.  Le 
membre  postérieur  droit  est  complètement  atrophié. 
L.  T.  :  380.  —  E.  :  885.  —  A.  :  285.  —  0.  :  135.  —  B.  :  22.  —  T.  :  37.  —  D.  M.  :  53-13. 
N°  269.  —  d*i  pris  au  filet,  3-VIII-1909.  Iris  brun  foncé.  Estomac  :  viande  de  Phoque. 

L.  T.  :  370.  —  E.  :  815.  —  A.  :  270.  —  0.  :  123.  —  B.  :  22.  —  T.  :  33.  —  D.  M.  :  49-11. 
No  282.  —  cf,  pris  au  filet,  15-VIII-1909.  Iris  brun-marron.  Estomac  :  viande  de  Phoque. 
L.  T.  :  400.  —  E.  :  890.  —A.  :  290.  —  Q.  :  137.  —  B.  :  23.  — T.  :  36.  —  D.M.  :  51-12. 
No  283.  —  cf,  pris  au  filet,  15-VIII-1909.  Iris  marron.  Estomac  :  viande  de  Phoque.  Para- 
sites internes  :  Gestodes  dans  l'intestin. 
L.  T.  :  380.  —  E.  :  860.  —A.  :  280.  —  0.  :  133.  —  B.  :  22.  —  T.  :  36.  —  D.  M.  :  49-12. 
Oiieaux  conservés  dan;  le  sel  et  l'alcool,  pièces  anatomiques,  systèmes  nerveux. 

Le  l^(i(jO(lfOiiKi  nicea  est  un  des  plus  jolis  Oiseaux  des  régions  aid;i  re- 
liques. Il  est  d'un  blanc  pur,  sauf  le  bec,  les  paupières,  les  tarses  et  les 
pattes,  qui  sont  noirs,  taches  qui  seules  permettent  de  le  distinguer  lors- 
qu'il se  profile  sur  le  fond  immaculé  des  neiges. 

Nous  avons  aperçu  ces  élégants  Oiseaux  au  cours  de  la  première  cam- 
pagne d'été  en  janvier  1900.  Ils  étaient  assez  nombreux  au-dessous  du 
Cercle  polaire,  et  tous  les  jours  nous  en  avons  rencontré  dims  les  parages 
de  la  Terre  Adélaïde,  de  la  baie  Marguerite  et  aux  alentours  de  la  Terre 
Alexandre. 

Nous  n'avons  pas  trouvé  leurs  lieux  de  ponte  dans  les  parages  explo- 
rés par  le  <f  Pourquoi  Pas?  ». 

Au  début  de  l'hiver,  les  Oiseaux  remontent  vers  le  Nord,  pour  rester 
en  contact  avec  la  mer  libre  dans  laquelle  ils  capturent  les  petits  animaux 
indispensables,  en  temps  ordinaire,  à  leur  nourriture. 

Mais  rencontrent-ils  sur  h^ur  l'oule  une  expédition  passant  l'hiver  dans 
les  pays  glacés,  nombreux  sont  ceux  qui  restent  lui  tenir  compagnie. 


OISEAUX  ANTARCTIQUES.  139 

A  l'cicrmnnn,  los  l'rti'ols  ont  fail  lour  aj)|)nrilion  lo  *,l  avril  :  tous 
venaient  tiu  Sud,  eiiass(''s  probablement  j)ai'  hibauquise  qui  s'était  formée. 
Ils  passent  dans  le  clieual  et  au-dessus  de  l'ile  d'un  vol  rapide.  Ils  volent 
souvent  à  la  surface  de  l'eau,  à  la  recherche  des  Euphausies.,  dont  ils  se 
nourrissent.  Us  sont  alors  amusants  à  voir  quand  ils  se  laissent  tomber 
soudain  sous  l'eau,  avec  leurs  ailes  déployées  ;  ils  disparaissent  fom- 
plètement  et  ressortent  de  la  mer,  ayant  toujours  leurs  ailes  ou- 
vertes. 

Pendant  les  premières  [jériodes  de  froid,  lorsque  la  banquise  envahis- 
sait le  chenal,  les  Pétrels  disparaissaient,  restant  vers  le  large  près  de  la 
mer  libre.  Puis,  dès  que  les  glaces  se  disloquaient,  des  quantités  d'()i- 
seaux  passaient  chaque  jour. 

Ai)artir  du  mois  de  juin,  beaucoup  d'Oiseaux,  profitant  de  notre  pré- 
sence à  Petermann,  et  suiMoul  de  l'abondance  de  vivres  qui  leur  était 
offerte,  restèrent  à  la  station  d'hivernage  (PI.  W\\  fig.  57). 

Nullementfarouchcs,  les  Pétrels  vécurent  presque  en  communauté  avec 
les  hivernants,  faisant  leur  nouri'iture  des  débris  qui  provenaient  de  la 
cuisine  et  du  laboratoire.  Il  n'(Hait  pas  rare  de  les  trouver,  par  dizaines, 
autour  des  cadavres  de  Pho(jues,  mélangés  aux  C/tionis  dont  ils  étaient  un 
peu  jaloux,  et  dont  ils  cherchaieni  vainement  à  se  déliarrasser  (PI.  Xl\', 

fig.  m. 

A  Port-Circoncision,  les  PagodruiiKi  sont  restés  nomin-eux  autour  du 
bateau,  se  posant  Èi  la  surface  de  l'eau  quand  la  mer  était  libre  (PI.  XIV, 
lig.  62,  58),  venant  même  jusque  sur  le  pont.  Ils  se  nourrissaient  de  tout 
ce  qu'ils  trouvaient  :  riz,  pain  trempé  dans  l'eau,  soupe,  viande  cuite 
même,  etc.,  tout  leur  semblait  bon.  Lorsque  la  banquise  couvrait  la  baie, 
ils  se  couchaient  sur  celle-ci  ou  ex[»loraient  les  alentours  du  bateau 
(PI.  XIV,  fig.  61,63). 

Leur  hardiesse  et  surtout  leur  voracité  leur  étaient  parfois  funestes. 
Mentionnons  simplement  les  nombreux  Oiseaux  que,  pour  les  collections, 
nous  avons  pu  capturer  soit  à  la  main,  soit  au  filet,  autour  des  cadavres  de 
Phoques.  Des  Pétrels  avaient  pris  la  mauvaise  lial)itude  de  se  grouper, 
en  vue  de  copieux  repas,  sur  la  banquise,  sous  la  manche  de  vidange  des 
eaux  de  la  cuisine  :  et  malgré  les  soins  (pie  nous  |>renions  pour  éviter  de 


140  OISEAUX     ANTARCTIQUES. 

pareilles  catastrophes,  il  est  arriv(''  que  maintes  fois  des  Oiseaux  reiiiient 
des  douches  d'eau  bouillante  qui  en  tuèrent  |)lusieurs. 

Au  début  du  })rintemps,  àpartir  de  septembre,  les  «  Pétrels  des  nei}i,es)) 
quittèrent  peu  à  peu  notre  station  d'hivernage  pour  redescendre  vers  le 
Sud.  Les  Oiseaux  étaient  devenus  très  rares  en  octobre,  et  nous  n'en  vîmes 
plus  en  novembre. 

Ces  Pétrels  peuvent  fournir  des  renseignements  aux  navigateurs,  car 
leur  présence,  en  pleine  mer,  est  presque  toujours  l'annonce  que  la  bau- 
quise  est  proche.  Nous  l'avons  constaté  souvent.  Le  23  décembre  1909, 
tandis  que  le  «  Pourquoi  Pas?  »  faisait  route  dans  l'est  du  détroit  de 
Bransfield  pour  chercher  à  atteindre  l'île  Joinville,  il  rencontra  les  pre- 
miers Prt^ro^/ro?//!^  par  6.3°  de  lat.  S.  et61°0.^'  de  long.  W.  P.,  tandis  que 
quelques  milles  plus  à  l'est  il  trouvait  un  pack  dense  qui  l'empêchait  de 
continuer  plus  avant  dans  cette  direction.  De  même,  après  avoir  perdu 
de  vue  les  Pagor/roj/ta,  naviguant  en  mer  libre  à  60  ou  80  milles  dans 
l'ouest  du  continent  antarctique  sud-américain,  nous  retrouvions 
suintement  ces  Oiseaux  le  10  janvier  1910  par  environ  (iHo  30'  de  lat.  S. 
et  70°  50'  de  long  W.  P.,  à  quelques  milles  seulement  au  nord  de  la 
banquise. 

Au  cours  de  cette  navigation,  (jui  se  continua  en  bordure  des  glaces 
entre  le  76^  et  124°  de  long.  W.  P.,  nous  aperçûmes  constamment  des 
<(  Pétrels  des  Neiges  ».  Les  Oiseaux  disparurent  lorsque  le  <>  Pourquoi 
Pas?  »,  ayant  mis  le  cap  au  Nord,  laissa  derrière  lui  les  dernières  glaces 
de  dérive. 

Le  IC)  juin  1909,  nous  avons  fait,  sur  un  individu  âgé  de  six  mois,  une 
prise  de  sang  pour  la  numération  des  hématies  :  nous  avons  trouvé  une 
moyenne  de  3  000  000  par  millimètre  cube  :  leurs  dimensions  étaient  de 
14  à  lîj  ;y.  sur  7  à  8  ;y.  ;  l'Oiseau  avait  une  température  de  +  39°, 8. 

Parasites.  —  Les  parasites  externes  sont  fort  nombreux  chez  tous  les 
individus  que  nous  avons  capturés  :  ils  sont  presque  toujours  localisés 
vers  la  région  céphalique  et  le  cou.  Ces  Mallophages  se  rapportent  aux 
deux  espèces  suivantes  :  Philoj)terus  nielaiKxejilialus  Nitzsch  et  Degee- 
riella  Cliarcoti  Neumann  (1)  (i'I.  XV,  tig.  Oli). 

(l)  L.  ('..  .Neumann,  foc.  cit.,  p.  1H7,  191. 


OISEAUX     ANTARCTIQUES.  141 

\,r^  Ccsiddos  l'enconln-s  (l;uis  riiilcslin  ont  parfois  uim  vini;laiiu'  de 
cenliiuMros  de  loni;iuMir.  !>('  M)  aoùl,  nous  avons  fronvi'  un  /'.  /i/rra 
mort  sur  la  Ijauquiso  :  uu  aniic  l'rlrcl  ôtait  couché  à  cùlé  du  cadavre 
qu'il  semblait  garder  (IM.  \l\',  lif;.  00).  En  faisant  Tautopsie  de  l'Oiseau, 
nous  avons  constaté  ((u'un  C.estode  obstruait  complètement  Tinlestin 
moyen  sur  une  loni^ueur  d(^  i  centimètres. 

(ies  Helminthes  se  rapportent  au  i:,enre  Tethrabothrius  et  notamment  à 
l'espèce  7'.  hcterorliiii^  Dies  (1). 

Journal  ornilhobxjiqKP  (Voir  carte  II,  Oj. 

13  Janvier  i909.  —  En  mer,  au  large  des  îles  Biscoë  ;  par  66°  de  lat.  S. , 
aperçu  deux  Parjodronia. 

U  Janvier  JiKH). —  A  ((uelques  milles  dans  l'ouest  de  la  Terre  Adé- 
laïde :  quelques  Pétrels  des  neiges. 

Il)  Janripr  1909.  —  Au  large  de  la  Terre  Alexandre  :  des  Oiseaux  volent 
au-dessus  du  pack. 

'Ji  Janciei' 1909. —  \hm>^](-  N.-W.  de  la  Terre  Alexandre  :  Pétrels 
autour  du  bateau. 

1"'  Février  1909.  —  Baie  Matha  :  Pétrels  assez  nondireux.  11  doit  y  avoir 
des  nids  sur  quelques  falaises  rocheuses. 

9  Avril  1909.  —  Ile  Petermann.  Les  Pétrels  des  neiges  font  leur  appa- 
rition dans  le  chenal  de  Lemaire.  Les  Oiseaux  viennent  du  Sud. 

18  Avril  1909.  — Les  Pétrels  passent  nombreux  au-dessus  de  l'île.  Il 
y  en  a  beaucoup  dans  le  chenal  :  on  les  voit  plonger  pour  atlrapei'  les 
Eu[)hausies. 

19  Avril  1909.  —  Plus  de  Pétrels  dans  le  chenal.  Leur  absence  tient  à 
ce  que  la  banquise  s'est  formée. 

'23  Avril  1909.  —  Revu  deux  Pétrels. 
'24  Avril  1909.  —  Deux  Pétrels, 
t^'y  /Ir/vV /.mv.  —  Deux  Pétrels. 

3  Mai  1909. —  Chenal  libre;  il  est  passé  des  quantités  de  Pétrels,  tous 
venant  du  Sud. 

(1)  A.  IIaili.iet  et  A.  Henry,  lor.  cit..  \i.  30. 


142  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

4  Mai  l!l(>!>.  —  Chenal  libre  :  nombreux  Pétrels. 

5  Mai  1909.  —  Chenal  libre  :  nombreux  PiMicls. 

6  Mai  1909.  —  Chenal  libi'c  :  il  est  passé  toute  la  journée  une  quantité 
de  Pétrels  des  neigesvenant  du  Sud. 

7  M<ti  1909.  —  Chenal  rempli  de  petites  glaces  :  peu  de  Pétrels. 
/  /  M/tf  1909.  —  Chenal  libre  :  nombreux  Oiseaux. 

t^i?  Mai  1909.  —  Ouelques  Oiseaux. 
"28  Mai  1909.  —  Banquise  :  Pagodro/i/a  rares. 

"2  .litin  1909.  —  Des  Oiseaux  semblent  s'établir  sur  l'île,  dans  le    voisi- 
nage de  la  station  d'hivernage. 

/,5  Juin  1909.  —  Nombreux  sont  les  Pétrels  restés  à  Port-Circoncision. 
il)  Juin  1909.  —  Tempête  de  N.-E.  ;  les  glaces  sont  brisées.  Autour  du 
«  Pourcjuoi  Pas?  »  volent  de  nombreux  Pétrels  ;  ils  se  posent  à  tout  mo- 
ment sur  l'eau  et  sur  les  morceaux  de  glace  où  ils  trouvent  des  Crustacés 
rejetés  avec  l'embrun. 

Sous  les  rafales  de  neige  et  par  la  tempête,  les  Oiseaux  restent  près  de 
terre,  planant  surtout  à  peu  de  distance  du  sol. 

Les  Pétrels  marchent  disgracieusemcnt  sur  la  neige  ;  ils  semblent  même 
avoir  quelque  difficulté  à  progresser,  se  tenant  sur  les  tarses  au  lieu  de 
marcher  les  jambes  droites.  Beaucoup  se  nourrissent  de  la  dépouille  d'un 
Phoque,  et  pour  l'atteindre  on  voit  les  Oiseaux  voler  face  au  vent,  puis  se 
rapprocher  peu  à  peu  de  terre  et  avancer,  les  ailes  étendues,  en  s'aidanl 
de  leurs  pattes,  dont  seule  l'extrémité  des  doigts  touche  le  sol.  Sans  aucun 
bruit,  frôlant  plutôt  la  neige  qu'ils  ne  la  touchent,  ils  avancent  ainsi  jus- 
(|u';i  la  carcasse  du  Phoque.  Alors,  ils  s'arrêtent,  et,  les  ailes  toujours 
déployées,  ils  avalent  gloutonnement  de  gros  quartiers  de  viande  Si  on 
vient  à  les  déranger,  ils  s'écartent  en  marchant  gauchement  de  côté, 
s'arrêtent,  plient  leurs  ailes  et  se  couchent  sur  la  neige,  attendant  le  mo- 
ment favorable  })0ur  recommencer  le  repas  interrompu. 

Pour  reprendre  leur  vol,  ils  se  mettent  face  au  vent,  les  ailes  étendues, 
courent  quelques  instants,  puis  s'envolent. 

Capturés  à  la  main,  ils  sont  furieux,  crient  peu,  mais  ne  ménagent  pas 
les  coups  de  bec. 

18  Juin  1909.  —  Pétrels  nombreux.    ' 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  14J 

In  /'/if/of/ifui/!/  csl  venu  surir  poul  :  pas  l'ai-oiiche,  il  se  laisse  [)i'eiuli'e 
sans  manilcstei'  le  moiiuli'i'  iiK^'oiilciilciiiciil.  Il  était  sans  doiilo  aU'aiiu'', 
car  il  a  alisoi'bé  du  ri/,  du  pain  trempé  dans  l'eau,  même  de  la  viande 
cuile.  Malheureusement,  dans  la  soii-ée,  le  pauvre  Pétrel  s'est  l'ôti  sous 
le  fourneau  de  la  cuisine. 

"28  Juin  191)9.  —  Quelt|ues  Oiseaux. 

/''"  Juillet  1909.  — Observé  un  Pdf/ndro/Jia  f[ui  se  nourrissait  sur  une 
cai'casse  de  IMîoque;  un  OssilVai;(>,  l'ayant  a[)erçu,  vola  droit  sur  lui.  Il 
n'en  était  plus  qu'à  une  petite  distance  lorsque  le  Pé.trel,  eiïrayé,  s'envola 
eu  faisant  des  détours,  échappant  ainsi,  grâce  à  la  vivacité  de  ses  mouve- 
menls,aux  poursuites  de  l'Ossifrage. 

•■J  ./aillrt  1909.  —  Noiidireux  Oiseaux;  ils  viennent  chercher  leur  nour- 
riture autour  du  bateau,  dans  les  déchets  de  la  cuisine  et  du  labora- 
toire. 

4  Juillet  1909.  —  Les  /'tif/dilro/i/n  sonl  -assez  égoïstes  :  ils  n'aiment  pas 
partager  leur  nourriture  avec  les  Chionis  qu'ils  chasseni,  quand  iisnesont 
pas  chassés  par  eux. 

19  Juillet  1909.  —  Pétrels  nondjr(Hix. 

t^>  Juillet  1909.  —  Les  Pétrels  ont  une  façon  toute  particulière  de 
plonger  pour  prendre  dans  la  mer  les  petits Oustacés  dont  ils  se  nourris- 
sent. Posés  sur  l'eau,  ils  sautent  en  se  [)oiissant  vivement  avec  leurs  pattes, 
décrivent  une  courbe  hors  de  l'eau,  puis  l'etombent  dans  la  mer  la  tète  la 
première  ;  ils  recommencent  ainsi  plusieurs  fois  de  suite. 

'■2  Août  1909.  —  Les  Pétrels  sont  toujoui's  en  grand  nombre  à  Peter- 
mann.  Autour  des  carcasses  de  Phoques,  il  y  en  avait  une  cin(|uantaine 
couchés  sur  la  neige. 

If  Août  1909.  —  Pétrels  nombreux. 

2:)  Août  1909.  —  Toujours  beaucoup  d'Oiseaux. 

iO  Sejiteûihre  1909.  —  Les  Oiseaux  sont  moins  nombreux  à  Pctcrmann. 
Ils  commencent  à  regagnei'  le  Sud. 

Il Septemhre  1909.  —  Pétrels  rai'es. 

:]  (hitiJire  1909.  —  l'rès  peu  d'Oiseaux  aux  abords  de  Petermann. 
Presque  tous  sont  repartis  dans  le  Sud. 

3i  Octobre  1909.  — Aperçu  un  Pétrel. 


144  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

35  Déccnihrr  1909.  —  Détroit  de  Bransficld,  en  bordure  du  pack.  Aperçu 
deux  Pagodroma. 

JO  Janvier  1910.  —  L.  :  08°  "iO'S.  ;  G.  :  7  io  W.  P.  environ.  Nous  retrou- 
vons les  «  Pétrels  des  neiges   »  en  arrivant  en  vue  de  la  banquise. 

//  Jancier  1910.  —  L.  :  (39o  J4'S.  ;  G.  :  78°  10'  W.  P.  Pénétration  dans 
un  pack  très  dense.  Nombreux  Pétrels  des  neiges. 

1'2  Janvier  1910.  —  L.  :  70°  13' S.;  G.  :  81°  W.  P.  Nombreux  Pa;jo- 
droma. 

13  Janvier  1910.  —  L.  :  (iOo  lii'S.  ;  G.  :  89°  W.  P.  Les  Pétrels,  assez 
nombreux  lorsque  nous  longeons  les  glaces,  deviennent  rares  dès  que 
nous  nous  en  écartons. 

14  Janvier  1910.  —  Près  de  l'île  Pierre-Ier.  Pétrels  nombreux. 

16  Janvier  1910.  —  L.  :  69o  20'  S.  ;  G.  :  102°  09'  W.  P.  Plusieurs  Pétrels 
volent  autour  dune  plage  de  drift-ice  qui  s'est  détachée  de  la  lisière  du 
pack. 

//  .lanvicr  1910.  —  L.  :  G9o  00' S.  ;  G.  :  iOioji'W.  P.  Nombreux 
Oiseaux. 

18  Janvier  1910.  —  L.  :  69°  15' S.  ;  G.  :  108o05'  W.  P.  Pagodroma. 

19  Janvier  1910.  —  L.  :  70°  2'^' S.  ;  G.  :  111°  W.  P.  Nombreux  Pétrels. 
•21  Janvier  1910.  —  L.  :  70o0:i'  S.  ;  G.  :  121°  la'  AV.  P.  Pagodroma. 
t^i»  .hiJirier   1910.  —  L.  :  08°  26'  S.;  G.  :  125°  30' W.  P.  Nombreux 

Oiseaux.  Mais,  dès  que  le  <<  Pourquoi  Pas?  »  fait  route  au  Nord  et  aban- 
donne les  glaces,  les  Oiseaux  disparaissent. 

17.  Ossifraga  gigantea  (Gm.). 

Collection  : 

N°  85.  —  9,  tuée  sur  la  banquise  près  de  l'Ile  Jenny  (baie  Marguerite),  29-1-1909.  Iris  brun 

grisâtre  avec  taches  brunes.  Estomac  :  chair  de  Phoque. 
L.T.  :  835.  —  E.  :  1  950.—  A.  :  515.  —  O.  :  205.  —  B.  :  88.  —  T.  :  79.  —  D.  M.  : 

113-20. 
N°  86.  —  9î  prise  à  la  main  près  do  l'île  Jenny,  30-1-1909.  Iris  blanc  grisâtre  et  brun. 

Estomac  :  graisse  de  Phoque. 
N"  136.  —  cf ,  tué  à  coups  de  bâton  sur  un  cadavre  de  Phoque,  lie  Petermann,  21-11-1909. 

Iris  blanc  grisâtre  avec  taches  brunes.  Estomac  :  plumes  de  Pingouin,  viande  de 

Phoque.  Région  ventrale  gris  clair,  dorsale  plus  foncée. 
L.  T.  :  945.  —  E.  :  2  080.  —  A.  :  540.  —  O.  :  262.  —  B.  :  103.  —T.  :  88.  —  D.  M.  : 

143-24. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  145 

N"  144.  —  cf,  pris  à  la  main  près  de  carcasses  de    Pingouins,   Potermann,    11-III-1909. 
Iris  i;ris  jaunâtre  clair  avec  tai'lii's  lii'iiii   fimi'é.    Kstnniac  :  plumes  de  Pingouin 
(290  grammes). 
L.T.  :  910.  —  E.  :  2  050.  —  A.  :  530.  —  Q.  :  245.  —  B.  :  102.  —  T.  :  Vfi.  —  D.  M.  : 
142-26. 
N"  150.  —  9i  tuée  sur  un  cadavre  de  Phoque,  île  Petermann,  21-III-1909.  Iris  gris  jau- 
nâtre  pâle   tacheté  de  brun.  Estomac  :  viande  de   Phoque. 
L.  T.  :  840.  —  E.  :  2  040.  —  A.  :  510.  —  0.  :  220.  —  B.  :  92.  —  T.  :  75.  —  D.  M.  : 
1,38-22. 
N°  278.  —  cf ,  tué  au  fusil  sur  un  cadavre  de  Pyg.  papim,  île  Petermann,  8-VI 11-1909.  Iris 
jaune  très  pâle  au.x;  taches  gris-fusain.  Corps  blanc.  Estomac  :  viande  de  Phoque, 
plumes  de  Pingouin.  Parasites  externes  :  quelques  Aptères. 
L.T.  :  920.—  E.  :  2  100.  —  A.  :  525.  —  Q.  :  250.  —  B.  :  100.  —  T.  :  92.  —  D.  M. 
147-27. 
No  914.  —  cf ,  baie  de  l'Amirauté,  île  du  Roi-George  (Shetlands  du  Sud),  30-XII-1909.  Iris 
gris  légèrement  brunâtre  avec  taches  blanc  jaunâtre.  Couleur  générale  du  corps 
brun  grisâtre  clair.  Estomac  :  graisse  de  Baleine. 
L.  T.  :  870.  —  E.  :  2  000.  —  A.  :  510.  —  Q.  :  240.  —  B.  :  97.  —  T.  :  74.  —  D.  M.  : 
l;.i9-20. 
Conservé  en  outre  des  Oiseaux  dans  le  sel,  des  squelettes,  des  systèmes  nerveux   et 
des  pièces  anatoraiques. 

Nous  avons  trotivé,  chez  ces  «  Pùtrols  géants  d,  tous  les  intermédiaires 
de  plumage,  depuis  le  blanc  pur  jusqu'au  brun  noirâtre  foncé. 

Nous  n'avons  pu  examiner  directement  leurs  nids,  mais,  le  2i  dé- 
cembre 1909,  à  notre  départ  de  la  baie  de  l'Amirauté,  nous  avons 
aperçu  une  grande  quantité  de  ces  Oiseaux  qui  devaient  nicher  près  des 
falaises,  à  l'est  de  l'entrée  de  la  baie. 

Nous  avons  rencontré  ces  Pétrels  sur  toute  la  côte  ouest  de  l'Antarc- 
tide sud-américaine.  Ce  sont  de  vraies  charognards  se  nourrissant  de 
toutes  les  dépouilles  qu'ils  peuvent  trouver,  ainsi  d'ailleurs  que  d'œufs 
et  de  Poussins  qu'ils  volent  dans  les  nids. 

A  l'île  Petermann,  ils  n'ont  jamais  abandonné  la  région  pendant  l'hiver. 
Il  ne  s'est  pas  passé  de  mois,  pas  même  de  semaine,  sans  qu'il  nous  ait 
été  donné  d'en  apercevoir,  parfois  en  assez  grand  nombre. 

Doués  d'une  vue  et  surtout  d'un  odorat  extraordinaire,  il  n'est  pas 
rare,  en  plein  hiver,  alors  que  l'oeil  humain  ne  perçoit  aucun  animal 
jusqu'à  l'horizon,  devoir  arriver  en  quelques  heures,  sur  un  cadavre  de 
Phoque  nouvellement  tué  ou  sur  des  dépouilles  de  Pingouins,  une  ving- 
taine de  ces  Oiseaux.  Avec  leur  bec  puissant,  ils  déchirent  de  gros 
lambeaux  de  chair  et  de  graisse  qu'ils  avalent  gloutonnement,  au  point 

Ejcpédition  Charcol.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  19 


146  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

qu'ils  ont  une  grande  difficulté  à  s'envoler  après  un  pareil  repas  et  qu'ils 
sont  le  plus  souvent  obligés  de  se  débarrasser  du  contenu  de  leur  estomac 
avant  de  reprendre  leur  vol.  C'est  le  moment  choisi  par  le  naturaliste 
pour  capturer  ces  animaux. 

Quand  ils  sont  à  terre,  ils  ont  peine  à  s'envoler  :  ils  prennent  des 
allures  grotesques  avec  leurs  ailes  déployées,  courant  lourdement  sur  la 
neige,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  aci[uis  une  assez  grande  vitesse  pour  se 
lancer  dans  l'air. 

A  l'ile  Déception,  bien  qu'ils  ne  nichent  pas  dans  les  environs,  nous 
avons  vu  des  centaines  d'Ossifrages,  attirés  par  les  nombreux  cadavres 
de  Cétacés. 

Parasites.  —  Les  Aptères  que  nous  avons  recueillis  sur  la  tète,  le  cou 
elle  ventre  de  deux  individus  tués  sur  l'ile  Petermann,  les  13 septembre 
etSnovembre  1009,  appartenaient  à  deux  espèces  nouvelles.  M.  L.G.  Neu- 
mann,  qui  a  étudié  nos  collections  de  Mallophages,  a  donné  à  ces  deux 
espèces  les  noms  de  P/iilopterus  Gaini  et  Lipeurus  Gaini[\). 

Journal  ornithologique  (Voir  carte  II,  P). 

"iB  rt  30  Janvinr  1909.  —  Baie  Marguerite.  Quelques  Ossifrages  sur  les 
cadavres  de  Phoques,  près  de  l'île  Jenny. 

16  Mars  1909.  — Petermann.  Nombreux  Oiseaux  autour  de  l'île. 

3  Avril  1909.  —  Aperçu  deux  Ossifrages  blancs. 

'■24    cri/  1909.  —  Vu  un  Ossifrage  blanc. 

?/  Mai  1909.  —  Plusieurs  Pétrels  géants  rôdent  autour  de  l'île. 

î  Juin  1909.  —  Les  Ossifrages  sont  rares  :  quelques  individus  isolés 
de  temps  en  temps. 

3  Juiîï  1909.  — Une  dizaine  de  Pétrels  sont  rassemblés  autour  d'un 
cadavre  de  Phoque. 

16  Juin  1909.  —  Tempête  de  N.-E.,  banquise  en  dérive.  Nombreux 
Oiseaux  près  des  carcasses  de  Phoques. 

19  Juillet  1909.  —  Toujours  quelques  Pétrels  dans  les  environs  de 
Petermann. 

M)  L.  G.  Nei-mann,  loc.  cit.,  p.  189  et  suiv. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  147 

(V  Aon/  1909.  —  Nous  avons  lui'  de  noiubi'ciix  Piiii^ouiiis  Papous.  Los 
dôpouilles  de  ces  Oiseaux,  abandonnées  sur  l'île,  ont  attiré  une  vingtaine 
dOssifrages,  parmi  les([uels  il  y  a  un  individu  blanc. 

.5  Septembre  IUDII.  —  Vu  un  Ossifrage  blanc. 

Pendant  les  mois  de  septembre  et  d'octobre,  des  Pétrels  sont  venus 
constamment  à  Petermann  ou  sur  les  glacesdu  chenal,  autour  des  cadavres 
de  Phoques. 

%  Octobre  i'JOO.  —  Vu  un  Ossifrage  blanc. 

/  Novembre  IHOIK  —  Toujours  des  Oiseaux  sur  les  carcasses  de 
Phoques. 

1^7  NovewJire  1909.  —  Nombreux  Oiseaux  aux  alentours  de  l'île 
Déception,  ainsi  que  dans  la  baie  intérieure,  autour  des  cadavres  de 
Baleines.  Vu  deux  individus  blancs. 

6  Décembre  1909.  —  Nombreux  Oiseaux  dans  le  détroit  de  lîransfield. 

7  Dècentbre  i909.  —  lie  Déception.  Vu  d<'ux  Ossifrages blancs. 

13  Décembre  1909.  — 11  est  passé  toute  la  journée  dans  Port-Foster  des 
centaines  d'Ossifrages.  Nous  avons  remarqué  une  dizaine  d'individus 
blancs. 

il  Décembre  1909.  —  Vu  une  colonie  d'Ossifrages  près  des  falaises,  à 
l'est  de  l'entrée  de  la  baie  de  l'Amirauté  (île  du  Roi-George).  Une  centaine 
d'Oiseaux  étaient  couchés  sur  la  neige. 

6  Janvier  19/0.  —  Départ  de  l'île  Déception.  Les  Ossifrages  deviennent 
de  plus  en  plus  rares,  à  mesure  que  nous  faisons  route  vers  l'Ouest. 

/5  Janvier  1910.  —  L.  :  6O0  I  V  S.  ;  G.  :  ()8o  10'  W.  P.  Aperçu  deux 
Ossifrages  dans  l'ouest  de  la  Terre  Alexandre. 

13  Janvier  1910.  —  L.  :  (30o  15'  S.  ;  G.  :  80°  W.  P.  Vers  onze  heures  du 
soir,  nous  avons  vu  voler  un  Ossifrage  au-dessus  du  pack. 

18.  Daption  capensis  (Linné). 

Collection  : 

N"  1.  —  Pris  à  la  ligne  à  rarrièro  du  bateau,  près  de  l'Ile  Smith,  22-XI 1-1908. 

L.  T.  :  395.  —  E.  :  890.  —  A.  :  270.  —  Q.  :  130.  —  B.  :  33.  —  T.  :  44.  —  D.  M.  :  59-11. 

N"  327.  —  cf.  île  Petermann,  7-Xl-inn9.  Iris  brun,  bec  noir,  paupières  brun  foncé  avec 
une  petite  tache  longitudinale  blanche  sous  la  paupière  inférieure  ;  tarses  et  pattes 
noires  avec  plusieurs  taches  blanches  (une  tache  blanche  allongée  sur  le  bord 
interne  du  doigt  II,  ainsi  que  sur  le  bord  interne  de  chacune  des  phalanges  des 


148  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

doigts  III  et  IV  ;  les  taches  blanches  du  doigt  III  se  continuent  sur  la  palmure. 
Estomac  :  Euphausies  en  partie  digérées.  Parasites  externes  :  Aptères. 
L.  T.  :  395.  —  E.  :  890.  —  A.  :  270.  —  Q.  :  127.  —  B.  :  29.  —T.  :  42.  —  D.  M.  :  03-11. 
Embryons  : 

1\'°  399.  —  2  embryons  dans  les  premiers  jours  d'incubation.  Œufs  trouvés  dans  les  nids 
situés  sur  les  falaises  est  de  l'entrée  de  l'île  Déception,  28-XI-1909. 
Les   embryons   suivants  proviennent   d'œufs   pondus  le  2  ou  le   3   décembre    1909. 
Ils  ont  été  mis  dans  l'étuve  (1)  le  3  décembre  et  retirés  aux  dates  suivantes  : 
Nos  483. —  Embryon  de  sept  à  huit  jours  (fixé  le  lO-XII-1909).  —  487  :  neuf  à  dix  jours 
(fixé  le  12-X1I-1909).  —  802  :   retiré  de  l'étuve  le  lG-XII-1909  :  il  y  a  eu  arrêt 
dans  le  développement.  —  855  et  880  :  dix-neuf  jours  (fixés  le  22-XII-1909). 
■ —  881  et  886  :  l'incubation  s'est  arrêtée  vers  le  dixième  jour.  —  887  et  888  :  2 
embryons  de  vingt-trois  jours  (fixés  le  2(3-XII-1909). 
Quelques  Oiseaux  conservés  dans  le  sel,  des  squelettes  et  des  systèmes  nerveux. 

Les  «  Damiers  du  Cap  »  sont  ainsi  nommés  à  cause  des  taches  qua- 
drangulaires  alternantes,  brunes  et  blanches,  qui  recouvrent  leurs 
ailes. 

Dès  la  côte  américaine,  au  sud  du  cap  Horn,  ces  Pétrels  accompagnent 
souvent  en  troupes  nombreuses  les  bateaux  qui  descendent  vers  le  Sud. 
Nous  les  avons  trouvés  en  décembre  1908,  à  l'Ile  Déception,  et  notamment 
dans  l'anse  des  Baleiniers,  où  ils  sont  par  bandes  de  plusieurs  centaines. 

Nous  avons  aperru  en  mer  quelques  individus,  au  cours  de  la  première 
campagne  d'été,  au  large  de  la  Terre  de  Graham. 

Pendant  Ihivernage  à  l'île  Petermann,  ce  n'est  que  très  rarement  que 
nous  avons  vu  des  Oiseaux  isolés  en  mai,  juin  et  novembre. 

Par  contre,  ils  étaient  nombreux  en  novembre  et  décembre,  dans  les 
détroits  de  Gerlache  et  de  Bransfield. 

Pendant  la  seconde  campagne  d'été,  ces  Pétrels  ont  surtout  été 
observés  aux  environs  du  cercle  polaire  ;  le  long  de  la  banquise,  par 
69o  de  lat.  S.,  nous  n'avons  rencontré  que  de  rares  individus. 

C'est  à  l'ile  Déception,  en  décembre  1909,  que  nous  avons  trouvé  leurs 
nids.  Ces  nids  étaient  placés  dans  les  falaises  les  plus  escarpées  de  l'île,  à 
l'est  de  l'entrée  de  Port-Foster.  Malheur  à  celui  (|ui  leur  va  rendre 
visite,  s'il  ne  connaît  à  l'avance  les  mœurs  déplorables  et  malpropres  du 
Damier.  Il  laisse  approcher  le  visiteur  sans  paraître  s'en  soucier,  mais, 
lorsque  ce  dernier  se  trouve  à  portée,  il  projette  sur  lui,   à  plusieurs 

(Ij  Voir  p.  132  (L.  Gain).  , 


OISE  A  UX    A  NT  A  RCTI{)  UES.  149 

it'|iris('s,  ol  ;ivcc  une  adresse  l'omarquable,  le  contenu  de  son  estomac  : 
liquide  huileux,  de  couieui'  orangée,  à  odeur  infecte,  qui  ne  laisse  pas  que 
de  surprendre  désagréablement  et  de  provoquer,  parfois,  chez  le  malheu- 
reux visiteur,  une  manifestation  analogue  à  celle  de  l'Oiseau,  mais  chez 
lui,  (oui  à  fait  involontaire  ;  seulement  alors,  lorsque  ce  moyen  de  défense 
leur  vient  à  manquer,  les  Damiers  consentent  à  abandonner  leui'  nid. 

Les  nids  sont  faits  soit  dune  simple  dépression  dans  le  sol,  avec  quelques 
petits  cailloux,  soit  d'une  excavation  dans  le  rocher.  Ils  sont  toujours 
dilliciles  à  trouver,  placés  le  long  de  falaises  abru[)tes  (PI.  XV,  fig.  68, 
69,70,71). 

Il  y  a  un  seul  n^uf  d'un  blanc  pur  (PI.  XV,  fig.  71).  J'ai  cependant 
observé  un  nid  qui  avait  deux  œufs  :  il  est  presque  certain  que  deux 
femelles  avaient  pondu  dans  le  même  nid.  La  |)ontc  commence  dans  les 
derniers  jours  de  novembre  ;  elle  atteint  son  maximum  au  début  de 
décembre.  Le  tableau  suivant  donne  les  dimensions  et  les  poids  des 
œufs  (PI.  IX,  fig.  37,  Q)  : 


NUMÉRO 

LONGUEUR 

LARGEUR 

en 

en 

POIDS. 

LOCALITÉ. 

DATE. 

d'ordre. 

luillitnèlrcs. 

millitnètres. 

G.7.» 

(•)7 

17 

SI) 

llo  Déception. 

3-XII-190'.). 

(•>(•)() 

1)8,.") 

45 

75 

— 

— 

(Kil 

(11,5 

42 

58 

— 

— 

01  y 

iVJ 

iC),.-) 

53 

— 

— 

(k;:! 

fj'i 

m,', 

53 

— 

— 

(ICii 

(>0,5 

42 

55 

— 

— 

(jr.r> 

(12 

42.5  • 

OU 

— 

— 

(JC)(i 

08 

4i..") 

70 

~ 

N'ayant  pu  suivre  le  développement  des  œufs  de  D.  capensis  sur  place, 
nous  sommes  arrivés  à  en  faire  couver  un  certain  nombre,  ce  qui  nous  a 
permis  d'avoir  une  série  d'embryons  de  cette  espèce  aux  diflférents  stades 
de  l'incubation.  Nous  attribuons  à  cette  incubation  une  durée  d'environ 
quatre  semaines. 

Parasites.    —   Les  quelques  Cestodes    que  nous  avons  trouvés  dans 


150  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

l'intestin  do  D.  capensis  se  rapportent  à  l'espèor    Tethrahothrius  hcleid- 
clitus  Dies  (1). 

Les  parasites  externes  sont  assez  rares  sur  D.  capensis.  Les  deux  Mal- 
lophages  trouvés  appartiennent  à  respèce  Lipetirus  (iarlti  Tasohen- 
berg(2). 

Journal  oyviithologiqiœ  (Voir  carte  II,  Q). 

W  au  '21  Octobre  1908.  —  Pendant  la  traversée  de  Rio-de-Janeiro  ù 
Buenos-Ayres,  nous  avons  rencontré  quelques  rares  Damiers  qui  nous 
ont  suivis. 

^24  Novembre  au  i"  Dècemhre  J!)l)8.  —  Les  Pétrels  sont  plus  communs 
entre  Ikienos-Ayres  et  Punta-Arenas,  surtout  vers  la  fin  de  la  traversée, 
au  voisinage  du  détroit  de  Magellan. 

t^i*  Décembre  1Q08.  —  Les  Damiers  sont  très  nombreux  au  sud  du  cap 
llorn.  Une  troupe  d'une  centaine  accompagne  le  «  Pourquoi  Pas?  ».  Ils 
se  tiennent  surtout  à  l'arrière  du  bateau.  Ils  sont  faciles  à  prendre  à  la 
ligne.  Quand  des  débris  de  la  cuisine  sont  jetés  du  bord,  les  Oiseaux  se 
posent  sur  l'eau,  chercbent  leur  nourriture,  puis  toute  la  bande  s'envole 
et  rejoint  le  navire. 

i*.'?  au  25  Bccemhro  f908.  — Ile  Déception.  —  Les  Oiseaux  sont  par 
milliers  au  voisinage  de  l'Ile,  attirés  par  les  nombreuses  carcasses  de 
Baleines  que  la  mer  transporte  de  tous  côtés. 

26  Décembre  1908.  —  Rencontré  des  Damiers  dans  les  détroits  de 
Bransfield  et  de  Gerlacbe.  Je  n'en  ai  ])lus  revu  à  partir  du  chenal  de 
Roosen. 

13  .lancier  1909.  —  En  mer,  au  large  de  la  baie  Matba  et  de  la  lerrc 
Adélaïde  :  aperçu  quelques  Pétrels. 

6  Mai  1909.  —  lie  Petermann.  Chenal  libre  :  vu  quelques  Damiers. 
iô  Juin  1909.  —  (Ihenal  libre  :  il  est  passé  un  Damier. 

27  Juin  1909.  —  Deux  Damiers  sont  passés  près  de  la  côte  nord  de 
Petermann. 


(1)  A.   Railiikt  et  A.  Henry,  loc.  cit.,  p.  38. 

(2)  L.  C.  Neumann,  loc.  cit.,  p.  192. 


OIS EA  UX    A  N TA  KC TIQUES.  151 

;>'  Xniu'iiiluc  /.W.V.  —  l'ii  Dîiniier  vciinnt  du  Sud  est  pnssé  dans  le 
chenal. 

7  .\(ir('/i//iir  1909.  —  Vu  un  Pélrel  qui  se  reposait  sur  Tt-au,  près  de 
Port- Circoncision. 

•■H)  .\nrrj//hrr  1909.  —  Un  Damier  est  passé  dans  le  chenal. 

'■26  .\orr//tl>/('  1909.  —  En  niei-  :  ajierru  de  nombreux  Oiseaux  dans  le 
détroit  de  Gerlache. 

'27  Xovemhro  1909.  —  Détroit  de  Rransfield  :  plus  le  «  Pourquoi  Pas?  » 
approche  de  l'île  Déception,  plus  les  Damiers  sont  nombreux. 

Dans  l'anse  des  Baleiniers  (île  Déception),  les  Pétrels  sont  posés  sur 
l'eau  :  ils  forment  des  bandes  de  plusieurs  centaines  d'individus. 

28 iVovembre  1909.  —  lie  Déception.  Visite  aux  rochers  situés  dans 
Test  de  la  passe  :  ils  sont  formés  de  tufs  Yolcanicjues  qui  atteignent  près 
de  200  mètres  de  hauteur.  C'est  dans  ces  falaises,  le  plus  souvent  très 
escarpées  et  difficiles  d'accès,  que  les  Damiers  font  leurs  nids.  Trouvé 
4  œufs  sur  22  nids  rencontrés. 

3  Décembre  i909.  —  Cherché  des  œufs  dans  les  falaises  de  Déception. 
Trouvé  43  nids  dont  20  avaient  des  o'ufs. 

4  Dècemhip  1909.  —  Trouvé  quelques  nids  de  Pétrels  dans  les  falaises 
de  la  pointe  ouest  de  l'entrée  de  l'île. 

6  Décembre  i909.  —  Chasse  à  la  Baleine  dans  le  détroit  de  Bransfield  : 
aperçu  beaucoup  d'Oiseaux. 

7  Décembre  1909.  —  Déception  ;  il  y  a  d'autres  colonies  de  Damiers 
qui  nichent  dans  les  falaises  de  la  pointe  de  rochers  formant  cap,  sur  la 
côte  est  de  l'île,  en  bordure  du  détroit  de  Bransfield. 

21  Décembre  1909.  —  Baie  de  l'Amirauté  (île  du  Roi-George).  Aperçu 
d'assez  nombreux  Damiers. 

6  Janvier  1910. —  Départ  de  Déception.  A  la  sortie  de  l'île,  des  bandes 
d'Oiseaux  qui  deviennent  de  moins  en  moins  nombreuses  en  allant  dans 
l'Ouest. 

7  Janvier  1910.  —  Au  large  de  l'archipel  de  Palmer.  Quelques 
Oiseaux. 

8  Janvier  1910.  —  L.  :  (34°  lo'S.  ;  G.  :  69»  W.  P.  Quelques  Oiseaux. 

,9  Janvier  1910.  —  L.  :  06°  S.  ;  G.  :  73°  W.   P.  Dans  la  soirée  nous 


152  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

avons  dépassé  le  cercle  polaire;  ce  sont  surtout  des  Damiers,  avec  quel- 
ques Priocella  glacuihidon ^  (|ui  sont  en  vue. 

10  Janvier  1910.  —  L.  :  68o30'S.  ;  G.  :  73°  W.  P.  Les  Damiers  sont  de 
moins  en  moins  fréquents  ;  ils  disparaissent  dans  la  soirée. 

14  Janvier  1910.  —  Au  large  de   l'île    Pierre-Ier.  Aperçu  quelques 
Damiers. 

15  Janvier  1910.  —  L.  :  68o23'S.;  G.  :  96°  50'  W.  P.  Quelques 
Damiers. 

COUVEUSE 

Dans  la  liste  des  embryons  que  nous  avons  mentionnés  pour  cha- 
que espèce,  il  y  en  a  certains  qui  sont  notés  comme  ayant  été 
obtenus  en  couveuse  (notamment  pour  les  Oiseaux  suivants  :  Pij<i.  Ade/ix, 
Pjig.  papua,  Sterna  vittata  et  surtout  Daption  capensis). 

Nous  ne  pouvions  attendre  sur  place  l'incubation  de  certains  œufs,  par 
suite  de  lanavigation  que  le  «  Pourquoi  Pas?  »  était  obligé  d'entreprendre 
pendant  l'été,  pour  continuer  son  exploration  et  ses  r(>cherches  océano- 
graphiques. Nous  avons  donc  dû  chercher  un  moyen  qui  nous  permît 
d'obtenir  les  embryons  de  certains  Oiseaux  dont  nous  avons  pu  recueillir 
les  œufs  au  moment  de  la  ponle. 

Nous  disposions  à  jjord  d'une  petite  étuve  à  eau,  composée  d'un 
cylindre  en  cuivre  à  double  i)aroi,  terminé  en  cône  à  la  base  ;  dans  la 
chambre  intérieure,  nous  avions  disposé  trois  tablettes  superposées  sur 
lesquelles  nous  rangions  les  onifs.  Le  dessus  de  l'étuve  fermait  au  moyen 
d'un  couvercle  :  dans  celui-ci,  était  ménagée  une  ouverture  qui  laissait 
passer  un  thermomètre  allant  dans  la  chambre  intérieure.  Un(^  lamjx' 
nous  servait  de  source  calorifique.  Le  réglage  de  l'appareil  dul  se  faire 
i»ar  tâtonnement,  en  cherchant  à  quelle  distance  du  fond  de  l'étuve  il  fallait 
placer  la  source  de  chaleur  pour  obtenir  la  température  désirée. 

Les  moyens  rudimentaires  dont  nous  disposions,  la  place  presque 
impossible  à  trouver  où  cette  étuve  pût  être  garantie  contre  les  nom- 
breuses causes  extérieures  pouvant  inlluencer  sa  température  et  la  faii(^ 
varier,  les  allées  et  venues  continuelles,  les  courants  d'air  inévitables. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  I53 

forniiiiciil  ;mUiiil  de  racleurs  (jui  nous  permettaionl  de  luctlro  en  doulc  la 
bonne  marche  de  rappjireil  cl  riiiti-rèt  des  résultats  à  obtenir. 

Dès  le  début  de  novembre  lOO'.t,  nous  avions  placé  cette  étuve  dans  un 
angle  du  carré,  derrière  le  poêle,  le  seul  endroit  où  il  se  trouvât  quelque 
chance  d'arriver  à  un  fonctionnement  pas  trop  défectueux  de  l'appareil. 
Mais  les  courants  d'air  incessants,  la  chaleur  du  poêle,  et  forcément  aussi 
le  manque  desoins  nous  obligèrent  à  chercher  un  emplacement  plus  isolé. 

Quoique  la  place  fût  des  plus  restreintes,  nous  avons  logé  l'étuve  dans 
un  coin  de  notre  cabine.  Après  avoir  constaté  qu'une  simple  lampe  à 
essence  ne  pouvait  nous  donner  une  chaleur  suffisante,  la  chambre  inté- 
rieure ne  dépassant  pas  +  23°,  nous  avons  abandonné  celle-ci.  pour  une 
lampe  à  pétrole.  Après  plusieurs  jours  de  tâtonnements,  nous  sommes 
arrivés  à  assurer  une  température  moyenne  de  +  37°  à  +  39°  (nous 
avions  constaté  que  la  température  de  divers  Oiseaux  variait  aux  environs 
de  +  39°). 

Pour  éviter  les  grands  écarts  de  température  qui  avaient  lieu  conti- 
nuellement à  l'intérieur  du  bateau,  aux  variations  aussi  qui  se  produi- 
saient constamment  dans  la  source  de  chaleur,  il  nous  a  fallu,  pendant 
sept  semaines  (du  14  novembre  au  27  décembre  1909),  exercer  une  sur- 
veillance de  tous  les  instants.  Chaque  jour,  matin  et  soir,  les  œufs 
étaient  mis  à  l'air  quelques  instants  et  retournés! 

Malgré  tous  les  multiples  inconvénients  impossibles  cà  éliminer  dans 
les  circonstances  où  nous  nous  trouvions,  les  résultats  dépassèrent 
ce  que  nous  attendions.  Et  si  certains  œufs,  après  avoir  couvé  quelques 
jours,  s'arrêtèrent  dans  leur  développement  (notamment  les  œufs  de 
/'.  papua),  chez  d'autres  l'incubation  se  poursuivit  normalement 
(S.  vittata,  et  surtout  D.  caprnsis). 

Mais  il  est  certain  que  la  température  de  37o  à  39°  à  laquelle  étaient 
soumis  les  œufs  appartenant  à  des  espèces  différentes  d'Oiseaux  ne  con- 
venait probablement  pas  à  tous.  Trop  forte  pour  certains,  elle  ne  l'était 
peut-être  pas  assez  pour  d'autres.  De  plus  les  conditions  dans  lesquelles 
couvaient  ces  œufs  étaient  très  différentes  des  conditions  ordinaires. 

Cependant,  grâce  à  ce  procédé,  nous  avons  pu  notamment  nous  pro- 
curer une  collection  d'embryons  de  D.  capensis  aux  différents  stades  de 

Expédition  Charcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  20 


154  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

rincubation,  depuis  les  premiers  jours  jusqu'au  vingt-troisième,  c'est-à- 
dire  quelques  jours  seulement  (4  ou  5)  avant  l'éclosion  du  Poussin. 

En  nous  basantsur  ces  résultats,  acquis  dans  des  conditions  déplorables, 
nous  ne  saurions  trop  recommander  aux  expéditions  futures  l'usage  de 
couveuses  pour  se  procurer  des  séries  d'embryons.  On  arriverait,  avec  ce 
procédé,  à  combler  une  lacune  pour  certaines  espèces,  dont  l'embryogé- 
nie est  fort  peu  connue  ou  même  totalement  ignorée. 

19.  Prion  desolatus  (Gm.). 

Les  (<  Pétrels  bleus  »  ou  «  Oiseaux  des  baleines  »  ne  nichent  pas  dans 
les  régions  antarctiques.  On  les  rencontre  seulement  dans  les  Océans 
polaires,  volant  par  petites  troupes,  d'un  vol  très  rapide,  à  la  surface  de 
la  mer,  faisant  leur  nourriture  dos  petits  animaux  qui  forment  le  plancton. 

Nous  les  avons  vus  presque  journellement  pendant  la  navigation  d'été 
depuis  le  détroit  do  Bransfiold,  et  plus  au  sud  on  bordure  de  la  banquise, 
entre  le  58°  et  le  125"  de  long.  W.  P.,  jusqu'au  55°  de  lat.  S.;  mais  ils 
ne  furent  nombreux  qu'entre  le  60'*^  et  le  65°  de  lat.  S. 

Nous  ne  pouvons  dire  avec  certitude  si  les  Oiseaux  aperçus  apparte- 
naient au  P.  desolatus  ou  au  P.  Bcinksi. 

Les  espèces  de  «  Prions  »  se  distinguent  difficilement  au  vol.  Toutes 
nos  observations  relatives  à  ces  Oiseaux  ont  été  faites  au  cours  de  la  navi- 
gation, et  toujours  aune  certaine  distance  du  bord;  aussi  sont-elles  dou- 
teuses au  point  de  vue  spécifique. 

Journal  ornithologique  (Voir  carte  II,  H). 

?7  Novembre  WOI>.  —  Détroit  de  Bransfiold  :  rencontré  un  «  Prion  ». 
6'  Déceinho  1909.  —  Aperçu  deux  Oiseaux. 

7  Janvier  1910.  —  Au  large  de  l'archipel  de  Palmer.  Quelques  Oiseaux. 

8  .Janvier  1910.  —  L.  :  61°  15'  S.  ;  G.  :  69°  W.  P.  Quelques  Oiseaux. 

.'/  Janvier  1910.  —  L.  :  0(3°  S.  ;  G.  :  73°  W.  P.  Aperçu  deux  «  Prions  ». 

14  Janvier  1910.  —  L.  :  OSo  30'  S.  ;  G.  =  80°  48'  W.  P.  Vu  trois  Oiseaux. 

15  Janvier  1910.  —  L.  :  (38o23  'S.  ;  G.  :  96°  50' W.  P.  Quelques  Oiseaux. 
17  .Janvier  1910.  —  L.  :  C»!»»  06'  S.  ;  G.  :  404°  44'  W.  P.  Deux  Pétrels. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  155 

19  Janvier  1910.  —  L.  :  70°  2;i'  S.  ;  G.  :  M  1°  W.  V.  lu  l'rlicl. 

n, laurier  1910.  —  L.  :  r.(>o  22'  S.;  G.  :  121°  17'  W.  I'.  Vu  un  Oiseau. 

'21  Janrirr  1910.  —  L.  :  (iio  7'  S.  ;  G.  :  I  lO"  ."id'  W.  V.  .,  Prions  »  assez 
nombreux  autour  du  bateau. 

'25  Janrirr  1910.  ^L.  :  (i|o23' S.  ;  G.  :  1 10° 39' W.  P.  Prions  nombreux; 
aperçu  à  plusieurs  reprises  une  bande  d'une  trentaine  d'individus. 

'K)  Janrirr  1910.  —  L.  :  OS"  S.;  G.  :  107»  20'  W.  P.  Observé  moins 
d'Oiseaux. 

27  Janrirr  1910.  —  L.  :  'M¥  :J2'S.  ;  G.  :  I02o30' W.  P.  Quelques  Oiseaux. 

28  Janrirr  1910.  —  L.  :  55°  ai'  S.  ;  G.  :  07°  \2'  W.  P.  Les  «  Prions  ..  ont 
disparu. 

20.  Halobaena  caerulea  (Gm.). 

On  arrive  assez  facilement  à  distinguer  ces  Oiseaux  des  J'/ions  grâce 
à  hi  couleur  blanche  d(^  rextrémité  de  la  cjueue. 

Nous  en  avons  rencontré  quelques  individus  en  janvier  1910,  tandis 
(|ue  le  «  Pourquoi  Pas?  »  faisait  route  au  Nord.  Nous  vîmes  trois  de  ces 
Oiseaux  par  environ  61°  23'  de  lat.  S.,  et  1 16°  56'  de  long.  W.  P.  ;  l'un 
volait  de  compagnie  avec  une  troupe  de  Prions  (Voir  carte  II,  S). 

Le  27  janvier,  par  36° 32'  S.  et  102° 30'  long.  W.  P.,  nous  avons  vu 
d'assez  nombreux  individus.  Nous  avons  croisé  plusieurs  Oiseaux  de  cette 
espèce  jusqu'au  cap  Pilar,  à  l'entrée  du  détroit  de  Magellan,  du  côté  du 
Pacifique. 

L'Expédition  de  la  «  Discovery  »  s'était  procui^é  un  spécimen  de  celte 
espèce  par  62°  S.  et  1  10°  de  long.  W.  Gr. 

DIOMÉDÉIDÉS 

21.  Diomedea  exulans  (L.). 

Collection. 

N°  290.  —  5  juv.  (douze  mois),  tuée  dans  Port-Foster  (île  Déception),  2-1-1910.  Bec 
mauve  légèrement  rosé  très  pâle,  passant  au  jaunâtre  vers  la  pointe.  Paupières 
laque  carminée  rose  ;  iris  brun  grisâtre.  Tarses  et  pattes  d'un  bleu  légèrement  gri- 
sâtre très  pâle  avec  un  peu  de  violacé.  Corps  blanchâtre  ;  partie  supérieure  des  ailes 
brun  grisâtre.  Estomac  :  graisse  de  Baleine.  Parasites  externes  :  I.xode  et  de  nom- 
breux Aptères. 


156  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

L.  T.  :  1  100.  —  E.  :  2  880.  —  A.  :  670.  —  Q.  :  265.  —  B.  :  164.  —  T.  :  96.  —  D.  M.  : 
160-20. 

Nous  vîmes  quelques-uns  de  ces  Albatros  clans  les  parages  de  l'ile  Décep- 
tion, attirés  vers  cette  région  par  les  nombreuses  dépouilles  de  Baleines. 
Vers  le  Sud,  ils  étaient  rares  au  voisinage  dupack-ice  :  cependant  quelques 
individus  furent  aperçus  jusqu'à  la  latitude  de  08°  30'  S. 

Parasites.  —  Nous  avons  trouvé  une  nymphe  d'un  Ixode  appartenant  à 
l'espèce  Ixodes  [Cerali rodes)  putus  (Cambridge),  et  de  nombreux 
Aptères  localisés  sur  la  tête,  le  cou  et  le  ventre.  L'un  de  ces  Aplères 
appartenait  à  l'espèce  Lipeuriis  fero.v  Giebel,  tous  les  auti'es  à  l'espèce 
Ta-ichenherfjiella  brevis  (Dufour). 

Journal  ormthoJogiqiie  (Voir  carte  II,  T). 

6  Déeemhre  HKHI.  —  Aperçu  un  Albatros  dans  le  détroit  de  Branslield. 
^  Janvier  1910.  —  Deux  Albatros  ont  été  vus  dans  la  baie  intérieure  de 

Déception  :  un  a  été  tué. 

7  Janvier  Uiid.  —  Au  large  de  l'archipel  de  Palmer,  quelques  Albatros 

volent  autour  du  bateau. 

8  Janvier  1910.  —  L.  :  6  i°  I  :.'  a  S.  ;  G.  :  69°  W.  P.  Quelques  Albatros. 

9  Janvier  19 Kf.  —  L.  :  00° S.  ;  G.  :  73°  W.  1».  Vu  trois  Albatros;  presque 
toute  la  journée,  ils  ont  volé  autour  du  «  Pourquoi  Pas  ?»  en  décrivant  de 
grandes  courlx^s. 

Le  corps  était  blanc,  l'extrémité  de  la  queue  d'un  noir  brunâtre;  la 
partie  supérieure  des  ailes  noir  brunâtre  avec  épaulettes  blanches  con- 
tinuées par  quelques  taches  blanches  :  elles  présentent  une  frangeblanche 
sur  la  région  antérieure.  La  partie  inférieure  des  ailes  est  blanche, 
frangée  en  arrière  de  noir  brunâtre. 

1i  Janvier  1910. —  h.  :  0So30'S.  ;G.  -.SGoiO' \V.  P.  AperçudeuxAlbatros. 

i5  Janvier  1910.  —  L.  :  61°  23' S.  ;  G.  :  1 10o39'W.  P.  Vu  deux  Albatros. 

%  Janvier  1910.  —  L.  60°  S.  ;  G.  :  107o  1 5'  W.  P.  Vu  deux  Albatros. 
Aperçu  des  individus  plus  nombreux  entre  le  00°  et  le  55°  de  lat.  S., 
jusqu'à  l'entrée  du  détroit  de  Magellan. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  157 

22.  Diomedea  melanophrys  (I^oic)  Tenim. 

Nous  avons  aperçu  quelques  individus  de  celte  espèce  au  cours  de  la 
seconde  campagne  d'été  du  »  Pourquoi  Pas?,  »  en  janvier  l'.MO.  Les  adultes 
ont  la  tète  blanche,  le  bec  d'un  jaune-citron  clair  avec  la  pointe  de  la  man- 
dibule supérieure  d'un  beaurouf^e  orangé  ;  l'iris  est  brun,  les  tarses  et  les 
pattes  gris  rose. 

Wilson,  qui  a  observé  à  maintes  reprises  cette  espèce  au  cours  de 
l'expédition  de  la  «  Discovery»,  note  diverses  transformations  de  couleur 
chez  cet  Oiseau. 

i.  Oiseaux  ayant  la  tèle  cl  le  cou  blancs,  bec  jaune  orang-é,  pointe  orangée. 

2.       —  —  —        —  —         citron,         —  —        foncé. 

.'1       —  —  —        —  —  —  —     brune. 

-'1.      —  —  —        —  —         terne,         —     noirâtre. 

7).      —  —  —      gris,  bec  brun  foncé,  pointe  plus  sombre  (1). 

Ces  remarques  concordent  avec  les  quelques  notes  que  nous  avons  pu 
prendre  sur  cette  espèce.  Aussi,  dans  les  observations  suivantes,  nous 
donnons  entre  parenthèses  les  numéros  dans  lesquels  rentraient  les  indi- 
vidus que  nous  avons  rencontrés. 

Journal  ornitltolo(ji([iie  {\o\v  carte  II,  l). 

6  Janvier  19 10.  —  Dé])artde  Déception.  Aperçu  un  Oiseau  dans  le  détroit 
de  Bransfield  (5). 

8  Janvier  19 fO.  —  L.  :  64°  \  5' S.  ;  G.  :  69°  W.  P.  Quelques  Oiseaux  nous 
accompagnent  :  l'un  appartenait  certainement  à  la  forme  n°  5,  les  autres 
aux  variétés  3  ou  4. 

14  Janvier  1910.  —  Au  large  de  l'île  Pierre.  I^r.  Vu  un  Oiseau. 

13  .Ja?ivier  1910.  —  L.  :  08023' S.  ;  G.  :  OOo^O' W.  P.  Un  Oiseau. 

16  Janvier  1910.  —  L.  :  69°  20' S.  ;  G.  :  102o09' W.  P.  Un  Oiseau. 

20  Janvier  1910.  —  L.  :6So32'S.  ;G.  :  Hool5'W.P.  Un  Oiseau. 

'24  Janvier  1910.  —  L.  :  GloQ/'S.  ;  G.  :  1 10oo6'W.  P.  Deux  Oiseaux. 

Au  voisinage  du  déiroit  de  iMngellan  et  dans  le  détroit,  ces  Oiseaux 
étaient  assez  nombreux. 

(11  E.  A.  Wilson,  Ioc.  cit. 


5i8  OISEAUX   ANTARCTIQUES. 

23.  Thalassogeron  culminatus  (Gould). 

Cet  Oiseau  est  surtout  roconnaissable  par  la  disposition  des  plaques 
jaunes  et  noires,  sur  le  bec. 

La  mandibule  supérieure  est  entièrement  noire,  sauf  une  bande 
jaune  pâle  qui  se  trouve  sur  toute  la  longueur  du  culmen  ;  vers  la  pointe 
le  jaune  pâle  passe  au  rose  oranj4,é.  La  mandibule  inférieure,  noire  le  long 
du  bord,  est  partout  ailleurs  d'un  jaune  vif;  elle  se  continue  par  une  étroite 
raie  rouge  orangé  à  la  base  du  bec,  qui  intéresse  aussi  la  commissure  des 
mandibules:  pointe  noire. 

Nous  avons  trouvé  quelques  individus  isolés  de  cette  espèce  jusqu'à  la 
lisière  du  pack-ice  (Voir  carte  II,  V). 

9  Janvier  1910.  —  L.  :  ti6o  S.  ;  G.  :  73°  W.  P.  Aperçu  deux  Oiseaux. 

10  Janvier  1910.  —  L.  :  08o30'  S.  ;  ("..  :  73°  W.  P.  Arrivée  àla  banquise. 
Vu  un  Oiseau. 

^25  Janvier  1910.  —  L.  :61o23'S.  ;  G.  :1 10o39'\V.  P.  Un  Oiseau. 

'■26  Janvier  1910.  —  L.  :  fiOoS.  ;G.  :  107°  1 5'\V.  P.  environ.  Un  Oiseau. 

2S  Janvier  1910.  —  L.  :  5f')0S.  ;  97o30'  W.  P.  environ.  Un  Oiseau. 

24.  Phœbetria  fuliginosa  (Gm.). 

Nous  l'avons  trouvé  presque  journellement  pendant  la  navigation  d'été 
à  la  lisière  de  la  banquise.  Certains  Oiseaux  avaient  un  plumage  beaucoup 
plus  clair  que  les  autres  :  ils  semblent  d'ailleurs  y  avoir  tous  les  termes  de 
passage  entre  les  individus  pâles  et  les  individus  foncés. 

Journal  ornithologiqae  (Voir  carte  II,  W). 

//  Janvier  1910  —  Par67oS.,  au  large  de  la  Terre  Adélaïde  :  vu  deux 
Oiseaux. 

6  Janvier  1910.  —  Départ  de  Déception.  Aperçu  un  A/Z/^/ziei/j- dans  le 
détroit  de  Bransfield. 

7  Ja/ivier  1910.  —  Au  large  de  l'archipel  Palmer,  quelques  Albatros 
volent  autour  du  «  Pourquoi  Pas  ?  ». 


OtSEAUX    ANTARCrîÇUÈS.  159 

cS'  Jfuirirr  l!H().  —  L.  :  (i  1°  I IV  S.  ;  G.  :  09°  W.  P.  Oiielques  Albatros. 

.9  Janrirr  1910.  —  L.  :  00°  S.  ;  G.  :  7;5o\V.  P.  Aperçu  six  Albatros,  deux 
avaient  une  livrée  claire. 

10. Janvier  1910.  — L.  :  68o30'S.;  G.  :  73°  \V.  P.,  dans  l'ouest  de  laTerre 
Alexandre.  Trois  Albatros. 

1'->  Janvier  1910.  —  L.  :  70°  13' S.  ;  G.  :  Slo\V.  P.  Deux  Oiseaux. 

i3  Janvier  1910.  —  L.  :  69°  13' S.  ;  G.  :  89°  W.  P.  Un  Oiseau. 

15  Janvier  1910.  —  L.  :  08°  23'  S.  ;  G.  :  9(jo30'  W.  P.  Deux  Albatros. 

17' Janvier  1910.  —  L.  :  69°  06'  S.  ;  G.  :  lOi»  W  W .  P.  Un  Albatros  au 
plumage  clair. 

19  .Janvier  1910.  —  L.  :  70° 23' S.  ;  G.  :  I  I  |oW.  P.  Deux  Albatros. 

W  .lanvier  1910.  —  L.  :  68^32' S.  ;  G.  :  1 1  3^03' W.  P.  Un  Fuligineux. 

'21  Janvier  1910.  —  L.  :69o33'S.  ;G.  :  121ol3'W.  P.  Un  Fuligineux. 

^3  Janvier  1910.  —  L.  :  (j6o22'S.  ;  G.  :  121o47' W.  P.  Deux  Oiseaux. 

Î5  Janvier  1910.  —  L.  :  01°  23' S.  ;  G.  :  1  IOo39'W.  P.  Trois  Albatros. 

'■27  Janvier  1910.  —  L.  :  30032' S.  ;G.  :  102^30' W.  P.  Trois  Albatros. 

CHIONIIDÉS 

25.  Chionis  alba  (Gm.). 

Collection  : 

N"  190.  —  9i  île  Petermann,  20-IV-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  Amphipodes,  petit  gravier. 
Paupières  et  parties  nues  lie  de  vin  pâle  ;  bec  jaune,  culmen  et  gonys  violacés, 
pointe  brunâtre. 
L.  T.  :400.  —  E.  :  790.  —A.  :  238.  —  Q.  :  118.  —  B.  :  .32.  —  T.  :  39.  —  D.  M.  :  48-12. 
N°  195.  —  9 1  île  Petermann,  6-V-1909.  Bec  jaune  pâle,  plus  foncé  vers  le  milieu.  Paupières  et 
parties  nues  lie  de  vin  très  pâle.  Iris  brun.  Tarses,  pattes  grises.  Estomac  :  vide, 
petit  gravier.  Parasites  :  Néraatodes  dans  l'estomac. 
L.  T.  :  400.  — E.  :  770.  —  A.  :  24.5.  —  g.  :  124.  —  B.  :  28.  —  T.  :  38.  —  D.  M.  :  49-11. 
N°  205.  —  cfiile  Petermann,  23-V-1909.  Iris  brun;  bec  jaune  pâle  passant  au  brun  noirâtre 
vers  la  pointe.  Estomac  :  vide,  petit  gravier. 
L.  T.:  430.  —  E.  :  830.  —  A.  :  255.  —  Q.  :  135.  —  B.  :  34.  —  T.  :  44.  —  D.  M.  :  51-13. 
N°  209.  —  cf ,  tué  près  des  cadavres  de  Phoques,  île  Petermann,  24-V-1909.  Iris  brun.  Bec  : 
ton  général  jaunâtre,  avec  des  parties  brunes  et  verdâtres.  Parasites  externes  : 
Aptères  localisés  dans  la  région  céphalique.  Estomac  :  viande  de  Phoque,  petit 
gravier. 
L.T.  :  420.  — E.  :  820.  —A.  :  260.-0.  :  130.  —  B.  :  33.  —T.  :  44.  —  D.  M.  :  51-12. 
N°  210.  —  Ç  juv.  (cinq  mois),  île  Petermann,  25-V-1909.  Iris  brun  pâle.  Estomac  :  chair  de 
Phoque,  petit  gravier. 
L.  T.  :  380.  —  E.  :  7.30.  —  A.  :  240.  —  Q.  :  120.  —  B.  :  30.  —  T.  :  39.  —  D.  M.  :  50-10. 


i6o  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

N°  211.  —  cf,  ile  Petermann,  27-V-1909.  Iris  brun-marron.  Estomac:  vide,  petit  gravier. 
L.  T.  :  435.  —  E.  :  810.  —  A.  :  260.  —  O.  :  128.  —  B.  :  .33.  —  T.  :  47.  —  D.  M.  :  52-13. 
N"  212.  —  cf ,  île  Petermann,  27-V-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  vide,  petit  gravier. 

L.  T.  :  430.  —  E.  :  800.  —  A.  :  260.  —  0.  :  130.  —  B.  :  33.  —  T.  :  46.  —  D.  M.  :  52-12. 
N°  216.  —  cf ,  île  Petermann,  9-VI-1909.  Iris  brun  foncé.  Estomac  :  chair  de  Phoque,  gra- 
vier. Parasites  externes  :  nombreux  Aptères. 
L.  T.  :  430.  —  E.  :  840.  —  A.  :  260.  —  O.  :  130.  —  B.  :  33.  —  T.  :  47.  —  D.  M.  :  52-12. 
N°217.  —  9  Ju^"-  (*i^  mois),  île  Petermann,  13-VI-1909.  De  place  en  place  on  trouve  encore 
quelques  taches  grises  vers  les  extrémités  des  plumes.  Estomac  :  Phoque,  gravier. 
Parasites  externes  :  Aptères. 
L. T.  :  415.  —E.  :  800.  —  A.  :  250.  —  Q.  :  128.  —  B.  :  30.  —  T.  :  44.  —  D.  M.  :  51-12. 
N"  234.  —  9  :  île  Petermann,  22-VI-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  viande  de  Phoque. 

L.  T.  :  410.  —  E.  :  800.  —  A.  :  240.  —  0.  :  120.  —  B.  :  30.  —  T.  :  39.  —  D.  M.  :  52-12. 
N°  236.  ■ —  cfi  île  Petermann,  27-VII-1909.  Iris  brun  foncé.  Estomac:  chair  de  Phoque. 
Parasites  externes  :  Aptères. 
L.  T.  :  405.  —  E.  :  817.  —  A.  :  246.  —  Q.  :  112.  —  B.  :  30.  —  T.  :  42.  —  D.  M.  :  52-13. 
N°  237.  —  cf ,  île  Petermann,  l-VII-1909.  Iris  brun.  Estomac  :  chair  de  Phoque. 

L.T.:  420.  —  E.  :  820.  —  A.  :  252.— 0.:  122.  — B.  :  34.  — T.:45.  -  D.M.  :  53-13. 
N°  285.  —  9>  île  Petermann,  23-VIII-1909.  Iris  brun  jaunâtre.  Bec  vert  jaunâtre  à  la  base 
passant  sur  la  mandibule  inférieure  au  jaune  brunâtre,  puis  au  jaune    verdâtre, 
bords  de  cette  mandibule  brun  noirâtre.  Au  vert  jaunâtre  de  la  base  de  la  mandi- 
bule supérieure,  fait  suite  un  culmen  brun  noir  ;  latéralement  la  couleur  passe 
au  jaune  verdâtre,  tandis  que  le  bord  de  la  mandibule  est  brun  foncé.  Estomac  : 
chair  de  Phoque.  Parasites  externes  :  Aptères. 
L.T.  :400.  — E.  :760.  — A.  :245.  — Q.  :  133.  —  B.  :  30.— T.  :  44.  —  D.  M.  :  51-13. 
N"  286.  —  9)  île  Petermann,  23-VIII-1909.  Iris  marron  clair.  Estomac  :  chair  de  Phoque, 
petit  gravier. 
L.  T.  :  400.  —  E.  :  825.  —  A.  :  253.  —  0.  :  128.    —  B.  :  32.    —  T.  :  43.  — 
D.  M.  :  50-10. 
N°  287.  —   9i  île  Petermann,  23-VI1I-1909.   Iris  brun.  Estomac:  vide,  petit  gravier. 
Parasites  externes  :  Aptères,  Acariens  sur  la  région  céphalique. 
L.  T.  :  400.  —  E.  :  805.  —  A.  :  248.  —  Q.  :  122.  —  B.  :  30.  —  T.  :  42.  —  D.  M.  :  49-12. 
Nous  avons  en  outre  conservé  des  Oiseaux  dans  le  sel  et  l'alcool,  ainsi  que   des  sque- 
lettes et  des  systèmes  nerveux. 

Le  Chionis  alha  est  Tunique  Oiseau  antarctique  qui  n'ait  pas  les  pattes 
palmées.  De  la  taille  du  Pigeon,  blanc,  il  a  les  lores  et  les  paupières  lie 
de  vin,  le  bec  d'un  jaune  plus  ou  moins  verdâtre  passant  au  l)run  vers 
l'extrémité. 

Pas  farouches,  bien  vus  des  autres  Oiseaux,  les  «  liées  en  fourreau  » 
semblent  fréquenter  surtout  les  colonies  de  Cormorans,  où  ils  trouvent 
toujours  quelque  chose  à  manger,  comme  nous  l'avons  constaté  en  février 
à  l'île  Booth-Wandel. 

Le  C/iionis  fait  son  nid  sans  grande  préparation,  à  l'abri  de  quelque 
roche.  Nous  en  avons  trouvé  deux  à  l'île  lîooth-Wandel,  vers  la  fin  de 


OISEAUX    AXTARCTIQUES.  i6i 

février  190t>  :  l'un  était  si  halMJcmont  placé  à  une  assez  grande  profon- 
deur dans  des  creux  entre  les  rochers,  et  l'ouverture  lui  donnant  accès 
si  peu  large  qu'il  nous  a  été  impossible  de  voir  et  do  prendre  les  pous- 
sins que  nous  entendions  pousser  de  petits  cris. 

Le  second  nid  était  plusaccessible,  placésous  desrochersen  surplomb  ; 
les  jeunes,  à  notre  approche,  l'avaient  abandonné  pour  se  cacher  en 
quelque  recoin  de  l'ocher  où  nous  n'avons  pu  les  surprendre.  Les 
parents  très  confiants  étaient  sortis  des  nids  à  notre  approche,  et  restés 
à  petite  distance  à  nous  examiner. 

Plusieurs  nids  furent  aussi  aperçus  sur  les  îles  Déception  et  Bridginan. 

A  Petermann,  les  ('/lionis  ne  nichaient  pas.  Vers  la  fin  de  l'automne,  en 
avril  et  mai,  ils  vinrent  des  lies  du  voisinage  pour  passer  la  mauvaise 
saison  aux  abords  de  notre  station  d'hivernage,  où  ils  trouvèrentles  aliments 
nécessaires  à  leur  nourriture  :  déchets  de  la  cuisine,  du  laboratoire, 
dépouilles  de  Phoques  et  de  Pingouins,  Mousses,  Lichens,  Algues,  sou- 
vent même  excréments  d'animaux  qu'ils  absorbent  quand  ils  n'ont  pas 
autre  chose  à  manger;  tout  leur  est  bon  :  ce  sont  des  omnivores. 

Les  Oiseaux,  au  nombre  d'une  trentaine,  n'abandonnaient  pas  les 
abords  du  bateau  (PI,  XV,  fig.  64,  05)  ;  ils  semblaient  avoir  établi  leur 
campement,  les  jours  de  tempête,  à  l'entrée  nord  de  Port-Circoncision, 
à  l'abri  de  la  corniche  de  neige  formée  le  long  de  la  banquette  de  glace 
côtière  par  l'apport  successif  de  la  neige  dû  au  chasse-neige  presque 
permanent  venant  du  Nord-Est. 

Les  Oiseaux  abandonnèrent  l'île  au  début  de  novembre  et  retournèrent 
vers  leurs  lieux  de  ponte  (pii  devaient  être  les  îles  Lemire-de-Villers, 
Hovgaard  et  Booth-Wandel. 

Les  ('/lionis  ne  s'éloignent  pas  à  de  grandes  distances  des  points  où  ils 
construisent  leurs  nids.  Nous  n'en  avons  jamais  rencontré  en  pleine  mer. 

Une  numération  des  hématies  provenant  du  sang  d'un  adulte  (23  août 
1909^  nous  a  donné  une  moyenne  de  3  600  000  globules  rouges  par  mil- 
limètre cube.  Leurs  dimensions  sont  de  14  à  13  y.  de  long  sur  7  à  8  ;x  de 

large. 

Parasites.     —     Les    parasites    externes    sont    nombreux     chez     les 

Chionis. 

Expédition  Charcol.  —  Gain.  —  Oiseaux  antarctiques.  •»! 


i62  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Les  Mallopliages  que  nous  avons  trouvés  comprennent  trois  espèces  : 
Philopterus  melmioccphalm  Nitzsch,  Degeeriella  lineulata  atrimarghmtu 
(Kellogg  et  Chapman),  D.  C /i n rcol i  ^eumaim  (1).  Les  Acariens,  localisés 
au  voisinage  du  bec,  se  rapportent  à  quatre  espèces,  dont  une  nouvelle, 
Trouessartia  chionidis  Trouessart;  les  trois  autres  sont  :  Alloptes  cras- 
sipes  Canestrini,  Muyninia  centropodos  forcipata  Berlese,  PteroUchus 
sp.?(2). 

Journal  ornithologique  (Voir  carte  II,  X). 

16  Février  t909.  —  Ile  Booth-Wandel.  Trouvé  un  nid  de  Chionis. 

'i'-i  Février  1900.  —  Trouvé  un  nid  au  voisinage  de  la  colonie  de  Cor- 
morans. 

''2'-2  Avril  1909.  —  Ile  Petermann.  Un  Chionis  est  venu  rôder  toute  la 
journée  autour  du  bateau. 

26  Avril  1909.  — Aperçu  deux  Chionis. 

30  avril  1909.  —  Vu  un  Chionis. 

6  Mai  1909.  —  Un  Oiseau  près  du  bateau. 

S  Mai  1909.  —  Plusieurs  <<  Becs  en  fourreau  »  sont  au  voisinage  de 
Port-t'irconcision. 

''25  Mai  1909.  —  Quelques  Oiseaux  ontélé  aperçus  tous  ces  jours. 

28  Mai  1909.  —  Dans  une  excursion  sur  la  banquise,  j'ai  trouvé  des 
Chionis  qui  se  nourrissaient  des  excréments  d'un  Phoque. 

2  Juin  1909.  —  Les  Chionis  restent  en  permanence  près  de  notre  poste 
d'hivernage. 

15  Juin  1909.  —  Les  Oiseaux  nous  tiennent  toujours  compagnie;  ils 
ne  sont  pas  farouches  et  se  laissent  facilement  approcher. 

4  Juillet  1909.  —  Les  Oiseaux  se  nourrissent  des  déchets  du  bord. 
Ils  sont  très  égoïstes  et  n'aiment  pas  partager  la  nourriture  avec  \esPago- 
droma  nivea,  qu'ils  chassent,  quand  ils  ne  sont  pas  chassés  par  eux. 

19  Juillet  1909.  — Chionis  toujours  assez  nombreux  à  Petermann. 

8  Août  1909.  —  Une  vingtaine  d'Oiseaux  sur  les  cadavres  de  Papous. 

(1)  Neuma.nn,  loc.  cit. 

(2)  E.-L,  Troukssart,  Acariens  (//«^  F.xp.  Ant.  Fr.,  Se.  Nat.,  Doc.  Scient.,  Paris,  1914), 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  163 

t^l^  A>u//  IIUH).  —  Tdiijours  des  C/iionis  sur  l;i  l)am|uis('  (|ni  entoure  le 
bateau. 

iO  Scpteiithrc  liUHK  —  11  y  a  moins  d'Oiseaux  près  de  la  station  dhi- 
vernage. 

S  Octohrc  l!)(>l>.  —  Ouelques  r'A/V>/?/,s  nous  tiennent  encore  compagnie. 

15  Octobre  1909.  —  Une  dizaine  d'Oiseaux  près  du  bateau. 

18  Octobre  1909.  —  Ile  Hooth-W'andel.  \'u  voler  deux  C/iion/s. 

'■21)  Octobre  1909.  —  Ile  Petermann.  Vu  r///on/A  est  resté  toute  la  journée 
près  du  nid  de  Cormorans. 

'■J9  Octobre  1909.  —  Le  Chimiis  rôde  toujours  dans  les  l'ookeries 
d'Adélies,  près  des  Cormorans. 

5  Novembre  1909.  —  Les  Chionis  ont  abandonné  l'île  Petermann. 

//  Décemlire  f9(f9.  —  lie  Déception  :  quelques  nids  dans  les  rochers  à 
l'ouest  de  l'entrée  de  la  baie  de  Port-Foster. 

''24  Décetnbre  1909.  —  lie  Bricigman  :  des  C/iionls  ont  été  vus  sur  l'île. 


CHAPITIU]    Il 

DISTRIBUTION  DE  LA  FAUNE  AVIENNE  DANS  LANTAUCTIDE 

SUD-AMÉRIUAINE 

I 

L'Antarctide  sud-américaine  peut  se  diviser  en  deux  régions  n'offrant 
pas  de  caractères  bien  différents  au  point  de  vue  de  la  composition  de 
leur  faune  ornithologique,  mais  qui  cependant,  grâce  à  des  conditions 
météorologiques  assez  dissemblables,  présentent  des  variations  de  climat, 
lesquelles  intluent  sur  la  distribution,  en  latitude,  de  certaines  espèces. 

Dans  le  détroit  de  Branstield  et  sur  la  bordure  ouest  du  Continent 
(Terres  Palmer,  Danco,  Graham,  Loubet,  Fallières),  les  vents  dominants 
soufflent  des  régions  Nord  et  Nord-Est  et  donnent  des  températures 
élevées,  voisines  de  0°:  il  en  résulte  que  les  banquises,  les  glaces  de 
dérive,  sont  arrêtées  à  des  latitudes  assez  basses.  Au  contraire,  sur  la 


TR^ 


164  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

côte  est  de  ce  continent  (Terres  du  Roi-Oscar,  Louis-Philippe,  îles  Ross, 
Joinville,  Orcades  du  Sud),  dominent  les  vents  des  régions  sud  qui 
amènent  toujours  des  températures  de  beaucoup  inférieures  ;  il  s'ensuit 
que,  dans  toute  la  zone  soumise  à  l'influence  de  ces  vents,  la  banquise  et 
le  pack-ice  remontent  plus  avant  dans  le  Nord  :  chaque  hiver,  en  effet, 
les  glaces  entourentl'archipel  des  Orcades  duSud,  situé  par  environ  60°  43' 
de  lat.  S.  et  44° 30'  de  long.  W.  Greenwich. 

Et  pendant  l'été,  à  latitude  égale,  le  pack-ice  se  rencontre  beaucoup 
plus  au  nord  le  long  de  la  côte  est  (jusque  vers  le  61°  de  latitude)  que 
vers  la  côte  ouest,  où  il  ne  dépasse  guère  le  65°  ou  le  06°  de  lat.  S.). 
—  De  même  la  glaciation  des  Terres  est  beaucoup  plus  intense  vers  les 
Terres  du  Roi-Oscar  et  Louis-Philippe  que  vers  les  Terres  Palmer  et 
Danco. 

Si  maintenant  nous  nous  reportons  à  la  carte  I  qui  donne  la  position 
des  différentes  rookeriesde  Pingouins  connues  en  bordure  de  ce  continent, 
nous  constatons  que  leur  répartition  en  latitude  diffère  suivant  chaque 
espèce.  Certains  Oiseaux  sont  plus  habitués  que  d'autres  aux  basses 
températures  et  se  localisent  davantage  dans  les  points  où  le  climat  est 
plus  rigoureux,  et  par  suite  la  glaciation  plus  intense. 

Nous  allons  successivement  examiner  la  distribution,  dans  cette  partie 
des  régions  glacées  australes,  des  cinq  espèces  de  Sphéniscklés  qui  s'y 
rencontrent. 

1.  Aptenodytes  Forsteiu.  —  Pendant  notre  séjour  sur  la  côte  ouest  du 
continent  antarctique  sud-américain,  nous  n'avonsjamais  aperçu,  malgré 
toutes  nos  recherches,  d'individus  appartenant  à  cette  espèce.  C'est  un 
Oiseau  qui  se  localise  dans  les  zones  les  plus  froides,  et  nous  sommes 
persuadé  qu'il  ne  se  rencontre  pas  vers  le  Nord,  ni  dans  l'Ouest  du  détroit 
de  Rransfield,  ni  le  long  des  Terres  de  Palmer,  Danco  et  Graham. 
Jamais  un  Pingouin  «  Empereur  »  n'a  été  trouvé  dansées  régions,  et  nous 
sommes  persuadé  que  l'A.  Forsterl,  sur  cette  côte  ouest  de  l'Antarctide 
sud-américaine,  ne  dépasse  pas,  vers  le  Nord,  les  latitudes  de  la  baie 
Marguerite  ou  de  la  baie  Matha.  Au  cours  de  son  hivernage  dans  la 
banquise  (1898-1899),  dans  l'ouest  de  la  Terre  Alexandre  et  au  sud  de 
l'ile  Pierre-I*"!",  par  dos  latitudes  variant  de'  68°  à  70°,  l'expédition  de  la 


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OISEAUX    AXT  ARCTIQUES.  165 

«  Belgica  »  a  vu  d'assez  nombreux  individus  d\\.  Forstrri.  Mais  jamais 
Racovilza,  le  naturaliste  de  l'expédition,  n'avait  aperçu  celte  espèce  plus 
au  nord,  en  bordure  des  Terres  que  nous  avons  mentionnées. 

Examinons  maintenant  la  côte  est  de  ce  continent,  vers  la  mer  de 
George-lV  et  jusqu'aux  Orcades  :  comme  nous  l'avons  déjà  indiqué,  le 
climat  y  est  plus  rude  par  suite  de  la  prédominance  des  vents  des  régions 
sud,  et  les  glaces,  plus  abondantes,  remontent  beaucoup  plus  loin  dans 
le  Nord,  le  «  drit't-ice  i>,  pendant  l'été,  pouvant  atteindre  le  60°  de  lati- 
tude. 

Aussi,  dans  cette  région,  l'A.  Forsteri  a-t-il  été  aperçu  au  cours  de 
l'expédition  d'Otto  Nordenskjoldi  1(101-1903),  non  seulement  au  voisinage 
des  îles  Ross  et  Joinville,  du  détroit  de  l'Antarctic,  mais  encore  jusqu'aux 
Orcades, au  sud  du  60°, où  des  individus  isolés  ont  été  vuspendant  l'automne 
et  l'hiver.  Sur  ces  îles,  en  1907,  Paulsen  capturait  deux  individus  le 
4  et  le  31  mai . 

Dans  cette  région,  on  n'a  pas  encore  trouvé  les  lieux  de  ponte  de  cet 
Oiseau. 

2.  Pygoscelis  Adelij:.  — Une  distribution  analogue,  mais  plus  étendue, 
se  retrouve  chez  cette  espèce.  Le  P.  Ade/iœ,  qui  est  le  véritable  habitant 
de  ces  Terres  antarctiq.ues,  vit  en  colonies,  parfois  très  nombreuses, 
composées  souvent  de  dizaine  de  milliers  d'individus.  Mais,  tandis  qu'en 
bordure  des  glaces,  vers  la  Terre  Alexandre  etla  baie  Marguerite,  on  ne 
rencontre  que  des  individus  isolés  ou  en  petites  troupes,  les  Oiseaux 
nichent  en  bordure  du  continent,  sur  les  parties  accessibles,  dégarnies 
de  neige  pendant  l'été.  Leurs  rookeries  sont  toujours  placées  au  voisinage 
de  la  mer  libre,  ce  qui  oblige  ces  Pingouins  à  se  reproduire  assez  au  nord. 

Cette  espèce  se  localise  aussi  dans  les  points  les  plus  froids  de  la  zone 
antarctique.  Sur  la  côte  ouest,  nous  avons  trouvé  les  premières  rookeries 
dans  la  baie  Matha,  au  sud  du  cercle  polaire,  par  07°.  Puis  ces  rookeries 
s'échelonnent  en  bordure  de  la  côte  de  la  Terre  de  Graham,  où  elles  ne 
dépassent  pas,  vers  le  Nord,  le  6io45'  de  latitude.  En  effet,  la  colonie  la 
plus  septentrionale  nous  parait  être  celle  de  Port-Lockroy  (île  Wiencke). 

Il  n'existe  aucune  colonie  de  ces  Oiseaux  ni  dans  le  détroit  de  Gerlache, 
ni    dans    l'ouest    du    détroit    de    Bransfield    (côte    nord-ouest     de    la 


i66  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Terre  Louis-Philippe,  Terres  Palmer,  Danco,  îles  Smith,  Low,  Déception, 
Livingston,  Greenwich,  Roberts,  Nelson). 

Les  premières  rookeries  de  cette  espèce  ne  se  retrouvent  que  dans 
la  baie  de  l'Amirauté,  île  du  Roi-George,  la  plus  est  des  Shetlands  du  Sud, 
dont  le  climat  est  plus  vif  que  celui  des  autres  îles.  Enlin  les  colonies 
d'Adélies  se  rencontrent  de  nouveau  sur  toute  la  côte  est  de  l'Antarctide 
sud-américaine,  dansla  mer  deGeorge-lV  (ilesSeymour,  Cockburn,  Vega, 
Paulet),  le  détroit  de  l'Antarctic  et  les  Orcades  du  Sud. 

3.  Pygoscelis  Papua.  —  Le  Papou,  moins  que  l'Adélie,  aime  les  gi'ands 
froids;  aussi  descend-il  moins  au  Sud  que  celui-ci.  Sur  la  côte  ouest  du 
continent,  les  colonies  extrêmes  de  cette  espèce  ne  dépassent  pas  la  lati- 
tude de  65"  30'  S.  A  l'inverse  de  l'Adélie,  les  rookeries  les  plus  méri- 
dionales sont  les  moins  importantes. 

C'est  principalement  au  voisinage  des  détroits  de  Rismarck  (îles  Peter- 
mann,  Hovgaard,  Rooth-Wandel,  baie  des  Flandres)  et  de  Gerlache  (au 
sud  du  canal  de  SchoUaertj  que  les  rookeries  sont  les  plus  nom- 
breuses. 

Au  nord  du  64°  30'  de  latitude,  il  n'a  plus  été  trouvé  de  colonies  de 
cette  espèce  dans  le  détroit  de  Gerlache.  —  Sur  les  terres  et  les  îles 
qui  bordent  le  détroit  de  Rransfield,  les  colonies  font  défaut  ou  sont  très 
réduites  :  il  n'est  actuellement  connu  que  quelques  petites  rookeries  sur 
les  îles  Déception,  Nelson  et  du  Roi-George  (Shetlands  du  Sud), 

Sur  la  côte  est,  vers  la  mer  de  George-IV,  les  rookeries  manquent  ; 
dans  toute  cette  région,  le  climat  est  trop  excessif  pour  ces  Oiseaux.  On 
retrouve  les  colonies  au  nord  du  63°  30'  de  latitude,  vers  le  détroit  de 
l'Antarctic  et  jusqu'aux  îles  Orcades  :  leur  population  est  alors  abondante. 
Le  Papou,  moins  amateur  des  grands  froids  que  l'Adélie,  forme  le  trait 
d'union  entre  P.  Adeliie  et  P.  nntarctica.  Tandis  que,  dans  les  plus  mé- 
ridionales de  ses  rookeries,  il  voisine  avec  des  colonies  d'Adélies,  en 
d'autres  points  il  niche  à  côté  de  Pingouins  antarctiques.  Le  P.  antarc- 
tica,  au  contraire,  a  toujours  ses  lieux  de  ponte  en  des  points  différents 
de  ceux  de  l'Adélie.  Aux  îles  Orcades,  exceptionnellement,  on  en  trouve 
une  petite  colonie. 

4.  Pygosceus  ANTAUCTicA.   —  Cette  espèce  se  localise  vers  les  régions 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  167 

les  |)lus  septentrionales  do  l'Antarctide  sud-uméricaine.  Ses  rookeries 
sont  situées  dans  les  points  où  le  climat  et  la  température  sont  le  moins 
rigoureux,  en  des  endroits  où  l'Oiseau  est  presque  toujours  certain  de 
trouver  la  mer  libre. 

Vers  l'ouest,  les  colonies  ne  dépassent  pas  dans  le  Sud  Ol'  45'  de  lati- 
tude :  elles  sont  nombreuses  sur  les  côtes  et  les  îles  du  détroit  de  Ger- 
lache,  aux  îles  Trinité  et  lloseason  et  sur  la  côte  ouest  de  la  Terre  Louis- 
Pbilippe. 

Mais  c'est  principalement  sur  les  Shetlands  du  Sud  occidentales  (îles 
Low,  Déception,  Livingston,  Nelson),  etc.,  que  P.  anlarctica  vit  en 
énormes  agglomérations  dont  certaines  peuvent  comprendre  plus  de 
100  000  individus  (comme  nous  l'avons  constaté  à  l'île  Déception). 

N'aimant  pas  les  grands  froids,  les  lieux  de  ponte  du  P.  nntarctica  ne 
dépassent  pas,  dans  l'Est,  l'île  Nelson,  II  n'a  aucune  rookerie  de  cette 
espèce  ni  vers  la  merde  George-IV,  ni  dans  le  détroit  de  l'Antarctic.  Une 
colonie  peu  importante  habite  les  Orcades  du  Sud. 

5.  CvTARHHACTES  ciiRYsoLnPHiis.  — Aux  espècos  précédentes  qui  étaient 
déjà  connues  comme  nichant  dans  les  régions  antarctiques,  nous  devons 
ajouter  le  C.  chrijmlophus.,  dont  nous  avonstrouvé  des  colonies  de  quelques 
centaines  d'individus  sur  l'île  Déception. 

Mentionnons  encore  une  autre  rookerie  aperçue  par  Andersson  sur  la 
côte  ouest  de  l'île  Nelson. 

On  n'a  jamais  vu  des  individus  isolés  de  cette  espèce  dans  le  Sud,  en 
dehors  du  détroit  de  Bransfield. 

Avec  les  cinq  espèces  de  Sp/iéniscidés  dont  nous  venons  de  parler,  les 
Oiseaux  qui  nichent  dans  l'Antarctide  sud-américaine  appartiennent  aux 
onze  espèces  suivantes  :  Phalacrocorax  atriceps,  Sterna  cittata.,  Laïas 
dominicanus ,  Megalestrk  antarctica.,  M.  Maccormicki.,  Oceanites  ocea- 
nieus,  Priocella  qlac'mloides ^  Pagodroma  nivea,  Ossifraga  gigaiitiui, 
Daption  capensis.,  Chionis  alha. 

Phalacrocorax  atriceps  (Voir  carte  I).  —  Sur  la  côte  ouest,  il  niche 
depuis  le  65°  30'  de  lat.  S.  (îles  Berthelot,  Argentine,  Petermann, 
Hovgaard,Booth-Wandel,Wiencke, détroits  de  Gerlacheetde Bransfield). 
Sur  la  côte  est,  ses  colonies  ne  semblent   pas  dépasser  640  20'   (îles 


i68  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Cockburn,  Paulet,  Irizar,  etc.).  On  les  trouve  aussi  aux  Orcades. 
Stenia  v'tttala  et  Lariis  (Jommicatnis.  —  Ces  deux  Larklés  ont  à  peu 
près  la  même  aire  de  distribution.  lisse  trouvent  sur  toute  la  bordure 
occidentale  du  continent,  depuis  la  baie  Marguerite,  par  environ  68°  de  la- 
titude, ainsi  que  sur  la  côte  est  dans  les  points  visités  par  l'expédition 
d'Otto  Nordenskjôld  (1901-1003).  Peut-être  même  ces  Oiseaux  nichent-ils 
plus  bas  encore. 

Tandis  que  L.  dominiconm  ne  s'écarte  jamais  beaucoup  du  conti- 
nent, .S.  v'ittuta  se  rencontrependantles  mois  d'été  assez  loin  dans  le  Sud, 
au  voisinage  du  pack-ice. 

Des  deux  espèces  de  Stercoraires,  le  Meridlestris  antarctiea  doit  être 
plutôt  regardé  comme  une  espèce  subanlarctique  qui  niche  dans  les 
régions  les  moins  froides  de  l'Antarctide  sud-américaine  (Orcadesdu  Sud, 
Shetlands  du  Sud,  Terre  Louis-Philippe  et  peut-être  le  nord  du  détroit  de 
Gerlache).  —  Le  M.  Maccormicki,  au  contraire,  est  nettement  un  Oiseau 
antarctique.  On  trouve  ses  nids  à  proximité  des  côtes  dans  les  zones 
glacées  les  plus  reculées.  Nous  les  avons  rencontrés  sur  toute  la  côte 
ouest  du  continent,  depuis  la  baie  Marguerite  jusqu'aux  îles  Shetlands 
du  Sud,  où  il  est  mélangé  avec  le  Skua  antarctique.  Ses  nids  n'ont  pas  été 
aperçus  par  l'expédition  de  1'  «  Antarctic  )>  vers  la  côte  est  :  peut-être 
auront-ils  été  confondus  avec  ceux  du  J/.  antarctiea. 

Aux  îles  Orcades,  il  n'a  été  aperçu  que  des  individus  isolés  du 
M.  Macconnicki. 

Les  lieux  de  ponte  de  Ocea/iites  occanicus  présentent  à  peu  près  la  même 
distribution  que  ceux  du  S.  cittata.  On  en  a  rencontré  sur  le  pourtour  du 
continent,  depuis  la  baie  Marguerite  jusqu'à  la  mer  de  George-lV,  et  })lus 
au  nord,  aux  Orcades. 

Ossifraga  (/ifiantea  et  Daption  capensix  ont  une  dispersion  à  peu  près 
égale.  Tandis  que  des  individus  isolés  se  trouvent  un  peu  partout  en 
regard  des  terres,  le  long  du  continent,  les  lieux  de  ponte  sont  localisés 
dans  les  régions  septentrionales,  aux  Orcades  du  Sud,  dans  l'archipel  des 
Shetlands,  en  bordure  des  Terres  Louis-Philippe,  Palmer  et  Danco,  et 
probablement  sur  quelques  îles  de  l'archipel  de  Palmer. 

Les  points  où  niche  Priocella  giacialoides  nous  sont  encore  peu  connus. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  169 

Cette  espèce  aime  surtout  les  reliions  froides.  Des  nids  ont  été  trouvés 
dans  le  détroit  de  Bransfieldsur  un  point  de  la  Terre  Louis-Philippe;  nous 
pensons  qu'il  en  existe  dans  les  falaises  de  Tile  Déception,  ainsi  que  sur 
l'île  .lenny,  dans  la  baie  Marguerite.  Nous  avons  vu  maintes  fois  des  indi- 
vidus isolés  de  celte  espèce  en  assez  grand  nombre,  mais  non  rassem- 
blés, en  pleine  mer  et  surtout  au  voisinage  du  pack-ice. 

Les  f*a(/o(h'(inin  nirra  sont  caractéristiques  des  régions  glacées  aus- 
trales, lis  nichent  aux  Orcades,  à  laTerre  Louis-Philippe  et  probablement 
vers  les  Terres  de  Danco,  Graham  et  Loubet.  Ils  sont  toujours  nom- 
breux à  la  lisière  des  glaces.  Pendant  l'été,  ces  Pétrels  sont  abondants  au- 
dessous  ducercle  polaire,  aux  environs  des  Terres  Adélaïde  et  Alexandre, 
dans  la  baie  Marguerite  et  dans  l'Ouest  en  bordure  du  pack-ice.  On  les 
trouve  aussi  dans  la  mer  defieorge-IV  et  dans  l'est  du  détroit  de  Bransfield, 
au  voisinage  des  glaces  de  dérive. 

Pendant  l'hiver,  les  Oiseaux  remontent  vers  le  Nord  pour  rester 
toujours  en  contact  avec  la  mer  libre  :  ils  sont  aloi's  nombreux  aux  envi- 
rons des  Terres  de  Graham  et  Danco  et  de  l'archipel  de  Palmer. 

Enfin  le  Thalassœca  antarctica.,  dont  on  ne  connaît  pas  encore  les  lieux 
de  ponte,  est  aussi  presque  localisé  aux  régions  froides  australes.  Cette 
espèce  vit  toujours  à  la  lisière  du  pack.  Il  remonte  pendant  l'hiver  le  long 
de  la  côte  ouest  de  l'Antartide  sud-américaine  pour  rester  en  contact  avec 
la  mer  libre.  En  été,  cesOiseaux,  rares  dans  l'ouest  dudétroit  de  Bransfield, 
dans  le  détroit  de  Gerlache  etau  large  de  laTerre  de  Graham,  deviennent 
nombreux  au-dessous  du  cercle  polaire,  vers  la  baie  Marguerite  et  vers 
l'Ouest,  à  la  lisière  de  la  banquise  (Voir  carte  II,  L). 

Enfin  le  Chionis  alha,  le  seul  Oiseau  non  palmé  qui  habite  ces  terres 
antarctiques,  ne  s'écarte  jamais  des  endroits  où  il  fait  son  nid.  Il  niche 
jusque  vers  le  05°  30'  de  lat.  S.,  le  long  de  la  Terre  de  Graham,  dans  les 
détroits  de  Gerlache  et  Bransfield,  sur  les  Shetlands  du  Sud,  au  voisinage 
du  détroit  de  l'Antarctic,  ainsi  qu'aux  Orcades  du  Sud.  (\  alba  ne  se  ren- 
contre pas  en  grande  quantité. 

Quant  aux  espèces  suivantes,  elles  ne  se  reproduisent  pas  dans  l'Antarc- 
tide sud-américaine.  Au  voisinage  du  détroit  de  Bransfield  et  au  large  de 
Palmer,  on  trouve  quelques  Prions  qui  peuvent  appartenir  aux  espèces 

Erpédilion  Cliarcot.  —  Gain.  —  Oiseaux  anlarcliques.  22 


170  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Prion  vittatus,  Pr.  Banksi^  P.  detiolatm,  ainsi  que  quelques  rares  indi- 
vidus de  l'espèce  Majaqiiem  œquinoctialis. 

Enfin  on  rencontre  aussi  Thnlassidroma  melanogaster  (principalement 
vers  les  Orcades),  Diomedea  exulans,  D.  melanophrijf<  et  Phwbotria  fuJi- 
ginosa  (vers  le  large,  surtout  dans  l'ouest  du  continent). 


II 

Avant  de  terminer  ce  qui  a  trait  à  la  distribution  de  la  faune  avienne 
dans  l'Antarctide  sud-américaine,  nous  donnons  quelques  cartes  de  cer- 
tains points  de  cette  région;  nous  les  devons  aux  travaux  de  nos  cama- 
rades, MM.  les  lieutenants  de  vaisseaux  Matha,  Bongrain  et  Godfroy. 

Pour  chacun  des  différents  points  que  nous  avons  pu  étudier  en  détails, 
nous  avons  figuré  par  une  teinte  grise  l'emplacement  et  l'importance  des 
diverses  colonies  dOiseaux  qui  s'y  reproduisent  et  représenté  chaque 
espèce  par  une  majuscule.  Les  diiïérentes  majuscules  correspondent  aux 
espèces  suivantes  ; 


A.  Pygoscelix  Adelix. 

B.  —        papun. 

C.  —         anfarrticri. 

D.  dotarrlioctes  clinjsolojihiis 

E.  Phalacrocora.r  ntricejis. 

F.  Sterna  vit  ta  ta  . 

(j.  Larus  domuiirmius. 


H.  Megalcslris  antarctica. 
I.  —  Macrormirki. 

J.  Ocpanite.t  oretinicus. 
M.  Priocella  glucialo'ides. 

P.  Ossifrag<t  giganleo. 

Q.  Daption  capensis. 

X.  Chionis  alba. 


Nous  allons  passer  rapidement  en  revue  la  répartition  de  la  faune 
avienne  dans  les  cinq  localités  suivantes  :  baie  de  l'Amirauté  (île  du  Roi- 
George),  île  Déception,  Port-Lockroy  (île  Wiencke),  île  Booth-Wandol 
(environs  de  Port-Charcot),  ile  Petermann. 


1.  Baie  de  l'Amirauté  ('i-e  ihi  Roi-George). 
(Lat.  :  O^ooC.'lirS.  —  Long.  :  00°  ôOTid'  W.  Paris). 

Comme  nous  lavons  vu,  cette  île,  située  au  débouché  de  la  mer  de 
George-IV,  au  nord  du  détroit  de  l'Antarctic,  est  soumise  à  un  climat 
rude.  Aussi  la  glaciation  y  est-elle  intense  :  ce  ne  sont  partout  que  gla- 
ciers dont  les  hautes  falaises  abruptes  tombent  dans  la  mer.  De  place  en 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  17I 

place,  vers  les  pointes  ou  les  endroits  les  plus  bas,  la  roche  et  le  sol  sont 
mis  à  nu  pendant  l'été.  C'est  sur  ces  emplacements  que  nous  avons  ti'ouvé 
les  nids  de  8  espèces  d'Oiseaux. 


Afooiller  Ternjck 


BAIE  DE  L'AMIRAUTÉ 


JiûcAffTj  Jll  Telf/ôn 


Fis.  8. 


A  cause  de  la  rigueur  de  la  température,  on  ne  trouve  ni  P.  antarctka., 
ni  (l.  chrijmloijhiis.  Par  contre,  les  P.  Adr/tH'  (A),  qui  manquent  dans  les 
Shetlands  occidentales,  font  leur  réapparition  datis  cette  baie,  où  se 
trouvent  deux  colonies  :  Tune,   réduite,  située  sur  un  îlot  près  du  cap 


172  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Vauréal  ;  l'autre,  qui  comprend  plus  de  20000  individus,  près  de  la  pointe 
Thomas.  Au  voisinage  de  cette  dernière,  il  y  a  une  petite  colonie  de 
P.jjajjiia  (B).  Les  3f.  Maccormicki  (I)  sont  répartis  un  peu  sur  tous  les 
points  de  la  baie,  partout  où  il  y  a  du  rocher;  nous  avons  aussi 
aperçu  quelques  nids  de  M.  antarctica  (H)  sur  l'île  du  fjord  Ezcurra  :  ils  ne 
doivent  pas  être  les  seuls.  Enfin  quelques  nids  de  Cormorans  (E)  existent 
sur  l'îlot  près  de  la  pointe  est  de  l'entrée  de  la  baie,  tandis  que  sur  la 
côte,  en  regard,  vit  une  colonie  à^Ossifraga  gigantea  (P).  Nous  avons  vu 
des  nids  de  L.  dominicanm  (G)  sur  la  pointe  de  la  Plaza  et  trouvé  une 
rookerie  de  S.  viltata  (F)  sur  un  pointement  do  rochers  entouré  de  gla- 
ciers, à  une  altitude  de  200  mètres. 

2.  Ile  Déception. 

(Lat.  :  G:?"  55' 25'  S.  —  Long-.  :  ('.20  58'  IS'  W.  Paris). 

L'île  Déception,  l'une  des  plus  occidentales  du  groupe  des  Shetlands 
du  Sud,  est  soumiseà  un  climat  moins  rigoureux  que  l'île  du  Roi-George. 
Ancien  volcan,  presque  entièrement  recouvert  de  glace  et  de  neige, 
elle  offre  l'aspect  d'un  anneau  lu'isé,  dont  les  sommets  ont  une  hauteur 
variant  de  300  à  600  mètres  :  par  une  passe  étroite,  la  mer  a  envahi  l'in- 
térieur du  cratère  et  forme  une  vaste  baie  qui  porte  le  nom  de  Port- 
Foster. 

C'est  sur  les  parties  basses  de  l'île,  sur  les  falaises,  dépourvues  de 
neige  en  été,  soit  au  voisinage  de  Port-Foster,  soit  en  bordure  de  la  côte 
extérieure,  que  nichent  \'l  espèces  d'Oiseaux. 

Il  n'y  a  pas  de  P.  Adelïee  ;  il  existe  une  seule  colonie  très  réduite  de 
P.  papua  (B).  Par  contre  P.  antarctica  vit  en  énormes  rookeries  (C),  dont 
certaines,  celles  qui  sont  situées  sur  la  côte  est  de  l'île,  comprennent  ])lus 
de  100000  individus.  On  y  trouve  aussi  un  millier  de  C.  chnjsolophns  (D); 
une  autre  petite  colonie  de  ces  Oiseaux  est  située  sur  la  falaise,  au  sud 
de  la  passe  du  «  Challenger  ». 

Quelques  Cormorans  (Ej  ont  leurs  nids  sous  les  rochers  en  bordure  de 
Port-Foster,  au  voisinage  d'une  colonie  d'Antarctiques.  Nous  avons 
trouvé  plusieurs  colonies  de  Sternes  (F)  au  sommet  des  falaises  nord  de 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  I73 

rentri'^o  do  l'ort-Foslor,   au  voisinai;^  do  Pondiiluin-Covc  ot  sur  la  oôlo 
ouost  iW  nio.  Los  L(irt<^  iC.i,  ainsi  (|u<'  W^  Mpga/es/r/s  iH,  1)  sontivparlis 


I'"ig.  !(.  —  Ile  Déception. 


un  pou  pai'tuut,  los  derniors  sui"tf)ut  à  proximité  des  rookeries  de  Pin- 
gouins. Il  existe  dos  nids  A'Oceditites  océaniens  (J)  sur  la  cote  ouest  do 
Port-Foster  ainsi  que  dans  des  rochers  de  la  côte  sud-est  de  l'ile.  Les 


174  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

P.  g/acia/oïdes  (M)  doivent  nicher  dans  les  falaises  abruptes  de  la  côte  est; 
mais,  par  suite  de  l'impraticabilité  de  ces  falaises,  nous  n'avons  pu  nous 
en  assurer. 

De  nombreux  Damiers  du  Gap  (Q)  ont  élu  domicile  le  long  des  falaises 
situées  à  proximité  de  la  passe  du  «  Challenger  ».  Enfin  nous  avons  trouvé 
quelques  nids  de  Chionis  alba  (X)  sur  la  côte  ouest  de  Port-Foster  ainsi 
que  dans  les  rochers  de  la  côte  sud-est. 

Malgré  l'abondance,  dans  cette  région,  des  Ossifrages,  attirés  par  les 
nombreuses  dépouilles  de  Cétacés  abandonnées  par  les  baleiniers,  nous 
ne  pensons  pas  que  ces  Oiseaux  se  reproduisent  sur  File  Déception. 


3.  Port-Lockroy,  île  Wiencke. 

(Lat.  :  OioiO'air  S.  —  Long-.  :  05°  iU'  18"  W.  Paris). 

Les  Oiseaux  sont  localisés  sur  les  pointes  basses,  faciles  d'accès,  tou- 

ABORDS  ae  PORT  LOCKROï 


Jiot  C^.'nKri/a- 


Cal, 

n    de 

l'Ile    Goudier 

tu^. 

f"S- 

ss-i-«a 

S- 

«••) 

r-m'Ou«w-%u* 

Fig.  10. 


jours  dans    les  endroits  où  la  neige  fait  défaut  pendant  l'été.  Partout 
ailleurs  une  carapace  de  glace  recouvre  le  rocher. 

Près  de  la  pointe  Lécuyer,  une  colonie  d'Adélies  (A)  est  installée  sur  les 
rochers  les  plus  élevés,  à  une  trentaine  de  mètres  de  hauteur,  tandis  que 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  175 

du  côté  do  la  baie,  en  contre-bas,  |)lnsieurs  milliers  de  Papous  (B)  voi- 
sinent avec  de  nombreux  Cormorans  (E).  Sur  les  îlots,  il  y  a  des  nids  de 
Larus  et  de  Megaleslris.  Près  de  l'ilot  de  Casablanca,  se  trouve  une  autre 
colonie  de  Papous,  et  dans  le  voisinage  des  nids  de  Megalestris  (I).  Enfin 
deux  colonies  de  Sternes  (F)  sont  établies  sur  l'île  Donner. 


4.  Ile  Booth-'Wandel  :  environs  de  Port-Charcot. 
(Lat.  :  G5<'n3'4r)"  S.  —  Long-.  :  Cii"  ifl'ôS"  W.  Paris). 

A  part  la  colline  du  Cairn,  les  rochers  de  la  pointe  de  Vanssay,  la  face 
nord-ouest  de  la  colline  Jeanne   et  quelques  pointements   de  rochers 


ILE     BOOTU-WANDEL 


FiK.    II. 


épars,  toute  cette  partie  ouest,  peu  élevée,  de  l'île  Booth-Wandel  est,  en 
été,  recouverte  de  neige  et  de  glace. 

Les  Adélies  ont  une  rookerie  de  quelques  centaines  d'individus  près  de 
la  pointe  de  Vanssay  (A).  Dans  le  voisinage,  sur  les  rochers  dominant  la 
mer,  se  tient  une  colonie  importante  de  Cormorans  (E)  :  on  y  trouve  aussi 
quelques  nids  de  Chionis  alba  (X).  Les  Papous  (B),  assez  nombreux, 
occupent  les  rochers  à  découvert  entre  la  colline  du  Cairn  et  la  colline 
Jeanne.  Sur  la  colline  Jeanne,  des  J/.  Maccormicki  (I),  puis  en  bordure 
de  la  mer,  des  Oceanites  (Jj  et   des  Sternes  (F).  Ceux-ci  forment  encore 


176 


OISEAUX   ANTARCTIQUES. 


J'"  LmmiDr. 


•'iff.    11'. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  177 

une  petite  colonie  près  de  la  baie  Libois.  l^^nfin  sur  la  colline  du  (laiiu,  on 
trouve  des  nids  de  Larus:  (G),  Mpf/f//esfi'is  (I)  et  Orranifrs  (J). 

5.  Ile  Petermann. 

(Lat.  :  (r)OlO':a'S.  —  Long-.  :  COolM'lîO'  W.  Paris). 

L'île  est  divisée  par  un  islbme  étroit  en  deux  massifs  :  l'un  est  une 
croupe  de  glace  haute  de  130  mètres,  aux  parois  raides,  dont  la  face  qui 
regarde  le  nord  est  dépourvue  de  neige  en  été;  l'autre,  qui  ne  dépasse 
pas  iO  mètres,  descend  vers  la  mer  en  pente  douce  :  de  place  en  place 
surgissent  des  petits  massifs  rocheux  sur  lesquels  les  Oiseaux  construisent 
leurs  nids. 

Les  Pingouins  Adélies  (A),  au  nombre  de  quelques  milliers,  ainsi  que 
quelques  Papous  (B)  et  trois  couples  de  Cormorans  (E)  ont  leurs  nids  en 
bordure  du  chenal  de  Lemaire,  entre  le  fjord  du  Nord  et  Port-Circoncision. 
Deux  colonies  de  Sternes  (F)  sont  établies  près  des  pointes  Senouque  et 
Rouch.  Près  de  cette  dernière  pointe,  on  trouve  aussi  des  nids  de  Larus 
(G);  mais  ces  Oiseaux  sont  plus  nombreux  dans  la  partie  sud  de  l'île,  ainsi 
que  sur  les  îlots  Charlatet  Boudet.  Beaucoup  de  M.  Maccormicki  (I)  nichent 
sur  le  versant  nord  de  Petermann,  où  l'on  rencontre  leurs  nids  jusqu'au 
sommet  de  Tib'  :  d'autres  se  tiennent  aux  alentours  du  fjord  du  Sud.  Eidni 
nous  avons  trouvé  des  nids  de  procellaires  (J)  vers  la  pointe  Godfroy  et 
sur  les  rochers  voisins  du  fjord  du  Sud. 


CHAPITRE    m 

DISTRIBUTION   GÉOGRAPIIIOUE  DE  LA  FAUNE  ORNITIIOLOGIOUE 
RENCONTRÉE  DANS  LES  RÉGIONS  ANTARCTIQUES  GLACÉES 

Si  nous  examinons  la  région  antarctique  au  point  de  vue  de  la  répar- 
tition de  la  vie,  nous  constatons  tout  d'abord  que,  sur  les  terres,  presque 
uniformément  recouvertes  de  leur  manteau  de  glaces,  la  tlore  est  à  peu 
près  nulle  :  quant  à  la  faune  terrestre,  elle  n'existe  pour  ainsi  dire  pas. 

Eipédilion  Charcul.  —  Gain.   —  Oiseaux  anlarilii|ues.  '~'j 


178  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Par  contre,  dans  les  océans,  la  végétation  sous-marine  est  assez  abon- 
dante, et  le  plankton,  surtout  pendant  les  mois  d'été,  se  trouve  en  grande 
quantité  vers  la  surface  de  la  nier. 

Cette  circonstance  permet  de  comprendre  comment  il  se  fait  que  la 
région  antarctique,  inhabitable  pour  des  animaux  et  des  Oiseaux  habitués 
à  se  nourrir  des  produits  du  sol,  puisse  être  peuplée  non  seulement  d'une 
grande  quantité  d'Invertébrés  marins,  mais  aussi,  en  plus  des  Poissons  et 
des  Vertébrés  nageurs  représentés  par  les  Baleines  et  les  Phoques, —  par 
des  Oiseaux,  la  plupart  grands  voiliers,  qui  vivent  presque  tous  des  pro- 
duits de  leur  pêche. 

La  faune  avienne  antarctique,  riche  en  individus,  est  pauvre  en  espèces. 
Elle  est  répartie  non  seulement  dans  les  contrées  glacées,  mais  encore 
dans  les  parties  plus  tempérées  de  ces  régions  australes. 

Sur  les32  espèces  qui  ont  été  rencontrées  au-dessous  du  00°  de  lat.  S., 
il  y  en  a  près  de  la  moitié  qui  ne  sont  pas  caractéristiques  de  ces  régions 
glacées  proprement  dites,  soit  qu'elles  ne  descendent  que  très  peu  au- 
dessous  du  60°,  soit  que  leur  présence,  en  des  latitudes  plus  extrêmes,  ne 
constitue  qu'une  rare  exception.  Elles  font  surtout  [)ai'tie  de  la  région 
subantarctique,  dont  elles  sont, pour  la  plupart,  caractéristiques. 

Mais  ces  deux  régions,  antarctique  et  subantarctique,  ne  peuvent  être, 
en  réalité,  séparées  l'une  de  l'autre.  Elles  ont  en  effet  beaucoup  de  traits 
communs;  la  plupart  des  Oiseaux  qui  vivent  dans  l'une  se  rencontrent 
dans  l'autre.  Et  parfois  aussi  la  dissémination  de  plusieurs  des 
espèces  antarctiques  s'est  étendue  non  seulement  à  la  zone  subantarc- 
tique, mais  encore  à  des  régions  plus  tempérées  et  môme  tropicales. 

Alphonse  Milne-Edwards,  dans  ses  remarquables  travaux  sur  la  faune 
des  régions  austra!es(  1  ),  a  fort  bien  décrit,  en  se  basant  sur  toutes  les  don- 
nées qui  existaient  à  celte  époque,  les  caractères,  la  nature,  étudié  la 
dispersion  et  recherché  les  origines  de  cette  faune  avienne. 

Si  nousexaminons,  parexemple,  les  Pingouins  et  les  Albatros,  ces  deux 
types  aviens  si  différents  par  leur  organisation  et  leurs  facultés  loco- 
motrices, nous  constatons,  comme  l'a  fort  bien  montré  Milne-Edwards, 
«  qu'ils  ont  In  même  patrie  et  les  mêmes  stations  de  reproduction  ;  mais 

(1)  Ami.  se.  nat..  Zoologie,  t.  I.\,  ai(.  n«  9;  t.  Xll,  ail.  n"  7  ;  t.  XIII,  art.  n°  4,  Paris,  1880. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  179 

Tim  clo  ci^s  types,  couronné  poui-  la  iiai^v  scuh'aiont,  n'n  l'épandii  sesdéri- 
vt's  (lue  dans  le  voisinage  de  la  i'éi:;ion  ([ui  scndjic  avoir  été  le  berceau 
commun  de  leurs  races,  tandis  que  l'autre,  doué  d'organes  de  vol  d'une 
puissance  extraordinaire,  a  envahi  une  portion  plus  considérable  de  la 
surface  du  globe  ».  Si,  dans  l'océan  Atlantique,  les  Albatros  ne  se  sont 
avancés  que  très  peu  dans  la  zone  torride,  dans  l'océan  Pacifique,  cer- 
taines espèces,  par  suite  d'une  réunion  de  circonstances  favorables  àleurs 
migrations,  ont  abordé  les  régions  chaudes  et  peuplé  les  mers  entre  la 
Chine  et  la  Californie. 

De  même  le  type  avien,  dont  les  Stcrcorariidés  [Mefjalestris)  sont  des 
dérivés,  appartenait  originairement  à  la  faune  antarcticjue,  et  ses  repré- 
sentants auraient  émigré  vers  le  Nord  en  longeant  la  côte  américaine  de 
l'océan  Pacifique. 

Au  contraire  lesLaridés  (Goélands  et  Sternes)  de  la  région  antarctique 
ne  présentent  rien  qui  puisse  caractériser  la  faune  de  cette  partie  du 
globe  :  les  espèces  ou  races  qui  y  vivent  sont  probablement  des  dérivés  des 
(3iseaux  du  même  genre,  qui  abondent  dans  l'hémisphère  nord.  Certaines 
espèces  sont  même  plus  ou  moins  cosmopolites. 

La  faune  antarctique  est  très  riche  en  Procpllariidés,  et  «  la  plupart  des 
espèces  ou  races  propres  à  la  région  boréale  s'y  trouvent  représentées 
approximativement,  tandis  que  beaucoup  d'espèces  bien  caractérisées,  qui 
ont  pour  patrie  la  zone  australe,  n'ont  pas  d'analogue  sur  d'autres  parties 
de  globe  (1)  ».  Et  nous  pensons,  avec  Milne-Edwardset  llutton  (2),  que  le 
type  avien  dont  dérivent  tous  ces  Palmipèdes  est  originaire  des  régions 
australes,  et  que  c'est  par  l'émigration  de  cette  partie  du  globe  vers  le 
nord  que  certaines  espèces  sont  arrivées  dans  nos  mers. 
.  Nous  pouvons  conclure  avec  Milnc-Edwards  que  «  la  région  antarctique 
possède  une  faune  avienne  spéciale,  caractérisée  par  plusieurs  types  zoo- 
logiques fort  remarquables  et  offrant  à  peu  de  chose  près  une  composi- 
tion similaire  tout  autour  du  globe.  Mais  divers  membres  de  cette  faune 
s'étendent  à  des  distances  très  variables  sur  certaines  parties  adjacentes, 


(1)  A.  .MiiNE-EhWAnDS,  loc.  cit.,  t.  XIII,  p.  22. 

(2)  HuTToN,  N'oies  on  Some  Bitdsinliabiting  Ihe  SouHiein  Océan  (Ibis.  ISGIi,  p.  290). 


i8o  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

de  manière  à  exercer  une  influence  plus  ou  moins  grande  sur  les  carac- 
tères de  la  population  ornithologitjue  de  ces  dernières  régions. 

«  Des  mélanges  en  sens  inverse  ont  eu  lieu  aussi,  mais  ils  sont  en  géné- 
ral de  minime  importance,  et  leur  nature  varie  avec  les  relations  géogra- 
phiques qui  existent  entre  les  différentes  parties  de  la  zone  antarctique  et 
les  terres  habitées  par  des  faunes  aviennes  particulières,  avec  notamment 
TAmérique  du  Sud,  avec  l'Afrique,  avec  l'Australie  et  avec  la  Nouvelle- 
Zélande.  » 

Nous  tenant  exclusivement  aux  seuls  Oiseaux  rencontrés,  fréquemment 
ou  par  hasard,  au-dessous  du  (30°  de  lat.  S.,  nous  allons  passer  succes- 
sivement en  revue  leurs  différentes  espèces  (au  nombre  de  32),  et  donner 
rapidement  la  distribution  géograjjhique  de  chacune  d'elles.  Nous  nous 
contenterons  de  mentionner  les  localités  où  elles  ont  été  rencontrées, 
soit  à  l'état  isolé,  soit  en  colonies  pendant  la  période  do  reproduction, 
par  les  navigateurs  ou  les  diverses  expéditions  qui  ont  parcouru  les 
régions  australes. 

Pour  simplifier  et  ne  pas  nous  exposer  à  des  redites,  nous  donnons 
en  note  une  liste  des  auteurs  et  des  principaux  ouvrages  qui  ont  contribué 
à  faire  connaître  la  distribution  des  diverses  espèces  rencontrées  dans  la 
zone  antarctique  (1).  Chacun  de  ces  ouvrages  porte  un  numéro  d'ordre 

(I)  1.  K.  A.  Amiersson,  WUsensch.  Ergeb.  Schwcd.  Sihlpolar-E.ipuL,  V,  Lief.  2,  IW.'>.  —  2.  L.  Bek- 
NAcr.m,  South  Polar  Rcg.,  1901.  —  3.  C.  E.  BoRtirr.nEviNK,  Verhandl.  Ges.  Erdkwide,  189ii.  —  4.  Fhs« 
on  ant.  Cont.,  1901.  —  5.  Brandt,  Bull.  Ac.  St-Petcrsb.,  II,  1837.  —  6.  J.  Cab.vms  et  A.  Reichenow, 
Journ.  f.  Orn.,  1876.  —  7. .).  Cassin,  Un.  St.  E.rpl.  Expvd.,  Atlas,  42.  —  8.  W.  E.  Clarke,  Ibis, 
1906-1907.  —  9.  E.  CoiES,  Bull.  Mn.  St.  mit.  Mus.,  1875.  —  10.  C.  W.  Donald,  Pr.  Roy.  Phys.  Soc. 
EJimt.,XII,  1894.  — 11.  Dresser,  B.  Europe,  VIII.—  12.  FiNscii,  Proc.  zuol.  Soc,  1870,  t.  XXV.  — 
13.  F.  FoRSïER,  Comment.  Societ.  Gdltimj.,  III,  1780.  —  14.  L.  C.ain,  /A'<=  Congr.  de  zool.,  Monaco, 
1914.  —  15.  Garnot,  Ann.  se.  nat.,  VII,  1826.  —  16.  (".meli.n,  Sysl.  nat.  Linn.,  11.  1788.  —  J.  Gouu), 
17.  DirJsofAusIr.,  186S.  —  18.  .\nn.  and  Mag.  of  nat.  kist.,  t.  XIII,  1844.  —  19.  Proc.  '/.oui.  Soc, 
1855.  —  20.  G.  B.Gray,  Gen.  Uirds,  111.  -21.Gray,  List.  B.,Brit.  Mus.,  III,  1844.  -  22.  G.  H.  Gray 
and  R.  B.  Siiarpe,  Zool.  Voy.  «  Erebus  »  and  «  Tcrror  »,  Birds,  1875.  —  23.  R.  Hall,  Ibis.  1900.  — 
24.  lIusKER,  Zcitschr.  Ges.  Erdkunde,  1876.  —  25.  IlrrroN,  Ibis,  1865.  —  Hombron  et  .Iacquinut, 
26.  Arm.  se.  nat.,  XVI,  1841.  —  27.  Voy.  au  Pôle  Sud,  Zool.,  111,  1844.  —  28.  Kiin,,  Beitr.  Kennin. 
Proc,  1820.  —  29.  Laïham,  Ind.  iVOrn.,  II,  1790.  —  30.  F.  L.  Layard,  Ibis,  1867.  —  31.  Lessun, 
Traité  d'orn.,  1831.  —  32.  Licirr,  Doser,  anim.,  1844.  —  33.  Verz.  Doubl.,  1823.  —  34.  Linné,  Sysi. 
Nat.,  X,  1758.  —  35.  Lonnberi;,  Se.  Vetensk.  Handl.,  1906.  --  36.  Wissenseh.  Ergeb.  Schwed.  Siidpo- 
larcxp.,  V,  Lief  5,  1905.  —  37.  Mac  Cormick,  Voy.  Disc.  Antarct.,  I,  1884.  —  38.  A.  MENErarx,  Exp. 
ant.  F  r.,  Oiseaux,  1907.  —  39.  PA(;ENSTECiiER,  J«//)/<.  Wissenscli.  anst.  Ihimburg,  II,  1885.  —40.  Peai.e, 
Vn.  St.  E.rpt.  E.cp.,  Birds,  1848.  —41.  E.-G.  Racciviï/a,  Exp.  ant.  bilgc.  1900.  -  42.  A.  Remiie- 
Nûw,  Wissenseh.  Ergeb.  Deutsck.Ticffee  Exp.,  VII,  1904. —43.  Oivi.  Mntsb. ,l')Oi.  — Ai.  Deulsch.Siiilp. 
Exp.  ant.  Yôgcl  des  Weltm.,  1908.  —45.  Uh.hm.,  Proc.  biol.  Soc,  Washington,  1906.  —  46.  Salven, 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  i8i 

on  caractères  gras.  Nous  nous  contenterons  de  mentionner,  après  le  nom 
spécifique,  les  numéros  correspondant  aux  divers  travaux  contenus  dans 
la  liste  ci-dessous,  dans  lesquels  Tespèce  est  signalée  :  le  lecteur  n'aura 
qu'à  s'y  reporter 

1.  Aptenodytes  Forsteri  (1-2-3-4-8-10-18-20-22-36-38-41-44-50-52-54-62-63-64-66- 

67-68)  (lig-.  i:i). 

Le  Pingouin  Empereur  est  localisé  à  la  région  antarctique  proprement 
dite  :  côte  est  de  la  Terre  Louis-Philippe,  îles  du  Roi-Oscar  II,  îles  Join- 
ville,  Cockburn  (Ross),  Seymour,  Paulet,  Snow  (Andersson),  Orcades  du 
Sud  (Valette,  Mossmann,  Pirie),  est  de  la  Terre  Alexandre  (Racovitza)  sur 
le  pack-ice  et  la  banquise  entre  82°  et  97°  long.  W.,  voisinage  de  la 
Terre  de  Coats  (Rruce),  Terre  de  l'Empereur-Guillaume  II  (VanhôfTen), 
Terre  Adélie(Mawson),  cap  Adare  (Rernacchi),  pack-ice  de  la  mer  de  Ross 
(Exp.  de  Scott  et  Shakieton)  ;  Terre  de  Victoria  (Rorchgrevinck)  ;  îles 
Ross,  près  du  cap  Crozier,  rookerie,  œufs  et  poussins  (Wilson). 

2.  Pygoscelis  Adelise(l  -4-8-10-12-14-21-22-26-27-36-38-40-41-44-50-54-62  à  68) 

Rookeries  sur  la  côte  ouest  des  Terres  de  Graham  et  le  sud  de  la  Terre 
de  Danco,  île  Anvers  (Racovitza,  Turquet,  Gain),  île  du  Roi-George, 
Shetlands  du  Sud  (Gain),  côte  est  de  la  Terre  Louis-Philippe  (Ross, 
Nordenskjôld),  Terre  du  Roi-Oscar  II,  îles  Paulet,  Seymour,  Cockburn, 
Teufel,  Irizar  (Andersson)  ;  Joinville,  Danger  (Donald)  ;  Orcades  du  Sud 
(Valette,  Mossmann,  Pirie),  mer  de  George-IV  ;  —  Terres  de  Goats 
(Exp.  «  Scotia  .)),  de  l'Empereur-Guillaume  (VanhôfTen),  Adélie  (Dumont 
d'Urville),   île   Possession  (Mac   Cormick),   cap    Adare,   Terre  Victoria 

fi'oc.zool.Soc,  1878.  —47.  Voy.  "  ChalUwjcr  ,>//,ool.,  11,  Vlll,  1881 .—  48.  Cat.  llirds,  llrit.,  Mus.,  XXV, 
1896.  —  49.  KdWLEVS,  Oni.  mise,  1,  1876.  —  II.  Saumpers.  50.  .4»(a?c<.  mai».,  1901.  —  51.  Bull.  Brit. 
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lewjer  »,  Zool.  Birds,  II,  1881.  —54.  R.  Siivrpe,  Rep.  Coll.  «  South.  Cross  «.,  1902.  -  55.  l'hil.  Transa.. 
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Zool.,  1908.  — 67.  E.-A.  Wil.son,  Scott,  Voy.  "-  Disc.  ...  1905.  —  68.  Nat.  ant.  Exp.,  Il,  Zool.,  Avcs,  1907. 


i82  OISEAUX   ANTARCTIQUES. 

(Exp.  de  «  Stella  Polare  »,  «  Discovery  »,  «  Nimi'od  »,  «  Terra  Nova  »)  ;  — 
pack-icc  vers  la  Terre  Édouard-VII  ("  Discovery»,  «  Nimrod  »,  «  Terra 
Nova»),  l'île  Pierre-I^^'et  la  Terre  Alexandre  (Racovitza,  Gain). 


3.  Pygoscelis  papua  (1-6-8-9-10-13-22-23  35  36-38-39  40-41  42-50-57-59-60  63-65) 

(lig-.  i:i). 

fiéf/ion  a/ifarctif/ur.  —  Nids  aux  Orcades  du  Sud  (Valette,  Pirie),  aux 


. ZvTtiCû  nardj  d&  la,  urne  airotOTtaniarctufUA 


•  •  •  •  Lijiiito  nord  île  Aplenodyles  Forsteri. 

—  ■ —  J'i/f/osce/is  AdelUr. 

—  —         —         papua. 

-|--f— t— f  —  —         —  anlarctiva. 

r^  r\  rs  r\  —  —  CaUirrliacle.i  chri/solopltus. 


Shetlands  du  Sud:  lies  du  Koi-George,  Nelson,  Déception  (Audersson, 
Gain),  sur  la  côte  est  de  la  Terre  Louis-Philippe  et  les  iles  voisines  du 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  183 

détroit  do  lAtlantic  (Andersson),  dôtcoit  de  (Ici'Iaclic,  île  WicncUo  (  Uaco- 
vitza,  Tur(|uet,  Gain),  Terre  de  (Iraham,  îles  Boolh-Wandel,  llovyaard 
(ïurquet,  Gain),  Peterniann,  Argentine,  baie  Matha  (Gain). 

liégious  stfhantarctiijuf's.  —  l'alkland,  nids  à  la  Géorgie  du  Snd  (Kxp. 
allemande  etsuédoiso),  île  Marion,  nidssur  les  îles  Ileard  («  Challenger  »], 
Grozet  et  Kerguelen  (Eaton,  Ilûsker,  VanholFen,  Kidder,  llall),  cjiielques 
individus  aperçus  sur  l'île  Macquarie. 

4.  Pygoscelis  antarctica  (1-8-10-13-22-35-38-39-41-42-44-50-57-62-65-66)  (fig.  l-î. 

Région  antarctiqw\  —  Nids  dans  le  Di'troit  de  Gerlache  (Racovitza, 
Turquet,  Gain)  et  le  détroit  de  lîransfield.  Terres  Palmer  et  Louis- 
Philippe,  îles  Seymour,  Bouvet  (Andersson),  îles  Low,  Déception  (Gain), 
Nelson  (Andersson),  îl(\s  Orcades  du  Sud  (Valette,  Pirie).  Individus  isolés 
vers  la  Terre  de  Graham  (Turquet,  Gain),  lepack-ice  au  nord  de  la  Tei're 
de  Coats  (Exp.  d(»  la  <(  Soolia  »). 

Régions  subantarctiques.  —  Iles  FalUland,  Géorgie  du  Sud  (Exp. 
allemande  et  suédoise).  Bouvet  (VanhoUVn). 

5.  Catarrhactes  chrysolophus  (5-6-8-9-35-39-44-50-53-55-57-59)  ifig-.  i?,). 

Rrgion^  antarctiques.  —  Individus  isolés  aux  îles  Orcades  du  Sud 
(Exp.  de  la  «  Scotia  »),  nids  aux  îles  Déception  (Gain)  et  Nelson  (Andersson) 
dans  les  Shetlands  du  Sud,  i|uelques  individus  isolés  dans  le  détroit  de 
Bransfield. 

Régions  su/ianfarctiqucs.  —  Nids  aux  îles  Falkland,  Géorgie  du  Sud 
(v.  d.  Steinen),  Prince-Edouard  (Saunders),  Heardet  Kerguelen  (Moseh^y, 
Kidder). 

6.  Phalacrocorax  atriceps  (1-8-35-36-38-39-44-57-62-66)  (lig.  lA). 

Région  antarctique.  —  Nids  aux  Orcades  du  Sud  (Valette,  Bruce, 
Pirie),  aux  îles  Shetlands,  îles  du  Roi-George,  Nelson,  Déception  (Gain), 
Terre  Louis-Philippe,  îles  .I.-Ross,  Gockburn,  Paulet,  Uruguay,  Trinilé 
(Andersson),  détroit  de  Gerlache  (Racovitza,  Gain),  îles  ^^'iencke,  Booth- 
Wandcl,  llovgaard  (Turquet,  Gain),  Peterniann,  Argenline,  Berthelot 
(Gain). 


i84  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Région  mJiantarctique.  —  Nids  à  la  Géorgie  du  Sud  (v.  d.  Steincn, 
Andersson). 


7.  Sterna  vittata  (1-8-16-17-35  36-38-39-43-44-50-54-55-57-62-63-65-66)  (liy .  14). 

Région antarct'uiue .  —  Nids  aux  Orcados  du  Sud(l}ruce,  Pirio,  Valotto), 
Shetlands  du  Sud  (Andersson,  Gain),  Terre  Louis-Philippe,  îles  Seymour, 


«..it.Zunîte'  Tiard,  de.  laj  banau 
f-i-idiumie.  noni  des  qIoc&s  d&  dérii>& 


■Xùnit»  Twrd,  de.  la.  xone  CLraurumiarctujue 


TTTTTT 
T  T  TT 


Fig.    14. 

Liniili'   du  (listiibution  du  Phalacrocova.r  airiceps. 

—  —  —  Lat'us   domiiiicaniis. 

—  —  —  Sterna  villata. 


^\ 


Snow,  .loinviile,  Paulet  (Andersson),  détroit  de  Gerhiche  (Racovitza), 
Terre  de  Grahnni,  îles  Doumer,  Booth-Wandel,  Hovgaard,  Petermann, 
Turquet,  Gain],  Terres  Adélaïde,  Loub,et,  Fallières,  îles  Jenny,  Léonie 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  185 

(Gain),  sur  le  pack-icc  vers  70°  do  lat.  S.,  entre  70°  et  I2.'ô°  de  long.  W. 
(Gain),  au  nord  des  Terres  Edouard-VH,  Victoria  (Wilson),  Adélie, 
Guillaume-Il  (VanhôfFen). 

Héfjion  subantarctique,  etc.  —  Géorgie  du  Sud  (v.  d.  Sleinen,  Andcrs- 
son), Tristan  d'Acunha,  Sainte-Hélène,  côte  du  Brésil,  Ascension,  Gough, 
Saint-Paul,  Amsterdam,  Kerguclen,  côte  africaine. 

8.  Larus   dominicanus   (1-6-8-9-21-23-24-30-32-33-35-36-38-39-41-42-44-50-52-55-57-59- 

60-62-65-66)  (lig-.  14). 

Région  antarcti([ue.  —  Nids  aux  Orcades  du  Sud  (Bruce,  Pirie, 
Valette),  îles  Shetlands  du  Sud  (Gain),  Terre  Louis-Philippe,  îles  Trinité 
(Andersson),  Cockburn  (Saunders),  Ross  (Nordenskjôld),  détroit  de  Ger- 
lache  (Racovitza),  îles  Wiencke,  Petermann,  Booth-Wandel  (Turquet, 
Gain),  Terres  de  Graham,  Loubet,  îles  Adélaïde,  Webb,  Léonie,  Jenny, 
baie  Marguerite  (Gain). 

Ih'fi'ions  subanfarcti(/ues.  —  Nids  à  la  Géorgie  du  Sud  (v.  d.  Steinen, 
Andersson),  aux  îles  Grozet  et  Kerguelen  (Armson.  Kidder,  Eaton, 
Vanhôiïen).  Iles  du  Prince-Edouard  et  Heard  (Saunders).  Des  individus 
isolés  sont  aperçus  sur  les  côtes  sud  de  l'Amérique  du  Sud  et  de  l'Afrique, 
vers  la  Nouvelle-Zélande  et  les  îles  Auckland,  Macquarie,  Campbell, 
Bounty. 

9.  Megalestris  antarctica  (1-6-8-9-23-24-25-30-31-35-36-38-39-42-44-50-54-55-57-59-60- 

62-65-66)  (li^.  l.-)). 

Région  antarctique.  —  Nids  aux  Orcades  du  Sud  (Exp.  écossaise), 
Shetlands  du  Sud  (Gain,  Andersson),  Terre  Louis-Philippe  (Andersson)  et 
nord  du  détroit  de  Gerlache. 

Région  suhantarctique.  —  Nids  aux  îles  Grozet  (Armson),  Kerguelen 
(Hall,  Kidder,  lliisker,  Eaton),  Campbell,  Auckland.  Espèce  aperçue  aux 
îles  Bouvet,  Prince-Edouard,  Heard,  Amsterdam,  Saint-Paul,  Macquarie. 
Ouelques  individus  aperçus  vers  les  îles  Falkland,  la  côte  Sud-Ouest 
d'Afrique,  Madagascar  et  la  Nouvelle-Zélande. 


Expédition  Charcot.  —  Gain.  —  Oiseaus  antarctiques. 


i86 


OISEAUX    ANTARCTIQUES. 


10.  Megalestris  Maccormicki  (8-37-41-44-48-51-54-62-63-65  à  68)  (lig-.  15). 

Localisé  dans  les  régions  antarctiques.  Iles  Oreadcs  du  Sud.  H  niche 
prol)ablenient  vers  la  mer  de  George-IV,  sur  la  côte  des  Terres  Louis- 


Fig.  IS. 

T  T  T  T     Limite  île  disliibution  du  Mei/alcslris  Maccormicki. 
I  I  I  I  I  I  —  —  —  —  antarctica. 
—               —          —  Cliionis  atljii. 

Philippe  et  Oscar-II,  où  ses  nids  ont  dû  être  confondus  par  l'expédition  de 
Nordenskjold  avec  ceux  du  M.  antarctica.  Nids  aux  Shetlands  du  Sud 
(Gain),  détroit  de  Gerlache,  ilcs  Wiencke,  Booth-Wandel,  Petermann, 
Terres  de  Graham,  Adélaïde,  Loubet,  Fallières,  baie  Marguerite,  îles 
Léonie,    Webb,    .Tenny    (Gain),    Terres    'de    Guillaume-II    (Vanhofien), 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  187 

Niclori.i   (Wilson),  cap  Adare  (Ilanson,  Evans),  Torros  Rdouard-Vll, 
ltaii(|iiis<'  à  l'ouest  de  la  Tcrro  Alexandre  (Racovitza,  Gain). 

11.  Ossifraga  gigantea  (1-6-8-9-16-17  24-25-30-32-35-36-38-39-41-42  44  45-S0-54-55-57- 

59  60  62-63  à  68)  (liy.  17). 

Jié(/io/i  a/ilar<ii(iiic.  —  Nids  aux  Urcados  du  Sud  (Valette,  l'irie),  Shet- 
lands du  Sud  i^Andei'sson,  Gain\  Nord  du  détroit  de  Gerlache,  Terre 
Louis-Philippe,  îles  Suow,  Paulet  (Andersson).  Individus  isolés  vers  les 
Terres  de  Grahain  (Racovitza,  Turquet,  Gain),  Loubet  et  Fallières 
(Gain),  le  cap  Adare  (Evans),  les  Terres  Victoria,  Édouard-Vll  (Wil- 
son), Guillaume  11  (Vanhôffen),  C.oats  (Bruce). 

Rcf/io/t  suhaiilarclique.  —  Nids  à  la  Géori;ie  du  Sud  (Exp.  suédoise), 
Grozel  (Armson),  Kerguelen  et  Prince-Edouard  (Marris,  Kidder,  Eaton, 
lliisker.  Hall).  Individus  isolés  aux  îles  Bouvet,  Ileard  (Vanhôffen), 
Amsterdam,  Nouvelle-Zélande  et  le  groupe  des  îles  situées  au  Sud. 

L'espèce  remont»^  jusqu'à  la  côte  sud-australienne,  la  côte  ouest  de 
l'Amérique  jusqu'au  territoire  de  Washington,  les  Falkland  et  la  côte 
sud  de  l'Afrique. 

12.  Priocella  glacialoïdes  (1-8-25-26-35-38-42-44-50-54-55-56-59-63  à  68)  (fi-.  Kl). 

H/'f//(i/t  a/ifa/Ttùjae.  —  Les  nids  n'ont  été  trouvés  que  sur  la  côte  de  la 
Tcri'c  Louis-Philippe  (Andersson),  probablement  à  l'île  Déception  (Gain) 
et  peut-être  sous  le  cercle  jjolaire,  à  l'île  Jenny,  dans  la  baie  Marguerite 
(Gain).  Les  diverses  expéditions  ont  trouvé  des  Oiseaux  isolés  surtout  à 
la  lisière  du  pack-ice. 

Réfjum  sithaniarctiiiuc.  —  Cette  espèce  remonte  sur  la  côte  sud  de 
l'Alrique,  sur  la  côte  orientale  américaine  jusqu'au  Brésil  et  sur  la  côle 
occidentale  de  l'Amérique  jusqu'au  territoire  de  Washington.  Les  nids 
ne  sont  connus  qu'à  la  Géorgie  du  Sud,  île  Bouvet,  Kerguelen  (Mac  Cor- 
mick). 


13.  Daption  capensis  (1-6-8  17-23-24-25-34-35-36-38-39-41-42-50-54-55-57-59-63- 

64-65-68)  (liy.  17). 

Région  (mtarctique.  —  Nids  aux  îles  Orcades  du  Sud  (Pirie,  Bruce). 


i88  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

aux  Shetlands  du  Sud,  ile  Déception  (Gain)  et  le  nord  du  détroit  de 
Gerlache  (Andersson).  Individus  isolés  près  des  Terres  de  Graham 
(Racovitza,  Turquet,  Gain),  Loubet,  Fallières,  Terre  Alexandre  (Gain),  le 


M-hAt^i^imile  nord,  des  ahicùs  do  dérwe/ 


X imita  nord  de,  îa^  xone  arcumantoTvù^piB 


Fis.  16. 


I  I  I  I  (  I     Limite  nord  du  Pviocella  glacialoïdes. 
T  T  T  T  —         —  TItalassœca  antarclica. 


détroit  de  Bransfield  et  la  mer  de  George-IV  (Nordenskjold),  les  Terres 
Guillaume-II  (VanhôfTen),  Victoria  (Ross,  Wilson),  le  pack-ice  à  l'ouestde 
la  Terre  Alexandre,  au  sud  de  la  Nouvelfe-Zélande. 

Région  suhanta/ctifjue.  —  Nids  à  la  Géorgie  du  Sud  (v.  d.  Steinen) 
et  à  Kerguelen  (Hall,Hûsker,  Eaton).  — Iles  Bouvet,  Crozet,  Possession, 
Ileard  Tasmanie,  côte  sud  australienne,  Nouvelle-Zélande,  Macquarie, 
Auckland,  etc.,  côtes  de  l'Amérique  du  Sild  et  côte  sud  de  l'Afrique. 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  189 

14.  Majaqueus  cequinoctialis  (6-9-17  18-23  24-25-30-32-34-35-36-38  39-42-44  50-54-55- 

57-59-63-65-66-68). 

[{('•(l'ion  antarctique.  —  Détroit  do  (^lerlache  et  mers  j-laciales  par  ôl^S. 
otIlOo  de  long.  Ouest  (Gain);  (>3o  20'  S.  et  \^  07'  W_.  (Klinckows- 
trom),  62°  29'  S.  et  57°  W.  (Andersson). 

Ii('(/i(Vis  ahantarcfitjac  —  Nids  à  la  Géorgie  du  Sud,  Crozet  (Arnison) 
et  Kerguelen  (Kidder,  Eaton,  lliisUor,  VanhôlTen).  —  Vers  le  Nord,  cette 
espèce  remonte  jusque  vers  le  30°  de  lat.  S.  :  Australie,  Nouvelle-Zélande 
et  Chili. 

15.  Priofinus  cinereus  (8-16-17-23-25-32-42-44-54-56  65-66-68). 

Ré(jiun  antarctique.  —  Quelques  individus  au  voisinage  du  (10°  de 
lat.  S.  par  107»  de  long.  W.  (Gain). 

Région  suliantarctique.  —  Niche  à  Kerguelen  (Ilarris,  Moseley,  Hall). 
Cette  espèce  ne  dépasse  pas  vers  le  Nord  3oo  de  lat.  S.  Elle  est  suiout  abon- 
dante dans  les  océans  entre  SB^  et  55»  de  lat.  S.,  Sud-Pacifique  entre  60° 
et  5oo  (Gain),  côtes  du  Chili,  Patagonie,  Sud- Afrique,  Australie,  Nou- 
velle-Zélande et  îles  avoisinantes. 

16.  Thalassoca  antarctica  (8-16-22  35-38-41-42-44-50-54-63  à  68)  (lig.   Kl). 

Région  antarctique.  —  Les  lieux  de  ponte  de  cette  espèce  ne  sont  pas 
connus.  Elle  a  été  trouvée  surtout  le  pourtour  des  terres  antarctiques  et 
et  à  la  lisière  du  pack-ice  par  les  expéditions  qui  ont  parcourûtes  régions 
glacées. 

Région  suliantarctique.  —  Géorgie  du  Sud  (Andersson),  île  Bouvet, 
cap  llorn  (Salvin). 

17.  Œstrelata  brevirostris  (8-9-23-31-44-54-55-59-65). 

Région  antarctique.  —  Au  nord  de  la  Terre  de  Coats  (Bruce),  par 
09°  33'  S.  et  loo  19'  de  long.  W. 

Région  antarctique." —  Se  reproduit  à  Kerguelen  (Kidder,  Eaton,  Van- 
hollen,  Hall),  Tristan  d'Acunha;  sud  de  l'océan  Atlantique  et  de  l'océan 
Indien. 


igo  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

18.  Œstrelata  Lessoni  (6-9-15-17-23-31  32-44-55-59  65-66-68). 

Région  antarctiqup.  —  03°  S.  ot  178°  do  long.  E.,  (iT^S.  et  15")0cle 
long.  E.  (Wilson). 

Région sabantarctique. —  Nids  à  K(M'guelen  (Kidder,  Eaton,  Vanhôften, 
Hall),  îles  Macquarie,  tlampbell,  Auckland,  mers  d'Australie  et  de  la 
Nouvelle-Zélande,  sud  de  Tocéan  Indien,  C(Me  sud  de  l'Afrique. 

19.  Prion  vittatus  (16-17-25-29-44-55-68). 

Région  anlarcfif/iœ.  —  Nord  de  l'Antarclide  sud-américaine?  (Gain). 
Surtout  les  mersdu  Sud  entre  10°  et  (30°  de  latitude  :  îles  Marion,  Crozet, 
Suint-Paul  i  "  Challenger»),  Kerguelen  (  Eaton),  Stewarl,  Nouvelle-Zélande. 

20.  Prion  Banksi  (6-8-18-35-42-44-54-55-56-59-65-68). 

Région  antarctique.  —  Iles  Orcadesdu  Sud,  Sandwich  E\p.  suédoise), 
détroit  de  Branstield  ?  (Gain),  mer  de  Ross  (Wilsonl. 

Région  suhantarctiqup.  — Géorgie  du  Sud,  Kerguelen  (lliisker,  Van- 
hôtFen),  Crozet  (Arinson).  Cette  espèce  renioatc  en  général  jusque  vers  3"»° 
de  latitude  ;  mais  on  la  rencontre  aussi  dans  l'archipel  Malais.  Sud  de 
l'océan  Atlantique,  mers  du  Cap,  côte  d'Australie  (Grey\  Nouvelles- 
Hébrides  (Salvin),  Nouvelle-Zélande,  île  Auckland  (Mac  Cormick): 

21.  Prion  desolatus  (6-9-16-17-22-23-28-36-38-39  42-44-50-55-57-59-65). 

Région  antarctique.  —  Archipel  Palmer  ?  (Turquet),  détroit  de 
Bransfield?  (Gain),  mer  de  George-IV?  (Nordenskjold). 

Région  sulxintarctiquc  —  Mers  du  Sud  jasciu'au  3.'»°  de  lai.  N. 
Nids  à  Kerguelen  (Eaton,  Hall),  Géorgie  du  Sud  (Exp.  allemande  et 
suédoise),  ile  ileard,  côte  de  Madagascar  (Salvin),  côte  d'Australie 
(Macgillivray). 

22.  Prion  brevirostris  (6  18-19-44). 

Quelques  spécimens  ont  été  aperçus  au  voisinage  du  GO».  Cet  Oiseau 
remonte  jusque  vers  le  30°  de  latitude.  Il  en  a  été  aperçu  à  Madère.  Côte 


OISEA  rx    A  NT  A  RC  TIQUES. 


191 


ouest  (le  rAmériquo  du  Sud,  mors  du  (lap,  Iverguelon,   sud  de   rocéan 
Indien,  Australie^  Nouvelle-Zélande,  île  C-liathani. 

23.  Halobaena  caerulea  (1  8-9  16-17-32-42-44-55-56-59-65  66-68). 

ni>fjion  witarrfiqi(e.  —  m<>'33'  S.,  22° 88'  W.  (Bruce),  GloS.  et  1  lO"  W. 
(Gain). 

liri/lon  suhanfarcl/f/HO.  —  Mers  du  Sud  jusqu'au  10°.    Nids  sur  l'ile 


•.-rXinvUe  narxZ  des  qIclcb^  d&  dérioe- 


ji f...XimiiB  Twvd/der  ireb&^s 

limite  rujrd  de  Icl  xane  ârcu/nmiarctupm 


FiL'.  17 


•  o  •  •      Limilo  noril  du  Pagodroma  nivea. 
T  T  T  T  —  —  Ossifrarja  r/igantea. 

—  —  Daplion  tujiensis. 


I  I  I  I  I  I 


Kerguelen  (Kidder,  Eaton).  Ile  Bouvet,  mers  du  Cap,   océan  Pacilique, 
près  du  cap  Horn  (Salvin,  Gain). 


ig2  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

24.  Pagodroma  nivea  (1-4-7-8  16-22-.35-36-38  à  42-44-50-54-57-62  à  68)  (fig.  17). 

Région  anlarctiqur.  —  Nids  aux  îles  Orcades  du  Sud  (Andersson, 
Piriej,  Cockburn  etLockery  (Andersson),  ïerreGuillaume-II  (Vanhôffen). 
Nombreux  individus  dans  les  détroits  de  Bransfield  et  de  Gerlache 
(Racovitza,  Gain),  on  bordure  des  Terres  Louis-Philippe,  Oscar-ll  (Nor- 
denskjôld),  Danco,  Graham  (ïurquet,  Gain),  Adélaïde,  Loubet,  Fallières, 
baie  Marguerite  (Gain),  et  dans  toute  la  zone  polaire  au  voisinage  des 
glaces  et  du  pack-ice,  Terre  de  Coats  (Ik'uce),  Terre  Adélie,  détroit  de 
Mac-Murdo  (Wilson),  Terre  Victoria,  cap  Adare. 

Région  subantarclique.  —  Nids  à  la  Géorgie  du  Sud  (v.  d.  Steinen), 
iles  Bouvet  (VanhôlVen),  Falkland  (Macgillivray). 

25.  Oceanites  oceanicus  (1-8-9-11-23  28  35-36-38  41-42-44-50-54-55-59-62  à  68). 

Région  antarctique.  —  Les  nids  ont  été  trouvés  sur  tout  le  pourtour 
des  terres  antarctiques,  sauf  vers  les  Terres  de  Coats,  Wilkes  et  Adélie. 
Orcades  du  Sud  (Valette,  Ex|).  Écossaise),  Shetlands  du  Sud  (Saunders, 
Gain], Terre  Louis-Philippe  et  îlesscptentrionalesde  lamerdeGeorge-IV 
(Nordenskjôld),  détroit  de  Gerlache,  Terres  de  Graham  (Racovitza, 
Turquet,  Gain),  Terres  Loubet,  Fallières,  baie  Marguerite  (Gain),  Terre 
Victoria,  détroit  de  Mac-Murdo  (Wilson),  cap  Adare  (Ilanson),  Terre 
Guillaume-ll (Vanhôffen),  mers  du  Sud. 

Région  suhantarctique.  —  Nids  à  la  Géorgie  du  Sud(Exp.  suédoise)  et 
à  Kerguelen  (Kidder,  Eaton, Saunders). Getteespèce remonte  dans  l'Atlan- 
tiquejusqu'à  l'Angleterre  etlacôtedu  Labrador  ;dansrocéan  Indien,  ainsi 
que  dans  les  mers  de  l'Australie,  au  voisinage  delà  Nouvelle-Zélandeetde 
la  Nouvelle-Calédonie. 

26.  Thalassidroma  melanogaster  (6-8-17-18-23-35-39-42-44-54-55-57-59-65-66-68). 

Région  antarctique.  —  Nids  aux  îles  Orcades  du  Sud  (Pirie). 

Région  suhantarctique.  —  Géorgie  du  Sud  (Exp.  allemande  et  suédoise), 
nids  à  l'île  Crozet  (Armson),  îles  Bouvet  (Vanhôffen),  Kerguelen  (Hiisker, 
Eaton,  Hall),  Saint-Paul  et  Amsterdam  (Gould),  Nouvelle-Zélande,  Sud- 


OISEAUX    ANTARCTIQUES.  iqj 

Afrique.   Cotte  espèce  remonte  dans  rAllantique  jusqu'au   tro|)i(iu('  du 
Cancer  et  dans  l'océan  Indien  jusque  vers  le  30°  de  lat.  S. 

27.  Diomedea  exulans  (1-8-17-25  34-35-36-38-42  44-66-68). 

Hé;//(i/i  anlarctifjup.  —  Individus  isolés  rencontrés  au  sud  des  Orcades 
(^Exp.  suédoise),  détroit  de  Bransfield  (Gain),  archipel  de  Palmer  (Tur- 
quet)  ;  un  Oiseau  capturé  à  lile  I>éce])tion  (Gain).  Quelques  Oiseaux 
aperçus  au  large  de  la  Terre  de  Grahaui,  ainsi  que  par  Ol^  S.  et  110°  de 
long.   W. 

Réf/ion  sii/)f//iff//c/i(/ue.  —  Géorgie  du  Sud  (Exp.  suédoise),  Prince- 
Edouard,  Kerguelen,  Auckland,  Campbell,  Chatham,  Nouvelle-Zélande. 
Dans  les  mers  du  Sud  jusque  vers  le  30°  de  latitude.  Côte  ouest  de 
l'Amérique. 

28.  D.  chionoptera  (6-9-23-24-30-44-46-47-48-50-55  59-63-65-66-68). 

Au  Sud  de  l'océan  Indien  jusque  vers  63°  do  latitude. 

Niche  à  Kerguelen  (Kidder,  HiisUer],  Marion  {«  Challenger  »],  Crozet 
(Armson,  Vanhôllen),  océan  Atlantique  par  34°  S.  et  \°  20'  de  long.  E., 
mais  principalement  le  sud  de  l'océan  Indien. 

29.  D.  melanophrys  (9-17  23-25-36-38-39-42-44-54-55-57-59-61-65-66-68). 

Hi'fi'nui  (intarctlijKo.  — Archipel  Pahiier  (Turquet),  détroit  de  liransfield 
(Gain),  68°  30'  S.  et  00°  de  long.  AV.,  (iSo30'S.  ot  115°  de  long.  W. 
(Gain),  64»  S  et  117°  de  long.  0.  (Gain),  61°  42'  S.  et  a/o  3o'.  W. 
(Klinckowstrôm). 

Région  suhantarcthiue.  —  Géorgie  du  Sud  (Exp.  suédoise  et  allemande), 
Falkland,  Prince-Edouard,  Crozet  ;  nids  à  Kerguelen  (<(  Challenger  », 
Vanhôllen,  Hall),  Auckland,  Chalham,  Nouvelle-Zélande,  côted'Auslralie, 
côte  de  l'Amérique  du  Sud,  mers  du  Cap. 

30.  Thalassogeron  culminatus  (6-8-17-18-23-35-42-44-54-55-65-68). 

Région  antarctique.  —  Orcades  du  Sud?  (Exp.  écossaise),  au  large  de 
la  Terre  de  Graham  (Gain)  et  par  60°  S.  et  1 10°  de  long.  W. 

Expédition  Chaicol.  —  G.\i.n.  —  Oiseaux  aiilaictiques.  $0 


194  OISEAUX    ANTARCTIQUES. 

Région  mliantarctique.  —  Crozet,  Saint-Paul,  Amsterdam,  Tasmanie, 
Nouvelle-Zélande,  côte  sud  de  l'Australie. 

31.    Phœbetria    fuliginosa    (6-8-9  16-17-23-24-25-30-31-32-35-36-38-39-42-44-49-50-54- 

55-57-59-60-61-63-65-66-68). 

Région  anfaictiquc.  —  lies  Orcades  du  Sud  (Pirie),  mers  antarctiques 
(Vanhôfl'en,  Wilson),  archipel  de  Palmer  (Turquet),  ouest  de  l'Antarc- 
tide sud-américaine  et  (lu  (l(Hroitde  Hransfield  ((lain).  par  (>8o  à  70°  S., 
entre  le  70°  et  le  120°  de  lonji.  W.  (Gain). 

Région  suhanfarcti(/t(e.  —  Géorgie  du  Sud  (Andersson),  Bouvet,  Tristan 
d'Acunha,  nids  sur  les  îles  Prince-Edouard  (llarris),  Marion,  Crozet 
(Armson  ),  Kerguelen  (Mac-Cormick,  llûsker,  Eaton,  llarris,  Kidder,  llall), 
iles  Saint-Paul,  Amsterdam,  Tasmanie,  Gampbell,  Nouvelle-Zélande. 
Cette  espèce  remonte  sur  la  côte  ouest  de  l'Amérique. 

32.  Chionis  alba  (1-8-16-20-29-32-35-36-38-39-44-52-57-58-62-66)  ^tig.  lô). 

Région  anlnrctique.  —  Espèce  localisée  à  lAntarclide  sud-américaine 
où  elle  niche;  Orcades  du  Sud  (Bruce,  Pirie,  Valette),  iles  Sandwich, 
Shetlands  du  Sud  (Gainj,  Terre  Louis-Philippe,  îles  Paulet,  Cockburn 
(Andersson),  d(Hroit  de  Gerlache,  iles  Booth-Wandel  (Turquet,  Gain), 
Petermann,  Lemire-de-Villers  (Gain). 

Région  sKha/tkirctit/tfe.  —  Géorgie  du  Sud,  Ealklands,  côti^  sud  de 
l'Amérique  du  Sud. 


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■U'FUSuc.iaop-l.<(]' 
addi[tq(]-sjno'-|-x 

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(1)  X   Oiseau,\  isolés. 

(2)  Lieux  de  reproduction. 

ABRÉVIATIONS 


L.  T.  =Lonsaeur  totale. 

E.  =  Envergure. 

A.  =  Ailes. 

Q.  =  Queue. 

B.=Bec. 

T.  =  Tarse. 

D.  M.  =  Doigt  médian. 


D.  =  Doigts. 

cf.  =Màle  adulte. 

9.=F'emelle  adulte. 

(-f  \u\'.  =  cf  Jiirenis  (jeune). 

9juv.=  9        - 

Cf  l)u\\.  =  cf  piilltt-s  (poussui). 

9  pull.  =  9     — 


EXPLICATION    I)i:s    PLANCHES 


PLANCHE  I 


Pygoscelis  Adelise.  —  Fig.  1  :  Oiseau  adulte  ;  il  porte  une  bague  au  tarse  droit.  —  Fig.  2  : 
Adélie  faisant  son  nid  :  son  plastron  blanc  est  maculé  par  la  bouc  qui  recouvre  le  sol 
de  la  cité  (cliché  Senouque).  —  Fig.  3  :  Mue  de  l'adulte.  —  Fig.  4  :  Adélie  s'étirant.  — 
Fig.  5  :  o'  et  9  manifestant  leur  joie  de  se  retrouver.  —  Fig.  6  :  Mâle  battant  des  ailes. — 
Fig.  7  :  A  la  recherche  des  cailloux  pour  le  nid.  —  Fig.  8  :  Transport  du  caillou. 

PLANCHE  II 

Pygoscelis  Adeliœ  (suite).  — •  Fig.  9:  Traces  de  Pingouins  sur  la  neige  en  terrain  plat.  — 
Fig.  10  :  i(l.,  à  la  descente.  —  Fig.  11  :  Le  plongeon.  —  Fig.  12  :  Troupe  d'Adélies  sur  un 
floë. 

PLANCHE  III 

Pygoscelis  Adeliœ  (suite).  —  Fig.  13  :  Les  Oiseaux  qui  n'ont  pu  trouver  de  place  sur  les 
rochers  attendent  que  la  neige,  en  fondant,  mette  la  roche  à  nu  ;  au  dernier  plan,  deux 
mâles  s'empressent  auprès  de  la  même  femelle.  —  Fig.  14  :  Un  appariement.  —  Fig.  15  : 
Deux  mâles  se  querellent  pour  une  femelle.  —  Fig.  16  :  Une  bataille. 

PLANCHE  IV 

Pygoscelis  Adelise  (suite).  —  Fig.  17  :  Dans  les  endroits  dangereux  de  la  rookerie,  les  adultes 
se  placent  en  sentinelles  et  surveillent  les  poussins.  —  Fig.  18  :  Jeunes  Adélies  sur  le  point 
d'abandonner  leur  rookerie  (île  Booth-Wandel).  —  Fig.  19  :  Jeune  Adélie  prenant  sa 
nourriture.  —  Fig.  20  :  Groupe  d'Oiseaux  quittant  la  rookerie  :  les  trois  Oiseaux  du  pre- 
mier plan  sont  des  jeunes  dont  l'un,  portant  encore  une  touffe  de  duvet  sur  la  tête,  est  déjà 
allé  à  la  mer  ;  au  second  plan  un  Adélie  adulte  et  sur  la  droite  un  Pygoscelis  antarctica. 

PLANCHE  V 

Pygoscelis  Adeliœ  (suite  et  fin).  —  Fig.  21  :  La  mue  des  adultes  ;  la  surface  de  la  neige,  est 
couverte  de  plumes.  —  Fig.  22  :  Un  coin  de  la  colonie  des  Adélies  (ile  Petermann).  — 
Fig.  23  :  Entre  les  rochers,  amas  de  plumes,  provenant  des  mues  précédentes.  —  Fig.  24  : 
Au  début  de  mars,  la  rookerie  est  abandonnée  (île  Petermann). 

PLANCHE  VI 

Fig.  25  :  Un  couple  de  Catarrhactes  chrysolophus  sur  son  nid  (ile  Déception).  —  Fig.  26  : 
Pygoscelis  antarctica  couvant  (ile  Déception).  —  Fig.  27  :  Une  colonie  de  catarrhactes 
chrysolophus  sur  l'île  Déception.  —  Fig.  28  :  Partie  d'une  immense  rookerie  de  Pygoscelis 
antarctica  sur  l'île  Déception. 

PLANCHE  VII 

Pygoscelis  antarctica.  —  Fig.  29  :  Le  départ  des  Oiseaux  pour  la  plage  et  le  retour  vers  la 
rookerie.  —  Fig.  30  :  Une  troupe  d'Antarctiques  partant  à  la  pêche.  —  Fig.  31  :  Une 
plage  de  l'île  Déception  un  jour  de  beau  temps  :  dans  le  lointain,  sur  la  falaise,  on  aper- 
çoit les  Oiseaux  qui  vont  à  la  pêche  ou  en  reviennent.  —  Fig.  32  :  Retour  de  la  pêche  : 
la  Sortie  de  l'eau. 


198  EXPLICATION    DES    PLANCHES. 

PLANCHE  VIII 

Pygoscelis  papua.  —  Fig.  33  :  Retour  des  Oiseaux  à  la  rookerie.  —  Fig.  34  :  Colonie  de  Pa- 
pous au  voisinage  de  la  baie  de  l'Amirauté.  —  Fig.  35  :  Papou  sur  son  nid  (cliché  Senou- 
que).  —  Fig.  3G  :  Nids  de  Papous  avec  poussins  (île  Petermann). 

PLANCHE  IX 

QEufs  de  :  —  Fig.  37  :  D  :  C  Chrysolophiis.  —  G  :  Larus  ilominicanus.  —  I  :  Meg.  Macrormicki. 
—  Q  :  Daption  Cape  isis.  —  X  :  Chioiis  alba. 

Fig.  3S  :   A  :   Pygoscelis  Add'.ss.  —   B  :   Pyg.    papua.  —  C  :  P?/?.   antarctica.  —  E  : 
Phalacrocorax  atrlceps.  —  F  :  Sterita  {■ittata.  —  J  :  Oaanit  s  oc:anicus. 

PLANCHE  X 

Phalacrocorax  atrlceps.  —  Fig.  39  :  Cormorans  et  Papous  à  Port-Lockroy  (île  Wiencke).  — 
Fig.  40  :  Couple  de  Cormorans  sur  son  nid  à  l'île  Petermann.  —  Fig.  41  :  Nid  de  Cormo- 
rans à  Port-Lockroy.  —  Fig.  42  :  Troupe  de  Cormorans  au  repos  sur  l'île  Petermann. 

PLANCHE  XI 

Sterna  cittata  à  différents  stades  de  développement.  —  Fig.  43  :  A  :  4  à  5  semaines.  —  B  : 
5  semaines  environ.  —  G  :  3  mois  environ. 

Fig.  44  :  D  :  4  mois  environ.  —  E  :  Première   année.  —  F  :  Adulte  en  plumage  de 
noces. 

PLANCHE  XII 

Fig.  45  :  Nid  et  œufs  de  Megalestris  Maccormicki  (Port-Lockroy).  —  Fig.  46  :  Nid  et  œufs 
de  Sterna  vitlala  (île  Déception).  —  Fig.  47  :  Nid  et  œufs  de  Larus  dominicanns  (Port- 
Lockroy).  —  Fig.  48  :  Nid  de  Megalestris  Maccormicki  dans  les  Mousses  :  il  renferme 
im  poussin  et  un  œuf  (île  Petermann).  —  Fig.  49:  Megalestris  antarctica  couvant  (île 
Déception).  —  Fig.  50  :  Poussins  de  Megalestris  Maccormicki. 

PLANCHE  XIII 

Fig.  51  :  Larus  dominicanus  au  repos  sur  un  floë  (île  Petermann).  —  Fig.  52  :  Vol  de 
Goélands  dominicains  à  Port-Circoncision  (île  Petermann).  —  Fig.  53  :  Un  vol  de  Mega- 
lestris Maccormicki  (îles  Argentine).  —  Fig.  54  :  Dalle  sous  laquelle  se  trouve  un  nid  de 
Oceanites  oceanicus.  —  Fig.  55  :  La  dalle  étant  soulevée,  on  aperçoit  le  nid  et  la  femelle 
qui  couve.  —  Fig.  50  :  Entrée  d'un  nid  de  Procellaires. 

PLANCHE  XIV 

Pagodroma  nivea.  —  Fig.  57  :  Vol  de  Pétrels  à  Port-Circoncision  (île  Petermann).  —  Fig.  58  : 
Pétrel  au  repos  sur  un  glaçon.  —  Fig.  59  :  Oiseaux  autour  des  dépouilles  de  Phoques 
(cliché  Senouque).  —  Fig.  60  :  Pagodroma  mourant  et  son  gardien.  —  Fig.  61  :  Pétrel 
couché  sur  la  banquise.  —  Fig.  62  :  Un  Oiseau  nageant  (Port-Circoncision).  —  Fig.  63  : 
Oiseaux  au  repos  sur  l'île  Petermann. 

PLANCHE  XV 

Fig.  64  :  Groupe  de  Chionis  alba  le  long  de  la  côte  de  l'île  Petermann.  —  Fig.  65  :  Chionis 
près  de  la  station  d'hivernage  (Port-Circoncision).  —  Fig.  66  :  Tète  de  Pagodroma  nivea 
avec  de  nombreux  mallophages  parasites  (cliché  Senouque).  —  Fig.  67  :  Chionis  cher- 
chant sa  nourriture  sur  la  banquise,  près  du  «  Pourquoi  Pas?  »  —  Fig.  68  à  71  :  Nids  de 
Daption  capensis  dans  les  falaises  de  l'île  Déception. 


TABLE    DES    MATIERES 


Avant-propos l 

CHAPITRE  PREMIER 

Documents  biologiques  recueillis  au  cours  de  la  campagne  du  «  Pourquoi  Pas  ?  >) 

(1908-1910)  5 

Sphéniscidés. 

Pygoscelis  Adeliœ  (Hombr.  et  Jacq.) 5 

—  papua  (Forst .) 4G 

—  unlarclica  (Forst.) 60 

Catarrhactes  chrysolophiis  (Braiidt  ) G9 

Aptenodytes  Forsteri  (Gr.)    73 

Phalacrocoracidés. 

Phalacrocorax  atriceps  (Ring.) 74 

Lahidés. 

Sterna  vittata  (Gm.) 87 

Larus  dominicanus  (Licht.) 102 

Stercorariidés. 

Megalestris  Maccormicki  (Saund.) 109 

—  antarctica  (Lesson)  122 

Procellariidés. 

Oceanites  océaniens  (Kuhl) 124 

PUFFINIDÉS. 

Priofinus  cinereus  (Gm.) 129 

Priocella  glacialoides  (Smith) 133 

Majaqueiis  eequinociialis  (L.) 136 

Pagodroma  nivea  (Gm.) 137 

Ossifraga  gigantea  (Gm.) 144 

Daplion  capensis  (L.) 147 

Prioii  desolatus  (Gm.) 154 

Halobœna  cxrulea  (Gm.) 155 

DiOMÉDÉIDÉS. 

Diomedea  exulans  (L.) 155 

—  melanophrys  (Boie)  Temm 157 

Thalassogeroii  culminatiis  (J.  Gould) 158 

Phœbetria  fuliginosa  (Gm.) 158 

Chioniidés. 

Chionis  alba  (Gm.) 159 


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200  TABLE  DES   MATIÈRES: 


CHAPITRE  II 

Distribution  de  la  fauno  avienne  dans  l'Antarctide  sud-aniérlcaiiu' 163 

Baie  de  rAmirauté  (ile  du  Rni-George) 170 

Ile  Déception 172 

Port-Lockroy  (ile  Wiencke) 174 

Environs  de  Port-Charcot  (île  Booth-Wandel) 175 

Ile  Petermann 176 

CHAPITRE   III 

Distribution  géographique  de  la   faune  ornithologique   rencontrée  dans   les  régions 

antarctiques  glacées 176 

Tableau  donnant  la  distribution  de  la  faune  avienne  rencontrée  dans  les  régions 

antarctiques 195 

Abréviations 196 

Explication  des  planches 197 


Deuxième  Expcdilioii  Charcot.  (Gain.  Oiseaux). 


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Pygoscelis  Adeliae  (Hombr.  et  Jacq.). 
Fig.  2  :  Cliché  Senouque.  —  Fig.  1  et  ,3  à  7  :  Clicliés  L.  Gain. 

Masson  et  Cie,  Editeurs 


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PI.  IX 


Œufs  de  :  D  :  C.  chrysoloplnis. 


Fig.  37 
G  :  L.  dominicamis.  —  l  :  M.  Maccormicki.  —  A  :  Dnption  Capensis. 
X  :  Chiunis  alba. 


pjo.  38  Clicliés  L.  Gain 

Œufs  de  :  A  :  Pijg.  Adeliae.  —  B  :  Pyg.  papiia.  —  jC  :  Pijg.  antarctica.  —  E  :  Ph.  atriceps. 

F  :  St.  vitlata.  —  ,1  :  Oc.  océaniens. 


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PI.  XI 


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Fig.  43 


Fig.  44 
Sterna  vittata  (Gm.)  à  différents  stades  de  développement. 


Clichés  L.  Gain 


Masson  &  Cie,  Éditeurs 


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Fig.  55 


Fig.  03 
Fig.  51,  52  :  L.  dominicanus.  —  Fig.  53  :  Vol  de  M.  Maccormicki. 

Masson  &  Cie,  Editeurs 


Fig.  5G 
Fig.  54  à  56  :  Nids  de  Oceanites  océaniens. 

Clichés  L.  Gain 


Deuxième  Expédition  Charcot.  (Gain.  Oiseaux). 


PI.  XIV 


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Fig.  57 


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Fig.  62 


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Pagodroma  nivea  (Gm.). 
Fig.  59  (Cliclié  Senouque).  —  Fig.  57,  58  et  60  à  63  (Clichés  L.  Gain). 


Masson  et  Cie,  Editeurs 


Phololypie  Berthiiud,  Paris 


Ueuxième  Expédition  Cliarcol.  {^Gain.  Uiscanx). 


VI.  XV 


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Fig.  64,  65  et  67  :  Chionis  alha  (Clichés  L.  Gain).  —  Fig.  66  :  Tête  de  Pagodroma  niuea  avec  parasites  aptères 
(Cliché  Senouque).  —  Fig.  68  à  75  :  Daptiion  capensis  (Clichés  L.  Gain). 


Masson  &  Cie,  Éditeurs 


OUVRAGE  PUBLIE  SOUS  LES  AUSPICES 
DU  MINISTÈRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBUQUE 

Sous  LA  Direction  de  L.  JOUBIN 

PROFESSEUR    AU    MUSÉUM    D'HISTOIRE    NATURELLE 


DEUXIÈME    EXPÉDITION 
ANTARCTIQUE    FRANÇAISE 


1908-1910) 


COMMANDEE    PAR    LE 


D-^   Jean  CHARCOT 


SCIENCES  NATURELLES  :  DOCUMENTS  SCIENTIFIQUES 


NEMERTIENS 
CÉPHALOPODES 
BRACHIOPODES 

Par   J.   JOUBIN 

Professeur  sa  Muséum  et  à  l'Insblut  Océanographique. 


ALCYONAIRES 
MADRÉPORAIRES 

Par  CH.  GRAVIER 

Assistant  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 


HYDROiDES 


par 


ARMAND    BILLARD 

Agrégé,    Docteur  is  sciences. 


OISEAUX 
ANTARCTIQUES 

par 
L.    GAIN         1 

Docteur  ii  sciences,  Lauréat  de  l'Institut, 
Naturaliste  de  l'Expédition. 


MASSON    ET   C^  ,    EDITEUR? 

120,     Bà    SAINT-GERMAIN.    PARIS    (VI«) 
1914 


25   JANVIER  1927 


PRIX    SANS   MAJORATION 

85     FR. 

M  A  s  s  O  N    <fe    C" 


Commission  chargée   par   l'Académie  des   Sciences 

d'élaborer  le  programme  scientifique  de  l'Expédition 


MM.  les  Membres  de  l'Institut  : 

Bouquet  de  la  Grye. 

GlARD. 

DE  Lapparent. 

MÛNTZ. 

BORNET. 

GUYOU. 

Mangin. 

Ed.  Perbier 

Bouvier. 

Lacroix  . 

Mascart. 

Roux. 

Gaudrt. 

Commission  nommée  par  le  Ministère  de  l'Instruction  Publique 
pour  examiner  les  résultats  scientifiques  de  l'Expédition 


AITM.  Ed.  Perrier Membre  de  l'Institut,   Directeur   du    Muséum   d'Histoire 

naturelle,  Président. 
Vice-Amiral  Foueniish.  Membi'e  du  Bureau  des  Longitudes,  Vice-Président. 

Angot Directeur  du  Bureau  central  météorologique. 

Bayet Correspondant  de  l'Institut,  Directeur  de  l'Enseignement 

supérieur. 

Bigourdan Membre  de  l'Institut,  Astronome  à  l'Observatoire  de  Paris. 

Colonel  Bourgeois.  . . .   Directeur  du  Service  géographique  de  l'Armée. 

Bouvier Membre  de  l'Institut,  Professeur  au  Muséum  d'Histoire 

naturelle. 

Gravier Assistant  au  Muséum  d'Histoire  naturelle. 

Commandant  Guyou.  .  Membre  de  l'Institut,  Membre  du  Bureau  des  Longitudes. 
Hanusse Directeur  du  Service  hydrographique  au  Ministère  de  la 

Marine. 
JouBiN Professeur  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  et  à  l'Institut 

Océanographique. 
Lacroix Membre  de  l'Institut,  Professeur  au   Muséum  d'Histoire 

naturelle. 
Lallemand Membre  de  l'Institut,  Membre  du  Bureau  des  Longitudes, 

Inspecteur  général  des  Mines. 
LiPPMANN   .    .    .....  Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences 

de  l'Université  de  Paris. 

MuNTz Membre  de  l'Institut,  Professeur  à  l'Institut  agronomique. 

Rabot Membre   de    la   Commission   des    Voyages   et   Missions 

scientifiques  et  littéraires. 

Roux Membre  de  l'Institut,  Directeur  de  l'Institut  Pasteur. 

VÉLAiN Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  l'Université  de  Paris. 


Fascicules  publiés 


CARTES.  —  11  cartes  en  couleurs,  par  M.  Bongrain  et  K.-E.  Godproy  34  /r. 

NÉMERTIENS,  CÉPHALOPODES,  BRACHIOPODES,  par  J.  Joubin.  —  ALCYONAIRES. 
MADRÉPORAIHES,  par  Ch.  Gravier.  —  HYDROIDES,  par  Armand  Billard.  —  OISEAUX 
ANTARCTIQUES,  par  L.  Gain.  —  /  fasc.  de  418  pages  (32  pi.) 50  />. 

RHIZÔPODES  D'EAU  DOUCE,  par  E.  Pénard.  —  /  fasc.  de  16 pages 2  /?. 

PORAMINIFÈRES,  par  E.  Fauré-Fremiet.  16  pages  (/  planche).  —  ARTHROPODES,  jîcar/ens, 
par  E.-L.  Trouessart.  16  pages.  Ensemble,  '  1  fascicule 3  />•. 

ÉCHINODERMES.  —  Astéries,  Ophiures  et  Écbinides,  par  R.    Kœhler.  /  fasc.  de  270  pages 

(16  planches  doubles) .  34  /r. 

Holothuries,  par  Cl.  Vaney.  /  fasç.  de  54  pages  (5  planches)  8  />•. 

VERS.  —  Polyclades  et  Triclades  maricoles,  par  Hallez  ;  Ptérobrancbes,  par  Ch.  Gravier  ; 
Cbétogaatbes,  par  L.   Germain;  Rotitères,  par  P.  de^  Beauchamp.   /  fasc.   de   116  pages 

(.9  planches) 15  fr. 

Annélides  Polychètes,  par  Ch.  Gravier.  /  fasc.  de  165  pages  {12  planches) U  fr. 

CRUSTACÉS.  —  Crustacés  isopod^s,  par  H.  Ricii ardson  ;  Crustacés  parasites,  par  Ch.  Gravier  ; 
Amphipodes,  par  Ed.  Chevrevx  ;  Mallophaga  et  Ixodidae,  par  L.-G.  Neumanx  ;  Collemboles, 
par  IvANOF.  /  fasc.  de  20i  pages 1 6  /r. 

PYCJSOQONIDES,  par  E.-L.  Bouvier  ;  Ostracodes  marins,  par  E.  Daday  de  Dées  ;  Phyllopodes 
anostracés,  par  E.  Daday  de  Dées  ;  Intusoires  nouveaux,  par  E.  Daday  de  Dées  ;  Copé- 
podes  parasites,  par  A.  Quidoh  ;  Diptères,  par  Keilin.  /  fasc.  de  232  pages  avec  fîg. 
(6  planches) iS  fr. 

MOLLUSQUES.  —  Gastropodes  prosobrancbes,  Scaphopodes  et  Pélécypodes,  par  Ed.  Lamy  ; 
Ampbineures,  par  Joh»  Thiele.  /  fasc.  de  34  pages  (/  planche) 4  /r. 

PROTOCORDÉS.  —  Tuniciers,  par  le  D'  C.-Ph.  Sluiter.  /  fasc.  de  39 pages  (4  planches).      7  fr. 

POISSONS,  par  L.  Roule,  avec  la  collaboration  de  MM.  .\ngel  et  R.  Despax.  /  fasc.  de  32  p. 
{4  planches  en  noir  el  en  couleurs). . , 8  fr. 

CÉTACÉS.  —  Baleinoptères,  Zipbiidés,  Delpbinidés,  par  le  D'  J.  Liouville.  /  fasc.  de  276  p. 
{15  planches) 30  fr. 

BOTANIQUE.  —  Flore  algologique  antarctique  et  subantarctique,  par  L.  jSain.  —  /  fasc. 

de  218  pages  {8  planches) U  fr. 

Révision  des  Mélobésiées  antarctiques,  par  }\<^<'Vkv'l  Lemoine.  1  fasc.de  72 p.  {2  pi.).     7  fr. 
Mousses,  par  J.  Cardot.  /  fasc.  de  32  pages  (5  planches) 6  fr. 

OBSERVATIONS  MÉTÉOROLOGIQUES,  par  J.  Rcuch.  /  fasc.  de  260  p.  {16 planches).     34  fr. 

ÉTUDES  SUR  LES  MARÉES,  par  R.-E.  Godfrov.  /  fasc.  de  74  pages  {1 1  pi.) 16  fr. 

OBSERVATIONS  D'ÉLECTRICITÉ  ATMOSPHÉRIQUE,  par  J.  RoiCH.  1  fasc.  de  40  pages 
(7  planches) : 9  fr. 

OCÉANOGRAPHIE  PHYSIQUE,  par  J.  Rouch.  /  fasc.  de  46  pages  {2  pi.) 8  /r. 

EAUX  MÉTÉORIQUES.  SOL  ET  ATMOSPHÈRE,  par  A.  Muntz  et  E.  Lai.nê.  /  fasc. 
de  47  pages 6  fr. 


i. 

CoiiBEiL.  -~  Imprimerie  Cukrt. 


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